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Échos
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Livre électronique178 pages1 heure

Échos

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À propos de ce livre électronique

À travers une mosaïque de récits, de vers et de réminiscences, un père et sa fille entament un échange, scrutant l’âme humaine dans ce qu’elle recèle de vulnérabilité et de puissance. L’un livre des éclats de mémoire, des présences marquantes, des instants arrachés au passé ; l’autre, en contrepoint, prolonge, interroge ou bouscule cette parole, créant une résonance profonde, presque organique. À deux voix, ils abordent l’exil, l’injustice, les blessures du destin, mais aussi la douceur des liens, l’héritage intime, l’ancrage et la bravoure silencieuse. "Échos" n’est pas une simple succession de textes : c’est un itinéraire partagé, un fil tendu entre deux générations, reliant l’indicible aux éclats de vérité.

 À PROPOS DES AUTEURS


Écrire est un geste instinctif pour Dani Elle, un moyen d’explorer l’âme humaine avec justesse. Pour Sylvestre Rodriguez, c’est l’accomplissement d’un rêve façonné par la mémoire et l’émotion. Ensemble, père et fille signent "Échos", une œuvre née d’un élan commun, où chaque page révèle une complicité profonde et une quête partagée de sens et de transmission.
LangueFrançais
ÉditeurLe Lys Bleu Éditions
Date de sortie4 sept. 2025
ISBN9791042282776
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    Aperçu du livre

    Échos - Dani Elle

    1

    Ici et Ailleurs

    Lorsque j’écris Ici

    J’parle pas d’la Macronie

    Où liberté d’expression

    Rime avec aliénation !

    Brassens, Léo Ferré

    En seraient atterrés ;

    Aznavour, Aragon

    Me prendraient pour un con ;

    Pour Brel et Nougaro

    Je serais un blaireau ;

    À n’en pas douter Aufray

    Pousserait des cris d’orfraie.

    Non, je parle de cette France

    Cette belle terre d’espérance,

    Sans cette terrible violence

    Premier pas vers la décadence,

    Qui, en hymne à l’amour finira

    Sous les notes et la voix de Ferrat.

    Pour les beaux et lointains Ailleurs

    Je laisse les vociférateurs

    Brailler leur haine et leur rancœur,

    Mes souvenirs sont bien meilleurs

    Car j’y ai connu l’amitié ;

    Eux ne m’inspirent que la pitié.

    Ailleurs et ici

    Je l’aimais ce pays

    J’y ai grandi, j’y ai eu faim…

    mais c’était le mien.

    Terres à perte de vue, terres assoiffées. Terres prometteuses.

    Terres qui m’ont offert la foi dans une vie meilleure, une famille et des amis pour la partager.

    Terres dangereuses, qu’à regret j’ai dû quitter.

    Je l’aimais ce pays.

    Celui-ci, je l’aime aussi, même si je n’ai pas choisi.

    Celui-ci m’a accueilli.

    Terre donneuse de droits, généreuse. Terre chaleureuse.

    Terre d’abondance, berceau de mon manque.

    Terre adoptive sur laquelle je promène ma langue natale et mes lointains souvenirs.

    Celui-ci m’a choyé sans que je n’aie rien à faire.

    N’allons pas le mettre à terre.

    2

    Moktar

    Je vais chercher un thé à la menthe au bar du coin. Ce n’est pas loin, à peine une soixantaine de mètres de la maison. On me connaît ; je n’ai pas le droit de consommer sur place, alors on me donne mon verre et je retourne chez nous le siroter en dégustant des mantecados ou des roscos¹, faits par Maman, avant de ramener le verre vide.

    Je passe devant le garage de Moktar. Il répare des cyclomoteurs et des motos.

    Je l’aime bien Moktar.

    Le rideau est levé ; je m’arrête pour lui dire bonjour. Il est en train de trafiquer sur sa bécane. Moktar est un passionné ; il ne vit que pour son engin et les courses de motos. Son atelier, suffisamment haut, fait aussi office de logement. Une mezzanine, à laquelle il accède par une échelle en bois, lui sert de chambre, de salon, de cuisine. Dans la petite cour située derrière se trouvent les toilettes et la douche bricolée avec un arrosoir que Papa lui a donné. Branché à un tuyau d’arrosage et suspendu à deux mètres du sol, Moktar est fier de montrer l’ingénieux système qui lui permet, été comme hiver, de se laver à l’eau froide.

    Il est content de me voir et cesse son travail pour me saluer.

    — Hé bonjour, labès² ?

    — Bonjour Moktar, ça va bien et toi ?

    — Ça va bien aussi. Je règle la moto pour la course de dimanche à Tanger.

    Moktar participe à des compétitions avec des fortunes diverses. Il s’y rend toujours sur son bolide… Nous sommes loin des pilotes actuels ; il faut dire aussi que nous sommes au Maroc, au début des années soixante et que les mécènes³ ne courent pas les rues, alors les circuits… Papa l’aide bien un peu, mais ça ne permet pas à Moktar de se payer un véhicule et une remorque pour transporter sa moto.

    — J’crois que dimanche j’vais gagner ou deuxième, maximum troisième. Elle tourne bien la moto, si j’pilote bien c’est bon !

    — Je croise les doigts pour la moto !

    Moktar a beau s’en occuper comme de son enfant, sa moto n’est pas d’une toute première jeunesse et bien souvent en course elle lui joue de sales tours, crachotant sa fatigue, plantant son pilote là où bon lui semble, le laissant la ramener au stand en la poussant. Moktar dit que ce n’est pas de la faute de la machine… c’est lui qui l’a mal réglée ou mal pilotée.

    Il est comme ça pour tout Moktar, c’est pour cela que je l’aime bien.

    Lundi dans la Vigie Marocaine⁴, aucune trace de Moktar à l’arrivée de la course. Je viens de rentrer du collège et n’ai pas trop de devoirs à faire, j’ai donc le temps de m’avancer vers son garage. La baraka est avec moi, il est ouvert ; Moktar est de dos, affairé sur sa moto.

    — Bonjour Moktar !

    — Bonjour !, tout en se retournant, grand sourire déployé.

    — Alors hier ?

    — J’ai pas couru. Samedi, j’suis tombé en panne sur la route après Rabat ; impossible de réparer.

    — Merde et comment tu as fait pour rentrer ?

    — En camion. Un gars allait à El Jadida en passant par Casa. On a chargé la moto derrière et il m’a déposé ici.

    — T’as vraiment la scoumoune.

    — Non, c’est d’ma faute, j’ai roulé trop vite entre Casa et Rabat et, avec la grosse chaleur, le moteur n’a pas supporté !

    Une fois de plus, c’était sa faute… Il était comme ça Moktar ; je l’aimais bien.

    C:\Users\Sylou\Pictures\Bouquin\2-Moktar.jpg

    Envolée

    Deux roues pour fuir toutes les prisons

    que nous nous créons,

    dans lesquelles nous nous enfermons.

    Deux roues pour voler au quotidien

    la sensation de liberté dont nous avons besoin.

    Deux roues pour accélérer

    et sentir que l’on peut s’envoler

    dans nous-mêmes,

    que l’on peut s’inventer des ailes,

    rider sur terre et braver le ciel,

    qu’à tous les âges

    on peut négocier tous les virages.

    Loin de la folie des hommes

    et des attentes sans cesse renouvelées.

    Loin des démons qui nous hantent

    et des vestiges de notre passé.

    Deux roues pour fuir notre esprit torturé

    et sentir la vie couler

    dans les kilomètres, sur les routes et dans les sentiers…

    Deux roues

    et ne pas voler en éclats.

    3

    Casablanca… hommes et légendes

    Casablanca, Dar Beïda, Maison Blanche.

    D’où vient le nom de la ville que j’ai quittée en 1966 à l’âge de 17 ans ?

    Certains dires voudraient que ce soient des Espagnols qui arrivant par la mer, à la vue de la ville auraient dit : Hay muchas casas blancas⁵.

    Cependant, l’histoire de Casablanca fourmille d’anecdotes ou légendes qui ont donné nom à beaucoup d’endroits et monuments de la ville. C’est ainsi que l’origine

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