Des Pas Vers Le Projet D
Des Pas Vers Le Projet D
2022
Les profs de projets devraient utiliser le support théorique offert dans les cours de Théorie 1 et
2. Le département offre ces réflexions additionnelles de théorie pour dynamiser le processus
d’élaboration des projets.
Sommaire :
Ce texte rassemble plusieurs réflexions élaborées plus ou moins récemment en vue de partager
des repères avec les professeurs d’architecture, en particulier les professeurs de projet. Ces
réflexions seront partagées également avec les étudiants en architecture pour les encourager à
développer une appréciation auto critique sur leurs projets.
Je souhaiterais que les profs partagent ces textes avec les étudiants de différents niveaux pour
que la discussion s’engage sur les nuances et les façons de travailler les projets.
Je souhaiterais également que les profs apportent leur quotte part à ce questionnement sur
notre façon d’enseigner l’architecture en Haiti. Particulièrement sur l’adaptation de notre
enseignement à l’univers culturel haïtien.
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A 1 PROJET DE FIN D’ETUDE ARCHITECTURE Alex Duquella avril 2020
Une petite introduction au projet d’architecture.
Le cours de projet final est orienté vers les édifices institutionnels. Education, santé, sport,
religion, administration, culture, logement, auberge, hôtel, transport gare routière, aérogare,
douane, place publique, agro industrie, commerce, loisir…
On invite les étudiants à se pencher sur la relation urbanisme et architecture, sur la relation
patrimoine architectural, sur la compréhension de l’architecture haïtienne et tropicale. Les
étudiants venant des provinces sont orientés vers des édifices dans leurs villes ou leurs zones
d’origine, pour pousser à la décentralisation. Les exemples internationaux peuvent être utilisés.
Cependant le département pousse à la prise en charge des architectes de leur milieu. Il faut que
l’architecte haïtien contribue à l’avancement de son milieu. Le département rejoint le courant
international appelé régionalisme. Il nous faut produire une architecture originale, liée à notre
culture, à l’approche bio climatique développée dans le milieu.
Le projet de sortie est complexe, il fait appel à tous les aspects de l’architecture, ou les trois
domaines de connaissances qui concourent à l’architecture.
En général on choisit des projets moyens, pas trop volumineux ou importants, pour que
l’étudiant démontre sa capacité à entrer à fond dans le projet. C’est la qualité, pas la quantité,
qui importe. La méthode de travail aussi, car l’architecte va se retrouver bientôt en train de
prendre en charge des projets variés. Chaque projet demande une approche originale liée à la
nature du projet.
Toutes les connaissances que l’étudiant a accumulées pendant les 5 ans seront passées en
revue. L’étudiant établit une liste de critères pour le projet, sur la base d’une recherche
programmatique. L’étudiant fait une enquête pour le projet défini. Il choisit des exemples
d’édifices similaires ou ayant rapport avec le sujet. Il établit un modèle de référence. Il
développe une synthèse des éléments trouvés qui vont influencer sa compréhension du projet.
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Types de projet en cours, ou récents :
Un aspect important est la relation entre architecture et urbanisme. L’architecture est une
réponse aux conditions de vie, de culture, que l’urbanisme s’efforce de découvrir. On donne des
projets en ce sens. Renforcer le caractère commercial d’une zone, le caractère culturel,
urbanisme de santé et architecture de santé, caractère de loisir, zone résidentielle, zone
administrative, zone patrimoniale...
Une caractéristique des projets institutionnels est leur ampleur, tous ont des salles grandes avec
de grandes portées. Les étudiants peuvent proposer des thèmes de projet qui seront discutés
pour être acceptés.
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L’étudiant présente un mémoire de recherche expliquant ce qu’il a découvert sur son sujet,
l’ensemble des solutions qu’il pense adéquates sur le thème. Le mémoire de recherche
s’approfondit à chaque phase de présentation. La présentation finale s’accompagne de ce
mémoire au complet. Un jeu de dessin est incorporé dans le mémoire. Avec dessin et recherche
l’étudiant peut se présenter devant le jury final.
Méthodes d’enseignement
Le cours se fait en studio. Le contact direct entre le prof et les étudiants est la norme.
Cependant il est hautement souhaitable que les appréciations du prof soient partagées par les
autres étudiants. La classe devient dynamique et les étudiants trouvent une opportunité de
suivre les différents projets qui sont pris en charge dans le studio. Malheureusement cet aspect
n’est pas compris. L’étudiant, une fois qu’il à présenté, ne reste pas dans le studio, perdant ainsi
l’opportunité de découvrir les autres projets, de se familiariser avec eux. Tout autant que
l’étudiant aura observé des projets divers, mieux il sera préparé pour affronter son propre
projet. Mieux il sera préparé pour comprendre la variété de projets sur lesquels il est appelé à
travailler dans la vie professionnelle.
Un enseignement à distance peut être mis sur pied. Il faut un échange régulier entre l’étudiant
et le prof pour que le suivi soit assuré.
Difficultés
Développer l’esprit de synthèse est le but du studio. Mais cela est difficile, les étudiants
viennent avec des idées préconçues, ils n’arrivent pas à s’auto critiquer. Ils partent vite sur une
idée sans arriver à approfondir les relations entre cette idée et l’ensemble du projet. Beaucoup
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de visions erronées, de mésinterprétations des matières variées nécessaires dans la formation
des architectes. Les étudiants continuent de négliger les bases math et physiques, sciences
humaines et art de l’architecture. Il y a une tendance à confondre extravagance avec originalité.
L’esprit théorique fait défaut, découvrir la raison profonde n’est pas cultivée. Comprendre
l’impact de la culture haïtienne sur le projet n’est pas compris. Les étudiants souvent se perdent
dans les cultures étrangères. Dorénavant l’étudiant commencera le projet final en présentant
une appréciation critique sur ses projets dans son parcours.
L’étudiant est évalué à chaque présentation. Ce qui va lui permettre de bien cerner le sujet. Une
présentation préliminaire non réussie doit être renouvelée. On développe une idée qui a été
évaluée et acceptée par le jury. Les trois aspects de l’architecture sont pris en compte
systématiquement.
Actuellement deux professeurs assurent l’encadrement en projet final. Les étudiants ont intérêt
à suivre les conseils de leurs directeurs qui ont de l’expérience, et une vision de l’architecture.
Ils ont une tendance à se lancer dans des directions surprenantes. Vite ils développent un
réflexe d’ego qui rend difficile la réceptivité à la critique. Ils s’entêtent vite, s’amourachent de
leur premier jet, et n’arrivent pas à approfondir leur projet.
Remarque :
En projet final les étudiants doivent avoir termine avec tous les cours pour pouvoir présenter
leur projet. Le jury final est le clou dans la vie de l’étudiant. On doit vérifier qu’ils n’ont pas de
matières en suspense.
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A 2 PROJET D’ARCHITECTURE Introduction AD mai 2020/ oct. 2022
Le projet d’architecture puise dans 3 domaines de connaissances : sciences maths et physiques,
sciences humaines, art.
L’architecte, pendant qu’il pense à résoudre des problèmes d’habitat, doit être en mesure de
dessiner les idées qu’il a en tête. Il doit pouvoir visualiser l’édifice auquel il pense. Trouver les
formes adéquates pour traduire sa compréhension.
Poids, densité, transmission de chaleur, conductivité des matériaux. Thermodynamique, les gaz,
les liquides. Le maitre couple de l’objet en mouvement dans l’air ou dans l’eau. Hydraulique du
bâtiment. Mécanique du bâtiment, Electricité, éclairage. Acoustique, air conditionné. Approche
climatique, bio climatique. Approche énergie passive. Différence de potentiel. Energie solaire,
du vent. Optique.
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Sciences humaines :
Activités humaines :
Se loger, se fait dans un logement qui prend toutes sortes de formes ou de types
Etudier, dans une école, une école professionnelle, une faculté,
Lire ou apprendre, dans une bibliothèque, médiathèque,
Se soigner. Dans un centre de santé, un hôpital
Voyager, il faut la gare d’autobus, la gare aérienne, la gare maritime
Logement provisoire, dans un hôtel. Sous une tente, dans une roulotte.
Travailler, dans un bureau, un commerce, une usine, un garage,
Dans chacune de ces activités, l’homme a mis des règles de conduite et de comportement, une
façon typique d’agir qui influence l’espace ou le cadre bâti. C’est pour cela qu’en projet
d’architecture on essaie d’abord de comprendre les activités humaines. On travaillera après
pour que les espaces soient adéquats ou en accord avec ces activités.
On dit souvent que l’architecte est le maitre ou le spécialiste de l’espace. Oui, l’architecte, qui a
compris comment les gens veulent vivre ou ont l’habitude de vivre, pourra étudier et proposer
l’espace souhaité. L’architecte ne décide pas à la place des gens, il interprète les besoins des
gens pour leur offrir l’espace nécessaire à leurs activités. La liste des activités vient avant la liste
des espaces. La relation entre les activites va déterminer la relation entre les espaces.
Art en architecture
L’architecte construit des édifices avec des volumes variables, de simple à complexe. Il faut que
le volume soit plaisant, agréable à observer, de loin ou de près. On va circuler dans l’édifice, il
faut que le plan soit clair, visible, compréhensif, agréable. L’architecte essaie de communiquer
aux gens, le sens, la raison d’être de l’édifice. L’architecte communique avec le passant
l’observateur. En ce sens un édifice qui communique des messages, d’une manière agréable,
devient un objet d’art. Quel est ce langage de l’art en architecture ?
Etude ou conception du projet
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Dans tout projet l’architecte doit travailler sur trois aspects de base
Le programme
Le site
La proposition
En général l’architecte pour bien comprendre les intentions du client présente le projet en 3
phases, en sollicitant chaque fois l’approbation du client
Présentation préliminaire
Présentation de développement
Présentation finale
Les trois aspects de base, programme, site et proposition vont évoluer du simple au complexe
jusqu’à l’accord ou l’acceptation finale du client.
Les trois domaines de l’architecture, sciences math et physiques, sciences humaines et art
sont toujours pris en compte. Dans chaque présentation.
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Nous vivons dans un cadre bâti. Quelles sont les raisons qui ont poussé à cette façon de bâtir.
L’architecture est un élément important de la culture. Et nous prenons la définition globale de la
culture qui est la stratégie de survie d’une population.
Avant d’aller comprendre l’architecture d’autres pays. Il est essentiel de comprendre notre
architecture.
Quelle est par exemple l’architecture du Nord Ouest, de Port de Paix en particulier. La relation
entre l’architecture de cette ville avec le mode de production, la façon de vivre, la culture des
gens de la zone.
Chaque étudiant devra faire une recherche sur comment on habite à Port de Paix, ou dans
d’autres endroits du Nord Ouest. Y a-t-il une particularité dans cette architecture.
On observe différents types de construction :
Logement, en zone différente, urbaine centre ville, banlieue ou périphérie, petite ville
Commerce, marché public, supermarché, boutique, magasin, dépôt, restaurant
Production, agricole, agro industrie, industrie,
Le port, transport maritime, routier, aérien, wharf, carénage
Artisanat, du cuir, de la paille, du bois, couture, béton…
Ecole, pré scolaire, primaire, fondamentale, secondaire, professionnelle, publique ou privée
Eglise ou temple ou péristyle,
Sport, terrain de sport, sport en salle,
Loisir, plage, bals, festival, kermesse, discothèque, cinéma, spectacle, concert, place
Cercle social ou culturel
Santé, centre de santé, clinique, dispensaire, pharmacie, hôpital,
Parc, promenades, bord de mer, collines, la montagne
Les rues, les trottoirs, galeries et balcons, terrasses sur les toits
Tourisme,
L’architecte observe son milieu systématiquement. Les gens ont des besoins multiples. Il doit
découvrir comment les gens trouvent des réponses à leurs besoins.
On choisit un édifice quelconque. On dessine le plan, même à main levée, la façade, une coupe,
un volume. On essaie de comprendre les fonctions, les circulations, l’approche bio climatique,
les problèmes de sécurité, de contrôle. Qu’est-ce qui rend l’édifice attrayant, solide ?
On envoie les dessins accompagnés d’un petit descriptif aidant à comprendre la relation entre
les fonctions et le bâti. Pourquoi l’édifice a été construit de cette façon ?
Le cadre bâti ou l’architecture est réalisé sur la base d’auto construction, par des boss, par des
ingénieurs et en dernier lieu seulement, par des architectes.
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Sommaire :
1- Critères du projet, exemples
2- Les systèmes dans les projets, exemples projet administratif, université,
3- L’enquête pour le projet
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Le centre ville n’a plus d’espace libre. Le terrain disponible se trouve à proximité du centre ville,
à 5 minutes à pied, et encore j’ai du insister pour indiquer qu’il existait. On me donnait un
terrain à 7 km du centre ville. Mais comment donner l’illusion que le centre ville s’est déplacé
de quelques centaines de mètres, que l’atmosphère de la grand rue peut être reprise avec ses
rangées de galeries et de balcons. Une grand-rue qui aboutit à une place centrale de la culture.
A partir de là, le projet a pris corps. La grand Rue à Jérémie suit une légère courbe, que l’on
retrouve dans le projet.
Dans une autre ville le Cap, l’architecte a été forcé de placer le centre administratif à 10 km de
la ville. Le centre construit depuis plus de 10 ans est resté inoccupé. Aux Cayes l’édifice placé
dans un terrain trop exigu a du être scindé en deux, rompant ainsi la règle « unité d’action de
lieu et de temps ». A Jacmel l’édifice a été placé dans un bidonville, a l’écart du centre ville,
l’édifice n’a pas été construit. A Port de Paix, l’édifice élégant sur une colline prés du centre de
ville est très visible. La pente assez forte en direction de la mer a porté à des solutions
malheureuses. L’auditorium dans le sens de la pente se retrouve coincé, enfoncé, à l’intérieur
de l’édifice, sans lumière et sans ventilation naturelle. Il n’a pas été achevé. Le choix des couloirs
intérieurs est vraiment à écarter chez nous. Sauf si on trouve moyen de faire des jours
empruntés qui laissent un peu passer la lumière et la brise mais qui gênent l’intimité acoustique.
Ce problème est bien connu dans les maisons traditionnelles en centre ville, à cause de
l’étroitesse des sites.
Projet administratif
L’architecte travaille sur un ensemble de systèmes dans chaque projet. Ces systèmes varient
selon les projets. Dans un projet administratif, le système de modulation des espaces est
déterminant. Pour certains la modulation est basée sur l’incrémentation par rapport à un
élément de base. Le bureau typique, le meuble, est de 1,50 m, les espaces seront des multiples
de 1,50 m. 3,0 m, 4,50 m, 6,0 m, 7,50 m, 9,00 m. La distance entre colonnes va suivre cette
modulation. En Haïti on reste à 9,00 m généralement à cause des poutres en béton armé qui ne
franchissent pas bien des distances plus grandes. A l’étranger avec les poutres métalliques on
arrive confortablement à 12,00 m. Système d’espace lié au système de structure.
Système d’espace lié aux facteurs de comportement humain. Hiérarchie dans les rapports
humains. On donne 3,00 m comme standard à l’employé simple. Le cadre supérieur aura 4,50
m. Besoin d’espace pour celui qui travaille seul, espace plus grand pour celui qui reçoit d’autres.
Le système d’espace se reflète dans la façade de l’édifice. Les baies, distance des fenêtres, sont
aussi multiples de l’espace ou de la modulation choisie.
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Les cadres ont des bureaux dans la périphérie de l’édifice, ils peuvent jouir de la vue, du soleil,
ils peuvent fermer leur bureaux et être indépendants acoustiquement. Les employés peuvent
avoir des petits bureaux sans vue sur l’extérieur. Ou même dans le système plan ouvert ils n’on
pas de bureau mais des cubes ou carrés ou postes de travail.
Un étudiant a fait l’inverse dans son projet de mairie. Plaçant le maire à l’arrière, le cachant et le
protégeant. Un maire qui a peur du public ! De son peuple.
L’architecte doit découvrir les systèmes qui vont jouer dans chaque type d’édifice. Cette
découverte se convertit vite en guide pour la conception de l’édifice.
L’enquête
Les étudiants s’emballent vite dans cette phase d’enquête. Mais les résultats sont en général
décevants. On dit « l’enquête se poursuit ». « Lankèt se boul suif » cela glisse mais n’aboutit pas
à grand-chose.
Il faut d’abord un plan de recherche. On réunit toutes les informations que l’on a, même
empiriques, sur le sujet. On essaie de deviner ou d’identifier ce que l’on veut savoir, à partir de
ce qui manque.
On formule une hypothèse de recherche. « Le scientifique qui ne sait pas ce qu’il cherche ne
sait pas ce qu’il trouve ». La recherche est descriptive, niveau le plus simple. La recherche est
explicative niveau plus sérieux. On cherche les relations de cause à effet. Dans chaque nouvelle
recherche, on évalue les réponses trouvées.
C’est un travail de synthèse qui se fait, on apprend de chaque recherche, on se rapproche de la
compréhension cherchée.
On formule une hypothèse de recherche, cette hypothèse sera revue au fur et à mesure que
l’on trouve des informations nouvelles.
L’enquête se fait sur les trois domaines, fonctions, structure, art, dans leur liaison avec le sujet
ou le thème du projet. En architecture chaque enquête est spécifique.
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Les activités dans le projet, relation de proximité entre les activités. Organigramme
Approche culturelle
Relation EC environnement-comportement
Approche organisationnelle ou hiérarchique
Approche bio climatique
Approche urbaine, intégration dans le voisinage
Espace, nécessité en espace
Structure, modulation,
Circulation, accès, évacuation
Contrôle et sécurité
Art. Volume, silhouette et fond, plan, façade, signification, communication, contrepoint.
Théorie de la forme
Vision, extérieure, intérieure, de loin, rapprochée, vision en séquence, champ visuel, vue de
front, en enfilade
Acoustique, propagation, absorption, diffusion, piège à son, caisse de résonance
Le site, le génie ou le caractère spécial du site
Orientation, topographie
Approche légale,
Aménagements paysagers
Approche économique
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Cafeteria,
Infirmerie
Services, maintenance, sécurité, garage, groupe électrogène ou autre source d’énergie
Parking
Les étudiants, salle de l’association étudiante, salle d’étude de recherche
Comportement formel et informel, des étudiants, professeurs, personnels
LA SANTE
Les échelons dans le système de santé. Dispensaire, centre de santé sans lit CSL, centre de santé
avec lit CAL, HCR, hôpitaux universitaires ou autres centres spécialisés.
Hôpital communautaire de référence HCR
On fait des HCR sur la base d’un bassin de population. D’abord avec la relation un lit pour 1000
habitants. Ensuite la distance à parcourir et le temps pour arriver à l’hôpital. Pour ces raisons on
peut avoir des HCR de 100, 150 lits. Mais aussi bien 30, 40 lits ou encore 70, 80 lits. Cela est
variable selon la zone, urbaine, faubourg, petite ville, campagne.
L’HCR s’occupe de 4 services de base : pédiatrie, maternité-obstétrique, chirurgie, médecine
interne.
Ces 4 services se retrouvent dans la clinique externe
Dans le service d’urgence
Dans l’hospitalisation
Séquence des activités :
Bloc Accueil général, attente, réception, archives, Pharmacie
Bloc Accueil urgence et service d’urgence
Bloc Clinique externe, les 4 services de base
Bloc technique, laboratoire, radiologie, imagerie,
Bloc d’intervention, accouchement, bloc opératoire
Bloc Hospitalisation pour les 4 services de base
Direction médicale, mess médical
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Circulation à travers l’hôpital, horizontale, verticale
Bloc Administration
Service, buanderie, cafeteria et cuisine, garage, entretien, maintenance, morgue, dépôts
Incinérateur, garage, poubelle
Réservoir d’eau, eau potable, service de sécurité, énergie électrique, solaire, éolienne,
Bloc Logement corps médical de service
Séquence :
Après le diagnostic clinique dans la clinique externe, le patient est envoyé au bloc technique,
pour le laboratoire d’analyses médicales et la radiographie ou imagerie. Le diagnostic est
renforcé, permettant au médecin de préciser le traitement.
Le médecin peut ordonner l’hospitalisation du patient ou le suivi à la maison avec contrôle en
clinique externe. Les médecins affiliés à l’hôpital peuvent envoyer des patients directement
pour hospitalisation. Le service d’urgence peut envoyer des patients en hospitalisation. Les
patients qui passent en bloc d’intervention vont après en hospitalisation, avant en observation.
Après vient la bataille pour la modulation des espaces, la structure, la circulation, une vue
d’ensemble de l’édifice…
La culture
Plusieurs étudiants sont intéressés à ce thème, très variable en lui-même.
Salle de spectacle, pour la performance devant des spectateurs.
Centre culturel pour la formation et le spectacle. La perspective est différente.
Centre de loisir. Maison de la culture. Bibliothèque. Musée, différentes sortes de musée.
Chacun de ces projets demande une approche, ou une compréhension du sujet.
Hôtels
Logements provisoires
La tente, l’hamac. L’ajoupa de plage, ajoupa ou tonnelle de danse ou de fête.
Le pied à terre, la garçonnière, le studio
La roulotte, la Chambre d’hôtes, le gite,
Auberge de jeunes
Pensions, pension de famille
Petit hôtel, Hôtel moyen, Grand hôtel, Hôtel de passe
Hôtel de ville, de montagne, balnéaire, de plage, de montagne, de lac
Par la vocation : hôtel d’affaires, culturel, touristiques
Centre d’accueil de jeunes, de réfugiés. Orphelinat
Activités dans les hôtels
Les noms des hôtels, tout un programme et une légende associée aux noms
Par la qualité et la quantité des services offerts
Organisation, Intérêt particulier, image de marque.
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A 4 ENQUETE/RECHERCHE SUR LE CADRE BATI AD septembre 2022
L’enquête aide l’architecte à bien comprendre le cadre bâti. L’enquête est menée sur les 3
domaines Sciences humaines et fonctions, Construction et structure, Art en architecture.
L’enquête est une étape importante dans chaque projet d’architecture. L’architecte doit se
familiariser avec les éléments du projet. La liste des projets est longue et variée. Les activités
humaines sont multiples, et chaque activité se développe dans un cadre bâti particulier qui
répond à cette activité ou ensemble d’activités. L’activité doit avoir un cadre bâti qui lui soi
conforme.
L’enquête se concentre d’abord sur les activités humaines qui ont guidé les divers types
d’architecture. En ce sens, la maxime, disant que l’architecte est d’abord le maitre de l’espace
bâti devrait être pensée à nouveau. L’architecte à travers les sciences humaines se penche sur
l’identification des activités, leur compréhension, l’interaction entre les activités. Le cadre bâti
est une réponse aux activités humaines différenciées. Comprendre le cadre bâti demande de
découvrir la raison d’être, le but de ce cadre bâti comme espace pour faciliter le déroulement
des activités. Une fois que l‘on a compris les activités, alors oui, l’architecte créateur d’espace
peut jouer son rôle à plein. L’architecte ne crée pas l’activité humaine, il crée l’espace adéquat
pour cette activité. Les activités humaines sont imprégnées de la culture haïtienne, du mode de
vie, du mode de production. C’est une mine à exploiter. On dit souvent que l’architecte est
architecte d’un milieu donné, d’une culture donnée. Les jeunes profs ont tendance à ne pas
prendre en compte l’exemple du milieu, non par refus, mais par ignorance tout simplement.
L’enquête se concentre ensuite sur la structure. Chaque cadre bâti devient un édifice, dont la
forme, la surface, le volume, la solidité, le mode de construction, sont des réponses les plus
appropriées aux activités justifiant cet édifice. L’enquête sur l’édifice part à la découverte de
toutes les réponses de structure et de construction.
L’enquête se penche sur l’art exprimé dans les édifices ou ensemble d’édifices. L’architecte,
dans la compréhension de l’art en architecture, se trouve confronté à la question de l’élégance
de la forme, de la circulation, de l’adaptation au site, de l’utilisation optimum des matériaux
disponibles dans chaque milieu. L’enquête sur les édifices demande bien vite d’interpréter les
réponses offertes par les édifices aux activités humaines. L’approche artistique en architecture
accepte une démarche hiérarchisée par domaine. Mais en même temps chaque domaine de
l’architecture est porteur d’art. Le plan peut être élégant, les matériaux attirants, la structure
forte et raffinée.
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Approche par domaine, approche intégrée des domaines. Curieusement chaque type d’édifice
consacré à une activité humaine demande une approche particulière liée à l’activité. Dans un
édifice comme un hôpital l’enquête sur les fonctions est primordiale, les deux autres viennent
presque en complément. Dans un édifice culturel, l’approche artistique prend le dessus. Les 3
domaines de l’architecture sont toujours présents mais avec des priorisations différentes.
Cela se reflète au niveau des architectes eux-mêmes : on trouve des architectes très méticuleux,
très techniques, on trouve aussi bien des architectes très créatifs, très sensibles. Et même des
architectes qui ont le bagout pour trouver des clients, les amadouer. Toutes ces qualités sont
nécessaires pour le design mais ne se retrouvent pas forcément dans chaque architecte.
A- Le cadre bâti comprend des types de construction liés à des fonctions ou buts divers
Chaque fois que l’architecte aborde un thème, il étend l’enquête sur une suite de bâti pour être
familier avec le thème. Il dégage les fonctions principales, les fonctions secondaires, en
établissant une hiérarchie des activités. Dans chaque thème, les activités varient autour d’un
axe d’observation. Il découvre un vocabulaire associé aux activités.
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Santé, clinique, dispensaire, centre de santé, sans lit, avec lits, hôpital de premier recours,
hôpital spécialisé, maternité, maison de retraite, de repos.
Divers niveaux d’activité font que les édifices deviennent de plus en plus complexes. C’est une
architecture très complexe et précise. La fonction et la technique dominent cette architecture.
Religion, chapelle, église, cathédrale, sanctuaire, temple, péristyle, grotte, reposoir, sources,
puits, sauts, arbres sacrés, presbytère, procession, juvénat, Grand séminaire, centre de retraite,
centre charismatique.
La relation tradition, coutume et modernisme est un défi. Il faut comprendre la liturgie de
l’église qui établit les relations entre les fidèles et les serviteurs. Cette liturgie a évolué à travers
le temps. L’art devient une exigence de première importance.
Détente, loisir, parc, place de jeu, de promenade, piste de patinage, de football « ti kan », piste
de danse, le kiosque sur la place, l’ajoupa dans le parc, l’aire de jeu d’enfant, l’aire de jeu
d’adolescents, foire, concert… Espace de loisir ou de détente en salle et en plein air. Technique,
fantaisie, art au rendez vous.
Education, crèche, jardin d’enfants, école primaire, fondamentale, secondaire, nouveau
secondaire, école professionnelle, éducation supérieure, faculté, université, campus
universitaire.
Projet très technique également. Les usagers sont variés, les élèves, les profs, le personnel
administratif, les parents. Les élèves ont des âges différents. Les spécialités sont multiples.
L’accès universel est exigible. Un aspect sous estimé est l’expérimentation, la manipulation liée
à la théorie. Question spécifique, relation entre théorie et pratique, laquelle précède l’autre.
Commerce, boutique, magasin, marché public, supermarché, centre commercial, banque,
bourse, foire, commerce ambulant. Chez nous le commerce est une façon de vivre. Problème de
sécurité, de contrôle, de protection, de vision « yo pa achte chat nan makout ». Il faut voir pour
vouloir. Exposer la marchandise, attirer les regards. Faire voir et sécurité.
Administration, complexe administratif, mairie, douane, contribution, ministère, bureau privé,
Gérer le public, recevoir les gens, accueil, rencontre. Services offerts. Circulation et flux des
gens. Hiérarchie des employés et des espaces.
Justice, tribunal, de différents niveaux, état civil, archives, palais de justice
Défense, sécurité, casernes, commissariat, prison, centre d’entrainement, Académie, centre
d’application. Corps de Police, Marine, Aviation, Armée.
Sport, stade ou stadium, gymnasium, salle de sport, tous les sports, vélodrome, hippodrome,
stade olympique, piscine, art martial, salle de musculation … Les joueurs, les spectateurs.
Grande différence, le sport et le spectacle. Les points de vue sont souvent contradictoires.
Vision, éclairage ventilation naturelle, circulation, accès et sortie. Des grands volumes. Art en
architecture.
Culture, musée, maison de la culture, salle de spectacle, salle polyvalente, salle spécialisée
(théâtre, concert, conférence), salle de fête, salle d’exposition, foire, bibliothèque,
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médiathèque, cinéma, auditorium, graduation, défilé, événement comme mariage, bal,
communion, fiançailles, veillée. Les joueurs, les spectateurs, les acteurs, les participants, les
invités, les objets exposés. Fonctions, structure et art concourent au succès de cette
architecture monumentale.
Transport, maritime, routier, aérien, wharf, pont, gare, trottoir mobile, escalier fixe ou mobile,
rampe fixe ou mobile, ascenseur, parking. Entrée, sortie, attente de départ, d’arrivée, accueil,
billetterie, contrôle, des bagages, des identités. On se retrouve encore en architecture de grand
volume, qui peut être très technique ou monumentale.
Restauration, du simple au complexe. Depuis le « chen janbe », au restaurant de livraison sur
place (fast food), au restaurant classique ou l’on prend son temps pour manger. Restaurant à
buffet, à la carte. Restaurant associé à d’autres activités, resto dansant, restaurant spectacle
comme le cabaret. La relation entre cuisine et nombre de client est essentielle. Selon le type de
service offert. La finition des espaces est essentielle.
Le cadre bâti s’adapte aux conditions de vie humaine, sciences humaines, comportement,
psychologie, droit, mode de vie, culture, tradition,
Ce point est souvent négligé ou peu fouillé. Age des usagers, sexe, quantité de personnes,
habitude de vie, coutumes. Conditions de vision, d’écoute, d’équilibre, de rapprochement,
ventilation, aération, température, d’encombrement.
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Conditions climatiques, plaines, montagnes, littoral. Latitude par rapport au jeu du soleil. Pays
tropical, les saisons.
Relation cadre bâti environnement : le comportement humain dans le cadre bâti
Le cadre paysager, flore, faune, minéral. Eaux, vues,
Structure :
Les portées moyennes dans chaque type de construction. Le langage structurel, fondation,
poteau, poutres, dalles, planchers, toits légers, toits en béton. Infrastructure, structure,
superstructure.
Structure et art
Le temps joue son rôle dans la construction,
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Critères de projet :
La facon de mener les activités, les conditions meilleures de vision, d’écoute, d’observation, de
confort, de ventilation, d’aération, de contrôle, de communication, de sécurité, de lumière
naturelle… forcent à élaborer une liste de critères à respecter dans le projet. Cette liste varie
dans chaque projet, selon le type de projet. C’est une liste importante à produire qui servira de
guide et de rappel pour des aspects divers du projet.
Parfois les critères semblent contradictoires. On est dans le climat tropical, quand on va dans la
montagne le climat change.
Conclusion : cette recherche enquête se fait et se présente dans la phase préliminaire du projet.
Cependant la recherche se poursuit et s’approfondit dans les autres phases du projet, en
développement et en finale, quand on entre dans les détails en particulier.
Il y a eu un effort suivi dans le cadre bâti en Haïti. La recherche devrait se concentrer sur les
exemples multiples du milieu, avant de se lancer sur des recherches dans d’autres milieux
étrangers.
Comment chercher, trouver ces informations ? L’architecte maintient une attitude systématique
d’observation, d’écoute du milieu. A l’écoute des parents, des anciens, en fréquentant divers
milieux sociaux, en maintenant chez nous la curiosité et l’amour du milieu.
L’art de l’architecture que nous voulons développer en nous dépend de notre capacité à
observer, à questionner ce que nous voyons et ressentons. Tous nos sens en éveil pour
découvrir l’architecture !
L’enquête que nous avons menée pour le projet spécifique choisi est le premier pas vers la
recherche en architecture. Chaque projet nouveau nous permet de découvrir un aspect
nouveau de l’architecture. Pour cela il faut bien présenter cette enquête, surtout les
associations d’idées qui ont surgi. Dans le domaine de l’architecture les premières enquêtes
peuvent nous mener à développer des recherches sur divers thèmes.
21
Enquête/recherche sur le bâti
Exemple : logement
On le fait du simple au complexe
La maisonnette paysanne.
Fonctions : La maisonnette paysanne d’une pièce unique. Coin repos et coin de vie dans le
même espace. La cuisine, la toilette la latrine à l’extérieur de la maison. 3m x 3 m = 9m2
Maisonnette de 2 pièces, la salle pour la vie, la chambre pour le repos. Cuisine, toilette, latrine a
l’extérieur. Petite galerie d’accueil a l’avant, appelée « douvan pot ». 3m x 7 m = 21 m2
Maisonnette de 4 pièces. La salle, la chambre, 2 pièces, plus petites, dépôt et chambrette.
Cuisine, toilette, latrine à l’extérieur. Petite galerie à l’avant. 5 m x 7 m = 35 m2
Activités humaines : recevoir, dormir, appui aux activités agricoles, toilette, cuisine, latrine.
Le jour on vit dans la cour, à l’ombre des arbres, on va travailler dans le jardin. Le soir on est
dans la maison. La maison est fraiche la nuit.
Dans la chambre un lit à 2 places. Dans la salle une table des chaises et un vaisselier. Dans les
deux petites pièces, un lit, des nattes. Des ustensiles de cuisine, des outils de travail. « Kay piti
nat anba bra ». Les enfants ou les jeunes dorment sur des matelas ou des nattes. On a donné le
lit principal à l’invité. La famille s’est débrouillée pour trouver ou dormir.
Mode de construction. Poteaux en bois enfoncés dans le sol à une distance modulaire de 1m.
Sol ou parquet en terre battue, ou parquet en mortier de ciment ou de chaux. Pour remplir le
vide entre poteaux, méthode du clissage et bousillage, clissage en bois bousillage en
maçonnerie de terre argile et tuffeau. 2 ème méthode remplissage de maçonnerie de roche de
moins de 10 cm avec mortier de terre argile, tuffeau, un peu de chaux ou de ciment. Paroi
recouverte à l’extérieur et à l’intérieur de mortier. Couche finale de peinture de lait de
chaux. Les bois des poteaux sont naturels en bois arrondis, droits ou un peu crochus. Toiture en
structure en bois, couverture en paille ou en tôle. La structure du toit est contreventée. Le
principe de la triangulation est appliqué dans le toit. Malheureusement pas pour les poteaux.
Art en architecture : la galerie avant est soignée, avec poteaux, 2 parfois 4, traverse horizontale.
Souvent parapet en X. Contraste de la peinture portes et fenêtres en couleur vive sur le fond
blanc du mur en chaux. La couche finale des murs peut être blanche, ocre, ou rosée. Selon le
tuffeau disponible dans la zone. Les portes ou fenêtres en bois sont souvent à double battant.
Pour que les pièces soient ventilées de façon minimum, dans les linteaux on fait des dessins
évidés chantournés dans le bois. Des dessins exécutés dans le bois avec la scie à chantourner. A
niveau du toit on met souvent des planches avec des dessins en dent de scie ou formes
chantournées pour attraper l’œil. Le toit est incliné, pente forte pour le chaume, moins forte
pour la tôle. Toit a 2 pentes, 3 pentes ou 4 pentes. Volume avec plans inclinés.
Agrément paysager : souvent un gazon, des plantes décoratives, le creton en particulier
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Artisanat utilitaire : le glacis devant ou à coté de la maison pour le séchage des produits
agricoles. Le grenier ou colombier pour sauvegarder les céréales dans la cour. Pépinière
extérieure.
Cloture en haie vive pour définir l’espace de la cour
Maisonnette urbaine
Maison de 2 pièces. Salle, chambre, galerie avant. Cuisine, toilette, latrine extérieure.
Maisonnette de 4 pièces. La salle, la chambre, 2 pièces, plus petites dépôt et chambrette.
Cuisine, toilette, latrine à l’extérieur. Petite galerie à l’avant, parfois a l’arrière. La cour manque
en ville, par contre les corridors sont agréables. La brise passe bien.
Toute une observation soignée à faire pour comprendre le processus de construction, pour
découvrir le mode de construction.
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A 5 RECHERCHE EN ARCHITECTURE AD oct. 2022
Comment chercher, trouver ces informations ? L’architecte maintient une attitude systématique
d’observation, d’écoute du milieu, d’interrogation. A l’écoute des parents, des anciens, en
fréquentant divers milieux sociaux, en maintenant chez nous la curiosité, l’amour et le respect
du milieu. En allant en province ou les traditions se maintiennent davantage. Dans la capitale
aussi, surtout en centre ville, qui est devenu difficile d’accès ces derniers temps. Il y a une
architecture que l’on voit en passant dans les rues. Il faut entrer dans les maisons, les corridors
pour toucher du doigt l’expérience de construction du milieu.
L’art de l’architecture que nous voulons développer en nous dépend de notre capacité à
observer, à questionner ce que nous voyons et ressentons. Tous nos sens en éveil pour
découvrir l’architecture ! Tout notre esprit critique également.
L’enquête que nous avons menée pour le projet spécifique choisi est le premier pas vers la
recherche en architecture. Chaque projet nouveau nous permet de découvrir un aspect
nouveau de l’architecture. Pour cela, il faut bien présenter cette enquête, surtout les
associations d’idées qui ont surgi. Dans le domaine de l’architecture les premières enquêtes
peuvent nous mener à développer des recherches sur divers thèmes.
A travers les diverses enquêtes menées pour entrer dans chaque projet nous accumulons une
compréhension de plus en plus profonde de l’architecture. Ces enquêtes répétitives sont déjà
de la recherche. Il faut après élargir le cadre de la recherche, le discipliner et surtout maintenir
l’esprit ouvert pour questionner les 3 domaines de l’architecture.
Ces trois domaines sont déjà assez vastes pour nous lancer des défis dans chacun d’eux, mais
surtout nous les abordons avec un esprit de synthèse en faisant les associations d’idées
multiples qui poussent à la découverte de la complexité architecturale. Celle-ci se caractérise
par sa capacité intégrative.
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Le mot intégration nous l’avons balbutié en mathématiques, nous avons trébuché sur les
intégrales et les dérivées, sans nous rendre compte que l’esprit d’intégration et de dérivation
correspond à l’esprit d’association et de logique de synthèse nécessaire pour l’architecture. Ce
sont d’autres formes d’intégration et de dérivation que nous développons en architecture.
Dans tout notre travail d’architecte nous touchons les trois aspects à chaque fois que nous nous
lançons dans un projet quelconque. A la différence d’autres champs de recherche qui ont des
formes d’expression spécifiques, il faut identifier la forme d’expression de la recherche en
architecture.
Il est aussi valable pour nous de nous lancer dans des recherches liées à la construction et la
structure. Des recherches sur les sciences humaines et les fonctions. Des recherches sur l’art en
architecture. Chaque pas en avant dans la recherche nous ouvre de nouveaux horizons et nous
renvoie sur les 3 domaines à la fois. L’ingénieur fait les calculs que nous apprécions, le moment
d’après, tout en respectant les calculs, nous développons une nouvelle lecture, une nouvelle
appréciation de la structure dans sa relation avec les activités humaines et l’art.
Construction et structure :
Qu’est ce qui nous permet de choisir la distance entre poteau ou colonne dans une
construction. C’est l’activité humaine qui détermine la grandeur de l’espace nécessaire,
longueur, largeur et hauteur de l’espace. La structure prend la relève, quelle structure sera
idéale pour ce volume choisi?
Les espaces pour une famille de 5 personnes se retrouvent très bien dans des distances
moyennes de 3 à 5 m, soit des espaces de 10 à 15 m2, à fonction bien précise. Une salle de
classe d’une trentaine d’élèves nécessite des espaces de 30 à 40 m2. Des distances de 6 x 6 m, 5
x 7 m sont choisies. Pour une cinquantaine d’élèves encore plus. Il ne faut pas qu’il y ait des
colonnes dans la salle sinon dans les cloisons. Dans une église on a des distances de 15 x 30 m et
plus. Dans un gymnasium des distances de 30 x 30 m et plus. On voit vite que le choix structurel
dépend bien du type de projet. D’autres considérations scientifiques de type physique qui ne
relèvent pas de la structure vont influencer le choix. Ventilation naturelle, éclairage naturel,
aération naturelle, distance de vision de l’œil au tableau par exemple, champ visuel. D’autres
considérations de sciences humaines vont influencer la structure. L’église doit avoir des
colonnes hautes, une salle de rencontre également, la dignité de l’espace « Priyè a monte gras
la desann ». La hauteur d’une salle de sport doit avoir un minimum de 9,0 m pour la montée
libre du ballon, ce qui est une grandeur physique. L’esprit de l’architecte est dans plusieurs
domaines à la fois.
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Relation entre structure et art de l’architecture
La forme d’une salle peut être un carré, un rectangle, un trapèze, un cercle, un ovale ou une
ellipse, une forme libre, un secteur circulaire, une forme en croix, un dédale, un fer à cheval…
Quelles sont les motivations justifiant ces choix ?
La forme rectangulaire demande d’être comprise. Une galerie rectangulaire très longue et peu
large ne permet pas la convivialité, le vivre ensemble ; pour être ensemble on doit pouvoir se
rapprocher se mettre en cercle, dans un cercle d’abord mais aussi dans un carré ou une surface
proche du carré. C’est de la que vient l’importance du nombre d’or pour savoir la limite d’une
salle rectangulaire pour se sentir ensemble. Sinon on est à coté l’un de l’autre face au vide. Le
cercle est l’espace idéal pour les rencontres entre semblables. On a parlé de la table ronde. Pour
un séminaire la salle ronde facilite l’inter échange entre les gens. Dans les églises anciennes le
rectangle était la forme adéquate pour les fidèles qui suivent le berger du troupeau, on fait la
queue en quelque sorte. Dans la liturgie nouvelle on recommande fortement les salles en rond
ou en fer à cheval. Dans un balcon ou une galerie peu profonde on est face à la rue, à
l’extérieur, on est à coté l’un de l’autre face au vide. On ne peut pas répéter le geste symbolique
de Tiga m’invitant à partager une tasse de café. On se regarde en face, les yeux dans les yeux
pour déguster le café. Kat je kontre manti kaba.
Recherche descriptive
C’est la plus simple relativement, on se concentre sur la découverte et la description de ce
qu’on a vu. C’est simple mais immense car les types d’édifice sont différents. Chaque peuple
construit à sa manière, selon son terroir, sa terre, sa flore, sa faune, sa culture, son mode de vie.
Ce que l’on a vu, c’est un niveau de découverte, ce que l’on a mesuré, est un autre niveau. On
fait des photos, c’est bien, photos extérieures photos intérieures ; on va plus loin en dressant
les plans, les coupes à l’échelle. On peut décrire dans le temps, dans l’histoire.
Qu’est ce qui pousse à cette recherche ? La curiosité, le désir de comparer, de découvrir l’autre.
Tomber sur un client qui nous demande un projet nouveau. Il faut vite se familiariser avec le
nouveau projet. On peut encore accumuler la connaissance des projets en se lançant
régulièrement à la découverte de thèmes à la mode ou autres raisons. C’est une des raisons en
enseignement de choisir des thèmes différents pour pousser l’étudiant à s’habituer à des
domaines nouveaux.
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Recherche explicative
Décrire en essayant de comprendre nous engage dans une recherche plus profonde, la
recherche explicative. Le pourquoi de chaque architecture. Ce pourquoi est complexe, il nous
pousse à interroger les 3 domaines de l’architecture.
Quand on a un projet sérieux, comme architecte, on doit comprendre la raison des choses. On a
découvert dans les recherches sur environnement-comportement que l’activité humaine
demande des espaces appropriés, mais tout aussi bien que l’espace bien compris facilite
l’activité humaine. Caractère approprié de l’espace mais aussi caractère approprié de tout
l’édifice, le volume, les façades, le plan, l’art exprimé.
Recherche de base
Un niveau encore plus élevé de recherche est la recherche de base. Qui amène à la création, à
l’invention, à la nouveauté, à des solutions non encore trouvées. C’est un défi systématique à
relever que de s’engager dans la recherche de base. La recherche de base part de la recherche
descriptive, entre dans la compréhension profonde de la recherche explicative et arrive à la
création.
Les architectes les plus calés, plus expérimentés, plus originaux, se lancent dans ce genre
d’activités. Cela demande du temps, de la patience, du flair, de la dédicace, beaucoup de travail.
Ces trois niveaux de recherche se font dans les 3 domaines de l’architecture, en interaction
entre les 3 domaines.
La recherche descriptive mène à l’architecte connaissant son propos, l’histoire, les styles, les
façons de faire, il pourra répéter, refaire et bien.
La recherche explicative mène à l’architecte plus profond, ayant compris la raison d’être des
choses, des formes. Une architecture sure d’elle-même, logique jusqu’au bout.
La recherche de base fait jaillir l’étincelle créatrice, allume le feu sacré, qui poussent l’architecte
à innover, à insuffler un air nouveau à tous ses projets.
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relations entre les éléments. La synthèse s’est produite. On peut faire de nouvelles synthèses.
On peut créer. C’est ce que l’architecte Christopher Alexander a bien compris dans son livre « La
synthèse de la forme ».
Exemples de recherches courantes
Par type de projet
La maison rurale, maison urbaine, Logement social
La variété de l’architecture dans le pays
Agro industrie. Recherche patrimoniale. Canne à sucre, café, tabac, pite. Industrie
Les forts, casernes,
Le commerce, magasins, marchés publics, centres commerciaux, banques,
Architecture religieuse, chapelle, église, cathédrale, sanctuaire, basilique, cimetière
Administrative, mairie, palais, complexe, bureaux,
Centres culturels, bibliothèque, musée, salle de spectacle, maison de la culture
Transport, gares, wharfs, chantiers navals, métro,
Loisirs, places, promenades, jardins, observatoire, carnaval
Sport, gymnasium, stade,
Santé, clinique, dispensaire, centre de sante, hôpital, hospice, sanatorium,
Tourisme, hôtels, casinos, bord de mer, salle de bal, de fête, de festival,
Education
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La recherche en architecture dans le milieu ??????
Les écoles d’architecture
Faculté des Sciences UEH, 1902
Uniq, Département d’architecture de Quisqueya 1993
Unité de recherche en architecture et urbanisme, URAU, CRAPU
GOC
ISTH (Leconte)
UNIFA
Les instituts ou collèges
ISPAN Institut pour la sauvegarde de patrimoine National
CNIAH
La question se pose
Quelle est la leçon, la valeur de l’expérience en construction et en architecture dans le pays
Voir industrie de la construction et chantiers de construction
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A 6 RECHERCHES PAR THEMES EN ARHITECTURE AD oct. 2022
Ecoles :
On classe tout de suite par ordre d’importance et par ordre d’âge
On considère l’école classique
Ecole pré scolaire de 3 à 5 ans, sur deux ans, 3 ème année et 4 ème année.
Ecole fondamentale sur 9 ans correspondant au brevet. Elle commence à la 5 ème année.
L’école fondamentale se fait en trois cycles. Les deux premiers cycles remplacent l’ancienne
école primaire de 6 classes. Le troisième cycle remplace les trois premières classes de l’ancien
secondaire.
Une catégorie spéciale porte le nom de lycée et opère sur 7 classes, il comprend tout le
secondaire. Dans le privé on dit collège. Pour les 7 ans de classe. On dit encore institut,
institution, cours privé, académie. Parfois même avec des adjectifs, collège classique, institut de
formation, on dit aussi des semi lycées.
L’Ecole secondaire, dit nouveau secondaire, vient après la fondamentale et se développe sur 4
ans, pour aboutir au bac I et II.
Chez nous on fait une distinction entre école privée et école publique. Dans le privé on fait
encore la distinction entre école congréganiste et école laïque. Il faut distinguer dans les écoles
congréganistes, les catholiques et les protestants.
On a eu d’autre distinction dans le passé, école citadine ou dans les villes et école rurale.
Distinction très forte, l’école rurale est au dernier niveau. Une distinction courante
additionnelle, école de garçons, école de filles, école mixte.
Une dernière distinction vient s’ajouter. Ecole internationale, programme français ou américain
ce dernier le High School.
Il y a une uniformité relative dans les programmes d’enseignement. Les activités varient, les
cours classiques dans la classe, avec d’autres programmes en addition, laboratoires et autres
salles spécialisées, musique, art, danse, expérimentation, bibliothèque, cafeteria, cours de
recréation, cour ou salle de sport, auditorium.
L’état haïtien considérait obligatoire pour les jeunes d’arriver au certificat d’étude primaire. Un
effort considérable a été fait pour doter le pays d’écoles primaires. Récemment l’état a relevé le
niveau de l’écolage obligatoire en instaurant l’école fondamentale. Depuis lors l’effort se
concentre sur les écoles fondamentales.
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Le programme de l’école fondamentale est ambitieux. En plus de 9 salles de cours classiques, on
ajoute deux salles de pré scolaire. Il prévoit des cours classiques, sciences math, physique,
chimie. Sciences humaines, langue, sciences sociales, histoire, géographie, maintenant même
patrimoine, culture. Sciences de la vie, botanique, biologie. Mais ce programme assez vaste
n’est pas suivi dans l’ensemble. Les meilleures écoles, lycées, écoles congréganistes le suivent. Il
faut des salles, et surtout des professeurs ou moniteurs en plus, pour ces cours additionnels. La
prévision est de permettre que les jeunes puissent suivre les cours classiques de base et en plus
qu’ils acquièrent un métier pour se lancer sur le marche du travail à la fin du fondamental.
On a du créer des EFACAP, des écoles de professeurs et de moniteurs pour les écoles
fondamentales. C’est un sujet intéressant les écoles de professeurs en considérant la variété des
cours que l’on veut mettre dans l’école fondamentale. Les apprentis professeurs enseignent
sous supervision, pendant qu’ils apprennent les différentes spécialités. Ces professeurs seront
disponibles après pour toutes les écoles fondamentales
C’est ainsi qu’il y a un programme pour faire passer les anciennes écoles primaires à la catégorie
d’école fondamentale. Le plus simple, un labo d’informatique, une biblio, une salle auditorium
qui peut servir aussi de cafeteria. Ce programme ne répond pas encore à l’ intention de l’école
fondamentale qui vise à donner à donner à la jeunesse la capacité de rejoindre le marché du
travail en sortant du fondamental.
Dans le nouveau secondaire on ajoute des ateliers divers, menuiserie, électricité, musique,
théâtre, danse, sport.
Dans certains pays on ajoute la participation à la production pour le secondaire. Et même
production de potager pour le primaire. Sur la base d’un horaire allégé.
Chez nous une école comme Catts Pressoir est en train d’innover en ce sens.
Un point de vue à considérer également pour l’architecture est la quantité d’école construite
dans ce but, comparativement aux écoles logées dans des anciennes résidences réaménagées,
dans des églises, des centres paroissiaux. Il y a une faiblesse généralisée dans la superficie des
terrains affectes aux écoles, limitant grandement les programmes de sport, les ateliers divers
d’expérimentation. Effectivement chez nous l’élève n’a pas d’espace pour expérimenter.
L’expérimentation n’est pas inscrite dans les programmes.
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Exemples :
Institution St Louis de Gonzague dans les années 1951 à 1961/ Rue du Centre
Fonctions
Le programme, école de garçons. Professeurs, frères étrangers ou haïtiens.
13 niveaux de classe de la 12 ème à la philo
12 ème 80 élèves
11 ème à 4 ème doubles classes, chaque classe de 40 à 45 élèves.
3 ème à 1 ère ou rhétorique une classe, cependant avec option B ou C chaque classe 45 élèves
Philo option B ou C, une classe de 45
Le total des élèves est en moyenne de 1000
Salles spéciales
Laboratoire de physique et chimie niveau philo. On a ajoute une salle pour les autres élèves.
Salle de musique, avec des instruments pour une fanfare pour une quarantaine d’élèves. La salle
de musique est liée à l’auditorium.
Auditorium, 900 personnes. Scène traditionnelle en plancher de bois, rideau, avant scène,
coulisse. L’auditorium couvert était ouvert au début, et après fermé. Un système élaboré de
ventilateur extracteur d’air et des appels d’air sous forme de piège à lumière permet à
l’auditorium de fonctionner sans air conditionné.
Cafeteria, deux espaces. Un pour les élèves qui consomment le produit de la cuisine de l’école,
un autre pour les diners apportés de la maison. Actuellement c’est surtout les boites à lunch qui
résolvent ce problème.
Chapelle, 900 personnes. Elle est remarquable, en métal, très élancée, élégante.
Chaque salle possède un buffet de livres appropriés au niveau de la classe.
Sanitaires, urinoirs, water closet, fontaines. Un système original est propose également.
Aumônerie, à l’écart. Le père aumônier y vit de manière indépendante, avec une cour
accueillante. Edifice intéressant en brique à deux niveaux, avec galerie et balcon sur rue.
Cours de récréation, des grands, des primaires, des petits. Les cours sont en béton, avec de
grands arbres. La cour des petits en terre battue. Les élèves s’asseyent sur le rebord des
galeries et quelques bancs en rond autour des arbres.
Cours ornementales, vigne, cour avant image de marque. Les élèves n’ont pas accès à ces cours.
La vigne offre des bancs tout autour de l’espace.
Infirmerie. Logement des sœurs
Logement des frères, une trentaine, peut-être plus, frères actifs et retraités. Au dernier niveau.
Les élèves n’y ont pas accès.
Direction, économat, préfet de discipline, petite salle de conférence. Dans la zone d’entrée.
Entrée régulière des élèves, les parents de façon occasionnelle.
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Les parents stationnaient dans la rue, provoquant un embouteillage aux heures de sortie. Il y eu
une amélioration en ouvrant une cour de recréation les après midi aux parents venus chercher
leurs enfants
Entrée de service
Contrôle de l’entrée par le préfet de discipline. Tous les étudiants passent devant le préfet, qui
curieusement connait le nom de tous les étudiants. Mémoire remarquable.
Circulation galerie et balcon sur deux cotés. Balcon sur rue peu fréquentée, mais qui joue son
rôle bio climatique. Balcon sur la cour intérieure qui sert d’accès des élèves aux classes.
Sport, basket, volley sur la cour des grands. Terrain de sport à St Martin, football et athlétisme.
Les élèves s’y rendent en groupe en marchant une quinzaine de minutes, en rotation, dans
l’après midi.
Structure
Construction sur deux niveaux en partie, et 3 niveaux. Le 3 ème niveau pour les logements
Edifice structure en béton armé, planchers et escaliers en bois, toit en tôle. Grenier ancien
dortoir des élèves, vide. Pour des rencontres, entrainement de théâtre.
Edifice en béton armé. 2 niveaux pour enseignement, 3 ème niveau logement. Toit en tôle
Discipline, montée du drapeau, former les rangs.
Croquis d’ensemble en accompagnement, le site. Le site donne sur deux rues parallèles. Grand
Rue et Rue du Centre. L’entrée des élèves donne sur la rue du Centre, plus calme. L’entrée de
service donne sur la Grand Rue.
Art en architecture
Colonnade, galeries, balcons bien visibles, fenêtres rythmées en façade. La façade sur la rue du
Centre présente un décalage pour rompre la monotonie. Le langage d’école est marqué avec
même une sorte de sérieux. Couleur pastel. Le symbole DS, Dieu Seul, est bien dégagé dans la
façade. Les arbres dans la cour, des ficus, offrent une ombre dense agréable aux heures chaudes
de recréation.
Ce sérieux dans l’architecture rejaillit sur les élèves, on se met en rang, pour la montée du
drapeau, pour entrer et sortir de classe. Pas de désordre, de bousculade. Une ambiance
conformiste. Parfois je ruais dans les brancards, je tapais du pied dans l’escalier en bois pour
créer de l’animation. Dans les recréations les élèves courraient de partout. Les ainés ne
participaient pas à cette cohue. Ils avaient le pantalon long à partir des classes terminales de
3eme à philo. Au moins il n’y avait pas d’uniforme. Sauf le dimanche l’uniforme blanc et bleu
pour assister à la messe dans la chapelle.
La discipline stricte ne permettait pas l’exploration du local. Après 10 ans passés à l’école,
plusieurs des espaces me sont restés inconnus. Je n’ai pas gouté à la vigne des frères, à leur
bière maison. Très tard j’ai découvert des bonnes sœurs s’occupant de l’infirmerie et des vieux
frères en retraite. Ils ne retournent pas finir leur jour dans leur patrie.
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Autres Exemples
Je demande instamment aux étudiants et jeunes architectes qui ont fréquenté ces
établissements de proposer une recherche programmatique, d’environnement comportement,
de structure et d’art sur ces écoles. Cela peut aider énormément les étudiants et architectes qui
vont se lancer dans ce genre de projet. Il s’agit bien d’une recherche collective. Nous pouvons, si
nous le comprenons, participer dans une opération de recherche collective sur l’architecture et
le cadre bâti de chez nous.
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A 7 CRITERES POUR LES PROJETS D’ARCHITECTURE AD oct. 2022
Ce qui amène à dire qu’il y aura une liste de critères typiques généraux à établir dans chaque
projet, et ensuite une liste de critères spécifiques à chaque type de projet, et à chaque projet en
particulier.
Critères généraux :
C’est un point capital, bien comprendre l’intention du projet. A quoi est destiné le projet. Il y a
tellement de projets différents. Logement, éducation, santé, sport, commerce, production…
Un cas simple en apparence. La maison, une maison, ma maison, il s’agit déjà là de trois projets
différents avec des buts singuliers. La maison est générale presque anonyme, une maison peut
être à louer, à vendre, sans attache particulière. Mais ma maison est unique, c’est ma place à
vivre, pour ma famille ; déjà je prévois les enfants, les petits enfants, la retraite. L’anglais dit
« my home is my Castle ». Ma maison est mon château, mon home.
Quelles sont les activités humaines qui vont se dérouler dans cet édifice. Chaque activité a
besoin d’un espace adéquat à cette activité, en dimension, aération, lumière naturelle,
ambiance, finition. Les activités humaines sont liées entres elles par des relations de proximité,
des relations hiérarchisées, par ordre d’importance. Les activités humaines sont spécifiques,
elles peuvent avoir des besoins d’intimité visuelle, acoustique. Elles peuvent être bruyantes,
silencieuses, elles peuvent générer des vibrations, des nuisances olfactives. Elles peuvent devoir
inspirer du respect, de la frayeur, de la sympathie, de la confiance, de la paix, de la sérénité.
Elles peuvent devoir être particulièrement nettes ou élégantes. Nette d’une netteté chirurgicale,
d’une élégance d’un palais de mille et une nuits. Elles peuvent devoir etre particulièrement
résistantes et solides, ou encore accueillantes synonyme d’hospitalité bienveillante. L’intention
derrière l’espace va suggérer la meilleure facon de l’organiser, de le présenter.
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Bien comprendre l’ensemble des activités et chaque activité en particulier est une obligation
pour l’architecte. Les activités humaines sont complexes, pleines de variétés, de nuances.
L’architecte doit etre bien imbu de la culture, du mode vie de son pays. En ce sens on dit que
l’architecte est l’interprète de la relation entre activité et espace, pour cela l’architecte est
plongé dans sa culture, dans la tradition, tout comme dans l’évolution de la société qui va
adopter une ou des cultures nouvelles. Il faut bien comprendre les activités et en même temps
bien comprendre la liaison entre les activités. L’organigramme des activités aide à fixer la
relation entre les activités, la position relative des activités les unes par rapport aux autres. Mais
plus loin que l’organigramme de positionnement, comment se fait cette liaison entre les
activités, les transitions, les seuils, les couloirs, les antichambres, les attentes, les portes, les
rideaux, les marches, les détours, les séquences, l’enchainement ou la suite des activités.
Relations visuelles entre activités, relations visuelles intérieures, extérieures.
C’est un défi pour l’architecte, mais défi relevé dans les maisons traditionnelles simples, ou
l’espace est restreint. Dans le même espace polyvalent, la vie et le repos voisinent. Le coin des
hommes, coin des femmes, coin des enfants, coin des parents, coin de la cuisine, coin pour le
culte des ancêtres. Le foyer dans certains pays, la place du feu.
Ces activités sont présentées par le client sous la forme des besoins que l’architecte doit noter.
Souvent le client dira le nom de l’activité sans décrire l’ambiance souhaitée, les conditions
accompagnant l’activité. L’architecte avec sa connaissance du milieu va capter, deviner,
supposer le cadre idéal pour l’activité.
Caractéristiques de ces activités. Décrire ces activités, établir le contexte ou se déroulent ces
activités, les habitudes du milieu pour des activités pareilles. Identifier le caractère spécifique
éventuel de l’activité. Tenir compte des sujets différents dans les activités.
Espace nécessaire, adéquation entre les activités et les espaces. Caractéristiques de ces espaces.
On se basera sur la relation environnement-comportement qui nécessite une recherche
particulière, qui retrouve les recherches sur cette relation.
C’est une tâche complexe, qui se base sur des observations, et des échanges avec le client. C’est
qui le client, en considérant les sujets différents qui constituent le client. Comme notre domaine
est la relation activité espace, nous devons observer l’espace à vide et l’espace avec les gens en
activité. On dit l’espace « à chaud » en pleine vie.
La structure, la distance entre poteaux, varie selon le type de projet et aussi selon l’activité dans
le projet. La maison a des pièces courantes variant de 3 à 5 m de largeur, la quantité de
personnes varie de 5 à 6. Les poteaux seront donc à des distances de 3 à 5 m. Ou bien on aura
des murs porteurs. L’école accueille des quantités de 30 à 50 dans les salles. Les colonnes sont à
7 à 8 m de distance pour que l’espace soit ouvert. Les auditoriums accueillent des quantités de
400 à 1000 personnes. Les colonnes sont à de distances de 20 à 40 m.
La structure varie avec les matériaux employés. Bois, maconnerie, béton, métal. Dimensions des
poteaux, poutres dalles, planchers. Toiture. La forme de la structure. Expression de la structure,
du volume de l’edifice. Expression puissante, expression élancée, nuancée avec des moulures,
arcades. Contreventement apparent. Structure para cyclonique, para sismique.
Les sciences physiques comprennent aussi, l’éclairage naturel et artificiel. L’énergie électrique.
La ventilation naturelle, l’aération. L’acoustique du bâtiment. La protection contre l’orage, les
inondations, les vols. Les accès pour handicapés.
Art en architecture
L’art s’exprime dans le volume de loin, la silhouette de l’édifice, dans les façades, dans les plans,
dans la communication, dans le détail des finitions, des murs, des parquets, des colonnes.
Conclusion :
Les critères en architecture doivent être établis, pas seulement en une simple liste, mais en
cherchant des indices dans les 3 domaines de l’architecture. Les critères vont évoluer de la
phase préliminaire à la phase finale du projet quand l’idée guide sera établie. Il y aura un
approfondissement des critères au service de cette idée force.
A 8 LA CIRCULATION EN ARCHITECTURE
37
Dans la ville et dans les rues, les places, sur les terrains d’édifices variés, dans les édifices
divers.
38
Circulation des voitures, circulations des piétons, des bicyclettes et motos, des animaux. On voit
la route, espace réservé aux véhicules. Les trottoirs pour les piétons, la galerie pour les piétons.
Il faut distinguer l’emprise de la rue. La largeur de la route plus celle du trottoir ou des deux
trottoirs. Les galeries ont en moyenne 3,0 m de profondeur. L’emprise de la rue peut être
étendue à l’espace des galeries bordant la rue. L’espace visuel de l’emprise élargie est à
conserver.
La circulation dans la rue est rythmée par les carrefours, les feux de signalisation, les ronds
points, les passages à niveau différents, les ponts, passerelles, la hiérarchie des rues, de petite, à
moyenne, à grande. Il faut noter les impasses, les passages pour piétons, passages cloutés, les
dos d’âne ou « police couchée ». Les ruelles escaliers, les corridors,
La galerie peut jouer le rôle de passage en long comme un trottoir. Mais en général, la galerie
est un espace d’accès à la maison ou au commerce. Un espace semi privé semi public. On ne
doit pas mettre de balustrade ou de parapet sur la galerie pour ne pas bloquer l’accès. Il faut
une autorisation spéciale pour convertir la galerie en un espace de restauration. Chez nous la
galerie a un rôle multiple. Restauration, atelier de couture, de cordonnerie, vente et achat de
toutes sortes de produit. La galerie de la spéculation avec la balance pour l’achat de café, cacao.
La galerie avec le bac de fritaille, le bac de pacotille, avec les mannequins ou modèles de
démonstration de ce qui se vend dans le magasin juxtaposé à la galerie.
Dans les villes, les centres commerciaux ne sont pas arrivés à offrir cette galerie trottoir de
haute qualité, a l’exception de Port-au-Prince et encore sur la Grand Rue seulement. Dans les
autres centres villes où en s’éloignant un peu du centre ville on voit la suite des galeries. Mais le
piéton doit marcher sur le trottoir et monter chaque fois sur la galerie qui l’intéresse. Les
galeries ne sont souvent pas unifiées à la même hauteur, il y a des rigoles, des marches qui les
séparent. On voit cela, Aux Cayes, à Jacmel, Jérémie, St Marc, Gonaïves, où il y a eu un effort
d’unifier les galeries en centre ville. Effort qui n’a pas été poursuivi et généralisé.
39
Par contre au Cap le boulevard au bord de mer offre des trottoirs amples aux visiteurs des deux
cotes. Les gens se sentent à l’aise pour les promenades à pied, le jogging. Malheureusement des
cafés terrasses accaparent les trottoirs au lieu au lieu d’etre créés en surplus des trottoirs.
Dans des rues à valeur hautement commerciale, la profondeur de la galerie peut atteindre 5,0
m. On peut aussi bien interdire la rue aux véhicules et convertir ainsi toute la rue en espace de
circulation piétonne.
La circulation se fait grâce à des repères, cartes mentales, édifices de marque, noms des rues,
éléments visuels, la vue qui s’étend au loin, la séquence visuelle. La topographie, les collines
offrant des vues et des repères, le tracé des rues. Aussi bien dans les villes traditionnelles les
citadins ne font pas attention aux noms des rues, mais ils connaissent les noms des gens, les
noms des boutiques, et autres repères.
Certains carrefours, certaines places, certaines galeries, fontaines, deviennent des lieux de
rencontre de haute intensité entre les gens. Ils forment des cercles entre eux, bloquent la
circulation dans la rue, pour causer, créer des animations culturelles ou sportives. Ceci se fait
périodiquement selon les saisons, les fêtes paroissiales. Journellement aussi en après-midi
quand les activités commerciales ou de travail ont diminué.
Dans certaines villes comme le Cap ou les galeries au rez-de-chaussée n’existent pratiquement
pas, les gens s’installent dans l’après midi ou au début de soirée sur les trottoirs devant chez eux
pour des échanges culturels. Le public défile dans les rues.
Les rues suivent en général un modèle en damier. D’autres villes on un système en hexagone.
D’autres encore un système organique, adapté à la topographie, aux obstacles divers. Les places
dans le système en damier offrent souvent une exception, elles ont des diagonales en plus des
circulations en carre.
Chez nous avec le soleil, les arbres jouent un rôle important dans l’ombre apportée à la
circulation des piétons.
Terrains privés bordant la rue, dans les centres villes. Des corridors à gauche ou à droite ou les
deux à la fois permettent d’entrer dans la propriété. Quand la façade est trop étroite, l’entrée se
fera par un couloir dans la maison elle-même à gauche ou à droite. On a des entrées de piétons
et des entrées de voiture. On dit une porte cochère pour les véhicules, ou pour un cheval
éventuellement.
Quand la propriété est plus profonde, l’organisation de la circulation devient tout un art.
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La circulation est frontale, elle aboutit à la galerie en face. La circulation se fait à gauche ou à
droite quand la galerie d’accueil est placée à gauche ou à droite de la maison. On distingue la
circulation de véhicule et celle plus étroite pour les piétons. La voiture peut stationner en avant
pénétrer sous un porche ou aboutir au fond dans un garage.
Dans un édifice plus important, villa, bureau, hôtel, palais, la circulation fait une boucle ou une
ganse pour déposer les gens à droite devant la galerie d’accueil. Avec le volant à gauche on
dépose le passager à droite. Avec le volant à droite, on dépose le passager à gauche. Dans ce
genre d’édifice il faut prévoir un parking pour un certain nombre de voitures.
La maison.
On passe de la galerie d’accueil, au salon et à la salle à manger. Ou bien encore pour des
maisons plus importantes, on prend un vestibule de circulation qui conduit au salon, à la salle à
manger, au bureau ou à l’atelier.
Apres on rejoint la zone de repos des chambres, en rez de chaussée, ou à l’étage, ou même en
zone montagneuse on descend dans les chambres. La circulation prend deux formes principales,
les maisons en centre ville, les maisons en zone résidentielle.
Zone urbaine, centre ville : La galerie d’accès donnant sur la rue fait pendant à la galerie arrière
donnant sur la cour arrière. Cette cour arrière devient parfois un patio au Cap, au centre des
ailes de la maison. Un puits au centre ou dans un coin joue un rôle principal. Puits avec margelle
haute généralement, pour éviter les chutes. Quand le terrain est étroit, il n’y a pas de couloir
dans la maison, les pièces se succèdent comme dans un train. Le couloir est à l’extérieur. Dans
certains cas il y a un double couloir. Une galerie couloir qui permet de circuler de pièce en pièce
sans sortir à l’extérieur. Un couloir extérieur qui permet de rejoindre les dépendances à
l’arrière. Douche, bassin, dépôt, latrine, une chambrette souvent. Le couloir extérieur est
sécurisé par une barrière donnant sur la rue.
Zone résidentielle : la maison est située entre cour avant et avant. Souvent en plus cour latérale,
sur un ou deux cotés. La galerie est traitée comme un art, avec des nombreuses variantes.
Galerie totale faisant le tour de la maison. Galerie avant, latérale et arrière. La circulation se fait
sur la galerie. Les pièces ont des portes maintenues ouvertes toute la journée. Salon, salle à
manger se succèdent a l’intérieur avec des éléments marqués de séparation. Arcades, porte
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battante. L’office attenant à la salle à manger est situé sur la galerie arrière. La vraie cuisine est
sur la cour à proximité. La cuisine au charbon doit etre séparée de la maison. Un escalier au
fond de la salle à manger amène a l’étage.
Quelques normes de pourcentage de circulation par rapport aux surfaces bâties. Dans une
maison de rapport, maison en location, il faut diminuer les circulations pour se rapprocher de
10%. Dans des écoles on se rapproche de 25%. Dans un hôpital on se rapproche des 30%. Dans
un musée le rapport peut etre encore plus élevé, en considérant que la circulation devient
l’élément principal pour que les visiteurs puissent observer les objets exposés. Dans des édifices
d’accueil, palais, le rapport de circulation est élevé également.
Rapport entre circulation et approche bio climatique en architecture tropicale. Dans cette
approche les édifices sont typiquement minces pour que la ventilation transversale joue son
rôle. La circulation latérale est idéale, sur un coté ou sur deux. . Les anciennes écoles
congréganistes en particulier ou les villas aisées dans les zones de villégiature pratiquent cette
double galerie. Le cout est plus élevé certes, mais cela permet d’avoir des portes des deux cotés
de la salle pour une ventilation transversale optimum. Une circulation centrale est fortement
déconseillée, car elle ne permet plus la ventilation transversale. A moins de laisser les portes des
salles ouvertes. A ce moment la relation acoustique entre les salles est mauvaise.
Circulation et vision
Le thème circulation est lie à la vision. C’est agréable et pratique de regarder ou l’on va. Dans un
parc, un bureau, un hôtel, un commerce, une école. En montant un escalier ou une rampe en
tournant un coin pour pouvoir anticiper les mouvements. Un bon architecte joue avec les deux.
Schémas de circulation
Dessins ou formes, droite, courbe, arc circulaire, elliptique, parabolique. En ganse, en boucle.
Circulation horizontale, en pente verticale. Le sens de la circulation, sens unique, double sens,
impasse. Symbole cache, labyrinthe de Dédale. Les arrêts, les pauses, les changements de
direction, les paliers dans les escaliers ou rampes. Point de départ, point d’arrivée. Séquence.
Vitesse de parcours, a pied, en voiture,… En promenade, en marche rapide. Traversée
d’obstacles : un pont, un gue, une porte. Etat de la chaussée ou du parquet. Parquet glissant,
anti dérapant, cahoteux, céramique, mosaïque, empierrage, gravier, sable, bois, végétation. Le
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bruit accompagnant le cheminement, la clochette, les oiseaux, les voix. Les parfums ou effluves.
La brise, le vent. Le soleil, la réverbération, la lumière, l’ombre, l’obscurité.
Des points importants peuvent encore etre soulignés : le portail d’entrée, l’arc de triomphe, la
voute d’acier, la voute de baton. Le chemin de pénitence, le chemin de croix, le chemin sacré, le
chemin périlleux, marcher sur la corde raide. Le chemin fleuri. Le tapis rouge. Le retour a la case
de départ, les fils de la Vierge (fil d’araignée au matin). « Soukèt la rosée ».
La circulation est associée à l’orientation. Façade nord, est sud ouest. Les galeries et balcons
sont adaptés à ces orientations. Il faut des auvents pour casser le soleil direct. Il faut des écrans
anti moustiques en plaine dans les espaces extérieurs en saison de pluie et de moustique.
43
A 9 ART ET ARCHITECTURE EN HAITI juillet 2021 AD
L’art s’exprime dans le plan, le dessin en deux dimensions, le volume en trois dimensions.
L’architecture est avant tout espace et volume, pour permettre une activité. Quel art est
exprimé dans les volumes? On voit l’édifice de loin d’abord, une silhouette. On se rapproche, la
couleur, des éléments de forme ou de structure se détachent. On voit la façade. Voir en vue de
haut, à vol d’ oiseau est une chose. Voir avec le regard du piéton ou du visiteur au niveau de la
rue est une autre expérience. Les deux visions se complètent. Après on entre dans l’édifice,
c’est une nouvelle expérience qui se développe, l’échelle comparative de l’être humain par
rapport au volume intérieur devient la mesure.
Il faut noter que dans les villes, particulièrement en centre ville, où les constructions sont
accolées, les façades se développent en deux dimensions pratiquement, cependant on s’efforce
de donner de la profondeur à cette façade. On dit même « art de la façade ». En deux
dimensions d’abord, mais en donnant un peu de relief à la façade en même temps en
composant un ensemble. Ces façades peu profondes, en général, peuvent varier en profondeur.
La façade dans l’ensemble du pays, en omettant les centre villes du Cap et de Port-de-Paix, se
développe en profondeur, profondeur de la galerie au rez-de- chaussée, et du balcon à l’étage.
Une vie intense s’active sur les galeries et balcons. Les volumes sont fortement marques par la
présence des galeries et balcons. La façade peut varier sur une profondeur de 0,45m à 1,0m et
même jusqu’à 3,0 m de profondeur et parfois même plus.
44
L’Art en volume accompagne l’approche bio climatique
Tout un ensemble de silhouettes, se détachant sur le fond, sur le ciel en particulier, est
développé dans cet art.
Les tourelles constituaient le sommet dans l’approche bio climatique. Plus hautes que le reste
de l’édifice se détachant sur le ciel c’est une approche ouverte à tous les vents et les brises. Une
faiblesse quand même, elles sont en danger relatif quand le vent se transforme en cyclone. C’est
aussi un espace extraordinaire de vision sur le monde aux alentours. La tourelle constituait
souvent le contre point par rapport à la masse de l’édifice. Comme le point sur l’i de l’édifice.
Une forme de ponctuation dans le langage des formes de la cité haïtienne. Un deuxième niveau,
de moindre relief, mais très courant et encore fort, est le « tiasse », la forme relevée en pignon,
pour donner de l’allure à la masse de l’édifice. Tiasse mot utilisé en coiffure pour relever le
design.
Les hôtels, palais, villas, églises utilisent régulièrement le langage des tourelles pour être vus de
loin, attirer l’attention. Les noms sont différents, clochers, campanile, belvédère, aussi lucarnes
dans plusieurs villes. Les formes varient, mais il y a une continuité, une répétition, comme une
solution à un problème. Déjà la chambre haute, la « chanmot » dans la ville plate marquait la
différence, attirait l’attention. Les tourelles hautes, les clochers pointus, très marquants ont un
double pont faible, les cyclones et les tremblements de terre.
Le volume est lié à la structure, le squelette du bâtiment. Le squelette peut être élégant par lui-
même, suggérant la silhouette. Après il faudra étoffer, mettre comme de la chair, remplir les
vides pour compléter le volume.
Le plan d’ensemble est visible de loin, ou de haut. Le plan de distribution est visible sur le
dessin. Mais souvent dans la réalité, le plan n’est pas perçu. On passe de pièces en pièces. Les
circulations unissent les pièces, d’où la nécessité de soigner les circulations de les rendre
agréables et en particulier permettre de retrouver le fil conducteur du plan. Rendre le plan
visible pendant la promenade dans l’édifice est parfois une gageure. Pourtant il faut que le
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visiteur se retrouve dans le plan. Souvent dans les vestibules d’entrée pour pallier à cette
difficulté de lecture, un plan simplifié, avec les circulations principales, les escaliers, les accès les
exits, les rampes, est offert.
Certains architectes dans le passe se sont évertués à créer des ensembles pour dérouter le
visiteur, lui rendre difficile la lecture du plan. C’était le cas de Dédale avec les labyrinthes. Chez
nous on parle de lavironn Dédé, allusion sans doute a Dédale. Notion perdue dans la nuit des
temps. Pourtant on continue de voir des plans difficiles a comprendre. Il y aurait une autre
logique. La notion même de se perdre dans une grotte oblige à recourir à un guide, la mambo
ou le gangan. Gardien de ce lieu.
La coupe ou section. Celle-ci permet de bien comprendre la structure et de lire ce qui se passe.
Particulièrement intéressante est la coupe perspective, possible facilement avec le DAO, mais
aussi bien avec une perspective intérieure à un point de fuite. Cependant les débutants en DAO
offrent régulièrement la coupe perspective qui ne remplace pas la coupe formelle qui facilite la
compréhension et le calcul des structures. La coupe permet d’exprimer le contour, l’enclos de
l’espace. La coupe transversale, tout comme la coupe longitudinale, est un élément visuel fort
du dessin.
L’art s’exprime de différentes manières. L’art s’exprime à travers tous les sens, visuel d’abord
en architecture. Mais aussi bien les autres sens, acoustique, équilibre, toucher, température,
pression, kinésie (mouvement du corps en réponse à l’architecture), odorat, même le goût.
Toute une réflexion a été faite sur la relation entre les formes, les volumes. La gestalt, mot
allemand, marque cette réflexion. Chez nous cette réflexion est à faire, comment nous
percevons l’art. Quel art voulons-nous transmettre ?
L’expression visuelle,
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L’art communique une compréhension, une signification, un message, une interprétation.
L’architecte plonge dans la culture haïtienne pour identifier des éléments qu’il peut proposer
dans les projets. C’est une satisfaction profonde pour l‘architecte de voir que sa proposition est
comprise, bien interprétée par le public. Il y a accord entre l’art et les gens, entre art et culture
Aspect artistique
Architecture rurale
Architecture religieuse
Défense du territoire
Agro industrie
Architecture variée, rural et ville
ARTS EN HAITI
Arts visuels, peinture sur toile, sur bois, sur pierre, sur mur, graphique, gravures (sur bois, sur
pierre, sur calebasse, sur terre vèvè, bas-relief, poteaux marquant le territoire le mât totem, le
poteau mitan, sculpture, poterie, mode vêtements, danse, carnaval, photographie. Bijoux
écriture. Peinture sur la peau, sur le corps. Peinture provisoire. Peinture, marques au fer, avec
des teintures permanentes sur le corps.
Arts autres : Chants, musique, écriture, carnaval, rara, Instruments, bambou, lambi, tambours,
manouba, banjo, gita marengwen,
47
Selon la spécialiste de l’histoire de l’art Mme Yolanda l’art visuel en Haïti s’est lancée dans les
années 1940-50. Au 19 ème siècle les peintures haïtiennes étaient liées à l’art occidental. Elle a
noté l’importance du vodou dans l’expression de l’art visuel.
Le vodou a constitué le refuge de l’homme haïtien pour exprimer ses sentiments, ses espoirs ses
rêves, sa compréhension de la vie. Le vodou a dû être pratiqué dans la clandestinité depuis
l’apparition ou la venue des colons dans le pays. Que ce soit les colons espagnols, français,
anglais, américains. Pire encore pendant le 19 ème siècle, en dépit du fait que le pays soit libéré
depuis l’indépendance, le vodou reste dans l’ombre. Il est pourchassé, soupçonné. Le peuple
cache son art, ne le met pas en exergue. Combien de campagnes de rejeté ont marqué notre
histoire.
Comment l’art s’est exprimé durant cette longue période de pratiquement 5 siècles ?
Récemment encore en 1986, une campagne s’est faite contre des péristyles associés aux
macoutes, à tort ou à raison. Plus récemment encore avec l’épidémie de choléra, des têtes sont
tombées. La pression de l’église catholique, des églises protestantes, des écoles suivant le
modèle occidental, ne facilitent pas les manifestations culturelles du vodou.
Comment retrouver, comment apprécier l’importance de tout cet art qui a dû être pratiqué
dans cette longue nuit ?
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A 11 PATRIMOINE ARCHITECTURAL- PATRIMOINE URBAIN D’HAITI
C’est quoi l’architecture. Art de bâtir. L’architecture puise dans trois domaines de
connaissances, sciences physiques et mathématiques, sciences humaines, art. Les trois bases de
l’architecture, on dirait même les trois roches du feu pour permettre à l’architecture de prendre
naissance et d’évoluer.
Matériaux. Disponibles
Minéral. Matériaux naturels : roche, terre, sable, argile tuffeau, eau
Matériaux travaillés, par tamisage, lavage, concassage, broyage, débitage, taillage
Matériaux fabriqués : brique cuite, au soleil, au feu, au four, tuile de toiture, ajout de paille
Céramique, claustra. Bloc de ciment, sable et gravillon. Tuile de mortier de ciment
Métal, métaux dans la construction : fer, fonte, acier, plomb, aluminium, cuivre, bronze, zinc,
Localisation, géographie
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Il s’est développé au cours des ans un patrimoine architectural à la campagne et dans les villes.
Ce patrimoine a répondu aux nécessités de logement, d’exploitation agricole, de marché, de
socialisation, de culture, d’agro industrie… de défense.
A Port-au-Prince :
Sur la route de l’Aéroport, Boulevard Toussaint Louverture. L’édifice Sogebank projette en avant
de son volume global une sorte de coffret en paroi en miroir donnant à penser que ce serait le
coffre de la banque. Le trésor de la banque. Cette impression est très forte, cependant ce n’est
qu’une illusion car ce coffret abrite l’administration de la banque.
L’entrée de Sogebel juste à côté est remarquable avec le mouvement en retrait de la façade au
centre, retrait en paroi de miroir également.
Une sculpture sur le perron d’accueil attire l’attention. Un câble tendu par un arc est relié au sol.
Cette sculpture rappelle le « gita marengwen ». La guitare pour la cérémonie des morts le jour
de la Toussaint, cette guitare fait danser les morts ce jour-là. Le son est répercuté dans le sol et
transmis. La caisse de résonance est le trou dans la terre recouvert d’un morceau de tache de
palmiste. On chante « marengwen piga zombi ».
Hôtel El Rancho
Le volume d’entrée est marqué par une forme inusitée. Une galerie longue dénommée le
« tunnel » par le directeur. Galerie remarquable, belle. Avec la répétition d’éléments en arcs
formant une procession. Malheureusement cette qualité esthétique forte qui serait idéale pour
mener à la réception, au foyer ou au lobby de l’hôtel, ne sert pas cette fonction. Cette galerie ne
mène nulle part. Elle aboutit dans la cour. C’est une déception. Une visite de cette galerie vaut
la peine. Architecture comme art. Passer dans cette galerie magnifique est un plaisir dans une
cérémonie de mariage pour aboutir à la cour pour la fête.
La cour elle-même avec une piscine vaste au centre est remarquable. Elle projette une note
exotique. Elle rappelle ou suggère un étang ou un bord de mer. Dans la cour de l’hôtel.
FOKAL
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Chapelle Sixtine, Sainte Trinite, St Louis Roi de France, chapelle Saint Louis de Gonzague rue du
Centre…
Villes diverses
Plusieurs églises, Jérémie, Hinche, Port de Paix, Cap, Cayes, Trou du Nord …
Nord
Citadelle Henry
Chapelle de Milot
Socialisation et architecture
On se rencontre dans la rue, sur la place, à l’école, au travail. Chez nous, les rencontres, les
conversations se font surtout sur les galeries, les douvan pot. Dans la cour à l’ombre. On se
rencontre aussi au marché, à la source ou au puits pour aller chercher l’eau. Au restaurant, au
cinéma, au théâtre, au bal, à l’église ou au temple, au péristyle. Au cours d’une promenade,
d’un pique nique. En voyage, dans le transport public, la camionnette, le bus, l’avion. Souvent
c’est l’occasion d’une roulib. Dans un pèlerinage. A la plage. Au sport, match de foot, de volley
ou de basket…
Il y a des lieux ou endroits particulièrement propices pour les rencontres, les halls ou lobby
d’hôtel pour une certaine classe sociale. Le bal dans les clubs sociaux qui ont pratiquement
disparu.
Des clubs mondains ou sociaux ont vu le jour dans les villes. Jérémie, Club Excelsior, Printania,
Nirvana. Port au Prince, club Bellevue, club Port-au-Princien, club Camaraderie, club de Turgeau,
club Arabe. Cap Haïtien, club l’Union. Combien de ville ont eu leurs clubs ou continuent d’en
avoir ? Jacmel, le Commodore ; le Cap, Versailles…
On va observer les lieux traditionnels, les plus usuels, des rencontres. Maintenant ce sont les
discos, les night club, les restaurants dansants qui pullulent.
51
La maison simple à la campagne souvent n’a pas de galerie. Généralement par manque de
moyen. On se réunit devant la maison pour faire connaissance, un tronc d’arbre, une grosse
roche, ou des chaises sorties de la maison facilitent la conversation, on cause bien assis, rale ti
chèz ba. Quand on cause debout, c’est pour un moment. On offre de s’asseoir, chita. C’est une
invitation très forte, à laquelle il est difficile de refuser.
Par choix urbain, dans le nord, au Cap, dans le nord Ouest, comme à Port de Paix, il n’y a pas de
galerie en centre ville. C’est un cas exceptionnel la présence de galerie. Dans l’après midi le
douvan pot s’établit sur le trottoir, les gens par famille s’asseyent devant leur porte pour
prendre le frais et causer. La relation de voisinage se fait.
Par contre la galerie est maintenue dans les faubourgs et à la campagne partout.
La galerie en plus de son rôle social, souvent devient une opportunité de travail ou de
commerce. Le tailleur, le spéculateur, la petite boutique, ou même le bac expression minimale
de vente ou d’offre de produits, s’y installent.
C’est d’abord le regroupement des cases des membres de la famille dans un même espace ou
terrain. La première case est celle du père ou de la mère de famille. Grand père ou grand mère
aussi bien. Les jeunes qui se marient doivent vivre chacun dans son chez soi. Les cases se
multiplient proches de la case initiale. Une vie commune s’organise, en respectant les
individualités. Les maisons s’organisent autour d’une cour centrale. Avec un grand arbre pour
donner de l’ombre. Les champs sont au second plan.
On verra la tombe de l’ancêtre dans le lakou. Il y a un arbre, ou une source, ou un puits, sacré
pour la grande famille.
A la campagne un élément marque l’espace, le ou les glacis pour le séchage des produits
agricoles ou d’élevage. Cet espace devient une zone pour les jeux des enfants dans l’après midi.
Cette vie en grande famille facilite l’existence de liens de respect, d’entraide, d’affection, de
discipline, de cohésion sociale très forte. « M leve nan lakou plètil, nan lakou ki gen respè ». Nan
lakou ki gen tradisyon. Les valeurs traditionnelles sont encore à l’honneur.
La tonnelle ou ajoupa
Le marché
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ART ET URBANISME EN HAITI
Cap Haïtien
Port de Paix
Fort Liberté
Gonaïves
Hinche
Port au Prince
Jacmel
Miragoane
Cayes
Jérémie
Les villes principales d’abord, mais aussi les villes de moindre importance. Importance
changeant au cours de l’histoire. Villes très pittoresques souvent. Comme Pestel, Borgne, Mole,
Bainet, et combien d’autres…
Architectures variées
Architecture Militaire, place forte
Commerciale,
Administrative, Economique
Architecture pour l’éducation,
Santé
Transport
Politique, palais, collectivités territoriales, mairies,
Justice,
Production, agricole, agro industrie, industrie, artisanat, élevage
Loisirs, théâtre, danse, musée,
Sport,
La religion, la mystique
Critères en architecture,
Vue, vision
Orientation, vents dominants
Echelles de l’architecture,
Intérieur, ameublement, couvert,
Extérieur, les edifices divers
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Urbanisme,
Les rues, les quartiers, le port, la place, les zones,
Exercice
Chaque étudiant choisit un champ d’observation. Son quartier, son village ou sa petite ville à la
recherche de l’art exprimé dans son environnement. Il fait un rapport écrit ou photographique
ou dessiné s’il peut, de ce qu’il a constaté.
Il demande aux gens comment ils comprennent et interprètent le cadre bâti. Ce qu’ils aiment
dans le cadre bâti.
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A 11 FEUX FOLLETS DE LA CREATION ARCHITECTURALE AD sept 2022
Dans l’ensemble des projets que j’ai étudiés ou réalisés je me suis rendu compte que je
réagissais certes face à des considérations générales, de fonctions, de sciences physiques, mais
la création venait d’ailleurs, d’un univers profond, insoupçonné, qui surgissait d’une
interrogation particulière sur un aspect essentiel du projet.
Cet aspect essentiel je ne le saisissais pas tout de suite, je ne posais pas encore les bonnes
questions. Je n’avais pas encore cerné les motivations profondes qui pourraient guider vers une
solution heureuse du projet. Mais petit à petit se glissait dans ma pensée des approches
particulières provoquées par des demandes ou des réactions du client, la position du projet sur
le site, le site en lui-même, et d’autres idées qui trottaient dans la tête. En fait des
considérations qui n’étaient pas dans la première liste planifiée de problèmes à résoudre.
Exemples :
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Le nouveau Sanctuaire Notre Dame de la Médaille Miraculeuse a Jérémie
Une église dressée sur la colline dominant la ville, visible de partout. Une église qui danse au
soleil. De l’intérieur de l’église l’horizon est omni présent, les portes fenêtres permettent cette
relation avec la mer et l’horizon. Le clocher est une voile qui se déploie pour le prochain départ.
La salle polyvalente à l’entresol représente le monde sous la mer avec le sable beige du parquet,
le chœur en céramique bleue. J’ai attrapé un morceau de ciel bleu pour le glisser au fond de la
salle.
Je dois dire que la vision de l’église frémissante au soleil m’a été offerte par un ange qui m’a
conduit sur le site en me tenant par la main, pour me montrer l’église que j’aurais à faire. Le
toit avec les raies viennent des doigts de la main tirant les cheveux vers l’arrière, comme une
coiffure de taino.
Un aspect sous estimé est l’assaut des embruns de la mer proche sur tous les éléments
métalliques exposés. Les peintures anti rouille doivent être appliquées régulièrement pour
résister à ce phénomène. Il faut recourir à des éléments métalliques galvanisés, ou des antis
rouille d’une efficacité spéciale.
Le sanctuaire a grande allure dans l’ensemble urbain de la ville. Un financement significatif est
nécessaire pour terminer cette œuvre à l’architecture monumentale.
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coup de machette. On aurait pu réparer ces colonnes et sauver l’ensemble. Mais à l’époque on
n’avait pas encore compris tout cela.
Résidence à Thomassin
Le client à la visite du site a senti la majesté de l’endroit et a dit « je veux voler ». L’édifice est
tourné vers la pente et le toit donne l’impression des ailes des oiseaux « malfini » en train de
planer. J’avais ajouté un semblant de tete d’oiseau, pour renforcer cette impression. Le client en
pleine construction l’a fait enlever, parce ce symbole rappelait trop une loge maçonnique. Le jeu
de terrasse et de balcon donne une impression de dignité et de grandeur simple. Une allure de
petit palais.
57
Résidence à Belvil
Le client voulait une maison moderne au style gingerbread. Avec un office et une salle à manger
spacieux pour recevoir les amis. Mais avant tout il voulait à l’étage un balcon généreux ouvert,
d’accueil et de poésie, d’où le regard se perdrait vers l’horizon. Sa place à vivre et à créer.
Un bon client fait un bon projet. J’ai tenu parole.
58
A 12 ARCHITECTURE RELATION INTERIEUR/EXTERIEUR
Quelques observations sur Haïti
Introduction
Les mots, le vocabulaire exprimant cette relation multiple, liée à notre climat et notre culture,
sont disponibles, largement utilisés. C’est une réalité bien connue, devenue un mode de vie, une
façon de bâtir, une façon d’être ou d’exister.
Au rez de chaussée : galerie, douvan pot, glacis, corridor, terrasse, patio ou cour intérieure,
lakou, couloir, perron, foyer de salle de spectacle, pont, deck, véranda, tonnelle, ajoupa. Galerie
avant, galerie arrière, galerie latérale à gauche à droite, galerie périphérique ou galerie tout
autour. Galerie de forme rectangulaire, de forme circulaire. Porte, fenêtre, porte fenêtre, porte
simple à un battant, à double battant, porte coulissante. Les claire voies et les frises en bois, les
claustras en mortier de ciment, en argile, les persiennes, les rideaux. Les grillages de sécurité.
Parapet ou balustrade en bois, en maconnerie, en béton armé, en métal, en vitre.
A l’étage, balcon, balcon avant, arrière, latéral, et même périphérique. Terrasse, porte fenêtre.
Toit terrasse. Studio, tourelle, tonnelle en tôle, en chaume, en plante grimpante, en béton
armé. Tout ce qui est dit plus haut en rez de chaussée.
Les dimensions et les formes de ces espaces varient largement selon les endroits, les types de
bâti. Logement ou résidence, appartement, commerce, hôtel, église, école, hôpital, hospice,
atelier, administration, restaurant, salle de fête, …
Les motifs de ces artifices sont multiples. Ventilation transversale, aération, lumière naturelle,
protection contre le regard extérieur, possibilité de vision, contrôle de la luminosité, protection
contre la pluie, le vent. En particulier quand le vent chasse la pluie. Protection contre les
moustiques. Protection contre les inondations. Protection contre le soleil, contrôle du soleil.
Protection contre l’ardeur du soleil sur les toits, la paille, le grenier dans le cas des toitures en
tôle. Il nous reste à découvrir les solutions courantes contre le soleil chauffant la dalle de béton,
chauffant la paroi exposée au soleil. Le soleil aveuglant le matin et surtout l’après midi.
Dans le sens culturel : ambiance de partage, de convivialité, de vivre ensemble dans la nature ou
proche de la nature. On veut se rapprocher de la transparence de l’air, de l’effet de la brise sur
la peau, la petite brise caressante.
Dans le sens artistique. C’est une occasion de développer un art décoratif extrêmement créatif,
varié, que l’on retrouve dans l’architecture de chez nous. Art en pleine évolution. De la demeure
la plus simple aux villas et palais somptueux. C’est une recherche prometteuse pour les
architectes
59
Cette architecture se retrouve dans notre façon de nous habiller. Vêtement souple, ample, jupe
courte, pantalon court, décolleté, pantoufle ou sapat, vêtement réduit le plus possible. Les
meubles aussi, ceux qui laissent passer l’air, ceux qui peuvent bouger, provoquer le
déplacement d’air, le balancement du corps, la danse : hamac, dodine, balancine, chaises avec
paille ajourée, la natte, « l’atè miyo ». On utilise l’éventail, le ventilateur, le ventilateur
plafonnier. Le dernier cri, l’air conditionné mécanique ou électrique. Des efforts ont été faits
pour faire bouger l’air de facon passive avec des cheminées, des appels d’air. On a essayé de
contrôler la température en utilisant des matériaux qui réduisent les échanges de température
entre intérieur et extérieur. Terre, brique, paille, bois, vitre teintée, porte vitrée à double
panneau avec vide à l’intérieur.
L’architecture paysagère entre en jeu, création d’ombre avec les arbres, protection contre le
vent trop fort, protection contre les regards, protection de sécurité avec les haies vives en
candélabre, bougainvillée. Contrôle acoustique également. Gazon pour contrôler la
réverbération du soleil sur le sol. Gravier crissant sous le pas pour la sécurité.
Jérémie
Centre ville
Maison Duquella
Maison Lavaud Frères
Maison Vidal Roumer
Maison Louis Drouin
Maison Nono Lavaud
Magasin,
Cercle Excelsior
Centre paroissial
Borde
Maison V Roumer
Résidence D Roumer
Résidence Numa
Résidence Marie Ange
Port-au-Prince
Résidence Duquella Ave Magny
Résidence Maryse Pont Pradel
Résidence Etheart, Pacot
Rex Théâtre,
60
Ciné Imperial
Ecole St Louis de Gonzague
61
Dans la cour de la maison un puits donnait accès à l’eau, dont le niveau était de -2,50 m environ.
Depuis les travaux de l’installation du système d’adduction d’eau potable de 1905, on n’utilise
plus le puits pour l’eau potable mais comme eau de service. N’empêche que pendant des
années l’eau du puits a servi pour la fabrication de konparet par le nouveau propriétaire.
Le tremblement de terre a ébranlé sérieusement la maison et a détruit le 3 étage du grenier.
Vite on a recouvert l’édifice d’un toit en tôle à double pente envoyant l’eau sur le terrain voisin
et sur la cour au sud.
La proximité avec la mer permet à la brise de mer de pénétrer dans la maison, mais la nuit la
brise de montagne appelée vent de l’embouchure rafraichit encore davantage la maison en
soufflant du sud par toutes les portes et fenêtres. Tous les planchers sont en bois, même celui
du parquet du rez de chaussée, surélevé de 0,30 m par rapport à la cour. Le parquet a un vide
au dessous pour maintenir éloignée l’humidité du sol. A l’exception des galeries avant et arrière
qui sont en plaque de pierre dure grise importée qui servent de meule. La qualité des bois
employés, le cèdre, n’a pas permis l’apparition des termites. La maison est aussi très ventilée,
pas de formation de vapeur d’eau ou de condensation.
Il faisait bon vivre dans cette maison spacieuse, avec des hauteurs de plancher de 4,0 m au rez
de chaussée, et 3 m aux étages.
Ce genre de maison à lucarnes généreuses est typique de la ville de Jérémie. Les charpentiers
maitrisaient le système. Ces maisons ont pu résister relativement aux cyclones et tremblement
de terre. Leur faiblesse est l’incendie, comme leur structure est en bois. On a développé ce type
de maison au dessus des halls en maconnerie indispensable pour la protection contre l’incendie.
La maison en bois surplombe la base en maconnerie. Le bois fait partie de la base mais il est
protégé par la maconnerie. Le bois donne l’élasticité à la maconnerie, il est inséré comme
poteau dans les murs en maconnerie, il constitue les poutres transversales et poutrelles
longitudinales qui soutiennent la couverture en tuile plate assise sur une couche épaisse de
mortier.
Dans d’autres cas, tout le parquet du rez de chaussée est en béton recouvert de mosaïques ou
céramique, ou de plaques de meule. Parfois l’étage est aussi en béton, particulièrement dans les
cas de magasins de commerce en rez de chaussée, il faut protéger le commerce contre le feu. Le
grenier continue d’etre en bois. Les parois du grenier sont faites de tôle à l’extérieur ou
d’essentes de bois. Une deuxième couche de bois à l’intérieur crée le matelas d’air contre le
soleil.
Maison Lavaud Frères
C’est un édifice construit pour magasin au rez de chaussée et résidence a l’étage. Il a été conçu
en Belgique. La bourgeoisie commerçante s’était rendu compte de la fragilité des constructions
62
en maconnerie qui ne résistent pas bien au tremblement de terre et des constructions en bois
qui sont ravage par le feu.
L’édifice est fait d’une structure portante en acier, les murs sont en brique. Les poteaux sont
tubulaires cylindriques dans les galeries et balcons au rez de chaussée et à l’étage. Les poteaux
des murs sont en H pour que les briques puissent s’incruster dans le creux des H. Le parquet au
rez de chaussée est en mosaïque pour la partie arrière du rez de chaussée qui fait partie de la
résidence. Le parquet de la partie avant est en brique. Plus de la moitié constitue le grand
magasin de denrée. Une plateforme en bois au dessus du parquet en brique isole les denrées de
l’humidité du sol. L’edifice mesure environ 16 m x 28 m.
Le plancher de l’étage est en béton sur poutrelles métalliques. Les parties extérieures sont en
mosaïques, les chambres ont un parquet en bois. Le plafond de l’étage est encore une plaque de
béton sur poutrelles en métal. La couverture finale en tôle. Le vide entre la couverture et le
plafond est immense, la chaleur de la couverture en tôle ne passe pas. Une trappe ouverte
permet d’accéder à ce grenier singulier.
Le magasin appartient aux frères, l’étage est constitue de deux appartement indépendants, avec
chacun, 4 chambres, toilette, terrasse, salon et balcon sur rue. Un double couloir central facilite
la circulation entre les espaces qui se succèdent en long.
Un escalier intérieur avec structure en acier et marche en bois relie rez de chausse et étage dans
un cas. Dans l’autre cas, l’escalier est extérieur et en bois. 5 mètres de plancher a plancher pour
l’étage. 3,50 m pour le plafond en dalle. Pente du toit de 30 degrés.
Les portes extérieures au rez de chaussée sont en double battant en acier. Les portes intérieures
en bois plein à l‘étage. Les fenêtres sont doublées, fenêtres en double battant en acier, fenêtres
persiennes en bois à l’intérieur.
Les parties métalliques sont protégées par une peinture anti rouille particulièrement efficace.
Elle a résisté pendant plus de cent ans. Dans les années récentes l’oxydation fait son œuvre. A
l’étage la toilette principale est insuffisante. Dans chaque chambre on a mis des toilettes
improvisées derrière des paravents et sans eau courante. L’eau propre est apportée à bras et
mise dans des pots. Par contre de la fenêtre un déversoir extérieur permet de se débarrasser de
l’eau sale. La maison est fraiche en général. Un point faible de la structure métallique, la
dilatation de la structure métallique calculée en Belgique est différente de celle d’Haïti. Les
fenêtres pleines de l’étage ferment mal. Les portes au rez de chaussée marchent bien. Les
fenêtres reçoivent plus de soleil et d’humidité de la pluie.
Les cuisines sont dans la cour arrière. Les toilettes, bassins, chambres de service, latrines
forment une suite jusqu’au pont final donnant sur la mer.
L’édifice est élégant avec des arcades métalliques sur les galeries et balcons avant et arrière.
Des grillages en bois protègent le magasin contre l’accès des gens. L’édifice dispose de couloir
corridor des deux cotés.
63
A 13 UNE MANIERE DE PENSER L’ARCHITECTURE été 2022 AD
Projets principaux
Logement, Résidences :
Kenitra Maroc, AA, appartement house
Bon Repos, Y
Bon Repos, V D duplex
Belvil, CP
Thomassin, E
Pacot, M, réhabilitation de gingerbread
Bordes Jérémie, ER, MA, Mia
Morne Calvaire, GS
Limonade, ajoupa, duplex, YM
Arniquet, résidence de retraite, WR
Logement, Auberges
Furcy, auberge d’étudiant
Bassin Bleu, auberge des cadres médicaux
Hôpital Justinien Cap, auberge des résidents
Damien Campus UEH, auberge d’étudiants
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Logement, Hôtels
Jacmel la Montagne, petit Hôtel Casamaga
Carries, Hôtel de plage PM
Bord de mer Limonade, Hôtel de plage G
Enseignement :
Ecoles :
Ecole pré scolaire Furcy,
Ecole primaire Duchity
Lycée Abricots,
Ecole primaire a Savonnette, Verrette Artibonite
Ecoles professionnelles
Cap, Fondation Vincent, réhabilitation
Jérémie, Ecole professionnelle, réhabilitation
Miragoane, Ecole professionnelle
Facultés :
FDS, ajout
Université Quisqueya Charéron, planification décanat
Quisqueya Turgeau Edifice B, E, F
Notre Dame, décanat
Campus :
Université Quisqueya, Torcelle, étude
UEH campus de Damien, plan directeur
UNOGA, Université Nouvelle Grand Anse, plan directeur
Administration :
Bureau GS en ville, Rue Montalais
Bureau magasin GS Delmas
Complexe Administratif et socio culturel de Jérémie, a Bordes
Administration Gle Douane Aéroport P-au-P
Sante :
Centres de santé:
Fontamara,
Coteaux Sud, CSL
Dondon Matador, CSAL
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Hôpital HCR
St Antoine Jérémie, de 100 a 150 lits
Sassier Jérémie, petit hôpital 24 lits
Bassin Bleu, N.O. petit hôpital
Thomonde, 70 lits étude.
Ste Thérèse Hinche, de 100 a 150 lits
Hôpital Adventiste de Diquini, de 60 a 100 lits
Port a Piment du Sud, 30 lits
Transport
Gares aériennes :
Port Salut
Cayes, a Kanz, Aéroport Antoine Simon 2002
Jérémie, réhabilitation 1996
Cap Haïtien, Etude promotion
Port-au-Prince, aérogare nationale Etude promotion
Wharf
Jérémie, réhabilitation, nouveaux quais, étude.
Commerce
Magasins
Jérémie, 3 réhabilitations étude
Magasin GS, 2 nouveaux
Marché public :
Marmelade
Culture
Musée : Parc Historique de la Canne Tabarre
Ciné : Eldorado Place Jérémie, réhabilitation
Religion :
Sanctuaire Notre Dame de la Médaille Miraculeuse a Jérémie,
Eglise Sacré Cœur, Jérémie (étude)
Chapelle a Château Arniquet
A l’étranger :
Maroc, appartement, entrepôt de blé
New York, architecture intérieure commerciale, surtout. Edifice patrimoine.
66
Conception des projets
Chaque projet a son but, sa raison d’etre. Se lancer dans le projet c’est d’abord approfondir ce
but. On découvre les activités humaines accompagnant ce but. On compare avec d’autres
projets de même envergure. On tire des leçons sur la structure, la circulation, l’art utilisé. Le site
va influencer le programme retenu. Le génie du site est bien réel. Il faut le découvrir pour lui
permettre de jouer son rôle. Tout cela mène à la (ou les) proposition originale.
A l’étage les nouvelles chambres sont séparées encore par un couloir central. Mais on met des
lanterneaux sur le couloir central ce qui corrige nettement le manque de ventilation
transversale et de lumière naturelle. La rampe vient jouer un rôle dynamique en se déroulant
autour de la chapelle de l’hôpital.
On est resté dans l’esprit original du projet de l’hôpital. C’est comme si l’hôpital réhabilité
conservait la logique de l’ancien, même en introduisant des améliorations nettes dans la
ventilation et la lumière naturelle. La rampe circulaire est remarquable, elle fait le tour de la
chapelle.
67
Le centre d’urgence avait été planifié pour répondre à une situation exceptionnelle de crise
politique. Celle-ci n’étant pas arrivée, l’hôpital a converti avec le temps les boxes du centre
d’urgence en chambres ordinaires.
Au début c’était une nouvelle cathédrale sur la colline à la Source. La pente a poussé à la
solution salle sociale en entre sol, grande salle à l’étage. Avec une terrasse d’accès périphérique.
Les portées sont assez importantes. Le toit a la forme d’arcs superposés avec des raies de
séparation, qui sont des raies de lumière. Ces raies rappellent les raies dans les coiffures
également. Raies laissées par les doigts repoussant la coiffure vers l’arrière.
Avant même que l’idée de la cathédrale soit lancée, j’ai vu en rêve la belle église dressée sur la
colline dominant la ville de Jérémie. Dans la même position, elle donnait l’impression de danser
au soleil. Cette terrasse périphérique attirait l’attention. Deux ans après on me confie la mission
de concevoir la nouvelle cathédrale. J’ai commencé par l’idée qu’une cathédrale c’est un cri de
joie, un alléluia à la gloire du Seigneur. J’ai abouti à une forme moderne exprimant la joie mais
qui rappelait un centre culturel moderne, comme un gymnasium, pétillant de vie. Le comité a
aimé la forme, mais a recommandé que la forme moderne soit intégrée à des formes
traditionnelles des églises. Particulièrement l’église a insisté pour que l’église moderne tienne
compte de l’assemblée charismatique. Celle-ci appelle à la participation, à l’action collective, au
rassemblement. Les églises anciennes rappelaient le troupeau qui suit le berger. L’église
nouvelle devait faciliter l’effort collectif, la participation, l’échange entre les fidèles, l’échange
entre les fidèles et les prêtres. La forme de gymnasium permettait cette dynamique. Mais
l’expression de joie, de mains levées vers le ciel, justifiées dans beaucoup de cas, ne convenait
pas pour l’ensemble de l’activité religieuse.
C’était un appel à entrer plus profondément dans le but du projet. Effectivement l’activité
religieuse est complexe. Baptême, communion, confirmation, mariage, ordination, funérailles.
Messe d’action de grâce, messe noire, messe basse, grand messe. Chemin de croix, chorale, le
clocher, l’accès des fideles a l’église. Le double salle, salle avec mission sociale et religieuse, la
grande salle avec mission religieuse. Gradins pour augmenter le nombre de fideles, mais
contradictoire avec l’idée d’assemblée charismatique.
68
A 14 CHANTIERS DE CONSTRUCTION EN HAITI sept 2022 AD
Un schéma se répète dans le pays, dans les villes principales, les villes secondaires, la campagne.
Le littoral est particulièrement pris en charge. Car la production est tournée en grande partie
vers l’extérieur, vers l’exportation, et cela depuis l’arrivée des conquérants et des colons. Le
pays est en train de se construire. Les conquérants ont repris les modèles de construction qu’ils
avaient chez eux, mais aussi ils ont fait des adaptations par rapport au nouveau climat et la
nouvelle culture qui se développaient dans le pays. Il y a eu une architecture coloniale adaptée.
Notre peuple en même temps avait appris à construire ses hameaux qui n’étaient pas pris en
charge par les colons. Hameaux des survivants tainos, hameaux d’une architecture simple des
esclaves, qui deviendront les paysans. Il y a eu une architecture des boucaniers, des flibustiers,
des affranchis, des petits blancs, des artisans, des commerçants de toute sorte. Tout ceci s’est
fait dans l’ensemble du pays, même si ce développement visait davantage le littoral à cause du
mode de production colonial.
Déjà cette architecture coloniale touchait à des aspects variés, agro industrie, logements,
défense, ports, artisanat... A partir de l’indépendance le mode de production coloniale a survécu
largement, mais une masse paysanne a pris le pays en charge, en particulier la construction de
ses logements simples. Il y a une vie indépendante à la campagne qui permet la vie dans les
villes. Les villes principales sont bâties pour le commerce avec l’étranger. Les petites villes, villes
le long de la cote associées à « moun la lakou », villes le long des rivières, dans les plaines, les
montagnes. L’expression bourg jardin du géographe Georges Anglade témoigne de cette
intensité de l’habitat dans nos campagnes qui n’a pas atteint le niveau de ville, mais qui atteste
de cette présence d’un peuple occupant son territoire.
Les ports, le mouillage, la Pointe, les corps morts, la plage pour les constructions navales,
protection de littoral, les carénages pour les constructions et réparations navales. Les docks,
chantiers navals. Le grand mot infrastructures portuaires. Wharfs de cabotage, wharf
international. Wharf de commerce général, wharf pour container, wharf pour le tourisme, wharf
de terminale de carburant, wharf minier. Wharf de cabotage, wharf en eau profonde, chenal,
brise lame. Système de signalisation de protection et d’identification des cotes : bouées, phares.
Capitainerie de port. Les douanes, service de la SEMANAH, APN. Gardes Cotes d’Haïti
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P-au-P et Ouest :
Wharf commercial en vrac, wharf pour container, Fort l’Ilet, Thor terminal produits pétroliers,
wharf Hasco, devenu wharf Mews ou Varreux terminal pétrolier, wharf Hasboun à Thor, wharf
Ciment d’Haïti, wharf minoterie, wharf Lafiteau, wharf touristique (ferme), chantiers navals
Bizoton, wharf cabotage, wharf cite Soleil, wharf Carries en direction de la Gonâve. Wharf de
Petit Goave. La Gonâve Anse à Galet.
Artibonite,
Wharf de St Marc, wharf de Gonaïves, de la mine de SEDREN.
Nord Ouest : Port de Paix, Mole St Nicolas, St Louis du Nord ?
Nord : Cap Haïtien, Labadie, Caracol ? , Borgne
Nord Est : Fort Liberté, Phaéton.
Sud Est : Jacmel, Anse à Pitres, Belle Anse, Marigot.
Sud : Cayes, Baie des Flamands, Baie Dumesle, Port à Piment.
Grand Anse : Jérémie, Corail, Anse d’Hainault, Pestel.
Nippes : Anse a Veau, Miragoane wharf Reynold, wharf de la ville, Baraderes.
Industries de base :
Usine électrique, usine thermique dans les villes chef lieux et villes principales, éolienne,
hydraulique a Peligre, Jacmel, Cayes, Délugé, Belladère, Artibonite, énergie solaire dans
plusieurs petites villes actuellement. Eolienne à Port de Paix désaffectée.
Fonderie, laminoir,
Glacière,
Cimenterie, Cabaret Ciment d’Haïti, Cap Cimenterie du Nord désaffectée. Actuellement surtout
importation de ciment.
70
Agro industrie, du café, cacao, sisal ou pite, canne à sucre et les dérivés, clairin, sirop, rhum,
sucre, rapadou. Miel, peau de bêtes, manioc et cassave, fruits et confitures. Le tabac, huiles
essentielles, bois. Riz, céréales. Elevage
La pêche, poisson et fruit de mer, on découvre les coraux, les algues
Les forts à l’intérieur, les casernes, postes frontières, terrain d’aviation,
Contrôles maritimes, phares, bouées, chenal, palplanches
Les résidences et le logement, classes aisées en relation avec les magasins, résidences
villégiature.
Résidences classe moyenne et niveau populaire,
Ecoles, lycées, enfantin, primaire, secondaire, professionnelle, université. Ecole des sœurs, des
frères, des pères, écoles congréganistes, écoles protestantes. Ecoles privées, écoles publiques.
Hôtels, de plage, de ville, d’affaires, culturels, foires, festivals
Eglises, temples, cimetière, lieux de pèlerinage, calvaire, saut, chapelle, église, cathédrale,
sanctuaire, basilique
Hôpital et centre de santé, clinique, dispensaire, centre de sante SAL, CAL, hôpitaux HCR,
universitaires, maternité, hospice, laboratoire spécialisé, pharmacie
Place publique, promenade,
Bibliothèque, cercle culturel, médiathèque
La culture, théâtre, salle paroissiale, cinéma, foyer culturel, maison des jeunes, maison de la
culture, musée,
Salle de bal, de fête
Routes et ponts, digues, viaducs,
Sport, stade, gymnasium
Adduction d’eau potable, réservoirs municipaux, réseaux, puits, aqueduc
Administration
Les mines ou carrières d’extraction des minerais
Le transport, routier, maritime, aérien, ferroviaire
Electricite, usine, réseaux, sources alternatives soleil, éolien, hydraulique
Tourisme, accueil, marche,
Les occasions
Reconstruction après tremblement de terre, cyclone, inondation, incendie, après la guerre de
l’indépendance, après les déchoucages périodiques
Plans d’urbanisme,
71
Les écoles nationales, fondamentales, professionnelles,
On observe des constructions chez nous dans l’histoire selon les périodes suivantes
Temps des Tainos
Temps de la colonisation espagnole
Temps de la colonisation française
Temps de la colonisation anglaise
Temps haïtien 19 ème siècle, 20 ème siècle, 21 ème siècle
Temps de la colonisation américaine 1915-1934
Tainos :
Logement, maison de chef, aire de sport pour le jeu de boule, villages, temples
Bateaux, meubles, outils agricoles, outils de pêche, poteries, défrichage de terres, armes,
Ex hamac de coton ou de pite, boumba ou canoe bois fouille.
Main d’œuvre, technologie, outillage, savoir faire
Matériaux,
Minéral, terre, argile, roche, silex, eau. Canari, creuset pour l’or
Végétal, Flore, bois, fibres, calebasse, tissage coton, latanier, paille banane, pite,
Animal, coquillage, os, carapace
Les 4 éléments, terre, feu, air, eau. Avec la terre les outils de cuisine, pour faire cuire les
aliments. La roche des outils de chasse de défrichage de terre, massue et tomahawk pour le
combat. Ils ont compris la base de la métallurgie en faisant le creuset pour l’or. Eau pour
arrosage, transport de l’eau. Conservation de l’eau.
Conservation des aliments, par la cuisson, par la fumée, par le salage.
Transport, a dos d’homme, par canoë, radeau, pipirit. Bois fouille, bambou, bois flot.
Décoration
Occupation du territoire, les zones de concentration, littoral, plaine, montagnes
Grand mystique, incidence de la mystique sur la construction ?
Premiers villages,
Qui étaient les bâtisseurs, les techniciens, les architectes
72
Quels matériaux et qui produisaient ces matériaux pour la construction
Colonisation espagnole
Forteresse, maison, village, église, mine, port, rempart, de 1492 à 1556
Elevage, potrero
Occupation du territoire, mode de production.
Zones de concentration, premiers villages, villes. Puerto Real pres de Limonada, Hinche,
Belladère, Lascahobas, Cerca Carvajal
73
Qui étaient les constructeurs, architectes, ingénieurs, topographes, contremaitres,
Quels matériaux et qui produisaient ces matériaux pour la construction
74
Haïti 20 ème siècle
Cité de l’exposition, Palais de Justice, Palais National, Casernes Dessalines, Casernes dans les
grandes villes et les villes moyennes, la Poste, banques, hôtels, places publiques. Wharf, train et
chemin de fer, tramway, terrain d’aviation, aéroports. Télégraphes Terrestres, lignes de
communication, téléphérique, tramway, chemin de fer, mouillage, wharf, industries minières,
manufactures, parc industriel, usine de tout type, garage, logements sociaux, usine électrique,
hydro électrique, pont, aéroport, aérogare, chantier naval dock,
Palais des ministères, centre administratif
Places publiques, marchés, écoles, université, centre de sante, hôpitaux,
Eglises, temples, centre culturels, centres de loisir, dancing, bibliothèque, musée,
Commerce, de gros, de détail, centre commercial, supermarché, marché public,
Logement, résidence de riches de classe moyenne, logement populaire, auto construction
Agro industrie,
Formation dans le secteur de la construction
Nord Alexis, adduction d’eau potable, wharf,
Antoine Simon
Sous l’occupation
Vincent, barrage d’irrigation, écoles,
Lescot, cite populaire
Estime, barrage, cité de l’exposition, tourisme,
Magloire, casernes, routes,
Duvalier, aéroport, grand rue de Port au Prince, cité logement populaire
Aristide
Preval,
Martelly
75
A 15 LE BOIS DANS LA CONSTRUCTION EN HAITI AD 8 juillet 2022
VIVRE EN BOIS
Un petit survol
Le bois a été largement utilisé comme matériau de construction. Nous avions des forêts que
nous avons exploitées. Du temps des autochtones, tainos et autres. Du temps des colons,
espagnols, français, anglais, américains. Les colons ont contribué largement à la déforestation
de notre territoire, avec le défrichage pour les cultures intensives de canne à sucre, de café,
d’indigo, de cacao, de coton, du temps de la colonie et même de l’hévéa pour le caoutchouc, au
vingtième siècle. Du temps haïtien depuis notre indépendance.
Les principaux matériaux dans la construction sont le bois, la maçonnerie, le béton, le béton
armé, le métal. Maintenant les matériaux synthétiques, plastique, foam, ont vu le jour.
Le bois est le plus commun. Le bois est lié au règne végétal. On trouve le bois, dans ses diverses
caractéristiques, bois de construction, bois dur, bois léger, les fibres, bois de meuble, bois pour
l’énergie. Avec le bois on a construit des logements, des forts, des bateaux, des radeaux, des
instruments de travail, de musique, des ponts ou ponceaux, des barrages, des palplanches pour
protéger les cotes ou le littoral, des wharfs, des magasins, des douanes, des églises, des écoles,
des gaguères, des centres de santé, des centres culturels...
Si le bois a été et est utilisé dans la construction, dans la vie courante beaucoup d’objets sont
encore en bois. Quand on dit bois on pense au règne végétal, les fibres comme le coton, la pite,
le chanvre, le latanier, les herbes comme la banane, le riz, pour les nattes, la paille. Au point
qu’il y une bataille entre matelas et paillasse. Actuellement c’est une bataille perdue d’avance
entre la natte et le matelas de foam. On fait des hamacs merveilleux avec le coton, la pite, des
cordes, cordages. On utilise de moins en moins le chapeau de paille qui nous protégeait
efficacement du soleil et même de la pluie. Je suis allé faire une présentation sur le patrimoine
culturel à Vallue, dans la montagne de Grand Goave. Les paysans m’accueillent
chaleureusement. Je suis parti avec un chapeau de paille. J’étais le seul à avoir un chapeau de
paille, les paysans ont des casquettes ou vont tete nue. Parmi les casquettes certains sont en
fibre végétale, d’autres en plastique.
Vivre en bois ! Le manche du pilon, le charbon de bois pour la cuisine, même pour le feu de la
forge. Le bois gaïac pour le manche pelle, manche piquois, manche houe. Le bat en bois pour
protéger l’échine des animaux, bat en paille banane dans le Plateau Central. Le bois du tok tok
dans le plateau pour presser la canne et extraire le jus, à force humaine. Les rouleaux en bois
d’amandier sauvage pour les moulins à bête sont encore présents en quelques endroits. Bien
76
sur remplacés au fur et à mesure par des rouleaux en métal plus résistants à l’usure
systématique.
Le problème de l’usage du bois est la présence à proximité, donc à cout réduit du matériel. Mais
la déforestation se généralise. On apprend à se passer du bois. On devrait planter les arbres
qu’il nous faut pour les usages courants, et même pour la construction.
Parmi les bois durs les plus connus : le pin, le chêne, le cèdre, l’acajou, le bois dame marie ou
bois pilotis, bois fer, le bambou, le taverneau, le campêche, le sarment, le gaïac, le bois mangle,
le lilas. Il faudrait continuer la liste, le maho, l’amandier sauvage… Le pin, le plus utilisé en
construction, le « pinos occidentalis », était très répandu dans les montagnes, dans les
différentes chaines de montagne, la Selle, La Haute, Matheux, Montagnes du Nord, Cahos, …
Mais il a été exploité à outrance, et la reforestation n’a pas été assurée. Exemple de scierie dans
la montagne de la Selle à Seguin. Les arbres sont coupés systématiquement, mais on n’a pas mis
de pépinière pour le reboisement. On disait que « la foret se régénère toute seule », ce qui
m’avait étonné. C’est toute une histoire à raconter. Les Arbres Musiciens de J Alexis,
Gouverneurs de la Rosee de J Roumain, le Paysan Haïtien de Paul Moral, donnent une idée de ce
drame. Quand je suis alle à Seguin en 1962, en passant par le Morne des Commissaires ou
Cabaio, on marchait encore sous le couvert des pins gigantesques, les fraises rouges éclataient
sous nos pas.
Les bois de menuiserie, de durs à moins durs, le chêne, le cèdre, l’acajou, amandier sauvage. Le
frêne ou bois blanc, … Notre menuiserie continue de produire chaises, dodines, tables, chaises
bas, lits, comptoirs, bureaux, balancines, portes, fenêtres de toutes sortes. A persiennes fixes ou
mobiles, à battants, doubles battants, coulissant, à claire voie.
Les fibres, sous forme de paille pour la couverture des toits : canne à sucre, riz, latanier, roseau,
vétiver, tache de palmiste. Sous forme de cordage ou de tissage : pite, coton, latanier, chanvre,
(fil de bois d’orme, bambou, paille de banane de la tige, liane cochon).
Le bois s’associe très bien à la maçonnerie de terre ou de roche, au béton, au béton armé, et au
métal. Sous des formes, dans des proportions différentes, pour des usages divers.
Précisons un peu.
Nous allons voir des constructions essentiellement en bois, puis bois associé à la maçonnerie,
bois associé au béton armé, bois associé au métal. Tous les matériaux jouent entre eux au fur et
à mesure que les matériaux nouveaux apparaissent sur le territoire.
77
Construction essentiellement en bois.
On observe les poteaux en bois dur de campêche, les traverses, les lattes pour le remplissage
des parois, le clissage. Les lattes sont obtenues par découpage de branche pour faciliter le pliage
pour le clissage. Procédé très répandu dans tout le pays. Après il faudra le maçonnage en terre
pour protéger ou couvrir le lattis. Les parois sont souvent aussi en planche de bois de palmiste
dans les plaines et plateaux, en planche de pin en montagne. Dans le Plateau Central, les
maisons étaient couramment en planche de palmiste, on en fait encore de nouvelles, mais
moins nombreuses. Dans différentes vallées, à Jacmel, dans la Grand Anse, dans le Nord Ouest,
on voit encore des maisons, des guildives, en planche de palmiste. On a même remarqué la
réutilisation des planches de palmiste et de la paille de couverture dans la petite industrie de la
canne. Les vapeurs de sirop sont acides et attaquent vite les structures en acier et les tôles.
Cette acidité attaque moins le bois et ses dérivés. On utilise le bois sous forme de bois rond sans
équarrissage, dans les campagnes et sous forme de bois équarri dans les villes. Equarrissage fait
localement ou d’importation.
Le bois a ses défauts et ses forces. Il doit résister à l’humidité, à des champignons, à des
parasites ou insectes comme les termites, les « vonvons » qui creusent des trous dans les
poteaux. Il peut bruler. Pour la force, il résiste très bien aux tremblements de terre, grâce à son
élasticité relative. S’il est contreventé il résiste aux vents forts et aux cyclones. Il est, ou il était
présent, partout dans le pays et on peut le renouveler en assurant le reboisement. Il peut etre
travaillé avec un outillage et une technologie relativement simple. En faisant attention à ses
faiblesses le bois peut durer un temps assez long. Selon l’agressivité du milieu.
Exemple : à Jérémie pour protéger le littoral du bord de mer qui est rongé par les vagues, on a
monté des palplanches en bois pilotis (bois Dame Marie), on a fait des wharfs en bois pilotis qui
durent 40 ans, plongés dans l’eau. Au fur et à mesure que les années passent on identifie les
pilotis les plus attaqués, on les remplace. On pouvait observer le battage des pieux avec un
bélier (ou mouton) monté sur un palan. On laissait tomber le bélier sur les pilotis qui
s’enfonçaient au refus dans le sol. Après on égalisait les sommets. Ce système de palplanches en
bois a été remplacé par des palplanches en acier du temps des américains. La durée de vie est
de 40 ans également. Il faut mettre davantage de pilotis pour constituer la barrière de
protection.
78
Les parois verticales des maisons rurales généralement ne sont pas contreventées. Par contre
les toitures le sont avec les fermes triangulées. Panne sablière, panne faitière, chevron, latte,
poinçon, jambe de force, tout cela est appliqué dans la charpente des toits. En plus la paille est
utilisée comme couverture. Paille amarrée avec des lianes ou des cordages. Il faut un angle au
sommet de 90 degrés, pour que l’eau de pluie puisse courir le long de la pente. Avec un angle
plus ouvert l’eau de pluie peut traverser le chaume. La paille séchée, quand elle reçoit l’eau de
pluie, gonfle et devient imperméable.
Le vent a pu tordre ou renverser les parois des maisons, mais l’ensemble du toit tombe à coté et
maintient son intégrité. Les gens habitent provisoirement sous le toit écroulé. En attendant de
reconstruire la case. Cas observé après des cyclones qui ont renversé les maisons. Un geste
élégant ! Le toit écroulé est devenu l’habitat et la cuisine. Au moment de cuire le pitimi, sans
viande ou poisson, le paysan a lâché une cordelette attachée sous le toit, avec au bout un
morceau d’hareng saur. Apres un moment de cuisson il a remonte la cordelette pour une autre
occasion. On a eu droit à un pitimi à l’odeur de hareng. Le lendemain le pitimi a été accompagné
par un chat marron bien épicé. Je suppose comme réponse du paysan à notre regard
interrogateur.
Dans les villes par contre les parois construites en bois sont contreventées avec des diagonales
systématiques. Des planches de pin avec des moulures ferment la paroi. Les diagonales sont
visibles, parfois elles deviennent des X ou croix St André cachées dans la paroi.
Maison clissée.
La plus courante dans les plaines ou plateaux disposant d’argile et de végétation. Montants
verticaux, remplissage avec le clissage et le maçonnage en terre argileuse. Le « masonn kay » est
appliqué à la main sur la paroi de clissage horizontal. Le maçonnage durcit et tient bon de
longues années. Sa faiblesse est à la base quand l’eau de pluie ruisselant du toit tombe et
rejaillit en éclaboussant la base du mur. On retape les parties affectées. Une protection
singulière est l’usage de peinture à la chaux. Celle-ci fait corps avec l’argile, se cristallise en
séchant et se convertit en une couche résistante au ruissellement de l’eau de pluie.
79
Dans les zones des collines pleines de cailloux, avec moins de terre et de végétation, le même
système de poteaux est utilisé. Mais le remplissage entre poteaux pour former la paroi se fait à
la maçonnerie de roche liée avec de la chaux et du tuffeau. Les roches ont la même épaisseur
que les montants. La maçonnerie est insérée entre les montants. En final une couche de
masonn ne laissera plus voir les roches.
Avec les saccades dues au tremblement de terre cette maçonnerie arrive à se détacher des
montants verticaux et peut provoquer des accidents.
Une observation ultérieure plus poussée sur cette maçonnerie de peu d’épaisseur a montré
l’adaptation technologique pour combattre le tremblement de terre en mettant des clous dans
les montants verticaux, et même des lignes de fer barbelé fixées aux clous pour empêcher la
chute des murs de roches.
Pendant des décennies les maisons en ville ont été construites en bois. A la base ou au rez de
chaussée, les murs sont en maçonnerie avec la structure en bois insérée dans la maçonnerie.
Avec des poteaux en bois montés en longrine au sol et panne au haut du mur. Le système de
tenon et mortaise avec des chevilles en bois dur rendait la structure très stable. La triangulation
avec des diagonales ou des croix permettait au système de résister aux forces horizontales
cyclones ou tremblement de terre. Dans le sens longitudinal, selon la longueur du bâti. Pour le
sens transversal, un système de portique avec poteau en bois surmonté d’une poutre en bois,
assurait la rigidité transversale. Des jambes de force en forme de gousset renforçaient la rigidité
des portiques. Les murs ne pouvaient se renverser vers l’intérieur. Les tenons et mortaises
rendaient le portique solidaire. Dans les magasins ce système de portique en bois a été
généralisé, on essayait de libérer l’espace magasin des colonnes. Dans les maisons d’habitation
on ne voit pas tellement ces portiques. Les parois transversales jouent le rôle de
contreventement transversal. Elles deviennent souvent des murs porteurs, dans un sens ou
dans les deux sens.
Dans les magasins de centre ville on voit bien la suite des poteaux en bois avec les poutres
puissantes accompagnées de goussets en bois. Par contre les diagonales ou croix pour le
contreventement longitudinal souvent ne sont pas visibles, elles sont recouvertes de crépis.
Les poteaux en bois sont enfoncés ou mis dans le sol, en s’assurant que leur base ne touche pas
l’eau du sous sol. Ils pourraient pourrir à cause de l’humidité. Une observation récente a mis en
évidence ce problème, l’eau du sous sol qui se trouvait à 2,50 m en moyenne au dessous de la
surface est remontée, à cause d’un bouleversement dans la nappe phréatique. Les poteaux ont
maintenant les pieds dans l’eau. Ils ont commencé à pourrir. Ce qui a déséquilibré le système.
Ce qui a expliqué plusieurs renversements de murs de magasins lors du dernier tremblement de
terre de 2021 dans le Sud et la Grand Anse.
80
N’empêche que dans certains cas des tiges en fer avec des clefs doublaient les poutres en bois,
en vue de protéger contre le renversement vers l’extérieur. Les poutres ou portiques en bois
protègent contre le renversement vers l’intérieur. Des contreforts en maçonnerie à l’extérieur
protègent également contre le renversement vers l’extérieur. On les voit bien dans les murs
d’églises qui ont tendance à prendre de la hauteur.
Les maisons de logement se faisaient en maçonnerie avec structure en bois. Un premier étage
avec des cloisons en bois ou en maçonnerie, un deuxième étage ou grenier avec cloisons en bois
vers l’intérieur et tôle vers l’extérieur.
Les maisons ont des parquets en maçonnerie au rez de chaussée, parfois des parquets en bois
avec un espace vide au dessous pour éviter l’humidité du sol. Le parquet ou les planchers des
étages se faisait généralement en bois. Même les balcons extérieurs se faisaient en bois. Peu à
peu on a fait les balcons extérieurs en maçonnerie ou béton pour éviter la détérioration trop
rapide du bois.
Un cas très répandu dans les villes a été l’ajout d’étage en bois au dessus des magasins au rez de
chaussée. Les magasins sont en maçonnerie, même si les colonnes sont en bois ou en métal. La
maçonnerie est plus solide, elle résiste au feu, aux vandales, aux pilleurs, aux cyclones,
relativement au tremblement grâce à la structure en bois, au temps également. Le commerce
est protégé. Le toit des magasins était recouvert de tuile plate en argile scellée dans un lit de
mortier. Le feu ne pouvait se propager par le toit. Certaines fois on utilisait cette terrasse pour
sécher des produits. La nouvelle construction en bois essentiellement pour le logement ne
touchait pas le toit en tuile. On avait compris l’importance de l’énergie cinétique en construisant
plus léger en haut et plus lourd en bas. Le tremblement de terre ne détruisait pas les édifices
construits selon ce système.
Dans les maisons en maçonnerie, les planchers, plafonds ou faux plafonds, les escaliers, étaient
en bois. Les planchers des étages en particulier.
Les murs se font bien en maçonnerie. Les ouvertures portes et fenêtres ont besoin de linteau en
bois. Sinon c’est tout un art de créer des arcs avec clef de voute. Avec la brique ou la pierre de
taille. Ces linteaux se font couramment depuis la venue du béton.
On avait bien compris la relation entre bois et maçonnerie. La maçonnerie protège du feu, des
voleurs, des pillages. On a appris à associer le bois pour son élasticité à la maçonnerie. Il faut
dire aussi que le bon bois était disponible dans les forets. Beaucoup de maisons étaient
construites avec des poteaux en cèdre, ou autres bois de qualité. Beaucoup de maisons ont plus
de cent ans.
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Béton armé
Avec l’apparition du béton armé, l’importance du bois a diminué. On voit plutôt un mélange de
maçonnerie et de béton armé. Les murs en maçonnerie de moellons de 40 cm d’épaisseur
s’associaient bien au béton. Jusqu’à l’apparition des blocs de mortier de ciment plus léger et
surtout plus rapide à construire. Le bois sert dans le coffrage du béton, dans les échafaudages.
Soit du bois mangle, soit du bambou, pour les coffrages. Soit du pin pour les échafaudages. Dans
l’édifice en béton, le plancher de l’étage est fait en bois, on a persisté à construire en léger, tôle
sur structure en bois. Faux plafond pour cacher la tôle, mais aussi pour protéger le reste de la
maison de l’ardeur du soleil frappant la tôle. C’est le rôle des combles au dessus des greniers,
constituer un matelas d’air contre la chaleur du soleil.
A un moment tout l’édifice s’est fait en béton, rez de chaussée, étage, plancher, toiture. On a
découvert l’intérêt des toits terrasses. Le béton a apporté son lot de problème. La dalle de
couverture chauffe au soleil, emmagasine la chaleur et l’irradie par la suite jusque tard dans la
soirée. Le béton est lourd quand il est placé en haut. Augmentant les risques de déplacement
par inertie cinétique. Le ferraillage demande un art que les ouvriers ou foreman, ne
comprennent pas assez bien. L’auto construction plus facile en bois, relativement facile en
maçonnerie, n’a plus sa place dans le béton. L’ignorance des normes de construction a été à la
base du drame du tremblement de terre de 2010. Ignorance des foremen, mais aussi ignorance
des architectes et ingénieurs dont l’attention n’avait pas été dirigée vers les tremblements de
terre. Malgré les exemples oublies de Port-au-Prince en 1770, le Cap 1842, Anse a Veau 1952.
Les écoles de génie avaient sous estimé ce facteur.
La place du bois a diminué, mais le bois continue de jouer un rôle dynamique dans la
construction de fenêtres, portes, meubles fixes, placards, des meubles en général. La
décoration, la dentelle de bois des Ginger bread reste dominante. Une dentelle de maçonnerie
avec des claustras de formes variées, des parapets, s’est développée aussi bien. Maintenant
c’est une nouvelle dentelle de métal, découpée, forgée, soudée, aux mille motifs qui est
pratiquée dans le milieu. Les conditions de sécurité forcent à l’usage de grillages de sécurité qui
peuvent etre en même temps des occasions de créativité.
Métal
Depuis la révolution industrielle, le métal s’est généralisé peu à peu dans le pays. D’abord la tôle
pour les toitures qui est devenue le matériau principal pour les couvertures des maisons. Plus
durable que la paille, plus maniable aussi. Dans les villes on ne voit plus le chaume. Même à la
campagne la tôle supplante le chaume.
A partir de fin 19 ème siècle on voit apparaitre les édifices en métal, dont la structure est en
métal pour etre plus exact. Des poteaux en fonte ou en acier, des poutres poutrelles en acier,
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sont associées à la maconnerie de briques, de moellons, ou de roche pour la construction. Mais
ces édifices sont assez rares, car ce mode de construction est cher. Marchés publiques, ponts,
édifices ou maisons de grands commerçants utilisent ce procédé.
Dans le commerce même les portes et fenêtres sont en métal. Le bois a diminué nettement en
importance pour ce secteur public et privé. Mais le bois associé à la maconnerie et au béton a
continué à jouer un rôle actif pour le reste de la population.
Actuellement le bois est surtout importé. Les quincailleries ont toutes leurs réserves en bois
équarri ou en plywood. La technologie ancienne de travail du bois avec tenon mortaise utilisée
par les charpentiers a changé. Les attachements sont en métal, quelques fois en plywood. Les
attaches sont en plaque d’acier ordinaire, sujette à la rouille. Très rarement en plaque d’acier
galvanisé.
L’utilisation du bois est chère. La vraie question est le reboisement qui pourrait permettre de
disposer à nouveau de bois sur le territoire.
Les questions : prix, disponibilité, opportunité, main d’œuvre, technologie, esthétique du bois,
histoire
Quand les tainos se sont attaqués à la forteresse de Colomb à la Vega, ils ont essayé d’abattre la
grande croix en bois à l’avant du fort. La croix symbole important des colons. La croix construite
en un bois très dur, la guayacan, a résisté aux haches tainos, au feu également. Les tainos ayant
insisté, une lumière verte a joué sur la croix. Lumière provoquée par Notre Dame de la Merci
selon le père Bartolomeo de las Casas, comme réponse à la prière des espagnols demandant
une intervention de la Vierge. Depuis lors la Virgen de la Merced est devenue la Dame principale
des espagnols et des dominicains par la suite. Les tainos ont conclu que la magie des espagnols
était plus forte que la leur.
83
Dans différentes plages du pays, la tradition de construire des bateaux en bois s’est développée
et maintenue. Actuellement elle a diminué, mais on voit toujours quelques bateaux en
construction. Ces plages ont porté le nom de carénage. Mot qui vient de la carène des bateaux
la coque du navire. Exemple à Petit Goave, Dame Marie, ça Ira, Baie Dumesle. Bateaux pour la
pêche et pour le cabotage. A Jérémie on construisait des bateaux couramment de 80 à 100
tonnes. Parfois jusqu’à 250 tonnes. Ces bateaux étaient construits sur la plage et lancés à l’eau.
Apres ils étaient remorqués à Port-au-Prince pour etre équipés de moteurs et recevoir la
finition. Les arbres de la foret servaient pour fabriquer les nervures et les planches.
Dans la construction, on a fait appel aux bois de qualité, cèdre, chêne, gaïac. Ces bois sont
devenus rares et servent en menuiserie de meubles. Le chêne est encore courant pour la
menuiserie, de portes, de fenêtres, de meubles fixes.
De même l’usage de pilotis était répandu pour construire les petits wharfs en bois. Même des
wharfs de près de 50 mètres de long. Le tablier du wharf se faisait en madriers de bois. On
précisait wharf pilotis.
Pendant la construction des chemins de fer dans le pays les traverses de support des rails
étaient faites de bois du pays. Une certaine quantité de bois a été expédiée à l’étranger pour
faire des traverses de chemin de fer. Quantité difficile à apprécier.
Pendant le 20 ème siècle, deux zones étaient particulièrement connues pour avoir des scieries
actives pour exploiter le bois local. La Selle a Foret des Pins, Seguin, Source Zabeth, Montagnes
du Nord, Lamiel, Cerca La Source. La Scierie a St Marc. Dans le reste du pays l’exploitation se
faisait de manière artisanale avec les haches des bucherons et la grande scie manuelle le
« siyedlon », pour découper le bois en madrier ou en planches.
Le bois a été utilisé dans d’autres fortifications rapides moins durables, exemple de la Petite
Batterie à Jacmel, les remparts étaient faits de fascine de bois et de terre, fort Salomon à
Jérémie.
Dans certaines zones du Sud disposant encore de bois, les murs secs, qui se font en roches dans
d’autres zones comme l’Ouest, les Matheux, sont faits en fascines de bois et terre. Cela permet
de créer des plateformes pour l’agriculture et contrôler un peu l’érosion.
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Le bois équarri produit sur place dans les scieries ou importé se vend par BMFT (on dit BM foot)
qui vaut 12’’x12’’x12’’. Le prix varie aux alentours de 2 $ le BMFT. Le bois fini coute un peu
moins cher que le bois brut. Car il perdu un peu d’épaisseur.
Le poids des bois varie. Le poids du BMFT de pin est de 40 lb (livre). La qualité ou résistance des
bois est liée à leur densité. On trouve des bois plus légers que l’eau, le bois flot. Le bambou est
dense mais avec le vide au milieu il flotte bien. Des bois comme le chêne, l’acajou, sont plus
denses que l’eau. 1 l ou 1 dm3 d’eau pèse 1 kg.
Achat du bois : le bois léger est poreux, il est attaqué par les termites facilement. Les bois durs
plus difficilement. A l’achat du pin, on en trouve très clairs, légers, d’autres lourds plus sombres.
La sève est présente dans le bois. Ces planches résistent mieux aux charges et aux insectes.
Les quincailleries, ou postes de vente du bois. Le commerce de bois importé est généralisé. On
trouve les grandes boites, les grandes quincailleries, mais aussi des petites éparpillées dans les
zones populaires. Le bois est encore très utilisé dans la construction. On trouve même des
boutiques pratiquement en plein air avec des bois exposés, debout, appuyés sur un arbre.
Comme le bois peut se tordre, dans les quincailleries on met les bois couchés entassés a
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l’horizontale pour éviter la torsion qui ne peut se corriger. De même on met les bois à l’air libre
sous un toit. L’humidité est l’ennemi du bois. Le soleil aussi. Et surtout jamais les bois ne doivent
toucher le sol.
Le bois importe offre des variétés de bois de qualité. A un prix élevé. Mais il est au moins
disponible. Pourquoi le public devrait-il avoir un regard nouveau sur la construction en bois ? Le
public populaire continue avec le bois, pendant que la tendance a l’usage du béton s’est
intensifie. Le public plus aise craint les séismes. Un public plus restreint encore apprécie
l’élégance particulière du bois.
Le transport du bois est intéressant à observer. Les bateaux pour l’importation, Les grandes
remorques qui relaient les bateaux ou importent de la république voisine, les camions, tap tap,
cabrouets ou charrettes. Récemment j’ai vu des motos en train de trainer des planches sur le
sol, planches qui vont etre rongées à leurs extrémités. Le transport des planches de bois à la
siyedlon se fait même avec des mules, chargées de chaque cote sur les bats en bois. En dernier
lieu le transport se fait à dos d’homme, dans les zones d’accès difficile.
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La plus célèbre école est J B Damier à Port-au-Prince. Elle a été suivie par le CPFP, Centre Pilote
de Formation Professionnelle. La formation professionnelle se fait sous l’égide de l’INFP Institut
National de la Formation Professionnelle.
Ces écoles enseignent surtout le travail de menuiserie pour les meubles, portes et fenêtres. Le
travail de charpente de bois se fait apparemment directement sur les chantiers sous la forme
d’apprentissage.
Dans la paysannerie, les travaux de construction en bois se font beaucoup en auto construction.
Mais quand il s’agit de la charpente de structure du toit, on fait appel à un connaisseur, un
maitre qui a le secret de la charpente. Secret de la triangulation de la charpente qui assure sa
rigidité. Et sa conservation face aux aléas de séisme et de cyclone.
A l’Université Quisqueya, dans le département d’architecture, on a mis un Atelier expérimental
de bois, comme introduction au travail du bois pour les étudiants en architecture. Le professeur
est un cadre de JB Damier. Dans les cours de construction on essaie de motiver les étudiants sur
l’usage du bois. Il faudrait continuer cet apprentissage avec une recherche sur l’importance du
bois dans la construction en Haïti. En observant les édifices particulièrement élégants conçus
pour la construction de résidence, commerce, marché, sport, culture, écoles, hôtels, églises
principalement.
L’art du bois
L’artisanat du bois offre une panoplie. Edifices en bois, en bois associé à d’autres matériaux,
comme la maconnerie, le béton et le métal. Edifices du simple au complexe. La maison rurale, la
maison urbaine, l’ajoupa collectif, le marché, le kiosque, l’église, le péristyle, et même le palais.
Mais aussi, les meubles, des panneaux en lamelles de bambou, des claires voies, les frises, les
bois chantournés.
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Le bois se courbe difficilement. Sa linéarité est sa qualité première qui lui confère une légèreté,
une sveltesse, une élégance particulière. Le Ginger bread est l’illustration de cette qualité qui
permet la création de maisons élancées. Les artistes peintres rendent compte de cette élégance
en exagérant le caractère vertical de ces constructions.
Un art curieux et intéressant est la sculpture en bas relief sur les meubles, portes. Tête de lit,
armoire, table, bureau, commode, dodine.
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LE BOIS DANS LA CONSTRUCTION EN HAITI II
Dans cet article, nous allons aborder des constructions en bois concrètes autant que possible, à
la campagne, dans les villes de province et à la capitale.
Construction en bois, en maconnerie liée au bois, en béton armé lié au bois, même en métal lié
au bois.
Vanne en bois,
Cercueil, le poteau, poteau mitan, mat de drapeau, palan, le mouton pour battre les pieux en
bois,
Outillage : manche manchette, couteau, piquois, le bat en bois sur le dos animaux, bat en paille
de bananier, ruelle pour les puits, L’habitat dans les villes de province, du Nord au Sud de l’Est à
l’Ouest.
Sécurité : barrière, cloture, cloture végétale en haie vive, cloture ordinaire en bois, guérite,
plateforme pour l’habitat.
Transport : radeau, pipirit, en bois flot ou bambou. Bois fouille, les avirons ou rames, le
gouvernail, le mat, le pont du bateau, wharf en bois, en bois pilotis
Les toits en paille, en tôle, en tuile, en essente de bois, en tuile plate dans un lit de mortier.
Grand Anse, Jérémie, Anse d’Hainault, Dame Marie, Abricot, Pestel, Corail, Beaumont, Duchity…
On a trouve que les charpentiers marins pouvaient bien s’intégrer au travail de façonner les
poutres en bois ou les coffrages pour recevoir le béton. On construisait couramment des
bateaux de 80, 100, jusqu’à 250 tonnes. Sur la plage de la ville.
Sud, Cayes, Port a Piment, Torbeck, Port Salut, Coteaux, Les Anglais, Tiburon, Douyon, Arniquet,
Château, Chantal, Ducis, Camperrin, Cavaillon, St Louis du Sud,
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Nippes, Miragoane, Anse a Veau, Petite Riviere de Nippes, Petit Trou de Nippes,
Sud Est, Jacmel, Bainet, La Vallée, Cayes Jacmel, Belle Anse, Grand Gosier, Thiote, Verrettes,
Fond Parisien, Ganthier,
Ouest, Croix des Bouquets, Port au Prince, Petionville, Kenscoff, Furcy, Léogane, Grand Goave,
Petit Goave, Arcahaie, Cabaret, Montrouis, Bois Pin, Mantoue, La Gonâve, Cazale, Gressier, Fond
Parisien,
Plateau Central, Bas Plateau et Haut Plateau, Mirebalais, Domond, Cange, Thomonde, Hinche,
Maissade, Ville Bonheur Saut d’Eau, Lascahobas, Belladère, le moulin de canne à force humaine
(tok tok)
Artibonite, St Marc, Gonaïves, Pont Sondé, Liancourt, Des Chapelles, Verrettes, Désarmes, La
Chapelle, Petite Riviere de l’Artibonite, Marchand Dessalines, St Michel de l’Attalaye,
Nord, Cap, Limbe, Camp Coq, Milot, Limonade, Labadie, Trou du Nord, Acul, Plaine du Nord,
Caracol, Ste Suzanne, Quartier Morin,
Nord Est, Fort Liberté, Ouanaminthe, Terrier Rouge, Vallieres, Mont Organise, Dérac, Phaéton,
Nord Ouest, Port de Paix, Jean Rabel, St Louis du Nord, Mole St Nicolas, Mare Rouge, Anse
Rouge, Coridon, Bombardopolis, Baie de Henne
Grand Anse, Jérémie, Anse d’Hainault, Dame Marie, Abricot, Pestel, Corail, Beaumont, Duchity
Jérémie : douane, Eglise St Louis, Hôtel Excelsior (disparu avec Hazel), hôtel 3 Dumas,
Bibliothèque Municipale, Mairie, le cercle Excelsior, des dizaines de magasins et de magasins
surmontes de résidences en bois, plusieurs villas a Bordes, wharfs en bois, palplanches de
protection du rivage, fabrication de bateaux sur la plage, agro industrie en ville et a la campagne
de la canne a sucre, du café, du cacao, Sanctuaire NDMM, Ecole professionnelle, Complexe
administratif et socio culturel
La qualité des bois est déterminante pour le travail que l’on va faire.
90
A 16 ARCHITECTURE HAITIENNE/ TROPICALE 2017- 2022
Sommaire
Aspect climatique
Le soleil
La lumière naturelle
Le vent et la ventilation
L’aération
Les précipitations, pluies et autres
La température
Conditions atmosphériques
Formes associées à l’approche bio climatique
Les matériaux
Terre, roche, sable, gravier, les liants, ciment, chaux…
Les métaux, fer, fonte, acier, aluminium, zinc, (tôle…)
Végétaux, chaume, bois, fibre
Maçonnerie,
Béton, béton armé,
Structure
Technologie
Risques liés aux matériaux
Vieillissement des structures, prématuré, progressif
Maintenance, entretien
Formes associées aux matériaux
91
Collines
Montagne
Plateaux
Lacs ou étangs
Relation terre et mer, terre et eau
Relation montagne et plaine
Relation montagne et montagne
Relation plaine et plaine
Formes associées
Urbanisme
La topographie, le relief
Terrain plat, en pente douce, moyenne, escarpée. Falaise, plateau, pente concave, pente
convexe. Les courbes de niveau. Allure de la pente du terrain, coupe transversale,
longitudinale. Valeur de la pente. Pentes acceptables, interdites pour la construction.
Ligne de partage des eaux, les thalwegs, la crête, le sommet. Les cols.
Site avec beaucoup d’accidents de terrain, ancien puits, four à chaux, faille, caverne,
ancien cimetière, boisé, marécage, talus naturel, bassin versant
Formes associées
Les règnes
92
Minéral, végétal, animal,
Minéral, terre, roche, mine, or, cuivre, bauxite... Le Ph des terres détermine en grande
partie la végétation. Relation entre minéraux et végétaux, entre minéraux et animaux,
entre végétaux et animaux. Entre l’homme et les trois règnes.
Relation avec le bâti
Formes associées
Les éléments,
Eau, terre, vent, feu.
Relation avec le bâti
Formes associées
Tropique zone de tremblement de terre, de cyclones, de raz de marée, de contraste entre jour
et nuit, le vent, le soleil,
Formes associées
93
Intégration à la société et à l’économie mondiale.
Formes associées
Aspect artistique
Art créole, beauté créole
Beauté de la nature
Terre de contraste, haute en couleurs aux formes variées
Attirance pour les couleurs vives, les formes aux silhouettes marquées ou prononcées,
aussi bien attirance pour les couleurs pales,
Affirmation de soi, doute de notre propre identité,
Formes associées
Approche intégrée
Adaptation aux conditions
Air conditionné, ventilateur, dodine, hamac, balancine, habillement coton, tissu léger…
Formes associées
Le type de projet
Logement, individuel, familial, collectif, permanent, temporaire. Résidence principale,
secondaire, pied à terre. Logement mobile, provisoire.
Logement spécialisé: abri, hospice, dortoir, auberge, hôtel, couvent, monastère, appartement,
maison de retraite
Education, crèche, jardin d’enfant, primaire, secondaire, professionnelle, arts et métiers,
universitaire
Santé, dispensaire, clinique, centre de santé, centre de santé avec lit, laboratoire, hôpital
communautaire de référence, hôpital spécialisé, hôpital général, hôpital universitaire
Sport, en plein air, en salle. Sport individuel, en équipe, Sport terrestre, aquatique ou nautique,
athlétisme, hippisme, cyclisme, gymnastique... Arts martiaux. Jeux sociaux ou cérébraux.
Gymnasium, stade.
Commerce, boutique, magasin, marché public, commerce ambulant, centre commercial, grande
surface, commerce de détail, super marché, ou super market. Foire.
Culture, ciné, théâtre, musée, salle de spectacle, salle de jeux, maison de la culture, salle
polyvalente, centres de formation en danse, musique, arts plastiques, théâtre, ciné pour
performance, centre pour formation, centre de formation et de performance. Centre pour
performance. Bibliothèque, librairie
Loisir, gaguère, danse, disco, bal, kermesse, sport comme spectacle, pique nique, promenade, a
pied, a cheval, a bicyclette, en voiture, en bateau, la piscine, la place,
Restauration. Restaurant, cafeteria,
94
Travail, bureau, factory, ferme, usine, manufacture, atelier, entrepôt, agro-industrie,
administration, commerce, secteur service
Artisanat
Transport, architecture pour le transport gare routière, maritime, aérienne, ferroviaire. Système
de transport voie, piste, route, autoroute, aéroport, wharf, quai, aqueduc, viaduc, tunnel, pont,
rail, trottoir,
95
Le soleil,
Les saisons, solstices de printemps, d’été, d’automne, d’hiver. Saison pluvieuse, sèche.
Le soleil et son parcours par rapport au zénith de notre position sur la terre. Parcours changeant
au cours de l’année.
Angle de pénétration de la lumière naturelle en moyenne 30 degrés par rapport à la hauteur des
ouvertures. En moyenne la hauteur de la fenêtre multipliée par 2 donne la distance moyenne de
pénétration de la lumière naturelle. La lumière naturelle est le bleu du ciel. L’atmosphère.
Angle de pénétration de la lumière directe du soleil variant avec les saisons, référence à midi. On
considère le zénith à midi. Parcours du soleil en juin, solstice d’été 21 juin 4 degrés nord.
Parcours du soleil, les équinoxes, en mars printemps et septembre automne angle à midi 22
degrés sud. Parcours du soleil en hiver 21 décembre 43 degrés sud.
Soleil et transmission de chaleur à travers divers matériaux chaume, bois, fer, tuile, terre,
brique, béton. Conductivité selon les matériaux.
Ombre et ensoleillement
Eléments associes :
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Habit léger, le coton. Transpiration, séchage au vent au soleil. La tonnelle, le lanterneau, la
tourelle, la cheminée, la couleur du toit, des murs, la conductivité des matériaux de
construction du toit en particulier.
Formes associées
Les formes hautes procurent un matelas d’air au-dessus de la maison offrant une protection
contre la chaleur produite par le soleil à travers le toit. L’air chaud monte, il faut offrir
l’échappée à l’air chaud. Cette échappée prend la forme de lanterneau, de lucarne, ou d’œil de
bœuf de part et d’autre du toit. Dans la voûte ou le plenum une quantité d’air s’accumule, il faut
ouvrir soit par le sommet soit par des ouvertures latérales en positions transversales pour que
l’air s’échappe et se renouvelle. On dit aussi le belvédère.
Il est nécessaire d’établir l’importance de la lumière directe du soleil. Dans une première
attitude chez nous, dans les Tropiques, on évite la lumière directe du soleil, on se protège, on
cherche l’ombre propice, tout en permettant la pénétration de la lumière naturelle offerte en
grande profusion par le bleu du ciel, grâce au soleil. Dans le travail esquissé jusqu’à présent
nous avons pris ce parti.
97
Dans une deuxième attitude on voit l’importance de la lumière directe du soleil. Effet
réchauffant de la lumière du soleil surtout le matin. Avec les chambres tournées vers l’est pour
recevoir les premiers rayons qui ne sont pas encore trop chauds. La lumière directe du soleil est
bactéricide. Elle chauffe l’eau dans le chauffe eau solaire. Si les rayons sont concentrés on peut
cuire la nourriture, sécher les aliments et autres produits, et même avec une concentration
extrême fondre l’acier comme dans les fours solaires. Le soleil par effet photo voltaïque joue
un rôle de plus en plus fondamental dans les panneaux solaires pour l’énergie solaire et
l’énergie électrique. La lumière directe du soleil sert dans les installations passives pour stocker
la chaleur dans des murs absorbants et réchauffer les espaces dans les moments sans soleil.
Comprendre le parcours du soleil permet de préciser les orientations et les angles d’inclinaison
des panneaux solaires pour mieux capter l’énergie solaire.
Il faut noter la surprise que nous avons eue avec un centre de fabrication d’équipements
d’appareils médicaux à Port-au-Prince. L’architecte étranger a proposé un toit en verre, une
verrière. Dans notre tradition on les évite. Mais ce toit était en plastique polymérisé qui laisse
passer la lumière mais sans l’énergie qui l’accompagne. Depuis cette invention on voit ce genre
de toit dans les tropiques, surtout dans les grandes surfaces en Floride qui ont un déficit en
lumière naturelle qui entrait dans les façades latérales. Celles-ci devaient avoir des hauteurs
d’étage permettant à la lumière naturelle d’entrer au fond de l’édifice. Ces hauteurs d’étage
augmentent le volume du bâtiment et le cout de l’air conditionné. Il fallait un éclairage
électrique puissant à l’intérieur. Le puits de lumière ancien chauffait l’intérieur. Ce toit en
polymères est venu résoudre ce problème. La situation a changé cette compréhension de
l’approche climatique.
Ces deux attitudes sont complémentaires. D’abord chez nous il faut ajouter que le climat est
différent entre la plaine et la montagne. La lumière directe devient plus importante ou
nécessaire. Ensuite dans les pays de climat tempéré, l’importance du soleil varie de manière
différente.
Chez nous le soleil direct joue son rôle dans les vitraux des fenêtres des églises, dans les blocs
de verre installés dans les toits en béton. Dans certaines grottes la lumière directe du soleil joue
un rôle central mystique, grâce à des puits de lumière verticaux qui fonctionnent seulement en
été quand le soleil est vertical à midi. La lumière jaillit d’un coup par la cheminée et éclaire
l’intérieur de la grotte qui était plongé dans l’obscurité. Les gens vont danser dans le faisceau
lumineux, se sentant transportés vers une ascension mystique.
La lumière directe du soleil joue un rôle dynamique dans la création des arcs en ciel. Ceux-ci ont
une grande valeur mystique chez nous, chez les autochtones des Etats Unis, Arizona et autres. A
98
Saut D’Eau Ville Bonheur, dans la cascade au matin les rayons de soleil créent sans arrêt des
petits arcs en ciel qui dansent et transportent les pèlerins vers des territoires de rêve. Les rayons
de soleil créent le phénomène d’irisation dans les embruns, les fines gouttelettes d’eau de la
chute.
Dans certaine église a l’étranger, le calcul précis de l’angle du rayon a permis de placer dans
cette trajectoire une boule de cristal vert pour lancer un message lumineux aux fidèles. Dans les
sociétés anciennes on voit des temples construits pour capter les angles solaires à des heures et
des jours précis de l’année.
La lumière directe joue un rôle primordial en agriculture. La partie sous la lumière directe
produit des fruits avant les autres parties. La lumière directe sèche les fruits, le linge, les rues,
les terrains. Le soleil donne de la vitamine D.
La lumière solaire directe suit les conditions météo. Un ciel nuageux bloque les rayons, le
brouillard, la pluie, la poussière dans l’air, les angles verticaux, durant les heures du jour.
affectent la puissance des rayons. Plus l’angle de pénétration du soleil est vertical plus intense
est la lumière. Cela tient a la traversée de l’atmosphère, les rayons verticaux traversent tout
droit, les rayons obliques traversent davantage d’atmosphère.
Nous devons ajouter une approche sur la lumière solaire directe. Ce sera fait incessamment
grâce aux notes de l’architecte E Metellus.
Exemples :
Conduite d’appel d’air sous le plancher, prenant l’air à l’extérieur latéralement. Des grilles sous
les chaises permettent à l’air de passer au niveau des jambes et de monter vers le ventilateur
extracteur au plafond et au toit. On voit les canaux de prise d’air des deux cotés de l’édifice.
99
Trou passif au sommet de la voûte du toit, doublé par un ventilateur extracteur d’air pour les
mois plus chauds. Appel d’air au bas des parois extérieures avec des pièges à lumière selon la
formule de St Louis de Gonzague. La forme de la voûte fait déjà office de cheminée.
Le café stocké en sac de pite a besoin d’une ventilation régulière pour éviter la moisissure. Les
sacs sont montés sur un plancher en bois isolé du sol en maçonnerie, évitant ainsi l’humidité du
sol. Une cheminée maintient le mouvement d’air dans la salle. L’appel d’air n’a pas été vérifié.
Beaucoup d’éléments en bois à l’intérieur. Le Ciné est resté fermé assez longtemps, les termites
ont attaqué. Les maisons fermées ont un problème de vapeur d’eau et d’humidité propice à
l’attaque des termites. L’appel d’air était réalisé par deux ventilateurs et au plafond un
ventilateur extracteur assurait l’évacuation et le renouvellement. Cette ventilation se faisait
périodiquement quand le ciné marche. On a ajouté des pièges à lumière fonctionnant de façon
passive pour permettre une aération régulière. Non pas seulement quand les ventilateurs sont
en action.
Maisons paysannes.
Ces maisons ont des ouvertures dans les impostes pour permettre une aération minimum, pour
que l’espace ne soit pas complètement clos. Ces ouvertures sont en bois chantourne, ou en
clairevoie.
Une deuxième solution active c’est la climatisation qui est le refroidissement de l’air. C’est une
solution plus coûteuse demandant une énergie supplémentaire. Dans les pays tempérés la
climatisation sèche l’air, ou réduit l’humidité dans l’air. Energie hydraulique, energie electrique.
L’approche passive consiste à créer des ouvertures où l’air passe sans énergie supplémentaire.
En sens horizontal avec la ventilation transversale ou croisée qui se fait systématiquement. Cela
se fait bien avec les portes, portes fenêtres, qui augmentent les ouvertures, de part et d’autre
100
de l’edifice. En sens vertical avec des ouvertures placées à des hauteurs différentes pour
provoquer une ventilation par différence de potentiel. L’usage de cheminée se retrouve en
Haïti, non pas seulement pour chauffer la maison comme c’est le cas dans certains coins
montagneux, Furcy, Kenscoff. Mais pour activer la circulation de l’air, pour réduire l’humidité.
Cas de dépôts de café en montagne des Matheux. Une approche passive très courante c’est la
construction de grenier qui constitue un matelas d’air contre la chaleur du soleil qui se transmet
essentiellement à la verticale. De haut en bas.
Un cas remarquable, les constructions en planche de pin dans les montagnes. Les planches sont
peintes en noir, peinture ou asphalte. Cela protège des termites, mais aussi attire la chaleur du
soleil pour réduire le froid. Dans le Plateau Central, mais aussi dans la Grand Anse, et ailleurs, on
utilise les planches de palmiste pour faire les parois extérieures des maisons. Les planches de
palmiste résistent très bien à l’humidité et aux termites.
Grandes ouvertures pour permettre la pénétration de la lumière naturelle qui est le bleu-du-
ciel. Une voûte gigantesque comme une lampe naturelle immense est disponible pour éclairer
l’intérieur des maisons. Les sous-bois, les clairières, les jardins.
Plus les fenêtres sont hautes plus elles permettent au bleu du ciel d’entrer en profondeur
dans l’espace intérieur.
Cependant même le bleu du ciel envoie une quantité de lumière qui n’est pas toujours favorable
à la lecture, au travail. L’idéal est la lumière qui entre latéralement au plan de travail, ou de
lecture. En face du visage la lumière est trop forte, elle fatigue l’œil, et elle se réfléchit vers les
yeux avec le papier blanc. A l’arrière la tête projette de l’ombre sur le plan de travail. Cette
remarque est la même pour une lampe artificielle la nuit. Il faut la mettre un peu de côté. Le
bleu du ciel est particulièrement intéressant dans la façade nord des édifices, il vient
pratiquement sans soleil. Le bleu du ciel éclaire partout, mais dans la façade sud le soleil direct
traverse la voute, il faut contrôler ce soleil direct avec des persiennes horizontales ou verticales
ou des auvents, ou des rideaux. Dans les façades est et ouest, le soleil pénètre a angles bas, il
faut protéger encore. Le soleil d’après midi peut été particulièrement aveuglant quand il est
doublé par la réverbération sur un sol réfléchissant ou un plan d’eau, ou a Port-au-Prince avec le
plan d’eau de la mer a l’ouest de la ville.
101
Les cheminées, bouches d’évacuation, lanterneaux, lucarnes, voûtes, marquent le volume. Le
style « gingerbread » arrive à jouer avec ces points hauts. Les formes varient, cônes, pyramides,
voûtes en arcs circulaires, plein cintre, surbaissé, surhaussé, en arcs elliptiques. Même dans
l’habillement on retrouve cette compréhension par les chapeaux, les « koma » ou haut de forme
qui ne sont plus en usage, (les magiciens, les esprits « gedé » continuent de les utiliser). Les
chapeaux en forme conique surélevée.
Tout un ensemble de silhouette, se détachant sur le fond, sur le ciel en particulier, est
développé dans cet art.
Les tourelles constituent le sommet dans l’approche bio climatique. Plus hautes que le reste de
l’édifice se détachant sur le ciel c’est une approche ouverte à tous les vents et les brises. Une
faiblesse quand même, elles sont en grand danger quand le vent se transforme en cyclone.
Beaucoup de tourelles sont tombes, au point qu’elles ne sont plus pratiquement construites.
Orientation
La boussole, les grands axes, N S E W, les seconds NE SE SW NW, les tertiaires NNE ENE SSE SSW
… Azimut, bearing ou gisement. Les coordonnées cartésiennes, les coordonnées polaires, les
coordonnées terrestres longitude et latitude.
Orientation, position par rapport au soleil et les vents dominants et la position topographique.
Chez nous, on voit la différence entre les édifices dans le nord, le sud est, l’ouest. Le nord obéit
aux alizés du NE venus de l’Atlantique Nord. Le Sud Est marqué par les alizés du SE, qui est le
chemin général des cyclones de l’Atlantique central.
Formes associées
L’orientation de la maison par rapport au nord joue un rôle important. Dans notre zone
climatique définie par les latitudes, la hauteur du soleil au cours de la journée, des saisons, la
position de la maison engage un dialogue avec le soleil. Le nord de la maison est peu exposé au
soleil, a l’est au matin le soleil réchauffe de la nuit fraiche, la face sud presque est presque
toujours ensoleillée, la face à l’ouest est exposée au soleil de l’après-midi. Surtout à l’heure ou
nous nous reposons. Ces 4 faces de la maison reçoivent le soleil et emmagasinent son énergie
de différentes façons.
Certaines personnes aiment la chambre donnant à l’est pour recevoir les premiers rayons de
soleil. La paroi nord de la maison reste fraiche et parfois même est humide toute l’année par
manque de soleil.
102
Cette position de la maison par rapport au soleil est très relative dans les villes avec les blocs
localisés entre les rues. Les maisons donnent face à la rue, ce qui fait que l’accueil des maisons
varie dans un rapport différent par rapport au soleil.
Par contre dans tous les cas le soleil au dessus de la maison joue le même rôle. La question
devient quel type de toiture sera plus efficace pour protéger la maison contre la chaleur
transmise. Toit en chaume, en métal, en tuile, en béton armé, en terre.
Formes associées
Le vent,
Relation terre mer, les alizés du NE, les alizés du SE, vent d’est, vents d’ouest. La rose des vents.
Les nordés en période d’hiver. Vents de montagne, vent de vallée, vent d’embouchure.
La relation terre mer. Echauffement et refroidissement relatif entre ces éléments provoque un
déplacement d’air terre vers mer et mer vers terre.
Les niveaux de vent, brise, vent, tourbillon, tornade… cyclone de différente magnitude. Vitesse
du vent, aéromètre.
Direction du vent, la girouette au dessus des édifices. Ou le manchon d’air dans les aéroports.
Ventilation croisée, transversale, puits de ventilation, ventilation forcée, cheminée, appel d’air,
différence de potentiel dans les tunnels ou tranchées profondes tubes de hauteur différente, air
froid air chaud.
Effet de foehn, les vents alizés perdent leur humidité sur les versants exposés au vent, laissant
peu pour les versants venant après. Effet de crête sur les pentes au voisinage des sommets,
accélération du vent au voisinage de la crête ou effet de corridor dans les villes.
Coulée d’air frais dans les vallées. Vent frais de l’embouchure de la rivière de la Grand Anse a
Jérémie
103
Vent et sècheresse. Le vent sèche l’air et l’humidité de facon très active. C’est comparable au
soleil, mais sans l’effet bactéricide bienveillant du soleil.
Le vent attise le feu, fait passer l’incendie de maisons à maisons. Pour contrôler l’incendie il faut
créer des murs coupe feu en maconnerie de brique entre les maisons. On voit bien cette
solution au Cap.
Vent de carême, vent sec, vent en rafale, qui emporte les feuilles, soulève la poussière.
Effet du vent : effet de poussée, effet de succion. Force ascensionnelle. Force d’arrachement des
toitures, liées à la profondeur du débordement de toiture.
Le vent provoque les vagues de la mer ou de l’étang, emporte les embruns au loin.
Profils face au vent, concave, convexe. Profil bas, profil expose. Compréhension du maitre
couple pour la résistance face au vent.
Formes associées
Les précipitations
Pluie, averse tropicale, pluie fine, angle de la pluie avec le vent. La pluie chasse le vent.
Grêle,
Brouillard
La neige dans les pays tempérés.
Condensation,
Gel, verglas
Orage, tonnerre
La rosée
Vapeur d’eau
Buée
Remontée capillaire, fondation et sous sol
Trombe d’eau en mer
Formes associées
La température
L’altitude,
La saison
L’humidité de l’air
Sècheresse
La brise, l’effet « corridor », l’éventail…
Prendre le frais, ombre des arbres, la galerie, le balcon
L’eau
104
La réverbération
L’irradiation
Transmission de chaleur
Les matériaux, énergie passive
Cheminée, puits de ventilation
Contrôle de température
La végétation
Formes associées
Les matériaux
Comportement des matériaux face aux conditions climatiques, pluie, sècheresse, vent,
humidité, soleil,
Terre (argile, tuf,..). Intérieur en terre battue, très frais. Le nettoyage est problématique, on peut
balayer mais « a la traka pou lave kay tè ». La terre argile en particulier permet de faire les
panneaux des maisons, mélangé au tuf c’est encore mieux.
105
L’argile permet de faire les briques pour les murs, les tuiles pour les toits. Briques séchées au
soleil ou cuites au feu. Même des briques résistants aux intempéries.
La chaux est un liant ; en peinture elle est bactéricide. Utilisée en agriculture (base des arbres),
en industrie du clairin pour nettoyer les barils ou futs en bois, les douves. Pour la pose des tuiles
sur les toits, l’élasticité de la chaux joue un rôle important.
Le sable calcaire de carrière ou le sable de rivière ou de bord de mer sont utilisés. Le sable de
mer doit être traité contre le sel, il doit être lavé soigneusement,
La roche est disponible en grande quantité, roche de rivière ou roche galet, roche de carrière,
roche de falaise. Roche pour mur de fondation, mur (moellons), roche de parement d’épaisseur
réduite pour parquet ou mur...
Le bois
Le bois a été très utilisé dans notre architecture. Hutte de branchage des tainos, couverture en
chaume. Hutte des esclaves et des paysans, montants en bois, clissage en bois, maçonnerie
d’argile et tuf des panneaux. Toit en chaume.
Chaume en paille de canne à sucre, de vétiver, de latanier, paille de riz, tache de palmiste. Il faut
veiller à la pente adéquate pour le chaume, la pente doit être de 100% ou de 45 degrés a la base
pour faciliter l’écoulement de l’eau de pluie.
On considère le bois non équarri, et le bois équarri. Les montants ou poteaux des cases
paysannes sont faits généralement en bois non équarri, ils sont souvent crochus. Cela ne
dérange pas, c’est l’ensemble de la structure qui tient.
En ville par contre pour les constructions les poteaux, poutres, lattes, planches sont faits en
bois équarri. Avec des dimensions assez réglementaires. En menuiserie également ce sont des
planches équarries ou en partie équarries qui servent.
L’eau
Source
106
Puits,
Ruisseaux,
Lagon, mare, étang, lac, marécage
Rivière, fleuve
Nappe phréatique
Remontée capillaire
Eau douce, saumâtre, salée, acide, chaude, ph a contrôler
Bassin, tourbillon, piscine, réservoir
Pluie
Drainage irrigation
Inondation
Pression hydrostatique
Formes associées
107
A 16 ARCHITECTURE HAITIENNE, EXPRESSIONS VARIEES Alex Duquella
Nous avons proposé une petite présentation sur la maison rurale. Aujourd’hui nous élargissons
le cadre pour proposer une image plus ouverte sur l’architecture de notre pays. L’architecture
est concernée par le cadre bâti qui est une réponse à des besoins divers de la société haïtienne
dans une perspective historique et patrimoniale. Les modes de vie changent, évoluent, les
constructions évoluent avec ces changements.
Nous avons choisi quelques exemples de ces diverses constructions à travers le pays, cependant
avec une prépondérance pour le sud que nous connaissons mieux. Ce choix est révélateur de ce
que nous pourrions retrouver dans le reste du pays. Nous pensons qu’il s’agit là d’un
témoignage éloquent de la volonté de notre peuple de construire les édifices nécessaires à son
fonctionnement. Il en faut encore beaucoup plus mais déjà une expérience appréciable s’est
développée chez nous. Quand nous voyons ces images on ne peut que sourire devant ceux qui
pensent qu’il n’y a pas un art de bâtir en Haïti.
Les constructions ont été l’œuvre d’architectes, d’ingénieurs, de contremaitres, d’artisans. Par
ordre d’importance, il faudrait inverser l’ordre, artisans, contremaitres, ingénieurs et en dernier
lieu les architectes. Certaines constructions remontent à la colonie. D’autres au 19ème siècle,
au 20ème et un certain nombre au 21ème siècle.
L’architecture la plus connue en Haïti dans les années récentes est celle du logement et des
résidences. Cette architecture illustre la fonction logement séparée de celle du commerce ou de
l’industrie. Pendant que les exemples choisis montrent plutôt des fonctions associées au mode
de production. L’architecture reflète le changement dans notre mode de production qui a
évolué. Notre société est devenue de plus en plus orientée vers une société de consommation,
notre production nationale baisse de plus en plus.
Nous proposons un guide pour identifier les différents domaines touchés par l’art de bâtir.
2 Equipement de contrôle de l’environnement, barrage pour irrigation, contrôle des crues, usine
hydro électrique
108
7 Défense du territoire, forts en retrait …
11 Administration publique :
Périodes de construction
Colonie
Les forts sur la côte contre les puissances coloniales rivales, Labouque Fort Liberté, Môle St
Nicolas, Jacmel, Jérémie, Cayes, St Marc, Port-au-Prince, Port-de-Paix, St Louis du Sud, Tiburon,
Anse d’Hainault,
Irrigation, barrage,
Haïti
1804 1820 les forts à l’intérieur. Sous Christophe, les palais, imprimerie, industrie
1890 Florvil, marchés de Port-au-Prince, du Cap, de Jacmel, des Cayes, ponts, câble sous- marin
pour la communication
109
1900 1915 Ecole Polytechnique (Faculté des Sciences) 1902, chemin de fer, adduction d’eau
potable, réservoir, wharfs,
1934 1950
1950 1960
1960 1986
1986 2010
2010 actuel
Rôle de l’état, douane, casernes, hôpital, centre de santé, école, administration, commerce (les
magasins de l’état…)
110
A 18 ARCHITECTURE ET URBANISME
Naissance et développement des villes en Haïti
Les villes prennent naissance dans des endroits qui facilitent la vie, le commerce, les échanges.
Les villes s’appuient sur les campagnes avoisinantes qui fournissent les vivres en se basant sur
l’agriculture et l’élevage. Les villes sont créées par des hommes qui suivent une logique de
pensée particulière.
Les villes d’Haïti ont suivi ce modèle général. Il y a des villes à l’intérieur, pour le développement
agricole et l’élevage. Mais la plupart des villes importantes ont pris naissance sur le littoral, au
bord de la mer, en plus près d’une rivière pour assurer l’alimentation en eau douce. Le mode de
production colonial français se basait sur la production agricole dans les plaines, les plateaux et
les montagnes. Des agro industries pour une transformation de base des denrées, un système
de transport et l’acheminement des denrées vers les ports pour l’envoi vers la métropole.
Les ports chez nous sont d’abord des lieux de commerce. Mais aussi des zones industrielles pour
assurer la transformation et la mise en forme des produits pour l’exportation. Dans certaines
conditions l’agro industrie se faisait pratiquement sur place dans la plantation. Comme dans la
grande plaine du Nord ou les usines sont encore dans la plaine. Dans d’autres endroits les usines
à la campagne ont été relocalisées dans les villes côtières. L’insécurité à la campagne a poussé
les responsables à fuir l’intérieur pour se réfugier dans la ville qui offre une meilleure
protection.
Lieux d’échange, de culture, bibliothèque municipale, hôpital, écoles lycées. Finance, banques,
la Poste,
Modes de vie
En ville. Les villes sont différentes : ville au bord de mer, ville dans les plaines, dans les
montagnes ou les plateaux.
111
Jérémie, port de commerce et dans le temps ville industrielle, agro industrie
La Grand Rue joue un rôle proéminent dans la ville. C’est la rue du commerce, les magasins de
produits importés, tels que toile, nourriture, outils de toute sorte, produits de beauté,
pharmacie, voisinent les magasins de produits d’exportation. Ces derniers s’appuient sur les
grands dépôts de café, de peaux de bête, de cacao, de pite ou sisal. La Grand Rue s’interrompt
au Carrefour Wharf, a la jonction de la Rue Martineau qui débouche sur le wharf de la ville. La
douane se trouve juste à ce carrefour. Douane pour recevoir la marchandise d’importation, tout
comme pour entreposer les produits d’exportation qui doivent obligatoirement passer par la
douane. En effet les recettes de l’Etat sont basées essentiellement sur les taxes à l’exportation
et à l’importation. Ce rôle de la douane est en train de changer drastiquement car les denrées
commerciales d’exportation sont réduites pratiquement à néant.
Les maisons se suivent, une galerie continue donnant sur la rue permet aux piétons de faire le
porte à porte des magasins, sans redescendre sur la rue. Les colonnes sont en bois, en
maçonnerie de forme rectangulaire ou circulaire. Dans un cas assez rare en tube de métal. Les
magasins ont leur entrée propre. Un couloir latéral permet d’entrer dans la partie arrière de
l’édifice. Ces derniers ont en général deux niveaux, certains trois niveaux. Magasins donnant sur
la rue, à l’avant du rez-de-chaussée, à l’arrière salle polyvalente servant d’appui au magasin, de
salle à manger et de dépôt. Plus loin la galerie arrière et la cour arrière. Dans cette cour un
corridor mène à la plage. Corridor bordé par un dépôt, par la cuisine, le puits, la salle d’eau avec
un bassin, la latrine, le logement pour la domesticité. La propriété est fermée par une clôture et
une barrière. La plage est publique. Un chemin piétonnier suit la ligne des clôtures. Sur la plage
la plupart des maisons ont leurs embarcations privées. Il suffit de les haler vers la plage pour la
mise à l’eau. On les protège avec une bâche ou encore avec de la paille de cocotier. Le soleil
ardent peut provoquer des fissures dans le bateau. Il faut maintenir un fond d’eau de
protection.
Un escalier à l’arrière donnant sur la cour ou à l’intérieur de l’édifice permet d’accéder à l’étage.
Un couloir assure la circulation. C’est la zone de vie, le salon ouvre sur le balcon ouvrant sur la
rue, des chambres se succèdent. Une toilette souvent sans eau courante. Les chambres alignées
ont des problèmes de luminosité et de ventilation.
Les maisons sont souvent collées les unes aux autres avec des murs mitoyens, ou murs doubles.
La lumière et la ventilation ne viennent que par l’avant et l’arrière. Une solution pour les
chambres est une suite de cloisons à mi hauteur pour permettre au vent et a un peu de lumière
de passer. On observe une ambiance de pénombre dans ces salles. La nuit, le couloir facilite un
112
courant d’air, souvent assez frais. En sortant des chambres pour aller aux toilettes ou à
l’escalier, on peut attraper un coup d’air frais surprenant. Certaines fois la toilette se trouve
entre deux chambres avec un double accès.
Les toilettes sont alimentées par la servante qui apporte de l’eau dans un pot. La cuvette permet
de se laver sommairement, visage et aisselle. Elégance particulière c’était le bidet mobile en
métal peint pour les dames. Quand la toilette est trop éloignée, un paravent permet de créer
une petite toilette dans la chambre. Le vase sous le lit est de rigueur. Un raffinement observé,
l’eau sale de la cuvette est jetée dans un entonnoir extérieur donnant sur un corridor extérieur
évitant ainsi d’avoir à transporter l’eau sale.
Mode de construction.
Au sud du wharf, les maisons donnant dos à la mer, ne sont plus entre grand rue et plage mais
entre grand rue et la mer directement. En plus les terrains parfois sont un peu plus larges ce qui
permet l’existence de couloir ou corridors extérieurs, parfois sur un coté, parfois sur deux cotés,
de par et d’autre de la maison. Corridors de 1m, parfois même de 2 mètres, permettant à un
cheval de passer pour aller à l’écurie.
Le reste est semblable avec une différence notable, galerie au rez-de-chaussée, balcon à l’étage
face a la mer. Un élément particulier, les latrines ne sont plus creusées, elles donnent sur la
mer. On voit aussi des ponceaux dominant la mer à la limite du terrain bordant la mer. Un jeu
serré de pilotis en bois très durs, bois dame marie, enfoncés dans le sable protège la plateforme
contre l’érosion de la mer.
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La Pointe
Entrée sud de la ville Morne Fort
Entrée au Bac
Zone de villégiature la Digue, Buvette
Zone de villégiature Rochasse, Bordes, la Source
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Urbanisme : étapes du processus d’urbanisation Alex Duquella 7-03-17
Le modèle colonial montrait le colon sur les terres et dans l’agro-industrie. Après
l’indépendance les haïtiens ont repris en grande partie le mode de production colonial.
Production des denrées commerciales pour l’exportation. La bourgeoisie haïtienne s’est investie
à la campagne dans l’agro-industrie. Les paysans sur leurs lopins de terre. Le 19 ème siècle a vu
tout ce développement. Les villes étaient concentrées sur le commerce d’exportation et
d’importation.
A la fin du 19 ème siècle on observe un changement. Les différentes révoltes paysannes liées
aux revendications pour de meilleures conditions de travail ont poussé les grands paysans et
bourgeois à se replier vers les villes et à y implanter les usines de transformation pour la
sauvegarde de celles-ci. Une bonne partie des paysans a suivi le repli pour travailler en ville dans
ces établissements comme ouvriers ou comme manutentionnaires. C’est une première étape
d’urbanisation de plusieurs villes de province. A titre d’exemple, Jérémie, Cayes, Aquin, Petit
Goâve, Jacmel, St Marc… chaque ville est une petite capitale pleine d’affaires. Une
décentralisation en pleine action. Ceci pendant que la production agricole se poursuit a la
campagne. Production essentiellement paysanne. Cette production aboutit en ville pour le
processus de préparation finale. De grands espaces de magasins, de grandes terrasses de
séchage et des usines de transformation finale, tout ceci pour le commerce d’exportation.
Cependant dans quelques grandes plaines comme la Plaine du Cul de Sac, la plaine de Léogâne
et en particulier dans la plaine du Nord les installations agro industrielles ont continue à exister
hors de la ville.
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centralisation extrême. Tout produit doit passer par Port-au-Prince pour être expédié à
l’étranger. Les bourgeoisies des villes sont ruinées, essaient de se recaser à la capitale, ou
simplement abandonnent le pays. Les paysans n’ont plus de débouchés pour leurs denrées
commerciales, ils doivent réadapter les cultures ou doivent laisser la campagne. Les paysans
devenus ouvriers dans les villes de provinces ou manutentionnaires suivent le pas vers la
capitale. La centralisation extrême pousse à l’urbanisation accélérée.
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Urbanisme processus d’urbanisation : Alex Duquella 6-03-17
Le modèle colonial montrait le colon sur les terres et dans l’agro-industrie. Après
l’indépendance les haïtiens ont repris en grande partie le mode de production colonial.
Production des denrées commerciales pour l’exportation. La bourgeoisie haïtienne s’est investie
à la campagne dans l’agro-industrie. Travaillant sur leurs terres propres ou affermées. Elle a
utilisé les techniques les plus avancées disponibles sur place. Type de culture : canne à sucre.
Grande plantation, agro-industrie avec technique moulin à bête, moulin à eau, moulin à vapeur.
Café, production dans les grandes plantations et les parcelles des paysans attachés à cette
production. Agro-industrie café pilé, café lavé. Séchage, décorticage ou déparchage, mise en
sac, entreposage, envoi à l’étranger. Cacao, coton, pite, peau de bête, miel et cire, bois ont suivi
le même processus. Le 19 ème siècle a vu tout ce développement. Les villes étaient concentrées
sur le commerce d’exportation et d’importation.
A la fin du 19 ème siècle on observe un changement. Les différentes révoltes paysannes liées
aux revendications pour de meilleures conditions de travail ont poussé les grands paysans et
bourgeois à se replier vers les villes et même à y implanter les usines de transformation pour la
sauvegarde de celles-ci. Exemple café, cuir, coton. Résultat une bonne partie des paysans a suivi
le repli pour travailler en ville dans ces établissements comme ouvriers ou comme
manutentionnaires. C’est une première étape d’urbanisation de plusieurs villes de province. A
titre d’exemple, Jérémie, Cayes, Aquin, Petit Goâve, Jacmel, St Marc… chaque ville est une
petite capitale pleine d’affaires. Une décentralisation en pleine action.
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Deuxième étape, ère du Duvaliérisme. La bourgeoisie des provinces en particulier conteste
l’accaparement de l’économie par le pouvoir, et appuie les protestations. Duvalier pour casser
celles-ci pousse à la centralisation extrême. Tout produit doit passer par Port-au-Prince pour
être expédié à l’étranger. Les bourgeoisies des villes sont ruinées, essaient de se recaser à la
capitale ou simplement abandonnent le pays. Les paysans n’ont plus de débouchés pour leurs
denrées commerciales, doivent réadapter les cultures ou doivent laisser la campagne. Les
paysans devenus ouvriers dans les villes de provinces ou manutentionnaires suivent le pas vers
la capitale. La centralisation extrême pousse à l’urbanisation accélérée.
Avec la baisse de production des denrées traditionnelles, la paysannerie se lance dans d’autres
directions, l’igname et autres produits vivrier. Un certain nombre de commerçants et de
bateaux acheminent cette production vers les ports extérieurs. Cela a duré près de 40 ans des
années 1960 jusqu’à fin des années du 20 ème siècle. Coïncidant aussi avec le déclin final de la
Hasco en 1992.
Selon le témoignage d’un armateur près de 200 bateaux de différents tonnages participaient à
cette opération. Les USA ont finalement interdit leurs ports aux bateaux haïtiens. Une situation
aggravante pour le commerce maritime haïtien.
En plus des ports de petit tonnage restés actifs avec le commerce de cabotage. Quelques ports
sont restés actifs avec le commerce d’import et de « Pèpè ». Rebus des sociétés opulentes.
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Ports d’Haïti une survie problématique Alex Duquella 5-12-17
9 sur 10 de nos villes chef lieu sont des ports. Un seul est à l’intérieur, Hinche. Ces ports depuis
le mode de production colonial ont été très actifs servant de lieu d’échange entre la production
agro-industrielle de l’intérieur du pays et la métropole française. Avec l’indépendance d’Haïti ce
mode de production continue. La production de nos campagnes est transformée à la campagne
dans une première étape et vers la fin du 19 siècle elle est transformée en grande partie dans
nos villes ports qui deviennent des villes industrielles liées aux productions des denrées pour
l’exportation. La production part vers l’étranger vers des lieux différents de la France,
l’Amérique, l’Angleterre, la Hollande, l’Allemagne, l’Italie.
Durant tout le 20 ème siècle jusqu’à la fin pratiquement, les villes ports comme Jérémie, Cayes,
Jacmel, Miragoane, Port-au-Prince, St Marc, Gonaïves, Port-de-Paix, Cap, Fort Liberté,
maintenaient une activité intensive de production et de commerce. Pendant que le commerce
principal allait vers l’Europe ou l’Amérique du nord, un commerce appréciable se faisait avec
des pays de la Caraïbe, avec la Jamaïque, Cuba, les Bahamas, la République Dominicaine, Porto
Rico, Panama, Colombie, les Antilles Françaises.
Même des villes ports de moindre importance restaient liées à la production et au commerce.
Dame Marie, Anse d’Hainaut, St Louis du Sud, Aquin, Petit-Goâve…
Des bateaux étrangers communément appelés « vapeurs » visitaient nos ports à la recherche de
nos denrées et apportaient les produits industriels de leurs pays. Farine, poisson comme
hareng, morue, des outils, des toiles, souliers, baleines, livres... Dans le sens inverse nous
exportions, café, cacao, coton, sisal, miel, cire, peaux de bêtes, bois, huiles essentielles, écorces
d’orange. Ces vapeurs faisaient la tournée de nos villes de province pour faire le plein de
cargaison pour le retour en Europe.
On pourrait dire que nous exportions en fin de compte notre main d’œuvre aussi. Les
différentes vagues d’émigration se sont faits par bateau, vers les deux pays voisins Cuba et la
République Dominicaine. Après l’émigration s’est faite par la route ou à pied vers la République
Dominicaine.
Jérémie commerçait avec les ports du Sud, de l’Ouest, du Nord Ouest, du Nord, de l’Artibonite.
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Des ports de moindre importance sont actifs dans des productions diverses : sel de mer,
bestiaux, charbon de bois, vivres de toutes sortes, poisson sous différentes formes séché, frais,
salé, et depuis un certain temps poisson conservé dans la glace ou même congelé. Coridon,
Anse Rouge pour la pêche et le sel. Les goélettes d’Anse Rouge alimentent en sel la Grand Anse
et le Sud. Sans doute elles vont dans le Nord.
Nous avons eu des ports spécialisés dans les minerais ou des denrées stratégiques. Port de
Miragoane dans la ville, pas loin le port de la Reynolds pour la Bauxite. Gonaïves port de la ville
pour le cabotage ensuite port de Sedren pour le cuivre. Fort Liberté port de la ville et le port de
Phaéton Dérac pour la pite dans la baie de Fort Liberté. Port de Thor pour le carburant à Port-
au-Prince. Baie des Flamands pour la mélasse de la Centrale Dessalines des Cayes.
Plusieurs petits ports se concentrent sur la pêche qui devient une activité lucrative. Marigot,
Belle Anse, Bainet, Anse d’Hainaut, Abricots, Bonbon, Roseaux, Corail, Pestel, Petit trou de
Nippes, …
Nous avons aussi observé une activité importante de construction de bateau depuis le bois
fouillé jusqu’à la chaloupe de pêche pour arriver à des bateaux hérités de la flibuste avec coque
effilée profonde pouvant affronter les grosses mers. Nous avons vu aussi des bateaux jusqu’à
250 à 300 tonnes construits sur nos plages et poussés à la mer sur des rondins par une armée
d’homme.
Considérant cette activité qui fut intense et variée, quel est le présent et l’avenir de nos ports ?
Jérémie, commerce international néant, cabotage bateau à moteur néant. Survivance de petit
cabotage avec voilier pour les villes de la cote. Douane détruite.
Jacmel, douane convertie par le Ministère de tourisme en salle de convention. Donc plus de
commerce. Deux wharfs construits il y a une quinzaine d’années. Un principal pour le fret. Un
petit en tablier de bois pour le tourisme. Tout prés on observe les restes du wharf colonial bien
protégé du vent du sud est. Un trafic sporadique d’importation de ciment. Essai avec des
containers de 20 pieds.
A titre d’exemple.
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Port à Piment du Sud, zone ancienne de café et d’épice. Un wharf construit détruit par les
vagues pénétrant sous le tablier pour le soulever. Il reste les poteaux et ceinture. Production
pratiquement nulle.
Anse d’Hainaut, wharf de cabotage en béton armé. Base active de pêche. Container, génératrice
pour la chaine de froid.
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