L3 Mathématiques avec approfondissements Université Grenoble Alpes
Topologie 2024-2025
Feuille d’exercices n◦ 3
1 Exemples de topologie, limites de suites, adhérence, intérieur,
frontière
Exercice 1. O = {∅, {1, 2}, {1, 2, 3}, {2, 3, −4}, {1, 2, 3, −4}, Z} est-elle une topologie sur Z ?
Exercice 2. Soient E un ensemble et A, B ∈ P(E). Quelles conditions doivent vérifier A et B
pour que O = {∅, A, B, E} soit une topologie sur E ?
Exercice 3. [Topologie codénombrable] Soit X un ensemble et soit
O = {∅} ∪ {A ⊂ X | Ac est dénombrable}
1. Montrer que O est une topologie sur X.
2. Montrer que toute intersection denombrable d’ouverts est un ouvert.
3. Montrer que toute suite convergente de (X, O) est stationnaire.
On suppose maintenant que X n’est pas dénombrable.
4. Montrer que l’intersection de deux ouverts non vides est non vide.
5. Est-ce que l’espace topologique (X, O) est séparé ?
6. Est-ce que l’espace topologique (X, O) est séparable ?
Exercice 4. Soit X un espace topologique tel que chaque point admet une base dénombrable de
voisinages. Montrer que X est séparé si et seulement si les suites convergentes dans X admettent
une seule limite.
Exercice 5. [Topologie de la convergence simple : non métrisable]
Soit E l’espace vectoriel des applications de [0, 1] dans R. Si f ∈ E, N ∈ N∗ , x = (x1 , . . . , xN ) ∈ [0, 1]N
et ε = (ε1 , . . . , εN ) ∈ (R∗+ )N , on définit
Vf,x,ε = {g ∈ E | ∀i ∈ {1, · · · , N }, |f (xi ) − g(xi )| < εi } .
On définit O comme l’ensemble des réunions d’ensembles précédents.
1. Montrer que O définit une topologie sur E.
2. Montrer qu’une suite de fonctions de E est convergente pour cette topologie si et seulement
si elle converge simplement.
3. Soit D l’ensemble des fonctions de E nulles sauf en un nombre fini de points. Montrer que
D est dense dans E.
4. En utilisant une fonction de E non nulle sur un ensemble non dénombrable, montrer que la
topologie précédente n’est pas métrisable.
Exercice 6.
1. Montrer qu’un espace topologique qui possède une base dénombrable d’ouverts est séparable.
2. Montrer que tout espace métrique séparable possède une base dénombrable d’ouverts. Est-ce
vrai pour un espace topologique ?
1
Exercice 7.
1. Soit (E, d) un espace métrique séparable. Montrer que toute partie de E muni de la topologie
induite est séparable.
Soit B la famille des rectangles semi-ouverts de R2 de la forme
[a, b[ × [c, d[
2. Montrer que B est la base d’une topologie τ sur R2 .
3. Montrer que la topologie induite τD sur la droite
D = {(x, y) ∈ R2 | x + y = 0}
est la topologie discrète.
4. Montrer que (R2 , τ ) est séparable mais que (D, τD ) ne l’est pas.
Exercice 8. Déterminer l’intérieur, l’adhérence et la frontière des parties suivantes de R muni de
sa topologie usuelle.
A = ] − ∞, 1[ ∪ ]1, 2] ∪ {3} B=Z C=Q
−1 −1
D = (−1)k + 2k : k ∈ Z : (p, q) ∈ (N∗ )2 }
E = {p +q
Même question dans R2 avec A = ] − ∞, −1] × {0} ∪ [−1, 1[ × [−1, 1[.
Exercice 9. On munit R2 de sa topologie usuelle. Soit A le sous-ensemble de R2 défini par
A = {(x, y) | x > 0, y ≥ 0, xy < 1} ∪ {(0, 0)}.
◦
1. Est-ce que c’est une partie ouverte, fermée dans R2 ? Déterminer A, A, ∂A.
2. On munit A de la distance induite. Indiquer si les parties suivantes sont ouvertes ou fermées
dans A et dans R2 :
B = ]0, +∞[ × {0} C = {(x, y) | x > 0, y > 0, xy < 1} D = {(x, y) | x > 0, y ≥ 0, xy < 1/2}
◦
Exercice 10. Soient E un espace topologique et A une partie de E. Montrer que E \ A = E \ A
◦
et E \ A = E \ A.
Exercice 11. Soit E un espace topologique et O1 , O2 deux ouverts de E disjoints. Montrer que
O1 ∩ O2 = ∅. A-t-on O1 ∩ O2 = ∅ ?
Exercice 12. Soient E un espace topologique, et A, B des parties de E. Comparer les paires
d’ensembles suivants. Lorsqu’il n’y a pas égalité, donner un contre-exemple.
◦ ◦ ◦
A ∪ B et A ∪ B. A ∩ B et A ∩ B.
A ∩ B et A ∩ B. ∂(A ∪ B) et ∂A ∪ ∂B.
◦ ◦ ◦
A ∪ B et A ∪ B. ∂(A ∩ B) et ∂A ∪ ∂B.
◦
Exercice 13. Soit A une partie d’un espace topologique. On note ∂A = A \ A.
1. Montrer que si A est ouvert, alors ∂A est d’intérieur vide ; ce résultat reste-t-il vrai avec A
fermé ? Avec A quelconque ?
2. Montrer que : A ouvert ⇐⇒ A ∩ ∂(A) = ∅.
3. Montrer que : A fermé ⇐⇒ ∂A ⊂ A.
2
4. Montrer que : A ouvert et fermé ⇐⇒ ∂A = ∅.
◦
5. Montrer que ∂(A) ⊂ ∂A et ∂(A) ⊂ ∂A. Donner un exemple dans R où ces trois ensembles
sont distincts.
Exercice 14. Soient E1 et E2 deux espaces topologiques non vides. Soit A ⊂ E1 et B ⊂ E2 .
Montrer que
∂(A × B) = (∂A × B) ∪ (A × ∂B)
Quand a-t-on ∂(A × B) = ∂A × ∂B ?
Exercice 15. Soit X un espace topologique, Y un sous-espace de X muni de la topologie induite
et A une partie de Y .
Y Y
1. On note A l’adhérence de A dans X et A l’adhérence de A dans Y . Comparer A et A∩Y .
◦ ◦ Y ◦ ◦ Y
2. On note A l’intérieur de A dans X et A l’intérieur de A dans Y . Comparer A et A .
2 Continuité
Exercice 16. Soient X, X ′ des espaces topologiques et f : X → X ′ . Montrer que les propriétés
suivantes sont équivalentes :
(i) f est continue ;
◦ ◦
(ii) Pour tout A ⊂ X ′ , f −1 (A) ⊂ f −1 (A) ;
(iii) Pour tout A ⊂ X ′ , f −1 (A) ⊂ f −1 (A).
Donner un exemple d’application continue f pour laquelle f −1 (A) ̸= f −1 (A).
Exercice 17. Soit X un espace topologique, A ⊂ X et χA : X → {0, 1} sa fonction caractéristique.
1. Montrer que χA est continue en x si et seulement si x ∈
/ ∂A.
2. A quelle condition χA est-elle continue sur X ?
3. En déduire l’équivalence entre
(i) Les seules parties de X à la fois fermées et ouvertes sont ∅ et X.
(ii) Toute application continue X → {0, 1} est constante.
Exercice 18. Soit X et Y des espaces topologiques et f : X → Y . Soit A une partie de X.
Montrer les implications ◦
f continue en tout point de A =⇒ f|A continue =⇒ f continue sur A.
Qu’en est-il des réciproques ?
Exercice 19. Soit X un ensemble infini muni de la topologie dont les ouverts sont l’ensemble vide
et les parties de complémentaires finis et soit Y un espace topologique séparé. Montrer que toute
application continue f : X → Y est constante.
Exercice 20. Soient E1 et E2 deux espaces topologiques non vides.
1. Montrer que E1 et E2 sont séparés si et seulement si E1 × E2 est un espace topologique
séparé.
2. Soient f et g deux applications continues de E1 dans E2 . On suppose que E2 est séparé.
Montrer que {x ∈ E1 / f (x) = g(x)} est fermé dans E1 .
3. Avec les mêmes hypothèses, montrer que le graphe de f est une partie fermée de E1 × E2 .
3
Exercice 21. Soient X et Y deux espaces topologiques et f : X → Y une application continue
surjective.
1. Est-ce que si X est séparable, Y l’est aussi ?
2. Est-ce que si X admet une base dénombrable d’ouverts, Y aussi ?
3. Dans le cas d’une réponse négative à l’une des questions précédentes, est-ce que la réponse
reste inchangée si maintenant X et/ou Y est(sont) supposé(s) être des espaces métriques ?
Exercice 22. Soient X un ensemble, Y un espace topologique et f : X → Y . On pose
Tf = f −1 (O) | O un ouvert de Y .
1. Montrer que Tf définit une topologie sur X. On l’appelle la topologie tirée en arrière par f .
2. Soit TX une topologie sur X telle que f : X → Y continue. Montrer que Tf est la topologie
la plus grossière rendant f continue, i.e. Tf ⊆ TX .
3. Soient Z un espace topologique et g : Z → Y une application continue telle qu’il existe
g : Z → X vérifiant g = f ◦ g. Montrer que si on munit X de la topologie Tf , alors g est
continue.
4. On suppose que X est muni d’une topologie T contenant strictement Tf . Trouver un espace
topologique Z et une application g : Z → X telle que f ◦ g est continue mais g ne l’est pas.
3 Connexité
Exercice 23. Q, R \ {0}, R \ Q sont-ils connexes ? Quelles sont leurs composantes connexes ?
Exercice 24. Soit D = {(x, y) ∈ R2 | x2 + y 2 ≤ 1}.
1. Soit M0 = (x0 , y0 ) ∈ D. Démontrer que D \ {M0 } est connexe.
2. En déduire que D n’est homéomorphe à aucun segment [a, b] ⊂ R.
n o n 1o
Exercice 25. On considère le sous-ensemble X = (x, y) | y = 0 ∪ (x, y) | x > 0, y = de
x
R2 . X est-il connexe par arcs ? connexe ?
Exercice 26. Pour n ∈ N∗ , on définit, les ensembles suivants de R2 :
n 1
o 1 1 [
Dn = ( , y) | y ∈ R , En = , × {n} et Fn = (Dk ∪ Ek ).
n n+1 n
k≤n
1. Montrer que pour n ∈ N∗ , Fn est connexe.
2. On note C = ∪n∈N∗ Fn et A = C ∪ D où D est l’axe des ordonnées.
3. Montrer que A est connexe (on pourra établir que C ⊂ A ⊂ C).
4. Démontrer que A n’est pas connexe par arcs. (On pourra supposer qu’il existe f : [0, 1] → A
continue telle que f (0) = (0, 0) et f (1) = (1, 1) et considérer p1 ◦f et p2 ◦f où p1 : (x, y) 7→ x
et p2 : (x, y) 7→ y.)
Exercice 27. On considère le sous-ensemble suivant de R2 :
h[ i h [ i
X= ({x} × [0, +∞[ ) ∪ ({x} × ] − ∞, 0[ )
x∈Q x∈R\Q
X est-il connexe par arcs ? connexe ?
4
Exercice 28.
1. Soit H un hyperplan de Rn , muni de l’une des distances usuelles. Montrer que :
(a) Rn \ H a deux composantes connexes C1 et C2 , qui sont convexes.
(b) Si a ∈ H, alors C1 ∪ {a} ∪ C2 est connexe par arcs.
(c) Si A est un sous-ensemble strict de H, alors Rn \ A est connexe.
Pn
2. On note S n−1 = {x ∈ Rn | i=1 x2i = 1}, n ≥ 2.
(a) Montrer que S n−1 est connexe par arcs.
(b) Montrer que Rn \ S n−1 a deux composantes connexes.
(c) Si p ∈ S n−1 , S n−1 \ {p} est-elle connexe ?
Exercice 29. Soit T = ({0} × [−1, 1]) ∪ ([−1, 1] × {0}) muni de la topologie induite par celle de
R2 .
1. Montrer que T est connexe.
2. Soit f : T → R continue. Montrer que f (T ) est un segment.
3. Soit x ∈ T . Montrer que T \ {x} est connexe si et seulement si x est l’un des quatre points
(1, 0), (0, 1), (−1, 0), (0, −1). Montrer que T \ {(0, 0)} a quatre composantes connexes et
que, dans les autres cas, T \ {x} a deux composantes connexes.
4. Montrer que T n’est homéomorphe à aucune partie de R.
Exercice 30. Soit (E, d) un espace métrique connexe non borné. Montrer que toute sphère (i.e.
tout ensemble de la forme {x ∈ E | d(x0 , x) = r} où x0 ∈ E et r > 0) est non vide.
Exercice 31. (Passage des douanes) Soient (E, T ) un espace topologique et A ⊂ E une partie
connexe. Soit B ⊂ E une partie de E telle que A intersecte B et son complémentaire. Montrer que
A intersecte la frontière de B.
Exercice 32. Soient (E, O) un espace topologique et A, B deux parties connexes de E telles que
A ∩ B ̸= ∅.
1. Démontrer que tout ouvert O de E contenant B rencontre A.
2. Montrer que A ∪ B est connexe en utilisant la définition de la connexité (on supposera
l’existence de deux ouverts O1 et O2 tels que les ensembles O1′ = (A ∪ B) ∩ O1 et O2′ =
(A ∪ B) ∩ O2 forment une partition de A ∪ B).
3. Obtenir ce même résultat en considérant les fonctions f : A ∪ B → {0, 1} continues.
4. Montrer que la conclusion est fausse si on suppose seulement que A ∩ B ̸= ∅.
Exercice 33. Soient (E, O) un espace topologique et F ⊂ E un fermé. On suppose que E et ∂F
sont connexes. Montrer que F est connexe. Cela reste-t-il vrai si on ne suppose pas F fermé ?
Exercice 34. Soient (X, τX ) et (Y, τY ) deux espaces topologiques connexes, et A ⊂ X, B ⊂ Y
deux sous-ensembles stricts. Montrer que (A×B)c est connexe dans X ×Y . Qu’en est-il de Ac ×B c ?
Exercice 35. Soient (E, O) un espace topologique et A une partie ouverte et fermée de E. Montrer
que A est réunion de composantes connexes de E.
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Exercice 36.
1. Soit A une partie d’un espace topologique (E, τ ). On suppose que pour tout x, y dans A, il
existe une partie connexe Ax,y de A contenant x et y. Montrer que A est connexe.
2. Soient A et B dans GL(n, C). Montrer qu’il existe une partie connexe H de GL(n, C) qui
contient A et B. (Indication : construire H à l’aide de l’ensemble {z ∈ C | dét(γ(z)) ̸= 0},
où γ : z 7→ zA + (1 − z)B pour z ∈ C).
3. En déduire que GL(n, C) est connexe.
4. GL(n, R) est-il connexe ?
Exercice 37. Soient (E, O) un espace topologique et P une partition de E en parties ouvertes et
connexes. Montrer que P est la partition de E en composantes connexes.
Exercice 38. Montrer qu’une application localement constante définie sur un espace connexe est
constante.
Exercice 39. Soit f : S n → R continue. Montrer qu’il existe x ∈ S n tel que f (x) = f (−x).
Remarque : Une conséquence de ce résultat est le “théorème de la température” : à tout instant,
il existe toujours deux points diamétralement opposés sur Terre où il fait exactement la même
température.
4 Compacité
Exercice 40. Preuve du fait que [0, 1] vérifie la propriété de Borel-lebesgue.
Soit (Oi )i∈I une famille non vide d’ouverts de R recouvrant [0, 1]. Soit
A = {x ∈ [0, 1] tel qu’ il existe J ⊂ I, J finie vérifiant [0, x] ⊂ ∪i∈J Oi }
1. Montrer que A est non vide et admet une borne supérieure que l’on notera a.
2. Montrer que a ∈ A et que a = 1.
Exercice 41. Soient (X, T ) un espace topologique compact. Montrer qu’il n’existe pas de topologie
T ′ strictement plus fine que T telle que (X, T ′ ) est encore compact.
Exercice 42. Soit E un espace topologique séparé, et (un )n∈N une suite convergente d’éléments
de E. On note l sa limite. Montrer que {un ∈ E | n ∈ N} ∪ {l} est une partie compacte de E.
Exercice 43. Soit E un espace topologique compact non vide.
1. Soient F un fermé de E et a ∈ E n’appartenant pas à F . Montrer qu’il existe des ouverts
O, Ω de E tels que a ∈ Ω, A ⊂ O et Ω ∩ O = ∅.
2. Soient F1 et F2 deux fermés disjoints de E. Montrer qu’il existe deux ouverts disjoints O1 , O2
tels que F1 ⊂ O1 et F2 ⊂ O2 .
Exercice 44. Topologie compacte-ouverte.
Soient (X, TX ), (Y, TY ) deux espaces topologiques et C(X, Y ) l’ensemble des fonctions continues.
On considère T la topologie appelé topologie compacte-ouverte sur C(X, Y ) engendrée par les
ensembles UK,O = {f ∈ C(X, Y ) | f (K) ⊂ O} avec O ∈ TY et K une partie compacte de X.
1. Montrer que si Y est métrique et X compact, alors la topologie compacte-ouverte coı̈ncide
avec la topologie de la convergence uniforme.
2. Montrer que si Y est séparé, alors C(X, Y ) est séparé.
3. On suppose que X est localement compact (X est séparé et chaque point admet un voisinage
compact). Montrer que l’application ev : X × C(X, Y ) → Y définie par ev(x, f ) = f (x) est
continue.