Électrochimie et Environnement
L’Électrochimie est une activité pluridisciplinaire, la protection de l’environnement
concerne toutes les activités humaines, l’électrochimie et environnement ont donc nécessairement
des interactions fortes : comme toute activité humaine, les usages de l’électrochimie peuvent
contribuer à la protection de l’environnement ou à sa dégradation. L’électrochimie, comme son nom
l’indique, couple la chimie à l’électricité, c’est donc une discipline particulièrement importante pour
la production et le stockage de l’énergie électrique, effectués par les piles et les accumulateurs.
L’électrochimie est devenue un élément essentiel du développement durable.
L’électrochimie joue encore un rôle de premier plan dans le recyclage des matières premières
(à plus de 95 % pour le plomb, au moins 70 % pour le cuivre et le cobalt, plus pour les métaux
nobles…). C’est vrai pour tous les métaux non ferreux. En outre, la corrosion métallique en milieu
humide (un phénomène électrochimique), particulièrement gênante pour l’environnement, est
mesurable et maîtrisable par des méthodes électrochimiques. Procédés de fabrication propres,
procédés de dépollution, gestion optimisée de l’énergie et des matières premières, tels sont les
avantages que procure l’électrochimie appliquée à l’environnement.
L’électrochimie et les processus électrochimiques trouvent des applications dans plusieurs
secteurs de la vie quotidienne : batteries, corrosion, produits chimiques d’usage généraux,
métallurgie, électroplacage, etc. . Son efficacité éprouvée dans ces secteurs lui a permis d’intégrer
l’industrie de l’environnement. Les technologies électrochimiques environnementales permettent de
contrôler la pollution (ex. électrosynthèse), de recycler des matériaux (ex. placage de métaux
précieux), la conversion efficiente de l’énergie, la prévention de la corrosion, l’élimination de
contaminants et la désinfection de l’eau. L’intérêt de l’application environnementale des procédés
électrochimiques réside principalement dans leur aspect peu polluant et dans la facilité
d’automatisation. Ces technologies présentent en effet plusieurs avantages :
Réactifs non polluants (électrons)
Contrôle efficace des réactions
Mesure aisée des conditions expérimentales
Arrêt rapide du procédé au besoin
Utilisation possible à température et pression ambiantes.
Chapitre I
Phénomène de corrosion
I.1 Définition de la corrosion : La corrosion est un processus chimique qui entraine la
dégradation (oxydation) du métal par la présence d’agents agressifs, tels que l’oxygène,
l’humidité, l’exposition à des températures élevées ou aux rayons UV. La corrosion est définie
comme étant l'interaction physico-chimique entre un métal et son milieu environnant entraînant des
modifications dans les propriétés du métal et souvent une dégradation fonctionnelle du métal lui
même.
Conditions de la corrosion
Pour qu’il y ait corrosion, il faut trois conditions :
- La présence de l’air
- La présence d’un électrolyte aqueux (eau par exemple).
- La présence de métal (ici fer ou tout alliage à base de fer).
Il faut que ces trois éléments soient présents en contact pour qu’il y ait oxydation
Cette corrosion est dite sèche lorsque les agents oxydants ne sont pas en solution,
(se produit dans un milieu agressif, non-conducteur du courant électrique). Elle est dite
humide dans le cas contraire.
- La corrosion sèche ou corrosion chimique est le résultat de l’attaque d’un métal par un gaz (O2,
SO2, CO…) à des températures élevées. La réaction qui se produit est de la forme :
Métal + oxygène + G Oxyde métallique
- La corrosion humide est le résultat de l’attaque d’un métal par un électrolyte. Elle a
lieu dans des solutions aqueuses ou dans des sels fondus. Ces derniers sont susceptibles de
conduire le courant par déplacement d’ions, les courants ioniques mis en jeu donnent au
phénomène de la corrosion un aspect particulier. C’est ce qu’on appelle corrosion
électrochimique.
Elle diffère de la corrosion sèche par le fait que le milieu corrosif participe au déplacement
d’ions de la solution vers le métal.
I.2. Les différents processus de corrosion
Les phénomènes de corrosion peuvent se développer suivant différents processus : corrosions
chimique, électrochimique, biologique et corrosion accompagnée d'érosion. ...
La corrosion chimique est le résultat d'une réaction hétérogène entre une phase solide, le
métal, et une phase gazeuse ou liquide. Si cette corrosion se produit à haute température elle
est alors appelée « corrosion sèche » ou corrosion à haute température. Au cours de la
corrosion chimique, l’oxydation du métal et la réduction de l’oxydant se fait en une seule
action, c’est-à-dire les atomes du métal forment directement des liaisons chimiques avec
l’oxydant qui arrache les électrons de valence des atomes métalliques. Il est très difficile de
donner un exemple de corrosion chimique pure par un liquide puisque celle-ci est le plus
souvent accompagnée d'une corrosion électrochimique. Cette dernière se manifeste lorsqu'il
existe une hétérogénéité. L'existence de ces hétérogénéités détermine la formation de piles, et
un courant électrique circule entre anodes et cathodes, les zones constituant les anodes étant
attaquées.
La corrosion biologique, appelé aussi bio-corrosion, correspond à l'attaque directe ou
indirecte des métaux par des bactéries. Il rassemble tous les phénomènes de corrosion dans
lesquels les bactéries agissent directement ou par l’intermédiaire de leur métabolisme en
jouant un rôle primordial, soit en accélérant un processus déjà établi, soit en créant les
conditions favorables à son établissement (ex : production de H2SO4 par certains types de
bactéries), peuvent produire aussi des composés, par exemple le dioxyde de carbone,
l'anhydride sulfureux ou des acides organiques qui attaquent le métal. L'attaque bactérienne
apparaît en particulier dans les canalisations enterrées.
corrosion électrochimique : La corrosion électrochimique, appelée encore corrosion humide,
est le mode de corrosion le plus important et le plus fréquent. Elle réside essentiellement
dans l’oxydation du métal sous forme d’ions ou d’oxydes. La corrosion électrochimique fait
appelle à la fois à une réaction chimique et un transfert de charges électriques (circulation
d’un courant). Cette corrosion nécessite la présence d’un agent réducteur (H2O, O2, H2, etc.),
sans celui-ci la corrosion du métal ne peut se produire. La corrosion électrochimique d’un
matériau correspond à une réaction d’oxydo-réduction, dont :
- la réaction d’oxydation d’un métal est appelée réaction «anodique»,
- la réaction de réduction d’un agent oxydant est appelée réaction «cathodique».
Plusieurs réactions sont possibles :
Réduction de l’oxygène dissout dans l’eau
Réduction de protons avec dégagement d’hydrogène
Dans la corrosion électrochimique, la réaction cathodique et la réaction anodique sont
indissociables. La corrosion électrochimique se produit lorsqu’il existe une
hétérogénéité dans le métal ou dans la réaction. L’existence de cette hétérogénéité
conduit à la formation d’une pile (court circuit), ainsi la zone constituant l’anode (borne
négative de la pile) de cette pile est corrodée. La corrosion électrochimique représente par
ailleurs la grande majorité des problèmes de corrosion rencontrés car liée à la présence de
l’eau au contact des métaux. C’est le cas en particulier des environnements naturels, tels que
les eaux douces, l’eau de mer ou les sols.
La présence de produits de corrosion adhérents et continus à la surface des métaux a souvent
pour effet de ralentir le processus de corrosion. Si cette couche est éliminée en certains
points par le mouvement du milieu environnant ou par les particules solides qu'il contient, il
y a accélération de la corrosion ; on dit qu'il y a corrosion par érosion.
Exemple : 1) érosion d'une conduite ou d'une vanne par un fluide qui s'y écoule rapidement.
2) choc du fluide, sur une pale de turbine ou sur une hélice, il peut se produire en plus
de l'érosion un phénomène de cavitation, entraînant des destructions locales.
3) le vent (de sable notamment) use le revêtement protecteur et provoque de ce fait une
attaque de la pièce elle-même.
II. Les facteurs de la corrosion: Les phénomènes de corrosion dépendent de plusieurs facteurs qui
peuvent être classés en quatre groupes principaux tels que les :
1- facteurs définissant les modes d'attaque : tels que la concentration du réactif, la teneur en
oxygène, le pH du milieu, la température et la pression.
2- facteurs métallurgiques : la composition de l’alliage, le procédé d’élaboration, les impuretés,
les traitements thermiques, les traitements mécaniques.
3- facteurs définissant les conditions d'emploi : l’état de surface, les formes des pièces, et les
procédés d’assemblage.
4- facteurs dépendant du temps : le vieillissement, la tension mécaniques, la température et la
modification des revêtements protecteurs (peintures).
III. Aspect morphologique de la corrosion
Quels sont les principaux types de corrosion?
De point de vue aspect morphologique, Il existe 2 grands types de corrosion du métal, la
corrosion généralisée et la corrosion localisée appelée encore corrosion « zonale ».
III.1. Corrosion généralisée : La corrosion généralisée ou uniforme est une corrosion qui
attaque le métal de manière uniforme et homogène à la même vitesse sur la totalité de la
surface d'un métal donné en contact avec un milieu environnant corrosif. Si ce type de
corrosion peut finir par endommager le métal, il s’agit également d’un problème connu et
prévisible, dont les conséquences sont rarement graves.
III.2. Corrosion localisée (zonale) : Ce type de corrosion n’attaque que certaines parties
de la structure métallique. Il peut prendre forme de plusieurs manières:
A. La corrosion galvanique (bimétallique) : La corrosion galvanique ou
bimétallique peut se définir simplement par l'effet résultant du contact de
deux métaux différents dans un environnement corrosif conducteur. Ce
contact conduit à la formation d’une pile électrochimique entre les deux
métaux. La réaction d'oxydation a lieu à la surface du métal le moins noble
(ou le plus anodique) et la réaction de réduction a lieu à la surface du
métal le plus noble (ou le plus cathodique).Le métal le moins résistant,
moins noble, se dégrade et sa dégradation s’intensifie avec le temps.
Echelle galvanique : une échelle galvanique classe les métaux suivant leur « noblesse »
Plus les métaux choisis sont espacés sur l’échelle galvanique, plus le métal le moins noble aura de
facilité à abandonner ses ions (il se corrode) au profil du métal le plus noble. On parle de
revêtements cathodiques et anodiques par rapport au métal de base.
B. La corrosion caverneuse (par crevasse) : Cette forme d'attaque est généralement associée à la
présence de petits volumes de solution électrolytique stagnante dans des interstices, sous des dépôts
et des joints, ou dans des crevasses, par exemple sous les écrous et têtes de rivets.
C. La corrosion par piqûres : C’est une forme de corrosion qui se produit par certains anions,
notamment les ions chlorures, sur les métaux dit « passivables » (aluminium, chrome, cobalt, cuivre,
acier inoxydable, acier dans le béton, etc.) qui sont protégés par un film d’oxyde passif. Cette forme
de corrosion est particulièrement insidieuse, l'attaque se limite à des piqûres, très localisées et
pouvant progresser très rapidement en profondeur, alors que le reste de la surface reste intact.
L'installation peut être perforée en quelques jours sans qu'une perte de poids appréciable.
D. La corrosion intergranulaire : La corrosion intergranulaire est une attaque sélective aux joints
de grains ou à leur voisinage immédiat, alors que le reste du matériau n'est pas attaqué. L'alliage se
corrode et perd toutes ses propriétés mécaniques. Cette forme de corrosion causée généralement par
les traitements thermiques subits par le métal, qui se développe aux points de jonctions des grains de
métal. Elle est invisible à l’œil nu, par contre, affecte considérablement la résistance mécanique.
E. La corrosion sélective : Comme son nom l'indique, ce mode de corrosion se traduit par la
dissolution sélective de l'un des éléments de l'alliage si celui-ci est homogène, ou de l'une des phases
si l'alliage est polyphasé, conduisant ainsi à la formation d'une structure métallique poreuse. La
dézincification (dissolution sélective du zinc) dans un laiton est l'exemple le plus connu.
F. La corrosion érosion : Elle est due à l’action conjointe d’une réaction électrochimique et d’un
enlèvement mécanique de matière. Elle a lieu, souvent, sur des métaux exposés à un écoulement
rapide d’un fluide (air, eau, etc.). La plupart des métaux et alliages y sont sensibles, en particulier les
métaux mous (cuivre, plomb,etc.) ou ceux dont la résistance à la corrosion dépend de l'existence d'un
film superficiel (aluminium, aciers inoxydables).
G. Corrosion par frottement : La corrosion-frottement concerne les dommages provoqués par la
corrosion au niveau du contact de deux surfaces métalliques en mouvement relatif l'une par rapport à
l'autre. Elle se produit essentiellement lorsque l'interface est soumise à des vibrations (mouvement
relatif répété de deux surfaces en contact) et à des charges de compression. En présence d'un
mouvement de frottement continu en milieu corrosif.
G. La corrosion sous contrainte : Ce type de corrosion correspond à une fissuration du métal qui
résulte d’une action commune d’une contrainte mécanique et d’une réaction électrochimique. Elle se
définit comme un processus de développement de fissures, pouvant aller jusqu'à la rupture complète
de la pièce sous l'action combinée d'une tension mécanique et d'un milieu corrosif.
ROLE DE L'ENVIRONNEMENT
La corrosion n'est pas une propriété intrinsèque du métal : elle dépend plus de son
environnement que de sa nature. Par environnement, on entend :
- le milieu constitué par une atmosphère sèche (interface gaz/métal) ou humide
(interface solution/métal) et caractérisé par une température, de l'eau douce ou salée,
la présence de micro-organismes, ...
- les contraintes mécaniques : tension, fatigue, vibrations, érosion, frottements, cavitation,
chocs.
L'agressivité d'un environnement est donc liée à de multiples facteurs. Les principaux
sont la présence d'eau, la présence d'espèces réductibles, la température, la présence
éventuelle de polluants.
- La présence d'eau (électrolyte), du fait de ses propriétés conductrice, permet le
transport de charges entre les sites anodiques et les sites cathodiques. Plus l'électrolyte
est conducteur, plus il constitue un milieu agressif. A contrario, un milieu sec limite
la corrosion.
- La présence d'espèces réductibles (proton en milieu acide, oxygène en milieu
oxygéné) permet la demi-réaction de réduction. Plus celle-ci est rapide, plus la
réaction d'oxydation (corrosion) le sera.
- La température est un paramètre qui joue sur la valeur du potentiel. Si la température
de l'environnement augmente, le processus de corrosion est favorisé. On considère, en
première approximation, que la vitesse de corrosion est doublée lorsque la
température augmente de 10°C.
Enfin, la présence de polluants est un facteur favorisant la corrosion. Ces polluants, dans
le cas d'espèces ioniques, provoquent l'augmentation de la conductivité de l'électrolyte
(ex : ions chlorures en environnement marin). Ils peuvent, d'autre part, former avec
l'humidité, des acides et donc conduire à une présence excessive de protons. C'est le cas
de l'anhydre sulfureux (SO2) atmosphérique issu de rejets industriels qui forme de l'acide
sulfurique (H2SO4) en présence d'eau (pluies acides). De même, les gaz nitreux forment
de l'acide nitrique (HNO3).
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