DROITS ET
PROTECTION
DES ENFANTS
DPE 01 : CONNAISSANCE DE L’ENFANT
I- OBJECTIF DE LA FORMATION
Acquérir les connaissances et développer les compétences et les habilites
nécessaires à l’application de bonnes pratiques policières et d’interventions
auprès des enfants victimes, témoins, et en conflit avec la loi qui sont
adéquates et respectueuses des droits fondamentaux de l’enfant.
I. INTRODUCTION A LA FORMATION
A- HISTOIRE (ORIGINE) DU DPE
B- CONTEXTE DE LA FORMATION
C- LEGISLATION RELATIVES A LA PROTECTION DES ENFANTS
II- ASPECTS GENERAUX DES DROITS DE L’ENFANT
A- DEFINITION DE L’ENFANT
B- PRINCIPES FONDAMENTAUX DES DROITS DE L’ENFANT
C- LES CARACTERISTIQUES DES PHASES DE DEVELOPPEMENT
DE L’ENFANT
INTRODUCTION
Le 20 novembre 1989, l'Assemblée Générale des Nations Unies adoptait la
déclaration des droits de l'enfant. Ceci, pour témoigner de la communauté
internationale qu’en tant qu'être particulièrement vulnérable, l’enfant a
besoin d'une protection particulière. Cette nécessité d'accorder une
protection spéciale à l'enfant avait été précédemment énoncée dans la
déclaration de Genève de 1924 (SDN) sur les droits de l'enfant et dans la
déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 (ONU).
HISTOIRE DES DROITS DE L’ENFANT (ORIGINE)
Le XIXe siècle marque le début de l’histoire des droits de l’enfant. Pour la
première fois en Europe, des lois réglementent le travail des enfants.
Différents textes juridiques encouragent ou rendent obligatoires la
scolarisation des jeunes enfants. La société reconnaît que l’enfant ne peut
pas être considéré comme un adulte.
En 1919, la Société des Nations (SDN) crée un comité de protection de
l’enfance. 5 ans plus tard, elle adopte la Déclaration de Genève, premier
texte international sur les droits spécifiques de l’enfant. Ce texte est inspiré
des travaux de Janusz Korczak, considéré comme le père des droits de
l’enfant.
Après, la Seconde Guerre mondiale, l’histoire des droits de l’enfant connaît
plusieurs étapes-clés suite à la création de l’ONU.
•1948 : Déclaration universelle des droits de l’homme, qui stipule que “la
maternité et l’enfance ont droit à une aide et à une protection spéciales”. Le
BICE est créé cette même année.
•1959 : L’ONU adopte la Déclaration des droits de l’enfant, qui reconnaît
l’enfant comme sujet de droits. Dès cette époque, le BICE plaide pour un
texte qui aille plus loin et contraigne juridiquement les Etats.
•1979 : Année Internationale de l’Enfant (AIE), sur une impulsion du BICE.
L’AIE permet aux droits de l’enfant de commencer à se concrétiser dans de
nombreux pays.
•1979-1989 : Un groupe d’ONG piloté par le BICE et DEI (Défense des
Enfants International) contribue aux travaux préparatoires à la Convention
relative aux droits de l’enfant.
•1989 : Le 20 novembre, la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE)
est adoptée à l’unanimité par l’Assemblée générale de l’ONU.
•2000 : Renforcement de la CDE avec l’adoption de deux protocoles
facultatifs sur la vente d’enfants, la prostitution et la pornographie mettant
en scène des enfants, et sur l’implication des enfants dans les conflits
armés.
B- CONTEXTE DE LA FORMATION
La Côte d’ivoire est membre des pays signataires de la Convention adoptée
par la résolution 44/251 du 20 novembre 1989 à la quarante-quatrième
session de l'Assemblée Générale des Nations Unies.
Elle l’a signé le 26 janvier 1990 et par la suite l’a ratifié le 4 février 1991.
Conformément à l'article 24 de la Convention, la Côte d'Ivoire s'est dotée
depuis 1992 d'un Plan d'Action National pour la Survie, la Protection et le
Développement de l'Enfant Ivoirien à l'horizon 2000.
• Plusieurs rencontres entre les organisations des NU (UNICEF), les
responsables des écoles de Police et Gendarmerie et des experts sur le DPE
(BIDE, Save the Children, OIF, Francopol) a eu lieu de 2009 à 2012
(Ouagadougou, Cotonou, Dakar, Niamey et Lomé).
•Un état des lieux sur la Côte d’Ivoire a été réalisé (école nationale de police
– écoles de Gendarmerie Abidjan - Toroguhé).
Constats :
Faiblesses identifiées quant à la formation sur le DPE dans les
modules de formation.
Faiblesses identifiées par les agents eux même.
Résolution: élaboration d’un programme de formation en le DPE.
La sortie de crise de 2011 a obligé le nouveau gouvernement à accélérer son
engagement dans une série de réformes dans le cursus de formation des
écoles de police et de gendarmerie pour l’intégration d’un cours permanent
et obligatoire sur le DPE.
C- LEGISLATION RELATIVES A LA PROTECTION DES ENFANTS
Au plan national:
o Loi n° 2010-272 du 30 septembre 2010 portant interdiction de la traite
et des pires formes de travail des enfants.
o Arrêté n° 2017-017 MEPS/CAB du 2 juin 2017 déterminant la liste des
travaux dangereux interdits aux enfants.
o Loi n° 2019-572 du 26juin 2019 relative à la minorité.
o Loi n° 2019-573 du 26 juin 2019 relative aux successions
o Loi n° 2019-570 du 26juin 2019 relative au mariage
o Loi n°2018-862 du 19 novembre 2018 relative à l’état civil.
o Décret n° 2019-779 relatif au comité interministériel de protection de
l’enfant
o LOI n° 2019-571 du 26 juin 2019 relative à la filiation
o Loi n° 2015-539 du 20 juillet 2015 portant Statut de pupille de l'Etat
o loi n°98/757 du 23 décembre 1998 sur les mutilations génitales
féminines
o La constitution ivoirienne
o Le code pénal
o Le code de procédure pénale
o Le code du travail
Au niveau régional et international
o Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant (1990)
o Convention relative aux droits de l'enfant (1989).
o Protocole facultatif à la convention relative aux droits de l'enfant,
concernant l'implication d'enfants dans les conflits armés (2000).
o Protocole facultatif à la convention relative aux droits de l'enfant,
concernant la vente, la prostitution et la pornographie mettant en
scène des enfants (2000).
o Convention n° 182 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur
les pires formes de travail des enfants (1999)
II- ASPECTS GENERAUX DES DROITS DE L’ENFANT
A- DEFINITION DE L’ENFANT
La Convention internationale relative aux droits de l’enfant définir l’enfant
en son article 1er comme tout être humain de moins de 18 ans.
Cote d’Ivoire
Loi n° 2019-572 relative à la minorité
Article 1: Est mineure, la personne qui n’a pas encore atteint l’âge de
dix-huit ans accomplis.
A- PRINCIPES FONDAMENTAUX DES DROITS DE L’ENFANT
Plusieurs traités portent sur les droits de l’enfant. Le plus important est la
Convention relative aux droits de l’enfant (CDE), communément appelée
(CIDE).
Elle comprend 54 articles dans lesquels quatre (04) principes fondamentaux
guident l’application, la mise en œuvre et l’interprétation de la Convention.
Le principe de non-discrimination:
Le principe de non-discrimination vise à garantir que chaque enfant, sans
exception, puisse jouir de ses droits sans distinction aucune fondée sur « les
parents ou le tuteur de l’enfant, la race, la couleur, le sexe, la langue, la
religion, l’opinion politique ou tout autre opinion, l’origine nationale,
ethnique ou sociale, la situation de fortune, l’incapacité, la naissance ou tout
autre situation ».
L’intérêt supérieur de l’enfant:
Le principe de « l’intérêt supérieur de l’enfant » garantit que « dans toutes
les actions concernant les enfants […] l’intérêt supérieur de l’enfant doit
être une considération primordiale ».
Le principe de vie, de survie et de développement
Le principe de survie et de développement accorde à l’enfant non seulement
le droit de ne pas être tué, mais aussi de voir ses droits économiques et
sociaux garantis dans la mesure du possible.
Le principe d’inclusion et de participation:
Le principe d’inclusion et de participation établit non seulement que chaque
enfant peut exprimer ses points de vue, mais aussi que chaque enfant a droit
à ce que ces points de vue et opinions soient respectés.
B- LES CARACTERISTIQUES DES PHASES DE DEVELOPPEMENT
DE L’ENFANT
DIFFERENCE ENFANT /ADULTE
À L’EXCLUSION DE L’ÂGE, QU’EST-CE QUI DIFFERENCIE L’ENFANT
DE L’ADULTE?
Caractéristiques physiques Autres caractéristiques
- Taille - Niveau de maturité
- Force physique - Degré de vulnérabilité
- Dentition - Dépendance
- Pilosité (poils et cheveux) - Influençabilité
- Voix - Raisonnement
- Capacité de discernement et
de compréhension
- Capacité à prendre des
décisions
- Les besoins
- Degré d’autonomie
- Loisirs préférés
- Connaissances
1- EVOLUTION DE L’ENFANT: LES PRINCIPALES DIMENSIONS
Stade 1: naissance à 1 an
Stade 2: 1 à 3 ans
Stade 3: 4 à 6 ans
Stade 4: 7 à 11 ans
Stade 5: 12 à 16 ans
Stade 5: 17 à -18 ans
Évolution positive Évolution négative
Confiance Méfiance (négligé)
Autonomie (débrouille Faible estime de soi
seul)
Culpabilité
Initiative
Sentiment d’infériorité
Estime de soi (réussite (réticent à s’engager, à
scolaire – capacité à prendre des décisions)
établir des relations avec
Confusion (incompris et
les autres)
non valorisé, pessimiste
Identité (personnalité, se face à son avenir et aux
sentir valoriser) opportunités)
Intimité (confiant et Isolement (difficultés à
conscient de son potentiel, créer des relations,
création de relations solitude, incapable de
amicales) s’épanouir de façon
responsable
LES PRINCIPALES DIMENSIONS
DIMENSION PHYSIQUE
DIMENSION INTELLECTUELLE
DIMENSION EMOTIONNELLE
DIMENSION SOCIALE
2- ATTITUDES RECOMMANDEES AUX FORCES DE SECURITE
Vérifier si l’enfant a été abandonné par ses parents
ou par ses tuteurs.
Contacter rapidement les services sociaux afin que
l’enfant soit pris en charge par des services
spécialisés (pouponnière, orphelinat, services
médicaux, services sociaux, etc.)
Faire comprendre à l’enfant qu’il doit répondre aux
questions posées en disant la vérité et que seule la
vérité est souhaitée dans ses réponses.
ATTITUDES Vérifier avec l’enfant s’il sait ce qu’est un mensonge.
RECOMMANDÉES
POUR LES FS Ne pas flatter, féliciter,
Ne jamais se moquer de l’enfant, le ridiculiser,
mettre en doute sa parole ou bien manifester de la
déception ou de la colère à cause de son
comportement ou de ses propos.
Agir avec patience et compréhension tout en
mettant en place une relation d’autorité et de
respect.
Ne pas se laisser manipuler
Garder en tête qu’au stade de l’adolescence l’enfant
a parfois des réactions violentes ou insolentes et que
le refus de l’autorité est une conséquence fréquente
du processus d’affirmation de soi.
Déterminer rapidement l’âge réel du jeune garçon
ou de la jeune fille, afin de savoir s’il s’agit bien
d’une personne mineure (ce qui parfois peut
s’avérer difficile).
Dans le doute sur l’âge réel, traiter la jeune
personne comme s’il s’agissait d’une personne
mineure et contacter les parents ou le tuteur s’il y a
lieu.
CE QU’IL FAUT RETENIR
Les forces de sécurité ont un rôle important à jouer dans la protection des
enfants. Ce rôle passe par l’acquisition de nouvelles compétences liées au
savoir, au savoir-faire et au savoir-être.
DPE 02: COMMENT ANALYSER UNE SCENE IMPLIQUANT UN
ENFANT
A- LA PERTINENCE D’UNE BONNE ANALYSE D’UNE SCENE
IMPLIQUANT
UN ENFANT
B- LES COMPOSANTES D’UNE BONNE ANALYSE D’UNE SCENE
IMPLIQUANT
UN ENFANT
C- LES DIFFERENTS PROFILS D’UN ENFANT
A- LA PERTINENCE D’UNE BONNE ANALYSE D’UNE SCENE
IMPLIQUANT UN ENFANT
Pourquoi, selon vous, il est nécessaire de prendre le temps de bien analyser
la scène lors d’une intervention impliquant un enfant ?
Quelques raisons de faire une bonne analyse de la situation :
La prise de décision éclairée et adaptée aux circonstances;
La formulation de recommandations pertinentes au procureur sur la
situation de l’enfant en cause;
La prise de décisions non arbitraires qui découlent des constats, des
faits et des présomptions raisonnables.
B- LES COMPOSANTES D’UNE BONNE ANALYSE D’UNE SCENE
IMPLIQUANT UN ENFANT
Qu’avez-vous besoin de savoir pour pouvoir prendre la bonne décision
concernant un enfant impliquer dans une scène afin de formuler des
recommandations appropriées?
CONTEXTE
TEMOINS
SUSPECTS ET COMPLICES
ETAT DES BESOINS DE L’ENFANT
SITUATION DE L’ENFANT
RESSOURCES DISPONIBLES
LE CONTEXTE Quelle est l’évènement problématique ?
Est-ce qu’une personne désire ou a déjà
porté plainte ?
Qui est impliqué directement ?
Indirectement ?
Quand a eu lieu l’évènement
problématique ?
Y a-t- il des enfants présents sur les lieux
?
Y a-t-il des enfants impliqués
directement ? Indirectement ?
Y a-t-il des enfants directement
concernés par l’évènement ?
Indirectement ?.
TEMOINS Y a-t-il des témoins de l’évènement ?
Ont-ils été identifiés ? Localisés ?
Interrogés ?
Y a-t-il des enfants parmi les témoins ?
Ont-ils été identifiés ? Localisés ?
Rencontrés ?
Est-ce que les enfants témoins sont en
sécurité ?
SUSPECT ET COMPLICE Est-ce que des soupçons pèsent sur une
ou des personne(s) en particulier ?
Ces personnes sont-elles mineures ?
Ont-elles été identifiées ? Localisées ?
Rencontrées ?
Ont-elles données leurs versions des faits
?
ETAT ET BESOINS DE L’enfant ou les enfants présents sont-ils
L’ENFANT blessés ?
Sont-ils en état de choc ? Apeurés ?
Ont-ils besoin d’une aide immédiate
(physique ou psychologique) ?
Sont-ils en mesure de parler ?
Sont-ils en mesure de comprendre la
situation ?
SITUATION DE L’ENFANT L’enfant (ou les enfants) impliqué et/ou
concerné a-t-il été identifié ?
Ses parents ou tuteurs peuvent-ils être
contactés ?
Le profil de l’enfant (ou des enfants)
présente-t-il les caractéristiques d’un
enfant victime, témoin ou en conflit avec
la loi ?
L’enfant (ou les enfants) ont-ils donné
leur opinion sur l’évènement
problématique ? Si oui, l’ont-ils fait
librement et volontairement ?
RESSOURCES DISPONIBLES Quelles sont les ressources dont l’enfant
a besoin ?
ces ressources sont-elles disponibles
pour venir en aide à l’enfant ? si non,
quelles sont les alternatives ?
C- LES DIFFERENTS PROFILS D’UN ENFANT
Selon la situation, ou la scène impliquant un enfant, ce dernier peut
présenter trois (03) profils:
- Enfant victime;
- Enfant témoin;
- Enfant en conflit avec la loi
ENFANT VICTIME D’un acte criminel ou délictuel est un
enfant ayant subi personnellement un
préjudice matériel, physique ou
psychologique suite à la commission d’un
acte ou d’un délit (EX : viol, vol,
violences, menaces, harcèlement, coups
et blessures, abus sexuel, etc…)
De négligence est un enfant dont l’un ou
l’autre des besoins physiques,
psychologique, sanitaire, éducatifs et
sociaux de base ne sont pas satisfaits.
D’abus ou d’exploitation (enfant soldat,
prostitution juvénile travail forcé…)
ENFANT TEMOIN D’un acte criminel ou délictuel est celui
qui a entendu ou vu une autre
personne(connue ou étrangère : adulte
ou mineure) commettre un délit ou un
crime.
ENFANT EN CONFLIT AVEC Est un enfant accusé ou trouvé coupable
LA LOI d’une infraction
Est aussi considéré comme un enfant en
conflit avec la loi, l’enfant pris en charge
par le système de justice pour mineurs
ou de la justice pénale pour adultes à
cause de son comportement ou de son
environnement considérés comme
mettant l’enfant en danger
CE QU’IL FAUT RETENIR
Les enfants ont des besoins et des capacités différentes de ceux des
personnes adultes.
Le processus de développement de l’enfant est influencé par des facteurs
internes, et des facteurs externes.
En raison du processus évolutif et de maturation de l’enfant, les lois
nationales et internationales accordent des droits particuliers dont l’objectif
est d’aider l’enfant à réaliser son plein potentiel.
Les forces de sécurité doivent connaître et comprendre les aspects généraux
des différentes phases de développement afin d’adapter leurs interventions
aux besoins et caractéristiques de l’enfant.
Lorsqu’une scène implique un enfant il est important de faire une analyse
minutieuse de ladite scène en se basant sur:
- Le contexte
- La présence éventuelle de témoins, suspects et complices
- L’état et les besoins de(s) l’enfant(s) impliqué(s) et/ou concerné(s)
- Les ressources disponibles (sociales, sanitaires, sécurité, etc.)
Cette analyse doit se faire de façon impartiale, sans violence et dans le
respect de l’intégrité physique et de la dignité de l’enfant.
C’est basé sur cette analyse que les forces de sécurité pourront réunir les
éléments pertinents à une potentielle déjudiciarisation
DPE 03: S’ENTRETENIR AVEC UN ENFANT
I- LES PRINCIPES GENERAUX
A- DISCTINCTION ENTRE ENTRETIEN-AUDITION-INTEROGATOIRE-
ENTREVUE
B- COMMUNICATION ENFANT/ ADULTE: DIFFERENCE
II- TECHNIQUES D’ENTRETIEN
A- REGLES GENERALES DE L’ENTRETIEN
B- PREPARATION DE L’ENTRETIEN
C- TECHNIQUES PROPREMENT DITES
D- DEROULEMENT DE L’ENTRETIEN
INTRODUCTION
La collaboration intersectorielle pour protéger les enfants et promouvoir
leur bien-être améliore le travail de chaque secteur et les résultats pour les
enfants, leurs familles et les communautés. La collaboration entre les
secteurs est un moyen important de tirer le meilleur parti des ressources
disponibles.
I- LES PRINCIPES GENERAUX
A- DISCTINCTION ENTRE ENTRETIEN – AUDITION -
INTEROGATOIRE - ENTREVUE
Faites-vous une distinction entre les termes suivants :
Entretien
Entrevue
Interrogatoire
Audition
ENTRETIEN conversation ou dialogue entre deux ou
plusieurs personnes
ENTREVUE C’est une rencontre concertée entre
différentes personnes qui doivent se
parler ou s’entretenir
Le terme entrevu n’est pas utilisé dans
les textes de loi de la Côte d’Ivoire. On y
retrouve plutôt les termes d’audition ou
d’interrogatoire.
INTERROGATOIRE Représente l’entretien avec un enfant
avec la loi dans le but d’obtenir un aveu
ou sa version des faits.
Des règles spécifiques de la justice des
mineurs régissent l’interrogatoire d’une
personne âgée de moins de 18 ans.
B- COMMUNICATION ENFANT/ ADULTE: DIFFERENCE
De manière générale, est-ce que vous parlez à un enfant comme vous
le faites avec un adulte ?
Que modifiez-vous quand vous vous adressez à un enfant ?
Le ton
Le vocabulaire
Le comportement
Les gestes
Le sujet
Pourquoi modifiez-vous ainsi certains aspects de votre comportement
quand vous vous adressez à un enfant?
Pour que l’enfant comprenne
Pour ne pas faire peur à l’enfant
Pour que l’enfant obéisse
Pour que l’enfant me fasse confiance
Je ne sais pas … ; c’est un réflexe
QUELQUES CONSIDERATIONS GENERALES EN MATIERE
D’ENTRETIEN
RÉGIME JURIDIQUE PARTICULIER
LE COMPORTEMENT DE L’AGENT
L’INTERACTION AVEC L’ENFANT
LES DROITS FONDAMENTAUX ET L’INTÉRÊT SUPÉRIEUR DE
L’ENFANT
LES ACTIONS APPROPRIÉES ET INADEQUATES DES AGENTS
II- TECHNIQUES D’ENTRETIEN
Au plan national:
o Loi n° 2010-272 du 30 septembre 2010 portant interdiction de la traite
et des pires formes de travail des enfants.
o Arrêté n° 2017-017 MEPS/CAB du 2 juin 2017 déterminant la liste des
travaux dangereux interdits aux enfants.
A- REGLES GENERALES DE L’ENTRETIEN
ENSEMBLE DES ACTES QUE VOUS POSEREZ AVANT L’AUDITION
OU L’INTERROGATOIRE.
Analyse de la situation
Cibler les besoins
Compréhension du dossier
Les auditions/ interrogatoires
L’approche à adopter
La répartition des tâches
ANALYSER LA SITUATION Observer les lieux (personnes
(IDENTIFIER LES FAITS) présentes, témoins, indices
matériels, etc…)
Déterminer le plus fidèlement
possible ce qui s’est passé, quand et
comment.
Déterminer qui sont les personnes
impliquées leurs rôles et
responsabilités.
CIBLER LES BESOINS Déterminer les informations
essentielles et nécessaires pour une
intervention à la fois adaptée et
efficace .
COMPRENDRE ADEQUATEMENT Déterminer ce qui s’est réellement
LE DOSSIER passé et connaître le profil des
personnes impliquées et
concernées.
LES ENTREVUES AVEC LES Déterminer le but des entrevues
TEMOINS avec les témoins.
L’INTERROGATOIRE DES Déterminer le but des
PERSONNES SUSPECTEES interrogatoires avec les personnes
suspectées.
L’APPROCHE QUI SERA ADOPTEE Confirmer l’approche qui doit être
adoptée et valider avec vos
collègues.
Garder en tête que la règle veut que
l’approche éducative soit privilégiée
avec les enfants.
LE PARTAGE DES TACHES Définir rapidement avec le collègue
comment les tâches seront
réparties.
LES CRITÈRES D’UN « BON » ENTRETIEN AVEC UN ENFANT
L’OBJECTIVITE
L’IMPARTIALITE
L’OUVERTURE D’ESPRIT
LE RESPECT
PREPARATION DE L’ENTRETIEN
LES ELEMENTS A PRENDRE EN COMPTE DANS LA PREPARATION DE
L’ENTRETIEN
LE MOMENT DE L’ENTRETIEN
LE RESPONSABLE DE L’ENTRETIEN
LA LIGNE DIRECTRICE DE L’ENTRETIEN
LE LIEU DE L’ENTRETIEN
LA DUREE DE L’ENTRETIEN
LA PRESENCE D’UN PARENT OU TUTEUR
L’ETAT DE L’ENFANT
TECHNIQUES PROPREMENT DITES
LES ELEMENTS A PRENDRE EN COMPTE DANS LA PREPARATION DE
L’ENTRETIEN
LES INDICES Il s’agit de donner de petits indices
à l’enfant afin d’illustrer une
question et l’aider à en comprendre
le sens
Cette technique peut être utilisée
lorsque l’enfant reste complètement
silencieux, s’il dit ne pas
comprendre une question ou s’il
répond qu’il ne sait pas suite à une
question qui lui est posée
LE REFLET Il s’agit, par cette technique, de
répéter, sur le même ton, les
derniers mots prononcés par
l’enfant afin de l’aider à poursuivre
son récit.
Cette technique peut être utilisée
lorsque l’enfant s’interrompt ou
cherche ses mots
LES QUESTIONS OUVERTES Il s’agit de questions pour lesquelles
ils n’existent pas de réponses
préétablies proposées à l’enfant par
l’agent. L’enfant est donc
entièrement libre du contenu de sa
réponse.
Il n’est pas possible de répondre à
ce type de questions simplement
par oui ou non
LES QUESTIONS SEMI OUVERTES Il s’agit de questions pour lesquelles
il est possible de répondre par oui
ou par non mais qui nécessite d’être
complétées
EXEMPLE
Q : Peux-tu me dire où tu as mal ?
R : oui, j’ai mal à la tête
LES QUESTIONS SUGGESTIVES Il s’agit ici d’aider l’enfant à
compléter ou encore détailler une
idée qu’il a commencé à exprimer
dans sa généralité.
C’est une technique de derniers
recours notamment pour les cas où
insuffisamment d’informations ont
été recueillis et que vous avez de
sérieuses raisons de croire que
l’enfant est en danger
LES QUESTIONS DIRECTES Il s’agit de questions qui vont droit
au but. On ne devrait y recourir que
si les réponses fournies, malgré
l’utilisation de techniques plus
souples, ne donnent pas
suffisamment de détails ou
comportent des ambiguïtés, des
incohérences ou des
invraisemblables
LES SILENCES Les silences sont normaux et
cachent de l’information pertinente
telle que : des expériences
traumatisantes vécues ; une
situation complexe à expliquer.
Il est donc important que l’agent
soit patient et qu’il laisse l’enfant
imprimer son rythme à l’entretien.
LA PAUSE Il est important de faire une pause
durant l’entretien, et ce, tant pour
la personne qui dirige l’entretien
que pour l’enfant.
C’est aussi l’occasion pour l’agent
de vérifier avec son partenaire si
des questions supplémentaires sont
nécessaires, de relire les notes,
etc…
LE DESSIN Le dessin représente un outil
particulièrement efficace auprès des
enfants de moins de 12 ans pour
obtenir certaines informations très
importantes.
L’agent peut donc profiter de la
pause et demander à l’enfant de
faire un dessin.
DEROULEMENT DE L’ENTRETIEN
LES ELEMENTS A PRENDRE EN COMPTE DANS LA PREPARATION DE
L’ENTRETIEN
LES PRESENTATIONS Se présenter brièvement. Expliquer
qui nous sommes et en quoi consiste
notre travail.
Présenter toutes les personnes qui
assistent à l’entrevue en identifiant
la personne qui va lui poser les
questions.
LES RAISONS DE L’ENTRETIEN Expliquer pourquoi vous devez
parler à l’enfant
LES DROITS DE L’ENFANT Il est important d’expliquer à
l’enfant quels sont ses droits.
Cela doit aussi transparaître dans
les attitudes et comportements de la
personne chargée de mener
l’entretien.
LES NOTES PENDANT Expliquer que vous devez prendre
L’ENTRETIEN des notes pendant l’entretien
LA PROCEDURE DURANT Expliquer un peu comment va se
L’ENTRETIEN dérouler l’entretien et l’importance
que l’enfant comprenne bien toutes
les questions avant de répondre.
LE VOCABULAIRE DE L’ENFANT Dire à l’enfant qu’il doit dire les
choses dans ses mots à lui ou à elle.
LA DISTANCE ENTRE L’AGENT ET Respecter une distance de 1 à 1.5
L’ENFANT mètres de l’enfant.
Se pencher légèrement vers
l’enfant.
Si vous avez de la difficulté à
entendre l’enfant attendez un peu
avant de vous rapprocher un peu
afin de bien l’entendre
LA VERITE ET LE MENSONGE Vérifier si l’enfant est en mesure de
distinguer la vérité du mensonge.
LE TON DE LA VOIX Vérifier si l’enfant entend bien.
Parler assez fort mais pas trop pour
ne pas intimider l’enfant.
LA POSITION Se placer à la même hauteur que
l’enfant afin qu’il puisse facilement
vous regarder dans les yeux et bien
vous entendre
LES TYPES DE QUESTIONS Favoriser l’utilisation des questions
ouvertes, au lieu de questions
suggestives, afin d’obtenir un récit
non dirigé. Cela permettra à l’enfant
de s’exprimer librement et sera
pour lui ou pour elle l’occasion de
donner sa version des faits.
DECLARATION ANTERIEURE Vérifier si l’enfant n’a pas déjà fait
de déclaration antérieure.
LE RECIT DES FAITS LITIGIEUX Ne pas aborder les faits litigieux dès
le début de l’entretien. Attendre
plutôt qu’un climat de confiance soit
installé, sauf si l’enfant se met à en
parler spontanément.
Commencer, par exemple par des
questions portant sur l’identité de
l’enfant, s’il va à l’école, ses
activités préférées.
CLORE L’ENTRETIEN Remercier l’enfant
L’informer des mesures de
protection s’il y’a lieu
Dire que l’enquête continue et que
d’autres personnes seront aussi
rencontrées
Demander à l’enfant s’il a des
questions et s’il désire dire quelque
chose qu’il a peut-être oublié de
dire durant l’entretien
Expliquer à l’enfant ce qui va se
passer une fois l’entretien terminé
LES ATTITUDES DECONSEILLEES
INTERROMPRE L’ENFANT DURANT SON RECIT
NOTER LES CONTRADICTIONS ET Y REVENIR
NE PAS CONTESTER SON PROPOS
NE PAS FAIRE DE PROMESSE
EVITER LES QUESTIONS COMPLEXES
EVITER LES DOUBLES NEGATIONS
EVITER DES QUESTIONS AVEC DES PREJUGES ET JUGEMENTS
ÉVITER LES ATTITUDES ET LES GESTUELLES EMPREINTES DE
JUGEMENT (soupirs, lever les yeux au ciel, froncer les sourcils,
regards complice aux autres personnes présentes, etc.)
CE QU’IL FAUT RETENIR
Les forces de sécurité sont des professionnels qui doivent pouvoir
adapter leurs comportements à la situation et aux conditions de vie de
l’enfant.
L’entretien avec un enfant victime, en conflit avec la loi ou témoin est
une action délicate en outre, il représente un aspect important du travail
des forces de sécurité.
Un entretien conduit dans les règles de l’art et en utilisant les bonnes
techniques permet aux forces de sécurité de récolter un maximum
d’informations pertinentes qui permettront, éventuellement, d’identifier la
meilleure solution possible au problème et la meilleure décision à prendre dans
l’intérêt supérieur de l’enfant.
DPE 04: COLLABORATION AVEC LES AUTRES SECTEURS
D’INTERVENTION
I. ACTEURS DES AUTRES SECTEURS D’INTERVENTION
II. CONDITION DE BONNE RELATION DE TRAVAIL ET DE
COLLABORATION
II. LE REFERENCEMENT
INTRODUCTION
La protection et la promotion des droits de l'enfant impliquent une
collaboration intersectorielle entre divers acteurs gouvernementaux et non
gouvernementaux.
La collaboration entre les secteurs est un moyen important de tirer le
meilleur parti des ressources disponibles.
Voici un aperçu des principaux acteurs dans les secteurs mentionnés:
I. ACTEURS DES AUTRES SECTEURS D’INTERVENTION
Selon vous à quoi fait-on référence lorsque l’on parle des acteurs qui
interviennent dans le système de protection et de la promotion des droits de
l’enfant ?
La santé (physique et psychologique),
L’éducation et la formation professionnelle
L’économie et des finances,
Communautés religieuses et culturelles,
Ministère de la justice
Ministère de la sécurité qui interviennent dans le système de
protection de l’enfance.
Ceci inclut :
Les services publics et gouvernementaux;
Les organisations non-gouvernementales de la société civile
(internationales, nationales et locales);
Les organismes communautaires;
Les services offerts par le secteur privé.
LES SERVICES PUBLICS ET GOUVERNEMENTAUX
PROTECTION
Ministère de la famille de la femme et de l’enfant: chargé de la mise en œuvre
et du suivi de la politique du Gouvernement en matière de Promotion de la Femme,
de la Famille et de Protection de l’Enfant.
A ce titre, et en liaison avec les différents départements ministériels concernés, il a
l’initiative et la responsabilité des actions suivantes:
Élaboration et suivi des lois et règlements en matière de protection de
l’enfant, en liaison avec le Ministre chargé de la Justice ;
Lutte contre les abandons et négligence d’enfants ;
Lutte contre les violences exercées sur les enfants, en liaison avec le
Ministre chargé de la Justice et des Droits de l’Homme ;
Sensibilisation et information de la communauté sur les droits de l’enfant ;
Mise en œuvre des programmes d’éducation et d’assistance aux enfants
mineurs en difficulté et aux enfants de la rue, en liaison avec le Ministre
chargé des Affaires Sociales;
Coordination des activités de protection de l’enfance, y compris celles des
institutions spécialisées de prise en charge des enfants, en liaison avec le
Ministre chargé des Affaires Sociales ;
Sensibilisation des enfants sur la prévention du VIH/SIDA, en liaison avec le
Ministre chargé de la Santé
Participation à la coordination, à l’identification, à la mise en œuvre et au
suivi des mesures dans le domaine de la lutte contre la traite, l’exploitation
et les pires formes de travail des enfants, en liaison avec les Ministres
chargés de Ia Justice, de l’Administration du Territoire et des Affaires
Sociales ;
SANTE
Ministère de la Santé et de l'Hygiène Publique: Assure la mise en œuvre
des politiques de santé maternelle, infantile, et de la nutrition, ainsi que la
prise en charge médicale des enfants.
SÉCURITÉ
Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité : Responsable de la sécurité générale,
y compris des mesures spéciales pour protéger les enfants.
Police des mineurs: Division spécialisée dans la protection des enfants contre
la délinquance et les abus.
EDUCATION ET FORMATION PROFESSIONNELLE
Ministère de l'Éducation Nationale et de l'Alphabétisation:
Responsable de l'éducation formelle des enfants et des initiatives contre le
travail des enfants.
Ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation
Professionnelle et de l'Apprentissage: En charge de la formation
professionnelle et technique.
ECONOMIE ET FINANCES
Ministère de l'Économie et des Finances: Élaboration de politiques
économiques influençant le bien-être des enfants et des familles, notamment
à travers la gestion des fonds pour les programmes sociaux.
MINISTÈRE DE LA JUSTICE
Ministère de la Justice et des Droits de l'Homme: Mise en œuvre des
lois et des politiques relatives aux droits de l'enfant, y compris la lutte contre
la traite et l'exploitation des enfants.
Tribunaux pour enfants: Institutions spécialisées dans le traitement des
affaires impliquant des mineurs.
LES ORGANISATIONS NON-GOUVERNEMENTALES DE LA SOCIÉTÉ CIVILE
(INTERNATIONALES, NATIONALES ET LOCALES);
PROTECTION
ONG et partenaires de sécurité: Collaborent pour former et sensibiliser les
forces de l'ordre à la protection des enfants.
SANTE
ONG de santé: Organisations comme Médecins Sans Frontières (MSF) et
Save the Children, qui travaillent sur des projets de santé et de nutrition.
Organisations internationales: UNICEF et OMS, soutenant les
programmes de santé maternelle et infantile.
EDUCATION ET FORMATION PROFESSIONNELLE
ONG éducatives: Organisations comme Plan International, qui appuient les
initiatives d'éducation, notamment pour les enfants vulnérables.
UNESCO: Partenaire dans la promotion de l'éducation pour tous, y compris
les enfants en situation de vulnérabilité.
ECONOMIE ET FINANCES
Banque Mondiale et FMI: Institutions financières internationales
travaillant sur des projets de développement économique qui touchent
indirectement la vie des enfants.
MINISTÈRE DE LA JUSTICE
ONG de défense des droits de l'enfant: Organisations comme DCI
(Défense des Enfants International) qui veillent au respect des droits légaux
des enfants.
COMMUNAUTÉS CULTURELLES
ONG culturelles: Qui travaillent pour promouvoir l'identité culturelle tout
en veillant à la protection des enfants contre les pratiques nuisibles.
LES ORGANISMES COMMUNAUTAIRES
COMMUNAUTÉS RELIGIEUSES ET CULTURELLES
Communautés religieuses: Églises, mosquées et autres institutions religieuses
qui jouent un rôle dans la sensibilisation, la protection morale et l'éducation des
enfants.
Le Conseil National des Chefs Traditionnels: Acteurs clés dans la
promotion des droits des enfants à travers les coutumes et la tradition.
II. CONDITIONS DE BONNE RELATION DE TRAVAIL ET DE
COLLABORATION
Quels sont les principes ou les attitudes qui peuvent favoriser une bonne relation
de travail entre les forces de défense et de sécurité et les autres organisations?
LES PRINCIPES DE PARTENARIAT
L’égalité
La transparence
L’approche orientée vers les résultats
La complémentarité
La responsabilité
III. LE REFERENCEMENT
Le référencement est l’action ou le moyen de référer ou de se référer, de situer ou
d’orienter.
Le référencement consiste pour le gendarme dans son intervention ou dans sa
procédure (rédaction du P.V) à émettre ou à donner son avis dans l’orientation de
l’enfant victime, témoin ou en conflit avec la loi dans un organisme adapté à ses
besoins
Pour que les enfants soient orientés plus facilement, il est essentiel de recenser les
services sociaux nationaux et d'identifier les acteurs principaux au niveau des
districts responsables de protéger les enfants. Leur participation est cruciale
durant tout le processus.
Le référencement revêt en réalité une grande complexité en ce qu’il touche à la fois
à l’organisation et au relationnel.
CE QU’IL FAUT SAVOIR
Toutes les organisations et les forces de sécurité doivent travailler ensemble
comme des partenaires égaux pour la protection de l’enfant.
Il est important de disposer d’un répertoire actualisé des organisations, incluant
celles intervenant auprès des enfants, de la localité d’affectation pour faciliter la
collaboration et le référencement.
Les référencements doivent se faire dans le respect du principe de la
confidentialité et dans l’intérêt supérieur de l’enfant
DPE 05 : DISPOSITIONS SPECIFIQUES APPLICABLES AUX MINEURS
I. DISPOSITIONS SPECIFIQUES APPLICABLES AUX MINEURS
A- IDENTIFICATION DES MINEURS
B- RESPONSABILITE PENALE DES MINEURS
C- APPLICATIONS DE PROCEDURES JUDICIAIRES AUX MINEURS
INTRODUCTION
La Côte d’Ivoire est face à une délinquance juvénile qui ne cesse de prendre de
l’ampleur. La jeunesse ivoirienne se livre de plus en plus à la consommation et la
vente de drogues, à la prostitution, à la cybercriminalité, aux agressions et
meurtres violents. Au plan sociétal les parents semblent avoir abandonné leur rôle
d’éducateur. Au plan politique et législatif, les autorités compétentes semblent, de
leur côté, incapables de prendre leurs responsabilités et trouver les solutions
adéquates pour endiguer les problèmes de la jeunesse qui part à la dérive.
Face à ces actes, la question de leur répression se pose. Ces jeunes doivent-ils être
poursuivis et condamnés comme des adultes ? Que prévoit le législateur ?
La CIDE que la Côte d’Ivoire a signée et ratifiée, prévoit une nécessité de prise en
compte particulière de ces mineurs délinquants en raison de leur situation de
vulnérabilité. La législation ivoirienne, quant à elle, ne dit pas le contraire. Elle
aussi vise une justice spéciale lorsque ce sont des personnes mineures qui sont en
cause.
La justice des mineurs est régie par des articles du Code de Procédure Pénale et du
Code Pénal. Ils privilégient les mesures de protection, d’assistance, de surveillance
et d’éducation adaptées à l’enfant en conflit avec la loi avant la privation de liberté.
A- IDENTIFICATION DES MINEURS
L’article 1er de la CIDE stipule qu’« au sens de la présente Convention, un
enfant s’entend de tout être humain âgé de moins de dix-huit ans, sauf si la
majorité est atteinte plus tôt en vertu de la législation qui lui est applicable
».
En droit pénal ivoirien, le législateur a gardé cette tranche d’âge.
Article 18 du Code Pénal « est mineur, toute personne âgée de moins de
18 ans lors de la commission de l’infraction ». Ainsi, le mineur délinquant
est toute personne n’ayant pas encore atteint 18 ans révolus et ayant
commis une infraction (crime délit ou contravention).
Ce qui signifie que passé l’âge de 18 ans, les personnes poursuivies le
seront, et seront condamnées, en tant qu’adultes. A noter que, le CP ne le
prévoyant pas, il peut être déduit que même s’il est émancipé, le mineur de
18 ans bénéficie toujours en matière pénale des procédures spéciales en
raison de son âge.
B- RESPONSABILITE PENALE DES MINEURS
Concernant leur responsabilité, il faut souligner que la justice des mineurs,
même si elle est protectrice de ces derniers ne fait pas, cependant,
disparaître leur responsabilité.
En raison de leur âge, le droit pénal établi des paliers de responsabilité en
fonction de l’âge et de la capacité de discernement.
L’article 113 du CP dispose que « Les faits commis par un mineur de 10
ans ne sont pas susceptibles de qualification et de poursuites pénales.
L'impossibilité de qualifier pénalement les faits est ainsi justifiée par
l'absence de l'élément moral qui est l'un des éléments justifiant l'existence
d'une infraction. C'est dire qu'à dix ans l'on ne peut tenir un enfant pour
responsable.
Le mineur de 13 ans bénéficie de droit, en cas de culpabilité, de l’excuse
absolutoire de minorité.
La capacité de discernement du mineur allant grandissant avec son
développement psychologique, le législateur ivoirien indique que la
culpabilité du mineur de dix à treize ans peut être retenu, néanmoins il
bénéficie de droit de l'excuse absolutoire.
C'est dire qu'il ne peut être tenu pour responsable et faire l'objet de
sanction.
En somme, le législateur pénal ivoirien retient que les mineurs de 10 à 13
ans ne peuvent faire l’objet que des mesures de protection, d’assistance,
de surveillance et d’éducation prévues par la loi.
Les mineurs de 16 à 18 ans bénéficient de l’excuse atténuante de minorité
bénéficie.
Le mineur donc à partir de treize ans peut voir sa responsabilité pleinement
engagée pénalement et être privé de sa liberté. Cependant, la privation de
la liberté est vue comme l'ultime recours et des mesures palliatives sont
envisagées.
Les mineurs de 16 à 18 ans bénéficient de l’excuse atténuante de minorité
bénéficie.
En matière de crime et délit, l’excuse atténuante de minorité entraîne
l’application de la moitié des peines prévues par l’article 114 du présent
Code.
En matière de contravention, elle exclut toute peine privative de liberté. Le
juge ne peut prononcer qu’une peine de travail d’intérêt général ou une
admonestation.
C- APPLICATIONS DE PROCEDURES JUDICIAIRES AUX MINEURS
En plus de permettre une limitation de leur responsabilité, l’âge des
mineurs oblige que ceux-ci fassent l’objet d’une procédure judiciaire
particulière.
En effet, si la procédure à leur égard n’est pas différente, de manière
générale, de celle des adultes (enquête en phase préliminaire, renvoi devant
des juridictions de jugement, exercice des voies de recours etc…), leur âge
cependant, permet que cette procédure soit faite de manière particulière à
leur égard.
Le titre VIII du Code de Procédure Pénale (CPP) est consacré à l’enfance
délinquante et détermine la procédure qui leur est applicable. En effet, « les
mineurs de dix-huit ans auxquels est imputée une infraction qualifiée crime ou délit
ne sont pas déférés aux juridictions pénales de droit commun et ne sont justiciables
que des Tribunaux pour enfants ou de la Cour d’Assises des mineurs ».
ARTICLE 794 DU CPP
Par ailleurs, un juge leur est délégué tout au long de la procédure pénale. Le
juge des enfants est désigné par arrêté du Garde des Sceaux, Ministre de la
Justice, compte tenu de ses aptitudes et de l’intérêt qu’il porte aux questions de
l’enfance » ARTICLE 806 DU CPP
C’est lui qui est compétent, en cas d’infraction commise par une personne
mineure pour effectuer « toutes diligences et investigations utiles pour
parvenir à la manifestation de la vérité et à la connaissance de la personnalité
du mineur ainsi que des moyens appropriés à sa rééducation »
A cet effet, par exemple, « il recueille par une enquête sociale des
renseignements sur la situation matérielle et morale de la famille, sur le
caractère et les antécédents du mineur, sur sa fréquentation scolaire, son
attitude à l’école, sur les conditions dans lesquelles il a vécu ou a été élevé »
ARTICLE 807 DU CPP
Au terme de ses investigations préliminaires, il peut soit le renvoyer devant
le Tribunal pour enfants s’il s’agit d’un délit ou d’un crime commis par un
mineur de seize ans, soit le renvoyer devant la Cour d’assises des mineurs
s’il s’agit d’un crime commis par un mineur de plus de seize ans, ou encore
« par jugement rendu en Chambre du Conseil, soit relaxer le mineur s’il
estime que l’infraction n’est pas établie, soit l’admonester, soit le remettre à ses
parents, à son tuteur, à la personne qui en avait la garde ou à une personne digne
de confiance, en prescrivant le cas échéant qu’il sera placé jusqu’à un âge qui ne
pourra excéder vingt et un ans sous le régime de la liberté surveillée » ARTICLE
812 A 814 DU CPP.
Le régime de la liberté surveillée consiste en la prise de mesures visant leur
protection et leur surveillance. Dans ce cas ils peuvent être placés dans des
centres spécialisés pour permettre leur rééducation.
Ils peuvent, cependant, être condamnés à des peines privatives de liberté
par décision du tribunal des enfants ou de la Cour d’assises des mineurs.
Dans ce cas la loi exige qu’ils soient placés dans un quartier spécial destiné
aux mineurs dans les établissements pénitentiaires.
DPE 06 : LES ACTEURS INTERVENANT DANS LE RÉGIME
JURIDIQUE DES
ENFANTS EN CONFLIT AVEC LA LOI
A- LA PHASE DE POURSUITE
B- LA PHASE DE D’INSTRUCTION
C- LA PHASE DE JUGEMENT
A- LA PHASE DE POURSUITE
Seront successivement évoqués
- L’enquête policière sur le mineur (1),
- La garde à vue (2),
- Le classement sans suite (3)
- La décision du P.R d’engager des poursuites contre le mineur (4).
1- L’enquête policière
Si juridiquement rien n’interdit au Procureur de la République d’engager
des poursuites dès réception d’une plainte ou d’une dénonciation, en
pratique, ce dernier, pour prendre sa décision, s’appuie dans la plupart des
cas sur les résultats des investigations menées par les officiers de police
judiciaire (OPJ), lesquels ont l’obligation de lui transmettre les procès-
verbaux d’enquête par eux dressés.
Les termes généraux dans lesquels sont rédigés les articles 60 à 95 du CPP,
dispositions traitant de l’enquête policière (enquête préliminaire et enquête
de flagrance), laissent légitimement supposer que cette phase de la procédure
concerne également le mineur, en tout cas ceux qui ont au moins 10 ans, étant
entendu que ceux en dessous de cet âge ne peuvent faire l’objet de poursuites
pénales, peu importe la gravité des faits par eux commis.
Dès lors, les OPJ, d’office, après avoir informé le Procureur de la
République, ou sur instructions de ce Magistrat, toutes les fois où existent à
l’encontre d’un mineur âgé de 10 ans au moins des indices graves et
concordants de participation à une infraction, peuvent ouvrir une enquête
contre ce dernier.
Les OPJ pourront, également, ouvrir une enquête contre le mineur d’au
moins 10 ans, dans l’une des hypothèses prévues à l’article 77 du CPP, en
cas de crime ou délit flagrant.
Au cours de l’une de ces enquêtes, préliminaire ou de flagrance, les OPJ
pourront, pour la manifestation de la vérité, réaliser plusieurs actes
d’investigation, concernant le mineur âgé d’au moins 10 ans, à qui est
imputée une infraction.
Il s’agit notamment des convocations, des interrogatoires, des constatations
techniques ou scientifiques, des prélèvements, des perquisitions effectuées
au domicile où réside le mineur ou en tous autres lieux susceptibles
d’abriter des indices. Le mineur mis en cause, dans certaines conditions,
peut également être placé en garde à vue
S’agissant de l’interrogatoire du mineur mis en cause, il convient de relever
que, le mineur délinquant âgé d’au moins 10 ans, ne peut être interrogé par
l’OPJ qu’en présence de son représentant légal (parents, tuteur ou gardien),
d’un défenseur ou d’un éducateur de la protection judiciaire de l’enfance et
de la jeunesse.
En ce qui concerne les prélèvements nécessaires à la réalisation d’examens
techniques et scientifiques, ainsi qu’aux opérations de relevés signalétiques
ou de photographies, aucune disposition du CPP, en tout cas en apparence,
ne semble les interdire, même lorsqu’il s’agit de mineurs délinquants.
Lorsque ceux-ci sont nécessaires à la manifestation de la vérité, l’OPJ ne
peut les réaliser que dans les conditions prévues à l’article 66 du CPP,
notamment avec le consentement du mineur concerné, et en cas de refus,
avec l’autorisation du Procureur de la République.
Quant aux perquisitions, visites domiciliaires, saisies et constatations
techniques ou scientifiques, elles doivent se dérouler dans le strict respect
des articles 64, 67 et 68 du CPP. Tous ces actes de police doivent être
constatés par des procès-verbaux, rédigés dans les conditions prévues par
l’article 31 du CPP et transmis au Procureur de la République.
2- La garde à vue du mineur délinquant
À ce titre, l’article 790 du CPP dispose que « Aucune mesure de garde à vue
prévue par les articles 71 et suivants ne peut être prise à l’encontre d’un
mineur âgé de moins de treize ans. Aucune mesure de garde à vue prévue
par les articles 71 et suivants ne peut être prise à l’encontre d’un mineur
âgé d’au moins treize ans sans l’autorisation préalable du Procureur de la
République.
Lorsqu’une mesure de garde à vue est appliquée à un mineur âgé d’au
moins treize ans, avis en est immédiatement donné aux titulaires de
l’autorité parentale. Le mineur gardé à vue peut être assisté d’un avocat.
Lorsqu’il n’en a pas, le mineur est assisté d’un parent ou d’un éducateur de
la protection judiciaire de l’enfance et de la jeunesse ».
Plusieurs constats presque méritent d’être faits, à la lecture du texte
susvisé.
Premièrement, aucune mesure de garde à vue ne peut être ordonnée à
l’encontre d’un mineur âgé de moins de 13 ans. Ainsi, seuls les
mineurs âgés d’au moins 13 ans peuvent faire l’objet d’une mesure de
garde à vue.
Deuxièmement, si le mineur âgé d’au moins 13 ans peut être placé en
garde à vue, cette mesure ne peut être prise par l’OPJ qu’avec
l’autorisation préalable du Procureur de la République. Il s’ensuit que
contrairement aux majeurs, qui peuvent être placés en garde à vue
d’office par l’officier enquêteur, celui-ci devant informer le Procureur de la
République dès le début de cette mesure, s’agissant des mineurs âgés d’au
moins 13 ans, l’autorisation du Procureur de la République doit être obtenue
préalablement à la prise de ladite mesure.
Troisièmement, la mesure de placement en garde à vue prise contre le
mineur doit immédiatement être notifiée à ceux exerçant les droits de
l’autorité parentale sur le mineur concerné (ses père et mère ou son
tuteur).
Quatrièmement, le mineur peut être assisté d’un avocat, et l’est
obligatoirement par un parent ou un éducateur de la protection
judiciaire de l’enfance et de la jeunesse, lorsqu’il n’a pas d’avocat.
Le délai initial de garde vue du mineur, ainsi que celui de la prolongation
sont déterminés par l’article 791 du CPP. Cet article dispose, en effet, que «
la garde à vue d’un mineur ne peut être prolongée au-delà du délai de vingt-
quatre heures, sauf en matière criminelle. En ce cas l’autorisation de
prolongation est délivrée par tout moyen écrit ou verbal par le Procureur de
la République.
Un examen médical du mineur est obligatoire en cas de prolongation de la
mesure de garde à vue ».
Les dispositions de l’article 75 sont applicables.
L’analyse du même article 791 laisse comprendre que le délai de
prolongation est également de 24 heures. La prolongation doit
nécessairement être autorisée par le Procureur de la République, par tout
moyen écrit ou verbal.
En application de l’article 793 du CPP, le Procureur de la République ou le
Procureur général, peut, d’office, ou à la demande de toute personne, faire
cesser la mesure de garde à vue si elle a été décidée par l’OPJ au mépris des
dispositions des articles 71, 72, 73, 74 et 75 du CPP. Au terme de la garde à
vue, le mis en cause mineur peut être déféré au Parquet, où le Procureur de
la République, pour diverses raisons, de droit ou de fait, peut classer la
procédure sans suite.
3- Le classement sans suite sous condition
À ce titre, l’article 790 du CPP dispose que « Aucune mesure de garde à vue
prévue par les articles 71 et suivants ne peut être prise à l’encontre Au
terme de l’enquête préliminaire ouverte à l’encontre d’un mineur, les OPJ
doivent faire parvenir directement au Procureur de la République, l’original,
une copie certifiée conforme des procès-verbaux qu’ils ont dressés, ainsi que
tous actes et documents y relatifs.
Lorsque le mineur est placé en garde à vue, il est, au terme de cette mesure,
déféré devant le Procureur de la République, à qui les procès-verbaux
d’enquête sont transmis mineur âgé de moins de treize ans. Aucune mesure
de garde à vue prévue par les articles 71 et suivants ne peut être prise à
l’encontre d’un mineur âgé d’au moins treize ans sans l’autorisation
préalable du Procureur de la République.
Lorsque le mineur ne fait pas l’objet de garde, les procès-verbaux et autres
pièces sont transmis au magistrat susvisé sans que le mis en cause ne soit
déféré. Lorsque le Procureur de la République reçoit les procès-verbaux
ainsi dressés par les officiers enquêteurs, il apprécie la suite à leur donner,
en vertu du principe de l’opportunité des poursuites.
En application de ce pouvoir général d’appréciation qui lui est reconnu par
l’article 51 du CPP, le Procureur de la République, après avoir pris
connaissance des procès-verbaux et des faits articulés contre le mineur,
prend sa décision.
Il peut décider d’engager des poursuites contre le mineur ou décider
de classer la procédure sans suite, dans les conditions prévues à l’article
susvisé.
Le législateur, à côté de ce pouvoir général d’appréciation prévu par
l’article 51 du nouveau CPP, a élaboré un régime spécifique de classement
sans suite sous condition applicable au mineur auquel est imputée une
infraction à la loi pénale. En effet, selon l’article 788 du CPP, « Lorsqu’une
infraction est reprochée à un mineur, le Procureur de la République, suivant
les circonstances de l’infraction et la personnalité du mineur, peut décider,
après avis de la victime, d’un classement sans suite sous condition, en
notifiant au mineur des obligations à remplir dans un délai qu’il fixe et qui ne peut
être supérieur à six mois. »
Au titre des obligations susceptibles d’être mises à la charge du mineur
délinquant figurent:
- L’obligation de s’abstenir de fréquenter certains lieux ou certaines
personnes,
- L’obligation de suivre une scolarité ou un apprentissage professionnel,
- L’obligation de procéder à la réparation du dommage causé à la
victime ou celle de participer à une tentative de réconciliation avec la
victime.
L’article 788 susvisé n’ayant pas fait de distinction, l’on peut aisément
soutenir que ce classement sans suite sous condition peut intervenir, peu
importe la nature de l’infraction, qu’il s’agisse d’un crime, d’un délit ou
d’une contravention ; les seuls éléments d’appréciation qui s’offrent au Procureur
de la République étant les circonstances de l’infraction et la personnalité du
mineur délinquant.
En outre, le classement sans suite sous condition impose au Procureur de la
République l’obtention de l’avis de la victime, et n’est par ailleurs applicable
que si le mineur reconnait l’infraction mise à sa charge. Mais étant en
réalité sous condition, ce classement sans suite ne devient définitif que
lorsque les obligations mises à la charge du mineur sont remplies dans le délai
prescrit.
Si le Procureur de la République a le pouvoir de classer sans suite la
procédure initiée à l’encontre du mineur infracteur, il peut, et c’est
d’ailleurs le cas la plupart des fois, décider de poursuivre le mineur.
4- La décision du P.R d’engager des poursuites contre le mineur
En matière de poursuites engagées contre le mineur délinquant, les
pouvoirs du Procureur de la République dans le choix des modalités de la
poursuite sont limités par la loi. En effet, aux termes de l’alinéa 1 de l’article
804 du CPP « En cas de crime, de délit ou de contravention commis par un
mineur de dix-huit ans, le Procureur de la République en saisit le Juge des
enfants. ».
Ainsi, selon ce texte, le mode de poursuite susceptible d’être retenu à
l’encontre du mineur est l’information judiciaire, le Juge des Enfants n’étant
en réalité saisi, dans un premier temps, que pour mener les investigations
nécessaires pour la manifestation de la vérité.
L’alinéa 2 de l’article susvisé interdit expressément au Procureur de la
République d’user de la procédure de flagrant délit et de la citation directe à
l’égard du mineur.
Ces deux modes de poursuite peuvent, à certains égards, paraître
expéditives, surtout la première, toute chose qui peut être de nature à
mettre en péril les droits du mineur poursuivi.
Lorsque les faits poursuivis ont été commis par un mineur et plusieurs
majeurs, lesquels sont poursuivis en flagrant délit ou par voie de citation
directe, le Procureur de la République constitue un dossier spécial
concernant le mineur et en saisit le Juge des enfants.
Si une information a été ouverte, le juge d'Instruction se dessaisit dans le
plus bref délai à l'égard tant du mineur que des inculpés majeurs au profit
du Juge des enfants. Lorsque le Procureur de la République décide de ne
pas poursuivre les majeurs suivant la procédure de flagrant délit ou par voie
de citation directe, il saisit le Juge des enfants pour instruire à l’égard de
tous les protagonistes, mineurs et majeurs. La saisine du Juge des Enfants
par le Procureur de la République se fait par un réquisitoire introductif
B- LA PHASE D’INSTRUCTION
L’instruction des affaires impliquant des mineurs est marquée par
l’intervention du Juge des Enfants (1) et s’il y a lieu, de la Chambre
d’instruction (2).
1- Le Juge des Enfants
Le Juge des Enfants est par essence un Magistrat du siège. Le CPP permet
au Juge des Enfants, au terme de ses investigations, de juger le mineur en
chambre du conseil, ou en tant que Président du Tribunal pour Enfants.
Il s’ensuit que le Juge des Enfants, en plus d’être une juridiction
d’instruction, est également juridiction de jugement
Ayant instruit la cause impliquant le mineur, le Juge des enfants est
présumé avoir cerné l’environnement social, familial et éducatif du mineur,
de sorte qu’il est à même de prendre les mesures appropriées à sa
rééducation.
En Côte d’Ivoire, le Juge des Enfants est en principe nommé par décret,
compte tenu de ses aptitudes et de l'intérêt qu'il porte aux questions de
l'enfance. Mais en pratique, dans certains Tribunaux de Première Instance
de l’intérieur du pays et dans la plupart des Sections détachées de
Tribunaux, les Juges des Enfants sont nommés par ordonnance du Président
du Tribunal.
2- La Chambre d’instruction
La Chambre d’instruction, en tant que juridiction d’instruction de second
degré, a, entre autres, pour attributions, de statuer sur les recours formés
contre les décisions des juridictions d’instruction de premier degré et, en
cas de crime, de faire une seconde instruction du dossier. Dans tous les
autres cas, elle contrôle la régularité des procédures.
Cette juridiction exerce également ces trois attributions ainsi déclinées
lorsque l’inculpé est mineur de 18 ans.
C- La phase de jugement
Trois juridictions interviennent dans la procédure de jugement de la cause
concernant le mineur délinquant. Il s’agit du Juge des Enfants (1), du
Tribunal pour Enfants (2) et du Tribunal criminel pour mineurs (3).
1- Le Juge des Enfants
Ce Magistrat, en plus d’être juridiction d’instruction pour les mineurs
délinquants, s’avère également être juridiction de jugement dans certaines
hypothèses.
En effet, selon l’article 812 alinéa 2 du CPP, le Juge des Enfants, au terme
de ses diligences peut, en cas de contravention ou de délit, renvoyer par
ordonnance le mineur devant le Juge des enfants.
Une fois la procédure renvoyée devant lui, le Juge des Enfants change de
statut, passant de celui de Magistrat instructeur à celui de juridiction de
jugement.
En une telle occurrence, il peut, par jugement rendu en chambre du conseil,
soit relaxer le mineur s'il estime que le délit n'est pas établi, soit
l'admonester, soit le remettre à ses parents, à son tuteur, à la personne qui
en avait la garde ou à une personne digne de confiance, en prescrivant le
cas échéant qu'il sera placé jusqu'à un âge qui ne pourra excéder 21 ans
sous le régime de la liberté surveillée.
Il ressort de ce qui précède que lorsque le Juge des Enfants statue en
chambre du conseil, il ne prononce pas de peine d’emprisonnement contre
le mineur. Il ne prend que des mesures de protection, d'assistance, de
surveillance, d'éducation ou de réformes à l'égard d'un mineur; ces mesures
étant essentiellement destinées à participer à la rééducation du mineur.
2- Le Tribunal pour Enfants
Le Tribunal pour Enfants est compétent pour juger les délits commis par les
mineurs. Cette juridiction connait également des crimes commis par les
mineurs qui n’ont pas encore atteint l’âge de 16 ans.
Est territorialement compétent, le Tribunal pour Enfants du lieu de
l'infraction, de la résidence du mineur ou de ses parents ou tuteur, du lieu
où le mineur aura été trouvé ou du lieu où il a été placé soit à titre
provisoire soit à titre définitif.
Selon l’article 801 du CPP, il existe un Tribunal pour Enfants au siège de
chaque TPI. Même si cette disposition ne le précise pas, en pratique, il en
existe dans chaque Section détachée de tribunal.
Le Tribunal pour Enfants est composé du Juge des Enfants et de deux
assesseurs. Le Juge des Enfants en est le Président. Quant aux assesseurs,
ils sont nommés par arrêté du Ministre de la Justice sur proposition du juge
des enfants, parmi les personnes de l'un ou de l'autre sexe, âgées de plus de
30 ans, ressortissantes de
La Côte d'Ivoire et s'étant signalées par l'intérêt qu'elles portent aux
questions de l'enfance et par leur compétence. Les assesseurs titulaires et
les 05 assesseurs suppléants prêtent serment avant d’entrer en fonction.
3- Le Tribunal Criminel pour Mineurs
Le Tribunal criminel pour mineurs est matériellement compétent pour
connaitre des crimes commis par les mineurs âgés d’au moins 16 ans. Ce
tribunal se réunit durant la session du tribunal criminel, soit tous les 03
mois. Toutefois, le Président du tribunal peut, après avis du Procureur de la
République, ordonner qu’il soit tenu, au cours d’un même trimestre, une ou
plusieurs sessions supplémentaires.
En principe, les sessions du Tribunal criminel pour mineurs, tout comme
celles du Tribunal criminel, se tiennent seulement au siège du TPI dans le
ressort duquel les affaires criminelles ont été instruites. Les sections
détachées ne peuvent en principe abriter de telles sessions. Est
territorialement compétent, le Tribunal criminel pour mineurs du lieu de
l'infraction, de la résidence du mineur ou de ses parents ou tuteur, du lieu
où le mineur aura été trouvé ou du lieu où il a été placé soit à titre
provisoire soit à titre définitif.
CE QU’IL FAUT RETENIR
Comme les adultes, les mineurs qui se rendent coupables d’infractions,
crime, délit ou contravention, doivent être sanctionnés pour leurs actes.
Cependant, leur situation particulière de vulnérabilité demande qu’une
protection particulière leur soit reconnue.
La protection des mineurs est indispensable pour toute société qui vise un
développement ; les jeunes sont l’avenir et leur protection, leur éducation
est primordiale. Ceci, d’autant plus lorsque ce sont des jeunes évoluant dans la
délinquance. En effet, les jeunes délinquants, quoi qu’on en pense, sont avant tout
des victimes de la société. Issus de familles pauvres ou divisées, déscolarisés, ils
sont en manque de repères, de bases fondamentales et parce qu’ils sont toujours
en construction il y a toujours une possibilité de rattraper leur comportement.
Toutefois, si la législation en la matière semble avoir posé les bases d’une
justice des mineurs, il s’avère au regard de la société ivoirienne actuelle,
que des efforts sont encore à faire
Le but de la prise en compte de la minorité des personnes poursuivies est
donc non seulement de les protéger, mais aussi et surtout d’empêcher une
récidive, les rééduquer et leur permettre de s’intégrer dans la société.
La jeunesse est le futur d’un pays, et si cette jeunesse est laissée pour
compte le développement envisagé ne peut être durable ; il est donc
primordial que la question de la justice des mineurs soit sérieusement
évoquée et analysée.
DPE 07 : LES VIOLENCES CONTRE LES ENFANTS
INTRODUCTION
DEFINITION DE LA VIOLENCE
I- TYPOLOGIE DES VIOLENCES CONTRE LES ENFANTS
II- DES SIGNES VISIBLES ET INDIRECTS DES VIOLENCES FAITES
AUX ENFANTS
III- L’IMPACT DE LA VIOLENCE SUR LES ENFANTS
IV- LES AUTEURS DE LA VIOLENCE SUR LES ENFANTS
INTRODUCTION
La violence contre les enfants est un phénomène universel et multiforme,
qui s’exerce prioritairement envers les plus vulnérables. Contrairement à ce
que l’on pourrait penser, la famille est malheureusement l’un des lieux où la
violence est la plus répandue, mais elle s’exprime aussi ailleurs (école,
institutions diverses, rue, milieu de travail ou d’exploitation).
DEFINITION DE LA VIOLENCE
La violence désigne la force exercée pour soumettre quelqu’un contre sa
volonté. C’est une atteinte portée à la personne humaine (ou à un groupe
d’individus) de manière physique ou psychique et qui cause des souffrances
traumatisantes.
La violence est l’utilisation de force ou de pouvoir, physique ou psychique,
pour contraindre, dominer, tuer, détruire ou endommager. Elle implique des
coups, des blessures, de la souffrance, ou encore la destruction de biens
humains ou d'éléments naturels.
Violence = ABUS DE LA FORCE
" L’usage délibéré ou la menace d’usage délibérée de la force physique ou
de la puissance contre soi-même, contre une autre personne ou contre un
groupe ou une communauté qui entraîne ou risque fort d’entraîner un
traumatisme, un décès, un dommage moral, un mal-développement ou une
carence.
OMS, 1996, dams Global Consultation on Violence and Health.
Violence: a public health priority, Genève
La violence contre les enfants, souvent sous-estimée existe dans le monde
entier, dans tous les milieux sociaux. Elle revêt des formes différentes
(physique, psychique, sexuelle, institutionnelle) et est parfois encouragée
par les normes sociales (châtiments corporels en famille ou à l’école,
mariage précoce, mutilations génitales par exemple).
A. TYPOLOGIE DES VIOLENCES CONTRE LES ENFANTS
Violence physique
Violence sexuelle
Violence psychologique
Négligence
Violences socio-économiques
Violences scolaires
Violences institutionnelles
Violences collectives
Violences entre enfants
Cyber-harcèlement
Violences des images et des contenus médiatiques
Violences culturelles
Violences des conflits armés
1- Violence physique
Tout acte ou omission de la part des parents, de la personne qui s’occupe de
l’enfant ou de toute autre personne, qui entraîne ou qui est susceptible
d’entraîner une blessure chez l’enfant. Il peut s’agir de coups causant des
contusions, de coups de poing ou de pied, de coups portés à l’aide d’un
instrument, de morsures, de brûlures ou d’autres gestes comme battre,
pousser ou secouer l’enfant.
Ces gestes peuvent être une forme de punition ou de discipline excessive.
2- Violence sexuelle
Ce sont tous les actes, réels ou tentés, s’apparentant à une activité sexuelle
imposée à l’enfant, même lorsque celui-ci est apparemment consentant et
quelle qu’en soit la forme, homosexuelle ou hétérosexuelle. Ces violences
peuvent être commises par une personne adulte, notamment au sein de la
famille, mais aussi entre enfants.
Il peut s’agir d’actes sexuels de toutes sortes : harcèlement, viol,
attouchement, exhibition, exposition à la pornographie ou à des images
sexuellement abusives, contrainte à la prostitution. La traite et la vente
d’enfants à visée d’exploitation sexuelle entrent, bien entendu, dans la
définition des violences sexuelles.
Les violences peuvent être commises dans le cadre familial (inceste) et en
dehors de ce cadre, par exemple au sein d’institutions
3- Violence psychologique
Elles se déclinent sous forme d’agressions verbales, d’insultes, de
harcèlement moral, de menaces, de brimades, de réclusion dans un lieu
fermé, d’exposition, ponctuelle ou répétée, de l’enfant à des situations
terrorisantes. Les exigences excessives, le dénigrement systématique, les
humiliations, les comportements d’exclusion, ainsi que les violences
conjugales ou familiales dont un enfant est témoin.
4- Négligence
Il s’agit d’un déficit massif d’attention et de soins adaptés aux besoins
spécifiques de l’enfant à un quelconque stade de son développement.
L’enfant est globalement carencé en prise en charge éducative, en
nourriture, en attention, en socialisation, et en soins de santé. Dans tous ces
domaines, il manque de l’attention appropriée à son âge et à ses besoins. Là
encore, il peut s’agir d’un seul enfant au sein d’une fratrie par ailleurs
correctement traitée
5- Violence socio-économique
L’exploitation de l’enfant au travail à un âge inférieur à l’âge légal, la traite
et la vente d’enfants.
Il s’agit d’une violence puisque l’exploitation prive l’enfant non seulement
de son droit à la scolarisation mais aussi l’expose à des dangers physiques
innombrables, notamment le port de charges trop lourdes, l’inhalation de
produits toxiques et les travaux insalubres.
6- Violence scolaire
L’école peut être un milieu de grandes violences, en particulier entre
enfants, et ce dès le plus jeune âge. Certains enfants sont stigmatisés en
raison de particularités physiques, sociales, ethniques, religieuses ou d’un
handicap. Ils peuvent faire l’objet d’intimidations. L’école peut être aussi le
lieu de violences exercées contre certains enfants par des enseignants :
violences psychologiques, physiques, voire sexuelles.
7- Violence institutionnelle
La violence institutionnelle se produit dans des contextes très différents ;
plus particulière- ment dans les orphelinats, les structures d’accueil variées,
les établissements pénitentiaires. Il est démontré que la vie en institution
est propice à l’éclosion de la violence, que ce soit celle des adultes envers
les enfants ou encore celle entre enfants.
8- Violence collective
La violence peut s’exercer contre un groupe d’enfants, voire une catégorie
d’entre eux faisant l’objet de rejet ou de stigmatisation. Par exemple, il peut
s’agir d’enfants appartenant à une minorité ethnique, linguistique,
culturelle, ou à une population autochtone, qui ne bénéficient pas de la
même attention ou du même soutien que les autres enfants.
9- Violence entre enfants
Qu’il s’agisse de violences entre enfants du même âge ou des plus âgés à
l’égard des plus jeunes, ces violences peuvent être physiques,
psychologiques ou sexuelles, ou encore une combinaison des trois formes.
Elles s’exercent principalement à l’école mais pas exclusivement. Les
violences entre enfants comprennent aujourd’hui diverses formes de cyber-
harcèlement.
10- Cyber-harcèlement
Ce sont des violences exercées sur un ou plusieurs enfants par le biais
d’Internet, y compris des réseaux sociaux. Elles peuvent émaner d’autres
enfants mais aussi d’adultes cherchant à exercer un chantage ou à entrer en
contact avec des victimes potentielles. C’est une forme de violence en pleine
expansion.
11- Violences des images et des contenus médiatiques
De plus en plus tôt, les enfants, même très jeunes, ont accès à des contenus
inappropriés au regard de leur âge, que ce soit par le biais de la radio, de la
télévision, du cinéma, des jeux vidéo, d’internet ou de la presse écrite. La
régulation dans ce domaine est très difficile ou inopérante et les adultes ne
sont pas toujours conscients de la violence des images ou des contenus
auxquels leurs enfants ont accès.
12- Violence culturelle
Les mariages précoces, les mariages d’enfants, les mutilations sexuelles, le
non-respect de la volonté de l’enfant, l’ignorance systématique de sa parole
et de son avis peuvent s’abriter sous le couvert de traditions auxquelles
l’enfant ne peut se soustraire.
13- Violences des conflits armés
L’enfant peut être exposé à des situations de guerre, avec ou sans sa
famille. De ce fait, le nombre de réfugiés et de déplacés ne cesse de croître,
parmi lesquels près de la moitié a moins de 18 ans. La violence contre les
enfants dans ce type de situation est d’une brutalité sans pareille car
beaucoup d’enfants sont tués ou blessés lors des combats ou des
bombardements.
II- DES SIGNES VISIBLES ET INDIRECTS DES VIOLENCES FAITES
AUX
ENFANTS
La violence subie par un enfant peut ne pas être facile à détecter même si
elle laisse des signes visibles mais aussi des signes indirects du traumatisme
subi (les signes directs peuvent d’ailleurs être parfois trompeurs car
certains enfants sont très « casse-cou » et les signes indirects sont très
fréquents en cas de violences sexuelles) :
- Signes visibles : ecchymoses, douleurs, fractures, bosses,
écorchures, détresses respiratoires, contusions, irritabilité etc.
– Signes indirects : phobie du contact, troubles du comportement
(notamment alimentaires), difficultés scolaires, retard de croissance,
troubles psychosomatiques, troubles du sommeil, cauchemars,
énurésie, douleurs inexpliquées, dépression, etc.
III- L’IMPACT DE LA VIOLENCE SUR LES ENFANTS
Les conséquences de la violence sur les enfants sont multiples et peuvent se
répercuter plus tard dans leur vie adulte. Conséquences multiples,
irréversibles pour certains.
A court, moyen et long terme, ces conséquences peuvent affecter tout le
devenir de l’enfant et revêtir plusieurs formes: handicaps divers, maladies
sexuellement transmissibles, troubles du comportement, difficultés scolaires
et relationnelles, addictions, tendances suicidaires, automutilations,
stigmatisation, marginalisation, délinquance, faible estime de soi,
sentiments de honte, de culpabilité, de révolte, d’injustice ou de colère.
IV- LES AUTEURS DE LA VIOLENCE SUR LES ENFANTS
Il est fait mention ici d’une typologie des cas les plus fréquemment relevés.
Les membres de la famille: père ou la mère, voire les deux ensembles, les
frères et sœurs, les beaux-parents, ou encore les grands-parents…
Les adultes en position d’autorité (hors du milieu familial): Il peut
s’agir d’un enseignant, du personnel d’une institution autre que l’école,
d’une personne disposant de l’autorité publique ou d’une autorité morale.
Ce peut être aussi un chef de bande criminelle, éventuellement mineur
un(e) éducateur(rice) travaillant dans un centre de vacances, de loisirs ou
encore dans un club sportif. Ce peut être, enfin, un(e) religieux(se)
chargé(e) de l’éducation spirituelle et morale de l’enfant.
Les rencontres de hasard: Les rencontres fortuites peuvent représenter
un grand danger, notamment lorsqu’elles se produisent à l’occasion d’une
fugue ; ou encore lorsqu’il s’agit d’enfants errants, vivant dans la rue, de
migrants en situation irrégulière, d’enfants vivant dans un camp de réfugiés
ou de personnes déplacées. Les enfants peuvent par ailleurs faire l’objet de
sollicitations sexuelles en ligne de la part de prédateurs, un phénomène
alarmant en pleine croissance.
Les autres enfants
Il peut s’agir de mineurs nettement plus âgés que leurs victimes mais aussi
de violences entre pairs ; l’outil privilégié étant alors les réseaux sociaux. Ce
cas peut également se produire lorsque l’enfant est devenu le souffre-
douleur de la classe ou du groupe, victime d’une persécution parce qu’il
présente une différence (enfants étrangers, enfants « différents », surdoués,
handicapés, orphelins).
CE QU’IL FAUT RETENIR
Les violences subies par les enfants sont de différents types. Il est fréquent
que le même enfant en subisse plusieurs de manière concomitante ou
successive.
Toute expérience de violence entraîne de la souffrance et est une atteinte à
la dignité et à l’intégrité physique et psychique des enfants et des jeunes.
Ne pas être exposé à la violence est un droit fondamental de l’enfant,
protégé par la CIDE.
DPE 08 : L’ETABLISSEMENT DES FAITS
INTRODUCTION
I- LE SIGNALEMENT D’UN ENFANT VICTIME DE VIOLENCE
II- L’ENTRETIEN DE L’ENFANT PAR LA POLICE OU LA
GENDARMERIE
III- L’AUDITION DE L’ENFANT
INTRODUCTION
Les violences contre les enfants sont en effet pénalisées par le système
juridique ivoirien. Avant le stade de l’audition de l’enfant en justice, vient la
période complexe de l’établissement des faits par la police ou la
gendarmerie qui comprend : le signalement, l’entretien lui-même ainsi que
la protection de l'enfant et son accompagnement.
L’établissement des faits tient compte:
• L’âge de l’enfant
Plus l’enfant est jeune, plus les faits de violence seront considérés comme
graves par la loi. Dans la plupart des pays, l’âge de la majorité civile est fixé
à 18 ans.
Le caractère délictueux des actes sexuels commis sur les mineurs de la
tranche d’âge 15-ans est jugé crime
• Les circonstances de l’agression
Si l’agression est par exemple commise en réunion, sous la contrainte,
notamment sous la menace d’une arme, ou encore par le biais d’un réseau
de communications électroniques, le tribunal retiendra la notion de
circonstances aggravantes.
• La qualité de l’agresseur
L’agression est considérée comme aggravée si elle est commise par un
ascendant de l’enfant (par exemple, parent, grands-parents), son/sa
tuteur/tutrice légal(e) ou par une personne investie de l’autorité
(enseignant, éducateur, fonctionnaire, etc.) ou du cercle de confiance de
l’enfant.
• Les caractéristiques de l’enfant
Il peut s’agir d’un enfant en situation de handicap physique ou mental, placé
en institution d’accueil ou pénitentiaire, ou particulièrement vulnérable et
dépendant. Entrent également dans cette catégorie les mineurs victimes de
traite, exploités sexuellement ou économiquement dans des conditions qui
relèvent de l’esclavage.
I- LE SIGNALEMENT D’UN ENFANT VICTIME DE VIOLENCE
Qu’est-ce que le signalement ?
Le signalement est un mécanisme d’alerte comprenant la description d’une
situation de danger pour un enfant ; danger effectif, immédiat ou présumé,
nécessitant une mesure de protection administrative ou judiciaire. Il peut
s’agir d’une procédure d’urgence si les professionnels estiment que la
situation de l’enfant exige une réponse immédiate.
Qui procède au signalement ?
• L’enfant lui-même : il doit pouvoir accéder à une autorité qui relaiera
les faits.
• Ses parents, tuteurs, représentants légaux, les membres de son
entourage familial, amical, les voisins, les témoins oculaires des faits.
• Les forces de police/gendarmerie auprès desquelles les faits auront
été relatés ou qui constatent certains faits.
• Le personnel scolaire (enseignants, assistants sociaux, infirmiers,
éducateurs).
• Le personnel des services sociaux de l’État ou des autorités locales
(provinciales, départe- mentales, communales).
• Le personnel des crèches.
• Les services hospitaliers et les médecins libéraux.
• Le milieu associatif en contact avec les enfants.
• Le défenseur des enfants ou médiateur qui, dans quelques pays, peut
recueillir l’alerte initiale et les confidences de l’enfant.
• Les chefs coutumiers et religieux.
• Les citoyens : certains pays considèrent que toute personne, y compris
mineure, peut signaler des faits de violence sur un enfant, en simple qualité
de citoyen.
Auprès de qui signaler ?
• Aux services de police ou de gendarmerie ;
• Aux services sociaux qui transmettront les faits relatés aux services
enquêteurs ;
• Aux lignes téléphoniques dédiées qui relaieront l’information ;
• Auprès des services accessibles par téléphone qui en ont reçu le
mandat ;
• À l’autorité judiciaire, en particulier au procureur.
II- L’ENTRETIEN DE L’ENFANT PAR LA POLICE OU LA
GENDARMERIE
Il est préférable de parler d’entretien avec l’enfant plutôt que
d’“interrogatoire” car il s’agit, en effet, d’une interaction non suggestive
avec l’enfant.
Il est important que l’enfant soit écouté par la même personne et de
préférence par quelqu’un du même sexe que lui pour qu’il se sente
davantage en confiance.
Dès l’instant où l’enquête est déclenchée, elle répond à des règles que
chaque professionnel doit connaître.
Qui dirige l’enquête ?
Qui réalise l’enquête ?
• Qui dirige l’enquête ?
Généralement un magistrat (procureur ou son équivalent, juge
d’instruction), le directeur des poursuites criminelles et pénales ou
directement les forces de police ou de gendarmerie.
• Qui réalise l’enquête ?
Les services de police et de gendarmerie. Dans la majorité des États, des
services spécialisés ont été créés (tels que les brigades des mineurs).
III- L’AUDITION DE L’ENFANT
Tous ceux qui, à des titres divers, écoutent et entendent un enfant victime
de violences doivent atteindre un équilibre difficile à trouver, lors de
l’audition, entre plusieurs conceptions :
– L’audition a-t-elle pour objectif premier d’obtenir de l’enfant victime
autant d’éléments de preuve que possible, qui permettront d’identifier
l’auteur des violences et de le traduire devant la justice ?
L’enquêteur tentera d’obtenir le maximum d’éléments de la part de l’enfant
et d’éviter les risques de fausses accusations ou de manipulation.
– Ou bien l’audition vise-t-elle avant tout à obtenir de l’enfant une vérité
(sa vérité) qui ne sera peut-être pas celle qu’attend la justice ? Dans cette
hypothèse, il sera davantage accepté que l’enfant ne veuille ou ne puisse pas
tout dire, surtout si son présumé agresseur est l’un de ses proches.
L’enquêteur ne cherchera pas à mener l’enfant là où il ne veut pas aller.
L’enquêteur devra tenir compte de ces deux exigences : tenter d’aller au
plus près de la vérité des faits sans pour autant se montrer exagérément
intrusif pour ne pas blesser l’enfant.
L’information et la préparation de l’enfant
L’enfant doit être préparé à son audition ; ses objectifs et son déroulement
doivent lui être expliqués par le policier ou le gendarme qui va recueillir ses
déclarations. L’enfant doit comprendre ce que deviendra la parole qu’il
exprime au cours de l’audition. Il est important de lui expliquer que, même
si son opinion et son témoignage sont essentiels, ils ne détermineront pas à
eux seuls la décision finale du tribunal.
L’enquêteur devra disposer d’éléments de contexte sur la vie de l’enfant et
sur les circonstances de l’agression et évaluer dès le début de l’audition sa
capacité à se situer dans l’espace et dans le temps.
Les conditions adaptées à l’audition
Il est nécessaire de prendre en compte les horaires des auditions, les délais
et les espaces d’attente, qui doivent être adaptés aux enfants. Dans la
mesure du possible, les locaux doivent être neutres et comporter peu
d’éléments de décoration de manière à ne pas distraire l’enfant.
La salle d’audition se situe généralement dans des locaux de police ou de
gendarmerie. Toutefois, des salles peuvent aussi être spécialement
aménagées en milieu hospitalier ou dans des unités spécialisées, ou encore
dans des structures d’accueil pour enfants.
Les enquêteurs en civil ou en uniforme ?
La pratique habituelle veut que les policiers soient généralement en civil au
cours de l’audition alors que les gendarmes conservent leur uniforme. Il n’y
a pas de consensus sur ce point : le plus important est que l’enfant sache à
qui il s’adresse et que les positions de chacun lui soient bien expliquées.
Le cadre de l’audition
Les enquêteurs préfèrent généralement être seuls avec l’enfant et sans ses
parents car ils redoutent le jeu des émotions complexes que leur présence
peut susciter chez lui. Toutefois, si l’enfant est très jeune, la présence de ses
parents pourra se révéler indispensable. Par ailleurs, certaines dispositions
juridiques imposent la présence d’un parent, d’un tuteur ou d’un
représentant légal pour assister l’enfant pendant son audition.
La conduite à tenir par les enquêteurs au cours du déroulement de
l’audition
– Adapter l’audition selon le développement de l’enfant, en particulier à
son niveau de langage et de développement cognitif.
– Prendre le temps d’établir avec l’enfant une relation de confiance et
adopter avec lui une attitude bienveillante.
– Expliquer à l’enfant qu’il ne doit parler que de ce qui lui est
réellement arrivé en donnant tous les détails, sans craindre d’interrompre
l’enquêteur ni de dire « je ne me souviens pas », « je ne sais pas », ou « je ne
comprends pas la question ».
– Demander à l’enfant de raconter des événements récents qu’il a vécus,
sans rapport avec le thème de l’audition, pour mesurer sa capacité à
comprendre les questions et l’entraîner à fournir un récit détaillé.
– Sur le thème même de l’enquête, poser des questions aussi peu
suggestives et aussi ou- vertes que possible. Par exemple : « Qu’est-ce qui
est arrivé ensuite ? », « Dis-moi tout sur ça » ou « Dis-m’en plus sur ça ». S’il
manque des détails importants, l’enquêteur pourra alors poser des questions
plus spécifiques, telles que : « Où ? Qui ? Quand ? Quoi ? » ou des questions
à choix multiples qui permettront d’obtenir des détails sur des éléments déjà
dévoilés par l’enfant.
– L’enquêteur doit rester le plus objectif possible en tentant d’explorer
des hypothèses et des explications alternatives à la situation décrite par
l’enfant. Il devra éviter toute forme de pression sur lui, en lui disant, par
exemple : « Tes frères et sœurs, tes amis, nous ont dit que… »
Même en l’absence de recours formel aux deux protocoles mentionnés ci-
dessus, la pratique générale de l’audition s’orientera vers le déroulement
suivant :
– L’enquêteur se présente à l’enfant et lui explique les objectifs de
l’audition ; il s’assure que les besoins immédiats de l’enfant sont satisfaits,
que ses blessures éventuelles ont été soignées, qu’elles n’hypothèquent pas
la tenue de l’audition, qu’il n’a ni faim ni soif.
– Si l’audition est filmée ou enregistrée, l’enquêteur le dit à l’enfant, lui
montre la caméra et le micro, et lui explique à quoi sert cette procédure.
– L’enquêteur met l’enfant en confiance et lui démontre qu’il a besoin
que la vérité soit dite. Il lui détaille ce qu’il entend par « vérité » en prenant
des exemples qui se situent dans la vie quotidienne de l’enfant.
– L’enquêteur indique à l’enfant qu’il n’est pas obligé de répondre à
toutes les questions, qu’il peut toujours demander qu’une question soit
répétée et qu’il peut interrompre l’entretien à tout moment.
– Il peut être utile de demander à l’enfant de dessiner la situation qu’il a
vécue s’il ne parvient pas à s’exprimer ; mais l’usage des dessins ne fait pas
l’unanimité parmi les spécialistes, notamment en raison des difficultés
rencontrées pour les interpréter.
L’âge de l’enfant entre ici en considération. À souligner : si un enfant
demande à s’exprimer par le dessin, il convient bien entendu d’accéder à sa
demande.
- L’enquêteur précise à l’enfant que ses paroles sont importantes, que les
détails sont importants et qu’il sera tenu compte de sa parole. Il vérifie que
l’enfant comprend bien ce qui lui est dit et s’assure qu’il adhère au
déroulement de l’entretien
– Lorsqu’il est convaincu que l’enfant est disposé à parler, l’enquêteur
pose à l’enfant des questions « ouvertes », aussi peu directives que possible.
Il lui laisse du temps pour répondre et cherche à le faire remonter dans ses
souvenirs. Si l’enquêteur a mal compris, il pourra demander à l’enfant de
préciser avec la formulation suivante : « Dis-m’en plus sur tel ou tel point ».
– L’entretien doit être libre : l’enfant doit pouvoir revenir sur un point
déjà abordé, ajouter des détails, se contredire même. L’enquêteur favorisera
la narration par une écoute active, sans chercher à enfermer l’enfant dans
des détails, des oublis, ni lui faire ressentir une quelconque culpabilisation
sur des omissions toujours possibles.
– Si au fur et à mesure de l’entretien l’enquêteur constate que l’enfant a
affabulé ou qu’il a été manipulé par un tiers pour faire des déclarations
inexactes, il doit continuer à appliquer les principes exposés ci-dessus et
surtout éviter toute moralisation ou toute culpabilisation de l’enfant au
cours de l’entretien.
– En toute fin d’entretien, si le besoin s’en fait sentir, l’enquêteur peut
passer à des questions plus fermées, plus directives, avec des options de
réponses possibles. Par exemple : « Tu m’as bien dit que c’était le jour où tu
avais ton cours de musique ? »
« C’était une personne que tu voyais à la table de tes parents ? Oui ? Non ?
»
– L’enquêteur note aussi toutes les expressions non verbales de l’enfant
tels que ses gestes, mimiques, soupirs et pleurs et les retranscrit. Il est
particulièrement important de préciser si l’enfant paraît disposé à parler ou
si, au contraire, il semble complètement fermé.
– Le tout fait l’objet d’une transcription écrite, un « verbatim » ou
procès-verbal, à destination du tribunal.
– À la fin de l’entretien (qui ne doit jamais être trop long et doit
aménager des pauses), l’enquêteur remercie l’enfant et lui explique l’usage
qui sera fait de sa parole. Si l’enfant demande le secret alors que les faits
sont graves, l’enquêteur devra lui expliquer que la justice doit être saisie. Au
stade d’une enquête de police, un enquêteur ne peut pas être lié par la
volonté d’un enfant d’imposer le secret, quelle que soit la gravité des faits.
Mais il doit pouvoir répondre aux questions de l’enfant sur les éventuelles
répercussions de ses déclarations.
DPE 09 : ROLE DE LA GENDARMERIE DANS LA PROTECTION DES
MINEURS
INTRODUCTION
I- LA PROTECTION DU MINEUR NON DELINQUANT
II- LA PROTECTION DU MINEUR DELIQUANT
III- LES PARTICULARITES PROPRES AUX ENQUETES DE
GENDARMERIE EN
MATIERE DE PROTECTION DE L’ENFANT
IV- LE ROLE DE LA GENDARMERIE DANS L’EXECUTION DES
MESURES
PRISES PAR LE JUGE DES ENFANTS
INTRODUCTION
Le problème posé par la protection des mineurs présente deux aspects qui
en réalité recouvrent la même préoccupation: la réinsertion sociale du jeune
garçon ou de la jeune fille.
- le premier aspect concerne les mineurs délinquants pour lesquels le droit
pénal envisage des mesures de traitement et qui font l’objet, par ailleurs,
d’un régime procédural particulier.
- Le second aspect intéresse les mineurs qui sont en danger physique
ou moral.
La Gendarmerie est intéressée par ces deux aspects de la question qui sera
abordée sous quatre points.
- La protection des mineurs non délinquants;
- La protection des mineurs délinquants;
- Les particularités propres aux enquêtes de Gendarmerie concernant
les mineurs
- Le rôle de la Gendarmerie dans l’exécution des mesures prises par le
juge des enfants
I- LA PROTECTION DU MINEUR NON DELINQUANT
Le plus souvent c’est l’autorité judiciaire qui s’est vu confier la charge
d’assurer cette protection, mais la législation moderne a également donné à
l’administration un rôle en la matière.
A- LES REGLES DE PROTECTION SPECIALES
Les règles de protection spéciales des mineurs sont des dispositions pénales
qui visent à sanctionner ceux qui, dans des domaines particuliers et bien
définis, portent atteinte à la santé, à la moralité, à l’éducation, à la sécurité
des personnes mineurs.
Il s’agit d’une protection indirecte.
La mesure a pour objet de faire disparaître la cause du danger en frappant
pénalement ceux qui la créent, mais elle n’a pas d’effet direct sur le mineur
lui-même.
Les règles sont nombreuses et diverses. Le rôle de la Gendarmerie dans ce
domaine ressort directement de la police judiciaire: constater les infractions
par procès-verbal.
B- LA PROTECTION A CARACTERE GENERAL
L’objectif n’est pas de sanctionner l’auteur de l’infraction ayant nui à un
mineur, mais bien pour assurer la protection de ce mineur que le danger
auquel il est exposé provient ou non d’une infraction commise par un tiers,
et même quand ce danger consiste dans le risque pour le mineur de tomber
dans la délinquance.
Il faut examiner:
- Les conditions de cette protection
- Le rôle de la Gendarmerie en la matière.
Les conditions de cette protection
Les magistrats possèdent une totale liberté d’appréciation de l’existence du
péril qui menace le mineur.
L’originalité de l’institution se manifeste de plusieurs façons:
- Le magistrat chargé de l’application des textes ayant trait à
l’assistance éducative qui est une mesure à caractère civil, est le juge
des enfants qui est un magistrat pénal.
- Ce magistrat peut être saisi de la façon la plus large. Il peut l’être sur
la requête des parents mais aussi par le mineur lui-même ou par le
Procureur de la République (il peut se saisir lui-même). Il peut aussi
éventuellement être saisi par le juge de la police quand ce dernier est
amené à juger un mineur pour une contravention des quatrièmes
classes.
- C’est dire que le juge des enfants peut décider d’intervenir quelles que
soient les conditions dans lesquelles l’information lui est parvenue.
- Le juge des enfants est libre d’apprécier la gravité des situations qui
lui sont soumises. Il peut prendre ou ne pas prendre des mesures
d’assistances éducatives selon qu’il le juge opportun ou non. Si le
mineur se livre à la prostitution il doit intervenir.
Rôle de la Gendarmerie
Dans l’hypothèse étudiée, la Gendarmerie n’a pas à constater des
infractions. Son rôle est de renseigner le Procureur de la République sur
l’existence du péril, sur ses manifestations, sur ses causes et sur la situation
du mineur en danger.
C’est une mission permanente, qui s’exerce d’initiative; qui exige une bonne
connaissance des populations et une recherche orienté du renseignement
auprès des personnes bien placées pour connaître les situations de cet ordre
(instituteurs, médecins, curés, imam, maires, assistantes sociales,
mouvement de jeunesse, etc…) qui exige également que les gendarmes en
service assurent une surveillance toute particulière des jeunes (mineurs
dans les débits de boissons, hôtels, dépenses anormales, vagabondage des
mineurs, etc…
Les renseignements recueillis sont fournis au Parquet, selon l’urgence, soit
par procès-verbal, soit par communication téléphonique.
II- LA PROTECTION DU MINEUR DELIQUANT
La protection des mineurs délinquants repose essentiellement sur la
conception éducative et de traitement donné à la sanction dont ils font
l’objet.
LA GENDARMERIE n’est pas directement intéressée à ce stade, mais elle
doit, à celui de la police judiciaire, c’est-à-dire au cours de l’enquête, agir en
tenant compte de ce souci de réduction et de traitement et cela conditionne
son attitude dans ses rapports avec les mineurs délinquants.
Les gendarmes doivent savoir que le plus souvent c’est à travers eux que le
mineur délinquant prend son premier contact avec l’appareil judiciaire et
que ce premier contact risque d’avoir une influence importante sur son
comportement ultérieur.
C’est pourquoi il faut prendre certaines précautions.
- Ne pas risquer de traumatiser psychiquement le mineur par des mesures
de coercition trop fortes.
- Veiller à ne pas favoriser les tendances à l’orgueil. Il faut demeurer
simplement avec un délinquant en ne lui donnant pas l’impression que son
délit est exceptionnel. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille minimiser
à dessein la gravité de son acte.
Le mineur doit avoir un sentiment de culpabilité en proportion avec la faute
qu’il a commise.
III- LES PARTICULARITES PROPRES AUX ENQUETES DE
GENDARMERIE EN
MATIERE DE PROTECTION DE L’ENFANT
La Gendarmerie établit des procédures d’initiative quand elle constate des
infractions commises par un mineur ou quand elle signale la situation d’un
mineur en danger moral ou physique.
Elle procède par ailleurs à des enquêtes d’un type particulier sur le mineur,
sa famille et son milieu.
A- ETABLISSEMENT DES PROCEDURES D’INITIATIVE
Ces procédures sont établies soit sous la forme d’enquête de flagrant délit
ou d’enquête préliminaire s’il s’agit de signaler la situation périlleuse d’un
mineur.
Ces procédures sont transmises au Procureur de la République par
l’intermédiaire du Commandant de Compagnie.
Par ailleurs il serait opportun que ces procédures fassent l’objet d’un
classement spécial.
EXEMPLE
A- la brigade ayant rédigé la procédure ouvre un dossier individuel pour
chaque mineur intéressé et y classe le P.V archive
B- la compagnie dont dépend la brigade ayant rédigé la procédure, à la
réception de celle-ci, établit une fiche au nom du mineur qui est classée
dans un fichier spécial
C- la brigade du domicile du mineur est destinataire d’une copie du P.V
qu’elle classe également dans un dossier individuel
D- la compagnie du domicile du mineur, au passage de la copie du P.V
destiné à la brigade du domicile, établit une fiche au nom de ce mineur et la
classe dans son fichier spécial.
Ces dossiers et ces fiches sont mis en place quand il s’agit:
- D’un mineur délinquant
- D’un mineur en danger physique ou moral
- D’un mineur victime d’une infraction.
B- ENQUETE SUR LE MINEUR, SA FAMILLE, ET SON MILIEU
Qu’il ait à examiner le cas d’un mineur délinquant ou d’un mineur en
danger, le juge des enfants doit être éclairé sur la personnalité du mineur.
Pour parvenir à cette connaissance il dispose de plusieurs moyens au rang
desquels se situe l’enquête sociale.
L’enquête sociale est diligentée par les service sociaux ou des personnes
habilitées, titulaires d’un diplôme de service social. Elle n’intéresse pas la
Gendarmerie.
MAIS très souvent, l’enquête sociale proprement dite est précédée d’une
enquête confiée à la Gendarmerie et qui est dénommée ENQUETE SUR LE
MINEUR, SA FAMILLE ET SON MILIEU.
Son but est de renseigner l’autorité (substitut chargé des affaires de
mineurs, juge des enfants)
Sur la personnalité du mineur (santé, caractère, comportement familial,
scolaire, professionnel et social), sur son passé, son milieu, ces conditions de
vie et d’éducation ainsi que sur la situation matérielle et morale de ses
parents ou tuteurs.
Son caractère essentiel est d’emprunter exclusivement à la méthode
objective, en s’appuyant sur:
- Des constatations de fait,
EXEMPLE: description de l’habitat ou de l’aspect physique des enfants,
documents photographiques.
- Des contrôles sur pièces,
EXEMPLE: état-civil ou renseignement administratifs
- Des témoignages écrits (parents, voisins, autorités locales, instituteurs,
employeurs, mineur lui-même, etc…).
Compte tenu des aspects complémentaires de l’enquête sur le mineur, sa
famille et son milieu et de l’enquête sociale, le magistrat (substitut chargé
des affaires de mineurs, juge des enfants, juge d’instruction) a seul qualité
pour décider des cas justifiant une enquête de Gendarmerie.
Selon la part d’initiative qui leur est laissée par le magistrat, les gendarmes
peuvent procéder à une enquête sur le mineur, sa famille et son milieu:
- Soit toute les fois qu’une telle enquête leur parait utile
- Soit dans certaines hypothèses déterminées limitativement
- Soit uniquement sur instruction du magistrat saisi
L’enquête sur le mineur, sa famille et son milieu peut être faite sur simple
demande et dans ce cas elle est effectuée par un OPJ dans la forme de
l’enquête préliminaire, soit en vertu d’une
Commission rogatoire (mais seulement s’il s’agit d’un mineur délinquant) et
dans cette hypothèse elle est de la compétence exclusive d’un OPJ.
Parfois le magistrat laisse aux exécutants une grande initiative; parfois il
leur adresse un questionnaire auquel ils doivent répondre.
IV- LE ROLE DE LA GENDARMERIE DANS L’EXECUTION DES
MESURES
PRISES PAR LE JUGE DES ENFANTS
Normalement la Gendarmerie n’a pas à intervenir au stade de l’exécution
des mesures d’assistance prises par le juge des enfants.
En particulier la conduite des mineurs dans les internats est de la
compétence des fonctionnaires de l’éducation surveillée.
Elle peut cependant être amenée à prêter main forte aux assistantes
sociales qui, devant procéder au retrait des enfants aux parents, se heurtent
à une opposition violente. Les règles applicables en matière de réquisition
de main forte trouvent ici leur application.