Ouzeau
Ouzeau
prévisibilité climatique
Gaëlle Ouzeau
%COLE DOCTORALE
Sciences de l'Univers, de l'Environnement et de l'Espace (SDU2E)
5NITÏ DE RECHERCHE
CNRM - GAME (URA1357)
$IRECTEURS DE 4HÒSE
Hervé Douville
David Saint-Martin
2APPORTEURS
Hervé Le Treut
François Lott
MEMBRES DU JURY :
Sylvain Coquillat
Christophe Cassou
Chiara Cagnazzo
Remerciements
Mes premiers remerciements vont bien sûr à Hervé, pour m'avoir permis de faire
cette thèse, et qui m'a suivie tout au long de ces trois ans. Je remercie également David, qui
m'a accompagnée durant cette thèse, et qui a toujours su trouver les mots pour me rassurer,
m'encourager, voire me remotiver. Travailler à leurs côtés fut un plaisir.
Une pensée à tous les amis toulousains, pictaviens ou saintais, que j'aurais aimé voir
plus souvent. Merci aux chers ludiens pour tous ces moments improvisés ! Ils ont été une
vraie soupape, j'ai aimé jouer avec eux ou décompresser à l'Évasion en leur compagnie.
Pour finir, j'adresse un grand merci à ma famille, à mes parents et mon frère, qui ont
toujours cru en moi et m'ont soutenue, en particulier pendant ces trois années.
Résumé
Les moyennes et hautes latitudes de l'hémisphère nord sont caractérisées par une
forte variabilité climatique en hiver, incluant l'occurrence d'évènements extrêmes tels que
les vagues de froid ou les tempêtes, et présentent une faible prévisibilité aux échéances
mensuelle à saisonnière dans les systèmes opérationnels. Un nombre croissant d'études
montre qu'au-delà du couplage océan-atmosphère, le couplage troposphère-stratosphère
contribue également à la variabilité climatique à ces échelles de temps. Cette thèse vise à
mieux comprendre l'influence de la stratosphère sur la variabilité climatique hivernale à nos
latitudes, et à quantifier sa contribution potentielle à la prévisibilité climatique saisonnière
en comparaison de la contribution océanique.
Dans un premier temps, un état des lieux des connaissances sur le couplage
troposphère-stratosphère est dressé et la variabilité inter-annuelle du vortex stratosphérique
polaire est revisitée par le biais d'analyses composites sur la base des réanalyses
atmosphériques du CEPMMT. Ensuite, les principaux outils de cette thèse sont présentés et
validés, à savoir le modèle ARPEGE-Climat et la technique de « nudging » permettant de
relaxer (guider) le modèle vers les réanalyses. Comme beaucoup de modèles, les versions 4
et 5 d'ARPEGE-Climat en configuration T63L31 simulent un vortex stratosphérique polaire
nettement décalé vers le sud, ce qui peut avoir des conséquences négatives sur la variabilité
simulée via la modification des interactions ondes-écoulement moyen. Si la faible résolution
verticale dans la stratosphère est souvent mise en avant pour expliquer le manque de
prévisibilité dans les modèles, nos travaux sur la version 5 d'ARPEGE-Climat montrent que
l'augmentation de la résolution verticale et l'élévation du toit du modèle à 0.1 hPa ne
suffisent pas pour obtenir un climat plus réaliste, que ce soit en termes d'état moyen, de
variabilité ou de prévisibilité à l'échelle saisonnière.
For these reasons, throughout this thesis, the stratospheric relaxation towards the
reanalysis data from the ECMWF is used in order to compare his relative contribution to the
tropospheric extra-tropical climate variability, compared to the sea surface temperature
forcing. Case studies have been carried out for the 1976-1977 and 2009-2010 winters
though ensemble simulations with free or nudged stratosphere. Results confirm the relative
contribution of the stratosphere to the negative phase of the NAO and the temperature
anomalies over the northern Europe. Similar initialized ensemble simulations over the
1958-2007 period confirm the positive impact of the extra-tropical nudging, but show a
limited influence of the equatorial nudging, that needs to be analyzed more precisely with a
larger ensemble.
6 En résumé.....................................................................................................................37
1 Observations et réanalyses...........................................................................................41
1.1 Les réanalyses ECMWF..........................................................................................41
1.2 Autres jeux de données..........................................................................................42
3 Le modèle ARPEGE-Climat............................................................................................46
3.1 Description du modèle...........................................................................................46
3.2 Éléments de validation...........................................................................................48
4 Relaxation de la stratosphère........................................................................................62
4.1 Principe de la méthode..........................................................................................62
4.2 Tests préliminaires.................................................................................................63
1 L'hiver 2009-2010.........................................................................................................78
1.1 Motivations et protocole expérimental..................................................................78
1.2 Article publié dans Geophysical Research Letters..................................................81
1.2.1 Article : « European winter 2009-2010 : How unusual in the instrumental record
and how reproducible in the ARPEGE-Climat model? ».....................................................82
1.2.2 Principaux résultats..................................................................................................89
1.3 Test de sensibilité au profil vertical de relaxation..................................................89
2 L'hiver 1976-1977.........................................................................................................91
2.1 Motivations et protocole expérimental..................................................................91
2.2 Reproductibilité des anomalies observées..............................................................93
2.3 Test de sensibilité à la résolution...........................................................................95
3 Étude dynamique..........................................................................................................97
Bibliographie 154
Chapitre 1 : Introduction
Chapitre 1
Introduction
Il est difficile de dater les premières prévisions statistiques à longue échéance. On peut
citer les travaux de W.T. Blanford à la fin du 19 ème siècle qui mit en évidence un lien
statistique entre les chutes de neige sur les versants himalayens en hiver et au printemps et
le cumul des précipitations de mousson en Inde lété suivant. Ou encore ceux de G. Walker
1
au début du 20ème siècle qui découvrit l'oscillation australe en cherchant dautres
prédicteurs de la mousson indienne. Ces deux pionniers ont donc suggéré dès les premiers
pas des prévisions statistiques que des anomalies climatiques continentales (ici
enneigement) et/ou océaniques (température de surface de la mer) pouvaient avoir un
effet durable sur la circulation atmosphérique et ainsi représenter une source potentielle de
prévisibilité à léchelle saisonnière. A ce stade, le rôle de latmosphère moyenne et plus
précisément de la stratosphère nest pas évoqué car il faudra attendre le début des années
1960 et notamment la découverte de la QBO1 pour sinterroger sur les effets possibles de la
variabilité stratosphérique sur le climat.
Concernant les prévisions numériques, on peut considérer que le milieu des années
1970 marque le véritable début de cette activité en mode opérationnel avec la première
réalisation dune analyse atmosphérique à léchelle globale. Avant 1975, les analyses
opérationnelles du NMC2 couvraient au mieux l'hémisphère nord et ne permettaient pas
d'initialiser un modèle global. A partir de 1979, le CEPMMT 3 produit à son tour des
analyses globales grâce à un réseau d'observation renforcé suite à la première expérience
mondiale du GARP4 sous légide de lOrganisation Mondiale de la Météorologie. Ainsi, si les
modèles de circulation générale (MCG) atmosphériques existent depuis les années 1960, il
faudra attendre une douzaine dannées pour voir leur utilisation pour des prévisions
climatiques à longue échéance. Gilchrist5 (1977) fait figure de pionnier en réalisant des
prévisions à 50 jours initialisées en partant de jours consécutifs pendant l'hiver 1975-76.
Les résultats montrent une grande dispersion, mais une ressemblance avec les observations
dans les ondes très longues, et témoignent dune amélioration des prévisions en utilisant les
températures de surface de la mer observées (TSM) plutôt que climatologiques. La
prévision saisonnière dynamique, cest-à-dire basée sur des modèles numériques de climat,
est née. A ce stade, la résolution horizontale et verticale des MCG est cependant limitée et
la stratosphère nest pas résolue de manière explicite.
• Un mot de méthodologie
1
Quasi-Biennial Oscillation, oscillation basse-fréquence du vent zonal dans la stratosphère équatoriale
2
Précurseur du NCEP (National Centers for Environmental Predictions) aux USA
3
Centre Européen de Prévisions Météorologiques à Moyen terme (ECMWF en anglais)
4
Global Atmospheric Research Programme
5
Gilchrist, A., 1977 : An experiment on extended range prediction using a general circulation model and
including the influence of sea surface anomalies. Beitr. Phys. Atmosph., 50, 25-40.
2
Chapitre 1 : Introduction
Les prévisions dynamiques ont fortement progressé durant les vingt dernières
années avec l’amélioration des MCG et de la compréhension des téléconnexions de grande
échelle. Les premiers succès de la prévision dynamique concernent l’ENSO (El Niño
Southern Oscillation), qui constitue le principal mode de variabilité inter-annuelle dans le
Pacifique tropical et exerce une influence dans de nombreuses régions du globe, avec la
prévision de l’événement El Niño de 1986-87 par un modèle couplé océan-atmosphère de
complexité intermédiaire (Cane et al. 1986). Les modèles de cette époque n’étaient pas à
proprement parler couplés, l’atmosphère étant alors forcée par des TSM préalablement
prévues. La prévision de ces TSM peut être elle-même dynamique, via la mise en œuvre
dun modèle couplé océan-atmosphère, ou bien statistique. Bien que la seconde méthode
permette de s’affranchir des biais des modèles couplés, elle présente le désavantage de
négliger les rétroactions entre l’atmosphère et l’océan, qui jouent un rôle primordial dans
certains processus comme lENSO et la mousson (Wu et Kirtman 2005). Vers la fin des
années 1990, les progrès des MCG, notamment en ce qui concerne la représentation de
l’ENSO (Latif et al. 2001), ont permis l’utilisation des modèles couplés océan-atmosphère
en prévision saisonnière. Le problème réside dès lors dans linitialisation de la circulation et
des températures océaniques, au vu du nombre limité dobservations disponibles.
Lamélioration des techniques dassimilation de données et lavènement de laltimétrie
spatiale vont donc jouer un rôle essentiel dans le développement de la prévision
dynamique. Un palier semble avoir été franchi à la fin des années 1990, avec des prévisions
satisfaisantes du fort événement El Niño de 1997 (Barnston et al. 1999).
3
Depuis le début du XXIème siècle, les prévisions saisonnières dynamiques sont
opérationnelles, et mises à disposition par plusieurs grands centres de climat à travers le
monde (Alves et al. 2004, Palmer et al. 2004). Afin de limiter les erreurs dues au caractère
chaotique de l’atmosphère, des ensembles d’expériences sont conduits, avec des conditions
initiales atmosphériques légèrement différentes. Considérer la moyenne de plusieurs
simulations d'un ensemble permet en quelques sortes de "filtrer" les composantes
"imprévisibles" de petite échelle, tout en fournissant une estimation de l'incertitude via la
dispersion d'ensemble. De plus, afin de s’affranchir des biais caractéristiques de chaque
modèle, une approche multi-modèle a été adoptée. Cette approche offre l’avantage de
prendre à la fois en compte l’incertitude sur les conditions initiales et celle sur la
formulation de chacun des modèles. La prévision finale provient de la moyenne des
prévisions d’ensemble de chaque modèle. Cette méthode donne de meilleurs résultats que
les prévisions faites par chaque modèle pris individuellement (Krishnamurti et al. 2000,
Doblas-Reyes et al. 2005). Le modèle du CNRM fait partie des modèles européens
participant au projet DEMETER (Development of a European Multi-model ensemble System
for Seasonal to Interannual Predictions), et depuis juin 2005 au système opérationnel
EUROSIP centralisé au CEPMMT. Le projet CliPAS (Climate Prediction and its Application to
Society) est également un projet international d’intercomparaison de modèles dynamiques
américains, asiatiques et australiens (Wang et al. 2009).
Depuis une dizaine d’années, il semble que notre capacité à prévoir le climat tropical
ait atteint un palier (Kirtman et Pirani 2009), et il paraît crucial de s’intéresser à d’autres
sources de prévisibilité que les TSM tropicales. L’amélioration des modèles couplés est
également un enjeu important des années à venir, concernant leur état moyen mais surtout
les téléconnexions de grande échelle que peu de modèles actuels sont capables de
reproduire de manière satisfaisante. Ces téléconnexions motivent également l’utilisation de
méthodes empiriques (ou statistiques) qui nont pas dit leur dernier mot dans le contexte
de la prévision saisonnière (ex : Cohen et Fletcher 2007).
Si les moyennes et hautes latitudes de l'hémisphère nord sont caractérisées par une
forte variabilité climatique en hiver (incluant l'occurrence d'évènements extrêmes tels que
les vagues de froid ou les tempêtes), celles-ci présentent une faible prévisibilité à une
échéance mensuelle à saisonnière dans les systèmes opérationnels actuels. Les scores de
prévision obtenus restent très limités dans de nombreuses régions du globe, notamment sur
l’Europe, où les anomalies de TSM tropicales ont un impact limité sur la variabilité. Cette
constatation nous incite à explorer d’autres sources potentielles de prévisibilité, en
particulier dans les couches de l'atmosphère situées entre 10 et 50 km environ, qui
constituent la stratosphère, dont l'influence sur la variabilité climatique extra-tropicale fait
l'objet d'un nombre croissant d'études (e.g. Baldwin et Dunkerton 1999, Douville 2009).
Cette thèse s'inscrit dans cette perspective, et vise à mieux comprendre l'influence de la
stratosphère sur la variabilité climatique hivernale à nos latitudes, et à quantifier sa
contribution potentielle à la prévisibilité climatique aux échelles mensuelle à saisonnière
(en comparaison de la contribution océanique).
4
Chapitre 1 : Introduction
• Articulation du manuscrit
Après cette mise en contexte et cet aperçu des méthodes actuelles utilisées pour la
prévision saisonnière, le chapitre 2 se propose de dresser un bilan des connaissances sur la
variabilité stratosphérique et son influence sur la variabilité climatique hivernale (inter-
annuelle et intra-saisonnière) aux moyennes et hautes latitudes de l'hémisphère nord.
Le chapitre 3 décrit les données et outils utilisés durant cette thèse, ainsi que la
méthodologie adoptée. Il est consacré à la validation du modèle ARPEGE-Climat du Centre
National de Recherches Météorologiques en termes d'état moyen et de variabilité inter-
annuelle à intra-saisonnière, et donne des premiers éléments de validation de la technique
de nudging (relaxation du modèle vers les réanalyses du CEPMMT) utilisée tout au long de
cette thèse.
Le chapitre 4 illustre l'influence de la stratosphère sur la variabilité climatique
hivernale sur deux études de cas en utilisant la technique de nudging stratosphérique : les
hivers 1976-1977 et 2009-2010, qui furent exceptionnels en termes de température et de
dynamique. Il se propose également d'étudier les mécanismes dynamiques à l'origine de la
transmission d'information de la stratosphère vers la troposphère.
Le chapitre 5 vise à évaluer l'influence de la stratosphère via des expériences de
prévisions d'ensemble en mode "hindcast" sur 50 ans, forcées par les TSM observées. Il
s'agit dans ce chapitre d'étudier d'une part l'impact de l'élévation du toit du modèle et du
nombre de niveaux dans la stratosphère, et d'autre part l'impact d'une stratosphère parfaite
via la relaxation de la stratosphère globale ou équatoriale.
Enfin, une synthèse des principaux résultats sera présentée dans le chapitre 6,
accompagnée d'une discussion des limites de nos travaux et des perspectives qu'ils ouvrent
au-delà de cette thèse.
5
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
Chapitre 2
Couplage troposphère-stratosphère et
variabilité climatique hivernale
Depuis les travaux pionniers initiés dans les années 60, il est aujourd’hui établi que
la troposphère exerce une forte influence dynamique sur la stratosphère, essentiellement
par le biais de la propagation verticale d’ondes de Rossby de grande échelle (ou ondes
planétaires basse-fréquence) et d’ondes d’inertie-gravité de plus haute fréquence et plus
petite échelle. Cette influence s’explique par la théorie de l’interaction ondes-écoulement
moyen et fait notamment intervenir le critère de propagation verticale des ondes de Rossby
de Charney-Drazin (1961). Cette théorie a été confortée à la fois par des simulations
numériques utilisant une hiérarchie de modèles dynamiques, et par diverses observations
témoignant par exemple des contrastes saisonnier et inter-hémisphérique de la dynamique
stratosphérique.
L’absence d’une théorie complète et consensuelle sur les RSS peut s’expliquer par le
fait que l’influence de la troposphère sur la stratosphère ne relève pas d’un simple forçage
mais d’un véritable couplage. Un nombre croissant de travaux basés aussi bien sur des
réanalyses atmosphériques que sur des simulations plus ou moins idéalisées témoignent en
effet d’une réponse de la troposphère à la variabilité stratosphérique, dans une large
gamme d'échelles temporelles allant de quelques jours dans le cas des RSS, à quelques
siècles dans le cas des scénarios climatiques et du rôle de l’ozone stratosphérique.
Dans la suite de ce chapitre, nous commencerons par rappeler les grandes lignes de
la circulation générale atmosphérique avant de nous concentrer plus particulièrement sur la
climatologie puis la variabilité stratosphérique, en nous intéressant d’une part à la
dynamique équatoriale et à l’oscillation quasi-biennale (QBO), d’autre part à la stratosphère
polaire de l’hémisphère Nord et aux RSS. Nous traiterons ensuite des mécanismes de la
variabilité inter-annuelle du vortex stratosphérique polaire de l’hémisphère Nord en hiver,
puis de son influence sur la troposphère avec un focus régional sur l’Atlantique Nord et
l’Europe. A chaque étape, nous rappellerons brièvement l’état de l’art de la modélisation
7
climatique en nous appuyant essentiellement sur des publications concernant la génération
CMIP3 des modèles couplés océan-atmosphère. Enfin, nous discuterons de la prévisibilité à
longue échéance de la stratosphère et de ses implications pour la prévision saisonnière aux
moyennes latitudes de l’hémisphère Nord.
8
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
températures entre d’une part les océans et continents, et d’autre part les bassins est/ouest
des océans. Ces circulations maintiennent en particulier des vents d’est réguliers en surface,
connus sous le nom d’Alizés. Finalement, si le terme de cellules de Hadley persiste encore
aujourd’hui pour désigner la circulation méridienne, il est exclusivement réservé à la bande
tropicale.
• Courant-jets
Contrairement aux cellules de Hadley, le jet stream des moyennes latitudes est
instable, et par conséquent soumis à des fluctuations permanentes. Ces fluctuations zonales
et temporelles, appelées ondes stationnaires et perturbations baroclines, constituent une
grande part de la variabilité climatique extratropicale en hiver. Pour bien comprendre de
quoi il s'agit, il est nécessaire de rappeler qu'un champ météorologique peut se
décomposer en la somme de sa moyenne temporelle et de l'écart à cette moyenne
.
9
1 Quelques rappels de climatologie
• Ondes stationnaires
Les ondes stationnaires sont des ondes planétaires de Rossby, de nombre d'onde 1
ou 2, visibles principalement dans la haute troposphère et la stratosphère. Ces ondes sont
couplées avec les ondes troposphériques forcées par la topographie et par le chauffage
diabiatique résultant du contraste thermique terre-mer. Elles sont responsables des
structures quasi-statiques de la circulation atmosphérique des moyennes latitudes
(dépression d'Islande, anticyclone des Açores, etc...). La propagation verticale des ondes
planétaires dépend fortement de l'état moyen de l'atmosphère, et selon la théorie des
interactions ondes-état moyen elles l'influencent également en retour (Charney et Drazin
1961, Eliassen et Palm 1961, Andrews 1985). Nous reviendrons sur ces interactions ondes-
état moyen, ainsi que sur le rôle des ondes stationnaires dans la variabilité stratosphérique
polaire dans la section 2.4.
• Perturbations transitoires
10
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
(de période non constante variant entre 3 et 7 ans) des températures de surface de la mer
(Sea Surface Temperatures, SST) de la langue pacifique tropicale, et s’associe à un
phénomène de bascule des pressions atmosphériques entre l’Est et l’Ouest du bassin
perturbant les circulations de Walker (Walker, 1924). On parle alors d’oscillation « couplée
océan-atmosphère». Ce couplage qui fait intervenir l’inertie des conditions océaniques
confère à l’ENSO une nature déterministe, ce qui permet notamment sa prévision à
l’échéance d’une saison, voire d’une année .
Lors du printemps boréal, le Pacifique tropical est le siège d'un renforcement
saisonnier des vents alizés. Certaines années, ce renforcement saisonnier des vents est
toutefois moins marqué et l'on peut assister à une inversion des alizés, conduisant à la
phase négative El Niño. En réponse à cette anomalie atmosphérique, les eaux du Pacifique
équatorial central et est se réchauffent, diminuant les processus d’advection océanique
horizontale et d’upwelling, alors que les eaux chaudes de la Warm Pool sur l’ouest du
bassin se refroidissent légèrement. La circulation de Walker est alors affaiblie, avec une
augmentation de la convection sur l’est du bassin, et une diminution sur sa partie ouest
(figure 1).
11
1 Quelques rappels de climatologie
la mer au nord de 20°N. Notons que l'AO est couramment désignée comme le Northern
Annular Mode (NAM) du fait de son caractère zonal et hémisphérique. En réalité, le NAM
est plus précisément utilisé pour désigner le mode observé sur toute la couche
atmosphérique. L'AO décrit quant à elle l'oscillation dans la basse troposphère, et est
caractérisée dans sa phase positive (négative) par une intensification (diminution) des
vents d'ouest (figure 2).
La réalité d’un mode annulaire dans la troposphère fait débat (Ambaum et al. 2001),
notamment dans l’hémisphère Nord où l’AO classiquement obtenue par la technique de
l'ACP relève en fait de l’existence de modes de variabilité régionaux régionaux, la North
Atlantic Oscillation (NAO) et le Pacific North America « pattern » (PNA), sur les bassins
Atlantique Nord et Pacifique Nord. Ces deux modes ne montrent pas de corrélations
significatives à l’échelle inter-annuelle, et peuvent même être anti-corrélés à certaines sous-
périodes des réanalyses atmosphériques ou dans des simulations climatiques du 20ème siècle
(Pinto et al. 2011).
Le PNA se caractérise dans sa phase positive (négative) par une baisse (hausse) des
pressions atmosphériques sur la Floride et le Pacifique nord, et une hausse (baisse) sur le
Canada et le Pacifique subtropical (Figure 3). Il exerce une forte influence sur la
distribution des températures et des précipitations sur l'Amérique du Nord (Leathers et al
1991). Il influence notamment la position du jet subtropical d'altitude et module ainsi la
position du rail des dépressions sur le Pacifique Nord. La phase positive du PNA favorise
des températures plus élevées que la moyenne sur la côte ouest des États-Unis, alors que le
sud-est du pays peut être soumis à des intrusions d'air polaire amenant des températures
très basses. En phase négative, l'ouest du pays connaît des conditions plus froides et
humides, alors que l'est est soumis à un climat chaud et sec. Le climat canadien est
également influencé par le PNA, la phase positive étant associée à des conditions sèches sur
les prairies canadiennes, et inversement.
12
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
13
1 Quelques rappels de climatologie
Comme le suggère un très grand nombre d’études à son sujet (Hurrell, 1995; Kapala
et al., 1998), la NAO constitue un acteur majeur du climat européen, particulièrement
pendant la saison d’hiver où les activités de la dynamique sont les plus intenses. Cependant,
l'ensemble de la variabilité NAE ne se résume pas à cette oscillation. En réalité, le bassin
Atlantique possède également une variabilité de type ondes de Rossby synoptiques qui vient
moduler le signal NAO et interagir avec les conditions climatiques à la surface de l’Europe.
Cette variabilité de la région NAE s'organise selon des états préférentiels appelés régimes de
temps. Le paradigme des régimes de temps (e.g., Reinhold and Pierrehumbert, 1982)
stipule que la dynamique atmosphérique possède un certain nombre d’états (ou
configurations) préférentiel(le)s, qui résultent des interactions entre ondes planétaires et
synoptiques. Les fluctuations de la circulation atmosphérique NAE peuvent alors se traduire
en termes d’alternance entre ces régimes, faisant intervenir les notions de persistance ou de
transition (Vautard, 1990). Ces régimes de temps sont généralement déterminés à l’aide
d’algorithmes de classification d’une variable décrivant la circulation atmosphérique
(pression de surface ou géopotentiel) (Michelangeli et al., 1995), sur lesquels nous
reviendrons dans le chapitre 3. Bien que le nombre de régimes choisis dépend de l’analyse
et de l’interprétation que l’on souhaite mener, il est admis que quatre régimes sont
pertinents pour l’étude de la variabilité climatique du bassin NAE (e.g. Cassou et al., 2004,
2005). Ces régimes sont illustrés sur la figure 5 par les anomalies de hauteur géopotentielle
à 500 hPa, accompagnées du pourcentage de variabilité que chacun explique durant l'hiver.
De la même manière que les phases de la NAO influencent la position du jet stream et
modifient la provenance des masses d'air et les trajectoires des dépressions atteignant
l'Europe, chaque régime de temps est lié à une structure dynamique particulière qui
influence la météo européenne.
14
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
15
2 Quelques éléments de climatologie et de variabilité stratosphérique
chaudes issues des moyennes latitudes. Cependant, l'intrusion de ces masses d'air intervient
parfois lors de RSS (voir la description dans la section 2.3), durant lesquels l'intensité du
vortex s'effondre subitement.
16
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
Bien qu'étant un phénomène tropical, cette oscillation a un impact non négligeable sur les
régions extra-tropicales, notamment à travers la modulation du vortex polaire. Dans
l'atmosphère moyenne équatoriale, au-dessus de 35 km d'altitude, le cycle saisonnier se
caractérise par une oscillation semi-annuelle du vent zonal moyen (SAO). L'oscillation est
maximale près de la stratopause d'une part et près de la mésopause d'autre part.
L’amplitude maximale à la stratopause est de l’ordre de 30 m.s-1. Le maximum de vent
d'ouest se produit juste après l'équinoxe, celui du vent d'est juste après le solstice.
L'accélération d'ouest débute à la stratopause et se propage vers le bas à une vitesse de 10
km par mois : le mécanisme associé implique des ondes équatoriales de grande échelle.
Concernant les hautes latitudes de l’hémisphère Nord, les RSS représentent le phéno-
mène le plus marquant à l’échelle intra-saisonnière. De manière sporadique, en hiver et es-
sentiellement dans l'hémisphère nord, le vortex polaire peut subitement s'effondrer, avec
une décélération importante des vents d'ouest qui disparaissent et laissent place à un ré-
gime d'est. La première observation de ce phénomène fut reportée par Scherhag (1952), et
une première explication théorique fut proposée par Matsuno (1971). L'origine des RSS est
dynamique: elle est reliée à la propagation verticale des ondes stationnaires d'échelle plané-
taire. La convergence des flux de chaleur et de quantité de mouvement associés à l'amplifi-
cation des ondes planétaires transitoires conduit à une augmentation de la température
dans la stratosphère, qui peut aller jusqu'à une dizaine de degrés Celsius par jour. Les ondes
stationnaires d'échelle planétaire responsables du réchauffement stratosphérique soudain,
générées dans la troposphère, sont souvent associées à une situation de blocage troposphé-
rique (Martius et al. 2009), dont les caractéristiques spatiales diffèrent selon le type de
RSS. En effet, deux types de RSS sont généralement distingués : les événements « scindés »
(« splitted » en anglais) qui consistent en une scission du vortex polaire et les événements
« décalés » (« shifted » en anglais) qui correspondent à un déplacement du vortex vers les
moyennes latitudes. Alors que les événements «décalés » semblent presque toujours précé-
dés par un blocage sur le bassin atlantique uniquement, les évènements « scindés » sont
quant à eux précédés par un blocage sur le bassin pacifique ou sur les deux bassins simulta-
17
2 Quelques éléments de climatologie et de variabilité stratosphérique
nément. Cependant si la plupart des RSS sont précédés d’un blocage troposphérique, les
blocages sont beaucoup plus fréquents et ne sont pas systématiquement suivis d’un RSS
(Taguchi 2008).
18
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
19
2 Quelques éléments de climatologie et de variabilité stratosphérique
(Hartmann et al. 2000). D'après Robinson (1991), les modes annulaires sont des modes
intrinsèques libres associés à la dynamique non linéaire troposphérique, qui peuvent
répondre significativement à de faibles forçages stratosphériques.
Rassemblant les aspects (a) et (b), Song et Robinson (2004) suggèrent que
l'anomalie stratosphérique, à travers le mécanisme de «downward control» par les
circulations secondaires, force un mode AO intrinsèque préexistant. La réponse au forçage
stratosphérique est à la fois amplifiée et modifiée dans la troposphère par interaction avec
les perturbations transitoires dans la basse atmosphère. Ils nomment ce mécanisme
"downward control with eddy feedback". Cependant, des études plus récentes de Song et
Robinson montrent que cela ne suffit pas à expliquer totalement les effets des perturbations
stratosphériques sur la circulation troposphérique observée. En particulier, ils montrent que
cet effet est beaucoup plus faible quand les ondes de Rossby dans la stratosphère sont
artificiellement amorties suggérant par conséquent que ces ondes jouent un rôle important
dans la communication verticale de l'information.
La mise en évidence d’une influence de la QBO sur le vortex polaire date des travaux
de Holton et Tan (1980). La phase est (ouest) de la QBO est généralement associée à un
affaiblissement (renforcement) du vortex polaire. Selon McIntyre (1982), cet effet serait lié
à un rétrécissement du guide d’ondes de l’hémisphère Nord pendant la phase Est, qui
favoriserait la réfraction des ondes planétaires vers le pôle et ainsi la perturbation du
vortex. Des travaux plus récents semblent toutefois invalider cette hypothèse. Naoe et
Shibata (2010) ne constatent pas ce phénomène dans un modèle atmosphérique simulant
une QBO réaliste, ni même dans les réanalyses ECMWF. Une analyse composite du flux
d’EP ne montre pas, dans la stratosphère des moyenne latitudes, une propagation vers le
pôle pendant la phase Est de la QBO, ceci malgré l’affaiblissement du vortex polaire. Étant
donnée la propagation à la fois méridienne et verticale des ondes planétaires et le possible
effet parasite de l’activité solaire (cf. paragraphe ci-dessous), il est finalement difficile de
comprendre le couplage dynamique entre la QBO et le vortex polaire. Néanmoins, certains
20
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
À la fin des années 80, Labitzke et van Loon (1988) indiquent une possible
interaction entre la QBO et le cycle solaire à 11 ans dans la stratosphère extra-tropicale de
l’hémisphère nord. En lien avec la présence d’ozone et son absorption du rayonnement dans
l’ultra-violet, le cycle à 11 ans de l’activité solaire représente une source potentielle de
variabilité inter-annuelle dans la basse stratosphère, mais cet effet serait fortement modulé
selon la phase de la QBO. Ces travaux statistiques relativement anciens sont en partie
confortés par la figure 8 qui montre une analyse en double-composites du géopotentiel
extra-tropical à 10 hPa effectuée sur la période 1958-2007. On constate d’une part que
l’affaiblissement du vortex polaire (correspondant à une forte anomalie du géopotentiel)
associé à une plus forte activité solaire est plus marqué pour une phase est de la QBO,
d’autre part que la réponse du vortex polaire à une moindre activité solaire serait inversée
selon la phase de la QBO. Si ce dernier résultat traduit probablement une influence
dominante de la QBO sur la stratosphère extra-tropicale, il n’en reste pas moins que le
vortex polaire peut également répondre au forçage solaire via la forte interaction
rayonnement-dynamique dans la stratosphère. Par ailleurs, il est important de noter que les
relations statistiques ainsi mises en évidence ne signifient pas un effet systématique de ces
forçages qui peuvent être contrecarrés par la variabilité interne de l’atmosphère (Labitzke et
Kunze 2009).
21
3 Variabilité inter-annuelle du vortex stratosphérique polaire
Figure 8: Double composites des anomalies hivernales (DJF) de géopotentiel à 10hPa (en
m) aux moyennes et hautes latitudes de l’hémisphère Nord sur la base d’anomalies
synchrones supérieures à un demi écart-type pour le vent zonal équatorial (5°S-5°N) à
30hPa comme indice de la QBO et le flux solaire à 2800 MHz comme indice de l’activité
solaire. Le trait noir épais délimite les anomalies significatives à 90%. Le nombre
d’années utilisées pour chaque composite est indiqué entre parenthèses.
22
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
Figure 9: Anomalies hivernales (DJF) centrées et réduites (en nombre d’écarts-type) pour
différents indices climatiques : géopotentiel à 10hPa au nord de 60°N (en noir), SST Niño3.4
(en rouge), vent zonal à 30 hPa entre 5°S et 5°N (en bleu). Les symboles (cercles et disques de
couleur) superposés à la courbe en noir montrent les hivers utilisés pour construire des
composites du géopotentiel sur la base d’anomalies synchrones supérieures à un demi écart-
type pour chacun des deux autres indices (ENSO et QBO).
23
3 Variabilité inter-annuelle du vortex stratosphérique polaire
La non-additivité des forçages ENSO et QBO est confirmée par une analyse en
double composites du géopotentiel à 10 hPa sur la période 1958-2007 (Figure 10). La
réponse de la stratosphère polaire est forte (et de signe opposé) pour les forçages
QBOW/La Niña et QBOE/El Niño, alors que les réponses aux forçages individuels sont à
peine significatives (pour l’ENSO) ou d’amplitude moindre (pour la QBO). Selon Calvo et
al. (2009), cette non-linéarité tient d’une part aux changements de circulation zonale liés à
la QBO, d’autre part à l’influence des ondes planétaires extratropicales liées à l’ENSO.
Figure 10: Double composites des anomalies hivernales (DJF) de géopotentiel à 10hPa (en m)
aux moyennes et hautes latitudes de l’hémisphère Nord sur la base d’anomalies synchrones
supérieures à un demi écart-type pour le vent zonal équatorial (5°S-5°N) à 30hPa comme
indice de la QBO et les SST Niño3.4 comme indice de l’ENSO. Le trait noir épais délimite les
anomalies significatives à 90%. Le nombre d’années utilisées pour chaque composite est
indiqué entre parenthèses.
24
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
La coïncidence fortuite de ces éruptions avec des événements de type El Niño dans le
Pacifique équatorial brouille encore un peu plus les pistes concernant l’influence de l’ENSO
sur la variabilité stratosphérique. Les doubles composites du géopotentiel à 10 hPa de la
figure 11 montrent en effet que la signature de l’ENSO sur le vortex polaire est très
différente selon la présence ou non d’une forte charge d’aérosols volcaniques en moyenne
globale. Les quelques hivers ayant suivi les éruptions majeures montrent un renforcement
significatif du vortex polaire cohérent avec le réchauffement de la basse stratosphère
tropicale. Ce signal est toutefois modulé par l’ENSO dont la signature stratosphérique est
elle même très sensible au forçage volcanique. Ce constat conduit certains auteurs à écarter
les années post-volcaniques dans les études statistiques sur la variabilité stratosphérique.
25
3 Variabilité inter-annuelle du vortex stratosphérique polaire
Figure 11: Double composites des anomalies hivernales (DJF) de géopotentiel à 10hPa (en m)
aux moyennes et hautes latitudes de l’hémisphère Nord sur la base d’anomalies synchrones
supérieures à un demi écart-type pour les SST Niño3.4 et selon la présence ou non d’une forte
charge d’aérosols volcaniques. Le trait noir épais délimite les anomalies significatives à 90%. Le
nombre d’années utilisées pour chaque composite est indiqué entre parenthèses.
Au-delà des SST notamment dans le Pacifique équatorial, les surfaces continentales
sont également susceptibles d’exercer un forçage persistant sur la troposphère (Watanabe et
Nitta 1998, Douville 2010, Peings et al. 2011) voire la stratosphère (Saito et al. 2001,
Cohen et al. 2007, Peings et al. 2012). Nous avons vu que les RSS étaient souvent précédés
d’anomalies troposphériques quasi-stationnaires sur le Pacifique Nord et l’Est de l’Europe,
26
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
ces ondes planétaires pouvant être forcées en partie par l’ENSO et les anomalies de
couverture neigeuse sur le continent eurasiatique (Garfinkel et al. 2010). Il existe en effet
une variabilité inter-annuelle de la couverture de neige eurasienne, plus importante au
printemps et en automne. La figure 12 illustre cette variabilité en montrant les anomalies
d'étendue de neige en millions de km² pour chaque saison depuis 1966. Le record est
obtenu avec une anomalie positive de 7.7 millions de km² pour l'automne 1976, année qui
présente un mode AO fortement négatif comme nous le verrons dans le chapitre 4.
27
3 Variabilité inter-annuelle du vortex stratosphérique polaire
Figure 13: Anomalies hivernales (DJF) centrées et réduites (en nombre d’écarts-type) pour
différents indices climatiques : géopotentiel à 10hPa au nord de 60°N (en noir), SST Niño3.4
(en rouge), étendue de la couverture neigeuse sur la Sibérie (en bleu). A noter que les
anomalies de SST et de neige sont moyennées sur l’automne (SON) précédent l’hiver sur lequel
on moyenne le géopotentiel. Les symboles (cercles et disques de couleur) superposés à la courbe
en noir montrent les hivers utilisés pour construire des composites du géopotentiel sur la base
d’anomalies synchrones supérieures à un demi écart-type pour chacun des deux autres indices
(ENSO et neige).
28
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
Figure 14: Double composites des anomalies hivernales (DJF) de géopotentiel à 10hPa (en m)
aux moyennes et hautes latitudes de l’hémisphère Nord sur la base d’anomalies synchrones
supérieures à un demi écart-type les SST Niño3.4 et l’étendue de la couverture neigeuse sur la
Sibérie. A noter que les anomalies de SST et de neige sont moyennées sur l’automne (SON)
précédent l’hiver sur lequel on moyenne le géopotentiel. Le trait noir épais délimite les
anomalies significatives à 90%. Le nombre d’années utilisées pour chaque composite est
indiqué entre parenthèses.
i. Modes annulaires
29
4 Influence sur la variabilité climatique hivernale
Figure 15: Coupes temps-pression des composites du mode annulaire pour (A) 18 évènements
"vortex faible" et (B) 30 évènements "vortex fort". Les évènements sont déterminés par les dates
pour lesquelles le mode annulaire à 10 hPa dépasse les écart-types 3.0 et 11.5, respectivement.
Les indices sont adimensionalisés; l'intervalle de contour pour les plages colorées est de 0.25, et
de 0.5 pour les contours blancs. Les valeurs entre 20.25 et 0.25 ne sont pas tracées. La ligne
horizontale indique la limite approximative entre la troposphère et la stratosphère (d’après
Baldwin et Dunkerton 2001).
30
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
Figure 16: Composites pour les indices NAM forts vs faibles et leur difference (à gauche, au
centre et à droite, respectivement) du vent zonal (en haut) et du flux d'Eliassen-Palm, qui
indique la propagation des ondes et le transport de quantité de mouvement, et sa divergence,
qui indique le forçage par les ondes. Les contours positifs sont en gris, les contours négatifs en
noir, avec les régions négatives en plages grisées. Le flux d'Eliassen-Palm est calculé uniquement
pour les nombres d'onde zonale 1, 2 et 3. Dans la phase "high" les flux tendent à s'orienter vers
l'Equateur dans la troposphère et à converger dans la troposphère subtropicale, alors que dans
la phase "low" les flux tendent à être orientés verticalement vers la stratosphère et à converger,
impliquant un forçage de quantité de mouvement, aux moyennes et hautes latitudes dans la
stratosphère (d’après Hartmann et al. 2000).
31
4 Influence sur la variabilité climatique hivernale
ii. NAO
32
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
Concernant le climat de surface sur l’Europe, Cattiaux et al. (2012) montrent que les
modèles CMIP5 reproduisent correctement la structure spatiale et la fréquence
climatologique des principaux régimes de temps observés sur l’Atlantique Nord, mais qu’il
existe encore malgré tout des biais de température importants en moyenne sur l’hiver.
Analysant les mêmes modèles, Peings et al. (2012) montrent que les caractéristiques des
vagues de froid sont plus ou moins bien reproduites, même si les erreurs de SST sur
l’Atlantique nord et/ou de couverture neigeuse sur l’Europe du nord peuvent contribuer à
biaiser leur sévérité.
Figure 17: Signature des réchauffements stratosphériques soudains (RSS) sur la troposphère: a)
Coupe temps-pression des composites du mode annulaire après les RSS; b) Composites des champs
de température de surface (plages colorées) et de pression au niveau de la mer (contours noirs)
observés en moyenne dans les deux mois suivant les RSS. D'après M. Sigmond, Workshop SSW du
24 février 2012, article en préparation.
33
4 Influence sur la variabilité climatique hivernale
Figure 18: Analyse composite des anomalies hivernales (DJF) de géopotentiel à 500hPa (à
gauche, en m), de pression au niveau de la mer (au milieu, en hPa), et de température de l’air
à 2m (à droite, en °C) associées à un affaiblissement (en haut) ou un renforcement (en bas) du
vortex polaire (anomalies DJF du géopotentiel à 10 hPa moyennées au nord de 60°N
supérieures à un écart-type). Le trait rouge épais délimite les anomalies significatives à 90%.
Le nombre d’années utilisées pour chaque composite est indiqué entre parenthèses.
34
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
Les premiers travaux sur la prévisibilité du vortex polaire ont toutefois porté sur des
échelles de temps beaucoup plus courte, en lien avec les précurseurs possibles des RSS (voir
section 2.3). Deux écoles peuvent être distinguées : la prévision dynamique, c’est-à-dire
basée sur des MCG atmosphériques éventuellement étendus à la haute stratosphère, et la
prévision statistique, s’appuyant généralement sur des relations statistiques observées. Bien
qu’elle soit beaucoup moins lourde à mettre en œuvre, précisons d’emblée que cette
seconde école reste faiblement représentée. Ceci s’explique en partie par les séries
temporelles limitées dont on dispose pour caler de tels schémas, mais sans doute aussi par
le caractère non-linéaire des interactions entre les différents forçages précédemment
identifiés.
35
5 Prévisibilité à longue échéance de la stratosphère
deux cas, le problème est que le lien statistique maximal est synchrone et n’est donc pas
directement exploitable pour la prévision. Cependant, s’il existe une barrière de printemps à
la prévisibilité de l’ENSO, nous avons vu que les anomalies d’automne montrent déjà des
corrélations significatives avec la variabilité du vortex stratosphérique en hiver. En effet, la
plupart des événements de type El Niño se déclenchent avant le début de l’hiver. Des
analyses récentes basées sur les observations (Ren et al. 2012) suggèrent que les
corrélations du vortex polaire avec l’ENSO seraient encore plus fortes un an après la phase
de maturité de l’ENSO, ce qui laisserait augurer d’une certaine prévisibilité près de 12 mois
à l’avance.
Sur le plan des prévisions dynamiques, les travaux sont également peu nombreux
dans la mesure où la plupart des systèmes opérationnels ont pendant longtemps été basés
sur des modèles de type « low-top » et se sont surtout focalisés sur le couplage océan-
atmosphère (en particulier l’ENSO) comme source de prévisibilité. Des simulations en mode
modèle parfait portant sur l’initialisation de la stratosphère (Gerber et al. 2009) montrent
une prévisibilité accrue à la suite d’un RSS, suggérant l’intérêt d’une telle initialisation pour
la prévision à moyenne échéance (de l’ordre de 10 jours) voire la prévision mensuelle. Dans
un contexte plus proche de la prévision opérationnelle, Maycock et al. (2011) indiquent
que les modèles couplés océan-atmosphère montrent encore des biais systématiques
importants dans la stratosphère, et une absence totale de prévisibilité à l’échelle
saisonnière. La raison invoquée est la faible résolution verticale de ces modèles mais aucun
résultat probant ne corrobore pour le moment cette hypothèse, même si certains travaux du
Met Office suggèrent que l’utilisation d’un modèle « high-top » permet de mieux anticiper
les RSS à moyenne échéance et de mieux reproduire leur influence sur le climat européen
(Marshall et Scaife 2010).
Concernant la QBO, et étant donné son influence sur le vortex polaire (voir la
section 3.1), la question des performances comparées de la prévision statistique et
dynamique se pose de manière aigüe. Si certains modèles sont capables de simuler la QBO
de manière spontanée et/ou de la prévoir à quelques mois d’échéance une fois
correctement initialisée (Boer et Hamilton, 2008), les scores obtenus à de telles échéances
sont-ils supérieurs à ce qu’un schéma statistique pourrait donner de manière beaucoup
moins coûteuse?
36
Chapitre 2: Couplage troposphère-stratosphère et variabilité climatique hivernale
Figure 19: Scores sur l'indice QBO basé sur le vent zonal à 30 hPa moyennée sur la boîte [5°S-
5°N;180°W-180°E] de 1 à 4 mois d'échéance à partir du premier novembre pour le schéma auto-
régressif d'ordre 3 (AR3) et les prévisions dynamiques low-top (C31) et high-top (C41): a)
Corrélation avec les réanalyses du CEPMMT, b) RMSE et dispersion (en pointillés).
6 En résumé
L’influence possible de la stratosphère sur la troposphère a des implications pour de
nombreux aspects de la variabilité climatique hivernale aux moyennes latitudes de
l’hémisphère nord et pour sa prévisibilité à plus ou moins longue échéance. Le cycle solaire
à 11 ans, certaines éruptions volcaniques, mais aussi l’ENSO et la QBO pilotent en partie la
variabilité du vortex polaire, lui conférant ainsi une certaine prévisibilité à l’échelle
saisonnière. Bien que les mécanismes responsables de ces forçages, mais aussi et surtout de
la propagation vers la surface du mode annulaire stratosphérique, soient encore mal
37
6 En résumé
38
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
Chapitre 3
Méthodologie et validation du modèle
ARPEGE-Climat
1 Observations et réanalyses
La réanalyse ERA-40 couvre la période 1958-2001 (Uppala et al., 2005). Elle est
issue du modèle IFS (Integrate Forecasting System) utilisé avec une troncature
T159 (résolution horizontale 2.5° x 2.5°). Les données sont disponibles toutes les
six heures, avec 60 niveaux pression de 1000 hPa à 0.1 hPa.
1 Observations et réanalyses
Des jeux de données supplémentaires ont parfois été utilisés au cours de cette
thèse :
Les données du CRU (Climate Research Unit) de température et de précipitations
couvrent la période 1901-2009, et sont disponibles sur une grille 0.5° x 0.5°.
Elles sont fournies à l'échelle mensuelle et ne couvrent que les surfaces
continentales.
Les Températures de Surface de la Mer (TSM), provenant du jeu de données
HadSST2 du Hadley Center, ont été utilisées dans cette thèse pour le forçage de
certaines simulations. Ce jeu de données mensuelles couvre la période 1850-
2010, et est disponible sur une grille 5° x 5°.
Corrélations et régressions
Une des statistiques les plus simples pour établir un lien entre deux
paramètres climatiques est la corrélation. Elle permet d'estimer la concordance entre
deux séries temporelles. L'utilisation de corrélations asynchrones permet de mettre
en évidence des liens qui seraient décalés dans le temps, et d'avoir une première
estimation de liens de cause à effet. Les corrélations peuvent être calculées sur des
champs, pour estimer la corrélation des séries temporelles en chaque point de grille
(Anomaly Correlation Coefficient, ACC). Dans ce manuscrit, on pourra également
tracer les séries temporelles des coefficients de corrélation spatiale entre deux
champs et voir ainsi l'évolution temporelle de leur concordance. La régression
linéaire, quant à elle, est basée sur le principe de corrélation, et permet d'évaluer la
relation entre une variable « prédictive » et une variable « réponse ». Cependant, ces
statistiques de base ne fournissent qu'une première estimation, et ne donne aucune
information sur l'amplitude des signaux, ni sur leur structure spatiale.
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
Analyse en composites
Régimes de temps
2 Méthodes statistiques et diagnostiques
Vagues de froid
Indice de blocage
L'un des états préférentiels décrits précédemment se caractérise par une forte
anomalie anticyclonique en Europe, centrée sur les îles britanniques et la
Scandinavie. Cet anticyclone bloque les entrées d'air maritime et permet à des
conditions chaudes de se développer sur l'Europe de l'ouest. Le sud-est de l'Europe
est quant à lui touché par des conditions froides. Ces processus de blocage ont un
rôle crucial sur la variabilité atmosphérique basse fréquence, et sont par conséquent
largement étudiés en météorologie et climatologie. Pour caractériser les
configurations d'ondes synoptiques susceptibles de favoriser des régimes bloqués,
plusieurs indices existent, qui prennent en compte les fluctuations méridiennes du
courant-jet dans la haute troposphère. Parmi eux, l'indice de blocage de Tibaldi et
Molteni (1990), qui fut calculé à partir de l'indice plus ancien de Lejenäs-Økland,
permet de calculer des gradients méridiens d'altitude géopotentielle pour chaque
longitude
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
où :
,
,
,
.
Une longitude est localement identifiée comme bloquée à une date donnée si, pour
au moins une des trois valeurs de Δ, les deux conditions suivantes sont remplies :
(1) GHGS( > 0 ,
(2) GHGN(< -10 m/deg lat.
, avec et ,
Tests de significativité
3 Le modèle ARPEGE-Climat
3 Le modèle ARPEGE-Climat
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
3 Le modèle ARPEGE-Climat
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
3 Le modèle ARPEGE-Climat
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
3 Le modèle ARPEGE-Climat
Nous avons décrit jusqu'à présent les principaux biais stratosphériques dans
un plan méridien, qui se traduisent par un vortex polaire trop faible et décalé vers le
sud. Évaluons maintenant la capacité du modèle à reproduire la climatologie
hivernale (DJF) de l'hémisphère nord dans la troposphère. La version 4 présente un
biais positif significatif de géopotentiel à 500hPa (figure 5b), centré sur le
Groenland, et un dipôle négatif sur l'Atlantique nord et la région Alaska-Sibérie. La
version 5 d'ARPEGE-Climat permet une réduction significative de ce biais, avec
cependant un renforcement du biais négatif sibérien, qui semble corrigé en
configuration high-top. Concernant la variabilité, la figure 6 montre l'erreur sur
l'écart-type inter-annuel du géopotentiel à 500 hPa dans l'hémisphère nord.
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
Figure 5: Erreur sur la moyenne du géopotentiel Figure 6: Erreur sur l'écart-type inter-annuel
à 500hPa dans l'hémisphère nord - Climatologie du géopotentiel à 500hPa dans l'hémisphère
DJF . Test de significativité à 99% . nord .
Figure 7: Erreur sur la Pmer dans Figure 8: Erreur sur l'écart-type inter-annuel
l'hémisphère nord - Climatologie DJF . Test de de Pmer dans l'hémisphère nord .
significativité à 99% .
3 Le modèle ARPEGE-Climat
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
Figure 9: Erreur sur la moyenne DJF (à Figure 10: Erreur sur la moyenne DJF (à
gauche) et l'écart-type inter-annuel (à droite) gauche) et l'écart-type inter-annuel (à droite)
de la température à deux mètres dans du géopotentiel à 500 hPa dans l'Hémisphère
l'Hémisphère Nord. Significativité à 99% . Nord. Significativité à 99% .
3 Le modèle ARPEGE-Climat
Variabilité inter-annuelle
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
3 Le modèle ARPEGE-Climat
Variabilité intra-saisonnière
Figure 15: Distribution des anomalies quotidiennes centrées de vent zonal à 10hPa en
moyenne zonale à 60°N sur la période ONDJFM 1971-2000. ERA-40 en gris, expériences
en bleu.
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
L'utilisation d'indices tels que celui de Tibaldi-Molteni vise à étudier les processus de
blocage de manière locale et instantanée, en analysant les fluctuations méridiennes
du courant-jet dans la haute troposphère, et en se basant sur les gradients méridiens
de géopotentiel à 500 hPa pour chaque longitude. Une limitation à l'utilisation de cet
indice est qu'il ne donne pas réellement d'information sur la structure spatiale
caractéristique de l'atmosphère pendant un phénomène de blocage et n'impose pas
de critère de persistance du processus. Par ailleurs, cet indice donne une information
sur la configuration méridienne du courant-jet qui peut favoriser un blocage, mais
peut inclure d'autres configurations associées à d'autres états préférentiels
caractéristiques, notamment dans le domaine Nord-Atlantique-Europe. Une des
méthodes largement utilisée pour étudier ces états préférentiels de l'atmosphère dont
le régime de blocage fait partie, et qui sont décrits dans le chapitre 2, est l'analyse en
régimes de temps (voir la section 2.2 de ce chapitre pour une explication de la
méthode).
3 Le modèle ARPEGE-Climat
Figure 17: Fréquence de blocage (basée sur Figure 18: Fréquence d'occurrence moyenne
indice de Tibaldi et Molteni) en fonction des des quatre régimes de temps sur
longitudes sur la période 1971-2000. l'Atlantique Nord, sur la période DJF 1971-
2000.
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
reproduire cette anomalie dans la stratosphère. Par ailleurs, il permet bien une
propagation de l'anomalie dans la basse stratosphère, puis dans la troposphère, mais
de manière décalée dans le temps, et sans réelle signature en surface. La version 5
semble simuler l'anomalie stratosphérique de manière plus satisfaisante, mais une
signature en surface retardée à 30 jours après l'apparition dans la stratosphère. La
configuration high-top en 41 niveaux semble retrouver les mêmes défauts que la
version 4 du modèle.
3 Le modèle ARPEGE-Climat
En résumé
4 Relaxation de la stratosphère
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
pronostiques vers des valeurs de référence. Pour les expériences dites « nudgées », un
guidage des composantes u et v du vent et de la température est imposé à chaque
pas de temps en rajoutant aux équations pronostiques du modèle un terme en
: , où x est le champs que l'on souhaite
guider, xr est le champ de référence et est le coefficient de relaxation, qui
est une fonction de la longitude, de la latitude et du niveau de pression, et dont le
profil est choisi de manière à assurer une transition progressive entre la troposphère
libre et la stratosphère relaxée. Il est réalisé en point de grille et permet donc de
choisir le domaine pour lequel on souhaite guider la stratosphère. Ainsi, le
coefficient de relaxation sera nul aux latitudes < 25°N pour le nudging extra-tropical,
et au-delà de l'intervalle pour le nudging équatorial (voir la figure
20 pour une illustration des masques de nudging). est fixé à 5 heures pour le
vent et 12 heures pour la température. Cette relaxation forte est nécessaire si l'on
veut notamment imposer une QBO réaliste ou des RSS dans le modèle. Les champs
de référence seront ici les réanalyses ERA-40 interpolées linéairement à chaque pas
de temps du modèle.
Cette étude sera effectuée sur des ensembles de cinq membres qui, pour
chacun des ensembles, diffèrent uniquement par leurs conditions initiales
atmosphériques au 1er janvier, et pour lesquels la version 4 (T63L31) du modèle a
été utilisée, la version 5 n'étant pas encore figée au moment où ces simulations ont
été lancées. Les principales caractéristiques des expériences effectuées sont les
suivantes :
4 Relaxation de la stratosphère
sont forcées vers les TSM HadISST. Le coefficient de trainée des ondes de
gravité orographiques est fixé à 0.1. Enfin, cette version n'inclut pas le module
SURFEX.
L'expérience EQN ne diffère de CTL que par son guidage de la stratosphère : Il
s'agit d'un ensemble pour lequel la stratosphère équatoriale (au-dessus de 100
hPa, entre 15°S et 15°N) a été nudgée vers ERA40.
L'expérience EXN bénéficie quant à elle d'une relaxation de la stratosphère
extra-tropicale (au-dessus de 100 hPa, au nord de 25°N).
L'expérience EXNC est un ensemble avec stratosphère extra-tropicale guidée
vers une climatologie ERA-40.
Enfin, l'expérience EXNF bénéficie d'une stratosphère extra-tropicale guidée
vers des réanalyses ERA-40 dont la haute fréquence est filtrée (<25 jours).
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
4 Relaxation de la stratosphère
Figure 22: Biais sur la moyenne du Figure 23: Erreur sur l'écart-type inter-annuel
géopotentiel à 500hPa dans l'hémisphère nord du géopotentiel à 500hPa dans l'hémisphère
- Climatologie DJF . Test de significativité à nord.
99% .
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
Figure 24: Biais de Pmer dans l'hémisphère Figure 25: Erreur sur l'écart-type inter-annuel
nord - Climatologie DJF. Test de significativité de Pmer dans l'hémisphère nord.
à 99% .
4 Relaxation de la stratosphère
Nous venons de voir l'importance d'une stratosphère réaliste pour une bonne
simulation de la variabilité hivernale extra-tropicale dans la version 4 du modèle
ARPEGE-Climat. Quel est l'effet de la variabilité haute fréquence dans la stratosphère
sur cette variabilité extra-tropicale ? Rappelons que l'expérience EXNF consiste en
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
4 Relaxation de la stratosphère
Chapitre 3 : Méthodologie et validation du modèle ARPEGE-Climat
4 Relaxation de la stratosphère
Synthèse du chapitre 3
1 Objectifs
Outre la description des outils et diagnostics utilisés, ce chapitre est consacré aux
aspects suivants:
L'évaluation du modèle ARPEGE-Climat en termes d'état moyen et de variabilité
inter-annuelle à intra-saisonnière. Les versions 4 et 5 sont comparées, et la
configuration high-top est évaluée pour la version 5.
L'analyse de tests préliminaires concernant la méthode de relaxation
stratosphérique vers les réanalyses issues du CEPMMT.
2 Résultats obtenus
4 Relaxation de la stratosphère
Une méthode pour avoir une stratosphère réaliste et ainsi pouvoir étudier son
influence sur la variabilité climatique est de la prescrire en la guidant vers les
réanalyses (technique du nudging). La relaxation de la stratosphère extra-tropicale
apporte une réelle valeur ajoutée par rapport au forçage océanique, tant sur l'état
moyen que sur la variabilité troposphérique à différentes échelles. Simuler une
stratosphère extra-tropicale "parfaite" permet en effet de corriger significativement
l'état moyen et l'écart-type inter-annuel dans la troposphère jusqu'en surface. Cela
permet également une bonne simulation des modes de variabilité hivernale
AO/NAO. Par ailleurs, la relaxation vers une stratosphère climatologique permet
déjà de reproduire des modes AO/NAO plus proches des réanalyses, suggérant que
les biais systématiques du modèle ARPEGE-Climat en terme de climatologie
stratosphérique pénalisent fortement la variabilité climatique simulée par ce
modèle. A l'échelle intra-saisonnière, une stratosphère réaliste permet d'améliorer
la simulation des processus de blocages, en particulier sur le domaine Atlantique-
Europe, qui constituent une part importante de la variabilité atmosphérique sur ces
régions. La relaxation de la stratosphère équatoriale, qui permet de reproduire la
QBO non simulée par le modèle, a également un effet positif sur les biais du
modèle, et conduit à un déplacement du jet stratosphérique d'hiver vers le pôle, via
l'interaction avec la propagation des ondes extra-tropicales. Même si cela reste
modeste, cela permet une augmentation de la variabilité stratosphérique hivernale,
qui conduit à une réponse de la variabilité en surface proche de la structure de
l'AO. Ces résultats nous incitent donc à pousser plus loin nos travaux sur la
possibilité d'améliorer la prévisibilité hivernale du modèle ARPEGE-Climat en
tentant de mieux représenter la stratosphère soit par accroissement de la
résolution verticale, soit de manière statistique. Auparavant, afin de mieux
comprendre les mécanismes en jeu, le chapitre suivant sera consacré à deux études
de cas concernant les hivers 1976-1977 et 2009-2010, qui furent exceptionnels en
terme de dynamique et de température, notamment sur l'Europe.
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
Chapitre 4
Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
Nous avons vu dans le chapitre précédent l'importance d'une stratosphère extra-
tropicale réaliste pour la représentation de l'état moyen et de la variabilité climatique aux
échelles inter-annuelle à intra-saisonnière, qui permet en particulier de simuler des modes
AO/NAO plus réalistes. Afin de mieux comprendre les mécanismes mis en jeu, intéressons-
nous à présent à l'étude des hivers 1976-1977 et 2009-2010. Ces deux hivers sont
particuliers tant d'un point de vue dynamique que par les conditions extrêmes de
températures auxquelles l'Europe fut confrontée. En particulier, tous deux présentent une
très forte persistance du régime NAO-, associée à une descente d'air polaire sur l'Europe. La
figure 1 nous montre en effet la fréquence d'occurrence hivernale (mois de Décembre à
Février) des jours classés dans le régime NAO- sur le domaine Nord-Atlantique-Europe
("NAE"), pour les années 1958 à 2010. Les hivers 1976-1977 et 2009-2010 présentent
clairement les fréquences les plus élevées des cinq dernières décennies. La similarité de ces
deux hivers va nous permettre de les comparer et de voir notamment quelles conditions
dynamiques ont pu influencer le climat extra-tropical et aboutir à ces anomalies.
1 L'hiver 2009-2010
Nous nous intéressons ici à l'analyse de ces deux hivers particuliers, via la réalisation
de simulations d'ensemble conséquentes (30 membres, qui diffèrent uniquement par leurs
conditions initiales atmosphériques) qui vont permettre à la fois d'effectuer des diagnostics
plus poussés et robustes, et d'étudier les mécanismes dynamiques en utilisant notamment la
dispersion d'ensemble. Ce chapitre se propose en particulier de répondre aux questions
suivantes :
Dans quel contexte dynamique s'est développée cette forte persistance d'une
structure de type NAO- sur la région européenne, et quelles sont les caractéristiques
stratosphériques associées ?
Quelle est la capacité du modèle ARPEGE-Climat à reproduire ces anomalies et quel
est l'impact de la résolution verticale/horizontale ?
Quelle est l'influence de la stratosphère extra-tropicale sur la reproductibilité de ces
anomalies en moyenne saisonnière et sur l'occurrence de vagues de froid sur l'Europe
?
Comment et sous quelles conditions l'anomalie stratosphérique polaire se propage-t-
elle jusque dans la basse troposphère ?
1 L'hiver 2009-2010
1.1 Motivations et protocole expérimental
L'hiver 2009-2010 fut l'un des hivers les plus froids et neigeux dans le domaine nord
américain et sur l'Europe du nord depuis plusieurs décennies, résultant d'une NAO-
persistante (Seager et al., 2010). Cette phase négative régionale reflète la phase négative
du NAM, illustrée ici par l'anomalie de géopotentiel moyennée dans le domaine "North
Polar Cap" (>60°N), et tracée sur les niveaux pression 10 hPa à 1000 hPa, pour les mois de
décembre à avril. La plus forte anomalie positive apparaît à la fin du mois de janvier, et est
visible de la stratosphère jusqu'en basse troposphère (figure 2).
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
1 L'hiver 2009-2010
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
1 L'hiver 2009-2010
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
1 L'hiver 2009-2010
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
1 L'hiver 2009-2010
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
1 L'hiver 2009-2010
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
Les diagnostics précédents ont été effectués avec une stratosphère pleinement guidée
vers les réanalyses (coefficient de relaxation à 1) pour les niveaux 10 à 70 hPa, et une
diminution progressive de la relaxation entre les niveaux hybrides situés entre 100 et 150
hPa environ. Testons à présent la capacité du modèle à reproduire les anomalies de l'hiver
2009-2010 avec une stratosphère guidée vers les réanalyses par un coefficient respectif de
1, 0.75, 0.5 et 0.25 pour les niveaux pression 10, 30, 50 et 70 hPa.
La figure 5a montre l'anomalie hivernale moyenne de géopotentiel à 500 hPa pour le
nouveau profil vertical de relaxation. Le signal saisonnier NAO est reproduit de façon
similaire au profil précédent, avec une corrélation de 0.84 avec les réanalyses, bien que
l'anomalie négative du domaine NAE soit d'intensité moindre. En surface, les anomalies de
température minimale sur l'Europe gardent une signature caractéristique de la NAO-, avec
un gradient méridien de température marqué, chaud sur le pourtour méditerranéen et froid
sur l'Europe du nord, avec toutefois une amplitude plus faible.
1 L'hiver 2009-2010
Concernant la fréquence de jours très froids (figure 5c), le nouveau profil conduit à
une légère sous-estimation du nombre de jours sur l'Europe du nord par rapport à l'ancien
profil vertical de relaxation, mais permet toutefois une nette amélioration par rapport à la
simulation « CWF », forcée uniquement par les TSM observées. Cette étude nous permet de
montrer que l'amélioration du signal saisonnier NAO- et des anomalies de températures sur
l'Europe n'est pas uniquement le résultat d'un forçage "direct" de la haute troposphère
lorsque l'on guide pleinement les quatre niveaux stratosphérique au-dessus de 100 hPa. Une
forte relaxation du niveau 10 hPa avec une transition progressive du guidage sur les trois
autres niveaux stratosphériques permet également une bonne représentation des anomalies
en moyenne saisonnière et de la fréquence de jours très froids, bien que l'amplitude des
anomalies soit plus faible. Cela confirme l'origine stratosphérique de la variabilité hivernale
troposphérique et en surface observée pendant l'hiver 2009-2010.
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
2 L'hiver 1976-1977
2.1 Motivations et protocole expérimental
L'hiver 1976-1977 présente un indice AO/NAO très négatif, avec une fréquence
hivernale de jours dans la phase NAO- remarquablement élevée (voir la figure 1). Comme
lors de l'hiver 2009-2010, un RSS majeur est apparu au cours du mois de janvier.
L'affaiblissement du vent stratosphérique polaire débute dès le mois de décembre, jusqu'au
renversement du vent le 9 janvier 1977, accompagné d'un réchauffement progressif de la
stratosphère (figure 6). Sur la coupe verticale du géopotentiel moyenné au-delà de 60°N
(figure 7), l'anomalie positive est maintenue dans la stratosphère durant tout le mois de
janvier, et s'étend sur toute la colonne atmosphérique, jusqu'en surface où elle persiste
pendant une dizaine de jours. Nous pouvons par ailleurs noter qu'un premier
affaiblissement du vortex polaire apparaît à partir de mi-décembre.
La figure 8 montre l'anomalie moyenne des flux d'EP au cours des phases de mise en
place du RSS ([-21;0], le jour 0 correspondant au renversement du vent zonal à 60 °N et 10
hPa), d'affaiblissement du vortex polaire ([1;20]) et 20 à 40 jours après l'épisode de RSS
2 L'hiver 1976-1977
([21;40]). Au cours des 20 jours précédant le début du RSS, une branche ascendante
provenant de la troposphère extra-tropicale (maximale autour de 60°N), et s'orientant vers
la stratosphère polaire, montre la propagation verticale des ondes planétaires depuis la
haute troposphère extra-tropicale. Le déferlement de ces ondes dans la stratosphère et leur
interaction avec l'écoulement moyen est illustré par la convergence des flux d'EP (contours
pointillés), et entraîne un affaiblissement du vortex polaire, qui se poursuit 20 jours après
le renversement du vent à 10 hPa. Entre 21 et 40 jours après le début du RSS, la forte
anomalie de vent zonal diminue dans la stratosphère, et les flux d'EP sont à présent
orientés vers la troposphère extra-tropicale, traduisant la propagation vers le bas de
l'anomalie par les ondes, et suggérant l'influence stratosphérique sur la troposphère après le
RSS. Notons que lors de ces trois phases, une anomalie négative du vent dans la basse
stratosphère équatoriale est visible et constante traduisant la phase Est de la QBO même si
le signal est ici plus faible et plus confiné à la basse stratosphère que pendant l'hiver 2009-
2010. Les flux d'EP au cours du RSS ne semblent d'ailleurs pas montrer d'influence directe
de la stratosphère équatoriale sur les latitudes polaires.
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
("Wave Activity Flux"), qui est une généralisation en trois dimensions des flux d'EP, et dont
une explication plus détaillée est fournie dans le chapitre 3. La figure 9 représente donc les
anomalies observées de la composante verticale du WAF quotidien, intégrées sur les
niveaux pressions, et moyennées sur les 20 jours précédant le renversement du vent zonal à
10 hPa (période [-20;0]). On identifie une anomalie positive au niveau des régions Eurasie
et Sibérie-Pacifique, confirmant une possible origine d'ondes stationnaires forcées par
l'anomalie de couverture de neige.
Comme pour l'hiver 2009-2010, le caractère reproductible de cet hiver par le modèle
ARPEGE-Climat est évalué en effectuant deux jeux de simulations d'ensemble de trente
membres forcées par les TSM observées, sur la période d'octobre 1976 à mars 1977. Ces
deux ensembles diffèrent par leurs forçages stratosphériques : l'expérience CWF est la
simulation de contrôle avec une stratosphère libre, et l'expérience CWN a une contrainte
supplémentaire sur la stratosphère extra-tropicale, qui est guidée vers les réanalyses ERA-
40 (relaxation au-dessus de 100 hPa, pour les latitudes supérieures à 25°N, avec le profil
2 L'hiver 1976-1977
L'anomalie saisonnière moyenne du géopotentiel à 500 hPa sur l'hémisphère nord est
illustrée sur la figure 10, et montre une structure caractéristique de la phase négative de
l'AO. Cette signature n'est pas simulée de manière significative par l'ensemble CWF.
L'anomalie négative du Pacifique nord, qui correspond à une réponse au signal El Niño, est
reproduite de manière significative (bien que surestimée), et une réponse trop faible
apparaît sur le secteur NAE. La difficulté à reproduire cette structure AO peut être liée à
l'absence de sensibilité à la neige, qui, comme nous l'avons vu précédemment, semble être
un facteur déterminant pour l'apparition de la phase négative de l'AO. Peings et al. (2011)
explique l'absence de cette sensibilité à la neige par les biais climatologiques du modèle
dans la représentation du vortex polaire. Il montre que la relaxation de la stratosphère
équatoriale, qui permet de repositionner le vortex (effet de la QBO sur la stratosphère
polaire), améliore la réponse du modèle à l'anomalie de neige sibérienne.
La relaxation de la stratosphère extra-tropicale (expérience CWN) permet
d'améliorer significativement la reproduction du signal AO, avec une réponse réaliste à la
fois sur le Pacifique nord et sur l'Atlantique nord (corrélation spatiale de 0.84 avec les
réanalyses).
Figure 10: Anomalies de géopotentiel à 500 hPa sur l'hémisphère nord pour
l'hiver DJFM 1976-1977, calculées par rapport à la climatologie 1971-2000,
pour: a) les réanalyses ERA-40, b) l'expérience CWF et c) l'expérience CWN.
L' intervalle des contours est de 20 mètres. Les plages colorées représentent
les anomalies significatives à 95%. R est le coefficient de corrélation spatiale
entre les anomalies simulées et les réanalyses.
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
Figure 11: Anomalies de température minimale sur l'Europe pour l'hiver DJFM 1976-1977,
calculées par rapport à la climatologie 1971-2000, pour: a) les réanalyses ERA-40, b)
l'expérience CWF et c) l'expérience CWN. Les zones pointillées représentent les anomalies
significatives à 90%. R est le coefficient de corrélation entre les anomalies simulées et les
réanalyses.
2 L'hiver 1976-1977
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
sur le Pacifique nord. Elle semble en revanche avoir un effet positif sur l'expérience avec
stratosphère extra-tropicale "parfaite".
L'augmentation de la résolution ne permet pas non plus d'améliorer
significativement la représentation de l'anomalie de température minimale (Tmin), mis à
part autour de la Norvège et la Suède. La relaxation de la stratosphère extra-tropicale
permet une meilleure simulation des anomalies de Tmin, en particulier sur l'Europe du
Nord, avec une diminution réaliste de l'amplitude sur le pourtour méditerranéen. On peut
constater que l'apport du nudging en termes de corrélation, était de 0.17 en résolution
T63L31, et passe à 0.10 avec la résolution T159L60. Par conséquent, même si la relaxation
de la stratosphère extra-tropicale permet une meilleure simulation de l'anomalie de Tmin
avec une meilleure résolution, une stratosphère mieux résolue n'apporte ici pas plus de
valeur ajoutée par rapport au seul forçage par les TSM observées qu'en configuration
T63L31.
3 Étude dynamique
Les mécanismes de mise en place des RSS par la propagation verticale d'ondes
planétaires et leur interaction avec l'écoulement moyen sont relativement bien compris.
Depuis une dizaine d'années, de nombreuses études s'intéressent davantage à la «branche
descendante» du couplage stratosphère-troposphère lors des RSS, et à l'influence de la
stratosphère sur la variabilité climatique hivernale. En particulier, Baldwin et al. (2001) ont
montré qu'un signal stratosphérique de type AO négative tend à se propager dans la
troposphère à l'échelle de plusieurs semaines. Bien que plusieurs théories se proposent
d'expliquer ces mécanismes de transmission du signal stratosphérique vers la troposphère
(voir le chapitre 2), les mécanismes physiques par lesquels la stratosphère influence la
troposphère sont encore mal compris.
De plus, certaines études montrent qu'un fort signal stratosphérique ne se propage
pas systématiquement dans la troposphère (Nakagawa et Yamazaki, 2006), et que certains
facteurs extérieurs modulent le couplage stratosphère-troposphère pendant les RSS
(Shiogama et Mukougawa, 2005). Ainsi, Nakagawa et Yamazaki (2006) ont étudié les
facteurs affectant la propagation verticale des évènements RSS vers la troposphère via
l'analyse composite de 45 années de réanalyses ERA40. Ils ont séparé les évènements en
deux populations en se basant sur la propagation de l'anomalie de température polaire dans
la troposphère: les évènements impliquant une anomalie positive à 500 hPa en moyenne
dans les 30 jours après le réchauffement (dont la date est définie comme le maximum de
température à 10 hPa) sont classés comme «propagatifs». Les évènements «non
propagatifs» correspondent aux évènements ayant une anomalie négative. Ils ont montré
notamment que les anomalies de la circulation dans la troposphère s'établissent pendant la
phase de croissance du RSS, et prennent la forme d'une structure «Eurasienne» négative
pour les membres propagatifs (structure dipolaire de géopotentiel à 500 hPa) centrée sur
l'Europe du nord et l'Asie) positive pour les non-propagatifs.
Pour les deux hivers étudiés précédemment, nous avons vu que la structure NAM-
3 Étude dynamique
Cette constatation nous incite à nous interroger sur les conditions sous lesquelles la
transmission du signal stratosphérique s'effectue, et sur un éventuel pré-conditionnement
dans la troposphère (libre dans ces simulations) qui pourrait favoriser ou non la
propagation du signal.
La difficulté de notre étude réside dans le choix d'un critère permettant de séparer
les membres en deux populations « propagatives » et « non propagatives », qui soit le plus
objectif possible tout en restant suffisamment discriminant.
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
Nous prenons ici le parti de concentrer notre intérêt davantage sur la « profondeur »
de propagation du signal, et surtout son amplitude, en écartant le problème de la rapidité
de propagation. Une possibilité est de choisir le même critère que Nakagawa et Yamazaki,
en se basant sur l'anomalie moyenne de température à 500 hPa dans les 30 jours suivant
l'apparition du RSS. Le jour d'apparition du RSS sera ici considéré comme le jour pour
lequel la diminution de l'anomalie de vent zonal à 10 hPa et 60°N est maximale (maximum
de la dérivée de l'anomalie), qui est le 22 janvier 2010. Nous avons ici séparé les 30
membres en terciles, avec la population "propagative" correspondant aux 10 membres
ayant les anomalies les plus chaudes, et la population "non propagative" les 10 membres
ayant les anomalies les plus froides.
La figure 14 montre l'anomalie de température polaire à 500 hPa pour les composites
propagatifs et non propagatifs, et permet de valider le critère de classification, avec une
anomalie généralement positive dans les trente jours suivant l'apparition du RSS pour les
membres propagatifs, et une anomalie négative pour les membres non propagatifs.
Le ralentissement du vent associé au RSS est illustré par l'anomalie de vent zonal à
300 hPa pour les deux composites. De manière cohérente avec le critère de classification,
les deux populations sont distinctes après le début du RSS, les membres propagatifs
montrant une anomalie de vent plus négative.
Ces deux séries nous permettent de valider notre critère de discrimination des deux
populations, mais ne met pas en évidence, pour ces champs-là, de différence significative
avant le RSS.
3 Étude dynamique
Figure 14: Série temporelle de l'anomalie de température (K) à 500 hPa moyennée sur la
bande 80°N-90°N (à gauche) et de l'anomalie de vent zonal (m/s) à 300 hPa moyennée sur la
bande 50°N-80°N, pour les composites « propagatifs » (ligne solide) et « non propagatifs »
(ligne discontinue). Le début du RSS est indiqué par une ligne verticale continue. Les
différences significatives à 90% entre les deux populations sont hachurées.
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
3 Étude dynamique
par construction toutes les deux un RSS et les mêmes conditions dynamiques dans la
stratosphère, elles montrent tout de même une différence de propagation des ondes
planétaires. En d'autres termes, les membres pour lesquels l'anomalie se propage dans la
troposphère semblent être ceux-là même qui ont favorisé l'apparition du RSS.
Figure 16: En haut : Flux d'Eliassen-Palm pour les membres « propagatifs » en moyenne 10
jours avant le RSS (à gauche) et 10 jours après le RSS (à droite). En bas : Différence de flux
d'EP entre les membres "propagatifs" et "non propagatifs". Différence de vent zonal en plages
colorées, significativité à 90% en pointillés.
L'interprétation de ces résultats est toutefois rendue délicate par plusieurs facteurs,
parmi lesquels l'échelle de temps relativement courte sur laquelle s'effectue la dynamique
de couplage stratosphère-troposphère. De plus la méthodologie utilisée n'est pas
nécessairement idéale pour cette étude. Si utiliser la dispersion d'ensemble de la simulation
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
Pour ces études de cas ainsi que pour les premiers tests sur la relaxation
stratosphérique avec la version 4 du modèle ARPEGE-Climat dans le chapitre 3, le profil
vertical de relaxation P 0=(1, 1, 1, 1, 0.75, 0.5, 0.25) a été appliqué aux niveaux (10 hPa,
30 hPa, 50 hPa, 70 hPa, 100 hPa, 150 hPa, 200 hPa), permettant une relaxation totale de la
stratosphère au-dessus de 100 hPa, et assurant une transition douce avec la troposphère
libre. Un test de sensibilité à ce profil vertical a été réalisé sur l'étude de cas 2009-2010, en
guidant la stratosphère avec le profil P 1=(1, 0.75, 0.5, 0.25) aux niveaux (10 hPa, 30 hPa,
50 hPa, 70 hPa) afin d'évaluer l'impact sur la reproductibilité des signaux en moyenne
saisonnière et des anomalies de température sur l'Europe.
Le chapitre suivant se penchera sur la reproductibilité de la variabilité hivernale via
des simulations d'ensembles initialisées au premier novembre. Une difficulté pour évaluer
l'impact d'une stratosphère réaliste est de trouver un compromis entre guider pleinement la
stratosphère vers les réanalyses tout en évitant le plus possible d'impacter directement la
troposphère via sa relaxation implicite. Un nouveau profil vertical P 2=(1, 1, 1, 0.5)
appliqué aux niveaux pression (10 hPa, 30 hPa, 50 hPa, 70 hPa) est ici comparé au profil
initial utilisé au chapitre 3 afin de détecter d'éventuels effets indésirables du nudging, plus
ou moins marqués selon le profil utilisé. Cette section se propose d'identifier une éventuelle
influence excessive sur la variabilité hivernale, notamment lors de signaux stratosphériques
forts comme les RSS. Nous y comparons en particulier les profils P 0 et P2 pour l'hiver 1976-
1977, en se plaçant en mode « modèle parfait » (relaxation du modèle vers sa propre
climatologie) sur deux ensembles de simulations nudgées vers les sorties d'une simulation
de contrôle (que nous appellerons C31 dans le chapitre suivant) forcée uniquement par les
TSM observées.
Si les deux profils de relaxation ne perturbent pas la dispersion d'ensemble sur le
géopotentiel à 500 hPa, elles en modifient légèrement l'état moyen (figure 19). En
particulier, le profil P0 utilisé dans ce chapitre et dans le chapitre 3 diminue le géopotentiel
de manière un peu plus significative que le nouveau profil P 2, d'une quinzaine de mètres sur
l'Amérique de nord et l'Eurasie.
4 Profil vertical de relaxation
Figure 17: Différence de géopotentiel à 500 hPa pour la saison NDJF 1976-1977 entre la
simulation de contrôle et la simulation guidée par cette même simulation avec: le profil P 0
(1,1,1,1,0.75,0.5,0.25) à gauche et le profil P2 (1,1,1,0.5) à droite. Intervalles de contours 2
m. Les différences significatives à 90% sont en plages colorées.
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
Figure 18: a) Première composante de l'EOF calculée sur la Pmer quotidienne, b) Première
composante de l'EOF calculée sur le géopotentiel quotidien à 500 hPa, pour l'expérience de
contrôle en haut, le profil P0 au milieu, et le profil P2 en bas.
Figure 20: Fonction d'auto-corrélation quotidiennes pour les modes AO (à gauche) et NAO (à
droite) pour l'hiver 1976-1977 pour: la simulation de contrôle en haut, l'ancien profil P 0 au
milieu et le nouveau profil P2 en bas. Les traits pointillés bleus indiquent les auto-corrélations
significatives au niveau de confiance 95 %. Les courbes pointillées noires représentent la
dispersion d'ensemble des auto-corrélations.
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
Synthèse du chapitre 4
1 Questions posées
2 Résultats obtenus
Les deux hivers étudiés présentent des conditions dynamiques similaires avec
renversement du vent stratosphérique à 10 hPa, réchauffement de la stratosphère
polaire, et structure de type AO négative en surface. Néanmoins, les mécanismes
à l'origine de cet affaiblissement du vortex polaire semblent quelque peu
distincts:
Pour l'hiver 2009-2010, plusieurs éléments ont pu agir sur le vortex polaire. Tout
d'abord, l'hiver 2009-2010 est marqué par un fort Niño qui a pu favoriser la phase
négative de l'AO, même si la réponse de la stratosphère polaire lors d'épisodes
Niño n'est pas systématique. Ensuite, l'anomalie de neige observée en octobre
2009 sur l'Eurasie a vraisemblablement forcé les ondes planétaires dans la
troposphère, qui se sont ensuite propagées dans la stratosphère polaire. D'autre
part, la phase Est de la QBO semble être à l'origine d'un confinement de l'activité
ondulatoire dans les hautes latitudes. Ces différents forçages, mis en évidence par
les flux d'Eliassen-Palm, ont probablement affecté la circulation zonale dans la
stratosphère polaire.
4 Profil vertical de relaxation
Chapitre 4 : Étude des hivers 2009-2010 et 1976-1977
L'expérience avec une stratosphère guidée vers les réanalyses pour l'hiver 2009-
2010 montre une dispersion d'ensemble dans la troposphère qui peut être
exploitée pour séparer les membres en deux populations selon leur réponse
troposphérique au réchauffement stratosphérique soudain, qui est par
construction imposé pour chacun des membres. Différents diagnostics ont été
testés afin de voir si, pour une même variabilité stratosphérique, il existe ou non
un pré-conditionnement dans la troposphère qui favoriserait une réponse
troposphérique au réchauffement stratosphérique. Il s'avère qu'aucun pré-
conditionnement flagrant n'a été révélé, bien qu'une différence de flux verticaux
d'Eliassen-Palm avant le RSS soit observée entre les deux populations. La
méthodologie utilisée, qui fait intervenir la relaxation de la stratosphère vers les
réanalyses, permet d'isoler les différents comportements troposphériques pour
des membres ayant une même variabilité dans la stratosphère, mais n'est pas
nécessairement adaptée à cause des interactions à double-sens qui ont lieu dans
une échelle de temps relativement courte entre la stratosphère et la troposphère
lors d'évènements de type RSS. Une étude basée sur les différents RSS qui ont
lieu dans les réanalyses, ou bien sur un ensemble de simulations avec
stratosphère libre initialisées avant le début du RSS, pourrait être effectuée afin
de laisser ces interactions libres, et étudier les mécanismes dynamiques associés.
!""#
Chapitre 5
Prévisions d'ensemble avec TSM observées
sur la période 1958-2007
$
Au sein de chaque ensemble, les membres diffèrent uniquement par les états initiaux
utilisés. Le premier membre est réalisé en utilisant un restart (fichier de conditions initiales)
issu des réanalyses ERA40 ou ERA-Interim selon l'année. Pour les autres membres, les
restarts atmosphériques perturbés sont issus d'une simulation d'une journée à partir du
restart parfait, chaque simulation étant effectuée avec une namelist légèrement différente
(coefficient de diffusion légèrement modifié). En surface, tous les restarts sont issus d'une
seule et même simulation SURFEX offline.
Ce chapitre est dans un premier temps consacré à l'étude de l'effet de la résolution
verticale de la stratosphère via la comparaison des ensembles C31 (version low-top, 31
niveaux, toit du modèle à 10 hPa) et C41 (version high-top, 41 niveaux, toit du modèle à
0.1 hPa). La seconde partie du chapitre est consacrée à l'étude de l'effet de la relaxation de
la stratosphère soit globale (NGP), soit équatoriale (NEP, relaxation dans la bande [15°S-
15°N]), avec le dernier profil de relaxation (1,1,1,0.5) testé au chapitre précédent .
!
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Climatologie hivernale
En termes de climatologie, l'effet de la configuration high-top est identique à ce qui
avait été observé dans le chapitre 3. En particulier, la figure 1 permet d'identifier la
localisation en latitudes du jet stratosphérique polaire, et montre que l'ensemble C31 simule
une bonne saisonnalité du vortex, mais celui-ci est décalé d'une quinzaine de degrés vers le
sud par rapport aux réanalyses, avec une intensité moindre. La configuration high-top
semble amplifier le biais stratosphérique polaire, principalement en fin d'hiver.
%
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équatoriale (qui nous sert à définir la QBO), et permet de visualiser la rapidité de la dérive
des simulations C31 et C41 dans la stratosphère polaire. On y constate d'une part que l'effet
de l'initialisation persiste une vingtaine de jours, pendant lesquels les deux expériences
restent proches des réanalyses. Les simulations retournent vers leurs climatologies
respectives (L31V5 et L41V5) en l'espace d'un mois pour C41, et d'environ deux mois pour
C31. D'autre part, l'expérience C31 reproduit une évolution du vent zonal plus fidèle aux
réanalyses, non seulement parce que l'effet de l'initialisation semble un peu plus persistant,
mais également parce que sa climatologie est déjà meilleure que celle de C41. Dans la
bande équatoriale, l'ensemble low-top retourne vers sa climatologie au bout d'un mois. La
configuration high-top se rapproche plus lentement vers sa climatologie et montre un cycle
annuel bien plus fidèle aux réanalyses.
Figure 2: Cycle annuel moyen du vent zonal à 50 hPa moyenné sur la boîte [55°N-65°N;180°E-
180°W] à gauche et du vent zonal à 30 hPa moyenné sur la boîte [5°S-5°N;180°E-180°W] à droite,
pour les réanalyses era40 en noir, l'ensemble C41 en bleu, la simulation climatologique L41V5 en
ligne discontinue bleue, l'ensemble C31 en rouge, et la simulation climatologique L31V5 en ligne
discontinue rouge. Les lignes fines pointillées représentent les moyennes +/- un écart-type inter-
annuel.
Variabilité inter-annuelle
En termes de variabilité inter-annuelle, voyons comment nos simulations d'ensemble
reproduisent les principaux modes de variabilité que sont l'AO et la NAO. Comme dans le
chapitre 3, une analyse en EOF permet d'identifier ces modes de variabilité, mais de
manière plus robuste sur 31 membres de 50 ans de simulation. La figure 3a montre la
structure zonale caractéristique du mode AO, avec les centres d'actions sur les régions
arctiques et les moyennes latitudes, qui explique 28% de la variance totale dans
l'hémisphère nord. Cette structure est bien représentée par l'ensemble C31, bien que
)
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décalée vers l'est. La configuration high-top donne une structure similaire, qui explique une
part plus importante de variance totale. La NAO est quant à elle définie comme la première
composante de l'EOF calculée sur le géopotentiel à 500 hPa sur le domaine Atlantique-
Nord-Europe (figure 3b). La structure produite par les ensembles C31 et C41 n'est pas
caractéristique de la NAO, qui semble correspondre à la seconde EOF (figure 3c).
Figure 3: Modes de variabilité hivernaux dans l'hémisphère nord - Basés sur a) la première
composante de l'EOF de la pression au niveau de la mer pour l'AO, b) la première et c) la
seconde composante de l'EOF du géopotentiel à 500 hPa (domaine Atlantique Nord-Europe)
pour la NAO.
Variabilité intra-saisonnière
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*
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Dans la stratosphère polaire, la simulation de l'indice PNJ ("Polar Night Jet", basé sur
les anomalies de vent zonal à 50 hPa en moyenne sur la boîte [55°N-65°N;180°W-180°E])
est satisfaisante et équivalente au mois de novembre pour les deux ensembles (figure 7).
Pour la saison DJF, les expériences C31 et C41 montrent en revanche une difficulté à
reproduire l'évolution temporelle de l'indice PNJ, notamment les ralentissements du jet liés
à l'occurrence de RSS. C31 semble avoir une dispersion moins importante, cohérente avec
l'accroissement de variabilité identifié à 10 hPa dans C41 (voir les figures 4 et 5). Certaines
anomalies semblent plus réalistes, en particulier lors de forçage ENSO forts (notamment
#
! &'' '( (
Figure 7: Séries temporelles de l'indice PNJ ("Polar Night Jet") sur la période
1958-2007, basé sur les anomalies de vent zonal à 50 hPa en moyenne sur la
boîte [55°N-65°N;180°W-180°E] pour le mois de novembre (en haut) et la
saison DJF (en bas) pour les ensembles C31 et C41. Pour chaque expérience
(en rouge), les anomalies en moyenne d'ensemble (ligne épaisse) sont
comparées aux réanalyses ERA-40 (en noir). Les lignes fines rouges
discontinues représentent la dispersion d'ensemble (écart type de +/- 1), et les
anomalies minimum et maximum sont indiquées en lignes fines rouges
continues. R est le coefficient de corrélation entre l'anomalie moyenne des
expériences et des réanalyses.
!""#
, où n est la taille de l'échantillon (nombre de pas de temps et
de points de grilles) et et Xobs sont les anomalies simulées (en moyenne d'ensemble)
ou observées par rapport à la climatologie. La dispersion d'ensemble D est quant à elle
définie comme l'écart-type autour de la moyenne d'ensemble des champs de géopotentiel :
, où m est le nombre de membres et est la moyenne d'ensemble
des champs de géopotentiel.
L'erreur est plus élevée pour la configuration high-top tout au long de la saison, mise
à part en fin d'hiver, et est maximale au mois de janvier. Si la dispersion d'ensemble de
l'expérience C31 est moins élevée sur la saison DJF, elle tend à augmenter progressivement
jusqu'à atteindre une dispersion équivalente à la version high-top. Notons par ailleurs que
l'erreur des deux simulations est plus grande que la variabilité inter-annuelle observée à
partir du mois de décembre. Dans la troposphère, les deux ensembles ont un comportement
similaire en termes à la fois de dispersion et d'erreur quadratique, qui reste supérieur à
l'écart-type observé tout au long de la simulation.
! &'' '( (
un signal QBO satisfaisant bien que de trop faible amplitude, la configuration high-top ne
semble donc pas apporter de bénéfice dans la stratosphère sur la saison DJF. La section
suivante s'intéresse à une évaluation plus précise des scores quotidiens pour les simulations
C31 et C41.
Étant donné que la configuration high-top ne semble pas avoir d'effet majeur en
moyenne sur la saison DJF, cette section se propose d'évaluer de manière comparative les
scores quotidiens des expériences C31 et C41 dans la stratosphère, et de voir l'effet de
l'initialisation en début de simulation.
L'évaluation du score basé sur le géopotentiel dans le domaine "North Polar Cap" est
illustrée par la figure 9, qui montre l'évolution quotidienne du score relatif de C41 par
rapport à C31 sur les niveaux pressions. Ce "skill score" est tel que défini par Roff et al.
(2011), et fait intervenir le rapport des erreurs quadratiques moyennes de deux expériences
exp1 et exp2 :
Figure 9: Skill score quotidien (en %) tel que Figure 10: Skill score quotidien (en %) tel
défini par Roff et al. (2011) pour l'expérience que défini par Roff et al. (2011) pour les
C41 par rapport à C31, calculé sur le expériences C41 (en bleu) et C31 (en rouge)
géopotentiel sur le domaine "North Polar Cap", par rapport au skill score climatologique,
tracé sur les niveaux pressions en fonction des calculé sur le géopotentiel à 10 hPa sur le
jours. domaine "North Polar Cap", en fonction des
jours.
Une valeur positive (rouge) du skill score indique donc une amélioration relative du
score de C41 par rapport à C31. La figure 9 nous montre que les scores des deux ensembles
sont équivalents dans la troposphère et au-delà du premier mois dans la stratosphère. En
particulier, la configuration high-top ne montre un avantage dans la stratosphère polaire
!"
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que pendant les dix premiers jours de la simulation, avant d'être "dépassée" par l'expérience
C31. Cette fenêtre de 10 jours correspond à la période pendant laquelle les scores de
chacune des expériences tendent à se rapprocher de leurs scores relatifs à la climatologie
(figure 10).
Ces diagnostics permettent une étude comparative des erreurs quadratiques des
deux ensembles, mais ne donne pas d'informations sur leurs corrélations avec les réanalyses
ni sur leurs variances respectives. Le diagramme de Taylor permet de rassembler ces
différentes informations sur un même graphique, et résume le degré de correspondance
entre les modèles et les réanalyses. Nous proposons ici d'évaluer, pour chaque jour et
chaque simulation, le score basé sur la corrélation spatiale du géopotentiel sur le domaine
« North Polar Cap ». Chaque point du diagramme est placé de manière à ce que la distance
par rapport à l'origine soit égale à l'écart-type de la simulation d'ensemble. Sa position
azimutale donne la valeur du coefficient de corrélation entre le modèle et les réanalyses
(voir Taylor 2001 pour des informations plus détaillées). La figure 11 montre le suivi
quotidien de ces informations sur les champs de géopotentiel à 10 hPa et 500 hPa, pour
chacune des expériences C31 et C41. Le diagramme de Taylor présente donc ici quatre
séries de valeurs (120) dont le premier jour (1 er novembre) se situe aux alentours de l'arc
d'écart-type 1. Comme nous l'avons constaté sur les diagnostics précédents, les scores de
l'ensemble C41 dans la stratosphère (en bleu) sont meilleurs que C31 dans les 10 premiers
jours, puisqu'ils présentent une plus forte corrélation avec les réanalyses et un écart-type
normalisé plus proche de 1.
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Les deux configurations sont similaires sur quelques jours, puis se séparent ensuite,
C31 se rapprochant d'une corrélation de 0,8. La version high-top présente donc un
avantage dans la stratosphère polaire qui ne se maintient que les dix premiers jours, à la
fois grâce à une meilleure corrélation et une meilleure variance. Dans la troposphère, les
versions high-top et low-top sont similaires tout au long de la simulation.
En résumé
Bien que l'on s'attende à retrouver des résultats similaires aux tests préliminaires
effectués au chapitre 3 au vu de l'impact limité de l'initialisation atmosphérique, ces
diagnostics sont effectués avec une nouvelle version d'ARPEGE-Climat, et avec un profil
vertical de relaxation différent (voir le chapitre 4). De plus, le nombre d'hivers utilisés (50
ans) permet d'assurer des résultats plus robustes. Cette section se propose donc de
comparer les scores de "prévision" saisonnière pour les ensembles libres et nudgés en termes
de corrélations avec les réanalyses dans la troposphère et en surface. Nous comparerons
d'une part l'effet de la relaxation stratosphérique globale (expérience NGP) par rapport au
seul forçage par les TSM observées (expérience C31), et d'autre part l'effet de la relaxation
de la stratosphère équatoriale et donc de la QBO (expérience NEP). Seule l'expérience C31
sera utilisée pour ces comparaisons, les configurations low-top et high-top étant très
!!
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proches.
+ , - "" ./0 + , - "" 123 + , ! ./0 + , ! 123
Figure 12: Distribution en points de grille de la Figure 13: Distribution en points de grille de
corrélation temporelle sur la période 1958- la corrélation temporelle sur la période 1958-
2007 entre la moyenne d'ensemble des 2007 entre la moyenne d'ensemble des
simulation C31 (31 et 5 membres), NEP et simulation C31 (31 et 5 membres), NEP et
NGP et les anomalies observées pour le NGP et les anomalies observées pour la
géopotentiel à 500 hPa. a) Anomalies du mois température à deux mètres. a) Anomalies du
de novembre. b) Anomalies de l'hiver DJF. mois de novembre. b) Anomalies de l'hiver
(Mean est la corrélation moyenne sur DJF. (Mean est la corrélation moyenne sur
l'hémisphère nord). l'hémisphère nord).
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% &'' $ 4
Nous avions déjà vu dans la section précédente que la simulation de l'indice PNJ
dans la stratosphère polaire est satisfaisante dans l'expérience de contrôle pour le mois de
novembre en raison de l'initialisation à partir des données du CEPMMT. Bien que la QBO ait
un impact significatif sur la variabilité dans la stratosphère polaire, imposer la QBO
« observée » dans le modèle donne une corrélation de l'indice PNJ équivalente, mais semble
réduire de manière excessive (ensemble sous-dispersif) la dispersion d'ensemble de
l'expérience (figure 14). Pour permettre une comparaison propre des expériences, nous
montrons ici pour C31 les résultats issus à la fois des 31 membres et des 5 premiers
membres pour DJF, la dispersion étant plus importante avec 31 membres. Le coefficient de
corrélation avec les réanalyses est également plus faible que pour un ensemble de 31
membres. L'apport d'une stratosphère équatoriale parfaite est surtout visible sur la saison
DJF, puisqu'elle permet d'améliorer légèrement la prévisibilité du PNJ au sens déterministe
(moyenne d'ensemble), mais cette dernière reste faible. Nous ne montrons pas ici l'indice
PNJ pour la simulation NGP puisque par construction, elle le reproduit parfaitement.
Afin d'évaluer la simulation de la circulation troposphérique dans le domaine
Atlantique-Nord-Europe, la figure 15 montre les séries temporelles de l'indice NAO sur la
période 1958-2007, pour le mois de novembre et la saison DJF. Alors que l'ensemble de
contrôle C31 peine à reproduire l'évolution de l'indice NAO avec une forte dispersion pour
la saison DJF, l'ensemble NGP permet une meilleure simulation de ce mode (corrélation de
0.62 avec les réanalyses), avec une amplitude plus élevée et une dispersion moindre (y
compris à nombre équivalente de membres).
La relaxation stratosphérique apporte une valeur ajoutée jusqu'en surface puisqu'elle
permet également d'améliorer la prévisibilité des anomalies saisonnières de température à
deux mètres sur l'Europe du nord (figure 16). Ces résultats confirment l'importance d'une
stratosphère réaliste pour la reproductibilité de la variabilité climatique hivernale dans
l'hémisphère nord, avec en particulier un indice NAO et des anomalies de températures de
surface plus réalistes, de manière cohérente avec les résultats de Douville (2009).
!)
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Figure 14: Séries temporelles de l'indice PNJ ("Polar Night Jet") sur la période 1958-2007, basé
sur les anomalies de vent zonal à 50 hPa sur la boite [55°N-65°N;180°W-180°E] pour le mois
de novembre (en haut) et la saison DJF (en bas) pour les ensembles C31 et NEP. Pour chaque
expérience (en rouge), les anomalies en moyenne d'ensemble (ligne épaisse) sont comparées
aux réanalyses ERA-40 (en noir). La figure e) montre la série temporelle DJF pour la moyenne
des cinq premiers membres de C31. Les lignes fines rouges discontinues représentent la
dispersion d'ensemble (écart type de +/- 1), et les anomalies minimum et maximum sont
indiquées en lignes fines rouges continues. R est le coefficient de corrélation entre l'anomalie
moyenne des expériences et des réanalyses.
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Figure 15: Séries temporelles de l'indice NAO sur la période 1958-2007 pour les expériences C31
et NGP, d'une part pour le mois de novembre et pour la saison DJF. Pour chaque expérience (en
rouge), les anomalies en moyenne d'ensemble (ligne épaisse) sont comparées aux réanalyses
ERA-40 (en noir). La figure e) montre la série temporelle DJF pour la moyenne des cinq
premiers membres de C31. Les lignes fines rouges discontinues représentent la dispersion
d'ensemble (écart type de +/- 1), et les anomalies minimum et maximum sont indiquées en
lignes fines rouges continues. R est le coefficient de corrélation entre l'anomalie moyenne des
expériences et des réanalyses.
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Figure 16: Séries temporelles de la température à deux mètres moyennée sur l'Europe du nord
(boîte [50°N-70°N;20°W-40°E]) sur la période 1958-2007 pour les expériences C31 et NGP, pour
le mois de novembre et la saison DJF. Pour chaque expérience (en rouge), les anomalies en
moyenne d'ensemble (ligne épaisse) sont comparées aux réanalyses CRU3 (en noir). La figure e)
montre la série temporelle DJF pour la moyenne des cinq premiers membres de C31. Les lignes
fines rouges discontinues représentent la dispersion d'ensemble (écart type de +/- 1), et les
anomalies minimum et maximum sont indiquées en lignes fines rouges continues. R est le
coefficient de corrélation entre l'anomalie moyenne des expériences et des réanalyses.
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% &'' $ 4
Afin d'évaluer les scores troposphériques dans l'hémisphère nord pour chacune des
expériences, la figure 17 montre la série temporelle des corrélations spatiales des anomalies
saisonnières de géopotentiel à 500 hPa sur l'hémisphère nord extratropical. La corrélation
spatiale est généralement meilleure avec une stratosphère parfaite (NGP, en bleu), mise à
part sur certains hivers comme 1981-1982. Cet hiver correspond pourtant à l'occurrence
d'un RSS, ce qui indique notamment que simuler un RSS n'engendre pas systématiquement
un meilleur score sur le Z500, en particulier s'il n'est pas suivi d'un signal caractéristique
dans la troposphère. Par ailleurs, si cet hiver présente un RSS selon le critère de l'OMM
(renversement de vent zonal à 10 hPa), il ne s'agit pas d'un évènement majeur comme
l'indiquent Charlton et Polvani (2007), et ne présente qu'une faible anomalie de
température stratosphérique polaire. Notons cependant que la plupart des hivers présentant
un RSS (marqués par des cercles noirs) sont mieux simulés par NGP qu'en moyenne sur
tous les hivers. L'ajout d'une QBO réaliste par relaxation de la stratosphère équatoriale
(NEP, en vert) donne généralement des scores équivalents à l'expérience de contrôle (C31,
en rouge), si ce n'est sur quelques hivers particuliers marqués par un fort signal QBO
(1976-1977, 1985-1986). Il convient de souligner encore une fois l'importance de la taille
de nos ensembles : prendre 5 membres pour C31(en orange) conduit en effet à une
corrélation moyenne plus faible que pour 31 membres.
Figure 17: ACC spatiale des prévisions saisonnières de géopotentiel à 500 hPa
sur l'hémisphère nord extra-tropical par rapport aux réanalyses sur la période
1958-2007. Contrairement aux figures précédentes, l'année n correspond à
l'hiver n/n+1. Les hivers présentant un RSS sont représentés par des cercles
pleins noirs sur la courbe bleue. Les lignes horizontales indiquent les ACC
moyennes pour chacune des expériences.
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Nous avons vu dans cette section qu'une stratosphère parfaite permet d'améliorer la
reproductibilité de la variabilité inter-annuelle hivernale dans l'hémisphère nord dans la
troposphère et en surface. La relaxation de la stratosphère équatoriale permet une
meilleure simulation de l'indice PNJ du fait de l'influence de la QBO sur la variabilité
stratosphérique polaire, mais donne des scores équivalents à C31 (moyenne des cinq
premiers membres) dans la troposphère. La section suivante s'intéresse plus finement à la
capacité du modèle à reproduire les anomalies DJF dans la stratosphère et la troposphère
jusqu'en surface, en étudiant séparément la réponse aux forçages QBO et ENSO.
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123 %) ' 123 -" 9+ 123 56/ ' 123 -" 9+
Figure 19: Composites DJF du géopotentiel à Figure 20: Composites DJF du géopotentiel à
10 hPa pour les réanalyses et les moyennes 10 hPa pour les réanalyses et les moyennes
d'ensemble des expériences C31, NGP et NEP. d'ensemble des expériences C31, NGP et NEP.
La climatologie est représentée en contours La climatologie est représentée en contours
noirs. Les anomalies significatives à 90 % noirs. Les anomalies significatives à 90 %
sont délimitées par un contour rouge épais. sont délimitées par un contour rouge épais.
R est le coefficient de corrélation entre les R est le coefficient de corrélation entre les
ensembles et les réanalyses. ensembles et les réanalyses.
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Figure 21: Composites DJF du géopotentiel à Figure 22: Composites DJF du géopotentiel à
500 hPa pour les réanalyses et les moyennes 500 hPa pour les réanalyses et les moyennes
d'ensemble des expériences C31, NGP et NEP. d'ensemble des expériences C31, NGP et NEP.
La climatologie est représentée en contours La climatologie est représentée en contours
noirs. Les anomalies significatives à 90 % noirs. Les anomalies significatives à 90 %
sont délimitées par un contour rouge épais. sont délimitées par un contour rouge épais.
R est le coefficient de corrélation entre les R est le coefficient de corrélation entre les
ensembles et les réanalyses. ensembles et les réanalyses.
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123 %) ' 123 ! 9:+ 123 56/ ' 123 ! 9:+
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Le fait de guider la QBO vers les données du CEPMMT dans le modèle n'a pas
d'effets positifs, notamment aux extra-tropiques. En particulier, la réponse du modèle aux
forçages QBO et ENSO ne semble pas particulièrement améliorée dans l'expérience NEP.
Comme nous l'avions vu dans les réanalyses du CEPMMT (voir le chapitre 2), il existe des
effets non-linéaires entre les différents forçages qui peuvent moduler cette réponse. La non-
additivité des forçages QBO et ENSO est également présente dans le modèle, comme le
montre une analyse en double composites du géopotentiel à 500 hPa.
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) &./ 56/
de la QBO. De la même manière pour l'expérience NEP, alors que les réponses aux forçages
individuels sont marginales (à part pour les années Niño), la réponse de la troposphère est
plus forte pour les forçages combinés QBOE/Niño et QBOW/Niña. En revanche, elle ne
semble pas améliorée par rapport à celle mise en évidence dans l'expérience de contrôle (cf.
figure 25) relativement aux réanalyses issues du CEPMMT (figure 27).
Figure 26: Même figure que la figure 25, mais pour l'expérience
NEP.
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) &./ 56/
ensembles NGP et C31, pour chacune des années 1958 à 2007. Elle met en évidence les
mois correspondant à un vortex polaire fort (en bleu) ou à un vortex polaire faible (en
rouge), afin de voir si l'amélioration des scores dans NGP est surtout liée au signal
correspondant à un affaiblissement ou un renforcement du vortex stratosphérique polaire.
Figure 28: Scores troposphériques basés sur la corrélation entre les ensembles NGP/C31 (cinq
membres chacun) et les réanalyses pour le géopotentiel à 500 hPa sur l'hémisphère nord
extra-tropical, pour les mois de décembre, janvier et février sur la période 1958-2007. Les
mois présentant un vortex polaire faible (tercile supérieur du géopotentiel à 10 hPa sur le
domaine North Polar Cap) sont représentés en rouge, et les mois présentant un vortex polaire
fort sont en bleu.
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Dans un premier temps, on peut noter que les corrélations sont généralement plus
élevées en janvier, qui est le mois présentant la fréquence la plus élevée de RSS (voir la
figure 4 de ce chapitre), et les années présentant un affaiblissement du vortex polaire
semblent majoritairement mieux simulées par l'ensemble NGP. Notons par ailleurs que pour
le mois de février, les scores semblent plus faibles dans les deux ensembles pour les mois
présentant un vortex anormalement fort. De plus, l'hiver 1981-1982 qui semblait mal
simulée par l'ensemble NGP en moyenne hivernale alors qu'il correspond à une occurrence
de RSS au mois de décembre, donne un score de 0.6 sur les mois de janvier et février, pour
lesquels l'anomalie stratosphérique de géopotentiel est la plus forte.
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) &./ 56/
Synthèse du chapitre 5
1 Questions posées
2 Résultats obtenus
En accord avec les tests préliminaires réalisés sans initialisation avec la version 4
du modèle ARPEGE-Climat, une stratosphère réaliste globale conduit à une
amélioration de l'état moyen et de la variabilité dans la troposphère, et permet
d'améliorer la prévisibilité du mode NAO. Néanmoins, les résultats sont ici moins
spectaculaires, probablement en raison de l'utilisation d'un profil vertical de
relaxation différent par rapport aux tests préliminaires, mais qui présente
l'avantage de moins perturber le couplage stratosphère-troposphère et la
persistance des principaux modes de variabilité que sont l'AO et la NAO (voir la
dernière section du chapitre 4).
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Chapitre 6 : Conclusion
Chapitre 6
Conclusion
État de l'art
141
Ainsi, au delà des quelques études de cas publiées (ex : Scaife et Knight 2008), le
gain à attendre d'une simulation « aussi réaliste que possible » de la stratosphère en matière
de prévision saisonnière demeure une grande inconnue. En faisant le tour des forçages
répertoriés de la variabilité du vortex stratosphérique polaire (ENSO, QBO, enneigement
Eurasiatique, éruptions volcaniques, activité solaire), le chapitre 2 suggère qu'il existe une
certaine prévisibilité de la stratosphère à l'échelle saisonnière, mais celle-ci semble relever
d'interactions non-linéaires entre ces différents forçages, autant qu'on puisse en juger sur
les 50 années de réanalyses que nous avons utilisées au cours de cette thèse. Par ailleurs, la
question des biais troposphériques et de leur impact sur l'effet d'une stratosphère plus
réaliste est également posée.
Pour ce faire, des tests préliminaires ont dans un premier temps été effectués sur le
modèle ARPEGE-Climat du Centre National de Recherches Météorologiques (CNRM), et
sont décrits dans le chapitre 3. Il a été question de valider les versions 4 et 5 du modèle,
successivement mises en places au CNRM au cours de cette thèse, en termes d'état moyen
et de variabilité inter-annuelle à intra-saisonnière, sur des simulations de type AMIP
(forcées par les TSM) sur la période 1971-2000. Les principales différences entre les
versions 4 et 5 du modèle ARPEGE-Climat se résument à l'utilisation d'un nouveau schéma
radiatif ainsi qu'à l'utilisation du module de surface continentale SURFEX dans la version 5.
Ces modifications ont permis de corriger un biais chaud systématique en surface aux hautes
latitudes, et de diminuer certains biais sur l'état moyen hivernal tant dans la troposphère
que dans la stratosphère. Comme la plupart des modèles de circulation générale (Maycock
2011), ARPEGE-Climat simule un vortex stratosphérique polaire d'intensité trop faible et
décalé vers le sud, associé à une sous-estimation de la divergence des flux d'Eliassen-Palm
traduisant l'affaiblissement du jet stratosphérique d'hiver. La version 5 permet de corriger
en partie ces biais, mais pas de repositionner le jet vers le pôle. Par ailleurs, l'ancienne
version du modèle montre une variabilité stratosphérique trop faible, qui souligne
notamment la difficulté à reproduire les extrêmes de vent zonal dans la stratosphère, et qui
est améliorée dans la version 5. A l'échelle intra-saisonnière, quelle que soit la résolution
verticale utilisée, le modèle peine à simuler une stratosphère réaliste, à reproduire une
bonne variabilité et à maintenir la persistance des fortes anomalies stratosphériques, ce qui
peut avoir un effet sur la propagation en surface de tels signaux.
Une méthode pour avoir une stratosphère réaliste et ainsi pouvoir étudier son
influence sur le climat de surface et les interactions stratosphère-troposphère est de la
prescrire en utilisant la technique du nudging, utilisée notamment par Douville (2009) ou
Jung et al. (2011) pour étudier l'influence du vortex polaire sur la variabilité hivernale dans
l'hémisphère nord. Le chapitre 3 a permis de confirmer qu'une stratosphère extra-tropicale
réaliste apporte une réelle valeur ajoutée par rapport au seul forçage océanique, tant sur
l'état moyen que sur la variabilité troposphérique à différentes échelles. Simuler une
stratosphère extra-tropicale "parfaite" permet en effet de corriger significativement l'état
moyen et l'écart-type inter-annuel dans la troposphère jusqu'en surface. Cela permet
également une bonne simulation des modes de variabilité hivernale AO/NAO. Par ailleurs,
la relaxation vers une stratosphère climatologique permet déjà de reproduire des modes
142
Chapitre 6 : Conclusion
AO/NAO plus proches des réanalyses, suggérant que les biais systématiques du modèle
ARPEGE-Climat en terme de climatologie stratosphérique pénalisent fortement la variabilité
climatique simulée par ce modèle. A l'échelle intra-saisonnière, une stratosphère réaliste
permet d'améliorer la simulation des processus de blocages, en particulier sur le domaine
Atlantique-Europe, qui constituent une part importante de la variabilité atmosphérique sur
ces régions. La relaxation de la stratosphère équatoriale, qui permet de reproduire la QBO
non simulée par le modèle, a également un effet positif sur les biais du modèle, et conduit à
un déplacement du jet stratosphérique d'hiver vers le pôle, via l'interaction avec la
propagation des ondes extra-tropicales. Même si cela reste modeste, cela permet une
augmentation de la variabilité stratosphérique hivernale.
L'hiver 2009-2010 fut marqué par un fort Niño qui a pu favoriser la phase négative
de l'AO, même si la réponse de la stratosphère polaire lors d'épisodes El Niño n'est pas
systématique. Ensuite, l'anomalie de neige observée en octobre 2009 sur l'Eurasie a
vraisemblablement forcé les ondes planétaires dans la troposphère, qui se sont ensuite
propagées dans la stratosphère polaire. D'autre part, la phase est de la QBO semble être à
l'origine d'un confinement de l'activité ondulatoire dans les hautes latitudes. Ces différents
forçages, mis en évidence par les flux d'Eliassen-Palm, ont probablement affecté la
circulation zonale dans la stratosphère polaire.
143
par le modèle ARPEGE-Climat uniquement forcé par les TSM observées, qui ne parvient
qu'à capturer la réponse au signal ENSO sur le Pacifique. L'importance d'une stratosphère
réaliste pour la variabilité hivernale a ainsi été confirmée pour ces deux hivers. En
particulier, la relaxation de la stratosphère extra-tropicale permet une meilleure simulation
du signal NAO- en moyenne saisonnière, ainsi que des anomalies de température et
l'occurrence de jours très froids sur l'Europe.
Dans les ensembles «nudgés», bien que tous les membres aient la même variabilité
dans la stratosphère extra-tropicale et reproduisent donc tous les RSS observés, ils ne
répondent pas à ce forçage de manière identique dans la troposphère. La dispersion
d'ensemble de la simulation nudgée pour l'hiver 2009-2010 a été utilisée afin de déterminer
si, pour une même variabilité stratosphérique, il existe ou non un pré-conditionnement
dans la troposphère qui favoriserait une réponse au réchauffement stratosphérique. Un
critère basé sur l'anomalie de température polaire à 500 hPa a été appliqué afin de séparer
les membres en une population dite «propagative» (anomalie positive) et une population
«non propagative». Si un pré-conditionnement troposphérique n'est pas flagrant, les
diagnostics effectués ont montré une différence de flux d'Eliassen-Palm entre les deux
populations avant le RSS, ainsi qu'une anomalie de géopotentiel à 500 hPa au pôle plus
forte pour les membres «propagatifs», qui se renforce dans les vingt jours suivants le RSS,
de manière cohérente avec notre critère de discrimination. Ces résultats suggèrent que les
membres qui répondent favorablement à l'anomalie stratosphérique présentent déjà une
anomalie chaude dans la troposphère polaire avant le RSS. Cependant, si la relaxation de la
stratosphère vers les réanalyses permet d'isoler les différents comportements
troposphériques pour des membres ayant une même variabilité dans la stratosphère, cette
méthode n'est pas nécessairement sans ambiguïté à cause des interactions qui ont lieu à des
échelles de temps relativement courtes entre la stratosphère et la troposphère lors
d'évènements de type RSS. Une solution alternative pour étudier les mécanismes liés aux
RSS en laissant ces interactions libres serait d'effectuer des ensembles de simulations avec
stratosphère libre, initialisés plus ou moins longtemps avant le début du RSS.
144
Chapitre 6 : Conclusion
En accord avec les tests préliminaires effectués sans initialisation sur la version 4 du
modèle ARPEGE-Climat, une relaxation de la stratosphère vers les données du CEPMMT
entraîne une amélioration de l'état moyen et de la variabilité dans la troposphère, ainsi que
de la prévisibilité du mode NAO. Les résultats semblent cependant moins spectaculaires,
probablement en raison du nouveau profil vertical de relaxation utilisé. Si la relaxation de
la stratosphère équatoriale améliore la prévisibilité de l'indice PNJ, cela ne se traduit pas
par une amélioration de la prévisibilité de la NAO et des autres caractéristiques de la
variabilité extra-tropicale de l'hémisphère nord. Par ailleurs, l'effet du nudging équatorial
n'est pas systématique, en particulier à cause des non-linéarités des effets combinés des
forçages ENSO et QBO.
Ces résultats sont cependant à prendre avec précaution, la taille des échantillons
ayant un impact sur les scores. En effet, nous avons choisi de ne réaliser dans un premier
temps que 5 membres pour les ensembles nudgés, de façon à confirmer rapidement et de
façon moins coûteuse l'effet de la relaxation stratosphérique, pour effectuer à terme des
ensembles plus conséquents de prévisions statistico-dynamiques dans lesquels le modèle
serait nudgé dans la bande équatoriale vers un schéma statistique de prévision de la QBO.
Cette partie n'a pas pu être traitée dans cette thèse, mais il serait important d'augmenter la
taille de nos ensembles nudgés afin d'étudier l'influence de la stratosphère de manière plus
robuste, avant de conclure sur l’intérêt potentiel d'une stratosphère équatoriale statistique.
En conclusion
145
cette influence potentielle. Comme nous l'avons vu à la fin du chapitre 2, un simple schéma
auto-régressif d'ordre 3 de prévision de la QBO donne de meilleurs scores que nos
prévisions dynamiques forcées par des TSM observées, ce qui suggère la faisabilité d'une
prévision statistico-dynamique pour laquelle la stratosphère équatoriale pourrait être
nudgée vers ce schéma statistique. Concernant la stratosphère extra-tropicale, des tests
préliminaires (non montrés dans ce manuscrit) proposant une prévision statistique du
vortex polaire basée sur une régression multiple ont montré des résultats encourageants en
validation croisée (« leave out one cross-validation »). Les prédicteurs utilisés (ENSO, QBO,
enneigement Eurasiatique, aérosols volcaniques, rayonnement solaire au sommet de
l'atmosphère observés avant le mois de Novembre) pour prévoir le vent zonal en hiver (D-J-
F) dans la basse stratosphère ne sont cependant pas nécessairement additifs, ce qui soulève
la question de la pertinence d'une approche linéaire et de la faisabilité d'une prévision
statistique du vortex dont les scores seraient suffisants pour avoir un effet positif sur les
prévisions dynamiques via la technique de nudging.
Perspectives
146
Chapitre 6 : Conclusion
Dans cette thèse, les conditions aux limites inférieures (température de surface de la
mer) et supérieures (stratosphères) ont été traitées comme deux forçages indépendants de
la variabilité troposphérique simulée par le modèle ARPEGE-Climat. Cependant, il s'agit là
d'une construction hautement idéalisée et si l'océan contribue à la variabilité
stratosphérique (cf. effet de l'ENSO), il répond aussi nécessairement à cette même
variabilité via son influence sur le rayonnement et le climat en surface. Ainsi, il serait
intéressant de mener le même type d'expériences (nudging de la stratosphère) dans des
prévisions dynamiques couplées océan-atmosphère plus proches du contexte opérationnel,
afin d'identifier par exemple la signature océanique en surface et en subsurface des RSS.
Couplage chimie-climat
147
Annexe
Récapitulatif des expériences
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Liste des acronymes
DJF: Décembre-Janvier-Février
NCEP: National Centers for Environmental Prediction
NDJF: Novembre-Décembre-Janvier-Février
SON: Septembre-Octobre-Novembre
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