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Manuel Cartographie

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Manuel de

Cartographie

Manuel de Cartographie

Ecrit par Didier Poidevin


Extrait de son ouvrage « La carte : moyen d'action » aux éditions Ellipses

Articque
Les Roches
37230 Fondettes
Tel : +33 2 47 49 90 49
Fax : +33 2 47 49 91 49
Web : http://www.articque.com
Email : [email protected]

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Manuel de
Cartographie

TABLE DES MATIERES


TABLE DES MATIERES................................................................................................2

PRESENTATION.............................................................................................................4
I CARTOGRAPHIES, CARTES.............................................................................................................................6
1) Qu'est ce que la cartographie ?...........................................................................6
2) La carte................................................................................................................8
3) L'informatique au service d'une nouvelle cartographie ......................................11
4) Comment aborder la cartographie par ordinateur ?..........................................12
5) Les apports la cartographie par ordinateur.......................................................14
II L'ECHELLE ET LA GENERALISATION............................................................................................ 18
1) L'échelle ................................................................................................................18
2) La généralisation...............................................................................................20
III LOCALISATION - IMPLANTATION.........................................................................................................23
1) La localisation...................................................................................................23
2) L'implantation .......................................................................................................23
IV LES VARIABLES VISUELLES............................................................................................................ 29
1) 1ère variable visuelle : la taille...........................................................................29
2) 2ème variable visuelle : la forme..............................................................................30
3) 3ème variable visuelle : la valeur........................................................................31
4) 4ème variable visuelle : le grain..........................................................................33
5) 5ème variable visuelle : l'orientation...................................................................33
6) 6ème variable visuelle : la couleur......................................................................33
V QU'EXPRIME-T-ON AVEC LE LANGAGE CARTOGRAPHIQUE..................................................43
1) Des quantités, des proportions (information quantitative).............................. 43
2) Un classement, un ordre (information ordonnée).................................................46
3) Une différence, une distinction (information qualitative)......................................47
4) En résumé, pour une bonne utilisation des variables visuelles.............................50
VI RESPECTER LES REGLES.................................................................................................................. 51
1) Etre rigoureux avec la collecte et le traitement des données.............................52
2) Le traitement graphique doit être judicieux (du bon usage de l'expression
cartographique)..........................................................................................................53
3) Une carte doit être lisible (nette et économique)...................................................53
4) Une carte doit être complète..................................................................................55
5) Une carte thématique doit répondre à deux questions.......................................61
VII LES ETAPES...................................................................................................................................... 64
1) Se poser les questions pertinentes avant la conception.....................................64
2) La construction d'une carte...............................................................................67

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Manuel de
VIII LA MISE EN CLASSES DESCartographie
SERIES STATISTIQUES................................................................. 69
1) La terminologie élémentaire de la statistique...................................................69
2) Principes du découpage en classes...................................................................71
3) Rappels de statistiques élémentaires : les principaux indicateurs....................72
4) Les méthodes de discrétisation...............................................................................75
IX LES CARTES D'ANALYSE.................................................................................................................. 81
1) Les cartes en points.................................................................................................81
2) Les cartes en proportions..................................................................................82
3) Les cartes en diagrammes.................................................................................84
4) Les cartes en symboles...........................................................................................86
5) Les cartes de réseaux........................................................................................87
6) Les cartes de flux..............................................................................................89
7) Les cartes en plages..........................................................................................91
X LES AUTRES FORMES DE CARTES................................................................................................. 93
1) Les cartes en carroyage.....................................................................................93
2) Les anamorphoses...................................................................................................94
3) Les cartes en trois dimensions................................................................................95

Manuel de Cartographie – Copyright 3/9


Manuel de
Cartographie

PRESENTATION

La carte, familière, quotidienne, indispensable, est pourtant un outil dont les potentialités
sont méconnues voire inconnues par la plupart d'entre-nous.
Des générations d'élèves puis de professionnels assimilent encore la géographie et
indirectement la cartographie à des disciplines d'inventaires dont le seul but serait de
situer les lieux, les faits et phénomènes.

Cette vision limitée et fortement stéréotypée vient du fait que l'école et l'enseignement
en général n'ont pas été préparés à transmettre l'utilité opérationnelle de la géographie et
de la cartographie. Parallèlement, le marché de la carte, sa pratique et son utilisation
médiatique se sont considérablement accrus. La maîtrise de l'outil cartographique est
devenue un enjeu primordial dans tous les domaines se préoccupant de la connaissance et
de la gestion des territoires. Ce développement prodigieux de la cartographie résulte
d'une part d'une prise de conscience des ses qualités d'aide à la décision et à la gestion,
de support de communication, d'analyse ou encore de simulation et d'autre part de la
montée en puissance de l'informatique. Celle-ci ouvre à la cartographie de vastes champs
d'application (et inversement) et donne théoriquement à tous la possibilité de concevoir
une carte.

Ayant résolu le problème, délicat, de l'acquisition d'un logiciel, l'enjeu est maintenant
pour vous de travailler judicieusement avec les méthodes cartographiques et d'analyse
exploratoire auquel Cartes & Données vous donne accès.

Toute carte devrait présenter des qualités de rigueur, de clarté et d'esthétique, en résumé
ne pas ignorer les règles élémentaires de la graphique. En tant que langage, la
cartographie ne s'improvise donc pas ; elle s'apprend et n'est efficace que si elle assure
au lecteur le maximum de clarté et de rapidité de compréhension. Les progrès de
l'informatique et la démocratisation induite ont tendance à le faire oublier et chaque jour,
de trop nombreuses cartes alimentent un sottisier dont on s'abstiendrait volontiers.

Lorsque l'on conçoit ou que l'on apprend à concevoir une carte, il faut toujours garder à
l'esprit une des caractéristiques fondamentales de l'outil cartographique : celui-ci utilise
un langage visuel dont les principes, les règles, les qualités et les limites résultent tous
des exigences physiologiques de l'œil humain.

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Manuel de
Cartographie
Ce livret a pour objectifs d'énoncer les règles fondamentales de l'expression
cartographique et ce en dix parties : la première donne les définitions indispensables
tandis que les quatre suivantes présentent les subtilités de l'expression cartographique.

Les sixième et septième parties insistent sur les règles et les étapes nécessaires pour
concevoir et réaliser une carte efficace. Les techniques de mise en classes (discrétisation)
font l'objet d'une huitième partie. Enfin, les différents types de cartes, exemples à
l'appui, sont exposés dans deux dernières parties.

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Manuel de
Cartographie

I Cartographies, cartes
- généralités -

1) Qu’est ce que la cartographie ?


❑ La cartographie a pour but la représentation de la Terre ou d'une autre planète sous
une forme géométrique et graphique grâce à la conception, la préparation et la
réalisation de cartes. La cartographie est à la fois une science, un art et une
technique.
 C'est une science, car ses bases sont mathématiques, notamment en ce qui
concerne la détermination de la forme et des dimensions de la Terre puis le
report de la surface courbe de la Terre sur un plan (la carte) grâce au système des
projections et enfin l'établissement d'un canevas planimétrique et altimétrique.
L'enjeu est la précision et la fiabilité de la carte.
 C'est un art, car en tant que mode d'expression graphique, la carte doit présenter
des qualités de forme (esthétique et didactique grâce à la clarté du trait, à son
expressivité et sa lisibilité) afin d'exploiter au mieux les capacités visuelles du
lecteur. Cela exige de la part du concepteur et du réalisateur des choix dans la
représentation.
 C'est enfin une technique, car elle nécessite d'amont en aval, l'emploi
d'instruments dont les progrès ont bouleversé toute la filière cartographique
(photographies aériennes, satellites, ordinateurs, impression et diffusion, etc.).
La définition de la cartographie suppose que la représentation de la Terre s'accomplit
grâce à un ensemble de techniques et de méthodes. Il en résulte les deux grandes
branches de la cartographie.
❑ Les techniques précèdent les méthodes et engendrent une cartographie d'amont ou
une cartographie « mathématique » ou « topographique », sachant que ces
qualificatifs sont peu satisfaisants. Cette cartographie a pour finalité majeure
d'établir les fonds de carte* nécessaires à l'élaboration de toute carte. C'est là où se
situent les fondements mathématiques et géométriques de la cartographie.
Grâce à l'astronomie, à la topographie, à la photogrammétrie*, à la géodésie*, à la
topométrie (ensemble des mesures faites sur le terrain pour la réalisation des cartes
topographiques), à la télédétection* (découverte de la Terre à distance) entre autres
et bien sûr à l'exploration systématique du globe, on a pu donner de plus en plus
précisément au fil du temps, les dimensions, la forme générale et une représentation
à plat de la Terre. La connaissance de notre planète est à peine terminée et s'enrichit
encore aujourd'hui avec les progrès de l'imagerie satellitaire.

Manuel de Cartographie – Copyright 6/9


Manuel de
Cartographie
Cette cartographie demande des compétences particulières que possèdent les
topographes ou les géomètres par exemple. Pour le concepteur et réalisateur de
cartes thématiques, les buts à atteindre sont différents puisqu'il utilise des fonds de
cartes déjà établis.

Les deux grandes branches de la cartographie contemporaine

Techniques CARTOGRAPHIE Méthodes

Cartographie mathématique Cartographie thématique


de repérage objectif et précis et de Description et explication des distributions
mesure de la Terre (géoïde) spatiales de phénomènes géographiques
❍ Astronomie ❍ Géographie
❍ Géodésie Géographie physique
❍ Océanographie Biogéographie, géomorphologie,
climatologie, hydrologie, glaciologie,
❍ Photogrammétrie pédologie, etc.
❍ Système de projection Géographie humaine
Géographie urbaine, économique,
❍ Télédétection politique, des transports, démographie,
❍ Topométrie etc.

❍ Topographie ❍ Economie, urbanisme,


marketing, aménagement,
histoire, géopolitique,
statistiques, etc.
Collecte des données
Préparation et
traitement des
données
Sémiologie graphique
Dessin
Impression
Cartes générales Cartes spéciales
Cartes de base Cartes thématiques

L'enjeu est plutôt de considérer la cartographie comme art d'expression et comme un


outil d'analyse, d'aide à la décision et de communication, d'où le contenu de ce livre
axé essentiellement sur les méthodes de la cartographie.
❑ Les méthodes de la cartographie, c'est-à-dire la démarche et la réflexion
intellectuelle que supposent l'acte de concevoir, réaliser puis lire des cartes
thématiques (cf. définition plus bas) nécessitent d'autres compétences. Lire une
carte thématique est en soit un acte complexe qui ne répond à aucune recette
prédéterminée. L'expérience du lecteur dans un domaine quelconque et sa capacité à
décrypter la trame de l'organisation de l'espace géographique sont les deux

Manuel de Cartographie – Copyright 7/9


Manuel de
Cartographie
facteurs-clefs de la lecture efficace d'une carte. Il est par contre plus aisé de cerner
les acquis que réclament la conception puis la réalisation d'une carte thématique
puisqu'ils découlent plus ou moins directement d'une logique dans le choix du
langage cartographique. Pour résumer, le respect d'une série de règles et de
méthodes est garant d'une cartographie thématique efficace et fiable. .

2) La carte
❑ Objet très ancien, plus ou moins complexe, aux multiples facettes et utilisations, on
ne peut donner une seule définition de la carte. Toutes les cartes ont néanmoins un
point commun, celui de représenter une portion de l'espace terrestre. Retenons deux
définitions de la carte :
o Selon F. Joly, « une carte est une représentation géométrique, plane,
simplifiée et conventionnelle de tout ou partie de la surface terrestre et cela
dans un rapport de similitude convenable qu'on appelle échelle ».
o La carte est un dessin réduit et à plat du Monde ou d'une portion du Monde.
Elle peut être aussi et d'autre part une représentation sur un fond de carte
géographique, d'un phénomène quelconque concret ou abstrait. Cette
représentation est faite sur papier ou sur un autre support tel le verre, le bois
ou un écran d'ordinateur. Une carte est conçue à la main ou par une machine.
Les distances sur la carte sont toujours dans le même rapport que sur le
terrain.
❑ De ces définitions se dégagent cinq grands principes dont les conséquences
Lapratiques
notion deguident
carte n'est pas à confondre
ou devraient guider leavec celle
travail dede plan*
tout qui représente
cartographe, un espace
professionnel ou
restreint.
non. On parle de plans de maison, de quartier voire de ville mais jamais de plan de
France ou d'une région.
o La carte est une représentation, un dessin : la carte est donc un document
visuel. Ceci explique que la conception et la réalisation d'une carte doivent
respecter des règles simples mais rigoureuses, issues des lois de la perception
visuelle.
o La carte est une représentation plane : la carte matérialise le passage de la
sphère terrestre à un plan. Ce passage est réalisé grâce au procédé des
projections. L'obligation de la projection implique qu'aucune carte n'est
fidèle à la forme réelle de la surface terrestre. De plus, selon la projection
retenue, le visage du territoire projeté sera très différent. Cette contrainte n'est
impérieuse que dans le cadre d'une cartographie de grandes étendues de
terrain (travail à petite échelle).
o La carte est une représentation réduite : une carte n'a pas pour objectif de
représenter l'espace en vraie grandeur. Au contraire, le but est d'obtenir un

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Manuel de
Cartographie
document maniable sur lequel est représenté le terrain selon un rapport de
réduction : l'échelle.
o La carte est une représentation simplifiée : la réduction impose une série
d'opérations graphiques que l'on regroupe sous le nom générique de
généralisation et qui visent à choisir les objets à représenter et à remplacer
leurs formes observées sur le terrain par des figurés conventionnels.
o La carte est une représentation conventionnelle : le cartographe utilise un
langage, le langage cartographique, qui possède sa propre grammaire. Sa
connaissance permet de transmettre au mieux une information géographique.
❑ De même que la définition de la cartographie a laissé entrevoir les deux grandes
branches de cette discipline, celle de la carte différencie deux grands types de
cartes : d'une part les cartes de base (appelées également cartes générales ou encore
cartes classiques) issues de la cartographie mathématique et d'autre part les cartes
spéciales.
Dès le 17ème siècle, l'homme a cartographié la Terre dans un but moins restrictif que
celui de représenter la topographie des pays et de décrire la Terre. Les cartes sont
devenues des instruments de connaissance, de décision, de prévision et de
planification au service des Etats. Sont donc apparues des cartes spéciales ou cartes
spécialisées aujourd'hui communément appelées cartes thématiques.

Une carte thématique a pour finalité de donner sur un fond de carte une représentation
❑ Le cartographe est un auteur qui propose un message au lecteur
conventionnelle de faits et de phénomènes présentant un aspect de distribution dans
l'espace et de leurs être
Cet aspect devrait constamment
corrélations, dansdel'esprit
à l'aide des concepteurs,
symboles qualitatifs ouréalisateurs
quantitatifs,et
lecteurs de ou
géométriques cartes. S'il endont
figuratifs étaitl'explication
besoin, les uns y gagneraient
se trouve en rigueur et en modestie,
dans une légende.
Leslesphénomènes
autres en prudence et en lucidité.
à représenter étant illimités, les cartes thématiques et leurs applications
sont innombrables. C'est cette variété même qui fait certes la complexité mais aussi
l'intérêt d'un point de vue professionnel des cartes thématiques conçues pour décrire,
comprendre et interpréter l'organisation de l'espace afin, le cas échéant, d'agir.

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Manuel de

La carte, une interprétation du réel


Le cartographe La carte Le lecteur

Europe : croissance
démographique

Qualité des données


Sélection des données Erudition du
Traitement des données lecteur
Obstacles
Habileté et s’interposant
Sélection d’un fond de carte : Critères expérience du
engendrant une projection, échelle, généralisation subjectivité entre le lecteur des
et
dans le lecteur à décrypter
Choix des variables visuelles messages le message
travail du cartographe.
visuels cartographique
Habillage de la carte

❑ C'est lors de la conception et de la réalisation que se décide une très grande part de
l'effet final du document cartographique.
 Le cartographe doit d'abord appréhender la réalité du terrain afin de répertorier
et d'organiser les objets géographiques, bref les données* quantitatives ou
qualitatives qui constituent la base de la carte. C'est le cartographe qui décide
quelles sont les données à conserver ou à escamoter. Cette sélection est souvent
indispensable, car elle garantit la lisibilité du document final. Elle est souvent
liée aussi au thème de la carte et le cas échéant au lectorat de la carte : un
technicien ou un ingénieur sera capable de lire (ou exigera) des cartes infiniment
plus complexes que le néophyte.
A ce choix des données (pourvu que celles-ci soient fiables et homogènes)
s'ajoutent généralement un traitement de celles-ci. Là encore, le cartographe
s'affirme comme le seul maître à bord. Par exemple, parmi les méthodes de
découpage en classes des séries statistiques, il faut savoir choisir, sachant que
chaque méthode possède ses propriétés et surtout débouchent sur un résultat
cartographique exclusif.
 Les données étant sélectionnées, le cas échéant vérifiées puis traitées, il faut
maintenant passer à la présentation du fond de carte, une autre prise de décision
importante de la part du cartographe. Quelle projection choisir et surtout quelle
échelle et quel degré de généralisation retenir ? A priori, le nombre de solutions
est illimité mais le jugement du cartographe est encore une fois généralement
guidé par l'objectif final de la carte.
 L'esprit d'initiative est encore de mise lors de la phase-clef que constitue le
dessin de la carte. A la fois attendu et redouté, ce passage des données à
l'expression cartographique a été grandement simplifié grâce à l'informatique.

Manuel de Cartographie – Copyright 10/9


Manuel de
Même les logiciels les plus perfectionnés laissent pourtant toute latitude au
cartographe pour décider de la couleur, de la forme des figurés, de la
typographie...en définitive du style final de la carte. La machine s'efface devant
les capacités et l'obligation créatrices du cartographe.
 Enfin, il appartient au cartographe d'habiller la carte grâce à la légende (où la
placer, comment la présenter ?), à un cadre (doit-il limiter la carte ?), à
l'orientation, etc. Le choix d'un titre (souvent l'acte final du cartographe) est loin
d'être innocent. Aucun logiciel n'est capable, évidemment, de nommer une carte.
Il appartient à l'auteur de lui donner une tournure neutre et sobre ou à l'inverse
d'exprimer une pensée, une opinion. La taille des lettres, l'utilisation de figures
de pensée (exclamation, interrogation, énumération...) sont des techniques plus
ou moins subtiles pour formuler un titre et au final influencer le lecteur.
❑ Le décodage de la carte induit lui aussi une absence de spontanéité de la part du
lecteur. Tout lecteur a un vécu, une culture, une aisance et une formation qui font
que le message sera reçu différemment et plus ou moins fidèlement.
En conclusion, le cartographe, en sélectionnant, le fond de carte adapté, en
rassemblant et en traitant les données et en choisissant la manière dont il les
représente graphiquement est un auteur. « Organisateur, géomètre, styliste et
rhétoricien, il exprime librement sa “vision du monde” » 1. Au-delà des biais que
peut entraîner une telle intervention du cartographe, l'avantage réside dans le fait
que la carte est un outil au service du lecteur. Ce dernier n'a qu'à en disposer pour
agir. En recevant le message cartographique (cela est vrai pour tout message,
visuel ou écrit), le lecteur interprète lui aussi la structure du message
originel. Il appartient donc d'une part au cartographe d'apporter un maximum de
rigueur afin d'atténuer les irrégularités inhérentes à toute démarche de
communication et d'autre part au lecteur d'être conscient que la carte n'est pas un
calque du monde.

3) L’informatique au service d’une nouvelle cartographie


L'apparition de l'informatique dans le domaine de la cartographie est déjà ancienne
puisque les premières cartes par ordinateur datent du début des années 60. Néanmoins, à
cette époque, la technologie encore balbutiante et surtout les obstacles financiers
empêchaient l'expansion de la cartographie par ordinateur qui ne concernait qu'un noyau
de spécialistes. Depuis, elle s'est perfectionnée sans cesse si bien qu'aujourd'hui,
concevoir une carte sur ordinateur est en passe de devenir un acte aussi ordinaire
qu'utiliser un traitement de texte. Cette (r)évolution a bouleversé toute la filière
cartographique, d'amont en aval.
Pour le cartographe néophyte, la cartographie par ordinateur soulève un flot de questions,
car celle-ci possède son jargon, ses méthodes et ses spécialistes.

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1
Rémi Caron, Cartes et Figures de la Terre, 1980
Manuel de

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Manuel de

A noter
Pour qualifier l'élaboration d'une carte avec un ordinateur, on a inventé une série de
termes plus ou moins satisfaisants et spécifiques.
□ Le vocable cartographie assistée par ordinateur a le mérite d'être clair mais ses initiales
(C.A.O.*) étaient déjà utilisées par conception assistée par ordinateur, discipline qui fait
référence aux traitements graphiques en général.
□ L'expression cartographie automatique est souvent utilisée pour qualifier toute la chaîne
de fabrication d'une carte (des levés sur le terrain jusqu'au dessin et l'impression). On
obtient donc au final une carte automatique. Il est vrai que l'ordinateur entraîne une
automatisation de toutes les étapes de la réalisation d'une carte : tracé du fond de carte,
traitement des données, dessin, légende automatique, impression, etc. Mais cette
expression de cartographie automatique est abusive tant le rôle du cartographe reste
fondamental à tous les stades de l'élaboration de la carte : choix du sujet, des objectifs, des
traitements statistiques, de l'échelle, entrée des données, retouche d'images, etc. Le jour
où l'ordinateur pourra prendre en charge, sans intervention du cartographe, la création
d'une carte est encore loin.
□ On rencontre également les vocables d'infographie qui s'applique plus généralement
aux traitements graphiques de l'information et de géomatique qui fait référence à
l'ensemble des procédures de traitement de données géographiques par ordinateur dans
l'élaboration du cadastre* et de la carte topographique de base. Ces vocables sont peu
employés hors des milieux professionnels intéressés.
□ Le néologisme cartomatique suggéré par le géographe Roger Brunet est un compromis
entre cartographie assistée par ordinateur et cartographie automatique. On pourra
également utiliser sans crainte la formule de cartographie par ordinateur.

4) Comment aborder la cartographie par ordinateur ?


On peut distinguer quatre niveaux selon les fonctionnalités des logiciels.
❑ Certains logiciels destinés au grand public et plus particulièrement aux curieux de
géographie ou aux milieux scolaires ne sont que des recueils de cartes passives
(des atlas*) historiques, géographiques, satellitaires. Ils ne permettent en aucun cas
de créer des cartes et ne sont donc pas des logiciels de cartographie.
❑ Les logiciels de dessin

La réalisation de cartes grâce un logiciel de dessin (Adobe Illustrator ou CorelDraw


par exemple) suppose le maniement plus ou moins expérimenté du Dessin Assisté
par Ordinateur (D.A.O.). Quatre cas se présentent :
 le cartographe privilégie le travail graphique voire artistique et non pas la
conception de cartes supposant des traitements statistiques. Les logiciels de
dessin sont ainsi tout indiqués pour concevoir des cartes fictives, des cartes

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Manuel de
destinées à la communication ou des cartes schématiques. Ces documents ne
nécessitent pas en effet de liens entre objets graphiques de données statistiques
mais imposent généralement des fonctions de dessins avancées.
 Le cartographe travaille sur un logiciel de cartographie et retouche les cartes
dans un logiciel de dessin ou de présentation externe pour en améliorer la
présentation et l'esthétique, mettre en forme les textes, etc. Les logiciels de
cartographie offrent ainsi la possibilité d'exporter les cartes à différents formats
(GIF, JPEG, WMF, Posctript...). Cette méthode présente cependant
l'inconvénient de perdre les liens dynamiques entre objets graphiques et données
alphanumériques. Dans le cas d'une mise à jour par exemple, une nouvelle
rédaction de la carte s'impose. Toutefois, certains logiciels de cartographie
proposent des fonctions internes d'édition cartographique préservant les liens
entre paramètres d'habillage et base de données.
 Le cartographe conçoit sa carte « manuellement », par exemple les traitements
statistiques à l'aide d'une calculatrice ou d'un tableur, et réalise sa carte sur
logiciel de dessin.
 Certains logiciels de dessin perfectionnés proposent, grâce à des modules
intégrés, de nombreuses fonctions permettant de traiter des données
géographiques. La barrière entre ces logiciels et les logiciels de cartographie est
mince.
Si l'on veut mettre en relation les données statistiques et les données
cartographiques et mettre en œuvre des fonctions d'analyse géographique, en
résumé tirer pleinement parti de la cartographie par ordinateur, il faut passer à la
vitesse supérieure, c'est-à-dire aux logiciels de cartographie proprement dits.
❑ Les logiciels de cartographie
Les logiciels de cartographie sont complets et permettent de « numériser » (ou
« digitaliser »), c'est-à-dire enregistrer des fonds de carte personnels. Ils créent,
structurent et gèrent les bases de données cartographiques. Ils offrent ainsi toutes les
fonctionnalités de rassemblement, de classement et de traitements mathématiques
des données à cartographier. Ils traduisent les données (chiffrées ou non) en un
langage cartographique constitué de figures géométriques, de trames, de symboles,
de diagrammes, de couleurs..., puis ils permettent « d'habiller » la carte avec une
légende, un titre, un cadre, une couleur de fond, etc. Enfin, les logiciels de
cartographie effectuent des analyses spatiales très élaborées (intersections, sélection
d'objets selon divers critères, calculs d'itinéraires, d'isochrones, analyses
factorielles, etc.). Les logiciels de cartographie ont gagné en ergonomie. Autrefois
trop compliqués pour les cartographes occasionnels, ils sont aujourd'hui accessibles
au grand public moyennant une formation.
❑ Les systèmes d’informations géographiques (S.I.G.)
Le but de ce paragraphe est uniquement et simplement de tirer au clair les grandes
lignes d'un secteur aux multiples ramifications et en perpétuelle évolution. Le fait
que la plupart des personnes extérieures à la problématique des systèmes

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Manuel de
d'informations géographiques et même bon nombre de professionnels assimilent les
S.I.G. à des logiciels de cartographie est révélateur de la confusion qui règne dans
ce domaine dont l'image et le fonctionnement tendent à se brouiller un peu plus
chaque jour, particulièrement aux yeux du cartographe occasionnel.
Définition du S.I.G.
« Un S.I.G. est l'ensemble des structures, des méthodes, des outils et des données
constitué pour rendre compte des phénomènes localisées dans un espace spécifique et
faciliter les décisions à prendre sur cet espace ». (T. Joliveau).
 Contrairement à une idée reçue et tenace, les logiciels de cartographie et les systèmes informatiques
permettant de rassembler stocker, manipuler, traiter, gérer et analyser les données spatiales ne sont que des
éléments d'un ensemble beaucoup plus vaste, cet ensemble étant le S.I.G. proprement dit.
 Cette définition insiste sur le fait essentiel que les S.I.G. sont des systèmes incluant à côté des outils
matériels et logiciels, d'autres composantes tout aussi fondamentales : les structures, les méthodes et les
données.

5) Les apports la cartographie par ordinateur


❑ Les forces de la cartographie par ordinateur procèdent inévitablement de la
puissance et de la vitesse de calcul toujours plus importantes, intrinsèques aux
ordinateurs.
Les progrès de l'informatique et surtout de la micro-informatique bénéficient à tous
les échelons de la cartographie par ordinateur. Sa prééminence sur la cartographie
manuelle se décline en sept points majeurs :
 La rapidité d'exécution.
A toutes les phases de la conception et de la réalisation, l'ordinateur est
susceptible d'offrir aux cartographes professionnels ou amateurs un gain de
temps considérable. Traitement et réactualisation des données, dessin et
transformation du fond de carte, dessin de la carte, reproduction : tout le
processus est si rapide aujourd'hui qu'il est difficile d'imaginer un avant.
Il reste pourtant bien utile d'être passé par la cartographie manuelle afin de
mieux estimer et maîtriser la puissance de l'ordinateur ainsi que vérifier la
pertinence des résultats, notamment en ce qui concerne la partie graphique (choix
des variables visuelles, contrôle de la légende par exemple).
 Un potentiel énorme en matière de stockage et de diffusion.
L'époque où les cartes poussiéreuses dormaient dans des armoires oubliées est
révolue. Les cartes sont emmagasinées et classées sur support magnétique, sur
disque dur, sur CD-ROM, etc. Les documents ne se dégradent plus au contact de
l'air ou de l'humidité et de plus, le format compact des disquettes ou des CD-
ROM par exemple permet d'extraire les cartes en un temps record puis de les
diffuser tout aussi aisément. Les coûts de stockage s'en trouvent donc minimisés.
La diffusion des cartes et de l'information géographique acquiert actuellement

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Manuel de
une nouvelle dimension avec le réseau Internet sur lequel on peut consulter,
importer et imprimer dans des logiciels spécialisés, des cartes de tout type.
 La netteté du dessin et la qualité de la restitution.
Si au début de la cartographie par ordinateur, le dessin de la carte et son
impression étaient souvent plus proches du brouillon que du document
cartographique, cet inconvénient est aujourd'hui disparu grâce d'une part à des
outils d'édition cartographique très proches des meilleurs logiciels de dessin
assisté par ordinateur et d'autre part à l'évolution technologique des
imprimantes.
o Les logiciels de cartographie automatisent le dessin de nombreux figurés
cartographiques : plages de valeurs, symboles proportionnels, diagrammes,
etc.
o Les outils de dessin associés aux logiciels de cartographie évitent de savoir
dessiner (du moins, à la main). Sur papier, en effet, le dessin d'une carte
impose un apprentissage et une pratique soutenus pour dessiner des formes
géométriques parfois complexes et surtout une sensibilité aux arts graphiques
afin d'assurer un rendu des couleurs honorable par exemple. Les logiciels de
cartographie intègrent des aides au dessin avec lesquelles tracer et dessiner
des figurés, des trames, des diagrammes ou des aplats* de couleurs ne
constituent plus vraiment un frein. Enfin, les fonctions de mise en page
permettent d'éditer des documents clairs et synthétiques. Le cartographe y
gagne en temps, en précision et en rigueur.
o En revanche, le dessin par ordinateur ne s'apprend pas en quelques heures :
dessiner avec une souris n'épargne pas l'utilisateur d'une initiation au dessin
vectoriel (cf. Ci-dessous). Au moins, avec l'ordinateur, corriger une erreur de
dessin et tester des solutions jusqu'à satisfaction est un jeu d'enfant. Sur
papier au contraire, le droit à l'erreur est très limité : une main tremblotante
entraîne irrémédiablement une carte - et des heures de travail - dans une
corbeille à papier.
o Enfin, le rendu des imprimantes s'est considérablement amélioré ces
dernières années. Pour un prix modique (moins de 5000 FF), il est possible
maintenant de se procurer des imprimantes (laser, thermique, jet d'encre...)
dont les performances offrent une qualité d'impression étonnante non
seulement en noir et blanc mais aussi en couleur : au cartographe de tirer le
meilleur parti de ces petites merveilles de technologie.
 Le traitement des données est lié directement à la partie graphique de la carte.
Cette fonction, atout majeur des logiciels de cartographie, met en relation les
données statistiques présentes dans un tableur ou une base de données et les
figurés graphiques et non graphiques (titre, légende, nomenclature) de la carte. Il
suffit dès lors de changer les données numériques pour mettre à jour les cartes.
 Une immense capacité de gestion, de traitement, d'analyse.
La cartographie par ordinateur offre à la recherche scientifique et à de

Manuel de Cartographie – Copyright 16/9


Manuel de
nombreuses activités professionnelles (aménagement et urbanisme, prospective,
marketing, transport et circulation, etc.) une infinité de possibilités de
croisements, de corrélations, de calculs, des plus simples (divisions en classes,
calculs des moyennes, des écarts-types, des taux) aux plus compliqués (analyse
factorielle, tendances, potentiels et gravités, agrégation...). L'établissement de
modèles éventuels en est grandement facilité. La possibilité de formuler des
hypothèses constitue aussi une formidable avancée pour les scientifiques,
notamment les géographes mais aussi pour tous les professionnels soucieux
d'optimiser l'organisation de l'espace. On aboutit à une autre fonction essentielle
des S.I.G. : simuler.
 La possibilité de réaliser des cartes originales.
En alliant la puissance de calcul et la puissance graphique de l'ordinateur et des
logiciels, de « nouvelles » cartes sont nées, inconcevables ou très difficilement
concevables à la main : il s'agit notamment des anamorphoses, des cartes en
« 3D » et des cartes en carroyage. Ces cartes, au-delà de leur côté spectaculaire
ou peu commun, explorent de nouvelles formes de représentations
cartographiques. Dans le meilleur des cas, elles permettent d'analyser des
phénomènes spatiaux jusqu'alors difficilement perceptibles, voire inconnus.
 La possibilité de manipuler des bases de données cartographiques.
Les logiciels sont capables d'exploiter et de manipuler des cartes satellites et des
bases de données complexes issues des grands organismes producteurs de fonds
de cartes (I.G.N., Michelin...).
❑ Cette série d'avantages fondamentaux explique dans bien des cas qu'on ne puisse
plus se passer de l'informatique lorsque l'on conçoit et réalise une carte.
Néanmoins, l'ordinateur et les logiciels de cartographie n'évitent pas une prise en
compte des règles de l'expression cartographique.
L'ordinateur et les logiciels de cartographie font très souvent oublier, même aux
professionnels, que l'informatique ne dispense pas du respect des règles de
construction d'une carte. A titre de comparaison, il serait tout aussi grotesque de
penser qu'un traitement de texte exempt des règles de construction d'une phrase ou
d'un texte.
Certes, tout comme un traitement de texte, le logiciel de cartographie propose des
aides : aide au dessin, légende automatique, aide à la généralisation, etc. Mais le
cartographe comme l'écrivain reste le seul pilote à bord. Le logiciel de cartographie
fait au final ce qu'on lui dit de faire : si les données saisies sont fausses par
exemple, la carte sera également complètement fausse. Les plus grosses lacunes se
retrouvent dans les choix graphiques. On note ainsi « une contradiction grandissante
entre le niveau de sophistication de la cartographie théorique, mathématique et
automatique et l'ignorance des principes élémentaires de la graphique » (J.C.
Muller).
On voit donc fleurir des centaines de cartes en apparence sérieuses mais en fait
totalement fantaisistes et/ou illisibles. A la différence d'un texte bourré de fautes

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Manuel de
d'orthographe et de style, ces cartes passent souvent aux travers des critiques, car
peu de lecteurs discernent le bon du mauvais.

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Manuel de

II L’échelle et la généralisation
1 2 3 4 5 7

1) L’échelle
❑ L’échelle d'une carte est l'inverse du rapport d'une distance et de sa représentation
(définition du C.F.C.).

1 cm
5000 cm 1 cm
Distance sur le 5000 cm
terrain Représentation sur
la carte
Inverse du rapport

➢ L'échelle cartographique se présente sous deux formes :


 L'échelle graphique : « ligne droite ou abaque matérialisant sur la carte, l'échelle numérique »
(définition du C.F.C.).
 L'échelle numérique est le rapport d'une distance mesurée sur la carte et sa valeur réelle sur le terrain.
Une échelle de 1/100 000 signifie que 1 cm sur la carte représente 100 000 cm, soit 1000
mètres (ou 1 kilomètre) sur le terrain. En d'autres termes, un objet sur la carte sera 100 000 fois plus
grand dans la réalité. Le tableau suivant donne les échelles numériques les plus courantes en France.

1/5 000 1 cm sur la carte représente 50 m sur le terrain Plans cadastraux

1/10 000 1 cm sur la carte représente 100 m sur le terrain Plans cadastraux

1/25 000 1 cm sur la carte représente 250 m sur le terrain Ex. : Série Bleue IGN, 1750 cartes
topographiques très détaillées pour couvrir
la France.
1/100 1 cm sur la carte représente 1 km sur le terrain Ex. : Série Verte I.G.N., 74 cartes pour
toute la France.
000
1/200 1 cm sur la carte représente 2 km sur le terrain Ex. : carte routière Michelin

000
1/1 000 1 cm sur la carte représente 10 km sur le terrain Ex. carte d'Atlas détaillée,
carte routière I.G.N.
000
1/5 000 1 cm sur la carte représente 50 km sur le terrain Ex. : cartes d'atlas*

000
N.B. : la production des cartes au 50 000ème a récemment été arrêtée en France.

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Manuel de
❑ La notion d'échelle est très relative. Une carte à 1/5 000 peut être considérée à juste
titre comme une carte à grande échelle. Mais elle sera une carte à petite échelle si on
la compare à une carte à 1/500. Pour tenter d'établir une convention, l'Institut
Géographique National a mis en place une terminologie afin de classer les cartes
selon leurs échelles. Il en résulte trois catégories :
 les cartes à moyenne échelle : de 1/25 000 à 1/100 000 inclus,
 les cartes à petite échelle : de 1/100 000 à 1/500 000 inclus,
 les cartes à très petite échelle : inférieure ou égale au millionième.
La plupart des cartographes sont confrontés à des cartes à grande échelle (supérieure au 25
000ème) car ils travaillent à l'échelle de la ville, du quartier, voire de l'îlot. On parle alors
parfois de plans* : plan cadastral par exemple.

A retenir
□ Il convient de dire :
 carte à 1/x, et non pas carte au 1/x,
 échelle de 1/x, et non pas échelle au 1/x,
 en chiffres, on écrira carte au 25000ème et échelle du 25000ème,
 en toutes lettres, on écrira carte au millionième et échelle du millionième.
□ Attention à la terminologie petite échelle et grande échelle. L'échelle est un rapport :
plus le dénominateur sera important et donc le rapport petit, plus l'échelle sera petite.
Exemples :
1 1
5 000 000 500
Grand dénominateur = Petit dénominateur
petit rapport = petite = grand rapport =
□ Une carte à grande échelle représente une petite surface mais avec beaucoup de détails
tandis qu'une carte à petite échelle couvre une grande surface en sacrifiant au détail de la
représentation. De ce fait, une carte à grande échelle autorise plus de détail et plus de
précision tandis qu'un document à petite échelle nécessite une plus grande sélectivité : il y
sera impossible de représenter les faits par leur forme réelle. Cela implique la
généralisation du fond de carte et des phénomènes représentés (cf. Ci-dessous).
□ Lorsque l'on réduit ou agrandit une carte, l'échelle graphique est réduite ou agrandie
automatiquement, en même temps que la carte. Par contre, l'échelle numérique est
modifiée.

Manuel de Cartographie – Copyright 20/9


Manuel de

2) La généralisation
❑ La généralisation consiste en une simplification des tracés des fonds de carte et du
contenu de la carte lui-même. C'est la réduction de l'échelle qui nécessite la
généralisation : plus l'échelle sera petite (et donc la portion de terrain représentée,
étendue), plus la généralisation devra être importante - et inversement.
L'épaisseur du trait est à l'origine de ce phénomène. Cette épaisseur se relativise par
rapport à l'échelle de la carte : un trait de même épaisseur couvrira une bande plus
large sur une carte à petite échelle que sur une carte à grande échelle. Par exemple, à
l'échelle du 50 000ème (1 cm = 500 mètres □ une carte de 20 mètres de haut est
nécessaire pour représenter la France), un trait d'un dixième de millimètre équivaut
à cinq mètres sur le terrain. Ainsi, même le plus fin des traits ne pourra jamais être
100 % fidèle à la réalité du terrain (sauf à l'échelle, absurde, de 1:1).
En conséquence, si on généralise, c'est non seulement par la force des choses mais
aussi et surtout pour gagner en lisibilité. En d'autres termes, plus l'échelle sera
grande, plus le cartographe sera à l'aise dans le choix de l'expression
cartographique mais quelle que soit l'échelle, une généralisation est toujours
nécessaire.
❑ Généraliser n'est pas schématiser. Avec la schématisation, on remplace le contour
géographique par des contours simplement évocateurs de la forme initiale du
territoire en question (un hexagone pour la France par exemple).
❑ On généralise de quatre manières.
 On suit les tracés linéaires et on les simplifie en émoussant les sinuosités -
généralisation du fond de carte -.
Par exemple, admettons que l'on ait à cartographier un phénomène à l'échelle de
la Bretagne sur une feuille A4 (21×29,7). Il est impossible d'être scrupuleux
quant aux contours des lignes de rivages et de frontières, au réseau routier, au
réseau hydrographique (fleuves et rivières). De ce fait, on généralise le fond de
carte en gommant les multiples indentations et ondulations de ces tracés linéaires
 On sélectionne les principaux éléments et on en enlève d'autres que l'on juge
inutiles ou gênants à petite échelle - généralisation par sélection (Erreur!
Source du renvoi introuvable.).
Si au 50 000ème par exemple, il est possible de représenter toutes les routes et
toutes les rivières, il est évident qu'au 500 000 ème par exemple, une sélection
s'impose. Il suffit par exemple de sélectionner les rivières ou les éléments du
réseau routier les plus importants (en taille, en débit...).
 On simplifie les contours en regroupant les zones - généralisation structurale -
En réduisant l'échelle, les objets géographiques de la carte deviennent de plus en
plus illisibles. Le cartographe est donc amené à regrouper ces objets tout en
préservant leur structure initiale. Cependant, l'implantation réelle de l'objet n'est

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Manuel de
plus respectée. Par exemple, sur la figure ci-dessous, le vignoble Bordelais
dispose d'une implantation zonale dans la réalité : la première et la deuxième
carte respectent cette implantation mais non la troisième.
ème
Autre exemple, au 5 000 , tous les bâtiments d'un village sont cartographiables
avec précision. Au fur et à mesure que l'échelle se réduit, on généralise en
regroupant ces bâtiments en zones. Puis à une échelle encore inférieure (1/500
000 par exemple), toutes les zones et donc le village seront représentés par un
figuré ponctuel.
 On représente le phénomène par une forme totalement différente et très
simplifiée - généralisation conceptuelle -.
 En réduisant encore l'échelle, la généralisation structurale ne suffit plus : la zone
se transforme en une tache dont on ne distingue plus la structure. On la remplace
par un signe ponctuel, géométrique ou figuratif.

Manuel de Cartographie – Copyright 22/9


Manuel de

Généralisations structurale et conceptuelle


Le vignoble
1. Document
avant

Médoc Côtes de Blaye Côtes de Francs


N Blaye

Saint-
Estèphe Fronsac
Pauillac Côtes de Bourg Pomerol

Saint-
Julien
Saint-Emilion L’échelle permet de localiser précisément les
Listrac
appellations du vignoble Bordelais ainsi que de les
Moulis Vayres les nommer.
Margaux Sainte-Foy-
P Bordeaux
em
Haut-Médoc ièr
re Entre-Deux-Mers
s
Ct
ôes
d e
Bo
Bordeaux rd
uex
Pessac
Léognan Côtes de Bordeaux -
Cadillac Saint-Macaire

Généralisation
Loupiac
Graves Barsac 2.

0 20 km
Sauternes
Limite de l’appellation

La réduction d'échelle impose un nouveau mode de représentation : on sacrifie N


au détail de la carte précédente en regroupant les appellations du vignoble
Bordelais en une seule et même zone : c’est une généralisation structurale car
elle ne porte que sur les tracés.

3. Levignoble
Généralisation
N

La Champagne L’Alsace et l’Est


0 20 km

La Vallée de la Loire

La Bourgogne
Le Jura

Le Bordelais La Savoie et le Bugey

Les Côtes du Rhône L’échelle diminue de nouveau. Il serait encore possible,


mais moins précisément, de représenter le vignoble
Bordelais par un figuré zonal comme ci- dessus. Mais le
La Provence- Côte d’Azur cartographe décide de le figurer par un symbole
Le Languedoc-Roussillon
évocateur : une grappe de raisin. C’est une généralisation
Le Sud-ouest conceptuelle car elle change le mode de représentation
La Corse (ici, figuré zonal à figuré ponctuel) et l’implantation (ici,
implantation zonale à implantation ponctuelle)
0100 km

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Manuel de
y

III Localisation - implantation

1) La localisation
Le premier effort du cartographe consiste à tracer sur sa carte, les objets géographiques.
Une carte constitue un plan de dessin à deux dimensions. Les objets géographiques y sont
localisés par leurs coordonnées* x et y issues de leurs coordonnées géographiques sur la
sphère terrestre, respectivement la longitude* et la latitude*.
La localisation
La Terre Longitude La carte y

Tout point sur la Terre est à l’intersection d'un m


X

Latitude

Cette phase, consistant à reproduire l'ordre géographique des lieux, est rarement une étape
laborieuse, car il existe un nombre considérable de fonds de carte (sous forme papier ou
numérique) : il suffit de chercher et de trouver celui qui conviendra le mieux au travail
cartographique en question.
Encore faut-il rendre visibles sur le papier les objets géographiques et, dans le cadre de la
cartographie thématique, les données qui s'y rapportent. Pour cela, le cartographe dispose
des trois figures élémentaires de la géométrie : le point, la ligne et la zone. A chaque figure
correspond une implantation et des figurés symboliques particuliers.

2) L’implantation
❑ L'implantation est la transcription cartographique d'un objet ou d'un phénomène
géographique sur un plan à deux dimensions. Il existe trois types d'implantation :
 l'implantation ponctuelle pour des phénomènes peu étendus et localisés
précisément dans l'espace (un point géodésique, une maison sur un plan
cadastral, la position d'un navire par exemple). Cette localisation est centrée dans

Manuel de Cartographie – Copyright 24/9


Manuel de
le plan de la carte sur un point, sans longueur, ni surface. Le cartographe rend
visible ce point grâce à un figuré (rond, croix, dessin d'un navire...) qui peut
varier de taille, de valeur, de grain, de couleur, d'orientation et de forme.
 L'implantation linéaire pour des phénomènes linéaires (routes, rivières,
frontières, oléoducs, par exemple) localisés par une ligne dans le plan de la carte.
Le cartographe rend visible cette ligne grâce à un figuré (une ligne) qui peut
varier de taille (en fait de largeur), de valeur, de grain, de couleur, d'orientation
et de forme.

Les signes élémentaires de l’expression cartographique

Deux dimensions du plan

Le point La zone
La ligne
🕿
🕿 Troisième

🕿
dimension :
composante
de
qualtion
ifica

 L'implantation zonale pour des phénomènes étendus (un lac, un état, une zone sur
un Plan d'Occupation des Sols par exemple) localisés par une zone dans le plan de
la carte. Le cartographe rend visible cette zone grâce à une plage de couleur ou un
aplat* qui peut varier de valeur, de grain et de couleur. Il ne peut en aucun cas varier
de taille, d'orientation ni de forme, car cela reviendrait à changer les dimensions de
la zone. Toutefois, si l'aplat est constitué de hachures ou de points par exemple, il
est possible de jouer sur la taille, l'orientation ou la forme, sans que les dimensions
de la zone ne soient affectées.

A noter

□ L’homogénéité du plan, que tout lecteur considère inconsciemment comme un fait


acquis, entraîne des conséquences primordiales pour le travail du cartographe. Retenons
Manuel de Cartographie – Copyright 25/9
Manuel de
que pour un même fait géographique, la représentation et le traitement graphiques doivent
être les mêmes sur la carte. En cas de non respect de cette règle, le lecteur subdivisera
visuellement les différents traitements et sera convaincu d'une hétérogénéité spatiale qui
en réalité n'existe pas.
 Sur un même plan, il est ainsi impossible d’assigner deux implantations différentes à
un même fait géographique. Par exemple, si une ville est positionnée sur la carte
grâce à un point (implantation ponctuelle), les autres villes devront être positionnées
de la même manière.
 Sur un même plan, le découpage administratif sera similaire pour toutes les entités
géographiques représentées : par exemple, la Belgique et les Pays-Bas divisés en
provinces et non pas la Belgique dans sa totalité et les Pays-Bas en provinces. Autre
exemple, il serait faux de diviser sur une même carte, une partie de la France en
départements et l'autre partie, en régions.
 Compte tenu de l'homogénéité présumée du plan, il est fortement déconseillé de
caractériser un phénomène par une absence de signes (un aplat blanc par exemple).
Toute la carte doit être informée afin que les blancs éventuels traduisent l'absence du
phénomène et non pas l'ignorance du phénomène qui est somme toute assez rare dans
les pays occidentaux.
□ Selon l'implantation, l'utilisation des variables visuelles sera plus ou moins aisé et
efficace. En implantation zonale, les variations de couleur ou de valeur par exemple seront
plus visibles et potentiellement plus nuancées qu'en implantation ponctuelle ou linéaire,
car la tache visible par l'œil sera plus étendue.

Manuel de Cartographie – Copyright 26/9


Manuel de

Homogénéité et continuité du plan de la carte

a. b.

La Belgique est représentée


d’un seul « tenant » alors que Belgique et Pays-Bas sont
les Pays-Bas sont divisés en divisés en Provinces. La
Provinces. Cela fausse le comparaison et
message de la carte, car le l’interprétation sont
lecteur sépare les deux pays spontanées. Les Provinces sont
alors que le phénomène l’équivalent des Régions en
géographique est identique. France (1ère division
administrative en dessous de
l’Etat) mais avec une
superficie moindre pour les
premières

c. d.

Fréquentation touristique
Source Atlas 2000

Nombre de journées de vacances par


département d’accueil (moyenne
1981-1982)
Nombre de journées de vacances par
département d’accueil (moyenne 1981-
1982)

moins de 2 millions
moins de 2 millions
2 - 7,5 millions
2 - 7,5 millions
7,5 - 15 millions
7,5 - 15 millions
plus de 15 millions
plus de 15 millions

Laisser en blanc une partie de la carte s’avère risqué, car visuellement, l’absence
de signes transcrit soit l’absence du phénomène, soit des lacunes dans les données
dont dispose le cartographe. Ici, cette solution graphique n’est donc pas logique.

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Toutes les circonscriptions administratives (départements) sont
Manuel de renseignées. Le message cartographique est fiable et efficace.

o A chaque type d'implantation correspond un type de figuré.


 Les figurés ponctuels : ce sont des constructions graphiques qui ont un contour
géométrique (cercle, carré, rectangle, triangle, losange...) ou expressif, car ils
évoquent la forme réelle de la donnée représentée (un avion pour un aéroport, une
croix pour une église...). Il existe bien sûr une multitude de ces figurés dits
expressifs mais leur utilisation doit être réfléchie.
 Les figurés linéaires : lignes simples ou flèches, ces figurés sont construits selon un
axe : ce sont des segments de droites ou des arcs de cercle.
 Les figurés zonaux : appelés également figurés de surface ou surfaciques, ils
couvrent une zone quelconque. On distingue les plages de couleurs des grisés.

Autrefois cantonnées à la cartographie professionnelle, les plages de couleurs sont


aujourd'hui utilisables par tous. Leur expressivité est particulièrement efficace et
implique des précautions d'usage.

Les grisés permettent d'étaler sur une surface, une gamme de teintes allant du blanc au
noir. Les grisés regroupent l'aplat*, les hachures, droites parallèles dont on fait varier
l'orientation, l'écartement et la graisse, les trames (pointillés, quadrillés...) et les poncifs,
figures répétées uniformément et régulièrement sur une surface (une plante pour les
marais, des croix pour les cimetières ou les terrains granitiques, etc.).

Les trois types d'implantations en cartographie et les figurés correspondants

Figuré zonal

LATITUDE
z
Figuré ponctuel Figuré linéaire z
y z z
N
z
z Implantation
zonale

Implantation linéaire
Implantation ponctuelle
LONGITUDE
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Manuel de

IV Les variables visuelles


du langage cartographique

1) 1ère variable visuelle : la taille


❑ Principes
 On fait varier la longueur, la largeur, la hauteur et par conséquent la superficie
du figuré. Ainsi, la variation de taille consiste en une variation de surface.
 En implantation ponctuelle, le figuré peut être géométrique ou figuratif. Il peut
également être formé de morceaux accolés. En implantation linéaire, c'est
l'épaisseur de la ligne qui varie.
En implantation zonale, rappelons que l'on ne peut modifier la surface de la
zone. Cependant, les figurés internes à la zone (points ou lignes) peuvent varier
en taille ou en nombre
Variation de la taille des figurés

Implantation ponctuelle Implantation linéaire

Implantation zonale

A A A A AA
❑ Conseils
□ Les tailles des figurés seront bien différenciées afin que l'œil les perçoive aisément
et rapidement.
□ Le nombre de paliers ne sera pas trop élevé : plus ce nombre sera grand, plus la
légende sera complexe et la carte difficile à lire.

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Manuel de

□ Le figuré ayant la plus grande taille sera, sur la carte, placé un niveau en dessous
du figuré de moins grande taille et ainsi de suite.
□ La variation de taille n'est visible que pour des figurés de valeur foncée. Il faudra
donc éviter les figurés évidés et blancs qui réduisent l'effet de la variation de taille

2) 2ème variable visuelle : la forme


❑ Principes
 Chaque figuré possède une forme précise et déterminée.
Changer la forme du figuré en implantation ponctuelle et en implantation
linéaire consiste à changer son contour. Changer la forme d'un figuré en
implantation zonale signifie modifier sa structure interne.
Les solutions sont illimitées : un figuré géométrique tel qu'un losange peut

devenir un carré qui peut lui-même être transformé en triangle...


Lorsque la structure d'un figuré zonal est construite avec des éléments

graphiques, des symboles ou un ensemble de symboles figuratifs (ou


évocateurs) afin de signifier l'étendue d'un fait, on obtient un poncif.
Variation de la forme des figurés
I m p l a n t a t i o n p o n c t u e l l eI m p l a n t a t i o n l i n é a i r e

Implantation zonale

Exemples de poncifs (implantation zonale)

❑ Conseils
La multiplication des formes sur la carte nuit à la lecture et à la mémorisation des figurés et né
La variable visuelle forme engendre parfois des effets

d'optique : à dimensions égales, un cercle paraîtra plus petit qu'un carré ou qu'un triangle.

Alors que la variable visuelle forme est utilisée uniquement pour exprimer des différences, cet effet d

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Manuel de

3) 3ème variable visuelle : la valeur


❑ Principes
 La valeur est le rapport entre la quantité de noir et de blanc sur une surface donnée.
On agit donc sur la valeur en ajoutant du blanc ou du noir. Sur du papier blanc, c'est
le noir qui a la plus grande valeur. Même si le fait d'influer sur la valeur est parfois
délicat dans le cadre des travaux cartographiques manuels, cette variable visuelle est
la plus utilisée en cartographie après la couleur.
 Les logiciels et les trames vendues dans le commerce mesurent la valeur en
pourcentage : 100 % correspond au noir, 0% au blanc tandis qu'un gris de 40 %
équivaut à 40 % de noir et 60 % de blanc. La variation de valeur est pour des raisons
pratiques plus usitée que la variation de grain, car elle n'impose pas un équilibre
entre le noir et le blanc.
 Le cartographe dispose de quatre solutions (qui peuvent être combinées entre elles
ou avec d'autres variables visuelles) pour varier la valeur :
o changer la trame (ou texture). La trame est la structure interne d'un figuré.
o La variation de trame s'obtient en composant et en faisant varier des
ensembles d'éléments graphiques simples, ponctuels ou linéaires, répartis de
façon parfaitement. La trame est donc une organisation, un dessin, de type
hachures, pointillés, croisillons, damiers, etc
o Changer la graisse, c'est-à-dire l'épaisseur des figurés.
o Changer l'écartement, c'est-à-dire la distance entre les éléments de la trame des figurés.
o Changer la teinte (ou la saturation)
La teinte est la quantité de blanc et de noir pour une couleur donnée. On agit donc sur la
teinte d'une couleur en y ajoutant du blanc ou du noir. La variation de teinte s'applique au
noir et à toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. La variation de teinte est monochrome : le
passage du blanc au jaune pur est une variation de teinte et non de couleur.

Variation de teinte (ou de saturation) et donc de la valeur du blanc au noir

❑ Conseils et remarques
□ La valeur est, en noir et blanc ou combinée avec la couleur, la seule variable visuelle
capable de visualiser une série ordonnée à partir d'une série statistique divisée en
classes par exemple .

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Manuel de

□ A l'inverse, la valeur ne doit jamais être utilisée pour exprimer des quantités, car elle
n'autorise aucune évaluation de ces quantités.
La valeur ne traduit pas des quantités

Nombre d’habitants au
recensement de 1990

240 - 1500
240 - 1500
1500 - 2500
1500 - 2500
2500 - 4500

4500 - 10700 2500 - 4500

les quantités sont traduites par


une variation de valeur : pas
d’évaluation possible et 4500 - 10700
recours à la légende trop
contraignant
= erreur ! les quantités sont traduites par une
variation de taille (en fait de la
superficie) des ronds = lecture
immédiate et bonne mémorisation

□ Pour obtenir une meilleure sélection des paliers, la bonne méthode est de combiner la
variation de trame avec une variation de teinte et/ou une variation de l'orientation.
□ Afin de respecter la gradation de valeur, il faut toujours aller du clair au foncé).
□ L'œil ne s'accommode que d'un nombre limité de paliers sinon il ne perçoit pas ou mal
la variation de valeur : quatre au maximum en implantation ponctuelle et linéaire, sept ou
huit en implantation zonale. Il faut également prendre garde à bien différencier les paliers.
Pour cela, il convient d'utiliser l'extension maximale de la gamme : celle du blanc au
noir.
□ Eviter cependant l'usage du blanc qui laisse présumer au lecteur soit la non
possession de l'information, soit un espace vide alors que ce n'est pas le cas.
□ La progression doit être constante, c'est-à-dire visuellement équidistante, sauf si l'on
veut introduire une rupture entre deux valeurs afin d'exprimer une rupture observée
La valeur ne doit pas être désordonnée
Densité (au km²) au recensement de 1990

28 -71 28 -71

71 - 130les gris ne sont 71 - 130


pas ordonnés
130 338suivant l’ordre des
130 338
taux
338 - 900 338 - 900
=r !
erreu
les gris sont ordonnés suivant l’ordre des taux
= image fiable

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4) 4ème variable visuelle : le grain


❑ Principes
Faire varier le grain consiste à modifier l'épaisseur des éléments constitutifs d'une trame
sans que l'équilibre noir (couleur du figuré) - blanc (couleur de fond) ne soit rompu.
❑ Conseils

□ Le grain trouve son expression optimale en implantation zonale mais un effet


vibratoire peut apparaître sur grande surface.
□ Comme pour la valeur, les paliers doivent être bien différenciés et peu nombreux (4 à
5 en implantation zonale, 3 à 4 en implantation linéaire, 2 à 3 en implantation ponctuelle).

5) 5ème variable visuelle : l’orientation


❑ Principes
Cette variable visuelle s'applique particulièrement aux hachures qui peuvent être
verticales, horizontales ou obliques mais également aux quadrillés et aux figurés
ponctuels.
❑ Conseils

□ L'orientation utilisée seule n'a aucun pouvoir visuel pour exprimer une variation de
valeur. On cherchera à la combiner avec d'autres variables visuelles telles que la graisse
ou l'écartement.
□ L'orientation est très efficace en implantation linéaire, un peu moins en implantation
ponctuelle et très peu en implantation zonale.
□ Il est recommandé, pour garantir l'efficacité visuelle, de ne pas dépasser cinq
changements d'orientation (quatre étant le chiffre optimal).
Variation de l’orientation

Des hachures
trop
rapprochées
créent un effet
de vibration
déplaisant.

6) 6ème variable visuelle : la couleur


❑ La terminologie utile pour la cartographie

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Le vocabulaire de la couleur est abondant mais rarement utilisé opportunément. Par
exemple, les vocables teinte, nuance, tonalité, luminosité ou clarté sont tous passés dans
le langage courant mais leur sens reste le plus souvent obscur. Dans le cadre de la
cartographie, seuls quatre termes sont à connaître et à retenir pour maîtriser cette variable
visuelle particulièrement subtile qu'est la couleur : il s'agit de la couleur, de la valeur, du
ton et de la saturation.
 La couleur
o La couleur est la sensation transmise à notre cerveau par la vision d'un objet coloré éclairé. Trois
éléments interviennent dans cette sensation de couleur : notre système visuel récepteur (cerveau puis
œil), la nature de l'objet et la lumière qui l'atteint. Ainsi une orange apparaît de couleur orange lorsqu'elle
est éclairée d'une lumière blanche ou approximativement blanche mais de couleur brunâtre si la lumière
vire au bleu ou au vert. Puisque la sensation de couleur est tributaire de la lumière, il est toujours
important de consulter un document couleur avec des conditions de lumière optimales (la lumière
blanche est la plus neutre).
o Sur le spectre solaire, la sensibilité de notre œil aux couleurs issues de la décomposition de la lumière
blanche par le prisme présente un maximum au niveau de la lumière jaune (560 nanomètres) et décroît
régulièrement de part et d'autre de cette longueur d'onde pour s'annuler en dessous du violet (on atteint
les ultraviolets) et au-delà du rouge puis du pourpre (on atteint les infrarouges).
 La valeur (parfois appelé intensité ou luminosité)
On rappelle que la valeur est le rapport entre les quantités de noir et de blanc
perçues dans une surface donnée. Les principes de la variable visuelle valeur en
noir et blanc sont identiques en couleur. On associe deux variables visuelles
distinctes (valeur et couleur) afin de faire varier la quantité de noir ou de blanc dans
une couleur. On obtient ainsi une gradation de couleur.
 Le ton ou tonalité
Le ton est la combinaison entre une couleur et une valeur. Aux grandes catégories
de couleurs (dans l'ordre du spectre solaire, violet, bleu, vert, jaune, orangé, rouge,
pourpre) auxquelles on ajoute le gris, on soumet des variations de valeur. Par
exemple, dans la couleur rouge, le rouge clair, le rouge saturé et le rouge foncé sont
trois tons différents. De plus, il est possible d'assembler les couleurs entre elles, et
ce dans leur différents pourcentages de valeur. Les solutions semblent infinies
d'autant plus que l'œil humain est capable de distinguer, séparer et définir un
nombre considérable de tons.

A noter
□ Le jaune est une tonalité qui offre un contraste très faible avec le blanc, car elle est très peu intense., le jaune
constitue un seuil physiologique en dessous duquel l'œil humain distingue les tons froids et au-dessus duquel il
distingue les tons chauds.
□ Les couleurs chaudes sont le jaune, l'orange, le rouge et leurs dérivés et les couleurs froides sont le violet et
surtout le bleu. Le rouge est la couleur la plus saillante, car elle excite nos sens tandis que le bleu est fuyant et
reposant.

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 La saturation
Chaque couleur contient une valeur centrale sans noir ni blanc : c'est le ton pur
ou saturé. La saturation est mesurée (en pourcentage) par la quantité de blanc et
de noir que contient une couleur : une couleur saturée ou pure renferme 0 % de
blanc et 0% de noir ; elle apparaît éclatante à nos yeux..

❑ Utilisation de la couleur en cartographie


 Les couleurs ont vis-à-vis de notre psychisme des influences qui se manifestent
par des réactions privilégiées. En effet, chaque couleur stimule des associations
d'idées et des effets psychologiques, physiques et physiologiques propres à
chaque individu selon son vécu, sa culture, sa religion et sa physiologie. Cette
caractéristique est décisive pour les cartes publicitaires et joue un rôle notable
dans la conception de toutes les cartes en couleurs : cela rend leur conception
délicate mais passionnante. Il existe ainsi des couleurs qui donnent une
impression de chaleur et d'autres une impression de fraîcheur. Les couleurs
chaudes sont le jaune, l'orange, le rouge et leurs dérivés et les couleurs froides
sont le violet et surtout le bleu.
De même, on parle de couleurs évocatrices, parce qu'elles rappellent les couleurs
rencontrées dans la nature : le vert des forêts, le jaune des céréales et du sable, le
bleu de l'eau, etc. Les couleurs « chaudes » symbolisent la chaleur, la sécheresse,
ce qui est « positif » tandis que les couleurs « froides » évoquent le froid,
l'humidité, ce qui est « négatif ». Dessiner une industrie lourde en vert ou une
diminution en rouge n'est pas une faute technique mais complique la lecture.
 Les cinq autres variables visuelles (taille - forme - valeur - grain - orientation)
sont assez efficaces pour transcrire tous les cas de figures possibles et
imaginables qu'il est possible de rencontrer en cartographie. En d'autres termes,
Il existe une telle variété de moyens visuels avec le noir et blanc que l'usage de
la couleur est loin d'être indispensable en cartographie. Seules les cartes de
géographie physique ou d'occupation du sol complexes jouant sur le pouvoir
sélectif de la couleur (les cartes géologiques par exemple) sont difficilement
réalisables voire irréalisables en noir et blanc.
Toutefois, la couleur est la variable visuelle qui possède le pouvoir différentiel le
plus efficace, d'où l'hégémonie de la couleur dans la cartographie de
l'information qualitative. De plus, la couleur exprime mieux les hiérarchies que
le noir et blanc car les variations de valeur en couleur sont plus faciles à saisir
que celles des trames de noir. Elle possède en outre une incontestable supériorité
esthétique sur les cinq autres variables visuelles. Elle séduit d'emblée notre œil
qui préfère un ciel bleu à un ciel gris. Les documents couleurs sont en outre plus
rapidement mémorisés que les documents noir et blanc. Enfin, objectivement, la
couleur facilite grandement le travail du cartographe pour qui le choix des trames
ou des grisés en noir et blanc est parfois malaisé.

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 La démocratisation et l'attrait de la couleur ne doivent pas faire oublier les


problèmes et les subtilités inhérents à son emploi. Hormis l'élévation des coûts
qu'elle entraîne (impression, duplication, diffusion), les problèmes viennent
souvent d'une méconnaissance des quatre paramètres fondamentaux décrits ci-
dessus et qui conduit dans le meilleur des cas à des cartes très esthétiques mais
désastreuses d'un point de vue technique et donc inutiles.
Conseils pour l’usage de la couleur en cartographie
□ Les couleurs, à valeur égale, sont opposables. La couleur est ainsi de très loin la
variable visuelle la plus efficace pour cartographier des objets géographiques
qualitativement différents (habitat urbain, industrie, espace vert par exemple) que l'on veut
opposer graphiquement. Toutefois, il convient de noter que le choix de la gamme des tons
purs (violet saturé, bleu saturé, vert saturé, etc.) produit certes une variation de couleur
mais également une variation de valeur. En d'autres termes, un jaune saturé ne sera pas au
même niveau visuel qu'un rouge saturé : cette particularité est à prendre en compte lorsque
l'on cartographie des différences qualitatives, sinon l'œil lira avant tout un ordre (un
classement) et non une différence. La deuxième erreur à ne pas commettre est d'utiliser
une variation de couleur (sans variation de valeur) pour exprimer un ordre.
□ En effet, pour traduire un ordre, un classement, la couleur doit être combinée avec la
valeur. L'enjeu est de communiquer le plus spontanément possible une sensation de
hiérarchie traduite par exemple par une série discrétisée. Il faut respecter un principe de
base : une valeur forte est transcrite par une couleur intense ou sombre et une valeur faible
par une couleur claire. On doit obtenir une gradation de tons allant du plus clair au plus
foncé (et inversement si l'ordre est décroissant). Cette gradation est obtenue à l'aide de
plusieurs procédés.
 La première solution est le camaïeu, appelé également harmonie de valeurs. Le camaïeu consiste en une
variation monochrome (c'est-à-dire une même couleur) de valeur, du clair au foncé ; par exemple, rouge très
pâle, pâle, vif, sombre, très sombre. Cette méthode, très simple, a pour mérite d'éviter des erreurs parfois
commises avec les solutions suivantes.
 La deuxième solution est l'harmonie de nuances. La perception ordonnée s'accomplit à l'aide de plusieurs
couleurs voisines prises dans chaque moitié de l'arc-en-ciel (« gamme froide » et « gamme chaude »)
auxquelles on peut ajouter une variation de valeur ; par exemple, jaune, jaune orangé, orange, rouge orangé,
rouge (« gamme chaude »).
 Il est enfin possible d'enrichir un camaïeu. Un camaïeu de rouge (du rouge clair ou blanc au rouge saturé)
peut se prolonger d'un jaune très léger dans le bas et d'un violet dans le haut. Un camaïeu de verts peut
s'enrichir d'un jaune très clair dans le bas, de bleu foncé ou de brun dans le haut. Il n'est pas interdit
également de commencer une gradation par du blanc (attention à l'usage du blanc qui transcrit une absence
d'information) et de la terminer par du noir. Dans tous les cas, il faut respecter la gradation (du clair au
foncé) de tons et l'ordre des couleurs dans l'arc-en-ciel.
□ Dans le cas d'une série statistique comportant des valeurs positives et des valeurs
négatives (série bipolaire), ou si l'on veut cartographier des écarts à la moyenne, la
première méthode est d'avoir recours à une gamme double, en utilisant tout l'arc-en-ciel.
On mise sur le contraste de deux demi-spectres : l'un constitué de couleurs « chaudes »

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(du jaune clair au rouge par exemple) et l'autre de couleurs « froides » (du vert au bleu-
violet par exemple). L'autre solution, moins risquée, est d'affronter deux camaïeux (par
exemple, le premier camaïeu irait du rouge clair au rouge saturé et le deuxième camaïeu,
du bleu clair au bleu saturé). Par convention, les couleurs chaudes transcrivent la
croissance et les couleurs froides, la décroissance. Ainsi, dans une carte de variation de la
population, les augmentations sont souvent traduites en rouge et les diminutions en bleu.
Dans les deux cas (demi-spectres ou deux camaïeux), un blanc ou un jaune léger peuvent
servir à exprimer la valeur zéro (stagnation) ou la moyenne.
□ Afin que la gradation des couleurs et des valeurs transmettent le plus efficacement
possible une sensation d'ordre, il faut respecter l'ordre des couleurs dans l'arc-en-ciel et
une progression des valeurs. Cette erreur est classique chez les non-initiés mais ses effets
sont redoutables, car elle annihile tout ou partie du message : un bleu intercalé dans une
gamme de vert, une progression de orangés se terminant par des tons bleus, une valeur
placée en fin de gamme plus claire que celle qui la précède sont des fautes qui altèrent la
lecture et la mémorisation. De même, il faut veiller à une différenciation des paliers de
valeurs pour que l'œil discerne rapidement les seuils.
□ Il faut éviter les aplats de couleurs lumineuses, trop vives et saturées (notamment le
jaune, l'orange et le rouge) qui ressortent violemment et « agressent » le lecteur. Elles
occasionnent une fatigue visuelle et nerveuse détournant le lecteur de la carte.
□ Certaines couleurs font paraître les figurés cartographiques plus massifs, ce sont le brun
et le noir, d'autres donnent au figuré un aspect plus aérien, plus léger, ce sont les couleurs
pastels qui ont des teintes claires, le bleu ciel par exemple. Le voisinage de la couleur
influence beaucoup sa perception : une couleur entourée de noir apparaît plus sombre que
lorsqu'elle est entourée de blanc ou d'une couleur très claire. Les tons chauds ressortent
plus que les tons froids d'où l'application des tons chauds aux valeurs fortes, ou positives.
□ Parfois, il convient d'adapter la couleur au thème cartographié, au contexte et à la ou les
personnes susceptibles de lire la carte. Le rouge par exemple sera interprété par certains en
priorité comme une hausse ou un symbole de vitalité et de dynamisme. D'autres enfin y
verront un avertissement ou un danger. En outre, l'usage de la couleur est susceptible
d'être guidé par l'engagement du cartographe. Par exemple, il n'est pas rare de consulter
des cartes où des baisses sont transcrites par des couleurs chaudes : l'auteur veut de cette
manière insister sur un fait qui selon lui est inquiétant. Cet artifice doit-il être considéré
comme une manipulation de l'information géographique ou comme un moyen d'échapper
à des habitudes cartographiques ? En résumé, l'usage de la couleur est particulièrement
délicat. A l'inverse, le noir et blanc laisse infiniment moins de place aux prouesses
techniques, aux interprétations voire aux fantaisies du cartographe.
□ Avant de concevoir une carte en couleurs, il faut poser le problème de la reproduction :
une photocopie noir et blanc d'un document couleur est souvent très décevante
esthétiquement et « trahit » parfois le document originel. En ce qui concerne les gradations
de couleurs du clair au saturé et les camaïeux, si le choix des gradations de couleurs et de
tons est satisfaisant, il doit être possible de photocopier (ou d'imprimer en noir et blanc)
la carte couleur en noir et blanc sans perdre ses propriétés. Pour la différenciation des

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objets géographiques, le niveau de valeur entre les couleurs est constant. De ce fait, le passage en noir

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V Qu’exprime-t-on avec le langage cartographique


et avec quelles variables visuelles ?

Les données dont le cartographe dispose appartiennent à un système qui met en relation
n'importe quelle donnée avec les autres données. Une carte sert à visualiser ces relations
grâce à des transformations que l'on fait subir aux points, aux lignes et aux zones à l'aide
des variables visuelles. Il existe trois types de relations : la proportionnalité, l'ordre et la
différence. Si une donnée recouvrait l'intégralité de la carte sans présenter aucune
variation (en importance, en nature, en densité...), alors la représentation cartographique ne
serait d'aucune utilité. Le but d'une carte et notamment d'une carte thématique est de
visualiser outre la localisation des données, des configurations spatiales, des contrastes,
des formes issus des relations de proportionnalité, d'ordre (ou de classement) et de
différence (ou d'association) qui existent entre les données. On aboutit alors à
l'information géographique.

1) Des quantités, des proportions (information quantitative)


L'information est quantitative quand elle donne une mesure chiffrée du phénomène.
On distingue deux types de quantités : les quantités en valeur absolue et les quantités en
taux. Leur représentation cartographique n'est pas la même.
❑ Les quantités en valeur absolue ou masses
Elles résultent d'un dénombrement (exemple : 100 habitants, 70 000 tonnes, 50 000 têtes).
 En implantation ponctuelle, les masses sont représentées par des figurés dont la
surface est proportionnelle au nombre. La variable visuelle utilisée est la taille.
 En implantation linéaire (débit d'une route, flux de migrants), les masses sont
transcrites par l'épaisseur des traits. La variable visuelle utilisée est la taille. Il est
conseillé de commencer, pour les valeurs les moins élevées, avec des figurés très
fins (du type tireté pour les valeurs les plus faibles). Cela évite d'encombrer le
fond de carte avec des traits trop épais pour les valeurs les plus fortes.
 En implantation zonale, théoriquement, il n'est pas possible de visualiser les
masses sans tenir compte de la superficie de la circonscription. Dans la pratique,
on assimile souvent, par souci de simplicité lors de la réalisation graphique, la
circonscription à son centre qu'on traite comme un point : on regroupe les
quantités de la circonscription sur un seul figuré et on utilise la variable visuelle

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taille. La deuxième solution consiste à répartir sur chaque circonscription des
points d'égale valeur en disposition homogène.
La taille est la seule variable visuelle capable de traduire correctement les quantités
absolues, car elle autorise la perception des proportions.

Expression cartographique de quantités (en valeurs absolues)


Implantation ponctuelle Implantation linéaire Implantation zonale

725
200 500 2000
50
5500 100
1000
10

20 10 1000
500

100
9300 1300
60 100
100
7500
10 50
2000 1250

un point = 250 habitants


100
500
1000 Nombre d’habitants

2000
10 50 100 200
Nombre d’habitants Trafic routier (véhicules/jour)

❑ Les taux
Ils sont calculés :
 par rapport à une autre variable (pourcentage de bacheliers dans une classe d'âge,
dépense municipale par habitant, nombre de vols de voitures par rapport au total
des habitants),
 par rapport à un total auquel concourt la variable (pourcentages de cadres
supérieurs dans la population active, nombre de bénéficiaires de l'allocation
logement par rapport au nombre de bénéficiaires de prestations familiales),
 par rapport à la superficie de la circonscription (nombre d'habitants au km²,
nombre de quintaux à l'hectare).
Un taux ne s'exprime donc pas seulement en pourcentage.

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 En implantation ponctuelle, c'est-à-dire lorsque le taux est donné pour un point,


on centre le figuré sur ce point et on fait varier la valeur ou l'intensité de la
couleur du figuré.
 En implantation linéaire, les figurés centrés sur une ligne gardent la même largeur
et on fait varier leur valeur ou l'intensité de leur couleur (par exemple, nombre de
voitures par kilomètres de route, pourcentage de T.G.V. par rapport au trafic
ferroviaire total).
 En implantation zonale, on fait varier la valeur ou l'intensité de la couleur du figuré
de surface (par exemple, nombre de monuments classés au kilomètre carré, nombre
de salles de cinéma pour 10 000 habitants).

Expression cartographique de quantités (en taux)


Implantation ponctuelle Implantation linéaire Implantation zonale
10
50

20
33
45 120 100
10

27
90
300
12
170
25
70

5-15%
0-5% 50-100
15-25% 10-20 % 100-150
20-30 %
25-35% 150-200
30-40%
35-50% 200-300
% de poids lourds
Fréquentation des musées
Densité de population
(% de scolaires)
Nombre d’habitants au km²

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2) Un classement, un ordre (information ordonnée)


❑ En classant, on suppose qu'une information est supérieure ou inférieure à une autre.
Il est par exemple courant de classer les villes selon leur niveau de fonction
(capitale, préfecture, sous-préfecture, chef-lieu de département,...).
Les données se trouvent dans une relation d'ordre quand il est possible de définir et
de percevoir leur importance relative les unes par rapport aux autres.
Un ordre se représente techniquement sans trop de difficultés. Mais exprimer un
jugement de valeur (cette donnée est plus importante que celle-là ou cette donnée
vient en premier, celle-ci en deuxième...) demande une grande circonspection au
niveau de la méthodologie.
❑ L'échelle des valeurs doit être très précise (éviter les vocables « bon »,
« satisfaisant », « mauvais ») mais il faut aussi et surtout être très attentif à ne pas
hiérarchiser des phénomènes dont l'égalité est une certitude. Les cartes ethniques ou
de religion ne seront pas hiérarchiques, car elles peuvent être assimilées a des
documents racistes ou antisémites. Dans ce cas, la seule option sera d'exprimer une
différence, cartographiquement parlant.

Expression cartographique d’un classement


Implantation ponctuelle Implantation linéaire Implantation zonale 0
100
10

90
20
C.C. 80
30
C.C. 70

C.A. 40

60
50

jeunes 50 vieux
60 40

C.C Autoroute 70

C.D. 80
30

20
Communale 90

Départementale
C.A.
10
10
0

C.C. 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
0

Nationale
adultes

Communale 20-50% jeunes


Chef-lieu de canton
Départementale 20-30% adultes
Nationale Autoroute 15-45% jeunes
Chef-lieu d’Arrondissement 25-35% adultes
10-30% jeunes
Chef-lieu de département 25-45% adultes
5-15% jeunes
Organisation administrativeRéseau routier 20-30% adultes
Structure par âge

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 En implantation ponctuelle, on joue sur la valeur de la couleur des figurés.


(exemples : hiérarchie des campings selon leur nombre d'étoiles ; monuments
classés et monuments inscrits à l'inventaire)
 En implantation linéaire, on fait varier la valeur de la couleur des figurés
(exemples : autoroute, route nationale et route départementale ; limite d'Etat, limite
de département et limite d'arrondissement).
 En implantation zonale, les variations sont basées sur la valeur de la couleur.
(exemples : zone fortement urbanisée, zone d'habitat lâche ; cultures intensives,
cultures extensives).

□ Si on veut exprimer un classement grâce à la couleur, il faut soit utiliser un camaïeu (par
3)exemple du bleu ciel une
Une différence, au bleu marine), soit
distinction utiliser un demi-spectre
(information qualitative) (du jaune au
rouge foncé par exemple).
□ La valeur
Exprimer uneest une variable
différence est, àvisuelle quid'un
l'inverse permet de traduire
classement, un ordre,
simple car l'œil
au niveau de laclasse les
méthode
taches
mais grisées
délicat de la
dans la plus claire
pratique : ilà est
la plus foncée. que
obligatoire Il associe auxfigurés
tous les tachesaient
claires
la les valeurs
même tailleleset
laplus faibles
même et aux
valeur taches
sinon unefoncées,
hiérarchieles valeurs lesL'habileté
apparaît. plus fortes.du cartographe réside dans le
□ Le grain peut exprimer un classement mais est
choix des variables visuelles ayant des vertus séparatives rarement utilisé.
(qui permettent d'exprimer une
□ La forme,
différence). utilisée seule, n'exprime pas une relation d'ordre.
 En implantation ponctuelle, les contours des figurés seront bien différenciés
(exemples : école privée et école publique, exploitation en fermage et exploitation
en métayage).
On utilise les variables visuelles forme ou couleur (couleurs opposables).
 En implantation linéaire (exemple : autoroutes gratuites et autoroutes payantes), on
ne joue ni sur la largeur de la ligne, ni sur la valeur. Il ne reste donc que deux
solutions, celles de faire varier la forme ou la couleur (couleurs opposables) du
figuré.
 En implantation zonale, les variables visuelles à utiliser sont soit la forme, soit la
couleur (couleurs opposables), soit l’orientation. Pour l'orientation, il faut
prendre garde à ce que l'espacement et l'épaisseur soient constants. (exemples :
zone N et zone U du P.O.S., culture de blés et culture de maïs).

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Expression cartographique de la différence

Implantation ponctuelle Implantation linéaire Implantation zonale

Canal Route
NA
MQ
UB UB
CS

Route
CCPD
MQ Route UB
UA
UB
MQ Route
Voie ferrée
CS
NA

Centre social Voie ferrée Zone UA


Route Zone UB Zone NA
Canal
C.C.P.D.
Maison de Quartier
Les acteurs sociaux
Réseau routier Plan d’Occupation des Sols

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Expression cartographique des relations de proportionnalité, d’ordre et de différence entre le

Quantité Classement Différence


Possibilité d’utiliser la taille mais de façon indicative puisque non chiffrée
MassesTaux

Implantation ponctuelle VV VV ♦
9

Implantation linéaire

Implantation zonale

Variables visuelles en N§B Variables visuelles en N§BVariables visuelles en N§BVariables visuelles en N§B
TailleValeurValeurOrientation GrainForme
Grain

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4) En résumé, pour une bonne utilisation des variables visuelles

Différences Classement
Tableau récapitulatif ProportionsdesProportions
de l'utilisation six
Ordre en valeur en taux
absolue
TAILLE
VALEUR
COULEUR
ORIENTATION
FORME
GRAIN

: interdit : déconseillé : bon : idéal

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VI Respecter les règles


pour concevoir une carte sans erreurs

❑ Il peut paraître subjectif voire prétentieux d'affirmer qu'une carte puisse être de
meilleure qualité qu'une autre. Quels sont en effet les critères permettant de juger en
toute impartialité de la valeur d'une carte ? Ou, posé d'un point de vue
pédagogique, quelles sont les erreurs à éviter pour concevoir une carte de qualité ?
De l'amont à l'aval du processus de la conception et de la réalisation d'une carte, il
est possible d'identifier cinq erreurs majeures :
 le manque de soin et de précision dans la collecte et le traitement des données,
 une utilisation incorrecte du langage cartographique,
 la réalisation d'une carte surchargée et/ou illisible,
 la réalisation d'une carte incomplète,
 la réalisation d'une carte à lire, c'est-à-dire une carte qui n'est pas une carte.

❑ On peut s'étonner de ne pas trouver dans cette énumération d'erreurs, le fait de


réaliser une carte mal présentée ou peu soignée. Cela renvoie donc au critère de
l'esthétique.
Le problème est que l'esthétique est un critère subjectif puis tributaire des moyens
techniques mis en oeuvre et enfin relatif au type de carte en question. Dans tous les
cas, en tant que concepteur d'une image, le cartographe expérimenté n'est pas à
l'abri d'une faute de goût tandis qu'une carte esthétiquement très réussie n'est pas
forcément dénuée d'erreurs. Il est donc difficile voire impossible de fixer des limites
en matière d'élégance de présentation.
Toutefois, même en cartographie thématique, l'esthétique commande une bonne
partie de l'efficacité du message de la carte : une carte nette, sobre et graphiquement
bien conçue, est regardée avec plus d'attention, car elle communique plus
efficacement qu'une carte peu soignée. En cela, l'informatique s'avère être d'un
grand secours aux dessinateurs peu entraînés.
Le manque de soin apporté à la réalisation d'une carte n'est pas à proprement parlé
une erreur mais plutôt une maladresse dont les conséquences sont forcément
nuisibles au résultat final. Même le cartographe le plus averti est susceptible de
commettre des maladresses mais les erreurs sont plus graves, car elles résultent d'un
non respect des règles de base d'où l'importance d'observer scrupuleusement les
« cinq commandements » suivants.

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1) Etre rigoureux avec la collecte et le traitement des données


❑ Toutes les cartes sont le résultat d'observations et la transcription graphique de
données quantitatives ou qualitatives. Une carte topographique par exemple est
l'aboutissement de travaux de géodésie*, de planimétrie, de topographie, etc. Pour
les cartes thématiques, la transformation de la donnée brute en une représentation
cartographique apparaît moins technique mais nécessite tout autant de rigueur dans
le rassemblement et le traitement des données. Leur forme originelle ainsi que leur
provenance sont variables : statistiques, cartographiques, résultats d'enquêtes,
recensement, levés, études de terrain, etc.
❑ Trop nombreuses pour être directement cartographiées, les données doivent faire
l'objet de traitements (mathématiques, graphiques, statistiques et fréquemment
d'une mise en classes).

Rappel pour un bon usage de l'expression cartographique


Données : qualitatives ou quantitatives

Localisation géographique des données Relation entre les données


Analyse  Proportionnalité
et  Ordre
traitement  Différence (ou association)
des
données
Implantation sur le fond de carte des Figuration des données
données Choix des variables visuelles
Adapter au mieux l’implantation Choisir les variables visuelles qui
au fond de carte (en fonction de traduisent au mieux les relations
Expression l’échelle) entre les données.
visuelle  Implantation ponctuelle  Forme  Grain
Création de  Implantation linéaire  Taille  Orientation
la carte  Implantation zonale  Valeur  Couleur
Figuré ponctuel Figuré linéaire
Mise en adéquation de l’implantation du figuré et des
variables visuelles

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Carte visuellement pertinente et efficace

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❑ Quoiqu'il en soit, si le cartographe représente des données fausses à cause de
sources douteuses, d'oublis ou de mauvais traitements statistiques par exemple, la
carte sera elle-même faussée et les conséquences peuvent être graves notamment
pour les cartes d'aide à la décision. Le lecteur a très peu de chances de détecter ce
type d'erreurs sauf s'il a accès à d'autres sources d'informations.
❑ Toutefois, dans le cadre d'une cartographie à usage interne, la précision a ses
limites. Les collectivités locales par exemple préfèrent souvent avoir un ordre d'idée
sur les principaux indicateurs plutôt que viser une rigueur scientifique gaspilleuse de
temps et d'énergie et souvent superflue.

2) Le traitement graphique doit être judicieux (du bon usage de


l’expression cartographique)
L'erreur la plus communément répandue tient à la représentation graphique des données.
La quasi absence de conventions en cartographie pourrait laisser penser que tout est
possible. En théorie, oui, mais la vision humaine a ses propriétés ; si le cartographe n'a
pas respecté les règles du langage cartographique, la carte devient fausse et/ou illisible et
de toute façon improductive.

3) Une carte doit être lisible (nette et économique)


L'un des apports majeurs de la carte est de contribuer à saisir immédiatement une
problématique. A la différence d'un tableau ou d'un texte, une carte est capable d'associer,
de simplifier et de synthétiser les composantes d'un phénomène géographique. Ces
qualités apparaissent si le message est net et concis.
Conseils pour garantir la lisibilité d’une carte
□ La présentation graphique doit être soignée.
Ce postulat est celui qui rebute le plus les cartographes amateurs rarement sensibilisés aux
arts graphiques. Avec Cartes & Données, c'est l'ordinateur qui dessine avec tout ce
que cela implique en terme de précision et de rapidité du trait.
□ Il faut travailler à l'économie.
Etrangement, une carte très détaillée donne davantage confiance, même si elle est erronée.
Une carte épurée trouble le lecteur qui met en doute sa fiabilité. Pourtant, les meilleures
cartes ne sont pas celles qui comportent le plus de signes, au contraire. Moins une carte est
surchargée, plus la carte est simple de lecture et plus le message est efficace. Le
cartographe est ainsi amené à éviter les légendes interminables. Lorsque les signes sont
nombreux, les superpositions deviennent inévitables et difficiles à gérer puis à lire. Il ne
faut donc pas utiliser plusieurs signes pour un même fait (un figuré ponctuel et un figuré
zonal par exemple).
□ Les figurés doivent être bien différenciés.
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La lisibilité d'une carte passe aussi par une bonne différenciation des figurés. C'est ce que
l'on nomme la séparativité. Deux faits différents seront identifiés sur la carte sans risque
de confusion.
□ Les figurés doivent être hiérarchisés.
Une carte représentant plusieurs phénomènes est lisible et expressive si elle est
hiérarchique.
Si le lecteur n'est pas capable de trier et d'hiérarchiser visuellement les informations
représentées, en d'autres termes si aucune configuration spatiale ne se dégage de la carte,
alors celle-ci n'aura pas atteint son objectif. Pour garantir la hiérarchisation des faits
représentés et donc la hiérarchisation des figurés sur la carte, le concepteur doit se poser
deux questions :
 Que faut-il montrer ?
Cela suppose de la part du cartographe, un effort de synthèse : il doit décider des
phénomènes à représenter et à éliminer. Cela aboutit à une simplification de la réalité.
 Que faut-il mettre en valeur ?
En fonction du thème, de la destination de la carte et du public visé, le cartographe doit
assumer l'initiative d'une mise en relief de certains faits et du retrait d'autres faits. Cette
mise en valeur et son contraire s'accomplissent grâce à toutes les solutions offertes par le
langage cartographique et aux six variables visuelles.
La hiérarchisation prend tout son sens lorsqu'il faut exprimer des différences d'intensité
d'un phénomène grâce à une gradation (en couleur ou en noir et blanc). Dans ce cas, le
choix des couleurs ou des grisés (ou trames) doit être logique : rappelons que les couleurs
se décomposent en couleurs froides : violet, bleu, vert... et en couleurs chaudes : jaune,
orange, rouge.... et qu'aux fortes valeurs correspondra un ton chaud ou bien un grisé (ou
une trame) sombre.
□ La légende doit être ordonnée et présentée clairement.
Graphiquement, la légende doit être claire et présentée avec rigueur et soin. De même que
pour l'introduction d'un texte, la légende joue un rôle fondamental sur le jugement du
lecteur d'une carte.

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4) Une carte doit être complète

Les éléments obligatoires et optionnels à toute


carte
Titre Date
NOUVELLE -ZELANDE Ressources naturelles (1988)

Forêt naturelle

Forêt de plantation, industries du Ile du Nord


bois et de la pâte à papier
Légende Gaz naturel
Auckland
Centrale géothermique Centrale Manukau
Orientation
hydroélectrique Centrale

thermique Hamilton

Houille

Coordonnées 38°sud

0 125 250 km Echelle


Cadre
Wellington

42°sud
Ile du Sud
Christchurch O CEAN P A C I F I Q U E Nomenclature
Contenu de
la carte

48°sud Dunedin
Source
Sources : Atlas 2000 Nathan et Encyclopédie Larousse

Toute carte devrait posséder les éléments indispensables à sa présentation et à sa


compréhension. Selon le type de carte, certains de ces éléments sont optionnels mais la
plupart sont obligatoires.
❑ Le contenu de la carte : une carte sans lui serait un comble... C'est le seul élément
dont on n'a jamais déploré l'absence, ce qui n'est pas le cas des suivants.
❑ L’orientation : orienter un fond de carte est loin d'être inutile surtout lorsque l'on
travaille à grande échelle ou sur des fonds de carte dont les contours sont peu
connus. L'orientation permet le cas échéant de situer par rapport à des faits
physiques (vents, soleil...) et humains (banlieue nord - banlieue sud). On oriente
avec le Nord.

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Quelques représentations de l'orientation

N
2 N
N

N N

Le fond de carte peut avoir été tourné pour des raisons de commodités si bien que le Nord
de la carte pointe parfois vers la gauche de la feuille par exemple. Par convention et
surtout si on le peut, il est préférable que le nord de la carte pointe vers le haut de la
feuille.
❑ L’échelle

Elle devrait toujours être présente, quelle que soit la carte. Elle permet d'évaluer les
dimensions du territoire cartographié. On peut la donner sous forme numérique (1/5000 e,
1/10000e...) mais on préférera une échelle graphique, car elle offre une plus grande
commodité d'emploi. De plus, elle reste opérationnelle même si la carte est réduite ou
agrandie (par photocopie par exemple).

Echelles graphiques
0 500 1000 m 40 km

0 10 20 30 40 km
0 1000 m

0 1000 m 0 10 20 30 40 km

0 1000 m 0 40 km

❑ Un cadre
 Le cadre était extrêmement travaillé sur les cartes anciennes, (au point qu'il
occultait parfois le fond de carte). Aujourd'hui, notamment en cartographie
thématique, un simple trait fin noir suffit pour matérialiser le cadre.
 Le cadre se place à une distance moyenne d'un centimètre du bord de la feuille.
Il n'apporte le plus souvent aucun plus au niveau de la technique cartographique
mais participe à l'agencement de la carte et donc à la qualité de sa présentation.
 Lors de la réalisation graphique, le cartographe se trouve confronté à plusieurs
éventualités quant au dessin du cadre.

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Les solutions pour limiter la carte


a. b. c.
TITR TITRTITR

e.
d. f.
TITR
TITR TITR

Légende

Carton

 Le champ de la carte est délimité par des frontières juridiques, naturelles et/ou administratives définies : un
pays, une ville, un quartier, une Z.A.C., une île, etc. (a, b et c). Le cartographe dispose de deux choix.
Il préfère ne représenter que le territoire concerné par la problématique de la carte. (a.). Dans ce cas, le
territoire devient une « île » mais cette solution présente les avantages de se soustraire à une trop grande
généralisation et donc de pouvoir être précis, d'optimiser la netteté et d'éviter au cartographe de
« renseigner » les circonscriptions voisines.
Afin, par exemple, d'insister sur l'environnement géographique d'un territoire donné, le cartographe opte
pour la solution plus complexe de représenter ce territoire et les territoires limitrophes (et au-delà, le cas
échéant). Avec cette solution, le cartographe s'expose à une charge plus lourde de travail, car il aura à
« renseigner » également les circonscriptions voisines (sauf s'il a recours à un artifice graphique exposé ci-
dessous). Les choix graphiques dépendent ensuite des objectifs du cartographe et surtout de l'échelle
retenue :
◆ le cartographe limite le fond de carte grâce aux limites du ou des territoire(s) représenté(s), (b.),
◆ le cartographe limite le fond de carte non pas par les limites du ou des territoire(s) représenté(s)
mais grâce au cadre : c'est une carte à fond perdu*, (c.). C'est une solution à éviter, car le message
cartographique est
amputé d'une partie de son intérêt : étant donné que le phénomène n'est pas fini dans l'espace, le cadre
limite ce phénomène et ne donne pas au lecteur la possibilité d'en saisir l'organisation spatiale.
◆ Dans le cas où le cartographe désire travailler à grande échelle, privilégier un territoire particulier et
représenter une partie des territoires adjacents, il mettra graphiquement en retrait les circonscriptions

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voisines : le fond de carte du territoire, sujet de la carte, en blanc et le fond de carte des autres pays en
grisé par exemple (d.). Mais cela n'apporte strictement rien à l'analyse.
 Si le fond de carte n'est pas délimité par des frontières administratives ou naturelles (une partie d'une
quartier, d'une ville, d'une région, etc.), le cartographe doit prolonger le fond de carte jusqu'au cadre extérieur
: c'est également une carte à fond perdu*(e.).

A noter
□ Un carton (f.) est une carte complémentaire à la carte principale, figurant sur la même
feuille et dont l'échelle est le plus souvent différente.
□ Le but du carton est en général de montrer à plus grande échelle une partie de la surface
cartographiée, car le phénomène géographique traité y est plus dense et/ou notable).
□ Le carton est complémentaire lorsqu'il fournit des informations additionnelles et
distinctes à la carte principale. Un carton index situe la carte par rapport aux cartes
attenantes. Un carton administratif représente les frontières et les limites administratives.
□ Pour construire correctement le carton :
 les figurés doivent y avoir les mêmes caractéristiques graphiques (couleur, taille, valeur...) que sur la carte
principale. En d'autres termes, si le carton montre le même phénomène que la carte principale mais à une
échelle différente (souvent agrandie), la légende doit y être strictement identique pour permettre la
comparaison.
 L'échelle, qu'elle soit réduite ou agrandie, doit être impérativement mentionnée.
 Les limites de la zone correspondant au carton doivent être tracées (trait fin) sur la carte principale.
 Etant donné que le plan de la carte est considéré comme homogène, les figurés doivent apparaître (même si
la densité des figurés rend la lecture difficile) dans la zone concernée par le carton. A l'inverse, il ne faut
pas laisser cette zone en blanc, car cela signifie, pour le lecteur, une absence de phénomènes alors qu'il n'en
est rien.

❑ Une légende

Elément essentiel de la carte, la légende définit les symboles employés sur la carte. Sans
elle, aucune compréhension n'est possible. De la rigueur de la légende dépend en grande
partie la rigueur de la carte.

Conseils pour la conception et la réalisation de la légende


□ La légende doit être exhaustive.
La légende doit présenter tous les signes utilisés dans la carte. Certains faits sont
suffisamment clairs et évidents pour que le cartographe omette de les faire figurer dans la
légende (trait bleu sinueux d'une rivière ou d'un fleuve, aplats* bleus pour la mer) mais
ces phénomènes bénéficient d'un symbolisme naturel rarissime en cartographie.
□ La légende doit être ordonnée.
Afin d'assurer la clarté et les qualités d'analyse de la légende, il est souhaitable de créer
des groupements par thèmes (réseau routier, habitat, données socio-démographiques...).
Certes, une telle présentation de la légende ne convient pas à certaines cartes, par exemple
les cartes à un thème, mais est nécessaire pour les cartes polythématiques.

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□ La légende doit être soignée graphiquement.
On a déjà évoqué le fait que la légende gagne beaucoup en clarté si les figurés et les textes sont align

Un échantillon de chaque figuré zonal doit figurer dans un rectangle appelé caisson*. A côté de chaqu
Pour les valeurs numériques (données quantitatives), les solutions de présentation sont nombreuses mais plus ou moins judicieuses.
Pour les valeurs non numériques (données qualitatives), les commentaires doivent être brefs et précis :
Pour les données numériques en implantation ponctuelle, on dessine les figurés correspondants en ordre croissant ou décroissant
□ La mise en page de la légende doit être adaptée à l'agencement de la carte.
La légende est le plus souvent placée en bas à droite de la carte mais aucune règle n'existe à ce sujet

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Les règles à respecter pour la construction de la légende


1 2
Réseau 3 Activités
Route quatre voies Valeurs des apports en millions de francs (1983)
(voie express) de 0 à 50
Autre route importante

de 50 à 150
Réseau 4
de 2000 à 10000 habitants de 150 à 500
de 10000 à 20000 habitants
plus de 500
de 20000 à 50000 habitants

5
de 50 000 à 100 000 habitants
Tourisme et loisirs
plus de 100 000 habitants B
Edifice religieux remarquable
6
Elevage 7 E Villes fortifiées

De 50 à 65 vaches pour 100 ha de S.A.U. Limite du Parc Régional

Station balnéaire complète, dense


BENODE
De 65 à 80 vaches pour 100 ha de S.A.U.

Commune possédant une capacité d’accueil touristique de plus de 2000 perso


De 80 à 90 vaches pour 100 ha de S.A.U.

Plus de 90 ha de S.A.U. 8
1
Exhaustive: tous les signes utilisés par la carte sont répertoriés dans la légende.
2
Fidèle : les signes répertoriés doivent avoir les même formes, tailles, couleurs que sur la carte
(et vice-versa).
3
Clai : les signes et le texte sont alignés, le texte est bien écrit, précis et concis et il ne faut pas
hésiter à découper la légende en sous-parties.
4
Classée par type de figurés : si possible, on essaye de regrouper les figurés ponctuels
entre-eux, les figurés zonaux avec les figurés zonaux, etc.
5
Classée par type de phénomènes : on créé des groupements en mettant des titres
et des sous-titres.
6
Pour les figurés proportionnels, on les dessine tous si leur nombre sur la carte
est restreint. Sinon, on retient quelques figurés repères.
7
Les progressions de valeur doivent apparaître. On préfère des valeurs
rondes à des valeurs quelconques.
8
Les figurés zonaux sont dessinés dans des caissons (rectangles)

❑ Un titre
 Egalement obligatoire, le titre expose dans le moins de mots possibles, le
contenu de la carte.
 Le titre doit être immédiatement visible : souvent écrit en capitales, on peut aussi
jouer sur la graisse et la taille des lettres.

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 La tournure du titre est fonction de l'objectif de la carte : il sera séducteur pour


les dépliants touristiques ou publicitaires (« une région aux mille facettes », « un
carrefour de l'Europe ») mais objectif et sans fantaisies pour les cartes d'aide à la
décision.
 Il doit en tout cas toujours être bref et ne pas se présenter sous la forme d'une
phrase avec sujet, verbe et complément.
 Il est inutile d'y faire figurer les mots « localisation » ou « carte de », car par
définition une carte localise et le lecteur est assez sensé pour savoir qu'il lit
une carte.
❑ Les coordonnées*

Les coordonnées (latitude et longitude) sont utiles pour les cartes à petite échelle, pour
certains thèmes (les climats par exemple) ou lorsque le territoire présenté est lointain
et/ou peu connu. Dans ce cas, il est intéressant de mentionner en lieu et place, des
coordonnées (souvent en dehors du cadre) voire le nom d'un lieu géographique célèbre
situé à la même latitude ou longitude que le territoire cartographié.
❑ La source

Indispensable pour les cartes statistiques, elle permet de vérifier l'origine de l'information,
sa validité et sa marge de confiance.
❑ La date

Elle est, quel que soit le type de carte, obligatoire. Sans date, on ne peut contrôler le degré
d'ancienneté de l'information, ce qui est capital pour l'information géographique en
perpétuelle évolution.
❑ La nomenclature

 La nomenclature est l'ensemble des noms de lieux ou de faits géographiques


écrits sur le fond de carte. Elle est bien sûr nécessaire sur les cartes de
localisation pour lesquelles la liste des noms de lieux constitue une base.
 Dans la plupart des cartes d'analyse, de synthèse ou modèles, la nomenclature se
fait discrète voire disparaît. Il est parfois souhaitable de faire figurer au moins
quelques noms de points-clés (place, gare, cathédrale, rivière...) sur les cartes
statistiques à grande échelle. Cela aide le lecteur à se repérer. La nomenclature
sera toujours sobre afin de ne pas nuire au message de la carte.
 Pour varier la nomenclature selon l'importance et la nature des objets auxquels
elle se rapporte, le cartographe a le choix de jouer sur la forme, la taille, la valeur
et la couleur des lettres et des mots comme il le ferait avec des figurés ponctuels,
linéaires ou zonaux.

5) Une carte thématique doit répondre à deux questions


❑ La qualité majeure d'une carte thématique est et devrait toujours être d'apporter une
information globale à son lecteur. Cette obligation résulte de la vocation même des
cartes thématiques : celle d'aider l'analyse et la décision. Or, pour que cette

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vocation soit respectée, une carte doit répondre à deux questions ; en d'autres
termes, le lecteur est en droit de réclamer de la carte, une réponse immédiate et
fiable à deux questions :
 Au niveau du détail : à tel endroit, qu'y a-t-il ?
En parcourant une carte, le lecteur est amené à rechercher une information
géographique à un point précis de la carte ; par exemple, quelle est la population
de cette ville ?, quels sont les prix du terrain au m² dans ce quartier ?, quelle est
la capacité hôtelière de ces stations balnéaires ?, etc. Le plus souvent, toutes les
cartes répondent à cette question élémentaire pour la simple raison que même un
mauvais choix de variable visuelle n'altère pas la vision au niveau élémentaire.
 Au niveau général, tel phénomène, quelle est sa géographie ?
Une carte thématique, grâce à une expression géographique adaptée, est
conçue pour visualiser des formes, des ensembles spatiaux qui permettent au
lecteur de dégager la régionalisation d'un phénomène géographique donné. Cette
lecture se fait au niveau de l'ensemble de la carte et permet donc de déceler des
ensembles spatiaux.
❑ Carte à lire et carte à voir
 En conséquence, si la carte thématique ne répond qu'à la première de ces deux
questions, c'est une carte à lire. Rappelons que tout l'intérêt d'une carte
thématique est certes de situer mais également et en premier lieu de montrer
instantanément la distribution d'un phénomène. Si cette distribution n'apparaît
pas, un texte ou un tableau sont plus appropriés qu'une carte, car la conception
de celle-ci demande plus de temps. En résumé, une carte à lire est sans objet, elle
représente un effort inutile à la fois pour le concepteur et pour le lecteur qui doit
déchiffrer la carte.
 Si la carte répond rapidement à la deuxième question, alors c'est une carte à
voir. Avec un temps minimum d'observation, le lecteur est capable d'une part
d'analyser un fait quelconque puis d'autre part de dessiner mentalement ou
graphiquement s'il le désire une régionalisation. Enfin, il est apte à mémoriser
l'image qu'il a en face des yeux. Pourtant, et c'est un signe de plus que la
pédagogie de la carte est très déficiente, paraissent encore trop de cartes à lire
totalement stériles n'autorisant aucune analyse.
Les cartes à lire peuvent être étendus aux cartes en diagrammes ou aux cartes
représentant l'ordre des quantités par un non-ordre (résultant d'une mauvaise
gradation de valeurs par exemple nécessitant un recours constant à la
légende). Dans l'absolu, ces erreurs ont toujours pour origine un mauvais
usage des règles de l'expression cartographique.

Au final, le problème de la carte à lire souligne combien l'expression cartographique


procède de la physiologie de notre œil. Si le concepteur et réalisateur de cartes n'admet
pas cette évidence, alors ses cartes - ses images - seront toujours illisibles.

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 Exemple de carte à lire : mauvais usage des variables visuelles

Carte 1 : passage d'une carte à lire à une carte à voir par correction des variables visuelles

La Giettaz en Aravis

ND de Bellecombe Hauteluce

N
Flumet St Nicolas la Chapelle
50 - 1 000
Héry

Crest Voland Cohennoz


St François de Sales La Rosière 1 000 - 5 000
Le Revard Les Saisies
Séez
Les Arcs - BourgSt Maurice

Ste Foy Tarentaise


Arêches-Beaufort
5 000 - 15 000
La Féclaz
Doucy Les Versants
Combelouvière du Soleil Peisey Vallandry
Plagne Montalbert
Les Aillons Montchavin Les Coches
15 000 - 30 000
La Plagne
Valmorel
Bozel Tignes Val d'Isère Champagny en Vanoise
Brides-les-Bains St François-
Plus de 30 000
Longchamp La Tania
0 10 2030 4050 km
Vallée d'Entremonts St Martin Pralognan la Vanoise
de Belleville Courchevel Méribel
Montaimont Les Menuires
Bonneval- sur-Arc
Termignon la Vanoise

Jarrier Bessans
Val Thorens

Carte a St Colomban- des Villards Les Bottières Val Cenis La Giettaz en Aravis
La Toussuire Sollières Sardières
Orelle
Aussois Bramans

LeAlbiez
Les Karellis
St Sorlin d'Arves CorbierMontrond ND de Bellecombe
Flumet St Nicolas la Chapelle
St Jean d'Arves
La Norma
Valmeinier Valfréjus Hauteluce

Héry

Valloire Crest Voland Cohennoz


Les Saisies
St François de Sales
Le Revard
Séez

La Rosière
ArcsLes
Les Coches Versants
- BourgSt du Soleil
Maurice
Arêches-Beaufort Montchavin Les Ste Foy Tarentaise
Plagne Peisey Vallandry Tignes
DoucyMontalbert Combelouvière
La Féclaz

Val d'Isère
Les Aillons

Capacité d'hébergement des stations de Savoie Valmorel La Plagne

Brides-les-Bains
Bozel

Saison hiver 1997


St François- Longchamp La Tania St Martin
(Nombre de lit total) de Belleville
Champagny en Vanoise
Source : Agence touristique départementale de Savoie Vallée d'Entremonts
Montaimont
Pralognan la Vanoise Courchevel
Termignon Méribel la Vanoise

Bonneval- sur-Arc

Les Menuires
Bessans
Jarrier
40 000 Sollières Sardières
St Colomban-Les Bottières Val Thorens
30 000 des Villards Le Corbier Val Cenis
Aussois
20 000 Orelle
Bramans

10 000 St Sorlin d'Arves Les Karellis Albiez Montrond La Norma


La Toussuire
5 000 St Jean d'Arves

2 000 Valfréjus
500 Valmeinier
250
Valloire
Carte b

 Commentaire de la « carte » à lire  Commentaire de la carte à voir


L’information, c’est-à-dire la capacité d’hébergement des stations La carte de droite répond aux deux types de questions :
de sports d’hiver de Savoie est transcrite par des symboles dont on fait ◆ « à tel endroit (à Tignes), quelle est la capacité d’hébergement ?
varier la forme. ◆ « tel caractère (les capacités d’hébergement), quelle est la
Sur cette carte, l’image instantanée est celle de la localisation des géographie? »
stations de sports d’hiver. Ce n’est pas celle de leur capacité Ainsi, le lecteur discerne très nettement une régionalisation des
d’hébergement. Pour trouver une signification « capacité d’hébergement stations de sports d’hiver savoyardes : premier ensemble, les stations de
», il faut différencier les formes des signes. Pour analyser le fait « la Tarentaise avec quatre d’entre elles dépassant les
capacités d’hébergement des stations de Savoie » dans son ensemble, 30 000 lits ; deuxième ensemble au sud, les stations de la Maurienne et
il faut lire les 60 signes, ce qui est de la Haute-Maurienne, plus modestes mais nombreuses ; troisième
ensemble, les stations du Val d’Arly au Nord et enfin quatrième
ensemble, les quelques stations de l’ouest du département situées dans
les massifs des Bauges et de la Chartreuse plus tournés vers le ski de
fond et l’économie pastorale, où les altitudes sont moins élevées.

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VII Les étapes


de conception, de réalisation et de lecture d’une carte

1) Se poser les questions pertinentes avant la conception


❑ Faut-il faire une carte ?
Il faut peser le pour et le contre et surtout savoir juger de l'utilité de la carte en tant
qu'outil d'aide à la décision et à la compréhension d'un phénomène. Le fait de faire ou
non une carte dépend ensuite de la volonté et des acquis de chacun mais aussi des
données à analyser. Une carte est réalisable si les données ont :
 une dimension géographique.
Si les données ne sont pas localisées (ou spatialisées ou encore
géographiquement référencées dans le langage informatique), il sera
évidemment impossible de les cartographier.
Exemple : le nombre de médecins spécialistes (dentistes, ophtalmologues,
gynécologues) pour 50 000 habitants dans une ville de 200 000 habitants.
Ce tableau ne contient pas
1962 1972 1982 1992 d’informations
Commune X 12 31 41 53 spatiales. La cartographie
n’est pas à l’ordre du jour.
Type de spécialistes D O G D O G D O G D O G
Nombre de spécialistes 10 2 0 25 4 2 29 7 5 37 9 7

Commune X 1982 1990 1982 1992 Ce tableau offre un facteur différentiel


Centre 9 18 21 24 géographique : les quartiers de la ville. Il
Quartier Nord 1 5 8 13 est donc possible de réaliser une carte
après avoir éventuellement traité les
Quartier Est 1 2 3 6
données.
Quartier Ouest 1 4 5 4
Quartier Sud 0 2 4 6

 Une masse critique.


L'expressivité de la carte se fonde sur son contenu. Si ce dernier n'offre
pas la possibilité de visualiser des distributions spatiales, la carte d'analyse
est inutile puisqu'elle ne permet plus l'analyse. Le nombre de données doit
donc être suffisant pour que l'apport de la carte soit significatif.
Pour les cartes de localisation, en revanche, on peut se contenter d'un nombre
restreint de données. La carte sera toujours plus fructueuse pour dire qui fait
quoi et où est qui qu'un tableau ou du texte.
❑ Une carte, plusieurs cartes ou une carte de synthèse ?
L'un des principaux soucis du cartographe est la synthèse, c'est-à-dire établir des
correspondances entre les composantes d'un ou de plusieurs faits géographiques.

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Dans le cas d'une représentation d'une localisation ou d'une situation par exemple,
on aura tout intérêt à regrouper toutes les données sur un seul et même support. La
remarque vaut également pour les cartes d'occupation et d'utilisation du sol et les
cartes de synthèse régionale.
Pour les cartes statistiques, la démultiplication est le plus souvent conseillée (un seul
caractère par carte, deux tout au plus pour des raisons à la fois de méthode et de
clarté).
 La première solution est de jouer sur la combinaison et la superposition des
figurés. Cette alternative, on le sait, atteint très vite des limites graphiques.
Les puristes, et ils n'ont pas tort, considèrent cette solution comme une fausse
synthèse, car elle se contente de superposer. Plutôt que de chercher à
déployer des trésors de virtuosité, il faut parfois se résoudre à concevoir un
recueil, une collection de cartes, chacune visualisant un caractère.
 Néanmoins, la solution la plus aboutie, notamment pour les études
introduisant de multiples composantes, est la synthèse capable d'établir des
relations entre toutes ces composantes. Elle doit être mûrement réfléchie et
passe par un traitement des données.
❑ A quelle échelle travailler ?
Il faut adapter le choix de l'échelle à l'étendue du territoire à cartographier, au
format de la feuille et à l'ordonnancement final de la carte. Il serait dommage de
choisir une trop grande échelle et de ne plus avoir la place nécessaire pour la
légende par exemple.
❑ Quel fond de carte choisir ?
Là aussi, le type de carte commande le choix du fond de carte. Pour les cartes de
situation, on recherchera des fonds de cartes détaillés et complets avec une
toponymie omniprésente. Pour les cartes statistiques, au contraire, on préférera des
fonds de cartes épurés, fortement généralisés et contenant une base administrative
ou institutionnelle : pays, région, département, commune, quartier ou îlot de
recensement.
❑ Que veut-on montrer : quel langage graphique adopter ?
Une règle d'or : utiliser au mieux les facultés du cerveau et de l'œil humains. Il
suffit dès lors de savoir ce que l'on veut montrer (des proportions, un classement,
des différences, une dynamique...) et d'obéir aux principes du langage
cartographique.
❑ Quel format ?
Le cartographe a le choix entre plusieurs formats de présentation. Au-delà du format
A3 (42×29,7), les coûts de production augmentent et la maniabilité diminue.

Manuel de Cartographie – Copyright 66/9


Manuel de

Les formats de
feuille

14,8
A5 29,7 A4 29,7
A3
21
21 42

118,8
A0

59,4 A2 59,4 A1

42 84,1 84,1

❑ En couleur ou en noir et blanc ?


Il est inutile de revenir sur les attraits indiscutables et les précautions d'emploi de la
couleur. Le choix repose sur le matériel à la disposition du cartographe : si en
cartographie manuelle, une vingtaine de crayons de couleurs suffisent, la
cartographie par ordinateur nécessite des investissements plus lourds (carte
graphique et écran notamment) et surtout une imprimante et des papiers de bonne
qualité au risque d'être déçu entre le résultat à l'écran et le résultat sur papier.

❑ Quelle mise en plage ?


Deux types de mises en page :
 à la française (mode portrait dans les logiciels) : la page est dans le sens de la
hauteur.
 à l'italienne (mode paysage dans les logiciels) : la page est dans le sens de la
largeur.

Le choix de la mise en page est le plus souvent guidé par la forme et la taille du
fond de carte. Elle influence évidemment la disposition des éléments et la
configuration générale de la carte. Il faut de toute manière éviter les vides sur la
page et rechercher un bon ordonnancement de l'ensemble, le plus souvent, selon
une diagonale.

Manuel de Cartographie – Copyright 67/9


Manuel de

Mise en page de la carte


TITRE
TITRE

N
N
Légende
Légende

A la française A l’italienne

❑ Sur quel matériau ?


Le choix du matériau est conditionné par les moyens mis en œuvre pour
cartographier. En cartographie par ordinateur, une table traçante (surtout réservée à
la cartographie technique et au dessin industriel) travaille sur calque ou sur papier.
Une imprimante (laser, transfert thermique, à jet d'encre) exige un papier de qualité
(au-dessus de 80g/m²).
Pour l’impression couleur, des papiers spéciaux (papier couché ou papier glacé)
garantissent un rendu optimal. Une impression couleur de qualité passe en effet
obligatoirement par une bonne adéquation entre l'encre des imprimantes et le
papier. Sans papier spécial, l'encre bave, les couleurs sont ternes, le papier gondole.

2) La construction d’une carte


La figure ci-dessous présente la succession théorique des phases de la construction d'une
carte. Que cette carte soit conçue à la main ou sur un ordinateur, les étapes sont
globalement les mêmes : il faut collecter et analyser les données, les retravailler le cas
échéant et enfin dessiner la carte. Dans la pratique, ces phases sont interactives et
connectées.
Par exemple, les moyens et les procédés de reproduction (informatique, offset,
sérigraphie...), contraintes majeures en cartographie, interfèrent sur le choix de la couleur
ou du noir et blanc, du format, des figurés (trames, aplat*), etc.
De même, selon le public visé, il faudra adapter les traitements statistiques et les choix
graphiques. Enfin, l'objectif de la carte (publicité, recherche, étude d'aménagement*, aide
à la décision...) influence évidemment les choix graphiques ou le format.

Manuel de Cartographie – Copyright 68/9


Manuel de

Les phases de la conception et de la réalisation d'une carte

Définir l’objectif
Usage interne ou externe ?
Préciser la cible Chercheurs,ingénieurs, techniciens ?
Elus ? Cartes conçues pour lecture rapide
Grand public ?Représentation épurée de l’information
Rechercher et collecter des données
Hiérarchiser et traiter les données

Conception
Agrandissement ? Réduction ?
Choisir le fond de carte Généralisation ?

Cartographie manuelle
cartographie par ordinateur

Noir et blanc ou couleur ? Quel format ?


Sur quel matériau ?
Prendreencomptelescontraintes
Que veut-on exprimer ?
Choix des figurés Avec quelles variables visuelles ?
Concevoir la légende
Détermination du style de carte

Choisir la mise en page


Dessiner la carte
Réalisation

Reproduction et diffusion

En conclusion, il est indispensable d'avoir dès le départ, une vision globale du processus,
de la première phase de la conception à la dernière phase de la réalisation.

Manuel de Cartographie – Copyright 69/9


Manuel de

VIII
La mise en classes des séries statistiques x

❑ La statistique est une science d'observation quantitative et une méthode


mathématique d'analyse et d'interprétation de ces observations. De ce fait, le terme
statistique recouvre deux acceptions :
 la collecte, le regroupement et la mise en forme d'informations et de données sur
les activités humaines,
 la statistique est aussi l'ensemble des méthodes et des techniques qui permettent
de manipuler ces données, de décrire et d'organiser l'information (statistique
descriptive) et de calculer des probabilités en introduisant des hypothèses
(statistique mathématique).
❑ Parce que la plupart des cartes contemporaines sont réalisées à partir de données
chiffrées, la cartographie (et la géographie) s'est tout naturellement tournée vers les
statistiques qui offrent un champ inépuisable pour les calculs de taux, les divisions
en classes, les calculs d'évolution, l'analyse factorielle, la construction de
diagrammes, bref, pour les traitements statistiques en général, des plus simples aux
plus complexes.
❑ Le but est d'étudier, le cas échéant, de transformer les données chiffrées brutes, puis
d'accéder au langage cartographique en respectant au mieux l'information
géographique contenue dans la série statistique et en garantissant la lisibilité de la
carte. Cartes & Données a encore accentué ce mariage de raison entre cartographie
et statistique. Il propose des fonctionnalités parfois très évoluées ; les cartographes
même amateurs ont ainsi la possibilité d'accéder à un haut niveau d'analyse
statistique.
Ce vaste domaine parfois très compliqué, n'est abordable que partiellement dans le
cadre de ce livre. Au même titre que la cartographie, la statistique est une discipline
à part entière et demande très vite des connaissances pointues en mathématiques. La
bibliographie sur ce sujet est certes abondante mais s'adresse le plus souvent à des
personnes déjà formées aux rudiments des statistiques.
Toutefois, il est indispensable, même pour le cartographe novice, de posséder les
notions de bases ne serait ce que pour maîtriser un procédé constamment usité et
fondamental lorsque l'on conçoit une carte d'analyse : le découpage en classes ou
discrétisation.

1) La terminologie élémentaire de la statistique


❑ Une information est, d'un point de vue statistique, une série de correspondances
entre des individus et des attributs.

Manuel de Cartographie – Copyright 70/9


Manuel de

 Les individus (ou unités statistiques) sont les objets, les éléments observés. Ils
recouvrent des formes très diverses (personne, animal, objets inanimés) mais
puisque, dans le cadre de cet ouvrage, nous raisonnons sur une information
géographique, les individus sont des unités spatiales, c'est-à-dire des points où
ont été observés et mesurés des faits géographiques : parcelles, communes,
départements, régions, etc.
 L'ensemble des individus (ou unités spatiales en géographie) constitue une
population.
 Les attributs sont des valeurs (ou modalités) décrivant un individu ; chaque
individu pouvant être décrit par un ou plusieurs attributs.
 La liste des attributs constitue une variable. Il est commun d'utiliser comme
synonyme de variable, le terme de caractère (J. Bertin dans son ouvrage
Sémiologie Graphique qualifie les attributs et individus de composantes d'une
information).
 Un couple individu-attribut forme une observation.
 Si un individu est décrit par plusieurs attributs, on obtient une liste de variables.
Variables

Effectifs des collectivités en 1990 Nombre d’agents pour 1000 habitants


(équivalent temps complet)
Lecture hori zontale Alsace 24736 15,2
« géographique » Aquitaine 53400 19,1
Auvergne 21559 16,3
Bourgogne 27269 16,9
U n i t é s s p at i a l e Bretagne 45681 16,3
s Dans cet exemple, les Centre 41864 17.7
unités spatiales sont les Champagne-Ardenne 21428 15,9
Délégations Régionales du Corse 5792 23,1
Centre National de la Franche-Comté 18295 16,7
Fonction Publique Ile-de-France 262859 24,7
Territoriale
Languedoc-Roussillon 38898 18,4
Limousin 12691 17,6
Lorraine 34121 14,8
Midi-Pyrénées 44886 18,5
Nord-Pas-de-Calais 65321 16,5
Basse-Normandie 23278 16,7
Haute-Normandie 32962 19,0
Population
Pays de la Loire 49981 16,3
( e n s e m bl e d
e s i n d i v i d us ) Picardie 28400 15,7
Poitou-Charentes 28887 18,1
Provence-Alpes-Côte-d'Azur 99667 23,4
Rhône-Alpes 92706 17,3

Attributs Source : INSEE


Lecture verticale (ouvaleur,
« statistique » o u m o da l i t é
)

❑ Conventionnellement, l'information est présentée sous forme de tableau : les


individus (dans notre cas, les unités spatiales) remplissent la première colonne
tandis que les attributs forment les autres colonnes. Cette présentation en tableau

Manuel de Cartographie – Copyright 71/9


Manuel de
implique une double lecture : géographique (lecture horizontale) et statistique
(lecture verticale).

2) Principes du découpage en classes.


❑ Définition

Le découpage en classes est un procédé qui vise à transformer une série statistique brute
en une série ordonnée divisée en classes. Cette opération est encore appelée discrétisation,
dans la mesure où elle consiste à rendre discrète, c'est-à-dire discontinue, une série
mesurée d'abord sur une échelle continue de valeurs.
Il est en effet impossible, d'un point de vue cartographique, de garder telle quelle une série
statistique, car cela reviendrait à cartographier toutes les valeurs, chose rendue
inconcevable par les règles de la perception visuelle qui exige, on le sait, visibilité et
clarté.
❑ Présentation des classes dans la légende

 Dans un souci de clarté et de simplicité, le nombre de classes varie généralement


de 4 à 7. Si l'objet de la carte n'est pas d'exprimer une distribution mais juste
d'observer la progression comme dans les cartes de diffusion, alors le nombre de
classes n'est pas limité.
 Les classes sont identifiées par leurs limites (ou bornes). Dans la légende, elles
sont insérées à côté des caissons* ou des signes.
Deux types de présentation sont possibles :
o on écrit à côté de chaque signe ou caisson les valeurs de la borne inférieure
et de la borne supérieure,

Présentationfiablemai rigide car


s mathématique

De 0 à 5 0à5 0-5 <5 [0 - 5[

de 5 à 10 ou 5 à 10 ou 5 - 10 ou 5 à 10 ou [5 - 10[
de 10 à 15 10 à 15
10 à 15 10 - 15 [10 - 15[

de 15 à 20 15 à 20 15 - 20 > 20 [15 - 20[


Le tiret peut être interprété comme le signe Le
moins
premier crochet inclut, le deuxième exclut

Manuel de Cartographie – Copyright 72/9


Manuel de
o on écrit les valeurs des bornes une fois seulement entre deux signes ou
caissons successifs.
0 0 0
5 5 5
10 10 10
15 15 15
20 20
20

Conseils pour les limites de classes


□ Les limites de classes couvriront l'ensemble du domaine de la variation de la série
statistique et ne laisseront pas des valeurs en dehors du champ couvert par les bornes des
classes.
Par exemple :
0à5 0à5
7 à 10 NON 5 à 10 OUI
12 à 20 10 à 20
22 à 30 20 à 30

□ A l'inverse, une valeur n'appartiendra qu'à une seule classe : il n'y aura pas de
recouvrement entre deux classes.
Par exemple : 0à5 0à5
5 à 15 NON 5 à 10 OUI
12 à 20 10 à 20
18 à 30 20 à 30

□ Enfin, les valeurs utilisées comme limites de classes devront être lues rapidement et
facilement mémorisées. On préférera donc les nombres entiers, le cas échéant arrondis
(50,2 □ 50 ou 2,9 □ 3) en évitant les décimales à plus d'un chiffre derrière la virgule ne
servant strictement à rien sinon à compliquer la lecture de la carte.

3) Rappels de statistiques élémentaires : les principaux indicateurs


❑ Les principaux indicateurs utilisés dans le découpage en classes sont peu nombreux
mais fondamentaux : il s'agit de la moyenne, de l'écart-type et dans une moindre
mesure de la variance et de la médiane. Ces indicateurs ont deux utilités dominantes
en cartographie :

Manuel de Cartographie – Copyright 73/9


Manuel de

 il est souhaitable pour le lecteur d'une carte d'analyse de disposer dans la


légende d'un ordre de grandeur du phénomène représenté. Certes, les indications
chiffrées situées à côté du caisson (cf. Ci-dessus) ou du symbole et résultant d'un
traitement statistique de la part du cartographe, fournissent dans une certaine
mesure cet ordre de grandeur mais ces chiffres sont rarement interprétables en
eux-mêmes. Seule l'expérience du lecteur dans un domaine particulier, permet de
juger, selon le contexte, si une moyenne de 200 habitants au km² est une densité
faible ou élevée (aujourd'hui en France par exemple).
Il est donc toujours profitable d'insérer en légende un ordre de grandeur se
rapportant à toute la distribution statistique : par exemple, moyenne nationale ou
écart-type.
 Plus encore que pour la lecture, ces paramètres sont fondamentaux pour la
conception des cartes à base de données statistiques : la moyenne et l'écart-type
régissent la plupart des méthodes de discrétisation.
Même si les calculatrices programmables et les tableurs (pour la cartographie
manuelle) et a fortiori et a fortiori le logiciel Cartes & Données calculent les
indicateurs expliqués ci-dessous, cela ne dispense en rien le cartographe de
connaître le contenu et les fonctions de ces indicateurs afin de jauger leur valeur
et d'apprécier leur utilité dans tel ou tel contexte.
❑ La moyenne arithmétique ( x )
Le symbole x se lit « x barre ».
C'est la valeur centrale la plus utilisée pour résumer une distribution. On l'obtient
en effectuant la somme de toutes les valeurs de la série statistique et en divisant le
résultat par le nombre d'observations.

 Où
xi = attributs avec i variant de 1 à
(xi) X = n N = nombre d'observations

❑ La variance (V)
N
La variance est la moyenne arithmétique des carrés des écarts à la moyenne.

 (xi - x)² Où
xi = attributs avec i variant de 1 à
V= n N = nombre d'observations
N
❑ L’écart type ()
L'écart type est une mesure de la dispersion des valeurs par rapport à la moyenne
(valeur moyenne). Il correspond à la racine carrée de la variance. Plus l'écart-type
est élevé, plus les observations sont dispersées.

Manuel de Cartographie – Copyright 74/9


Manuel de

 (xi - x)² xi = attributs avec i variant de 1 à n

= N ou = V N = nombre d'observations

❑ La médiane
 La médiane est la valeur qui se trouve au centre d'un ensemble de nombres. Elle
partage la série en deux classes d'égal effectif. En d'autres termes, les valeurs
appartenant à la première moitié de l'ensemble ont une valeur inférieure à la
médiane tandis que celles appartenant à l'autre moitié ont une valeur supérieure à
la médiane.
 D'une façon générale, on emploie la médiane comme valeur centrale pour
caractériser une distribution dissymétrique dont la valeur moyenne est peu
représentative.
Lors du calcul de la médiane, deux cas peuvent se présenter :
 les observations ne sont pas groupées par classes.
Dans ce cas, le calcul de la médiane est simple : on ordonne la série et on
dénombre la moitié de l'effectif total N : la médiane correspond à l'élément
médian de la distribution.
Par exemple,
o si l'effectif est impair :
quand le nombre d'observations (N) est impair, la médiane existe dans la
série :
MEDIANE (1; 2; 3; 4; 5) égale 3.
MEDIANE (711; 851; 862; 912; 922) égale 862.
o Si l'effectif est pair :
quand le nombre d'observations (N) est pair, la médiane est la moyenne
des deux valeurs centrales :
MEDIANE (1; 2; 3; 4; 5; 6) égale 3,5, la moyenne de 3 et 4.
 Les observations sont groupées par classes.
o On dénombre les effectifs par classes,
o on cumule les effectifs ni des classes,
o on divise par deux le nombre cumulé,
o on repère la classe qui possède l'élément médian,
la médiane est la moyenne des deux bornes de la classe.

Manuel de Cartographie – Copyright 75/9


Manuel de

L'exemple suivant mesure le produit des quatre taxes directes locales par région.
Produits des quatre taxes directes locales (en Nombre de régions Effectifs cumulés des régions
francs / habitant) ni
2888 - 3100 6 6
3100 - 3300 8 14
3300 - 3500 2 16
3500 - 3800 4 20
3800 - 4163 2 22
Source : Direction Générale des Impôts, Direction de la Comptabilité Publique
(1989)
On dénombre On cumule les
les effectifs effectifs.
Puisqu'il y a 22 régions, l'élément médian a le rang 11 (22/2). La valeur médiane se situe
donc dans la deuxième classe : entre 3100 et 3300 francs. La médiane est donc égale à
3200 francs.
Donc, la moitié des régions ont une fiscalité locale inférieure à 3200 francs par habitants.
- Notons que la moyenne et la médiane informent souvent de manière très incomplète sur
l'ordre de grandeur d'une série statistique. Par exemple, nous avons deux séries
statistiques :
Série 1 95 97 100 103 105
Série 2 50 75 100 125 150
Ces deux séries statistiques ont certes la même moyenne (x = 100) et la même médiane
(M=100) mais la seconde série est beaucoup plus dispersée.
D'où l'intérêt de l'écart-type qui permet de connaître la dispersion des deux séries :
pour la série 1 :  = 4,1
pour la série 2 :  = 39,5

4) Les méthodes de discrétisation


❑ Il existe plusieurs techniques de discrétisation. Certaines sont spontanées,
empiriques et donc apparemment pratiques. Elles sont cependant hasardeuses, car
elles ne conservent pas ou peu l'information apportée par les données. D'autres,
rationnelles, s'appuient sur les mathématiques et ont pour objectifs de préserver
l'ordre de grandeur du phénomène représenté, la forme de la distribution, sa
dispersion et l'existence éventuelle de cas particuliers.
Cartes § Données offre des outils d'aide à la discrétisation et de visualisation des
résultats très performants mais préserve la liberté de l'utilisateur quant au choix de

Manuel de Cartographie – Copyright 76/9


Manuel de
la méthode. Sont présentées ici les méthodes les plus répandues, faciles à utiliser et
couvrant
ère largement les exigences des cartographes spécialistes ou non.
❑ 1 méthode (à éviter) : découpage à l’estime
 Cette méthode, certes très commode et rapide, n'est viable qu'avec les séries
statistiques simples comportant peu de valeurs. Avec cette méthode, il s'agit de
découper la série statistique en repérant les ruptures dans la variation. Chaque
rupture marquera le début et la fin d'une classe.
 Cette méthode n'est pas très sûre mais nécessite pourtant un entraînement
soutenu dans la lecture des tableaux statistiques. Plus grave, elle engendre des
erreurs quant au découpage : il arrive que des classes soient vides ou au contraire
trop pleines par exemple. On privilégiera les méthodes suivantes, non seulement
plus fiables mais également très simples à mettre en œuvre.
ème
❑ 2 méthode : discrétisation en classes d’amplitudes égales
 Cette méthode consiste à réaliser des classes de même étendue.
Pour cela, il faut calculer l'écart entre le maximum et le minimum (e) puis
diviser cet écart par le nombre de classes souhaité. On ajoute ensuite le résultat
au minimum puis on continue jusqu'à ce que l'on atteigne le maximum.
 Exemple pour 4 classes :
Résultat 1 Résultat 2 Résultat 3

Minimum + e/4 Résultat 1 + e/4 Résultat 2 + e/4


Minimum Maximum

e= maximum - minimum

 Pour rendre la lecture de la légende plus aisée, on peut arrondir l'amplitude et


affecter également à la première borne une valeur arrondie.
 La méthode de représentation par classes d'amplitudes égales a l'intérêt d'être
vite comprise dans son principe par le lecteur et d'être facile à réaliser.
 Cette méthode convient bien aux distributions uniformes mais est moins adaptée
aux distributions asymétriques comportant peu de valeurs élevées par exemple.
La carte serait dans ce cas couverte par des figurés clairs.
ème
❑ 3 méthode : discrétisation selon les moyennes emboîtées
 La moyenne (x) divise la série en deux groupes afin de construire deux classes. A
leur tour, les moyennes de ces groupes, x2a et x2b, permettent un nouveau
découpage en 4 classes, et ainsi de suite. De ce fait, le nombre de classes sera
toujours avec cette méthode un multiple de 2.
 Exemples pour quatre classes :

Minimum X2a X X2bMaximum

Manuel de Cartographie – Copyright 77/9


Manuel de
ème
4 méthode : discrétisation selon les quantiles

 Cette méthode consiste à réaliser des classes qui possèdent (si possible) le même
nombre d'individus. Faire des classes d'effectifs égaux signifie cependant que
l'on perde toute information relative à la forme statistique de la distribution.
 La méthode est simple à appliquer :
o on divise le nombre d'observations (N) par le nombre de classes désiré
pour obtenir l'effectif de chaque classe.
o On détermine ensuite les limites de chaque classe en comptant le nombre des
unités géographiques dans la série ordonnée. Les limites de classes ainsi
constituées s'appellent des quantiles : quartiles lorsqu'on a quatre classes (la
médiane est alors une limite de classe) (n/4, 2n/4, 3n/4), quintiles s'il y en a cinq
(la médiane est alors incluse dans la classe centrale), ( n/5, 2n/5, 3n/5, 4n/5),
octiles pour huit classes (n/8, 2n/8... 7n/8), déciles pour dix classes (n/10, 2n/10,...
9n/10), etc.
ème
❑ 5 méthode : discrétisation standardisée
 Cette méthode se réfère aux valeurs caractéristiques de la distribution - moyenne
et écart-type - très intéressantes lorsqu'il s'agit d'effectuer des comparaisons
entre cartes.
 La moyenne est utilisée comme centre ou comme limite de classe et l'écart-
type pour calculer l'amplitude des classes. Les classes ont l'amplitude d'un
écart- type.
 Si on choisit un nombre pair de classes, la moyenne apparaîtra comme borne de
classe. Si le nombre de classes est impair, elle sera centre de classe.
 Cette méthode est sans doute la plus performante de toutes les méthodes de
discrétisation et est la plus employée en cartographie. Elle présente deux
avantages majeurs :
o elle produit des classes d'amplitude égale dont la mémorisation est facile et la
logique de construction accessible même au lecteur non averti.
o Elle a le gros avantage de permettre la comparaison entre cartes (construites
évidemment selon la même méthode et avec le même nombre de classes).
 La manière de procéder est la suivante :

Manuel de Cartographie – Copyright 78/9


Manuel de

Pour 3 classes :
Minimum
X -1  X X +1 Maximum
2 2

Pour 4 classes :
X- X
Minimum X+  Maximum

Pour 5 classes : X -3  X -1  X X +1  3 
Minimum 2 2 2 X +2 Maximum

Pour 6 classes :
X
Minimum
X- 2  X- X+  X+2  Maximum

et ainsi de suite...
Conseils pour la discrétisation standardisée
□ La discrétisation standardisée et d'autant plus fiable que la distribution statistique est
normale (gaussienne).
□ Les bornes de classes inscrites en légende doivent apparaître clairement (en chiffre)
et non pas sous la forme « moyenne plus un écart-type ».
□ Par contre, il est toujours intéressant de faire figurer en légende la moyenne et
l'écart- type qui donneront au lecteur une information quant à l'ordre de grandeur et à la
dispersion de la distribution.
ème

6 méthode : discrétisation selon le relief de l’histogramme
 Démarche
o On dresse un diagramme de type histogramme (diagramme en bâtons) sur
lequel sont rangées toutes les valeurs de la distribution statistique. On
représente les individus en abscisse et les valeurs en ordonnée.
o On effectue visuellement le découpage là où la série présente des sauts (ou
seuils, ou paliers) de valeur.
 La méthode graphique est une méthode simple et permet d'individualiser
rapidement chaque classe. Toutefois, elle présente quelques inconvénients qui la
rendent dans bien des cas, peu pertinente.
o En effet, les intervalles sont rarement distribués de telle manière à ce que les
classes soient équilibrées. Le plus souvent, on est obligé de corriger cette
méthode en réintroduisant d'autres coupures pour subdiviser une classe trop
grande ou au contraire en regroupant des valeurs isolées qui engendreraient
trop de classes peu représentées sur la carte.

Manuel de Cartographie – Copyright 79/9


Manuel de
o Enfin et surtout, la méthode graphique n‘offre pas la possibilité de comparer
plusieurs cartes, chacune étant construite à partir d'un modèle unique de série
statistique.
Exemples de discrétisations : 2ème colonne du tableau (nombre d'agents
pour 1000 habitants)

14,8 - 17,3
15,2 - 16,4
17,3 - 19,8
16,4 - 17,9
19,8 -22,3
17,9 -20,5
22,3 - 24,7
20,5 - 24,7
discrétisation en classes d'amplitude discrétisation selon les moyennes
égale
Classe vide! emboîtées
Méthode non pertinente

14,8 - 16,3 14,8 - 15,3

16,3 - 16,9 15,3 - 17,9

16,9 -18,4 17,9 -20,5

18,4 - 24,7 20,5 - 24,7

discrétisation selon les quantiles discrétisations standardisée

3èmeseuil: 20 2èmeseuil: 18 1er seuil: 16


25

20

14,8 - 16 15

16 - 18 10

18 -20
5

20 - 24,7
0

discrétisation selon le relief de


l'histogramme

Manuel de Cartographie – Copyright 80/9


Manuel de
Quelques remarques
 Dans le détail, les résultats cartographiques diffèrent selon la méthode de
discrétisation employée, preuve une fois de plus que c'est bien le cartographe qui
décide avant tout du visage final de la carte.
 Les méthodes de discrétisation sont plus ou moins pertinentes selon le contenu et
la forme de la série statistique à ordonner. Il suffit que l'écart-type soit plus
important que la moyenne (série très dissymétrique comme c'est le cas pour le
premier exercice) pour que la méthode de la discrétisation standardisée ne soit
plus utilisable par exemple. De même, certaines méthodes engendrent parfois des
classes vides ; il faut donc que le cartographe soit toujours vigilant même en
cartographie par ordinateur.

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Manuel de

IX Les cartes d'analyse

Les cartes d'analyse (ou cartes analytiques) sont des cartes à un thème : elles représentent
l'extension et la répartition d'un phénomène donné dans le but de préciser ses rapports
avec l'espace géographique. La variété des cartes d'analyse résulte de la diversité des
thèmes cartographiables (climat, milieu naturel, risques naturels, agriculture, urbanisme,
démographie...) qui n'ont en vérité que les limites de l'activité humaine.
On distingue ici les cartes d'analyse selon leur mode de construction basé sur les trois
signes élémentaires du langage cartographique que sont le point, la ligne et la surface
engendrant respectivement les figurés ponctuels, les figurés linéaires et les figurés zonaux.
On différencie ainsi sept types de cartes d'analyse : chacun présente, outre une
construction, des finalités spécifiques.
Les cartes en points,
les cartes en proportions,
Cartes d’analyse réalisées à partir de figurés
les cartes en diagrammes,
les cartes en symboles,

les cartes de réseaux,


les cartes de flux, Cartes d’analyse réalisées à partir de figurés Cartes

les cartes en plages. d’analyse réalisées à partir de figurés

1) Les cartes en points


❑ Principes et finalités
 Les cartes en points utilisent un figuré ponctuel simple, le point, afin de signaler
la présence ou l'absence d'un objet : une mairie, un commerce, un service public,
un site touristique, le représentant d'une espèce animale, etc.
 La variation en densité des points sur la carte indique la variation en densité de
l'objet géographique représenté.
 Si la carte en points et bien conçue, l'œil perçoit immédiatement les différences
de densités dans la distribution des points. Ce type de carte est utile si le nombre
de points est suffisant : au-dessous d'un certain seuil, la carte en points n'est plus
expressive.

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 Le nom générique de carte en points n'interdit cependant pas le recours à


d'autres formes géométriques : le carré, le losange ou le triangle sont également
utilisables. Leur précision est cependant moindre que le point.
❑ Réalisation graphique
 Sur une même carte, tous les points sont identiques : ils ont la même taille et la
même valeur numérique.
 Un point peut désigner deux choses :
o on assigne à chaque point un seul objet géographique.
o Chaque point correspond à une valeur numérique (plusieurs (n) objets
géographiques) et on porte sur la carte autant de points que la valeur est
contenue dans le nombre total.
Par exemple, si un point équivaut à n objets (cela peut être un point pour 100 000 habitants, pour cent têtes de
bovins, pour dix cas de grippe, pour cinq impacts de foudre, pour trois cabines téléphoniques, etc.) et que x
objets sont à représenter, il faut dessiner x/n points.

 La variation de la structure interne des points (couleurs opposables ou forme)


permet d'exprimer la nature des objets géographiques (un point bleu pour une plage
propre et un point noir pour une plage polluée par exemple).
 En intervenant sur la taille des points (un point pour 10 habitants et un plus gros
pour 100 par exemple), on passe à un autre type de carte : la carte en proportions
(cf. Ci-dessous).
 Si le cartographe différencie les points selon leur forme (un carré pour tel objet et un
triangle pour un autre), il obtient une carte en symboles (cf. Ci-dessous).

2) Les cartes en proportions


❑ Principes et finalités
L'objectif des cartes en proportions est de visualiser les quantités en valeurs absolues
des composantes d'un fait géographique grâce à la variation de la surface des symboles
exprimant ces quantités.
❑ Conception

 La variable visuelle utilisée est la taille : la surface d'un figuré est


proportionnelle aux quantités. Il faut donc invariablement utiliser, pour les carrés
ou pour les cercles proportionnels, la racine carrée du côté ou du rayon afin de
maîtriser la proportionnalité des figurés.
 Les proportions sont représentées soit par des figurés géométriques - les plus
répandus sont le cercle, le carré et dans une moindre mesure, le rectangle,
l'étoile, le losange... - soit par des figurés expressifs (appelés également figurines
ou pictogrammes). Le cercle est non seulement la figure la plus facile à
construire mais aussi la plus lisible. Il est en effet difficile de respecter la règle de
proportionnalité avec des formes complexes qui, de plus, entravent une vision
convenable de l'information portée par les symboles.

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Représentations de quantités en valeurs absolues avec symboles géométriques et


figuratifs

20 40 80 20 40 80 20 40 80 20 40 80

 Comment optimiser la relation entre les données statistiques et les figurés


proportionnels ?
o Le principe est simple : la surface des figurés doit conserver le rapport des
quantités à représenter. Par exemple, si ces quantités sont de 10 et de 100
(rapport de 1 à 10) alors les figurés (cercles et carrés de préférence) devront
avoir 1 et 10 millimètres de rayon ou de côté pour que leur surface conservent
le rapport de 1 à 10.
o Cartes § Données donne au processus de conception puis de réalisation des
cartes en proportions une facilité et une rapidité très avantageuses mais il faut
vérifier si le logiciel propose une solution graphique correcte.
❑ Réalisation graphique
 Il faut adapter la taille des signes utilisés à l'échelle de la carte et par conséquent
à la taille du fond de carte et/ou des circonscriptions.
 Il faut éviter d'utiliser des figurés différents sur une même carte en proportions :
l'œil perçoit difficilement les variations de taille d'un carré, d'un triangle ou d'un
rectangle à la fois.
Figure 1 : adaptation des figurés proportionnels au fond de carte
a.b.c.

Gain
Perte

-+

Bilan des migrations à l’intérieur de chaque département de Midi-Pyrénées (1982 - 1990) Source : Insee 1994

De trop petits figurés proportionnels rendent difficile la perception et la différenciation des proportions (a.). A l’inverse, de trop grands figurés
proportionnels nuisent à la clarté de la carte, car ils se chevauchent et occultent le fond de carte (c.). Seule la figure b. garantit une bonne lisibilité.

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 Le diagramme semi-circulaire (demi-cercles affrontés)


Le cercle se divise en deux demi-cercles qui se font face. Ce type de diagramme
convient lorsqu'on doit opposer deux phénomènes avec leurs variables, en
particulier pour traiter des thèmes tels que : importation-exportation, achat-vente... Il
est aussi utilisé pour exprimer l'évolution d'une même variable sur deux périodes
(un demi-cercle bleu pour les diminutions, un demi-cercle rouge pour les
augmentations par exemple).

3) Les cartes en diagrammes


❑ Principes et finalités
 Un diagramme est un graphique en deux ou en trois dimensions qui renseigne sur
la structure d'un phénomène.
Très souvent, la représentation de la structure est combinée avec celle de la
masse. Certains diagrammes sont en outre capables de suggérer l'évolution
temporelle d'un phénomène.
 Une carte en diagrammes est donc un fond de carte* sur lequel sont placés des
diagrammes en implantation ponctuelle (structure de la population des grandes
villes d'une région par exemple), en implantation linéaire (évolution du débit
d'un cours d'eau par exemple) ou en implantation zonale (composition de la
production agricole d'un département par exemple).
 Hors cartographie, les diagrammes sont constamment utilisés, car ils présentent
théoriquement un moyen efficace de visualiser les données statistiques tout en
facilitant leur interprétation. Comme la carte, le diagramme est une image qui
offre l'opportunité de communiquer rapidement un message. Comme la carte, un
diagramme doit respecter une grammaire visuelle et les données qu'il transcrit.
 En cartographie, aux particularités du diagramme s'ajoutent celles de la carte si
bien que la formule de la carte en diagrammes cumule deux handicaps :
o Une carte en diagrammes n'est expressive que si les diagrammes sont
suffisamment nombreux sinon la carte est inutile. Or, l'œil éprouve des
difficultés à lire plusieurs diagrammes en même temps, à les comparer puis à
dégager un quelconque message. De ce fait, la carte en diagrammes est
définitivement plus proche de la carte à lire que de la carte à voir.
o La taille des diagrammes doit s'adapter au format et à la présentation du fond
de carte. Il est rare d'obtenir une bonne adéquation entre le fond de carte et la
disposition des diagrammes.

❑ Réalisation graphique
Concrètement, il faut choisir le bon diagramme en fonction de l'objectif de la carte,
des données à notre disposition et de l'information à visualiser.
 Pour exprimer une répartition

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o Le diagramme en barres ou histogramme est construit à partir de deux axes
orthogonaux (coordonnées cartésiennes). Sur un axe, figure la variable
représentée, sur l'autre, l'échelle des valeurs (les quantités en valeurs
absolues ou plus rarement en pourcentages le plus souvent représentées grâce
aux diagrammes en secteurs). Le nombre d'individus est traduit par une barre
(un rectangle) dont la surface est proportionnelle à ce nombre. Le sens du
profil de construction des barres est horizontal ou vertical. La juxtaposition
des barres forme l'histogramme.
La configuration de l'axe de la variable diffère selon que l'étendue de la
variable a été découpée en classes (une barre pour chaque classe) ou non (une
barre pour un individu de la variable, une barre pour une année - cf. ci-
dessous - , etc.).

Diagrammes en barres ou histogrammes

ABCD
Quantités (valeurs absolues ou pourcentages)
E

ABCDE

Etendue de la variable

o Le diagramme en secteurs, appelé familièrement « camemberts » (pie graph en


anglais), est un diagramme en forme de cercle fractionné en secteurs. La surface
de chaque secteur est proportionnelle à une valeur numérique (le plus souvent
donnée en pourcentage) appartenant à un ensemble.
Trois présentations :
▪ présentation en cercle qui se fragmente en secteurs dont l'angle est
proportionnel au taux,
présentation en demi-cercle qui se fragmente en secteurs selon le même

principe lorsque le cartographe doit confronter deux variables différentes par


exemple (importation - exportation par exemple □ opposition de deux demi-
cercles).
Présentation en anneau (ou couronne). C'est un sous-type du graphique en

secteurs. Il peut contenir plusieurs séries de données mais les proportions sont
plus difficilement lisibles.

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Diagrammes en secteurs
Donnée 1
Donnée 1
Donnée 512 %
Donnée 5 12 %
22 %
22 %

Donnée 2 20 %
Donnée 4 31 % 15 % Donnée 4 Donnée 2
31 %
15 % 15 % 31 %
Donnée 3 12 % 22 %
20 % Donnée 3
20 %

Diagramme en secteurs Diagramme en secteurs Diagramme en secteurs


- en cercle - - en demi-cercle - - en couronne -

 Pour exprimer une évolution


o le diagramme en barre ou histogramme (cf. construction plus haut)
D'après la hauteur des barres, on
observe la variation quantitative d'une
variable sur une période donnée divisée
en jours, en mois ou en années.

Quantités (valeurs absolues) ou pourcentages


Diagramme en barres
- ou histogramme - ABCDE
Période (divisée en jours, en mois, en années...)

4) Les cartes en symboles


❑ Principes et finalités
 Le symbole est un signe n'ayant plus de rapport avec la forme réelle (la
projection horizontale) de l'objet représenté. Deux types de symboles :
o les symboles géométriques (cercles, carrés, triangles...),
o les symboles figuratifs (ou expressifs, ou évocateurs) : un épi pour la culture
du blé, un avion pour un aéroport, une cornue pour une usine chimique, etc.
 La carte en symboles a pour but de visualiser la présence ou l'absence d'objets
localisés grâce à des symboles géométriques ou figuratifs. La variable visuelle
utilisée est donc la forme et suggère une différence).
 Toutefois, au niveau de la lecture d'ensemble d'une carte en symboles, l'œil
parvient mieux à distinguer la variation en densité des symboles que la variation
en forme des symboles.
 Même si les cartes en symboles sont avant tout des cartes d'inventaire, les
symboles sont un recours précieux pour les cartes de superposition (séance
suivante) et dans tous les cas où le cartographe doit localiser de manière simple
et rapide des objets géographiques divers.

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 Cartes & Données simplifie beaucoup la réalisation des cartes en symboles,


particulièrement des cartes en symboles expressifs. Il propose des bibliothèques
de symboles et l'utilisateur peut en créer, les copier et les manipuler à l'infini.
 Une certaine analogie unit les cartes en symboles et les cartes en diagrammes :
elles ont toutes deux le vent en poupe notamment grâce à l'ordinateur mais leur
intérêt cartographique est limité. De même que les cartes en diagrammes, les
cartes en symboles n'offrent pas de contrastes assez appuyés pour suggérer des
formes spatiales et aider l'analyse.
 Les cartes en symboles figuratifs sont une solution séduisante pour les cartes
publicitaires, les dépliants touristiques dont les objectifs sont entièrement tournés
vers la communication et l'esthétique ou pour la presse qui doit distraire et
« accrocher » le lecteur (magazines de voyage, rubriques touristiques par
exemple). On les rencontre abondamment dans les atlas* pour enfants où les
fonds de cartes sont encombrés par des dessins très réalistes qui captent
l'attention de l'enfant mais dont l'intérêt et la précision géographiques sont
parfois douteux.
❑ Réalisation graphique
 Les figurés géométriques répertorient des objets géographiques en les
conceptualisant, c'est-à-dire en les représentant par une forme géométrique ou
évocatrice. Les figurés expressifs ont une infinité de formes. Ils peuvent être
dépouillés ou au contraire très achevés.
 Le choix des figurés est en fait assez limité, car il faut les sélectionner avec soin.
En effet, pour que la carte soit lisible, les formes des symboles doivent être très
distinctes : une association cercle, carré, étoile et croix est ainsi moins efficace
qu'une association cercle, étoile, triangle et rectangle.
 Si on travaille en couleurs, on veillera à ce que les couleurs des figurés soient
semblables ou opposables afin de ne pas suggérer une hiérarchie.
 Pour garantir la clarté de la carte, il ne faut pas utiliser trop de symboles
différents.
 Les symboles expressifs, souvent trop compliqués, interdisent une bonne lecture
des proportions : la variation de taille d'un cercle ou d'un carré est bien plus
perceptible - c'est une question de lisibilité rétinienne - que celle d'un arbre ou
d'une voiture.
 Lorsque l'échelle le permet, il faut veiller à ne pas utiliser de symboles ponctuels
pour des phénomènes zonaux. Cette confusion entraîne invariablement une carte
à lire.

5) Les cartes de réseaux


❑ Principes et finalités

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 Un réseau est un 2ensemble de lignes ou de relations entre des points.


Dans les faits, les réseaux ont des visages hétéroclites mais leur forme même
dévoile très souvent les particularités générales de l'organisation d'un espace. On
distingue les réseaux matériels et les réseaux immatériels.
o Les réseaux matériels ont une assise concrète et tangible : l'ensemble des
lignes de communication d'un territoire, d'une compagnie de transport -
réseau aérien, routier, fluvial, ferré, réseau de la S.N.C.F. -, les VRD (voiries
et réseaux divers) d'une commune, le réseau hydrographique, etc.
o Les réseaux immatériels sont intangibles : réseaux de communication,
urbains3, de services, des filiales d'une grande entreprise, etc.
 Un réseau est donc constitué de lignes et de points. Les points (ou noeuds) sont
des lieux, des équipements, des infrastructures (villes, ports, stations de métro,
centraux téléphoniques, concessionnaires...). Par exemple, pour un réseau aérien,
les lignes sont les couloirs aériens et les points, les aéroports.
 Un réseau est hiérarchisé ou partiellement hiérarchisé si les relations entre deux
lieux d'un même réseau ne sont pas directes mais passent par un noeud de rang
supérieur : réseaux des grandes entreprises, réseaux de villes, etc. Dans un réseau
centralisé (tel le réseau routier ou ferré français), les relations entre deux lieux
passent par le centre du réseau.
 Les cartes de réseaux indiquent les liaisons et le type de liaison entre deux lieux.
❑ Réalisation graphique
 Les cartes de réseaux utilisent des figurés linéaires pour exprimer les liaisons et
des figurés ponctuels (symboles géométriques ou figuratifs, le nom du noeud)
pour localiser les noeuds.
 Les cartes de réseaux sont plus ou moins généralisées. En d'autres termes, soit le
cartographe décide d'être le plus proche possible de la réalité du terrain en
respectant les distances et les tracés des réseaux, les temps de parcours, soit au
contraire, il préfère s'abstraire de la réalité sans respect des distances ou en
modélisant la forme du réseau.
 Outre la localisation des relations et des noeuds, le cartographe peut suggérer
quatre choses sur une carte de réseaux :
o un classement du réseau en jouant sur la taille (simplement indicative et non
pas pour exprimer une quantité comme sur les cartes de flux), la couleur (le
ton) ou la valeur des lignes : par exemple, route départementale, nationale,
autoroute.
o La nature du réseau afin d'exprimer une différence en variant la forme, la
couleur des figurés linéaires: par exemple, relations privilégiées ou mauvaises
relations, voies ferrées électriques ou non, etc.
Une différenciation des noeuds avec des signes géométriques, expressifs ou le
o

nom du noeud.

2
Réseau urbain : ensemble, généralement hiérarchisé, de villes d'importance variable unies par des liens d'ordre économique, administratif, culturel, etc.

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o Un classement des noeuds en fonction de leur importance.

6) Les cartes de flux


❑ Principes et finalités
 Un flux est la progression, la circulation d'un volume de biens ou de personnes.
o Un flux a une origine, une destination, un trajet.
o Si le flux emprunte un réseau matérialisable et identifié (routes, voies ferrées,
routes aériennes, etc.), on dit que le flux est matériel.
o Si on ne connaît du flux que son point de départ et d'arrivée sans identifier
le réseau qu'il suit, le flux est considéré comme immatériel (flux de
capitaux, d'informations, de populations, etc.).
 Une carte de flux visualise, comme la carte de réseaux, les liaisons entre un
certain nombre de points mais aussi l'ampleur et l'inégalité de ces liaisons.
❑ Réalisation graphique
 Un flux est cartographié par un figuré linéaire, généralement une flèche.
o Des flèches simples et claires facilitent la lecture (a.). De ce fait, la tête des
flèches doit être proportionnelle au corps des flèches (b.). Enfin, il faut éviter
de biseauter le début du corps de la flèche afin d'obtenir une largeur constante
(c.).
a. b. c.

NON
OUI

o Si le flux est exprimé en valeur absolue (ampleur du flux en milliers de


tonnes, en nombre de véhicules, en millions de francs par exemple), le
principe est le même que pour les figurés proportionnels des cartes en
proportions : on joue sur la superficie du figuré. Une quantité trois fois plus
importante qu'une autre est cartographiée par un trait trois fois plus épais.
L'épaisseur est donc proportionnelle à l'ampleur du flux. Cependant, la
multiplication des changements d'épaisseur peut nuire à la clarté de la lecture.
Il est possible d'avoir recours à une mise en classes (5 ou 6 au maximum) : on
perd de l'information mais le lecteur mémorisera plus facilement la carte.

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o S'il s'agit d'un taux (intensité des flux en nombre de véhicules par jour, en
tonnes par jour par exemple), on fait varier la valeur ou l'intensité de la
couleur du figuré.
o Il est possible également de combiner deux variables visuelles pour exprimer
soit l'ampleur et la nature du flux soit l'intensité et la nature du flux.
o Quand deux flèches se croisent, le même principe que pour les figurés
proportionnels est adopté : la flèche la plus fine a la priorité sur la flèche la
plus épaisse.
o Lorsque plusieurs flux convergent vers un même lieu ou divergent d'un
même lieu, on prend comme axe des flèches, les rayons d'un cercle
imaginaire dont le centre est soit le point de départ, soit le point d'arrivée des
flèches (a.). Dans la pratique, cette solution n'est pas toujours réalisable, car
les flèches (les flux dans la réalité) s'organisent rarement régulièrement
autour du point d'arrivée ou de départ. Dans ce cas, les flèches sont coudées
de telle manière à ce que soit les bases, soit les têtes de flèches s'organisent
selon les rayons du cercle (b.).
a.b.

 Cartographie des flux matériels


o Le figuré linéaire est centré sur le trajet du flux. La tête de la flèche ou une
flèche dessinée parallèlement au figuré linéaire indique le sens du flux.
o Si le flux se divise en flux montant et en flux descendant entre deux points, on
identifie ces deux flux soit en dessinant deux flèches en sens inverse, soit en
accolant deux bandes.
o Un travail à petite échelle (une carte des flux migratoires à l'échelle d'un pays
par exemple) exige une généralisation et donc une simplification des flux.
Pour cela, on regroupe les points de départ et les points d'arrivée afin de
limiter le nombre de flèches.
 Cartographie des flux immatériels
Les flux immatériels sont traités sans tenir compte des trajets réels tout en
conservant l'origine et la destination.

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7) Les cartes en plages


❑ Principes et finalités
 Les cartes en plages sont à base de données numériques.
 Elles expriment graphiquement une variation ordonnée (un classement) par des
plages zonales de couleurs ou tramées, ordonnées.
 Chaque plage recouvre une circonscription. Une circonscription est une division
administrative d'un territoire.
o En France, de nombreuses circonscriptions administratives se superposent :
coexistent en effet l'Etat, la région, le département, la commune et les
structures de coopérations intercommunales (S.I.V.U., S.I.V.O.M., S.I.E.P.,
districts, communautés de communes et les communautés urbaines) auxquels
on doit ajouter les subdivisions administratives (arrondissements) , électorales
(cantons), statistiques (l'îlot I.N.S.E.E.) et toutes les circonscriptions
spécifiques à une action, une administration ou une institution
(circonscriptions académiques, diocèses, etc.).
o Il faut noter qu'au 1er janvier 1992, la France compte 36 763 communes
(contre 32 000 pour l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie réunies), 100
départements et 22 régions programmes (26 si on inclut la Guadeloupe, la
Guyane, la Martinique et la Réunion). Le nombre des collectivités territoriales
en France est supérieur à celui des autres états communautaires réunis.
❑ Réalisation graphique
 Le fond de carte
o Le nombre et la variété des circonscriptions en France et dans une moindre
mesure dans les autres pays européens laisse au cartographe une grande
liberté quant au choix du fond de carte.
Néanmoins, la base du fond de carte doit être homogène, c'est-à-dire qu'il ne
doit se fonder que sur une circonscription et non plusieurs en même temps.
o Une valeur doit correspondre à une circonscription de base considérée comme
uniforme.
o Pour garantir cette uniformité, la carte en plage ne peut être utilisée que pour
des phénomènes couvrant toute la surface des circonscriptions : par exemple
taux de chômage, densité de population, pourcentage de familles nombreuses
ou pourcentage d'emplois tertiaires.
o Il ne faut pas trop appuyer graphiquement les contours des circonscriptions au
risque de mettre en retrait le message et de nuire à la compréhension de la
carte. Le compromis est de choisir un trait fin, noir ou gris afin d'identifier
aisément les circonscriptions.
o Si on dispose de données pour une circonscription, le fait de s'en servir à des
niveaux plus détaillés est proscrit. Par exemple, on ne peut choisir comme
circonscription de base, le département alors que l'on ne possède que des

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données à l'échelle de la région. Le respect du lecteur doit aussi guider le
travail du cartographe.
o Sur une carte en plage, un traitement des données par un découpage en classes
de la série numérique est obligatoire selon les méthodes expliquées par
ailleurs. Une valeur ou une couleur (considérée dans son intensité) correspond
à une classe.

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X Les autres formes de cartes


et les nouvelles cartes

Les apports récents de l'informatique, des statistiques et de la conquête spatiale ont donné
à la carte de nouveaux visages. Leur lecture et leur utilisation s'avèrent généralement
passionnantes mais leur conception et leur réalisation sont encore réservées à des
spécialistes (ingénieurs, géographes, statisticiens, démographes, ingénieurs cartographes,
etc.) car la maîtrise de techniques et de matériels très pointus est indispensable.
Toutefois, une description même brève s'impose, car ces « nouvelles cartes » se répandent
de plus en plus dans le monde des cartes thématiques. De plus, les fonctionnalités de Cartes
& Données (notamment des versions Médium et Plus) font que ces cartes soient sinon
réalisables, au moins utilisables par les cartographes occasionnels.

1) Les cartes en carroyage


❑ Principes et finalités
 Les cartes en carroyage consistent à découper un espace en unités régulières
appelées carreaux. Dans chaque carreau (de forme généralement carré et parfois
rectangulaire voire hexagonale), on effectue un comptage de la variable retenue.
On a donc une relation entre les carreaux et l'information géographique. Le
comptage peut se faire soit par des relevés de terrain soit par des méthodes
statistiques adaptées.

Carte du territoire On applique une grille sur le territoire et on procède au dénombrement desles
On représente objets à cartographier
relations dans
(relations de chaque carreau
différence, de proportionnalité, d’ordre) entre l

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 Les cartes en carroyage, tout comme les cartes lissées, se libèrent des
circonscriptions de base. Cela aboutit à une neutralité du découpage
particulièrement intéressante en ce qui concerne les données naturelles pour
lesquelles les limites administratives sont totalement artificielles. De plus, le
découpage en carreaux présente des qualités de stabilité spatiale et temporelle
que n'ont pas les zones administratives. En outre, l'expression cartographique est
très simple lorsque l'on utilise la cartographie par ordinateur. Enfin, l'égalité des
superficies des carreaux permet des comparaisons fiables et d'appliquer des tests
statistiques non tronqués par l'hétérogénéité des circonscriptions de base.
 Toutefois, l'application d'une grille sur un territoire est un acte artificiel : un
léger déplacement de la grille conduit à une variation parfois importante des
comptages. Le problème majeur est le choix de la taille du carreau : plus les
carreaux sont petits, plus l'information est précise mais l'analyse est plus
difficile à réaliser. Le coût de l'information géographique augmente en même
temps que le pas du carreau (un carré de 10 km de côté a un pas de 10 km)
diminue.
 Les recensements des pays scandinaves et anglo-saxons sont accomplis selon le
procédé du carroyage. En France, cette méthode reste encore confidentielle. Une
partie du prochain recensement effectué par l'INSEE utilisera vraisemblablement
le procédé du carroyage.
 Les cartes en carroyage, ainsi que les techniques cartographiques qui en
découlent (lissage par exemple) sont parfaitement adaptées à la cartographie par
ordinateur). Elles exigent un recueil des données très rigoureux et un maniement
expérimenté des statistiques et de l'informatique. Un apprentissage spécifique est
donc nécessaire.

2) Les anamorphoses
❑ Les anamorphoses sont des cartes dont les unités spatiales ont été déformées afin de
traduire graphiquement un phénomène quantitatif dont la dimension spatiale
n'apparaît plus. Ces cartes sont conçues de telle façon à ce que la forme originelle
de l'espace étudié ne soit pas méconnaissable : le concepteur fixe ainsi un « seuil de
reconnaissance ». Les anamorphoses sont élaborées de trois manières :
 les unités spatiales (pays, régions, carreaux, etc.) sont transformées en polygones
(généralement des rectangles ou des formes rectangulaires) dont la surface est
proportionnelle à une quantité (population, Produit Intérieur Brut par exemple)
qui leur a été attribuée. Les rectangles doivent rappeler la forme et surtout
respecter la disposition des unités spatiales originelles : ces anamorphoses sont
appelées « anamorphoses simples ».

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 En partant du découpage zonal traditionnel (carte choroplèthe) et à partir d'un
point d'origine, on fait subir des distorsions aux contours des unités spatiales
grâce à une fonction mathématique : c'est une anamorphose unipolaire. Les
localisations relatives changent et la déformation d'une unité spatiale se
répercute sur les autres unités spatiales. Ce type d'anamorphose atteint
rapidement la limite constituée par le découpage administratif.
 Le troisième type d'anamorphose résulte de la technique du carroyage. A chaque
circonscription sont affectées une, plusieurs ou des parties de carreaux. La
contraction d'une partie du carroyage agit sur le reste du carroyage, car la
nouvelle surface qui doit être attribuée à chaque carreau est calculée
progressivement de telle manière à ce que la grille ne se rompe pas. Ces
anamorphoses nommées anamorphoses bipolaires sont les plus efficaces pour
exprimer des tendances spatiales
❑ Avantages et contraintes
 Si le premier type d'anamorphose est réalisable en cartographie manuelle, il n'en
est pas de même pour les anamorphoses déformant les contours des unités
géographiques et les localisations relatives. Celles-ci nécessitent l'usage de
l'ordinateur et de logiciels adaptés dont les algorithmes dérivent de la mécanique
des bétons ou des métaux, les matériaux étant appelés de même que les carreaux
de la carte à résister à certaines pressions.
 Les anamorphoses présentent l'avantage d'éliminer les liens de cause à effet
existant entre la superficie des territoires et la variable étudiée.
 Cependant, les distorsions engendrées par les anamorphoses réclament de la part
du lecteur la connaissance de la forme originelle du territoire afin bien sûr qu'il
puisse estimer et mesurer visuellement les déformations.
 Qualité pour les uns, défaut pour les autres, les anamorphoses ne fournissent pas
une lecture de détail de l'information géographique.
 Les anamorphoses, de par leur aspect peu conventionnel, surprennent le lecteur.
Par conséquent, elles facilitent la mémorisation des tendances spatiales du
phénomène représenté.

3) Les cartes en trois dimensions


❑ Les cartes en « 3 D » ne sont pas en relief palpable : elles sont en fait en
perspective. Aux deux dimensions x et y de la feuille s'ajoute la dimension z.
Autrefois réalisées à la main pour représenter le relief, elles visualisent aujourd'hui
des thèmes divers et non plus seulement concrets (cartes thématiques). Les
méthodes ont en effet évolué : les cartes en « 3D » sont aujourd'hui le monopole de
l'informatique, car ces cartes supposent des traitements de données très puissants et
des représentations graphiques non moins complexes que seuls les ordinateurs
peuvent réellement accomplir dans un laps de temps raisonnable.

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❑ Le but de ces cartes est d'assimiler une donnée altimétrique (donnée « z ») à une
variable quantitative quelconque. Le problème est l'adéquation des maillages
administratifs à la mise en perspective, car les circonscriptions les plus étendues
auront un volume supérieur à celui des petites circonscriptions. Cela aboutit
généralement à des cartes peu claires. De ce fait, la solution du carroyage puis du
passage à la troisième dimension est la plus souvent retenue.

Manuel de Cartographie – Copyright 97/9

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