Applications
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E NSEMBLES ET APPLICATIONS
Soient E et F deux ensembles. On appelle application de E dans F un objet mathématique f qui à tout élément
E −→ F
x de E associe un élément f(x) de F. Une telle application est notée f : .
x 7−→ f(x)
E et F s’appellent respectivement ensemble de départ et ensemble d’arrivée de f.
Exemple 1.1
C −→ R
f: est une application de C dans R.
z 7−→ |z|
R −→ C
f: est une application de R dans C.
x 7−→ eix
Remarque. Une application n’a pas toujours comme ensembles d’arrivée et de départ des ensembles de réels
ou même de nombres. On pourrait par exemple considérer E l’ensemble des élèves de la classe, F l’ensemble des
entiers naturels et f l’application de E dans F qui à un élève associe son âge.
Exemple 1.2
R −→ R
Soit f : .
x 7−→ x2
I 2 admet pour image 4 par f.
I −1 n’admet aucun antécédent par f.
I 0 admet 0 comme unique antécédent par f.
I 4 admet 2 et −2 comme antécédents par f.
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Remarque. Γ est le graphe d’une application de E dans F si et seulement si Γ est une partie de E × F et si
∀x ∈ E, ∃!y ∈ F, (x, y) ∈ Γ
Soit f : E → F une application. On appelle image de f l’ensemble noté Im f des éléments de F qui ont un
antécédent par f dans E. Plus formellement
Im f = y ∈ F | ∃x ∈ E, y = f(x) = f(x), x ∈ E
−→ F
E
Remarque. Si on vous demande de montrer qu’une application f : est bien définie, il s’agit de
7−→ f(x)
x
R∗+ −→ R+
montrer que pour tout x ∈ E, f(x) ∈ F, autrement dit que Im f ⊂ F. Par exemple, l’application
x 7−→ ln x
R∗+ −→ R
est mal définie tandis que est bien définie.
x 7−→ ln x
Représentation graphique
Si f est une application (resp. une fonction) dont l’ensemble de départ (resp. l’ensemble de définition) E est
une partie de R (typiquement un intervalle) et dont l’ensemble d’arrivée est R (ou une partie de R), on peut
représenter graphiquement le graphe de f. Si on munit le plan d’un repére (orthonormé), l’ensemble des points
de coordonnées (x, f(x)) où x décrit E est une « courbe » du plan.
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Exemple 1.3
Notion de famille
Soient E et I deux ensembles. Une application de I dans E est aussi appelée une famille d’éléments de E
indexée sur I. En particulier, l’ensemble des familles d’éléments de E indexées sur I se note EI .
Les notions de famille et d’application sont deux visions du même objet. Une application est la manière de
passer d’un ensemble à un autre tandis qu’une famille est une « collection d’objets ».
Exemple 1.4
Une suite de réels est au choix une famille d’éléments de R indexée sur N ou une application de N dans R.
L’ensemble des suites réelles se note donc RN .
Remarque. Un n-uplet d’un produit cartésien En peut être vu comme une famille d’éléments de E indexée
sur un ensemble à n éléments.
Deux applications f et g sont égales si elles ont même ensembles de départ E et d’arrivée F et même graphe Γ .
L’égalité des graphes est équivalente à la condition suivante :
∀x ∈ E, f(x) = g(x)
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Fonction indicatrice
E −→ {0,
1}
On considère un ensemble E. Pour A ∈ P(E), on définit l’application 1A : 1 si x ∈ A appelée
x 7−→
0 si x ∈
/A
fonction indicatrice de A.
Une fonction indicatrice caractérise complètement une partie de E dans le sens où si A, B ∈ P(E),
1A = 1B ⇐⇒ A = B
On peut également prouver les relations suivantes :
I 12A = 1A
I 1Ā = 1 − 1A
I 1A∩B = 1A 1B
I 1A∪B = 1A + 1B − 1A 1B
On peut alors prouver des égalités d’ensembles uniquement par le calcul.
Exemple 1.5
Soient A, B, C ∈ P(E).
2 Composition
E → G
Soient f : E → F et g : F → G deux applications. L’application f : est appelée la composée
x 7 → g(f(x))
de f suivie de g et se note g ◦ f.
Attention ! Dans la notation g◦f, g précède f mais on effectue d’abord f puis g. Cette convention de notation
est due au fait que (g ◦ f)(x) = g(f(x)).
Quand on a deux applications f : E → F et g : F → G, on peut définir g ◦ f mais pas forcément f ◦ g. En effet,
l’ensemble d’arrivée de la première application doit être égal à (ou au moins inclus dans) l’ensemble de départ
de la deuxième application.
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Exemple 2.1
R −→ R R −→ R
Les applications et ne commutent pas.
x 7−→ sin x x 7−→ x2
C −→ C C −→ C
Les applications et commutent.
z 7−→ iz z 7−→ z5
h ◦ (g ◦ f) = (h ◦ g) ◦ f
E −→ E
Soit E un ensemble. L’application est appelée application identique ou plus simplement
x 7−→ x
identité de E. Elle se note IdE .
Soient f : E → F une application et A une partie de E. On appelle image (directe) de A par f, notée f(A),
l’ensemble des éléments de F qui sont images d’élément de A (i.e. qui ont un antécédent dans A). Autrement
dit,
f(A) = {y ∈ F|∃x ∈ A, y = f(x)} = {f(x), x ∈ A}
f(A)
Si f est une fonction d’une variable réelle à valeurs réelles,
on peut déterminer l’image d’une partie à partir du graphe
de f. Pour cela, on place la partie A sur l’axe des abscisses
et on projette sur l’axe des ordonnées la partie de la courbe
située à la verticale de A.
A
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Attention ! L’image par une fonction f d’un intervalle [a, b] n’est pas en général l’intervalle [f(a), f(b)].
L’image d’un intervalle ouvert (resp. fermé) n’est pas forcément un intervalle ouvert (resp. fermé).
Exemple 3.1
Exercice 3.1
C \ {1} −→ C
Soit f : . Déterminer f(iR) et f(U).
z 7−→ z+1
z−1
Soient f : E → F une application et B une partie de F. On appelle image réciproque de B par f, notée f−1 (B),
l’ensemble des éléments de E qui sont antécédents d’éléments de B (i.e. qui ont une image dans B). Autrement
dit,
f−1 (B) = {x ∈ E|f(x) ∈ B}
B
Si f est une fonction d’une variable réelle à valeurs réelles,
on peut déterminer l’image réciproque d’une partie à partir
du graphe de f. Pour cela, on place la partie B sur l’axe des
ordonnées et on projette sur l’axe des abscisses la partie de
la courbe située à l’horizontale de B.
f−1 (B) f−1 (B)
Exemple 3.2
I L’image réciproque de l’intervalle [1, 2[ par exp est l’intervalle [0, ln 2[.
I L’image réciproque de [4; +∞[ par la fonction carrée est ] − ∞, −2] ∪ [2; +∞[.
I L’image réciproque de {0} par la fonction sin est πZ (l’ensembles des multiples entiers de π).
Exercice 3.2
C \ {1} −→ C −1
Soit f : z+1 . Déterminer f (iR) et f−1 (U).
z 7−→ z−1
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Proposition 3.1
Proposition 3.2
Attention ! L’inclusion f(A ∩ B) ⊂ f(A) ∩ f(B) peut être stricte. Prenons par exemple pour f la fonction
carrée.
f([−2, 0]) ∩ f([0, 2]) = [0, 4] mais f([−2, 0] ∩ [0, 2]) = f({0}) = {0}
4 Restriction et prolongement
Remarque. La restriction d’une application à une partie est unique mais on a en général plusieurs prolonge-
ments possibles d’une application à un même ensemble.
Exemple 4.1
1
si x 6= 0
x
L’application de R dans R défine par f(x) = est un prolongement à R de l’application
0 sinon
R∗ → R
. On lui a ajouté la valeur 0 en 0. On aurait pu ajouter toute autre valeur réelle en 0 et
x 7→ x1
on aurait obtenu un autre prolongement.
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On dit qu’une application f : E → F est injective ou que c’est une injection si l’une des propositions
équivalentes suivantes est vraie :
I ∀x, x 0 ∈ E, f(x) = f(x 0 ) ⇒ x = x 0 ;
I ∀x, x 0 ∈ E, x 6= x 0 ⇒ f(x) 6= f(x 0 ) ;
I tout élément de F possède au plus un antécédent par f.
Exemple 5.1
R −→ R
L’application f : est injective puisque si (x1 , x2 ) ∈ R2 vérifie ex1 = ex2 , alors x1 = x2 .
x 7−→ ex
C −→ C
L’application f : n’est pas injective puisque e0 = e2iπ .
z 7−→ ez
L’injectivité ou la non-injectivité peut se voir à l’aide de patates. Une application est injective si tout élément
de F reçoit au plus une flèche.
F F
E E
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Exercice 5.1
C \ {i} −→ C
Montrer que l’application f : z+i est injective.
z 7−→
z−i
Soit A une partie de R et f : A → R. Si f est strictement monotone sur A, alors f est injective.
Exemple 5.2
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5.2 Surjectivité
On dit qu’une application f : E → F est surjective ou que c’est une surjection si l’une des propositions
équivalentes suivantes est vraie :
I ∀y ∈ F, ∃x ∈ E, y = f(x) ;
I Im f = F ;
I tout élément de F possède au moins un antécédent par f.
La surjectivité ou la non-surjectivité peut se voir à l’aide de patates. Une application est surjective si tout
élément de F reçoit au moins une flèche.
E F E F
Exemple 5.3
R −→ R
L’application n’est pas surjective mais sa corestriction à R+ l’est.
x 7−→ x2
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Exercice 5.2
C −→ C∗
Montrer que l’application est surjective.
z 7−→ ez
Exemple 5.4
cos : R → R n’est pas une surjection mais le théorème des valeurs intermédiaires permet de prouver que sa
corestriction à [−1, 1] l’est.
5.3 Bijectivité
On dit qu’une application f : E → F est bijective ou que c’est une bijection si l’une des propositions
équivalentes suivantes est vraie.
I ∀y ∈ F, ∃!x ∈ E, y = f(x).
I f est injective et surjective.
I tout élément de F possède un unique antécédent par f.
Exemple 5.5
Exemple 5.6
R −→ R
Soient a ∈ R∗ et b ∈ R. L’application une bijection.
x 7−→ ax + b
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Exercice 5.3
C \ {i} −→ C \ {1}
Montrer que l’application f : z+i est une bijection.
z 7−→
z−i
Bijection induite
Soient f : E → F une application, A ∈ P(E) et B ∈ P(F) tels que f(A) ⊂ B. On dit que f induit une bijection
|B
de A sur B si f|A est bijective.
Exemple 5.7
Exemple 5.8
Soit I un intervalle de R et f une fonction continue et strictement monotone sur l’intervalle I. Alors f
réalise une bijection de I sur l’intervalle J = f(I).
De plus, si I = [a, b], on a
â si f est croissante, f(I) = [f(a), f(b)] ;
â si f est décroissante, f(I) = [f(b), f(a)].
On a des résultats analogues si I est un intervalle ouvert ou semi ouvert (a et b pouvant être égaux respec-
tivement à −∞ et +∞) avec éventuellement des limites. Par exemple, si f est une application continue et
strictement croissante sur I =]a, b], f réalise une bijection de I sur f(I) =] lim
+
f, f(b)].
a
Exemple 5.9
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Soit f : E → F une bijection. On appelle bijection réciproque de f l’application f−1 : F → E qui à tout
élément de F associe son unique antécédent par f.
Exemple 5.10
Id−1
E = IdE .
Attention ! On a rencontré la notation f−1 dans deux contextes différents, à savoir les applications réciproques
et les images réciproques. Si f n’est pas bijective, f−1 n’a pas de sens en tant qu’application mais f−1 (B) est
pourtant bien défini. Si f est bijective, f−1 a un sens en tant qu’application. Dans ce cas, f−1 (B) peut à la fois
désigner l’image réciproque de B par F et l’image directe de B par f−1 . Heureusement, les choses étant bien
faites, ces deux interprétations de la même notation correspondent au même ensemble !
Proposition 5.4
Soit f : E → F une bijection. Alors f−1 est une bijection de F sur E et vérifie :
I f−1 ◦ f = IdE ,
I f ◦ f−1 = IdF ,
−1
I f−1 = f.
Γf
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Exemple 5.11
y = ex
y = x2
y = ln(x) √
y= x
La fonction exp induit une bijection de R sur R∗+ de La fonction carrée induit une bijection de R+ sur R+
réciproque la fonction ln. de réciproque la fonction racine carrée.
Soit f : I → J une application bijective de I sur J où I et J sont deux intervalles. Si f est dérivable sur I et si f 0
0 1
ne s’annule pas sur I, alors f−1 est dérivable sur J et f−1 = 0 −1 .
f ◦f
Remarque. On retrouve facilement l’expression de (f−1 ) 0 en dérivant l’identité f ◦ f−1 = Id (on dérive le
membre de gauche comme une composée).
Interprétation géométrique
Théorème 5.3
Soit f : E → F une application. Alors f est bijective si et seulement si il existe une application g : E → F
telle que g ◦ f = IdE et f ◦ g = IdG . Dans ce cas, g = f−1 .
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Exercice 5.4
Remarque. Une application f : E → E telle que f ◦ f = IdE est appelée une involution de E. Elle est bijective
et f−1 = f.
Exemple 5.12
P(E) −→ P(E) C −→ C R∗ −→ R∗
Les applications , , sont des involutions donc des bi-
X 7−→ X z 7−→ z x 7−→ x1
jections.
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