L'essentiel Méthodologie Juridique: de La
L'essentiel Méthodologie Juridique: de La
D. Bonnet
de la méthodologie juridique
Lorsqu’il commence son Droit, l’étudiant est confronté à des exercices multiples aussi
L’essentiel
nouveaux qu’inquiétants : cas pratique, commentaire d’arrêt, commentaire d’article,
dissertation, fiche de jurisprudence, note de synthèse, oral, test de connaissances,
rapport de stage, rédaction d’actes judiciaires (ex. : les conclusions), d’actes juridiques
4e éd.
de la méthodologie
(les contrats) et parfois d’actes juridictionnels (jugements, arrêts)…
Cet ouvrage propose donc en un seul volume de donner les clefs de l’essentiel de
la méthodologie juridique. Il n’a pas pour objet de se substituer aux séances de
travaux dirigés mais d’aider l’étudiant, par une méthode appropriée, à mener à bien
Quel que soit l’exercice, c’est avec un constant souci de se placer aux côtés de l’étudiant Épreuves théoriques Épreuves pratiques
abandonné seul devant son sujet de travaux dirigés et de le guider, pas à pas, vers
• Dissertation • Cas pratique
l’achèvement de celui-ci, que l’auteur a rédigé son ouvrage.
À cette fin, les exemples sont empruntés à un spectre très large du Droit : Théorie • Fiche de jurisprudence • Rédaction de conclusions
générale du droit, Droit de la famille et Droit des personnes, Droit des obligations
(contrats, responsabilité délictuelle), Droit des biens et Droit des sociétés civiles et • Commentaire d’arrêt • Rédaction de jugements
commerciales. • Commentaire d’article • Rédaction de contrats
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L’ESSENTIEL
DE LA
MÉTHODOLOGIE JURIDIQUE
4e édition
mise à jour et augmentée
David Bonnet
Maître de conférences à la faculté de droit
de Reims Champagne-Ardenne
L’auteur sera heureux de recevoir toute suggestion à l’adresse :
[email protected]
ISBN 9782340-053915
©Ellipses Édition Marketing S.A., 2020
32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15
Sommaire
Abréviations………………………………………………………………… 5
Préface à la quatrième édition……………………………………………… 7
Avant-propos – Position du problème…………………………………… 10
Mise en garde……………………………………………………………… 13
Introduction – Solution du problème…………………………………… 14
Première partie
La composition juridique en général
Leçon 1
La découverte des informations : les sources…………………………………… 18
Leçon 2
La mise en valeur des informations : la rédaction……………………………… 44
Seconde partie
Chaque exercice juridique en particulier
Titre Premier
Les épreuves théoriques………………………………………………… 72
Leçon 1
Réussir sa dissertation…………………………………………………………… 74
Leçon 2
Réussir sa fiche de jurisprudence……………………………………………… 99
Leçon 3
Réussir son commentaire…………………………………………………… 125
Leçon 3-1
Le commentaire d’arrêt……………………………………………………… 127
Leçon 3-2
Le commentaire d’article……………………………………………………… 150
Leçon 4
Réussir son test de connaissances…………………………………………… 172
Leçon 5
Réussir son oral……………………………………………………………… 175
3
Titre Second
Les épreuves pratiques…………………………………………………… 184
Leçon 6
Réussir son cas pratique……………………………………………………… 185
Leçon 7
Réussir sa rédaction d’acte…………………………………………………… 226
Leçon 7-1
La rédaction d’un acte judiciaire : les conclusions…………………………… 228
Leçon 7-2
La rédaction d’un acte juridictionnel : le jugement et l’arrêt………………… 244
Leçon 7-3
La rédaction d’un acte juridique : le contrat………………………………… 292
Leçon 8
Réussir sa note de synthèse…………………………………………………… 333
Leçon 9
Réussir son rapport de stage………………………………………………… 376
Conclusion………………………………………………………………… 402
Annexes…………………………………………………………………… 404
Bibliographie……………………………………………………………… 406
Index……………………………………………………………………… 407
4
ABRÉVIATIONS
[…] texte non reproduit pour focaliser l’attention sur l’essentiel
Al. alinéa
Anc. anciennement
Art. article
Ass. Plén. Assemblée plénière de la Cour de cassation
Bull. civ. Bulletin civil des arrêts de la Cour de cassation
C° Constitution
C. civ. Code civil
C. com. Code de commerce
C. constr. hab. Code de la construction et de l’habitation
C. Cstl. Conseil constitutionnel
C. envir. Code de l’environnement
C. pén. Code pénal
C. proc. civ. Code de procédure civile
C. trav. Code du travail
CE Conseil d’État
C.E.D.H. Cour européenne des droits de l’homme
Civ. Chambre civile de la Cour de cassation
C.J.C.E. Cour de justice des Communautés européennes
Com. Chambre commerciale de la Cour de cassation
Concl. conclusions
Contra pour une position contraire
Crim. Chambre criminelle de la Cour de cassation
D. décret
D. Recueil Dalloz
D.P. Recueil Dalloz périodique
Defr. Revue Defrénois
égal. également
ex. exemple
Gaz. Pal. Gazette du Palais
GIE groupement d’intérêt économique
Id. idem
J.C.P. revue Semaine juridique (Jurisclasseur périodique)
J.C.P. E. revue Semaine juridique (Jurisclasseur périodique),
édition entreprises
5
J.C.P. N. Revue Semaine juridique (Jurisclasseur périodique),
édition notariale et immobilière
J.O. Journal officiel
L. loi (si suivi d’une date) ou article de source législative
(si suivi d’un numéro)
Mixte Chambre mixte de la Cour de cassation
Obs. observations
Op. cit. ouvrage précité
Ord. ordonnance
Préc. précité
R.T.D.Civ. Revue trimestrielle de droit civil
Réd. rédaction [issue de…]
Rép. Min. réponse ministérielle
Req. Chambre des requêtes
Réu. Chambres réunies de la Cour de cassation
Rev. Soc. Revue des sociétés
R.D.P.S.P. Revue de Droit public et de science politique
R.I.D.C. Revue internationale de droit comparé
R.J.D.A. Revue de jurisprudence de droit des affaires
S. Recueil Sirey
Spéc. spécialement
t. tome
T. civ. tribunal civil
TGI tribunal de grande instance
Th. thèse
TI tribunal d’instance
TJ tribunal judiciaire
V. voir
Vol. volume
6
PRÉFACE
À LA QUATRIÈME ÉDITION
À peine la troisième édition avait-elle paru, que 2015 s’éloignait d’un
battement d’ailes… or, – « effet papillon » sans doute –, 2016 rendait bientôt
caduques certaines des références citées de sorte que la quatrième édition
s’imposait déjà.
Car, fidèle aux prévisions que nous osions sans risque dès la première édition1,
le droit positif « évolue inlassablement », faisant ainsi du juriste « un étudiant
à vie ». Sous ses pieds, – comme sous ceux de ses enseignants, qu’il s’en ras-
sure –, le sol des certitudes de fond continue de trembler… ainsi, l’irruption
de l’ordonnance du 10 février 2016 bientôt suivie de ce qu’il faut nommer
sa loi de « ractification »2 le 20 avril 2018, a instauré un droit des obligations
résolument modernisé pour un xxie siècle qui n’en finit pas d’oser3… La
cause4 désormais disparue du Code civil, le commentaire d’un arrêt consacré
à la fausseté partielle de la cause apparaissait désormais pour l’étudiant une
illustration méthodologique d’un abord malaisé. Nous le remplaçons donc
ici par le commentaire d’un arrêt abordant à l’occasion d’une promesse
unilatérale, les notions – parfaitement pérennes – de levée de l’option, de
terme et de condition.
Sur les flots tumultueux d’un droit positif dont, arbitrairement, le légis-
lateur dispose à chaque instant, le justiciable ose, le notaire appose, l’avocat
propose, le témoin dépose, le juge impose, le professeur expose, l’étudiant com-
pose… et finalement, contraint par la force des choses, chacun suppose5 !
1. V. cette conclusion qui demeure inchangée, infra, p. 402.
2. Néologisme dont l’invention a été rendue nécessaire par cette loi de ratification opérant recti-
fication de différentes dispositions de l’ordonnance du 10 fév. 2016.
3. Ce législateur qui, il y a 30 ans déjà, bouleversait le concept de société en l’autorisant à être
constituée par une seule personne (Loi n° 85-697 du 11 juillet 1985, relative à l’entreprise
unipersonnelle à responsabilité limitée et à l’exploitation agricole à responsabilité limitée) ou qui, il
y aura bientôt 5 ans, renversait sans sourciller le sacrosaint principe d’unicité du patrimoine
en autorisant une personne à posséder plus d’un patrimoine (Loi n° 2010-658 du 15 juin 2010 rela-
tive à l’entrepreneur individuel à responsabilité limitée)… ce législateur qui, bientôt, pourrait
inventer une propriété immobilière temporaire afin qu’elle redevienne accessible à ceux
auxquels elle ne l’est déjà plus…une propriété fast-food avec la qualité en titre mais la perpé-
tuité en moins.
4. Cet « OJNI » (objet juridique non identifié) si longtemps honni et aujourd’hui disparu du droit
positif…
5. Pour compléter ici l’idée originale du professeur Terré (« Les principes généraux du droit »,
in La Cour de cassation et l’élaboration du droit, dir. N. Molfessis, Economica, 2004, p. 180).
7
Alors si, confronté à de telles incertitudes, les uns et les autres ne frémissent
pas, c’est parce que, invariablement, la méthodologie leur offre un roc fiable
auquel solidement s’arrimer. C’est ce rocher imprenable, aux allures de
Machu Picchu surplombant la vallée hésitante du droit positif, dont les pages
qui suivent offrent la visite.
8
depuis quelques années. Certains enseignants ont en effet justement ressenti
la nécessité de préparer leurs étudiants à ce volet de la pratique qui attend
ceux d’entre eux qui rejoindront la magistrature.
S’accroit et s’enrichit de la sorte la grande famille des épreuves pratiques que
l’on borne trop souvent à tort aux seules épreuves de la consultation, du
rapport de stage et de la note de synthèse.
D.B.
Paris, le 10 novembre 2019.
9
AVANT-PROPOS
Position du problème
Pousser la porte de la Faculté n’est pas qu’un acte matériel. Il s’agit tout
autant d’un acte psychologique. On tourne le dos à un monde pour entrer
dans un autre. Paradoxalement, ce nouvel univers abandonne apparemment
plus de libertés alors même qu’il demande davantage et, souvent, sur des
terrains que l’on n’a jamais explorés auparavant.
Pourquoi le cacher ? En arrivant dans cette belle maison, l’on aura tous
souffert plus ou moins longtemps de recevoir une masse de cours à prendre
en note avec la conviction qu’ils nous seront indispensables pour réussir
l’examen mais sans être bien sûr de savoir comment.
10
qui ont été donnés en travaux dirigés durant l’année. Puis, les oraux clôturent
enfin la période d’examens.
Malheureusement, par une singulière évolution, initialement lieu d’en-
traînement, les travaux dirigés sont trop souvent devenus exclusivement le
lieu de l’approfondissement du cours1.
Méthodologiquement, l’étudiant se voit alors fréquemment contraint de se
faire seul une idée de ce qu’on attend de lui… il conclut parfois que chaque
année, voire chaque semestre, il doit recommencer à découvrir les marottes
de ses nouveaux chargés de travaux dirigés de façon à obtenir la meilleure
note possible. De là une méthode itinérante et capricieuse – celle de l’an
passé – à laquelle il renonce dès qu’il pense qu’elle ne saura pas prospérer
auprès de ce nouveau chargé de travaux dirigés ; de là aussi une autre à
laquelle il adhère sans qu’elle lui plaise vraiment mais parce qu’il pense
qu’elle tient à cœur à son nouvel enseignant.
Un exemple extrême illustre parfaitement cette tendance attristante : l’une
de mes étudiantes brillantes de Licence 3e année (elle avait obtenu à plusieurs
reprises, notamment lors d’un partiel, des notes supérieures à 18/20 en
commentaire d’arrêt), me racontait il y a quelques années ses déboires en
master 1re année. Elle déplorait : « l’opposition entre les recommandations que
l’on m’a faites jusqu’à présent, selon lesquelles il fallait apprendre à analyser
l’arrêt, et celles d’aujourd’hui, selon lesquelles il suffit de recopier les notes ».
Elle ajoutait : « Ce qui m’inquiète est que, si dans tous les travaux dirigés, les
méthodes que j’ai connues sont remises en cause, j’aurais beaucoup de mal à
obtenir des résultats corrects ».
Puisqu’il y avait péril en la demeure, je lui fis cette réponse : « combinez les
éléments de méthodes en ne doutant jamais que ceux que vous avez déjà éprouvés
avec succès soient fameux. […] Composez avec votre chargé de travaux dirigés
sans renoncer à certaines de vos certitudes méthodologiques… enrichissez-vous
de ses exigences qui ont toujours une bonne raison d’être… une excellente tech-
nique est faite d’une multitude de facteurs qui concourent, chacun dans une
certaine part, à l’accueil qui sera réservé à vos travaux. […] Ne doutez pas [que
vos chargés de travaux dirigés] en connaissent certains que vous pourriez encore
ignorer… ».
1. Qu’il le soit est certainement souhaitable. À l’inverse qu’il ne soit que cela est regrettable.
11
contredisent : « C’est n’importe quoi ! Je lui ai redit mot pour mot son cours et
il ne m’a mis que 12… je rêve ! ».
Les vacances s’ouvrent ensuite, sinon toujours sur un sentiment d’injustice,
du moins sur un sentiment d’incompréhension.
Certains expliqueront leur mauvaise note par le fait que leur tête « ne reve-
nait pas au prof ». Nous ne croyons pas que faire semblant de les croire puisse
leur être d’un grand secours. Car, en Faculté, les notes « à la tête du client »
n’existent pas :
• les épreuves écrites donnent lieu à une composition à nom caché double
corrigée successivement par le chargé de travaux dirigés et le chargé
de cours magistraux. Or ce dernier ne connaît ni votre écriture ni même
votre nom ;
• les épreuves orales sont généralement assurées par le chargé de cours
et, très exceptionnellement, par l’un de ses collègues appelé en renfort.
Ni l’un ni l’autre ne se préoccuperont de votre teint hâlé par des révi-
sions au soleil ou du teint blafard qu’une nuit sans sommeil aura pu
vous abandonner. De votre tête, seul leur importe la réalité du contenu
et non les apparences du contenant.
12
MISE EN GARDE
Toutes les recommandations et les prescriptions portées dans le présent
ouvrage sont fiables et vectrices de réussite. Il convient que vous les prati-
quiez avec application jusqu’à ce que vos entrainements portent leurs fruits.
À cette fin, deux mises en garde méritent d’être formulées ici afin de balayer
les doutes qui pourraient parfois vous assaillir.
D’une part, vous devez tenir compte du fait que, très exceptionnellement,
tel chargé de travaux dirigés prétende se démarquer de tel ou tel conseil
prodigué dans les pages qui suivent.
Votre réaction est simple : gardez à l’esprit que c’est lui qui vous notera, et
non le présent auteur. Il conviendra donc, le cas échéant, de « mettre de l’eau
dans la soupe » dont la recette est ici proposée, afin de ne pas irriter son…
palais1. Autrement dit : ajoutez docilement, et sans hésitation, l’assaisonnement
qu’il vous réclame, mais veillez scrupuleusement à conserver tous les autres
ingrédients qui, dans la présente recette, ne l’irritent pas…
D’autre part, votre première note pourrait ne pas être fameuse. N’en tirez
surtout pas de conclusion hâtive : entre la méthode ici présentée et votre
réussite, il y a votre mise en pratique consciencieusement répétée… car si
vos premières mises en application ne sont pas concluantes, vous auriez tort
de jeter le bébé avec l’eau du bain… entêtez-vous jusqu’à ce que votre appli-
cation paye !
Un exemple permet de le comprendre aisément : soit un joueur de tennis
autodidacte jusque-là. Afin de lui permettre de progresser au-delà, son
entraineur va devoir briser certaines de ses mauvaises habitudes. Or, à s’en
tenir aux premières balles qu’il jouera en suivant les conseils de son nouveau
mentor, le joueur pourra avoir l’impression de jouer moins bien… patience
donc !
13
INTRODUCTION
Solution du problème
14
dans un ordre bien précis, chacune des tâches que vous devez mener à bien
jusqu’à la rédaction finale de votre travail.
Que l’étudiant que vous êtes ne se sente plus seul, devant sa feuille blanche
et son arrêt ou ces quelques mots qui le plongent dans l’embarras, constitue
donc la seule raison d’être de cet ouvrage.
***
Il est une évidence : quel que soit le type d’exercice demandé, il existe un
socle commun de conseils qui reviennent naturellement… et constituent les
3 paramètres essentiels de la notation : le plan1, le style2 et le fond3. Or, plu-
tôt que de les répéter dans chaque fiche de méthode, nous avons préféré les
présenter dans une première partie dédiée à la composition juridique en
général. Ne sautez surtout pas la découverte de cette petite cinquantaine de
pages4 dont la lecture ne vous prendra que 30 minutes et dont l’ignorance
vous coûterait bien davantage…
1. V. infra, p. 47 et s.
2. V. infra, p. 58 et s.
3. V. infra, p. 18 et s.
4. V. infra, p. 18 à 71.
15
Première partie
LA COMPOSITION JURIDIQUE
EN GÉNÉRAL
1. En cas d’écrit.
2. En cas d’oral.
16
Sommaire
Première partie
La composition juridique en général
Leçon 1
La découverte des informations : les sources………………………… 18
Chapitre 1.… En cas de travail « à la maison » :
la transmission oro-faciale et la documentation……… 18
§1. Les cours………………………………………………… 19
I. Le cours en amphithéâtre…………………………… 19
II. Les MOOCs………………………………………… 19
§2. La documentation………………………………………… 22
I. La documentation physique………………………… 22
II. La documentation numérique……………………… 29
Chapitre 2.… En cas d’épreuve « sur table » :
le Code civil et la mémoire…………………………… 35
§1. L’utilisation d’un code : bien feuilleter………………… 35
I. Ce qu’on peut y trouver…………………………… 35
II. Comment on peut le trouver……………………… 38
§2. L’utilisation de votre mémoire : bien résumer…………… 39
I. La destination……………………………………… 40
II. L’itinéraire…………………………………………… 41
Leçon 2
La mise en valeur des informations : la rédaction…………………… 44
Chapitre 1.… Gérer l’espace-temps…………………………………… 44
§1. Le temps : la durée de travail…………………………… 44
§2. L’espace : la longueur du travail………………………… 45
Chapitre 2.… Soigner la présentation………………………………… 45
§1. L’esthétique visuelle……………………………………… 46
I. Aérez vos transitions………………………………… 46
II. Colorez vos intitulés………………………………… 46
III. Soignez votre écriture……………………………… 46
§2. L’esthétique intellectuelle……………………………… 46
I. Le plan……………………………………………… 47
II. Le style……………………………………………… 58
17
18 Première partie. La composition juridique en général
Leçon 1
La découverte des informations : les sources
En Droit, les informations consistent soit dans des règles juridiques (lois,
règlements, normes communautaires et internationales, etc.), soit dans la
jurisprudence (l’ensemble des décisions rendues par les juridictions), soit
dans la doctrine (l’ensemble des opinions et théories exposées par les juristes
auteurs d’ouvrages ou d’articles de revue).
Leur découverte ne ressortit ni à l’Illumination, ni à quelque autre méthode
prophétique. Gardez toujours à l’esprit que, même le professeur, qui, en bas
de l’amphi, a fait déferler sur vous durant un semestre des trésors d’articles
de lois, d’arrêts de jurisprudence ou de concepts, ne les a pas sortis de son
imagination mais de ses lectures.
La découverte des informations procède de méthodes différentes en cas de
travail à la maison et en cas de travail « sur table ».
1. Bien qu’utilisable « à la maison », cette source aussi riche que dangereuse qu’est le code – civil
singulièrement – sera présentée dans le cadre du travail « sur table » (v. infra, p. 35) car c’est
dans ce cadre que son utilisation exige la plus grande rigueur.
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 19
I. Le cours en amphithéâtre
Le cours ne suffit pas… l’affirmation est courte, typographiée en gras et
au début d’un paragraphe où on s’attendait probablement à assister à un
éloge du cours. Le cours ne suffit pas… C’est choquant, mais c’est logique.
C’est sans doute choquant… car jusqu’au bac, l’élève a été accoutumé à
aller à l’école pour apprendre. Lorsqu’il rentrait le soir, ce n’était pas pour
apprendre par lui-même des choses supplémentaires mais seulement pour
mettre en application ce qui lui avait été enseigné durant la journée. Par
habitude donc, la plupart des étudiants frais émoulus s’abandonnent à la
tentation de chercher dans leur cours les informations qui formeront le
contenu de leur devoir (dissertation, commentaires, etc.). Et que leur dit-on
ici ? Le cours ne suffit pas !
C’est pourtant logique… car même une simple branche du droit étudiée
durant un semestre de 33 heures de cours magistraux (ex. : droit de la famille ;
droit des biens ; etc.) peut être développée à l’infini. 33 h forment un carcan
bien trop étroit pour contenir toute la richesse d’une matière. Même lorsqu’il
arrive que certains enseignants estiment nécessaire d’ajouter à l’oralité de
leur cours l’écriture de polycopiés de plusieurs dizaines de pages, leur cours
ne constitue jamais qu’un assemblage de thèmes dont ils ont estimé l’étude
prioritaire, soit à raison de leur actualité, soit à raison de la difficulté des
concepts qu’ils renferment.
Quant au développement des MOOCs, il ne devrait pas non plus permettre
à l’enseignant d’atteindre l’exhaustivité et dispenser l’étudiant de l’étape de
documentation.
1. B. Dondero, Droit 2.0. Apprendre et pratiquer le droit au xxie siècle, LGDJ, coll. Forum, 2015.
20 Première partie. La composition juridique en général
A. Le concept de MOOC
De l’anglais Massive Open Online Courses, les MOOCs représentent une
forme de cours en ligne, ouverts à tous et massifs.
En ligne (Online), ils sont accessibles sur une plateforme internet1. Il est alors
permis à l’utilisateur d’avoir accès à différents documents de cours magistral.
Ouverts (Open), ils sont mis à disposition non seulement des étudiants mais,
plus largement, de tous ceux qui le souhaitent (étudiant, lycéen curieux,
salarié désireux de développer de nouvelles compétences, entrepreneur
impliqué dans le fonctionnement de son entreprise, etc.). Une inscription
est généralement nécessaire mais elle prend la forme d’un freemium. En
d’autres termes, celle-ci est gratuite pour l’accès mais payante pour des ser-
vices accessoires (ex. : obtention d’une certification finale attestant que
l’utilisateur a suivi et a tiré profit de la formation ; tutorat individualisé, etc.)².
Massifs (Massive), ils le sont de plusieurs points de vue :
• d’abord, parce qu’ils dépassent de loin le volume horaire qu’il serait
possible aux enseignants de fournir en présentiel, puisqu’ils sont
constitués d’une masse de vidéos et documents qui ne présentent
quasiment aucune limite ;
• ensuite, parce qu’ils s’adressent à un public illimité puisqu’aucune salle
exiguë ne le corsète (on cite volontiers trois MOOCs lancés par l’uni-
versité de Stanford qui ont réunis chacun plus de 100 000 participants !).
C. L’efficience du MOOC ?
Le MOOC se révèle une expérience d’apprentissage nouvelle et séduisante,
d’autant que des modalités originales ne cessent d’être découvertes, ce qui
en renforce l’attrait.
Néanmoins, chacun sait bien que toute séduction repose sur un mensonge. Or,
au cas particulier, il ne faudra pas se tromper de promesse :
Ce qui est proposé ici, c’est seulement le plaisir d’un apprentissage à volonté,
sans l’autorité verticale du professeur… à l’inverse, on n’y trouvera certai-
nement pas une promesse de réussite à coup sûr !
Ainsi, plus encore que des études en faculté, participer à un MOOC demande
de l’autodiscipline. Car, contrairement à une formation « en réel », le MOOC
offre à l’étudiant une liberté totale sur la gestion et l’organisation de son temps.
De fait, en pratique, seul un faible pourcentage des « inscrits » suit effecti-
vement la formation jusqu’à son terme. Ces derniers n’y consacrent d’ailleurs
généralement guère plus de 2 h par semaine (6 h lorsqu’ils sont particuliè-
rement motivés par l’obtention d’une certification). Dans tous les cas, c’est
moins que le temps habituellement consacré à une matière.
§2. La documentation
Lorsque vous devez rédiger un devoir « à la maison », vous bénéficiez
d’une liberté d’accès aux sources. Or justement, cette liberté n’en est pas
une… il s’agit en réalité d’un devoir. Recourir à une documentation pertinente
s’avère en effet indispensable. À l’inverse, prétendre vous en affranchir serait
impardonnable et vaudrait à votre copie la sanction que l’on inflige à une
coquille vide ou mal remplie.
Pourtant, aujourd’hui, la documentation apparaît comme une forêt tro-
picale : obscure dans sa diversité et impénétrable dans sa densité pour celui
qui la contemple de l’extérieur ; inextricable et mortelle pour celui qui s’y
perd en y pénétrant sans méthode ni mesure.
La documentation était exclusivement physique. Avec l’essor des bases de
données depuis une vingtaine d’années1, la documentation est désormais
également numérique.
I. La documentation physique
La documentation physique est constituée des ouvrages généraux2, des revues3,
des recueils4 et des ouvrages spéciaux (thèses et autres monographies)5.
1. Le site Legifrance a ainsi, par exemple, été créé par l’arrêté du 6 juillet 1999.
2. Que l’on trouve désormais en format électronique sur le site de certains éditeurs (ex. : « Dalloz
bibliothèque – ouvrages numériques »).
3. Ibidem…
4. Ibidem…
5. Ibidem…
6. Deux ouvrages suffisent en Licence 1re année ; 3 en Licence 2e année ; 4 en Licence 3e année ;
etc.
7. V. infra, p. 28.
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 23
dernière page comme un livre de chevet1. Vous devez les ouvrir directement
à la page d’index qui se situe à la fin de chaque ouvrage. Cherchez-y les mots
qui concernent le sujet et notez toutes les pages (ou les numéros de para-
graphes) qui pourront ainsi vous apporter les connaissances de nature à
enrichir votre travail. Allez ensuite lire ces passages en prenant des notes au
brouillon. Relevez éventuellement les nuances qui existent dans l’analyse des
auteurs des ouvrages que vous avez utilisés. Car en effet, si dans les grandes
lignes les auteurs sont tous d’accord, dès qu’on approfondit un peu une
question, les opinions concurrentes – souvent dissidentes – se multiplient.
Les ouvrages généraux sont parfaits pour vous donner une première vue
sur le sujet que vous devez résoudre sans vous noyer sous des tonnes de
considérations. Pour autant, il n’est pas souhaitable que vous vous arrêtiez là.
Car en note de bas de page de ces ouvrages généraux se trouvent des réfé-
rences qui vous renvoient vers deux ou trois articles de chronique ou notes
de jurisprudence de revues ou vers des arrêts qui y sont reproduits et com-
mentés. Allez en prendre connaissance car ils vous apporteront généralement
un éclairage nouveau sur la question.
B. Les revues
Si un article intéressant votre programme ou tel sujet qui vous est posé
a été écrit récemment, l’ouvrage général le plus récent sera bien incapable
de vous le révéler. C’est pourquoi, concrètement, dès la première semaine
de cours, il est primordial que vous sélectionniez au minimum 3 revues
consacrées totalement ou partiellement au thème de chacune de vos matières
écrites. Grâce à elles, vous effectuerez votre « revue des revues », c’est-à‑dire
votre « veille juridique ». Cela consiste à répertorier ce qui peut vous être
utile au regard de votre programme de l’année. Voici comment :
• sur une page blanche que vous garderez consciencieusement avec vous
toute l’année, vous dresserez un tableau et y ferez figurer trois colonnes
intitulées du nom de chaque revue2 ;
• au fur et à mesure de leur parution (généralement chaque semaine),
vous survolerez3 chaque numéro ;
• à chaque note ou article qui concerne votre programme de l’année
(arrêt, réforme, …), vous porterez brièvement sa référence (ex. : « n° 24,
Il existe de nombreuses revues. Les unes sont généralistes tandis que les
autres sont spécialisées dans certaines disciplines.
• Le Recueil Dalloz
Cette revue de format A4 est la revue classique de l’étudiant généraliste
qui veut se tenir à jour de l’actualité jurisprudentielle et législative notam-
ment.
Quelques pages ouvrent chaque numéro sur un édito et/ou un point de
vue. Les « actualités » de la plupart des branches du droit (droit des affaires,
droit international et européen, droit pénal, droit public, etc.) possèdent
leurs pages. La revue se poursuit par une partie « Études et commentaires »
composée d’une chronique, d’un panorama de jurisprudence et de quelques
notes (qu’on appellerait « commentaires d’arrêts » s’ils étaient rédigés par des
étudiants…). Un entretien avec une autorité reconnue dans l’univers juri-
dique clôt la revue.
Moyennant un abonnement, les revues Dalloz se trouvent désormais en ligne
sur le site www.dalloz.fr.
• La Semaine juridique
Cette revue de format A4 se décline en une édition générale et plusieurs
éditions spécialisées : Notariale et Immobilière ; Entreprises et affaires ; admi-
nistrations et collectivité territoriales ; sociale ; …
Deux pages de sommaire vous présentent d’abord ce qu’il y a au « menu »
du numéro… Après quelques pages réservées à l’Actualité de la semaine, la
revue révèle trois parties présentant la semaine du droit, laquelle accueille
respectivement des libres-propos et un entretien avec un acteur du droit,
quelques notes consacrées à la Jurisprudence régionale puis nationale, aux
Textes (plutôt orientée droit civil et procédure civile, la Semaine juridique
présente également la semaine du droit des affaires, la semaine du droit
social, la semaine du droit public et fiscal, la semaine du droit international
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 25
L’actualité du droit des contrats est éminemment représentée par la Revue des
contrats1 (Dalloz), par l’essentiel du droit des contrats (Lextenso) ou encore
par l’AJ contrat (Dalloz).
L’actualité du droit des sociétés2 possède également de nombreux supports,
tels que la semaine juridique édition Entreprise et affaires (LexisNexis), le
Bulletin Joly Sociétés (Lextenso), les cahiers de droit de l’entreprise (LexisNexis),
la revue droit des sociétés (LexisNexis) ou encore la Revue des sociétés (Dalloz).
L’actualité du droit du travail est exposée dans des revues telles que la semaine
juridique édition sociale (LexisNexis), le bulletin Joly travail (Lextenso), les
cahiers sociaux (Lextenso), la revue droit social (Dalloz).
Il en va de même pour le droit pénal, le droit des procédures, le droit ban-
caire, le droit fiscal, le droit rural, le droit constitutionnel, le droit adminis-
tratif, le droit des propriétés intellectuelles et industrielles, le droit
commercial, etc.
Remarque De telles revues ne dispensent bien entendu pas de la lecture des revues
à vocation généraliste précédemment énoncées.
C. Les recueils
Un recueil est une réunion, une collection de choses d’une même sorte.
En Droit, il existe différents recueils qui accueillent tantôt des textes de loi
(les codes), tantôt des décisions de jurisprudence commentées (les Grands
arrêts de la jurisprudence civile) ou pas (le Bulletin des arrêts de la Cour de
cassation).
1. Dédiée au droit des contrats, c’est la petite dernière. Elle est toute jeune puisque son premier
numéro est paru au premier trimestre 2004 mais le riche contenu scientifique qu’elle arbore
depuis le début démontre qu’ici aussi la valeur n’attend pas le nombre des années. Chaque
année propose trois numéros classiques (divisés en quatre rubriques : Chroniques, Pratiques,
Recherches) et un numéro spécial consacré aux actes du colloque annuel de la revue.
2. Les entreprises en difficulté possèdent les leurs propres. Par ex. : le Bulletin Joly Entreprises en
difficulté (Lextenso), l’essentiel du droit des entreprises en difficulté (Lextenso), le droit des procé-
dures collectives civiles et commerciales (LexisNexis)…
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 27
L’atout incommensurable d’une telle base est sa mise à jour quasi parfaite
(les arrêts de la Cour de cassation y sont intégrés moins d’une vingtaine de
jours après avoir été rendus).
• Le Bulletin civil
C’est un mensuel comportant un recueil d’arrêts sélectionnés parmi ceux
qui ont été rendus le mois correspondant. Il est édité par les Journaux offi-
ciels. Vous n’y trouverez pas de commentaires d’arrêts mais le texte de tous
les arrêts publiés et parfois, au pied de l’arrêt, les références d’un arrêt anté-
rieur ayant eu à se prononcer sur une question similaire.
Attention Si vous cherchez un arrêt de la chambre criminelle de la Cour de cassation,
vous le trouverez dans le Bulletin des arrêts de la Chambre criminelle.
Pour ceux qui voudront effectuer une recherche en restant chez eux, ou bien
ceux dont les doigts se montrent allergiques au contact de l’encre de ces
volumineux recueils, on renverra ici encore au site décidément incontour-
nable http ://www.legifrance.gouv.fr1.
quatre autres et ainsi de suite. De sorte que, même pour un seul type de
source, il faut savoir s’arrêter sous peine de succomber sous un flot intaris-
sable de documents et d’idées.
Lorsque vous aurez acquis plus d’assurance (rarement avant le Master 2),
vous ferez suivre votre approche du sujet d’une approche dans les ouvrages
spéciaux qui traitent du thème précis. Mais, votre travail atteindra proba-
blement l’ampleur préparatoire d’une direction de recherche voire d’un mémoire.
1. Tous les arrêts depuis 1960 pour les arrêts publiés des chambres civiles et 1989 pour les arrêts
non publiés de ces mêmes chambres… il faut aussi mentionner la présence d’arrêts du xixe siècle
dont le plus ancien que nous ayons trouvé : rendu par la chambre civile lors de l’« audience
publique du dimanche 29 septembre 1805 ».
2. Plus de 489 160 arrêts au 1er nov. 2019 (dont 137 576 arrêts publiés au Bulletin et 351 463 arrêts
non publiés).
3. Depuis 1965, soit 153 900 décisions (dont 47 736 publiées et 106 164 non publiées).
4. En totalité, soit un nombre de 1 809 pour s’en tenir aux seuls arrêts de contrôle de constitu-
tionnalité.
5. 65 206 arrêts de cours d’appel ; 1 862 décisions de juridictions de 1re instance ; 1 667 décisions
du Tribunal des conflits ; 286 640 arrêts de cour administrative d’appel ; 6 515 jugements de
tribunaux administratifs.
6. La majeure partie des auteurs voient dans les arrêts non publiés des arrêts que la Cour de
cassation désire cacher soit parce qu’ils ne font que répéter des solutions sans nouveauté, soit
parce qu’ils font la part belle à l’équité en négligeant un peu les règles de droit… il nous semble
qu’un arrêt de la Cour de cassation, publié ou non, reste un arrêt de la Cour de cassation…
et puisque, contrairement aux arrêts non diffusés (infra, p. 98), ils sont aisément accessibles,
on ne voit pas bien par où il faudrait que le chercheur se prive de les utiliser.
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 31
1. Cela apparaît particulièrement dans l’exercice de note de synthèse puisque les informations à
organiser sont directement fournies au candidat (au moyen d’un dossier) sans que celui-ci ait
eu besoin de solliciter sa mémoire. Une connaissance n’est en effet rien d’autre qu’une infor-
mation mémorisée.
32 Première partie. La composition juridique en général
ce que l’on cherche sans trop tâtonner entre les différents menus. Outre
la présentation de l’institution et des textes fondateurs, on y trouvera
notamment les audiences, les décisions (Décisions Constitutionnelles
stricto sensu et Questions Prioritaires de Constitutionnalité).
• http://www.tribunal-des-conflits.fr : tout dernier né, fort d’une structure
très claire composée de 4 pages principales (organisation, décisions,
démarches & procédures, actualités).
• http://www.assemblee-nationale.fr : sa structure est composée de 5 pages
principales (accueil, connaître l’Assemblée nationale, organisation et
travaux, les députés, informations pratiques) et une multitude de sous-
pages riches d’informations notamment sur les textes inscrits à l’ordre
du jour, etc.
• http://www.senat.fr : sa structure est composée de 6 pages principales
(travaux parlementaires, vos sénateurs, Europe & international, territoires,
connaître le Sénat, espace presse, sénatoriales 2014) et une multitude de
sous-pages riches d’informations notamment sur les dossiers législatifs,
les textes en attente, les lois récemment promulguées, les rapports, les
communiqués de presse, les événements à venir, etc.
La richesse de leur contenu juridique et leur facilité d’utilisation sont variables
et une simple visite auprès de chacun vous permettra vite de forger votre
préférence en fonction de vos besoins.
1. La remarque vaut en principe également lorsque l’auteur du site ou du blog est un praticien
(avocat notamment). Néanmoins, en ce cas, il s’agira souvent moins pour ce dernier de véhi-
culer des convictions véritables, que de fournir une vitrine à son activité et ainsi attirer sur lui
les regards d’une clientèle que, jusqu’à la loi Hamon du 17 mars 2014 modifiant l’art. 3 bis
de la loi de 1971 et le décret n° 2014-1251 du 28 octobre 2014, il n’était pas autorisé à
démarcher par voie publicitaire.
34 Première partie. La composition juridique en général
Lorsque le site est le fait d’une société instituée dans un but lucratif, para-
doxalement, la méfiance sera de rigueur. Les sites de ce type sont relativement
nombreux désormais et vous devrez parfois vous en méfier parce qu’ils ne
sont pas tous suffisamment sérieux pour que leur utilisation ne vous fasse
courir aucun risque.
Concrètement, les bases de données (http://www.doctrinal.fr2) ou bien les
sites d’éditeurs (http://www.dalloz.fr ; http://www.lextenso.fr ; http://www.
LexisNexis.fr3 ; http://www.efl.fr ; http://www.lamyline.fr) sont excellents et
leur consultation régulière vous sera profitable. La plupart des universités
y sont d’ailleurs abonnées et en fournissent l’accès précieux sur leur portail.
Par ces sites, les éditeurs réunissent et donnent accès aux revues et, parfois,
aux ouvrages qu’ils publient.
Attention À l’inverse, nous ne saurions qu’inciter à la plus extrême méfiance l’étu-
diant qui, par mégarde, se retrouverait sur un site qui prétendrait, contre une somme
forfaitaire, mettre à sa disposition le travail – prétendument bien noté – de l’un de ses
prédécesseurs : d’une part, certains travaux présentés comme bien notés ne valent pas
la note qu’ils affichent ; d’autre part, rien ne vaut un entraînement personnel plutôt
que le confort du recopiage du travail fait par un autre.
Notre conseil est donc qu’il vaut mieux courir le péril d’un travail mal fait par
soi, plutôt que de prendre le risque de subir des conséquences identiques
à raison du travail mal fait par un autre.
1. Au milieu d’un fonds considérable, le fonds juridique peut sembler modeste mais, pourvu d’y
chercher un peu, on y trouve notamment https://www.persee.fr/doc/dreso_0769-3362_1992_
num_22_1_118 pour un article fondateur écrit par Hans Kelsen ; ou encore http://www.persee.
fr/doc/ridc_0035-3337_2001_num_53_1_18014 pour un texte du projet de Code civil
européen dirigé par le professeur Christian Von Bar.
2. Idéal pour rechercher tous les articles écrits sur une question précise et indispensable en cas
de commentaire d’arrêt notamment, V. infra, p. 126.
3. Comme pour le BICC (supra, p. 31), vous vous abonnerez gratuitement aux dépêches du
Jurisclasseur sur le site LexisNexis.fr.
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 35
Lorsque vous travaillez dans le cadre d’une épreuve « sur table » (c’est-à‑dire
surveillée dans les locaux de l’Université), vos seules sources d’informations
sont votre mémoire et, le cas échéant, un code (ex. : le Code civil) lorsqu’il est
autorisé…
A. Les articles
Chaque article est constitué d’un quantum, éventuellement d’une référence
d’article de loi entre parenthèses, et du contenu de l’article.
1. La troisième difficulté qui consiste à savoir comment l’utiliser est reporté aux développements
consacrés à l’enrichissement d’une copie au sein des différents exercices…
2. Seulement – on l’a vu – des références de doctrine dont, sauf intitulé bien orienté, le contenu
ne transparaît pas…
3. Dans votre code, les annotations de votre main se trouvent naturellement interdites… les y
chercher pendant l’examen pourrait d’ailleurs vous valoir une poursuite par les autorités
universitaires, et une interdiction d’examens de plusieurs années.
36 Première partie. La composition juridique en général
Quant au quantum :
• Il peut être précédé d’une lettre (« L. », « R. », « D. »…). Cette dernière
indique le degré normatif de l’article (degré législatif pour « L. », régle-
mentaire pour « R. »…). Le code comporte alors souvent une partie
législative (dont les articles commencent tous par « L. ») et une partie
réglementaire (dont les articles commencent tous par « R. »).
Exemple À l’article L. 3141-1 du code du travail répond un article D. 3141-1 du
code du travail, tous les deux relatifs au droit aux congés payés.
Remarque dans cet exemple, l’article 195 de la loi du 17 mai 2011 a seulement
modifié l’article 329 C. civ. en remplaçant la précision « des articles 313 ou 314 » par
« de l’article 313 ».
C. La jurisprudence
Après le contenu de l’article et, le cas échéant, après la bibliographie
afférente au thème abordé par l’article, deux colonnes présentent la juris-
prudence s’appuyant sur le fondement de l’article avec un résumé du point
de droit fixé par la jurisprudence considérée. Lorsque l’article sert de fon-
dement à plusieurs questions, la jurisprudence est soigneusement structurée
par un plan.
1. Par exemple remettre en contexte l’article que vous pourriez avoir à commenter… V. infra,
p. 151 et s.
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 39
les suit mais le numéro de l’article1 dans lequel lesdites notions se trouvent
explicitées.
La seule difficulté sur ce terrain est qu’à un même terme peuvent corres-
pondre plusieurs concepts. À vous de sélectionner le bon.
Exemple Dans le Code civil, sous l’entrée « abandon », des sous-entrées visent
l’« abandon de famille », la « mitoyenneté », la « servitude », etc. en fournissant à
chaque fois le quantum de l’article qui convient (parfois un renvoi, ex. : « délaissement,
V. ce mot ; »).
Surtout ne vous en formalisez pas : ce n’est pas la faute du code si l’on peut abandonner
tellement de choses différentes et qu’à chaque fois le régime diffère !
Apprendre c’est « acquérir une connaissance [et] retenir dans sa mémoire »5.
I. La destination
De même qu’on invite les personnes désireuses d’entretenir leur santé, à
gravir les escaliers plutôt que de se laisser paresseusement porter par les
ascenseurs, il convient ici d’inviter tout étudiant – a fortiori celui qui pense
manquer de mémoire – à rédiger un résumé de son cours dans chaque
matière.
1. Et qu’il complète au fur et à mesure de l’année par la lecture de ses fiches de travaux dirigés
et des ouvrages et articles qui lui servent à rédiger ses dissertations, commentaires et cas
pratiques…
L’essentiel David Bonnet
D. Bonnet
de la méthodologie juridique
Lorsqu’il commence son Droit, l’étudiant est confronté à des exercices multiples aussi
L’essentiel
nouveaux qu’inquiétants : cas pratique, commentaire d’arrêt, commentaire d’article,
dissertation, fiche de jurisprudence, note de synthèse, oral, test de connaissances,
rapport de stage, rédaction d’actes judiciaires (ex. : les conclusions), d’actes juridiques
4e éd.
de la méthodologie
(les contrats) et parfois d’actes juridictionnels (jugements, arrêts)…
Cet ouvrage propose donc en un seul volume de donner les clefs de l’essentiel de
la méthodologie juridique. Il n’a pas pour objet de se substituer aux séances de
travaux dirigés mais d’aider l’étudiant, par une méthode appropriée, à mener à bien
Quel que soit l’exercice, c’est avec un constant souci de se placer aux côtés de l’étudiant Épreuves théoriques Épreuves pratiques
abandonné seul devant son sujet de travaux dirigés et de le guider, pas à pas, vers
• Dissertation • Cas pratique
l’achèvement de celui-ci, que l’auteur a rédigé son ouvrage.
À cette fin, les exemples sont empruntés à un spectre très large du Droit : Théorie • Fiche de jurisprudence • Rédaction de conclusions
générale du droit, Droit de la famille et Droit des personnes, Droit des obligations
(contrats, responsabilité délictuelle), Droit des biens et Droit des sociétés civiles et • Commentaire d’arrêt • Rédaction de jugements
commerciales. • Commentaire d’article • Rédaction de contrats
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