Referentiels2 PDF
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Principe d’inertie (ou première loi de Newton) : un point matériel isolé de toute action
extérieure est soit au repos, soit en mouvement rectiligne uniforme.
Le principe d’inertie ne peut être vrai dans tout référentiel. Considérons en effet un point
matériel isolé, dans un référentiel R dans lequel le principe d’inertie est vérifié. Son accéléra-
tion est nulle dans ce référentiel. Soit R0 un autre référentiel, en mouvement de translation ou
bien de rotation uniforme par rapport à R. L’accélération du point matériel isolé s’écrit dans
ce référentiel :
→
− →
− →
−
a M/R0 = →
−
a e + 2 Ω R/R0 ∧ →
−
v M/R + 0 (1)
Pour que le principe d’inertie soit valable aussi dans R0 , il faut que l’accélération d’entraîne-
ment soit nulle quelque soit la position du point matériel. La seule possibilité est que R0 soit en
mouvement de translation rectiligne et uniforme par rapport à R, et dans ce cas l’accélération
de Coriolis est nulle aussi. Il s’en suit que le principe d’inertie ne peut être vrai que dans cer-
tains référentiels, appelés référentiels inertiels, ou référentiels galiléens et que ces référentiels
sont tous en translation rectiligne et uniforme les uns par rapport aux autres.
En pratique, un référentiel peut être considéré comme galiléen si les prédictions des lois de
la mécanique faites à partir de cette hypothèse sont conformes aux observations.
On connait un référentiel dont le caractère galiléen est quasi parfait : le référentiel de Co-
pernic. En effet, les lois de la mécanique appliquées dans ce référentiel permettent de prévoir
le mouvement des planètes du système solaire avec une précision aussi bonne que celle des
observations, sur une échelle de temps de plusieurs dizaines d’années.
Le référentiel géocentrique n’est pas en translation rectiligne et uniforme par rapport au
référentiel de Copernic et le référentiel terrestre n’est même pas en translation. Pourtant, sous
certaines conditions que nous allons préciser, ces deux référentiels réalisent approximative-
ment le concept de référentiel galiléen.
Newton pensait que le référentiel de Copernic avait un statut privilégié parmi tous les réfé-
rentiels galiléens car il définissait un espace absolu. Aujourd’hui, cette notion d’espace absolu
est obsolète. Tous les référentiels galiléens sont considérés comme parfaitement équivalents. Il
n’existe pas d’espace absolu, seulement des espaces attachés à des référentiels.
Par ailleurs, on sait aujourd’hui que le référentiel de Copernic n’occupe pas de place privi-
légiée dans l’univers, puisque le système solaire décrit un mouvement gravitationnel autour du
centre de la Galaxie, qui elle-même est en mouvement par rapport aux galaxies voisines. Com-
ment alors expliquer qu’il nous apparaisse comme galiléen, alors que les référentiels galiléens
ne forment en théorie qu’une classe très restreinte parmi tous les référentiels possibles ?
−
→ − →
m→
−
a M/R = F1 + F2 + · · · (2)
L’action des autres corps se traduit par la présence de forces, qui peuvent être représentées par
des vecteurs. La masse m est la masse d’inertie. Pour une force totale donnée, l’accélération est
d’autant plus faible que la masse est grande. La masse est une grandeur extensive, c’est-à-dire
que la masse d’un corps est la somme des masses des parties de ce corps.
Lorsque les forces peuvent être explicitées en fonction de la position et de la vitesse du
point M dans le réferentiel, on obtient une équation différentielle du second ordre appelée
équation du mouvement :
−−→ !
d2 OM −
→ − →
m 2
= F1 + F2 + · · · (3)
dt
R
Lorsque les forces sont connues, la solution de cette équation différentielle est déterminée par
la donnée de la position du point et de sa vitesse à un instant quelconque (souvent l’instant
zéro par convention). Pour cette raison, la mécanique classique est dite déterministe.
→
− Gm0 −
g =− 2 →ur (5)
r
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La constante universelle de gravitation est G = 6,67 ·10−11 m3 · kg−1 · s−2 . m0 est la masse du
corps sphérique. Cette expression s’applique par exemple à la Terre, qui est approximativement
sphérique.
La force de gravité s’exercant sur un point matériel situé à une distance r du centre est :
→
−
F = mg →
−
g (6)
La masse mg est la masse gravitationnelle. C’est une grandeur extensive (proportionnelle à la
quantité de matière), toujours positive car la force est toujours attractive.
On dit qu’un champ vectoriel est uniforme lorsque le vecteur a la même direction et la
même norme en tout point de l’espace. Considéré globalement, le champ gravitationnel d’un
corps sphérique n’est pas du tout uniforme. Considéré localement, c’est-à-dire dans une région
de l’espace assez petite, le champ est approximativement uniforme. Si l’on se place à une
distance r du centre attracteur, il suffit de considérer une région (disons une sphère) dont le
diamètre d vérifie :
dr (7)
Par exemple à la surface de la Terre, de rayon environ 6000 km, une zone de 1 km de large
vérifie très bien cette condition. Bien sûr, il s’agit d’une approximation et la taille maximale
de la zone dépend de la précision de l’expérience réalisée.
L’équation du mouvement d’une masse ponctuelle soumise seulement à un champ gravita-
tionnel s’écrit (dans un référentiel galiléen) :
m→
−
a M/R = mg →
−
g (8)
m est la masse inertielle et mg la masse gravitationnelle. On sait que l’accélération d’un corps
soumis uniquement à la gravité ne dépend pas de sa masse. Par exemple, comme l’avait énoncé
Galilée, une plume et un boulet lâchés simultanément dans un tube vide d’air arrivent sur le
sol en même temps. Cela signifie que le rapport des deux masses est une constante universelle,
qui est choisie égale à 1 par convention. En d’autres termes, la masse inertielle et la masse gra-
vitationnelle sont égales. Cette propriété a été vérifiée expérimentalement avec une précision
de 10−11 . Elle est considérée aujourd’hui comme un principe physique fondamental (principe
d’équivalence).
fie
a
Rv
Rt
Terre
Les forces d’inertie sont qualifiées de pseudo-forces car elles ne sont pas invariantes par chan-
gement de référentiel, contrairement aux autres forces. Cependant, pour un observateur lié au
référentiel non galiléen, elles sont indiscernables des autres forces. Par exemple pour l’occu-
pant de la voiture en freinage (ou pour un appareil de mesure fixé dans la voiture), la force
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d’inertie est absolument indiscernable d’une force de gravitation qui serait exercée par une
masse.
Référentiel accéléré
m
x'
a
Référentiel galiléen
0 = −KX 0 + m(→
−
g −→
−
a e) · →
−
u x0 (14)
La mesure de la déformation X 0 du ressort à l’équilibre permet donc d’accéder à la compo-
sante sur cet axe du champ de pesanteur apparent. Une force de frottement fluide doit être
ajoutée, assez intense pour que l’équilibre soit atteint sans oscillations. Les différents para-
mètres (masse, coefficients de raideur et de frottement) doivent être choisis afin d’obtenir un
temps de réponse faible, adapté aux variations d’accélérations que l’on souhaite mesurer.
La valeur fournie par un accéléromètre d’axe X est en principe (→ −ae −→ −g)·→ −u x , c.a.d.
l’opposée de la composante sur cet axe du champ de pesanteur apparent. De cette manière,
l’accélération est positive si l’accéléromètre est accéléré dans le sens de l’axe. Cependant, il
s’agit d’une simple de convention de signe (que nous adoptons) et dans une application où on
s’interesse au champ de pesanteur terrestre on préférera la convention opposée.
Pour étudier le fonctionnement de l’accéléromètre lorsque l’accélération varie au cours du
temps, il faut considérer l’équation différentielle du mouvement de la masse. L’animation ac-
céléromètre à ressort permet de faire varier l’accélération et de voir l’effet de la période propre
du pendule et du frottement. On peut voir que l’accéléromètre ne peut indiquer instantanément
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Cabine
Référentiel
en chute libre R'
-mg
g
mg mg
a=g
Référentiel terrestre R
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Pour un observateur situé dans l’ascenseur, l’équation du mouvement d’un point matériel
s’écrit donc :
→
−
m→
−
a M/R0 = f − m→
−
a e + m→
−
g (M ) (16)
→
−
Le vecteur f est la somme de toutes les forces autres que gravitationnelle (nulle pour un objet
flottant dans la cabine). Le vecteur → −
g (M ) est le champ de pesanteur à la position du point
matériel. Dans la mesure où le point matériel se trouve dans la cabine, ce champ de pesanteur
est très proche de →−
g , car la taille de la cabine est négligeable devant le rayon de la Terre.
L’équation du mouvement de ce point matériel dans le référentiel de la cabine s’écrit donc :
→
−
m→
−
a M/R0 = f (17)
Cela signifie que la pesanteur n’existe pas pour l’observateur de l’ascenseur. Le champ de
pesanteur terrestre est compensé par la force d’inertie. On dit qu’il y a dans ce référentiel un
état d’impesanteur.
Expérience de laboratoire mettant en évidence l’état d’impesanteur.
En principe, le référentiel de l’ascenseur n’est pas galiléen, puisqu’il est accéléré par rap-
port au référentiel galiléen terrestre. C’est du moins ce que peut affirmer un observateur situé
hors de l’ascenseur. Plaçons-nous néanmoins du point de vue de l’observateur situé dans l’as-
censeur. Pour lui, tout se passe comme s’il se trouvait dans un référentiel galiléen en l’absence
→
− →
−
de champ de gravité. Pour cet observateur, un corps non soumis à une force ( f = 0 ) est
soit au repos, soit en mouvement rectiligne uniforme. Le point important de cette expérience
de pensée est l’impossibilité pour cet observateur de voir à l’extérieur de la cabine, et donc de
voir le mouvement de la cabine par rapport à la Terre. Le principe de relativité générale intro-
duit par Einstein postule que ce type de référentiel (en chute libre dans un champ uniforme)
est parfaitement équivalent à un référentiel inertiel, dans le sens où aucune expérience de phy-
sique réalisée à l’intérieur de la cabine ne permet de détecter son mouvement par rapport au
sol. L’occupant de la cabine ne commet donc pas d’erreur (d’un point de vue physique) en
affirmant que son référentiel est galiléen, même si le point de vue d’un observateur extérieur
est différent. Il arrive à cette conclusion car il ignore le mouvement de la cabine par rapport à
la Terre (il ignore même l’existence de la Terre). Si en revanche il connaît ce mouvement, il en
déduira que la Terre exerce une attraction gravitationnelle et que le référentiel de la Terre est
probablement galiléen, ce qui l’amène à conclure que celui de la cabine ne l’est pas.
L’état d’impesanteur est obtenu dans l’avion ZeroG, qui effectue un vol comportant des
phases paraboliques. Pendant une phase parabolique, la seule force qui agit sur l’avion est son
poids (la portance est nulle et la poussée des réacteurs compense la traînée). Dans le référentiel
du centre de masse, en translation par rapport au référentiel terrestre, le poids d’un objet est
compensé par la force d’inertie, ce qui permet d’obtenir un état d’impesanteur. À l’intérieur de
l’avion, cette impesanteur n’est pas parfaite car il effectue aussi une rotation pendant la phase
parabolique.
→
−
a T /Rc = →
−
g s (T ) (18)
Son accélération est égale au champ de gravité solaire au centre de la Terre. L’accélération
d’entraînement dans le référentiel géocentrique est donc :
→
−
ae =→
−
g s (T ) (19)
La norme de l’accélération d’entraînement est environ 6 · 10−3 m · s−2 .
Considérons un point matériel M de masse m dans le référentiel géocentrique. Son équa-
tion du mouvement s’écrit :
→
−
m→
−
a M/Rg = f + m(→
−
g s (M ) − →
−
g s (T )) (20)
La force f inclut toutes les forces autres que la gravité solaire. Le champ de pesanteur apparent
dans ce référentiel est donc :
→
−
g a (M ) = →
−
g s (M ) − →
−
g s (T ) (21)
C’est le champ de gravité solaire au point M auquel on retranche celui au centre de la Terre.
La figure suivante montre ces vecteurs au point M .
-gs(T)
M T
gs(M) Référentiel géocentrique (Rg)
gs(T)
S
Référentiel de Copernic (Rc), supposé galiléen
À grande échelle, le champ de gravité solaire est sphérique. Cependant, si le point M est assez
proche du centre de la Terre, les deux champs sont presque égaux et le champ apparent est
très faible. La distance Terre-Soleil étant d’environ 150 millions de km, une zone située autour
de la Terre de plusieurs dizaines de milliers de km permet d’obtenir un champ apparent très
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faible. Ce champ apparent est maximal lorsque S, T et M sont alignés. Par exemple, si M est
plus proche du Soleil que la Terre, sa norme est :
1 1
ga = Gms − (22)
(ST − T M )2 (ST )2
Pour T M = 40000 km (distance d’un satellite géostationnaire), on obtient ga ≈ 3·10−6 m · s−2 ,
soit 2000 fois moins que l’accélération d’entraînement.
Cette force est donc très faible et peut être négligée en première approximation. Cela signi-
fie que si la force de gravité solaire est ignorée, le référentiel géocentrique se comporte comme
un référentiel galiléen.
Dans ce cas, le caractère galiléen est local, car il n’est valable que dans une région limitée
de l’espace, mais néanmoins assez grande pour traiter les problèmes de satellites artificiels
avec une bonne précision. C’est la raison pour laquelle le référentiel géocentrique est une très
bonne réalisation d’un référentiel galiléen, même sur une durée de plusieurs années, bien qu’il
ne soit pas du tout en translation rectiligne uniforme par rapport au référentiel de Copernic.
Pour obtenir cela, il faut toutefois penser à ne pas tenir compte de la force de gravité solaire,
qui est compensée par la force d’inertie, et il ne faut pas oublier que cette propriété n’est vraie
que localement. Le champ apparent n’est toutefois pas tout à fait nul et constitue ce qu’on
appelle une force de marée. Cette force est responsable sur Terre des marées océaniques, avec
la force de marée lunaire dont l’explication est analogue.
Le même raisonnement peut être fait à propos du référentiel de Copernic, défini avec le
centre de masse du système solaire (très voisin du centre du soleil) et deux étoiles lointaines.
Ce référentiel est lui même en mouvement de gravitation dans la galaxie, sous l’influence des
masses, lointaines mais gigantesques, que celle-ci contient. Si on considère le référentiel de
Copernic en translation par rapport à un hypothétique référentiel galiléen, il suffit d’ignorer
le champ de gravité galactique pour obtenir un référentiel inertiel. Cette propriété est valable
localement, c’est-à-dire à l’échelle du système solaire. Compte tenu de la taille du système
solaire (environ 10000 millions de km), infime comparée à celle de la galaxie (environ 100000
années lumière), le champ de gravité galactique est tout à fait uniforme à l’échelle du système
solaire, et le référentiel de Copernic est une réalisation quasi parfaite d’un référentiel galiléen.
C’est pour cela que les lois de Newton permettent de prévoir les mouvements planétaires avec
une très bonne précision. Sur une échelle de temps très longue (plusieurs siècles), le caractère
non galiléen du référentiel de Copernic pourrait en principe apparaître, mais il n’a pas encore
été mise en évidence.
Considérons une station orbitale en mouvement de gravitation autour de la Terre et suppo-
sons que son orientation dans l’espace soit stabilisée pour que le référentiel qu’elle constitue
soit en mouvement de translation par rapport au référentiel géocentrique. À l’échelle de la sta-
tion, le champ de gravité terrestre est uniforme. On se trouve donc à l’intérieur de la station
dans un référentiel galiléen, à condition d’ignorer la force de gravité terrestre. On peut aussi
dire que l’on est dans un référentiel non galiléen dans lequel la force de gravité est compensée
par la force d’inertie. Il est important de remarquer que le caractère inertiel du référentiel de la
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station est localisé dans l’espace mais que des expériences sans pesanteur sont conduites dans
la station alors qu’elle effectue plusieurs fois le tour de la Terre.
Force d’inertie d’entraînement pour une rotation autour d’un axe fixe :
→
− −−→
f ie = mrω 2 →
−
ur = mω 2 HM (25)
→
−
où r est la distance entre le point matériel et l’axe de rotation, et ur le vecteur unitaire
radial (cooordonnées cylindriques).
La force d’inertie d’entraînement est une force centrifuge (de centre H), qui pousse le point
matériel vers l’extérieur.
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Centre de rotation
H
r
M
fie
Force centrifuge
Axe de rotation
Cette force étant dirigée vers l’axe de rotation, on devrait plutôt la nommer force axifuge.
Considérons par exemple un plateau tournant dans le référentiel terrestre, avec un axe de
rotation vertical. La pesanteur apparente en un point à la distance r de l’axe est :
→
−
g a (r) = −g →
−
uz + rω 2 →
−
ur (26)
Plus on s’éloigne de l’axe, plus le champ de pesanteur apparent s’éloigne de la direction verti-
cale.
Dans l’expérience ci-dessous, un pendule pesant est placé sur le bord d’un plateau tournant.
Ce pendule est constitué d’un bras léger en plexiglas à l’extrémité de laquelle une masselotte
est vissée. À l’équilibre, la direction du pendule correspond à la direction du champ de pe-
santeur apparent (gravité plus centrifuge) ressentie par la masselotte. Un dispositif avec deux
ressorts, semblable à l’accéléromètre décrit plus haut, est aussi placé sur le plateau. La masse
retenue par les deux ressorts est déviée de sa position d’équilibre par la force d’inertie centri-
fuge.
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f ie
Plateau tournant
Moteur
Une application est la centrifugeuse, dans laquelle des forces centrifuges très importantes
peuvent être obtenues. Le tambour d’une machine à laver en situation d’essorage est un exemple
de centrifugeuse. Si le tambour a un rayon r = 20 cm et tourne à 1200 tours par minutes, la
force par unité de masse est 3000 m · s−2 , soit 300 fois le champ de pesanteur terrestre. L’eau
contenue dans le linge est rapidement expulsée par les trous du tambour sous l’effet de cette
force.
Un autre exemple est la centifugeuse utilisée pour entraîner les astronautes aux fortes ac-
célérations rencontrées dans les vols spatiaux. La cabine dans lequel l’astronaute est assis est
fixée au bout d’un bras de plusieurs mètres de long qui tourne autour d’un axe. Des variantes
sont aussi utilisées dans les fêtes foraines.
Contrairement à la force d’entraînement, cette force n’affecte que les objets en mouvement
dans le référentiel non galiléen, puisqu’elle est proportionnelle à la vitesse dans ce référentiel.
La force de Coriolis ne travaille pas puisqu’elle est perpendiculaire à la vitesse. Elle ne peut
donc modifier l’énergie cinétique d’une particule. Elle peut en revanche modifier la direction
de la vitesse.
Un pendule pesant permet de mettre en évidence la force de Coriolis sur le plateau tournant.
Ce pendule est constitué d’une ficelle et d’une boule en acier. Il est suspendu par un cadre
solidaire du plateau. Dans un premier temps, la boule est retenue par un électroaimant. Après
la mise en rotation du plateau, le courant dans l’élecroaimant est coupé, ce qui a pour effet de
lâcher la boule avec une vitesse initiale nulle par rapport au plateau. L’expérience dure quelque
secondes, ce qui est assez court pour supposer que le référentiel terrestre est galiléen.
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Electroaimant
Plateau tournant
Moteur
La trajectoire de la boule dans le référentiel terrestre (vue de dessus) est une ellipse, car elle a
une vitesse initiale orthoradiale.
Rω
Si le référentiel du plateau était galiléen, on devrait observer dans ce référentiel une os-
cillation dans un plan fixe. On observe en fait une rotation du plan d’oscillation, dans le sens
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g Ω
fc
fc
La force de Coriolis dévie le plan d’oscillation, toujours vers la droite si l’on regarde dans le
sens du mouvement. Cela conduit à une rotation du plan d’oscillation par rapport au plateau,
dans le sens opposé à la rotation du plateau par rapport à la terre.
z gt : gravité
g : pesanteur
N
2
r rω ur
v
fc Ω gt
g fc
Pour les petits objets de vitesse ordinaire, la force de Coriolis a le plus souvent un effet né-
gligeable, mais elle a un effet très important sur les mouvements de l’air à grande échelle. Pour
une vitesse de l’air de 10 m · s−1 (vent modéré), la force par unité de masse est 1,5 ·10−3 m · s−2 ,
ce qui est très faible comparé au champ de pesanteur. Cette force a néanmoins un effet très im-
portant à grande échelle. Elle est responsable de la rotation de l’air autour des zones de basse
ou de haute pression (le sens de rotation dépend de l’hémisphère).
L’effet de la force de Coriolis se manifeste dans l’expérience du pendule de Foucault,
installé en 1851 au Panthéon pour mettre en évidence la rotation de la Terre. Un pendule de
très grande taille (sphère de 28 kg accrochée au bout d’un câble de 67 m) est accroché par
une liaison rotule. Il est lâché avec une vitesse initiale nulle par rapport à la Terre. Il oscille
pratiquement dans un plan, mais on observe une lente rotation du plan d’oscillation. La vitesse
angulaire de rotation du plan est égale à ω multipliée par le sinus de la latitude. Si le pendule
est disposé au pôle terrestre, le plan décrit une rotation complète en 23 h 56 min. Cette rotation
peut être expliquée par la rotation de la Terre. Dans le référentiel terrestre, on l’attribue à la
force de Coriolis.
Le pendule de Foucault est une expérience réalisée sur Terre qui permet de mettre en évi-
dence la rotation de la Terre par rapport à un référentiel inertiel. Rappelons qu’il est impossible
par une expérience réalisée sur Terre de mettre en évidence un mouvement de translation rec-
tiligne et uniforme par rapport à un référentiel inertiel.
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On peut conduire une analyse simplifiée du pendule de Foucault dans le référentiel ter-
restre. Comme le mouvement de la masse est pratiquement horizontal, seule la composante
verticale du vecteur vitesse angulaire de la Terre intervient dans la force de Coriolis ; elle s’ex-
prime en fonction de la latitude du lieu par :
ωz = ω sin φ (28)
Dans l’hémisphère nord, cette composante est ascendante. Si on observe le pendule par dessus
(en regardant dans la direction de z décroissant), la force de Coriolis est orientée vers la droite
si on regarde dans le sens de la vitesse. Elle conduit donc à une rotation du plan d’oscillation
dans le sens horaire (c’est l’inverse dans l’hémisphère sud).
La plupart des expériences de mécanique effectuées sur Terre ont une durée assez courte
pour que les effets de la force de Coriolis puissent être négligés. On a vu plus haut que la
force d’entraînement est automatiquement prise en compte dans le champ de pesanteur local.
On en déduit que le référentiel terrestre est localement galiléen (localement au sens spatial et
temporel) pour ces applications. On peut donc l’utiliser en tant que référentiel galiléen pour
des mouvements de petite échelle et ne durant pas trop longtemps, la limite étant déterminée
par la précision que l’on souhaite obtenir (souvent déterminée par la précision des appareils de
mesure).