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3l Art Merinide Et Hafside

Ce document décrit l'histoire des dynasties berbères Mérinides, Zianides et Hafsides qui ont renversé les Almohades au Maghreb entre les XIIIe et XVIe siècles. Il fournit des détails sur leurs origines, leurs conquêtes territoriales et leurs relations les uns avec les autres.

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3l Art Merinide Et Hafside

Ce document décrit l'histoire des dynasties berbères Mérinides, Zianides et Hafsides qui ont renversé les Almohades au Maghreb entre les XIIIe et XVIe siècles. Il fournit des détails sur leurs origines, leurs conquêtes territoriales et leurs relations les uns avec les autres.

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I.

LE CONTEXTE HISTORIQUE

 Les Almohades sont renversés par trois dynasties berbères les


Mérinides, les Zianides et les Hafsides au Maghreb.
 
1. LES MERINIDES

À la différence de leurs prédécesseurs, Almoravides et Almohades, les Mérinides


ne se réclament d’aucun mouvement politique ou religieux réformateur. A la fin
du XIII siecle, et la fin du regne almohade, L’avènement des Mérinides est
synonyme d’un retour au mâlikisme qui s’impose désormais comme la doctrine
officielle de tout le maghreb. Fès devient un foyer capital de la production
juridique et accueille de nombreux savants et juristes .
 
Selon Ibn Khaldoun, la grande tribu des Bani Marin est d’origine berbère  ,
comme celle des Banu. Abd el-Wad ou Zianide . Elle nomadisait dans le Zab,
l'actuelle région de Biskra, lorsque à la fin du XIe siècle elle fut peu à peu
poussée vers l'Ouest par les tribus hilaliennes. Au milieu du XIIe siècle, lorsque
Abd al-Mumin conquit son empire, les Mérinides éraient dans les hautes plaines
de l'Oranie.
 
Le successeur mérinide d’Abû Yûsuf, Abû Ya‘qûb (1286 - 1307), concentre son
effort militaire à la lutte contre les ‘Abdelwadides dont la capitale Tlemcen est
assiégée pendant huit ans, et étouffée par la fondation d’une ville princière et
militaire, al-Mansûra. 

La suprématie régionale des Mérinides atteint a son paroxysme durant le


deuxième quart du XIVe siècle. En al-Andalus, ils continuent à prendre part à la
bataille pour le contrôle du Détroit de Gibraltar, mais leur intervention se solde
par un échec cuisant à Rio Salado devant les armées castillano-portugaises en
1340. Abû l-Hasan ( 1331 - 1351), dirige aussi sa politique expansionniste
contre ses voisins de Tlemcen qui tombe en 1337.
 
 
Cette période était marquée par le charifisme, rattachements généalogiques à
des fins religieuses ou politiques (D’apres Abderrahmane Ibn Khaldoun dans la
moukkadima, comme les Zianides qui prétendent  descendre d’Al Qacim Ibn
Idriss et certains d’Abbas Abd el Moutallib ) et revendication d’un prestige en
raison d’une descendance de la famille du prophète, et le maraboutisme
(soufisme confrérique) .
 
Après la mort de l'émir Abou-Yahia, son frère, Abou-Youséf-Yakoub, à la
suite de quelques difficultés avec son neveu, s'empara du pouvoir
en 1259. Les réfugiés andalous y avaient apporté le luxe et la culture de leur
civilisation.
Un Almohades nommé Abou-Debbous proposa une alliance aux Mérinides; il
entre en vainqueur à Marrakech en 1266
Abou-Debhous, fort grisé de sa victoire, se fait proclamer calife et veut pour
son compte relever l'empire almohade
Il y est aidé par une campagne que les Abd-el-Ouad de Tlemcen recommencent
contre les Mérinides, mais Abou-Yousaf-Yakoub se lance contre la dynastie
de Tlemcen; il atteint Yaghmorasen dans la plaine de Tafrata et lui inflige une
sanglante défaite, où le fils du chef des Abd-el-Ouad est tué et son camp
enlevé. Revenant ensuite à marches forcées vers l'Ouest, il tire une éclatante
vengeance du misérable Abou-Dabbous qui est tué au combat de l'oued
Aghfou, entraînant dans sa chute le dernier lambeau qu'il détenait de la
puissance almohade. Le 8 septembre 1269; l'émir des Mérinides fait son entrée
dans Marrakech. Tous les adhérents de la dynastie d'Abd-el-Moumen
évacuèrent la ville, se réfugiant dans la montagne à Tinmelel et y proclamant
comme leur calife Ishak, frère d'Abou hafs Omar El-Morteda, almohade
 
B. LES ZIANIDES
 
Les Zianides , Nommés gouverneurs de Tlemcen par les Almohades, ils
s'arrogent un pouvoir  autonome, contribuant ainsi à la chute de ceux-ci, en
rejetant leur attaque ainsi que celle de leurs alliés mérinides en 1248.
Yarmoracen Ibn Zyan, (‫ان‬66‫ن إبن زي‬66‫يغمراس‬ en arabe )  a inauguré au
XIVe siècle la dynastie des Abdalwadides. Il a fait de Tlemcen  sa capitale d'où
il lutta continuellement contre les Mérinides.
Ce siècle portait en lui les germes des grands progrès pour l’humanité, la
splendeur de l’Andalousie, la court de Seville , le sens des grandes révolutions
créatrices qui se sont produites dans les pays méditerranéens ainsi que
l’évolution économique, commerciale, intellectuelle et philosophique qui allait
donner lieu à la Renaissance et à l’expansion Européennes en Amérique
 Othmane ibn yaghmoracen ( 1283-1304)
 Abou Zeyane Mohamed 1er  Ibn Othmane (1304-1308),
 
Abou Hammou Moussa (1308-1318), Abou Hamou Moussa Ibn Youssouf Ibn
abdourrahmane Ibn Yahia Ibn Yaghmourassen Ibn Zayane, né en Andalousie
en 733 h – 1323 .il vécut à Tlemcen où il se forma politiquement et dans le
monde des Lettres. Il fut assassiné le 1er de Dhi Al Hijja en 791 h – 1318 a
l’instigation de son fils
 
ZIANIDES   SOUS  LE SIEGE  MERINIDES
 
En 1296, l’expédition des forces Merinides pour l’occupation de Tlemcen et
fondation de la mosquee Sidi Abou El hassen Ibn Yekhlouf Tensi(Ettensi : Abou
El Hassan Ben Yekhlef, frère d'Ibn Ishak mourut à Tlemcen en l'an 706 de
l'hégire (1306). Il put avoir une place de choix auprès du Sultan à la mort de
son frère. Il enseigna à Tlemcen  et parmi ses élèves « El Abli ». Il est mort au
cours du siège de Tlemcen et fut enterré dans le mausolée d'Ibn Mediène
Chouaïb. Le sultan mérinide Ibn Yacoub assista à ses funérailles a Tlemcen par
Merinide Abou Said Othmane, fils de Yakoub.

MORT DE OTHMANE IBN YAGHMORACEN 1304


L’époque est marquée aussi  par l’expansion  Merinide de Tlemcen ; Les
épisodes les plus notables seront, sous l’almohade,  Othmane ibn yaghmoracen
( 1283-1304), le long siège de Tlemcen par l’armée de Fès, qui pendant huit
ans (1298-1306) isola la ville par un mur de circonvallation, afin de la mieux
affamer. « Othmane, fils de Yaghmoracen, mourut au bain. Il venait d’en
éprouver l’influence affaiblissante et, voulant se désaltérer, il se fit apporter une
tasse de lait aigre. Il s’endormit et rendit son dernier soupir ». La reine qui est
la fille du sultan de Tunis fit venir ses deux enfants et ferma toutes les portes
du Mechouar.
DISPARITION DU CORAN REDIGE PAR OTHMANE IBN AFFANE
 C’est vraisemblablement au cours de cette funeste période que disparaîtra à
jamais un des quatre exemplaires du Coran rédigé par Othman Ibn Affane,
troisième Khalife
Il est utile de rappeler que le successeur Merinide d’Abû Yûsuf, Abû Ya‘qûb (r.
1286 - 1307), a concentré son effort militaire  à la lutte contre les
‘Abdelwadides dont la capitale Tlemcen est assiégée pendant huit ans, et
étouffé Tlemcen  par la fondation d’une ville princière et militaire, al-Mansûra.
 
Ibn Khaldoun  rapporte qu'il y eut 120.000 morts parmi les zianides lors de ce
siège. Il poursuit : « Malgré cela, ils ont persévéré dans leur résistance. Oh  !
combien ils ont été admirables de persévérance, d'abnégation, de courage et
de noblesse  ! »[
 
Ensuite le merinide, Abu Al-Hassan, Ali fils de Abou Said Othmane fils de
Yakoub a fait capituler Tlemcen en 1337 pour 10 ans et  Tlemcen est délivrée
en 1348 du joug étranger par la défaite du sultan marocain en Tunisie, elle
tomba de nouveau en 1352 aux mains du mérinide Abû Înan Fâris et ne revint
aux ‘Abd-al-Wàdides qu’en 1359, après le soulèvement des Dawâwida et
l’avènement de Hammil II (1359-1389). Le long règne de celui-ci représente
une période faste où le royaume de Tlemcen reprit à son compte les desseins
de conquête des Mérinides vers l’Est.
 
En raison de leur position centrale au Maghreb, pris comme dans un étau, entre
les royaumes mérinides et hafsides. Ils tombent ainsi sous la domination de
leurs rivaux mérinides à deux reprises (1337 à 1348 et 1352 à 1359), puis sous
la suzeraineté hafside à la fin du XVe siècle. Ils réussissent malgré cela à fonder
un État prospère. Les Zianides sont vaincus finalement par les Ottomans en
1556.
 
 
II. L´Art Hafside, zianide et Merinide

L’expression art hafside, zianide et mérinide désigne la production
artistique qui a lieu au Maghreb sous ces trois dynasties, c’est-à-dire
du XIIIe au XVIe siècle. Elle tient principalement en une importante architecture.

L'art almohade (1140-1220) est l'art d'une réforme religieuse, mais il est aussi
l'union des courants architecturaux de la méditerranée occidentale et dans une
certaine mesure, des inspirations saheliennes de la "Civilisation de Ghana". Le
classicisme kufique de l'Ifriqiya rencontre la richesse du décor andalous, et les
programmes monumentaux sont à la gloire de l'empire sacré des "Unicitaires".
Déjà l'art almoravide des décennies 1080-1130 avait tenté la fusion et
l'appropriation dans la construction d'édifices d'une rare harmonie, d'une
grande clarté et garnis de riches décors. Le programme Almohade met l'accent
sur les attributs de la souveraineté Emirale : grandes mosquées de
rassemblement dans un des Ribât de Sala, sur les ruines du complexe
militaire Lemtuna à Marrakech, dans la métropole andalouse d'Isbalya (Giralda
de Séville), mais aussi sur les fortifications de cités, des portes monumentales
voient le jour, et l'entrelacs polylobé apparaissent ainsi que des proto-
types de Muqarnas géants, directement inspirés de la mode ayyubide.
Dernier élément, mais non des moindres, l'apparition de l'arc brisé
outrepassé.

Au cours du second tiers du XIIIe siècle, les États asturo-galiciens


(Castille, Leon) et arago-catalonais, s'emparent des principautés espagnoles, ils
inversent strictement la règle romano-islamique, musulmans et juifs paient un
impôt supplémentaire, ils se dénomment "Mudajjan" (Mudejar) : les soumis,;
cependant, la société hispano-andalouse ne change que très lentement, l'art
mozarabe, un art officiellement chrétien mais réalisé par des andalous
chrétiens et musulmans pour des andalous chrétiens, constitue une des face de
l'art maghrébin des XIVe et XVe siècles.

Seul dans la Sierra Nevada et les pâtures avoisinantes, un Sahib maintient un


semblant d’État islamique face à la côte barbaresque, il concentre à Gharnata
(Grenada).

Au Maghreb, les Zénètes prennent le contrôle des grandes cités et


délogent finalement les almohades de Marrakech en 1268. Ils se
fractionnent en deux groupes, les Zianides, depuis Tlemcen (1235) et
les Mérinides, depuis Taza (1235) puis Fez (1258). Les
Hafsides prennent également leur indépendance de fait au cours de
cette décennie.

L'art maghrébin évolue désormais, il se manifeste en ouvrages militaires,


défensifs et majestueux (fortifications, portes) sur commande de la dynastie
régnante, mais également dans un effort permanent d'enrichissement des
édifices liés au Waqf ou Hubûs (Mausolée et Hospice Général ou Zawiya)
marchés voûtés (Qaysariya), salles de prières, réfections de mosquées, Collège
universitaire (Madrasa), lequel est étroitement lié également avec une
commande dynastique, hôpitaux psychiatriques (Marîstân)... et privés :
demeures à Patio (Dâr) ou à jardin central (Ryad) atteignent leur forme
définitive, thermes (Hammâm). Cette explosion d'établissements socio-religieux
et militaro-prestigieux suit une évolution globale de la société islamique, qui
s’empare du cœur des cités et façonne l'idée de l’État Providence afin de
justifier sa pérennité. Nul objectif militant, nul intérêt supérieur ne
guide Naçrides, Hafsides, Zyanides et Mérinides en dépit de conflits très
sérieux, notamment entre Castillans, Portugais, Grenadins et Fassis sur la
question des détroits jusqu'au milieu du XIVe siècle.

L'art maghrébin acquiert le goût gothique du vitrail et de l'exubérance


géométrique et figurative, il utilise pour ce faire le parement de stuc, qui
reprend les motifs de fils sans fins d'arcs outrepassés, polylobés,
de lambrequins et de muqarnas. Les motifs végétaux résident dans un jeu
habile entre Rinceaux de Vigne stylisés, du plus pur style oriental, la Palme (un
palmier dattier stylisé) et la pomme de pin.
Les linteaux de cèdres, déjà présents à l'époque almohade sont désormais
généralisés sur le registre supérieur des grands intérieurs, l'art de la majolique
monochrome culmine dans le raffinement des décors de zellij. La calligraphie
décorative s'orientalise également, le Naskh y occupe une place dominante, et
finit par acquérir une identité et des variantes purement occidentales, il occupe
en particulier des frises de panneaux de céramique polychrome, le stuc et
le cèdre, y remplaçant le sobre kufique almohade.

La tuile complète l'édifice, elle est elle même colorée de vert ou de bleu.

La période de ces arts peut se distinguer entre période primitive (1240-1280),


période classique (1280-1335), période « flamboyante » (1335-1430), période
tardive, corrompue (1430-1530) avant que l'art maghrébin ne se replie
manifestement derrière la frontière « marocaine » et y occasionne l'art
"saadien" (1530-1630).

Hafside.

Tunis est la ville principale où construisent les Hafsides. La mosquée de


la kasbah est édifiée plusieurs années avant l’indépendance de la dynastie vis-
à-vis des Almohades et présente des points caractéristiques de la
tradition architecturale de la région : construction en pierre et voûtes en
berceau sur des colonnes. Des nouveautés provenant des Zianides ou d’al-
Andalus sont décelables dans les muqarnas et le décor de stuc taillé.

Cependant, l’apport majeur des Hafsides tient dans l’implantation


de médersas en Occident. Celle de Shamaiyya, édifiée par Abû Zakariyâ' Yahyâ
en 1249, est une structure simple, plus ou moins à quatre iwans (L'iwan  est
un élément architectural qui consiste en un vaste porche voûté ouvert sur un
côté par un grand arc.). Construite en pierre, elle présente une élévation sur
colonnes, qui supportent des  chapiteaux  à fleurons caractéristiques des
Hafsides, et qui rappellent l’architecture andalouse.

Les mérinides

La ville de Tlemcen est située dans une zone facile à défendre, et comporte


plusieurs centres urbains, beaucoup de tombeaux et de lieux de prière. La ville
est tenue par les Abdalwadides, mais deux fois prise par les Mérinides (de 1337
à 1348 et de 1352 à 1359). Le minaret est situé dans l’angle nord-est de la
cour est une particularité des édifices  Zianides.
La mosquée Abou Madyane , est érigée en 1296. De petite taille, elle possède
un plan très simple, sans cour, la salle de prière étant réduite à trois nefs
perpendiculaires à la qibla. Le minaret à fut carré rappelle celui de la mosquée
d’Agadir, mais l’élément le plus remarquable est le mihrab, qui porte à lui seul
la plus grande partie du décor. Faisant saillie sur le mur, cet élément porte un
décor de stuc couvrant, dont le répertoire est limité mais le travail très délicat,
et donne un effet de dentelle plutôt que de relief. Les épigraphies cursive et
kufique s’y mêlent, au milieu de palmettes et de demi-palmettes. Les arcs
outrepassés à claveaux rayonnants évoquent la grande mosquée de Cordoue,
mais la coupole au-dessus du mirhab impressionne par sa modernité : elle est
emplie de muqarnas, un siècle déjà avant l’Alhambra.
Séparé de cette mosquée par une cour se trouve celle d’Al-Eubad, qui date de
1339 et sert d’annexe à Abou Madyane et de tombeau. Si la salle de prière,
petite et sobre, est bâtie sur un plan en T classique et surmontée d’une voûte
barlongue, le décor de grande qualité surprend : mosaïque de céramique,
travail de stuc très développé, voûtes de muqarnas, coupole au-dessus du
mihrab ajourée, etc.

La Mansourah

Située à cinq km de Tlemcen la Mansourah était une énorme ville fortifiée,


enclose de murs renforcés par pas moins de quatre-vingt tours. Elle fut édifiée
pour réduire le pouvoir des Abdalwalides de Tlemcen, et mener un siège qui
dura huit ans et se solda par l’assassinat du mérinide Abu Yakub. Dès lors, la
mansura se ruina et devint une grande ville commerçante, aux dires de Yahya
ibn Khldun, le frère de l’historien Ibn Khaldun. En 1337, la prise de Tlemcen par
Abu'l Hasan conduit à une restauration de la mansourah, mais celle-ci est
délaissée par son fils, qui y récupère des matériaux de construction.

Le palais de la Mansourah est constitué de cours carrées ou oblongues et


comporte un bassin oblong et des éléments d’alimentation en eau. Des
chapiteaux utilisés dans la mosquée Sidi Bumedien en proviennent.

La grande mosquée, qui s’étale sur près de 500 m², possède un plan un peu
spécial : au lieu de posséder une travée plus large devant le mur de qibla,
comme le veut le plan en T, ce sont trois travées qui entourent la maqsura,
comme à Tinmel, d’ailleurs. La grande cour carrée est assez caractéristique du
Maghreb aux XIIIe et XIVe siècles, mais la ziyada qui entoure le bâtiment est plus
rare. Quant au minaret, haut de 38 m, son fut carré entièrement en pierre est
décoré de manière différente à chaque étage. Outre les portes à arcs
outrepassés et les balcons, on note la présence de nombreux muqarnas, de
motifs de palmettes bifides et de coquilles et un goût prononcé pour la
polychromie.
Chellah

Chellah (Shillah en arabe) est une nécropole Romaine, construite non loin
de Rabat entre 1331 et 1348 et dominant un ouadi (fleuve) navigable. Dès
1260, l’aqueduc fut fortifié et un rempart élevé par Abu Al Hassan en 1339,dont
l'inscription qui surmonte la porte monumental d'entrée témoigne précise la
date de l'achèvement de ce programme de fortification. On assiste en 1284
premier enterrement de la princesse mérinide Umm Al Izz (‫)أم العز‬. D’autres
ensevelissements suivirent celui-ci, bien qu’une autre nécropole dynastique ait
existé à qui porte le nom de la nécropole d'Al qolla(‫)القلة‬. Chellah comprend un
grand complexe. On y trouve la mosquée d'Abu Al Hassan,une madrasa édifiée
sous Abu 'Inan(vers 1348), une série de mausolées sous coupole et des jardins
funéraires. Dans les mausolées, décorés de pierre à l’extérieur, se trouvent des
cénotaphes prismatiques, une forme typique du Maghreb. Les épigraphies qui le
recouvrent, et constituent en partie le décor du bâtiment, sont en cursif un peu
« mou », un autre trait récurrent de l’occident musulman, que l’on retrouve
dans l’Alhambra.

l’installation de la nouvelle dynastie, le Maroc n’était pas vierge de toute


architecture, loin s’en faut, et avait déjà développé des traits propres que
conservent et développent les Mérinides. Dans les mosquées, ceux-ci sont :

 Un plan arabe en T, avec sept nefs perpendiculaires au mur qibla, dont


celle du centre est plus large.
 Un minaret de plan carré
 Un mihrab faisant saillie et traité comme une pièce à part entière
Les décors de stuc sont généralement moins importants que chez les Nasrides,
mais on retrouve les mêmes toits en fort encorbellement avec des tuiles
vernissées. La céramique escarrifiée est une caractéristique des décors
mérinides.

Le concept de madrasa est importé en occident musulman par les Hafsides, qui


bâtissent la première en 1249 à Tunis. Cette apparition assez tardive, par
rapport à la partie orientale du monde islamique, est due au faible taux de
Chiisme dans la région ; les madrasa sont donc dévolues moins à diffuser le
sunnisme que le savoir et la doctrine officielle. Elles permettent aussi
l’enseignement et la diffusion de l’islam dans les lieux ruraux, dont certains
resteront non-islamisés jusqu’au XIXe siècle.
La ville de Fès

Le choix de la localité de Fès comme capitale n’est pas un hasard : en effet,


cette cité servait déjà de capitale sous la Dynastie Idrisside, une dynastie
descendant d’un membre de la famille de Mahomet. Elle permet donc aux
nouveaux maîtres du Maroc de se démarquer par rapport aux Almohades,
auparavant établis à Marrakech, et met en évidence la recherche de
légitimation que mènent les Mérinides en recensant les descendants de la
famille de Mahomet.

Si plusieurs mosquées sont établies à Fès par les Mérinides, ce sont surtout les
madrasas qui marquent l’architecture de cette période dans la ville. La madrasa
'Attarin, édifiée entre 1323 et 1326 dans le souk des parfumeurs, apparaît
quasiment comme une œuvre expiatoire, après une famine due à la sécheresse
(1323), l’incendie du souk (1324) et une inondation (1325). Il s’agit de la
deuxième madrasa élevée par Abu Said dans la ville, un petit édifice prestigieux
et coloré. Le plan s’articule autour d’une cour de 11 sur 6,50 m entourée de
cellules sur un étage. Un portique réduit créé une zone d’ombre qui agrandit
l’espace en donnant l’illusion d’un promentoir. Le décor articule les différentes
parties du bâtiment ; il est constitué de mosaïque de céramique, de stuc en
faible relief, de moucharabiehs en bois de cèdre et de céramique.

Madrasa Bu 'Inaniyya, cour, 1357, Fès (Maroc)

Un second exemple est la madrasa Bu 'Inaniyya, datée de 1357, à savoir sous


le règne de Abu 'Inan. Il s’agit de la plus vaste madrasa mérinide connue, qui
s’appelait à l’origine Mutawakilia. Elle est constituée d’une cour carrée
de 20 m de côté, entouré de deux pièces carrée ressemblant à des embryons
d’iwans et de deux ouvertures, l’une menant à la salle de prière, l’autre à une
zone de boutique constituant les biens habous, c’est-à-dire les biens de waqf.
Le plan est très symétrique, et le premier étage comprend des cellules pour les
étudiants, avec des fenêtres closes par des moucharabiehs. On remarque
l’importance du bois dans cette architecture : moucharabiehs, placages de
cèdre sculpté, corbeaux de bois sculpté (spécialité mérinide), coupole en bois
au-dessus du mihrab, etc. Le minbar s’inscrit dans la tradition des grands
minbars occidentaux, avec un décor soulignant l’emmarchement sur les côtés,
un assemblement par des baguettes de mois et des motifs créés par l’utilisation
d’os et de bois clair.
La ville de Taza

Un monument particulièrement important est élevé à Taza : la grande mosquée


de la ville est en effet le premier édifice mérinide conservé (1291). Sa
disposition fut largement copiée ensuite, mais elle connut elle-même des
modifications (agrandissement du haram) sous Abu Yakub. Son plan est un plan
arabe en T, classique, avec des nefs perpendiculaires à la qibla, mais on
remarque surtout sa coupole entièrement ajourée, avec un réseau de niches
polylobées et de muqarnas dans les trompes. Les nervures, qui froment au
centre un motif étoilé n’ont aucun rôle porteur. Le décor, réalisé grâce à du
stuc taillé en très bas relief, présente des palmettes bifides effilées, de petites
pommes de pin, des coquilles, des médaillons polylobés, des feuilles, etc. Le
répertoire se réduit un peu à cette période, mais la maestria de l’exécution et la
finesse du détail compensent le changement. L’épigraphie cursive suit la mode
andalouse.

L’histoire de l’art marinide est un reflet de l’histoire de la dynastie : un premier


siècle faste, auquel succède une longue période de stagnation résultant du
déclin du mécénat public sous les derniers Mérinides et les Wattâsides.
L’architecture religieuse merinide prolonge dans ses grandes lignes, l’héritage
des dynasties antérieures. Dans les plans, une préférence est à noter pourtant
pour les cours carrées, et pour des bâtiments qui se déploient en profondeur.
De très nombreuses grandes mosquées ou oratoires mérinides sont conservés ;
parmi les plus importants, la grande mosquée de Fès Jdîd, fondée en 1276 au
même moment que la nouvelle cité princière. Les sept nefs qui la composent
sont perpendiculaires au mur de la qibla, lui-même précédé d’une nef
transversale. La cour est délimitée par des galeries prolongeant les nefs
latérales. À Taza, la mosquée almohade subit des travaux d’agrandissement en
1291 ; une magnifique coupole sur nervures est construite devant le mihrâb.
L’œuvre des Mérinides a paradoxalement beaucoup marqué Tlemcen, ville qu’ils
ont martyrisée par de longs sièges. La mosquée d’al-Mansûra, construite en
1303, se caractérise par un plan régulier et symétrique, offrant quelques
originalités. La porte principale est placée dans la base du minaret, lui-même
situé dans l’axe du mihrâb. Les nefs de la salle de prière, perpendiculaire au
mur de la qibla, buttent contre trois nefs transversales disposées de part et
d’autre d’un carré précédant le mihrâb. Ce dernier, est inscrit dans un bâtiment
carré, faisant saillie à l’extérieur de la mosquée, et abritant un oratoire pour la
prière funèbre. Les minarets des mosquées mérinides s’inscrivent également
dans la continuité de la tradition almohade. Les réseaux losangés couvrent la
partie principale du corps du bâtiment, et sont incrustés de carreaux de
céramique ajoutant un bel effet de polychromie.

Les madrasas constituent des ensembles marquants dans l’art merinide.


Apparue d’abord à Fès en 1271, la madrasa commence à se diffuser dans
l’espace merinide comme institution capitale d’enseignement dès la troisième
décennie du XIVe siècle. Si l’on distingue deux grands types de plans, l’un plutôt
s’étendant en longueur (ex. al-Sahrîj, al-‘Attârîn à Fès ; la madrasa d’Abû l-
Hasan à Salé), l’autre adoptant une forme carrée (les Bu‘inâniyya de Fès et de
Meknès), la disposition architecturale interne reste très variée. La cour centrale,
rectangulaire ou carrée, est l’élément central autour duquel sont organisées les
cellules des étudiants, l’oratoire servant le plus souvent de salle de cour. Un
élément aquatique, généralement une vasque, agrémente la cour ; seule la
madrasa al-Sahrîj de Fès comporte un grand bassin auquel elle doit d’ailleurs
son nom. Les salles de prière sont généralement modestes, à l’exception de
celle de la Bû‘inâniyya de Fès. Quelques madrasas sont dotées de minarets (al-
Saffârîn et Bû‘inâniyya à Fès ; la madrasa de la nécropole de Chellah).

La décoration des façades sur cour témoigne de la recherche esthétique des


artistes mérinides. Harmonieuse et équilibrée, cette décoration est plutôt
couvrante ; elle alterne matériaux et registres variés : d’abord des lambris
de zallîj, marqueterie de carreaux de céramique, auquel succèdent des frises
épigraphiques et des panneaux de composition florale en stuc sculpté. Le bois,
mis en œuvre avec une grande maîtrise technique et une virtuosité dans
l’ornementation, constitue le registre supérieur dans la façade. L’effet
chromatique de cette association assure un rendu esthétique de qualité.

Tranchant avec la grandeur et la sobriété de l’art almohade, l’esthétique


merinide est surtout marquée par une profusion des compositions décoratives
et un soin particulier pour le détail.

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