Diagonalisation
Diagonalisation
COURS D’ALGÈBRE L2
1
Chapitre 1
Diagonalisation et Applications
Dans tout le cours , E sera un espace vectoriel de dimension finie sur un corps K.
1. Diagonalisation d’endomorphisme
Définition 1.1. Soient f ∈ L (E), un scalaire λ ∈ K est une valeur propre de f s’il
existe u 6= 0 tel que f (u) = λu.
Définition : f ∈ L (E) .
Le spectre de f est l’ensemble de ses valeurs propres.
3
4 1. DIAGONALISATION ET APPLICATIONS
1 1 −1
−1 1 −1 1 −1 1
ω2 = + + = 0.
1 −1 1 −1 1 −1
Donc Pf (X) = −X 3 − X 2 + 4 = −(X + 2)2 (X − 1). Déterminons les sous espaces propres.
Soit (x, y, z) ∈ E1 = ker(f − idE ), on a
x 0 −2x + y + z = 0
(A − I3 ) y = 0 ⇔ x − 2y + z = 0
z 0 x + y − 2z = 0
1. DIAGONALISATION D’ENDOMORPHISME 5
E1 = (x, y, z) ∈ R3 /x = y = z = Vect(u1 )
z 0
α1 u1 + α2 u2 = 0 =⇒ α1 f (u1 ) + α2 f (u2 ) = 0
=⇒ α1 λ1 u1 + α2 λ2 u2 = 0
=⇒ α1 (λ1 − λ2 )u1 = 0.
n
P
f (ej ) = aij ei , k + 1 ≤ j ≤ n; aij ∈ K, donc on a
i=1
λ ··· 0 a1,k+1 · · · a1,n
. .
. . ... .. ..
.. . .
!
0 ··· λ ak,k+1 ··· ak,n λIk C
M =
0 ··· 0
= .
ak+1,k+1 · · · ak+1,n
0 D
. .. .. ..
.. . . .
0 ··· 0 an,k+1 ··· an,n
Ainsi Pf (X) = (λ − X)k PD (X) = (−1)k (X − λ)k PD (X) d’où (X − λ)k divise Pf (X), ainsi
k ≤ α, on en déduit que 1 ≤ dim Eλ ≤ α.
Définition 1.16. Une matrice carrée A ∈ Mn (K) est dite diagonalisable s’il existe
P ∈ GLn (K) tel que D = P −1 AP soit une matrice diagonale.
Supposons qu’il existe l ∈ [[1, r]] tel que αl < dim(Eλl ) = βl . La famille {e1,λl , · · · , eαl ,λl }
est une famille libre, complètons la pour avoir une base {e1,λl , · · · , eαl ,λl , · · · , eβl ,λl } de Eλl .
La famille
S = {e1,λ1 , · · · , eα1 ,λ1 , e1,λ2 , · · · , eα2 ,λ2 , · · · , eαl ,λl , · · · , eβl ,λl · · · , e1,λr , · · · , eαr ,λr }
est une famille libre de E avec dim(E) = card(B) < card(S) ce qui impossible donc
r
P
αi = dim(Eλi ) ∀j ∈ [[1, r]]. Ainsi dim(E) = dim(Eλi ), comme les Eλi sont en somme
i=1
r
L
directe, on a E = Eλi .
i=1
r
X r
X
dim E = αi + deg(Q) =⇒ dim Eλi < dim E
i=1 i=1
Mr
=⇒ dim( Eλi ) < dim E
i=1
r
L
Donc E 6= Eλi donc f n’est pas diagonalisable.
i=1
b) On suppose qu’il existe i0 ∈ [[1, r]] tel que dim Eλi < αi .
On a
r
X r
X r
X
dim Eλi = dim Eλi0 + dim Eλi < αi0 + αi ,
i=1 i=1,i6=i0 i=1,i6=i0
1. DIAGONALISATION D’ENDOMORPHISME 9
r
P r
P
donc dim Eλi < dim αi < dim E. On en déduit que f n’est pas diagonalisable.
i=1 i=1
1 1 −1
Le polynôme caractéristique de A est PA (X) = −(X + 2)2 (X − 1) il est scindé dans R.
La dimension de chaque sous espace propre est égal à la multiciplicité de cette valeur
propre : E−2 = Vect(u1 , u2 ) avec u1 = (1, 0, −1) et u2 = (0, 1, −1) on a ; dim E−2 = 2
cette dimension est égale à la multiplicité de la valeur propre λ = −2. De même E1 =
Vect(u3 ), u3 = (1, 1, 1), dim E1 = 1 = multiplicité de λ = 1. L’endomorphisme f est donc
1 0 1
diagonalisable. Les matrices de passage et diagonale associées sont P = 0 1 1
−1 −1 1
−2 0 0
et D = 0 −2 0
0 0 1
Exemple 1.21.
Même question pour l’endomorphisme associé à la matrice A =
3 0 −1
2 4 2
−1 0 3
PA (X) = −X 3 + T r(A)X 2 − w2 X + det A; on a T r(A) = 10 et
4 2 3 −1 3 0
w2 = + + = 12 + 8 + 12 = 32;
0 3 −1 3 2 4
4 2 2 4
det A = 3 − = 36 − 4 = 32 ; donc
0 3 −1 0
PA (X) = −X 3 + 10X 2 − 32X + 32 = −(X − 2)(X − 4)2 est scindé.
dim E2 = 1; dim E4 = dim R3 − rg(A − 4I) = 3 − 1 = 2.
Donc PA (X) est scindé et la dimension de chaque sous-espace propre est égale à la mul-
tiplicité de la valeur propre, ainsi A est diagonalisable.
Diagonalisons l’endomorphisme f associé à A :
10 1. DIAGONALISATION ET APPLICATIONS
x 0
(x, y, z) ∈ E2 ⇐⇒ (A − 2I) y = 0
z 0
1 0 −1 x 0
⇐⇒ 2 2 2 y = 0
−1 0 1 z 0
(
x−z = 0
⇐⇒
x+y+z = 0
(
x = z
⇐⇒
y = −2x
Donc E2 = {(x, −2x, x)/x ∈ R} = Vect(u1 ) avec u1 = (1, −2, 1).
(x, y, z) ∈ E4 ⇐⇒ x + y = 0 ⇔ z = −x, ainsi
E4 = {(x, y, −x)/x, y ∈ R} = Vect{u2 , u3 } avec u2 = (1, 0, −1), u2 = (0, 1, 0). Posons
B = {u1 , u2 , u3 }, on a
1 1 0 2 0 0
P = −2 0 1 et D = 0 4 0 .
1 −1 0 0 0 4
On a D = P −1 AP ainsi A = P DP −1 .
0 −1 1
Exercice 1.22. Soit f de matrice M = −1 0 1 dans la base canonique de
1 −1 0
R3 .
Montrer que 0, 1 et −1 sont valeurs propres de f.
En déduire une matrice P inversible telle que M = P · D · P −1 avec D de diagonale 0, 1
et −1.
4 −1 −1 0
0 3 −1 0
Exercice 1.23. Soit f ∈ L (R4 ) de matrice M =
0 −1 3 0 dans la base
2 −1 −1 2
4
canonique de R .
Montrer que 2 et 4 sont valeurs propres de f et déterminer les sous espaces propres
associés.
En déduire que f est diagonalisable ainsi qu’une base de vecteurs propres.
2. APPLICATIONS 11
2. Applications
2.1. Puissances de matrice et suites récurrentes linéaires. Soit (Un )n∈N une
suite de matrices colonnes de Rm où m ≥ 2 est un entier naturel. On suppose que la
suite (Un )n∈N est définie par le terme initial U0 ∈ Rm et par la relation Un+1 = A · Un
où A est une matrice diagonalisable. Pour tout entier naturel n on a Un = An · U0 de
sorte que déterminer Un revient à déterminer la puissance An de la matrice A. Comme A
est diagonalisable il existe une matrice diagonale D et une matrice inversible P tel que
A = P · D · P −1 , on a An = P · Dn · P −1 . La matrice Dn est la matrice diagonale dont les
éléments diagonaux sont les puissances de valeurs propres de A.
dx1
dt
= a11 x1 + a12 x2 + . . . + a1n xn
dx2 = a x + a x + . . . + a x
dt 21 1 22 2 2n n
.
..
dxn = a x + a x + . . . + a x
dt n1 1 n2 2 nn n
dx1
dt
a11 x1 + a12 x2 + · · · + a1n xn
dx2
a21 x1 + a22 x2 + · · · + a2n xn
dX dt
= .
=
..
dt .
. .
dxn
dt
an1 x1 + an2 x2 + · · · + ann xn
dX
On a donc dt
= AX
12 1. DIAGONALISATION ET APPLICATIONS
λ1 0 ··· 0 z1
0 λ2 · · · 0 z2
D= .. .. . . , Z = . et X = P Z.
.. .
. . .
. .
0 0 ··· λn zn
d(P Z)
On a dX
dt
= dt
= P dZ
dt
= AX = (AP )Z, donc dZ
dt
= (P −1 AP ) = DZ, . Ainsi :
dz1
dt
λ1 0 ··· 0 z1
dz2
0 λ2 · · · 0 z2
dZ dt
= . = .. .. . . .. .. ,
dt .. . . . . .
dzn
dt
0 0 ··· λn zn
dzi
donc nous avons dt
= λi zi ⇒ zi = αi eλi t , il en résulte que
α1 eλ1 t
α2 eλ2 t
Z= .. .
.
αn eλn t
1 1 −1 z
La matrice A est diagonalisable et sa diagonalisée ainsi que la matrice de passage sont
respectivement
1 0 0 1 1 0
D = 0 −2 0 et P = 1 0 1 .
0 0 −2 1 −1 −1
2. APPLICATIONS 13
z1
Posons X = P Z avec Z = z2 . Le système différentiel dX = AX est équivalente au
dt
z3
aet
système dZ = DZ dont la solution est donnée par Z = be−2t .
dt
ce−2t
1 1 0 aet aet + be−2t
On en déduit que X = P Z = 1 0 1 be−2t = aet + ce−2t
−2t t −2t −2t
1 −1 −1 ce ae − be − ce
d’où
x = aet + be−2t
y = aet + ce−2t
z = aet − be−2t − ce−2t .