CAVAILLÈS - Sur Colloque de Davos
CAVAILLÈS - Sur Colloque de Davos
DAVOSER
H OCH SCH ULKURSE
17. M Â R Z B IS 6. A P R IL
1929
K O M M IS S IO N S V E R L A G
H E IN T Z , N EU & ZA H N
IN T E R N A T IO N A L E B U C H H A N D L U N G / D A V O S
INHALT
Seite
1. Gottfried Salomon )
p d I/ ! Geleitwort . . . 3
L. Bougie )
5. Dozenten undVorlesungenderlI.Davoser
Hochschulkurse . . . . . . . . 87
6. Stundenpláne . . . . . . . . . 90
Geleitwort
3
M. C A V A IL L E S Jean, né le 15 Mai 1903, a achevé
ses études au lycée Louis-le-Grand, d ’où il est entré à
l’Ecole Normale Supérieure en Octobre 1923, après avoir
été reçu premier au Concours d ’entrée. Licencié ès-scien-
ces et licencié de philosophie, il a passé avec succès
l’agrégation de philosophie en Juillet 1927. — Actuelle
ment secrétaire-archiviste du Centre de Documentation
sociale à l’E cole Normale Supérieure, il donne des con
férences de séminaire à ses jeunes camarades qui se pré
parent à l’agrégation. Spécialisé dans l’histoire et la
philosophie des sciences, particulièrement au courant des
travaux de Cantor et de Dubois-Reymond, il prépare une
thèse de doctorat d ’état sur; „la formation de la théorie
des ensembles” .
Prof- C* Bouglé
Université de Paris.
Als Student bei den
zweiten Davoser Hochschulkursen
von
Ludwig Englert
Institut für Geschìchte der Medizin an der Universitãt Leipzig.
5
werden immer die Probleme der Zeit zusammenfliefíen
und uns nichts mehr, wünschen lassen, ais jene Auf-
geschlossenheit des Geistes, die es uns allein ermõg-
lichtj die grundlegenden und entscheidenden Fragen zu
erfassen und zu verstehen.
Immer aber wird hier in besonderem Mafie — und
das ist das Wichtigste — die Liebe zur Wahrheit sein
und unzertrennlich davon auch die Liebe zum Menschen.
64
Les deuxièmes Cours >
Universitaires de Davos
Par
Jean Cavaillès
Agrégé de Philosophie
6 cole Dormale Supérieure Paris
5 65
rait en donner la clef. Travail scientifique fécond, en
richissement des pensées nationales par la suppression |des
ignorances limitatives et souvent stérilisantes, rapproche
ment enfin non plus seulement des esprits, mais des per
sonnes, tels étaient les résultats que l ’on attendait de la
réunion de Davos et pour lesquels on s’était efforcé de
rassembler le maximum de conditions favorables.
Conditions matérielles d’abord. Il ne suffit pas de
réunir toi congrès n’importe où pour atteindre les buts
cherchés. “ L ’esprit souffle où il veut ” rappelait le Dr.
Branger, mais pas avec la même facilité partout. S’il
ne s’était agi que d ’un rapprochement matériel d ’étu
diants et de professeurs appartenant à des nationalités
diverses, l’originalité de Davos n ’eut pas été grande.
Fort heureusement de plus en plus les échanges uni
versitaires sont intenses entre les pays d ’Europe: si un
'Français de Paris désire se trouver au milieu d ’une
majorité de camarades allemands, il n’a pas à prendre
lei train, mais à faire un tour sur le boulevard Mont
parnasse. Mais quelsque soient les avantages de sem
blables migrations elles ne peuvent remplacer une entre
prise com me celle de Davos: là seulement en effet deux
cultures différentes pouvaient non pas s’affronter mais
se comprendre et se pénétrer sur un pied d’égalité par
faite. Dans une grande ville étrangère, l’étudiant s’il
ne veut pas seulement subir, les influences mais apporter
lui aussi quelque chose, se trouve gêné par les adap
tations multiples auxquelles l’oblige sans cesse le sym
bolisme exigeant des objets et des coutumes, la col
lectivité même immense qui le cerne, oppresse un peu,
rend maladroits ses gestes; et il surprend comme des
signes d ’intelligence entre elle et ses partenaires, tout
fan langage obscur et dense dont il est exclu et qui
lui rapelle à chaque instant qu’il est bien un étranger.
En Suisse d ’abor’d, à Davos ensuite, ni un Français ni
•un Allemand ne peuvent éprouver de semblables im
pressions. Terre par excellence de la conciliation, lieu
66
de rencontre de tout temps entre les cultures française
et germanique, la Suisse apporte en outre sa part origi
nale dans cet esprit synthétique, ce désir de compré-
ihension de la diversité, cette sympathie universelle et
sincère qui caractérise sa culture propre et lui permet
d’assimiler les autres. N on pas dans un lieu cosmopolite
où les traditions particulières ne sont remplacées que
par un internationalisme plaqué, mais dans cette vallée
suisse fidèle à son idéal national, la science allemande
et la science française pouvaient se rejoindre, sans que
ni l’une ni l’autre fussent amoindries ni dépaysées, bref
se trouver à la fois chez elles et chez quelqu’un. Eni
leur, offrant, si j ’ose dire, pour foyer ses montagnes;
neigeuses, la Suisse les mettait en même temps à l’abri
des bruits du dehors, séparées comme par d’immenses
écrans de toutes les préoccupations matérielles des peuples
en présence, de sorte que devait tomber pour elles tout
ce qu’il y a de contingent et par suite de negatemi
dans l’esprit national. Nulle part ailleurs ne pouvait
régner plus facilement que dans cette paisible atmosphère,
sur ces pentes candides, le souffle apaisant du célèbre lac
italien; nulle part ailleurs que dans cette vallée où cir
cule iun air si pur et si léger, symbole de la liberté
sous toutes ses formes matérielles et spirituelles, chère
au coeur des Suisses, dans cette petite colonie grou
pée dans la paix autour d ’un culte commun du
soleil régénérateur et salutaire, ne pouvaient être mieux
les représentants des Universités allemandes et françaises
pour se connaître et se comprendre et chercher en com
mun la vérité sous l’illumination du soleil intelligible.
Mais obtenir d ’un tel soleil une cure profitable en
un maximum de trois semaines est une gageure '(difficile
à tenir surtout lorsqu’il s’agit de réaliser comme condition
préalable la collaboration d ’hommes doublement divers
par leurs spécialités et leur origine locale. La grande
variété des sujets de cours est un avantage en ce sens
qu’ elle peut, sur une multitude de points différents faire
67
apparaître l’activité universitaire d ’un pays; on se trouve
com m e en présence d’un échantillonnage du travail que
fournissent les facultés dans l’étude de tous les pro
blèmes des diverses disciplines humaines. Mais en re
vanche toute oeuvre collective de quelque valeur intel
lectuelle se trouve par là même exclue: si l*on veut que
les cours gardent un certain niveau scientifique et qu’ ils
puissent être suivis avec fruit par la majorité des assi
stants, il est nécessaire d ’en restreindre la variété. Pour
l’unité même de la vie et des préoccupations de cette
éphémère université, il n ’est pas en outre sans impor
tance de ne faire porter l’intérêt que sur deux ou trois
grandes questions auxquelles s’appliquent pendant toute
la durée des cours discussions et réflexions des étudiants
et des professeurs. Aussi les conférences avaient-elles
été restreintes cette année aux diverses questions de la
philosophie et de l’histoire littéraire et devaient-elles même
en principe être toutes orientées dans leurs développe
ments vers l’étude d ’un problème central: Homme et
Génération.
,'Que cette seconde condition ait été complètement
réalisée, il serait peut être difficile d'essayer d’en donner
la preuve. Tout au moins, en particulier chez les litté
raires et les historiens, malgré l’apparente diversité des
titres de leçons, pouvait-on retrouver presque toujours le
désir de graviter autour du sujet central et en restant
au point de vue particulier où conduisait la question spé
ciale envisagée, d’éclairer à la fin un aspect imprévu des
rapports de l’homme et de l ’histoire. Aussi se termina par
exemple une curieuse étude qui eut semblé devoir être
purement technique sur la représentation de l’Antiquité
dans la littérature française: après avoir donné quelques
exemples typiques des divergences d ’interprétation qui
avaient pu se faire jour, à ce sujet et montré comment
le “ sens antique ” avait pu, des auteurs des romans
de Thèbes et d ’Enéas à Valéry, exprimer des intuitions
absolument opposées ou tout au moins hétérogènes, le
68
professeur Pauphilet tint dans sa conclusion à faire
apparaître que le caractère commun de toutes les allu
sions, de tous ces retours à l’Antiquité était de donner
une valeur pleinement humaine c ’est à dire universelle
aux pensées et aux sentiments exprimés, bref qu?ils dé
celaient tous un même souci de projeter l’homme au
dehors des contingences du temps et de l’espace, dans
une sorte de région universelle rendue concrète et sen
sible sous l’aspect de la civilisation grécolatine. Ainsi
agit également le professeur Carré quoique traitant avec
minutie quelques problèmes très précis mais très signi
ficatifs d ’influences littéraires interférant chez des écri
vains de nationalités diverses. Quant aux autres conféren
ciers, ils avaient pour la plupart choisi des problèmes
plus généraux où se mêlaient les études proprement lit
téraires avec celles de l’évolution des cultures et où tout
(naturellement venait se poser la question centrale des
cours. Qu’il s’agît de la méthode en histoire littéraire
ou des lois permanentes constitutives du fonds commun,
sous les aspects changeants, des littératures européen
nes il n’était guère malaisé de dépasser la simple con
naissance des faits, la pure appréciation des Beautés
formelles pour replacer l’oeuvre d’art comme événement
dans une histoire, comme production dans une activité
intellectuelle générale et, par ce double caractère, en
faire le signe d ’une certaine intrication de rapports entre
l’homme créateur d ’absolu et la chaîne de circonstances
où la nécessité l’attache sans rémission. L ’analyse du
professeur Wechssler sur le problème des générations
dans la littérature française était aussi concue dans le
même esprit: en s’efforçant de montrer qu’à toute époque,
et non seulement en France d’ailleurs, avaient existé
des familles d ’écrivains unies par l’attachement à un
même idéal artistique et aussi parfois à un même sens
de la vie, il était naturellement amené à rechercher la
part de l’historique pur et du nécessaire dans ces affi
nités, ce qui en elles venait d ’une communauté de type
69
intellectuel et ce qui était déterminé par l’action infi
niment complexe des circonstances sociales économiques.
Se plaçant au point de vue plus général de l'histoire}
dans son ensemble, d’autres conférenciers comme le pro
fesseur Karl Joel et le professeur Riezler développèrent
ides considérations du même ordre, fu n à propos Idu
19ème siècle considéré dans son évolution à la fois éco
nomique, technique, scientifique et artistique, l’autre en
(montrant dans l’homme d ’aujourd’hui, la fatalité aux
prises avec la liberté, les influences de dispersion, de
séparation, de mécanisation en lutte avec un nouveau
“ Weltgefiihl ” libérateur et vraiment humain.
En revanche les métaphysiciens professionnels se
préoccupèrent généralement assez peu de la question,
estimant sans doute que tout se tient en philosophie
et qu’une fois développées les affirmations fondamen
tales de leurs systèmes, l’auditeur n’aurait pas de peine
<
— s’il avait compris ce qui ne fut peut être pas con
stamment le cas — à en déduire les solutions appli
cables aux problèmes qui l’intéressaient. Par un ren
versement d ’une symétrie assez remarquable, ce fut Hei
degger qui parla de Kant et Cassirer qui prit les con
ceptions de Scheler et ‘d e H eidegger lui même comme
points de départ pour ses analyses personnelles. Dans
une sorte, d ’aperçu préliminaire de son prochain ouvrage,
H eidegger s’efforça de prouver qu’il y a déjà chez Kant
une conception de la métaphysique dont peut s’accomoder
l’analyse existentielle des husserliens et que l’interpré
tation traditionnelle du criticisme comme théorie de la
connaissance scientifique est non seulement trop étroite
mais radicalement fausse. A la fois en tant qu’il établis
sait une métaphysique spéciale classique — le monde,
l’âme, Dieu — , en tant qu’il faisait résulter la con
naissance humaine de la collaboration de deux
pouvoirs hétérogènes, l’intuition sensible et la pensée,
collaboration réalisée dans une pure synthèse dont la
déduction transcendantale légitime l’existence et le sché
70
matisme explique la possibilité, en tant enfin qu’il fai
sait dériver, de l’imagination, comme d’une racine com
mune les deux pouvoirs opposés, Kant se trouvait par
avance défendre des thèses fondamentales de la philo
sophie heideggerienne. Ce sont en effet des affirmations
préliminaires pour celle-ci, que la nécessité de fonder
la possibilité de toute connaissance ontique sur celle
de la connaissance ontologique, que l’attribution à la
pensée humaine d ’un caractère essentiel de finitude —
révélé pal exemple par l’angoisse — dont la connais
sance permet seule de poser correctement les problèmes
de l’Etre et |du Néant, enfin que la définition de la
vraie métaphysique, préliminaire à toute Anthropologie
ou toute philosophie de la culture, comme étude de la
structure du Dasein, cette dernière affirmation n’étant du
reste qu’en germe pour ainsi dire chez Kant dans sa ré
duction de la pure sensibilité et du pur entendement,
voire même de la raison pratique et théoretique à l’ima
gination, de sorte que se trouvent éliminées les nations
directrices de la métaphysique orientale, Esprit, Logos,
Raison.
E n regard de cet effort pour retrouver chez Kant
une inspiration dont on peut se demander si elle y a bien
vraiment régné, et qui, dans sa forme actuelle au moins,
semble conduire à des résultats opposés à ceux auxquels
aboutissait Kant, Cassirer se livrait au travail inverse d ’app
liquer, aux problèmes de la phénoménologie contemporaine
lun m ode de pensée cette fois directement déterminé
par le système Kantien. Par la souple et subtile doc
trine de formes symboliques, la connaissance des exi-
stents se trouve assurée, sans que soit atteinte en aucune
façon la liberté, l’activité créatrice de l’esprit telle que
la définit le criticisme traditionnel. Par un processus
nécessaire qui se produit également dans la constitution,
du langage, dans l’évolution des représentations de l’es
pace — magiques, plastiques et géométriques — dans
les créations artistiques et scientifiques, du monde vital,
71
uniquement senti comme système d ’actions possibles, se
dégage peu à peu le monde formel et connaissable sur
lequel n’a plus prise le “ greifen” mais le “ begreifcn",
de Sorte que, s’effectue progressivement et par une né
cessité intelligible la synthèse de l’esprit et de la réa
lité. Une telle doctrine se trouvait pour les Français,
moins nouvelle peut-être, plus proche de leur habitude
de considérer la pensée comme l’activité créatrice néces
saire par excellence, objet naturel et immédiat de toute
réflexion philosophique.
C’est à cet objet que furent en effet consacrés les
deux cours philosophiques français. M. Spaier, d ’un point
de vue psychologique — tout au moins initialement ■ —
analysa avec minutie l’emmêlement infiniment compliqué
d’éléments abstraits et concrets dans les différentes for
mes sous lesquelles la pensée se présente dans Taction
et dans la spéculation. Il se trouva ainsi amené à jeter
les bases d ’une théorie de la connaissance, prétendant
en particulier renverser l’affirmation d ’une hétérogénéité
lentre sensibilité et raison en montrant que toute ex
périence sensible, si concrètement impossible à penser
vraiment qu’elle nous paraisse à première vue, suppose
Une représentation de classes, un jugement, et qu’à
l’inverse dans l’abstraction la plus épurée se trouve tou
jours un inévitable renvoi à l’expérience sensible. M.
Brunschvicg, enfin en prenant Descartes comme base
de référence, voulut indiquer comment dans le progrès
scientifique et l’expérience spirituelle, se définit la véri
table Raison créatrice, en opposition avec la Raison
figée et stérilisante des imaginations humaines. Le type
de cette action rationnelle seule féconde se trouve déjà
défini dans la Géométrie de 1637, par la mise en oeuvre
de cette analyse génératrice perpétuelle des vérités nou
velles et constructrice de ces longues chaînes de raisons
types même de l’intelligibilité mathématique. Ainsi à
chaque instant de la science, la vraie raison — et non
celle qui satisfait et rassure les logiciens — se dépasse
72
elle même, brisant par son dynamisme intelligible ce qu’il
y a de contingent et de limité dans le concept qu’elle
a engendré et auquel elle ne veut pas se tenir — “ les
choses sont plus raisonnables que les hommes ” , disait
Klein. Et cette tendance humaine à la stabilisation con
ceptuelle se révèle également funeste à la vie spirituelle
puis-qu’elle engendre des constructions théologiques qui
refusent à l’homme l’accès direct à Dieu. A la théologie
des Intermédiaires, s’oppose celle du Verbe qui permet à
l’homme de trouver, Dieu par le dedans, par un appro
fondissement de spiritualité, par, ce “ mouvement pour
aller plus lo in ” qui est la marque en l’homme de l’in
fini. La raison manifeste ainsi l’immanence divine en
se révélant pouvoir absolu de vérité, — c ’est là le véritable
sens de la preuve ontologique Cartésienne — et, après
avoir dépouillé de sa condition humaine ce qui l’attachait
au hic et au nunc, non par la méconnaissance naïvement
volontaire des anciennes cosmologies, mais par une prise
de conscience qui lui permette d ’en libérer le monde spi
rituel par une sorte d ’équivalent des équations intrinsèques
de l’univers établies par Einstein, elle se trouve bien
de la sorte une réalité, ou la réalité, subsistante par soi.
* *
&
73
était à Paris ou à Fribourg et cela d ’autant plus quei
sa personnalité était plus accusée. Dans les Arbeits-
Gemeinschaften au contraire l’auditoire se faisait actif,
exigeant ; lors même que peu de questions étaient posées,
le seul fait que l’orateur, avait à improviser sur un point
qu’il n’avait pas choisi, devant une collectivité muette
peut-être mais dont il devinait l’attente et guettait à son
tour les réactions de déception ou de satisfaction, trans
formait la façon de présenter ses idées, le mettait déjà
sous l’action de l’esprit collectif davosien. Rien ne fut
plus vivant et plus instructif que certaines de ces ré
unions de travail, à la fois par les interventions qu’elles
amenèrent et par les éclaircissements souvent inappré
ciables qu’elles permirent d ’obtenir. Dans la grande dis
cussion Cassirer-Heidegger, malgré la difficulté du sujet
et le caractère technique souvent jusqu’à l’obscurité du
vocabulaire employé, on sentait une véritable commu
nion s’établir au sein de l’auditoire et entre lui et les
deux philosophes allemands. Ce fut là d’ailleurs, peut-
être sous cette influence collective que l*un et l’autre
furent amenés à s’exprimer sur leurs systèmes respectifs
avec le plus de clarté et de vigueur. Cassirer put en
même temps souligner avec précision ce qu’il y avait
à son avis d ’impossible à admettre dans l’interprétation
Heideggerienne de Kant, savoir la méconnaissance radi
cale de toüte inspiration scientifique dans la Critique
et la subordination totale de la Raison au Schématisme.
Et surtout ce fut avec une véritable joie intellectuelle
que les auditeurs purent entendre Heidegger, dont l’ar
deur était stimulée par les objections, définir en formules
impressionnantes le sens du Dasein dans sa doctrine,
situer la place et la fonction de la Vérité dans la réa
lité métaphysique, faire apparaître enfin le rôle de l'an
goisse comme révélatrice de la finitude de l’homme et
de la présence du Néant. Dans d ’autres réunions offi
cielles ou privées où furent discutées la plupart des
questions soulevées par les cours, il était intéressant et
74
instructif de comparer les réactions diverses des étudiants
suivant leur formation et leur nationalité. Qu'il s’agît
du problème de l’interprétation, introduit par le pro
fesseur Pos, de la philosophie de l’histoire à l’occasion
de laquelle les marxistes affirmèrent leur thèse avec
vigueur, du problème des générations, soit dans le monde
présent, soit du point de vue de l’histoire littéraire, par
tout s’engagèrent entre professeurs et étudiants des dis
cussions vivantes et souvent fructueuses.
Mais le travail le plus utile et le plus réel ne se
voyait même pas. C’est au hasard des rencontres, à
la table d’hôte des restaurants, autour des pots de bière
dans les brasseries, ou sur les chemins neigeux des envi
rons de Davos que s’établirent des relations durables
entre Français, Allemands et Suisses, que s’amorcèrent
ces conversations patients et exigeantes où chacun des
interlocuteurs veut être compris et ne rien laisser échapper
et qui mieux qu’un cours ou qu’une discussion officielle
ment organisée peuvent procurer l’acquisition de nou
velles connaissances ou de nouveaux concepts. C ’est
ainsi que le jour de la rencontre Cassirer-Heidegger,
entre la séance du matin et celle du soir par où se
clôtura le débat, S e i n u n d Z e i t fut lu et commenté
avec ardeur dans quelques passages particulièrement im
portants, pendant toute une claire après midi de soleil
sur les pentes qui dominent le lac de Davos; et quelque
chose de la lumière reflétée par les clairs sommets d ’en
face semblait venir aider à l’intelligence du difficile philo
sophe allemand. Et partout ailleurs, les chemins de Cla-
vadel ou de la vallée deFliiela comme les hall des hôtels
étaient également propices à des comparaisons méthodi
ques entre les métaphysiciens de Hambourg, de Fribourg
ou de Paris. Que les conversations aient abouti non pas
même à la mise en train d ’un travail de rapprochement,
mais à renseigner exactement les Français sur l’état de
la philosophie en Allemagne et réciproquement les Al
lemands sur la France, il serait absurde de le prétendre.
75
Eussent-elles pu même durer plus longtemps, elles ne
pouvaient avoir la prétention de remplacer la méditation
personnelle sur les oeuvres écrites. Au moins, ont-elles
servi d ’excitant à ces études nécessaires, et bien plus
ont-elles pu souvent munir ceux chez qui elles avaient
éveillé le désir d ’un semblable voyage métaphysique,
d ’une sorte de Baedeker destiné à leur éviter les tâtonne
ments, les erreurs de route, les oublis et les méconnais
sances. Rien n’est précieux avant d ’aborder l’étude
livresque d ’un système, comme de connaître sa valeur
de vie, de voir comment il est pensé, agi, parlé par
le maître et par ses disciples. Comme par un jeu d ’ombres
et de lumière, tout le relief se dessine alors, et ce qui
n’avait pu àpparaître qu’une difficile et plate mosaïque
s’éclaire alors en un paysage d ’une saisissante vigueur
et d ’une expressive unité.
Pour, les questions d ’histoire ou de littérature les
mêmes conversations particulières pouvaient procurer
d ’aussi grands avantages. Seules elles étaient capables
de donner ces renseignements si brefs, mais qu’on ne
peut demander à un livre, ni même à un cours, sur
les importances respectives d ’événements, d ’oeuvres ou
d ’hommes. E n littérature contemporaine en particulier
les erreurs de perspective apparurent souvent considé
rables, et des deux côtés. Trop souvent, même sur place
il apparaît difficile et dangereux de juger de l'importance
d ’une influence littéraire ou morale par exemple; la
discrimination entre la simple réclame et le véritable
prestige, entre une m ode passagère et une action pro
fonde se révèle à peu près impossible à faire pour un
étranger dans le pays même étudié, s’il ne dispose pas
de témoins sûrs. A ce point de vue l’atmosphère de
(Davos, où par convention la sincérité avait été erigée
'dès le début en règle, où d ’autre part les partis pris
et les préférences les plus variés trouvaient des représen
tants dans l’une et l’autre culture, se montra particu
lièrement favorable à des rétablissements de hiérarchie
76
entre valeurs et à la destruction de ces légendes qui
ne peuvent naître pour, un pays comme pour Tautre
que de l’autre côté d ’une frontière.
* *
*
C ’est ainsi que fut avancée le plus efficacement
l’oeuvre proprement dite du rapprochement politique. Non
d ’ailleurs par des discussions sur les problèmes réservés
à la compétence des hommes d ’Etat et qui ne pou
vaient, sauf de rares exceptions, aboutir qu’à des échanges
confus d ’affirmations banales et du reste sans fonde
ment, mais par les conversations familières et généra
trices de confiance sur les diverses influences régnantes
actuellement. Et non seulement l’intérêt d ’une documen
tation exacte venait les inspirer et les provoquer, mais
aussi la plus large sincérité humaine, base de toute
sympathie. Créer des relations de véritable sympathie
entre étudiants des trois pays, tel devait être en effet
un des résultats des cours de Davos. La communauté
de vie pendant ces quelques semaines, la participation
aux mêmes mouvements d ’intérêt ou de critique, les ren
contres enfin sur le champ de ski ou dans l’imprévu
des excursions, tout cela devait fatalement nouer les
liens d ’une cordiale camaraderie et aboutir même souvent
à des projets de relations plus durables. Non seulement
les individus échangèrent ainsi promesses de correspon
dance et de rencontres futures, mais des groupements
même d ’étudiants furent amenés à signer des sortes de
traités d ’amitié et de collaboration permanente dont le
principal objet était d ’épargner à leurs membres les tâton
nements inévitables souvent dans la visite d’une univer
sité étrangère.
Mais le but principal de l’xmiversité de Davos n’était
pas le rapprochement exclusivement politique. Travail
ler à l’oeuvre de paix pouvait avoir été un des désirs
de ses organisateurs, leur objectif essentiel se trouvait
plus général, en rapport plus direct avec l’intérêt de la
77
culture universelle, savoir la lutte contre l’esprit de par
ticularisme sous toutes ses formes. N on seulement le
particularisme national qui se trouve, à leur insu même,
chez les individus les plus dépourvus de chauvinisme et
leur fait préférer, en fait sinon volontairement, les
oeuvres et les tendances philosophiques ou artistiques
de leur pays, en méconnaissant, ou simplement en igno
rant les autres, mais aussi le particularisme scientifique
des spécialistes, accrochés à un certain mode de pensée,
à Un ordre donné de préoccupations, et décidés, incons
ciemment parfois à tout juger au travers de leur étroi
tesse réfringente. L ’un et l’autre particularisme se trou
vant d'ailleurs complété par d ’autres formes voisines,
l’esprit de clan quel que soit son objet, université, école,
secte des disciples groupés autour d ’un maitre, parti
politique ou religieux, et le tenace égotisme intellectuel,
iiedoutant toujours une atteinte à son intégrité et se
condamnant à ne pas comprendre, par suite à ne jamais
s’enrichir, par crainte de se perdre. D e tels dangers (ne
sont encore que trop réels pour la vie et le développement
de l’Europe intellectuelle. Malgré les échanges de toutes
sortes, malgré la diffusion des oeuvres et le travail des
traducteurs, le particularisme national reste en bien ides
cas à la base de l’enseignement universitaire. ,rJe n’ai
pas le cerveau tricolore ” affirmait un éminent philosophe
français. Et sans doute une telle disgrâce eût-elle été
particulièrement affligeante pour le fondateur d ’une méta
physique aussi radicalement idéaliste; d ’autre part comme
il aime aussi à le rappeler, Kant fut le patron des philoso
phes français cinquante ans même avant qu’on apprit à le
comprendre. Mais le seul fait que parmi les étudiants
rassemb’ is à Davos, les spécialistes de philosophie igno
raient pour la plupart les doctrines métaphysiques en
v o g u , à l’étranger, si importants que soient les mouve-
mviits intellectuels qu’elles y déterminent, est assez révé
lateur d’une persistance de l’esprit de particularisme
national dans les Universités. Il est sans doute spëciale-
78
ment absurde de parer d’une cocarde une méditation
sur l’Etre, mais la rencontre de Davos, s’il était besoin
de son témoignage après celui des livres et des revues
publiés dans les deux pays, montre qu’au ne l’effectue
pas de la même façon actuellement en Allemagne et en
France. Or, toute limitation implique une privation: comme
ces fulgurations par, lesquelles le Dieu de Leibniz engen
drait les monades, c ’est le même univers spirituel qu’ex
priment la réflexion rationaliste française et la phénoméno
logie allemande; est-il sûr qu’elles ne gagneraient pas à
sortir de leur splendide isolement de mers intérieures, à
percer entre elles des communications qui leur procurent
à chacune mouvement et vie? S’il est vrai que philosopher
n ’est pas seulement agir en artiste, traduire par un symbo
lisme verbal compliqué des intuitions profondes et perso-
nelles, mais bien plutôt construire un système rigoureux de
concepts portant sur un objet déterminé — et telle semble
bien être une des affirmations favorites de Heidegger:
la spécificité de savoir métaphysique — plus que jamais
apparaît nécessaire la collaboration d ’esprits divers, et
par; leurs habitudes culturelles et par leurs formations
techniques, leurs dons particuliers, pour mettre en oeuvre,
au service de cette connaissance nouvelle toutes les
ressources conceptuelles, tous les modes de compréhension
dont les civilisations particulières et surtout les méthodes
spéciales de penser afférentes aux diverses sciences
peuvent disposer.
A ce double mal des universités européennes, igno
rance mutuelle, et à l’intérieur de chacune, séparation
totale entre les diverses facultés, l’oeuvre de Davos ne
saurait apporter la guérison. Tout au plus peut-elle espérer
y appliquer, parmi d ’autres, un remède non négligeable.
Son: organisation, ce quTelle a déjà fait en sont un sûr
garant, et, perfectible comme tout ouvrage humain, peut-
être pourra-t-elle dans Favenir, agir encore avec plus,
d’efficacité. Puisque sa durée est forcément restreinte,,
peut-être serait-il possible de compenser le défaut d’ex-
79*
tension des cours, et surtout des Arbeitsgemeinschaften
par une intensité plus grande, tout le travail de pré
paration se trouvant rejeté en dehors de la session propre
ment dite. Si par exemple, d ’une part, les sujets des
cours, tout en portant sur une diversité nécessaire de
matières scientifiques, se trouvaient converger davantage
encore vers une préoccupation centrale, si d'autre part
à la fois ce problème et la façon dont les divers profes
seurs entendent en envisager les aspects dans la dis
cipline où ils sont spécialisés étaient communiqués à
l’avance à tous les futurs participants de la session,
peut-être les cours eux mêmes y gagneraient-ils en den
sité intellectuelle, le conférencier étant sûr du niveau
et du degré d ’information de son auditoire, et surtout
les Arbeitsgemeinschaften, tout en restant des discussions
libres, se trouveraient-elles plus animées et surtout plus
productives, si à l’avance professeurs et élèves avaient
élaboré une base commune de référence. Alors non
seulement les divergences apparaîtraient plus nettement,
lesdoctrines des maîtres seraient exposées avec plus
de clarté — comme ce fut réalisé déjà aux dernières
sessions — mais encore un travail positif de recherches
communes pourrait être organisé entre maîtres et étu
diants.
Mais ce sont là de simples voeux que la jeune
tradition davosienne se trouvera réaliser par le seul
développement spontané des ses virtualités internes. Pour
elle comme pour l’être nécessaire des cartésiens l’essen
tiel est d ’exister, c ’est la perfection fondamentale aux
quelles toutes les autres sont nécessairement liées.
80
toutes les divergences de cultures et de techniques
scientifiques, la même ardeur vers la vérité unit en fait
les universitaires, maîtres et élèves de tous les pays,
il était bon et même nécessaire que cette solidarité in
térieure et essentielle trouvât à Davos, dans ce qu’on
pourrait appeler l’ Université des Universités, à la fois
encouragement et secours efficace.
J. C a v a i l l è s .
6
81
Dozenten und Vorlesungen
der 1L Davoser Hochschulkurse
1. A n d r e a s Willy, Dr. phil. o. Prof. Universitât
Heidelberg.
Religiõses Volksleben und Massenstimmungen am
Vorabend der Reformation.
Kulturbedeutung der deutschen Reichsstadt um 1500.
2. B e n r u b i J., Privat-Dozent, Universitât Genf.
Der Grundcbarakter der Bergson’schen Philosophie.
3. B r u n s c h w i c g Léon, prof. à la Fac. des Lettres,
Sorbonne, Paris.
Raison et Science.
Raison et Religion.
4. C a r r é Jean-Marie, prof. à la Fac. des Lettres, Lyon.
Les problèmes d’influence en littérature comparée.
5. C a r l i n i A., o. Prof. Universitât Pisa.
L ’idealismo italiano contemporaneo.
6. C a s s i r e r Ernst, Dr. phil. o. Prof. Universitât
Hamburg.
Grundprobleme der philosophischen Anthropologie.
Grundfragen der Philosophie des kritischen Idea-
lismus.
7. H e i d e g g e r Martin, Dr. phil. o. Prof. Universitât
Heidelberg.
Kants Kritik der reinen Vernunft und die Aufgabe
einer Grundlegung der Metaphysik.
8. H o w a l d Ernst, Dr. phil. o. Prof. Universitât Zürich,
D ie Anfânge des europaischen Denkens.
9. J o ë l Karl, Dr. phil. o. Prof. Universitât Basel.
Das 19. Jahrhundert in geschichtsphilosophischer
Betrachtung.
87
10. L i c h t e n b e r g e r Henri, Professeur à la Sorbonne,
Paris.
La psychologie de la Coopération intellectuelle fran
co-allemande.
11. P a u p h i l e t Albert, prof, à la Fac. des Lettres,
Lyon.
Introduction à l’étude des influences de la pensée
antique sur l’esthétique littéraire française.
I. Moyen A ge,
II. Renaissance,
III. Epoque contemporaine.
12. P i n d e r Wilhelm, Dr. phil. o. Prof. Universitat
München.
Architektur und Plastik des deutschen Barock.
13. P o s H. J., Dr. phil. o. Prof. Universitat Amsterdam.
Grundfragen der Theorie der Auslegung.
14. P r z y w a r a Erich, Dr. phil. o. Prof., München.
Das religiose und metaphysische Problem der Exi-
stenz.
15. R e i n h a r d t Karl, Dr. phil. o. Prof. Universitat
Frankfurt a. M.
Die Anfange des geschichtlichen Denkens.
16. d e R e y n o l d G., Dr. phil. o. Prof. Universitat Bern.
La méthode en histoire littéraire.
17. R i e z l e r Kurt, Dr. phil., Kurator, Frankfurt a. M.
D er heutige Mensch.
18. S a u e r b r u c h Ferdinand, Dr. med. o. Prof. Uni
versitat Berlin.
Das organische und seelische Anpassungsvermogen
des Menschen.
19. S g a n z i n i C., Dr. phil. o. Prof. Universitat Bern.
Der Aufbau des seelischen Geschehens in seinen
Beziehungen zur geisteswissenschaftlichen Er-
kenntnis.
88
20. S p a i e r Jean, prof, à la Fac. des Lettres, Caen.
La pensée concrète: Connaissance, vie volontaire et
affective.
Pensée concrète et intuition.
Pensée concrète et quantité.
21. S c h u l t z F., Dr. phil. o. Prof. Universitat Frankfurt.
Problème der deutschen Literaturgeschichte.
22. T r o n c h o n Henri, prof, à la Fac. des Lettres,
Strasbourg.
Philosophie du Progrès et Histoire.
L ’idée de philosophie de l’ Histoire en France: quel
ques applications.
Littérature et Nationalité.
23. W e c h s s l e r Eduard, Dr. phil. o. Prof. Universitat
Berlin.
Das Problem der Generationen in der Geistesge-
schichte, mit besonderer Berücksichtigung der
franzosisch-deutschèn Geistesgeschichte von der
Aufklarung bis zur Gegenwart.
24. W i t m e u r E., prof, à la Fac. des Lettres, Liège.
Les grands courants dans la littérature moderne.
89
Davoser Hochschulkurse - Cours Universitaires de Davos
Er s t e W o c h e Première Semaine
vom 18. bis 23. Mârz 1929 du 18 au 23 mars 1929
VORMITTAG - MATINÉE
C. Sganzini
E. Cassirer E. Cassirer H. J. Pos
Der Aufbau des see-
10- 11 Grundprobleme Grundprobleme lischen Geschehens Grundfragen der
in seinen Beziehun-
der philosophischen der philosophischen Theorie der
gen zur geistes-
Anthropologie Anthropologie wissenschaftlichen Auslegung
Erkenntnis
NACHMITTAG - APRES-MIDI
Al 3 E N D - SOIRÉE
Symphonie- Studentischer P. Przywara
F. Sauerbruch Allgemeine
Studenten- Konzert K. Riezler Diskussions- Das religiose und
Das organische und
Versammlung des abend metaphysische
8.30 seelische An- D er heutige
im Winterthurer Mensch im Problem der
passungsvermogen
des Menschen Hotel Flüela Stadtorchesters Hotel Central Existenz
Die Arbeitsgemeinsch aften sind nicht offentlich. Zur Teilnahme ist die vorherige Verstandigung
mit dem leitenden Dozenten erforderlich.
Les groupes de trava il ne sont pas publics. Pour y participer il faut une entente préalable avec
le pro fessor que la chose concerne.
Dave>ser Hochschulkurse - Cours Universitaires de Davos
Zweite Woche D eu x ièm e Semaine
vom 25. bis 30. Marz 1929 du 25 au 30 mars 1929
VORMITTAG - MATINÉE
E. Cassirer F. Schultz
Arbeits- Der Gegensatz von L. Brunschvicg
IO15-1 1 Problèm e der
gemeinschaft Geist und Leben in deutschen Raison et Science
Schelers Philosophie Literauirwissenschaft
E. Cassirer
Frei
und
M. Heidegger IV. Pinder E. Wechssler
i l 16- 1 2 10-12 Architektur und Das Problem der
Plastik des deutschen Generationen in der
Barock Geistesgeschichte
=*• ^ - ■ - -fr
NACHMITTAG - APRÈS-MIDI
ABEND - SOIRÉE
Die Arbeitsgemeinschaften sind nicht offentlich. Zur Teilnahme ist die vorherige Verstândigung
mit dem leitenden Dozenten erforderlich.
Les groupes de travail ne sont pas publics. Pour y participer il faut une entente préalable avec
le professeur que la chose concerne.
Davoser Hochschulkurse - Cours Univers itaires de> Davos
D r i t t e W o ch e Tr o i s i è me S e m a i n e
vom 2. bis 6. April 1929 du 2 au 6 Avril 1929
VORMITTAG - MATINÉE
Fahrt
mit der
E. Witmeur E. Witmeur
Albulabahn A. Spaier A. Spaier
Les grands courants Les grands courants
1116- 12
La Pensée concrète dans la littérature La Pensée concrète dans la littérature
moderne m oderne
NACHMITTAG - APRÈS-MIDI
AREND - SOIRÉE
Séance d’inform atioi
Arbeitsgemeinschaft
et de discussion Studentischer
über das Problem
complémentaire Schlussfeier
8 80 der Generationen Diskussions-
(Brunschvicg abend
(Wechssler)
et Spaier)
Die n i c h t offentlich.
A r b e it s g e m e in s c h a fte n s in d Zur Teilnahme ist d ie v o r h e r ig e V e r s tâ n d ig u n g
mit dem leitenden Dozenten erforderlich.
Les groupes de travail ne sont pas publics. Pour y participer il faut une entente préalable avec
le professeur que la chose concerne.