Croissance de Leglise
Croissance de Leglise
Introduction
1
Je préfère ce terme de « l’Eglise de Jésus-Christ en Afrique » à celui de « l’Eglise africaine ». Car
l’Afrique n’a pas son Eglise à elle !
2
Dictionnaire grec-français, M.A. Bailly, p.708.
Rév. Dr André KOUADIO 1
a- Le phénomène de la croissance du bébé
Un bébé est né. Dès que son corps, sorti du ventre de sa mère, prend contact
avec l’air de son nouveau milieu, il pousse le « cri-test » : preuve qu’il est vivant ! Sa
maman, la sage-femme et d’autres témoins de sa venue, sont rassurés. Quelques
heures plus tard, le bébé remue sa petite langue dans sa bouche : il a un besoin ! Sa
maman, sensible à cela, va essayer d’introduire sagement et délicatement le téton de
sa mamelle : elle essaie de le presser doucement pour faire goûter au nouveau-né, le
lait maternel si délicieux et naturel. Mais quelques jours après, on constate, que le
bébé, non seulement tient ou saisit par ses mains, la mamelle, mais tire le lait et fait
de grosses gorgées. Alors deux à trois semaines il grossit, il prend du poids. Au bout
de deux à trois mois, le bébé a les yeux rayonnants, un aspect physique qui fait la
joie de ses parents ; des gens aiment à le prendre : il tête bien et sa croissance
n’accuse pas de retard. Ainsi croîtra le chrétien qui désir le lait spirituel et pur, qu’est
la Parole de Dieu.
b- Une autre expression employée dans ce sens, est celle par rapport à
Esdras.
Il est écrit que « Esdras avait appliqué son cœur à étudier … la loi de l’Eternel »
(7 : 10). Le terme grec employé ici, est « edoken ». Dans la racine ce mot se trouve
le sens de manger. Or, la recommandation que l’Eternel Dieu avait donnée à son
serviteur Ezéchiel, c’est « ouvre ta bouche et mange ce que je te donnerai » (Ez.2 :
8 ; 3 : 1). C’est-à-dire le rouleau du Livre (Ez.3 : 1). Pour accéder à la profondeur de
la Parole de Dieu, l’enfant de Dieu doit, non seulement la lire ; mais il doit fournir un
effort intellectuel. Dans Matthieu 13, le Seigneur Jésus-Christ nous fait une
révélation : l’image de la semence, qui « tomba le long du chemin : les oiseaux
vinrent et la mangèrent. Cela représente une catégorie d’auditeurs. Cela signifie
ceci : « lorsqu’un homme écoute la parole du royaume et ne la comprend pas, le
malin vient et enlève ce qui a été semé dans son cœur … ». Le terme grec, rendu en
français par : « ne le comprend pas » (13 : 19), c’est « suniemi » qui signifie :
rapprocher par la pensée, faire comprendre. Ceci souligne la nécessité des efforts
intellectuels et la volonté pour saisir la parole par la compréhension. Ainsi, il
avancera de progrès en progrès.
Dans l’Eglise primitive, les croyants avaient un certain niveau de connaissance :
tout juste, Dieu et la nation juive. Dieu est unique (Deut.6 : 4). Il est le Créateur du
monde. Le peuple juif est le peuple élu de Dieu. Les autres nations sont païennes. Et
même « Il est défendu à un Juif de se lier avec un étranger ou d’entrer chez lui »
(Ac.10 : 28). Ils avaient ainsi une connaissance étroite. Mais d’un bond, l’horizon
étroit de l’apôtre Pierre s’élargie : il apprend que les autres nations, considérées
jusque-là, comme impures ; et comme des chiens (Phil.3 : 2 ; Mt.15 : 26 ; Ps.22 :
17), sont désormais déclarées pures : « Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas
comme souillé » (Ac.10 : 15).
En bon responsable avisé, l’apôtre aide son entourage à sortir aussi de l’étroitesse
d’esprit (Ac.11 : 4-17). Comme d’un seul homme, ils s’écrient : « Dieu a donc
accordé la repentance aussi aux païens, afin qu’ils aient la vie » (Ac.11 : 18). Ainsi,
de progrès en progrès, tout croyant doit connaître les vérités bibliques. Mais cela
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obéit à certaines conditions : les opérations qui favorisent la connaissance et la
compréhension de la Parole de Dieu.
La capacité de l’écoute de l’enfant de Dieu doit être de qualité. Il faut souligner ici
qu’il y a trois niveaux d’écoute : les oreilles physiques, l’intelligence et le cœur,
b- Prise de conscience
Tout enfant de Dieu doit prendre conscience qu’il doit connaître les Saintes
Ecritures. Il sait alors sortir de son étroitesse : il ne saurait s’asseoir sur ce qu’il sait,
comme si c’était un acquis définitif. Il ne saurait se conforter dans son étroitesse
comme le jeune homme riche (Mt.19 : 21-22) et les pharisiens contemporains du
Seigneur Jésus-Christ (Jn.8 : 33-34). Le jeune homme riche se contentait
d’apprendre mentalement la loi, sans connaître le cœur et le contenu dynamique de
cette loi. Quant aux Pharisiens, ils se reposaient et se confortaient sur un acquis et
un privilège naturel : « nous sommes la postérité d’Abraham, et nous ne fûmes
jamais esclaves de personne ; comment dis-tu : vous deviendrez libres ? » (Jn.8 :
33). Mais malheureusement, ils n’étaient pas capables de « saisir la parole par la
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compréhension », que Jésus-Christ est la postérité d’Abraham, en qui « toutes les
nations de la terre seront bénies » (Gen.12 : 3b ; 22 : 18).
Pourquoi des gens aiment à se complaire dans leurs positions anciennes ?
Dans les Eglises d’aujourd’hui aussi, des chrétiens, et même des serviteurs et
servantes de Dieu, refusent d’avancer. Or, grâce au niveau avancé de la
connaissance, une relecture de certains passages de la Bible, s’avère nécessaire.
Dans l’organisation de l’Eglise, certaines manières de faire doivent être actualisées
pour s’adapter aux réalités actuelles. Dans la liturgie de l’Eglise, il y a de quoi à
repenser, etc.
Mais il arrive que ceux qui ne supportent pas l’évolution des choses, posent
des questions comme celles-ci : « Ce genre de choses, nous ne les avons pas vues
dans l’Eglise par le passé. Quelle est cette nouveauté ? Pourquoi changer ce que les
premiers missionnaires nous ont apporté ? » etc. Eh bien, c’est parce qu’il y a
toujours un choc qui se produit entre l’évolution des choses et les positions ou les
habitudes anciennes. Or, comme quelqu’un a dit : « du choc de deux forces
antagonistes, sort toujours un nouvel état de chose ». Il faut donc savoir accepter le
choc, et le surmonter. On expérimente alors des résultats bienfaisants.
L’expérience d’Asaphe est très enrichissante pour nous aider (Ps.73 : 1-28).
Lorsqu’il n’avait pas encore compris le plan de Dieu pour les méchants, son « pied
allait fléchir, [ses] pas étaient sur le point de glisser ». Puisque dans sa
méconnaissance, il portait « envie aux insensés, en voyant le bonheur des
méchants » (Ps.73 : 2-3). Mais ayant fourni un effort devant Dieu, il a pu
comprendre : « Quand j’ai réfléchi là-dessus pour m’éclairer, la difficulté fut grande à
mes yeux, jusqu’à ce que j’aie pénétré dans les sanctuaires de Dieu, et que j’ai pris
garde au sort final des méchants » (Ps.73 : 16-17). Cette nouvelle connaissance
amène Asaphe à la confession de ses limites (v.21-22). Il a acquis ensuite de
l’intelligence. En effet, quand Dieu voit le fidèle rechercher sa volonté, Il lui la révèle
(Mt.7 : 8 ; Jér.29 : 13).
On le voit, la croissance normale dans la Parole de Dieu, suit des étapes :
ayant saisi la parole par la compréhension, l’enfant de Dieu est saisi dans son fort
intérieur. Son cœur est à nu devant Dieu. Il confesse alors certaines culpabilités et
s’en débarrasse. Ainsi ce fidèle-là, est capable de s’examiner en profondeur. En effet,
la Parole de Dieu le rend « sage à salut par la foi » (2 Tim.3 : 15b). Il peut écouter
et respecter les Saintes Ecritures à un autre niveau.
3
Dictionnaire grec-français, par M.A. Bailly, Paris, p.461.
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passions. On comprend que c’est la partie qui anime toutes les activités de l’homme.
La Parole de Dieu, à ce niveau, va contrôler la vie de tout homme. Mais, à une
condition incontournable : comme il « est tortueux par-dessus tout, et il est
méchant… » (Jér.17 : 9), il faut qu’il soit purifié pour qu’il puisse être habité par la
Parole de Dieu. Aussi, l’apôtre Pierre dit, pour pouvoir désirer la Parole de Dieu, il
faut rejeter « toute méchanceté et toute ruse, l’hypocrisie, l’envie et toute
médisance ». Cette vérité est universelle. Pour bâtir sur une place déjà occupée, il
faut « arracher et abattre, ruiner et détruire » (Jér.1 : 10). Par ailleurs, pour semer la
semence, il faut, au préalable, bien labourer le terrain. Par analogie nous
comprenons cette leçon : la Parole de Dieu est une semence (1Pi.1 : 23). C’est un
terrain labouré qui peut accueillir cette « semence incorruptible » ; c’est un cœur
purifié qui peut accueillir « la Parole vivante et permanente de Dieu ».
Le terme grec employé pour parler de la purification du cœur, est kathareô qui
signifie être propre, pur. Dans Mt.5 : 8 l’adjectif katharos est employé pour qualifier
l’état du cœur pur : « pur de souillure » (injustice, meurtre, etc.). Nous savons que
ceci n’est possible que grâce à l’aspersion du sang de Jésus-Christ et la sanctification
du Saint-Esprit (1Pi.1 : 2). Une telle opération ne se produit que dans une personne
qui a mis toute sa confiance en Dieu par Jésus-Christ. Son cœur devient une
« source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » (Jn.4 : 14). La croissance
dans la connaissance de la Parole, ainsi amorcée, sera permanente. Cela aboutit à
une autre réalité.
4
Maurice Carrez, dictionnaire grec-français du N.T., p.61 ; M.A. Bailly, op.cit., p.170.
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pour parler de la connaissance personnelle ; mais aussi, connaissance dans le sens
de recherche : faire connaître à quelqu’un ; apprendre à connaître, d’où acquérir la
connaissance de, apprendre à, découvrir ; faire la connaissance de, entrer en relation
avec. C’est dans ce troisième sens que ce verbe est employé pour parler de la
connaissance et des relations entre Dieu et ses élus. Quand l’apôtre Paul dit : « Ceux
qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés… », c’est gnôrizô qu’il a employé.
Ce qui veut dire, que Dieu a connu et connaît chacun de nous dans une relation
profonde et personnelle. Ceci correspond au Ps.139 : 16 où le Psalmiste énonce une
grande vérité : « Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient ; et
sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient destinés avant qu’aucun
d’eux n’existe ».
On le voit, les relations de Dieu avec nous, sont très fortes ! Aussi, rien ne
pourra nous séparer de l’amour de Christ (tès agapè tou Christou).
De la même manière, les élus de Dieu se doivent de connaître Dieu dans une
relation profonde et personnelle : le Saint-Esprit révèle, sous la plume de l’apôtre
Jean, ce qui suit : « Si nous gardons ses commandements, nous savons par cela que
nous l’avons connu » (1Jn.2 : 3). Ici, le terme grec traduit en français « connu »,
c’est gnôrizô, au sens de « faire la connaissance, entrer en relation avec ». Depuis le
jour où Dieu nous a saisis, l’élu s’engage dans une relation intime et personnelle avec
Dieu. Il va découvrir, dans ces relations-là, ce qu’est Dieu. C’est une connaissance
dynamique ! Et au fur et à mesure qu’on avance dans cette connaissance, on
découvre les attributs de Dieu. Ce qui nous aide à concrétiser dans notre vécu
quotidien, ce qu’est notre Dieu, selon qu’il est écrit : « Devenez donc les imitateurs
de Dieu, comme des enfants bien-aimés » (Eph.5 : 1).
Dans ce sens, il nous sera très utile d’analyser un ou deux exemples
instructifs, d’hommes de Dieu. Encore une fois, l’exemple de l’apôtre Pierre. Comme
nous l’avons dit plus loin, Pierre va de l’avant dans la « gnôrizô », dans le sens
« d’apprendre à découvrir ». Et il déclare : « En vérité, je reconnais que Dieu ne fait
point acception de personne, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui
pratique la justice Lui est agréable » (Ac.10 : 34-35). Ayant découvert cet attribut de
Dieu, Pierre va être conditionné dans ce sens. Il peut faire violence sur lui-même, et
sur la tradition juive selon laquelle, « il est défendu à un Juif de se lier avec un
étranger ou d’entrer chez lui » (Ac.10 : 28). Imitant donc Dieu, ou en se conformant
à cette vérité qu’il venait de découvrir en Dieu, il entre librement chez Corneille, le
païen (10 : 28-29) : il lui annonce la Parole de Dieu.
Nous avons vu que gnôrizô veut dire aussi « faire connaître à quelqu’un ». On
voit dans la suite comment Pierre a su tellement faire connaître Jésus-Christ à
Corneille et à son entourage : leur cœur s’ouvre à Dieu. Et Dieu « qui connaît le
cœur de chacun … le cœur de tous les enfants des hommes » (1Rois 8 : 39b), a
rependu sur eux le Saint-Esprit (Ac.10 : 36-47). Par une autre expérience que celle
de Pierre, Asaph avait été amené (avant Pierre) à la vraie connaissance de Dieu. Il a
dit avoir « pénétré dans les sanctuaires de Dieu » (Ps.73 : 17a). Il exprime alors son
engagement total : « Ma chair et mon cœur peuvent se consumer : Dieu sera
toujours le rocher de mon cœur et mon partage » (Ps.73 : 26). Quand on connaît
Dieu, on sait publier ses hauts faits. Asaph veut « raconter toutes tes œuvres »
(v.28b).
Au fur et à mesure que les membres d’une communauté donnée croissent
dans la vraie connaissance de Dieu, leur consécration à Dieu est totale ; leur
Rév. Dr André KOUADIO 6
engagement pour l’œuvre de Dieu est toujours plus ferme ; et leurs actions plus
vigoureuses dans l’Eglise : celle-ci, dans son ensemble, devient de plus en plus forte.
Par ailleurs, d’une telle connaissance de Dieu, résulte une autre attitude dans les
mêmes personnes.
3- La crainte de Dieu
Pourquoi craindre Dieu ? Qui doit Le craindre ? N’est-ce pas nous, ses enfants
qui sommes visés par ça ? Un adage africain dit que « Le lionceau n’a pas peur du
lion ». Pourquoi les enfants de Dieu doivent-ils craindre leur Père, Celui qu’ils
appellent Aba-Père ? Il faut d’abord savoir de quelle crainte s’agit-il. Le verbe grec,
employé dans le Nouveau Testament traduit en français par crainte ou craindre,
« φοβεω » (Ac.10 : 35 ; Luc 1 : 50 ; Ap.14 : 7). Il ressort de ce verbe deux sens : le
premier sens « être saisi de crainte, avoir peur, mettre en fuite, fuir devant
quelqu’un, effrayé ». Le deuxième sens : « révérer »5. Ce sens est suivi des actes
respectueux. C’est donc en ce sens que les enfants de Dieu sont appelés à craindre
Dieu. Car dans l’Apocalypse 14 : 7, il est écrit « craignez Dieu, et donnez-Lui
gloire… ». Il ne s’agit donc pas d’une crainte négative. Mais le terme « crainte de
Dieu » exprime plutôt le sens respectueux de nos actes et nos comportements
envers Dieu, envers les choses de Dieu, envers les hommes de Dieu, etc. Elle
comporte deux aspects complémentaires : aspect intérieur et aspect extérieur.
Craindre Dieu, c’est d’abord haïr ce que Dieu déteste. Comme telle, la crainte
de Dieu oriente le croyant et lui dicte ses actes dans tout ce qu’il fait pour Dieu et
envers autrui. Elle est donc la norme de tout ce qui plait à Dieu. Donc, crains Dieu, et
sers-Le ! Mais servir Dieu sans Le craindre, est une vaine prétention. Qui peut
craindre Dieu ? En d’autres termes, pourquoi y a-t-il des « chrétiens » qui ne
craignent pas Dieu ? Cela n’est possible à un croyant, qu’après qu’il est passé par
l’expérience incontournable qu’est le baptême du Saint-Esprit. Qu’est-ce que cela
veut dire ?
Une mention historique avait été faite par Jean-Baptiste : « Moi je vous
baptise d’eau pour vous amener à la repentance ; mais celui qui vient après moi est
plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses souliers. Lui, il vous
baptisera du Saint-Esprit… » (Mt.3 : 11). Antérieurement à cela, le prophète Ezéchiel
avait prédit cet acte de la souveraineté divine : « Je répandrai sur vous une eau pure
… pratiquiez mes lois » (36 : 25-27). Cette prophétie d’Ezéchiel et la prédiction de
Jean-Baptiste ne pouvaient s’accomplir qu’en Jésus-Christ, et par Lui. Dans Actes 1 :
5, le Seigneur ressuscité et glorifié, confirme la prédiction de Jean-Baptiste. Il
demande alors aux apôtres d’attendre la réalisation de cette prédiction (Ac.1 : 4). Au
bout de leur attente, le baptême du Saint-Esprit fut réalisé, pour la première fois
dans l’histoire, le jour de la Pentecôte. En effet, en ce jour, les disciples furent tous
remplis du Saint-Esprit (Ac.2 : 4). Et, Pierre nous confirme, que c’était là, le baptême
du Saint-Esprit. Il déclare ce qui suit : « Lorsque je me fus mis à parler, le Saint-
Esprit descendit sur eux, comme sur nous au commencement. Et je me souvins de
5
Dictionnaire grec-français, M.A. Bailly, p.937, Dict. du N.T., p.258.
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cette parole du Seigneur : Jean a baptisé d’eau, mais vous, vous serez baptisés du
Saint-Esprit » (Ac.11 : 15-16).
A partir de ce grand événement de la Pentecôte, le baptême du Saint-Esprit,
c’est la venue de l’Esprit dans le cœur d’un pécheur repentant pour transformer son
être intérieur. Dieu le lave ainsi (apolouô) en lui ôtant ses iniquités (1 Cor.6 : 9-11) :
résultat, son cœur est pur (Mt.5 : 8) kataros, qui signifie « pur de souillure (injustice,
meurtre, etc.) l’eau limpide ». Ceci étant, Dieu est en droit d’exiger de ses enfants,
d’être purs comme Lui-même est pur. La pureté que Dieu exige est à la fois au plan
spirituel et au plan physique, corporel.
a) La pureté spirituelle
L’accent mis sur le cœur : « heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront
Dieu ! » (Mt.5 : 8 ; cf. Ac.15 : 9 ; Héb.10 : 22). Il est vrai, ce qu’on dit vient du
cœur. Si le cœur est pur, les paroles seront aussi pures. Le Seigneur dit : « Tu ne
rependras point de faux bruits, tu ne te joindras point au méchant pour faire un faux
témoignage » (Ex.23 : 1).
Au plan physique, l’accent est mis sur la propreté physique et corporelle
(Ex.22 : 30). Il est clair que l’enfant de Dieu ne mangera ou ne touchera pas
n’importe quoi. L’apôtre Paul dit : « Ne touchez pas à ce qui est impur, et je vous
accueillirai » (2Cor.6 : 67b). On le voit, des hommes et des femmes d’un tel état
d’esprit et de cœur peuvent craindre Dieu ! C’est ici, la réponse à la question que
nous avons posée de savoir qui peut craindre Dieu ? Parce que le croyant est dans
cet état de pureté, le Saint-Esprit rend témoignage à sa son esprit qu’il est enfant de
Dieu (Rom.8 : 16). Et encore, l’Esprit Saint lui enseigne toutes choses et lui rappelle
tous les jours la volonté de Dieu (Jn.14 : 26). La crainte de Dieu comme disposition
intérieure ne demeure pas inaperçue. En effet, il est évident : elle s’extériorise.
Parmi toutes ses créatures, l’homme est la créature autour de laquelle Dieu
avait pris des soins particuliers. Un conseil divin précéda la création de l’homme :
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« Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance ». Par ailleurs, à la
différence de la création des autres (Gen.1 : 3-25), Dieu travaille de ses propres
mains pour, d’abord, former le corps de l’homme (Gen.2 : 7a). Ensuite, « il souffla
dans ses narines un souffle divin, et l’homme devint un être vivant ». Dieu fait
alliance avec l’homme (Gen.9 : 8, 12). Dieu proclame autour de l’homme, un interdit
pour protéger la vie humaine. Il déclare : « Si quelqu’un verse le sang de l’homme,
par l’homme son sang sera versé ; car Dieu a fait l’homme à son image » (Gen.9 :
6). Par Moïse, plus tard Dieu va instruire le peuple de Dieu dans ce sens. Il leur
rappelle cette parole fondamentale : « vous ne souillerez point le pays où vous serez,
car le sang souille le pays ; et il sera fait pour le pays aucune expiation du sang qui y
sera répandu » (Nom.35 : 33-34 ; cf.30). Le Christ Lui-même, devant une tentative
d’enfreint cuisant de ce grand commandement, a dû rappeler à l’ordre « Alors Jésus
lui dit : remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui prendront l’épée périront par
l’épée » (Mt.26 : 52).
Il se dégage ici deux enseignements que nous devons souligner :
Tout ce qui précède indique, que Dieu demeure Maître absolu de la vie humaine
(Ps.139 : 16). Partant, Il nous invite à comprendre que dans le domaine de la vie
humaine, la crainte de Dieu doit nous inspirer la bonne conduite. Le sixième
commandement le résume de façon nette : « Tu ne tueras point » (Ex.20 : 13). Si tu
crains Dieu, il n’y a aucune raison qui puisse te permettre de verser le sang humain.
Le roi David nous donne un exemple remarquable : lui, humainement parlant, il
aurait eu « raison » de mettre à mort le roi Saül. En effet, celui-ci, armé jusqu’aux
dents (1Sam.24 : 3), poursuivait le jeune David pour l’éliminer (1Sam.18 : 8-11).
Mais un jour Saül, tout fatigué de courir derrière David, se livre à un profond
sommeil ; David le surprend (1Sam.24 : 4-5). Il était incité à tuer Saül (v.5). Mais
David dit : « Que l’Eternel me garde de commettre contre mon Seigneur, l’oint de
l’Eternel, une action telle que de porter ma main sur lui ! Car il est l’oint de l’Eternel »
(24 : 7).
Les moyens de tuer sont variés :
Il y a une forme de meurtre, suscitée par le vagabondage sexuel, qui est très
pratiquée de nos jours : l’avortement volontaire. L’Eternel Dieu, Maître absolu de la
vie humaine, nous fait savoir que le fœtus au bas-ventre d’une femme, ne Lui
échappe pas (Ps.139 : 16). Déjà à ce stade, non seulement Dieu connaît le nom et la
durée de vie de l’individu, mais Il lui attribue la mission qu’il allait accomplir dans sa
vie (Jér.1 : 5 ; cf. Es.49 : 1, 5 ; Gal.1 : 15, etc.). Interrompre donc une grossesse,
c’est tenter d’annuler la volonté de Dieu et toute une mission. Qui sommes-nous
pour faire cela ?
Ainsi donc, quelles que soient les « raisons » que l’on avancerait, quels que soient
les moyens que l’on emploierait pour interrompre une grossesse, on commet-là un
meurtre car le fœtus qu’ils ont interrompu contient déjà du sang. Or le sang, c’est la
vie. « … La vie de la chair est dans le sang » (Lev.17 : 11, 14). Ceux ou celles qui
craignent Dieu n’agiront plus jamais comme cela. Car il est écrit : « qu’aucun
meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui » (1Jn.3 : 15). Pour un fœtus détruit,
le jugement de Dieu pourra frapper, selon les cas, deux à trois personnes : la
« mère » qui n’a pas eu de considération et sentiment de pitié pour le fruit de ses
propres entrailles et ses complices. Dans certains cas, il s’agit de l’homme,
« auteur » de la grossesse en question : il a poussé et encouragé sa partenaire à
avorter ; dans d’autres cas, le médecin qui a accepté de faire le curetage ou la
femme qui a conseillé le produit de l’« inlavement –poison », etc.
Mais celui ou celle qui aurait agit de cette manière, doit se ressaisir : se
reconnaître coupables devant le juste jugement de Dieu. Alors, ce qu’il faut savoir,
c’est qu’aujourd’hui encore nous sommes dans le temps de la grâce : « Le temps
favorable … le jour du salut » (2Cor.6 : 2). Dieu ne se lasse pas de pardonner.
S’étant reconnues coupables, ces personnes doivent s’approcher « donc avec
assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour
être secourus … » (Héb.4 : 16).
Mais tuer quelqu’un n’est pas seulement le fait de mettre fin à son existence.
C’est aussi, tuer quelqu’un, socialement et moralement ; au point que, même s’il
passe pour être vivant, il est socialement classé au bas de l’échelle. La santé
comprend globalement le bien être physique, mental et social. Il convient de
souligner ici, une vérité fondamentale. La dignité d’un homme, dans son milieu de
vie, dépend de sa réputation. Un homme politique m’a dit dans une conversation ce
qui suit : « Si l’on perd l’argent, on n’a pas perdu grand-chose ; car l’argent est fait
de main d’homme. Mais s’il perd l’honneur, il a perdu grand-chose : car l’honneur fait
partir de la dignité de l’homme… ». On peut même dire que l’homme, socialement
parlant, c’est sa dignité ! D’ailleurs, la Bible elle-même déclare que « la réputation est
préférable à de grandes richesses. Et la grâce vaut mieux que l’argent et que l’or »
(Prov.22 : 1).
Or, des chrétiens, même des plus puritains en d’autres domaines, ont tendance à
ne pas prendre au sérieux ce capital social. Ils exposent les faiblesses et les chutes
secrètes d’un frère ou d’une sœur ; ce qui porte atteinte à leur réputation. Parfois on
rapporte, à la légère, des inexactitudes qui causent des préjudices énormes aux
concernés. Les exemples sont légions. Je connais une jeune femme qui m’a parlé un
jour, amertume au cœur, d’un drame la concernant. Une amie à elle est allée
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raconter à son fiancé, des inexactitudes à son sujet. Le drame est qu’à cause de ce
que cette « amie » de mauvaise langue a dit au fiancé (de la jeune femme) celui-ci a
interrompu son amitié d’avec elle. N’est-ce pas là, une manière de tuer ?
Dans la Bible nous avons un exemple pitoyable, celui de Mephiboscheth, fils de
Jonathan, petit fils de Saül (2Sam.19 : 24). Le perfide Tsiba était allé dire au roi
David, une calomnie monstrueuse contre Mephiboscheth : il est tombé dans la
disgrâce du roi ; puis celui-ci lui a arraché toutes ses terres en faveur du perfide :
« Voici, tout ce qui appartient à Mephiboscheth est à toi » (2Sam.16 : 1-4). Quand
même plus tard, Mephiboscheth a essayé de rentrer dans les grâces du roi, il n’y a
pas réussi !: « Le roi lui dit : A quoi bon toutes tes paroles ? » (2Sam.19 : 29a). Une
telle personne est moralement et socialement tuée ! Surtout dans le cas présent où
Mephiboscheth était un handicapé (19 : 26).
L’exigence éthique est que tout chrétien digne de ce nom, et qui craint Dieu,
évite tout ce qui pouvait porter atteinte à la réputation d’autrui. Car on ne le ferait
pas sans offenser le Seigneur Lui-même (Rom.14 : 1-4 ; Ac.9 : 4 ; Mt.25 : 45). La
bonne conduite, comme résultat de la crainte de Dieu, se déploie, non seulement
dans le respect de la vie humaine, mais aussi dans d’autres domaines.
Le mariage est sacré, il ne faut pas le profaner (Héb.13 : 4). Un homme ou une
femme qui reconnait le caractère sacré du mariage, sera influencé dans sa conduite
par l’importance de cette institution. D’abord dans le choix du conjoint. Il faut poser
un préalable. Dans le livre de la Genèse, texte de l’institution du mariage, il est écrit :
« L’Eternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il
l’amena vers l’homme » (2 : 22). Ailleurs, ce qui ressort de la prière du serviteur
d’Abraham qui était allé chercher la femme d’Isaac, est une vérité fondamentale :
« Que la jeune fille à laquelle je dirai : penche ta cruche, je te prie, pour que je
boive, et qui répondra : bois, … soit celle que tu as destinée à ton serviteur Isaac »
(Gen.24 : 14). Le Seigneur Jésus-Christ, soulignant le caractère indissoluble du
mariage, dit : « Que l’homme donc ne sépare pas ce que Dieu à joint » (Mt.19 : 6b).
Tout ceci et tout cela, indique clairement que c’est Dieu qui donne le mari, c’est
Dieu qui donne la femme. Et même, Il destine. Ceci veut dire en clair, que à un
homme normal, en bonne santé virile, Dieu a destiné une femme. De la même
manière, à une femme normale en bonne santé sexuelle, Dieu a destiné un homme.
Conditionnés par une telle vérité, le jeune chrétien, la jeune chrétienne ou tout
chrétien, doit adopter la conduite que lui inspire la crainte de Dieu. Il est écrit :
« Celui qui trouve une femme trouve le bonheur ; c’est une grâce qu’il obtient de
l’Eternel » (Prov.18 : 22). Trouver, et non pas ramasser ! Ceci sous entend l’effort, la
démarche par la grâce de Dieu. Ceci vaut autant pour la femme que pour l’homme.
En clair, ils doivent procéder à des démarches progressives par la foi : prier,
patienter et attendre pour rencontrer son conjoint que Dieu a destiné. Une telle
conduite exclut « la vaine manière de vivre que vous aviez héritée de vos pères »
(1Pi.1 : 18).
En effet, selon la culture ou tradition des peuples païens, les rapports sexuels en
dehors du mariage (avant comme pendant) ne sont pas coupables. Ainsi, un jeune
homme ou une jeune fille peut avoir plusieurs partenaires sexuels sans inquiétude.
Mais « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Voici, toutes choses
Rév. Dr André KOUADIO 11
sont devenues nouvelles » (2Cor.5 : 17). Ils doivent donc poursuivre patiemment les
démarches progressives par la foi, jusqu’à ce qu’ils rencontrent la personne destinée.
Autour de cette rencontre, se trouvent deux réalités fondamentales. Ces deux
vérités-là servent de pilier ou fondement pour l’édifice du mariage.
La bonne conduite, inspirée par la crainte de Dieu, dans le foyer conjugal. Tout
commence par cette vérité du Seigneur « de qui toute famille dans les cieux et sur la
terre tire son nom » (Eph.3 : 14) : Car Il déclare après avoir institué l’union sacrée :
« l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux
deviendront une chair » (Mt.19 : 5 ; cf. Gen.2 : 24). Dès lors, la vie ensemble doit
être bien menée. Les époux se doivent respect réciproque (Col.3 : 18-19 ; Eph.5 :
22-33). Il arrive qu’un époux maltraite l’autre. Généralement c’est l’homme qui se
montre le maître absolu du foyer. Ses décisions sont sans retour sans partage : sa
femme ne fait que subir. Qu’un tel homme sache ceci : la recommandation du
Seigneur « Maris, que chacun aime sa femme et ne s’aigrisse pas contre lle » (Col.3 :
19), est pour lui aussi. D’ailleurs le Seigneur, donne aussi à la femme, la
recommandation suivante : « Femmes, que chacune soit soumise à son mari… »
6
Courtial, Pierre, Fondement pour l’avenir, p.157.
Rév. Dr André KOUADIO 12
(Eph.5 : 22). Et dans cette recommandation faite à la femme, il y a une
responsabilité qui revient à l’homme. En effet, l’expression grecque traduite en
français par « femme, que chacune soit soumise à son mari », signifie aussi « se
ranger derrière, s’abriter derrière ». Ce sens-là, est renforcé par le Cant.2 : 3 où c’est
la femme elle-même qui déclare : « J’ai désiré m’asseoir à son ombre… ». Ce qui
veut dire en clair, m’asseoir sous son autorité, sous sa protection. L’homme marié a
donc la responsabilité devant Dieu, de veiller au bien-être de sa femme ; il ne doit
pas seulement se contenter de bénéficier des services de sa femme : il doit l’aimer,
la protéger, l’honorer en lui permettant de s’épanouir dans le foyer et dans l’Eglise.
Ainsi donc la bonne conduite inspirée par la crainte de Dieu ne saurait laisser à
l’homme la liberté de maltraiter la femme, « une grâce qu’il obtient de l’Eternel »
(Prov.18 : 22).
Mais parfois aussi le contraire est vrai ! La femme porte culotte. Elle oublie l’ordre
du Seigneur qui se trouve renforcé dans Eph.5 : 22, 24, « Femmes que chacune soit
soumise à son mari comme au Seigneur … De même que l’Eglise est soumise à
Christ, les femmes aussi doivent l’être à leur mari en toutes choses ». La bonne
conduite, inspirée par la crainte de Dieu, doit souvent amener la femme à s’examiner
dans ses comportements vis-à-vis de son mari : s’agit-il d’un service qu’elle veut
refuser à son mari ? Qu’elle s’interroge elle-même : pourrais-je faire un tel refus à
mon Seigneur Jésus-Christ ? Alors, le Seigneur, le Saint-Esprit l’aiderait
intérieurement à savoir que non ! Qu’elle ne refuse donc pas ce service à son mari !
S’agit-il des propos durs, méchants qu’elle s’apprête à tenir à son mari ? Quelle se
demande d’abord, « pourrais-je moi, tenir de tels propos à Jésus-Christ, mon
Sauveur ? La réponse que le Saint-Esprit lui donnera sera certainement, non ! Alors
qu’elle se dise : je ne peux pas tenir un tel propos à mon mari. Tout ceci faciliterait
une ligne de conduite.
La fidélité conjugale
Dieu a en horreur l’infidélité ! Aussi, est-il écrit : « Dieu jugera les débauchés et
les adultères » (Héb.13 : 4). Est adultère tout homme qui laisse sa femme et
entretien un rapport sexuel avec une autre femme. Est adultère toute femme qui, en
dehors de son mari recherche les rapports sexuels avec un autre homme ! L’Eternel
notre Dieu est un Dieu d’ordre. Aussi dans toutes choses, Il établit l’ordre que ses
créatures doivent respecter. De la même manière, qu’Il a dit d’apporter « à la maison
du trésor toutes les dîmes afin qu’il ait de la nourriture dans ma maison » (Mal.3 :
10) ; que l’on ne verse pas le sang d’un animal ailleurs, mais qu’il l’amène à l’entrée
de la tente d’assignation ; que l’enfant soit éduqué dans le cadre du couple (Prov.1 :
8 ; 6 : 20 ; 23 : 22, etc.), ainsi Dieu veut et recommande, que le rapport intime entre
deux personnes de sexe opposé soit fait uniquement dans le cadre établi par Dieu :
le couple formé par un homme et une femme. L’adultère est tellement grave, que
dans l’Ancien Testament, ceux qui étaient pris en flagrant délit d’adultère « l’homme
et la femme adultères seront punis de mort » (Lév.20 : 10).
Nous sommes à l’ère messianique. Maintenant donc, nous sommes sous la
grâce ; et la punition de péché ne se fait plus de cette manière. Mais la rigueur du
jugement de Dieu demeure. Seulement, Dieu est patient et attend la repentance.
Celui qui abuserait de cette bonté et cette patience en demeurant dans ses méfaits,
« amasse un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du
Rév. Dr André KOUADIO 13
jugement de Dieu » (Rom.2 : 5). L’horreur de l’adultère, sous la grâce, est encore
plus que dans l’A.T.. Car, sous la Nouvelle Alliance, l’intention vaut le fait. Le Christ
déclare : « Vous avez appris qu’il a été dit : tu ne commettras point d’adultère. Mais
moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis
un adultère avec elle dans son cœur » (Mt.5 : 27).
Ainsi donc, l’homme qui craint Dieu, la femme qui craint Dieu, se gardera de
commettre ce mal qui a beaucoup de conséquences. D’ailleurs, l’adultère est plus
difficile à commettre que beaucoup d’autres péchés. Qu’ai-je à dire ? Vous savez les
sentences du Seigneur dans 1Cor.6 : 9-10 où il est écrit, entre autres, que ceux qui
insultent n’hériteront pas le royaume de Dieu. Et encore dans Eph.4 : 29 le même
apôtre écrit : « Qu’il ne sorte de votre bouche aucune parole mauvaise… ». On peut
être conscient de la gravité d’une telle sentence. Mais il arrive que quelqu’un vous
fasse fâcher, et sous le choc, vous pouvez être amené à dire des paroles mauvaises,
amères, voire blessantes ! Vous vous rendez compte, c’est déjà fait, désolé ! Quand
l’effet de la colère passe, on en a honte, on est au regret. C’est pourquoi, disons ceci
en passant, la qualité chrétienne appelée : maîtrise de soi (Gal.5 : 22b) est à
rechercher de tous.
Il n’en est pas ainsi du péché d’adultère : c’est un péché qui se commet à deux :
par un homme et une femme. Pendant que ces deux enfants de Dieu vont se parler,
à partir des avances que l’un aura faites à l’autre ; ils vont tomber d’accord ; ils vont
trouver l’endroit de leur méfait. Ces démarches supposent un chemin plus ou moins
long ; parfois cela nécessite quelques jours. Cet homme et cette femme sont plus ou
moins en possession de leur volonté. Ils peuvent donc entendre la voix silencieuse,
mais ferme et répétée du Seigneur, le Saint-Esprit notre Maître. Car le Seigneur
Jésus a dit : « … l’Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, vous enseignera
toutes choses, et vous rappellera tout ce que je vous ai dit » (Jn.14 : 26). Dans le
cas d’espèce, certainement le Saint-Esprit leur rappellera le septième
commandement : « Tu ne commettras point d’adultère » (Ex.20 14). En raison de
son importance, ce commandement-là est répété dans beaucoup de passages. A titre
d’exemples Héb.13 : 4 ; 1 Cor.6 : 9 ; Rom.13 : 9a. Comme on le voit, le Saint-Esprit,
en rappelant à cet homme et à cette femme-là qu’ils se trouvent sur le chemin du
mal, peut les arrêter pour que leur mauvais dessein ne voie pas le jour. S’ils
craignent Dieu, ils n’auront qu’à obéir à la voix du Dieu-Amour, qui les arrache ainsi
au mal. En tout cas, que ce soit des jeunes, que ce soit des personnes déjà mariées,
la Bible exige le progrès dans la bonne conduite inspirée de la crainte de Dieu.
L’apôtre Paul reconnaît que les chrétiens thessaloniciens avaient appris d’eux à se
bien « conduire et plaire à Dieu » (1Thes.4 : 1a). Mais encore, il les prie et les
conjure « au nom du Seigneur Jésus de marcher à cet égard de progrès en
progrès » (1Thes.4 : 1b). Savoir se conduire pour plaire à Dieu, c’est bien dans tous
les domaines ; comme l’apôtre Pierre le dit « Soyez saints dans toute votre
conduite » (1Pi.1 : 15). Cependant, ici l’apôtre Paul n’a cité que deux domaines :
s’abstenir de la débauche et être honnête dans les affaires. Et les deux termes grecs
employés ici, sont porneïa et skeuos.
Par la crainte de Dieu, le chrétien doit croître dans l’honnêteté, au-delà de celle
que pratiquent ceux du monde. Le Seigneur Jésus-Christ, dans le « sermon sur la
montagne » déclare aux disciples ce qui suit : « Si votre justice ne surpasse celle des
scribes et des pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux » (Mt.5 :
20). De cette même manière, l’honnêteté du chrétien dans les affaires, dans la
gestion des choses publiques ou collectives, doit surpasser celle des gens du monde.
En un mot, le chrétien doit faire la différence.
Ceci veut dire en clair, que le chrétien commerçant affiche des prix justes ; qu’il
pratique les prix homologués ; qu’il emploie des balances et mesures justes
(Deut.25 : 15 ; Lév.19 : 35). Car le Dieu juste que nous craignons, a en horreur, les
faux poids (Deut.25 : 16 ; Prov.11 : 1). Or, « Nul créature n’est cachée devant lui,
mais tout est nu et découvert aux yeux de celui à qui nous devons rendre compte »
(Héb.4 : 13). Aujourd’hui en Côte d’Ivoire, par exemple, il est question de « facture
normalisée ». Les commerçants chrétiens doivent honnêtement faire usage de ça !
Le chrétien, exerçant une carrière politique, administrative ou judiciaire, à quelque
niveau qu’il se situe, doit gérer, commander, juger avec droiture de cœur. Car le
Seigneur dit : « Vous ne commettrez point d’iniquité ni dans les jugements, ni dans
les mesures… » (Lév.19 : 35). On le voit, le chrétien habité par la crainte de Dieu,
La grâce de Dieu
L’apôtre Pierre, tout en mettant en garde les chrétiens contre les impies, leur
demande de croître dans la grâce (2Pi.3 : 18), c’est aussi la force pour s’éloigner
toujours plus du mal, de la médiocrité et de l’à peu près. Il convient de préciser ici,
que l’expression grecque traduite en français de façon uniforme par « grâce » dans
tous les passages bibliques, a trois connotations biens distinctes : il s’agit de
eukharisteô, eulogueô et kharis.
Celui ou celle qui croît dans ce domaine, sera non seulement toujours aimables et
bienveillant, mais par là même, il est plaisant. Il est aimé dans son entourage. Ainsi,
les premiers chrétiens louaient Dieu et trouvaient « grâce auprès de tout le peuple »
(Ac.2 : 47). En effet, il s’agit aussi de « grâce extérieure, charme de la beauté »8.
Mais dans la Bible, l’accent tombe souvent sur le sens des dons comme étant les
7
Dictionnaire Encyclopédique 2000, p.939.
8
Dictionnaire grec-français.
Rév. Dr André KOUADIO 16
manifestations de l’Esprit (1Cor.12 : 7). La croissance dans la grâce se situe à deux
niveau : en intensité et en diversification…
a. En intensité
Nous avons vu, par définition, que « auxianô » signifie : croître en taille, en force
et en puissance. Dans une croissance normale en grâce, le chrétien aura de plus en
plus la force spirituelle pour accomplir le service de Dieu. Nous avons des exemples
remarquables d’hommes de Dieu. Moïse avait tenté de refuser l’appel de Dieu, parce
qu’il disait : « Ah ! Seigneur, je ne suis pas un homme qui ait la parole facile, et ce
n’est ni d’hier ni d’avant-hier, ni même depuis que tu parles à ton serviteur ; car j’ai
la bouche et la langue embrassées » (Ex.4 : 10).
Mais l’histoire nous apprendra plus tard, que la grâce de Dieu a fait de ce Moïse,
un autre homme ! Les Saintes Ecritures disent de lui, qu’« il était puissant en parole
et en œuvre » (Ac.7 : 22). On peut même dire que la force ne se limite pas à la
jeunesse. Car, en ce qui concerne Josué, à l’âge de 85 ans, il disait : « Je suis encore
vigoureux comme au jour où Moïse m’envoya : j’ai autant de force que j’en avais
alors, soit pour combattre, soit pour sortir et pour entrer ». On le voit, la grâce de
Dieu fait des merveilles dans l’homme qui craint Dieu et qui se consacre à Lui. Elle
peut, également lui faire multiplier ses efforts dans le service de Dieu.
b. En diversification
L’amour est un concept difficile à définir. Donnons en ici une brève définition.
Posons d’abord que de la Bible, il se dégage trois concepts qu’il ne faut pas
confondre avec l’amour vrai : l’epithymia, l’éros et philia :
Dans le contexte qui nous intéresse ici, il s’agit plutôt de « agapè » qui signifie
charité, affection. Le verbe grec « agapaô » veut dire « aimer, chérir, avoir une
préférence pour … »9. C’est le terme qui exprime l’amour au sens le plus fort. C’est
l’amour qui se donne sans condition : il agit par esprit de devoir et par
désintéressement. C’est de cet amour que Dieu aime le monde (Jn.3 : 16 ; Rom.5 :
6-8) et dont les enfants de Dieu doivent s’aimer mutuellement (Mt.22 : 39).
De façon concrète, l’amour se traduit par un sentiment bienheureux et de
bonheur en compagnie de la personne aimée. Mais c’est un sentiment très profond,
un attachement réel. L’exemple de Jonathan est très instructif. En parlant de l’amour
de Jonathan pour David, l’Ecriture Sainte dit que : « L’âme de Jonathan fut attachée
à l’âme de David, et Jonathan l’aima comme son âme » (1Sam.18 : 1). C’est cela le
vrai amour. L’amour, dans ce sens, ne demeurera pas stationnaire.
Pour parler de la croissance dans l’amour fraternel, le Seigneur emploie des
termes plus forts comme : uperauxanô, pléonazô (1Thes.3 : 12a ; 2thes.1 : 3) et
perisseuô (1Tehs.3 : 12b). Que signifient ces termes ?
Ces termes soulignent donc le fait que la croissance dans l’amour fraternel n’a
pas de limite : il n’y aura jamais d’excès dans l’amour fraternel. Pour bien
comprendre la croissance dans l’amour fraternel, il nous faut analyser un peu la
notion de l’amour dans l’A.T.10 et la révolution de l’amour à l’ère messianique.
9
Dictionnaire grec-français, op.cit., p.3
10
L’A.T., c’est l’Ancien Testament. Le N.T., c’est le Nouveau Testament.
Rév. Dr André KOUADIO 18
autres ; comme je vous ai aimé, vous aussi, aimez-vous les uns les autres » (Jn.13 :
34). Le Maître Suprême de l’Eglise a raison de dire cela ; car l’amour qu’Il
recommande-là est un dépassement de celui de l’A.T. Il rappelle : il a « été dit : Tu
aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : aimez vos
ennnemis » (Mt.5 : 43-44). Sous la grâce et par la grâce de Dieu en Jésus-Christ, ce
n’est pas seulement son prochain, son ami, son frère ou sœur qu’il faut aimer ; il faut
aimer tout le monde sans exception. Il faut faire du bien non pas par une dette de
réciprocité, mais par esprit de pur devoir. En d’autres termes, il ne s’agit pas de faire
le bien seulement à ceux qui nous font du bien, ou qui nous sont favorables ; mais il
faut accorder ses bienfaits à tous ceux qui en ont besoin, quel que soit ce qu’ils sont.
C’est par un amour plus fort que l’on peut faire ça !
Cet amour, Dieu Lui-même nous en a donné l’exemple : Il nous a aimés lorsque
nous ne méritions pas son amour. L’apôtre Paul nous l’exprime comme suit : « …
Dieu prouve son amour envers nous en ce que lorsque nous étions encore des
pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom.5 : 8). Tous les bénéficiaires de cet
amour doivent pouvoir suivre l’exemple de Christ (Col.3 : 14). En effet, l’amour par
devoir et par désintéressement qui était impossible dans l’Ancienne Alliance, le Saint-
Esprit l’a rendu possible dans la Nouvelle Alliance.
Le Saint-Esprit dit : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature »
(2Cor.5 : 17). Cette vérité s’est vérifiée dans ce domaine de la croissance dans
l’amour, chez les chrétiens de l’Eglise primitive : il est notoire qu’il s’était installée
une haine chronique entre Juifs et Samaritains. Nous pouvons en citer deux grandes
preuves historiques : 1) La femme samaritaine avait tenté de refuser de l’eau à boire
au Fils de Dieu, parce qu’Il est Juif (Jn.4 : 7-9). 2) Dans un bourg des Samaritains,
ceux-ci ont refusé de recevoir Jésus-Christ, « Parce qu’Il se dirigeait sur Jérusalem »
(Luc 9 : 51-53). Comme on le voit, l’inimitié entre ces deux peuples était très
profonde.
Mais après l’effusion du Saint-Esprit, les rachetés Juifs ont été capables, non
seulement de pardonner aux Samaritains, leur hostilité, mais d’oublier cette haine
chronique. En effet, « l’homme qui a de la sagesse est lent à la colère, et il met sa
gloire à oublier les offenses » (Prov.19 : 11). Alors, étreints par l’amour de leurs
frères et sœurs séparés, ils leur ont apporté la Bonne Nouvelle du Salut : « Philippe
étant descendu dans la ville de Samarie, y prêcha le Christ » (Ac.8 : 5).
Nous donc aussi, nous sommes réconciliés avec Dieu, grâce au sacrifice
expiatoire, unique et tout suffisant de Jésus-Christ (Rom.5 : 1). Or, la réconciliation
avec Dieu c’est la paix. Et la paix donnée par Dieu a trois dimensions
complémentaires : dimension personnelle et interne, dimension verticale, c’est-à-dire
entre Dieu et les hommes, et dimension horizontale relationnelle ; en d’autres
termes, entre l’homme et ses semblables.
Ainsi le chrétien, en bonne santé spirituelle, doit croître toujours quel que soient
son âge, son ancienneté dans l’Eglise. Et, plus il croît, il doit (à l’instar du palmier),
pouvoir se débarrasser de ses anciennes habitudes, anciennes manières de faire qui
ne glorifient pas Dieu (la convoitise, l’adultère, le mensonge, le vol, pour ne citer que
ceux-là). L’apôtre Paul lui-même, conscient du caractère permanent de la croissance,
dit : « Frère, je ne pense pas l’avoir saisi ; mais je fais une chose : oubliant ce qui est
en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour
remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ » (Phil.3 : 13-14).
Comme vous pouvez l’imaginez, le rassemblement des croyants tels que nous
avons présentés à travers les pages qui précédent, sont susceptibles de constituer
1) L’Eglise locale met en place une équipe d’évangélisation composée des fidèles
pleins de zèle. L’Eglise est ainsi en activité permanente.
2) Chaque fidèle est motivé et se trouve concerné par l’ordre suprême du Maître
de l’Eglise : « Allez, faites de toutes les nations des disciples … » (Mt.28 : 19).
Alors les fidèles ont une double prise de conscience : ils réalisent qu’en dehors de
Jésus-Christ, tout homme est perdu ; mais en même temps ils croient que Jésus-
Christ est la seule voie du salut. Aussi, à côté des œuvres d’évangélisation officielle
des initiatives personnelles des chrétiens ayant une telle prise de conscience, se
réalisent. La Parole de Dieu est annoncée avec conviction, des témoignages
personnels sont donnés. Ces activités informelles, gagnant des âmes, renforcent les
activités officielles et formelles de la communauté. Alors, par ces moyens, comme à
l’Eglise primitive, « le Seigneur ajoutait chaque jour, à l’Eglise ceux qui étaient
11
YONGGI Cho, Paul avec R. Whitney Manzane (traduit de l’anglais par Elvivre Cousin), Ed. Vida,
Miami Florida p.10.
Rév. Dr André KOUADIO 22
sauvés » (Ac.2 : 47b). « Car nous sommes ouvriers avec Dieu » (1Cor.3 : 9). C’est
aussi, ce qui s’était passé dans des Eglises en Europe, après des réveils spirituels
dans les années 1800. A cette époque-là, plusieurs actions, menées par des
individus, ont vu le jour, et se sont développées. Citons, à titre d’exemple, deux
œuvres fondées par des personnes individuelles : l’Ecole du Dimanche et la Société
Biblique.
1- L’Ecole du Dimanche
Faire regrouper les enfants des parents, venus au culte, au sein de l’Ecole du
Dimanche, c’est permettre à ces parents d’être seuls, tranquilles pour suivre le
déroulement du culte. Même s’il n’y a que ça, c’est déjà très important. Car les
parents, surtout les mamans sont très souvent dérangées par les enfants pendant le
12
Jules-Marcel Nicole, Précis d’Histoire de l’Eglise, Institut Biblique Nogent, p.229.
13
J.M. Nicole, op.cit., p.229.
Rév. Dr André KOUADIO 23
culte. Mais ce regroupement des enfants, comporte pour eux-mêmes de grands
avantages : quand au défaut de l’Ecole du Dimanche, les enfants sont auprès des
parents au culte, c’est ennuyeux pour eux : le culte des grandes personnes, trop long
pour les enfants, devient pénible. Ils n’y comprennent rien de tout ce qui est dit ou
fait à l’intention des grandes personnes. Mais lorsqu’ils se retrouvent entre eux à
l’Ecole du Dimanche, les enfants sont libres, heureux et peuvent suivre ce qui se dit
ou se fait. Alors les résultats ne se font pas attendre : des âmes sont gagnées à
Christ. Il y a toujours eu des témoignages des hommes et des femmes ayant
rencontré le Seigneur Jésus-Christ dans le cadre de l’Ecole du Dimanche. Une telle
œuvre doit-elle être négligée par des responsables d’Eglises ? Nous disons non !
2- La Société Biblique
La Bible a été écrite en des langues originales : l’Ancien Testament (39 livres)
écrit en hébreux et en araméen. Quant, au Nouveau Testament (27 livres), il a été
rédigé en grec et quelques parties en araméen. Les premières traductions que l’on
avait faites de la Bible étaient celles en grec en latin langues de culture. L’homme
simple ne pouvait donc pas accéder à la lecture des Saintes Ecritures. C’est cette
situation de fait qui demeure jusqu’au 19è siècle. La Bible était donc « peu répandue,
très chère et traduite en peu de langues »14. Nous pouvons comprendre aisément
que la soif des gens qui désiraient lire la Bible était grande. Cette soif s’est
manifestée de façon particulière chez une jeune Galloise, Mary Jones 15. L’histoire dit
que cette jeune servante du Seigneur avait économisé francs pour francs et a
effectué un long voyage en vue d’aller acheter son exemplaire de la Bible. Ce geste a
touché profondément un Pasteur.
Ainsi, fort de savoir que traduire les Saintes Ecritures en d’autres langues
répondra à des besoins, le Pasteur …. « avec quelques collègues fonda la Société
Biblique Britannique et Etrangère »16 en 1804. La Société Biblique a pour vocation de
traduire le Saint Livre dans d’autres langues. Cela leur permet de répandre la Bible
par le colportage et à bon marché ! « D’autres sociétés analogues ont été fondées
dans d’autres pays »17. Quelques années plus tard, ces différentes sociétés vont
s’unir pour former « l’Alliance Biblique Universelle ». Aujourd’hui, la Bible est le livre
le plus répandu dans le monde entier. Des Eglises ont leurs équipes de traduction de
la Bible. En collaboration avec l’Alliance Biblique, elles prolongent l’action de celle-ci :
traduire la Bible dans différentes langues locales. Aujourd’hui, avec la Bible traduite
dans des langues locales, les Pasteurs et tout responsable spirituel, ont la tâche
facile : ils peuvent aisément répandre la Parole de vie à tous les assoiffés de la
Parole. En effet, aujourd’hui, à l’instar de Mary Jones du pays de Galle, des gens
(illettrés) sont reconnaissants de pouvoir accéder aux Saintes Ecritures à travers
leurs propres langues maternelles. C’est un facteur important pour redynamiser
l’évangélisation. Il contribue ainsi à la croissance numérique de l’Eglise. Mais aussi, la
traduction de l’Ecriture est un facteur qui redynamise l’instruction biblique des
chrétiens ; contribuant ainsi, à la croissance qualitative de l’Eglise.
14
Jules-Marcel Nicole, op.cit., p.228.
15
Jules-Marcel Nicole, op.cit., p.228.
16
Jules-Marcel Nicole, op.cit., p.228.
17
Jules-Marcel Nicole, op.cit., p.228.
Rév. Dr André KOUADIO 24
En définitive, comme nous le constatons, la croissance de l’Eglise nécessite que
l’évangélisation passe aussi par la fondation des œuvres. Par ailleurs, les activités de
l’Eglise ne doivent pas être uniquement d’ordre spirituel.
Les prémices
Par définition, le terme désigne, au sens propre, « les premiers fruits » (Gen.4 :
4). Par extension, prélever sur la fortune, sur un butin… ». Au sens figuré, c’est la
meilleure partie d’une chose, farine par exemple. Alors, on parle de la fleur de farine.
Dans la pratique, le chrétien doit apporter à Dieu, les premiers fruits de son travail 18.
Je connais des personnes qui ont donné comme prémices, leur premier salaire à
Dieu. Les Pasteurs doivent enseigner cela au peuple de Dieu. Ainsi les fidèles sauront
pratiquer ce service.
Quant aux offrandes appelées « actions de grâce », elles ne sont autres que des
offrandes de reconnaissance. Elles sont offertes soit après un exaucement de prière
par Dieu, soit à la suite d’un événement heureux (nomination, une promotion, une
naissance, etc.). Cette offrande-là est donc ponctuelle, et selon les moyens de celui
ou celle qui l’offrent. Mais par extension, des gens peuvent offrir, au titre d’action de
grâces, de grands et longs services. Un exemple très fort, est celui de Marie de
Magdala et ses compagnes (Luc 8 : 1-3). En tout cas, tout chrétien reconnaissant,
doit offrir constamment des actions de grâce.
La dîme
18
Nous avons bien expliqué ce type d’offrande dans notre livre « intitulé Offrande de nos biens
matériels à Dieu », pp.14-16.
Rév. Dr André KOUADIO 26
croyants avait, en son temps déjà, donné la dîme au personnage mystérieux qu’a été
Melchisédek : « Abraham lui donna la dîme de tout » (Gen.14 : 20b). On est en droit
de penser qu’Abraham a communiqué cela par enseignement à ses enfants ;
puisque, plus tard son petit-fils Jacob savait qu’on doit donner la dîme. Aussi, il
prononça un vœu en ces termes : « Si le Seigneur est avec moi, s’il me protège dans
la voie où je marche, s’il me donne du pain à manger et des vêtements pour me
couvrir ; … tous les biens que tu m’accorderas, je veux t’en offrir la dîme » (Gen.28 :
20-22b ; Traduction française du texte hébraïque d’après la version massorétique,
p.46).
Plus tard, l’Eternel Dieu institue la dîme comme droit de propriétaire et les enfants
d’Israël devaient respecter cela à la lettre : « Toute dîme de la terre, soient des
récoltes de la terre, soit du fruit des arbres, appartient à l’Eternel ; c’est une chose
consacrée à l’Eternel » (Lév.27 : 30). Ainsi donc, tout être humain qui travaille doit
donner la dîme. Moïse devait parler aux Lévites pour qu’ils prélèvent « une offrande
pour l’Eternel, une dîme de la dîme » (Nom.18 : 26b). En un mot, tout croyant qui
reconnaît la souveraineté de Dieu sur toutes choses, doit aussi reconnaître son devoir
de donner la dîme comme premier devoir ; il reste à savoir ce qu’il faut donner.
A cette question, il est aisé de répondre ; car les éléments de réponse sont
fournis par la Bible. Déjà au temps d’Abraham, il est dit qu’il « donna la dîme de
tout » (Gen.14 : 20b). Jacob disait, lui aussi, « je te donnerai la dîme de tout ce que
tu me donneras » (Gen.28 : 22). Dans ces passages, l’adjectif « tout » englobe
toutes ces choses, et le commandement de Dieu sur la dîme n’épargne aucun
domaine : la dîme des produits de la terre, les fruits des arbres (Lév.27 : 30-34 ;
Néh.13 : 12), le gros et le menu bétail, etc. Donc, de tout ce que l’on peut avoir
comme biens matériels, la dîme doit être donnée. On peut s’imaginer que le fruit des
dîmes était abondant. Aussi, sa gestion était rigoureuse. Nous y reviendrons.
Repas de communion
Il y avait en Israël, une sorte de dîme qui était prélevée de toutes les
productions, offertes à Dieu en signe de gratitude ou de consécration (Deut.14 : 22-
27 ; Gen.14 : 20 ; 28 : 22), elle était mise à part chaque année. Cela servait à
préparer une festivité cérémonielle et donnait lieu à une réjouissance au niveau
familial, tous les ans (Deut.14 : 26b-27). Tout enfant d’Israël devait participer à cette
fête de réjouissance, en mangeant devant Dieu (Deut.14 : 23).
Elle était tellement importante, qu’il fallait donner la possibilité à tous d’être
présent avec le fruit de leurs champs. Ceux qui étaient loin du lieu de la fête
devaient vendre les dîmes en nature, puis venir en acheter sur place (Deut.14 : 24-
26). Au bout de trois ans, la fête était plus populaire : elle donnait l’occasion à tous
les démunis de participer à ce repas de communion (Deut.14 : 28-29). Le but de
cette solennité annuelle et triennale était de marquer la communion avec l’Eternel.
Mais, c’était surtout pour rappeler à Israël sa relation de dépendance à son Dieu. Ce
qui lui enseigne la crainte de Dieu (Deut.14 : 23b). Ceci étant, la communion entre
Rév. Dr André KOUADIO 27
Dieu et son peuple, était la base d’une communion fraternelle entre les membres des
différentes familles. C’est cette sorte de dîme que M. GUEU et d’autres ont vu. C’est
elle qui est abolie avec les lois cérémonielles. Mais, ce n’est pas tout. Mais les dîmes
servaient à une autre fin.
Il y a une autre sorte de dîme que le peuple d’Israël donnait à l’Eternel comme
tribut. Selon Malachie, il fallait apporter la dîme pour « qu’il ait de la nourriture dans
ma maison » (Mal.3 : 10a). Néhémie nous fait savoir que pour n’avoir pas livré la
portion des Lévites, ceux-ci « s’étaient enfuis chacun dans son territoire » (Néh.13 :
10). En effet, l’Eternel Dieu a dit : « Je donne possession aux Lévites les dîmes que
les enfants d’Israël présenteront à l’Eternel par élévation… » (Nom.18 : 24). Donc,
la dîme donnée par élévation était autre que celle mangée par tous les Israélites.
Ce terme « élévation », comme celui de « agiter de côté et d’autre » (Lév.23 : 15),
désigne le geste cérémoniel et public pour montrer que la chose appartient à
l’Eternel en propre ; et cette sorte de dîme était donnée à Dieu comme droit de
propriété. Alors, Dieu a destiné les fruits de la dîme aux Lévites et chantres, etc.
Cette brève analyse montre clairement que les dîmes étaient employées pour
entretenir les Serviteurs de Dieu. Dieu l’a voulu ainsi, car les Lévites n’avaient « ni
part ni héritage » comme les autres enfants d’Israël (Deut.14 : 27). Cette liberté vis-
à-vis des biens temporels, donnait aux Lévites, une plus grande consécration à Dieu
pour leur ministère (Nom.18 : 23). Ils avaient une tâche à accomplir : « Les Lévites
feront le service de la tente d’assignation… » (Nom.18 : 23).
Il est intéressant de noter que les Lévites ne se servaient pas eux-mêmes
directement des dîmes. Dieu est le Dieu d’ordre. Il a été mis en place, une équipe de
gestion ayant l’autorité et l’approbation de tous, et qui gérait cette possession de
façon judicieuse : elle était « chargée de faire la distribution » (Neh.13 : 13b). Les
Serviteurs de l’Eternel ne s’auto-payaient pas. Quelle doit être notre attitude vis-à-vis
de la dîme ?
Aujourd’hui, les avis sont partagés au sujet de la dîme. Il y a d’une part les
partisans de la dîme et de l’autre les non partisans. Les partisans croient qu’on doit
encore, de nos jours, donner la dîme. Même si tous ceux qui affirment ainsi, ne
donnent pas la dîme ou ne le font pas régulièrement, ils n’enseignent ou ne disent
rien contre l’offrande de la dîme.
Par contre, les non partisans de la dîme affirment le contraire : de nos jours, ce
n’est plus un devoir pour le chrétien de donner la dîme de ses biens. Leur argument,
c’est que la dîme, étant une pratique de l’Ancien Testament, serait abolie. D’ailleurs,
le Nouveau Testament ne livre pas un enseignement systématique ou sous la forme
d’une recommandation sur la dîme. Nous citons ici à titre d’exemple M. Théodore
NETTAUD GUEU. Dans sa brochure intitulée « Doit-on donner la dîme ? » : il affirme
le contraire. Mais nous nous inscrivons en faux contre ces arguments pour plusieurs
raisons :
La première raison est relative au caractère provisoire de certaines pratiques de
l’Ancien Testament. D’abord, l’argument selon lequel la dîme serait limitée à l’Ancien
Testament ne tient pas. Il est vrai qu’il y a des pratiques de l’Ancien Testament qui
sont abolies. Cependant, il faut rappeler ici, qu’il y a deux sortes de pratiques : les
pratiques cérémonielles et celles recommandées par la loi morale. Les pratiques
cérémonielles préfiguraient des réalités à venir, c’est-à-dire le Christ. Et, puisque
cette réalité est venue, l’ombre a disparu. Par exemple, le sacrifice d’animaux et le
sabbat. Jésus-Christ « … l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jn.1 : 29)
est déjà là, donc, plus de sacrifice ; « le fils de l’homme est le maître du sabbat »
(Mt.12 : 8). Et, comme tel, il est notre repos (Mt.11 : 28). Il n’y a plus besoin
d’observer le sabbat, comme c’était le cas aux temps de Moïse : c’est aboli.
Il n’en est pas le cas de la dîme. Elle n’était pas une préfiguration : elle était une
réalité en soi, recommandée par la loi morale. Jésus-Christ a dit : « Ne croyez pas
que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir,
mais pour accomplir » (Mt.5 : 17). La dîme n’est donc pas abolie. La deuxième
raison, liée à la première, se trouve dans le Nouveau Testament. Le Seigneur Jésus,
en condamnant le formalisme creux des Pharisiens, affirme implicitement, que la
dîme est une pratique légale. En effet, il leur reprochait le fait qu’ils donnaient la
dîme de toutes les petites choses en laissant « ce qui est plus important dans la loi :
la justice, la miséricorde et la fidélité ». Et le Seigneur ajoute : « c’est là ce qu’il
fallait pratiquer sans négliger les autres » (Mt.23 : 23). Ici, ce que le Seigneur a
condamné, c’est l’hypocrisie : les pratiques extérieures qui ne sont inspirées d’une
disposition intérieure. On comprend alors aisément, le sens de la remarque du
Seigneur : « c’est là ce qu’il fallait pratiquer sans négliger les autres ». Et comme Il
venait de faire allusion au paiement de la dîme, on peut comprendre comme suit :
« c’est là ce qu’il fallait pratiquer sans négliger la dîme ». La dîme n’est donc pas
condamnée par le Seigneur Jésus-Christ.
La troisième raison est relative à la souveraineté de Dieu. Nous avons déjà vu que
la dîme présentée à l’Eternel par « élévation » constitue un droit de propriété à Dieu
Rév. Dr André KOUADIO 29
(Nom.18 : 24). Or, Dieu demeure toujours propriétaire de toutes choses (Lév.27 :
30-32). Ainsi, puisqu’Il « est le même hier, aujourd’hui et éternellement » (Héb.13 :
8), la dîme doit être toujours donnée. La quatrième raison : la dîme offerte à Dieu
servait à entretenir les Serviteurs de Dieu travaillant à plein temps, que le peuple
devait entretenir matériellement. Les fruits des dîmes, fidèlement donnés par tous les
croyants, ajoutés à d’autres offrandes, constituent des fonds pour payer le traitement
des hommes de Dieu. Ainsi, puisque l’Eglise a les mêmes devoirs, les mêmes besoins
que le peuple de Dieu dans le passé, les fidèles doivent se faire le devoir sacré, de
payer leurs dîmes !
Doit-on donner sa dîme où l’on veut, à qui l’on veut ? Ou en faire ce que l’on
veut ? Certains fidèles distribuent eux-mêmes leurs dîmes, en les donnant à qui ils
veulent. Tantôt à un tel, tantôt à un tel autre. Ou même, on projette faire telle chose
avec la dîme de tel mois, de telle période ou la dîme de tels revenus. Certaines
communautés villageoises préfèrent économiser leurs dîmes pour la construction de
leur chapelle ou autre projet en faveur de la communauté.
Cette manière d’employer les dîmes porterait à croire que celles-ci sont données
uniquement pour les besoins personnels des Ministres de l’Evangile. Or, l’ensemble
de ce que les membres de l’Eglise donnent constitue un trésor qui permet à l’Eglise
locale de faire face à ses responsabilités. Il peut arriver que l’on soit amené, par
conviction intérieure, à offrir sa dîme d’un temps donné, ou une partie à quelqu’un
qui se trouve dans le besoin. A part ces quelques exceptions, tous les fidèles doivent
veiller à ce que la maison du trésor de l’Eternel soit pourvue.
A la question : « Comment le jeune homme rendra-t-il pur son sentier ? », la
réponse est claire : « En se dirigeant d’après ta Parole » (Ps.119 : 9). Le contexte
immédiat de ce verset, et même l’enseignement général des Saintes Ecritures
montrent que cette réponse n’est pas seulement pour le « jeune homme », mais
pour tout croyant qui veut plaire à Dieu. Dans le domaine de l’offrande de la dîme
aussi, on doit se diriger d’après l’enseignement biblique. Or, il est écrit à ce sujet,
« Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes afin qu’il y ait de la nourriture
dans ma maison » (Mal.3 : 10a). On trouve cette idée dans d’autres passages
comme Deutéronome 14 : 24 : l’accent est mis sur le lieu unique choisi ; Néhémie
13 : 12 parle des magasins de stockage des dîmes en nature. Il se dégage donc
clairement, l’idée d’un endroit précis où la dîme de toutes choses devait être gérée.
Le même système est valable aujourd’hui pour l’Eglise de Jésus-Christ en Afrique
et dans le monde : toutes les dîmes, en nature comme en espèce, doivent être
données pour être gérées par le département financier de l’Eglise. L’Eglise est
organisée, là où cela n’est pas encore fait, les dirigeants d’Eglise doivent veiller à ce
que cela soit fait : le système financier doit être au point : Trésorier et Comptables
doivent tout gérer au siège de l’Eglise : les fruits de la dîme avec ceux des autres
offrandes constituent les fonds à gérer pour le fonctionnement des activités de
l’Eglise dans son ensemble.
La collecte
Son origine lointaine se trouve dans l’Ancien Testament, au temps du roi Osias.
Ce roi, dont l’histoire et l’enfance ressemblent à celle de Moïse (2Chr.22 : 10-12 ; cf.
Exode 2 : 2), était arrivé au pouvoir pendant une période sombre (2Chr.23). Car une
païenne sanguinaire l’avait précédé sur le trône (2Chr.22 : 10-12). Mais ayant subi la
bonne influence du sacrificateur Jehojada, il devint un bon roi (2Rois 12 : 2). Sa
piété lui inspire une vision claire quant à l’argent consacré à l’Eternel : il va proposer
les modalités de recueillement, et confier ce service aux sacrificateurs, dirigés par
Jehojada (2Roi 12 : 4, 9). Il s’agissait de l’argent pour le rachat des personnes et de
« tout l’argent consacré qu’on apporte dans la maison de l’Eternel » (2Rois 12 : 4a).
Cette précision, « argent consacré » suppose des dons préparés et mis à part pour
l’Eternel. D’ailleurs l’emplacement du coffre en dit long : « A côté de l’autel à droite,
sur le passage par lequel on entrait dans la maison de l’Eternel » (2 Rois 12 : 9). A la
vue et à la portée de tous, on y mettait l’argent à chaque rentrée (Luc 21 : 1-2). Par
ailleurs, le fait que le roi ai confié la gérance à des sacrificateurs, homme de Dieu,
est une indication que la chose était importante (2 Rois 12 : 10). Les sacrificateurs
4. Offrandes ponctuelles
Les bailleurs de fonds et les organismes donateurs dans le peuple de Dieu (dans
l’Ancienne Alliance comme dans la Nouvelle), c’est le peuple lui-même. Aussi, lorsqu’il
y a un projet à financer, le Seigneur Dieu lance l’appel à son peuple. Et celui-ci
répond toujours présent. Déjà dans le désert, avant même qu’Israël soit installé dans
le pays promis, il s’était montré disponible. Nous pouvons, dans ce domaine, citer
deux exemples historiques, dont un à l’époque du roi David.
Israël, dans le désert, devait construire un temple portatif pour lui permettre de
servir son Dieu pendant la marche. Le caractère provisoire de ce temple n’exclut pas
le sérieux que les enfants d’Israël et leur conducteur, Moïse, ont dû mettre dans
cette affaire. Dieu, par l’intermédiaire de Moïse s’adresse à son peuple. Il lui
demande de fournir les différents matériaux de construction (Ex.25 : 1-9) dont on a
besoin pour réaliser cette grande œuvre. Pour bien comprendre cela, il nous faut
bien lire et relire ce texte d’Exode 25 : 1-9. Relevons et soulignons trois grandes
vérités qui s’en dégagent :
La première vérité qui s’impose ici est la suivante : c’est l’Eternel Dieu Lui-même
qui demande à son peuple de lui apporter l’offrande : « L’Eternel parla à Moïse, et
dit : parle aux enfants d’Israël, qu’ils m’apportent une offrande » (Ex.25 :1-2).
Ainsi, le fait que les chrétiens sont appelés à donner des offrandes n’est pas une
loi ecclésiastique : c’est une ordonnance du Dieu créateur. Celui donc qui résiste à
cela, résiste à l’ordre de Dieu.
En second lieu, il convient de souligner les objets que les enfants d’Israël
devraient offrir à Dieu : il s’agit d’abord « de l’or, de l’argent… des pierres d’onyx et
d’autres » et de l’airain (Ex.25 : 3-7) : ce sont des choses précieuses, des choses de
Rév. Dr André KOUADIO 33
valeur. C’est une indication que l’on doit servir Dieu avec les choses de valeur (ce
Dieu « qui habite une lumière inaccessible » (1Tim.6 : 16), ce Dieu qui siège dans la
Jérusalem nouvelle faite « d’or pur, semblable à du verre pur ») (Ap.21 : 18). Que
tous les chrétiens prennent conscience qu’ils sont appelés à offrir, pour le service de
Dieu, des choses importantes, tant en nombre qu’en qualité ; bien sûr selon les
possibilités de chacun.
Mais il faut souligner aussi que Dieu a demandé l’offrande des choses ordinaires
et d’une utilité quotidienne. En effet, en plus de l’or, de l’argent et de l’airain, Dieu
demandait aussi des étoffes teintes en bleu, du poil de chèvre, des peaux de béliers,
de l’huile du bois d’acacia, etc. (Ex.25 : 4-6). C’est pour signifier qu’en tant que ses
enfants, nous devons offrir à Dieu, notre Père céleste, de tout ce que nous avons,
pour les divers aspects du ministère, selon les besoins. Or, aujourd’hui dans l’Eglise
de Jésus-Christ, le ministère de la Parole avec ses différents départements, suscitent
de plus en plus de besoins divers. Par exemple pour l’évangélisation on a besoin
parfois de films, de groupes électrogènes, de groupes musicaux pour animer, etc. …
ce qui suscite un autre besoin : pour déplacer ces instruments et groupes de
personnes, il faut nécessairement un ou des véhicules. Pour les nouvelles
communautés, la construction de chapelles et de temples s’imposent. Pour certaines
églises qui se développent, il faut procéder à l’extension du temple, et j’en passe.
Comme Dieu l’avait demandé à Israël, aujourd’hui c’est bien à nous qu’il demande
d’apporter ce qui manque, ce dont on a besoin. Dieu peut-il compter sur nous ? C’est
un défi qu’il nous lance ! Que ferons-nous pour relever ce défi ?
En Afrique, les enfants de Dieu et les responsables spirituels ont l’habitude et le
plaisir de tendre la main aux « Eglises-mères » et aux organismes donateurs, pour le
financement de tels ou tels projets. En d’autres termes, on préfère « importer »
l’offrande que nous devons apporter à Dieu. Relisons Exode 25 : 1-9 et réfléchissons-
y : Dieu n’a pas dit à Moïse : « Parle aux enfants d’Israël » qu’ils m’apportent
d’Egypte, une offrande. Mais Il a dit : « … qu’ils m’apportent une offrande ». Il faut
dire ici aux Eglises de Jésus-Christ en Afrique qu’en important des Eglises et des
O.N.G. d’Europe et d’Amérique, les offrandes à apporter à l’Eternel, elles
« exportent » les bénédictions de l’Eternel. Car il est écrit : « Il y a plus de bonheur à
donner qu’à recevoir » (Ac.20 : 35). D’autre part, Paul dit que si les riches font du
bien avec leurs richesses, ils s’amassent « ainsi pour l’avenir un trésor placé sur un
fondement solide… » (1Tim.6 : 18-19). Nous y reviendrons dans le chapitre
« Récompenses ».
Ce sur quoi il faut insister ici, c’est qu’il importe actuellement que tous les
chrétiens d’Afrique prennent conscience de l’honneur et du privilège qui seront le leur
lorsqu’ils arriveront à couvrir toutes les dépenses de l’Eglise, à financer eux-mêmes
les différents projets de l’Eglise, à créer des comités de soutien pour la formation des
Serviteurs et Servantes de Dieu et à assurer les salaires qu’il faut à ces Serviteurs,
etc.
On a toujours nourri l’idée que nous ne pouvons pas, nos moyens sont
insuffisants. Mais le problème des finances ne se pose pas en termes de gros ou de
petits moyens : c’est un problème de volonté et de mentalité. Il faudra absolument
une conversion de mentalité : de mentalité de ceux qui ont la joie de recevoir à la
Rév. Dr André KOUADIO 34
mentalité de ceux qui ont désormais plutôt la joie de donner. Il nous faut reconnaitre
notre responsabilité de donner pour la bonne marche du travail de Dieu dans notre
région, notre pays, notre église locale.
Pour confirmer ce que nous venons de dire, nous citons ici l’exemple d’un
organisme donateur du nom de Hilfe Für Bruder. C’est une société évangélique en
Allemagne qui, au dire de son Directeur Exécutif, le Révérend SchefBuch, dispose de
fonds considérables, qu’elle gère avec honnêteté. Mais comment collecte-t-elle ces
fonds ? Ils sont donnés par des chrétiens allemands ayant le sens de la
responsabilité et la volonté de servir Dieu avec leurs propres biens matériels. Parmi
ces chrétiens qui donnent, il y a des hauts cadres, des cadres moyens, des petits
ouvriers de condition économique très modeste. Dans une de nos séances de travail,
le Révérend SchefBuch m’a livré ceci : « Docteur, ne croyez pas que tous les
fournisseurs de fonds de notre organisme soient des riches. La plupart d’entre eux,
par la volonté de participer à la réalisation de tel ou tel projet, font entorse à leurs
habitudes alimentaires : pendant une période donnée (quelques mois, un an), ils se
privent soit du pain, soit de la viande ; économisant ainsi l’argent qu’ils auraient
dépensé pour telle ou telle denrée afin d’apporter une offrande à l’Eternel pour un
projet donné. Voilà dit-il, comment des fidèles Allemands pourvoient aux fonds de
notre société ». Cette attitude responsable des chrétiens, a inspiré à Hilfe Fûr Bruder
une mesure parcimonieuse dans la gestion de ces fonds : elle ne finance pas les
projets ayant des prétentions luxueuses. Elle ne donne pas pour assurer le superflu
de quelque organisation, mais elle est prête à financer des projets qui répondent à
des besoins réels. Cet exemple nous permet de nous rendre compte que la pauvreté
matérielle et financière des églises en Afrique n’a pas pour cause, la pauvreté de
leurs membres ; le problème est ailleurs. Le vrai problème, c’est le manque de vraie
consécration au Seigneur ; c’est le manque de sens des responsabilités et de volonté
d’agir dans l’église. Il faut ajouter à cela que parfois il manque un chef de file qui soit
lui-même convaincu, consacré et engagé pour la cause du Seigneur. Un tel élément
saurait canaliser et orienter les bonnes volontés.
C’est ce que Dieu veut susciter en chacun de nous par l’action de son Esprit. Il y
aura alors dans les églises, des Néhémie et nous serons prêts pour toutes bonnes
actions dans l’Eglise. Et comme un seul homme, ces gens de bonne volonté que nous
serons, diront avec détermination : « Levons-nous et bâtissons ». Et ces décisions ne
seront plus comme un feu de paille ; ils se fortifieront « dans cette bonne
résolution » (Néh.2 : 18).
La troisième vérité à relever, c’est que l’on peut appeler : « la foi des offrandes ».
Dieu dit à Moïse : « Vous la recevrez pour moi de tout homme qui le fera de bon
cœur » (v.2b). Devant Dieu, ce n’est pas tant la quantité de l’offrande ou des
services rendus, ni même la qualité qui compte. Ce qui compte, c’est surtout la
motivation, l’intention profonde et les sentiments qui poussent une personne à agir.
Ainsi, l’offrande qui est agréable à l’Eternel, c’est celle qui est offerte de bon cœur.
L’apôtre Paul dira plus tard, « que chacun donne comme il l’a résolu en son cœur,
Rév. Dr André KOUADIO 35
sans tristesse ni contrainte ; car Dieu aime celui qui donne avec joie » (2Cor.9 : 7).
Les yeux de Dieu pénètrent le cœur humain : « Nulle créature n’est cachée devant
Lui, mais tout est à nu et à découvert aux yeux de Celui à qui nous devons rendre
compte » (Héb.4 : 13). Si un chrétien apporte son offrande avec tristesse au
contraire, à cause des qu’en dira-t-on, Dieu n’est pas content. Car, tout ce qui se fait
dans la trainée des autres, ou tout juste pour éviter des critiques, et « qui n’est pas
le produit d’une conviction est péché » (Rom.14 : 23b). Ainsi, Israël devait apporter
son offrande à l’Eternel, de bon cœur.
L’objectif du chrétien
1- La responsabilité du Pasteur
19
Dictionnaire grec-français op. cit. p.492.
Rév. Dr André KOUADIO 37
précis : c’est le perfectionnement des saints. Ce qui veut dire « redressement,
restauration ». Il s’agit de les redresser, les restaurer par l’enseignement de la
Parole. Le Seigneur Jésus-Christ dit : « Déjà vous êtes purs à cause de la parole que
je vous ai annoncée » (Jn.15 : 3). En effet, toute Ecriture étant inspirée de Dieu, elle
est « utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire » (2Tim.3 :
16). Par son ministère de l’enseignement, le Pasteur offre aux fidèles la possibilité
d’être perfectionné. Et quand ils ont accédé à un certain niveau de perfectionnement,
ils deviennent actifs dans leur église locale. Alors ils accomplissent « l’œuvre du
ministère de l’édification du corps de Christ » (Eph.4 : 12b). Cela veut dire en clair
que le perfectionnement des enfants de Dieu, a pour but de « mettre les saints en
état d’accomplir leur tâche »20. Bref, une pastorale bien exercée, permet aux fidèles
de découvrir leurs différents dons.
Dieu se sert alors de tels chrétiens pour son œuvre : ils sont aptes à exercer
les différents charismes que Dieu leur donne pour sa gloire, à soutenir les projets de
leur église par l’offrande de leurs propres argent, des dîmes honnêtement et
régulièrement données, les collectes honnêtement données tous les dimanches et
toutes les rencontres chrétiennes. C’est là aussi les indices de la croissance d’une
Eglise. Il est vrai que la responsabilité du Pasteur est importante dans la croissance
de l’Eglise. Mais ce n’est pas seulement une œuvre humaine.
Il est évident qu’il n’y a pas de vie chrétienne sans le Saint-Esprit ; il n’y a pas
d’Eglise sans l’action créative du Saint-Esprit (Rom.8 : 9b). En effet, nous sommes
devenus des enfants de Dieu grâce à la « miséricorde de Dieu » « par le bain de la
régénération et le renouvellement du Saint-Esprit » (Tite 3 : 5b). Nous convenons
donc avec F. Bukler pour dire que l’église locale a une double nature : divine et
humaine. Divine parce que le chrétien est né de l’Esprit de Dieu21. S’il est né de
l’Esprit de Dieu, sa croissance spirituelle se fait aussi par l’action du Saint-Esprit.
Il est écrit clairement que « le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Eglise ceux qui
étaient sauvés » (Ac.2 : 47). En introduction de ce travail, en parlant de croissance
au plan qualitatif, nous avons dit que c’est le Saint-Esprit qui est à l’origine. Toutes
les qualités que nous avons analysées, ne sont possibles que par l’action du Saint-
Esprit. Le Seigneur Jésus-Christ, lors de l’annonce de la venue du Saint-Esprit, a dit :
« Quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché… » (Jn.16 :
8). Nous savons que la reconnaissance et la confession de péché, est à la base, tant
de la conversion que de la sanctification. Comme on le voit, le Saint-Esprit est le
Maître de toute cette évolution.
Par ailleurs, pour la croissance numérique, le Saint-Esprit mène l’action, même
au niveau des Evangélistes ou Apôtres. Pour la croissance de l’Eglise, du côté
d’Antioche, par exemple, c’est sur la recommandation du Seigneur, le Saint-Esprit,
que la communauté a envoyé Paul et Barnabas (Ac.13 : 2). L’apôtre Paul lui-même a
dû modifier son programme d’activités sur le commandement du Saint-Esprit (Ac.16 :
6). Ainsi donc, c’est la troisième personne de la Trinité qui est le vrai Auteur de la
croissance d’une église locale donnée. En effet, l’action du Saint-Esprit est
20
Henri d’Espine « Les anciens conducteurs de l’Eglise », cahier théologique N°7, pp.15-16.
21
Bukler « L’Eglise locale, Ed. Farel, Fontenay-Sous-Bois Cedex, édition révisée, 1985, p.27.
Rév. Dr André KOUADIO 38
permanente et à tous les niveaux dans les activités de l’Eglise. En tout et pour tout,
que la gloire revienne au Seigneur !
Si tous les fidèles respectaient et donnaient les offrandes comme il se doit, elles
constitueraient pour l’église (au niveau local comme national), des fonds
considérables. Cela serait selon le mot de l’apôtre, « une abondante collecte »
(2Cor.8 : 20). Cette abondante collecte doit donc être bien gérée, ce qui suppose la
mise en place d’un système financier fiable. Nous trouvons, dans les Saintes
Ecritures, non seulement des exemples mais des traces à suivre.
A l’époque du retour de la captivité des enfants d’Israël, Dieu secoua les trésors
des nations en faveur de son peuple. Dieu réveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse. Il
demanda aux peuples d’offrir pour la maison de l’Eternel à Jérusalem, « de l’argent,
de l’or, des effets et du bétail, avec des offrandes volontaires… » (Esd.1 : 4). Les
offrandes furent effectivement abondantes. Esdras devait même tirer de la maison
des trésors du roi ce qu’il fallait pour les autres dépenses… concernant la maison de
son Dieu (Esd.7 : 20). Et tout cela fut confié à Esdras. Il assura le transfert de ces
offrandes à Jérusalem, dans la crainte de Dieu et dans la transparence devant les
hommes (Esd.8 : 24-30).
D’abord, il pèse ces biens devant des hommes intègres (Esd.8 : 27). Ensuite, il les
leur confie et leur recommande d’en faire autant devant les chefs à Jérusalem
(Esd.8 : 28-30) : et cela fut ainsi, dès leur arrivée à Jérusalem. Le même souci de
clarté animera plus tard l’apôtre Paul au sujet de l’assistance destinée aux saints de
la Judée (2Cor.8 : 21). Nous avons souligné plus haut la rigueur et l’honnêteté avec
lesquelles l’apôtre a agi envers les biens destinés aux fidèles de Jérusalem.
Soulignons que dans ce domaine délicat qu’est la gérance des biens, il se dégage
pour l’homme, trois commissaires aux comptes : la conscience, Dieu et les hommes.
a. La conscience
Il « est plus grand que notre cœur et il connaît toutes choses » (1Jn.3 : 20). C’est
Lui qui a fait le cœur humain. Quand il échapperait à tout le monde, notre cœur
n’échapperait pas à Dieu. Car « nulle créature n’est cachée devant Lui, mais tout est
à nu et découvert ». Or, c’est à Lui que « nous devons rendre compte » (Héb.4 : 13)
de toutes nos entreprises. En quelque lieu que nous nous trouvions, Dieu le contrôle
(Ps.139 : 7-12). Il faut noter que Dieu n’agit pas seulement après les fautes
commises. Il est écrit en effet que le Saint-Esprit joue le rôle d’enseignant et Il nous
rappelle les choses. Connaissant les cœurs, lorsque Dieu voit que le gestionnaire a
conçu dans son cœur ce qui n’est pas juste, Il le rappelle à l’ordre. Quel que soit le
rôle qu’un homme joue dans la gérance des biens de Dieu, ici-bas dans son église,
cet homme doit agir avec droiture et intégrité de cœur. Ces deux commissaires aux
comptes, aussi importants et incontournables soient-ils, n’excluent pas le troisième.
Ici, il faut tenir compte des réseaux de relations. Un homme qui est bien placé est
en relation avec des gens qui travaillent sous ses ordres tandis que d’autres sont au-
dessus de lui ou sont ses égaux. Quelle que soit la classe à laquelle il appartient, il
est observé par tous. L’apôtre Paul a exprimé cette réalité par une image frappante.
Nous sommes une lettre « connue et lue de tous les hommes » (2Cor.3 : 2b).
Du reste, quand une personne ou un groupe de personnes gère les biens
matériels de la communauté, ces personnes sont l’objet d’une attention particulière
de la part de la communauté : elles n’ont raison ni de les décevoir, ni d’être
hermétiques vis-à-vis des critiques, en avançant l’argument suivant : « Dieu connaît
notre cœur ». Non, leur intégrité personnelle et devant Dieu dont nous avons parlé
plus haut ne suffit pas. Il leur faut aussi être intègre devant tous. C’est pourquoi
l’apôtre Paul déclare : « nous recherchons ce qui est bien, non seulement devant le
Seigneur, mais aussi devant les hommes ». Le gestionnaire qui sait collaborer
étroitement avec ces trois commissaires aux comptes, sans se dérober à leur
vigilance, sera toujours heureux dans ses tâches. Car alors, il sera approuvé non
seulement par l’église, mais aussi par Dieu Lui-même. Il n’a pas à craindre pour
l’avenir.
A la manière d’Esdras, nos comptes doivent être clairs devant les hommes
(Esd.8 : 25-30). Les trésoriers des églises, ou tout responsable de gestion dans
l’église, doivent, à des périodes déterminées, faire le bilan financier à qui de droit.
Car ceux qui donnent l’argent veulent – et ils sont en droit de savoir ce que leur
argent fait. En faisant faire des bilans clairs et réguliers, les responsables d’église,
permettront aux fidèles de savoir que ce qu’ils donnent est judicieusement employé
pour l’œuvre du Seigneur, toute chose qui les encouragera à donner davantage.
Les bénéficiaires de cet élan de générosité sont nombreux : il y a d’abord la
Maison de Dieu (avec tout ce qu’elle comporte), mais aussi le donateur ! Le Seigneur
Jésus ne dit-il pas que si nous prenons soin des Serviteurs de Dieu, nous recevrons
du Seigneur les mêmes égards qu’un Serviteur de Dieu ? (Mt.10 : 40-42). Il nous
apprend d’autre part qu’en vendant nos biens, et en les offrant en aumône, nous
nous faisons « des bourses qui ne s’usent point, un trésor inépuisable dans les
cieux… » (Luc 12 : 33-34). « Ne vous amassez pas des trésors sur la terre… mais
Rév. Dr André KOUADIO 40
amassez-vous des trésors dans le ciel » (Mt.6 : 19-21), ajoute-t-il. Ainsi, ne pas
employer les biens temporels pour l’œuvre de Dieu ici-bas, c’est se priver d’un
investissement des richesses éternelles. Le chapitre suivant nous en dira davantage.
V. Récompenses
1. Dieu ne nous doit rien en compensation des services rendus, car nous
sommes ses Serviteurs. Or, « aucun roi n’est redevable à ses sujets ». Ainsi,
sachons-le bien : nos services et tout ce que nous pourrions faire pour Dieu,
quels qu’en soient l’importance et le nombre, n’aliènent pas Dieu à notre
égard. D’ailleurs, il est écrit : « Vous de même, quand vous avez fait tout ce
qui vous a été ordonné, dites : nous sommes des Serviteurs inutiles » (Luc
17 : 10). Cependant, dans sa bonté et par sa grâce souveraine, Dieu nous
promet des récompenses.
2. D’autre part, il ne faut pas confondre le salut et la récompense. Le salut est
gratuit. Tous ceux qui croient en Jésus-Christ, sont gratuitement justifiés. Par
le baptême du Saint-Esprit, Dieu fait d’eux ses enfants ; ils sont devenus
« une nouvelle créature » (2Cor.5 : 17 ; Tite 3 : 5). Au retour glorieux de
notre Seigneur Jésus-Christ, ce salut acquis se manifestera. C’est aussi ce que
l’apôtre Pierre exprime quand il écrit « … vous obtiendrez le salut de vos âmes
pour prix de votre foi » (1Pi.1 : 9). En un mot, tous les croyants fidèles en
Jésus-Christ, par la grâce et la miséricorde de Dieu, seront sauvés et
passeront l’Eternité dans le paradis céleste. Et parmi ces citoyens des cieux,
certains seront récompensés. En effet, « chacun, soit esclave, soit libre,
recevra du Seigneur selon ce qu’il aura fait de bien » (Eph.6 : 8). Cela dit,
notons qu’il y a deux sortes de récompenses : la récompense terrestre et la
récompense céleste. A ce niveau, il faut distinguer ces deux sortes de
bénédictions : bénédictions spirituelles et bénédictions matérielles.
a. Bénédictions spirituelles
Dieu regarde au cœur. Cette vérité biblique est valable dans toutes les actions de
l’homme aux yeux de Dieu. Aussi, ce qu’il demande à ses enfants, c’est de Le servir
de bon cœur « … Qu’ils m’apportent une offrande ; vous la recevrez de tout homme
qui la fera de bon cœur » (Ex.25 : 2 ; 35 : 5, etc.). Ce sont là les offrandes ou les
services que l’Eternel agrée : « Dieu aime celui qui donne avec joie » (2Cor.9 : 7b).
La bienveillance de l’Eternel est notre joie. Le croyant qui est content d’accomplir son
devoir envers Dieu est heureux. « Car le cœur content est un festin perpétuel »
(Prov.15 : 15b). Il jouit d’une harmonie intérieure ; c’est là une bénédiction
spirituelle ! Mais la bénédiction dont jouit le croyant engagé ne se limite pas au plan
spirituel.
Plusieurs passages bibliques nous montrent qu’en réponse à ce qu’on fait pour lui,
Dieu accorde des bénédictions matérielles concrètes. Ainsi, les Proverbes disent :
« honore l’Eternel avec tes biens. Alors tes greniers seront remplis d’abondance… »
(Prov.3 : 10). Le prophète Malachie, après avoir exhorté les Israélites à apporter la
dîme dans la maison de l’Eternel, déclare que pour ceux qui le font, le Tout-puissant
ouvrira « les écluses des cieux » pour répandre « la bénédiction en abondance »
(Mal.3 : 10). Dieu est l’auteur de toutes choses ; à lui appartiennent l’or et l’argent.
Aussi donne-t-Il sans restriction à ceux qui lui sont agréables. A ce sujet, l’apôtre
Paul écrit : « … Dieu peut vous combler de toutes ses grâces, afin que, possédant
toujours en toutes choses de quoi satisfaire à tous vos besoins, vous ayez encore
en abondance pour toute bonne œuvre… » (2Cor.9 :8)22. Ainsi donc, sur le plan
matériel, et ici-bas, Dieu récompense ses enfants qui le servent fidèlement avec leurs
biens matériels. Nous pouvons citer ici quelques exemples bibliques.
Exemples :
b.2. Récompenses matérielles
Tout ce qui a été écrit l’a été « pour notre instruction » (Rom.15 : 5). Ici, nous
devons savoir que ces bénédictions et récompenses peuvent aussi nous être
accordées, si nous servons le Seigneur. Un paysan peut avoir d’abondantes récoltes
(2Cor.9 : 10), tandis que le commerçant verra son chiffre d’affaires augmenter et
que les fonctionnaires et autres travailleurs auront promotion et autres récompenses
(Ex.1 : 20-21) etc. Cela dit, passons à ce qu’il y a de mieux.
Quelles que soient les bénédictions et récompenses que Dieu accorde à ses
enfants sur terre, ils doivent savoir et se rappeler sans cesse que la meilleure
récompense de Dieu se trouve dans les cieux : « … Un héritage qui ne peut ni se
22
Nous avons mis en gras à dessein, les mots ou les adjectifs qui expriment la largesse des
bénédictions de Dieu.
Rév. Dr André KOUADIO 42
corrompre, ni se souiller, ni se flétrir ; il vous est réservé dans les cieux » (1Pi.1 :
4). Ainsi, les rachetés de Jésus-Christ, tous ceux qui ont l’espérance de la vie
éternelle, sont plus attachés « aux choses d’en haut et non à celles qui sont sur la
terre » (Col.3 : 2). Tout le monde sera-t-il récompensé ? Sinon, pourquoi ? Dieu
ferait-Il du favoritisme ? Non, loin de là ! Quelles sont donc les causes pour
lesquelles certains seront récompensés et d’autres non ? Il y aura trois catégories de
chrétiens qui ne seront pas récompensés : les paresseux, les œuvres mal accomplies,
ceux qui recherchent la gloire des hommes.
Un exemple nous est donné dans Luc 19 : 11-27 avec la parabole des mines. Le
Seigneur raconte qu’un homme de haute naissance « appela dix de ses serviteurs,
leur donna dix mines, et leur dit : faites-les valoir jusqu’à ce que je revienne » (v.13).
Le verbe grec employé ici (pragmateuomaî) signifie « s’occuper d’affaires, de
commerce ». Dans la racine de ce verbe, il y a l’idée de l’effort intellectuel. Dans la
parabole similaire de Matthieu 25 : 14-30, le verbe grec « ergazômaï » signifie :
travailler, produire. Il met aussi l’accent sur les efforts. Le contexte de ce passage
montre que deux des serviteurs, ayant reçu les mines, ont fourni des efforts et ont
apporté à leur maître le capital et les bénéfices. Cet effort fut très justement
récompensé (v.16-19). Alors que le troisième, lui, n’ayant fourni aucun effort,
apporte à son maître son capital sans autre (v.20-25). Ce serviteur, non seulement
ne fut pas récompensé, mais sévèrement puni. Cet homme avait adopté une attitude
faite de négligence et de paresse. Il ne s’est pas organisé pour attendre son maître ;
ou du moins son attente a été passive. Qu’est-ce que le Seigneur veut enseigner par
cette parabole ? Certains pensent que c’est une allusion à Archélaüs, fils de Hérode
le grand, personnage qui a vécu en l’an IV avant Jésus-Christ.
Mais selon le contexte immédiat de la parabole et le contexte élargi de
l’avènement de Jésus-Christ, cette parabole est plutôt une illustration de l’histoire de
Christ et de ses rapports avec les fils du royaume de Dieu. Ainsi, « l’homme de haute
naissance » n’est autre que Jésus-Christ Lui-même. En effet, Il a déclaré de façon
solennelle : « Tout pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre » (Mt.28 : 18).
C’est à ce titre qu’Il a exprimé le commandement d’aller faire « de toutes les nations
des disciples… ». Par ailleurs, dans la parabole, le don des mines est en analogie
avec Ephésiens 4 : 8 où il est écrit : « Etant monté dans les hauteurs, Il a emmené
des captifs et Il a fait des dons aux hommes ».
Dans l’attente du retour glorieux de Jésus-Christ, tout croyant doit faire valoir ses
dons. Mais à l’exemple du serviteur de Luc 19 : 20-26, il y a des paresseux dans
l’Eglise : « Seigneur, voici ta mine que j’ai gardée dans un linge… ». Les paresseux,
les égoïstes, les avares demeurent dans l’Eglise inutiles. A sa venue ils n’auront pas
employé leurs talents, ni donné de leur temps, de leur argent ou d’autres biens
matériels pour le Seigneur. Ceux-là ne seront pas récompensés. Ils seront sauvés,
certes, pour avoir cru en Jésus-Christ ; mais pas de récompenses (1Cor.3 : 14-15).
Dans l’Eglise de Jésus-Christ, il y a bien des gens qui servent, qui fondent des
œuvres. Mais dans 1 Corinthiens 3, l’apôtre Paul montre que tous ne servent pas
selon les normes. Il emploie des images frappantes. Les fidèles sont « … l’édifice de
Dieu » (1Cor.3 : 9b). L’unique fondement de cet édifice est posé : c’est le Christ. Dès
lors, les ouvriers qui doivent bâtir cet édifice doivent veiller « à la manière dont ils
bâtissent dessus » (1Cor.3 : 10b). L’apôtre analyse l’emploi possible des différents
matériaux : il fait allusion aux matériaux précieux : l’or, l’argent, les pierres
précieuses (le marbre, le jaspe, l’albâtre) dont étaient faites les maisons royales,
(exemple 1 Ch.29 : 3-5). Au contraire du bois, du foin, du chaume, dont sont faites
les maisons des pauvres. C’est-à-dire bois ou « terre pétrie avec de la paille et
recouverte de chaume ». Mais, nous l’avons déjà dit, l’apôtre emploie ici une image.
Que représentent ces matériaux précieux ou moins bons ? S’agit-il de la doctrine
enseignée dans l’Eglise, ou de différentes classes des membres de l’église ?23
Il faut plutôt voir dans les matériaux précieux, les qualités spirituelles et morales
produites dans les croyants par l’enseignement biblique fidèle. Cela favorise la
consécration des fidèles au Seigneur. Le Seigneur Jésus-Christ dit : « Déjà vous êtes
purs, à cause de la parole que je vous ai annoncée. Demeurez en moi, et je
demeurerai en vous… » (Jn.15 : 3-4). De tels éléments, solidement préparés par un
ministère de la Parole fidèle, constituent « des pierres vivantes » qui s’édifient pour
former une maison spirituelle … agréables à Dieu par Jésus-Christ. « Ceci est une
réalité concrète dans les Eglises : il existe des chrétiens consacrés à Dieu qui font
des Saintes Ecritures leur règle de vie… » (1Pi.2 : 4-5).
Ce n’est pas le cas pour ceux qui prêchent leur propre sagesse (1Cor.3 : 18-20).
Les adeptes qui auront écouté ces prédicateurs n’auront pas pu subir la
transformation intérieure, puisque c’est la Parole qui vivifie et qui purifie (Jn.15 : 3-
4). N’ayant pas connu Christ, ces adeptes n’ont pas été baptisés du Saint-Esprit. Or,
« si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ il ne Lui appartient pas » (Rom.8 : 9b). Ces
gens, apparemment membres des communautés locales, sont tout juste de simples
religieux. Au dernier jour, « le feu éprouvera ce qu’est l’œuvre de chacun » (1Cor.3 :
13). Ce sera un échec total au niveau du salut : « l’œuvre … est consumée »
(1Cor.3 : 15a) : Ceci concerne tous ceux qui exercent le ministère de la Parole :
Pasteurs, Evangélistes, Missionnaires, Théologiens, Docteurs, etc.
D’autre part, leur enseignement pernicieux aura pour effet de désorienter même
ceux qui sont déjà sauvés. En effet, en supprimant certains commandements, ils
enseigneront aux hommes à faire de même (Mt.5 : 19a). Puisque l’œuvre aura été
mal accomplie, ils perdront leur récompense. Peut-être, par leur foi en Jésus-Christ
et par la grande miséricorde de Dieu, entreront-ils dans le paradis ; « mais comme
au travers du feu ». Ainsi des « serviteurs et servantes » qui ont prétendu
« annoncer Christ », entreront les mains vides, sans récompense dans le paradis
céleste.
23
GODET P.167.
Rév. Dr André KOUADIO 44
a.3. Ceux qui recherchent la gloire des hommes
Le chef suprême de l’Eglise a mis en garde ses disciples en leur disant de ne pas
pratiquer leur justice et leurs bonnes actions en vue d’en être loués par les hommes
(Mt.6 : 1-4). Lui, il connaît le cœur humain et ses intentions les plus secrètes (Marc
2 : 6-8). Il cite des exemples concrets : il y a des hypocrites qui publient leurs
actions, « dans les synagogues et dans les rues, afin d’être glorifiés par les
hommes » (Mt.6 : 2). Or, les actes de justice, même en faveur des hommes,
regardent d’abord à Dieu. On ne doit donc pas forcément les poser devant les
hommes. Le Seigneur appelle « hypocrites » ceux qui agissent ainsi. Certainement
les Pharisiens, en offrant des aumônes aux pauvres, n’avaient pas le souci de les
secourir : leur motivation était de s’attirer la louange des hommes. Or, agir ainsi c’est
ne pas composer avec Dieu. Le Seigneur a exprimé sans détour la conséquence
d’une telle attitude : « Vous n’aurez point de récompense auprès de votre Père qui
est dans les cieux » (Mt.6 : 2). Car les hommes vous auront accordé ce que vous
désirez. Un tel acte ne sera pas récompensé.
De nos jours, dans les églises, il y a des fidèles qui ne posent des actes que pour
la louange des hommes. Ils ne font dans leur église locale, que ce qui leur procure
un certain avantage. Aucun de ceux qui agissent de la sorte n’aura de récompense
dans le royaume des cieux. Ainsi, certains croyants, pour n’avoir pas servi Dieu, et
d’autres pour l’avoir mal servi, rendront nulle à leur égard la promesse de Dieu en ce
qui concerne la récompense. Car, nous ne sommes pas sauvés pour croiser les bras,
mais pour servir. Nous ne servons pas pour être loués par les hommes, mais par
Dieu. A la différence de ceux qui auront perdu totalement, il y a des fidèles qui,
d’une manière ou d’une autre, auront bien servi : ils recevront leurs récompenses.
Là aussi nous distinguons trois catégories : les fidèles enseignants des Saintes
Ecritures, ceux qui auront travaillé pour Dieu, les bienfaiteurs envers les Serviteurs
de Dieu.
Nous avons vu que les matériaux précieux décrits dans 1 Corinthiens 3 : 12a
représentent une réalité : il s’agit des fidèles purifiés, grâce à l’enseignement fidèle
de la Parole de Dieu. Il est juste de dire que c’est une réussite car ces bâtisseurs
auront su respecter le fondement. Or, il est écrit « Si l’œuvre bâtie par quelqu’un sur
le fondement subsiste, il recevra une récompense » (1Cor.3 : 14). Ainsi, les artisans
humains de cette œuvre auront la grâce du Dieu juste, comme le prophète Daniel le
dit : « … Ceux qui auront enseigné la justice à la multitude brilleront comme les
étoiles à toujours et à perpétuité » (Dan.12 : 3). Dans cette déclaration, il y a une
double réalité : enseigner la justice à d’autres sous-entend que l’enseignant lui-
même aime cette justice et la met en pratique dans sa propre vie. Or, le Seigneur
Jésus dit : « Celui qui les observera et qui enseignera à les observer, celui-là sera
appelé grand dans le royaume des cieux » (Mt.5 : 19b). Ainsi sa récompense est
double : il y a là une question de position et de possession. Il s’agit « d’être » et
« d’avoir ». Autant dire que leur récompense sera grande !
Rév. Dr André KOUADIO 45
b.2. Ceux qui auront travaillé pour Dieu
Conclusion générale