100% ont trouvé ce document utile (4 votes)
2K vues536 pages

Exercices D'analyse

this belongs to me

Transféré par

Ogban Traore
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
100% ont trouvé ce document utile (4 votes)
2K vues536 pages

Exercices D'analyse

this belongs to me

Transféré par

Ogban Traore
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Vous êtes sur la page 1/ 536

Exercices

d’analyse

© RÉSUMÉS DE COURS
© MÉTHODES
© 3 NIVEAUX D’EXERCICES :
î • apprentissage
• entraînement
i • approfondissement
© CORRIGÉS DÉTAILLÉS
; PAS À PAS
I ________ _________
Pour toute inform^Mon sur notre fonds et les nouveautés darfs votre domaine
de spécialisation/ consultez notre site web : www.deb6efcksuperieO£cOiTï

© De Boeck Supérieur s.a., 2017 1èr® édition, 2017


Rue du Bosquet, 7 B-1348 Louvain-la-Neuve 1er tirage, 2017

Tous droits réservés pour tous pays.


Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par pho­
tocopie) partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque
de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière
que ce soit.

Imprimé aux Pays-Bas.

Dépôt légal :
La pratique d’exercices est essentielle à l’apprentissage du cours de mathématiques : il
n’est pas de meilleure façon de mémoriser et de comprendre un théorème que d’en faire
usage !
Cet ouvrage regroupe sur 11 chapitres 316 exercices portant sur le programme d’analyse
en classe MP. Il vient compléter l’ouvrage d'algèbre et probabilités que l’on retrouvera
dans la même collection.
Chaque chapitre commence par un rappel des principales définitions et des résultats
essentiels du cours. Il se poursuit avec des exercices aux corrigés détaillés regroupés sur
trois niveaux :
— Les exercices d'apprentissage servent à l’acquisition des concepts fondamentaux du
cours. Ce sont souvent des sujets faciles où j’ai choisi volontairement de ne faire
figurer que peu de technicité.
— Les exercices d’entraînement permettent de poursuivre l’acquisition du cours, trois
niveaux d’étoiles servent à anticiper leur difficulté. Ces sujets ont été choisis pour
leur intérêt, leur classicisme ou ont été inspirés par des questions rencontrées aux
écrits et aux oraux des différents concours.
— Les exercices d’approfondissement sont les plus ambitieux, ils nécessitent souvent de
passer par une phase de recherche ou entrent en résonance avec d’autres chapitres
du programme. Ces sujets sont inspirés de questions rencontrées aux concours les
plus ambitieux.
Les corrections des exercices sont accompagnées de méthodes. Celles-ci servent à souligner
les idées récurrentes ou bien à mettre en exergue la démarche qui va être suivie pour
résoudre la question posée. Le lecteur pourra prendre appui sur celles-ci pour amorcer
une résolution ou pour reprendre la main lors de sa lecture d’une correction. Afin d’aider
le lecteur dans son étude, il est fait référence aux théorèmes utilisés lors de leurs premiers
usages. Les notes de bas de pages complètent les résolutions en présentant des démarches
alternatives ou font le lien avec d’autres sujets présents dans l’ouvrage.
Je remercie vivement Olivier Rodot d’avoir initié ce projet, François Pantigny pour
son expertise TeXnique et Sébastien Marcotte pour sa relecture attentive ainsi que les
compléments apportés.
Je dédicace cet ouvrage à mon fils Pierre.

David Delaunay
CHAPITRE 1

Compléments sur les séries numériques

1.1 Convergence
(un)n^no désigne une suite de nombres réels ou complexes définie à partir d’un rang no
entier naturel.

1.1.1 Séries numériques


Définition
On appelle série de terme général un la suite (<Sn)n^no avec
n
5*71 — Uk-
k=no

Cette série est notée (ZLun)n>no? Un ou simplement


Le terme Sn est appelé somme partielle de rang n de cette série.
Sans perte de généralité, on suppose pour la suite no = 0 (quitte à poser nuis les premiers
termes de la suite un).
Définition
On dit que la série de terme général un converge lorsqu’il y a convergence de la
suite (Sn) de ses sommes partielles. On peut alors introduire la somme de la série
+oo N
un = lim 5”^ un.
E
n=0
N—>+oo z—*
n=0
□ Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

Lorsqu’une série est à termes positifs, il y a croissance de la suite des sommes partielles.
Soit celles-ci sont majorées et la série converge, soit elles ne sont pas majorées et les
sommes partielles croissent vers l’infini. Il est alors possible de déterminer la nature de
séries à termes positifs par argument de comparaison :
0 un vn et vn converge => un converge
un ~ un et vn 0 => > un et / vn ont même nature.
n—>+oo ' 2-—'
On compare souvent aux séries de Riemann dont la nature est connue. Pour tout a réel :

converge <=> a > 1.

Définition
Lorsque la série 52 un converge, on peut introduire son reste de rang n défini par

fc=n+l
Ce reste tend vers 0 lorsque n tend vers l’infini.

1.1.2 Convergence absolue


Définition
On dit que la série de terme général un converge absolument lorsqu’il y a convergence
de la série des valeurs absolues (ou modules) 52 |un|.

Théorème 1
Si la série 52 un converge absolument alors celle-ci converge et

La convergence absolue permet d’obtenir la nature de séries numériques en raisonnant


par comparaison. Si 52 et 52 vn sont deux séries numériques vérifiant :

un — O(vn) et vn série à termes positifs convergente


n—>+oo
alors il y a convergence absolue (et donc convergence) de la série 52 un-

1.1.3 Critère de d’Alembert


Soit q un nombre complexe. Si |q| < 1, la série géométrique 52 Qn converge absolument
et
1.2 Étude asymptotique 5

Sinon, elle diverge grossièrement1.


En opérant une comparaison à une série géométrique, on obtient le critère suivant :

Théorème 2 (Règle de d'Alembert)


Soit une série numérique à termes non nuis à partir d’un certain rang. On
suppose :
^±1 ---- >£gR+U{+oo}.
Un n—>+oo
a) si l > 1 alors 52 wn diverge grossièrement ;
b) si l < 1 alors 52 un converge absolument.
Lorsque = 1 (ce qui est malheureusement très fréquent), on ne peut rien conclure. On
ne peut rien conclure non plus lorsque la limite définissant l n’existe pas.

1.1.4 Critère des séries alternées


Définition
Une suite réelle (un) est dite alternée lorsque

(Vn G N, un = (-l)n |un|) ou (Vn G N, un = (-l)n+1 |un|).

Une série réelle 52 un est dite alternée lorsque son terme général l’est.

Théorème 3 (Critère spécial des séries alternées)


Si 52 un est une série réelle alternée telle que |un| décroît vers 0 alors celle-ci converge. ;
De plus, le reste Rn est du signe du premier terme qui l’exprime et est borné pat
celui-ci en valeur absolue :
+oo
l-Rnl = H Uk pour tout n 0.
fc=n+l

Le signe de la somme S de la série est alors celui de son premier terme uq. Plus précisé­
ment, la somme est encadrée par les sommes partielles consécutives :
Sn C S C «Sn+i ou «Sn+i S Sn selon la parité de n.

1.2 Étude asymptotique


1.2.1 Comparaison série-intégrale
Soit no G N et une fonction f: [no ; +oo[ —> R continue par morceaux. Lorsque la fonc­
tion f est monotone, il est possible d’encadrer /(n) par les intégrales de f sur [n — 1 ; n]
et [n ; n + 1].
1. Il y a divergence grossière lorsque le terme général ne tend pas vers 0.
6 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

Par exemple, lorsque f est décroissante, on a

f(t) di < f(ri)

(la minoration valant pour n no, la majoration pour n no + 1 seulement).


En sommant ces encadrements, il est possible de proposer des encadrements pertinents
de sommes partielles ou de restes associés à la série 52 /(n). En particulier, on peut dé­
terminer des équivalents simples des sommes partielles des séries de Riemann divergentes
et des restes des séries de Riemann convergentes.
On peut aussi énoncer un résultat général :

Théorème 4
Si f: [0;-|-oo[ —> R+ est une fonction continue par morceaux et décroissante, il y a
convergence1 de la série de terme général

[ /(t)dt-f(n).

1.2.2 Sommation des relations de comparaison

Théorème 5 (Comparaison des restes)


Soit 52 un une série numérique et 52 vn une série à termes positifs convergente.
a) Si un — o(vn) alors la série 52 un converge et
4-oo / 4-QQ \
52 Uk °( 52 vfci-
< n—>4-oo \ •*-—< /
fc=n4-l \fc=n4-l /

b) Si un = O (un) alors la série 52 converge et


4-oo / 4-oo \
= o ( 52 Vk i-
n—>4-oo 1 z 1
fc=n4-l \fe=n4-l /

c) Si un ~ vn alors la série 52 un converge et


4-oo 4-oo

52 U* ~
n—>4-od <
Vk-
k=n4-l fc=n4-l

1. En particulier, on pourra dire au chapitre suivant que la série de terme général /(n) converge si,
et seulement si, f est intégrable sur R_|_.
1.3 Familles sommables

Cet outil permet d’estimer rapidement l’ordre de grandeur d’un reste de série convergente
et donc la rapidité de convergence de la série.

Théorème 6 (Comparaison des sommes partielles)


Soit 52 un une série numérique et 52 vn une série à termes positifs divergente.
a) Si Un — ô(yn) alors

b) Si un ~ vn alors
n n

Cet outil permet aussi un calcul rapide d’un ordre de grandeur. On peut encore énoncer
un résultat analogue pour une comparaison avec un O(.).

1.3 Familles sommables


1.3.1 Définition
Soit (Uî)igi une famille de nombres réels ou complexes indexée par un ensemble I fini ou
infini.
Définition
On dit que la famille (ajie/ est sommable lorsque les sommes des limitées aux
parties finies incluses dans I sont majorées :

BM G ®+, VF finie C Z, \a i I
i£F

On peut alors définir1 la somme de la famille notée 52îg/ ai'


Lorsque (cii)iez est une famille de réels positifs non sommable, on écrit

5"^ — +oo.
iel
Les familles finies sont assurément sommables.
Par construction, la somme d’une famille sommable ne dépend pas de « l’ordre » des
éléments de la famille. Si a est une permutation de I, la famille permutée (u<T(i))ie/ est

1. On commence par le cas où les a» sont des réels positifs en définissant la somme comme la borne
supérieure des sommes sur les parties finies. On étend aux familles de réels en raisonnant par les parties
positives a+ et négatives a~. On étend aux familles complexes en raisonnant par les parties réelle et
imaginaire.
8 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

sommable si, et seulement si, la famille initiale l’est. De plus, si tel est le cas, ces
deux familles ont la même somme :

57 0,1 = 57qMQ-
iel iel

Théorème 7
Si (ajie/ et {bi)iei sont deux familles sommables de nombres réels ou complexes
alors, pour tout scalaire À, les familles (Aai)igj et {ai + sont sommables et

^Xai = X^ai et 57(at + M = 57 + 57


iÇ.1 iel iel iel i&I

1.3.2 Lien avec la convergence absolue


Lorsque l’ensemble d’indexation I est dénombrable1, on peut énumérer ses éléments : '

Z = {îo, îi32> • ■ = {in | n G N} avec des in deux à deux distincts.

On peut alors identifier2 la famille (a^e/ et la suite (an)n€N en posant an = ain.

Théorème 8
La famille {ai)içi est sommable si, et seulement si, la série an converge absolument.
De plus, si tel est le cas
+oo
57a* ~ 57 an-
iç-I n=0
- ■ - — -------- — - - — -- -__________ _________________________ _

En conséquence, on ne modifie pas la somme d’une série absolument convergente lorsque


l’on permute ses termes :

Théorème 9
Si ^2 an est une série absolument convergente et si cr désigne une permutation de N,
la série a<?(n) converge et3

+oo +oo
57 aa<,n) — 57an-
n=0 n=0

1. La notion d’ensemble dénombrable est présentée dans le section 8.1 du chapitre 8 de l’ouvrage
Exercices d’algèbre et de probabilités MP dans la même collection.
2. L’écriture est commode mais quelque peu abusive : il serait plus adapté de poser a'n = ain.
3. En revanche, réorganiser les termes d’une série semi-convergente peut modifier sa somme. Plus pré­
cisément, pour tout réel S arbitrairement choisi, on peut organiser les termes d’une série semi-convergente
donnée pour que sa somme soit égale à S !
1.3 Familles sommables 9

1.3.3 Sommation par paquets

Théorème 10
Soit (/n)neN une partition1 de I.
Si la famille est sommable alors les sous-familles (ai}iein sont sommables et
la série de leurs sommes converge avec
+oo / \

n=0 \i6/n / iel

De plus, lorsque la famille (ai)iei est uniquement constituée de réels positifs,'lia.


réciproque est vraie : si les sous-familles (ai)igzn sont sommables et si la série de
leurs sommes converge, la famille complète (ajiez est sommable.

Ce résultat permet de caractériser qu’une famille est sommable et aussi d’organiser à


l’envi le calcul de sa somme.

En utilisant une suite (In)neN constituée de parties vides au delà d’un certain rang, ce
résultat permet des réorganisations finies : par exemple, la séparation des termes d’indices
pairs de ceux d’indices impairs d’une somme sur N. En particulier, on peut réorganiser
les termes de la somme d’une série absolument convergente.

1.3.4 Sommes doubles

Soit (am,n)(m,n)6N2 une famille de réels ou de complexes doublement indexée.

Théorème 11
La famille (am,n)(m,n)ëN2 est sommable si, et seulement si,
1) la série ^m>0 lu^.nl converge pour tout n G N ;
2) la série |aTO)n|. çpfivçrgq^.yJ .- ...
De plus, si tel est le cas, - ... ■>, ■ ... . .... - - ■

avec absolue convergence des séries engagées.

Sous réserve de sommabilité, l’outil qui précède permet de réaliser l’échange de deux
sommes infinies.

1. Les In sont deux à deux disjoints et de réunion égale à I.


10 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

1.3.5 Produit de Cauchy

Définition
On appelle produit de Cauchy de deux séries numériques 5? an et 52 bn la série cn
de terme général
n
Cn = Q’fcèn—fc.
fc=0

Ce résultat permet de réaliser un produit de deux sommes infinies. Cependant, il ne peut


être utilisé que lorsqu’il y a convergence absolue des deux séries numériques1.

1.4 Exercices d'apprentissage


1.4.1 Convergence

Exercice 1

Déterminer la nature de 52 un avec un =

Solution

méthode
Bien que d’apparence commode, la règle de d’Alembert (Th. 2 p. 5) est assez
peu utile pour obtenir la convergence d’une série numérique. On y préférera
souvent les démarches par comparaison à une série de Riemann vues dans
l’ouvrage d’analyse de première année. Dans le cas où le terme général de la
série comporte un produit, la règle de d’Alembert peut cependant être efficace
comme on le verra dans le chapitre 9 ou dans le sujet présent !
Soit n G N. Le coefficient binomial (2^) peut s’écrire comme un rapport de nombres
factoriels :
/2n\ (2n)! (2n)! _ (n!)2
n!(2n —n)! (n!)2 ° c un (2n)!

1. La formule du produit de Cauchy est encore valable si une des deux séries est absolument conver­
gente mais ne l’est plus pour un produit de deux séries semi-convergentes (voir sujet 13 p. 24).
1.4 Exercices d’apprentissage 11

On en déduit

Wn+l (2n)! ((n+1)!)2 (n + 1)2 n+1 1


(2(n+ 1))! (n!)2 ~ (2n + l)(2n + 2) ~ 2(2n + 1) n^+oo> 4‘

Cette limite est strictement inférieure à 1, la série converge absolument et donc converge.

Exercice 2
Déterminer la nature des séries > - • .

n>l
y/n
v n>l v
y/n + n n^l
n2 + 3nsiûn'
, , , , ' '•••;;...
Solution
Dans chacune des trois études, on note un le terme général de la série étudiée.
(a) La série est alternée car on peut écrire un = (—l)n-1 |ttn|. On est alors tenté de
mettre en œuvre le critère des séries alternées (Th. 3 p. 5). On a déjà

|îin| —
y/n n—>+oo
0

mais cela ne suffit pas !


méthode
Une suite positive de limite nulle n’est pas nécessairement décroissante : il faut
absolument vérifier l’hypothèse de décroissance de |wn| !
La suite (|un|) est décroissante par composition de fonctions monotones1 :

n+1 n => y/n+ 1 y/n

Ainsi, ^2 un est une série alternée dont le terme général décroît vers 0 en valeur absolue :
cette série converge.

(b) Encore une fois il s’agit d’une série alternée puisque un = (—l)n |un|. On a immé­
diatement
|Wn| ~ i— ~ 0.
y/n + n n—>+oo
Il faut encore constater la décroissance de la suite (|«n|)- L’argument

, , 1 1 .
« un ~ — et — décroît»
n->+oo n n
1. La fonction x •-> l/+æ est décroissante sur ]0 ; +oo[.
12 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

n’est pas acceptable car une suite équivalente à une suite décroissante n’est pas nécessai­
rement décroissante !
A nouveau, la décroissance s’obtient par composition de fonctions monotones :
n+1 n ==> y/n+ 1 + n + 1 y/n + n
1 < 1
\/n + 1 + n + 1 x y/n 4- n
Finalement, la série un est convergente.

(c) C’est une série alternée de limite nulle mais la décroissance de la valeur absolue
est douteuse1.
méthode
Il Un argument de convergence absolue par comparaison peut être plus immédiat
(( qu’une mise en place du critère spécial des séries alternées.

I^n —
|n2 + 3nsinn| n-»+oo n2
Par comparaison à une série de Riemann convergente (2 > 1), on peut affirmer la conver­
gence absolue (et donc la convergence) de //un.
Exercice 3
Déterminer la nature de la série

/n

Solution
Puisque le terme {—l)n~1/y/n est de limite nulle, on peut affirmer2 :

ln 1 +

L’équivalent obtenu est le terme général d’une série convergente3 mais il n’est pas de
signe constant !
méthode
La règle des équivalents permet d’obtenir la nature d’une série numérique
seulement lorsque l’on compare à une série à termes de signe constant (ou si
l’on raisonne par convergence absolue). Ici, le terme général est équivalent à
un terme alterné et l’on ne peut rien dire. On étudie alors le terme qui suit
l’équivalent dans le développement précédent.
1. Et même fausse !
2. En effet, on sait ln(l + u) ~ u quand u tend vers 0.
3. Voir sujet 2 p. 11.
1.4 Exercices d'apprentissage 13

En exploitant le développement limité ln(l + u) = u — |u2 + o(u2) quand u tend vers 0,


on obtient

“Un Vn

La série de terme général un converge par le critère spécial et la série de terme général vn
diverge car
1 1 v—\ 1 ,.
~Vn n->+oo
1 b2n-’ 2n et 2n diverge.

Par somme d’une série convergente et d’une série divergente, la série étudiée diverge1.

Exercice 4
Soit a G C tel que |a| < 1. Montrer l’identité
< +oo
(ÏT^j2=5> + D“n-

v > n=0

Solution
Par sommation géométrique de raison a (avec |a| < 1 ce qui assure la convergence), on
peut écrire
1 1 1
(F^P 1—a 1—a

Il s’agit alors de développer ce produit.

méthode
Un produit de Cauchy permet de développer le produit de deux sommes asso­
ciées à des séries absolument convergentes.

Puisqu’il y a convergence absolue de la série géométrique J2an, on peut opérer un


produit de Cauchy et écrire

n n
1 1 1
--------------- = > cn avec Cn = ^(ak x an~k) = JTan = (n + l)an.
(! - a)2 1 - a 1 — a 2n=0 —' k=0 k=0

On obtient ainsi l’identité 2 attendue.

1. Ce sujet donne un exemple dans lequel deux séries de termes équivalents sont de natures différentes !
2. Cette identité correspond à une dérivation terme à terme de la série géométrique.
14 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

1.4.2 Études asymptotiques

Exercice 5
Déterminer un équivalent simple quand n croît vers l’infini de :
n +oo .
WE'Æ
k—l
(b)E
k=n+l
ë-

Solution

(a) méthode
Lorsque la fonction f est monotone, on peut estimer les sommes partielles de
la série 52 /(n) en opérant une comparaison série-intégrale.
La croissance et la continuité de la fonction y? permet d’écrire l’encadrement qui suit
pour tout k G N*
/•fc rk+l
/ Vtdt < Vk < / Vtdt.
Jk-l Jk
En sommant ces encadrements, on obtient

Dans les membres encadrants, les intégrales sommées sont contiguës et peuvent être
raccordées par la relation de Chasles :
pn n rn+1
/ Vtdt ^^^Vk < / Vtdt.
1

En calculant les intégrales à l’aide de la primitive t |i3/2, on obtient

Les deux membres encadrants étant équivalents en l’infini, on peut conclure

fc=l
3

(b) On étudie le reste d’une série de Riemann convergente.


méthode
Lorsque la fonction f est monotone, on peut estimer le reste de la série conver­
gente 52 /(n) en opérant une comparaison série-intégrale.
1.4 Exercices d’apprentissage 15

La décroissance et la continuité de la fonction t •-> 1/t2 permettent d’écrire l’encadre­


ment pour k 2 :
[k+x È
Jk t2
< J_
k2
< Jk-i
(k È& '

Soit N n 4- 1. En sommant les encadrements précédents pour k allant de n 4- 1 >2


à N, on obtient

soit encore, après calcul des deux intégrales,


N
1 1 < < À _ Jl
n+1 N+1 k=n+l
k2 n N

En passant à la limite quand N tend vers l’infini, on produit un encadrement du reste


étudié

n+1 2—k2 n
fc=n+l

Les deux membres encadrants étant équivalents, on peut conclure

k2 n-»+oo n
k=n+l

Solution

méthode
On peut déterminer ces équivalents, en opérant une comparaison série-
intégrale, mais les intégrales auxquelles on se ramène sont délicates à calculer.
On peut simplifier le problème en opérant initialement une sommation de re­
lation de comparaison (Th. 5 p. 6 et Th. 6 p. 7).
(a) On a l’équivalence

1 ~ J_
k2 4- k 4- 1 k-++oo k2
1.4 Exercices d’apprentissage 15

La décroissance et la continuité de la fonction 11/t2 permettent d’écrire l’encadre­


ment pour k 2 :
fk+1 dt 1 rk dt
k t2 k2 Jk^ t2 ’
Soit N n + 1. En sommant les encadrements précédents pour k allant de n + 1 > 2
à N, on obtient

fN È
Jn t2

soit encore, après calcul des deux intégrales,

i i < A i 1 1
n+1 TV + 1'' k2 n N
fc=n+l

En passant à la limite quand N tend vers l’infini, on produit un encadrement du reste


étudié

n+1 k2 ' n
k=n+l

Les deux membres encadrants étant équivalents, on peut conclure

n—>+oo n
k=n+l

Solution

méthode
On peut déterminer ces équivalents, en opérant une comparaison série-
intégrale, mais les intégrales auxquelles on se ramène sont délicates à calculer.
On peut simplifier le problème en opérant initialement une sommation de re­
lation de comparaison (Th. 5 p. 6 et Th. 6 p. 7).
(a) On a l’équivalence

1 ~ 1
k2 + k + 1 fc->+oo k2
<

16 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

La série de terme général 1/k2 est convergente et à termes positifs. Par sommation de
relation de comparaison :

1 y? I ~ 1
fc2 + fc + 1 n—>+oo k2 n->+oo Tl
fc=n+l k—n+1

où le dernier équivalent a été calculé dans le sujet ci-dessus.

(b) On a l’équivalence

La série de terme général 1/\Æ est divergente et à termes positifs. Par sommation de
relation de comparaison :

Pour calculer cet équivalent, on peut opérer une comparaison série-intégrale, ou avec un
peu d’astuce, se ramener à une série télescopique divergente en écrivant

1
2(Vk — Vk - 1).
k fc-> + oo

En exploitant à nouveau une sommation de relation de comparaison :

— Vk — — 2y/n.
fc=i v n->+o° k=1

1.4.3 Familles sommables

Exercice 7
Déterminer selon a E R la nature de la somme
1

Solution
Les termes sommés étant positifs, la question posée est celle de la sommabilité de la
famille avec

1
^771,71 et l = rxF.
(m + n)a
1.5 Exercices d’entraînement 17

méthode
Pour étudier la sommabilité d’une famille, on peut revenir à la définition de
famille sommable (p. 7) en étudiant si les sommes finies des valeurs absolues
sont majorées. On peut aussi, et c’est souvent très commode, raisonner par
sommation par paquets (Th. 10 p. 9). Comme les termes sommés sont ici po­
sitifs, la famille est sommable si, et seulement si, une organisation par paquets
du calcul conduit à une valeur finie.
Regroupons les termes par paquets selon la valeur
de m + n. On peut décomposer le domaine d’indexa­
tion I en la réunion des ensembles deux à deux dis­
joints :
2
Ip = {(m,n) € (N*) I m + n = p} avec p 2.

Les sous-familles (am,n)(m,n)e/p s°nt évidemment som­


mables car il s’agit de familles finies et il est aisé d’en
calculer les sommes :

car Ip est un ensemble fini à p — 1 éléments : (l,p — 1), (2,p — 2),..., (p — 1,1).
La sommabilité de la famille complète (am,n)(m,n)e/ es^ alors équivalente à la conver­
gence de la série ^2 • Or

p—1 1
avec ----- r 0.
pa p—>+oo pa~1 p01-1

Par référence aux séries de Riemann, on peut conclure

V ----- —— < +oo <=> a > 2


m,n^l
(m + n}a

1.5 Exercices d’entraînement


1.5.1 Convergence

Exercice 8 *
En fonction de a € IR!j_, déterminer la nature de
18 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

Solution
L’équivalent :
(-1)" ~ (-l)n
na + (—l)n-1 n—>+oo na
n’étant pas de signe constant, il ne permet pas de conclure1.

méthode
|| On calcule un développement asymptotique à deux termes.
On a

D’une part, la série de terme général un converge pour toute valeur de a > 0 car c’est
une série alternée dont le terme général décroît vers 0 en valeur absolue.
D’autre part,
1 1
v- avec
2a a C n2. ——

La série de terme général vn a la nature de la série de Riemann ^21/n2a, c’est-à-dire


convergente si, et seulement si, a > 1/2.
Par somme de séries, on peut conclure que la série étudiée converge si, et seulement
si, a est strictement supérieur à 1/2.

Exercice 9 **
Justifier l’existence et calculer la somme suivante
+©o / £
£(-l)"ln 1 +
n=l ' n

Solution
Posons un le terme général définissant la somme. La suite (un) est alternée car

un = (—l)n|un| avec |un| = ln( 1 + -

1. Tout au plus, on peut affirmer qu’il y a convergence absolue quand a > 1 ou qu’il y aurait divergence
grossière si le sujet nous invitait à étudier le cas a < 0.
1.5 Exercices d’entraînement 19

De plus, la suite (|un|) tend vers 0 en décroissant car


1 1
n + 1 > n =>
n+1 n
=> In| 1 H-------- ) In ( 1 H— ).
\ n+1J y n)

Par le critère spécial des séries alternées (Th. 3 p. 5), on peut affirmer que la série ^un
converge.
méthode
Pour calculer la somme, nous allons séparer les termes d’indices pairs de ceux
d’indices impairs afin de résoudre la puissance de ( — 1). On réalise cette opéra­
tion sur les sommes partielles afin de ne pas écrire de séries divergentes. Enfin,
on se limite aux sommes partielles de rangs pairs car en calculer la limite suffit
à déterminer la somme voulue.
On écrit

D’une part,
A, /2p+l\ , /3 x 5 x ••• x (27V + 1)\
P=i \\ 2p /J \\ 2 x 4 x • • • x 2N /J

méthode
On sait exprimer1 le produit d’entiers pairs et d’entiers impairs consécutifs à
l’aide de nombres factoriels :

2 x 4 x • • • x 2n = 2nn! et 1 x 3 x • • • x (2n +1) = +


7 2nn\
Ici, on obtient
2p+l\ ((2N +1)!\
2p ) n\22N{N\y)’
P=1

D’autre part, on obtient de façon semblable

VlnPp+1^ = hpx3x-x(W-l)\ ( (2N)I \


“ \2p + 2j \ 2x4x---x27V / \22N(N\)2J

1. Voir sujet 5 du chapitre 2 de l’ouvrage Exercices d’algèbre et de probabilités MPSI dans la même
collection.
20 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

On en déduit
2N ( 1
(1 + - Z(22V)!(27V + 1)!
~ n|^ 247V(TV!)4
n=l '

En utilisant, l’équivalent de Stirling, on obtient1

(2JV)!(2JV+1)! 2
2“(W 1 + — -

On peut conclure

= In

Exercice 10 ** (Règle de Raabe-Duhamel)


Soit (wn) et (vn) deux suites de réels strictement positifs.
(a) On suppose qu’à partir d’un certain rang
‘U'n+l < ^n+1

Montrer que la suite (un) est dominée par la suite (un).


(b) On suppose qu’il existe a > 1 tel que

i i (1
------ = 1------ Fol —
un n->+oo n \n

A l’aide d’une comparaison à une série de Riemann, montrer la convergence de la


série ^2 un.
(c) On suppose maintenant qu’il existe a < 1 tel que

un n-»+oo n \n

Montrer la divergence de série


(d) Application : Soit a e R. Etudier la convergence absolue de la série de terme
général
a(a — 1)... (a — n + 1)

1. Par commodité pour la suite des calculs, il est pertinent d’écrire (“2N + 1)! — (27V + 1)(27V)!.
1.5 Exercices d’entraînement 21

Solution
(a) méthode
La comparaison introduite peut se comprendre comme la décroissance de la
suite (un/vn).
Notons N le rang à partir duquel la comparaison est vraie. Pour n entier au delà de N
Wn-f-l < Un
t^n+l Vn
La suite (un/vn) est alors décroissante à partir du rang N et est donc majorée. On peut
introduire un réel M tel que 0 < un Mvn pour tout naturel n et la suite (ztn) est donc
dominée par la suite (vn).

(b) Soit 1 < /? < a et vn = l/n@. Par développement limité :

------
vn \n-Fl/ \
a
^n+i = I /------ - — 1 H—1V = ._ 1
nJ ra-n-oo
& Fol —
i -------
n \n J
1 > n0
car-----
n
donc
Vn+i un+1 a- /3 f 1\ a- /3
---------------- =------------- F o - ~ .
Vn un n—>4-oo n \n J n—>4-oo n
méthode
|| Deux suites réelles équivalentes sont de même signe à partir d’un certain rang.
Sachant a > /3, on peut affirmer qu’à partir d’un certain rang
^n+l < ^n4-l

Ainsi, la suite (un) est dominée par (vn). Or ^2 vn est une série à termes positifs conver­
gente et donc ^2 un converge absolument.

(c) Considérons maintenant wn = 1/n pour n 1. On a par développement limité


Ï2±l = —= A + 1 Y* = l-l+ofi

wn n-F 1 \ nJ n—>4-00 n yn

Puisque a < 1, on obtient cette fois-ci que la suite (wn) est dominée par la suite (wn)-
Sachant la divergence de la série de terme général 1/n, on peut conclure à la divergence
de la série J2un.

(d) Si a est un entier naturel, les termes de la suite sont nuis à partir d’un certain
rang et la série ^2 un converge.
Si a n’appartient pas à N, les termes de la suite sont tous non nuis et pour n assez
grand
^n4-i an n a . a fl
------ =------ - et —:——-------= 1 — 1-------Fol -
un n-Fl |un| n-F 1 n \n
22 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

avec a = a + 1.
On conclut que la série ^2 un converge absolument1 si, et seulement si, a 0.

Exercice 11 **
Soit 0 G R et (Sn) la suite de terme général
n
= J2sin(fc0).
k=0
(a) Vérifier que la suite (Sn) est bornée.
(b) Justifier la relation suivante pour tout N G N* . . • ■ ■? ' . ■■■■/■ ■
. >b'

5~-> sin(zi0) _ .Sn


n + ~N-
n=l Y + l)'
n=±l n(n

(c) En déduire la convergence de la série


.. i-
yA sin(n0)
....
■ n^l ■ ■

Solution

(a) méthode
|| Sn s’interprète comme la partie imaginaire d’une série géométrique complexe.
Cas ; 0 = 0 [2tt]. La suite (Sn) est nulle et donc bornée.
Cas .-0^0 [2tt]. Le terme Sn est la partie imaginaire de la somme géométrique suivante

1 _ ei(n+l)0
ikd _ avec e16 1.
1 — ei&
k=0

On en déduit que la suite (Sn) est bornée puisque


1 _ ei(n+l)0 1 4-|ei(n+1)0| 2
|Sn|^
1 — e10 11 — eie | 11 — eie |

(b) Sachant sin(n0) = Sn — Sn-i, il s’agit de vérifier l’identité

1. Elle converge aussi pour a G ]—1 ;0[ par application du critère spécial des séries alternées mais
diverge pour les autres valeurs de a : voir sujet 21 du chapitre 11 de l’ouvrage Exercices d’analyse MPSI
dans la même collection.
r

1,5 Exercices d’entraînement

méthode
On peut constater cette relation par récurrence ou directement en séparant la
somme du premier membre en deux et en opérant un glissement d’indice h

On peut ensuite combiner les deux sommes quitte à isoler un terme de chacune

(c) Par le calcul ci-dessus, la somme partielle de rang N de la série étudiée est somme
du terme Sx/N qui est de limite nulle (car (Sn) est bornée) et d’un terme qui est somme
partielle de la série
K s 'S'n
n(n + 1)
Or, la suite (Sn) étant bornée, on a la domination

—A— = of— 1 y—' 1


avec —0 et y — convergente.
n(n + 1) n->+oo
Ainsi, cette série converge absolument.
Par opérations sur les suites convergentes, on obtient

sin(n$)
n 71=1

On peut alors conclure à la convergence de la série étudiée.

1. Cette méthode se nomme une transformation d’Abel.


1.5 Exercices d’entraînement 23

méthode
On peut constater cette relation par récurrence ou directement en séparant la
somme du premier membre en deux et en opérant un glissement d’indice1.

Sn
n—1
n+ 1

On peut ensuite combiner les deux sommes quitte à isoler un terme de chacune
N Q _ ^n
Q —1 N 1 / O
El on on ç
Sn q Sn_
n \ n n 4-1 ~N
n—1 x =0
' + 1)z
n — 1 n(n N

(c) Par le calcul ci-dessus, la somme partielle de rang N de la série étudiée est somme
du terme S^/N qui est de limite nulle (car (Sn) est bornée) et d’un terme qui est somme
partielle de la série

n(n + 1)
Or, la suite (Sn) étant bornée, on a la domination

Sn é 1 \ 1 r> X—''
—-------- = O —5- avec —x 0 et > convergente.
n\n + 1) n-»+oo \nz J nÀ /—^nÀ
Ainsi, cette série converge absolument.
Par opérations sur les suites convergentes, on obtient
4-oo Q
sin(n$) ------------ #

n—1
n n-a+oo ^n(n
n—1x
+ l)

On peut alors conclure à la convergence de la série étudiée.

1. Cette méthode se nomme une transformation d’Abel.


Chapitre l. Compléments sur tes séries numériques

Solution
(a) méthode
Pour obtenir l’équivalent demandé, on se ramène à un problème de convergence
en étudiant la suite de terme général (naun). On exploite ensuite le lien suite-
série :
(tin) et 2,^(un+1 - un) ont même nature.
Posons vn = naun pour n > 1. Par calcul de développement limité1
i 1 ‘Un+l \
lnvn+i -lnvn = ami----- I 4-ln ------
\ n / \ Un J
«= alnfl 4- —4- ln| 1 — — 4- 0[ |
n-++oo \ nJ \ n \nl! !
1 1 \
n—H-oo n2)

La série télescopique £}(lnvn+i — lnvn) est donc absolument convergente et par consé­
quent la suite (In vn) converge. En notant t sa limite, on peut écrire
naun = elnVn--------
n-++oo
ez.
Avec A = ez > 0, on obtient l’équivalent demandé.

(b)La série £(-l)nUn n’est pas de signe constant, un équivalent ne suffit pas pour
en déterminer la nature. Cependant, lorsque à C 0, le terme (—ne tend pas vers 0
et la série diverge grossièrement. Lorsque a > 0, le quotient un+i/un est strictement
inférieur à 1 à partir d’un certain rang N car

Un n-++<s© n

La suite est alors décroissante de limite nulle et le critère spécial des séries

1. Ondévetoppela second k$Ndthineenécrivant 1b(1,*u) *u+ O(u2) quand u 0.


2. Par cette 4tud», voit quels coovergeace d^HtjKvdtfitde Ctau&y n’estpas automatique. Par le
théorème Th. 12 p. 10, on a vu que celle-ci est vraie lorsque l’on opère un produit de séries absolument
convergentes.
24 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

Solution
(a) méthode
Pour obtenir l’équivalent demandé, on se ramène à un problème de convergence
en étudiant la suite de terme général (naun). On exploite ensuite le lien suite-
série :
(wn) et 5 (un+i — un) ont même nature.

Posons vn = naun pour n 1. Par calcul de développement limité1

lnvn+i — lnun = Qfln

= a In
n—>+oo

La série télescopique ^2(lnun+i — lnun) est donc absolument convergente et par consé­
quent la suite (lnvn) converge. En notant £ sa limite, on peut écrire
naun = elnu" -------- > ee.
n—>+oo

Avec A = é > 0, on obtient l’équivalent demandé.

(b) La série l)n«n n’est pas de signe constant, un équivalent ne suffit pas pour
en déterminer la nature. Cependant, lorsque a < 0, le terme (—l)nun ne tend pas vers 0
et la série diverge grossièrement. Lorsque a > 0, le quotient un+\/un est strictement
inférieur à 1 à partir d’un certain rang N car
^n4-l _ i < g
Un n-^+ca n

La suite (un)n^jv est alors décroissante de limite nulle et le critère spécial des séries
alternées assure la convergence de l)nwn.

Exercice 13 *
Pour n 1, on pose

(a) Montrer que les séries an et bn convergent.


(b) Montrer la divergence de leur série produit de Cauchy2.

1. On développe le second logarithme en écrivant ln(l +u)=u + O(v2) quand u —> 0.


2. Par cette étude, on voit que la convergence d’un produit de Cauchy n’est pas automatique. Par le
théorème Th. 12 p. 10, on a vu que celle-ci est vraie lorsque l’on opère un produit de séries absolument
convergentes.
1.5 Exercices d'entraînement 25

Solution

(a) Les séries vérifient le critère spécial (Th. 3 p. 5) : elles sont alternées et leurs
valeurs absolues décroissent vers 0.

(b) méthode
Pour opérer le produit de Cauchy, on prend garde ici à ce que les suites ne
sont définies qu’à partir du rang 1. On mène le calcul en supposant les termes
initiaux nuis : ûq = = 0.
La série produit de Cauchy de X} an et bn a pour terme général
n

&=0

On obtient co = ci — 0 et pour n 2
n—l n— l 1
Cn = 52 Œkbn-k = (-1)” " /T
fc=i k=i ykvn k

Or, pour k compris entre 1 et n — 1, on a Vk y/n et y/n — k y/n donc


1 1 1 _ 1
Vky/n - k y/n y/n n
On en déduit
n— l n—l . 1
El —x l Tb — l
Vk\/n-k ' n n
Le terme cn ne tend pas vers 0. La série produit de Cauchy XL cn diverge grossièrement.

1.5.2 Études asymptotiques


26 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

Solution
(a) méthode
On sépare les termes d’indices pairs et impairs afin de résoudre la puissance
de (—1). On peut aussi établir cette identité en raisonnant par récurrence.
On peut écrire
A (-î)*-1 i
k p=i
2p — 1
On adjoint les termes d’indices pairs manquant dans la première somme et on les re­
tranche pour maintenir l’égalité

Il ne reste plus qu’à simplifier :

(b) La série étudiée converge car c’est une série alternée dont le terme général décroît
vers 0 en valeur absolue.
méthode
Puisque la série converge, il suffit de calculer1 la limite des sommes partielles
de rangs pairs pour en calculer la somme.

La fonction inverse étant décroissante, on peut mettre en œuvre une comparaison série-
intégrale2. Pour tout k > 1 :

En sommant, on obtient

On peut calculer les intégrales encadrantes et, puisqu’elles tendent vers In 2 quand n tend
vers l’infini, on peut conclure

' n n-^+oo k
n=l fc=l
1. Une alternative possible est aussi d’écrire YÏkLn+1 I = S2fc=i ^+fc et ^aire apparaître une
somme de Riemann : voir sujet 6 du chapitre 10 de l’ouvrage Exercices d’analyse MPSI.
2. Si l’on connaît le développement asymptotique Hn = 1+ + • ■ • + = lnn + 7 + o(l) (voir sujet 18
p. 29), on peut aussi réaliser le calcul Hzn ~ Hn = ln2 4- o(l).
1,5 Exercices d’entraînement 27

Exercice 15 **
Pour n G N*, on pose
n_ / fl 1\
Pn
*b(i+RH-
fc—1 V /

Montrer qu’il existe un réel A > 0 tel que


P Z A : 1
1 n n->H oo y/n
r~~* ' h

Solution
méthode
|| On étudie la convergence de la suite1 (un) déterminée par un = In^-^/nPn).

La suite (un) a la nature de la série télescopique Or


- 1 i I n
Un —1 — n in I -Fini 1 +
2 \n—1
Par le développement limité ln(l + u) = u — |u2 + |u3 + o(u3) quand u tend vers 0, on
obtient
i / i (-i)n-1 i ( 1
Un — Un-1 — —------- F O I H-----7=---- - -- 1---o/2----- F O
n->-+oo 2 \ n \n2 / / vu 2n 3n6'z yn6?2
Après simplification
= G1)^1 , (-1)""1 , V i
Un
n—n-oo y/n \n3/2

La série de terme général vn converge par application du critère spécial et la série


de terme général wn converge absolument par comparaison à une série de Riemann
avec a — 3/2 > 1. Par somme de séries convergentes, on obtient la convergence de la
série de terme général un — un_\ donc la convergence de la suite (un). En posant f, la
limite de celle-ci, on peut écrire

y/nPn —---- > e£ 0 donc avec A — ee > 0.


n—>+oo

1. On remarque Pn > 0 car produit de facteurs tous strictement positifs.


28 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

Solution
Par une comparaison série-intégrale déjà vue dans le sujet 5 p. 14, on sait
+oo
1 ~ 1
fc2 n-ï+oo n

Il reste à déterminer un équivalent de la différence.


méthode
|| On exprime 1/n comme le reste d’une série télescopique.
On peut écrire
1\
k)

et alors
T’-’W
1 1
tE+i
k=n+l k=n+l
k2 k—1

Or
1 ~ 1
k2(k — 1) fc-^+oo fc3
avec /^3 série à termes positifs convergente. Par sommation de relation de compa­
raison, on peut affirmer

___ 1ï___ ~ +°°


V 1
À.
k2(kv — 1) ’fc->+oo
____ fc=n+l
k3
fc=:n+l

La décroissance et la continuité sur [1 ; +oo[ de la fonction 1i-> 1/t3 permet la compa­


raison série-intégrale, pour N n + 1,

avec
fN dt \ 1]^- 1 1 [N+1 dt _ 1 1
Jn t3 ~ “ 2t2Jn “ 2^ - 2N2 et Jn+1 ï3 " 2(n+l)2 “ 2(1V + l)2‘

En passant à la limite quand N tend vers l’infini, il vient

1 1 ~ J_
avec
2(n + l)2 2(n + l)2 n—>+oo 2n2
fc=n+l
1.5 Exercices d’entraînement 29

et l’on peut affirmer par encadrement

k—n+1

Finalement,
1 _ 1 1 ( 1
fc2 n-> + oo n 2n2 + \n2/
k—n+l

Solution

méthode
La limite étant non nulle, c’est aussi un équivalent : on opère une sommation
de relation de comparaison (Th. 6 p. 7).
Puisque un+i — un ~ 1 avec 1 terme général d’une série à termes positifs divergente,
on a par sommation
n—1 n—1
Un - u0 = y^Uk+i - Uk) ~ y^ l=n.
z✓ n—>4-oo z
k=0 k=0

Sachant que uq est un terme constant donc négligeable devant n, on obtient un ~ n.

Exercice 18 **
Pour îiêN*, on pose

k=l

(a) Montrer la convergence de la série ^7 |


On pose1
1 + In f 1 - y ) 1 ■
k \ / /
k=2

(b) Établir Hn — Inn + 7 + en avec (sn) une suite de limite nulle.


(c) Justifier le développement asymptotique

1 1
n
2n n

1. 7 est la constante d’Euler, 7 ~ 0,577216 à 10 6 près.


30 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

Solution
(a) Par développement limité

1 , f 1\ 1/11 ( 1 \\ 1
y+lnll — — I — y- + I — -— ry-y + ° I y-y / I ~ ■
k y kJ fc^+oo k \ k 2k2 \k2 J / fc->+œ 2k2,

Par équivalence à une série convergente à termes de signe constant, on peut affirmer que
la série étudiée converge.

(b) méthode
Lorsqu’une série converge, sa somme peut s’écrire comme l’addition d’une
somme partielle et d’un reste qui est de limite nulle.
Pour n 2, on peut écrire la décomposition

Par télescopage

H|+4i-è n - ln n.
\ k \ k k—2 k=2
k=2

On en déduit l’écriture voulue

Hn = ln n + 7 — Rn = ln n + 7 + en avec En = —Rn-------- > 0.


n—>+oo

(c) Le terme En s’exprime comme le reste d’une série convergente

l+ïnp-l
k \ k
fc=n+l

En vertu des calculs qui ont précédé :

1 , a i\\ 1
— + ln I 1 — — I I ~ —y-y.
n} \ A/ J I k—2ru

La série ^2 1/fc2 est une série à termes positifs convergente. Par sommation de relation
de comparaison (Th. 5 p. 6), on obtient

k=n+l
k \ k
1.5 Exercices d’entraînement 31

Enfin, à l’aide d’une comparaison série-intégrale1 on conclut


1
n—>4-oo 2îl

Exercice 19 ***
Pour x > 0, on pose
/(*) = —“•
x
(a) Etudier la convergence de la série de terme général un = (—l)nf(n) avec n > 1.
(b) Montrer la convergence de la série de terme général
fn
vn — f(n) — / f(t)dt avec n 2.
Jn-1

On sait qu’il existe une constante réelle 7 telle que 2

= lnn +7 + 0(1).
'k n-4+oo x '
fc=l

(c) En étudiant la quantité


n 2n n.
2■•£/(*)
fc=l fc=l

-t-00
exprimer en fonction de 7 la valeur de la somme (-ip/(n).
n==l
Mil Iï II U r .. . ■ ..

Solution
(a) La série de terme général un = (—l)n/(n) est alternée.
méthode
|| La décroissance de |un| n’étant pas immédiate, on étudie les variations de f.
Après étude du signe de la dérivée de /, on obtient le tableau des variations suivant :

1. Voir sujet 5 p. 14.


2. Voir sujet 18 p. 29.
32 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

La suite (|wn|) apparaît décroissante à partir du rang 3 — [e] et tend vers 0 : on peut
appliquer le critère spécial et affirmer la convergence de la série Yhun-

(b) méthode
|| On peut encadrer vn en encadrant /(n) par des intégrales.
Par la décroissance de la fonction f sur l’intervalle [e ; +oo[, on peut affirmer l’enca­
drement qui suit pour tout n 4

/H [ /(*)dt f(n~ 1)-


Jn~ 1

On en déduit
r»n
0 On = / f(t) dt - /(n) < f(n - 1) - /(n).
J n—1
La série télescopique 52(/(n — 1) — f(n)) converge car elle a la nature de la suite (/(n)).
Par comparaison de séries à termes positifs, on peut alors affirmer la convergence1 de la
série de terme général vn.

(c) D’une part, on peut simplifier les termes communs aux deux sommes et reconnaître
une somme partielle de la série étudiée :
n 2n n n 2n
2 £ !(2k) - £ j(k) = E f(2k) - E f (2p - 1) = £ (-l)‘/(fc).
fc=l k=l k=l p=l fc=l

D’autre part, si l’on note C la somme de la série de terme général vn, on peut écrire
n / i*k \ n rn
Euw-/A-i /wdt ) = E zw - Ji/ /(«)<« "->+■»
i c+o(i).
En ajoutant un terme initial nul à la somme et en calculant l’intégrale2, on obtient le
développement asymptotique

_jï |(lnn)2+ C + o(l).


fc=l

Aussi, en écrivant ln(2À:) — In 2 + In k, on obtient

lnÀ; , ...
2£/(2i) = 2v^\ln2
£—+_l 1 J\lnfc
n(2)£_ +£_
fc=l fc=l k=l k=l

1. On vient de reproduire la démonstration du théorème de comparaison série-intégrale (Th. 4 p. 6).


2. On reconnaît une forme u'u en u(t) = Int.
1.5 Exercices d’entraînement 33

En combinant ces résultats et le développement asymptotique fourni dans l’énoncé, on


obtient après simplification
n 2n 1
2$2/(2À;) - /(fc) = 7ln2- -(ln2)2 + o(l).
k=l k=l

On peut alors conclure


-|-oo , 2n 1
£(-l)"^= Hm £(-l)‘/W = z(27-ln2)ln2.
' n n—>4-oo' 2
n=l k=l

Exercice 20 **
Soit une série à termes, strictéinèntppsitifs convergente. On note Rn son reste

Déterminer un ’éqtüVàlèïit dewn qûàrid^tënd vers l’infini.


Solution

méthode
Il On peut exprimer le terme de la série comme différence de deux restes consé-
|| cutifs.
Pour n 1, on peut écrire un = Rn-i — Rn et alors
Rn-1 — Rn + un = Rn + R? + o(i?2 ) .
n—>-f-oo

Sachant Rn de limite nulle, R% est négligeable devant Rn et donc Rn-i équivaut à Rn.

méthode
En étudiant la limite de 1/Rn~ 1/Rn-1, on peut déterminer l’ordre de grandeur
de Rn grâce au lemme de l’escalier1.

En réduisant au même dénominateur

1 1 — -----------
---------- Rn-l — Rn ~ Rn |1
Rn Rn-l RnRn-1 n->4-oo R% n->4-oo

On reprend alors la démonstration du lemme de l’escalier : la série de terme général 1 est


une série à termes positifs divergente. Par sommation de relation de comparaison (Th. 6
p. 7)
J____ L = yp_____ LA ~ Vi = n.
Rn Ro -Rfc-i/ n->4-oo^

1. Voir sujet 17 p. 29.


1.5 Exercices d’entraînement

En combinant ces résultats et le développement asymptotique fourni dans l’énoncé, on


obtient après simplification
n 2n

2^f(.2k)= qln2 —-(ln2)2 + o(l).


fc=l fc=l

On peut alors conclure


+oo . 2ti 1
E(-1)”-7T= E(-l)W) = 5(27-ln2)ln2.
z Z n 77—>4-00 L—J 2
77—1 fc=l

Exercice 20 **
Soit 22 un une série à termes strictement positifs convergente. On note R^ son reste
de rang n et l’on suppose ?
un T ^n' '.
- 71-4-4-00

Déterminer un é’quiVâlêht de un quand n tend vers l’infini.

Solution

méthode
On peut exprimer le terme de la série comme différence de deux restes consé­
cutifs.
Pour n 1, on peut écrire un = Rn-i — Rn et alors

Rn-i — Rn + un = Rn 4- R2 + o(.R2 ).
n—>4-oo

Sachant Rn de limite nulle, R?n est négligeable devant Rn et donc Rn-\ équivaut à Rn.
méthode
En étudiant la limite de —on peut déterminer l’ordre de grandeur
de Rn grâce au lemme de l’escalier1.

En réduisant au même dénominateur

1 = Rn
#77-1 ~ ~ Rj >
Rn-1 RnRn-l 77-44-00 n_> + oo

On reprend alors la démonstration du lemme de l’escalier : la série de terme général 1 est


une série à termes positifs divergente. Par sommation de relation de comparaison (Th. 6
P- ?)
J__L=vf2__ O ~ Vl-n
Rn ^0 Z^\Rk Rk-1 / n->4-oo
K— JL K— J.

1. Voir sujet 17 p. 29.


34 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

Sachant Rq constant donc négligeable devant n, on en déduit

méthode
|| On exprime le terme zn à partir du reste Rn de la série convergente y,zn.
Pour tout n G N*, on peut écrire zn comme différence de deux restes successifs
4-oo
Zn — Rn — 1 Rn avec Rn Zfa •
k=n+l
Pour N > n + 1, on a par un glissement d’indice lors de la dernière égalité

N N T? D N D N D N~r D
Rk
k k ’
fc=n+l k=n+l k fc=n4-l
k fc=n+l
k k=n k +1 fc=n+l

En isolant un terme de chaque somme afin de pouvoir les réunir


N D
Zk _ Rn y^ Rk Rn
E k
k=n
n+1 ,
fc=n+l
k(k + l) ~ ~N~'
v '

La suite des restes (7în) converge vers 0 et la série k(k+i) converge donc absolument
car son terme général est négligeable devant 1/k2. En faisant tendre N vers l’infini, on
obtient alors l’identité qui suit avec convergence des séries engagées
+oo
Zk Rn V- Rk
E k n+1 fc=n4-l
k(k+V)
v
fc=n4-l

Le terme Rn/(n + 1) est négligeable devant 1/n car (7?n) est de limite nulle. Aussi,
Rk/k(k+1) est négligeable devant 1 /k2 qui est terme général d’une série à termes positifs
convergente et l’on obtient la comparaison de restes

Rk = Jy L
k(k + 1) n->4-00 \ E—< k2
k=n4-l ' ' \k=n4-l
1.5 Exercices d’entraînement 35

avec 1
1 ~ 1
k2 n—>+oo Tl
fc=n+l

On peut alors conclure

k—n+1

1.5.3 Familles sommables

Exercice 22 *
Soit q g C avec |g| < 1 et Un — pour n G Z.
Montrer que la famille («n)nGZ est sommable et calculer sa somme.

Solution
Par définition, la famille (un)nGZ est sommable si, et seulement si, la famille à termes
positifs (|«n|)ngz l’est.
méthode
On peut montrer qu’une famille positive est sommable en réalisant un calcul
par paquets conduisant à une valeur finie.
L’ensemble d’indexation Z est la réunion des trois ensembles disjoints

A = N*, Io = {0} et Z-i = -N*.

La sous-famille des |g|n indexée par Zi est sommable car la série 52 kl'”' converge (Th. 8
p. 8). Par le même argument, la sous-famille indexée par Z_i est sommable. Enfin, celle
indexée par Iq l’est aussi car il s’agit d’une famille finie2. Par le théorème de sommation
par paquets (Th. 10 p. 9), la famille étudiée est sommable et

E«|n| = E«ln| + E«!"l + E «|n|


q&Z qeh qelo q&I-i
+oo +oo
1+9
E«n + 1 + n=l
= n=l E«n = 1+2ï^” 1-Q-

Exercice 23 **
Soit a une permutation de N*. Déterminer la nature des séties dé termes généraux
l x 1 eux a(n)
(a) ; v (b)-^-.
ncr(n) n2

1. Voir sujet 5 p. 14.


2. Isoler le terme d’indice 0 n’est pas une nécessité mais entretient la symétrie des calculs.
36 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

Solution

(a) L’étude du cas particulier a = Idpj* (c’est-à-dire a(n) = n pour tout n G N*) laisse
présumer que la série considérée est convergente.

méthode
|| On exploite l’inégalité 2ab C a2 + b2 valable pour tout (a, &) é R2.
Pour n 1, on peut écrire la majoration

1 1 1
ncr(n) 2 \n2 cr(n)2

La série de terme général 1/n2 converge et, par permutation des termes d’une série
absolument convergente (Th. 9 p. 8), la série de terme général l/cr(n)2 converge aussi. Par
comparaison de séries à termes positifs, on conclut que la série étudiée est convergente.

(b) L’étude du cas particulier a = Idpj* laisse présumer que la série diverge. Posons Sn
la somme partielle de rang n de la série étudiée.

méthode
|| On montre que la différence — Sn ne tend pas vers 0.

On peut minorer S^n — Sn en écrivant


2n 2n
q(fc) _ J_
S2„-S„ =
k=n+l fc=n+l
(2n)
v '
2 4n2
fc=n+l

méthode
Les valeurs a(n + 1), a(n + 2),..., a(2n) sont deux à deux distinctes et toutes
dans N*. Elles sont dans leur ensemble supérieures aux valeurs 1,2,...,n.
On poursuit la minoration

1 _ 1 n(n + 1) _ n + 1 1
4n2 4n2 2 8n n->+oo 8
k=l

La différence S2n ~ Sn n’étant pas de limite nulle, la série étudiée diverge.

Exercice 24 **
Montrer l’identité

m=l
1.5 Exercices d’entraînement 37

Solution

méthode
Il On organise le calcul du premier membre en échangeant les deux sommes par
|| argument de sommabilité.

On considère la famille avec

I = {(m,n) G N2 | n m 1} et um^n — —

Vérifions que cette famille est sommable en raisonnant


par paquets. L’ensemble d’indexation I est la réunion
des ensembles deux à deux disjoints In avec

In = {(m, n) | m G [1 ; nj} pour n e N*.

Les sous-familles (um,n)(m,n)ezn sont sommables car ce sont des familles finies et l’on
peut calculer leurs sommes

La série de terme général 1/n2 étant convergente, on peut appliquer le théorème de


sommation par paquets (Th. 10 p. 9) et affirmer que la famille complète (um,n)(m,n)ez
est sommable avec

L’ensemble d’indexation I peut aussi se voir comme la


réunion des ensembles deux à deux disjoints Jm avec

Jm = {(m,n) | n G N et n m} pour m G N*.

Sachant la famille complète sommable, on peut affir­


mer par sommation par paquets que les sous-familles
sont sommables, que la série de leurs
sommes converge et que l’on a l’identité

L’identité voulue est alors établie.


1.5 Exercices d’entraînement 37

Solution

méthode
On organise le calcul du premier membre en échangeant les deux sommes par
argument de sommabilité.

On considère la famille (um,n)(m,n)ei avec

I= et umjn —

Vérifions que cette famille est sommable en raisonnant


par paquets. L’ensemble d’indexation I est la réunion
des ensembles deux à deux disjoints In avec

In = {(m, n) | m G [1 ; nj } pour n G N*.

Les sous-familles (um,n)(m,n)ein sont sommables car ce sont des familles finies et l’on
peut calculer leurs sommes

La série de terme général 1/n2 étant convergente, on peut appliquer le théorème de


sommation par paquets (Th. 10 p. 9) et affirmer que la famille complète (umin)(m n)ei
est sommable avec

(m,n)€Z

L’ensemble d’indexation I peut aussi se voir comme la


réunion des ensembles deux à deux disjoints Jm avec

Jm = {(m,n) | n G N et n m} pour m G N*.

Sachant la famille complète sommable, on peut affir­


mer par sommation par paquets que les sous-familles
Çum,n\m,n)eJm sont sommables, que la série de leurs
sommes converge et que l’on a l’identité

+oo
y? wm,n = 52
m—1

L’identité voulue est alors établie.


38 Chapitre1. Compléments sur les séries numériques

Exercice 25 **
Soit z € C vérifiant |z| < 1. Montrer l’identité

z2"
1 - z2P+1 ’

Solution

méthode
Par sommation géométrique, on décompose le second membre afin d’y com­
prendre une sommation par paquets.
Soit p e N. Puisque \z2P+11 < 1, on peut écrire avec convergence des séries engagées
2? +oo . 4-00
Z = Z2P yVz2P+1) = ^z(2fc+l)2p

k=0 k=0

Considérons alors la famille sommable1 (zn) avec I — N*. Tout naturel non nul n
s’écrit de façon unique2 n = (2k + 1)2P avec (p, k) G N2. L’ensemble d’indexation N* est
donc la réunion des ensembles deux à deux disjoints :
Ip = {(2k + 1)2P | k G N} avec p G N.
Par le théorème de sommation par paquets, on obtient l’identité qui suit avec convergence
des séries engagées
+oo / \ +oo /+oo
z2”
n 1 - *2P+1 ’
iÇN* p=0 \ng/p / p=0 \fc=O p=0

Enfin, on obtient l’identité demandée puisque

ngN* n=l n=0 n=0

1.6 Exercices d'approfondissement

Exercice 26 ** j
Déterminer la nature de la série de terme général I

un = sin^(2 + |

1. Car la série géométrique de terme général zn converge absolument.


2. Dans la décomposition en facteurs premiers de n. p est l’exposant de la puissance de 2 et 2k 4-1 le
produit des facteurs premiers impairs.
1.6 Exercices d’approfondissement 39

Solution

méthode
Le contenu du sinus tend vers l’infini : on le ramène en 0 par trigonométrie et
en introduisant (2 — x/3) •
Par la formule du binôme de Newton

(2 + x/3)” = È et (2-^3)" = £(-!)* (^2"-‘a/3‘.


k=0 ' ' fc=0 ' '

En sommant, les termes d’indices impairs se simplifient


[n/2j
(2 + \/3)n + (2 - \/3)n = 2 f^j2n“2p3p.
p—0 '

fcGN

On en déduit
un = sin^2fc7r — (2 — x/3)n tf) = — sin((2 —

Puisque |2 — a/3| < 1,


un ~ —(2-v/3)n7r.
n—>+oo

C’est terme général d’une série absolument convergente.

Exercice 27 **
On étudie la suite (un) définie par

Uô e ]0 ;7r[ et Vn € N, un+1 = sinun.

(a) Déterminer la limite de la suite (uTC).


(b) Déterminer la limite de
1 1
Wn+i Wn’

(c) En déduire un équivalent de (un) quand n tend vers l’infini.


il
.i.. i .m i i " 1 1 n ——""T TT'—Hn—
Solution

(a) Pour tout x E ]0 ; 7r[, on a sinrr E ]0; 1] C ]0 ; tt[. La suite (un) est bien définie
et tous ses termes sont éléments1 de ]0 ; 7r[. De plus, par l’inégalité classique sinx < x
(valable pour tout x 0), on obtient la décroissance de la suite (un) :

^n+1 — sin Un ^n*

1. Et même de ]0 ; 1] à partir du rang 1.


40 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

La suite (wn) est décroissante et minorée


par 0, elle converge vers un réel 1 G [0 ; +oo[.
En passant la relation un+i — sinun à la
limite, on obtient la condition l = sin l dont
la seule solution est t — 0.
Finalement, la suite (un) tend vers 0 par
valeurs strictement positives.

(b) Les termes un sont tous non nuis, on peut donc introduire la quantité étudiée. Par
réduction au même dénominateur
1 1 _u2- u2n+1 _ (un - sinun) (un + sinun)
un+l Un unun+l sin2 Un

Puisque la suite (un) est de limite nulle, on peut écrire le développement limité

sinun = un - + o(u^).
n—>4-oo O

On en déduit
1 _ 1 ~ 2un _____ > 1
Un+1 U^n^+oo U^XU^ n-^+oo 3‘

(c) méthode
Lorsqu’une suite (un) vérifie un+i — un 1, on peut établir1 un ~ n. Ici, il
suffit d’adapter cet argument.

La série de terme général 1/3 est une série à termes positifs divergente. Par sommation
de relation de comparaison
n—1

k=0

Par télescopage, on peut exprimer la somme du premier membre et affirmer


11 n
un uo n->+°° 3

Sachant 1/uq constant donc négligeable devant n, on conclut

1. Voir sujet 17 p. 29.


1.6 Exercices d’approfondissement 41

Exercice 28 **
Pour x G ]—1 ; 1[, établir l’identité

+°° _n +°°
E
n=l
= n=l
S d(n)I
où d(n) désigne le nombre de diviseurs positifs de n.

Solution
Soit a; g]—1 ; 1[ et fc G N*. On peut écrire par sommation géométrique de raison xk
avec |a:fc| < 1
£ +oo +oo

rh*=E(*‘)'=E*“-
1=1 1=1
Par suite, et sous réserve de convergence,
4-00 k
X
E1 — Xk

Ceci invite à étudier la sommabilité de la famille (xkt}(k ^eN.xN.- Pour chaque k > 1,
la série géométrique converge et
+oo 4-oo
lx!fc iTifc
EA = EK =
e=i e=i
Il s’agit du terme général d’une série convergente. Par le Th. 11 p. 9 on peut affirmer
que la famille (xke}f. est sommable et

4-oo /4-oo \ 4-oo k


E *" = E Eæ“ =Erê^
(M)€N*xN‘ fc=l W=1 / k=l

avec convergence des séries engagées.


méthode
|| On réorganise la somme selon les valeurs du produit k£.
L’ensemble d’indexation N* x N* est la réunion des ensembles deux à deux disjoints

Jn = {(k,f) G N* x N* \M = n} avec n G N*.

A l’aide d’une sommation par paquets, on peut écrire avec convergence de la série intro­
duite
4-oo / \ 4-oo

E æ“ = E E =£(M4)»".
(t,Z)gN*XN* n=l \(M)€Jn / n==1
42 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

Le cardinal de Jn étant exactement le nombre de diviseurs positifs de n, on obtient la


relation voulue
+oo +oo
Et+ = E -M = Ew
fc=l (M)eN*xN* n=l

Exercice 29 ***
Soit /: [1 ; +oo[ -> C une fonction de classe C1. On suppose qu’il existe M G R.
vérifiant \ pour tout x 1,
M.
1

(a) Montrer
22 /(n) converge converge.

(b) En admettant la convergence2 de / ----- dt quand x tend vers +oo, étudier


Ji t
la convergence de la série
sin(-y/n)
n

Solution
(a) On remarque par la relation de Chasles
n—l / l'k+l \ /-n
22 (\Jk/ dti=
J J1
dt-

La convergence de la suite ( f(t) dt) équivaut à celle de la série de terme général

Un /(i) dt.

méthode
|| On établit la convergence de la série de terme général un — f(n).
Posons vn = un — /(n). On a
n+1

Or, pour tout t G [n ; n + 1],


et ■t ■n+1

n n
1. Au chapitre suivant, on dira simplement que /' est intégrable sur [1 ; +oo[.
2. Celle-ci découle de la convergence de l’intégrale de Dirichlet (voir sujet 28 p. 84).
1.6 Exercices d’approfondissement 43

et donc

Pour tout TV 1, on a alors


N N+l
M.
n=l i

Les sommes partielles de la série à termes positifs sont majorées ce qui donne
l’absolue convergence, et donc la convergence, de la série de terme général vn.
Puisque un = vn+ /(n), la convergence de la série de terme général un équivaut à celle
de la série de terme général f(n).

(b) Introduisons la fonction f définie sur [1 ; +oo[ par

fm =

La fonction f est de classe C1 sur [1 ; +oo[ avec pour t G [1 ; +oo[

_ v/Ïcos(a/Ï) - 2sin(v/î)
1 ~ 2t2

On vérifie l’hypothèse de l’énoncé, pour tout x

£ 1 "
2 = M.
1 1 /ï *Ji
La convergence de la série étudiée équivaut alors à la convergence quand n croît vers
l’infini du terme
dt.
Ji v

Par le changement de variable u = \/t qui est strictement croissant et de classe C1

smu .
f ---- du.
i i u
La convergence admise permet de conclure à la convergence de la série étudiée.

Exercice 30 ***
Montrer la divergence de la série
cos(ln n)
n
44 Chapitre 1. Compléments sur les séries numériques

Solution

méthode
L’oscillation lente du terme en cosinus rapproche la série étudiée de la série de
terme général 1/n dont la divergence peut être justifiée en constatant

On adapte au contexte cette démonstration.


Introduisons les sommes partielles de la série étudiée

, cos(ln fc)
k=l

Pour les entiers k de l’intervalle [e 7r/4+2n7r; e7r/4+2n7r J, on a cos(infc) 1/^/2 et donc

cos(ln k) 1 1
k ÿ2 g?r/4+2n7r ’

Posons

On a
cos(ln fc) > 1
k y/2 g7r/4+2n?T ‘

Or
an = e-7r/4+2n,r + et bn = e7^2™ + 0(i)
n—>+oo n—►H-oo

donc
bn~an = e7r/4+2n* _ + Q(-Q ______
e7r/4+2n7r n^+oo e?r/4+2n7r n->+oo

Ainsi, la suite (Sbn — San) ne tend pas vers 0.


Cependant, les suites (an) et (6n) tendent toutes deux vers +oo, la série étudiée ne
peut donc pas converger1.

1. Il est aussi possible de retrouver cette conclusion en exploitant l’équivalence du sujet 29 p. 42.
CHAPITRE 2

Intégrales généralisées

K désigne R ou C et I un intervalle non vide de R.

La théorie de l’intégration présentée en première année permet de donner un sens à


l’intégrale
b

pour toute fonction f : I —> K. continue par morceaux sous réserve de choisir a et b dans
l’intervalle de définition I. On veut attribuer un sens à cette intégrale lorsque a ou b sont
des extrémités ouvertes, finies ou infinies, de l’intervalle I et ainsi pouvoir considérer par
exemple les intégrales
/+°°e-*2dt et [
Jo Jo Int
alors que la première porte sur un intervalle non borné et la seconde sur un intervalle
ouvert en ses deux extrémités.

2.1 Intégrales généralisées


2.1.1 Intégration sur [a;6[

Soit a un réel et b G R U {+oo} tels que a < b.


46 Chapitre 2. Intégrales généralisées

Définition
On dit que l’intégrale d’une fonction f : [a ; b[ —> K continue par morceaux converge1
si Vintégrale partielle

I(x) = / f(t)dt définie pour x G [a ; b[


Ja
admet une limite finie quand x —> b . On pose alors

déf
= hm

Lorsque la fonction f est continue, on peut étudier la convergence de son intégrale sur
l’intervalle [a ; b[ en introduisant une primitive :

Théorème 1
Si f : [a ; &[ —> K est une fonction continue de primitive F, on a l’équivalence :

/ /(t) dt converge F(x) admet une limite finie quand x -ï b .


J[a;b[

De plus, on a alors l’identité


->b

L’existence d’une limite finie à une primitive en la borne impropre b assure l’existence
de l’intégrale généralisée sur [a ; 6[ tout en permettant son calcul.

2.1.2 Opérations

Théorème 2 (Linéarité)
Soit f, g : [a ; &[ -» K continues par morceaux et A G K.
Si les intégrales sur [a ; b[ des fonctions f et g convergent, les intégrales de Xf et f+g
convergent aussi avec

9-

En particulier, l’ensemble des fonctions continues par morceaux de [a ; b[ vers K dont


l’intégrale converge constitue un K-espace vectoriel.

1. On dit aussi que l’extrémité b est une borne impropre lors de cette intégration et que l’intégrale
étudiée est une intégrale généralisée en b.
2.1 Intégrales généralisées 47

Théorème 3 (Conjugaison)
Soit f : [a ; b[ —> C continue par morceaux.
Si l’intégrale de f sur [a ;b[ converge, celle de f converge aussi et

En conséquence, l’intégrale d’une fonction complexe converge si, et seulement si, les
intégrales de sa partie réelle et de sa partie imaginaire convergent.

Théorème 4 (Croissance)
Soit f, g : [a ; b[ -> R continues par morceaux dont les intégrales sur [a ; b[ convergent.
/•fc rb
f^g ==> / f(t)dt^ / g(t)dt.
Ja Ja

En particulier, l’intégrale d’une fonction positive est positive.

Théorème 5 (Stricte positivité) -


Soit /: [a ; b[ —> R continue dont l’intégrale sur [a;b[ converge.
Si la fonction f est positive et d’intégrale nulle sur [a ; b[ alors la fonction /esît
- • ■ ■■■ ■ • - .... .. ... ■ ■ .à,....../

Soulignons que l’hypothèse de régularité de f est la continuité et non seulement la conti­


nuité par morceaux.

2.1.3 Intégration sur ]a ; b] ou sur ]a ; b[

Soit a G RU {—oo} et b G R tels que a < b.


Définition
On dit que l’intégrale d’une fonction f: ]a;b] —> K continue par morceaux converge
si V intégrale partielle

fb
I(x) — / f(t)dt définie pour x G ]a ; b]
JX
admet une limite finie quand x —> a+. On pose alors

[ f(t) dt =f lim [ f(t) dt.


J]a;6] x-^a+ Jx

Soit a G R U {—oo} et b G R U {+oo} tels que a < b.


48 Chapitre 2. Intégrales généralisées

Définition
On dit que l’intégrale1 d’une fonction /: ]a ; b[ —> K continue par morceaux converge
si, pour un réel c choisi arbitrairement dans ]a ; &[, les intégrales de f sur ]a ; c] et [c ;
convergent. On pose alors

déf

Ni la convergence, ni l’éventuelle valeur ne dépendent du choix de c dans ]a;ô[.


Les résultats précédemment énoncés pour les intégrales sur [a ; b[ se transposent aux
intégrales sur ]a ; 6] et sur ]a ; b[.

2.1.4 Intégration entre deux bornes


Soit f: [a;6] -» K une fonction continue par morceaux. Les intégrales de f sur ]a;b],
[a ; è»[ et ]a ; b[ convergent2 et sont toutes égales à l’intégrale de f sur [a ; 6] :

dt.

En conséquence, la nature et la valeur d’une intégrale généralisée ne dépend pas de la


nature ouverte ou fermée des extrémités de l’intervalle d’intégration.
Définition
Soit / : I —> K une fonction continue par morceaux dont l’intégrale sur I converge.
Si a b désignent les extrémités de I dans R, on pose
b r pa. p
/(t)dt = / /(i)dt et / /(t)dt = — / /(t)dt.
JI Jb Jl

Théorème 6 (Relation de Chasles)


Soit f: I —>• K une fonction continue par morceaux. Si l’intégrale de f sur I converge
alors, pour tous a, b, c points de I ou extrémités éventuellement infinies de I, on a

avec convergence de chacune des intégrales écrites.

2.1.5 Intégrales de Riemann


Soit a e R,
1. On dit que l’intégrale de f sur ]a ; b[ est doublement généralisée.
2. Si f : [a ; b[ —> K est continue et admet une limite finie en b, on peut prolonger cette fonction
par continuité en b et assurer la convergence de son intégrale sur [a ; b[ : on dit alors que l’intégrale est
faussement généralisée (ou faussement impropre) en b.
2.2 Intégrabilité 49

Théorème 7 (Intégrales de Riemann sur [l;+oo[)


f+°° dt
f — converge <=> a > 1.
i

Théorème 8 (Intégrales de Riemann sur ]0 ; 1])


f'dt '
f — converge <=> a < 1.
o
En particulier, l’intégrale de t l/t“ sur ]0 ; +oo[ ne peut pas être définie.

2.2 Intégrabilité
Les résultats qui suivent sont présentés pour l’étude de la convergence de l’intégrale
d’une fonction sur un intervalle [a ; 6[. Ils peuvent aisément se transposer aux intégrales
sur ]a ; 6] voire sur ]a ; &[.
Soit a G R et b G RU {+oo} tels que a < b.

2.2.1 Cas des fonctions positives

Théorème 9
Si f: [a;b[ —> R est une fonction continue par morceaux et positive; son mtég^alë
sur [a ; &[ converge si, et seulement si, ses intégrales partielles sont majorées r -

i f converge <=> 3M e R+, Vx G [a;&[, f f(t)dt^M.


; / Ja ; ■ ■ Ju ■ ■
En revanche, si l’intégrale de f diverge,

f/Wdt
Ja

Théorème 10 (Comparaison de fonctions positives)


Si f,g: [a;&[ —> R sont des fonctions continues par morceaux telles que 0 f g
alors rb çb
/ g(t) dt converge ==> / /(t) dt converge.
Ja Ja
Par contraposition, on a aussi

I f(t) dt diverge => / g(t) dt diverge,


a Ja
50 Chapitre 2. Intégrales généralisées

Théorème 11 (Équivalence de fonctions positives)


Si /,g: [a ; 6[ -> R sont des fonctions continues par morceaux et positives1 alors
r-b fb
f(t) ~ g(t) => / /(t)dt et / g(t} dt ont même nature.
Ja Ja
Dans le cadre des fonctions positives, ces outils de comparaison permettent de justifier
la convergence d’une intégrale généralisée sans avoir besoin de calculer les intégrales
partielles associées.

2.2.2 Fonctions intégrables

Définition
On dit qu’une fonction continue par morceaux f: I —> K est intégrable'2 lorsqu’il y a
convergence de l’intégrale de3 \f\ sur I.

Théorème 12
Si f: I —> K. est une fonction continue par morceaux et intégrable sur I alors son
intégrale sur I converge et

^/(t)dt j\f(t)\dt.
— - - - ■ - —

Lorsqu’une fonction est intégrable, on dit aussi que son intégrale est absolument conver­
gente.
Les outils de comparaison qui suivent permettent de justifier par intégrabilité la conver­
gence d’une intégrale généralisée sans pour autant calculer les intégrales partielles asso­
ciées.

2.2.3 Intégrabilité par domination

Théorème 13 (Domination)
Si fi I K et ç» : I —> R+ sont des fonctions continues par morceaux vérifiant

Vt G /, |/(t)| <p(t) et <p intégrable

alors f est intégrable sur I.

1. En pratique, il suffit que l’une des deux fonctions soit positive car l’autre l’est alors nécessairement
au voisinage de b.
2. On dit quelquefois qu’une fonction est intégrable sur un intervalle J pour insister sur le domaine
de définition de la fonction ou pour affirmer que c’est sa restriction au départ de J qui est intégrable.
3. | | désigne la valeur absolue ou le module selon le contexte.
2.3 Calcul d’intégrales généralisées 51

2.2.4 Intégrabilité par comparaison asymptotique


■ — —
Théorème 14 (Comparaison de fonctions intégrables)
Si /, g : [a ; b[ —> K sont des fonctions continues par morceaux alors

/(t) = et g intégrable sur [a ; &[ ==> f intégrable sur [a ; b[.


t—>b~
<______________________________________________________________________________________________________________ -,____________________________________________________________________________________________________________________________ \>

Cette implication est encore valable si /(t) = o (#(£)) et cette implication devient une
équivalence lorsque /(t) ~ p(t).

2.3 Calcul d’intégrales généralisées


2.3.1 Changement de variable généralisé

Soit I un intervalle d’extrémités a < b E R et J un intervalle d’extrémités a < f3 E R.

Théorème 15
Si çu I -» J est une bijection de classe C1 strictement croissante alors pour toute
fonction f : J —» K continue par morceaux, on a équivalence entre :

(i) / f(u) du converge ;


J oc

(ii) [ /(^(t))^'(t)dt converge.


Ja
De plus, si tel est le cas, on a l’identité
rb
/ / /(w)du.
Ja Ja

Lorsque </?:/—> J est une bijection de classe C1 strictement décroissante, on a un résultat


analogue où les bornes d’intégration sont échangées

f f^t))^'{t)dt = f f(u)du.
a Jg
Enfin, on peut aussi affirmer qu’un changement de variable transpose une fonction inté­
grable en une fonction intégrable :

f est intégrable sur J <=> f o ç? x tp' est intégrable sur I.

2.3.2 Intégration par parties généralisée

Soit I un intervalle d’extrémités a < b E R. Si l’intervalle I est un segment [a;b], la


formule d’intégration par parties est déjà connue. Si l’intervalle I est de la forme ]a; b],
52 Chapitre 2. intégrales généralisées

[6 ; a[ ou ]a ; 6[, la réalisation d’une intégration par parties nécessite la vérification de la


convergence d’une intégrale et de l’existence de limites finies au terme entre crochet1 :

Théorème 16
Soit u, v : I —> K des fonctions de classe C1.
Si le produit uv admet une limite finie en chaque extrémité ouverte de l’intervalle I,
les intégrales
b fb
u'(t)v{t)dt et / u(t)v'(t) dt
Ja
ont même nature et, en cas de convergence, on a l’identité

Ainsi, sous réserve que le produit uv possède des limites finies aux bornes ouvertes de l’in­
tervalle, une intégration par parties transforme une intégrale convergente en une intégrale
convergente.

2.4 Intégration des relations de comparaison


Soit a un réel et b E R U {+oo} tels que a < b.

2.4.1 Cas de la divergence

Lorsque l’intégrale de f sur [a ; 6[ diverge, on peut vouloir étudier l’ordre asymptotique


des intégrales partielles

/(t) dt.

Théorème 17 (Comparaison d’intégrales partielles)


Soit f : [a ; &[ —> K et g : [a ; &[ —> R deux fonctions continues par morceaux.
On suppose g positive et non intégrable sur [a; b[.
Si /(t) ~ g(t) quand t tend vers b~,

[ f(t)dt ~ [ g(t)dt.
Ja x Ja

1. On peut aussi établir que si les deux intégrales convergent, le terme entre crochet admet des limites
finies.
2.5 Exercices d'apprentissage 53

Aussi, on peut affirmer :


/(t) = o(g(t)) => /* f(t)dt = o( [ g(f)dt
Ja x-tb- \Ja
f(t) = O(g(t)) => [ /(t)dt = o( f g(t)dt
Ja x—^b~ \Ja
Ces résultats peuvent encore s’énoncer pour l’étude des intégrales partielles associées à
une intégration sur ]a ; &].

2.4.2 Cas de la convergence


Lorsque l’intégrale sur [a ; 6[ de f converge, on peut introduire son reste intégral1

R(x) = / /(t) dt défini pour tout x € [a ; ô[.


JX
On veut estimer l’ordre asymptotique de celui-ci.

Théorème 18 (Comparaison de restes d’intégrales)


Soit f : [a ; &[ —> K et g : [a ; —> R deux fonctions continues par morceaux. ..
On suppose g positive et intégrable sur [a ; &[. V
Si /(t) ~ g(t) quand t tend vers b~ alors f est intégrable sur [a ; fr[ et
fb rb ■ ï;.-,r.’
/ /(t)dt ~ / g(t)dt.
Jx x-+b J

Aussi, on peut affirmer :

/(*) = o(g(t)) => f /(t)dt = o( f g(t)dt\


t->b~ Jx x-*b- \JX J

/(*) = O(p(t)) => [ /(t)dt = of / g(t)dtY


t->b~ Jx x-+b~ \JX J
Ces résultats peuvent encore s’énoncer pour l’étude des restes intégrales associés à une
intégration sur ]a ; 6].

2.5 Exercices d’apprentissage


2.5.1 Natures d’intégrales généralisées
Déterminer la nature d’une intégrale généralisée consiste à savoir si celle-ci est ou non
convergente. Ce problème peut être résolu conjointement au calcul de l’intégral ou préa­
lablement, souvent par un argument de comparaison.
1. Si la fonction / est continue, ce reste intégral est la primitive de — f de limite nulle en b.
54 Chapitre 2. Intégrales généralisées

Exercice 1
Déterminer la nature des intégrales suivantes :

-7—7 dt
t4 + l
Int ,
-7------ r dt
t(l +1)

Solution
méthode
Pour étudier la nature d’une intégrale, on étudie généralement la fonction in­
tégrée. Il est alors commode de commencer par dénommer celle-ci en précisant
l’intervalle où elle peut être définie.
Dans chaque cas étudié ci-dessous, on note f la fonction définissant l’intégrale consi­
dérée.
(a) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle [1 ; +oo[. Sachant
sin u ~ u lorsque u tend vers 0, on a
f(t) = t sin ( - | ~ tx- --------> 1.
y f, J t—>--|-OO £ t—>-f"OO

La fonction f tend vers une limite non nulle en +oo. Il existe alors un réel A 0 tel que
/(t) 1/2 pour tout t A et donc

constante —>+oo

L’intégrale de f sur [1 ; +oo[ est divergente L

(b) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle [0 ; +oo[. Elle
tend vers 0 en +oo mais ce n’est pas décisif!
méthode
La condition /(t) -> 0 quand t —> +oo n’est pas1 2 une condition suffisante3
pour assurer l’existence d’une intégrale généralisée en +oo. En revanche, par
comparaison à une intégrale de Riemann en +00, on peut souvent déterminer
la nature d’une intégrale.

1. Ou, plus simplement, f équivaut à la fonction positive t 1 en +00 et l’intégrale de cette dernière
diverge.
2. La fonction t >—> 1/t tend vers 0 en +00 mais son intégrale sur [1 ; +00 [ diverge.
3. Ce n’est pas non plus une condition nécessaire contrairement aux séries numériques ! Une lecture
hâtive de la résolution précédente pourrait cependant laisser croire le contraire. En fait, il est possible
qu’une intégrale généralisée en +00 converge sans que la fonction définissant l’intégrale possède de limite
en +00 (voir sujet le sujet 27 p. 83 et le sujet 29 p. 85).
2.5 Exercices d’apprentissage 55

On a l’équivalence

fm = * + V ~ £ = J_ 1 [+o° dt
avec -z- 0 et / convergente.
Jk ' t* + 1 t^+œ f3

Par équivalence de fonctions positives (Th. 11p. 50), on peut affirmer la convergence de
l’intégrale de f, d’abord sur l’intervalle [1 ; +oo[, puis sur l’intervalle [0 ; +oo[ (la fonction
y est même intégrable).

(c) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle [0;+oo[, de
limite nulle en +oo et
f, x t t 1 1 n f+o° dt ,
fit) = —---- ~ — = - avec - 0 et / — divergente.
JV ’ t2 + 1 t-> + OO t2 t t Ji t 6
Par équivalence de fonctions positives, on peut assurer la divergence de l’intégrale de f
sur l’intervalle [1 ; +oo[ et a fortiori sur l’intervalle [0 ; +oo[.

(d) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle [0 ; +oo[.
méthode
Ici, la fonction tend très vite vers 0 en +oo. Bien que l’on ne puisse pas proposer
d’équivalent du type « Riemann », on peut observer qu’elle est négligeable
devant t 1/t2 qui est intégrable sur [1 ; +oo[.

t2/(t) = t2e * = Xe x ———» 0 car X = t2--------> +oo.


X—t? £—>4-oo

Ainsi, /(t) est négligeable devant 1/t2 quand t tend vers +oo. Or la fonction t i-> 1/t2
est intégrable sur [l;+oo[ et donc, par théorème de comparaison (Th. 14 p. 51), on
peut affirmer que f est intégrable sur l’intervalle [1 ; +oo[, donc aussi sur [0 ; +oo[, et son
intégrale converge.

(e) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle [1 ; +oo[.
méthode
Lorsqu’il n’y a pas négligeabilité devant t 1/t2 en +oo, il peut suffire d’adap­
ter l’exposant et d’établir une négligeabilité devant t l/ta pour a > 1 bien
choisi, par exemple a = 3/2 ou a — 1,01.
Pour a = 1,01 > 1, on a
Q T/ \ 1 01 In t In t
t j(t) ~ t ’ —z- = -ttxx --------> 0 par croissances comparées.
t—>+oo t2 £u,yy t—>-|-oo
Ainsi, f est négligeable en +oo devant t l/tQ qui est intégrable au voisinage1 de +oo,
elle est donc intégrable sur [1 ; +oo[ et son intégrale converge.
1. Dire qu’une fonction est intégrable au voisinage de +oo est une façon concise de signifier que cette
fonction est intégrable sur un intervalle [A ; +oo[ pour un réel A suffisamment grand.
56 Chapitre 2. Intégrales généralisées

(f) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle [1 ; +oo[ et tend
vers 0 mais cette fois-ci cette convergence est un peu lente...
méthode
On peut montrer que l’intégrale d’une fonction diverge en constatant que cette
fonction est supérieure à une fonction positive dont l’intégrale diverge.
On a
Int
tf(t) t— = Int------- >■ +oo.
t t—>4-oo
Il existe donc A 1 tel que t/(t) 1 pour tout t A et alors

/(«) s Itz A c
Par comparaison de fonctions positives (Th. 10 p. 49), on peut affirmer la divergence de
l’intégrale étudiée.
méthode
Pour l’étude de la convergence de l’intégrale d’une fonction f sur [a ; +oo[ :
— si f tend vers une limite non nulle en +oo, son intégrale diverge ;
— s’il existe C 0 tel que /(t) ~ quand t —> 4-oo, l’intégrale converge1
si, et seulement si, a > 1 ;
— s’il existe a > 1 tel que taf(t) —> 0 quand t -> +00, la fonction est
intégrable sur [a ; +oo[ et son intégrale converge ;
— si tf(t) —> t quand t +00 avec t 0 (éventuellement £ infinie) alors
l’intégrale diverge.

Ces critères ne sont pas exhaustifs mais suffisent à résoudre de nombreuses situations !
Exercice 2
Déterminer la nature des intégrales suivantes :
ri 1 1 S
------- dt -Aîdt
0 t 0 e* — 1 L dt
/•l /•l
Int
I Intàt ---- rdt.
o o www ’-fsesssis

Solution
Dans chaque cas étudié ci-dessous, on note f la fonction définissant l’intégrale consi­
dérée.
(a) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle ]0 ; 1]. A partir
du développement limité connu de \ZT+~t quand t tend vers 0, on obtient
1
t
1. Auquel cas la fonction est même intégrable sur [a ; +oo[.
2.5 Exercices d'apprentissage 57

La fonction f admet donc une limite finie en 0+. Il est alors possible de prolonger f par
continuité en 0, on dit que l’intégrale est faussement généralisée : elle converge.

(b) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle ]0 ; 1]. Elle tend
vers +oo en 0+ mais ce n’est pas décisif1.
méthode
Par comparaison à une intégrale de Riemann sur ]0; 1], on peut souvent dé­
terminer la nature d’une intégrale.
A partir du développement limité connu de e* quand t tend vers 0, on a l’équivalence

f(t) - --------- ---------- ~ - avec 1


- 0 et f/
n
t—>o+ 1 + t 4- o(i) — 1 t—>o+ t t Jo

Par équivalence de fonctions positives (Th. 11p. 50), on peut assurer la divergence de
l’intégrale de f sur ]0 ; 1].

(c) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle ]0 ; 1] et tend
vers +oo en 0+. Sachant ln(l 4-1) ~ t quand t tend vers 0, on a

r/ x il 1 o f1 dt
f (t) = -ÿ= avec 0 et y —convergente.

Par équivalence de fonctions positives, on peut affirmer la convergence de l’intégrale de f


sur ]0 ; 1] (la fonction y est même intégrable).

(d) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle ]0 ; 1] et tend
vers — oo en 0+.
méthode
On ne peut pas proposer d’équivalent du type « Riemann », on peut cepen­
dant étudier si la fonction est négligeable devant l/ta en 0+ pour un réel a
vérifiant a < 1, par exemple a = 1/2 ou a — 0,99.
Par limite de référence, on sait

Vilnt------ >■ 0.
t->o+

Ainsi, Int est négligeable devant l/\/t quand t —> 0+. Or la fonction t 1/\Æ est
intégrable sur ]0 ; 1] et donc, par théorème de comparaison (Th. 14 p. 51), on peut affirmer
que la fonction f est intégrable sur ]0; 1], son intégrale converge2.
1. La fonction t l/y/t tend vers +oo en 0+ et est cependant intégrable sur ]0 ; 1].
2. On pouvait aussi calculer l’intégrale partielle sur [x ; 1] en exploitant la primitive t t In t — t. En
constatant la convergence de l’intégrale partielle quand x tend vers 0+, on obtient aussi la convergence
de l’intégrale généralisée.
58 Chapitre 2. Intégrales généralisées

(e) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle ]0 ; 1] et tend
vers —oo en 0+. On a l’équivalence

/(«)

et donc tf(t) —> —oo quand t —> 0+. Il existe alors un réel a e ]0 ; 1] tel que tf(t) < — 1
pour tout t dans l’intervalle ]0 ; a]. On a donc

1 fa di
- 0 avec / — divergente.
t Jo t
Par comparaison de fonctions positives (Th. 10 p. 49), on peut affirmer la divergence de
l’intégrale étudiée.
méthode
Pour l’étude de la convergence de l’intégrale d’une fonction f sur ]0 ; a] :
— si f tend vers une limite finie en 0+, l’intégrale est faussement généralisée,
elle converge ;
— s’il existe C 0 tel que /(t) ~ £ quand t -> 0+, l’intégrale converge1
si, et seulement si, et < 1 ;
— s’il existe a < 1 tel que £“/(£) —> 0 quand t -> 0+, la fonction est
intégrable et son intégrale converge ;
— si tf(t) —> l quand t —>■ 0+ avec £ 0 (éventuellement t infinie) alors
l’intégrale diverge.

Exercice 3
Déterminer la nature des intégrales suivantes :
/ \ T lni f° dt f1 dt
(a) / ------ dt (b) / ..........
' A t -1 J-i Jï+ë o 1-t2'
Solution

méthode
Les démarches étudiant la nature d’une intégrale généralisée en 0 se trans­
posent en a e R par simple translation de la variable.
Dans chaque cas étudié ci-dessous, on note f la fonction définissant l’intégrale consi­
dérée.
(a) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle ] 1 ; e].

méthode
Pour étudier l’ordre de grandeur de /(i) quand t tend vers 1, on opère la
translation t = 1 + h pour laquelle h tend vers 0+ lorsque t tend vers 1+.
1. Auquel cas la fonction est même intégrable sur ]0 ; a].
2.5 Exercices d’apprentissage 59

On a1
= ln(l + h) = h + o(Ji) 1
t=i+/i h t—>1+ h t—>i+
On peut prolonger f par continuité en 1, l’intégrale est faussement généralisée et donc
converge.

(b) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle ] — 1 ; 0]. En
opérant la translation t = — 14-/i ou en écrivant astucieusement 14-t3 = (l + t)(l— t+t2),
on obtient l’équivalence

„ x 1/a/3 1 dt
fit) ~ ----- avec zl....:. 0 et / . convergente.
V 7t—1+ x/T+t x/T+t J—i y/ï+t

Par équivalence de fonctions positives, l’intégrale de f sur ] — 1 ; 0] est convergente.

(c) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle [0 ; 1[. En opérant
la translation t = 1 + h ou en écrivant 1 — t2 = (1 — t)(l 4-1), on obtient l’équivalence

r( x 1/2 1 f1 dt ,
j(t) ~ 1—1 avec 40 et / ----- divergente.
t—^1 1 t 1 t JQ „ 1 t

Par équivalence de fonctions positives, l’intégrale de f sur [0 ; 1[ est divergente.

2.5.2 Calculs d’intégrales

Exercice 4
Calculer

Solution

méthode
On peut justifier l’existence d’une intégrale généralisée tout en donnant sa
valeur en calculant ses intégrales partielles puis en étudiant leur limite.
La fonction t l/t(t 4- 1) est définie et continue par morceaux sur [1 ; 4-oo[. Seule la
borne +oo est impropre. On calcule les intégrales partielles pour x 1 en opérant une
décomposition en éléments simples 2
1 a b 1
------r = —I-------- avec a — 1 et b — —1.
+ 1) t t+1
1. La limite peut aussi être obtenue lorsque l’on connaît l’équivalent Int ~ t — 1 quand t tend vers 1
ou en considérant la limite d’un taux d’accroissement associé à la fonction logarithme entre 1 et t.
2. Cette décomposition se déduit aussi de l’écriture 1 = (t 4-1) — t du numérateur de la fraction.
60 Chapitre 2. Intégrales généralisées

On a alors
/æ dt - = f (------ — ^dt = fini-ln(t 4- 1)1X
Ji + 71 V *+ V

= In x — ln(x 4-1) 4- ln 2 = In ( —-— ) 4- In 2-------- > ln 2.


yæ 4-1/ æ->+oo

On peut conclure que l’intégrale étudiée converge et vaut ln2.


Exercice 5
Calculer
f1 dt
J—1 y/ï^fi'

Solution

méthode
On peut justifier l’existence de l’intégrale généralisée d’une fonction continue
tout en donnant sa valeur en déterminant une primitive et en étudiant l’exis­
tence de ses limites aux bornes de l’intervalle d’intégration.
La fonction t »-» 1/y/l — t2 est définie et continue sur ]—1 ; 1[. La fonction arcsin en est
une primitive et celle-ci admet des limites finies en ±1. On en déduit l’égalité qui suit
avec convergence de l’intégrale
i 7T
arcsin t
-1 2 2J=,r

Exercice 6
Calculer
dt.

Solution
La fonction f: t ln(l 4- 1/t2) est définie et continue par morceaux sur ]0;4-oo[.
Sachant ln(l 4- u) ~ u quand u tend vers 0, on a

/(t) = Infl + ~
y tz / t—>+oo

La fonction f est donc intégrable sur [1 ; 4-oo[. De plus

/(t) = o( —7= j car Vtf(t} — y/tln(t2 4-1) — 2\/tInt------ > 0.


t->o+ \y/t J t->o+
La fonction f est aussi intégrable sur ]0 ; 1] et, finalement, l’intégrale étudiée converge.
2.5 Exercices d’apprentissage 61

Pour calculer celle-ci on réalise une intégration par parties en posant

u(t) - Infl +
u(t) = t et

méthode
Sous réserve que le produit uv admette des limites finies aux bornes ouvertes
de l’intervalle d’intégration, la formule d’intégration par parties transforme
une intégrale convergente en une intégrale convergente (Th. 16 p. 52).
Les fonctions u et v sont de classe C1 sur ]0 ; +oo[ et le produit uv admet des limites
finies aux bornes 0 et +oo car, de façon analogue aux calculs ci-dessus,
1
u(t)v(t) = tin -------- > 0 et u(t)v(t)------ > 0.
t—>4-oo t t—>+oo v ' t->o+
On peut alors employer la formule d’intégration par parties sachant que l’intégrale in­
troduite converge puisque l’intégrale de départ est convergente.
4-oo
2dt
tin
0 1 + t2 '
Finalement,
dt
= 2 arctant
1 L Jo

Exercice 7
Calculer

Solution
La fonction /: 11-> e-v^ est définie et continue par morceaux sur [0 ; +00[. On a

t2/(i) = e21nt-yZ --------> 0


t—>4-00
et donc f est intégrable sur [0 ; +00[. On calcule son intégrale par changement de variable.
méthode
Lorsque la fonction exprimant le changement de variable réalise une bijection
de classe C1 strictement monotone, le changement de variable transforme une
intégrale convergente en une intégrale convergente1 (Th. 15 p. 51).

On réalise le changement de variable x — y/t. La fonction t y/t réalise une bijection de


classe C1 strictement croissante de ]0 ; +oo[ sur lui-même. Quitte à considérer l’intégrale
1. Il transforme aussi une fonction intégrable en une fonction intégrable.
62 Chapitre 2. Intégrales généralisées

de départ comme portant sur l’intervalle ]0 ; +oo[ et non sur [0 ; +oo[, on peut réaliser ce
changement de variable1 à partir de l’intégrale convergente définissant I. On obtient

I= / 2xe~x dx car dt = 2x dx.


Jo
On poursuit en opérant une intégration par parties avec les fonctions de classe C1
sur [0 ; +oo[ données par
u(x) = —e~x et v(x) = 2x.
Le produit uv tend vers 0 en la borne +oo et donc

2e x dx = = 2.
=o

2.5.3 Intégration des relations de comparaison

Exercice 8
Déterminer un équivalent simple de :
t x f1 dt .
(a) / ——- quand x -> (r quand x —> +oo.
Jx e - 1

Solution

(a) méthode
Lors de l’étude d’une intégrale partielle, on peut intégrer directement les équi­
valents sous réserve de comparer à une fonction positive non intégrable (Th. 17
p. 52). Plus généralement, on peut intégrer négligeabilités et dominations.
Par le développement limité e* = 1 +1 + o(t) quand t tend vers 0, on a l’équivalence

1 1 1 n f1 1 , ,
——- ~ - avec - 0 et / - dt divergente.
e4 — 1 t—>o+ t t Jo t 6
On peut donc affirmer
1 dt f1 dt
——- ~ / —= —mx.
e* — 1 æ->o+ Jx t

(b) méthode
Lors de l’étude d’un reste intégral, on peut intégrer directement les équivalents
sous réserve de comparer à une fonction positive et intégrable (Th. 18 p. 53).
Plus généralement, on peut intégrer négligeabilités et dominations.
1. On peut aussi considérer le changement de variable en sens inverse t — x2 pour lequel il n’est plus
nécessaire d’isoler 0.
2.6 Exercices d’entraînement 63

On a l’équivalence
1 1 1 f+o° dt
—----- ~ avec >0 et / convergente.
t3 + 1 t-H-oo t3 t3 t3

Avec convergence des intégrales introduites, on peut affirmer


+o° dt ~ f+o° dt 1
t3 + 1 x-»-+oo Jx t3 2x2'

2.6 Exercices d’entraînement


2.6.1 Natures d'intégrales généralisées

Exercice 9 *
Déterminer la nature des intégrales suivantes :

<a) £ (b) r° in(‘)e-t dt (c) c df


(d)Z !2^dt (e)/ sin(^)dt-
Solution
Dans chaque cas, on note f la fonction définissant l’intégrale considérée.
méthode
Chaque intégrale est ici doublement généralisée. On étudie les deux bornes
séparément et il faut qu’il y ait convergence de l’intégrale en chacune pour
affirmer la convergence de l’intégrale considérée.
(a) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle ]0;l[. On a
l’équivalence

/(t) t—~> 11A;t avec


1
1 -1
0 et Ifo ---
1~
divergente,

Par équivalence de fonctions positives, l’intégrale étudiée est divergente1.

(b) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle ]0 ; +oo[. On a
Vtf(t) ~ yîlnt ----- ->0 et t2/(t) = eln(lnt)+21nt-t ------------
t^0+ t—>0+ t>l t-*+oo
La fonction f est donc négligeable devant les fonctions intégrables t 1 / y/t et 11-> 1/t2
respectivement aux voisinages de 0+ et +oo. La fonction f est donc intégrable sur ]0 ; +oo[
et son intégrale converge.
1. Il est alors inutile d’étudier la nature de l’intégrale en 0 bien qu’un argument d’équivalence à 1/\Æ
aurait donné la convergence.
64 Chapitre 2. Intégrales généralisées

(c) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle ]0 ; +oo[. On a

f(t) ~ > 1 et t2f(t) ~ t3e~l-------- > 0.


t—>0+ t t—>0+ t—>+oo t->+oo

D’une part, l’intégrale est faussement généralisée en 0+. D’autre part, f est négligeable
devant t >-> 1/t2 au voisinage de +oo. La fonction f est donc intégrable sur ]0;+oo[ et
son intégrale converge.

(d) La fonction / est définie et continue par morceaux sur l’intervalle ]0 ; +oo[. On a

f(f) 7^2 = et > °-


t->0+ y/t t-H-oo

La fonction f est donc intégrable sur ]0 ; +oo[ et son intégrale converge.

(e) La fonction f est définie et continue par morceaux sur l’intervalle ]0 ; +oo[. On a

0(1)
A*) =t—tO+ et t—>4-oo T*'

La fonction f est donc intégrable sur ]0 ; +oo[ et son intégrale converge.

Exercice 10 *
Représenter dans un repère orthonormé du plan l’ensemble des points M de coor- >
données (a, b) pour lesquels l’intégrale considérée converge :
/‘+°° dt /■+°° ta
(!U ... Mil
Î7¥d<-
..... mil—M—j

Solution

(a) méthode
La fonction étudiée est positive : l’existence de l’intégrale équivaut à l’intégra-
bilité de la fonction définissant celle-ci.
La fonction f: t i-> l/ta(t — l)6 est définie et continue par morceaux sur l’inter­
valle ]1 ; +oo[. L’intégrale est généralisée en 1 et en +oo. On a

1 _ 1
et ta(t - l)6 tJ+oo ta+b'

Par équivalence aux intégrales de Riemann, la fonction f est intégrable sur ]1 ; +oo[ si,
et seulement si, b < 1 et a + b > 1.

(b) méthode
Les expressions ta et tb ne sont pas définies en t = 0 lorsque les exposants sont
négatifs ou non entiers1.
2.6 Exercices d’entraînement 65

La fonction f: t >-> ta/(l + t6) est définie et continue par morceaux sur l’inter­
valle ]0 ; +oo[. L’intégrale est généralisée en 0 et en +oo.

méthode
Pour déterminer un équivalent de 1 + tb en 0+ ou en +oo, il faut discuter selon
le signe de b.

On a

ta si b > 0 si b > 0
ta ~ F
ta/2 si b — 0 et si b = 0
1 + tb t—>0+ 1 + tb t->+oo
ta~b si b < 0 si b < 0

méthode
Pour étudier l’intégrabilité de tx en 0+ ou +oo, il suffit de considérer l/ta avec
a = — A et d’adapter les critères de Riemann.

tx dt converge

txdt converge

Dans le cas où b = 0, la fonction f n’est pas intégrable sur ]0;+oo[. Dans le cas
où b > 0, la fonction est intégrable si, et seulement si, a > —1 et a —b < —1. Enfin, dans
le cas où b < 0, la fonction est intégrable si, et seulement si, a — b > — 1 et a< -1.

Les deux domaines du plan solutions du sujet.


Les bords pointillés signifient que la frontière est exclue.

1. Cependant, pour a réel strictement positif on pose 0“ = 0 ce qui correspond à un prolongement


continu de la fonction t i-> t01 = ealni initialement définie sur ]0 ; +oo[.
66 Chapitre 2. Intégrales généralisées

Exercice 11 ** (Intégrales de Bertrand1)


Soit a et /? deux réels. On étudie la nature de l’intégrale

r+o° dt
Je ta(inty

(a) On suppose a < 1. Déterminer la nature de l’intégrale en étudiant la limite


quand t croît vers +oo de
1
t“(lnt)^
(b) On suppose a > 1. Montrer que l’intégrale étudiée converge.
(c) On suppose a — 1. À l’aide d’un changement de variable, déterminer la nature
de
f+O°
Je t(lnt)^

Solution
Posons f: t l/(t“(lnt)^) définie et continue sur [e;+oo[.
(a) méthode
|| Pour résoudre cette limite, on écrit les puissances sous forme exponentielle.

t x /(t) = exp((l — ce)Int — /3 In(lnt)) --------> 4-oo.


' ' t—>+oo
>0 =o(lnt)

Il existe donc A e tel que /(t) 1/t pour tout t A. Par comparaison de fonctions
positives, on peut conclure 2 que l’intégrale étudiée diverge.

(b) méthode
|| Pour obtenir une comparaison assurant l’intégrabilité, on introduit un expo-
|| sant intermédiaire à 1 et a.

Pour a > 1, on peut introduire un réel A G ]1 ; a[. On a alors

tA/(t) = exp((A — o)Int + /3 In(lnt)) -—-—>■ 0.


<0 =o(lnt)

On en déduit que /(t) est négligeable devant l/tA quand t —> +oo. Puisque l’on a
choisi A > 1, on peut conclure que f est intégrable sur [e ; +oo[ et donc l’intégrale étudiée
converge.

1. Ce sujet est la transposition au cadre des intégrales du sujet 20 du chapitre 11 de l’ouvrage Exercices
d’analyse MPSI.
2. On peut aussi conclure en employant l’argument 1/t = o(/(t)) quand t tend vers +oo.
2.6 Exercices d’entraînement 67

(c) La fonction tIn t est une bijection de classe C1 strictement croissante de [e ; +oo[
vers [1 ; +oo[. Le changement de variable u = Int transforme l’intégrale étudiée en une
intégrale de même nature (Th. 15 p. 51)

+oodu

On reconnaît en second membre une intégrale de Riemann. On conclut que, lorsque a = 1,


l’intégrale étudiée converge si, et seulement si, /3 > 1.

Exercice 12 *
Étudier l’intégrabilité sur ]0 ; 1] de
•x
1

Solution

méthode
Il Attention à bien interpréter la question posée : il s’agit d’étudier l’intégrabilité
|| de f et non celle de 11-> et/t !
La fonction f est définie et continue1 sur ]0; 1]. On a

e* 1 1 n f1
— ~ - avec - 0 et /
t t—>o+ t t Jo

Par intégration de relation de comparaison dans le cas de la divergence (Th. 17 p. 52),


il vient
/ — dt ~ / — = — In x.
Ji t x—>o+ t
La fonction x Inx est intégrable sur ]0 ; 1] car négligeable devant 1/y/x quand x tend
vers 0+. On en déduit que la fonction f est intégrable2 sur ]0; 1].

2.6.2 Calcul d’intégrales

Exercice.13 *
Soit a > 0 et tu e IR. Calculer

C(a,ui) — ! cos(wt)e atdt et ’) = / sin(wt)e at dt.


Jo Jo
38K

1. La fonction f est la primitive s’annulant en 1 de la fonction continue t •-+ /t sur ]0 ; +oo[.


2. On peut aussi démontrer l’existence de l’intégrale de f tout en calculant celle-ci en opérant une
intégration par parties dérivant f.
68 Chapitre 2. Intégrales généralisées

Solution

méthode
On peut raisonner par intégrations par parties mais il est plus efficace de faire
une incursion dans le champ complexe en étudiant C(a,uj) + iS'(o!,w).
On introduit la fonction complexe f : [0 ; +oo[ —> C déterminée par
f(t) — (cos(wt) + isin(wt))e~Q< = eXt avec À = —a + iu>.

Pour x 0

eXx - 1
[X
LA Jo Â
On détermine la limite de ces intégrales partielles en exploitant

bornée —>0

On en déduit que l’intégrale de f sur [0 ; +oo[ converge et vaut —1/A. La partie réelle et la
partie imaginaire de cette intégrale sont donc aussi convergentes ce qui assure l’existence
des intégrales définissant C(a,cj) et S(a,w). Au surplus,
a 4- iw a
C(a,uj) = Re et 5'(a,w) = ^-—J-
a12 + a;2 ) a2 + u)2 a2 4- eu2

Exercice 14 *
Soit p et q deux réels tels que p2 < q. Calculer

dt
t2 4- 2pt + q

Solution
Le trinôme définissant le dénominateur est de discriminant A = 4(p2 — g) < 0 : il ne
possède pas de racines réelles. La fonction t H l/(t2 4- 2pt + g) est donc parfaitement
définie et continue sur R. Au surplus, cette fonction est intégrable sur R car
1 1 1 ~
t2 4- 2pt + g t->+oo t2 t2 + 2pt + g t->-oo t2 '
méthode
Pour calculer l’intégrale, on écrit le trinôme du dénominateur sous forme ca­
nonique.
On a t2 4- 2pt + q = (t 4- p)2 4- a2 avec a = \/q — p2. Par translation de la variable
d’intégration, il vient

dt dt du
t2 4- 2pt 4- q (t 4- p)2 4- a2 u2 4- a2
2.6 Exercices d'entraînement 69

méthode
On retient1 la formule d’intégration (pour a 0)

du 1 (u
—----- z- = - arctan —
u2 + ar a \a

On peut alors achever le calcul :

r°° dt _ î u 7T

t2 +2pt + q a ( —
a J —oo Vq-p2
Exercice 15 **
Dans ce sujet, on étudie
1= f ^dt.
Jo Int
(a) Justifier l’existence de l’intégrale définissant I.
(b) Établir
e~x - e~2x
JO x
(c) En séparant cette dernière intégrale en deux, observer .
r2e e-x
I — lim / —- dx.
S—K0+ Je

(d) Donner la valeur de I.

Solution
(a) La fonction (t — l)/lnt est définie et continue par morceaux sur l’inter­
valle ]0 ; 1[. On a
h
/(t) = -— ----- > 0
Int t—>o+
et f(t) = J1
——- ~ t = 1-
7 t=i+h ln(l + h) t->u h
L’intégrale I est donc convergente car faussement généralisée en ses deux bornes.

(b) La fonction x e~x réalise une bijection de classe C1 strictement décroissante


transformant l’intervalle ]0 ; +oo[ en ]0;l[. On peut réaliser le changement de variable
t = e~x directement sur l’intégrale généralisée
ri a~X _ p-2x
5------“—dx.
Jo b Jo X

Le théorème de changement de variable assure que l’intégrale obtenue est convergente.


1. Voir sujet 8 du chapitre 4 de l’ouvrage Exercices d’analyse MPSI.
Chapitre 2. Intégrales généralisées

(c) méthode
On souhaite séparer l’intégrale en deux par linéarité mais les deux intégrales
qui seraient alors écrites sont divergentes en la borne 0 ! Pour contourner cette
difficulté on exprime l’intégrale étudiée comme limite quand s tend vers 0+
d’intégrales allant de e à +oo.
Par convergence de l’intégrale, on peut écrire
/•+°° e-æ _ e~2x
I = lim I£ avec I£ = / -------------- dæ.
e—>0+ J£ X

Par linéarité, on peut séparer en deux l’intégrale I£ avec convergence en la borne +oo
des intégrales introduites par négligeabilité devant 1/x2
r+oo —x r+oo — 2x
I£ = / ——dx — ----- dz.
Je X Je X

On applique ensuite le changement de variable t — 2x à la deuxième intégrale


r+o° -x r+oo -t
I£= ---- dx- —dt.
Je X J2e t

Enfin, on renomme la variable d’intégration et l’on combine les intégrales par la relation
de Chasles pour obtenir
/•2e e-x
I = lim I£ avec I£ = / ---- dx.
e—>0+ Je X

(d) méthode
On ne peut pas calculer l’intégrale I£ mais, en encadrant la fonction intégrée,
on peut comparer I£ à des intégrales faciles à calculer et en déduire la limite.
La fonction x i-> e x étant décroissante sur [s ; 2e], on a pour tout z de [e ; 2s]

e2e<eæ<ee
x x x
En intégrant cet encadrement en bon ordre, il vient
■2e Q-2e 2e
f ---- dx
e e e X

puis
2e e~x
e~2e -dx < e-£ ln2.
e x
Finalement, en passant cet encadrement à la limite, on conclut I = ln2.
2.6 Exercices d’entraînement 71

Exercice 16 **
Soit f : R —» K. une fonction continue telle que
r+oo
/ /(t)dt converge et lim /(æ) = £ G R.
JO X-t-OO
Justifier l’existence et donner la valeur de
r+oo
/ (/(* + 1) - /(*)) <&■
J — OO

Solution

méthode
|| On calcule les intégrales partielles et l’on étudie leur limite.
Pour x 0, on a par linéarité

[ (/(t + 1) ~/(t)) dt = [ /(t + l)dt- f f(t)dt


Jo Jo JO
Par translation de la variable dans la première intégrale du second membre

[ (/(t + 1) - /(t)) dt = f f(t) dt — / /(t) dt.


Jo Ji jo
Par convergence de l’intégrale de f de 0 à +oo, on peut affirmer
rx r+oo r+oo rl
/ (/(* + i) - f(t)) dt / /(t)dt-/ f(t)dt = — /(t)dt.
»/ 0 «7 1 «/ 0 J0

Avec convergence de l’intégrale généralisée, on a ainsi obtenu


r+oo rl
/ (/(t-F 1) —/(t)) dt = — / /(t)dt.
Jo Jo
Pour x 0, on peut écrire par linéarité et utilisation de la relation de Chasles
r0 rl rO rl+l rl
/ (/(t + l)-/(t))dt= / /(t) dt — / f(t)dt = —l /(t)dt+ / /(t)dt.
Jx Jx+1 Jx Jx Jo
=I(x)

Étudions la limite du terme I(x) lorsque x tend vers —oo.


méthode
Puisque la fonction f tend vers £ en —oo, il est raisonnable d’estimer que IÇx)
tend vers l’intégrale de t sur un intervalle de longueur 1 : on établit le résultat
en majorant la valeur absolue de la différence.
72 Chapitre 2. Intégrales généralisées

On a
-£dt \f(t)~£\dt.

Soit e > 0. Il existe A G R tel que |/(x) -f\ < e pour tout x < A. Pour tout t G [x; x + 1]
avec x A — 1, on a alors |/(t) —< £. Par intégration en bon ordre

/(t) dt -t

On en déduit
/•x+l
/ /(t) dt-------- > L
*//„
X x—> —oo
Avec convergence de l’intégrale généralisée, on peut affirmer
/ (/(t + 1) -/«)) dt = /\(t)dt-i.
J —oo JO
Finalement, on peut conclure après simplification
4-oo

/ •oo
(/(«+1) - /(t)) dt = -t.

2.6.3 Intégration par parties

Exercice 17 *
Pour n G N, calculer
r+oo
In = I ine-t dt.
Jo
Solution
Soit n G N. La fonction fn: t ine-t est définie et continue par morceaux sur [0 ; +oo[.
Puisque /n(t) est négligeable devant 1/t2 quand t —> +oo, la fonction fn est intégrable
sur [0 ; +oo[. L’intégrale définissant In est donc convergente.
méthode
On forme une relation de récurrence sur les termes de la suite (/n) par inté­
gration par parties.
Soit n G N*. On réalise une intégration par parties avec les fonctions u et v de classe C1
déterminées par
u(t) = —e-t et v(t) = tn.
Le produit uv tend vers 0 en la borne +oo et l’on peut donc opérer une intégration par
parties au départ de l’intégrale convergente In :
r+°° r ->+00 r+00
In — J tne~t dt = —tne.~t —j ntn-1 (—e-t) dt = nln_i.

0 = 1
2.6 Exercices d'entraînement 73

Il suffit ensuite d’exploiter la relation de récurrence pour exprimer In en fonction de Iq

In - n(n - l)In-2 = • • • = n!/0 avec Io -

Finalement, on conclut1 In = ni.

Exercice 18 *
Pour n G N, calculer
A*!næ)nd3;.
Jo

Solution
Pour n G N, la fonction x >-> (x\nx)n est définie et continue par morceaux sur ]0; 1].
Au surplus, cette fonction se prolonge par continuité2 en 0 et l’intégrale étudiée a un
sens.
méthode
On opère plusieurs intégrations par parties visant à faire disparaître par déri­
vation le facteur Inz.
Soit n G N*. On réalise une première intégration par parties en posant
~n+l
u(a?) = —-prj- et v(æ) = (Inz)”.

Les fonctions u et v sont de classe C1 et le produit uv tend vers 0 en la borne 0. Par théo­
rème d’intégration par parties généralisée, on obtient l’identité qui suit avec convergence
de l’intégrale introduite

fl 11 „ f1
æn(lnæ)ndz —5— xn+1(lnx)n / xn(lno:)n_1 dæ
H- 1 0 n •'O
n f1
----- / a/VlnzP^da:.
n + 1 Jo

On opère une nouvelle intégration par parties avec cette fois-ci

u(rc) = —-j-y et v(x) = (lnx)n-1

et l’on obtient

[ æn(lnx)n dz = (—l)2y^—[ xn(\nx)n~2 dx


Jo (n + l)2 Jo
1. Cette valeur pourra être retenue!
2. Par la valeur 1 quand n = 0 et par la valeur 0 quand n > 0.
74 Chapitre 2. Intégra les généralisées

En répétant les intégrations par parties jusqu’à disparition du facteur Ina;, on parvient à

’ arn(lnar)”da: = (-1)”^—f' xn d
(n + l)n Jo
771 7>n+l 1 77 |

( —l)n---- —---- - ----- = (_nn----- 1-----


V ' (n + l)n [n + 1JO k ' (n + l)n+1

Plus généralement, on peut obtenir de la même manière :

pour p e ]-l ; +oo] et q e N.

Exercice 19 *
Soit f: [0 ; +oo[ -> R une fonction continue dont l’intégrale sur [0 ; 4-oo[ est conver­
gente. Montrer que pour tout réel s > 0, il y a convergence de l’intégrale1

jf(t)e st dt.
BBSB

Solution

méthode
|| On réalise une intégration par parties en introduisant une primitive de f.
Introduisons F une primitive de la fonction continue f sur [0 ; +oo[. Puisque l’on sup­
pose la convergence de l’intégrale de f sur [0 ; +oo[, cette primitive F admet une limite
finie £ en +00.
Soit s un réel strictement positif. On opère une intégration par parties avec

■u(t) = F(t) et v(t) = e~st.

Les fonctions u et v sont de classe C1 et le produit uv admet une limite finie en la


borne +00 car
u(t)v(t) = F(t) e~st--------
t—>+00
> 0.
->£ ->0

Par le théorème d’intégration par parties généralisée


/• + 00 f + <X>
/ u'(t)v(t) dt converge <=> / dt converge
Jo Jo
autrement dit (sachant s 0)
/■+00 r+oo

I f (t)e“st dt converge <=> / F(t)e~st dt converge.


0 Jo
1. Cette intégrale définit la transformée de Laplace de f en s.
2.6 Exercices d’entraînement 75

Or la convergence de cette dernière intégrale est immédiate par comparaison

1 \
t2 x F(t)e~st = F(t) t2e~st -------- > 0 donc F(£)e~st = o
y yy > t—>4-00 t—>4-00 Î2 F
->£ ->0
Finalement, l’intégrale étudiée est convergente pour tout s > 0.

Exercice 20 **
Calculer
f1 Inæ
Jo O■

Solution
L’intégrale étudiée est généralisée en 0. Pour calculer cette intégrale on souhaite réaliser
une intégration par parties en partant de

U'(I) = (TW et u(x) = Inæ.

Cependant, le choix « naturel »

/ x 1 et v(x)
VAX) =------- = Inx
' ' x +1 v '
détermine un produit uv qui tend vers +oo en la borne 0 : cette intégration par parties
ne peut pas être réalisée !
méthode
Lors de l’intégration par parties, la fonction u peut être choisie à l’addition
d’une constante près. On choisit celle-ci de sorte que la fonction u s’annule
en 0 afin que le crochet1 puisse y admettre une limite finie.

On choisit
/ x =------1 x
u(x)

Les fonctions u et v sont de classe C1 et


arlna;
u^x^vÇx') = > 0.

Par le théorème d’intégration par parties, les intégrales suivantes ont la même nature

1 Inx f1 1 J
-,--- dz et / ----- - dz.
Jo x + 1
1. On peut aussi réaliser l’intégration par parties initialement proposée sur l’intervalle [e ; 1] puis faire
tendre e vers 0+ mais les calculs sont alors beaucoup plus fastidieux !
76 Chapitre 2. Intégrales généralisées

Or cette dernière est évidemment convergente car peut se comprendre comme l’inté­
grale sur un segment d’une fonction continue. On peut donc affirmer la convergence de
l’intégrale initiale et exploiter la formule d’intégration par parties

2.6.4 Changement de variable

Exercice 21 *

(a) En réalisant le changement de variable x = t — 1/t, calculer

(b) En déduire les valeurs dé

J= I •. dt et K= / Vtanædæ.
Jo t4 +1 Jq

Solution
(a) La fonction f : i H (t2+1) / (t4+l) est définie, continue par morceaux et intégrable
sur [0 ; +oo[ car
t2 1
f(t)~ 74=72-
t->+oo V1 tz
L’intégrale étudiée est donc convergente.
La fonction 11-> t — 1/t est une bijection de classe C1 strictement croissante de ]0 ; +oo[
vers R. On peut donc réaliser le changement de variable x = t —1/t sur l’intégrale géné­
ralisée définissant I, quitte à considérer que cette dernière porte sur l’intervalle ]0 ; +oo[
et non [0 ; +oo[.
méthode
Pour opérer la transformation de l’intégrale, on peut exprimer t en fonction
de x mais les calculs sont plus simples en essayant d’exprimer /(t) en fonction
de x = t — 1/t.
Pour t € ]0 ; +oo[, observons
... t2 4-1 t2 +1 1 / 1\ 1 x J / 1\
t4 + l~ t2 '.2,1 ~V+ t2) f i\2 et dx - V +12 ) dt
(‘"ï +2
\ t* /
Avec convergence de l’intégrale introduite, on obtient donc
2.6 Exercices d’entraînement 77

Par la formule d’intégration présentée p. 69 avec a = y2, on peut achever le calcul

(b) L’intégrale définissant J est bien convergente car la fonction intégrée est équiva­
lente à t t-à 1/é4 quand t croît vers +oo. Par le changement de variable u = 1/t associé à
la fonction t 1/t qui est une bijection de classe C1 strictement décroissante de ]0 ; +oo[
vers lui-même, on obtient

1 du\ f+o° u2
7/2 ) ~ / n4 i ! ^U'
u J JO U -T 1

On en déduit
t2 r+oo •.
t2 + 1
2J = -A—-dt + / —-dt — dt = I.
t4 + 1 Jo *4 + 1 t4 + 1

On peut alors conclure1


7F

2^/2’

On calcule K par le changement de variable t = V'tanæ. La fonction x i-> Vtanx


est une bijection de classe C1 strictement croissante de ]0 ;tt/2[ vers ]0;+oo[. Celle-ci
transforme l’intégrale K en

t2
------ 7 dt car x = arctan(t2).
1 + t4

Cette dernière intégrale étant convergente égale à J, l’intégrale définissant K existe et


vaut 7t/-\/2-

1. On aurait aussi pu obtenir directement la valeur de cette intégrale en réalisant une décomposition
en éléments simples quelque peu fastidieuse.
78 Chapitre 2. Intégrales généralisées

Solution

(a) méthode
Un argument de comparaison est ici plus efficace qu’une étude de l’ordre
asymptotique de la fonction intégrée.

La fonction définissant l’intégrale est définie et continue par morceaux sur l’inter­
valle 1 ]0 ; +oo[ et l’on vérifie pour tout t > 0

(1 + t2) (1 + ta) 1 + t 2’

La fonction t 1/(1 + t2) est intégrable sur [0;+oo[ et l’on peut donc affirmer, par
comparaison de fonctions positives, la convergence de l’intégrale définissant I(a) pour
tout a réel.

(b) La fonction t 1/t est une bijection de classe C1 strictement décroissante trans­
formant l’intervalle ]0;+oo[ en lui-même. Par le changement de variable u = 1/t, on
obtient
r+co dt _ f+o° ua
Jo (1 + t2) (1 + ta) Jq (1 + u2) (1 + ua)

avec convergence de l’intégrale introduite.


En sommant ces deux écritures de la même intégrale, il vient

r+œ (i + ia) r+œ dt


2I(a) = / -,----- — ---------- 7 dt = / ~------5- =
Jo (1 + t2) (1 + t“) Jo 1+t

Finalement,

Exercice 23 ** (Intégrales d’Euler)


On pose
/•tt/2 />7r/2
I= / ln(sin t) dt et J = / ln(cos t) dt.
Jo Jo
(a) Montrer que les intégrales I et J sont bien définies et égales.
(b) En étudiant I + J, déterminer la valeur commune de I et J.

1. On est obligé d’exclure t = 0 a priori à cause du cas a < 0. Cependant, lorsque a est positif, il est
possible de prolonger la fonction par continuité en 0 et l’intégrale y est alors faussement généralisée.
2.6 Exercices d’entraînement 79

Solution

(a) La fonction t i-> In(sint) est définie et continue par morceaux sur ]0;7r/2]. On a

-\/tln(sint) — x/tlnt+xÆln --- > 0.


t->o+

La fonction f est donc intégrable sur ]0 ; tf/2] et l’intégrale définissant I converge.


Par le changement de variable1 t = tt/2 — x, l’intégrale I est transformée en J. Par le
théorème de changement de variable, on peut alors affirmer que l’intégrale définissant J
converge et I = J.

(b) méthode
|| On exploite la formule de trigonométrie sin(2tz) = 2 sin a cos a.

Par linéarité
/•tt/2 ptt/2 /y \
I + J= / In(sint) + In(cost) dt = / Inl - sin(2t) j dt
Jo Jo \2 J

Par le changement de variable u = 2t puis la relation de Chasles


/'7r/2 /»7T /*7T/2 /*7T
2 / ln(sin(2t)) dt = / ln(sinu)du= / ln(sinu)du+ / ln(sinu)du.
Jo Jo Jo J-k/2

En effet, par le changement de variable u = tt/2 + t

Z-7T /•-TT/2
/ In(sinu) du = ln(sin(t + tt/2)) dt = ln(cos t) dt = J.
J%/2 Jo

Finalement,

dt = I + J

et l’on peut conclure


7rln2
I=J=
2
1. Inutile de préciser que ce changement de variable est C1 bijectif, c’est évident!
80 Chapitre 2. Intégrales généralisées

Exercice 24 ***
Pour a réel strictement positif, on pose

(a) Montrer l’existence de l’intégrale définissant /(a).


(b) Justifier l’identité

(c) En déduire la valeur de /(a) connaissant l’intégrale de Gauss1

Solution
(a) Notons f la fonction définissant l’intégrale. Celle-ci est définie et continue par
morceaux sur l’intervalle ]0 ; +oo[ : l’intégrale est généralisée aux deux bornes 0 et 4-oo.
D’une part, la fonction f est prolongeable par continuité en 0 car elle a une limite
nulle. D’autre part, f(x) est négligeable devant 1/x2 quand x +oo car
/ a2\
x2f(x} = expl 21nrr — x2---- ~ > 0.
y J æ—>+oo

—>—oo

La fonction f est donc intégrable sur ]0 ; +oo[ et l’intégrale définissant /(a) converge.

(b) Par la relation de Chasles, on découpe l’intégrale définissant I(a) en y/â

méthode
On opère un changement de variable transformant l’intégrale sur [y/â ; +oo[ en
une intégrale sur ]0 ; y/â\.
La fonction x a/x réalise une bijection de classe C1 strictement décroissante transfor­
mant l’intervalle [y/â ; +oo[ en l’intervalle ]0 ; y/â]. Par le changement de variable u — ajx

1. L’intégrale de Gauss est une intégrale fameuse que l’on rencontre dans la résolution de nombreux
sujets. Son existence a été acquise dans le sujet 1 p. 54 et son calcul sera mené dans le sujet 22 p. 331.
2.6 Exercices d’entraînement 81

En renommant la variable d’intégration

Enfin, on combine les deux intégrales de l’identité (*) pour obtenir la relation voulue.

(c) On observe

2 a [ a\ a a\ a
x H—- = I x---- + 2a avec — x-------- = 1 H—.
xA \ xJ ax\ xJ x*

La fonction x x — a/x réalise une bijection de classe C1 strictement croissante de


l’intervalle ]0 ; y/â] vers ]—oo ; 0]. Par le changement de variable t = x — a/x, il vient

2.6.5 Intégrabilité et comportement asymptotique

Exercice 25 *
Soit f : [0 ; +oo[ —> R de classe C1 telles que f et f' soient intégrables sur [0 ; 4-oo[.
Montrer que f tend vers 0 en +oo.

Solution

méthode
On montre d’abord que f admet une limite en +oo en exprimant f à partir
de sa dérivée.
Puisque la fonction f est de classe C1, on peut exprimer f à partir d’une intégrale de
sa dérivée. Pour x 0
/(z) =/(O) + /* /'(t)dt.
Jo
La fonction f' est supposée intégrable et donc son intégrale sur [0 ; +oo[ converge. Ceci
permet d’écrire
/(x)-------- » /(O) + [ f'(t) dt = l e R.
x->+oo JQ

Ainsi, la fonction f admet une limite1 en +oo, de plus celle-ci est intégrable sur [0 ; +oo[
et cette limite est nécessairement nulle 2.
1. Plus simplement, f admet une limite finie en +oo car est primitive de f1 dont l’intégrale converge :
on a ici reproduit la démonstration du Th. 1 p. 46.
2. Rappelons qu’une fonction intégrable sur [0;+oo[ peut ne pas admettre de limite en +oo (voir
sujet 27 p. 83) mais, en revanche, si elle admet une limite, celle-ci est nécessairement nulle.
82 Chapitre 2. Intégrales généralisées

Exercice 26 **
Soit f: ]0 ; +oo[ —> R une fonction continue par morceaux et décroissante.
(a) On suppose que f est intégrable sur ]0 ; 1]. Déterminer la limite de xf(x) quand x
tend vers 0+.
(b) On suppose que / est intégrable sur [1 ; +oo[. Déterminer la limite de xf(x)
quand x tend vers +oo.

Solution
(a) méthode
On exploite la décroissance de f pour encadrer xf(x) par des intégrales bien
choisies.
La fonction f est intégrable sur ]0 ; 1], ceci permet d’introduire le reste intégral

f /(i) &---- —» 0-
Jo x^0+
Au surplus, la fonction f est décroissante et l’on a donc /(a;) < /(t) pour tout t de ]0 ; x].
En intégrant en bon ordre, on obtient

xf(x) = f f(x) dt [ f(t) dt----- -> 0.


Jo Jo æ->0+
On peut aussi écrire f{x) /(t) pour tout t de [x ; 2x\ et donc
p2x p2x p2x px
xf(x) = / f(x) dt /(t) dt = f(t) dt — f(t) dt------> 0.
Jx Jx Jo Jo *-*0+
Par théorème d’encadrement, on conclut que xf(x) tend vers 0 lorsque x tend vers 0+.

(b) On adapte l’étude qui précède. Par la décroissance de /, on peut affirmer pour x
assez grand
r2x
/ /(t) dt < xf(x) et f /(i)dt.
2 Jx/2
On obtient ainsi l’encadrement
r2x
/ /(t) dt xf(x) 2 [ f(t) dt
Jx/2

où les membres encadrants tendent vers 0 car


p2x p2x px p+oo p+oa

/ /(i)dt = / /(i)dt- / /(t)dt — ---- > / /(t) dt — f(t) dt = 0.


Jx Jo Jo x~ +°° Jo Jo
À nouveau, on conclut que xf(x) tend vers 0, cette fois-ci quand x tend vers l’infini.
2.6 Exercices d’entraînement 83

Exercice 27 **
Déterminer une fonction f: [0 ; +oo[ -à K continue, intégrable sur [0 ; +oo[ mais non
bornée. J i i l —wawæ
,i,i i mn « un; ima imh

Solution

méthode
On définit une fonction f affine par morceaux avec des paliers nuis et des
pointes triangulaires de sorte que l’intégrale de f sur [n ; n + 1] soit le terme
général d’une série convergente.
On considère la série de terme général (n + l)/2n+1. Cette série est convergente car son
terme général est négligeable1 devant 1/n2*.On définit ensuite une fonction f comme illus­
trée sur la figure ci-dessous de sorte qu’elle prenne la valeur n+1 sur l’intervalle [n ; n +1]
et y soit d’intégrale (n + l)/2n+1.

n+1

Par construction, la fonction f est continue, positive, non bornée et vérifie :

rn n~1 / rk+i \ n~1 k , i


/ ZWdt = £(/ fWdt) =£ R.
k=Q 7 fc=0

Cependant, ceci ne suffit pas encore pour affirmer que l’intégrale de f converge : il faut2
étudier la limite des intégrales de 0 à rr pour un réel x de limite +oo.
La fonction f étant positive, on peut affirmer

/•LæJ r* rLæJ+i
/ /(t) dt < / /(t) dt < / /(t) dt.
Jo Jo Jo
Les membres encadrants ont la même limite t quand x tend vers +oo et l’on peut conclure
que l’intégrale de / converge. Enfin, la fonction f étant positive, la convergence de son
intégrale équivaut à son intégrabilité.
1. On peut aussi justifier cette convergence par la règle de d’Alembert (Th. 2 p. 5).
2. L’intégrale de la fonction sinus diverge sur [0;+oo[ et pourtant les intégrales de celle-ci sur les
segments [0 ; 2mr] sont nulles et tendent donc vers 0 quand l’entier n tend vers l’infini !
84 Chapitre 2. Intégrales généralisées

2.6.6 Intégrales semi-convergentes

Exercice 28 ** (Intégrale de Dîrichlet)


Dans ce sujet, on étudie la convergence de l’intégrale

+o° sint
— di.
sint
(a) Déterminer la limite quand ntend vers l’infini de In =
La fonction t >-> sin(t)/t est-elle intégrable sur ]0 ; 4-oo[ ? Jo t
(b) Démontrer que l’intégrale définissant I converge tout en établissant l’identité

+o° — 1-cost J
sint di=/f0 +o° -

Solution
(a) Commençons par observer que la fonction f: 11-> sin(t)/t est définie et continue
par morceaux sur ]0;+oo[. Sachant sint ~ t lorsque t tend vers 0, la fonction f tend
vers 1 en 0+ de sorte que l’intégrale I est faussement généralisée en 0. Par ce même
argument on est assuré de l’existence des intégrales définissant In.
méthode
On découpe l’intégrale In en les kiv avec k entier afin d’exploiter la périodicité
de la fonction sinus et de calculer sa valeur absolue.
Pour n 1, la relation de Chasles donne

sint |sin 11
~1~ t

La fonction t |sint| est 7r-périodique. Ceci permet par translation de rapporter toutes
les intégrales à l’intervalle [0 ; 7r] sur lequel la fonction sinus est positive

sint sint
dt dt
t + (fc — 1)tt

Pour tout t G [0 ; %], on a l’inégalité t+ (k — 1)tt < kir et donc

sint
— cost
~T

La divergence vers +oo des sommes partielles de la série harmonique étant connue, on
peut conclure que la suite (In) tend vers l’infini. On en déduit que la fonction 11-> sin(t)/t
n’est pas intégrable sur l’intervalle sur ]0 ; +00[.
2.6 Exercices d’entraînement 85

(b) méthode
Lorsqu’il n’y a pas intégrabilité, il est fréquent d’établir la convergence d’une
intégrale par intégration par parties.

On opère une intégration par parties avec

Pour intégrer u'(t), on choisit parmi ses primitives celle qui s’annule en 0 afin que le
crochet puisse posséder une limite finie en la borne 0 :

u(t) = 1 — cost.

Les fonctions u et v sont de classe C*1 et le produit uv tend vers des limites finies aux
deux bornes :

.... 1 — cost |t 1 „ . . . . /„ .1
u(t>(t) =---- ----- ~ 2— = -t ——> 0 et u(t)v(t) = (1 - cost) x - -> 0.
t t—>0+ t 2 t—>0+ < „ _ > t t—>+oo
bornée

Par le théorème d’intégration par parties généralisée (Th. 16 p. 52), l’intégrale Z a la


nature de l’intégrale

f+°° , x /, x , r+o° 1-cost ,


J u(t)v (t) dt = - J —

Or cette dernière est convergente par les arguments d’intégrabilité suivants :

1 —cost |t2 1 1—cost


t2 t->0+ t2 f->0+ 2 t2 t->4-00 \t2/

On peut donc affirmer que l’intégrale définissant I converge et la formule d’intégration


par parties donne

La valeur de I n’est pas immédiate à calculer. On verra dans le sujet 23 p. 333 que I
vaut 7f/2.

Exercice 29 ** (Intégrales de Fresnel)


Montrer la convergence des intégrales suivantes :
/•4-co y4-oo
I cos(t2) dt et / sin(t2) dt.
Jo Jo
86 Chapitre 2. Intégrales généralisées

Solution
méthode
Ces intégrales ne sont que semi-convergentes : on démontre leur convergence
par intégration par parties en écrivant 1 = 2t/2t.
La fonction f:t*-+ cos(t2) est définie et continue par morceaux sur [0 ; +oo[. Quitte à
intégrer sur ]0; +oo[ afin d’écarter la borne 0, son intégrale peut s’écrire

r+°° 2tcos(t2)
Jo 2t
On réalise alors une intégration par parties avec les fonctions u et v de classe C1 sur
l’intervalle ]0 ; +oo[ déterminées par

u(t) = sin(t2) et / x= —
v(t) 1 .
v 7 2t
Le produit uv tend vers des limites finies aux deux bornes
sm f2 t 1
— = - ------ > 0 et sin(t2) - ---------- > 0.
2t t^o+ 2t 2 t—>o+ 2t t->+oo
bornée

Par le théorème d’intégration par parties généralisée :


r+oo r+oo

/ u'(t)u(t) dt converge <==> / u(t)v'(t) dt converge.


Jo Jo
Autrement dit
f+O° 7 2\ , f+°° sinG2) ,
/ cosÇt J dt converge <==> / ---- dt converge.
Jo Jo 2t
Or cette dernière convergence est facile à établir par les arguments d’intégrabilité sui­
vants :
sin(t2) t2 1 sinft2) /1\
-- ï—L -------- x _ e+ __ i L = o |
2t2 t-+o+2t2 t—»o+ 2 2t2 t->+oo \t2 J
On peut alors conclure à la convergence de la première intégrale
r+oo

/ cos(t2) dt.
Jo
On établit de même la convergence de la seconde intégrale1
r+oo

/ sin(t2) dt
Jo
1. On aurait aussi pu établir directement la convergence des deux intégrales en même temps en
étudiant l’intégrale de 1 h e14 sur [0 ; +00[.
2.6 Exercices d'entraînement 87

en choisissant, lors de l’intégration par parties, la primitive de 12tsin(t2) qui s’annule


en 0 afin que le produit uv possède une limite finie en la borne 0.
Ces intégrales se nomment les intégrales de Fresnel. On verra qu’elles sont toutes les
deux égales à 7r/\/8 dans le sujet 24 p. 337.

sin(t2

-1 1

2.6.7 Intégration des relations de comparaison

Exercice 30 *
Déterminer un équivalent quand x —> +oo de

Solution
méthode
|| On fait apparaître l’ordre asymptotique par une intégration par parties.
Soit x e. Par intégration par parties avec les fonctions u et v de classe C1 sur le
segment [e ; x] déterminées par

u(t) = t et v(t) = —
Int
on obtient
fx d£ _ p V r dt
Je Int Int e+ Je (Int)2
Or
i f i \ i r+o° i
77—75- — o -—- avec ~/ 0 et / -— dt divergente.
(Int)2 t^+oo \ïntj Int Je Int 6
Par intégration de relation de comparaison (Th. 17 p. 52)

Jer (Int)
dt 2 æ-à+oo°\J
= ( re Int/ .ëla

On en déduit
dt _ x / fx dt
Int x->+oo Inrr k /„ Int
88 Chapitre 2. Intégrales généralisées

et donc 1
rx dt x x
Je lntæ^+oo Inrr æ-n-oclnx'
—>+oo constante

Exercice 31 **
Déterminer un équivalent quand x —> 4-oo du terme

e~t2 dt.

Solution
La fonction 11—> e~4 est intégrable sur [0 ; +oo[ car t2e-t est de limite nulle quand t
croît vers l’infini. L’expression étudiée est donc le reste intégral d’une intégrale conver­
gente.
méthode
On réalise une intégration par parties en faisant apparaître un facteur t devant
e-* afin de pouvoir intégrer ce terme.
On écrit pour x > 0

/ e f dt = / - X te 1 dt.
JX JX t
On opère l’intégration par parties déterminée par

e~t2 1
u(t) =---- — et n(t) = -.

Les fonctions u et v sont de classe C1 et le produit uv tend vers 0 en la borne +oo. La


formule d’intégration par parties donne alors

Or
avec e-t2 0 et dt convergente.

Par intégration de relation de comparaison (Th. 18 p. 53)

1. En poursuivant les intégrations par parties on peut obtenir un développement asymptotique.


2.6 Exercices d’entraînement 89

et l’on peut conclure1


2

e
2x

Exercice 32 **

(a) Justifier
r i^’df ~ hi™)2.
t x->+oo 2 v

b) Établir qu’il existe un réel C tel que, pour tout æ > 1,

fX lll(l 4" t) , 1. . n z-, k \ l \ n


I ---- -—- dt = -(lnx‘)2 + C + efac) avec e(a;)-------- > 0.
J\ t 2 x->+oo

c) Déterminer un équivalent de la fonction e en +oo.

Solution

(a) méthode
On détermine un équivalent que l’on sait intégrer de la fonction définissant
l’intégrale.
On a
ln(l +1) Int Int n [+°° Int , ,
----- ----- ~ — avec — 0 et / — dt divergente.
t t-H-oo t t t
Par intégration de relation de comparaison dans le cas de la divergence (Th. 17 p. 52)

= hta®)2.
Zi

(b) Soit x 1. On a

k/•æln(l
~T- + t),
dt 1
+ -2^ 2 =k{-^--)
fVln(l+t) lnt\ dt = kfl,/ 1\ dt
Iln(1 + ïJ

Or l’intégrale
f+°° 1 ( 1\
/ -In 1 + - dt
Ji t \ t/
est convergente car

1 / 1\ 1 1
- In 1 + - ~ — avec t >-»-=■ intégrable sur [1 :+oo[.
t \ t J t->+oo t2 t2 L ’ L

1. En répétant les intégrations par parties, il est possible de former un développement asymptotique.
90 Chapitre 2. Intégrales généralisées

méthode
On décompose l’intégrale généralisée en la somme d’une intégrale partielle et
du reste intégral associé, reste qui est de limite nulle.
Pour x 1, on peut écrire
/• + o° 1 / rx 1 / /‘+o° 1 / J\

C= / -In 1 + - di= / -In 1 + - di+ / -In 1 + -


Ji t \ tj Ji t \ tj Jx t \ tj dt.
Il vient alors
fx ln(l + t) 1 .2 f \
/ --------- - dt = - (In a?)2 + C + e(x)
Jx t 2
avec C une constante réelle1 et e la fonction de limite nulle en +oo déterminée par
y + oo
e(x) = — / - ln( 1 H— j dt.
Jx \ /

(c) On a
1 / 1\ 1 1 f+o° dt
- In H— ~ — avec -x 0 et / -x convergente.
t \ tJ t->+OO t2 t2 t2

Par intégration de relation de comparaison dans le cas de la convergence (Th. 18 p. 53),


on peut conclure
. . f+°° dt 1
SIX) ~ — -x- =---- .
7 æ->+oo / t2 x

2.7 Exercices d’approfondissement

Exercice 33 ** (Inégalité de Hardy)


Soit f : [0 ; +oo[ —> R une fonction continue de carré intégrable sur [0 ; +oo[.
Pour x > 0, on pose
p(®) = 7 [ f^dt-
X Jo
(a) Montrer que g2 est intégrable sur ]0 ; +oo[ et que
/>+oo />+oo

I 02(t)dt^4/ f2(t)dt.
0 Jo

(b) Montrer que fg est intégrable sur ]0 ; +oo[ et


/>+oo /*+oo

( 02(t)dt = 2/ /(t)^(t)dt.
o Jo

1. On peut montrer que cette constante vaut tt2/12 à l’aide d’une intégration terme à terme après
développement en série entière...
2.7 Exercices d’approfondissement 91

Solution

(a) Introduisons F la primitive de f s’annulant en 0.

g(x) = = F(X) ~ F(0) ------- > F'(0) = /(O).


X X x->0+

La fonction g est prolongeable par continuité en 0 et donc intégrable au voisinage de 0.

méthode
On montre que g2 est intégrable sur ]0 ; +oo[ en observant que ses intégrales
partielles sont majorées.
Soit A E On réalise une intégration par parties sur ]0 ; A] avec les fonctions u et v
de classe C1 déterminées par

u(x) = — — et v(x) = F2 (F).


x
Le produit uv admet une limite finie en la borne 0 car

— -F2 (F) = — g(F) F (F) —---- > 0.


X x—>0+

La formule d’intégration par parties donne

[A g2(x)dx= [A -^F2(x)dx= [-- F2(z)] +2 [A


Jo JO x L X J0 Jo x

= 2/o ^x>>9^dx~ f0 drr-

Par l’inégalité de Cauchy-Schwarz1, on obtient alors

Que le premier membre soit nul ou non, on peut affirmer

Les intégrales partielles de la fonction positive g2 sont majorées, cette fonction est donc
intégrable sur ]0 ; +oo[ et l’inégalité proposée est vérifiée.

1. Pour f,g : [a ; b] —> R continues, on sait (J^ /(t)g(t) dt)2 /(t)2 dt g(t)2 dt.
92 Chapitre 2. Intégrales généralisées

(b) La fonction fg est intégrable sur ]0 ; +oo[ en vertu de la domination


y2 _j_ 2 f2 + g2
\fg\ -—5----- avec f2 et 92 donc -—5---- intégrables sur ]0 ; +oo[.
Z Z

Par l’intégration par parties qui précède, on a


fx rx r+°° r+°°
------- =2 / /UW)d£- / ——->2 / /(t)#(t)dt- / g2(t)dt.
x Jo Jo x^+oo Jo Jq,

Si par l’absurde la limite £ est non nulle, il vient

X X x^+oo X

ce qui contredit l’intégrabilité de g2. On en déduit l = 0 ce qui produit l’égalité demandée.


' ' : ■------------------- ~ '------------------------------- '-------------------------------- . ------------------------------- --- -— ----------- — ~' ■ '■ < '■ - - : ■ ■ ■■ - - '

Exercice 34 ** (Inégalité de Kolmogorov)


Soit f: R -» R une fonction de classe C2 telle, que f et f" s,ont de carrésintégrables
sur R. -;'r ■
(a) Montrer que f' est de carré intégrable sur R.
(b) Établir “

Solution
(a) méthode
|| Par intégration par parties, on peut lier les intégrabilités de f'2 et de ff".
Par intégration par parties avec les fonctions C1 données par u(t) = /(t) et v(t) = /'(£)

JJ (/'(t))2dt = [/(«)/'(*)]’ - JJ (*)

Puisque les fonctions f et f" sont de carrés intégrables sur R, la fonction ff" est inté­
grable sur R en vertu de la comparaison

^(/2+r2)-
L’intégrale partielle en second membre de l’égalité (*) admet donc une limite finie quand x
tend vers +oo. Aussi, la fonction f'2 étant positive, l’intégrale partielle en premier membre
est croissante et admet une limite (finie ou infinie) quand x tend vers l’infini. On en déduit
que le produit f(x)f'(x) admet une limite lorsque x croît vers l’infini. Or

r *=[L(t)2]*=i (/H2 - /(o)2).


Jo L2 Jo 2
2.7 Exercices d’approfondissement 93

Si la limite de æ h- /(x)/'(a;) en +oc n’est pas nulle, l’intégrale précédente diverge et


donc /(.xj2 tend vers +oo. Ceci est incompatible avec l’intégrabilité supposée de /2. On
en déduit que le produit f(x)f'(x) tend nécessairement vers 0 quand x tend vers +oo.
L’identité (*) donne alors à la limite

/wrwdi
avec convergence de l’intégrale exprimant le premier membre.
L’étude sur ]—oo ; 0] est identique et donne

(/'(<di = /(0)/'(0) + r /(t)/"(t)dt


«/ — oo

On en déduit l’identité qui suit avec convergence de l’intégrale en premier membre

Enfin, la fonction f'2 étant positive, la convergence de l’intégrale signifie l’intégrabilité


de la fonction.

(b) Il suffit d’appliquer l’inégalité de Cauchy-Schwarz aux fonctions continues / et f"

On conclut en passant l’inégalité à la limite quand A croît vers l’infini

Exercice 35 ** t.v
Soit f : R -> R une fonction continue et intégrable sur R. Pour x réel non nul, on
pose
9(x) = f(x--\
\ x /

Montrer que g est intégrable sur RL et R^ et que


/•O p+oo z'+oo

/ g(x)dx + / g(x)dx = / f(x)dx.


J—oo JO J— oo
94 Chapitre 2. Intégrales généralisées

Solution
Considérons l’application <p: x h-> x — 1/+. L’étude des variations de ç? détermine le
tableau suivant :

La fonction <p induit une bijection de classe C1 de l’intervalle ]0;+oo[ vers R et


une bijection de classe C1 de ]—oo ; 0[ vers R. Après résolution de l’équation <p(x) = y
d’inconnue x, on obtient

ç?.1 (7/) = | (y - Vy2+1) ■


x+ vV* + 4)/
et
| (y

méthode
Un changement de variable bijectif de classe C1 strictement monotone trans­
forme une fonction intégrable en une fonction intégrable peu importe le sens
dans lequel on opère.
Sous réserve d’intégrabilité de l’un des membres, le changement de variable y = <p+(x)
donne
y A
f(y) ày-
\A/2 + 4/
Or, la fonction exprimant l’intégrale en second membre est intégrable sur R car

f est intégrable sur R et y A + 1.


y?/2 +4/
Le théorème de changement de variable assure alors que la fonction g est intégrable
sur ]0 ; +oo[ et l’identité (*) est valide.
Par le changement de variable y — <p-{x\ on montre de même que g est intégrable
sur ]—00 ; 0[ avec

g(x)dx = [+°° Ul- --JL.. -}f(y)dy. (**)


J-co J-00 A Jf+î)

En sommant les identités (*) et (**), on obtient après simplification


O r+00 /*+oo

Z -00
g(x) dx +
JO
g(x) dx=
J—00
f(y) dy.
2.7 Exercices d'approfondissement 95

Exercice 36 **
Soit f: [0 ; +oo[ —> R une fonction continue de carré intégrable sur [0 ; +oo[. Montrer

Solution

méthode
On montre que le rapport tend vers 0 en coupant l’intégrale en deux via la
mise en place d’un « raisonnement en 2s ».
Soit s > 0. Puisque l’intégrale de f2 converge sur [0 ; +oo[, le reste intégral associé tend
vers 0 et il existe A E [0 ; +oo[ tel que

/2(t) dt s2.

Par la relation de Chasles, on peut écrire pour x réel supérieur à A

D’une part, l’inégalité de Cauchy-Schwarz donne

x ldi £

D’autre part,

-------- > 0
x—>+oo
constante

et donc il existe A' E [0 ; +00 [ tel que pour tout x A!

£.

Finalement, pour x max(A, A'}

2s.

Ainsi, l’intégrale de f de 0 à x est négligeable devant y/x lorsque x croît vers l’infini.
96 Chapitre 2. Intégrales généralisées

Exercice 37 *♦*

(a) Soit z un nombre complexe de partie imaginaire strictement positive. Étudier

.. [A ài
lim / ——.
A-t+Oo J_A t — Z

Soit F E R(X) une fraction rationnelle sans pôles réels et intégrable sur R.
(b) Soit a E C un pôle de F. On pose

Ra = lim (x — a)F(x).
x-^a
Calculer la somme des Ra pour a parcourant l’ensemble P des pôles de F.
(c) On note P+ l’ensemble des pôles de F de parties imaginaires strictement posi­
tives. Établir
/ F(t)dt —2i?r Ra.
■'~O° a(EV+
(d) Soit m et n deux entiers naturels avec n > m. Calculer
r+oo
~ /-oo i

Solution
(a) On écrit z = a + ib avec a E R et b E R^_. En multipliant par la quantité conjuguée

fA dt _ fA t-a + ib , _ [A t~a . [A b
J—A (t - H)1 + î>2 J-a (« - «)2 + <-2 + 'J-A (t - a)2 + b2

On peut exprimer des primitives pour les deux intégrales écrites et finir le calcul

dt |ln((t-a)2 + ô2) (t — a
arctanl —-—
t—z \ b
(A — a)2 + b2 \
(A + a)2 + b2 J -------
A—>H-oo
> Î7T.

À la suite de ce calcul on pourrait croire à la convergence de l’intégrale de t l/(t — z)


sur R mais ceci serait incorrecte... En effet, pour pouvoir affirmer cette convergence, il
faut étudier les deux bornes séparément et non conjointement comme c’est ici le cas1.

(b) Puisque la fraction F est intégrable sur R, la décomposition en éléments simples


de la fraction F dans C(X) ne fait apparaître que des termes de la forme cf{X — a)k
1. La limite obtenue ici ne vaut que pour un calcul sur un intervalle symétrique par rapport à 0,
l’étude de l’intégrale de —A à 2A produit une limite différente!
2.7 Exercices d'approfondissement 97

avec c G C, k G N* et a G P C C \ R. Lorsque k = 1, on sait c — Ra. On a aussi

lim tF(t} = Ra-


t->+oo '
aeP

La fraction F étant intégrable sur R, cette limite est nécessairement nulle1 et la somme
des Ra est donc aussi nulle.

(c) Les termes en 1/(X — a)fc (avec k 2) de la décomposition en éléments simples


de F induisent des intégrales milles sur R :

En simplifiant ces termes lors du calcul de l’intégrale de F, on, peut écrire

dt = lim
A—>+oo

Les parties polaires d’une fraction rationnelle réelle sont deux à deux conjuguées et donc
Ra — Ra ce qui permet d’écrire

Ainsi, on obtient
F(t)dt — —2% yy Im(Ra).
aeP+
Mais
E W«) = j E (K«+ «<.) = 5 E + R«) = R‘ = 0
aep+ a&P+ ae?+ aCP
et donc, par ajout d’un zéro,

F(t) dt = 2i7r^2(Re(Fa) + iIm(Ra)) = 2i7ry^Ra.


a£P+ aeP+

(d) Puisque n > m + 1, l’intégrabilité de la fonction rationnelle est aisément acquise.


Les pôles de la fraction sont les racines de l’équation complexe z2n = —1. Ce sont les
pôles simples et non réels
i(2fc + l)

Zk = e 2ti n avec k G [0 ; 2n — 1J.


1. Si xf(x) tend vers £ 0 quand x —> +oo, on a /(x) ~ £/x qui n’est pas intégrable en +oo.
98 Chapitre 2. Intégrales généralisées

Reste à calculer
^2m
\Zk = lim (x - zk) ~ = z2
km lim
x^zk ’2n 1 + x2n
Sachant 1 + z2n = 0, on peut écrire la factorisation géométrique :
2n—1
2n ,2n ~2n
- Zk E
j=0

—>2n£?n-1
zk

On obtient alors
~2m 2m+l
zk Zk_____
■Zk car z2n — —1.
2n£?n“1 2n
Les pôles de parties imaginaires positives étant obtenus pour k E [0;n — 1], il vient

1 2n+ l)(2m+l)
V.p(2fe
n-1 2m+l n—1
X2m Zk_____
— oo
I ~.2n
E
k=0
2n
fc=0

Après sommation géométrique et factorisation de l’exponentielle imaginaire d’angle moi­


tié, on conclut

+o° x2m i-ei(2m+1)’r 7F


-- (7 7; -- i7rn p 2n 71 X -----
£2m+i = -----
-oo 1i-t-a;
_l zv.2n
n 1 , /(2m+l)7r'\
nsmÇ1—2n“)
CHAPITRE 3

Espaces normés

K désigne R ou C et E un K-espace vectoriel.

3.1 Espaces normés


3.1.1 Normes
Définition
On appelle norme sur E toute application N: E -à R+ vérifiant :
1) Va; 6 E, N(x) — 0 => x = Qe (séparation) ;
2) VA € K, Va; e E, N(Ax) — |A| N(x) (homogénéité) ;
3) V(a;,7/) e E2, N(x + y) < N(x) + N (y ) (inégalité triangulaire).
On dit alors que le couple (E, N) est un espace normé.
Les normes sont usuellement notées N, || • || ou | • |. Elles servent à définir « la longueur
selon certains critères » d’un vecteur et permettent d’étendre aux espaces vectoriels les
notions usuelles d’analyse numérique en prenant la place des valeurs absolues.
Si || • || est une norme sur E, on a

||-z|| = Ikll et |||a;|| - ||t/|1| < ||a; - y\\ pour tous x, y e E.


Sur Kn, on définit trois normes usuelles :
100 Chapitre 3. Espaces normés

Plus généralement, si E est un K-espace vectoriel de dimension finie n E N*, on peut


définir des normes || • lli >11 ‘ II2 et || • IIqo’ analogues à celles définies sur Kn, en considérant
les coordonnées des vecteurs dans une base préalablement choisie.
Sur l’espace C([a;6],]K) des fonctions continues de [a;&] vers K on définit trois normes
usuelles :
/ rb \l/2
11/11,=' / |/(t)|dt, ll/ll2=' / |/(<dt , ll/IL = sup |/(t)|.
J a, \J a / t€[a;b]

Enfin, si E un espace vectoriel réel muni d’un produit scalaire (•, •), la norme euclidienne
associée à ce produit scalaire définit une norme

||x|| ~ pour tout x € E.

3.1.2 Boules

Soit || • || une norme sur l’espace E.


Définition
Soit a e E et r > 0. On définit :
— la boule ouverte de centre a et de rayon r : B(a, r) =f {x E E | ||x — a|| < r} ;
— la boule fermée de centre a et de rayon r : Bf(a, r) =f {x G E | ||æ — <z|| < r} ;
— la sphère de centre a et de rayon r : S(a, r) =f {x E E | ||a; — a|| = r}.
Les boules de centre 0# et de rayon 1, sont appelées boules unités.

Les boules unités fermées pour les normes usuelles sur R3.
3.1 Espaces normés 101

3.1.3 « Bornitude »
Soit || • || une norme sur E.
Définition
On dit qu’une partie A de E est bornée s’il existe un réel M tel que ||x|| < M pour
tout x dans A.
Les boules sont des parties bornées et une partie est bornée si, et seulement si, elle est
incluse dans une boule.
Définition
On dit qu’une fonction vectorielle 1 f définie sur une partie X quelconque et à valeurs
dans l’espace normé E est bornée s’il existe un réel M vérifiant ||f(o?)|| M pour
tout x dans X.
Lorsque X = N, la définition qui précède introduit la notion de suite bornée.

3.1.4 Convexité
Dans cette section, l’espace vectoriel E est supposé réel.
Définition
Si a et & sont deux éléments de l’espace B, on appelle segment d’extrémités a et b
l’ensemble
[a ; 6] {(1 — A)a + A6 | A G [0;l]}.
Définition
On dit qu’une partie X de l’espace E est convexe si, dès lors qu’elle contient deux
éléments a et &, elle contient aussi le segment d’extrémités a et b.

convexe non convexe

Théorème 1
Si X est une partie convexe de E, pour tous ai,..., an G X et tous Ai,..., An réels
positifs vérifiant Ai + • • • + An = 1, on a

AiGq + • • • + Xnctn G X.
Les sous-espaces vectoriels et les sous-espaces affines sont des parties convexes. Si || • || dé­
signe une norme sur B, les boules associées à cette norme sont aussi des parties convexes.

Théorème 2
Les parties convexes de R sont les intervalles.

1. On appelle fonction vectorielle toute fonction à valeurs dans un espace vectoriel.


102 Chapitre 3. Espaces normés

3.1.5 Espaces normés produits


Si Ei,...,Ep sont des espaces respectivement normés par Ni,..., N on définit une
norme || • || sur le produit cartésien E = E\ x • ■ • x Ep en posant, pour tout x = (x\,.. ., xp)
élément de E,
||æ|| = max Nk(xk).
i^k^P

Définition
La norme || • || ainsi définie est appelée norme produit sur l’espace E. On dit aussi
que {E, || • ||) est Y espace normé produit des espaces normés (Ei, Ni),..., (Ep, Np).

3.1.6 Comparaisons de normes


Soit Ni et N2 deux normes sur l’espace E.
Définition
On dit que la norme Ni est dominée par la norme N2 lorsqu’il existe a > 0 tel que

Ni(x) ocNq,{x) pour tout x G E.


Définition
On dit que les normes Ni et N2 sont équivalentes lorsqu’elles se dominent mutuelle­
ment, c’est-à-dire s’il existe a et /? > 0 vérifiant

aN2(æ) < Ni(x) < ^N2(æ) pour tout x e E.

Théorème 3
Sur un même K-espace vectoriel de dimension finie, toutes les normes sont deux à
deux équivalentes.
Par exemple, les normes usuelles sur Kn sont équivalentes et, pour tout x G Kn,
Ml2 < Ml < vMz||2, II^IL ||^||2 V^ll^lloo et Iklloo Ml «Iklloo-

3.2 Suites d’éléments d’un espace normé


On étudie les suites d’éléments de E que l’on appelle des suites vectorielles.

3.2.1 Convergence

Définition
On dit qu’une suite u — (un) d’éléments de E converge vers (. € E pour la norme || ■ ||
sur l’espace E lorsque ||un — £||-------- > 0. Cela signifie encore
n—>+oo

Ve > 0, 9N G N, Vn G N, n > N => ||un - £\\ e.

On note alors un-------- > E


n—>+00
3.2 Suites d’éléments d’un espace normé 103

Lorsqu’une suite u converge, il y a unicité du vecteur £ vers lequel celle-ci converge. Ce


vecteur est alors appelé la limite de la suite et est noté lim u ou lim un.
n—>4-oc
Le calcul sur les limites de suites est compatible avec les opérations d’addition et de
produit extérieur sur l’espace E. Il est aussi compatible avec le passage à la norme

un------—l => |K|| ------—> ||£||.


n—>4-oo n—>+oo

3.2.2 Effet d’un changement de norme


Soit M et N2 deux normes sur l’espace E.

Théorème 4
Si la norme M est dominée par la norme N2 alors toute suite convergeant pour N2
converge vers la même limite pour Ni.

En particulier, deux normes équivalentes définissent les mêmes suites convergentes et


celles-ci ont la même limite pour les deux normes.

3.2.3 Convergence et suites coordonnées


Si l’espace E est de dimension finie p E N* et si e = (ei,..., ep) désigne une base de E,
alors pour toute suite1 u = (u(n)) d’éléments de E, on peut écrire

u(n) = tii(n)ei + • • • + up(ri)ep avec Uj(n) G K.

Définition
Les suites scalaires Uj = (zzj(n)) ainsi introduites sont appelées suites coordonnées
dans la base e de la suite de vecteurs u.

Théorème 5
Quelle que soit la norme choisie sur l’espace E, on a équivalence entre :
(i) la suite vectorielle u converge ;
(ii) les suites coordonnées ui,... ,up convergent.
De plus, si tel est le cas,

limu — (limui)ei + •—H (limup)ep.

Une suite de matrices converge si, et seulement si, il y a convergence des suites des coef­
ficients. On peut alors déterminer la limite d’un produit de suites de matrices et affirmer
que, pour (An) et (Bn) deux suites d’éléments de jMPïÇ(IK) et 4Mq,r(]K) respectivement,

(An-------- > A et Bn-------- > B) => AnBn-------- > AB.


n—>4-oo n—>4~oo n—>4-oo

1. Afin de ne pas démultiplier les indices dans ce qui suit, on adopte une notation fonctionnelle des
termes de la suite u.
104 Chapitre 3. Espaces normés

Si l’espace E est un produit x • • • x Ep d’espaces normés et s’il est muni de la norme


produit, on peut aussi introduire les suites coordonnées d’une suite u d’éléments de E
en écrivant
u(n) = (ui(n),... ,up(n)).
On dispose alors d’un résultat similaire au précédent pour étudier la convergence de la
suite u à l’aide de ses suites coordonnées.

3.2.4 Séries d’éléments d’un espace normé


Le vocabulaire des séries numériques se transpose au cadre des séries de vecteurs1. En
particulier, si (un) désigne une suite d’éléments d’un espace normé E, on dit que la
série 52 converge s’il y a convergence de la suite (Sn) de ses sommes partielles. Sa
limite définit alors la somme de la série
4-00 N

Eiin =
n=0
lim Tv
N—>+oo
n=0

La notion d’absolue convergence présentée pour les séries numériques se transpose aux
séries vectorielles en remplaçant la valeur absolue par la norme.
Définition
Une série 52 un d’éléments de E est dite absolument convergente s’il y a convergence
de la série à termes positifs 52 ||un||.

Théorème 6
Lorsque l’espace E est de dimexision finlie, toute série 52ttn absolument
est convergente et
4-oo
22 Un «Eiwi-
n—0 n=0

3.3 Topologie
Soit || • (| une norme sur l’espace E.
On adopte le vocabulaire affine en nommant indifféremment points ou vecteurs les élé­
ments de E.

3.3.1 Voisinage
Définition
On appelle voisinage d’un point a de E toute partie X de E vérifiant

> 0, B(a, a) C X.
1. On parle de séries vectorielles.
3.3 Topologie 105

3.3.2 Intérieur d’une partie

Définition
On dit qu’un point a de E est intérieur à une partie X de E, si X en est voisinage.
On appelle intérieur de X l’ensemble noté X° des points intérieurs à X.
L’intérieur d’une boule ouverte B(a,r) est elle-même tandis que l’intérieur d’une boule
fermée est la boule ouverte de mêmes centre et rayon.
L’intérieur d’un intervalle réel non vide est l’intervalle ouvert de mêmes extrémités.

3.3.3 Adhérence d’une partie

Définition
On dit qu’un point a de L est adhérent à une partie X de E si X intercepte tous les
voisinages de a :
Va > 0, B(a, a) O X 0.
On appelle adhérence de X l’ensemble noté X des points adhérents à X.
L’adhérence d’une boule fermée Bf(a, r) est elle-même tandis que l’adhérence d’une boule
ouverte est la boule fermée de mêmes centre et rayon.
L’adhérence d’un intervalle réel non vide est l’intervalle fermé de mêmes extrémités.

En parallèle, une partie, son intérieur, son adhérence.

Par passage au complémentaire, on échange intérieur et adhérence :

et C£(X°)=CBX.

Théorème 7 (Caractérisation séquentielle des points adhérents)


Soit X une partie non vide de E et a un élément de E. On a équivalence entre :
(i) a est adhérent à X ;
(ii) B(æn) G XN, xn---- » a.
n—^+oo

Les points adhérents à X apparaissent alors comme les limites des suites convergentes
d’éléments de X.
Chapitre 3. Espaces normés

3.3.4 Frontière

Définition
On dit qu’un point a est frontière à une partie X de E s’il est adhérent à X sans être
intérieur à X. On appelle frontière de X l’ensemble des points frontières de X :

On remarque alors

3.3.5 Parties ouvertes

Définition
Une partie U de E est dite ouverte si elle est voisinage de chacun de ses points :

Va e U, 3a > 0, B(a, a) C U.

On dit encore que U est un ouvert de E.


Une partie est ouverte si, et seulement si, son intérieur lui est égal. Cela revient encore
à dire qu’elle ne contient aucun de ses points frontières.
0 et E sont des exemples de parties ouvertes de E.
Les intervalles ouverts de R sont, comme leur nom l’indique, des parties ouvertes. Il en
est de même des boules ouvertes d’un espace normé.

Théorème 8
Une réunion (finie ou infinie) de parties ouvertes est une partie ouverte.
■.. ■ - intersection
. Une finie de parties ouvertes
_ _ ... ■ une partie■ ouverte.
_ ■est .

3.3.6 Parties fermées

Définition
Une partie F de E est dite fermée si son complémentaire est une partie ouverte. On
dit encore que F est un fermé de E.
Une partie est fermée lorsque son adhérence lui est égale. Cela revient encore à dire
qu’elle contient tous ses points frontières.
E et 0 sont des exemples de parties fermées1 de E.
Les intervalles fermées de R sont des parties fermées, les boules fermées sont aussi des
parties fermées.

1. E et 0 sont les seules parties de E à la fois ouvertes et fermées. Soulignons qu’il existe de nombreuses
parties ni ouvertes et ni fermées et qu’une partie qui n’est pas ouverte n’est pas nécessairement fermée.
3.4 Exercices d’apprentissage 107

ouvert fermé ni ouvert, ni fermé


Trois parties topologiquement différentes.

Théorème 9
Une intersection (finie ou infinie) de parties fermées est une partie fermée.
Une réunion finie de parties fermées est une partie fermée.

Théorème 10 (Caractérisation séquentielle des parties fermées)


Soit F une partie de E. On a équivalence entre :
(i) F est fermée ;
(ii) V(xn) G FN, (xn) converge => lim xn G F.
n—>+oo

On dit qu’une partie est fermée lorsqu’elle contient les limites de ses suites convergentes.

3.4 Exercices d’apprentissage

Exercice 1
Sur l’espace E des polynômes réels, on pose

N(P)= sup |P(t)|.


tG[-l;l]

Vérifier que N définit une norme sur E. I


.. .... ‘■m»™»'—

Solution

méthode
On commence par vérifier que l’application N est bien définie et à valeurs
dans R+.
Pour P G E, la fonction t >-> P(t) est continue sur le segment [—1 ; 1], elle est donc
bornée ce qui permet d’introduire le réel
V(F)= sup |P(t)|GR+.

méthode
On vérifie ensuite les trois axiomes (homogénéité, séparation et inégalité tri­
angulaire) définissant qu’une application est une norme.
108 Chapitre 3. Espaces normés

Soit P G E tel que N (P) — 0. Pour tout t G [—1 ; 1], on a P(t) = 0 car
0 |P(t)| < 7V(P) = 0.
méthode
L’objectif est de démontrer que le polynôme P est nul, non seulement qu’il
s’annule sur [—1 ; 1] ! On exploite un argument relatif au nombre de racines du
polynôme.
Le polynôme P admet une infinité de racines, c’est donc le polynôme nul.
Soit À G R et P G E. Vérifions N(AP) = |A|7V(P). Pour tout t E [— 1 ; 1], on a
|P(i) | < N (P) et donc
|AP(t)| = |A||P(t)| C |A|JV(P).
Une borne supérieure étant le plus petit des majorants, on peut affirmer
7V(AP) = sup |AP(i)| |A|7V(P). (*)
te[-i;i]
Si A est nul, cette inégalité est une égalité. Si A est non nul, en considérant le polynôme AP
au lieu de P et le scalaire 1/A au lieu de A, on peut affirmer

7V(P)^
1 7V(AP)
Â
et donc
|A|7V(P) =Æ(AP). (**)
Les inégalités (*) et (**) se complètent pour donner1 N (AP) = |A| N(P).
Enfin, considérons P,Q E E. Pour tout t E [—1 ; 1], on a
|(P + Q)(t)| = |P(t) + Q(t)| C |P(i)| + |Q(i)| « N(P) + 7V(Q).
Une borne supérieure étant le plus petit des majorants, on conclut
N(P + Q)= sup \(P + Q)(t)\^N(P) + N(Q).
tel—1;1]
Finalement, N définit bien une norme sur E.

Exercice 2
On considère E = C1 ([0 ; 1], R) l’espace des fonctions de classe Cl. de [0 ; 1] vers R.
(a) Pour f E E, on pose N(f) « |/(0)| + ll/'Hop. Montrer que N définit une norme
sur E. '
(b) Pour f 6 E, on pose N'(f) ~ H/Hoo + ll^llop- On=Jvérifie aisément que N' êtô
aussi une norme sur E. Montrer que la norme N' est^équivalente à N,
(c) Les normes N et N’ sont-elles équivalantes à || ■ ?

1. Plus rapidement, on peut observer que l’application N est définie à partir d’une restriction de
l’application || • ||oo Que l’on salt être une norme.
3.4 Exercices d’apprentissage 109

Solution

(a) L’application N est bien définie sur E et valeurs dans R+. En effet, pour / dans E,
la dérivée f' existe et est continue sur le segment [0 ; 1] ce qui permet d’introduire H/'Hoq.
Soit une fonction f G E telle que N(f) = 0. Par nullité d’une somme de termes positifs,
on a simultanément /(O) = 0 et ||/v [|oo = 0.
méthode
On sait que l’application || • définit une norme : on peut employer les pro­
priétés de séparation, d’homogénéité et d’inégalité triangulaire, sans détailler
les démonstrations associées.
La dérivée f' est donc nulle. La fonction f est alors constante et, sachant /(O) = 0, on
conclut que f est la fonction nulle.
Soit A G K et f e E. On a

W(A/) = |A/(0)| + = |A| |/(0)| + lAlH/'ll^ = |A| N(jj.

Enfin, pour f,g G E,

N(f + g) = |/(0) + s(0)| + ||/' + 9'|L


< |/(o)| + |s(o)| + ll/'IL + ll/U = N(f) + JV(9).

(b) méthode
On vérifie que deux normes sont équivalentes en constatant qu’elles se do­
minent mutuellement.
Pour f G E, on a |/(0) | Il/Hoo et donc N(f) Ainsi, la norme N est dominée
par la norme N'.
méthode
Pour vérifier que N' est dominée par TV, il faut parvenir à majorer à
l’aide de |/(0) et ||f H^.

La fonction étant de classe C1, on peut écrire pour tout x E [0 ; 1]

/(z) = /(0) + [
Jo
Par inégalités triangulaires

l/(x)| < |/(0)| + f|/'(t)|dts;|/(O)|+ flI/'ILdi


JO JO
= IM + æll/'L IM + ll/'lloo = W).
On en déduit H/H^ C TV(/) puis, sachant ||/,|| C N(J), on a N'(f) 2TV(/). Ainsi, la
norme N' est aussi dominée par la norme TV.
110 Chapitre 3. Espaces normés

(c) méthode
Les normes N et N' étant équivalentes, il suffit de savoir comparer l’une d’elles
à la norme || • pour répondre à la question.

La norme || ■ est évidemment dominée par la norme N'. L’inverse est douteux car
il n’est pas possible de borner une dérivée en sachant seulement borner la fonction.

méthode
On peut montrer qu’une norme Ni n’est pas dominée par une norme N% en
déterminant une suite (wn) de vecteurs non nuis vérifiant

Ni(un) _____ _i_^


nr ,-- r ------ > +0O.
N2(un) n->+oo
Pour n G N*, considérons fn: x i-> xn définie sur [0; 1]. Les fonctions fn sont éléments
de E.

||/n|L = sup |tn| = 1 et N(fn) = o+ sup \ntn 1|=n-------- > +oo.


00 te[O;l] te[O;l] n—>+oo

Ainsi, la norme N n’est pas dominée par || ■ et ces normes ne sont pas équivalentes.
A fortiori, N' n’est pas non plus équivalente à || • Hæ.

Exercice 3 *
Soit E = A4P(K) muni d’une norme || • || sous-multiplicative :

V(AB)gjvfp(K)2, IMBKMIIPII.

Soit A G A4p(K) vérifiant ||A|| <1.


(a) Etudier la convergence de la série matricielle 52-(4n-
(b) Justifier que la matrice Ip — A est inversible et exprimer la somme de la série
précédente.

Solution

(a) méthode
Pour établir la convergence d’une série d’éléments d’un espace normé de di­
mension finie, on peut :
— calculer les sommes partielles (série télescopique) et étudier leur limite;
— raisonner par convergence absolue en exploitant les outils de comparaison.

Par la propriété de sous-multiplicativité, on montre par récurrence | An|| < ||A||n pour
tout naturel n. La série géométrique 52 M||n converge car || A|| G [0 ; 1[. Par comparaison
de séries à termes positifs, on peut affirmer la convergence de la série numérique 52||^-n||-
Ainsi, il y a convergence absolue de la série matricielle ^An. L’espace normé A4P(1K)
étant de dimension finie, on peut affirmer (Th. 6 p. 104) la convergence de la série 52 An.
3.4 Exercices d’apprentissage 111

(b) méthode
On fait apparaître un télescopage, en multipliant par Ip — A les sommes par­
tielles de la série An.
Pour TV € N
N N
(Ip - A)^An = ^(An - An+1) =IP-A7V+1. (*)
n=0 n=0

Or la suite matricielle (A77"1"1) est de limite nulle puisque

||AN+1 — Op|| = ]|AW+I|| < ||A||N+10 car ||A|| <= [0; 1[.

On en déduit par passage à la limite de (*) (ce qui est possible car on sait la série
matricielle convergente)
+oo
(Ip - A) £ 4" = Ip.
n=0

On peut alors affirmer que la matrice Ip — A est inversible1 et

n=0

Exercice 4
Montrer que • a’ ■?

A= {(a?i,... ,zn) G [0;+oo[n | xi -1------ Fxn^l}


' J

est une partie bornée et convexe de Rn. ' .J <

Solution
A est évidemment une partie de Rn.
méthode
Il On montre qu’une partie A est bornée en exhibant une borne de celle-ci, c’est-
|| à-dire un réel M tel que ||m|( M pour tout xEA.
Il est nécessaire de choisir une norme sur Rn. Puisque l’espace est de dimension finie,
toutes les normes sur Rn sont équivalentes (Th. 3 p. 102) et le choix de cette norme est
sans incidence. Considérons la norme || • ||r Pour tout x G A, on constate
n n

Mi = 52 i^i = 52Æfc 1 = M-
k—l k=l

La partie A est donc bornée.


1. Bien que le produit matriciel ne soit pas commutatif, il suffit dans le cadre des matrices carrées de
vérifier AB = Ip pour affirmer que A et B sont inversibles et inverses l’une de l’autre.
112 Chapitre 3. Espaces normés

méthode
On vérifie qu’une partie est convexe en constatant qu’elle contient intégrale­
ment les segments dont les extrémités lui appartiennent.
Soit a = (ai,..., an) et b = (61,..., bn) deux éléments arbitrairement choisis dans A.
Les éléments du segment [a ; 6] sont les (1 — A)a + Xb avec A € [0 ; 1]. Soit A € [0 ; 1] et

x — (1 — A)a T Xb = ((1 — A)oq + AZq,..., (1 — A)tzn T A6n).


<------------ _>

= æl —æn

Les Xi sont tous positifs par produits et sommes de nombres positifs et

Xi + • • • + xn = (1 — A)(ai + • • • + an) + A (Zq + • • • + &n) (1 — A) + A = 1.


' ' ci <i

Ainsi, x est élément de A et l’on peut affirmer [a ; b] c A. La partie A est convexe.


*------------------------------------------------------------------------------------------------------ :-----------—'——'—: ——:————■—! ->

Exercice 5
Montrer que si F est un sous-espace vectoriel d’un espace normé E, son adhérence F
est aussi un sous-espace vectoriel de E.

Solution
L’adhérence F est évidemment une partie de E et celle-ci contient F, elle est donc non
vide. Il reste à vérifier que cette partie est stable par combinaison linéaire.

méthode
Un point est adhérent à une partie si, et seulement si, il est limite d’une suite
convergente d’éléments de cette partie (Th. 7 p. 105).

Soit A, ju € K et x,y e F. Il existe deux suites (:rn) et (?/n) d’éléments de F vérifiant

xn-------- > x et yn-------- > y.


n—>+oo n—>+oo

Par opérations sur les limites, on peut affirmer

Xxn + pyn -------- > Xx + py.


n—>+oo

Or (Xxn + pyn) est une suite d’éléments du sous-espace vectoriel F. Sa limite Xx + py


est donc élément de l’adhérence F.
On peut conclure que F est bien un sous-espace vectoriel de E.

Exercice 6
Soit A une partie de R non vide et majorée. Montrer sup(A) e Â.
3.4 Exercices d’apprentissage 113

Solution

méthode
|| On détermine une suite d’éléments de A convergeant vers sup(A).
L’ensemble A est une partie de IR non vide et majorée, on peut donc introduire le
réel M = sup(A). Ce réel est le plus petit des majorants de A : c’est la propriété clé qui
permet de construire une suite d’éléments de A convergeant vers M.
Soit neN*. Le réel M — 1/n ne majore pas A car il est strictement inférieur à M. Il
existe donc un élément an G A tel que

M - - < an < M.
n
En faisant varier n, ceci détermine une suite (an) d’éléments de A qui, par théorème
d’encadrement, converge vers M. On en déduit que M est adhérent1 à la partie A (Th. 7
p. 105).

Solution
On vérifie couramment qu’une partie est fermée par la caractérisation séquentielle des
parties fermées (Th. 10 p. 107).

méthode
On introduit une suite d’éléments de la partie, on suppose que celle-ci converge
et l’on établit que sa limite appartient à la partie : la partie contient alors les
limites de ses suites convergentes.
Soit (un) une suite convergente d’éléments de H et sa limite. Pour tout ne N, on
peut écrire un = (xn,yn) ce qui introduit les suites coordonnées (æn) et (t/n). On peut
aussi écrire — (æqoï/oo) et affirmer (Th. 5 p. 103)

•En
n—>+00
æoo et yn n—>4-oo
J/oo-

Puisque chaque un est élément de ?/, on a xnyn = 1 pour tout naturel n. En passant
à la limite, on obtient æooï/oo = 1 et donc Uqq est élément de H. On peut alors conclure
que H est une partie fermée 2 de R2.

1. On montre de même que la borne inférieure d’une partie de R non vide et minorée est adhérente
à celle-ci.
2. Plus généralement, on démontre de la sorte que des parties de Rn définies par une condition
« continue » s’exprimant en terme d’égalité ou d’inégalités larges est une partie fermée. A l’inverse une
inégalité stricte définit généralement une partie ouverte.
3.4 Exercices d’apprentissage 113

Solution

méthode
|| On détermine une suite d’éléments de A convergeant vers sup(A).
L’ensemble A est une partie de R non vide et majorée, on peut donc introduire le
réel M = sup(A). Ce réel est le plus petit des majorants de A : c’est la propriété clé qui
permet de construire une suite d’éléments de A convergeant vers M.
Soit n G N*. Le réel M — 1/n ne majore pas A car il est strictement inférieur à M. Il
existe donc un élément an G A tel que

M-- < an L M.
n
En faisant varier n, ceci détermine une suite (an) d’éléments de A qui, par théorème
d’encadrement, converge vers M. On en déduit que M est adhérent1 à la partie A (Th. 7
p. 105).

Solution
On vérifie couramment qu’une partie est fermée par la caractérisation séquentielle des
parties fermées (Th. 10 p. 107).
méthode
On introduit une suite d’éléments de la partie, on suppose que celle-ci converge
et l’on établit que sa limite appartient à la partie : la partie contient alors les
limites de ses suites convergentes.
Soit (un) une suite convergente d’éléments de H et sa limite. Pour tout n G N, on
peut écrire un = (xn,yn) ce qui introduit les suites coordonnées (rcn) et (t/n). On peut
aussi écrire ux — (Xo^yao) et affirmer (Th. 5 p. 103)

^ 37 oo yn y^.
n—>+oo n—>4-oo

Puisque chaque un est élément de 77, on a xnyn = 1 pour tout naturel n. En passant
à la limite, on obtient x^y^ — 1 et donc est élément de 77. On peut alors conclure
que 77 est une partie fermée 2 de R2.

1. On montre de même que la borne inférieure d’une partie de R non vide et minorée est adhérente
à celle-ci.
2. Plus généralement, on démontre de la sorte que des parties de Rn définies par une condition
« continue » s’exprimant en terme d’égalité ou d’inégalités larges est une partie fermée. A l’inverse une
inégalité stricte définit généralement une partie ouverte.
114 Chapitre 3. Espaces normés

3.5 Exercices d’entraînement


3.5.1 Normes

Exercice 8 *
Soit ai,..., an des réels et N: Kn -> R l’application définie par

7V(xi ,...,xn) = ai |a?i | + • • • + an \xn |.

À quelle(s) condition(s) sur les ai,..., an, l’application N définit-elle une norme
sur Kn?. —a—b—iiim || mu ni imrTTTmnriïWïTriïff ni. fwififf

Solution

méthode
On raisonne par analyse-synthèse : lors de l’analyse on réunit les conditions
que doivent vérifier les ai pour que l’on puisse montrer que N est une norme
lors de la synthèse.
Analyse : Supposons que N soit une norme sur Kn. Introduisons (ei,..., en) la base
canonique de Kn. Pour tout [l;njj,onaa, = 7V(ej). Or une norme prend des valeurs
strictement positives sur les vecteurs non nuis. On a donc a^ > 0 pour tout indice i.
Synthèse : Supposons les a< tous strictement positifs. L’application N est alors bien
définie à valeurs dans R+.
Soit x = (ari,..., xn) G Kn tel que N(x) — 0. On a

ai |xi| H------ 1- an |xn| = 0.

Par nullité d’une somme de termes positifs, on peut affirmer a^ |xj| = 0 pour tout indice i
compris entre 1 et n. Or ai 7^ 0 et donc Xi = 0. On peut alors conclure que le vecteur x
est nul.
Pour A G K et x = (a?i,..., xn) G Kn

N(Xx) = N((Xxi, ■■■, Azn)) = ai | Aaq | -I---- + an |Aa;n|


= |A| (ai|aq| +---- F an |zn|) = |A| N(x).

Pour x = (xi,... ,xn) et y = (yi,... ,yn) dans Kn

N(x + y) = N((xi +yi,...,xn +yn)) = ai|xi + î/i| H---- + an|æn + yn\


«1(1^11 + lî/il) "!---- + ûn(kn| + W) = N(x) + N(y)

car les ai sont tous positifs.


On peut conclure que N définit une norme sur
3.5 Exercices d’entraînement 115

Exercice 9 **
Pour A = € A4n(R), on pose
71

(
(a) Montrer que || • || définit une norme sur A4n(R).
(b) Montrer que cette norme est sous-multiplicative ce qui signifie :

Ÿ(A,B)eJK„(R)2, PBK ||A|| ||B||.

Pour X colonne de A4n,i (B), on pose

N(X) — max .
l^i^n

(c) Vérifier
VX G A4n,i(R), N(AX) ||A|| N(X).
(d) En déduire
M|| « sup N(AX).
AT(X)=1

Solution

(a) L’application || • || est bien définie1 de ,A4n(R) dans R+


Soit A G ,A4n(R) telle que Mil = 0- Pour tout indice i compris entre 1 et n, on a
n
0 « E I“mI < MH =0
j=l
et donc

Par nullité d’une somme de quantités positives, on obtient aid = 0 pour tous les indices i
et j. Ainsi, la matrice A est nulle.
De plus, pour X G R et A, B G A4n(R)
n / n \ / n \

iiaaii = sup y^i-^M'i — sup i i^i en sup i y?iaî,ji i=i^i mu


X >0 ■7 = 1 7 V7=l 7
1. La borne supérieure porte ici sur un nombre fini non nul de quantités réelles, on aurait aussi pu
exprimer un max à la place de celle-ci.
116 Chapitre 3. Espaces normés

L’application || • || définit bien une norme sur A4n(R).

(b) Soit A,B E jMn(R) et C — AB.


méthode
Le coefficient général du produit AB s’exprime par la formule

Soit i G [1 ; n]. On peut écrire avec des notations entendues


n n n

52 icmI ~ 52 52 ^EiEi^iim
3=1 j—l k=l j=i \fc=i

En échangeant les deux sommes


n n / n \
y ; lCî,jl y I \ai,k | y } j

j=l k=l \ j=l / fc=l /

Cette majoration, valant pour tout indice z, on peut passer à la borne supérieure et
affirmer ||AB|| < ||A|| ||B||.

(c) Soit X 6A1nii(R).


méthode
Le coefficient général du produit AX s’exprime par la formule

7=1

Soit i G [[1 ; n]|. Avec des notations entendues


n n n

H 2 ai,jXj
^N(X) i=l
7=1

Cette majoration, valant pour tout indice z, elle vaut en particulier pour celui déterminant
la valeur de N(AX) et donc N(AX) ||A|| N(X).
3.5 Exercices d’entraînement

(d) Pour toute colonne X E A4n,i(R) vérifiant N(X') = 1, l’inégalité qui précède
donne N(AX) ||A||. On en déduit la majoration qui suit avec existence de la borne
supérieure
sup N(AX) ||A||. (*)
N(X)=1

méthode
Pour obtenir l’inégalité inverse, on construit une colonne X dont les coefficients
sont des 1 ou des —1 de sorte que la colonne AX voit apparaître ||A|| parmi
ses coefficients.
Notons io l’indice pour lequel
n \ n

(J=1
Considérons ensuite la colonne X dont les coefficients Xj sont donnés par
/ j=l

1 si aioj 0
xj ~ ï —1 sinon.

Ces coefficients sont choisis de sorte que \xj | = 1 et aiojXj = pour tout indice j.
La colonne X vérifie alors
n n
N(X) = 1 et =£1^1 = ||A||.
J=1 J=1
On a donc N(AX} ||A|| et l’on peut affirmer

sup N(AX) > ||A||. (**)


N(X)=1
Les inégalités (*) et (**) se complètent pour produire l’égalité voulue.

Exercice 1-0 **
On note l’ensemble des suites u = (un) G KN de carré sommable :
+oc
- ]T|un|2 < +oo.
■ n=0
Montrer que /2(N, K) est un K-espace vectoriel normé par l’application
/+oo \!/2
m2 = (SW2 ■
Vi. ......... '.................... . ' ■
' \n=0 /
' .. ........ . ............. *..... r -- ------------- ' ' : " - -- -- - -----------
118 Chapitre 3. Espaces normés

Solution
méthode
On vérifie que £2(N, K) est un sous-espace vectoriel de l’espace des suites
d’éléments de K.
L’ensemble ^2(N, K) est une partie non vide (il contient la suite nulle) de l’espace KN.
Pour À G K et u E £2(N,K), on a immédiatement Au G £2(N, K). Pour u, v G ^2(N, K),
on a pour tout naturel n
| (^ d~ ^)n | (|| P ||) || P 21Un 11Vn | p || •

méthode
|| On exploite l’inégalité 2ab a2 + b2 valable pour tout (a, 6) G R2.
On en déduit
|(wpu)n| 2 ( | Un | p | Vn | ).

Par comparaison de séries à termes positifs, on peut affirmer u P v E £2(N,K).


Finalement, ^2(N, K) est un sous-espace vectoriel de KN, c’est donc un K-espace vec­
toriel. Vérifions maintenant que || • ||2 définit une norme sur £2(N, K).
L’application || • ||2 : £2(N,K) —> R+ introduite est bien définie.
Soit une suite u G £2(N,K) telle que ||«||2 = 0. On a
+oo
JS Iwn|2 = 0.
n=0

i 12
Par nullité d’une somme de termes positifs, on obtient |wn| =0 donc un — 0 pour tout
naturel n. On peut alors affirmer que u est la suite nulle.
Soit A G K et u G é2(N,K). La propriété d’homogénéité s’obtient par les calculs qui
suivent :
/+oo 0/2 /+oo 0/2 / -|-oo \l/2

M= £|Au„|2 = EWPP =M EH2 =IA|M2-


\n=0 / \n=0 / \n=0 /

Soit u,v G £2(N, K). Montrons ||u P v||2 ||u||2 P ||v||2.


méthode
|| On étudie l’inégalité triangulaireau carré afin de simplifier les racines.
+oo +oo 4-00 4-oo

ii^+^ii2 = nJS
—O
lWn + ?p|2 n=0
JS Kl2+2 nJS
—0
WW + JS
n=0
W2- (*)
=Mz =Mi
Or, par l’inégalité de Cauchy-Schwarz, on a pour tout naturel N
N /N \ V2 / N X1/2

JSWKK
n=0
JSl^T)/
\n=0
EM2/ •
\n=0
3.5 Exercices d’entraînement 119

En passant à la limite quand N —> +oo, il vient


+ oo / + oo \1/2 /+oo \V2
K||un| I ]T|un|2 I l52|vn|2| = ||U||2 ||V||2.
n=0 \n=0 / \n=0 /

Ainsi, l’inéquation (*) donne

||u + v||2 ||u||2 + 2 ||w||2 IIv||2 + ||v||2 = (||u||2 + ||n||2)2

et l’on peut conclure1


1|îz + v||2 < M2 + M2.

Exercice 11 ** . . . ~—~ )

Soit Ai et N2 deux normes sur un même K-espace vectoriel E.


(a) On suppose égales les boules unités fermées des normes Ai et N2. Montrer que
ces deux normes sont égales.
(b) Même question avec les boules unités ouvertes.
. .............................................................. 1 1 .niwini.mi.mnmi m—w 1 11 1 1 if
Solution
(a) méthode
Par un facteur homothétique A bien choisi, tout vecteur x non nul peut être
transformé en un vecteur Aa; d’une boule unité.
Soit x E E. Si a; est le vecteur nul alors Ai (a;) = 0 = Nï^x). Si x est non nul, intro­
duisons le vecteur y — x/Ni(x). Ce vecteur est unitaire pour la norme Ai. Il appartient
donc à la boule unité fermée de cette norme. Par l’hypothèse d’égalité des boules unités
fermées, le vecteur y appartient aussi à la boule unité fermée pour la norme A2. On en
déduit A2(t/) 1 et il en découle A2(a?) < Ai (a;).
Un raisonnement symétrique donne Ai (a;) < A2(a?) et l’on peut conclure à l’égalité des
deux normes Ai et A2.

(b) méthode
On reprend la démarche précédente en se ramenant à un vecteur « proche »
du bord de la boule unité ouverte.
Soit x E E. Pour e > 0 arbitraire, on introduit le vecteur
_ x
y Ai (a;) + e

pour lequel

1. Lorsque K = R, la norme introduite ici est la norme euclidienne associée au produit scalaire défini
par (u, v) = ^^UnVn : voir sujet 8 du chapitre 6 de l’ouvrage Exercices d’algèbre et de probabilités
MP.
120 Chapitre 3. Espaces normés

Le vecteur y est élément de la boule unité ouverte pour la norme Ni. Celle-ci étant
supposée égale à la boule unité ouverte pour la norme N2, on obtient N2(y) < 1 et l’on
en tire N2(x) < Ni(x)+e. Cette inégalité valant pour tout £ > 0, il suffit de faire tendre e
vers 0 par valeurs supérieures pour obtenir N2(x) Ni(x).
On conclut à l’égalité par un raisonnement symétrique.
Exercice 12 **
Soit E un espace vectoriel réel et N : E —> une application vérifiant

\/x e E, N(x) = 0 => x — 0e


VA e R, Vx G E, N(X.x) = |A| N(x).

Montrer que N définit une norme si, et seulement si, l’ensemble

B = {x G E | N(x) 1}

est une partie convexe de E. I

Solution
La convexité des boules définies par une norme donnée étant connue, c’est essentielle­
ment l’implication réciproque qu’il s’agit d’établir.
On suppose la partie B convexe. Pour établir que N définit une norme, il suffit de
montrer l’inégalité triangulaire N(x 4- y) N(x) 4- N (y) pour tous x et y dans E.
Lorsque x ou y désigne le vecteur nul, c’est immédiat. Supposons désormais les vec­
teurs x et y non nuis.
méthode
En divisant les vecteurs x et y par leurs normes, on se ramène à des vecteurs
appartenant à B.
Introduisons les vecteurs unitaires a = x/N(x) et b = y/N(y). Les vecteurs a et b
appartenant à B, le segment d’extrémités a et b est entièrement inclus dans B et donc,
pour tout t E [0 ; 1], on a
7V((1 — i)a +1&) < 1.
En choisissant t = N(y)/(N(x) 4- N (y)} E [0 ; 1], on conclut
N(x + y) < N(x) 4- N(y).

3.5.2 Comparaisons de normes

Exercice 13 * g
Soit n E N et Enl’espace despolynômes réels de degrésinférieurs à n. Montrer qu’il g
existe A > 0 vérifiant I

EEn, f^id^ A sup |P(t)|. I


/O tGfO;l] J
3.5 Exercices d’entraînement 121

Solution

méthode
|| En dimension finie, les normes sont toutes équivalentes (Th. 3 p. 102).
Introduisons Ni et N? les fonctions définies sur En par

= [ |P(t)jdt et JV2(P)= sup


JO te[0;l]

On vérifie aisément que ces deux applications définissent des normes sur En. Puisque
l’espace En est de dimension finie, ces deux normes sont équivalentes et, en particulier,
la norme N? est dominée par Ni ce qui conduit à l’inégalité voulueh

Exercice 14 **
Soit E — C([0 ; 1],R) et E+ le sous-ensemble de E constitué des fonctions positives
qui ne s’annulent qu’au plus un nombre fini de fois. Pouf toute fonction <p e È+ et
pour toute fonction f e E on pose

ll/iu = f |/(W(*)df-
Jo
(a) Montrer que || • définit une norme sur
(b) Montrer que, si tpi et ç?2 sont deux applications strictement positives de E+,
les normes associées sont équivalentes.
On considère les fonctions (pi et <p2 de Et déterminée par
<£>i(t)=t et cp2(t)~t12 pour tout t G [0;l].
(c) Les normes |j • ||Vi et || - || sont-elles équivalentes ?

Solution
(a) L’application || • || : E —> R+ est bien définie puisque l’intégrale porte sur un
segment et que la fonction intégrée y est continue.
Soit f 6 E telle que H/H^ = 0. Par nullité de l’intégrale d’une fonction continue et
positive, la fonction t | f(t) | ç?(t) est nulle. En dehors des valeurs où <p est nulle, la
fonction f s’annule assurément.
méthode
On exploite un argument de continuité pour montrer que f est aussi nulle en
les points où </? s’annule.
La fonction ip ne s’annule qu’un nombre fini de fois. Si xq est une valeur en laquelle ip
s’annule, il existe un voisinage de celle-ci (voisinage excluant xq) sur lequel 92 ne s’annule
1. En revanche, si l’on se place sur E — R[X], un tel réel A n’existe pas. On s’en convainc en considérant
P — Xn avec n G N arbitraire.
122 Chapitre 3. Espaces normés

pas. La fonction f est alors nulle sur ce voisinage et, par continuité, f s’annule1 aussi
en xq. Finalement, la fonction f est nulle partout.
Les propriétés = |A| WfW^ et \\f + p||v ||/||^ + IMI^ étant immédiates, on peut
affirmer que || • || définit une norme sur l’espace E.

(b) méthode
|| On justifie l’existence d’un réel M tel que pour tout t E [0 ; 1].
La fonction ne s’annule pas, on peut donc introduire la fonction Celle-ci est
continue sur le segment [0 ; 1] et donc bornée par un certain réel M en vertu du théorème
des bornes atteintes. On a alors 922(t) pour tout t E [0; 1]. On en déduit la
comparaison qui suit pour toute fonction f de E

\f(t)\cp2(t)dt M / |/(i)|<^i(t)dt = M||/|| .


Jo

Ainsi, la norme || • || est dominée par || • H^. Un argument symétrique produit la do­
mination en sens inverse et l’on peut conclure que les deux normes sont équivalentes.

(c) On vérifie facilement || • || < || • || car t2 < t pour tout t E [0 ; 1]. En revanche,
la domination en sens inverse n’est pas vraie.
Pour n E N, considérons la fonction fnEE déterminée par fn(t) = (1 — t)n. On a2

ii/„U = /fo
1 e(i-trd^(w-^1 n+2)

et
r1 9
= Jo t2d - *)”dt = (n-+1)(n + 2)(n + 3).

Le quotient ||/n|Lrl / \\fn|Lfi étant de limite +00 quand n croît vers +00, la norme || • || r 1
n’est pas dominée par || • || .

3.5.3 Suites de vecteurs

Exercice 15 *
A quelle condition sur A G A4p(K) existe-t-il M E jMp(K) vérifiant

Mn---- >A?
n—>+oo

1. Pour mener ce raisonnement, on a exploité que tout élément de [0 ; 1] est adhérent à l’ensemble des
points où <£> ne s’annule pas.
2. Un procédé efficace pour calculer ces deux intégrales consiste à poser une intégration par parties !
3.5 Exercices d’entraînement 123

Solution

méthode
|| Par analyse-synthèse, on obtient la condition A2 = A.
Analyse : Supposons que la suite (Mn) converge vers A. La suite extraite (M2n)
converge alors aussi vers A. En raisonnant par les coefficients1, on peut affirmer que le
produit M2n = Mn x Mn tend vers A2. Par unicité de la limite d’une suite, on obtient
A2 = A : la matrice A est représentative d’une projection vectorielle.
Synthèse : Si A2 = A alors A est la limite de la suite (An) car cette dernière est
constante égale à A à partir du rang 1.

Exercice 16 **
Soit a € R. Déterminer la limite de la suite (A”) avec

a _ I'
/1 n 1
•^•n — I i / '
\n/'

Solution

méthode
Une matrice de la forme
x -y
y x
est homothétique à une matrice de rotation :

(x —y\ r~y~,—y (cos 3 — sin . ...


= v x2 + y2 . n n avec 3 G K bien choisi.
y 2/ xJ ysm0 cos 3 J
On écrit An = pnR(3n} avec

Æ(0 • nnn
v n)7 = \sm0 an ,
costLJ pn = V
V 1 + ~j
n2 et 3n = arctan

Puisqu’il est facile de calculer les puissances d’une matrice de rotation, on obtient

An — Pn
nn
cos(n0n) — sin(n#n)
■^n
sin(n#n) cos(n0n)

D’une part,
/ 2 \ ■£ / / 2
n I a \ / n , (, a à 1.
Pn = \ 1 + n“22 1 = eXP \ 2ô ln \ 1 + n“22
2

1. Les coefficients déterminent les suites coordonnées dans la base canonique de .Mp(IK), on emploie
alors le Th. 5 p. 103.
124 Chapitre 3. Espaces normés

D’autre part,
/> ( a\
ndn — narctanl\Tl
— J --------
n^r+'Xj
> a.

^a/n

On en déduit
.„ (cos a — sin a\
n n-n-oo y sin a cos a J '

Exercice 17 ** (Théorème du point fixe)


Soit E un espace de dimension finie de norme || • || et f une application de E vers E.
On suppose qu’il existe1 fc G [0 ; 1[ tel que

e E2, \\f(y) -/(z)|| < fc||2/-o;||.

(a) Montrer que f possède au plus un point fixe2.


On choisit arbitrairement a e E et l’on considère la suite (xn) définie par

xq = a et Vn e N, xn+i = f(xn).

(b) Montrer la convergence la suite (æn).


(c) En déduire que la fonction f admet un point fixe.

Solution
(a) Supposons x, y deux points fixes de f. On a
||î/ - æ|| = ||/(2/) - /(^)|| k\\y - x||
et donc
(1 - k) \\y - z|| 0.
>o
Nécessairement ||t/ — z|| = 0 et donc x = y. La fonction / admet donc au plus un point
fixe.

(b) méthode
|| On étudie la série télescopique YXxn+i ~ %n) associée à la suite (a?n).
Pour tout nEN*, ona

||*Tn+l || \\f (^n) f (*Tn—1 ) || k11Xn Xn—i ||.


Par récurrence, il vient pour tout naturel n
||æn+1 - zn|| kn\\x1 - ar0||-
1. On dit que l’application f est contractante.
2. Un point fixe de / est une valeur x de E vérifiant /(x) = x.
3.5 Exercices d’entraînement 125

Puisque k G [0 ; 1 [, la série géométrique kn converge. Par comparaison de séries


à termes positifs, la série numérique ^2 ||xn+i — zn|| converge. La série télescopique
52(zn+i — Xn) est donc absolument convergente et donc convergente car l’espace E
est de dimension finie (Th. 6 p. 104). Ainsi, la suite (xn) est convergente.

(c) Introduisons la limite de la suite (xn). On a


/(æoo) || ~ ||yT(*^'n.) /(*oo)|l ^||æn æoo||

La suite (xn+i) converge donc vers f{xoo'). Or, par extraction, cette suite converge aussi
vers Æqo et, par unicité de la limite, on obtient1 f(xoo') = Xqo- La valeur détermine
donc un point fixe de f.

3.5.4 Topologie

Exercice 18 *
Montrer que Z est une partie fermée <£e R : ’ . ;• i .. -r ~i
• " " ■ "‘•“t i
(a) En étudiant son complémentaire,<
(b) En raisonnant par lesSUitês.'’
Solution
(a) méthode
Par définition, une partie est fermée si, et seulement si, son complémentaire
est une partie ouverte.
Le complémentaire de Z dans R peut être décrit comme une union :
R\Z = |J]fc ; k + 1[.
kez
Les intervalles ]Æ ; fc + 1[ étant des parties ouvertes, la réunion ci-dessus est une partie
ouverte (Th. 8 p. 106) et donc Z est une partie fermée.

(b) méthode
Une partie est fermée si, et seulement si, elle contient les limites de ses suites
convergentes (Th. 10 p. 107).
Soit (un) une suite convergente d’entiers relatifs. Notons Uqo sa limite. La différence
un+i — un est de limite nulle et, pour £ = 1/2, on peut affirmer qu’il existe un rang N tel
que |un+i — un| < 1/2 pour tout naturel n N. Les nombres un+i et un étant entiers,
on a nécessairement un+i = un. La suite (ttn) est donc constante à partir du rang N et
sa limite est alors la valeur de cette constante. Ainsi, est un entier et l’on peut
conclure à nouveau que Z est une partie fermée.
1. Cette égalité peut aussi être obtenue en passant à la limite la relation de récurrence xn+i = /(xn)
sachant f continue car lipschitzienne (Th. 3 p. 163).
3.5 Exercices d’entraînement

Puisque k G [0 ; 1[, la série géométrique converge. Par comparaison de séries


à termes positifs, la série numérique ll^n+i — xn|| converge. La série télescopique
52(^n+i ~ xn) est donc absolument convergente et donc convergente car l’espace E
est de dimension finie (Th. 6 p. 104). Ainsi, la suite (a;n) est convergente.

(c) Introduisons la limite rrœ de la suite (xn). On a


H^n+l
k\\ xn xoo || -------- > 0.
f (2^00 )|| = l|/(Xn) ~ /Ooo) ||
n—»+oo

La suite (rrn+i) converge donc vers /(^oo)- Or, par extraction, cette suite converge aussi
vers Xqo et, par unicité de la limite, on obtient1 f(Xoo) — x^- La valeur Xqq détermine
donc un point fixe de f.

3.5.4 Topologie

Exercice 18 *
Montrer que Z est une partie fermée de R :
(a) En étudiant son complémen^he.
(b) En raisonnant par les suites.

Solution
(a) méthode
Par définition, une partie est fermée si, et seulement si, son complémentaire
est une partie ouverte.
Le complémentaire de Z dans R peut être décrit comme une union :

R\Z= (J]& ; k + 1[.


fcez
Les intervalles ]k'k + 1[ étant des parties ouvertes, la réunion ci-dessus est une partie
ouverte (Th. 8 p. 106) et donc Z est une partie fermée.

(b) méthode
Une partie est fermée si, et seulement si, elle contient les limites de ses suites
convergentes (Th. 10 p. 107).
Soit (un) une suite convergente d’entiers relatifs. Notons Uoo sa limite. La différence
un+i — un est de limite nulle et, pour e — 1/2, on peut affirmer qu’il existe un rang N tel
que |«n+i — Wn| 1/2 pour tout naturel n N. Les nombres un+i et un étant entiers,
on a nécessairement un+i = un. La suite (un) est donc constante à partir du rang N et
sa limite uJOO est alors la valeur de cette constante. Ainsi, Uqo est un entier et l’on peut
conclure à nouveau que Z est une partie fermée.
1. Cette égalité peut aussi être obtenue en passant à la limite la relation de récurrence xn+i = f(xn)
sachant f continue car lipschitzienne (Th. 3 p. 163).
126 Chapitre 3. Espaces normés

Exercice 19 *
Déterminer la frontière de l’ensemble Q des nombres rationnels.
■ i i—-"-"—. ■ r •• 7I:"7*‘J* ' ' ! : .KT -il1'- /^VJ::?JKTîr*TTTrBTTTn*gil I I il ilHJJl l . LIII.JICTnTTTTT7tC7Z!..J.-Xk.,^, -, . . ... ... L".'7-1* J- ,UJ.

Solution

méthode
|| La frontière d’une partie X est définie par Fr(X) = X \ X°.
L’adhérence de Q est l’intégralité de la droite réelle. En effet, il est connu que tout réel
peut s’écrire comme limite d’une suite de nombres rationnels1 et ainsi tout réel est point
adhérent à la partie Q (Th. 7 p. 105).
En revanche, l’intérieur de Q est vide. En effet, si par l’absurde a désigne un réel
intérieur à Q, il existe un réel a > 0 tel que ]a — a ; a + a[ C Q. Or ceci est absurde
car il a été vu en première année que tout intervalle de longueur non nulle contient des
nombres irrationnels.
On peut alors conclure
Fr(Q) = R \ 0 = R.

Exercice 20 *
Soit F un sous-espace vectoriel d’un espace normé E.
On suppose que l’intérieur de F est non vide. Montrer qu’alors F — E.

Solution
Soit x G E arbitraire. On veut montrer que x est élément de F.
méthode
En exploitant un point intérieur à F, on exprime x par opérations à partir
d’éléments de F.
Soit a un élément intérieur à F. Il existe un rayon a > 0 tel que la boule B (a, a) est
incluse dans F. Pour A > 0 assez petit, le vecteur b — a + X(x — a) est élément de cette
boule donc de F. On peut alors écrire

x = a + y (6 — a) G F.
A _y
eF EF

Ainsi, E C F et donc E = F.

Exercice 21 **
Soit A et B deux parties d’un espace normé E.
(a) On suppose A c B. Établir A° C B° et A C B.
(b) Comparer d’une part (A A B)° et A° A B° et d’autre part (A U B)° et A° U B°.
(c) Comparer d’une part A U B et A U B et d’autre part AA B et A A B.

1. Par exemple, le réel x est limite de la suite de terme général un — [næj /ngQ:on dit que Q est
une partie dense de R.
3.5 Exercices d’entraînement 127

Solution

(a) Si a est intérieur à A, il existe un rayon et > 0 tel que la boule B(a, a) soit incluse
dans A. Par transitivité, cette boule est aussi incluse dans B et donc a est intérieur à B.
Ainsi, A° C B°.
Si a est adhérent à A, a est limite d’une suite convergente d’éléments de A. Celle-ci
peut aussi se voir comme une suite convergente d’éléments de B et donc a est aussi
adhérent à B. Ainsi, A C B.

(b) méthode
Comparer deux ensembles consiste à déterminer une inclusion entre ceux-ci,
voire une égalité si celle-ci a lieu.
D’une part, AC\ B C A et donc (A Q B)° C A°. De même, (A C B)° C B° et donc
(AnB)° c A°C\B°.
Inversement, si a un élément de A°QB° alors a est intérieur à A et à B. Il existe donc des
rayons a > 0 et (3 > 0 tels que les boules B (a, a) et B(a, /3) soient respectivement incluses
dans A et dans B. En considérant le plus petit des deux rayons y = min(a, /?) > 0, la
boule B(a, y) est incluse à la fois dans A et dans B donc dans AoB. Ainsi, a est intérieur
à A D B et l’on peut conclure par double inclusion à l’égalité

(A n B)° = A° n B°.

D’autre part, A C AU B et B C AU B donc A° C (AU B)° et B° C (A U B)° puis

A°UB° C (AuB)°.

Cependant, l’égalité peut ne pas être vraie. Un contre-exemple est obtenu sur la droite
réelle en prenant A = ]0 ; 1] et B = [1 ; 2[ :

A°UB° =]0;l[U]l;2[ et (A U B)° = ]0 ; 2[.

(c) méthode
|| Par passage au complémentaire, on échange intérieur et adhérence.
Par passage au complémentaire, on renverse aussi les inclusions et l’on échange union
et intersection. Les deux propriétés précédentes deviennent alors

AUB = A U B et A n B D An B.
--------- ------------------------------------------- ------------
Exercice 22 * |
Soit Ni et IV2 deux normes sur un même espace vectoriel E. On suppose que Ai
est dominée par A2. Montrer que tout ouvert pour la norme Ni est aussi un ouvert i
pour la norme N2. |
128 Chapitre 3. Espaces normés

Solution
Par hypothèse, il existe un réel k > 0 tel que Ni(x) fc/V2(x) pour tout x dans E.
méthode
|| Une partie est ouverte lorsqu’elle est voisinage de chacun de ses points.
Soit Q un ouvert de l’espace normé (E, Ni). Pour tout a G Q, il existe un rayon a > 0
tel que la boule Bi(a, a) de centre a et de rayon a pour la norme Ni est incluse dans Q.
Pour /3 = a/k, on a pour tout x de E

Nz(x — a) < /3 => Ni(x — a) < k/3 = a.

En notant B2(a,/?) la boule de centre a et de rayon pour la norme N?, on a alors les
inclusions
Bz(a, 0) C Bi(a,a) C Q.
Ainsi, la partie Q est voisinage de chacun de ses points pour la norme AT2, c’est un
ouvert1 de l’espace normé (E, 7V2).

Exercice 23 **
Soit X une partie quelconque d’un espace normé E.
(a) Montrer que X° est la réunion des ouverts inclus dans X.
(b) En déduire que X° est le plus grand2 ouvert inclus dans X.
(c) Etablir que X est le plus petit fermé contenant X.
Solution

(a) Notons O(X) l’ensemble des ouverts de E inclus dans X et considérons

u= U K
veo(X)

On veut établir que U se confond avec l’intérieur de X.


méthode
|| On raisonne par double inclusion.
Soit a un élément de U. Le vecteur a appartient à l’une des parties ouvertes V
réunies pour former U. Cette partie V étant ouverte, il existe un rayon a > 0 tel
que la boule B(a, a) est incluse dans V. La partie V étant de plus incluse dans X,
la boule B (a, a) est aussi incluse dans X. On en déduit que a est intérieur à X et l’on
obtient ainsi la première inclusion U C X°.
1. On peut aussi employer un argument de continuité : l’application identité de (E, N2) vers (E, Ni)
est continue et l’image réciproque d’un ouvert par une application continue est un ouvert (Th. 7 p. 164).
Lorsque deux normes sont équivalentes, elles définissent les mêmes ouverts : on peut montrer que la
réciproque est vraie.
2. Au sens de l’inclusion.
3.5 Exercices d’entraînement 129

Inversement, soit a un point intérieur à X. Il existe un rayon a > 0 tel que la


boule B (a, a) est incluse dans X. Or cette boule est une partie ouverte, elle figure donc
parmi les éléments décrivant O(X'), c’est-à-dire, parmi les ensembles réunis pour définir
la partie U. En particulier, son centre est élément de U. Ainsi, on a montré l’inclusion
réciproque X° C B et l’on peut conclure à l’égalité X° = U.

(b) L’ensemble U est une réunion de parties toutes incluses dans X, il est donc inclus
dans X. L’ensemble U est aussi une réunion d’ouverts, c’est donc une partie ouverte
(Th. 8 p. 106). Ainsi, U est un ouvert inclus dans X. C’est aussi le plus grand des
ouverts inclus dans X car si V est un ouvert inclus dans X, il est inclus dans U puisqu’il
figure parmi les parties réunies pour définir U.

(c) méthode
On raisonne par passage au complémentaire en exploitant CgX = .

L’adhérence X est le complémentaire de l’intérieur du complémentaire de X. L’adhé­


rence de X est donc le complémentaire de la réunion des ouverts inclus dans le complé­
mentaire de X, autrement dit, l’intersection des fermés contenant X. Cette intersection
étant un fermé (Th. 9 p. 107) contenant X, on peut affirmer que X est le plus petit fermé
contenant X.
Exercice \ 1 / ' ■
Déterminer âeux del^spaeê K2 telles que A et B soient fermées mais
pas la partie
A A? B'ci € A et b Ç. Bj-.
Solution
méthode
On définit une situation où il est possible que (an + 6n) converge en dehors de
A + B avec (an) et (6n) des suites d’éléments de A et B s’échappant à l’infini.
Considérons l’hyperbole et la droite
A = {(a?,7/) e R2 | xy — 1} et B = {0} x R.
On a déjà vu que la partie A est fermée dans le sujet 7 p. 113. On vérifie aisément que la
partie B est fermée en constatant qu’elle contient les limites de ses suites convergentes1.
Considérons alors la suite (un)n^i donnée par
un — ( —, 0 ) - an + bn avec an = f —, n | G A et bn = (0, —n) G B.
\n / \n /
La suite (un) est constituée d’éléments de la partie A + B et converge vers = (0,0).
Or ce dernier n’est pas élément de A + B car aucun élément de cette partie ne peut avoir
une première coordonnée nulle. La partie A + B n’est donc pas fermée2.
1. On peut aussi dire que B est le produit cartésien de deux parties fermées.
2. Pour construire cet exemple, on a choisi volontairement des parties A et B toutes deux non bornées :
130 Chapitre 3. Espaces normés

3.5.5 Distance à une partie

Exercice 25 * j
Soit A une partie non vide d’un espace normé E et x un vecteur de E.
(a) Justifier que l’on peut introduire

d(x, A) = inf Har — ail e R+.


a£A

(b) Montrer l’équivalence


x G A <=> d(x,A)=0. I

Solution

(a) méthode
On justifie l’existence d’une borne inférieure en vérifiant que celle-ci porte sur
une partie de R non vide et minorée.

L’ensemble {||æ — a|| | a G A} est une partie de R, elle est non vide car A est non vide
et elle est minorée par 0. On peut donc introduire la borne inférieure définissant d(æ, A)
et celle-ci est bien un réel positif.

(b) Si x est adhérent à A, il existe une suite (an) d’éléments de A convergeant vers x.
On a alors pour tout naturel n

0 d(x, A) ||æ — an|| -------- > 0.


n—>+oo

Par encadrement, on peut affirmer d(x, A) = 0.


Inversement, supposons d(x, A) = 0.

méthode
Par la propriété qu’une borne inférieure est le plus grand des minorants, on
construit une suite d’éléments de A convergeant vers x.

La borne inférieure de l’ensemble {||æ - a|| |aGA} étant nulle, on peut affirmer que
pour tout naturel non nul n, le réel 1/n ne minore pas cet ensemble. Il existe donc un
élément an G A vérifiant ||æ — an|| 1/n. En faisant varier n, ce qui précède détermine
une suite (an) d’éléments de A de limite x. Ainsi, x est adhérent à la partie A.

on verra dans le sujet 1 p. 206 que si l’une des parties est compacte et l’autre fermée, la somme est une
partie fermée.
3.5 Exercices d’entraînement 131

Exercice 26 **
Soit A une partie fermée non vide d’un espace normé E. Pour tout x G E, on
introduit la distance de x à A définie par

d(x, A) = inf ||æ — a||.

Montrer que la partie A est convexe si, et seulement si, pour tous vecteurs x et y
dans E et tout A G [0; 1], on a l’inégalité

d((l — A)x + Ag/, A) (1 — A)d(x,A) + Ad(y, A).

Solution
Supposons la partie A convexe et considérons x, y G E et A G [0 ; 1]. On étudie la
distance1 de z — (1 — A)æ + Ay à A.

méthode
On introduit des éléments a et b dans A proches de x et y puis on considère
c = (1 — A)a + Ab.
Soit e > 0. Une borne inférieure étant le plus petit des minorants, il existe des élé­
ments a et b dans A tels que

||x - a|| < d(x, A) + e et ||j/ - b|| < d(y, A) + e.

Puisque la partie A est convexe, l’élément c = (1 — A)a + Ab du segment [a ; b] appartient


à A. De plus
h - c|| (1 - A) ||z - a|| + A \\y - b\\

et donc

d(z, A) (1 — A) (d(æ, A) + e) + A(d(y, A) + e) = (1 - X)d(x, A) + Ad(y, A) + e.

En faisant tendre e vers 0+, on obtient l’inégalité voulue.


Inversement, supposons l’inégalité vraie pour tous x et y G E et tout A G [0 ; 1]. Pour
chaque a, b G A, en prenant x = a et y — b, on obtient

0 < d((l - A)a + Ab, A) (1 - A) d(a, A) +A d(b, A) = 0.


=o

Ainsi, d((l — A)a + Ab, A) = 0 et donc 2 (1 — A)a + Ab G A.


Or la partie A est supposée fermée et donc A = A. On peut alors conclure [a ; 6] G A.
Finalement, la partie A est convexe.

1. Cette distance n’est pas forcément atteinte, même lorsque la partie est fermée (voir sujet 27 p. 132).
2. Voir sujet 25 p. 130.
132 Chapitre 3. Espaces normés

Exercice 27 **
On considère l’espace E = C([0; 1],R.) normé par || • et la partie
i
A=
o

(a) Montrer que A est une partie fermée.


(b) Vérifier que ft/jloo > 1 pour tout f € A.
(c) Calculer la distance de la fonction nulle à la partie A.
Solution
(a) méthode
|| On vérifie que la partie A est fermée par la caractérisation séquentielle.
Soit (/n) une suite convergente d’éléments de A et f E E sa limite.
D’une part,
>0
et donc
/(O) - lim /n(0) = 0.

D’autre part,
ri i 1
f /n(i)d£- /
o Jo o
ri
oo >0
0
et donc1
i
lim [ 1
o -!’+o° Jo

Ainsi, f est élément de A et la partie A est fermée car contient les limites de ses suites
convergentes 2.

(b) Par l’absurde, supposons qu’il existe une fonction f dans A vérifiant U/H^ < 1.
Par l’inégalité triangulaire intégrale
|/(t)|dt^ ( H/lloodt < 1.
Jo
1. On vient de reproduire la démontration du théorème d’interversion limite/intégrale par convergence
uniforme (Th. 10 p. 233).
2. La convergence de la suite (/n) vers la fonction f pour la norme || • correspond à la convergence
uniforme d’une suite de fonctions : on aurait pu employer cet argument pour étudier la limite des fn(0)
et des intégrales de /n.
3.5 Exercices d’entraînement 133

Par double inégalité, on peut affirmer

dt = 1.

On a alors

(1 - /«) di = 0.
Or, la fonction t 1 — f(t) est continue sur [0 ; 1] et positive, c’est donc la fonction nulle.
On en déduit que la fonction f est constante égale à 1. C’est absurde car /(O) = 0.

(c) La distance d de la fonction nulle à la partie A est

d = ££ M ~ °Hoo = M L
J tA J t A.

Considérons ensuite la suite des fonctions fn définies pour n G N* par la figure ci-dessous

Les fonctions fn sont continues, vérifient /n(0) = 0 et, par calcul d’aires,

(2n — l)(n + 1) _ 2n2 + n — 1


2n2 2n2

Ainsi, les fonctions fn sont éléments de A. Or

77-|_1
= et

On peut conclure1 d — 1.

1. Ce sujet propose un exemple en dimension infinie où la distance d’un vecteur à une partie fermée
n’est atteinte en aucun point de cette partie. En dimension finie la distance à une partie fermée est
toujours atteinte (voir sujet 8 p. 211).
134 Chapitre 3. Espaces normés

3.6 Exercices d’approfondissement

Exercice 28 ** j
Sur l’espace E = {/ E C1 ([0 ; 1], R) | /(O) = 0}, on considère l’application N définie \
par î
W) = ||3/ + /|| = sup |3/(i) + |

(a) Montrer que N définit une norme sur E.


(b) Déterminer un réel a > 0 tel que U/U^ ctN(f) pour toute fonction f de E. g
(c) Les normes et N sont-elles équivalentes ? I

Solution
(a) L’application N est bien définie de E vers R+ car, pour toute fonction f de E, la
fonction 3/ + /' est continue donc bornée sur [0 ; 1].
Les propriétés NÇf+g') < N (/) + N (g) et 7V(A/) = |A| N(f) découlent immédiatement
des propriétés analogues de la norme || • U^.
Soit f une fonction de E telle que N(f) — 0. La fonction / est solution de l’équation
différentielle y' + 3y — 0 et vérifie la condition initiale 7/(0) — 0 : le problème de Cauchy
associé possède une unique solution1 qui est la fonction nulle et donc f est nulle.
Finalement, N définit bien une norme sur E.

(b) méthode
|| Pour contrôler H/H^ en fonction de N(f), on exprime f en fonction de 3f+f'.
Pour tout x E [0 ; 1], on peut écrire

e3lf(x) - f (0) = l/(i)e3‘ 1 = [’ £ (f (t)e3‘) dt


L Jo Jo dP
et donc2
/(x) = e-31 f (3/(t) + /'(«))e3s dt = f (3/(t) + /'(t))e3<'-’> dt.
Jo Jo
On en déduit
|/(x)| « /"|3/(t) 4-/'(t)|e3(t-œ>di f Ar(/)dt^z7V(/KJV(/).
J0 "--- v--- ' Jo

Ainsi, H/ll^ aN(f) avec a = 1.


1. On peut aussi résoudre l’équation différentielle : sa solution générale est y(t) = Ae~3t avec A G R.
2. Cette identité peut aussi être obtenue « naturellement » en résolvant par la méthode de variation
de la constante l’équation différentielle y' +3y = g avec g = f' + 3/ puis en affirmant que la fonction f
est solution de celle-ci.
3.6 Exercices d’approfondissement 135

(c) Pour n G N*, considérons la fonction fn de E déterminée par fn(x') = xn. On a

11/^1100 = 1 et -/V(/) = sup |3tn 4- ntn~l\ — n + 3-------- > +oo.


n—>-f-oo

Les normes || • et N ne sont donc pas équivalentes.

Exercice 29 **

(a) Soit A G A4P(K) diagonalisable vérifiant Sp(A) C ]—1 ; 1[. Montrer que la suite
géométrique (An) converge vers la matrice nulle.
(b) Même question avec trigonalisable au lieu de diagonalisable.

Solution
(a) Puisque la matrice A est diagonalisable, on peut écrire A = PDP~1 avec P inver­
sible et D diagonale. Les coefficients diagonaux de D sont les valeurs propres Ai,..., Xp
de la matrice A (valeurs propres comptées avec multiplicité).
On a An — PDnP~1 avec Dn matrice diagonale de coefficients diagonaux A”,..., A”.
Lorsque n tend vers l’infini, ces coefficients tendent chacun vers 0 car les valeurs propres
de la matrice A sont éléments de ]—1 ; 1[. La matrice Dn tend donc vers la matrice nulle
et, par produit de limites, la matrice An tend aussi vers la matrice nulle.

(b) En reprenant la démarche précédente, on peut conclure dès que l’on a établi que,
si T est une matrice triangulaire supérieure à coefficients diagonaux dans ] —1;1[, la
suite (Tn) converge vers la matrice nulle.
Considérons alors une matrice T triangulaire supérieure à coefficient diagonaux dans
l’intervalle ] —1 ; 1[ et la matrice S dont les coefficients en sont les valeurs absolues

éAi il,2 • il,p |ii,2| • |ii,p|

^2 : l^2| :
T= et 5=
tp—i,p |ip-i,p|
K(0) / v (0) |Apl /

Par une récurrence facile, on montre que les valeurs absolues des coefficients de Tn sont
inférieurs à ceux respectifs de Sn. Il suffit donc de montrer que la suite (S”2) converge
vers la matrice nulle pour conclure.
En introduisant e > 0, ajoutons à la matrice S une matrice diagonale A dont les
coefficients diagonaux sont distincts et petits :

(e (0)) é|Ai1 + s |ii,2| |ii,pl

2s | A21 + 2e
S+A=S+ =
|ip— i,p|
jo) pej (0) |AP| +peJ
136 Chapitre 3. Espaces normés

Comme ci-dessus, on peut affirmer que les coefficients de Sn sont inférieurs à ceux de
la matrice (S + A)n. Or en choisissant e > 0 assez petit1, la diagonale de S + A est
constituée de coefficients deux à deux distincts tous dans [0; 1[. La matrice S + A est
donc diagonalisable ce qui nous ramène à la situation résolue ci-dessus et permet de
conclure.
Exercice 30 ***
Soit E un sous-espace vectoriel de dimension finie d 1 de l’espace C([0; 1],R) des
fonctions réelles définies et continues sur [0 ; 1],
(a) Établir l’existence d’un tuple (ai,..., a^) e [0 ; l]d tel que l’application
d

i=l

soit une norme sur E.


(b) Soit (/n) une suite de fonctions de E convergeant simplement vers une fonction ‘
f : [0 ; 1] R. Montrer que f est élément de E puis que la convergence est uniforme.
Solution
(a) Indépendamment du choix de (ai,...,a^) dans [0 ; l]d, l’application N: E —> R+
est bien définie et vérifie :
AT(A/) = |A|7V(/) et N(f + N(f) + N(g).
Le problème consiste alors à déterminer (ai,...,ad) de sorte d’avoir l’implication de
séparation
AT(/) = 0 ==> f = 0.
méthode
|| On raisonne par récurrence sur la dimension d G N* de l’espace E.
Si d — 1, l’espace E est une droite vectorielle : E = Vect(g) avec g une fonction non
nulle. Un réel ai de l’intervalle [0 ; 1] tel que #(ai) 7^ 0 résout alors le problème.
Supposons maintenant la propriété vérifiée au rang d 1 et considérons E un sous-
espace vectoriel de dimension d + 1 de l’espace C([0 ; 1], R).
Il existe au moins une fonction g non nulle élément de E. Introduisons alors cid+i G [0 ; 1]
tel que g(ad+i) 7^ 0 et considérons
H = {/6 E |/(Od+1) = 0}.
On vérifie aisément que H est un sous-espace vectoriel de E et que les espaces H
et Vect(g') sont supplémentaires2 :
E = H ® Vect(p).
1. On prend e > 0 tel que pe soit strictement inférieur au plus petit écart entre deux |A,| distincts et
aussi strictement inférieur à chacune des valeurs 1 — |Aj|.
2. Notamment, un fonction f de E s’écrit f = h + X.g avec A = /(ad+1)/g(ad+i) et h, £ H.
3.6 Exercices d’approfondissement 137

L’espace H est alors de dimension d. On peut lui appliquer l’hypothèse de récurrence et


introduire (ai,, a^) G [0 ; l]d tel que l’application
d

1=1
soit une norme sur H. Considérons alors l’application N: E —> R+ définie par
d+l
1=1
et montrons
W) = 0 => / = 0.
Soit f une fonction de E telle que N(f) = 0. On a

|/(ai)| = • • • = |/(ad) | = |/(ad+i)| = 0.

Puisque E = H ® Vect(p), on peut écrire

f = h + X.g avec h G H et A G R.

La propriété |/(ad+i)| — 0 entraîne A = 0. Les égalités |/(ai)| = ••• — |/(ad)| = 0


entraînent alors |Zi(ai) | = ■ ■ ■ — | h(a,d) | = 0 puis h = 0. On peut donc conclure que f est
la fonction nulle. La récurrence est établie.

(b) On introduit la norme N définie à partir du tuple (ai,..., ad) bien choisi comme
ci-dessus.
méthode
On détermine une fonction f dans E prenant les mêmes valeurs que la fonc­
tion f en les points ai,..., ad.
Considérons l’application d’échantillonage

( E -> Rd
t 9 (^(ai),---,p(ad))-

Cette application est clairement linéaire et opère entre deux espaces de même dimension
finie d. Cette application est aussi injective car

$(p) = 0 => N(g) = 0


=> 9 = 0.
On peut donc affirmer que l’application $ est un isomorphisme d’espaces vectoriels. En
particulier, $ est surjective et il existe une fonction f dans E telle que

$(7) = (/fai), •••>/(«</))•


138 Chapitre 3. Espaces normés

La suite de fonctions (/n) converge alors vers f pour la norme N en vertu de l’hypothèse
de convergence simple et du calcul qui suit :
d d
N(fn ~ f)= ~ - /(«») | n~+oo> °-
i=l i=l

Poursuivons en montrant que la suite de fonctions (/n) converge en norme uniforme


vers f.
méthode
|| En dimension finie, toutes les normes sont équivalentes.
L’espace C([0 ; 1], IR) peut être normé par || • U^. Le sous-espace vectoriel E peut donc
aussi être muni de cette norme. Or, cet espace est de dimension finie et la norme || • Uæ y
est donc équivalente à la norme N. La suite de fonctions (/n) converge donc aussi vers f
pour la norme || • H^, c’est-à-dire converge uniformément vers f.
Enfin, la convergence uniforme entraînant la convergence simple et sachant qu’il y a
unicité de la limite simple, on peut affirmer que la fonction f n’est autre que f.
Exercice 31 *** 1
Soit B une partie d’un R-espace vectoriel E de dimension finie. I
A quelle(s) condition(s) sur B peut affirmer qu’il existe une norme sur E pour g
laquelle B est la boule unité fermée ? I

Solution
Si B est la boule unité fermée d’une certaine norme sur E, la partie B est néces­
sairement convexe, fermée, bornée et Oe en est un point intérieur. De plus, l’identité
N(—x) = N(x) oblige que B est symétrique par rapport à 0e-

Un exemple de boule unité fermé possible dans R2.

Montrons que ces conditions sont suffisantes... Supposons la partie B convexe, fermée,
bornée, symétrique par rapport à Og et que 0g en est un point intérieur. Construisons
une norme N sur E telle que B corresponde à la boule unité fermée pour N.
138 Chapitre 3. Espaces normés

La suite de fonctions (/n) converge alors vers / pour la norme N en vertu de l’hypothèse
de convergence simple et du calcul qui suit :
d d
N(fn f) = - fM\ = - /(«i)| -------- > 0.
n—> + oo
i=l i—1

Poursuivons en montrant que la suite de fonctions (/n) converge en norme uniforme


vers f.
méthode
|| En dimension finie, toutes les normes sont équivalentes.

L’espace C([0 ; 1],R) peut être normé par || • H^. Le sous-espace vectoriel E peut donc
aussi être muni de cette norme. Or, cet espace est de dimension finie et la norme || ■ ||œ y
est donc équivalente à la norme N. La suite de fonctions (/n) converge donc aussi vers f
pour la norme || • Hæ, c’est-à-dire converge uniformément vers f.
Enfin, la convergence uniforme entraînant la convergence simple et sachant qu’il y a
unicité de la limite simple, on peut affirmer que la fonction f n’est autre que f.

Exercice 31 ***
Soit B une partie d’un R-espace vectoriel E de dimension finie.
A quelle(s) condition(s) sur B peut affirmer qu’il existe une norme sur E pour
laquelle B est la boule unité fermée ?

Solution
Si B est la boule unité fermée d’une certaine norme sur E, la partie B est néces­
sairement convexe, fermée, bornée et 0# en est un point intérieur. De plus, l’identité
N(—x) = N(x) oblige que B est symétrique par rapport à 0#.

Un exemple de boule unité fermé possible dans R2.

Montrons que ces conditions sont suffisantes... Supposons la partie B convexe, fermée,
bornée, symétrique par rapport à 0# et que 0^ en est un point intérieur. Construisons
une norme N sur E telle que B corresponde à la boule unité fermée pour N.
3.6 Exercices d’approfondissement 139

méthode
Pour x 7^ 0#, on détermine la valeur de N(x) comme étant celle pour laquelle
x/N(x) se trouve à la frontière de B.
Pour nous exprimer lors de l’étude qui suit, introduisons || • || une norme quelconque
sur E. Puisque la partie B est bornée, il existe M G R+ tel que ||æ|| M pour tout x
appartenant à B. Aussi, puisque 0# est intérieur à B, il existe a > 0 tel que tout x de E
vérifiant ||x|| a est élément de B.
Soit x un vecteur de E. On veut définir la valeur N(x). Si x — 0#, on prend nécessai­
rement N(x) = 0. Sinon, considérons

Ix = {/z G R | fi.x G B}.

La partie Ix est une partie de R, symétrique par rapport à 0, et qui est un intervalle car B
est convexe. Cet intervalle n’est ni vide, ni réduit à {0} car il contient le réel strictement
positif a/ ||x||. L’intervalle Ix est aussi borné par M/ ||x||. Enfin, Ix est une partie fermée.
En effet, si (/zn) est une suite convergente d’éléments de Ix de limite /Zqo, on a Pcc G Ix
car
p,nx-------- > i^ooX G B puisque B est une partie fermée.
n—>+oo
GB

On peut donc introduire un réel mÇx) > 0 tel que Ix = [—m(x) ; m(x)].
Posons alors
jv(æ) = -5-7

et vérifions que l’application N de E vers R+ ainsi définie est bien une norme.
Par construction, on a N(x) > 0 pour tout x 0# et donc

N(x) = 0 ==> x = Oe-


L’égalité N(Xx) = |A| N(x) est évidente si x est le vecteur nul ou si A est le réel nul.
Sinon, on remarque
M £ I\x <=> (/zA).a; G B <=> fiX G Ix
et donc I\x est l’intervalle d’extrémités ±m(x)/A. On en déduit îtz(Ax) — m(x}/ |A| puis

i™-

Il reste à établir l’inégalité triangulaire. On prend pour cela appui sur la convexité de B
et le résultat du sujet 12 p. 120. Il suffit alors de constater que B correspond à ce qui
serait la boule unité fermée de la norme N. Or ceci est immédiat car, pour tout x G E,
on a
N(x) C 1 <=> m(x) 5> 1 <=> 1 G Ix <=> x G B.
CHAPITRE 4

Foncions convexes

I désigne un intervalle de R.

4.1 Fonctions convexes, fonctions concaves


Définition
On dit qu’une fonction f : I —> R est convexe si elle vérifie :

V(a, 6) e Z2, VA e [0 ; 1], /((l - A)a + Xb) (1 - A)/(a) + A/(6).

y.

Sur la courbe représentative d’une fonction convexe f,


les arcs sont en dessous des cordes associées.

Définition
On dit qu’une fonction f : Z -à R est concave si elle vérifie :

V(a, b) G Z2, VA e [0 ; 1], /((l - A)a + Xb) > (1 - X)f(a) + Xf(b).


142 Chapitre 4. Foncions convexes

Les résultats qui suivent, présentés pour les fonctions convexes, se transposent aux fonc­
tions concaves par passage à l’opposé.

4.2 Caractérisation de la convexité


4.2.1 Épigraphe

Définition
On appelle graphe d’une fonction f: I —> R l’ensemble

ry = {(x,y) e R2 | X e I et f(x) = y}.

On appelle épigraphe d’une fonction f : I —> R l’ensemble

r+(/) = {(^,2/) £ R2 | x e I et f(x) y}.


. .. . ,■ .. "■ ‘ 1 “K
Théorème 1
Une fonction f : I —> R est convexe si, et seulement si, son épigraphe est une partie
convexe de R2.

4.2.2 Inégalités des pentes


Soit f : I -4- R et a, b deux éléments distincts de l’intervalle I. On pose

T(a’b)= b-a
la pente de la droite joignant les points d’abscisses a et b du graphe de f. C’est aussi le
taux d’accroissement de f entre a et b.
' ---------- ■■■ - " ................................... —

Théorème 2 (Inégalité des pentes1)


Une fonction f: I —> R est convexe si, et seulement si,

V(a, b, c) G Z3, a < c < b => r(a, c) r(a, 6) < r(c, &).

Inégalité des pentes.


1. Aussi appelé lemme des trois cordes.
4.3 Inégalités de convexité 143

Théorème 3 (Croissance des pentes)


Une fonction f : I —> R est convexe si, et seulement si,

Væq G I, x i-> t(xo, x) est croissante sur I \ {xq} .

4.2.3 Fonctions convexes dérivables

Théorème 4
Une fonction f: I —> R dérivable est convexe si, et seulement si, sa dérivée est
croissante. / > -
En particulier, une fonction deux fois dérivable sur un intervalle est convexe si, et seule­
ment si, sa dérivée seconde est positive.

4.3 Inégalités de convexité


4.3.1 Position relative d’une courbe et de ses tangentes

Théorème5
Si f : I —> R est une fonction dérivable convexe, son. graphe est au-dessus de chacune
de ses tangentes.

4.3.2 Inégalité de Jensen

Théorème 6 (Inégalité de Jensen)


Si /: I R est une fonction convexe alors, pour tous ai,... ,an choisis dans I et
tous réels Ai,..., Xn >0 de somme égale à 1, on a

/(AiUi + À2tt2 + • • • + Anan) Ai/(ai) + A2/(o2) H---- 4- An/(an).

En particulier,
/ai+ffi2 + ... + a X 1 + + +
\ n J n

4.4 Exercices d’apprentissage

Exercice 1
Etudier la convexité de la fonction f : x i-> x2ex définie sur R.
144 Chapitre 4. Foncions convexes

Solution
méthode
L’étude du signe de la dérivée seconde permet de déterminer les intervalles où
une fonction est convexe ou concave (Th. 4 p. 143).
La fonction f est de classe C°° sur R et f"(x) = (x2 + 4x + 2)ex qui est du signe
de x2 + 4x + 2.
x -oo -2 — \[2 -2 + y/2 +oo
f"(x) + 0 - 0 +

La fonction f est donc convexe1 sur les intervalles ]—oo ; — 2 — \/2] et [—2 + \/2 ; +oo[
et concave sur [—2 — \f2-, —2 + x/2] - Sa représentation présente des points d’inflexion
d’abscisses —2 — \/2 et — 2 + V?"

Représentation de x x2ex.

Exercice 2
Soit f : R —> R une fonction convexe et majorée. Monterjaiæ f £St cpnstante. ?

Solution
méthode
Par l’absurde, on exploite le théorème d’inégalité des pentes (Th. 2 p. 142)
pour montrer qu’une fonction convexe non constante tend vers +oo en l’une
des extrémités de R.
Supposons par l’absurde que la fonction f ne soit pas constante. Il existe des réels a
et b avec a < b tels que /(a) f(b).
Cas : f(a) < f(b). Le théorème d’inégalité des pentes donne pour tout réel x b
/(a) - /(q) > /(&) - /(q)
x—a b—a
et donc
/(z) —Ü^(x - q) + /(q)--------- > +oo.
0—q x—>+oo
>0

1. On ne dira pas que la fonction f est convexe sur la réunion ]—oo ; —2 — y/2] U [—2 4- \/2 ; 4-oo[! La
convexité n’a de sens que pour l’étude d’une fonction définie sur un intervalle car lorsque A parcourt [0 ; 1],
le réel (1 — A)a 4- A6 parcourt l’intégralité du segment d’extrémités a et b.
4,4 Exercices d’apprentissage 145

Ceci contredit l’hypothèse affirmant que f est majorée.


Cas : f(a) > On obtient de même une absurdité en considérant x < a et faisant
tendre x vers -oo

- a) + /(a)-------- > +oo.


o—a x—ï—oo

<o

Exercice 3
Montrer par un argument de convexité :
2
(a) Vx > —1, ln(l + x) < x (b) Vrc G [0 ; tf/2], — x sinx < x.
7T

Solution

(a) méthode
Par convexité, on positionne la courbe figurant x >-> ln(l +x) vis-à-vis de l’une
de ses tangentes1.

La fonction f: x i-> ln(l + x) est concave car deux


fois dérivable avec

Sa courbe représentative est en dessous de chacune de


ses tangentes (Th. 5 p. 143) notamment celle au point
d’abscisse x = 0 qui est d’équation y = x. On en déduit
l’inégalité2 ln(l + x) < x pour tout x > —1.

(b) méthode
La courbe représentative d’une fonction concave est au-dessous de ses tan­
gentes mais aussi au-dessus de ses cordes.

La fonction x h-> sinx est concave sur l’intervalle


[0 ; tf/2] car de dérivée seconde x >-> — sina; négative sur
cet intervalle. Sa tangente en l’origine a pour équation
y = x tandis que la corde joignant les points d’abscisses 0
et 7t/2 est soutenue par la droite d’équation y = 2x/n.
On en déduit l’encadrement demandé.

1. On peut aussi obtenir cette comparaison en étudiant les variations de la fonction définie par la
différence des membres.
2. On établit de la sorte de nombreuses autres comparaisons utiles parmi lesquelles ex 1 + x pour
tout réel x ou arctanx C x pour x positif.
146 Chapitre 4. Foncions convexes

Exercice 4 (Inégalité arithmético-géométrique)


Soit ai,..., an des réels positifs. Montrer

aia2 ■ ■ .an —(oi + 0,2 + • • • + On),


n

Solution

méthode
L’application de la fonction logarithme permet de reconnaître une inégalité de
Jensen (Th. 6 p. 143).
Si l’un des ai est nul, le membre de gauche est nul alors que le membre de droite est
positif : l’inégalité est vérifiée. Supposons désormais tous les ai strictement positifs. La
fonction 11-> In t étant strictement croissante, l’inégalité demandée équivaut à
1 1
— (Incii + In a.2 + • • • + lno,n} — ln(ai T a,2 + • • • + an).
n n
On y reconnaît l’inégalité de Jensen appliquée à la fonction logarithme qui est concave.
L’inégalité arithmético-géométrique est utile à l’obtention de multiples autres inégali­
tés L

4.5 Exercices d’entraînement


4.5.1 Etudes de fonctions convexes

Exercice 5 *
Soit /: Z —> R une fonction convexe. Montrer que si f admet un minimum local
en a G I alors f admet un minimum global en a. |

Solution
Puisque l’on suppose que la fonction admet un minimum local en a, il existe a > 0 tel
que
Va; G Z, |æ — a| a ==> /(æ) > f(a).
Il s’agit ici d’étendre 1
2 la comparaison f(x) f(a) à tout x G I.
méthode
Par le théorème d’inégalité des pentes (Th. 2 p. 142), on compare la valeur de
f en x à la valeur en a en prenant appui sur un point voisin de a.
Soit x e I. Si x > a, on peut introduire y, suffisamment proche de a et strictement
compris entre a et x, tel que /(a) f(y)- Par le théorème d’inégalité des pentes, on
1. Voir le sujet 9 p. 149 et le sujet 10 p. 149.
2. Si l’on suppose la fonction f dérivable le résultat est immédiat car f est croissante.
4.5 Exercices d’entraînement 147

obtient
/(æ) - /(a) > f(y) - /(g)
x—a y—a
Or le taux d’accroissement en second membre est positif car f(y) /(g) et y a. On
en déduit la comparaison voulue f(x) f(a)-
Le cas1 x < a se résout de façon analogue en introduisant y compris entre x et g et en
prenant garde aux signes de y — a et x — a.

Exercice 6 ** |
Soit f une fonction réelle définie sur ]0;+oo[. Montrer que la fonction x n-» xf(x) |
est convexe si, et seulement si, la fonction x /(1/x) l’est aussi.

Solution
Posons g(x) = xfÇx') et h(x) — f(l/x) ce qui définit g et h au départ de ]0 ; +oo[.
Supposons la fonction g convexe. Soit a, b € ]0;+oo[ et A e [0; 1]. Pour obtenir la
convexité de h on souhaite majorer

ft((1 _ A)a+Xb)=f(^a+Xb)=(d - a)o+At)g((1_À;a+Aj.

méthode
Le réel 1/((1 — A)g + Ab) est compris entre 1/g et 1/b, on peut donc l’écrire
sous la forme

(l-A)a + Ai, = (1~'4+4 ““

La fonction g étant convexe, on obtient

/i((l — A)g + Ab) < ((1 — A)g + Ab) f(1 — y^gÇ-} +

= ((1 - A)g + Ab) (?—^h(a) + ^(b)^.


\ g b j
En exprimant y en fonction de A, il vient

/i((l — A)g + Ab) (1 — A)/z(g) + Ah(b) car y = ----- --- ———-.


(1 — A)g + Ab

La fonction h est donc convexe.


Inversement, supposons la fonction h convexe. Considérons la fonction f définie par

1. Il se peut aussi que a soit une extrémité de I auquel cas seule l’une des deux études est utile.
148 Chapitre 4. Foncions convexes

La fonction g déterminée par g(x) = xf(x) se confond avec la fonction h et est donc
convexe. Par l’étude au-dessus, on peut affirmer la convexité de la fonction h définie
par h(x) = /(1/x). Or cette dernière n’est autre que la fonction g qui est ainsi convexe.

Exercice?**
Soit f : I -4- R une fonction convexe, définie sur ùn intervalle I ouvert.
Montrer que f est dérivable à droite et à gauche en tout point x de Z avec1
‘ -
En déduire que fonction f est" continue. ? " ’1
Solution

méthode
Il On montre que les taux d’accroissement à droite et à gauche ont chacun une
|| limite finie en observant qu’ils sont croissants et bornés.
Soit x E I. Commençons par fixer z strictement supérieur à x. Pour tout y < x, le
théorème d’inégalité des pentes donne

/(z) ~ /(y) /(*) ~ /fo) = M


x—y "" z—x

Quand y croît vers x, le taux d’accroissement entre x et y est croissant (Th. 3 p. 143) et
majoré par M. Il admet donc une limite finie et la fonction / est dérivable à gauche en x
avec
fs(x) ^M = M-.™.

Faisons maintenant varier z : quand z décroît vers x, le taux d’accroissement entre x


et z décroît et est minoré par f'g(x)- Il admet donc une limite finie et la fonction f est
dérivable à droite en x avec
fg(x) fd(XY
Enfin, la fonction f étant dérivable à droite et à gauche en x, elle y est continue à
droite et à gauche donc continue.

4.5.2 Inégalités

1. Ce résultat (qui n’est pas explicitement au programme) est souvent utilisé pour résoudre d’autres
exercices comme par exemple le sujet 16 p. 157.
148 Chapitre 4. Foncions convexes

La fonction g déterminée par g(x) = xf(x) se confond avec la fonction h et est donc
convexe. Par l’étude au-dessus, on peut affirmer la convexité de la fonction h définie
par h(x) = f(l/x). Or cette dernière n’est autre que la fonction g qui est ainsi convexe.

Exercice 7 **
Soit f : I —> IR une fonction convexe définie Sur un intervalle I ouvert.
Montrer que f est dérivable à droite et à gauche en tout point x de. Z avec1

En déduire que la fonction / est continue.

Solution

méthode
On montre que les taux d’accroissement à droite et à gauche ont chacun une
limite finie en observant qu’ils sont croissants et bornés.
Soit x E I. Commençons par fixer z strictement supérieur à x. Pour tout y < x, le
théorème d’inégalité des pentes donne

- /(y) < f(z) - /(x) = M


x—y z—x

Quand y croît vers x, le taux d’accroissement entre x et y est croissant (Th. 3 p. 143) et
majoré par M. Il admet donc une limite finie et la fonction f est dérivable à gauche en x
avec
#«)
y
<m= z—X
Faisons maintenant varier z : quand z décroît vers x, le taux d’accroissement entre x
et z décroît et est minoré par f'g{x). Il admet donc une limite finie et la fonction f est
dérivable à droite en x avec
fg(X) f'd(XY
Enfin, la fonction / étant dérivable à droite et à gauche en x, elle y est continue à
droite et à gauche donc continue.

4.5.2 Inégalités

1. Ce résultat (qui n’est pas explicitement au programme) est souvent utilisé pour résoudre d’autres
exercices comme par exemple le sujet 16 p. 157.
4.5 Exercices d’entraînement 149

Solution

méthode
Pour établir une inégalité de convexité, il faut savoir démasquer la fonction
associée (souvent une fonction logarithme ou exponentielle) sans oublier de
traiter les cas particuliers !
L’inégalité demandée est évidemment vérifiée1 lorsque a = 0 ou b = 0.
Supposons désormais a, b > 0. En passant au logarithme (qui est une fonction stricte­
ment croissante), l’inégalité voulue est équivalente à la suivante :

tin a + (1 — t) Inô < ln(ta + (1 — t)b).

On y reconnaît la propriété de concavité de la fonction logarithme.

Exercice 9 *
Soit xi,X2,. ■ ■ ,xn des réels strictement positifs. Montrer

X2 X3 xn Xï ' ' -■

Solution

méthode
En divisant par n, le premier membre de l’inégalité s’apparente à une moyenne
arithmétique : on applique l’inégalité arithmético-géométrique2.

L’inégalité arithmético-géométrique permet d’écrire pour ai,... ,an choisis dans R+

~~(ai + a2 + • • • + an).
» n
En posant, = Xi/xi+i pour tout indice i compris entre 1 et n (en convenant xn^i = æi),
on obtient
æl X2 Xn—i Xn 1 / Xy X2 Xn—i
1= — x — X • • • X -------- X — —------- 1--------- 1--------- 1-----------
X2 X3 Xn X1 n \X2 X3 xn
Ceci fournit l’inégalité voulue.

Exercice 10 ** V
Soit xi, x2, •. -, xp des réels positifs vérifiant . xp == 1 et n un
p
JJ(n + Xi) > (n + l)p.
i=l
1. La formule xa = e"lnx n’est valable que pour x > 0 mais, lorsque x = 0 et a 0, on donne un
sens à 0“ par prolongement par continuité : 0° = 1 et 0Q = 0 pour a > 0.
2. Voir sujet 4 p. 146.
4.5 Exercices d’entraînement 149

Solution

méthode
Pour établir une inégalité de convexité, il faut savoir démasquer la fonction
associée (souvent une fonction logarithme ou exponentielle) sans oublier de
traiter les cas particuliers !
L’inégalité demandée est évidemment vérifiée1 lorsque a = 0 ou b = 0.
Supposons désormais a, b > 0. En passant au logarithme (qui est une fonction stricte­
ment croissante), l’inégalité voulue est équivalente à la suivante :

ilna + (1 — t) ln& < ln(ta + (1 — t)&).

On y reconnaît la propriété de concavité de la fonction logarithme.

Exercice 9 *

Soit x\, X2, ■ - •, xn des réels strictement positifs. Montrer

Solution

méthode
En divisant par n, le premier membre de l’inégalité s’apparente à une moyenne
arithmétique : on applique l’inégalité arithmético-géométrique2.

L’inégalité arithmético-géométrique permet d’écrire pour ..., an choisis dans R+

— (ai + û2 + • ■ • + an).
n
En posant, ai = Xi/xi+i pour tout indice i compris entre 1 et n (en convenant xn+i = aq),
on obtient
/^"l 3'2 xn— J Xn 1 f
— X1 1-X2
i--- Xn—-—
---- . . . _|----- Xn
i _|---
r — X ----- X • • • X----------- X —
V x2 X3 Xn aq n \X2 x3 xn aq
Ceci fournit l’inégalité voulue.

Exercice 10 **
Soit xi,X2, ■. ■ ,xp des réels positifs vérifiant aqaq • • • xp = 1 et n un naturel. Montrer
p
JJ(n + aq) (n + l)p.
i=i

1. La formule xa = ealnx n’est valable que pour x > 0 mais, lorsque x = 0 et a 0, on donne un
sens à 0Q par prolongement par continuité : 0° = 1 et 0Q = 0 pour a > 0.
2. Voir sujet 4 p. 146.
150 Chapitre 4. Foncions convexes

Solution

méthode
On ramène le problème à 1 en divisant par (n+ l)p et l’on exploite l’inégalité
arithmético-géométrique.
Par l’inégalité arithmético-géométrique, on a pour chaque i compris entre 1 et p

n + Xi
n+ 1 n+1 v
En multipliant ces inégalités n’engageant que des facteurs positifs

1 p p f -I- \ p t-------------
n+^= ^x1X2...Xr=i.
' ' i=zl i=l ' ' i=l

On en déduit l’inégalité demandée.


Z----- - ' -- " - ■ --- " - ' '
Exercice 11 ** (Entropie et inégalité de Gibbs)
On dit que p = (pi,... ,pn) est une distribution de probabilité de longueur n lorsque
les pi sont des réels strictement positifs de somme égale à 1. On introduit alors
V entropie de cette distribution définie par
n
h(p\= ~y^Pi\npi.
t=i

(a) Soit p une distribution d’entropie de longueur n. Vérifier

0 < H(p) Inn.

(b) Soit q une autre distribution d’entropie de longueur n. Établir l’inégalité de


Gibbs
n
H(p) -^Pilnqi.
i=l

Solution

(a) Les réels pi sont tous inférieurs à 1 et donc

méthode
On obtient la majoration par application de l’inégalité de Jensen à une fonction
usuelle (Th. 6 p. 143).
4.5 Exercices d’entraînement 151

La fonction In étant concave sur ]0;+oo[, l’inégalité de Jensen permet d’écrire pour
toute famille (ai,, an) de réels strictement positifs

In^iOi H------ \-pna.n) Pi Inai H------ Y pn Inan.

En appliquant cette inégalité avec ai — \/pi, il vient directement

In n pi In ( — ) + • • • + pn ln f — ) = H(p).
\P1J \PnJ

(b) méthode
|| On ramène l’identité à 0 et l’on exploite l’inégalité ln(l + u) < u.
Par différence de membres, on veut établir

Par l’inégalité de convexité ln(l+u) < u, ou (cela revient au même) l’inégalité In x < x—1,
on obtient directement la comparaison voulue

i=i i=i / i=i

Exercice 12 **

(a) Soit a;i ,... ,xn des réels positifs. Etablir

(b) En déduire, pour tous réels positifs ai,..., an, b±bn


n \Vn / n \1/Zn / n

JJ o-k j + I JJ bk j C 1 JJ (dfc + bk-) I ;


fc=l / \Æ=1 / \fc=l /

Solution

(a) Si l’un des Xk est nul, la propriété est immédiate. On suppose désormais les Xk
strictement positifs.

méthode
La comparaison demandée ressemble à une application de l’inégalité de Jensen.
Il faut démasquer la fonction associée !
152 Chapitre 4. Foncions convexes

L’inégalité de Jensen présente un terme 1/n en facteur d’une somme. Il est facile de
faire apparaître une expression analogue en étudiant l’inégalité équivalente obtenue par
passage au logarithme

1 n
ln l+(n < - Vln(l + xk).
\ \fc=l
n k=i

Le second membre revêt une forme convenable mais pas encore le premier. Il faut à
nouveau transformer un produit en faisant apparaître une somme : on pose xk = eafc.
L’inégalité voulue s’exprime alors

, / 1
ln 1 + exp —
\ \n

Cette identité apparaît comme une application de l’inégalité de Jensen à la fonction


f: x ln(l + eæ) définie sur R.
La fonction f est deux fois dérivable avec
ex
/"(*) = 0.
(1 + e*)2

La fonction f est convexe, il suffit donc de remonter l’étude qui précède pour obtenir
l’inégalité demandée.

(b) méthode
Par factorisation, on ramène un des termes de la somme à 1 afin de pouvoir
exploiter l’inégalité qui précède.
Si l’un des ak est nul, la propriété est immédiate. Sinon, on peut opérer la factorisation
ci-dessous

Par l’inégalité obtenue précédemment

Enfin, on réorganise les facteurs du second membre pour former l’inégalité demandée

n \1/n / n \1/n / n \1/n


nq + ( nbk ) i ii(aA:+) •
fe=i / \fc=i / \fc=i /
4.5 Exercices d’entraînement 153

Solution

méthode
|| On exprime les intégrales comme limite de sommes de Riemann.

Puisque la fonction g est continue, on sait

1 f v 1*v- ( jb — a
- / q(t)dt = lim — > q[a + k----
b — aja n-^+oon^ \
K=1
n

Par continuité de la fonction f

i rb \ /-i n / t _ \\
( - ----- / p(t)dt) = lim f\-^g(a + k
b — a J„ 1 n->+oo \ n
\ fc=i
\
J).
n ) /
/

Par l’inégalité de Jensen (Th. 6 p. 143)

Le second membre se comprend comme une somme de Riemann associée à l’intégration


de la fonction continue f o g sur le segment [a ; 6]

1 V-A / f b — a\\ 1 r f / x\
-Z2f\9[a + k------ ---- —> ----- / /(p(t))dt.
n f—' \ \ n J n->+oo b — aj„ v '

On obtient donc par passage à la limite de (*)

/If6 \ 1 rb

1. Lorsqu’une fonction convexe est définie sur un intervalle ouvert, elle est assurément continue (voir
le sujet 7 p. 148).
154 Chapitre 4. Foncions convexes

Exercice 14 ***
Soit f : [0 ; 1] —> R une fonction convexe dérivable. Montrer1
i

2 Jq 8

Solution
La quantité (/(O) + /(l))/2 correspond à l’aire du trapèze déterminé par la corde
joignant les points d’abscisses 0 et 1 du graphe de f. La fonction f étant convexe, cette
corde est au-dessus de la courbe ce qui démontre l’inégalité de gauche.
La fonction f étant dérivable, sa courbe représentative est au-dessus de ses tangentes,
notamment au-dessus de ses tangentes aux points d’abscisses 0 et 1. La différence entre
l’aire du trapèze et l’aire sous la courbe est donc majorée par l’aire du triangle construit
à partir de la corde et de ces deux tangentes.

À gauche, différence entre l’aire du trapèze et l’aire sous la courbe.


A droite, l’aire du triangle calculée dans le cadre simplifié.

L’aire de ce triangle n’est pas immédiate à calculer...

méthode
En modifiant la fonction, on transforme le problème en un problème équivalent
plus simple à résoudre.

En considérant, la fonction t /(t) - /(O) - on vérifie par un petit calcul que


l’on transpose le problème étudié en un problème équivalent où la fonction reste convexe
mais vérifie aussi /(O) = /'(O) = 0. En adoptant les notations de la figure ci-dessus, l’aire
du triangle s’exprime
= |a(l - a)/'(l) $ L'(l)
Z Z o
car a et (3 sont liés à /'(l) par la relation /'(!) = Z?/(l ~ et car il est connu l’inéga­
lité q(1 — a) 1/4. On obtient ainsi la majoration voulue de l’aire étudiée.

1. Ce résultat permet d’estimer la qualité de l’approximation de la valeur d’une intégrale d’une fonc­
tion convexe par l’aire d’un trapèze.
4.5 Exercices d’entraînement 155

Exercice 15 ** (Inégalités de Hôlder et de Minkowski)


On considère deux réels p > 1 et q > 1 vérifiant 1/p 4- 1/ç — 1.
(a) Montrer que pour tous réels a et b

ab -ap + -bq.
P Q

Pour x = (æi, ...,xn) G et y = (yi,...,yn) G Kn, on pose :


/ n \1/p / n

ini? = ( 52 np ) et IMq = l 52 J •
\i=l / \i=l /

Soit x et y dans Kn.


(b) Établir l’inégalité de Hôlder :

52 Mil MpIMg-
i=l

(c) En écrivant

(l^il + lî/i|)P = |zi| (|xi| + \yt|)P-1 + \yi| (|ar»| + \yi|)P-1.

Obtenir l’inégalité de Minkowski1 :

IM<^II< + II<-
Solution

(a) L’inégalité est immédiate lorsque a = 0 ou b — 0. Pour a et b strictement positifs,


on exploite la concavité de la fonction In qui donne

VA G [0; 1], Vx,t/ >0, (1 — A)lnæ + Ain?/ ln((l — A)a; + Xy).

En appliquant cette inégalité à x — ap et y = bq avec A = 1/q, il vient

ln(a6) = - ln(ap) + i Infb9) sC Inf-ap + -6^.


p q \p q J

Enfin, on obtient l’inégalité voulue par croissance de la fonction exponentielle.

(b) méthode
|| On applique le résultat qui précède avec a = |a^| / ||æ|( et b = \yi| / ||J/||Q,

1. L’inégalité de Minkowski exprime que || • ||p satisfait l’inégalité triangulaire : c’est le seul point
véritablement délicat lorsque l’on souhaite établir que || • ||p est une norme.
156 Chapitre 4. Foncions convexes

Si x ou y est l’élément nul de Kn, l’inégalité de Hôlder est immédiate. Supposons pour
la suite x et y non nuis de sorte que ||x|| et ||î/||ç ne sont pas non plus nuis. Soit i G [[1 ; n].
Par l’étude qui précède, il vient

1 l^i|P 1 \yi\q
iiOiÇ^p’îW q' ll<’

On somme ces inégalités pour i allant de 1 à n

y' læiZ/d < 1( 1 /y^ |2/i|9 \


h n< p l ii<; Aèr iK/ p q

En multipliant de part et d’autre par le réel positif ||æ|| r ||î/||1V , on obtient l’inégalité
voulue.

(c) Par l’inégalité triangulaire, on a + yi\ |xi| + |j^| et donc

Ik + y\\p = 52 \Xi + ^lP 52 (1^1 + MP-


i=l i=l

Par l’écriture suggérée, il vient


n
52 + i^Dp ^521^1 (n + i^Dp 1+52 + i^Dp 1
i=l i=l i=l

Par l’inégalité de Hôlder


n / n \ 1/q /n\l/g

E (iæïi+wr < næiip ( è(w+iwD"”1’’ )


i=l \i=l /
+ iiïiip (e (w+w)0”1” )
\i=l /

Sachant (p — l)q = pq — q = p, on poursuit


n / n \1/?
E (tel + lÿd)" (ltellP + llï/llp) E(teI + tel)” ■
\i=l /

Que la quantité en premier membre soit nulle ou non, on obtient


/ n \1/p
E(læil + |^|)p
\î=l /
lk||p + | î/||p
car 1 — 1/q = 1/p.
Finalement, on peut conclure

II* + y\\P IMP + llz/llp -


4.6 Exercices d’approfondissement 157

4.6 Exercices d’approfondissement

Exercice 16 ***
Soit f: R -4 R une fonction continue.
(a) On suppose, pour tous réels x et y dans R
/æ+yx +
- \ 2 ) 2 '
Montrer que la fonction / est convexe.
(b) On suppose qu’il existe un réel M tel que
V(æ, y) G R2, \f(x + y) + f(x - y) - 2/(æ)| My2.
En considérant les fonctions x i-> f{x) ± Mx2 /2, montrer que f est dérivable1.
Solution

(a) Soit a et b fixés dans R. On introduit l’ensemble

A = {A e [0 ; 1] | f(Xa + (1 - A» A/(a) + (1 - A)/(6)}.

Nous allons montrer que celui-ci est égal au segment [0 ; 1] ce qui permettra de conclure
que la fonction f est convexe.
méthode
On vérifie, pour tous A et y G [0 ; 1],

X,ye A ==> ——G A.

Soit A et y dans A. On a

f(Xa + (1 - A)6) sî Xf(a) + (1 - A)/(b)


X
f(ya + (1- y)b) yf(a) + (1 - y)f(b).
y
En exploitant l’hypothèse de travail, on obtient

f(( 1 _ A+ïXA ^/(a) + fl - W


l 2 \ 2 J I 2 y 2 J
Ainsi, le réel (A + y)/2 est élément de A.
1. On pourra exploiter librement le résultat du sujet 7 p. 148.
158 Chapitre 4. Foncions convexes

Sachant que 0 et 1 sont évidemment éléments de A, on obtient que 1/2, puis que 1/4
et 3/4 sont aussi éléments de A... Montrons par récurrence sur n € N que les k/2n sont
éléments de A pour tout entier k compris entre 0 et 2n.
La propriété a déjà été affirmée dans le cas n = 0 : 0,1 6 A.
Supposons la propriété vraie au rang n 0 et étudions celle-ci au rang suivant. Consi­
dérons un entier k compris entre 0 et 2n+1. Si k est pair, on peut l’écrire 2p avec p entier
compris entre 0 et 2n. L’hypothèse de récurrence assure alors directement l’appartenance
à A de k/2n+1 = p/2n. Si k est impair, on peut l’écrire 2p + 1 avec p entier compris
entre 0 et 2n — 1. On a alors grâce à l’hypothèse de récurrence et ce qui précède

k — _
____ + 1 \] c A.
+1 — _1 I / __p _i_ _n____
2p____
2n+i 2n+1___ 2 \ 2n 2n /
'""ç'a''
La récurrence est établie.
Considérons maintenant A G [0 ; 1] quelconque. Nous allons l’approcher par une suite
d’éléments de A et, par passage à la limite, établir que A est aussi élément1 de A.
Pour n E N, on pose kn = [2nAJ et An = kn/2n. Par encadrement de la partie entière
définissant fcn, on montre que la suite (An) converge vers A. Or, pour tout naturel n, le
réel An appartient à A et donc

f (Ana + (1 — An)6) C An/(a) + (1 — An)/(6).

En passant à la limite quand n tend vers l’infini, on obtient par continuité de f

f(Xa + (1 - X)b) A/(a) + (1 - À)/(6).

Finalement, la fonction f est convexe.

(b) méthode
On étudie la convexité des fonctions proposées afin d’affirmer que celles-ci sont
dérivables à droite et à gauche en tout point.
Commençons par retraduire l’hypothèse de travail avec une écriture analogue à la
précédente obtenue en remplaçant x et y par respectivement (x + y)/2 et (x — y)/2 :

/(z) + f(y) - 2f(^^\


-j-(x-y) ■
\ £ J

Introduisons la fonction g: x y-A f(x) + ^Mx2. Pour x et y réels

/w+/to) - 2/m + m ÿ)2ÿ 0


2
1. On pourrait aussi utiliser un argument topologique : la partie A est fermée et contient la partie
des k/T1 qui est dense dans [0 ; 1] .
4.6 Exercices d’approfondissement 159

Par ce qui précède, on peut affirmer que la fonction g est convexe. En exploitant le
résultat du sujet 7 p. 148, la fonction g est dérivable à droite et à gauche en tout point x
de R avec
9g(x) g'd(x).
Or la fonction x ^Mx2 est dérivable et donc, par opérations, la fonction f est dérivable
à droite et à gauche avec, pour tout x dans R,

fg(x) fd(x>)-

En procédant de la même façon, on établit que la fonction h: x h-> f(x) — ^Mx2 est
concave et l’on obtient cette fois-ci

f'W > fd(XY

Finalement, les nombres dérivés à droite et à gauche de f sont égaux en tout point :
la fonction f est dérivable sur R.

Exercice 17 ***
Soit f , g : [0■; 1] —> R deux fonctions convexes et dérivables. On suppose

VæG[0ql], max(y(æ), (jQr)) > 0.

Montrer qu’il existe A e [0 ; 1] tel que la fonction h = (1 — A)/ 4- Xg soit positive. J

Solution
Commençons par observer que la fonction h est convexe puisque f et g le sont et les
coefficients A et 1 — A sont positifs.
Si la fonction f est positive, on choisit h = f ce qui revient à prendre A = 0. Si la
fonction g est positive, on choisit h = g en prenant A = 1. Sinon, nous allons construire
la fonction h telle que celle-ci admette un minimum de valeur positive.
méthode
On détermine c G [0 ; 1] tel que

/(c) 0, g{c) 0 et f'(c)g'(c) 0.


Supposons avoir déterminé un tel élément c. Le réel 0 apparaît comme une valeur
comprise entre /'(c) 9'(c)- H existe alors A G [0 ; 1] tel que (1 — A)/'(c) + Xg'(c) = 0.
Pour cette valeur de A, h/(c) est nul et la fonction convexe h admet alors un minimum1
en c. De plus À(c) est positif car /(c) et g(c) le sont. La fonction h est donc positive.
Il reste à justifier l’existence d’un tel élément c...
La fonction f est continue sur le segment [0 ; 1], elle y admet donc un minimum en un
certain a G [0 ; 1]. On peut introduire de même b G [0 ; 1] minimisant g. Les valeurs de f
1. Rappelons que la dérivée d’une fonction convexe est croissante et que là où celle-ci s’annule il y a
nécessairement un minimum à la fonction.
160 Chapitre 4. Foncions convexes

et g en a et b sont strictement négatives car on a déjà résolu les cas où l’une ou l’autre
de ces fonctions est positive.
Le cas a = b est impossible car les deux fonctions prendraient une valeur négative en
un même point ce qui contredit l’hypothèse max(/, g) 0.
On a donc a b et, quitte à échanger f et g, on peut supposer a < b. Selon que a est
intérieur à l’intervalle [0; 1] ou égal à l’extrémité 0, on a f'(a) = 0 ou positif. Dans les
deux cas, on peut écrire /'(a) 0. De même, on peut affirmer g1 (b) 0. Les fonctions f
et g étant convexes, leurs dérivées sont croissantes et l’on peut écrire le tableau de signe
qui suit :

f'W

Pour tout élément x compris entre a et b, on a /'(xjg'Çx) 0. Il reste à trouver parmi


ceux-ci un élément en lequel les valeurs prises par f et g sont positives.
Puisque la fonction max(/, g) est positive et que g(b) < 0, on a nécessairement f(b) 0.
Par application du théorème des valeurs intermédiaires à la fonction f sur [a ; b], on peut
introduire a dans ]a ; 6] tel que /(a) = 0. La fonction f étant convexe, son graphe est en
dessous de chacune de ses cordes et donc f(x) < 0 pour tout x € [a ; a[. De même, on
peut introduire /3 e [a ; b[ tel que g(ff) = 0 et g(x) < 0 pour x e ]/3 ; b].
Si a > alors les fonctions f et g sont strictement négatives sur ; a[ ce qui contredit
l’hypothèse max(/,j) 0. Il reste a /3 auquel cas n’importe quel c de [a ; /?] convient.
CHAPITRE 5

Fonctions vectorielles

K désigne R E et1®7 désignent des K-espaces vectoriels normés par || • ||B et || • ||F,.

5.1 Limite et continuité


5.1.1 Limite
Soit X une pfârtiëxle E et a un point adhérent à X.
Définition
On dit qu’une fonction f: X -> E' tend vers € € E' en a si

Ve: > 0, 3ce > 0, Vz e X, ||z - a => ||/(z) - ^||B, e.

On note alors f —> £ ou /(z)----- > l.


a x—ta
Lorsqu’une fonction / tend vers un vecteur l en a, celui-ci est unique : on l’appelle la
limite de f en a et celle-ci est notée lim/ ou lim /(z).
a x—>a

Théorème 1 (Caractérisation séquentielle de la limite)


Soit f:X cE-^E etfçE. On à équivalence entre :
(i) la fonction f. tend vers H en u ;
(ii) pour toute suite (zn) d’éléments de X :
Zjj )u
n—>-f-oo
f (z^ ) n—>+oo
£.
162 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

Le calcul sur les limites de fonctions est compatible avec les opérations d’addition et de
produit extérieur sur l’espace E'. Il est aussi compatible avec l’opération de composition
des fonctions.
Lorsqu’une fonction est au départ de X et à valeurs réelles, on peut définir la notion de
limite en a égale à ±oo. Si la variable de la fonction est réelle, on peut parler de son
éventuelle limite en +oo (resp. en — oo) lorsque le domaine de définition n’est pas majoré
(resp. n’est pas minoré).

5.1.2 Limite et fonctions coordonnées


Si l’espace E' est de dimension finie n G N* et si e' = (eÇ,..., e^) désigne une base de E',
alors, pour toute fonction f : X —> E', on peut écrire pour tout x e X

f(x) = fatxjei +---- F fn(x)e'n avec fi(x) e K.

Définition
Les fonctions scalaires fi : X —> K ainsi introduites sont appelées fonctions coordon­
nées dans la base e' de la fonction f.
--- • ■ •• •" ~~ — — ------ -—— ----------------------------- - '
Théorème 2
’Ï.AKT
Quelle que soit la norme choisie sur E, on a équivalence entre :
(i) la fonction f admet en a une limite dans E' ;
(ii) les fonctions coordonnées fi,. ■ ■ ,fn admettent en a des limites dans K.
De plus, si tel est le cas,
*
’1 ’ . lim / = (lim /l'j e'i H------ F (lim /n) e'n.

Si l’espace E' est un produit Ei x • • • x En d’espaces normés et s’il est muni de la norme
produit, on peut aussi introduire les fonctions coordonnées d’une application f à valeurs
dans E' en écrivant
f(x) = (/i(æ),...,/n(a:)).
On dispose alors d’un résultat semblable au précédent pour étudier l’éventuelle limite de
la fonction f à l’aide de ses fonctions coordonnées.

5.1.3 Continuité
Lorsqu’une fonction f: X C E —F E’ admet une limite en un point a où elle est définie,
cette limite est nécessairement égale à sa valeur /(a) au point.
Définition
Il On dit qu’une fonction f : X C E —> E' est continue en a € X si f(x) ----- > f(a)-
Il x—>a

Lorsque la fonction f est à valeurs dans un espace E' de dimension finie, la continuité
de f en a équivaut à la continuité de ses fonctions coordonnées dans une base de E’.
Ce résultat vaut aussi lorsque E’ est un espace normé produit.
5.1 Limite et continuité 163

Définition
On dit qu’une fonction f: X C E —> E' est continue1 si f est continue en chaque
point a de X.
Toute fonction obtenue par addition, produit extérieur ou composition de fonctions conti­
nues est continue. Le produit de deux fonctions continues à valeurs dans K est continue.
En raisonnant par les fonctions coordonnées dans une base, le produit de deux fonctions
à valeurs dans une algèbre de dimension finie est continue.

5.1.4 Lipshitzianité

Définition
On dit qu’une fonction f: X C E —> E' est lipschitzienne s’il existe k G R+ tel que

V(x,y) G X2, \\f(y) -/(x)||E, k ||t/ - z||£ .


L’application || • : E —> R est lipschitzienne en vertu de l’inégalité
V(x, y) e E2, | ||î/|| - ||x|| | \\y - x||.

Théorème 3
Les applications lipschitziennes sont continues.
Si Ei,... ,En sont des espaces normés et si E = Ei x • • • x En est muni de la norme
produit, les applications coordonnées

sont continues car lipschitziennes.

5.1.5 Continuité et linéarité

Théorème 4
Si u : E —> E1 est une application linéaire, on a équivalence entre :
(i) u est continue ; f :
(fi) 3k G R+, Vx e E, ||u(x);||E/ fc-||x||E ;
(iii) u est lipschitzienne.
. . ■ _ ■■■■_■■.............. ... . ■■■ -
De ce résultat découle le suivant :

Théorème 5
Toute application linéaire au départ d’un espace de dimension finie est continue.
En particulier, on peut affirmer par linéarité la continuité des « fonctions atomiques » :
1. On dit quelquefois qu’une fonction est continue sur une partie X' pour insister sur le domaine de
définition de la fonction ou pour affirmer que c’est sa restriction au départ de X' qui est continue.
164 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

— Pour tout j G [[1 ;pj, (xi,..., xp) Xj est continue sur Kp ;


— z Re(z) et 2 H Im(z) sont continues sur C ;
— Pour tout (î,j) G [1 ;n] x [1 ;p]|, A >-> aitj est continue sur A4n,p(K).
Bon nombre de fonctions pourront alors être affirmées continues « par opérations sur les
fonctions continues ». En particulier, les fonctions polynomiales sur 1KP sont continues par
combinaison linéaire de produits de fonctions continues. Aussi, la fonction déterminant
sur .Mn(K) est continue par un argument analogue

Théorème 6
Toute application multilinéaire au départ d’un produit d’espaces de dimensions fîmes
est
■ continue.
- - • ■ ■ ■ - -. . - . ■ -. -- ---------
En particulier, le produit scalaire au départ d’un espace euclidien est continue.

5.2 Continuité et topologie


5.2.1 Topologie relative
Soit X une partie de E.
Définition
On appelle ouvert relatif à X (resp. fermé relatif à X) toute partie A de X qui peut
s’écrire comme l’intersection d’un ouvert (resp. d’une fermé) de E avec X.
Le complémentaire dans X d’un ouvert relatif à X est un fermé relatif à X et inversement.

Théorème 7
Soit f: X C E —> E'. On a équivalence entre :
(i) f est continue ;
(ii) l’image réciproque de chaque ouvert de E' est un ouvert relatif à X ;
(iii) l’image réciproque de chaque fermé de E' est un fermé relatif à X.

En particulier, lorsque la fonction f est définie sur l’intégralité de E, ce théorème permet


de montrer rapidement qu’une partie de E est ouverte (resp. fermée) en tant qu’imagé
réciproque d’un ouvert (resp. d’un fermé) par une application continue. Par exemple,
si f : E -> R est une fonction continue, les parties suivantes sont fermées

{a; G E | f(x) 0}, {x G E | f(x) 0} et {a; G E | f(x) — 0}

alors que les suivantes sont ouvertes

{x G E | f(x) > 0}, {a? G E | /(x) < 0} et [x G E | /(a?) 0}.

1. Voir sujet 4 p. 173.


5.2 Continuité et topologie 165

5.2.2 Connexité par arcs

Définition
On appelle chemin inscrit dans X C E toute application 7 : [0 ; 1] —> E continue
vérifiant
7(t) E X pour tout t E [0 ; 1].
Les éléments a — 7(0) et b = 7(1) sont appelés extrémités du chemin.
Définition
Une partie X de E est dite connexe par arcs lorsque, pour tous a et b E X, il existe
un chemin inscrit dans X d’extrémités a et b.

X = Xi U X2
À gauche, la partie X est connexe par arcs, à droite elle ne l’est pas.

Les parties convexes sont des parties connexes par arcs.

Théorème 8
Les parties connexes par arcs de R sont les intervalles.

Thépr^^0
L’image directe d’un connexe par arçs par une application continue est connexe par

On peut alors généraliser le théorème des valeurs intermédiaires : toute fonction à valeurs
réelles définie et continue sur un domaine X connexe par arcs prend toutes les valeurs
comprises entre deux valeurs prises.

5.2.3 Densité

Définition
|| Une partie X de E est dite dense lorsque X — E.
Sur la droite réelle, l’ensemble Q des nombres rationnels est une partie dense. Il en est
de même de l’ensemble R \ Q des nombres irrationnels.
Dans A4n(K), l’ensemble GLn(K) des matrices inversibles est une partie dense1.

1. Voir sujet 16 p. 183.


166 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

Théorème 10
Si f et g : E —> E' sont deux fonctions continues égales sur une partie X dense de E
alors f et g sont égales sur E.
- -- - — — -- _ __ __ .
Ce résultat sera utile pour généraliser par continuité des égalités ayant lieu sur une partie
dense.

5.3 Fonctions d’une variable réelle


Les espaces E,E', F considérés dans cette partie sont supposés de dimensions finies.
On étudie ici des fonctions définies sur des intervalles I ou J de R non vides et non
réduits à des points.

5.3.1 Dérivation
Définition
On dit que f : I —> E est dérivable en a € I si le taux d’accroissement

^(f(a + h) - /(a))

admet une limite quand h —> 0 (avec h 0). Cette limite est alors appelée vecteur
dérivé de f en a, on la note f'(a).
Une fonction dérivable en a est assurément continue en a.
Définition
Une fonction f : I —> E est dite dérivable1 si elle est dérivable en tout a e I. On peut
alors introduire sa fonction dérivée

Si e = (ei,..., en) désigne une base de l’espace d’arrivée E alors, toute fonction f: I -> E
est dérivable si, et seulement si, ses fonctions coordonnées dans la base e sont dérivables.
De plus, on a alors f'(t) = /{(t)ei H------ 1- /4Wen pour tout tel.

5.3.2 Opérations
-------- -----------— — -- ■'" — ,— , ,— ■ . ——
Théorème 11
Soit /, g : I -> E et A e K. Si f et g sont dérivables alors Af et f 4- g le sont aussi
avec

1. On dit quelquefois qu’une fonction est dérivable sur un intervalle I pour insister sur le domaine de
définition de la fonction ou pour affirmer que c’est sa restriction au départ de I qui est continue.
5.3 Fonctions d’une variable réelle 167

Théorème 12
Soit J un intervalle de R, ip: J -4 R et /: Z —> B avec C I. Si f et <p sont
dérivables alors la fonction composée f o ip l’est aussi et

(/ ° = pour tout t e J.

Théorème 13
Soit f : I -4 E et L: E —> E' linéaire. Si f est dérivable alors la fonction composée
L(/) : 1i-4 £(/(£)) est dérivable et

(Z,(/))'(t) = £(/'(£)) pour tout te Z.

Théorème 14
Soit f: I —> E, g: I -4 E' et B: E x E' -4 F bilinéaire. Si f et g sont dérivables
alors la fonction composée B(f,g): B^f(f)rg(t)} est dérivable et

— -
B(f,g)' = B(f',g) + B(f,g'). --------- ■ -- ■ ■ - J

Ce dernier résultat sera en particulier utile lorsque l’application B est un produit exté­
rieur, un produit scalaire ou le produit matriciel.

5.3.3 Fonctions de classe Cp


Comme pour les fonctions à valeurs numériques, on peut définir, lorsqu’elles existent, les
dérivées successives d’une fonction f : Z -4- E et dire que celle-ci est de classe Cp si elle
possède une dérivée d’ordre p et que cette dernière est continue. Le caractère Cp d’une
fonction de Z vers E peut être caractérisé par ses fonctions coordonnées dans une base
de E.
Les résultats d’opérations qui précèdent s’étendent aux fonctions de classe Cp et l’on peut
en particulier énoncer une formule de Leibniz :

Théorème 15 (Formule de Leibniz)


Soit B: E x E' -4 F une application bilinéaire. Si /: Z -4 E et g: I -4 E' sont de
classe Cp alors la fonction B(f,g) l’est aussi et
p

k=Q

5.3.4 Intégration
Soit e — (ei,... ,en) une base de l’espace E. Bien qu’introduites à partir de cette base,
les notions qui suivent ne dépendent pas du choix de celle-ci.
168 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

Définition
Une fonction f : / —> E est dite continue par morceaux lorsque ses fonctions coordon­
nées fi,. ■■ ,fn dans la base e le sont.
Pour tous a et b dans I, on définit alors l’intégrale de f de a à b par l’identité

/ /(0di=f^2(/ A(i)dtjei.
Ja i=1 \Ja J
Les propriétés de linéarité, de relation de Chasles ou de convergence des sommes de
Riemann connues pour les intégrales de fonctions à valeurs numériques se généralisent aux
intégrales des fonctions à valeurs vectorielles. On généralise aussi l’inégalité triangulaire :

Théorème 16
Si f : I -4 E est une fonction continue par morceaux alors, pour tous a et b dans I
avec a b,
b fb
/ ||/(t)||dt.
Ja

5.3.5 Primitives
Définition
On appelle primitive de f: I -4 E, s’il en existe, toute fonction F: I -4 E dérivable
vérifiant F' = f.

Théorème 17 (Théorème fondamental de l’intégration)


Soit f:I -4 E et a e I. Si f est continue alors f possède une unique primitive
s’annulant en a, c’est la fonction

F: x i-4 f f(t)dt.
Ja
Si F est une primitive d’une fonction continue f: I -4 E, on a pour chaque a, b G I
rb r i6
/ f{t)dt= F(t) = F(J>) — F(a).
Ja L Ja

5.3.6 Formules de Taylor


~... , . . . — „„ . ...... , .. . , , .

Théorème 18 (Formule de Taylor avec reste intégral)


Si f : I -4 E est une fonction de classe Cn+1 alors, pour tous a et x dans I,

fw= è'
fc=O
Kl + Jr
n Ja
ni
5.4 Arcs paramétrés 169

Théorème 19 (Inégalité de Taylor-Lagrange)


Si f: I —> E est une fonction de classe Cn+1 et si bornée alors, pour tous a
et x dans I,

fc=O ■ v teI

En particulier, lorsque f: I -4 E est une fonction de classe C1 de dérivée bornée, on


obtient l’inégalité des accroissements finis
V(a, &) e Z2, ||/(6) - /(a)|| \b - a| sup||/'(t)||.
ter
' ■ ■ "" ! ' ■ ' ; ; 1 ■■ ■ '
Théorème 20 (Formule de Taylor-Yourtg)
Si f : I -4 E est une fonction de classe Cn alors, pour tous a et x dans Z,
( Yk
/(z) = V —~. + (x— a)ne(x) . avec c(æ) —-4 0g.
• J Kl ■-r x—ta
k~0 o((x—a)”) v

Cette dernière relation est appelée développement limité de f à l’ordre n en a.

5.4 Arcs paramétrés


5.4.1 Définition
Définition
On dit qu’une fonction f-. I -4 E de classe Ck définit un arc paramétré lorsque l’on
étudie la courbe T constituée des valeurs prises par /(t) quand t parcourt I :

r = {/(t) 11 e I}.

/(t)

Par les coordonnées dans un repère orthonormé, on identifie le plan géométrique et


l’espace E — R2. Une fonction f: I —> R2 définit alors un arc du plan et, en écri­
vant f(t) = (x(t),y(t)), cet arc est entièrement déterminé par les fonctions x et y.
Si A est un point du plan de coordonnées (xo,yo) et u un vecteur non nul de coordon­
nées (a, 6), l’arc du plan déterminé par
x(t) = Xq + at
\y(t) = yo + bt
avec t parcourant R définit un paramétrage de la droite passant par A et dirigée par u.
5.4 Arcs paramétrés 169

Théorème 19 (Inégalité de Taylor-Lagrange)


Si f: I —> E est une fonction de classe Cn+1 et si bornée alors, pour tous a
et x dans 1,
n , -.i. i in+l
/w - £ ÊLïr-'('t’(o)|| < fo+ï)! sup||/(n+1)(*)ll-
En particulier, lorsque f: I -> E est une fonction de classe C1 de dérivée bornée, on
obtient l’inégalité des accroissements finis
V(a, 6) € I2, ||/(&) - /(a)|| |& - a| sup||/'(t)||.
tel

Théorème 20 (Formule de Taylor-Young)


Si f : I —> E est une fonction de classe Cn alors, pour tous a et x dans /,

/(æ) = —~rr^~ f^kKa) + (x“ a)ne(x) avec e(x) > 0g.


J x—ta
k~ 0 o((ï-o)n) '

Cette dernière relation est appelée développement limité de f à l’ordre n en a.

5.4 Arcs paramétrés


5.4.1 Définition
Définition
On dit qu’une fonction f: I -t E de classe Ck définit un arc paramétré lorsque l’on
étudie la courbe T constituée des valeurs prises par /(t) quand t parcourt I :

r = {/(t) 11 e/}.

/(t)

Par les coordonnées dans un repère orthonormé, on identifie le plan géométrique et


l’espace E = R2. Une fonction f: I —» R2 définit alors un arc du plan et, en écri­
vant /(t) = (x(t),î/(t)), cet arc est entièrement déterminé par les fonctions x et y.
Si A est un point du plan de coordonnées (æo?Z/o) et u un vecteur non nul de coordon­
nées (a, b), l’arc du plan déterminé par
x(t) = xq + at
y(f) =y0 + bt
avec t parcourant R définit un paramétrage de la droite passant par A et dirigée par u.
170 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

Si Q est un point du plan de coordonnées (a, b) et R un réel strictement positif, l’arc du


plan déterminé par
x(t) = a + Rcost
y(t) — b + Rsint
avec t parcourant R (ou l’intervalle [0 ; 2tt]) définit un paramétrage du cercle de centre Q
et de rayon R.

5.4.2 Tangente
Soit /: I —> E une fonction définissant un arc de classe au moins C1.
Définition
On dit qu’un paramètre to G I est régulier si f'(to) 0e- En un tel paramètre, la
droite passant par /(to) et dirigée par /'(to) est appelée tangente à l’arc en le point
de paramètre to.
Si to est un paramètre régulier d’un arc du plan, la tangente en to est la droite d’équation
x - x(t0) x'(t0)
y-y(to) y'(to)

5.5 Exercices d'apprentissage

Exercice 1
Étudier les limites en (0,0) des fonctions suivantes :

Solution
Dans chacune des trois études, le point (0,0) est adhérent au domaine de définition de
la fonction / et l’étude de la limite correspond à la résolution d’une forme indéterminée
du type « 0/0 ».
(a) méthode
Pour percevoir l’ordre asymptotique en (0,0), on exprime x et y en coordonnées
polaires.
Écrivons x = r cos 0 et y = r sin 0 avec

r = y/x2 + y2 et 0 G R bien choisi en fonction de (x, y).

On a
x2y2 r4 cos2 0 sin2 0
f(x,y) = = r2 cos2 0 sin2 0.
x2 + y2 r2 (cos2 0 + sin2 0)
Lorsque (x,î/) tend vers (0,0), la distance à l’origine r = y/x2 + y2 tend vers 0 tandis
que l’expression cos2 0 sin2 0 reste bornée. On en déduit que f(x,y) tend vers 0.
5.5 Exercices d’apprentissage 171

(b) L’expression de f(x,y) en coordonnées polaires donne après simplification


2 2
/(^, y) = x2~l"~2 = cos2 ® ~sin2 e-
x2 + y 2
Comme 0 peut avoir un comportement arbitraire quand (x,y) tend vers (0,0), il est
douteux que la fonction f admette une limite en (0,0).
méthode
On démontre l’absence de limite en déterminant deux suites d’éléments de R2,
chacune de limite (0,0), mais dont les images par la fonction ne tendent pas
vers la même limite.
D’une part,

(—,0)-------- >(0,0) et /(-,0)=l-------- >1.


J n—>4-oo yn y n—>4-oo

D’autre part,

(0, - ) -------- >(0,0) et /|0, — )=—1-------- >-l.


\ nJ n—>4-oo y 71J n—>+oo

Les deux limites obtenues étant différentes, la conclusion du théorème de caractérisa­


tion séquentielle des limites (Th. 1 p. 161) est mise en échec et la fonction f n’a pas de
limite en (0,0).

(c) Pour x 7^ y, on obtient en coordonnées polaires


.. . xy cos 0 sin 6
f(x,y) =---------- r---- ------—.
x—y cos 0 — sin 0
Le facteur r tend vers 0 quand (x,y) tend vers (0,0) mais le facteur fonction de 6 n’est
pas borné et peut contrebalancer la nullité de la limite de r : il est douteux que f ait une
limite en (0,0).
D’une part,

-,o ■>(0,0) et /(-,0 =0 > 0.


n \n
D’autre part,
£ 1 1 > (0,0) et f(—I—-, > 1.
n n2 ’ n \ n n2 n n

La fonction f n’a pas de limite en (0,0).


Exercice 2
Justifier la continuité sur R2 de la fonction f: (x, y) i->ln(l + x2 +y4)e~xy.
172 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

Solution

méthode
|| On raisonne par opérations sur les fonctions continues1.

La fonction (x,y) x est continue car linéaire au départ d’un espace de dimension
finie (Th. 5 p. 163). De même, la fonction (x, y} i-> y est continue. Par somme et produit
de fonctions continues, on peut affirmer la continuité des fonctions (x.y) t-> 1 + x2 + y4
et (x,y) i—> — xy. Par composition avec les fonctions continues t i-> Int et ti-> expi puis,
par produit, on peut conclure que f est continue.
En pratique, on ne détaille que rarement l’argumentation de la continuité comme cela
vient d’être fait. On se contente d’écrire : « f est continue par opérations sur les fonctions
continues ».

Exercice 3
Soit f définie de R2 vers R par

f&, y) = 2? 2
x2 + y2

(a) Montrer que f est continue en la variable x pouf


(b) Montrer que f n’est pas continue en (0,0), *

Solution

(a) Soit y G R fixé.


Cas : y 0. La fonction x f(x, y) s’exprime simplement x >-> xy/(x2 + y2}. Celle-ci
est continue car c’est une fonction rationnelle définie sur R.
Cas : y = 0. Les valeurs de la fonction x f(x, ?/) sont milles, que x soit ou non égal
à 0. Encore une fois, la fonction x >-> /(x, y) est continue.
Par symétrie des variables, on obtient aussi que la fonction y /(x, y) est continue
quelle que soit la valeur de x.

(b) On a

>(0,0) et =1 ——>=l//(0,0).
y Tl Tl J 2 n—>+00 2

La fonction / n’est donc pas continue en (0,0).

1. On n’utilisera pas l’argument fallacieux : « / est continue car continue en i et en y » (voir sujet
suivant).
5.5 Exercices d’apprentissage 173

Allure de la fonction f :
la surface d’équation z = f(x, y) est « pincée » à l’origine.

Ce sujet illustre que la continuité en chacune des variables 1 n’entraîne pas la continuité
en le couple de variables.

Exercice 4
Montrer la continuité de l’application déterminant A € A4n(K) det(A).

Solution

méthode
Le déterminant de A peut s’exprimer comme une fonction polynomiale en les
coefficients de A.
En développant le calcul du déterminant de A selon une rangée, on établit par récur­
rence sur la taille de la matrice que le déterminant de A s’exprime comme une somme
de produits 2 de coefficients de la matrice A.
Pour tout indice (i,j) E [l;n]j , l’application A est continue car linéaire au
départ d’un espace de dimension finie (Th. 5 p. 163). Par somme de produits de fonctions
continues, on peut alors affirmer que l’application A det(A) est continue3.

1. On parle de continuité partielle.


2. On peut aussi faire référence à la formule det(A) = 57 esn (£ffi)
3. On peut aussi employer que le déterminant est une application multilinéaire en la famille des co­
lonnes de la matrice : l’application qui à une matrice carrée A associe la famille de ses colonnes est
continue car linéaire au départ d’un espace de dimension finie et on la compose avec l’application déter­
minant dans une base qui est continue car multilinéaire au départ d’un produit d’espaces de dimensions
finies (Th. 6 p. 164).
174 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

Exercice 5 j
?

Sur l’espace E = C([0; 1],R) des fonctions continues de [0; 1] vers R, on considère J
les normes I
11/111= Jo[ |/W|di et H/lloo = te[O;l]
sup |/(t)|. j
■. ■
On considère aussi l’endomorphisme u de E qui envoie f sur la fonction u(/) déter­
minée par
«(/)(*) = /(*) - /(O)-
(a) Montrer que l’endomorphisme u est continu pour la norme || • H^.
(b) Montrer que l’endomorphisme u n’est pas continu pour la norme || - Hj -
(c) Les normes || - ||x et || • sont-elles équivalentes?
Nrera»mjlllUIIMMWUUIMM«l»MIMI..»llll»II.IIJIIIMMIljaMajJI»IWIimillL IHIIIIIIIIIIIll HMUMUIJMMJIIHIIIJIIIIUI. .■I»||I^WH.UJ||UI|.1|HILH||^ | |_ j j||J |||||||[|| 1 ■*niïnHJIIîrTnrW>MITWHIIÎJBffI^t"T^WîTr^nlTITIWirTOÎWTT*Tn*TTITr ,*TnTl1 || 11[-*'■ pf—Jff H «H.l, BUl» VT W

Solution

(a) méthode
Pour montrer qu’une application linéaire u de E vers E' est continue, il suffit
de déterminer k G R+ vérifiant ||u(a;)||£,, < pour tout x G E (Th. 4
p. 163).

Soit f une fonction de E. Pour tout x G [0 ; 1]

|/(æ) -r<o)| < |/(æ)| + |/(o)| 211/il


et donc
||W(/)|L = SUP 1/^) ~/(°)| ^ll/IL avec k = 2-
xG[0;l]
On en déduit que l’endomorphisme u est continu.

(b) méthode
On montre qu’une application linéaire u de E vers E' n’est pas continue en
déterminant une suite (rrn) de vecteurs non nuis de E pour laquelle

E'
E

Pour n G N, considérons les fonctions fn de E déterminées par /n(t) = (1 — t)n. On a

Wi= [ (l-t)ndt = [\"du = un+l11 _


Jo u—1~tJo n + 1JO n+ 1
et
1 n
- t)n) dt = 1 -
n+1 n+1
5.5 Exercices d'apprentissage 175

Par conséquent, l’endomorphisme u n’est pas continu pour || • puisque

(c) Les deux normes ne sont pas équivalentes, sinon la continuité de l’endomorphisme
pour l’une des normes entraînerait la continuité pour l’autre norme.

Exercice 6
Justifier que U = {(rr,y) € R2 | x2 + y2 < x3 + y3} est une partie ouverte de R2.

Solution

méthode
On pourrait démontrer que le complémentaire de U est une partie fermée par
la caractérisation séquentielle des parties fermées mais on peut aussi rapide­
ment percevoir U comme l’image réciproque d’un ouvert par une application
continue (Th. 7 p. 164).
Par différence des deux membres, considérons la fonction f définie sur R2 par

f(x, y)=x3 +y3 - x2 -y2.

Cette fonction est continue car polynomiale et

U = {(x,y) e R2 | f(x,y) > 0} = p1 (]0 ;+oo[).

La partie U est donc l’image réciproque d’un ouvert par une application continue, c’est
donc un ouvert relatif au domaine de définition R2 de la fonction /, c’est-à-dire simple­
ment un ouvert de R2.
Exercice 7 |
Soit t1-> f(t) une fonction de classe C1 définie sur R et déterminant un arc paramétré I
du plan euclidien R2. On suppose la fonction t H- ||/(t)|| constante. Montrer que, j
pour tout réel t, les vecteurs /(t) et f'(t) sont orthogonaux. !

Solution

méthode
|| La dérivée de la fonction t >-> ||/(t)||2 = {/(t), /(£)) est nulle.
Un produit scalaire étant une application bilinéaire, la formule de dérivation d’une
application bilinéaire (Th. 14 p. 167) donne

Cependant, il s’agit de la dérivée d’une constante et donc (//(t),/(t)) = 0 pour tout


réel t : les vecteurs /(t) et /'(t) sont orthogonaux.
176 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

5.6 Exercices d’entraînement


5.6.1 Limite et continuité

Exercice 8 **
Soit A une partie non vide d’un espace normé E. Pour x e E, on pose
d(æ, A) = inf{||ar - <z|| | a & A}.
Montrer que l’application x j—> d(x,A) est définie et continue sur jE.
iinw.. . ............. ' r . .... ..... i ■ ' nmu .................................... »........... .

Solution
La partie ■{||æ — u|| | a e A} est incluse dans R non vide et minorée par 0, sa borne
inférieure existe. Ainsi, l’application x d(x, A) est bien définie.
méthode
|| On montre que l’application x d(x, A) est lipschitzienne.
Soit x, y G E. Pour tout a e A arbitraire, l’inégalité triangulaire donne
d(î/, A) |(2/ - a|| ||î/ - x|| + ||z - a||.
En réorganisant les membres, il vient
d(y,A) - ||2/ - x|| ||a: — tz||.
Une borne inférieure est le plus grand des minorants. Ici, la quantité d(y, A) — ||î/ — x||
est un minorant de l’ensemble des ||a; — a|| pour a parcourant A et donc
d(y, A) - ||2/ - ar|| < d(x, A).
Ainsi, en réorganisant les membres,
d(y, A) - d(x, A) ||?/ - x||.
Par symétrie, on obtient aussi
d(x, A) - d(y, A) (|z - y || = ||j/ - x||
et donc
|d(2/,A) -d(a;,A)| < ||2/- æ|| •
Finalement, la fonction x h-> d(x, A) est lipschitzienne et donc continue.
Exercice 9 **
Soit /: R -4 R une fonction de classe C1 et F: R2 -à R la fonction définie par
( fW) ~ /fc) si y 7^ x
F(.x,y)=\ y~x
IfW siy = x.
Montrer que la fonction F est continue.
5.6 Exercices d’entraînement 177

Solution
Ici, affirmer que F est continue par « opérations sur les fonctions continues » n’est pas
possible1 car la fonction F est définie par une alternative. On revient alors à la définition
de la continuité :
méthode
Vérifier que la fonction F est continue consiste à observer qu’elle est continue
en tout point de son domaine de définition.
Etudions la continuité de f en (xo,yo) € R2.
Cas : Xq yo- Au voisinage du point (xq, Z/o) on a x y et les valeurs de la fonction F
s’expriment par

y-x
Par conséquent, on obtient par opérations sur les limites

F(x,y) =--------------- -——----- 4 ------------------ = F(a?o,2/o)-


y—X (x,y)-^(x0,y0) yo ~ Xq

Ainsi, F est continue en (zo,Z/o) lorsque zq yo-


Cas : xq — yo. Au voisinage du point (a?o, #o) on peut avoir x = y ou non.
méthode
On étudie la limite en (a?o> æo) en conduisant deux études2 : l’une lorsque (x,y)
tend vers (æo,Z/o) avec la condition x = y, l’autre avec la condition x ^y.

Introduisons la droite A = {(a;,a:) | x € R} et son complémentaire X = R2 \ A.


Quand (x, y) tend vers (a?o, æo) avec (x, y) G A, on a F(x, y} — f(x) et donc simplement

F(x,y) = f'(x) -——----- -» f'(x0) = F(x0,x0). (*)


(x,2/)->(x0jy0)
avec x=y

Quand (x,y) tend vers (xo,yo) avec (x,y) & X, les valeurs de F s’expriment par

y-x
méthode
|| On réécrit le taux d’accroissement par le théorème des accroissements finis.
En appliquant le théorème des accroissements finis à la fonction f entre x et y, on peut
affirmer qu’il existe un réel cXyV, fonction de x et y, tel que

F(æ,t/) = f'(cx,y) et cIty est compris entre x et y.


1. On peut cependant exprimer astucieusement F(x,y) = f'(x + t(j/ — æ)) dt : la continuité de F
se ramène alors à l’étude de la continuité d’une intégrale à paramètre !
2. Si a est adhérent à des parties X' et X" de 2?, une fonction f : X' U X" —> E' admet une limite
en a si, et seulement si, les restrictions f\x' et f\x" admettent une même limite en a.
178 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

Par encadrement, on a
37 0
(x,y)-*(xo,yo)
avec x^y

puis, par composition de limites,

F(x,y) = f'(cx,y) -——---- -> /'(x0) = F(xq,x0). (**)


(æ,y)->(x0,y0)
avec x^y

Pour conclure, fusionnons les deux affirmations (*) et (**)•


Soit e > 0. Par (*), il existe > 0 tel que

V(i,ÿ)eA, ||(x,2/) - (a?o,2/o)|| < «A => ||F(z,t/) - F(zo,t/o)||

Par (**), il existe &x > 0 tel que

V(x,2/)eJV, ||(a:,2/) - (aro,2/o)|| ax => ||F(z,?/) - F(zo,t/o)|| < £■

En considérant a = min(a&,,ax) > 0, une discussion selon l’appartenance de (x,y) à A


ou à X donne

V(x, y) 6 R2, || (x, y} - (x0, y0) || < a => 11F(x, y) - F(x0, y0) || e.

On peut conclure que F est continue en (xo,yo).


Exercice 10 *
Montrer la continuité de l’application qui à une matrice M de GLn(K) associe son
inverse.

Solution

méthode
|| On exprime M-1 en fonction de la comatrice de M.
L’identité
t(Com(M))M = det(M)In
donne, lorsque la matrice M est inversible, la formule

M"1 = ù *(Com(M)).
det(M) v v )}

La fonction M i-> det(M) est continue1 et ne s’annule pas. Les fonctions coefficients de
la fonction M i-> (Com(M)) sont des cofacteurs de la matrice M, ce sont donc aussi des
fonctions continues2. Par opérations sur les fonctions continues, on peut affirmer que la
fonction M f-> M~r est continue.
1. Voir sujet 4 p. 173.
2. L’application qui à une matrice carrée supprime une rangée et une colonne préalablement choisies
est linéaire en dimension finie donc continue. On la compose avec l’application déterminant, elle aussi
continue, puis on multiplie par une puissance de (—1) pour obtenir une fonction cofacteur.
5.6 Exercices d'entraînement 179

Exercice 11 ** J
I
Déterminer deux normes sur l’espace E = R[X], l’une pour laquelle l’endomorphisme |
de dérivation est continu,, l’autre pour laquelle il ne l’est pas. |

Solution
Notons D l’endomorphisme de dérivation sur RfX].
Il est facile d’obtenir une norme sur R[X] pour laquelle l’endomorphisme de dérivation
n’est pas continu, par exemple1 la norme || • définie par
Plloo = SUP |PW|-
t£[0;l]

En effet, pour Pn = Xn, on a

Il est beaucoup plus délicat de déterminer une norme pour laquelle l’endomorphisme
de dérivation est continu...
méthode
|| On définit une norme dans l’expression de laquelle apparaît P'.
Un premier candidat serait N (P) = ||7:>||0O + \\P' mais cela ne suffit pas : il faut
enchaîner les dérivations ! Considérons alors l’application N définie sur R[X] par 2
4-oo

k—0

L’application N est bien définie car, pour chaque polynôme P, la somme est à termes
nuis à partir d’un certain rang. De plus, l’application N définit bien une norme. En effet,
les propriétés d’homogénéité et d’inégalité triangulaire sont immédiates tandis que la
séparation s’obtient par
N(P) = 0 =» ||P|L = 0
=> P = 0.
Enfin, la dérivation est continue pour la norme N car, pour tout polynôme P,
+oo 4-oo
JV(D(P)) = £||p(fc+1)||TO = £||PW L < N(P).
k=0 fc=l

Notons que sur l’espace E = C°°([0; 1], C), il n’existe pas de normes pour laquelle l’en­
domorphisme D de dérivation soit continue. En effet, si N est une norme et si en désigne
la fonction 11-> ent, on a
7V(D(en)) = 7V(nen) = |n| N(en) avec |n| -------- > +oo.
' 7 n—>4-00

1. || • Ih définie par ||.f’||1 = /J|.P(t)|dt convient aussi.


2. La norme N définie par N(P) = Et^ol^^Wl est aussi solution.
Chapitre 5. Fonctions vectorielles

5.6.2 Topologie et continuité

Exercice 12 * |
Montrer que GLn(K) est une partie ouverte de A4n(K). |

Solution

méthode
L’image réciproque d’un ouvert par une application continue est un ouvert
relatif à l’ensemble de définition (Th. 7 p. 164).
L’application det: A4n(K) —> K est continue1 et

GLn(K) = {M e A4n(K) | det(M) 0} = det-1 (K*).

Or K* est le complémentaire du fermé2 {0} et c’est donc une partie ouverte. L’en­
semble GLn(K) est donc un ouvert relatif à jMn(K), c’est-à-dire simplement un ouvert
de A4n(K).
Exercice 13 ** ~ ~ |

Soit E et F deux espaces vectoriels normés et f: E *4 F. Montrer qu’il y a équiva­


lence entre les quatre assertions suivantes :
(i) f est continue ;
(ii) VA € p(B), /(A) c f(A) ;
(iii) VBep(F), /-'(BJc/^fB);
(iv) VB&t-;F). / :(B-)C (/ '(B))-.

Solution
On établit un chaînage d’implications.
(i) => (ii) Supposons l’application f continue et introduisons A C E.
méthode
Un élément est adhérent à une partie si, et seulement si, il est limite d’une
suite d’éléments de cette partie.
Tout élément y de /(A) est l’image par f de la limite x d’une suite convergente (æn)
d’éléments de A. Or f étant continue, la suite (/(zn)) tend vers f(x) = y et donc y est
limite d’une suite d’éléments de /(A). Ainsi,

/(Â)cÿ(Â).

(ii) ==> (iii) Supposons (ii) et introduisons B C F.


1. Voir sujet 4 p. 173.
2. Les singletons sont des parties fermées car contiennent évidemment les limites de leurs suites
convergentes. Plus généralement, les parties finies sont elles aussi fermées.
5.6 Exercices d'entraînement 181

méthode
|| Écrire f(X) G Y équivaut à écrire X G
Pour A = /-1 (B), on a1 f(A) G B puis, par l’hypothèse (ii) et la croissance du passage
à l’adhérence2, on obtient
/(Â) C 7G4)
c B.
On a donc A C /~1(B), c’est-à-dire

rwcr'fj).
(iii) => (iv) Supposons (iii) et introduisons B G F.
méthode
|| Par passage au complémentaire, on échange intérieur et adhérence.
On a la propriété
/-‘(Cpy) = (W-‘(r).
On en déduit _____ ___
r‘(B°) = /-*(cf(Cfb)) = ce/-1(cfb).
Par l’hypothèse (iii) et la décroissance du passage au complémentaire, on conclut

/-*(B°) c Cb(/-i(CfB)} = fcE/-1(CFB)'j = (/-I(B))°.

(iv) ==> (i) Supposons (iv) et étudions la continuité de f en a G E. Soit e > 0


méthode
|| La boule B(/(a),£) est ouverte donc égale à son intérieur.
Par l’hypothèse (iv)
px^B(/(a),£)) =/-1(B(/(a),£)°) G (B(/(a),£))} .

Or a est élément de /-1 (B (/(a), £)) et donc a est élément de l’intérieur de cet ensemble 3.
Il existe alors un rayon a > 0 tel que
B(a,a) G /-1(B(/(a),£)}.

Ainsi, nous obtenons la propriété


V£ > 0, Sa > 0, Vx G E, x G B(a, a) ==> /(x) G B(/(a),£).
Ceci correspond à l’expression en terme d’appartenance à des boules de la continuité de
la fonction f au point a.
Exercice 14 ** |
Montrer qu’une forme linéaire est continue si, et seulement si, son noyau est fermé. |

1. Il peut ne pas y avoir égalité en général : si la partie B contient un élément qui n’est pas une valeur
prise par f, celui-ci ne figurera pas dans /(A).
2. Voir sujet 21 p. 126.
3. La partie (B(/(a),e)) est en fait ouverte puisque incluse dans son intérieur.
182 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

Solution
Soit </? une forme linéaire sur un espace normé E de dimension quelconque1. Si la
forme linéaire ip est continue, son noyau est fermé car image réciproque d’un fermé par
une application continue :

Ker(ç?) = ifT1 ({0}) avec {0} fermé.

Inversement, supposons la forme linéaire <p discontinue.


méthode
Par discontinuité de 97, pour tout réel fc, il existe un vecteur x de E vérifiant
|</7>(rr) | > k ||a?|| (Th. 4 p. 163). On exploite cette propriété pour construire une
suite d’éléments du noyau convergeant à l’extérieur du noyau.
En prenant k — n E N, on définit ainsi une suite (xn) d’éléments de E vérifiant pour
tout naturel n
|</?(xn)| > n ||xn|| •
Posons alors
1
Un — 7 7^-n-
<P(Xn)
Par construction <p(yn) = 1 et ||2/n|| 1/n de sorte que la suite (yn) converge vers le
vecteur nul.
Considérons enfin la suite (zn) déterminée par zn = yo — yn- On a

<^(^n) = ^(2/0) - <p(yn) = 0 et zn--------


n—>+00
>y0 avec ^(t/0) = 1-

Ainsi, (zn) est une suite d’éléments du noyau Ker(ç?) qui converge vers un vecteur n’ap­
partenant pas à ce noyau. Celui-ci n’est donc pas une partie fermée.

Exercice 15 *** g
Montrer que l’ensemble Q des polynômes réels de degré n scindés à racines simples I
est une partie ouverte de Rn[X]. g

Solution

méthode
On montre que Q est voisinage de chacun de ses points en exploitant qu’un
polynôme de Q change n fois de signe.
Soit P E Q et Xi < • • • < xn ses racines. En introduisant A 0 le coefficient dominant
de P, on peut écrire P sous forme factorisée

P = X(X-x1)...(X-xn).

Pour fixer les idées, supposons A > 0 (la démonstration qui suit s’adapte facilement au
cas A < 0).
1. En dimension finie, la forme linéaire <p est automatiquement continue (Th. 5 p. 163).
5.6 Exercices d’entraînement 183

Posons 2/1,, 2/n—i les milieux des segments [aq ; x2],..., [xn-i ; xn], Introduisons aussi
yo G ]—oo ; [ et yn G ]xn ; +oo[ arbitraires. Les réels yi ainsi construits forment une suite
de valeurs strictement croissante telle que le polynôme P change de signe entre chaque.
Plus précisément, P(vo) est du signe de (-l)n, P(t/i) du signe de (-l)n“1,..., P(yn_!)
du signe de (—1) et P(yn) du signe de +1.

Changements de signe de P dans le cas n pair

Considérons maintenant l’application


, ( Rn [A] —> R
l Q^Q{yi).
L’application fi est continue car linéaire au départ d’un espace de dimension finie. Les
ensembles1 /“1(±RJ.) sont donc des parties ouvertes de Rn[A] en tant qu’imagés réci­
proques d’ouverts par une application continue. Considérons enfin l’intersection

U = /o-1((-i)nRy n /r1((-i)n-1R;) n. ■ ■ n (r;).

La partie U est ouverte et ses éléments sont des polynômes réels changeant de signe
entre chaque 2/o » 2/1 • • • ,yn- Par application du théorème des valeurs intermédiaires, un tel
polynôme admet n racines distinctes et est donc scindé à racines simples. Ainsi, l’ouvert U
est inclus dans Q. Or P figure parmi les éléments de U, il existe donc une boule centrée
en P incluse dans U donc incluse dans Q.
Au final, Q est un ouvert car voisinage de chacun de ses éléments.

5.6.3 Densité

Exercice 16 *
Soit n un naturel au moins égal à 2.
(a) Montrer que GLn(K) est une partie dense de A4n(K).
(b) Calculer det(Com(A)) pour A G jMn(K).

Solution
(a) Soit A G A4n(K).
méthode
On détermine des matrices inversibles voisines de A de la forme A — AIn avec
A un réel « petit ».
1. Comprendre fi 1(]0;+oo[) dans le cas (+) et 1(]—oo;0[) dans le cas (—).
184 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

L’application À e Rh det(A — AIn) est une fonction polynomiale1 non nulle, elle
possède donc un nombre fini de racines. Il existe 2 alors un réel m > 0 tel que pour tout A
dans ]0 ; m[, on ait det(A — AIn) 0 et donc A — AIn G GLn(K).
La suite des matrices A — ±In converge alors vers A tout en étant formée de matrices
inversibles à partir d’un certain rang : la partie GLn(K) est dense dans jMn(K).

(b) méthode
Lorsqu’une matrice est inversible, on sait lier comatrice et matrice inverse. On
exploite cette propriété pour calculer le déterminant de la comatrice dans ce
cas de figure avant de généraliser par continuité et densité.
Lorsque la matrice A est inversible, on a

En passant cette relation au déterminant (sachant det(AM) = An det(M) lorsque M est


de taille n), on obtient

/-t = -,------—çn detf<(Com(A))>) = ----- - —det(Com(A)).


det(A) (det(A)) \ k V (det(A))n k

On en déduit
det(Com(A)) — (det(A))n \

Les applications A i-> det(Com(A)) et A h (det(A))n 1 sont continues et égales


sur GLn(K) qui est une partie dense de jMn(K), on peut donc affirmer (Th. 10 p. 166)
qu’elles sont égales sur l’intégralité de A4n(IK).

Of**- '
Montrer qu’un hyperplan d’un espace normé E est une partie depse ou fermée.
........I ........... Il ï '' ■ i n iranroi i,fl / ’ MJ III ’ r

Solution

méthode
Si a est un vecteur n’appartenant pas à un hyperplan H de E, on sait

H ® Vect(a) = E.
Soit H un hyperplan de E qui ne soit pas une partie fermée. Il existe une suite (hn)
d’éléments de H convergeant vers un élément a n’appartenant pas à H :

H ® Vect(a) = E.
1. Cette fonction est à rapprocher du polynôme caractéristique de A défini par = det(AIn — A).
2. On peut prendre m égal à la plus petite racine strictement positive de A >-> det(A—AIn) (c’est-à-dire
la plus petite valeur propre strictement positive de A) s’il en existe ou une valeur arbitraire sinon.
5.6 Exercices d’entraînement 185

Soit x un élément quelconque de E. On peut écrire

x = h + Xa avec h G H et À G K.

Considérons alors la suite (xn) de terme général

xn = h + Xhn.

Par opérations dans le sous-espace vectoriel H, les vecteurs xn sont dans H et, par
opérations sur les limites, la suite (a:n) converge vers x.
Finalement, tout élément de E est limite d’une suite d’éléments de H, l’hyperplan H
est une partie dense de E.

5.6.4 Connexité par arcs

Exercice 18 *
Soit A et B deux parties connexes par arcs d’un espace normé E.
x B est connexe par arcs dans l’espace nqrmé^od^^ x E.
• (b)JDn déduire que A 4- B {a 4- a est c^nexQpaÿac^'

Solution

(a) méthode
A partir de chemins joignant entre eux des points de A d’une part, et des points
de B d’autre part, on construit un chemin joignant des points de A x B.
Soit (a, 6) € A x B et (a', b') G A x B. Par la connexité par arcs de A et B, il existe des
chemins 7a : [0 ; 1] —> E et 73 : [0 ; 1] —> E inscrits respectivement dans A et B vérifiant

7a(0) = a, 7a(1) = a' et 7b(0) = b, 75(1) = b'.

Considérons alors l’application

. f [0 ; 1] -> E x E
7‘ t (7a(£),7bW)-

La fonction 7 est continue car ses fonctions coordonnées le sont. Elle prend ses valeurs
dans A x B et vérifie :
7(0) = (a, b) et 7(1) = (a', b').
La fonction 7 détermine donc un chemin inscrit dans A x B joignant (a, b) à (a', b'). La
partie A x B est connexe par arcs.

(b) méthode
|| L’image continue d’un connexe par arcs est connexe par arcs (Th. 9 p. 165).
186 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

Considérons l’application somme

f E x E-A E
1 (z, y) x + y.

Cette application est continue car somme des deux fonctions continues

[ E x E -a E x ( E x E -a E
TV i • a / \ et tfo • i / \
[ (x,y)Ax ( (x,y)Ay.

La partie A 4- B est l’image du connexe par arcs A x B par l’application continue cr, la
partie A + B est donc connexe par arcs.

Exercice 19 *
Montrer que l’ensemble T>n formé des matrices diagonalisables de jMn(®) est connexe
par arcs. j

Solution

méthode
On montre que toute matrice diagonalisable peut être continûment reliée à la
matrice nulle1 par des matrices diagonalisables.

Soit A E T>n. On peut écrire A = PDP^ avec P inversible et D diagonale. Pour


chaque t E [0; 1], la matrice D(t) = tD est diagonale et donc A(t) = PDÇt^P-1 est une
matrice diagonalisable. Considérons alors l’application

f [0 ; 1]-> A4n(R)
( t A(t) = PD(t)P~l = tA.

L’application 7 est continue, prend ses valeurs dans T>n et vérifie :

7(0) - On et 7(1) = A.

Les matrices On et A peuvent être continûment reliées par un chemin inscrit T>n. On peut
alors affirmer, quitte à transiter par On, que n’importe quelles matrices diagonalisables
peuvent être continûment reliées par un chemin inscrit dans 7?n. La partie T>n est connexe
O
par arcs .
Exercice 20 ** |

(a) Montrer que GLn(R) n’est pas connexe par arcs. g


(b) Montrer que GLn(C) est connexe par arcs. g

1. Ou à la matrice In-
2. En fait T>n est une partie étoilée. On dit qu’une partie A est étoilée lorsqu’il existe un élément a
dans A, tel que pour tout x dans A, le segment [a ; x] est entièrement inclus dans A. Les parties étoilées
sont connexes par arcs.
5.6 Exercices d'entraînement 187

Solution

(a) méthode
On peut montrer qu’une partie n’est pas connexe par arcs en observant que
son image par une application continue ne l’est pas (Th. 9 p. 165).
L’application det: jMn(R) —> R est continue et l’image de GLn(R) par celle-ci est R*
qui n’est pas connexe par arcs1. On en déduit que GLn(R) n’est pas non plus connexe
par arcs.

(b) méthode
On montre que toute matrice inversible peut être continûment reliée à la ma­
trice identité par des matrices inversibles.
Soit A E GLn(C). Comme toute matrice complexe, la matrice A est trigonalisable. On
peut donc écrire A = PBP~X avec P une matrice inversible et B une matrice triangulaire
supérieure. Puisque les matrices A et B sont semblables, la matrice B est inversible et
ses coefficients diagonaux sont non nuis.
Commençons par définir un chemin joignant In à B dans GLn(C). On note bij le
coefficient général de la matrice B et l’on écrit ses coefficients diagonaux sous forme
trigonométrique
bi,i = Tié6i avec = |&^| > 0 et G R.
On pose ensuite, pour t E [0 ; 1],

I0 si i > j
= S tbi,j sïi<j
siî=J.

L’application t i-> M(t") = (mij (t)) est continue, prend la valeur In en t = 0, la valeur B
en t = 1, et toutes ses. valeurs prises sont des matrices inversibles car triangulaires
supérieures à coefficients diagonaux non nuis.
L’application 7: t définit alors un chemin continu, joignant In à A, et
inscrit dans GLn(C). On peut conclure que GLn(C) est connexe par arcs.

5.6.5 Fonctions d’une variable réelle

Exercice 21 *
Soit M : R jM2n+i(R) une application de classe C1 vérifiant, pour tout réel s,

In.

Montrer que la matrice M'(s) n’est inversible pour aucune valeur de s G R.

1. Les connexes par arcs de R sont les intervalles et R* n’en est pas un.
188 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

Solution
Par dérivation d’un produit (Th. 14 p. 167), on a pour tout réel s
(*M(s))'M(s) + 'M(s)M'(s) = On.
Par dérivation d’une composition avec une application linéaire (Th. 13 p. 167) on a aussi

On en déduit la relation
t(M,(s))M(s) = -fM(s)M'(s).
méthode
| On exploite cette relation pour établir det(Af'(s)) = 0.
Par les identités det(tA) = det(A) et det(AA) = Andet(A) on obtient
det(M'(s)) det(M(s)) = (-l)2n+1 det(M(s)) det(M'(s)).
Sachant det(Af(s)) 7^ 0 (car Af(s) est inversible d’inverse c’est une matrice or­
thogonale de déterminant ±1) on conclut det(Mz(s)) = 0.
Finalement, la matrice M'(s) n’est pas inversible.
Exercice 22 **
Soit / : R —> E une fonction de classe C2 telle que f et j" sont bornées. On pose
Mo = 11/1100 et M2 = nnoo.
(a) Soit x € R. Établir que pour tout h > 0

(b) En déduire que f' est bornée et


II/1L =4

(c) En améliorant l’étude qui précède, montrer


n/'U <

Solution

(a) méthode
| On utilise l’inégalité de Taylor-Lagrange.
5.6 Exercices d’entraînement 189

La fonction f est de classe C2 et de dérivée seconde bornée. Par l’inégalité de Taylor-


Lagrange appliquée entre x et x + h, on obtient
h2
\\f(x + h) - /(x) - À/'(æ)|| < — M2.
Zt
Par l’inégalité triangulaire
= \\f(x + ~ f(x) ~ (f(x + h) ~ f(x) ~

ll/(x + ^)ll + ll/(®)|| + hZ2 2M0 -I- h—2


Zi
M2.
En divisant par h > 0, on conclut
Il \ll
ll/WB hM2 •
—+ —

(b) L’inégalité ci-dessus est optimale lorsque l’on choisit la valeur de h minimisant
la fonction exprimant le second membre. Le calcul de ce minimum conduit à traiter
séparément les cas Mq = 0 et M2 = 0.
Si Mq = 0, la fonction f est nulle, sa dérivée est nulle donc bornée et l’inégalité voulue
est vraie.
Si M2 = 0, la fonction f est affine et bornée sur R dont constante. Sa dérivée est alors
nulle et l’inégalité voulue est encore vraie
Enfin, si MqM2 0, la fonction h atteint un minimum en h = 2y/Mo/M2
et sa valeur est 2s/MqM2. On en déduit

ll/'lloo = suxeRP||/'(a;)|| < 2i/M0M2.


(c) Si Mq = 0 ou M2 — 0, on conclut comme au-dessus. On suppose désormais Mq
et M2 strictement positifs.
méthode
|| On utilise deux inégalités de Taylor-Lagrange symétriques.
En appliquant l’inégalité de Taylor-Lagrange entre x et x + h d’une part, et entre x
et, x — h d’autre part, on obtient
WfÇx + h)-f(x)-hf,(x)\\^^-M2 et ) + hf,(x)\\^^-M2.
\\f(x-h)-f(x>

=I(x,h) =J(x,h)
Par ces deux inégalités, on obtient
2h||/'(;z:)|| = \\f(x + h) - f(x - h) - I(x,h) + J(x, 7i) ||
C \\f(æ + h)|| + ||/(x - h)|| + ||Z(x, h)Il + Il J(x, h)Il 2M0 + h2M2.
En prenant h = y/^MÔ/MÏ réel non nul, on conclut

ll/'IL t/WÜ.
190 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

5.6.6 Arcs paramétrés


Dans les études qui suivent, on suppose le plan géométrique muni d’un repère orthonormé.

Exercice 23 ** (Une ellipse)


Soit a et b deux réels strictement positifs avec a > b
(a) Montrer que le système
( x — a cos t
( y = b sin t
définit pour t parcourant R un paramétrage de la courbe d’équation cartésienne

(b) Exploiter ce paramétrage pour donner l’allure de cette courbe.


On pose c > 0 tel que a2 = b2 + c2 et l’on introduit les deux points F et . F' de Pake
des abscisses situés à la distance c de l’origine. , -
(c) Vérifier que la courbe étudiée est exactement celle constituée dés points M
satisfaisant
MF + MF' — 2a.- > j -J ~ .V , c

Solution

(a) méthode
On vérifie que les points de l’arc paramétré figurent sur la courbe et inverse­
ment.
Pour tout t G R, si M(t) est le point de paramètre t, ses coordonnées x = acost
et y = b sin t vérifient l’équation définissant la courbe

x2 y2 2..-2, t
-77 + -rz- = cos t + sm t — 1.
a2 b2
Ainsi, les points du paramétrage figurent sur la courbe.
Inversement, soit M un point de coordonnées (x, y) figurant sur la courbe. Posons
a — x/a et (i = y/b. On a a2 + /32 — 1 et il existe donc un réel t tel que

a — cost et /3 = sint.

Le point M correspond alors au point Af(t) du paramétrage.

(b) Posons æ(t) = acost et y(t) = èsint avec t € R. Les fonctions x et y sont de
classe C°° et l’arc paramétré étudié est lui aussi de classe C°°.

méthode
|| Par périodicité, puis symétrie, on réduit l’intervalle où évolue le paramètre t.
5.6 Exercices d’entraînement 191

Les fonctions x et y sont 27r-périodiques. Les points M(i) et M(t + 2%) sont confondus
et l’on peut limiter l’étude à l’intervalle [—7r ; tt].
La fonction x est paire et la fonction y est im­
paire. Les points et M(—t) sont symétriques
par rapport à l’axe des abscisses. On peut limiter
l’étude à l’intervalle [0 ; 7r], la courbe obtenue sera
complétée par symétrie.
Enfin, on a rr(7r — i) = —xÇt') et yÇir — t) = j/(t).
Les points M(t) et M(tv — t) sont symétriques
par rapport à l’axe des ordonnées. On peut limi­
ter l’étude à l’intervalle [0 ; ?r/2], la courbe obtenue
sera complétée par symétrie.
Sur [0 ; 7t/2] les variations des fonctions x et y sont résumées dans le tableau ci-dessous :

méthode
|| On précise les tangentes aux points de paramètres t = 0 et t = tt/2.
En t = 0, on a a/(0) = 0 et y'(0) = b > 0. Le
point de paramètre 0 est régulier et la tangente y est
verticale.
En t — tt/2, on a x,(tf/2) = —a < 0 et t/(7t/2) = 0.
Le point de paramètre tt/2 est régulier et la tangente
y est horizontale.
On dispose alors de suffisamment d’informations
géométriques pour donner l’allure de la courbe ci-
contre 1.

(c) Quitte à échanger F et F' considérons F de coordonnées (c, 0) et F' de coordon­


nées (—c, 0).
Soit M un point de la courbe de coordonnées (a cos t, b sin t) avec t € R. On a
MF2 = (acost — c)2 + (ôsini)2 = a2 cos21 — 2accost + c2 + b2 sin21.
En écrivant b2 sin21 = a2 sin21 — c2 sin21, on obtient
MF2 = a2 — 2accost + c2 cos21 = (a — ccosi)2.
1. L’ellipse est une trajectoire possible d’un mobile soumis à une force centrale tel un satellite.
192 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

De même, on a
MF'2 = (a + ccost)2.

Enfin, puisque a > c,

MF + MF' = |a — ccost| + |a + ccost| — 2a.


' >o ' ' >o '

Inversement, soit M un point de coordonnées (x,y) tel que MF + MF' = 2a. On peut
déterminer t € R tel que x = acost. En s’inspirant des calculs qui précèdent, on écrit

MF2 = (a — ccost)2 + y2 — b2 sin21 et MF'2 = (a + ccost)2 + y2 — b2 sin21.

Si y2 > b2 sin21 alors MF > a — ccost et MF' > a + ccost donc MF + MF' > 2a.
À l’inverse, si y2 < b2 sin21, on obtient MF + MF' < 2a.
On a donc nécessairement y2 = b2 sin21 et, quitte à considérer —t au lieu de t, on a
simultanément x = acost et y = bsint. Ainsi, M est un point de la courbe étudiée.

Une corde tendue de longueur 2a fixée aux extrémités F et F'


permet de tracer l’ellipse.

Exercice 24 ** (Tractrice)

(a) Figurer la courbe définie par le paramétrage


x =■ t — tht
y « 1/ cht.
; \ ' t . . > A
(b) On note A le point d’intersection de l’axe (Ox) avec la tangente au point M de
paramètre t de la courbe ci-déssus. Calculer la distance'AM.
5.6 Exercices d’entraînement

Solution
(a) Posons x(t) = t — tht et ?/(t) = 1/cht avec t e R. Les fonctions x et y sont de
classe C°° et l’arc paramétré étudié est lui aussi de classe C°°.
méthode
|| On réduit le domaine d’étude par symétrie.
La fonction x est impaire tandis que la fonction y est paire. Les points M(t) et M(—t)
sont symétriques par rapport à l’axe des ordonnées. On peut limiter l’étude à l’inter­
valle [0 ; +oo[, la courbe obtenue sera complétée par symétrie.

-------------------------- ► x

Pour t e [0 ; +oo[, on a
/■
x'(t) — th2 t 0 et y'(t) —----- 0.
ch t
Sur [0 ; -l-oo [, les variations des fonctions x et y sont résumées dans le tableau ci-dessous

En t — 0, on a æ'(0) = y'tO) = 0. Le point de paramètre 0 n’est pas régulier.


méthode
Pour déterminer la tangente en un point de paramètre to non régulier, on
étudie la position limite de la droite (M(t0)M(t)) quand t tend vers to- On
peut par exemple étudier la limite de sa pente :

lim
t-ït0 X(t) - x(t0)

On a
y(t) — 7/(0) 1/cht—1 1—cht — |t2 —3
-------------- = ------------ = ------- ------ —— _ — ——oo.
a;(t) — z(0) t — tht O 3
t ch t — sh t t->o+ |t 2t
La tangente en le point de paramètre t — 0 est donc verticale.
194 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

Enfin, quand t tend vers 4-oo, x(t) tend vers +oo et y(t) vers 0 par valeur supérieure,
la courbe se rapproche donc par le dessus de l’axe des abscisses (droite asymptote). On
dispose alors de suffisamment d’informations géométriques pour donner l’allure de la
courbe :

(b) Pour t 7^ 0, on a (a/(i), ?/'(£)) (0,0) et le point de paramètre t est régulier. La


tangente en ce point a pour équation

x — x(t} z'(*) = 0.
y - y(t) y'(t)

Après quelques calculs, on obtient l’équation suivante (qui est aussi valable lorsque t = 0)

x 4- sh(t)y — t.

Le point A a pour coordonnées (t, 0) et la distance de A au point M est déterminée par


2
AM2 - (x(t) — t)2 + y(t}2 = th214---- — -- ^2—= 1.
v 7 ch2* ch2*

La longueur AM est donc constante égale à une unité1.

5.7 Exercices d’approfondissement

Exercice 25 *
Soit u un endomorphisme d’un espace normé E de dimension finie. On suppose que
pour tout vecteur x de E

Montrer que les espaces Ker(u — Id#) et Im(ti — Id#) sont supplémentaires.
''H*'fiWiOnTrinTrrnWOfffBnirawrnTII illl I1L. Ii i lui

1. La tractrice est la courbe parcourue par un objet tenu par un fil lorsque l’on tire à vitesse constante
sur l’autre extrémité du fil dans une direction donnée.
5.7 Exercices d’approfondissement 195

Solution

méthode
On montre que les espaces sont en somme directe avant de conclure par un
argument de dimension.
Soit x G Ker(u — Id#) D Im(w — Idg). Par l’appartenance au noyau, on sait u(æ) = x.
Par l’appartenance à l’image, on peut écrire x = u(a) — a pour un certain vecteur a de E.
Puisque le vecteur x est invariant par u, on a uk(x') = x pour tout k E N et donc1

ufc+1(a) — uk(a) — x.

En sommant ces relations pour k allant de 0 jusqu’à n — 1, on obtient après télescopage


n— 1
^2(wfe+1(a) — wfc(a)) = wn(a) — a = nx.
k=0
=x

On a alors
1 1 / \ 9
||x|| = — ||un(a) — ail - ( l|un(a)l| + llall ) < - ||a||--------- >0
11 11 n" " nV ........... . n n-++oo

car l’hypothèse du sujet donne ||un(a)|| ||un-1(a)|| ||a||.


Ainsi, x = 0# et donc

Ker(a — Ids) O Im(u — Id#) = {0#} .

De plus, la formule du rang donne

dimKer(u — Idjg) + dimlm(u — Id#) - dimE

et l’on peut conclure que les deux espaces Ker(it — Id#) et Im(u — Id#) sont supplémen­
taires.
Exercice 26 ** (Théorème de Darboux)
Soit /: I -4 K une fonction dérivable définie sur un intervalle I de R. .
(a) Montrer que U = {(a;, y) € I2 | x < y} est une partie connexe par arcs de R2.
On note r : U —> R l’application définie par

y -x

(b) Justifier r(E’) c f'(I) C t(ï7).


(c) En déduire que/'(/) est un intervalle2 de R.

1. Les exposants sont à comprendre au sens de la composition des applications.


2. En conséquence, bien qu’une fonction dérivée ne soit pas forcément une fonction continue, elle
satisfait l’affirmation du théorème des valeurs intermédiaires.
196 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

Solution

(a) méthode
|| On vérifie que la partie U est convexe.

Soit a = (xa,ya) et 6 = (xb, yb) deux éléments de U. Pour tout i G ]0 ; 1[, on a

(1 - t)a + tb= ((1 - t)xa + txb, (1 - t)ya + tyb)


=xc —yc

avec xc et yc éléments de I et, sachant xa < ya et xb < yb, on vérifie xc < yc car
les facteurs t et 1 — t sont tous deux strictement positifs. On en déduit que le segment
d’extrémités a et b est inclus dans U. La partie U est convexe et donc connexe par arcs.

(b) méthode
Par le théorème des accroissements finis, un taux d’accroissement est un
nombre dérivé.

Soit (x,y) G U. En appliquant le théorème des accroissements finis à la fonction /


entre x et y, on peut affirmer l’existence d’un réel c strictement compris entre x et y tel
que
r(x,y) = S(V^_ S<X’ = /'(c) e /'(/).
y x

Ainsi, on a la première inclusion : t(U) C


De plus, tout nombre dérivé est limite d’un taux d’accroissement et est donc adhérent
à l’ensemble des valeurs prises par l’application taux d’accroissement. Cette affirmation
fournit la seconde inclusion.

(c) méthode
|| Les connexes par arcs de R sont ses intervalles.

Puisque l’application r est continue sur le connexe par arcs U, son image r(U) est un
connexe par arcs de R, c’est donc un intervalle. L’encadrement

t(U) G /'(/) C r(U)

assure alors que f'(T) est cet intervalle de R auquel on a éventuellement adjoint ses
extrémités1.

1. Cette démonstration du théorème de Darboux pourra être comparée à celle vue dans le sujet 19
du chapitre 8 de l’ouvrage Exercices d’analyse MPSI.
5.7 Exercices d'approfondissement 197

Exercice 27 ** (Norme triple)


On note £c(^) l’espace des endomorphismes continus d’un espace normé E non
réduit à Oe- Pour tout uG ZLC(EI), on définit la norme triple de u par
||u(æ)||
IMI = sup
INI
(a) Soit u G £C(E). Vérifier que la borne supérieure définissant |||u||| existe et que,
pour tout vecteur x de E,
HNK llhlllllæll-
(b) Montrer que ||| • ||| définit une norme sur £C(E) et que, pour tous u, v G EC{E\

(c) Application : Soit u et v deux endomorphismes continus de E tels qu’il existe A


dans K pour lequel
uo v — v o u = Aide.
Calculer un o v — v o un pour n G N* et en déduire que u et v commutent.

Solution

(a) La borne supérieure définissant |||u||| existe car celle-ci porte sur une partie de R,
non vide (car E n’est pas réduit à l’espace nul) et majorée (car la continuité de l’endo­
morphisme u assure l’existence d’un réel k tel que ||u(x)|| k ||æ|| pour tout vecteur x).
De plus, une borne supérieure étant un majorant, on peut affirmer, pour tout x vecteur
deE\{0£},

On en déduit ||u(a;)|| |||u||| ||a;|| et cette inégalité est évidemment aussi vraie1 si le
vecteur x est nul.

(b) Par ce qui précède, on sait déjà que l’application ||| • ||| est bien définie de £C(A)
vers R+.
Soit u G £C(E) tel que |||u||| = 0. Pour tout x dans E, on a ||«(æ)|| |||u||| ||æ|| — 0 et
donc u(x) — 0e- Ainsi, l’endomorphisme u est nul.
Au surplus, pour A G K et u,v G EC{E},

HN||
IIIAulU = sup |A| |A| sup = I Al Ihlll
INI
^0 xGE\{0£}

1. |||ti||| est le plus petit réel k vérifiant ||u(x)|| < k ||x|| pour tout x G E.
198 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

et

SUP E} lhO)|| + IHMI


|||u + v|H æefi\{o
Mæ)|| ( Q*) II
sup
xGF\{Oe} Ikll
sup E}
怣\{0 = IIMI +1||<

L’application ||| • ||| définit bien une norme sur l’espace £C(JE). Enfin, pour tout x G E,

||(wO v)(æ)|| = ||u(vCe))|| < |||u||| ||v(æ)|| < |||u||| |||v||| ||z||
et donc
(uov)(z
|||uo v||| = sup ---- |î—ü— IHI lll<
æGB\{OE} Ii^II

(c) méthode
Par récurrence, on vérifie l’identité

un o v — v o Un = nXu71"1 pour tout n G N*. (*)


L’initialisation est vérifiée par hypothèse pour n = 1 et l’hérédité s’obtient par

un+1 O v — V o Un+1 = uo (un O v — V o Un) + (uov — V ou) o un.


-n\un~‘ =AI<1e

En considérant la norme triple de l’identité (*), on peut écrire

n IA| |||«n-1||| = |||«” o v - v o U”|K Hlu’-'IlKlh o tilH + Hit, o U|||).

Si les |||un-1||| sont tous non nuis, on simplifie

n |A) |||u o v||| + Htv o u|||


constante

et nécessairement A est nul car sinon le premier membre tend vers +oo avec n.
Sinon, considérons le plus petit n 1 tel que |||un||| = 0. On a un nul et un~1 non nul,
ce qui, injecté dans l’identité (*) donne à nouveau1 A = 0.
On peut alors conclure que u et v commutent.
Exercice 28 ** )

Soit (Afc) une suite de matrices de jMn(K) convergeant vers A G jVfn(K). On suppose
que les matrices Ak sont toutes de même rang p. Montrer rg(A) p.
Que dire de la nature topologique de l’ensemble 7ZP(K) des matrices de -Adn(K) de
rangs inférieurs à p ?

1. Si l’espace E est de dimension finie, un calcul de trace donne plus immédiatement A = 0.


5.7 Exercices d’approfondissement 199

Solution

méthode
Le rang d’une matrice est l’ordre maximal des déterminants non nuis extraits
de celle-ci.
Notons r le rang de la matrice limite A. Celle-ci possède un déterminant extrait non
nul de taille r. Le déterminant extrait correspondant des matrices converge vers le
précédent et sont donc non nuis à partir d’un certain rang. Or les matrices Ak étant de
rang p, l’ordre d’un déterminant non nul extrait de celles-ci est nécessairement inférieur
à p. On conclut r < p.
L’ensemble 7£P(K) est une partie fermée car possède les limites de ses suites conver­
gentes.

Exercice 29 ***
Déterminer l’adhérence et l’intérieur de l’ensemble 7?n(C) des matrices diagonali-
sables de A4n(C).

Solution
Commençons par montrer que Dn(C) est une partie dense de A4n(C) ce qui suffit à
déterminer son adhérence.
Soit A G A4n(C) arbitraire. La matrice A est trigonalisable et l’on peut donc écrire
A = PTP-1 avec P inversible et T triangulaire supérieure.
méthode
En modifiant un peu la diagonale de T, on peut se ramener à une matrice
proche de T à valeurs propres deux à deux distinctes donc diagonalisable.
Pour p € N*, considérons les matrices

et Ap — P(T 4- Dp)P i.

n/p/

Les valeurs propres de Ap sont les coefficients diagonaux de la matrice triangulaire su­
périeure T + Dp. Lorsque deux coefficients diagonaux de T sont égaux, les coefficients
correspondants de T + Dp ne le sont pas. Lorsque deux coefficients diagonaux de T sont
différents, les coefficients correspondants de T + Dp le sont aussi sous réserve de choisir p
assez grand. Finalement, on peut affirmer qu’à partir d’un certain rang les matrices Ap
sont diagonalisables. Enfin, la suite (Ap) convergeant vers A, on peut conclure que l’en­
semble Dn(C) des matrices diagonalisables est une partie dense de A4n(C).
Etudions maintenant l’intérieur de 7?n(C).
méthode
On montre que l’intérieur de Dn(C) est constitué des matrices possédant n
valeurs propres distinctes.
200 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

Soit A G Vn(C) telle que Card(Sp(.A)) < n.


On peut écrire A = PDP~i avec P inversible et D diagonale de coefficients diagonaux
les valeurs propres de A :
D = diag(Ai,A2,...,An).

La matrice A possédant moins de n valeurs propres, les scalaires Az ne sont pas deux à
deux distincts. Quitte à permuter ceux-ci, supposons Ai = A2 et notons A cette valeur
commune. Considérons ensuite les matrices

<° 1/p

et Ap = PDpP 1 avec p G N*.

0/

La matrice Tp n’est pas diagonalisable car dimE’x^p) < m\(Dp). La matrice sem­
blable Ap n’est donc pas plus diagonalisable. Cependant, la suite (Ap) converge vers A.
On peut conclure que la matrice A n’est pas intérieure à Vn(C).
Soit A E PniÇ) telle que Card(Sp(j4)) = n.
Supposons par l’absurde que la matrice A n’est pas intérieure à 2>n(C). Il existe alors
une suite (Ap) de matrices non diagonalisables convergeant vers A. Puisque ces ma­
trices Ap ne sont pas diagonalisables, leurs valeurs propres ne peuvent être deux à deux
distinctes. Notons Ap une valeur propre au moins double de Ap.

méthode
|| On extrait de (Ap) une suite convergeant vers une valeur propre double de A.

La suite (Ap) convergeant vers A, les coefficients du polynôme caractéristique xap


convergent1 vers les coefficients respectifs de xa- En particulier, ils sont bornés. On en
déduit que la suite de racines (Ap) est bornée2.
Le théorème de Bolzano-Weierstrass permet d’extraire une suite convergeant
vers une certaine limite A. Les Av(fc) étant racines au moins doubles de XavW, on a

XAv{ky (Kp(k)) = XAv{k) (\>(k)) = 0


ce qui donne à la limite

XaW = XaW = 0.
C’est absurde car les valeurs propres de A sont supposées simples.
On peut alors conclure que la matrice A est intérieure à 7?n(C).

1. L’application M h-> xm est continue comme cela est détaillé dans le sujet qui suit.
2. En effet, si £ est racine du polynôme P = Xn + an_iXn-1 H-------F a±X + ao, on peut borner cette
racine par les coefficients de P : |£| < max(l, |ao| + |ai| H-------- F |an-i|) voir sujet 18 du chapitre 5 de
l’ouvrage Exercices d’algèbre et de probabilités MPSI. On peut aussi employer la norme introduite dans
le sujet 9 p. 115 et vérifier |AP| pour affirmer que la suite (Ap) est bornée.
5.7 Exercices d’approfondissement| 201

Exercice 30 ***

(a) Montrer que l’application qui à une matrice M de ?Mn(C) associe son polynôme
caractéristique xm est continue.
On rappelle que GLn(C) est dense dans A4n(C).
(b) Montrer l’égalité xab — Xba pour toutes matrices A, B dans jMn(C).
On rappelle que l’ensemble Pn(C) des matrices diagonalisables est dense dans

(c) Montrer l’égalité Xa{A) = On (Théorème de Cayley-Hamilton).

Solution

(a) Le polynôme caractéristique de M — (mitj) e >Mn(C) est le polynôme unitaire de


degré n défini par l’identité
n

( e(cr)II(a;<5ff(i)>i
i=l

En développant ce calcul, on observe que les coefficients du polynôme xm sont des


sommes de produits de coefficients de la matrice M. Les coefficients de xm sont donc
des fonctions continues de la matrice M et l’application qui à M associe le polynôme xm
de Cn[X] est continue1.

(b) Soit B G A4n(C).


Si A est inversible, on a pour tout À G C,

Xab(^) = det(AIn — AB) = det(A) det(AA-1 — B).


En échangeant les deux déterminants par commutation du produit de deux scalaires

XabW = det(AX-1 - B) det(A) = det(AIn - BA) = xbaW-


On en déduit que les deux polynômes xab et Xba sont égaux2.
Réalisons l’extension de cette égalité par densité. L’application qui à une matrice A
de A/tn(C) associe le produit AB est continue car linéaire au départ d’un espace de di­
mension finie. Par composition avec l’application M i-> xm, on obtient la continuité de
l’application A f-> Xab- De même, on justifie la continuité de A i-> Xba- Ces deux appli­
cations continues étant égales sur la partie GLn(C) dense, elles sont égales sur Mn(C).

1. L’application opère entre deux espaces de dimensions finies. Les normes y étant équivalentes, il
n’est pas nécessaire de préciser les normes utilisées.
2. Un argument plus rapide est aussi possible : les matrices AB et B A sont semblables car AB s’écrit
A(BA)A~1, elles ont donc le même polynôme caractéristique.
202 Chapitre 5. Fonctions vectorielles

(c) Si la matrice A est diagonale de coefficients diagonaux Ai,..., An, le polynôme


caractéristique de A est Xa = (X — Ai)... (X — An) et alors

/xa(Ai)
Xa(A) =
\ (0) XaM/
Si la matrice A est diagonalisable, on écrit A = PDP 1 avec P inversible, D diagonale
et alors
= Xa(PDP-') = Pxa^P-1 = PXdWP~1 = 0„
car les matrices A et D ont le même polynôme caractéristique puisqu’elles sont sem­
blables.
Réalisons maintenant l’extension de cette égalité par densité. L’application d’évaluation

E:
fCn[X]xXtn(C)^Xtn(C)
' (P, M) .H- P(M)
est continue par opérations sur les fonctions continues. En effet, cette application se
déduit notamment des applications linéaires qui à un polynôme associe l’un de ses coef­
ficients et des applications qui à une matrice associe l’une de ses puissances.
Par composition avec E, on peut affirmer que l’application qui à une matrice A asso­
cie Xa(A) est continue1. Cette application continue étant nulle sur la partie dense Pn(C),
elle est nulle sur l’intégralité de A4n(C).

1. On peut aussi dire que les coefficients de xa{A) sont des sommes de produits de coefficients de A.
CHAPITRE 6

Compacité

K désigne R ou C et E un K-espace vectoriel normé par || • ||.


Les notions qui suivent sont inchangées lorsque l’on passe d’une norme à une norme
équivalente.

6.1 Partie compacte


6.1.1 Valeurs d’adhérences d’une suite

Définition
On appelle suite extraite (ou sous-suite) d’une suite u = (un) d’éléments E toute
suite v = (î?fc) pour laquelle il existe une fonction ip: N —> N strictement croissante
vérifiant Vk = u<p(fc) pour tout k G N.
Si A est une partie infinie de N, on peut extraire d’une suite (un) une suite dont les
éléments sont exactement ceux dont les indices figurent dans A. Ainsi, le choix d’une
infinité d’indices suffit à définir une suite extraite.
Définition
On appelle valeur d’adhérence d’une suite u = (un) d’éléments de E toute limite
d’une suite convergente extraite de u.
Les valeurs d’adhérence d’une suite sont les valeurs au voisinage desquelles s’accumule
une infinité de termes de la suite.
204 Chapitre 6. Compacité

Théorème 1
Si une suite (un) converge, toute suite extraite de (un) converge vers la même limite.
En conséquence, une suite convergente possède une unique valeur d’adhérence : sa
limite.
---------- J

Une suite possédant au moins deux valeurs d’adhérence (ou n’en possédant aucune) est
divergente.

6.1.2 Partie compacte

Définition
Une partie K de E est dite compacte si toute suite d’éléments de K possède au moins
une valeur d’adhérence dans K. On dit encore que K est un compact de E.
Dans une partie compacte A, on ne peut répartir les éléments d’une suite sans qu’il y
ait accumulation au voisinage d’un point de K.

Théorème 2
Toute partie compacte est fermée et bornée.
Aussi, un partie fermée incluse dans un compact est compacte.

Théorème 3
Si Ki,..., Kp sont des parties compactes d’espaces normés Ei,..., Ep alors le pro­
duit cartésien K = K± x • • • x Kp est une partie compacte de l’espace nonnéj^roduit
E = Ei x ••• x Ep. v- %

6.1.3 Compacité en dimension finie

Théorème 4
En dimension finie, les parties compactes sont exactement les parties fermées et
bornées.
Par exemple, en dimension finie, les boules fermées sont compactes. Ce résultat n’est plus
vrai en dimension infinie (voir sujet 18 p. 220).
On peut alors proposer une extension du Théorème de Bolzano-Weierstrass vu en pre­
mière année :

Théorème 5 (Théorème de Bolzano-Weierstrass)


En dimension finie, toute suite bornée admet au moins une valeur d’adhérence.
6.2 Continuité et compacité 205

6.1.4 Applications
Les deux résultats qui suivent sont des conséquences de la théorie de la compacité.

Théorème 6
Tout sous-espace vectoriel de dimension finie d’un espace normé est une partie fer­
mée.

Théorème 7
Si (wn) est une suite d’éléments d’une partie compacte K, on a équivalence entre
(i) la suite (un) converge;
(ii) la suite (wn) admet une unique valeur d’adhérence.
En dimension finie, une suite bornée qui n’a qu’une seule valeur d’adhérence converge
vers celle-ci.

6.2 Continuité et compacité


6.2.1 Image continue d'un compact

En conséquence, une fonction définie et continue sur un compact y est bornée.

Ce résultat est souvent utilisé pour établir rapidement qu’un « inf » est un « min » ou
qu’un « sup » est un « max ».

6.2.2 Uniforme continuité


Définition
Une application f: X c E —> E' est dite uniformément continue1 si
Ve > 0, > 0, V(x, y) e X2, \\y - a => ||/(j/) - /(z)||£, e.
Toute fonction uniformément continue est continue.
Les fonctions lipschitziennes sont des fonctions uniformément continues.
1. On peut aussi dire qu’une fonction est uniformément continue sur une partie X' pour insister sur
le domaine de définition de la fonction ou pour affirmer que c’est sa restriction au départ de X' qui est
uniformément continue.
6.2 Continuité et compacité 205

6.1.4 Applications
Les deux résultats qui suivent sont des conséquences de la théorie de la compacité.

Théorème 6
Tout sous-espace vectoriel de dimension finie d’un espace normé est une partie fer­
mée.

Théorème 7
Si (un) est une suite d’éléments d’une partie compacte K, on a équivalence entre
(i) la suite (un) converge;
(ii) la suite (?/.„,) admet une unique valeur d’adhérence.

En dimension finie, une suite bornée qui n’a qu’une seule valeur d’adhérence converge
vers celle-ci.

6.2 Continuité et compacité

6.2.1 Image continue d’un compact

Théorème 8
L’image d’une partie compacte par une application continue est une partie compacte.
En conséquence, une fonction définie et continue sur un compact y est bornée.

Théorème 9 (Théorème des bornes atteintes)


Toute fonction à valeurs réelles définie et continue sur un compact non vide admet
un minimum et un maximum : on dit qu’elle est bornée et qu’elle atteint ses bornes.
Ce résultat est souvent utilisé pour établir rapidement qu’un « inf » est un « min » ou
qu’un « sup » est un « max ».

6.2.2 Uniforme continuité


Définition
Une application f : X C E —> E' est dite uniformément continue1 si

Ve > 0, 3a- > 0, V(rr, 3/) E X2, \\y - < « => ||/ü/) - /(z)||F, £-
Toute fonction uniformément continue est continue.
Les fonctions lipschitziennes sont des fonctions uniformément continues.
1. On peut aussi dire qu’une fonction est uniformément continue sur une partie X’ pour insister sur
le domaine de définition de la fonction ou pour affirmer que c’est sa restriction au départ de X' qui est
uniformément continue.
206 Chapitre 6. Compacité

Théorème 10 (Théorème de Heine)


Toute fonction définie et continue sur un compact y est uniformément continue.

6.3 Exercices d’apprentissage

Exercice 1 î
Soit F une partie fermée et K une partie compacte d’un espace normé E. i
Établir que j
F + K = {a; + y | x 6 F et y € K} |
est une partie fermée. s

Solution

méthode
On montre que la partie est fermée en observant qu’elle contient les limites de
ses suites convergentes.
Soit (un) une suite convergente d’éléments de F + K et u sa limite. Pour tout n G N,
on peut écrire un = xn + yn avec xn G F et yn G K. On souhaite établir que la limite u
s’écrit aussi de cette forme. Cependant, la convergence de la suite (un) n’oblige pas celles
des suites (æn) et (yn) !
méthode
Lorsque l’on souhaite qu’une suite converge mais que cette convergence peut
ne pas être vraie, un argument de compacité est utile pour extraire de la suite
étudiée une sous-suite convergente.
La suite (?/n) étant une suite d’éléments du compact K, on peut en extraire une suite
convergente (^(fc)) de limite y élément de K. Par différence, la suite (a\>(fc)) est alors
convergente avec
^<p(fc) y<p(k) ~K—->+00 y-

Or, la suite (^(k)) est une suite du fermé F, sa limite x = u — y est donc élément de F.
Finalement, on est parvenu à écrire u = x + y avec x dans F et y dans K. On peut
donc affirmer que la partie F + K est fermée.

Exercice 2 |
Soit E un espace normé de dimension finie. Montrer que la sphère unité |

S = {xeE|M = l} |
I
I
est une partie compacte. !
6.3 Exercices d’apprentissage 207

Solution

méthode
En dimension finie, les parties compactes sont exactement les parties fermées
et bornées (Th. 4 p. 204).
La partie S est évidemment bornée. Elle aussi fermée. En effet, soit (xn) une suite
convergente d’éléments de S et x sa limite. Pour tout naturel n, on a ||xn|| = 1. Par
continuité de la norme, on peut passer à la limite pour obtenir ||ir|| = 1. Ainsi, S contient
les limites de ses suites convergentes, c’est une partie fermée E
Finalement, S est une partie fermée et bornée en dimension finie donc compacte.

Exercice 3
Soit K une partie compacte non vide d’un espace vectoriel normé E et x G E. On
définit la distance du vecteur x à la partie K par

d(x,K) = inf ||t/ —æ||.


ÿ€K ■' ' ■

Montrer qu’il existe yo G K tel que

d(x,K} = ho - ^|| ■
Solution

méthode
Il s’agit d’établir qu’une borne inférieure est un minimum : on exploite le
théorème des bornes atteintes (Th. 9 p. 205).
L’application à valeurs réelles f: y \\y — x|| est définie et continue sur le compact
non vide K. Par le théorème des bornes atteintes, cette fonction admet un minimum en
un certain y0 élément de K. On a alors

/ho) = min/h) = inf/h).


y&K y£K

Autrement dit, ho — ^11 = d(x,K).

Exercice 4
Soit u = (un) une suite réelle bornée telle que
''A
1
“1“ o ^2n ““ 0*
2 nr->+OO
Montrer que la suite u converge. j
v *...,i»iF»MirnrMnwrrTWTnnrnwimfin8» 11 " 1

1. On peut aussi observer que S est l’image réciproque du fermé {1} par l’application continue norme.
208 Chapitre 6. Compacité

Solution

méthode
|| On montre que 0 est l’unique valeur d’adhérence de la suite u (Th. 7 p. 205).
La suite u étant bornée, le théorème de Bolzano-Weierstrass (Th. 5 p. 204) assure
l’existence d’au moins une valeur d’adhérence. Montrons que celle-ci ne peut qu’être 0.
Soit a une valeur d’adhérence de la suite u et une suite extraite convergeant
vers celle-ci. On peut écrire

T 2^2ç?(fc)y ^^<p(k) -------- > —2a.


k—>+oo

On en déduit que —2a est aussi valeur d’adhérence de u. En répétant ce raisonnement,


on obtient successivement 4a, —8a,... valeurs d’adhérence de u. Or la suite u est bornée,
l’ensemble de ses valeurs d’adhérence est aussi borné et nécessairement a = 0.
Finalement, u est une suite bornée d’un espace de dimension finie possédant une unique
valeur d’adhérence, elle converge donc vers celle-ci.

6.4 Exercices d’entraînement


6.4.1 Partie compacte

Exercice 5 *
Montrer que On(R) = {4 é A4n(R) | *AA = !„} est une pa^t
Solution

méthode
On vérifie que On(R) est une partie fermée et bornée (Th. 4 p. 204) d’un
espace de dimension finie.
La partie On(R) est incluse dans l’espace A4n(R) qui est de dimension finie1 n2.
La partie On(R) est fermée car contient les limites de ses suites convergentes 2. En effet,
soit (Ap) une suite convergente d’éléments de On(R) et A sa limite. Pour tout naturel p,
on a lApAp = In ce qui donne à la limite, *AA = In et donc A G On(R).
Pour établir que la partie On(R) est bornée, il convient de choisir3 une norme sur
l’espace A4n(R). Prenons, la norme euclidienne4 associée au produit scalaire canonique :

M|| = ^/trfÆA).
1. Attention à ne pas dire que On(R) est de dimension finie : il ne s’agit pas d’un espace vectoriel!
2. C’est aussi l’image réciproque du fermé {In} par l’application continue A > fAA.
3. Ce choix n’importe pas car toutes les normes sont équivalentes sur l’espace A4n(K) qui est de
dimension finie. Cependant, ce choix est pratique pour pouvoir exprimer que la partie est bornée.
4. On peut aussi choisir la norme infinie sur les coefficients de la matrice et exploiter que les coefficients
d’une matrice orthogonale sont tous compris entre —1 et 1.
208 Chapitre 6. Compacité

Solution

méthode
|| On montre que 0 est l’unique valeur d’adhérence de la suite u (Th. 7 p. 205).
La suite u étant bornée, le théorème de Bolzano-Weierstrass (Th. 5 p. 204) assure
l’existence d’au moins une valeur d’adhérence. Montrons que celle-ci ne peut qu’être 0.
Soit a une valeur d’adhérence de la suite u et (u^^)) une suite extraite convergeant
vers celle-ci. On peut écrire

u2<p(k') — + ~U2tpÇk') 2w<p(fc) -------- > -2a.


\ k —>-f-oo

On en déduit que —2a est aussi valeur d’adhérence de u. En répétant ce raisonnement,


on obtient successivement 4a, —8a,... valeurs d’adhérence de u. Or la suite u est bornée,
l’ensemble de ses valeurs d’adhérence est aussi borné et nécessairement a = 0.
Finalement, u est une suite bornée d’un espace de dimension finie possédant une unique
valeur d’adhérence, elle converge donc vers celle-ci.

6.4 Exercices d’entraînement


6.4.1 Partie compacte

Solution

méthode
On vérifie que On(R) est une partie fermée et bornée (Th. 4 p. 204) d’un
espace de dimension finie.
La partie On(R) est incluse dans l’espace Azln(R) qui est de dimension finie1 n2.
La partie On(R) est fermée car contient les limites de ses suites convergentes 2. En effet,
soit (Ap) une suite convergente d’éléments de On(R) et A sa limite. Pour tout naturel p,
on a lApAp = In ce qui donne à la limite, fAA = In et donc A G On(R).
Pour établir que la partie On(R) est bornée, il convient de choisir3 une norme sur
l’espace A4n(R). Prenons, la norme euclidienne4 associée au produit scalaire canonique :

MH = y/^ÂÂ).
1. Attention à ne pas dire que On(lR) est de dimension finie : il ne s’agit pas d’un espace vectoriel!
2. C’est aussi l’image réciproque du fermé {In} par l’application continue A i—> tAA.
3. Ce choix n'importe pas car toutes les normes sont équivalentes sur l’espace A4n(K) qui est de
dimension finie. Cependant, ce choix est pratique pour pouvoir exprimer que la partie est bornée.
4. On peut aussi choisir la norme infinie sur les coefficients de la matrice et exploiter que les coefficients
d’une matrice orthogonale sont tous compris entre —1 et 1.
6.4 Exercices d’entraînement 209

Pour toute matrice A E On(IR), on a

Mil = ytr(In) = y/n.

La partie On(R) est donc bornée et l’on peut conclure qu’elle est compacte.

Exercice 6 *
Soit K une partie compacte d’un espace normé E de dimension finie et r > 0.
Montrer la compacité de la partie

A'r- (J
1 ».| I r | ; iuT~~ iT-üi? . ..... iii'iiiiiif^ai'iffiï-iiïr1
" - i ............. ....

Solution
Puisque l’espace E est dimension finie, il nous suffit de montrer que la partie Kr est
fermée et bornée.
La partie K est compacte et donc bornée. On peut introduire un réel M tel que
||a;|| M pour tout élément x de K. On a alors ||î/|| M + r pour tout élément y de Kr.
En effet, si y est un élément de Kr, il existe x dans K tel que y appartienne à la boule
fermée Bf(x, r) et donc

hll = ||æ + y - z|| < |k|| + ||z/ -x\\^M + r.

Ainsi, la partie Kr est bornée. Reste à montrer que c’est aussi une partie fermée.
Soit (yn) une suite convergente d’éléments de Kr et y sa limite. Pour tout naturel n,
il existe xn dans K tel que yn € By(xn,r).

méthode
On souhaite que la suite (a?n) converge mais cela peut ne pas être vrai : on
raisonne avec une extraction convergente.

Puisque la partie K est compacte, on peut extraire de la suite (xn) une suite
convergeant vers un élément x de K. Par extraction d’une suite convergente, la suite
(^(fc)) converge encore vers y. Or, pour tout naturel k, y^k) est élément de Bf[xip(k),r)
et donc
||^(fc)-^(fc)|| O-

A la limite, on obtient
||î/-x||O

et donc y est élément de Bf(x,r) donc de Kr.


Finalement, la partie Kr est fermée car contient les limites de ses suites convergentes
et l’on peut conclure qu’il s’agit d’une partie compacte.
210 Chapitre 6. Compacité

6.4.2 Valeur d’adhérence

Exercice 7 *
On munit l’espace E = R[X] des normes données par les relations
/•i

et l’on considère la suite des monômes (Xn)


(a) Vérifier que la suite (^n)neN est bornée pour la norme || • lloo Qu’eUe converge
vers 0 pour la norme || • Hp
(b) La suite (^n)neN possède-t-elle une valeur d’adhérence pour || • ?

Solution

(a) La suite (Xn) est bornée pour || ' Ile» car

IML = sup|t"| = l.
te[O;l]

La suite (Xn) converge vers le polynôme nul pour || • 1^ car


1 1
n 11 y.n+1 1
>0.
o 0 n+1 0

(b) méthode
Si une norme TVi est dominée par une norme N2, une valeur d’adhérence
pour N2 est aussi une valeur d’adhérence pour N\.
Pour tout polynôme P, on a

PII, ll-PIloo = WL
et donc la norme || • 1^ est dominée par la norme || • H^.
Si P est une valeur d’adhérence de la suite (Xn) pour la norme || • H^, il existe une
suite extraite {X^k^ convergeant vers P pour || • H^. La norme |] • 1^ étant dominée
par la norme || ■ la suite extraite converge aussi vers P pour || • ||p Or la
suite (Xn) converge vers le polynôme nul pour || • ||p ses suites extraites convergent donc
aussi vers le polynôme nul (Th. 1 p. 204). Par unicité de la limite, on conclut P = 0.
Or aucune suite extraite de (Xn) ne peut converger vers le polynôme nul pour || •
car ||Xn||oo = 1 pour tout naturel n. On conclut que la suite (Xn) ne possède pas1 de
valeur d’adhérence pour || •
1. Ce sujet illustre qu’en dimension infinie une suite bornée peut ne pas avoir de valeur d’adhérence.
6.4 Exercices d’entraînement 211

Exercice 8 * î
Soit A une partie fermée non vide d’un espace normé E de dimension finie. On étudie \
la distance d’un vecteur x à la partie A : ?

A) = inf ||x - a||. ï


aQA i
l
Montrer qu’il existe â € A tel que d(x, X) = ||æ — ü||. i!

Solution

méthode
On construit une suite (an) d’éléments de A telle que ||rr —an|| tend1
vers d(x, A).

Soit n un naturel non nul. Une borne inférieure étant le plus grand des minorants, le
réel d(x,A) + 1/n ne minore pas l’ensemble des ||x — a|| pour a parcourant A. Il existe
donc un élément an dans A tel que

d(x, A) < ||xr - an|| < d(æ, A) + -.


n
En faisant varier n, ceci détermine une suite (an) d’éléments de A telle que

||æ - fln||--------
n—>+oo
> d(x, A).

méthode
On souhaiterait que la suite (an) converge mais cela peut ne pas être vrai : on
raisonne par une extraction convergente.
La suite (an) est bornée car

||ûnII lk ~ M + Ikll---- —d(x, A) + ||æ||.


n—>+oo

De plus, l’espace E est de dimension finie. Par le théorème de Bolzano-Weierstrass (Th. 5


p. 204), on peut extraire de (an) une suite convergente Notons â sa limite. D’une
part, â appartient à A car â est limite d’une suite d’éléments du fermé A. D’autre part,
par extraction d’une suite convergente,

||æ-â||= lim ||z - a95(fc)l| = d(x, A).


k—>4-oo

Finalement, â est un élément de A réalisant2 la distance de x à A.


1. L’enjeu est d’établir qu’un inf est un min : on peut aussi utiliser le théorème de bornes atteintes
mais il faut alors se positionner sur un compact non vide, par exemple A Cl Bf(x, r) avec r = d(a;, A) 4-1-
2. En dimension finie, la distance à une partie fermée est atteinte. Ce résultat n’est plus vrai en
dimension infinie (voir sujet 27 p. 132).
212 Chapitre 6. Compacité

Exercice 9 **
Soit A G Mn(K) telle que la suite (Ap) soit bornée. Pour p G N*, on pose
p-i

r k=0
(a) Montrer que la suite (Bp) admet au moins une valeur d’adhérence B.
(b) Montrer que cette valeur d’adhérence B vérifie B(In — A) = On-
(c) En déduire que B correspond à la projection sur Ker(A — In) parallèlement
à Im(A — In).
(d) Conclure que la suite (Bp) converge vers B.
Solution

(a) méthode
Par le théorème de Bolzano-Weierstrass (Th. 5 p. 204), toute suite bornée d’un
espace de dimension finie possède une valeur d’adhérence.
La suite (Ap) étant bornée, on peut introduire un réel M vérifiant ||AP|| < M pour
tout naturel p. On a alors
1 p-i p-i

P fc=0 P k=0
La suite (Bp) est une suite bornée d’un espace de dimension finie, elle admet donc une
valeur d’adhérence.

(b) Par télescopage


1 P-1 1
BP(I„ - X) = - - Xfc+1) = -(!„- Ap)
P k=0 1
et donc
- ^)|| ;(IIM + ||4’||) 1( ||In|| + M) ——> 0.
Z' P v_ - p—r-pOO
constante

Ainsi, on obtient
Bp(In - A)------
p—>-+oo
> On.

Considérons une suite extraite de (B^)) convergeant vers la valeur d’adhérence B.


D’une part, on a par extraction d’une suite convergente
Bipfk'ffi-n A) -K—►“pOO > On-
6.4 Exercices d'entraînement 213

D’autre part, on a par produit de limites

^(fc)(In - A)-------- > B(ln - A).


k—>+oo

Par unicité de la limite, on obtient B(In — A) = On.

(c) méthode
|| On vérifie que B est une projection en calculant B2.
Ce qui précède donne B = B A. Par une récurrence immédiate, B — BAk pour tout
naturel k et l’on en déduit BBP = B. En reprenant la suite extraite (B^)) convergeant
vers B, la relation BB^^ = B donne à la limite B2 = B. Ainsi, B est la matrice d’une
projection.
méthode
|| Une projection projette sur son image parallèlement à son noyau.
Pour X G Ker(A — In), on a AX = X puis AkX = X pour tout naturel k. On en dé­
duit BPX — X. En transitant par la suite extraite B^^, on obtient à la limite BX = X.
Ainsi, on dispose de l’inclusion

Ker(A —In) C Im(B).


Pour Y G Im(A — In), on peut écrire Y = (A — In)X et alors BY = B(A — In)X = 0 car
B A = B. Ainsi, on a aussi l’inclusion

Im(A-In) cKer(B).
Par la formule du rang, on sait

dimKer(A — In) + dim!m(A — In) = n — dimlm(B) + dimKer(B).


^dimlm(B) ^dimKer(B)

On a donc l’égalité des dimensions permettant d’affirmer

Ker(A - In) = Im(B) et Im(A - In) = Ker(B).

On peut alors conclure que B est la projection affirmée1.

(d) méthode
En dimension finie, une suite bornée admettant une unique valeur d’adhérence
converge vers celle-ci (Th. 7 p. 205).
Par l’étude qui précède, on a obtenu que la suite bornée (Bp) ne possède qu’une seule
valeur d’adhérence à savoir la matrice de la projection sur Ker(A — In) parallèlement
à Im(A — In). Cette suite évoluant dans un espace de dimension finie, on peut affirmer
qu’elle converge vers cette valeur d’adhérence.
1. En substance, ce qui précède établit aussi la supplémentarité des espaces Ker(A — In) et Im(A — In).
214 Chapitre 6. Compacité

Exercice 10 ** (Théorème des fermés emboîtés)


Soit (Fn) une suite décroissante de fermés non vides et bornés d’un espace normé E
de dimension finie. On suppose que la suite (£(Fn)) tend vers 0 en notant 8(Fn) le
diamètre de Fn défini par

6(Fn) = sup ||3/ - æ|| .


(x,y)eF%

Montrer que l’intersection de tous les Fn est un singleton.

Solution
Commençons par établir que l’intersection des Fn comporte au plus un élément.
Soit x et y deux éléments de l’intersection des Fn. Pour tout naturel n, on a l’inéga­
lité ||7/ — a;|| <5(Fn) car x et y sont éléments du fermé Fn. En passant à la limite, on
obtient ||g/ — ar|| < 0 et donc x = y. Ainsi, l’intersection des Fn comporte au plus un
élément.

méthode
On détermine un élément de l’intersection des Fn en considérant une valeur
d’adhérence d’une suite (xn) avec xn choisi arbitrairement dans Fn.
Pour tout n G N, on peut introduire un élément xn choisi dans Fn car, par hypothèse,
les fermés Fn sont tous non vides. En faisant varier n, ceci détermine une suite (rrn).
Les fermés Fn étant emboîtés dans le sens où ceux-ci constituent une suite décroissante
pour l’inclusion, la suite (zn) est en particulier une suite d’éléments de la partie bornée Fq.
La suite (zn) apparaît donc comme une suite bornée d’un espace de dimension finie, on
peut en extraire une suite convergente (a\,(fc)) (Th. 5 p. 204). Notons x la limite de la
suite (æç,(k)) et montrons que x est élément de l’intersection des Fn.
Pour tout n € N, il existe un rang ko à partir duquel <p(fc) n et alors

•£<p(k) € En.

La sous-suite (æ^(fc))fc>Jfc apparaît alors comme une suite convergente d’éléments du


fermé Fn, sa limite x appartient donc à Fn.
Finalement, l’intersection des Fn n’est pas vide, c’est donc un singleton.

Exercice 11 ***
Soit u une suite d’éléments d’un espace normé E. On note Adh(u) l’ensemble des
valeurs d’adhérence de u.
(a) Établir
Adh(w) = Q [up | p n}.
n€N

(b) En déduire que Adh(tt) est une partie fermée de E.


6.4 Exercices d’entraînement 215

Solution

(a) Soit £ une valeur d’adhérence de la suite u. Il existe une suite extraite
convergeant vers £. Soit n E N. Il existe un rang ko à partir duquel (p(k) n. La sous-
suite (wç?(fc))fe>fco est alors une suite d’éléments de {up | p n] et sa limite £ appartient
à l’adhérence de cet ensemble. Ainsi,

Adh(u) G {up | p n}.

Inversement, considérons un élément £ de l’intersection précédente.

méthode
On construit une suite extraite de u de limite £ en choisissant des éléments
de plus en plus proche de £ parmi les termes d’indices supérieurs à ceux déjà
choisis.

Puisque £ appartient à l’adhérence de {up | p 0}, on peut déterminer un rang no tel


que ||uno - ^|| 1.
Puisque £ appartient aussi à l’adhérence de {up | p no + 1}, on peut déterminer un
rang ni tel que ||uni — ^|| 1/2.
De proche en proche, on construit une suite (n^) strictement croissante : lorsque n^_i
est connu, on détermine nk > nk-i de sorte que ||unfc — ^|| l/2fc ce qui est possible
car £ appartient à l’adhérence de [up | p > njt-i}.
La suite (unfc ) ainsi construite est une suite extraite de u de limite £. Ainsi, £ est bien
une valeur d’adhérence de la suite u ce qui fournit l’inclusion réciproque

Adh(u) D Q {up | p n}.


neN

(b) La partie Adh(u) est fermée car c’est une intersection de parties fermées.

6.4.3 Continuité et compacité

Exercice 12 *
Soit A et B des parties compactes de E. Montrer que l’ensemble

est une partie compacte de E.


216 Chapitre 6. Compacité

Solution

méthode
|| A + B peut se voir comme l’image continue d’un compact (Th. 8 p. 205).
Considérons l’application somme
(ExE-iE
a' l (x,y) x + y.

Cette application est continue1 et A + B = cr(A x B). Or A x B est une partie compacte
car produit cartésien de deux parties compactes (Th. 3 p. 204) et donc A + B est une
partie compacte en tant qu’imagé continue d’un compact.
-- ----------- '
Exercice 13 *
Soit K une partie compacte non vide d’un espace normé E. Montrer l’existence de
deux éléments a, b G K extrémaux dans le sens où

6(K) = sup ||t/ - ar|| = ||6 - a||.


(x,y)£K2
t—. —................ —............... ,n | , | ............ ............. ,, ...... ............... ................ ...............................................................

Solution
méthode
|| Il s’agit d’établir qu’une borne supérieure est un max : on fait appel au théo-
|| rème des bornes atteintes (Th. 9 p. 205).
La fonction à laquelle appliquer le théorème des bornes atteintes est celle permettant de
décrire la borne supérieure, à savoir la fonction f définie sur KxK par f(x, y) = ||?/ — x||.
Cette fonction est continue et est définie sur une partie compacte non vide (Th. 3 p. 204).
Elle admet donc un maximum atteint en un certain couple (a, b) G K x K. Ce couple
résout le problème posé.

Exercice 14 ** (Théorème du graphe fermé)


Soit E et F deux espaces normés de dimensions finies et f: X C E F une
application bornée telle que son graphe

r/ = {(3:,ÿ)ëXxF|ÿ = /(x)}

est une partie fermée de E1 x F. Montrer que f est continue. I

Solution

méthode
|| On montre la continuité de f par la caractérisation séquentielle.
Soit a un élément du domaine de définition X de f et (xn) G une suite convergeant
vers a. Etudions la convergence de sa suite image (?/n) = (/(j?n)).
1. L’application a est la somme des applications coordonnées (x,y) Hiet (x, y) y (voir sujet 18
p. 185).
6.4 Exercices d'entraînement 217

méthode
On montre la convergence de la suite (î/n) en constatant qu’elle ne possède
qu’une seule valeur d’adhérence.
Soit b une valeur d’adhérence de (î/n) et (y^k)) une suite extraite convergeant vers b.
Par extraction, la suite (x^k)) converge vers a et la suite y^k)) converge vers le
couple (a, 6). Or il s’agit d’une suite d’éléments du graphe Èf qui est supposé fermé. On
en déduit (a, &) G Ty et donc b = f(a).
Ainsi, la suite (yn) possède au plus une valeur d’adhérence. De plus, cette suite est bor­
née dans un espace de dimension finie, elle admet donc au moins une valeur d’adhérence
et, finalement, converge vers celle-ci car unique (Th. 7 p. 205).
Finalement, pour toute suite (a;n) d’éléments de X convergeant vers a, la suite image
(/(in)) converge vers f(a). La caractérisation séquentielle de la continuité assure alors
que f est continue en a.
Exercice 15 **
Soit K une partie compacte non vide d’un espace normé E et f une application de K
vers À” vérifiant

.(a) >/ possède un-un^e^ointtfix^c.


(b)goit (^).qpe suite .déferminée ^

Montrer que la guit^^)- converge vers le ?


Solution
(a) Supposons par l’absurde que f possède deux points fixes distincts x y. L’hypo­
thèse d’étude donne alors
||/(z) -/Ü/)|| < lk-2/ll
ce qui est absurde car f(x) = x et f(y) = y. L’application f possède au plus un point
fixe. Il reste à établir qu’il en existe un.
méthode
On détermine le point fixe de f en cherchant le vecteur qui est le plus proche
de son image.
Considérons la fonction d: x h-> || f(x) — t|| définie sur K. Cette fonction est continue
sur le compact non vide A, elle admet donc un minimum en un certain c élément de K.
Si /(c) ÿé c, l’hypothèse d’étude donne

4/(c)) = Il W) - /(c)|| < l|/(c) - c| = d(c)-


Ceci est impossible car contredit la minimalité de la fonction d en c. On en déduit
que /(c) = c ce qui détermine un point fixe de /.
6.4 Exercices d’entraînement 217

méthode
On montre la convergence de la suite (t/n) en constatant qu’elle ne possède
qu’une seule valeur d’adhérence.
Soit b une valeur d’adhérence de (t/n) et une suite extraite convergeant vers b.
Par extraction, la suite converge vers a et la suite ?/ç>(fc)) converge vers le
couple (a, 6). Or il s’agit d’une suite d’éléments du graphe Èy qui est supposé fermé. On
en déduit (a, b) G Fy et donc b = f(a).
Ainsi, la suite (yn) possède au plus une valeur d’adhérence. De plus, cette suite est bor­
née dans un espace de dimension finie, elle admet donc au moins une valeur d’adhérence
et, finalement, converge vers celle-ci car unique (Th. 7 p. 205).
Finalement, pour toute suite (xn) d’éléments de X convergeant vers a, la suite image
(/M) converge vers f(a). La caractérisation séquentielle de la continuité assure alors
que f est continue en a.
Exercice 15 **
Soit K une partie compacte non vide d’un espace normé E et f une application de K
vers K vérifiant

V(æ, y') E K2, x/-y => ||/(æ) - f(y) || < |[æ - y\\ .

(ê ion f possède un u
i • >

■ '■ ' T / ■ Aj
Montrer que la suite (»Tn) converge vers le point fixe c.

Solution
(a) Supposons par l’absurde que / possède deux points fixes distincts x y. L’hypo­
thèse d’étude donne alors
||/(^) -/(z/)|| < ll^-z/ll

ce qui est absurde car f (æ) = x et f(y) = y. L’application / possède au plus un point
fixe. Il reste à établir qu’il en existe un.
méthode
On détermine le point fixe de f en cherchant le vecteur qui est le plus proche
de son image.
Considérons la fonction d: x i—> |[/(x) — x|| définie sur K. Cette fonction est continue
sur le compact non vide K, elle admet donc un minimum en un certain c élément de K.
Si f (c) c, l’hypothèse d’étude donne
d(/(c)) = ||/(/(c)) - /(c)|| < ||/(c) - c|| = d(c)-

Ceci est impossible car contredit la minimalité de la fonction d en c. On en déduit


que /(c) — c ce qui détermine un point fixe de f.
218 Chapitre 6. Compacité

(b) méthode
|| On étudie la convergence de la suite de terme général ||æn — c||.
Pour n e N, posons dn = ||xn — c||. La suite (dn) est décroissante car

dn+l = ll^n+l - c|| = ||/(zn) ~ /(c)|| ||zn ~ c|| = dn.

La suite (dn) est aussi minorée par 0 et donc convergente. Posons d sa limite et montrons
que celle-ci est nulle.
La suite (xn) évolue dans le compact K, on peut donc en extraire une suite conver­
gente (^^(fc))- Notons a E K la limite de cette suite extraite. Par extraction d’une suite
convergente, la suite (d^)) = (||^(fc) — a||) converge vers d et donc d — ||a — c||.
Or, par continuité de f, la suite (a^p^+i) = (/(æv(A;))) converge vers f(a). On a donc
aussi d = || f(d) — c||.
Ainsi, on a obtenu

||/(«) - /(c)|| = \\f(a) - c|| = d = ||a - c||.

Il est alors impossible que a soit différent de c et l’on en déduit d = ||a — c|| = 0.
Finalement, la suite (xn) converge vers c.

Exercice 16 ***
Soit E un espace normé et f une application vérifiant

^(x,y) e E2, ||/(æ) —/(z/)|| = ||a; — 3/||.

Soit K une partie compacte de E telle que f(K) C K.


(a) Pour x G K, on considère la suite récurrente (æn) donnée par

Xq = x et Vn e N, Æn+i =/(o:n).
Montrer que x est valeur d’adhérence de la suite (xn).
(b) En déduire que f(K) — K.

Solution

(a) méthode
Puisque f est une isométrie, on a pour tous n et p naturels

Hr+»(x) - .mu = iirw -4


Il suffit alors de trouver des termes xn+p et xp proches les uns des autres pour
obtenir des termes xn proches de x.
Par une récurrente immédiate, on vérifie que la suite (xn) est une suite d’éléments du
compact K. Elle admet donc une valeur d’adhérence x dans K.
6.5 Exercices d’approfondissement 219

Soit £ > 0. En considérant une suite extraite de (æn) convergeant vers x, on peut
affirmer qu’il existe une infinité d’indices p, donc au moins un, vérifiant

llæp ~â|| < e/2.


Un tel indice étant fixé, on peut encore déterminer une infinité d’entiers q supérieurs à p
tels que l’on ait aussi
||xg -x|| < e/2
et donc
llæp -M ll^p -æll + llæ-M < s.
En considérant n = q — p, on a obtenu une infinité de rangs n tels que
ll^n - z|| = llæq-p - x|| = ||xp - xqII < e.
En faisant tendre e vers 0+ (en prenant par exemple e — 1/k) et en choisissant des
rangs successifs supérieurs à ceux déjà choisis, on peut extraire de la suite (xn) une suite
convergeant vers x.

(b) méthode
|| On montre que tout x de K est adhérent à f{K).
Soit x E K.Le vecteur x est valeur d’adhérence de la suite (/n(æ)) d’éléments de f(K)
à partir du rang 1. Le vecteur x peut donc se voir comme limite d’une suite d’éléments
de fÇK). Or l’application f est continue car lipschitzienne et la partie f(K) est com­
pacte en tant qu’imagé continue d’un compact. La partie f(K) est donc fermée et contient
les limites de ses suites convergentes. Ainsi, x est élément de f(K) et l’on vient d’éta­
blir K C /(Æ). L’inclusion réciproque figurant parmi les hypothèses, on peut conclure à
l’égalité.

6.5 Exercices d’approfondissement

Exercice 17 * (Propriété de Borel-Lebe^ue)


Soit (Qn)neN une suite de parties ouvertes d’un espace normé E et K une partie
compacte de E. On suppose
K C (J Si,..
n€N

Montrer qu’il existe1 un rang n tel que


n
Kc Un‘-
fc=sO ________ -

1. Plus généralement, de tout recouvrement d’un compact par des parties ouvertes on peut extraire
un recouvrement fini. Cette propriété, dite de Borel-Lebesgue, apparaît comme la définition des parties
compactes dans le cadre (hors-programme) des espaces topologiques séparés.
220 Chapitre 6. Compacité

Solution

méthode
Si la propriété voulue est fausse, on peut déterminer une suite (xn) d’éléments
de K avec xn choisi en dehors de Qq U ... U Qn.
Par l’absurde supposons que pour tout naturel n, la partie K n’est pas incluse dans la
réunion des avec k < n. Il existe alors un élément xn dans K qui n’est pas dans cette
union. En faisant varier n, ceci détermine une suite (æn) telle que, pour tout rang n, xn
est élément de K sans être élément de l’union des pour k allant de 0 à n.
Cette suite admet un valeur d’adhérence x dans le compact K. Puisque la partie K est
incluse dans la réunion de tous les Qn, il existe un naturel k tel que x appartient à Qfc.
Or Qfc est une partie ouverte et il existe donc un rayon a > 0 telle que la boule B(x, a)
soit incluse dans Qfc. Le vecteur x étant une valeur d’adhérence de la suite (xn), il existe
une infinité de termes de cette suite dans la boule B(x,a) donc dans Q^. Parmi ceux-ci
figurent des termes xn d’indices n k. C’est absurde puisqu’un tel xn est choisi en
dehors de Qfc.

Exercice 18 ** (Théorème de Riesz)


Soit F un sous-espace vectoriel de dimension finie d’un espace normé E..
(a) Montrer que, pour tout a G E, il existe x G F vérifiant .
d(a, F) — ||a — æ|| .
* - ■ ' -j; . 'î
(b) On suppose F E. Montrer qu’il existe a G E vérifiant
d(a,F) = l et [|a'|| = 1. ?
On suppose le K-espace vectoriel E de dimension infinie.
(c) Montrer qu’il existe une suite (an) d’éléments deF vérifiant , : , - ■;<
VneN, ||anl| = 1 et d(an+i, Vect(a0, • • ■ a)) = 1-
(d) Conclure que la boule imité de E n’est pas compacte.
Solution

(a) méthode
On extrait une valeur d’adhérence d’une suite (xn) d’éléments de F construite
telle que ||a — xn|| tend vers d(a,F).
La distance d(a,F) est la borne inférieure des ||a — m|| pour x parcourant F. Pour n
entier naturel non nul, le réel d(a, F) + 1/n ne minore pas cet ensemble, il existe donc
un élément xn dans F tel que

d(a, F) ||a - a?n|| < d(a, F) + -.


n
6.5 Exercices d’approfondissement 221

En faisant varier n, ceci détermine une suite (rrn) d’éléments de F telle ||a — xn|| tend
vers d(a, F).
La suite (xn) est bornée car

lkn|| < ||a - || + ||a||-------- > d(a, F) + ||a||.


n—>4-oo
La suite (xn) est aussi une suite d’éléments de l’espace F de dimension finie, elle possède
donc une valeur d’adhérence x dans1 F. Si (^(fc)) désigne une suite extraite de (a;n)
convergeant vers x, on peut conclure

lim ||a — x<p(fc)' "|| = d(a, F).


||a-z|| = fc-^+oo

(b) méthode
On part d’un vecteur de E qui n’est pas dans F et du vecteur qui atteint sa
distance dans F. Par translation, on obtient un vecteur qui atteint sa distance
à F en Os puis, par dilatation, on construit ce vecteur unitaire.
Soit a E E et y e F. Puisque F est un sous-espace vectoriel, on a par translation
d(a, F) = inf ||a — a?|| = inf lia — (x + t/)|l = inf II (a — y) — æll = d(a — y, F).
xÇF xÇF1' s—æGF11 11
parcourt F

Aussi, pour tout A G K avec À 0, on a par dilatation


d(Xa, F) — inf ||Xa — x|| = inf ||Xa — Xx || = inf |A| ||a — æ|| = |A| d(a, F)
xÇF xÇF xÇF
parcourt F

pour tout a de F et tout A G K avec A 7^ 0.


Soit a un élément de E qui n’est pas dans F. Par ce qui précède, on peut introduire
un vecteur y G F tel que la distance de a à F soit atteinte en y. Cette distance ||a — t/||
est non nulle car a F et y G F. Ceci permet d’introduire le vecteur unitaire

h= a~y
II» - y\\'

Par les remarques qui précèdent

Le vecteur b résout la question posée.

(c) On construit la suite (an) en partant d’un vecteur unitaire ao arbitraire. Puis, une
fois les vecteurs ao,..., an déterminés, on choisit an+i tel que

||®n4-i II — 1 et d(an+i,F) 1
1. Rappelons que les sous-espaces vectoriels de dimensions finies sont des parties fermées (Th. 6
p. 205).
222 Chapitre 6. Compacité

avec F le sous-espace vectoriel de dimension finie engendré par les vecteurs an,... ,an.
Ceci est possible car le sous-espace vectoriel F est de dimension finie donc distinct de
l’espace E qui est supposé de dimension infinie.

(d) La suite (an) ainsi construite est une suite d’éléments de la boule unité fermée
vérifiant pour chaque entier n et m avec n > m
||Un dm || d(dn, Vect(uo, • • • ■> Un — 1 )) ~ 1-

am en est élément

On ne peut extraire d’une telle suite une sous-suite convergente car, à partir d’un certain
rang, les termes d’une suite extraite convergente sont aussi proches les uns des autres
que l’on peut le vouloir.
On en déduit que la boule unité fermée de l’espace de dimension infinie E n’est pas
compacte.

Exercice 19 **
Soit u == (un) une suite réelle vérifiant

Un4 1 Un - — > 0.
n—>4-oo

Montrer que l’ensemble des valeurs d’adhérence de u est un intervalle.


ih Ontii lammiiiiiiinii ■iiTnnmmwowaiMnwffliMnmrwiîmwmmnmBnînBiw!^^

Solution

méthode
On vérifie qu’une partie X de R est un intervalle en montrant que celle-ci est
convexe, c’est-à-dire en vérifiant

V(a,&) e X2, a < b => [a-b] C X.


Soit a < b deux valeurs d’adhérence distinctes de la suite u s’il en existe. Soit c E ]a ; b[.
Pour montrer que c est une valeur d’adhérence de u, il suffit de vérifier la propriété

Ve > 0, VX E N, > N, \un - c| < e.

En effet, cette propriété permet de construire une suite extraite convergeant1 vers c.
méthode
A partir d’un certain rang, les sauts de un à un+i sont plus petits que e. Pour
passer des termes de la suite u qui sont au voisinage de valeur d’adhérence a
à ceux au voisinage de b, il faut passer au voisinage de c.
Soit e > 0. Sachant que un+± — un tend vers 0, il existe un rang N au delà du­
quel |un+i — un\ e. Puisque a est une valeur d’adhérence de u avec a < c, il existe
1. Pour cela, on fait tendre e vers 0 en prenant par exemple e = 2_fc puis, à chaque rang k, on choisit
un terme de la suite u proche de c à e près parmi ceux d’indices supérieurs à ceux déjà choisis.
6.5 Exercices d’approfondissement 223

un rang p supérieur à N tel que up < c. Puisque b est aussi une valeur d’adhérence
de u avec b > c, il existe un rang q > p tel que uq > c. Considérons alors le plus petit
entier n > p tel que un > c. On a simultanément

Un > 0, Un—| c et |un Un— 1|


On en déduit que un est élément de l’intervalle ]c ; c+e] ce qui suffit à résoudre la question
posée.

Exercice 20 *** I
Soit / : R —>■ R une fonction continue et u = (un) une suite déterminée par

u0 e R et Vn e N, un+i = f(un).

On suppose que la suite u possède une unique valeur d’adhérence a. Montrer que la
suite u converge vers celle-ci. I

Solution
Par l’absurde, supposons que la suite u ne converge pas vers a. Il existe alors e > 0 et
une infinité de termes de la suite u vérifiant \un — a| > e. Parallèlement, il existe aussi
une infinité de termes de la suite vérifiant |un — tz| < e puisque a est valeur d’adhérence
de la suite u.
méthode
On construit une nouvelle valeur d’adhérence à la suite u en considérant les
indices n pour lesquels

|un-i — a| e et |tin — a| > e.


Soit N un entier arbitrairement grand. Il existe un naturel p supérieur à N, tel
que \up — a| < Il existe aussi des entiers n, supérieurs à p, tels que |un — a| > e.
Considérons alors le plus petit des entiers n supérieurs à p vérifiant \un — u| > e. Pour
cet entier, on obtient un rang n, supérieur à N, tel que l’on ait simultanément

|un-i — a| C e et |un — a\> e.


Puisque ce qui précède vaut pour tout naturel N, on peut affirmer qu’il existe une infinité
d’indices n tels que
|un-i — a| < e et \un — a| > s.
Introduisons alors la suite extraite constituée de ces entiers. Cette suite est
formée d’éléments de l’ensemble

K = f([a-s;a + s]).
Or cet ensemble est compact car image continue d’un compact. La suite (uv(k)) possède
donc une valeur d’adhérence b dans K. Cependant, les termes de cette suite sont aussi
tous éloignés de a d’au moins e. La valeur d’adhérence b est donc distincte de a. C’est
absurde car la suite u est supposée ne posséder qu’une seule valeur d’adhérence.
224 Chapitre 6. Compacité

Exercice 21 *** (Projection sur un convexe fermé)


Soit E un espace euclidien dont le produit scalaire est noté ( •, • )
(a) Soit x, a et b trois vecteurs de E tels que a b et ||x — a|| = ||rr — &||. Montrer

x----- r—
2
Soit C un convexe fermé non vide de E.
(b) Montrer qu’il existe un unique vecteur oÆC tel que
II® - all = j/G-C? II®' - 2/11 •

On pose P(x) = a ce qui définit une application P: 1?-4 Q ^ppj^è^.pr^jection sût


le convexe C. >■ , . ■ .. ■ ...
(c) Soit a e C tel que (x — a, y — a) CO pour tout y € G. Montrer a = P(x).
(d) Inversement, on suppose qu’il existe un vecteur y,£.pt.el qup,

En considérant les vecteurs de la forme ty 4- (1 — £)P(a?) avec t S [0 ; 1], ■ôWéîttF tMè'


contradiction. ’ ; , tj»-;
Ce qui précède permet d’affirmer que P(x) est l’unique vedt^Uf a € G vérifiant
{x — a, y — a) C 0 pour tout y € C.
(e) Etablir que pour tous vecteurs x et y de E,

En déduire que l’application P est continue.


Solution
(a) Par identité remarquable

= 7 II® ~ aH2 + |<® ~ ® ~ &> + 7 II® - &II2 •


TX £> -x
Par l’inégalité de Cauchy-Schwarz
{x — a, x — b) C | {x — a, x — b) | C 11^ — a|| ||x — 6|| — ||x — a||2 . (*)
On en déduit
a+b
C (k - a|| • (**)
6.5 Exercices d'approfondissement 225

méthode
Il II y a égalité dans un enchaînement d’inégalités si, et seulement si, chacune
j| est une égalité.
Il y a égalité dans (*) si, et seulement si, il y a égalité dans l’inégalité de Cauchy-
Schwarz et que le produit scalaire des deux vecteurs est positif. Ceci signifie que les
vecteurs x — a et x — b sont colinéaires par un scalaire positif (autrement dit, ils ont
même direction et même sens). Or ces vecteurs sont aussi de même norme, ils sont donc
égaux. Ceci est exclu puisque a =4 b. On peut donc affirmer que l’inégalité (**) est stricte.

(b) On a déjà vu dans le sujet 8 p. 211 que la distance à une partie fermée en dimension
finie est atteinte. Il reste à établir l’unicité de l’élément en lequel cette distance est
atteinte.
Supposons par l’absurde la distance atteinte en a, b e C avec a b. Par l’étude qui
précède on peut affirmer
ci -|- b
< ||x — a|| = d(x, C).

Or (a + 6)/2 est élément de C car C est une partie convexe. C’est absurde.

(c) Pour tout y de C


lk - Z/ll2 = ||k - a) + (a - t/)||2 = ||æ - a||2 + 2 {x - a a - y) + ||a - î/||2 ||x - a||2 .
>o
La distance de x à C est donc réalisée en a, autrement dit, a = P(ar).

(d) Pour t E [0 ; 1], le vecteur z = ty + (1 — t)P(x) est élément du segment [y ; P(x)]


donc du convexe C. Or
lk - *H2 = ||z - P(z) - t(y - P(a:))||2
= ||ar - P(a;)||2 - (2t(x - P(x), y - P(a;)) - t2\\y - P(a;)||2^.

~ 2t(x~ P(x),y—P(x))>0
t->o+

Pour t > 0 suffisamment petit, on a ||æ — z|| < ||a: - P(a;)|| et le vecteur z contredit la
définition de P(a;).
226 Chapitre 6. Compacité

(e) méthode
On fait intervenir artificiellement P(x)—P(y) dans le premier terme du produit
scalaire puis on développe.

{x - y, P(x) - P(y)} = {{x- P(x)) + (P(x) - P(y)) + (P(t/) - y),P(x) - P(y)}


= {x- P(x), P(x) - P(y)} + ||P(æ) - P(j,)II2 + (P(y) - y, P{x) - P(y))

P(x) est la projection de x sur le convexe C et P(y) est élément de C donc

{x - P(x), P(z) - P(y)) = -{x - P(x), P(y) - P(x)) 0


Mutatis mutandis1
(P(y) - y, -P(^) - PM) > 0

On en déduit
||P(x) - P(?/)||2 < {x - y,P(x) - P(y)).
Par l’inégalité de Cauchy-Schwarz, on a aussi

(x — y,P(x) -P(y)) < ||æ - t/||||P(x) - P(î/)||.

Que la quantité ||P(x) — P(y)|| soit nulle ou non, on peut affirmer par simplification la
propriété de lipschitzianité

||P(z)-PQ/)|| < ||ar-2/||.

L’application P est donc continue.

Exercice 22 ***
Soit u un endomorphisme d’un espace normé réel E et C un compact convexe non
vide de E stable par u. Pour nE N*, on pose
1 n— 1
Un = - 52
71 i=0

(a) Montrer wn(C) C C pour tout n E N*.


(b) Soit x un élément de un(C~). Proposer un majorant de ||æ — u(ir)||.
(c) Montrer que
H «p(c) + e.

peN*

(d) Conclure que u possède un point fixe dans C.

1. Locution latine signifiant « En modifiant ce qui doit être changé ».


6.5 Exercices d’approfondissement 227

Solution
(a) Par composition, C est stable par chacun des u1. Puisque C est convexe et
que un(x) est une combinaison convexe1 des vecteurs x,u(æ),..., un“1(x), on peut af­
firmer que C est stable par un.

(b) Soit x G un(C"). Il existe a G C tel que

x = un(a) = — (a -F u(a) -I---- -F un~1(a)).

Par linéarité et après simplification

x - u(x) — - (a -F u(a) -I------ 1- un-1(a)) - -u(a -F u(a) -I------ F un-1(a))


71 71

= - (a + u(a) -|------ 1- un-1 (a)) - - (u(a) -|------ F un(a))


71 71

= -(a-un(a))
n
et donc

avec M réel bornant le compact C.

(c) Soit p un naturel non nul. Puisque up est linéaire et continue, on peut affirmer
que up(C) est un compact convexe non vide. De plus, up(C) est stable par u car up et u
commutent. On en déduit comme au-dessus que pour tout naturel n non nul,

^n(Wp(C^)) C Up(C'j.

méthode
On considère la suite (xn) définie à partir de xq choisi arbitrairement dans C
et de la relation de récurrence xn = un(æn_i) pour n G N*. On vérifie alors
que xn est élément de chaque up(C) pour p < n.
Puisque C est stable par un, les xn sont tous éléments de C et xn — un(xn-i) est
élément de un(C) pour tout n 1. De plus, pour tout p G [1 ;n], on a xn G up(C) car
xp 6 Up(C') et la propriété (**) donne successivement
æp-|-l = ÎZp-|-i(Xp) G î4p(C’), 2!p-|-2 £ tZ.p(C’), . . .

La suite (xn) évoluant dans le compact C, elle admet donc une valeur d’adhérence x.
Or (xn)n^p est une suite d’éléments de up(C). Le vecteur x est alors limite d’une suite
d’éléments du fermé up(C), c’est un élément de up(C). Ceci valant pour tout p G N*, on
peut conclure que l’intersection des Up(C) est non vide puisqu’elle contient x.
1. Une combinaison convexe est un barycentre à coefficients positifs. Les parties convexes sont stables
par combinaisons convexes (Th. 1 p. 101).
228 Chapitre 6. Compacité

(d) Soit x un élément de l’intersection précédente. L’élément x appartient à chaque


partie wn(C) et, par (*), on a

||æ — u(x)Il -------------- > 0.


TL n—>+oo

On en déduit u(x) = x.
CHAPITRE 7

Suites et séries de fonctions

K désigne 1 ou C.

Les fonctions étudiées ici sont définies sur une partie X non vide d’un K-espace vectoriel
de dimension finie E et à valeurs dans un K-espace vectoriel de dimension finie F. Les
espaces E et F peuvent être normés1. Afin de faciliter la lecture, les normes sur E et F
seront simplement notées | • |.

En pratique, les fonctions étudiées sont souvent des fonctions d’une variable réelle évo­
luant dans un intervalle réel X et à valeurs dans F = K.

7.1 Suites de fonctions


Soit no € N.
Définition
On appelle suite de fonctions de X vers F toute suite (un)n^no constituée de fonctions
au départ de X et à valeurs dans F.
Dans ce qui suit, (un) désigne une suite de fonctions de X vers F. Celle-ci est supposée
définie à partir du rang no = 0, quitte à définir de façon arbitraire les premières fonctions
la constituant.

1. En dimension finie toutes les normes sont équivalentes, le choix de ces normes sera sans incidence
sur l’étude.
230 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

7.1.1 Convergence simple


Définition
On dit que la suite de fonctions (un) converge simplement vers une fonction u définie
sur X lorsque
\/x G X, un(x) -------- > w(æ).
n—>+oo

Autrement dit

\fx G X, Ve > 0, 37V G N, n N => |un(x) - u(z)| < e.

Théorème 1
Il y a unicité de la fonction vers laquelle une suite de fonctions peut converger
simplement.
Définition
Si (wn) converge simplement vers une fonction u sur X, on dit que la fonction u est
la limite simple de la suite (ztn) et l’on note

u = lim un.
n—>+oo

7.1.2 Convergence uniforme


Définition
On dit que la suite de fonctions (un) converge uniformément vers une fonction u
définie sur X lorsque1

Ve > 0, 37V G N, Vn G N, n TV => Va; G X, |tzn(a;) — u(a;)| < e.

On dit alors que u est limite uniforme de la suite (unf

Théorème 2
Si (un) converge uniformément vers une fonction u alors (un) converge aussi simple­
ment vers cette fonction u.
_________________________________ ,________________________________________________________________________ ■/

Lorsqu’elle existe, une limite uniforme est unique et correspond à la limite simple.
On dit parfois qu’une suite de fonctions (wn) converge simplement sur une partie X'
(resp. converge uniformément sur X'} pour insister sur le domaine de définition des
fonctions qui la composent. On utilise aussi ce vocabulaire pour affirmer que c’est la
suite des restrictions de ces fonctions au départ de X' qui converge simplement (resp.
uniformément).
1. La différence entre les expressions quantifiées de la convergence simple et de la convergence uniforme
se situe au niveau des positions relatives de « 32V G N » et « Væ G X ». Pour la convergence uniforme,
on veut une valeur de TV qui convienne pour chaque valeur de x (on dit que N est uniforme en x) ce qui
est notoirement exigeant.
7.1 Suites de fonctions 231

7.1.3 Conditions de convergence uniforme


1 ' --------------------------------------------------------- --------------------- '
Théorème 3
Si (un) est une suite de fonctions définies sur X et si u est une fonction définie sur X,
on a équivalence entre :
(i) (wn) converge uniformément vers u ;
(ii) (un) converge simplement vers u et

sup|un(a;) — u(x) I-------- > 0.


x£X n-4+oo

Dans le cadre pratique des fonctions d’une variable réelle à valeurs réelles, la borne
supérieure peut souvent être calculée à partir d’un tableau des variations. On peut aussi
se contenter de l’estimer en exploitant une majoration uniforme :

une suite de fonctions définies sur X, u une fonction définie sur X et s’il
suite Téêlle (an) vérifiant à partir d’un certain rang

Væ G X, |un(æ) — u(x)l an avec an-------- > 0


1 1 n—>+oo

alors lâ-'s'uite (wn) converge uniformément vers u.~

On dit que la suite (an) réalise une majoration uniforme de \un — u\.

7.1.4 Convergence en norme uniforme

L’espace B(X, F) des fonctions bornées de X vers F est normé par

ll/lloo = sup|/(x)|.
x&X

j
i '. trf > ' c-
i «■ t,
Si (lin) est nue Suit® d^( fonctions bornées définies sur X et u une fonction bornée

"U) converge uniformément vers u ;


(ni ->0.

Ainsi, la convergence uniforme peut se comprendre comme une convergence dans un


espace normé1.

1. Cette affirmation n’est pas vraie pour la convergence simple!


7.1 Suites de fonctions 231

7.1.3 Conditions de convergence uniforme

Théorème 3
Si (w„.) est une suite de fonctions définies sur X et si u est une fonction définie sur X,
on a équivalence entre :
(i) (ttn) converge uniformément vers u ;
(ii) (un) converge simplement vers u et

sup|un(rr) — u(æ)| -------- > 0.

Dans le cadre pratique des fonctions d’une variable réelle à valeurs réelles, la borne
supérieure peut souvent être calculée à partir d’un tableau des variations. On peut aussi
se contenter de l’estimer en exploitant une majoration uniforme :

Théorème 4
Si {ün') est une suite de fonctions définies sur X, u une fonction définie sur X et s’il
existe une suite réelle (an) vérifiant à partir d’un certain rang

V.r G X, l'Un(.T) — u(æ)| A an avec an -------- > 0


1 1 n —>+oo

alors la suite (un) converge uniformément vers u.

On dit que la suite (an) réalise une majoration uniforme de \un — u\.

7.1.4 Convergence en norme uniforme

L’espace F) des fonctions bornées de X vers F est normé par

ll/lloo = sup |/(æ)|.


xEX

: -5. '
Si (un) est une suite de fonctions bornées définies sur X et u une fonction bornée
définie sur X, on a équivalence entre :
(i) (un) converge uniformément vers u ;
(ii) H'Un -«U — —0-
n—> + oo

Ainsi, la convergence uniforme peut se comprendre comme une convergence dans un


espace normé1.

1. Cette affirmation n’est pas vraie pour la convergence simple !


232 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

7.1.5 Approximations uniformes

Théorème 6 (Approximation uniforme par des fonctions en escalier)


Soit f : [a ; 6] —> K une fonction continue par morceaux. Pour tout e > 0, il existe
une fonction en escalier p: [a ; 6] —> K vérifiant \\f — e, c’est-à-dire

|/(t) — ç?(t)| e pour tout t e [a; &].

En faisant tendre e vers 0 avec un indice n, le résultat ci-dessus permet d’affirmer que
toute fonction continue par morceaux sur un segment est limite uniforme d’une suite de
fonctions en escalier1.
'■ _ 1■ “ 1 1 • •— - .
Théorème 7 (Théorème de Weierstrass2 )
Soit f: [a;6] —> K une fonction continue. Pour tout e > 0, il existe une fonction
polynomiale <p: [a ; &] —> K vérifiant \\f — s, c’est-à-dire

|/(t) — e pour tout t G [a;b}.

Ainsi, toute fonction continue sur un segment peut s’exprimer comme limite uniforme
d’une suite de fonctions polynomiales3.

7.2 Analyse de la limite d’une suite de fonctions


(un) désigne une suite de fonctions définies sur X et à valeurs dans F et u une fonction,
elle aussi définie de X vers F.

7.2.1 Continuité par converge uniforme

Théorème 8
Si la suite de fonctions (un) vérifie :
1) chaque fonction un est continue,
2) (wn) converge uniformément vers u sur X
V --- la fonction u
alors -- est. continue.
- . J

Lorsqu’il n’est pas possible d’obtenir la continuité d’une limite par convergence uniforme
sur l’intégralité du domaine de définition, il est fréquent de tenter d’établir la convergence
uniforme sur des domaines « suffisamment généraux » pour inclure des voisinages de tout
point de X. En particulier, on raisonne fréquemment par convergence uniforme sur tout
segment lorsque X désigne un intervalle de R.
1. L’espace des fonctions en escalier de [a ; 6] vers K constitue une partie dense de l’espace des fonctions
continues par morceaux de [a ; b] vers K normé par la norme de la convergence uniforme || •
2. On trouvera une démonstration de ce théorème dans le sujet 27 du chapitre 13 de l’ouvrage Exer­
cices d’algèbre et de probabilités MPSI.
3. L’espace des fonctions polynomiales de [a ; b] vers K est une partie dense de l’espace des fonctions
continues de [a ; b] vers K normé par || • ||
7.2 Analyse de la limite d’une suite de fonctions 233

Lorsqu’une suite de fonctions continues converge simplement vers une fonction qui n’est
pas continue, la convergence ne peut pas être uniforme. Cet argument est fréquemment
utilisé pour justifier l’absence de convergence uniforme !

7.2.2 Théorème de la double limite

Théorème 9
Si a est un point adhérent à X et si la suite de fonctions (wn) vérifie :
1) chaque un admet une limite finie £n en a,
2) (un) converge uniformément vers u sur un voisinage de a
alors la suite (én) admet une limite finie £ et la fonction u tend vers £ en a.
Autrement dit : .
lim ( lim un(x)] = lim (limun(æ)).
X-^à\n—>+oo / n—>4-oo \x—>a /

Ce résultat peut être adapté à l’étude d’une limite en a = ±oo d’une fonction définie sur
un intervalle réel non borné.
Ce théorème est aussi utilisé pour justifier l’absence de convergence uniforme en consta­
tant que son application entraîne la convergence d’une suite (€n) notoirement divergente.

7.2.3 Intégration sur un segment

Ici, le domaine de définition X est un segment réel [a ; b] (avec a b).

Théorème 10
Si la suite de fonctions (unj vérifie :
1) chaque un est continue sur [a ; 6],
2) (un) converge uniformément vers u sur [a ; b]
alors la fonction u est continue et la suite des intégrales ^un{t)dt converge vers
l’intégrale de u sur [a : b].
Au: rement dit :

lim I / un(t) dt I — / ( lim uTC(t) ) dt.


J Ja^+<x> )

L’échange des symboles limite et intégrale n’est pas automatique. On peut s’en convaincre
en observant

lim n2tn !(1 — t) dt — 1 alors que n2£n-1(l-t)) dt = 0.


n—>4-oo

Il s’agit ici d’un contexte où l’hypothèse de convergence uniforme n’est pas vérifiée.
234 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

7.2.4 Dérivation
Ici, le domaine de définition X est un intervalle réel I d’intérieur non vide.
............ ........ 1........... .. " ■ ..... ■ ' . .... .......

Théorème 11
Si la suite de fonctions (un) vérifie :
1) chaque un est de classe C1 sur Z,
2) la suite de fonctions (un) converge simplement vers u sur Z,
3) la suite de fonctions (u^) converge uniformément sur tout segment [a ; b] de I
alors la fonction u est de classe C1 sur l’intervalle I et, pour tout tel,

u'(t) = lim <(i).


n—>+oo
Autrement dit :
/ V
( lim un ) = lim u'
\n—»+oo / n—>+oo
On peut généraliser à un ordre de dérivation supérieur :
----------------- ---------------------- . . ------------------------ ■ —• ---------------- ■—---------------- —”—................... ............. —~ ................. ........■

Théorème 12 ■■
Si la suite de fonctions (un) vérifie :
1) chaque fonction un est de classe Cp sur Z, ... :
2) les suites de fonctions (un),..., convergent simplement sur Z,
3) la suite de fonctions converge uniformément sur tout segment [a ; b] de Z
alors la fonction u limite simple de (un) est de classe Cp sur l’intervalle Z etypo|gr.; -
tout k e [1 ;pj et tout t e Z,
u«(t)= Hm u«(t). ' '■

7.3 Séries de fonctions


Soit no 6 N.
Définition
Étant donnée une suite de fonctions (un)n^,no définies sur X, on appelle série de
fonctions de terme général un, la suite de fonctions (S'n)n^no avec
n
‘S'n —
fc—n-o

Cette série de fonctions est notée (52un)n>no, 52n>n0 Un ou 52 un-


La fonction Sn est appelée somme partielle de rang n de la série 52
7.3 Séries de fonctions 235

Les séries de fonctions sont, par définition, des suites de fonctions « particulières ».
Dans ce qui suit, on suppose tiq = 0 quitte à poser nulles les premières fonctions de la
suite (un).

7.3.1 Convergence simple

Définition
On dit qu’une série ^un de fonctions définies sur X converge simplement si la
suite (Sn) de ses sommes partielles converge simplement vers une certaine fonction S.
Cette fonction S est appelée somme de la série de fonctions et l’on note
+oo
S = ^un.
n=0

Théorème 13
Si 52 un est une série de fonctions définies sur X, on a équivalence entre :
(i) la série de fonctions 52 un converge simplement ;
(ii) pour tout x G X, la, série 52 Wni®).d’éléments de F converge.
De plus, si tel est le cas, on a pour tout x de X
\ .... 4-00
( I(æ) =
\n=0 / n=0
----- ---- ■ - - ■ - ...... ■ .■ . .. J
L’étude de la convergence simple de la série de fonctions 52 un fournit le domaine de
définition de sa fonction somme.

7.3.2 Reste d’une série de fonctions

Définition
Lorsqu’une série 52 un de fonctions définies sur X converge simplement, on peut
introduire la fonction reste de rang n définie sur X par

Rn(x) = uk(x)’
k=n+l

Si S désigne la somme d’une série de fonctions 52 un convergeant simplement, Sn la


somme partielle de rang n et Rn son reste de rang n, on peut écrire

S — Sn + Rn-

La suite (Bn) des restes converge simplement vers la fonction nulle.


236 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

7.3.3 Convergence uniforme


Définition
On dit qu’une série ^2 un de fonctions définies sur X converge uniformément lorsque
la suite (Sn) de ses sommes partielles converge uniformément.
' " ■■ ' I. ■ ■ ;T- ' ■ .............. — . ,
Théorème 14
Si ^2 un est une série de fonctions définies sur X, on a équivalence entre :
(i) la série de fonctions un converge uniformément ;
(ii) la série de fonctions converge simplement et la suite (Rn) des restes
. converge
--- uniformément. vers la fonction nulle.
Pour étudier la convergence uniforme de (Rn) vers la fonction nulle, on peut :
— étudier si
n-à+oo > o.
Il-Rnlloo = sup|#n(æ)| --
x&X

— déterminer une suite (on) telle que

Va; G X, < an avec an-------- > 0.


1 1 n—>4-oo

7.3.4 Convergence normale


Définition
On dit qu’une série un de fonctions définies sur X converge normalement lorsque :
a) les fonctions un sont toutes bornées ;
b) la série numérique 5211^11^ est convergente.
avec
IKIIoc = sup|un(a;)|.
x&X

Théorème 15 r
Si la série de fonctions ^2 un converge normalement, celle-ci converge uniformément
et la convergence est absolue en tout point.
Pour étudier la convergence normale d’une série de fonctions on peut :
— calculer1 ||wn|loo = suPxex|un(æ)| et étudier la convergence de la série associée;
— déterminer (an) telle que

Va; G X, |un(a;)| < an et converge.

Lorsque la variable est réelle, on peut aussi parler de convergence normale sur tout seg­
ment. Soulignons alors que si les fonctions sont continues, elles sont assurément bornées
sur les segments [a ; 6] ce qui permet d’introduire leur norme infinie.
1. Si un est une fonction d’une variable réelle à valeurs réelles, Hunll^ peut se lire sur un tableau
donnant les variations de la fonction.
7.4 Analyse de la somme d’une série de fonctions 237

7.4 Analyse de la somme d’une série de fonctions


7.4.1 Continuité

Théorème 16
Si '^2 un est une série de fonctions définies sur X vérifiant :
1) chaque un est continue,
2) 22 Un converge uniformément sur X
•'îQî ’J-j 'J -
alors la somme de la série de fonctions 52 un est continue.

Lorsqu’il n’est pas possible d’obtenir la continuité d’une somme par convergence uniforme
sur l’intégralité du domaine de définition, il est fréquent de tenter d’établir la convergence
uniforme seulement sur des domaines « suffisamment généraux » pour inclure des voisi­
nages de tout point de X. En particulier, on peut raisonner par convergence uniforme
sur tout segment lorsque X désigne un intervalle de R.

7.4.2 Limite et comportement asymptotique

Lorsque le domaine X désigne un intervalle non borné de R, le résultat qui précède peut
être adapté à l’étude de la limite en a = ±oo.

Ce théorème peut aussi être utilisé pour justifier l’absence de convergence uniforme en
constatant que son application entraîne la convergence d’une série 52 notoirement
divergente.

En plus de l’outil ci-dessus, limites et/ou comportements asymptotiques peuvent être


obtenus par comparaison, notamment par comparaison série-intégrale.
238 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

7.4.3 Intégration sur un segment


Ici, le domaine de définition X est un segment réel [a; b] (avec a 6).

Théorème 18
Si 52 un est une série de fonctions définies sur [a ; 6] vérifiant :
1) chaque un est continue sur [a ; b],
2) 52 un converge uniformément sur [a ; b]
alors la somme de la série de fonctions 52 un est continue et la série 52 dt
converge vers l’intégrale de celle-ci sur [a; b].
Autrement dit :
.b /+oo \
un(t)dt f I ) dt.
a \n=0 /

Cet outil permet d’échanger les symboles 52 et f, on parle d’intégration terme à terme.
Ceci permet de calculer des intégrales en les ramenant à des sommes connues ou, à
l’inverse, de calculer des sommes en les ramenant à des intégrales connues.

7.4.4 Dérivation
Ici, le domaine de définition X est un intervalle réel I d’intérieur non vide.

Théorème 19
Si 52 un est une série de fonctions définies sur I vérifiant :
1) chaque fonction un est de classe C1 sur I,
2) la série de fonctions 52 un converge simplement sur I,
3) la série de fonctions 52un converge uniformément sur tout segment [a;b] de I
alors la somme de la série de fonctions 52 un est de classe C1 sur l’intervalle I et,
pour tout tel,
4-oo V +oo
52un)(t) =
n=0 / n=0

Si les fonctions sont à valeurs réelles, on peut étudier une monotonie en étudiant le signe
d’une dérivée. Cependant, lorsque les fonctions sommées présentent la même monotonie,
on peut s’affranchir d’une telle étude : si les fonctions un sont croissantes sur I, on a
pour tous s et t de I
S t '* un(s) un(t)
et l’on obtient en sommant
4-oo 4-oo
S t -t* ' Un(s) C; Un (t).
n=0 n=0
7.5 Exercices d’apprentissage 239

Théorème 20
Si 52 un est une série de fonctions définies sur I vérifiant :
1) chaque fonction un est de classe Cp sur I,
2) les séries de fonctions ^Un~^ convergent simplement sur Z,
__ / \
3) la série de fonctions 52 un converge uniformément sur tout segment [a ; 6] de I
alors la somme de la série de fonctions 52 un est de classe Cp sur l’intervalle I et,
pour tout k G |[1 ; p]] et tout t G I

+00 +oo

( 52 Un) (t) = 524fc)(^-

n=0 / n—0
Par ce dernier outil, il est possible d’établir que des fonctions sommes sont indéfiniment
dérivables.

7.5 Exercices d'apprentissage


7.5.1 Suites de fonctions
Lors de l’étude d’une suite de fonctions (un), il importe de savoir distinguer :
— la fonction un ;
— la valeur un(x) (pour un certain x E X) ;
— la suite de fonctions (un) ;
— la suite des valeurs (un(rr)).
■--------------------- — — : ............. . . . ■ : ---------------- ■ ■ ,

Exercice 1
On considère la suite de fonctions (un} avec

un(t) == nt^ï pour tout t G [0 ; 1].

(a) Etudier la convergence simple de Cette suite de fonctions.


(b) Y a-t-il convergence uniforme-suf[Û;,l] ?
(c) Justifier que la suite de fonctions converge uniformément sur tout segment [a ; 1]
avec a G ]0 ; 1] arbitraire.
(d) Y a-t-il convergence uniforme sur ]0 ; 1] ?

Solution

(a) méthode
Lors de l’étude d’une convergence simple, on fixe le paramètre correspondant
à la variable de la fonction (ici t) puis on étudie la convergence de la suite
des valeurs (un(t)). Il est alors fréquent d’avoir à discuter selon les valeurs du
paramètre t.
240 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Soit t E [0 ; 1] fixé.
Cas : t = 0 ou t = 1. La suite des valeurs (wn(t)) est constante égale à 0. Elle converge
donc vers 0.
Cas : t E ]0; 1[. L’obtention de la limite de la suite (un(i)) nécessite de résoudre une
forme indéterminée :
un(t) = n x t x (1 — t)n .
—»+oo constante —>0

méthode
Cette forme indéterminée se résout par un argument de « croissances compa­
rées » ou simplement en passant en écriture exponentielle.

un(t) = t x elnn+nln(1-t) = tx >0


n—>-|-oo n—>+oo

car nln(l — t) est de limite —oo puisque ln(l — t) < 0.


Finalement, la suite de fonctions (ttn) converge simplement vers la fonction nulle.

(b) méthode
Pour étudier la convergence uniforme d’une suite de fonctions (un) vers sa
limite simple u^, on détermine la borne supérieure de \un — wœ|. Lorsque cela
est possible, on peut dresser le tableau des variations de la fonction un — Uoo
(ou de la fonction \un — Uoo|) et y lire cette borne supérieure.
Etudions les variations de la fonction un — 0 = un. Celle-ci est dérivable et pour tout t
de [0 ; 1]
u'n(t) = n(l — t)n — n2t(l — i)n-1 = n(l — t)n-1 (1 — (n + l)t).

Cette dérivée est du signe du facteur 1 — (n + l)t.

Lorsque l’on étudie les variations de un — uæ, il importe de dresser un tableau


des variations complet. Parfois la borne supérieure de |un — uæl peut être
déterminée par une valeur basse du tableau (lorsque celle-ci est négative) !
Sur ce tableau, on lit
1 \ / 1 \n
1 \ n l 1 X
te[0;l] ( ------ | = ------ 1---------
n+1 / n+ 1 \ n+ 1/
7.5 Exercices d’apprentissage 241

Il reste à déterminer la limite de cette quantité quand n tend vers l’infini. Le premier
facteur n/(n + 1) est de limite 1 mais le second nécessite la résolution d’une forme
indéterminée du type « l+o° ».

méthode
Lorsque l’on étudie la limite d’un terme une écriture exponentielle est
souvent commode.
On écrit pour n 1
/
il 1 \nI „Tlln(l—
I JL — ---- I = € X ri +1 f
Lt)
\ n + 1J
Par développement limité

i A M 1
ml--------- ~---------------
y n + 1/ n-n-oo n + 1
—>o
et donc
, ( 1 \ n
n In 1-------- - 1 ~-------- - -------- > — 1.
\ TL + 1 J n—>+oo TL + 1 n—>+oo

Finalement, on obtient par composition de limites

sup |un(t)| -------- > e-1 / 0.


tG[O;l] n—>+oo

Il n’y a pas convergence uniforme de la suite de fonctions (un) vers la fonction nulle sur
l’intégralité du segment [0 ; 1].

Les premiers éléments de la suite de fonctions (un).

(c) Soit a G ]0; 1]. Il s’agit ici de lire sur le tableau des variations précédent la
borne supérieure sur l’intervalle [a; 1]. Cela nécessite de savoir positionner a vis-à-vis
du nombre l/(n + 1) dans la première ligne du tableau.

méthode
On étudie une limite quand n tend vers l’infini. Puisque 1/(n +1) est de limite
nulle, on peut affirmer qu’à partir d’un certain rang l/(n + 1) < a et l’on peut
alors n’étudier que la portion correspondante du tableau des variations.
242 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

À partir d’un certain rang, le tableau des variations à considérer se réduit au suivant :

(&)

On en déduit
sup |un(t) - ol = un(a)-------- > 0
t€[a;l] n—>+oo

car on sait que (un(a)) est de limite nulle par la convergence simple étudiée initialement.
Finalement, la suite de fonctions (un) converge uniformément vers la fonction nulle sur
l’intervalle [a ; 1], et ce pour toute valeur de a dans ]0 ; 1].

(d) méthode
La convergence uniforme sur les intervalles [a ; 1] pour tout a € ]0 ; 1] ne permet
pas d’affirmer la convergence uniforme sur ]0 ; 1] : on ne doit pas généraliser la
convergence uniforme !
Par argument de continuité, les bornes supérieures de la fonction |un| sur [0 ; 1] et
sur ]0 ; 1] sont identiques. Il n’y a donc pas plus convergence uniforme sur ]0 ; 1] qu’il n’y
a convergence uniforme sur [0 ; 1] !
- '—-------------------------------------------------------- - -- - - ------ ----- —
Exercice 2
On considère la suite de fonctions (un) avec

un(t) = nsin(i)e“nt pour tout t G .

(a) Etudier sa convergence simple sur R+.


(b) Montrer qu’il y a convergence uniforme sur tout intervalle [a ; +ôo[ avec a > 0
arbitraire.
(c) Y a-t-il convergence uniforme sur [0 ; +oo[ ?

Solution

(a) Soit t G fixé.


Cas : t = 0. La suite est constante égale à 0 et donc de limite nulle.
Cas : t > 0. L’étude de la limite de la suite (un(t)) conduit à résoudre une forme
indéterminée :
(i) n x sin(t) x e nt
+oo constante t—>0
7.5 Exercices d’apprentissage 243

Un argument de « croissances comparées » ou une écriture exponentielle permet de ré­


soudre cette forme indéterminée

un(t) = sin(t)elnn nt = sin(t) exp( — nt + o(n))-------- >• 0.


n—>+oo \ J n—>+oo
—> — oo

On peut conclure que la suite de fonctions (un) converge simplement vers la fonction
nulle sur R+.

(b) méthode
Pour établir une convergence uniforme de (un) vers Uqq un calcul exact de
sup |un — Uoo| n’est pas toujours nécessaire : on peut se contenter d’estimer
cette valeur par une majoration (Th. 4 p. 231). Ceci peut être redoutablement
efficace !

Soit a > 0. Pour tout t G [a ; +oo[, on a e nt < e na et donc

|îzn(t) — 0| = n |sin t\ e~nt ne~na = an.

Cette majoration uniforme donne

sup |un(t) - 0| a n.
t€[a;+oo[

La suite (an) étant de limite nulle (la forme indéterminée se résout comme au-dessus),
on peut conclure que la suite de fonctions (un) converge uniformément vers la fonction
nulle sur [a ; +oo[.

(c) méthode
Pour établir une non-convergence uniforme, il n’est pas nécessaire de calculer
de façon exacte la borne supérieure de \un — ttod : on peut se contenter d’es­
timer celle-ci par une minoration basée sur des valeurs « bien choisies » de la
variable.

Pour n G N*, on peut minorer sup |un| en prenant appui sur la valeur de la fonction
en 1/n :
i . .- /1 \ . /1\ _i _i
sup un(t) un I — I = nsml — e -------- > e .
teR+ \nj n->+oo

~l/n

La suite des bornes supérieures ne peut donc pas tendre vers 0 : il n’y a pas convergence
uniforme de la suite de fonctions (un) sur R+.
244 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

7.5.2 Séries de fonctions

Lors de l’étude d’une série de fonctions J2un, il importe de savoir distinguer :


— la fonction un ;
— la suite de fonctions (un) ;
— la série de fonctions 52 un ;
— la série de valeurs 52Mn(æ)-
En particulier, on prendra garde à ne pas confondre la convergence uniforme de la suite
de fonctions (un) avec celle de la série de fonctions 52 !

Exercice 3
Étudier la convergence simple, puis la convergence uniforme, de la série ^un de
fonctions définies sur R par
sin(nt)

Solution

méthode
Pour étudier la convergence simple d’une série de fonctions, on fixe le para­
mètre correspondant à la variable (ici t) puis on étudie la convergence de la
série des valeurs ^un(t).

Soit t £ R fixé. On a

l“"W| n2 + 1
n—>4-oo n2

Par comparaison à une série de Riemann, on peut affirmer que la série numérique 52 wn(i)
converge absolument. Ainsi, la série de fonctions 52 converge simplement sur R.

méthode
Pour étudier la convergence uniforme d’une série de fonctions 52 wn, il est très
fréquent de raisonner par convergence normale (Th. 15 p. 236) : on calcule
de façon exacte HunU^ = sup|un| (par exemple en dressant un tableau des
variations) ou on se contente d’une estimation en exploitant une comparaison.

Par l’inégalité qui précède, on peut affirmer que les fonctions un sont bornées et

ll^nlloo = sup|un(i)| 1 ~ 1
tGR n2 + 1 n->4-00 n2

La série numérique 52 llw« lloo étant convergente, la série de fonctions 52^ converge
normalement et donc converge uniformément.
7.5 Exercices d’apprentissage 245

Exercice 4
Etudier la convergence simple, puis la convergence uniforme, de la série 52 un de
fonctions définies sur R+ par
(-l)n
un(t) =
n+t

Solution
Soit t E R+. La série numérique 52 un (^) est alternée car
1
Un(t) = (-l)n|lZnW| avec
n+t
De plus, la suite (|wn(t)|) décroît vers 0 et donc la série numérique converge.
Ainsi, la série de fonctions 52 un converge simplement sur R+.
méthode
Pour étudier la convergence uniforme d’une série de fonctions lorsqu’il n’y a
pas convergence absolue de la série des valeurs, on ne peut pas raisonner par
convergence normale1.

On revient à la définition : on étudie si la suite des restes converge uniformément vers


la fonction nulle.
méthode
Lorsque le critère spécial des séries alternées s’applique, le reste peut être borné
par la valeur absolue du premier terme qui l’exprime (Th. 3 p. 5).
On peut introduire le reste de rang n de la série de fonctions
+OO 4-00 7 l\fc

= y? Uk(t) = y k+t '


fc=n4-l /c=n4-l <V I V

Par application du critère spécial des séries alternées, on peut borner le reste par

1^)1 K+iWl = „ + 1+i

Le majorant an étant uniforme (il ne dépend pas de t) et de limite nulle, on a la conver­


gence uniforme de la suite (7?n) et donc la convergence uniforme de la série de fonc­
tions 52 un-
méthode
La convergence uniforme d’une série de fonctions s’obtient généralement :
— par convergence normale lorsqu’il y a convergence absolue ;
— par majoration uniforme du reste lorsque le critère spécial des séries al­
ternées s’applique.
1. La convergence normale implique la convergence absolue en tout point.
246 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Exercice 5
Soit
4-oo

n=0
(a) Quel est le domaine de définition de S ?
(b) Etudier la continuité de S sur son domaine de définition.
(c) Vérifier que la fonction S est décroissante.
(d) Déterminer la limite de S en +oo.
(e) Déterminer un équivalent simple de S en 0+.
. mu. n N|jiiii,ai ^|i,TgiiyfT*rawrwwTTr'ïgrTwani'iiii ihi Niu'ii’jiiiii iiiiliii iiL"Tir liai* ,iip,'wrirtfa^ iiiïKf iiiiihgrnTirTrffiMMgiWMraTr'WfnTHfflrarTnifwwH^TtwBiînT^

Solution

méthode
Étudier une fonction définie par une somme infinie revient à étudier la somme
d’une série de fonctions. Il est alors commode de dénommer les fonctions som­
mées.
Introduisons les fonctions sommées :

fn(x) = avec x G R et n e N.

La fonction S apparaît comme la somme de la série de fonctions fn-


(a) méthode
Déterminer le domaine de définition d’une somme infinie revient à rechercher
le domaine où la série de fonctions associée converge simplement.

Soit x G R fixé.
Cas : x < 0. La suite (/n(æ)) ne tend pas vers 0, la série ^2 fn(x) diverge grossièrement.
Cas : x > 0. On a fn(x) = o(l/n2} quand n tend vers l’infini car

n2fn(x') =e21nn-a:'Æ =
n—>4-oo n—>4-oo
> o.
La série ^2/n(^) converge alors absolument.
Finalement, la série de fonctions fn converge simplement sur ]0 ; +oo[ et la fonction S
est définie sur cet intervalle.

(b) méthode
Pour obtenir la continuité d’une fonction définie par une somme infinie, la
continuité des fonctions sommées ne suffit pas ! Un argument de convergence
uniforme peut en revanche permettre de conclure (Th. 16 p. 237).
7.5 Exercices d’apprentissage 247

Étudions la convergence normale de la série de fonctions Ylfn- Les fonctions fn sont


décroissantes (pour n 1) et l’on obtient le tableau des variations ci-dessous

Les fonctions fn sont bornées mais ||/n|loo = SUP \fn\ = 1 n’est Pas terme général d’une
série convergente : il n’y a pas convergence normale sur ]0 ; +oo[.
méthode
Lorsqu’il n’est pas aisé d’obtenir la convergence uniforme sur tout le domaine
de définition, on peut pour une étude de continuité se contenter d’obtenir
la convergence uniforme sur des domaines « suffisamment généraux ». Par
exemple, on peut étudier la convergence uniforme sur tout segment.
Introduisons un réel a > 0 et menons une étude sur l’intervalle [a ; +oo[ qui isole
l’extrémité 0 visiblement problématique. Par le tableau des variations de la fonction fn

Væ G [a ;+oo[, |/n(z)| /n(a) = «n-

Puisque la série de terme général an converge (comme cela a été vu lors de l’étude de
convergence simple), la série de fonctions Ylfn converge normalement, et donc unifor­
mément, sur [a ; +oo[.
Les fonctions fn étant toutes continues, la fonction S est continue sur [a ; +oo[. Or ceci
vaut pour toute valeur a > 0, la fonction S est donc continue1 sur l’intervalle ]0 ; +oo[.

(c) méthode
Pour obtenir une monotonie, on peut mettre en place le théorème de dériva­
tion (Th. 19 p. 238) puis étudier le signe de la dérivée. Lorsque les fonctions
sommées présentent toutes la même monotonie, on peut aussi simplement
« sommer ces monotonies ».
Les fonctions fn sont toutes décroissantes. Pour tous x et y G ]0 ; +oo[

x < y => fM fn(x).

En sommant, on obtient pour tout naturel N


N N
X^y => < ^fn^x).
n=0 n=0
1. La continuité est une notion locale : être continue sur un intervalle signifie être continue en chaque
point de celui-ci. Ici, tout point xq de l’intervalle ]0 ; +oo[ peut être inclus dans un intervalle [a ; +oo[ sur
lequel on sait la fonction continue.
248 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

En passant à la limite quand N tend vers l’infini, on conclut

x y =^> S(y) S(x).

Ainsi, la fonction S est décroissante.

(d) méthode
Pour étudier la limite d’une fonction définie par une somme infinie, on peut
tenter d’échanger les symboles somme et limite. Cet échange est possible sous
réserve de convergence uniforme au voisinage du point où l’on étudie la limite
(Th. 17 p. 237).
Chaque fonction fn admet une limite finie £n en +oo avec

o si n = 0
si n > 1.

Puisqu’il y a convergence uniforme sur l’intervalle [1 ; +oo[, on peut appliquer le théorème


de la double limite et affirmer la convergence de la série ln et

lim 52/n(æ) = V ( lim /n(æ


\n=0
—>4-oo \ 4 I
/ n—0
\x—>4-00

c’est-à-dire
4-oo

lim S(x) = 52 ln
x —>4-oo
n=0
(e) méthode
On peut souvent obtenir l’ordre asymptotique d’une somme infinie en enca­
drant celle-ci à l’aide d’une comparaison série-intégrale. Il importe alors de -
ne pas confondre le paramètre correspondant à la variable de la somme (ici x -
qui sera initialement fixé) avec celui correspondant à la variable d’intégration
(ici n dans la somme, devenu t dans l’intégrale).

Soit x G ]0 ; +oo[. La fonction t i-> e Xy't étant décroissante et continue, on peut


affirmer l’encadrement

(la minoration valant pour n > 0 et la majoration pour n > 1 seulement). En sommant
7.5 Exercices d'apprentissage 249

En raccordant les intégrales par la relation de Chasles, puis en faisant tendre N vers
l’infini, on parvient à l’encadrement

e x^' dt S(x)

L’intégrale peut être transformée par le changement de variable de classe C1 bijectif et


strictement croissant s = x>/t
r+oo ? f+oa

f e~Xy^ dt = — / se-sds.
o x2 Jq
Par intégration par parties avec w(s) = —e s et u(s) = s, le produit uv admet une limite
nulle en +oo et

se s ds - — se s I e~s ds = 1.
Jo o
Finalement, on obtient l’encadrement
2 1 H----- 2
2 2
~2
x* Xz æ—>0+ X2

On peut conclure
~ 2
æ->o+ x2

Solution
Pour calculer l’intégrale étudiée (et en justifier l’existence) nous allons échanger les
symboles somme et intégrale.
méthode
Une intégration terme à terme n’est pas automatique ! Elle est néanmoins
possible par un argument de convergence uniforme (Th. 18 p. 238). Attention
cependant, ce résultat ne peut pas être employé pour une intégrale générali­
sée1.

Pour n 2, posons un : [0 ; 1] —> IR. définie par

z x 1______ 1 _
un{x n—x n+x n2 — x2
1. Pour une intégration terme à terme portant sur un intégrale généralisée, on peut employer le Th. 2
p. 296.
250 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Soit x G [0 ; 1]. On a
2 2
^n(æ) ô T — r'~' n
1 n2 — 1 n—>+oo n2
Par équivalence de séries à termes positifs, la série de terme général an converge et l’on
peut affirmer que la série de fonctions J2 un converge normalement et donc uniformément
sur le segment d’intégration [0 ; 1]. Au surplus, les fonctions un sont continues et l’on peut
donc écrire l’égalité
1

------- dx
n + xJ

avec existence de l’intégrale (en tant qu’intégrale d’une fonction continue sur un segment)
et convergence de la série exprimant le second membre.
On poursuit le calcul sachant

— ln(n — x) — ln(n + x

En transitant par les sommes partielles, on peut calculer la somme par télescopage
N
1 1 Tl
dx - ln
n—x n+x n=2
Tl —1
= lnN - ln(7V + 1) + ln2

= ln(lv+ï)+ln2 ---------
N—>+oo
>ln2.

Finalement, on conclut

------- I dx = ln2.
n+xJ

7.6 Exercices d’entraînement


7.6.1 Suites de fonctions

Exercice 7 *
Étudier la convergence simple de la suite de fonctions (un)n^i définies sur par

{/ 1---t\n
\ nJ
site[0;n[
0 si t G [n ; +oo[.
7.6 Exercices d’entraînement 251

Solution
Soit t G [0 ; +oo[ fixé. On étudie la limite de la suite des valeurs (un(i)).
méthode
La valeur de un(t) est déterminée par une alternative. Il importe donc de
résoudre celle-ci pour connaître l’expression du terme dont on étudie la limite...
Puisque t est fixé et n tend vers l’infini, on peut affirmer qu’à partir d’un certain rang,
l’entier n est strictement supérieur à t et donc

Wn(t) — (1

Pour déterminer la limite de ce terme, on résout la forme indéterminée « l+o° » en


adoptant une écriture exponentielle
un(t) = enln^1-")
Par développement limité

n x In 1 — — I = n x------ Fol — Il --------> — t.

Par composition de limites


un(t)-------- > e-*.
n—>+oo

Finalement, la suite de fonctions (un) converge simplement vers la fonction t i-> e


sur [0 ; +oo[.

y
1

0.5

Exercice 8 *
Soit (Pn) une suite de fonctions polynomiales convergeant uniformément vers une
fonction f sur R.
(a) Justifier qu’il existe un entier naturel N tel que, pour tout naturel n~^ N,
|Pn(æ) — P/v(z)|. pour tojit x R-,
Qu’en déduire quant aux fonctions polynômes Pn — Pn lorsque n TV ?
(b) Conclure que f est une fonction polynomiale.
252 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Solution

(a) méthode
|| Par l’inégalité triangulaire ||Fn - Fjvlloo l|Fn - /IL + ||/ - F/vIL-

Par définition de la convergence uniforme, on peut écrire1

Ve > 0, BN e N, Vn G N, n > N => Væ e R, |Pn(z) - /(x)| < e.

En prenant e = 1/2, ce qui précède permet d’introduire TV G N tel que pour tout naturel n
supérieur à N et tout réel x

\Pn{x)-f(x)\

On a alors

\Pn(x) - PN(x)\ \Pn(x') - /(x)| + |/(z) - P/vDl i + ^ = 1.


£ £

Sachant que seules les fonctions polynomiales constantes sont bornées sur R, on peut
affirmer que la fonction polynôme Pn — Pn est constante.

(b) Notons An la valeur de la fonction constante Pn — Pn- On a

An = Pn(0) - PnW ------ > /(O) -


n—>+oo
Pn(0).

Pour tout x e R, on peut alors écrire

Fn(æ) = PN(x) + An-------- > Pn(x) + /(O) - Fv(0).


n— >4-oo

Par unicité de la limite simple (Th. 1 p. 230), on obtient

/(æ) = P^(æ) + /(0)-P^(0).

Ainsi, la fonction / est polynomiale.

Exercice 9 *
Montrer que la limite uniforme d’une suite de fonctions uniformément continues
définies sur un intervalle I de R est elle-même une fonction uniformément continue.

1. Il faut être très attentif aux positions relatives du « Va: G R » et du « BN G N » dans cette phrase :
elle est essentielle à l’expression d’une convergence uniforme.
7.6 Exercices d'entraînement 253

Solution
Soit (/n) une suite de fonctions uniformément continues de I vers R convergeant uni­
formément vers f : I —> R.
méthode
En approchant uniformément f par la fonction fn on peut transporter l’uni­
forme continuité de fn sur f.
Soit e > 0. Par définition de la convergence uniforme, il existe un rang N E N tel que
pour tout n TV et tout x dans I

Fixons un rang n supérieur à TV. La fonction fn étant uniformément continue, il existe a


strictement positif vérifiant, pour chaque x et y dans I,

Or on peut écrire

I/O) - f(y)\ \f(x) - fn(x) + fn(x) - fM + fM - f(y)\


\f(x) - fn(x)\ + \fn(x) - fn(y)\ + \fn(y) - f(y)\

et donc
|z - y\ « ==> \f(x) - f(y)\ < 3e.
Ainsi, la fonction f est uniformément continue.

Exërcîce lO **
Soit f f [0 fl] R une fonction continue et, pour n E N, fn : [0 ; 1] —> R définie par
ftl(æ)ï=xnf(x).

Solution
La suite de fonctions (/n) converge simplement vers la fonction

0 si x E [0 ; 1[
/(l) si x = 1.

méthode
Si une suite de fonctions continues converge uniformément, sa limite est conti­
nue !
Puisque les fonctions fn sont continues, pour qu’il y ait convergence uniforme, il est
nécessaire que la fonction limite soit continue et donc que /(l) = 0.
7.6 Exercices d’entraînement 253

Solution
Soit (/n) une suite de fonctions uniformément continues de I vers R convergeant uni­
formément vers f : I —> R.
méthode
En approchant uniformément f par la fonction fn on peut transporter l’uni­
forme continuité de fn sur f.
Soit e > 0. Par définition de la convergence uniforme, il existe un rang N G N tel que
pour tout n N et tout x dans I

|/n(æ) - f(x)\ E.

Fixons un rang n supérieur à N. La fonction fn étant uniformément continue, il existe a


strictement positif vérifiant, pour chaque x et y dans 7,

1^ — 2/1 a \fn(x) - fn(y)\ E.

Or on peut écrire

\f(x) - f(y)\ |/(æ) - fn(x) + fn(x) - fn(y) + fn(y) - f(y)\


\f(x) - fn(x)\ + \fn(x) - fn(y)\ + \fM - f(y)\

et donc
< a =$■ \f(x)-f(y)\
Ainsi, la fonction f est uniformément continue.

Exercice 10 **
Soit f:: [0 ; 1] —> R une fonctioncontinue et,pour n G N, fn: [0; 1] —» R définie par

Former une condition nécessaire et suffisante sur f pour que la suite de fonctions (/n)
converge uniformément sur [0 ; 1].

Solution
La suite de fonctions (/n) converge simplement vers la fonction

0 si rc G [0 ; 1 [
/(l) si x — 1.

méthode
Si une suite de fonctions continues converge uniformément, sa limite est conti­
nue !
Puisque les fonctions fn sont continues, pour qu’il y ait convergence uniforme, il est
nécessaire que la fonction limite soit continue et donc que /(l) = 0.
254 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Inversement, supposons /(l) = 0 et vérifions que la suite de fonctions (/n) converge


uniformément vers la fonction nulle.

méthode
On démontre la convergence uniforme en revenant à la définition par les £ :
la continuité de f en 1 permet de borner fn par £ sur un intervalle [a ; 1]. Sur
l’intervalle [0 ; a] restant, il suffit d’exploiter an-------- > 0.
n—>+oo

Soit £ > 0. Par continuité de f en 1, il existe a > 0 tel que pour tout x € [0 ; 1]

|x — 1| a => |/(cc)| £.

Quitte à réduire la valeur de a, on peut choisir a < 1 et poser a = 1-a G [0;l[.


D’une part, pour x G [a ; 1],

|/n(z)| = Xn |/(æ) | < |/(x)| < £.

D’autre part, pour x E [0 ; a],

|/n(æ)| = zn|/(a;)| < an M

avec M la borne supérieure de \ f\ sur [0 ; 1] (que l’on peut introduire car toute fonction
continue sur un segment y est bornée). Puisque la suite géométrique (an) est de limite
nulle, il existe un rang N E N tel que anM < £ pour tout n N.
Finalement, pour tout n N, on a |/n(a;) £ et ceci vaut pour tout x E [0 ; 1]. On
peut donc affirmer que la suite de fonctions (/n) converge uniformément vers la fonction
nulle.

Exercice 11 ** (Théorème de Dini)


Soit (/n) une suite de fonctions définies et continues sur un segment [u ; 6] convergeant
simplement vers la fonction nulle. On suppose que cette suite est décroissante^daïis
le sens où, pour tout x E [a;&], la suite (/n(x)) est décroissante. On désiréétOif
que la convergence de la suite (/n) est uniforme et l’on introduit
Il/nlloo - SUp |/n(x)|.
æG[a;b]

(a) Justifier que pour tout n € N, il existe xn E [a; &] tel que ||/n|loo ~ fn(xn).
(b) Justifier la convergence de la suite de terme général ||/n|loo-
(c) En observant que fn(xn) < fP(xn) pour tout p n, montrer
254 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Inversement, supposons /(l) = 0 et vérifions que la suite de fonctions (/n) converge


uniformément vers la fonction nulle.

méthode
On démontre la convergence uniforme en revenant à la définition par les £ :
la continuité de f en 1 permet de borner fn par £ sur un intervalle [a ; 1]. Sur
l’intervalle [0 ; a] restant, il suffit d’exploiter an -------- > 0.
n—>+oo

Soit £ > 0. Par continuité de f en 1, il existe a > 0 tel que pour tout x G [0 ; 1]

C a => |/(æ)| £■

Quitte à réduire la valeur de a, on peut choisir a 1 et poser a = 1 — a G [0 ; 1 [.


D’une part, pour x G [a; 1],

|/n(æ)| = Xn | f(x) | 5$ |/(x)| < £.

D’autre part, pour x G [0 ; a],

|/n(z)| = xn|/(z)| anM

avec M la borne supérieure de \ f\ sur [0 ; 1] (que l’on peut introduire car toute fonction
continue sur un segment y est bornée). Puisque la suite géométrique (an) est de limite
nulle, il existe un rang N G N tel que anM £ pour tout n N.
Finalement, pour tout n N, on a |/n(x) | < £ et ceci vaut pour tout x G [0; 1]. On
peut donc affirmer que la suite de fonctions (Jn) converge uniformément vers la fonction
nulle.

Exercice 11 ** (Théorème de Dini)


Soit (/n) une suite de fonctions définies et continues sur un segment [a ; b] convergeant
simplement vers la fonction nulle. On suppose que cette suite est décroissante dans
le sens où, pour tout x G fa; 6], la suite (/n(rr)) est décroissante. On désire établir
que la convergence de la suite (/n) est uniforme et l’on introduit

ll/nlloo = SUP |/n(æ)|-


a;G[a;b]

(a) Justifier que pour tout n G N, il existe xn G [a ; b] tel que H/nflæ — fn(xn).
(b) Justifier la convergence de la suite de terme général U/nlIoo-
(c) En observant que fn(xn) fp(æn) pour tout p < n, montrer
7.6 Exercices d’entraînement 255

Solution
(a) méthode
|| Toute fonction réelle continue sur un segment est bornée et atteint ses bornes.
Soit x G [a ; &]. La suite réelle est décroissante et de limite nulle, ses termes
sont donc tous positifs. On en déduit que les fonctions fn sont positives. De plus, elle sont
continues sur le segment [a ; 6] et le théorème des bornes atteintes assure que chacune
admet un maximum. Ainsi, pour chaque n G N, il existe xn E [a; 6] tel que
fn(xn) = maxJn(z) = sup |/n(z)| = ll/nlL-
xe[a;i>] æe[a;6]

(b) méthode
On peut établir qu’une suite converge en montrant qu’elle est monotone et
bornée.
Par l’hypothèse de décroissance de la suite de fonctions, on a pour tout n G N

ll/n+l IIqo = /n+l^n+l) ll/nllœ •

La suite réelle de terme général H/nlIoo est donc décroissante, elle aussi minorée par 0,
elle est alors convergente.

(c) Encore par l’hypothèse de décroissance de la suite de fonctions, on a effectivement


fnÇXn) C fp(xn).
méthode
On souhaite passer cette inégalité à la limite quand n tend vers l’infini mais
on ignore si la suite (æn) converge. Par le théorème de Bolzano-Weierstrass,
on extrait une sous-suite convergente.
La suite réelle (æn) étant bornée, on peut en extraire une suite convergente (x^k))-
Notons l sa limite qui est assurément élément du segment [a ; b].
Pour k assez grand
fip(k) (xip(k)) ^fp(x<p(k))-
A la limite et par continuité de fp, on obtient

J™| OO llMk)IL J™
iv rv 7 ~~| OO = fPW-
Une suite extraite d’une suite convergente ayant la limite de la suite dont elle est issue,
il vient
JS» ll-Moo = Jx Il WL « fM-
Cette dernière relation vaut pour tout p G N. On peut passer à la limite quand p tend
vers l’infini et obtenir par la convergence simple de (/n)
üæ ll/nlloo lim /pW=0.
—>4-oo p—>4-oo
256 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Finalement, on peut conclure

lim II Ai II oo
- 0.

Exercice 12 **
Soit f : [0 ; 1] -» R continue telle que, pour tout n € N,

[ tnf(t)dt = Q.
o
Montrer que f est la fonction nulle.
"i ■ ------------ -... r ■ n ir ■.............. ■■ ■' ... .............. .....'............ ni................................ 'il'

Solution
Par linéarité, on peut affirmer pour tout polynôme P G R[X]

P(t)/(t)dt = 0.

méthode
Par le théorème de Weierstrass (Th. 7 p. 232), on exprime f comme limite
uniforme d’une suite de fonctions polynomiales.

Il existe une suite (Pn) de fonctions polynomiales convergeant uniformément vers f


sur [0 ; 1]. On peut alors écrire

[ f2(t~)dt =
Jo JO
[' /(t)P„(t)di=
JO
[' /«(/(«)-P„(i))dt.
t JO
=0
Par l’inégalité triangulaire intégrale

--?»(«))dt < [' |/(l)| |/(t)-Pn(t)|dt^ H/ll^ ||/-P„||„ ——►().


JO Jo '—v—---------- V------------ ' y z n—>+oo
CHZ-PnU -+0

On en déduit

/2(t)dt = 0.

La fonction f2 étant continue, positive et d’intégrale nulle, c’est la fonction nulle et l’on
peut conclure que f est aussi la fonction nulle.
7.6 Exercices d’entraînement 257

Exercice 13 **
Soit 7 G [0 ; 1[. On définit (wn) suite de fonctions de R+ vers R par :

uoCr) = 1 et Vn G N, un+1(a;) = 1 + / un(yt)dt.


Jo
(a) Montrer que, pour tout x G R+,
^.n+l
0 un+i(x) un(x) sC z...... i\i"
(n + 1)!

(b) En déduire la convergence de la suite (un(x)) pour tout x G R+.


(c) Etablir que la suite de fonctions (un) converge simplement vers une fonction u
non nulle vérifiant sur R+
u(x) = 11(70;).

Solution
Avant étude, on peut constater que la suite de fonctions est bien définie en vérifiant
par récurrence que chaque fonction est continue ce qui permet d’introduire l’intégrale
définissant la fonction au rang suivant.
(a) méthode
|| On obtient l’encadrement par récurrence sur n G N.
Pour n = 0 et x G R+
/•æ
uo(a?) = 1 et ui{x) = 1 + di = 1 + x.
Jo
On vérifie bien
x1
0 ui(x) - u0(x) = x —.

Supposons la propriété établie au rang n 0. Soit x G R+-

un+2(x) - un+1(x) = / (un+i(7t) - un(7t)) dt.


Jo
Par hypothèse de récurrence, on a pour tout t G [0 ; x],
(7t)n+1 tn+1
0 < un+i(7t) - un(7<) < car 7 G [0 ; 1[.
(n + 1)! (n + 1)!
En intégrant en bon ordre

La récurrence est établie.


258 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

(b) méthode
Le lien suite-série permet d’établir la convergence d’une suite en constatant la
convergence de la série télescopique associée.
Pour tout x G R+, on sait qu’il y a convergence de la série exponentielle
xn
n! ’
Par comparaison de séries à termes positifs, il y a alors convergence de la série
J2(un+i(x) -un(x)).

Or cette série télescopique a même nature que la suite associée (un(rr)). Cette dernière
s’avère donc convergente.

(c) Par ce qui précède, on peut affirmer que la suite de fonctions (un) converge sim­
plement sur R+ vers une fonction u. Vérifions que cette convergence est en fait uniforme
sur tous les segments [0 ; a] pour a G R+.
Pour tout x G [0 ; a], on peut écrire par télescopage
4-oo
|u(z) - un(x)| =

et donc
4-oo
|u(z) - un(a;)| 22 iMæ) ~ «fc-i(^)|
fc=n4-l

Xk ak
kl kl ~an'
&=n4-l k=n+l
La suite (an) ne dépend pas de x et est de limite nulle car
correspond au reste d’une série convergente : on peut conclure
que la suite de fonctions (un) converge uniformément vers u sur
tout segment [0 ; a].
Les fonctions un étant chacune continue et la convergence uni­
forme ayant lieu sur tout segment, la fonction u est continue. Au
surplus, par convergence uniforme sur les segments [0;7;r], on a
aussi pour x dans R+

En passant la relation un+i(x) = 1 4- Jæ dt à la limite, on


obtient alors
u(x) — 1 + / u(7t) dt.
Jo
Exercices d’entraînement 259

La fonction u est donc une fonction non nulle (car u(0) = 1) et est une primitive de la
fonction continue t i-> uÇ'yt). Elle est donc dérivable avec
u'(x) = uÇ'yx) pour tout x e R+-

Exercice 14 **
Soit f la fonction définie de l’intervalle [0 ; 1] vers lui-même par la relation

f(x) = 2æ(l - x)

et fn la fonction itérée d’ordre n de f :

fn =
n facteurs

(a) Etudier la convergence simple de la suite de fonctions (/n) sur [0 ; 1].


(b) Sur quels segments inclus dans [0 ; 1] peut-on affirmer qu’il y a convergence
uniforme?
Solution
(a) méthode
Pour x E [0 ; 1] fixé, la suite (/n(æ)) est une suite récurrente de fonction
itératrice f.

On peut facilement dresser le tableau des va­


riations de la fonction f et anticiper le compor­
tement des termes de la suite.

Comme l’affirme l’énoncé, la fonction f est bien à valeurs dans l’intervalle [0 ; 1] (et
même dans [0; 1/2]). On peut donc bien considérer la fonction itérée d’ordre n de f.
Soit a e [0 ; 1] fixé. Etudions le comportement de la suite des valeurs (/n(a)). Sachant
la symétrie f(x) = /(I —x), les suites définies à partir des réels a et 1 — a sont identiques
au delà du rang 1. On peut donc se limiter au cas où a E [0 ; 1/2].
Si l’on pose un = A (a), on peut comprendre (un) comme la suite récurrente déterminée
par
u0 — a et Vn E N, un+1 = f(un).
Puisque la fonction f est à valeurs dans [0; 1/2], on peut affirmer que les termes de la
suite (un) appartiennent tous à l’intervalle [0; 1/2] et donc
Vn (E N, Uri — ^n(l 0.
260 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

La suite (un) est alors croissante. Elle est aussi majorée (par 1/2) et c’est donc une suite
convergente.
Si a — 0, cette suite est en fait constante égale à 0.
Si a G ]0 ; 1/2], cette suite croît vers une limite £ > 0. En passant à la limite la relation
de récurrence
Un-f-1 — /fan)

on obtient /(£) = £, c’est-à-dire


2£(1 -£) = £

et donc £=\/cl car £^4 0.


On synthétise les résultats qui précèdent en affirmant que la suite de fonctions (/n)
converge simplement sur [0 ; 1] vers la fonction f déterminée par

si x G ]0 ; 1[
si x = 0 ou 1.

(b) Les fonctions fn sont toutes continues sur [0 ; 1] car ce sont des fonctions polyno­
miales. La fonction limite simple f n’est pas continue en 0 ni en 1 : il ne peut donc y
avoir convergence uniforme de la suite de fonctions (/n) sur un segment contenant l’une
au l’autre de ces extrémités (Th. 8 p. 232).

méthode
|| On montre la croissance des fonctions fn sur [0 ; 1/2].

La croissance de f sur l’intervalle stable [0 ; 1/2] entraîne, par composition, la croissance


de fn sur ce même intervalle. Ceci permet d’établir

Va G ]0 ; 1/2], Va; G [a ; 1/2], /n(a?) > /n(a).

On a donc, pour tout a G ]0 ; 1/2],

sup |/n(a;) - f(x}\ = sup (/(a;) - fn(xf)


a:e[a;l/2] x€[a;l/2]

= /(a) - /n(a)---- —» 0.
n—>+00

Il y a donc convergence uniforme de la suite de fonctions (/n) sur [a ; 1/2].


Par l’argument de symétrie f(x) — /(I — x), on peut étendre la convergence uniforme
à l’intervalle [a ; 1 — a].
Finalement, on conclut que la suite de fonctions (/n) converge uniformément sur tout
segment [a ; b], sous réserve que a > 0 et b < 1.
7.6 Exercices d’entraînement 261

Exercice 15 ***
On considère la suite de fonctions (un)n>i définies sur ]1 ; +oo[ par

k=l v 7

(a) Montrer que la suite de fonctions (un) converge simplement sur ]1 ; +oo[.
On pourra librement employer l’inégalité1 1 + x < ex valable pour tout x G R.
On peut alors introduire sa fonction limite u définie par
+0O / ] \ , n / 1 \
uW = n(1 + ^)d= + Pour tout x > 1.
fc=l ' 7 fc=l 7

(b) Etudier la monotonie de la fonction u.


(c) Soit a > 1 arbitraire. Montrer que la suite de fonctions (un) converge uniformé­
ment sur [a ; +oo[.
(d) En déduire que la fonction u est continue.
(e) Déterminer la limite de la fonction u en +oo.
(f) Justifier que la convergence de la suite (wn)n^i n’est pas uniforme au voisinage
de 1.
(g) Déterminer la limite de la fonction u en 1+.

Solution
(a) Soit x G ]1 ; +oo[ fixé.
méthode
|| On vérifie que la suite (un(a;)) est croissante et majorée2.

Les termes de la suite réelle (un(z)) sont des produits de facteurs strictement positifs,
ils sont donc eux-mêmes strictement positifs. Au surplus, pour n 1

Un+1(x) = Un(x) X un(x).

La suite réelle (un(a;)) est donc croissante. Elle est aussi majorée car l’inégalité proposée
dans le sujet permet d’écrire

1. Cette inégalité peut être simplement obtenue en étudiant les variations de la fonction différence ou
en employant un argument de convexité.
2. On peut aussi introduire ln(un(x)j et étudier la convergence d’une série de fonctions.
262 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Par sommation géométrique de raison 1/æ différente de 1, on peut poursuivre la majo­


ration
un(x)
( n
exp----- -—exp ----- - .
( 1 \
Va: 1 — - / Va: — 1/
Finalement, la suite réelle (un(æ)) est croissante et majorée, elle est donc convergente.
On peut alors affirmer la convergence simple de la suite de fonctions (un) sur ]1 ; +oo[.

(b) méthode
Il n’est pas toujours nécessaire d’étudier le signe d’une dérivée pour obtenir
une monotonie ! Ici, on se contente de constater que les fonctions un sont toutes
décroissantes avant de passer à la limite.
Pour x < y dans ]1 ; +oo[, on a pour tout k 1

Par produit de facteurs positifs, on obtient pour n 1

«n(»)=n 6+A) < n G+A)=u^x~>-


En passant à la limite quand n tend vers l’infini, on conclut u(y) u(x).
On vient ainsi d’établir la décroissance de la fonction u.

(c) Soit x € [a; +oo[. Pour m > n, on peut écrire la factorisation


m ✓ i x

( n (1+~k )_

Puisque x a, en exploitant les mêmes comparaisons qu’au-dessus (et en constatant la


1

positivité des facteurs), on obtient


m ✓ i x \

( | | ( 1 4"
k=n+l^

En passant à la limite quand m tend vers l’infini, il vient


a
j
'
1 j = UfnÇch)
)
un(d).

0 < u(x) — un(x) ?z(a) - un(a).

On en déduit
sup lu(f) — < w(a) — un(a)-------- > 0.
te[a;+oo[ n—>4-oo

Ainsi, il y a convergence uniforme de la suite de fonctions (un) vers la fonction u sur tout
intervalle [a;+oo[ (avec a > 1 arbitraire).
7.6 Exercices d'entraînement 263

(d) Les fonctions un sont continues par produit de fonctions qui le sont. Par conver­
gence uniforme sur [a ; +oo[, on peut affirmer que la fonction limite u est aussi continue
sur a ; +oo (Th. 8 p. 232). Or ceci vaut pour tout a 1 et donc la fonction u est continue
sur 1 ; +oo

(e) Par produit fini de limites, on a


n / i \
= TI 1 + ~

J-J- \ xK 1 x—>-|-oo
k=l x 7

Puisque la suite de fonctions (un) converge uniformément sur [2 ; +oo[, on peut exploiter
le théorème de la double limite (Th. 9 p. 233). Par celui-ci, on affirme que la suite (^n)
converge (ce qui est évident) et1

u(x) -------- > lim tn = 1.


æ—>+oo n—>+oo

(f) méthode
On montre que s’il y a convergence uniforme l’application du théorème de la
double limite conduit à une absurdité.
Par produit de limites, on a aussi

* 2n =

1. On peut aussi résoudre cette limite par l’encadrement 1 < un(x) exp(^-j-).
264 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Par l’absurde, s’il y a convergence uniforme de la suite de fonctions (un) sur un voisinage
de 1, on peut encore employer le théorème de la double limite. Or, la conclusion de celui-
ci affirme la convergence de la suite (^) = (2n). C’est absurde car cette dernière diverge
vers +oo !
On peut donc conclure que la suite de fonctions (un) ne converge pas uniformément
sur les voisinages de 1.

(g) méthode
|| Ce qui précède laisse suggérer que la limite de u en 1+ est +oo.
La fonction u est décroissante sur l’intervalle ]l;4-oo[. Par le théorème de la limite
monotone, soit cette fonction est majorée et alors elle admet une limite finie en 1+, soit
elle ne l’est pas, et alors elle tend vers +oo en 1+.
Par l’absurde, supposons la fonction u majorée par un certain réel M. Pour tout n 1,
on a
VrrG]l;+oo[, un{x) u{x) M.
En passant à la limite quand x tend vers 1 par valeurs supérieures, on obtient 2n M.
Ceci doit valoir pour tout n supérieur à 1 ce qui est absurde. On peut conclure que la
fonction u tend vers -f-oo en 1+.

7.6.2 Convergences de séries de fonctions d’une variable réelle

Exercice 16 *
On considère la série des fonctions

fn(x) = nx2e~x^ avec x G R+ et n G N.

(a) Etudier sa convergence simple, sa convergence normale et sa convergence uni­


forme sur R+.
(b) Même question sur [a ; +oo[ (avec a > 0).

Solution

(a) Commençons par étudier la convergence simple.


Pour x = 0, fn(x) = 0 est terme général d’une série convergente.
Pour x 0,

n2yn(æ) = x2e31nn-æ^ = >Q


n—»+oo n—>+oo

La série de terme général /n(x) est donc absolument convergente car fn(x) = o(l/n2)
quand n tend vers l’infini.
Finalement, la série de fonctions fn converge simplement sur [0 ; +oo[.
7.6 Exercices d’entraînement 265

Pour étudier la convergence normale, déterminons ||/n|loo en dressant un tableau des


variations. La fonction fn est dérivable et sa dérivée est du signe de 2 — y/nx
X 0 +oo
4

0 0

Sur ce tableau, nous lisons


4
e2
La série ^2 ll/nlloo diverge, il n’y a donc pas convergence normale de la série de fonc­
tions £2 fn sur •
méthode
Le problème de la convergence uniforme sur R+ demeure : la convergence
normale implique la convergence uniforme mais la réciproque n’est pas vraie !
Etudions le reste Rn de la série définie pour x dans [0 ; +oo[ par
+oo
Rn(x) = fk(Xf
fc=n+l

Les termes sommés étant positifs Rn(x) fn+i(x) et donc


2 \ 4
(
r-— ^-
+ 1/ = ~2-
e
La suite des restes ne converge pas uniformément vers la fonction nulle, la série de
fonctions ^fn ne converge donc pas uniformément sur [0;+oo[.

(b) Soit a > 0. Il y a évidemment convergence simple de la série sur [a ; +oo[ car il y
a déjà convergence simple sur R+.
Pour n assez grand de sorte que 2/y'n C a, le tableau des variations de fn donne
Vz G [a ;+oo[, |/n(«)| /n(a) = an.
La série de terme général an étant convergente (comme cela a été vu lors de l’étude de
la convergence simple), il y a convergence normale (et donc uniforme) sur [a ; +oo[.
Exercice 17 **
Pour a eR et n €N*, on considère les fonctions un définies sur [0; 1] par

un(x) = naxn(l — x).

(a) Pour quels réels a la suite (un) converge-t-elle uniformément sur [0 ; 1] ?


(b) Pour quels réels a la série ^2 un converge-t-elle uniformément sur [0 ; 1] ?
...I.U.iim II.I..I .11.11 0 JH. I H I dl I..II J II .11III HIH |I| f
266 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Solution
(a) La limite uniforme d’une suite de fonctions est sa limite simple (Th. 2 p. 230). On
commence donc par étudier la convergence simple de la suite de fonctions (un).
Soit x e [0 ; 1]. Si x = 0 ou si x = 1, la suite (un(x)) est nulle et tend vers 0. Si x est
élément de ]0 ; 1[, on peut écrire
Wn(z) = (1 — x)e“lnn+nlna: = (1 — x) exp(o(n) + n Inx)-------- > 0.
n—>+oo v n—>+oo
<0

Ainsi, la suite de fonctions (un) converge simplement vers la fonction nulle.


méthode
Pour trouver une condition nécessaire et suffisante de convergence uniforme
portant sur le réel a, on calcule de façon exacte la borne supérieure de |un — 0|
sur [0 ; 1].
La fonction un est dérivable sur [0 ; 1] avec
u'n(x) ~ naxn~1 (n — (n + l)x).
Le signe de u'n(x) est celui de n — (n + l)x et l’on peut dresser le tableau des variations
de un

On en déduit
/ <72 — (1 - 1 Y
sup |un(x) - 0| = un( —— <T1 \ nT 1)
te[O;i] \n+l
Or
1----- — =enIn(1“^)
e
car par développement limité

1 1
n In | 1----- - — n x » -1.
\ n 4-1 n+1
->o

Ainsi, on obtient
na 1
sup |un(x) — 0|
x€[0;l] e
7.6 Exercices d’entraînement 267

et l’on peut conclure qu’il y a convergence uniforme de la suite (un) sur [0 ; 1] si, et
seulement si, a < 1.

(b) Par l’étude qui précède, on a aussi

IKHoo = SUp |un(z)| ~ ~


1
a;G[0;l] n—>4-oo e nl~a

Par cet équivalent de Riemann, on peut affirmer qu’il y a convergence normale de la série
de fonctions un SL et seulement si, 1 — a > 1 soit a < 0.

méthode
La convergence normale n’est qu’une condition suffisante de convergence uni­
forme (Th. 15 p. 236). Lorsqu’il n’y a pas convergence normale, on étudie s’il
y a convergence uniforme en considérant le reste de la série.

Pour a < 0, il y a convergence normale donc uniforme. Soit a 0 et x E [0; 1]. La


série numérique est convergente. En effet, c’est la série nulle lorsque x = 0 ou 1
et celle-ci vérifie la règle de d’Alembert (Th. 2 p. 5) lorsque x E ]0 ; 1[ :

un(x)

On peut donc introduire son reste de rang n défini sur [0 ; 1] par

+oo
Rn(x} = kaxk(l — x).
fc=n4~l

Sachant a > 0, on a 1 pour tout k n + 1 et donc

4-oo
Rn{x) ^2 Xk{\-X).
k=n+l

Lorsque x E [0 ; 1 [, on obtient par sommation géométrique


rn4-l
Rn(x) ------ x (1 - z) = xn+1
1 —X

et donc
sup |Rn(x)| > sup xn+x — 1.
zG[0;l] z€[0;l[

Ainsi, il n’y a pas convergence uniforme de la série de fonctions ^2un lorsque a 0.


268 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

7.6.3 Études de fonctions sommes

Exercice 18 * 1
Pour x G R, on pose
+°O

s'w = E^î-
n=l

(a) Montrer que S est définie et continue sur R.


(b) Donner un équivalent simple de S en +oo.

Solution
On introduit les fonctions sommées :

un(x) — —avec x G R et n E N*.


v 7 n2 + x2
La fonction S apparaît comme la somme de la série de fonctions
(a) On a, pour tout n G N* et tout réel x,

| Un (x) I 7 5 - z E Z" ~ ■
1 1 + xz n2
La série de terme général an étant convergente, cette majoration uniforme assure que
la série de fonctions un converge normalement sur R. De plus, les fonctions sommées
étant continues, la fonction S est définie et continue sur R (Th. 16 p. 237).

(b) méthode
|| On estime la fonction S par une comparaison série-intégrale.
Pour x G ]0 ; +oo[, la fonction 11-> l/(t2 4-z2) est décroissante et continue sur [0 ; +oo[.
On a donc, pour tout n 1,
r+1 dt 1 r dt
Jn t2 +x2 "" n2 +x2 Jn_1 t2 + x2'

En sommant ces inégalités, on obtient


r°° dt dt
J1 t2 + X2 Jo t2 + X2

(avec existence des intégrales car l/(t2 + x2) ~ 1/t2 quand t -> +oo).
Les intégrales peuvent être directement calculées1

/ °° dt - 1 7T f+o° dt 1 / 7T /1
arctan I —t = — et / —----- - = — I---- arctan —
0 t2 4- x2 x \x 0 2x t2 + x2 x\ 2

1. On exploite la formule f u^az = arctan (^).


7.6 Exercices d’entraînement 269

On en déduit l’équivalence :
7T
x—>+oo 2x

Exercice 19 *
Pour x G [0 ; +oo[, on pose
4-oo
x) =
n=l

(a) Montrer que la fonction S est bien définie sur [0 ; +oo[ et de classe C1.
(b) Préciser son sens de variation.

Solution

(a) On introduit les fonctions sommées :

37 \

( 1 H— J avec x G [0 ; +oo[ et n 1.

La fonction S apparaît comme la somme de la série de fonctions ^un.


Soit x G [0 ; +oo[. La série numérique ^2 un(æ) est alternée car pour tout n G N*
37

(1+—

La suite (|un(o;)|)n>1 décroît vers 0 et donc la série ^2 un(%) converge par le critère spécial
des séries alternées. On en déduit que la série Y^un converge simplement sur [0 ; +oo[ et
la fonction S est bien définie.

méthode
Pour montrer que S est de classe C1, on réunit les hypothèses du théorème de
dérivation (Th. 19 p. 238).

Les fonctions un sont toutes de classe C1 et pour tout réel positif x

(-1)""1
<(x) = n+x
Encore une fois, le critère spécial des séries alternées s’applique à la justification de la
convergence de la série numérique ^u'n{x}. On peut alors borner son reste par la valeur
absolue du premier terme qui l’exprime
4-oo
22 Uk^ |u1 n+i(a:)|1 = —
n+l+z — J—.
n +1
fc=n4-l
270 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Puisque ce majorant uniforme est de limite nulle, on peut affirmer que la série de fonc­
tions 52 u'n converge uniformément sur [0 ; +oo[. On peut alors conclure que la fonction S
est de classe C1 (Th. 19 p. 238) avec pour tout x 0
+oo
s'(x) = £ (-1)""1
Tl + X
n=l

(b) méthode
Le signe d’une somme convergeant par le critère spécial est celui de son premier
terme.
Pour tout x 0, le premier terme exprimant S'(x) est 1/(1 + æ) 0 et donc S'(x) 0.
La fonction S est croissante.
Exercice 20 **
Pour x G R^_, on pose
+oo
(-1)"
= £ nx
n=0 +1’
(a) Montrer que S est définie et continue sur R^_.
(b) Etudier la limite H de S en +oo.
(c) Déterminer un équivalent simple de S(x) — t quand a; tend vers +oo.

Solution
On introduit les fonctions sommées :

-------- avec x G RI et n G N.
nx + 1
La fonction S apparaît comme la somme de la série de fonctions 52
(a) Soit x G R^. La série numérique 52wn(æ) est alternée car

un(x) = (-l)n |un(æ) I avec |un(a;)l =-------


' ' 1 nx+1
De plus, la suite (|un(a;)|) décroît vers 0 et donc la série 52wn(^) converge par le critère
spécial des séries alternées. Ainsi, la série de fonctions 52 un converge simplement sur R^.
et la fonction S est bien définie.
Les fonctions un sont toutes continues. Pour obtenir la continuité de S, un argument de
convergence uniforme suffit (Th. 16 p. 237). Le critère spécial des séries alternées permet
de borner le reste Rn(x) de la série par la valeur absolue du premier terme qui l’exprime
+oo
52 Uk^ =^4+1'
k=n+l
7.6 Exercices d’entraînement 271

méthode
A ce stade, il paraît difficile d’obtenir une convergence uniforme sur l’intégra­
lité de Cependant, cela n’est pas nécessaire pour conclure la continuité :
obtenir une convergence uniforme sur des domaines « suffisamment généraux »
suffit.
Soit a > 0 une valeur arbitraire. Pour tout réel x a

(n + l)a+l =“"'
Par ce majorant uniforme an de limite nulle, on peut affirmer que la série de fonc­
tions 22 un converge uniformément sur [a;+oo[. On en déduit que la fonction S est
continue sur cet intervalle et, puisque ceci vaut pour tout a > 0, la fonction S est conti­
nue en tout point de .

(b) méthode
La somme d’une série convergeant par le critère spécial peut être encadrée par
ses sommes partielles consécutives.
Soit x > 0. En considérant, les sommes partielles de rangs 1 et 2, on obtient l’encadre­
ment
1 - -Lr < s(x) < i.
X+ 1
Par encadrement, on conclut que S tend vers — 1 en +00.

(c) Puisque la valeur 1 correspond au premier terme de la somme, on peut simplifier1

S(x) — 1 =
' nx -I-1 ’
n=l

méthode
Lorsque x tend vers l’infini, le terme l/(nx + 1) est « assez voisin » de 1/nrr :
on peut exploiter cette idée pour rapprocher la somme étudiée d’une somme
connue.
On concrétise cette intuition par le calcul :
+00
S(x) - 1 - E (-l)
nx
n (-l)n+1
nx(nx + 1)
n=l

On peut alors majorer (avec convergence des séries introduites)


+00
1 1
sw -1 - 52 nx nx(nx + 1) n2x
n=l
1. Cette somme peut encore être encadrée par ses sommes partielles consécutives mais cet encadrement
est trop large pour permettre de trouver un équivalent en +00...
272 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Connaissant la valeur de la somme harmonique alternée 1,

(-1)"-1
= ln2
n=l
n

on peut écrire
In 2 / 1 \ In 2
S(x) — 1 - O ( ~ô ) ~--------
x—»+oo x------ \x J æ->+oo x

Exercice 21 **
Pour n G N et x E R+, on pose

«n(æ) = arctan(n + x) — arctan n.

(a) Etudier l’existence et la continuité de la fonction S définie sur par la relation

S(x) ±= ^un(x}.
n=0
(b) Déterminer la limite de S en +oo.
(c) La série de fonctions converge-t-elle uniformément au voisinage de +oo?
. ................. ......... ............... . .... mi iinni mi i mu mi ■mm uni ' ■iiiiinwiwmwMimiill

Solution

(a) Soit x E K+.


méthode
Pour étudier la convergence de la série numérique ^un(x), la difficulté réside
dans l’estimation de l’ordre de grandeur de la quantité un(æ). Une solution
consiste à employer l’inégalité des accroissements finis2.

Par l’inégalité des accroissements finis appliquée à la fonction arctan entre n et n + x. '

0 < un(x) (n + x — n) x sup |(arctan/|

1
=x x SUP 7—72
t6[n;n+x] "r t
X X
1 + n2 n^+00 n2
Par cet équivalent, on peut affirmer la convergence de la série un(x). Ainsi, la série de
fonctions un converge simplement et la fonction S est donc bien définie.
1. Voir sujet 14 p. 25.
2. On peut aussi calculer un développement limité en employant l’égalité arctanx + arctan(^) —
(pour x > 0) afin de ramener en 0 les variables des fonctions arctan comme cela est fait par la suite.
7.6 Exercices d'entraînement 273

De plus, les fonctions un sont continues et il suffit alors d’établir la convergence uni­
forme de ^2 un sur tout segment de R+ pour pouvoir affirmer la continuité de la fonction S
(Th. 16 p. 237). Soit a E R+ une valeur arbitraire. Pour tout x E [0 ;a]
a
|un(x)| — C^n-
1 + n2
La série de terme général an étant convergente, il y a convergence normale (et donc
uniforme) de la série de fonctions 52 un sur tout segment [0 ; a] de R+. La fonction S est
donc continue sur [0 ; a] et, puisque ceci vaut pour tout a E R+, on peut affirmer que la
fonction S est continue en tout point de R+.

(b) Avec l’écriture en cours, il est délicat d’anticiper la limite de S en +oo.


méthode
On ramène la variable en 0 en exploitant l’identité

Vx > 0, arctan(x) + arctan

Pour x > 0 et n 1, on peut écrire

un(x) = arctan — — arctan —


\n J \n + x

méthode
Les fonctions un tendent vers arctan(l/n) en +oo et la série de ces limites est
une série à termes positifs divergente : on peut alors avoir l’intuition que la
fonction S tend vers +oo en +oo.
Les fonctions un sont toutes croissantes, la fonction somme S est donc aussi croissante.
Le théorème de la limite monotone assure alors l’existence d’une limite, éventuellement
infinie, à la fonction S en +oo, limite qui est sa borne supérieure.
Par l’absurde, supposons cette limite finie et notons la L On a pour tout x E R+

S (x) sup S = ê.
R+

Les termes sommés étant tous positifs, on peut écrire pour tout TV G N*
N 4-oo
J2un(æ) < J2un(z) = S(x) < A
n=l n=0

En passant à la limite quand x tend vers l’infini


N
arctan
n=l
274 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Or la série numérique arctan(l/n) est une série à termes positifs divergente puisque

1
arctan — ~ .
yn/ n->+oo n

Ses sommes partielles tendent donc vers l’infini et ne sont pas majorées, c’est absurde !
On peut conclure que la fonction S tend vers +oo en +oo.

(c) Il ne peut y avoir convergence uniforme de la série de fonctions £2 un au voisinage


de +oo. En effet, si par l’absurde, cette convergence uniforme est vraie, on peut appliquer
le théorème de la double limite (Th. 17 p. 237) et conclure à la convergence de la série
des limites J2 arctan(l/n) !

Exercice 22 **
Soit n G Z. Calculer /*2?r in0
t 27^-

Solution

méthode
On exprime la fonction intégrée à l’aide d’une somme géométrique avant d’opé­
rer une intégration terme à terme.
Pour tout 6 G [0 ; 2tt], on peut écrire par sommation géométrique1 de raison —e10/2

1 1
car
2 + ei<? “ 2

On a alors

Les fonctions Uk sont continues et la série des fonctions Uk converge normalement sur
le segment [0 ; 2%] car

= 2^ï Ct S conver§e-

On peut alors appliquer le théorème d’intégration terme à terme par convergence uni­
forme (Th. 18 p. 238)
ei(n+fc)0 de

1. On exprime la somme en l’indice k et non en l’indice n afin de ne pas télescoper les notations.
7.6 Exercices d’entraînement 275

Or, pour p entier,


-eip0-|27r
eipe = —— = 0 si p 0 et épe d0 = 1 d$ = 2-tf si p = 0.
L Jo

En discutant selon que 0 figure ou non parmi les n + k quand k parcourt N, on conclut

\-l)n2n7T si n < 0
In ' 0 si n > 0.

Exercice 23 ** (La fonction Q de Riemann)


On pose
+oo -

z—'
n=l

(a) Montrer que la fonction £ est définie et de classe C°° sur ]1 ; +oo[.
(b) Préciser la monotonie et la convexité de la fonction C- .....
(c) Déterminer la limite de la fonction Q en +oo.
(d) Déterminer un équivalent de la fonction Q en 1+.
(e) Établir la convexité de la fonction x ln£(æ).

Solution
On introduit les fonctions sommées :

fn(x) = — avec x > 1 et n E N*.


nx
La fonction Ç, est la somme de la série de fonctions fn .
(a) La série de fonctions converge simplement sur ]l;+oo[ par référence aux
séries de Riemann. La fonction Ç est donc bien définie sur ]1 ; +oo[. Pour justifier que la
fonction Q est de classe C°°, on réunit les hypothèses du théorème de dérivation (Th. 20
p. 239).
Les fonctions fn sont de classe C°° sur ]1 ; +oo[ et

fn(x) = = — ln(n)e-llnn = -1™.


dx nx
Plus généralement, pour tout p E N,

Soit a > 1 une valeur arbitraire. Pour tout x E [a ; +oo[ et tout p E N

= «n-
276 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

méthode
On montre la convergence de la série de terme général par comparaison
|| à une série de Riemann d’exposant légèrement inférieur à a.
Soit p E ]1 ; a[ (un tel p existe car a > 1). On a
npan = exp (p ln(ln n) + (p — a) In n) = exp (o(ln ri) + (p — a) In ri) -------- > 0
' n—>+oo ' v - j ' n—>4-oo
<0

ce qui permet d’affirmer an = o(l/np) avec p > 1. La série de terme général an est
donc absolument convergente. Ainsi, pour tout ordre de dérivation p, la série de fonc­
tions ^2 fn^ converge normalement, et donc uniformément, sur l’intervalle [a ; +oo[. On
peut alors affirmer que la fonction Ç, est de classe C°° sur ]1 ; +oo[ et, pour tout Net
tout x > 1
= (-!)»g

z—' Tir
n=l

(b) La fonction Ç, est décroissante sur ]1 ; -f-oo[ car pour tout x > 1
+oo ,
CM = -E
n —l '
^0
Aussi, la fonction est convexe sur ]1 ; +oo[ car pour tout x > 1
“FOO \Q

C"M = E > 0.
n=l

(c) méthode
|| On met en œuvre le théorème de la double limite (Th. 17 p. 237).
Les fonctions fn admettent chacune une limite £n en +oo avec
Z

„ 1 si n = 1
£n =
0 sinon.

La série de fonctions ^2 fn converge uniformément sur [2 ; +oo[ et donc, par le théorème


de la double limite, on peut affirmer la convergence (par ailleurs évidente) de la série £2 ?n
et
4-oo 1 -f-oo
<rix) = y ------------->ÿ4 = i.
nx x—>+oo Z—/
n=l n=l

(d) méthode
On peut proposer un encadrement de la fonction Ç en opérant une comparaison
série-intégrale.
7.6 Exercices d’entraînement 277

Pour x > 1, la fonction t l/tx est décroissante et continue sur ]0;+oo[. On peut
alors écrire
[n+1 é < j_ < r é
Jn tx " næ C Jn^ F
(la minoration valant pour n 1 et la majoration pour n 2 seulement). En sommant
ces encadrements, tout en isolant le terme d’indice 1 lors de la majoration, on obtient
f+o° di, z/ x . f+°° di
/ ~ C C(^) 1+ / —•
Ji tx Ji tx
Puisque
+o° dt 1 1—X 1
f t~x dt =
1 J1 x—1
On en déduit
1 1 1
x—1
et l’on peut conclure
1

(e) Le signe de la dérivée seconde de la fonction x ln£(æ) est celui de


C(z)C"(:r) - C'(x)2.
méthode
|| On exploite l’inégalité de Cauchy-Schwarz.
En écrivant
N N / i l iIn n
E
\ næ/2
n=l n=l x
l’inégalité de Cauchy-Schwarz donne
/ N i \2
/ 5—Inn \
I nx j
\n=l /
En passant à la limite quand N tend vers l’infini, on obtient
C'(X)2 ttxK"(x).
La fonction x i-> ln£(a;) est donc convexe sur ]1 ; +oo[.
Exercice 24 *** (La fonction rj de Dirichlet)
On pose
+°° ( iXn—1

(a) Montrer que la fonction r/ est définie et de classe C1 sur ]0 ; +oo[.


(fr) Déterminer la limite de la fonction rj en 0 par valeurs supérieures.
278 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Solution
On introduit les fonctions sommées :

un(a?) =----- -— avec x G ]0; +oo[ et n G N*.


nx
La fonction r/ apparaît comme la somme de la série de fonctions ^2 u™-
(a) Pour x G ]0;4-oo[, la série numérique ^2un(æ) est alternée et de terme général
décroissant vers 0 en valeur absolue. Par le critère spécial, on peut affirmer la convergence
simple de la série J2 un. La fonction r/ est donc bien définie sur ]0 ; +oo[.
Les fonctions un sont toutes de classe C1 avec

U' =A = (-l)"lnn
' dz\ e“ln" / n’ '

Etudions la convergence uniforme de la série des dérivées ^u'n.


Pour x G ]0 ; +oo[, la série u'n(x) est alternée car

u'M = (~l)nK(æ)| avec |<(z)| =


n1
La valeur absolue de u'n(x) tend bien vers 0 mais il faut en établir la décroissance pour
pourvoir exploiter le critère spécial. A cette fin, on étudie les variations de la fonction
Int 1Z„ . 1z> r
<p: 1— definie sur ]0 ; +oo[.

La fonction <p est dérivable et sa dérivée est du signe de 1 — x In t ce qui permet d’obtenir
le tableau suivant :

La fonction tp n’est décroissante que sur l’intervalle [e1/* ; +oo[.


méthode
Le critère spécial séries alternées ne peut être appliqué à la série ^2 wn(x) qu’à
partir du rang
Nx = [e1/*] + 1.
Cela suffit pour justifier la convergence simple de la série, mais pour établir
la convergence uniforme il faut déterminer un rang indépendant de r à partir
duquel le critère spécial s’applique.
7.6 Exercices d’entraînement 279

Soit a > 0 une valeur arbitraire. Pour tout x e [a;+oo[, on constate Nx Na. Le
critère spécial s’applique donc assurément à la série ^un(a;) au delà du rang Na ce qui
permet de borner son reste
4-oo
/ / xi ln(n+1) ln(n+1)
Vn Na, 12
fc=n-|-l
U'k^ “n+iW| = 7^717 « =
Ce majorant uniforme an étant de limite nulle, on peut affirmer la convergence uniforme
de la série des dérivées ^2 u'n sur ïa 5 +°°[ pour toute valeur a > 0. On peut alors conclure
que la fonction rj est de classe1 C1 sur ]0 ; +oo[.

(b) méthode
On combine les termes d’indices impairs avec les termes d’indices pairs qui les
suivent2.

Pour x > 0
+°° / i 1 \

Considérons alors la fonction f: [1 ; +oo[ —> R définie par


1 1
“ (2t - l)æ “ (2tp’
Par dérivation, on vérifie que la fonction f est décroissante et donc
rn+l rn
/ dt y(n) < / y(i) dt
Jn Jn—1
(la minoration valant pour n 1 et la majoration pour n > 2 seulement). En sommant
ces encadrements tout en isolant le terme d’indice 1 lors de la majoration, on obtient

1 1
Or
1 1— X
1 2(1 - x) L
avec
z 1 \1— X
1-(1--)
f \ 4L /

~ (x - l)(2*)-æ --+ 0

1. On peut adapter le raisonnement précédent et établir que la fonction 77 est en fait de classe C°° sur
son intervalle de définition.
2. Il suffit de raisonner avec les sommes partielles avant de passer à la limite pour justifier la transfor­
mation. En l’absence d’absolue convergence, il n’est pas possible de réorganiser les termes en argumentant
une sommation par paquets.
280 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

et donc
r+°° 1

Puisque
—et /(1) = 1-À------- >0
2(1 - x)v J æ->o+ 2 Jv ’ 2X æ-+o+
il vient par théorème d’encadrement

7.6.4 Séries de fonctions d’une variable vectorielle

Exercice 25 *
Etudier la définition et la continuité de la fonction S déterminée par
+oo
S(x,y) — cos(nj/)e~na: sur X — {(x,2/) G K2 | x > 0}.

Solution
On introduit les fonctions sommées :

wn(x,7/) = cos(m/)e nx avec (x,y) G X et n € N.


La fonction S apparaît comme la somme de la série de fonctions
Pour (x,y) G X, on a un(x,y) — o(l/n2') quand n tend vers +oo car

n2un(x, y) = cos(m/) exp(2 Inn — xn) -------- > 0.


> \________ / n—>4-00
bornée —> — oo

La série numérique un(x, y) est donc absolument convergente et la fonction S est bien
définie.
7.6 Exercices d’entraînement 281

Les fonctions un sont toutes continues et un argument de convergence uniforme suffit


pour affirmer la continuité de la fonction S (Th. 16 p. 237).
méthode
Il est inutilement ambitieux d’étudier la convergence uniforme sur l’intégra­
lité du domaine de définition1. La convergence uniforme sur des domaines
suffisamment généraux permet de conclure.

Soit a > 0 une valeur arbitraire et Xa le domaine défini par

Xa = E R2 | x a}.

Pour (x,y) G Xa, on a

|un(x,t/)| - |cos(îM/)|e~na: e~na = an.

Or la série de terme général an est convergente, la série de fonctions converge


donc normalement sur Xa. On peut alors affirmer que la fonction S est continue sur Xa.
Puisque ceci vaut pour tout a > 0, on peut conclure que la fonction S est continue en
chaque point de X.

Exercice 26 **

(à) Pour quel z G C peut-on définir


+oo 1

„ /Cri i b /Cf ']


n=l v

I
(b) Etablir que la fonction / est continue sur le domaine correspondant^ :. s ..
' ■■ ■" ' ■ ,| r ■ ...... ................... . ....................................................

Solution
On introduit les fonctions sommées :

un(z) = ------- r avec z G C et n G N*.


n(n — z)

La fonction f apparaît comme la somme de la série de fonctions ^un.


(a) Pour que les termes sommés possèdent tous un sens, il faut z G Q■= C \ N*.
Inversement, si z G fi, la série de terme général un(z) converge absolument car

1 ~ J_
n(n — z) n->+oo n2 ’

Finalement, la fonction f est définie sur Q.


1. Elle n’y est d’ailleurs pas vraie.
282 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

(b) Les fonctions un sont toutes continues.

méthode
Un argument de convergence uniforme sur des domaines suffisamment géné­
raux suffit pour conclure.
Soit a G R+ une valeur arbitraire et le domaine

Qa = {zGC\N*| Re(z) < a}.

Pour tout z G

Soit N a. Pour tout n> N,

\n — z\ = y (n — Re(z))2 + (lm(z))2 |n — Re(z)| n—a

et donc
|ttn(z)I —(------- 7 = û!n.
1 1 n(n — a)
Ce majorant uniforme, valable pour n TV, est terme général d’une série convergente.
La série de fonctions (£2 Un)n^N converge normalementx, et donc uniformément, sur Qa.
En adjoignant les premières fonctions écartées, il y a aussi convergence uniforme de la
série de fonctions ^un sur Qa. On peut alors affirmer que la fonction f est continue
sur Qa. Ceci valant pour toute valeur a 0, on peut conclure que f est continue en tout
point de Q.

Exercice 27 ***
On suppose jMn(R) muni d’une norme || • || vérifiant2

||AB|| ||A|| ||Z?|| pour tous A et B G A4n(R).

Soit A G A4n(R) non nulle et I — ]—a ; avec a = 1/ ||_A||. Pour t G I, on pose


+oo I
fc=0
(a) Montrer que f est bien définie sur I et que f(t} = (In — tA)-1.
(b) Justifier que f est de classe C1 sur I et que /'(£) = A/(t)2.

1. En revanche, il n’y a pas convergence normale de un sur Pa, les premières fonctions de la somme
pouvant ne pas être bornées.
2. De telles normes existent : voir le sujet 9 p. 115 ou le sujet 10 du chapitre 6 de l’ouvrage Exercices
d’algèbre et de probabilités MP.
7.6 Exercices d’entraînement 283

Solution
Introduisons les fonctions sommées :

Wfc(t) = tkAk avec t G I et k G N.

La fonction f apparaît comme la somme de la série de fonctions ^2 uk ■


(a) Soit t e I. La série de terme général uk (£) converge absolument car on peut
proposer la comparaison géométrique :

lliM‘11 = s: |t|‘||A||fc = (|t| ||A||)‘ avec |t| ||A|| < 1.

La fonction f est donc bien définie sur l’intervalle I.


méthode
|| En transitant par les sommes partielles, on calcule (In — tA)f(t).
Pour TV g N, on peut écrire par télescopage
N N
(In -tA)^tkAk = ^(tkAk -tk+lAk+1) =In -tN+1AN+1.
k=0 k=0
En passant à la limite quand N tend vers l’infini, on obtient

(In - = In.

On en déduit que la matrice In — tA est inversible et que /(t) est son inverse.

(b) Les fonctions uk sont de classe C1 avec u'o = 0 et, pour k 1 et t G /,

u'k(t) = ktk~1Ak.

Soit r G [0 ; a[. Pour t G [—r ; r] et k 1

||fctfc-1Afc|| = À;|t|fc-1 ||Afc|| < krk~i ||A||fc = an.

La série de terme général an est convergente1, car si l’on introduit p G ]r ; a[

«n = o(pfc||A||fc) =of(p||A||)fc) avec p ||A|| G [0 ; 1[.

La série des fonctions dérivées ^,u'k converge normalement, et donc uniformément, sur
le segment [—r ; r]. Ceci permet d’affirmer que la fonction f est de classe C1 sur I (Th. 19
p. 238) avec
+ oo +oo +oo

/'(«) = k=0 E ktk~1Ak = kE


= k=l —0
<*+
1. On peut aussi appliquer la règle de d’Alembert quand r ||A|| 0.
284 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Il reste à vérifier l’identité proposée.

méthode
|| On simplifie (In — tA)/'(t) en raisonnant par les sommes partielles.
Pour TV G N,
N N N
(In - tA) + l)tfcAfc+1 = ^(fc + l)tkAk+1 - ^(À: + l)ffc+1 Ak+2.
fc=O k~0 k=0

On réalise un glissement d’indice dans la seconde somme puis on combine les deux sommes
en isolant un terme
N N N+l
(In - tA) ^(k + l)tkAk+1 = + l)tkAk+1 - ktkAk+1
k=0 k—0 k=l
N
= A^tkAk - (TV + l)tN+1AN+2.
k=0

Cependant,

||(JV +l)tN+1AN+2|| (JV +1)P|| (|4| ||A||)n+1 -^^0 car |t| HH < 1

et donc, par passage à la limite quand TV tend vers l’infini, on obtient

(I„ - = A £ tkAk = Af(t) puis /'(t) = A(/(f))2


fc=0
car f(t) est l’inverse de In — tA et commute avec A.

7.7 Exercices d’approfondissement

Exercice 28 ** (Lemme de Lebesgue)


Soit f : [a ; 6] —> C continue par morceaux. Montrer

[ f(t)éintdt-------- >0.
Ja n-++°°
Solution

méthode
On résout le cas où f est une fonction en escalier avant de généraliser aux
fonctions continues par morceaux par approximation uniforme (Th. 6 p. 232).
7.7 Exercices d'approfondissement 285

Cas : La fonction f est constante égale à A. Un calcul immédiat suffit pour conclure

fb fb ’pinfl6 \
I /(t)ein* dt = A / eint dt = A — = A (j”-b _ einaï ------------- >
a Ja l
in J a„ in \________
v , n-++cc>
bornée

Cas : La fonction / est en escalier. On peut introduire ao < ai < • • • < ap avec a$ = a
et ap — b tels que f soit constante sur chaque intervalle ]afc-i ;afc[- Il suffit alors de
découper l’intégrale par la relation de Chasles pour conclure

fb p / fak \ p / r \
/ dt = 52 ( / /(i)e“ dt = V ( / f(i) e*nt dt ——» 0.

constante

Cas général : La fonction f est continue par morceaux sur [a;&]. Pour tout e > 0, il
existe une fonction en escalier <p définie sur [a ; 6] telle que \\f — £■ On peut écrire
par linéarité
fb pb fb
I f (t')eint dt = / (/(t)-ç>(t))eln,dt + / ç>(i)eint dt.
a Ja Ja
D’une part, l’inégalité triangulaire intégrale donne
fb fb
(/(t) - V(t))e“ dt / |/W ~ 9?(t)| |eint| dt < / sdt = (6 —a)s.
Ja ' Ja
=1
D’autre part, l’étude qui précède fournit
b
ip(t}emt dt-------> 0
n—>+oo

et il existe donc un rang TV G N tel que, pour tout naturel n TV,

£.

On peut alors conclure que, pour tout n TV

< (b — a + l)s.

On obtient ainsi que l’intégrale étudiée est de limite nulle1.


1. On pourra comparer cette résolution générale à celle particulière déjà vue dans le sujet 20 du
chapitre 10 de l’ouvrage Exercices d’analyse MPSI.
286 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Exercice 29 ** I
i
(a) Montrer qu’il existe une unique fonction f : ]0 ; 4-oo[ —> R de limite nulle en +oo j
et vérifiant
f(x) 4- f(x 4-1) = -=■ pour tout x > 0. [
xz
(b) Montrer que f est continue et intégrable sur [1 ; +oo[. I
(c) Calculer I
y+oo I

/1 dt' I
Solution
(a) méthode
Par analyse-synthèse, on exprime une fonction solution en projetant la variable
à l’infini.
Analyse : supposons /: ]0 ; +oo[ —> R une fonction solution. Pour x > 0, on a
- f(x + !) = ^2 - ■(x+11)2 + f(x + 2)-
<4/ vO Ivb | X J
Par une récurrence immédiate, on obtient pour n € N

/(*) = E (—
n (^1)2 + (-l)n+1/(a: + n + 1).

Sachant que f est de limite nulle en +oo, on peut conclure

Synthèse : considérons la fonction f donnée par l’expression ci-dessus. La série converge


par application du critère spécial des séries alternées et cette fonction est donc bien
définie. De plus, on peut encadrer sa somme par des sommes partielles consécutives et
affirmer
0 f(x) ---- —> 0.
Xz x—>+oo
Ceci assure que f est de limite nulle en l’infini.
Enfin, pour tout x > 0, on isole dans le calcul qui suit le terme initial de la première
somme et l’on opère un glissement d’indice dans la seconde

/(æ)+f(x+1) = ^2 / , \2 + 52 ( 1 j.112
*—'(x + n)' 2 n=0 (x
n=0 ' '
4- n + l)' 2

_ 1 , v (-i)n . y (-ir-1 _ i
x2 n=l (x
x
(x v4- n)2 7 x2
4- n)' 2 E--,n=l
La fonction introduite est donc bien solution du problème posé.
7.7 Exercices d'approfondissement 287

(b) Par application du critère spécial, on peut borner le reste de la série définissant f
et affirmer, pour tout x > 0,

(-1)* (_l)n+i 1
(x + A:)2 (x + n + l)2 (n+1)2 ~a
k—n+l

La suite (an) étant de limite nulle, il y a convergence uniforme de la série de fonctions.


Les fonctions sommées étant toutes continues, on peut alors affirmer la continuité de f
sur ]0; +oo[. De plus, la fonction est intégrable en vertu de l’encadrement déjà écrit

0 ~2-
xz

(c) méthode
On ne peut pas utiliser de théorèmes d’intégration terme à terme pour ce
calcul car l’intégrale est généralisée : on raisonne par les sommes partielles.
Soit N G N. On peut écrire avec convergence des intégrales écrites

+oo (~l)n
E (t + n)2
n=7V+l
dt

et par application du critère spécial

En passant à la limite quand N tend vers l’infini, on obtient


+oo +°° ( 1 \n-1
/(t)di = E^-
71=1
288 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Exercice 30 **
Déterminer la limite de

Solution

méthode
Le terme significatif de la somme est le dernier, on réordonne celle-ci pour qu’il
devienne le premier.
n
E
fc=0
méthode
Le terme un peut se comprendre comme la valeur en n de la somme d’une série
de fonctions à laquelle on applique le théorème de la double limite (Th. 17
p. 237).
On a
+oo

Un = 5? A(n)
fc=0
avec fk : N —> R définie par

A(n) = <
Soit k G N. À partir d’un certain rang

A(n) = (l--j =e"ln<1-»>-------- >

Les fonctions fk admettent donc chacune une limite finie en +oo.


Au surplus, par l’inégalité1 ln(l + u) < u valable pour tout u > — 1, on a pour tout n
supérieur à k

fk(n) = exp nlnl 1---- exp n x — = e


\ n 1

Cette majoration valant aussi pour n > k, on obtient

sup|/fc(n)| e k = ak.
n€N
1. Voir sujet 3 p. 145.
7.7 Exercices d’approfondissement 289

Puisque la série géométrique des ctk est convergente, la série de fonctions 22 fk converge
normalement et donc uniformément. Les hypothèses du théorème de la double limite
étant réunies, on peut conclure
1 e
Wn -------- > V e k
n—> + oo '
k=0
1 - 1/e “ e- 1'

Exercice 31 *** (Un développement eulerien)

(a) Étudier la continuité de la fonction f définie par

1 +°° / i i \
f(x) = -x- + ( -,------- ry + t----- ) pour tout x € R \ Z.
x ^\(x~n) (x + n)2J '

(b) Étudier la périodicité de la fonction f.


(c) Soit un réel c > 2 et h une fonction continue de R dans R telle que, pour tout
x réel,
(x + l\ ,
+ ni —-— I — ch{X).
\ Zi j
Montrer que la fonction h est nulle.
(d) En déduire que pour tout x réel non entier v

1 TT2
(x — n)2 sin2(7ræ)

Solution
(a) Introduisons les fonctions sommées

/n(æ) = 7—~~"T? + 7—avec æ e R \ Z.


\x — n)2 \x + n)2
Soit a > 0. Pour x E [—a ; a], on a pour tout n > a
2
(n - a)2 = an'
La série de terme général an étant convergente, la série des fonctions fn (limitée aux
termes pour lesquels n > a) converge normalement sur [—a ; a]. Les fonctions sommées
étant continues, on obtient la continuité de la fonction f sur [—a ; a] \ Z. Or ceci vaut
pour tout a > 0, la fonction f est donc continue sur R \ Z.

(b) Soit x E R \ Z. En revenant aux sommes partielles


1
lim
N—>+oo (x — n)2 ’
290 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

En opérant un glissement d’indice

* 1 N—l
1
f(x + 1) = lim V ------------- — lim
2——-''N (x
N->+oo n= v
+ 1 — n)2 N—>+oo (x — n)2
n=-(2V+l)

Cette dernière somme partielle diffère de celle initiale par deux termes
N—l
1 1 1 1
E
n=-(N+l)
(x — n)2
n=-N
(x — n)2 + (x + 7V + l)2 (æ - N)2 ’

En passant à la limite quand N tend vers l’infini, on conclut f(x+l) = f(x). La fonction f
est 1-périodique.

(c) méthode
L’équation fonctionnelle est incompatible avec la réalisation d’un maximum,
sauf si celui-ci est nul.
Soit a 1. Introduisons
Ma = sup \h\
[—a;a]
(ce qui est possible car h est continue donc bornée sur [—or ; a]).
Pour tout x E [—a;a], les réels x/2 et (x + l)/2 appartiennent aussi à [—a; a]. La
relation
ï 1 K(x\ J l (x +
h(x) = - M « +M —r—
C \ \ Zi J \ Zi / j
donne
, 2
|fi(x)| ~Ma.
On en déduit
„ 2„
Ma-Ma
c
puis Ma = 0 car c > 2. Ainsi, la fonction h est nulle sur le segment [—a ; a]. Enfin, ceci
valant pour tout a 1, on peut conclure que h est la fonction nulle sur R.

(d) Introduisons la fonction g définie sur R \ Z par

71-2
~ sin2(ra)'
La fonction h = f — g est définie sur R \ Z, 1-périodique et continue.
On peut décomposer la somme définissant la fonction f et écrire
i +o° / i i \

/w = _ + /w avec /w = W—_+
7.7 Exercices d’approfondissement 291

La fonction f est définie et continue en 0 en vertu de l’étude initiale.


Par calcul de développement limité
7T2 1 7T2
9^ x= n~,------
—>0 /
^ + T+o(1)-
7TX —

On peut donc aussi écrire


9^ = “2 + SW
Jb
avec g fonction continue en 0.
La fonction h = f—g se prolonge donc par continuité en 0. Par périodicité, la fonction h
se prolonge en une fonction continue sur l’intégralité de R.
Enfin, pour tout x G R \ Z, on remarque

x
—- 1 = 4/(x).
2 /
En effet, cette relation s’obtient en passant à la limite l’identité
N N 2N
1 1 1
\2" _ \2 (x — n)2 ’
n= n=-N n) n=-(2N+l)

Aussi, par calcul trigonométrique,

g[2 — = 4#(z)
/
car
1 _ 1 _ 4
sin2 a cos2 a sin2 a cos2 a sin2 (2a)
On en déduit, pour tout x G R \ Z

k X
h\2 — I = 4À(æ).
£ /

Par continuité et densité de R \ Z dans R, cette identité est encore vraie pour x € Z.
Finalement, en vertu de l’étude qui précède, on peut conclure que la fonction h est
nulle et donc f = g.

Exercice 32 ***
Soit (/n) une suite de fonctions réelles convexes définies sur un intervalle ouvert non
vide I. On suppose que la suite de fonctions (/n) converge simplement sur I. Montrer
que la convergence est en fait uniforme sur tout segment inclus dans I.
292 Chapitre 7. Suites et séries de fonctions

Solution
Notons f la limite simple de la suite (/n)- Les fonctions fn sont convexes donc

V(a,b) El2, VA e [0; 1], /n((l - A)o + Xb) «: (1 - A)/n(0) + A/n(6).

En passant cette relation à la limite quand n tend vers l’infini, on obtient

V(a, 6) e I2, VA 6 [0; 1], /((l - A)a + Xb) < (1 - A)/(a) + Xf(b).

La fonction f est donc convexe.


Soit [a;6] un segment inclus dans I. Par l’absurde, supposons la convergence de (/n)
non uniforme sur ce segment. Il existe alors £ > 0 et une infinité de rang n pour lesquels

sup \fn(x) - f(x)\ E.


xÇ [a;è>]

Quitte à supprimer certaines fonctions à l’intérieur de la suite (/n), on peut supposer


que la propriété ci-dessus est vraie pour tout rang n ce qui simplifie la présentation de
ce qui suit. On peut alors introduire une suite (rrn) d’éléments de [a ; 6] telle que, pour
tout n € N,
|/n(zn) -/(æn)| f-

Par le théorème de Bolzano-Weierstrass, on peut extraire de la suite (xn) une suite


convergente et, quitte à supprimer comme au-dessus un certain nombre de fonctions
dans la suite (/n), on peut supposer que la suite (o;n) converge. Notons a^oo sa limite.
Par convergence simple, la suite (/n(^oo)) converge vers /(æoo). Pour n assez grand,
on a donc
|/n(3?oo) -/(®oo)| < |

et l’on en déduit la minoration


l/nC^n) /n(^'oo) H- /(^oo)

|./n(*En) |/n(æoo) y(*£oo)|

> E E _ E
2 “ 4 = 4’

méthode
On observe qu’une fonction convexe sur l’intervalle ouvert I est lipschitzienne
sur tout [a ; b] inclus dans I.
Soit [a ; 6] un segment inclus dans l’intervalle ouvert I, on peut introduire a > 0 tel
que [a — a ; b 4- a] C I. Par croissance des pentes, on a pour toute fonction convexe g
définie sur I et pour tous x et y dans [a ; 6] avec x < y

ff(a) ~ ~ <*) < g(y) ~ 9(x) < g(b + a)-g(b)


a "" y—x "" a
7.7 Exercices d'approfondissement 293

Ainsi, pour chaque x et y dans [a ; b],

|p(î/) -p(x)| < M(g) \y — x\

avec
M(g) = rnax (- g(g) ~ ~ a), ^ + ^7^.
\ a a J
En appliquant cette propriété aux fonctions convexes fn et /, on peut écrire
/nC^-oo) /(^oo) /(•^n)|

|/n(^n) - /n(^oo)| + |/(æoo) “ /(^n)|

\xn ~ Xoo| n_>+Qo> 0.

Ceci contredit la minoration précédente : on a obtenu une absurdité.


CHAPITRE 8

Intégrales à paramètre

K désigne R ou C et I un intervalle non vide de R.

8.1 Suites et séries d’intégrales


8.1.1 Convergence dominée
Lorsque l’on étudie la limite d’une suite d’intégrales, et si cela à un sens, il est raison­
nable 1 d’espérer que celle-ci soit l’intégrale de la limite :
lim I / un(t)dt) = / ( lim un(t))dt.
n—>+oo\.Ji J J yAn—>+oo /

Théorème 1 (Théorème de convergence dominée2)


Si (i/n) est? une suite de fonctions de I vers R et u une fonction dé T vèîs ’M1 vérifiant :
1) la suite (un) converge simplement vers u sur I,
2) ' les fonctions un et û sont continues par morceaux sur Z,
3) il existe <p: I —> R continue par morceaux et intégrable sur I telle que
Vn G N, Vt G I, |un(fe)|

alors les fonctions un et la fonction u sont intégrables sur I et


/ un(t)dt-------- > /
Jl n->+oo Jj
X. ■ . ___ _________ ---------------------------- -- >
1. Raisonnable mais pas automatique! On peut vérifier par exemple lim ne~nt dt = 1 alors
que fn+oo( lim ne~nt} dt = 0. n^+°°
Sl-4-+oO '
296 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

La troisième hypothèse se nomme Vhypothèse de domination, elle consiste en la détermi­


nation d’une fonction s’exprimant indépendamment de n, intégrable sur I et bornant
les fonctions un.

8.1.2 Intégration terme à terme

Lorsque l’on étudie l’intégrale d’une somme infinie, et si cela a un sens, on peut espérer23
que celle-ci soit simplement la somme des intégrales :

dt =

Théorème 2
Si est une série de fonctions de I vers K vérifiant :
1) la série de fonctions £2 un converge simplement sur I,
2) les fonctions un et la fonction somme sont continues par morceaux sur I,
3) les fonctions un sont intégrables sur I,
4) il y a convergence de la série numérique £2 Jj \un |
alors la somme de la série de fonctions est intégrable sur I, la série des intégrales des
fonctions un converge absolument et4 *

8.2 Fonctions définies par une intégrale


On étudie dans cette partie les fonctions de la forme

F:xÇ.Xn

avec X une partie d’un espace de dimension finie.

2. Si l’intégration porte sur un segment, le théorème de convergence uniforme (Th. 10 p. 233) permet
aussi l’échange des symboles limites et intégrales. Le théorème de convergence dominée permet cet
échange, même lorsque l’intégrale est généralisée.
3. Ceci n’est pour autant pas automatique : voir sujet 10 p. 314.
4. Si l’intégration porte sur un segment, le théorème de convergence uniforme (Th. 18 p. 238) permet
l’échange des symboles sommes et intégrales. Le théorème en cours permet cet échange que l’intégration
porte sur un segment ou non.
8.2 Fonctions définies par une intégrale 297

8.2.1 Continuité
' ■ ■ ■ '------------ ,
Théorème 3
Si / : (x, t) f(x, t) définie de X x I vers K vérifie :
1) x m- /(x, t) est continue sur X pour tout t el,
2) t f(x, t) est continue par morceaux sur I pour tout x G X,
3) il existe ip \ I -> R continue par morceaux et intégrable sur I telle que
V(x,t)GXxZ, |/(æ, t)| <p(t)
alors la fonction F: x fT f(x,t)ài est définie et continue sur X.
La troisième hypothèse se nomme V hypothèse de domination. Elle consiste en la détermi­
nation d’une fonction intégrable s’exprimant indépendamment de x et bornant f(x,t).

En pratique, il n’est pas toujours possible de parvenir à produire une domination valable
pour tout x E X. La continuité étant une notion locale, obtenir des dominations sur
des domaines « suffisamment généraux » (par exemple sur tout segment inclus dans X
lorsque celui-ci est un intervalle) s’avère suffisant.

8.2.2 Convergence par domination


On étudie la fonction F au voisinage d’un point a adhérent à X (a peut aussi être une
extrémité infinie de X si ce dernier est un intervalle).

Théorème 4
Si /: (x,t) H- /(#,£) définie de X X I vprs JK et 1H £(t)de I vers K vérifient :
1) f(x,t)— x~+a Z(t) pour tout ■ “ t E T, 1 ■
2) 1./(x, t) et t H £(-t) sont continues .par morceaux sur I pour tout x E X,
3) il existe </?.: I —> R, continue.par mQpceaux et» intégrabje sur I telle que

alors
f f.(x, t) dt---- > [ ^(t,)tlt?
Jr x—ïa Jr
Dans cet énoncé, la troisième hypothèse qui est l’hypothèse de domination, peut être
remplacée par une hypothèse de domination valable seulement sur un voisinage de a.

8.2.3 Dérivation
Désormais, X désigne un intervalle de R non vide et non réduit à un point.
298 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

Définition
On dit qu’une fonction f : (x, t) >-» f(x, t) définie sur X x I admet une dérivée partielle
en la variable x si la fonction x »-> f(x, t) est une fonction dérivable pour chaque valeur
de t dans I.
On définit alors cette dérivée partielle en posant

Cette dérivée partielle se calcule en considérant la variable t comme un paramètre


constant.

Théorème 5
Soit /: (x, t) i—> f(xy t) une fonction de X x I vers K vérifiant :
1) t f (x, t) est continue par morceaux et intégrable sur I pour tout x G X.
Si f admet une dérivée partielle en la variable x vérifiant :
df, x
2) x —fir, 0 est continue sur X pour tout £ G Z,
ox

3) t —(x, t) est continue par morceaux sim I pour tout x E X,


ox
4) il existe ip : I —> R continue par morceaux et intégrable sur I telle que

V(x,t) EX x I,

alors la fonction F : x f(x,t) dt est de classe C1 sur X et, pour tout x G X,

F'^ “ / dx^X,€} àt.

En pratique, il n’est pas toujours possible d’obtenir l’hypothèse de domination sur l’inté­
gralité de l’intervalle X. Il est alors très fréquent d’employer ce théorème en raisonnant
plutôt sur tout segment [a ; b] inclus dans X. Cela permet d’obtenir que la fonction F est
de classe C1 sur tout [a ; b] inclus dans X, donc de classe C1 sur X.

8.2.4 Dérivation à l’ordre n

Définition
On dit qu’une fonction f : (z, t) f(x, t) définie sur X xi admet une dérivée partielle
d’ordre n G N en la variable x si x i-> est une fonction n fois dérivable pour
chaque valeur de t dans I.
On pose alors
dnf
(rr,t)
dxn
8.3 Exercices d’apprentissage 299

Théorème 6
Soit f: (x,t) >-> f(x, t) une fonction de X x I vers K.
On suppose que f admet des dérivées partielles jusqu’à l’ordre n — 1 en la variable x
vérifiant :
djf
1) tH est continue par morceaux et intégrable sur I pour tout x E X
et tout j E [0 ; n — 1]|.
Si f admet aussi une dérivée partielle à l’ordre n en la variable x vérifiant :

2) x ——(x,t) est continue sur X pour tout t E I,


oxn
dn f
3) 11-> -^—(xrt) est continue par morceaux sur I pour tout x E X,
4) il existe cp: I —> R continue par morceaux et intégrable sur I telle que

dxn

alors la fonction F est classe Cn sur X et, pour tout j E [1 ;nj et tout x E X,

L’hypothèse de domination porte uniquement sur la dérivée partielle ultime, les dérivées
partielles intermédiaires devant « seulement » être intégrables. Encore une fois, il sera
fréquent d’exploiter ce résultat en raisonnant, non pas directement sur l’intervalle X,
mais plutôt sur un segment [a ; b] arbitraire inclus dans X.

8.3 Exercices d’apprentissage


8.3.1 Convergence dominée

Lorsque l’on étudie une limite d’une suite d’intégrales, on peut échanger les symboles
limite et intégral :
— par convergence uniforme (Th. 10 p. 233) lors d’une intégration sur un segment ;
— par convergence dominée (Th. 1 p. 295) pour les intégrales généralisées ou non.

Exercice 1
Étudier les limites suivantes :
/•tt/2
1 4- 2sin(t/n)
l+fi dt f sinntdt.
o
300 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

Solution
(a) méthode
On commence par dénommer la suite de fonctions définissant les intégrales et
l’on étudie sa convergence simple.
Soit un : R —> R la fonction définie par
.. l + 2sm(t/n)
un(t) =----- :---- 75----- avec n G N .
1+
Pour t € R fixé, on a

. . 1 /1
un(t) = -1< +r.o
t* \
1 + 2 sm -

méthode
Il Puisque les fonctions un admettent une limite quand n croît vers l’infini, on
|| peut espérer que la limite de l’intégrale corresponde à l’intégrale de la limite.
Appliquons le théorème de convergence dominée. Par ce qui précède, on peut déjà
affirmer la convergence simple sur R de la suite de fonctions (un) vers la fonction Uqq
déterminée par
u°°^~ 1 + t2-
Les fonctions un et la fonction uœ sont continues par morceaux sur R. Il reste à obtenir
l’hypothèse de domination.
méthode
| Vérifier l’hypothèse de domination consiste à déterminer une fonction (p inté-
|| grable et s’exprimant indépendamment de n et majorant la fonction |un|.
Pour tout t réel et tout n G N*,

|1 + 2sin(t/n 3
1 + £2 r+t5=”(t)-

La fonction <p s’exprime indépendamment de n et est intégrable sur R car


, x 3
~
t—>±oo -7Ô avec 2> 1

Par convergence dominée, on peut affirmer que les fonctions u. et la fonction uæ sont
intégrables et

1 + 2sin(t/n) dt 7T 7T \
------ =• = arctan t
— oo 1 + t2 —oo 1 +12 L —oo 2
8.3 Exercices d'apprentissage 301

(b) Soit un : [0 ; 7r/2] —> R la fonction définie par

un(t) = sinn t avec n G N.

Par étude de la limite d’une suite géométrique, on a pour tout te [0 ; tt/2[

un(t) — (sint)
v '
n n--------
—>4-oo
>■ 0 car 1
Isint\1 < 1

et pour t = 7f/2
un(t) = ln-------- > 1.
n—>+oo

La suite de fonctions (un) converge simplement vers la fonction définie sur [0 ; tt/2]
par
/ x 0 si t G [0 ; 7t/2[
woo(i) = <
si t = tt/2.

Les fonctions un et la fonction uœ sont continues par morceaux. Reste à vérifier l’hypo­
thèse de domination.

méthode
Lorsque l’intégrale porte sur un segment [a ; b], il suffit de vérifier que les fonc­
tions un sont uniformément bornées pour vérifier l’hypothèse de domination.
En effet, les fonctions constantes sont intégrables sur les intervalles bornés.

Pour tout naturel n et tout t G [0 ; tt/2] ,

|sinn t\ C 1 =

La fonction s’exprime indépendamment de n et est intégrable. Le théorème de conver­


gence dominée s’applique1 et l’on peut affirmer

z.Tr/2 /'7r/2 f
lim / sinntdt= / / Odt = O.
rn-+ooj0 Jo J[0-,n/2[

1. Les fonctions un sont continues mais la limite simple ne l’est pas : la suite de fonctions ne converge
pas uniformément sur [0 ; tt/2]. Le théorème d’échange des symboles limite et intégral par convergence
uniforme ne peut pas s’appliquer à cette étude.
8.3 Exercices d’apprentissage 301

(b) Soit un : [0 ; 7r/2] —> R la fonction définie par

^n(^) — sin t avec n G N.

Par étude de la limite d’une suite géométrique, on a pour tout t G [0 ; tt/2[

un(t) = (sini)n >0 car Isinil < 1


7 n—>+oo 1 1

et pour t = 7t/2
Un(t) = 1" -------- > 1-
n—>+cx>

La suite de fonctions (un) converge simplement vers la fonction définie sur [0 ; tt/2]
par
, , f0 si t G [0 ; 7r
WooP) = <
Il SI t= 7T/2.

Les fonctions un et la fonction sont continues par morceaux. Reste à vérifier l’hypo­
thèse de domination.

méthode
Lorsque l’intégrale porte sur un segment [a ; b], il suffit de vérifier que les fonc­
tions un sont uniformément bornées pour vérifier l’hypothèse de domination.
En effet, les fonctions constantes sont intégrables sur les intervalles bornés.

Pour tout naturel n et tout t E [0 ; tt/2] ,

|sinn t\ < 1 = ç?(i).

La fonction s’exprime indépendamment de n et est intégrable. Le théorème de conver­


gence dominée s’applique1 et l’on peut affirmer

ce 2
Montrer
— dx:

1. Les fonctions un sont continues mais la limite simple ne l’est pas : la suite de fonctions ne converge
pas uniformément sur [0 ; tt/2]. Le théorème d’échange des symboles limite et intégral par convergence
uniforme ne peut pas s’appliquer à cette étude.
302 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

Solution
Soit n € N*. La fonction un : x h-> ne~x est définie, continue par morceaux sur [1 ; +oo[
et intégrable car négligeable devant x i-> 1/x2 quand x tend vers +oo. On peut donc
introduire l’intégrale
r+oo
j ne~x drr.

La suite de fonctions (ttn) converge simplement vers la fonction nulle sur ]1 ; +oo[ : une
application directe du théorème de convergence dominée ne pourra pas produire la limite
voulue1.
méthode
Lorsqu’une application directe du théorème de convergence dominée n’est pas
possible, on peut envisager une transformation de l’écriture de l’intégrale :
changement de variable, intégration par parties, découpage de l’intégrale,...
La présence du facteur n et du terme xn dans l’exponentielle invite au changement de
variable t = xn. La fonction x i-> xn est une bijection de classe C1 strictement croissante
de [1 ; +oo[ vers lui-même. Le changement de variable t = xn est donc possible et trans­
forme l’intégrale généralisée convergente en une autre intégrale, elle aussi convergente
(Th. 15 p. 51) :
r+oo n f+oo e-t i | i
/ ne~x dx — I ---- t™ dt car dx = — t"-1dt.
Ji Ji t n
Introduisons alors les fonctions un : [1 ; +oo[ —> R définies par

e—* i
un(t) —---- t” avec n G N*.
t
Soit t G [1 ; +oo[ fixé. On a

x f1 \
tn = exp -mt | -------- > 1.
y n—>+oo
La suite de fonctions (un) converge donc simplement vers la fonction : [1 ; +oo[ —> R
définie par
e~£
Woo(i) = , • b

Les fonctions un et Uoq sont continues par morceaux sur [1 ; +oo[ et, pour tout t G [1 ; +oo[
et tout n > 1,

|wn(i)| car t^~1 = exp^— — 1^ Int^ 1.

1. En fait, on ne pourra pas obtenir l’hypothèse de domination.


8.3 Exercices d’apprentissage 303

La fonction 7? s’exprime indépendamment de n et est intégrable sur [l;+oo[ car négli­


geable devant i i-> 1/t2 quand t tend vers +00. Par convergence dominée
y+oo n y+00 -t
lim / ne"1" dx = ---- dt.
n^+oo Ji t

8.3.2 Intégration terme à terme

Exercice 3
Montrer1
Ini

''■^RflBSSBSîS

Solution

méthode
Pour montrer qu’une intégrale est égale à une somme, on peut décomposer
en somme la fonction définissant l’intégrale et opérer une intégration terme à
terme.
Pour t E [0 ; 1[, on peut écrire par sommation géométrique de raison t

Pour t E ]0 ; 1[, on a alors


4-00
Ini
avec Un(t) = —tnlnt.
t- 1 n=0
méthode
On peut justifier une intégration terme à terme par convergence uniforme
(Th. 18 p. 238) lorsque l’intégration porte sur un segment2 ou par application
du Th. 2 p. 296, quel que soit le type d’intervalle sur lequel porte l’intégration.

Par les calculs qui précèdent, on peut assurer que la série de fonctions £2 un converge
simplement sur ]0 ; 1[ et sa somme est la fonction t ln(t)/(t — 1) que l’on a décompo­
sée. Les fonctions un et la fonction somme sont continues par morceaux sur ]0;l[. Les
fonctions un sont intégrables sur ]0 ; 1[ car

1. Connaissant 52^22 cette étude détermine la valeur (non triviale) de l’intégrale.


2. Voir par exemple le sujet 6 p. 249.
304 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

Il reste à vérifier l’hypothèse de « convergence de la série des intégrales des valeurs


absolues ».
Par une intégration par parties généralisée justifiée par l’existence de limites finies au
terme contenu dans le crochet, on a

Par équivalence de séries à termes positifs, on a bien la convergence de la série des


intégrales des valeurs absolues. On peut alors appliquer le théorème d’intégration terme
à terme et affirmer l’identité

un(t) dt

avec intégrabilité de la fonction déterminant l’intégrale dans le premier membre et absolue


convergence de la série exprimant le second membre. Cette identité donne ainsi1

et l’on conclut à l’égalité voulue par un glissement d’indice.

Solution
On décompose la fonction exprimant l’intégrale en somme géométrique. Pour te [0 ; 1[,
on peut écrire avec convergence de la série introduite
1 1 +o° +oo

ï^ = rrp3)=EoHT=E(-1)^
méthode
On souhaite opérer une intégration terme à terme mais la série exprimée dans
le premier membre de l’identité voulue n’est pas absolument convergente : on
ne peut pas appliquer le théorème Th. 2 p. 296. On raisonne alors par les
sommes partielles.
1. On justifie ici, certes un peu tardivement, l’existence de l’intégrale étudiée!
8.3 Exercices d'apprentissage 305

Soit N E N. Puisque la somme est finie, on peut échanger les symboles somme et
intégrale par linéarité
N , rl N -i 1 N n
2n

n=0 n=0
2n + 1 0 n—0
2n + l

Ainsi, et sous réserve de convergence, on peut écrire

lim f 2n dt.
2n + 1 n->4-00 Jq

méthode
Il s’agit ensuite d’étudier la limite en second membre : on peut raisonner par
convergence dominée (Th. 1 p. 295).
On pose
N
siAt) =
n=0
1 +t2

La suite de fonctions (Sjv) converge simplement vers la fonction St t i-> 1/(1 + t2)
sur [0 ; 1 [, les fonctions Sn et la fonction S sont continues par morceaux et, pour tout t
de [0 ; 1 [ et tout N naturel, on a
22V 4-2
2
1+t2
La fonction s’exprime indépendamment de N et est intégrable sur [0 ; 1 [ car on peut la
prolonger par continuité en 1. Par convergence dominée
1 r1 i J
------------- \------------------ ô
J
N—»4-oo q 1 —|— t dt.
0

L’identité (*) donne alors1 l’identité qui suit avec convergence de la série

y (-i)n . f1 1
^02n+l Jo l+t2^

On en déduit2
-i 1 7F
arctan t
n=0
2n+ 1 Jo 4

1. Plus généralement, on montre manière identique l’identité a-énb = fo i+t? dt valable pour
tous a et b réels strictement positifs.
2. Lorsque l’on connaît le développement en série entière de la fonction arctan, on peut aussi résoudre
ce sujet en faisant tendre la variable vers 1_.
306 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

8.3.3 Fonctions définies par une intégrale

Exercice 5
On étudie la fonction déterminée par
r+co Q—xt
f(x) = / -, , .q avec æ 0.
Jo 1*+ t
(a) Montrer que f est définie et continue sur R+.
(b) Déterminer la limite de f en +oo.

Solution

(a) méthode
Pour étudier une fonction définie par une intégrale, on commence par dénom­
mer la fonction de deux variables exprimant l’intégrale.
Introduisons u: R+ x [0 ; +oo[ —> R la fonction définie par

e~xt
“CM = ïTîï-

méthode
Par le théorème de continuité par domination (Th. 3 p. 297), on peut établir
simultanément que la fonction f est définie et qu’elle est continue sur R+.
Pour tout t G [0 ; +oo[, la fonction1 x i-> u(æ,t) est continue sur R+.
Pour tout x G R+, la fonction t u(a;,t) est continue par morceaux sur l’intervalle
d’intégration [0 ; +oo[.
Enfin, pour tout x G R+ et tout t G [0 ; +oo[, on peut écrire

La fonction s’exprime indépendamment du paramètre x et est intégrable sur [0 ; +oo[


car équivalente à t 1/t3 en +oo
Toutes les hypothèses du théorème de continuité par domination sont réunies et l’on
peut donc affirmer que f est définie et continue sur R+.

(b) méthode
En encadrant la fonction intégrée, on peut estimer une intégrale et en déduire
le comportement asymptotique.
1. Cette fonction pourra être exprimée u(., t) le point servant à spécifier la position de la variable. En
aucun cas on écrira « u(x, t) est continue » car il y aurait alors ambiguïté sur la variable en laquelle on
s’exprime !
8.3 Exercices d’apprentissage 307

Pour x > 0, on peut écrire


_
0 u(x,t) = ^—3 e~xt
1 +10
En intégrant en bon ordre cet encadrement, on obtient
e-xf|+o° !
x
Les deux membres encadrants sont de limite nulle en +00, on peut donc affirmer que f
est de limite nulle en +00.
méthode
On peut aussi résoudre cette limite en mettant en œuvre le théorème d’obten­
tion de convergence par domination (Th. 4 p. 297).
Pour chaque t G [0 ; +00 [, on a

e (0 si t > 0
«CM) = ÏT73
1 + t'3 æ—>+oo 1I 1! si t — 0.

La fonction l est continue par morceaux sur [0 ; +00[ et l’on a déjà affirmé que les fonc­
tions u(æ,.) sont continues par morceaux et la domination

|«(M)| < <^(t) = ——3 avec ç? intégrable.


On peut donc conclure à nouveau
p+oo />+oo
/(æ) = / u(x, t) dt-------- > / ^(t) dt — 0.
JO æ^+oo Jo

Exercice 6 g
On étudie la fonction / déterminée par g
[+o° ln(l + xt) |
f(x)= ~TT7ï~dt avec
Jo " 1 +:t
(a) Montrer que la fonction f est définie et continue sur R+. ’
(b) Justifier que la fonction f est de classe C1 sur RJj. et exprimer f'{x) à l’aide |
d’une intégrale.
(c) Calculer f'(x) en employant l’identité qui suit valable pour tout x > 0 et tout t
de [0;+oo[
t x+t x
(1 + a;t)(l +12) (1 + x2) (1 + t2) (1 + cr2)(l + xt)
308 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

Solution

(a) Soit u: R+ x [0 ; +oo[ -4 R définie par

Pour tout t e [0; +oo[, la fonction x i-> u(x,t) est continue et, pour tout x G R+, la
fonction t u(x, t) est continue par morceaux sur1 l’intervalle d’intégration [0 ; +oo[. Il
reste à obtenir l’hypothèse de domination.
Pour tout t > 0, on remarque

u(x, t)-------- > +oo.


x—>+oo

Il est donc impossible de déterminer <^(t) majorant u(x, t) indépendamment de x !


méthode
La continuité est une notion locale : en obtenant la continuité d’une fonction
sur tout segment de son intervalle de définition, on peut généraliser celle-ci à
l’intervalle entier.
Soit [a ; 6] C R+. Pour tout xE [a ; &] et tout t € [0 ; +oo[

i , ni ln(l+xt) ln(l + &i)


-ypj- = v’W-

La fonction ip s’exprime indépendamment2 de x et est intégrable sur [0 ; +00[ car

puisque t3/2(^(t) ~ > 0.


t^+00 yt3/2 y v t^+00 yï t->+oo

Par domination, on peut affirmer que f est définie et continue sur tout segment de R+
donc définie et continue sur R+.

(b) méthode
Le théorème de dérivation par domination (Th. 5 p. 298) permet de dériver
une fonction définie par une intégrale.
Pour chaque t G [0 ; +oo[, la fonction x i-> u(x, t) est dérivable sur R^_. La fonction u
admet donc une dérivée partielle en la variable x

du _ d Zln(l + xt) \ t
dx X' dx \ 1+t2 / (1 + a;t)(l + t2)’

1. Désormais, de façon concise mais peut-être abusive, on dira simplement que la fonction u est
continue en la variable x et continue par morceaux en la variable t.
2. En limitant la variable x à évoluer dans un segment, on est assuré par le théorème des bornes
atteinte que la fonction continue x ti(x,t) est bornée.
8.3 Exercices d'apprentissage 309

Cette dérivée partielle est continue en la variable x et continue par morceaux en la


variable t. Il reste à obtenir l’hypothèse de domination.
Pour tout x > 0 et tout t de [0 ; +oo[, on a

du t
dx 1 + xt 1 +t2 1 + t2 '

Malheureusement cette fonction de domination n’est pas intégrable sur [0;+oo[ car
seulement équivalente à la fonction inverse en +oo. De plus, on ne peut pas proposer une
meilleure inégalité car celle-ci devient une égalité quand x tend vers 0+.

méthode
La classe d’une fonction est une notion locale : en obtenant le caractère C1 sur
tout segment de l’intervalle de définition d’une fonction, on peut généraliser
celui-ci à l’intervalle entier.

Soit [a ; b] C R^_. Pour tout x E [a ; b] et tout t E [0 ; +oo[, on a

du. t . .
<(l + ai)(l+^)=*’W-

La fonction ip s’exprime indépendamment de x et est intégrable1 sur [0 ; +oo[ car

t^+oo at2 '

Par domination, on peut affirmer que f est de classe C1 sur [a ; 6] et, puisque ceci vaut
pour tout segment [a ; b] de R^_, on peut conclure que f est de classe C1 sur R^. Au
surplus, on peut écrire

/•+°° du r+°° t
f'(x) = / ïr(x,t)dt= / ----------------- rvdt.
V 1 Jo dxK } Jo (l + xt)(l + t2)

(c) Par l’écriture proposée

t _ x+t x
(1 + xt)(l 4-12) (1 + a;2) (1 +12) (1 4- z2)(l + xt)

(qui est une décomposition en éléments simples réelles en la variable t) on peut mener le

1. En réalisant la domination sur le segment [a ; b], il a été possible de maintenir l’intégrabilité en


conservant une « empreinte » de la variable x à travers la borne a.
310 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

calcul de f'(x)
X t x
YVi di
o
X 1
J- -T* 2
arctan t
Jo Jo
-KX 1 / i+i2 \r
nU+^)2J]0
TïX Inx
1 + X2

8.4 Exercices d’entraînement


8.4.1 Convergence dominée

Exercice 7 *
Pour n G N, on pose
f1 2r2n+1 Ina;
" = /0 ^-1 dæ
(a) Justifier l’existence de l’intégrale définissant Jn.
(b) Calculer Jn — Jn+i.
(c) En déduire l’identité

Solution
(a) Pour n 6 N, on introduit la fonction fn définie sur ]0 ; 1 [ par
x2n+1 Inx
/n(æ) x2 — 1
La fonction fn est continue par morceaux et prolongeable par continuité en 0 et 1 car
fn(x) ~ — rr 2,7+1 Ina;------ > 0
x—>0+ x—>0+
et
x2n+1 Inx (1 + h)2n+1 ln(l +/z) 1 1
’nX^ ~ x + 1 ’ x - 1 x=ï+h 2 + /z h x-n~> 2 X 1 ~ 2’
La fonction fn est donc intégrable sur ]0 ; 1[ et l’intégrale définissant Jn est bien conver­
gente.
8.4 Exercices d'entraînement 311

(b) Avec convergence des intégrales introduites, on peut écrire par linéarité
rl x2n+l _ x2n+3 rl
Jn ~ Jn+i = / ------ 0---------- lnrrdrr=;— / x2n+1 lna;dx.
Jo æ -1 Jo

On poursuit le calcul par intégration par parties avec

x2n+2
u(x) =---------- et v(x} = Inæ.
v ’ 2n + 2 v ’
Les fonctions u et v sont de classe C1 et le produit uv tend vers 0 aux deux bornes. Par
le théorème d’intégration par parties généralisée, on obtient
£.271+2 1 1 rl x2n+l I- x2n+2 l1
„2n+l 1 1
«1/ 2n + 2 lnæ 0 + 70 2n + 2 ~ _(2n + 2)2_ 0 4 (n +1)2
=0

(c) Il s’agit ici de calculer Jq.


méthode
|| Par une somme télescopique, on peut relier Jq à Jn.

Pour tout naturel n, on a


n—1
^(«lfc+1 *lfc) = Jn Jo-

k=0

On en déduit
n—1 1 n —1 i

«A) = “ Jk+l) + Jn = /, ,x2 + <7,


k=0 k=0 V "T '
Par glissement d’indice, on obtient la relation

T 1 V- 1
Jo-4Z^fc2 +J- (*)
fc=i

méthode
Il suffit ensuite de déterminer la limite de la suite (Jn) : on applique le théorème
de convergence dominée (Th. 1 p. 295).
Pour x € ]0 ; 1[, on a

Inz
fn(x) = x2n+1 X

constante
312 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

La suite de fonctions (/n) converge donc simplement vers la fonction nulle. Ces fonctions
sont continues par morceaux et, pour tout naturel n et tout x G ]0 ; 1[,

|/n(x)| = x2n |/o(æ)I |/o(æ)| =


«ci

La fonction 99 s’exprime indépendamment de n et est intégrable comme on l’a vu ci-


dessus. Par convergence dominée, on peut alors affirmer

lim Jn= 0 drr = 0.


n-++oo JQ

On peut alors passer la relation (*) à la limite et conclure1

4 A:=l
k2 4 n=l
n2 '

Exercice 8 *
Soit f: [0; 1] —> R une fonction continue. Etudier la limite quand n tend vers +00
de
/•1
0
Solution
Considérons la suite des fonctions un : [0 ; 1] —> R déterminée par un(t) =
Les fonctions un sont continues par morceaux et, par continuité de f en 0, on a pour
tout t de [0 ; 1],
/(O) sitG[0;l[
Un(t) <
/(l) si t = 1.
Les fonction un sont continues par morceaux sur [0 ; 1] et la fonction um aussi car c’est
une fonction en escalier.
méthode
On peut soupçonner que l’intégrale de un tend vers l’intégrale de la fonc­
tion uœ. Pour l’établir, il suffit d’obtenir une domination2.

La fonction f étant continue sur un segment, le théorème des bornes atteintes permet
d’introduire un réel M vérifiant |/(æ)| M pour tout x E [0 ; 1]. On a alors, pour t
dans [0 ; 1]
|wn(t)| = |/(tn) | < M =
1. Cette identité peut aussi être obtenue directement en opérant une intégration terme à terme après
avoir exprimé la fonction intégrée en décomposant 1/(1 — x2) en une somme géométrique de raison x2.
2. Un raisonnement par les e exprimant la continuité de f en 0 est aussi possible mais plus technique
à mettre en œuvre.
8.4 Exercices d’entraînement 313

La fonction ip s’exprime indépendamment1 de n et est intégrable sur [0 ; 1]. Par conver­


gence dominée (Th. 1 p. 295), on obtient

lim f
n->+oo Jo 0

Exercice 9 **
Soit f: [0;+oo[ —> & continue et intégrable. Déterminer la limite quand n tend
vers +oo de

Jo 1 +

Solution
méthode
Une application directe du théorème de convergence dominée n’est pas possible
car la limite de nf(nt) quand n tend vers l’infini n’est pas connue 2. Cependant,
l’expression étudiée invite à réaliser un changement de variable !
Soit n G N*. Par le changement de variable affine u = nt, on obtient

f(u)
du.
1 + u/n
méthode
S’il est désormais facile d’étudier la limite du contenu de l’intégrale, cette
nouvelle intégrale s’exprime sur un intervalle dépendant de n. On résout ce
problème en considérant une intégrale sur [0 ; +oo[ d’une fonction prolongée
par 0.
On introduit les fonctions fn définies sur [0 ; +oo[ par
( fw
si u E [0 ; n
fn(u) = h + u/n
lo si u E ]n ; +oo[
de sorte que

Soit u E [0 ; +oo[. Pour n assez grand, on a O u et donc

1 + ujn -------
M«) = n->4-00
/(«).

1. On aurait aussi pu affirmer que les fonctions un sont chacune continues, donc bornées, et intro­
duire M réel tel que |un| < M. Cependant, le réel M introduit lors de ce raisonnement dépend a priori
de n et ne peut donc définir une fonction de domination convenable !
2. Il se peut même qu’elle n’existe pas et l’hypothèse de domination ne pourra de toute façon pas
être obtenue à cause de la présence du facteur n.
314 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

La suite de fonctions (/n) converge simplement vers la fonction f. Ces fonctions sont
continues par morceaux et, pour tout u dans [0 ; +oo[, qu’il soit inférieur à n ou non, on a

Par l’hypothèse d’intégrabilité de /, la fonction ç? est intégrable et l’on peut appliquer le


théorème de convergence dominée pour affirmer

hm n / —-—- lim /
n-n-oo \ Jo 1 + t _>+00 Jo o

8.4.2 Intégration terme à terme

Exercice 10 *
Pour n e N* et t 6 ]0 ; +oo[, on pose un(t) = e~nt — 2e~2nt.
Montrer que les deux expressions suivantes existent mais que leurs valeurs diffèrent :

un(t)dt] et
n=l

Solution
Pour tout n e N*, la fonction un est définie et continue par morceaux sur ]0;+oo[.
Elle est aussi intégrable sur cet intervalle car
un(t)------ > —1 et t2un(t} = t2e~nt — 2t2e~nt » 0.
t—>o+ - / s ,

De plus, on peut calculer l’intégrale de un par l’introduction d’une primitive


1 1 1
_ -e~nt + —e~2nt = 0.
o n n Jo
On a donc immédiatement l’existence de la première des deux quantités proposées et
celle-ci est nulle. Etudions la seconde.
Pour t E ]0;+oo[, la suite (un(£))n>1 est la somme de deux termes géométriques de
raisons e-t et e~2t appartenant à ]0 ; 1[. La série des un(t) est donc convergente et l’on
peut en calculer la somme

22 e-2nt
n— 1
Ee-nt
71=1 72=1

Par glissement d’indice puis sommation géométrique

-2 22 e~2(n+1)t = e-i 22 e~nt E^2n‘


n=l n=0 n=0 n=0 n=0
e-f 2e~2t _ 1 2
1 — e-i 1 — e~2t e4 — 1 e2t — 1
8.4 Exercices d’entraînement 315

Enfin, après réduction au même dénominateur et simplification,

. e‘ -1 1
2^u^~ e2t_1 - et + 1-

La fonction correspondante est définie et continue par morceaux sur ]0 ; 4-oo[. Elle est
intégrable sur cet intervalle car on peut la prolonger par continuité en 0 et qu’elle est
négligeable devant t H 1/t2 en +oo. Ceci justifie l’existence de la deuxième quantité
proposée. Cependant, sa valeur1 n’est pas nulle car il s’agit de l’intégrale d’une fonction
continue et strictement positive sur ]0 ; +oo[.
• : / : <- ■ \ / - : . < > ■
Exercice 11 *
Établir l’identité
/'1É£=V —
Jo xx

Solution

méthode
On réalise une intégration terme à terme après avoir décomposé la fonction
intégrée à l’aide d’une somme exponentielle.
Par convergence de la série exponentielle, on peut écrire pour tout x E ]0 ; 1]

1 = e-æinz = (—l)n(ælna;)n
xx Z-'' n!
n=0
Sous réserve d’existence de l’intégrale, on a

/fxdx = /r 2^/n(a:)A dx
avec les fonctions fn définies sur ]0 ; 1] par

Z"W - n!
Par les calculs initiaux, la série de fonctions ^2 fn converge simplement sur ]0 ; 1] et sa
somme est la fonction intégrée. Les fonctions fn et la fonction somme sont continues par
morceaux. Les fonctions fn sont intégrables sur ]0 ; 1] car prolongeables par continuité
en 0. Il reste à vérifier l’hypothèse « de convergence de la série des intégrales des valeurs
absolues ». Pour n € N
fi/„W|dx= r ix=ht rx^xrdx.
Jo Jo Jo n- n- Jo
^0
1. Par le changement de variable u — e*, on montre que cette intégrale vaut ln2 (voir sujet 4 p. 59).
316 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

Par intégration par parties successives1, on obtient

|/n(z)|dz =
1 (n+l)n+1
J .
Ce terme est négligeable devant 1/n2 quand n tend vers l’infini et est donc le terme
général d’une série convergente. On peut alors appliquer le théorème d’intégration terme
à terme (Th. 2 p. 296) et affirmer l’identité qui suit avec convergence de l’intégrale et de
la série introduite
1 fl/+o° \ +°° / f1 \ +°° 1
Q = A(x)dæU£ - -+1.
X \n=0 J n=0V° /

Un glissement d’indice suffit alors à obtenir l’identité attendue.

Exercice 12 **
Établir l’identité
//'4“OO smi
4.
y-'
+oo
1
Jo
- y ■ ê^îdÉ- ^<^Tï'
■. n=l

Solution

méthode
On réalise une intégration terme à terme après avoir décomposé la fonction
intégrée grâce à une somme géométrique.
Pour t > 0, on a

Pour décomposer en somme le second facteur, on exploite l’identité géométrique


+oo
1
=E«”-

Cependant, cette identité n’est valable que pour un nombre q vérifiant |ç| < 1.
méthode
En factorisant le dénominateur par le plus grand des deux termes de la diffé­
rence, on peut se ramener à une écriture 1/(1 — ç) avec |g| < 1.
En factorisant le dénominateur par e4

1. Voir sujet 18 p. 73.


8.4 Exercices d'entraînement 317

Finalement, pour tout t > 0, on peut écrire avec convergence de la série introduite

sint
= £sin(t)e-”‘.
e* - 1
n—1

Pour opérer l’intégration terme à terme, introduisons les fonctions fn définies sur l’in­
tervalle ]0 ; +oo[ par
/n(t) = sin(i)e~nt avec n G N*.
Par les calculs qui précèdent, la série des fonctions fn converge simplement sur ]0 ; +oo[
et sa somme est la fonction intégrée de notre étude. Les fonctions fn et la fonction
somme sont continues par morceaux. Les fonctions fn sont intégrables sur ]0 ; +oo[ car
prolongeâmes par continuité1 en 0 et négligeables devant 11-> 1/t2 en +oo. Pour pouvoir
exploiter le théorème d’intégration terme à terme, il reste à vérifier la convergence de la
série de terme général

( |/n(t)|dt = [ |sint|e nt dt.


o Jo
méthode
Cette intégrale est délicate à calculer à cause de la valeur absolue du sinus qui,
pour être résolue, nécessite de découper l’intégrale en les kir avec k G N. On
peut cependant se contenter de la majorer en exploitant l’inégalité 2 classique
|sin t\ |t| valable pour tout t réel.

Par l’inégalité proposée, on écrit

dt.

Par une intégration par parties où le terme du crochet admet une limite finie en +oo, on
obtient
g—nt ' +°° 1
-t----- e-nt
n Jo n2

Ceci est le terme général d’une série convergente et donc, par comparaison de séries à
termes positifs, on peut affirmer qu’il y a convergence de la série des intégrales des valeurs
absolues des fonctions fn. Par théorème d’intégration terme à termes, on peut alors écrire
l’identité qui suit avec convergence de l’intégrale et de la série introduite
+o° / r+oo
sint dt = ( / sin(i)e-nt dt
ef — 1 n=i
1. La borne 0 est faussement généralisée et l’intégrale de fn peut être considérée sur [0;+oo[.
2. L’inégalité |sin t| < 1 n’est en revanche pas décisive car donne | fn(t) | dt < et la série des 1/n
diverge.
318 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

Les intégrales en second membre se calculent rapidement en transitant par les nombres
complexes 1
r+oo
1
( /
Jo
e(-n+i)idt
n2 + 1

Finalement, on obtient l’identité voulue

I/• + oo suit
• > +oo
_ y-A 11
Jo ë^l =£>n2 + l’

Exercice 13 **
Déterminer la nature de la série de terme général

r+o° dt
Un=L (ïLër avec 70

Solution
Introduisons les fonctions fn définies sur [0 ; +oo[ par fn(t) = 1/(1+t3)n■ Ces fonctions
sont continues par morceaux et intégrables sur [0 ; +oo[ car fn(t) équivaut quand t tend
vers +oo à l/i3n avec 3n > 1. Les intégrales définissant un sont donc bien définies pour
tout n 1.
Par sommation géométrique, la série des fonctions fn converge simplement sur ]0 ; +oo[
vers la fonction S donnée par

ç/ 1 - V 1 - 1 1 - 1

méthode
La fonction somme S n’est pas intégrable sur ]0 ; +oo[. Or, si le théorème
d’intégration terme à terme s’applique, celui-ci affirme l’intégrabilité de la
fonction S : l’une de ses hypothèses n’est donc pas vérifiée !
Les fonctions fn et la fonction S sont continues par morceaux sur ]0 ; +oo[ et les
fonctions fn sont intégrables sur ]0 ; +oo[. La seule hypothèse du théorème d’intégration
terme à terme à ne pas être vérifiée est donc celle de « la convergence de la série des
intégrales des valeurs absolues ». Ainsi, il y a divergence 2 de la série
r+oo _ r+oo
22y \Mt)\ dt = 22Jo AG)dt = 22Un-

1. Ces calculs sont détaillés dans le sujet 13 p. 67.


2. On peut approfondir l’étude de la suite (un) : par une intégration par parties, on peut déterminer
une relation de récurrence et par exploitation du lien suite-série montrer que tynun tend vers une limite t
strictement positive. Ceci permet de retrouver la divergence la série étudiée.
8.4 Exercices d’entraînement 319

8.4.3 Fonctions définies par une intégrale

Exercice 14 **

(a) Montrer la continuité de l’application définie sur ]0 ; +oo[ par

o
(b) Préciser ses limites en 0+ et +oo.
J
Solution

(a) méthode
L’intégrale définissant g(x) dépend de la variable à la fois au niveau de l’in­
tégrale et au niveau d’une borne d’intégration : on transforme l’écriture de
l’intégrale pour que la variable n’apparaisse plus qu’à l’un ou l’autre des deux
niveaux, mais pas les deux.
Soit x > 0. Par le changement de variable t = xs, on obtient la nouvelle écriture

f1 sinQrs) ,
f —------ ds.
0 1 +S

Introduisons alors la fonction f : ]0 ; +oo[ x [0 ; 1] —> R définie par

sin(xs)

La fonction f est continue en la variable x, continue par morceaux en la variable s et,


pour tout x E ]0; +oo[ et tout s E [0 ; 1], on a

|sin(a;s)|
L—------- 1 1 = ç?(s) avec g) intégrable.

Par domination, on peut conclure que la fonction g est définie et continue sur ]0 ; +oo[.

(b) méthode
|| La limite en 0+ de g peut s’obtenir par encadrement1 de g(x).

Pour x E ]0 ; -zr], l’inégalité triangulaire intégrale donne

1. On peut aussi utiliser le théorème de convergence par domination (Th. 4 p. 297).


320 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

On peut poursuivre en calculant exactement l’intégrale ou en se contentant de majorer


celle-ci. Pour 0 < x tt/2, la croissance du sinus sur l’intervalle [0 ; tt/2] donne

/ sin(xs)ds^ / sin x ds = sin x-------> 0.


Jo Jo æ->o+
Ainsi, on peut conclure que la fonction g tend vers 0 en 0+.
méthode
Pour obtenir la limite en +oo de g, on fait apparaître l’ordre asymptotique
de g(x~) à l’aide d’une intégration par parties.
L’intégration par parties déterminée par les fonctions de classe C1 suivantes
, . cos(rrs) , . 1
u(s) =----------- et u(s) =---------
' x v 7 1+s
donne
cos(xs) 1 f1 cos(xs) ,
= - / -vr-—777 ds.

Le terme entre crochet tend vers 0 quand x croît vers l’infini et le terme défini par
l’intégrale aussi car
f1 cos(æs) f1 |cos(xs)| ff 1 ds, = 1—
Jo x(l + s)' 'o 7iT7Fc o x
Finalement, la fonction g tend aussi vers 0 en +oo.

Exercice 15 ***

(a) Pour quels x de R l’intégrale qui suit existe-t-elle ?


y7r/2
/ sin^tdi.
Jo
On pose J(x) la valeur de l’intégrale ci-dessus lorsque celle-ci est définie.
(b) Montrer que la fonction f est continue et décroissante sur son intervalle de
définition.
(c) Calculer (x + l)/(x)/(x + 1) pour tout x > —1.
8.4 Exercices d’entraînement 321

Solution

(a) Soit u: R x ]0 ; tt/2] —> R la fonction définie par

u(x, t) = sinT t.

Pour tout x G R, la fonction t u(æ, t) est continue par morceaux sur ]0 ; tt/2] et

u(x.tï ~ tx = —— car sint ~ t.


' t—>0+ t~x t->o
Par comparaison à une intégrale de Riemann, la fonction t u(rr,t) est intégrable
sur ]0 ; tt/2] si, et seulement si, x > — 1.
méthode
La fonction intégrée étant positive, l’existence de l’intégrale équivaut à l’inté-
grabilité de la fonction intégrée.
On peut donc affirmer que l’intégrale définissant f(x) existe si, et seulement si, x > — 1.

(b) La fonction u est continue en la variable x et continue par morceaux en la va­


riable t. Soit [a ; 6] C ]0 ; +oo[. Pour tout x G [a ; b] et tout t G ]0 ; tt/2]

|u(a:,t)| = Isinbp |sini|a = car |sini| 1.

La fonction s’exprime indépendamment de la variable x et est intégrable sur ]0 ; tt/2].


Par domination, on peut affirmer que la fonction f est continue sur tout segment inclus
dans ]0 ; +oo[ et donc continue sur ]0 ; +oo[.
méthode
Pour obtenir la monotonie de f, on peut montrer par domination que f est
de classe C1 puis étudier le signe de sa dérivée. Ici, on peut plus simplement
obtenir la monotonie par composition d’inégalités.
Soit x < y dans ]0 ; +oo[. Pour tout t G ]0 ; tt/2] , on a

siny t < sinæ t car sint G ]0 ; 1].

Par intégration en bon ordre, on obtient


/■tt/2 ptt/2
/ sin^tdt^ / sinæ tdt — f(x).
Jo Jo
Ainsi, la fonction f est décroissante sur ]—1 ; +oo[.

(c) Notons 99 la fonction définie sur ] — 1 ; +oo[ par

9?(x) = (x + l)f(x)f(x + 1).


322 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

méthode
On commence par établir que la fonction ip est 1-périodique en obtenant une
relation entre f(x) et f(x 4- 2) par intégration par parties.
Soit x > — 1. Réalisons une intégration par parties avec

u(t) = — cost et u(t) = sinæ+1t.

Les fonctions u et v sont de classe C1 et le produit uv tend vers 0 en la borne 0. On peut


donc écrire
P7T/2 -17T/2 r^/2
I sina:+2 tdt = — cos t sinx+ t f cos2 tsinæ tdt.
o Jo o
=o

En écrivant cos2t = 1 — sin2 i, l’identité ci-dessus donne

f{x + 2) = (x + 1) (/(æ) - f(x + 2))

puis
(x 4- 2)f(x 4- 2) = (æ 4- l)/(x).
Enfin, en multipliant par f(x + 1), on obtient <p(x 4-1) = p(x). La fonction ip est donc
périodique de période 1.
méthode
On montre que la fonction <p est constante. On exploite pour cela la décrois­
sance de f et l’on projette le calcul de <p(x) à l’infini en considérant p(x 4- n)
avec n naturel croissant vers l’infini.
Soit x e [0 ; 1] et n E N. Par la décroissance et la positivité de f, on a l’encadrement

/(n 4- l)/(n 4- 2) f(x 4- ri)f(x 4- n 4-1) /(n)/(n + 1).

En multipliant cette inégalité par le facteur positif (x 4- n 4-1), on obtient

(x 4- n 4- l)/(n 4- l)/(n 4- 2) ip(x + n) < (x 4- n 4- l)/(n)/(n + 1).


=^(*+1) =^(n)

Par périodicité de la fonction <p, on parvient à l’encadrement


x 4- n 4-1 , ' x + n+l , .

On conclut alors p(x) = ç?(0) en passant à la limite quand n tend vers l’infini.
Finalement, la fonction ip est 1-périodique et constante égale à </?(0) sur [0; 1], elle est
donc constante sur ]—1 ; 4-oo[. Un calcul direct d’intégrales détermine la valeur de cette
constante
99(0) = 1 x /(O) x /(l) =
8.4 Exercices d’entraînement 323

Exercice 16 *
Etudier la définition et la continuité de la fonction F définie par

avec z e Q = {z G C | Re(z) > 0}.

Solution
Introduisons la fonction f: Q x ]0 ; 1] —> C définie par
.. . Int
/(z’t) = t77

La fonction f est continue en la variable z et continue par morceaux en la variable t.


méthode
Il n’est pas possible d’obtenir l’hypothèse de domination sur l’intégralité de Q :
on se contente d’obtenir celle-ci sur des domaines « suffisamment généraux ».
Soit a > 0 arbitraire et Qa = {z G C | Re(z) a}. Pour tout z G Qa et tout t G ]0 ; 1],
on a
I ni = IM =_______ IM_______ < IM < IM =
Mzl y(t + Re(z))2 +(Im(z))2 " |* + RM)| a

La fonction <p s’exprime indépendamment de z et est intégrable sur ]0 ; 1] car négligeable


devant t 1/y/t en 0. Par domination, on peut affirmer que la fonction F est définie
et continue sur Qa. Ceci valant pour tout a > 0, on peut conclure que F est définie et
continue en tout point de Q.

8.4.4 Calculs de fonctions définies par une intégrale

Exercice 17 * (Transformée de Fourier d'une fonction gaussienne)


Pour a; réel, exprimer simplement
r+°° 2 f+°°. 2 ./n
F(x) — e 4 e ltx dt sachant / e 1 dt = ——.
J-oo Jo 2

Solution

méthode
|| On commence par justifier la bonne définition de la fonction F.
Introduisons f: R x ]—oo ; +oo[ -à R définie par

fÇx,t)=e-t2e~itx.
324 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

Pour tout réel x, la fonction t f(x,t) est continue par morceaux et intégrable sur R
car
t2f(x,t} = t2e~t2 e~itx --------> 0.
< >y j t —>±OO
—>0 bornée

La fonction F est donc bien définie sur la droite réelle.


méthode
Un calcul direct n’étant pas possible, on dérive la fonction F afin d’obtenir
une relation « intéressante ».
Pour tout t G ]—oo;+oo[, la fonction x /(x,i) est dérivable. La fonction f admet
donc une dérivée partielle en la variable x
^-(x,t) = -ite-t2e~itx.
dx
Cette dérivée partielle est continue en la variable x et continue par morceaux en la
variable t. De plus, pour tout réel x et tout réel t
d£ = |J|e-'2 = |t|e-‘2 =
dx
=1
La fonction </? s’exprime indépendamment de x et est intégrable sur R car négligeable
devant t h-> 1/i2 quand t tend vers +oo et vers — oo. Par domination (Th. 5 p. 298), on
peut conclure que la fonction F est de classe C1 avec
f+°° 2
F'(x) = / —ite-t e~ltx dt.
J — oo
méthode
L’expression intégrale de F'(x) fait apparaître un facteur t devant e~* qui
2
permet d’intégrer celui-ci : on transforme l’écriture de F'(x) par intégration
par parties.
On réalise l’intégration par parties généralisée déterminée par
1 12

w(i) = — -e~ et n(i) = e-lta:.

Les fonctions u et v sont de classe C1 et le produit uv tend vers 0 en les deux bornes +oo
et — oo. On peut donc appliquer le théorème d’intégration par parties généralisée et écrire

On en déduit que la fonction F est solution de l’équation différentielle linéaire d’ordre 1


, 1
y + ^xy = o.
8.4 Exercices d’entraînement

La solution générale de cette équation différentielle s’exprime y{x) = Ae æ2/4 avec A G R.


Il existe donc un réel A tel que pour tout réel x

F(x) = Ae-æ2/4.

En prenant x = 0, on peut déterminer la valeur de A


y+oo 2 y+oo 2
A= / e t dt = 2 I e f dt = y/ïv.
J-oo parité Jq

Finalement1, pour tout réel x,

F(x) =
Exercice 18 ** |

Pour un réel x > —1, on pose

(a) Môntrçr .qùd la fonction f est biçn-idéfiniè Sur l’intervalle ]—1 ; +oo[.
(b) Justifier que la fonction est de classe C1 et calculer /'(x).
(c) En déduire une expression de l’aide des fonctions usuelles.

Solution

(a) Introduisons la fonction u: ]—1 ; +oo[ x ]0 ; 1[ -> R définie par

u(æ’‘) = ^-

Pour chaque x > —1, la fonction 1i-> u(x, t) est continue par morceaux et intégrable sur
l’intervalle ]0 ; 1[. En effet,

——-tx = (t — 1) —tx = o(tx) = of— avec —x< 1


Int v 7 Int t->o+ v ’ \t~x)
1 ->o

et
\—~tx ~ x (1 + W ~ T^x------ > 1-
Int t=i+h ln(l + h) t->i-n t->i-
La fonction f est donc bien définie sur ] — 1 ; +oo[.
1. L’expression obtenue est réelle : ceci était prévisible car la partie imaginaire de f est l’intégrale
d’une fonction impaire sur un intervalle symétrique par rapport à 0.
326 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

(b) Pour tout t e ]0;l[, la fonction x u(x,t) est dérivable. La fonction u admet
donc une dérivée partielle en la variable x

ÈM=
C/*Z/ Clvv \ LIA v J
~ 1)eæl"‘=(t -1)**-
Cette dérivée partielle est continue en la variable x et continue par morceaux en la
variable t. De plus, si [a ; b] désigne un segment arbitraire inclus dans ]—l;+oo[, on a
pour tout x e [a ; b] et tout t G ]0 ; 1[
du
= (1 - t)tæ sC tx ta = v’W-
di
La fonction cp s’exprime indépendamment de x et est intégrable car —a < 1. Par domi­
nation, on peut affirmer que la fonction f est de classe C1 sur tout segment [a ; b] inclus
dans ] — 1 ; +oo[ donc de classe C1 sur ] — 1 ; +oo[ avec

(c) Par intégration, il existe une constante C réelle telle que, pour tout x > — 1,
/w = ln(rn)+c'

méthode
|| Pour déterminer la valeur de C, on étudie1 la limite de f en +oo.

La fonction t (t — l)/lnt est continue sur ]0; 1[, tend vers 0 en 0 et vers 1 en 1 :
on peut la prolonger en une fonction continue sur le segment [0 ; 1]. Par le théorème des
bornes atteintes, on peut introduire le réel2

- ----1 .
M — sup t-
te]0;i[ Int

On a alors pour tout x > — 1


r1 t _ i f1
0^f(x) = / —— txdt^ / Mtxdt=—------------ >0.
JO < ln t Jq X + 1 x—>4-oo

Par théorème d’encadrement, on peut affirmer que la fonction f est de limite nulle en +oo
et donc C = 0.
Finalement, pour tout x > — 1,

1. Aucune valeur de f n’est évidente à calculer.


2. Une étude des variations de la fonction définissant la borne supérieure donne M— 1.
8.4 Exercices d'entraînement 327

Exercice 19 **
Pour x réel, on pose

7 X2 \ \

2+? r
(a) Montrer que F est définie et continue sur R.
(b) Montrer que F est de classe C1 sur ]0; +oo[.
(c) Déterminer une équation différentielle linéaire d’ordre 1 vérifiée par F sur l’in­
tervalle ]0 ; 4-oo [.
(d) En déduire une expression simple de F sur R sachant /0+°° e-*2 dt =

Solution
(a) Introduisons la fonction f : R x ]0 ; 4-oo[ —> R définie par
/ / x2
f(x,t) = expl -fi2 4-

La fonction f est continue en la variable x et continue par morceaux en la variable t.


Pour tout x G R et tout t G ]0 ; 4-oo[, on a
\f(x, t)| = e-t2 e-æ2/t2 < e-t2 = <p(t).

La fonction <p s’exprime indépendamment de x et est intégrable sur ]0 ; +oo[ car prolon-
geable par continuité en 0 et négligeable devant t i-> 1/t2 en 4-oo. Par domination, on
peut affirmer que la fonction F est définie et continue sur R.

(b) Pour tout t € ]0 ; +oo[, la fonction x f(x, t) est dérivable. La fonction f admet
donc une dérivée partielle en la variable x

df. . 2a; I ( ■> x2


-^-(x,t) = --3-expl - t2 + -y
ox t2 \ \ t2

Cette dérivée partielle est continue en la variable x et continue par morceaux en la


variable t. De plus, si [a ; 6] désigne un segment arbitraire inclus dans ]0 ; 4-oo[, on a pour
tout a; G [a ; b] et tout t G ]0 ; 4-oo[
df . x
m) 2b f 0,2 \
72 exP( -72 I
ox
La fonction s’exprime indépendamment de x et est intégrable sur ]0 ; 4-oo[ car de limite
nulle1 en 0+ et dominée par t 1/t2 en 4-oo. Par domination sur tout segment, on peut
1. En posant X = 1/t2, on voit une forme 2bX exp(—a2X) avec X de limite +00.
328 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

affirmer que F est de classe C1 sur ]0 ; +oo[ avec


r+°° 1 / / r2\\
F'(x) = -2x / -x exp I -1 t2 + -y ) j di.
7o t \ \ /y

(c) Soit x > 0.


méthode
|| On exprime F'(æ) en fonction de F(x) par un changement de variable.
Par le changement de variable u = x/t, on obtient
/*+°o / /r2 \\
F'(x) = —2 / exp I — ( —z- + u2 ) I du = — 2F(x).
Jo y \u /J
La fonction F est donc solution sur ]0 ; +oo[ de l’équation différentielle y' + 2y = 0.

(d) La solution générale de l’équation différentielle linéaire ci-dessus s’exprime


y(x) — Ae~2x avec À € R.
Il existe donc un réel A pour lequel F(x) = Xe~2x pour tout x > 0. En passant à la limite
quand x —> 0+, on obtient par continuité de F en 0

A = F^ = J^r+°° e-4di=Y-
a 2 /F
Sachant de plus que la fonction F est paire, on peut conclure1 pour tout réel x

Flz) =

8.4.5 Transformations intégrales

Exercice 20 * (Transformation de Fourier)


Soit f : R —> C une fonction continue par morceaux intégrable. On appelle transfor­
mée de Fourier de f l’application définie sur R par
f+oo
= / /(t)e’«dt.
J — oo
(a) Montrer que la fonction F(/) est définie et continue sur R.
Soit n E N. On suppose l’application 11-> tnf(t) intégrable sur R.
(b) Soit k E [0 ; n]. Montrer que la fonction t tkf(t) est intégrable sur R.
(c) Etablir que la transformée de Fourier F(/) est de classe Cn.

1. On trouvera dans le sujet 24 p. 80 une autre façon d’opérer ce calcul.


8.4 Exercices d’entraînement 329

Solution

(a) Introduisons u : R x R —> C la fonction définie par u(x, t) = /(i)e-ia:t de sorte que,
sous réserve d’existence,
r+oo
= / u(x,t}dt.
J — oo

La fonction u est continue en x, continue par morceaux en t et l’on a, pour tout x E R


et tout t E R,
h(æ,t)| = |/(t)| = <p(t).
La fonction étant intégrable, on peut affirmer par domination que est définie et
continue sur R.

(b) Soit k E [0 ; n] et t E R.

méthode
|| On compare tk et tn pour |i| > 1.

Si t 1, on a tk < tn donc |t*/(t)| = <*)/(<) | < tn (/(<)(• Par domination, la fonc­


tion 11-> tk f(t) est intégrable sur [1 ; +oo[ donc sur [0;+oo[.
Si t < —1, on écrit |t|fc |t|n donc tfc/(t)| |t|n |/(t)| et l’on conclut de la même
manière que f est intégrable sur ]—oo ; 0].

(c) On réunit les hypothèses du théorème de dérivation à l’ordre n (Th. 6 p. 299).


Pour tout k E [0 ; nj, la fonction u admet une dérivée partielle à l’ordre k en la variable x
nt
= (-i)fctfc/(t)e-^
oxK
Pour tout k E [0 ; n — 1J, cette dérivée partielle est continue par morceaux en la variable t
et intégrable car
=|tfc||/(t)|.

De plus, la dérivée partielle d’ordre n est continue en la variable x, continue par morceaux
en la variable t et l’on a la domination

= |*n||/(*)| = ¥>(*) avec (p intégrable.

On peut alors affirmer que est de classe Cn avec, pour tout k E |[0 ; n]|,
r+oo
= h)*/
J — oo
330 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

Exercice 21 * (Transformation de Laplace) j


Soit f: [0;+oo[ —> C une fonction continue et bornée. On appelle transformée de
Laplace de f l’application L(/) définie sur ]0 ; +oo[ par
r+oo

£(/)(*)=/
Jo
(a) Montrer que la fonction L(f) est bien définie et continue sur ]0 ; -f-oo[.
(b) Déterminer la limite de xL(f)(x) quand x tend vers +oo.
(c) On suppose que la fonction f admet une limite finie A en 4-oo. Déterminer la
limite de xL(f)(x) quand x tend vers 0+.

Solution
(a) Introduisons la fonction u: ]0 ; +oo[ x [0 ; +oo[ —> C définie par u(x,t) = /(t)e-:Et
de sorte que, sous réserve d’existence,
r+oo

L(J)(x) = / u(æ,i)di.
Jo
La fonction u est continue en la variable x et continue par morceaux en la variable t.
Soit [a ; b] un segment inclus dans ]0 ; +oo[. Pour tout x G [a ; b] et tout t G ]0 ; +oo[
|u(æ,t)| = |/(t)|e~a:t Me~at = avec M— sup |/|.
[0;+eo[

La fonction ip s’exprime indépendamment de x et est intégrable sur [0 ; +oo[ car négli­


geable devant t H 1/i2 en +oo puisque a > 0. Par domination sur tout segment, on peut
affirmer que L(f) est définie et continue sur ]0 ; +oo[.

(b) méthode
Il Le facteur x devant l’intégrale et le terme xt de l’exponentielle invitent à
|| réaliser un changement de variable.
Par le changement de variable s — xt, on a
r+°° ( s\
= f\ - Je Sds.
Jo \x J
On étudie la limite de cette intégrale en réunissant les hypothèses du théorème de conver­
gence par domination (Th. 4 p. 297).
Introduisons la fonction v: ]0 ; +oo[ x [0 ; +oo[ —> C définie par
z \ p f S \ _g
v(x,s) = f - e .
\æ )
Soit s G [0 ; +oo[ fixé. Par continuité de f en 0, on a
u(z,s)-------- > J(0)e~s = £(5).
x—> + oc
8.4 Exercices d’entraînement 331

Les fonctions s •-» v{x, s) et la fonction s >-> ^(s) sont continues par morceaux et, pour
tout x G ]0 ; +oo[ et tout s G [0 ; +oo[, on a

s = tp(s') avec cp intégrable.

Par domination, on peut conclure

I v(x, s) ds = /(O).
0 >7»
(c) L’étude est en tout point identique à la précédente avec cette fois-ci pour fonction
limite
Ae s si s > 0
/(0) si s = 0.
On conclut
W)(z)

8.4.6 Applications au calcul d'intégrales

Exercice 22 ** (Calcul de l’intégrale de Gauss)


Soit f : [0 ; +oo[ —> R la fonction définie par
rl p-x(l+t2)

(a) Montrer que / est dérivable sur [0;+oo[ et exprimer f(x) par une intégrale.
(b,) Calculer /(O,) et étudier la limite de f en +oo.
On note g l’application, définie sur [0 ; +oo[ par la relation g(x) = /(æ2)-
(c) Montrer que, pour tout æ > 0,
•x \2
e’M =4-

(d) Conclure
I _+2 , V 7T
r e dt = —
o 2

Solution
(a) Introduisons la fonction u-. [0 ; +oo[ x [0 ; 1] —> R définie par
e-x(l+i2)
332 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

Pour chaque x G [0 ; +oo[, la fonction t u(x, t) est continue par morceaux donc
intégrable sur le segment [0 ; 1] et la fonction f est bien définie sur [0 ; +oo[.
Pour chaque t E [0 ; 1], la fonction x u(x, t) est dérivable. La fonction u admet donc
une dérivée partielle en la variable x

dx
Cette dérivée partielle est continue en la variable x et continue par morceaux en la
variable t. De plus, pour tout x E [0 ; +oo[ et tout t E [0 ; 1], on a

O=
dx

La fonction y? s’exprime indépendamment de x et est intégrable sur le segment [0 ; 1]. Par


domination, on peut affirmer que / est de classe C1 avec

f'(x) = [ ^(x,t)dt = - [ e-x(1+t2) dt.


Jo ux JQ

(b) Par un calcul direct

dt 11 7T
/(0) = arctan t
1 +t2 Jo 4

méthode
|| Par encadrement \ on peut obtenir la limite de f en +oo.

Pour x 0 on a
f1 e-Xt2 fl
Q^f{x)= / e-æ—— dt^ / e~x dt = e~x -------- >0.
Jo i+Ü •'o x—>+oo

On en déduit que la fonction f tend vers 0 en +oo.

(c) méthode
On vérifie par dérivation la constance de l’expression définissant le premier
|| membre.
Par composition, la fonction g est de classe C1 sur [0 ; +oo[ avec

g'(x) = 2xf'(x2) = -2x [ e"æ2(1+t2) dt.


Jo
1. On peut aussi obtenir cette limite par domination mais c’est un peu plus long.
8.4 Exercices d’entraînement 333

Par dérivation d’une primitive et d’une forme u2 en 2u'u, on a aussi

On en déduit

dij J = -2x J e~x2(1+t2^ dt + 2e~x2 J e-*2 di.

Cette dérivée est nulle car le changement de variable t = xu fournit l’identité

r ^dt = X f1 e~x2u2 du.


Jo Jo
Ainsi, l’expression en premier membre de l’identité voulue est constante et son évalua­
tion en 0 détermine la valeur de cette constante : tf/4.

(d) Pour x 0, l’intégrale en premier membre étant positive, on peut écrire

/7F
F
o
Avec convergence de l’intégrale écrite, on conclut

/ _f2 , V71’
' dt=v

Exercice 23 *** (Calcul de l'intégrale de Diriqhlet)


On considère les fonctions 7 ' ci G "d’une xariable réelle délinias par
8.4 Exercices d’entraînement 333

Par dérivation d’une primitive et d’une forme u2 en 2fou, on a aussi

e -tc 2

On en déduit

_d_ fx \2 \ r1 rx
/ e-t di) I = —2x / e“x2(1+f2) dt + 2e-a;2 / dt.
dx
( Jo / 1 Jo Jo

Cette dérivée est nulle car le changement de variable t = xu fournit l’identité

2 2

~x u du.

Ainsi, l’expression en premier membre de l’identité voulue est constante et son évalua­
tion en 0 détermine la valeur de cette constante : tt/4.

(d) Pour x 0, l’intégrale en premier membre étant positive, on peut écrire

-------------- >
x—>+oo

Avec convergence de l’intégrale écrite, on conclut

Exercice 23 *** (Calcul de l’intégrale de Diriçhlet)


On considère les fonctions F et G d’une variable réelle définies par
e-^
sint ,
^--dt.
334 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

Solution
(a) Pour étudier la fonction F, on introduit la fonction f: R+ x [0 ; +oo[ -> R définie
par

La fonction f est continue en la variable x et continue par morceaux en la variable t. De


plus, pour tout x G R+ et tout t G [0 ; +oo[, on a
p-æt -I
= rn? « ïtts =*’«•

La fonction s’exprime indépendamment de x et est intégrable sur [0 ; +oo[ car

Par domination, on peut affirmer que la fonction1 F est définie et continue sur R+.
L’étude de la fonction G est plus délicate, ne serait-ce que pour en justifier la bonne
définition 2.
méthode
Par intégration par parties, on exprime g(x\ à l’aide de l’intégrale d’une fonc­
tion intégrable.
Soit x G R+. On opère une intégration par parties généralisée 3 avec les fonctions

u(t) = 1 — cost et v(t) =------ .


x +1
Les fonctions u et v sont de classe C1 et le produit uv admet une limite finie en chacune
des bornes4 0 et +oo. Sous réserve de convergence de l’une des deux intégrales, on dispose
de l’identité
f+°° sint , fl —costl+°° /’+oo1- cost , , .
Jo x+t [ x + t Jo Jo (z + t)2
=o
Introduisons alors la fonction g : [0 ; +oo[ x ]0 ; +oo[ —> R définie par
. . 1 — cos t

La fonction g est continue en la variable x et continue par morceaux en la variable t. De


plus, pour tout x G [0 ; +oo[ et tout t G ]0 ; +oo[, on a
I . .| 1 — cos t 1 — cos t , .

1. La fonction F est une transformée de Laplace, voir sujet 21 p. 330.


2. L’intégrale définissant g(x) n’est en fait que semi-convergente.
3. Pour cette intégration par parties, on choisit la primitive u de sorte qu’elle s’annule en 0 ce qui
simplifie significativement l’étude.
4. La borne 0 n’est en fait impropre que lorsque x = 0.
8.4 Exercices d’entraînement 335

La fonction p s’exprime indépendamment de x et est intégrable sur ]0 ; +oo[ car

-t2 1 (1 \
<^(t) t—~>0+ ---------
t2 t—ïO+ 2
> ô et —
t—>+oo
OI
\£2/
).

Par domination, on peut conclure que l’intégrale en second membre de la relation (*)
converge et détermine une fonction continue de la variable x. On en déduit que la fonc­
tion G est elle aussi définie et continue sur [0 ; +oo[.

(b) Commençons par l’étude de F en introduisant à nouveau la fonction f de la


résolution précédente.
Pour chaque t Ç. [0 ; +oo[, la fonction x >-» f(x, t) est deux fois dérivable. La fonction f
admet donc des dérivées partielles en la variable x

df_
et t) -
dx i + t2 +

Pour chaque x e les fonctions t 1-4- f(x,t) et t sont continues par


morceaux et intégrables sur [0 ; +oo[. En effet, pour la première, cela a déjà été vu ci-
dessus, et pour la seconde, il suffit de constater qu’elle est négligeable devant tH 1/t2
quand t croît vers l’infini.
Aussi, la seconde dérivée partielle est continue en la variable x et continue par morceaux
en la variable t. De plus, si [a ; 6] désigne un segment arbitraire inclus dans , on a pour
tout x & [a ; à] et tout t G ]0 ; +oo[

d2f t2
dx2 (M)
e~xt e~at = p(t).
1 + t2

La fonction p s’exprime indépendamment de x et est intégrable sur [0 ; +oo[ car négli­


geable devant t i-> 1/t2 quand t tend vers +00. Par domination sur tout segment, on
peut affirmer que la fonction F est définie et de classe C2 sur avec

t2e xt
F // dt.
1 + t2
Enfin, on a par un calcul direct

Pour l’étude de la fonction G, nous allons plutôt transformer son écriture en commen­
çant par réaliser le changement de variable u = x + t

sinfu — x) ,
—--------- du.
u
336 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

En développant le sinus, on obtient par linéarité


/*+o° sinu . f+co cosu
G(aJ = cosa: / ----- du-sinr / ------ du
/_X u 'JGu
X

où les deux intégrales introduites convergent1 pour x > 0.


Les termes intégrales sont, au signe près, des primitives des fonctions intégrées. Ces
dernières étant de classe C°° sur ]0 ; +oo[, la fonction G y est aussi de classe C°° avec

. f+o° sinu , sin a; [+°° cosu . . cos a;


G (x) = — sin x / ----- du — cos x x--------- cos x / ------ du + sin x x -------
Jx u x Jx u x
f+o° sinu f+°° cosu ,
= — sm x / ----- du — cos x / ------ du
Jx JX
et
. f+°° sinu , sina: . f+°° cosu , cosa;
G ( x ) = — cos x / ----- du + sm x x-------- F sm x / ------ du + cos x x -------
Jx u x Jx u x
9.9
cos a; + sm a; .
-i
1 .
=--------------------- G(x) =----- G(x).
x x
La fonction G est donc bien solution de l’équation différentielle proposée2.

(c) méthode
On vérifie que les fonctions F et G sont de limites milles en +oo et que leur
différence est solution d’une équation différentielle simple à résoudre.
D’une part, la fonction F tend vers 0 en +oo car

x æ—>+oo

D’autre part, la fonction G tend aussi vers 0 en +oo car


sinu cosu ,
G (F) = cos a; ----- du — sm x ------ du.
u u
bornée >0 bornée >0
Par différence, la fonction F — G tend vers 0 en +oo. Or cette fonction est solution
sur ]0 ; +oo[ de l’équation différentielle linéaire à coefficients constants y" + y = 0 dont
la solution générale s’exprime

y (F) — X cos x + y sin x avec (A, /a) e R2.


1. On peut l’établir par des intégrations par parties analogues à celles qui précèdent.
2. A l’inverse, la méthode de la variation des constantes (voir Th. 11 p. 414) permet de trouver
l’expression de G à partir de l’équation différentielle.
8.4 Exercices d’entraînement 337

On en déduit que la fonction F — G est nulle, d’abord sur ]0 ; +oo[ puis sur [0 ; +oo[
par continuité. En particulier,

dt +oo 7T
dt = G(0) = F(0) arctan t
1 + t2 0 2’

Exercice 24 ** (Intégrales de Fresnel)


On donne1
r°° dt _ 7F { e~'dt=^
Jo t4 +1 “ 2y/2
Pour x un réel, on pose
r+°° P-(t2+i)x2

(a) Montrer que F est continue sur R et déterminer sa limite en +oo.


(b) Montrer que F est de classe C1 sur ]0 ; +od["et exprimer F'(x) pour x > 0.
(c) En déduire la convergence ainsi que les valeurs de
Uh ’ ’.iv- <*' ’ ">• -‘■fî•

o ô

Solution
(a) On introduit la fonction / : R x [0 ; +oo[ —> C définie par
p—(t2+i)æ2

La fonction f est continue en la variable x et continue par morceaux en la variable t. De


plus, pour tout x G R et tout t G [0 ; +oo[, on a
+2~2 i|plX«2 iI
t X _—t .2X 2 1
|/(o:,t)| = —r——*—;—- = . . = </?(t).
71 |t2+i| Vt*+Î x/FTï

La fonction <p s’exprime indépendamment de x et est intégrable sur [0 ; +oo[ car


1
9?(t)

Par domination, on peut conclure que la fonction F est définie et continue sur R.
Aussi, pour x > 0,
e-(t2+i)æ2
_-.1_ e-t2æ2 I dt.
o t2 + i o VFTî 0

1. Ces intégrales sont calculées dans le sujet 21 p. 76 et le sujet 22 p. 331.


338 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

Par le changement de variable u = tx, on obtient

. , 1 f + °° _ 2
F(x) ^ - / e u du-------- > 0.
X Jq æ-> + oo

La fonction F est donc de limite nulle en +oo.

(b) Pour tout t G [0 ; +oo[, la fonction x »-> f(x, t) est dérivable sur ]0 ; +oo[. La
fonction f admet donc une dérivée partielle en la variable x

ÿ-(x,t) = -2xe-^t2+^x2.
dx
Celle-ci est continue en la variable x et continue par morceaux en la variable t. De plus,
si [a ; b] désigne un segment arbitraire de on a pour tout x G [a ; 6] et tout t E [0 ; +oo[

df, x
dx CM
TT = 2xe~t2x2 sC 2be~a2t2 = <p(t).
La fonction p s’exprime indépendamment de x et est intégrable sur [0 ; +oo[ car elle est
négligeable devant t 1/i2 en +oo puisque a > 0. Par domination sur tout segment, on
peut affirmer que F est de classe C1 sur avec
/•+00 r-l-oo

F'(x) = / -2xe-^+i)x2 dt = -2e-iæ2 / ze”^2 dt.


Jo Jo
Par le changement de variable u = tx, on peut finir d’exprimer F'(x) sur ]0 ; +oo[
/■ + oo
. 2 / 2 ___ • 2

F'(æ) = —2e“ix / e~u du = -\Æe~ia: .


Jo

(c) méthode
Il L’intégrale de F' sur ]0 ; +oo[ converge car F admet des limites finies en 0+
|| et +oo.
On obtient

= limF — limF = —F(0).


+oo 0

Ainsi, on obtient l’identité qui suit avec convergence de l’intégrale en premier membre

En multipliant par la quantité conjuguée

f+o0 1 , f+o° t2 - i , f+°° t2 , [+°° 1 ,


/ —■ dt — — - dt — / — dt - i ---- - dt
Jo t2 + 1 Jq t4 + 1 J q t4 + 1 Jq t4 + 1
8.4 Exercices d'entraînement 339

avec convergence des intégrales introduites. L’énoncé donne

I dt -
o t4 + 1 ~ 2\/2
méthode
A l’aide d’un changement de variable, on relie les intégrales
1 r+00 .2
f -- 7dt
Jo 0 *4 + 1
Le changement de variable u — 1/t donne

f+ca t2 [ - *
0 *4 + l 0 u4 +1 2\/2
On peut alors conclure
/ -ix2 J V 77 • V71"
f e dx =—7= — i ^.
0 2V2 2V2
En considérant la partie réelle et la partie imaginaire, il vient

v7r
0 0 2?^
avec convergence des intégrales écrites.

8.4.7 La fonction T d’Euler

Exercice
■ '
25 ** jï
. 6
(a) Pourquels x réels peut-on introduire l’intégrale suivante ? |
/•+00 ?
r(x) = /
Jo j
' ■ i
(b) Montrer que la fonction T est continue sur son intervalle de définition. j
(c) Vérifier r(x + 1) = xF(x) pour tout x > 0. !
(d) Exprimer simplement T(n) pour n e N*. J

Solution

(a) méthode
L’exposant de t pouvant être négatif, l’intégrale est généralisée en ses deux
bornes.
340 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

Soit x 6 R. La fonction 7æ : t i—> tx xe 4 est définie et continue par morceaux sur


l’intervalle ]0 ; +oo[. Pour toute valeur de x, elle est intégrable sur [1 ; +oo[ car

t27æ(t) = iæ+1e-4 — exp(—t + {x + 1) Ini) -—-—> 0.


-o(t)

Aussi, par référence à une intégrale de Riemann,

^x(t) = tæ-1 e~t ~ tx~1 = — est intégrable sur ]0 ; 1] <=> 1 — x < 1.


t1 x
->i
On en déduit que la fonction 7æ est intégrable sur ]0 ; +oo[ si, et seulement si, x > 0.
méthode
La fonction 7^ étant positive, l’intégrabilité équivaut à la convergence de l’in­
tégrale.
La fonction T est donc définie sur R^_.

(b) Introduisons g : R^ x ]0 ; +oo[ —> R la fonction définie par

g(x,t) = tx~1e~t.

La fonction g est continue en la variable x et continue par morceaux en la variable t.


Soit [a ; 6] un segment arbitraire inclus dans R^_. Pour tout x E [a ; à] et tout t G ]0 ; +oo[,
on veut dominer
\g(x, i)| =
méthode
Pour majorer tx-1 = e(a;-i)int, on discute selon le signe de Int, c’est-à-dire
selon la position relative de t vis-à-vis de 1.
Si t 1 alors Int 0 et tx~1 < t6-1. En revanche, si t 1, Int < 0 et tx~l < ta-1.
Dans les deux cas, on peut affirmer tx~l C t“-1 +16-1 et donc

\g(x, t)| = (ta-1 +?-1)e-4 =

La fonction s’exprime indépendamment de x et est intégrable sur ]0 ; +oo[ car c’est la


somme de deux fonctions intégrables, l’une définissant P(a), l’autre F (6). Par domination
sur tout segment, on peut conclure que la fonction T est continue sur R^.

(c) méthode
La relation peut être obtenue par une intégration par parties généralisée ou,
assez directement, en calculant l’intégrale exprimant la différence des deux
membres1.

1. Cela revient en fait à redémontrer la formule d’intégration par parties.


8.4 Exercices d’entraînement 341

Pour tout x > 0, on a

x. Æ-1 -tæ)e-'dt = tæe-' =0


o Jo
ce qui donne la relation voulue.

(d) Soit n 1. La relation précédente permet d’exprimer T(n) en fonction de T(n —


puis de T(n — 2), et ainsi de suite jusqu’à T(l) que l’on sait calculer directement.

l)r(n-l)
l)(n - 2)r(n - 2) = •••
l)(n - 2) x • • • x 1 x r(l)

avec

f e 4 dt = — e-t = 1.
o Jo
On peut conclure

r(n) = (n — 1)!

Exercice ** (Fprjnule d’Euler-Gauss)


On reprend la fonction T étudiée dans le sujet précédent. Soit x un réel strictement
positif.
(a) Justifier
rn / f\n
lim Jq/. t®-1 (1---
r(æ) =n->+oo nJ
) dt.

(b) En déduire la formule d’Euler-Gauss


nxn\.
r(x) lira

Solution
(a) méthode
On étudie la limite des intégrales d’une suite de fonctions définies sur ]0 ; +oo[
en prolongeant par 0 la fonction intégrée.
Pour n 6 N*, introduisons la fonction un : ]0 ; +oo[ —> R définie par
/ nn
{
0
tx 1\1 1----
nJ
) si t E 10 ; n]
si t E ]n ; +oo[
342 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

de sorte que, sous réserve d’existence,

I tx~x t\\
1---- I dt = /f
0 nJ Jo

Nous allons appliquer le théorème de convergence dominée à l’étude de cette suite


d’intégrales. Soit t G ]0 ; +oo[ fixé. Pour n > t, on a

/ + \n ( / +
Unit) = tx~1 I 1---- ) = tx~1 expl nlnl 1------ ■» = 7(t).
k n/ \ k n

Les fonctions un et la fonction 7 sont continues par morceaux. Pour t E ]0 ; +oo[ et n G N:


avec t < n, l’inégalité classique ln(l + u) < u valable pour tout u > — 1, donne

/ t\n [ f t
k
æ-1 11---- 1 = tx~l exp I n In I 1------
n/ \ k n
= 7(t).
—t/n

Cette inégalité est aussi valable si t n car un(t) est alors nul. La fonction 7 étant
intégrable1, on peut affirmer par le théorème de convergence dominée

Jo
0 Jo

(b) On résout cette question en vérifiant


rn / + \n nxn\
( iæ-1 (1 — — ) di =
0 \ nJ
=In{x)

Réalisons l’intégration par parties généralisée déterminée par

tx ( t\n
u(t) = — et = I 1---- ) .
x \ nJ

Les fonctions u et v sont de classe C1 et le produit uv tend vers 0 en la borne 0. Le


théorème d’intégration par parties permet alors d’affirmer

=0

1. Voir sujet 25 p. 339.


8.5 Exercices d’approfondissement 343

En répétant des intégrations par parties analogues, on obtient

1 n(n — 1)
In(x) =
x(x + 1) n2
1
x(x + 1)... {x + n - 1)
Or
x ^.x+n nx+n
dt =
x+n x+n
et, finalement, on a bien
T)3'Tl 1

8.5 Exercices d’approfondissement

Exercice 27 ** |
Soit (an) une suite croissante de réels strictement positifs de limite +oo. Justifier
l’égalité
/>+oo Z+00 \ +°° (_l\n I

/ K(-1)ne“an
\n=0 / n=0 ttn ] I
Solution
Commençons par justifier que la fonction
+oo
S:zh£(-1)Vv
n—0

est définie et continue sur ]0 ; +oo[. Introduisons fn : ]0 ; +oo[ -> R définie par

/n(^) = (—l)ne~“na: avec n G N.

Pour tout x > 0, la série numérique converge en vertu du critère spécial des
séries alternées :

fn(x) = (—l)n|yn(rr)| et |/n(a;)| décroît vers 0.

La série de fonctions fn converge donc simplement sur ]0 ; +oo[ et l’on peut introduire
la fonction somme S définie sur ]0 ; +oo[. De plus, le critère spécial des séries alternées
permet de borner le reste de la série par le premier terme qui l’exprime
+oo
|#n(æ)| =
fc=n+l
344 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

Ainsi, pour a > 0 arbitraire, on peut écrire pour tout x G [o ; +oo[

|Æn(z)| ^e-a^1Q.

Ce majorant uniforme étant de limite nulle, la série de fonctions ^2 fn converge unifor­


mément sur tout intervalle [a ; +oo[ avec a > 0. Les fonctions fn étant continues, on peut
conclure que la fonction somme S est définie et continue sur ]0 ; +oo[.
Il s’agit maintenant d’opérer une intégration terme à terme.

méthode
Il est douteux que la série des intégrales converge absolument : on ne peut
donc pas appliquer le théorème d’intégration terme à terme du cours. On
réalise alors l’intégration terme à terme en revenant aux sommes partielles.

On introduit les sommes partielles Sn définies sur ]0 ; +00[ par


n

fc=0

Les fonctions Sn sont continues par morceaux et la suite (Sn) converge simplement vers S
elle-même continue par morceaux. En vertu du critère spécial des séries alternées, on a
pour tout x > 0
0 Sn(x) SQ(x) = e~a°x = <p(æ).

La fonction <p est intégrable sur ]0 ; +00[ car a0 > 0. Par convergence dominée, on peut
affirmer
r+00 r+00
/ Sn(x)dx-------- > / S(x) dx (*)
JO n—^+oo JQ

avec convergence des intégrales écrites. Or par linéarité

avec convergence de la série écrite.


8.5 Exercices d’approfondissement 345

Exercice 28 ** (Une fonction de Bessel)


Soit
f:x*-> — f cos(zsin0) d0.
k Jo
(a) Montrer que f est définie et de classe C2 sur R.
(b) Déterminer une équation différentielle linéaire d’ordre 2 dont f est solution.
(c) Montrer que f est développable en série entière sur R.
(d) Exploiter l’équation différentielle précédente pour calculer les coefficients de ce
développement.

Solution

(a) Soit u : R x [0 ; %] —> R la fonction définie par

u{x,0} = cos(æsin0).

Pour chaque 0 E [0 ; tt], la fonction x u(x,0) est deux fois dérivable, la fonction u
admet donc des dérivées partielles en la variable x

d'n,
—(x,0) = — sin 0 sinfa; sin 0} et 7—77 (x, 0) = — sin2 0 cos(x sin 0).
dx dx2
La fonction u et les deux dérivées partielles ci-dessus sont continues en x et continues
par morceaux en 0.
Pour chaque a? G R, les fonctions 0 u(x,0) et 0 i-> ^(x,0) sont intégrables sur le
segment [0 ; 7r] car continues par morceaux. Enfin, pour tout x G R et tout 0 G [0 ; 7r]

d2u
d^x'e) 1 = ¥>(0) avec 99 intégrable sur [0 ; tt] .

Par domination, on peut affirmer que la fonction f est de classe C2 avec


1 p 1 /‘7r
f'(x) —---- / sin 0 sin(x sin 0) d0 et /"(æ) =------ / sin2 0 cos(z sin 0) d0.
Jo 71 Jo
346 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

(b) Soit x > 0. On remarque

f"(x) = — [ (cos2 0—1) cos(rr sin0) d0


TT Jo
et donc
1 P
xÇfn(x) + /(x)) = — / cos0 x xcos0cos(xsin0) d0.
Jo
On réalise alors une intégration par parties avec les fonctions de classe C1 données par
u(0) = sin(rrsm0) et v(0) = cos0.
On obtient
i r i% i f* i
+ f(xf) — sin(rrsin0) cos0 + — / sin(a;sin0) sin0d0 = — f'(x).
V L JO, 7T Jq
=0
On en déduit que f est solution de l’équation différentielle linéaire d’ordre 2
xy" + y' + xy = 0.

(c) Par le développement en série entière de la fonction cosinus, on peut écrire pour
tout x E R

u \n=0 < ,/
=«n(O
Les fonctions un sont continues et la série des fonctions un converge normalement sur le
segment [0 ; 7r]. En effet, pour tout 0 G [0 ; 7r] on a
1 1 II
I zn\l ■*- I • nl2nl |2n . 1 I |2n , H'
= (2#ln(’l PI (âïïjîM et E (2n)ï converge'
On peut donc intégrer terme à terme et affirmer que la fonction f est développable en
série entière1 sur R

V a x2n avec a - [
(2n)!7r Jo

(d) Il est possible de calculer directement l’intégrale définissant an (c’est une intégrale
de Wallis2), mais le sujet suggère de calculer an en exploitant l’équation différentielle.
méthode
On injecte le développement en série entière de f dans l’équation différentielle
afin de former une relation de récurrence3 sur les coefficients an.
1. La parité de f permettait d’anticiper la forme du développement.
2. Voir sujet 19 du chapitre 4 de l’ouvrage Exercices d’analyse MPSI.
8.5 Exercices d’approfondissement 347

Pour tout æ e R, on a par dérivation de série entière


+oo +oo
/C37) = T? (2n + 2)gn+1a;2n+1 et f"(x) = (2n + 2)(2n + l)an+1x2n.
tl— 0 n=0

L’équation xf"(x) + f'(x) + xf(x) = 0 donne alors

^2((2n + 2)2an+i + an)x2n+1 = 0.


n=0

Par unicité des coefficients d’un développement en série entière, on obtient pour tout
naturel n
(2n + 2)2an-|-i + an = 0.
Sachant a0 = /(O) = 1, on conclut

_ -1 _ +1 _ _ (-l)n
~ 2n°”"1 - (2n)(2n-2)a"“2 “ 22"(n!)2’

Exercice 29 **
Soit /: R —> R une fonction continue et intégrable. On suppose qu’il existe un réel
positif M vérifiant

Væ > 0,
étx - 1 |/(t)|dt < M.
x

(a) Montrer que la fonction t t/(t) est intégrable sur R.


(b) Calculer
Hl?+ /
y+oo
---- ï~
itx _ i
æ->0+ J_oo t

Solution
(a) On observe
pitæ _ 1
lim - ------ - - it.
>0+ X

méthode
|| On étudie le passage à la limite de l’intégrale quand x tend vers 0+.
Introduisons u: ]0;+oo[ x R-> C définie par
eüæ _ i
u(x, t) =
x
3. On pourrait aussi dériver l’équation différentielle afin de calculer /(n\0) et d’en déduire les coef­
ficients du développement en série entière de f.
348 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

La fonction u est continue par morceaux en la variable t et, pour tout t réel,

w(x,i) ——» |i||/(t)| = €(t).


x—>0+
La fonction £ est continue par morceaux. Il reste à établir une hypothèse de domination
pour pouvoir passer à la limite.
La fonction u elu étant de dérivée bornée par 1, on dispose par l’inégalité des
accroissements finis de la propriété de lipschitzianité

|elv — eIU| < |v — u\ pour tout (u,u) € R2.

En particulier, on obtient pour tout t réel et tout x > 0

eitx - 1
< = |4|
x " M |É|
et donc
|u(z,£)| < |t||/(t)|
Cependant, on ignore si la fonction <p est intégrable sur R et c’est d’ailleurs la question
posée !
méthode
|| On réalise le passage à la limite en limitant l’intégration à un segment.
Soit [a ; 6] un segment arbitraire de R. La fonction ç? est intégrable sur [a ; b] et donc,
par domination, on peut affirmer
eitæ .
|/(£)|dt.
x
Or, par extension du domaine d’intégration d’une fonction positive, on a
eitæ
-1
|/(t)|dt s: M.
x
Par passage à la limite dans des inégalités larges, il vient

On peut alors conclure : les intégrales partielles de la fonction positive H|/(i)| sont
majorées, cette fonction est intégrable sur R.

(b) On met à nouveau en place le théorème de passage à la limite en considérant cette


fois-ci
eitx _ 1
v{x,t) =--------- /(t)----- -> it/(i)
X x->0+
8.5 Exercices d’approfondissement 349

et la domination
|^GM)| < H|/(i)| = <?(*)
avec ç? une fonction dont on vient de démontrer l’intégrabilité. On peut alors conclure
r+oa itx _ j r+oo
lim / --------- /(t) dt = i / t/(t)dt.
æ^o+ t J_oo

Solution
Commençons par justifier l’existence de l’intégrale définissant I. La fonction t e-* In t
est continue par morceaux sur ]0 ; +oo[ et intégrable car
Vtlnte *------ >0 et t2e 4Int = exp(—t + 2 Int + In(lnt))--------> 0.
x/ t->0+ V x________ / t-> + oo
=o(t)

méthode
Nous allons exprimer I comme limite d’une suite d’intégrales en écrivant
/ t\n
e"* = lim ( 1 - - ) .
n—>+oo y nJ
Pour n G N*, introduisons les fonctions fn: ]0; +oo[ —> R définies par
/ t \n
{ I1-- ) Int
0
\ n/
site]0;n]
site]n;+oo[.
Par convergence dominée, montrons

Soit t E ]0 ; +oo[. Pour n assez grand, on a n > t et


/ + \n / / +\\
/n(i) = (1---- ) Int — expl nln( 1------ il Int---------- > e-tlnt = /(t).
\ n/ \ \ Tl J ] n->+oo
8.5 Exercices d’approfondissement 349

et la domination
|i||/(i)| =
avec 99 une fonction dont on vient de démontrer l’intégrabilité. On peut alors conclure
+00 ita: _ 1 r+00
Z -00
--------- /(t) dt = i /
t----------------- J—00
tf{t) dt.

Solution
Commençons par justifier l’existence de l’intégrale définissant I. La fonction te-t Int
est continue par morceaux sur ]0 ; +00 [ et intégrable car
y/tlnte É> 0 et t2e * Int = exp(—t + 2 Int + In(lnt))-------- > 0.
t-m+ x / t-^+00
—>0 — o(t)

méthode
Nous allons exprimer I comme limite d’une suite d’intégrales en écrivant

Pour n G N*, introduisons les fonctions fn: ]0; +00[ —> R définies par
f/ t \n
I 1---- Int si t G ]0 ; n]
fn\t) = < \ nj
[O si t G ]n ; +oo[.
Par convergence dominée, montrons
r+00
I = lim / fn(t)dt.
n^+00 jQ
Soit t G ]0 ; +00[. Pour n assez grand, on a n > t et
/ t / / tA\
/n (t) = | 1---- ) lu t = exp In In I 1------ ) I In t---------- > e 4 In t = /(t).
\ nJ \ \ J ! n^ + ca
350 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

La suite de fonctions (/n) converge donc simplement vers la fonction / sur ]0 ; +oo[. Les
fonctions fn et la fonction f sont continues par morceaux. Reste à obtenir l’hypothèse
de domination.
En exploitant l’inégalité ln(l + u) < u, on a pour tout t E ]0 ; n[

I t
Int = exp nln 1---- ê IM = M-
n/ \ \ n

Cette inégalité est aussi vraie lorsque t n et la fonction ainsi introduite est intégrable
sur ]0 ; +oo[. Par convergence dominée, on peut affirmer
n
t
I = lim In avec In 1----ln t dt.
o o n

Il reste à calculer In. Soit n e N*. Par le changement de variable t — nu, on a

In=n [ (1 - u)n
Jo
I'1
— nlnn (1 — n / u du
Jo Jo
-11 i
1
= nlnn
n+1 Jo 0
n . T
---- In n + nJ7

On calcule Jn en réalisant une intégration par parties généralisée où l’on intègre (1 — u)n
en choisissant parmi ses primitives celle qui s’annule en 0
i

Jo

------------------ Inu l1 -L/1


ri-ii-MM du.
L n+X Jo Jo n + 1 u
=o
Enfin, par le changement de variable v — 1 — u et l’écriture d’une somme géométrique, il
vient
i C ^+1_! n „1
f ------- — du = I vk du
o u o v- 1 0 0
puis
n i
1 (1 - u)n+1 - 1 J_ vk+^ 1
0 u k=0 L
k +1 J0
n fc=0
350 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

La suite de fonctions (/n) converge donc simplement vers la fonction f sur ]0 ; +oo[. Les
fonctions fn et la fonction f sont continues par morceaux. Reste à obtenir l’hypothèse
de domination.
En exploitant l’inégalité ln(l + u) u, on a pour tout t e ]0 ; n[

t \n / ( i
— I lin t\ — exp I n In( 1---- 4 |ln t\ =
n) \ \ n
-t

Cette inégalité est aussi vraie lorsque t n et la fonction </? ainsi introduite est intégrable
sur ]0 ; +oo[. Par convergence dominée, on peut affirmer

I — lim In avec In = / Inidt.


n^+oo JQ

Il reste à calculer In. Soit n € N*. Par le changement de variable t = nu, on a

In = n (1 — u)n ln(nu) du
Jo
= nlnn / (1 — u)ndu + n /
Jo Jo
1 11 i
= nlnn —^-(l-u)n+1
n+ J o yo
n .
----- - mn + nJn.
n+1
On calcule Jn en réalisant une intégration par parties généralisée où l’on intègre (1 — u)n
en choisissant parmi ses primitives celle qui s’annule en 0

Jn= (1 —u)nlnudu
Jo
= -i_(i _„)■»+! ii r1 (i~ ■!■)"+■-i
n+1 J o n + 1 Jo u
=o
Enfin, par le changement de variable v = 1 — u et l’écriture d’une somme géométrique, il
vient
1 (1 - u)n+1 - 1 f1 vn+1 - 1 kj
u Jo 0-1 J,,
puis
8.5 Exercices d’approfondissement 351

En combinant tous ces résultats, on obtient


n-|-l
n n
---- Inn--------
fc-i

Finalementx,

(a) méthode
|| On réalise la translation de variable t — u — n.
Sous réserve d’existence, le changement de variable proposé donne
+oo

Z -n
e-t dÉ = n~nen /
Jo
une~u du.

L’intégrale dans le second membre étant convergente, le théorème de changement de


variable assure l’existence de l’intégrale initiale et l’on peut en donner la valeur

e 1 dt = n nennl

1. Il existe d’autres expressions intégrales de la constante 7 mais celle-ci est particulièrement élégante !
2. La première intégrale se déduit de l’intégrale de Gauss calculée dans le sujet 18 p. 325 par parité
et le changement de variable u = La seconde intégrale s’obtient par intégrations par parties
successives comme détaillé dans le sujet 17 p. 72.
8.5 Exercices d’approfondissement 351

En combinant tous ces résultats, on obtient


n-J-1
n n \- 1
------ m n------> - ----------->• —7.
n+1 n+1 ' k n^+00
k=l

Finalement \

(a) méthode
|| On réalise la translation de variable t = u — n.
Sous réserve d’existence, le changement de variable proposé donne
+00

Z -n
dt = n^nen une~u du.

L’intégrale dans le second membre étant convergente, le théorème de changement de


variable assure l’existence de l’intégrale initiale et l’on peut en donner la valeur
+00

Z-n
dt = n nenn!

1. Il existe d’autres expressions intégrales de la constante 7 mais celle-ci est particulièrement élégante !
2. La première intégrale se déduit de l’intégrale de Gauss calculée dans le sujet 18 p. 325 par parité
et le changement de variable u = tl\/2. La seconde intégrale s’obtient par intégrations par parties
successives comme détaillé dans le sujet 17 p. 72.
8.5 Exercices d’approfondissement 351

En combinant tous ces résultats, on obtient


n+l 1
n , n 1
----- - In n-------- - > -
n+l n+l k=l k

Finalement1,
I e 4 In t dt — —7-
o
Exercice 31 *** (Formule de Stirling)
On donne 2
r+oo
et Vn e N, / tne-tdt = n!
Jo
(a) Calculer '
. f+co / + \n
J L H— ) e-t dt.
-i. i J-n \ nJ
(b) Déterminer
. ................ -t r+oo / j.
lim —= / ( H— I e“* dt.
n—>+oo y/n Jn \ nJ
Calculer
a■ -fa. .. <hm
ni-++°° y/n J_n y
,L1 + —J e-tdt.
nJ
(d) Retrouver ainsi la formule de Stirling.
Solution
(a) méthode
|| On réalise la translation de variable t = u — n.
Sous réserve d’existence, le changement de variable proposé donne

L’intégrale dans le second membre étant convergente, le théorème de changement de


variable assure l’existence de l’intégrale initiale et l’on peut en donner la valeur

dt = n“nenn!

1. Il existe d’autres expressions intégrales de la constante 7 mais celle-ci est particulièrement élégante !
2. La première intégrale se déduit de l’intégrale de Gauss calculée dans le sujet 18 p. 325 par parité
et le changement de variable u = La seconde intégrale s’obtient par intégrations par parties
successives comme détaillé dans le sujet 17 p. 72.
352 Chapitre 8. Intégrales à paramètre

(b) Par le changement de variable u — t/n

méthode
Pour majorer par une intégrale que l’on sait calculer, on fait apparaître la
dérivée
((1 + u)e-u) = —ue~u.
du v '
Pour 1, on a (1 + u)e~u 2ué~u et donc

Par encadrement, la limite étudiée est nulle.

(c) méthode
Le changement de variable s = t/y/n, transforme l’intégrale de façon à faire
apparaître une suite de fonctions dont la convergence simple est « intéres­
sante ».

Nous allons appliquer le théorème de convergence dominée à l’étude de cette suite d’in­
tégrales. Introduisons les fonctions fn : R —> R avec

Pour chaque s ER, on a pour n assez grand, |s| y/n et donc


(g \îli /— i/ // \
S \
1 H—7= I e~y/ns = exp I n ln( 1 H—7= ) — y/ns
y/n / \ \ y/n )

Or, on sait ln(l + u) = u — ju2 H- o(u2) quand u tend vers 0 et donc

f $ \ fs (1\ |
n In I 1-1—7= - y/ns = n —= — -—F o ( — ) — y/ns-------- >----- .
\ yjn) n->+oo l yjn 2n \n/ / n-»+oo 2
8.5 Exercices d'approfondissement 353

On en déduit que la suite de fonctions (/n) converge simplement sur R vers la fonction f
définie par /(s) = e-®2/2.
Les fonctions fn et la fonction f sont continues par morceaux sur R. Il reste à établir
l’hypothèse de domination. Pour s e [— y/n; y/n\

, / 5
fn(s) - exp n In ( 1 H—3=
\ vn
Malheureusement, l’inégalité classique ln(l + u) < u est insuffisante pour produire une
fonction de domination intégrable : il faut approfondir celle-ci !
Par la formule de Taylor avec reste intégral, on a pour tout u > — 1
, . 1 2 1 3 fU (U - t}3 , 1 2 1 3
ln(l + u) = u - -u +-u -dt^u--u +-u

car le terme intégral est positif que u soit positif ou négatif.


Pour tout s tel que |s| < y/n, on a alors

n In f 1 -|—7= 1 2 1 S3 1 2 1 2
-s2 H-------- ;= —s2 + -s2
\ vn 2 3 y/n 2 3
Ainsi, pour tout s € [—y/n ; y/n\, on peut écrire
|/n(s)| = fn(s) e~sfi2
et cette inégalité est évidemment aussi vraie pour s tel que |s| > y/n.
La fonction de domination </?: s i-> e-®2/6 est intégrable sur R et l’on peut donc appli­
quer le théorème de convergence dominée pour affirmer

autrement dit

(d) Par les résultats qui précèdent, l’identité

donne
n n+2enn! -------- >■ x/2tt
n—>+oo
et l’on retrouve la formule de Stirling
CHAPITRE 9

Séries entières

9.1 Convergence des séries entières


9.1.1 Séries entières

Définition
On appelle série entière définie par une suite de coefficients complexes (an)nepj, la
série de fonctions ^2 un avec

un : z G C anzn.

Par abus, cette série de fonctions est simplement notée ^2anZn-


Définition
L’ensemble T> des z € C pour lesquels la série numérique J2 anZn converge est appelé
domaine de convergence de la série entière ^,an^n- Sur ce domaine on définit la
fonction somme de la série entière S: T> —> C par
+ oo
S (z) = ^anz".
n=0
Par exemple, la série entière géométrique zn converge pour tout z G C tel que |z| < 1 et
356 Chapitre 9. Séries entières

Aussi, la série entière exponentielle 52 ïn--2” converge pour tout z G C et, par définition
de l’exponentielle complexe, on a l’identité

+oo 1
V—zn-e2.
n=0
2—' n!

Si la suite (an)neN est à termes nuis à partir d’un certain rang, la série entière ^anzn
converge pour tout z G C et sa somme est une fonction polynomiale.

9.1.2 Rayon de convergence


' .. .....
Théorème 1 (Lemme d’Abel)
Soit r G R+ tel que la suite (anrn) soit bornée. Pour tout complexe z

Jz| < r ==> anzn converge absolument.

Définition
On appelle rayon de convergence de la série entière ^2anzn, le nombre

R =f sup{p 0 | (anpn) est bornée} G R+

si cet ensemble est majoré et R — +oo sinon.

9.1.3 Convergence simple


---- -- —■--- ——----------- ------ -———-------- --------------------------------------------------- ,—. ,
Théorème 2
Si 52 anZn est une série entière de rayon de convergence R, on a pour tout complexe z

anzn converge absolument


|z| > R ==> diverge grossièrement.

Si T> est le domaine de convergence d’une série entière de rayon de convergence R :


— si R = 0 alors T) — {0} ;
— si R = +oo alors T> = C ;
— si R G ]0 ; +oo[ alors
0(0, R) G V c D(0,R)

avec 0(0, R) = {z G C | |z| < #}.


Sur le cercle de centre 0 et de rayon R, les natures de la série '^lanzn peuvent être
diverses.
9.1 Convergence des séries entières 357

diverge grossièrement

converge absolument

de nature incertaine

Définition
Le disque D(0, R) = {z G C | |^| < -R} est appelé disque ouvert de convergence de la
série entière.
Sur ce disque, la série entière converge assurément. Elle peut aussi converger en certains
points du cercle limite.

9.1.4 Convergence normale

Lieu de convergence normale d’une série entière


de rayon de convergence R > 0.

La convergence normale d’une série entière peut être fausse sur le disque ouvert 0(0, R).
C’est le cas pour la série entière géométrique 52 : R — 1 et sup |zn| = 1.
z&D(0,R)
En revanche, si la série numérique ^anRn converge absolument, on peut affirmer la
convergence normale de la série entière sur le disque fermé 0(0, R).
9.1 Convergence des séries entières

n diverge grossièrement
^nz

Y.anz converge absolument

n
dnz de nature incertaine

Définition
Le disque 22(0,2?) — {z E C | |z| < J?} est appelé disque ouvert de convergence de la
série entière.
Sur ce disque, la série entière converge assurément. Elle peut aussi converger en certains
points du cercle limite.

9.1.4 Convergence normale

3
Une série entière de rayon de convergence R > 0 converge normalement (et donc
uniformément) sur tout disque fermé de centre 0 et de rayon r < R.
En conséquence, sa fonction somme est continue sur le disque ouvert 22(0,2?).

Lieu de convergence normale d’une série entière


de rayon de convergence R > 0.

La convergence normale d’une série entière peut être fausse sur le disque ouvert 22(0,2?).
C’est le cas pour la série entière géométrique zn : 2? = 1 et sup |zn| = 1.
zeD(0,R)
En revanche, si la série numérique ^anRn converge absolument, on peut affirmer la
convergence normale de la série entière sur le disque fermé 22(0, 2?).
358 Chapitre 9. Séries entières

9.1.5 Calcul du rayon de convergence


Si R est le rayon de convergence d’une série entière 52 anZn

\z\ < R => ^^anzn converge


\z\ > R => ^^anzn diverge.

Le rayon de convergence d’une série entière apparaît alors comme étant la valeur charnière
en laquelle la série bascule de la convergence à la divergence.
Dans les situations pratiques, on détermine souvent le rayon de convergence d’une série
entière par la règle de d’Alembert rappelée ci-dessous :

Théorème 4
Soit 52 un une série numérique à termes non nuis à partir d’un certain rang. On
suppose
^n+l ------
Un n—>+oo

Si £ < 1 alors 52 un converge absolument.


Si l > 1 alors 52 un diverge grossièrement.

9.1.6 Comparaisons des rayons de convergence

Théorème 5
Si Ra et Rb sont les rayons de convergence de deux séries entières 52 anZn et 52 bnzn,

a>n — 0(&ti) —z Ra 5^ Rb-


- -- - - n—>+oo
.— ---- --. . .■ ' , ■
En conséquence, on a aussi :

| O"n | | hn | Ra Rb >

— o(6n) Ra Rbi
n—>+oo
I | ~ | bn | ---- Ra ~ Rb ■
n—> + oo

En particulier, on a Ra 1 lorsque la suite (an) est bornée.


Le résultat qui suit est aussi utile :

Théorème 6
Les séries entières 52 anZn et 52 nUnZ™ ont même rayon de convergence.
9.1 Convergence des séries entières 359

9.1.7 Opérations sur les séries entières

Définition
On appelle produit d’une série entière par un complexe A, la série entière
£Aan2n-

Théorème 7
Si R est le rayon de convergence de la série entière J2 anZn alors, pour tout complexe
z tel que |z| < R,
4-oo +oo

Xanzn — A an^n-
n=0 n=0
< ....
Le rayon de convergence de la série entière ^2 Xanzn est alors exactement égal à R, sauf
si A est nul où il vaut +oo.
Définition
|| On appelle somme des séries entières ^2 anZn et J2 &n-zn la série entière £2(an + 6n)zn.

Théorème 8
Si Ra èt Rb sont les rayons de convergence dés séries entières Y2anZn et ^bnzn
alors,' pour tput complexe z tel que |z| < min(7?a,Rb),.
, , ■ ,+,ÇO . ... , - . ,-Fqo s : '■

(gn + bri)zn = 5^ * 2
n=0 n=0 n=Ô
En particulier, le rayon de convergence R de la série entière somme J2 K + bn)zn vérifie1

R min{Ra,Rb).

Définition
On appelle produit des séries entières £2 anZn et J2 bnzn la série entière ^2 cnZn
n
cn — akbn-k pour tout n E N.
k=0

WWèw. 9
Si Ra et Rb sont les rayons de convergence des séries entières 52an^n et ^bnzn
alors', pour tout cofnplexè z £ël que |i| < min(/?a, Kj>),
4-oo ’ / 4-oo \ / 4-oo \
CnZn = I anzn ) ( bnzn j.
n=0 \n=0 / \n=0 /

1. Il y a assurément égalité lorsque Ra / Rf,.


9.1 Convergence des séries entières 359

9.1.7 Opérations sur les séries entières


Définition
On appelle produit d’une série entière '£anzn par un complexe A, la série entière
^Xanzn.

Théorème 7
Si R est le rayon de convergence de la série entière 22 anzn alors, pour tout complexe
z tel que \z\ < R,
H-oo | ou

y" Xanzn = A yy anzn.


V ■ ... ----- ■ ■ .
n=0 n=0
___ ________________________________________________________________________________________________ >

Le rayon de convergence de la série entière 22 Xanzn est alors exactement égal à R, sauf
si A est nul où il vaut +oo.
Définition
j On appelle somme des séries entières 22 an.zn et 22 bnzn la série entière 22(an + bn)zn.

Théorème 8
Si Ra et Rb sont les rayons de convergence des séries entières 22an^n et \jRbnzn
alors, pour tout complexe z tel que \z\ < min(7îa, Rb),
• ■ . . +°° ■■ +oo ■ -|-oo
OySS ;7' ' F? + bn)Zn = anZn I- l)nZn.
n 0 n==Q n=Ô

En particulier, le rayon de convergence R de la série entière somme 32 (an + bn)zn vérifie1

R min(Ra, Rb).

Définition
On appelle produit des séries entières 22 anZn et 32 bnzn la série entière 22 cnZn
n
cn — ^^akbn-k pour tout n 6 N.
fc=0

Théorème 9
Si Ra et Rb sont les rayons de convergence des séries entières 22an^n et ^bnzn
alors, pour tout complexe z tel que |z| < min(7?a, Rb),

1. Il y a assurément égalité lorsque Ra Rb-


360 Chapitre 9. Séries entières

En particulier, le rayon de convergence R de la série entière produit ^cnzn vérifie :

R xn.m(Ra,Rb}.

9.1.8 Intégration et dérivation « formelles »

Définition
On appelle série entière dérivée d’une série entière (Vn la série entière

F nan2n-1 = + l)an+1zn.
n^l n^O

Définition
On appelle série entière primitive de la série entière anZn la série entière

zn+i = a"n~i zn
n>0
n+1 n>l
n

Il s’agit ici d’opérations « formelles ».

Théorème 10
Série entière dérivée et série entière primitive ont le même rayon de convergence que
la série entière dont elles sont issues.
v_—___ _______________________ . ____________________ ;______________ ■___________ ■ • ■ • ■■■ . - ____ -• . ■_____________ ■ .

9.2 Série entière d’une variable réelle


9.2.1 Particularisation

Théorème 11
Si 5? anxn est une série entière d’une variable réelle x et de rayon de convergence R
strictement positif alors :
— pour tout x G ]—R; R[, converge absolument;
— pour tout |x| > R, ^anxn diverge grossièrement.

On ne peut rien affirmer a priori sur la convergence de la série entière en R ou en —R.

-R 0 R
--------- ]---------------- 1---------------- [-------------
DVCP| CVÂ | DŸG '

? ?
9.2 Série entière d'une variable réelle 361

Définition
L’ensemble I des réels x pour lesquels la série entière converge vérifie :

]-R;R[Clc[-R-,R].

On l’appelle intervalle de convergence de la série entière étudiée.

Théorème 12
Une série entière anxn de rayon de convergence R > 0 converge normalement sur
tout segment inclus dans l’intervalle ouvert ]—R -, K[.

convergence normale

En conséquence, la fonction somme d’une série entière de rayon de convergence R > 0


est assurément continue sur l’intervalle ouvert ]— R-,R[.

Lorsque la somme d’une série entière est définie en R ou en —R, on ne peut rien dire a
priori sur sa continuité en ces points1. Pour obtenir cette continuité, on pourra établir
la convergence uniforme de la série de fonctions sur un voisinage de ces points.

9.2.2 Intégration

Autrement dit : « la série entière primitive est la primitive s’annulant en 0 de la série


entière ».

1. Il existe cependant un résultat général hors-programme assurant qu’une série entière réelle est
continue en tout point où elle est définie.
9.2 Série entière d’une variable réelle 361

Définition
L’ensemble I des réels x pour lesquels la série entière converge vérifie :

]-#;#[ C I C

On l’appelle intervalle de convergence de la série entière étudiée.

Théorème 12
Une série entière anxn de rayon de convergence R > 0 converge normalement sur
tout segment inclus dans l’intervalle ouvert ]-R ; 7?[.

convergence normale

En conséquence, la fonction somme d’une série entière de rayon de convergence R > 0


est assurément continue sur l’intervalle ouvert ]— R;R[.

Lorsque la somme d’une série entière est définie en R ou en —R, on ne peut rien dire a
priori sur sa continuité en ces points1. Pour obtenir cette continuité, on pourra établir
la convergence uniforme de la série de fonctions sur un voisinage de ces points.

9.2.2 Intégration

Théorème 13
Si anxn est une série entière de rayon de convergence R > 0, la fonction F définie
par
+oo

7Z"0

Autrement dit : « la série entière primitive est la primitive s’annulant en 0 de la série


entière ».

1. Il existe cependant un résultat général hors-programme assurant qu’une série entière réelle est
continue en tout point où elle est définie.
362 Chapitre 9. Séries entières

9.2.3 Dérivation

Théorème 14
Si 52 anXn est une série entière de rayon de convergence R > 0 alors sa somme S est
une fonction de classe C°° sur ]—R ; 7Î[ et
+oo +oo

S'(x) = nanxn~1 = + l)an+ia:n pour tout x G ]—R ; Æ[.


n=l n=0
---- ------- -- - - - -- - ■ . ■

Autrement dit : « la série entière dérivée est la dérivée de la série entière ».


Plus généralement, les dérivées successives s’obtiennent en dérivant terme à terme :
4-oo

n(n — 1)... (n — p + l)anxn~p


n=p
+oo

= y^ (n + p)(n 4- p - 1)... (n + l)an+pxn.


n=0

En x = R ou x = — R, la série entière peut être définie sans pour autant y être dérivable.

9.2.4 Expression des coefficients d’une série entière

Théorème 15
Si 52 anXn est une série entière de rayon de convergence R > 0 et de somme S alors,

S(n\0)
an = .. . pour tout n G N.
n! ■ - ■ ,

On en déduit que lorsque les sommes de deux séries entières sont égales sur un voisinage
de 0, celles-ci sont définies par les mêmes coefficients :

Théorème 16
Si 52 o-nXn et 52 bnxn sont deux séries entières dont les sommes sont égales sur un
voisinage de 0 alors an = bn pour tout n G N.

Une série entière dont la somme est une fonction paire (resp. impaire) ne comporte alors
que des puissances paires (resp. impaires) de la variable.

9.3 Développements en série entière


Dans cette section, I désigne un intervalle réel qui est voisinage de 0. On peut alors
introduire r G U {+oo} vérifiant ]— r ; r[ C I.
9.3 Développements en série entière 363

9.3.1 Fonctions développables en série entière


Définition
On dit qu’une fonction f : I -> C est développable en série entière sur ]-r;r[ s’il
existe une série entière telle que
+oo
/(x) = anxn pour tout x e ] — r ; r[.
n=0

La série entière ^2anXn introduite converge nécessairement sur ]—r;r[ et est donc de
rayon de convergence R au moins égal à r.
Définition
Il On dit qu’une fonction f : I —> C est développable en série entière en 0 s’il existe r > 0
|| tel que ]— r ; r[ C I et que f est développable en série entière sur ]—r ; r[.
Un grand nombre de fonctions peuvent être affirmées développables en série entière en
raisonnant simplement par opérations sur les séries entières.
Si f, g : I —> C sont développables en série entière sur ] — r ; r [, les fonctions f + g et fg le
sont aussi et leurs développements s’obtiennent par les opérations associées sur les séries
entières. De même, on peut calculer le développement en série entière de la conjuguée
de f ou de ses parties réelle et imaginaire. On peut aussi, par dérivation et intégration
de séries entières, affirmer que les primitives et les dérivées successives d’une fonction
développable en série entière sont développables en série entière.
Les développements en série entière usuels sont regroupés p. 497.

9.3.2 Série de Taylor


Définition
On appelle série de Taylor (en 0) d’une fonction f: I -> C de classe C°° la série
entière
/<n)(0)
ni '

Théorème 17
Si une fonction f: I —> C est développable en série entière sur ]— r ;r[ avec
+qo
f(x) = yy ■ pour tout x € ]— r ;r[
n=0
alors la suite (an) des coefficients est unique.
Plus précisément, la fonction f est de classe C00 sur ]—r ; r[ et

/<n)(0)
an = ■■ : 7-— pour tout n G N.
ni
364 Chapitre 9. Séries entières

La série entière associée à la fonction f est alors sa série de Taylor1.


Une fonction qui n’est pas de classe C°° sur ]— r;r[ ne peut pas être développable en
série entière. Cependant, il ne suffit pas à une fonction d’être de classe C°° pour être
développable en série entière 2 !

9.3.3 Développement du binôme (1 + x)a

Théorème 18
Pour tout a G K, la fonction x H (1 + x)a est développable en sérié entière sur
l’intervalle]*-l ;1[ et • ......

(1 + =V + xn pour to t x ë]-l;ïf ’ ,
i. •- n=0-fi ' îl- ‘

Le rayon de convergence de la série entière exprimant le second membre est égal à 1 sauf
si a € N où il vaut alors +oo. Dans ce dernier cas, la formule proposée se comprend
comme une particularisation de la formule du binôme de Newton et elle est valable pour
tout rr G R.

9.4 Exercices d’apprentissage


9.4.1 Calcul de rayons de convergence

Exercice 1
Déterminer les rayons de convergence des séries entières qui suivent :

Solution

méthode
Pour ces trois études, on peut calculer le rayon de convergence par application
de la règle de d’Alembert (Th. 4 p. 358). On prendra soin à chaque fois de
considérer z 0 afin de ne pas diviser par zéro !
(a) Pour z G C*, notons un(z) le terme général de la série étudiée. Celui n’est pas nul
et f_ij(n+l)(n+2)/2
_ (n+ip+i z _ n2 + l
un(z) ~ ~ (n + l)2 + l lZl 121’

1. La fonction f admet un développement limité en 0 à tout ordre qui se déduit par troncature de
son développement en série entière.
2. Voir sujet 21 p. 389.
9.4 Exercices d’apprentissage 365

Si |z| < 1, la série converge absolument. Si |z| > 1, la série ^2un(z) diverge
grossièrement. La valeur charnière1 déterminant le rayon de convergence est donc R = 1.

(b) méthode
La règle de d’Alembert peut aussi être mise en œuvre pour ce que l’on ap­
pelle des séries entières lacunaires (certaines puissances de la variables y sont
absentes). C’est le cas des deux suivantes.
Pour z E C*, notons un(z) le terme général de la série étudiée. Celui n’est pas nul et
Ç2(n+l)^z2n+2
Un+1(z)
Un(z) (2>2"
Sachant
(2n)! 2(n + 1)\ _ (2n + 2)! _ (2n + 2)(2n + 1) (2n\
(n!)2 n+1 J ((n+1)!)2 (n + 1)2

on obtient
Un-j-l (z') 2(2n + l), 2. -------- >4|z|2
Un(z) n+1 n->+oo
Si |z| < 1/2, la limite précédente est strictement inférieure à 1 et la série converge
absolument. Si |z| > 1/2, la série entière diverge grossièrement. On conclut R = 1/2.

(c) Pour z G C*, mettons encore en œuvre la règle de d’Alembert


z(n+l)2
— = |z|2n+1
zn
Si \z\ < 1, la suite géométrique (z2n+1) est de limite nulle et il y a donc convergence
2
absolue de la série ^Jzn .Si en revanche |z| > 1, il y a divergence grossière de la série.
On conclut2 R = 1.

niner le rayon de copvergepçe 7? de la série entière J2sin(n)zn.


Solution
Dans ce sujet, on ne peut mettre en œuvre la règle de d’Alembert car le terme
sin(n + l)zn+1
sin(n)zn
ne possède pas de limite quand n tend vers l’infini !
1. Si la suite de coefficients non nuis (an) vérifie £ çr [o ; -|-oo[ U {+oo} alors la série entière
G-n
est de rayon de convergence R = 1/t en adoptant les conventions i = +oo et = 0.
2. On peut aussi résoudre efficacement cette étude en revenant à la définition du rayon de conver­
gence R = sup{p G | (anpn) est bornée}.
9.4 Exercices d’apprentissage 365

Si |z| < 1, la série converge absolument. Si |z| > 1, la série diverge


grossièrement. La valeur charnière1 déterminant le rayon de convergence est donc R = 1.

(b) méthode
La règle de d’Alembert peut aussi être mise en œuvre pour ce que l’on ap­
pelle des séries entières lacunaires (certaines puissances de la variables y sont
absentes). C’est le cas des deux suivantes.
Pour z G C*, notons un(z) le terme général de la série étudiée. Celui n’est pas nul et

un+i(z)
un(z)
Sachant
2n\ _ (2n)! /2(n + 1)\ _ (2n + 2)! _ (2n + 2)(2n + l) /2n
n/ (n-)2 \ n+1 J ((n+1)!)2 (n+1)2

on obtient
=fctl)|z2| ----- >4|z|2
Un(Z) n+1 n—>+oo
Si \z\ < 1/2, la limite précédente est strictement inférieure à 1 et la série converge
absolument. Si \z\ > 1/2, la série entière diverge grossièrement. On conclut R = 1/2.

(c) Pour z G C*, mettons encore en œuvre la règle de d’Alembert


^(n+l)2

/O~n2

Si |z| < 1, la suite géométrique (z2n+1) est de limite nulle et il y a donc convergence
2

absolue de la série 2^zn .Si en revanche |z| > 1, il y a divergence grossière de la série.
On conclut2 R = 1.
Exercice 2
Déterminer le rayon de convergence R de la série entière ^2sin(n)zn.

Solution
Dans ce sujet, on ne peut mettre en œuvre la règle de d’Alembert car le terme
sin(n + l)zn+1
sin(n)zn
ne possède pas de limite quand n tend vers l’infini !
1. Si la suite de coefficients non nuis (an) vérifie an+1 —> l G [0 ; +oo[ U {+oo} alors la série entière
^anzn est de rayon de convergence R = l/£ en adoptant les conventions = +oo et = 0.
2. On peut aussi résoudre efficacement cette étude en revenant à la définition du rayon de conver­
gence R = sup{p G R+ | (<2npn) est bornée}.
366 Chapitre 9. Séries entières

méthode
Lorsque la règle de d’Alembert ne s’applique pas, on détermine un rayon de
convergence en raisonnant par double inégalité.
Pour tout naturel n, on a |sinn| 1. Or la série entière X 1 x zn est de rayon de
convergence égal à 1. On en déduit (Th. 5 p. 358) que le rayon de convergence R cherché
vérifie1 R 1.
Pour z — 1, la série numérique )Psin(n)zn = ^sinn diverge grossièrement2. Puisque
la série entière diverge en z — 1, son rayon de convergence ne peut être strictement
supérieur à 1 (Th. 2 p. 356) et donc R 1.
Les deux inégalités se complètent pour conclure R = 1.
méthode
Plus généralement, ce raisonnement peut être repris3 dès que (an) est une
suite bornée qui ne tend pas vers 0.

9.4.2 Séries entières d’une variable réelle

Exercice 3
Pour x réel, on pose
xn
n=l v

(a) Déterminer le rayon de convergence R de la série entière définissant f.


(b) Préciser l’intervalle de définition de f.
(c) Etablir la continuité de f sur son domaine de définition.
(d) Déterminer la limite de f en 1.

Solution
(a) Pour x 0, posons un

^n+l
n n—> + oo

Si |æ| < 1, la série numérique ^un converge absolument. Si |rr| > 1, elle diverge grossiè­
rement. On en déduit que le rayon de convergence R vaut 1.

(b) La fonction f est définie sur un intervalle contenant ]—1 ; 1 [ et inclus dans [—1 ; 1]
(Th. 11 p. 360). En x = 1, la série définissant f(x) diverge car il s’agit d’une série de
1. On obtient la même conclusion en affirmant que la série entière ^2 sin(n)zra est la partie imaginaire
de ^2einzn qui est de rayon de convergence 1.
2. Il y a divergence grossière lorsque que le terme général d’une série ne tend pas vers 0.
3. Si (an) est la suite des décimales de \/3. on peut affirmer que la série entière ^2anzn est de rayon
de convergence 1.
9.4 Exercices d’apprentissage 367

Riemann d’exposant a — 1/2 < 1. En x = —1, la série définissant f(x) converge en vertu
du critère spécial :

et = —7= décroît vers 0.


x/n

On conclut que l’intervalle de définition de f est [—1 ; 1[.

(c) On peut affirmer la continuité de f sur l’intervalle ouvert ] —1 ; 1[ (Th. 12 p. 361).


Reste à étudier la continuité en —1.

méthode
Il ne figure pas dans le cours de théorème assurant la continuité d’une fonction
somme de série entière aux points correspondant au rayon de convergence, et
ce même si celle-ci converge en ce point ! Pour obtenir la continuité, on revient
à la théorie des séries de fonctions et l’on raisonne par convergence uniforme.

Posons un(x) = xn/y/n pour x G [—1 ;0]. La série de fonctions ^un converge simple­
ment sur [—1 ; 0] en vertu du critère spécial des séries alternées. En effet, la suite (un(x))
est alternée car on a pris garde de choisir x négatif ce qui permet d’écrire

Au surplus

décroît vers 0 par produit de deux suites décroissantes de limites milles (si x —1) ou
par produit d’une suite décroissante de limite nulle et d’une suite constante (si x = — 1).
Par application du critère spécial, on peut borner le reste Rn de la série par la valeur
absolue du premier terme qui l’exprime. Pour tout réel x G [—1 ; 0], on a

| 'Un~l (æ) |
1
|An(æ)|
k=n+l
y/n 1

Puisque le majorant est uniforme (il ne dépend pas de x) et de limite nulle, on peut
affirmer la convergence uniforme de la série de fonctions 52 sur [—1 ;0]. Les fonctions
sommées étant toutes continues, on peut conclure que la fonction somme f est continue
sur [—1 ;0] (Th. 16 p. 237), puis, finalement, sur [—1 ; 1[.

(d) méthode
Pour obtenir la limite, voire un équivalent, d’une série entière en un point où
celle-ci n’est pas définie, il est fréquent de comparer à des séries entières de
sommes connues.
368 Chapitre 9. Séries entières

Pour tout n 1, on a y/n n et donc, pour tout x G [0 ; 1 [,

+ æ rn
f(x) — = - ln(l - x)---- > +oo.
2— ' n
n=l
æ->i-

Par théorème de comparaison, on peut conclure que f tend vers +oo en 1

9.4.3 Développements en série entière

Exercice 4
Soit f: [—1 ; 1] — ■ C une fonction de classe C°° vérifiant

VnGN, Vx G [—1 ; 1], |/(n)(æ)| MKnn\

avec M G R+ et K > 0. Montrer que la fonction f est développa ;ble eh série entière j
en 0.

Solution

méthode
Lorsqu’une fonction f est développable en série entière en 0, celle-ci est de
classe C°° sur un voisinage de 0 et la série entière qui lui correspond est sa
série de Taylor. Pour vérifier que la série de Taylor d’une fonction indéfiniment
dérivable converge vers la fonction sur un voisinage de 0, on utilise générale­
ment l’égalité de Taylor avec reste intégral ou l’inégalité de Taylor-Lagrange.
Sachant la fonction f de classe Cn+1 et de dérivée (n+l)-ième bornée, on peut exploiter
l’inégalité de Taylor-Lagrange et écrire, pour tout réel x dans [—1 ; 1],

sup |/(n+1) (x) |


æef—1;1] | |n+i
/w - Êk—0
(ÏTTïj! |x|
Posons alors r = min {1,1/Æ} > 0. Pour |æ| < r, la suite géométrique ((Æ |a;|)n) converge
vers 0 et donc
/w(0) I
/w - È
fc=0
-------- > 0.
n—>+oo

On peut alors écrire (avec convergence de la série sous-jacente)

y(n) o)
x) = > --- ^xn.
' n=0 n!

Ceci signifie que la fonction / est égale à la somme d’une série entière sur ]— r ; r[ : elle y
est développable en série entière.
368 Chapitre 9. Séries entières

Pour tout n 1, on a y/n n et donc, pour tout x E [0 ; 1 [,

Par théorème de comparaison, on peut conclure que f tend vers +oo en 1 .

9.4.3 Développements en série entière

Exercice 4
Soit f: [—1 ; 1] —> C une fonction de classe C°° vérifiant
Vn e N, Var G [-1 ; 1], |/(n)(æ)]
avec M G R+ et K > 0. Montrer; que la fonction f est développable eh série entière
en 0.
Solution

méthode
Lorsqu’une fonction f est développable en série entière en 0, celle-ci est de
classe C°° sur un voisinage de 0 et la série entière qui lui correspond est sa
série de Taylor. Pour vérifier que la série de Taylor d’une fonction indéfiniment
dérivable converge vers la fonction sur un voisinage de 0, on utilise générale­
ment l’égalité de Taylor avec reste intégral ou l’inégalité de Taylor-Lagrange.
Sachant la fonction f de classe Cn+1 et de dérivée (n-Fl)-ième bornée, on peut exploiter
l’inégalité de Taylor-Lagrange et écrire, pour tout réel x dans [—1 ; 1],

sup |/(n+1\a;)|
æ€[-l;l]_______
|a:|n+1 « M(K |a:|)n+1.
k=0
(n+1)!

Posons alors r — min {1,1/K} > 0. Pour |rc| < r, la suite géométrique ((K |x|)n) converge
vers 0 et donc

A/ •
+ 0.
k=0
On peut alors écrire (avec convergence de la série sous-jacente)
+oo

/(*) = 52 n
I x ’
n=0

Ceci signifie que la fonction f est égale à la somme d’une série entière sur ]—r ; r[ : elle y
est développable en série entière.
9.4 Exercices d’apprentissage 369

Exercice 5 (Identité binomiale)


Soit p G N. Établir

pour tout x G ]—1 ; ï[.

Solution

méthode
Pour développer une expression comportant une puissance constante, il est
fréquent de prendre appui sur le développement connu de (1 + u)a.
Pour a G R, on connaît le développement en série entière (Th. 18 p. 364)

(1 + u) — > --------------- j------------ -u pour tout u E ] —1 ; 1[.


n=0 n-
Soit x E ] —1 ; 1[. On considère u = —x et a = — (p + 1) pour écrire
, +oo
(1 - x)p+i =
' ' n=0
avec, pour tout naturel n,

Un — n\
Il y a exactement n facteurs au numérateur. En regroupant les signes (—) de chacun, on
obtient
n(p+l)(p + 2)...(p + n)
Q-n
n!
Enfin, un produit d’entiers consécutifs peut s’exprimer comme un rapport de nombres
factoriels et
n(n + ?)! n +p
n\p\ . P .
Finalement1,
1
/ \ n Jlx ■

n=0 '
Exercice 6
Former le développement en série entière de la fonction arcsin sur ]—1 ; 1[.

1. Ce calcul peut aussi être mené en opérant la dérivation à l’ordre p de l’identité géométrique donnant
le développement de 1/(1 — x). Cette identité sera souvent reprise en calcul de probabilités.
370 Chapitre 9. Séries entières

Solution

méthode
Pour développer une fonction en série entière, on raisonne souvent par opé­
rations sur les fonctions qui le sont. Lorsque la dérivée d’une fonction est
remarquable, il est fréquent de développer celle-ci avant d’intégrer ce dévelop­
pement, sans oublier la constante d’intégration !
La fonction arcsin est dérivable sur ] — 1 ; 1 [ de dérivée

d / . rr ï = ,—1
— arcsin
dzv ’ V1 -x2
On connaît le développement de (1 + u)a pour u E ]—1 ; 1[. On emploie celui-ci avec
a = —1/2 et u = —x2 pour x dans ]—1 ; 1[. On a

q(q- l)...(q-n + l) = (~|) (~1) ■ - ■ ~ n + 1)


n! n\
On regroupe les (—1) et les divisions par 2 de chacun des n facteurs du numérateur
q(q — 1)... (q — n + 1) (—l)n 1 x 3 x • • • x (2n — 1)
n! 2n n!
Enfin, on exprime le produit des nombres impairs à l’aide d’un rapport de nombres
factoriels1
q(q — 1)... (q — n + 1) = (2n)!
n! 22n(n!)2
Ainsi, on obtient par substitution

1 = V (2ra)! x*"
ynrjï 2-j 22n(n!)2 ■

Le rayon de convergence R de la série entière exprimant le second membre est exacte­


ment égal à 1. En effet, l’égalité qui précède assure la convergence pour tout x E ]—1 ; 1[
et donc R 1. De plus, il est impossible que R soit strictement supérieur à 1 car le
premier membre ne peut pas être prolongé par continuité en 1.
Finalement, en intégrant (Th. 13 p. 361) avec la constante d’intégration arcsin(O) = 0,
il vient
F (M! ib~2n+l ^271-1-1
arcsin x pour tout x E ] —1 ; 1[.
n=0
22n(n!)' 2 2n -|- 1 (2n + l)22n

Par intégration, la série entière 2 exprimant le second membre est encore de rayon de
convergence égal à 1.
1. Voir méthode p. 19.
2. Cette série entière ne comporte que des puissances impaires de la variable ce qui est attendu puisque
la fonction arcsin est impaire.
9.4 Exercices d'apprentissage 371

Exercice 7 I
Former les développements en série entière en 0 des fonctions rationnelles qui suivent : I
(a)/:æ^(x + 2)Ul)2 (b)9: l + x + x2'

Solution

(a) méthode
Pour calculer le développement en série entière d’une fonction rationnelle, il
est usuel d’opérer une décomposition en éléments simples de celle-ci.
Ici, la fonction rationnelle f est de partie entière nulle et son dénominateur est déjà
factorisé dans R[X]. Sa décomposition en éléments simples s’écrit :

1 a b c
7-------- 7777-------- TTô ~ 7 + 7-------- 77^ 4----------- 7 avec a, 0, C G K
(x + 2)(x — l)2 x+2 (x — l)2 x—1

On a
1 _ 1 1 _ 1
(z-1)2 2 9 x+2 -L 3
En multipliant par x et en étudiant la limite en +oo, on trouve c — —1/9.
En exploitant des sommes géométriques, on peut écrire pour x E ]— 2 ; 2[

1 = 1. 1 = 1 vV-* Y = V (~1)T>
x+2 2 l-(-f) 2J 2_y 2n+1
\ 2) n=0 x ' n=0
et pour x G ]—1 ; 1[
1 _1
x—1 1—X n=0

Par dérivation de séries entières, on a aussi pour x G ]—1 ; 1[

1 d / 1 \
+oo
= ^(n + l)xn.
(x — l)2 dx \ x — 1J
n=0
En combinant ces résultats, on conclut

^/3n + 4
•f(x) = 2J—9~ pour tout x G ] — 1 ; 1[-
n=0 '
Par addition, le rayon de convergence de la série entière exprimant le second membre
est au moins égal1 à 1.
1. Il est en fait exactement égal à 1 car la fonction f présente une limite infinie en 1.
372 Chapitre 9. Séries entières

(b) Pour ce calcul, on pourrait aussi opérer une décomposition en éléments simples
qui serait
1
r* -L 0*2
avec j - e2i7r/3

On peut cependant être beaucoup plus efficace avec un peu d’astuce...

méthode
On écrit
1 1—x 1—X
I ----- -7-3

Par sommation géométrique de raison q = x3, il vient pour x E ] — 1 ; 1[

1—X
E(*3n-*3"+1)-
E*3" = n=0
1 — X3 n=0
Finalement, on obtient le développement en série entière

1 +°° I 1 si k = 0 [3]
------ ô = 5^ dkXk avec ak = < -1 si k = 1 [3]
c + XÀ I
fc=o 0 si k = 2

Exercice 8
Justifier que la fonction sinus cardinal (notée sine) définie pour rc € R par
( sinx
si x 0
sincrr = < x
1 si x = 0

est de classe C°° et calculer les valeurs de ses dérivées successives en 0; *


9.4 Exercices d’apprentissage 373

Solution

méthode
On peut établir qu’une fonction définie par un raccord est de classe C°° en
constatant qu’elle est développable en série entière !
Le développement en série entière de la fonction sin permet d’écrire pour tout x G R

8inz = y
j~°° ( 1 \n
£s(2r*+!)’

Lorsque x est non nul, on a

sinæ _ V (~1)n r2n


x ^-(2n + l)! •
n=0 ' '
La valeur d’une série entière en 0 étant égale à son coefficient constant (ici 1), on peut
affirmer que pour tout x réel

C-1)” 2n
-• x « æ •
/ . ”+!)!
sine x — £5(2

La fonction sinus cardinal est donc développable en série entière sur R et par conséquent
de classe C°° (Th. 17 p. 363). De plus, son développement en série entière correspondant
à son développement de Taylor, on peut affirmer pour tout naturel n

(sinc/2n)(0) (—l)n (sinc/2n+1)(0)


(2ÏÏ)! = (2n+l)! et (2n+l)! =

Ainsi,
(sinc/2n\0) = et (sinc)<2n+1>(0) = 0.
2n + 1
, - --- ■
Exercice 9
Déterauiner le rayon ;de Cqnvergenceetla sorgnîe.d^K f *•

Solution
Posons un(x) = xn/(2n)! le terme général de la série étudiée. Pour x 0

Un+i(x) (2n)l rj* — |x|


.. .... . )>
un(;r)------ (2n+l)! 2n+l n^+oo

On en déduit que la série numérique ^2 un(%) converge pour tout réel x et donc le rayon
de convergence cherché vaut +oo.
9.4 Exercices d’apprentissage 373

Solution

méthode
On peut établir qu’une fonction définie par un raccord est de classe C°° en
constatant qu’elle est développable en série entière !
Le développement en série entière de la fonction sin permet d’écrire pour tout x G R
i 00 / 1 \n

sinx

Lorsque x est non nul, on a

sinz (—l)n
x (2n + l)!37
n=0 '

La valeur d’une série entière en 0 étant égale à son coefficient constant (ici 1), on peut
affirmer que pour tout x réel

sine a; y (-Dn
A (2" + D!
La fonction sinus cardinal est donc développable en série entière sur R et par conséquent
de classe C°° (Th. 17 p. 363). De plus, son développement en série entière correspondant
à son développement de Taylor, on peut affirmer pour tout naturel n

(sinc)(2n)(0) (-l)n (sinc)<2n+1)(0)


(2n)! (2n + l)! et (2n+l)!

Ainsi,
(sinc/2n\0) = (-1)" et (sinc)(2n+1)(0) = 0.
2n + 1
Exercice 9 .
y; '......... -, -..... . . ...
Déterminer le rayon de convergence et la sommé de

-+00 q
(2ÏÏ)!
n=o y <

Solution
Posons un(x) = xn/{2n)\ le terme général de la série étudiée. Pour x 0

'U'Tl+l (æ) (2n)! |x|


(2n+l)!æ -------- > 0.
un(x) 2n + 1 n—>+00
On en déduit que la série numérique ^un(xj converge pour tout réel x et donc le rayon
de convergence cherché vaut +00.
374 Chapitre 9. Séries entières

méthode
Pour calculer la somme d’une série entière, on se focalise essentiellement sur
ses coefficients en essayant de les reconnaître parmi ceux des développements
de référence, quitte à opérer quelques transformations.
Ici, le coefficient l/(2n)! figure dans les développements des fonctions cosinus et cosinus
hyperbolique. L’enjeu est alors d’adapter la puissance de x.
Cas : x G [0 ; +oo[. On peut écrire x = t2 avec t = >Jx et l’on a alors

+oo 1 +oo -
V xn — Y'' t2n = cht = chK/x).
(2n)!
n=0 v ' ' '
n=0 (2n)! K ’

Cas : x G ]—oo ; 0]. On peut écrire x = — t2 avec t = y/—x et l’on a alors

( —l)n
F„ (2n)-! (2 )! ~ C°S^ = cos(^“^)-
n=0 v '
Finalement1,
+oo 1 < ch(Væ) si x 0
n=0 (2n)!
' cos (7=x) sinon.

Exercice 10
Établir l’identité
1 arctanrr _ (—l)n
T” d:C = (2n+l)2 '
n=0 K 7
1. La fonction exprimée dans le second membre s’avère de classe C°° sur R car c’est la somme d’une
série entière (Th. 17 p. 363) : cette propriété n’avait rien d’évident a priori !
9.4 Exercices d'apprentissage 375

Solution

méthode
Pour établir qu’une intégrale est une somme, il est fréquent de décomposer
en série entière la fonction intégrée avant d’intégrer terme à terme, soit par
convergence uniforme (Th. 18 p. 238), soit par la convergence de la série des
intégrales des valeurs absolues (Th. 2 p. 296).

A partir du développement en série entière connu de la fonction arctan, on peut écrire


pour tout x G ]0 ; 1[
arctanx _ (—l)n 2n
2n + 1X
x
n=0
On opère alors une intégration terme à terme en introduisant la série des fonctions un
avec
(—l)n
Un(æ) = 2n + ïx2n pour G ]° 5 xt-

La série des fonctions un converge simplement sur ]0 ; 1[ en vertu du développement en


série entière qui précède. Les fonctions un sont continues par morceaux et la fonction
somme l’est aussi car par les calculs initiaux :
+oo
^un(x) = arctan x
pour tout x G ]0 ; 1[.
n=0 x

Les fonctions un sont intégrables sur ]0 ; 1[ car se prolongent par continuité en 0 et en 1.


Enfin, la série fo lwn| converge car

x2n a;2n+i 11 _ 1 1
2n + 1 (2n + l)2 0 (2n + l)2 n->+oo 4n2

Les hypothèses du théorème d’intégration terme à terme (Th. 2 p. 296) étant réunies, on
peut affirmer l’intégrabilité de la fonction somme sur ]0 ; 1[, l’absolue convergence de la
série introduite en second membre et l’identité1

1 arctanx f1 (-l)n \ V
----------
x dx = > I / ------ -x
2rl+1 dx 'I = ^(
> —
2n----
+— 1)-z.

Notons qu’il est aussi possible dans ce sujet de justifier l’intégration terme à terme en
constatant la convergence uniforme de la série de fonctions Un sur [0 ; 1] par application
du critère spécial des séries alternées.

1. On ne sait pas mieux exprimer cette valeur : celle-ci se nomme la constante de Catalan et vaut
approximativement 0,915 965.
376 Chapitre 9. Séries entières

9.5 Exercices d’entraînement


9.5.1 Rayon de convergence

Exercice 11 *
Soit 52 anZn une série entière de rayon de convergence R. On considère sa partie
paire et sa partie impaire /.

]Pa2P^2p et ^2a2p+i-z2p+1 ï

de rayons de convergence R' et R”. Montrer

R — min(R7, R"). .; !

Solution
Les parties paires et impaires de la série entière 52an-zn se comprennent comme les
séries entières 52 bnzn et 52 c„zn avec

è2n = ®2n F e2n — 0

b2n+l ~ 0 [C2n+1 = «2n+l-

méthode
On compare les rayons de convergence, d’une part, en exprimant an en fonction
de bn et cn, d’autre part, en comparant bn et cn à an.
Puisque an = bn + cn pour tout n G N, la série entière 52 anZn est la somme des séries
entières ^bnzn et ^cnzn. On en déduit R min (R', R") (Th. 8 p. 359).
Aussi, puisque |6n| < |an| pour tout n G N, on a R' R (Th. 5 p. 358). Par un
argument similaire, on a aussi R" R et donc min (R7, R") R.
On peut alors conclure à l’égalité R — min(R7, R").

9.5.2 Séries entières d’une variable réelle

Exercice 12 *

(a) Déterminer le rayon de convergence de la série entière

(b) Calculer sa somme.


9.5 Exercices d’entraînement 377

Solution
(a) méthode
La règle de d’Alembert ne s’applique pas à l’obtention du rayon de conver­
gence : on raisonne par double inégalité.
D’une part, la suite ne tend pas vers 0, la série numérique 52 xn diverge
donc grossièrement pour x = 1 et le rayon de convergence R cherché vérifie R 1 (Th. 2
p. 356).
D’autre part, on a | n pour tout n G N* et l’on sait que le rayon de convergence
de la série entière 52 nxn vaut celui de la série géométrique 52 xH (Th. 6 p. 358) à savoir 1.
Par comparaison (Th. 5 p. 358), on obtient R 1 et l’on peut conclure1 R — 1.

(b) Puisque la série entière diverge grossièrement en x = 1 et en x = — 1, l’intervalle


de définition de la somme est ]—!;![.
méthode
Pour calculer cette somme, on sépare les termes d’indices pairs de ceux d’in­
dices impairs afin de pouvoir résoudre la puissance de (—1).
Pour x G ]—1 ; 1 [, l’absolue convergence de la série permet de sommer par paquets et
de séparer la somme en deux selon la parité de n :
+oo 4-oo 4-oo 1

E
n=0 p=0
£ ô^Tïæ
+ p=0 "
2’”’1-
D’une part, par dérivation de série entière (Th. 14 p. 362), on a pour tout x G ]—1 ; 1[

D’autre part, par intégration de séries entières (Th. 13 p. 361), on a pour tout x G ]—1 ; 1[

1. On peut aussi déterminer R en exploitant l’encadrement 1/n < < n sachant que les séries
entières de coefficients 1/n et n sont de rayon 1. On peut aussi revenir à la définition du rayon de
convergence comme borne supérieure.
378 Chapitre 9. Séries entières

Exercice 13 *
Soit '£lanxn une série entière de rayon de convergence R = 1 et de somme S. On
suppose que la suite (an) est à termes réels positifs et que la fonction S est bornée
sur [0; 1[.
(a) Montrer que la série ^an est convergente.
(b) Montrer que la fonction S est définie et continue sur [—1 ; 1].
l .... J

Solution
(a) méthode
On peut montrer la convergence d’une série à termes positifs en constatant
que ses sommes partielles sont majorées.
Puisque la fonction S est majorée sur [0 ; 1 [, on peut introduire M 0 tel que S(x) M
pour tout x E [0 ; 1 [. Comme les coefficients de la suite (an) sont positifs, on a, pour tout
naturel N et tout x E [0 ; 1 [,
N +oo
anxn anxn = S(x) M.
n=0 n=0

En passant à la limite quand x -> 1~, on obtient l’inégalité


N
yyn M.
n=0

Les sommes partielles de la série an sont majorées, or c’est une série à termes positifs,
elle est donc convergente.

(b) Introduisons les fonctions un définies sur [— 1 ; 1] par un(x) = anxn. Les fonc­
tions un sont continues et la série de fonctions ^2 un converge normalement car
sup |un(rr)| — sup an|a:n| = an
æe[-l;l] xe[-l;l]

est terme général d’une série convergente. On en déduit (Th. 16 p. 237) que la fonction
somme S est définie et continue sur [—1 ; 1].
--------------------------- !-----;---------------------------------------------------------------------- - ...... '....... ““.............................. .................................................................... ”....... —------------ :---------------------- :------ -

Exercice 14 **
Soit f(x) la somme d’une série entière de rayon de convergence 1.
On pose pour tout n G N
n ■ +oo
et g(x) =^Snxn.
fc=0 n=0

(a) Déterminer le rayon de convergence de la série entière définissant g.


(b) Pour tout x E ]—1 ; 1[, exprimer g(x) en fonction de /(x).
9.5 Exercices d'entraînement 379

Solution
(a) méthode
Il Les coefficients des deux séries entières définissant les fonctions f et g sont liés
|| par la relation an = Sn — Sn~i pour tout n 1.
Notons R le rayon de convergence de la série entière définissant g. Pour x G [0 ; R[, la
série 22 est absolument convergente (Th. 2 p. 356). Par opérations sur les séries
numériques, la série de terme général
anxn = Snxn — x x Sn-\xn 1
est aussi absolument convergente. Or la série entière 22 Q-nXn est supposée de rayon de
convergence égal à 1 et donc x < 1.
On vient d’établir
x e [0 ; _R[ => x < 1.
On peut donc affirmer R < 1.
Pour x G [0 ; 1 [, on a xn < xk pour tout k G |[0 ; n]j et donc
n n
|SnZn| < ^2|afc||æn| y"Jafc||æfc|.
k=0 k=0
Or la série 22 a,kXk est absolument convergente et donc la suite (Snxn} est bornée. Par
définition du rayon de convergence d’une série entière, on obtient x R.
On vient d’établir
x G [0 ; 1[ ==> x R
on peut donc affirmer 1 < R et conclure R = 1.

(b) On peut écrire


n
Sn = "(qfc x 1)
k=0
et ainsi comprendre la série entière 22 Snxn comme le produit1 des séries entières 22 ^nXn
et 22a;n- On en déduit (Th. 9 p. 359)

g(x) = f(x} x V xn = pour tout x G ]—1 ; 1[.


'n=0 1 —x

Exercice 15 **
Déterminer un équivalent quand x 1“ de

I Jb •

1. On retrouve alors que le rayon de convergence R est au moins égal à 1.


380 Chapitre 9. Séries entières

Solution

méthode
Pour cerner l’ordre de grandeur d’une somme, on cherche à rapprocher celle-ci
d’une somme connue.

On a
Inf 1 + - 1
\ n

Les séries entières J2 nxn et Z2xn on^ même rayon de convergence (Th. 6 p. 358) à
savoir 1. Par équivalence des coefficients, la série entière £2 ln(l + est aussi de rayon
de convergence 1 et la fonction donnée par

+oo / 1
SW = J2ln(1 + - xn
n=l '
est bien définie au voisinage de 1 .
En approfondissant par un développement limité l’équivalent précédent, on peut écrire

, / 1\ 11/1X1 1
In 1 + — I =---- —— + o -x = - + an avec an ~ -77-^
y n J n^+00 n 2n2 \n / n n->+oo 2n2

Pour x € ] — 1 ; 1[, on peut décomposer S(x) en deux sommes absolument convergentes

_|
S(x) = Si(x) + S2(x) avec Si(x) — —xn et £2(2) = anxn.
n=l Tl n=l
D’une part, on reconnaît Si(x) = — ln(l — x). D’autre part, la série ^an étant abso­
lument convergente, la somme £2(2) est bornée

+00 +00
1 < ^2n=liani i*in n=lIL ia«i •
On peut alors écrire

S(x) = — ln(l — x) + S2{x) = = — ln(l — x) + o(ln(l — x)}


-- ' X ~> 1 “
—>4-oo bornée

et donc
S(x) ~ — ln(l — x).
X—>1~
9.5 Exercices d’entraînement 381

9.5.3 Développements en série entière


<------------------------------------------------- 1 ------------ ' '—!-------------------------------------------------------------------------------------- ——'
Exercice 16 *

(a) Former le développement en série entière sur ]—1 ; 1[ de

= (l-^fl-x2)'

(b) En déduire une expression de

an =ë Gaxft{(j, k) e N2 | j 4- 2k = n}.
L - ' " ............ - -.‘.J.. : ... - -....... . —.— , , ...... . ■
Solution
(a) On décompose la fraction rationnelle en éléments simples. Sa partie entière est
nulle et son dénominateur se factorise dans R[X]

(1 - X)(l - X2) = (X- 1)2(X + 1).

La décomposition en éléments simples est alors de la forme


1 abc
(x — l)2(x 4-1) (x — l)2 + x — 1 + x 4-1 aVeC a,b,cE R.

En multipliant par x puis en étudiant la limite en 4-oo, on obtient b — —1/4. Ainsi,

1 = 1/2 1/4 1/4


(1 - rr)(l - a;2) (1-rr)2 1-x 14-/

Pour x G ]—1 ; 1[, on a par sommation géométrique


1 j-oo 1 +oo
—— y(-i)næn et -— = yxn.
14- x n=0
-4-'
1 — x n=0

Par dérivation du dernier développement, on a aussi


+oo
1 d / 1
y(n4- l)xn.
(1 — x)2 àx \ 1 — x n=0

Finalement, on parvient au développement sur ] —1 ; 1[

2n + 3 + (-l)”
382 Chapitre 9. Séries entières

Par convergence, la série entière exprimant le second membre a un rayon de convergence


au moins égal à 1 et, en fait, exactement égal à 1 car le premier membre est de limite +oo
en 1“.

(b) Soit x e ] —1 ; 1[.


méthode
On peut calculer le développement en série entière en opérant un produit de
sommes géométriques.

Par produit de Cauchy de séries absolument convergentes, le coefficient de xn s’obtient


à partir des termes et x2k pour lesquels j + 2k = n. On peut ainsi exprimer
2 +oo
(1-^(1-a;2) ^oanX ’

Par unicité des coefficients d’un développement en série entière sur ] — 1 ; 1 [ (Th. 17 p. 363),
on obtient pour tout naturel n

2n + 3 + (-l)n
an - 4

Un calcul direct de an est aussi facile. Il y a 1 + [n/2] valeurs de k possibles (les nombres
pairs entre 0 et n) et, pour chacune, une seule valeur de j convenable telle que j + 2k = n.
On a ainsi
, n
an = 1 + — .
.L-
Cette nouvelle expression correspond à la précédente.

Exercice 17 *
En introduisant la série entière ^2anxn, déterminer le terme général de la suite
récurrente (an) définie par

n (—1ln
a0 = l et Vn€N, fln+1 =+ ,
n+1 (n+1)!
v i ft.'wrFTTBriiMiiiiiiiiii. il,>hii,mit iwi. i i n 11 .iiiiiiui mi iiiiiiiiiiiiiiiiiiiniimii i ll■llllll■lll!ll iiiiiiiiiiiI

Solution

méthode
On introduit la série entière ^2 o-nXn que l’on montre être de rayon de conver­
gence R > 0. On exploite la relation de récurrence pour calculer sa somme
sur ]—R ,R[. En décomposant la fonction somme en série entière, on obtient
l’expression des an par un argument d’unicité.
9.5 Exercices d’entraînement 383

Pour tout n G N, on a

|an+11 ïïtï + (rhji |a"1 + L


Par une récurrence rapide, on obtient |an| < n + 1 pour tout n G N. On en déduit que
le rayon de convergence R de la série entière o-nX71 est au moins égal à 1. Notons S sa
somme. Pour tout x G ]— R ; _R[

+oo 4-oo
S'(æ) = anxn et S"(z) = 52 (n + ^-)an+ixn-
n=0 n=0
Par la relation de récurrence vérifiée par (an), on obtient

4-oo
s'(zl = £
n—0

On peut séparer par linéarité la somme car les deux sommes introduites convergent

4-00 4-oo z 1 \n
S'(x) = 52 anxn + 52 ±—{-xn = S(x) + e~x.
n=0 n=0
La fonction S apparaît comme une solution sur ]—R ; Æ[ de l’équation différentielle linéaire
du premier ordre à coefficient constant y' = y+e~x. Après résolution, la solution générale
de celle-ci s’exprime
y(x) = Xex — avec A G R.

La condition o,q — 1 donne S'(O) = 1 ce qui détermine la valeur de A et donc

SW = |e* - le-.
On décompose ensuite en série entière les deux termes exponentiels

j~°° o _ /_i\n
= 52 —p°ur toutx e ]—;
n=0
Par unicité des coefficients d’un développement en série entière1, on conclut

3 — (—l)n
an ~ 2ÏÏ! ‘

1. On en déduit a posteriori R = 4-oo.


384 Chapitre 9. Séries entières

Exercice 18 **
On considère la fonction f: ]—1 ; 1[ —> K définie par
. arcsinæ
/(i) - vrÿ
(a) Justifier l’existence d’une suite de coefficients réels (zinf); (quel’on ne cherchera
pas à calculer pour le moment) telle que
4-oo

Va; € ]-l ;■ 1[, f(x) = 22 .


n=0 . ■ ■

(b) Calculer les coefficients de cette suite en introdms^-uneéquatiqn.différentielle ?


linéaire du premier ordre vérifiée par la fonction f.
Solution

(a) méthode
On peut montrer que f est développable en série entière sur ]—1 ; 1[ par argu­
ments d’opérations.

Puisque la fonction u f-> (1 + u)a est développable en série


entière sur ]—1 ; 1[ (Th. 18 p. 364), il suffit de prendre a = —1/2
et u = —x2 pour pouvoir affirmer que la fonction x H 1/y/l — x2
est développable en série entière sur ]—1 ; 1[. Aussi, x ■-> arcsinrr
est développable en série entière sur ] —1;1[ car primitive1 de
la fonction précédente (Th. 13 p. 361). Par produit de fonctions
développables en série entière sur ]—1 ; 1[, on peut affirmer que la
fonction f est aussi développable en série entière sur cet intervalle.
Au surplus, la fonction f est impaire et ce développement ne
comporte donc que des puissances impaires de la variable. On
peut alors écrire, pour tout x G ]—1 ; 1[,
+oo

/(x) — 22 Q"nX2n+1 avec an G R.


n=0

(b) Par dérivation d’un produit, on obtient pour tout x G ]—1 ; 1[


ff( \ 1 ~2x ■ . 1 1
t i t. i —---
J \ > O --------
/ . Q/2 arcsm r. -4-1 ------
r-----
\/l — X2
2 (l-X2)7 V1 -X2
X . 1
= 1i — XÀ + 11 — Xz
2-

1. Les calculs correspondants sont détaillés dans le sujet 6 p. 369.


385
9.5 Exercices d’entraînement

On en déduit que f est solution sur ] —1 ; 1[ de l’équation différentielle linéaire

(1 - x2)y' — xy = 1.

méthode
Une équation différentielle à coefficients polynomiaux permet souvent de for­
mer une relation de récurrence sur les coefficients d’un développement en série
entière.
Soit x 6 ]—1 ; 1[. Par dérivation de série entière
+oo +oo
/(^) = y? anx2n+1 et f'(x) = y^(2n + l)anx2n.
n=0 n=0

L’équation différentielle donne alors


4*oo +oo 4*00
y2(2n + l)anx2n - y^(2n + l)anx2n+2 - y^ anx2n+2 = 1.
n=0 n=0 n=0

On combine entre elles les deux dernières sommes


4-oo 4-oo
y2(2n + l)ûn^2n - y2(2n + 2)an^2n+2 = 1-
n=0 n=0

On opère un glissement d’indice sur la deuxième somme


4-oo 4-oo
y^(2n + l)anx2n — y^ 2nan-ix2n = 1.
n=0 n=l

Enfin, on combine les deux sommes en une seule en isolant le terme initial de la première
somme
a0 H- y2((2n + !)an _ 2nan_i)x2n = 1.
n=l

Cette identité peut se comprendre comme l’égalité de deux séries entières où le second
membre est associé à une série entière dont tous les coefficients sont nuis, sauf le coefficient
constant qui est égal à 1.

méthode
L’unicité des coefficients des développements en série entière (Th. 17 p. 363)
permet d’identifier ceux-ci.
On a donc
ao = 1 et Vn e N, (2n + l)an — 2nan_i = 0.
386 Chapitre 9. Séries entières

En exploitant la relation de récurrence, on écrit

2n 2n (2n — 2)
= (2n + l)“"^ = (2n + 1) ' (2n-l)On“1 = ' "
(2n)(2n — 2) x • • • x 2
“ (2n + l)(2n-l) x ••• x 3^'

Enfin, en exprimant, le produit des entiers pairs et des entiers impairs à l’aide de nombres
factoriels1
(2n 4- l)1
(2n)(2n — 2) x ••• x 2 = 2nn! et (2n + l)(2n - 1) x • • • x 3 = v ,

on conclut
(2nn!)2
an~ (2n + l)!'

Exercice 19 **

(a) Développer en série entière sur ] — 1 ; 1[ la fonction arcsin.


(b) Vérifier que le développement de la fonction arcsin est en fait valable sur [—1 ; 1].
(c) En calculant de deux façons

/ arcsin(sin t) dt
Jo

déterminer la valeur de la somme


+oo

Solution

(a) Le développement en série entière de la fonction arcsin à déjà été traité dans le
sujet 6 p. 369. Pour tout réel x de l’intervalle ]—1 ; 1[, on a

~rw 1
(2n)' 2n+l
arcsin x= > -— du
J 2n + 1 (2nn!)2
n=0 v 7

(b) méthode
Pour prolonger l’identité, on utilise un argument de continuité. On étudie pour
cela la convergence normale de la série de fonctions sur [—1 ; 1].

1. Voir méthode p. 19.


9.5 Exercices d’entraînement 387

Par la formule de Stirling


1 (2n)! 1 x/27T x 2n(Ç)2n
2n + 1 (2nn!)2 n—>+oo 2n + 1 22n27rn(^)2n

1 1
n->+oo 2n + 1 y/TTn n—>+oo

La série de terme général an est donc absolument convergente.


Considérons alors la série des fonctions un déterminées par un(x) = anxn avec x dans
le segment [—1 ; 1 . Ces fonctions sont continues et la série de fonctions ^2 un converge
normalement sur —1 ; 1] car sup |un(rr)| = an. On en déduit que la fonction S donnée
par æG[-i;i]
+oo
s (x) =
n=0
est définie et continue sur [— 1 ; 1] (Th. 16 p. 237). Par les calculs qui précèdent, cette
fonction se confond avec la fonction arcsin sur l’intervalle ]—1 ; 1[. Or ces deux fonctions
sont continues, et donc, par passage à la limite, sont aussi égales en 1 et —1.

(c) méthode
Un premier calcul est facile en simplifiant arcsin(sini). Un second est possible
en opérant une intégration terme à terme.
D’une part, on peut réaliser un calcul direct
r71’/2 r71-/2 ^2
/ arcsin (sin i) dt — / tdt= —
Jo Jo o

D’autre part, on peut exprimer cette intégrale en opérant une intégration terme à
terme (Th. 18 p. 238). On introduit les fonctions un(t) = an sin2n+1 i pour t G [0 ; ?r/2].
Celles-ci sont continues et la série de fonctions ^2 vn converge normalement car
sup |un(t)|=an-
t€[0;7r/2]

On peut alors écrire

1. Pour calculer celles-ci, on forme une relation de récurrence par intégration par parties : voir sujet 19
du chapitre 4 de l’ouvrage Exercices d’analyse MPSI.
388 Chapitre 9. Séries entières

Après simplifications, on obtient

o S <2" + '
On en déduit1

méthode
On ne dispose dans le cours de résultats relatifs à la composition de fonctions
2. Ici, on simplifie le problème en opérant par
développables en série entière1
dérivation-intégration.

La fonction f est définie et dérivable sur ]— oo ; 1[. Sa dérivée est une fonction rationnelle
qui s’exprime

,, , = IiA?tan(f) = 2tan(g)
1 + (i±£ tan(f)}2 U-*)2 + (l + z)2tan2(|)’

En écrivant la tangente comme quotient des fonctions sinus et cosinus, on obtient

fl(xx =________ 2sin(f)cos(f)________


(1 — x)2 cos2(^) + (1 + x)2sin2(^)

Par les formules

sin(2a) = 2 sin a cos a et cos(2a) = cos2 a — sin2 a

on simplifie l’expression
r(æ) =9-q , 2-
1 — 2x cos a + x2
1. Il est alors possible d’en déduire la valeur 52*^ A? = ; voir sujet 5 du chapitre 11 de l’ouvrage
Exercices d’analyse MPSI.
2. On peut cependant établir que si f et g sont des fonctions développables en série entière et si
g(0) = 0 alors la composée f o g est développable en série entière au voisinage de 0.
9.5 Exercices d'entraînement 389

Le trinôme du dénominateur est de discriminant A = — sin2 a et de racines distinctes e1Q


et e-1Q : il se factorise (x — e1") (x — e-1Q). Par décomposition en éléments simples d’une
fraction réelle
sina 1 1
avec a = -------- — = — et o = a =----
x — e~1Q 2i 2i
Par sommation géométrique de raison q — xe ia, on obtient pour tout x E ] — 1 ; 1[
1 11 +o° +oo
---- = —= _e-ia y (e-“*x\n = - y e-i(n+1)“rrn.
— eia eia 1 — a;e~ia
n=0 n=0

méthode
Il est inutile de reproduire le calcul pour le deuxième terme : il suffit de conju­
guer le résultat précédent !
1 7 i V +o°
— I 1 ) — _y
x — e~ia \x
x
— eia /7 2—
n=0
En combinant les calculs qui précèdent, on écrit pour tout x E ] — 1 ; 1[
- / 4-oo +oo \ 4-oo
f'(x) = 2Ï ( 52 ei(n+1)aæn - 12 e“i(n+1)axn =52 sin((n + 1)«)a;n-
\n=0 n=0 / n=0

Enfin, en intégrant ce développement en série entière sur ]—1 ; 1[ avec la constante d’in­
tégration /(O) = a/2, on peut conclure1
4-°o . / x
,/ x O. , sm(na) „1
/(a;) = ô + X--------- x avec xe F1;1-
2 n=l n

Exercice 21 ** (Une fonction plate en 0) I


Soit /: —> R définie par ,f(x) — e^3?. I
(a) Justifier.. queJ’mjpgiit, ptdîpïi^œ fcontinuité en 0.
On note encore fle prolongèrent obtehu. Cette fonction est évidemment de
classe C°° sur les intei valles ] -oc : 0f et ]0 ; +oo[.
(b) Observer que, pour tout naturel^, il existpun polynôme réel Pn, tel que
1 \ i y...... L
- | e“l/a?2 pour tout * G R*.
iry
(c) Montrer que / est.dé classe €°° surR ayec/^n^Q).= O pour tout ne N.
(d) Observer que f n’est pas développable en série entière2 en 0.
1. Il est aussi possible de donner un sens à cette identité en x = — 1 voire en x — 1 ce qui permet de
calculer pour a e ]0 ; tt[.
2. La fonction f est un exemple de fonction de classe C°° non développable en série entière.
9.5 Exercices d’entraînement 389

Le trinôme du dénominateur est de discriminant A = — sin2 a et de racines distinctes eia


et e~ia : il se factorise (x — eia) (x — e~1Q). Par décomposition en éléments simples d’une
fraction réelle
a b sin a 1 1
rw = x — e1Q x — e~ia
avec a=
x — e-ia x=eia

et b — a = —
2i
Par sommation géométrique de raison q — xe~ia, on obtient pour tout x G ]-l ; 1[
1 il +°°
------ - = — • ---- —— = -e-iaV (e~iax)n = -V e-'^n+^axn.
x — eia eia 1 — xe~ia 1
n=0 n—0

méthode
Il est inutile de reproduire le calcul pour le deuxième terme : il suffit de conju­
guer le résultat précédent !
+oo
1
=- ei(n+1)axn
x — e~ia n=0

En combinant les calculs qui précèdent, on écrit pour tout x G ] — 1 ; 1[

e-i(n4-l)axn
— sin((n 4- l)ct):cn.
n—O

Enfin, en intégrant ce développement en série entière sur ]—1 ; 1 [ avec la constante d’in­
tégration /(O) = a/Z, on peut conclure1
4-oo . / •.
x a x—a sm na „
f(x) — A + / J-------- ~x avec eG]-1;1[.
Zj TL

Exercice 21 ** (Une fonction plate en 0)


Soit f: R* —> R définie par f(x) = e~Afx .
(a) Justifier que l’on peut prolonger f par continuité en 0.
On note encore f le prolongement obtenu. Cette fonction est évidemment de
classe C°° sur les intervalles ]—oo ; 0[ et ]0 ; 4-oo[.
(b) Observer que, pour tout naturel n, il existe un polynôme réel Pn, tel que

f^n\x) — Pn [ - Je-1/® pour tout x G R*.

(c) Montrer que f est de classe C°° sur R avec (0) = 0 pour tout n G N.
(d) Observer que f n’est pas développable en série entière2 en 0.
UJ.. !MJ1 uiiul . .j,y--ilu_iLxi_u.UL.n1.JJ'UULLUU jj-ux- J ±11 MUL n- u» ..l- Amum - 1.LI. Iibuu laii m.—— j - LL -■.-J î~ „ 1 • ~T<
1. Il est aussi possible de donner un sens à cette identité en x = — 1 voire en x — 1 ce qui permet de
calculer AnS sin^t-' = pour a g ]0 ; 7r[.
2. La fonction f est un exemple de fonction de classe C°° non développable en série entière.
390 Chapitre 9. Séries entières

Solution
(a) Lorsque x tend vers 0 par valeurs supérieures ou inférieures, — 1/rr2 tend vers —oo
et donc f(x) tend vers 0 par composition de limites. On peut alors prolonger f par
continuité en 0 en posant /(O) = 0.

(b) Raisonnons par récurrence sur n e N.


La propriété voulue est immédiate pour n = 0 en prenant le polynôme constant Pq = 1.
Supposons la propriété vérifiée à un rang n > 0. Puisque /O+1) est la dérivée de f^n\
on obtient par dérivation d’un produit et de fonctions composées

xz \x ) xà \x )
Le polynôme Pn+i — ~X2P^ + 2X3 Pn G R[X] permet alors d’écrire

/<"+%) = .Pn+1(iV
/
1/l2.
La récurrence est établie.

(c) méthode
|| On raisonne par « limite de la dérivée ».
Lorsque x tend vers 0 par valeurs supérieures, X = 1/x tend vers +oo et par croissances
comparées
f(n\x) = Pn(X)e~x2------- >0.
>0+
x—

On obtient la même limite en 0 par valeurs inférieures.


Par application répétée du théorème du prolongement Cn, on obtient que f est de
classe C°° et ses nombres dérivés successifs en 0 sont nuis.

(d) Par l’absurde, si f est développable en série entière en 0, il existe r > 0 tel que f
est égale à la somme de sa série de Taylor sur ]—r;r[ (Th. 17 p. 363) :

f(x) — \ ----- —~xn — 0 pour tout x e ]—r ;r[.


n=0
z—' n\

C’est absurde car /(a;) = e-1/*2 > 0 pour x non nul !


O 9.5 Exercices d’entraînement 391

Exercice 22 **
Pour z G R on pose
f(x) = e-æ2 f e* dt.
Jo
(a) Former le développement en série entière de f sur R en opérant à un produit
de développements en série entière.
(b) Calculer de nouveau ce développement en introduisant une équation différen­
tielle linéaire d’ordre 1 vérifiée par f.
(c) En déduire la relation

y (~i)fc M 4«
(2n + l)(^)
Solution

(a) Pour x G R, on sait par la série exponentielle

avec

La fonction x Jo e dt est la primitive s’annulant en 0 de x ex . On a donc par


intégration de série entière
£ x2n+1
avec bn
n\ 2n +1

Les séries £ an et £ bn convergent absolument et donc, par produit de Cauchy1,

(4-oo \ / 4-oo \ 4-oo n


jI j — avec Cn = (Zn_fc&fc.
n=0 / \n=0 / n—0 fc=O

En reprenant les expressions définissant an et bn, on obtient


_ æ2fc+1 \_yV(~l)n~fc 1 \ 2n+i
Cn j”\ (n — ky. (2fc+l)fc!/ +1 (n — &)!&!/

Ainsi, on peut écrire pour tout x réel le développement en série entière

/W = £^2n+1 avec d„ = gÇL£r.—

1. Il est ici plus commode d’effectuer un produit de Cauchy de séries numériques plutôt qu’un produit
de séries entières.
O 392 Chapitre 9. Séries entières

(b) La fonction f est le produit d’une fonction dérivable par une fonction qui exprime
une primitive. Elle est donc dérivable avec pour tout x € R

f (x) = -2xe x
2 fX .2 2 2
/ e dt + e 1 xe1 — — 2x/(x) 4-1.
Jo
La fonction f apparaît solution de l’équation différentielle y' + 2xy = 1.
méthode
Plutôt que de démontrer à nouveau que f est développable en série entière
exploitons le résultat précédent pour affirmer que ce développement existe et
qu’il s’exprime avec des puissances impaires de la variable.
On peut écrire /(x) sous la forme
4-oo
/(x) = dnx2n+1 avec dn G R.
n=0

Il s’agit alors d’exploiter l’équation différentielle pour exprimer différemment les coeffi­
cients dn.
Par dérivation de développement série entière1
4-oo
/'(æ) = 52(2n+ l)dnx2n.
n=0

En injectant ces expressions dans l’équation différentielle, on obtient


4-oo 4-oo
J7(2n 4- l)dnx2n + 2dnx2n+2 — 1.
n=0 n=0

On opère un décalage d’indice sur la deuxième somme


4-oo 4-oo
+i)dnx2n + 2dn~iz2n = i.
n=0 n=l

On isole le terme initial de la première somme afin de pouvoir combiner les deux sommes
en une seule
4-oo
do 4- + l)dn + 2dn_i)x2n = 1.
71= 1
Par unicité des coefficients d’un développement en série entière on peut affirmer

do = 1 et Vn G N*, (2n 4- l)dn 4- 2dn_i = 0.


1. Lors de cette dérivation, il ne faut pas faire disparaître le premier terme de la somme : le premier
terme de la somme disparaît lors d’une dérivation uniquement lorsqu’il est constant !
9.5 Exercices d’entraînement 393

On en déduit
(-2) , (-2) (~2)
2n + 1 n 1 2n + 1 dn—2
2n — 1
(~2) (~2)
x •• • x do-
2n+ 1 2n — 1

En exprimant, les produits des entiers impairs à l’aide de nombres factoriels \ on conclut

22nni

(c) L’identification2 des deux expressions de dn donne

1 \ _ (-l)"4"n!
M(2k + Î) (n — fc)!fc! J (2n + 1)!

On peut réorganiser en

(—l)fc n! \ _ 4n(n!)2 _ 4n (n!)2


(2k + 1) (n — À:)!fc!/ (2n+l)! (2n 4-1) (2n)!

En reconnaissant les coefficients binomiaux apparaissant dans les deux membres, on


obtient la relation voulue

4n
fc=0 1
(2n+l)(2")'

Exercice 23 ***
Soit (an) une suite réelle bornée.
(a) Déterminer le rayon de convergençe R de la. sérié Entière

On note S la fonction somme de cette série entière.


(b) On suppose que la suite (an) converge vers un réel £ Étudier
lim e~xS(x).
x—>+oo '

1. Voir méthode p. 19.


2. Cette identification est possible par unicité des coefficients d’un développement en série entière sur
un intervalle ]— r ; r[ avec r > 0.
394 Chapitre 9. Séries entières

Solution
(a) La suite (an) n’est pas suffisamment concrète pour que la règle de d’Alembert soit
utile. On raisonne par comparaison. La suite (an) étant bornée, on peut écrire

n! n->+oo yn! /
La série exponentielle étant de rayon de convergence +oo, par comparaison de rayons de
convergence (Th. 5 p. 358), on conclut R — +oo.

(b) méthode
L’étude du cas particulier (an) = (1) permet d’avoir l’intuition que la limite
attendue vaut £. On étudie alors la différence « en rapprochant ce qui se res­
semble ».
Pour tout x G R,
/+°° n o X
e~xS(x) — 1 — q~x (S(x) - £ex) = e~x I •
\n=0 n' /
méthode
Il Pour résoudre cette limite, on raisonne en 2e en découpant la somme afin de
| traduire la convergence de an vers t.
Soit e > 0. Il existe N G N tel que |an —t\ e pour tout n N. Pour x 0, on peut
séparer la somme en deux
N— 1 I 01 4“°° | n\ \

(n=0E
N-l I z?|
+ nE
—N
+°° c X.
/

y y
D’une part,
(n=0 i±l—E!x»+
n! -“r n! n=N/ /

+oo +oo
E^E^-1-
n=N n=0
D’autre part, un polynôme est négligeable devant l’exponentielle en l’infini
—1 I 01 = 0(e*).
NÿkzÿÉîæ»
n=0 ni x->+oo v '
Pour x assez grand, on peut alors écrire
|e-xS(x) - £| C e"1 (ee* + sex) = 2e.
Ainsi,
e~xS(x)------- > £.
9.5 Exercices d'entraînement 395

Exercise 24 *** (Fonctions absolument monotones)


Soit a > 0 et f : ]—a ; a[ —> R une fonction de classe C°° vérifiant
VneN, VæG]-a;a[, fÇn\x) 0.
(a) Soit a; G ]—o;<z[ et un réel r vérifiant |x| < r < a. Montrer
n+l
x
r /W-
fc=0
(b) En déduire que f est développable en série entière sur ]— a ; a[.
(c) ’ Montrer que x tan a; est développable en série entière sur ]—7t/2 ; tt/2[.

Solution

(a) méthode
Le premier membre peut être exprimé par la formule de Taylor avec reste
intégral.
La fonction f étant de classe Cn+1, on peut écrire
>x

k=0

méthode
Le changement de variable affine t = xu permet d’exprimer le reste intégral
par une intégrale sur l’intervalle fixe [0 ; 1].
On obtient

JW - È /" (i - uyf^\xu) dU.


k- n! J»

Puisque x |æ| r, on a xu ru pour tout u G [0 ; 1] puis

0 f^n+1\xu) /(n+1)(ru)
car la fonction /<n+1) est croissante puisque de dérivée f(n+2) 0.
Par intégration en bon ordre de cette inégalité, on obtient

1 [\1- u)nf<n+r> (xu) du i f (1 - u)n/(n+1) (ru) du.


n! Jq n! Jo
396 Chapitre 9. Séries entières

C
On en déduit

-1 in+1
/ (l-u)n|/(n+1)(a:u)|du
Jo

^0

(b) Puisque |a;/r| < 1, le terme géométrique |a?/r|n+1 tend vers 0 quand n tend vers
l’infini et la majoration précédente donne

k<
* /(æ).
fc=O

Ainsi, la fonction f est développable en série entière sur ]— a;a[ car y est égale à la
somme de sa série de Taylor.

(c) méthode
On commence par vérifier que la fonction tan vérifie « un peu » les hypothèses
en cours.
Pour x G ]—7r/2 ;tt/2[, posons f(x) = tan a;. Par récurrence sur n G N, montrons
/(n)(rr) = Pn (tan x)
avec Pn un polynôme réel à coefficients positifs.
Pour n = 0, la propriété est immédiate avec Pn = X.
Supposons la propriété vraie au rang n 0. Par dérivation de fonctions composées
y(n+i)^) _ _É-Çpn(tanz)) = (1 +tan2x)P4(tano:).

Le polynôme Pn+i = (14- X2)P„ est alors solution car convenable et à coefficients
positifs.
La récurrence est établie.
On en déduit alors que f(n\x) 0 pour tout x G [0 ; 7r/2[ car f^n\x) apparaît comme
la valeur sur un réel positif d’un polynôme à coefficients positifs.
méthode
L’étude qui précède peut être reprise sur l’intervalle [0;tf/2[. On généralisera
à ]—7r/2;7r/2[ par un argument de parité.
9.6 Exercices d'approfondissement 397

En reprenant l’étude qui précède, on obtient

/(rr) = /J---- pour tout x G [0;tt/2[


n=o n'

avec, par convergence, un rayon R au moins1 égal à tt/2 pour la série entière exprimant
le second membre.
Par imparité de la fonction /, on a f(2p) (0) = 0 pour tout p G N et l’on peut simplifier
la relation précédente
j~°° f(2P+1)fn'|
= 52 ~(2p+ 1)! x2P+1 P°Ur t0Ut X G

Les deux membres de cette identité correspondent à des fonctions impaires, l’identité2
est donc encore valable pour tout x G ]— 7r/2 ; tt/2[.

9.6 Exercices d’approfondissement

Soitct ©-JELq^Ja fonction f: x .cos(2ct arcsin a;) défipie sut pi ?!]■

Solution

(a) Par composition, la fonction f est définie et de classe C°° sur ]—1 ; 1[. Par dérivation
de fonctions composées, on a pour tout x G ]—1 ; 1[
sin(2a arcsin x}
x/1 — x2
_2^7
»),92 cos(2û! arcsin x) „
-^-2ax4 ----- 3/2 sin(2a arcsin x).
— -r2 1 '

On constate alors que f est solution sur ]—1 ; 1[ de l’équation différentielle linéaire
(1 - x2)y" - xy' + (2a)2y = 0.

(b) La fonction f vérifie aussi les conditions initiales t/(0) = 1 et j/(0) = 0.


1. Le rayon R est en fait exactement égal à ît/2. En effet, si par l’absurde R > ît/2, il est possible de
prolonger la fonction tangente par continuité en tt/2 !
2. Dans le sujet 27 p. 402 on détermine la suite des coefficients de ce développement en série entière.
9.6 Exercices d’approfondissement 397

En reprenant l’étude qui précède, on obtient

f(x) = -- -—-xn pour tout x G [0;tf/2[


n=0 n!

avec, par convergence, un rayon R au moins1 égal à tf/2 pour la série entière exprimant
le second membre.
Par imparité de la fonction /, on a /^(O) = 0 pour tout p G N et l’on peut simplifier
la relation précédente

/O) = ~(2p + 1)! æ2P+1 P°Ur tOUt X G

Les deux membres de cette identité correspondent à des fonctions impaires, l’identité2
est donc encore valable pour tout x G ] — tt/2 ; tt/2[.

9.6 Exercices d’approfondissement

Exercice 25 ** v .

Solution

(a) Par composition, la fonction / est définie et de classe C°° sur ]—1 ; 1[. Par dérivation
de fonctions composées, on a pour tout x G ]—1 ; 1[

sin(2aarcsinx)
—v ....... —- et
V1 — X2
x9cos(2aarcsina;) „ (—. —2x . . . .
k 7 - 2a x -— ------------ —tt sm( 2o arcsm x).
1 — x2 2

On constate alors que f est solution sur ] —1 ; 1[ de l’équation différentielle linéaire

(1 - x2)y" - xy' + (2a)2 y = 0.

(b) La fonction / vérifie aussi les conditions initiales r/(0) = 1 et 2/(0) = 0.


1. Le rayon R est en fait exactement égal à tt/2. En effet, si par l’absurde R > tt/2, il est possible de
prolonger la fonction tangente par continuité en tt/2!
2. Dans le sujet 27 p. 402 on détermine la suite des coefficients de ce développement en série entière.
398 Chapitre 9. Séries entières

méthode
Le théorème de Cauchy (Th. 6 p. 412) assure que l’équation différentielle étu­
diée possède une unique solution sur ] — 1 ; 1 [ vérifiant les conditions initiales
données. Pour déterminer le développement en série entière de f, nous al­
lons, par analyse-synthèse, rechercher les fonctions sommes de séries entières1
vérifiant l’équation différentielle et les conditions initiales.

Analyse : Soit ^2 anxn une série entière de rayon de convergence R > 0 et de somme S.
On suppose que S est solution sur ] —R ; _R[ de l’équation différentielle proposée et vérifie
les conditions initiales 5(0) = 1 et 5z(0) = 0.
Pour tout x E ]— R ; 7?[, on sait
+oo +oo
5(x) — ^anzn, S'(x) = nana;n~1 et
n=0 n=l
+oo 4-oo
S"(z) = 5^ n(n - l)anxn~2 = y^(n + 2)(n + l)an+2xn.
n=2 n=0

En injectant ces expressions dans la relation


(1 - x2)S"(x) - xS’(x) + (2à)2S{x) = 0
de sorte que les sommes s’expriment toutes en fonction de xn, on obtient
4-oo 4-oo 4-oo 4-oo
y^(n + 2)(n + l)an+2xn — n(n ~ nanXn + (2a)2 anxn = 0.
n—O n=2 n=l n=0

En adjoignant des termes nuis, on peut faire commencer toutes les sommes du rang 0 et
les combiner en une seule

((n + 2)(n + l)an4-2 - (n2 - (2a)2) an^xn = 0.


n=0

Par unicité des coefficients d’un développement série entière, la relation ci-dessus est
vraie sur ] —1 ; 1[ si, et seulement si,
Vn e N, (n + 2)(n + l)an+2 - (n2 - (2a)2)an = 0.
Au surplus, les conditions initiales 5(0) = 1 et 5Z(O) = 0 déterminent les valeurs «o — 1
et ai — 0. On en déduit a2p+i = 0 pour tout p € N et
_ (2p - 2)2 - (2a)2 (2p - 4)2 - (2a)2 0 - (2a)2
Ü2p 2p(2p—1) X (2p —2)(2p —3) x‘”x 2x1 a°
1 CJ/
=o n H2 - p*)2)=(2^y n o - «x*+“>)■
\ 9 2p P-1 / x

fc—0 k—0

1. La fonction f étant paire, on pourrait se limiter aux séries entières J2anæ2n afin d’alléger un peu
les calculs.
9.6 Exercices d’approfondissement 399

Synthèse : Soit 52 anXn la série entière déterminée par les coefficients proposés ci-
dessus.
Dans le cas où a € Z, la suite (an) est nulle à partir d’un certain rang et la série
entière 52 anXn est de rayon de convergence R — +oo.
Dans le cas où a Z, pour x 0 et up(x) = d2Px2p, on constate up(x) 0 et

Up+i (æ) Û2p+2 l „,2 (2p)2 - (2a)2


up(a;) Û2p
|X| —
(2p + 2)(2p+ 1) p—> + cK>

La série entière 52 anXn est alors de rayon de convergence R = 1.


Dans les deux cas, le rayon de convergence est au moins égal à 1 et les calculs de
l’analyse peuvent être repris sur l’intervalle ]—1 ; 1[ pour affirmer que la fonction somme
de cette série entière est solution de l’équation différentielle

(1 - x2)y" - xy' + a2y — 0.

Au surplus, elle vérifie les conditions initiales y(0) = 1 et y'(0) = 0. Par unicité des
solutions à un tel problème de Cauchy, on peut conclure que f est égale à la somme de
cette série entière sur ]—1 ; 1 [ :

+°° 22? p-1z


cos(2a arcsin x) — — a)(k + a pour tout x e ]—1 ; 1[
p=o fc=o V

Exercice 26 **
On considère la suite récurrente (an) définie par
a0 > 0 et Vn è N-, un+i = ln(l -Kd*)'.
(a) Déterminer le rayon.de çon^erge^e R ^4% entière, 52 apxn-
(b) Étudier la convergente et la contiguïté de, -
(c) Déterminer la limite de la suite (uj) de termp général
'V” h ,,?■ ’ v
.... j= -n- —
r°,~ r-L i, 2 1'

(d) En déduire
n->+oo n
(e) Donner un équivalent en R~ de la somme de la série entière.
Solution
(a) Commençons par une brève étude de la suite (an). On sait ln(l + x) > 0 pour
tout x > 0. La suite (an) est donc bien définie et ses termes sont strictement positifs. De
9.6 Exercices d’approfondissement 399

Synthèse : Soit 22 anxn la série entière déterminée par les coefficients proposés ci-
dessus.
Dans le cas où a G Z, la suite (ftn) est nulle à partir d’un certain rang et la série
entière 22 anXn est de rayon de convergence R = +oo.
Dans le cas où a Z, pour x 0 et up(x) = a2Px2p, on constate up(x) 0 et
^p+i(•£)
^2p+2 (2p)2 - (2a)2 2
n2 =
Up{x} ®2p (2p + 2)(2p+l) p—>4-oo

La série entière 22 anxn est alors de rayon de convergence R = 1.


Dans les deux cas, le rayon de convergence est au moins égal à 1 et les calculs de
l’analyse peuvent être repris sur l’intervalle ] —1 ; 1[ pour affirmer que la fonction somme
de cette série entière est solution de l’équation différentielle

(1 — x2>)y" — xy' + a2y = 0.

Au surplus, elle vérifie les conditions initiales 7/(0) = 1 et ?/(0) = 0. Par unicité des
solutions à un tel problème de Cauchy, on peut conclure que f est égale à la somme de
cette série entière sur ]—!;![ :

2°^ 22p T—r / \


cos(2aarcsinrc) = JJ Hk — a)(k + a)jx2p pour tout x E ] — 1 ; 1[
p=0 fc=0

Exercice 26 **
On considère la suite récurrente (ftn) définie par

«o > 0 et VnG N, an+1 — ln(l + ftn).

(a) Déterminer le rayon de convergence A de la série entière ^anxn.


(b) Etudier la convergence et la continuité de 22 anXn en tr — —R.
(c) Déterminer la limite de la suite (un) de terme général
■■ 12 -■ ‘ 1 . A' /,'•
Up — ~ •
Un+1
■ ■■ i ’Mî.; . ' . ÿ

(d) En déduire
2
dp ~ .
n—>+oo n
(e) Donner un équivalent en 1?, de la somme de la série entière.

Solution

(a) Commençons par une brève étude de la suite (ftp). On sait ln(l + x} > 0 pour
tout x > 0. La suite (ftn) est donc bien définie et ses termes sont strictement positifs. De
400 Chapitre 9. Séries entières

plus, on connaît l’inégalité classique ln(l + x) < x (valable pour tout x > —1) et l’on en
déduit la décroissance de la suite (an) :

ûn+i — ln(l H-
La suite (an) étant décroissante et minorée par 0,
elle converge vers un réel t 0. En passant à
la limite dans la relation an+i = ln(l + an), on
obtient l’équation £ = ln(l 4- £) dont l — 0 est
la seule solution. Finalement, la suite (an) tend
vers 0 par valeurs strictement positives.
Déterminons maintenant le rayon de convergence R de la série entière 52 «næn • Pour x
un réel non nul
«n+i^n+1 _ an+1 _ ln(l 4- an)
n 1*^1
Sachant (an) de limite nulle, on a ln(l 4- an) ~ an quand n tend vers +oo et donc

an+1xn+1 ---- |æ ——■» kl-


^n*^n n->+oo an n—>+oo

Le rayon de convergence cherché est donc R — 1.

(b) Pour x — —1, la série numérique 52 (~l)nan converge car c’est une série alternée
(puisque an > 0) dont la valeur absolue décroît vers 0.
Pour étudier la continuité en —1, on introduit les fonctions un données par

un(x) = pour tout x G [— 1 ; 0].

Pour chaque x G [—1 ; 0], la série numérique 53wnk) vérifie les hypothèses du critère
spécial des séries alternées. On peut donc borner son reste Rn{x) par la valeur absolue
du premier terme qui l’exprime
+oo
I n+11
= Ûn4-l|æ | an4-j.
fc=n+l

Ce majorant uniforme étant de limite nulle, il y a convergence uniforme de la série de


fonctions 52 sur l’intervalle [—1 ;0]. Les fonctions sommées étant toutes continues, on
peut affirmer que la somme de la série entière est continue en —1.

(c) méthode
On détermine un équivalent de an en reproduisant la démonstration du lemme
de l’escalier1 appliqué à la suite des l/an.

1. Voir sujet 17 p. 29.


9.6 Exercices d'approfondissement 401

La suite (an) étant de limite nulle, on peut écrire le développement limité

ln(l+ an) = an - + o(a^).


n—>4-oo Z

En réduisant au même dénominateur


u = 1_____ 1_ = an - ln(l + an) = + °(an)________ 1
dn+i an anan+i n-n-oo an(an + o(an)) n->4-oo 2

(d) La série de terme général 1/2 est une série à termes positifs divergente. Par som­
mation de relation de comparaison (Th. 6 p. 7)
n—1 / - , \ n—1 ,
i 1 1 \ v""' 1 n
fc=O
ak / n->+o° fc=O
“ 2 2
Par télescopage, on peut exprimer la somme du premier membre et affirmer
11 n
an dQ n->4-oo 2
Enfin, sachant a® constant, on conclut
2
an n—>4-oo n

(e) méthode
On décompose la somme de la série entière en écrivant

2 ,I-----
an = — £n avec En----------- > n0.
n 71 n—>4-oo

Soit x e [0 ; 1 [. Avec les convergences absolues des séries engagées, on écrit

D’une part,
4-°°
^2 — — —21n(l — x).
n—l
D’autre part, si l’on introduit e 0, il existe un rang TV € N tel que |en|
tout n supérieur à TV et alors
N—l
,n V -xn
n=l n=N
n
N-i , .
l£n|

n=l
402 Chapitre 9. Séries entières

Le premier terme de la somme majorante possède une limite finie quand x tend vers 1
alors que ln(l — x) y est de limite infinie. Il existe donc un voisinage de 1“ sur lequel
2V-1 , ,

z-—/ n

puis
,n

n=l
Cette étude permet d’affirmer la comparaison asymptotique

,71

n=l

et l’on peut conclure

,n
—21n(l — x).
n=0

Exercice 27 ** (Développement en série entière de la fonction tangente)


Soit (an) la suite réelle déterminée par ao = 1 et la condition
n
5-—\ dn—k n , , d
yj = 0 pour tout n 1.
fc=0

(a) Calculer ai, a2, a3.


(b) Montrer que le rayon de convergence R de la série entière Y^anZn est au moins
égal à 1.
(c) Etablir que pour tout \z\ < R,

2
n=0
ez + 1

(d) En déduire l’expression du développement en série entière de la fonction tan sur


l’intervalle ]—R/2 ; R/2[ en fonction des termes de la suite (an).

Solution
(a) La condition (*) peut être résolue en

(**)

On peut alors calculer successivement les premières valeurs de la suite à partir de ao = 1.


On obtient ai = —1/2, a2 = 0 et a3 = 1/24.
9.6 Exercices d’approfondissement 403

(b) méthode
|| On montre que la suite (an) est bornée.

Par récurrence forte, vérifions |an| < 1 pour tout n G N.


Pour n — 0, la propriété est bien vérifiée.
Supposons la propriété vérifiée jusqu’au rang n 0. En appliquant l’inégalité triangu­
laire à la relation (**) on obtient

=e—1

La récurrence est établie.


En revenant à la définition du rayon de convergence comme borne supérieure, on peut
affirmer R 'Z 1.

(c) méthode
|| On simplifie le produit de la série entière par (1 + ez).

Soit z G C avec |z| < R.

4-oo +oo Z 4-oo n \ / 4-oo


(1 + e2) anzn = anzn + ( y^ — j ( y^ anzn
n=0 n=0 \n=0 ' / \n=0

Par produit de séries entières

4-oo 4-oo 4-oo / n \


(l+ez)^anzn = r
n=0 n=0 n=0 \fc=O /
4-00 / n \
l n , Qn-fc l n
E I «n + 2^ k[ Z
n=0 \ fc=O /
4-oo /n \
= 2a0 + y2 I an + 52 ]zn = 2.
n—l\fc=O ' /
=0

Le produit étant non nul, on peut affirmer 1 + ez 7^ 0 et écrire, pour tout complexe z tel
que |2| < 2?,
4-00
y^Qn^n 2
avec R ît.
ez + 1
n=0
404 Chapitre 9. Séries entières

(d) Pour x G ]— R/2 ; R/2[ C ]— tt/2 ; tt/2[, on a |2im| < R et


sin x elx — e~lx e21x — 1
tanx =------ = —7-,-------- — — —7—,----- r
cos æ i(elx + e~iaj i(e2uc 4- 1)
i / O \ i +°°
= T 7 N-rVantarx».
i Vx eJiæ + 1 '/ i n=l

Puisque la fonction tan est impaire, les coefficients des puissances paires de x sont né­
cessairement nuis : ü2P = 0 pour tout p € N*. On peut donc simplifier les termes corres­
pondants de la somme et écrire1

tans = (-l)p+122p+1a2p+iz2p+1-
p=0

Exercice 28 ***
Une involution sur un ensemble E est une application / : E-» E vérifiant fof — Ids.
Pour n 1, on note In le nombre dévolutions de [1 ; n]. On convient : Iq — 1.
(a) Montrer In = In~i 4- (n — 1)J^2 pour tout n2.
(b) Montrer la convergence pour tout x G ]—l ; 1[ de la série entière

n^O
On note S(x) sa somme.
(c) Montrer, pour x G ]—1 ; 1 [, que S'(x) = (14- x)S(x).
(d) En déduire une expression de S(x), puis les relations, pour tout p naturel,
(27c)! /2p (2fc)! /2p4-1
k—0 2kkï \2k S 2kkl ( 2k
fc=0 x
Solution
(a) Soit n G N avec n 2.
méthode
On dénombre les involutions de [1 ; nj en discutant selon que la valeur n est
ou non invariante.
Une involution sur |[1 ; n]j fixant l’élément n est entièrement déterminée par sa restric­
tion à [1 ; n — 1] qui est aussi une involution. Il y en a exactement In-i-
Une involution sur [1 ; nj ne fixant pas l’élément n l’échange avec un autre élément a
de [1 ;n — 1]. Il y a n — 1 valeurs possibles pour le choix de cet élément a. L’involution
1. Il est aussi possible de poursuivre l’étude afin d’établir R = tt.
9.6 Exercices d’approfondissement 405

alors obtenue envoyant n sur a et a sur n est entièrement déterminée par sa restriction
sur [1 ; n] \ {a, n} qui est aussi une involution. Il y a au total (n — l)In-2 involutions
de [1 ; n]| ne fixant pas n.
Au final, on obtient
In = In-Ï + (îi — l)/n-2- (*)

(b) Une involution est en particulier une bijection. Il y a exactement n! bijections


de l’ensemble J1 ; nj vers lui-même. On a donc 0 In n! ce qui permet d’écrire
In/n\ = 0(1) quand n tend vers l’infini. La série entière x zn étant de rayon de
convergence 1, le rayon de convergence de la série entière introduite est supérieur à 1 et
celle-ci converge au moins sur ] — 1 ; 1 [.

(c) Soit x e ]—1 ; 1[.


D’une part, par dérivation de série entière
+oo T +oo T

S'(x) = £(n+l)-^ija:" = l + ^^tl;I:” car /, = 1.


n=0 ' ' n=l

D’autre part, en opérant un glissement d’indice,


+oo J 4-00 J 4-00 J. 4-00 y

(i +
n=0 n=0 n=0 n=l ' '

On isole le terme initial de la première somme et l’on combine les deux sommes

(1 + x)S(ï) = l + g /n + ”Jn-1x".
n=l

En vertu de la relation de récurrence (*)


+oo j
(1 + x)S(x) = 1 + J2
n=l

et l’on peut conclure (1 + x)S(x) = S'(x).

(d) Sachant .9(0) = Iq = 1, la résolution de cette équation différentielle linéaire sur


l’intervalle ]—1 ; 1 [ donne
1 2 1 2

S(x) = e?x +x = e5æ ex.


En décomposant en série entière les exponentielles
406 Chapitre 9. Séries entières

Lorsque l’on développe par produit de Cauchy ce produit de séries absolument conver­
gentes, le coefficient de x2p est obtenu à partir des coefficients de x2k de la première
somme et du coefficient de x2p~2k de la seconde. Ainsi,

1
(2p)! ~^'0\‘2kkl (2p - 2k)l

et l’on obtient
(2p)l
I2p ZL 2fcfci
k— 0
(2p — 2fc)!
On vérifie de même en étudiant le coefficient de x2p+1
(2fc)! /2p+l\
hp+i 2kk\ \ 2k )'

Exercice 29 **
Etablir que la fonction
1
x î1—
— sh x
est développable en série entière en 0.

Solution
La fonction sh réalise une bijection impaire strictement
croissante de R vers R. Il existe donc un unique réel a
vérifiant1 sha = 1, celui-ci est strictement positif et l’on
a la propriété

Va; G ]— a ; a[, —1 < sha; < 1.

Introduisons la fonction f définie sur ]—oo ; a[ par

/(*) =
Pour x G ]—a ; a[, on a |sh ar| < 1 et l’on peut donc écrire
par sommation géométrique
-] +oo

Esh'‘-
/w = ï^ = n=0
méthode
On développe en série entière les termes shna; puis on échange les sommes
écrites.
1. Il est possible de résoudre l’équation sha = 1 qui s’écrit encore e2a — 2e“ — 1=0. On obtient
a = ln(l 4- y/2).
9.6 Exercices d'approfondissement 407

Par produit de fonctions développables en série entière, la fonction x i-> shn x est dé­
veloppable en série entière sur R. De plus, le développement de sh x s’exprimant avec des
coefficients positifs, il en est de même du développement de shn x. Enfin, le développe­
ment de shx s’amorçant par un z, celui de shn x commence par xn. Il existe donc une
suite de réels positifs (an,fc)fc^n telle que, pour tout réel x,
+oo
shnÆ = an>kxk.
k=n

On peut alors écrire, avec convergence des séries engagées,


4-oo / 4-oo

= 22 ( 22 a^,kXk
n—0 \k=n

Considérons alors x G ]—a ; a[. La famille (antkxk)n fc est sommable car


4-oo / 4-oo \ 4-00 / 4-oo \ 1

£ 122lûn>fea;fcl ) ~ 22 ( 22 an’k ixi )= i _ sh la-i< +o°-


n=0 \fc=n / n=0 \fc=n /
À l’aide d’une sommation par paquets, il est possible de réorganiser la somme pour écrire
4-oo / k \ 4-oo

/(æ) = fc=O 22 ûn>fc /Ixk = 22bkxk-


22 (\n=0 k=0

Ainsi, la fonction f apparaît comme la somme d’une série entière sur ]— a ; a[. Le rayon
de convergence de cette série entière est au moins égal à a et même exactement égal à a
car la fonction f tend vers +oo quand x tend vers a par valeurs inférieures.

Soit ilne fonction f à valeurs dans C continue sur le disque fermé |


' ” D=fc{z.eC| 140}. |

On suppose que la restriction de f au départ du disque ouvert î


'■ j56~{/e.c| kl<i} I

est la somme d’une série entière '^lanzn. Montrer qu’il existe une suite (Fn) de g
polynômes convergeant uniformément vers /sûr le disque fermé D. |

Solution
méthode
La série entière converge uniformément sur tout compact1 inclus dans D° : on
peut approcher uniformément la fonction par des polynômes sur ces compacts.
Par uniforme continuité, on étend l’approximation au domaine D.
408 Chapitre 9. Séries entières

Introduisons s > 0. Le disque fermé D est une partie compacte de C, la fonction f y


est continue et donc uniformément continue. Ainsi, il existe a > 0 vérifiant

V(z, z) e D1
2, \z - z'\ a => \f(z) - f(z')\ e.

Considérons alors r = 1 — a et la fonction gr définie sur D par gr(z) — f{rz). Pour tout z
appartenant à D, on a \z — rz\ = a |z| < a et donc (/(z) — ^r(z)| £■
Puisque la série entière anZn converge uniformément vers f sur tout disque fermé
inclus dans D°, cette convergence uniforme a notamment lieu sur Dr = {z G C | |z| r}.
Il existe donc un rang N tel que pour tout n TV et tout z E Dr
n
~^akzk
k=0
Par substitution, il vient pour tout z E D et tout n TV
n
~ ^akrkzk E.
k=Q
En considérant en particulier le polynôme P de C[X] déterminé par
N
P = '£akrkXk
fc=0
on vérifie pour tout z E D

\f(z) - P(z)| < |/(z) - gr(z)| + |#r(z) - P(z)| 2e.


En faisant varier e qnqc. un rang n (par exemple e = 1/n), ce qui précède permet de
déterminer une suite de polynômes convergeant uniformément vers f sur D.

1. Un tel compact peut être inclus dans un disque fermé lui-même inclus dans D°. On sait la conver­
gence normale d’une série entière sur ce type de disques.
CHAPITRE 10

Equations différentielles

I désigne un intervalle de R non vide et non réduit à un point. K désigne R ou C et n


un naturel non nul.

10.1 Systèmes différentiels


Soit

t = [ t B(t) =

des fonctions continues définies sur Z et à valeurs matricielles.


Définition
On appelle solution du système différentiel de taille n symbolisé par l’équation

(S): X' = A(t)X + B(t)

toute fonction X : I —> A4n)i(K) dérivable et vérifiant

X'(t) = A(t)X(t) + B(t) pour tout tel.


En identifiant la fonction inconnue t h-> X(t) avec la fonction t ..., xn(t))
à valeurs dans Kn, le système différentiel (S) est usuellement visualisé sous la forme
410 Chapitre 10. Équations différentielles

suivante :
' = ai,i(t)æi + <H,2(i)æ2 + • ■ • + ai,n(t)æn + &i(t)

I ^2 = «2,1 (t>l + a2,2(i)^2 + • ■ • + a2,n(t)xn + 62(i)


(^) ■’

.x'n = an,i(iki + an,z(f)x2 + ■■■ + an,n{t)xn + &n(£).

Définition
Lorsque la fonction t 1-4- A(t) est constante (ou ce qui revient au même, lorsque
toutes les fonctions t aifft) sont constantes), on dit que le système différentiel est
un système différentiel à coefficients constants. Il s’écrit alors

(S): X' = AX + B(t).

La pratique se limite essentiellement aux systèmes différentiels à coefficients constants


de tailles n = 2 et n — 3.

10.1.1 Problème et théorème de Cauchy

Définition
Résoudre un problème de Cauchy associé au système différentiel (S) consiste à cher­
cher, parmi ses solutions, celles vérifiant une condition initiale
Wo) = Xo

pour to G I et Xq -A4nii(K) préalablement choisis.

Théorème 1
Soit A: I A4n(K) et B: I —> deux fonctions continues.
Pour tout to E I et tout Xo G il existe une unique solution au problème
de Cauchy
(X1 = A(t)X + B(t)
= x„.
— --- - __ _ ■
Soulignons que ce résultat n’est applicable que si les fonctions A et B sont continues sur
un intervalle.

10.1.2 Description de l’ensemble des solutions


Définition
Le système différentiel
(Eh) : X'= A(t)X
est appelé système différentiel homogène associé au système différentiel (S).
10.2 Équations différentielles linéaires scalaires 411

Théorème 2
L’ensemble des solutions du système différentiel homogène (S/J de taille n est un
sous-espace vectoriel de dimension n de l’espace des fonctions de classe C1 de I
vers A4n,i(K).
De plus, si to désigne un élément de I, l’application qui à une solution X associe la va­
leur X(to) réalise un isomorphisme entre l’espace des solutions et l’espace A4n,i
Si (Xi,... ,Xn) est une base de l’espace des solutions de (S/i), la solution générale Xh
du système homogène s’exprime
X/i(t) = AiXi(t) 4-• • • 4-AnXn(t) avec (Ai,..., An) G Kn.

Théorème 3
Si -Xp désigne une solution particulière du système différentiel (S), la solution géné­
rale de ce système est de la forme
X^Xp^ + Xf^^

avec Xh solution générale du système différentiel homogène (Sft).


Si (Xi,..., Xn) est une base de l’espace des solutions du système homogène, la solution
générale de l’équation complète s’écrit
X(t) = Xp(t) 4- AiXi(t) + • • • 4- AnXn(t) avec (Ai,..., An) G Kn.

10.1.3 Méthode de la variation des constantes

r■ -T.

Si (Xi,.désigne une base de l’espace des solutions dû -système homo­


gène (Dft), on peut trouver une solution particulière du système dffléientiel (S)
de la forme " ç
4- • ■ • 4- An(t)Xn(t)
- avec
. . • ..., An des fonctions numériques
Ai, ■ . ■ ■ . ■ . . dérivables
. _.définies sur I._ . . .
Plus précisément, la recherche d’une solution particulière de cette forme conduit à un
problème de quadrature, c’est-à-dire de détermination de primitives.

10.2 Équations différentielles linéaires scalaires


Soit ao, ai,..., an-i et b des fonctions définies et continues de I vers K.
10.2 Équations différentielles linéaires scalaires 411

Théorème 2
L’ensemble des solutions du système différentiel homogène (S/J de taille n est un
sous-espace vectoriel de dimension n de l’espace des fonctions de classe C1 de I
vers Aïn.i(K).
De plus, si t0 désigne un élément de I, l’application qui à une solution X associe la va­
leur X(éq) réalise un isomorphisme entre l’espace des solutions et l’espace Afn,i(K).

Si (Xi, ■ •. ,Xn) est une base de l’espace des solutions de (D^), la solution générale X^
du système homogène s’exprime

Xh{t) — Ai-Yi(t) + • • • + AnXn(t) avec (Ai,, An) G IKn.

Théorème 3
Si Xp désigne une solution particulière du système différentiel (S), la solution géné­
rale de ce système est de la forme

x[ty^ xp{t) + xh^


avec Xh solution générale du système différentiel homogène (D/t).

Si (Xi,..., Xn) est une base de l’espace des solutions du système homogène, la solution
générale de l’équation complète s’écrit

X(t) — Xp(t) + AiXi(t) + ■ • • + AnXn(t) avec (Ai,..., An) G HCn.

10.1.3 Méthode de la variation des constantes

Théorème 4
Si (Xi,...,Xn) désigne une base de l’espace des solutions du système homo­
gène (X/i), on peut trouver une solution particulière du système différentiel (S)
de la forme
Xp(t) ~ T • • • + An(t)Xn(i)
avec Ai,..., An des fonctions numériques dérivables définies sur I.
______ —— .......................................... . ................... ................. ....... . ............................ -
Plus précisément, la recherche d’une solution particulière de cette forme conduit à un
problème de quadrature, c’est-à-dire de détermination de primitives.

10.2 Équations différentielles linéaires scalaires


Soit ao, ai,..., an-i et b des fonctions définies et continues de I vers K.
1

412 Chapitre 10. Équations différentielles

Définition
On appelle solution de Y équation différentielle scalaire linéaire d’ordre n symbolisée
par l’équation

(E) : x^ + + • • • + afftyx' + ao(t)x = b(t)

toute fonction x : I —> IK dérivable n fois et vérifiant

x^n\t) + + • • ■ + ai(t)a/(t) + ao(t)x(t) — 6(t) pour tout tel.


En pratique, on se limite aux cas n — 1 et n — 2 ce qui correspond aux équations
(exprimées en la fonction inconnue y) de la forme
y' + a(t)y = b(t) et y" + aff)y' + b(t)y = c(f).
Définition
Lorsque les fonctions oq, ai,..., an-i sont constantes, on parle d’équation différen­
tielle à coefficients constants.

10.2.1 Problème et théorème de Cauchy


Définition
Résoudre un problème de Cauchy associé à l’équation différentielle (E) consiste à
chercher, parmi ses solutions, celles vérifiant les conditions initiales

x(t0) = x0, x'(t0) =xi, x(n-1)(t0) = xn_!

pour to G I et (æo,aq, • • • A-i) G préalablement choisis.

Théorème5 . ... K? ï
Soit a0, ai,..., an_i : I K et b: I —> K des fonctions continues.
■ ....... . .
Pour tout to G I et tout (xq,xi, ... ,xn-i) E Kn, il existe une unique solution au
problème de Cauchy

(x^ + an.i + • • • + ai(t)x' 4- a0(t)x = b(t)


|.z(ff)) = X0,x'(t0) = Xi, ... = Xn-!.
________ ___
_______ __ - __ - ,
En particulier, dans le cas n = 2, on obtient :

Théorème 6
Soit a, b: I —> K. deux fonctions continues.
Pour tout t0 G I et tout (yo,y'o) G K2, il existe une unique solution au problème de
Cauchy : &
(y" + aftjy' + b(t\yc(ff)
(y(io) = yo et 7/'(to) ^y'o.
10.2 Équations différentielles linéaires scalaires 413

Pour exploiter ces résultats, il est essentiel que les fonctions paramètres soient définies et
continues sur un intervalle.

10.2.2 Description de l’ensemble des solutions

Définition
L’équation différentielle

(Eh) : ) H------ F ai(t)x' + a0(t)x — 0


+ an-1(t)x^n~1'

est appelée équation homogène associée à l’équation (E).

Théorème 7
L’ensemble des solutions d’une équation homogène d’ordre n est un sous-espace
vectoriel
_____ ■ de dimension n de
__________ espace
' l’__ des fonctions de __
______________ __ Cn de I vers K.
classe J
Si (aq,..., xn) est une base de l’espace des solutions de (Eh), la solution générale Xh de
l’équation homogène s’exprime

Xh(t) = Aiæi(t) -I------ Xnxn(t) avec (Ai,..., Xn) G Kn.

Théorème 8
Si xp est une solution particulière de l’équation (E), la solution générale de cette
équation est de la forme
■ x(t) = Xp(t) + Xh(t)
. ** - à ■ ' '* f -* -j . * *’ *•
avec Xh la solution générale de l’équation (Eh)-

Si (xi,... ,xn) est une base de l’espace des solutions de l’équation homogène, la solution
générale de l’équation complète s’écrit

x(t) = xp(t) + A12;1(é) H------ Xnxn(t) avec (Ai,..., An) G

10.2.3 Cas des équations d’ordre 2


On étudie l’équation différentielle linéaire d’ordre 2 suivante exprimée en la fonction
inconnue y :
(E) : y" + a(t)y' + b(t)y = c(t)

avec a, b, c des fonctions définies et continues sur I.


On introduit l’équation homogène associée

(Eh) : y" + a(t)y' + b(t)y = 0.


414 Chapitre 10. Équations différentielles

Théorème 9
Si p et V’ sont deux solutions indépendantes de l’équation homogène, la solution
générale de (E^) s’exprime

2/(t) = Aç>(t) 4- /z0(t) avec (A,/z) G K2.

De plus, si yp est une solution particulière de l’équation complète, la solution générale


de (E) s’écrit

y(t) = yp(t) 4- Aç>(t) 4- P'ÿit') avec (A, /z) e K2.


._____ ,___________ ,________________________________________________________ /
Il est fréquent de rechercher1 les solutions de l’équation homogène (E^) parmi les fonc­
tions développables en série entière.
Définition
On appelle wronskien d’un couple (92, 0) de solutions de l’équation homogène (E/J
la fonction w : I —» K définie par

<^(i) V’W _ +c T
V' t 0' t

Théorème 10
Le wronskien d’un couple (<p,0) de solutions de l’équation (E^) vérifie

w'{t) 4- a(t)w(t) = 0 pour tout t € I.


>■ - - - __ ____--- - ■ '
Si la famille (</?, 0) est une base de l’espace des solutions de (E/J, son wronskien ne
s’annule pas. Sinon, ce wronskien est la fonction nulle.

Théorème 11 (Méthode de la variation des constantes)


Si ip et 0 sont deux solutions indépendantes de l’équation homogène (Eh), on peut
déterminer une solution particulière yp de l’équation complète (E) de la forme

yp(t) = A(t)<^(t) 4- /z(t)0(t)

avec A et p, deux fonctions dérivables de I vers K solutions du système 2 :

A'(t)<p(t) 4-/z'(t)0(t) =0
A'(t)y/(t) 4- = c(t).

1. Sans pour autant être certain d’en trouver...


2. Ce système est de Cramer et détermine (A'(t), p.'(t)) de façon unique.
10.3 Équations différentielles linéaires vectorielles 415

10.3 Équations différentielles linéaires vectorielles


E désigne un K-espace vectoriel de dimension finie égale à n G N*. On introduit deux
fonctions :
et b- P~>E
11-» a(t) I tH &(t).

10.3.1 Présentation
Définition
On appelle solution d’une équation différentielle vectorielle linéaire symbolisée par
l’équation
(E) : x' = a(t)(x) + &(t)
toute fonction x : I —> E dérivable et vérifiant

x'(t) = a(t)(x(t)) + b(t) pour tout tel.


Lorsque l’on introduit une base de l’espace E, l’équation (E) se transpose en le système
différentiel (S): X' — A(t)X + B(t) avec A(t) matrice figurant l’endomorphisme a(t)
et B(t) colonne figurant le vecteur b(t).
Définition
Lorsque la fonction t i—> a(t) est constante, on parle d’équation différentielle à coeffi­
cient constant. Celle-ci s’exprime

{E) : x' = a(x) + b(t) avec a endomorphisme de E.

10.3.2 Problème et théorème de Cauchy


Définition
Résoudre un problème de Cauchy associé à l’équation différentielle (E1) consiste à cher­
cher, parmi ses solutions, celles vérifiant la condition initiale x(to) = xq pour £q G I
et xq G E préalablement choisis.

10.3.3 Description de l’ensemble des solutions


Définition
L’équation différentielle {Eh) : x1 = a{t){x) est appelée équation homogène associée à
l’équation (E).
10.3 Équations différentielles linéaires vectorielles 415

10.3 Équations différentielles linéaires vectorielles


E désigne un K-espace vectoriel de dimension finie égale à n G N*. On introduit deux
fonctions :
f I -à E(E) , (I-+E
[ t a(t) [ b(t).

10.3.1 Présentation
Définition
On appelle solution d’une équation différentielle vectorielle linéaire symbolisée par
l’équation
(E1) : x' = a(t)(x) + 6(t)
toute fonction x : I —> E dérivable et vérifiant

x'(t) = a(t)(;r(t)) + 6(t) pour tout tel.


Lorsque l’on introduit une base de l’espace E, l’équation (E) se transpose en le système
différentiel (S): X' — A(t)X + B(t) avec A(t) matrice figurant l’endomorphisme a(t)
et B(t) colonne figurant le vecteur b(ff).
Définition
Lorsque la fonction t a(t) est constante, on parle à? équation différentielle à coeffi­
cient constant. Celle-ci s’exprime

(E) : x' = a{x) + b(t) avec a endomorphisme de E.

10.3.2 Problème et théorème de Cauchy


Définition
Résoudre un problème de Cauchy associé à l’équation différentielle (E) consiste à cher­
cher, parmi ses solutions, celles vérifiant la condition initiale æ(to) = xo pour to G I
et xq G E préalablement choisis.

Théorème 12
Soit a: I £(E) et b: I —> E deux fonctions continues.
Pour tout to £ I et tout xq G E, il existe une unique solution au problème de Cauchy

fx' — a(t)(æ) + 6(t)


[z(t0) = Xq.

10.3.3 Description de l’ensemble des solutions


Définition
L’équation différentielle (E/J : x' = altffx) est appelée équation homogène associée à
l’équation (E).
416 Chapitre 10. Équations différentielles

Théorème 13
L’ensemble des solutions de l’équation homogène est un sous-espace vectoriel de
dimension n de l’espace des fonctions de classe C1 de I vers E.
De plus, si t0 désigne un élément de I, l’application qui à une solution x associe la
valeur æ(t0) est un isomorphisme de l’espace des solutions vers E.

Théorème 14
Si xp désigne une solution particulière de l’équation (B), la solution générale de cette
équation est • y/
= Xp(t) + xh(t\ f
avec Xh solution générale de l’équation homogène (Eh).

10.3.4 Exponentielle d’endomorphisme, exponentielle de matrice

Si a est un endomorphisme de E, la série 22 converge absolument dans l’espace de


dimension finie E(E').
Définition
On appelle exponentielle d’un endomorphisme a de l’espace E l’endomorphisme de E
déterminé par la somme :
+°°
exp(u) = ea =f
y 711

Théorème 15 trBAÀAAAïî
L’application exponentielle est une application continue de B(E) dans lui-mêmë.
De plus, pour tous a et b G C(E),

aob = boa —exp(a + 6) = exp(a) oexp(è).

De même, pour A une matrice de jMn(K), on définit l’exponentielle de la matrice A la


matrice déterminée par la somme

exp(A) = e

L’application A H> eA est continue et vérifie, pour tous A et B E jMn(K),

AB = B A exp(A + B) = exp(A) exp(B).


10.4 Exercices d’apprentissage 417

10.3.5 Résolution de l’équation homogène à coefficient constant


Soit a endomorphisme de E. On étudie l’équation différentielle homogène à coefficient
constant
(Eh) : x' = a(x)
d’inconnue x : R —> E fonction dérivable.
' —— -------------- ■— ------------------------------------ ----- ------ - ------------------------— . ——---------------------------------------------------- .

Théorème 16
Pour tout t0 E R et tout vecteur xq de E, l’unique solution au problème de Cauchy

x' = a(x)
x(t(y) - Xq

est la fonction x: R —» E déterminée par x(t) = e(t-i°)a(a;0).


:--------------------------- —--------------- —- ■ -------------------------------------------------------- ------------------------ ----------- ---- --- ------------------------------------------------------------------ J

On peut aussi exprimer ce résultat matriciellement : pour A G _A4n(K) et Xq g


la solution au système différentiel X' = AX vérifiant X(to) = Xq s’exprime :

X(t) = e^-^Xo pour t G R.

10.4 Exercices d’apprentissage


Dans les sujets qui suivent, les solutions cherchées sont à valeurs réelles.

10.4.1 Système différentiel

Exercice 1
Résoudre sur R le système différentiel

jx' = 4x - 2y
{ h \y' = 3z- y.

Solution

méthode
On commence par reconnaître le type du système étudié et on l’exprime sous
forme matricielle. On peut alors anticiper la description de l’ensemble des
solutions.
Le système (D) est un système différentiel linéaire homogène d’ordre 1 d’équation
matricielle X' = AX avec
4 -2\ x(t)\
A= 3 -1 J et X(t) =

L’ensemble des solutions est un plan vectoriel.


418 Chapitre 10. Équations différentielles

méthode
On réduit la matrice A afin de déterminer un changement d’inconnue simpli­
fiant le système étudié en découplant ses équations.
Le polynôme caractéristique de la matrice A est Xa = X2 — 3X + 2, ses valeurs propres
sont 1 et 2 et les sous-espaces propres associés sont
/2 \
Ei(A) = Vect J, E2(A) = Vect
\ /

La matrice A est diagonalisable et l’on peut écrire A — PDP 1 avec


2 1
P= et D -
3 0
On a alors
X' = AX X' = PDP~xX
p-^X' = DP~xX
Y' = DY

en introduisant1 une nouvelle inconnue Y = P~lX.


En notant y y et y2 les coefficients de la colonne Y, le nouveau système est immédiat à
résoudre car ses équations sont découplées

Y' = DY «=> = yi
\y2 =

avec Oi,A2)eR2.

On peut ensuite exprimer l’inconnue initiale X sachant la relation X — PY


/Qpt\ /p2t\
X' = AX X(t) = Ai ( 3^ ) + A2 ( e2t ) avec (Ai, A2) G R2.

Finalement, la solution générale du système sur R est


x(t) = 2Aie* + A2e2*
avec (Ai,A2)gR2.
y(t) = BAxe* + A2e2*

Exercice 2
Résoudre sur R le système différentiel

, . jx' =4x- 2y + e*
' \yf — %x ~ y + 2e*.

1. La matrice P 1 ne dépend pas de la variable et donc (P XY)Z = P 1Y' par dérivation d’un
produit matriciel. Le calcul explicite de P~1 n’est pas nécessaire lors de cette étude.
10.4 Exercices d’apprentissage 419

Solution
Le système (S) est un système différentiel linéaire d’ordre 1 d’équation matricielle
X' = AX + B(t) avec

B(i) = et *(*) = yÿ) '


méthode
On commence par résoudre l’équation homogène associée puis on détermine
une solution particulière avant d’exprimer la solution générale.

L’équation homogène associée X' = AX a été résolue ci-dessus et cela a donné la


solution générale

/2e^\ 2*
( e1
A\(*) = + A2X2(i) avec Xi(t) = 3 et X2(t) = ®
\ ÛC / \€

méthode
Pour trouver une solution particulière, on met en œuvre la méthode de varia­
tion des constantes (Th. 4 p. 411).
On cherche une solution particulière X de la forme

X(t) = Ai(t)Xi(i) + A2(i)X2(t) avec Ai, A2 fonctions dérivables.

Après quelques calculs

2A'1(i)et + A'2(t)e2* = e*
X'(i) = AX(t) + B(t)
+ A2(i)e2t = 2e*
(A'i(i) = 1
\X'2(t) = —e-t.

Les fonctions Ai et A2 données par Ai(t) = t et A2(£) = e * conviennent1 et déterminent


la solution particulière
v(f\ _ + i)etA
A ~ l (3t + l)e* J •

On peut alors exprimer la solution générale du système (S) sur R

x(t) = (2t -|-l)e* + 2Aie* + A2e2t


avec (Ai,A2)eR2.
2/(t) = (3t + l)e* 4- 3Aie* + A2e2*

1. Puisque l’objectif se limite à déterminer une solution particulière, on choisit les primitives Ai et A2
parmi celles possibles.
420 Chapitre 10. Équations différentielles

10.4.2 Équation différentielle scalaire linéaire d’ordre 2

Exercice 3
Résoudre sur I = ]0 ; +oo[ l’équation

(E) : t2y" + ty' -y = 0

en commençant par chercher des fonctions solutions de la forme y(t) = ta avec a E R.

Solution
méthode
On commence par reconnaître le type de l’équation différentielle étudiée. On
peut alors anticiper la description de l’ensemble des solutions.
L’équation (E) est de la forme a(t)y" + b(t)y' + c(t)y = 0 avec a, b, c des fonctions
définies et continues sur I. La fonction a ne s’annulant pas sur I, l’équation (JS) est
équivalente à une équation de la forme1

?/,/+p(t)z/, + g(t)2/ = 0
avec p et q des fonctions définies et continues sur I. Ainsi, l’équation (E) est équivalente
à une équation différentielle linéaire homogène d’ordre 2 : ses solutions forment un plan
vectoriel.
méthode
Il ne s’agit pas d’une équation différentielle à coefficients constants. Intro­
duire une équation caractéristique est hors de contexte ! Pour résoudre cette
équation, on recherche deux solutions linéairement indépendantes.
Pour y. t ta, la fonction y est deux fois dérivable sur I et

t2y"(t) + ty'(t) — y(t) = a(a — l)ta + ata — ta = (a2 — l)ta.

Pour a — 1 et a = —1, on obtient <p(t) = t et ^(t) = 1/t solutions de (E). Celles-ci sont
linéairement indépendantes et constituent une base du plan vectoriel des solutions.
La solution générale de (E) sur I est donc

y(t) = Àt + y avec (À,/i) G R2.

Exercice 4
Résoudre sur R l’équation

(7?) : (t2 + 2t + tyy” ~2(é + l)yf + 2y = 0

en recherchant des fonctions polynômes solutions.

1. On dit que l’équation est résolue en y".


10.4 Exercices d’apprentissage 421

Solution J
L’équation (F) est de la forme a(t)y" + b(t)y' + c(t)y — 0 avec a, b et c des fonctions
définies et continues sur R. La fonction a ne s’annule pas car t2 + 2t + 2 — (t + l)2 + 1.
L’équation (E) est donc équivalente à une équation différentielle linéaire scalaire homo­
gène du second ordre : l’ensemble de ses solutions est un plan vectoriel.
méthode
On détermine les fonctions polynômes solutions en raisonnant par coefficients
inconnus. On commence par déterminer les degrés possibles.
Soit y(t) = antn + • • • + ait + ao une fonction polynôme de degré n (an 0). En ne
s’intéressant qu’au calcul du coefficient de tn, on a pour tout t réel
(t2 + 2t + 2)1/"(t) - 2(t + l)j/'(t) + 2y(t) = (n(n - 1) - 2n + 2)antn + • • •
= (n2 — 3n + 2)antn + • • •
Pour que la fonction y puisse être solution, il est nécessaire que le coefficient de tn dans
le calcul précédent soit nul. On en déduit n = 1 ou 2 : les fonctions polynômes solutions
sont à rechercher parmi celles de degrés inférieurs à 2.
On cherche alors y de la forme y(t) = at2 + bt + c avec a, b, c E R à déterminer. Après
quelques calculs :
(t2 + 2t + 2)y"(t) - 2(t + l)i/,(t) + 2y(t) = 4a - 2b + 2c.
On en déduit que la fonction y est solution si, et seulement si, c = b — 2a . Ceci signifie
que la fonction y s’exprime
y(t) = a(t2 — 2) + b(t + 1) avec (a, b) G R2.
On obtient ainsi un plan vectoriel de solutions. Il ne peut alors y en avoir d’autres et ce
qui précède exprime toutes les solutions de (E).

Exercice 5 . .........
Résoudre sur I = ]—1 ; 1[ l’équation
(JS): (l-t2)ÿ"-4Zÿ'-2ÿ = O
en recherchant des fonctions développables en série entière solutions.
Solution
L’équation (E) est de la forme a(t)y" + b(t)y' + c{t)y = 0 avec a, 6, c des fonctions
définies et continues sur /, la fonction a ne s’annulant pas. L’équation (E) est donc
équivalente à une équation différentielle linéaire homogène d’ordre 2 : l’ensemble de ses
solutions est un plan vectoriel.
méthode
Pour déterminer des solutions développables en série entière, on introduit une
série entière de rayon de convergence R > 0. On étudie ensuite à quelles
conditions sur ses coefficients sa somme est solution de l’équation.
422 Chapitre 10. Équations différentielles

Soit Y2antn une série entière de rayon de convergence R > 0 et de somme S. La


fonction S est définie et de classe C°° sur ]—avec, pour tout t G ]—7?;.R[,
4-oo
S(t) = y^antn,
n—0
4-oo +oo
nantn~x = yy (n + 1)a«+iin
n=l n=0
+oo 4-oo
^"(t) = yy n(n - l)antn~2 — yy(n + 2)(n + l)an+2tn.
n=2 n—0

On injecte ces expressions dans l’équation (E) en choisissant celles conduisant directe­
ment à une même puissance de t

(l-t2)S"(t)-4£S'(t)-2S(t)
+oo 4-oo 4-oo 4-oo
= yy (n + 2)(n + l)ûn4-2^n - t2 yy n(n — l)antn~2 - 4t yy nantn~l - 2 yy antn
n=0 n=2 n=l n=0
4-oo 4-oo 4-oo 4-oo
= yy + 2)(n + l)an+2tn - yy n(n - l)antn - 4 yy nantn - 2 yy antn.
n=0 n=2 n=l n=0

En adjoignant des termes nuis, on peut étendre ces sommes à un domaine d’indexation
commun et les combiner en une seule

(1 -t2)S'\t) — 4tS"(t) — 2S'(t)


4-oo 4-oo 4-oo 4-oo
= yy (n + 2)(n + l)an+2tn - yy n(n - l)antn - 4 yy nantn - 2 antn
n=0 n=0 n=0 n=0
4-oo
= yy ((n + 2)(n + !)(an4-2 - an))tn.

n—0

Par unicité des coefficients d’un développement en série entière (Th. 16 p. 362), on obtient
que S est solution sur ]—/?;/?[ de l’équation (E) si, et seulement si, pour tout naturel n,

(n + 2)(n + l)(an+2-an) = 0 c’est-à-dire an+2 = an.

La série entière an%n est alors déterminée par les conditions :


ci2p — «o et ci2p4-i — &i pour tout p € N.

méthode
Inversement, pour pouvoir affirmer qu’une telle série entière définit une solu­
tion, il suffit de vérifier que son rayon de convergence est strictement positif.
En effet, les calculs qui précèdent, menés par équivalences, ne sont valables
que si R > 0.
10.4 Exercices d’apprentissage 423

Le rayon de convergence R de la série entière précédente est au moins égale à 1 car ses
coefficients constituent une suite bornée L Par les calculs qui précèdent, la fonction S est
donc solution sur ] —1 ; 1 [ de l’équation (E). Il reste à exprimer celle-ci.
Pour t e ] — 1 ; 1[, on peut par convergence absolue et sommation par paquets séparer
la somme en deux
+oo +oo +oo +oo . ,

sw = y? a2pi2p+y^ a2P+i^2p+i = &o yy t2p+ai yy t2p+i = ° •


p=0 p=0 p=0 p=0

On obtient ainsi un plan vectoriel de solutions et il ne peut alors y en avoir d’autres. La


solution générale de (E) sur ]—1 ; 1[ s’exprime

z/(t) = avec e r2-

Exercice 6
Résoudre sur IR l’équation
et
(E):y"-2y'+y=^.

Solution
L’équation (E) est une équation différentielle linéaire d’ordre 2 à coefficients constants
d’équation caractéristique r2 — 2r + 1 = 0 de racine double 1. La solution générale de
l’équation homogène s’exprime

yh(t) = (A + /it)ef avec (A,/i) G R2.

Il reste à déterminer une solution particulière. Lorsque le second membre est de la


forme eat, cos (ai) ou sin(cd), il a été vu en première année des techniques efficaces
pour calculer une solution particulière. Ici, le second membre n’est pas de cette forme.
méthode
|| On met en place la méthode de variations des constantes (Th. 11 p. 414).
Les fonctions ip et t/) données par ç?(t) = et ?/)(t) = te* sont des solutions linéaire­
ment indépendantes de l’équation homogène. On obtient une solution particulière yp de
l’équation (E) de la forme
î/p(t) = A(t)ef + /z(t)tet
en prenant A et y des fonctions dérivables vérifiant pour tout t réel le système

A/(t)et + y'^té =0
A'(i)e* + y'(t)(t + l)e4 = -2.
1+
1. Le rayon de convergence est exactement 1 si ûq ou ai est non nul et +00 sinon car il s’agit alors
de la série entière nulle.
424 Chapitre 10. Équations différentielles

Après résolution, on parvient à

= et

Les fonctions suivantes conviennent1

A: t — - ln(l + t2) et (i: t h-> arctant.

On obtient alors la solution particulière

2/p(i) = — - ln(l + t2)e* +t arctan(i)et

et l’on peut exprimer la solution générale de (E) sur R

y(t) = — ln(l + i2)et + tarctan(t)e* + (A + /ztje* avec (A,/z)gR2.

10.5 Exercices d’entraînement


Dans les sujets qui suivent, les solutions cherchées sont à valeurs réelles.

10.5.1 Système différentiel

Exercice 7 *
Déterminer les solutions sur R du système différentiel

x" — 3a; + y
(S): \y" = 2x.+ 2y.

Solution
méthode
On adapte au contexte la démarche de résolution des systèmes différentiels
d’équation X' = AX.
Le système (S) s’exprime matriciellement sous la forme X" = AX avec

4=g 2) *=0-
Le polynôme caractéristique de la matrice A est xa = X2 — SX + 4, ses valeurs propres
sont 1 et 4 et les sous-espaces propres associés sont

El (A) = Vect et E4(A) = Vect

1. L’objectif est de déterminer une solution particulière et non toutes les solutions : pour cette raison,
on se contente de trouver une solution convenable.
10.5 Exercices d’entraînement 425

La matrice A est diagonalisable et l’on peut écrire A = PDP 1 avec

0\
et
4/
L’équation X" — AX est alors équivalente à l’équation Y" = DY avec Y = P lX. En
notant yi et y2 les coefficients de la colonne Y

" = DY <=> H =
{y2 = 4z/2
( 2/1 (t) = X^e* + Mie-f
12/2(t) = A2e2t + /z2e-2t avec (Ai, A2,/Z!,/z2) e R4-

On exprime ensuite la solution générale X par la relation X = PY


C
fx(t) = Aie* + /zie * + A2e2f + /z2e 2t , . 4
iÿ(t) = -2A1e‘-2Mie-t + A2e2, + fl2e-2‘ avec A2.g1.M2) 6 R .

L’ensemble des solutions est ici un espace vectoriel de dimension 2x2 = 4.

Exercice 8"î- '' ’


On munit l’espace dés colonnes A4n,i(WMç sà^râetaûê gpçlidipïjn^.Ganomque.
Soit A e Àtn(É). Montrer que les assertions'suivantes soM équivalentes :
(i) la matrice A.est antisymétriquè', ....
(ii) chaque solution X dû' système dïjïéfeûiael = AX est âe' norme constante.
Solution

méthode
2 t ,
La norme euclidienne d’une colonne X vérifie ||X|| = XX. Il suffit de dériver
cette expression pour en étudier la constance.
Soit X une solution du système différentiel X' — AX. Par dérivation d’un produit
matriciel
fxx)' = Çx^x + 'xx'.
La transposition étant une application linéaire, on a = t(X') et donc

(‘XX)' = \x')x + fXX' = *(AX)X + fXAX = fX(U + A)X.

Ainsi, = 0 lorsque la matrice A est antisymétrique. La fonction X est alors de


norme constante.
Inversement, supposons chaque solution du système différentiel de norme constante.
Pour Xq G jMn,i(R), il existe une solution au problème de Cauchy constitué de l’équa­
tion X' = AX et de la condition initiale A(0) = Xq (Th. 1 p. 410). Pour cette solution
la nullité de la dérivée de f XX en t = 0 donne
tXo(tA + A)Xo = 0.
10.5 Exercices d’entraînement 425

La matrice A est diagonalisable et l’on peut écrire A = PDP 1 avec

1 1 0\
P= et D=
1 0 4/
L’équation X" — AX est alors équivalente à l’équation Y" — DY avec Y = P rX. En
notant y\ et y? les coefficients de la colonne Y

" = dy [y'îr^
[y2 = 4z/2
, = Aie*+ /z1e-*
avec (Ax, A2,/zi,/i2) E R4.
[7/2(i) = A2e2* +/z2e“2*
On exprime ensuite la solution générale X par la relation X = PY
x(t) — A^ + jtzie * + A2e2* + /i2e 2t
avec (Ai, A2,/zi,^2) G R4.
y(P) = -2Aie* - 2/ixe-* + A2e2* + /z2e-2*
L’ensemble des solutions est ici un espace vectoriel de dimension 2x2 = 4.

Exercice 8 **
On munit l’espace des colonnes A4n j(R) de sa structure euclidienne canonique.
Soit A G A4n(R). Montrer que les assertions suivantes sont équivalentes :
(i) la matrice A est antisymétrique ;
(ii) chaque solution X du système différentiel X' = AX est de norme constante.

Solution

méthode
2 j. ,
La norme euclidienne d’une colonne X vérifie ||X|| = XX. Il suffit de dériver
cette expression pour en étudier la constance.
Soit X une solution du système différentiel X' = AX. Par dérivation d’un produit
matriciel
px)' = pJ'x + W.
La transposition étant une application linéaire, on a (*X)/ = t(X/) et donc

pX)' = \X'}X + lXX' = \AX)X + lXAX = *X(*A + A)X.

Ainsi, = 0 lorsque la matrice A est antisymétrique. La fonction X est alors de


norme constante.
Inversement, supposons chaque solution du système différentiel de norme constante.
Pour Xq G A4n;i(R), il existe une solution au problème de Cauchy constitué de l’équa­
tion X1 = AX et de la condition initiale X(0) = Xq (Th. 1 p. 410). Pour cette solution
la nullité de la dérivée de 1XX en t = 0 donne

*Xo(U + A)Xo = 0.
426 Chapitre 10. Équations différentielles

méthode
La matrice M = lA + A est symétrique réelle, il suffit de constater la nullité
de ses valeurs propres pour affirmer que cette matrice est nulle.
Soit À une valeur propre de M et Xq 0 un vecteur propre associé.

= %(AX0) = A%X0 = A||X0||2 = 0.

On en déduit A = 0 car ||Xo|| 7^ 0- Ainsi, 0 est la seule valeur propre de la matrice M.


Or M est symétrique réelle et donc diagonalisable semblable à la matrice nulle. On peut
conclure M = *A + A = On : la matrice A est antisymétrique.

10.5.2 Étude qualitative


_____________________________________________ u_____________
Exercice 9 **
Soit p et q: [0 ; 1] —> R des fonctions continues. On étudie l’équation différentielle
définie sur [0 ; 1]
(£?) : y" + p(t)y' + q(ï)y = 0.
Montrer que si une solution de l’équation (E) possède une infinité de racines, eeil^cf
1..
estm la - fonction,
..... :
nulle.; . . .......—
• '.

Solution
L’équation (E) est une équation différentielle linéaire homogène d’ordre 2.
Soit y une solution de l’équation (B) possédant une infinité de racines.
méthode
Pour montrer que y est la fonction nulle, on montre qu’il existe a G [0 ; 1]
vérifiant y (a) = y'(a) = 0. En effet, la fonction y et la fonction nulle seront
alors solutions d’un même problème de Cauchy : l’unicité de la solution à un
tel problème (Th. 6 p. 412) permettra de conclure.
La fonction y admettant une infinité de racines, il est possible de former une suite (xn)
constituée de racines deux à deux distinctes de la fonction y. Puisque la suite (æn) est
une suite d’éléments du compact [0 ; 1], on peut en extraire une suite convergente (^(fc))
de limite a E [0 ; 1 .
Pour tout k E N, on a y(%<p(k)) = 0 et l’on obtient à la limite y Ça) = 0 par continuité
de y. De plus, en appliquant le théorème de Rolle1 entre les deux racines distinctes x^k)
et x^fk+i), on peut introduire une valeur intermédiaire Cfc vérifiant y'(ck) = 0. Par enca­
drement, la suite (cfc) tend vers a et par continuité de y' on obtient aussi y' (a) = 0.
Finalement, la fonction y est solution du problème de Cauchy :

f y" + pW + q(t)y = o
\y(a) = 0 et y'(a) = 0.
1. On peut aussi montrer que y'(a) est nul en observant que ce nombre est la limite du taux de
variation entre a et æ<p(fc) ■ La démarche en cours a l’avantage de pouvoir être généralisée à des équations
d’ordres supérieurs.
10.5 Exercices d'entraînement 427

Or la fonction nulle est aussi solution de ce problème de Cauchy et celui-ci possède une
solution unique : on peut identifier y et la fonction nulle.

Exercice 10 **
On étudie l’équation différentielle

(Æ?) : y" + e~xy = 0.

Soit f une solution bornée de (E) sur [0 ; +oo[.


(a) Montrer que la dérivée f1 admet une limite finie en +oo. |
(b) Quelle est la valeur de sa limite ? I
(c) Soit g une autre solution bornée de (E) sur [0 ; +oo[. En étudiant lewronskien |
de f et de g, établir que les fonctions / et g sont liées. Que peut-on en conclure? ]

Solution
(a) L’équation (E1) est une équation différentielle linéaire homogène du second ordre :
ses solutions constituent un plan vectoriel.
méthode
|| À l’aide d’une intégrale, on peut exprimer f' à partir de f" et donc de f.
La fonction f' est de classe C1 ce qui permet d’écrire, pour x G [0 ; +oo[,

/'(x)=/(O) + r r (t) dt=/(O) - r dt.


Jo Jo
Si la fonction f est bornée, la fonction t /(t)e-t est intégrable sur [0 ; +oo[ car
négligeable devant 11-> 1/t2 en +oo. On a alors
r+oo
f'W-------- > /'(0) - / /(t)e-* dt = G R.
T->+00 /n

(b) méthode
|| Si £ 0, on montre par comparaison que la fonction / tend vers ±oo en +oo.
Montrons que la limite £ est nulle en raisonnant par l’absurde.
Si £ > 0, il existe A G [0 ; +oo[ assez grand tel que f'(x) £/2 pour tout x A. Par
croissance de l’intégrale, on a alors

/(z) = /(A)-|- /* f{t)dt


JA
> +L ^dt=+f _ A>>

Ceci contredit l’hypothèse que la fonction f est bornée.


428 Chapitre 10. Équations différentielles

De même, si £ < 0 on obtient une absurdité, soit en adaptant le raisonnement, soit en


considérant — f.
Finalement, si f est une solution bornée, sa dérivée f' tend vers 0 en +oo.

(c) méthode
Lorsque f et g sont solutions de l’équation (E) : y” + a(t)y' + b(t)y = 0, leur
wronskien w est solution de l’équation w' + a(t)w = 0 (Th. 10 p. 414).

Posons w — fg — fg' le wronskien de f et g. Celui-ci est constant car, pour tout t 0,

w'(t) = /"(*)<?(*) + f'(t)g'(t) - f'(t)g'(t) - f(t)g"(t)


= -e’VWâW + = 0.

Puisque les fonctions f et g sont supposées bornées, l’étude qui précède assure que leurs
dérivées sont de limites milles en +oo. La fonction w est alors aussi de limite nulle en +oo.
On en déduit que la fonction w est constante égale à 0 et donc que les fonctions f et g
sont liées.
Sachant que l’ensemble des solutions de l’équation (E) est un plan vectoriel, cette étude
permet d’assurer l’existence de solutions non bornées à cette équation.

Exercice 11 ***
On considère l’équation différentielle
(Æ/J : y" - q(x)y = 0
avec ç: R —> R une fonction continue et positivé. .
(a) Soit y une solution de (Eh) sur R. Êtüdier lâÿîè » A
si 2/(0) = 2/(1) 0 alors la fonction y est nulle sùr R
(b) Soit 2/1 et 7/2 deux solutions de (Eh) telleé que •'«sSïwjw»
.V

Démontrer que les fonctions y± et 2/2


de (Eh)-
(c) Soit / : R —> R une fonction continue.
(£?) : y" - q(x)y ~ f(x)

admet une unique solution1 y vérifiant y(Q) = 7/(1) sà^p.

1. Ce problème n’est pas un problème de Cauchy mais un problème de conditions aux limites :
l’existence et l’unicité d’une solution n’est pas garantie !
428 Chapitre 10. Équations différentielles

De même, si l < 0 on obtient une absurdité, soit en adaptant le raisonnement, soit en


considérant — /.
Finalement, si / est une solution bornée, sa dérivée f tend vers 0 en +oo.

(c) méthode
Lorsque f et g sont solutions de l’équation (E) : y" + a(t)y’ + b(t)y = 0, leur
wronskien w est solution de l’équation w' + a(t)w = 0 (Th. 10 p. 414).

Posons w = fg — fg' le wronskien de / et g. Celui-ci est constant car, pour tout t 0,

w'(f = + f(f)g'(f) - f'(f)g'(f) - f(t')g"(t')


= -e WMO + e tf(t)g(t) = 0.

Puisque les fonctions f et g sont supposées bornées, l’étude qui précède assure que leurs
dérivées sont de limites milles en +oo. La fonction w est alors aussi de limite nulle en +oo.
On en déduit que la fonction w est constante égale à 0 et donc que les fonctions f et g
sont liées.
Sachant que l’ensemble des solutions de l’équation (E) est un plan vectoriel, cette étude
permet d’assurer l’existence de solutions non bornées à cette équation.

Exercice 11 *** “ j
On considère l’équation différentielle . ,

(Eh) : y” - q(x)y = 0 .

avec q: R —> R une fonction continue et positive. |


(a) Soit y une solution de (E/,) sur R. Étudier la convexité de tf- En déduire que «
si ÿ(0) = ?/(l) = 0 alors la fonction y est nulle sur R.
(b) Soit ?/i et y% deux solutions de (E/J telles que i - I

(z/i(0),2/Ç(0)) = (0,1) et (2/2(1),2/2(1)) (0,1). y ' j

Démontrer que les fonctions y 1 et y2 constituent une base de l’espace-des solutions.^


de (^)‘ -.v..: - ’ . ■ 1
(c) Soit f : R -» R une fonction continué; Démontrer que l’équation'différentielle‘ |

(E) : y" - q(x)y = f(x) j

admet une unique solution1 7/vérifiant î/(0) = 2/(1) = 0.

1. Ce problème n’est pas un problème de Cauchy mais un problème de conditions aux limites :
l’existence et l’unicité d’une solution n’est pas garantie !
10.5 Exercices d'entraînement 429

Solution
(a) La fonction z = y2 est deux fois dérivable avec pour tout x réel
z”(x) = 2y"(x)y(x) + 2(t/(z))2 = 2g(a:)(z/(x))2 + 2{y'(x))2 0.

La fonction z est donc convexe.


Si 7/(0) = 7/(1) = 0, la fonction z s’annule en 0 et en 1. La fonction z est donc néga­
tive sur [0 ; 1] car, pour une fonction convexe, l’arc figure en dessous de la corde. Or la
fonction z est aussi positive, elle est donc nulle sur [0; 1] et la fonction y aussiTil reste à
montrer que la fonction y est nulle sur R.
méthode
Pour montrer que la fonction y est nulle sur l’intégralité de R, on l’identifie
à la fonction nulle en constatant que ces deux fonctions sont solutions d’un
même problème de Cauchy.
Puisque la fonction y est constante sur [0 ; 1], on a 7/(0) — 0. La fonction y se voit alors
solution sur R du problème de Cauchy constitué par l’équation (Eh) et les conditions
initiales
y(0) = 0 et y'(0) = 0.
La fonction nulle est aussi solution sur R de ce problème de Cauchy. Par unicité de la
solution à un problème de Cauchy (Th. 6 p. 412), la fonction y est égale à la fonction
nulle sur R.

(b) méthode
Il suffit d’établir que les fonctions t/i et 7/2 sont linéairement indépendantes car
on sait que l’ensemble des solutions de l’équation (Eh) est un plan vectoriel.
Soit (Ai, A2) € R2. Supposons Ait/i + A27/2 = 0. On a pour tout x réel
Ait/i(x) + A2t/2(z) = 0.
En évaluant en x = 0, on obtient A27/2(0) = 0. Or la fonction 7/2 n’est pas la fonction nulle
car 7/2(1) / 0- ?ar l’étude qui précède, on sait alors (7/2(0), 2/2(1)) (0,0) et puisque 2/2(1)
est nul, on a nécessairement 7/2(0) 7^ 0. On en déduit A2 — 0. Un raisonnement analogue
donne Ai = 0 en exploitant 7/1 (1) 0.
Finalement, la famille (7/1,7/2) est libre et constituée de deux éléments du plan des
solutions, c’est donc une base de l’espace des solutions.

(c) L’équation (E) est une équation différentielle linéaire d’ordre 2. Soit yp une solu­
tion particulière de celle-ci. La solution générale de l’équation (E) sur R s’écrit
y(x) = yP(x) + Ai7/i(x) + A27/2(z) avec (Ai,A2)eR2.
Cette solution vérifie y(0) = 7/(1) = 0 si, et seulement si,
(1/p(0) + A2t/2(0) = 0
Vp(1) + Ait/i(1) = 0.
430 Chapitre 10. Équations différentielles

Ces deux équations déterminent complètement Ai et A2 puisque y y (1) et 3/2(0) sont non
nuis. Il existe donc une unique solution à l’équation (E) vérifiant les conditions imposées.

10.5.3 Résolution par changement de fonction inconnue

Exercice 12 *
Résoudre sur R l’équation q
(E) : (1 + ex)y" + 2exy' + (2ex + l)y = ex

en posant z(x~) = (1 +ex)y(x).

Solution
méthode
Pour résoudre cette équation par changement de fonction inconnue, on in­
troduit une fonction y deux fois dérivable et la fonction z qui lui est liée. En
exprimant les dérivées de z en fonction de celles de y (ou l’inverse), on retrans­
crit l’équation étudiée de la fonction inconnue y en une équation équivalente de
la fonction inconnue z. Cette dernière est en principe plus simple à résoudre.
Soit y : R —> R une fonction deux fois dérivable et z : R -> R la fonction définie par

z(x) = (1 + ex^y{x) pour tout x G R.


La fonction z est deux fois dérivable et, pour tout x réel,

z'(^) = (1 + ex)y'(x) + exy(x')


z"(x) = (1 + ex)y"(x) + 2exy'(x) + exy(x).

On remarque l’identité

(1 + ex)y"(x) + 2exy'(x) + (26® + l)y(x) = z"[x) + z(x).

La fonction y est donc solution de (E) si, et seulement si, z est solution de l’équation

(£'): z" + z = ex.


L’équation (E7) est une équation différentielle linéaire d’ordre 2 à coefficients constants
d’équation caractéristique r2 + 1 = 0 de racines ±i. Sa solution générale homogène est

Zh{x) = Acos x + /zsina; avec (A,/z)eR2.


méthode
Pour une équation à coefficients constants, on peut déterminer une solution
particulière pour un second membre s’écrivant Aeax de la forme yp(x) — Ceax,
Cxeax ou Cx2eax selon que a n’est pas racine, est racine simple ou est racine
double de l’équation caractéristique.
10.5 Exercices d’entraînement 431

Ici, a = 1 n’est pas racine de l’équation caractéristique, on peut trouver une solution
particulière de la forme zp(x) — Cex. Après des calculs évidents, on obtient C = 1/2.
La solution générale de l’équation (E1) sur R est alors

z(z) =-eæ + Acosz +/zsina; avec (A, /i) G R2

et la solution générale de l’équation (E) sur R est


, . eæ A cos x + a sin x
y(x> = ÏF4 + —— avec (A,/z)gR2.

Exercice 13 **
Résoudre sur ]0 ; +oo[ l’équation différentielle

(E) : x2y"(x) + xy'(x) - =0

en posant y(x) = xaz(x) avec a G R bien choisi,


i. "h i .................. .......

Solution
Soit y. ]0 ; +oo[ —» R une fonction deux fois dérivable et z\ ]0 ; +oo[ —> R la fonction
déterminée par
z(x) = x~ay(x) pour tout x > 0.
La fonction z est deux fois dérivable.
méthode
On exprime les dérivées de y en fonction de celles de z afin de directement
substituer dans l’équation (E).
Pour tout x > 0

y(x) = xaz(x)
y'(x) = xaz'(x) + axa~rz(x)
y"(x) — xaz"(x) + 2axoc~1 z' (x) + ot(ct — l)xa~2z(x).

En injectant ces expressions dans le premier membre de l’équation (E), on obtient

x2y”(x) + xy'(x) - Çx2 + =

xa+2z''(x) + (2a + l)a?a+1z'(x) + ^a2 ~ ~ xa+2^z(x).

Pour a = —1/2, cette expression se simplifie

x2y"(x) 4- xy'(x) - (x2 + = x3/2(z"(x) - z(x)\


432 Chapitre 10. Équations différentielles

Ainsi, la fonction y est solution de l’équation étudiée si, et seulement si, z est solution
de l’équation z" — z — 0. Cette dernière est une équation différentielle linéaire homogène
d’ordre 2 à coefficients constants d’équation caractéristique r2 — 1 = 0 de racines ±1. Sa
solution générale1 est z(x) — Xex + p,e~x avec (A,/z) G R2. On peut alors conclure que
la solution générale de (F) sur ]0 ; +oo[ s’exprime

y(x) = -e + ~— avec (A,/z) e R2.


Jx

Exercice 14 **
On étudie sur ]0; 1[ l’équation
(E) : x(l - x)y" + (1 - 3x)y' -y = 0. y
(a) Rechercher une solution non nulle ip développable en série entière.
(b) Résoudre l’équation par le changement de fonction inconnue y(x) = p(x)z(x).
Solution
(a) Soit S la somme de la série entière ^2 an.xn de rayon de convergence R > 0. Après
des calculs analogues à ceux vus dans le sujet 5 p. 421, on a pour tout x € ]— R ; _R[
+oo
x(l — x')S"(x) + (1 — 3x)S'(x) — S(x) = (n + l)2(an+i - an)xn.
n=0
En choisissant une suite (an) constante, on détermine une solution de l’équation différen­
tielle. Plus précisément, si l’on choisit la suite constante égale à 1, la série entière
est de rayon de convergence 1 et sa somme
+oo
S(x) = £ x" 1
n=0
1—X

est solution sur ]—1 ; 1 [ (donc a fortiori sur ]0 ; 1[) de l’équation (E).

(b) Soit y: ]0 ; 1[ -> R une fonction deux fois dérivable et z: ]0 ; 1[ —> R la fonction
déterminée par
z(x) = (1 -x)y(x).
La fonction z est deux fois dérivable avec
/(x) = (1 - x)y'(x) - t/(x)
z"(x) = (1 - x)y"(x) - 2y'(x).
On constate alors
x(l — x)y”(x') + (1 — 3x)y'(x) — yÇx) — 0 <=> xz"(x) + z'(x) = 0.
1. Ou, et c’est équivalent, z(x) = achi + /3shrr avec (a,/3) g R2.
méthode
L’équation différentielle obtenue en l’inconnue z apparaît comme une équation
différentielle linéaire homogène d’ordre 1 en la fonction inconnue z'.
Après résolution, la solution générale de l’équation en la fonction inconnue z' est

En intégrant, on obtient la solution de l’équation différentielle en l’inconnue z


z{x) = Alnx + /z avec (A,//)eR12.

Finalement \ la solution générale sur ]0 ; 1[ de l’équation (E) est


, , Àlnx + u ., x o
y\x) = —;-------- avec m) £R •

10.5.4 Résolution par changement de variable

Exercice 15 *
Résoudre sur R^ l’éqùâtïôn
{É} : x2y' + 3xy' + y = 0
en posant x = e*
Solution

méthode
Résoudre une équation différentielle en la fonction inconnue y de la variable x
par un changement de variable déterminé par une relation x = </>(£) consiste en
l’introduction d’une nouvelle fonction inconnue z s’exprimant en la nouvelle
variable t et liée à la fonction initiale par la relation « y(x) = z(t} » 2.

Commençons par étudier le changement de variable. Pour x G R^_ et t G R.


x = e* <=> t = Inrr.
L’application <f> : R —> R^_ définie par </>(t) = eÉ réalise une bijection de classe C2 : on dit
que (/) est la fonction de changement de variable3.
1. La démarche suivie dans ce sujet est un cas particulier de la méthode de Lagrange : si <p est une
solution qui ne s’annule pas de l’équation homogène associée à y" + a(x)y' + b(x)y — c(x), le changement
de fonction inconnue y(x) =■ ip(x)z(x) conduit à une équation linéaire d’ordre 1 en l’inconnue z'.
2. Le physicien écrira plutôt y(x) = l’appellation de la variable lui suffisant à distinguer la
fonction manipulée. Cette notation est cependant dangereuse en mathématique et incompatible avec des
dérivations exprimées par des « primes » : elle ici déconseillée.
3. La fonction de changement de variable exprime la variable initiale en fonction de la nouvelle
variable.
434 Chapitre 10. Équations différentielles

Soit y. x y(x) une fonction définie et deux fois dérivable sur R^_. Posons z: 11-> z(t)
la fonction définie sur R par la relation

« z(f) = y(x) » c’est-à-dire z(t) —

Par composition, la fonction z — y o </> est deux fois dérivable. Exprimons les dérivées
de y en fonction des dérivées de z afin de substituer leurs expressions dans l’équation.
En inversant le changement de variable, on peut écrire y(x) = z(lnx) pour tout x > 0 et
alors1

2/'(a?) = — /(lux)
x
y"{x) = —^z'(lna?) + -^z"(lnx).
x2* x2
On en déduit la transformation d’équation qui suit

\/x > 0, x2y"(x) + 3xy'(x) + y(x) = 0


<=> Vrc > 0, z"(lna;) + 2z'(lna?) + z(lnæ) = 0
<=> Vt G R, z,z(t) + 2z'(t) + z(t) = 0.
Ainsi, la résolution de l’équation (E) se rapporte à celle de l’équation

(E') : z" + 2z! + z = 0.

L’équation (Ez) est une équation différentielle linéaire homogène d’ordre 2 à coefficients
constants d’équation caractéristique r2 + 2r + 1 — 0 de racine double —1. La solution
générale de cette équation est

z(t) = (À + avec (A, /z) G R2.

La solution générale2 de l’équation (E) sur ]0; +oo[ est alors


. , A + ulnx
y(x) =------------ avec (A,/z) G R .

Exercice 16 **
Résoudre sur R l’équation

(x2 + 1) V + 2x(x2 -I- l)y' 4- 4y = 0

en procédant au changement de variable t = arctanx.

1. Lors du calcul de y", on prend garde à ne pas oublier de dériver un produit en plus de la compo­
sition.
2. Plus généralement, on appelle équation d’Euler les équations de la forme x2y” +axy'(x) + by(x) = 0
avec a, b G R. Par le changement de variable x = e4, il est possible de les résoudre sur en les
transformant en équations à coefficients constants. On peut aussi les résoudre sur RI par le changement
de variable x = —e4.
10.5 Exercices d’entraînement 435

Solution

méthode
Le changement de variable exprime la nouvelle variable en fonction de la va­
riable initiale. Il faut renverser celui-ci en prenant appui sur une bijection
réciproque.
En choisissant t dans l’intervalle I — ] —tt/2 ; tt/2[, on a l’équivalence

t = arctan x <=> x = tan t.

La fonction de changement de variable est alors l’application <£: I -> R définie par
</>(t) — tant. Il s’agit d’une bijection de classe C2.
Soit y: x y(x) une fonction définie et deux fois dérivable sur R. Posons z \ t z(t)
la fonction définie sur I par

« z(t) = y(x) » c’est-à-dire z(t) = ?/(tant).

Par composition, la fonction z = y o cj) est deux fois dérivable. Pour tout x G R

y(x) = z(arctanx')
.. . z'(arctan x)
V (*) = 1+X2
2x 1
y"(x) =------------- 2z/(arctan;r) ------------ 2 ^(arctan a;).
(14-a;2) (14-a;2)

On peut alors transposer l’équation différentielle étudiée

Va; G R, (a;2 + i)2y"(x) 4- 2a; (a;2 + tfy'Çx') + 4?/(a;) = 0


<=> Va; E R, z" (arctan a;) 4- 4z(arctan a;) = 0
<=> Vt E I, 4- 4z(t) = 0.

L’équation différentielle z" 4- 4z = 0 est une équation différentielle linéaire homogène


d’ordre 2 à coefficients constants d’équation caractéristique r2 4- 4 — 0 de racines ±2i.
La solution générale de l’équation en z ainsi obtenue est

z(t) — A cos(2t) 4- y, sin(2t) avec (A,/z)gR2.

méthode
On sait
.
cos(arctanx) — X
. 1
et • / X
sin arctan x)A = —===.
V 7 VÏT^2 a/ÎT^2

On en déduit
1 — a;2 2a;
cos(2 arctan ad = ------ et sin(2 arctan x) = ——
1 4- x2 1 + x2
436 Chapitre 10. Équations différentielles

La solution générale de l’équation sur R s’exprime alors (en remplaçant 2/z par /z ce
dernier parcourant encore R)

A(1 - x2} + yx ~
y(x) =---- —— ------- avec (A, ju) € R .
1 + x£

10.5.5 Méthode de la variation des constantes

Exercice 17 *
Résoudre sur des intervalles à préciser l’équation différentielle

Solution
C’est une équation différentielle linéaire d’ordre 2 à coefficients constants définie sur
les intervalles Ik — ]—tt/2 + kit ; tt/2 + À:7r[ (avec k E Z). Son équation caractéristique
est r2 + 1 = 0 de racines ±i. La solution générale de l’équation homogène est

yh{x) = Afc cos a: +/Zfc sin x avec (Afc,/Zfc)eR2.

Par la méthode de variation des constantes (Th. 11 p. 414), on détermine une solution
particulière de la forme

yp(x) = A(x) cosx + y(x) sina: avec x E Ik

en prenant A et y deux fonctions dérivables solutions du système

A'(a:) cosa: +/z'(a;) sina: = 0 (1)


{ —A'(a:) sina; + y'(x) cosx = —-—
cos a;
(2).

cos 27 sin 27 A
( — sin x cos x J
est inversible.

méthode
Ce système peut être résolu en opérant des combinaisons d’équations visant à
isoler respectivement A'(x) et y'(x).
Les combinaisons cosxx (1)—sinarx(2) et sinxx(l)+cosa:x (2) donnent respectivement
, sina: .. .
A (a;) —-------- et y (x) = 1.
cos a:
Les fonctions A et y définies sur Ik par

A(a?) = In |cosa:| et y(x) = x


10.5 Exercices d’entraînement 437

conviennent et déterminent la solution particulière

7/p(æ) = ln |cosa;| cos a; + a; sina;.

Finalement, la solution générale de l’équation étudiée sur les h est :

î/(x) = In ]cosx| cosæ + xsinx + Afc cosx +/Zfcsina; avec (A*,,/Zfc) G R2.

Exercice 18 **
Soit f : R —> R une fonction continue. Exprimer à l’aide d’une intégrale la solution
de l’équation différentielle
(£) : y" 4- y = f(x)
vérifiant les conditions initiales j/(0) — y'fi) — 0.

Solution
L’équation (E) est une équation différentielle linéaire d’ordre 2 : on est assuré de
l’existence et de l’unicité d’une solution au problème de Cauchy posé (Th. 6 p. 412).
Comme dans le sujet 17 p. 436, la solution générale homogène est

yh(x) = A cos a; + //sina: avec (A, y) G R2

et l’on obtient une solution particulière yp sur R de la forme

yp(x) = A(x) cosx + y(x) sina: (*)

avec A et y fonctions dérivables solutions du système

A'(a;) cosx + y'(x) sina; =0


{ —A'(a;) sina; + y'(x) cosx = f(x).

Après résolution1, on parvient à

A'(a:) = —f(x) sina; et y'(x) = f(x) cosx.

méthode
Par le théorème fondamental de l’intégration, on peut exprimer une primi­
tive F d’une fonction continue f définie sur un intervalle I à l’aide d’une
intégrale :
F(x) = / f(t)dt pour a choisi dans Z.
Ja

Les fonctions A et y déterminées par


fX pX
A(x) — / — f(t) sintdt et y(x) — / /(t)costdt
ao Jo
1. voir méthode du sujet précédent.
438 Chapitre 10. Équations différentielles

conviennent et définissent la solution particulière


pX pX

yp(x) = / /(t) (sinx cos t — sint cosx) dt = / sin(x — t) dt.


Jo Jo
La solution générale de l’équation (E) est alors

y(x) = / /(t) sin(x — t) dt + Acosx +/zsinx avec (À,/x)eR2.


Jo
La condition initiale 7/(0) = 0 donne immédiatement A = 0. Pour étudier, la condi­
tion y'(0) = 0, on reprend l’écriture (*) afin de pouvoir calculer yp(fi)-

Vp(x) — ^(æ) cosx — A(x)sinx + y'(x) sinx + /z(x) cosx


= — A(x) sinx + /z(x) cosx.

On obtient ainsi yp(ty = 0 et la condition t/'(0) — 0 équivaut alors à y = 0. On peut


conclure que la solution cherchée est donnée par

î/(x) = [ /(t) sin(x - t) dt.


Jo

10.5.6 Résolution avec raccord

Exercice 19
Résoudre sur R l’équation différentielle

(E): ttf— y = t2.

Solution

méthode
L’équation différentielle étudiée est de la forme a{t)y' + b(t)y = c(t) avec
a,b,c des fonctions définies et continues sur R. Cependant, le facteur de y'
s’annule en t = 0 ce qui empêche de résoudre directement l’équation sur R :
on commence par résoudre celle-ci sur I = RÜj. ou 7 = RI avant de réaliser un
raccord des solutions.
Sur I, l’équation (E) équivaut à l’équation différentielle linéaire d’ordre 1

, 1
y =

La solution générale de l’équation homogène s’exprime

yh(t) = Aeln^ — A |t| avec A G R.


10.5 Exercices d’entraînement 439

Sur I, la valeur absolue de t est constamment égale à t ou à — t. Quitte à considérer —À


à la place de À lorsque I = RI, on peut décrire la solution homogène sous la forme plus
simple
yhit) = At avec A € R.
Par application de la méthode de la variation de la constante (ou par un peu d’intuition)
on obtient la solution particulière yp(t) = t2. La solution générale de l’équation (E) sur I
est
y(t) — t2 + At avec A G R.
méthode
Pour déterminer les solutions de (E) sur R, on considère une fonction définie
sur R* solution de l’équation sur chacun des deux intervalles R^ et RI. On
étudie ensuite à quelles conditions on peut prolonger cette fonction en 0 pour
définir une solution sur R.
Soit y. R* —> R une fonction solution de l’équation sur R^_ et RL. Il existe deux1
constantes réelles A et A' telles que

( t2 4- At si t > 0
ÿ(i) = ^ + Vi si t < 0.

Etudions s’il est possible de prolonger y par continuité en 0.


Lorsque t tend vers 0+, y(t) = t2 + At tend vers 0.
Lorsque t tend vers O-, y(t) — t2 + A't tend aussi vers 0.
On peut prolonger y par continuité en 0 en posant 7/(0) = 0 et cela est possible sans
conditions sur A et A'.
Etudions la dérivabilité en 0 de ce prolongement.
Lorsque t tend vers 0+, y'(t) = 2t + A tend vers A. Par application du théorème de la
limite de la dérivée, la fonction y est dérivable à droite en 0 avec 7/^(0) = A.
Lorsque t tend vers 0-, y'(t) = 2t + A' tend vers A'. La fonction y est aussi dérivable
à gauche en 0 avec t/'(0) = A'.
Pour que la fonction y soit dérivable en 0, il est nécessaire que A = A'.
Inversement, si cette condition est vérifiée, la fonction y s’exprime

7/(t) = t2 + At pour tout t G R.

La fonction y est alors dérivable sur R et solution de l’équation étudiée sur R^_, sur RL
et aussi en 0.
Finalement, la solution générale de (E) sur R est 7/(t) — t2 + At avec A G R.
méthode
Souvent le raccord des solutions conduit à l’égalité des constantes exprimant
la solution de part et d’autre du point d’annulation de a. Cela n’a cependant
rien d’automatique : il existe des équations différentielles conduisant à des
conclusions différentes 2.
1. Les constantes sur les deux intervalles ne sont pas a priori égales.
440 Chapitre 10. Équations différentielles

En trait discontinu figurent les deux familles de solutions


accompagnées d’une solution obtenue par raccord.

Exercice 20
Résoudre sur ]0 ; +oo[ l’équation

tki(t)y' + y = 0.
---------------- —......... .............................................. ................ . ............. .................................... .................. '

Solution

méthode
Dans l’équation (E), le facteur de y' s’annule pour t = 1 : on résout d’abord
l’équation sur les intervalles ]0 ; 1[ et ]1 ; +oo[ avant d’opérer un raccord des
solutions obtenues.
Sur l’intervalle I = ]0 ; 1 [ ou ] 1 ; +oo[

(B) y’ =
tint
Sachant
f dt
/ —-— = — In Int
J tint 1 1
la solution générale de (E) sur I s’exprime

y(t) = Ae ln*ln I = —avec A e R.


IM
Sur I, l’expression Int est de signe constant et celui-ci peut être intégré au facteur A. On
peut donc exprimer plus simplement la solution générale de (E) sur I

y(t) = avec A e R.

Reste à déterminer les solutions de (E) sur ]0 ; +oo[.


2. Par exemple, l’équation différentielle ty' = 2y propose une solution générale s’exprimant y(t) = At2
sur R+ et y(t) = X't2 sur R^_ avec A et X' quelconques : l’ensemble des solutions est alors un plan vectoriel
et non une droite.
10.5 Exercices d’entraînement 441

Soit y. ]0; 1[ U ]1 ; +oo[ —> R une fonction solution de l’équation (£?) sur chacun des
deux intervalles ]0;l[et]l;+oo[. Il existe deux constantes réelles A et X' telles que

2_
si t e ]1 ; +oo[

I
Int
=
si t e ]0 ; 1[.
Int
Étudions s’il est possible de prolonger y par continuité en 1.
On a

si A 0 A ±oo si A' 7^ 0
et y(t) = ------------ » <
si A = 0 Int t-+i- 0 si A'= 0.

La fonction y peut être prolongée par continuité en 1 si, et seulement si, A = A' = 0. La
fonction y est alors simplement la fonction nulle sur ]0 ; +oo[. Inversement, cette fonction
est évidemment solution de (E) et l’on peut conclure que c’est la seule solution de (Æ?)
sur ]0 ; +oo[.

Les deux familles de solutions.

Exercice 21 **
Résoudre sur R l’équation
(£?) : (t - l)y" - ty' + y = 0
en commençant par rechercher deux solutions « apparentes ».
Solution

méthode
Il est rapide de vérifier si les fonctions définies par e4, e-4, t, t2 (voire 1/t) sont
solutions de l’équation (F) : ce sont de bons candidats à essayer !
Les fonctions y? et définies par ç?(t) — t et V>(t) = e4 sont solutions de l’équation {E)
sur R et celles-ci sont linéairement indépendantes.
442 Chapitre 10. Équations différentielles

méthode
On ne peut pas conclure immédiatement à la description de l’ensemble des
solutions de l’équation (E) car le facteur de y" s’annule en t = 1. L’équation
(E) n’est équivalente à une équation différentielle linéaire homogène d’ordre 2
résolue que sur les intervalles ]—oo ; 1[ et ] 1 ; +oo[ : on résout d’abord l’équation
sur ces intervalles puis on réalise un raccord des solutions.
Sur I — ]—oo ; 1[ ou ]1 ; +oo[, l’ensemble des solutions de (E) est un plan vectoriel dont
les fonctions <p et ip constituent une base. La solution générale de (E) sur I est

y(t) = Xt + ye1 avec (A, y) G R2.

Soit y une fonction solution de (E) sur chacun des deux intervalles ]—oo ; 1[ et ]1 ; +oo[.
Il existe des constantes réelles A, A',/z et y' telles que

Xt + yE si t G ]—oo ; 1[
y(t) = <
X't + y'e1 si t G ]1 ; +oo[.

Étudions s’il est possible de prolonger y par continuité en 1. On a

y(t)------ > A + ye et y(t)-------- A' + y'e.

On peut prolonger y par continuité en 1 si, et seulement si,

A + /ze = A + y e.

Supposons cette condition remplie.


Étudions si ce prolongement est deux fois dérivable en 1. On a

X + ye* si t G ]—oo ; 1[
y'(t) = <
A' + y'e1 si t G ]1 ; +oo[

et donc
y'(t)------> A + ye et y'(t)------j-> A' + y'e.
t 1 ~~
La fonction y est dérivable à droite et à gauche en 1 avec

2/p(l) = A + Me et y'd(l) = X'+ y'e.

Compte tenu de la condition de continuité, ces deux nombres sont égaux et la fonction y
est dérivable en 1. Aussi

ye1 si t G ]—oo ; 1[
y"(t) =
y'e* si t G ]1 ; +oo[

et
y”(t)------ > ye et y"(t)------ > y'e.
t-+i~ t->i+
10.5 Exercices d’entraînement 443

Pour que la fonction y soit deux fois dérivable en 1, il faut y = /z' et alors la condition
de continuité donne À — X'.
Inversement, si ces conditions sont vérifiées, la fonction y s’exprime
y(t) — Xt + ye*1 pour tout t G R
et celle-ci est effectivement solution de (E) sur R.
Finalement, la solution générale de (E) sur R est
y(t) = Xt + ye* avec (A, y) G R2.

10.5.7 Exponentielles d’endomorphismes, de matrices

Exercice 22 *
Soit a G R. Calculer l’exponentielle de la matrice

. /O —a\
A= n .
\ct. 0J
Sinàilnri i iii ..........................................iinirmî mil t ' '■ b1''!' ' "r " u ii»iüiiiii»riiM.MM«M»»MMMMwniiiiiiii rit

Solution
méthode
Le calcul de l’exponentielle d’une matrice passe souvent par le calcul des puis­
sances de cette matrice. On peut pour cela réduire la matrice ou, et c’est
souvent très efficace, exploiter un polynôme annulateur.
On peut écrire A = a J avec
J=(Q
V °/
On observe J2 = —12 ce qui permet un calcul facile des puissances de J selon la parité
de l’exposant. On en déduit
A2p = (—l)pQ!2pI2 et A2p+1 = (-l)pct2p+1 J pour tout p G N.
On peut alors exprimer l’exponentielle de A en séparant la somme en deux selon la parité
de l’indice (ceci est possible car il y a absolue convergence) :
+00 1 +00 . +00 .

exp(A) = y ±An = y 7^7 a2p+y —1 x,a2p+i


2—' n!
n=0
2--' (2p)!
p—0 ' 1
(2p + 1)! p—0 '1
+o° ('-HP +°° f— l'IP

=e wy12+é (^tî)ï“2’’+i j=c°s(a)i2+sin(a)j-


Finalement, exp(A) est la matrice de rotation1 d’angle a
, /cos et — sin et \
exp(A) = ( . I .
ysmct cos a J
1. Plus généralement, on montre que l’exponentielle d’une matrice antisymétrique est une matrice
orthogonale, voir sujet 29 du chapitre 7 de l’ouvrage Exercices d’algèbre et de probabilités MP.
444 Chapitre 10. Équations différentielles

Exercice 23 *
Soit A G A4n(C). Établir det(eA) = etr^A\

Solution

méthode
La propriété est facile à obtenir pour une matrice triangulaire et les matrices
complexes sont toutes trigonalisables.

Il existe une matrice inversible P G GLn(C) telle que A = PTP~l avec

On peut alors calculer les puissances de A et affirmer

En passant à la limite quand N tend vers l’infini, on obtient que la matrice exp(A) est
semblable à la matrice exp(T) :

exp(A) = Pexp(T)P-1.

Or, on peut calculer les coefficients diagonaux des puissances de T et constater

/ N \

exp(T) = lim
N—>+oo
(0) eA

Enfin, par similitude

det(eA) = det(eT) = JJ eAfc — expl Afc = etr(T) = etr(A)

Exercice 24 *
Soit A G A^n(R). Montrer que eA G K [A].
10.5 Exercices d'entraînement 445

Solution
Notons pour commencer que eA n’est pas immédiatement un polynôme en A puisque
cette matrice est définie par une somme infinie.
méthode
|| On observe que R [A] est une partie fermée.
L’ensemble R [A] des polynômes en A est un sous-espace vectoriel de A4n(R). Or tous les
sous-espaces vectoriels de dimensions finies sont topologiquement fermés (Th. 6 p. 205).
La matrice eA est limite d’une suite de polynômes en A :
TV N
eA = lim 5^ — Ak avec — Ak e R[A].
N-H-oo^fc! kl
k=0 k=0

La matrice eA est donc élément de R [A] car une partie fermée contient les limites de ses
suites convergentes.

A2 +pA 4- qïn == $n avec (pi?) é'180’. ' " ..


Justifier que chaque solution de l’équation X' = AX prend ses valeurs dans un plan
vectoriel. ' • . < ...
Solution

méthode
|| On exprime la solution générale de l’équation avec une exponentielle.
Soit X une solution sur R de l’équation X' = AX. En posant Xo = A?(0), on peut
exprimer cette solution (Th. 16 p. 417) : X(t) = etAXo pour tout t € R.
Nous allons montrer que la matrice etA est combinaison linéaire des matrices In et A.
Par hypothèse A2 est combinaison linéaire des matrices In et A. En multipliant par A, on
obtient que A3 est combinaison linéaire des matrices A et A2 donc aussi des matrices In
et A. En raisonnant par récurrence, on montre1

Ak G Vect(In, A) pour tout k G N.

Soit t G R. Par combinaison linéaire, les sommes partielles de la série définissant etA sont
éléments de l’espace Vect(In, A). Or cet espace est de dimension finie et donc topologi­
quement fermé : il contient les limites de ses suites convergentes. En particulier, etA est
élément de Vect(In, A). On peut ainsi écrire

etA = A(i)In 4- p(t)A avec A(t),p(t) G R.


1. Plus généralement, on sait que si le polynôme minimal de A est de degré m, les polynômes
en A peuvent s’exprimer en réalisant une division euclidienne comme combinaison linéaire des ma­
trices In, A,..., Am-1 .
10.5 Exercices d’entraînement 445

Solution
Notons pour commencer que eA n’est pas immédiatement un polynôme en A puisque
cette matrice est définie par une somme infinie.
méthode
|| On observe que R[A] est une partie fermée.
L’ensemble R [A] des polynômes en A est un sous-espace vectoriel de M.n (R). Or tous les
sous-espaces vectoriels de dimensions finies sont topologiquement fermés (Th. 6 p. 205).
La matrice e71 est limite d’une suite de polynômes en A :

La matrice eA est donc élément de R [A] car une partie fermée contient les limites de ses
suites convergentes.
Exercice 25**
Soit A G A4n(R) une matrice annulant un polynôme réel de degré 2 :

/ ; '.

Justifier que chaque solution de l’équation X' — AX prend ses valeurs dans un plan j
vectoriel.

Solution

méthode
|| On exprime la solution générale de l’équation avec une exponentielle.
Soit X une solution sur R de l’équation X' = AX. En posant Xo = A?(0), on peut
exprimer cette solution (Th. 16 p. 417) : X(t) — etAXo pour tout t G R.
Nous allons montrer que la matrice etA est combinaison linéaire des matrices In et A.
Par hypothèse A2 est combinaison linéaire des matrices In et A. En multipliant par A, on
obtient que A3 est combinaison linéaire des matrices A et A2 donc aussi des matrices In
et A. En raisonnant par récurrence, on montre1

Ak E Vect(In, A) pour tout k G N.

Soit t G R. Par combinaison linéaire, les sommes partielles de la série définissant etA sont
éléments de l’espace Vect(In, A). Or cet espace est de dimension finie et donc topologi­
quement fermé : il contient les limites de ses suites convergentes. En particulier, etA est
élément de Vect(In, A). On peut ainsi écrire

etA = A(t)In +/j,(t)A avec A(t),g(t) GR.


1. Plus généralement, on sait que si le polynôme minimal de A est de degré m, les polynômes
en A peuvent s’exprimer en réalisant une division euclidienne comme combinaison linéaire des ma­
trices In, A,..., Am ‘ .
446 Chapitre 10. Équations différentielles

On a alors
X(t) = etAX0 = A(t)X0 + v(t)AX0 G Vect(X0, AX0).
La solution X prend effectivement ses valeurs dans un plan1.

10.6 Exercices d’approfondissement


„ —
Exercice 26 *
Soit A G -Adn(K) une matrice dont tous les coefficients non diagonaux sont positifs
et Xo G jMn)i(R) une colonne dont tous les coefficients sont aussi positifs.
Montrer que la solution sur [0 ; +oo[ du problème de Cauchy

(X' = AX
\X(0) = Xo

est une colonne dont tous les coefficients sont positifs.

La solution générale du problème de Cauchy posé est

X(t) = exp(M)X0.

On souhaiterait justifier que la matrice exp(M) est à coefficients positifs mais on est
quelque peu embarrassé par les coefficients diagonaux de la matrice A dont on ignore le
signe-
méthode
|| Lorsque A et B G jMn(K) commutent, on sait exp(A + B} = exp(A) exp(.B).
Sachant que les matrices A et AIn (pour A un réel) commutent, on peut écrire pour tout t
réel

exp(t(A + AIn)) = exp(tAIn) exp(tA) = etx exp(tA) car exp(tAIn) = etAIn.

On en déduit
exp(M) — e~tX exp(t(A + AIn)).
On choisit alors A G R+ assez grand pour que tous les coefficients de la matrice A + AIn
soient positifs. Les puissances de cette matrice sont alors à coefficients positifs et, par
somme et limite de matrices à coefficients positifs, l’exponentielle de la matrice t(A+AIn)
est à coefficients positifs pour tout t 0. On en déduit que les coefficients de la ma­
trice exp(tA) sont positifs pour tout t 0. Enfin, la colonne Xq étant à coefficients
positifs, les valeurs prises sur R+ par la fonction X sont des colonnes à coefficients posi­
tifs.
1. Selon que la famille (Xq, AXq) est libre ou liée, l’espace Vect(Xo, AXq) est un plan ou seulement
inclus dans un plan.
10.6 Exercices d'approfondissement 447

Exercice 27 *
Soit f: R —> R une fonction de classe C2 telle que f + f" 0. Montrer

f(x + 7r) + /(a;) 0 pour tout a; € R.

Solution

méthode
|| Par résolution d’une équation différentielle, on exprime f en fonction de f+f".

Posons g — f + f". La fonction f est évidemment solution de l’équation différentielle

(E) : y" + y = g.

La solution générale de cette équation1 sur R s’exprime

y(x) = / p(t) sin(x — t) di + Acosa: +/isina: avec (à,/z)eR2.


Jo

La fonction f est donc de cette forme. Après simplifications, on a pour tout réel x
z-æ+TT pX
f(x + %) + f(x) = / <y(t) sin(a; + ir — t)dt + / g(t) sin(ar — t) dt
Jo Jo
/■X+tT pX
= / ^(t) sin(t — x} dt + / g(t) sin(a; — t) dt.
Jo Jo

En appliquant la relation de Chasles


px+n
f(x + 7r) + /(a:) = / g(t) sin(t - x) dt.
JX

Pour tout t G [a; ; a; + %], on a sin(t — a?) > 0. Puisque par hypothèse la fonction g est
aussi positive, on obtient l’inégalité voulue par intégration bien ordonnée d’une fonction
positive.

Exercice 28 ** " |
Soit f : R —> R une fonction continue et bornée et a € R^_. I
Montrer qu’il existe une unique solution bornée à l’équation différentielle I

(E): y" - a2y + f(x) = 0. J

1. Voir sujet 18 p. 437.


448 Chapitre 10. Équations différentielles

Solution
L’équation (E) est une équation différentielle à coefficients constants. Les réels a et —a
sont les solutions de son équation caractéristique. Sa solution générale homogène est

y(x) — Xeax + /ze ax avec (A,/z) € R2.

Par la méthode de la variation des constantes, on détermine une solution particulière yp


de la forme yp(x) = X(x)eax + p(x)e~ax avec A et /z des fonctions dérivables solutions
du système
A'(a;)eaa: + /z'^e"^ = 0
aX'(x)eax — ap'(x)e~ax —

Après résolution, on parvient à

A'(^) = ax et p'(x) = ^-f{x)eax.

méthode
On obtient des fonctions A et p convenables par des primitives exprimées par
des intégrales. Pour faciliter l’étude à venir, on choisit d’exprimer ces primitives
par des restes d’intégrales convergentes.

La fonction f étant bornée, la fonction t i-> f(t)e~at est intégrable sur [0 ; +oo[. Par
le même argument, la fonction t i-> /(i)eQt est intégrable sur ]—oo;0]. On peut alors
introduire les primitives convenables données par

=
1 /‘+00
/(t)e-atdt et
1
p(x) = — /
rx /(i)eQtdi.

On obtient alors la solution particulière définie sur R

pax r+oo — ax rx i r-t-oo


yP(x) = -^7 dt + -T— / f{t)eat àt = — /(t)e~a|a;_t| dt.

Cette solution particulière est bornée. En effet, si l’on introduit M la borne supérieure
de |/|, on a

+oo
Me-«læ-t| dt = M /
Z-oo
e~a|u|du.

Puisque la solution homogène yh n’est bornée sur R que lorsque A = p = 0, on peut


conclure que la fonction yp est l’unique solution bornée de (E).
10.6 Exercices d'approfondissement 449

Exercice 29 *** (Inégalité de Liapounov)


Soit f: K. —> R une fonction continue et g une solution non identiquement nulle de

(£?) : y” + f(x)y 0.

(a) Montrer que les zéros1 de g sont isolés2.


Dans la suite, xi et X2 sont deux zéros consécutifs de g vérifiant xy < x?.
(b) Montrer, pour x e [xi ;x2], l’identité
rx z-X2
(x2 ~ x) / (É - ^i)/(£W) dt 4- (x - Xi)./ (x2, - t)/(t)^(t) dt = (x2 - xi)g(x).
Jxi Jx

(c) En déduire une minoration de

/ |/(£)| dt-
Jx\

Solution

(a) méthode
|| Un zéro de g qui n’est pas isolé est un point en lequel g et g' s’annulent.
Soit a un zéro de la fonction g. Si, par l’absurde, ce zéro n’est pas isolé, il existe une
suite (xn) de zéros de g distincts de a et convergeant vers a. Puisque g(xn) = 0, on a

9'(a) = lim
æ->a X — a
= iim
n—>+oo
^4 -jW
Xn — CL
= o.

x^a

La fonction g est donc solution de l’équation (E) vérifiant les conditions initiales g(d} = 0
et g'(a) = 0 . Or la fonction nulle est aussi solution de ce problème de Cauchy et, par
unicité de la solution à un tel problème, on peut conclure que g est la fonction nulle. Ceci
est exclu.

(b) Introduisons la fonction ip définie sur [xi ; x2] par


r-x
<p(æ) = (æ2 - x) (£ - æi WW) dt 4- (x - xi) / (x2 - £WW)
Jxi Jx

La fonction est dérivable et, après simplification, on a pour x € [xi ; x2]

(t -xi)/(t)p(t)dt + (æ2 - £WW) dt.

1. On parle de zéros d’une fonction pour signifier une valeur d’annulation.


2. On dit qu’un zéro d’une fonction est isolé lorsqu’il existe un voisinage de celui-ci dans lequel il est
le seul zéro de la fonction.
450 Chapitre 10. Équations différentielles

La fonction ç? est donc dérivable une deuxième fois et

= —{x - xx)f(x)g(x) - (æ2 - x)f(x)g(x) = (aq - a:2)/(æ)c/(x).

Puisque g est solution de l’équation (E), on obtient

v"(x) = (ar2 - Xx)g"(x).

En intégrant, on peut alors écrire sur [aq ; æ2]

<p(x) = (æ2 — xx)g(x) + ax + (3 avec (a, /?) G R2.

Enfin, les fonctions tp et g s’annulent toutes deux en Xx et x2 et donc a = /? = 0. On


peut conclure
V(x} = (x2 — xi)g(x) pour tout x G [xi ;x2].

(c) méthode
|| On emploie l’identité qui précède en x — c maximisant x |p(æ)|-

La fonction g est continue sur le segment [aq ; rc2], elle y est donc bornée et il existe c
appartenant à ]xi ;x2[ tel que, pour tout x G faq ;a:2],

|p(z)| |c/(c)| =M.

La relation précédente en x = c donne

M(x2 - xx) (x2 - c) (t - æi)/(i)^(i) dt + (c- (x2 - t)f(f)g(f) dt

rc rX2
s$(x2-c)/ (t - aq)|/(t)|Mdt + (c - aq) / (x2 - t)|/(i)|Mdt
J æl ' V ' JC ' V /
S^C- æl ^æ2—C
ræ2
(x2 - c)(c-xx)M / |/(t)|dt.
J Xi

Sachant M > 0 et l’inégalité

(x2 - c)(c - aq)

on obtient
10.6 Exercices d'approfondissement 451

Exercice 30 ***
On étudie l’équation différentielle

(E) : xy" + y' + y = 0.

(a) Déterminer les solutions de (E) développables en série entière.


Soit f une solution de l’équation (E).
(b) Montrer que xf'2(x) + /2(x) possède une limite quand x tend vers +oo.
(c) En déduire que la fonction f est bornée au voisinage de +oo et que sa dérivée
y est de limite nulle.
(d) Justifier la convergence des intégrales suivantes :

r.^, et
J1 J1 x x

(e) En déduire la limite de f en +oo.

Solution
(a) Soit 52 anXn une série entière de rayon de convergence R > 0 et de somme S. La
fonction S est définie et de classe C°° sur ]—R ; R[ et
+oo 4-oo 4-oo
xS"(x) + S'(x) 4- S(x) = x ^(n 4- l)nan+ixn-1 4- ^(n + l)an-i-i^n 4- anxn
n=l n=0 n=0
4-oo
= 52((n + l)2an4-l + an)xn-
71 = 0

Par unicité des coefficients d’un développement en série entière, la fonction S est solution
de l’équation (E) sur ]— R-, _R[ si, et seulement si,

an+1 = --—— 1 r^an pour tout n e N.


(n 4-l)2
La résolution de cette relation de récurrence conduit à
(-l)n
an = , <%o pour tout n € N.
(n!)2
La série entière associée étant de rayon de convergence R = +oo, on peut affirmer que
les fonctions développables en série entière solutions sont exactement les fonctions
/_ l'jn
x an xn avec an E R.
. (ni)2
71=0 ' '

Elles constituent un sous-espace vectoriel de dimension 1 de l’espace des solutions.


452 Chapitre 10. Équations différentielles

(b) Posons 92 la fonction définie sur R par la relation


v(x) = xf,2(x) + f2(x).

méthode
|| On montre que la fonction 99 est monotone et bornée.
La fonction 9? est dérivable et puisque f est solution de l’équation différentielle (£?),
on a pour tout x réel
ç>'(a;) = 2xff (x) f"(x) + /,2(z) + 2f'(x)f(x)
= 2/'(x)(xf"{x} + /'(a;) + /(x)) - //2(z) = -f'2(x).
La fonction est donc décroissante. De plus, elle est clairement positive sur R+, elle
admet donc une limite finie en +00.

(c) Puisque la fonction 99 possède une limite finie en +00, elle est bornée au voisinage
de +00. Or pour x > 0

\f(x)\ y99(3;) et |/'(z)| car - xf'2(x) + /2(æ).


>0 ^0
La fonction f est donc bornée au voisinage de +00 et la fonction f' tend vers 0 en +00.

(d) La fonction x 1-» — f'2(x) est de primitive 92 qui admet une limite finie en +00 :
son intégrale sur [1 ; +00 [ converge.
Pour obtenir la convergence de la deuxième intégrale, on montre une intégrabilité en
exploitant l’inégalité 2ab < a2 + b2,
f'(x)f(x) = ||Z(^)| (Vxf'Çx))2 + (/(x))2 = 9?(ar)
x æ3/2 2x3/2 2æ3/2
La fonction 92 étant bornée au voisinage de +00, cette domination assure l’intégrabilité
sur [1 ; +00 [ de la fonction x i-> /'(æ)/(x)/x.
méthode
On montre la convergence de la troisième intégrale en constatant la conver­
gence de la somme des trois.

_r(æ) + /WM + £M = + /'M + /M f(x)


XX X
= - /"(æW) = ^(-/'(z)/(z)).

La fonction primitive x i-> —/,(x)/(x) admet une limite nulle en +00 car f y est bornée
et /' de limite nulle. On a donc la convergence de la somme des trois intégrales ce qui
produit la convergence de la troisième intégrale.
10.6 Exercices d’approfondissement 453

(e) Posons l la limite de la fonction ip en +oo (nécessairement positive).


Par l’absurde, supposons cette limite non nulle. On peut écrire

z//2(æ) + /2(æ) _ <pQg) ~ £


X X x—>+oo X
Par comparaison de fonctions positives, on obtient la divergence de l’intégrale

/■+“ xf\x)+r(x)
X
Or cette intégrale est la somme de deux intégrales convergentes : c’est absurde !
On en déduit que la fonction cp est de limite nulle en 4-00 puis que f est aussi de limite
nulle en 4-oo car on a déjà vu |/(a?)| y/tpÇx').

Exercice 31 ***
On étudie l’équation différentielle définie sur R -
(E) : 4- an-1(x)y^n~1') 4-----F a^x^y' 4- a0(x)y = 0
avec üq, ai,..., an-i des fonctipns continues de R dans R.
Soit xq un réel. Montrer qu’il existe a > 0 tel que toutes les solutions non milles de
l’équation (^" s’ârimilênt aiï plüs n — 1 fois dans l’intervalle [xq — a ; xo 4- d].
Solution
La difficulté de ce sujet réside dans l’uniformité voulue de a : on souhaite déterminer
une valeur de a qui soit convenable pour toutes les fonctions solutions non milles de (E).
méthode
Par l’absurde, on construit une suite convergente de fonctions contre-exemples
dont la limite provoque une contradiction.
Par l’absurde, supposons qu’un tel a n’existe pas. En prenant a = 1/p > 0 avec p e N*,
on peut introduire une fonction yp non nulle, solution de l’équation (E) et s’annulant au
moins n fois dans l’intervalle Ip = [tq — 1/p ; %o 4- 1/p].
Notons S l’espace des solutions de l’équation (E). C’est un espace de dimension finie
égale à n que l’on peut normer, par exemple, par la norme1 N définie par

N(y} = Moo + IHL + •■■ + b(n'1)IL avec ll/lloo= sup|/W|-


teii

Quitte à considérer la fonction Pp/N^Pp) au lieu de yp, on peut supposer les fonctions yp
toutes de norme 1. La suite des fonctions (pp) est alors une suite bornée de l’espace de
dimension finie S. Par le théorème de Bolzano-Weierstrass, on peut en extraire une
suite convergente (p<p(p))- La limite de celle-ci est une fonction poo, non nulle car de
1. Cette norme a pour intérêt de traduire (sur le segment I\ = [xq — 1 ; xo +1]) la convergence uniforme
d’une suite de fonctions ainsi que la convergence des suites des fonctions dérivées jusqu’à l’ordre n — 1.
454 Chapitre 10. Équations différentielles

norme 1 et solution de (£?). De plus, par construction, la suite de fonctions (?/<p(p))


converge uniformément vers y^ ainsi que ses dérivées jusqu’à l’ordre n — 1 vers les
dérivées respectives de t/qq.
Par les annulations des fonctions (^(p)), on peut introduire une suite (æ<p(p)) conver­
geant vers Xq avec 3/<p(p) (^<p(p)) = 0- Par convergence uniforme, on obtient à la li­
mite yoo(x0) = 0.
Par application du théorème de Rolle, la fonction y^(p) s’annule au moins n — 2 fois sur
l’intervalle /<p(p)- On peut reprendre le raisonnement au-dessus et affirmer ?4o(xo) = 0.
Plus généralement, pour k € [1 ;n—1]], la fonction yffp) s’annule au moins n — k fois
sur l’intervalle Zp(p) ce qui permet d’obtenir y£?(xo) = 0.
La fonction yx est alors solution du problème de Cauchy constitué de l’équation (£?)
et des conditions initiales

yM = y'(x0) = • • • = 7/(n-1)(a;o) = 0.

Or la fonction nulle est la seule solution de ce problème de Cauchy. C’est absurde car yx
n’est pas la fonction nulle.
CHAPITRE 11

Calcul différentiel

E,E',E" et F désignent des espaces vectoriels réels de dimensions finies. Ces espaces
peuvent être normés et le choix des normes est sans incidence sur la suite de l’étude.

11.1 Fonctions de p variables réelles


L’étude d’une fonction de Rp dans Rn se ramenant à celles de ses coordonnées, on privi­
légie l’étude des fonctions à valeurs dans R. Les propos tenus ici peuvent cependant être
généralisés aux fonctions à valeurs dans Rn, voire à valeurs dans un espace de dimension
finie E'.
On considère une fonction f de p variables réelles définie sur une partie ouverte1 U de Rp
et à valeurs réelles 2
f U c Rp -> R
[ (Xl,. . . ,Xp) H4-

11.1.1 Dérivées partielles et applications partielles

Soit j un entier compris entre 1 et p.

1. Tout point de U est centre d’une boule incluse dans U : ceci assure que la fonction f est définie
dans toutes les directions au voisinage d’un point où elle est définie.
2. On devrait écrire /((xi, • • • , xp)) au lieu de /(xi,... ,xp), on commet ici un abus de notation.
456 Chapitre 11. Calcul différentiel

Définition
On appelle j-ème application partielle de f en un point a — (ai,...,ap) de U l’ap­
plication d’une variable réelle

fj • 1 f (®11 • • • > O'n)-

Lorsque cette application est dérivable en Xj = a-j, on introduit la j-ème dérivée


partielle de f en a
df 1
= f'jM = Jim - (/(ai,..., aj +1,..., ap) - /(ai,. , aj,..., ap)).

Ainsi, et sous réserve d’existence, les dérivées partielles sont les dérivées des applications
partielles :
= df^*1’ ’ • •,Xj’ ’ ’ ’ ’Xn^-
JJJ
Cette dernière écriture signifie que, pour calculer une dérivée partielle, on dérive l’expres­
sion f(xi,... ,Xj,... ,Xn) en considérant toutes les variables fixées, sauf Xj en laquelle
on dérive.
Lorsque / est une fonction de deux variables réelles notées x et y, ses dérivées partielles
sont notées
df t Êf
dx e dy
Sous réserve d’existence, celles-ci sont définies par :

t^o

y y t#0

11.1.2 Opérations sur les dérivées partielles


Puisqu’une dérivée partielle est une dérivée d’une application partielle, les formules de
dérivation d’une somme, d’un produit, d’un quotient ou d’une puissance,... se transposent
aux dérivées partielles :

d(/ + g) = , dg_ d(fg) =df_ dg_


dxj dxj dxj' dxj dx^ dx.,'

11.1.3 Fonctions de classe C1


Définition
On dit que la fonction f: U G Rp —» R est de classe C1 si ses dérivées partielles
existent et sont continues.
11.1 Fonctions de p variables réelles 457

Théorème 1
Si f,g: U -» R sont des fonctions de classe C1 alors, pour tout A G R, les fonctions
f + g et fg sont de classe C1. Si de plus la fonction g ne s’annule pas, le quotient
f/g détermine aussi une fonction de classe C1.

11.1.4 Règle de la chaîne


Soit V une partie ouverte de Rn et x: V —> Rp une application de fonctions coordon­
nées xi,..., xp à valeurs dans l’ouvert U de définition de f :
x(t) = (rri(t),... ,a}p(t)) G U pour tout t = (ti,..., tn) E V.

Théorème 2
Si les fonctions xi,... ,xp et la fonction f sont, des fonctions de classe C1 alors la
fonction composée

est de classe C1 et, pour tout i compris entre 1 et n, sa dérivée partielle d’indice i se
calcule par la formule . .....

C/vj, CAL J LZLj. C/«Lp


< - ■ ■ . - - »<—:■- ; - - - . -X XX ’x, -XX-< X -^x ■ < ,-ù.->.-xX - X-. X' ;jx- -xx, ■,V‘,X~*:,,- V.-,-. -X-.. ,„XXUX - - ■■■-- ,— ,.x- ,j-, X .....

On retiendra l’écriture symbolique et concise appelée règle de la chaîne :


dg = dx! df _____ dxp df
dti dti dxi dti dxp

11.1.5 Dérivées partielles d'ordres supérieurs


k désigne un entier naturel.
Définition
On convient de dire que f est la dérivée partielle d’ordre 0 de f.
Lorsqu’elles existent, les dérivées partielles de f sont appelées dérivées partielles
d’ordre 1 de f.
Par récurrence, et sous réserve d’existence, on appelle dérivées partielles d’ordre k + 1
de f les dérivées partielles des dérivées partielles d’ordre k de f.
Lorsqu’elle existe, la dérivée partielle d’ordre k de f obtenue en dérivant successivement
en les variables x31,..., Xjk dans cet ordre est notée :
a*/
dxh...dxjt '
458 Chapitre 11. Calcul différentiel

En particulier, lorsque f est une fonction de deux variables réelles x et y, on peut intro­
duire quatre dérivées partielles d’ordre 2 :

d2f d2f d2 f d2f


dx2’ dxdy, dydx dy2

Définition
On dit que la fonction f : U C Rp —> R est de classe Ck si toutes ses dérivées partielles
d’ordre k existent et sont continues sur U.

Théorème 3 (Théorème de Schwarz)


Si f: U —> R est une fonction de classe C2, alors, pour tous les indices i et j compris
entre 1 et p, on a
d2f d2f
dxidxj dxjdxi

Plus généralement, lorsque f est de classe Ck, l’ordre de dérivation n’importe pas dans
le calcul d’une dérivée partielle d’ordre k.

11.2 Fonctions d’une variable vectorielle


On étudie plus généralement les fonctions définies au départ d’un ouvert U d’un espace
réel E de dimension p € N* et à valeurs dans un espace réel E' de dimension finie.
On considère une telle fonction f: U C E —> E’.

11.2.1 Dérivées partielles


Définition
On dit que f est dérivable en a selon un vecteur h E E lorsque le taux d’accroissement

|(/(a + t/i) - /(a))

admet une limite finie quand t tend vers 0 (avec t 0). Cette limite est appelée
dérivée de f en a selon le vecteur h et est notée DflfÇa').
Soit e = (ei,..., ep) une base de E.
Définition
Lorsqu’elle existe, on appelle j-ème dérivée partielle de f en a dans la base e la
dérivée de f en a selon le vecteur ej. Celle-ci est notée djf(a).
Lorsqu’une base de E est fixée, il est usuel d’identifier la fonction f avec la fonction de p
variables réelles :
(xi,... ,æp) >-> /(aqei -I------ F xpep).
459

11.2 Fonctions d’une variable vectorielle

Les dérivées partielles de / dans la base e correspondent alors exactement aux dérivées
partielles :
df df
dxi ’ " ' ’ dxp

11.2.2 Différentielle en un point


Définition
On dit que la fonction f admet un développement limité à l’ordre 1 en un point a G U
lorsqu’il existe une application linéaire G £(E, E') telle que

f(a + À) = f(a) + £(h) + ||/i|| avec e(Æ)------- >0e'-


h—ïÜE

L’application linéaire l est alors unique, on l’appelle la différentielle de f en a et on


la note d/(a).
Le terme ||h\\ e(h) du développement limité est indifféremment noté o(/i) ou o(||/r||). La
valeur de la différentielle de f en a le long d’un vecteur h est notée1 d/(a) • h plutôt
que d/(a)(/z). Un développement limité à l’ordre 1 s’exprime alors
f(a + h) = f(a) + d/(a) • /i + o(/i).
h—>0e

Une fonction différentiable en a est nécessairement continue en ce point.


Les notions de différentielle et de dérivées partielles sont liées par le résultat suivant :

Théorème 4
Si f est différentiable en a alors f est dérivable en a selon tout vecteur h de E et

~Dhf(a) ~ d.f(à) -h.

En particulier, f admet des dérivées partielles en a dans toute base (ei,..., ep) de E
et, pour tout j compris entre 1 et p,

djf(a) = d/(a) • ej.

De plus, si h — h±ei + ■ ■ ■ + hpep désigne un vecteur quelconque de E :

d/(a) • h = hidiffa) H------ 1- hpdpf(a).

Ainsi, la différentielle d’une fonction permet de calculer ses dérivées partielles et in­
versement, les dérivées partielles permettent de calculer sa différentielle. En particulier,
lorsque f est différentiable en a, son développement limité à l’ordre 1 s’exprime
p
f(a + h) = f(a) + ^hjdjf{a) +o(/i).
j=i

1. C’est la notation d’opérateur.


460 Chapitre 11. Calcul différentiel

11.2.3 Fonctions différentiables et opérations


Définition
On dit que la fonction f est différentiable lorsqu’elle est différentiable en tout point a
de son ouvert U de définition. On peut alors introduire sa différentielle :

(U^OE,E')
J' l «h d/(a).
Les fonctions constantes sont différentiables et leur différentielle est nulle en tout point.
Toute application linéaire f de E vers E' est différentiable et df (a) = f pour tout a E E.
C’est notamment le cas des applications suivantes :
— (xi,..., Xp) E Kp Xj pour tout j E [1 ;p] ;
— zEC Re(z) et z E C i-> Im(z) ;
— A E Mn>p(K) aij pour tout (i, j) E [1 ; n] x [1 ; p].
Lorsque f est une fonction d’une variable réelle, la différentiabilité équivaut à la dériva-
bilité. Différentielle et dérivée sont alors liées par la formule :
f'(a) = df (a) • 1 pour tout a E U.

Théorème 5
Si f,g: U E' sont différentiables alors la fonction Xf, pour tout A E K, et la
fonction f + g sont différentiables avec, pour tout a EU,

- -- ----- ■ ■■ ■ :
d(Af)(a) = Adf (a) et d(f + p)(a) = df (a) + dg(a).
■ ■ ■ ■ ■ ,• ■ ,__ _-■ - ■- ■ __ i , ■ ■ - ■ ,✓
L’ensemble des fonctions différentiables de U vers E' est un espace vectoriel réel.
■ --------------- - — ■ - • r • , • • ■ —r"----------- ■

Théorème 6
Si f: U -» E' et g- U. -> E". sont différentiables alors., pour toute application bili­
néaire B: E'xEff ~> F, Inapplication B(f,g) est différentiable avec, pour tout a E Ü,
= -B(d/(a),S(a))+®(f(a),dÿ(a)).
. - ------------------- --------- ■ ■ .. ■ -------- --------- - - -------- -- - ■ - —g-------- ■

En particulier, le produit de deux fonctions réelles différentiables est une fonction diffé­
rentiable.

Théorème 7
Si f: U C E —> E' et g: U' C E' -> E" sont 4ésVùj|^é^Mons différentiables avec
f(U) C U' alors la fonction composée
r ’h-j. avec, pour
g o f est différentiable ' tout
‘ a E U,>
d(p o f).(a) = (d$(f (a))} o df (a).
En composant une fonction f à valeurs réelles avec une fonction dérivable, on obtient les
formules de calcul différentiel
d(fQ) = afa~1df, d(ef) = efdf, d(lnf) = y, d(j) = ~~f^’ etc’
11.2 Fonctions d’une variable vectorielle 461

Considérons 7 : i i-> 7(t) un paramétrage d’un arc régulier inscrit dans U et f une fonction
définie sur U transformant cet arc en l’arc composé f o 7. Si 7 est dérivable et si f est
différentiable, on obtient pour tout paramètre t

(WW = d/(7(i)) -7'(i)-

Dans cette relation, le vecteur 7z(t) dirige la tangente à l’arc au point 7(i) tandis que le
vecteur image d/(7(t)) dirige, lorsqu’il n’est pas nul, la tangente à l’arc transformé.
La différentielle d’une fonction f en point a opère donc sur la tangente des arcs réguliers
passant par a : la différentielle de f en a est parfois aussi appelée V application linéaire
tangente à f en a.

11.2.4 Fonctions de classe C1


Définition
On dit que la fonction f est de classe1 C1 sur U si elle est différentiable et si sa
différentielle dj est continue sur U.
Les applications constantes et les applications linéaires de E vers E' sont de classe C1,
notamment celles listées p. 460.
Les fonctions de classe C1 sont continues car différentiables.

Théorème 8
L’application f est de classe C1 si, et seulement si, ses dérivées partielles dans une
,
base de E existent en tout point de U et sont continues sur U. y

Les résultats d’opérations relatifs aux fonctions différentiables vus ci-dessus se trans­
posent aux fonctions de classe C1.
Une fonction de classe C1 peut être calculée à partir de sa différentielle par la formule
suivante :
1. Le théorème qui suit assure que cette définition est compatible avec celle vue au-dessus pour les
fonctions de p variables réelles.
462 Chapitre 11. Calcul différentiel

Théorème 9
Si f est une application de classe C1 de U vers E' et si 7: [0 ; 1] -4- E est un arc de
classe C1 inscrit dans U allant de a à b,

f(b) - f(a) = f d/(7(t)) • 7z(t) dt.


Jo

Lorsque l’ouvert U est convexe, on peut simplifier cette formule en paramétrant le seg­
ment [a ; &] avec q(t) = a + t(b — a) :

/(&)-/(a)= [ df (a + t(b - a)) • (fc-a)dt.


Jo
Si la différentielle d’une fonction f de classe C1 est nulle sur un ouvert convexe, la
fonction f est constante. Ce résultat est encore vrai si l’ouvert U est seulement connexe
par arcs.

11.2.5 Dérivées partielles d’ordres supérieurs


Comme pour les fonctions de p variables réelles (voir p. 457) on définit la notion de
dérivée partielle d’ordre k et de fonction de classe Ck pour les fonctions au départ d’un
ouvert U de E1 et à valeurs dans E'.
Les applications constantes et les applications linéaires E vers E' sont de classe C°°,
notamment celles listées p. 460.
On peut aussi énoncer un théorème de Schwarz affirmant que le calcul des dérivées
partielles d’ordre k d’une fonction de classe Ck est indépendant de l’ordre de dérivation.

11.3 Fonctions numériques


On étudie ici exclusivement des fonctions à valeurs réelles.

11.3.1 Extremums
X désigne une partie quelconque de E.
Définition
On dit qu’une fonction réelle f définie sur X admet un minimum (global) en un
point a de X si
/(x) > /(a) pour tout x G X.
On dit que la fonction admet un minimum local en a s’il existe a > 0 tel que

f(x) f (a) pour tout x € X Cl B(a, a).


Mutatis rnutandis, on définit les notions de maximums locaux et globaux.
Lorsque X est une partie compacte et la fonction f continue, l’existence d’extremums
est garantie par le théorème des bornes atteintes (Th. 9 p. 205).
11.3 Fonctions numériques 463

11.3.2 Point critique


Définition
On dit qu’une fonction différentiable f : U —> R présente un point critique en a EU
si sa différentielle y est nulle.

Théorème 10
Un point a de U est un point critique d’une fonction différentiable f : U —> R si, et
seulement si, ses dérivées partielles s’y annulent simultanément.
Pour déterminer les points critiques, il suffit donc de résoudre un système traduisant
l’annulation conjointe des dérivées partielles.

Théorème 11
Si une fonction différentiable f: U —> R présente un extfemum en un point a de
l’ouvert U, celui-ci est point critique de f .
En déterminant les points critiques de f, on détermine les points susceptibles d’être des
extremums de la fonction. Notons cependant que ce résultat n’est exploitable que pour
les fonctions définies sur une partie ouverte : les extremums situés sur le bord du domaine
de définition d’une fonction ne peuvent être découverts ainsi.

11.3.3 Vecteur gradient


On suppose l’espace E euclidien de produit scalaire noté ( •, • ). On considère f : U —> R
différentiable en un point a de U. La différentielle de f en a apparaît comme une forme
linéaire sur E. Par le théorème de représentation des formes linéaires1, il existe un unique
vecteur de E, noté V/(a), vérifiant

d/(a) • h = (y h) pour tout h E E.

Définition
|| Le vecteur V/(a) est appelé gradient de / en a.

Théorème12
Si (ei,..., ep) désigne une base orthonormale de E et si dif,..., dpf désignent les
dérivées partielles de f relatives à cette base, on a

V/(a) = ôi/(a)ei + • • • + dpf(a)ep.

En particulier, si f est une fonction de p variables réelles et si Rp est muni de sa structure


euclidienne usuelle

\(AE1

1. Voir Th 1 du chapitre 6 de i’ouvrage Exercices d'algèbre et de probabilités MP.


464 Chapitre 11. Calcul différentiel

Théorème 13
Le développement limité à l’ordre 1 de f en a s’exprime

/(a + À) = /(a) + (V/(a),h)+o(h).

La direction et le sens du vecteur gradient indique la direction au point a dans laquelle la


progression de la fonction f est la plus forte. A l’inverse, le vecteur gradient est normal
aux lignes de niveau de la fonction f.

11.4 Exercices d’apprentissage

Exercice 1 (Contre-exemple de Peano)


Pour (a;, y) G K2 avec {x, y) (0,0) on pose ;

xy(x2-y2)

(a) Par quelle valeur peut-on prolonger f par continuité en (0,0).?


On note encore f la fonction définie par ce prolongement.
(b) Calculer les dérivées partielles de f en (x, y) (0,0). 5
(c) Calculer les dérivées partielles de f en (0, 0).
(d) Montrer que la fonction f est de classe C1 sur R2.

mmmoi
(e) La fonction f est-elle de classe C2 ?
x____— «aRnHKsa■■■n msb
Solution

(a) méthode
Pour prolonger f par continuité en le point (0,0), il suffit dfétudier si la fonction
f admet une limite finie en ce point.

L’étude de la limite de f en (0,0) conduit à la résolution d’une forme indéterminée du


type « 0/0 ».

méthode
|| Pour résoudre l’indétermination, on exprime x et y en coordonnées polaires.

Posons x = r cos 6 et y = r sin 6 avec1

r = y/x2 +y2 et 0 G R bien choisi en fonction de (x, y)

1. Le réel r correspond à la norme euclidienne de (x,y~).


11.4 Exercices d’apprentissage 465

il vient
z x r4 cos0sin0(cos2 0 — sin2 0) „ , Q .
/(z, y) =------ —,——---------7^—r---------- = r2 cos 0 sin 0(cos2 0 - sin2 0).
r2 (cos2 0 + sin 0) >_____ '
cos(20)

Lorsque (z, y} tend vers (0,0), la distance à l’origine r tend vers 0 et l’expression en cos 0
et sin0 est bornée. Par produit, la fonction / tend vers 0 en (0,0). On peut prolonger /
par continuité en (0,0) en posant /(0,0) = 0.

(b) méthode
Lorsqu’il a été convenu de noter z et y les variables d’une fonction f, il est
usuel de noter ses dérivées partielles

et
dx dy'
Les dérivées partielles sont les dérivées des deux applications partielles z f(x,y)
et y f(x,y).
méthode
Pour calculer une dérivée partielle, on dérive l’expression en la variable étudiée
en considérant toutes les autres variables comme des paramètres fixés.
Par opérations sur les fonctions dérivables, on peut assurer l’existence des dérivées
partielles qui suivent tout en calculant1 celles-ci :
\ _ d ( xy{x2 ~y2)\ _ v(æ4 ~ Z/4 + 4z2y2)
dx dz y z2 + y2 J (x2 y2^2
y fixé

df _ d /xy(x2 — y2) X _ z(z4 — y4 + 4z2t/2)


dy^'y dj/\ x2 + y2 ) Çx2 + y2^2
x fixé

(c) méthode
En (0,0), les dérivées partielles peuvent être calculées en revenant à la défini­
tion d’un nombre dérivé : la limite d’un taux d’accroissement.
Sous réserve d’existence, les dérivées partielles de f en (0,0) sont
|^(0,°) = lim|(/(t,0)-7(0,0)) et |^(0,0) = lim |(/(0,t) -/(0,0)).
t^o
Dans les deux cas, le taux d’accroissement considéré est constamment nul et donc de
limite nulle. La fonction f admet donc des dérivées partielles en (0,0) avec
g(0,0) = ^(0,0)=0.
dx dy
1. Comme f(y,x) = on peut aussi économiser quelques calculs...
466 Chapitre 11. Calcul différentiel

(d) méthode
Généralement, on argumente qu’une fonction est de classe C1 par opérations
sur les fonctions qui le sont. Ici, le point (0,0) échappe à cet argument car la
fonction f y a été défini par un prolongement : on étudie alors existence et
continuité des dérivées partielles en ce point.

Par opérations, f est de classe C1 (et même de classe C°°) sur R2\{(0,0)}. Au voisinage
de (0, 0), les dérivées partielles de f existent, il reste à étudier leur continuité en (0,0).
En passant en coordonnées polaires, on obtient lorsque (x, y) tend vers (0,0)

—(x,y) = r x (expression bornée fonction de 0) —> 0 = — (0,0).


CzJü (JJL/

La première dérivée partielle de f est donc continue en (0,0). On vérifie de même la


continuité de la deuxième dérivée partielle de /.

(e) méthode
Le caractère C2 de f est ici douteux : on vérifie que celui-ci n’a pas lieu en
constatant que le théorème de Schwarz (Th. 3 p. 458) ne peut s’appliquer.
On calcule les dérivées partielles secondes de f en (0,0) en x et y dans un ordre et
dans l’autre.
D’une part,
^-(0,0) = limi(^(t,0)-^(0,0)) =1.
dxoy t->o t ydy oy J

D’autre part,

dydx t->o t \ t/0


ox
x dx
z J

Ces deux dérivées partielles n’étant pas égales, la fonction f n’est pas de classe C2
sur R2.

Exercice 2
Soit f: R2 -> R une fonction de classe C2 exprimée en le couple de variables (x,y).
Soit g : R2 R définie par

g(u, v) = f(uv, u2 + v2).

(a) Exprimer les dérivées partielles de g en fonction des dérivées partielles de f.


(b) Exprimer les dérivées partielles d’ordre 2 de g en fonction des dérivées partielles
d’ordres 1 et 2 de f.
11.4 Exercices d’apprentissage 467

Solution

(a) Par composition, la fonction g est de classe C2.

méthode
Les dérivées partielles de f et de g sont notées

ÉZ
dx '
ÊI
dy'
Ê? et
du dv

On exprime les dérivées partielles de g en fonction des dérivées partielles de f


en appliquant la règle de la chaîne (Th. 2 p. 457).

En posant x(u, u) = uv et y(u, u) = u2 + v2, la règle de la chaîne donne

dg , . dx df, 2 2\ dy df , 2 2\
-^■(u,v) = — • -^-(uv,u2 + v2) + — • -^-(uv,u2 +v2)
du du dx du dy
df z 9 9\ df, 9
= v— (uv, u2 + v2) + 2u— (uv, u2 + v2)
dx dy '

et de même

dg . dx • -^-(uv,u
. = —
■^-(u,v) df, 22 +v2\ &y • -^-(uv,u
2) + — df, 22 + v2\
2)
dv dv dx 7 dv dy
= u^~ (uv, u2 + v2) + 2u^- (uv, u2 + u2).
dx dy

(b) Les dérivées partielles d’ordre 2 de g se calculent selon le même procédé et en


exploitant le théorème de Schwarz pour regrouper les dérivées partielles égales. On prend
garde à la présence d’un produit de fonctions lors de la dérivation.

d2g 2 f( 2 , 2\ , j f ( 2.2
' -^-z(UV,U +v ) + 4uu—- _ (uv,u +v
du2 dx2 v dxdy
+ 4u2^^(uv,u2 + u2) + 2~-(uv,u2 + u2)

d2g ! x d2f ( 2 , 2\ , n/ 2 , 2\ d2f (


-^-(u,v) = uv-^(uv,u +u)+2(u +v )^-^-(uu,'
dudv dx2 v \ / dxdy
d 2f ( . 2'df( 2^ 2X
+ 4uv~ï—^(uv,u + v ) + —luv,u + V )
dy2 dxK
a2g u2^-~(uv, u2 + v2} + 4uv-~^— (uv, u2 + v2
dv2 dx2 v dxdy
+ 4v2^~(uv, u2 + v2) + 2~ (uv, u2 + v2).
dy2 dy
468 Chapitre 11. Calcul différentiel

Exercice 3
Soit / : R x R -à K une fonction de classe C1 et R x R -> R définie par

g(r, 0) = f(r cos 0, r sin 0).

Soit (x,y) € R2 \ {(0,0)} et (r,0) G R^ x R tels que x = rcos0 et y, — rsin.0.


Exprimer

et en fonction de ^(r,0) et ^(ré­

solution

méthode
Puisque g(r, 0) s’exprime en fonction de /, il est possible d’exprimer les dérivées
partielles de g en fonction de celles de f. En renversant le système ainsi obtenu,
on peut exprimer les dérivées partielles de f en fonction de celles de g.
Sachant g(r, 0) — f(rcos0, rsin0), on peut affirmer que la fonction g est de classe C1
par composition de fonctions qui le sont. On peut calculer ses dérivées partielles par
application de la règle de la chaîne. On obtient
dg , .. d(r cos 0) df . . ... <9(rsin0) df . . ...
-^(r, 0) = — (rcos0,rsin0) H----- -- ----- - — (rcos0,rsin0)
dr drdx drdy
dg, <9(rcos0) df d(rsin0) df
dë^ = -~dë— ■ + -~âë— ■ g^co^rsm»).

Ainsi, on forme le système

|^(r,0) = cos0|^(x,?/)+ sin0||(æ,?/) (1)

= -r sin 0^| (x, y) + r cos 0^(a:, y) (2).

En exploitant par combinaison d’équations l’identité cos2 0 + sin2 0 = 1, on peut isoler et


exprimer les dérivées partielles de f en fonction de celles de g :

cos0 x (1) — -sin0 x (2)


donne (x, y) = cos 0^- (r, 0) - - sin 0^ (x, y)
r dx dr r dy

f d ~| q j-
sin 0 x (1) + - cos 0 x (2) donne -^~(x,y) = sin0-^(r,0) + - cos0-^-(x,y).
r dy dr rdy

Exercice 4
Trouver les extremums sur R2 de .
(a) /(z, y) = x2 + xy + y2 + 2x - 2y (b) f(x,.y). =t x2 + ±xy + y2 - 2x —4ÿ
11.4 Exercices d’apprentissage 469

Solution
(a) méthode
Si une fonction de classe C1 sur un ouvert présente un extremum en un point,
celui-ci est point critique de la fonction (Th. 11 p. 463) : on commence par
déterminer ceux-ci.
La fonction f est de classe C1 sur R2. Un point (x,y) est point critique de f si, et
seulement si, il annule simultanément les dérivées partielles de / (Th. 10 p. 463).

g(æ,?/) = 0 2x T y T 2 — 0
x + 2y — 2 = 0.
=0
Après résolution, on obtient un seul point critique (—2,2).
méthode
Pour étudier si / présente un extremum (global ou local) en un point cri­
tique (xQ,yo), on étudie le signe de f(x,y) — f(xo,yo)- Il pourra être utile de
translater la variable pour ramener le problème en (0,0).
En posant x = —2 + u et y = 2 + v, on obtient1

f(x, y) - /(—2,2) = u2 + uv + v2

La fonction / admet un minimum global en (—2, 2) (et n’admet pas de maximums).

Les surfaces représentatives des deux fonctions étudiées.

(b) De la même manière, on obtient (1,0) seul point critique. En posant x = 1 +u


et y — v
f(x, y) — /(l, 0) = u2 + 4uv + v2 = (u + 2u)2 — 3u2.
Cette expression ne semble pas de signe constant...
1. Lors de cette translation, les termes en u et v disparaissent car (0,0) est point critique de l’expression
en la variable (u,v).
470 Chapitre 11. Calcul différentiel

méthode
Pour montrer l’absence d’extremum local à une fonction f en un point critique
(æo, Z/o), on peut déterminer deux suites convergeant vers ce point et pour
lesquelles les signes de f(x,y) — f(xo,yo) sont strictement différents. On peut
déterminer ces suites en essayant de mettre en avant l’un ou l’autre des carrés
de l’expression précédente.
D’une part,
f 1 H—, (A -------- > (1,0) et f ( 1 H—, o) — /(l, 0) — — > 0.
y n J n->+œ y n ) v=o n
D’autre part,
2 i \ / 2 1 \ 3
(
1 -- ) ———(1,0) et / 1--,- -/(l,0) = --<0.
n n J n->+oo y n nJ u+2v=o n2

On peut conclure que / n’a pas d’extremum local en (1,0) et donc pas d’extremums
du tout.
Exercice 5 |
Déterminer les fonctions / : R2 —> R de classe C*
1 solutions de l’équation aux dérivées |
partielles : I
+ xyf(x, y) = 0.
xJ du |

Solution
méthode
Lorsqu’une équation aux dérivées partielles ne fait apparaître des dérivées
partielles qu’en la même variable, il est possible de la résoudre en l’interprétant
comme une équation différentielle en une application partielle.
Soit f : R2 —> R une fonction solution de l’équation proposée.
Soit y e R fixé. La première dérivée partielle de f est la dérivée de l’application
partielle z: x f(x,y). Celle-ci est donc solution sur R de l’équation différentielle
z'(x) + xyz(x) = 0.
La résolution de cette équation différentielle (où y est considéré comme un paramètre)
conduit à la solution générale
1 2
z(x) = Ae~ïx y avec A G R.
Puisque le paramètre A a été déterminé pour y préalablement fixé, il est susceptible de
dépendre de A et détermine donc une fonction y >-> A(z/).
En résumé, si f est solution de l’équation aux dérivées partielles, il existe une fonc­
tion A : y A(î/) telle que

f(x,y) = A(t/)e~2x y pour tout (x,y) G R .


11.4 Exercices d’apprentissage 471

Au surplus, cette fonction A est de classe C1 car on peut l’exprimer à partir de f qui est
de classe C1 en écrivant A(y) — f(0,y).
La réciproque est immédiate : les fonctions proposées sont des fonctions de classe C1
solutions de l’équation aux dérivées partielles étudiée.
Au final, on dit que l’on a résolu l’équation aux dérivées partielles en opérant une
intégration en la variable x. Celle-ci nous était possible car il ne figurait pas de dérivées
partielles en y dans l’équation.

Exercice 6 |
Déterminer les fonctions f : R2 -> R de classe C1 solutions de l’équation aux dérivées |
partielles : I
d/ M
3dx 2dy~X’
On pourra réaliser le changement de variables I

« = x+y |
{ v = 2x + 3y. |

Solution

méthode
Lorsqu’une équation aux dérivées partielles fait intervenir des dérivées par­
tielles relatives à différentes variables, un changement de variables peut per­
mettre de ramener le problème à un problème analogue au précédent. On
commence par étudier la fonction réalisant le changement de variables pro­
posé.
Soit (u, v) G R2 et (x,y) E R2. On a l’équivalence

u=x+y (x = 3u — v
v = 2x + 3y \y = v — 2u.

Par conséquent, l’application </>: R2 —> R2 définie par </>(u, v) = (3tt — v,v — 2u) réalise
une bijection. Cette application est de plus de classe C1 : on dit que </> est la fonction de
changement de variables1.
méthode
Par le changement de variables, on introduit une nouvelle fonction g de sorte
que « g(u, v) — f(x, y) ». Précisément, la fonction g est définie par g = f o (j).
On transpose ensuite l’équation aux dérivées partielles étudiée en une équation
équivalente en la fonction inconnue g.
Soit f : R2 —> R une fonction de classe C1 et g : R2 —> R la fonction définie par g = f°(/>-
Par composition, la fonction g est de classe C1.
1. La fonction de changement de variables exprime les variables initiales en fonction des nouvelles
variables.
472 Chapitre 11. Calcul différentiel

Pour (u., v) G R2, on a g(u, v) = f(3u — v,v — 2u). Par application de la règle de la
chaîne, on en déduit

^~-(u, v) = 3^(3tz — v,v — 2u) — 2^-(3u — v,v — 2u)


ou ox dy
( M x x

3^x'y^2di{x^
(x,y) — (3u — v,v — 2u)

L’application </> étant bijective :

f est solution de (E) sur R2 <=> V(æ, y) G R2, 3^x'y}-2^!x-yi = x

dg. . „
<=> V(u, v) G R2, — (u, v) = 3u — v.
du
Cette dernière équation se résout par intégration en la variable u ce qui détermine la
solution générale
g(u, v) = f-u2 — uv + A(t>)

avec A une fonction de classe C1 définie sur R. On peut ensuite transposer cette résolution
en la fonction inconnue initiale f et exprimer la solution générale1 de (E)

x2+4xy + 3y2
f(x, y) =----------- ----------+ A(2x + 3y)
£

avec A une fonction de classe C1.

11.5 Exercices d’entraînement


11.5.1 Fonctions de deux variables réelles

Exercice 7 *
Soit f - R2 —> R une fonction de classe C1 vérifiant
f(x,y) . pour.tout (x,y) G R2.
Quelle relation relie les dérivées partielles de /?

1. On aurait aussi pu remarquer que la fonction ï H est solution particulière. En exploitant


celle-ci, à l’instar de la résolution des équations différentielles linéaires, on peut résoudre l’équation aux
dérivées partielles étudiée en introduisant une équation homogène. La fonction x |x2 figure bien
parmi les fonctions ici proposées, on l’obtient lorsque A(t) = |t2.
11.5 Exercices d’entraînement 473

Solution
méthode
|| On dérive la relation proposée en la variable x.
D’une part, les dérivées partielles sont les dérivées des applications partielles :

D’autre part, en dérivant une composition de fonctions selon la règle de la chaîne :


d (f( n dy df dx df df .

=0 =1

On peut alors conclure1


df. . df. . . . _2
'dx'X"V’ = &^y,X' P°Ur tOUt (X,y> 6 R '

Exercice 8 ** (Fonctions homogènes)


Soit / : R2 —> R une fonction de classe G1. On dit que f est homogène de degré a € R
lorsque
Vt > 0,; V(æ,®) :GR2, f(txity) = taf(x,y).
(a) On suppose / homogène de degré a. Montrer
df df
x-^-(x,y) + y^-(x,y) = af(x,y) pour tout (x,y) G R2.
dx dy

(b) Établir la réciproque.


...... ■■iiiiii.ii........................... un ' ' ............................... ........ . .......... mu lïinimiin'H' 1 ' ........... ............. ...... .

Solution
(a) méthode
|| On dérive la relation définissant l’homogénéité en la variable t.
D’une part,
= ata~1f(x^y)-
constante
D’autre part, par application de la règle de la chaîne,
d t \\ ditx) df. . à{ty) df. .
Ât ty)) = — ■ - (ta, ty) + — . - (tx, ty)

df. . df.
= xf^tx-ty} + y-^(tx,tyï-

En identifiant les relations puis en évaluant en i = 1, on obtient l’identité voulue.


1. On obtient la même identité si l’on dérive la relation initiale en la variable y.
474 Chapitre 11. Calcul différentiel

(b) méthode
Pour établir l’identité, on montre que la fonction différence des deux membres
est une fonction constante de la variable t.
Supposons que la fonction f vérifie l’équation proposée. Soit (x,y) G R2 fixé et intro­
duisons la fonction p : R^ -à R déterminée par

p(t) = f(tx, ty) — taf(x, y) pour tout t > 0.

La fonction p est dérivable et, par des calculs analogues à ceux menés ci-dessus,

¥>'(i) = x^(tx,ty) + y^(tx,ty) - ata 1f(x,y).

On a alors
tp'{t) = ta||(ta,t7/) + ty^(tx,ty) - ataf(x, y).

Par l’équation vérifiée par les dérivées partielles de f considérée au point (ta, ty) plutôt
qu’au point (x,y), on obtient

tp'(t) = af(tx,ty) - ataf(x,y) = ap(t).

La fonction p est donc solution sur R^_ de l’équation différentielle y' = ay. Après réso­
lution et sachant <p(l) — 0, on peut affirmer que la fonction p est nulle.
Finalement, la fonction f est homogène de degré a.

Exercice 9 **
Soit anZn une série entière de la variable complexe z de rayon de convergence R
strictement positif. Sur le disque ouvert

on définit une fonction f par

- y anzn avec z = x 4- iy.


n=0 71=0
Montrer que f admet des dérivées partielles jusqu’à l’ordre 2 vérifiant

d2 f Q2f
(x, y) = 0 pour tout (x, y) G D.
dx2

Solution
Pour calculer la première dérivée partielle de f, on fixe y 6 ]—R;R[ et l’on étudie
l’application partielle x >-> f(x, y). Celle-ci est la somme de la série des fonctions un avec

un(x) = an(x + ïy)n pour x E ]—r ; r[ et r = \/JÎ2 — y2.


11.5 Exercices d’entraînement 475

C’est une série de fonctions de classe C1 convergeant simplement. Étudions la convergence


uniforme de la série des dérivées :

u'n(x) — nan(x + iî/)n 1 pour n 1.

Soit a G [0 ; r[. Pour tout x G [—a ; et], on a

Hn(æ)| = ^|ûn| (Vx2 + y2)n 1 avec p = \/a2 + ?/2 < R.

Puisque la série entière dérivée nanzr^'L est de rayon de convergence R (Th. 6 p. 358),
la série numérique |an| pn-1 converge et il y a donc convergence normale de la série
de fonctions ^>u'n sur tout segment de l’intervalle ]—r;r[. On peut alors affirmer que
l’application partielle x f(x, y) est de classe C1 avec
o /» i -r-oo 4-oo

= T~ (/(*, Z/)) = ^nan{x + iy')n-1 = Mn?-1

(JJb xXJU n=l n —1

Par une étude très semblable, on a aussi


r\ j* j -1- oo ~ÉOO

y-(z,Z/) = (/(z, Z/)) = 22 nani(x + = C^nanzn~x


n=l n=l

Les dérivées partielles premières de f apparaissent comme étant elles aussi des sommes
de séries entières de rayon de convergence R > 0. On peut donc affirmer qu’elles aussi
admettent des dérivées partielles et constater1
+oo 4-oo
a2/ df2
dx2
{x, y) +
dy2
{x, y) = 22 n(n - V)anzn 2 + i2 22 n(n ~ ^anzn~2 = 0.
~
n=2 n=2

11.5.2 Différentielle

Exercice 10 *
Soit f: ,A4n(IR) -> A4n(R) l’application définie par f(M) = M3.
i
Justifier que f est différentiable
■■■■■■' ■'■ - ' - ■
et calculer
.
sa. différentielle
. ...■ .
en tout M G A4n(R).
.........

Solution

méthode
|| La fonction est différentiable par opérations sur les fonctions différentiables.
L’application identité M h-> M est différentiable car linéaire. Le produit matriciel
définit une application bilinéaire et, par composition (Th. 7 p. 460), la fonction M i-> M2

4- = 0 qu’elle est harmonique.


476 Chapitre 11. Calcul différentiel

est différentiable. À nouveau par composition avec un produit, la fonction M M3 est


différentiable1.
méthode
On peut calculer la différentielle de f en raisonnant par opérations sur les
fonctions différentiables ou, et c’est ici plus commode, par l’obtention d’un
développement limité à l’ordre 1.
Soit M G Pour H G _A4n(R)

+ H)= M3 + M2H + MHM + HM2 +MH2 + HMH + MH2 + H3. (*)


/(M)

D’une part, l’application £ est linéaire. D’autre part, en introduisant une norme sous-
multiplicative2 sur A'tn(K),

||MH2 + HMH + MH2 + _ff3|| s£ 3 ||M|| ||7/||2 + ||H||3


= (3 IIM|| ||H|| + m2) h= o(H).
->0

La relation (*) exprime donc le développement limité à l’ordre 1 de f en M. L’application


linéaire £ est donc la différentielle de f en M. On retrouve à nouveau que la fonction f
est différentiable et l’on peut exprimer sa différentielle :

•A4n(R) -> jMn(R)


H m- M2H + MHM + HM2.

Exercice 11 **
Soit E un espace euclidien dont le produit scalaire est noté ( • | •') et u un endomor­
phisme symétrique de E.
(a) Montrer que l’application f: x (u(x) | x) de E versftestdifférentiableet :
calculer sa différentielle en tout point de E.
(b) Montrer que l’application

(æ|æ) -.■■■•>

est différentiable sur E \ {0^} et que sa différentielle vérifie, pour tout a € E \ {0’#}',

= 0 <==> a est vecteur propre de u.

1. On peut aussi affirmer que / est différentiable car les coefficients de M3 sont des polynômes en les
coefficients de M.
2. Une norme sous-multiplicative sur A4„(IR) est une norme || • || vérifiant ||A|| ||B|| pour
tous A et B de A4n(R). De telles normes existent : voir sujet 9 p. 115.
11.5 Exercices d’entraînement 477

Solution
(a) Soit a € E. Pour tout h e E, on obtient par développement d’un produit scalaire
f(a + h) = (u(a + h)^a + h) = (u(a) + u(h) | a + h)
= (u(a) | a) + (u(q) | h) + (u(h) | q) + (u(h) | h).

Sachant l’endomorphisme u symétrique, on a (u(h)|q) = (h|u(q)) puis

f(a + h) = /(a) + 2(u(a)|h) + (u(h)|h). (*)

D’une part, l’application £ est linéaire. D’autre part, on obtient par l’inégalité de Cauchy-
Schwarz et continuité de l’endomorphisme u
| (u(/z) | h) | < ||w(h)||||h|| = o(h).
ii—ïOe
->0
La relation (*) constitue alors le développement limité à l’ordre 1 de f en a. L’application
linéaire l est donc la différentielle de f en a :
d/(q) : h i-> 2 (■u(q) | h).

(b) méthode
Pour des fonctions différentiables convenables, on dispose des formules

d(/+ p) = d/+ d^, d(/g) = f dg + g d/, df-^) = - J— ,


\9 J 9
La fonction F est différentiable sur E\ {0} en tant que rapport défini de deux fonctions
différentiables. Par différentiation du quotient //p avec f(x) = (u(x) |æ) et g(x) = (x|z),
on obtient
g(q) d/(q) - /(q) dg(a)

Ainsi, pour h E E,

dF(a) • h = 2 = 2{v(o) ! h}
llall
avec
(w(q)|q)
VW = 7"T2 u\a
M
~T~i74 a-

Si la différentielle de F en a est nulle, le vecteur u(q) est nul et donc w(q) est colinéaire
à a : a est un vecteur propre de u.
Inversement, si a est un vecteur propre de u, on peut écrire ri(q) = Aq avec A la valeur
propre associée. Un calcul direct permet alors de vérifier que le vecteur u(q) est nul et
donc la différentielle de F en a aussi.
478 Chapitre 11. Calcul différentiel

Exercice 12 **
On étudie l’application f: Mh définie sur l’ouvert GLTl(R). !
(a) En exploitant l’identité (In + H)(In — H) = In — H2, établir que l’application f |
est différentiable en In. j
(b) En déduire que f est différentiable en toute matrice M G GLn(R) et exprimer |
sa différentielle. \

Solution
(a) Soit H G >Mn(R). Pour H assez proche de On, la matrice In + H est inversible
(car In est élément de l’ouvert GLn(R)) et l’identité (In + H)(In — H) = In — H2 donne
(I„ - H) = (In + H)-1 (/„ - H2) = (In + H)1 - (In + fl)'1 H2.

En réorganisant les membres, on obtient


/(In +/Z) = (In + Tï)-1 = In +(_Jff) + (In + ^)-1J/2. (*)
/(In) W
D’une part, l’application l est linéaire. D’autre part, on a
(In + H)-1#2 = (In + H)-1HxH = o(tt)-
s J H-^On

La relation (*) exprime1 donc un développement limité à l’ordre 1 de f en In. L’appli­


cation f est alors différentiable en In et
df(In);H^-H.

(b) Étudions la différentiabilité de f en M G GLn(R).


méthode
|| On exploite le calcul précédent en ramenant l’étude de M à In.
Pour H E A4n(R) telle que M + H soit inversible, on a

(M + Hy1 = + - (in + M^Hy^M-1.

En exploitant le développement limité de f en In, on poursuit


(M + H)-1 = (ïn-+ =
H-+On y > v >
f(M) linéaire en H
La fonction f est donc différentiable en M avec

d(/)(M):
1. Cette relation est liée à l’égalité (Z + ZZ)-1 = l)n£Zn = In — H + o(H) au voisinage de On
11.5 Exercices d’entraînement 479

Exercice 13 *** |
Soit A: jMn(R) —> R l’application définie par A(A) = det(A). |
(a) Justifier que l’application A est différentiable. I
On convient de noter dij (avec 1 n) les coefficients génériques d’une ma- !
trice A de jMn(R). |
(b) En exploitant un développement selon une rangée, exprimer en fonction des I
cofacteurs de A, les dérivées partielles I

dA
(A).

(c) En déduire la différentielle de l’application A.

Solution

(a) Par la formule du déterminant, on peut écrire


n

( i=l

Chaque fonction A i-> altj est différentiable car linéaire. Par somme de produits de
fonctions différentiables, on peut affirmer que la fonction A est aussi différentiable.

(b) En notant Aij les cofacteurs de la matrice A, le développement du déterminant


selon la z-ème ligne donne
n
A(A) — A^fc.
k=1
Aucun des cofacteurs A^ de cette somme ne dépend du coefficient car ces cofac­
teurs sont tous calculés à partir d’un déterminant dont on a retiré la ligne d’indice i.
L’expression précédente s’apparente donc à une écriture

A(A) = aai,j + 0 avec a = A^j et P = A^fc constantes.


k^j
On en déduit
ê(4)=
(c) méthode
On peut exprimer la différentielle d’une fonction à partir de ses dérivées par­
tielles dans une base (Th. 4 p. 459).
Les dérivées partielles précédentes correspondent aux dérivées partielles de l’appli­
cation A dans la base (-E^,j)i^i,j^n des matrices élémentaires de A4n(R) (en effet, les
480 Chapitre 11. Calcul différentiel

coefficients a^j sont les coordonnées de la matrice A dans cette base). On a donc l’identité

dA(^)-£jJ. = ^M) = Aj.

Pour H = (hij) € A4n(R), on peut écrire par linéarité de la différentielle


n n n
dA(A) • H = dA(A) • 22 hijEij = 22 hitj dA(A) • Ei^ = 22 hijAij.
i,j=1 i,j=l i<J=l

En introduisant la comatrice de A, il vient


n
dA(A) • H = P(Com(A))H] = tr(‘(Com(A))#}.
j=i J,J

Notons que si l’on introduit le produit scalaire canonique sur A4n(R) , la comatrice de A
détermine le gradient de l’application déterminant en A.

11.5.3 Recherche d’extremums

Exercice 14 * f
Déterminer les extremums locaux et globaux sur R2 de
/(x, y) - x3 + y3 - 3xy - 1.
Solution
La fonction f est définie et de classe C1 sur l’ouvert R2 avec

(x, y) = 3x2 - 3î/ et (x, y) = 3y2 - 3x.

Déterminons les points critiques de f :

3x2 — 3y - 0 (x2 = y ( y = x2 (y = x2
3y2 — 3x = 0 \y2 = x [x4 = x [x = 0 ou 1.

La fonction f admet donc deux points critiques : (0,0) et (1,1).


Etude en (0,0) : on détermine le signe de

9<x, y) = f(x, y) - f(0,0) = x3 + y3 - 3xy.

Le signe de g n’est pas constant au voisinage de (0,0) car

— ,0 ) -------- > (0,0) et g( — ,0 ] = -2 > 0


n / n->+oo \n /
11.5 Exercices d’entraînement 481

et
#f--,o 1
et < 0.
\ n n3
Il n’y a pas d’extremum local en (0,0).
Etude en (1,1) : on étudie le signe de

- /(l, 1) = x3 + y3 - 3xy + 1.

méthode
|| Par la translation x = l+ uety = l + v, on rapporte le problème en (0, 0).

g(x, y) = g(l + u,l +v) — 3u2 + 3v2 - 3uv + u3 + v3


= | (w - v)2 +|w2 + u3 + |u2 + v3.
>0

Pour (u,u) voisin de (0,0) (c’est-à-dire {x,y) voisin de (1,1))

et donc g(x,y} 0. La fonction / admet un minimum local en (1,1) de valeur —2.


Cependant, /(i,0) — i3 tend vers —oo quand t tend vers —oo et la fonction f n’est
donc pas minorée. Le minimum en (1,1) n’est que local. Enfin, la fonction / n’a pas
d’autres points critiques, il n’y a pas de maximums.

Les points critiques de f(x,y) = x3 + y3 — 3xy — 1.

Exercice 15**
Calculer
/Il \
inf + - -1- xy .
x,y>0 \ X y J
482 Chapitre 11. Calcul différentiel

Solution
Introduisons la fonction f : R^ x R^ -y R définie par

x 1 1
f{X,y) = - + - + xy.
x y

méthode
Plutôt que de réaliser une étude d’extremums de la fonction, il est plus efficace
de raisonner « par tranches » en exploitant

inf f(x,y) = inf (inf f(x,y


x,y>0 x>0 \i/>0

Soit x > 0 fixé. L’étude des variations de l’application partielle fx: y >-> f(x, y} conduit
au tableau ci-dessous

Sur ce tableau, on lit

inf /(x, ?/) = /( x, -^= = - + 2Vx = g(x).


y>0 \ y/X } X

L’étude des variations de la fonction g ainsi définie donne le tableau

On peut alors conclure

inf f(x,j/) = infa(x) = ^(1) = 3.


x,y>0 x>0

Ce minimum pour la fonction f est atteint en (1,1).


11.5 Exercices d’entraînement 483

À gauche, la surface représentative de f. À droite, le découpage par tranche


accompagné de la courbe des minimums sur chaque tranche.

Exercice 16 **
Soit f : (x, y) xy(l — x — y) définie sur

T — {(rr, y) G K2 | x, y 0 et x + y < 1}.

(a) Justifier que f est continue et présente un maximum à l’intérieur de T.


(b) Déterminer sa valeur.

Solution

(a) La fonction f est polynomiale donc continue.


méthode
Les fonctions réelles définies et continues sur une partie compacte non vide
admettent un minimum et un maximum (Th. 9 p. 205).
La partie T est fermée car c’est l’intersection des trois demi-plans
fermés définis par les inéquations larges x^Q, y^Oetx + y^l.
La partie T est aussi bornée car ses éléments (x, y) vérifient |m| < 1
et 17/| 1. La partie T est donc compacte car fermée et bornée en di­
mension finie. La fonction f est définie et continue sur le compact T
elle admet donc un maximum en un certain point (xo,7/o) G T.
De plus, la fonction f est nulle sur le bord de T et strictement positive dans son
intérieur. Le maximum de f est donc atteint en un point intérieur à T.

(b) méthode
Si une fonction différentiable atteint un extremum en un point intérieur à son
domaine de définition, celui-ci est point critique de cette fonction.
La fonction f est de classe C1 sur l’intérieur de T et a pour dérivées partielles

||(o:,7/) = 7/(1 - 2x - 7/) et ^-(x,y) = x(l - x - 2y).


484 Chapitre 11. Calcul différentiel

Les points critiques de f à l’intérieur de T sont ceux vérifiant

y(l - 2x - y) = 0
et x > 0, y > 0, x + y < 1.
æ(l — x — 2y) = 0

Après résolution, on obtient un seul point critique : (1/3,1/3). Le maximum de la fonc­


tion f est nécessairement atteint en ce point1 et donc

„ ï J1 1 1
max /(x,t/) = f(
(x,i/)ëT y3 3 27’

Exercice 17 **
Soit f une fonction de classe C1 au départ de Kn et à valeurs dans KL
On suppose que, pour tout vecteur x G Rn,
|| æ|| 1 => d/(æ) • x 0-
Montrer que f admet un minimum absolu2.. .

Solution
Notons B la boule unité fermée pour la norme en cours. La fonction f est différentiable
donc continue sur B : elle y admet un minimum en un certain élément a. L’enjeu est
alors d’établir que ce minimum sur B est aussi un minimum sur Rn.

méthode
On peut exprimer une fonction de classe C1 par une intégrale (Th. 9 p. 462)
de sa différentielle. Il est alors possible de calculer f(x) à partir d’un point du
bord de B.

Soit x E Rn. Si ||æ|| < 1 alors f(x) f(a) par définition de a. Si ||a;|| > 1, introdui­
sons xq = Xx avec A = 1/ ||x||. L’élément Xo est de norme 1, il appartient donc au bord
de B et vérifie ainsi f(xo) f(a)- Au surplus, en considérant le paramétrage 7: 11-> txo
pour t allant de 1 à ||æ||, on peut écrire

fM j z x rlkll
/(x) - /(a?0) = J (/(tW)) dt = J df(txE) ■ xo,dt °-
70
En effet, d/(txo) • æo est du signe de d/(tæo) • too et ce dernier est positif puisque txo est
de norme supérieure à 1. On obtient ainsi f(x) f(xo) donc /(a;) > f(a)-
Finalement, a est un minimum absolu de la fonction f.

1. En revanche, la fonction f atteint son minimum de valeur nulle en tout point du bord de T.
2. Un minimum absolu est un minimum global.
11.5 Exercices d’entraînement 485

11.5.4 Résolution d’équations aux dérivées partielles

Exercice 18 *
Déterminer les fonctions de classe C1 sur R2 vérifiant l’équation aux dérivées par­
tielles
(£): + ~ y^‘

On opérera le changement de variables défini par le système

u=x+y
v = x — y.

Solution
méthode
On étudie le changement de variables avant d’introduire une nouvelle fonction
des nouvelles variables correspondant à la fonction initiale.
Pour (æ,j/) € R2 et (u, u) G R2, on a
u=x+y (x =
v = x-y [y =

Introduisons la fonction de changement de variables </> : R2 —» R2 définie par


,. . fu+v u—v
<Ku,v) - I -y-—

La fonction <p est une bijection de classe C1 de R2 vers R2.


Soit f: R2 —> R une fonction de classe C1 et g: R2 —> R définie par
( \ t( a t(u + v u~v
g(u,v) = «f(x,y)>> = fl
\ Zi Zi

Par composition, la fonction g = f o </> est de classe C1 et l’on peut calculer ses dérivées
partielles par la règle de la chaîne. En particulier, on obtient
1 df. . 1 df. .
2 fe(l’!') + 2 'dfX'v}
du (æ,y)=</>(u,v)

Par conséquent, la fonction f est solution de l’équation (E) si, et seulement si, g est
solution de l’équation aux dérivées partielles
(E'): 2^-(u,v) = g(u,v).
ou
Cette équation, se comprend comme l’équation différentielle 2y’ = y en l’application
partielle u i-> g(u, v) ce qui permet de la résoudre. La solution générale de l’équation (E')
est alors
g(u, v) = X(v)eut2 avec AeC1(R,R).
486 Chapitre 11. Calcul différentiel

En revenant aux variables initiales, on en déduit la solution générale de l’équation (E)

f(x,y) — y(x — y)e^x+y^2 avec /leC^R, R)

où la fonction y est déterminée par /z(t) = A(t/2) pour tout réel t.


' ' ■ '■ ” -- - -
Exercice 19 ** (Équation des ondes)
Soit c > 0. En réalisant le changement de variables

{uv == xx +— etet I

déterminer les fonctions f: R2 —> R de classe C2 solutions de l’équation aux dérivées


partielles

'>ç&SBælgSggSigISKæBSg£9SggIBSæS!agSgggægBggggSsgSgg&^gg£g^^

Solution
Pour (x,t) G R2 et (u, u) G R2

(u = x + ct (x = ±(u + v)
[v = x - et \t = i(u-u).

Introduisons la fonction de changement de variables </> : R2 —> R2 définie par

,. . f u + v u — v\
nu,v) = ——, -^7— .
y 2 2c )

La fonction </> est une bijection de classe C2 de R2 vers R2.


Soit f : R2 —> R une fonction de classe C2 sur R2 et g : R2 —> R définie par
( \ t( X f(u + v U-v\

g(u,v) = «f(x,y) » = , —— •
y 2 2.c J

méthode
L’une des dérivées partielles d’ordre 2 de g est liée à l’équation (E?), reste à
découvrir laquelle !
Par composition, la fonction g — f o 0 est de classe C2 sur R2 avec

dg . _ 1 df (u + v u - v\ 1 df (u + v u - v\
du U’ 2 dx y 2 ’ 2c J 2c dt y 2 ’ 2c )

et, après simplification de deux termes de dérivées partielles en x et t par le théorème de


Schwarz,

d2g , _ 1 d2f (u + v u — v\ 1 d2f(u + v u — v\


dudv U'V 4 dx2 \ 2 ’ 2c J 4c2 dt2 y 2 ’ 2c )
11.5 Exercices d’entraînement 487

Ainsi, f est solution de l’équation (E) si, et seulement si, g est solution de l’équation1

En intégrant successivement en u et v on obtient la solution générale

g(u,v) = A(u) + /z(v) avec A,/z 6 C2(R, R).

On en déduit la solution générale de (E)

f(x, t) = A(x + et) + y(x — et) avec A, g € C2(R, R).

Exercice 20 **
En passant en coordonnées polaires, résoudre sur Q — R^ x R l’équation aux dérivées
partielles
W: !/) + 2xy^k+ y2 y) = Xy'
Solution

méthode
Le passage aux coordonnées polaires consiste à réaliser le changement de va­
riables déterminé par
x = r cos 0
y = r sin 0
avec r et 0 variant dans des intervalles à préciser selon le domaine où évolue
le couple (x, y).
Introduisons la fonction de changement de variables <?!>: R^_ x R -> R2 \ {(0,0)} définie
par
</>(r, 6) = (rcos0,rsin0).
Celle-ci ne réalise pas une bijection. Cependant, nous limitons le couple (x, y) à évoluer
dans Q = R^_ x R. En restreignant le domaine où évolue 0 à l’intervalle I = ]— tt/2 ; tt/2[,
on peut inverser ce changement de variable.
Pour (r, 0) E R^ x I et (j,ÿ) G fi :

x = r cos 0 r — Jx2 + y2
y = r sin 0 0 — arctan(^).

La fonction (/> induit alors une bijection de classe C2


de R*j_ x I vers Q.
1. On peut aussi former « naturellement » cette équation en exprimant les dérivées partielles de f en
fonction de celles de g.
488 Chapitre 11. Calcul différentiel

Soit f : fl —» R une fonction de classe C2 et g : R^_ x I —> R définie par


g(r,0) = « f(x,y) » = f(r cos0,rsin0).
Par composition, la fonction g — f o </> est de classe C2. On peut calculer ses dérivées
partielles par la règle de la chaîne :
$f $j~
— (r,0) = cos0—(rcos0,r sin0) + sin0—(r cos0, r sin0)
dr dx dy
(r,0) = fcos20^(z,p) + 2cos0sin0j^(a;,p) + sin20^
dr2 \ dx2 dxdy dy2 x=rcos0
y=r sin 0

La fonction f est alors solution sur fl de l’équation (E) si, et seulement si, g est solution
sur R^ x I de l’équation
^2 Q Q
r2 —z- (r, 0) = r2 cos 0 sin 0 c’est-à-dire -r-z- (r, 0) — cos 0 sin 0.
dr2 dr2
En intégrant deux fois en la variable r, la solution générale de cette équation s’exprime
g(r, 0) = ^r2 cos 0 sin 6 + A(0) + p,(0)r avec A, p G C2(I, R).
£

On peut alors exprimer la solution générale de l’équation (E)

« \ 1 , \( 4. i y ( 4. ( y •2 avec A, p G C2(I,R).
f\x, y) = -xy + AI arctan I — I I + p I arctan I —

On peut cependant simplifier notablement cette expression car les fonctions A et p


parcourent l’ensemble des fonctions de classe C2. En considérant les fonctions compo­
sées A = Aoarctan et p = poarctan, on peut proposer la description équivalente suivante
/(x,p) = ^xy + xf^ — ) a/x2 + p2 avec À, p G C2
£ \ JU xJ
Aussi, en écrivant
\2
’2 = x - I
xJ
on parvient à la description :
f(x,y) — ^-xy + À( — ) -I- p( — avec Â,pGC2(R,R).
2 \ xJ \x /

Exercice 21 **
Résoudre sur fl = R2 \ {(0,0)} l’équation aux dérivées partielles
(E): y^-(x,y) - x^-(x,y) = 0.
11.5 Exercices d’entraînement 489

Solution
méthode
Lorsqu’aucun changement de variables n’est précisé, c’est sans doute qu’il faut
passer en coordonnées polaires.
La fonction (/> de changement de variables est

Ay- ) +
[ (r, 0) h-> (rcos0,rsin0).
Cette application est de classe C1, surjective, mais non bijective. On peut seulement
exprimer r en fonction de (x, y) :

méthode
On ne peut pas exprimer 0 de façon général car il n’est pas unique. Même en
restreignant l’intervalle où évolue 0, il n’existe pas de détermination continue1
de 0 valable pour (x,y) parcourant tout R2 \ {(0,0)}.
Soit f : Q —> R de classe C1 et g : R^ x I -> R définie par
g(r,0) = «f(x,y) » = f(r cos0,rsin0).
Par composition, la fonction g = f o 0 est de classe C1. En calculant ses dérivées partielles
par la règle de la chaîne, on constate
dg. f df. df. A
ëë(r’e)= +
(x,y)=(r cos 0,r sin 0)
L’application 0 étant surjective, la fonction f est solution de l’équation (E) sur Q si, et
seulement si, g est solution sur R*j_ x R de l’équation aux dérivées partielles

En intégrant en la variable 0, la solution générale de l’équation (E') s’exprime


</(r,0) = A(r) avec AcC1(R^_,R).
Puisque cette solution s’exprime uniquement en fonction de r et non de 0, on peut revenir
aux variables initiales et exprimer la solution générale de l’équation (E)
f{x,y) = A(\/j:2 + t/2) avec A € C1(R^_,R).
La fonction A de cette description parcourant l’ensemble des fonctions de classe C1, on
peut, en considérant la fonction composée /j, — A o proposer une description plus
simple de la solution générale de (E)
f(x,y) == pfx2+y2) avec peC^R^R).
1. Cependant, si on limite (x,y) dans R2 \ (R_ x {0}), on peut proposer 0 = 2arctan(------ -fl- )
æ+va;2+v2 '
lorsque l’on choisit 0 G ]— tt ;tt[ : voir sujet 28 du chapitre 2 de l’ouvrage Exercices d’analyse MPSI.
490 Chapitre 11. Calcul différentiel

11.6 Exercices d’approfondissement

Exercice 22 *
On considère l’espace vectoriel Rn muni de son produit scalaire usuel noté ( •, • ).
Soit f un endomorphisme symétrique de Rn dont toutes les valeurs propres sont
strictement positives.
(a) Montrer que

(/(a;), x) > 0 pour tout x E Rn non nul.

(b) Soit u un vecteur de Rn et g : RTO R l’application définie par

p(æ) = - {u,x}.

Calculer le vecteur gradient de g en tout vecteur x de Rn.


(c) Montrer que g admet un unique point critique.
(d) Montrer que g admet un minimum global.

Solution

(a) méthode
On calcule (/(rr), x) en introduisant une base orthonormale de vecteurs propres
de f.
Par le théorème spectral, on peut introduire une base orthonormale (ei,...,en) de
vecteurs propres de f car l’endomorphisme f est symétrique. Tout vecteur x de Rn peut
alors s’écrire
x = aqei + • • • + xnen avec Xi E R.
En notant Xi la valeur propre associée au vecteur propre e^, on a

f(x) = Aizid H------ F Xnxnen.

La base (ei,...,en) étant orthonormale, on peut calculer le produit scalaire des vec­
teurs /(æ) et æ à l’aide des écritures précédentes pour obtenir

(f(x),x) = Aia?i H------ 1- Xnx„.

Sachant les valeurs propres Xi strictement positives, le produit scalaire ci-dessus est
strictement positif dès que le vecteur x est non nul.

(b) Par opérations, la fonction g est de classe C1, on peut donc introduire son gradient
en tout point.
11.6 Exercices d’approfondissement 491

méthode
Le vecteur gradient se lit sur un développement limité à l’ordre 1 (Th. 13
p. 464).
Pour h G HT1, on obtient par développement de produit scalaire
g(x + h) = |(/(x + h),x + h} - (u, x + h)
Z
= + |</(h),æ> + - {u,x} -
Li U
En réorganisant les termes et en exploitant la symétrie de l’endomorphisme /
g(x + K) =g{x) + - (u, h) + i(/(h),h).
Z
Par l’inégalité de Cauchy-Schwarz

->0

On a donc le développement limité à l’ordre 1


g(x + h) = g(x) + (f(x) -u,h}+ o(h).
h-+0
Sur ce développement limité, on lit le vecteur gradient1
Vg(x) = /(x) - u.

(c) méthode
|| Un point critique est un point où le vecteur gradient s’annule.
L’endomorphisme f est bijectif car 0 n’en est pas valeur propre. On obtient donc
S7g(x)=0 <=> x = f~1(u).
La fonction g admet alors un unique point critique, à savoir a =

(d) Pour h e Rn, on obtient par développement et sachant /(a) = u

g(a + h) = (/(a + h), a + h) - (u,a + h}


= | (/(«),«) +
Z Z
= ^(a) + £l(a)-
Z
La fonction g admet donc un minimum global en a.
1. Ce vecteur gradient pouvait aussi être calculé à partir des dérivées partielles de g dans une base
orthonormale (Th. 12 p. 463) : la base de vecteurs propres introduite à la question précédente est alors
commode pour mener ce calcul.
492 Chapitre 11. Calcul différentiel

Exercice 23 ** (Fonctions harmoniques)


Soit / : R2 R une fonction de classe C2 vérifiant

^ + ÊÏ = 0.
dx2 dy2
(a) Établir l’existence d’une application de g-. R2 —> R de classe C2 telle que

= et —=
dx Ôy dy dx'
(b) Pour r e R, on pose
/»27T ■
ç?(r).= / /(rcos(0),rsin(0))44. . . . .f ,<
Jo
Montrer que est une fonction de classe C1 et calculer <p.
Solution

(a) méthode
Par analyse-synthèse, on détermine une fonction g solution exprimée à partir
d’intégrales en les dérivées partielles de f.
Analyse : Soit g une fonction solution. Pour (x,y) G R2, on peut écrire

p(rr, 7/) = (g(x, y) - p(0, y)) + (p(0, y) - p(0,0)) + p(0,0)


= [ f^(s’^)ds + [ + <z(0,0)
Jo dx Jo dy
= - [ ^(s,ÿ)ds+ [ ^(O,t)dt + #(O,O).
Jo dy Jo dx
Ceci détermine g à une constante additive près.
Synthèse : Choisissons arbitrairement la valeur <7 (0,0) = 0 et considérons la fonction g
définie par
fx df Pdf
g(x,y) = - -^-(s,y)ds+ -^-(O,i)dt.
Jo &y Jo vx
Vérifions que celle-ci est solution.
D’une part,

U-ra/(s,v)isy-d/(XtV) et d^’|/(0>t)dt\ o.
dx \ Jo dy J dy dz \Jo dx J
v ---
primitive en x indépendant de x

La fonction g admet donc une première dérivée partielle telle que voulue.
11.6 Exercices d’approfondissement 493

D’autre part, par dérivation d’une intégrale à paramètre, on obtient

d/ A r^2/z
^(s^âs] = - (s,yds-
dA Jo dy J Jo dy2
En effet, cette dérivation est possible car la fonction définissant l’intégrale admet une dé­
rivée en y continue sur1 [0 ; x] x R : ceci permet de justifier qu’il y a, sur tout segment [a ; 6]
de R, domination par une constante (évidemment intégrable entre 0 et x).
Grâce à l’hypothèse vérifiée par /, on peut calculer cette intégrale

On a aussi par dérivation d’une primitive

dS/\Jo dx J dx
et donc
<(_ r^(s,ÿ)ds+Jor|/
d?A Jo dy dx
(Md<Jj= dx
La fonction g admet donc aussi une deuxième dérivée partielle telle que voulue. Enfin,
ses dérivées partielles étant de classe C1, la fonction g est de classe C2.

(b) Posons h: R x R -> R la fonction définissant l’intégrale

= f(rcosO,rsinô').

La fonction h est de classe C1 sur R2 et admet donc une dérivée partielle


<9 f df
— (r.O) = cos0—(rcos0,rsin0) + sin$— (rcos0,rsin0).
dr dx dy
Cette dérivée partielle est continue sur R x [0 ; 2tt] ce qui permet à nouveau d’assurer qu’il
y a, sur tout segment [a ; b] C R, domination par une constante (évidemment intégrable
sur [0 ; 2tt]). La fonction est alors de classe C1 et

r2n / df df \
<p'(r) — / I cos0—(rcos0,rsin0) + sin0—(rcos$,rsin0) ) d#
Jo \ dx dy J
r2ir / o \
— / ( cos0—(rcos0,rsin0) — sinfl—(rcos0,rsin(?) I d#
Jo \ dy dx )
r i27r
= (/(rcos0,rsin0) =0.

La fonction est donc constante égale à </?(0) = 2tf/(0,0).


1. Éventuellement, lire [x ; 0] lorsque x est négatif.
494 Chapitre 11. Calcul différentiel

Exercice 24 **
Soit f E C2(Rn,Rn). On suppose qu’en tout point la matrice1 de la différentielle
de f dans la base canonique de Rn est antisymétrique.
I
Montrer qu’il existe b E Rn et A E -Mn(R) antisymétrique tels que :
i

Vx E Rn, f(x) = Ax + b. îï

Solution

méthode
On montre que la différentielle de f est constante avant de calculer f par
intégration.
Notons /i,..., fn les fonctions coordonnées de f et d±,..., dn les opérateurs 2 de déri­
vation partielle dans la base canonique de Rn.
L’antisymétrie de la matrice de la différentielle de f signifie

V(z,j) e [1 ;n]2, di{fj) = -dj(fi).

Exploitons cette propriété pour établir que les dérivées partielles de f sont constantes.
Soit i,j, k E [1 ;n]|. Par antisymétrie

dk(djfi) = -dkidifj).

On poursuit par le théorème de Schwarz

dk(djfi) = -di(dkfj\

On exploite alternativement antisymétrie et théorème de Schwarz :

dkÇdjfi) = di(djfk) = dj(difk) = -djÇdkfi) = -dk(djfi).

Ainsi, les dérivées partielles djfi sont constantes car de dérivées partielles identique­
ment milles sur le convexe Rn. Posons a-ij la valeur de cette constante et A la matrice
antisymétrique constituée des coefficients aZü. La matrice A est la matrice figurant la
différentielle de / en tout point.
Puisque la fonction f est de classe C1, on a pour tout x de Rn

/(^)-/(0)= f{tx) = [ ^-(f(tx))dt = [ df(tx)-xdt


L t=o Jq dt Jo

avec df(tx) ■ x = Ax constant. Ainsi, en posant b = /(O) E Rn, on obtient l’écriture

f(x) = Ax + b.
1. Cette matrice est la matrice jacobienne de l’application différentiable f.
2. dif est une notation commune pour désigner la dérivée partielle d’indice i de /.
11.6 Exercices d’approfondissement 495

Exercice 25 ***
Soit n G N* et f: A4n(R) —> Rn l’application définie par

(tr(M),tr(M2),...,tr(Mn)}.

(a) Montrer que f est différentiable et calculer sa différentielle en M G jMn(R).


(b) Comparer le rang de d/(Af) et le degré du polynôme minimal de M.
(c) Montrer que l’ensemble des matrices de ?Mn(R) dont le polynôme minimal est
de degré n est une partie ouverte de A4n(R)-

Solution

(a) Pour k G [1 ;nj, l’application M n-> Mk est différentiable par produit de fonc­
tions qui le sont. La trace étant linéaire, l’application composée M i-> tr(Mfc) est aussi
différentiable. Enfin, ses différentes fonctions coordonnées dans la base de Rn étant dif­
férentiables, l’application f est aussi différentiable.
Calculons la différentielle de f en M G A4n(R). Pour H G jMn(R) de limite la matrice
nulle, on peut affirmer par développement

(M + H)k - Mk + Mk-lH + Mk~2HM + --- + HMk~1 + o(H)


W—>On

(le terme o(H) regroupe tous les termes contenant au moins deux facteurs H).
Par linéarité de la trace et l’identité tr(>lS) — tr(BA), on obtient1

tr((M + H)fc) = tr(Affc)+fctr(Affc'1H)+o(H).


H —>On

Ceci permet de déterminer la différentielle de chacune des fonctions coordonnées de f


puis, finalement, la différentielle de f en M :

VH G A4n(R), d/(M) - H = (tr(H), 2 tr(MH),..., ntr(Mn-xH)).

(b) méthode
On détermine le noyau de d/(M) que l’on exprime comme l’orthogonal d’un
espace de dimension connue.
Soit H G Mn(R). On a

d/(M) • H = 0Rn Vfc G [0 ; n - 1], = 0.

En introduisant le produit scalaire canonique sur A4n(R) défini par

V(A, B) g A4n(R)2, (A, B) = tx^AB)


1. Les coefficients d’une matrice o(H) sont chacun o(H) et donc la trace aussi.
496 Chapitre 11. Calcul différentiel

on peut réinterpréter l’appartenance au noyau :

H G Ker(d/(M)) H G Vect^/M,...

L’espace vectoriel engendré par les matrices In, W,..., * (M71-1) se confond avec l’espace
des polynômes en la matrice lM. Cet espace a la dimension du degré du polynôme minimal
de lM et ce dernier se confond avec le polynôme minimal de M. On en déduit

dimKer(d/(M)) = dimjMn(R) — deg(7TM)-

Par application de la formule de rang, on conclut

rg(d/(M)) = dim A4n(R) - dimKer(d/(M)) = deg(7rM)-

(c) Soit une matrice Mq G A4n(R) dont le polynôme minimal est de degré n. Nous
allons vérifier qu’il existe une boule centrée en Mq dans laquelle les matrices ont leurs
polynômes minimaux tous de degré n.
Par l’étude qui précède, la différentielle de f en Mq est de rang n (autrement dit sur­
jective). Si l’on introduit (ei,..., en) la base canonique de Rn, on peut assurer l’existence
de matrices Hi,..., Hn G A4n(IR) telles que

(e,,..., en) = (d/(M0) • H,,..., d/(M0) ffn).

Considérons ensuite l’application qui à une matrice M G A4n(R) associe le déterminant


dans la base canonique de la famille de vecteurs de Rn :

Cette application est continue et prend la valeur 1 en Mq. Il existe alors un voisinage
de Mq sur lequel cette application ne s’annule pas. En les matrices de ce voisinage, la
différentielle de f est surjective et donc leurs polynômes minimaux sont de degré n.
Formulaire

Développements en séries entières


1 4-oo , 4-oo

= sur] —1;1[ ÏT7 = E<-1)"x" sur]-l;l[


1—X n=0
1 + X n=0
1 4-oo
/ i>n
—^ = £(-1)^” sur]—1;1[ arctanrr = ----- -x2n+1 sur 1—1 ; 1[
1 T
n=0
242n+l
n=0
J 1
4-oo ..
j~°° /_ nn-1
ex = V — xn sur R ln(l + x) = y^--------- xn sur] —1;1[
n=0
n! n=l

+°°
+o° ( — 1)n
cosæ = y /ft x?n sur R sino; = y7^—x2n+1 sur R
n v 2n ’ !
n=0
h (2n+1)1

i
4-00 +oo
cha; = y -—7 x2n sur R sh x = y --------- TTX2n+1 sur R
« (2îî')!
n=0

(1 + xy = £ a<Q~1>--:[(H-.re±l)j;n sur ]_!. 1(


_ n—Q
n•
Dans ce dernier développement, on remarquera que le premier terme comporte un produit
vide, il est égal à 1.
Table des matières

1 Compléments sur les séries numériques 3


1.1 Convergence......................................................... 3
1.2 Etude asymptotique........................................................................................ 5
1.3 Familles sommables........................................................................................... 7
1.4 Exercices d’apprentissage.............................................................................. 10
Convergence....................................................................................................... 10
Etudes asymptotiques..................................................................................... 14
Familles sommables........................................................................................... 16
1.5 Exercices d’entraînement................................................................................. 17
Convergence....................................................................................................... 17
Etudes asymptotiques.................................................................................... 25
Familles sommables........................................................................................... 35
1.6 Exercices d’approfondissement ..................................................................... 38

2 Intégrales généralisées 45
2.1 Intégrales généralisées..................................................................................... 45
2.2 Intégrabilité....................................................................................................... 49
2.3 Calcul d’intégrales généralisées..................................................................... 51
2.4 Intégration des relations decomparaison........................................................ 52
2.5 Exercices d’apprentissage.............................................................................. 53
Natures d’intégrales généralisées .................................................................. 53
Calculs d’intégrales........................................................................................... 59
Intégration des relations decomparaison........................................................ 62
2.6 Exercices d’entraînement................................................................................. 63
Natures d’intégrales généralisées .................................................................. 63
Calcul d’intégrales........................................................................................... 67
500 Table des matières

Intégration par parties..................................................................................... 72


Changement de variable.................................................................................. 76
Intégrabilité et comportement asymptotique................................................ 81
Intégrales semi-convergentes............................................................................ 84
Intégration des relations de comparaison...................................................... 87
2.7 Exercices d’approfondissement ..................................................................... 90

3 Espaces normés 99
3.1 Espaces normés................................................................................................. 99
3.2 Suites d’éléments d’un espace normé............................................................... 102
3.3 Topologie............................................................................................................. 104
3.4 Exercices d’apprentissage................................................................................. 107
3.5 Exercices d’entraînement.................................................................................... 114
Normes................................................................................................................ 114
Comparaisons de normes.................................................................................... 120
Suites de vecteurs.................................................................................................122
Topologie............................................................................................................. 125
Distance à une partie...........................................................................................130
3.6 Exercices d’approfondissement ........................................................................ 134

4 Foncions convexes 141


4.1 Fonctions convexes, fonctions concaves............................................................ 141
4.2 Caractérisation de la convexité........................................................................ 142
4.3 Inégalités de convexité........................................................................................143
4.4 Exercices d’apprentissage................................................................................. 143
4.5 Exercices d’entraînement.................................................................................... 146
Etudes de fonctions convexes........................................................................... 146
Inégalités............................................................................................................. 148
4.6 Exercices d’approfondissement ........................................................................ 157

5 Fonctions vectorielles 161


5.1 Limite et continuité ........................................................................................... 161
5.2 Continuité et topologie........................................................................................164
5.3 Fonctions d’une variable réelle........................................................................... 166
5.4 Arcs paramétrés ................................................................................................. 169
5.5 Exercices d’apprentissage................................................................................. 170
5.6 Exercices d’entraînement.....................................................................................176
Limite et continuité ...........................................................................................176
Topologie et continuité........................................................................................180
Densité ................................................................................................................ 183
Connexité par arcs..............................................................................................185
Fonctions d’une variable réelle........................................................................... 187
Arcs paramétrés .................................................................................................190
5.7 Exercices d’approfondissement .........................................................................194
Table des matières 501

6 Compacité 203
6.1 Partie compacte ................................................................................................ 203
6.2 Continuité et compacité.................................................................................... 205
6.3 Exercices d’apprentissage................................................................................. 206
6.4 Exercices d’entraînement.................................................................................... 208
Partie compacte ................................................................................................ 208
Valeur d’adhérence............................................................................................. 210
Continuité et compacité.................................................................................... 215
6.5 Exercices d’approfondissement ........................................................................ 219

7 Suites et séries de fonctions 229


7.1 Suites de fonctions............................................................................................. 229
7.2 Analyse de la limite d’une suite de fonctions................................................... 232
7.3 Séries de fonctions............................................................................................. 234
7.4 Analyse de la somme d’une série de fonctions................................................ 237
7.5 Exercices d’apprentissage................................................................................. 239
Suites de fonctions............................................................................................. 239
Séries de fonctions............................................................................................. 244
7.6 Exercices d’entraînement.................................... 250
Suites de fonctions............................................................................................. 250
Convergences de séries de fonctions d’une variable réelle.............................. 264
Etudes de fonctions sommes.............................................................................. 268
Séries de fonctions d’une variable vectorielle................................................... 280
7.7 Exercices d’approfondissement ........................................................................ 284

8 Intégrales à paramètre 295


8.1 Suites et séries d’intégrales .............................................................................. 295
8.2 Fonctions définies par une intégrale.................................................................. 296
8.3 Exercices d’apprentissage................................................................................. 299
Convergence dominée.......................................................................................... 299
Intégration terme à terme................................................................................. 303
Fonctions définies par une intégrale.................................................................. 306
8.4 Exercices d’entraînement.................................................................................... 310
Convergence dominée.......................................................................................... 310
Intégration terme à terme................................................................................. 314
Fonctions définies par une intégrale.................................................................. 319
Calculs de fonctions définies par une intégrale................................................ 323
Transformations intégrales...................................................... 328
Applications au calcul d’intégrales.................................................................. 331
La fonction T d’Euler ....................................................................................... 339
8.5 Exercices d’approfondissement ........................................................................ 343
Table des matières

9 Séries entières 355


9.1 Convergence des séries entières........................................................................ 355
9.2 Série entière d’une variable réelle..................................................................... 360
9.3 Développements en série entière........................................................................ 362
9.4 Exercices d’apprentissage ................................................................................. 364
Calcul de rayons de convergence ..................................................................... 364
Séries entières d’une variable réelle.................................................................. 366
Développements en série entière........................................................................ 368
9.5 Exercices d’entraînement.....................................................................................376
Rayon de convergence........................................................................................376
Séries entières d’une variable réelle.................................................................. 376
Développements en série entière........................................................................ 381
9.6 Exercices d’approfondissement ........................................................................ 397

10 Equations différentielles 409


10.1 Systèmes différentiels.......................................................................................... 409
10.2 Equations différentielles linéaires scalaires...................................................... 411
10.3 Equations différentielles linéaires vectorielles................................................... 415
10.4 Exercices d’apprentissage ................................................................................. 417
Système différentiel..............................................................................................417
Equation différentielle scalaire linéaire d’ordre 2............................................. 420
10.5 Exercices d’entraînement.................................................................................... 424
Système différentiel..............................................................................................424
Etude qualitative.................................................................................................426
Résolution par changement de fonction inconnue.......................................... 430
Résolution par changement de variable............................................................ 433
Méthode de la variation des constantes............................................................ 436
Résolution avec raccord.....................................................................................438
Exponentielles d’endomorphismes, de matrices ............................................. 443
10.6 Exercices d’approfondissement ................................................ 446

11 Calcul différentiel 455


11.1 Fonctions de p variables réelles........................................................................ 455
11.2 Fonctions d’une variable vectorielle.................................................................. 458
11.3 Fonctions numériques ........................................................................................462
11.4 Exercices d’apprentissage ................................................................................. 464
11.5 Exercices d’entraînement.....................................................................................472
Fonctions de deux variables réelles.................................................................. 472
Différentielle ....................................................................................................... 475
Recherche d’extremums.....................................................................................480
Résolution d’équations aux dérivées partielles................................................ 485
11.6 Exercices d’approfondissement ........................................................................ 490

Vous aimerez peut-être aussi