CHAPITRE 2
Ainsi, on dresse des graphiques qui présentent la variation des rendements économiques
et topographiques en fonction de la taille du barrage.
II.3 Choix du type de barrage
II.3.1 Barrages rigides :
Les barrages rigides sont des structures en béton.
Les raisons pour lesquelles on choisit un barrage rigide sont généralement les suivantes :
Nécessité d’une fondation rocheuse de bonne qualité ;
Nécessité d’évacuer des crues importantes ;
Présence de fonctions hydrauliques complexes dans l’ouvrage (ouvrage vanné pour
assurer, par exemple, l’évacuation des sédiments et garantir la pérennité de la retenue,
vidange de fond de fort débit) ;
Incertitude sur l’hydrologie : les ouvrages rigides sont généralement moins
sensibles au déversement que les ouvrages en remblai. Sur les sites où il y a une grande
incertitude sur les crues, les variantes rigides sont souvent avantageuses (limitation des
ouvrages de dérivation provisoire et plus grande sécurité vis-à-vis du risque hydraulique). Il
faut toutefois noter que la stabilité des petits barrages poids est très sensible au niveau des
plus hautes eaux.
De façon générale, un ouvrage en béton est envisagé chaque fois que les ouvrages
hydrauliques ont une importance significative dans le projet (souvent le cas pour les barrages
de prise d’eau sur les aménagements hydroélectriques).
Il faut aussi savoir que même si ces raisons citées se présentent, il y a deux conditions
requises pour pouvoir projeter un ouvrage rigide.
La première condition porte sur la qualité de la fondation. En première approximation, on
peut énoncer la règle suivante : un barrage rigide nécessite une fondation rocheuse de bonne
qualité.
La deuxième exigence pour construire un ouvrage rigide est de disposer, dans des conditions
économiques acceptables, de granulats de bonne qualité nécessaires à sa construction dans un
rayon limité. Ces zones d’emprunt sont en général les ballastières de l’oued (problèmes
d’alcali-réaction) et/ou les carrières (souvent calcaires).
1
CHAPITRE 2
II.3.1.1 Les différents types de barrages rigides :
Selon la forme et le comportement mécanique de ces ouvrages rigides, on peut distinguer
plusieurs types.
II.3.1.1.1 Barrage poids :
Pour un barrage à profil poids, c’est le poids du béton qui assure l’équilibre de la poussée
hydrostatique et des sous-pressions. Les sous-pressions ont un effet négatif important
sur l’équilibre de l’ouvrage.
La méthode classique d’étude de la stabilité d’un barrage poids consiste à analyser l’équilibre
global du barrage ou d’une partie de celui-ci sous l’action du poids, de la poussée
hydrostatique, des sous-pressions et éventuellement d’autres actions secondaires (par
exemple poussée des sédiments, action du vent ou séisme). Les critères de dimensionnement
de l’ouvrage portent sur la répartition des contraintes normales (limitation des tractions au
pied amont et limitation des contraintes de compression) et sur l’inclinaison de la résultante.
Cette méthode de calcul met en évidence le rôle majeur des sous-pressions dans l’équilibre
des barrages poids et donc l’importance du drainage.
À titre indicatif, les contraintes maximales de compression sous un profil poids traditionnel à
parement amont vertical et à fruit aval de 0,8H/1V sont de 0,35 Mpa pour un barrage poids
de 25 mètres de hauteur. L’inclinaison de la résultante varie de 27 à 42° suivant les
conditions de drainage. Enfin, il convient de noter que le barrage poids en béton est un
ouvrage rigide ; le module du béton traditionnel est de l’ordre de 25 GPa, généralement
supérieur au module des fondations rocheuses sur lesquelles il repose.
Le fonctionnement mécanique du profil poids nécessite la principale exigence pour un
barrage en béton, à savoir la nécessité d’une fondation rocheuse de qualité suffisante. La
condition relative à sa faible déformabilité est généralement la plus contraignante, en
particulier pour des fondations de roches tendres ou altérées, mais la condition sur la
résistance au cisaillement élimine également le profil poids lorsque la résistance au
cisaillement de la fondation est faible (fondation marneuse, présence de joints argileux
subhorizontaux dans la fondation…).
2
CHAPITRE 2
Mis à part les faibles contraintes dans le béton, les faibles contraintes transmises aux
fondations et l’intégration facile des ouvrages annexes, le barrage poids présente aussi
l’avantage de la réduction de l’effet de la dilatation thermique. Toutefois, il a les
inconvénients suivants :
Les soupressions sont importantes dans les fondations ;
Volume important du béton ;
Beaucoup d’excavations à réaliser ;
Grande sensibilité au séisme et aux tassements.
II.3.1.1.2 Barrage voûte :
Les barrages voûtes transmettent la poussée hydrostatique par effet voûte sur les deux rives
par des arcs comprimés travaillant en compression. C’est la géométrie de la voûte et le
contraste de rigidité entre le béton et le rocher qui déterminent le fonctionnement de
l’ouvrage. La recherche de la forme idéale vise à transmettre la poussée par des arcs
entièrement comprimés. Traditionnellement, les barrages voûtes ont été dessinés en limitant
la contrainte maximale dans les arcs comprimés à 5 MPa, correspondant à un coefficient de
sécurité de 4 ou 5 pour un béton de qualité moyenne. Cette condition détermine l’épaisseur
de la voûte avec la formule du tube suivante :
Avec :
σ : la contrainte maximale de compression transmise par l’arc (variable avec la hauteur).
P : pression hydrostatique en MPa
3
CHAPITRE 2
R : rayon de l’arc en m.
e : Epaisseur de la voûte en m.
Au niveau de la crête et de la base (voir figure suivante), les pratiques suivantes sont
appliquées :
Epaisseur Vallée en V Vallée en U
En crête ec = H/20 ec = H/15
En base eb = Lc/15 eb = Lc/20
Figure 5: Epaisseur barrage voûte
Ces formules restent un moyen efficace de prédimensionnement des petits barrages voûtes.
Il faut réunir quatre conditions nécessaires pour pouvoir concevoir un barrage voûte (petit ou
grand) :
Condition topographique : la vallée doit être « étroite » ; des barrages voûtes ont été
construits sur des sites dont le rapport largeur en crête sur hauteur (Lc/H) voisin de 10, mais
généralement les voûtes sont intéressantes lorsque Lc/H est inférieur à 5 ou 6 pour des
vallées en V (à gauche de la figure suivante) et à 4 ou 4.5 pour des vallées en U ;
4
CHAPITRE 2
Figure 6: les deux types de vallées pour barrages voûtes
Rigidité de la fondation : pour que le fonctionnement « en voûte » soit possible, il faut que
la rigidité de la fondation soit suffisante, sinon les arcs ne trouvent pas leurs appuis et la
structure tend à fonctionner en console. Comme ordre de grandeur, une voûte ne doit pas être
envisagée sans études détaillées lorsque le module de déformation du rocher (mesuré par
essais au vérin) est inférieur à 4 ou 5 Gpa ;
Résistance mécanique de la fondation : on a vu que la voûte transmet des contraintes
élevées à la fondation des talus de rives surtout qui doit rester dans le domaine élastique pour
ces niveaux de sollicitation ;
Lorsqu’une reconnaissance approfondie de la fondation montre que ces conditions sont
réunies, le barrage voûte s’avère souvent une solution économique pour les petits barrages
car il minimise de façon très importante les volumes de béton à mettre en œuvre.
Par ailleurs, la conception et la construction sont simples pour des ouvrages de moins de 25
mètres, si l’on s’en tient à des formes géométriques simples.
Le barrage voûte présente aussi l’avantage d’être peu sensible à la submersion pour autant
que celle-ci reste de courte durée et d’amplitude modérée (risque d’érosion du pied aval). En
outre, il permet d’avoir une meilleure résistance au séisme et au soupression vu son volume
et sa surface d’assise relativement petits.
Cependant, le barrage voûte a aussi des inconvénients :
Les contraintes sont importantes dans le béton et dans le rocher.
La dilatation thermique est à considérer. Un suivi thermique s’impose durant toute la
durée d’exploitation du barrage ;
L’intégration de l’évacuateur de crue dans le barrage est difficile.
5
CHAPITRE 2
Les soupressions dans les fissures du rocher peuvent provoquer des
glissements d’appuis.
II.3.1.1.3 Barrages à contreforts :
Ils ont des formes très variées et résistent aux efforts à la fois par le poids et par la forme. Les
voiles qui constituent le barrage transmettent la poussée hydrostatique sur les contreforts.
L’avantage apporté par rapport au barrage poids est celui de la réduction du volume du béton
utilisé.
6
CHAPITRE 2
II-4 Récapitulatif des barrages rigides (EN MATERIAUX ASSEMBLES)
Ils regroupent les barrages poids, contreforts, voûte, et voûtes multiples qui
différent les uns des autres par la forme de l’ouvrage. La construction de ces barrages est
presque toujours réalisée en utilisant le béton (la maçonnerie de moellons est de moins en
moins employée). Le béton utilisé dans la construction des barrages rigides est constitué de
gros éléments de dimensions inférieures à 250 mm. Le choix de gros éléments présente deux
avantages : résistance à la rupture par compression, σr, plus grande (σr proportionnelle à la
racine cinquième des dimensions des plus gros agrégats) et prix réduit des installations de
concassage. Une comparaison des dosages types des bétons de masse, de parement et
ordinaire des autres parties (déversoirs, supports de vannes des évacuateurs, galeries,
bâtiments des usines hydroélectriques etc...) est donnée dans le tableau suivant :
Tableau II-4.1 : Dosage type du béton des ouvrages hydrauliques
Composants Béton de masse Béton de parement Béton ordinaire
(Kg/m3)
Ciment 250 300 300
Sable (0-2) mm 330 300 -
Sable (0-4) mm 170 150 800
Gravillon (12-25) mm 565 565 1800
Pierre (70-150) mm 1070 1070 -
Eau 150 155 160
La résistance à la rupture par compression σr, d’un béton à gros agrégats au dosage
en ciment de 2500 Kg/m3 peut être caractérisé par les valeurs suivantes : 250 daN/cm 2 à 90
jours et 300 daN/cm2 à un an.
Les contraintes admissibles σc (valeurs maximales des contraintes calculées) ont été
sans cesse accrues depuis que l’on utilise le béton dans la construction des barrages. Par
exemple, en France, σc a passée de 25 daN/cm2 en 1935 à 100 daN/cm2 en 1955. Soit des
coefficients de sécurité, σr/σc, de plus en plus faibles.
La fabrication et la mise en place du béton au barrage comprend les étapes
suivantes :
- Extraction des agrégats (carrières, cours d’eau, plages, ...)
- Concassage, criblage et lavage des agrégats sur site
- Fabrication des bétons : usine à béton comprenant essentiellement (silos à agrégats +cuve
à ciment + doseurs + trémie de remplissage + bétonnières + trémies à béton)
- Mise en place des bétons (blondins ou transporteurs à câbles, grues, et pompes de
bétonnage).
7
CHAPITRE 2
Le contrôle de la qualité des bétons est réalisé dans un laboratoire de chantier ; il comporte,
en général, l’essai de rupture par compression d’échantillons en forme de cubes de 20x20 cm
de coté, confectionnés spécialement ou de carottes cylindriques prélevées dans la masse de
l’ouvrage.
Stabilité du barrage poids :
II-4.1.1 Forces agissant sur un barrage poids
La recherche des conditions de stabilité des ouvrages et le calcul des contraintes dans les
matériaux qui les constituent nécessitent la connaissance des forces appliquées à ces
ouvrages. Celles-ci sont communes aux différents types de barrages fixes et sont représentées
sur la Figure II-4.1. Les calculs de stabilité sont effectués en décomposant le barrage en
tranches verticales de largeur unitaire, 1m, supposées indépendantes les unes des autres. Les
vérifications doivent être faites, en principe, pour toutes les assises horizontales de l’ouvrage.
Figure II-4.1 : Force agissant sur un barrage rigide.
Force de pression de l’eau (poussée de l’eau) Q : C’est la résultante de la composante
horizontale de la force de pression hydrostatique de l’eau Fh et de la composante verticale de
pression Fv.
•La force hydrostatique a une distribution triangulaire est déterminée par la formule suivante:
1
Fh = ρgh2
2
(II-4.1)
8
CHAPITRE 2
avec, ρ masse volumique de l’eau ; g accélération de la pesanteur ; h : hauteur amont du
barrage.
Fh passe par le point G’ défini par (E’A’ = 1/3 (ρ g h) ; E’G’ = 1/3 h). (II-4.2)
• La composante verticale de la force de pression Fv est donnée par
Fv = ρ g (volume ABC)
Fv passe par le point G défini par (AE = 1/3 BC ; EG = 2/3 h). Cette force s’annule pour un
parement amont vertical,.
Ainsi, la résultante de poussée de l’eau (composante normale au parement amont de la force
hydrostatique) est :
(II-4.3)
où, α est l’angle que fait le parement amont avec l’horizontal.
Pour un parement vertical, sin α = 1, et Q = Fh =1/2 ρ g h 2
Force de pression des vases F2 : Cette force représente la pression des vases déposées à la
base du barrage. Cette pression peut être calculée par la théorie de Rankine pour la
pression des terres, appliquée au poids apparent ou submergé des vases :
(II-4.4)
avec, ρs : masse volumique des vases ; ϕ : angle de frottement du sol ; hs : profondeur des vases
déposées.
Poussée de la glace F3 : La glace qui se forme à la surface du plan d’eau du réservoir en
hiver, à la suite d’augmentation de la température, exerce une poussée horizontale au
voisinage couronnement en haut du parement amont du barrage. Cette poussée peut varier de
10 à 50 t/ml. A titre indicatif, les barrages suédois sont calculés avec une force de 30 t/m 2.
Forces d’actions des séismes F4 et F5 : Ces forces représentent les composantes
horizontale et verticale des forces d’accélération dues aux séismes. Aux USA, la plus part des
barrage des régions actives ont été dimensionnés pour une accélération égale à 0.1 g, soit le
dixième de l’accélération de la pesanteur, agissant dans toutes les directions.
Force d’inertie d’un tremblement de terre F6 : Cette force représente la force d’inertie de
l’eau sur la face amont du barrage, suite à un tremblement de terre. Une bonne approximation
de cette force est donnée par Von Karman :
F6 = 0.555 a ρ h2 (II-4.5)
avec, a : accélération due au tremblement de terre ; ρ : masse volumique de l’eau ; h : hauteur
d’eau en amont du barrage.
9
CHAPITRE 2
Cette force s’applique en un point situé à 0.425 h au-dessus de la base.
Force de sous-pressions S : Les sous-pressions sont des pressions internes de soulèvement
qui résulte des fuites d’eau à travers les pores ou les canaux capillaires des fondations ou à
travers des joints non étanches des ouvrages en maçonnerie. Cette force agit sur toute la
longueur de base du barrage. La distribution des sous-pressions sur la base plane du barrage
est, en général, supposée linéaire pour le calcul de stabilité ; elle décroît de l’amont vers
l’aval du fait des pertes de charge dans les canaux capillaires. Pour une répartition
triangulaire, la sous-pression sur le parement amont partant est P 0 = ρ g h et s’annule sur le
parement aval si celui-ci est à la pression atmosphérique (profil (1) sur la figure II-4.1). Si le
parement aval contient une certaine profondeur d’eau, la répartition des sous pressions est
trapézoïdale, comprise entre P0 en amont et Pr en aval
Par exemple, pour un barrage poids de hauteur h et de base B = 3/4 h et en
supposant une répartition triangulaire, l’expression de S sur une largeur unitaire :
S = 1 ρ g B h = 3 ρ g h2 (II.4.6)
2 8
La force S apparaît donc comme une fraction de la pression hydrostatique (ρ g h).
Poids propre W :
Elle s’applique au centre de gravité de la section transversale du barrage et dépend de la
forme de cette dernière et de la densité moyenne des matériaux. Dans le cas d’un barrage en
maçonnerie ou en béton, la densité est de l’ordre de 2.4 à 2.5 ; pour les barrages en terre
compactée, elle est comprise entre 2.1 et 2.3 suivant le type de matériau. Le poids d’un
barrage de section trapézoïdale est donné par :
1
W= d ρ g (B + b) h (II.4.7)
2
avec, d = ρm/ρ : densité du matériau constituant le barrage (ρm étant la masse volumique du
matériau).
Autres forces : certains ouvrages sont calculés en prenant en considération les effets
thermiques (cas des barrages rigides seulement) et des efforts dus aux explosions des bombes
en plus des efforts dus tremblements de terre.
II-6.1.2 Conditions de stabilité des barrages poids
Soit le profil en travers OAB d’un barrage de forme triangulaire (la plus économique)
représenté sur la figure II-4.2. Considérons pour simplifier que ce profil est soumis aux trois
forces principales suivantes :
- Poids propre, W, appliqué au centre de gravité G,
- Poussée de l’eau, Q, appliquée au point PQ,
- Sous pressions, S, son point d’application est PS pour une répartition triangulaire.
La résultante de ces forces est équilibrée par les réactions de la surface d’appui AB.
10
CHAPITRE 2
Figure II-4.2 : Forces appliquées à un barrage poids
Dans l’étude sommaire de stabilité qui suit, nous vérifions la stabilité de la partie du barrage
situé au-dessus de l’assise AB. En réalité, les vérifications doivent être faites pour toutes les
assises horizontales A’B’ du barrage (Figure II-4.2). Nous supposerons pour simplifier que le
parement amont du barrage est vertical et que le parement aval a un fruit m = H/V. Les
conditions d’équilibre peuvent être décomposées en deux groupes :
- équilibre statique (glissement, renversement)
- équilibre élastique interne (corps du barrage) et externe (fondation)
a) Stabilité au glissement des barrages poids
Les forces horizontales ( ∑ Fh ), telles que la poussée de l’eau, Q, et des vases, qui s’exercent
sur le barrage tendent à le déplacer vers l’aval. La résistance à ces forces horizontales
(résistance au cisaillement) est offerte par les fondations grâce à leur cohésion c, et à leur
coefficient de frottement (tg ϕ). En général, la cohésion est considéré négligeable et la
stabilité au glissement est assurée si la condition suivante est satisfaite :
∑ Fh tg (II-4.8)
≤ ϕ
∑ Fv
Pour un frottement béton-béton et béton-rochet de qualité : tg ϕ = 0.75. Si la fondation est
constituée de roche plus tendre (calcaire, marne), le frottement est plus faible et nous
pouvons adopté tg ϕ = 0.60.
11
CHAPITRE 2
Le coefficient de sécurité au glissement doit vérifier :
Fsg ∑F v
= tgϕ > 1
∑F h (II-4.6)
Cette condition exprime que la composante horizontale des forces appliquées est inférieure à
la résistance due au frottement de l’ouvrage sur la section AB et peut s’écrire sous la forme :
Q < tgϕ (W − S ) (II-4.10)
Si le diagramme des sous-pressions est triangulaire, l’équation (II-6.10) s’exprime comme
suit :
(II-4.11)
d’où :
soit pour, tg ϕ = 0.75 et d = 2.4, m > 0.96 ; et si les sous-pressions sont négligeables, cette
condition devient :
1
m> > 0.55
d tgϕ
En pratique, on donne au fruit m une valeur égale à 0.75, et la condition de non glissement
est assurée en réduisant les sous-pressions au moyen d’un réseau de drains verticaux (Figure
II-4.3).
Figure II-4.3 : Coupe dans l’axe du barrage – système de drainage
12
CHAPITRE 2
b) Stabilité au renversement des barrages poids
Le rapport moments résistants (poids propre de l’ouvrage W) et des moments motrices
(poussée de l’eau Q et sous-pression S par exemple) définit le coefficient de sécurité au
renversement :
(II-4.14)
Si le diagramme des sous-pressions est triangulaire, la condition (II-6.10) s’écrit comme suit:
(II.4.15)
D’où
(II.4.16)
soit pour d = 2.4, m>0.60, condition respectée dans un profil type où m = 0.75.
Les barrages poids ont en général, une face amont légèrement inclinée pour faciliter la
construction et éventuellement pour augmenter la stabilité de ces ouvrages.
c) Stabilité interne des barrages poids (équilibre élastique)
La méthode de calcul consiste à déterminer les contraintes dans les sections horizontales, à
partir des formules de la flexion composée (RDM : résistances des matériaux), compte
tenu des actions extérieures appliquées à l’ouvrage et d’éventuelles actions internes telles que
les pressions interstitielles dans les fissures.
La sommation des moments des forces verticales par rapport à n’importe quel point du
barrage (point B par exemple) donne les contraintes (pressions) normales au sol (Figure
II-4.4) :
(II.4.17)
avec, e : excentricité du point d’application de la résultante des forces appliquées
l’ouvrage par rapport au centre de gravité de la surface de base B ; ∑ Fv : la somme des
forces verticales appliquées à l’ouvrage (W et S)
13
CHAPITRE 2
Figure II-4.4 : Stabilité au renversement
Les contraintes normales admissibles dans le béton doivent respecter certaines
conditions.
1) Calcul de fatigue du béton
Il faut vérifier que ces contraintes normales ne soient pas trop élevées pour le rochet ou sol de
fondation ; et que la pression minimale reste positive (pas de traction), ce qui équivaudrait à
vérifier que l’excentricité reste dans le tiers central de la base b :
e<
b
(II-4.18)
6
2) Condition de non écrasement
Les contraintes de compression les plus élevées se produisent au voisinage du point B.
Il convient de vérifier que ces contraintes ne doivent pas dépasser une certaine fraction
(généralement 30 %) de la contrainte de rupture en compression du matériau constituant le
barrage, béton à 28 jours (cette condition est toujours vérifiée pour les petits et moyens
barrages).
3) Condition de non-traction
Les contraintes les plus faibles se produisant au voisinage du point A, doivent rester positives
(le béton ne peut supporter de traction) et garder une valeur suffisante pour qu’en cas
d’infiltration ou fissure, le calcul ne soit pas remis en cause. Il faut pour cela que la masse de
la partie de l’ouvrage située au-dessus de AB soit telle qu’en tout point du parement amont la
contrainte de compression due au poids et à la poussée de l’eau soit au
moins égale à la pression hydrostatique (ρ g h). Cette condition, dite de Maurice Lévy, se
traduit par :
m > 0.88 (pour d = 2.4) (II-4.19)
En pratique, le fruit adopté du barrage est réduit à m = 0.75 et un drainage du barrage permet
d’éviter les sous pression (Figure II-4.3).
4) Ecran d’étanchéité
Les sous-pressions jouent un rôle important dans la stabilité des barrages. Pour réduire ces
sous pressions, un écran d’étanchéité est réalisé à la base du parement amont. Le diagramme
de sous-pression sous l’effet d’un écran d’étanchéité vertical est représenté sur la Figure II-
14
CHAPITRE 2
4.5. Cet écran est réalisé au moyen de forages dans lesquels on injecte un coulis de ciment.
Le dosage de ciment est plus élevé dans la zone comprise entre le drain et l’écran
d’étanchéité que dans la masse de l’ouvrage : par exemple 300 à 350 Kg/m3 sur une
épaisseur de 2 à 3 m, au lieu de 200 à 250 Kg/m3 dans la masse.
Figure II-4.5 : Diagramme des sous pressions sous l’action d’un écran d’étanchéité
vertical
15
CHAPITRE 2
16