08 Chapitre 2
08 Chapitre 2
ETUDE
des
BETONS
et des
MORTIERS
72 Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers
Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers 73
Ce second chapitre est consacré au suivi des propriétés mécaniques et rhéologiques des
bétons et mortiers, utilisés avec ou sans adjuvant. La présence de gros granulats posant des
problèmes techniques, ce type d’études est souvent menée par le biais de mortiers (voir e. g.
[Maximillien, 1995]) ou de pâtes de ciment (aiguille de Vicat e. g.) dont la composition est
judicieusement choisie. Il existe plusieurs manières d’obtenir de tels mortiers à partir de la
composition d’un béton : on peut par exemple conserver la fluidité initiale, le comportement
thermique, la distance intergranulaire… Tout l’enjeu consiste alors à savoir jusqu’à quel point
ces mortiers permettent de tirer des enseignements sur le comportement des bétons associés
(existence de grandeurs liées pour les deux types de matériau ? Durée de ce lien, …).
Dans un premier temps seront présentées les deux catégories de mortiers testées dans
cette thèse. Les matériaux utilisés, les compositions précises des mortiers et bétons testés ainsi
que les modes de fabrication feront l’objet d’une seconde partie.
Les résultats concernant le comportement mécanique général des mortiers et bétons
seront ensuite présentés. Les allures typiques des courbes d’évolution des grandeurs mesurées
ou calculées seront exposées et analysées. Des moments particuliers de la prise seront alors
définis.
L’impact des différents adjuvants testés sur le déroulement de la prise sera ensuite
abordé. On s’attachera en particulier à la sensibilité de chacune des grandeurs mesurées vis-à-
vis de l’usage d’adjuvants, de manière à identifier celles qui sont les plus pertinentes pour le
suivi de la prise de matériaux hydrauliques adjuvantés.
Enfin, on montrera, grâce aux deux types de mortiers utilisés, que des changements de
structure granulaire conduisent à des différences notables dans le développement des
propriétés rhéologiques. Les relations éventuelles de passage existant entre ces matériaux
seront également étudiées.
Il est parfois habile d’étudier le comportement de bétons par le biais d’études sur des
mortiers judicieusement choisis. Ces mortiers présentent alors l’avantage d’être plus faciles à
tester, les volumes de matériau requis étant plus faibles du fait de la diminution du volume
représentatif.
Deux stratégies de calculs de mortiers associés à des bétons sont présentées dans cette
partie. La première concerne l’obtention de mortiers thermiquement équivalents (appelés ici
« mortiers MT »), la seconde est relative aux « mortiers de béton équivalent » (MBE).
74 II.1 : Des Mortiers pour l’Etude de Bétons
2.1.1 Mortiers MT :
Les réactions chimiques intervenant dans la prise des bétons sont thermoactivées. Pour
obtenir des mortiers comparables à des bétons donnés, on peut donc essayer de conserver une
même histoire thermique, en fabriquant des mortiers dégageant la même chaleur d’hydratation
et ayant la même chaleur spécifique massique. Pour arriver à ce résultat, il suffit de conserver
les quantités de ciment et d’eau et de remplacer le gravier par une même masse de sable. La
masse de sable du mortier est alors égale à la somme des masses de sable et de gravier du
béton.
sable du béton
gravier sable rajouté
le volume
se conserve
béton mortier MT
Fig. 21. 1 : Passage du béton au mortier MT
Lorsque l’on passe de la formulation d’un béton à celle d’un mortier MT (fig. 21.1) :
• le remplacement du gravier par du sable diminue l’étendue granulométrique (fig.
21.2 : le mortier est réalisé avec une partie du sable du béton) : on devrait donc obtenir
une augmentation de la distance intergranulaire.
• le gravier a été remplacé par une même masse de sable. Les grains de sable ayant un
volume plus petit que celui des graviers, il en résulte que la surface globale des
granulats a augmenté, alors que la surface du ciment et de l’eau est conservée. On peut
ainsi penser que les mortiers MT frais sont moins fluides que les bétons associés car il
faut plus de pâte pour enrober et écarter les grains de sable de manière comparable.
• la quantité d’air présente dans le mortier MT ne peut pas être contrôlée lors de sa
fabrication. Celle-ci peut donc varier d’une formulation à l’autre et avoir une influence
(très faible) sur l’inertie thermique du matériau, qui ne sera donc pas rigoureusement
conservée lors du passage du béton au mortier MT.
Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers 75
100
BB2
90 MBE2
mort ier MT associé
80
70
tamisats cumulés en %
60
50
40
30
20
10
m ai l l e s du tami s e n m m
0
0,01 0,1 1 10 100
Fig. 21. 2 : Comparaison de la granulométrie d’un béton courant (BB2), du MBE associé (MBE2) et
du mortier thermiquement équivalent (MT) associé
La méthode de calcul des MBE a été développée dans le cadre du projet national Calibé
pour résoudre des problèmes liés à l’usage de bétons adjuvantés, certains de ces matériaux
présentant des fausses prises, sans raison apparente. Il a alors été décidé de trouver une
méthode permettant de réaliser facilement des essais sur mortiers plutôt que sur bétons.
Le calcul des MBE est basé sur deux réflexions permettant de penser que ce sont les
surfaces de contact des constituants qui importent, plutôt que leur volume :
• la première découle du fait que l’ouvrabilité d’un béton provient de la façon dont ses
constituants arrivent à « glisser » les uns sur les autres pour s’écouler.
• la seconde a pour origine la chimie de la prise, les hydrates se formant plutôt au
niveau des interfaces (ici : gravier/pâte, cf. fig. 21.3).
Calculer un MBE consiste ainsi à remplacer les graviers du béton par du sable dont la
surface développée des grains est égale à celle du gravier que l’on a ôté. Elle diffère donc
profondément de la méthode de calcul des mortiers MT. Le calcul complet est fourni en
annexe 2.
sable volume de granulat manquant
gravier eau + ciment : conservés
surface
conservée
béton MBE
Fig. 21. 4 : Passage du béton au MBE
Lorsque l’on passe de la formulation d’un béton à celle d’un MBE (fig. 21.4) :
• l’étendue granulométrique est diminuée (fig. 21.2), ce qui conduit à une augmentation
des distances intergranulaires.
• les graviers du béton sont remplacés par du sable de même surface. Le rapport
surface/volume des petites particules étant plus élevé que pour les grandes (cf.
S/V=3/r, avec r=rayon de la sphère), le gravier est remplacé par une masse moindre de
sable. Indépendamment de l’air (non contrôlable), la capacité calorifique du MBE est
alors plus faible que celle du béton associé, alors que la chaleur d’hydratation produite
est conservée (mêmes quantités d’eau et de ciment). Les MBE devraient donc
atteindre des températures plus élevées que leurs bétons associés. Leurs réactions de
prise seront ainsi plus thermoactivées que celles des bétons.
• on peut penser qu’il existe un lien entre la fluidité initiale des bétons et celle des MBE
associés, le volume d’eau et les surfaces de ciment et de granulats étant conservées.
Cet aspect a d’ailleurs été vérifié lors du projet Calibé. Cent bétons (allant du B25 au
B40, e/c compris entre 0,44 et 0,64), et 1200 MBE, utilisant 30 adjuvants différents
(plastifiants, superplastifiants, hauts réducteurs d’eau), ont été fabriqués. Les essais
ont été réalisés au moyen du classique cône d’Abrams pour les bétons. Un mini-cône a
par contre été utilisé pour les MBE, du fait de la diminution du volume de matériau
représentatif (fig. 21.5). Dans le cas des MBE, c’est l’étalement qui a été mesuré et
non plus l’affaissement, compte tenu de la grande fluidité de ces matériaux lorsqu’ils
sont adjuvantés. Une corrélation linéaire a alors été trouvée entre l’affaissement des
bétons et l’étalement des MBE (fig. 21.6), sur une durée de 90-120 min (1 mesure
toutes les 15 min). La droite obtenue varie selon les formulations testées et selon les
températures de coulée. Les coefficients de détermination sont compris entre 0,72
(plutôt mauvais) et 0,99 (bonne corrélation).
Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers 77
100 mm
50 mm
300 mm
150 mm
100 mm
200 mm
Fig. 21. 5 : Cône d’Abrams et mini-cône Fig. 21. 6 : Corrélation linéaire entre affaissement
[Catherine et Loquin, 1999] au cône et étalement au mini-cône
[Equipe RMC, 1998] : 10°C, e/c=0,64)
gravier
MBE béton
Fig. 21. 7 : Modélisation des MBE
78
volumes (m^3)
0,0
0,2
0,4
0,6
0,8
1,0
1,2
1,4
1,6
1,8
MBE1a : M55-24
air
eau
sable
ciment
gravier
MBE1b : M55-22
BB1 : B55-20
MBE2 : M44-23
BB2 : B44-22
MBE3 : M40-25
BB3 : B40-25
MT1 : M50-28
BT1 : B50-25
II.1 : Des Mortiers pour l’Etude de Bétons
MT2 : M60-26
BT2 : B60-20
MT3 : M55A2-24
BT3 : B55A2-19
MT4 : M60R4-24
BT4 : B60R4-18
MT5 : M50P4-25
(les MBE sont associés aux bétons BT, les mortiers MT aux bétons BT)
BT5 : B50P4-22
MT6 : M50P5-24
BT6 : B50P5-19
BT7 : B45P4-21
Fig. 21. 8 : Comparaison des formulations des bétons et mortiers associée (formulations pour 1 m3 de pâte intergravier)
BT8 : B45-21
BT9 : B45-24
BT10 : B60-27
Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers 79
Les mortiers MT possèdent le même volume de granulat que les bétons associés. Les
MBE possèdent, quant à eux, un volume moindre de granulats que les bétons. Il y a donc
moins de sable dans les MBE que dans les mortiers MT, alors que les quantités de ciment et
d’eau sont conservées. La capacité calorifique des MBE est donc plus faible (en négligeant le
rôle de l’air) que celle des mortiers MT : ils atteindront donc des températures plus élevées et
les réactions chimiques de leur prise seront ainsi plus thermoactivées. La courbe
granulométrique des mortiers MT étant moins complète que celle des MBE (du fait que le
sable utilisé est différent : fig. 21.2), on peut penser que les distances intergranulaires seront
plus grandes pour les mortiers MT que pour les MBE. Les MBE devraient donc avoir une
prise beaucoup plus rapide que celle des mortiers MT associés.
béton
mortier T MBE
Fig. 21. 9 : Comparaison mortier MT – MBE
100%
90% gravier
sable
80%
ciment
70%
eau
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
béton mortier MT MBE
Fig. 21. 10 : Compositions massiques d’un béton (BB1), du mortier MT associé et du MBE associé
80 II.2 : Choix et Fabrication des Bétons et Mortiers testés
Si l’on se ramène à 1 m3 (fig. 21.10, voir aussi fig. 22.3), il devient possible de comparer
les formulations des bétons, MBE et mortiers MT associés. On peut alors vérifier que les deux
mortiers ont des formulations très différentes et ne permettront pas de prédire les mêmes
informations sur le comportement du béton associé.
On peut résumer l’ensemble des considérations précédentes au moyen des schémas
présentés en fig. 21.11.
MBE
1200-1300 bétons – mortiers MT
béton
800-900 MBE
quantité 0
d’eau
Fig. 21. 11 : Quelques différences entre bétons, MBE, et mortiers MT
Le ciment utilisé est un CPA-CEM I, fourni par la Société Vicat. Ses caractéristiques
physico-chimiques sont présentées en annexe 2 (fig. A2.1).
Les adjuvants utilisés ont été fournis par la Société SIKA (les notices techniques sont
également en annexe 2 fig. A2.2 à A2.4). Il s’agit :
• d’un plastifiant (noté P4 ou P5 selon le dosage employé) : PLASTIMENT 97, polymère
de synthèse ayant un fort pouvoir de dispersion des grains de ciment. La plage de
dosage recommandée par le fabricant va de 0,3 à 2% du poids de ciment (dosage
usuel : 0,3-1%).
• d’un retardateur de prise (noté R) : SIKA RETARDER, à base de phosphate. Il induit un
retard proportionnel au dosage employé. La plage d’utilisation recommandée va de
0,2% à 2% du poids de ciment, selon la température et le retard désiré.
• d’un entraîneur d’air (noté A) : SIKA AER 5. La plage d’utilisation recommandée par le
fabricant va de 0,03 à 0,5% du poids de ciment (dosage habituel : 0,15%).
Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers 81
Tous les essais ont été réalisés avec des granulats roulés de densité 2,65 t/m3. Ils sont
composés d’un sable de classe 0/5 mm (carrière de Millery, cf. annexe 2 fig. A2.5) et d’un
gravier de classe 5/20 mm (carrière de Décines, cf. annexe 2 fig. A2.6).
Les matériaux sont classiquement introduits dans le malaxeur par ordre de taille
décroissante : d’abord le gravier, ensuite le sable, puis le ciment. L’ensemble est malaxé à sec
pendant 1 min. L’eau est ensuite introduite dans le malaxeur, l’adjuvant étant mêlé à l’eau de
gâchage selon les suggestions du fabricant. L’ensemble est alors malaxé pendant 2 minutes.
gravillon 5/20 valeurs 2001 gravillon 5/20 valeurs 2000 sable 0/5 valeurs 2001
sable 0/5 valeurs2000 sable 0/2 valeurs 2001 béton BB1 valeurs 2000
béton BB1 valeurs 2001
100
90
80
tamisats cumulés en %
70
60
50
40
30
20
10
0
0,01 0,1 1 10 100
mailles du tamis en mm
Fig. 22. 1 : Courbes granulométriques
82 II.2 : Choix et Fabrication des Bétons et Mortiers testés
3000
B B 2 : B 44-22
B T8 : B 45-21
2500
2000
Cp (m/s)
1500
1000
500
te m ps (m in)
0
0 60 120 180 240 300
Trois campagnes d’essais ont été réalisées (tabl. 22.1, fig. 22.3). Il s’agit de :
• la campagne MT, destinée à caractériser l’action d’adjuvants sur des mortiers. Elle a été
réalisée en collaboration avec l’Université de Stuttgart, dans le cadre de la RILEM
(TC 185 ATC).
• la campagne BT, comprenant des essais analogues à ceux de la campagne MT, mais
réalisée sur des bétons. Elle permet de caractériser l’action d’adjuvants sur les bétons
mais également de tester si les mesures réalisées sur mortiers MT peuvent être liées à
celles obtenues sur bétons.
• la campagne BB-MBE, qui permet de tester la possibilité de remplacer l’étude de bétons
par celle de MBE.
2.2.2.1 Campagnes MT et BT
béton
M.B.E.2 : M44-23 658 - 1323 290 0,44 22,9 - -
M.B.E.3 : M40-25 676 - 1359 270 0,40 25,4 - -
BB1 : B55-20 378 1064 710 208 0,55 19,6 - -
BB2 : B44-22 395 1112 742 174 0,44 22,9 - -
bétons mortiers de
associés
aux MBE équivalent
BB3 : B40-25 401 1130 754 161 0,40 25,1 - -
MT1 : M50-28 386 - 1811* 193 0,50 28,0 - -
MT2 : M60-26 380 - 1723* 228 0,60 26,4 - -
MT3 : M55A2-24 373 - 1790* 205 0,55 24,1 A 0,2
MT4 : M60R4-24 380 - 1723* 228 0,60 23,8 R 0,4
mortiers
équivalent
MT5 : M50P4-25 380 - 1824* 190 0,50 25,2 P4 0,4
thermiquement
MT6 : M50P5-24 380 - 1824* 190 0,50 23,9 P5 0,5
BT1 : B50-25 386 1086 725 193 0,50 25,3 - -
BT2 : B60-20 380 1034 689 228 0,60 20,0 - -
BT3 : B55A2-19 380 1064 709 209 0,55 18,7 A 0,2
BT4 : B60R4-18 380 1034 689 228 0,60 17,8 R 0,4
BT5 : B50P4-22 380 1094 730 190 0,50 21,8 P4 0,4
BT6 : B50P5-19 380 1094 730 190 0,50 18,9 P5 0,5
BT7 : B45P4-21 369 1137 758 167 0,45 21,0 P4 0,4
BT8 : B45-21 380 1125 750 171 0,45 21,3 - -
BT9 : B45-24 380 1125 750 171 0,45 23,6 - -
thermiquement équivalents
bétons associées aux mortiers
BT10 : B60-27 380 1034 689 228 0,60 27,2 - -
Tabl. 22. 1 : Formulations retenues pour les essais sur bétons et mortiers (pour 1m3)
Remarques :
• codes des essais : M(ortier) ou B(éton) – e/c –adjuvant + dosage – température de coulée
• les essais réalisés avec le sable 0/2 sont indiqués par une * dans la colonne sable
• tous les bétons ont été réalisés avec un rapport (masse de gravier)/(masse de ciment) de 1,5
• les formulations de référence (BT2 et MT2) sont en grisé
84
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
90%
100%
MBE1a : M55-24
air
eau
sable
MBE1b : M55-22
ciment
gravier
BB1 : B55-20
MBE2 : M44-23
BB2 : B44-22
MBE3 : M40-25
BB3 : B40-25
MT1 : M50-28
BT1 : B50-25
MT2 : M60-26
II.2 : Choix et Fabrication des Bétons et Mortiers testés
BT2 : B60-20
MT3 : M55A2-24
BT3 : B55A2-19
MT4 : M60R4-24
(valeurs exprimées en % volumiques pour rendre compte des proportions réelles des différents constituants)
BT6 : B50P5-19
BT7 : B45P4-21
BT8 : B45-21
BT9 : B45-24
BT10 : B60-27
Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers 85
Campagne BT :
L’essai BT2 correspond au béton de référence. Le principe de calcul des formulations
est le même que celui des mortiers MT. L’essai BT6, comparé à BT5, permet de tester
l’impact d’une augmentation de la teneur en plastifiant. Les essais BT1, BT8, BT9 et BT10
permettent de tester l’effet de changements de rapport e/c et/ou de température de coulée.
50
45
MT2 : M60-26
MT3 : M55A2-24
45 BT2 : B60-20
40 BT3 : B55A2-19
40
35
T°C
35
T°C
30
30
25
25
20 20
temps (heures) temps (heures)
15 15
0 2 4 6 8 10 12 14 16 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18
Fig. 22. 4 : Températures : MT2 et BT2 Fig. 22. 5 : Températures : MT3 et BT3
50
50
MT5 : M50P4-25
MT4 : M60R4-24
45 BT5 : B50P4-22
45 BT4 : B60R4-18
40 40
T°C
35
T°C
35
30
30
25
25
20
tem ps (heures) temps (heures)
15 20
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 0 2 4 6 8 10 12 14 16
Fig. 22. 6 : Températures : MT4 et BT4 Fig. 22. 7 : Températures : MT5 et BT5
45
35
40
T°C
30
T°C
35
25
30
20
Fig. 22. 8 : Températures : MT6 et BT6 Fig. 22. 9 : Températures : MT1 et BT1
55
50 MT2 : M60-26
BT10 : B60-27
50
BT2 : B60-20 BT10 : B60-27
45
45
40
40
T°C
35
T°C
35
30
30
25
25
20 20
temps (heures) tem ps (heures)
15 15
0 2 4 6 8 10 12 14 16 0 2 4 6 8 10 12
Fig. 22. 10 : Températures : BT10 et BT2 Fig. 22. 11 : Températures : MT2 et BT10
Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers 87
Les valeurs théoriques calculées pour les températures finales des mortiers MT sont très
supérieures aux valeurs mesurées (principe de calcul : §2.4.1, valeurs : tabl. 24.1). Ces écarts
entre mesure et calcul théorique, compris entre 11 et 17°C, sont bien supérieurs à ceux
obtenus sur bétons. L’usage d’éprouvettes 11*22 pour le suivi des températures des mortiers a
ainsi conduit à sous-estimer les mesures réalisées sur mortiers, du fait de l’importance des
pertes thermiques.
Trois bétons (appelés bétons BB pour ne pas les confondre avec les bétons BT) ont été
fabriqués, ainsi que leurs trois MBE associés. Un quatrième MBE permet de tester la
reproductibilité des résultats obtenus (cf. tabl. 21.1 : MBE1a et MBE1b). Les résultats de
l’essai BB3 n’ayant pas pu être exploités, le MBE3 sera comparé à l’essai BT9, ayant un
rapport e/c et une température de coulée proches de ceux de l’essai BB3.
Les droites de corrélation obtenues dans cette thèse sont différentes de celles du projet
Calibé, ce qui est vraisemblablement dû au changement de granulat (cf. fig. 22.12, les courbes
Calibé avec superplastifiant diffèrent par le granulat utilisé). On retrouve également
l’existence de droites de corrélation différentes lorsque l’on change de rapport e/c
(e.g. MBE1b et MBE2).
Les résultats obtenus sont donc cohérents avec ceux du projet Calibé.
88 II.2 : Choix et Fabrication des Bétons et Mortiers testés
25
20
15
10
Fig. 22. 12 : Lien entre l’affaissement des bétons (mesuré au cône d’Abrams) et l’étalement des MBE (mesuré au mini-cône)
Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers 89
Tabl. 22. 5 : Teneurs en air, campagne MT (en grisé : valeurs calculées à partir des masses volumiques)
Nom de BT1 : BT2 : BT3 : BT4 : BT5 : BT6 : BT7 : BT8 : BT9 : BT10 :
l’essai B50-25 B60-20 B55A2-19 B60R4-18 B50P4-22 B50P5-19 B45P4-21 B45-21 B45-24 B60-27
teneur en
air occlus 4,0 1,0 4,5 0,9 2,4 2,5 2,4 1,8 2,6 1,0
(%)
2.2.3 Conclusions
Les allures générales de l’évolution des grandeurs mesurées, ou calculées par analyse
inverse, sont présentées dans cette seconde partie.
Cette partie concerne l’étude des vitesses Cp et Cs et des rapports de pression P3/P2
(amortissement) et P4/P2 (effet Poisson). L’amortissement des ondes S n’a pas pu être
exploité.
2500 3,5
log (Cp), avec Cp en (m/s)
2000
3,0
1500
Cp (m/s)
2,5
1000
2,0
500
Fig. 23. 1 : Modélisation exponentielle de la courbe des vitesses (essai BT6 : B50P5-19)
(≈250 min pour [Grosse & Reinhardt, 2001]). Après τ, les hydrates qui continuent de se
former viennent renforcer un réseau percolant, ce qui conduit à une hausse rapide de la vitesse
des ondes P par hausse du module oedométrique. La vitesse augmente alors jusqu’à environ
2500 m/s, valeur à laquelle les mesures sont arrêtées (cf. §1.3.1.4).
Le début de la hausse rapide des valeurs de célérité est lié à la notion de phase de
percolation (béton cellulaire : [Arnaud, 1993], [Villain, 1997], mortier : [Villain, 1997], pâte
de ciment dégazée : [Boumiz, 1995], béton courant : [Thinet, 2000]). Pour les essais de cette
thèse, le temps τ est compris entre 60 et 220 min, valeurs cohérentes avec les dates
caractéristiques obtenues au moyen d’autres dispositifs. [Boumiz, 1995] obtient une valeur
d’environ 120 min pour une pâte de ciment dégazée (T=25°C, e/c=0,4) et observe sa première
onde de cisaillement au bout de 200 min, [Belkheiri & al., 1999] trouvent 135 min sur un
ciment CPA 55 (mesure au prisomètre ultrasonore), tandis que [Pessiki & Carino, 1988]
montrent que la vitesse des ondes P augmente de manière nette sur béton (impact echo
method, e/c=0,42) au bout d’environ 180 min (les signaux deviennent alors très nets).
[Reinhardt & al., 2000] obtiennent, quant à eux, 120 min pour des mortiers de rapport e/c
compris entre 0,5 et 0,6. [Grosse & Reinhardt, 2001] obtiennent sur mortiers adjuvantés et sur
bétons des valeurs comprises approximativement entre 1 et 4 h (N. B. : ces derniers essais
correspondent aux essais BT9, BT10 et MT2 à MT5 de cette thèse). Le fait que toutes ces
données soient obtenues avec des dispositifs basés sur des principes différents conforte ces
résultats.
MT1 : M50-28 MT2 : M60-26 MT3 : M55A2-24 MT4 : M60R4-24 MT5 : M50P4-25 MT6 : M50P5-24 BT1 : B50-25 BT2 : B60-20
BT3 : B55A2-19 BT4 : B60R4-18 BT5 : B50P4-22 BT6 : B50P5-19 BT7 : B45P4-21 BT8 : B45-21 BT9 : B45-24 BT10 : B60-27
BSP1 B043-21 BSP2 B051-21 BSP3 B055-25 BSP4 B055-27 b04-10 b06-10 b04-20 b06-20
25
b04-30 b06-30 BB1 : B55-20 BB2 : B44-22 BB3 : B40-25 BDE1 B041-21 BDE2 B035-22 BDE3 B055-22
BDE4 B041-20 MBE1a : M55-24 MBE1b : M55-22 MBE2 : M44-23 MBE3 : M40-25 BC-BC2 BC-SC2 BC-COM8
BC-COM3 BC-COM4 BC-COM5 BC-COM6 BC-COM7
20
15
Cp/Cpo
10
t/τ (P)
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Fig. 23. 2 : Courbe maîtresse pour la vitesse de propagation des ondes P (les bétons cellulaires sont référencés en BC)
(valeurs tirées pour partie de [Villain, 1997] et [Thinet, 2000])
Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers 93
BC-BC2
BC-SC2
BC-COM8
20 BC-COM3
BC-COM4
BC-COM5
BC-COM6
BC-COM7
15
Cp/Cpo
10
t/τ (P)
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Fig. 23. 3 : Courbe maîtresse : ondes P, béton cellulaire (valeurs tirées de [Villain, 1997])
94 II.3 : Comportement Général
2500
o ndes P
o ndes S
2000
1500
C (m/s)
1000
500
te m ps (m in)
0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540
Fig. 23. 4 : Evolution des vitesses des ondes P (800 Hz) et S (100 Hz) : formulation BT3 B55A2-19
210
BT4 : B60R4-18
190
MT1 : M50-28
110
BSP1 : B43-21 BB1 : B55-20
BSP2 : B51-21
90
BSP3 : B55-25
BSP4 : B55-27
70 BB2 : B44-22
MBE2 : M44-23
τ onde s P
50
50 80 110 140 170 200 230
Fig. 23. 5 : Comparaisons des valeurs de τ obtenues sur ondes P et S (en minutes)
MT1S : M50-28 200Hz BT1S : B50-25 200Hz BT2S : B60-20 80Hz BT3S : B55A2-19 100Hz BT4S B60R4-18 80Hz BT4S : B60R4-18 200Hz
BT6S : B50P5-19 100Hz BT8S : B45-21 80Hz BSP1S : B43-21 100Hz BSP1S : B43-21 200Hz BSP2S : B51-21 200Hz BSP3S : B55-25 200Hz
BSP4S : B55-27 200Hz BB1S : B55-20 200Hz BB2 : B44-22 200Hz MBE1bS : M55-22 200Hz MBE2S : M44-23 200Hz
25
20
15
Cs/Cso
10
t/τ (S)
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Fig. 23. 6 : Courbe maîtresse de Cs (courbes tirées pour partie de [Thinet, 2000])
Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers 97
25
MT1 : M50-28 MT2 : M60-26 MT3 : M55A2-24 MT4 : M60R4-24 MT5 : M50P4-25 MT6 : M50P5-24
BT1 : B50-25 BT2 : B60-20 BT3 : B55A2-19 BT4 : B60R4-18 BT5 : B50P4-22 BT6 : B50P5-19
BT7 : B45P4-21 BT8 : B45-21 BT9 : B45-24 BT10 : B60-27 BSP1 B043-21 BSP2 B051-21
BSP3 B055-25 BSP4 B055-27 b04-10 b06-10 b04-20 b06-20
b04-30 b06-30 BB1 : B55-20 BB2 : B44-22 BB3 : B40-25 BDE1 B041-21
BDE2 B035-22 BDE3 B055-22 BDE4 B041-20 MBE1a : M55-24 MBE1b : M55-22 MBE2 : M44-23
MBE3 : M40-25 MT1S : M50-28 200Hz BT1S : B50-25 200Hz BT2S : B60-20 80Hz BT3S : B55A2-19 100Hz BT4S B60R4-18 80Hz
BT4S : B60R4-18 200Hz BT6S : B50P5-19 100Hz BT8S : B45-21 80Hz BSP1S : B43-21 100Hz BSP1S : B43-21 200Hz BSP2S : B51-21 200Hz
BSP3S : B55-25 200Hz BSP4S : B55-27 200Hz BB1S : B55-20 200Hz BB2 : B44-22 200Hz MBE1bS : M55-22 200Hz MBE2S : M44-23 200Hz
20 BC-BC2 BC-SC2 BC-COM8 BC-COM3 BC-COM4 BC-COM5
BC-COM6 BC-COM7
15
C/Co
10
t/τ (P et S)
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Fig. 23. 7 : Courbe maîtresse : ondes P et S (valeurs tirées pour partie de [Villain, 1997] et [Thinet, 2000])
98 II.3 : Comportement Général
6
MT2 : M60-26 MT3 : M55A2-24 MT4 : M60R4-24 MT5 : M50P4-25 MT6 : M50P5-24 BT2 : B60-20 BT3 : B55A2-19 BT4 : B60R4-18
BT5 : B50P4-22 BT6 : B50P5-19 BT7 : B45P4-21 BT8 : B45-21 BT9 : B45-24 BT10 : B60-27 BB1 : B55-20 BB3 : B40-25
MBE1a : M55-24 MBE2 : M44-23 MBE3 : M40-25
t/τ
3
α
0
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
3000 3000
M BE1a : M 55-24 BT10 : B60-27
2000 2000
Cp (m/s)
Cp (m/s)
1500 1500
1000 1000
500 500
temps (min)
temps (min)
0 0
0 60 120 180 240 300 360 0 60 120 180 240 300 360 420 480
BT2 : B60-20
2000 2000
Cp (m/s)
Cp (m/s)
1500 1500
1000 1000
500 500
3000
M B E1a : M 55-24
M B E1b : M 55-22
2500
M B E2 : M 44-23
M B E3 : M 40-25
2000
Cp (m/s)
1500
1000
500
te m ps (m in)
0
0 60 120 180 240 300 360
Co (m/s) τ (min)
BB1 : B55-20 118 114
BB2 : B44-22 123 88
BT1 : B50-25 148 95
BT2 : B60-20 82 98
BT8 : B45-21 84 65
BT9 : B45-24 171 93
BT10 : B60-27 95 74
MBE1a : M55-24 88 101
MBE1b : M55-22 106 111
MBE2 : M44-23 63 75
MBE3 : M40-25 38 68
Les deux premières phases durent habituellement de 1 à 3 heures selon les formulations
(la première phase pouvant durer jusqu’à 5-6 h avec le retardateur de prise).
Au bout de 3 à 10 heures survient une phase caractérisée par une quasi absence
d’évolution du rapport P4/P2. Les valeurs finales mesurées sont généralement inférieures à
0,1. Un calcul grossier (en négligeant le rôle de la viscosité, voir §1.3.3.3) donne alors des
valeurs de coefficient de Poisson inférieures à 0,1. Ces valeurs sont plus faibles que les
valeurs finales usuelles (0,2), mais l’ordre de grandeur est cohérent si l’on considère que le
béton en fin d’essai n’est pas parfaitement élastique.
102 II.3 : Comportement Général
0,8
tp valeurs brutes
0,7 valeurs co rrigées avec d=0m
0,6
0,5
P4/P2
0,4
0,3
0,2
0,1
te m ps (m in)
0,0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540
Fig. 23. 14 : Evolution typique du rapport de pression P4/P2 (essai BT3 : B55A2-19)
Sensibilité et reproductibilité :
[Thinet, 2000] a montré que la mesure du rapport de pression P4/P2 sur béton était
reproductible et sensible à des modifications des paramètres de formulations (rapport e/c et
température de coulée).
D’une manière générale, une diminution de la température de coulée conduit à un
étalement des courbes, du fait du ralentissement des réactions d’hydratation, tandis qu’une
augmentation du dosage en eau conduit à une augmentation des valeurs initiales du rapport de
pression P4/P2. Ces aspects ne sont cependant pas toujours évidents à visualiser sur les
courbes (fig. 23.15).
0,8
B T2 : B 60-20
0,7 B B 1: B 55-20
B T1: B 50-25
B T8 : B 45-21
0,6
B B 2 : B 44-22
B B 3 : B 40-25
P4/P2 corrigé
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
te m ps (m in)
0,0
0 60 120 180 240 300 360 420 480
Fig. 23. 15 : Sensibilité vis-à-vis du rapport e/c du rapport de pression corrigé P4/P2
(campagne BT avec d=0 m, cf. p. 58)
Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers 103
0,7
0,6
P3/P2
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
te m ps (m in)
0,0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540
Reproductibilité et sensibilité :
La bonne reproductibilité de cette mesure et sa sensibilité aux paramètres de fabrication
(rapport e/c et température de coulée) ont été étudiés sur bétons par [Thinet, 2000].
1,0 1,0
b04-10
BT8 : B45-21
b04-20
BT2 : B60-20
0,8 b04-30
0,8
P3/P2 corrigé
P3/P2 corrigé
0,6
0,6
0,4
0,4
0,2
0,2
Fig. 23. 17 : Sensibilité à e/c et à la température de coulée Fig. 23. 18 : Sensibilité au rapport e/c
(valeurs corrigées pour d=20 cm, à partir des valeurs non corrigées de [Thinet, 2000])
[Thinet, 2000] a testé l’influence d’une variation d’amplitude des signaux émis, en
faisant varier l’accélération de la plaque vibrante du Vibroscope.
On peut alors vérifier le caractère non destructif de l’essai au Vibroscope en superposant
les signaux normalisés (les valeurs ont été divisées par l’amplitude maximale du signal)
obtenus sur un capteur donné pour des sollicitations d’amplitude croissante puis décroissante
(e. g. : fig. 23.19). Les courbes se superposent alors parfaitement, ce qui justifie le suivi de la
prise sur un même échantillon.
Ce type d’essai permet également de tester la linéarité du comportement du matériau.
Examinons e. g. le cas du capteur P2. Soit P2max l’amplitude maximale du signal reçu en P2,
pour une accélération donnée de la plaque vibrante. La fig. 23.20 représente l’évolution de la
valeur de P2max en fonction de l’accélération de la plaque vibrante Ao. On constate alors que
P2max augmente linéairement lorsque l’accélération de la plaque vibrante augmente, ce qui
prouve la linéarité de la réponse du matériau dans la gamme d’accélération testée, autorisant
ainsi l’utilisation d’une loi de comportement linéaire.
Les essais ont été réalisés pour tous les capteurs du Vibroscope, aussi bien en ondes P
qu’en ondes S, à des dates couvrant la totalité de la période suivie par le Vibroscope (t>30
min, temps nécessaire à la mise en place du matériau). L’accélération de la plaque vibrante a
varié dans la gamme 0,75-12 m/s² pour les ondes P, 1-20 m/s² pour les ondes S.
Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers 105
1,0 500
P2/Pmax
y = 36,383x + 2,1773
P2 400 R 2 = 0,995
0,5
P2max
300
0,0
200
-0,5 Ao = 3 m/s² 100
Ao = 12 m/s² Ao (m /s²)
-1,0 0
5 9 time (ms) 13 17 0 2 4 6 8 10 12
Fig. 23. 19 : Superposition des signaux normalisés Fig. 23. 20 : Test de linéarité
(béton courant, 65 min après fabrication) (béton courant, 65 min après fabrication)
De part leur mode de calcul, ces grandeurs (fig. 23.21 et 23.22) suivent globalement la
même allure que l’évolution des vitesses des ondes P et S. Le Vibroscope permet de couvrir
la totalité de la gamme de valeurs des modules rhéologiques, malgré un facteur multiplicatif
pouvant dépasser 103 entre les valeurs initiales et finales.
La norme du module oedométrique |K+Z*+2N*| évolue de 5.106 Pa, en début d’essai, à
2.1010 Pa en fin d’essai. [Boumiz, 1995] obtient sur mortier de béton dégazé (B35,
T°C=25°C) des valeurs à 8 h (premières mesures) de l’ordre de 5 GPa, ordre de grandeur
cohérent avec les valeurs du Vibroscope qui varient de ≈1 GPa à plus de 10 GPa selon les
essais (mesures obtenues au bout de 8h de prise).
Quant à la norme du module de cisaillement |N*|, les valeurs obtenues avec le
Vibroscope évoluent de 4,4.106 Pa, en début d’essai, à 9,3.109 Pa en fin d’essai. Les valeurs
obtenues par [Boumiz, 1995] sur pâte de ciment dégazée (avec e/c=0,3 et T=20°C) sont de
l’ordre de 1 GPa au bout de 6 heures de prise, ce qui est à nouveau cohérent avec les mesures
du Vibroscope (comprises dans la plupart des cas entre 1 GPa et 5 GPa sur mortiers et
bétons).
1,0E+11 1,0E+10
BT3 : B55A2-19
BT3 : B55A2-19
1,0E+10 1,0E+09
|K+Z*+2N*| Pa
|N*| Pa
1,0E+09 1,0E+08
1,0E+08 1,0E+07
L’étude de ϕ et ψ montre que ces angles de phase présentent des évolutions conjointes
(e. g. fig. 23.23), sans que cela ne soit présupposé dans la modélisation adoptée (cf. §1.3.3.1 :
les modules N* et Z* sont supposés complètement indépendants). L’évolution des propriétés
en cisaillement du matériau (ψ est l’angle de phase du module de cisaillement N*) se fait
donc conjointement à celle des propriétés en compression (ϕ est l’angle de phase du module
oedométrique K+Z*+2N*). Les valeurs de ψ sont cependant habituellement inférieures à
celles de ϕ, en particulier en début de prise.
Les valeurs de l’angle de phase ϕ (e. g.) commencent par augmenter depuis des valeurs
comprises entre 20 et 50° jusqu’à des valeurs maximales comprises entre 70 et 90°, ce qui
montre que la part visqueuse du milieu augmente initialement plus vite que la part élastique,
du fait de la formation d’hydrates en suspension (et donc non encore connectés). Ce point est
d’ailleurs confirmé par le fait que la partie imaginaire des modules augmente toujours avant
leur partie réelle (e. g. fig. 23.24 et 23.25), aspect lié à la nécessité d’avoir des hydrates en
suspension (hausse de la partie imaginaire) pour atteindre la phase de percolation (hausse de
la partie réelle).
Une fois la phase de percolation passée, certains hydrates vont se réunir en un chemin
continu, ce qui conduit à une augmentation rapide de la part élastique. Lorsque celle-ci est
suffisamment élevée pour compenser la part visqueuse, les valeurs des angles de phase
décroissent. Il faut cependant un certain temps à la part élastique pour compenser la part
visqueuse, initialement très élevée, ce qui explique que la fin de la période de croissance des
angles de phase soit très en retard par rapport au temps τ (fig. 23.26 et 23.27). La durée de
cette période de décroissance des valeurs est sensiblement égale à celle de la période de
croissance (habituellement de l’ordre de 2 à 3 h). Les angles de phases évoluent ensuite très
lentement, du fait que la viscosité du milieu n’évolue presque plus et que le matériau a déjà
développé la majeure partie de ses propriétés élastiques. Les valeurs finales atteintes sont
alors de l’ordre de 10-20° : le matériau est donc encore partiellement visqueux.
90
phi
80
psi
70
angle de phase (°)
60
50
40
30
20
10
te m ps (m in)
0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540
Fig. 23. 23 : Evolution des angles de phase des modules oedométrique (ϕ) et de cisaillement ( ψ)
Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers 107
1,4E+10
Re (K+Z*+2N*)
1,0E+10 Re (K+Z*+2N*)
1,2E+10 Im (K+Z*+2N*)
Im (K+Z*+2N*)
8,0E+09 1,0E+10
8,0E+09
6,0E+09
Pa
Pa
6,0E+09
4,0E+09
4,0E+09
2,0E+09
2,0E+09
temps (min) temps (min)
9,0E+06 8,0E+06
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 0 60 120 180 240 300 360 420
Fig. 23. 24 : Comparaison des parties réelles et Fig. 23. 25 : Comparaison des parties réelles et
imaginaires: MT6 M50P5-24 imaginaires : BT7 B45P4-21
L’évolution des angles de phase est donc cohérente avec la notion de phase de
percolation. Une synthèse est présentée sur la fig. 23.26, montrant la répartition relative
typique des différentes étapes de la prise. L’évolution du rapport de pression P3/P2 y figure à
titre indicatif, bien que moins exploitable du fait d’une évolution généralement trop
progressive rendant ainsi délicate l’identification des différentes étapes.
Cp seuil de percolation
temps
P4/P2
solide quasi élastique
solide viscoélastique
fluide
temps
φ
temps
P3/P2
temps
Fig. 23. 26 : Modélisation de la prise des bétons et mortiers (dans le cas général)
Un exemple concret est fourni en fig. 23.27 (certaines grandeurs sont normalisées pour
éviter la multiplication des échelles).
108 II.3 : Comportement Général
2500 1,2
tp
tϕ 1,0
2000
grandeurs normalisées
0,8
1500
Cp
Cp (m/s)
500
0,2
τ
tem ps (m in)
0 0,0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600
En appliquant la même modélisation que dans le §2.3.1.1, on peut vérifier que certaines
propriétés de la vitesse des ondes P se retrouvent sur les modules rhéologiques. La
normalisation exponentielle, appliquée au module oedométrique |K+Z*+2N*|, au module de
cisaillement |N*| et au module |Z*| (fig. 23.28 à 23.30) conduit alors à l’obtention de fuseaux
de courbes (les valeurs de τ sont tirées des courbes d’évolution de la vitesse des ondes P).
Elles sont cependant plus dispersées que la courbe maîtresse des célérités. La modélisation
demeure néanmoins très bonne jusqu’à t/τ=1,5, ce qui représente une durée comprise entre 1,5
et 5 h après l’introduction de l’eau.
Ce point avait déjà été vérifié sur 18 formulations par [Arnaud, 2003] pour le module
|(a+2b)M*| (équivalent de |Z*+2N*| en modélisation biphasique) en exprimant en échelle
logarithmique |(a+2b)M*|/|(a+2b)M*|initial = f(t/τ) au lieu de |(a+2b)M*| = g(t), où τ est tiré
des courbes de vitesse des ondes P. Une courbe maîtresse linéaire a alors été obtenue pour
t/τ≤3, ce qui représente une durée comprise entre 3 et 10 heures après la fabrication du
matériau.
Chapitre II : Etude du Comportement de Bétons et de Mortiers 109
600
MT2 : M60-26 MT3 : M55A2-24 MT4 : M60R4-24 MT5 : M50P4-25 MT6 : M50P5-24 BT1 : B50-25 BT2 : B60-20 BT3 : B55A2-19
BT4 : B60R4-18 BT5 : B50P4-22 BT6 : B50P5-19 BT7 : B45P4-21 BT8 : B45-21 BT10 : B60-27 BSP1 B043-21 BSP2 B051-21
BSP3 B055-25 BSP4 B055-27 b04-10 b06-10 b04-20 b06-20 b04-30 b06-30
BB1 : B55-20 BB2 : B44-22 BB3 : B40-25 BDE2 B035-22 BDE3 B055-22
500
400
|K+Z*+2N*|/|K+Z*+2N*|o
300
200
100
t/τ (P)
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Fig. 23. 28 : Fuseau des courbes pour la norme du module oedométrique |K+Z*+2N*|
100
MT2 : M60-26 MT3 : M55A2-24 MT4 : M60R4-24 MT5 : M50P4-25 MT6 : M50P5-24 BT1 : B50-25 BT2 : B60-20
BT3 : B55A2-19 BT4 : B60R4-18 BT5 : B50P4-22 BT6 : B50P5-19 BT7 : B45P4-21 BT8 : B45-21 BT10 : B60-27
BSP2 B051-21 BSP3 B055-25 BSP4 B055-27 b04-10 b06-10 b04-20 b06-20
90
b04-30 b06-30 BB1 : B55-20 BB2 : B44-22 BB3 : B40-25
80
70
|Z*|/|Z*|o ,
60
50
40
30
20
10
t/τ (P)
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Fig. 23. 29 : Fuseau des courbes pour la norme du module viscoélastique |Z*|
110 II.3 : Comportement Général
1200
MT2 : M60-26 MT3 : M55A2-24 MT4 : M60R4-24 MT5 : M50P4-25 MT6 : M50P5-24 BT1 : B50-25 BT2 : B60-20
BT3 : B55A2-19 BT4 : B60R4-18 BT5 : B50P4-22 BT6 : B50P5-19 BT7 : B45P4-21 BT8 : B45-21 BT10 : B60-27
BSP1 B043-21 BSP2 B051-21 BSP3 B055-25 BSP4 B055-27 b04-10 b06-10 b04-20
b06-20 b04-30 b06-30 BB1 : B55-20 BB2 : B44-22 BB3 : B40-25
1000
800
|N*|/|N*|o .
600
400
200
t/τ (P)
0
0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
Fig. 23. 30 : Fuseau des courbes pour la norme du module de cisaillement |N*|
2.3.3 Conclusions :
Dans cette partie, les différentes formulations adjuvantées sont comparées entre elles et
avec leur formulation de référence, de manière à évaluer le rôle des adjuvants. La sensibilité
des mesures du Vibroscope aux adjuvants sera étudiée, ce qui permettra de déceler les
mesures les plus utiles. Les résultats présentés concernent les mesures thermiques (T°C), les
mesures réalisées avec le Vibroscope (vitesses : Cp et Cs, amortissement : P3/P2, effet
Poisson : P4/P2), ainsi que les modules oedométrique (K+Z*+2N*) et de cisaillement (N*)
déduits de ces mesures par analyse inverse.
Les courbes d’évolution des températures des bétons BT et mortiers MT sont présentées
sur les fig. 24.1 et 24.2. Les valeurs théoriques des températures maximales développées par
les matériaux testés (en occultant le rôle chimique des adjuvants et en négligeant leur masse)
sont présentées sur le tabl. 24.1. La chaleur d’hydratation du ciment a été prise égale à 195
kJ/kg (valeur du fabricant), les capacités calorifiques sont prises respectivement égales à 670
J/kg/K pour le ciment (valeur du clinker), 755 J/kg/K pour les granulats (valeur de la silice),
4180 J/kg/K pour l’eau et 1000 J/kg/K pour l’air. Les masses d’air ont été estimées en prenant
une masse molaire de 29 g/mol et un volume molaire de 24 l/mol (valeur à 20°C, sous 1
atmosphère).
55
45
40
3°C d’écart
températures (°C)
35
30
25
BT1 : B50-25
BT2 : B60-20
BT3 : B55A2-19
BT4 : B60R4-18
BT5 : B50P4-22
20 BT6 : B50P5-19
BT7 : B45P4-21
BT8 : B45-21
BT9 : B45-24
temps (heures) BT10 : B60-27
15
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
45
MT2 : M60-26
MT3 : M55A2-24
MT4 : M60R4-24
MT5 : M50P4-25
MT6 : M50P5-24
40
35
Températures (°C)
30
25
temps (heures)
20
0 2 4 6 8 10 12
Les principales différences observées entre bétons et mortiers concernent donc les effets
de l’entraîneur d’air.
114 II.4 : Etude des Bétons et des Mortiers Adjuvantés
Remarques :
Rôle de la température de coulée Tc :
Plus la température de coulée est élevée et plus les réactions chimiques de prise sont
accélérées, d’où une élévation plus importante de la température du matériau pendant sa prise.
Des températures de coulées proches mais néanmoins distinctes de 3-4°C (fig. 24.1 : BT8 et
BT9) produisent ainsi des écarts significatifs sur les évolutions des températures.
Les courbes d’évolution des célérités des ondes P sont présentées sur les fig. 24.4 et
24.5, les valeurs du temps caractéristique de prise τ sur la fig. 24.3. Les évolutions sont très
distinctes selon la formulation considérée, ce qui montre que les mesures sont sensibles aux
adjuvants.
230
bétons 217
210
mortiers 204
190
172
170
τ (min)
150
133
130 130
127
112
110 106
98
90
70
référence P4 A P5 R
3000
BT2 : B60-20
BT3 : B55A2-19
BT4 : B60R4-18
BT5 : B50P4-22
BT6 : B50P5-19
BT7 : B45P4-21
2500
2000
1500
Cp (m/s)
1000
500
temps (min)
0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660 720
Fig. 24. 4 : Evolution des courbes de vitesse des ondes P (campagne BT)
116 II.4 : Etude des Bétons et des Mortiers Adjuvantés
3000
MT2 : M60-26
MT3 : M55A2-24
MT4 : M60R4-24
MT5 : M50P4-25
2500 MT6 : M50P5-24
2000
1500
Cp (m/s)
1000
500
temps (min)
0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660 720 780
Fig. 24. 5 : Evolution des courbes de vitesse des ondes P (campagne MT)
Chapitre II : Etude du Comportement des Bétons et des Mortiers 117
Pour les mortiers, l’étude des fig. 24.3 et 24.5 montre que :
• les courbes associées à l’entraîneur d’air (MT3) et à la formulation de référence (MT2)
évoluent conjointement. Aucune modification sensible des valeurs de τ n’est
observée : τ vaut ainsi 112 min pour MT3 (e/c=0,55) et 130 min pour MT2 (e/c=0,60,
donc plus élevé, ce qui fait augmenter légèrement la valeur de τ). On peut seulement
noter un léger écart dans les valeurs initiales, imputable aux écarts de teneurs en air
occlus.
• l’usage du plastifiant P4 donne une l’évolution de vitesse proche de celle de la
formulation de référence (allures des courbes proches ; τ vaut 133 min pour MT5, 130
min pour MT2), alors que le rapport e/c est beaucoup plus faible pour MT5 que pour
MT2. Ceci montre que le plastifiant a considérablement retardé l’évolution de la
rigidité du milieu. Ce retard semble être dû aux modifications des cinétiques de prise,
déjà observées sur les températures. On observe cependant un retard beaucoup plus
important pour les essais MT5 (τ=133 min) et MT6 (τ=172 min), non explicable par le
seul écart de température de coulée de 1°C.
• le retardateur de prise conduit à un retard très net du temps caractéristique τ (204 min
pour MT4, 130 min pour MT2), de l’ordre de grandeur de celui observé sur les
courbes de température.
Les résultats précédents sont confirmés par l’étude des ondes de cisaillement (fig. 24.6
et 24.7), pour ce qui est de l’allure des courbes, de leur position relative et des mesures de τ.
118 II.4 : Etude des Bétons et des Mortiers Adjuvantés
230
2000
BT2S B60-20 80Hz 217 ondes S
210 ondes P
BT3S B55A2-19 100Hz
1600
BT4S B60R4-18 80Hz 190 189
BT6S B50P5-19 100Hz
170 172
1200
Cs (m/s)
τ (min)
150
139 141
800 130
127 127
110
400
98
90
temps (min)
0 70
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660 BT2 : B60-20 BT3 : B55A2-19 BT4 : B60R4-18 BT6 : B50P5-19
Fig. 24. 6 : Vitesses des ondes S (campagne BT) Fig. 24. 7 : Comparaison des valeurs de τ en ondes P et S
Cohérence vis-à-vis des essais présentés par [Grosse & Reinhardt, 2001] :
Les essais MT2 à MT5 ont fait l’objet d’essais croisés entre le Vibroscope et le
FreshCon Device (fig. 12.17 du §1.2.2.4 : l’essai RE3 correspond à MT2, RE6 à MT3, RE5 à
MT4 et RE4 à MT5). Si l’on compare les résultats obtenus au moyen des deux dispositifs, on
observe dans les deux cas la grande proximité des courbes des essais MT2, MT3 et MT5.
En revanche, les niveaux obtenus pour les deux dispositifs sont différents : la vitesse à
420 min est de 2000 m/s pour le Vibroscope, alors qu’elle avoisine les 2800 m/s avec le
FreshCon Device. De même, τ est compris entre 112 min et 133 min pour les essais aux
Vibroscope, alors que le moment où l’on observe une augmentation rapide des célérités
obtenue avec le FreshCon survient au bout d’environ 100 min. Ces différences restent pour
l’heure inexpliquées, d’autant plus que les valeurs obtenues avec le Vibroscope présentent
une très bonne cohérence avec celles du dispositif ultrasonore (§1.3.2.2). On retrouve par
contre le très fort retard dû à l’usage d’un retardateur de prise, même si les niveaux diffèrent.
En ce qui concerne le rapport de pression P4/P2 lié à l’effet Poisson, les fig. 24.8 et 24.9
montrent que :
• les allures générales présentent des différences nettes selon l’adjuvant utilisé. Les
courbes sont ainsi plus ou moins étalées et les valeurs initiales sont très différentes,
bien que les compositions aient été déterminées de manière à conserver la même
fluidité initiale.
• on retrouve pour les mortiers (fig. 24.9) le retard de prise induit par les plastifiants (MT2
et MT5), malgré la diminution du rapport e/c. Ce retard augmente avec le dosage
(MT5 et MT6). Le plateau initial est ainsi plus long, tandis que le reste de la courbe
évolue normalement : on observe donc un maintien rhéologique initial dû au
plastifiant. Cet aspect est beaucoup moins net pour les bétons (fig. 24.8).
Chapitre II : Etude du Comportement des Bétons et des Mortiers 119
• on retrouve sur bétons et mortiers l’action du retardateur de prise. La courbe est alors
retardée dans toutes ses parties (la diminution du rapport P4/P2 survient plus
tardivement et dure plus longtemps), ce qui montre qu’il y a un ralentissement général
et durable de l’ensemble des réactions de prise, et pas seulement un long maintient
rhéologique initial.
L’étude de l’amortissement P3/P2 montre dans le cas des mortiers (fig. 24.11) que :
• les trois adjuvants donnent des courbes dans des domaines très distincts, ce qui traduit
des différences nettes dans la cinétique de l’évolution de l’amortissement P3/P2.
• la courbe avec entraîneur d’air (MT3) ne diffère de celle de la formulation de référence
(MT2) qu’en début de prise. Cet effet s’estompe ensuite progressivement du fait de la
solidification de la pâte.
• la courbe du plastifiant P4 (MT5) est nettement retardée par rapport à celle de la
formulation de référence (MT2), malgré la diminution du rapport e/c. Ceci montre
que, malgré des valeurs initiales un peu élevées de l’amortissement P3/P2, l’usage de
plastifiant retarde la diminution de l’amortissement du milieu (voir MT2, MT5 et
MT6). L’augmentation du dosage (MT6) conduit cependant à l’obtention d’une
courbe très proche de celle de MT5.
• le retardateur de prise conduit à une évolution très lente de l’amortissement P3/P2.
1,0
BT2 : B60-20
BT3 : B55A2-19
0,9 BT4 : B60R4-18
BT5 : B50P4-22
BT6 : B50P5-19
0,8 BT7 : B45P4-21
0,7
P4/P2 corrigé
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
temps (min)
0,0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660 720
Fig. 24. 8 : Evolution du rapport de pression P4/P2 (campagne BT : valeurs calculées avec d=0 m)
120 II.4 : Etude des Bétons et des Mortiers Adjuvantés
0,6
MT2 : M60-26
MT3 : M55A2-24
MT4 : M60R4-24
MT5 : M50P4-25
0,5 MT6 : M50P5-24
0,4
P4/P2 corrigé
0,3
0,2
0,1
temps (min)
0,0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660 720
Fig. 24. 9 : Evolution du rapport de pression P4/P2 (campagne MT : valeurs calculées avec d=0 m)
1,0
BT2 : B60-20
BT3 : B55A2-19
BT4 : B60R4-18
0,9
BT5 : B50P4-22
BT6 : B50P5-19
BT7 : B45P4-21
0,8
0,7
P3/P2 corrigé
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
temps (min)
0,0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660
1,0
MT2 : M60-26
MT3 : M55A2-24
0,8
0,7
P3/P2 corrigé
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
temps (min)
0,0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660 720
5,1E+08
BT2 : B60-20
BT3 : B55A2-19
4,1E+08 BT4 : B60R4-18
BT5 : B50P4-22
BT6 : B50P5-19
2,0E+10
3,1E+08 BT7 : B45P4-21
BT8 : B45-21
2,1E+08
|K+Z*+2N*| Pa
1,1E+08
|K+Z*+2N*| Pa
1,0E+10
5,0E+09
temps (min)
1,0E+07
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660
1,40E+10
MT2 : M60-26
MT3 : M55A2-24
1,70E+08 MT4 : M60R4-24
MT6 : M50P5-24
1,20E+08
|K+Z*+2N*| Pa
1,00E+10
7,00E+07
tem ps (m in)
2,00E+07
8,02E+09 0 60 120 180 240 300
|K+Z*+2N*| Pa
6,02E+09
4,02E+09
2,02E+09
temps (min)
2,00E+07
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660 720 780
90
BT2 : B60-20
BT3 : B55A2-19
BT4 : B60R4-18
BT5 : B50P4-22
80 BT6 : B50P5-19
BT7 : B45P4-21
BT8 : B45-21
70
60
50
phi (°)
40
30
20
10
temps (min)
0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660
90
MT2 : M60-26
MT3 : M55A2-24
MT4 : M60R4-24
80 MT5 : M50P4-25
MT6 : M50P5-24
70
60
50
phi (°)
40
30
20
10
temps (min)
0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660 720
Cas du plastifiant :
En ce qui concerne les mortiers, l’étude de la norme du module oedométrique
|K+Z*+2N*| montre que le plastifiant a retardé le déroulement de la prise. Ainsi, la courbe de
l’essai MT5 (P4) est décalée par rapport à celle de l’essai MT2 (référence), alors que le
rapport e/c est plus élevé et va donc dans le sens d’une accélération de la prise. Ce point
n’était d’ailleurs pas aussi évident sur les courbes de célérité, qui étaient confondues.
L’augmentation du dosage, à e/c constant, conduit également à un retard déjà observé sur les
courbes de vitesse. Les courbes d’évolution des angles de phase sont également nettement
décalées (en temps et en amplitude) par rapport à la formulation de référence, ce décalage
augmentant avec le dosage (fig. 24.15 : MT5 et MT6). L’étude des fig. 24.18 et 24.19 montre
que le retard de prise affecte à la fois les parties réelles et imaginaires, mais que c’est la partie
réelle qui est la plus nettement retardée. Il existe donc bien un retard mécanique
correspondant à un établissement plus lent des liaisons intergranulaires. L’augmentation de
dosage (MT5-MT6) conduit essentiellement à une diminution de la viscosité du milieu.
En ce qui concerne les bétons, on retrouve l’effet retardant du plastifiant, mais en moins
marqué. Les courbes de la norme du module oedométrique |K+Z*+2N*| des formulations
BT5 et BT7 (P4) devancent ainsi celle de la formulation de référence (BT2), mais pas autant
que la courbe de référence ayant même e/c et même température de coulée (BT8). L’adjuvant
a donc bien conduit à un retard de la prise. Ce point est moins net avec les angle de phase, du
fait de l’étalement du sommet des courbes. On retrouve cependant un retard plus marqué pour
la partie réelle du module, comparativement à la partie imaginaire. Comme pour les mortiers,
l’augmentation du dosage en plastifiant à e/c constant (BT5-BT6) se traduit par un retard plus
important et surtout par une très forte diminution de la viscosité du milieu.
BT2 : B60-20
BT3 : B55A2-19
3,0E+08
BT4 : B60R4-18
1,6E+10 BT5 : B50P4-22
BT6 : B50P5-19
2,0E+08 BT7 : B45P4-21
BT8 : B45-21
Re (K+Z*+2N*) Pa
1,4E+10
1,0E+08
temps (min)
1,2E+10 1,0E+06
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540
1,0E+10
8,0E+09
Re (K+Z*+2N*) Pa
6,0E+09
4,0E+09
2,0E+09
temps (min)
1,0E+06
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660
Fig. 24. 16 : Evolution de la partie réelle du module oedométrique Re(K+Z*+2N*) (campagne BT)
Chapitre II : Etude du Comportement des Bétons et des Mortiers 129
BT2 : B60-20
BT3 : B55A2-19
8,1E+08 BT4 : B60R4-18
BT5 : B50P4-22
1,2E+10 BT6 : B50P5-19
BT7 : B45P4-21
6,1E+08
BT8 : B45-21
4,1E+08
Im (K+Z*+2N*) Pa
1,0E+10
2,1E+08
Im (K+Z*+2N*) Pa
6,0E+09
4,0E+09
2,0E+09
temps (min)
5,0E+06
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660
Fig. 24. 17 : Evolution de la partie imaginaire du module oedométrique Im(K+Z*+2N*) (campagne BT)
130 II.4 : Etude des Bétons et des Mortiers Adjuvantés
MT2 : M60-26
MT3 : M55A2-24
MT4 : M60R4-24
4,0E+08
8,0E+09 MT5 : M50P4-25
MT6 : M50P5-24
3,0E+08
7,0E+09 2,0E+08
Re (K+Z*+2N*) Pa
1,0E+08
5,0E+09
Re (K+Z*+2N*) Pa
4,0E+09
3,0E+09
2,0E+09
1,0E+09
temps (min)
1,0E+06
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660 720 780
Fig. 24. 18 : Evolution de la partie réelle du module oedométrique Re(K+Z*+2N*) (campagne MT)
Chapitre II : Etude du Comportement des Bétons et des Mortiers 131
MT2 : M60-26
MT3 : M55A2-24
8,90E+07
1,00E+10
MT4 : M60R4-24
MT6 : M50P5-24
4,90E+07
Im (K+Z*+2N*) Pa
8,01E+09 2,90E+07
9,00E+06
0 60 temps (min) 120
6,01E+09
Im (K+Z*+2N*) Pa
4,01E+09
2,01E+09
temps (min)
9,00E+06
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600 660 720 780
Fig. 24. 19 : Evolution de la partie imaginaire du module oedométrique Im(K+Z*+2N*) (campagne MT)
132 II.4 : Etude des Bétons et des Mortiers Adjuvantés
1 ,0 E + 1 0
Im (K+Z*+2N*) Pa
8 ,0 E + 0 9
6 ,0 E + 0 9
4 ,0 E + 0 9
2 ,0 E + 0 9
R e (K + Z * + 2 N *) P a
1 ,0 E + 0 6
1 ,0 E + 0 6 2 ,0 E + 0 9 4 ,0 E + 0 9 6 ,0 E + 0 9 8 ,0 E + 0 9 1 ,0 E + 1 0 1 ,2 E + 1 0 1 ,4 E + 1 0 1 ,6 E + 1 0 1 ,8 E + 1 0
M T 2 : M 6 0 -2 6
M T 3 : M 5 5 A 2 -2 4
1 ,0 E + 1 0 M T 4 : M 6 0 R 4 -2 4
M T 5 : M 5 0 P 4 -2 5
M T 6 : M 5 0 P 5 -2 4
8 ,0 E + 0 9
Im (K+Z*+2N*) Pa
6 ,0 E + 0 9
4 ,0 E + 0 9
2 ,0 E + 0 9
R e (K + Z *+ 2 N *) P a
5 ,0 E + 0 6
1 ,0 E + 0 6 1 ,0 E + 0 9 2 ,0 E + 0 9 3 ,0 E + 0 9 4 ,0 E + 0 9 5 ,0 E + 0 9 6 ,0 E + 0 9 7 ,0 E + 0 9 8 ,0 E + 0 9
de simples retards de prise. Les courbes des plastifiants P4 (BT5 et BT7) sont distinctes de
celle de la formulation avec retardateur de prise (BT4) et de l’ensemble référence (BT2) -
entraîneur d’air (BT3) - plastifiant P4 (BT6) : il ne s’agit donc plus, dans ce cas, d’un simple
retard.
Ces modifications surviennent après environ 4 heures de prise (jusqu’à 8 heures pour les
retardateurs de prise), moment où la modélisation exponentielle ne permet plus l’obtention
d’un fuseau étroit pour la courbe maîtresse.
2.4.5 Conclusions
Le point majeur de cette étude est de montrer qu’il est possible de suivre la prise de
mortiers et surtout de BETONS adjuvantés, suivi habituellement difficile à réaliser. Les
mesures effectuées (vitesses : Cp et τ, Cs, amortissement : P3/P2, effet Poisson : P4/P2) sont
sensibles à la présence d’adjuvants, ainsi qu’à leur dosage. L’étude des modules
viscoélastiques permet d’avoir une meilleure compréhension des phénomènes impliqués.
Ainsi, l’usage de l’entraîneur d’air n’a conduit à aucune modification significative de la
prise.
L’usage de plastifiant s’est toujours traduit par un ralentissement de l’ensemble de la
prise. Ce ralentissement affecte toutes les grandeurs suivies et augmente avec le dosage. Il est
plus marqué sur les parties réelles des modules viscoélastiques que sur les parties imaginaires,
ces dernières étant elles-mêmes plus ralenties que l’évolution de la courbe de température.
Ceci traduit le fait qu’il y a bien un ralentissement de la cinétique des réactions d’hydratation,
ralentissement se répercutant avec des délais de plus en plus longs aux différents phénomènes
qui en dépendent. Ainsi, la température évolue plus vite que la partie imaginaire car elle
traduit la formation d’hydrates alors que la partie imaginaire est liée à l’augmentation de
viscosité du milieu, dépendant de la formation d’hydrates mais ne variant pas forcément
linéairement avec elle. Il en va de même pour la partie réelle (traduisant la formation de
liaisons) qui évolue en début d’essai moins vite que la partie imaginaire (viscosité liée à la
formation d’hydrates) : il faut en effet former des hydrates en suspension pour réaliser des
liaisons mais la relation entre ces deux phénomènes n’est a priori pas non plus linéaire.
L’étude a également montré que le retard occasionné par les plastifiants n’est pas qu’un
simple « maintien-rhéologique » : il y a bien une modification de l’évolution des grandeurs
rhéologiques, vraisemblablement liée à une modification de la chimie de la prise.
Le retardateur de prise conduit également à un retard visible sur l’ensemble des
grandeurs suivies. Comme pour les plastifiants, certaines mesures montrent que ce retard ne
devait pas être considéré comme un simple retard de prise et qu’il y a bien modification du
déroulement général de la prise. L’existence de chemins différents sur les courbes en parties
imaginaires et réelles des modules rhéologiques montre que ces modifications sont de nature
différente pour les deux types d’adjuvants.
Enfin, il apparaît que l’impact des différents adjuvants est plus marqué sur les mortiers
que sur les bétons (toutes choses égales par ailleurs). Ces différences de comportement sont
vraisemblablement liées à la plus ou moins grande adsorption de l’adjuvant sur les granulats.
134 II.5 : Liens entre Bétons et Mortiers
L’étude portera sur le suivi des températures ainsi que sur l’étude de la vitesse des ondes
de compression et de cisaillement et du rapport de pression P4/P2 (effet Poisson). Des défauts
d’étanchéité des capteurs ayant rendu inutilisables les mesures de niveau des signaux
enregistrés sur le capteur P3, l’amortissement P3/P2 n’a pas pu être obtenu pour les MBE.
L’amortissement Ploin/Pprès, obtenu à partir des ondes S, n’a pas non plus pu être exploité.
Les courbes d’évolution des températures des bétons et MBE sont présentées sur les fig.
25.1 à 25.3. Malgré la sous-estimation des valeurs obtenues sur mortier (cf. §2.2.2.1), les
courbes des bétons présentent toujours des valeurs très inférieures à celles des MBE associés,
point cohérent avec le fait que la capacité calorifique globale est plus faible pour les MBE que
pour les bétons BB, à quantité de ciment égale. Il y a donc bien une thermoactivation de la
prise plus importante pour les MBE que pour les bétons BB, ce qui aura des conséquences sur
l’évolution des propriétés mécaniques.
Chapitre II : Etude du Comportement des Bétons et des Mortiers 135
55
M B E1a M 55-24
50 M B E1b M 55-22
B B 1 B 55-20
45
températures (°C)
40
35
30
25
20
te m ps (he ure s )
15
0 5 10 15
50 M B E2 M 44-23
B B 2 B 44-22
45
températures (°C)
40
35
30
25
te m ps (heures )
20
0 2 4 6 8 10 12
60 M B E3 M 40-25
B T9 B 45-24
55
températures (°C)
50
45
40
35
30
tem ps (he ures )
25
0 2 4 6 8 10 12 14
L’étude de la fig. 25.4 montre que les courbes d’évolution de la vitesse des ondes P sont
très proches pour les essais BB1, MBE1a et MBE1b, l’éloignement relatif de la courbe de
l’essai MBE1a étant dû à des différences d’évolution des températures (fig. 25.1 : MBE1a et
MBE1b). On retrouve cette proximité dans l’évolution mécanique à travers l’étude du temps
τ, qui est très proche pour les 3 matériaux (tabl. 25.1 ; MBE1a : 101 min mais température de
coulée plus élevée, MBE1b : 111 min, BB1 : 114 min).
En ce qui concerne la formulation2, la courbe d’évolution de la vitesse des ondes P de
l’essai BB2 est en avance par rapport à celle de l’essai MBE2 (fig. 25.5), point cohérent avec
les écarts de valeurs obtenus pour τ (tabl. 25.1 : 75 min pour le MBE2, 88 min pour le BB2).
L’étude de la fig. 25.6 montre que les courbes d’évolution des vitesses des ondes P sont
très éloignées pour le béton BT9 et le MBE3, aspect confirmé par les valeurs de τ qui sont très
distinctes : 68 min pour le MBE3 et 93 min pour le BT9. Il faut cependant mentionner que le
béton BT9 a un rapport e/c de 0,45 au lieu de 0,4 (valeur du MBE3) : les écarts observés sur
l’allure des courbes sont donc sous-estimés par rapport à ce que l’on aurait obtenu sur deux
matériaux strictement équivalents. L’écart observé sur les valeurs de τ n’est pas entièrement
explicable par cette simple variation de rapport e/c (voir par exemple les valeurs obtenues
pour BT5 et BT7 dans le tabl. 25.1, essais différant essentiellement par une variation de 0,05
du rapport e/c) : le retard de prise est donc dû à la différence d’arrangement granulaire.
Les courbes d’évolution de la vitesse des ondes P sont donc d’autant plus proches entre
bétons et MBE que la formulation est fluide.
La fig. 25.7 montre qu’il n’y pas de lien général entre les valeurs des bétons et MBE
associés. On peut tout au plus dire que les valeurs des temps τ des MBE sont toujours plus
faible que celles des bétons associés, aspect lié à l’évolution plus rapide des températures des
MBE par rapport aux bétons (si les hydrates se forment plus vite, la phase de percolation sera
avancée, toutes choses égales par ailleurs).
Chapitre II : Etude du Comportement des Bétons et des Mortiers 137
3000
B B 1: B 55-20
M B E1a : M 55-24
2500
M B E1b : M 55-22
2000
Cp (m/s)
1500
1000
500
tem ps (m in)
0
0 60 120 180 240 300 360
3000
B B 2 : B 44-22
M B E2 : M 44-23
2500
2000
Cp (m/s)
1500
1000
500
tem ps (m in)
0
0 60 120 180 240 300 360
B T9 : B 45-24
2500
M B E3 : M 40-25
2000
Cp (m/s)
1500
1000
500
te m ps (m in)
0
0 60 120 180 240 300
120
M B E1a-B B 1
M B E1b-B B 1
110
M B E2-B B 2
M B E3-B T9
τ bétons (min)
100
90
80
70
τ m ortie rs (m in)
60
60 70 80 90 100 110 120
1000
B B 1 B 55-20
M B E1b M 55-22
800
600
Cs (m/s)
400
200
tem ps (m in)
0
0 60 120 180 240 300 360
Fig. 25. 8 : Evolution des courbes de vitesse des ondes S (formulation 1, 200 Hz)
Chapitre II : Etude du Comportement des Bétons et des Mortiers 139
1400
B B 2 B 44-22
1200 M B E2 M 44-23
1000
Cs (m/s)
800
600
400
200
tem ps (m in)
0
0 60 120 180 240 300 360
Fig. 25. 9 : Evolution des courbes de vitesse des ondes S (formulation 2, 200 Hz)
Sur les figures 25.10 et 25.11 sont présentées les courbes d’évolution des rapports P4/P2.
Dans le cas des essais BB1 et MBE1a, les courbes sont proches tant par leurs valeurs
initiales que par leurs allures. Ceci montre que la transition du comportement « liquide avec
assemblage granulaire continu » au comportement « solide élastique » se produit de manière
plus ou moins synchrone dans les deux types de matériaux. On ne retrouve par contre pas ces
conclusions avec l’essai MBE1b et l’essai BB1 : les courbes présentent des allures proches
mais les valeurs sont ici très différentes.
Dans le cas du BB2 et du MBE2, les courbes sont cette fois-ci nettement distinctes, tant
par les valeurs initiales qui présentent des écarts beaucoup plus marqués que pour la
formulation1, que par leurs évolutions. Il y a donc un décalage temporel dans l’évolution des
propriétés mécaniques du béton BB2 et du MBE2.
Ces résultats sont donc globalement cohérents avec ceux obtenus sur les vitesses des
ondes P et S puisque l’on retrouve un comportement proche entre béton et MBE pour le
matériau le plus fluide (MBE1a et BB1) et un comportement nettement différent pour des
matériaux plus fermes (MBE2 et BB2).
Remarques :
Les valeurs de l’essai MBE3 n’ont pas pu être utilisées car les mesures réalisées sur le
capteur P4 se sont révélées inexploitables. Les valeurs n’ont pas été corrigées avec d=0 m du
fait de l’absence de valeurs pour le rapport de pression P3/P2 des MBE, ce qui explique que
certaines valeurs soient supérieures à 1.
M B E1a : M 55-24
1,20
M B E1b : M 55-22
B B 1: B 55-20
1,00
0,80
P4/P2
0,60
0,40
0,20
te m ps (m in)
0,00
0 60 120 180 240 300 360
Fig. 25. 10 : Evolution du rapport de pressions P4/P2, formulation1 (valeurs non corrigées)
Chapitre II : Etude du Comportement des Bétons et des Mortiers 141
0,8
M B E2 : M 44-23
0,7 B B 2 : B 44-22
0,6
0,5
0,4
P4/P2
0,3
0,2
0,1
te m ps (m in)
0,0
0 60 120 180 240 300 360
Fig. 25. 11 : Evolution du rapport de pressions P4/P2, formulation 2 (valeurs non corrigées)
2.5.1.4 Conclusions :
L’étude thermique montre que les MBE présentent une thermoactivation de leur prise
plus importante que celle des bétons associés, ce qui est conforme aux prévisions.
Les relation d’équivalence mécanique entre bétons et MBE ne semblent se vérifier que
pour des matériaux très fluides, matériaux pour lesquels le rôle de la pâte dans les bétons (de
composition proche de celle des MBE) est prépondérant, au moins en début de prise, sur celui
des graviers. L’écart grandissant des courbes et grandeurs suivies, au fur et à mesure que le
rapport e/c diminue, traduit donc simplement le fait que les granulats jouent alors un rôle
mécanique de plus en plus important vis-à-vis des propriétés mécaniques des bétons, ce qui
relativise sérieusement l’utilité de ce type de mortiers pour l’étude des propriétés mécaniques
des bétons.
L’obtention de vitesses plus élevées pour les bétons que pour les MBE montre que, lors
du passage des bétons au MBE, l’accroissement des distances intergranulaires a un impact
plus important que la plus forte thermoactivation de la prise.
142 II.5 : Liens entre Bétons et Mortiers
L’étude portera sur le suivi de la vitesse des ondes P, les rapports de pression P4/P2 et
P3/P2, ainsi que sur les modules rhéologiques. Les ondes S n’ont pas été utilisées.
Remarque préliminaire :
Il est difficile de prédire comment évoluent les mortiers MT par rapport aux bétons
associés, du fait de la différence de température de coulée entre bétons BT et mortiers MT
(§2.2.2.1 : les mortiers MT sont plus thermoactivés que les bétons BT) et de l’augmentation
des distances intergranulaires lorsque l’on passe du béton au mortier, ces deux aspects ayant
des conséquences contraires.
2500 2500
B T2 : B 60-20 B T4 : B 60R4-18
M T2 : M 60-26 M T4 : M 60R4-24
2000 2000
1500 1500
Cp (m/s)
Cp (m/s)
1000 1000
500 500
Fig. 25. 12 : Vitesse des ondes P : BT2 et MT2 Fig. 25. 13 : Vitesse des ondes P : BT4 et MT4
3000 2500
B T6 : B 50P 5-19 B T3 : B 55A 2-19
2000
1500
Cp (m/s)
Cp (m/s)
1500
1000
1000
500
500
tem ps (m in)
tem ps (m in)
0
0 0 60 120 180 240 300 360 420 480 540
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600
Fig. 25. 14 : Vitesse des ondes P : BT6 et MT6 Fig. 25. 15 : Vitesse des ondes P : BT3 et MT3
3000
B T5 : B 50P 4-22 2500 B T1: B 50-25
M T5 : M 50P 4-25
2500 M T1: M 50-28
2000
2000
Cp (m/s)
Cp (m/s)
1500
1500
1000
1000
500 500
Fig. 25. 16 : Vitesse des ondes P : BT5 et MT5 Fig. 25. 17 : Vitesse des ondes P : BT1 et MT1
144 II.5 : Liens entre Bétons et Mortiers
M T6-BT6
180
150 M T2-BT10
160
130 130 130 133
122 127 140
110 112
106 120
95 98
90 100
70 74
80
τ mortiers (min)
50 60
MT2-BT10 MT1-BT1 MT2-BT2 MT5-BT5 MT3-BT3 MT6-BT6 MT4-BT4 60 80 100 120 140 160 180 200 220
Fig. 25. 18 : Comparaison des valeurs de τ Fig. 25. 19 : Lien entre les valeurs de τ
des bétons BT et des mortiers MT
Conclusions :
Une augmentation de la température de coulée d’environ 6°C suffit ainsi pour obtenir
des courbes d’évolution de la vitesse des ondes de compression des bétons BT très proches de
celles des mortiers MT.
Les grandes similitudes observées dans les évolutions des courbes de vitesse ne
semblent être dues qu’à la valeur particulière de l’écart de températures de coulée, les
quelques courbes obtenues à températures de coulée identiques présentant des évolutions très
différentes au cours du temps. On retrouve également ce point dans les évolutions des courbes
de vitesse des ondes P exprimée en fonction du degré d’avancement α (fig. 25.47), qui
montrent que le comportement des mortiers MT est différent de celui des bétons BT.
Chapitre II : Etude du Comportement des Bétons et des Mortiers 145
Les évolutions des rapports de pression P4/P2 (corrigés avec d=0 m) sont présentées sur
les fig. 25.20 à 25.24, celles des rapports de pression P3/P2 (valeurs ramenées à d=20 cm) le
sont sur les fig. 25.25 à 25.29. La courbe de l’évolution de P4/P2 de l’essai MT1 n’a pu être
obtenue en raison d’un défaut d’étanchéité du capteur P4 ayant entraîné une surpression.
Les valeurs obtenues pour P4/P2 sur mortier MT sont plus faibles que celles obtenues sur
bétons, ce qui montre que la densité des contacts intergranulaires est plus importante pour les
mortiers MT que pour les bétons. Ceci est d’ailleurs en accord avec les mesures
d’affaissement initial, qui montrent que les bétons de référence sont plus fluides (affaissement
initial supérieur à 22 cm pour BT2 à BT6) que les mortiers MT associés (affaissement initial
nul pour MT2 à MT6). L’évolution plus rapide des courbes des mortiers MT (e. g. : fig.
25.22) est due à une température de coulée plus élevée.
En ce qui concerne le rapport P3/P2, il présente des valeurs initiales plus élevées pour les
mortiers que pour les bétons, ce qui traduit un amortissement plus important lié à une
augmentation de la viscosité du milieu, malgré l’augmentation des distances intergranulaires
et la hausse des températures.
Les résultats obtenus (fig. 25.25 à 25.29) sont globalement très différents selon les
formulations considérées. Ainsi, les courbes d’évolution des rapports de pression sont proches
pour les essais BT2 et MT2, mais dans le cas des autres essais, les évolutions diffèrent
nettement par les valeurs atteintes (e. g. : BT3 et MT3), par la temporalité des évolutions (e.
g. : BT4 et MT4, P4/P2) ou par les deux à la fois.
On ne retrouve donc pas (en dehors de BT2-MT2) l’évolution conjointe observée sur les
courbes d’évolution des vitesses des ondes P des bétons BT et mortiers MT.
P4/P2 corrigé
0,4
0,4
0,3
0,3
0,2
0,2
0,1 0,1
tem ps (m in) tem ps (m in)
0,0 0,0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 0 60 120 180 240 300 360 420 480 540
Fig. 25. 20 : Effet Poisson : P4/P2 (d=0 m) Fig. 25. 21 : Effet Poisson : P4/P2 (d=0 m)
0,6 0,9
BT4 : B60R4-18 BT5 : B50P4-22
0,8
MT4 : M60R4-24 MT5 : M50P4-25
0,5
0,7
0,4 0,6
P4/P2 corrigé
P4/P2 corrigé
0,5
0,3
0,4
0,2 0,3
0,2
0,1
0,1
tem ps (m in) tem ps (m in)
0,0 0,0
0 120 240 360 480 600 720 0 60 120 180 240 300 360 420
Fig. 25. 22 : Effet Poisson : P4/P2 (d=0 m) Fig. 25. 23 : Effet Poisson : P4/P2 (d=0 m)
0,5
BT6 : B50P5-19
MT6 : M50P5-24
0,4
P4/P2 corrigé
0,3
0,2
0,1
tem ps (m in)
0,0
0 60 120 180 240 300 360 420 480
1,0 1,0
0,9 BT2 : B60-20 0,9 BT3 : B55A2-19
0,8 MT2 : M60-26 MT3 : M55A2-24
0,8
0,7 0,7
P3/P2 corrigé
P3/P2 corrigé
0,6 0,6
0,5 0,5
0,4 0,4
0,3 0,3
0,2 0,2
0,7
0,6
P3/P2 corrigé
P3/P2 corrigé
0,6
0,5
0,5
0,4
0,4
0,3
0,3
0,2 0,2
0,1 tem ps (m in) 0,1 tem ps (m in)
0,0 0,0
0 120 240 360 480 600 720 0 60 120 180 240 300 360 420
Fig. 25. 27 : Evolution de P3/P2 (d=20 cm) Fig. 25. 28 : Evolution de P3/P2 (d=20 cm)
P3/P2 (d=20 cm) P3/P2 (d=20 cm)
0,9
0,6
P3/P2 corrigé
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
tem ps (m in)
0,0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600
B T2 : B 60-20
B T3 : B 55A 2-19
1,20E+10 M T2 : M 60-26 1,20E+10 M T3 : M 55A 2-24
1,00E+10 1,00E+10
|K+Z*+2N*| Pa
|K+Z*+2N*| Pa
8,02E+09 8,01E+09
6,02E+09 6,01E+09
4,02E+09 4,01E+09
2,02E+09 2,01E+09
tem ps (m in) tem ps (m in)
2,00E+07 1,00E+07
0 60 120 180 240 300 360 420 480 0 120 240 360 480
Fig. 25. 30 : Norme du module oedométrique Fig. 25. 31 : Norme du module oedométrique
essais BT2 et MT2 essais BT3 et MT3
6,02E+09
1,50E+10
|K+Z*+2N*| Pa
|K+Z*+2N*| Pa
5,02E+09
4,02E+09
1,00E+10
3,02E+09
2,02E+09 5,01E+09
1,02E+09
tem ps (m in) tem ps (m in)
2,00E+07 1,00E+07
0 120 240 360 480 600 720 0 60 120 180 240 300 360 420
Fig. 25. 32 : Norme du module oedométrique Fig. 25. 33 : Norme du module oedométrique
essais BT4 et MT4 essais BT5 et MT5
B T6 : B 50P 5-19
1,20E+10 M T6 : M 50P 5-24
1,00E+10
|K+Z*+2N*| Pa
8,01E+09
6,01E+09
4,01E+09
2,01E+09
tem ps (m in)
1,00E+07
0 120 240 360 480 600
4,01E+09 5,0E+09
|N*| Pa
4,0E+09
|N*| Pa
3,01E+09
3,0E+09
2,01E+09
2,0E+09
1,01E+09
1,0E+09
tem ps (m in) tem ps (m in)
5,00E+06 1,0E+06
0 60 120 180 240 300 360 420 0 60 120 180 240 300 360 420 480 540
Fig. 25. 35 : Norme du module de cisaillement Fig. 25. 36 : Norme du module de cisaillement
essais BT3 et MT3 essais BT4 et MT4
1,00E+10
BT4 : B60R4-18 BT5 : B50P4-22
3,51E+09 9,01E+09
MT4 : M60R4-24 MT5 : M50P4-25
8,01E+09
3,01E+09
7,01E+09
2,51E+09
6,01E+09
|N*| Pa
|N*| Pa
2,01E+09 5,01E+09
1,51E+09 4,01E+09
3,01E+09
1,01E+09
2,01E+09
5,06E+08
1,01E+09
tem ps (m in) tem ps (m in)
6,00E+06 5,00E+06
0 120 240 360 480 600 720 0 60 120 180 240 300 360 420
Fig. 25. 37 : Norme du module de cisaillement Fig. 25. 38 : Norme du module de cisaillement
essais BT5 et MT5 essais BT6 et MT6
4,01E+09
|N*| Pa
3,01E+09
2,01E+09
1,01E+09
tem ps (m in)
5,00E+06
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600
90 90
BT2 : B60-20 BT3 : B55A2-19
MT2 : M60-26 MT3 : M55A2-24
60 60
ϕ (°)
ϕ (°)
30 30
tem ps (m in)
tem ps (m in)
0 0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 0 60 120 180 240 300 360 420 480 540
Fig. 25. 40 : Phase du module oedométrique Fig. 25. 41 : Phase du module oedométrique
essais BT2 et MT2 essais BT2 et MT2
90 90 BT5 : B50P4-22
MT5 : M50P4-25
60 60
ϕ (°)
ϕ (°)
BT4 : B60R4-18
MT4 : M60R4-24
30 30
Fig. 25. 42 : Phase du module oedométrique Fig. 25. 43 : Phase du module oedométrique
essais BT2 et MT2 essais BT2 et MT2
BT6 : B50P5-19
90
MT6 : M50P5-24
60
ϕ (°)
30
tem ps (m in)
0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540 600
2.5.2.4 Conclusions :
Les essais réalisés montrent qu’il n’y a pas d’équivalence mécanique ou rhéologique
générale entre les bétons BT et les mortiers MT, tant les effets de l’augmentation des
distances intergranulaires et de la densification des contacts intergranulaires se font sentir.
Ils montrent cependant qu’il est possible de compenser des modifications
d’arrangements granulaires par une adaptation de la température de coulée.
Cette partie concerne essentiellement les essais MT2 (M60-26) et MBE1a (M55-24),
seules formulations ayant des compositions suffisamment proches pour pouvoir donner lieu à
des comparaisons. Ces matériaux diffèrent cependant par un faible écart de température de
coulée et de rapport e/c.
Des comparaisons seront également réalisées sur l’ensemble des essais lorsque le
comportement général des mortiers MT et des MBE est notablement différent (cas du rapport
de pression P4/P2, par exemple). Les mesures obtenues sur les MBE étant limitées, seules les
courbes de température, de vitesse des ondes P et de rapport de pression P4/P2 (effet Poisson)
seront exploitées.
Températures :
La fig. 25.45 montre que la température du MBE évolue plus vite et atteint des valeurs
bien plus élevées que celle du mortier MT associé, aspect cohérent avec les valeurs théoriques
calculées (tabl. 25.2 : écart théorique final de 11,3°C, écart mesuré de 10,3°C). Les valeurs
initiales supérieures pour l’essai MT2 s’expliquent par une température de coulée supérieure
de 2°C à celle du MBE1a. Ces mesures sont donc en accord avec l’hypothèse d’une prise plus
thermoactivée pour les MBE que pour les mortiers MT associés.
température température
teneur en air ciment gravier sable eau air Tc
Nom de l’essai finale calculée finale mesurée
occlus % (kg) (kg) (kg) (kg) (kg) (°C)
(°C) (°C)
MBE1a : M55-24 0,9 608 0 1223 335 0,01 23,7 67,2 54,6
MT2 : M60-26 6,0 357 0 1620 214 0,07 26,4 55,9 44,3
Tabl. 25. 2 : températures finales théoriques, essais MBE1a et MT2
152 II.5 : Liens entre Bétons et Mortiers
60
MBE1a M55-24
55 MT2 M60-26
50
45
T°C
40
35
30
25
temps (heures)
20
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
M B E1a : M 55-24
2500 M T2 : M 60-26
2000
Cp (m/s)
1500
1000
500
tem ps (m in)
0
0 60 120 180 240 300 360 420 480
Fig. 25. 46 : Comparaison des évolutions des vitesses des ondes P
Chapitre II : Etude du Comportement des Bétons et des Mortiers 153
Remarque :
Les valeurs de α obtenues sur béton pour (e. g.) une vitesse Cp=1500 m/s (cf. fig. 25.47)
sont bien plus élevées pour les mortiers MT (≈0,5) que pour les bétons et les MBE (≈0,2). Le
fait que la normalisation exponentielle ait conduit à l’obtention d’une unique courbe maîtresse
montre alors que les mortiers MT compensent leur déficit de compacité granulaire (cf. les
courbes granulométriques sont moins étalées) par une hydratation plus rapide du ciment, la
quantité supplémentaire de ciment hydratée à un instant donné jouant en quelques sortes le
rôle des granulats manquants.
154 II.5 : Liens entre Bétons et Mortiers
BT2 : B60-20 BT3 : B55A2-19 BT4 : B60R4-18 BT5 : B50P4-22 BT6 : B50P5-19 BT7 : B45P4-21 BT8 : B45-21 BT9 : B45-24
BT10 : B60-27 BB1 : B55-20 BB3 : B40-25 MBE1a : M55-24 MBE2 : M44-23 MBE3 : M40-25 MT2 : M60-26 MT3 : M55A2-24
MT4 : M60R4-24 MT5 : M50P4-25 MT6 : M50P5-24
3000
bétons et MBE
2500
1500
Cp (m/s)
500
1000 400
300
Cp (m/s)
200
500
100
α
0
0,00 0,02 0,04 0,06 0,08 0,10
α
0
0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9 1,0
Fig. 25. 47 : Evolution de la célérité des ondes P en fonction du degré d’avancement des réactions chimiques de prise α
Chapitre II : Etude du Comportement des Bétons et des Mortiers 155
1
BB1 : B55-20
BB2 : B44-22
BB3 : B40-25
bétons + MBE BT1 : B50-25
0,9
BT2 : B60-20
BT3 : B55A2-19
BT4 : B60R4-18
BT5 : B50P4-22
0,8 BT6 : B50P5-19
BT7 : B45P4-21
BT8 : B45-21
BT10 : B60-27
MBE1a : M55-24
0,7
MBE1b : M55-22
MBE2 : M44-23
MT2 : M60-26
MT3 : M55A2-24
0,6 MT4 : M60R4-24
MT5 : M50P4-25
MT6 : M50P5-24
P4/P2
0,5
0,4
0,3
0,2
mortiers MT
0,1
temps (min)
0
0 60 120 180 240 300 360 420 480 540
Fig. 25. 48 : Evolution du rapport de pression P4/P2 (effet Poisson) pour les mortiers MT et les MBE
156 II.5 : Liens entre Bétons et Mortiers
1,0
MBE1a : M55-24
MBE1b : M55-22
0,8
MT2 : M60-26
P4/P2 corrigé
0,6
0,4
0,2
tem ps (m in)
0,0
0 60 120 180 240 300
Fig. 25. 49 : Evolution du rapport de pressions P4/P2 au cours du temps (effet Poisson)
Conclusions :
Les différentes observations réalisées sont donc en accord avec ce qui avait été supposé
quant aux liens régissant les MBE et les mortiers MT. Ainsi :
• les MBE ont une prise plus thermoactivée que celle des mortiers MT.
• les grains dans les mortiers MT sont plus éloignés que dans les MBE.
Les mesures ont clairement mis en évidence les divergences profondes d’arrangement
granulaire des bétons, MBE et mortiers MT.
Chapitre II : Etude du Comportement des Bétons et des Mortiers 157
2.5.4 Conclusions
A partir des résultats obtenus dans cette partie, il est possible de dresser un tableau
résumant l’ensemble des relations liant les bétons BB aux MBE, les bétons BT aux mortiers
MT et les MBE aux mortiers MT (tabl. 25.3 et 25.4). Le tableau contient deux cases pour
chaque groupe de matériaux et pour chaque grandeur suivie : la première regroupe les
observation réalisées sur la grandeur suivie, la seconde est relative à l’interprétation qui en est
faite.
Il apparaît ainsi que les MBE ne présentent des similitudes de comportement avec les
bétons que pour les formulations fluides : ils sont alors utilisables pour prédire certaines
propriétés des bétons (temps caractéristique de l’évolution mécanique du matériau : τ,
évolution de la compressibilité : vitesse Cp, transition solide/liquide : P4/P2). Pour les
formulations plus fermes, les granulats jouent alors un rôle mécanique plus important, faisant
différer profondément, dès le début de la prise, les propriétés des bétons et MBE associés. En
fait, seule la relation obtenue sur les étalements et les affaissements semble se vérifier de
manière générale sur une longue durée (jusqu’à 90-120 min).
L’étude a également permis de vérifier plusieurs hypothèses faites à partir de la
composition des MBE. Les différentes mesures réalisées sont ainsi cohérentes avec une plus
forte thermoactivation de la prise des MBE et une augmentation des distances intergranulaires
lors du passage BB→MBE. L’étude de la vitesse des ondes P en fonction de α montre que la
majeure partie des différences d’évolution mécanique des bétons et MBE sont dues aux
différences de comportement thermique.
Pour ce qui est des mortiers MT, aucun lien général de passage n’a pu être établi entre
les propriétés mécaniques et rhéologiques des bétons BT et des mortiers MT. Les mesures
sont cohérentes avec l’hypothèse d’augmentation des distances intergranulaires lors du
passage BT→MT et la possibilité de fabriquer des mortiers ayant un comportement thermique
proche de celui des bétons associés. Les essais réalisés montrent également qu’il est possible
de compenser des variations de distance intergranulaire (passage d’un béton au mortier MT
associé) par une modification de la température de coulée.
En ce qui concerne l’étude croisée des MBE et des mortiers MT, les mesures réalisées se
sont montrées cohérentes avec l’idée d’une plus forte thermoactivation de la prise des MBE
ainsi que celle d’une augmentation des distances et des contacts intergranulaires lors du
passage MBE→MT.
Ces résultats montrent ainsi que l’idée d’obtenir des mortiers parfaitement équivalents à
des bétons s’avère être une gageure. Il faudrait pour cela créer un matériau avec des
constituants plus petits que le matériau d’origine, de manière à réaliser un même assemblage
granulaire, à un facteur d’échelle près. Le ciment ne pouvant pas actuellement être rétréci, ce
genre de tentative est forcément voué à l’échec. Tout au plus peut-on espérer obtenir des
relations de passage sur des grandeurs particulières et dans des gammes de composition
limitées, chacune de ces relations devant être préalablement testée et vérifiée avant d’être
utilisée.
158 II.5 : Liens entre Bétons et Mortiers
affaissement
essais température vitesse des ondes P : Cp vitesse des ondes S : Cs temps caractéristique de prise: τ
étalement
effet de la dilution
des granulats dans la pâte
prédiction
prise des MBE
BB → MBE
prévision du τ des BB
possible de la effet de la dilution effet de la dilution
plus à e/c élevé
fluidité des BT des granulats dans la pâte des granulats dans la pâte
thermoactivés
au cours du temps
prise des MBE
plus thermoactivée :
phase de percolation avancé
MT ≈ BT MT ≈ BT MT ≈ BT
si même Tc
MT< BT
avec 5-6°C d'écart avec 5-6°C d'écart avec 5-6°C d'écart
MT = BT
pour Tc pour Tc pour Tc
BT → MT
contacts même histoire évolution mécanique ≠ évolution mécanique ≠ évolution mécanique ≠
intergranulaires thermique
plus denses possible compensation possible de d par Tc compensation possible de d par Tc compensation possible de d par Tc
MBE > MT
MBE > MT MBE < MT
après 3 heures
prise des MBE
d augmente,
plus prise des MBE plus thermoactivés
MBE → MT
prise des MBE plus thermoactivée
thermoactivés
Tabl. 25. 3 : Bilan de l'étude des équivalences béton-mortiers
Notations : Tc = température de coulée, d = distance intergranulaire
Chapitre II : Etude du Comportement des Bétons et des Mortiers 159
BB → MBE
mécaniques proviennent majoritairement si e/c élevé :
des différences même évolution de la pâte,
de cinétiques chimiques structure initiale comparable
MT < BT
MT > BT valeurs parfois proches,
MT << BT mais temporalité MT ≠ BT
allures des courbes ≠ toujours différente
allures des courbes ≠
BT → MT
les évolutions chimiques contacts intergranulaires plus
pas d’équivalence pas d’équivalence
et mécaniques denses
pas d’équivalence BT-MT BT-MT
BT-MT
d augmente beaucoup pas d’équivalence
BT-MT
MT<<MBE
MBE > MT
MBE → MT
augmentation des contacts
d augmente beaucoup
intergranulaires
2.6 CONCLUSIONS :
Pour ce qui est de l’impact des adjuvants sur le déroulement de la prise, il a été montré que :
• les mesures du Vibroscope permettent de réaliser le suivi de la prise de mortiers et de
bétons adjuvantés. En particulier, l’étude des parties réelles et imaginaires des
modules rhéologiques constitue le moyen d’étude le plus efficace pour tester l’impact
d’adjuvants.
• l’usage d’adjuvants conduit à une réponse du matériau différente selon qu’ils sont
utilisés sur mortier ou sur béton.
• l’usage d’entraîneur d’air ne conduit qu’à une faible variation de la compressibilité
initiale du matériau, effet très vite masqué par la formation d’hydrates.
• l’usage de plastifiant ou de retardateur de prise se traduit par un retard de prise pour
l’ensemble des grandeurs suivies. Ce retard, qui augmente avec le dosage pour le
plastifiant, n’est pas qu’un simple retard mais conduit bien à des chemins d’évolution
différents des modules rhéologiques au cours de la prise. Les causes de cet effet sont à
rechercher dans des modifications de la chimie de la prise, consécutives à l’usage
d’adjuvant.
Chapitre II : Etude du Comportement des Bétons et des Mortiers 161
Enfin, l’étude des liens entre bétons et mortiers montre qu’il n’existe pas de relation
générale permettant de passer des propriétés des uns à celles des autres. Chaque relation
présupposée doit, en fait, être testée avant d’être utilisée car les exemples étudiés montrent
que l’existence d’un lien quelconque ne peut pas être étendu à d’autres grandeurs sans
précautions.
162 II.5 : Liens entre Bétons et Mortiers