Langue de Barbarie
Langue de Barbarie
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Djiby Sambou
Université Amadou Mahtar Mbow
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ET ESTUARIENS D’AFRIQUE
ET DES MILIEUX CÔTIERS
Le colloque PATEO-UASZ, édition 2019, a permis de faire
le point sur l’état des littoraux ouest-africains et de prendre
la mesure des menaces qui pourraient altérer leurs capacités
de résilience.
DE L’OUEST
Vivants et dynamiques, les littoraux d’Afrique de
l’Ouest démontrent chaque jour les preuves de la vitalité des
communautés humaines et de l’énergie des facteurs qui en
façonnent le contenu, en constante évolution. En effet,
ces littoraux constituent la partie la plus densément
peuplée des zones rurales où l’homme a su construire des
agrosystèmes hyper productifs, malgré les contraintes du
milieu. La grande extension des marais maritimes et
Tidiane Sané,
El Hadji Balla Diéye,
Amadou Hamath Dia,
Luc Descroix,
autres zones humides, d’altitude basse, égale ou proche
du zéro, leur confère une exposition élevée face aux aléas
naturels : érosion côtière, élévation du niveau océanique
(ENO), risque de submersion, salinisation des sols, des
nappes, etc.
ISBN : 978-2-343-22490-9
57 € 9 782343 224909
Sous la direction de :
Tidiane SANÉ, El Hadji Balla DIÉYE, Amadou Hamath DIA,
Luc DESCROIX, Bamol Ali SOW, Paul DIÉDHIOU, Mouhamadou
Mawloud DIAKHATÉ et Ngor NDOUR
http://www.harmattansenegal.com
[email protected]
[email protected]
ISBN : 978-2-343-22490-9
EAN : 9782343224902
Publication entièrement financée par l’Université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ) :
UFR Sciences et Technologies, Rectorat et Département de Géographie.
Comité scientifique et de lecture
Prénom (s) Nom Institution-Pays
Tidiane SANÉ PATEO-LGE, Université Assane
Seck de Ziguinchor, Sénégal
El Hadji Balla DIÉYE PATEO-LGE, Université Assane
Seck de Ziguinchor, Sénégal
Luc DESCROIX PALOC-PATEO, IRD, France
Amadou Hamath DIA LARSES, Université Assane Seck
de Ziguinchor, Sénégal
Paul DIÉDHIOU LARSES, Université Assane Seck
de Ziguinchor, Sénégal
Bamol Ali SOW LOSEC, Université Assane Seck de
Ziguinchor, Sénégal
Oumar SY LGE, Université Assane Seck de
Ziguinchor, Sénégal
Ngor NDOUR LAFE, Université Assane Seck de
Ziguinchor, Sénégal
Samo DIATTA LOSEC, Université Assane Seck de
Ziguinchor, Sénégal
Ibrahima Demba DIONE LARSES, Université Assane Seck
de Ziguinchor, Sénégal
Doudou GUÈYE LARSES, Université Assane Seck
de Ziguinchor, Sénégal
Moctar CAMARA LOSEC, Directeur de l’UFR
Sciences et Technologies UASZ,
Sénégal
Marie-Christine CORMIER- AGROPOLIS-PALOC-IRD, France
SALEM
Mouhamadou DIAKHATÉ PATEO-LEIDI, Université Gaston
Mawloud Berger de Saint-Louis, Sénégal
Catherine MERING Paris-Diderot, Paris7, France
Amadou Tahirou DIAW LERG, Université Cheikh Anta
Diop, Sénégal
Julien ANDRIEU Université de Nice, France
Cheikh Saad-Bou KAMARA Université Nouakchott, Mauritanie
Michel SIMEU Université de Yaoundé, Cameroun
KAMDEM
Allassane OUATTARA Université Nangui Abrogoua, Côte
d’Ivoire
Mbaye DIOP Institut sénégalais de Recherches
Agricoles (ISRA)
Nadia MHAMMDI Université Mohammed V Rabat,
Maroc
Vieri TARCHIANI CNR, Italie
9
Marina Padrão TEMUDO School of Agriculture, University of
Lisbon, Portugal
Tarik DAHOU PALOC-IRD, France
Gil MAHÉ IRD, France
Patrice BREHMER IRD, France
Mamadou SOW CNRHB, République de Guinée
Boubou Aldiouma SY LEIDI, Université Gaston Berger de
Saint-Louis, Sénégal
Françoise BRETON UAB, Espagne
Aida DIONGUE ANACIM, Sénégal
NIANG
Anne-Elisabeth LAQUES IRD, France
Didier ORANGE UMR 210 Eco&Sols, IRD, France
Jean-Claude MARUT CNRS, France, universitaire retraité
Cheikh MBOW Université de Prétoria, Afrique du
Sud
Khalifa Ababacar KANE LARSES, Université Assane Seck
de Ziguinchor, Sénégal
Ansoumana BODIAN Université Gaston Berger de Saint-
Louis, Sénégal
Cheikh FAYE LGE, Université Assane Seck de
Ziguinchor, Sénégal
Aïdara Mamadou FALL LGE, Université Assane Seck de
Lamine Ziguinchor, Sénégal
Eric MACHU IRD, France
Célestin HAUHOUOT UFHB
Sylvia BECERRA CNRS, France
Patrick CHEVALIER Universitaire retraité
Odile JOURNET CNRS, France
Marco MANZELLI Coopération italienne, Italie
Oula AMROUNI Institut national des Sciences et
Technologies de la Mer, Tunisie
Cheikh Samba WADE LEIDI, Université Gaston Berger de
Saint-Louis, Sénégal
Marina TEMUDO Universidade de Lisboa, Tapada da
Ajuda, Portugal
Universidade de Lisboa, Tapada da
Ana Isabel CABRAL
Ajuda, Portugal
ISE, Université Cheikh Anta Diop,
Bienvenu SAMBOU
Sénégal
ISE, Université Cheikh Anta Diop,
Hyacenthe SAMBOU
Sénégal
Abdou Seydou MANÉ Grdr, Ziguinchor, Sénégal
Julia RORELLE Grdr, Pôle Littoral, Guinée-Bissau
10
Comité d’organisation
Prénom Nom Titres
Tidiane SANÉ Président
El Hadji Balla DIÉYE Président Commission Scientifique
Paul DIÉDHIOU Membre
Oumar SY Membre
Amadou Hamath DIA Président Commssion Finances
Alioune Badara SAKHO Président Commission Organisation
Joseph DIÉDHIOU Membre, comptable
Léa Suzanne THIAW Présidente Commission Communication
Jean-Alain GOUDIABY Membre
Ngor NDOUR Membre
Dioncounda YOCK Membre
Ousseynou SÈNE Membre
Deborah DIOUF Membre, Secrétariat
Marème SYLLA Membre, Secrétariat
Ndeye Astou Thiaw Membre, Secrétariat
Bamol Ali SOW Membre
Samo DIATTA Membre
Ibrahima Demba DIONE Membre
Julien ANDRIEU Membre
Luc DESCROIX Membre
Mouhamadou
DIAKHATÉ Directeur LMI-PATEO, Membre
Mawloud
Moctar CAMARA Directeur UFR ST UASZ, Membre
Ndiouma NDOUR Directeur UFR SES UASZ, Membre
Chef Département Géographie UASZ,
Ibrahima MBAYE
Membre
Mbaye Diagne MBAYE Chef Département Chimie UASZ, Membre
Lat Grand NDIAYE Chef Département Physique UASZ, Membre
Chef Département Sociologie UASZ,
Ibrahima TOURÉ
Membre
Mouhamed CHARAHA Chef Département Agroforesterie UASZ,
Mahmoud BIL Membre
11
Chef Département Eco-Gestion UASZ,
Melyan MENDY
Membre
Ibou NDAO Chef Département Tourisme UASZ, Membre
Mor NDONGO Responsable Filière Informatique, Membre
Chef Département Sciences juridiques UASZ,
Babacar SARR
Membre
Boubacar Demba BA Membre, UFR ST
Mamadou THIOR Membre, UFR ST
Boubacar SOLLY Membre, UFR ST
Abdou Kadri SAMBOU Membre, UFR ST
Bouly SANÉ Membre, UFR ST
Yancouba SANÉ Membre, UFR ST
Sadio SANÉ Membre, UFR ST
Tidiane DIALLO Membre
Cheikh Tidiane BODIAN Membre
Aïssatou Marie
FAYE Membre, UFR SES
Romualda
Angèle Marie Dioné TINE Membre, UFR SES
Mariama MBAYE Membre, UFR SES
Mohamed Doudou MBAYE Membre, UFR SES
Berthe Sebene DIÉDHIOU Membre, UFR SES
Mame Madjiguene DIOUF Membre, UFR SES
12
LISTE DES AUTEURS
13
CAMARA, Kiné Guèye NGOM, Awa NIANG FALL, Coura
Mamadou NDIONE, Khady KANE, Alioune KANE,
DIOUF, Abdoulaye FATY, Waly Claudette SOUMBANE Diatta,
FAYE, Awa NIANG FALL, Malick DIOUF, Paul DIÉMÉ,
Amadou Hamath DIA, Julien Ibrahima Demba DIONE,
ANDRIEU, Paul DIÉDHIOU, Moustapha Tito BASSÈNE,
Boubacar Demba BA, Mamadou WAA DIOGUÉ, André
THIOR, Catherine MERING, DIATTA, Oumar DIATTA,
Amadou Tahirou DIAW, Florent Patrick Afinké DIEDHIOU
LOMBARD, Khady DIOUF,
14
SOMMAIRE
15
CONTRAINTES ET STRATÉGIES DE DÉVELOPPEMENT RIZICOLE DANS
LE TERROIR VILLAGEOIS DE DAROU KHAÏRY, (BIGNONA, SÉNÉGAL) 167
Yancouba SANE, Boubacar Demba BA,
Aïdara Chérif Amadou Lamine FALL
16
SALINITÉ DES SOLS ET PERCEPTION DES POPULATIONS SUR LA
RESSOURCE EN EAU DU KAMOBEUL BOLONG (ESTUAIRE DE LA
CASAMANCE, SÉNÉGAL).................................................................................. 299
Ambroise SAGNA, Cheikh FAYE et Aidara Chérif Lamine FALL.
17
AXE THÉMATIQUE 3 : VULNÉRABILITÉ DES LITTORAUX :
POLITIQUES PUBLIQUES, ACTIONS COMMUNAUTAIRES ET
RÉSILIENCE DES VILLES LITTORALES .................................................... 435
18
DYNAMIQUE SPATIALE ET MUTATIONS SOCIO-ENVIRONNEMENTALES
EN ZONE DE MANGROVE OUEST-AFRICAINE, DE LA LAGUNE DE JOAL-
FADIOUTH (SÉNÉGAL) AU RIO CACINE (GUINÉE-BISSAU) ...................... 547
El Hadji Balla DIÉYE, Tidiane SANÉ, Boubacar SOLLY,
Paul DIÉDHIOU, Boubacar Demba BA, Mamadou THIOR,
Catherine MERING, Oumar SY, Amadou Tahirou DIAW
19
RÉALISATION D’UNE DIGUE (ANTI-SEL)...................................................... 659
Moustapha Tito BASSÈNE
20
VULNÉRABILITÉ CÔTIÈRE AUX IMPACTS DU
CHANGEMENT CLIMATIQUE DANS LA LANGUE DE
BARBARIE (LB) À SAINT-LOUIS, NORD DU SÉNÉGAL
421
the sea level rise scenarios of 1.5 meters, 2 meters, and 5 meters would
respectively cause flooding over 24,248 ha, 29,148 ha and 40,254 ha of
the area of the island of Saint-Louis.
Keywords: vulnerability, climate change, Langue de Barbarie,
coastal erosion.
1- Introduction
Les catastrophes naturelles et les changements climatiques produisent
des effets néfastes sur les populations, leurs moyens d’existence et leurs
environnements. Des études indiquent que 90 % de ces phénomènes sont
liés à l’eau (Heather, 2008). Le delta du fleuve Sénégal est fréquemment
soumis aux aléas comme l’érosion côtière, les inondations, la sécheresse,
etc. Les études de Kane (1997), Diop (2004), Dumas et Mietton (2006)
et Mietton et al. (2006) ont montré que l’aléa inondation fluviale était
assez récurrent avant 2004. Elles ont été confirmées par les travaux de
Durand et Thomas (2010) qui ont recensé, entre 1827 et 1999, 18 crues
majeures ayant provoqué des inondations dans l’estuaire à Saint-Louis.
Toutefois, les décennies 1960, 1970 et 1980 ont été marquées par une
sécheresse qui a affecté tout le bassin du fleuve Sénégal (Demarée, 1990 ;
Hubert, Carbonnel, et Chaouche, 1989 ; Sircoulon, 1987) et entraîné la
construction sur le fleuve Sénégal des barrages de Diama au Sénégal et de
Manantali au Mali, respectivement en 1986 et en 1988. Mais ces ouvrages
n’ont pas totalement empêché les inondations dans la vallée du fleuve
Sénégal, durant la décennie 1990, marquée par un retour des conditions
humides (Hubert et al., 2007). En effet, des inondations partielles ont été
remarquées lors des crues des années 1994, 1997, 1998, 1999 et 2003
(Diop, 2004).
Par ailleurs, même si le secteur est jusqu’ici préservé des submersions
marines, il n’en demeure pas moins qu’il s’expose potentiellement au
risque le plus important dans le contexte actuel du changement climatique
(Durand et Thomas, 2010). En effet, une grande partie de la ville de Saint-
Louis (côte d’alerte 175 cm) est à un niveau proche voire inférieur au
niveau actuel de la mer. Elle est séparée de cette dernière que par une
flèche littorale sableuse : la Langue de Barbarie. C’est une barrière
naturelle entre le fleuve Sénégal et l’océan Atlantique. L’ouverture d’un
canal de délestage (brèche) de 4 mètres de largeur en octobre 2003 a,
certes, permis d’éviter les d’inondations fluviales (Sy et al., 2015) au site
urbain, en revanche, il s’est élargi, jusqu’à atteindre une largeur de 5,5
kilomètres en 2016 (Rey et Fanget, 2017) voire 7 km en 2019, ce qui a
profondément modifié le fonctionnement hydrologique et menace toute la
422
Langue de Barbarie (Durand et Thomas, 2010; Wade et Rudand, 2007;
Diakhaté, 2012).
423
Figure 10: Localisation de la Langue de Barbarie à Saint-Louis du
Sénégal (Sources : Durant et al (2010).
La LB abrite une population de 45 875 habitants (ANSD, 2015), soit
quelque 20 % de la population du département de Saint-Louis répartie sur
l’une des plus fortes densités du pays où les principales activités
économiques sont la pêche, le maraîchage et le tourisme.
2.2. Analyse de la vulnérabilité morpho-dynamique côtière
Pour examiner l’évolution du trait de côte le long du segment de la
Langue de Barbarie, nous avons téléchargé puis traité et analysé des
images Landsat 7 ETM+ de 2000 ; 2010 et 2018 (Figure 2) en janvier
2019 avec l’outil Digital Shorline Analysis System (DSAS). Cette analyse
est complétée par des transects le long de la côte (sur 15 km) pour
caractériser le type de côte, le type d’artificialité présent et son état. Par
ailleurs, avec le Modèle Numérique de Terrain (MNT) SRTM, une
analyse de scénarios de montée du niveau des eaux de la mer a été
effectuée avec le logiciel ArcGis pour évaluer les risques d’inondation par
submersion marine. À cet effet, quatre (04) scénarios de montée du niveau
de la mer ont été considérés : 0,5 m, 1,5 m, 2 m et 5 m. Lesquels ont été
choisis sur la base des études sur les projections climatiques et la montée
424
du niveau de la mer qui ont été déterminées pour le Sénégal à l’horizon
2080 (Climate Analytics (2018). Pour chaque scenario, la superficie totale
qui sera affectée par la montée des eaux a été déterminée et une
cartographie des zones inondables effectuée.
425
Figure 12: Secteur A : Déplacement de la ligne de côte de 2000 à
2018 : de Gokhu Mbathie à la limite sud de Santhiaba.
426
la caractérisation de la côte ont été effectuées selon les secteurs (Tableau
1).
Les secteurs 1 et 5, situés respectivement à l’extrémité nord et sud de
la flèche littorale sont relativement stables. On observe une terrasse de
plage à marée maritime. L’état de la côte est semi-végétale et active vers
l’embouchure et très active vers la frontière mauritanienne à Boya.
Le secteur 2 est stable, une dynamique accumulative, car elle
appartient au secteur de réception en fin de transit sédimentaire, ce qui fait
apparaître une terrasse de plage active.
Les secteurs 3 et 4 sont marqués par des perturbations anthropiques
consécutives à la construction du quai de pêche qui, en bloquant le transit
sédimentaire, aurait provoqué l’érosion en aval.
Tableau 6 : Caractérisation de la côte dans la langue de Barbarie.
Secteur Type de côte État Types Aléas,
d’artificialité processus
présente sur d’érosion
la côte
1- Embouchure / Terrasse de Semi- Aucun
Hydrobase plage et végétale
marée active
maritime
2-Hydrobase Terrasse de Active Haie de filao Sapement par les
/Guet Ndar plage reboisée par vagues
endroit
3-Guet Ndar / Terrasse de Artificielle - Muret de Sapement par les
Santhiaba plage protection vagues
artificialisée (béton) (effondrement)
détruit par Submersion
endroit temporaire
- Cordon
pierreux
- Sacs de
sable
4-Santhiaba / Terrasse de Artificielle Cordon Sapement par les
Goxu Mbathie plage pierreux vagues
artificialisée enseveli par
endroit,
géotube
5-Goxu Mbathie Marée Active Aucun
/ Boya maritime et
terrasse de
plage
427
3.3. Scénario de hausse du niveau de la mer et inondation
Les scénarios de hausse du niveau de la mer indiquent que pour une
hausse de 0,5 m, 11 % du territoire de la Langue de Barbarie (199 216 ha)
seraient inondés. Les superficies inondables pour les scénarios de hausse
de 1,5 m, 2 m et 5 m sont respectivement 24 248 ha, 2914 8 ha et 40 254
ha (Figure 5).
428
4- Discussions
Les résultats de l’étude de la vulnérabilité environnementale ont
montré un recul du trait de côte de 0,35m/an entre 2000 et 2018 et un
risque de submersion marine avec la hausse du niveau de la mer d’au
moins 2,5 m. Ils indiquent donc une grande sensibilité de la flèche littorale
de la Langue de Barbarie que les géomorphologues (Bhattacharya et
Giosan, 2003) qualifient de « deflected delta » à cause de la domination
des puissants flux marins nord sur les flux fluviaux. Plusieurs études
(Kane, 2010 ; Durand et Thomas, 2010 ; Wade et Rudand, 2007 ;
Diakhaté, 2012) ont pointé cette sensibilité du milieu (fragile). D’autres
études (Sy, 2010 ; Varcin, 2018) envisageraient même le risque de
disparition de la Langue de Barbarie. Elles se sont intéressées à la
dynamique de la brèche de la Langue de Barbarie. Son ouverture en 2003
a créé une instabilité et un déséquilibre des forces en actions (Diakhaté,
2012) et a entraîné, après une érosion côtière rapide, la disparition/
l’abandon en 2012 du village de Doun Baba Diéye. Plusieurs autres
villages côtiers de la langue de Barbarie et quartiers urbains de Saint-
Louis comme Guet Ndar, Goxu Mbathie sont sous la menace de cette
érosion côtière.
En revanche, les travaux de Rey et Fanget (2017) ont montré qu’avec
le déplacement et l’allongement de la flèche littorale vers le sud, le secteur
côtier de Doun Baba Diéye est désormais moins vulnérable aux aléas
météorologiques marins. De même, ils considèrent qu’un processus
d’auto-organisation entre la brèche et la rive du fleuve qui lui fait face est
déjà en cours. Le déplacement de l’embouchure va participer à la
protection de la rive et ainsi permettre une progradation et un
engraissement des plages (Rey et Fanget, 2017). Ces nouvelles conditions
sédimentaires à Doun Baba Diéye seraient dues à une résilience côtière.
Les incertitudes sur les tendances climatiques et les dynamiques
hydrologiques et géomorphologiques de la Langue de Barbarie exigent
une bonne maîtrise de la dynamique actuelle pour une gestion maîtrisée
des contraintes. L’anthropisation de ces espaces côtiers aurait pour
conséquence de réduire la résilience côtière au changement climatique
appréhendé. En effet, des projets d’envergure tels que le port
fluviomaritime de l’OMVS et le port artisanal de l’ANAM sont prévus.
Avec la découverte récente de gisements d’hydrocarbures à une
cinquantaine de kilomètres des côtes de Saint-Louis, des plateformes
offshores seront installées. Des études officielles d’impacts sur les fonds
429
et courants marins considèrent que leur impact ne constitue pas un facteur
aggravant de l’érosion côtière.
Cependant, il est probable que l’installation de ces plateformes va
augmenter le niveau de risque sur le littoral au niveau de la Langue de
barbarie.
S’agissant de la lutte contre l’érosion côtière, les initiatives
individuelles et communautaires d’adaptation des résidents pour se
protéger et s’adapter aux aléas côtiers correspondent principalement au
muret de bois ou de pierre, à des digues avec des sacs de sable, à la
plantation de végétaux (Photo 2).
Les actions de l’État du Sénégal pour l’atténuation et l’adaptation
concernent des ouvrages lourds pour casser l’énergie des vagues avec des
sacs de sable (1,5 m3) déposés le long du rivage (Photo 3). Ces mesures
entamées après la catastrophe du village de Doun Baba Diéye ont été
financés par le Ministère de l’Environnement à hauteur de 525 000 Euros
(Rey et Fanget, 2017). Toutefois, elles n’ont pas produit les résultats
escomptés. Depuis lors, les enrochements et les murets en pierres ont été
privilégiés dans certains secteurs côtiers urbanisés comme à Goxu-
Mbathie et Santhiaba (Photo 1 et 4). Ces ouvrages sont en cours de
réalisation et ont nécessité un financement de 37 millions d’euros dont 15
millions de la France et 22 millions de la Banque mondiale (Varcin,
2018).
430
Photo 3 : Protection par digue avec Photo 4: Travaux de protection
sacs de sable détruits après une (enrochement et muret) à Goxu
surcote. Sambou D. 01/2019. Mbathie. Sambou D. 01/2019.
431
impulser les dynamiques de résilience dans les zones côtières. Il est aussi
important d’identifier les besoins prioritaires en matière de réalisation
d’infrastructures qui vont contribuer à cette résilience.
Remerciements : Les auteurs remercient la fondation de la Croix
Rouge Française et le LMI-PATEO.
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434