Production Petroliere
Production Petroliere
pétrolières
LA PROSPECTION, LE FORAGE ET LA
PRODUCTION DE PÉTROLE ET DE GAZ NATUREL
Généralités
Les pétroles bruts et les gaz naturels sont des mélanges de molécules d’hydrocarbures
(composés organiques d’atomes de carbone et d’hydrogène) contenant de 1 à 60 atomes de
carbone. Les propriétés de ces hydrocarbures dépendent du nombre et de la disposition des
atomes de carbone et d’hydrogène dans leurs molécules. La molécule d’hydrocarbure de base
est constituée d’un atome de carbone lié à 4 atomes d’hydrogène (méthane). Toutes les autres
variantes d’hydrocarbures de pétrole dérivent de cette molécule. Les hydrocarbures qui
contiennent jusqu’à 4 atomes de carbone sont généralement des gaz, ceux qui contiennent de
5 à 19 atomes des liquides, et ceux qui en contiennent 20 ou plus des solides. En plus des
hydrocarbures, les pétroles bruts et les gaz naturels contiennent des composés sulfurés, azotés
et oxygénés, ainsi que de petites quantités de métaux et d’autres éléments à l’état de traces.
Le pétrole brut et le gaz naturel se sont formés au cours de millions d’années par
décomposition de végétaux et d’organismes marins, comprimés sous le poids des sédiments.
Comme ils sont plus légers que l’eau, ils ont migré pour combler les vides existant dans ces
formations sus-jacentes. Ce mouvement vers le haut s’est arrêté lorsqu’ils ont atteint des
couches denses imperméables ou des roches non poreuses. Le pétrole et le gaz ont comblé les
espaces laissés dans des couches de roche poreuse et des réservoirs naturels souterrains
(sables saturés, par exemple), le gaz plus léger surplombant le pétrole lourd. A l’origine, ces
espaces étaient horizontaux, mais les mouvements de la croûte terrestre ont créé des poches,
appelées failles, anticlinaux, dômes de sel et pièges stratigraphiques, dans lesquelles le pétrole
et le gaz se sont accumulés en gisements.
L’huile de schiste
Les figures 75.1 et 75.2 indiquent les chiffres de la production mondiale de pétrole brut et de
gaz naturel en 1995.
Les pétroles bruts sont des mélanges complexes constitués de nombreux composés différents
d’hydrocarbures; leur apparence et leur composition varient d’un gisement à l’autre et, parfois
même, entre des puits relativement proches. La consistance des pétroles bruts va d’un
mélange aqueux à un solide de type bitumineux, et leur couleur varie du clair au noir. Un
pétrole brut «moyen» contient environ 84% de carbone, 14% d’hydrogène, de 1 à 3% de
soufre, et moins de 1% d’azote, d’oxygène, de métaux et de sels (voir tableaux 75.1 et 75.2).
Source et nom du Paraffines Aromatiques Naphtènes Soufre Degré API Rendement Indice
brut % vol. % vol. % vol. % poids (approximatif) en naphtène d’octane
% vol. (type)
Nigérian léger 37 9 54 0,2 36 28 60
Saoudien léger 63 19 18 2 34 22 40
Saoudien lourd 60 15 25 2,1 28 23 35
Vénézuélien lourd 35 12 53 2,3 30 2 60
Vénézuélien léger 52 14 34 1,5 24 18 50
Brut non sulfuré — — — 0,4 40 — —
des Etats du centre
des Etats-Unis
Brut acide de 46 22 32 1,9 32 33 55
l’ouest du Texas
Brent de la mer du 50 16 34 0,4 37 31 50
Nord
Hydrocarbures
Paraffines: les molécules (aliphatiques) d’hydrocarbures paraffiniques saturés constitués
de chaînes que l’on trouve dans le pétrole brut sont de formule CnH2n+2, les atomes de
carbone étant disposés en chaînes droites (normales) ou ramifiées (isomères). On trouve
des molécules de paraffine en chaîne droite, plus légères, dans les gaz et les cires de
paraffine. Les paraffines en chaîne ramifiée se trouvent généralement dans les fractions
plus lourdes du pétrole brut et ont des indices d’octane plus élevés que les paraffines
ordinaires.
Aromatiques: les aromatiques sont des composés d’hydrocarbures cycliques insaturés.
Les naphtalènes sont des hydrocarbures composés de deux noyaux benzéniques soudés
ensemble. Les composés polynucléaires, formés par liaison de trois noyaux aromatiques
ou plus, se trouvent dans les fractions de pétrole brut les plus lourdes.
Naphtènes: les naphtènes sont des groupements d’hydrocarbures de type cyclique
saturés, de formule CnH2n, disposés en cycles fermés. On les trouve dans toutes les
fractions du pétrole brut, sauf dans les fractions très lourdes. Les naphtènes à cycle
unique (monocycloparaffines), avec cinq et six atomes de carbone, sont prédominants;
ceux à double cycle (dicycloparaffines) se trouvent dans les fractions les plus lourdes du
naphta.
Hors hydrocarbures
Soufre et composés sulfurés: le soufre est présent dans le gaz naturel et le pétrole brut
sous forme de sulfure d’hydrogène (H2S), de composés divers (thiols, mercaptans,
sulfures, polysulfures, etc.) ou de soufre élémentaire. Chaque gaz et chaque brut
contiennent des quantités et des types de composés sulfurés différents, mais en règle
générale la proportion, la stabilité et la complexité des composés sont plus grandes dans
les fractions de brut plus lourdes.
Les composés sulfurés appelés mercaptans, qui ont une odeur particulière détectable à de
très faibles concentrations, se trouvent dans le gaz, les huiles de pétrole brut et les
distillats. Les plus courants sont les méthylmercaptans et les éthylmercaptans. Les
mercaptans sont souvent ajoutés au gaz commercial (GNL et GPL) comme odorisant
permettant de détecter les fuites.
Il y a des risques d’exposition à des niveaux toxiques de H2S lors des travaux de
prospection, de production, de transport et de traitement du brut et du gaz naturel. La
combustion des hydrocarbures de pétrole qui contiennent du soufre dégage des
substances indésirables telles que de l’acide sulfurique et du dioxyde de soufre.
Composés oxygénés: des composés oxygénés, comme les phénols, les cétones et les
acides carboxyliques, sont présents dans le brut en quantités variables.
Composés azotés: on trouve de l’azote dans les fractions légères du brut, sous forme de
composés azotés basiques et, plus souvent, dans les fractions lourdes du brut sous forme
de composés non basiques qui peuvent en outre contenir des traces de métaux.
Traces de métaux: des traces ou des quantités extrêmement faibles de métaux tels que
cuivre, nickel, fer, arsenic et vanadium sont souvent présentes dans le brut.
Sels inorganiques: les bruts contiennent souvent des sels inorganiques tels que le
chlorure de sodium, le chlorure de magnésium et le chlorure de calcium, en suspension
dans le brut ou dissous dans les eaux entraînées (saumure).
Dioxyde de carbone: le dioxyde de carbone peut provenir de la décomposition des
bicarbonates présents dans le brut, ou qui y ont été ajoutés, ou de la vapeur d’eau utilisée
dans le processus de distillation.
Acides naphténiques: certains bruts contiennent des acides (organiques) naphténiques,
qui peuvent devenir corrosifs à des températures supérieures à 232 °C lorsque l’acidité
du brut dépasse un certain niveau.
Matières radioactives naturelles: on trouve souvent dans le brut, dans les dépôts de
forage et dans la boue de forage des matières radioactives naturelles qui peuvent
présenter un risque dès les niveaux faibles.
Des analyses relativement simples sont pratiquées pour classer les pétroles bruts, suivant le
type d’hydrocarbures qui prédominent, en paraffinique, naphténique, aromatique ou mixte.
Les bruts à base mixte ont des quantités variables de chaque type d’hydrocarbures. Une
méthode d’analyse du Bureau américain des mines (US Bureau of Mines) est fondée sur la
distillation; une autre (facteur de caractérisation UOP (Universal Oil Products) des produits
pétroliers) sur la densité et les points d’ébullition. Des analyses plus complètes permettent de
déterminer la valeur du brut (c’est-à-dire rendement en produits utiles et qualité de ceux-ci) et
les paramètres de traitement. Les pétroles bruts sont généralement groupés en fonction de leur
hiérarchie par rendement, l’un des produits les plus souhaitables étant l’essence à haut indice
d’octane. Les charges de raffinerie consistent le plus souvent en un mélange de deux bruts
différents ou plus.
Les pétroles bruts sont également caractérisés par leur degré API (American Petroleum
Institute). Par exemple, les pétroles bruts lourds ont un degré API faible (et une masse
volumique élevée). Un pétrole brut à faible degré API peut avoir un point d’éclair élevé ou
bas, en fonction de ses fractions les plus légères (constituants les plus volatils). Etant donné
l’importance de la température et de la pression dans le processus de raffinage, les pétroles
bruts sont également classés en fonction de leur viscosité, de leur point d’écoulement et de
leurs limites d’ébullition. D’autres caractéristiques physiques et chimiques, telles que la
couleur et la teneur en carbone résiduel, sont également prises en considération. Les pétroles
bruts riches en carbone, pauvres en hydrogène et à faible degré API sont généralement riches
en hydrocarbures aromatiques; ceux qui sont pauvres en carbone, riches en hydrogène et dont
le degré API est élevé sont habituellement riches en paraffines.
Les pétroles bruts qui contiennent des quantités appréciables de sulfure d’hydrogène (H2S) ou
d’autres composés sulfurés réactifs sont appelés «acides». Ceux qui sont moins riches en
soufre sont dits «non sulfurés» ou «non corrosifs». Il y a quelques exceptions à cette règle, par
exemple les bruts de l’ouest du Texas (toujours considérés comme «acides» quelle que soit
leur teneur en H2S) et les bruts d’Arabie à forte teneur en soufre (qui ne sont pas considérés
comme «acides», car les composés sulfurés qu’ils contiennent sont peu réactifs).
Le gaz naturel comprimé et les gaz d’hydrocarbures liquéfiés
Les hydrocarbures de gaz naturel ont une composition voisine de celle des pétroles bruts en ce
sens qu’ils contiennent un mélange de molécules d’hydrocarbures qui diffèrent selon leur
origine. Ils peuvent être extraits de gisements de gaz (presque sans liquide), de gisements
renfermant du gaz et du pétrole, et de gisements de condensats de gaz dans lesquels certains
des composants liquides du pétrole passent à l’état gazeux lorsque la pression est élevée (10 à
70 MPa). Quand la pression diminue (pour tomber entre 4 et 8 MPa), le condensat contenant
des hydrocarbures lourds se sépare du gaz par condensation. Le gaz est extrait de puits
pouvant atteindre 6,4 km de profondeur et, parfois, davantage, avec des pressions dans les
couches allant de 3 MPa à 70 MPa (voir figure 75.3).
Figure 75.3 Puits de gaz naturel offshore dans 87,5 m d'eau, zone de Pitas Point, passe
de Santa Barbara, Californie du Sud (Etats-Unis)
Selon son utilisation comme combustible, le gaz naturel est comprimé ou liquéfié. Le gaz
naturel extrait des gisements de gaz et de condensats de gaz est traité sur place de manière à
satisfaire à des critères précis pour le transport avant d’être comprimé et envoyé dans les
gazoducs. Cette préparation comprend l’élimination de l’eau au moyen de séchoirs
(déshydrateurs, séparateurs et réchauffeurs), l’élimination du pétrole à l’aide de filtres
coalescents et l’extraction des solides par filtration. Le sulfure d’hydrogène et le dioxyde de
carbone sont également éliminés du gaz naturel pour prévenir la corrosion des gazoducs et du
matériel de compression et de transport. Le propane, le butane et le pentane, présents dans le
gaz naturel, sont eux aussi éliminés avant le transport pour éviter qu’ils ne se condensent et ne
forment des liquides dans le système (voir la rubrique «La production et le traitement du gaz
naturel» ci-après).
Le gaz naturel est transporté par canalisation des gisements aux usines de liquéfaction, où il
est comprimé et refroidi à environ –162 °C, ce qui donne du gaz naturel liquéfié (GNL) (voir
figure 75.4). La composition du GNL est différente de celle du gaz naturel en raison de
l’élimination de certaines impuretés et de certains composants pendant le processus de
liquéfaction. Le GNL permet d’accroître l’offre de gaz naturel pendant des périodes de forte
demande et d’approvisionner les régions éloignées des principaux gazoducs. On le regazéifie
par adjonction d’azote et d’air afin de le rendre comparable au gaz naturel avant de l’injecter
dans les conduites de distribution. Le GNL est également utilisé comme carburant routier en
remplacement de l’essence.
Les gaz associés au pétrole et les gaz à condensat sont classés parmi les gaz «riches» parce
qu’ils contiennent de grandes quantités d’éthane, de propane, de butane et d’autres
hydrocarbures saturés. Les gaz associés au pétrole et les gaz à condensat sont séparés et
liquéfiés pour obtenir du gaz de pétrole liquéfié (GPL) par compression, adsorption,
absorption et refroidissement dans les usines de transformation du pétrole et du gaz. Ces
usines de traitement du gaz produisent aussi de l’essence naturelle et d’autres fractions
d’hydrocarbures.
Contrairement au gaz naturel, aux gaz associés au pétrole et aux gaz à condensat, les gaz de
raffinerie (c’est-à-dire des sous-produits du raffinage) contiennent des quantités considérables
d’hydrogène et d’hydrocarbures non saturés (éthylène, propylène, etc.). Leur composition
dépend dans chaque cas du procédé particulier et des pétroles bruts utilisés. Par exemple, les
gaz obtenus par craquage thermique contiennent généralement d’importantes quantités
d’oléfines, alors que ceux obtenus par craquage catalytique contiennent davantage
d’isobutanes. Les gaz de pyrolyse contiennent de l’éthylène et de l’hydrogène. La
composition approximative des gaz naturels et des gaz de raffinerie est indiquée au tableau
75.3.
Gaz type H2 CH4 C2H6 C3H4 C3H8 C3H6 C4H10 C4H8 N2+CO2 C5+
Gaz naturel s.o. 98 0,4 s.o. 0,15 s.o. 0,05 s.o. 1,4 s.o.
Gaz associés au pétrole s.o. 42 20 s.o. 17 s.o. 8 s.o. 10 3
Gaz de raffinerie
Craquage catalytique 5-6 10 3-5 3 16-20 6-11 42-46 5-6 s.o. 5-12
Pyrolyse 12 5–7 5-7 16-18 0,5 7-8 0,2 4-5 s.o. 2-3
Le gaz naturel combustible, d’un pouvoir calorifique de 35,7 à 41,9 MJ/m3 (8 500 à 10 000
kcal/m3), sert essentiellement à produire de la chaleur dans des applications domestiques,
agricoles, commerciales et industrielles. L’hydrocarbure de gaz naturel est également utilisé
comme matière première dans des procédés pétrochimiques et chimiques. Le gaz de synthèse
(CO + H2), obtenu par oxygénation à partir du méthane ou par transformation de la vapeur
d’eau, est utilisé pour produire de l’ammoniac, de l’alcool et d’autres produits chimiques
organiques. Le gaz naturel comprimé (GNC) et le gaz naturel liquéfié (GNL) sont tous les
deux utilisés comme carburants pour les moteurs à combustion interne. Les gaz de pétrole
liquéfiés (GPL) provenant du raffinage ont des pouvoirs calorifiques élevés, de 93,7 MJ/m3
pour le propane (22 400 kcal/m3) et 122,9 MJ/ m3 pour le butane (29 900 kcal/m3); ils servent
de combustibles de chauffage dans les logements et les locaux commerciaux et industriels et
comme carburants pour les véhicules (National Fire Protection Association (NFPA), 1991).
Les hydrocarbures non saturés (éthylène, propylène, etc.) dérivés des gaz de raffinerie
peuvent être convertis en essence à indice d’octane élevé ou employés comme matière
première dans les industries chimique et pétrochimique.
• «Les gaz comprimés sont les gaz qui, aux températures atmosphériques normales à
l’intérieur du récipient qui les contient, n’existent qu’à l’état gazeux sous pression».
• «Les gaz liquéfiés sont les gaz qui, aux températures atmosphériques normales à
l’intérieur du récipient qui les contient, existent partiellement à l’état liquide et
partiellement à l’état gazeux, et sont sous pression tant qu’il reste du liquide dans le
récipient».
Les gaz inflammables sont également classés en gaz combustibles et gaz industriels. Les gaz
combustibles, y compris le gaz naturel et les gaz de pétrole liquéfiés (propane et butane), sont
brûlés avec de l’air pour produire de la chaleur dans des fours, des hauts-fourneaux, des
chauffe-eau et des chaudières. Les gaz industriels inflammables tels que l’acétylène sont
utilisés pour des opérations de transformation, de soudage, de découpage et de traitement
thermique. Les différences de propriétés des gaz naturels liquéfiés (GNL) et des gaz de
pétrole liquéfiés (GPL) sont indiquées au tableau 75.3.
Lorsque les levés et les mesures indiquent la présence de formations ou de strates susceptibles
de contenir du pétrole, on effectue des sondages d’exploration pour déterminer s’il y a ou non
du pétrole ou du gaz et, dans l’affirmative, si celui-ci est extractible et exploitable en quantités
commercialement viables.
Bien que le premier forage en mer ait eu lieu au début du siècle au large des côtes de
Californie, c’est l’année 1938 qui marque le début des forages sous-marins modernes, avec la
découverte d’un gisement dans le golfe du Mexique, à 1,6 km des côtes des Etats-Unis. Après
la seconde guerre mondiale, les forages en mer se sont considérablement développés, d’abord
dans des eaux peu profondes adjacentes à des zones de production terrestres déjà connues,
puis dans d’autres zones d’eaux plus ou moins profondes du monde entier, sous des climats
allant de celui de l’Arctique à celui du golfe Persique. Au début, les forages sous-marins
n’étaient possibles que dans des profondeurs d’eau ne dépassant pas 91 m; aujourd’hui, les
plates-formes modernes permettent de forer à des profondeurs supérieures à 3 200 m. Les
activités pétrolières en mer comprennent entre autres la prospection, le forage, la production,
le traitement, les travaux de construction, d’entretien et de réparation sous l’eau, et le
transport du pétrole et du gaz vers le littoral par navire ou oléoduc.
Les plates-formes de forage supportent les appareils de sondage, les installations et les
équipements indispensables aux opérations en mer ou dans les eaux intérieures. Suivant la
profondeur, on utilise des barges flottantes ou submersibles, ou des navires, des plates-formes
fixes sur piliers en acier en eaux peu profondes, ou des grandes plates-formes semi-
submersibles en béton armé en eaux profondes. Après le forage, les plates-formes marines
servent de base à l’équipement de production. Les très grandes plates-formes de production
disposent de quartiers d’habitation pouvant loger plus de 250 personnes faisant partie de
l’équipage ou du personnel auxiliaire, d’un héliport, d’une usine de traitement et
d’installations de stockage de pétrole brut et de condensats (voir figure 75.6).
Dans le cas des plates-formes flottantes de forage en eaux profondes, l’équipement de la tête
de puits est descendu jusqu’au fond de la mer et scellé au tubage de puits. La technologie des
fibres optiques permet de contrôler et de faire fonctionner à distance, depuis une grande plate-
forme centrale, des plates-formes satellites plus petites et des plaques de base sous-marines.
Les installations de production situées sur la grande plate-forme traitent le pétrole brut, le gaz
et le condensat provenant des installations satellites, avant qu’ils soient transportés à terre.
Le type de plate-forme utilisé pour les forages sous-marins est souvent déterminé par le type
de puits à forer (puits d’exploration ou de production) et par la profondeur des fonds (voir
tableau 75.4).
Les puits d’exploration. Après l’analyse des données géologiques et les levés géophysiques,
on procède au forage de puits d’exploration, à terre ou en mer. Les forages dans des zones où
l’on n’a encore trouvé ni pétrole ni gaz sont appelés «forages de reconnaissance». Ceux qui
permettent de découvrir du pétrole ou du gaz sont appelés «puits de découverte». D’autres
puits d’exploration, appelés «puits de délinéation», sont forés pour délimiter la formation
productive ou pour en rechercher de nouvelles au-dessous ou à côté de cette dernière. Un
forage qui ne permet pas de trouver du pétrole ou du gaz, ou seulement d’en trouver trop peu
pour une exploitation économique, est appelé «puits sec» ou «forage improductif».
Les puits marginaux. Les puits marginaux sont des puits qui extraient d’un réservoir moins
de 10 barils de pétrole par jour.
Les puits à plusieurs niveaux. Lorsque, en forant un puits simple, on découvre des
formations productives multiples, il est possible de faire passer dans ce puits plusieurs trains
de tiges de forage à raison d’un par formation. Le pétrole et le gaz issus de chaque formation
sont dirigés vers leurs tuyauteries respectives, isolées les unes des autres par des garnitures
qui obturent les espaces annulaires entre les tiges et le tubage du puits. Ces puits sont appelés
puits à plusieurs niveaux.
Les puits d’injection. Les puits d’injection servent à pomper de l’air, de l’eau, des gaz ou des
produits chimiques dans les gisements productifs soit pour maintenir la pression, soit pour
diriger le pétrole vers les puits de production par la force hydraulique ou par une élévation de
pression.
Les puits de service. Les puits de service comprennent ceux utilisés pour les opérations de
repêchage et de câblage, la pose et la dépose de garnitures/d’obturateurs et la reprise du
forage. Des puits de service sont également forés pour l’évacuation sous terre de l’eau salée,
qui est séparée du pétrole brut et du gaz.
Les installations de forage. Les installations de forage de base comprennent une tour
(derrick), des tiges de forage, un treuil permettant de manœuvrer la garniture, une table de
forage qui fait tourner la tige et le trépan, un mélangeur de boue, une pompe et un moteur
pour entraîner la table de forage et le treuil (voir figure 75.7). Les petites installations utilisées
pour forer des puits d’exploration ou des puits sismiques peuvent être montées sur des
camions, ce qui permet de les déplacer facilement d’un site à l’autre. Les grandes installations
de forage sont soit montées sur les lieux mêmes de leur utilisation, soit équipées d’une tour de
forage «portable» articulée (repliable), ce qui les rend plus faciles à manier et à monter.
Figure 75.7 Installation de forage sur l'île d'Ellef Ringnes dans l'Arctique canadien
Le forage par percussion ou au câble. La technique de forage la plus ancienne est le forage
par percussion ou forage au câble. Cette méthode lente, et qui ne permet de forer qu’à de
faibles profondeurs, est rarement utilisée. Elle consiste à attaquer la roche en soulevant puis
en laissant tomber un trépan à ciseau lourd avec une tige au bout d’un câble. Le trépan est
retiré par intervalles, et les déblais du forage sont mis en suspension dans l’eau puis ramenés à
la surface par vidange ou pompage. A mesure que le trou grandit, il est doublé d’un cuvelage
en acier afin d’éviter tout effondrement et de protéger les nappes phréatiques contre la
pollution. De tels puits, même peu profonds, nécessitent beaucoup de travail et, quand on
rencontre du pétrole ou du gaz, il n’y a aucun moyen de maîtriser le flux immédiat du produit
jusqu’à la surface.
Le forage rotary. Cette méthode est la plus courante. On l’utilise pour forer à la fois des puits
d’exploration et des puits de production jusqu’à des profondeurs supérieures à 7 km. Des
systèmes de forage légers, montés sur camion, sont utilisés pour forer à terre des puits
sismiques peu profonds. Des systèmes mobiles et flottants rotatifs, d’un poids moyen ou
important, sont utilisés pour forer des puits d’exploration et des puits de production.
L’équipement de forage rotatif est monté sur une plate-forme qui comporte une tour de forage
de 30 à 40 m de haut; il comprend une table de rotation, un moteur, un mélangeur de boue,
une pompe d’injection, un système de levage à câble à tambour ou à treuil, et de nombreuses
sections de tige d’environ 27 m de long chacune. La table de rotation fait tourner une tige
carrée reliée à la tige de forage. La tige carrée est équipée d’un injecteur de boue placé à son
sommet, lui-même relié à des obturateurs antiéruption. La tige de forage tourne à une vitesse
de 40 à 250 tours/min, en entraînant soit un trépan à lames avec des arêtes tranchantes en
biseau, soit un trépan à molettes avec des dents en matériau très dur.
Le forage par percussion-rotation. Le forage par percussion-rotation est une méthode mixte.
Il consiste à utiliser un système de forage rotatif avec un liquide hydraulique circulant qui fait
fonctionner un mécanisme de type marteau-piqueur. Grâce à une succession de percussions
rapides, la tige de forage creuse le sol par une action combinée de forage et de martelage.
L’électroforage et le turboforage. La plupart des tables de rotation, des treuils et des pompes
des systèmes de forage lourds sont entraînés par un moteur électrique ou une turbine, ce qui
donne une plus grande souplesse et permet de commander les opérations à distance.
L’électroforage et le turboforage sont des méthodes plus récentes qui apportent un gain de
puissance au trépan en le reliant directement au moteur de forage situé juste au-dessus de lui
dans le fond du puits.
Le forage dirigé. Le forage dirigé est une technique de forage rotatif dans laquelle on fait
dévier la tige de forage selon un tracé courbe au fur et à mesure que le trou grandit. Il est
utilisé pour atteindre des gisements inaccessibles par forage vertical. Il permet également de
réduire les coûts, car on peut forer plusieurs puits dans différentes directions depuis une seule
plate-forme. Le forage à longue distance permet d’exploiter depuis les côtes des réservoirs
sous-marins. Nombre de ces techniques sont possibles grâce à l’utilisation d’ordinateurs pour
diriger des machines de forage automatiques et des tubes flexibles (tubes spirales) qui sont
descendus et remontés sans qu’il soit nécessaire d’en emboîter ou déboîter les différentes
sections.
Autres méthodes de forage. Le forage par abrasion utilise un produit abrasif sous pression (au
lieu d’une maîtresse-tige et d’un trépan) pour s’attaquer aux roches. Les autres méthodes
comprennent le forage à l’explosif et le forage par percement à la flamme.
L’abandon des puits. Lorsque les réservoirs de pétrole et de gaz ne sont plus productifs, les
puits sont généralement obturés avec du ciment afin d’éviter des remontées ou des fuites
jusqu’à la surface et de protéger les couches et les eaux souterraines. Une fois l’équipement
enlevé, le site des puits abandonnés est nettoyé et rendu à son état normal.
La boue de forage
La boue de forage est un liquide composé d’eau ou de pétrole et d’argile avec des additifs
chimiques (formaldéhyde, chaux, hydrazide de sodium ou baryte, par exemple). On y ajoute
souvent de la soude caustique pour agir sur le pH (acidité) et pour neutraliser les additifs et les
liquides de complétion potentiellement dangereux. La boue de forage, injectée sous pression
dans le puits, depuis le réservoir mélangeur qui se trouve sur la plate-forme de forage,
descend à l’intérieur de la tige de forage jusqu’au trépan. Elle remonte ensuite entre la tige de
forage et les parois du trou et revient à la surface où elle est filtrée et remise en circulation.
Le tubage et la cimentation
Le tubage est un tube en acier spécial épais qui constitue le revêtement du trou de forage. Il
sert à empêcher l’éboulement des parois et à protéger les nappes phréatiques en évitant toute
fuite de la boue qui remonte vers la surface pendant les opérations de forage. Il sert aussi à
isoler les sables imprégnés d’eau et les zones de gaz sous haute pression. Le tubage est
d’abord posé près de la surface pour guider la tige de forage. Il est alors fixé par cimentation;
un laitier de ciment est injecté dans la tige de forage et est refoulé vers le haut par l’espace
compris entre le tubage et les parois du puits. Quand le ciment a pris et que le tubage est
scellé, on continue à forer en utilisant un trépan de diamètre plus petit.
Une fois le tubage de surface mis en place, des obturateurs antiéruption (grosses vannes, sacs
ou mâchoires) sont fixés au sommet du tubage, dans ce que l’on appelle une cheminée. Après
la découverte de pétrole ou de gaz, le tubage est posé au fond du puits pour empêcher la
poussière, les roches, l’eau salée et d’autres polluants de remonter dans le trou et pour servir
de conduit permettant de récupérer le pétrole brut et le gaz extraits.
La complétion
La complétion est le processus qui consiste à amener un puits en phase productive après qu’il
a été foré à la profondeur où l’on s’attend à trouver du pétrole ou du gaz. Elle implique un
certain nombre d’opérations, y compris l’insertion du tubage et l’enlèvement de l’eau et des
sédiments de la conduite afin que le flux ne rencontre pas d’obstacle. Des trépans carottiers
spéciaux sont utilisés pour forer et extraire des carottes atteignant jusqu’à 50 m de long qui
seront soumises à des analyses pendant les opérations de forage afin de déterminer quand il
convient de procéder à la pose du tubage. On extrait d’abord la tige de forage et le trépan,
avant de fixer par cimentation la dernière colonne de tubage. Un perforateur, qui est un tube
de métal comportant des alvéoles dans lesquelles sont placées des balles ou des charges
explosives creuses, est alors descendu dans le puits. On fait exploser les charges par une
impulsion électrique, ce qui produit dans le tubage des perforations qui permettent au pétrole
et au gaz de remonter à la surface par le puits.
Le flux de pétrole brut et de gaz naturel est commandé par une série de vannes, que l’on
appelle «arbres de Noël», placées à la tête du puits. Des appareils de surveillance et de
commande permettent d’actionner manuellement ou de façon automatique les vannes de
sécurité de surface et souterraines, en cas de changement de la pression, d’incendie ou d’autre
situation dangereuse. Une fois recueillis, le pétrole et le gaz sont séparés et l’on extrait l’eau
et les sédiments du pétrole brut.
La production et la conservation du pétrole brut et du gaz
• Au cours de la première phase, dite de production éruptive, le débit est déterminé par
la pression naturelle dans le réservoir, qui vient du gaz dissous dans le pétrole, du gaz
piégé sous pression au-dessus du pétrole et de la pression hydraulique de l’eau piégée
sous le pétrole.
• La récupération assistée, qui est la deuxième phase, consiste à injecter du gaz sous
pression dans le gisement lorsque la pression naturelle a baissé.
• La troisième phase, celle de la production marginale, intervient lorsque les puits ne
produisent plus que par intermittence.
Autrefois, on comprenait mal les forces agissant sur la production de pétrole et de gaz.
L’étude du comportement des réservoirs de pétrole et de gaz a commencé au début du XXe
siècle, période à laquelle il fut découvert que l’injection d’eau dans un réservoir augmentait la
production. A cette époque, l’industrie pétrolière récupérait entre 10 et 20% de la capacité
d’un réservoir, alors que les taux de récupération les plus récents dépassent 60% avant que le
puits ne devienne improductif. Si l’on s’efforce de régler le débit, c’est parce que plus le taux
de production est élevé, plus la pression diminue rapidement dans le réservoir, ce qui réduit
d’autant le volume total de pétrole susceptible d’être récupéré. Deux méthodes utilisées pour
préserver les gisements de pétrole sont l’exploitation concertée et l’espacement réglementaire
des puits:
• L’exploitation concertée est l’exploitation d’un gisement comme une seule unité afin
d’appliquer des méthodes de récupération secondaire et de maintenir la pression,
même lorsque plusieurs exploitants se trouvent sur les lieux. La production totale est
ensuite répartie équitablement entre les exploitants.
• L’espacement réglementaire des puits consiste à limiter le nombre de puits et à les
placer rationnellement de manière à maximiser la production sans épuiser
prématurément le gisement par un nombre excessif de forages.
L’acidification est une méthode qui permet d’augmenter la production d’un puits en
introduisant directement de l’acide dans un réservoir productif afin d’ouvrir des passages
d’écoulement par réaction de produits chimiques avec les minéraux. A l’origine, on a recouru
à l’acide chlorhydrique pour dissoudre les formations calcaires et le grès. On l’appelle
souvent «acide à boue», car il sert aujourd’hui à nettoyer les trous colmatés par la boue de
forage et à rétablir la perméabilité aux alentours du trou de forage. Il est encore couramment
utilisé, mais on y ajoute différents produits chimiques pour limiter la réaction et empêcher la
corrosion et la formation d’émulsions.
L’acide fluorhydrique, l’acide formique et l’acide acétique sont eux aussi utilisés, avec l’acide
chlorhydrique, en fonction du type de roche ou de minéraux que l’on trouve dans le réservoir.
L’acide chlorhydrique est toujours combiné de nos jours avec l’un ou l’autre de ces trois
acides. Les acides formique et acétique sont utilisés dans les réservoirs profonds de calcaire et
de dolomie à très haute température et comme acides de désagrégation avant la perforation.
De l’acide acétique est également versé dans les puits comme agent tampon de neutralisation
pour ajuster le pH des liquides de stimulation des puits. Presque tous les acides sont associés à
des additifs tels que des inhibiteurs pour empêcher une réaction avec les tubages métalliques
et des agents tensioactifs pour empêcher la formation de boues collantes et d’émulsions.
La fracturation
La fracturation est la méthode utilisée pour augmenter par la force ou par la pression le débit
de pétrole ou de gaz à travers un réservoir et jusqu’aux puits. La production peut diminuer
lorsque la formation du réservoir n’est pas suffisamment perméable pour permettre au pétrole
de s’écouler librement vers le puits. Des voies d’écoulement souterraines sont ouvertes par
injection dans le réservoir d’un liquide sous forte pression traité avec des agents de
soutènement (sable, métal, granules chimiques et coquilles), afin de créer des fissures. On
peut aussi y ajouter de l’azote pour stimuler l’expansion. Lorsque la pression baisse, le liquide
se retire et les agents de soutènement restent en place, maintenant la fissure ouverte de
manière que le pétrole puisse s’écouler plus librement.
La fracturation massive désigne l’injection de volumes très importants de liquide dans les
puits afin de créer hydrauliquement des fissures de plusieurs milliers de mètres. Cette
méthode sert généralement à ouvrir des puits de gaz lorsque les formations du réservoir sont
d’une densité telle que même le gaz ne peut les traverser.
Le maintien de la pression
Deux des techniques courantes de maintien de la pression sont l’injection d’eau et de gaz (air,
azote, dioxyde de carbone et gaz naturel) dans les réservoirs où la pression naturelle est
réduite ou insuffisante pour la production. Ces deux méthodes nécessitent le forage de puits
d’injection auxiliaires en des endroits précis pour obtenir les meilleurs résultats. L’injection
d’eau ou de gaz pour maintenir la pression d’exploitation dans le puits est appelée
déplacement naturel. L’injection de gaz sous pression pour augmenter la pression du réservoir
est appelée extraction par éjection.
L’injection d’eau
La méthode secondaire de récupération assistée la plus courante consiste à envoyer de l’eau
dans un réservoir afin de chasser le pétrole vers les puits de production. Dans le système de
maille à cinq puits, par exemple, on fore quatre puits qui forment un carré dont le centre est
occupé par le puits de production. L’injection est réglée afin de maintenir une progression
égale de l’eau dans le gisement jusqu’au puits de production. Une partie de l’eau utilisée est
de l’eau salée extraite du pétrole brut. Dans le système d’injection d’eau à basse pression, on
ajoute un agent tensioactif à l’eau pour faciliter le passage de l’eau à travers le gisement en
réduisant son adhérence à la roche.
La combustion in situ
L’injection de vapeur
L’injection de vapeur consiste à chauffer le pétrole brut pour réduire sa viscosité en injectant
de la vapeur d’eau surchauffée dans la strate la plus profonde d’un réservoir relativement peu
profond. La vapeur est injectée sur une période de 10 à 14 jours, et le puits est fermé pendant
une semaine environ pour permettre à la vapeur de bien chauffer tout le réservoir. Pendant ce
temps, la forte chaleur cause l’expansion des gaz du réservoir et, par conséquent, fait
augmenter la pression dans celui-ci. Le puits est alors rouvert et le brut chauffé, moins
visqueux, se déverse dans le puits. Une méthode plus récente consiste à injecter de la vapeur
d’eau moins chaude à basse pression dans un secteur plus étendu couvrant deux ou trois zones
— ou plus — à la fois, ce qui crée une nappe de vapeur qui comprime le pétrole dans chacune
de ces zones. Cela permet d’obtenir un flux de pétrole plus important à la surface tout en
utilisant moins de vapeur.
Il existe deux types de puits produisant du gaz naturel. Les puits de gaz humide donnent du
gaz qui contient des liquides dissous, et les puits de gaz sec du gaz qui ne peut pas être
facilement liquéfié.
A la sortie des puits de production, le gaz naturel est envoyé dans des unités pour y être traité.
Le traitement du gaz exige une bonne connaissance de la manière dont la température et la
pression interagissent et modifient les propriétés des fluides et des gaz. Presque toutes ces
unités traitent des gaz constitués d’un mélange d’hydrocarbures. Le but de cette opération est
de séparer ces gaz en composants ayant une composition semblable par divers procédés tels
que l’absorption, le fractionnement et le recyclage, de façon qu’ils puissent être transportés et
utilisés par les consommateurs.
La récupération. Cette opération consiste à éliminer du gaz naturel les gaz résiduaires dont on
ne veut pas et une partie du méthane. Elle s’effectue dans un réservoir à contre-courant, dans
lequel le gaz pénètre par le bas et remonte à travers l’huile d’absorption qui, elle, descend
dans la cuve. L’huile d’absorption est «pauvre» quand elle entre au sommet du réservoir, et
«riche» quand elle en sort par le fond après avoir extrait du gaz les hydrocarbures voulus. Le
gaz qui sort au sommet du réservoir est appelé «gaz résiduaire».
L’absorption peut également se faire par réfrigération. Le gaz résiduaire est utilisé pour
refroidir le gaz entrant qui passe ensuite à travers un refroidisseur opérant à des températures
comprises entre 0 et –40 °C. L’huile d’absorption pauvre traverse un bloc réfrigérant avant
d’entrer en contact avec le gaz froid dans la colonne d’absorption. La plupart des usines
utilisent du propane comme réfrigérant dans les refroidisseurs. On injecte directement du
glycol dans le flux de gaz entrant afin qu’il se mélange avec l’eau éventuellement contenue
dans le gaz, de manière à empêcher le gel et la formation d’hydrates. Le mélange eau-glycol
est dissocié des vapeurs et des liquides d’hydrocarbures dans le séparateur, puis reconcentré
par évaporation de l’eau dans un régénérateur.
Autres procédés
Que les opérations de prospection, de forage et de production aient lieu sur terre ou en mer,
elles nécessitent des services d’énergie électrique et d’éclairage, et d’autres services de base:
Le travail sur une installation de forage nécessite habituellement une équipe d’au moins six
personnes (un foreur principal, un foreur en second, trois foreurs auxiliaires ou hommes de
plancher et un homme de cabestan) qui rendent compte à un chef de chantier de forage ou
surveillant de forage responsable de la progression du forage. Le foreur principal et le foreur
en second sont chargés des opérations de forage et de la supervision des équipes de forage
pendant leurs postes de travail respectifs. Les foreurs doivent bien connaître les capacités et
les limites de leurs équipes, car le travail ne peut avancer qu’au rythme du membre le plus
lent de l’équipe.
Les foreurs auxiliaires sont postés sur la plate-forme pour faire fonctionner l’équipement, lire
les instruments et effectuer des travaux courants d’entretien et de réparation. L’homme de
cabestan a pour tâche de monter près du sommet de la tour de forage lorsque la tige de forage
est descendue ou remontée par l’ouverture du puits et d’aider ses collègues à sortir les
sections de tige du râtelier ou à les déposer. Pendant le forage, il fait également fonctionner la
pompe à boue et, d’une façon générale, prête main-forte aux autres membres de l’équipe de
forage.
Les personnes chargées d’assembler, de poser, de mettre à feu et de retirer les perforateurs
devraient être formées à cet effet, bien connaître les risques que présentent les explosifs et être
qualifiées pour les manipuler, de même que les cordeaux d’amorçage et les détonateurs. Parmi
les autres membres du personnel employés sur les champs de pétrole ou à proximité, on
compte des géologues, des ingénieurs, des mécaniciens, des conducteurs, du personnel
d’entretien, des électriciens, des opérateurs d’oléoduc et des travailleurs non spécialisés.
Les travaux de forage sont menés jour et nuit sans interruption, par des équipes se relayant
toutes les huit ou douze heures. Les tâches à accomplir, très exigeantes sur les plans physique
et psychologique, requièrent beaucoup d’expérience, d’habileté et d’endurance. Une équipe à
laquelle on demande trop risque des accidents ou des blessures graves. Le forage nécessite un
bon esprit d’équipe et une coordination attentive pour que les tâches soient menées à bien en
toute sécurité et en temps voulu. Tous ces facteurs et d’autres font qu’il importe d’accorder
une grande attention au moral ainsi qu’à la sécurité et à la santé des travailleurs. Des périodes
de repos et de détente d’une durée suffisante sont essentielles, de même que des aliments
nourrissants, une bonne hygiène et des quartiers d’habitation d’une qualité convenable,
climatisés dans les régions chaudes et humides, et bien chauffés dans les régions froides.
Pour ce qui est des travaux sur plates-formes, ils sont dangereux à tout moment, pendant
l’exécution des tâches comme pendant les pauses. Certains individus ne supportent pas de
travailler à un rythme soutenu, pendant de longues périodes, dans des conditions de
confinement relatif et dans un environnement qui ne cesse de changer. Chez eux, le stress se
manifeste par une irritabilité inhabituelle, d’autres signes de détresse mentale, une
consommation excessive d’alcool, de tabac ou de médicaments. Des problèmes d’insomnie,
qui peuvent être aggravés par des niveaux élevés de vibrations et de bruit, ont été signalés par
les personnes travaillant sur plates-formes. Une bonne entente entre les travailleurs et des
congés à terre fréquents peuvent réduire le stress. Le mal de mer et la noyade, ainsi que
l’exposition à des conditions météorologiques extrêmement rudes sont d’autres risques du
travail en mer.
L’exposition à des climats particulièrement rigoureux provoque des affections des voies
respiratoires; s’y ajoutent des maladies infectieuses ou parasitaires dans les zones où celles-ci
sont endémiques. Pour beaucoup de ces maladies, il faudrait effectuer des études
épidémiologiques chez des travailleurs de forage, mais on sait déjà que ces derniers sont
sujets à des périarthrites de l’épaule et des omoplates, à des épicondylites humérales, à
l’arthrose des vertèbres cervicales et à des polynévrites des membres supérieurs. Les
opérations de forage les exposent également au bruit et à des vibrations. La gravité et la
fréquence des maladies liées au forage apparaissent proportionnelles à la durée du service et
de l’exposition à des conditions de travail difficiles (Duck, 1973; Ghosh, 1983; Montillier,
1973).
Les blessures pouvant résulter des activités de forage et de production ont des causes très
nombreuses: glissades et chutes, manipulation des tiges de forage, levage des tiges et de
l’équipement, mauvaise utilisation des outils et erreurs de manipulation des explosifs. Des
brûlures peuvent être provoquées par de la vapeur, du feu, de l’acide ou de la boue contenant
des produits chimiques tels que l’hydroxyde de sodium. Des dermites et des lésions cutanées
peuvent résulter d’un contact avec du pétrole brut et des produits chimiques.
Il y a un risque d’exposition aiguë ou chronique à des matières et produits chimiques
dangereux très divers pendant les opérations de forage et de production. Certains d’entre eux,
qui peuvent être présents dans des quantités potentiellement dangereuses, sont énumérés au
tableau 75.2. Ils comprennent:
La sécurité
Le forage et la production sont des activités menées sous tous les climats et dans des
conditions météorologiques très variées, allant de la jungle tropicale et des déserts à la
banquise de l’Arctique, et des zones continentales à la mer du Nord. Les équipes de forage
doivent travailler dans des conditions difficiles et sont exposées à des bruits, des vibrations,
des conditions météorologiques hostiles, des risques physiques et des pannes ou autres
problèmes mécaniques. La plate-forme, la table de rotation et les équipements sont
généralement glissants et vibrent sous l’effet de l’action des moteurs et des opérations de
forage mêmes, ce qui oblige les travailleurs à effectuer des mouvements mesurés et
précautionneux. Il existe des risques de glissade et de chute lorsqu’ils montent sur
l’installation ou la tour de forage, ainsi qu’un risque d’exposition au pétrole brut, au gaz, à la
boue et aux gaz d’échappement des moteurs. Pour pouvoir démonter et remonter rapidement
les tiges de forage de façon répétée et sans accident, les travailleurs doivent avoir reçu une
bonne formation, être habiles et agir avec précision.
Les équipes de construction, de forage et de production en mer doivent faire face aux mêmes
risques que celles qui travaillent à terre, mais également aux risques propres aux opérations en
mer, comme le risque d’effondrement de la plate-forme, ce qui implique de mettre en place
des procédures d’évacuation spéciales et des équipements de survie en cas d’urgence. On ne
doit pas non plus oublier le travail que doivent fournir les plongeurs dans des eaux plus ou
moins profondes, selon le cas, pour installer, entretenir et inspecter le matériel.
Lorsqu’on fore un puits, il existe toujours un risque d’éruption, avec rejet de gaz ou d’un
nuage de vapeurs, suivi d’une explosion et d’un incendie. Il y a aussi un risque d’explosion et
d’incendie pendant les opérations de traitement du gaz.
Les travailleurs des plates-formes ou des installations de forage en mer devraient faire l’objet
d’une évaluation approfondie après avoir subi un examen médical complet. Le recrutement
pour des travaux sur plates-formes de personnes ayant des antécédents ou présentant des
signes de maladies pulmonaires, cardio-vasculaires ou neurologiques, d’épilepsie, de diabète,
de troubles psychologiques et d’alcoolisme ou de toxicomanie, doit être soigneusement pesé.
Les travailleurs, en particulier ceux qui ont été formés et équipés pour lutter contre le feu,
étant appelés à porter des appareils de protection respiratoire, doivent être aptes
psychologiquement et physiquement à exécuter ces tâches. L’examen médical devra
comprendre une évaluation psychologique en rapport avec les exigences particulières de
l’emploi.
Les personnes qui ne travaillent pas directement sur les plates-formes ou les installations de
forage devraient elles aussi être soumises à un examen médical avant l’embauche et à
intervalles réguliers, surtout si elles sont censées travailler sous des climats extrêmes ou dans
des conditions difficiles. Ces examens devraient tenir compte des exigences physiques et
psychologiques particulières de l’emploi.
La protection individuelle
Les personnes exerçant des activités de prospection et de production devraient avoir à leur
disposition et utiliser, au besoin, les équipements de protection individuelle adaptés, à savoir:
Pour les travaux autour des puits à géopression et géothermiques, il faut prévoir des gants
isolants et une combinaison intégrale de protection contre la chaleur et la vapeur avec apport
d’air pour la respiration afin d’éviter le contact avec de la vapeur d’eau chaude et d’autres
vapeurs pouvant causer des brûlures de la peau et des poumons.
L’emploi de harnais et de filins de sécurité devrait être de rigueur chez les personnes qui se
déplacent sur les passerelles et les coursives, en particulier sur les plates-formes en mer et par
mauvais temps. Lors de l’escalade d’une tour ou d’une installation de forage, il conviendrait
de travailler avec un harnais et des filins de sécurité à contrepoids. Des nacelles pouvant
transporter quatre ou cinq travailleurs portant un dispositif de flottaison sont souvent
employées pour transférer les équipes entre les navires et les plates-formes ou les tours de
forage en mer. Un autre moyen de transfert consiste à utiliser des cordes pendulaires.
Lorsqu’elles servent à passer d’un navire à une plate-forme, ces cordes sont suspendues à la
verticale du débarcadère; pour le passage dans l’autre sens, elles doivent être suspendues à 1
ou à 1,20 m du bord extérieur de la plate-forme.
Pour la prévention des dermites et autres maladies de peau, il est indispensable que les
travailleurs disposent d’installations correctes pour pouvoir se laver et laver leur linge et
appliquent les règles d’hygiène individuelle. Le cas échéant, il doit également être prévu des
fontaines oculaires et des douches d’urgence.
Les installations côtières, les puits simples en eaux peu profondes et les plates-formes de
forage et de production à puits multiples en eaux profondes sont protégés par des vannes
d’arrêt situées au-dessus et au-dessous de la surface de l’eau; elles sont actionnées
automatiquement (ou manuellement) en cas d’incendie, de variation critique de pression, de
défaillance grave à la tête du puits ou d’autre situation d’urgence. Elles sont également
utilisées pour protéger les petits puits d’injection et les puits d’extraction par éjection.
L’inspection et l’entretien des grues, treuils, tambours, câbles en acier et autres accessoires
connexes sont d’autres facteurs importants pour la sécurité des forages. La chute d’un tube de
forage dans un puits est un incident grave qui peut entraîner la perte du puits. La rupture d’un
câble en acier sous tension peut causer au personnel de graves blessures, parfois mortelles. La
sécurité du forage dépend de l’efficacité et de l’entretien des treuils de forage, dont les
poupées de cabestans et les systèmes de freinage doivent être bien réglés. Dans l’exploitation
à terre, il faut veiller à placer les grues à une distance suffisante des lignes électriques.
Des plans et des exercices de préparation aux situations d’urgence sont indispensables pour la
sécurité des personnes qui travaillent sur les tours de forage et les plates-formes marines de
prospection et de production de pétrole et de gaz. On doit passer en revue chaque situation
d’urgence possible (incendie ou explosion, dégagement de gaz inflammables ou toxiques,
conditions météorologiques exceptionnelles, chute d’un travailleur par-dessus bord ou
nécessité d’abandonner la plate-forme) et élaborer des plans d’intervention spécifiques. Les
travailleurs doivent être formés pour pouvoir prendre les mesures nécessaires en cas
d’urgence et familiarisés avec l’équipement à utiliser.
La sécurité des déplacements par hélicoptère et la survie en cas de chute à la mer sont des
éléments importants à prendre en considération pour le travail sur les plates-formes et les
plans d’intervention. Pendant le vol, les pilotes et les passagers devraient porter une ceinture
de sécurité et, au besoin, une combinaison de survie. Les gilets de sauvetage devraient être
portés en permanence, aussi bien pendant le vol que pendant le transfert entre l’hélicoptère et
la plate-forme ou le navire. Des précautions spéciales doivent être prises pour que les
personnes montant à bord d’un hélicoptère, en descendant ou travaillant à proximité, ainsi que
le matériel chargé ou déchargé, restent au-dessous de l’axe du rotor.
Une bonne formation des personnels qui travaillent à terre et en mer est essentielle pour la
sécurité des opérations. Les travailleurs devraient être tenus d’assister régulièrement aux
réunions de sécurité prévues, que l’on y traite de mesures obligatoires ou non. Des règles
contraignantes ont été édictées par des organismes gouvernementaux, au nombre desquels
l’Administration de la sécurité et de la santé au travail (US Occupational Safety and Health
Administration (OSHA)), la Garde côtière pour les opérations en mer (US Coast Guard), aux
Etats-Unis, et leurs équivalents au Royaume-Uni, en Norvège et ailleurs, règles qui régissent
la sécurité et la santé des travailleurs des secteurs de la prospection et de la production, aussi
bien à terre qu’en mer. Le recueil de directives pratiques du Bureau international du Travail
(BIT, 1982) fournit des conseils utiles en la matière. L’Institut américain du pétrole
(American Petroleum Institute (API)) a établi un certain nombre de normes et de pratiques
recommandées concernant la sécurité et la santé du personnel de prospection et de production.
Les mesures de prévention et de protection contre l’incendie
La prévention et la protection contre l’incendie, notamment sur les tours de forage et les
plates-formes de production en mer, est un élément essentiel de la sécurité des travailleurs et
du bon déroulement des opérations. Les travailleurs doivent avoir reçu une formation
théorique et pratique pour reconnaître, comme cela est expliqué dans le chapitre no 41, «Les
incendies», le triangle des risques d’incendie qui s’applique aux liquides, gaz et vapeurs
d’hydrocarbures inflammables et combustibles, et aux risques potentiels d’incendie et
d’explosion. Une sensibilisation à la prévention des incendies est indispensable; elle doit
inclure la connaissance des causes d’inflammation telles que soudage, flammes nues,
températures élevées, énergie électrique, électricité statique, explosifs, matières comburantes
et matériaux aux propriétés incompatibles.
A terre comme en mer, des systèmes passifs et des systèmes actifs de protection contre
l’incendie sont employés.
Les employés chargés de lutter contre les incendies, qui peuvent aller de petits feux pris à
leurs premiers stades à de grands incendies survenant dans des espaces clos tels que les plates-
formes en mer, doivent être correctement formés et équipés. Les travailleurs désignés comme
chefs de brigades de sapeurs-pompiers et responsables des équipes de première intervention
doivent posséder des qualités de chef et recevoir une formation spécialisée supplémentaire
aux techniques avancées de prévention des incendies et de lutte contre le feu.
La protection de l’environnement
Pour ce qui est des mesures de lutte contre la pollution, elles comprennent principalement:
Grâce aux techniques de modélisation de la dispersion des gaz, on peut déterminer la zone
susceptible d’être touchée par un nuage de gaz ou de vapeurs toxiques ou inflammables. On
effectue aussi des études sur la nappe phréatique afin de prévoir l’étendue maximale de la
pollution des eaux en cas de contamination par des hydrocarbures.
Les travailleurs devraient être formés et qualifiés pour pouvoir dispenser les premiers secours
en cas de déversement ou de fuite. Lorsqu’il s’agit de déversement de grande ampleur, on fait
généralement appel à des entreprises spécialisées dans la lutte contre la pollution pour
intervenir et prendre des mesures correctives.