Analyse III
Analyse III
Analystes Statisticiens(AS)
Deuxième année
Dr Ténan YEO
[email protected]
Table des matières
i
TABLE DES MATIÈRES ii
3.2.2 Dimension n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.3 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4 INTÉGRALES DOUBLES 70
4.1 Intégrale d’une fonction continue sur un fermé et borné de R2 . . . . . . . . . 70
4.2 Théorème de Fubini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
4.3 Changement de variables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
4.4 Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
Bibliography 75
Programme de l’UE
Présentation de l’UE
UE : Mathématiques 3
Crédits : 2,5
Semestre 3
Volume horaire : 30 heures
Titre de l’UE : Analyse III
Objectif du cours
Apprendre le maniement des fonctions de plusieurs variables. Fournir les outils mathéma-
tiques nécessaires à la bonne compréhension des cours de probabilités, de statistique, d’éco-
nomie, ...
Contenu du cours
Chapitre 1 : ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES
1. Rappels sur les équations différentielles du premier et second ordre
2. Équations différentielles linéaires du premier ordre
3. Équations différentielles linéaires du second ordre à coefficients constants
4. Systèmes d’équations différentielles linéaires
Chapitre 2 : FONCTIONS NUMÉRIQUES DE PLUSIEURS VARIABLES
1. Normes, limites et continuité
2. Dérivées partielles
3. Différentiation des fonctions de plusieurs variables
4. Expression matricielle, matrice de Jacobi
5. Formule de Taylor
1
TABLE DES MATIÈRES 2
ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES
LINÉAIRES
1
y(x) = x2 y00 (x) − 5x (1.2)
2
L’équation différentielle d’ordre n la plus générale peut toujours s’écrire sous la forme
0 (n)
F x, y, y , · · · , y =0
où
L(y) = a0 (x)y + a1 (x)y0 + · · · + an (x)y(n) .
3
1.2. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU 1ER ORDRE 4
y0 3 ln(x) + 1
xy0 ln(x) = (3 ln(x) + 1) y ⇐⇒ =
y x ln(x)
1 3 ln(x) + 1
Z Z
⇐⇒ dy =
y x ln(x)
⇐⇒ ln |y| = 3 ln |x| + ln | ln x| + c = ln x3 ln(x) + c
y0 + ay = c(x) (E1 ).
y0
y0 + ay = 0 ⇐⇒ = −a
y
⇐⇒ ln |y| = −ax + c
⇐⇒ y = λ e−ax , λ ∈ R∗ .
Proposition 1.3 Soit a un nombre réel (ou complexe).
(i) Les solutions de l’équation différentielle y0 = −ay sont de la forme y = λ e−ax où λ est un
scalaire quelconque.
(ii) Si l’on fixe une condition y(x0 ) = y0 alors cette solution est unique.
(iii) En particulier si y s’annule en un point , alors y est identiquement nulle.
y0 + ay = c(x) (E1 )
Si y0 est une solution de (E1 ) alors, on a
(i) si z est une solution de l’équation homogène associée, alors z + y0 est une solution
de (E1 ).
(ii) Inversement si y est une solution de (E1 ), alors z = y − y0 est solution de l’équation
homogène associée.
Conclusion : Pour trouver toutes les solutions y de l’équation complète, il suffit de trouver les
solutions z de l’équation homogène et de leur ajouter une solution particulière de l’équation
complète.
— Si c(x) = P(x)ekx , où P(x) est un polynôme de dégré n et k un nombre réel (ou complexe),
chercher une solution particulière sous la forme Q(x)ekx
• Si k 6= −a alors deg(Q) = n
• Si k = −a alors deg(Q) = n + 1
1.2. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU 1ER ORDRE 6
1
y = yh + y p = e2x + λ e−x , λ ∈R
3
2) y0 + y = e−x
yh = λ e−x , λ ∈ R.
Une solution particulière est de la forme y p = (ax + b)e−x
y0p = ae−x − (ax + b)e−x
3) y0 + 2y = x2 e−2x + 2e3x + 1 + x.
équation homogène : y0 + 2y = 0
yh = λ e−2x , λ ∈ R.
• Solution particulière
0 2 −2x
y + 2y = x e
y p1
y0 + 2y = 2e3x y p2
0
y + 2y = 1 + x y p3
y p = y p1 + y p2 + y p3 est solution particulière de l’équation complète.
y p1 = (ax3 + bx2 + cx + d)e−2x
y0p1 = (3ax2 + 2bx + c)e−2x − 2(ax3 + bx2 + cx + d)e−2x
y0p1 + 2y p1 = x2 e−2x =⇒ (3ax2 + 2bx + c)e−2x = x2 e−2x
=⇒ 3ax2 + 2bx + c = x2
1
a = 3
b=0
c=0
1
D’où y p1 = x3 e−2x
3
y p3 = ax + b =⇒ y0p3 = a
y0p3 + 2y p3 = 1 + x =⇒ a + 2(ax + b) = 1 + x
a = 1
=⇒ 2
1
b =
4
1 1
y p3 = x + .
2 4
Ainsi une solution particulière de l’équation complète est
1 2 1 1
y p = x3 e−2x + e3x + x +
3 5 2 4
Donc les solutions de l’équation y0 + 2y = x2 e−2x + 2e3x + 1 + x sont
1 2 1 1
y = λ e−2x + x3 e−2x + e3x + x + , λ ∈R
3 5 2 4
1.2. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES DU 1ER ORDRE 8
4) y0 − y = cos(x)
Équation homogène y0 − y = 0 =⇒ y = λ ex
Considérons l’équation (E 0 ) : y0 − y = eix .
On cherche une solution particulière de (E 0 ) sous la forme y p = aeix .
On a y0p = aieix
(E 0 ) ⇐⇒ aieix − aeix = eix =⇒ ai − a =1
1 1 i 1 i
=⇒ a = = − − ; donc y p = − − eix est solution particulière de (E 0 ).
i−1 2 2 2 2
ȳ p est aussi solution de ȳ 0 − ȳ = e−ix . En effet, puisque y0p − y p = eix , alors
ȳ p0 − ȳ p = e−ix .
D’où, en faisant la somme (membre à membre) de cette dernière équation avec l’équation
y p0 − y p = eix , on obtient
y0p + ȳ p0 − (y p + ȳ p ) = 2 cos(x).
Ce qui implique
1 0 0
1
y + ȳ p − (y p + ȳ p ) = cos(x).
2 p 2
1
Ce qui montre que yp = (y p + ȳ p ) est solution particulière de l’équation complète y0 −y =
2
cos(x).
1 i 1 i
− − ix
e + − + e−ix
2 2 2 2 − cos(x) + sin(x)
yp = = .
2 2
Conclusion : L’ensemble des solutions à l’équation y0 − y = cos(x) est
− cos(x) + sin(x)
y= + λ ex , λ ∈ R.
2
0 y0 b(x)
a(x)y + b(x)y = 0 ⇐⇒ =−
y a(x)
b(x)
=⇒ ln |y| = G(x) +C où G est une primitive de − .
a(x)
Proposition 1.4 Soit (E) : a(x)y0 + b(x)y = 0 une équation différentielle linéaire du premier
ordre . Alors
(i) Les solutions de cette équation sur un intervalle I où la fonction a ne s’annule pas, forment
un espace vectoriel de dimension 1, dont une base est la fonction x 7−→ eG(x) , où G est une
b(x)
primitive de − .
a(x)
(ii) Si l’on fixe une condition(y(x0 ) = y0 , alors cette solution est unique
a(x)y0 + b(x)y = 0
problème de Cauchy : .
y(x0 ) = y0
(iii) En particulier si y s’annule en un point, y est identiquement nulle.
b) Équation avec second membre
(E) : a(x)y0 + b(x)y = c(x).
1) Si z est une solution de l’équation homogène associée alors z + y0 est une solution de
(E).
2) Si y est une autre solution de (E) alors y − y0 est une solution de l’équation homogène.
Conclusion : Pour trouver toutes les solutions y de l’équation (E), il suffit de trouver toutes
les solutions de l’équation homogène associée et de leur ajouter une solution particulière.
Exemple 1.3
[sin(x)] y0 − [cos(x)] y = x
1) I = 0, π2 ,
y0 + [tan(x)] y = sin(2x)
2) I = − π2 , π2 ,
ce qui implique
a f 00 (x) + (2ar + b) f 0 (x) = 0.
Cette équation est une équation différentielle du premier ordre en f 0 . Si l’on pose y = f 0 , on a
(
y = f0
ay0 + (2ar + b)y = 0
1.3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES DU SECOND ORDRE 12
• Dans le cas où les réelles a, b, c sont réels, et où les racines r et r0 sont complexes (∆ < 0)
alors r et r0 sont conjuguées et l’on peut prendre une combinaison linéaire de la demi-somme
et de la demi-différence des solutions.
Ainsi si r = α + iβ alors r0 = α − iβ et y est une combinaison linéaire de eαx cos (β x) et
eαx sin (β x).
b
• Si 2ar + b = 0 ⇐⇒ r = − , on a ∆ = 0 et f 0 (x) = Cste i.e. f (x) = Ax + B d’où les solutions
2a
de la forme Axerx + Berx .
Proposition 1.5 Soit ay00 + by0 + cy = 0 une équation différentielle linéaire du second ordre à
cofficients constants. Alors les solutions de cette équation sont de la forme suivante :
(i) Soit ar2 + br + c = 0 l’équation caractéristique associée et ∆ sont discriminant.
1. Si ∆ > 0 , les solutions sont de la forme
y = Aer1 x + Ber2 x , A ∈ R, B ∈ R
y = (Ax + B)erx , A ∈ R, B ∈ R
y = Axex + Bex , A, B ∈ R
y = Aex + Be2x , A, B ∈ R
√ ! √ !
− 21 x 3 1 3
y = Ae cos x + Be− 2 x sin x , A, B ∈ R
2 2
(i) cos(β x) n’est pas solution de l’équation homogène : on cherche alors une solution particu-
lière sous la forme :
y p (x) = λ cos(β x) + µ sin(β x)
(ii) cos(β x) est une solution de l’équation homogène : on cherche alors une solution particulière
sous la forme : h i
y p (x) = x λ cos(β x) + µ sin(β x) .
La Remarque 1.1 reste valable pour les équations différentielles du second ordre.
Exemple 1.5
1) Résoudre l’équation différentielle y00 + y = cos(x).
1
y = x sin(x) + A cos(x) + B sin(x), A, B ∈ R
2
1.3. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES DU SECOND ORDRE 15
A0 y0 + B0 y0 = d(x)
1 2
a
Exemple 1.6
1
Résoudre l’équation différentielle y00 + y =
sin2 (x)
1.4. SYSTÈMES D’ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES 16
x10 (t)
x1 (t) a11 · · · a1n
X(t) = ... , X 0 (t) = ... , A = ... ..
.
xn (t) xn0 (t) an1 · · · ann
Résoudre le système linéaire X 0 = AX, avec A ∈ Mn (R) (ou A ∈ Mn (C)) une matrice constante,
c’est donc trouver X(t) dérivable (c’est-à-dire n fonctions x1 (t), . . . , xn (t) dérivables) tel que
X 0 (t) = AX(t), pour tout t ∈ R
Remarque 1.2
• Dans le cas n = 1, on retrouve simplement une seule équation que l’on écrit x0 (t) = ax(t) et
dont les solutions sont les x(t) = x0 eat , pour n’importe quelle constante (réelle ou complexe)
x0 .
• L’ensemble des solutions est un espace vectoriel. En effet, on prouve facilement que l’en-
semble des solutions est un sous-espace vectoriel de l’ensemble des fonctions dérivables de
R dans Rn : la fonction identiquement nulle est solution et, si X1 et X2 sont solutions, alors
λ X1 + µX2 est aussi solution (avec λ , µ ∈ R).
Exemple 1.7 (Système diagonal).
Si A est une matrice diagonale à coefficients réels, alors le système s’écrit X 0 = AX avec
λ1 0 · · · 0
0
..
.
.. x1 (t) = λ1 x1 (t)
0 .
..
A= . . , c’est-à-dire .
.. .. 0 x0 (t) = λ x (t).
n n n
0 · · · 0 λn
On résout indépendamment chaque équation xi0 (t) = λi xi (t), dont les solutions sont les xi (t) =
ki eλit , ki ∈ R. Les solutions X(t) sont donc les fonctions
k1 eλ1t
X(t) = ...
kn eλnt
On résout le système de proche en proche : on peut d’abord intégrer la dernière équation, puis
reporter la solution dans l’équation précédente, qui devient une équation du type
Cela prouve que X(t) est bien solution du système homogène X 0 = AX.
Théorème 1.1 Soit A ∈ Mn (R) une matrice diagonalisable sur R. Notons (V1 , . . . ,Vn ) une base
de vecteurs propres et λ1 , . . . , λn les valeurs propres correspondantes. Alors les fonctions Xi (t) =
eλit Vi (1 6 i 6 n) forment une base de l’espace des solutions du système X 0 = AX.
Preuve :
• Tout d’abord, par la Proposition 1.8 , les Xi (t) = eλit Vi sont bien des solutions du système
différentiel.
• Montrons que ces solutions sont linéairement indépendantes. Soient c1 , . . . , cn des réels tels
que
c1 X1 (t) + · · · + cn Xn (t) = 0.
Cette égalité étant vraie pour tout t ∈ R, elle est vraie en particulier pour t = 0 où elle devient
c1V1 + · · · + cnVn = 0.
On vient de prouver que n’importe quelle solution X(t) est combinaison linéaire des Xi (t)
Ainsi la famille (X1 , . . . , Xn ) est génératrice de l’espace des solutions.
• Conclusion : (X1 , . . . , Xn ) est une base de solutions.
Exemple 1.9 On veut résoudre le système différentiel X 0 = AX avec X(0) = X0 où
1 4 −4 1
A = 3 2 −4 et X0 = 2 .
3 −3 1 3
• Solutions générales.
Nous obtenons trois solutions
e5t
t
e 0
X1 (t) = eλ1t V1 = et , X2 (t) = eλ2t V2 = e−2t , X3 (t) = eλ3t V3 = e5t .
et e−2t 0
avec α, β , γ ∈ R.
• Condition initiale. On cherche quelle solution vérifie en plus X(0) = X0 ·
α +γ
X(0) = αX1 (0) + β X2 (0) + γX3 (0) = αV1 + βV2 + γV3 = α + β + γ .
α +β
1) exp(0) = 1
2) exp (z + z0 ) = exp(z) · exp (z0 ) (∀z, z0 ∈ C)
1
3) exp(−z̃) = exp(z) (∀z ∈ C),
4) exp(kz) = (exp(z))k (∀z ∈ C, ∀k ∈ Z).
Une autre propriété essentielle est que l’exponentielle définit une fonction dérivable et (pour
a ∈ C) :
d
exp(at) = a exp(at).
dt
L’espace vectoriel Mn (R) étant un espace vectoriel de dimension finie sur lequel toutes les
normes sont équivalentes, on en choisit une que l’on note k·k. Par exemple, kAk = max16i, j6n ai j .
Rappelons la définition d’une série. Soit (un )n∈N une suite. On appelle série de terme général
n
un la suite (Sn )n∈N de terme général Sn = ∑ uk . Si cette suite admet une limite, quand n tend
k=0
+∞
vers l’infini, on dit que la série converge et on note S = ∑ uk sa limite. Nous allons maintenant
k=0
définir ce qu’est l’exponentielle d’une matrice.
La série de terme général k!1 ak étant convergente pour tout a ∈ R, la série de terme général
1 k
k! kAk est également convergente pour toute matrice A ∈ Mn (R). Par conséquent, la série
+∞
1
∑ k! Ak est convergente dans Mn(R).
k=0
Ak
Théorème 1.2 Pour toute matrice A ∈ Mn (R), la série ∑ converge dans Mn (R). On note
k>0 k!
+∞
Ak
exp(A) = ∑
k=0 k!
• Pour le 4, c’est d’abord une récurrence sur k > 0, puis on utilise le 3 pour obtenir la propriété
pour k 6 0.
Le calcul de l’exponentielle d’une matrice peut s’effectuer en se ramenant aux calculs de
l’exponentielle d’une matrice diagonale et d’une matrice nilpotente. On se ramènera à une
telle situation par le résultat suivant :
1.4. SYSTÈMES D’ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES 22
k
Preuve : On note que, pour tout k ∈ N, on a P−1 Ak P = P−1 AP et l’on revient à la définition
de l’exponentielle :
!
+∞ +∞
1 1
exp P−1 AP = ∑ P−1 Ak P = P−1 ∑ Ak P = P−1 exp(A)P.
k=0 k! k=0 k!
A = N + ∆ et N∆ = ∆N.
Remarque 1.4 La matrice ∆ est une matrice diagonalisable, pas nécessairement une matrice
diagonale. Comme ∆ est diagonalisable, alors il existe une matrice inversible P et une matrice
diagonale D telles que D = P−1 ∆P. Si on note N 0 = P−1 NP alors N 0 est encore nilpotente et
N 0 D = DN 0 . Une autre façon d’écrire la décomposition de Dunford est alors P−1 AP = D + N 0 .
C’est dire que A est semblable à la somme d’une matrice diagonale avec une matrice nilpotente.
Pratique de la décomposition
La méthode pour trouver la décomposition de Dunford d’une matrice A ∈ Mn (K) consiste à
suivre les étapes suivantes :
1. On calcule le polynôme caractéristique χA de A : il doit être scindé. On calcule ses
racines, qui sont les valeurs propres de A.
2. Pour chaque valeur propre λ , de multiplicité m comme racine de χA , on note Nλ =
Ker (A − λ In )m . C’est un espace vectoriel de dimension m. On détermine m vecteurs for-
mant une base de Nλ . L’union de toutes les bases Bλ des Nλ forme une base B =
(v1 , . . . , vn ) de Kn .
3. On définit l’endomorphisme d par d (vi ) = λ vi pour chaque vi ∈ Nλ . (Dans la base B, la
matrice de d est diagonale.) On note B0 = (e1 , . . . , en ) la base canonique de Kn . (A est
la matrice de l’endomorphisme f dans la base B0 .) ∆ sera la matrice de d dans la base
B0 , c’est-à-dire que les colonnes de ∆ sont les coordonnées des d (ei ) exprimées dans la
base (e1 , . . . , en ).
4. On pose N = A − ∆. ∆ est diagonalisable, N est nilpotente et ∆N = N∆. La matrice de pas-
sage P de la base B vers la base canonique B0 transforme ∆ en une matrice diagonale
D = P−1 ∆P.
1.4. SYSTÈMES D’ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES 23
1−X 1 1
χA (X) = det (A − XI3 ) = 0 1−X 1 = −(X − 1)2 (X − 2).
0 0 2−X
Nous avons donc deux valeurs propres qui sont λ1 = 1 et λ2 = 2. La valeur propre 1 est de
multiplicité m1 = 2, alors que, pour la valeur propre 2, m2 = 1.
Notons que la matrice A n’est pas diagonalisable : en effet, la valeur propre 1 est de multi-
3
plicité 2 , mais E1 = Ker (A − I3 ) = v ∈ R | Av = v est de dimension seulement 1.
2. On note N1 = Ker (A − I3 )2 et N2 = Ker (A − 2I3 ). Déterminons ces sous-espaces caractéris-
tiques.
• Calcul de N1 = Ker (A − I3 )2 . On sait que c’est un espace vectoriel de dimension m1 = 2.
On calcule
0 1 1 0 0 2
A − I3 = 0 0 1 (A − I3 )2 = 0 0 1 .
0 0 1 0 0 1
Ainsi N1 = Ker (A − I3 )2 est l’espace vectoriel engendré par les vecteurs v1 = (1, 0, 0) et
v2 = (0, 1, 0).
• Calcul de N2 = Ker (A − 2I3 ). On sait que c’est
un3espace vectoriel de dimension m2 = 1.
Pour déterminer le noyau Ker (A − 2I3 ) = v ∈ R | Av = 2v , si v = (x, y, z), on résout :
x + y + z = 2x
−x + y + z = 0 x = 2z
y + z = 2y ⇐⇒ ⇐⇒
−y + z = 0 y=z
2z = 2z
Le sous-espace N2 = Ker (A − 2I3 ) est donc la droite vectorielle engendrée par le vecteur
v3 = (2, 1, 1).
On pose B = (v1 , v2 , v3 ). B est une base de R3
3. On définit ensuite l’endomorphisme d par d (v1 ) = v1 , d (v2 ) = v2 et d
(v3 ) = 2v3 . Dans la
1 0 0
base B, la matrice de d est donc la matrice diagonale D = 0 1 0 . Or nous voulons
0 0 2
la matrice de d dans la base canonique B0 = (e1 , e2 , e3 ). On a
d (e1 ) = d(1, 0, 0) = (1, 0, 0) = e1 .
d (e2 ) = d(0, 1, 0) = (0, 1, 0) = e2 .
On a v3 = (2, 1, 1) = 2e1 + e2 + e3 et aussi e3 = (0, 0, 1) = −2v1 − v2 + v3 . Donc
Donc
1 0 2
∆ = MatB0 (d) = 0 1 1 .
0 0 2
On pose
0 1 −1
N = A−∆ = 0 0 0 .
0 0 0
La décomposition de Dunford est A = ∆ + N. La matrice ∆ est diagonalisable, N est nilpotente et
∆N = N∆ (c’est un bon exercice de le vérifier à la main).
On note P la matrice de passage de la base B0 vers la base B. P contient donc, en colonnes,
les vecteurs de la nouvelle base B = (v1 , v2 , v3 ) exprimés dans l’ancienne base B0 = (e1 , e2 , e3 ).
Comme v1 = e1 , v2 = e2 et v3 = 2e1 + e2 + e3 , alors
1 0 2 1 0 −2
P = 0 1 1 et on calcule P−1 = 0 1 −1 .
0 0 1 0 0 1
Remarque 1.5 D et N sont uniques, mais il y a plusieurs choix possibles pour les vecteurs vi et
donc pour la matrice P.
Exemple 1.13 (de calcul de l’exponentielle d’une matrice non diagonalisable)
Soit A la matrice
1 1 0
A = 0 2 −1 .
−1 1 3
• On montre que la décomposition de Dunford est A = ∆ + N avec
2 0 0 −1 1 0
∆ = 0 2 0 et N = 0 0 −1 .
0 0 2 −1 1 1
Ici ∆ est déjà une matrice diagonale puisque ∆ = 2I3 , ce qui va simplifier les calculs.
• La matrice diagonale.
e2 0 0
exp(∆) = 0 e2 0 = e2 I
0 0 e2
• La matrice nilpotente.
1.4. SYSTÈMES D’ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES 25
e−6
6
e 0 0 0 0
exp(D) = 0 e−6 0 exp(∆) = 25 6 −6 13 6
e6 24 e − e−6
24 e − e
−6
0 0 e 0 0 e−6
• Exponentielle de A.
2e−6 e−6
0
1
25e6 − 37e−6 e6 1
13e6 − 25e−6 .
exp(A) = exp(∆) · exp(N) = 24 24
−e−6 0 0
Exercice 1.1 Soit
2 1 −1
A = 3 3 −4 ∈ M3 (R).
3 1 −2
1.4. SYSTÈMES D’ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES 26
1.4.4 Dérivée
Si M(t) est une matrice dont les coefficients ai j (t) sont des fonctions dérivables de la variable
t, alors la dérivée de A(t) est la matrice A0 (t) dont les coefficients sont les dérivées a0i j (t). La
dérivée d’une matrice vérifie les propriétés usuelles des dérivées. En particulier, elle vérifie
que, si les matrices M(t) et N(t) sont dérivables, alors le produit aussi et on a (attention à
l’ordre des produits !) :
(MN)0 (t) = M 0 (t)N(t) + M(t)N 0 (t)
Proposition 1.10 Soit A ∈ Mn (R). L’application de R dans Mn (R) définie par t 7→ exp(tA) est
dérivable et on a
d
(exp(tA)) = A exp(tA)
dt
Nous revenons à notre problème : résoudre le système différentiel X 0 = AX, où A est une
matrice carrée quelconque. Nous allons voir comment utiliser les propriétés de l’exponentielle
de matrices et la réduction des matrices carrées pour écrire les solutions.
Théorème 1.4 Soit A ∈ Mn (R). Les solutions du système différentiel homogène X 0 = AX sont les
fonctions X : R −→ Rn définies par
X(t) = exp(tA) · X0
Preuve du théorème.
1.4. SYSTÈMES D’ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES 27
• D’une part, la dérivée de exp(tA) est A exp(tA), donc X(t) = exp(tA) · X0 est bien solution de
l’équation X 0 = AX.
• Réciproquement, si on pose Y (t) = exp(−tA)X(t), alors
Y 0 (t) = exp(−tA) X 0 − AX = 0.
Donc, sur R, Y est une fonction constante que l’on note X0 ∈ Rn . Ainsi X(t) = exp(tA) · X0 pour
tout t.
1.4.5 Méthode
1) Forme des solutions. Il s’agit d’intégrer l’équation X 0 = AX dont les solutions s’écrivent
X(t) = exp(tA) · X0 avec X0 ∈ Rn
2) Réduction à la forme D + N. e Si le polynôme caractéristique de A est scindé (ce qui
est toujours vrai sur C ), alors la décomposition de Dunford permet d’écrire A sous la
forme A = ∆ + N avec ∆ diagonalisable, N nilpotente et N∆ = ∆N. Il existe une matrice
inversible P telle que ∆ = PDP−1 .
Donc P−1 AP = D + P−1 NP.
Posons Ne = P−1 NP et B = D + N e = P−1 AP.
3) Équation en Y . Posons Y = P−1 X (donc X = PY ). L’équation X 0 = AX devient une équa-
tion de Y 0 :
Y 0 = P−1 X 0 = P−1 AX = P−1 APY = BY
4) Solutions en Y . Les solutions Y (t) sont donc de la forme Y (t) = exp(tB)V où V ∈ Rn . De
e = exp(tD) · exp(t N)
plus, exp(tB) = exp(tD + t N) e et les matrices exp(tD) et exp(t N)
e sont
faciles à calculer puisque D est diagonale et Ne est nilpotente.
5) Solutions en X. On obtient alors X = PY = P exp(tB)V (V ∈ Rn ). Ainsi, les solutions de
l’équation X 0 = AX sont de la forme
X(t) = P exp(tD) · exp(t N)V
e avec V ∈ Rn .
Exemple 1.15 Résoudre le système différentiel :
0
x1 (t) = x1 (t) − 3x3 (t)
x0 (t) = x1 (t) − x2 (t) − 6x3 (t)
20
x3 (t) = −x1 (t) + 2x2 (t) + 5x3 (t)
avec pour «conditions initiales» : x1 (0) = 1, x2 (0) = 1, x3 (0) = 0
1) Forme des solutions.
La matrice du système différentiel est
1 0 −3
A = 1 −1 −6 .
−1 2 5
Les solutions 0
du système X = AX sont les X(t) = exp(tA)X0 . Ici la condition initiale est
1
X0 = 1 .
0
1.4. SYSTÈMES D’ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES 28
2) Réduction à la forme D + N.
e
La décomposition de Dunford de A s’écrit ici P−1 AP = D + N
e avec
1 0 0 0 0 0 1 1 0 4 −6 −6
D= 0 2 0 N e = 0 −3 3 P = 1 0 1 P−1 = −3 6 6 .
2
0 −3 3 2 −2 4
0 0 2 0 3 −1 3
5) Solutions en X.
Les solutions du système X 0 = AX sont les
e (−3t + 1)e2t 3te2t
t
où p et q sont des constantes réelles. C’est une équation différentielle linéaire d’ordre 2 à
coefficients constants. L’inconnue est la fonction x : R → R de la variable t, qui doit être deux
fois dérivable. Quel est le lien avec nos systèmes différentiels ? On se ramène à l’étude des
systèmes du paragraphe précédent en posant y = x0 . L’équation différentielle (E) est alors
équivalente au système différentiel :
0
x =y
y0 = −qx − py.
x00 + px0 + qx = 0
X(t) = eλt V
est solution du système différentiel X 0 = AX, donc x(t) = v1 eλt est solution de l’équation diffé-
rentielle x00 (t) + px0 (t) + qx(t) = 0.
Exemple 1.16 Quelles sont les solutions de l’équation différentielle x00 + x = 0 ?
• Première méthode.
L’équation caractéristique est x2 + 1 = 0, dont les solutions sont ±i, c’est-à-dire a = 0 et b = 1. On
trouve deux solutions x1 (t) = cost et x2 (t) = sint. L’ensemble des solutions est alors
• Seconde méthode.
Écrivons l’équation sous la forme du système différentiel X 0 = AX avec
0
x(t) 0 x (t) 0 1
X(t) = , X (t) = , A= .
x0 (t) x00 (t) −1 0
On retrouve les solutions de notre système précédent via la matrice exp(tA), c’est-à-dire après
calculs
cost sint
exp(tA) =
− sint cost
dont les colonnes sont des solutions linéairement
indépendantes
du système X 0 = AX. La solution
α
générale s’écrit X(t) = exp(tA)X0 pour X0 = , ou autrement dit
β
cost sint
X(t) = α +β
− sint cost
où la fonction inconnue est une fonction t 7→ x(t) de R dans R, n fois dérivable. On introduit
les fonctions auxiliaires
x1 = x
x2 = x10 = x0
..
.
0
= x(n−2)
xn−1 = xn−2
0
xn = xn−1 = x(n−1)
X 0 = AX
1.5. ÉQUATIONS DIFFÉRENTIELLES LINÉAIRES D’ORDRE N 31
avec
x10 (t) x0 (t)
x1 (t) x(t)
x2 (t) x0 (t) x20 (t) x00 (t)
X(t) = .. = .. , X 0 (t) = .. = ..
. . . .
xn (t) x(n−1) (t) xn0 (t) x(n) (t)
et
0 1 ··· 0
0 0 ··· 0
A= .. .. .
. .1
−an −an−1 · · · −a1
Lemme 1.2 Le polynôme caractéristique de A est
χA (X) = (−1)n X n + a1 X n−1 + · · · + an−1 X + an
1.6 Exercices
Exercice 1.2 Résoudre les équations différentielles suivantes :
(E1 ) : y0 + 3y = x + 1
(E2 ) : y0 − 4y = (2x + 3)ex
(E3 ) : s0 − 5s = cos 4t + sin 4t
du
− u = et t 2 + 1
(E4 ) :
dt
(ε2 ) : y0 + y = cos x
Exercice 1.5 Résoudre les équations différentielles suivantes en tenant compte des conditions
initiales :
(ε1 ) : y00 + 4y0 + 4y = 9 avec y(−1) = 1 et y0 (−1) = 2
Exercice 1.6
1) Résoudre l’équation différentielle suivante, sur l’intervalle − π2 , π2 :
1
y00 + y = .
cos(x)
FONCTIONS NUMÉRIQUES DE
PLUSIEURS VARIABLES
Définition 2.2 Soit d une distance sur E. Le couple (E, d) est appelé un espace métrique.
Preuve :
33
2.1. ESPACES MÉTRIQUES 34
Exemple 2.1
1) Soit d : R × R −→ R+
(x, y) 7−→ |x − y|.
Alors d est une distance sur R appelée la distance usuelle de R.
2) Soit d : C × C −→ R+ .
(z1 , z2 ) 7−→ |z1 − z2 |
Alors d est une distance sur C appelée la distance usuelle de C.
Définition 2.3 On dit que deux distances d1 et d2 sont équivalentes sur E s’il existe deux réels
α > 0 et β > 0 tels que
α d1 ≤ d2 ≤ β d1 .
C’est-à-dire
∀x, y ∈ E α d1 (x, y) ≤ d2 (x, y) ≤ β d2 (x, y).
∀x = (x1 , x2 , · · · , xn ) ∈ E, ∀y = (y1 , y2 , · · · , yn ) ∈ E
n
δ1 (x, y) = ∑ di (xi , yi )
i=1
s
nh i2
δ2 (x, y) = ∑ di(xi, yi)
i=1
∀x = (x1 , x2 , · · · , xn ) ∈ Rn , ∀y = (y1 , y2 , · · · , yn ) ∈ Rn
n
δ1 (x, y) = ∑ |xi − yi |
i=1
s
n
δ2 (x, y) = ∑ (xi − yi)2
i=1
Définition 2.4 Soit (E, d) un espace métrique, et A une partie non vide de E. La restriction de d
à A × A est une distance sur A notée dA ; c’est-à-dire ∀x, y ∈ A dA (x, y) = d(x, y).
(A, dA ) est appelé sous-espace métrique de (E, d).
Exemple 2.3 Dans R muni de la distance usuelle, N Z, Q, ] − 1, 1[ sont des sous-espaces mé-
triques de R.
Définition 2.6 Soit k k une norme sur un espace vectoriel . Le couple (E, k k) est appelé un
espace vectoriel normé.
kxk − kyk ≤ kx + yk
De même kyk − kxk ≤ ky + xk =⇒ − kxk − kyk ≤ kx + yk.
Ainsi kxk − kyk ≤ kx + yk.
Définition 2.7 On dit que deux normes N1 et N2 sont équivalentes s’il existe deux réels α > 0
et β > 0 tels que
∀x ∈ E α N1 (x) ≤ N2 (x) ≤ β N1 (x).
2.3. TOPOLOGIE D’UN ESPACE MÉTRIQUE 36
Exemple 2.5 Sur Rn , les normes N1 , N2 et N∞ définies dans l’Exemple 2.4 sont équivalentes.
∀ x, y ∈ E d(x, y) = kx − yk.
Remarque 2.2 Un espace vectoriel normé est donc un espace métrique. Mais un espace métrique
n’est pas nécessairement un espace vectoriel normé.
B f (a, r) = {x ∈ E : d(a, x) ≤ r} .
S(a, r) = {x ∈ E : d(a, x) = r} .
Remarque 2.3 Si r = 0
B(a, 0) = ∅
B f (a, 0) = {a}
S(a, 0) = {a}.
B(a, r) =]a − r , a + r[
B f (a, r) = [a − r , a + r]
S(a, r) = {a − r , a + r}.
Définition 2.9 Soit A une partie non vide d’un espace métrique (E, d).
• On appelle diamètre de A, et on note δ (A), l’élément de R+ ∪ {+∞} défini par :
On pose xn = 0 et yn = n. On a d (xn , yn ) = |n − 0| = n.
d (xn , yn ) est une suite d’éléments de {d(x, y) | x, y ∈ N} et elle tend vers +∞.
n∈N
Définition 2.10 Soit A ⊂ Rn . On dit que A est un ouvert (ou est une partie ouverte) si :
∀a ∈ A, ∃ r > 0, B(a, r) ⊂ A.
A est une partie ouverte de Rn si, en tout point a ∈ A, on peut glisser une petite boule de centre
a qui soit incluse dans A. Si A est ouvert, quand on est dans A, on n’est jamais totalement «au
bord» de A. Cela signifie que A ne contient aucun point de sa frontière.
Exemple 2.8
• Toute boule ouverte est un ouvert.
en d’autres termes tout point qui appartient à B(x, δ ) appartient aussi à B(a, r). Donc
B(x, δ ) ⊂ B(a, r).
• Dans R, tout intervalle ouvert est un ouvert.
Proposition 2.4
• Toute union d’ouverts est un ouvert.
• Toute intersection finie d’ouverts est un ouvert.
Preuve :
[
• Soit (Oi )i∈I une famille d’ouverts. On pose O = Oi .
i∈I
Soit a ∈ O. Alors il existe i0 ∈ I tel que a ∈ Oi0 .
k
\
• Soit O1 , . . . , Ok une suite finie d’ouverts. Posons G = Oi . Soit a ∈ G.
i=1
Définition 2.11 On dit qu’une partie F de E est fermée si son complémentaire est ouvert, c’est-
à-dire si F c = {x ∈ E : x ∈
/ F} = E\F est ouvert.
Proposition 2.5 Soit A une partie d’un espace métrique (E , d). Alors, A est un fermé si et seule-
ment pour toute suite (uk ) d’éléments de A qui converge vers un élément ` de E, alors ` appartient
à A.
Preuve :
C.N. Soit A un fermé de (E , d). Soit (uk ) une suite de A, qui converge vers ` ∈ E.
/ A, alors ` ∈ Ac ouvert, d’où : ∃ ε0 > 0, B (`, ε0 ) ⊂ Ac . Mais :
Si ` ∈
Proposition 2.6
• Toute intersection de fermés est un fermé.
2.3. TOPOLOGIE D’UN ESPACE MÉTRIQUE 39
Par définition int(A) est toujours inclus dans A. II n’y a égalité que pour les ouverts.
2. Soit x ∈ V , V ∈ V(a).
T
x ∈ V , ∀V ∈ V(a)
⇒ ∀ r > 0, x ∈ B(a, r), car B(a, r) ∈ V(a).
1
⇒ ∀n ∈ N∗ , x ∈ B a, .
n
1
⇒ 0 ≤ d(a, x) < , ∀n ∈ N∗ .
n
1
Comme lim = 0, alors 0 ≤ d(a, x) ≤ 0. Donc d(a, x) = 0 ⇒ x = a.
n→∞ n
\
⇒ V = {a}.
Preuve : Supposons que f (x) tend vers ` et `0 lorsque x tend vers x0 avec ` 6= `0 .
(F, dF ) étant séparé et ` 6= `0 , alors
De même
∃ U 0 ∈ V(x0 ) tel que x ∈ U 0 =⇒ f (x) ∈ V 0 .
Alors U ∩U 0 6= ∅ et x ∈ U ∩U 0 =⇒ f (x) ∈ V ∩V 0 ; ce qui contredit le fait que V ∩V 0 = ∅.
On conclut que ` = `0 .
Preuve : fi : Rn −→ R , ∀ i = 1, · · · , p.
C.N. : Supposons que f est continue en x0 .
Prenons sur R p la distance δ∞ et sur Rn une des 3 distances d équivalentes. Alors
∀ ε > 0 , ∃ η > 0 tel que x ∈ Rn , d(x, x0 ) < η =⇒ δ∞ f (x), f (x0 ) < ε
Exemple 2.9 f : R2 −→ R3
(x, y) 7−→ ex cos y , x2 y3 , x sin y est continue car les applications
f1 : R2 −→ R
(x, y) 7−→ ex cos y
f2 : R2 −→ R
(x, y) 7−→ x2 y3
f3 : R2 −→ R
(x, y) 7−→ x sin y
sont continues.
Proposition 2.14 Toute application uniformément continue sur E est continue sur E.
Preuve : Supposons f uniformément continue sur E.
Soit x0 ∈ E. Alors
∀ ε > 0 , ∃ η > 0 tel que x ∈ E, dE (x, x0 ) < η =⇒ dF f (x), f (x0 ) < ε.
Définition 2.17 Soit f : (E , dE ) −→ (F , dF ) une application. On dit que f est une application
lipschitzienne s’il existe k ≥ 0 tel que
∀x , y ∈ E, dF f (x), f (y) ≤ k dE (x, y).
• Si k > 0 alors
ε
∀ ε > 0, ∃ η = tel que ∀x , y ∈ E, dE (x, y) ≤ η =⇒ dF f (x), f (y) ≤ ε.
k
ε
• Si k = 0, Soit k0 > 0 et alors η = .
k0
2.4. LIMITES ET CONTINUITÉ 45
η
Alors kyk = < η. Donc k f (y)kF ≤ 1. Alors
2
η x
f ≤ 1.
2 kxkE F
η 2
Ce qui est équivalent à f (x) ≤ 1 ⇒ k f (x)kF ≤ kxkE .
2kxkE F η
Cette inégalité est aussi vraie pour x = 0.
2 2
Alors ∀ x ∈ E, k f (x)kF ≤ kxkE . Donc k = convient.
η η
• Montrons que (iii) ⇒ (i).
Supposons ∃ k > 0 tel que ∀ x ∈ E , k f (x)kF ≤ kkxkE . Alors
Donc
∀ x , y ∈ E, k f (x) − f (y)kF ≤ kkx − ykE (car f est linéaire).
Alors f est k-lipschitzienne. Par conséquent, f est uniformément continue, donc continue.
Théorème 2.2 Soit E un espace vectoriel normé de dimension finie. Alors toute application
linéaire f : E −→ (F , k kF ) est continue.
Preuve : Supposons dim(E)=n.
Soit B = (e1 , · · · , en ) une base de E.
n
∀x ∈ E , x = ∑ xi ei .
i=1
n
⇒ f (x) = ∑ xi f (ei )
i=1
n
⇒ k f (x)kF ≤ ∑ |xi|k f (ei)kF
i=1
n
≤ max k f (ei )kF ∑ |xi |.
1≤i≤n i=1
1
si max k f (ei )kF = 0
1≤i≤n
Posons k=
max k f (ei )kF sinon.
1≤i≤n
n
Comme ∑ |xi| = N1(x), alors k f (x)kF ≤ kN1(x).
i=1
Notation : L’espace vectoriel des applications linéaires continues de E dans F sera noté
L(E , F).
Exemple 2.12 La fonction f définie pour tout x = (x1 , x2 , x3 ) ∈ R3 par f (x) = 2x13 x22 x34 est un
monôme de degré total égal à 9. Son degré partiel par rapport à x3 est égal à 4 .
Définition 2.20 On dit que f est un polynôme à n variables (ou une fonction polynômiale à n
variables) si f est la somme d’ un nombre fini de monômes, c’est-à-dire si f est une fonction de
Rn dans R qui peut s’écrire :
où dans cette somme les ki sont dans N, et seul un nombre fini de ak1 ,k2 , . . . , kn sont non nuls. Le
degré partiel du polynôme par rapport à la variable xi est le plus haut des degrés partiels des
monômes qui le composent. Le degré total du polynôme est le plus haut degré total des monômes
qui le composent.
Exemple 2.13 La fonction f définie pour tout x = (x1 , x2 ) ∈ R2 par f (x) = 2x13 x24 + 7x12 x26 est un
polynôme de degré total égal a 8. Son degré partiel par rapport à x1 est égal à 3.
∂f
existe et est finie. Dans ce cas, on note cette limite (a).
∂ xi
∂f ∂f ∂f
• Si (x) existe en tout point x ∈ U, alors la fonction x 7−→ (x), notée , est appelée
∂ xi ∂ xi ∂ xi
fonction dérivée partielle de f par rapport à xi .
Remarque 2.5
df
— Si n = 1, alors x = x1 et la dérivée partielle est la dérivée ordinaire, qu’on note .
dx
— Si n = 2, on note souvent les variables (x, y) au lieu de (x1 , x2 ). Dans ce cas, x n’est que la
première coordonnée (et non pas x = (x1 , x2 )).
— Si n = 3, on note souvent (x, y, z) au lieu de (x1 , x2 , x3 ).
x+2z+1
2. Soit f définie par f (x, y, z) = y2 +1
. Ses dérivées partielles sont :
∂f 1 ∂y −2y(x + 2z + 1) ∂f 2
(x, y) = 2 ; (x, y) = 2
; (x, y) = 2 .
∂x y +1 ∂y (y2 + 1) ∂z y +1
Pour (x ; y) 6= (0 ; 0) :
y x2 + y2 − xy(2x) y y2 − x2
∂f
(x, y) = 2
= 2
∂x (x2 + y2 ) (x2 + y2 )
x x2 − y2
∂f
(x, y) = 2
∂y (x2 + y2 )
Pour (x0 ; y0 ) = (0 ; 0), il faut partir de la définition de la dérivée comme taux d’accroisse-
ment :
∂f 1
(0 ; 0) = lim f (x ; 0) − f (0 ; 0) = lim 0 = 0.
∂x x→0 x x→0
∂f
De même (0 ; 0) = 0.
∂y
• De même si les dérivées partielles secondes sont dérivables, on définit les dérivées partielles
∂k f
∂ ∂f
troisièmes, etc. Pour k ≥ 2, = ... est une dérivée partielle de f
∂ xi1 . . . ∂ xik ∂ xi1 ∂ xik
d’ordre k.
2.5. DÉRIVÉES PARTIELLES 50
∂2 f ∂2 f
On remarque dans l’exemple précédent que = . Le théorème suivant montre que
∂ x∂ y ∂ y∂ x
ce résultat est toujours vrai si les dérivées partielles secondes sont continues.
∂2 f ∂2 f
(x0 ; y0 ) = (x0 ; y0 ) .
∂ x∂ y ∂ y∂ x
∂2 f ∂2 f
Preuve : Supposons que les dérivées partielles secondes et sont définies sur un
∂ x∂ y ∂ y∂ x
ouvert U avec (x0 ; y0 ) ∈ U, et qu’elles sont continues en a = (x0 ; y0 ).
Posons h i h i
g(h, k) = f (x0 + h, y0 + k) − f (x0 + h, y0 ) − f (x0 , y0 + k) − f (x0 , y0 ) .
Soit ϕ(x) = f (x, y0 + k) − f (x, y0 ). Alors g(h, k) = ϕ(x0 + h) − ϕ(x0 ).
D’après le théorème des accroissements finis,
∂f ∂f
Or ϕ 0 (x) = (x, y0 + k) − (x, y0 ).
∂x ∂x
h∂ f ∂f i
Alors g(h, k) = h (x0 + θ1 h, y0 + k) − (x0 + θ1 h, y0 ) .
∂x ∂x
∂f
L’application y 7−→ (x0 + θ1 h, y) est continue et dérivable. D’après le théorème des accrois-
∂x
sements finis
∂2 f
∃ θ2 ∈]0, 1[ tel que g(h, k) = hk (x0 + θ1 h, y0 + θ2 k).
∂ y∂ x
2.6. DIFFÉRENTIATION DES FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES 51
∂2 f
∃ α1 , α2 ∈]0, 1[ tel que g(h, k) = hk (x0 + α1 h, y0 + α2 k).
∂ x∂ y
Alors
∂2 f ∂2 f
(x0 + θ1 h, y0 + θ2 k) = (x0 + α1 h, y0 + α2 k), h 6= 0 6= k. (2.3)
∂ y∂ x ∂ x∂ y
∂2 f ∂2 f
Comme et sont continues en (x0 ; y0 ), alors en faisant tendre (h, k) vers (0, 0) dans
∂ x∂ y ∂ y∂ x
(2.3), on obtient
∂2 f ∂2 f
(x0 , y0 ) = (x0 , y0 ).
∂ y∂ x ∂ x∂ y
∂3 f
2 2
∂2
∂ ∂ f ∂ ∂ f ∂f
= = = = ...
∂ x∂ y∂ z ∂ x ∂ y∂ z ∂ x ∂ z∂ y ∂ x∂ z ∂ y
D’où la proposition suivante.
Définition 2.24
• On dit que f est de classe C1 si elle admet des dérivées partielles continues.
• On dit que f est de classe Ck si elle admet des dérivées partielles continues jusqu’à l’ordre k.
• On dit que f est de classe C∞ si elle est de classe Ck pour tout k ∈ N∗ .
1 h i
ou encore lim f (a + h) − f (a) − L(h) = 0.
h→0 khk
Exemple 2.16 Soit f de R2 dans R définie par f (x1 , x2 ) = 2x1 x2 − 3x1 + 4x2 .
La fonction f est-elle différentiable au point (2 ; 3) ?
On pose x1 = 2 + h1 et x2 = 3 + h2 . On a alors :
f (x1 , x2 ) = f (2 + h1 , 3 + h2 ) = 2 (2 + h1 ) (3 + h2 ) − 3 (2 + h1 ) + 4 (3 + h2 )
= 2 (6 + 2h2 + 3h1 + h1 h2 ) − 6 − 3h1 + 12 + 4h2
= 18 + 3h1 + 8h2 + 2h1 h2 = f (2; 3) + 3h1 + 8h2 + khkε(h).
Ici 2h1 h2 est un monôme de degré 2 donc est un reste du type khkε(h). Donc f est différentiable
en a = (2 ; 3), et sa différentielle en ce point est l’application linéaire L telle que L(h) = 3h1 + 8h2 .
Proposition 2.19 L’application linéaire continue L de la définition précédente est unique, si elle
existe. Elle est appelée la différentielle de f en a et est notée d fa ou d f (a).
La proposition suivante donne un lien entre différentiabilité et dérivées partielles d’une appli-
cation.
Proposition 2.20 Si f est différentiable en a, alors f est continue en a et f admet des dérivées
n
∂f
partielles en a. De plus d fa (h) = ∑ (a)hi . Dans ce cas, on a donc :
i=1 ∂ xi
n
∂f
f (a + h) = f (a) + ∑ (a)hi + khkε(h), avec lim ε(h) = 0.
i=1 ∂ xi h→0
Si f est différentiable en a, on peut faire l’approximation pour h proche de 0 :
n
∂f
f (a + h) − f (a) ' ∑ (a)hi .
i=1 ∂ xi
Exemple 2.17 Soit f de R2 dans R définie par f (x1 , x2 ) = 2x1 x2 − 3x1 + 4x2 .
Les dérivées partielles de f sont :
∂f ∂f
(x1 , x2 ) = 2x2 − 3 et (x1 , x2 ) = 2x1 + 4.
∂ x1 ∂ x2
Au point a = (2 ; 3) cela donne :
∂f ∂f
(a) = 3 et (a) = 8.
∂ x1 ∂ x2
On retrouve bien que f (2 + h1 , 3 + h2 ) = f (2 ; 3) + 3h1 + 8h2 + khkε(h).
f (a + h) = ∑ ci (ai + hi ) = ∑ ci ai + ∑ ci hi = f (a) + ∑ ci hi + 0.
i i i i
∂f
On a bien f différentiable avec ci = . Ici le reste khkε(h) est égal à 0 .
∂ xi
Théorème 2.4 Si f : U −→ R admet des dérivées partielles dans un voisinage de a qui sont
continues en a, alors f est différentiable en a. Donc si f est de classe C1 sur U, alors f est
différentiable sur U.
Preuve :
• Pour n = 1 c’est évident car, alors : avoir une dérivée partielle ⇔ être dérivable ⇔ être
différentiable.
• Démontrons-le pour n = 2 (pour n ≥ 3 le principe est le même).
Supposons que f admette des dérivées partielles au voisinage de a, qui sont continues en a.
Alors f est-elle différentiable en a ?
∂f ∂f
À-t-on f (a + h) = f (a) + h1 (a) + h2 (a) + khkε(h), où lim ε(h) = 0 ?
∂ x1 ∂ x2 h→0
Alors
|h1 | |h2 |
|ε(h1 , h2 )| ≤ |ε1 (h1 , h2 )| + |ε2 (h1 , h2 )|
k(h1 , h2 )k k(h1 , h2 )k
≤ |ε1 (h1 , h2 )| + |ε2 (h1 , h2 )|.
Définition 2.26
— Si f : U −→ R p est différentiable en a ∈ U, alors on appelle matrice jacobienne de f en a
la matrice ∂f ∂ f1
1
(a) . . . (a)
∂ x1 ∂ xn
∂ fi
J f (a) = (a) = ··· ... ... .
∂xj 1≤i≤p ∂ fp ∂ fp
∂ x (a) . . . ∂ xn (a)
1≤ j≤n
1
h1 ε1 (h)
= J f (a) . . . + khk . . . .
hn ε p (h)
Les fi sont des polynômes sur R3 donc sont différentiables. La fonction f est donc différentiable.
Quelle est sa différentielle en (1; 1; 1) ?
y x 2z 1 1 2
J f (x; y; z) = , donc J f (1; 1; 1) =
y2 z 2xyz + 3y2 xy2 1 5 1
D’où :
h1
1 1 2
f (1 + h1 ; 1 + h2 ; 1 + h3 ) = f (1; 1; 1) + h2 + khkε(h)
1 5 1
h3
2 h1 + h2 + 2h3
= + + khkε(h).
2 h1 + 5h2 + h3
2.6. DIFFÉRENTIATION DES FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES 56
Soit H = g ◦ f
H(a + h) = g f (a + h) = g f (a) + d fa (h) + khkε1 (h)
= g b + d fa (h) + khkε1 (h) = g(b) + dgb d fa (h) + khkε1 (h) + kkkε2 (k)
(en posant k = d fa (h) + khkε1 (h)),
donc :
H(a + h) = H(a) + dgb d fa (h) + dgb khkε1 (h) + kkkε2 (k).
Comme dans la preuve du Théorème 2.4, on montre que le reste dgb khkε1 (h) + kkkε2 (k)
peut s’écrire sous la forme khkε(h), où lim ε(h) = 0.
h→0
Donc H est différentiable en a et dHa = dgb ◦ d fa . D’où :
JH (a) = Jg (b) × J f (a).
et
∂ f1
∂ x (a)
∂g ∂g
Jg (b) = ∂ y1 (b) ... ∂ y p (b) et J f (a) = · · ·
∂ fp
∂ x (a)
donc
∂ f1
(a) p
∂g ∂g ∂x ∂g ∂ fk
H 0 (a) = (b) ··· (b) · · · = (b) (a).
∑
∂ y1 ∂ yp ∂ fp k=1 ∂ yk ∂x
∂ x (a)
Pour tout k, la fonction fk dépend d’une seule variable, donc en fait ∂∂ fxk peut s’écrire ddxf , c’est-
à-dire comme une dérivée usuelle d’une fonction de R dans R. On aboutit à la proposition
suivante.
2.7. FORMULE DE TAYLOR POUR LES FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES 58
La matrice hessienne est symétrique si les dérivées partielles secondes sont continues (Théo-
rème 2.3).
La différentiabilité de f permet de faire une approximation linéaire des variations de f au
voisinage de a :
n
∂f
f (a + h) − f (a) ' ∇ f (a).h = ∑ (a)hi pour h proche de 0.
i=1 ∂ xi
Avant d’énoncer les "formules de Taylor", nous montrons d’abord le théorème des accroisse-
ments finis pour une application de Rn dans R.
Théorème 2.6 (Formule des accroissements finis)
Soit f : U ⊂ Rn −→ R une application, où U est un ouvert.
Si f est différentiable sur U, alors ∀x0 ∈ U, ∀h ∈ Rn tel que [x0 , x0 + h] ⊂ U , ∃θ ∈]0, 1[ tel que
n
∂f
f (x0 + h) − f (x0 ) = d f (x0 + θ h)(h) = ∑ hi (x0 + θ h)
i=1 ∂ xi
Preuve : On rappelle d’abord que [x0 , x0 + h] = {(1 − t)x0 + t(x0 + h) : t ∈ [0, 1]}.
Soit ϕ : [0, 1] −→ R
t 7−→ f (x0 + th) .
ϕ est continue sur [0, 1], dérivable sur ]0, 1[. D’après le théorème des accroissements finis pour
une application de R dans R,
Donc
f (x0 + h) − f (x0 ) = d f (x0 + θ h)(h).
Résultats préliminaires
Soit f une fonction dérivable d’un ouvert U de Rn . Soit a ∈ U et h ∈ Rn tel que le segment
[a; a + h] soit inclus dans U. On peut se ramener au cas d’une fonction d’une variable en
considérant la fonction ϕ définie dans un voisinage de [0; 1] et à valeurs dans F par : ϕ(t) =
f (a + th).
Posons h = (h1 ; . . . ; hn ) et a = (a1 ; . . . ; an ) .
On a ainsi : ϕ(t) = f (a1 + th1 ; . . . ; an + thn ).
Le théorème de la dérivée d’une fonction composée donne :
∂f ∂f ∂f
ϕ 0 (t) = h1 (a + th) + h2 (a + th) + . . . + hn (a + th).
∂ x1 ∂ x2 ∂ x1
En supposant f de classe C2 sur U on a de même :
n n
∂2 f
ϕ 00 (t) = ∑ hi ∑ h j (a + th).
i=1 j=1 ∂ x j ∂ xi
2.7. FORMULE DE TAYLOR POUR LES FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES 60
n 2 n
00 2∂ f ∂2 f
ϕ (t) = hi 2 (a + th) + 2 hi h j
∑ (a + th).
∑
i=1 ∂ xi i< j ∂ xi ∂ x j
∂pf
ϕ (p) (t) = ∑ hα (a + th).
|α|=p
∂ xα
Exemple 2.19
1. Si r = 3
" #
n n
∂f 1 ∂2 f ∂2 f 1 (3)
f (a+h)− f (a) = ∑ hi
∂ xi
(a)+
2 ∑ h2i ∂ x2 (a) + 2 ∑ hi h j
∂ xi ∂ x j
+
3!
f (a+θ h)(h)3
i=1 i=1 i 1≤i< j≤n
2. Si n = 2 et r = 4
∂f ∂f
f (x0 + h, y0 + k) − f (x0 , y0 ) = h (x0 , y0 ) + k (x0 , y0 )
∂x ∂y
1 2∂ f 2 2 ∂2 f
2∂ f
+ h (x0 , y0 ) + k (x0 , y0 ) + 2hk (x0 , y0 )
2 ∂ x2 ∂ y2 ∂ x∂ y
1 3∂3 f 3 3 3
2 ∂ f 2 ∂ f 3∂ f
+ h + 3h k 2 + 3hk +k
3! ∂ x3 ∂x ∂y ∂ x∂ y2 ∂ y3
1 (4)
+ f (x0 + θ h, y0 + θ k)(h, k)4 .
4!
2.7. FORMULE DE TAYLOR POUR LES FONCTIONS DE PLUSIEURS VARIABLES 61
ϕ est continue sur [0, 1], dérivable sur ]0, 1[. D’après le théorème de Taylor-Lagrange pour une
fonction de R dans R ,
r−1
1 1
∃ θ ∈]0, 1[ tel que ϕ(1) − ϕ(0) = ∑ k! ϕ (k)(0) + r! ϕ (r)(θ ).
k=1
Donc
r−1
1 1
f (a + h) − f (a) = ∑ k! f (k)(a)(h)k + r! f (r)(a + θ h)(h)r .
k=1
2.8 Exercices
Exercice 2.2 Soient ai , bi ∈ R, i = 1, 2, . . . , n. On rappelle l’inégalité de Schwarz :
!2 ! !
n n n
∑ aibi ≤ ∑ a2i ∑ b2i
i=1 i=1 i=1
et l’inégalité de Minkowski :
" #1/2 " #1/2 " #1/2
n n n
∑ (ai + bi)2 ≤ ∑ a2i + ∑ b2i .
i=1 i=1 i=1
Exercice 2.3
δ
Montrer que si δ est une distance sur E, alors d = est aussi une distance sur E.
1+δ
(Une telle application est appelée une contraction ou une application contractante.)
Montrer que si f admet un point fixe, c’est-à-dire s’il existe un point a ∈ E tel f (a) = a, alors un
tel point fixe est unique.
y4
f (0, 0) = 0 et f (x, y) = si (x, y) 6= (0, 0).
x2 + y2
FONCTIONS HOMOGÈNES ET
FONCTIONS IMPLICITES
64
3.1. FONCTIONS HOMOGÈNES 65
Preuve :
Posons g(t) = f (tx).
g est dérivable en t = 1 car g = f ◦ u, où u(x) = tx.
R −→ Rn −→ R
t 7−→ tx 7−→ f (tx).
n 1
Preuve : Pour tout x ∈ R∗+ , soit gx la fonction t 7−→ gx (t) = λ f (tx). En utilisant la formule
t
de dérivation en chaîne, on a
−λ 1 n ∂f
g0x (t) = f (tx) + ∑ (tx).xi
t λ +1 t λ i=1 ∂ xi
n
1 h ∂f i
= λ +1 − λ f (tx) + ∑ (tx).(txi )
t i=1 ∂ xi
= 0 (par hypothèse).
La fonction gx est donc constante sur ]0 , +∞[. D’où gx (t) = gx (1) pour tout t > 0 ; c’est-à-dire
f (tx) = t λ f (x).
APPLICATION (suite)
On considère la fonction de production suivante :
F(K, L) = AK α Lβ
3.2. THÉORÈME DES FONCTIONS IMPLICITES 66
∂f
(x, ϕ(x))
De plus ϕ est dérivable sur I, et ϕ 0 (x) = − ∂∂ xf .
∂ y (x, ϕ(x))
Donc
∂f
(−1, 1) = 2 6= 0.
∂y
On peut donc appliquer le théorème des fonctions implicites au voisinage de (−1, 1). II existe ur
intervalle ouvert I de R contenant −1, un intervalle ouvert J de R contenant 1 et une fonction
ϕ : I → J telle que, pour tout couple (x, y) ∈ I × J,
f (x, y) = 0 ⇐⇒ y = ϕ(x).
Comme
∂f
(x, y) = 4x3 + 3x2 y2
∂x
alors
∂f
(−1, 1) = −1.
∂x
Ce qui donne finalement ϕ 0 (−1) = 1/2.
On pouvait aussi partir de la relation
4x3 + 3x2 ϕ(x)2 + 2x3 ϕ(x)ϕ 0 (x) − ϕ 0 (x) + 2ϕ(x)ϕ 0 (x) + 3ϕ(x)2 ϕ 0 (x) = 0
On évalue cette relation en x = −1 (en se rappelant que ϕ(−1) = 1), et on trouve bien que
ϕ 0 (−1) = 1/2.
∂f ∂f
(x0 ; y0 ) (x − x0 ) + (x0 ; y0 ) (y − y0 ) = 0.
∂x ∂y
3.3. EXERCICES 68
3.2.2 Dimension n
Dans R3 , l’équation f (x1 , x2 , x3 ) = α ne définit pas une courbe mais une surface. Dans Rn
l’équation f (x1 , . . . , xn ) = α définit ce que l’on appelle une "hypersurface" . Il existe une ver-
sion en dimension n du théorème des fonctions implicites, qui précise à quelle condition
f (x1 , . . . , xn ) = α permet localement de définir une fonction xn = ϕ (x1 , . . . , xn−1 )
Théorème 3.4 (Théorème des fonctions implicites) (n ≥ 2)
Soit f de classe C1 de U dans R, où U est un ouvert de Rn . Soit a ∈ U avec f (a) = α et tel que
∂f
(a) 6= 0. Alors il existe une boule ouverte B de Rn−1 centrée sur (a1 , . . . , an−1 ) et un intervalle
∂ xn
ouvert J =] an − ε , an + ε[, et une application ϕ : B → J tels que :
h i h i
f (x1 , . . . , xn ) = α pour (x1 , . . . , xn ) ∈ B × J ⇔ xn = ϕ(x1 , . . . , xn−1 ) pour (x1 , . . . , xn−1 ) ∈ B .
∂f
∂ϕ ∂ x (a1 , . . . , an )
De plus (a1 , . . . , an−1 ) = − ∂ fi pour tout i, avec i 6= n.
∂ xi (a1 , . . . , an )
∂ xn
3.3 Exercices
Exercice 3.1 Montrer que x4 + y3 − 2x2 y − 1 = 0 définit implicitement y en fonction de x au
voisinage de (0 ; 1).
3.3. EXERCICES 69
Exercice 3.4
1. Montrer que l’équation : x3 + y3 − 3xy = 1 définit au voisinage de 0 une fonction implicite :
y = ϕ(x) telle que ϕ(0) = 1.
2. Donner le DL de ϕ en 0 à l’ordre 3.
Exercice 3.7
1) Montrer que l’équation
sin(x + y) + cos(x − y) = 1
définit y comme fonction implicite de x au voisinage de (0, 0). On posera y = ϕ(x).
2) Donner le développement limité de ϕ à l’ordre 3 au voisinage de 0.
3) En déduire la valeur de ϕ 0 (0), ϕ 00 (0), et ϕ 000 (0).
Chapitre 4
INTÉGRALES DOUBLES
Soit f une fonction continue sur un pavé ∆ = [a, b] × [A, B]. On sait alors que f est bornée et
que, pour tout x ∈ [a, b], l’application partielle
[A, B] −→ R
y 7−→ f (x, y)
est continue sur [A, B], donc intégrable sur cet intervalle. Notons
F : [a, b] −→ R
Z B
x 7−→ f (x, y)dy.
A
Proposition 4.1 La fonction F définie ci-dessus est uniformément continue sur [a, b].
Preuve : Soit ε > 0. Comme f est continue sur le compact ∆, d’après le théorème de Heine,
elle est uniformément continue sur ∆. Il existe donc η > 0 tel que, pour tous (x, y), (x0 , y0 ) ∈ ∆,
on ait h i h ε i
(x, y) − x0 , y0 ∞ < η ⇒ | f (x, y) − f x0 , y0 | <
.
B−A
Soit un tel η et x, x0 ∈ [a, b] tels que |x − x0 | < η. Alors, pour tout y ∈ [A, B], on a (en choisissant
y0 = y) : k(x, y) − (x0 , y)k∞ = |x − x0 | de sorte que l’inégalité précédente peut être intégrée de A
àB:
Z B Z B Z B
0
0
0
ε
F(x) − F x = f (x, y) − f x , y dy ≤ f (x, y) − f x , y dy < dy = ε
A A A B−A
Ainsi, pour ε > 0 arbitraire, on a prouvé l’existence de η > 0 tel que dès que x et x0 vérifient
|x − x0 | < η on a |F(x) − F (x0 )| < ε. Ceci signifie que F est uniformément continue sur [a, b].
70
4.2. THÉORÈME DE FUBINI 71
La fonction F est en particulier continue sur [a, b], donc intégrable sur [a, b]. Ceci justifie la
définition suivante.
Définition 4.2 Avec les notations précédentes, on appelle intégrale double de f sur ∆ le nombre
ZZ Z b Z B
f (x, y)dxdy = f (x, y)dy dx.
∆ a A
Z ZZ
On écrit parfois au lieu de .
∆ ∆
ZZ
Exemple 4.1 I = xydxdy où K = {(x, y) : x2 + y2 ≤ 1 , x ≥ 0 , y ≥ 0}.
K
x1 ≤ 1 − y2 ⇒ x2 ≤ 1. Or x ≥ 0 ; donc 0 ≤ x ≤ 1.
√
x2 + y2 ≤ 1 ⇒ y2 ≤ 1 − x2 . Mais comme y ≥ 0 alors 0 ≤ y ≤ 1 − x2 . Donc
n p o
2
K = (x, y) : 0 ≤ x ≤ 1 , 0 ≤ y ≤ 1 − x .
Alors
Z √1−x2
Z 1
! Z 1
1 1
I= xydy dx = x(1 − x2 )dx = .
0 0 2 0 8
Lorsque ϕ1 et ϕ2 sont des constantes (i.e. si D est un pavé) et lorsque f s’écrit comme produit
d’une fonction de x et d’une fonction de y, on a alors le corollaire suivant.
4.3. CHANGEMENT DE VARIABLES 72
Corollaire 4.1 Étant donnés un pavé ∆ = [a, b] × [A, B], une fonction F continue sur [a, b] et une
fonction G continue sur [A, B], on a
ZZ Z b Z B
F(x)G(y)dxdy = F(x)dx G(y)dy.
∆ a A
1
ZZ
Exemple 4.2 Calculer I = dxdy , où ∆ = [0, 1] × [0, 1].
∆ x+y+1
On a
Z 1 Z 1 Z 1 Z 1
1 1
I = dx dy = [ln(x + y + 1)]0 dy = (ln(2 + y) − ln(1 + y)) dy
0 0 x+y+1 0 0
27
= [(2 + y) ln(2 + y) − y − (y + 1) ln(1 + y) + y]10 = 3 ln 3 − 2 ln 2 − 2 ln 2 = ln .
16
D(x, y)
où Jϕ (u, v) désigne la matrice jacobienne de ϕ. det(Jϕ (u, v)) se note aussi .
D(u, v)
Exemple 4.3 (Coordonnées polaires)
L’exemple suivant est l’un des changements de variables les plus classiques. Il consiste à repré-
senter les points du plan sous forme polaire, selon les formules bien connues suivantes (où (x, y)
désigne les coordonnées cartésiennes d’un point et (r, θ ) ses coordonnées polaires) :
x = r cos θ
y = r sin θ .
4.3. CHANGEMENT DE VARIABLES 73
ϕ(u, v) = ϕ1 (u, v) , ϕ2 (u, v) = r cos θ , r sin θ ).
La fonction ϕ qui à (r, θ ) ∈ R+ × [0, 2π] associe (x, y) vérifie bien les hypothèses du Théorème 4.2 ;
et on a
∂x ∂x
∂ r (r, θ ) ∂ θ (r, θ ) cos θ −r sin θ
det Jϕ (r, θ ) = = =r.
∂y ∂y sin r cos
∂r (r, θ ) ∂θ (r, θ ) θ θ
4.4 Exercices
Exercice 4.1 Calculer les intégrales doubles suivantes
ZZ
(x + y)dxdy où D = (x, y) ∈ R2 /x 6 1, y 6 1, x + y > 1
1. I =
D
1
ZZ
2. I = 2 2
dxdy
x2 +y2 61 1 + x + y
dxdy
ZZ
3. I = 2
.
x6x2 +y2 61 (1 + x2 + y2 )
D = (x, y) ∈ R2 ; 0 ≤ x ≤ 1 , 0 ≤ y ≤ 1 , x2 + y2 ≥ 1
xy
Z
Calculer 2 2
dxdy.
D 1+x +y
Exercice 4.3 Calculer les intégrales doubles suivantes à l’aide d’un changement de variables :
ZZ
1. I1 = (x2 + y2 )dxdy ; D1 = {(x, y) : x2 + y2 − 2y ≤ 0}.
D1
ZZ
x
2. I2 = e x+y dxdy ; D2 = {(x, y) : x ≥ 0 , y ≥ 0 , x + y ≤ 1}.
D2
Exercice 4.4 Soient 0 < a < b et la fonction f définie sur D = [0; 1] × [a; b] par
(
f (x, y) = xy si (x, y) 6= (0, y)
f (0, y) = 0
75