Résoudre Son Transfert
Résoudre Son Transfert
Table des matires Introduction A. Les rsistances la rsolution du transfert B. Quest-ce que rsoudre un transfert? Ce nest pas La rsolution du transfert C. Les tapes de rsolution du transfert Reconnatre la prsence du transfert (en prendre conscience) Identifier le besoin Exprimer les reproches Distinguer la demande du besoin Exprimer le besoin au bon interlocuteur Pendre le besoin en charge D. Comment faire Conclusion
Vous pouvez aussi voir: Vos questions lies cet article et nos rponses !
Introduction Dans Homo affectivit nous avons vu comment deux transferts dont lenjeu est le droit lexistence, peuvent prendre des formes trs diffrentes dans la vie des personnes qui les vivent. Chaque personne a une histoire unique et une manire originale de la vivre. Il est impossible de prdire exactement la dmarche de rsolution du transfert pour chaque individu. Mais nous pouvons expliquer en quoi elle consiste et comment elle se droule typiquement. Cest lobjet du prsent article. Ds le dbut dune relation amoureuse, on peut identifier un besoin affectif important qui en est lenjeu central. Ce besoin est toujours de nature transfrentielle. Que la relation rponde ou non ce besoin, elle peut toujours servir de terrain pour rsoudre le transfert. La rsolution du transfert est une dmarche simple, mais elle semble bien complexe celui qui nen connat pas bien les tapes ou ne possde pas les habilets ncessaires. En fait,
cest la dmarche de dveloppement personnel qui suscite le plus de rsistances aprs celle du renversement du dni existentiel. Mais la personne qui le veut vraiment peut se servir abondamment des situations de la vie de tous les jours pour parvenir sa rsolution. Quelle bnficie ou non de laide dun psychothrapeute, une partie importante de la rsolution doit se drouler dans le contexte des relations qui tissent sa vie quotidienne.
A. Les rsistances la rsolution du transfert Nous sommes constamment la recherche de situations interpersonnelles qui nous permettent de complter les expriences laisses autrefois en plan. (Voir: Le transfert dans les relations.) Pourtant, nous entreprenons rarement de rgler ces transferts. Au contraire, tt dans la relation nous reprenons les comportements et les attitudes qui ont contribu autrefois limpasse dans laquelle nous sommes aujourdhui. (Voir: Aux sources du transfert.) Pourquoi en est-il ainsi? Pourquoi allons-nous jusqu rpter le mme scnario dune relation amoureuse lautre? Cest dabord par habitude que nous agissons de cette faon. Cette manire de faire est ancre en nous parce que nous la rptons depuis notre tendre enfance. Mais il y a aussi une
question de familiarit: nous sommes port demeurer dans ce que nous connaissons bien. Si je suis quelquun qui tente de faire des exploits depuis toujours afin dimpressionner mes parents, je connais tous les rouages et les subtilits de cette tactique. Le recours ce moyen pour conqurir le coeur de mon entourage et de mes amants est trs facile pour moi. De la mme manire, si je me suis toujours fait aimer en voyant au bien-tre de lautre, cest ce moyen qui deviendra mon atout pour me faire aimer par un conjoint, mes employs ou mes enfants. Lhabitude et la familiarit conduisent rapidement lautomatisme. Cest ainsi que ces comportements deviendront comme des rflexes bien ancrs en nous. Jai mme limpression quils font partie de ma personnalit. Un peu plus et je croirai quils sont inns ou mme inscrits dans mes gnes. (Car il se peut que je me reconnaisse dans mes parents dont jai copi certains comportements.) Mais il y a une autre raison qui explique la stagnation dans des relations transfrentielles. Nos comportements strotyps servent de mcanismes de dfense contre la vulnrabilit. Comme nous le verrons plus loin, le travail de rsolution du transfert est exigeant de plusieurs faons au plan motionnel. Dabord, il nous amne dvoiler notre intimit profonde, ce qui nous rend forcment vulnrable. Ensuite, il nous oblige prendre des risques au plan affectif, en particulier celui dtre
rejet mais aussi celui dtre jug et bless. De plus, le travail de rsolution du transfert entrane des motions intenses, chez nous et souvent aussi chez linterlocuteur. Cest pourquoi, par dsir de protection, nous optons pour le scnario habituel, mme sil est porteur de frustrations et nous conduit toujours limpasse. La relation est frustrante, mais nous demeurons en scurit, vitant linconnu. Je crois que des articles comme celui-ci ne peuvent rellement suffire pour amorcer une dmarche de rsolution du transfert. La rsistance au changement est trop forte lors des premires tentatives. Mais cest au dmarrage du processus que cette difficult est la plus importante. Une fois le travail commenc, les satisfactions obtenues fournissent lnergie ncessaire pour continuer de prendre des risques et lemportent gnralement sur la peur.
1. Ce nest pas La rsolution du transfert se distingue de plusieurs autres types de travail thrapeutique sur le mme phnomne. Elle vise rgler le problme en trouvant une rponse adquate au besoin.
Elle ne peut tre assimile lanalyse du transfert dans la mesure o celle-ci consiste essentiellement le comprendre en profondeur. Cette stratgie conduit une acceptation du vcu pass et des effets quil continue davoir sur le prsent. Elle diffre galement dune autre variante trs rpandue: la simple identification du phnomne. Dans ce cas, il sagit de reconnatre une similarit entre le comportement prsent (ou le scnario rptitif) et le comportement pass. On sefforce galement davoir conscience des enjeux sous-jacents dans ces relations. Enfin, rsoudre le transfert ce nest pas le neutraliser. Il ne sagit pas de dcider rationnellement de ne plus laisser jouer son transfert en contrlant ses motions ou en se retenant de ragir. Ainsi, un pre peut se contenir afin de cacher son fils que son rejet lui fait le mme effet dvastateur que celui de sa mre autrefois. Bien que judicieux dans cette situation, ce contrle ne lui permettra jamais de rsoudre ce transfert. Pour le faire, il doit simpliquer dans des relations o il prend le risque dexposer son besoin sans se retenir cause de ses responsabilits de pre. La situation est analogue pour lenseignant avec son lve, le psychothrapeute avec son client et, en gnral, pour toute personne en position de pouvoir.
2. La rsolution du transfert Un transfert rsolu cest un transfert termin: il nexiste plus. Les indices pour sen assurer sont diffrents selon la conqute ralise. Pour ce qui concerne la conqute du droit lexistence, les signes apparaissent dans la capacit daccueillir nos motions et de reconnatre nos besoins. En ce cas, nous ne contestons plus leur existence mais les considrons plutt comme une expression de nous, de nos caractristiques personnelles. Notre vcu est devenu un aspect de notre vie avec lequel nous sommes en contact et qui nous sert continuellement. Pour ce qui concerne le droit dtre distinct, le transfert est rsolu si nous sommes capables dexposer nos ides, exprimer nos motions, tre ouvertement nous-mme, en nous assumant devant les ractions des gens. (Voir Transfert et conqute de lautonomie.) Nous sommes alors capables dtre fidles nous-mmes dans toutes les situations, mme les plus exigeantes et avec les autorits les plus haut places. Il ne sagit pas de nous convaincre de notre valeur, du droit dtre nous-mme ou du fait que nous sommes extraordinaire. Il ne sagit pas non plus de nous raidir pour que les jugements, les sarcasmes ou les autres ractions ne puissent nous atteindre.
Enfin, le signe de la conqute du droit dtre sexu est la capacit dassumer entirement notre sexualit devant les personnes des deux sexes. La femme na pas de crainte se montrer sexue devant une autre femme (rivale potentielle ou juge de son comportement) non plus quen prsence dun homme (amant potentiel ou pre rprobateur). Elle peut ltre galement en prsence des deux. De la mme faon, lhomme na pas dinhibition se prsenter comme tre sexu devant un autre homme comme avec une femme. Il peut aussi porter sa sexualit ouvertement en prsence des deux sexes la fois. Dans ce cas, nous ne cherchons plus nous faire confirmer comme tre attirant sexuellement car cette conviction est maintenant acquise. De mme, nous considrons notre dsir sexuel et notre excitation comme des expressions lgitimes de notre personne. Nous jouissons de notre plaisir sexuel autant que de notre expression comme tre sexu dans nos rapports avec les gens. Nous connaissons nos gots en matire de sexualit et nous sommes capables des les respecter. Dans les trois types de transfert je parle de conqute car il sagit vritablement de libert que nous gagnons au fil des ans. Grce au travail de rsolution, nous reprenons possession du pouvoir dtre qui, autrefois, dpendait de lattitude de nos parents et plus tard, de celle de leurs substituts.
Cette rcupration ne se fait pas dun seul coup. Nous y parvenons grce une srie de tentatives dexpression authentique et en contact avec linterlocuteur. Ce dernier peut tre le parent lui-mme ou un de ses substituts. Il y en a toujours dans notre entourage. ;-) La rsolution dun transfert ne se passe donc pas dans notre for intrieur. Elle se produit grce au contact interpersonnel tout comme limpasse a t vcue, autrefois, dans le contact avec notre parent.
1. Reconnatre la prsence du transfert (en prendre conscience) Nous avons dj vu dans le premier article de cette srie quels indices signalent la prsence du transfert. Le signe le plus vident est une raction motionnelle forte et disproportionne par rapport la situation. Dans larticle Homo affectivit, nous avons vu que Thierry est trs motif par rapport son professeur de physique. Lorsquil rve quil est son fils et lorsquil se trouve en sa prsence il vit des motions intenses: immense contentement, nervement,
dsir dtre remarqu. Il peut ragir fortement aux marques dattention mais aussi leur absence. Toutes ces motions sont prcieuses pour linformer de ce qui se passe rellement pour lui dans cette relation. Il est donc capital quil les accueille et en les ressente fond pour que cette information se prcise.
2. Identifier le besoin Le contact avec nos motions daujourdhui dans une situation semblable, dclenche des liens avec ce que nous avons vcu dans des relations antrieures. Petit petit, le manque affectif qui nous hante se clarifie galement. (Voir La vie dune motion.) Thierry dcouvre, par contraste avec ce quil vit lgard de son pre qui lignore presque totalement, son besoin dtre confirm dans son existence. Dans son cas, il sagit du transfert concernant le droit lexistence. (Voir: Transfert et droit lexistence ainsi que La rsolution du transfert, dans LAutodveloppement: psychothrapie dans la vie quotidienne.) 3. Exprimer les reproches La privation affective donne lieu a beaucoup de frustration, durant plusieurs annes. Celle-ci provoque de la colre qui surgit habituellement sous forme de reproches.
Sil osait, Thierry reprocherait son pre de ne stre jamais intress lui, ses tudes et ses activits sportives. Il lui dirait combien il lui en veut de sa prsence rarissime ses comptitions dathltisme, l o il se dfonait pour gagner ladmiration de la foule (sans doute substitut de son pre absent). Lmergence de reproches est invitable lorsque nous faisons place nos frustrations. Il est trs important de les accueillir dans notre exprience car sans cela il sera impossible de nous laisser aller, un jour, lexpression du besoin. En effet, la colre contenue dans les reproches est incompatible avec lattitude de vulnrabilit ncessaire lexpression du besoin. Ces rcriminations doivent tre liquides pour avoir accs au besoin dans toutes ses dimensions. La liste des reproches peut tre longue dans la mesure o la frustration sest accumule pendant de nombreuses annes. Plusieurs personnes lvent des objections considrables lide dexprimer leurs reproches. Au nom du fait que leurs parents ont fait de leur mieux (ce qui dans la plupart des cas est indiscutable), ils choisissent de repousser leur exprience. Cette rationalisation ne parvient cependant pas liminer le mcontentement. Elles demeurent donc bloques et stagnent cette tape de la rsolution de leur transfert. Il nest pas ncessaire dadresser nos reproches notre parent lui-mme. Mais il faut trouver le moyen de les exprimer. Il
existe diverses faons de le faire. Par exemple les communiquer la personne avec laquelle nous sommes en transfert. Les objections sont ici moins nombreuses mme si cette solution apparat comme un risque. Il est aussi possible de parler notre parent en simulant sa prsence. Dans ce cas, comme dans ladresse son substitut, il est ncessaire de laisser passer lmotion de colre dans toute son intensit et dexprimer la panoplie des reproches. En dautres mots, il faut vider son sac. Jusquici, il nest pas tellement question de plaisir, mais de soulagement et de limpression fort importante de nous occuper dun sujet capital de notre vie. Le plaisir sera li plus directement aux tentatives pour assouvir le besoin.
4. Distinguer la demande du besoin Je lai dj mentionn, le travail de rsolution du transfert suscite beaucoup de rsistance. La principale consiste accepter la vulnrabilit dtre en manque par rapport un besoin que nous jugeons habituellement infantile. Il faut donc prendre le risque de changer notre image aux yeux de personnes dont nous dsirons la reconnaissance. De ladulte accompli au-dessus de ses affaires, nous devenons par le fait mme ladulte ayant un besoin affectif criant. Pour la plupart dentre nous, il sagit dune humiliation laquelle il est trs difficile de consentir. Toutes les stratgies deviennent alors
bonnes pour viter cette situation. Y compris la dtrioration dune relation amoureuse pourtant prometteuse. (Voir humiliation.) Nos rsistances sont actives, voire envahissantes, mais la tendance actualisante ne renonce pas pour autant: nous tentons, mme sans le vouloir consciemment, de rsoudre nos checs dautrefois. (Voir Une thorie du vivant.) Nous ne renonons pas satisfaire notre besoin, mais nous le dformons dans lespoir de trouver une solution moins exigeante. Nous le traduisons en demandes de confirmations. Dans le cadre de la qute du droit lexistence, nous rclamons des marques daffection (embrasse-moi, dis-moi que tu maimes, montre-moi que tu me dsires). Nous attendons des gestes dmontrant notre importance (quil moffre des fleurs, quelle fasse des compromis, quil se sacrifie pour moi...). Souvent ces demandes sont teintes de reproches (il y a longtemps que nous navons pas fait lamour, tu es distant, tu ne penses qu toi, tu sais que jaime les compliments et tu ne men fais jamais). De toute vidence, la demande est moins compromettante que lexpression directe du besoin sousjacent, mais elle lest davantage que le reproche. En effet, accuser lautre permet de concentrer lattention lextrieur de notre point vulnrable. Cest plus scurisant mme si cela donne souvent lieu des querelles. Cette tactique est compltement strile du point de vue de la rsolution du
5. Exprimer le besoin au bon interlocuteur Avec lexpression du besoin, nous approchons du point crucial de la rsolution du transfert, mais ce nest pas encore ce qui produira le retournement que constitue la rsolution. Ce qui produira le changement, cest la combinaison de lexpression et de la prise en charge du besoin. Voyons en quoi consiste ce besoin.
Le besoin affectif Nous avons lhabitude dexprimer nos besoins dans des termes qui traduisent davantage la source de satisfaction que le besoin. Par exemple lattention, les fleurs, le compliment ou mme laffection, ne constitue pas le besoin en lui-mme. Ce sont des moyens par lequel notre besoin peut tre combl. Ainsi, si je reois lattention dune personne de laquelle je lattends, ma valeur mes yeux est rehausse. Si celui dont je veux tre aim moffre un prsent, jen conclue que jai une certaine importance pour lui. En fait, mon besoin cest ce que le geste me procure et non le geste lui-mme. Dans les exemples
ci-dessus, jai besoin dtre confirm comme tre valable, comme tre aimable. Le besoin affectif est diffrent selon le genre de transfert en cause. Il est important de les distinguer pour orienter adquatement laction expressive qui permet la rsolution. Concernant la recherche du droit lexistence, il est toujours question dtre reconnu en tant que personne valable, aimable, valant la peine quon sy intresse. Dans le cas de la recherche dune identit distincte, il est toujours question de la libert dtre soi-mme sans perdre le contact avec lautre. Quant la recherche dune identit sexuelle, lexpression prend successivement diverses formes selon ltape o nous sommes. Dans un premier temps, le besoin prend la forme dune confirmation et apprciation comme tre sexu. La recherche suivante porte sur la lgitimit du dsir sexuel, de lexcitation, du plaisir et de notre expression en tant quhomme ou femme sexu. Enfin, nous recherchons notre manire propre de vivre notre sexualit ainsi que des partenaires qui nous conviennent. Dans cette exploration excitante mais difficile, cest le support de la personne transfre que nous recherchons. (Voir: La rsolution du transfert dans LAuto-dveloppement: psychothrapie dans la vie quotidienne.)
Linterlocuteur rel
Dj, le fait dexprimer notre besoin devant quelquun qui nous reconnaissons le pouvoir de nous valider est un moyen puissant de mieux lassumer et de reprendre nos droits sur ce besoin. Mais comme il na pas t assum devant le parent concern, nous ne parviendrons en reprendre possessions que si nous lexprimons ce parent travers notre interlocuteur. Nous verrons plus loin un exemple de la faon dont on peut russir une telle expression. Bien entendu, il est galement possible de nous adresser notre parent en personne au lieu de son substitut.
6. Prendre le besoin en charge Cest lorsque nous devenons actif dans la recherche de la satisfaction de notre besoin transfrentiel que se produit le changement en profondeur caractristique de la rsolution du transfert. En effet, jusqu ce moment, nous avons t en quelque sorte la victime de laction ou de linaction dun parent et de ses sentiments notre gard. Jusqu la tentative de rsolution de ce transfert, nous sommes demeur relativement passif quant notre satisfaction. Nous avons tenu notre parent et ses substituts responsables de nous procurer la nourriture affective ncessaire. Maintenant, nous devons non seulement prendre la responsabilit dexprimer ce besoin mais aussi prendre linitiative dy rpondre. En dautres mots, prendre le risque de
faire les pas ncessaires pour obtenir la satisfaction dsire. Nous verrons dans la prochaine section quoi ressemble concrtement la prise en charge du besoin.
D. Comment faire
Revenons Thierry qui nous a servi dexemple dans le texte qui prcde (Homo affectivit) et voyons concrtement comment il peut travailler activement la rsolution de son transfert dans ses relations avec les personnes importantes de sa vie actuelle. Thierry remarque une saveur familire dans sa relation avec son chef dquipe: cest encore la mme admiration et la mme dpendance quavec ses anciens professeurs. Mais cette fois, des les premires manifestations de son besoin, Thierry choisit dtre expressif. Prenant son courage deux mains, il avoue son suprieur immdiat ladmiration quil lui porte. Il ajoute quil est valoris chaque fois que celui-ci lui porte attention ou sintresse ce quil fait. Il lui dclare aussi quil aimerait avoir un pre qui lui ressemble. Thierry fait cette expression en contact: il regarde son chef pendant quil parle et il sefforce de rester attentif ce quil ressent. Il devient mu en cours de route et ne le cache pas. Comme il prouve des motions devant la manire dont son suprieur lcoute et en raction la rponse de ce dernier, il
les ressent et les exprime. Il demeure donc vivant pendant cette interaction. Thierry profite de chaque occasion o il prouve des motions en rapport avec son besoin dtre confirm comme tre valable et aimable pour les exprimer son suprieur. Par exemple, sil se trouve ignor et en est bless, il lexprime. Comme il sagit alors dune rptition de ce quil a vcu avec son pre (lindiffrence perue par Thierry), les motions sont souvent intenses et paraissent disproportionnes par rapport lvnement (aux yeux de Thierry et de son interlocuteur). Il tient habilement compte de cette dimension en prcisant ce dernier que a lui fait particulirement mal parce quil sagit dune blessure quil a vcue rptition avec son pre. En sexprimant ainsi, Thierry agit tout autrement quavec son pre. Il prend le risque dexposer sa blessure et de faire voir son besoin, mme si ces aveux le placent dans une position vulnrable. Cest grce cette diffrence que la rsolution de son transfert est bien amorce et promet de dboucher sur un succs. Chaque fois quil fait une tentative de ce genre, sil a limpression davoir encore des choses exprimer et que cellesci concernent uniquement son pre, Thierry revient sur son vcu dans son journal personnel. Il y crit un billet son pre propos de ce quil a vcu. Cette fois-ci il lui parle de cette vieille blessure qui revient depuis hanter ses relations avec les
hommes auxquels il accorde plus dimportance. Il lui crit ce quil ressent face son indiffrence passe et prsente. Il ose prendre les mots qui traduisent exactement lintensit de ses sentiments. Ensuite, il imagine son pre prsent dans la pice et lui lit haute voix ce quil vient dcrire. Et encore une fois, il demeure disponible aux motions qui surgissent alors et les exprime son pre. Parfois, lorsquil est particulirement frustr, il lui arrive dtre envahi par une mer de reproches quil na jamais os faire son pre. Il nest pas capable de les lui adresser en personne. Mais il prend bien soin de le faire travers son journal. Autant quil le peut, il tente dexprimer ce quil ressent vraiment propos de ces rcriminations. Une fois son exprience bien cerne et formule, il sefforce dadresser ces reproches son pre quil imagine devant lui, toujours haute voix pour mieux ressentir ses ractions. (Voir "L'expression qui panouit" propos de ce type dexpression.) Thierry profite donc de toutes les occasions de ressentir et de sexprimer sur ce sujet auprs des personnes qui prennent de limportance par rapport son besoin dtre confirm comme tre valable et aimable. Lorsque ces personnes lui apportent une confirmation de sa valeur, il leur communique sa raction. Lorsquil attend une telle reconnaissance, il prend souvent le risque de leur dire en expliquant la valeur quil accorde leur opinion. Car il sagit habituellement de personnes quil admire
ou quil trouve chaleureuses. Son chef dquipe fait videmment partie de ces personnes, tout comme son professeur de piano. Il avoue aussi ce dernier toute limportance de lattention et de laffection quil reoit. Lorsque laffection du professeur se manifeste par des gestes sexuels, Thierry y consent uniquement si cest ce quil dsire lui aussi. Sil acquiesce, il reste en contact avec lui-mme pour ressentir et lexprimer. Aux moments o son besoin affectif est combl, il en fait part en disant toute limportance que cela revt pour lui. Sil ne consent pas aux rapports sexuels, il ose manifester clairement son dsaccord et faire comprendre la nature de son besoin rel: celui daffection. Le cas chant, il exprime par la mme occasion sa peur de perdre le contact avec son professeur sil refuse de rpondre sexuellement son besoin. Dans les deux cas, Thierry assume son besoin et le prend en mains. Cest aussi ce quil fait lorsquil prend linitiative dagir au moment o il prouve lui-mme un dsir. Ainsi, il fait les premiers pas pour obtenir laccolade quil souhaite ou en augmenter lintensit. Il demande au professeur de le prendre dans ses bras si cest ce quil dsire. Il manifeste son dsir dune treinte si cest le cas. Toujours, il sefforce de demeurer en contact et expressif. De cette faon, petit petit, le grand manque prouv avec son pre commence tre combl. Ce quil vit maintenant ne
change en rien quil a vcu autrefois avec ce dernier. Ce qui change, avec le temps, cest limportance de son manque actuel. Mais le changement le plus important cest la capacit quil acquiert de prendre en charge la satisfaction de son besoin. Il est possible quun jour Thierry prouve le besoin de sadresser directement son pre. Dans ce cas, il choisira aussi de lui parler de ses vritables proccupations et de le faire en contact.
Conclusion
Cest travers une dmarche de ce genre que nous pouvons trouver un nouvel quilibre mme en ayant eu une enfance et une adolescence passablement carences du point de vue dun besoin affectif particulier. Mais pour lobtenir, nous devons profiter de chaque occasion qui soffre nous pour vivre autrement nos expriences en rapport avec ce besoin. Essentiellement, il sagit de faire ce que nous ne faisions pas au pass soit: ressentir nos motions, reconnatre le besoin et nous exprimer compltement. Ces trois formes daction psychique sont les ingrdients principaux qui nous permettent darriver un jour liminer le dficit.
Voici, en terminant, une image qui traduit bien comment la rsolution du transfert se droule. Jai, en mon for intrieur, un champ de mines motionnelles. Ces explosifs sont constitus par des motions importantes qui touchent mes besoins fondamentaux en souffrance. Au cours de mon enfance et de mon adolescence, jai enfoui certaines motions dans mon champ exprientiel et les y ai en quelque sorte oublies. Depuis, divers vnements les font clater. Chacun est une nouvelle opportunit que moffre la vie de dterrer lmotion et vivre lexprience compltement. chaque fois que je le fais, je dterre une mine. Lorsque lensemble du champ est nettoy, mon transfert est rgl. Alors, le type dvnement qui autrefois me bouleversait ne suscite plus de raction excessive. Mes anciens manques ont fait place des satisfactions que je suis capable dobtenir.
Aux sources du transfert Par Michelle Larivey, psychologue Cet article est dabord paru dans le magazine lectronique " La lettre du psy" Volume 2, No 6: Juin 1998 sous le titre "La source des noeuds"
Rsum de l'article C'est dans nos relations les plus importantes, avec les personnes souvent les plus prcieuses pour nous que nous dveloppons une manire d'tre qui produit des noeuds. Ces noeuds durcissent parfois au point de devenir incontournables. Le fait de ne pas les dnouer nous amne des checs ou une forme d'adaptation o notre vitalit est laisse pour compte. Comment se forment ces noeuds ? Pourquoi existentils ? Quel est le rle qu'ils peuvent jouer dans notre vie et notre dveloppement psychique ?
Table des matires A. Introduction: les deux racines des noeuds B. Le besoin de se dvelopper Devenir soi-mme: la conqute d'une vie
Nos premiers pas: avec nos parents C. Les expriences incompltes Ressenti ou expression La recherche d'harmonie D. Comment se forment les noeuds? Les noeuds: des expriences incompltes Les noeuds: des tentatives de dveloppement E. Conclusion Vous pouvez aussi voir: Vos questions lies cet article et nos rponses !
Pour bien comprendre ce texte il est prfrable d'avoir lu "Les noeuds dans nos relations" . Dans ce texte, j'ai prsent ce que j'appelle "les noeuds" que nous rencontrons constamment dans nos relations les plus importantes. Ces noeuds se manifestent sous la forme d'insatisfactions chroniques devant lesquelles on a une impression d'impuissance. Nous butons rgulirement sur ces difficults. C'est pourquoi je leur ai donn le nom de "noeuds".
Ces noeuds qui nous touffent et nous empchent d'avancer autant qu'on le voudrait, prennent racine dans deux genres d'expriences. Aussi tonnant que cela puisse paratre, ils proviennent de nos tentatives de relever des dfis de croissance personnelle. Ils proviennent aussi des expriences motives du pass que nous avons nglig de vivre compltement. L'objectif de cet article est de vous faire comprendre pourquoi il en est ainsi. Il s'agit de phnomnes naturels simples, au fond, mais il faut les comprendre pour arriver dmler ce que l'on vit. Je fournirai donc quelques pistes qui permettront aux intresss, de faire une auto-valuation de leurs comportements qui engendrent des noeuds dans leurs relations. Commenons par quelques notions pralables qui contribueront augmenter notre perspicacit.
B. Le besoin de se dvelopper
1- Devenir soi-mme : la conqute d'une vie Durant toute notre vie, nous cherchons nous dvelopper. travers son chelle de besoins, le psychologue Abraham Maslow
a bien dcrit cette ralit psychologique. Cette dmarche consiste essentiellement devenir soi-mme. Cela veut dire, devenir de plus en plus capable de respecter ses besoins et ses valeurs et cela, devant qui que ce soit. Une fois cette libert atteinte, nous nous consacrons la raffiner. Le besoin de se raliser s'incarne travers diffrentes proccupations. L'exemple de Jrme illustre bien la prsence d'une proccupation constante qui se manifeste partout dans sa vie. Les proccupations se modifient mesure qu'on avance. En d'autres termes, une fois la question rgle, une autre proccupation merge qui nous permettra de faire un autre pas. Si nos proccupations demeurent inchanges, sur une longue priode de temps, ce n'est pas parce qu'on est born ou encore anormal, comme plusieurs le pensent, c'est plutt que nous ne sommes pas encore parvenus relever le dfi de cette conqute. C'est essentiellement parce que nous nous y prenons mal pour y parvenir. Ces proccupations de dveloppement surgissent de l'intrieur. Elle n'ont rien voir avec les exigences de changement qu'on s'impose ou que notre entourage cherche nous imposer. Elles prennent la forme de diverses questions. Voici quelques exemples frquents.
"J'ai peur d'approcher les femmes qui m'intressent. C'est dsesprant pour moi car j'ai l'impression que je ne pourrai jamais partager ma vie avec quelqu'un qui rpond mes aspirations." "Je n'ai pas confiance dans les hommes. J'aime mieux vivre ma vie avec des femmes. Les hommes ne me manquent pas, mais j'aimerais tout de mme tre plus confortable avec eux." "Je pense que je ne suis intressante pour personne. Je m'isole et m'organise mais je souffre normment de solitude." "Ma relation de couple n'est pas satisfaisante. J'ai peur de tout faire clater si j'en parle. Alors j'endure, mais je ne sais pas combien de temps je pourrai le faire." "La critique me tue. J'aime mieux viter de m'exposer que risquer d'tre jug. J'en souffre, car je n'ai jamais de reconnaissance." Certains de ces problmes illustrent la difficult d'tre soimme et de tenir compte de ses dsirs et aspirations. Les autres dmontrent la difficult de respecter ce qui nous importe, devant ou avec d'autres. Ces deux difficults reprsentent l'essentiel du dfi du dveloppement de soi. Ce dveloppement est l'affaire d'une vie, mais c'est tous les jours que nous y sommes confronts. C'est travers la plupart de nos occupations que nous parcourons ce chemin et principalement au contact des personnes qui sont significatives
nos yeux. Nous commenons cette construction de notre personne ds notre apparition au monde. Nous la continuerons notre vie durant.
2- Nos premiers pas: avec nos parents C'est avec nos parents, ou ceux qui les ont remplacs, que nous faisons nos balbutiements dans ce sens et que nous acqurons nos premiers outils de dveloppement personnel. Nous progressons en nous adaptant aux conditions fournies par notre milieu ainsi qu'au style particulier des personnes qui sont importantes pour nous ce moment-l. Ainsi, la capacit d'tre soi-mme et de se respecter au contact des autres, est tributaire de plusieurs facteurs. Il serait inutile de tenter de les numrer tous. Il suffit de comprendre que lorsque nous arrivons l'ge adulte nous avons un certain chemin de fait dans la direction de devenir nous-mmes mais il nous reste encore beaucoup faire. Voici deux exemples typiques. "J'ai l'impression de ne pas exister pour mes parents et que mes tentatives pour obtenir leur attention s'avrent vaines. Je prends donc l'habitude de m'effacer et je conserve le message que je ne vaux pas la peine. Je m'abstiens le plus souvent de dranger en tant convaincue qu'il n'y a pas de place pour moi. la longue, je dveloppe, par rapport moi, la mme attitude que celle de mon entourage: j'accorde peu d'importance ce que je veux et ce que je dsire. Je ne trouve pas que je vaux
la peine d'essayer d'obtenir ce qui m'importe. De fait, je n'essaie mme plus de l'obtenir. Ainsi je ne dveloppe pas la capacit de me mobiliser pour obtenir ce que je veux dans la vie. De plus, comme il serait souffrant de dsirer en vain, rptition, je fais en sorte de n'avoir pas trop de dsirs. Pour diminuer mes dsirs, j'essaie de ne pas trop ressentir. Cela m'arrange d'autant plus que ce que je ressens se rsume souvent de la tristesse. Je me coupe de moi-mme." "Je suis le centre d'attention de mes parents, recevant continuellement le message que je suis extraordinaire du seul fait que j'existe. C'est avec une toute autre attitude que j'aborde le monde. Il m'est facile de me considrer important, mais je souffre lorsqu'on ne m'accorde pas d'emble un statut spcial. Gagner l'estime est quelque chose que je ne connais pas. Cela m'est d. Faire ma place est aussi une chose qui m'est inconnue. Non seulement on doit me l'accorder, mais on doit m'accorder la premire. Je suis incapable de souffrir la plus lgre critique, habitu que je suis ce que tout ce que je fasse soit considr extraordinaire. Mes rapports avec les autres sont difficiles plusieurs gards." Nous arrivons l'ge adulte en ayant atteint un certain niveau de dveloppement. Nous avons galement une certaine conception de ce que c'est qu'tre une personne adulte et cette conception nous sert de guide. Nous possdons aussi un bagage d'outils: capacit de contact avec soi, de ressentir nos motions, de les exprimer. Comme nous avons appris "par oreille", l'occasion de relations avec des personnes qui
avaient leurs propres difficults de dveloppement, il est normal que notre quipement soit incomplet. cause de cela, il n'est pas tonnant que nos tentatives de dveloppement soient souvent erratiques. Il n'est pas surprenant non plus que l'on doive vivre le mme scnario rptition avant d'arriver comprendre ce qui se passe et trouver des solutions satisfaisantes. Par ailleurs, au cours de nos tentatives de dveloppement nous accumulons invitablement des expriences incompltes. Leur prsence jouera aussi un rle dans la formation des noeuds relationnels. Voyons d'abord ce qu'on entend par "expriences non finies".
1- Ressenti ou expression Il s'agit essentiellement d'un vcu affectif qui n'a pas t "digr" ou assimil, qui demeure comme "en suspens" dans notre mmoire psychique. Ce vcu est incomplet en ce sens que les motions n'ont pas t ressenties ou exprimes compltement. Bien entendu lorsque les motions ne sont pas entirement ressenties il est impossible de les exprimer ou encore de poser une action qui en tienne compte totalement. Le fait de faire avorter ainsi ces expriences est une sorte d'accroc notre quilibre motionnel. C'est pour cela que l'organisme ne peut le tolrer. Cette notion est loin d'tre vidente. Elle mrite des explications. Mais commenons par une analogie, celle de la digestion. La digestion est un processus en plusieurs tapes. Les tapes sont constantes et le but est toujours le mme: l'assimilation de l'aliment. Cette assimilation a pour but de nourrir l'organisme, pour son maintien ou pour sa croissance. Les expriences affectives ont une fonction identique. Elles nous nourrissent psychiquement et contribuent nous construire. Comme la digestion, l'assimilation psychique se fait l'intrieur d'un processus dont chacune des tapes est indispensable. Une premire tape cruciale dans ce processus est celle qui consiste ressentir les motions. Si cette tape est vcue compltement, elle entrane automatiquement d'autres tapes. C'est le fait de passer travers toutes ces tapes qui
nous permet de bien tenir compte de la manire dont nous avons t atteints. C'est ensuite, par nos gestes et nos paroles, que nous arriverons nous respecter. Voici d'abord un exemple d'expression contenue. "Il m'est arriv souvent d'tre ridiculis lorsque j'tais jeune. J'tais gros, j'en avais honte et je fondais littralement lorsque ceux qui se disaient mes copains se moquaient de moi. J'avais beaucoup de peine. J'tais humili et parfois, quand a durait trop longtemps, je devenais enrag. Je ne leur montrais aucun de mes sentiments. Je baissais la tte et j'attendais que cela finisse. Aujourd'hui, quand j'y pense, je leur en veux encore. Ds que je perois de la moquerie dans les propos de quelqu'un, la moutarde me monte au nez. Mais encore, je n'ose rien dire." Voici maintenant un exemple de ressenti incomplet. "J'ai perdu ma mre au dbut de l'adolescence et elle me manque depuis ce temps-l. J'avais si peur de cette peine qui m'apparaissait sans fond, que je m'en distrayais autant que je pouvais. Je pense que j'ai enterr ma sensibilit dans les livres et dans mes tudes. Aujourd'hui, je pense encore souvent elle. Je ne veux pas avoir d'enfant de peur de les perdre ou de moi-mme les abandonner comme ma mre a fait. En fait, tout attachement et toute sparation me font trs peur." Il n'y a pas que les expriences incompltes du pass qui s'inscrivent en nous. Il nous arrive encore de le faire dans le prsent. Certaines situations sont tellement intenses qu'il est
difficile de se laisser les vivre entirement du premier coup. La terreur dans le cas d'une agression, par exemple, est difficile tolrer. Il faut parfois s'en couper pour tre capable de faire ce qu'il faut dans la situation: se dfendre, se sauver, etc... Dans certains contextes retenir nos ractions est une question de scurit. Ce peut-tre le cas si quelqu'un nous menace avec une arme. Toute motion repousse resurgira ventuellement. Pourquoi en est-il ainsi?
2- La recherche d'harmonie Tout tre vivant recherche l'harmonie. C'est parce que le vcu en suspens constitue un accroc son quilibre que l'organisme ne peut le tolrer. Il le garde donc en mmoire et le fait resurgir la premire occasion similaire. Comment reconnatre une motion qui surgit du pass? Typiquement, l'motion ou la raction signalant une exprience non finie est plus intense que la situation actuelle ne l'exigerait. Quand on se dit qu'on ragit trop fort, quand on trouve notre raction trange, quand notre interlocuteur est trs surpris, il y a des chances qu'une partie de notre raction s'adresse une situation antrieure.
"J'ai une peine dmesure l'occasion de la mort de ma bellemre. Je pleure, travers le deuil prsent, la perte de ma mre que je n'ai pas pleure compltement." "Je revis, devant l'attitude hautaine de la fille de mon conjoint, les mmes motions que devant les sarcasmes rpts de ma soeur ane durant toute ma jeunesse. J'ai la mme raction spontane de cacher ma rage derrire une grande froideur et de couper le contact avec elle." "Chaque critique me ravage comme le faisaient celles de mon pre. Je me rappelle encore avec une certaine douleur que mme lorsque je tentais de me dpasser je n'chappais pas la duret de son perfectionnisme. Comme dans le pass, je ne laisse rien paratre de ma raction." Dans ces exemples, les personnes sont aux prises avec des expriences de leur pass qu'elles n'ont pas assimiles. Elles se sont empches de ressentir compltement combien elles taient atteintes ou elles ne se sont exprimes que partiellement. L'apparition de la raction lie au pass est une prcieuse occasion d'intgrer enfin cette exprience. chaque fois, cela permet d'augmenter notre quilibre. Nous avons maintenant une ide plus prcise de ce qu'on appelle expriences incompltes. Voyons comment elles contribuent former des noeuds dans nos relations actuelles.
Souvent nous souffrons de nos sentiments pour les autres. Nous voudrions vivre autre chose ou tre autrement. Souvent nous ne sommes pas libres d'tre nous- mmes. Souvent nous avons des ractions qui nous semblent trop fortes ou infantiles. C'est ttons que nous passons travers ces expriences motives en cherchant "tre normal". C'est justement en se forant "vivre ce qui n'est pas" et "ragir autrement qu'on ragit" qu'on tisse nos noeuds ou les renforce.
1- Les noeuds: des expriences incompltes Les expriences incompltes doivent tre compltes. Il faut profiter de toutes les situations o elles surgissent pour le faire. Mais ce n'est pas ce que l'on fait gnralement. Comme on ne comprend pas la pertinence de leur apparition, on cherche s'en dbarrasser. Ce faisant, on rpte sensiblement le mme scnario que les fois prcdentes. a) Repousser de nouveau son sentiment "J'ai vcu beaucoup de sparations, tout au long de mon enfance. J'ai du quitter ma grand-mre qui tait comme une deuxime mre pour moi. plusieurs reprises, j'ai t spare
de mes amis parce que le travail de mon pre l'appelait des mutations. Ma meilleure amie d'enfance est morte de la leucmie alors qu'elle avait six ans. Ce ne sont l que quelques exemples des multiples dchirements que j'ai vcus. Je me souviens d'avoir pleur, d'en avoir souffert. Depuis des annes, toutefois, je pleure en visionnant un film o des gens qui s'aiment doivent se sparer, o des animaux qui sont lis doivent tre loigns les uns des autres." Suis-je dtraque, anormale? Non, tout a est parfaitement normal. Mes pleurs sont un rflexe pour ajuster ma vie motive. Je pleure maintenant ce que je n'ai pas pleur compltement autrefois. Il en sera ainsi tant que je n'aurai pas vers toutes les larmes que j'ai retenues dans mes multiples sparations. Par ignorance, par gne, on cherche faire cesser ces motions inattendues. Au mieux, on cherche contrler leur dbit pour les vivre "au compte-gouttes" plutt que d'ouvrir le "barrage". Le rsultat c'est qu'il nous faut beaucoup plus de temps pour en venir bout. b) Inhiber de nouveau son expression Pour d'autres expriences incompltes, c'est l'expression qui a t inhibe. On pourrait dire que nous sommes "rests pris avec" car aucun geste ou aucune parole ne nous a permis d'aller au bout. "J'ai subi les nombreux sarcasmes et mauvais traitements de la part de ma soeur ane sans faire autre chose que de me replier
sur moi-mme avec ma peine et ma rage. Lorsqu'elle ou d'autres me font des choses semblables aujourd'hui, j'ai tellement de peine et de rage que je n'ose pas ragir. Tout au plus je laisse paratre que je ne suis pas contente." Pour complter le vcu du pass et pour ne pas continuer d'accumuler les expriences incompltes, je devrais ragir aux situations actuelles en respectant intgralement l'intensit de mes sentiments. Cette ouverture me permettrait d'identifier " qui d'autres" s'adresse cette raction qui m'tonne. Mais ce que nous faisons le plus souvent c'est de ragir en tant conscients de l'exagration de notre raction, mais sans savoir quoi faire d'autre. Certains le font mme beaucoup: ils "ventilent" rgulirement leurs ractions sur leur entourage. Ragir sans plus de conscience ne leur permet toutefois pas de dnouer les expriences passes.
2- Les noeuds: des tentatives de dveloppement Nous sommes continuellement occups conqurir la capacit d'tre nous-mmes et de nous respecter dans nos relations avec les autres. Cette dmarche de dveloppement, toutefois, ne se fait pas en ligne droite ni sans heurt. Elle se fait, au contraire, travers beaucoup d'obstacles. Les checs de notre enfance proviennent la fois de nos capacits dficientes composer avec notre vie motive et des rponses de ceux qui nous entouraient. Ces deux types d'obstacles nous ont conduits des noeuds relationnels. Si nous continuons de relever nos
dfis de croissance de la mme manire que nous le faisions avec eux, nous rencontrerons les mmes noeuds. Mais la force de dveloppement des tres vivants est vive. Les moyens que nous prenons pour russir ce que nous n'avons pas russi dans le pass sont parfois tonnants. a) Rpter la situation (1) Rechercher des situations similaires Sans en tre vraiment conscients, nous cherchons nous trouver dans des situations qui vont nous permettre de russir ce que nous n'avons pas russi antrieurement. Jrme qui a tant besoin d'exister pour quelqu'un afin de confirmer sa valeur, choisit, comme pouse, une femme qui ne semble pas trs doue pour lui donner ce qu'il cherche. Elle est trs indpendante et valorise l'indpendance. Elle est peu expressive et peu sensible aux besoins de Jrme. En ce sens, elle ressemble beaucoup la mre de ce dernier: une femme affaire qui s'impatientait devant le moindre besoin d'attention de son fils. (2) Sauter sur l'occasion Les besoins de croissance sont si imprieux que l'on dirait qu'on est dot d'un sonar qui dtecte ce qui est susceptible de nous toucher dans des situations qui apparemment ne le devraient pas. C'est ainsi qu'on s'attache des dtails, des choses secondaires. cause de cela, les personnes impliques sont souvent trs surprises de notre raction.
Mon ami me fait un compliment. Je suis insulte. Je suis choque par son ton qui me semble moqueur. J'y vois donc une critique plus qu'un compliment. Il est abasourdi." "Le groupe d'tudiants auquel j'enseigne est trs intressant et stimulant. L'un d'entre eux, toutefois, me cause beaucoup de soucis car il n'a jamais l'air intress. Quoi que je fasse, il me regarde d'un air hautain et critique. Il m'empoisonne la vie. C'est au point que c'est toujours avec beaucoup d'angoisse que j'entre dans cette classe." (3) Transformer les relations la longue, par notre faon de ragir on russit changer le climat de la relation. Ce faisant, on provoque l'autre ragir comme on a besoin qu'il ragisse pour nous retrouver dans la situation initiale qu'on a besoin de rsoudre. "La femme que j'ai pouse tait douce et aimante. Aprs quelques annes elle est devenue acaritre. Que s'est-il pass? Il me semble que je me retrouve vivre avec ma martre de belle-mre. En fait, bien que son affection m'ait attir, j'tais incapable de la recevoir. J'ai t avec elle aussi ferm qu'avec la femme de mon pre qui me dtestait. Mon pouse a beaucoup tent de me faire parler, m'ouvrir. la longue elle s'est dcourage de russir. Petit petit elle a pris ma fermeture comme un manque d'amour son gard. Elle est frustre. Elle m'attaque de plus en plus vigoureusement. Je me
renferme de plus en plus. J'ai l'impression de revivre le pass. J'ai l'impression que notre couple est dtruit." "J'tais certaine que cet homme ne serait jamais violent avec moi. C'est pour cela que je l'ai choisi. Il n'avait jamais lev le petit doigt sur personne. Pourtant, certains moments avec moi, il devient hors de lui et me frappe. Je m'aperois que j'ai avec lui la mme attitude passive et hostile que j'ai eue dans mes relations antrieures avec les hommes qui m'ont battue. Il dit qu'il ne peut me rejoindre quand j'ai cette attitude et qu'il n'y arrive qu'en tant violent." Pour un oeil aiguis, il est vident qu' travers ces pripties nous recherchons crer des situations qui sont susceptibles de nous permettre d'voluer. Nous cherchons nous placer dans la situation qui nous permettra de relever le dfi de croissance que nous n'avons pas russi relever encore. Dans chacune de ces situations nous voluons au moins un peu. Nos progrs reposent sur la manire dont nous utilisons ces situations. b) Rpter les mmes comportements Nous faisons des efforts pour nous trouver dans une situation suffisamment semblable celle qui nous permettrait de relever des dfis de dveloppement. Malheureusement ces efforts sont en quelque sorte annuls par le fait que mme si nous russissons recrer cette situation, nous nous conduisons d'une manire identique ce que nous avons toujours fait.
(1) Jrme Jrme se proccupe de sa place dans plusieurs de ses relations. Il se contente de constater son manque et de profiter des situations o son besoin tait combl. Jrme s'accommode de ces situations, comme il l'a toujours fait, mme petit. Il s'organise, par ailleurs, pour avoir une vie intressante. Son leitmotiv: ne pas compter sur les autres et sur leur affection. (2) Jasmine Comme elle l'a fait jadis avec sa mre et continue de le faire, Jasmine passe sa vie faire des pieds et des mains pour viter les critiques, la dsapprobation et le rejet. Pour elle, l'approbation des autres est le signe qu'elle est "correcte". Elle dsire tant cette approbation qu'elle ragit souvent ce sujet avec des personnes qui ont peu d'importance dans sa vie. La postire qui hausse le ton en lui laissant entendre qu'elle devrait connatre le prix d'un timbre, la met dans tous ses tats. Sa raction: s'expliquer longuement pour prouver qu'elle n'est pas "si bte qu'on pense." Comme elle fait toujours avec sa mre, elle se justifie. (3) Olivier Olivier vit avec sa fiance et son associ des sentiments semblables ceux qu'il vit depuis toujours avec sa mre. Une certaine peur d'tre critiqu et le sentiment omniprsent de ne pas tre la hauteur. Il agit avec ces personnes comme il a toujours agi avec sa mre. Il subit leur attitude autoritaire en rageant intrieurement et en se dvalorisant d'agir ainsi. Olivier
a presque toujours l'impression de vivre dans un tau. Il a quitt plusieurs femmes avec lesquelles la relation avait bien commenc parce, qu' la longue, il touffait. Il s'aperoit qu'il est attir par les femmes qui sont capables de s'affirmer mais constate qu'il est incapable de s'affirmer devant elles. Il s'efforce toujours d'tre la hauteur sans jamais y parvenir. Il tente donc plutt de passer inaperu, s'effaant, faisant passer ses besoins aprs ceux de l'autre. Ces trois personnes se plaignent de ne pas avancer bien qu'elles fassent de constants efforts. Pourquoi n'avancent-elles pas? Pourquoi n'arrivent-elles pas se vivre pleinement et se sentir bien avec les personnes importantes de leur vie? Voici quelques autres raisons qui contribuent au maintien du "statu quo." c) Attendre que l'autre change Jrme, Jasmine et Olivier continuent d'agir de la mme faon comme s'ils s'attendaient ce qu'un dclic se produise et qu'un changement survienne. Ce changement, ils attendent qu'il se produise chez les autres. Jrme pourrait dire: "si un jour ils pouvaient se rendre compte de ma valeur et la reconnatre, je serais enfin combl". Si Jasmine livrait ses penses intimes, elle dirait probablement: "si un jour ma mre m'acceptait enfin telle que je suis, si les
gens cessaient d'tre critiques mon gard, je pense que je pourrais vivre dtendue et enfin heureuse". Quant Olivier, on l'imagine souhaiter "que toutes les personnes devant lesquelles il est si difficile pour moi de m'affirmer deviennent plus douces et acceptantes. Je pourrais alors enfin avoir droit l'erreur". Souvent convaincus que la solution rside dans un changement chez les autres, on attend cette transformation. Non seulement on l'attend, mais on essaie de la provoquer. Obnubil par l'effet que l'autre nous fait, on a peu de disponibilit pour l'introspection qui pourtant pourrait nous rvler d'autres solutions. d) Demeurer inconscient de ses besoins La concentration sur l'autre nous permet d'viter de jeter un regard lucide sur ce que nous vivons dans ces noeuds. La plupart du temps nous sommes peu conscients des besoins qui sont l'origine de nos efforts. Toute notre nergie est concentre obtenir que l'autre agisse d'une faon qui nous convienne. Si nous devenons inventifs quant aux moyens d'tre satisfaits, c'est pour imaginer toutes les faons dont l'autre pourrait enfin rgler notre problme. C'est ainsi que nous passons parfois nos "commandes" nos proches qui refusent ou s'empressent d'obtemprer. Qu'ils acceptent ou refusent ne contribuera pas dfaire le noeud. La situation sera peut- tre
moins tendue, mais elle engendrera souvent d'autres difficults relationnelles. Occulter nos besoins et focaliser sur le comportement de l'autre prsente un avantage: on est moins forc de s'impliquer. Mais au total, les dsavantages sont beaucoup plus nombreux. e) Cacher sa dpendance On prfre ne pas tre en contact avec nos besoins car ils tmoignent de notre dpendance. Il est souvent difficile d'admettre qu'un autre a une immense importance pour nous cela, mme quand il s'agit d'un conjoint ou d'un parent. Lui avouer c'est se rendre vulnrable. L'ide de dpendance fait peur. Beaucoup d'auteurs et de pseudo- psy nous encouragent d'ailleurs cultiver cette crainte. C'est donc souvent en se basant sur leur rationnel boiteux qu'on cherche dissimuler notre dpendance. Pour dissimuler l'importance de l'autre et de notre besoin nous devons prendre des distances ou faire des "joutes inter personnelles" qui nous permettent de nous cacher. Parfois nous choisissons de nous durcir. Ce faisant, nous n'exprimons souvent qu'une partie de notre vcu, celui sur lequel nous nous sentons en contrle. L'expression incomplte de tout vcu important, nous l'avons vu, conduit des noeuds ou les perptue. Se cacher soi-mme et cacher l'autre ce que nous vivons d'important son gard est un des moyens les plus
E. Conclusion
Tant que la raison d'tre des noeuds nous chappe, on les considre comme des encombrements dont il faut se dbarrasser en vitant les sujets "brlants" ou en se sparant des personnes avec lesquelles on les vit. Une fois qu'on comprend leur raison d'tre, ils peuvent devenir des occasions recherches pour relever un dfi de croissance. Pour russir ces dfis toutefois il est important d'identifier ses faons de contribuer aux noeuds. C'est d'autant plus important que chacun des partenaires a ses propres noeuds dans la relation. Il nous reste ensuite nous outiller psychologiquement pour les dnouer et retrouver la vitalit qui y est emprisonne.
L'expression qui panouit Par Gatane Laplante, psychologue Cet article est tir du magazine lectronique " La lettre du psy" Volume 2, No 12: Dcembre 1998
Rsum de l'article Parfois, l'expression est une libration qui renouvelle notre relation avec un tre cher. On en sort grandi et plus vivant. Mais d'autres moments, cette expression dbouche sur un affrontement pnible d'o on sort bless; on en vient mme couper le lien, au moins temporairement. Qu'est-ce qui fait la diffrence? Comment s'assurer de russir une expression constructive et non destructrice? Comment vrifier si on a russi son expression? C'est ce que Gatane LaPlante explique dans cet article.
Table des matires A- Introduction L'exemple d'une expression panouissante- Les amies Juliette et Lucie
L'exemple d'une expression destructrice- Les frres Pierre et Richard B- a veut dire quoi s'assumer? C- Quoi dire D- qui le dire Lorsque la personne concerne n'est pas disponible La difficult de l'expression avec les proches Lorsque je ragis une personne peu importante dans ma vie E- Comment le dire F- Demeurer ouvert pendant mon expression G- Comment vrifier l'efficacit de mon expression H- Conclusion Vous pouvez aussi voir: Vos questions lies cet article et nos rponses !
A- Introduction
Nous avons tous dj constat combien il peut tre bienfaisant de s'exprimer. a permet d'accder un sentiment d'harmonie et de bien-tre qui se manifeste mme dans nos sensations physiques. Le poids que je sentais sur mes paules est disparu. La compression que je ressentais la gorge ou la poitrine
s'est dissoute comme par magie. Il est vident qu'une telle expression comporte en soi son propre bnfice. Les psychologues humanistes estiment qu'il est primordial d'tre habile reconnatre son exprience travers ses sensations; il est important d'tre attentif aux ractions de son corps, ses points de tension. tre l'coute de ces sensations est important, car ce sont ces indices physiques qui nous donnent accs aux motions qui y sont lies. C'est en me servant de ces donnes (sensations et motions) que je peux identifier clairement mes besoins. Par exemple: ce matin, avant de partir pour le travail, je remets mon article sur l'expression mon conjoint, et je lui dis que j'aimerais bien qu'il me fasse part de ses commentaires. En fin de journe, je reviens la maison. Nous changeons brivement sur le "vcu" de la journe. Tout coup je commence me sentir triste et due, sans savoir quoi je ragis. Je m'arrte pour ressentir ma tristesse et ma dception. Assez rapidement je constate que cette tristesse a un sens prcis: je suis due que mon conjoint ne me parle pas de mon article. J'imagine alors que ce n'est par trs important pour lui. J'en suis bien due et peine parce que je tiens tre reconnue et apprcie dans mon travail, particulirement par lui.
Pour rpondre adquatement aux besoins que j'identifie il est essentiel de poser les actions adquates. Dans l'exemple cidessus, il est trs important d'identifier ma tristesse et ma dception. Cependant, si j'en reste l, ces motions nuiront tt ou tard ma relation avec mon conjoint. Cet vnement contribuera dvelopper ce que Michelle Larivey appelle "Le transfert dans les relations". Mon propre niveau de satisfaction et de bien-tre personnel en sera galement affect. (Voir "Aux sources du transfert".) C'est ici que l'expression panouissante prend tout son sens. Il s'agit d'une forme d'action privilgie qui permet d'affirmer et de communiquer nos besoins et ainsi de parvenir les satisfaire. Dans l'exemple ci- haut, il est bien important de faire part de mon besoin mon conjoint. Mais ce n'est pas pour qu'il accepte de le prendre en charge. La raison principale de cette expression c'est que le fait d'en parler est dj une faon d'y rpondre en me donnant l'importance que je recherche. Tenir compte de ce besoin en le prenant en charge compltement dans les diffrentes tapes de mon processus est une faon concrte de m'assumer. (Voir plus loin dans la section - Ca veut dire quoi s'assumer - les tapes franchir pour y arriver) . Lorsque je m'ouvre ainsi, je m'panouis en me montrant totalement moi-mme: la fois vulnrable et affirmative de mes besoins. J'ose sortir de l'image protectrice que je m'tais btie pour me montrer authentique et vivre "au grand jour", en toute libert!
Qu'est-ce qui fait qu'une expression peut parfois tre panouissante et nous permettre de nous assumer alors qu' d'autres moments, nos expressions sont inutiles ou mme nuisibles?
1. L'exemple d'une expression panouissante: Les amies Juliette et Lucie Ce sont des amies intimes. Lucie est trs expressive et extravertie. Juliette est plutt l'oppose de Lucie; c'est souvent elle qui coute. Mais elle suit depuis quelques mois une thrapie dans laquelle elle apprend s'affirmer davantage et s'aperoit que le fait que Lucie prenne autant de place dans leur relation la frustre de plus en plus. Elle constate avec tristesse que ce sentiment de frustration l'loigne graduellement de son amie. Elle dcide alors de parler Lucie de son insatisfaction et de son dsir d'tre coute. Lucie se montre rceptive et comprhensive. Juliette aussi demeure ouverte aux ractions de Lucie qui lui exprime sa dception devant le fait qu'elle est souvent peu expressive.
La tendance de Lucie prendre beaucoup de place ne sera pas change instantanment par cette mise au point. Cependant, la dtermination de Juliette prendre plus de place et sa faon claire de le faire savoir lui permettront d'tre plus satisfaite par rapport ce besoin. On peut dire que cette expression aura eu un effet panouissant pour Juliette
2. L'exemple d'une expression destructrice: Les frres Pierre et Richard Deux frres Pierre et Richard ont t partenaires dans une usine de meubles pendant cinq ans. Pour diverses raisons, ils dcident de mettre fin leur association et Pierre demeure seul propritaire de l'entreprise. Cependant Richard continue de se comporter comme s'il en faisait encore partie. Il se sert de l'atelier en dehors des heures de travail, sans en informer Pierre. Et lorsque celui-ci dcide de faire des heures supplmentaires, il est confront au fait que son atelier est occup. Richard de plus, continue de facturer l'huile pour l'usage de sa rsidence, au nom de l'entreprise. Pierre est bien en colre par rapport ces comportements qu'il trouve injustes. Mais il refoule ses sentiments parce qu'il ne sait pas trop comment le dire, parce qu'il tient ne pas faire de chicane. Surtout, il craint de dplaire son pre et aussi d' tre rejet par lui. Car son pre a toujours proclam bien haut, "qu'une famille, a ne se chicane pas!"
Mais un jour, alors que Pierre arrive son atelier pour y travailler et que Richard s'y est install avant lui, sans le prvenir encore une fois, il clate! N'en pouvant plus aprs toutes ces annes de frustrations accumules, il se vide le coeur en insultant Richard et en le traitant de tous les noms! Richard rpond sur le mme ton: il fait son frre tous les reproches qu'il a accumuls son endroit depuis leur association. Et il dvoile mme les vritables raisons de son abandon de l'entreprise, et pourquoi il continue de profiter de l'atelier son insu. Aprs deux heures d'une intense bataille verbale, chacun des deux frres se retrouve du et bless. Mme s'ils se sentent aussi soulags et librs d'avoir enfin parl! La seule possibilit qui reste alors c'est la rupture, au moins temporaire. Car chacun se retrouve trop souffrant et en colre pour prendre le risque d'tre bless nouveau et peut-tre aussi d'clater encore. Et Pierre reste bien inquiet de la raction de son pre, lorsqu'il apprendra ce qui s'est pass entre ses deux fils. Nous avons ici un exemple d'une expression destructrice Qu'est ce qui fait que dans un cas on assiste une expression panouissante alors que dans l'autre c'est un chec total? Dans l'exemple qui tourne mal, il s'agit d'un type d'expression qui vise surtout un soulagement. Le souci de s'assumer est tout fait absent. Chacun a plutt tendance rendre l'autre responsable de ses frustrations et il cherche s'en librer en
blmant l'autre. C'est tout le contraire de ce que les amies Juliette et Lucie ont fait. Le but de cet article est justement d'expliquer comment on peut s'exprimer d'une faon panouissante. Il permettra de comprendre les principes respecter pour y arriver. Quoi dire? A qui le dire? Comment le dire? Comment garder l'ouverture ncessaire pendant l'expression? Avant de rpondre ces questions cependant, il m'apparat important de clarifier le fondement principal sur lequel repose l'expression panouissante: la capacit de s'assumer. Pour rendre cette explication plus concrte, revenons l'exemple des deux amies.
On peut considrer que Juliette a russi s'assumer, car: Elle a identifi son sentiment de frustration, son agacement devant la grande place que prend son amie dans la relation et devant le peu de place qui lui reste.
Elle a reconnu et exprim son besoin d'tre entendue et coute par Lucie. Elle a reconnu ce besoin comme important et lgitime, assez pour s'en occuper activement en en parlant son amie. Elle a montr son insatisfaction son amie, au risque qu'elle se fche, lui en veuille ou mme la rejete. Une telle dmarche permet Juliette de se respecter dans toute son intgrit. C'est ce qui contribue la garder vivante. Elle fait alors le choix de rpondre efficacement ses besoins, quitte ne pas correspondre l'image que son amie a d'elle. A quoi lui servira d'tre aime si, pour avoir cette apprciation, elle doit renier ce qu'elle est? Juliette est convaincue qu'elle ne sera bien dans cette relation que dans la mesure o elle saura se respecter et chercher tre satisfaite, autrement dit: s'assumer. Voyons quelles seraient les consquences pour Juliette si, incapable de s'assumer, elle avait choisi de se taire? D'abord, sa propre vitalit, c'est dire sa capacit rester vivante et ouverte la vie qui se droule en elle, en serait affecte, tt ou tard, au moins dans cette relation. Ou bien elle s'loignerait petit petit de son amie, ou bien elle continuerait de subir ces frustrations en "ravalant" ou en exprimant son agressivit, sur diffrents sujets qui n'ont pas de rapport avec l'origine de ce sentiment.
Sa relation avec Lucie serait de plus en plus insatisfaisante. De plus, si c'est sa faon habituelle de ragir devant les conflits qu'elle rencontre, c'est l'ensemble de sa vitalit qui en serait affecte. A plus long terme, il serait possible qu'elle dveloppe des symptmes de dpression. Car dans ce type de raction deux lments sont importants. L'origine de la dpression est souvent due une mauvaise gestion des besoins de mme que le signe du refoulement de l'agressivit. Mais heureusement Juliette a russi s'exprimer de faon panouissante. Elle a t prte s'assumer, mais la faon dont elle s'y est prise compte aussi pour beaucoup dans le succs de sa dmarche. Voyons comment elle a fait.
C- Quoi dire?
Pour qu'une expression soit panouissante, elle doit avant tout porter sur les principales motions et sur les besoins actuels les plus importants du moment. Plus concrtement, voyons ce que Juliette exprim son amie. Elle a parl essentiellement de la frustration de son dsir d'tre coute. C'est ce qu'elle a identifi comme le principal obstacle sa relation; ce qui l'empche d'tre confortable dans sa
relation avec Lucie. Aprs avoir bien identifi son exprience, elle a choisi de la faire connatre, telle quelle, son amie, au risque que celle-ci ne l'accepte pas. Il aurait t tentant d'y aller de faon plus indirecte et moins risque. Elle aurait pu, par exemple, se contenter de faire une allusion indirecte son malaise en lui demandant: "Comment te sens-tu dans notre relation?". Elle aurait pu aussi choisir de rendre Lucie responsable de son problme en l'accusant, en la blmant d'tre inapte une relation. Mais elle a choisi, au contraire, d'agir de faon responsable par rapport son insatisfaction en l'identifiant correctement, en la faisant connatre son amie et en assumant pleinement le risque d'une telle expression. C'est en agissant ainsi, c'est dire en tant compltement elle-mme, qu'elle peut en retirer un effet panouissant.
D- qui le dire?
Il est parfois soulageant et moins risqu de se laisser aller "chialer" avec un bon ami plutt que de s'adresser la bonne personne. Cependant, si on veut s'assumer dans l'exprience qu'on vit, c'est la personne concerne qu'il faut s'adresser!
Comme c'est dans notre relation avec elle que l'on est touch, c'est elle qu'il s'agit de dire et de montrer ce qu'on ressent. C'est par rapport cette personne qu'il est important d'assumer ce que l'on ressent et ce dont on a besoin. Il n'est pas toujours possible, cependant, de s'adresser la personne concerne. C'est le cas lorsque cette personne est dcde ou lorsqu'elle est dans un tat qui la rend inatteignable (comme dans certaines maladies physiques ou mentales). Mais alors, mme si elles sont inaccessibles, on peut continuer de vivre des sentiments "inachevs" par rapport ces personnes. Il est alors utile de trouver d'autres situations semblables pour travailler se dgager de ces conflits. (Voir: "Aux sources du transfert".)
1- Lorsque la personne concerne n'est pas disponible (trop loin, dcde, psychologiquement inatteignable). On peut alors faire une expression par "simulation". C'est une technique souvent utilise dans le bureau du psychothrapeute (mais on peut aussi s'en servir tout seul dans son salon). Il s'agit alors de s'imaginer qu'on est en prsence de la personne concerne, et de lui parler comme si elle tait vraiment prsente.
Pour que cette mthode soit efficace, il est important de prendre le temps d'imaginer vraiment la personne comme si elle tait prsente. Il faut aussi, pour bien russir un tel exercice, tre bien en contact avec les motions qui sont prsentes, avec toute leur intensit. Un simple exercice intellectuel n'est pas satisfaisant car cette expression doit tre relle, mme si la situation est en partie imaginaire. Il s'agit avant tout d'exprimer des motions! Ce genre "d'expression-simulation" est un bon exercice pour se prparer une vritable expression avec la personne concerne. a permet de se prparer graduellement afin de mieux russir. Car souvent les expressions importantes sont difficiles faire et on ne peut pas tre certain de les russir du premier coup. Il vaut mieux tre bien prpar! Ecrire une lettre (qu'on garde pour soi ) peut aussi tre une mthode d'expression utilisable dans le cas o la personne concerne est inatteignable. Comme l'expression-simulation, cette mthode peut aussi servir d'exercice prparatoire avant de rencontrer la personne qui on veut s'adresser. 20/05/2007 12:18:35 2- La difficult de l'expression avec les proches. Ces expressions importantes auxquelles je rfre concernent surtout les personnes les plus importantes de notre vie comme nos proches, nos parents, nos amis, nos amoureux. cause de
leur importance privilgie, le risque d'tre dlaiss ou mme rejet par ces personnes devient beaucoup plus grave. Il est donc tout fait normal de trouver ce type d'expression plus difficile, surtout parce que nous avons l'impression d'tre dmuni ou sans ressources devant ces proches. Nous leur attribuons un pouvoir considrable sur nous. Arriver s'affirmer vraiment devant eux, c'est la meilleure faon de rcuprer ce pouvoir. C'est ce qui nous permet de devenir adulte, en pleine possession de nos moyens. Dans l'exemple des deux frres Pierre et Richard, nous avons ici un bon exemple de comment le dsir de Pierre de s'exprimer est refoul par la peur d'tre rejet de son pre. Il semble ici, qu'il est plus important pour Pierre d'tre accept de son pre, que de se respecter lui-mme en assumant compltement les insatisfactions et les injustices qu'il vit avec Richard. Dans le cas de Pierre, devenir adulte et en pleine possession de ses moyens impliquerait qu'il soit prt assumer ce qu'il vit avec Richard en le lui exprimant clairement, mme au risque que son pre ne soit pas d'accord. Il serait important pour lui galement d'tre conscient de cette peur, et de lui faire de la place en l'exprimant son frre. Car cette peur fait aussi partie de son exprience, et il se doit d'en tenir compte pour que son expression soit complte.
3- Lorsque je ragis intensment une personne peu importante dans ma vie. Il existe une autre situation o il n'est pas ncessaire de s'exprimer devant la personne concerne. Il s'agit du cas o la personne concerne n'est pas vraiment une personne importante dans ma vie. Elle prend de l'importance par exemple seulement parce qu'elle me rappelle fortement une autre personne avec laquelle je suis en conflit. Dans ces circonstances, ce n'est pas vraiment cette personne que s'adresse mon expression. Il est plus utile alors d'investir mon nergie auprs de la personne qui importe vraiment, celle laquelle je ragis en fait. (Voir: "Aux sources du transfert" .) E- Comment le dire Ici, le plus important c'est d'tre vraiment fidle mon exprience dans la faon dont je l'exprime, dans l'insistance que j'y apporte et dans les gestes que j'utilise. Ainsi, le ton avec lequel je m'exprime peut faire ressortir l'importance que j'accorde mon exprience ou peut la dissimuler. Par exemple, mme si j'arrive dire les mots justes, mon message ne sera pas entendu et il ne sera pas satisfaisant si je m'exprime sur un ton neutre, comme si je parlais d'une chose anodine. Cette expression ne sera pas utile, car elle ne traduira pas adquatement mon exprience relle. Elle ne me permettra pas d'assumer vraiment ce que je vis.
Par exemple, si Pierre avait exprim tout gentiment son frre Richard, sa dception qu'il occupe son atelier lorsqu'il en a de besoin."Tu es encore l...je pensais venir travailler galement..." Son message n'aurait pas tellement eu de poids. Mais si il lui avait dit la mme chose fermement en ajoutant: "Je ne peux plus accepter que tu occupes mon atelier comme si tu en tait encore propritaire! Ca me met en colre d'tre ainsi brim et non respect dans ma proprit!" Le ton de ce message serait sans doute plus adquat, pour la comprhension de Richard mais surtout pour la satisfaction de Pierre. Reprenons l'exemple des deux amies: si Juliette avait simplement "fait sentir" Lucie son dsir d'tre coute, si elle s'tait contente d'allusions vagues comme "on sait bien, pour toi c'est facile de parler..." et si elle l'avait fait sur un ton presque gentil, on ne pourrait pas parler "d'expression panouissante". Le problme, c'est qu'en s'exprimant de faon aussi indirecte, Juliette n'assume pas vraiment l'importance de son dsir; elle n'est pas prte montrer toute l'importance qu'elle y accorde. F- Demeurer ouvert pendant mon expression Pour que mon expression soit panouissante, il est aussi important de demeurer vivante pendant que je la fais. Je dois demeurer fidle ce que je ressentais au moment o j'ai dcid de parler, mais aussi rceptive aux nouvelles motions qui apparaissent au fur et mesure que je m'exprime, et que mon interlocuteur rpond. a demande donc une disposition
contraire celle de la personne qui, devant une expression importante et difficile, prend son courage deux mains, se durcit et "fonce" sur son interlocuteur. Il est videmment important d'avoir bien identifi au pralable les aspects importants de ce que je vis dans la situation: mes motions et les insatisfactions en cause. Mais il est tout aussi important de demeurer ouvert au mouvement en cours entre mon interlocuteur et moi, pendant cette confrontation. Les ractions de mon interlocuteur vont ncessairement changer ma perception de la situation et ainsi influener mon exprience motive. Par exemple, lorsque je suis triste que mon conjoint ne me fasse pas de commentaire sur mon article, ma raction motive sera peut-tre modifie s'il m'explique qu'il a simplement oubli de m'en parler. Elle pourra mme changer radicalement si j'avais imagin une raison tout fait diffrente comme son indiffrence ou son opinion trs ngative sur mon texte. Dans une telle situation, si je me durcis et je reste accroche mon interprtation et ma raction initiale, je ne m'assume plus dans la ralit. Je ne suis plus ouverte l'exprience qui m'habite sur le moment, mais je persiste dfendre une position passe qui a chang rapidement. Mme si toutes les autres conditions de l'expression panouissante taient respectes, je crerais quand-mme, par cette fermeture, un obstacle important la possibilit de m'assumer.
G- Comment vrifier l'efficacit de mon expression Pour valuer sommairement le succs de mon expression, il peut tre utile de commencer par tre tout simplement l'coute des ractions de mon corps. Mes sensations pourraient en effet m'aider voir plus clairement mes motions la suite de cette expression. Mais comme dans l'interprtation des rves, il est important ici de dcoder par nous-mme le sens de nos sensations. On ne peut tablir une "symbolique universelle" qui viserait traduire l'exprience de tous. Par exemple, la mme sensation d'puisement aprs une expression difficile et intense pourra avoir un sens diffrent pour Pierre et pour Louise. Ca pourrait tre pour Louise le signe qu'elle a russi matriser chacune des conditions de l'expression panouissante, et en prouve une trs grande satisfaction. Alors que pour Pierre, sa fatigue pourrait traduire un sentiment d'chec important. Il appartient donc chacun dcoder le sens propre de sa sensation. Une fois que j'ai fait cette premire vrification gnrale partir de mes sensations, je peux chercher identifier de faon plus systmatique ce qui a ou n'a pas bien fonctionn. Il est alors utile de vrifier si j'ai bien respect chacune des conditions de l'expression panouissante. J'essaierai donc de rpondre aux questions suivantes:
"Ai-je dit ce qui tait important pour moi?" "Ai-je respect l'importance et l'intensit relle de mon exprience?" "Suis-je demeure ouverte pendant mon expression?" "Ai-je parl la bonne personne?" La vrification du contenu de l'expression est particulirement cruciale. Il faut bien comprendre ici que, lorsque je parle d'exprimer ce qui est important pour moi, je rfre avant tout ce que je ressens et non pas simplement dire des choses l'autre sur ce qu'il dit et fait. En reprenant l'exemple de Pierre et Richard, voyons comment Pierre aurait pu faire cette vrification: Ai-je exprim comment a me mettait en colre d'tre si peu respect dans ma proprit par Richard? Ai-je exprim comment je me sens trait injustement lorsque Richard me refile ses factures d'huile alors que je ne veux plus les assumer? Ai-je exprim comment je crains d'tre rejet par mon pre si j'ose exprimer ainsi mes insatisfactions? Si oui, il a russi son expression du point de vue du "Quoi exprimer". Ca n'aurait pas t le cas s'il avait dit Richard: " Tu es un salaud, un exploiteur! Tu penses que c'est moi de te faire vivre! Je ne veux plus que tu remettes les pieds ici! Tes factures
d'huile, tu es mieux de les rcuprer parce que je vais les dchirer! etc..." Les autres aspects de l'expression sont plus faciles vrifier. La partie prcdente du texte devrait permettre de comprendre assez clairement comment s'y prendre. H- Conclusion S'exprimer de faon panouissante, n'est pas un choix accidentel ou isol. C'est avant tout le choix de la personne qui souhaite vivre sa vie le plus pleinement possible. a implique de demeurer ouverte tout ce qui lui arrive et a un impact sur elle, en tchant de le grer et d'en profiter de la faon la plus satisfaisante possible. On peut y parvenir si on est bien dcid se connatre profondment dans sa faon d'tre et dans ses besoins fondamentaux. Il faut aussi avoir le courage de s'autoriser tre pleinement ce que l'on est, ses propres yeux , comme ceux de son interlocuteur. a suppose enfin qu'on s'autorise rechercher la satisfaction la plus complte possible. Cette forme d'expression nous aide demeurer disponibles nos besoions et vraiment les prendre en charge. Par ce chemin, nous pouvons accder une vie de qualit dans laquelle nous jouissons d'une libert de plus en plus grande.
Le transfert dans les relations Par Michelle Larivey, psychologue Cet article est dabord paru dans le magazine lectronique " La lettre du psy" Volume 2, No 5: Mai 1998 sous le titre "Les noeuds dans nos relations"
Rsum de l'article Plusieurs auteurs parlent de blessures du pass qui influent sur nos relations prsentes. D'autres soulignent les scnarios rptitifs qui nous conduisent toujours dans les mmes impasses. En fait, c'est notre "manire de vivre" nos expriences motives avec l'autre qui est responsable des noeuds qui nous touffent ou touffent la relation. Pourquoi en est-il ainsi? Que faire pour dnouer ces noeuds?
Table des matires A. Introduction B. Histoire de noeuds: constance et similitude C. Caractristiques des histoires de noeuds D. Conclusion: ractions l'impasse Vous pouvez aussi voir:
A. Introduction Il s'crit beaucoup de choses sur les relations humaines. On en traite sous diffrents angles: la communication, la vie de couple, l'amour, la psychologie de l'homme et de la femme, la relation parent-enfants, etc. Dans beaucoup de ces livres, les difficults interpersonnelles et les conflits sont bien dcrits. Le lecteur s'y reconnat tellement que plusieurs de ces ouvrages sont devenus des best-sellers. Dans la majorit de ces ouvrages, toutefois, je trouve peu de solutions efficaces et ralistes ce qu'on considre comme des noeuds dans les relations. Par exemple, les conseils sont souvent inapplicables dans les faits parce qu'ils font appel la volont seulement. C'est le cas de cette recommandation concernant ce que certains appellent la dpendance affective: "ne vous attachez plus ce genre de personne". Une telle prescription ne tient pas compte du fait que le psychisme ne peut se soumettre la raison seulement. On se souvient de la phrase de Pascal: "le coeur a des raisons que la raison ne connat point". Elle s'applique bien aux attraits et aux antipathies, aux motions et aux ractions intenses envers les autres. On ne peut composer avec ces expriences complexes en faisant des choix uniquement rationnels sans y laisser une partie de sa vitalit.
Les solutions proposes sont souvent inefficaces aussi, parce qu'elles ne s'attaquent pas au coeur du problme. En fait la cause des difficults n'est pas cerne. Souvent on se limite les dcrire et en dterminer l'origine. Lorsqu'on ne comprend pas ce qui cause un problme il est difficile d'y trouver une solution. Mais il faut l'avouer, la question est complexe et elle ne date pas d'aujourd'hui. Les complications relationnelles ont, de tous les temps, fait saigner bien des coeurs et fait aussi rpandre beaucoup de sang. Le suicide et le meurtre sont parfois le dramatique aboutissement de conflits entre personnes. On remarque dans les drames politiques et arms des ingrdients identiques ceux qui attisent les guerres interpersonnelles. Les noeuds dans les relations engendrent beaucoup de souffrance. Il est courant de voir des gens corchs par leurs multiples ruptures, y compris parfois avec leurs parents. Mais il n'est pas rare non plus de voir des personnes gs, adresser leur conjoint les mmes reproches et vivre les mmes insatisfactions que dans les premires annes de leur vie deux. Ces gens sont souvent dans un tat dplorable, autant au plan psychique que physique. On s'en doute aussi, il n'y a pas de recette magique ou de truc simple pour dnouer les relations problmatiques. Les noeuds sont d'ordre motif et c'est par une solution motive qu'on les dnoue. Ce n'est pas facile. Ceux qui veulent trouver une issue aux noeuds qu'ils rencontrent rgulirement dans leurs
relations pourront donc troquer la souffrance prsente contre des moments exigeants au plan motif. Mais combien nombreuses seront les rcompenses qu'ils trouveront dans cette voie de solution: vitalit accrue, relation plus dense et plus satisfaisante, confiance et fiert plus grandes avec en prime, un pas dans la direction d'une plus grande maturit psychique. Cet article a pour but de mieux comprendre en quoi consiste ce que nous appelons Le transfert dans les relations. l'aide d'un exemple labor, il dgage la similitude des difficults vcues dans diverses relations importantes ainsi que la prsence d'un dnominateur commun au coeur des divers noeuds. Il met aussi en lumire les attitudes et les comportements qu'on adopte typiquement par rapport ces difficults et face aux personnes vis--vis desquelles on les prouve.
B. Histoire de noeuds: constance et similitude Jrme est un cadre suprieur dans une entreprise de services informatiques. C'est un homme trs intelligent, rserv, articul et couvert de diplmes. Il a gravi les chelons de l'entreprise qui l'a pris son service ds sa sortie de l'universit, grce son dsir d'excellence et sa capacit d'abattre une somme monstrueuse de travail en un temps record. Sa vie familiale, premire vue, est bonne. Il vit avec la mme femme depuis 15 ans. Ils ont chacun leur vie professionnelle et font beaucoup de sport ensemble. Jrme adore ses trois enfants.
Bien qu'il soit admirablement performant sur beaucoup de terrains, Jrme est dprim. Mais il ne parle jamais de cela. C'est sa vie. En fait, il est dprim depuis peu prs l'ge de 9 ans. son souvenir, un fond de tristesse a toujours tapiss sa vie. Mais Jrme s'est fait l'ide. Selon lui, c'est irrmdiable... il y a des choses qu'il n'a pas eues dans sa vie et qu'il ne pourra jamais avoir. Il n'a pas eu l'importance qu'il aurait voulu avoir auprs de sa mre et cela il ne peut le changer. Au plan amoureux, Jrme a aussi sa thorie: la lune de miel ne peut toujours durer. Il faut tre adulte. Il est convaincu aussi qu'il est impossible, dans un milieu de travail, d'obtenir la reconnaissance dont on a besoin. Il faut se faire l'ide qu'on est pay pour fournir des rsultats un point c'est tout. Concernant son travail, Jrme parle toujours comme s'il s'tait fait l'ide de cet tat de fait, mais au fond, il est du lorsqu'il fournit une performance remarquable et que son directeur n'en fait aucun cas. Il sait, aussi que ce dernier se sert parfois de ses ides auprs de la haute direction. Il aimerait que son patron lui en donne le crdit. Il voudrait aussi que son patron lui dise de vive voix quel point il trouve sa contribution valable dans l'entreprise. Il n'est toutefois pas question d'avouer ce souhait au patron. Il est encore moins question de lui avouer son besoin de reconnaissance. Ce serait montrer une faiblesse. chaque opportunit, cependant, il se prend esprer. Chaque fois, il est
du. Sa vie n'est pas rellement empoisonne par cette frustration au travail... seulement ternie. Jrme se trouve exigeant et trop dpendant. Sa solution: enrayer son dsir de reconnaissance et maintenir une distance avec son patron qui il en veut rptition. Avec son pouse, Jrme vit aussi une insatisfaction profonde, sur un aspect en particulier. C'est avec beaucoup de rticence qu'il accepte de parler de ce sujet car, depuis plusieurs annes dj, il n'essaie plus d'obtenir satisfaction. Il est convaincu que son pouse ne changera jamais. Il lui a souvent dit ce qu'il n'aimait pas. maintes reprises il s'est mis en colre. Chaque fois, il a obtenu une rponse identique. Il en conclut qu'il est trop exigeant et qu'il devrait s'accommoder. Ce qui le blesse le plus c'est l'impression que sa femme agit souvent comme s'il n'existait pas. Elle ne prend aucunement en considration certaines demandes qu'il lui fait. Elle les traite comme des caprices. Il a l'impression que tout doit se faire sa manire elle. Cela le choque au plus haut point. Cela le peine aussi. Mais avec elle, pas plus qu'avec son patron, il n'est question de lui faire voir quelle blessure elle lui inflige. Il serait alors en position trop vulnrable. D'ailleurs, a le rvolte d'tre bless par ce manque de considration. Il se trouve infantile et trop dpendant. Sa solution: se taire pour ne pas se faire traiter d'enquiquineur et prendre ses distances pour marquer sa froideur..
La vie de Jrme n'est pas rellement empoisonne par ce tiraillement avec sa femme. Mais sa relation est ternie. Il lui en veut souvent (il remarque son manque de sensibilit envers lui chaque fois que cela se produit... mme pour une si petite choses que de ne pas retenir une porte quand il la suit de prs). Il s'aperoit, intrieurement, qu'il s'loigne d'elle. Il a aussi le got de se venger: pourquoi serait-il gentil, prvenant, lui? Une poire! Le vase dborde parfois. Il ragit dmesurment pour une peccadille. Et voil qu'elle le traite de capricieux, grincheux! Il n'en faut pas plus pour repartir le carrousel de Jrme: il est bless ( la fois pein et en colre). Il boude sa femme et il s'en veut de lui accorder autant d'importance. Il s'en veut d'avoir ce besoin et cherche se raisonner; il russit passablement et se retrouve teint et dprim. Le fils an de Jrme vient d'entrer dans l'adolescence. Ils avaient jusque-l une relation chaleureuse. L'enfant le rclamait, lui dmontrait de l'affection. Depuis quelque temps, son fils l'ignore. Qui plus est, il se moque de ce qui importe son pre. Jrme est pein. Trop pein, trouve-t-il. Il devrait tre plus adulte et comprendre que l'adolescence est un ge ingrat, un ge o les parents comptent apparemment peu. Jrme se raisonne en vain. L'attitude de son fils le peine profondment. Ce dernier aussi le traite comme un rien! Encore une fois, impossible de parler de cette peine et de ce besoin d'tre pris en considration. Il invoque comme raison
qu'un enfant n'a pas porter les problmes de ses parents. Cette dpendance est son problme lui et il rglera ce problme lui-mme. Sa solution: tenter des rapprochements sur des terrains que lui et son fils ont en commun. Mais mme sur ces terrains Jrme n'obtient pas de considration de son fils. Alors, il cherche se dtacher motivement. Jrme dpense beaucoup d'nergie pour "avoir une place" auprs de ceux qui ont de l'importance pour lui. Il travaille cela avec sa femme, son fils, son patron et souvent avec d'autres personnes. Ce besoin est tellement grand et si inassouvi que toute situation le moindrement propice l'veiller se transforme en arne o Jrme se dbat pour obtenir ce quoi il aspire. Parfois la bataille est uniquement intrieure. Par exemple lorsqu'il se trouve en socit et qu'il cherche "comment se comporter" pour qu'on le trouve intressant et qu'on apprcie sa prsence. Parfois la bataille qu'il livre est plus visible, par exemple avec sa secrtaire. Cette dernire fait fi, systmatiquement, de ses directives concernant le temps supplmentaire, les pauses, les retards. Alors, il explique, s'explique, r-explique, justifie. Mais en vain. Il est en colre d'avoir si peu d'impact, mais chaque occasion il espre qu'elle aura compris sa position et en tiendra compte. Mais non, la premire occasion, elle rcidive. Bien qu'il la considre par ailleurs comme une secrtaire hors pair, il rve de se dbarrasser d'elle tellement son manque de considration pour lui l'irrite profondment.
Il n'est pas question, pour Jrme, de rvler sa secrtaire quel point son comportement le drange et combien il est contrari par son manque de respect pour ses directives. Ce serait tre trop motif avec une subalterne. Il craint d'tre ridicule. Avec elle aussi, Jrme se trouve trop dpendant, ragissant trop intensment. Avec Julia, sa fille de 5 ans, c'est merveilleux. Il est son papa ador. Elle ne cesse de le cajoler et de rechercher sa prsence (comme son fils an le faisait quelques annes auparavant). Il aime cet enfant la folie. En sa prsence, il est aux oiseaux. Parfois, il a peur qu'elle grandisse. Aussi tonnant que cela puisse paratre, Jrme vit des sentiments analogues avec ses animaux. C'est un amoureux des chevaux. Il a eu longtemps un talon et une jument dont lui et son pouse s'occupaient beaucoup l'poque o il avait encore des loisirs. Dans son fort intrieur, Jrme dsire tre aim de ses btes. Il lui est arriv souvent de tolrer des comportements dangereux de sa jument, pour ne pas "tre bte" avec elle. son grand dsarroi, il vit quelque chose de semblable avec le chat de la maison. Ce dernier, comme beaucoup de moustachus du genre, ne daigne mme pas remarquer sa prsence. S'il allonge la main pour le flatter, systmatiquement l'indpendant flin file en douce. Il se prend har cet animal! Sa solution: il
l'ignore autant qu'il peut et se jure de n'avoir plus jamais de chat. En psychothrapie, par contre, c'est le bonheur, comme avec sa fille Julia. Dans ce cadre, un homme (que Jrme estime) l'coute, prend en considration ce qu'il vit, l'aide trouver des solutions qui lui conviennent rellement. Ce lieu devient une sorte de refuge. Il y vient chaque fois avec plaisir, mme si le travail qu'il y fait est parfois pnible. L, il avoue qu'il prouve un grand bien " tre considr pour ce qu'il est", " avoir une place". Malgr tout, c'est pour lui une faiblesse d'avoir autant besoin de cela. Jrme, on le devine, ne veut pas voir la fin de sa psychothrapie. On peut penser qu'elle s'ternisera, par compensation, si le thrapeute ne l'aide pas dnouer ce qui fait problme dans ses relations. On ne s'tonne certainement pas maintenant de savoir que Jrme est dprim. Cet homme qui pourrait paratre combl n'obtient pourtant pas ce qu'il souhaite tant: "tre quelqu'un d'important pour les gens qui ont de l'importance pour lui". Et, qu'il le veuille ou non, cela le fait souffrir normment. On ne s'tonnerait pas non plus d'apprendre que Jrme est tomb amoureux fou d'une femme pour qui il a l'impression d'tre tout et qu'il songe tout quitter pour partir avec elle... comme un certain roi, douard VIII, l'a fait autrefois au grand
tonnement de tous... comme plusieurs hommes se tiennent sur leur garde de peur que cela leur arrive.
C. Caractristiques des histoires de noeuds L'histoire de Jrme pourrait tre celle de chacun d'entre nous, quelques variantes prs. Nos histoires de relations difficiles ont en effet les caractristiques suivantes: l'existence d'une frustration se manisfestant dans diverses zones de notre vie une certaine conscience de ce que nous recherchons un enttement indfectible garder le silence sur le besoin que cache nos demandes ou nos reproches l'autre des ruptures ou des coupures motionnelles une tentative de survivre dans la relation, mme si on a l'impression de s'y vider (ou la tendance se trouver, rptition, dans une relation o on vit quelque chose d'analogue) la persistance du besoin, malgr tout ce que l'on fait pour s'en dbarrasser. La description de ce que vit Jrme rvle la prsence de ces caractristiques. Voyons cela plus en dtail. En prenant un certain recul, Jrme constate une similitude de frustration qu'il prouve dans presque toutes ses relations importantes. Il s'aperoit aussi que les relations qui le rendent
heureux sont justement celles o l'inverse se passe, comme avec sa fille et son psychothrapeute. Comme Jrme s'autorise ressentir les divers sentiments qu'il prouve dans ses relations, mme si ceux-ci sont parfois pnibles, il est capable de cerner ce qui lui manque avec certaines personnes et ce qui le comble avec d'autres. Une certaine introspection lui permet d'identifier un dnominateur commun: sentir qu'il a de l'importance pour ces personnes. Pour Jrme, comme pour la plupart des personnes, un tel dsir est inavouable. Juge infantile, cette qute place Jrme en situation de vulnrabilit par rapport aux personnes dont il attend une rponse. Il est donc juste de dire que Jrme peut tre trs branl sur ce sujet. Par exemple, lorsque l'importance qu'il souhaite ne lui est pas accorde, il est gnralement triste. Lorsqu'il a la place qu'il souhaite, il est rempli et content. Il est vrai galement que les personnes qui ont une telle importance pour lui ont le pouvoir de le blesser autant que de le rjouir. Jrme a raison de se trouver dpendant de ces personnes. Comme Jrme, l'impasse laquelle on aboutit nous fait parfois l'impression d'un noeud gordien. Or, on se rappelle le fameux geste d'Alexandre le Grand qui voulu relever le dfi de dnouer le lien inextricable d'une srie de noeuds si compacte que ni la rflexion ni la vue ne permettait de saisir d'o partait cet entrelacement et o il se drobait. Le brillant Alexandre lutta longuement contre le secret de ces noeuds. N'arrivant pas
trouver le fil par lequel dnouer l'inextricable, il sortit son pe et rompit toutes les courroies. Dcourags et impuissants, c'est le choix que nous faisons. La rupture peut tre physique: on cesse de frquenter la personne. Mais on peut demeurer en relation avec la personne et rompre le contact motif. On voudrait bien que d'une manire o de l'autre le tour soit jou: tre dbarrass du problme. Cette clbre solution est la plus courante que j'aie rencontre dans les entreprises. En fait, c'est la seule qu'on applique aux conflits de personnalit, ce que je sache. On spare les personnes impliques. Cette issue cote parfois trs cher pcuniairement, mais c'est la meilleure que les dirigeants puissent envisager car on ne comprend pas comment naissent ces conflits. Bien entendu, on ne sait pas sur quelle corde tirer pour dnouer le problme quand le noeud est devenu si serr que la situation est invivable pour les individus impliqus ainsi que pour leur entourage. Trancher le noeud gordien est aussi la solution que l'on choisit dans certains cas o nos amis ne nous conviennent plus. Les individus les plus ports sur l'expression tenteront une ou deux explications. Les autres mettront fin au lien. D'une manire drastique ou en filant l'anglaise, la solution est la mme: on cesse la relation pour se dbarrasser du problme, ou de la personne-problme (la plupart du temps, on pense que l'autre est le problme). Souvent, on agit ainsi parce qu'on ne sait que
faire d'autre. Mais parfois, on a tellement endur longtemps l'insatisfaction qu'on ne veut mme plus chercher comment rgler le problme! Devant l'impossibilit de dnouer la situation, avec chaque personne chez qui il "frappe un noeud", Jrme choisit la solution d'Alexandre le Grand: trancher la sangle au-dessus du noeud. Il ne rompt pas la relation mais c'est tout comme: il s'loigne de sa femme, cherche s'insensibiliser devant son fils, prend ses distances face son patron, souhaite le dpart de sa secrtaire, ignore le chat autant qu'il peut. Jrme cherche effectuer une rupture motionnelle. L'autre solution de Jrme: occulter son besoin. Pour cela, il lui faut rompre le contact avec lui-mme. Il le fait en contestant continuellement son besoin: "je suis trop dpendant", "mon besoin est infantile". Il le fait aussi en refusant de tenir compte de son besoin autrement que de la manire vaine laquelle il a recours continuellement. En effet, on voit que Jrme rpte le mme comportement, mme si celui-ci s'avre inutile. Il donne des explications sa secrtaire, fois aprs fois, mme si cela ne donne rien. Il a fait de nombreuses scnes sa femme, mme aprs s'tre rendu compte que cette mthode tait inefficace. Aprs un certain temps, us, il choisit de laisser faire. Cette dcision ne le satisfait pas davantage car il renonce ainsi rpondre son besoin.
Certaines personnes quittent plus que d'autres. Celles qui quittent, dans une situations comme celle o se trouve Jrme, reproduisent typiquement le mme schma dans une relation subsquente. Et cela, quel que soit le type de relation interrompue: relation amoureuse, de travail, etc. On comprendra, la lecture des articles subsquents, pourquoi on emprunte systmatiquement la mme structure de comportements. Jrme demeure dans ses relations mme si elles sont grandement insatisfaisantes. Il est remarquable galement qu'il reste constant la fois dans sa frustration et dans son choix de solutions. En effet, il rsiste constamment faire connatre son besoin. Si on peut comprendre sa pudeur le faire avec sa secrtaire, on s'tonne toutefois de sa rsistance le faire avec son pouse. On constate que mme avec elle, il garde cette position inbranlable. "L'essentiel n'est visible qu'avec le coeur" faisait dire StExupry au Petit Prince. Or Jrme ne veut pas parler de coeur coeur. Il a trop peur. Toutefois, il veut que les autres ouvrent leur coeur pour le comprendre. En fait, ce n'est pas parce que Jrme se refuse montrer son besoin que ce dernier disparat. Ce n'est pas non plus parce qu'il cherche l'occulter qu'il se dissout non plus. Au contraire, l'aspiration tre quelqu'un pour l'autre reste prsente. Plus
Jrme en est conscient, plus il se rend compte que cette proccupation est omniprsente.
D. Conclusion: ractions l'impasse On le voit dans l'exemple, on l'exprimente dans notre vie, la faon typique de composer avec les noeuds de nos relations conduit l'impasse: les gens autour de nous ne changent pas, mais ils demeurent tout aussi importants pour nous; mme si nous dcidons d'abandonner notre recherche et de renoncer la satisfaction, on se surprend la continuer inconsciemment (Jrme est du malgr lui de l'absence de reconnaissance de son patron et de l'ignorance du chat son gard); si on cherche s'adapter la situation insatisfaisante, on vit malgr nous une insatisfaction. Il s'ensuit des sentiments de tristesse et de colre qui se transforment parfois en dpression plus ou moins intense. Devant l'impasse certains ont la raction de se dcourager: ils perdent confiance dans la possibilit d'avoir des relations rellement satisfaisantes. D'autres perdent confiance en leur capacit d'tablir des relations. Ils se pensent handicaps psychologiquement. Certains, enfin, n'en finissent plus de
poursuivre une recherche, cherchant conseil dans les livres, les experts, les diverses expriences de croissance personnelle. Pourquoi est-ce si difficile de trouver les rponses? Pour trouver la cl qui permette de dlier les noeuds de nos relations, il faut d'abord comprendre comment ces noeuds se forment. Pour ensuite dnouer ces situations interpersonnelles intenses, il faut matriser certaines habilets composer avec notre exprience motive. Pour poursuivre votre lecture, l'article "Aux sources du transfert" est la deuxime partie de "Le transfert dans les relations". Il traite de la formation des noeuds et de leur raison d'tre dans notre vie d'humains. Vous pouvez aussi vous prparer cette lecture en parcourant le texte intitul "Les chemins de la croissance" . Ce dernier donne un aperu des grands dfis que nous avons rencontrer dans notre dveloppement psychique. Or, les noeuds de nos relations sont intimement lis ces dfis. ceux qui veulent se servir activement de cette srie d'articles, je suggre l'outil "Reprer les noeuds dans mes relations". Enfin, pour un aperu du mme sujet, cette fois prsent dans un autre style, on peut lire, dans la section "Images intrieures", le rcit potique " la recherche d'un paradis tordu".
Rsum de l'article Ce texte s'adresse principalement aux personnes qui s'occupent activement de leur dveloppement personnel. Vous y verrez une description des principales tapes: Se faire une place, s'explorer, s'assumer ouvertement et rsoudre ses transferts. Vous trouverez aussi des moyens efficaces de faciliter le passage d'une tape une autre et les piges viter!
Table des matires Avant propos Introduction 1e tape: Se faire une place 2e tape: S'explorer 3e tape: S'assumer ouvertement 3b: Rsoudre ses transferts Conclusion
Avant-propos
Ce texte a t rdig l'occasion d'une confrence donne Montral le 4 fvrier 1996 dans le cadre du Salon de la sant et des mdecines douces. Il s'adresse principalement aux personnes qui s'occupent activement de leur dveloppement personnel, en s'aidant de divers moyens et services qui s'offrent eux. Cette confrence visait aider ces personnes faire des choix plus clairs et efficaces dans leur cheminement. Ainsi, elles deviendront des proies moins faciles pour la publicit et certains intervenants dont l'thique et le professionalisme laissent parfois dsirer.
Introduction
"Grow or Die". Crotre ou mourir. Ce titre de livre est percutant, mais il traduit vraiment la ralit. Tout ce qui est vivant est soit dans un processus de croissance, soit dans en dgnrescence.
Il n'existe pas de stade inerte chez les vivants. Le rosier donne des boutons qui s'ouvrent lentement, les roses atteignent leur maturit dans toute leur splendeur et commencent immdiatement se fltrir. Physiquement il en est ainsi de l'humain. Ayant atteint le maximum de son dveloppement physique vers 25 ans, le processus de dgnrescence s'amorce. Malgr cette ralit, les humains, dans bien des cas, s'acharnent ne pas vouloir changer. Ils se refusent grandir, mme si la situation appelle un changement. Marie a un mari qui va au-devant de ses besoins et se montre trs enveloppant. a la satisfait car elle a beaucoup besoin de marques d'affection sans lesquelles elle est inscure. Mais son milieu de travail n'est pas aussi chaud que son cocon familial. De fait, sa collgue de travail est plutt froide et ne fait pas de cas d'elle. Marie enrage de ce manque de considration et fait durant plusieurs annes, maints efforts pour faire changer le comportement de sa partenaire. Lorsque j'interviens, elle est sur le point de quitter l'entreprise parce qu'au bord de la dpression. Cette situation est si intenable, que mme sa vie familiale est empoisonne par ses ractions. Mais il n'est pas question pour Marie de faire la dmarche de dveloppement psychique ncessaire pour
devenir capable de tolrer de n'tre pas minimalement aime de tout le monde. Marie ne veut pas changer. Crotre, c'est changer. Changer pour le mieux, pour s'adapter lorsque ncessaire, pour traverser une difficult qui nous empche d'tre satisfait, pour mieux se possder, etc. En Autodveloppement, l'approche dont s'inspire mon travail comme psychothrapeute, crotre c'est plus particulirement devenir continuellement de plus en plus sujet dans son existence. C'est exactement le contraire que de se vivre comme un objet la merci de la vie, des vnements, de l'entourage, des tres aims. Si Marie, comme nous tous souvent, prfre l'immobilit et s'acharne changer l'autre pour l'adapter son besoin, ce n'est pas par mauvaise volont, ou par paresse. Je crois que c'est essentiellement pour deux raisons: D'abord par peur d'tre inconfortable ou de souffrir. Elle a, pense-t-elle, une recette gagnante dans le mode d'interaction de son milieu familial. Elle ne voit pas pourquoi elle l'abandonnerait. Mais c'est surtout, par ignorance qu'elle choisit l'immobilit. Marie ne sait pas combien elle y gagnerait en solidit personnelle si elle arrivait tre capable de vivre, mme dans l'adversit.
Il n'y a pas de raison que Marie sache cela, moins qu'elle ne soit une spcialiste du dveloppement humain. C'est une ralit qui n'est absolument pas vidente. Mme si l'humain est m de l'intrieur par une force qui le pousse rechercher la satisfaction et mme se dvelopper (cf. la tendance actualisante dont parle Abraham Maslow), il a souvent tendance viter ce qui le fait souffrir. Or, le changement passe toujours par une certaine souffrance, ou du moins un certain inconfort. On accepte cette souffrance lorsqu'on sait qu'elle est temporaire et quelle prpare un mieux tre. Comme disent les vliplanchistes extrmes "Pain is only temporary" (entendre la joie est tellement grande qu'on est prt payer le prix qu'il faut). Dans certains domaines o on s'y connat, on peut faire ce choix clair. On s'entrane, douloureusement, pour tre en forme. On se prive dans l'espoir d'atteindre la silhouette rve. On tudie se crever pour russir son examen. Mais dans le domaine de la croissance personnelle, peu de gens possdent les connaissances qui leur permettent de choisir la douleur pour un mieux-tre ultrieur. C'est la raison qui m'a pousse offrir une confrence sur le thme "Les chemins de la croissance": fournir des claircissements qui permettent de voir son dveloppement
dans une perspective plus large. Je vois souvent des clients qui ont investi beaucoup d'nergie, d'argent et de temps dans toutes sortes d'activits de croissance et qui, au bout du compte, se retrouvent peu prs au mme point qu'au dpart. Parfois, ils sont confus, mls, dcourags que leurs efforts n'aient pas donn plus de rsultats, malgr la sincrit et la force de leur investissement personnel. Que vous soyez parmi ces personnes o non, si vous tes intress demeurer en mouvement et si vous tes proccup de votre dveloppement comme personne, les rponses aux questions suivantes vous seront utiles. Quelles sont les tapes de la croissance? Quelles sont les moyens de rendre notre dmarche de dveloppement personnel la plus efficiente? Y a-t-il des conditions plus favorables que d'autres? Dans notre optique, il y a 3 grandes tapes de dveloppement personnel. Ces trois tapes que je vais dvelopper ici sont: se faire une place s'explorer s'assumer.
Se faire une place, c'est oser tre rceptif ce qui est important pour soi, ce qui est vivant en soi. Cela revient essentiellement tre prt ressentir ses sentiments, considrer d'un regard accueillant ses besoins et ses proccupations. Certaines personnes parviennent l'ge adulte sans avoir russi se donner ainsi une place dans leur vie. Il est absolument essentiel qu'elle se consacrent atteindre cet objectif. Plusieurs raisons expliquent pourquoi c'est si important. Nos motions sont les donnes fournies par un systme d'information qui nous renseigne continuellement sur nos besoins. Et pour vivre de faons satisfaisante, il faut prendre nos besoins en considration (ce qui suppose, bien sr, qu'on apprend se centrer pour qu'ils puissent merger par ordre de priorit). Il est essentiel d'tre l'coute de ce qui est important, de ce qui nous proccupe; c'est ce qui nous permet d'avoir une vie pleine.
La seule motivation de changement qui dure est celle qui vient de l'intrieur. Il est indispensable d'tre l'coute et rceptif soi pour y avoir accs. Sinon, on cherchera se manipuler: on se dira qu'il faut arrter de fumer, prendre plus de vacances, tre plus gentille avec son amoureux. O encore, on tentera de cder aux pressions de l'extrieur: "tu devrais...." sans que cela ait de sens pour nous. Pour devenir davantage sujet de sa vie, il faut tre en contact avec sa vie (son corps, ses besoins, ses motions, ce qui est important pour soi...). Se faire ainsi une place, c'est aussi la garantie de n'tre jamais la proie d'un gourou ou d'une secte. Personne ne peut alors se substituer nous pour savoir ce qui est bon pour nous. Personne ne peut nous manipuler en rpondant nos besoins inconscients, car nous avons la capacit d'tre en contact avec nos besoins. Les moyens Si devenu adulte on n'est pas parvenu se faire une place, il est plus efficace de chercher de l'aide pour y arriver car on a dvelopp des "plis" et on oppose des rsistances le faire. La psychothrapie individuelle est un moyen trs efficace d'y arriver. Il est indispensable, toutefois, qu'il s'agisse bien de psychothrapie et non de traitement de problme dans le genre des diffrentes thrapies brves, cognitives, bhavioristes.
Un autre moyen peut tre utilis par ceux qui ne veulent pas o ne peuvent pas entreprendre une psychothrapie, mais souhaitent apprendre se faire une place dans leur vie. Ressources en Dveloppement a publi dernirement un outil qui poursuit exactement cet objectif. Il s'agit du Programme Savoir Ressentir, un ensemble d'instruments dont on peut se servir seul pour amliorer sa capacit de contact avec son monde intrieur. Toute personne qui s'attarde quelque peu sur elle pour reconnatre ce qui la touche, ce qui lui importe et pour cerner ses besoins, se met automatiquement devenir quelqu'un d'intressant. C'est alors que nat le dsir de se connatre davantage. On est intrigu par certains de nos comportements, on ne comprend pas pourquoi on n'arrive jamais ...etc. On est alors prt pour la phase suivante. Il existe cependant un danger (il se prsentera d'ailleurs toutes les phases), c'est d'en rester l. Passer la phase suivante implique ncessairement de nouveaux dfis, de nouvelles difficults et nous avons probablement atteint un niveau de confort agrable qu'il n'est pas intressant, priori, de bouleverser. Si on atteint un point o on se fait presque une religion de "s'couter", de "prendre soin de soi", de "se faire plaisir", si on se met trouver "qu'on est donc bien tout seul... que la vie est
donc plus facile", il y a de bonnes chances qu'on soit en train d'viter le passage normal la phase suivante.
Si la premire tape est complte, on en viendra tout naturellement l'exploration de soi. Celle-ci se fera harmonieusement, les sujets s'arrimant les uns aux autres. C'est parce que le questionnement viendra de l'intrieur qu'il en sera ainsi. Et c'est parce qu'il se fera partir de l'intrieur qu'il en restera quelque chose. C'est exactement le contraire de ce qui se produit lorsque l'exploration est conduite par des questions parachutes de l'extrieur comme celles qui viennent des autres ou qui nous sont suggres par des auteurs. J'ai vu beaucoup de personnes qui n'arrivaient rien en essayant de mettre en pratique des conseils comme "change de genre de femme!", "sois ta propre mre", "aime-toi" ... Si ce conseil n'arrive par exactement au moment o la personne est rendue cette tape prcise dans sa dmarche (un synchronisme infiniment rare), il est toute fin pratique inutile.
Combien de personnes se sont perdues en cherchant mettre en application des choses intressantes et valables qu'elles avaient lues mais pour lesquelles elles n'avaient pas fait le cheminement pralable. Combien se sont retrouvs en mauvais tat en suivant le conseil de leur gourou "d'adresser leur colre immdiatement leurs parents, quelle que soit leur raction"! Je ne le rpterai jamais assez, pour tre constructives, les exprimentations doivent tre assumes et pour cela, il faut qu'elles soient commandes de l'intrieur. Les suggestions ne sont pas bannir, mais elles doivent tre values soigneusement pour choisir celles qui nous conviennent au moment et au point prcis o on se trouve. Les moyens pour alimenter l'exploration la lectures l'exprimentation active parler de nos dcouvertes avec d'autres Les moyens pour rendre la dmarche plus efficace la psychothrapie individuelle (qui doit tre absolument enrichie de diverses expriences). La psychothrapie servira de lieu pour traiter nos dcouvertes digrer les nouvelles expriences
comprendre ce qu'on a vcu (le vcu avec le psychothrapeute constitue un matriel d'exploration trs prcieux qui doit faire partie de cette exploration) Durant cette phase on se rend compte qu'il y a certaines choses de soi qu'on prfre cacher aux autres. Il y a des sentiments, des besoins, des comportements qu'on n'est confortable d'avoir que lorsqu'on est seul avec soi. Mon opinion est claire, mais je n'arrive pas l'exprimer en runion. Je ne peux pas me permettre de n'tre pas mon meilleur devant les autres. Je n'arrive pas dire non. Il m'est impossible de faire voir un homme qu'il me plat. C'est tellement vrai que je choisis ceux qui ne me plaisent pas. Malgr les indices clairs que nous prsentent ces constatations, le danger d'en rester-l nous guette encore une fois. On est en effet assez confortable avec soi, on russit avoir une vie relativement agrable et intressante. Pourquoi se forcer passer un autre stade? D'ailleurs, y a-t-il un autre stade? N'est-ce pas important de se suffire dans la vie? L'important n'est-il pas d'tre bien avec soi et d'tre assez autonome pour avoir ses activits? Toutes les rationalisations populaires de notre poque sont au service de notre got de confort et de notre crainte du changement! D'abord, il n'est pas vident qu'il existe un autre stade. Quant aux autres questions, la rponse de beaucoup de gens est un
GROS OUI. Ils confondent "autonomie dans l'initiative pour rpondre ses besoins" et autarcie, c'est--dire, se suffire. Mais aucun tre vivant ne peut se suffire. Il a besoin de contact avec l'univers. Entre humains, le contact est indispensable pour combler les besoins affectifs qui perdurent la vie durant. Il est donc important de savoir qu'il existe une phase subsquente. Seul quelqu'un de familier avec ces tapes peut nous informer de leur existence!
Cette tape est cruciale dans la vie de tout individu. C'est en russissant, graduellement, s'assumer devant les autres qu'on gagne la srnit tant espre. C'est un processus dans lequel on a avantage tre guid par un expert car il est facile de s'garer. Par exemple, s'assumer devant les autres ne signifie pas "pouvoir faire quoi que ce soit devant les autres parce qu'on s'est durci". Cela n'a rien voir non plus avec se "foutre" du monde.
Au contraire. C'est un cheminement dans lequel nous prenons le risque de nous respecter dans toute notre intgralit devant des personnes auxquelles on tient vraiment. Les moyens de rendre cette dmarche efficiente le groupe de psychothrapie les sessions de croissance sur des thmes en rapport avec les dimensions que nous cherchons mieux possder. Il est important de choisir un groupe o les gens auront des ractions vraies, ni complaisantes, ni exagres. C'est essentiel pour pouvoir en tirer une vision raliste de notre impact sur les autres. Il est important de choisir une approche de psychothrapie qui encourage s'assumer soi-mme et qui ne cherche pas faire adopter des attitudes et des comportements corrects. En cours de dmarche, on se rendra compte qu'il existe des personnes devant lesquelles il est plus difficile de s'assumer. Sans le savoir trs clairement, nous investissons ces personnes d'un pouvoir particulier de nous reconnatre. On s'aperoit qu'on trouve continuellement de telles personnes sur notre chemin et que parfois mme on les cherche. S'affirmer devant ces personnes devient un dfi supplmentaire, mais essentiel notre satisfaction. Le danger, ici aussi, c'est de renoncer s'assumer devant ces personnes. En les vitant, par exemple.
Il est facile de trouver dans la littrature populaire et chez plusieurs confrenciers un encouragement viter les personnes qui rveillent nos vieilles blessures. Je ne pense pas qu'il faille les viter. Au contraire. D'ailleurs une force intrieure nous pousse sur le chemin de ces personnes, pour rgler ces vieux conflits. Mais encore faut-il savoir comment arriver les rgler. C'est ici qu'on doit distinguer une deuxime partie de cette troisime tape, une partie o on cherche encore s'assumer ouvertement devant autrui, mais avec des personnes spciales. Il s'agit de s'assumer vraiment devant les personnes qui ont pour nous le plus d'importance.
Pour en savoir plus: Le transfert dans les relations Par la psychologue Michelle Larivey 3b: Rsoudre ses transfert
On est mr pour cette dmarche lorsqu'on commence penser qu'il y a anguille sous roche du fait par exemple, d'tre systmatiquement en dsaccord avec les personnes en autorit d'tre aussi dfensive avec son mari qu'on l'tait avec son pre d'avoir avec son conjoint des chicanes qui ressemblent trangement celles qui nous faisaient tant souffrir avec nos parents qu'on enrage que l'entreprise ne nous manifeste pas davantage de reconnaissance qu'on ne supporte aucune critique qu'on tombe en amour aussitt que quelqu'un s'intresse nous qu'on dprime devant l'indiffrence de notre adolescent ... etc, etc, etc La rptition, l'intensit de nos ractions, le fait qu'elles soient si strotypes (toujours les mmes dans une situation semblable) sont des signes qui ne trompent pas. Ils indiquent que nous revivons, dans le prsent, des expriences antrieures non compltes. Lorsqu'on remarque ces indices et qu'on veut y voir plus clair, on est vraisemblablement prt complter ces situations qui empoisonnent notre vie. Mais pour tre efficace dans cette dmarche et pour ne pas se dcourager devant les difficults qu'on y rencontre, il est important d'tre bien instrument. Les moyens de rsoudre nos transferts
Le groupe de psychothrapie, dans une approche qui fournira l'instrumentation la possibilit de pratiquer Les situations de la vraie vie avec interlocuteurs transfrs et les originaux, c'est--dire, notre famille d'origine.
Conclusion
Il est important de bien comprendre o on en est dans sa dmarche de dveloppement personnel. Il est imprieux de connatre les moyens appropris pour s'aider raliser avec succs l'tape o on en est. En tant bien orient dans notre dmarche de dveloppement personnel, on conomisera beaucoup de temps. On vitera aussi plusieurs expriences ngatives qui laissent des traces profondes ou nous amnent abandonner notre recherche.
Fidle moi-mme Par Jean Garneau, psychologue Cet article est tir du magazine lectronique " La lettre du psy" Volume 1, No 4: Dcembre 1997
Rsum de l'article Nous voulons tous augmenter un peu ou beaucoup notre confiance en nous-mme, notre estime de nous-mme et notre scurit intrieure. Saviez-vous que ces qualits tant recherches ne sont pas des cadeaux du destin mais plutt des rsultats de notre faon d'agir? En fait, ce sont les effets que nous obtenons rapidement et de plus en plus lorsque nous choisissons d'tre fidle nous- mme. Comment y parvenir, quoi exactement est-il important d'tre fidle?
Table des matires A. Ce que nous procure la fidlit nous-mme B. C'est quoi tre fidle moi-mme ? C. Fidle quoi ? D. Ce qui en rsulte E. Comment faire ? F. En guise de conclusion
Vous pouvez aussi voir: Vos questions lies cet article et nos rponses !
Qui n'aimerait pas avoir un peu (ou beaucoup) plus confiance en lui-mme? Qui ne souhaite pas augmenter un peu (ou beaucoup) son estime de lui-mme? Nous aimerions tous tre encore un peu (ou beaucoup) plus srs de nous-mmes; augmenter notre scurit intrieure. Ces certitudes intrieures auxquelles nous aspirons semblent bien mal distribues. Nous avons souvent l'impression qu'elles sont plus ou moins un cadeau du destin, le rsultat d'une chance que nous n'avons pas eue. Il s'agit de caractristiques qui appartiennent d'autres et demeurent, pour toujours, hors de notre porte. Pourtant, c'est tout le contraire qui est vrai! Ces qualits sont des rsultats. Elles apparaissent naturellement la suite de certains genres d'action. Elles se btissent peu peu chez les personnes qui se comportent d'une faon particulire. Plus
prcisment, ces qualits sont le rsultat principal qu'obtiennent les personnes qui, dans leurs actes, sont soucieuses de se respecter elles-mmes. Difficile croire, n'est-ce pas? Pourtant, c'est bien vrai! Je crois mme que chacun de nous est capable de le vrifier directement partir de sa propre exprience de vie. ...
Fidle vs infidle La fidlit sexuelle Est-ce qu'il me trompe en fantaisie ? Est-ce qu'elle a un amant? Diffrences dans les valeurs ? La confiance branle la recherche de modles de vie
Question: Fidle vs infidle Dans quelles conditions tre fidle son conjoint peut-il tre une faon d'tre infidle soi-mme et dans quelles conditions tre infidle son conjoint peut-il tre une faon d'tre fidle soi-mme? Rponse
La rponse est disponible dans Les motions source de vie Question: La fidlit sexuelle Oui, mais a dtourne un peu la question. Quand la fidlit sexuelle est-elle contradictoire avec la fidlit soi-mme? Rponse La rponse est disponible dans Les motions source de vie
Question: Est-ce qu'il me trompe en fantaisie ? Mon ami aime beaucoup les photos de femmes nues; il achte des CD de photos et frquente les sites X sur Internet. J'ai l'impression d'tre trompe et a m'inquite normment. Estce que je ne lui plais plus? Suis-je assez belle pour lui? Est-il insatisfait de nos relations sexuelles? Est-ce moi qui suis trop inscure? Je ne sais pas comment me respecter et me faire respecter dans cette situation. Rponse La rponse est disponible dans Les motions source de vie
Je souponne mon pouse d'avoir une aventure avec quelqu'un d'autre. J'ai des indices qui m'inquitent, mais elle nie compltement et refuse d'en parler. Et elle a toujours de bonnes explications! Mais plus a va, plus je deviens souponneux. J'en viens ressembler un dtective qui cherche la prendre en dfaut et monter une preuve. C'est l'enfer et je crains de dtruire notre relation par ma mfiance. Rponse La rponse est disponible dans Les motions source de vie
Question: Diffrences dans les valeurs Je n'arrive pas tablir un contact authentique avec mes collgues parce que nous sommes trop diffrents. Je suis incapable d'accepter leurs valeurs diffrentes, leur faible sens des responsabilits, leur immoralit. a m'isole et m'inhibe dans ma spontanit. Je me trouve hypocrite de ne rien dire mais je suis constamment heurt par leurs actions. Devrais-je m'adapter ou combattre cette mentalit que je n'accepte pas? Comment tre fidle moi-mme dans une telle situation? Rponse La rponse est disponible dans Les motions source de vie
Question: La confiance branle Vous dites qu'il est important de respecter nos valeurs pour maintenir notre quilibre. a m'a fait comprendre pourquoi j'ai des problmes de confiance en moi depuis un certain temps. Depuis toujours, j'accorde beaucoup d'importance mon apparence physique. Le fait qu'on me trouve belle me rassure et me donne confiance. Mais j'ai lu rcemment dans un magazine trs srieux que n'importe qui pouvait se faire refaire les yeux, le nez et tout ce qui est disgracieux, un prix trs accessible. a m'a bouleverse et rvolte. C'est comme si la beaut n'avait plus de valeur ou d'importance! Plus personne n'y attachera de valeur si on peut l'acheter au coin de la rue. Je ne sais plus comment ragir pour retrouver ma confiance envole. Rponse La rponse est disponible dans Les motions source de vie
Nous sommes 2 personnes du monde de l'ducation et nous cherchons des informations sur le Web concernant des personnes qui peuvent tre des modles de vie pour d'autres. Est-ce que vous possdez des crits ou des liens internet ce sujet? Rponse La rponse est disponible dans Les motions source de vie
Vous avez une question qui demeure sans rponse ? Vous avez une question qui demeure sans rponse ? Deux options vous sont offertes:
Une question personnelle laquelle vous voulez une rponse individuelle. Le psy virtuel est votre disposition. Pour 50$ (canadiens) un de nos psychologues consacrera 30 minutes vous rpondre s'il estime pouvoir vous tre vraiment utile. Il s'agit d'un genre de consultation individuelle et vous aurez la rponse en 3 jours.
Une question de clarification ou d'approfondissement dont la rponse est publie sur le site. Les auteurs des articles rpondent gratuitement aux questions d'intrt gnral. Les rponses sont des principes gnraux dont chacun doit valuer la pertinence pour sa propre situation. Il s'agit d'une intervention ducative et non d'une consultation personnelle. Les psychologues rpondent la fin du mois aux questions qui concernent l'article du mois courant. Ils rpondent aux autres questions au moment qui leur convient. Il vous suffit de nous faire parvenir votre question [email protected]
Mettre mes motions au travail Par Jean Garneau , psychologue Cet article est tir du magazine lectronique " La lettre du psy" Volume 2, No 2: Fvrier 1998
Rsum de l'article Plusieurs personnes voient mal comment elles peuvent faire une place adquate leurs motions dans leur milieu de travail. On se soucie des relations humaines et des communications en milieu de travail, des conflits interpersonnels, du stress ou de l'usure professionnelle et mme des relations avec un patron exigeant, un employ ou un client difficile. Toutes ces proccupations soulvent la mme question: comment utiliser nos motions de faon raliste et efficace dans notre environnement de travail.
Table des matires A. Avertissements importants B. Les motions s'absentent du travail C. Leur place en milieu de travail D. Les piges de l'vitement E. Ressentir pour s'informer F. Accueillir pour comprendre
G. Conclusion temporaire Vous pouvez aussi voir: Vos questions lies cet article et nos rponses !
A. Avertissements importants
Prrequis Ce texte est le deuxime d'une srie de trois. Comme il ne reprend pas les explications du prcdent, son sens vritable ne peut tre compris sans une connaissance du premier. Le lecteur qui n'a pas lu " quoi servent les motions ?" ou qui n'en a pas un souvenir clair devrait le lire avant d'entreprendre ce texte-ci. " quoi servent les motions ?" a t publi pour la premire fois dans "La lettre du psy", (Vol. 1, No 2, octobre 1997).
Utilit de ce texte
Ce texte vise principalement l'utilisation des motions en milieu de travail. Mais il s'applique tout aussi bien plusieurs autres situations de vie. On peut en utiliser le contenu dans toutes les relations non-intimes, particulirement dans les situations o nous sommes en contact rgulier avec des personnes que nous n'avons pas choisies (voisins, groupes de loisirs, etc.). Il n'a pas t conu pour s'appliquer aux relations familiales, conjugales ou amicales.
Pour la plupart d'entre nous, les motions n'ont pas leur place dans notre milieu de travail. Elles sont un signe de faiblesse et un phnomne indsirable. Elles peuvent tre acceptables dans des relations intimes, mais pas avec des collgues. Pourtant, elles existent ! Que nous y consentions ou non, il nous arrive, dans des situations particulirement importantes, de devenir mus, blesss, fchs, joyeux, inquiets, excits, etc. Comme nous l'avons vu dans " quoi servent les motions ?" nos ractions motives sont non seulement invitables, mais elles sont galement ncessaires notre adaptation. Leur utilit essentielle consiste nous informer sur nos besoins importants et combien ils sont satisfaits.
En choisissant d'ignorer nos motions, nous mettons notre vie en dsquilibre. Si c'est au travail que nous refusons de les ressentir, c'est notre vie professionnelle qui en souffre principalement. Mais d'autres dimensions de notre vie vont galement tre atteintes ventuellement : sant physique, relations avec les proches, plaisir de vivre, etc. Ce que je propose ici, c'est de mettre nos motions la tche : de leur faire jouer leur rle pour contribuer notre bien-tre, notre satisfaction et notre adaptation aux situations de vie que nous rencontrons. En consquence, notre satisfaction et notre efficacit au travail seront maximises. Il s'agit donc de faire travailler nos motions pour nous en leur donnant une place et un rle adquats dans les situations quotidiennes de notre vie professionnelle.
Lorsqu'il est question de faire une place aux motions dans notre milieu de travail, nous imaginons immdiatement des clats de colre ou des crises de larmes. Nous pensons des situations o les motions prennent le dessus et dbordent
alors que la personne qui les prouve ne veut pas qu'elles paraissent. Il faut comprendre que ces "crises motives" sont le rsultat du refus des motions et non leur manifestation normale. Si je repousse toutes mes ractions motives, j'en viendrai invitablement une telle crise, car elle deviendra ncessaire pour me "dfouler" et rtablir un certain quilibre. C'est le but des motions d'attirer notre attention sur des dsquilibres ; si nous les ignorons systmatiquement, elles trouvent un autre moyen pour signaler qu'un problme existe. Comme je l'ai soulign dans " quoi servent nos motions ?", le dbordement motif est un des premiers moyens que notre organisme utilise. Si nous persistons ignorer le dsquilibre, nous en viendrons ventuellement tre affligs d'angoisse, de dpression et de problmes physiques. Si au contraire je tiens compte de mes motions ds qu'elles apparaissent, elles garderont une intensit raisonnable et demeureront contrlables. Mais pour que cette option soit acceptable, il me faudra trouver des faons "adaptes au milieu de travail" de faire une place mes motions. On peut diviser en deux groupes les utilisations de nos motions en milieu de travail. Le premier groupe s'appuie sur l'ouverture aux ractions motives. Cette ouverture sert d'outil pour nous informer sur nous-mmes et sur notre
environnement. C'est le thme du prsent texte. Le deuxime groupe s'appuie sur l'expression motive. Cette dernire est un moyen d'agir sur les situations pour qu'elles deviennent plus satisfaisantes. Un autre texte sur cette question est parue en avril 1998 sous le titre "Travailler avec mes motions".
"Je n'ai plus l'nergie que j'avais pour aller travailler ; je me trane au travail comme l'chafaud." "Je n'arrive pas me concentrer sur ce projet qui me tient coeur ; on dirait que je suis devenu indiffrent." "Je deviens anxieux ds que je pense cette runion ; j'ai le got de me dclarer malade." "Ds que je pense mon patron, je deviens confus ; je n'ai plus d'ide et je me trouve dbile." Ces exemples semblent relativement anodins : ce sont des ractions qu'on observe frquemment et auxquelles on n'accorde pas tellement d'attention. Pourtant, chacun peut cacher un problme majeur qui, si on n'y trouve pas de
solution, engendrera une situation de crise. Vous croyez que j'exagre ? Examinons-les ensemble pour voir... Manque d'nergie ou d'enthousiasme "Je n'ai plus l'nergie que j'avais pour aller travailler ; je me trane au travail comme l'chafaud." C'est ce que disent souvent les personnes qui sont au seuil du burnout. C'est un indice de la rvolte de notre organisme contre la faon dont nous le traitons dans le travail. Si je suis gnralement attentif mes ractions motives, je saurai bien plus tt que j'abuse de moi, de ma rsistance, de ma sant. Je sentirai en moi un conflit frquent entre mes besoins personnels et ce que je considre comme mon devoir. Il me sera plus facile de trouver un moment opportun pour tenir compte de ma fatigue croissante et y trouver des solutions non seulement dans l'immdiat, mais galement plus long terme. Je trouverai une nouvelle faon d'organiser mon travail et de dfinir sa place dans ma vie. J'viterai le burnout ventuel et tous les inconvnients qui l'accompagnent. Si je suis moins attentif mais que j'accepte de prendre mon manque d'nergie au srieux, je pourrai encore viter le burnout. Pour cela, il faudra que je prenne immdiatement des mesures vigoureuses pour corriger la situation. Si j'accepte vraiment de tenir compte de mes indices, si je prends le temps d'y tre attentif partir de ce signal d'alarme, je pourrai assez rapidement dcouvrir le problme et sa gravit actuelle. Mais
serai-je assez courageux pour apporter ma situation de travail les changements qui s'imposent ? Manque de concentration ou de motivation "Je n'arrive pas me concentrer sur ce projet qui me tient coeur ; on dirait que je suis devenu indiffrent." C'est souvent ce que constatent les personnes qui n'osent s'avouer l'importance de leur dception devant les rsultats de leurs efforts. Cette difficult est la premire tape vers un dsinvestissement plus gnral qui atteindra l'ensemble de la personne. Le rsultat pourra ressembler une dpression aigu. Si je suis habituellement attentif ce que je ressens, il est probable que je ne me rendrai jamais cette raction dpressive, ni mme ces difficults de concentration ou de motivation. Bien avant, j'aurai constat que mes efforts ne m'apportent pas ce que j'en attends. J'aurai bien plus tt l'occasion de rechercher une faon plus efficace d'obtenir les satisfactions auxquelles j'aspire. Je pourrai, si mon insatisfaction est invitable, choisir de dsinvestir de ce projet pour consacrer mes nergies un domaine plus rentable. Mme si je n'ai pas l'habitude d'accorder de l'importance mes ractions motives, je peux choisir de considrer mon manque de concentration ou de motivation comme un signal d'alarme. Il n'est pas trop tard pour examiner srieusement ma situation et tirer les conclusions qui s'imposent.
Par exemple, je peux constater que la qualit de mon travail ne semble pas apprcie, que les commentaires de mon patron sont trop souvent ngatifs, que l'obstruction d'un collgue m'enrage, etc. Il est encore temps de choisir comment je veux tenir compte de ces frustrations qui s'accumulent : demander une valuation formelle de mon travail, vrifier si mon patron est rellement insatisfait de ma performance, interroger mon collgue sur la nature de ses objections fondamentales, ou encore dsinvestir, confronter, refuser de continuer sans un meilleur appui, etc. Anxit ou tentation d'viter "Je deviens anxieux ds que je pense cette runion ; j'ai le got de me dclarer malade." Nous avons tous vcu des situations de ce genre : celles dont la pense suffit nous rendre anxieux. Mais il est plus rare que cet inconfort aille jusqu' faire apparatre la maladie comme une solution attrayante. C'est le signe que nous ne croyons plus tre capables de faire face aux ractions que provoque en nous cette situation. L'vitement nous apparat alors comme la seule solution viable. Pourtant, nous savons bien qu'une absence ne rsoudra rien et que le problme demeurera entier pour la fois suivante. Si j'ai l'habitude d'tre attentif ce que je ressens, je sais dj quelles sont les motions que cette situation m'amne vivre. Mme si elles sont dsagrables ou inconfortables, elles ne me
rendront pas anxieux (mal sans savoir pourquoi). Je serai plutt habit par mon exprience vritable : inquitude, tristesse, colre, excitation, joie, dsir, amour, envie, etc. En y consacrant un peu de temps et d'attention, avec une attitude rceptive, je saurai rapidement en quoi ce qui se passe dans cette situation est important du point de vue de la satisfaction de mes besoins importants. Il deviendra vite possible de choisir comment en tenir compte dans ma faon d'agir et de m'exprimer avec mes collgues et partenaires. Par contre, si je suis peu port accorder de l'attention mes motions, je peux tre habit par l'anxit. C'est le signe que j'adopte rgulirement l'vitement comme solution : je refuse les motions qui se prsentent et je tente de les repousser. (Voir ce sujet le texte de Michelle Larivey intitul "L'anxit et l'angoisse : les Vigiles de l'quilibre mental" dans le premier numro de "La lettre du psy".) Il est encore temps, lorsque l'anxit et la tentation de fuir la situation nous habitent, de retrouver nos indices intrieurs en accueillant ce que nous ressentons. Il faut y consacrer une attention suffisante et le temps ncessaire. On peut retrouver assez facilement les motions et les proccupations qui se cachent derrire l'anxit pourvu qu'on le veuille vraiment et qu'on accepte les rponses qui surgiront, quelles qu'elles soient. C'est le refus des rponses spontanes qui maintient l'vitement et l'anxit. Une attitude accueillante nous fera rapidement dcouvrir les motions qui sont en cause. En
prenant ces motions au srieux, nous dcouvrirons bientt les enjeux importants qui se dissimulaient nous et nous pourrons choisir comment en tenir compte. Confusion et vide "Ds que je pense mon patron, je deviens confus ; je n'ai plus d'ides et je me trouve dbile." Voil une raction frquente devant les personnes qui nous accordons une grande importance. Elle peut se manifester autant devant la collgue particulirement attirante que devant l'expert que nous admirons ou le patron que nous voudrions impressionner. Dans tous les cas, c'est le fait de vouloir dissimuler nos ractions qui est responsable du vide et de la confusion. Nos efforts pour repousser les manifestations de ce qui est intensment prsent sont tellement forts et efficaces, qu'ils font disparatre tout ce qui nous habite. Si j'accorde beaucoup d'importance mes sentiments et mes motions, il est improbable que je me retrouve dans une telle situation. Je ne repousserai pas assez mes ractions pour qu'elles deviennent aussi invisibles et confuses. Je serai peuttre embarrass d'accorder autant d'importance cette personne, mais je ne serai pas tent de me le cacher moimme. Si je choisis de le cacher cette personne, je serai gn, retenu, intimid ou port rougir, mais je n'prouverai pas cette sensation de vide et je ne serai pas confus.
Quel est l'avantage de remplacer la confusion par la gne ? Apparemment, il n'y a pas tellement de diffrence de qualit entre ces deux expriences inconfortables. Pourtant, il existe une diffrence fondamentale entre les deux : dans la confusion ou le vide, je ne suis pas en possession de moi. Mon exprience personnelle est absente de ma conscience et elle m'chappe. Une dimension importante de ce que je vis m'est trangre. Au contraire, dans le cas de la gne ou de l'inhibition, je sais ce qui m'habite et j'en connais l'importance ; mon problme en est un d'expression. Je ne veux pas exprimer ni laisser voir ce que je sais tre rel et important. Dans ce cas, je suis encore en possession de moi. Je peux, tout moment, changer ma faon d'agir pour retrouver l'harmonie entre ma vie intrieure et mon expression.
Tous ces exemples ont un point en commun. Chacun souligne la premire faon d'utiliser nos motions : les ressentir. En effet, il suffit de prendre soin de les ressentir pour obtenir une information importante et prcieuse sur notre situation du moment. Plus nous demeurons attentifs ce que nous ressentons, plus nous sommes en mesure de tenir compte de ce qui nous importe le plus et moins nous risquons les
consquences souvent graves qui surviennent si on n'en tient pas compte. L'avantage de cette faon de tenir compte de nos motions, c'est qu'il peut demeurer compltement confidentiel aussi longtemps que nous le voulons. Si nous prenons soin de demeurer attentifs nos motions, elles nous apparaissent clairement ds qu'elles prennent un peu d'importance ou d'intensit, alors qu'elles sont encore faciles contrler. Nous pouvons donc en faire ce que nous voulons : en prendre note pour nous en occuper au moment qui nous conviendra, en tenir compte pour voir plus clair dans la situation, les exprimer immdiatement, prvoir un moment pour les communiquer l'autre, etc. C'est nous qui dcidons ce que nous voulons en faire et quand nous voulons le faire. C'est le bnfice direct que nous obtenons si nous restons rgulirement attentifs nos motions. Elles deviennent claires assez tt pour que nous puissions choisir la faon de leur faire de la place.
Plus nous sommes dans des situations complexes ou dans des relations o nos interlocuteurs dissimulent une partie importante de leur point de vue ou de leurs motifs, plus nos motions deviennent utiles pour nous aider comprendre ce qui se passe. Bien des gens croient que nos motions nous aveuglent et nous empchent de bien nous adapter aux situations. Mais en ralit c'est le contraire qui est vrai : c'est le fait de repousser sans cesse les motions qui rend aveugle et inadapt. Mais pour que nos sentiments et nos motions nous aident comprendre les situations complexes, il est ncessaire d'y tre attentifs d'une faon particulire. Il ne suffit pas, dans ces conditions, d'attendre qu'elles apparaissent d'elles-mmes ; il faut tre plus accueillant afin qu'elles livrent toute la richesse de leur message. "J'ignore pourquoi, mais je ne me sens pas l'aise avec cette personne." "Il a beau dire qu'il apprcie ma contribution, je n'arrive pas me sentir apprci." "Il dit qu'il m'appuie, mais je me sens mfiant." "Je ne comprends pas pourquoi je me sens attir par elle ; nous ne parlons que de cette tche." Voici une srie d'exemples o mes ractions motives m'indiquent qu'il y a des dimensions de la situation que je dcle sans les percevoir clairement. On pourrait parler
d'intuition, mais en ralit il s'agit de sentiments subtils que j'prouve en raction ce que je sais sans en tre vraiment conscient. Ces expriences sont plus frquentes qu'on veut bien le croire et il suffit de s'y arrter pour en bnficier. Souvent, en effet, nous pouvons comprendre ce qui se passe entre nous et un collgue bien avant d'avoir tous les lments pour y parvenir. Il suffit d'tre vraiment attentif aux subtilits de nos ractions motives face cette personne ou dans les situations o nous la ctoyons. Nous pourrons, travers nos sentiments et nos ractions motives subtiles, avoir des indices pour dcouvrir que les sourires ne sont pas sincres, que les encouragements ont des objectifs cachs, que les consensus sont faux ou fragiles, etc. Nous saurons galement, de faon intuitive, que nous avons la confiance, l'affection ou l'estime d'un collgue. C'est donc en tant volontairement attentif et rceptif aux subtilits de mes ractions motives que j'obtiens des indices qui viennent enrichir et clairer ma comprhension de la situation, surtout dans ses dimensions interpersonnelles. Certaines personnes sont plus habiles ressentir ainsi les subtilits de leur vie motive et elles peuvent s'en servir facilement. D'autres ont peu dvelopp cette habilet, mais elles peuvent apprendre si elles choisissent des moyens adquats. (Voir le programme Savoir Ressentir pour un moyen qui a fait ses preuves.)
Comment tre ainsi rceptif ? C'est relativement simple : il faut tre attentif ce que je ressens, tre prt accueillir ce que je dcouvre ainsi et laisser ces impressions subtiles le temps ncessaire pour qu'elles deviennent claires. Par cette attitude accueillante, je fournis mes sentiments les conditions ncessaires pour qu'ils m'informent des aspects que je ne voyais pas encore clairement. Les mmes situations m'amneront alors me dire : "Je sais que quelque chose n'est pas clair entre nous, mme si j'ignore quoi." "Je suis sr qu'il s'objecte ce que je fais, mme s'il prtend le contraire." "Je sais que je ne peux compter sur son appui." "Nous avons beau nous cacher derrire le travail, je la dsire et je sais qu'elle y ragit."
Conclusion temporaire
Nous avons vu ici comment nos motions peuvent nous servir nous informer sur notre situation et nous y adapter. Nous avons vu aussi comment nos ractions plus subtiles peuvent nous aider mieux percevoir la situation en y dcelant des dimensions qui ne sont pas encore explicites. Mais le plus
important, c'est que l'attention nos ractions motives permet de prvenir un grand nombre de problmes. Nous faisons place nos besoins plutt que de nous puiser, nous adaptons notre comportement plutt que de perdre notre motivation. Cette attention nous permet galement de savoir ce qui nous affecte plutt que d'tre envahis par l'angoisse ou la confusion. En somme, nous rcuprons des outils essentiels notre adaptation en remplacement d'expriences de dtrioration. Ces utilisations de notre vie motive dans les situations de travail ne changent rien nos faons habituelles d'agir, du moins aux yeux des autres. Tout cela se passe intrieurement, dans notre conscience de ce qui nous habite. C'est la premire faon de mettre nos motions au travail. Dans un deuxime texte de cette srie traitant des motions au travail "Travailler avec mes motions"), nous examinerons un autre volet de la mme question : la place que nous pouvons faire l'expression de nos motions dans notre milieu de travail. Nous verrons dans quelles situations nous avons avantage faire connatre ou faire voir nos motions, et quels rsultats nous pouvons attendre la suite d'une telle expression. Avant de lire cet article, je vous suggre de mettre ce texte en pratique: tre plus attentif ce que vous ressentez dans les situations de travail et tre plus accueillant face ce que vous
y dcouvrez. Ceci vous permettra de vrifier dans quelle mesure ces moyens sont applicables dans votre vie. En plus, vous y trouverez des exemples concrets de votre vie qui seront utiles pour la lecture de " Travailler avec mes motions ". N'hsitez pas nous envoyer vos commentaires.
Les hommes et les motions Comment viter de rougir ? L'expression mal reue Le "placotage" Micro-traumatismes Vous avez une question qui demeure sans rponse ?
Question: Les hommes et les motions. Pourquoi les hommes refoulent-ils leurs motions davantage que les femmes?
Rponse De plus en plus il est imprudent de gnraliser ainsi en attribuant une caractristique psychologique l'ensemble des hommes ou des femmes. Il est facile de trouver de nombreuses exceptions chaque affirmation qu'on pourrait faire. Alors, les explications qui suivent ne s'appliqueront certainement pas tous les hommes ou toutes les femmes. C'est peut-tre mme en examinant les exceptions que nous comprendrons les lments les plus importants de la vraie rponse cette question. Certaines explications sont classiques. On dit souvent que l'ducation des garons et des filles est responsable des diffrences. On enseigne aux garons tre forts, solides, fiables, durs, afin qu'ils deviennent des hommes "virils". la limite, la colre et le dsir sexuel sont acceptables, mais le rpertoire d'motions s'arrte l. Par contre, on enseigne aux filles qu'elles doivent tre "fminines". L'expression libre des motions, surtout les motions tendres, fait partie de ces exigences de base qui sont inculques la majorit des filles ds la tendre enfance. Les motions de vulnrabilit sont galement inclues dans le rpertoire normal, mais pas l'expression du dsir ou l'agressivit.
Ces exigences sont lies aux rles sexuels. l'poque o presque tous les hommes devaient assurer seuls la subsistance de leur famille en travaillant " l'extrieur" alors que la majorit des femmes taient charges de la vie familiale et de l'ducation des enfants, ces normes correspondaient des qualits ncessaires chacun. Les hommes devaient survivre et vaincre dans un univers hostile alors que les femmes devaient crer un environnement aimant et rassurant qui soit favorable l'panouissement des enfants. Mais maintenant, cette vision est dsute pour la majorit des gens. Les femmes se sentent aussi responsables d'assurer la subsistance de leur famille que les hommes. Elles sont d'ailleurs souvent seules pour le faire. Les hommes s'impliquent plus que jamais dans la vie familiale et l'ducation des enfants, et ils sont trs nombreux y tenir! Cette explication par les rles sexuels et l'ducation n'est srement plus suffisante. Mais il en reste sans doute quelque chose: plusieurs hommes continuent de croire qu'il n'est pas "viril" de laisser voir leurs motions, surtout la tendresse, la tristesse, l'inscurit, l'inquitude... Mais maintenant, ce n'est plus la seule faon d'tre un homme qu'on connaisse. C'est donc davantage partir d'un choix personnel que certains hommes continuent de croire qu'il leur faut viter de se montrer motifs. C'est une forme d'image de soi qui est au coeur de ce choix. L'un dira: "moi, je suis un homme fort et dur, pas un
mou". Un autre se vantera: "moi, je suis sensible et tendre, c'est ainsi que les gens me connaissent et m'aiment". Mais qu'est-ce qui explique ce choix? Est-ce que a ne revient pas aussi l'ducation? Bien sr, il y a les bases d'ducation et les rles sexuels qui jouent un rle. Mais il y a aussi les rsultats du cheminement personnel. Les hommes qui ont appris connatre et respecter leurs motions ont plus tendance estimer que l'expression de leurs sentiments est un atout et une force. Ceux-l auront plus de facilit exprimer leur tendresse. Ils seront plus proches de leurs enfants et de leur conjoint, plus proches de leurs besoins et de leur vie intrieure. C'est la mme chose pour les femmes: plusieurs sont incapables d'exprimer la moindre agressivit et sont limites des manifestations indirectes comme l'hostilit passive, la bouderie, la position de victime ou le sabotage. Il faut un cheminement personnel important plusieurs femmes pour qu'elles deviennent l'aise dans la comptition et la confrontation. Mais de plus en plus de femmes font cette dmarche, par ncessit. Quand on doit gagner sa vie et faire carrire dans un univers qui ne nous fait pas de cadeau, la comptition efficace n'est pas un luxe! Au bout du compte, je crois qu'il s'agit de plus en plus d'un choix personnel et de moins en moins d'une caractristique
commune un groupe. C'est chaque personne qui dcide, pour des raisons qui lui sont propres et qui incluent son ducation, ses connaissances et ses expriences de vie. Certaines personnes choisissent de vivre avec leurs motions, partout, alors que d'autres choisissent de neutraliser leurs motions, partout! Le texte " quoi servent les motions" explique clairement combien il est coteux de choisir la neutralisation des motions. Voici un exemple particulirement loquent. Rcemment, dans le mme contexte de travail, deux de mes amis se sont fait dire qu'ils taient motifs. Ce qui est intressant, c'est leurs ractions respectives. Une des deux personnes a immdiatement reconnu qu'elle tait motive, mme s'il s'agissait d'un reproche. Encore plus, cette personne s'est mise s'en vanter, taquiner les autres ce sujet et proposer, en blague, la cration du groupe "les motifs anonymes". L'autre, objet de la mme attaque a t bless par ce reproche et s'est efforc, sans succs videmment, de ne plus laisser voir d'motion. Le mme reproche, dans le mme milieu de travail, donne des rsultats compltement diffrents sur les deux personnes impliques. Pourquoi? Simplement parce qu'une des deux personnes considre ses motions comme une ressource et estime que leur expression est utile et avantageuse. Cette personne est fire d'tre motive et s'exprime rgulirement comme un tre motif. Lorsque quelqu'un lui reproche cette dimension de son tre,
c'est comme si on lui reprochait sa beaut! Il n'y a rien l pour la faire reculer, l'inhiber ou l'humilier. Pourtant, cette personne est un homme, alors que l'autre est une femme! tonnant? Pas vraiment! De plus en plus on voit ce phnomne: des femmes qui croient que leur sensibilit est une faiblesse indsirable et des hommes qui cultivent leur sensibilit et en font une dimension essentielle de leur identit. Ces femmes invoquent souvent les exigences du milieu de travail pour justifier leur choix, mais il faut les voir dans les autres zones de leur vie pour comprendre que cette explication ne correspond pas toute la ralit. C'est vraiment un choix personnel, le choix d'accorder de la valeur cette dimension de nous.
Le guide des motions Voyez les fiches explicatives de: la gne les tics le tremblement la tension le malaise Question: Comment viter de rougir?
Existe-t-il une ou plusieurs techniques (ou mme un apprentissage) qui permettent d'viter de rougir dans certaines situations "troublantes"? Je rougis intensment lorsque je dois prendre la parole en public et a me gne normment. J'aimerais aussi que les autres signes de ma tension (tremblements et sourires crisps) soient moins apparents. Rponse Pour bien rpondre cette question, il faut d'abord comprendre ce qui nous fait rougir (ou trembler) dans certaines situations. Ensuite, partir de cette comprhension, il sera possible d'envisager des solutions. Le fait de trembler ou de rougir est le signe extrieur d'une lutte intrieure intense. Deux tendances s'opposent avec force. L'une des deux est une force d'action ou d'expression: nous prouvons une motion intense qui cherche se manifester. Une autre force s'oppose la premire: une force d'inhibition. Celle-ci cherche empcher l'expression, arrter l'action. Souvent, nous sommes plus en accord avec cette deuxime tendance: nous voulons vraiment, de toutes nos forces, dissimuler notre motion, contrler notre intensit. C'est cet effort qui nous fait trembler ou rougir. L'expression directe de notre motion intense n'aurait pas cet effet.
Bien sr, il y a des personnes qui sont plus portes rougir que d'autres. a dpend du teint et de la circulation sanguine de chacun. Mais si je ne suis pas port rougir, les mmes situations auront d'autres effets quivalents. Les tremblements font partie de ces autres effets, mais on peut en identifier une grande varit. Certains vont bgayer, d'autres vont perdre leurs ides ou leur concentration, d'autres vont aller jusqu' s'vanouir. Ce qui est frappant, c'est que nous avons tous tendance trouver que notre symptme (rougir, trembler, etc) est le pire! Si je suis quelqu'un qui rougit, je veux surtout viter qu'on me voit rougir et je serait particulirement attentif toute sensation de chaleur dans mes joues. Le moindre dbut de rougissement devient alors un problme grave mes yeux et je m'efforce d'autant plus de me contrler. Comme on peut facilement le deviner, il n'y a pas de pire solution que de vouloir contrler son rougissement: a l'accentue! Et en plus on devient entirement centr sur le symptme et on en oublie la vraie question: nous sommes dans une situation motivement intense et il faut l'assumer. Plus prcisment, il faut assumer trois choses: Je suis une personne qui ragit intensment cette situation. Il faut que mes ractions se manifestent extrieurement pour maintenir mon quilibre. J'ai un teint ple (dans le cas du rougissement).
Si j'accepte ces trois aspects de moi, je ne suis plus occup dissimuler mes ractions et leur intensit, mais je cherche au contraire exprimer ou manifester mon tat intrieur. Je choisis les manifestations que je prfre plutt que de chercher en vain les liminer. Ceci limine la bataille entre mon motion et mon dsir de contrle. Je ne suis plus en conflit et le problme s'attnue automatiquement. Bien sr, avec l'habitude et la familiarit, mes ractions cette situation deviendront moins intenses. Et alors, c'est presque accidentellement que je cesserai de rougir ou de trembler. La question ne sera plus l!
Infopsy Voyez aussi: - Quand l'autre ragit mal - L'expression qui panouit Question: L'expression mal reue Je suis frustr et j'exprime mes sentiments, mais les autres ne sont pas rceptifs. Ils ne rpondent pas mon appel et je deviens encore plus frustr. Que faire? Rponse
L'article suivant de cette srie sur les motions au travail ("Travailler avec mes motions") traite longuement des difficults de l'expression, notamment lorsque la rponse qu'on obtient n'est pas satisfaisante. C'est un problme frquent en milieu de travail. En attendant, voici quelques pistes de rflexion. Il est important de nous souvenir que l'expression relle n'est pas une obligation automatique pour les autres. Chaque personne est occupe la recherche de sa propre satisfaction et de son panouissement; nul n'est responsable de la satisfaction et de l'panouissement des autres. En considrant notre expression comme une invitation plutt qu'une obligation, nous pouvons souvent mieux comprendre la situation. Pourquoi mes collgues ne sont pas rceptifs mon expression? Pourquoi ils n'acceptent pas mon invitation la communication? Qu'est-ce qui les indispose ou les amne se fermer? Comment je les amne refuser le dialogue? Si je considre mon expression comme une invitation et non un ordre, ces questions deviennent possibles et leurs rponses pourront m'clairer sur ce qui se passe vraiment. Ce n'est pas entirement par hasard que je n'obtiens pas la rponse que je souhaite! J'y contribue au moins en partie.
Question: Le "placotage" Je suis souvent porte parler de mes collgues et de mes connaissances dans leur dos. Je me sens ainsi une forte "connivence" avec les personnes avec qui j'ai ces changes, mais je me sens ensuite trs inconfortable et mme coupable envers ceux dont nous avons ainsi parl. J'aimerais trouver un truc pour me faire taire ou une autre faon d'tablir le contact avec mes collgues. Rponse Quand deux personnes ou un groupe ont de la difficult s'entendre, rien de tel qu'un ennemi commun pour les mettre d'accord! L'harmonie artificielle ainsi obtenue permet de dissimuler et mme d'oublier les conflits et les malaises qui taient auparavant des obstacles entre eux. Parler d'une tierce personne, mme en bien, peut souvent jouer le mme rle: a m'vite de faire face toutes les personnes concernes. J'vite videmment la personne dont je parle. Au lieu de lui dire ce que je lui reproche ou ce que j'apprcie, j'en parle quelqu'un d'autre. Ceci m'vite d'assumer ce que je ressens et de dcouvrir ce qu'une vritable expression m'amnerait vivre. Rien de tel pour empcher la situation d'voluer!
Mais j'vite aussi la personne qui j'en parle. En me mettant artificiellement d'accord avec cette personne pour critiquer l'autre, j'vite de vivre les sentiments qui pourraient survenir entre nous. Je saute l'tape du contact o nous serions plus ou moins indcis ou inconfortables. Mais en mme temps, j'empche toute raction spontane et relle de voir le jour. Il n'est donc pas tonnant que je me retrouve, au bout du compte, me sentir coupable et faux. Je me cre une fausse solidarit aux dpens d'une autre personne qui n'est pas l pour s'expliquer. Cette connivence artificielle ne pourra jamais devenir vraiment rassurante car je sais, intrieurement, qu'elle est superficielle et sans fondement vritable. Que faire? Il me semble plus facile de rsister la tentation du "placotage" quand je suis conscient du caractre artificiel et irrel de la relation qu'il cre avec les autres. Ceci ne rgle pas entirement le problme, car je me retrouve avec "rien dire" et un inconfort dsagrable. Mais si je le veux, je peux alors choisir de m'impliquer dans une relation relle o je serai en contact avec la personne qui je m'adresse. Un truc qui peut tre utile lorsque je me surprends "placoter" contre quelqu'un, c'est la rappropriation. Il suffit de repasser ce que je disais de l'autre en m'imaginant que c'est de moimme que je parlais et non de lui. Souvent, je trouve alors que c'est effectivement de mes qualits, de mes dfauts, de mes
besoins ou de mes manques que je parlais surtout. Quand c'est le cas, il devient plus facile de me demander comment je peux m'occuper de a dans la situation o je me trouve. La plupart du temps, c'est trs pertinent et utile pour mieux comprendre comment je pourrais tre plus satisfait. Si le truc prcdent semble trop difficile appliquer, je peux en utiliser un autre. Il suffit de me demander quoi j'aurais faire face actuellement si je ne parlais pas de quelqu'un d'autre. En identifiant ainsi ce que j'vite avec mon interlocuteur rel, je suis en mesure de faire un choix diffrent. J'ai la possibilit de prendre le risque de faire ce que j'vitais, mais aussi celle de trouver autre chose faire. Ainsi, je me donne l'occasion de faire plus de place ce qui crerait un contact rel au lieu de l'viter.
Question: Micro-traumatismes Ma patronne ne cesse de me blmer pour des choses qui ne dpendent pas de moi. Jai tent en vain de lui faire comprendre. Jai mme entrepris des actions auprs de ses suprieurs. Mais a continue depuis prs de deux ans: des reproches rptition sur des dtails auxquels je ne peux rien. Jai lu quelque part que des micro-agressions rptes pouvaient tre aussi dommageables, mais de faon plus pernicieuse, quun traumatisme important comme une
catastrophe, un divorce ou un meurtre. Jaimerais savoir quel pourrait tre, selon vous, l'impact de tels micro-traumatismes. Rponse Effectivement, un sabotage systmatique peut causer des dommages psychologiques importants. Dans la mesure o les interventions destructrices viennent dune personne laquelle nous accordons de limportance, elles peuvent agir sur notre image de nous-mme et sur notre identit. Cest pour cela que ces attitudes hostiles ou critiques sont surtout graves lorsquelles sont faites par les parents ou les ducateurs dun enfant. Parce quelles proviennent dune personne dont le pouvoir et linfluence sont considrables aux yeux de lenfant et parce quelles surviennent une poque o lidentit et limage de soi sont encore en plein dveloppement, ces interventions ngatives ont une influence importante qui peut avoir des effets long terme. Lorsque les mmes phnomnes ont lieu dans la vie dune personne adulte, leur impact peut tre beaucoup moins dterminant. Mais ce nest pas ncessairement le cas: tout dpend de la relation entre les deux personnes et plus particulirement de la relation de pouvoir qui les implique. Plus nous accordons dimportance la personne qui critique et son opinion, plus les effets peuvent tre marqus. videmment, limpact des commentaires est particulirement important
lorsque nous sommes en transfert avec la personne (voir notamment Transfert et droit de vivre" ainsi que La conqute de lautonomie). Dans ce cas, ils peuvent tre particulirement pernicieux si nous ne sommes pas clairement conscients du pouvoir psychologique et motif que nous accordons la personne qui critique. Le fait quil ny ait pas dvnement marquant contribue lefficacit de cet effet presque invisible. Chez les enfants la solution dun tel problme suppose la collaboration du parent ou de lducateur impliqu, car leur pouvoir sur le dveloppement de lidentit de lenfant est rel et dterminant. Mais chez les adultes, la voie de solution la plus efficace sappuie gnralement sur la rcupration de son pouvoir personnel travers la rsolution du transfert sousjacent. Cest au moment o on cesse vraiment de donner lautre le pouvoir de nous dfinir quon devient capable de neutraliser limpact dun sabotage systmatique.
Vous avez une question qui demeure sans rponse ? Vous avez une question qui demeure sans rponse ? Deux options vous sont offertes:
Une question personnelle laquelle vous voulez une rponse individuelle. Le psy virtuel est votre disposition. Pour 50$ (canadiens) un de nos psychologues consacrera 30 minutes vous rpondre s'il estime pouvoir vous tre vraiment utile. Il s'agit d'un genre de consultation individuelle et vous aurez la rponse en 3 jours.
Une question de clarification ou d'approfondissement dont la rponse est publie sur le site. Les auteurs des articles rpondent gratuitement aux questions d'intrt gnral. Les rponses sont des principes gnraux dont chacun doit valuer la pertinence pour sa propre situation. Il s'agit d'une intervention ducative et non d'une consultation personnelle. Les psychologues rpondent la fin du mois aux questions qui concernent l'article du mois courant. Ils rpondent aux autres questions au moment qui leur convient. Il vous suffit de nous faire parvenir votre question [email protected]
Pour aller plus loin dans votre exploration ! Vous pouvez discuter de cet article avec les autres lecteurs... La babillard lectronique Infopsy Vous pouvez lire... La suite: Travailler avec mes motions de Jean Garneau Pour trouver autre chose sur notre site Rechercher: Vous n'avez pas encore trouv ce que vous cherchiez ? Pour en savoir davantage sur la question, ou sur un thme particulier trait dans cet article, vous pouvez poursuivre votre recherche avec nos outils prfrs.
Travailler avec mes motions Par Jean Garneau, psychologue Cet article est tir du magazine lectronique " La lettre du psy" Volume 2, No 4: Avril 1998
Rsum de l'article Quelle place pouvons-nous faire l'expression de nos motions dans un contexte de travail ? Est-il possible de tout exprimer ? Comment dterminer quand il est opportun de dire ou de ne pas dire mon point de vue subjectif ? Que faire quand mon expression est mal reue ? Comment viter de blesser inutilement mes collgues ? Cette article fait suite Mettre mes motions au travail
Table des matires A. Introduction B. Combien j'assume mon expression C. Une expression dans un contexte D. L'objectif de mon expression E. Les buts fondamentaux de l'expression F. Les objectifs de chaque expression
Exprimer pour informer Exprimer pour influencer Exprimer pour me soulager Exprimer pour m'assumer Exprimer pour nourrir la relation G. Conclusion Vous pouvez aussi voir: Vos questions lies cet article et nos rponses !
A. Introduction
Dans "Mettre mes motions au travail", nous avons vu comment nos ractions motives et mme nos sensations peuvent nous informer sur les situations dans lesquelles nous sommes et nous guider dans les dcisions que nous avons prendre. Cette faon d'utiliser nos motions s'applique au travail comme partout ailleurs. Cette fois, nous allons examiner les possibilits et les limites de l'expression motive en milieu de travail. L'expression a des effets quivalents qu'elle survienne au travail ou dans notre vie
prive. Cependant, nos relations avec nos collgues tant diffrentes de celles que nous avons avec des proches, le choix du contenu, du moment et du moyen d'expression sera diffrent. Ce sont essentiellement des mmes dimensions que nous tiendrons compte, mais avec des objectifs et des contraintes diffrents. ...
Travail vs intimit Stress et expression Trop d'expression La place de la spontanit Vous avez une question qui demeure sans rponse ?
Question: Travail vs intimit Qu'est-ce qui distingue les qualits de l'expression au travail de celles de l'expression dans l'intimit, avec nos proches. Comment faire la diffrence dans les situations de la vie de tous les jours.
Pour en savoir plus sur le stress, voyez l'article: Le stress: causes et solutions par le psychologue Jean Garneau Question: Stress et expression Dans des runions importantes au travail, j'essaie de participer autant que possible malgr ma timidit, mais a me stresse normment. Rsultat: je n'arrive pas bien vendre mes ides et j'ai l'impression d'un chec. Aprs la runion, je m'inquite de ce que les autres vont penser de mon attitude. Comment sortir de cet enfer? Rponse La rponse est disponible dans Les motions source de vie
Question: Trop d'expression L'autre jour (j'avais un peu trop bu) j'ai dit ma collgue des choses qui dpassaient ma pense. Emport par la colre, je l'ai insulte et j'ai exagr mes reproches. Je crois qu'elle est vraiment blesse et je ne sais plus comment rparer. Rponse La rponse est disponible dans Les motions source de vie
Question: La place de la spontanit C'est bien beau toutes vos explications et toutes ces distinctions que vous faites, mais je ne me promne pas partout avec votre article pour me rappeler comment procder dans chaque situation. Les objectifs de mon expression ne sont pas toujours bien clairs. Je ne veux pas appliquer btement une mthode car a me semble trop artificiel. Est-ce qu'il reste une place pour la spontanit dans votre affaire? Rponse La rponse est disponible dans Les motions source de vie
Vous avez une question qui demeure sans rponse ? Vous avez une question qui demeure sans rponse ? Deux options vous sont offertes:
Une question personnelle laquelle vous voulez une rponse individuelle. Le psy virtuel est votre disposition. Pour 50$ (canadiens) un de nos psychologues consacrera 30 minutes vous rpondre s'il estime pouvoir vous tre vraiment utile. Il s'agit d'un genre de consultation individuelle et vous aurez la rponse en 3 jours.
Une question de clarification ou d'approfondissement dont la rponse est publie sur le site. Les auteurs des articles rpondent gratuitement aux questions d'intrt gnral. Les rponses sont des principes gnraux dont chacun doit valuer la pertinence pour sa propre situation. Il s'agit d'une intervention ducative et non d'une consultation personnelle. Les psychologues rpondent la fin du mois aux
questions qui concernent l'article du mois courant. Ils rpondent aux autres questions au moment qui leur convient. Il vous suffit de nous faire parvenir votre question [email protected]
Rsum de l'article En "Auto-dveloppement", nous visons favoriser et maximiser le caractre vivant des personnes; augmenter leur vitalit. Mais qu'est-ce que signifie ce concept ? Dans cet article, les psychologues Michelle Larivey et Jean Garneau tentent de cerner les caractristiques du vivant en gnral et celles de l'humain en particulier.
Table des matires A- La vie comme valeur primordiale B- La conception du vivant en Auto-dveloppement Les caractristiques du vivant a) La tendance actualisante b) Le systme d'auto-rgulation
Implications des caractristiques propres l'humain a) Au niveau de la tendance actualisante b) Au niveau du processus d'auto-rgulation c) Au niveau des changes d) Au niveau du mouvement e) Au niveau de l'unicit
Depuis toujours, les approches du courant humaniste mettent la personne au centre de leurs proccupations. La personne humaine est sa propre raison d'tre et sa valeur la plus importante, considrant que la vie, en elle-mme, a dj son sens et sa valeur. Que ce courant se soit dvelopp partir d'une perspective phnomnologique n'est pas un hasard, mais pour nous, ce point de vue est devenu secondaire. Le respect du vivant a supplant la primaut de la subjectivit.
Comme psychothrapeutes humanistes, nous optons pour le respect de la personne humaine dans toute sa dignit et nous privilgions la vie. Nous tentons de donner nos clients l'instrumentation ncessaire pour qu'ils puissent devenir pleinement vivants, de la faon particulire qui en fait des personnes aussi compltement humaines que possible. C'est donc clairement dans ce qu'on intitulait le "mouvement du potentiel humain" ou la "troisime force" que nous sommes inscrits, mais d'une faon bien particulire qui vise favoriser et maximiser le caractre vivant des personnes.
Entre 1976 et 1984, nous avons contribu, comme consultants, l'laboration de programmes visant le dveloppement affectif et social dans le cadre des activits scolaires. C'est durant ces annes que nous avons rflchi en profondeur, avec nos collaborateurs du Ministre de l'ducation du Qubec, sur les caractristiques du vivant. Il s'agissait de crer un programme couvrant les douze annes de l'lmentaire et du secondaire et dont le but principal tait que l'lve "devienne capable de faire des choix libres et responsables, clairs par le respect de la vie". Les objectifs du programme ainsi que la dmarche ou le processus pour y parvenir ont t dfinis en dtails. Une quipe
d'ducateurs a dvelopp le matriel pdagogique. Des enseignants ont reu la formation pour travailler dans cette perspective. Bref, durant plusieurs annes nous avons baign dans le sujet et l'avons explor sous plusieurs angles. Ce fut une exprience enrichissante qui a largement influenc notre point de vue de psychothrapeutes et nous a permis d'articuler notre conception du vivant.
On sait que plusieurs approches du courant humaniste visent augmenter la vitalit. Toutefois, ce concept demeure souvent relativement flou. On y parle d'nergie, de ressenti, d'expression. Nous avons voulu avoir une meilleure comprhension de ce concept pour mieux l'intgrer notre approche thrapeutique. Pour cela, nous avons tent de cerner les caractristiques du vivant en gnral et celles de l'humain en particulier. Nous avons galement tent de prciser leur articulation dans un systme qui nous apparat universel.
a) La tendance actualisante Un fait ressort clairement de l'tude de tout organisme vivant, c'est sa tendance inhrente maximiser sa propre vie. Lorsque les circonstances sont favorables, l'organisme cherche se dvelopper davantage, atteindre un degr d'harmonie et
d'intgration suprieur, quitte pour y arriver branler temporairement ses acquis antrieurs. Si les circonstances (internes ou externes) sont dfavorables, l'organisme tend naturellement protger sa vie, empcher sa destruction. Tout organisme qui n'est plus en croissance, d'un point de vue ou d'un autre, est en processus de rgression vers la mort. Il ne peut tre question, chez un organisme vivant, de dveloppement achev et stable ; ce dveloppement est en mouvement en vertu d'un processus naturel et vital inhrent tout organisme. Ds 1974 (Larivey et Garneau) nous tions activement engags dans une recherche clinique visant identifier ce qui distinguait de tous les autres, les clients dont la dmarche dbouchait sur un changement durable. Grce en particulier notre connaissance approfondie des travaux de Gendlin (1962, 1964) et de Perls (1947, 1969) sur la question, nous avons pu identifier des vnements particuliers dans la dmarche de ceux qui obtenaient un changement durable. Nous avions l un dbut d'explication au fait que d'autres personnes exposes la mme situation (groupe de thrapie ou session intensive) n'obtenaient pas de rsultats comparables. C'est ce qui nous a conduit notre vision du "processus naturel de croissance" : une conception qui permet non seulement de dceler les mcanismes favorables au changement, mais galement de comprendre comment et pourquoi ils peuvent le rendre possible.
Nous croyons donc que les tapes que nous avons dcrites (Garneau et Larivey 1979) rejoignent un processus vital, fondamental. Quoique dcrivant l'exprience psychique, cette formulation des tapes de l'volution de l'exprience motive rejoint probablement aussi celle d'autres phnomnes caractristiques des tres vivants. Nous savons, notamment, qu'un certain processus d'apprentissage se rapproche de notre formulation. (Allaire et Couillard, 1975 ). Mais l'tude d'un tel processus est encore peu rpandue. Toutefois, le concept de tendance actualisante qui dfinit l'orientation gnrale de ce processus naturel vital est bien connu depuis qu'Abraham Maslow l'a popularis. Ce concept s'est retrouv au coeur de l'articulation de notre conception du dveloppement humain.
b) Le systme d'auto-rgulation La tendance actualisante est une caractristique des tres vivants. Mais elle serait aveugle et voue l'inefficacit si elle ne s'accompagnait pas d'une autre caractristique de l'organisme vivant : un systme d'auto-rgulation. Ce dernier correspond un autre aspect du processus vital auquel nous faisions allusion ci-dessus. Il se manifeste par une valuation automatique de chaque vnement du point de vue de l'ensemble de l'organisme. S'appuyant sur l'ensemble des informations accumules par l'organisme dans son histoire et sur l'ensemble de ce qui fait partie de son champ exprientiel
du moment, ce processus central ralise une synthse qui permet de situer toute exprience du point de vue du bien de l'organisme dans son ensemble. L'tre vivant "sait" si l'vnement auquel il est confront (de l'intrieur ou de l'extrieur) est bon ou toxique pour sa vie. La forme de connaissance et de conscience varie videmment d'une espce l'autre, mais la raction organismique se retrouve partout.
c) Les changes avec l'environnement Un troisime aspect inhrent toute vie, est le fait que chaque organisme s'alimente travers des changes avec son environnement. C'est cette forme de contact qui cre et renouvelle constamment l'nergie ncessaire la vie et la croissance. Ce contact est d'une nature bien particulire : il suppose une slection et un change. La slection est ncessaire pour que les contacts recherchs nourrissent l'organisme et lui permettent de crer des nergies vitales partir de cette nourriture, plutt que de se dtruire en s'alimentant de contacts toxiques pour lui. C'est le processus d'auto- rgulation qui sert de fondement la sagesse de cette slection. D'une espce l'autre et mme d'un individu l'autre, la valeur nutritive d'un change donn varie grandement. C'est ce qui permet un quilibre d'ensemble de se dvelopper, quilibre qui repose prcisment sur les diffrences entre organismes vivants. Pour illustrer cette forme d'quilibre et de perptuation de la vie grce des diffrences, il suffit d'voquer le fait que les plantes utilisent pour se nourrir
les lments de l'air avec lesquels hommes et animaux s'empoisonneraient eux-mmes tout en rendant dans le mme processus les composantes qui permettent ces derniers de respirer. Dans l'exemple qui prcde nous soulignons dj la deuxime caractristique du contact ncessaire la vie : l'change. On pourrait considrer cet aspect d'un point de vue thique et en faire, chez l'humain, une question de justice ou de bienveillance normale. Cependant, si on l'examine au niveau des ncessits de la vie, il devient vite vident que chaque contact qui implique une absorption d'un lment extrieur engendre ncessairement une restitution quelconque. Un "input" continuel sans "output" serait destructeur de deux points de vue : il appauvrirait progressivement l'environnement jusqu' l'limination des lments nutritifs et d'autre part il engendrerait tt ou tard un tranglement dans l'organisme par surcharge ou par une sur-croissance effrne analogue la multiplication des cellules cancreuses. La rciprocit devient donc, examine sous cet angle, une ncessit vitale qui est rgie par le processus d'auto-rgulation organismique et non une valeur qu'on superposerait aux mcanismes vitaux. Les trois caractristiques mentionnes jusqu' prsent pourraient tre suffisantes pour comprendre l'essentiel de la vie. Toutefois nous croyons opportun d'expliciter deux autres qualits qui en dcoulent, cause de leur importance dans les manifestations concrtes de la vie. Il s'agit du mouvement et de
l'unicit, deux caractristiques dont la vie ne saurait s'loigner sans disparatre elle- mme.
d) Le mouvement La vie est mouvement continu. Ce mouvement se manifeste superficiellement par des dplacements plus ou moins vastes dans l'espace, mais son essence est bien plus subtile et importante la fois. Le mouvement auquel nous rfrons est celui qui fait que chaque organisme vivant devient autre, tout en demeurant le mme, chaque instant. Ceci implique la fois qu'il accumule les rsultats de son histoire passe et qu'il se transforme continuellement. Ce changement peut tre plus ou moins vident, mais il est aussi rel chez l'adulte "en pleine possession de ses moyens" que chez le bb dont la transformation physique et l'volution est facile remarquer mme sur une courte priode de temps. Ce mouvement ne peut tre arrt que par la mort. C'est-l un aspect lourd de consquences, car il exclut du domaine du vivant tout tat d'quilibre terminal, toute forme de maturit acheve ou statique. Seules la croissance ou la dtrioration sont possibles. Ceci s'applique non seulement chaque organisme pris isolment, mais chaque contact d'un tre vivant avec son environnement. Une relation, quelle qu'elle soit, ne peut demeurer nourrissante, gnratrice d'nergie et cratrice de vie si elle ne se renouvelle pas constamment. Il
n'est pas ncessaire d'tre spcialiste en consultation conjugale, familiale ou organisationnelle pour le constater.
e) L'unicit L'tre vivant est unique. Grce tous les aspects mouvants qui font partie de chacune des caractristiques dj mentionnes, grce tous les choix entre des possibilits trs diversifies que supposent les trois premires, un organisme vivant ne peut se dvelopper sans devenir de plus en plus unique, individuel et irremplaable. Ceci n'exclut pas les ressemblances normes qu'on constate l'intrieur d'une collectivit, d'une race ou mme de l'ensemble des tres vivants. Mais il n'en demeure pas moins que chaque tre vivant se cre une identit unique dans la mesure o il se dveloppe. Plus son dveloppement sera labor, plus ses caractristiques individuelles tendront se dessiner. Dans cette perspective, tout individu est irremplaable et sa vie unique constitue une valeur suprme qui ne saurait tre sacrifie aucune autre. C'est par une sorte de myopie intellectuelle et affective sur la nature de la vie ellemme que les humains peuvent considrer les tres d'autres espces comme interchangeables. Ce trouble de vision n'est possible qu' distance. Nous laissons au lecteur le soin d'imaginer la nature des dysfonctions qui permettent de considrer de la mme faon les individus qui composent une race ou une collectivit sociale. Ce n'est srement pas le fait d'tre sensible la vie en soi et autour de soi...
Les cinq caractristiques dfinies ci-dessus correspondent, nos yeux, aux aspects essentiels de la vie en gnral. Elles s'appliquent autant au vgtal qu' l'humain. Le degr de complexit ou d'volution d'une espce ne change rien de fondamental ces caractristiques. Toutefois, chaque espce dtermine un ventail de possibilits et de contraintes qui modifieront les manifestations concrtes de ces facteurs gnraux. Ainsi, les tre unicellulaires permettent une observation directe du processus d'auto- rgulation l'tat brut. Le mme processus ne peut tre dcel chez l'humain que grce une analyse extrmement complexe et subtile.
f) Caractristiques propres l'humain Ces caractristiques gnrales des tres vivants prennent chez l'humain des formes qui lui sont particulires. En les examinant, il est possible d'ajouter des prcisions qui sont d'une grande importance pour comprendre le changement chez les humains et pour orienter le travail thrapeutique. (1) La capacit d'abstraction et de reprsentation Ce qui distingue principalement l'humain de toute autre espce, c'est sa capacit d'abstraction et de reprsentation. Nous entendons par l ses capacits intellectuelles ainsi que son potentiel de dveloppement ce niveau. Cette capacit de regroupement au-del des diffrences secondaires (abstraction) et d'vocation volontaire d'objets absents (reprsentation) a des implications importantes sur les processus vitaux. Grce
aux possibilits de symbolisation quasi infinies que procurent ces capacits supplmentaires, la personne humaine peut atteindre un degr de raffinement exprientiel remarquable. Comme l'a dmontr Gendlin (1964) c'est prcisment la symbolisation qui permet de cerner et de faire progresser une exprience. Il est vident que les mots et les concepts sont des instruments de symbolisation plus puissants que des grognements ou des mouvements d'orientation. Ils permettent la personne humaine de cerner son exprience de faon trs raffine. Ils sont galement les instruments qui lui rendent possible une saisie prcise et nuance de son environnement, et par l une matrise suprieure sur l'univers comme sur ellemme. (2) La libert On peut donc dire que l'exprience subjective de la personne humaine est plus subtile et prcise, que sa conscience d'ellemme est plus raffine, que sa vision de l'univers est plus complexe, plus englobante et potentiellement plus objective, grce sa capacit d'abstraction. C'est sur ces qualits, qu'on pourrait qualifier de perceptuelles, que se fonde l'exercice potentiel d'une libert accruecomparativement celle, fort limite par les automatismes, des autres espces. Enfin, grce sa capacit suprieure de reprsentation, la personne humaine a la possibilit de prvoir dans une certaine mesure les consquences de ses actes ou de ceux d'autrui, et ce, bien au-del de l'immdiat. Sa libert de choix a donc la possibilit de s'exercer dans une perspective moyen ou long terme en
Les caractristiques spcifiquement humaines que nous avons mentionnes ont un effet important sur les formes particulires de sa vie. En gnral, on peut dire que tous les aspects de la vie que nous avons identifis prennent avec l'humain un caractre plus souple, plus variable, moins dtermin. Une grande part des automatismes inhrents aux processus vitaux devient partiellement ou entirement soumis la volont de la personne elle-mme. C'est la marge de libert, la quantit et la qualit des choix continuels de l'existence qui, ce niveau, constituent la diffrence essentielle. Voyons maintenant les principales consquences de cette diffrence.
a) Au niveau de la tendance actualisante Au niveau de la tendance actualisante, les choix possibles vont jusqu' la destruction ou au sacrifice de sa propre vie. Cependant, les diffrences les plus importantes entre les humains et les autres espces sont d'un autre ordre. La premire est de l'ordre de l'efficacit : la personne humaine peut faire des choix d'une sagesse bien plus grande pour le maintien et le dveloppement de sa vie parce qu'elle est
capable de s'en reprsenter les consquences dans une perspective temporelle trs vaste qui, la limite, peut englober toute sa vie. La deuxime diffrence est de l'ordre de l'orientation des choix: la personne humaine tend exprimer sa tendance actualisante en se crant des valeurs personnelles dont elle se servira pour orienter ses choix particuliers. L'tre humain est le seul qui ait la capacit d'tre thique au sens propre du terme et dont la libert aille jusqu'au point de choisir et crer lui-mme ses valeurs (mme concrtes ou oprantes).
b) Au niveau du processus d'auto-rgulation Au niveau du processus d'auto-rgulation, ce qui distingue la personne humaine c'est d'abord l'ampleur du contrle volontaire sur son fonctionnement. C'est galement la quantit et la qualit de l'information sur laquelle les slections organismiques peuvent s'appuyer. Enfin, et c'est l le plus important, la responsabilit relle de l'humain par rapport son propre destin et son auto-rgulation est beaucoup plus considrable, prcisment cause des deux diffrences prcdentes. La puissance de ses choix en fait en quelque sorte son propre crateur comme son propre bourreau. Seule sa capacit d'obtenir et de traiter de l'information peut lui servir de garantie partielle contre ses propres interventions intempestives sur son processus organismique d'autorgulation. Autant ce processus peut prendre dans d'autres espces un caractre dterminant en agissant de faon
automatique, autant chez l'humain le mme processus se limite suggrer des directions.
c) Au niveau des changes Pour ce qui est des changes avec l'environnement, il est vident qu'ils peuvent trouver chez l'humain une varit et une subtilit incomparables, les genres de nourriture recherchs tant de tous ordres et les instruments de contact tant beaucoup plus subtils. Ceci reprsente un potentiel suprieur mais aussi une vulnrabilit supplmentaire. En effet, cause de la varit des contacts possibles et des modes d'change utilisables, cause galement de la capacit d'abstraction et de valorisation, le processus naturel d'change peut facilement tre fauss. L'input et l'output pouvant tre la limite purement symboliques, il est possible l'humain d'avoir des contacts qui ne respectent pas la rciprocit inhrente la vie en gnral et par le fait mme ne peuvent tre nourrissants long terme. Des exemples permettront de bien comprendre cet aspect dlicat. Une personne peut s'illusionner elle-mme dans un contact avec une autre (ou une collectivit) en ayant un output considrable (comme travailler trs fort rsoudre un problme et y parvenir) dont le seul quivalent au niveau des intrants est purement symbolique et ne la nourrit pas rellement (comme la reconnaissance, l'admiration, le sentiment du devoir accompli ou la "satisfaction" de s'tre sacrifi pour l'autre).
Rciproquement, une personne peut fort bien obtenir que son environnement lui procure des nourritures (comme l'aimer, la prendre en charge) en change d'outputs sans valeur nutritive relle pour l'interlocuteur (comme cesser de lui faire des reproches ou paratre satisfaite). Grce sa capacit de symboliser et de crer des valeurs, l'humain peut donc fausser la rciprocit naturelle de la vie et devenir un parasite qui fonde son pouvoir sur des symboles sans valeur nutritive relle. La rciproque est galement vraie. C'est en vertu des mmes capacits que la personne humaine peut aller jusqu' riger cette non-rciprocit et cette absence de vie en valeur prpondrante(ex. : se sacrifier pour les autres, accorder des faveurs un individu sans rciprocit aucune pour la simple raison qu'il est malheureux ou faible). Ces valeurs "d'altruisme" peuvent faire illusion pendant un temps, mais un examen attentif permet de dceler (1) que l'altruisme n'est qu'apparent (la personne attendant quand mme une rcompense quelconque), (2) que le degr de vitalit des deux interlocuteurs diminue rapidement (autant chez le parasite que chez sa victime consentante) et (3) qu'un tel contact ne peut dboucher que sur la violence et la destruction rciproque. L'croulement du systme communiste sovitique en fournit une illustration loquente.
d) Au niveau du mouvement
Au niveau du mouvement, il est vident que la libert de la personne est considrable. Elle peut choisir ses directions de changement parmi un ventail beaucoup plus large que les autres espces. Ce sont la fois la varit de ses potentialits et l'ampleur des possibilits que sa connaissance peut examiner qui lui fournissent cette abondance. Il lui est ncessaire de choisir constamment parmi les capacits qu'elle pourrait dvelopper. Aucun automatisme ne fait ces choix pour elle; seules les limites de sa connaissance des possibilits offertes par l'environnement et par son organisme viennent limiter ses choix. De plus, comme nous l'avons dj mentionn, sa capacit d'avoir une perspective temporelle trs tendue lui permet des choix de dveloppement plus audacieux. C'est ce qui explique le potentiel de dveloppement quasi infini de l'humain, compar aux autres espces, le rsultat vis n'ayant pas ncessairement tre atteint court terme pour tre choisi et activement poursuivi.
e) Au niveau de l'unicit Enfin, au niveau de l'unicit, on constate chez l'humain un dveloppement sans pareil. C'est l la consquence invitable de sa grande libert de choix. Chaque option volontaire rend la personne plus individuelle, d'autant plus que l'ventail des possibilits de choix est d'une ampleur presque infinie. Non seulement la personne devient ainsi un individu qui se distingue plus clairement de tous les autres dans son unicit, mais en plus cette personne est capable d'une conscience beaucoup
plus aigu de son identit unique. Elle peut cerner son unicit elle-mme en y englobant un grand nombre de choix de tous ordres (passs et prsents). Enfin, la personne humaine a la capacit de s'identifier profondment son espce ou toute collectivit approprie sans pour autant perdre son individualit et sa capacit de s'en distinguer tout aussi profondment. Sa conscience de ses racines collectives n'a rien de contradictoire avec sa conscience d'elle-mme en tant qu'individu unique et diffrent. Le tableau suivant permettra de retrouver les lments essentiels de cette conception du vivant. On y prsente les caractristiques gnrales de la vie ainsi que les variations particulires qui distinguent l'espce humaine, avec les caractristiques qui permettent ces variations.
Tendance actualisante (protger et maximiser sa vie) Des choix qui s'appuient sur une perspective temporelle plus vaste Cration des ses propres valeurs Processus d'auto-rgulation (s'appuie sur un systme d'information) Le contrle volontaire est dterminant L'information est plus abondante L'information est mieux traite Pouvoir et responsabilit accrus S'alimente de contacts avec l'environnement (changes : entre et sortie) Varit et subtilit des changes (nourritures d'ordre trs vari) Possibilit d'changes fausss (services-symboles) Capacit de valoriser la non-rciprocit Changement continuel (sans point terminal) Choix de directions de changement ventail de possibilits plus vaste (potentialits et connaissance) Perspective temporelle trs tendue (objectifs plus audacieux)
Unicit (individu unique irremplaable) Individualit plus dveloppe Conscience de son identit unique Capable de s'identifier une collectivit (sans perte d'individualit) Caractristiques propres (selon l'espce) Capacit d'abstraction et de reprsentation Degr et qualit de conscience de soi Raffinement exprientiel Libert, choix volontaires et responsables
Psychothrapie et besoins affectifs Lamour sens unique Manigancer pour combler ses besoins affectifs Vie religieuse et besoins affectifs Se gurir de la jalousie Vivre avec un jaloux Vous avez une question qui demeure sans rponse ?
Est-il possible de combler ses besoins affectifs avec son psychothrapeute? Rponse Il s'tablit toujours un rapport affectif avec un psychothrapeute. Mme lorsque ce dernier est peu actif ou expressif, le client prouve des sentiments son gard. Le psychothrapeute prouve aussi des sentiments envers son client. La relation thrapeutique s'apparente celle avec d'autres professionnels: le mdecin, l'avocat... Elle en diffre toutefois par son objectif et par le degr d'intimit qu'exige celui-ci. Ces diffrences ont plusieurs consquences. En psychothrapie, on cherche habituellement rsoudre des blocages intrieurs. Le client espre ainsi devenir capable d'tre lui-mme plus librement. L'objectif de la thrapie implique donc un examen soign de la vie intrieure du client, de mme qu'un changement important dans ses faons d'agir. Pour parvenir ces objectifs, le client en vient se rvler plus que dans toute autre relation professionnelle, souvent mme plus que dans ses relations avec ses proches. C'est donc une grande intimit qui se dveloppe entre le psychothrapeute et son client.
En principe, le cadre thrapeutique est idal pour dfaire les blocages ainsi que pour travailler mieux s'assumer. Dans les approches humanistes d'ailleurs, on considre que la personne est gale elle-mme dans son rapport avec le psychothrapeute, c'est--dire qu'elle entre en relation avec lui d'une manire qui traduit la fois ses ressources et ses blocages. C'est pour cela que dans ces approches, le vcu dans le prsent l'gard du psychothrapeute est utilis comme occasion de "se dcouvrir", "se comprendre", "s'exprimenter dans du nouveau" et "s'assumer". Dans cette perspective, il est avantageux pour le client d'exprimer son thrapeute l'importance qu'il lui accorde et de lui rvler le pouvoir qu'il lui accorde, particulirement celui de le confirmer comme personne.Le seul fait de prendre ce risque lui permet de s'assumer davantage. Je dirais mme que pour exploiter la psychothrapie au maximum, il doit se laisser vivre et exprimer tous ses sentiments l'gard du psychothrapeute. C'est l'importance du psychothrapeute comme interlocuteur transfrentiel qui rend cette expression ncessaire. En fait, pour rsoudre son transfert avec son psychothrapeute (et non pas seulement "comprendre son transfert"), le client doit aussi communiquer "ses besoins" et les prendre en charge. J'ai prcis ailleurs en quoi consiste exactement la prise en charge de ses besoins (cf. Question : "Porter la responsabilit de ses besoins").
En somme, il est vrai que le client peut combler des besoins affectifs avec son psychothrapeute. La psychothrapie peut mme tre considre comme un lieu privilgi o apprendre le faire. (Pour certaines personnes le cadre de la psychothrapie de groupe est moins menaant, parce que moins intime, pour apprendre combler ses besoins affectifs.) Le travail thrapeutique dans cette perspective est possible et peut tre rentable, mais certaines conditions. Premirement, il est ncessaire que le psychothrapeute comprenne et accepte cette perspective et qu'il soit adquatement form son utilisation thrapeutique. Deuximement, il est essentiel que le psychothrapeute respecte les rgles d'thique appropries. Plus particulirement, il doit absolument viter de profiter de la situation (vulnrabilit de son client) pour rpondre ses propres besoins. Dans une approche thrapeutique o on enseigne combler ses besoins affectifs, le client peut faire des pas de gants sur ce sujet. Car en plus d'tre un pdagogue et un conseiller dans cette dmarche d'apprentissage, le psychothrapeute agit comme interlocuteur. Il devient donc une personne qui rpond tout en veillant ce que le client prenne ses besoins en charge. Mais il ne faut pas oublier que la "rponse" reue n'est pas l'lment crucial du changement. Ce qui est le plus important, c'est que le client ose "porter son besoin", c'est--dire, qu'il parvienne l'exprimer directement. J'ai parl de l'importance
de cette expression dans l'article "Conqurir la libert d'tre soi-mme". Toute personne qui arrive porter ainsi son besoin devient ventuellement capable de trouver, dans les situations de sa vie quotidienne, les interlocuteurs qui seront en mesure de la "prendre" avec ce besoin. Cette dmarche peut s'amorcer avec le psychothrapeute, mais c'est hors de la thrapie qu'elle trouve son aboutissement. Si on devient capable, dans le cadre de la relation thrapeutique, de prendre le risque d'exprimer ouvertement son besoin, si on y parvient sans s'appuyer sur l'assurance qu'il dira oui notre demande, il est certain qu'on sera capable d'avoir le mme courage avec les personnes importantes de notre vie.
Question: Manigancer pour combler ses besoins affectifs Je crois souffrir d'un grave problme de dpendance affective. Ds qu'une personne, peu importe qui et pour quelle raison, m'accorde un peu d'attention, j'essaie par tous les moyens imaginables qu'elle devienne oblige moi. Je fais aussi tout ce que je peux pour qu'elle reste disponible en tout temps pour moi. Quand cela ne se passe pas de cette faon, j'ai trs mal et je me sens abandonne. C'est la dprime. Rponse
En agissant de manire indirecte ("par tous les moyens inimaginables"), il n'y a aucune chance d'voluer dans ma dpendance l'gard des autres. Cela correspond ce que j'appelle, dans l'article, les faons dysfonctionnelles, qui peuvent mme devenir pathologiques, de tenter d'obtenir satisfaction. Au lieu d'exprimer MOI-MME l'autre son importance, je prends des moyens dtourns pour que L'AUTRE se comporte comme si j'avais de l'importance pour lui. C'est comme si je lui "arrachais" des comportements, du temps... En procdant de cette faon, il est impossible d'voluer. Comme je ne porte pas mon besoin, je demeure en situation de dpendance, mme lorsque j'obtiens de l'autre les rponses que je souhaite. Lorsque l'autre ne tombe pas dans le pige, il est normal que je sois en mauvaise posture, car je ne peux viter de constater ma dpendance son gard. Si j'obtiens ce que je recherche, ma dpendance est moins visible car elle est cache derrire la "disponibilit" excessive de l'autre. Mais il s'agit d'une illusion car je demeure tout aussi dpendant de cette "prsence garantie".
Question: Vie religieuse et besoins affectifs Si tout humain a des besoins affectifs qu'il satisfait grce ses contacts avec d'autres personnes, comment les religieux peuvent-ils garder un quilibre psychique? S'agit-il d'exceptions ou se trouve- t-on dans le domaine de l'inconnu, de l'inexplicable, de la force divine? Rponse Les humains ont tous des besoins affectifs. Il n'y a pas d'exception ce sujet. Mais ils n'ont pas tous recours aux mmes moyens pour rpondre leurs besoins. Il existe de multiples moyens de rpondre nos besoins affectifs. Les rapports sexuels en font partie. travers le contact sexuel, on peut trouver diverses nourritures. Ce peut tre une occasion d'obtenir des confirmations sur sa valeur et son impact sur l'autre (je suis aimable, valable, attrayante, satisfaisante sexuellement...) Ce peut tre une aussi une simple occasion de vivre un contact agrable ou passionnant, rconfortant, stimulant. Concernant les besoins affectifs, il faut distinguer deux ralits qui s'imbriquent trs souvent: (1) la gestion quotidienne des besoins affectifs et (2) la conqute du droit d'tre (incluant le droit l'existence, le droit une identit distincte et le droit d'tre sexu). Plus sa conqute du droit d'tre est avance, plus
une personne trouve normal d'avoir des besoins affectifs et de prendre l'initiative de les combler. Elle peut inventer toutes sortes de manires dans toutes sortes des situations pour le faire. Cela est possible pour les personnes engages dans la vie religieuse et le clibat comme pour les autres. La conqute du droit d'tre sexu, toutefois, ne peut se faire qu' travers des contacts de "nature sexuelle". Puisqu'elle consiste essentiellement obtenir des confirmations sur soi comme tre sexuel, elle doit se faire en s'impliquant avec des individus de l'autre sexe. Je ne pense pas, en effet, qu'il soit possible pour quelqu'un de se possder comme tre sexu, s'il ne s'est pas expos comme tel avec des personnes signifiantes. Mais il ne faut pas oublier que la conqute du droit d'tre sexu se fait en bonne partie l'adolescence. On peut donc s'attendre ce que tout le monde arrive l'ge adulte en ayant fait un certain nombre d'acquisitions dans ce domaine. Les gens qui renoncent vivre cette dimension d'eux-mmes choisissent, du mme coup, de renoncer se possder comme personne sur le plan sexuel. Ils arrtent le dveloppement de cette diemension d'eux-mmes. Ce ne sont pas ncessairement tous les religieux qui font ce choix et beaucoup de laques, mme parmi ceux qui ont rgulirement des relations sexuelles, ont fait le mme choix. Il faut noter aussi qu'il ne s'agit pas ncessairement d'un choix volontaire. Souvent, ce renoncement est plutt la consquence de n'avoir pas voulu prendre les risques ncessaires pour s'assumer.
La conqute du droit d'tre sexu est une question assez complexe. Nous n'avons encore aucun article de "La lettre du Psy" qui en explique les nuances. Les personnes intresses y rflchir davantage peuvent toutefois consulter le chapitre 5 "La rsolution du Transfert" dans "L'Auto- dveloppement: psychothrapie dans la vie quotidienne".
Question: Lamour sens unique Que faire avec quelquun que jaime la folie mais qui est trs froid et distant avec moi ? Je sais que je vais souffrir, mais jai quand-mme envie de rester avec lui. Mme si jai limpression quil ne maccorde aucune importance et quil invente toutes sortes de prtextes pour mviter, je maccroche comme une folle et je suis prte tout pour lui. Est-il possible quil soit
simplement timide ou quil ait des problmes qui lempchent de rpondre mon amour ? Je ne sais plus quoi faire. Rponse Il arrive souvent quon amorce une relation amoureuse sur des bases aussi fragiles. Parfois, comme ici, cest le comportement de lautre qui ne correspond absolument pas ce quon recherche. Dans dautres cas, cest nous-mmes qui donnons une fausse image de ce que nous sommes dans lespoir de plaire ou de sduire. Comment comprendre quune personne soit prte sinvestir intensment alors que tous les indices lui signalent que la relation na aucune chance relle de survie ? Ce nest pas en examinant ou en interprtant le comportement de lautre quon peut trouver la rponse. Cest en examinant ce que nous investissons dans la relation malgr les signes clairs que nous donne la ralit. Il faut arriver dceler quelles sont les vertus magiques que nous accordons la personne choisie pour arriver comprendre ce qui nous anime vraiment. Si je choisis daimer la folie quelquun qui mignore ou me repousse, ce nest pas sans raison. Cest parce que je trouve normal quune telle personne ne me rende pas mon amour. Ou bien je ne me considre pas vraiment digne de son amour, ou bien je suis incapable daccepter son rejet. Dans les deux cas, je suis port persister malgr tous les signes qui me disent que cette relation na aucun avenir, aucun potentiel rel
de satisfaction. Il nest pas tonnant que ce chemin conduise toujours des frustrations intenses et des souffrances prolonges.
Je ne suis pas digne de son amour Si je ne me trouve pas vraiment digne de son amour, je serai tent de mamliorer pour tre la hauteur. Je tente alors de mettre en valeur des qualits que je nai pas vraiment, dtre mieux que ce que je crois tre force defforts de volont et dapplication. Dans ce cas, je suis particulirement port mettre en valeur des qualits qui correspondent aux attentes que je devine chez lautre. Peu importe si ces caractristiques ressemblent ce que je suis rellement, peu importe si cest vraiment ce que lautre attend dun partenaire amoureux: ce qui compte cest dtre la hauteur des attentes que jimagine. Peu importe le rsultat de mes efforts, ce que jobtiens ainsi, ce nest pas de lamour. Si je russis, je me retrouve emprisonn dans un rle qui ne correspond pas ce que je suis vraiment. Si jchoue, je me retrouve dans le vide: loin de ma ralit et confirm dans mon impression dtre inadquat. Dans les deux cas, je me suis reni, jai perdu contact avec moi-mme et jai contribu dtruire le peu destime de moi qui me restait. Je suis encore plus handicap pour mes prochaines relations.
Je ne peux accepter son rejet Dans la question telle quelle est pose ci-dessus, cest plutt le rejet quon ne peut accepter. Le manque dintrt de ltre aim a beau tre vident, il nest pas considr comme une ralit. Pourtant, il est vident quon lui attribue une importance norme. Une question peut nous aider grandement voir plus clair dans une telle situation: pourquoi je tiens autant tre aim par cette personne en particulier? Dautres versions peuvent aider identifier plus clairement les vraies rponses: Pourquoi je choisis daimer cette personne qui nest pas intresse moi plutt que quelquun qui maimerait ? Quest-ce que a changerait ce que je suis si cette personne consentait maimer? Quest-ce que cette personne a de particulier pour que je my attache aussi intensment ? Est-ce que ce que je vis avec cette personne ressemble dautres expriences de ma vie ?. Poser ces questions, cest dj y apporter des lments de rponse. Cest parce que cette personne reprsente quelquun dautre qui a un pouvoir considrable sur mon identit et ma vie que jy attache une telle importance. Cest cause des implications quaurait son rejet que je suis incapable daccepter la ralit.
Cest aussi parce que je ne veux pas me rsigner me passer de cette validation fondamentale de ce que je suis que je naccepte pas le rejet vident. En fait, jespre convaincre cette personne de ma valeur afin dacqurir, en la validant ainsi, une valeur personnelle qui ne mappartient pas encore. (Voir ce sujet Le transfert dans les relations et Transfert et droit de vivre.)
Lessentiel de la solution Dans chacune de ces situations, cest dabord sur un retour soi-mme que repose la solution. Plutt que de cder la forte tentation dexaminer le comportement de lautre, cest cerner nos vrais besoins que nous devrions investir nos premiers efforts. Mais cette identification nest pas une tche aussi facile quon pourrait le croire. Il faut notamment distinguer nos besoins des moyens auxquels nous avons pens pour y rpondre (voir http://redpsy.com/infopsy/noeuds3-qr.html#autre). Il faut aussi identifier notre vrai besoin alors quil se dissimule parfois derrire une image familire et rassurante (nos habitudes) ou adopte une forme socialement acceptable (conventionnelle) qui ne le respecte pas vraiment. Laide dun psychothrapeute est souvent ncessaire pour parvenir a faire clairement toutes les distinctions ncessaires.
Lorsque les besoins sont bien identifis, la situation change de faon radicale. Le fait de savoir clairement ce que nous recherchons nous donne automatiquement du pouvoir sur notre satisfaction. En nous laissant le choix des moyens qui peuvent, dans les circonstances o nous sommes, nous procurer les satisfactions auxquelles nous aspirons, cette connaissance multiplie nos capacits et nos occasions de rpondre nos besoins rels. Lautre personne devient alors un des moyens qui soffrent nous. Et souvent, nous constatons alors que cette personne est bien loin de constituer le meilleur moyen pour obtenir satisfaction. Dans la question telle quelle est rsume ci-haut, il est clair que la personne choisie nest pas un bon choix si on cherche une rponse satisfaisante. Quelles que soient ses raisons, cette personne ne se montre pas disponible. En identifiant bien prcisment ce quon cherche satisfaire avec elle, il est possible dinvestir ses nergies dans des relations plus prometteuses.