Université Sidi Mohammed Benabdellah Année universitaire 2023-2024
Faculté des Sciences Dhar El Mahraz
Département de Mathématiques
Filère: SMA/S5
Solution de l’examen de Calcul différentiel (session normale)
Exercice 1. Soit E = C([0, 1]) l’espace des fonctions continues de [0, 1] dans R muni de la norme ∥ f ∥∞ =
supt∈[0,1] | f (t) |. Soit g ∈ E tel que ∥ g ∥∞ ≤ 1. On considère les applications ϕ : E → E et ϕ1 : E → E
définies, pour tous f ∈ E et x ∈ [0, 1], par:
1 x 1 x
Z Z
ϕ(f )(x) = f (t)(f (t) + g(t))dt et ϕ1 (f )(x) = g(t)f (t)dt.
3 0 3 0
1. Pour tous f, h ∈ E et x ∈ [0, 1], on a
1 x
Z
ϕ(f + h)(x) = (f (t) + h(t))(f (t) + h(t) + g(t))dt
3 0
1 x 1 x 1 x 2
Z Z Z
= f (t)(f (t) + g(t))dt + (2f (t) + g(t))h(t)dt + h (t)dt
3 0 3 0 3 0
Z x Z x
1 1
=ϕ(f )(x) + (2f (t) + g(t))h(t)dt + h2 (t)dt.
3 0 3 0
1 Rx 1 Rx 2
Posons L(h)(x) = 0
(2f (t) + g(t))h(t)dt et R(h)(x) = h (t)dt, pour tous h ∈ E et x ∈ [0, 1].
3 3 0
Alors L et R sont des applications définies de E dans E. Il est facile de voir que L est linéaire. Elle
est continue puisque
Z x
1 1
∥L(h)∥∞ = sup |L(h)(x)| ≤ sup |2f (t) + g(t)||h(t)|dt ≤ ∥2f + g∥∞ ∥h∥∞ .
x∈[0,1] 3 x∈[0,1] 0 3
De plus, on a
Z x
1 1 2 1
∥R(h)∥∞ = sup |R(h)(x)| ≤ sup |h2 (t)|dt ≤ ∥h ∥∞ ≤ ∥h∥2∞ ,
x∈[0,1] 3 x∈[0,1] 0 3 3
d’où R(h) = o(h) et, par suite, ϕ est différentiable et Dϕ(f ) = L, i.e.
2 x 1 x
Z Z
Dϕ(f )(h)(x) = f (t)h(t)dt + g(t)h(t)dt.
3 0 3 0
Par ailleurs, ϕ1 est une application linéaire de E dans E. Elle est continue puisque
Z x
1 1
∥ϕ1 (f )∥∞ = sup |ϕ1 (f )(x)| ≤ sup |g(t)f (t)|dt ≤ ∥g∥∞ ∥f ∥∞ ,
x∈[0,1] 3 x∈[0,1] 0 3
pour tout f ∈ E. D’où ϕ1 est différentiable et Dϕ1 (f ) = ϕ1 , i.e.
1 x
Z
Dϕ1 (f )(h)(x) = ϕ1 (h)(x) = g(t)h(t)dt.
3 0
2. Pour tous f1 , f2 ∈ E, on a
∥Dϕ(f1 ) − Dϕ(f2 )∥ = sup ∥Dϕ(f1 )(h) − Dϕ(f2 )(h)∥
∥h∥∞ =1
= sup sup |Dϕ(f1 )(h)(x) − Dϕ(f2 )(h)(x)|
∥h∥∞ =1 x∈[0,1]
Z x
2
= sup sup (f1 (t) − f2 (t))h(t)dt
∥h∥∞ =1 x∈[0,1] 3 0
Z x
2
≤ sup sup |f1 (t) − f2 (t)||h(t)|dt
∥h∥∞ =1 x∈[0,1] 3 0
2 2
≤ sup ∥f1 − f2 ∥∞ ∥h∥∞ ≤ ∥f1 − f2 ∥∞ .
∥h∥∞ =1 3 3
2
On en déduit que Dϕ est -Lipschitzienne et est par suite continue. D’où ϕ est de classe C 1 .
3
1
Calc. diff/Sol.Examen/SMA/S5/2023-2024 2
3. Soit B = {f ∈ E/ ∥ f ∥∞ ≤ 1} la boule unité fermée de E.
(a) Pour tout f ∈ B, on a
1 x
Z
∥ϕ(f )∥∞ = sup f (t)(f (t) + g(t))dt
x∈[0,1] 3 0
1 x
Z
≤ sup |f (t)||f (t) + g(t)|dt
x∈[0,1] 3 0
1 1 2
≤ ∥f + g∥∞ ∥f ∥∞ ≤ (∥f ∥∞ + ∥g∥∞ )∥f ∥∞ ≤ ≤ 1,
3 3 3
puisque ∥f ∥∞ ≤ 1 et ∥g∥∞ ≤ 1. D’où ϕ(f ) ∈ B et, par suite, ϕ(B) ⊂ B
(b) En posant, dans la question 2, f1 = h et f2 = 0, on trouve
2
∥Dϕ(h)∥ ≤ ∥h∥∞ , pour tout h ∈ E.
3
D’autre part, puisque B est convexe, alors [f1 , f2 ] ⊂ B, pour tous f1 , f2 ∈ B. Utilisant l’inégalité
des accroissements finis pour l’application ϕ, qui est C ∞ , on a
∥ϕ(f1 ) − ϕ(f2 )∥∞ ≤ sup ∥Dϕ(h)∥∥f1 − f2 ∥∞
h∈[f1 ,f2 ]
2
≤ sup ∥Dϕ(h)∥∥f1 − f2 ∥∞ ≤ sup ∥h∥∞ ∥f1 − f2 ∥∞
h∈B 3 h∈B
2
≤ ∥f1 − f2 ∥∞ ,
3
pour tous f1 , f2 ∈ B. On en déduit que ϕ est contractante sur B. Utilisant le théorème du point
fixe, il existe un élément unique f0 ∈ B tel que ϕ(f0 ) = f0 .
4. On pose ψ = ϕ − ϕ1 + I, où I : x 7→ x l’application identité de E.
(a) ψ est différentiable en tant que somme d’applications différentiables. De plus, Dψ(0) = Dϕ(0) −
Dϕ(0) + DI(0). Mais, d’après la question 1, Dϕ(0) − Dϕ(0). D’où Dψ(0) = DI(0) = I, puisque
I est linéaire continue. On en déduit que Dψ(0) est un isomorphisme de E dans E.
(b) ψ est de classe C 1 , en tant que somme d’applications de classe C 1 . Puisque Dψ(0) est un
isomorphisme, alors d’après le théorème d’inversion locale, il existe un voisinage U0 de 0 dans
E, il existe un voisinage ouvert V0 de ψ(0) = 0 dans E tel que ψ|U0 : U0 → V0 est un C 1 -
difféomorphisme. En particulier, ψ|U0 est surjective, i.e. pour tout g ∈ V0 , il existe un élément
unique f ∈ U0 tel que
1 x 2
Z
∀x ∈ [0, 1] g(x) = f (x) + f (t)dt.
3 0
Exercice 2. 1. Soient E et F deux espaces de Banach et ψ : E × E → F une application bilinéaire
continue. Notant les normes de E et F par ∥ ∥E et ∥ ∥F , respectivement, on munit E × E de la norme
définie par ∥(x1 , x2 )∥ = max(∥x1 ∥E , ∥x2 ∥E ).
ψ est différentiable. En effet, pour tous (x1 , x2 ), (h1 , h2 ) ∈ E × E, on a par bilinéarité de ψ
ψ(x1 + h1 , x2 + h2 ) − ψ(x1 , x2 ) = ψ(x1 , h2 ) + ψ(h1 , x2 ) + ψ(h1 , h2 ).
En posant L(h1 , h2 ) = ψ(x1 , h2 ) + ψ(h1 , x2 ), alors l’application L : E × E → F ainsi définie est
linéaire (par la bilinéarité de ψ) et continue, puisqu’on a par continuité de ψ
∥L(h1 , h2 )∥F ≤∥ψ(x1 , h2 )∥F + ∥ψ(h1 , x2 )∥F ≤ ∥ψ∥∥x1 ∥E ∥h2 ∥E + ∥ψ∥∥x2 ∥E ∥h1 ∥E
≤∥ψ∥(∥(x1 , x2 )∥∥(h1 , h2 )∥,
∥ψ(h1 ,h2 )∥F
où ∥ψ∥ = suph1 ̸=0,h2 ̸=0 ∥h1 ∥E ∥h2 ∥E . Par ailleurs, on a par continuité de ψ
∥ψ(h1 , h2 )∥F ≤ ∥ψ∥∥h1 ∥E ∥h2 ∥E ≤ ∥ψ∥∥(h1 , h2 )∥2 ,
d’où ψ(h1 , h2 ) = o(∥(h1 , h2 )∥). On en déduit que ψ est différentiable et Dψ(x1 , x2 )(h1 , h2 ) =
ψ(x1 , h2 ) + ψ(h1 , x2 ), pour tous (x1 , x2 ), (h1 , h2 ) ∈ E × E.
Calc. diff/Sol.Examen/SMA/S5/2023-2024 3
ψ est de classe C 1 . Pour cela, il suffit de montrer que Dψ : E × E → L(E × E, F ) est continue.
En effet, il est facile de voir que Dψ est linéaire. De plus,
∥Dψ(x1 , x2 )(h1 , h2 )∥F ∥ψ(x1 , h2 ) + ∥ψ(h1 , x2 )∥F
∥Dψ(x1 , x2 )∥ = sup = sup
(h1 ,h2 )̸=(0,0) ∥(h 1 , h2 )∥ (h1 ,h2 )̸=(0,0) ∥(h1 , h2 )∥
∥ψ(x1 , h2 )∥F ∥ψ(h1 , x2 )∥F
≤ sup + sup
(h1 ,h2 )̸=(0,0) ∥(h1 , h2 )∥ (h1 ,h2 )̸=(0,0) ∥(h1 , h2 )∥
∥ψ(x1 , h2 )∥F ∥ψ(h1 , x2 )∥F
≤ sup + sup
h2 ̸=0 ∥h2 ∥E h1 ̸=0 ∥h1 ∥E
≤∥ψ∥∥x1 ∥E + ∥ψ∥∥x2 ∥E ≤ ∥ψ∥(∥x1 ∥E + ∥x2 ∥E ) ≤ 2∥ψ∥∥(x1 , x2 )∥.
D’où Dψ est continue et, par suite, ψ est de classe C 1 .
ψ est 2-fois différentiable. En effet, Dψ est linéaire continue donc différentiable et, par suite, ψ
est 2-fois différentiable. De plus, on en déduit que D2 ψ(x1 , x2 ) = D(Dψ)(x1 , x2 ) = Dψ. D’où,
pour tous (x1 , x2 ), (h1 , h2 ), (k1 , k2 ) ∈ E × E, on a
D2 ψ(x1 , x2 )((h1 , h2 ), (k1 , k2 )) = Dψ((h1 , h2 ), (k1 , k2 )) = ψ(k1 , h2 ) + ψ(h1 , k2 ).
Pour montrer que ψ est de classe C 2 , il suffit de montrer que D2 ψ : E × E → L2 (E × E, F ) est
continue. Mais D2 ψ est constante, donc continue.
Le fait que D2 ψ est constante montre que D2 ψ est de classe C ∞ et que Dk (D2 ψ) ≡ 0, pour tout
i ≥ 1. D’où ψ est de classe C ∞ et Di ψ = Di−2 (D2 ψ) ≡ 0, pour tout i ≥ 3.
2. Soient E un espace de Banach, L(E) l’ensemble des endomorphismes de E et Isom(E) l’ensemble des
isomorphismes de E. Soit ψ : L(E) × L(E) → L(E) l’application définie par ψ(u, v) = u ◦ v, pour tout
(u, v) ∈ L(E) × L(E).
(a) Il est facile de voir que ψ est bilinaire. ψ est aussi continue. En effet,
∥psi(u, v)∥ = ∥u ◦ v∥ ≤ ∥u∥∥v∥,
pour tout (u, v) ∈ L(E) × L(E). D’où, d’après 1-, ψ est de classe C ∞ et, pour tous (u, v), (h1 , h2 ),
(k1 , k2 ) ∈ L(E) × L(E), on a
(i) Dψ(u, v)(h1 , h2 ) = ψ(u, h2 ) + ψ(h1 , v) = u ◦ h2 + h1 ◦ v,
(ii) D2 ψ(u, v)((h1 , h2 ), (k1 , k2 )) = ψ(k1 , h2 ) + ψ(h1 , k2 ) = k1 ◦ h2 + h1 ◦ k2 ,
(iii) Di ψ ≡ 0, pour i ≥ 3.
(b) Puisque ψ est différentiable, alors elle admet des différentielles partielles par rapport à chaque
variable, qui sont données par
D1 ψ(u, v)(h) = Dψ(u, v)(h, 0) = ψ(h, v) = h ◦ v,
D2 ψ(u, v)(h) = Dψ(u, v)(0, h) = ψ(u, h) = u ◦ h,
pour tous u, v, h ∈ L(E).
(c) Supposons que u ∈ Isom(E). Si on considère l’application λ : L(E) → L(E), définie par λ(h) =
u−1 ◦ h, alors on a D2 ψ(u, v) ◦ λ = λ ◦ D2 ψ(u, v) = IdL(E) . D’où D2 ψ(u, v) est inversible d’inverse
λ.
(d) On a L(E) est un espace de Banach, puisque E l’est. On sait aussi que Isom(E) est un ouvert
de L(E). On considère l’ouvert W := Isom(E) × Isom(E) dans L(E) × L(E) et la restriction
ψ|W : W → L(E) de ψ à W . Puisque ψ est de classe C 1 , alors ψ|W l’est aussi. Soit u0 ∈ Isom(E).
Puisque D2 ψ(u0 , u−1
0 ) est inversible (d’après la question précédente) alors, d’après le théorème
des fonctions implicites, il existe un voisinage U de u0 dans Isom(E), un voisinage V de u−1 0 dans
Isom(E) et un C 1 -difféomorphisme φ : U → V tels que
∀(u, v) ∈ U × V, ψ(u, v) = ψ(u0 , u−1
0 ) = IdE ⇐⇒ v = φ(u).
On en déduit que, pour tous (u, v) ∈ U × V , on a
φ(u) = v ⇐⇒ u ◦ v = ψ(u, v) = IdE ⇐⇒ v = u−1 .
Enfin, puisque ψ est de classe C ∞ , alors φ est de classe C ∞ .
Calc. diff/Sol.Examen/SMA/S5/2023-2024 4
(e) D’après le théorème ds fonctions implicites, on a
Dφ(u)(h) = − (D2 ψ(u, φ(u)))−1 ◦ D1 ψ(u, φ(u))(h) = −λ(h ◦ φ(u))
= − λ(h ◦ u−1 ) = −u−1 ◦ h ◦ u−1 ,
pour tous u ∈ U et h ∈ L(E).
(f) Il est évident que l’application ϕ : Isom(E) → Isom(E), u 7→ u−1 , est bijective de bijection
réciproque elle-même. Pour tout u0 ∈ Isom(E), soient U et φ comme dans la question précédente.
On remarque que φ est la restriction de ϕ à l’ouvert U . Puisque φ est de classe C ∞ , alors ϕ de
classe C ∞ sur le voisinage U de u0 . D’où ϕ est de classe C ∞ au voisinage de u0 . Puisque u0 est
arbitraire, alors ϕ est de classe C ∞ . Puisque ϕ−1 = ϕ, alors ϕ−1 est aussi de classe C ∞ et, par
suite, ϕ est un C ∞ -difféomorphisme.