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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET POPULAIRE MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR & DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE MENTOURI FACULTE DES SCIENCES DE LA TERRE, DE GEOGRAPHIE ET DE L'‘AMENAGEMENT DU TERRITOIRE DEPARTEMENT D’ARCHITECTURE ET D’'URBANISME N°d’Ordre: Série: MEMOIRE POUR L’OBTENTION DU DIPLOME DE MAGISTER Option: PRESERVATION DU PATRIMOINE ARCHITECTURAL. Présenté par: Mlle CHALABI AMINA THEME POUR UNE NOUVELLE VALORISATION DE L’ARCHITECTURE NEO-MAURESQUE EN ALGERIE CAS DE LA GARE FERROVIAIRE DE SKIKDA Sous la direction de : Dr RIBOUH Bachir. Jury d’Examen : Docteur: Benzagouta née Debeche Samira- professeur- présidente. Docteur: Ribouh Bachir- maitre de conférences -rapporteur. Docteur: Dekoumi Djamel- maitre de conférences - membre. Docteur: Chabi Nadia- maitre de conférences - membre. SOUTENUE : LE 30/10/2011 MMAIRE PARTIE INTRODUCTIVE 1. INTRODUCTION GENERALE 2 PROBLEMATIQUE?.....ssssescessssseseeseenesneene 5 CAS D’ETUDE:. 7 HYPOTHESE:......csssseeeessesseseeesteereneens 8 9 OBJECTIFS DU TRAVAIL:... METHODOLOGIE ET OUTILS DU TRAVAIL #.-...--.00-++ 6.1, METHODOLOGIE DU TRAVAIL !......ccsessssesssseetsseessseeessecssseeeesseeesneeesee 10 6.2. OUTILS DE LA RECHERCHE '......-000ss00eeceeeseeeeees . coeeeceseeeell 7, LES CONTRAINTES DE LA RECHERCHE :. ell awh YN ‘1ERE PARTIE: LA PRODUCTION ARCHITECTURAL FRANCAISE EN ALGERIE ENTRE HIER ET AUJOURD’HUI 1®® CHAPITRE: APERCU HISTORIQUE DE LA PRODUCTION ARCHITECTURALE COLONIALE EN ALGERIE (1830-1962). 1. INTRODUCTION:........0.... . . ceceeeeeesesee ceseeseeeeseeed 5 2. HISTORIQUE:... 1. Le patrimoine architectural et urbain aux XIXe et XXe siécles : .. 2.1, Historique du patrimoine architectural et urbain au XIXe et XXe sicle en Algtic :..ccscccccssssesssteeesssssssssssssssseesseeeeeeseeeesnnieiiiiiinesssssnsssssssssets ar 3, ARCHITECTURE ET URBANISME EN ALG2RIE (1830-1962) . see eee 20 3.1, La ville des ingénieurs du Génie :.....c.ccccsssseeesssssssssssssssesssseseeeseeeeeenee 1) 3.2. Des conseils et un réglement pour les constructions en Algérie : 22 3.3. Une volonté trop timide de protéger les médina: 3.4. De larabisance ala modemité : .. cee . . . 225 4, LES TENDANCES ET LES COURANTS ARCHITECTURAUX 4.1, Style néo-classique (vainqueur) 1830 — 1900 :. 4.2. Style néo-mauresque (protecteur) 1900 - 1950: . 43. Style modeme depuis 1950 : .......sssssseseees 5, CONCLUSION :.... 2éeut CHAPITRE: LELEGS ARCHITECTURAL FRANCAIS ET SON INSERTION DANS LA PROBLEMATIQUE PATRIMONIALE NATIONALE 1, INTRODUCTION: .......00.++ o . seoeesaveneese 2. L'HERITAGE COLONIAL DANS L’ALGERIE ACTUELLE: 35 2.1, Nombre et type de patrimoine XIX°-XX° en Algérie : 2.2, Les mesures mises en place et les conséquences dans le paysage architectural des villes 2.3, Sensibilisation et valorisation : ...... 2.4, Compensations, subventions et aides: 3. LES REPRESENTATIONS PATRIMONIALES, ENTRE MEMOIR ET OUBLI:........41 4. LES RAISONS D'UNE DISCRIMINATION :.....0.:00-esssss eee ee 5. LE LEGS COLONIAL ET LE CONCEPT DE PATRIMOINE : ........ se 5.1. Le patrimoine colonial : 5.2. Le patrimoine colonial ou l’évolution du monde : 48 5.2.1. Un patrimoine récent?.....ccsssssee AB. 5.2.2. Un patrimoine politique? . 50 5.2.3, Mondialisation et universalité : ......ssssssssssseseseeeccesssssssssesiseeeeeeeenns 31 6. LES DIFFICULTES LIEES AU PATRIMOINE COLONIAL :. 6.1. Une question de temps... . 7. ENJEUX CULTURELS ET POLITIQUES DE LA MISE EN PATRIMOINE DES ESPACES COLONIAUX :. 8 m a0 . 0 ee . 54 8, LE PATRIMOINE COLONIAL, UN ATOUT DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE :........54 9, CONCLUSION : w...sccesteseeseereeteeteseeseeees cietiesteneenee sees 58 /2EME PARTIE: L’ARCHITECTURE NEO MAURESQUE EN ALGERIE ENTRE HIER ET AUJOURD’HUI I CHAPITRE I: 1.1.1. LES ORIGINES DE CREATION DU LANGAGE ARCHITECTURAL NEO- MAURESQUE EN ALGERIE 1. INTRODUCTION :......csssssscssssssecssssseeessssneecessnneessssniseecsassuneesssses 62 2. NOTION ET DEFINITION : 62 3, LES ELEMENTS DE REFERENCE DE L’ARCHITECTURE NEO MAURESQUE EN ALGERIE :.... . . . . . 63 4. LES ORIGINES DE L’ARCHITECTURE NEO-MAURESQUE EN ALGERIE ET LES DIMENSIONS CULTURELLES ESTHETIQUES ET SENSUELLES DE SA CREATION. cccssssssecesssseeeesssssseeeessssseceessseecessssneeecessusecessniaeeceosianeeesnses 63 4.1.L’effervescence des recherches historiques : Gsell et Margais: 64 4.2. Un orientalisme intégré dans la vie : I'impulsion de Jonnart 66 4.3. L’opposition assimilationniste continue: . . . . 68 4.4, Conservation des monuments historiques et du tissu urbain : Jonnart et le comité du Vieil Alger : 2.69 ETUDE HISTORIQUE ET ARCHITECTURALE DES EDIFICES NEO MAURESQUE, EN ALGERIE | ....sssccsssseesssesssseeesssessssneessnessvenesvinesssesssssersseessveneess eee 4.5, Le deuxiéme visage de la France : Le style du protecteur: ......... 4.6. Edifices construits dans ce style: 4.6.1, Les médersas © ....ooccseceeeeeeceeeceeetttteeeessesnesesssnseeeestnessssnsssssssssee2 46.2. Les 8018S ¢ o..eccccceesessseentneeeeees 4.6.3. Les gares : . . 77 AGA, Les pOstes tossssseeesseeecessssssssssssssseeseeeeeeeensnsnnsnnennneeeees 219 4.6.5. Les mosquées . . 81 CONCLUSION CHAPITRE II: L’ARCHITECTURE NEO MAURESQUE FACE A LA POLITIQUE ET LES DYNAMIQUES DE PATRIMONIALISATION EN ALGERIE 1. INTRODUCTION :........0000 coveessuveeessesssensasineesneesaveneess 85 Th 2. LA STRATEGIE DE PRISE EN CHARGE DU LEGUE COLONIAL NEO-MAURESQUE, EN ALGERIE AUJOURD"HUI........ 85 2.1. Les instruments et la pratique de la gestion et de la protection du patrimoine..........0.85 2.2, Le cadre législatif..........ssssssssssssseseeseeeeecsessnssnenneeceeseeseents 285 2.3, Ia protection...eescccccccssceeesssssssssssieeeecessssssssnssssineeeeeeeennnnsssssseeenss 89 2.4, Le cadre administratif...........scssssssssssssessssssecceeessssseseesseeeees 92 2.5. Le patrimoine classé des XIXe et Xe sidcles : 93 2.6. Perspectives....... 94 3. CONCLUSION t...csscceesseessseessrieeeese 295 3EME PARTIE: SKIKDA ET LE LEGS ARCHITECTURAL FRANCAIS 1 £8 CHAPITRE: SKIKDA ET LE LEGS ARCHITECTURAL COLONIAL NEO MAURESQUE 1. INTRODUCTION: - . . 98 2, HISTORIQUE: 2.1. Skikda avant la colonisation frangaise: 2.1.1, Rusicade « comptoir phénicien: 2.1.2. Rusicade - colonie romaine........... 2.1.3. periodes arabe et arabo-ottomane: ... 2.2. Skikda durant la colonisation frangaise : .. 2.2.1. La colonisation frangaise: la naissance de Philippeville ... . cece LOL 2.2.2. Une colonisation qui ne respecte pas les vestiges de la ville antique .............102 2.2.3, Philippeville de 1838 4 1900 de Skikda 4 Philippeville 102 2.2.4, PHILIPPEVILLE de 1900 41920: 2.2.5, PHILIPPEVILLE de 1920 41954: . . 2.2.6. PHILIPPEVILLE de 1954 4 1962 - la guerre d'indépendance: 3. LE PATRIMOINE DE LA VILLE DE SKIKDA : ETUDE ARCHITECTURALE .. 3.1. Le patrimoine archéologique ..........+++ee-++ 3.2. Le patrimoine artistique ...... 3.3. Le patrimoine touristique 3.4. Le legs colonial: . M2 4. LE NEO-MAURESQUE A SKIKDA ; ETUDE ARCHITECTURALE ET HISTORIQUE «2. ccssssecssseceeeeeeeeeeetentttttteesesssnnessssnseeeeeeeeeeeeeeetsnmnenneessssee 3 4.1. Le néo mauresque 4 Skikda et ces origines 2113 4.2. Etude historique et architecturale des édifices néo mauresque de Skikda. Ms 4.2.1. LA MAIRIE ET L'HOTEL DE VILLE ....... LDS 4.2.2. DAR MERIEM (classé) 17 4.2.3. LA BANQUE D'ALGERIE ........cc0ccsecceceeeseeseeenseeeseeeneeeesaeennes eee 120 4.2.4. LA GRANDE POSTE DE SKIKDA 121 4.2.5. Le quartier arabe El Koubia vee b22 4.2.6. LA GARE FERROVIAIRE oo... ..ccccccccecceeeeeeece eee eeeseeeeeeeeeeeeeeeeeee 22 5. CONCLUSION 123 2éME CHAPITRE: ETUDE DE LA GARE FERROVIAIRE DE SKIKDA 1, INTRODUCTION 125 2. RESENTATION ET HISTORIQUES : 125 2.1. Histoire des chemins de fer algériens : . 125 2.2. les grandes evolutions du xxe siecle ss... 126 1.1.1.Restrueturations et poursuite de Vextension = ......--..sceeeeee 126 2.2.1.La fin de la période frangaise : . QT 1.1.2. Le réseau de I'Algérie indépendante . . serersceesereeeserenesee l 27 3. ETUDE D’EXEMPLES DES GARES FERROVIAIRES COLONIALES EN. ALGERIE : wl 2T 3.1, La gare @'Anmaba to... ccccceeeeeeessessssssssttnnteeeeeeeeessssnnninmneeeeesseeeens 2127 3.2, La gare @Oran :...scssssssssssseeeseeseeeesteeesitttssssnsssssssseseees 128 4, LA GARE FERROVIAIRE DE SKIKDA 4.1, Présentation et historique:...........cssssssssssssssseseseseeeceesessssseeseneeesseesseesse SL 4.2. Etude urbaine et architectural : 132 4.2.1, Situation, forme et superficie:.......ccsscceeeessseeeeessssssnneeennneeesecseeeennessnd2 4.2.1.1. Situation. 132 4.2.1.2. Forme et superficie. 132 4.2.1.2.1, Nombre d’étages. 132 4.2.1.3,Caractéristiques de emplacement :.... 4.2.1.3.1.La zone d’emplacement..........csccessreeeesiersstesesseeessesssseeessenssseen 33 4.2.1.3.2.Nature des voies existantes. 134 4.2.1.3.3.Nature et hauteur des batiments voisins............:s.csccseessseeessseeeseeed 35 4.2.14Ancienneté :......ccccceesesceccssecssseecsssessseesesseetsseessseeeesecssseeeeseeeel ST 4.2.1.5. Typologies architecturales. 4.2.1.5.1.L’aspect extérieur de I’édifice. 4.2.1.5.1.1.L’entrée principale: 138 4.2.1.5.1.2.Les murs: 138 4.2.1.5.1.3.Les portes: 138 4.2.1.5.1.4.Le minaret... 4.2.1.5.2. Lorganisation spatiale de I’édifice.... 4.2.1.5.3. Elude morphologique des éléments constructifs. .. 4.21S3.1LES MUMS! ceccsesssteeeeseeesseessvteeesessrneeseeessnenss 142 4.2.1.5,3.2.Les colonnes: 142 4.2.1.5.3.3.Le hall: 142 4.2.1.5.3.4, Les escaliets:.....cc cece 143 4.2.1,5.3.5, Les pOomtes....cecseessseecsseesssesssseessseesssseessesssseessseeesseeseseel 3 4.2,1,5.3.6, Les fenbttes.....c.ccscecssessseesssessseesseeesssessssietsseessseeessseld3 VI 4.2.1.5.3.7. Les garde-corps... 4.2.1,5.3.8.Démes et coupoles... 4.2.1.5.3.9.Revétement et faiences. 4.2.1.5.3.10.Faiences... 4.2.1.5.3.11 Planchers. 4.2.1.5.3.12.Eléments singuliers... 4.2.1.6.Diagnostique et Proposition D’une Action :... 4.2.1.6.1. Degrés de degradation / problémes affectant la gare... 4.2.1.6.2. Objectis de cette action: 4.3.Conclusion/ Recommandations: CONCLUSION GENERALE: CONCLUSION GENERALE... BIBLIOGRAPHIE GENERALE: 1. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 2. LISTE DES PHOTOS: 3. LISTES DE FIGURES. 4. LISTE TABLEAUX. 5. LES ANNEXES :.. 6. RESUME Vil 2151 PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE 1. INTRODUCTION GENERALE: Beaucoup s‘accorde dire que l'Algérie a hérité la notion ou le concept de patrimoine de la colonisation’ Si effectivement, ce concept est né au lendemain de la conquéte frangaise, il est nécessaire aujourd'hui de s‘interroger sur le sens et la notion lui donner dans le contexte algérien. Le patrimoine est souvent défini comme Ihéritage que nous ont Iégué les générations passées et que nous devons, a notre tour, transmettre aux générations futures. Cette transmission, d'une génération a une autre, d'une époque A une autre, d'un bien culturel quel qu’il soit (biens mobiliers, immobiliers et immatériels), assure une forme de durabilité et de pérennité historique 4 la notion de patrimoine. Au-deli des dimensions artistiques esthétiques ou architecturales d'un objet patrimonial, et Vimportance que revét celui-ci dans un contexte historique donné, le bien culturel nous transmet aussi le souvenir d'une émotion, l'image d'un fragment de l'histoire, le souvenir d'un événement aussi futile qu'll puisse étre. Cette dimension émotionnelle et sensuelle intégre la valeur patrimoniale et participe a la construction de la mémoire collective. Cette mémoire collective et partagée, améne a son tour une prise de conscience identitaire. Cette mémoire partagée est aussi plurielle, le patrimoine ou les patrimoines hérités des métissages culturels, sont les reflets de cette diversité. La prise de conscience face I'importance que revét le patrimoine pour la société met aujourd'hui en avant la question identitaire, qui reste encore en quéte de reconnaissance, Llutilisation de la notion de patrimoine a aussi des visées politiques. Il peut devenir alors un instrument idéologique. La question de la conservation du patrimoine (Quel monument conservé et pourquoi ?) ne se fait alors plus de maniére objective’.II est vrai que les questions liées au patrimoine ont toujours fait l'objet de controverses et parfois de querelles idéologiques. * Oulebsir N - La construction du patrimoine en Algérie de la conquéte au centenaire (1830-1930) These de doctorat, EHESS, Paris, 2000, p70 Voir aussi Varticle de Mourad ¥. - Le patrimoine- in Insaniyat n°12, CRASC, Oran, septembre- décembre 2000 ? Cette question a fait Vobjet de plusieurs réflexions les revues suivantes Les eahiers de recherche, Monde arabe contemporain, n°6, "Patrimoine, identité, enjewx politiques", Gremmo, Maison de Orient Méditerrannéen, Lyon, France. La revue Insanyat, n°12, "Le patrimoine", CRASC, Oran, septembre-décembre 2000. Ces numéros thématiques sont consacrés d la perception du patrimoine au dela de Vinventaire ete la conservation et integrent la dimension identtaire au débat sur le patrimoine, PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE A ce titre, 'architecture coloniale produite durant les XIX° et XX° sigeles en Algérie, longtemps restée injustement marginalisée est loin de susciter T'intérét qu'elle mérite. La prise de conscience face a Timportance que revét cet héritage, pose aujourd'hui le probléme du rapport de la société algérienne a son histoire et & son patrimoine. Si la reconnaissance patrimoniale est aujourd'hui en cours dans les milieux universitaires et scientifiques, beaucoup reste a faire quant a la préservation de ce patrimoine sur le terrain. En Algérie, pendant la colonis: ion frangaise, et sous le régne de Napoléon Ill, la métropole marque un intérét nouveau pour les formes de !'Orient, rendues accessibles grice aux voyages dlarchitectes et mises en scéne 4 Paris par les expositions universelles. Le passé médigval arabe de l'Algérie, pergu 4 travers le prisme de la civilisation andalouse par un architecte néogothique, Edmond Duthoit, fait désormais objet d'une valorisation particuligre. Vers 1900, a la Belle Epoque, les conditions dinvention d'une esthétique nouvelle reflétent enfin la liberté politique acquise par la colonie et se matérialisent par adoption d'un style architectural régional, le néo mauresque, consacré style officiel. En 1903, avec la nomination de Charles Célestin Jonnart au poste de gouverneur général. Pour lui, la réussite de la colonisation frangaise passe avant tout par un rapprochement avec les autochtones. Et ce rapprochement se doit d’étre avant tout culturel et religieux. Pour ce faire, le gouverneur général publie une série de circulaires afin d’imposer un certain style architectural aux constructions publiques, Jonnart devient ainsi V’initiateur d’un nouveau mouvement stylistique aux tendances orientales : le néo-mauresque qui est apparu au début du Xe sicle : Beaucoup de nos villes ont été investies par ce style d'architecture, Cette floraison esthétique et architecturale est due a la conjugaison de faits & la fois politiques, économiques et culturels, La ville de Skikda ancien comptoir phénicien fondé durant le premier millénaire avant Jésus- Christ prés de antique port de Stora, la ville était appelée Rusicade (en latin Rusicada) & 'époque romaine, un nom phénicien qui signifierait Cap des Cigales ou Promontoire du feu, une probable allusion a lexistence d'un phare sur l'un de ses promontoires donnant sur le golfe de Stora, Yantique Sinus Numidicus. C'était 'une des quatre républiques municipales autonomes de la province romaine d'Afrique, Cité du littoral méditerranéen et principal débouché maritime de la Numidie. PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE Les ruines de la ville antique, détruite par les Vandales au Ve sigcle de l'ére chrétienne, furent investies par les Frangais en janvier 1838 lors de la colonisation peu aprés 1a chute de Constantine, Skikda était considérée durant "époque coloniale frangaise comme le débouché maritime naturel de Constantine, Elle porta dabord le nom de port de France et quelques années plus tard celui de Philippeville en hommage au roi frangais Louis Philippe. Plusieurs actions ont été initiées pour renforcer loccupation coloniale et valoriser l'expansion économique, dont les principales sont : La construction de la voie ferrée Constantine-Skikda en 1859, décision de construire le port de Skikda en 1860. Llouverture de la route Constantine-Skikda en 1870 avec la mise en service de la voie ferrée. Les immeubles publics et maisons de la ville coloniale (Philippeville) sont construits sur les assises des édifices de l’antiquité numido-romaine. On retrouve ainsi, dans les fondations des constructions, des substructures antiques en grand et petit appareil régulier. Parmi les édifices publics se trouvant dans cette situation, on peut énumérer le thédtre régional qui a pour substructures celles du temple de Vénus - déesse tutélaire de l’antique Rusicade, le tribunal dont les assises sont celles du temple de la Victoire, hospice des personnes Agées édifié sur les restes du temple de Mithra, I’hépital et ex-casemne de France (actuel hétel Es Salam), sur les ruines des temples de Bellone et de Jupiter Les magasins de l’armée (XTXéme siécle), occupés par le Centre culturel Hassan Chebli, se dressent sur les citernes que Gsell a notées, dans son Atlas archéologique, sous le nom de citernes de la rue Henri Thessier (Bengharsallah) et qui alimentaient les Thermes qui se dressaient a emplacement de la direction des Moudjahidine (ex-siége de l'inscription maritime pendant la période coloniale). L’on constatera aussi que le plan en damier de l’ancien Philippeville (vieux centre de Skikda) correspond a celui de la ville numido-romaine de Rusicade. L’actuelle rue nationale de la ville ou rue Didouche Mourad n’est, & quelques différences prés, autre que le Cardo Maximus, de direction nord-sud et la rue Boudjemia Lebardi (ex-rue du 62éme de ligne), d'orientation est-ouest, était le Decumanus antique. Méme les remparts érigés par le génie militaire francais pour protéger le site de la nouvelle ville coloniale, occupé le 7 octobre 1838 - pousent fidélement le tracé des fortifications de Rusicade. PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE 2. PROBLEMATIQUE: La quéte d'identité s‘affirme aujourd'hui comme un véritable fait de société. La richesse culturelle et la diversité de notre héritage nous interpellent face aux menaces qui pésent sur le patrimoine et le fragilisent chaque jour un peu plus. Les valeurs patrimoniales nous renvoient 4 nos racines culturelles profondes. La richesse et la diversité des patrimoines contribuent ainsi & donner une dimension plurielle & cet héritage historique, résultat d'échanges civilisationnels et de brassages culturels, Le patrimoine architectural est probablement le référant le plus significatif par l'image quil renvoie. Image artistique certes, mais aussi image symbolique qui témoigne d'une époque ou d'un événement. Ainsi, la production architecturale des XIXe et Xe sidcles sera marquée en Algérie par la présence frangaise. Instrument de domination ou expression de la puissance coloniale, elle sera le témoin incontestable d'un moment fort de notre histoire et une composante fondamentale de nos villes. Si sa reconnaissance en tant que patrimoine national, dans les milieux universitaires et scientifiques est aujourd'hui admise, le nombre limité de monuments classés, appartenant cette période, malgré son importance, souléve plusieurs questions. Effecti ement dans la pratique, beaucoup reste a faire quant a sa préservation et le souci de sauvegarde devrait étre au dessus des clivages idéologiques. Le sachant fragile, le patrimoine, porteur des traces du passé, devrait faire Yobjet d'attentions multiples et de visions nouvelles ouvertes sur son avenir et son devenir. L'investigation des champs les plus divers dans le domaine de la recherche permet la construction d'un ensemble de corpus relatif au pattimoine, La collecte de fond archivistique, de documents anciens (graphiques ou écrits), de relevés d'édifices, peut constituer une banque de données considérable, mémoire de ce patrimoine. Les nombreux cas édifices en état de dégradation avancée et qui risquent de disparaftre a jamais méritent au moins que Von conserve leur image. La société en Algérie est en quéte de repéres la notion de patrimoine demeure encore immature notamment en se qui concerne la production architecturale de la période coloniale, et la question qui se pose quel passé choisit-elle de privilégier dans sa lecture de histoire ? Le patrimoine est ce qui demeure. Il est ce que la société choisit de mettre « hors du temps... ». Il est constitué des éléments qu'un groupe humain cherche a transmettre aux générations futures. Au PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE méme titre, le patrimoine bati est une ressource symbolique, une expres sion irremplagable de la richesse et de la diversité du patrimoine culturel ; un témoin inestimable du passé et un bien commun étroitement lig a la question de la mém nt de e et de I'identité, Il participe a la logique de mieux articuler le temps p s sociétés, & leur passé et & leur avenir, dans une logique de transmission et de solidarité intergénérationnelle, Ce patrimoine s’il n'est pas pris en charge pour faire face A sa dégradation que marquent le temps et Vactivité autant que loubli des hommes, peut annoncer le risque d’une perte irrémédiable d’une partie de ’héritage culturel et mémoriel. Le langage néo-mauresque est une tendance humaniste, une tentative de récupération des valeurs du patrimoine architectural et urbain traditionnel dans les constructions modernes, une volonté arabisation du cadre biti, C’est en quelque sorte affirmation d'une renaissance artistique des caractéres de l’architecture traditionnelle. Les architectes frangais ont puisé dans le vocabulaire traditionnel magrébin jusqu’a un point incroyable. On a réalisé en Algérie un nombre considérable Edifices modemnes que l'on a arabisé et qui répondent a des besoins contemporain, & des fonctionnements nouveaux : gare, poste, hotel de ville, ete. (des fonctions qui n’existaient pas dans le patrimoine traditionnel). C’est un phénoméne de métissage : deux cultures et deux architectures ui se marient, qui se conjuguent pour produire un style nouveau. Le début du sigcle est une époque tres importante dans histoire, car elle a erée une tradition arabisante de l'architecture et un rapport nouveau entre les programmes modernes et l'architecture traditionnelle. Cette quéte de formes et de décors traditionnels n'est pas isolée en fait, elle est le résultat de tout un ‘mouvement orientaliste développé en Europe a partir de la fin du XVIIle siéele, pour atteindre son apogée pendant la 2me moitié du XIXe siécle avec les travaux des peintres orientalistes, les récits de voyageurs, la photographie orientaliste et I'architecture arabe développée dans les grande capitales européennes Le savoir constitué vers la fin du XIXe sigele sur l'architecture mauresque de I’ Algérie, notamment A travers les travaux d’Edmond Duthoit, disciple de Viollet Le Duc envoyé en 1872 en mission & PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE Tlemcen pour étudier les monuments dignes d’intérét de monuments historiques de l’Algérie avait permis d’approfondir les connaissances autour du langage formel de cette architecture en proposant une analyse raisonnée de ses éléments : le minaret, la coupole, la balustrade sculptée, le moucharabieh, la calligraphic, le décore de faience. La réflexion a privilégié la filiation avec Espagne musulmane ol se trouvent les monuments les plus représentatifs de l'art arabe mais dans celui de art mauresque. Si aucun batiment néo-mauresque n’est classé au rang de patrimoine quelque soit sa valeur symbolique et artistique, c’est par-ce-que on persiste encore 4 avoir des scrupules envers ce pare immobilier qui constitue la majeure partie des centres villes algériennes. Cependant ce patrimoine immobilier, n’est-il pas un butin de guerre, un gain légitimes aprés 130 ans d’occupation, ne mérite 1°il pas enfin une reconnaissance et un classement au rang de patrimoine? Le cas de la ville de Skikda (la gare ferroviaire) Durant vingt ans, de 1929 & 1949 le Sénateur-Maire Paul Cuttoli administra la ville de Skikda avec compétence. Il s'était attaché 4 maintenir le travail dans la cité; Philippeville s'est ainsi transformée en un vaste chantier. Tour & tour ont surgi du sol, la Mairie et la Gare ferroviaire, dont les minarets purs de lignes d'une élégance originale semblent se dresser en signe de bon accueil aux voyageurs venus de la mer, par la route ou le rail A Skikda le batiment de la gare ferroviaire s'impose comme une partie prenante du paysage urbain de la ville et suscite chez les skikdis une fierté inouie et un sentiment d'appartenance. La culture arabo-musulmane de la population métissée avec quelques moeurs européennes héritées des 130 ans occupation frangaise correspond parfaitement au style néo-mauresque du batiment qui de son c6t ‘a jumelé le répertoire arabo-mauresque a celui Européen pour donner naissance a ce joyau architectural. Cette métaphore entre culture et architecture explique la place qu'occupe la gare pour les habitants qui s‘identifient dans ses traits raffings et entre ses décors. PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE La gare ferroviaire congue par le Corbusier, dans un style néo-maghrébin, voire néo-andalou. Avee son célébre minaret rappelant ceux des mosquées de Tlemcen et du Maroc, mais dans un style plus modemiste, avec ses vastes vérandas, sa galerie décorée de mosaique bleue, Ia gare ferroviaire est un joyau architectural d'une rare élégance. Les plafonds des halls et galeries sont richement décorés : arabesques, motifs géométriques et moulures remarquables, le tout puisé dans le riche patrimoine musulman.se trouvant aujourd’hui dans un état dégradé nécessitant une prise en charge pour mettre en valeur ce joyau architectural. Ceci dit qu’ part cette valeur architecturale et historique, le batiment présente une grande valeur symbolique pour la collectivité. Ce batiment historique demande une opération de conservation en premier lieu ce qui permettrait 1a sauvegarde de Yauthenticité historique du monument sous Faspect de Vintégrité matérielle; c'est pourquoi on devrait sforienter vers + L’entretien périodique de ’éditice. + Laprévention contre dégradation. Cela ne serait valable qu'aprés la reconnaissance de la gare comme patrimoine architectural, 4. HYPOTHESE: Les dimensions culturelles, esthétiques, sensuelles, qui ont é€ 4 la source de cette création architecturale néo-mauresque sont inserit dans une démarche det mble od a joué le politique certes mais aussi d'autres dimensions of la recherche architecturale et le génie créateur des architectes occupent une place non négligeable. On peut dire, de maniére générale, que le néo mauresque peut étre interprété comme une manifestation du rapport de la société coloniale frangaise avec le culte que représentait I’ Islam vidence la volonté des dans la premiére moitié du XXéme. Cela nous a permis de mettre en pouvoirs de l'époque d'intégrer les différents aspects culturels et religieux de I’ Algérie Le néo-mauresque fait partie de I’ identité méditerranéenne puisée des civilisations développées dans le bassin méditerranéen, Tl présente un résultat d'ensemble qui reste harmonieux malgré un PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE style hybride mariant avec brio deux cultures architecturales qu'on pouvait considérer, au départ, comme antagonistes. En effet, la fonctionnalité moderne européenne et I’ habillage décoratif et ormemental musulman ne se contredisent nullement mais dialoguent dans une unité et une symbiose qui font toute la beauté de leeuvre architecturale. Cet héritage architectural et décoratif de l'époque coloniale constitue un bien patrimonial national qui mérite tout notre intérét et une revalorisation. est nécessaire afin d'éviter 4 nos villes I’ effacement de ses signes Une prise en charge particulid et la perte de ses lieux porteurs d'histoires et de mémoire collective 5. OBJECTIFS DU TRAVAIL Ce travail a trois objectifs essentiels 5.1. PEDAGOGIQUE : Constituer un document de référence sur la ville de Skikda, sa naissance, son évolution, son histoire et son patrimoine, y compris la production architecturale de la période coloniale et notamment Parchitecture néo-mauresque. 5.2.SCIENTIFIQUE : ‘Metre la lumiére sur un style architectural d’une valeur esthétique et historique importante pour sa mise en valeur et sa préservation par la suite. 5.3. PROFESSLONNEL : Participer a la valorisation d’une production architecturale d’une valeur patrimoniale importante qui constitue Pidentité de la ville de Skikda, Cette mise en valeur qui conduit par la suite a une préservation de ce patrimoine PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE 6. METHODOLOGIE ET OUTILS DU TRAVAIL : 6.1. METHODOLOGIE DU TRAVAIL: La méthodologie qu’inspirent le sujet et les questionnements émis, s'inscrit dans les processus historiques de production de la ville, De ce fait, la méthodologie que nous nous proposons d’adopter puise dans la recherche historique diachronique, c’est a dire a la fois générique et historique Afin de pouvoir répondre 4 la problématique posée et par analyse de nombreux volets liés au patrimoine et a la production architecturale de I’époque coloniale en Algérie globalement et a la ville de Skikda précisément nous allons essayer de cemner tout A la fois les aspects sociaux, culturelles, politiques qui étaient a la base de cette création et élaborer un diagnostic susceptible de jeter les bases d’un approfondissement futur éventuel. Ce travail sera réparti sur neuf mois et sera divisé en trimestres ¢' pour cela nous avons structuré notre travail en trois parties essentielles: 6.1.1. L’APPROCHE THEORIQUE : Cette étape porte sur les aspects théoriques clés du theme: la ville, le patrimoine, historique de la ville de Skikda la production architecturale de la période colonial en Algérie, architecture néo- mauresque et les conditions de sa création. c ette premiére démarche vise l’appréhension du sujet dans sa globalité, la familiarisation avec les concepts, qui feront la clé de votite de la seconde partie celle du diagnostic. La collecte des données et la recherche bibliographique et cette démarche seront effectués le premier semestre. 6.1.2. LE DIAGNOSTIC : En premier lieu, nous allons essayer d’esquisser un état des lieux, qui constitue une nécessité impérieuse pour comprendre le réle patrimonial que cette infrastructure néo-mauresque occupe dans nos villes algérienne et dans la ville de Skikda, les dimensions dans les quelles elle c’est crée et apport esthétique et architectural qu’elle a rajoutée.et dans quelle état elle se trouve aujourd’hui, Cette phase sera répartie sur le deuxiéme trimestre, 10 PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE 6.13. PROPOSITIONS ET RECOMMANDATIONS : Cette étape porte sur I’élaboration de quelques recommandations et propositions, c’est la résultante de l'ensemble des études et analyses effectuge dans les deux premiéres parties. Elle occupera le dernier trimestre. 6.2,0UTILS DE LA RECHERCHE: 6.2.1. LA RECHERCHE BIBLIOGRAPHIQUE: Elle conceme la collecte de documents, ouvrages, travaux de recherche, articles de journaux, actes de séminaires, colloques et journées d'études ; la consultation des sites web, dans le but de définir les différents concepts de base se rapportant au théme de notre travail afin de micux comprendre et traiter le sujet. 6.2.2. LA COLLECTE DE DONNE La collecte de données est essentielle dans notre travail. Elle sera répartie en deux étapes. La premigre consistera a recueillir le maximum de données et d’informations relatives a notre sujet. Alors que la deuxiéme va consister 4 prendre attache avec I’administration locale et des acteurs de la culture de la ville de Skikda, 7. LES CONTRAINTES DE LA RECHRCHE : Le travail sur La production architecturale frangaise en Algérie, et plus précisément sur un style architectural qui est apparu au début du sidele passé qui est le style architectural néo mauresque st avéré difficile. Dans notre recherche nous nous sommes heurtés 4 beaucoup de problémes, nous citons : * Un manque de documentation récente. Les travaux sur ce sujet sont relativement rares, d’ot une bibliographie orientée surtout vers Internet d’oti nous avons essayé de consulter des revues en ligne et des résumés de livres sur le sujet. ‘© L’absence de la culture de communication au niveau des services concemés, ce qui est due V’immaturité d’une prise en charge du secteur patrimoniale et culturel 4 Skikda. # L’absence des supports de recherches et me manque de gestion des archives ul INTRODUCTION GENERALE PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE DE RECHERCHE éder aux plans et aux autres documents concernant la gare ferroviaire de * L’absence des spécialistes et des organismes spécialisées pour contacter. 12 1°®* PARTIE : LA PRODUCTION ARCHITECTURAL FRANCAISE EN ALGERIE ENTRE HIER ET AUJOURD’HUI PREMIPRE PARTI (CHAPITRE PREMIER, CHAPITRE I: APERCU HISTORIQUE DE LA PRODUCTION ARCHITECTURALE DE LA PERIODE COLONIALE EN ALGERIE (1830-1962). PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, 1. INTRODUCTION Durant I’époque coloniale, la constitution des villes algériennes était influencée a la fois par la modemité et la civilisation occidentale, et aussi, dans ses débuts, par architecture turque et mauresque. Le fondement de ces allers-retours entre deux cultures trouve ses origines dans deux caractéres principaux de la colonisation en Algérie : le contrdle du service du Génie durant les premigres décemnies, puis le passage 4 une colonie de peuplement dés 1840, Plusieurs exemples significatifs permettent d'illustrer cette situation : les conseils et les réglements de constructions proposés par les ingénieurs du Génie au gouvernement général en 1845, leur lecture de la ville précoloniale et de la maison arabe, enfin leur désir d'une certaine protection des anciennes médinas, Sans ignorer "apparition dans les années 1930 d'une génération d'architectes européens, souvent nés en Algérie et proches de Perret et de Le Corbusier, et qui souhaitent construire une architecture méditerranéenne. Certains les appelérent « algérianistes » en raison des legons quiils ont tirées de la casbah : terrasses, portiques, patios... Ce mouvement s‘accompagnera plus tardivement pour certains d'une critique des réalisations du Mouvement moderne 2. HISTORIQUE 21. LE PATRIMOINE ARCHITECTURAL ET URBAIN AUX XIXE ET XXE SIECLES Les concepts de patrimoine et de monument historique « ont été définis et mis en ceuvre par Voceident dés de XIXe et le XXe et ont été transposés un peu partout dans le monde »*, Pour * Il convient de Algérie, la notion de patrimoine est un héritage de la colonisation frangai s‘interroger sur le sens qu’elle revét dans le contexte algérien d’aujourd’hui. 5 Jean-Claude David, « le patrimoine architectures et espaces, pratiques et comportement, des souks et les Khans d’Alep » in cathrine Bruant, sylviane leprun, mercedes valait (dir), figures de Vorientalisme en architecture, REMMM, 73-74, 1996, Aix-en-provence : edisud, p, 189-205 * Nabila oulebsir, fa construction du patrimoine en Algérie, de la conquéte au centenaire. These de doctorat ; EHESS Paris, 2000 ; les usages du patrimoine, monuments, musées et politique coloniale en Algérie (1830-1930), Paris ; maison des sciences de [Homme, 2004. 15 PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, Le patrimoine «est constitué d'un ensemble d’élément matériels et immatériels, d’ordre culturel ; chargés de significations multiples dimension collective, et transmis de génération en génération »*. Il est identifié comme porteur de l’identité culturelle, ¢’est ce qui relie des générations entre elles. Si le patrimoine historique représente aujourd'hui un besoin ressenti par notre époque « (...) de conserver des repéres au sein de ce mouvement universel, des références permettant d'identifier ses racines »°, il devient alors quelque peu déstabilisant pour toute une génération « d’identifier ses racines » a un héritage fondamentalement représentatif de Valtérité, Au-dela de la valeur artistique ou économique dun bien culturel, la notion « d°identité » est fondamentalement lige 4 celle du patrimoine. La reconnaissance comme patrimoine d’un héritage qui ne porte pas en lui de valeurs reconnues par tous comme déterminant son identité propre peut, pour certaines idéologies, représenter un insurmontable compromis. A ce titre en Algérie, la production architecturale et urbaine des XIX e et XXe siécle, issue de la présence frangaise dans le pays, constitue un exemple édifiant. La conception patrimoniale rapportée a un espace architectural importé, voire imposé comme c’est le cas de ’héritage colonial, suppose un effort dacceptation et d’appropriation que seule la dimension temporelle peut permettre. Ainsi, les questions qu’elle souléve renvoient indéniablement aux concepts de sens et de reconnaissance et, par voie de conséquence, au rapport de dissonance qui les fondent. On peut done, a juste titre, affirmer qu’en Algérie la notion de patrimoine architectural et urbain associée aux XIXe et XXe siécles est une notion complexe et ambigiie, fortement problématique. Le patrimoine ressemble et divise 4 la fois. Il rassemble lorsqu’il est porteur de valeur identification culturelle d’un peuple et divise lorsqu’il devient un instrument idéologique. En Algérie, si la notion de patrimoine rassemble autour de I’ancien, elle divise considérablement lorsqu’il s’agit de V"héritage des XIXe et XXe sigcles. Pour certains, la charge émotionnelle associée & cet héritage continue de constituer sa principale caractéristiques, alors que d’autres, essentiellement dans les milieux universitaires et dans la société civile, le pergoivent comme un meémoire partagée issue de la rencontre des cultures méditerrangennes. 5 Jean- Marie Vincent; « le sens des lois » ; année du patrimoine.1, 1992 ; “Ibidem. 16 PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, La notion de patrimoine est elle aussi chargée d’ambigiiité. La démarche patrimoniale est & la fois exclusive et globalisante. Elle reste encore aujourd’hui fortement marquée par le poids de Vhistoire récente du pays. Elle semble alors fermée & toute notion d’enrichissement par Véchange et 1a pluralité et donc, implicitement 4 l’idée méme de concept de « patrimoine partagé ». Nous ne décelons ni dans les déclarations officielles, ni dans les instruments de protection, de volonté explicite de prise en charge du statut ou du devenir de ce patrimoine’, Par ailleurs, comme pour éluder la ques ion de devenir de cet héritage, la notion de patrimoine est fondée sur une vision globalisante qui consiste & regrouper dans une méme problématique Phéritage ancien et modeme, traditionnel et récent. S°il est vrai que le patrimoine est toujours l'objet de controverses, en Algérie il devient un terrain favorable aux querelles idéologiques. La question de la sélection (quel monument faut-il conserver et pourquoi?) n'est alors plus appréhendée de maniére objective’. A ce titre, architecture issue des XIXe et Xe siécles, pendant longtemps marginalisée de maniere injuste, est loin de susciter Iintérét qu’elle mérite, Cela rend certaines démarches de classement @édifices des XIXe et Xe siécles d’autant plus intéressantes, comme celle de la jumenterie (haras spécialisé dans la production et I’entretien de juments pouliniéres) de Tiaret initige par le ministére de l'agriculture, la mine de kenadsa initiée par le ministére de Vindustrie ou encore la centrale électrique de Boghni initiée par la société nationale de I’électricité et du gaz (Sonelgaz) et le ministre de ’énergi Ces différentes institutions ont jugé utile de sauvegarder un patrimoine immobilier en péril Pourtant, méme si, le temps aidant, ses valeurs architecturales et économiques sont peu admises dans les cercles de réflexion universitaires ° ou associatifs, toute démarche vers une 74 ce ttre, un examen minutieux, de la liste des édifices des XIXe et XXe siécles classés révéle que sur les 22 monuments que compte la liste, 17 ont été classés aprés Uindépendance sur les 17, environ 35% de ce patrimoine est consaeré avant tout pour sa valeur symbolique associée &la guerre de libération plutét que pour ses valeurs artistiques et architecturales, * Cote question a fait l'objet de plusieurs réflexions dans diverses revues comme, par exemple, dans les cahiers de recherche, monde arabe contemporain, n° 6 ou dans fa revue insaniyat, n°12, septembre 2000, ces numéros thématiques son consacrés a la perception du patrimoine au delé de U'inventaire et de la conservation et intégrent la dimension identitaire dans le débat sur le patrimoine. En cela, it est intéressant de noter la tendance actuelle, dans Is écoles et institus d'architecture, a investir dans la connaissance de ce patrimoine immobilier et urbanistique des XIXe et XXe siécles, qui constitue en somme un ‘pourcentage important des villes algériennes, a lexemple du collogue international « Alger ; lumiéres sur la ville » ‘qui s'est tenu a l'école polytechnigue d‘architecture et d'urbanisme (EPAU) a Alger en mai2002. ” PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, reconnaissance officielle comme patrimoine historique’’ semble représenter ce jour un obstacle non encore complétement surmonté, Au moment ou une forme d’attachement cet objet — qui définit aussi image des villes algériennes — se construit progressivement, on note gd et 1d des tentatives timides de protection de certains ensembles urbains et architecturaux"', posant ainsi la question de leur place et de leur devenir de maniére sérieuse et objective. 2.2. HISTORIQUE DU PATRIMOINE ARCHITECTURAL ET. URBAIN AUX XIXE ET XXE SIECLES EN ALGERIE Dés les premiéres années de la conquéte coloniale, les structures des villes algériennes vont subir de profondes mutations. Le contrdle et la maitrise des teritoires nouvellement conquis vont cons ituer tout d’abord Lune des priorités majeures dans la principale ville du pays. L’appropriation de I'espace se fera dans des conditions dramatiques, par la destruction et la mutilation des structures préexistantes, afin de permettre I’établissement et la sécurisation des troupes militaires et des colons’. Dis les premigres années du XIX* sigcle , dans un contexte de quéte des origines latines et de promotion des valeurs classiques véhiculées par l’architecture romaine, la puissance coloniale va avant toute chose, se soucier de la prise en charge des sit s et des monuments historiques de la période romaine d’abord, puis ceux relatifs aux autres époques'®, « Fort logiquement, la prise de conscience d'un patrimoine commun qui va au au-dela de la période musulmane rattache plus encore la métropole et I’Afrique du Nord. »!* " La place du patrimoine des XIXe et XXe siécles dans le corpus des édifices protégé, ce qui illusire bien la trés ‘faible prise en charge et V'absence d'interet envers ce patrimoine récent. Il devient impératif aujourd'hui de mettre en place des campagnes de sensibilisation et de valorisation de ce patrimoine. " parmi ces tentatives, on notera celle de la proposition au classement ds front dle mer d’Alger et de certains édifices tels que les théatres nationaux d’Alger et d‘Oran, ou encore la constitution d'un dossier de classement de Védifice néo-mauresque du XXe siécle de l'ENA (école nationale d’administration) par l'Agence nationale d'archéologie, "° Aleth Picard, « architecture et urbanisme en Algérie, d'une rive a Vautre (1830-1962) » in Cathrine Brunaut, Sylviane leprun, Mercedes volait (dr), figure de Uorientalisme en architecture.Remmm, 73-74,1996 Aix-en- Provence ; Eaisud, p, 122, " Nabila Oulebsir, « la decouverte des monuments de I'Algérie, les missions d'amable Ravoisié et Edmond Duthoit (1840-1880) », REMMM, 73-74 1996, Aix-En-provence ; Edisud, p.58, Anne Ruel, »Varchéologie ; la passerelle invisible : du patrimoine a Videntité » in jean-jacques Jordi (dir), Alger, 1360-1939 ; le modéle ambigu du triomphe colonial, Paris ;Ed, autrement série, Mémotres,55,1999 p, 125-137. 18 PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, Dés 1840, les missions scientifiques vont introduire en Algérie une conception du patrimoine architectural et des méthodes de mise en valeur et de conservation, Jusqu’en 1842, Amable Ravoisié, pionnier des explorations scientifiques de I’Algérie '* va, avec ses descriptions et son tion et d’une mise en valeur des monuments de répertoire, construire les bases dune identific: VAlgérie. Si Parchitecture locale n’a pas suscité d’intérét dans un premier temps, Napoléon IIT apporte les arguments politiques en faveur d’une mise en valeur de la culture locale'* dés 1860.ses recommandations pour une ouverture aux arts et a l’architecture du pays vont permettre de poser les jalons d’une approche patrimoniale de larchitecture et des monuments de I’Algére. Plus tard, en 1872, Edmond Duthoit, avec son étude sur la conservation des monuments arabes!”, va jouer un réle prépondérant dans la construction d’un savoir sur les monuments de I’ Algérie. TL erée ainsi un cadre privilégié pour la reconnaissance et identification des monuments, fondé principalement sur un transfert de conception et de méthode en matiére de conservation. En 1880, il sera nommé architecte en chef des monuments historiques, inaugurant ainsi Pune des premiéres structures du patrimoine en Algérie et les premigres expériences de restauration. En 1887, la loi relative a la conservation des monuments et objets d’art ayant un intérét historique et artistique et promulguée. Elle va ainsi asseoir les bases juridiques de action du service des monuments historiques de "Algérie. La premiére liste officielle des monuments blie cette méme anné historiques est é et comptera sept monuments. La seconde, dressée en 1900, rassemblera un total record de 84 monuments classés'* Avec la loi de 1930, les notions de patrimoine et de monuments sont étendues aux ensembles naturels. Outre les considérations historiques, les dimensions scientifiques, légendaires et pittoresques fondent pour la premiére fois la définition des valeurs patrimoniales. La loi de septembre 1941 apporte quant a elle les éléments de réglementation des fouilles archéologiques. En février 1943, la loi instituant les « abords de 500 métres » autour des monuments classés et Voir d ce sujet, Vouvrage d'Amable Ravoisie, « Exploration scientifique de I'Algérie pendant les années 1840, 1841,1842 » in beaux arts, architecture et sculpture. Paris ; Firmin Didot Fréres, 1866. La bibliothéque nationale du Télémly & Alger conserve une copie de ce préciewx dacument, " Francois Béguin, Arabisances, décor architectural et tracé urbain en Afrique duu Nord, 1830-1950, Paris : Dunod, 1983, p.9 ” Terme générique utilisé dans la litérature du XIX siécle pour qualifier aussi architecture maghrébine. " Voir Vannexe 3 19 PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, inserits est promulguée, introduisant ainsi une valorisation du monument dans sa relation a son environnement. Indissociable de 1a Iégislation patrimoniale en vigueur en métropole, c’est done sur une perception modeme et occidentale du patrimoine et du monument historique que sont fondées la législation et les pratiques de protection du patrimoine en Algérie. Au lendemain de l'indépendance, l'Etat algérien préoccupé par les taches urgentes de reconstruction, conserve le cadre législatif et administratif hérité de la présence frangaise en Algérie dans des dispositions non contraires A la souveraineté algérienne!”. Ce n’est qu’en 1967 que seront promulgués les premiers textes juridiques définissant la politique en matigre de protection et de mise en valeur des monuments et des sites historiques. . ARCHITECTURE ET URBANISME EN ALGERIE (1830-1962) 3.1. LA VILLE DES INGENIEURS DU GENIE On retient, et avec raison, de la période de la colonisation francaise de la destruction d'une Grande partie des médinas en Algérie pour I'installation de l'armée et des colons. Cependant des héritiers ont accompagné cette politique d’aménagement. En effet, aprés les premiéres ssi transformations des villes arabes né s par la pacification (maisons mauresques transformées en établissements militaires, élargissements des voies et création de la place darme, consolidation des fortifications), les officiers du Génie ceuvreront souvent contre les colons pour protéger I'espace indigéne restant. De part leur formation d'origine et leur appartenance 4 une arme savante, les ingénieurs du Génie intéressent 4 histoire et la géographie des tervitoires & conquérir. Ils apprennent la langue, observent les mezurs des habitants et les espaces ou ils vivent. Cette connaissance précise de espace ou ils interviennent a des influences sur la nature des projets qu'ils réalisent. Le chef du Génie de la place d’Alger donne ainsi, en 1831, une description trés précise des maisons mauresques. II met en valeur les potentialités de la structure d'origine de la ville arabe quant a la défense : ” Recueil législatif sur Varchéologie, la protection des sites, des musées et des monuments historiques. Agence nationale d’archéologie et de protection des sites et monuments historiques. 20 PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, «Les terrasses ne sont séparées les unes les autres que par des murs minces, souvent peu élevés en sorte qu’on pourrait y établir des communications assez facilement d’un quartier a autre en peu de temps. En cas de révolte, ces communications seraient fort utiles. La partie en rezade- chaussée, donnant sur la rue, est généralement occupée par des écuries. Des magasins et des caves sont situés en dessous du niveau de la rue, dans les quartiers marchands, le bord de la rue est occupé par des boutiques. Les fagades n’offrent que de hauts murs percés aux étages de quelques ouvertures rares, étroites et bien grillées. Ce n’est qu’en entrant dans la cour intérieure que l'on prend idée véritable de la maison : une cour pavée de marbre, Des galeries et des arcades vont autour, soutenues par des colonnes de méme matiére, et produisent un fort bel effet. Les appartements sont ouverts sur les galeries et n’ont pas de communication entre eux. Ce genre de construction est parfaitement adapté au climat et meeurs jalouses des habitants.»”” lest étonnant de trouver une description si précise des maisons turques, considérées la plupart du temps, comme peu solides et sans beauté, Dans tte lecture de espace, la complexité de organisation est prise en compte : les dessertes multiples des maisons et les communications par les terrasses. Les besoins de la défense militaires semblent expliquer ce souci de précision. Décrivant deux ans plus tard les maisons d’Alger, un ingénieur civil dénonce pour sa part Vinesthétique de architecture des édifices mauresque «Le peu de largeur des rues et le défaut d’ouverture au dehors font que les maisons d’Alger sont dépourvues de fagades et que les deux cotés de rue se touchent en étages, Cette disposition, qui sert la jalousie des maures, est en méme temps favorable & contenir la fraicheur dans les tues et dans les maisons, contribue a rendre les rues hideuses. Et on ne douterait pas que la ville d’Alger renferme une foule de belles maisons, dont extérieur a apparence des plus misérables habitations. On remarque, dans toutes les maisons, des défauts choquants de régularité, des colonnes mal alignées, des escaliers avec des marches de hauteur inégales, des portes 4 faux qui prouvent que les algériens mettent peu d’art dans leurs constructions, méme s‘ils font usage de matériaux précieux et qu’ils emploient la sculpture et la peinture. »”! ° Service historique de Varmée de terre (SHAT), Vincennes, Archives du Génie, Article 8, n° I, Rapport du chef du Génie sur la place d'Alger, 1831. Section 1, Alger, carton °".C, Noél, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, "Les maisons d’Alger", Les Annales des Ponts-et-Chaussées, année 1833, p. 132. PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, Les officiers du Génie seront toujours pris dans la contradiction de proner la fois un espace rationnellement et mathématiquement organisé selon un ordre défini, plus simple et sans complexité pour la défense, et en méme temps un espace plus organique, présentant des imprévus, mais du coup plus difficile 4 contréler de l'intérieur. Ainsi, a Tlemcen, l’officier du Génie reconnait intérét de la structure organique de la ville précoloniale pour sa défense : «Le méchouar sera conservé car ¢’est une trés bonne citadelle, Il est préeédé dune ville dont les maisons étagées et les rues étroites permettant une défense énergique pieds a pieds et solidement soutenue par le canon du méchouar qui domine Ia ville.»”* La maison mauresque est considérée par les premiers responsables de la construction de la ville comme bien adaptée au climat méditerranéen. En revanche la ville arabe est décrite comme un Gtablissement sans ordre, sans espaces libres publics et ne convenant pas aux exigences de la circulation des convois militaires et aux premiers besoins du commerce frangais. « Emprisonnée dans ces rues étroites, l'armée ne pouvait faire usage de son matériel qu'avec des difficultés et des lenteurs infinies. Il fallut done se frayer promptement a travers ce labyrinthe de petites rues et de constructions accolées les unes aux autres des voies de communication, désormais indispensables. “est ce qui fit ouvrir promptement les premiéres rues et places”. » 3.2. DES CONSEILS ET UN REGLEMENT POUR LES CONSTRUCTIONS EN ALGERIE Les ingénieurs du Génie connaissent bien organisation des villes précoloniales. Ils en font des relevés précis, Tls ont occasion de concevoir des projets pour réutiliser des maisons mauresques et les transformer en hépitaux ou en casemes. En 1844, quand Bugeaud, alors gouverneur général, demande a la direction du Génie de définir des régles pour les constructions en Algérie, les ingénieurs du Génie frangais se référent aux dispositions de la ville et des maisons mauresques de la casbah d’Alger pour formuler des conseils 4 suivre en matiére durbanisme et darchitecture. Le colonel Charon, directeur du Génie en Algérie, adresse ainsi une longue note au gouverneur d'Algérie : ” SHAT, Archives du Génie, art. 8, sect. 1, Tlemcen, carton n® 3, apostille du chef du Genie, 1851 * SHAT, Archives du Génie, art. 8, sect. I, Alger, carton n® I, apostlle du chef du Génie, 1833, PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, « Les habitations mauresques modifiges et appropriges 4 nos habitudes sont les seules admissibles dans ce pays. Le climat et le risque de tremblement de terre doit nous entrainer 4 étudier de prés les constructions établies par les arabes. Sans nous préoccuper ici des mocurs et des croyances religieuses qui ont eu un si grand influence pour déterminer la forme et la disposition des édifices des indigénes, nous reconnaitrons seulement existence de ce fait, et nous en conclurons que les nouveaux habitants de I'Algérie, n’étant plus dirigés par ces mémes influences pourront modifier cette forme et cette disposition, sans s‘écarter toutefois des obligations imposées par la nature du sol et les exigences du climat™*, » Les indications données par Charon concernent aussi bien le tracé des villes nouvelles que la construction d'édifices privés ou publics. « IT est un point sur lequel on ne saurait jamais avoir aucune contestation, parce qu'il a pour bases la raison et le bon sens. Telle serait, sous le rapport de la salubrité et du bien étre des habitants, la nécessité ; premiérement, d'éviter, autant que possible, de percer des rues du nord au midi, et, dans le cas oti les communications exigeraient qu'on leur donnat cette direction, de les onduler de maniére que l'un des cétés de ces Tues puisse toujours projeter assez d’ombre pour garantir des ardeurs du soleil ceux qui auraient les parcourir ; deuxigmement, de border de portiques celles que l'on serait dans Tobligation de percer en droite ligne ou bien de les abriter par des toits trés saillants, en ayant aussi le soin de les tenir le moins large possible, et de les rafraichir par un courant d'eau vive, Il faudrait aussi que les places publiques fussent également entourées de portiques et peu spacicuses ; quant aux grandes places, si, par exception, elles étaient jugé saires, il conviendrait de les planter d'arbres et de les décorer de fontaines. » Dans cette méme lettre, Charon donne done également quelques prescriptions concemant les constructions : « II est évident que pour obtenir dans les habitations une fraicheur convenable, il faudra donner aux murs extérieurs une grande épaisseur et ne les percer que d'ouvertures rares et petites, surtout 2 exposition du midi ; peut-étre aussi serait-il propos de pratiquer une ventilation combinée de telle sorte, que l'on puisse aisément renouveler lair. Sous le rapport de la solidité des constructions et sous celui de la sfireté des habitants, en raison de la probabilité des tremblements de terre, les édifices et les maisons devraient étre peu élevés. II faudrait éviter avec grand soin d'affaiblir les murs, soit par des baies trop multipliges, soit par de trop fréquents % Archives d’Outre-mer (AOM), Aix-en-Provence, IN3, Archives du gouvernement général Algérie, Lettre du colonel Charon & Bugeaud, 1844. PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, passages de tuyaux de cheminées, Une des meilleures garanties de cette solidité consisterait & tenir les murs en fondation et ceux des étages inférieurs d'une forte épaisseur, et a votiter Vétage souterrain. Peut-étre serait-il bon encore, dans quelques rues, de relier les batiments de Tun des cétés avec ceux de l'autre au moyen d'arcades établies de distance en distance, sous lesquelles on passerait, et qui pourraient, en outre, faciliter les moyens de tendre des bannes Theure de Ja grande chaleur, comme c'est I'usage dans l'Orient et méme dans les _villes méridionales de la France. » En conclusion, lauteur insiste sur la néce: ité de bien analyser les usages et les coutumes afin de comprendre les raisons des formes utilisées. Ces conseils pour ablissement des plans de ville et 1a nature des constructions 4 privilégier ne seront pas appliqués en Algérie ; les colons préférent reproduire dans le pays colonisé un urbanisme et une architecture auxquels ils sont familiers, et marquer ainsi le tertitoire de la présence du vainqueur. Cependant, ce souci, qui s'exprime tout au long de la période coloniale de connaitre rchitecture et Turbanisme mauresques, d'y faire référence pour des raisons climatique, sismique ou esthétique a laissé des traces importantes dans les quartiers européens des villes algériennes. A la fin du XIXe sigcle, de nombreux immeubles sont organisés autour de cours entourées de galeries donnant accés aux logements. Ce modéle se rencontre fort peu a la méme Epoque dans les villes de la métropole. Les ingénieurs Mutiliseront couramment pour réaliser des hépitaux ou des casemes. 3. UNE VOLONTE TROP TIMIDE DE PROTEGER LES MEDINAS ‘e rapport entre la tradition et la modemité peut encore étre illustré par les projets de transformation des villes précoloniales. Certes, les ingénieurs du Génie sont présents dans. les places pour adapter les villes anciennes aux besoins nouveaux des colons, mais ils défendent, au fur et & mesure de lavancée des projets, la préservation d'une partie des villes indigénes. est ce que montrent notamment deux textes, dont l'un écrit sur Alger en 1836, et l'autre sur Tlemcen en 1844, Ces textes indiquent le souci de l'ingénieur militaire de ménager la ville au moment de linstallation des troupes et des premiers colons frangais. Dans une lettre adressée en 1836 au ministre de la Guerre, le chef du Génie de la place d'Alger s'éléve ainsi contre le percement de nouvelles voies paralléles au front de mer dans la ville haute « Cela demanderait la ruine de plusieurs centaines de proprigtaires, le ravage de rues déja en construction, enfin cela représente des sommes énormes pour les expropriations, alors que des 24 PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, propriétaires n'ont pas encore regu leurs indemnités pour le premier élargissement, Des maures sont réduits 4 la mendi . Il est inutile de refaire des voies perpendiculaires a la rue Bab Azoun, est vouloir perpétuer les ruines, les démolitions et la misére dans une ville que nous avons déji mutilée. La chose utile a faire est de percer une rue pour monter du bas de la ville 4 la casbah, afin de redonner vie au 3/4 de la ville haute qui n'a pas de commerce”®’, » La ville de Tlemcen est occupée plus tardivement et dés le premier plan d'alignement établi en 1843, le chef du Génie i ste sur la nécessité de transformer les villes avec un respect plus grand de la structure existante : «On sest attaché, dans le percement des nouvelles rues, 4 démolir le moins possible. Le tracé de chaque rue sur le plana été le résultat d'une étude sur les lieux se bornant a des alignements opérés au fur et mesure des besoins de la. voirie sur un seul c6té des anciennes rues A élargir. Néanmoins, on a moins multiplié les percements des rues dans les quartiers indigenes que dans les quartiers européens parce que ces quartiers sont déja sillonnés de rues étroites qui suffisent & la circulation des pigtons et quiils ne seront jamais le siége de commerces, surtout le quartier Hadar qui a une trés forte pente**. » De méme, pour le plan d'extension et d'alignement de la ville de Médéah tracé en 1844, le service du Génie distingue trois quartiers : le quartier indigne (la partie conservée de la médina), le quartier européen qui pourra accueillir des indigénes (la partie transformée de la médina), et le quartier nouveau pour les seuls Européens. Malgré intervention du service du Génie, les autorités civiles, pressées diinstaller leurs activités commerciales, ceuvreront activement auprés des militaires pour la modemisation et souvent la destruction partielle de la ville arabe. Ils interviennent pour une transformation rapide de la médina et occupent des maisons mauresques qu'ils transforment sans souci de conservation, 3.4. DE L'ARABISANCE A LA MODERNITE, Aprés la pacification du pays et la remise du pouvoir aux autorités civiles, les générations nées en Algérie cherchent 4 fonder une identité. Les architectes puisent dans une imagerie néo- ° SHAT, archives du Génie, art. 8, sect. I, Alger, carton n° 3, 1836. ° SHAT, Archives du Génie, art. 8, sect, Tlemcen, carton n° 1, apostille du chef du Génie pour les projets de Vannée 1844. PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, mauresque, choisie sur des édifices aussi bien marocains qu'égyptiens, pour décorer des mairies ou des écoles. Jusqu’a la Premigre Guerre mondiale, les architectes viennent de la métropole et construisent des immeubles semblables a ceux de Paris ou de Marsville. Cependant, les clients, colons aventuriers venus faire fortune dans ce pays neuf, exigent une architecture plus ostentatoire et puisant ses références dans un style méditerranéen, Les premiers édifices publics construits en Algérie se référent aux styles européens et aux référen: lectiques enseigné & Micole des Beaux-Arts : le style baroque pour les thédtres construits dans le moindre centre de colonisation, ou le vocabulaire romano-byzantin pour les édifices religieux comme la cathédrale d'Alger construite sur 'ancienne mosquée Ketchaouia. Crest au début du XXe siécle, avec le développement économique du pays autour du commerce du vin, que les premidres générations nées en Algérie, tout en se réclamant frangaises, développent une identité propre, une certaine "algérianité". Un engouement nait alors pour l'architecture néo-mauresque. Jonnart, gouverneur général épris dorientalisme, encourage le mouvement et donne des directives aux architectes en charge des batiments publics. C'est a son nom que resteront attachés les premiers développements officiels de architecture néo mauresque. Les villes voient fleurir les édifices de ce style composite, des équipements, des immeubles et de nombreuses villas. Ainsi, 4 Alger sont construits en 1906 la grande poste de Voinot etTondoire, et la préfecture d'Henri Petit. L'architecture néo-mauresque sera le premier langage architectural utilisé qui, pour certains, favorisera par la suite le développement de rchitecture moderne. Un seul immeuble de cette période est présemté dans une revue d'architecture francaise. Il s'agit d'un édifice d'habitation de la rue d'Isly 4 Alger congu par Tarchitecte Lauro en 19017’, Cet immeuble est organisé autour d'une galerie couverte qui traverse la parcelle et divise 1a construction en quatre immeubles distincts. L'auteur de l'article insiste sur le fait que le passage couvert a été abandonné & Paris mais qu'il demeure dans les contrées méditerranéennes. I] évoque la nécessité de modemiser le bazar. II faut attendre 1930 pour que l'architecture d'Algérie commence 4 intéresser la métropole, Seuls quelques équipements publics auront grice auprés des revues et spécialement de La Construction moderne. Il en est ainsi par exemple du palais consulaire d'Alger construit par l'architecte Henri Petit en 189378. ” La Construction moderne, vol. XVI, 1900/1901, p. 175, pi. 38. ** La Construction moderne, vol. VIII, 1892/1893, p. 461-462 et 473-475, pi. 76-4 79. 26 PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, Source : Internet, 2011 PHOTO 1: le palais consulaire d’Alger, architecte HENRI Petit 4, LES TENDANCES ET LES COURANTS ARCHITECTURAUX ‘Au lendemain de la colonisation, un nouveau mode de production se substitue & la logique et & la cohérence des tissus originels, eréant ainsi une rupture irréversible avec les structures spatiales et sociales des villes. L'acte de batir obéit alors 4 de nouveaux paramétres et 4 de nouveaux concepts, au détriment d'un équilibre ancestral, Si ce bouleversement a changé irrémédiablement le paysage urbain ainsi que l'image des villes, il a surtout inauguré une ére nouvelle dans Thistoire de architecture algérienne. Les villes deviennent un laboratoire d'idées et de formes exportées de la métropole”’. Les débuts de 1a colonisation seront marqués par des interventions radicales sur les tissus urbains existants : Percés de voies, démolitions, transformations de batiments existants, etc. Du début de la colonisation jusqu’a la fin du siécle, le néoclassique frangais sera le style dominant en Algérie™ et a l'image des modéles frangais, Les principales implantations coloniales dans les villes algériennes seront de type Haussmanien a l'image des modéles frangais. L’aménagement du front de mer d'Alger, en 1860 par T'architecte Fréderic Chasseriau sera l'une des images les plus représentatives de cette tendance. Au toumant du sidcle, 'avénement du "style Jonnart " en Algérie va marquer abandon progressif de Varchitecture néoclassique au profit de tendances ” Boughaha, S. - L'architecture de la ville comme lieu de affrontement et du dialogue culturel - Thése de Doctorat, EHESS, Paris, 1999 * 4 ce sujet Jean Jacque Deluz, écrira : " Varchitecture classisante d'appartenance européenne a été pendant soixante dix ans Varchitecture officielle de l'empire francais en Algérie oi la politique d’empire survécue d Vempire "Deluz, JJ. - L'urbanisme et Varchitecture d’Alger, apercu critique, opu/Mardaga, 1988, p 30. PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, “orientalistes " qui comme le soulignes.-J. Deluz ambitionnent de récupérer le décor islamique et l'expression populaire™ 41. STYLE NEO-CLASSIQUE (VAINQUEUR) 1830 — 1900 Il s‘agit d’une architecture classicisante, d’appartenance européenne, qui trouve origine en 1750 dans les références gréco-romaines pour devenir I’architecture officielle de I’empire frangais pendant 70 ans. La volonté de donner un aspect monumental aux édifices publics, avec le développement d’un confort urbain pour les colons, fondé sur lesthétique, hygiéne, et l'agrément, Les principales caractéristiques: 1. Les constructions sont de forme parallélépipédique, presque cubiques, avec des ouvertures larges et régulidres sur toutes les facades ; il s’agit, soit de grandes fenétres, soit de balcons qui font parfois, le tour de deux fagades 2. La symétrie, la rythmicité des ouvertures, ouvertures en hauteur 3. Les RDC, bordant les places ou avenues et rues importantes sont réservées 4 des commerces et souvent en retrait sous des arcades 4, Liemploi des colonnes et des ordres 5. Le fronton triangulaire ou segmentaire 6. Balustres et comiches, bas reliefs floraux, portique extérieur (entrée), 7. Les matériaux de construction varient de la pierre taillée au béton avec des décorations en fer forgé, en plitre, marbre et stuc (imitation du marbre). les toits sont en tuiles et les rares terrasses sont inaccessibles 8. Les niveaux varient de deux a trois étages, rarement quatre 9. Les motifs de décoration sont trés variés et participent 4 animation de la fagade. Le principal motif est le balcon surchargé de décors (Fantaisie), C’est & ce niveau que sont traitées les fenétres, la ferronnerie et les encorbellements (consoles) 4.2, STYLE NEO-MAURESQUE (PROTECTEUR) 1900 - 1950 Un style qui se veut conservateur a base de pastiche de l’architecture arabo-musulmane par Jonnart (appelé aussi Arabisance). tdem PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, Il apparait a la surface des édifices sous forme d’éléments décoratifs dérivés de l'architecture arabe avec des mélanges hétéroclites de fioritures en arabesque et de stucs surchargées, éléments de référence mauresque = 1. portes monumentales, . emploi des ares outrepassés, 4 lambrequin, en stalactite, . Boiserie de balcons, encorbellements, Des colonnes a fits cylindriques ou cannelés en torsades, . Chapiteaux a corbeilles simples, Balustrades de boiseries ajourées, . Emploi de la coupole, des merlons et pinacles Soubassement des murs en carreaux de faience, eer awe ). Encadrements des baies sont revétus de carreaux de céramique aux motifs trés variés de fleurs et d'arabesques 10. Les écoingons sont traités avec des carreaux de faience polychromés 11. Utilisation de élément minaret dans les édifices publics Exemple: la préfecture et la grande poste d’ Alger, hotel Cirta et la Medersa 4 Constantine 4.3. STYLE MODERNE DEPUIS 1950 ... Avec la célébration du centenaire, en 1930, on assistera au déclin progressif de cette tendance au profit d'une vision plus moderniste mettant en avant le caractére méditerranéen de I'Algérie. Le contexte international favorable au mouvement modeme aura des répercussions sur ce qui va se passer en Algérie et plus particuliérement 4 Alger en termes de production architecturale, La spécificité de Varchitecture algérienne durant les années 1930 apparait déja a travers les tr d'architectes tels que Paul Guion, Marcel Lathuilliére ou Xavier Salvador. Cette génération dlarchitectes & tendance modemiste que lon appelle aussi les algérianistes ont joué un réle important.* La célébration du centenaire verra le lancement d'un programme ambitieux de grands équipements. Ce sera l'occasion pour les architectes de présenter des projets nouveaux, “d'esprit © Malverti, X Alger, Méditerranée, soleil et modernité-, Architectures frangaises d’Outre-mer, ouvrage collectif dirigé par M. Culot et JM. Thiveaud, AAM, Lidge, 1991. p. 35 29 PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, modeme et d'expression régionale” * inaugurant ainsi une ére nouvelle, celle de architecture moderne. Bien que n'ayant réalisé aucun de ces projets en Algérie, le Corbusier aura une grande influence sur les architectes qui vont participer & l'acte de batir. La production architecturale traversée par le courant modemiste durant cette époque, va constituer un épisode majeur de l'histoire du mouvement moderne en Algérie. Son expression dans le contexte algérien obéit aussi a un certain particularisme sous l'influence d'un environnement social physique politique et culturel. La protection de ce patrimoine architectural récent, n'est pas considérée aujourd'hui comme une priorité malgré sa richesse et sa diversité™. Ce style architectural était caractérisé par : 1. le plan libre facade libre, 1a transparence (Utilisation du verre) 2. La toiture-terrasse (deux immeubles viadue, immeuble réservoir chateau d’cau), 3. Des volumes simples 4, Structure en béton armé et remplissage des murs en brique 5. pilotis (Libération des R.D.C), 6. des bitiments simples sans décoration (I'ornementation est bannie) 7. Fagades en damier monotone (casemne, écoles, hépitaux) 8. les ouvertures en longueur brise-soleil dans I’aéro-habitat (unité dhabitation) 9. la surélévation des batiments (barre et tour) 10. La réduction des surfaces baties » Malverti, X Alger, Méditerranée, soleil et modernité -, Architectures frangaises d'Outre-mer, ouvrage collectif dirigé par M. Culot et J. M. Thiveaud, AAM, Lidge, 1991. p. 42 * Les auvres de Pouillon d'avant V'indépendance avec les cité Diar EI Mahcoul et Diar Essaada ou bien celles apres Vindépendance avec essentiellement les centres touristiques constituent aujourd'hui un patrimoine important. Si certains hatels ont fait Vabjet de travaux de réhabilitation ou de restauration, d'autres méritent une attention particuliére afin d'éviter leur dégradation PREMIERE PARTIE (CHAPITRE PREMIER, Source : Intemet, 2011 PHOTO 2: immeuble, bd du telemly PHOTO 3: immeuble, rue Roosevelt Source : Intemet 2011 PHOTO 4: éxlise Notre-Dame d'Afrique, PHOTO 5: éplise notre dame #arrigue, Alger, aix®sigcle Source : Internet, 2011 PHOTO 6; Musée des antiquités, pre de Ia iberte, PHOTO 7: Immeuble, bd du Telemly, Porte Diente PREMIERE PARTIE (CHAPITRE PREMIER, PHOTO 8: immeubles usin, pate de Ia ibe, Alger PHOTO 9: immaeubls wbains, pace dela lide, Source : Intemet, 2011 PHOTO 10: nasuALe eRMAIN DU DERUT BL xX” PHOTO 11: vous oy esenrcoun otoen Source : Internet, 2011 PHOTO 12: soush ov sxcas couK Daven, PREMIERE PARTI (CHAPITRE PREMIER, 5. CONCLUSION Lihéritage colonial contribue aujourd'hui fortement a la structuration des espaces a Venrichissement des typologies architectural et 4 la définition de Timage urbaine, Effectivement, les constructions en sont les signes les plus tangibles et les plus durables."Formes exportées" ou issue d'un "métissage culturel”, cette production constitue aujourd'hui un répertoire architectural et artistique riche et varié, qui nous renvoie 4 son histoire. Ces formes baties représentent aujourd'hui " un patrimoine partagé " entre les deux rives de la Méditerranée. Lihistoire de l'architecture des influences et des échanges réciproques entre les deux cultures, locale et coloniale, peut probablement nous éclairer et expliquer les modalités de production de ces formes. Ces images et ces typologies, reflétent en effet expression des pensées et tendances ayant prévalues & 1’époque. Leurs fondements et leurs effets sur la production architecturale restent étroitement liés 4 histoire de I’architecture ainsi qu’a ’histoire du pays lui-méme. A travers les images et les typologies architecturales produites entre les XIX° et XX° siécles, on retrouve aussi expression des pensées et tendances qui ont prévalu 4 'époque. Si aujourd'hui la reconnaissance patrimoniale des sites et monuments 4 valeur historique est Stablis, il serait judicieux de Vélargir au patrimoine récent ainsi qu'a certaines typologies ordinaire, plus fragile et souvent méconnu, Leur dégradation face au désintéressement général est fortement préjudiciable a ces lieux de mémoire. Le devenir de ce patrimoine constitue un enjeu essentiel, tant sur le plan culturel, économique, que social, PREMIERE PARTIE. (CUAPITRE DEUXIEME. CHAPITRE II: LE LEGS ARCHITECTURAL FRANCAIS ET SON INSERTION DANS LA PROBLEMATIQUE PATRIMONIALE NATIONALE AUJOURD’HUIL. PREMIERE PARTIE. (CUAPITRE DEUXIEME. 1. INTRODUCTION Malgré existence d’un cadre Iégislatif et institutionnel, le devenir ot la prise en charge du patrimoine des XIX et XXéme s st encore, dans la pratique, loin d’étre clarifié. La question du patrimoine et sa protection reste aujourd’hui fortement tributaire de la signification du patrimoine dans a culture nationale. Le patrimoine comme représentation d’une identité, comme ancrage culturel, dans le cas du patrimoine des XIXéme et XXéme siécles constitue un des aspects de la problématique. Appréhender objectivement cette question, passe par une redéfinition de I’idée du patrimoine et une réappropriation de celui-ci 2. L7HERITAGE COLONIAL DANS L’ALGERIE ACTUELLE: Comme partout ailleurs, au lendemain des révolutions, un régime s’effondre et tombe avec lui les monuments et symboles qui le représentent : stéles commémorative, statues et ceuvres d’art, désormais dissimulées aux yeux de la population ou étalées & méme le sol pendant plusieurs mois pour matérialiser physiquement au regard de tous la chute de l’ancien pouvoir. Au lendemain de VIndépendance, une majorité de monuments fut ainsi détruite (monument de la colonisation de Boufarik, Bouchard et Bigonet, 1930), rapatrige en France (statue équestre du duc d’Orléans, Morochetti, 1845), ou cachée quelque temps plus tard par une chape de ciment (Monument aux morts, landowski et Bigonet, 1928)**. Une statue ou un monument s’écroule et cent trente ans de colonisation s’effacent done subitement. Ce «nettoyage» du patrimoine artistique vise la purification de espace urbain surencombré de traces et de signes d’une histoire abolie, celle de V'Algérie frangaise. Il est amoreé ds le premier jour de Pindépendance, dans la capitale, par la récupération des anciens lieux de pouvoir et des centres urbains. Dans le bref souffle de liberté accordé 4 la population algérienne, l'un des premiers gestes exprimés par cette demiére 4 la proclamation de IIndépendance a été de défiler et de manifester le jour méme au niveau des points stratégiques de la capital Alger. Des espaces te des Ticux qui ne sont pas neutres comme la place du “CfAMATO,Alain 1979, Monuments en exil, préface du Paul Belmondo, Paris, Bd.de U'Adlanthrope. PREMIERE PARTIE. (CUAPITRE DEUXIEME. Gouvernement ou le Boulevard de la République, des édifices publics comme I’hotel des postes, ont constitué la sc&ne urbaine et architecturale de la liberté recouvrée. 2.1.NOMBRE ET TYPE DE PATRIMOINE XIX°-XX° EN ALGERIE TABLEAI LISTE DU PATRIMOINE CLASSE ET EN INSTANCE DE CLASSEMENT DES. XIX ET XX SIECLES PAR WILAYA (DEPARTEMENT) Wilaya @Adrar 1 DAncien Hopital dAdrar. Instance de classement, 1998 Wilaya de Laghouat 2-Cenitale électrique diesel de Laghouat Ouvrage industriel. Classé en 1999 Wilaya de Biskra 3-Barrage de foume El-Ghorza, & Sidi-Okba. Ouvrage Hydraulique Instance de classement, 1996. Wilaya de Tiaret Haras de Chaouchaoua& Tiaret Jumenteric Classé en 1995, Wilaya de Tizi Ouzou SRisidence Gouled Kaci a T= Ouzou. Monument historique. Instance de classement, 1992 6-La station hydraulique de Boghni illiten. Ouvrage hydraulique. Instance de classement, 1992 PREMIERE PARTIE. Wilaya d'Alger 7-Tardin Marengo, & Oued Koriche / Casbah, Classé en 1950 8.Villa " second weber " et le bois de pins qui Nentoure sur l'éperon de la falaise saint Raphaél, a El- Biar. Demeure et site naturel Classé en 1928 9 Jardin e'Essai du Hamma (EL Hamma-Annassers). Site Naturel Classé en 1947, 10-Pare de la liberté (ex. Pare de Galland) & Sidi-M'hamed. Site Naturel, Classé en 1951 LL-Prison de Barbarousse & Casbah Oued Koriche, ‘Monument pénitencier. Classé en 1999, 12- Maison des "22" 4 El- Mouradia. Monument commémoratif, En instance de classement, 1985, 13- Musée National des Antiquités au Pare de la liberté & Sidi-M’hamed. En instance de classement, 1997. 14- L'édifice abritant Vhétel El (CUAPITRE DEUXIEME. PREMIERE PARTIE. (CUAPITRE DEUXIEME. Wilaya d'Alger (Suite) Djazair & El-Madania, Sur la liste de Vinventaire supplémentaire, 1996, 15-Phare de cap Caxine & Bl Hammamat. Signal Maritime En instance de classement, 1997. 16-Musée National des Beaux - Arts, face au jardin d'Essai a Sidi Mhamed, En instance de classement, 1998. Wilaya de Sidi-Bel Abbes T7-Camps de Bossuet & Dhaya. ‘Monument pénitencier. En instance de classement, 1992 Wilaya de Constantine 18-Prison @EI Koudia & Constantine. Pénitencier En instance de classement, 1992. Wilaya de M'sila 19-Camps @EI Djorf a Ouled Derradj. Pénitencier Classé en 1999 Wilaya de Ouargla 20-Musée Saharien & Ovargla, En instance de classement, 1997 Wilaya de Tart 2i-Eglise GE Kala. Monument de Culte. Classé en 1953. Wilaya de Ti Ta-Ancien Musée de Cherchell paza En instance de classement, 1985 PREMIERE PARTIE. (CUAPITRE DEUXIEME. 2.2.LES MESURES MISES EN PLACE ET LES CONSEQUENCES DANS LE PAYSAGE ARCHITECTURAL DES VILLES : Il existe matheureusement des décalages entre les textes promulgués et leur mise en application. La réglementation a elle seule reste inopérante si les textes d'application ne sont pas établis. Celle-ci reste tributaire de "harmonisation de la réglementation notamment par la promulgation de textes application qui permettront notamment identification des actions et des acteurs qui auront compétences pour intervenir dans le domaine de la protection du patrimoine. Pour 'exemple, il y a lieu de citer le décret exécutif N° 03-322 du 05 octobre 2003 portant "maitrise d'ceuvre relative aux biens culturels immobiliers protégés". Avec ce texte d'application, la compétence d'attribution dans le domaine de la préservation/restauration est dévolue 4 des architectes spécialisés en la matiére 2.3.SENSIBILISATION ET VALORISATION Journées du patrimoine : Les journées du patrimoine sont organisées chaque année par le ministére de la communication et de la culture, La protection du patrimoine et le mouvement associatif La révision constitutionnelle du 28 février 1989 a permis au mouvement associatif de se constituer et il existe aujourd'hui un certain nombre d'associations & caractére culturel qui euvrent pour la protection et 1a mise en valeur du patrimoine, Nous n'avons pas rencontré d'associations, spécifiques au patrimoine architectural des XIX° et XX° siécles. Néanmoins, le but et l'objectif commun de ces associations est la préservation du patrimoine architectural en général. Le nombre de plus en plus important associations & caractére cult 1, met en évidence Mintérét porté au patrimoine culturel, La fondation de I'espace Ksourien a titre d'exemple, participe 4 des projets de restauration et de réhabilitation des ksours dans la région de Bechar dans le sud ouest algérien. Les ksours sont des villages traditionnels du sud de 'Algérie. 2.4.COMPENSATIONS, SUBVENTIONS ET AIDES: Le financement des opérations diintervention et de mise en valeur des biens culturels (articles 82, 83, 84). Les propriétaires privés des biens culturels immobiliers sur lesquels sont entreprises des opérations de sauvegarde, de restauration, de réhabilitation, de conservation et de mise en valeur PREMIERE PARTIE. (CUAPITRE DEUXIEME. peuvent bénéficier d'aides financiéres directes ou indirectes de l'état, Les entrepreneurs ou promoteurs immobiliers lorsqu'ils entreprennent des travaux de restauration, de réhabilitation et de conservation sur des biens culturels immobilicrs peuvent aussi bénéficier de ces avantages. Les propritaires des immeubles situés dans 1a zone de protection du bien culturel immobilier concerné peuvent bénéficier de cette aide lorsque ceux ci ont pour effet de participer 4 la mise en valeur du bien culturel immobilier classé. Les propriétaires privés des biens culturels immobiliers classés ou proposés au classement peuvent bénéficier d'une aide financiére de l'état pour la restauration et la réhabilitation dont le taux de participation peut étre octroyé proportionnellement au coat des travaux sans pour autant dépasser 50% du coiit total. La mise en place de mécanismes de financement et d'investissement pour la restauration du patrimoine, a fait Yobjet de recommandations, & I'issue du symposium sur la mise en valeur des centres villes historiques, organisé 4 la bibliothéque nationale dE] Hamma a Alger les 13, 14 et 15 mai 2002. Par ailleurs les experts présents 4 cette rencontre ont préconisé de compléter le cadre législatif régissant les centres historiques, en élaborant les textes d'application de la loi de 1998, relative la protection des biens culturels*, Un fond national pour la protection du patrimoine devrait étre institué patrimoine, afin de prendre en charge les subventions et aides a la protection du patrimoine™. Malgré I'existence d'un cadre législatif et institutionnel, le devenir et la prise en charge du patrimoine des XIX et XX" sigcles est encore, dans la pratique, loin d’étre clarifié. La question du patrimoine et sa protection reste aujourd'hui fortement tributaire de a signification du patrimoine dans la culture nationale. Le patrimoine comme représentation d’une identité, comme ancrage culturel, dans le cas du patrimoine des XIX‘ et XX™* siécles constitue un des aspects de la problématique. Appréhender objectivement cette question, passe par une redéfinition de 'idée du patrimoine et une réappropriation de celui-ci, Si quelques exemples d’opérations peuvent étre * Recommandations du symposium sur la mise en valeur des centres villeshistoriques, Bibliotheque nationale du Hamma, Alger, mai 2002.En juin 2003, trois textes d'applications ont été adopté * Voir Ventretien accordé par le Directeur du patrimoine culturel le 25-06 40 PREMIERE PARTIE. (CUAPITRE DEUXIEME. recensés ga et 18, rares sont les interventions entreprises dans un cadre de protection et de valorisation du patrimoine, Ces lieux chargés histoire et de symbole méritent aujourd’hui un regard nouveau pour une reconnaissance de leur valeur patrimoniale. La dimension symbolique, historique et architecturale ont été a la faveur de ces choix. 3. LES REPRESENTATIONS PATRIMONIALES, ENTRE MEMOIRE ET OUBLI: Parmi la liste des lioux et des édifices classés au titre de Monument historique, laquelle comprend aujourd’hui environ cing cent cinquante sites et monuments nationaux*, peu de batiments appartiennent a la période contemporaine, Ceux qui s"y trouvent ii crits, moins d'une vingtaine, sont en fait répertoriés comme relevant de la période moderne et incluent par exemple l’ancien hoy tal d’Adrar dont peu est dit sur exacte date de son édification, mais aussi Ia central électrique diesel de Laghouat, le barrage hydraulique de Foum El Ghorza (Biskra), la station hydraulique de Boghni (Tizi Ouzou), le haras de Chaouchoua (jumenterie de Tiaret). On y trouve également les lieux de détention des résistants pendant la guerre d’ Algérie comme la prison Barberousse (Casbah Alger), celle d’El Koudia & Constantine, ou ma prison centrale d’Oran, ainsi que ceux commémorant des événements historiques comme la maison du congrés de la Soummam (Ouzelaguen, Bejaia). Dans cet ensemble qui montre l’orientation économique-ici industrielle- et révolutionnaire engagée par l’Etat-Nation depuis I’indépendance, trois édifices se détachent : la chapelle Santa Cruz, 4 Oran, le musé national des beaux arts et I’hétel El-Djazair/ saint George, & Alger. Le musé, congu par Paul Guion, a été édifié a occas mn du Centenaire ; ’hétel, ancienne orphelinat construit 4 la fin du XIX* siécle par George Guiauchain sur les ruines d’un palais ture, a 46 transformé en tant que tel a la suite des réaménagements réalisés au début du XX° si par son fils Jacques. Bien que comptant au titre de Monuments nationaux, ces batiments ne font objet ™ La liste érablie par la sous-direction des monuments et sites historiques, direction du patrimoine culturel, ministére algérien de la communication et de la Culture, 2000. 41

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