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L'essentiel Méthodologie Juridique: de La

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L’essentiel David Bonnet

D. Bonnet
de la méthodologie juridique

Lorsqu’il commence son Droit, l’étudiant est confronté à des exercices multiples aussi

L’essentiel
nouveaux qu’inquiétants : cas pratique, commentaire d’arrêt, commentaire d’article,
dissertation, fiche de jurisprudence, note de synthèse, oral, test de connaissances,
rapport de stage, rédaction d’actes judiciaires (ex. : les conclusions), d’actes juridiques

4e éd.
de la méthodologie
(les contrats) et parfois d’actes juridictionnels (jugements, arrêts)…
Cet ouvrage propose donc en un seul volume de donner les clefs de l’essentiel de
la méthodologie juridique. Il n’a pas pour objet de se substituer aux séances de
travaux dirigés mais d’aider l’étudiant, par une méthode appropriée, à mener à bien

L’essentiel de la méthodologie juridique


juridique
les travaux qui lui seront imposés dans ce cadre et à l’examen, avec le plus de réussite
possible. Pour ce faire :
• il expose d’abord un socle de précieux conseils permettant entre autres de mémoriser
le cours sans effort, mais aussi d’adopter, pour chaque exercice, le style qui lui
correspond, ou encore de découvrir avec facilité le plan idoine ;
• il aborde ensuite, un par un, chacun de ces exercices pour en disséquer l’élaboration
(de la rencontre avec le sujet jusqu’à la rédaction en passant par la délimitation
4 e édition
du sujet) avant de l’illustrer par une application corrigée. L’ouvrage est à jour des
nouvelles règles relatives à la structure (avec plan) et à la rédaction (au style direct)
des arrêts de la Cour de cassation, préconisée par le Guide du Comité (juin 2019).

Quel que soit l’exercice, c’est avec un constant souci de se placer aux côtés de l’étudiant Épreuves théoriques Épreuves pratiques
abandonné seul devant son sujet de travaux dirigés et de le guider, pas à pas, vers
• Dissertation • Cas pratique
l’achèvement de celui-ci, que l’auteur a rédigé son ouvrage.
À cette fin, les exemples sont empruntés à un spectre très large du Droit : Théorie • Fiche de jurisprudence • Rédaction de conclusions
générale du droit, Droit de la famille et Droit des personnes, Droit des obligations
(contrats, responsabilité délictuelle), Droit des biens et Droit des sociétés civiles et • Commentaire d’arrêt • Rédaction de jugements
commerciales. • Commentaire d’article • Rédaction de contrats

• Test de connaissances • Note de synthèse


DAVID BONNET est maître de conférences à la faculté de droit et de sciences politiques de
Reims Champagne Ardennes, membre du Cejesco et membre du groupe de recherche « • Oral • Rapport de stage
Terminologie juridique – accessibilité et efficacité du Droit ». Il est par ailleurs auteur d’un ouvrage
d’Exercices pratiques de méthodologie juridique et coauteur de deux ouvrages intitulés Ma 1re
année de Capacité en Droit et Ma 2e année de Capacité en Droit, dont il coordonne également
la rédaction aux éditions Ellipses.

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9782340-035997_COUV_MEV.indd Toutes les pages 04/12/2019 14:09


Méthodologie et exercices juridiques

L’ESSENTIEL
DE LA
MÉTHODOLOGIE JURIDIQUE

Épreuves théoriques Épreuves pratiques


• Dissertation • Cas pratique
• Fiche de jurisprudence • Rédaction de conclusions
• Commentaire d’arrêt • Rédaction de jugements
• Commentaire d’article • Rédaction de contrats
• Test de connaissances • Note de synthèse
• Oral • Rapport de stage

4e édition
mise à jour et augmentée

David Bonnet
Maître de conférences à la faculté de droit
de Reims Champagne-Ardenne
L’auteur sera heureux de recevoir toute suggestion à l’adresse :
[email protected]

ISBN 9782340-053915
©Ellipses Édition Marketing S.A., 2020
32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15
Sommaire

Abréviations………………………………………………………………… 5
Préface à la quatrième édition……………………………………………… 7
Avant-propos – Position du problème…………………………………… 10
Mise en garde……………………………………………………………… 13
Introduction – Solution du problème…………………………………… 14

Première partie
La composition juridique en général
Leçon 1
La découverte des informations : les sources…………………………………… 18
Leçon 2
La mise en valeur des informations : la rédaction……………………………… 44

Seconde partie
Chaque exercice juridique en particulier

Titre Premier
Les épreuves théoriques………………………………………………… 72
Leçon 1
Réussir sa dissertation…………………………………………………………… 74
Leçon 2
Réussir sa fiche de jurisprudence……………………………………………… 99
Leçon 3
Réussir son commentaire…………………………………………………… 125
Leçon 3-1
Le commentaire d’arrêt……………………………………………………… 127
Leçon 3-2
Le commentaire d’article……………………………………………………… 150
Leçon 4
Réussir son test de connaissances…………………………………………… 172
Leçon 5
Réussir son oral……………………………………………………………… 175

3
Titre Second
Les épreuves pratiques…………………………………………………… 184
Leçon 6
Réussir son cas pratique……………………………………………………… 185
Leçon 7
Réussir sa rédaction d’acte…………………………………………………… 226
Leçon 7-1
La rédaction d’un acte judiciaire : les conclusions…………………………… 228
Leçon 7-2
La rédaction d’un acte juridictionnel : le jugement et l’arrêt………………… 244
Leçon 7-3
La rédaction d’un acte juridique : le contrat………………………………… 292
Leçon 8
Réussir sa note de synthèse…………………………………………………… 333
Leçon 9
Réussir son rapport de stage………………………………………………… 376

Conclusion………………………………………………………………… 402
Annexes…………………………………………………………………… 404
Bibliographie……………………………………………………………… 406
Index……………………………………………………………………… 407

4
ABRÉVIATIONS
[…] texte non reproduit pour focaliser l’attention sur l’essentiel
Al. alinéa
Anc. anciennement
Art. article
Ass. Plén. Assemblée plénière de la Cour de cassation
Bull. civ. Bulletin civil des arrêts de la Cour de cassation
C° Constitution
C. civ. Code civil
C. com. Code de commerce
C. constr. hab. Code de la construction et de l’habitation
C. Cstl. Conseil constitutionnel
C. envir. Code de l’environnement
C. pén. Code pénal
C. proc. civ. Code de procédure civile
C. trav. Code du travail
CE Conseil d’État
C.E.D.H. Cour européenne des droits de l’homme
Civ. Chambre civile de la Cour de cassation
C.J.C.E. Cour de justice des Communautés européennes
Com. Chambre commerciale de la Cour de cassation
Concl. conclusions
Contra pour une position contraire
Crim. Chambre criminelle de la Cour de cassation
D. décret
D. Recueil Dalloz
D.P. Recueil Dalloz périodique
Defr. Revue Defrénois
égal. également
ex. exemple
Gaz. Pal. Gazette du Palais
GIE groupement d’intérêt économique
Id. idem
J.C.P. revue Semaine juridique (Jurisclasseur périodique)
J.C.P. E. revue Semaine juridique (Jurisclasseur périodique),
édition entreprises

5
J.C.P. N. Revue Semaine juridique (Jurisclasseur périodique),
édition notariale et immobilière
J.O. Journal officiel
L. loi (si suivi d’une date) ou article de source législative
(si suivi d’un numéro)
Mixte Chambre mixte de la Cour de cassation
Obs. observations
Op. cit. ouvrage précité
Ord. ordonnance
Préc. précité
R.T.D.Civ. Revue trimestrielle de droit civil
Réd. rédaction [issue de…]
Rép. Min. réponse ministérielle
Req. Chambre des requêtes
Réu. Chambres réunies de la Cour de cassation
Rev. Soc. Revue des sociétés
R.D.P.S.P. Revue de Droit public et de science politique
R.I.D.C. Revue internationale de droit comparé
R.J.D.A. Revue de jurisprudence de droit des affaires
S. Recueil Sirey
Spéc. spécialement
t. tome
T. civ. tribunal civil
TGI tribunal de grande instance
Th. thèse
TI tribunal d’instance
TJ tribunal judiciaire
V. voir
Vol. volume

6
PRÉFACE
À LA QUATRIÈME ÉDITION
À peine la troisième édition avait-elle paru, que 2015 s’éloignait d’un
battement d’ailes… or, – « effet papillon » sans doute –, 2016 rendait bientôt
caduques certaines des références citées de sorte que la quatrième édition
s’imposait déjà.
Car, fidèle aux prévisions que nous osions sans risque dès la première édition1,
le droit positif « évolue inlassablement », faisant ainsi du juriste « un étudiant
à vie ». Sous ses pieds, – comme sous ceux de ses enseignants, qu’il s’en ras-
sure –, le sol des certitudes de fond continue de trembler… ainsi, l’irruption
de l’ordonnance du 10 février 2016 bientôt suivie de ce qu’il faut nommer
sa loi de « ractification »2 le 20 avril 2018, a instauré un droit des obligations
résolument modernisé pour un xxie siècle qui n’en finit pas d’oser3… La
cause4 désormais disparue du Code civil, le commentaire d’un arrêt consacré
à la fausseté partielle de la cause apparaissait désormais pour l’étudiant une
illustration méthodologique d’un abord malaisé. Nous le remplaçons donc
ici par le commentaire d’un arrêt abordant à l’occasion d’une promesse
unilatérale, les notions – parfaitement pérennes – de levée de l’option, de
terme et de condition.
Sur les flots tumultueux d’un droit positif dont, arbitrairement, le légis-
lateur dispose à chaque instant, le justiciable ose, le notaire appose, l’avocat
propose, le témoin dépose, le juge impose, le professeur expose, l’étudiant com-
pose… et finalement, contraint par la force des choses, chacun suppose5 !
1. V. cette conclusion qui demeure inchangée, infra, p. 402.
2. Néologisme dont l’invention a été rendue nécessaire par cette loi de ratification opérant recti-
fication de différentes dispositions de l’ordonnance du 10 fév. 2016.
3. Ce législateur qui, il y a 30 ans déjà, bouleversait le concept de société en l’autorisant à être
constituée par une seule personne (Loi n° 85-697 du 11 juillet 1985, relative à l’entreprise
unipersonnelle à responsabilité limitée et à l’exploitation agricole à responsabilité limitée) ou qui, il
y aura bientôt 5 ans, renversait sans sourciller le sacrosaint principe d’unicité du patrimoine
en autorisant une personne à posséder plus d’un patrimoine (Loi n° 2010-658 du 15 juin 2010 rela-
tive à l’entrepreneur individuel à responsabilité limitée)… ce législateur qui, bientôt, pourrait
inventer une propriété immobilière temporaire afin qu’elle redevienne accessible à ceux
auxquels elle ne l’est déjà plus…une propriété fast-food avec la qualité en titre mais la perpé-
tuité en moins.
4. Cet « OJNI » (objet juridique non identifié) si longtemps honni et aujourd’hui disparu du droit
positif…
5. Pour compléter ici l’idée originale du professeur Terré (« Les principes généraux du droit »,
in La Cour de cassation et l’élaboration du droit, dir. N. Molfessis, Economica, 2004, p. 180).

7
Alors si, confronté à de telles incertitudes, les uns et les autres ne frémissent
pas, c’est parce que, invariablement, la méthodologie leur offre un roc fiable
auquel solidement s’arrimer. C’est ce rocher imprenable, aux allures de
Machu Picchu surplombant la vallée hésitante du droit positif, dont les pages
qui suivent offrent la visite.

À la variabilité du Droit, cette quatrième édition oppose donc la per-


manence de la méthode, tant dans la démarche que dans la structure.
Dans sa démarche, l’ouvrage reprend la recette qui a fait son succès et qui
lui vaut la confiance renouvelée de plusieurs promotions de juristes qui s’y
sont formés : guider pas à pas l’étudiant confronté à ces quelques mots d’un
sujet de dissertation, ces quelques lignes de l’article – ou ces quelques para-
graphes de l’arrêt – offerts à son commentaire… afin qu’aucun cas pratique,
qu’aucun sujet, ne le plonge jamais plus dans la perplexité.
Dans sa structure, la summa divisio ne change pas non plus. L’ouvrage est
toujours composé de deux parties.
• La première, consacrée aux conseils généraux1, s’attache à décrire les
deux étapes que sont la découverte des informations (les sources) puis
la mise en valeur des informations (la rédaction). On y découvre le soin
qu’il convient d’accorder à la forme des devoirs et on y révèle quelques
astuces tenant au style à adopter et à l’art d’élaborer un plan qui valo-
rise votre contenu…
• La seconde, consacrée à chaque exercice en particulier2, se subdivise
en deux sous-parties respectivement consacrées aux épreuves théoriques
(dissertation, fiche de jurisprudence, commentaire d’arrêt ou d’article,
oral ou test de connaissances) et aux épreuves pratiques (cas pratique
et consultation, rédaction d’actes – tels les contrats ou les conclusions
d’avocat –, rapport de stage ou encore note de synthèse).
Mais permanence ne signifie pas stagnation. Pour cette nouvelle édition,
nous avons ainsi pris l’initiative d’ajouter une nouvelle recette : la méthode
de la rédaction de jugement. Cet ajout complète alors la partie déjà consacrée
à la rédaction des actes juridiques (les contrats) et des actes judiciaires (les
conclusions).
Il nous a paru normal que cet acte juridictionnel particulier, si familier au
magistrat – alors qu’il est souvent si mal connu de l’étudiant –, s’insère dans
le présent ouvrage, dès lors qu’il a commencé d’essaimer dans nos facultés
1. V. infra, p. 18 et s.
2. V. infra, p. 72 et s.

8
depuis quelques années. Certains enseignants ont en effet justement ressenti
la nécessité de préparer leurs étudiants à ce volet de la pratique qui attend
ceux d’entre eux qui rejoindront la magistrature.
S’accroit et s’enrichit de la sorte la grande famille des épreuves pratiques que
l’on borne trop souvent à tort aux seules épreuves de la consultation, du
rapport de stage et de la note de synthèse.

Bien qu’allant droit au but, l’essentiel n’implique pas le superficiel.


L’essentiel consiste à remonter à l’essence, c’est-à‑dire à l’élément constitutif
fondamental.
Que chacun, – étudiant de 1re année de licence perdu au milieu d’exigences qu’il
ne parvient pas à saisir, ou bien étudiant de master en quête d’une méthode de
rapport de stage, étudiant poursuivant sa formation dans un CRFPA1 désirant
se préparer à la rédaction de conclusions ou bien encore étudiant en master
faisant la part belle à la rédaction d’acte juridiques… –, veuille donc bien
trouver ici ce que l’auteur a estimé utile de lui apporter : une méthode de
rationalisation de ses efforts et de sécurisation de ses résultats… l’essentiel
de la méthodologie juridique.

D.B.
Paris, le 10 novembre 2019.

1. Centre Régional de Formation Professionnelle des Avocats.

9
AVANT-PROPOS
Position du problème

Pousser la porte de la Faculté n’est pas qu’un acte matériel. Il s’agit tout
autant d’un acte psychologique. On tourne le dos à un monde pour entrer
dans un autre. Paradoxalement, ce nouvel univers abandonne apparemment
plus de libertés alors même qu’il demande davantage et, souvent, sur des
terrains que l’on n’a jamais explorés auparavant.
Pourquoi le cacher ? En arrivant dans cette belle maison, l’on aura tous
souffert plus ou moins longtemps de recevoir une masse de cours à prendre
en note avec la conviction qu’ils nous seront indispensables pour réussir
l’examen mais sans être bien sûr de savoir comment.

Car, dissertation mise à part, est-il un seul exercice que le bachelier


retrouve sur les bancs de la faculté ?
Négative, la réponse est simple à comprendre : les Facultés de Droit forment
des juristes. Les uns deviendront avocats, les autres juristes d’entreprise,
d’autres magistrats, d’autres notaires, d’autres huissiers… certains encore
compléteront leur formation par quelque étude en faculté d’histoire et feront
des commissaires-priseurs passionnés… et il ne s’agit là que du côté émergé
de l’iceberg car les métiers du droit sont plus nombreux encore. C’est ici
l’occasion de remarquer que, plus que des notes et un diplôme, la faculté a
pour ambition d’offrir à l’étudiant une compétence qui lui permettra de
s’insérer dans le milieu professionnel qu’il aura choisi.
Négative, la réponse révèle aussi toute la violence de la faculté : imposer à des
Bacheliers frais émoulus des exercices qui leur sont inconnus en leur révélant
que c’est leur aptitude à les mener à bien qui conditionnera leur réussite.
C’est pour aider à franchir l’obstacle, que les travaux dirigés ont initialement
été conçus. Ils sont en principe le lieu de l’entraînement et de la correction
de travaux d’approfondissement du cours. L’étudiant se voit chargé de pré-
parer chaque semaine un travail qui est noté et qui constitue (avec un test
de connaissances et un « galop d’essai » aux allures de « partiel blanc »), bien
souvent 50 % de la note finale d’une matière donnée. Ce travail consiste
généralement en un commentaire d’arrêt, en un cas pratique, en une disser-
tation ou en un exposé oral. Quant aux autres 50 %, ils résultent de la note
de partiel qui sanctionne un exercice « sur table » du même type que ceux

10
qui ont été donnés en travaux dirigés durant l’année. Puis, les oraux clôturent
enfin la période d’examens.
Malheureusement, par une singulière évolution, initialement lieu d’en-
traînement, les travaux dirigés sont trop souvent devenus exclusivement le
lieu de l’approfondissement du cours1.
Méthodologiquement, l’étudiant se voit alors fréquemment contraint de se
faire seul une idée de ce qu’on attend de lui… il conclut parfois que chaque
année, voire chaque semestre, il doit recommencer à découvrir les marottes
de ses nouveaux chargés de travaux dirigés de façon à obtenir la meilleure
note possible. De là une méthode itinérante et capricieuse – celle de l’an
passé – à laquelle il renonce dès qu’il pense qu’elle ne saura pas prospérer
auprès de ce nouveau chargé de travaux dirigés ; de là aussi une autre à
laquelle il adhère sans qu’elle lui plaise vraiment mais parce qu’il pense
qu’elle tient à cœur à son nouvel enseignant.
Un exemple extrême illustre parfaitement cette tendance attristante : l’une
de mes étudiantes brillantes de Licence 3e année (elle avait obtenu à plusieurs
reprises, notamment lors d’un partiel, des notes supérieures à 18/20 en
commentaire d’arrêt), me racontait il y a quelques années ses déboires en
master 1re année. Elle déplorait : « l’opposition entre les recommandations que
l’on m’a faites jusqu’à présent, selon lesquelles il fallait apprendre à analyser
l’arrêt, et celles d’aujourd’hui, selon lesquelles il suffit de recopier les notes ».
Elle ajoutait : « Ce qui m’inquiète est que, si dans tous les travaux dirigés, les
méthodes que j’ai connues sont remises en cause, j’aurais beaucoup de mal à
obtenir des résultats corrects ».
Puisqu’il y avait péril en la demeure, je lui fis cette réponse : « combinez les
éléments de méthodes en ne doutant jamais que ceux que vous avez déjà éprouvés
avec succès soient fameux. […] Composez avec votre chargé de travaux dirigés
sans renoncer à certaines de vos certitudes méthodologiques… enrichissez-vous
de ses exigences qui ont toujours une bonne raison d’être… une excellente tech-
nique est faite d’une multitude de facteurs qui concourent, chacun dans une
certaine part, à l’accueil qui sera réservé à vos travaux. […] Ne doutez pas [que
vos chargés de travaux dirigés] en connaissent certains que vous pourriez encore
ignorer… ».

De fait, en période d’examens, dans tous les couloirs les bruits se


ressemblent : « Untel veut seulement qu’on lui récite son cours »… ou se

1. Qu’il le soit est certainement souhaitable. À l’inverse qu’il ne soit que cela est regrettable.

11
contredisent : « C’est n’importe quoi ! Je lui ai redit mot pour mot son cours et
il ne m’a mis que 12… je rêve ! ».
Les vacances s’ouvrent ensuite, sinon toujours sur un sentiment d’injustice,
du moins sur un sentiment d’incompréhension.
Certains expliqueront leur mauvaise note par le fait que leur tête « ne reve-
nait pas au prof ». Nous ne croyons pas que faire semblant de les croire puisse
leur être d’un grand secours. Car, en Faculté, les notes « à la tête du client »
n’existent pas :
• les épreuves écrites donnent lieu à une composition à nom caché double
corrigée successivement par le chargé de travaux dirigés et le chargé
de cours magistraux. Or ce dernier ne connaît ni votre écriture ni même
votre nom ;
• les épreuves orales sont généralement assurées par le chargé de cours
et, très exceptionnellement, par l’un de ses collègues appelé en renfort.
Ni l’un ni l’autre ne se préoccuperont de votre teint hâlé par des révi-
sions au soleil ou du teint blafard qu’une nuit sans sommeil aura pu
vous abandonner. De votre tête, seul leur importe la réalité du contenu
et non les apparences du contenant.

C’est pourquoi, plutôt que de tenter de vous expliquer la raison pour


laquelle chaque année des étudiants sont déçus, il vaut mieux vous expliquer
comment éviter de l’être.
Pour ce faire, nous avons choisi ici de proposer une démarche qui, pour
chaque type d’exercice que vous rencontrerez à la Faculté, décortique toutes
les étapes de la rencontre du sujet à la relecture qui clôture toute bonne
rédaction. Offrir le schéma des règles essentielles qui gouvernent les différents
exercices juridiques constitue donc la seule ambition nourrie par l’auteur
du présent ouvrage.
C’est sans doute peu au regard des qualités que l’on attend par exemple d’un
doctorant en Droit, mais c’est beaucoup si l’on considère que ce socle de
principes peut apporter à l’étudiant la réussite pour laquelle il investit son
temps et son argent.

12
MISE EN GARDE
Toutes les recommandations et les prescriptions portées dans le présent
ouvrage sont fiables et vectrices de réussite. Il convient que vous les prati-
quiez avec application jusqu’à ce que vos entrainements portent leurs fruits.
À cette fin, deux mises en garde méritent d’être formulées ici afin de balayer
les doutes qui pourraient parfois vous assaillir.

D’une part, vous devez tenir compte du fait que, très exceptionnellement,
tel chargé de travaux dirigés prétende se démarquer de tel ou tel conseil
prodigué dans les pages qui suivent.
Votre réaction est simple : gardez à l’esprit que c’est lui qui vous notera, et
non le présent auteur. Il conviendra donc, le cas échéant, de « mettre de l’eau
dans la soupe » dont la recette est ici proposée, afin de ne pas irriter son…
palais1. Autrement dit : ajoutez docilement, et sans hésitation, l’assaisonnement
qu’il vous réclame, mais veillez scrupuleusement à conserver tous les autres
ingrédients qui, dans la présente recette, ne l’irritent pas…

D’autre part, votre première note pourrait ne pas être fameuse. N’en tirez
surtout pas de conclusion hâtive : entre la méthode ici présentée et votre
réussite, il y a votre mise en pratique consciencieusement répétée… car si
vos premières mises en application ne sont pas concluantes, vous auriez tort
de jeter le bébé avec l’eau du bain… entêtez-vous jusqu’à ce que votre appli-
cation paye !
Un exemple permet de le comprendre aisément : soit un joueur de tennis
autodidacte jusque-là. Afin de lui permettre de progresser au-delà, son
entraineur va devoir briser certaines de ses mauvaises habitudes. Or, à s’en
tenir aux premières balles qu’il jouera en suivant les conseils de son nouveau
mentor, le joueur pourra avoir l’impression de jouer moins bien… patience
donc !

1. Songez en effet qu’il pourrait s’agir d’un avocat, d’un magistrat…

13
INTRODUCTION
Solution du problème

Contrairement à un certain nombre de livres de méthodologie, le présent


ouvrage n’entend pas se substituer aux travaux dirigés, pas plus qu’il n’entend
s’y ajouter… Il ne s’agit pas de vous imposer un programme à respecter
en vous « invitant » chaque semaine à rédiger un exercice avant de vous
proposer une correction type. Cela nous eut paru dangereux à quatre titres
au moins :
D’abord, cela eut donné l’illusion qu’il ne pouvait pas exister d’autres sujets
alors que précisément, il en existe une multitude. Le sujet donné à l’examen
et le sujet corrigé seraient-ils d’ailleurs proches dans leur formulation que
leur traitement ne devrait pas pour autant être identique. Car la plus grande
similitude n’équivaut jamais à l’identité.
Ensuite, la correction proposée constitue un modèle de résultat à atteindre
mais reste nécessairement muette sur la démarche de celui qui l’a rédigée.
Or, c’est cette démarche rigoureuse, toujours et nécessairement évoquée de
manière abstraite qui constitue l’essence même de la méthode. Le produit
fini proposé en correction est comme une peinture qu’on ne peut approcher :
il reste imperméable à la technique du Maître.
En outre, une bonne méthode doit généralement pouvoir aboutir à bien des
plans différents de sorte que la « correction » proposée est l’une de celles
qu’il eût été possible de retenir et la non-conformité du résultat de votre
travail au corrigé type ne présume en rien de sa médiocrité.
Enfin et surtout, de tels exercices ajoutent encore à la charge de travail de
l’étudiant qui doit déjà, chaque semaine, préparer celui qu’il lui faut rendre
dans le cadre des travaux dirigés. Or, il ne s’agit pas de vous noyer sous une
masse de travail dont vous pourriez éprouver le plus grand mal à vous
extirper.

L’objectif de ce volume est donc « seulement » de vous donner les moyens


de réussir les exercices que d’autres vous demanderont d’accomplir sans
toujours avoir le temps de vous décrire l’itinéraire à suivre pour y parvenir.
Il s’agit pour nous, alors que vous quittez votre séance de travaux dirigés
avec un travail à effectuer pour la semaine suivante, de vous prendre par la
main en vous dévoilant, quel que soit l’exercice demandé, étape par étape, et

14
dans un ordre bien précis, chacune des tâches que vous devez mener à bien
jusqu’à la rédaction finale de votre travail.
Que l’étudiant que vous êtes ne se sente plus seul, devant sa feuille blanche
et son arrêt ou ces quelques mots qui le plongent dans l’embarras, constitue
donc la seule raison d’être de cet ouvrage.

***

Il est une évidence : quel que soit le type d’exercice demandé, il existe un
socle commun de conseils qui reviennent naturellement… et constituent les
3 paramètres essentiels de la notation : le plan1, le style2 et le fond3. Or, plu-
tôt que de les répéter dans chaque fiche de méthode, nous avons préféré les
présenter dans une première partie dédiée à la composition juridique en
général. Ne sautez surtout pas la découverte de cette petite cinquantaine de
pages4 dont la lecture ne vous prendra que 30 minutes et dont l’ignorance
vous coûterait bien davantage…

Au-delà de ces règles très générales toujours valables, chaque exercice


juridique possède évidemment ses particularités et ses exigences propres…
entre autres, une dissertation suppose ainsi de démontrer… un commentaire
suppose de commenter… un cas pratique suppose de soupeser les éléments
de fait, d’opter pour une qualification, d’identifier les règles de droit appli-
cable, puis d’énoncer une ou plusieurs solutions juridiques… et même si
une note de synthèse, un oral, un test de connaissances ou un rapport de
stage supposent également de bien gérer le temps, il demeure que les solu-
tions pour y parvenir diffèrent assez largement. C’est pourquoi chacun mérite
d’être présenté individuellement dans une seconde partie consacrée à chaque
exercice en particulier.

1. V. infra, p. 47 et s.
2. V. infra, p. 58 et s.
3. V. infra, p. 18 et s.
4. V. infra, p. 18 à 71.

15
Première partie

LA COMPOSITION JURIDIQUE
EN GÉNÉRAL

Il ne s’agit là que de quelques recommandations fondamen-


tales. Ne vous faites pas d’illusions : seul un entraînement
hebdomadaire dans le cadre du contrôle continu permet de
progresser.
Le fond est indissolublement lié à la forme. Ne soyez pas
de ceux qui se lamentent d’avoir obtenu 6/20 alors qu’ils ont
restitué leur cours au mot près. En Droit, la forme (plan et
style) compte au moins autant que le fond (connaissances).
Qu’il s’agisse d’une dissertation, d’un commentaire d’arrêt
ou d’article, d’une consultation ou d’un cas pratique, d’une
note de synthèse, d’un oral, d’un rapport de stage, d’un juge-
ment, d’un contrat, de conclusions, etc., tout exercice possède
un but identique : l’organisation logique d’informations que
vous devez…
• d’abord chercher (phase qui en appelle aux méthodes de
documentation et de mémorisation), et
• ensuite mettre en valeur (phase de rédaction1 ou, plus
généralement, de présentation2).

1. En cas d’écrit.
2. En cas d’oral.

16
Sommaire

Première partie
La composition juridique en général
Leçon 1
La découverte des informations : les sources………………………… 18
Chapitre 1.… En cas de travail « à la maison » :
la transmission oro-faciale et la documentation……… 18
§1. Les cours………………………………………………… 19
I. Le cours en amphithéâtre…………………………… 19
II. Les MOOCs………………………………………… 19
§2. La documentation………………………………………… 22
I. La documentation physique………………………… 22
II. La documentation numérique……………………… 29
Chapitre 2.… En cas d’épreuve « sur table » :
le Code civil et la mémoire…………………………… 35
§1. L’utilisation d’un code : bien feuilleter………………… 35
I. Ce qu’on peut y trouver…………………………… 35
II. Comment on peut le trouver……………………… 38
§2. L’utilisation de votre mémoire : bien résumer…………… 39
I. La destination……………………………………… 40
II. L’itinéraire…………………………………………… 41
Leçon 2
La mise en valeur des informations : la rédaction…………………… 44
Chapitre 1.… Gérer l’espace-temps…………………………………… 44
§1. Le temps : la durée de travail…………………………… 44
§2. L’espace : la longueur du travail………………………… 45
Chapitre 2.… Soigner la présentation………………………………… 45
§1. L’esthétique visuelle……………………………………… 46
I. Aérez vos transitions………………………………… 46
II. Colorez vos intitulés………………………………… 46
III. Soignez votre écriture……………………………… 46
§2. L’esthétique intellectuelle……………………………… 46
I. Le plan……………………………………………… 47
II. Le style……………………………………………… 58

17
18 Première partie. La composition juridique en général

Leçon 1
La découverte des informations : les sources
En Droit, les informations consistent soit dans des règles juridiques (lois,
règlements, normes communautaires et internationales, etc.), soit dans la
jurisprudence (l’ensemble des décisions rendues par les juridictions), soit
dans la doctrine (l’ensemble des opinions et théories exposées par les juristes
auteurs d’ouvrages ou d’articles de revue).
Leur découverte ne ressortit ni à l’Illumination, ni à quelque autre méthode
prophétique. Gardez toujours à l’esprit que, même le professeur, qui, en bas
de l’amphi, a fait déferler sur vous durant un semestre des trésors d’articles
de lois, d’arrêts de jurisprudence ou de concepts, ne les a pas sortis de son
imagination mais de ses lectures.
La découverte des informations procède de méthodes différentes en cas de
travail à la maison et en cas de travail « sur table ».

Chapitre 1. En cas de travail « à la maison » :


la transmission oro-faciale
et la documentation

Lorsque vous travaillez dans le cadre d’un « travail à la maison » se


pose la question de la recherche d’informations. Car, modes d’approfondis-
sement du cours, la dissertation, le commentaire d’arrêt, le commentaire de
texte lato sensu et le cas pratique supposent que vous disposiez d’informations
pour comprendre et pour expliquer. Lorsqu’un exercice vous est confié, la
démarche doit donc toujours être la même. Vous devez d’abord relire la
partie du cours qui évoque la question afin de la resituer au sein de la matière,
puis vous tourner vers les ouvrages généraux, avant d’aller consulter les
revues et les recueils. Plus tard, vous approfondirez vos recherches en vous
plongeant dans des thèses passionnantes1.

1. Bien qu’utilisable « à la maison », cette source aussi riche que dangereuse qu’est le code – civil
singulièrement – sera présentée dans le cadre du travail « sur table » (v. infra, p. 35) car c’est
dans ce cadre que son utilisation exige la plus grande rigueur.
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 19

§1. Les cours


La transmission oro-faciale emprunte dorénavant deux vecteurs : le cours
magistral et les MOOCs.

I. Le cours en amphithéâtre
Le cours ne suffit pas… l’affirmation est courte, typographiée en gras et
au début d’un paragraphe où on s’attendait probablement à assister à un
éloge du cours. Le cours ne suffit pas… C’est choquant, mais c’est logique.
C’est sans doute choquant… car jusqu’au bac, l’élève a été accoutumé à
aller à l’école pour apprendre. Lorsqu’il rentrait le soir, ce n’était pas pour
apprendre par lui-même des choses supplémentaires mais seulement pour
mettre en application ce qui lui avait été enseigné durant la journée. Par
habitude donc, la plupart des étudiants frais émoulus s’abandonnent à la
tentation de chercher dans leur cours les informations qui formeront le
contenu de leur devoir (dissertation, commentaires, etc.). Et que leur dit-on
ici ? Le cours ne suffit pas !
C’est pourtant logique… car même une simple branche du droit étudiée
durant un semestre de 33 heures de cours magistraux (ex. : droit de la famille ;
droit des biens ; etc.) peut être développée à l’infini. 33 h forment un carcan
bien trop étroit pour contenir toute la richesse d’une matière. Même lorsqu’il
arrive que certains enseignants estiment nécessaire d’ajouter à l’oralité de
leur cours l’écriture de polycopiés de plusieurs dizaines de pages, leur cours
ne constitue jamais qu’un assemblage de thèmes dont ils ont estimé l’étude
prioritaire, soit à raison de leur actualité, soit à raison de la difficulté des
concepts qu’ils renferment.
Quant au développement des MOOCs, il ne devrait pas non plus permettre
à l’enseignant d’atteindre l’exhaustivité et dispenser l’étudiant de l’étape de
documentation.

II. Les MOOCs


Dédiés à un thème précis, les MOOCs ont été inventés dans les univer-
sités américaines et canadiennes dès 2008 et commencent de se répandre en
France depuis 20141.

1. B. Dondero, Droit 2.0. Apprendre et pratiquer le droit au xxie siècle, LGDJ, coll. Forum, 2015.
20 Première partie. La composition juridique en général

A. Le concept de MOOC
De l’anglais Massive Open Online Courses, les MOOCs représentent une
forme de cours en ligne, ouverts à tous et massifs.
En ligne (Online), ils sont accessibles sur une plateforme internet1. Il est alors
permis à l’utilisateur d’avoir accès à différents documents de cours magistral.
Ouverts (Open), ils sont mis à disposition non seulement des étudiants mais,
plus largement, de tous ceux qui le souhaitent (étudiant, lycéen curieux,
salarié désireux de développer de nouvelles compétences, entrepreneur
impliqué dans le fonctionnement de son entreprise, etc.). Une inscription
est généralement nécessaire mais elle prend la forme d’un freemium. En
d’autres termes, celle-ci est gratuite pour l’accès mais payante pour des ser-
vices accessoires (ex. : obtention d’une certification finale attestant que
l’utilisateur a suivi et a tiré profit de la formation ; tutorat individualisé, etc.)².
Massifs (Massive), ils le sont de plusieurs points de vue :
• d’abord, parce qu’ils dépassent de loin le volume horaire qu’il serait
possible aux enseignants de fournir en présentiel, puisqu’ils sont
constitués d’une masse de vidéos et documents qui ne présentent
quasiment aucune limite ;
• ensuite, parce qu’ils s’adressent à un public illimité puisqu’aucune salle
exiguë ne le corsète (on cite volontiers trois MOOCs lancés par l’uni-
versité de Stanford qui ont réunis chacun plus de 100 000 participants !).

B. Les intérêts du MOOC


Le MOOC présente de multiples intérêts aussi bien côté étudiants que
côté organisateurs :
Coté étudiants d’abord, il a trois objets :
• le premier objet est de mettre à disposition des utilisateurs des documents
de toute nature : vidéos assez courtes (5 à 10 mns) sous forme de pod-
casts, fichiers powerpoint et cours écrits, le cas échéant ;
• le deuxième objet est de permettre aux utilisateurs de se retrouver vir-
tuellement pour collaborer et interagir (partager fichiers et autres sources
et communiquer) dans un forum, c’est-à‑dire un espace internet qui
leur est dédié. La distance entre les étudiants et leurs professeurs, le
cas échéant, ne constitue alors plus un obstacle à la communication ;
• le troisième objet est de permettre l’évaluation des utilisateurs. D’ores et
déjà, des exercices d’évaluation (Cas pratiques, Quiz, QCM, …) en

1. Udacity, Coursera, edX et, désormais la plateforme française FUN.


Leçon 1. La découverte des informations : les sources 21

ligne sont organisés. Si ceux-ci ne permettent pas encore aujourd’hui


d’obtenir un diplôme, ils sont néanmoins de nature à permettre l’ob-
tention d’une certification1 dont l’étudiant est invité à faire mention
dans son C.V.
Côté organisateurs ensuite, il présente deux avantages :
• d’abord, les MOOCs permettent d’offrir, aux étudiants qui suivent une
formation, une alternative aux cours en présentiel. Cadencée dans le
temps (quelques semaines), la formation produit ainsi l’habituel flux
et reflux des promotions. Qu’il soit borné dans le temps, rend donc le
MOOC à la fois vivant et précieux.
• ensuite, les MOOCs permettent aux universités de rayonner au-delà de
leur ville de rattachement et, sans égard aux frontières géographique
ou linguistique2, dans le monde entier. D’intérêt public, la plateforme
francophone « FUN » des MOOCs a donc logiquement été mise en place
par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche en
octobre 2013 afin que les universités françaises l’abreuvent.

C. L’efficience du MOOC ?
Le MOOC se révèle une expérience d’apprentissage nouvelle et séduisante,
d’autant que des modalités originales ne cessent d’être découvertes, ce qui
en renforce l’attrait.
Néanmoins, chacun sait bien que toute séduction repose sur un mensonge. Or,
au cas particulier, il ne faudra pas se tromper de promesse :
Ce qui est proposé ici, c’est seulement le plaisir d’un apprentissage à volonté,
sans l’autorité verticale du professeur… à l’inverse, on n’y trouvera certai-
nement pas une promesse de réussite à coup sûr !
Ainsi, plus encore que des études en faculté, participer à un MOOC demande
de l’autodiscipline. Car, contrairement à une formation « en réel », le MOOC
offre à l’étudiant une liberté totale sur la gestion et l’organisation de son temps.
De fait, en pratique, seul un faible pourcentage des « inscrits » suit effecti-
vement la formation jusqu’à son terme. Ces derniers n’y consacrent d’ailleurs
généralement guère plus de 2 h par semaine (6 h lorsqu’ils sont particuliè-
rement motivés par l’obtention d’une certification). Dans tous les cas, c’est
moins que le temps habituellement consacré à une matière.

1. Ou « attestation », quel que soit le nom qu’on lui donne.


2. Les vidéos peuvent ainsi faire l’objet d’une traduction sous-titrée.
22 Première partie. La composition juridique en général

En cas de « travail à la maison », le fruit de la transmission oro-faciale doit


être accompagné d’une autre source fondamentale : la documentation.

§2. La documentation
Lorsque vous devez rédiger un devoir « à la maison », vous bénéficiez
d’une liberté d’accès aux sources. Or justement, cette liberté n’en est pas
une… il s’agit en réalité d’un devoir. Recourir à une documentation pertinente
s’avère en effet indispensable. À l’inverse, prétendre vous en affranchir serait
impardonnable et vaudrait à votre copie la sanction que l’on inflige à une
coquille vide ou mal remplie.
Pourtant, aujourd’hui, la documentation apparaît comme une forêt tro-
picale : obscure dans sa diversité et impénétrable dans sa densité pour celui
qui la contemple de l’extérieur ; inextricable et mortelle pour celui qui s’y
perd en y pénétrant sans méthode ni mesure.
La documentation était exclusivement physique. Avec l’essor des bases de
données depuis une vingtaine d’années1, la documentation est désormais
également numérique.

I. La documentation physique
La documentation physique est constituée des ouvrages généraux2, des revues3,
des recueils4 et des ouvrages spéciaux (thèses et autres monographies)5.

A. Les ouvrages généraux


Qu’il soit débutant ou confirmé, le chercheur en droit qui aborde un sujet
doit toujours commencer par chercher dans les ouvrages généraux très
récents6. Ils peuvent être succincts (ex. : les manuels) ou approfondis (ex. :
les traités) mais ils ne sont pas des ouvrages spéciaux7 car ils abordent une
discipline entière et pas uniquement un seul thème d’une discipline.
Contrairement à une idée qui dissuade un certain nombre d’étudiants d’ouvrir
aucun livre, les ouvrages généraux ne se compulsent pas de la première à la

1. Le site Legifrance a ainsi, par exemple, été créé par l’arrêté du 6 juillet 1999.
2. Que l’on trouve désormais en format électronique sur le site de certains éditeurs (ex. : « Dalloz
bibliothèque – ouvrages numériques »).
3. Ibidem…
4. Ibidem…
5. Ibidem…
6. Deux ouvrages suffisent en Licence 1re année ; 3 en Licence 2e année ; 4 en Licence 3e année ;
etc.
7. V. infra, p. 28.
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 23

dernière page comme un livre de chevet1. Vous devez les ouvrir directement
à la page d’index qui se situe à la fin de chaque ouvrage. Cherchez-y les mots
qui concernent le sujet et notez toutes les pages (ou les numéros de para-
graphes) qui pourront ainsi vous apporter les connaissances de nature à
enrichir votre travail. Allez ensuite lire ces passages en prenant des notes au
brouillon. Relevez éventuellement les nuances qui existent dans l’analyse des
auteurs des ouvrages que vous avez utilisés. Car en effet, si dans les grandes
lignes les auteurs sont tous d’accord, dès qu’on approfondit un peu une
question, les opinions concurrentes – souvent dissidentes – se multiplient.
Les ouvrages généraux sont parfaits pour vous donner une première vue
sur le sujet que vous devez résoudre sans vous noyer sous des tonnes de
considérations. Pour autant, il n’est pas souhaitable que vous vous arrêtiez là.
Car en note de bas de page de ces ouvrages généraux se trouvent des réfé-
rences qui vous renvoient vers deux ou trois articles de chronique ou notes
de jurisprudence de revues ou vers des arrêts qui y sont reproduits et com-
mentés. Allez en prendre connaissance car ils vous apporteront généralement
un éclairage nouveau sur la question.

B. Les revues
Si un article intéressant votre programme ou tel sujet qui vous est posé
a été écrit récemment, l’ouvrage général le plus récent sera bien incapable
de vous le révéler. C’est pourquoi, concrètement, dès la première semaine
de cours, il est primordial que vous sélectionniez au minimum 3 revues
consacrées totalement ou partiellement au thème de chacune de vos matières
écrites. Grâce à elles, vous effectuerez votre « revue des revues », c’est-à‑dire
votre « veille juridique ». Cela consiste à répertorier ce qui peut vous être
utile au regard de votre programme de l’année. Voici comment :
• sur une page blanche que vous garderez consciencieusement avec vous
toute l’année, vous dresserez un tableau et y ferez figurer trois colonnes
intitulées du nom de chaque revue2 ;
• au fur et à mesure de leur parution (généralement chaque semaine),
vous survolerez3 chaque numéro ;
• à chaque note ou article qui concerne votre programme de l’année
(arrêt, réforme, …), vous porterez brièvement sa référence (ex. : « n° 24,

1. Rien n’empêche évidemment l’étudiant, à un moment de l’année où il en trouve le temps, de


dévorer toutes les pages de tel ouvrage remarquable.
2. V. Annexe 1, p. 404.
3. Il ne s’agit pas, à cet instant, de lire chacun des articles, chacun des commentaires ou de
dévorer chaque ligne de la revue. À ce moment, un simple repérage suffit.
24 Première partie. La composition juridique en général

p. 867 ») accompagnée d’un mot-clef pour identifier le thème (ex. :


« mariage putatif ») dans la colonne ad hoc de votre tableau.

Il existe de nombreuses revues. Les unes sont généralistes tandis que les
autres sont spécialisées dans certaines disciplines.

1. Les revues généralistes


Le juriste féru de droit privé ne négligera aucune des quatre suivantes
(les deux premières sont hebdomadaires tandis que la dernière est trimes-
trielle.

• Le Recueil Dalloz
Cette revue de format A4 est la revue classique de l’étudiant généraliste
qui veut se tenir à jour de l’actualité jurisprudentielle et législative notam-
ment.
Quelques pages ouvrent chaque numéro sur un édito et/ou un point de
vue. Les « actualités » de la plupart des branches du droit (droit des affaires,
droit international et européen, droit pénal, droit public, etc.) possèdent
leurs pages. La revue se poursuit par une partie « Études et commentaires »
composée d’une chronique, d’un panorama de jurisprudence et de quelques
notes (qu’on appellerait « commentaires d’arrêts » s’ils étaient rédigés par des
étudiants…). Un entretien avec une autorité reconnue dans l’univers juri-
dique clôt la revue.
Moyennant un abonnement, les revues Dalloz se trouvent désormais en ligne
sur le site www.dalloz.fr.

• La Semaine juridique
Cette revue de format A4 se décline en une édition générale et plusieurs
éditions spécialisées : Notariale et Immobilière ; Entreprises et affaires ; admi-
nistrations et collectivité territoriales ; sociale ; …
Deux pages de sommaire vous présentent d’abord ce qu’il y a au « menu »
du numéro… Après quelques pages réservées à l’Actualité de la semaine, la
revue révèle trois parties présentant la semaine du droit, laquelle accueille
respectivement des libres-propos et un entretien avec un acteur du droit,
quelques notes consacrées à la Jurisprudence régionale puis nationale, aux
Textes (plutôt orientée droit civil et procédure civile, la Semaine juridique
présente également la semaine du droit des affaires, la semaine du droit
social, la semaine du droit public et fiscal, la semaine du droit international
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 25

et européen) puis la semaine de la doctrine (avec une étude suivie d’une


chronique) pour s’achever par la semaine du praticien (publication des indices
et taux réactualisés), clôturée par une petite bibliographie des ouvrages
remarquables publiés récemment.
Moyennant un abonnement, les revues de la Semaine juridique (ou J.C.P.)
se trouvent désormais en ligne sur le site www.LexisNexis.fr ainsi que
lexis360.fr.

• La Revue trimestrielle de droit civil


Cette revue de format A5 propose quatre numéros à l’année.
On y trouve une information variée et de très grande qualité. Deux à trois
articles substantiels (20 à 30 pages) de doctrine commencent chaque numéro.
S’ensuit une analyse détaillée de la jurisprudence structurée en chroniques
(Sources du droit en droit interne, Personnes et droits de la famille, Obligations
et contrats spéciaux, Propriété et droits réels, Droit judiciaire privé et
Législation française). S’y ajoute un état de la législation française et des
nouveautés communautaires. Les dernières pages accueillent une bibliogra-
phie, consacrée à une « revue des ouvrages », à une « revue de thèses » et à
une « revue des revues », particulièrement utile pour se tenir au courant des
principales nouveautés éditoriales…
Moyennant un abonnement, la R.T.D. Civ. se trouve désormais en ligne sur
le site www.dalloz.fr.

2. Les revues spécialisées


Les revues spécialisées ont pour objet l’information de catégories de
praticiens déterminés et méritent, par extension, de retenir l’attention des
étudiants qui se destinent à ces carrières. À titre d’exemples non-exhaustifs :
L’actualité du Notariat se trouve bien représentée au travers du Répertoire
Defrénois (Lextenso), de la Semaine juridique du Jurisclasseur édition notariale
et immobilière (LexisNexis), l’essentiel du droit de l’immobilier et de l’urbanisme
(Lextenso) et de la Revue Droit et Patrimoine.
L’actualité de l’assurance et la responsabilité civile bénéficie de revues spé-
cialisées telles que Responsabilité civile et assurance (LexisNexis), l’essentiel
du droit des assurances (Lextenso), la revue générale du droit des assurances
(Lextenso) et Lamy Assurances (Lextenso).
26 Première partie. La composition juridique en général

L’actualité du droit des contrats est éminemment représentée par la Revue des
contrats1 (Dalloz), par l’essentiel du droit des contrats (Lextenso) ou encore
par l’AJ contrat (Dalloz).
L’actualité du droit des sociétés2 possède également de nombreux supports,
tels que la semaine juridique édition Entreprise et affaires (LexisNexis), le
Bulletin Joly Sociétés (Lextenso), les cahiers de droit de l’entreprise (LexisNexis),
la revue droit des sociétés (LexisNexis) ou encore la Revue des sociétés (Dalloz).
L’actualité du droit du travail est exposée dans des revues telles que la semaine
juridique édition sociale (LexisNexis), le bulletin Joly travail (Lextenso), les
cahiers sociaux (Lextenso), la revue droit social (Dalloz).
Il en va de même pour le droit pénal, le droit des procédures, le droit ban-
caire, le droit fiscal, le droit rural, le droit constitutionnel, le droit adminis-
tratif, le droit des propriétés intellectuelles et industrielles, le droit
commercial, etc.
Remarque De telles revues ne dispensent bien entendu pas de la lecture des revues
à vocation généraliste précédemment énoncées.

Celui qui désire trouver l’essentiel de la jurisprudence, regroupée en un seul


volume, se tourne vers les recueils.

C. Les recueils
Un recueil est une réunion, une collection de choses d’une même sorte.
En Droit, il existe différents recueils qui accueillent tantôt des textes de loi
(les codes), tantôt des décisions de jurisprudence commentées (les Grands
arrêts de la jurisprudence civile) ou pas (le Bulletin des arrêts de la Cour de
cassation).

• Les codes (et les Mégacodes)


Un code est un recueil de textes de lois organisés autour d’un plan thé-
matique. Après les articles dont l’application a pu poser difficulté en juris-
prudence se trouvent recensés quelques arrêts qui ont été rendus sur la

1. Dédiée au droit des contrats, c’est la petite dernière. Elle est toute jeune puisque son premier
numéro est paru au premier trimestre 2004 mais le riche contenu scientifique qu’elle arbore
depuis le début démontre qu’ici aussi la valeur n’attend pas le nombre des années. Chaque
année propose trois numéros classiques (divisés en quatre rubriques : Chroniques, Pratiques,
Recherches) et un numéro spécial consacré aux actes du colloque annuel de la revue.
2. Les entreprises en difficulté possèdent les leurs propres. Par ex. : le Bulletin Joly Entreprises en
difficulté (Lextenso), l’essentiel du droit des entreprises en difficulté (Lextenso), le droit des procé-
dures collectives civiles et commerciales (LexisNexis)…
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 27

question. Les Mégacodes contiennent davantage de sommaires de jurispru-


dence.
C’est le Code civil qui formera votre bible dès la première année. Quoique
d’autres le rejoignent les années suivantes, il vous suivra jusqu’au terme de
vos études et après.
On y trouve le droit des personnes, le droit de la famille, le droit des
biens, le droit des successions, le droit des obligations en général, le droit
des régimes matrimoniaux, le droit des principaux contrats, le droit des
sûretés, etc.
Attention Il est aussi désastreux de posséder un code antérieur à une réforme ayant
affecté votre programme que de ne pas avoir de code du tout.

Pour avoir un code toujours à jour il y a une trentaine d’années, il fallait


se plonger dans le Journal officiel. Ce n’est plus nécessaire désormais puisque
tous les textes de loi1 (et naturellement les codes) sont mis en ligne dans
leur version consolidée sur le site : http ://www.legifrance.gouv.fr2.
Attention Le jour de l’examen toutefois, vous devrez composer avec la version papier
des différents codes. C’est pourquoi il est conseillé de manipuler3 ces corpus
bien avant l’examen et d’y avoir effectué des « repérages » comme certaines
victimes de la mode viennent inspecter les magasins en quête de trésors vers lesquels
elles pourront se diriger à grandes enjambées le jour des soldes.

L’atout incommensurable d’une telle base est sa mise à jour quasi parfaite
(les arrêts de la Cour de cassation y sont intégrés moins d’une vingtaine de
jours après avoir été rendus).

• Les Grands Arrêts de la jurisprudence civile


Ce sont les éditions Dalloz qui, depuis plus de 70 ans, s’attachent à
recenser les arrêts qui, placés côte à côte, forment le paysage de nos mœurs
et de nos règles à chaque nouvelle édition. Il s’agissait initialement d’une
annexe au Cours élémentaire de Droit civil, de A. Colin et H. Capitant. Il vit
désormais sa vie propre et autonome et se maintient « au prix d’un constant
rajeunissement » (F. Terré et Y. Lequette, Grands Arrêts de la jurisprudence
civile, in « Avant-propos », Dalloz, 11e éd., p. V). Il ne contient que des arrêts
de la Cour de cassation – car c’est elle qui fixe et unifie la jurisprudence – qui
« ont mis fin à une controverse ou inauguré une nouvelle interprétation »

1. Au sens large… Constitution, lois, règlements, textes communautaires…


2. À son propos, v. infra, p. 29.
3. Pour une première approche de son contenu, v. infra, p. 35 et s.
28 Première partie. La composition juridique en général

(H. Capitant, Grands Arrêts de la jurisprudence civile, in « Préface de la pre-


mière édition (1934) », Dalloz, 11e éd., p. VII).
Chaque arrêt est précédé d’un sommaire (petit résumé) et suivi de quelques
observations qui précisent l’état de la jurisprudence avant l’arrêt, l’évolution
de la jurisprudence depuis l’arrêt et la position de la doctrine sur le sujet.

• Le Bulletin civil
C’est un mensuel comportant un recueil d’arrêts sélectionnés parmi ceux
qui ont été rendus le mois correspondant. Il est édité par les Journaux offi-
ciels. Vous n’y trouverez pas de commentaires d’arrêts mais le texte de tous
les arrêts publiés et parfois, au pied de l’arrêt, les références d’un arrêt anté-
rieur ayant eu à se prononcer sur une question similaire.
Attention Si vous cherchez un arrêt de la chambre criminelle de la Cour de cassation,
vous le trouverez dans le Bulletin des arrêts de la Chambre criminelle.

Pour ceux qui voudront effectuer une recherche en restant chez eux, ou bien
ceux dont les doigts se montrent allergiques au contact de l’encre de ces
volumineux recueils, on renverra ici encore au site décidément incontour-
nable http ://www.legifrance.gouv.fr1.

Aux ouvrages généraux, aux articles et aux recueils, viennent également


s’ajouter des ouvrages qui sont dédiés à un seul thème. Ce sont les thèses,
les ouvrages spéciaux et autres monographies.

D. Les ouvrages spéciaux


Les ouvrages spéciaux constituent des études très approfondies sur un
thème donné (ex. : les thèses, l’édition des actes d’un colloque, etc.) voire
sur plusieurs thèmes (ex. : les mélanges2, les encyclopédies3).
Durant vos années de licence, nous vous déconseillons fortement de vous
plonger dans la lecture de tels ouvrages. Car il y a là un calice qui vous
noierait lorsque vous n’auriez voulu que vous y abreuver.
En tout état de cause, vous verrez que, même en vous gardant d’approcher
certaines sources d’informations, les deux premières étapes (cours et ouvrages
généraux) déclenchent un effet boule de neige, une référence vous en livrant

1. À son propos, v. infra, p. 29.


2. Un mélange est un ouvrage rédigé en l’honneur d’un professeur par un ensemble de contri-
buteurs, professeurs ou praticiens, anciens étudiants ou amis de celui auquel ils l’offrent et/
ou le dédient.
3. On pense essentiellement au Jurisclasseur LexisNexis et au Répertoire Dalloz.
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 29

quatre autres et ainsi de suite. De sorte que, même pour un seul type de
source, il faut savoir s’arrêter sous peine de succomber sous un flot intaris-
sable de documents et d’idées.
Lorsque vous aurez acquis plus d’assurance (rarement avant le Master 2),
vous ferez suivre votre approche du sujet d’une approche dans les ouvrages
spéciaux qui traitent du thème précis. Mais, votre travail atteindra proba-
blement l’ampleur préparatoire d’une direction de recherche voire d’un mémoire.

II. La documentation numérique


Les versions « papier » de recueils de jurisprudence ont commencé de
perdre leur monopole avec l’arrivée des Dvd-Rom de recherche jurispruden-
tielle au début des années 90. Leur senescence s’est encore accrue avec
l’utilisation du formidable réseau internet à des fins informationnelles…
c’est ainsi que pullulent désormais de nombreux sites dédiés à l’information
juridique.
De fait, le développement exponentiel de l’information numérique et des
bases de données rend dorénavant incontournable son utilisation par l’étu-
diant.
On évoquera d’abord les sites ressortissants au service public (qui présentent
l’avantage d’être d’accès gratuit) puis les sites proposés par les personnes pri-
vées.

A. Les sites de source publique


La plupart des sites de source publique sont focalisés sur le droit interne.
Quelques-uns font la promotion du droit européen et international.

1. La promotion du droit interne


Au premier rang des sites publics, il faut citer le site http ://www.­legifrance.
gouv.fr.
30 Première partie. La composition juridique en général

À cette adresse de la toile, en effet, les arrêts1 de la Cour de cassation2,


du Conseil d’État3, du Conseil constitutionnel4 et de quelques autres juri-
dictions5 sont mis en ligne et laissés à la disposition gratuite des visiteurs
puisque s’agissant d’un compartiment du « service public de la diffusion du
droit », aucun enregistrement ni abonnement n’est requis.
Quant aux seuls arrêts de la Cour de cassation, l’accès est offert non
seulement aux arrêts publiés au Bulletin civil, mais également à tous les
autres… c’est-à‑dire ceux qui composent la partie immergée6 de l’iceberg
(soit environ 80 % de l’ensemble des arrêts rendus).
Une recherche est possible en utilisant de multiples filtres : date de l’arrêt,
numéro de pourvoi, numéro de bulletin (si l’arrêt recherché a été publié),
mots-clefs, etc. Le filtre le plus efficace et le plus rapide est le « numéro de
pourvoi »… ce nombre de 7 chiffres (ex : « 13-11001 ») se suffit à lui-même
pour vous apporter votre arrêt sur un plateau.
Si vous ne l’avez pas, vous remplissez les champs « juridiction », « date de
décision » et « numéro d’affaire » et la décision recherchée apparaît sur votre
écran avec possibilité de l’imprimer ou bien de l’enregistrer en format rich
text format (rtf) compatible avec toutes vos applications de traitements
de textes.
Toutefois, il faut prévenir le jeune juriste : il n’y a pas là l’outil miraculeux
qui pourra lui apporter des notes merveilleuses sans effort.
D’une part, l’outil informatique donne accès à des informations réticulaires
qui ont tôt fait d’étouffer sous leur poids celui qui n’aura pas suffisamment

1. Tous les arrêts depuis 1960 pour les arrêts publiés des chambres civiles et 1989 pour les arrêts
non publiés de ces mêmes chambres… il faut aussi mentionner la présence d’arrêts du xixe siècle
dont le plus ancien que nous ayons trouvé : rendu par la chambre civile lors de l’« audience
publique du dimanche 29 septembre 1805 ».
2. Plus de 489 160 arrêts au 1er nov. 2019 (dont 137 576 arrêts publiés au Bulletin et 351 463 arrêts
non publiés).
3. Depuis 1965, soit 153 900 décisions (dont 47 736 publiées et 106 164 non publiées).
4. En totalité, soit un nombre de 1 809 pour s’en tenir aux seuls arrêts de contrôle de constitu-
tionnalité.
5. 65 206 arrêts de cours d’appel ; 1 862 décisions de juridictions de 1re instance ; 1 667 décisions
du Tribunal des conflits ; 286 640 arrêts de cour administrative d’appel ; 6 515 jugements de
tribunaux administratifs.
6. La majeure partie des auteurs voient dans les arrêts non publiés des arrêts que la Cour de
cassation désire cacher soit parce qu’ils ne font que répéter des solutions sans nouveauté, soit
parce qu’ils font la part belle à l’équité en négligeant un peu les règles de droit… il nous semble
qu’un arrêt de la Cour de cassation, publié ou non, reste un arrêt de la Cour de cassation…
et puisque, contrairement aux arrêts non diffusés (infra, p. 98), ils sont aisément accessibles,
on ne voit pas bien par où il faudrait que le chercheur se prive de les utiliser.
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 31

ciblé sa recherche. D’ailleurs, en plus des arrêts publiés au Bulletin, Legifrance


donnera bientôt accès aux arrêts rendus par les cours d’appel…
D’autre part, la découverte d’informations n’a jamais été que le premier stade
de la recherche puisqu’il reste encore au juriste (qui a trouvé les arrêts jugés
utiles) à organiser ses idées et à exploiter au mieux toutes les informations
qu’il a su recueillir1.

Au deuxième rang des sites publics, il faut citer le site http://www.


courdecassation.fr.
Ce site est, comme son nom l’indique, celui de la Cour de cassation.
Sa structure présente successivement l’institution, la jurisprudence, les
publications de la Cour, les événements, les hautes juridictions et commissions
juridictionnelles, et des informations et services (notamment pour accomplir un
stage à la Cour de cassation).
L’étudiant se dirigera avec avidité sur les menus jurisprudence et publications
et aura ainsi accès à une multitude d’arrêts et de bulletins offerts en télé-
chargement sous le format Adobe Reader (pdf).
Indispensable : dès sa première visite, dans le menu publication, l’étudiant
cliquera sur le sous-menu « Bulletin d’information de la Cour de cassation »…
dans la colonne de droite, sous « S’abonner », il indiquera sans crainte son
adresse e-mail et recevra ainsi gratuitement deux fois par mois le fameux
BICC… un rapide survol bimensuel lui permettra ainsi d’être au fait de
l’actualité incontournable de la haute juridiction…

Au-delà, se bousculent une cohorte de sites publics qui ont essentiel-


lement pour objectif de constituer la vitrine des institutions – normatives
ou juridictionnelles – qu’ils présentent. Tel est le cas, notamment de :
• http://www.conseil-etat.fr : sa structure est composée de 5 pages prin-
cipales (accueil, Conseil d’État, tribunaux & cours, décisions, avis &
publications, actualités) et une multitude de sous-pages riches d’infor-
mations notamment la base de jurisprudence, les colloques séminaires
et conférences, etc.
• http://www.conseil-constitutionnel.fr : sa page d’accueil présente 9
compartiments d’informations et un menu de recherche pour trouver

1. Cela apparaît particulièrement dans l’exercice de note de synthèse puisque les informations à
organiser sont directement fournies au candidat (au moyen d’un dossier) sans que celui-ci ait
eu besoin de solliciter sa mémoire. Une connaissance n’est en effet rien d’autre qu’une infor-
mation mémorisée.
32 Première partie. La composition juridique en général

ce que l’on cherche sans trop tâtonner entre les différents menus. Outre
la présentation de l’institution et des textes fondateurs, on y trouvera
notamment les audiences, les décisions (Décisions Constitutionnelles
stricto sensu et Questions Prioritaires de Constitutionnalité).
• http://www.tribunal-des-conflits.fr : tout dernier né, fort d’une structure
très claire composée de 4 pages principales (organisation, décisions,
démarches & procédures, actualités).
• http://www.assemblee-nationale.fr : sa structure est composée de 5 pages
principales (accueil, connaître l’Assemblée nationale, organisation et
travaux, les députés, informations pratiques) et une multitude de sous-
pages riches d’informations notamment sur les textes inscrits à l’ordre
du jour, etc.
• http://www.senat.fr : sa structure est composée de 6 pages principales
(travaux parlementaires, vos sénateurs, Europe & international, territoires,
connaître le Sénat, espace presse, sénatoriales 2014) et une multitude de
sous-pages riches d’informations notamment sur les dossiers législatifs,
les textes en attente, les lois récemment promulguées, les rapports, les
communiqués de presse, les événements à venir, etc.
La richesse de leur contenu juridique et leur facilité d’utilisation sont variables
et une simple visite auprès de chacun vous permettra vite de forger votre
préférence en fonction de vos besoins.

2. La promotion du droit européen et international


Les sites de veille juridique de droit européen constituent désormais un
instrument d’information incontournable, notamment à raison de la défense
des droits de l’Homme.
Sans qu’il soit envisageable de consacrer quelques lignes à la totalité des
sites existants, on citera néanmoins ici à ce titre :
• http://www.echr.coe.int/ECHR/Homepage_Fr/ : le site de la Cour euro-
péenne des droits de l’homme (European Court of Human Rights) présente
un contenu d’une grande richesse accessible à partir d’un champ
recherche ou bien d’un menu. Sa structure principale s’articule autour
d’une présentation de la Cour, les textes de base (la Convention, le
Règlement, les textes complémentaires), la jurisprudence (arrêts et ana-
lyses), les rapports (statistiques, rapport d’activité…), les affaires pendantes,
la presse (actualité, multimédia, événements…), les requérants (saisie de
la Cour, mesures provisoires, textes de base…), les visiteurs (car la CEDH
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 33

se visite…). Au-delà, des articles notamment sur la recevabilité des


recours sont proposés afin d’éclairer ceux qui envisagent d’en former.
• http://curia.europa.eu : le site de la Cour de justice de l’Union euro-
péenne présente, en accès libre, la jurisprudence de la Cour de justice,
du Tribunal de première instance ainsi que du Tribunal de la fonction
publique. Un système de champ rend la recherche aussi aisée qu’efficace.
• https://juricaf.org/ : le site de la jurisprudence francophone des cours
suprêmes. À la date du 1er novembre 2019, on y trouvait pas moins de
1 022 224 décisions provenant de 45 pays et institutions francophones.

B. Les sites de source privée


Les sites de source privée prennent la forme de sites à part entière ou de
simples blogs. Les uns sont le fruit de l’initiative d’un universitaire, les autres
affichent un but lucratif.

Lorsque le site (ex. : http://www.herzog-evans.fr) ou le blog (ex. : http://


frederic-rolin.blogspirit.com) est le fait d’un universitaire (maître de confé-
rences, professeur…), on y trouvera une qualité et une fiabilité à la hauteur
de celles que l’enseignant concerné déploie lui-même dans son activité
d’enseignement et de recherche. Le site ou le blog est utilisé comme véhicule
de la pensée de son auteur1. Vous y découvrirez de véritables notes compa-
rables à celles qui sont publiées dans les revues –mais sans, il est vrai, le
filtre des comités de lecture puisqu’ici l’auteur est seul juge de la pertinence
de sa « publication », c’est-à‑dire sa mise en ligne…

Lorsque le site est le fait d’une association, on s’intéressera à ses membres


fondateurs afin d’en évaluer le sérieux (ex. : http://www.juricaf.org pour la
jurisprudence francophone des cours suprêmes ; http://www.asmp.fr/travaux/
index.htm pour les travaux de l’Académie des sciences morales et politiques ;
https://www.persee.fr/collections?d=105 pour l’impressionnant site Persee.
fr dont l’objectif est de fournir un « accès libre et gratuit à des collections

1. La remarque vaut en principe également lorsque l’auteur du site ou du blog est un praticien
(avocat notamment). Néanmoins, en ce cas, il s’agira souvent moins pour ce dernier de véhi-
culer des convictions véritables, que de fournir une vitrine à son activité et ainsi attirer sur lui
les regards d’une clientèle que, jusqu’à la loi Hamon du 17 mars 2014 modifiant l’art. 3 bis
de la loi de 1971 et le décret n° 2014-1251 du 28 octobre 2014, il n’était pas autorisé à
démarcher par voie publicitaire.
34 Première partie. La composition juridique en général

complètes de publications scientifiques (revues, livres, actes de colloques,


publications en série, sources primaires, etc.) »1.

Lorsque le site est le fait d’une société instituée dans un but lucratif, para-
doxalement, la méfiance sera de rigueur. Les sites de ce type sont relativement
nombreux désormais et vous devrez parfois vous en méfier parce qu’ils ne
sont pas tous suffisamment sérieux pour que leur utilisation ne vous fasse
courir aucun risque.
Concrètement, les bases de données (http://www.doctrinal.fr2) ou bien les
sites d’éditeurs (http://www.dalloz.fr ; http://www.lextenso.fr ; http://www.
LexisNexis.fr3 ; http://www.efl.fr ; http://www.lamyline.fr) sont excellents et
leur consultation régulière vous sera profitable. La plupart des universités
y sont d’ailleurs abonnées et en fournissent l’accès précieux sur leur portail.
Par ces sites, les éditeurs réunissent et donnent accès aux revues et, parfois,
aux ouvrages qu’ils publient.
Attention À l’inverse, nous ne saurions qu’inciter à la plus extrême méfiance l’étu-
diant qui, par mégarde, se retrouverait sur un site qui prétendrait, contre une somme
forfaitaire, mettre à sa disposition le travail – prétendument bien noté – de l’un de ses
prédécesseurs : d’une part, certains travaux présentés comme bien notés ne valent pas
la note qu’ils affichent ; d’autre part, rien ne vaut un entraînement personnel plutôt
que le confort du recopiage du travail fait par un autre.
Notre conseil est donc qu’il vaut mieux courir le péril d’un travail mal fait par
soi, plutôt que de prendre le risque de subir des conséquences identiques
à raison du travail mal fait par un autre.

Si l’épreuve à la maison se caractérise par l’abondance des sources, l’épreuve


« sur table » se caractérise justement par leur pénurie. Or, ce qui est rare est
nécessairement précieux et doit, pour cette raison même, être bien utilisé.

1. Au milieu d’un fonds considérable, le fonds juridique peut sembler modeste mais, pourvu d’y
chercher un peu, on y trouve notamment https://www.persee.fr/doc/dreso_0769-3362_1992_
num_22_1_118 pour un article fondateur écrit par Hans Kelsen ; ou encore http://www.persee.
fr/doc/ridc_0035-3337_2001_num_53_1_18014 pour un texte du projet de Code civil
européen dirigé par le professeur Christian Von Bar.
2. Idéal pour rechercher tous les articles écrits sur une question précise et indispensable en cas
de commentaire d’arrêt notamment, V. infra, p. 126.
3. Comme pour le BICC (supra, p. 31), vous vous abonnerez gratuitement aux dépêches du
Jurisclasseur sur le site LexisNexis.fr.
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 35

Chapitre 2. En cas d’épreuve « sur table » :


le Code civil et la mémoire

Lorsque vous travaillez dans le cadre d’une épreuve « sur table » (c’est-à‑dire
surveillée dans les locaux de l’Université), vos seules sources d’informations
sont votre mémoire et, le cas échéant, un code (ex. : le Code civil) lorsqu’il est
autorisé…

§1. L’utilisation d’un code : bien feuilleter


L’utilisation d’un code, singulièrement durant un examen, présente deux
difficultés : ce qu’on peut espérer y trouver et comment on peut le trouver1.

I. Ce qu’on peut y trouver


Un code ne contient pas de doctrine rédigée2, sinon – ainsi que le remarque
justement le professeur Lucas dans sa préface au Code civil des éditions
Litec – il serait interdit aux examens ! Car faire œuvre de doctrine c’est, dans
une modeste mesure, ce que votre professeur attend de vous…
Pourvu qu’il soit très récent, un code fournit donc à l’élève la formulation à
jour des articles qu’il contient, la jurisprudence (juridiction, date et solution
retenue) et, le cas échéant, en encadré, quelque norme normalement extérieure
au code mais qui pourrait y être associée à raison de l’identité du point de
droit abordé.
Pas la peine, donc, de l’ouvrir pour y chercher autre chose3 !
Quel qu’il soit (civil, commercial, administratif, etc.), un code comporte des
articles, des références de doctrine, de la jurisprudence et, le cas échéant,
quelques normes satellites.

A. Les articles
Chaque article est constitué d’un quantum, éventuellement d’une référence
d’article de loi entre parenthèses, et du contenu de l’article.

1. La troisième difficulté qui consiste à savoir comment l’utiliser est reporté aux développements
consacrés à l’enrichissement d’une copie au sein des différents exercices…
2. Seulement – on l’a vu – des références de doctrine dont, sauf intitulé bien orienté, le contenu
ne transparaît pas…
3. Dans votre code, les annotations de votre main se trouvent naturellement interdites… les y
chercher pendant l’examen pourrait d’ailleurs vous valoir une poursuite par les autorités
universitaires, et une interdiction d’examens de plusieurs années.
36 Première partie. La composition juridique en général

Quant au quantum :
• Il peut être précédé d’une lettre (« L. », « R. », « D. »…). Cette dernière
indique le degré normatif de l’article (degré législatif pour « L. », régle-
mentaire pour « R. »…). Le code comporte alors souvent une partie
législative (dont les articles commencent tous par « L. ») et une partie
réglementaire (dont les articles commencent tous par « R. »).
Exemple À l’article L. 3141-1 du code du travail répond un article D. 3141-1 du
code du travail, tous les deux relatifs au droit aux congés payés.

• Il peut ou non présenter un tiret (ex. : « Art. 815-1 C. civ. »).


Attention Le tiret se prononce effectivement « tiret » et non pas « paragraphe » ou
« alinéa ». Ainsi, l’article 815-1 du Code civil n’est pas le premier alinéa de l’article 815
qui le précède. Il est un article à part entière inséré entre l’article 815 et l’article 816.

Ainsi, un article avec tiret comporte lui-même le cas échéant plusieurs


alinéas.
Exemple Art. 1844-6 al. 2 C. civ., réd. L. 19 juill. 2019 : « Un an au moins avant la
date d’expiration de la société, les associés doivent être consultés à l’effet de décider
si la société doit être prorogée. »

Historiquement, à l’occasion d’une réforme, le tiret a pour objet d’ajou-


ter un article entre deux articles préexistants sans modifier le quantum
des articles qui le suivent.
Or, la tendance moderne est de l’utiliser dès la refonte des codes (alors
que par hypothèse aucun des quanta préexistants n’est conservé). Le
but de son utilisation est alors la clarté : attribuer à une même question
le même quantum principal.
Exemple À la question des « Maladie, accident et inaptitude médicale », le code du
travail consacre les « articles de la famille L. 1226 » (concrètement, il s’agit des
articles L. 1226-1 à L. 1226-24 C. trav.)

Malheureusement, côté négatif, cette méthode conduit à créer des


articles à tirets multiples au fur et à mesure qu’une réforme vient ajou-
ter des articles nouveaux qui doivent s’insérer au sein des articles
existants.
Exemple Entre les articles 114-2-1 et 114-2-2, sauf à renuméroter l’ensemble du
code, on sera contraint d’insérer les articles 114-2-1-1, 114-2-1-2, etc., ce qui ne
constitue pas une source absolue de clarté…
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 37

Quant à la présence d’un article de loi1 en italique :


• Elle peut suivre immédiatement le quantum de l’article, elle indique
que, modifié par la loi indiquée, le texte qui suit emprunte une formu-
lation différente de celle qui prévalait antérieurement à ladite loi.
Exemple « Art. 332 (Ord. n° 2005-759 du 4 juillet 2005, art. 15) La maternité peut
être contestée en rapportant la preuve que la mère n’a pas accouché de l’enfant ».

• Elle peut également parfois être insérée au sein même du contenu de


l’article. Ceci indique que seul le texte qui suit, placé entre guillemets,
a été modifié.
Exemple « Art. 329 : […] Lorsque la présomption de paternité a été écartée en
application (L. n° 2011-525 du 17 mai 2011, art. 195) « de l’article 313 » chacun des
époux peut demander, durant la minorité de l’enfant, que ses effets soient rétablis en
prouvant que le mari est le père. L’action est ouverte à l’enfant pendant les dix années
qui suivent sa majorité. »

Remarque dans cet exemple, l’article 195 de la loi du 17 mai 2011 a seulement
modifié l’article 329 C. civ. en remplaçant la précision « des articles 313 ou 314 » par
« de l’article 313 ».

Quant au contenu de l’article :


• Il arrive que le même quantum d’article se trouve successivement deux
fois, suivi d’un contenu différent. C’est simplement que l’une des deux
formulations est celle qui prévalait avant une réforme et que, pour des
raisons de droit transitoire, elle se trouve encore en vigueur à l’égard
de certaines situations.
Exemple L’article 1096 C. civ. (relatif à la révocabilité des donations de biens à venir
entre époux durant mariage) fait l’objet de 3 rédactions (celle de 2006, celle de 2004
et celle de 1804) reproduites dans le Code civil, avec renvoi (pour leur application) aux
dispositions transitoires inscrites dans la Loi n° 2006-728 du 23 juin 2006.

B. Les références de doctrine


Parfois, immédiatement en dessous du contenu de l’article, une référence
doctrinale est indiquée sur le sujet. Elle se trouve introduite par « BIBL »
(abréviation de « pour bibliographie »).

1. De loi stricto sensu, ou d’ordonnance ou de décret, etc.


38 Première partie. La composition juridique en général

C. La jurisprudence
Après le contenu de l’article et, le cas échéant, après la bibliographie
afférente au thème abordé par l’article, deux colonnes présentent la juris-
prudence s’appuyant sur le fondement de l’article avec un résumé du point
de droit fixé par la jurisprudence considérée. Lorsque l’article sert de fon-
dement à plusieurs questions, la jurisprudence est soigneusement structurée
par un plan.

D. Les « normes associées »


Il arrive que le contenu propre d’un article soit suivi du contenu d’un ou
plusieurs autres émanant d’autres codes, lois ou décrets, et placés en encadré
afin que le lecteur ne les confonde pas avec les dispositions du code qu’il est
en train de compulser…
Particulièrement fréquents dans le Code civil, il s’agit de textes complémen-
taires de contenu à incidence civiliste destiné à donner au lecteur une
connaissance plus complète du point de droit qu’explicite l’article.
Exemple Sous l’article 21-7 C. civ. relatif à l’acquisition de la nationalité française
[…], les 15 articles du Décret n° 98-719 du 20 août 1998 ont été portés dans un
encadré.

II. Comment on peut le trouver


L’utilisation d’un code repose sur deux hypothèses bien différentes : soit
vous savez quel article vous cherchez, soit vous ne le connaissez pas.
Chercher un article dont on connaît le quantum ne paraît pas une épreuve
insurmontable. Certes le code est épais… certes les pages sont fines… mais
telle une main que Dieu vous tend, des numéros d’articles fleurissent à chaque
haut de page, et leur quantum croît à mesure que vous tournez les pages de
droite à gauche jusqu’à parvenir à l’article poursuivi.
Chercher un article dont on ne connaît pas le quantum est certainement
plus difficile, mais pas insurmontable.
On se gardera de compulser, à cette fin, la table des matières qui débute
l’ouvrage… elle est utile pour d’autres raisons1.
Cette fois-ci, en réalité, l’aide vient de l’index alphabétique placé en fin du
code : tel un dictionnaire, l’index présente une liste de mots qui correspondent
aux notions réglementées dans le code. Or, ce n’est pas une définition qui

1. Par exemple remettre en contexte l’article que vous pourriez avoir à commenter… V. infra,
p. 151 et s.
Leçon 1. La découverte des informations : les sources 39

les suit mais le numéro de l’article1 dans lequel lesdites notions se trouvent
explicitées.
La seule difficulté sur ce terrain est qu’à un même terme peuvent corres-
pondre plusieurs concepts. À vous de sélectionner le bon.
Exemple Dans le Code civil, sous l’entrée « abandon », des sous-entrées visent
l’« abandon de famille », la « mitoyenneté », la « servitude », etc. en fournissant à
chaque fois le quantum de l’article qui convient (parfois un renvoi, ex. : « délaissement,
V. ce mot ; »).
Surtout ne vous en formalisez pas : ce n’est pas la faute du code si l’on peut abandonner
tellement de choses différentes et qu’à chaque fois le régime diffère !

§2. L’utilisation de votre mémoire : bien résumer


Que l’utilisation d’un code soit ou non permise2, « sur table », vous vous
trouvez contraint de ne rechercher les informations qu’en vous-même3. Ces
dernières constituent alors plus précisément des connaissances, c’est-à‑dire
le fruit digéré – ou « mémorisé » pour être moins prosaïque – des informa-
tions que vous aurez préalablement lues, entendues et retenues.
Certains clameront, avec autant d’ardeur que de résignation, que la mémoire
est qualité inéquitablement répartie entre les êtres : que les uns – toujours
des filles – possèdent la mémoire des détails tandis que les autres – toujours
des garçons… – perdent facilement la mémoire mais la compensent par une
plus grande rigueur de raisonnement, un esprit plus cartésien, etc.
Outre que de telles affirmations manquent de nuance4, ces lieux communs
utilisés comme légitimation de la résignation qu’ils drainent avec eux ne nous
intéressent pas ici.
À la rigueur, cette attitude serait acceptable s’il n’existait aucun remède à
l’absence de mémoire… Mais tel n’est pas le cas.

Apprendre c’est « acquérir une connaissance [et] retenir dans sa mémoire »5.

1. … et non le numéro de la page…


2. On a observé que son usage, bien que précieux, demeure insuffisant…
3. Les deux seules exceptions résident dans l’autorisation éventuelle d’utiliser un code et dans
les documents du dossier à partir desquels il vous est demandé d’élaborer une note de synthèse.
On vous demande alors d’organiser les informations essentielles contenues dans un ensemble
de documents que l’on vous fournit.
4. Nombre de filles raisonnent à la perfection tandis que nombre de garçons possèdent une
mémoire considérable tandis qu’on trouve, à l’inverse, des filles dotées de peu de mémoire et
des garçons qui manquent cruellement de rigueur de raisonnement…
5. É. Littré, Dictionnaire, v° « apprendre », 1er sens.
40 Première partie. La composition juridique en général

Cette exigence pose à elle seule la question de l’assimilation et de la rétention


d’une somme d’informations parfois colossale. Ne soyez par exemple pas
surpris que certains enseignants – qui sont persuadés que vous proposer un
cours exhaustif est possible – vous distribuent régulièrement des polycopiés
de quelques dizaines de pages à greffer à votre cours manuscrit. Il arrivera
aussi que d’autres (ou les mêmes…) renvoient à telle partie de tel ouvrage
pour compléter un passage qu’ils n’ont pas le temps de traiter en cours.
Toutes ces pratiques possèdent un point commun : elles font s’épaissir le
« pavé » en même temps qu’elles multiplient les connaissances à retenir.

Pour acquérir une connaissance, il faut la lire ou l’entendre. Pour la rete-


nir, il faut la comprendre… ce qui suppose parfois de la relire ou de la
réentendre. Le résumé de cours, en permettant de resituer chaque connais-
sance au sein du plan de cours, peut fournir un outil idéal à cette fin.

I. La destination
De même qu’on invite les personnes désireuses d’entretenir leur santé, à
gravir les escaliers plutôt que de se laisser paresseusement porter par les
ascenseurs, il convient ici d’inviter tout étudiant – a fortiori celui qui pense
manquer de mémoire – à rédiger un résumé de son cours dans chaque
matière.

Sur la nécessité de créer un résumé, le lecteur pourrait être étonné à deux


titres : d’une part parce qu’un cours n’est toujours lui-même qu’un résumé,
qu’un condensé de ce qu’il est indispensable que l’étudiant connaisse1 ; d’autre
part parce que le résumé est l’un des exercices qui sont demandés assez tôt
dans le cursus de nos bacheliers…
À cet étonnement, l’auteur doit répondre que le résumé de cours n’est
pas qu’un simple résumé !
C’est ce qu’ont d’ores et déjà compris nombre d’étudiants qui, chaque année,
s’imposent cet exercice parce qu’ils ont éprouvé son efficacité l’année d’avant.
Ces derniers méritent alors d’être guidés afin que leur résumé soit le plus
efficace possible
C’est également ce que, vous, qui manquez de mémoire ou qui éprouvez des
difficultés à vous concentrer, devez comprendre très vite… le résumé possède

1. Et qu’il complète au fur et à mesure de l’année par la lecture de ses fiches de travaux dirigés
et des ouvrages et articles qui lui servent à rédiger ses dissertations, commentaires et cas
pratiques…
L’essentiel David Bonnet

D. Bonnet
de la méthodologie juridique

Lorsqu’il commence son Droit, l’étudiant est confronté à des exercices multiples aussi

L’essentiel
nouveaux qu’inquiétants : cas pratique, commentaire d’arrêt, commentaire d’article,
dissertation, fiche de jurisprudence, note de synthèse, oral, test de connaissances,
rapport de stage, rédaction d’actes judiciaires (ex. : les conclusions), d’actes juridiques

4e éd.
de la méthodologie
(les contrats) et parfois d’actes juridictionnels (jugements, arrêts)…
Cet ouvrage propose donc en un seul volume de donner les clefs de l’essentiel de
la méthodologie juridique. Il n’a pas pour objet de se substituer aux séances de
travaux dirigés mais d’aider l’étudiant, par une méthode appropriée, à mener à bien

L’essentiel de la méthodologie juridique


juridique
les travaux qui lui seront imposés dans ce cadre et à l’examen, avec le plus de réussite
possible. Pour ce faire :
• il expose d’abord un socle de précieux conseils permettant entre autres de mémoriser
le cours sans effort, mais aussi d’adopter, pour chaque exercice, le style qui lui
correspond, ou encore de découvrir avec facilité le plan idoine ;
• il aborde ensuite, un par un, chacun de ces exercices pour en disséquer l’élaboration
(de la rencontre avec le sujet jusqu’à la rédaction en passant par la délimitation
4 e édition
du sujet) avant de l’illustrer par une application corrigée. L’ouvrage est à jour des
nouvelles règles relatives à la structure (avec plan) et à la rédaction (au style direct)
des arrêts de la Cour de cassation, préconisée par le Guide du Comité (juin 2019).

Quel que soit l’exercice, c’est avec un constant souci de se placer aux côtés de l’étudiant Épreuves théoriques Épreuves pratiques
abandonné seul devant son sujet de travaux dirigés et de le guider, pas à pas, vers
• Dissertation • Cas pratique
l’achèvement de celui-ci, que l’auteur a rédigé son ouvrage.
À cette fin, les exemples sont empruntés à un spectre très large du Droit : Théorie • Fiche de jurisprudence • Rédaction de conclusions
générale du droit, Droit de la famille et Droit des personnes, Droit des obligations
(contrats, responsabilité délictuelle), Droit des biens et Droit des sociétés civiles et • Commentaire d’arrêt • Rédaction de jugements
commerciales. • Commentaire d’article • Rédaction de contrats

• Test de connaissances • Note de synthèse


DAVID BONNET est maître de conférences à la faculté de droit et de sciences politiques de
Reims Champagne Ardennes, membre du Cejesco et membre du groupe de recherche « • Oral • Rapport de stage
Terminologie juridique – accessibilité et efficacité du Droit ». Il est par ailleurs auteur d’un ouvrage
d’Exercices pratiques de méthodologie juridique et coauteur de deux ouvrages intitulés Ma 1re
année de Capacité en Droit et Ma 2e année de Capacité en Droit, dont il coordonne également
la rédaction aux éditions Ellipses.

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