À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTRICE
A.C. Vauclaire écrit depuis l’enfance, passant de la poésie aux contes, puis à la fantasy avec sa trilogie "Olivier et le Petit Peuple". Elle publie aujourd’hui principalement des Contes de Noël pour les grands enfants, tout en vivant au cœur de la campagne périgourdine. Engagée, elle a également signé le roman "La petite Mousotte", qui dénonce les violences faites aux femmes et aux enfants. En parallèle de son écriture, elle accompagne des élèves en situation de handicap.
Lié à Olivier et le Petit Peuple - Tome I
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Avis sur Olivier et le Petit Peuple - Tome I
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Aperçu du livre
Olivier et le Petit Peuple - Tome I - A.C. Vauclaire
A.C. VAUCLAIRE
Olivier et le Petit Peuple
- Tome 1 -
Éditions des Tourments
Collection Fragments Éthérés
« Il avait un regard qui semblait
Voir au-delà de l’horizon
Quelque chose qui allait
Apparaître et changer le monde. »
« Faire des rêves à plusieurs
Est le plus sûr moyen
D’en faire une réalité. »
Jacques Salomé
Les Paroles de rêve
A Clément, Maxime et Olivier, mes enfants,
Tout mon amour.
A Pépère et Mamie,
Toute ma tendresse.
PREMIERE PARTIE
Chapitre 1
Pour Olivier, tout semble avoir commencé avec la grande nuit. Des mois plus tard, il se réveille encore parfois dans un long cri. L’accident est encore si présent, qui lui a ravi ses parents. Il y a tout d’abord le bruit de la tôle écrasée, déchirée, des hurlements inarticulés. Viennent ensuite s’y superposer l’odeur de l’essence qui s’échappe du véhicule et celle, plus difficile à définir, de la peur, du sang et de la mort.
Ensuite, c’est le voyage vers la lumière, l’absence semée ici et là de flashs lumineux comme autant de rencontres éphémères. Commence alors le lent réveil, douloureux au possible ; Les voix qu’il ne reconnaît pas, étouffées, lointaines ; Les odeurs de désinfectant qui lui prennent la gorge. Dans cet enfer, le bruit des machines semble rythmer ses heures et ses jours d’un bip-bip rassurant. Il y a enfin la vérité qu’il lui faut bien entendre ; L’histoire de ce chauffard ivre dont tous les remords du monde ne pourront rien changer.
Olivier a dû tout réapprendre comme un petit enfant. Parler, manger, marcher, plus rien n’était acquis. Il lui a fallu beaucoup de patience et de courage, sans jamais se résigner, avant de pouvoir réintégrer le monde des vivants, cet univers dont il se sent pourtant exclu.
Toutes ces souffrances l’ont marqué. Plus mûr que les autres, il est aussi plus silencieux, comme si au cours de cette longue traversée dans l’obscurité , il avait gagné un savoir, une sagesse qu’il ne devait pas partager. Epris de musique et de lecture, il est surtout avide de liberté, de grands espaces, de nouvelles rencontres avec des gens qui ne sauraient rien de lui et n’éprouveraient à son encontre ni pitié, ni curiosité.
Olivier regarde par la fenêtre les rayons du soleil danser dans le feuillage du gros tilleul. Les chants des oiseaux s’y mêlent. En cette fin du mois de juin, il n’est déjà plus dans la classe aux odeurs de craie et de vieux livres. Il se trouve en fait au cœur de la montagne vosgienne qu’il s’est promis de découvrir tout au long de l’été.
Il faut dire qu’Olivier a quinze ans. Ce sont ses grands-parents qui l’élèvent à présent dans une H.L.M. de La Pallice, quartier pauvre s’il en est de La Rochelle où l’horizon bute de toutes parts sur les hauts immeubles, les silos géants et les cargos rouillés.
La Rochelle, ville double par excellence où il est arrivé bébé. D’un côté, la zone portuaire où il habite, avec ses rues sombres, étroites, anguleuses, rayées des voies désaffectées depuis des lustres de l’ancien chemin de fer, ses taudis sans jardin, où le soleil ne parvient pas, qui font place à des tours couvertes de tags déclinés à l’infini dans la gamme des teintes noires et grisées où s’agglutinent des jeunes désœuvrés face à de rares commerces aux rideaux de fer baissés tôt. Des vieux à la solitude pesante semblent errer à la dérive, agrippés à leurs cabas en plastique ou à leurs sacs à main. Des gamins, chichement vêtus, jouent au bord des trottoirs. Des clochards se pressent contre leurs chiens assis sur des morceaux de carton dans quelques recoins abrités. Dans leurs regards, dans tous les regards en fait, une détresse, une résignation sans fin, comme cet océan si proche et si loin d’eux pourtant. Honte, souffrance, rage, crainte, rejet, autant de sentiments qu’ils portent à fleur de peau et les tiennent sous leur coupe , prisonniers, en dehors du temps, du progrès. Il y a aussi le bruit : Hurlements des avions de l’aéroport trop proche, crissement des pneus des voitures sur la quatre voies qui affleure le quartier, pétarade des pots d’échappements trafiqués des mobylettes. Les plages dorées de sable doux, les hôtels particuliers plus élégants les uns que les autres, les rues délicatement pavées de pierre tendre, inutile de les chercher ici.
La ville blanche et rose repose un peu plus loin, enracinée profondément dans son histoire. Les jardins paysagers ou privatifs font place à des ruelles bordées d’arcades où les gens, endimanchés, se pressent devant des vitrines chargées, alléchantes, aguichantes. Sur le vieux port, flâneurs et passants pressés se côtoient dans la plus grande indifférence. Les amoureux qui passent sous la grosse horloge ne sont guère troublés que par le feulement des véhicules qui semblent glisser sur l’asphalte de l’avenue. Les bateaux de plaisance balancent leurs gréements avec fierté dans l’air vivifiant. Tourne le manège aux chevaux de bois restaurés avec art pour le plaisir des petits et des grands. Ici règne une ambiance festive que rien ne semble devoir troubler. Quant à la cathédrale, vieille dame noble et imposante, son parvis n’abrite plus qu’un rare promeneur, qu’un visiteur curieux. On lui a fait perdre ses lettres de noblesse en lui ôtant son rôle de mère protectrice ; La mendicité est désormais bannie dans cette partie de la cité. Chacun doit être gai, chacun doit être beau… Tourne la vie !
Pour marquer son anniversaire et sa renaissance, les grands-parents d’Olivier ont décidé de casser leur tirelire, de lui offrir un peu de ces économies de toute une vie si péniblement acquises. Une guitare, il en rêvait secrètement depuis des années, mais cet endroit qu’il ne connaît pas, perdu dans la forêt, d’où viennent tous les siens, au nom étrange, il l’a d’emblée paré de toutes les magies. Que de découvertes, d’aventures l’attendent là-bas…
La cloche sonne enfin. Autour de lui, tout reprend sa place brusquement dans le raclement des chaises bousculées à la hâte et le murmure des élèves. Plus que trois heures de cours dans ce lycée tout gris, tout triste, où il se demande comment peut bien pousser le gros arbre de la cour. Dans cinq heures, ils seront dans le train. Niort, Poitiers, Paris, Nancy, Lunéville, Raon l’Etape. Dans sa tête, les noms des villes défilent à toute allure. Terminus. Aller chercher la voiture de location. Se mettre en route pour Pierre Percée. Découvrir la vieille maison. S’installer… Il est parvenu au deuxième étage sans bien savoir comment. Il n’a rien vu de l’escalier raide, ni du long couloir étroit. Dernière leçon d’anglais. Enfin, si l’on veut car chacun semble bien dissipé sous le regard exceptionnellement indulgent du répétiteur. Olivier soupire doucement en s’asseyant. En dépit des mois de rééducation, les cicatrices qui balafrent son corps dégingandé d’adolescent poussé trop vite, fragile roseau malmené dans un ouragan qu’il n’a pu maîtrisé, sont encore bien douloureuses en fin de journée. Mais bon, en comparaison de tout ce qu’il a déjà enduré…
A cette heure, mamie doit être en train de fermer l’appartement.
Chapitre 2
Le chemin est sinueux qui grimpe dur entre les hauts arbres. La petite voiture semble peiner parfois, mais à l’intérieur, quel bonheur ! On compte les kilomètres. On chante. On rit. Ambiance de colonie de vacances. Les grands-parents voient le poids des ans s’envoler au fur et à mesure et dégringoler sur la route par les fenêtres largement ouvertes. Des senteurs qu’ils croyaient perdues à jamais les assaillent : de sapins, de fleurs sauvages, de pommes sucrées, et de tant d’autres éléments qu’ils ne reconnaissent pas. Les larmes aux yeux, ils perçoivent enfin les notes claires de l’eau qui roule les galets des ruisseaux et glisse sur les mousses, les trilles des oiseaux, le bruissement des abeilles affairées, et la musique incomparable d’une brise légère jouant dans les cimes. Olivier sent l’émotion le gagner peu à peu. Il retrouve des racines qu’il n’a jamais vraiment eu le temps de connaître, dont on ne lui a guère parlé de crainte sans doute de laisser éclore en lui une fleur sombre qui ne ferait qu’alourdir le quotidien. Comment vivre dans la médiocrité quand on a quinze ans et que l’on a fait –ne serait-ce qu’au travers de mots, de récits, de souvenirs esquissés- l’apprentissage de la liberté, de la beauté inaccessible d’une forêt lointaine ?
Ils ont traversé le petit pont, sont montés jusqu’au barrage. Le silence s’est fait progressivement, sans heurt. Ils sont passés près de l’office du tourisme, ont pris une ruelle minuscule qui semble les conduire tout droit au cœur de la forêt. En bordure, sur la droite, se dresse la maison qu’ils ont louée pour l'été. Plantée en haut de la côte, telle une sentinelle, on lui devine un point de vue incomparable. Immense et claire, elle respire la sérénité, les bonheurs simples. C’est sûr, ils y seront bien. L’intérieur leur paraît des plus confortables. Ils disposent de quatre chambres, d’une cuisine spacieuse où le soleil entre de partout à la fois, d’une salle à manger qui donne sur les bois et d’une salle de bain. Si ce n’est pas le paradis, cela y ressemble drôlement !
La répartition des chambres est faite en un instant. Olivier prend les choses en main. Ses grands-parents s’installeront au premier, lui à l’étage supérieur, sous les combles. Une telle liberté lui semble le summum du luxe. Un bonheur pareil, cela en est presque indécent… Depuis sa fenêtre il a une vue plongeante sur la fontaine de gré rose d’où coule gaiement un filet d’eau fraîche. Des abeilles viennent s’y abreuver par dizaines. Tout autour, des bosquets de fleurs aux couleurs vives et des buissons de framboisiers égaient la pelouse qui n’a pas encore eu le temps de jaunir. En face, les vestiges d’un ancien château semblent le mettre au défit. De quoi ?
Décharger la voiture. Monter les valises. Défaire les bagages… Même si cela est vite fait, cela n’en est pas moins s’installer, poser sa marque, prendre possession des lieux.
Dans quelques instants, il pourra partir en exploration, visiter le village qu’il devine minuscule et grouillant de vie cependant. Trois minutes… C’est le temps qu’il lui a fallu pour rallier la place depuis la maison ! Il a dévalé la pente abrupte comme s’il la savait par cœur, ses pieds avaient des ailes, ils ne faisaient qu’effleurer le sol inégal, sautant par dessus le minuscule canal d’évacuation. Pour un peu, il aurait étendu grands les bras, comme un enfant qui rêve de prendre son envol. Un large sourire est apparu sur son visage et son rire s’est déployé enfin. Cela faisait si longtemps… Il n’a fait qu’apercevoir le minuscule chemin qui mène à une vieille demeure pleine de charme, aux pierres patinées par les ans, aux escaliers usés, au toit de tuiles pentu pour faciliter l’évacuation de la neige, à l’auvent de bois qui protège les bûches des intempéries en prévision d’un rude hiver, au jardinet de plantes aromatiques dont le commun des mortels a oublié le nom et la saveur, l’odeur et les propriétés : camomille, sauge, menthe, ail des ours, livèche, basilic, estragon, souci, fenouil, thym, mauve, verveine, persil plat, et tant d’autres encore qui poussent là comme au petit bonheur la chance dans un joli tapis. La végétation a pris partout le dessus. A l’ombre des noyer, pommier aux petits fruits jaunes et fripés, bouillon blanc, sureau, tilleul, prunier, les fougères et les digitales croissent à profusion. Devant la porte, un panier en osier tressé rafistolé avec de la ficelle semble attendre près d'une paire de bottes en caoutchouc. Un tricycle et un seau renversé trônent un peu plus loin. Des gens vivent ici, c’est sûr. Son regard n’a fait que glisser sur les eaux sombres du lac de Pierre Percée en contrebas où, près de l’embarcadère, patiente le bateau promenade. Les sapins alentours s’y reflètent faisant jouer des touches d’un vert profond dans le bleu marine originel. Il s’agit en fait d’un lac artificiel. Des maisons ont été englouties pour permettre sa création. Il alimente une centrale nucléaire et se déverse dans le lac de la Plaine où une base de loisirs a été aménagée.
Il voudrait saisir l’essence même du lieu en une fraction de seconde et le graver pour toujours dans la mémoire de son cœur.
En plus de ce qu’il a déjà vu, Olivier constate une cohabitation étonnante entre les vieilles demeures et les plus récentes. Les premières se remarquent aisément aux lourdes portes de bois arrondies qui donnaient il y a quelques années encore sur des granges attenantes aux habitations. On y mettait les quelques animaux de la maisonnée l’hiver, la réserve de combustibles pour le fourneau et la cheminée, les luges, les outils, et tout ce qui permettait la survie dans un hameau coupé de tout. La partie supérieure servait à entreposer le foin sur de larges pièces de toile de jute, des fleurs de tilleul étalées sur des cageots. On y trouvait aussi, accrochées aux poutres et aux solives , des bottes de menthe, et maintes autres plantes encore. Dans les maisons plus modernes, on a remplacé tout cela par de vastes garages aux portes métalliques.
Trois bars restaurants permettent aux touristes venus profiter de la douceur du lac en été, des plaisirs de la neige en hiver, de se restaurer à l’abri. Un bureau de tabac fournit aussi miel de pays, liqueurs de sapin, de mirabelle, et d’autres moins connues encore comme le bouillon blanc ou le sureau, cartes postales, timbres, souvenirs divers. Les renseignements sur la région et les bonnes adresses y sont fournis gracieusement ! Une boutique artisanale où la délicatesse des objets présentés et la fraîcheur des coloris ne sauraient détonner dans le paysage. Une antenne de l’office du tourisme propose des prospectus, des cartes I.G.N., et un historique complet du château à partir d’une magnifique maquette basée sur des œuvres originales. Une vieille église, enfin, dont la cloche au son clair sonne les demi-heures et les heures, rythme la vie des habitants. Tout respire le calme et la pureté de l’air des montagnes anciennes. Il va se plaire ici. Il le sent. Il le sait.
Chapitre 3
Cette première nuit a semblé ,en tous points, captivante à Olivier. Il s’attendait bien à entendre avec régularité la musique du clocher, mais tous ces raclements, frottements, glapissements lointains des renards, hululements d’un être qu’il ne savait plus s’il était hibou ou chouette, lui paraissaient étonnamment près de lui. Puis la harde est sortie de la forêt, s’est avancée , si proche, dans le jardin, qu’il n’a pu s’empêcher de jaillir hors de son lit en entendant pour la première fois le brame des cerfs. Il devait s’en trouver d’autres juste en face, de l’autre côté de la vallée, et le plus incroyable, c’est qu’ils se répondaient. Une de ces nuits, il faudrait qu’il s’installe dehors pour les attendre. Peut-être aurait-il la chance de les voir. Sur ces pensées, il a fini par s’endormir apaisé et serein.
Quand il a ouvert les yeux au matin, la cloche de l’église égrenait le premier coup de neuf heures. Les rayons du soleil éclaboussaient sa chambre, dansaient dans les carreaux de la fenêtre et les miroirs. Frais et dispos, il se sentait prêt à tout.
- Est-ce que je peux descendre au lac, maintenant ?
- Entendu, mais n’oublie pas l’heure ! Midi, dernier délai. Mamie n’apprécie guère les retardataires et si son déjeuner est fichu il faudra racler le charbon au fond de ses casseroles.
Allons, tout se passait au mieux. Le gamin avait dévoré son petit-déjeuner sans en laisser une miette. Il était plein d’allant… Le grand-père souriait doucement, caché derrière ses moustaches.
Olivier a enfilé la même petite ruelle que la veille, puis une autre plus étroite encore qui descendait en pente raide jusqu’à la rive. Il est passé devant la maison qui l’avait interpellé la veille. Ses grands-parents lui ont raconté qu’elle était l’une des premières bâties, qu’elle avait été construite en même temps que le château dont elle dépendait à l’époque, comme toutes les habitations d’origine.
L’embarcadère était en fait le seul endroit domestiqué de ce lac aux aspects sauvages. Dès que l’on s’en éloignait un peu, prenant l’étroite bande de terre qui longeait ses rives, on devait se débattre entre les arbres touffus des sapinières, les bosquets de mûres noires et juteuses, les ronces qui s’agrippaient aux vêtements, les branches brisées et maints obstacles encore. Lui qui rêvait d’aventures, pour une première approche, il était servi ! Il parvint enfin à un endroit plus dégagé où des jeunes du cru l’avaient précédé, munis de maillots de bains et de cannes à pêche. Avec ses jeans et son polo à manches longues, il détonnait, c’est sûr !
- Eh, les gars, les vacanciers sont arrivés !
- Tu comptes vraiment te baigner comme cela ?
- A moins que Monsieur n’ait peur de l’eau ?
- Peut-être un peu trop fraîche pour toi ?
- Ici, ce n’est pas Saint-Tropez, tu ne te serais pas trompé de direction ?
- Tu sais nager au moins ?
Ils étaient une dizaine qui devaient avoir entre onze et seize ans. De toutes parts les réflexions fusaient, plus moqueuses les unes que les autres. On se serait presque cru à un concours. Pour y mettre fin et se faire accepter, il lui aurait fallu quitter ses vêtements et piquer une tête dans les eaux sombres en faisant une démonstration de crawl impeccable. Olivier ne le pouvait pas, ne le voulait pas. Oh, il savait nager ! Là n’était pas la question. Cependant, se déshabiller, c’était s’exposer autrement… Sans un mot, il les contourna et poursuivit son chemin, la tête baissée et le dos légèrement voûté. Pour un premier contact avec les autochtones, c’était un peu décevant. Ils s’étaient croisés, ne s’étaient pas reconnus. Encore des vacances qui s’annonçaient finalement sous le signe de la solitude… En un clin d’œil, l’endroit venait de perdre une partie de son charme.
Pourtant, sans qu’il y prête attention, il en était un dont il avait piqué la curiosité. Alain n’était ni le plus fort, ni le plus beau, ni le plus grand, mais la mèche noisette qui lui tombait en travers des yeux et son air franc le rendaient sympathique. Il ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi le nouveau avait refusé de se prêter au jeu, qui n’était - somme toute - pas bien méchant. Tout aurait alors été si simple… A distance, il décida donc de suivre Olivier. Désœuvré, ce dernier rentrait au bercail quand il perçut un mouvement dans les fougères. Si c’était une embuscade, il allait leur faire voir de quel bois il se chauffait, et tant pis s’il rentrait avec un beau cocard !
- Eh, tout doux !
- Qu’est-ce que tu fais là ? Les autres t’ont envoyé, c’est cela ? Tu fais leurs commissions ?
- Non ! On pourrait peut-être repartir à zéro tous les deux si tu le voulais ? Moi, c’est Alain. Mes parents tiennent le restaurant à côté de l’office du tourisme. De temps en temps, je leur donne un coup de main. J’aide parfois au service mais la plupart du temps on me cantonne à la plonge. Aujourd’hui, c’est mon jour de repos. Amis ?
Olivier n’en croyait pas ses oreilles. Il ne résonnait plus. Dans sa tête, la méfiance tempérait l’enthousiasme. Piège ou pas piège ? Qui ne risque rien n’a rien ! Il avait lu un jour une phrase qu’il avait trouvée très belle dans un roman de Serge Dalens : « Nous méritons toutes nos rencontres. Elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu’il nous appartient de déchiffrer. » Alors, sans plus tergiverser, il lui tendit la main.
- Amis !
Il était empreint d’une telle gravité qu’Alain comprit tout de suite que pour Olivier cela n’avait rien d’un vain mot, d’une de ces petites choses creuses que l’on dit parfois sans les penser vraiment. Dans sa bouche, c’était presque un engagement, une promesse. Ils s’en retournèrent donc tous deux sur leurs pas par le chemin des randonneurs pour éviter les autres. Ils longèrent le ruisseau aux eaux vives bordées de mousses, de fougères, de soucis des marais, de bruyères et de lauriers Saint Antoine. Pour Olivier, c’était un véritable enchantement. Ils parvinrent à un chemin damé utilisé par les bûcherons et les personnels chargés de l’entretien du barrage. Les feuillages tendres des marronniers, des frênes, des acacias, des bouleaux, des noisetiers les protégeaient de l’ardeur du soleil qui s’élevait dans le ciel. Discutant de tout et de rien, comparant leurs vies sans en aborder encore l’essentiel, ils parvinrent à la base de loisirs. Ils firent le tour des installations sans se presser, programmant une partie de pédalos pour une prochaine fois, une course de canoës kayaks, une partie de tennis. La plage n’attirait pas, mais il y avait tant d’autres choses à faire, tant d’endroits qu’Alain se promettait de montrer à Olivier.
Ils remontèrent par la route, poussèrent jusqu’au vieux cimetière. En une matinée, Olivier avait vu ce que tout bon touriste se devait d’avoir vu ! Ils allaient pouvoir passer aux choses sérieuses.
Les joues rougies par l’effort de la course, les yeux brillant de mille feux, son léger retard fut accueilli avec une grande indulgence et un regard de connivence vite échangé entre ses grands-parents.
Chapitre 4
Olivier et Alain se retrouvèrent sur le parvis de l’église en fin d’après-midi. Objectif avoué : visite des ruines du château de Salm. Objectif réel : y rechercher un éventuel trésor, des passages secrets et des oubliettes !
Ils grimpèrent directement dans la forêt par le raccourci. Cela sentait la bonne terre –noire, moelleuse, avec des tas de petits pinions et des feuilles en décomposition-. La terre de bruyère humide avait permis à une végétation luxuriante de se développer ici. Le chemin était un régal de mystères contenus. D’un côté, les feuillus, avec leur sous-bois de fougères, bruyères, plantes fleuries, mûriers – gare à leurs branches qui cherchaient à s’accrocher à vous comme autant de doigts crochus ! -. La lumière ambiante venait de là, se faufilant entre les feuillages denses, donnant à l’endroit une atmosphère féerique. Quant à l’autre côté, le regard s’y perdait comme dans un précipice sans fond et sans clarté. Rien n’arrêtait. Aucun point de repère. La sapinière était sombre, immobile silencieuse. A l’image de la vie même, ces bois représentaient le bien et le mal, le clair et l’obscur, la vie et le néant. S’ils avaient cru aux contes de fées, aux vieilles histoires, ils auraient rêvé de trouver ici des sotrées, des fées, des elfes, et passée une étroite ligne de démarcation, des sorcières et des créatures maléfiques.
Ils progressaient sans bruit, absorbant des impressions fortes ou éphémères, s’y baignant, s’en remplissant. Des marches apparurent, espacées, faites de troncs d’arbres et de terre retenue. Le sentier se rétrécit. Ils se trouvaient de toutes parts cernés par les ronces. Les arbres s’étaient écartés. Ils étaient à présent en pleine lumière. Une vérité première venait de leur être révélée. Ils sortaient de la matrice de la terre.
Ils avaient rejoint la route en parvenant à une sorte de clairière ouverte. Ils reprirent leur chemin dans un bois où les feuillus s’espaçaient largement. Cela s’élevait dur encore. Quelques guêpes les suivaient à présent, tourbillonnantes, énervantes et dangereuses. Ils se seraient bien passés de cette compagnie-là.
Au sommet, des conglomérats aux formes douces et rebondies, couverts de mousses, attendaient leur venue depuis des temps immémoriaux. La main de l’homme y avait taillé des escaliers raides et glissants comme il n’est pas permis, avait fixé une rampe de fer à la paroi et une plaque énorme contant l’histoire du château aux visiteurs.
Bâti sur une falaise de grès de cent vingt mètres de long pour quinze mètres de large qui domine le village, à une altitude de cinq cents mètres, il fut la possession tout d’abord du comte Hermann II de Salm et de Agnès de Montbéliard, avant de revenir à l’évêque de Metz ; Etienne de Bar qui avait assiégé pour ce faire pendant un an cette forteresse réputée imprenable. Le château, restauré après le siège, aurait ensuite abrité des templiers jusqu’à la dissolution de l’Ordre au début du XIVe siècle. C’est Richelieu qui le fera démanteler pendant la guerre de Trente ans. Les pierres servirent alors à la reconstruction du village.
Olivier regarde autour de lui. Des remparts, des escaliers, d’autres remparts, des arbres, des plaques métalliques couvertes de feuilles mortes. Il les dégage un peu, pour voir. L’une cache en partie ce qui reste de la citerne, l’autre interdit l’accès au puits de neuf mètres de profondeur qu’avait fait creuser à même la roche la comtesse Agnès. Il relève un peu la tête. Le point de vue est magnifique, qui plonge jusqu’à la chaîne des Vosges. Plus proche mais intouchable aussi, défendu par une palissade grillagée : le donjon. Olivier en fait le tour en tous sens. Alain farfouille de son côté. Il veut lui faire de grands signes, se dandine et se trémousse, l’appelle d’une voix forte.
- A-lain ! A- … !
Olivier vient de glisser dans les restes du conduit d’évacuation. Il se rattrape in extremis. Autant dire qu’il est plutôt pâle quand Alain vient voir s’il ne s’est pas blessé. Quelle peur !
Ils s’aventurent tous deux tout contre le grillage. Les imaginations s’emballent aussitôt. Avec des si, on refait le monde à quinze ans ! Ils aimeraient tant y entrer, monter l’escalier jusqu’au chemin de ronde, voir s’il ne renferme vraiment rien. Ils se sentent terriblement attirés par ce lieu, comme si une force invisible les engageait à l’impossible. A force de fixer l’endroit interdit, ils ressentent qui des fourmillements, qui des picotements. Quel être doué de bonté voudrait les mettre face au danger ? Car si le donjon est interdit, c’est que les risques sont bien réels, en plus d’une dégradation des lieux qui serait alors inévitable. Déconcertés et songeurs, ils reprennent le chemin du hameau.
De toute façon, les parents d’Alain ont invité Olivier pour le repas et ils n’ont aucune envie de les faire attendre ! Au menu, pâtés lorrains, doucette du jardin, munster et tarte aux mirabelles. Et après le café, peut-être auront-ils droit à un petit verre de liqueur de sapin… ou au moins à un sucre trempé dedans ! Autant de plats qu’il ne connaît pas et meurt d’envie de découvrir.
Le château ne va tout de même pas s’envoler pendant la nuit. Le soir tombe déjà, avec une petite pluie – ils l’auront assez attendue ! - qui bruisse dans le feuillage des arbres rectilignes ou torturés et qui fait entendre un son plus fort en tombant sur les tas de feuilles. Tip-tap, tip-tap,… la mélodie est bien jolie. Ils tournent leurs visages vers le ciel, ouvrent grand la bouche et goûtent cette eau tout droit tombée du ciel. La vie est belle. Pourquoi éprouvent-ils donc ce malaise en descendant les escaliers usés ? Pourquoi ce sentiment de s’être fait piéger, cette impression confuse que quelque chose leur échappe ?
Ils n’ont guère envie d’obtenir de réponses à leurs questions finalement… Ce château, peut-être y retourneront-ils, peut-être pas… L’avenir seul qui connaît les tenants et les aboutissants pourrait le dire.
Chapitre 5
Au petit matin, Alain vint frapper à la porte d’Olivier, impatient à l’idée de le retrouver. Il en profita pour se présenter gentiment. Sa bonne mine fit l’unanimité. Rassurés quant à ses nouvelles fréquentations, les grands-parents les regardèrent dévaler l’escalier et s’éloigner en direction de la ceinture verte.
Côte à côte sur le bas-côté, enfoncés jusqu’à mi-mollets dans l’herbe odorante, ils poussèrent sur la D182 en devisant gaiement jusqu’au parking desservant la « Vierge Clarisse ». Là, ils prirent un chemin de terre battue et s’enfoncèrent dans la forêt. Une pancarte de l’Office des Forêts indiquait « Grotte des Poilus ». Pour Olivier, une énigme à résoudre. Pour Alain, un formidable terrain de jeux.
De toutes parts, à perte de vue, entre les sapins, des myrtilles à profusion, énormes et goûteuses. Génial ! Alain, lui, avec le parler du pays, les appelle des brimbelles… On avance de deux pas. On s’arrête. On se régale à l’envie. On repart et on recommence. La distance n’est pas longue à parcourir certes mais à ce rythme, forcément, ils ne sont pas rendus !
Alain lui montre les traces laissées par une harde de cerfs, la queue rousse d’un renard, une petite mousotte qui s’enfuit dans les genêts –pour notre citadin, il ne s’agit jamais que d’une sorte de petite souris-, des pelotes laissées par les chouettes. Les moustiques et les guêpes ne se font pas oublier. Mais il est inutile de les lui faire remarquer.
Ce serait plutôt sauve qui peut !
Ils arrivent enfin. Sur leur droite, une pancarte leur explique que cet endroit était une sorte d’hôpital de campagne pendant la guerre de 14-18, que des hommes sont morts ici qui méritent le respect de tous et qu’un peu de silence serait le bienvenu. Les garçons descendent les marches vermoulues et commencent la visite. L’endroit n’a conservé aucune trace de ce passé glorieux. Il n’aurait en fait rien de remarquable hors la présence d’une profusion de granits, de conglomérats sédimentaires énormes qui tiennent en équilibre comme par magie, de grès rose et de roches à cupules. On a dit beaucoup de choses à propos de ces dernières, appelées aussi roches à bassin, qu’elles seraient le fruit de l’érosion du grès, que les celtes les auraient creusées, qu’elles leur auraient servi d'autels sacrificiels… Une chose est sûre, les poilus de la der des ders les ont utilisées pour recueillir l’eau de pluie, faire leur toilette et laver leurs gamelles.
Les pluies des derniers jours ont recouvert le sol de la grotte de boue. Ils n’insistent donc pas trop et continuent leur route. En dépit de la chaleur, le soleil n’est pas parvenu à assécher les grosses flaques laissées par les dernières intempéries. Reinettes vertes, têtards, plantes d’un vert lumineux, cousins, faucheux, c’est plein de vie par ici.
- Une partie de cache-cache, cela te dit, Olivier, maintenant que tu connais les lieux ?
- C’est parti ! Tu comptes jusqu’à cinquante !
Dans une belle envolée, Olivier tourne sur lui-même en se demandant quelle direction choisir. Tout se ressemble ici. La crainte de s’égarer le taraude. Il aurait l’air fin, tiens ! Cent mètres, cent cinquante, Alain ne s’est toujours pas retourné. Olivier plonge dans le talus et s’offre un tour de toboggan géant. En bas, il y a la grotte, mais dans la descente il n’y a même pas une branche pour se retenir ou ralentir la glissade ! L’arrivée en bas est un peu rude, surtout pour ses fesses, mais en dehors d’un fond de culotte sali et d’un gros bleu en prévision, il n’y a pas grand mal. Alain ne l’a pas vu, l’honneur est sauf. Olivier l’entend qui cherche dans les fougères jaunies et craquantes sur le sentier. Il est temps pour lui de se faufiler sous le conglomérat. Un peu de gadoue n’a jamais tué personne. Il ne pense guère en cet instant à sa mamie qui risque de s’arracher les cheveux face à l’ampleur de la lessive qu’il lui prépare. Il respire un grand coup et s’enfonce dans la pénombre. Floc ! Un pied dans l’eau jusqu’à la cheville. Il l’en retire prestement. Sur sa gauche, les poilus ont taillé la roche pour en