Master STS — mention mathématiques Année 2007/2008
H4. THÉORIE DES NOMBRES.
Nombres premiers
A. C HAMBERT-L OIR , F. I VORRA
A. RAPPELS : FACTORISATION, THÉORÈME D’EUCLIDE
EXERCICE 1 3 Démontrer que chaque facteur premier
1 Démontrer qu’il existe une infinité de nombres de y 2 + 1 est congru à 1 modulo 4. Conclure.
premiers congrus à −1 modulo 6 . (Si p 1 , . . . , p r
EXERCICE 5
sont des nombres premiers, considérer un fac-
Soit a et b deux entiers strictement positifs. On
teur premier de 6p 1 . . . p r − 1.)
suppose que pour tout nombre premier p , le
2 Soit n un entier strictement positif. Démontrer
reste de la division euclidienne de a par p est
qu’il existe une infinité de nombres premiers
inférieur ou égal au reste de la division eucli-
qui ne sont pas congrus à 1 modulo n .
dienne de b par p .
Soit A = a! = 1 · 2 . . . (a − 1)a et B =
EXERCICE 2
(b − a + 1) . . . (b − 1)b , de sorte que B /A = ba .
¡ ¢
Soit f un polynôme non constant à coeffi-
Pour tout nombre premier p et tout entier k ,
cients entiers.
on note α(p k ) et β(p k ) le nombre de facteurs
1 Montrer qu’il existe des entiers n arbitraire-
de A et B respectivement qui sont divisibles
ment grands tels que f (n) ne soit pas un
par p k .
nombre premier. ∞
α(p k ) et ordp (b) =
P
2 Montrer que l’ensemble des nombres premiers 1 Montrer que ordp (a) =
k=1
qui divisent l’une des valeurs f (n) de f , pour ∞
k
β(p ).
P
n > 1 , est infini. k=1
Montrer que ¯α(p k ) − β(p k )¯ 6 1 .
¯ ¯
2
EXERCICE 3 3 Montrer que α(p) > β(p).
1 Montrer que si p ≡ 3 (mod 4), il n’existe pas 4 Montrer que pour p > a , ni A ni B n’est divi-
d’entier a ∈ Z tel que a 2 + 1 soit multiple de p . sible par p .
(Indication : Que vaut a p−1 modulo p ?) 5 Soit κ(p) le plus grand entier k tel que
Q κ(p)−1
2 En déduire qu’il existe une infinité de nombres β(p k ) > 0 . Montrer que B /A divise p .
p 6a
premiers congrus à 1 modulo 4 .
6 En déduire que a = b (on commencera par dé-
montrer que b < 2a ).
EXERCICE 4
Le but de cet exercice est de prouver, suivant EXERCICE 6
V.A. Lebesgue, que l’équation y 2 = x 3 +7 n’a pas Soit n un nombre entier > 1 .
de solutions en nombres entiers. On considère 1 Montrer que l’on a
une telle solution (x, y). Y p −1
1 Démontrer que x est impair et que y est pair. ϕ(n) = n ,
p|n p
2 À l’aide de la factorisation x 3 + 8 =
(x + 2)(x 2 − 2x + 4) , démontrer que x 3 + 8 pos- où le produit est étendu à l’ensemble des
sède un facteur premier congru à 3 modulo 4. nombres premiers qui divisent n .
1
ϕ(d ) = n , où la somme
P
2 Soit a un nombre entier relatif et soit d = 4 Montrer que l’on a
d |n
pgcd(a, n). Si d = 1 , montrer que l’ordre de la
est étendue à l’ensemble des nombres en-
classe a de a modulo n dans le groupe Z/nZ
tiers d dans [1, n] qui divisent n .
est égal à n .
3 Montrer que l’ordre de a dans le groupe abé-
lien Z/nZ est égale à n/d .
B. CRITÈRES DE PRIMALITÉ OU DE NON-PRIMALITÉ
EXERCICE 7 EXERCICE 9
1 Soit n et m des nombres entiers. Montrer que Soit n un nombre entier tel que n > 1 . Soit p
le groupe (Z/nZ) × (Z/mZ) est cyclique si et un facteur premier de n et soit r = ordp (n) ; on
seulement si n et m sont premiers entre eux. pose m = n/p r .
2 Si n est une puissance de 2 , montrer que 1 Soit a p un générateur du groupe cyclique
(1 + 4x)n = 1 + 4x modulo 8n . (Z/p Z )× et soit a un nombre entier tel que a ≡
3 Soit a un entier > 2 et n = 2a . Montrer que a p (mod p r ) et a ≡ 1 (mod m). Si a n−1 ≡ 1
l’ordre de (la classe de) 5 dans (Z/nZ)∗ est égal (mod n), démontrer que r = 1 et que p − 1 di-
à 2a−2 . Le groupe (Z/nZ)∗ est-il cyclique ? vise n − 1 .
4 Soit p un nombre premier impair, a un en- 2 Si r > 2 ou si p − 1 ne divise pas n − 1 , dé-
tier > 2 et n = p a . Si x est un entier, montrer montrer que pour au moins la moitié des élé-
que x p = x (mod p). Montrer par récurrence ments α de (Z/nZ)× , αn−1 6= 1 .
sur a > 2 que les conditions x = 1 (mod p a−1 ) 3 Démontrer que si n est un nombre de Carmi-
et x p = 1 (mod p a ) sont équivalentes. chael, alors n est sans facteur carré et p − 1
5 Soit x un entier dont la classe modulo p en- divise n − 1 pour tout facteur premier p de n
gendre (Z/pZ)∗ . Montrer que (la classe de) x (théorème de Korselt, 1898).
engendre (Z/nZ)∗ si et seulement si x p−1 6≡ 1 4 Démontrer qu’un nombre de Carmichael est
(mod p 2 ). impair et a au moins trois facteurs premiers
6 Si x p−1 ≡ 1 (mod p 2 ), montrer que (x+p)p−1 6≡ distincts.
1 (mod p 2 ). En déduire qu’au moins l’un des 5 Soit k un nombre entier tel que les trois en-
deux, x ou x + p , est générateur de (Z/nZ)∗ . tiers 6k + 1 , 12k + 1 et 18k + 1 soient des
7 Pour quels nombres entier n le groupe (Z/nZ)∗ nombres premiers. Montrer que leur produit
est-il cyclique ? (6k +1)(12k +1)(18k +1) est un nombre de Car-
michael (Chernick, 1939).
EXERCICE 8
1 Soit n > 1 un nombre entier sans facteur carré EXERCICE 10
tel que pour tout facteur premier p de n , p − 1 1 Montrer que dans un groupe cyclique G
divise n − 1 . Démontrer que n est un nombre d’ordre pair, l’équation 2g = 0 possède exacte-
premier ou un nombre de Carmichael. ment deux solutions.
2 En déduire que 561 est un nombre de Carmi- 2 Soit n un nombre entier > 1 et soit u le
chael. nombre de facteurs premiers distincts de n .
Démontrer que dans le groupe (Z/nZ)× ,
2
l’équation α2 = 1 possède exactement 2u so- 5 Soit p un nombre premier qui divise F n . Mon-
lutions. trer que 2 est d’ordre 2n+1 dans (Z/pZ)∗ . En
3 On suppose que n n’est pas premier, c’est- déduire que p ≡ 1 (mod 2n+1 ).
à-dire que u > 2 . Démontrer que parmi les 6 (suite) En utilisant que 2 est un carré mo-
nombres entiers a de [1, n] qui sont premiers dulo p , démontrer que p ≡ 1 (mod 2n+2 ) (Lu-
à n , les témoins de non-primalité de Miller- cas).
Rabin de n sont en proportion au moins égale
à 1 − 21−u > 3/4 . EXERCICE 13
Soit p un nombre premier impair.
EXERCICE 11 1 Démontrer que dans (Z/pZ)∗ , (p − 1)/2 élé-
1 Soit N un entier tel que N > 2 . Soit p un ments sont des carrés et et (p − 1)/2 n’en sont
nombre premier qui divise N − 1 et soit e le pas.
plus grand entier > 1 tel que p e divise N − 1 . 2 Soit a un entier non multiple de p . Démontrer
Soit a un entier tel que a N −1 ≡ 1 (mod N ) et que a (p−1)/2 vaut ±1 modulo p .
tel que a (N −1)/p et N soient premiers entre Démontrer que pour que a soit un carré
eux. Soit ` un nombre premier qui divise N . dans (Z/pZ)∗ , il faut et il suffit que a (p−1)/2 ≡
Montrer que (la classe de) a est inversible dans 1 (mod p). (Les carrés de (Z/pZ)∗ vérifient
(Z/`Z). Si t désigne son ordre, montrer les di- cette condition ; combien d’éléments au plus la
visibilités p e |t et t |` − 1 . En déduire que ` ≡ 1 vérifient-ils ?)
(mod p e ) (critère de Pocklington). 3 Pour que −1 soit un carré modulo p , il faut et
2 Soit N un entier > 2 . On écrit N = 1 + uv et on il suffit que p soit congru à 1 modulo 4 .
suppose que pour tout nombre premier p qui 4 Montrer que (p − 1)! ≡ −1 modulo p . Si p ≡ 1
divise u , il existe un entier a comme dans la (mod 4) , démontrer que a = ((p − 1)/2)! vérifie
question précédente. Montrer que tout facteur a 2 ≡ −1 (mod p). Est-ce un moyen pratique de
premier ` de N est congru à 1 modulo u . Si de déterminer une racine carrée de −1 dans Z/pZ
plus v 6 u+1 , en déduire que N est un nombre lorsque p est grand ?
premier (critère de primalité de Pocklington-
Lehmer). EXERCICE 14
Cet exercice propose la démonstration directe
EXERCICE 12 de quelques cas de la loi de réciprocité qua-
1 Si 2n + 1 est un nombre premier, montrer que dratique, à partir de la remarque que pour cer-
n est une puissance de 2 . taines valeurs de n , 2 cos(2π/n) vérifie une
n
2 On pose F n = 22 + 1 (nombres de Fer- équation du second degré dont le discriminant
mat). Montrer que F n est premier pour n = est ±n .
0, 1, 2, 3, 4 . 1 Soit x une racine primitive huitième de l’unité.
3 Si n 6= m , montrer que F n et F m sont premiers Montrer que x + 1/x est solution d’une équa-
entre eux ; écrire une relation de Bézout. tion du second degré à coefficients dans Fp
4 Montrer que 641 divise F 5 . Cette divisibi- dont le discriminant est 2. En déduire que 2 est
lité a été découverte par Euler, contredisant un carré modulo p si p ≡ ±1 (mod 8). Inver-
ainsi une affirmation de Fermat selon laquelle sement, si 2 est un carré modulo p , montrer
les F n seraient tous des nombres premiers. que x et 1/x sont solutions d’une équation du
(Écrire 232 + 1 = 16(27 )4 + 1 et remarquer que second degré de discriminant −2 . En déduire
16 = 641 − 625.) que p ≡ ±1 (mod 8).
3
2 Écrire l’équation du second degré dont les so- 2 Démontrer qu’il existe une infinité de nombres
lutions sont les racines primitives cubiques de premiers congrus à 7 modulo 12 .
l’unité. En déduire que −3 est un carré modulo
un nombre premier p > 4 si et seulement si EXERCICE 16
p ≡ 1 (mod 3). Soit p un nombre premier de la forme 4` + 1 ,
3 Soit p un nombre premier tel que p > 5 . Soit x où ` est un nombre premier. Démontrer que 2
une racine primitive cinquième de l’unité dans est un générateur du groupe (Z/pZ)∗ .
une extension de Fp . Montrer que u = x + 1/x EXERCICE 17
est solution d’une équation du second degré de Si r est un entier, on pose M r = 2r −1 (nombres
discriminant 5 . Si p 2 ≡ 1 (mod 5), en déduire de Mersenne).
que 5 est un carré modulo p . 1 Si M r est un nombre premier, démontrer que
4 (suite) Supposons inversement que 5 soit un r est un nombre premier.
carré modulo p . Montrer que x et 1/x sont les 2 Soit p un nombre premier tel que p > 2 . Mon-
solutions de l’équation t 2 − t u + 1 = 0 . Montrer trer que tout facteur premier de M p est congru
que x p est aussi une solution de cette équation à 1 modulo p , et à ±1 modulo 8 .
et en déduire que l’on a x p = x ou x p = 1/x , 3 On dit qu’un nombre entier est parfait s’il
puis que p ≡ ±1 (mod 5). est égal à la somme de ses diviseurs (stricts,
EXERCICE 15 c’est-à-dire sauf lui-même). Démontrer qu’un
1 Soit n un nombre entier qui n’est pas multiple nombre entier pair n est parfait si et seulement
de 3. Montrer que 4n 2 + 3 possède un facteur s’il existe un nombre premier p tel que M p soit
premier p tel que p ≡ 7 (mod 1)2 . un nombre premier et n = 2p−1 M p .
C. LE THÉORÈME DES NOMBRES PREMIERS
EXERCICE 18 2 θ(x) ∼ x ;
1 En utilisant le fait que la fonction ζ(s) tend 3 ψ(x) ∼ x .
vers +∞ quand s tend vers 1 par valeurs supé-
EXERCICE 20
rieures, démontrer que la somme des inverses
1 Démontrer l’égalité
des nombres premiers diverge.
à !
2n ∞ µ 2n n
¶
EXERCICE 19 Y a X
= p ,
p
ap = b m c − 2b m c .
On note p n le n -ième nombre premier. En n p 62n m=1 p p
outre, les fonctions θ et ψ sont définies par
2 Démontrer que pour tout nombre premier p ,
θ(x) = ψ(s) =
X X
log p, log p, a p 6 blog 2n/ log pc.
p 6x p m 6x
Vérifier que 2n > 2n et en déduire que
¡ ¢
3 n
où les sommes sont prises sur l’ensemble ψ(2n) > n log 2 . (La fonction ψ, ainsi que la
des nombres premiers et des puissances de fonction θ , est définie dans l’exercice précé-
nombres premiers inférieurs ou égaux à x . dent.)
Montrer que les énoncés suivants sont équiva- 4 Démontrer alors qu’il existe un nombre réel c
lents au théorème des nombres premiers : tel que θ(n) > cn pour n > 2 .
1 p n ∼ n log n ;
4
¡2n ¢
EXERCICE 21 5 Démontrer que n > 22n /2n et obtenir une
Démontrer que pour tout entier n > 1 , θ(n) 6 contradiction.
2n log 2 . (Reprendre en étant plus soigneux les
arguments de la démonstration du lemme ??.) EXERCICE 23
EXERCICE 22 Vérifier que le résultat de l’exercice 5 est une
Le but de cet exercice est de démontrer le pos- conséquence immédiate du postulat de Ber-
tulat de J. Bertrand : il existe pour tout entier n trand démontré dans l’exercice 22.
un nombre premier p tel que n < p < 2n .
1 Vérifier que l’assertion est vraie si n 6 1000 . EXERCICE 24
On suppose dans la suite que n est un entier Dans la littérature, la fonction logarithme inté-
qui met en défaut le postulat de Bertrand et on gral est plutôt définie par la formule
reprend les notations de l’exercice 20.
1−ε dt x dt
2 Soit p un facteur premier de 2n
¡ ¢ Z Z
n ; démontrer li(x) = lim+ + .
que p 6 23 n . ε→0 0 log t 1+ε log t
3 Soit p un nombre premier tel que p 2 divise
¡2n ¢ p 1 Justifier l’existence de cette limite.
n . Démontrer que p 6 2n .
4 Déduire des deux questions précédentes et de 2 Établir, pour tout entier k > 0 , le développe-
l’exercice 21 que l’on a ment asymptotique
à !
2n 4 p x x
log 6 n log 2 + 2n log(2n). li(x) = +···+ k
+ O(x/ logk+1 x).
n 3 log x log x
D. LE THÉORÈME DE LA PROGRESSION ARITHMÉTIQUE
EXERCICE 25 1 Démontrer que l’image de χ est le sous-groupe
Soit G un groupe abélien fini et soit V l’espace de C∗ formé des racines primitives de l’unité.
vectoriel des fonctions de G dans C muni du 2 Soit K le noyau de χ. Démontrer que H ∩ K =
produit scalaire hermitien {1} puis que G est isomorphe au produit H ×K .
1 EXERCICE 27
〈ϕ, ψ〉 = ϕ(g )ψ(g ).
X
card(G) g ∈G Soit G un groupe abélien fini.
1 Démontrer que G est un produit de groupes
Démontrer que les caractères de G forment
cycliques. (Utiliser l’exercice 26.)
une base orthonormée de V .
2 Démontrer que les groupes G et Ĝ sont iso-
EXERCICE 26 morphes.
Soit G un groupe abélien fini.
Soit h un élément de G dont l’ordre m est mul-
tiple de l’ordre de tout élément de G et soit H
le sous-groupe de G engendré par h . Démon-
trer qu’il existe un caractère χ de G qui ap-
plique h sur une racine primitive m -ième de
l’unité dans C.