Une Introduction: À La Dynamique Des Fluides
Une Introduction: À La Dynamique Des Fluides
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dynamique des fluides
M. Rieutord
Une véritable introduction à la mécanique des fluides qui ancre cette discipline dans la phy-
sique en s'appuyant sur de nombreux exemples issus des sciences de l'Univers.
Une introduction à la
Après le succès de la première édition, cette deuxième édition propose un texte revu et
corrigé mais surtout enrichi de nouveaux sujets.
Ce livre illustre les différents domaines de la dynamique des fluides par des exemples puisés
dans les sciences de l'Univers. La Terre, les planètes géantes, les disques d'accrétion et les
étoiles fournissent ainsi de nombreuses illustrations aux sujets discutés, soulignant par
ailleurs l'importance de cette branche de la physique en astrophysique ou en géophysique. dynamique des fluides
+Les «plus»
} Différents niveaux de lecture } De nombreux exemples sont tirés
de l'astrophysique
} De nombreux exercices et leur MANUEL DE COURS
solution } Des références bibliographiques
LMD
Michel Rieutord est astrophysicien et professeur à l'université Paul Sabatier à Toulouse,
membre honoraire de l'Institut Universitaire de France. Agrégé de physique et docteur ès
sciences, il a enseigné la dynamique des fluides à tous les niveaux de l'université. Ses tra-
vaux sur la dynamique des fluides en rotation sont reconnus internationalement. Depuis u u
de nombreuses années il a travaillé au développement de la dynamique des fluides en
Astrophysique et au rayonnement de cette discipline.
u u
Conception graphique : Primo&Primo
ISBN 978-2-8041-8554-1
Dans le cadre du nouveau Système Européen de
D L1
Transfert de Crédits (E.C.T.S.), ce manuel couvre
les niveaux : L2
En France : Licence 2-3 et Master 1-2. M2
En Belgique : Licence 2-3 et Master 1-2. M1 L3
DYNFLU En Suisse : Licence 2-3 et Master 1-2.
Au Canada : Licence 2-3 et Master 1-2.
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Une introduction à la
dynamique des fluides
Licence Maîtrise Doctorat
Physique
Aslangul C., Mécanique quantique. 1. Fondements et premières applications
Aslangul C., Mécanique quantique. 2. Développements et applications à basse énergie. 2e éd.
Aslangul C., Mécanique quantique. 3. Corrigés détaillés et commentés des exercices
et problèmes
Bécherrawy T., Optique géométrique
Biemont É., Spectroscopie atomique. Instrumentation et structures atomiques
Biemont É., Spectroscopie moléculaire. Structures moléculaires et analyse spectrale
Champeau R.- J., Carpentier R., Lorgeré I., Ondes lumineuses. Propagation, optique de Fourier,
cohérence
Taillet R., Optique physique. Propagation de la lumière
Watsky A., Thermodynamique macroscopique
Chimie
Cachau-Herreillat D., Des expériences de la famille Acide-Base. 3e éd.
Cachau-Herreillat D., Des expériences de la famille Réd-Ox. 2e éd.
Depovere P., Chimie générale. 3e éd.
Depovere P., Chimie organique. 2e éd.
Kiel M., L’oxydoréduction. Du nombre d’oxydation aux diagrammes de Pourbaix
McMurry J., Begley T., Chimie organique des processus biologiques
Moussard C., Biochimie structurale et métabolique. 3e éd.
Moussard C., Biologie moléculaire et Biochimie des communications cellulaires
Rabasso N., Chimie organique. Généralités, études des grandes fonctions et
méthodes spectroscopiques. 2e éd.
Rabasso N., Chimie organique. Hétéroéléments, stratégies de synthèse et
chimie organométallique. 2e éd.
Michel Rieutord
Une introduction à la
dynamique des fluides
MANUEL DE COURS
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de spécialisation, consultez notre site web : www.deboeck.com
Imprimé en Belgique
Dépôt légal :
Bibliothèque nationale, Paris : octobre 2014
Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles : 2014/0074/261 ISBN 978-2-8041-8554-1
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physique
Avant-propos de la deuxième
édition
La seconde édition de mon cours de dynamique des fluides propose un texte revu
et corrigé de la première édition enrichi d’un chapitre ainsi que de plusieurs sections
supplémentaires. La principale nouveauté est le chapitre 11 dont le but est de présenter
au lecteur une description du lien qui unit le contenu microscopique, discret ou par-
ticulaire d’un fluide à son aspect macroscopique qui est celui d’un continuum. Nous
espérons avoir réussi à relever le défi de donner au lecteur toutes les bases nécessaires
pour comprendre ce très vaste sujet.
Les sections supplémentaires ajoutent une présentation de l’instabilité de Marangoni-
Bénard qui montre un effet des contraintes tangentielles induites par la tension super-
ficielle. Nous discutons aussi l’équation de Chapman-Proctor qui nous permet d’illus-
trer l’utilisation d’un développement multi-échelle pour déterminer la dynamique de la
convection à flux fixée. Enfin nous avons ajouté une longue introduction à la théorie
des pertubations optimales ou perturbations à croissance algébrique dont la mécanique
des fluides s’est enrichie au cours du dernier quart de siècle.
Finalement, plus encore que dans la première version de ce livre, nous avons cher-
ché à illustrer les différents thèmes abordés par des exemples puisés dans les sciences
de l’Univers. La Terre, les planètes géantes, les disques d’accrétion ou les étoiles four-
nissent ainsi de nombreuses illustrations des sujets discutés, soulignant par ailleurs
l’importance de la dynamique des fluides en astrophysique ou en géophysique.
Cette seconde édition a bénéficié des remarques de nombreux lecteurs et tout parti-
culièrement des relectures d’Arnaud Antkowiak et de Pierre-Louis Blelly sur quelques
points clefs. Elle doit naturellement beaucoup aux étudiants qui, par leurs questions,
m’ont forcé à aller au fond des problèmes. Puisse ce livre leur apporter en retour les
réponses qu’ils recherchent.
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physique
Avant-propos de la première
édition
L’idée qui a présidé à l’écriture de ce livre était celle d’un cours sur la dynamique
des fluides indépendant du contexte « science de l’ingénieur » de cette discipline. Nous
voulions une présentation qui soit celle du physicien, c’est-à-dire de celui qui observe
la Nature et tente d’en comprendre les mécanismes.
Les fluides sont omniprésents dans notre environnement et leur mouvement se rap-
pelle à nous quotidiennement, ne serait-ce que par le temps qu’il fait. Ainsi comment
ne pas être intrigué, en tant que physicien, par le vol d’un oiseau, le déferlement d’une
vague ou la formation d’un nuage ? De façon assez surprenante la mécanique des fluides
s’est tenue longtemps à l’écart de la physique (une situation qui semble fort heureu-
sement changer), notamment du cursus universitaire des physiciens français, alors que
beaucoup de grands noms de la physique y ont imprimé leur marque, à commencer
par Newton, Euler, Maxwell, Rayleigh, Heisenberg, Landau, Chandrasekhar etc. Pour-
tant cette discipline offre encore de beaux défis aux chercheurs ; dans les années 1950,
Heisenberg notait que la turbulence reste l’un des problèmes majeurs non-résolus de
la physique classique ; presque cinquante ans plus tard cette remarque est toujours
valable.
Le présent ouvrage essaye d’introduire les principaux thèmes de la mécanique des
fluides, l’idée étant de fournir les bases nécessaires pour aborder n’importe quelle partie
de la discipline. En fin de chaque chapitre, des exercices sont proposés pour aider le
lecteur à vérifier son assimilation. Une liste d’ouvrages est également proposée, permet-
tant un approfondissement des questions traitées ou offrant un point de vue différent.
Un chapitre de compléments de mathématiques est aussi inclus de manière à ce que ce
cours puisse être abordé avec un bagage de connaissances égal à celui d’un étudiant en
fin de premier cycle universitaire.
Le niveau de ce cours n’est pas uniforme et progresse de chapitre en chapitre : grosso
modo, les quatre premiers chapitres reflètent le contenu d’un cours donné en licence de
physique à l’université Paul Sabatier de Toulouse, les quatre suivants sont issus d’un
cours donné au même endroit en maîtrise de physique et les deux derniers (avec des
reprises dans d’autres chapitres) un cours au DEA d’astrophysique de Toulouse.
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Dynamique des fluides
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Après avoir commis son œuvre, l’auteur doit avouer qu’elle fut réalisée grâce à
quelques complices qu’il va s’empresser de remercier.
Pour commencer l’instigateur, José-Philippe Pérez sans qui rien n’aurait commencé.
Des décors m’ont été fournies par Alain Vincent, Hervé Willaime et Thierry Roudier.
La mécanique a été huilée par André Violante ; les costumes sont de Donald Knuth.
Le scénario a été relu et corrigé par Boris Dintrans dans le rôle de l’étudiant, Katia
Ferrière dans le rôle du gourou MHD, Geneviève dans le rôle de ma femme, et mon
père dans son propre rôle. La pièce a été conçue à l’Observatoire Midi-Pyrénées et
jouée à de nombreuses reprises devant les étudiants de l’Université Paul Sabatier qui
étaient enthousiastes ou effrayés, mais jamais indifférents, surtout en examens. Enfin,
l’acteur-auteur-compositeur remercie les éditions Masson pour leur confiance tout au
long de cette aventure et espère que la pièce pourra être re-jouée, réinterprétée ...
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physique
Guide de lecture
Le premier chapitre tente de répondre à la question : comment décrire le mouvement
d’un fluide ? Nous y établissons les équations de base de la dynamique des fluides. Le
deuxième chapitre, dédié à la statique nous permet de commencer avec un problème
relativement simple. Nous abordons ensuite les premiers problèmes de dynamique en
considérant le cas idéal des fluides parfaits où tout phénomène de diffusion est éliminé.
Essentiellement cette idéalisation permet d’apprécier les effets de pression et d’inertie
sur le mouvement. Au quatrième chapitre, nous incluons la viscosité dans le cas simple
des fluides incompressibles et introduisons alors la notion de couche limite qui reflète
la compétition entre transport diffusif et advectif.
Sont abordées ensuite les différentes ondes qui peuvent se propager dans un fluide
ce qui nous permet de glisser naturellement vers les instabilités. Nous avons dédié
un chapitre entier au problème de la convection thermique qui fournit un exemple
d’instabilité où les notions introduites au chapitre précédent peuvent être mises en
application de façon concrète. Le huitième chapitre est consacré aux fluides en rotation
si importants pour comprendre la dynamique atmosphérique ou océanique.
Le neuvième chapitre est une introduction à la turbulence ; nous y présentons les
résultats classiques de turbulence homogène isotrope et essayons d’introduire le lecteur
à quelques questions d’actualité. Le dixième chapitre dédié à la magnétohydrodyna-
mique, permet de se faire une idée de la dynamique des fluides conducteurs qui jouent
un rôle majeur en astrophysique. Enfin le onzième et dernier chapitre tente d’intro-
duire le lecteur aux fondements statistiques de la dynamique des gaz. On veut lui
permettre de mieux comprendre l’émergence du milieu continu à partir d’une matière
distribuée essentiellement de façon discrète. Des compléments de mathématiques ainsi
que la solution des exercices terminent ce cours.
Un certain nombre de sections ont été marquées d’un ♠ : la maîtrise de leur contenu
n’est pas nécessaire pour suivre l’exposé ; elles peuvent être laissées de côté lors d’une
première lecture.
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Table des matières
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Dynamique des fluides
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Dynamique des fluides
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2 Le son . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
2.1 Équation de propagation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
2.2 Relation de dispersion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
2.3 Exemples de modes acoustiques dans les instruments à vent . . . . . . 151
3 Les ondes de surface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
3.1 Les ondes de gravité superficielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
3.2 Les ondes capillaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
4 Les ondes internes de gravité ♠ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156
5 Les ondes de discontinuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158
5.1 Propagation d’une perturbation en fonction du nombre de Mach . 159
5.2 Équations d’une onde sonore d’amplitude finie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
5.3 Équations des caractéristiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
5.4 Exemple : l’onde de compression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
5.5 Conditions de passage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
5.6 Relations entre les quantités à l’amont et à l’aval d’un choc droit . 165
5.7 Chocs forts et faibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
5.8 Chocs radiatifs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
5.9 Ressaut hydraulique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
6 Les ondes solitaires ♠ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
6.1 L’équation de Korteweg et de Vries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
6.2 L’onde solitaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
6.3 Analyse élémentaire de l’équation de Korteweg et de Vries . . . . . . . 178
6.4 Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
7 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
8 Appendice : conditions de passage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184
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Dynamique des fluides
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Chapitre 9 La turbulence
1 Présentation du problème de base . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315
1.1 Temps et longueur de corrélation : comment définir la turbulence 315
1.2 Le problème de la fermeture des équations moyennes . . . . . . . . . . . . . 317
2 Les outils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 318
2.1 Moyenne d’ensemble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 318
2.2 Distribution et densité de probabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 318
2.3 Moments et cumulants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 319
2.4 Corrélations et fonctions de structure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 319
2.5 Les symétries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 319
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Chapitre 10 La magnétohydrodynamique
1 Les approximations de la magnétohydrodynamique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 369
2 Les équations du mouvement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 371
⃗ ...........................................
2.1 Équations pour ⃗j et B 371
2.2 Les conditions aux limites sur le champ magnétique . . . . . . . . . . . . . . 373
2.3 Equation de l’énergie en présence de champ magnétique . . . . . . . . . . 375
3 Quelques propriétés des écoulements MHD. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 376
3.1 Le théorème du champ gelé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 376
3.2 Pression et tension magnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 377
3.3 Le champ-sans-force . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 378
3.4 La solution d’équipartition et les variables d’Elsässer . . . . . . . . . . . . . 379
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physique
Dynamique des fluides
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Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 491
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 497
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physique Chapitre 1
1. Un bref historique
La première pierre fut posée par Archimède (-287,-212), mathématicien et physicien
de l’antiquité, qui énonça son fameux théorème, « tout corps plongé dans un fluide
subit une poussée de bas en haut égale au poids du volume de fluide déplacé ». C’est le
commencement de la statique des fluides. Les connaissances évoluèrent peu jusqu’aux
travaux d’Evangelista Torricelli (1608-1647) et Blaise Pascal (1623-1662). Torricelli fit
une expérience célèbre en 1643, où il retourna un tube plein de mercure sur un récipient
contenant lui aussi du mercure. Le tube se vida un peu laissant une colonne de liquide
de 76 cm de haut. Il mettait ainsi en évidence l’existence de la pression atmosphérique,
la pesanteur de l’air et l’existence du vide (très discutée à l’époque). Pascal donna
l’interprétation correcte de tous ces phénomènes dans son traité L’équilibre des liqueurs
publié en 1663. La statique était donc pratiquement en place. La dynamique commença
son développement avec Leonhard Euler (1707-1783) qui formula pour la première
fois l’équation du mouvement d’un fluide non-visqueux. Daniel Bernoulli (1700-1782)
contribua aussi à l’étude de la dynamique de ce type de fluides en s’intéressant à l’aspect
énergétique du mouvement des fluides (théorème de Bernoulli).
La grande étape suivante fut la mise en équation des effets de la viscosité. Elle fut
réalisée au cours du XIXe siècle par Henri Navier (1785-1836), Georges Stokes (1819-
1903) et Jean Louis Marie Poiseuille (1797-1869). Notons qu’Isaac Newton (1643-1727)
avait déjà mis en évidence l’existence de la viscosité de manière expérimentale et a
laissé son nom à une catégorie de fluides dits newtoniens. L’équation de Navier-Stokes,
régissant le mouvement des fluides visqueux, fut formulée pour la première fois en 1822
par Navier dans le cas où la viscosité est constante.
La mécanique des fluides prit alors diverses directions dont nous mentionnerons
seulement les principales : l’étude de la stabilité des écoulements (H. Helmholtz (1868),
Lord Kelvin (1910)), le transport de la chaleur par convection (W. Prout (1834), Rum-
ford (1870), A. Oberbeck (1879), H. Bénard (1900), J. Boussinesq (1903), Lord Rayleigh
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physique
Dynamique des fluides
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2. Le concept de fluide
2.1 Définitions
Les fluides regroupent un vaste ensemble de milieux matériels qui, pour les plus cou-
rants, liquides et gaz usuels, ont la propriété d’être facilement déformables, l’état
« fluide » s’opposant en cela à l’état « solide » bien que, comme nous le verrons, cette
opposition ne soit pas toujours très nette : un milieu matériel pouvant avoir, selon
l’échelle de temps caractéristique de son mouvement, un comportement fluide ou so-
lide.
Ce comportement est régi par une loi, dite loi de comportement, qui explicite la
manière dont se déforme le milieu lorsqu’il est soumis à une contrainte (i.e. une force
par unité de surface). D’une manière assez générale, le milieu est dit fluide si lors d’une
transformation à volume constant, les contraintes ne dépendent que de la vitesse de
déformation. Nous reviendrons naturellement sur ces notions mais un exemple simple
va nous montrer ce que recouvre cette définition.
Considérons un récipient rempli d’eau à la surface de laquelle flotte un bouchon. Le
bouchon se trouve en un point A de la surface et nous désirons l’amener en B. L’eau
étant un fluide, la force que nous devons exercer pour déplacer le bouchon ne dépend
que de la vitesse de déplacement. Cette force peut être rendue aussi petite que l’on
veut : il suffit pour cela de réduire suffisamment la vitesse du bouchon.
D’un point de vue thermodynamique, on peut dire que les états A et B sont parfai-
tement équivalents et indistinguables : l’énergie (et l’entropie) à apporter au système
pour le faire passer de A à B peut être réduite à zéro. Au contraire si nous avions eu
affaire à un solide (élastique), nous aurions dû fournir un travail fini pour déformer le
système : l’énergie des deux états A et B serait différente.
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ℓ
Kn = (1.1)
L
qui doit donc être très petit par rapport à l’unité. L’étude des cas où Kn ≥ 1 constitue
le domaine de la dynamique des gaz raréfiés et est basée sur la théorie cinétique des
gaz. On ne l’inclut généralement pas dans la mécanique des fluides.
On peut faire un parallèle entre la thermodynamique classique et la mécanique des
milieux continus ; en effet dans ces deux disciplines, on se refuse à faire une description
microscopique du milieu et seules les valeurs moyennes sont considérées. La contrepar-
tie de cette simplification est que certaines grandeurs comme la capacité thermique
(en thermodynamique) ou la viscosité (en mécanique des fluides), ou bien certaines
relations comme les équations d’état (en thermodynamique) ou la loi de comportement
(en mécanique des milieux continus), restent indéterminées. Ces grandeurs ou ces re-
lations doivent alors être déterminées soit expérimentalement, soit théoriquement à
l’aide d’approches statistiques.
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Dynamique des fluides
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de fluide : volume suffisamment petit pour que le fluide y ait des propriétés uniformes
mais suffisamment grand pour que le nombre d’atomes ou de molécules y soit grand et
que des quantités thermodynamiques comme la température y soient définies.
⃗v (x, y, z, t)
est connue alors nous savons tout du mouvement du fluide. Cette description est dite
eulérienne. C’est la plus communément adoptée pour tous les problèmes et c’est elle
que nous utiliserons principalement.
Dϕ
Dt
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Dynamique des fluides
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ξ + δξ
δt
ξ)
+
x
v(
ξ
δt
x)
v(
ξ⃗ étant supposé très petit par rapport à ⃗x, on développe au premier ordre,
⃗ = ⃗v (⃗x) + (ξ⃗ · ∇)⃗
⃗v (⃗x + ξ) ⃗ v + O(ξ 2 )
et donc
δ ξ⃗ = (ξ⃗ · ∇)⃗
⃗ v δt (1.3)
2
ou encore, en notation indicielle
δξi = ξj ∂j vi δt
Nous voyons ici apparaître le tenseur « gradient de vitesse » dont les composantes
sont ∂i vj . Comme tout tenseur du second ordre celui-ci peut se décomposer en une
partie symétrique et une partie antisymétrique :
1 1
∂i v j = (∂i vj + ∂j vi ) + (∂i vj − ∂j vi ) = sij + aij
2 2
Ces deux parties jouent des rôles très différents. Commençons par la partie antisymé-
trique. Notons tout d’abord qu’elle ne possède que trois composantes indépendantes
(a12 , a23 , a31 ) non nulles. On peut les transformer de manière à faire apparaître le
rotationnel de la vitesse. On procède ainsi :
1 1 1
aij = (∂i vj − ∂j vi ) = (δik δjl − δil δjk )∂k vl = ϵijm ϵmkl ∂k vl
2 2 2
2. Nous utiliserons souvent ces notations qui sont commodes. Dans les « Compléments de mathé-
matiques » (annexe A) se trouve un résumé de ce qu’il faut savoir pour « lire » la suite.
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1 −−→
aij = ϵijm (Rot ⃗v )m (1.4)
2
où nous avons introduit le symbole de Kronecker δij et le pseudo-tenseur complètement
antisymétrique ϵijk (voir les complément de mathématiques en § 1.2). L’expression (1.4)
montre que les trois composantes (a12 , a23 , a31 ) ne sont en fait que les trois composantes
du rotationnel de ⃗v (au facteur 1/2 près) puisque, rappelons-le, ϵijk est soit 0, soit ±1.
La signification physique de [a] est donc liée à celle du rotationnel. On la découvre en
calculant la variation de ξ⃗ associée à la partie antisymétrique [a]
( )
1 −−→ 1 −−→ ⃗
δξi = ξj aji δt = ϵjim ξj (Rot ⃗v )m δt = (Rot ⃗v ) ∧ ξ δt
2 2 i
Cette expression montre que la variation de l’élément fluide associée à aij n’est
autre qu’une rotation solide locale dont la vitesse angulaire est
⃗ = 1−
Ω
−→
Rot ⃗v
2
aij ne représente pas une déformation de l’élément fluide, mais une simple rotation en
−−→
bloc. Ce résultat nous donne donc la signification physique du champ de vecteur Rot ⃗v ,
−−→
encore appelé vorticité, et justifie l’appellation de « rotationnel » pour l’opérateur Rot.
Ce qui précède montre que la déformation des éléments fluides vient de la par-
tie symétrique sij qu’on appellera désormais tenseur des déformations. Ceci apparaît
naturellement dès lors qu’on calcule la variation de longueur de ξ. ⃗ En effet,
où nous avons utilisé le fait que ξi ξj aij = 0 puisque aij est antisymétrique et ξi ξj est
symétrique. Ainsi seul [s] contribue à la variation de la longueur de ξ⃗ et donc à la
déformation. Afin d’expliciter un peu plus le rôle de ce tenseur, nous allons utiliser une
base de projection où [s] est diagonale (cela est toujours possible puisque [s] est symé-
trique). Dans cette nouvelle base la variation de ξ⃗ associée à [s] s’exprime simplement
par :
δξi = ξj sji δt = ξi sii δt
où il n’y a pas de sommation sur les indices dans la dernière égalité. Cette équation
montre que l’élément fluide est étiré dans la direction i si sii > 0, ou contracté si
sii < 0. On peut alors calculer au premier ordre sa variation de volume
( )
δξ1 δξ2 δξ3
δV = (ξ1 + δξ1 )(ξ2 + δξ2 )(ξ3 + δξ3 ) − ξ1 ξ2 ξ3 = ξ1 ξ2 ξ3 + + + O(δξ 2 )
ξ1 ξ2 ξ3
= ξ1 ξ2 ξ3 (s11 + s22 + s33 )δt + O(δξ 2 )
comme s11 + s22 + s33 = Tr([s]) = sii = div ⃗v , (Tr([s]) est la trace de [s]) alors
δV
= (div ⃗v )δt (1.5)
V
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Dynamique des fluides
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Refaisons le même exercice avec un contour entraîné par le fluide. On veut donc
∮
d ⃗ r, t) · d⃗l
A(⃗
dt C(t)
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Dynamique des fluides
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∂ψ ∂ψ
vx = , vy = − (1.12)
∂y ∂x
encore appelée fonction de courant. La détermination d’un écoulement bidimensionnel
se ramène donc à la seule détermination de cette fonction. L’appellation fonction de
courant vient de ce que la vitesse ⃗v est tangente aux courbes ψ=Cte qui représentent
donc les lignes de champ de la vitesse ou lignes de courant. En effet, le long d’une telle
ligne
∂ψ ∂ψ
dψ = 0 ⇐⇒ dx + dy = 0 ⇐⇒ −vy dx + vx dy = 0
∂x ∂y
vx dx
⇐⇒ = 0 ⇐⇒ ⃗v parallèle à d⃗l
vy dy
Lorsque l’écoulement est tridimensionnel, le concept de fonction de courant est
toujours utile mais cette fois deux fonctions sont nécessaires. Cela se comprend aisément
puique la vitesse ayant trois composantes liées par la relation div ⃗v = 0, deux fonctions
scalaires seront nécessaires pour décrire ⃗v . En toute généralité on peut écrire
−−→ −−→ −−→
⃗v = Rot(χ⃗a) + Rot Rot(ψ⃗a)
Dans cette expression le choix du vecteur ⃗a n’est pas imposé. En géométrie sphérique
par exemple, on choisit pour ⃗a le vecteur radial ⃗r. On appelle alors le premier terme
−−→
champ toroïdal ; les lignes de courant de ⃗vT = Rot(χ⃗r) sont en effet inscrites sur un
tore. Le deuxième terme est appelé champ poloïdal ; ses lignes de courant ne sont pas
en général confinées à une surface sauf dans le cas où le champ est axisymétrique. Elles
appartiennent alors à un plan méridien φ=Cte.
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sa variation au cours du temps provient du flux de masse (ρ⃗v ) traversant la surface (S)
délimitant (V) ; on notera dS ⃗ l’élément de surface orienté par la normale extérieure ⃗n,
⃗
dS = ⃗ndS ; on a
∫ ∫ ∫
dM ∂ρ
=− ρ⃗v · dS⃗ ⇐⇒ dV = − div ρ⃗v dV (1.13)
dt (S) (V ) ∂t (V )
Noter que le signe − dans (1.13) vient de l’orientation choisie pour (S). Cette égalité
étant vraie quel que soit le volume (V), on en déduit
∂ρ
+ div ρ⃗v = 0 (1.14)
∂t
qui exprime localement la conservation de la masse. Cette équation est aussi connue
sous le nom d’équation de continuité. On peut l’écrire encore en utilisant la dérivée
particulaire introduite précédemment
Dρ
= −ρ div ⃗v (1.15)
Dt
qui montre que la variation de masse volumique de l’élément fluide résulte de la varia-
tion de son volume (puisque sa masse est constante).
Les équations (1.14) et (1.15) peuvent être obtenues directement à partir de (1.8)
en utilisant un∫volume entraîné par le fluide et en faisant f = ρ. On remarquera que le
terme de flux (S) ρ⃗v · dS
⃗ disparaît.
On retrouve avec ces relations (en faisant ρ =Cte), l’équation (1.6) vérifiée par les
fluides incompressibles.
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Dynamique des fluides
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soit ∫ ∫
Dϕ
ρ dV = Sϕ dV (1.17)
(V ) Dt (V )
ou bien, localement,
Dϕ
= Sϕ ρ (1.18)
Dt
Nous verrons que les équations de la quantité de mouvement, de l’énergie interne ou de
l’entropie ont toutes cette structure. ϕ désigne alors la vitesse (quantité de mouvement
par unité de masse), l’énergie interne massique ou l’entropie massique 4 .
Redérivons maintenant l’équation (1.18) en utilisant un volume toujours constitué
des mêmes particules fluides ; on a
4. On trouvera aussi dans la littérature la terminologie d’« entropie spécifique » qui désigne aussi
l’entropie par unité de masse.
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df⃗ = [σ]dS
⃗ (1.20)
ou, en notation indicielle,
dfi = σij dSj (1.21)
Nous définissons ainsi le tenseur des contraintes [σ] et par la même occasion la
contrainte T⃗ = [σ]⃗n exercée en un point d’une surface. La contrainte est une force par
unité de surface. On fait alors l’hypothèse que [σ] ne dépend que des propriétés locales
de l’écoulement 5 .
Montrons maintenant qu’il est symétrique. Si (S) est une surface enveloppant un
volume (V) de fluide quelconque, nous remarquons que la résultante des forces de
contrainte sur (S) peut aussi s’écrire comme une résultante de forces volumiques puisque
∫ ∫
σij dSj = ∂j σij dV
(S) (V )
Ainsi, à une contrainte peut toujours être associée une force volumique. Si nous
raisonnons au niveau local, c’est-à-dire au niveau d’un élément fluide, l’identité pré-
cédente établit simplement que la résultante des forces de contact sur une particule
fluide est égale à la divergence du tenseur des contraintes. Considérons maintenant le
moment des forces de contrainte par rapport à un point origine ; celui-ci peut s’écrire
∫ ( ) ∫ ( )
mi = ⃗
⃗r ∧ df = ⃗r ∧ [σ]dS
⃗
(S) i (S) i
5. Ceci implique en particulier que le tenseur des contraintes est indépendant de la surface sur
laquelle on calcule la contrainte, c’est-à-dire indépendant de son orientation ⃗
n et de ses rayons de
courbure. Ce ne serait pas le cas si la surface en question était le siège de tensions comme celles
apparaissant sur la surface séparant un liquide d’un gaz (voir (1.79)).
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Dynamique des fluides
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∫ ∫
mi = ϵijk xj σkl dSl = ∂l (ϵijk xj σkl )dV (1.22)
(S) (V )
∂l (ϵijk xj σkl ) = ϵijk xj ∂l σkl ⇐⇒ ϵijk δlj σkl + ϵijk xj ∂l σkl = ϵijk xj ∂l σkl
⇐⇒ ϵijk σkj = 0
Équation de la dynamique
ou encore
soit localement
D⃗v −−→
= Div[σ] + f⃗
ρ (1.25)
Dt
Cette équation n’est autre que la loi fondamentale de la dynamique appliquée à un
élément de volume du fluide. Nous noterons au passage que l’expression de l’accélération
D⃗v ∂⃗v
⃗a = = + (⃗v · ∇)⃗
⃗ v
Dt ∂t
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Dynamique des fluides
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D( 21 v 2 + e)
ρ = − div F⃗ + f⃗ · ⃗v + ∂j (vi σij ) + Q (1.27)
Dt
D( 12 v 2 )
ρ = f⃗ · ⃗v + vi ∂j σij (1.28)
Dt
qui n’est que l’expression du théorème de l’énergie cinétique appliqué à une particule
fluide. Nous en déduisons que
De
ρ = − div F⃗ + σij ∂j vi + Q (1.29)
Dt
qui exprime localement le premier principe de la thermodynamique : la variation d’éner-
gie interne d’une particule fluide est égale à la quantité de chaleur reçue (− div F⃗ + Q)
plus le travail des forces de contraintes σij ∂j vi . On remarquera que ce travail ne dépend
que de la déformation locale [s] puisque [σ] est symétrique, σij ∂j vi = σij sij .
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Ces égalités faisant intervenir uniquement des dérivées totales, elles peuvent être trans-
posées directement en dérivées particulaires :
De Ds P Dρ
=T + 2
Dt Dt ρ Dt
Ds
Tρ = − div F⃗ + σij ∂j vi + P div ⃗v + Q (1.30)
Dt
Cette équation exprime que la variation d’entropie des particules fluides est le ré-
sultat des sources de chaleur présentes à l’intérieur de l’élément fluide plus le flux de
chaleur résultant de son contact thermique avec les autres éléments (voir 1.47).
σij = −P δij
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Dynamique des fluides
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dS
−P dS
D⃗v
ρ = −∇P
⃗ (1.31)
Dt
Cette équation est connue sous le nom d’équation d’Euler.
L’autre propriété essentielle du fluide parfait est qu’il ne conduit pas la chaleur. La
densité de flux de chaleur F⃗ est donc nulle. S’il n’y a aucune source de chaleur (Q = 0),
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Dynamique des fluides
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les autres. Cette caractéristique est communément appelé viscosité du fluide. Elle se
traduit par l’apparition d’une force de surface, donc d’une contrainte, qui va s’ajouter
à celle de pression. On exprimera donc les composantes du tenseur des contraintes au
sein d’un fluide sous la forme
avec ( )
∂fij
Lijkl =
∂skl ([s]=0)
fij (0) est la valeur de la contrainte lorsque le fluide est à l’équilibre, elle est donc
égale à −P δij . Le tenseur de rang 4, [L], caractérise le fluide à l’équilibre que nous
supposons, comme précédemment, isotrope. Le seul tenseur du quatrième ordre isotrope
et symétrique en ij et kl a la forme suivante :
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Dynamique des fluides
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indéfiniment sur un sol si on ne lui cède pas notre quantité de mouvement). La visco-
sité caractérise donc cet échange de quantité de mouvement entre les particules fluides,
lequel est dû bien sûr aux atomes ou molécules du fluides qui, dans leur mouvement
d’agitation thermique, transportent cette quantité.
On peut trouver l’ordre de grandeur de la viscosité cinématique d’un gaz par un
simple argument dimensionnel. En effet la viscosité cinématique s’exprime en m2 s−1
soit le produit d’une vitesse par une longueur. Compte tenu de ce que nous venons
de dire, cette vitesse ne peut être que la vitesse d’agitation thermique des atomes et
cette longueur que la distance sur laquelle ils transportent la quantité de mouvement,
c’est-à-dire la distance moyenne entre deux chocs, encore appelée libre parcours moyen.
On notera ainsi que la viscosité cinématique d’un gaz augmente avec la température et
l’inverse de la masse volumique (voir chapitre 11). A l’inverse, la viscosité des liquides
aura tendance à diminuer lors d’une augmentation de température ou d’une diminution
de masse volumique puisque l’échange de quantité de mouvement entre les atomes ou
les molécules a plutôt pour origine les forces de Van der Waals. Pour un fluide donné,
on trouvera donc un minimum de viscosité près de la transition de phase liquide-gaz.
Ce qui précède montre encore que c’est avec les gaz à basse température qu’on trouvera
les fluides les moins visqueux et à l’extrême, les superfluides 7 .
Nous n’avons pas inclus dans la table 1.1 de valeur de la viscosité de volume ζ,
car cette quantité a été peu mesurée. La raison en est qu’une telle mesure est difficile
car ce coefficient n’intervient que si div ⃗v est important. On doit pour cela étudier
l’amortissement d’ondes sonores et mesurer l’excès d’atténuation induit par ζ lequel
s’ajoute en effet à l’atténuation produite par la viscosité de cisaillement µ et par la
diffusion thermique χ. Pour l’azote moléculaire on a trouvé ζ ∼ 0.8µ à 300 K (voir la
revue de Graves et Argrow 1999). En utilisant une approche statistique avec l’équation
de Boltzmann (voir chapitre 11), on peut montrer que ce coefficient est nul pour les
gaz monoatomiques (du moins à l’approximation de Boltzmann).
Très souvent cependant on néglige purement et simplement ζ et lorsqu’on parle de
la viscosité dynamique d’un fluide sans plus de précision on entend le coefficient µ.
Cette approximation qui consiste à négliger ζ s’appelle l’hypothèse de Stokes. On voit
qu’en théorie, elle ne convient bien qu’aux gaz monoatomiques.
7. Les fluides à faible viscosité présentent un grand intérêt expérimental car, comme nous le verrons,
ils permettent d’obtenir des écoulements très turbulents en laboratoire. C’est ainsi que de nombreuses
expériences ont été réalisées avec de l’hélium près du point critique (2.2 bars et 5.2 K). Dans ces
conditions, l’hélium atteint en effet sa viscosité minimale : il n’est pas liquide et donc l’interaction
entre atomes ne les lie pas les uns aux autres et bien que gazeux leur vitesse est réduite au minimum.
On atteint ainsi une des plus petites viscosités cinématiques connues pour un fluide non-superfluide
ν ≃ 2 10−8 m2 /s.
Nous ne développerons pas le sujet des superfluides dont l’étude relève surtout de la mécanique
quantique ; pour une introduction à ce sujet, nous renvoyons à l’ouvrage de Guyon et al. 2001.
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ρ
D⃗v
= −∇P
⃗ + ∇(⃗ ⃗ +−
⃗ v · ∇µ) −→
Rot(⃗v ∧ ∇µ)
⃗ + µ∆⃗v − ⃗v ∆µ + ∇((µ/3
⃗ + ζ) div ⃗v ) + f⃗ (1.39)
Dt
appelée équation de Navier-Stokes. Cette équation se simplifie considérablement dans
le cas d’un fluide de masse volumique et de viscosité constantes. On obtient alors
l’équation dite de Navier :
D⃗v
ρ = −∇P
⃗ + µ∆⃗v (1.40)
Dt
où nous avons laissé de côté les forces extérieures f⃗. Cette équation est utilisée dans la
plupart des cas lorsque les variations de ρ sont négligeables et même lorsque celles-ci
ne le sont pas, il est souvent utile de résoudre le « problème incompressible » équivalent
avant de traiter le problème complet.
où ( )
∂Fi
χij = −
∂(∂j T ) ∂j T =0
F⃗ = −χ∇T
⃗ (1.41)
8. Nous simplifions ici volontairement la réalité car d’autres gradients peuvent engendrer un flux
de chaleur (gradient de concentration d’espèce chimique par exemple), mais ces effets sont faibles en
général.
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Dynamique des fluides
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car aij cij = 0 = aij δij . D’après la définition de cij (1.37), on a 2sij = cij + 23 (∂k vk )δij .
Ainsi ( )
1 2
D= cij + (∂k vk )δij (µcij + ζ(∂k vk )δij )
2 3
En développant cette expression et en utilisant le fait que la trace de [c] est nulle
(Tr[c] = δij cij =0), il vient
µ
D= (cij cij ) + ζ(∂k vk )2 (1.45)
2
ou bien de manière explicite
µ 2
D= [c + c222 + c233 + 2c212 + 2c213 + 2c223 ] + ζ(div ⃗v )2
2 11
Nous utiliserons plus tard la notation condensée
µ ⃗
D= (∇ : ⃗v )2 + ζ(div ⃗v )2 (1.46)
2
L’équation de l’entropie s’obtient immédiatement à partir de (1.30)
Ds
ρT = div(χ∇T
⃗ )+D+Q (1.47)
Dt
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La variation d’entropie au sein du volume est plus grande que l’entropie reçue du milieu
extérieur via le flux de chaleur, plus celle générée par les sources de chaleur Q. Grâce
à (1.19) et (1.47) cette inégalité peut être transformée en
∫
⃗ )2 /T + D) dV ≥ 0
(χ(∇T
V (t) T
Cette inégalité doit être vraie quels que soient les champs de température ou de vitesse,
elle est donc équivalente à
χ ≥ 0, µ ≥ 0, ζ≥0
∂ρ
+ div ρ⃗v = 0 (1.14)
∂t
ρ
D⃗v
= −∇P
⃗ + ∇(⃗ ⃗ +−
⃗ v · ∇µ) −→
Rot(⃗v ∧ ∇µ)
⃗ + µ∆⃗v − ⃗v ∆µ + ∇((µ/3
⃗ + ζ) div ⃗v ) + f⃗
Dt
(1.39)
De
ρ = div(χ∇T
⃗ ) − P div ⃗v + D + Q (1.44)
Dt
ou
Ds
ρT = div(χ∇T
⃗ )+D+Q (1.47)
Dt
Un coup d’oeil rapide à ce système montre qu’il manque encore des équations pour
déterminer toutes les inconnues : en effet, nous devons préciser les équations vérifées
par P et T , autrement dit les équations d’état thermodynamiques ; ce point sera abordé
en 6.
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Dynamique des fluides
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L
Tm =
V
comme échelle de temps puisque |sij | ≡ V /L. Ce temps exprime la vitesse avec laquelle
une déformation est imposée au milieu fluide. Lorsque la perturbation est appliquée, le
milieu s’écarte un peu de l’équilibre thermodynamique ; il y revient cependant au bout
d’un temps de relaxation Trelax lequel dépend évidemment de la nature du milieu en
question. L’approximation du fluide newtonien est la limite asymptotique d’un temps
de relaxation très court à l’échelle macroscopique la plus petite, cette échelle étant
supposée très grande par rapport aux dimensions microscopiques. Un rapport d’échelle
de temps s’introduit donc naturellement ; c’est le nombre de Deborah
Trelax
De =
Tm
Le cas newtonien correspond donc à De≪ 1 tandis que De = +∞ décrirait plutôt
la limite du solide élastique. Entre ces deux cas extrêmes existent toute une variété de
lois de comportement que nous allons maintenant brièvement explorer.
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La visco-élasticité linéaire
Supposons que l’équation (1.49) soit linéaire par rapport à chaque fonction et que les
coefficients soient des constantes. On écrira alors
Dσij Dn σij Dm sij
a0 + a1 + · · · + an n
= b0 sij + · · · + bm
Dt Dt Dtm
qui régit la visco-élasticité linéaire. Simplifions encore en ne retenant que les coefficients
a0 , b0 , b1 , de telle sorte que
( )
Dsij
σij = µ sij + τr (1.50)
Dt
et imaginons que la particule fluide subisse une contrainte constante au cours du temps ;
σij ( )
alors sa déformation sera :
sij = 1 − e−t/τr
µ
La déformation suit l’évolution de la contrainte avec un temps de retard de l’ordre
de τr . C’est le modèle de Kelvin. 9
Au modèle de Kelvin correspond le cas symétrique du modèle de Maxwell où cette
fois b1 = 0 et a1 ̸= 0, c’est-à-dire
Dσij
σij + τr = µsij (1.51)
Dt
A déformation imposée, la contrainte est retardée de τr . Imaginons le cas où un cisaille-
ment constant imposé au fluide est brutalement supprimé. La contrainte ne disparaît
que progressivement suivant la loi :
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vx = y/T
σxy = f (sxy )
10. Une contrainte normale isotrope pourrait être incluse dans la pression.
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FIG 1.3 Autosiphonage d'un fluide par l'effet des viscosités d'extension. Il s'agit
d'une solution aqueuse à 0.75 % d'oxyde de polyéthylène.
(cliché Barnes et al. 1989)
En général on pose σxy = µ(sxy )sxy . Les fluides pour lesquels µ augmente avec
sxy sont dits rhéoépaississants tandis que ceux pour lesquels µ diminue sont dits
rhéofluidifiants. On peut interpréter la non-linéarité de la loi comme l’apparition d’un
changement de structure (donc de viscosité) avec le cisaillement subi.
Dans cette catégorie de milieux, on trouve essentiellement les fluides diphasiques
(particules solides en suspension dans un fluide) et les solutions de polymères. Suivant
le rapport volumique occupé par chacune des phases, le fluide diphasique peut présenter
l’un ou l’autre des comportements. Les fluides diphasiques constituent une classe de
matériaux pour lesquels le temps de relaxation n’est plus macroscopiquement petit 11 .
11. On peut identifier le temps de relaxation à celui que met une particule solide de même densité que
le fluide environnant pour atteindre la vitesse du fluide lorsque les deux vitesses diffèrent initialement.
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et où on pose
σxx − σzz = σyy − σzz = µEB (T )/T
On remarquera que ce dernier mouvement peut être obtenu à partir de l’extension
uniaxiale en changeant le signe du taux de cisaillement. Ceci implique que les deux
viscosités sont liées par la relation
(voir exercices pour la démonstration). Les trois mouvements d’extension sont dessinés
schématiquement sur les figures 1.4, 1.5 et 1.6.
Les effets des viscosités d’extension peuvent être très spectaculaires car certains
fluides ont des rapports µE /µ très grands (de l’ordre de plusieurs milliers). Un tel
fluide peut s’autosiphoner d’un récipient (voir figure 1.3).
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Dynamique des fluides
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La frontière fluide-solide
Lorsqu’on soumet un solide à des contraintes de plus en plus fortes, on passe successi-
vement le seuil de l’élasticité au delà duquel les déformations ne sont plus réversibles
(la déformation est alors dite plastique), puis le seuil de plasticité au delà duquel le
« solide » se comporte comme un fluide.
Ce comportement peut être observé pour tous les solides, mais généralement le seuil
de contrainte où s’observe la transition est très élevé. Cependant certains matériaux,
tels les peintures à l’huile, apparemment fluides se comportent comme des solides pour
de très petites contraintes ; c’est naturellement une propriété très appréciée pour une
peinture qui doit pouvoir être étalée aisément mais ne pas couler une fois étendue sur
un mur. On appelle encore ce genre de fluides les fluides de Bingham. Ce type de fluides
comprend des matériaux pour lesquels Trelax est très petit (fluide newtonien) ou infini
(solide élastique) suivant que la contrainte dépasse ou non un certain seuil.
Le manteau terrestre est un autre exemple d’un milieu au comportement tantôt
fluide tantôt solide. Il est constitué d’une couche de silicates qui s’étend sur une épais-
seur de 2900 km sous la croûte terrestre. Il se comporte comme un solide élastique
lorsqu’il réagit aux tremblements de terre et permet la propagation d’ondes de cisaille-
ment. Ces ondes parcourent le manteau en quelques dizaine de minutes. Mais aux
grandes échelles de temps, de l’ordre de dix millions d’années, le manteau terrestre
se comporte comme un fluide très visqueux dont le mouvement est responsable de la
dérive des continents.
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Dynamique des fluides
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P V = nRT (1.61)
1 P cp
e = cv T = , avec γ = (1.62)
γ−1 ρ cv
où R est la constante des gaz parfaits et n le nombre de moles, cv (resp. cp ) la capacité
thermique à volume (resp. pression ) constant pour l’unité de masse.
On peut mettre (1.61) sous une forme plus commode en mécanique des fluides
P = R∗ ρT (1.63)
où l’on fait intervenir la masse volumique plutôt que le volume. La constante R∗ dépend
de la masse molaire M du gaz,
R∗ = R/M
L’enthalpie spécifique du gaz parfait est donnée par
γ P
h = cp T =
γ−1 ρ
Pour l’entropie diverses relations se déduisent de
P dP
T ds = de − dρ = dh +
ρ2 ρ
En particulier
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Dynamique des fluides
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Paroi solide
On admet qu’au niveau de la frontière entre un solide et un fluide, la vitesse du fluide
est identique à celle du solide 12 . Si le solide est au repos alors, la vitesse du fluide doit
s’annuler à son contact.
Ce type de conditions est appelé conditions aux frontières rigides. En écrivant cette
condition, on suppose que le fluide adhère au solide. Cette hypothèse n’a rien d’évident.
Elle fut même l’objet d’un long débat à la fin du XIXème siècle. La question fut résolue
par G. Taylor en 1923 lorsqu’il étudia expérimentalement et théoriquement la stabilité
de l’écoulement d’un fluide compris entre deux cylindres en rotation (l’écoulement de
Taylor-Couette). L’accord entre théorie et expérience montra le bien fondé de cette
condition aux limites 13 .
On notera que dans l’hypothèse d’un fluide parfait cette condition d’adhérence
disparaît et l’on a simplement ⃗v · ⃗n = 0 si ⃗n est la normale à la paroi solide.
Surface libre
La seconde grande catégorie de conditions aux limites sur la vitesse est celle dite de
surface libre. C’est celle qui s’applique lorsque la surface est définie par le fluide lui-
même, comme par exemple la surface de la mer. Soit
S(⃗r, t) = Cte
∂S ∂S ∂S ∂S
dS = 0 = dt + dx + dy + dz
∂t ∂x ∂y ∂z
12. Nous supposons que le solide est imperméable. Cette condition n’est pas toujours réalisée : les
matériaux poreux peuvent en effet admettre des flux de matière à travers leur surface limite. Nous
ne considérerons pas ce type de situation dans ce cours. Notons cependant que les écoulements de
fluides à travers un solide poreux font l’objet de nombreuses études en raison de leurs applications à
l’extraction du pétrole ou du gaz naturel.
13. Ironie de l’Histoire qui donnerait raison à ceux qui combattaient la condition limite vfluide =
vsolide sur une paroi : on cherche maintenant à développer et exploiter les situations où le fluide glisse
sur le solide (voir Tabeling, 2004).
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Or, de même qu’en (1.2), (dx/dt, dy/dt, dz/dt) représente la vitesse de la surface, qui
par définition est la vitesse du fluide à cet endroit. La condition limite s’exprime donc
∂S ∂S ∂S ∂S ∂S
+ vx + vy + vz =0 ⇐⇒ + ⃗v · ∇S
⃗ =0
∂t ∂x ∂y ∂z ∂t
ou encore
DS
=0 (1.70)
Dt
Cette dernière relation nous montre que, pour une particule fluide se trouvant à la
surface, cette surface est fixe au cours du temps ou encore qu’une particule fluide se
trouvant à la surface, y reste.
Cette condition aux limites est purement géométrique. Nous n’avons invoqué aucun
principe de physique pour l’établir. Très souvent elle apparaît dans les problèmes sous
une forme simplifiée. En effet, si cette surface est indépendante du temps nous avons
⃗v · ∇S
⃗ =0 (1.71)
Or ∇S
⃗ est un vecteur normal à la surface. En notant ⃗n la normale de la surface, la
relation précèdente est équivalente à
⃗v · ⃗n = 0 (1.72)
qui montre simplement que la vitesse doit être tangente à la surface limite du fluide.
Cette dernière condition est souvent utilisée même si, a priori, on s’attend à ce
que la surface soit fonction du temps. Cela revient physiquement à éliminer les ondes
de surface (ondes de capillarité ou ondes de gravité) parce que, dans le contexte du
problème, elles n’ont guère d’influence.
Nous allons maintenant introduire la physique qui traduit la « liberté » de la surface.
Cette condition s’exprime simplement en exigeant que la contrainte soit continue en
traversant cette surface. Si la surface sépare le fluide du vide, la contrainte doit être
nulle en chacun de ses points ; si elle sépare le fluide d’un autre fluide, celle-ci doit
être la même de part et d’autre de la surface. Cette condition ne fait que traduire le
théorème de l’action et de la réaction de la mécanique.
Si nous considérons le cas où la surface S sépare le fluide du vide, nous aurons
[σ]⃗n = ⃗0 en S (1.73)
Cette relation, adjointe de la relation (1.70), constitue les conditions aux limites de
surface libre. Remarquons qu’on a quatre conditions, contre trois seulement dans le cas
de la frontière rigide. La quatrième relation est en fait l’équation qui définit la surface
puisque celle-ci est une inconnue du problème. Nous ne développerons pas plus ce point
pour le moment car nous y reviendrons largement lorsque nous étudierons les ondes de
surface.
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physique
Dynamique des fluides
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Pour un fluide newtonien, la deuxième condition est aussi une condition limite sur le
gradient de température.
Lorsque nous étudierons l’équilibre ou le mouvement des fluides en présence de gra-
dients thermiques, nous utiliserons la notion de conducteur parfait. Le conducteur par-
fait peut accepter n’importe quel flux de chaleur ; ainsi lorsqu’un fluide est au contact
d’un conducteur parfait, la température de ce dernier est fixée et seule la première
condition de (1.75) doit être imposée. Dans un même souci de simplification il est par-
fois aussi utile d’idéaliser les conditions limites sur la température en considérant le
milieu extérieur comme un isolant parfait. Dans ce cas, le flux de chaleur doit être nul
mais la température peut être quelconque.
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dE = γdS (1.76)
γ est une énergie par unité de surface (J/m2 ) mais aussi une force par unité de longueur
(N/m). Si on considère une surface ouverte délimitée par un contour (C), la résultante
des forces de tension superficielle exercée sur l’intérieur du contour est l’intégrale
∮
⃗ =−
R γdl⃗en
(C)
où ⃗en est un vecteur unité normal au contour (C) et dirigé vers l’extérieur (d’où le
signe moins). Le théorème de la divergence en deux dimensions (voir §2.3 de l’annexe
A) permet de transformer cette intégrale en
∫
⃗ =−
R ∇γdS
⃗ (1.77)
(S)
ce qui montre d’emblée que les variations de tension superficielles sont à l’origine d’une
densité surfacique de force autrement dit d’une contrainte. Cette contrainte a la parti-
cularité d’être purement tangentielle et uniquement définie à l’interface. Ceci implique
que l’interface de deux fluides newtoniens où la tension superficielle varie sera source
d’un mouvement du fluide car la contrainte tangentielle ne peut être compensée que
par la contrainte visqueuse. Ce phénomène est, par exemple, à l’origine de la convec-
tion de Marangoni-Bénard où les variations de γ ont pour origine les fluctuations de
température puisqu’en général γ = γ(T ) (voir §3.5 du chapitre 6).
Mais plus communément sans doute, la tension superficielle se manifeste par une
contrainte normale. Prenons l’exemple d’une goutte d’eau dans l’air ; si on augmente
son rayon de dR, sa surface varie de dS = 8πRdR et il faut donc dépenser l’énergie dE =
γ8πRdR. Cette énergie peut comme précédemment, s’interpréter comme le travail de
la force de tension superficielle F = 8πRγ. Cette force a une densité surfacique
8πR 2γ
f⃗ = γ⃗er = ⃗er
4πR2 R
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Dynamique des fluides
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TAB 1.2 Tension superficielle de quelques liquides en contact avec l'air à une tem-
pérature de 20◦ C (sources diverses)
Liquide γ (N m−1 )
eau 7.28 10−2
Ethanol 2.23 10−2
Glycérol 6.3 10−2
Huile d'olive 3.2 10−2
Mercure 0.485
qui agit donc comme une contrainte normale. Ainsi, à l’intérieur d’une goutte en équi-
libre, la pression est légèrement supérieure à la pression extérieure puisqu’on doit avoir :
2γ
−Pext = −Pint +
R
2γ
⇐⇒ Pint = Pext +
R
comme l’exige la continuité de la contrainte à travers la surface. En fait, la formule que
nous venons d’établir est particulière à la sphère car en général on doit tenir compte
des deux rayons de courbure de la surface. Cela donne la formule de Laplace
( )
1 1
Pint = Pext + γ + (1.78)
R1 R2
où ⃗n est le vecteur normal à la surface et orienté du liquide vers le gaz. Les rayons
de courbure sont positifs si le centre de courbure se trouve dans le liquide. Nous re-
trouverons la tension superficielle à plusieurs reprises : tout d’abord lorsqu’on étudiera
l’équilibre des fluides, puis quand on traitera des ondes de surface.
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“DynFlu” — 2014/9/4 — 16 :18 — page 497 — #513
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Index
accélération, 15 baromètre, 49
acoustique, 151 barotrope, 35
advection, 5 barye, 19
agitation thermique, 399 basson, 182
Alfvén (vitesse d’), 379 Bernoulli, 1
allée tourbillonnaire, 135 Bernoulli (théorème de), 71
analogie β-plan, 294
inverse, 82 Bhatnagar, Gross & Krook, 424
électrostatique, 81 bifurcation, 214–216
analyse de Hopf, 216
globale, 148 en fourche, 215
locale, 146 sous-critique, 216
multi-échelle, 271 supercritique, 215
angle de mouillage, 61 binormale, 445
anneau de vorticité, 98 Biot (nombre de), 207
anélastique (approximation), 244 Blasius, 127
approche cinétique, 395 Boltzmann (équation de), 410–418
approximation Borda-Carnot (formule de), 134
anélastique, 244 Boussinesq, 2
de Boussinesq, 239 approximation de, 239
Archimède, 1 nombre de, 240
Atlantique (océan), 182, 183 Brunt-Väisälä (fréquence), 157, 203
atmosphère Bryan, 293
isentropique, 50 bulle d’air, 102
isotherme, 50 Bénard, 2
standard, 52
unité, 19
auto-similarité, 127 Cahn-Hilliard, 275
autosimilaire, 354, 453, 475 caractéristique, 161, 162, 180, 449
cascade
inverse, 359
ballon atmosphérique, 65 turbulente, 334
bar, 19 caténaire, 60
barocline, 35, 92, 246 centre de carène, 58
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Index
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Michel Rieutord Michel Rieutord
Une introduction à la
u
dynamique des fluides
M. Rieutord
Une véritable introduction à la mécanique des fluides qui ancre cette discipline dans la phy-
sique en s'appuyant sur de nombreux exemples issus des sciences de l'Univers.
Une introduction à la
Après le succès de la première édition, cette deuxième édition propose un texte revu et
corrigé mais surtout enrichi de nouveaux sujets.
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étoiles fournissent ainsi de nombreuses illustrations aux sujets discutés, soulignant par
ailleurs l'importance de cette branche de la physique en astrophysique ou en géophysique. dynamique des fluides
+Les «plus»
} Différents niveaux de lecture } De nombreux exemples sont tirés
de l'astrophysique
} De nombreux exercices et leur MANUEL DE COURS
solution } Des références bibliographiques
LMD
Michel Rieutord est astrophysicien et professeur à l'université Paul Sabatier à Toulouse,
membre honoraire de l'Institut Universitaire de France. Agrégé de physique et docteur ès
sciences, il a enseigné la dynamique des fluides à tous les niveaux de l'université. Ses tra-
vaux sur la dynamique des fluides en rotation sont reconnus internationalement. Depuis u u
de nombreuses années il a travaillé au développement de la dynamique des fluides en
Astrophysique et au rayonnement de cette discipline.
u u
Conception graphique : Primo&Primo
ISBN 978-2-8041-8554-1
Dans le cadre du nouveau Système Européen de
D L1
Transfert de Crédits (E.C.T.S.), ce manuel couvre
les niveaux : L2
En France : Licence 2-3 et Master 1-2. M2
En Belgique : Licence 2-3 et Master 1-2. M1 L3
DYNFLU En Suisse : Licence 2-3 et Master 1-2.
Au Canada : Licence 2-3 et Master 1-2.
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