TIPE - Complet
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Les Aventures
d’Évarix le Galois
Résumé
Est contredite au terme de cet exposé l’existence d’une méthode générale de résolution des équa-
tions polynomiales par radicaux en caractéristique nulle, pour le degré supérieur à 5. Le résultat
fondamental pour y parvenir est la correspondance de Galois, qui permet d’établir un lien entre corps
et groupes, et in fine entre équations résolubles et groupes résolubles.
Sommaire
I. Corps et polynômes : généralités
1 Polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2 Séparabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
3 Extensions de corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
3.1 Algébricité sur un corps, polynôme annulateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
3.2 Extensions de corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
3.3 Extensions finies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
II. Permuter les racines
1 Groupe de galois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2 Morphismes et conjugaisons . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
3 Action du groupe de Galois sur les racines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
III. La Correspondance de Galois
1 Extensions normales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2 Correspondance entre sous-groupes et sous-corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
3 Correspondance de la normalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
IV. Résolution d’équations polynomiales par radicaux
1 Groupes résolubles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.1 Dérivés des groupes de permutations pour n > 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.2 Groupes résolubles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
2 Quelques Groupes de Galois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.1 Groupe d’une extension par un radical . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2 Groupe d’une extension cyclotomique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.3 Groupe de Galois de l’équation générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
3 Équations résolubles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3.1 La condition nécessaire de résolubilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
3.2 Réponse au problème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Remarque : Tous les corps et algèbres sont supposés unitaires, commutatifs, associatifs.
On fixe un corps K, et une clôture algébrique de K nommée Ω. Lorsque ce n’est pas rappelé, K est a
priori supposé de caractéristique nulle.
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2 Séparabilité
La théorie de Galois reste valable même quand K n’est pas de caractéristique nulle, mais il faut
ajouter des hypothèses particulières. Nous aurons besoin de ces résultats, qui traduisent l’hypothèse de
caractéristique nulle en celle de séparabilité.
Définition 2. Corps parfait
(i) Si P ∈ K[X], P est dit séparable s’il est premier à sa dérivée.
(ii) Si tous les polynômes irréductibles sur K[X] sont séparables, alors K est dit parfait.
Lemme 1.
Si K est de caractéristique nulle, alors K est parfait.
Preuve. On veut vérifier que si P ∈ K[X] est irréductible sur K, alors P est premier à sa dérivée. Il
suffit de constater qu’un diviseur commun unitaire de P et de P 0 divise en particulier P donc est associé
à P , ou constant. Mais, en caractéristique nulle, deg(P ) = deg(P 0 ) − 1, et, comme P est irréductible,
il est non constant donc sa dérivée est non nulle. Cela montre que P ne peut pas diviser sa dérivée.
Par conséquent, il est impossible que le diviseur commun unitaire soit associé à P . Ce diviseur commun
unitaire est donc 1, et donc P ∧ P 0 = 1.
3 Extensions de corps
3.1 Algébricité sur un corps, polynôme annulateur
Définition 3. Algébricité
(i) Si A est une K-algèbre, on dit que x ∈ A est algébrique sur K si et seulement s’il existe P ∈ K[X]\{0}
tel que P (x) = 0.
(ii) On note ΠK,x , le polynôme annulateur minimal de x, qui est le générateur unitaire de :
{P ∈ K[X] | P (x) = 0}
Proposition 1.
Si A est intègre et si x ∈ A est algébrique sur K, alors ΠK,x est irréductible sur K.
Preuve. Sinon, l’un des facteurs de ΠK,x annulerait également x, ce qui contredirait la minimalité du
degré de ΠK,x .
Proposition 2.
Si x ∈ Ω est racine d’un irréductible P ∈ K[X], alors ΠK,x = P .
Lemme 2.
Les classes de K-conjugaison sont de cardinal fini.
Preuve. Car les éléments d’une même classe sont tous racines d’un polynôme non nul.
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Y
r
ΠK,x = (X − xi ).
i=1
Preuve. Les (xi )1≤i≤r sont exactement les racines de ΠK,x , mais ces racines sont simples car ΠK,x est
irréductible (et lemme 1) et ΠK,x est unitaire.
Proposition 4.
Tous les morphismes de corps sont injectifs.
Proposition 5.
Si L/K est finie, alors L/K est algébrique.
Théorème 1.
Si A est intègre, et que tous les éléments de A sont algébriques sur K alors K[A] = K(A).
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Preuve. (Galois)
On procède par récurrence sur le nombre de générateurs. On montre d’abord le cas n = 2, qui fait
marcher le reste :
Soit L un surcorps de K, tel qu’on dispose de x, y, algébriques dans L tel que L = K(x, y). On prend
(xi )1≤i≤r et (yi )1≤i≤s , les K-conjugués (distincts) de x et y, avec x1 = x et y1 = y.
K étant infini, on obtient ∃t ∈ K, ∀(i, j) ∈ J1; rK × J1; sK, xi + tyj = x + ty ⇒ i = j = 1.
Soit alors z = x+ty. Bien sûr, K(z) ⊂ L. L’inclusion réciproque commence en montrant que y ∈ K(z) :
La proposition 3 donne l’expression de ΠK,x et de ΠK,y . Alors, une racine de ΠK,y est de la forme yj
pour 1 ≤ j ≤ s, et, si elle est aussi racine de ΠK,x (z − tX), alors elle vérifie z − tyj = xi pour 1 ≤ i ≤ r.
Donc i = j = 1 donc ΠK,x (z − tX) ∧ ΠK,y = X − y (pgdc dans Ω[X]). Mais ces deux polynômes sont à
coefficients dans K[z] (on n’a fait que composer ΠK,x (X) par le polynôme z − tX, qui est dans K[z][X]).
Mais, par inertie du pgcd, le pgcd de ces deux polynômes vu dans K[z][X] est le même. Donc y ∈ K[z].
Pour montrer que x ∈ K[z], c’est juste remarquer que x = z − ty.
On a, à présent, ce qu’il faut pour faire marcher la récurrence :
Si la propriété a déjà été montrée pour n ≥ 2, alors
DK P = K(R),
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(i) On appelle Gal(L/K) le groupe de galois de l’extension, défini comme l’ensemble des automor-
phismes de L comme K-algèbre.
(ii) Si P ∈ K[X], on pose GalK (P ) = Gal(DK (P )/K), le groupe de galois de P sur K.
Cet ensemble est naturellement muni d’une structure de groupe avec la loi de composition des auto-
morphismes.
2 Morphismes et conjugaisons
On note HomK (A, B) l’ensemble des morphismes de K-algèbre. Quand A et B sont des corps, un
morphisme de K-algèbre est exactement un morphisme de corps fixant K.
Preuve.
– Soit y ∈ L un K-conjugué de x. Comme idK : K → Ω (le morphisme d’inclusion) est dans Hom(K, Ω),
e : K(x) → Ω par la proposition 7. Ainsi, σ
on peut le prolonger en σ e envoie x sur y et fixe K. Mais L/K(x)
est encore une extension finie, on peut à nouveau étendre en un morphisme σ0 : L → Ω, qui fixe donc
toujours K, et vérifiant σ0 (x) = y.
– Réciproquement, si y = σ(x) pour un certain σ ∈ HomK (L, Ω), alors, pour P ∈ K[X], comme σ fixe
K, et comme un morphisme de corps est injectif : P (y) = 0 ⇔ P (σ(x)) = 0 ⇔ σ(P (x)) = 0 ⇔ P (x) = 0.
Les idéaux annulateurs respectifs de x et y sont les mêmes donc ils ont même polynôme annulateur
minimal donc ils sont K-conjugués.
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Preuve. Si x ∈ L est un élément primitif de L/K, alors 1 morphisme compte pour 1 K-conjugué de x.
Il n’y a qu’à compter les K-conjugués de x, mais on sait que : [L : K] = [K(x) : K] = deg(ΠK,x ) = |x|, le
cardinal de la classe de K-conjuguaison de x (car le polynôme annulateur de x est à racines simples).
(∀x ∈ X, g · x = x) ⇐⇒ g = e.
Y
r
Soit P = Piαi la factorisation de P en facteurs irréductibles de K[X]. Alors :
i=0
(i) GalK (P ), vu par son action fidèle sur les racines, est un sous-groupe de S(R).
(ii) Pour i ∈ J1, rK, en notant Ri l’ensemble des racines de Pi , l’action de GalK (P ) sur les racines
stabilise les Ri , et y induit une action transitive.
(iii) P est irréductible si et seulement si l’action de GalK (P ) sur R est transitive.
Dans ce cas, le degré de P divise | GalK (P )|.
Preuve.
– Pour (i), on peut poser le morphisme :
Ψ: GalK (P ) −→ S(R)
|R .
σ 7−→ σ|R
Le morphisme de restriction est bien défini puisque σ envoie les racines de P vers d’autres racines
de P . Montrer qu’il est injectif signifie que l’action est bien fidèle, et que GalK (P ) . S(R). Mais si σ a
une action triviale sur les racines, alors puisque ce sont les racines de P qui engendrent DK (P ), c’est que
l’automorphisme de K-algèbre σ est trivial.
– Pour (ii), le groupe stabilise les Ri simplement car l’image d’une racine d’un polynôme irréductible
est une racine de ce même polynôme irréductible. L’action est transitive sur les Ri par prolongement des
morphismes, en imposant d’abord σ(x) = y pour x, y ∈ Ri .
– Pour (iii), c’est une conséquence de (i) et (ii), en ajoutant que le cardinal d’une orbite (ici, l’action
est transitive donc l’orbite est R) divise celui du groupe.
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Preuve.
– Dans un sens, c’est que σ est un automorphisme qui envoie xi sur xσ(i) en fixant Q.
– Dans l’autre sens, pour passer de la permutation à l’automorphisme σ e de la K-algèbre L, on pose
e(Q(x1 , . . . , xn )) = Q(xσ(1) , . . . , xσ(n) ). L’application est bien définie grâce à l’hypothèse (la valeur ne
σ
dépend pas du choix de Q).
Preuve.
– Si (i), alors on prend σ ∈ HomK (L, Ω), et x ∈ L. On veut que σ(x) ∈ L, mais c’est chose faite car
σ(x) est un K-conjugué de x, et l’hypothèse (i) donne la stabilité par K-conjugaison. Réciproquement,
on a toujours HomK (L, L) ⊂ HomK (L, Ω). Donc (ii).
– Si (ii), alors, si x ∈ L, et y ∈ Ω est un K-conjugué de x. Alors on dispose de σ ∈ HomK (L, Ω) tel
que σ(x) = y. Mais l’hypothèse donne que σ est à valeurs dans L d’où la stabilité par K-conjugaison. (i)
– Si (ii), alors σ ∈ HomK (L, Ω) ⇔ σ ∈ HomK (L, Ω) et est bijectif ⇔ σ ∈ Gal(L/K), grâce au lemme
5:
Lemme 5.
Soient L/K une extension algébrique, σ un endomorphisme de la K-algèbre L. Alors σ est bijectif.
Preuve du lemme. Puisqu’un morphisme de corps est injectif, il suffit de prouver la surjectivité. Soient
x dans L et R l’ensemble K-conjugués de x. Si y ∈ R alors σ(y) est un K-conjugué de x donc dans R.
1. synonyme : pré-galoisienne, ou galoisienne, puisque la séparabilité est donnée par la caractéristique nulle.
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Puisque σ est injectif et R fini, σ induit une permutation de R. En particulier, x admet un antécédent
par σ.
Donc (iii).
– Si (iii) : on a dans tous les cas HomK (L, L) ⊂ HomK (L, Ω). On conclut en remarquant que
HomK (L, Ω) =
|{z} Gal(L/K) ⊂ HomK (L, L). Donc (ii).
par hypothèse
En résumé, (i) ⇔ (ii) et (ii) ⇔ (iii).
K = LGal(L/K) .
Preuve. On a déjà K ⊂ LGal(L/K) .
Maintenant, si x ∈ L vérifie ∀σ ∈ Gal (L/K), σ(x) = x, alors la proposition 9 permet d’utiliser le
corollaire 1, et on obtient que x ∈ K.
Proposition 11.
Si L/K est finie, alors lextension L/K est galoisienne si et seulement si :
| Gal(L/K)| = [L : K] .
Preuve.
– Si L/K est galoisienne, alors
| Gal(L/K)| =
|{z} | HomK (L, Ω)| =
|{z} [L : K] .
proposition 9 corollaire 4
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Preuve. On a immédiatement
G ⊂ Gal(F/FG ). (∗)
Pour conclure, on peut commencer par montrer que F/FG est finie de degré inférieur à |G|, on pourra
alors se raccrocher à la proposition 11 (et on aura, par cardinalité, l’inclusion réciproque pour (∗)).
Mais les éléments de F sont tous, sur FG , de degré inférieur à |G|. En effet, si x ∈ L, et G · x l’orbite de
x sous l’action de G sur F, alors : Y
Px = (X − y)
y∈G·x
Lemme 8.
Si L/K est une extension algébrique telle qu’il existe n ∈ N∗ tel que tout x de L soit de degré
inférieur à n, alors F/FG est finie de degré inférieur à n.
Preuve du lemme. Prenons x ∈ L de degré maximal (WLOG, supposons que son degré sur K est n).
Soit alors y ∈ L quelconque. Alors K[x, y] est une extension finie de K, ce qui donne z ∈ K[x, y] tel que
K[x, y] = K[z]. Donc x ∈ K[z], d’où K[x] ⊂ K[z]. Mais, z est d’un degré inférieur à n. Donc, par inclusion
et dimension, K[x] = K[z] = K[x, y], donc y est bien dans K[x]. Cela donne L = K[x], et L/K est bien
finie, de degré inférieur à n.
Le lemme assure que F/FG est bien de degré fini inférieur à |G|.
La conclusion découle de ce qui précède :
Théorème 6. La Correspondance de Galois, théorème fondamental (circa 1828)
Soit L/K une extension galoisienne finie. Alors les fonctions ϕ et ψ sont deux bijections réci-
proques décroissantes pour l’inclusion entre GL/K et KL/K .
De plus :
∀G ∈ GL/K , L : LG = |G|.
3 Correspondance de la normalité
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0 −1
Preuve du lemme. On a, d’abord : Lσ◦Gal(L/K )◦σ = σ(K0 ). Composer par ϕ permet d’obtenir la
formule voulue.
L’équivalence cherchée vient en composant à nouveau par ψ ou par ϕ selon le sens voulu.
D(G) = hComm(G)i.
Lemme 11.
Soit n ≥ 3. Alors An est engendré par les 3-cycles.
Preuve. Si σ ∈ A, alors la décomposition en cycles à supports disjoints de σ contient des cycles de
longueur impaire (« cycles impairs »), et un nombre pair de cycles de longueur paire (« cycles pairs »).
Étant donné un cycle pair (a1 . . . a2k ), on peut l’écrire (a1 a2 )(a2 a3 . . . a2k ), donc un produit entre
une transposition et un cycle impair. σ s’écrit donc comme un produit de cycles impairs, et d’un nombre
pair de transpositions.
Ces transpositions sont toutes à support disjoints (les cycles d’où elles viennent sont à supports
disjoints), on peut les regrouper par 2. Mais, si a, b, c et d sont des éléments différents de J1, nK, alors
(a b)(c d) = (c b d)(a c b).
Pour les cycles impairs, il suffit d’écrire :
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Preuve. Les inclusions réciproques sont faciles. Pour les inclusions directes, dans les deux cas, il n’y a
qu’à travailler sur les 3-cycles, et utiliser le lemme 11.
Si σ est un 3-cycle, alors σ et σ sont conjugués dans An . En effet, si σ = (a b c), alors σ 2 = (a c b) =
−1
(d e)(b c)(a b c) ((d e)(b c)) , en prenant e et d différents des a, b, c, car n > 5. On a donc µ ∈ An
vérifiant :
σ 2 = µσµ−1 ,
σ = µσµ−1 σ −1 ,
σ = [σ, µ] ∈ Comm(An ) ⊂ D(An ).
Proposition 13.
Si n ≥ 5, alors les groupes An et Sn ne sont pas résolubles.
Preuve. Les dérivés successifs stagnent à An .
Définissons par récurrence une suite (δn )n≥0 de fonctions de la manière suivante : δ0 est l’identité de
n+1
G et, si n ∈ N et (g1 , . . . , g2n+1 ) ∈ G2 ,
δn+1 (g1 , . . . , g2n+1 ) = [δn (g1 , . . . , g2n ) , δn (g2n +1 , . . . , g2n+1 )]
On a alors le lemme suivant.
Lemme 12. Soit n ∈ N. Alors :
n
(i) Dn (G) est le sous-groupe de G engendré par les δn (g1 , . . . , g2n ) pour (g1 , . . . , g2n ) dans G2 .
(ii) En particulier, G est résoluble et d(G) ≤ n si et seulement si la fonction δn est identiquement
égale à e.
Preuve. Ce résultat se démontre par récurrence sur n à partir du lemme suivant :
Lemme 13.
(i) Soient g, h, k des éléments de G. Alors :
[g, h]−1 = [h, g], [gh, k] = [h, k]g [g, k], [h, k]g = [hg , k g ].
D(hXi) = hComm(X)i.
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Ce calcul ramène à un produit entre deux commutateurs faisant chacun intervenir strictement moins
d’éléments de X qu’au départ. On est donc ramené par récurrence au cas de base (r, s) = (1, 1), qui
correspond exactement à un commutateur d’éléments de X. Ainsi, c ∈ hComm(X)i. Ainsi, tous les
commutateurs d’éléments de hXi sont dans hComm(X)i, donc, puisqu’ils engendrent par définition le
groupe D(hXi), on a bien l’inclusion directe.
– Pour l’inclusion réciproque, soit c ∈ Comm(X). Alors c = hg, h|, pour g et h dans X ⊂ hXi. Donc
c est un commutateur à éléments de hXi. Donc D(hXi) contient tout hComm(X)i, puisqu’il en contient
tous les générateurs.
– Pour (i), le résultat est vrai par définition pour n = 1, et pour n > 2, à supposer que le résultat soit
vrai pour n − 1, on note X l’image de δn−1 . Alors X est stable par conjugaison car si δn (g1 , . . . , g2n ) =
hδn (g1 , . . . , g2n−1 ), δn (g2n−1 +1 , . . . , g2n )| ∈ X, et g ∈ G, alors
g g
δn (g1 , . . . , g2n ) = hδn (g1 , . . . , g2n−1 ), δn (g2n−1 +1 , . . . , g2n )|
= hδn (g1 g , . . . , g2n−1 g ), δn (g2n−1 +1 g , . . . , g2n g )| ∈ X.
Le lemme 13 donne donc que D(hXi) = hComm(X)i. Mais l’hypothèse de récurrence donne déjà
hXi = Dn−1 (G). Mais aussi, le groupe engendré par l’image de δn est hComm(X)i. Cela montre l’hérédité.
– Pour (ii), si G est résoluble avec d(G) 6 n, alors Dn (G) = e, donc δn ne prend que la valeur e.
Réciproquement, si δn ne vaut jamais que e, alors le sous-groupe de G engendré par son image est le
groupe nul {e}, et donc Dn (G) = {e}.
Lemme 14.
ϕ
→ G0 est un morphisme de groupe, alors, pour tout (g1 , . . . , g2n ) ∈ G2 ,
n
Soit n ∈ N. Si G −
ϕ(δn (g1 , . . . , g2n )) = δn (ϕ(g1 ), . . . , ϕ(g2n )).
Preuve. C’est vrai pour n = 0 car δ0 = idG . Si c’est vrai pour n ∈ N, alors :
n+1
Pour (g1 , . . . , g2n+1 ) ∈ G2 ,
Lemme 15.
ϕ
→ G0 est un morphisme de groupe, alors :
Si G −
∀n ∈ N, Dn (H) ⊂ Dn (G),
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Preuve.
– Le sens direct correspond au lemme 16.
s
– Si d(H) = r et d(G/H) = s, alors, comme πG,H est un morphisme, pour tout (g1 , . . . , g2s ) ∈ G2 ,
δs (g1 , . . . , g2s ) = δs (g1 , . . . , g2s ) = e. Donc δs (g1 , . . . , g2s ) ∈ H. Ce qui veut dire que Ds (G) ⊂ H. Alors,
Ds+r (G) ⊂ Dr (H) = {e}. Donc G est résoluble et d(G) 6 r + s = d(H) + d(G/H).
Preuve. L’extension est galoisienne car elle est le corps de décomposition de X n − a sur K. Pour
σ ∈ Gal(K(α)/K), σ(α) est une racine de X n − a, donc est dans α · Un (Ω). Donc σ(α) s’écrit εα, avec
ε ∈ Un (Ω). Cette action multiplicative sur α, et le fait que Un (Ω) soit fixe par le groupe de Galois, se
traduisent dans ce morphisme :
ϕ: Gal(K(α)/K) −→ Un (Ω)
σ(α) .
σ 7−→ α
ϕ est injective, ce qui donne que Gal(K(α)/K) est isomorphe à un sous-groupe d’un groupe cyclique,
donc cyclique lui-même. Son ordre divise n par le théorème de Lagrange.
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×
est aussi générateur de Un (Ω). Donc φ(σ(ε)) est dans (Z/nZ) . L’action de σ sur ε est en particulier une
exponentiation. On pose dès lors :
×
ψ: Gal(K(ε)/K) −→ (Z/nZ)
.
σ 7−→ φ(σ(ε))
Si σ1 , σ2 ∈ Gal(K(ε)/K), alors ψ(σ1 σ2 ) = φ((σ1 σ2 )(ε)) = φ(σ1 (σ2 (ε))). On pose j1 , j2 ∈ Z tels que
σ1 (ε) = εj1 et σ2 (ε) = εj2 . Donc ψ(σ1 σ2 ) = ψ(εj1 j2 ) = j1 · j2 = ψ(εj1 )ψ(εj2 ) = ψ(σ1 )ψ(σ2 ).
φ est injective, car si φ(σ) = 1̄, c’est que σ(ε) = ε, donc, comme ε engendre l’extension, cela signifie
que σ est l’identité.
On peut le voir comme une équation d’inconnue T , dont les racines sont les Xi : c’est un polynôme de
KX [T ], où KX = K(X1 , . . . , Xn ). Les formules de Viète donnent que les coefficients de P sont exactement
les polynômes symétriques élémentaires, donc P est à coefficients dans KΣ [T ], où KΣ = K(Σ1 , . . . , Σn ).
On remarque alors que KX = DKΣ (P ).
Proposition 16.
Gal(KX /KΣ ) = GalKΣ (P ) ' Sn .
Preuve. Si σ ∈ Sn , alors σ est l’action sur les racines de P de l’un des éléments de Gal(KX /KΣ ). En
effet, si Q(X1 , . . . , Xn ) ∈ KX (pour Q ∈ K[X]), alors on peut poser
Cela définit bien une fonction de KX dans lui-même, qui est en fait un automorphisme de corps. On
note qu’alors, σ fixe les éléments de KΣ , donc est dans le groupe de Galois.
3 Équations résolubles
3.1 La condition nécessaire de résolubilité
Définition 16. Résolubilité d’une extension
On dit qu’une extension finie L/K est résoluble par radicaux quand il existe r ∈ N, n1 , . . . , nr ∈ N∗ ,
et a1 , . . . , ar ∈ Ω tels que :
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il suffit donc de montrer que Gal(M(ε)/K) est résoluble (lemme 16). Mais, de plus,
Ce quotient étant résoluble car abélien (extension cyclotomique), il n’y a qu’à montrer que
Gal(M(ε)/K(ε)) est résoluble, et appliquer le théorème 8. Pour ce faire, on pose :
Comme Kr /K0 est galoisienne, il en est de même des extensions Kr /Ki , pour tout 0 ≤ i ≤ r. Soit,
pour 1 6 i 6 r, bi := ani i , élément de Ki−1 . On remarque alors que :
La proposition 14 assure donc que les Ki /Ki−1 sont abéliennes. On prouve par récurrence descendante
que ∀i ∈ J0, rK, Gal(Kr /Ki ) est résoluble.
– L’initialisation se fait à i = r.
– L’hérédité se fait en écrivant, si i > 0 :
ce qui permet d’utiliser le théorème 8, et obtenir que Gal(Kr /Ki ) est résoluble.
Mais le cas i = 0 est la résolubilité recherchée.
Conclusion
Il n’y a donc pas de méthode générale. Pire encore : il existe même des polynômes non résolubles par
radicaux.
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