MVA101 - ED9 - Transformation de Fourier (1)
Rappels de cours :
1- Description qualitative et motivations
Quelle est la différence entre une série de Fourier et une transformée de Fourier ?
• Série de Fourier : Une série de Fourier est l’écriture d’une fonction f périodique sous forme de somme
partielle de fonctions trigonométriques dont les fréquences sont des multiples d’une fréquence de
base. On a vu que la série de Fourier SN f convergeait, sous les bonnes hypothèses, vers la fonction de
départ f .
• Transformée de Fourier : La transformation de Fourier est une extension, pour les fonctions non
périodiques, du développement en série de Fourier des fonctions périodiques. Elle s’exprime comme la
somme infinie des fonctions trigonométriques de toutes fréquences.
La transformation de Fourier associe à une fonction f intégrable, non nécessairement périodique, définie
sur R ou C, une nouvelle fonction appelée transformée de Fourier et notée fb dont la variable indépendante
peut s’interpréter en physique comme la fréquence ou la pulsation.
En d’autres mots, la transformée de Fourier du signal f permet donc de générer ce que l’on appelle le
spectre fréquentiel de f , et les valeurs obtenues sont représentées selon l’amplitude et la phase, toutes
deux tracées en fonction de la fréquence. Cela signifie que la transformée de Fourier d’une fonction fournit
un spectre décrivant la présence plus ou moins importante d’une fréquence dans la fonction de départ.
Quelques exemples concrets de transformées de Fourier de signaux : (source : les petites curies du net)
• Signaux sonores : Le signal d’origine est un signal sonore variable en temps. Imaginons que l’on émette
un son de fréquence 440 Hz (ce qui correspond à un "la" pur) joué sur une durée de temps infini. La
transformée de Fourier de ce signal sera un simple pic à 440 Hz, toutes les autres fréquences seront nulles.
Si on joue un "la" à 440 Hz et un "fa" un peu moins fort à l’octave supérieure, à 698 Hz, toujours sur
une durée infinie, alors la transformée de Fourier sera composée de deux pics, un à 440 Hz, l’autre un peu
moins élevé à 698 Hz, toutes les autres fréquences étant nulles.
Amplitude
Amplitude "La"
Transformée
de Fourier 440 Hz
temps fréquence
Amplitude Amplitude
"Fa"
Transformée
de Fourier 698 Hz fréquence
temps
Amplitude
Amplitude "La" + "Fa"
Transformée
de Fourier 440 Hz 698 Hz fréquence
temps
Si on joue tout un morceau de musique, la transformée de Fourier sera relativement complexe à déterminer.
Mais la transformée de Fourier marche en sens inverse (transformation inverse de Fourier, cf prochaine
séance): en connaissant la transformée de Fourier d’un signal, il est possible de retrouver le signal de
départ aisément. L’intérêt est donc de prendre la transformée de Fourier d’un signal, la modifier comme
on le veut (supprimer des fréquences, en rajouter, multiplier des signaux entre eux...), puis recalculer le
signal transformé.
• Signaux spatiaux : Considérons par exemple les images. Les images correspondent à des signaux
variables en espace. Pour une image à deux dimensions, un pic de la transformée de Fourier est représenté
par un pixel plus ou moins brillant sur l’image de Fourier.
Concrètement, ce qui est au centre de l’image de Fourier correspond aux basses fréquences de l’image,
c’est à dire aux variations de contraste sur de larges distances, tandis que les extrémités correspondent
aux hautes fréquences, c’est à dire les bords, les coins, etc... Ainsi, si on supprime les basses fréquences,
on ne garde que les arêtes de l’image et si on supprime les hautes fréquences, on obtient une image floue:
2- Transformation de Fourier
a) Fonctions absolument intégrables sur la droite réelle
On dit qu’une fonction f définie de R dans R ou C est absolument intégrable sur R si et seulement si l’intégrale
Z +∞
|f (t)| dt est convergente, c’est à dire finie. On écrit alors f ∈ L1 (R).
−∞
b) Définition de la transformée de Fourier
Comme dit précédemment la transformée de Fourier est une extension de la série de Fourier, pour des fonctions
non périodiques intégrables. Elle s’exprime comme somme infinie des fonctions trigonométriques de toutes
fréquences, en utilisant des exponentielles plutôt que des fonctions sinusoïdales. Une telle sommation se présente
sous forme d’intégrale.
Définition : Soit f ∈ L1 (R), sa transformée de Fourier est la fonction F(f ) = fb donnée par la formule :
Z +∞
(1) F(f ) : ω 7→ fb(ω) = f (t) e−iωt dt.
−∞
La définition ci-dessus signifie que l’opérateur "transformation de Fourier" F transforme la fonction f en
la fonction F(f ) = fb, où la fonction fb correspond au spectre fréquentiel de f : c’est donc une fonction dont la
variable est une fréquence. Cette fréquence est notée ω.
Vocabulaire :
• Transformation de Fourier : C’est l’opérateur F qui transforme la fonction f en fb.
• Transformée de Fourier : C’est la fonction fb, décrivant le spectre fréquentiel de f .
• ω est appelée pulsation. Cette quantité dépend de la fréquence ν et est définie par ω = 2πν. Elle
correspond à la valeur de la vitesse de rotation qu’aurait un système en rotation de fréquence ν.
• Si on écrit fb(ω) sous la forme polaire fb(ω) = A(ω)eiφ(ω) (avec A(ω) > 0 ∈ R, et φ(ω) défini modulo 2π),
on utilise la terminologie suivante :
– A(ω) est appelé spectre de f
– A2 (ω) est appelée énergie spectrale de f
– φ(ω) est appelée phase spectrale de f
c) Théorème de Riemann-Lebesgue
Théorème : Si f ∈ L1 (R), la transformée de Fourier fb est bornée :
Z +∞
(2) ∀ ω ∈ R, fb(ω) ≤ |f (t)| dt.
−∞
De plus, la fonction F(f ) = fb tend vers 0 quand la fréquence ω tend vers l’infini :
(3) lim fb(ω) = 0 et lim fb(ω) = 0
ω−→ +∞ ω−→ −∞
d) Linéarité
Si f et g sont des fonctions de L1 (R) et λ un scalaire (c’est à dire un nombre complexe) arbitraire, on a :
• F(f + g) = (Ff ) + (Fg)
• F(λf ) = λ(Ff )
e) Retard (ou translation temporelle)
Soit f ∈ L1 (R) une fonction intégrable à qui on applique une translation temporelle de t0 ∈ R. La transformée
de Fourier de la fonction f translatée est alors égale à:
(4) F(f (t − t0 ))(ω) = e−iωt0 F(f (t))(ω), ∀ω∈R
En d’autres mots, reculer un signal dans le domaine temporel revient à multiplier sa transformée de Fourier
par une exponentielle complexe e−iωt0 dans le domaine fréquentiel.
Z +∞
Preuve : F(f (t − t0 ))(ω) = f (t − t0 ) e−iω(t−t0 ) dt. En posant le changement de variable u = t − t0 on
−∞
obtient alors l’expression (4).
f ) Continuité de la transformée de Fourier
Si f ∈ L1 (R), la transformée de Fourier fb est une fonction continue de la variable ω :
(5) lim fb(ω + θ) = fb(ω), ∀ω∈R
θ−→ 0
Exercice 1 :
Soit 1[a,b] la fonction définie par :
1 si t ∈ [a, b]
1[a,b] (t) = 0 sinon
Déterminer les transformées de Fourier des fonctions suivantes :
1. f (t) = t 1[−1,1]
2. f (t) = e−|t|/T , avec T ∈ R.
3.
1 + t si − 1 ≤ t ≤ 0
f (t) = 1 − t si 0 ≤ t ≤ 1
0 sinon
Exercice 2 :
1. Déterminer la transformée de Fourier de la fonction f (t) = 1[−a,a] .
2. Soit g(t) = sin(t)1[−a,a] .
(a) Calculer la transformée de Fourier de g. (Indication : à partir de sinh(it) exprimer sin(t) à l’aide
d’exponentielles complexes, puis utiliser la fonction sinus cardinal pour l’expression du résultat final).
(b) Décrire ce qui se passe quand a tend vers +∞.
Formulaire
• sinus hyperbolique :
z −z
sinh : z 7→ e −e2 , z∈C
e −e−ix
ix
sinh(ix) = 2 = i sin(x), x∈R
• cosinus hyperbolique :
z −z
cosh : z 7→ e +e
2 , z∈C
e +e−ix
ix
cosh(ix) = 2 = cos(x), x∈R
• sinus cardinal :
sin(t)/t si t 6= 0
sinc(t) =
1 si t = 0