La malédiction du guerrier (Les contes d'Erana)

Le monde d’Erana est un monde de contrastes, car la magie est interdite et sa pratique est punissable de mort ; pourtant, dans ce monde où les bandits sont nombreux, la loi est sévère et l’ignorance un outil politique, la magie persiste. La magie n’obéit pas aux lois des hommes, des trolls ou même des elfes. La magie se fraye un chemin à travers le sang caché, à travers les mythes et les histoires au coin du feu, et se cache dans des grottes et des ruines perdues depuis longtemps avec le temps. Des histoires d’autrefois sont racontées, chuchotées et souvent ainsi oubliées... mais pas de tous.

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Leif s’installa près du feu de camp, ses pieds humides se réchauffant dans la lueur ambrée. Ce n’était pas la première fois qu’il souhaitait pouvoir se permettre des bottes qui ne fuyaient pas et qui s’adapteraient réellement à ses pieds. Il espérait qu’après aujourd’hui, il serait en mesure d’acheter ces beaux cuirs de canard, ces beautés doublées de fourrure qu’il avait vues dans la rue des artisans. Alors qu’il remuait les orteils et frottait les cloques couvrant la plante de ses pieds, il sourit. Il n’aurait plus à mendier le boulanger pour des pains rassis ou à porter les vêtements abandonnés des étals des commerçants de l’Enclave. Non pas que quiconque dans l’Enclave ait eu beaucoup à échanger, du moins rien qui leur appartenait réellement. Même le quartier des pauvres humains était mieux que l’Enclave elfique, bien que de nos jours il y ait de plus en plus d’humains désespérés et même des trolls étranges entassés dans ses ruelles infâmes.

Il n’aurait plus à espérer que ses anciens maîtres humains eussent pitié de lui et le traitassent avec gentillesse, une situation qui ne s’était pas produite souvent avant qu’il ne s’enfuie. Un homme ne pouvait subir autant de coups sans se casser ou décider de fuir. Leif n’était pas une personne violente. Peut-être que Leif aurait même son propre serviteur ! Bien sûr, en tant que demi-elfe, il ne pouvait rien posséder, bien qu’il ait appris que l’argent pouvait ouvrir de nombreuses portes, fermer les yeux et même payer l’Ordre des chasseurs de sorcières. La loi pouvait être achetée au juste prix dans ce pays.

Passant une main lourde de cicatrices dans ses cheveux ondulés brun noisette, Leif sourit. Il était devant un feu de sa fabrication, sans homme à appeler « maître », et prêt à l’aventure. S’il était capturé, au mieux, il serait renvoyé dans l’Enclave, au pire, il serait envoyé dans les mines de cuivre ou de sel ou exécuté — bien que