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Trafic noir pour reines blanches
Trafic noir pour reines blanches
Trafic noir pour reines blanches
Livre électronique419 pages5 heures

Trafic noir pour reines blanches

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À propos de ce livre électronique

"Trafic noir pour reines blanches" est un polar mettant en scène le commandant Richard et son équipe, confrontés à une série de meurtres macabres de femmes soudanaises dans le sud de la France. Leur enquête les conduit dans un monde de corruption et de désespoir, impliquant des personnalités influentes de la bourgeoisie française dans un sinistre trafic d’organes qui se propage à travers l’Europe. Les suspects se succèdent, mais les meurtriers restent insaisissables. Pris dans un tourbillon d’obstacles politiques et personnels, il est déterminé à résoudre cette affaire, quoi qu’il en coûte.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Lecteur assidu, Richard Azéma aime à s’émerveiller le long des pages. Son plaisir pour les voyages et la découverte de nouvelles cultures l’incitent à vous faire découvrir de nouveaux horizons littéraires à travers "Trafic noir pour reines blanches".
LangueFrançais
ÉditeurLe Lys Bleu Éditions
Date de sortie17 août 2024
ISBN9791042236687
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    Aperçu du livre

    Trafic noir pour reines blanches - Richard Azéma

    I

    France

    L’hiver est doux en ce début de période hivernale, les rayons du soleil de cette fin de matinée caressent le sol en offrant les derniers degrés bienvenus, le ciel est dégagé et quelques nuages s’aventurent dans le ciel. Marie, Julia et moi marchons sur la plage des chalets de Gruissan, le vent a effacé les traces de pas des touristes repartis vers la grisaille. Le ressac des vagues qui viennent mourir sur la plage couverte d’écume de mer nous offre un léger clapotis sur le sable. Le calme est présent, quelques courageux glissent sur l’eau avec leurs kitesurfs tirés par des ailes de toutes les couleurs. Julia remplit ses petits bras de coquillages ramassés par-ci par-là, le bonheur à l’état pur. Quoi de plus ?

    — Nous pourrions aller déjeuner chez Fourmi aux halles de Narbonne, si tu le veux, je sais que tu aimes bien l’ambiance du marché, et puis je pourrais revoir mes amis. Qu’est-ce que tu en penses ma chérie ?

    Marie passe son bras autour de ma hanche, elle me donne un gros baiser sur mes lèvres humides au goût de sel.

    — Oui, je veux bien, en plus il y aura moins de monde qu’en été, Julia adore les hamburgers maison, c’est une très bonne idée.

    Nous reprenons tranquillement le chemin retour vers le parking, la petite râle un peu, elle souhaite ramasser plus de coquillages, et surtout, elle veut continuer de marcher les pieds dans l’eau. Nous voyant nous éloigner, elle nous rejoint en portant son petit seau rempli de trésors. Nous arrivons enfin devant notre voiture, un petit nettoyage et nous embarquons en direction de la ville de Narbonne.

    La traversée de l’étang du côté de la route de Mandirac est aussi déserte que la plage. Les flamants roses fouillent la vase à la recherche de nourriture, les cigognes sont prêtes à migrer vers le détroit de Gibraltar via l’Espagne, pour rejoindre leurs zones d’hivernages en Afrique subsaharienne. On dirait que le temps s’est posé.

    Nous arrivons enfin dans le centre-ville de Narbonne, autrement appelée Narbo Martius, la fille de Rome et un peu oubliée des livres d’histoire. Je gare la voiture près des halles de la ville, ce marché a été honoré du titre du plus beau marché de France en cette année 2022. Ce magnifique édifice métallique de pur style Baltard, confectionné de fer, de fonte et de verre, a été ouvert au public en 1901. Les halles, comme les appellent les Narbonnais, sont ouvertes tous les jours de l’année, elles abritent, pas moins de 70 commerces regorgeant de produits locaux.

    Nous arrivons enfin devant le snack de Fourmi, il reste pas mal de places. Les patrons nous accueillent avec leurs sourires habituels.

    — Salut Richard, ça fait plaisir de te revoir, prenez place, je vais vous servir l’apéritif et une grenadine pour la petite. Pour vous, toujours pareil, vous restez sur un Cuba libre, non ?

    Je lui confirme la commande, nous prenons place à la table tonneau.

    Les habitués passent dans les allées, les sacs chargés de nourriture. Le calme est revenu après la période estivale, les pures souches occupent l’espace. François pose les verres, il nous remet les cartes pour effectuer nos choix qui ne varient pas beaucoup au gré de nos présences.

    — François, tu peux prendre la commande, un hamburger pour la petite, un boudin à cheval pour madame et un bon gros steak tartare pour moi. Tu nous mets une bouteille de rouge de la maison s’il te plaît, merci.

    Le snack voisin est bruyant, on peut entendre le patron crier dans son porte-voix les commandes de viandes au boucher juste en face, celui-ci lui prépare les paquets et les lui jette. Le patron, ancien rugbyman, les attrape dans les airs sous les yeux des clients amusés, ce qui fait beaucoup rire Julia et Marie. Je salue des connaissances et embrasse des amis de passage. Rosie vient nous déposer les assiettes sur la table, elle fait un bisou à la petite en partant. Nous commençons notre repas.

    — Bon appétit, les amoureux, profitez-en bien, et toi ma petite, il faut tout finir comme ça, tu auras une belle surprise.

    Julia dans la précipitation essaye de croquer dans son hamburger, mais celui-ci est vraiment trop gros pour sa petite bouche. C’est sûr que ce n’est pas ceux fabriqués à la chaîne dans les, vous voyez ce que je veux dire.

    Marie le lui découpe et elle peut enfin commencer son repas, je prépare mon tartare avec les condiments et les sauces que Michel vient de poser sur la table. Marie, elle, commence à tremper son pain dans le jaune des œufs, nous allons passer un bon moment.

    Je sens une main se poser sur mon épaule, et toujours dans le doute, je commence à me préparer pour une riposte au cas où. Il y a tellement de déséquilibrés dans ce monde qu’il vaut mieux être prudent, tout en protégeant mon visage avec ma main. Je me retourne pour faire face à l’intrus, et là, je retrouve le charmant minois de Julia, la copine de Marie. Alain est avec elle il tape la discute un peu plus loin, Marie pousse de grands cris de joie et la petite est déjà dans les bras de sa marraine. Alain vient nous retrouver pour une embrassade familiale, je demande à Rosie de rajouter une table pour que nous puissions prendre le repas ensemble. François et Michel poussent un nouveau tonneau vers le nôtre, tout le monde prend place.

    — Quelle surprise, vous êtes arrivés quand ? Nous n’avions pas de vos nouvelles, je pensais que vous étiez encore à Cuba. Vous auriez quand même pu nous prévenir, mais ce que ça fait plaisir de vous revoir bien bronzés et en pleine santé.

    Alain commande un apéro pour lui et Julia, des assiettes sont rajoutées sur la nouvelle table. Il reprend la discussion avec moi, les filles n’arrêtent pas de parler entre elles et ne nous calculent pas. La petite continue de manger son gros hamburger en espérant que la surprise soit aussi grosse. Alain se penche vers mon oreille pour me parler et couvrir les commandes du voisin.

    — Nous sommes arrivés hier à Paris, nous avons pris la navette pour Toulouse dans la foulée, je ne voulais pas te déranger, j’ai loué une voiture pour venir à Narbonne, et nous voilà. Alors quoi de neuf depuis ces trois derniers mois ?

    Nous claquons nos verres pour nous souhaiter bonne santé, je reprends la suite.

    — Pour nous, rien de nouveau, le train-train habituel. Alors, raconte-moi, tu viens de passer quatre mois à Cuba. Apparemment, tout va bien avec Julia, vous filez le parfait amour ?

    — Je vis un rêve, tu avais raison, ces filles sont incroyables, nous sommes fous l’un de l’autre, elle est venue en France et je pense qu’elle va aimer notre beau pays. Si tout va bien, elle pourrait devenir Madame, si tu vois ce que je veux dire, c’est à elle de décider, je lui ai fait déjà ma demande, j’attends sa réponse.

    Je me tourne vers les filles qui sont, elles aussi, en pleine discussion. Julia lui montre une belle bague qu’elle porte à son annulaire de la main gauche, son sourire veut en dire beaucoup. Elle nous envoie un baiser de la main.

    — Je vois que tu as bien fait les choses, c’est tout à ton honneur. Vous restez ici où vous descendez à Marseille ?

    Le patron arrive, il prend les commandes de nos invités, il en profite pour nous remettre une tournée. Les filles font l’impasse, pas pour nous.

    — Justement, je voulais te demander si tu pouvais nous loger pendant quelques jours, je n’ai vraiment pas envie de redescendre là-bas, c’est devenu trop la zone, et puis maintenant, je dois juste rester à disposition comme toi. D’ailleurs, tu n’as aucune nouvelle de la boîte ?

    François pose les verres sur la table, il en profite pour prendre les nouvelles commandes, il reste en pâmoison devant les trois beautés. Julia en profite pour se renseigner sur les plats. Rosie apporte la surprise à la petite, une magnifique glace bien décorée.

    — Non, rien de nouveau du côté de Paris, tant mieux c’est que le monde va mieux. Bons pour revenir à nous, c’est avec plaisir que vous allez vivre avec nous, et puis les filles vont être heureuses d’être ensemble, elles doivent avoir tellement de choses à raconter. Aller à la tienne !

    Nous profitons à fond du moment présent, les tournées s’enchaînent, nous finissons nos assiettes avec appétit. Il est l’heure de quitter ce bel endroit familial. Nous décidons d’aller faire une promenade en ville pour éponger notre excédent d’alcool, je règle l’addition malgré les énervements d’Alain. En sortant, nous prenons la direction du centre-ville.

    La balade se fait sur les bords de la Robine. Le canal qui traverse la ville. La promenade des Barques nous conduit vers le parvis de l’hôtel de ville adossé à la cathédrale Saint-Just et saint Pasteur de la ville. Sa particularité est du fait qu’elle est inachevée et que sa hauteur sous voûtes de 41 mètres en fait la quatrième plus haute de France. Nous franchisons le cloître, lui aussi classé aux monuments historiques depuis 1914. Nous pénétrons dans la cathédrale. Les filles en profitent pour faire une prière à la vierge Marie. Nous nous échappons à l’extérieur sans faire de bruit.

    — Tu penses que Julia fait une prière pour pouvoir t’épouser, ce serait vraiment merveilleux aussi bien pour toi que pour nous. Après cette visite, nous allons aller à la maison pour que vous preniez vos nouveaux quartiers, nous avons un appartement attenant, vous serez chez vous, en tout cas ça me fait vachement plaisir de vous voir.

    Les filles nous ont rejoints dans le passage de l’Ancre. Nous sommes de retour sur la place de la mairie. Nous pouvons voir une exposition sous terre de la voie Domitia construite en 118 av. J.-C. pour relier l’Italie à l’Espagne. Comme dit le proverbe, toutes les routes mènent à Rome.

    Nous arrivons aux voitures, Julia s’est endormie dans mes bras. Je la dépose en douceur sur son siège, mais je suis obligé de la réveiller pour l’attacher. Elle se rendort aussitôt.

    — Bien, Alain, tu me suis, nous serons à la maison dans une dizaine de minutes, si tu me perds, appelle-moi, aller en avant.

    Nous prenons la direction des plages vers la cité balnéaire de Narbonne Plages. Après avoir traversé les grandes zones commerciales, nous attaquons une montée qui nous conduit dans le massif de la Clape. Je bifurque sur un petit chemin qui nous amène en pleine pinède de pins, encore quelques mètres et nous sommes arrivés. Je pénètre dans la propriété et me gare devant l’entrée, Alain en fait de même.

    Les invités descendent de la voiture et passent un long moment pour contempler le paysage. Le vent berce délicatement les branches en faisant tomber des aiguilles de pin dans les cheveux des filles, la petite est excitée, elle demande à Julia de la suivre pour découvrir sa chambre, nous emboîtons le pas et arrivons dans la maison.

    Je demande à Alain de venir avec moi, je lui montre l’appartement en lui demandant de faire comme chez lui. Nous déposons les valises et retrouvons les filles dans le salon. La petite Julia est heureuse avec sa marraine qui joue avec elle. Nous prenons le café sur la terrasse baignée par le soleil qui commence sa descente vers d’autres lieux. Les croassements des corbeaux qui rentrent vers leurs nids brisent le silence, la brise marine commence à nous rafraîchir. Nous revenons à l’intérieur. Alain me remercie, il me dit :

    — Vous êtes bien installés ici, nous serons bien chez vous, mais nous ne souhaitons pas taper l’incruste, il va falloir nous mettre à la recherche d’une maison pour nous. Tu connais peut-être des locations dans le coin ?

    — Tu plaisantes, vous êtes ici chez vous, en plus l’appartement est toujours vide, donc vous restez là, et si tu y tiens vraiment, vous partagerez les frais avec nous, comme ça, tu ne pourras pas dire que vous êtes logés gratuitement. Si cela vous convient ?

    Alain et Julia sont aux anges, ils acceptent notre offre. Marie et la petite sont, elles aussi, très heureuses d’avoir nos amis avec nous.

    Le soleil frôle les collines au loin. L’ombre de la nuit commence à recouvrir les plaines de l’Ouest. Nos invités sont fatigués de leur retour de Cuba, le décalage horaire commence à avoir raison d’eux. Ils s’excusent et nous laissent, ils vont se coucher pour récupérer. Nous sommes seuls à présent dans le salon. Marie a couché la petite qui s’est endormie après cette journée épuisante. Elle me rejoint dans le canapé, elle pose sa tête sur mes genoux.

    — Je suis heureuse qu’ils aient accepté notre hospitalité, ça va me faire du bien d’avoir ma meilleure amie avec moi, nous pourrons parler du pays, et puis la petite va prendre du plaisir avec nous tous. Je t’aime mon amour, nous allons passer de bons moments.

    Nous rejoignons notre chambre, nous en profitons pour prendre une douche afin d’enlever le sable et le sel de nos corps après cette balade en bord de mer. Nous nous posons sur le lit, rapidement le sommeil nous gagne vers de beaux et doux rêves. Une sonnerie me tire de mes songes.

    J’allume la lumière, je me dirige vers le bureau. Le papier du fax se déroule doucement de la machine, une page en sort, je reconnais le logo de la boîte, apparemment, il va falloir reprendre du service. Le bip de fin me signale que le message est terminé, j’arrache la feuille et j’en prends connaissance.

    Salut, Richard. Nous allons avoir besoin de tes services. Le ministère des Affaires étrangères souhaite que nous intervenions rapidement concernant une série de meurtres sur des personnes de type africain de sexe féminin. Des corps mutilés ont été retrouvés dans différentes régions de notre pays, le dernier en date dans la ville de Carcassonne et comme tu es sur place, je souhaiterais que tu interviennes auprès des autorités. Merci de me contacter demain à la première heure pour plus d’informations.

    Le Crabe

    Les affaires reprennent, depuis notre dernière mission qui nous avait conduits en Grèce, il est vrai que la boîte ne m’avait mis sur aucun dossier depuis mon retour de Cuba. Je retourne me coucher, Marie en a profité pour prendre plus de place dans le grand lit, je la pousse doucement pour qu’elle me laisse un bout de matelas. Je me recouche, mais je pense que pour moi ma nuit est finie.

    Le jour qui pénètre lentement à travers la grande baie vitrée est pâle, et la brume recouvre la plaine. La fatigue a eu raison de mes pensées et je me suis endormi paisiblement. Je retrouve tout le monde dans la grande cuisine, le sommeil réparateur a fait son effet, les visages sont plus détendus et souriants. J’embrasse mon petit ange qui dévore une tartine de pain beurré, je caresse les longs cheveux de ma chérie en saluant nos convives.

    — Mon chéri, tu as passé une mauvaise nuit, je t’ai entendu te lever, et quand tu es revenu dans le lit conjugal, tu avais du mal pour trouver le sommeil. Tu aurais pu me faire un câlin, tu as vraiment une sale tête ! va te réveiller sous la douche, je te prépare ton petit-déj.

    Je salue mes amis, je vais écouter les conseils de ma chérie en espérant que la douche va être salvatrice. Je reviens vers eux, toujours la tête dans le cul, mais je suis un peu plus à l’écoute d’Alain qui me parle.

    — J’ai passé une excellente nuit, quel calme, vous êtes complètement dans un havre de paix. Se faire réveiller par le champ des oiseaux au lever du soleil, que du plaisir, en plus à côté de la plus belle, nous allons nous plaire chez vous.

    Je bois mon café en espérant revenir sur terre. J’interpelle mon ami en lui disant que j’ai du neuf et que c’est arrivé en pleine nuit, Marie me regarde inquiète de mes dernières paroles. J’invite Alain à me suivre dans le bureau. Nous prenons place, je lui montre le fax reçu durant la nuit. Il en prend note et se retourne vers moi.

    — Bien, je crois que les vacances sont terminées, nous allons reprendre du service.

    Je lui confirme en prenant le téléphone pour appeler le Crabe en direct. La liaison se fait rapidement.

    — Salut, Stéphane. Je reviens vers toi suite à ton message de cette nuit, Alain vient de me rejoindre, je t’écoute si tu peux nous en dire plus.

    — Salut, à vous deux, je suis désolé de vous prendre au saut du lit. Bonjour Alain, je suis au courant de ton retour, je ne pensais pas te retrouver avec Richard, mais c’est tant mieux, je vais pouvoir vous expliquer de quoi il en retourne.

    — Vas-y, je te mets sur haut-parleur, nous sommes avec toi.

    Un petit moment de silence, nous entendons le bruit de froissement des feuilles, Stéphane reprend la parole.

    — Voilà, nous avons en ce moment des féminicides de femmes de couleur sur notre territoire. Les filles sont toutes jeunes et très belles, apparemment le modus operandi est toujours le même : les victimes sont tuées par balle dans la tête, et leurs corps sont découpés en plusieurs parties, de plus les reins ont été prélevés. Il s’avère qu’aujourd’hui, nous sommes en présence de six meurtres, et ce, dans la région d’Occitanie pour la plupart. Deux autres corps ont été trouvés en Provence-Alpes-Côte d’Azur, comme je te l’ai signalé, la dernière victime a été trouvée à Carcassonne. La dépouille est en ce moment à l’institut médico-légal de Toulouse. Je souhaiterais votre présence en premier sur les lieux du crime et par la suite auprès du médecin légiste. Le fait d’avoir reconstruit le binôme est une chance pour nous. Je vous fais parvenir l’adresse pour la visite sur place, ainsi que le nom du médecin. Je compte sur vous, je reste à votre disposition pour tout autre complément. Bonne journée, j’attends de vos nouvelles prochainement, salut.

    Le silence retombe dans le bureau. Nous nous regardons sans ouvrir la bouche, mon téléphone vibre par l’arrivée d’un texto. Je l’ouvre aussitôt et note sur une feuille l’adresse du rendez-vous. Nous revenons à la cuisine pour retrouver nos femmes. Marie et Julia, à voir nos têtes, se doutent bien que nous allons leur annoncer une mauvaise nouvelle, et c’est à moi de le faire.

    — Mes chéries, je suis désolé, nous venons d’être missionnés pour une nouvelle affaire. Nous devons partir pour Carcassonne, le temps de se préparer, encore désolé, mais le devoir nous appelle.

    Nous prenons la direction de nos chambres pour nous préparer pour le départ. Marie est venue m’aider à faire mon sac, elle ne pose pas de questions inutiles, elle sait que je ne peux pas lui répondre. J’ouvre le coffre et récupère de l’armement, ainsi que ma carte de police. Nous bouclons les affaires toujours dans le silence. Alain et moi nous retrouvons dans le hall, je fais un gros baiser sur le front de la petite Julia comme à mon habitude. J’embrasse Marie et me rends à la voiture dans laquelle j’attends Alain qui ne tarde pas. Direction Carcassonne par l’autoroute.

    La circulation est paisible à cette époque, seuls de nombreux poids lourds sillonnent le grand ruban. Nous sommes sur place en moins d’une heure, le rendez-vous est rue Cros Mayrevielle. Je stationne la voiture sur le parking, nous franchissons le pont-levis de la porte narbonnaise, nous prenons la direction de l’adresse, nous arrivons enfin devant une vieille maison aux murs de pierre. La porte d’entrée est gardée par deux policiers, nous présentons nos cartes et accédons dans la demeure.

    Une senteur caractérisée par cette odeur métallique due au fer contenu dans le sang flotte dans l’air, le sol est taché de liquide de vie. Les rubalises jaunes nous empêchent de pénétrer sur la scène de crime, les plots relevant les indices sont encore sur place. L’officier de police judiciaire nous a rejoints, nous lui montrons nos cartes, je lui demande l’accès au dossier et s’il peut nous en dire plus.

    — Bonjour messieurs, nous avons été prévenus de votre visite, voici un double du dossier, les techniciens de la INPS, l’institut national de la police scientifique ont effectué les relevés d’indices, ils ont nettoyé entièrement la scène. Les prélèvements ont été envoyés dans les laboratoires afin de rechercher des traces d’ADN ou d’empreintes pouvant nous orienter vers un potentiel suspect. Je vous ai noté l’adresse et les contacts au laboratoire du SNPS de Toulouse, sinon la victime était âgée plus ou moins d’une vingtaine d’années, originaire probablement de la Centrafrique. Son corps a été démembré en cinq parties, une pour le tronc avec la tête, deux pour les bras et deux pour les jambes. Aux premières constatations, les gestes opératoires ont été faits post mortem d’où une absence d’abondance de sang. Aucun témoin, le dossier est vide à cette heure.

    Alain regarde le dossier ainsi que les photos prises avant le nettoyage de la scène, il fait des grimaces en regardant les clichés du corps. Je remercie le policier, nous allons retrouver notre voiture pour continuer en direction de Toulouse. Prochain arrêt, l’Unité Médico-Judiciaire du CHU de Rangueil.

    Nous rejoignons l’autoroute A61. Au bout d’une grosse demi-heure, nous arrivons enfin devant le Centre Hospitalier Universitaire de Rangueil.

    L’hôtesse d’accueil nous indique l’accès du service de médecine légale. Nous empruntons les grands couloirs blancs sous les lumières des néons blafards, enfin, nous arrivons devant le bureau.

    Il y a un monde fou dans cet univers souterrain, nous en sommes les premiers surpris. Je demande à une infirmière de faire appeler le docteur Simon, c’est le nom qui est noté dans mon dossier, elle nous demande de patienter. L’odeur d’antiseptique et de formol me monte à la gorge, j’espère que notre attente ne va pas être trop longue.

    En patientant, je regarde le dossier, c’est vrai que les photos sont repoussantes. Le visage de cet enfant, est d’une rare beauté, quel est le salop qui a pu massacrer cette personne, et pourquoi découper ainsi son corps. Quelle en est la signification ?

    L’infirmière me signale que la docteure Simon nous attend dans son bureau au numéro 34, elle nous montre la direction à suivre. Nous arrivons rapidement devant la porte. Je toque et nous patientons dans le couloir. La porte s’ouvre sur une charmante jeune femme d’une trentaine d’années qui nous invite à rentrer.

    — Je vous en prie, prenez place, je suis sur le dossier depuis ce matin, l’autopsie est terminée et nous attendons les résultats des analyses toxicologiques que nous devrions avoir dans la matinée de demain. Ce que je peux vous dire, c’est que cette personne était en pleine santé et que je n’ai rien découvert de spécial durant mes examens.

    — Merci docteur, nous attendrons les résultats demain si vous le voulez bien. Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur les démembrements de cette malheureuse, que pouvez-vous nous apprendre ?

    Elle ouvre son dossier et tourne plusieurs pages. Elle me présente des photos que j’ai du mal à regarder, je les fais passer à Alain qui de nouveau fait la grimace lui aussi. il les remet à madame Simon, la docteure range les photos dans le dossier.

    — Comme nous avons pu le constater sur le lieu du crime, la séparation des membres a été faite post mortem, heureusement pour la victime, mais ce que je peux vous certifier c’est que cet acte n’a pas été le fait d’un professionnel, ni de médecine, ni d’un découpeur-désosseur ; les coupes ne sont pas franches et il ou elle a dû s’y reprendre à plusieurs reprises. Les dégâts sont importants. J’ai pu noter aussi qu’une néphrectomie a été faite, autrement dit les reins ont été retirés par acte chirurgical, cependant dans de meilleures conditions. Vous pourrez en lire plus sur mon rapport, voici ce que je peux vous dire à ce jour. Nous y verrons mieux peut-être plus tard.

    Elle me donne le dossier et elle reprend la parole.

    — Je suis obligée de vous laisser, car d’autres patients m’attendent, ils ne sont pas pressés, mais moi oui. Nous traitons six cents cas par an donc vous devez vous douter qu’il faille aller de l’avant, je vous raccompagne. Vous pouvez prendre le premier dossier à l’accueil, je vous transmets le reste dès que possible. Si vous voulez bien me suivre.

    La docteure nous raccompagne vers la porte, nous nous saluons et prenons congé. Un crochet par le bureau des entrées, nous récupérons le dossier initial en attendant demain. De retour à la voiture, j’appelle le Crabe pour le mettre au courant.

    — Salut, c’est Richard et Alain, nous sortons de l’IML de Toulouse, rien de nouveau pour l’instant, nous devons attendre demain pour les retours d’analyses. Il faut que tu me fasses passer les trois autres dossiers qui concernent notre région, et demande à d’autres personnes de te faire un topo sur les deux dossiers de la région PACA, cela nous évitera le déplacement. Que faisons-nous, on rentre ou nous restons à Toulouse ?

    — Restez sur place et retournez à l’IML. Les trois autres corps ont été découverts en Ariège, dans le Tarn et à Toulouse, c’est le même institut qui a traité les victimes, aucun lien n’a été fait jusqu’à aujourd’hui. Il faut regrouper les dossiers et commencer les recherches dans ce sens. Je contacte la direction pour que les trois dossiers vous soient remis demain matin lors de votre visite au légiste qui s’occupe du cas de Carcassonne. Vous pourrez en discuter entre vous et voir s’ils sont concordants, je pense qu’il s’agit du même tueur. Tenez-moi au courant demain, bonne soirée.

    Nous retournons dans l’hôpital et demandons à revoir la docteure Simon. Nous patientons dans le couloir, la praticienne revient vers nous, elle est vêtue d’une blouse blanche pas très nette. Un peu énervée de nous revoir, elle s’adresse à nous.

    — Messieurs, je vous ai dit que j’étais débordée. Quelle est votre demande à présent ? Je suis désolée, mais mon temps est précieux, je vous écoute.

    Je me lève et la prends par le haut de l’épaule en serrant mes doigts autour de l’articulation. Elle me regarde, l’air étonné.

    — Écoutez, docteure, nous aussi notre temps est précieux, le vôtre pour vous occuper des morts, et le nôtre pour éviter qu’il n’y en ait plus. Il nous faut trois dossiers concernant des morts similaires récentes dans votre région, une en Ariège, une dans le Tarn et une dans votre ville. Est-ce que vous pouvez nous aider ?

    La docteure tire son épaule en arrière pour me faire lâcher prise. Elle nous propose de la suivre jusqu’à la réception, par la suite, elle demande à la secrétaire de faire la recherche concernant les dossiers demandés. Elle se tourne vers nous.

    — Merci de patienter ici, vos dossiers vont arriver, je vous donne rendez-vous demain matin à neuf heures, nous connaîtrons les retours des analyses et nous pourrons discuter de ces autres cas. Je vous souhaite une bonne fin de journée.

    Elle me tend la main et nous nous les serrons. Elle en profite pour me planter ses ongles dans le poignet, nos regards se défient. Elle relâche son étreinte et part retrouver ses patients. Sacré bout de femme.

    La secrétaire revient vers nous avec des pochettes. Elle nous les dépose sur la banque en nous signalant que les dossiers sont là, et que nous pouvons les récupérer. Nous reprenons la direction du parking.

    — Nous allons étudier les dossiers ensemble, il est certain que les meurtres sont reliés, regardons les dossiers d’autopsie.

    Je donne une pochette à Alain, concernant la victime du département de l’Ariège, je consulte celui du Tarn. Nous tournons les feuilles pour finir sur les photographies des victimes. Nous refermons les dossiers.

    Alain, en silence, me regarde en me montrant des yeux la chemise du dernier cas, la victime de Toulouse. Je l’ouvre et nous vérifions les conclusions du légiste. Il est confirmé que les victimes, jeunes et très belles, représentantes des origines africaines, ont été massacrées par le même agresseur. Le modus operandi est le même. Une balle dans la tête et le démembrement du corps en cinq parties identiques, ainsi que l’ablation des reins. Je referme le dossier.

    — Bien, il ne nous reste plus qu’à attendre le rapport du docteur Simon concernant la dernière victime, mais nous savons déjà que vu le corps, c’est le même cas. Je ne sais pas par où commencer, allons prendre une chambre pour la nuit, nous verrons demain matin.

    Je démarre la voiture et nous prenons en direction de Ramonville pour rejoindre notre hôtel. La nuit tombe tranquillement sur la ville, les bouchons traditionnels du soir bloquent la circulation, nous sommes à l’arrêt dans le flot des voitures. Alain brise le silence.

    — Cette affaire est compliquée, à part la région du sud de la France, nous n’avons rien de plus pour commencer nos investigations. Trois points communs, l’origine des victimes,

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