0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
117 vues8 pages

L'évapotranspiration de Référence Et Son Application en Agrométéorologie

Le document décrit le concept d'évapotranspiration de référence introduit par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture dans les années 1990 pour estimer le besoin en eau des cultures. Il compare différentes méthodes de calcul de l'évapotranspiration potentielle, notamment l'équation de Penman-Monteith recommandée par la FAO.

Transféré par

ITOBA Dina
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
117 vues8 pages

L'évapotranspiration de Référence Et Son Application en Agrométéorologie

Le document décrit le concept d'évapotranspiration de référence introduit par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture dans les années 1990 pour estimer le besoin en eau des cultures. Il compare différentes méthodes de calcul de l'évapotranspiration potentielle, notamment l'équation de Penman-Monteith recommandée par la FAO.

Transféré par

ITOBA Dina
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Vous êtes sur la page 1/ 8

P r o d u c t i o n v é g é t a l e

L’évapotranspiration de référence et son


­application en agrométéorologie
Pierluigi Calanca, Pascalle Smith, Annelie Holzkämper et Christof Ammann,
Station de recherche Agroscope Reckenholz-Tänikon ART, 8046 Zurich
Renseignements: Pierluigi Calanca, e-mail: [email protected], tél. +41 44 377 75 12

Vue du nord sur la parcelle expérimentale de Oensingen (prairie fauchée avec tracteur), où l'évapotranspiration a été mesurée durant
­p lusieurs années. (Photo: ART)

Introduction région pour l’agriculture (Calanca et Holzkämper 2010).


L’appréciation de l’évapotranspiration potentielle est
L’évapotranspiration potentielle est un paramètre nécessaire notamment pour estimer le besoin en irriga-
important du cycle terrestre de l’eau. Elle désigne l’éva- tion de l’agriculture (Fuhrer et Jasper 2009).
poration maximale possible, indépendamment de la Or, il n’est pas si simple de définir précisément l’éva-
quantité d’eau que les plantes ont effectivement à dis- potranspiration potentielle (Brutsaert 1982), car elle
position. Elle est considérée comme l’indicateur du déve- dépend non seulement des conditions de l’atmosphère
loppement optimal de la végétation et joue un rôle capi- et du sol, mais aussi des caractéristiques de la végéta-
tal pour l’évaluation des aptitudes climatiques d’une tion. C’est la raison pour laquelle l‘Organisation des

176 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011


L’évapotranspiration de référence et son ­a pplication en agrométéorologie | Production végétale

Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) Le changement climatique place l’agriculture
a introduit dans son rapport 56 sur l’irrigation et le drai- face à de nouveaux défis. Lorsqu’il s’agit de

Résumé
nage (Allen et al. 1998)1 le concept d’évapotranspiration planifier les mesures d’adaptation, l’estima-
de référence (ET0), c’est-à-dire l’évapotranspiration d’un tion du besoin en eau des prairies, des
peuplement végétal idéal, disposant d’eau à volonté pâturages et des terres arables joue un rôle
(encadré 1). capital. L’évapotranspiration de référence, un
A partir de l’évapotranspiration de référence ET0, la concept introduit par l‘Organisation des
méthode FAO permet de déduire, à l’issue de deux Nations Unies pour l’alimentation et l’agricul-
autres étapes, les pertes en eau effectives des prairies et ture (FAO, Food and Agriculture Organiza-
des terres arables par évapotranspiration. La première tion) dans les années 1990, définit le poten-
étape nécessite des connaissances sur l’état de la végé- tiel d’évaporation d’un couvert végétal
tation (hauteur du peuplement et indice de surface standard abondamment approvisionné en
foliaire), afin de déterminer le «coefficient cultural» Kc, eau. Elle se calcule à partir de l’équation dite
et donc l’évapotranspiration du peuplement concerné de Penman-Monteith et peut, comme le
dans de bonnes conditions d’irrigation. Pour la deu- montre la présente étude, représenter très
xième étape, il s’agit, sur la base d’un bilan hydrique précisément comment évolue l’évapotranspi-
simplifié de la zone racinaire, d’introduire une limita- ration d’une prairie sur le Plateau suisse dans
tion éventuelle de l’évapotranspiration par la sécheresse. des conditions quasiment optimales.
Le calcul de l’ET0 s’effectue à l’aide de l’équation de
­Penman-Monteith (équation PM), considérée à plus d’un
titre comme standard et recommandée par la FAO (Allen
et al. 1998) comme unique formule de calcul. Des
approches empiriques n’en restent pas moins très popu-
laires dans la pratique, en Suisse également où les for-
mules de Primault (1962 et 1981) et de Turc (1961) sont
encore utilisées aujourd’hui par MétéoSuisse ou AGRO-
METEO2, la plateforme de vulgarisation Internet d’Agros-
cope. 

Encadré 1 | Propriétés de la surface de référence,


Allen et al. (1998)

Hauteur du peuplement, h: 12 cm ≡ 0,12 m

Indice de surface foliaire, LAI: 24 h, avec h en


m ≡ 2,88 m2 m –2

Albédo, α: 0,23 ≡ 23 %

Résistance stomatique rl: 100 s m –1

Résistance superficielle rs: 2rl / LAI ≡ 70 s m –1

Résistance aérodynamique ra: 208 / u2 s m –1

1
Le rapport est également disponible sur Internet sous http://www.fao.org/
docrep/x0490e/x0490e00.htm ou www.kimberly.uidaho.edu/ref-et/fao56.pdf
2
http://www.agrometeo.ch

Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011 177


Production végétale | L’évapotranspiration de référence et son ­a pplication en agrométéorologie

Encadré 2 | Formules sélectionnées pour le calcul de l’évapotranspiration potentielle

Penman-Monteith:
Dans ces équations, λ = 2,5 MJ kg –1 représente la chaleur
latente d’évaporation, Cp = 1,004×10 –3 MJ kg –1 °C–1 la cha-
leur spécifique à pression constante, Δ (kPa °C–1) la pente
de la courbe de pression de vapeur saturante comme
fonction de la température T (°C) (équation 3), γ (kPa °C–1)
Priestley-Taylor (1972): la constante psychrométrique (équation 2),
RN (MJ m –2
d –1
) le rayonnement net, G (MJ m –2
d –1
) le flux
de chaleur du sol, ρa (kg m –3) la densité de l’air, ra
(s m –1) la résistance aérodynamique et rc (s m –1) la résis-
tance du peuplement, es (kPa) la pression de vapeur
Turc (1961): ­saturante et ea (kPa) la pression de vapeur réelle, RS
(MJ m –2 d –1) le rayonnement global, RH (%) l’humidité
relative, SSD (h d –1) la durée d’ensoleillement, j (–) un
facteur saisonnier et C (–) une correction de l’altitude.
Dans toutes les formules, les valeurs numériques ont été
Primault (1962 et 1981): choisies de manière à obtenir des mm d –1 pour l’évapo-
transpiration. L’équation de Primault (1962 et 1981) a été
convertie à une base journalière pour les calculs.

Les méthodes de calcul empiriques sont moins exi- L’intention n’est pas de présenter la théorie en détails, ni
geantes que l’équation PM en ce qui concerne les de répertorier toutes les formules empiriques. Sur ce
variables d’entrée (encadré 2) et peuvent très bien four- point, nous renvoyons aux publications de Brutsaert
nir de bons résultats à condition que les valeurs des para- (1982), Schrödter (1985) et Jensen et al. (1990).
mètres aient été adaptées aux conditions locales. Leur
application en dehors de la zone de validité paramétrée Historique
reste problématique. Le concept d’évapotranspiration potentielle a probable-
L’objectif de cette étude est d’expliquer brièvement ment été introduit par Thornthwaite (1948; Brutsaert
le calcul de l’évapotranspiration de référence ainsi que 1982). Compte tenu des données disponibles à l’époque,
ses possibilités d’application. Nous montrerons avec il a établi une formule purement empirique, utilisée
quelle fiabilité l’ET0 peut représenter l’évapotranspira- aujourd’hui encore aux Etats-Unis pour surveiller les cas
tion mesurée dans des conditions quasiment optimales. de sécheresse3.
Par la suite, nous nous demanderons dans quelle mesure Mais ce sont Penman (1948) et plus tard Monteith
les approches simplifiées de Priestley et Taylor (1972), (1965), qui ont défini les principes théoriques conduisant
Primault (1962 et 1981) et Turc (1961) permettent d’obte- au développement d’une méthode de calcul physique.
nir un résultat similaire. Pour la comparaison, nous utili- L’équation PM qui porte leur nom (encadré 2) constitue
sons des mesures d’évapotranspiration et des variables aujourd’hui encore la base des simulations du processus
déterminantes relevées à Oensingen (prairies de fauche, d’évapotranspiration, ainsi que de la méthode dévelop-
47°17’N, 07°44’E, 450 m d’altitude, température annuelle pée par la FAO (Allen et al. 1998). Elle tient compte à la
moyenne de 9 °C, moyenne des précipitations annuelles fois des conditions données par le bilan énergétique
de 1100 mm) dans le cadre d’un essai en plein champ mis
en place sur plusieurs années (Ammann et al. 2009). 3
http://drought.unl.edu/dm/monitor.html

178 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011


L’évapotranspiration de référence et son ­a pplication en agrométéorologie | Production végétale

20 de résultats convenables dans les conditions suisses 4, il a


développé sa propre formule de calcul, utilisée encore
15 aujourd’hui par MétéoSuisse sous une forme légère-
RN [MJ m-2 d-1]

ment adaptée (Primault 1981; encadré 2). En Suisse, une


10
autre formule est encore utilisée. Il s’agit de celle de Turc
5 (1961; encadré 2). Bien qu’elle soit considérée comme
une équation empirique, elle représente en principe
0 une forme de l’évaporation en conditions d’équilibre et
est donc équivalente à l’équation de Priestley et Taylor
0 10 20 30
RS [MJ m-2 d-1] (1972).

3 L’équation FAO56
2 L’équation PM (encadré 2) peut être mise sous la forme
suivante (FAO56) compte tenu des propriétés de la sur-
G [MJ m-2 d-1]

1
0 face de référence (encadré 1):
-1
-2
(1)
-3

0 5 10 15 20
RN [MJ m d ]
-2 -1
sachant que RN désigne le bilan radiatif ou le rayonne-
ment net (MJ m–2 d–1), G le flux de chaleur du sol (MJ m–2
Figure 1 | Relation entre le rayonnement net (R N) et le rayonne-
ment global (R S) (a), et entre le flux de chaleur du sol (G) et le d–1), T la température de l’air (°C), es la pression de
rayonnement net (R N) (b) à Oensingen. Moyennes journalières ob- vapeur saturante, ea la pression de vapeur réelle (kPa) et
servées pendant les mois d’avril à octobre de 2005 à 2009. Les u2 la vitesse du vent (m s–1). De plus,
lignes pleines représentent les droites de régression: a) R N = 0,529
R S – 0,466 avec r2 = 0,89; b) G = 0,159 R N – 0,987 avec r2 = 0,48. De (2)
plus, dans le diagramme a) la relation de Davies (1976, éq. 4) est in-
diquée par une ligne pointillée.
représente la constante psychrométrique (kPa °C–1)
comme fonction de la pression atmosphérique p (kPa)
pour la surface du sol et des processus d’échange qui avec les paramètres Cp = 1,004×10–3 MJ °C–1 kg–1 (chaleur
déterminent le flux de vapeur d’eau entre la végétation spécifique à pression constante), e = 0,622 (rapport des
et l’atmosphère. masses molaires de la vapeur d’eau et de l’air sec), et λ =
A peu près à la même époque, Slatyer et McIlroy 2,5 MJ kg–1 (chaleur latente d’évaporation), tandis que
(1961) ont publié une monographie dans laquelle ils ont
introduit le concept d’équilibre d’évaporation. Il s’agit (3)
de la dissipation d’eau potentielle dans une atmosphère
en équilibre avec le sous-sol, compte tenu d’un apport représente la pente de la courbe de pression de vapeur
constant d’énergie. Ce concept a fourni une base théo- saturante comme fonction de la température (kPa °C–1).
rique à d’autres développements, notamment aux Pour évaluer l’équation (1), il est nécessaire de dispo-
études de Priestley et Taylor (1972) sur l’évaporation ser des valeurs horaires ou journalières des variables en
dans des conditions d’advection minimale. La formule entrée. Tandis que les mesures de T (et par conséquent
qu’ils ont proposée (encadré 2) s’est imposée autant de es), ea, u2 et p sont effectuées de manière standard
dans la pratique que dans la recherche. dans le cadre des réseaux de mesures de MétéoSuisse et
Les premières études systématiques sur l’évapotrans- d’AGROMETEO, le bilan radiatif et le flux de chaleur du
piration potentielle en Suisse remontent à Primault sol ne sont que rarement observés directement. Par
(1962). Convaincu que ni l’approche de Thornthwaite conséquent, il est important de les estimer le plus préci-
(1948), ni celle de Penman (1948) ne pouvaient donner sément possible, car, ils déterminent environ deux tiers
du potentiel d’évaporation.
4 
Primault n’était peut-être pas conscient que les mauvais résultats obtenus avec Une compilation des formules utilisées pour le calcul
l’équation de Penman (1948) venaient avant tout d’un paramétrage insuffisant.
En effet, à l’époque, Penman a actualisé plusieurs fois les valeurs des paramètres
de RN et G à partir des données météorologiques se
(cf. p. ex. Brutsaert 1982) trouve également dans Allen et al. (1998). Pour la pra- 

Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011 179


Production végétale | L’évapotranspiration de référence et son ­a pplication en agrométéorologie

6
Mesures
5 ETo

4
ET [mm d-1]

100 150 200 250 300


Jour de l'année

Figure 2 | Evolution de l’évapotranspiration journalière sur le site d’Oensingen pendant la


période d’avril à octobre 2006. En gris: évapotranspiration mesurée, avec comme hypothèse
une incertitude relative des mesures de ± 15 %; en rouge: évapotranspiration de référence.

tique, il serait souhaitable de trouver des méthodes plus trent toutefois qu’il est plus pertinent d’exprimer G sous
simples. Pour déterminer RN, l’approche de Davies (1967) la forme d’une fonction linéaire de RN (fig. 1b). La droite
s’impose au premier abord. Dans les limites de la période de régression correspondante (G = 0,159 RN – 0,987; r2 =
végétative, Davies part d’une relation linéaire indépen- 0,48) est largement conforme à la règle de base souvent
dante du climat entre le rayonnement global RS et le utilisée en microclimatologie, G ≈ 0,1 RN.
rayonnement net RN. La linéarité tient à ce que les flux
radiatifs à ondes longues (comme fonction de la tempé- Méthode
rature absolue élevée à la puissance quatre) varient net-
tement moins dans le temps que ceux à ondes courtes. Evaluation
L’albédo d’une surface avec couvert végétal sans neige Nous avons testé l’équation (1), en comparant les valeurs
peut également être considéré comme relativement calculées pour ET0 avec les mesures de l’évapotranspira-
constant. tion réelle sur le site d’Oensingen (fig. 2). Il s’agit de don-
Sur la base des données provenant de quatorze sta- nées relevées en 2006 à l’aide de la technique dite
tions dans le monde converties en MJ m –2 d –1, Davies d’Eddy-Covariance (Neftel et al., 2005) et dont le taux
(1967) a proposé l’équation suivante: d’erreur relative est de 15 %.
Le choix de l’année 2006 s’explique pour deux raisons.
RN = 0,617 RS – 1,004 (4) La première est que cette année-là, les conditions d’hu-
midité du sol ont été pratiquement optimales durant
qui reflète assez bien la relation observée sur le Plateau toute la période végétative et que les conditions envi-
suisse sur le site d’Oensingen (fig. 1a). Il est possible ronnementales correspondaient donc à la définition de
d’obtenir une meilleure concordance en adaptant les l’évapotranspiration de référence. La deuxième est que
paramètres de régression aux données de mesures l’indice de surface foliaire était rarement supérieur à 3 m²
locales ou régionales (RN = 0,529 RS – 0,466; r2 = 0,89), ce m –2, soit souvent proche des 2,88 m² m –2 fixés dans la
que montre également la figure 1a. définition de la surface de référence (encadré 1).
En ce qui concerne le flux de chaleur du sol, Allen et Les résultats de la figure 2 montrent qu’ET0 reproduit
al. (1998) recommandent de fixer G égal à zéro pour le bien l’évapotranspiration mesurée durant la période
calcul de l’ET0 sur une base journalière, ce qui se justifie d’avril à octobre. De ce fait, la méthode de calcul de
car les flux de chaleur entre le jour et la nuit sont oppo- l’évapotranspiration de référence peut être recomman-
sés et se compensent. Les données d’Oensingen mon- dée sans réserve pour la pratique. On peut néanmoins se

180 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011


L’évapotranspiration de référence et son ­a pplication en agrométéorologie | Production végétale

6 6

5 5

4 4
ET0 [mm d-1]

ETPT [mm d-1]


3 3

2 2

1 1

0 0

0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6

6 6

5 5

4 4
ETTu [mm d-1]

ETPr [mm d-1]

3 3

2 2

1 1

0 0

0 1 2 3 4 5 6 0 1 2 3 4 5 6
ET mesurée [mm d-1] ET mesurée [mm d-1]

Figure 3 | Comparaison des résultats de quatre formules avec l’évapotranspiration mesurée sur le
site d’Oensingen. Moyennes journalières pour la période d’avril à octobre 2006. a) Evapotranspira-
tion de référence (r2 = 0,88); b) Priestley-Taylor (r2 = 0,91); c) Turc (r2 = 0,87); et, d) Primault (r2 =
0,67). L’évaluation de l’évapotranspiration de référence et de Priestley-Taylor a été réalisée sur la
base des paramétrages pour R N et G tirés de la figure 1.

demander si des méthodes de calcul plus simples (p. ex. Il reste l’approche de Primault (1962 et 1981), qui
Priestley et Taylor 1972) ou empiriques (Turc 1961; Pri- reproduit le moins bien l’évapotranspiration observée.
mault 1962 et 1981) pourraient également fournir des Les raisons qui expliquent ce résultat peuvent être de
résultats comparables. Sous la forme de diagrammes de nature différente. D’une part, le choix des variables
dispersion, la figure 3 présente une comparaison directe déterminantes joue un rôle. La durée d’ensoleillement,
de différentes formules de détermination avec les qui, autrefois, était la seule grandeur de rayonnement
mesures effectuées à Oensingen. Il est possible d’identi- mesurée, exerce une influence moins directe sur l’évapo-
fier quelques tendances. transpiration que RS ou RN. D’autre part, les mesures
La formule de Priestley et Taylor (1972) aboutit à un d’évapotranspiration dont disposait Primault à l’origine
résultat relativement semblable à celui de l’équation pour la mise au point empirique de sa formule, étaient
FAO56, ce qui n’est pas étonnant car le terme lié au sans doute chargées d’une part d’incertitude relative-
rayonnement dans l’équation (1) contribue pour environ ment importante. C’est la raison pour laquelle il serait
deux tiers au potentiel d’évaporation, phénomène qui opportun de procéder à une nouvelle évaluation des
est pris en compte indirectement dans la formule de valeurs des paramètres.
Priestley et Taylor (1972) par le facteur 1,26. La formule Pour estimer les besoins éventuels en irrigation
de Turc (1961) a elle aussi fourni des résultats similaires. (Fuhrer et Jasper 2009) il est intéressant de comparer
Nous avons déjà mentionné dans le chapitre «Histo- les  différentes approches en termes de pertes d’eau
rique» que Turc (1961) ainsi que Priestley et Taylor (1972) cumulées pendant la période végétative. Pour la période
sont en principe équivalents. Par conséquent, ce résultat d’avril à octobre 2006, les mesures effectuées à Oensin-
n’a rien de surprenant non plus. gen ont donné un résultat total de 501 mm. Les résultats 

Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011 181


Production végétale | L’évapotranspiration de référence et son ­a pplication en agrométéorologie

de facteurs de correction (saison et altitude, cf. enca-


dré 2). Par contre, il est évident que de telles approches
pourront difficilement permettre d’estimer l’évapo-
transpiration potentielle à l’avenir sur la base de scéna-
rios climatiques, car dans ce cas, la validité des paramé-
trages actuels ne sera plus garantie.
En relation avec le changement climatique, quatre
aspects doivent être pris en compte: (i) l’augmentation
de la température; (ii) la baisse de l’humidité de l’air que
cela pourra entraîner pendant la journée; (iii) une modi-
fication potentielle du régime de rayonnement; (iv) les
effets de la hausse des concentrations de CO2 dans l’at-
Figure 4 | Système dit d’Eddy-Covariance pour la mesure de mosphère, qui permettent une utilisation plus efficace
l’évapotranspiration, constitué d’un anémomètre à ultrasons et d’un de l’eau par les plantes. L’équation PM peut sans pro-
capteur à infrarouges. (Photo: ART)
blème tenir compte de tous ces facteurs. L’équation
FAO56 qui en découle le peut elle aussi, dans la mesure
où les paramètres numériques sont adaptés à une réduc-
correspondants pour l’évapotranspiration de référence tion de la résistance stomatique due au CO2 (encadré 1)5.
selon FAO56, d’une part avec un paramétrage local pour
RN et G, d’autre part avec RN selon Davies (1967) et G = 0, Conclusions
s’élèvent à 483 et 566 mm. Des calculs analogues avec les
formules de Priestley-Taylor (1972), Turc (1961) et Pri- Etant donné le peu de données disponibles, les
mault (1962 et 1981) ont donné respectivement des approches empiriques étaient tout à fait justifiées autre-
valeurs de 574, 596 et 337 mm. Ceci montre que l’évapo- fois. Mais aujourd’hui, plus rien ne devrait empêcher de
transpiration de référence est celle qui s’écarte le moins passer à des méthodes de détermination physiques, car
des mesures sur le terrain, même en ce qui concerne les les données nécessaires sont soit directement dispo-
pertes totales. nibles ou peuvent être déduites avec une précision suffi-
sante de valeurs de mesures opérationnelles, comme
Résultats et discussion nous l’avons montré ici.
Dans le contexte de la présente étude, il n’a pas été
Nous avons expliqué le concept d’évapotranspiration de nécessaire d’approfondir l’évaluation de l’évapotranspi-
référence et discuté l’application de l’équation FAO56. ration selon Allen et al. (1998) en tenant compte d’un
Nous avons montré que cette approche était en mesure coefficient cultural Kc, car pendant la période sélection-
de reproduire fidèlement l’évapotranspiration d’une née, les caractéristiques de la végétation correspon-
prairie du Plateau suisse mesurée dans des conditions daient à peu près à celles de la surface de référence. Ce
quasiment optimales. point doit néanmoins être décidé au cas par cas. Il reste
Les formules empiriques peuvent donner des résul- encore à étudier si la méthode FAO peut être appliquée
tats tout à fait utilisables pour des applications pra- de manière standard pour évaluer le besoin en eau des
tiques, comme l’a montré l’exemple d’Oensingen. La cultures fruitières et des vignes, soit dans des situations
formule de Primault, la plus mal classée ici, pourrait où la disposition des plantes impacte autant sur les pro-
aboutir à des résultats nettement meilleurs grâce à une priétés des surfaces que sur les caractéristiques aérody-
nouvelle évaluation des paramètres et à l’introduction namiques de la surface évaporante. n

Remerciements
Nos recherches sur le régime d’évapotranspiration des terres arables et des her-
bages ont lieu en partie dans le cadre des projets suivants: ACQWA (7e programme
cadre de l’UE), AGWAM (Programme national de recherche PNR61, Gestion
Pour l’estimation de l’évapotranspiration effective selon la FAO (Allen et al.,
5 
durable de l’eau) et AGRISK (Pôle de recherche national Climat, PRN Climat). Nous
1998), il est également nécessaire d’adapter le coefficient de cultural Kc à cause remercions l’Office fédéral de météorologie et de climatologie (MétéoSuisse) pour
de l’utilisation plus efficiente de l’eau par les plantes. la mise à disposition des données météorologiques opérationnelles.

182 Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011


L’évapotranspiration de référence et son ­a pplication en agrométéorologie | Production végétale

L'evapotraspirazione di riferimento e Reference evaporation and its applica-


la sua applicazione nella me-teorologia tion in agrometeorology
Riassunto

Summary
agricola Climate change places the agriculture
Il cambiamento climatico pone in front of new challenges. An assess-
­l'agricoltura di fronte a nuove sfide. ment of the water requirement of
Considerato il potenziale di eva­ grassland, pasture and arable land on
porazione, nel programmare le misure the basis of the evapotranspiration
d'adeguamento è particolarmente potential plays a central role in the
importante valutare il fabbisogno planning of adaptation measures. The
idrico di prati, pascoli e superfici reference evaporation, a concept
­campicole. L'evapotraspirazione di introduced in the 1990’s by the Food
riferimento, un concetto introdotto and Agriculture Organization (FAO)
negli anni novanta dall'Organizzazione and presented in this paper, defines
delle Nazioni Unite per l'alimentazione the evaporation potential of standard
e l'agricoltura (FAO) e presentato nella vegetation with an abundant water
presente pubblicazione, definisce il supply. It is determined on the basis of
potenziale di evaporazione da una the so-called Penman-Monteith
vegetazione standard abbondante- equation and, as demonstrated here, is
mente approvvigionata d’acqua. E ­ ssa able to accurately reproduce the
viene calcolata sulla base della cosid- evolution of the evaporative flux from
detta formula di Penman-Monteith e, grassland as observed on the Swiss
come mostrato in questo lavoro, Plateau under virtually optimum
riproduce fedelmente l’evapotra­ conditions.
spirazione osservata in condizioni
pressoché ottimali in un prato dell'Alti- Key words: reference evapotranspira-
piano svizzero. tion, evapotranspiration potential,
Penman-Monteith equation, crop
water requirements, climate change.

Bibliographie ▪▪ Neftel A., Ammann C., Calanca P., Flechard C., Fuhrer J., Leifeld J. & Jo-
▪▪ Allen R. G., Pereira L. S., Raes D. & Smith M., 1998. Crop Evapotranspira- cher M., 2005. Treibhausgasquellen und -senken: Die «Kyoto-Wiese».
tion. Guidelines for Computing Crop Water Requirements. FAO Irrigation Agrarforschung 12, (8), 356–361.
and Drainage Paper 56. Food and Agriculture Organization (FAO) of the ▪▪ Priestley C. H. B & Taylor R. J., 1972. On the assessment of surface heat
United Nations, Rome, 300 p. flux and evaporation using large-scale parameters. Monthly Weather
▪▪ Ammann C., Neftel A., Spirig C., Leifeld J. & Fuhrer J., 2009. Stickstoff- ­Review 100, 81–92.
Bilanz von Mähwiesen mit und ohne Düngung. Agrarforschung 16 (9), ▪▪ Primault B., 1962. Du calcul de l'évapotranspiration. Arch. Met. Geoph.
348–353. Biocl. Series B 12, 124–150.
▪▪ Brutsaert W., 1982. Evaporation into the Atmosphere. D. Reidel Publi- ▪▪ Primault B., 1981. Extension de la validité de la formule suisse de calcul
shing Company, Dodrecht, 299 p. de l’évapotranspiration. Bericht der Schweizerischen Meteorologischen
▪▪ Calanca P. & Holzkämper A., 2010. Conditions agrométéorologiques du Anstalt (MeteoSchweiz) 103, 1–8.
Plateau suisse de 1864 à 2050. Recherche Agronomique Suisse 1 (9), ▪▪ Schrödter H., 1985. Verdunstung. Anwendungsorientierte Messverfahren
320–325. und Bestimmungsmethoden. Springer-Verlag, Berlin, 186 p.
▪▪ Davies J. A., 1967. A note on the relationship between net radiation and ▪▪ Slatyer R. O. & McIlroy I. C., 1961. Practical Microclimatology. Common-
solar radiation. Quart. J. Roy. Meteor. Soc . 93, 109–115. wealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO),
▪▪ Fuhrer J. & Jasper K., 2009. Bewässerungsbedürfigkeit von Acker- und ­M elbourne, Australia, 310 p.
Grasland im heutigen Klima. Agrarforschung 16, 396–401. ▪▪ Thornthwaite, C. W., 1948. An approach toward a rational classification
▪▪ Jensen M. E., Burman R. D. & Allen R. G. (eds), 1990. Evapotranspiration of climate. Geograp. Rev. 38, 55–94.
and Irrigation Water Requirements. ASCE Manuals and Reports on Enginee- ▪▪ Turc L., 1961. Evaluation des besoins en eau d’irrigation, évapotranspira-
ring Practice No. 70. American Society of Civil Engineers, New York, 332 p. tion potentielle, formule simplifiée et mise à jour. Ann. Agron. 12, 13–49.
▪▪ Monteith J. L., 1965. Evaporation and environment. pp. 205–234. In: G. E.
Fogg (ed.) Symposium of the Society for Experimental Biology, The State and
Movement of Water in Living Organisms, Vol. 19, Academic Press, Inc., NY.

Recherche Agronomique Suisse 2 (4): 176–183, 2011 183

Vous aimerez peut-être aussi