CHAPITRE 0
DIAGONALISATION DES ENDOMORPHISMES
EN DIMENSION FINIE
Soit n ∈ N∗ , K = R ou C, E un K-e.v. de dimension n et B = (e i )i ∈[[1,n]] une base de E.
I D ÉFINITIONS ET NOTIONS DE BASE
I.1 R APPELS D ’A LGÈBRE LINÉAIRE
Rappel 0.1. Espace vectoriel
Un espace vectoriel E sur un corps K (ou K-e.v. E), noté (E, +, ·) ou par abus de langage simplement E, est un ensemble
E muni d’une loi interne + : E2 −→ E et d’une loi externe · : K × E −→ E telles que
i. (E, +) est un groupe abélien, i.e., pour tout x, y, z ∈ E,
• Associativité. (x + y) + z = x + (y + z). • Élément neutre. 0 + x = x + 0 = x.
• Commutativité. x + y = y + x. • Opposé. x + (−x) = (−x) + x = 0.
ii. Pour tout x, y ∈ E et tout λ, µ ∈ K,
• Distributivités. λ · (x + y) = λ · x + λ · y. • Associativité mixte. (λµ) · x = λ · (µ · x).
(λ + µ) · x = λ · x + µ · x. • Élément neutre. 1 · x = x.
Par souci de concision, le symbole “ · ” pourra être omis.
Rappel 0.2. Endomorphisme
Une application f : E −→ E est un endomorphisme sur E, si, pour tout x, y ∈ E et tout λ ∈ R,
i. f (x + y) = f (x) + f (y). ii. f (λx) = λ f (x).
Rappel 0.3. Espace des endomorphismes
L’ensemble des endomorphismes sur E, noté L (E), est un K-e.v. pour les lois usuelles définies, pour tout f , g ∈ L (E)
et tout λ ∈ K, par
∀x ∈ E, ( f + g )(x) = f (x) + g (x) et (λ f )(x) = λ f (x).
Rappel 0.4. Matrice d’un endomorphisme
Soit f ∈ L (E). La matrice M = (m i j )i , j ∈[[1,n]], dont les coefficients sont définis, pour tout j ∈ [[1, n]], par
X
n
f (e j ) = mi j e i ,
i =1
est nommée matrice de l’endomorphisme f dans la base B et notée M = MatB ( f ).
Chapitre 0. D IAGONALISATION DES ENDOMORPHISMES EN DIMENSION FINIE A LGÈBRE 3
Rappel 0.5. Endomorphisme en dimension finie
n
P n
P
Soit f ∈ L (E) et M sa matrice dans la base B. Alors, pour tout x = x i e i tels que y = f (x) = y i e i ∈ E,
i =1 i =1
x1 y1
.. ..
Y = M X , où X = . et Y = . .
xn yn
Rappel 0.6. Matrice de passage – Changement de base
Soit B ′ = (e i′ )i ∈[[1,n]] une autre base de E et f ∈ L (E).
i. La matrice P = (p i j )i , j ∈[[1,n]] ∈ Gl n (K), dont les coefficients sont définis, pour i ∈ [[1, n]], par
X
n
e i′ = pi j e j ,
j =1
est nommée matrice de passage de la base B vers la base B ′ .
P
n P
n
ii. Soit x = xi e i = x i′ e i′ ∈ E. Notons X et X ′ les matrices respectives de l’élément x (cf. Rappel 0.5.). Alors,
i =1 i =1
X = P X ′ et X ′ = P −1 X .
iii. Notons M et M ′ les matrices respectives de l’endomorphisme f dans les bases B et B ′ . Alors,
M ′ = P −1 M P.
Les matrices M et M ′ sont dites semblables.
Rappel 0.7. Déterminant et trace d’une matrice ou d’un endomorphisme
¡ ¢ ¡ ¢
Sous les notations du Rappel 0.6, det(M ) = det M ′ et tr(M ) = tr M ′ . En particulier, le déterminant et la trace d’une
matrice représentant un endomorphisme ne dépendent pas du choix de la base. Ce sont des invariants.
¡ ¢ ¡ ¢ ¡ ¢ ¡ ¢
Ainsi, définissons le déterminant et la trace de l’endomorphisme f par det f = det M f et tr f = tr Mf , où M f est
une matrice représentant l’endomorphisme f dans une base B e quelconque de E.
I.2 M OTIVATIONS POUR LES MÉTHODES DE RÉDUCTION
Les méthodes de réduction, la diagonalisation que nous étudierons en détails (cf. PARTIE II.) ou la trigonalisation
que nous nous contenterons d’évoquer de manière superficielle (cf. PARTIE III.2.), sont des outils indispensables à
la résolution de problèmes de systèmes dynamiques. Donnons deux exemples décontextualisés.
µ ¶ µ ¶
1 2 1 1
Soit M = , D = diag(3, −1) et P = . Alors, il est immédiat de vérifier que
2 1 1 −1
M = P DP −1 .
Exemple 0.0. Suites récurrentes couplées
Soit (u n )n∈N et (v n )n∈N les suites définies par les termes initiaux u 0 , v 0 ∈ R et les relations de récurrence couplées
(
u n+1 = u n + 2v n
.
v n+1 = 2u n + v n
µ ¶
un
Posons, pour tout n ∈ N, Un = . Alors, pour tout n ∈ N,
vn
( 3n [u0 +v 0 ]+(−1)n [u0 −v 0 ]
un = 2
3n [u0 +v 0 ]−(−1)n [u0 −v 0 ] .
vn = 2
2
I2 I. D ÉFINITIONS ET NOTIONS DE BASE
Exemple 0.0.bis Système différentiel couplé
Soit le système différentiel couplé
(
y 1′ = y 1 + 2y 2
.
y 2′ = 2y 1 + y 2
Alors, pour tout x ∈ R, (
y 1 (x) = λ1 e3x + λ2 e−x
(λ1 , λ2 ∈ R).
y 2 (x) = λ1 e3x − λ2 e−x
I.3 É LÉMENTS PROPRES D ’ UN ENDOMORPHISME
Supposons, uniquement dans cette partie, que l’e.v. E est de dimension quelconque, éventuellement infinie.
Soit f ∈ L (E).
Définition 0.1. Valeur propre – Vecteur propre
Un scalaire λ est nommé valeur propre de l’endomorphisme f , si l’application f − λ idE n’est pas injective sur E,
i.e. s’il existe un élément x ∈ E à {0}, nommé vecteur propre associée à la valeur propre λ, tel que f (x) = λx.
¡ ¢
L’ensemble des valeurs propres de l’endomorphisme f , noté spec f , est nommé spectre.
Attention !
Par définition, un vecteur propre est un élément non nul de E.
Définition 0.1.bis Caractérisations équivalentes
Un scalaire λ est une valeur propre de l’endomorphisme f , ssi l’endomorphisme f − λidE n’est pas injectif, ssi
¡ ¢
ker f − λidE 6= {0}.
Exemples 0.1.
i. Soit E = K3 et l’endomorphisme f définie sur E par f (x, y, z) = (2x + y + z, x + 2y + z, x + y + 2z).
Alors, l’élément (1, 1, 1) est un vecteur propre de l’endomorphisme f , associé à la valeur propre 4.
ii. Soit E = C ∞ (R, K) et ∆ l’endomorphisme de dérivation.
Alors, tout scalaire λ est valeur propre de l’endomorphisme ∆.
De plus, d’après la Théorie des équations différentielles (cf. A NALYSE 3 – STH1), Eλ = {t 7−→ µeλt , µ ∈ K}.
iii. Soit E = K[X ] et ∆ l’endomorphisme de dérivation. Alors, 0 est l’unique valeur propre de l’endomorphisme ∆.
De plus, E0 = {P ∈ K[X ] constant} = {P ∈ K[X ] | deg(P ) ≤ 0}.
Proposition 0.1. Espace propre
Soit λ une valeur propre de l’endomorphisme f . Alors, l’ensemble des vecteurs propres de l’endomorphisme f ,
¡ ¢
associé à la valeur propre λ, noté Eλ = ker f − λ idE , et nommé espace propre associé à la valeur propre λ, est
un s.e.v. stable par l’endomorphisme f .
Remarque 0.1. Éléments propres d’une matrice carrée
Soit E = Kn .
Alors, l’ensemble des endomorphismes sur E coïncident avec Mn (K), l’ensemble des matrices carrées de taille n.
Ainsi, il est immédiat de définir de manière analogue les notions de valeur propre, donc de spectre, de vecteur propre
et d’espace propre d’une matrice M ∈ Mn (K).
Cela sera aussi le cas pour la notion de polynôme caractéristique (cf. PARTIE I.4.).
3
Chapitre 0. D IAGONALISATION DES ENDOMORPHISMES EN DIMENSION FINIE A LGÈBRE 3
Théorème 0.1. Somme directe d’espaces propres
Soit p ∈ N∗ et (λi )i ∈[[1,p]] les valeurs de l’endomorphisme f , supposées deux à deux distinctes.
Alors, les espaces propres (Eλi )i ∈[[1,p]] sont en somme directe.
Corollaire 0.1. Vecteurs propres & Indépendance linéaire
Soit, sous les notations du Théorème 0.1., F = (x i )i ∈[[1,p]] une famille de vecteurs propres respectivement
associés aux valeurs propres (λi )i ∈[[1,p]] . Alors, la famille F est libre.
I.4 É TUDE EN DIMENSION FINIE
Soit f ∈ L (E).
Définition 0.2. Polynôme caractéristique
Le polynôme χ f ∈ K[T ], défini par
¡ ¢
χ f = det f − T idE ,
est nommé polynôme caractéristique de l’endomorphisme f .
Proposition 0.2. Caractérisation des valeurs propres
Un scalaire λ est une valeur propre de l’endomorphisme f , ssi il est une racine du polynôme caractéristique χ f ,
i.e.
χ f (λ) = 0.
Corollaire 0.2. Cas des matrices semblables
Deux matrices semblables possèdent le même polynôme caractéristique, donc le même spectre.
Remarques 0.2.
• Soit E un C-e.v. Alors, tout endomorphisme sur E admet n valeurs propres, éventuellement égales, puisque son
polynôme caractéristique admet n racines, éventuellement égales.
En particulier, tout endomorphisme sur E admet au moins une valeur propre.
µ¶
2 0 1
• Sur un R-e.v., la proposition précédente est mise en défaut. Soit E = R et M = .
−1 0
Alors, il est immédiat de montrer que χM = T 2 + 1, qui n’admet pas de racine réelle.
Lemme 0.1. Expression développée du polynôme caractéristique
Le polynôme caractéristique χ f est donné par l’expression développée
¡ ¢ ¡ ¢
χ f = (−T )n + tr f (−T )n−1 + · · · + det f .
¡ ¢
En particulier, deg χ f = n.
Définition 0.3. Ordre de multiplicité d’une valeur propre
L’ordre de multiplicité d’une valeur propre λ de l’endomorphisme f , notée n λ , est le nombre entier naturel
comptant le nombre de facteurs de la forme T −λ dans le développement en facteurs irréductibles du polynôme
caractéristique χ f .
4
I2 II. D IAGONALISATION DES ENDOMORPHISMES
Définition 0.3.bis Valeur propre simple
Une valeur propre λ de l’endomorphisme f est dite simple, si n λ = 1.
Lemme 0.1.bis Expression factorisée du polynôme caractéristique
Soit p ∈ N∗ et (λi )i ∈[[1,p]] les valeurs propres complexes de l’endomorphisme f , supposées deux à deux distinctes.
Alors, le polynôme caractéristique χ f est donné par l’expression factorisée
p
Y
χ f = (−1)n (T − λi )nλi .
i =1
Lemme 0.2. Polynôme caractéristique & Stabilité
Soit F ⊆ E un s.e.v. stable par l’endomorphisme f tel que F 6= {0} et g = f |F ∈ L (F) sa restriction sur F.
Alors, le polynôme caractéristique χg divise le polynôme caractéristique χ f .
Proposition 0.3. Ordre de multiplicité & Dimension d’un espace propre
Soit λ une valeur propre de l’endomorphisme f , d’ordre de multiplicité n λ . Alors, 1 ≤ dim(Eλ ) ≤ n λ .
Proposition 0.3.bis Valeur propre simple & Dimension d’un espace propre
Soit λ une valeur propre simple de l’endomorphisme f . Alors, dim(Eλ ) = 1.
II D IAGONALISATION DES ENDOMORPHISMES
II.1 C ONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES
Soit f ∈ L (E).
Définition 0.4. Endomorphisme diagonalisable
L’endomorphisme f est dit diagonalisable (sur K), s’il existe une base de E, composée de vecteurs propres.
Théorème 0.2. Caractérisation des endomorphismes diagonalisables
Soit p ∈ N∗ et (λi )i ∈[[1,p]] les valeurs propres de l’endomorphisme f , supposées deux à deux distinctes.
Alors, les assertions suivantes sont équivalentes.
i. L’endomorphisme f est diagonalisable.
ii. Il existe une base de E dans laquelle sa matrice est diagonale. De plus, quitte à en réordonner les éléments,
il est toujours possible de ramener cette dernière à la matrice diagonale
¡ ¢
D = diag λ1 , · · · , λ1 , · · · , λp , · · · , λp .
| {z } | {z }
nλ1 fois nλp fois
iii. Le polynôme caractéristique χ f est scindé sur K. Plus précisément, il est donné par l’expression factorisée
p
Y
χ f = (−1)n (T − λi )nλi .
i =1
5
Chapitre 0. D IAGONALISATION DES ENDOMORPHISMES EN DIMENSION FINIE A LGÈBRE 3
¡ ¢
De plus, pour tout i ∈ [[1, p]], n λi = dim Eλi .
p
P
p
iv. E = ⊕i =1 Eλi , ou de manière équivalente n = n λi .
i =1
Remarques 0.3.
• Le problème général de la diagonalisation des endomorphismes est difficile en pratique, et ce même si le
spectre est connu. C’est la raison pour laquelle le Théorème 0.2. est indispensable.
À ce propos, l’A NNEXE A présente de manière exhaustive la diagonalisation des endomorphismes à deux valeurs
propres distinctes, et l’illustre sur le cas particulier, que constitue projections et symétries.
• Tous les endomorphismes ne sont pas diagonalisables. Bien entendu, un endomorphisme sur un R-e.v., qui ne
possède pas de valeur propre en est un exemple (cf. Remarques 0.2), mais par trop trivial !
µ ¶
2 1 1
• Un exemple plus fondamental d’un point de vue théorique peu être exhibé. Soit E = K et M = .
0 1
Alors, l’endomorphisme f , représenté dans la base B par la matrice M , n’est pas diagonalisable.
Théorème 0.2.bis Endomorphisme à valeurs propres simples
Supposons que l’endomorphisme f admet n valeurs propres simples, i.e., sous les notations du Théorème 0.2.,
p = n et pour tout i ∈ [[1, n]], n λi = 1. Alors, l’endomorphisme f est diagonalisable.
Corollaire 0.3. Déterminant & Trace d’un endomorphisme diagonalisable
Supposons que l’endomorphisme f est diagonalisable. Alors,
i. Le déterminant de l’endomorphisme f est le produit de ses valeurs propres.
ii. La trace de l’endomorphisme f est la somme de ses valeurs propres.
Plus précisément, sous les notations du Théorème 0.2.,
¡ ¢ Yp ¡ ¢ Xp
nλ
det f = λi i et tr f = n λi λi .
i =1 i =1
Attention !
En dehors des Théorèmes 0.2. et 0.2.bis, il n’existe qu’un seul autre résultat général, nommé Théorème spectral,
permettant de conclure quant à la diagonalisabilité d’un endomorphisme. Il concerne tout particulièrement (mais
pas que !) ceux, dont la matrice dans une base donnée, est symétrique (cf. C HAPITRE 3 – E NDOMORPHISME ADJOINT
– E NDOMORPHISME AUTO - ADJOINT ).
Cela implique que la méthode de diagonalisation d’un endomorphisme, ou de manière équivalente, de sa matrice
dans une base donnée, est triviale d’un point de vue théorique. Elle se résume en effet à un problème calculatoire,
consistant à déterminer les valeurs propres, puis les espaces propres associés, afin de comparer l’ordre de multiplicité
des unes à la dimension des autres (cf. Exemple 0.2).
II.2 C AS DES MATRICES CARRÉES
Soit M ∈ Mn (K).
Remarque 0.4. Diagonalisation des matrices carrées
Comme souligné à la Remarque 0.1, considérant l’e.v. E = Kn , il est immédiat de définir de manière analogue la
notion de diagonalisation de la matrice M . Ce qui conduit en particulier à la définition suivante.
6
I2 III. C OMPLÉMENTS
Définition 0.4.bis Matrice diagonalisable
La matrice M est dite diagonalisable (sur K), si elle est semblable à une matrice diagonale, i.e. s’il existe une
matrice P ∈ Gl n (K) et une matrice diagonale D ∈ Mn (K) telles que
D = P −1 M P.
Exemple 0.2.
2 0 1
Soit M = 1 1 1 . Alors, la matrice M est diagonalisable.
−2 0 −1
III C OMPLÉMENTS
III.1 D IAGONALISATION SIMULTANÉE
Soit f , g ∈ L (E) et M , N ∈ Mn (K).
Définition 0.5. Endomorphismes codiagonalisables
Les endomorphismes f et g sont dits codiagonalisables (sur K), s’ils sont diagonalisables (sur K) dans une base
commune de E.
Définition 0.5.bis Matrices codiagonalisables
Les matrices M et N est dites codiagonalisables (sur K), si elles sont diagonalisables (sur K) dans une base
commune de E, i.e. s’il existe une matrice P ∈ Gl n (K) et deux matrices diagonales D, D ′ ∈ Mn (K) telles que
D = P −1 M P et D ′ = P −1 N P.
Remarque 0.5.
• L’introduction de la notion de codiagonalisabilité émerge de la problématique consistant à s’interroger sur la
stabilité de la notion de diagonalisabilité sous les opérations algébriques usuelles + ou ◦ sur L (E).
µ ¶ µ ¶
1 1 0 1
• Illustrons cela sur l’exemple suivant. Soit E = K2 , M = et N = .
0 0 0 1
Alors, d’après le Théorème 0.2.bis, les endomorphismes f et g , représentés respectivement par les matrices M
et N dans la base B, sont diagonalisables, puisque leurs deux valeurs 0 et 1 sont simples.
En revanche, raisonnant de manière analogue à l’exemple présenté aux Remarques 0.3, les endomorphismes
µ ¶ µ ¶
1 2 0 2
f + g et f ◦ g , représentés respectivement par les matrices M + N = et M N = dans la base B, ne
0 1 0 0
sont pas diagonalisables.
Proposition 0.4. Commutativité & Stabilité
Supposons que les endomorphismes f et g commutent sur E, i.e. f ◦ g = g ◦ f sur E. Alors,
i. Tout espace propre de l’endomorphisme f est stable par l’endomorphisme g .
¡ ¢
ii. Le s.e.v. im f est stable par l’endomorphisme g .
7
Chapitre 0. D IAGONALISATION DES ENDOMORPHISMES EN DIMENSION FINIE A LGÈBRE 3
Lemme 0.3. Diagonalisation & Stabilité (Admis)
Supposons que l’endomorphisme f est diagonalisable.
Soit F ⊆ E un s.e.v. stable par l’endomorphisme f et g = f |F ∈ L (F) sa restriction sur F. .
Alors, l’endomorphisme g est diagonalisable.
Théorème 0.3. Caractérisation des endomorphismes codiagonalisables
Les endomorphismes f et g sont codiagonalisables, ssi ils sont diagonalisables et commutent sur E.
Théorème 0.3.bis Codiagonalisation & Opérations algébriques
Supposons que les endomorphismes f et g sont codiagonalisables.
Alors, les endomorphismes f + g et f ◦ g le sont aussi.
III.2 T RIGONALISATION DES ENDOMORPHISMES ET CONSÉQUENCES
Soit f ∈ L (E) et M ∈ Mn (K).
Définition 0.6. Endomorphisme trigonalisable
L’endomorphisme f est dit trigonalisable (sur K), s’il existe une base de E, dans laquelle la matrice de l’endo-
morphisme f est triangulaire supérieure.
Définition 0.6.bis Matrice trigonalisable
La matrice M est dite trigonalisable (sur K), si elle est semblable à une matrice triangulaire supérieure, i.e. s’il
existe une matrice P ∈ Gl n (K) et une matrice triangulaire supérieure T ∈ Mn (K) telles que
T = P −1 M P.
Remarque 0.6.
Comme mentionné aux Remarques 0.3, tous les endomorphismes ne sont pas diagonalisables. De ce point de vue,
la notion de trigonalisation fournit une alternative de réduction plus faible, s’appliquant donc à une gamme d’endo-
morphismes plus large, pour ne pas dire universelle, dont l’aboutissement est présenté aux Théorèmes 0.4. et 0.5.
La théorie de la trigonalisation des endomorphismes s’écrit de manière analogue à celle de la diagonalisation, no-
tamment la cotrigonalisation sur laquelle nous nous étendrons pas.
Nous nous contenterons ici d’énoncer les résultats fondamentaux suivants.
Théorème 0.4. Caractérisation des endomorphismes trigonalisables (Admis)
L’endomorphisme f est trigonalisable, ssi son polynôme caractéristique χ f est scindé sur K.
Théorème 0.4.bis Endomorphisme trigonalisable (K = C)
Tout endomorphisme est trigonalisable sur C.
Il est possible d’expliciter la forme de la matrice triangulaire supérieure introduite aux Définitions 0.6. et 0.6.bis.
Cela nécessite l’introduction de blocs élémentaires de la forme suivante.
8
I2 III. C OMPLÉMENTS
Définition 0.7. Bloc de Jordan
La matrice carrée
λ 1 0 ··· 0 0 1 0 ··· 0
.. .. .. .. . .. .. .. ..
0 . . . . .. . . . .
. .. .. .. . .. ..
J λ,p = λI p + N p =
.. . . .
0 ∈ Mp (K), où N p =
.. . .
0 ∈ Mp (K),
. .
. .. .. . ..
. . . 1 . . 1
0 ··· ··· 0 λ 0 ··· ··· ··· 0
est nommée bloc de Jordan de taille p ∈ N∗ , associé à la valeur propre λ.
p
La matrice N p est dite nilpotente, indice p, i.e. N p = 0.
Théorème 0.5. Réduction de Jordan (Admis)
Il existe P ∈ G l n (K) telle que
J1 0 ··· 0
.. .. ..
0 . . .
−1
P MP = J = .. ,
.. ..
. . . 0
0 ··· 0 Jr
où, pour tout i ∈ [[1, r ]], la matrice J i est un bloc de Jordan associé à une valeur propre de la matrice M . De plus,
i. La matrice J , nommée réduite de Jordan de la matrice M , est unique à permutation des blocs près.
ii. Le nombre de blocs de Jordan associés à une même valeur propre λ (mais de taille éventuellement diffé-
rente) est donné par la dimension de l’espace propre associé.
iii. La somme des tailles des blocs de Jordan associés à une même valeur propre λ est donnée par son ordre
de multiplicité.
Corollaire 0.4. Déterminant & Trace d’un endomorphisme trigonalisable
Les résultats donnés au Corollaire 0.3. s’étendent au cas d’un endomorphisme trigonalisable.
9
ANNEXE A
PROJECTIONS ET SYMÉTRIES : CAS GÉNÉRAL
Soit F, G ⊆ E deux s.e.v. supplémentaires, i.e. E = F ⊕ G, et f ∈ L (E).
I E NDOMORPHISME DIAGONALISABLE À DEUX VALEURS PROPRES DISTINCTES
Supposons que l’endomorphisme f ne possède que deux valeurs propres distinctes.
Théorème A.1. Condition de diagonalisabilité
Soit λ, µ ∈ K les deux valeurs propres de l’endomorphisme f , supposées distinctes.
Alors, les assertions suivantes sont équivalentes.
i. L’endomorphisme f est diagonalisable.
ii. E = Eλ ⊕ Eµ .
iii. ( f − λidE ) ◦ ( f − µidE ) = ( f − µidE ) ◦ ( f − λidE ) = 0 sur E.
II P ROJECTION
Définition A.1. Projection sur un s.e.v. parallèlement à un supplémentaire
Notant, pour tout x ∈ E, l’unique couple (x F , x G ) ∈ F × G tel que x = x F + x G , la projection sur F, parallèlement à G,
est l’application πF : E −→ F définie par πF (x) = x F .
Proposition A.1.
L’application πF : E −→ E est un endomorphisme sur E.
Théorème A.2.
Les assertions suivantes sont équivalentes.
i. L’endomorphisme f est une projection sur E.
ii. E = E1 ⊕ E0 .
iii. L’endomorphisme f est idempotent sur E, i.e. f 2 = f sur E.
11
Annexe A. Projections et symétries : cas général A LGÈBRE 3
III S YMÉTRIE
Définition A.2. Symétrie par rapport à un s.e.v. parallèlement à un supplémentaire
La symétrie par rapport à F, parallèlement à G, est l’application σF : E −→ F définie par σF = πF − πG .
Proposition A.2.
L’application σF : E −→ E est un endomorphisme sur E.
Théorème A.3.
Les assertions suivantes sont équivalentes.
i. L’endomorphisme f est une symétrie sur E.
ii. E = E−1 ⊕ E1 .
iii. L’endomorphisme f est involutive sur E, i.e. f 2 = idE sur E.
12