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Cours Droit Constitutionnel2 L1 20-21

Cour de constitution

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Université Abdou Moumouni

Faculté des Sciences Juridiques et Politiques


Licence I Droit

Cours :

Droit Constitutionnel 2

Saisie : Camarade AMADOU Ismael

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Année académique 2020-2021

Deuxième partie : Les régimes politiques

Le régime politique signifie, au sens étymologique, action de diriger ou de conduire. Appliqué


au droit constitutionnel, le régime politique renvoie à un mode d'organisation dans l'État. Il fait
référence à la manière dont le pouvoir est organisé et exercé au sein d'une entité politique
donnée.
Il prend en compte non seulement la forme institutionnelle mais également la pratique qui en
découle. Le régime politique doit être distingué du système politique qui est l'étude des acteurs
et des actions.
Le régime politique, ainsi définit, se subdivise en deux (2) : les régimes d'équilibre des pouvoirs
et les régimes mixtes et déséquilibrés. Parmi les premiers, on classe généralement les régimes
parlementaires et présidentiels marqués par un certain équilibre de pouvoir. Cet équilibre
empêche un pouvoir de dominer durablement ou continuellement les autres pouvoirs. Il n'y a
donc pas, en réalité, de corrélation directe et absolue entre la séparation des pouvoirs et la
définition des régimes politiques. L'erreur répose sur le fait qu'une partie de la doctrine
considère le régime parlementaire comme celui de la séparation souple alors que le régime
présidentiel serait celui de la séparation rigide. La collaboration serait donc plus affirmée en
régime parlementaire qu'en régime présidentiel.
Quant à la séconde catégorie, c'est-à-dire celle des régimes mixtes et déséquilibrés, elle permet
de voir qu'un régime mixte procède de la juxtaposition des élements du régime parlementaire
et des éléments du régime présidentiel. Un régime déséquilibré est un régime dans lequel, bien
souvent, la confusion des pouvoirs bénéficie à un seul organe, lequel domine les autres.
L'étude des régimes politiques occidentaux ne saurait être exhaustive. Il s'agit, dans le cardre
de cette étude, d'illustrer ce que pourrait avoir de trop abstrait la théorie des régimes
politiques en ayant récours à des cas concrets, par l'étude d'un certain nombre de régimes
politiques actuellement pratiqués en occident.
À cette fin, deux (2) régimes parlementaires ont été choisis : celui du Royaume-Uni et celui de la
République fédérale d'Allemagne, parce que ces deux régimes montrent la diversité d'une
catégorie qui comporte plusieurs tendances. Ensuite, un régime présidentiel, le régime
américain, sera pris comme exemple à comparer avec le régime béninois en raison de
l'importance des USA, mais aussi parce que cet État peut être considéré comme
particulièrement répresentatif d'un régime de séparation tranchée des pouvoirs. En
conséquence, nous allons étudier successivement les régimes parlementaires à alternance

1
régulière (chapitre I) et le régime présidentiel (chapitre II) pour terminer avec le régime de
déséquilibre ou régime mixte incarné par la France (chapitre III) et le Niger (chapitre IV).

Chapitre premier : Les régimes parlementaires à alternance régulière

Les régimes parlementaires sont caracterisés par une séparation souple des pouvoirs qui
aboutie à la collaboration de deux (2) pouvoirs. Se situant dans un cadre pluraliste et libéral,
beaucoup pratiquent une alternance qui fait succéder au pouvoir des grands partis en
compétition, généralement peu nombreux, et précaunisant des politiques nettement
différenciés. Dans ce chapitre, l'interêt sera porté d'une part sur le régime britanique parce
qu'il fait figure de modèle et d'autre part sur le régime allemand parce qu'il a exercé une
influence considérable sur les constitutions des nouvelles démocraties européennes.

Section 1 : Le régime britanique

Le régime de la Grande-Bretagne peut être considéré comme la référence des pays fondateurs
du droit constitutionnel. La Grande-Bretagne nous a légué sans éprouver le besoin, cependant,
de les conceptualiser : le régime répresentatif, en tant que mode d'exercice de la souvereneté et
le régime parlementaire, en tant que mode de rélation entre les pouvoirs constitués.
Au regard de ce modèle politique, le développement nous conduira d'abord à faire une lecture
diachronique du régime britanique afin de comprendre les réssorts du perfectionnement d'un
régime politique bipartite. Il conviendra ensuite d'aborder le cadre institutionnel pour bien
comprendre le principe de séparation des pouvoirs.

Sous-section 1 : La construction progressive d'un régime parlementaire parfait

La souplesse de la constitution britanique favorise une évolution en douceur du régime de


l'État fondateur du libéralisme. Mais pour comprendre davantage le régime britanique, il faut
prendre en compte cette donnée fondamentale qu'est le bipartisme.

Paragraphe 1 : L'évolution du régime britanique

Le régime politique britanique est le fruit d'une longue évolution. Son histoire peut se scinder
en trois (3) grandes périodes : celle de la monarchie qui débute lors de l'adoption de la grande
charte (1215), suivie par l'établissement d'une monarchie parlementaire au XVIIème et XVIIIème
siècle, puis par la démocratisation du régime à la fin du XIXème et au début du XXème siècle.

2
A. Les périodes de la monarchie
Depuis la première moitié du XIVème siècle, le Parlement britanique se compose d'une Chambre
haute (dominée par les lords) où siègaient prélats et barons et d'une Chambre basse (appellée
Chambre des communes) où siègaient chevaliers et bourgeois répresentant les comtés et les
villes de quelques importances. Les lords et les communes ont le droit de consentir l'impôt et
de présenter des pétitions au monarque. Ce dernier dispose du pouvoir de sanction sur toute
pétition présentée par le Parlement.
Dans sa volonté de conquête du pouvoir législatif, le Parlement profite de son consentement
aux aides financières lévées par le roi pour faire approuver ses pétitions par ce dernier. Aussi,
dans la mesure où le monarque n'a pas besoin d'argent, peut-il se dispenser de convoquer le
Parlement. Mais, la révolution de 1689 marque le début d'une évolution irréversible vers un
parlementarisme modéré et raisonnable. C'est de cette époque que date le Bill Off Rights qui
établit le principe du vote annuel de l'impôt. Et c'est à partir de ce moment que le roi a perdu
son pouvoir de prendre seul des ordonances et de suspendre l'application de la loi.
En 1714, les princes allemands (HANOVRE) qui montent sur le trône, se désinteressent des
affaire du royaume. C'est alors que le cabinet acquiert son autonomie sous l'activité du premier
ministre. Dès lors, la simple ménace de l'impeachment (mise en accusation par les communes)
va conduire les ministres à se rétirer lorqu'ils se sentent désapprouver par les communes, sans
attendre la mise en œuvre de la procédure. C'est ainsi que s'est operé le passage de la
responsabilité pénale individuelle à la responsabilité politique et collégiale.

B. La démocratisation du régime

Si le système est parlementaire, n'est pas encore démocratrique parce que les modalités de
l'élection ne rendent pas effectif le droit de vote. En effet, le découpage électoral ne tient pas
compte des mouvements démocratiques. Ceci conduit à avoir des circonscriptions inégales du
point de vue du ratio. C'est ainsi que les localités de quelques habitants élisaient autant de
députés que les grandes agglomérations industruelles. Mais avec la réforme du 17 juin 1832
l'élargissement du corps électoral va commencer. Cette réforme réorganise les circonscriptions
en supprimant les localités de quelques habitants et en établissant un suffrage censitaire. Celui-
ci deviendra universel pour les hommes et les femmes respectivement en 1818 et 1928.
Par ailleurs, il faut rémarquer que la loi de 1832 marque le commencement de la fin des lords.
Depuis cette date, les lords voient progressivement s'amenuiser leurs attributions législatives.
Ainsi, le Parliament Acts de 1911 présenté par les libéraux et celui de 1949 voté par la majorité
travailliste de l'époque, réduisent considérablement les pouvoirs des lords sans pour autant
songer à la suppression de la haute Chambre.

Paragraphe 2 : Le bipartisme britanique

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La vie politique britannique est dominée par deux (2) grands partis. Ces deux partis politiques,
sans être seuls, sont ceux qui ont des chances sérieuses d'obtenir la majorité au Parlement.

A. La permanence comme cause essentielle du bipartisme

À l'exception de la période du tripartisme de l'entre deux guerres, il n y a jamais eu de deux


partis à jouer un rôle décisif dans la vie politique britannique. Aux partis Whig et Torry
d'origine se sont substitués respectivement les partis libéraux et conservateurs. Quand le parti
travailliste ou parti de masse s'est véritablement imposé au XX ème siècle comme un grand parti,
les libéraux ont quasiment perdu une chance sérieuse d'occuper une position appréciable. En
effet, le choix du scrutin majoritaire uninominal à un tour conduit l'électeur britannique à
voter utile. Certes, ce mode de scrutin n'est pas de nature à rendre compte de la diversité et
sensibilité du code électoral, mais il permet d'obtenir plus facilement les majorités
parlementaires nettes et favorise ainsi la stabilité gouvernementale. C'est donc dans le mode de
scrutin que réside l'alternance des conservateurs et des travaillistes au pouvoir depuis 1945, et
ceci au détriment des autres partis politiques notamment du troisième parti, celui des libéraux
démocrates.

B. Les partis politiques

Il existe deux grands partis, un troisième non négligeable, au moins en voix, et des partis
régionaux très actifs.
Le parti conservateur est un parti de gestion qui vise à préserver les cadres économiques et
sociaux d'une société libérale. Le leader du parti est élu par son groupe parlementaire pour un
mandat d'un (1) an rénouvellable.
Il assure la direction effective du parti est exerce une inffluence décisive sur l'appareil que
dirige officiellement le président élu par le comité exécutif.
Le parti travailliste quant à lui, est un parti reformiste qui vise aussi bien à corriger le parti
économique qu'à en changer la nature. Ce parti compte deux catégories distinctes d'adhérents :
les syndicats et les adhérents directs. Son leader est élu par les deux groupes d'adhérents et les
députés des partis. Chaque groupe fournit le tiers des électeurs.
Quant au parti libéral démocratique, il est l'héritier lointain du parti Whig qui a souvent exercé
le pouvoir au XIXème siécle. Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, il arrive presque
toujours en deuxième et en troisième position dans les circonscriptions électorales lors des
consultations électorales.
Enfin, il y a des partis régionaux qui sont implantés dans les provinces. Ils jouent un rôle
déterminant lorsqu'une majorité faible est obligée de s'associer à eux pour gouverner.

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Sous-section 2 : Le fonctionnement des institutions

Le traditionnalisme britanique, qui explique le respect des vieilles institutions, n'a jamais
confiné les anglais dans un conservatisme étroit. Leur pratique constitutionnelle ne cesse
d'évoluer et de s'adapter au fil du temps.

Paragraphe 1 : Les institutions

Le cadre institutionnel britanique est resté, depuis des siècles, en apparence identique. Mais en
pratique, les pouvoirs des différentes institutions ont évolué. Cette évolution est due au fait que
la Grande-Bretagne ne dispose pas d'une constitution formelle. Elle dispose plutôt d'une
constitution non écrite est simple.

A. L'exécutif

À l'instar des régimes parlementaires classiques, l'exécutif britanique est bicéphale. Le


monarque, au sein de l'exécutif (la couronne), a une fonction symbolique. Il est tenu à la
neutralité politique. Ses prérogatives sont purement nominales et aucune d'entre elles ne peut
être ancrée sans le contreseing du premier ministre et des membres interessés du cabinet. Il
nomme le chef du Gouvernement, mais ne peut désigner, à cet effet, que le leader de celui des
deux grands partis qui a gagné les élections. En outre, le monarque a le droit de nomination à
un grand nombre d'emplois, il a le droit de déclaration de guerre et de paix, de la conclusion
des traités, de la promulgation des lois, droit de décerner des titres, privilèges et décorations. Il
faut dire toutefois que les pouvoirs du monarque, outre le fait qu'ils peuvent être restreints par
le parlement, sont effectivement exercés par le premier ministre et le cabinet. Le monarque n'a
aussi qu'un rôle mécanique d'enregistrement et de publication de décisions prisent par
d'autres. Il reste cependant que la couronne demeure une pièce importante du système
politique britanique. À cet égard, il faut dire que la reine apparaît toujours comme le symbole
de l'unité nationnale et de la permanence de l'État, en dépit de l'affaiblissement de l'adhésion
populaire à la monarchie et à la famille royale ces dernières années.
Le monarque est assisté d'un conseil privé distinct du cabinet et composé de tous ses
conseillers. Les principaux ministres y siègeant, le rôle du cabinet privé est d'entériner toutes
les mesures adoptées par le Gouvernement.
Au total, dans le régime britanique, la couronne n'exerce plus que des pouvoirs honorifiques et
protocolaires. Chef du common wolf, le monarque reste le symbole de l'attachement des
britaniques à leur passé et à leurs institutions dont l'une des caractéristiques est le parlement
de Westminster.

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Quant au premier ministre, il est, à la tête du cabinet, une institution clée du régime
britanique. Le premier ministre forme son gouvernement et choisit les membres du cabinet
parmi ses ministres. Sous son autorité, le cabinet exerce tous les pouvoirs de l'exécutif.
Il les exerce seul et pleinement. Mais, une distinction doit être faite entre le cabinet
proprement dit et le Gouvernement. Le cabinet est, en effet, une formation réduite qui
comprend les ministres les plus importants, une vingtaine, parmi lesquels on peut citer le
ministre de la justice, le ministre des affaires, le ministre des finances, le ministre de l'intérieur
et le ministre du common wolf. Généralement, ces ministres sont membres de la direction du
parti au pouvoir. Ce sont eux qui, en formant le cabinet, conçoivent véritablement la politique
du pays sous l'impulsion du premier ministre.
Le Gouvernement dont le cabinet fait parti est l'équipe très large composée de 100 à 140
membres, tous choisis par le premier ministre généralement au sein du Parlement. Cette
équipe comprend des ministres sans portefeuilles, des ministres chargés d'un département, des
sécrétaires et sous-sécrétaires d'État.
S'agissant du premier ministre, il convient de rélever que, selon une règle non écrite en
Grande-Bretagne, il est toujours le leader du parti majoritaire à la Chambre des communes. Il
est nommé et non pas choisi pas le monarque qui est obligé de désigner le leader du parti
vainqueur. Aussi peut-on dire que le premier ministre est choisi par les électeurs sur
proposition des partis. En effet, tout se passe comme si le chef du Gouvernement est désigné
par les électeurs, car en choisissant leurs députés, ils savent à l'avance qui va être le premier
ministre. En cas de démission en cours de législature, il appartient à son parti de désigner un
nouveau leader qui sera premier ministre. Assisté du cabinet, le premier ministre dirige la
politique du royaume. À ce titre, il exerce des pouvoirs énormes. Il est à la fois chef du
Gouvernement, chef du parti et chef de la majorité ; son autorité sur le cabinet est dès lors
incontestable. Il est en réalité le seul et véritable chef de l'exécutif, l'élement de liaison entre la
reine et le cabinet. C'est lui qui juge de l'opportunité d'une dissolution de la Chambre des
communes. Ce qu'il n'hésite pas à faire d'ailleurs s'il estime que le contexte politique est
favorable à la victoire de son parti.

B. Le Parlement

Le Parlement britanique est composé de deux Chambres (parlement bicaméral) : la Chambre


des lords et celle des communes.
La Chambre des lords est une survivance aristocratique. Elle est présidée pas le ministre de la
justice. Depuis longtemps, elle apparaissait comme une institution anachronique. Jadis
protectrice de la vocation politique des aristocrates terriens et des bourgeois d'affaires, la
Chambre des lords a vu ses pouvoirs réduits par le Parliament Acts de 1911 et 1949. Dès lors,
les communes peuvent passer, outre l'opposition des lords, en votant les projets de loi dans un
même texte, au cours de deux sessions successives sépararées par un délai minimum d'un an.

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Quant aux pouvoirs financiers, ils ont été réduits à néant, car les textes votés par la Chambre
des communes deviennent les votes de la Chambre des lords. En ce qui concerne sa
composition, il faut rappeler que jusqu'en janvier 1999 il y avait 1295 lords dont 759 à titre
héréditaire, 26 religieux représentant l'église et 510 nommés à vie.
En vertu de la réforme menée par Tony Blaire (ancien premier ministre), les lords héreditaires
ont perdu pour eux et pour leurs déscendants le droit de sièger et voter en raison de leurs
titres. Dorénavant, pour être à la Chambre des lords il faut être nommé. Actuellement, la
chambre est composée de 695 membres dont 577 pairs, 26 religieux et 92 lords héréditaires.
Rappelons ici que le pouvoir juridictionnel de la Chambre des lords est exercé depuis 1876 par
12 lords judiciaires nommés spécialement à cette fin et qui ne participent pas aux autres
débats. Ils sont chargés d'interpréter les lois et même de ne pas les appliquer si par exemple
elles sont contraires au droit communautaire ou à la convention européenne des droits de
l'Homme. Ce pouvoir a été transféré à une cour suprême, à l'instar de la cour suprême
américaine, avec une composition de 27 lords judiciaires actuels. Depuis, la Chambre des lords
élit désormais son Speaker en son sein. Pour ce qui est de la Chambre des communes, elle est
élue au suffrage universel direct. Elle est l'héritière d'une ancienne tradition et assure
véritablement la réprésentation nationale. À ce titre, elle exerce aussi bien le pouvoir législatif
et financier que le contrôle de l'action gouvernementale. Elle a su, au fil du temps, s'adapter
aux conditions nouvelles du parlementarisme. Elle comprend 659 députés élus pour un
mandat de 5 ans. Elle est présidée par un Speaker élu pour la durée de la législature. La
tradition de son impartialité est si bien établie qu'il est normalement réélu, même en cas de
changement de majorité.
La session dure pratiquement toute l'année. Mais, dans les fait, la chambre ne siège que
pendant environ 6 mois. Une quinzaine de comissions spécialisées contrôlent l'action
gouvernementale et rédigent des rapports. Toute chose qui a sa pertinence d'autant plus que la
Chambre des communes a la possibilité de mettre en cause la résponsabilité du cabinet. En
outre, la chambre dispose du pouvoir de voter les lois (public Bills), que ces derniers soient
d'origine gouvernementale (gouvernement Bills) ou parlementaire (private members Bills).
Enfin, ce sont des communes qui votent le budget sans toutefois disposer de droit d'initiative en
matière d'autorisation de dépense ou de recette.

Paragraphe 2 : Le fonctionnement du régime

Il est historiquement dominé par le bipartisme, mais il arrive que celui-ci soit sujet à certaines
défaillances. Mais, la réalité du régime demeure.

A. L'évolution du bipartisme

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Dans l'entre deux guerres, le dérèglement du bipartisme a conduit à l'instabilité
gouvernementale. Ainsi, en l'interval de 13 ans, il y a eu six (6) élections.
Après les élections de février 1974, les travaillistes arrivent en tête sans obtenir la majorité
absolue des sièges de la chambre. Des communes ont dû rappeler les peuples aux urnes, en
octobre de la même année. Les résultats de ces dernières élections donnent une majorité
absolue trop juste aux travaillistes pour pouvoir gouverner seul. Ceux-ci ont été obligés de
constituer des alliances avec les libéraux et les députés nationalistes pour former le
gouvernement. Les alliés n'ont cessé d'exercer de préssion sur les travaillistes et finissent par
rétirer leur soutien au gouvernement après le référendum de mars 1979. Les élections
législatives de mai 1979 vont mettre fin à cette existence difficile. Depuis cette date, la Grande-
Bretagne a rétrouvé son jeu normal du bipartisme. C'est pourquoi, pour certains auteurs, le
two partis système ou bipartisme est la vraie constitution de l'angleterre en ce sens que c'est
l'existence de deux partis de gouvernement (parti travailliste et conservateur) alliés au système
électoral (scrutin majoritaire uninominal à un tour) qui explique aujourd'hui le
fonctionnement du régime britannique. En effet, au délà des partis politiques, le scrutin
majoritaire uninominal à un tour favorise et perpétue la bipolarisation de la vie politique
autour des grands partis que sont le parti travailliste et le parti conservateur. Il n'offre aucune
possibilité aux autres partis politiques d'acceder au pouvoir, même si on lui réconnaît le mérite
de garantir la stabilité. Il se montre injuste en ce qu'il favorise la sur-réprésentation des grands
partis et la sous-réprésentation des minorités. Le parti vainqueur qui a la majorité des sièges
au parlement peut ne pas avoir la majorité des voix. Ainsi, en 1951, le parti conservateur, avec
47,96%, a obtenu 321 sièges sur 625 alors que le parti travailliste, avec 48,78% des voix, n'avait
obtenu que 295 sièges. En 2001, le parti travailliste, avec 40,70%, avait obtenu 63% des sièges,
soit 413 sur 659; en 2005, avec 37% des voix, il obtient la majorité absolue des sièges, soit 356.
Au délà de ces aspects, l'inffluence des élections dans le fonctionnement du système britanique
s'analyse à travers le choix du premier ministre. En effet, outre la désignation des députés à la
Chambre des communes, les élections législatives constituent un véritable plébicite en faveur
du chef du parti vainqueur auquel les électeurs offrent le poste de premier ministre. De plus,
nous avons noté la pratique des élections anticipées généralement 12 mois avant la fin du
mandat des députés. Celles-ci sont l'occasion de rénouvellement de la confiance des électeurs
en faveur du premier ministre qui, en dissolvant la Chambre des communes, demande aux
électeurs de juger son bilan.

B. La réalité du régime britanique

En Grande-Bretagne il existe officiellement une « opposition de sa majesté », majorité


d'échange dont le chef est rémunéré et a sa place dans le protocole. Il dirige un cabinet dit
fantôme (shadow cabinet) apte à succéder au gouvernement même si sa composition ne lie pas
le chef du parti des conservateurs.

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S'agissant des moyens d'action du Parlement sur le Gouvernement, il est à rélever que la
pratique rend compte qu'à chaque session 20 scéances sont consacrées à des termes choisis par
l'opposition. Chaque jour, et pendant 1 heure, la scéance débute par des questions orales. Elles
permettent aux députés de s'informer sur n'importe quelle question, en particulier celle liée à
l'actualité. C'est le premier ministre qui répond à ces questions pendant 5 minutes, le reste du
temps est consacré aux ministres eux-mêmes. Par ailleurs, les députés peuvent poser des
questions écrites. Les « interpellations privées », questions liées à l'urgence du moment,
peuvent être posées à l'issue de chaque session et, pendant une demi-heure, le ministre
compétent y répond. Globalement, la procédure des questions permet de les porter devant
l'opinion publique grâce aux médias. Il n'existe pas de procédure de questions spéciales en
matière de mise en jeu de la responsabilité du Gouvernement; elle est exceptionnelle. Le
gouvernement, battu sur certains projets, ne se sent pas obligé de démissionner. La majorité de
la fraction aboutie très rarement à sa chutte. Les crises ministerielles de 1934 à 1979 (causées
par le rétrécissement constant de la majorité) font figure d'exception. Ainsi, la censure
proposée par l'opposition, 3 ou 4 fois par an, n'a aucune chance d'aboutir, sauf en cas de
dissension interne au sein de la majorité.
En ce qui concerne les moyens d'action du Gouvernement sur le Parlement, il existe tout une
panoplie. En effet, du fait de la particularité majeure du régime britanique qui n'apparaît plus
comme un régime parlementaire classique, mais plutôt comme un régime parlementaire
présidentialisé, le gouvernement et les partis majoritaires (traduit par la compatibilité des
fonctions ministerielles et parlementaires) renforcés par la discipline partisane, l'idée de
moyen d'action rélevée plus haut, outre la maîtrise de la procédure législative, constituent une
menace sur la majorité : menace de ne pas réconduire l'investiture des députés recrutants,
menace surtout de la dissolution de la Chambre des communes. Il existe plusieurs types de
dissolutions :
 La dissolution punitive : il s'agit d'une réplique classique à la censure;
 La dissolution référendum : classique et risquée, elle vise à faire déclancher un
problème grave par le peuple.
 La dissolution préventive : il s'agit d'arrêter le rétrécissement de la majorité.
 La dissolution tactique : le droit de dissolution prend ici un visage essentiellement
électoraliste.

C. Les problèmes posés par l'évolution du régime britanique

D'abord, il est certain que, depuis 1945, ce sont les conservateurs qui ont souvent réussi à
conquérir le pouvoir et à le garder plus longtems que les travaillistes. En effet, jusqu'en 2010,
ils l'ont exercé pendant 38 ans et ce sont encore eux qui sont au pouvoir. Aussi, le parti
travailliste n'a-t-il exercé le pouvoir que pendant 28 ans.

9
Il faut ensuite rémarquer que, depuis 1974, le parti centriste s'illustre véritablement comme un
parti dont il faut tenir compte. Mais, le mode de scrutin le désavantage au profit des deux
grands partis. La question se pose alors de savoir si, au délà d'un certain seuil, il ne serait pas
pertinent d'adoucir la brutalité du scrutin majoritaire.
Section 2 : le régime parlementaire allemand

La loi fondamentale de la RFA a été rédigée dans une Allemagne divisée et occupée par les
alliés. Adoptée en mai 1949, cette loi prévoit, en son article 23, qu'elle pourrait être étendue aux
autres parties de l'Allemagne après leur adhésion. Sur la base donc de cet article, le traité sur
l'unification allemande fut signé le 31 août 1990 à Berlin, entre la RFA et la RDA. Ce traité a mis
fin aux problèmes allemands nés de la deuxième guerre mondiale. Il a, en outre, consacré la
victoire de l'État de droit fondé sur une vie politique démocratique.

Sous-section 1 : L'État et les citoyens

La loi fondamentale est profondement marquée par le passé allemand. Son élaboration a été
inspirée par les conceptions fédérales et libérales.

Paragraphe 1 : L'État de droit

La loi fondamentale, adoptée par la partie allemande occupée par les alliés occidentaux,
consacre la souverenété de l'État de droit (art. 1, § 3 et art. 20, § 3). Les articles 20 et 21
consacrent l'intolérance de toute atteinte à l'exigence démocratique.

A. Les droits fondamentaux

Les libertés publiques et les droits universels sont garantis par les 20 premiers articles
auxquels s'ajoutent les articles 33, 38, 101, 103, 104 de la loi fondamentale. Ces droits et libertés
ainsi affirmés, tendent à la protection des citoyens contre l'État. Ils s'imposent à toutes les
autorités et lient tous les pouvoirs de l'État (art. 1, § 3).
L'individu a le droit de porter tout litige qui le lie à l'État devant les juridictions compétentes.
Celles-ci ont l'obligation de les trancher selon la loi et en toute indépendance. Toutefois, l'État
peut limiter, pour cause d'intérêt public, sans porter atteinte à leur substance, l'exercice de
certains droits. Cette limitation peut tout de même respecter le principe de proportionnalité,
c'est-à-dire ne pas exceder ce qui était nécessaire à la garantie de l'interêt public poursuivit.

B. Le contrôle de la constitutionnalité des lois

10
Ce contrôle permet à la cour constitutionnelle fédérale allemande (Karlsruhe) de connaître de
tout recours visant à déclarer inconstitutionnelle une loi ou tout autre texte ayant valeur
législative.
La cour constitutionnelle est composée de 16 membres élus par moitié par le Bundestag et par
le Bundesrat à la majorité des 2/3, pour 12 ans renouvellables. La cour exerce le contrôle de
constitutionnalité suivant trois (3) procédures :
 D'abord, le contrôle dit abstrait (art. 93, § 1). Il permet au gouvernement fédéral et au
gouvernement des Länders, ainsi qu'au tiers des membres du Bundestag de demander à
la cour constitutionnelle fédérale de contrôler la constitutionnalité d'une loi fédérale ou
de Länder, ou d'un réglement.
 Ensuite, le contrôle dit concrêt (art. 100) impose aux tribunaux, à quelques niveaux de la
hiérarchie judiciaire qu'ils se situent, de surseoir à statuer et de saisir la cour
constitutionnelle fédérale lorsqu'ils estiment que la loi que les tribunaux ont à appliquer
est inconstitutionnelle. Il s'agit là d'une voie de recours importante, parce qu'elle permet
de saisir la cour constitutionnelle fédérale de cas d'inconstitutionnalité, notamment
pour violation des droits fondamentaux, que les autorités politiques s'abstiendraient
peut-être de lui soumettre;
 Enfin, l'article 93, § 1.4 prévoit un recours constitutionnel introduit dans la loi
fondamentale en 1969. Désormais, les citoyens peuvent directement saisir la cour
constitutionnelle fédérale. Pour cela, le citoyen doit, d'une part, préciser le droit
fondamental violé dont il se dit victime, et d'autre part, épuiser toutes les voies de
recours ouvertes devant les tribunaux. Il faut tout de même préciser que cette réserve
est de pure procédure. Il est donc permis aux citoyens de remettre en cause une loi, une
mesure du pouvoir exécutif ou une décison judiciaire devant la cour constitutionnelle
fédérale.

Paragraphe 2 : L'État fédéral

La loi fondamentale allemande prévoit que la forme fédérale de l'État ne peut faire l'objet
d'aucune révision constitutionnelle. Cette Allemagne fédérale a su donc se doter d'institutions
mettant en œuvre une réflexion approfondie sur les problèmes constitutionnels.

A. Les organes fédéraux

Ils comprennent les organes législatifs et exécutifs ainsi que la cour constitutionnelle fédérale.

1) Le pouvoir législatif

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Le Parlement allemand est bicaméral, composé de deux (2) Chambres : le Bundestag et le
Bundesrat. Le Bundestag ou l'Assemblée fédérale est la Chambre de la population. Le
recrutement du Bundestag se fait sur la base du double vote permettant d'élire les députés au
Bundestag pour 4 années. Le scrutin est proportionnel dans la mesure où le résultat final de la
distribution des sièges doit correspondre à la répartition proportionnelle des voix conquises
par les listes des partis dans les Länders. Si la moitié des sièges est attribuée au scrutin
majoritaire uninominal à un tour dans les circonscriptions (le premier vote), l'autre moitié (le
second vote) est repartie à l'intérieur de chaque Land, à la représentation proportionnelle, en
tenant compte des sièges attribués au scrutin majoritaire. C'est donc le second vote qui est
déterminant, le premier permettant aux électeurs de choisir directement des représentants
qu'ils connaissent et assurant une « prime » à la majorité pour le parti obtenant le plus de
sièges directs.
La règle selon laquelle les partis ayant obtenu moins de 5% (ou seulement 3 sièges directs) ne
sont pas représentés au Bundestag, contribue à empêcher l'empiétement de la représentation .
Quant au recrutement du Bundesrat, il convient de relever que la répartition des sièges entre
les Länders tient compte de leurs populations respectives : chaque Land désigne au moins trois
(3) délégués, quatre (4) pour les Länders comptant plus de 2 millions d'habitants, cinq (5) pour
ceux comptant plus de 6 millions, six (6) pour ceux comptant plus de 7 millions d'habitants.
Le Parlement est l'organe de délibération et de contrôle. Le Parlement fédéral dispose seul du
pouvoir constituant, toute révision requérant l'accord respectif des deux Chambres. Quarante-
quatre (44) révisions constitutionnelles ont été adoptées à ce jour. Les limites à toute révision
constitutionnelle sont supra constitutionnelle (cf. art. 1er et 20 de la loi fondamentale).
L'initiative législative appartient au Gouvernement et au Parlement. Les projets d'origine
gouvernementale représentent l'immense majorité. Ils sont communiqués pour avis au
Bundesrat, puis transmis au Bundestag.
Les propositions d'initiative parlementaire ne peuvent être individuelles. Au Bundestag, toute
proposition doit être soumise par au moins 34 députés, soit 5% du nombre des députés (depuis
1990), soit le nombre minimal pour former un groupe parlementaire. Au Bundesrat, la
proposition ne peut être déposée que par un Land et non un nombre isolé. L'Assemblée
décidant à la majorité de la soumettre au gouvernement pour avis avant qu'elle ne soit
transmise au Bundestag.
La discussion de la loi se fait selon la procédure suivante : au Bundestag, la procédure
législative comprend trois (3) lectures. La première consiste en une discussion sur les principes
généraux de la loi, souvent assez formels. Le texte est alors renvoyé en commission dont
l'examen est très approfondie. La deuxième lecture commence après que la commission ait
rendue son rapport et permet la discussion au fond du texte et des amendements proposés. La
troisième lecture, assez brève, permet l'adoption définitive ou le rejet du texte. Pour les lois
fédératives, l'accord des deux Chambres est nécessaire. Pour les autres, le Bundesrat dispose de
la possibilité d'opposer un véto suspensif, rarement utilisé.

12
2) L'exécutif
L'exécutif allemand est bicaméral ou dual. Le Président de la République est considéré comme
un chef d'État parlementaire parce qu'élu par une Assemblée spéciale, l'Assemblée fédérale
composée des membres du Bundestag et d'un nombre égal de membres élus (à la
proportionnelle) par les parlements des Länders. Le chef de l'État est élu pour 5 ans,
renouvelable immédiatement une seule fois.
Irresponsable politiquement, ses actes doivent être contresignés par le chancelier et les
ministres compétents. Il existe toutefois une exception : la nomination du chancelier et la
dissolution du Bundestag dans le seul cas où il s'avère impossible de procéder à la désignation
de chancelier. Privé du commandement suprême des forces armées et de la présidence du
conseil des ministres, le chef de l'État exerce une magistrature morale est un rôle de
représentation.
Dotée d'un parlementarisme rationalisé avec les procédures prévues aux articles 63, 67 et 68 de
la loi fondamentale, l'Allemagne dispose d'un gouvernement constitué de lui-même et des
ministres fédéraux, obéissant ainsi aux règles de recrutement consacrées par la Constitution.
En effet, le Président fédéral propose un candidat au Bundestag qui l'investit à la majorité de
ses membres. Sinon, dans les 15 jours, le Bundestag peut élire un autre candidat, à la même
majorité. Si aucun candidat n'obtient la majorité, le Président peut soit désigner un des
candidats arrivés en tête, soit dissoudre la chambre.
Les ministres sont nommés et révoqués par le Président fédéral sur proposition du chancelier,
seul investit de la confiance du Bundestag et véritable chef du parti dominant au pouvoir. Les
pouvoirs du chef de l'État sont nominaux tandis que ceux du chef du Gouvernement sont si
réels qu'on est tenté de qualifier la République fédérale de « démocratie du chancelier ». En
effet, le chancelier est le vrai détenteur du pouvoir politique. Il fixe les lignes directrices ou les
grandes orientations de la politique et en assume la responsabilité. Dans le cadre de ces
grandes orientations, chaque ministres fédéral dirige son département de manière autonome
et sous sa propre responsabilité (art. 65 de la loi fondamentale allemande).
La responsabilité du gouvernement obéit à des dispositions précises et originales déterminant
le parlementarisme rationalisé allemand.
Il faut enfin signaler que la cour constitutionnelle fédérale n'intervient, le plus souvent, que
lorsque les recours judiciaires habituels sont épuisés.

B. Le parlementarisme rationalisé

La responsabilité gouvernementale se manifeste à travers la motion de défiance dite


constructive d'une part, et d'autre part la question de confiance.

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La défiance « constructive » est une institution originale, fréquemment imitée. Elle est régie par
l'article 67 de la loi fondamentale qui prévoit que le Bundestag ne peut exprimer sa défiance au
chancelier qu'en lui élisant un successeur à la majorité absolue de celui ses membres.
La question de confiance intervient à l'initiative du chancelier. L'article 68 de la loi
fondamentale prévoit que si la question de confiance n'est pas approuvée à la majorité absolue
par le Bundestag, une période de 21 jours s'ouvre, au cours de laquelle, ou bien le Bundestag
désigne un nouveau chancelier, ou bien le Président, sur proposition du chancelier désavoué,
dissout le Bundestag. Ces procédures, d'une sophistication incontestable, sont sans doute
l'extrême point de la rationalisation des rapports entre organe exécutif et organe législatif en
régime parlementaire. Toutefois, force est de constater que le système allemand pourrait être,
à bien des égards, victime de sa propre sophistication. Il arrive qu'un chancelier disposant
d'une majorité au Bundestag soit obligé, pour parvenir à ses fins, de demander à cette majorité
de voter contre lui. Cela dénote un détournement de procédure.

Sous-section 2 : La vie politique

La RFA est un État démocratique. C'est donc aux citoyens qu'il revient de désigner le
gouvernement. Le mode de scrutin dans un tel régime est l'élection.

Paragraphe 1 : Le corps électoral

Le droit de vote, anéanti pendant un temps par le régime nazi, a été restauré et proclamé dès la
fin de la deuxième guerre mondiale. Désormais, le peuple allemand a retrouvé son droit au
suffrage et peut participer à la vie politique de son pays.

A. Le droit au suffrage

Le droit de vote a été accordé à tous les allemands de sexe masculin ayant atteint la majorité
électorale en 1869. Cinquante (50) ans après, le suffrage universel a été proclamé sans
distinction de sexe.
La loi électorale répartit sur une base égalitaire les 672 membres du Bundestag en deux (2)
catégories. La moitié des élus le sont au scrutin uninominal, dans le cadre des circonscriptions
(sièges directs) et l'autre moitié au scrutin de liste, dans le cadre des Länders (sièges de Land).
Ce mode de désignation des parlementaires a strictement limité le multipartisme. D'ailleurs,
l'expérience électorale de 1949 montre une tendance au bipartisme. Il s'agit des partis de
gouvernement que sont le parti démocrate chrétien (CDU) et le parti social démocrate (SPD).
Toutefois, le système électoral est construit de telle sorte qu'une formation ne parvient, à elle
seule, que difficilement à disposer de la majorité absolue des sièges au Bundestag. Le parti qui

14
arrive en tête est donc obligé de négocier une coalition avec les partis d'appoints tels les verts
et le parti libéral.

B. Les partis politiques


Les mécanismes du parlementarisme rationalisé ont peut servi, compte tenu d'un système de
parti structuré et relativement stable. La politique allemande repose sur les partis politiques.
Dans les limites de la tolérance démocratique, ils ont une influence considérable. L'article 21 de
la loi fédérale autorise le Gouvernement ou le Parlement fédéral à saisir la cour
constitutionnelle de la conformité d'une formation politique à ses objectifs.
La vie politique allemande comporte 5 ou 6 partis dont les buts sont jugés conformes à l'idéal
démocratique. Le quintette se déclare comme suit :
 La CDU-CSU, constituée du parti démocrate chrétien et sa chambre bavaroise ont
dominé la vie politique de la RFA de 1949 à 1966. Au cours de sa législature (1957-1961),
la CDU, sous l'autorité des chanceliers Adenauer et Erhard, a même réussi seule à
obtenir la majorité absolue des sièges au Bundestag. Mais, entre 1966 et 1969, elle a été
obligée de partager le pouvoir, avec le SPD.
 Le SPD est le plus ancien et le plus prestigieux des partis en Allemagne. Il a connu une
longue traversée du désert jusqu'à ce qu'il renonce à être un parti de classe en 1969. Ce
tournant réformiste lui ouvre le chemin du pouvoir en 1966.
 Les Verts : ils ont réussi à surplanter le parti libéral (FDP) et se sont imposés comme le
troisième parti depuis le scrutin de 1994. Désormais, les Verts font figure d'arbitre ou
de partenaires obligés de la part des coalitions.
 Le FDP est considéré comme un parti central de l'échiquier politique. Il est même
qualifié de parti uraète parce qu'il se donne au plus offrant des deux partis de
gouvernement. Mais il s'impose comme un parti incontournable parce que son utilité
pour son allié reste une réalité.
 Le PSD, créé en 1990, est le parti des communistes réformateurs qui apparaît comme
une formation politique protestataire ou un parti nostalgique qui s'est maintenu au
Bundestag en 1994 et 1998.
 Les partis « hors système » : à l'extrême droite on compte trois (3) partis : « les
républicains », l'union populaire allemande (DVU) et le parti national démocrate
allemand (NPD).

Paragraphe 2 : Le fonctionnement du régime

Les procédures sophistiquées des articles 67 et 68 de la loi fondamentale et la sanction qui


frappe les partis ayant obtenu moins de 5% de suffrage ont assuré de manière satisfaisante la
stabilité gouvernementale allemande.

15
A. La stabilité gouvernementale

Qualifiée de gouvernement de législature, l'hégémonie presque immédiate des chrétiens


démocrates a contribué à la stabilité gouvernementale et à la non utilisation des mécanismes
du parlementarisme rationalisé. Depuis 1949, le Bundestag a toujours élu sans difficulté les
chanceliers sur proposition du Président. Six (6) d'entre eux ont été élus au premier tour du
scrutin. Seul un a été élu lors du vote d'une motion de défiance « constructive ». La démission
des chanceliers n'a pas soulevé davantage des problèmes. Ce qui est tout à fait remarquable,
c'est qu'elle est presque toujours due au jeu de bascule auquel s'est parfois livré le FDP. En
effet, le changement d'attitude du FDP a été responsable de 4 à 5 démissions de chanceliers, de
1963 à 2005. La stabilité gouvernementale est, en Allemagne, de principe, la crise d'exception.
En somme, les articles 67 et 68 de la loi fondamentale n'ont été que très rarement mis en œuvre
; ce qui témoigne du fonctionnement satisfaisant du système politique allemand.

B. L'alternance au pourvoir

Depuis 1949, mise à part la parenthèse d'octobre 1957 à novembre 1961, le pouvoir en
Allemagne a toujours été exercé par une coalition gouvernementale tournante.
La CDU a gouverné de 1949 à 1966 le plus souvent en association avec de petits partis. De 1966
à 1969, elle a formé la grande coalition en s'associant avec le SPD. De 1969 à 1982, le pouvoir est
animé par une coalition dirigée par le SPD. De 1982 à 1998, ce sont, de nouveau, les chrétiens
démocrates qui ont exercé le pouvoir en Allemagne. En 1998, les socialistes sont parvenus à
reconquérir le pouvoir, mais, depuis 2005, c'est la CDU qui dirige le gouvernement Allemand.

16
Chapitre II : Le régime présidentiel américain

Vu de l'extérieur, les institutions américaines détaillées par la Constitution écrite de 1787, le


fédéralisme et le bipartisme étonnent par leur longévité, leur stabilité et leur bon
fonctionnement malgré la séparation dite abusivement « rigide » des pouvoirs alors que les
USA sont le seul pays à avoir appliqué les enseignements de Montesquieu, soit une véritable
séparation souple des pouvoirs. Le « balancier » s'est ainsi souvent déporté au profit d'un des
trois pouvoirs, mais ces déséquilibres successifs se sont inscrits dans un jeu de rapport de force
continue où aucun acteur ne peut durablement s'assurer d'une hégémonie totale. En ce sens,
contrairement à l'image idéalisée qu'on se fait en France de la collaboration des pouvoirs aux
USA, celle-ci est faite de conflits répétés, de négociations permanentes entre le Président et le
Congrès, mais aussi, à certains moments, entre ces deux pouvoirs et la cour suprême.

Section 1 : Les fondements du régime

La Constitution de 1787, plusieurs fois amendée mais dont l'économie générale a été préservée,
continue de régir les institutions américaines. Le fédéralisme initial s'est transformé et
développé, mais a été préservé dans son principe. Enfin, le bipartisme simple, nourri par
l'histoire, a su à sa manière structurer le fonctionnement des institutions américaines.

Sous-section 1 : La Constitution américaine

La Constitution de 1787 est une des plus anciennes du monde. Elle a montré sa faculté
d'adaptation.
Directement inspirée de la pensée de Jean Lockes et rédigée par Thomas Jefferson avec John
Adams, la déclaration d'indépendance des États-Unis du 4 juillet 1776 exprime dès l'origine le
crédo libéral américain, teinté de vieillisme et fidèle à la philosophie du droit naturel en vogue
en Europe. En 1777, naît la confédération américaine dont l'organe est un Congrès
représentant à égalité tous les États exerçant en commun des compétences (traités, défense,
diplomatie, monnaie). Chacune des anciennes colonies anglaises devient donc une République
indépendante et souveraine. En 1783, l'Angleterre de fait reconnaît leur émancipation, 8 ans
après le déclenchement de la guerre de l'indépendance, en 1775. Réunis en 1787 pour réviser
en principe le texte de 1777 (les articles de la confédération), la convention de Philadelphie,
rassemblant les délégués de 12 États ayant proclamés leur indépendance, établit finalement
une Constitution fédérale qui entra en vigueur 2 ans plus tard après la ratification par chaque
législature des États, grâce à une convention spéciale.

17
Cette Constitution marque de façon décisive le droit constitutionnel moderne : une Constitution
écrite et rigide, un régime de séparation des pouvoirs, la suprématie de la Constitution, la
notion de fédération, la forme républicaine de gouvernement.
La Constitution du 17 septembre 1787 a été amendée 27 fois en deux siècles. Cette capacité
d'adaptation tient moins aux 26 amendements dont elle a été l'objet qu'aux pouvoirs donnés au
Congrès de : « faire toutes les lois qui sont nécessaires et approuvées pour l'application des
pouvoirs ci-dessus mentionnés » (art. 1er, Section 8, alinéa 18 de la Constitution) et à la cour
suprême, véritable créateur et régulateur du système constitutionnel d'outre Atlantique depuis
1803 et l'arrêt Marbary contre Madison.
Le texte initial est divisé en sept (7) articles dont les trois premiers sont relatifs au pouvoir
législatif fédéral (le Congrès), au pouvoir exécutif fédéral (le Président) et au pouvoir judiciaire
fédéral incarné par la cour suprême.
La Constitution est fondée sur un contrat entre les États membres de la fédération qui garantit
leur autonomie (la compétence de droit commun leur appartient), assure leur participation à
l'État fédéral (représentation égalitaire au sein du Sénat, l'élection présidentielle se déroulant
dans le cadre des États) et préserve leur consentement (ratification par les États de la
Constitution). L'équilibre est ainsi, au plan fédéral, la règle d'or. Cette idée de « frein et
contrepoids » se retrouve dans l'organisation de pouvoir spécialisé dans une fonction et doté de
la faculté mutuelle d'empêcher l'autre d'agir.
Méfiant à l'égard du pouvoir, les « pères fondateurs » (George Washington, Franklin, Hamilton,
Madison) s'attachent d'abord à sa limitation en organisant son éclatement. Cette séparation à la
fois horizontale (le fédéralisme) et verticale (la séparation rigide des trois pouvoirs) est moins
la traduction des institutions britanniques de l'époque que l'application rigoureuse d'une
lecture originale de Montesquieu.
La Constitution américaine a connu un processus de révision long et difficile : les huit premiers
amendements votés en 1789 et adoptés le 15 décembre 1791 forment la déclaration des droits
(le Bill Of Right) et concernent pour l'essentiel les droits de l'individu. Le 9 ème amendement
déclare que les droits des citoyens énumérés par les amendements ne sont pas limitatifs. Le
10ème amendement précise que les compétences non attribuées au pouvoir fédéral
appartiennent aux États.
Le 13ème amendement (1865) aboli l'esclavage (entraînant la guerre de sécession). Le 14ème
(1868) place les citoyens sous l'égale protection de la loi. On peut rattacher à ce groupe le 18 ème
amendement prohibant l'alcool en 1918 et le 21 ème le supprimant, le 15ème amendement (1870)
interdit de refuser le suffrage pour des raisons de race, le 19ème (1920) accorde le suffrage aux
femmes, le 18ème (1963) confère le droit de suffrage aux habitants de district de Colombia, le
24ème (1964) interdit les taxes électorales destinés à écarter les personnes de couleur des urnes,
le 26ème (1991) abaisse la majorité électorale de 21 ans à 18 ans. On peut rattacher à ce groupe
d'amendements relatifs à la citoyenneté, le 16ème amendement (1913) introduisant l'impôt
fédéral sur le revenu.

18
Outre le 10ème amendement précité, il s'agit du 12ème amendement (1804) qui différencie
l'élection du Président des États-Unis de celle du vice-président, du 17ème amendement
prévoyant que les sénateurs seront élus au suffrage universel, du 20ème (1933) qui modifie la
date d'entrée en fonction du Président nouvellement élu (le 20 janvier au lieu du 20 mars), du
22ème amendement (1951) qui interdit au Président d'être réélu plus d'une fois, du 25 ème (1967)
organisant la suppléance du Président en cas d'empêchement et le remplacement du vice-
président, et enfin du 27ème (1992) qui prévoit qu'aucune loi sur l'indemnité des membres du
Congrès ne peut entrer en vigueur tant qu'une nouvelle élection des représentants ne sera pas
intervenue (afin d'éviter que les parlementaires ne se votent des augmentations pour eux-
mêmes).

Sous-section 2 : Le fédéralisme américain

L'évolution des institutions a d'abord été marquée sur le plan national par l'enracinement du
fédéralisme et l'affirmation, après la guerre de sécession, de la prééminence de l'État fédéral
sur les États fédérés. Dans ces conditions, l'État-Unis ne relève plus de la simple provocation
verbale, car actuellement, la centralisation des pouvoirs est une réalité aux États-Unis
d'Amérique.
Sur le plan de l'équilibre « horizontal » des pouvoirs, les États-Unis ont connu l'alternance entre
la suprématie du Congrès et celle de l'exécutif. La prédominance congretionnelle s'affirma
jusqu'à la fin du XIXème siècle avec bien des nuances. Jusqu'en 1809, le système fonctionne tel
que l'avait pensé Hamilton : le Président et le Congrès s'équilibrent et s'appuient mutuellement.
Après 1809, le pouvoir passe au Congrès, et particulièrement à la Chambre des représentants et
ses réunions partisanes influentes dans la désignation des candidats à l'élection présidentielle.
Ce n'est qu'après 1828 qu'un rééquilibrage s'opère au profit du Président. De 1860 à 1865,
Abraham Lincoln renforce l'autorité présidentielle de manière décisive, le Congrès domine le
système politique jusqu'à la fin du siècle si bien qu'on a pu parler du gouvernement
congretionnel. C'est durant les années 30, avec Franklin, que le Président prend ses traits
contemporains et devient la clé de voûte du régime. L'institution présidentielle a cependant été
affaiblie en 1973 après le scandale du Watergate et la démission forcée du Président Nixon, et
l'affaire « Monica ».
La répartition de compétences entre l'union et les États fédérés fait l'objet du 10 ème
amendement en vertu duquel « les pouvoir qui ne sont pas délégués aux États-Unis par la
Constitution, ni refusés par elle aux États, sont préservés respectivement aux États et au peuple
». En d'autres termes, l'union bénéficie de compétence d'attribution et les États fédérés de
compétence de droit commun.
Arbitre du fédéralisme, régulateur de l'équilibre des pouvoirs, la cour suprême s'est affirmée,
depuis l'arrêt Marbary contre Madison, comme un troisième pouvoir, interprétant la
Constitution au point d'être qualifier, au début du XXème siècle, de « gouvernement des juges ».

19
La cour suprême est composée de neuf (9) magistrats dont huit (8) sont juges associés et un (1)
faisant l'office de président. Ils sont nommés à vie par le Président des USA avec l'avis et le
consentement du Sénat. Ils ont la faculté, dont ils profitent rarement, de se retirer à 70 ans s'ils
le désirent.
En vertu de la Constitution, la cour suprême a compétence, en première instance, sur tous les
litiges où un État est partie, ainsi que pour tous ceux concernant certaines personnalités
fédérales, tels les ambassadeurs et les ministres. Elle a compétence d'appel à l'égard de tous les
autres litiges relevant des juridictions fédérales (art. 3, Section 2 de la Constitution). En somme,
la cour est un acteur important du jeu politique américain de sorte que même lorsqu'elle entre
en conflit avec les autres pouvoirs, sa légitimité n'est guère contestée.

Sous-section 3 : Un bipartisme souple

La vie politique américaine est dominée par deux grands partis, à savoir le parti républicain et
le parti démocrate, considérés comme deux « machines » très décentralisées. Le bipartisme
souple n'a cependant rien à voir avec le bipartisme rigide britannique. Le rôle des partis
politiques reste déterminant dans l'élection présidentielle et le fonctionnement des institutions
aux USA.
Les partis américains ne sont pas des partis de militants, mais des partis d'électeurs. Les partis
américains ont avant tout un rôle électoral. Le nombre considérable d'élections tant à l'échelon
local que national et le coût de ces élections, la nécessité de trouver des candidats et de les
formés, l'organisation des campagnes électorales, mobilisent les forces des partis politiques.
Contrairement aux partis politiques européens, les partis politiques américains ne jouent pas le
rôle d'animation du débat idéologique. Ils sont des partis de gestion, organisés dans le cadre
étatique et dotés d'une grande souplesse encore accrue par l'indiscipline des élus. Lors des
votes importants, il est rare que les partis ne se partagent pas et leurs membres ne se
retrouvent pas à la fois dans la majorité et dans la minorité selon des proportions variables. Il
s'agit là d'une spécificité américaine qu'une étude du bipartisme aux USA peut permettre
d'explorer.
Au départ, il y avait les fédéralistes qui sont les ancêtres des républicains et les anti-fédéralistes
(Jefferson Madison, grand défenseur du droit des États) qui deviendront des démocrates. Le
parti républicain, plus conservateur, est devenu au fil du temps défenseur du libéralisme
économique appuyé pas un électorat plus rural ou suburbain, représentant des classes aisées
et moyennes, souvent blanches et majoritairement protestantes. Le parti démocrate s'est
affirmé partisant de l'interventionnisme fédéral, représentatif d'un électorat urbain des
grandes villes, des minorités et plus largement des intellectuels, des ouvriers syndiqués, etc. En
fait, cette opposition entre républicain et démocrate a été très relative jusque dans les années
1980. L'organisation des partis républicains et démocrates est assez semblable. Chacun est une
fédération d'entreprise politique locale. Cette organisation ignore la notion européenne

20
d'adhérents. À la base, dans chaque État, il existe un comité de parti au niveau de chaque
district, bureau de vote composé de 300 à 400 électeurs sympathisants sous l'autorité d'un
leader élu ou nommé. Au dessus, il existe des comités par comté (grande ville) composé de
délégués de la base et de permanent avec à leur tête un président élu ou nommé ou encore
comté. Au dessus, il y a le comité d'État composé de membres élus et nommés et dont le
président a un rôle fondamental. Le comité prépare toutes les élections, y compris les
primaires (sélection des délégués), examine les candidatures à une multitude de postes électifs.
Ce bipartisme est fermement établi et les tiers partis qui se manifestent périodiquement n'ont
jamais eu de succès durable. Au sommet de chaque parti, il y a le comité national élu pour 4
ans par une convention nationale, qui a un rôle fédérateur très théorique, indépendamment de
l'organisation de la campagne présidentielle et de la répartition des élus du parti entre les
commissions du Congrès.
À l'opposé des partis anglais ou français qui sont disciplinés et soutiennent de manière
cohérente le Gouvernement, les partis américains connaissent plutôt l'indiscipline. Celle-ci
permet d'éviter les blocages institutionnels dans le cas d'un congrès de tendance opposée au
Président. Ainsi, « la concordance des majorités », contrairement à la France, n'est pas un
facteur clé de compréhension du système américain.
L'indiscipline tient, au fait, on l'a vu, que les partis jouent un rôle secondaire dans l'investiture
des candidats au Congrès : rendus indépendants de leurs partis, les sénateurs et les
représentants ne sont pas non plus menacés par une dissolution propre au régime
parlementaire et surtout ont de grandes chances d'être réélus. Cette indiscipline, liée au
localisme de la vie politique américaine, n'exclut pas une certaine loyauté des membres du
Congrès à l'égard de leurs partis. Républicains et démocrates votent en blocs opposés, mais une
fois sur deux ensemble, nonobstant la défection toujours possible d'une quarantaine de
démocrates ou d'une trentaine de républicains.
Notons enfin que les membres du Congrès (comme ceux de la présidence) sont influencés par
les lobbies dont la fonction est déterminante dans la démocratie américaine et reconnue
comme légitime.

Section 2 : Le pouvoir politique fédéral

Le système institutionnel des USA, même s'il se forme sur la séparation des pouvoirs, laisse à
l'exécutif une marge de manœuvre. Mais à la vérité, le chef de l'exécutif ne domine ni ne
maîtrise le système américain ; le Congrès également dispose d'importants attributs du
pouvoir.

Sous-section 1 : Les institutions

21
Si on admet que tout le système politique américain repose sur le Président, il faut reconnaître
que la législation et l'autorisation des dépenses restent des attributs du Congrès.

Paragraphe 1 : Le Président
Le Président tire sa puissance d'abord de son élection populaire, d'un statut que lui confère
l'indépendance et de pouvoirs étendus d'un chef d'État et d'un chef de Gouvernement
détenteur du pouvoir réglementaire qui, en régime parlementaire, sont en principe séparés.
Le Président est élu en même temps que le vice-président pour un mandat de 4 ans. Le
Président n'est reegible qu'une seule fois depuis 1951 (22ème amendement). Cet amendement
formalise une pratique constate dont seul Franklin s'écarta en sollicitant avec succès un
troisième mandat provoquant ainsi une révision constitutionnelle.
La Constitution prévoit seulement que le vice-président préside en droit le Sénat (en fait, les
scéances les plus solennelles). Depuis 1949, il a été associé en pratique à la vie de la
présidence : il assiste aux réunions du cabinet et des conseils exécutifs, et peut-être chargé de
missions occasionnelles. Mais, sa charge constitutionnelle est celle d'une doublure : en cas
d'empêchement momentané, soit le Président organise sa suppléance s'il s'agit d'une incapacité
provisoire, soit la majorité des secrétaires et le vice-président le constatent (le Président peut,
dans ce cas très particulier, faire appel au Congrès qui statut à la majorité des deux tiers) : si
l'empêchement est définitif (décès, démission), c'est le vice-président qui achève le mandat
commencé.
L'élection présidentielle, sous forme de tickets, est un long processus qui commence par une
sélection des candidats au sein des partis et s'achève par un vote au suffrage universel à deux
degrés. La désignation des candidats se fait par les conventions nationales, démocrates et
républicaines au cours de l'été précédent l'élection présidentielle. Cette désignation se fait par
des élections primaires, soit par des caucus. Les plus originales sont celles des élections
primaires fermées, c'est-à-dire réservées aux citoyens favorables aux partis, ou ouvertes,
quand tout électeur qui le désir peut y participer. Les caucus sont des règnes des militants du
parti qui choisissent les délégués.
L'élection proprement dite est traditionnellement fixée au premier mardi suivant le premier
lundi de novembre. Le scrutin présidentiel permet d'élire de grands électeurs qui s'engagent à
voter, lors du scrutin définitif, en faveur du candidat sur le nom duquel ils ont été élus.
Une fois élu, le Président s'entoure de collaborateurs qualifiés qui assurent le relai et les
transmissions nécessaires auprès de l'administration fédérale. Il est le chef de l'administration
et, de ce fait, dispose du pouvoir de nommer des fonctionnaires et de veiller à l'exécution des
lois. En matière de relations extérieures, le Président est le chef de la diplomatie. Toutefois,
l'obligation lui est faite de consulter le Sénat dans de nombreuses matières relatives à la
diplomatie. Le Case Act de 1972 impose au Président de lui soumettre tout accord dans les 60
jours de sa signature. La déclaration de guerre est une prérogative du Congrès, mais pour des
raisons liées à la défense des USA, le Président peut prendre la décision d'engager les forces

22
armées à l'extérieur en s'abstenant de faire une déclaration de guerre. Il doit cependant
rappeler les forces armées américaines après 60 jours si le Congrès ne déclare pas l'état de
guerre. Il est même tenu de les retirer à tout moment à la demande du Congrès sinon, il
encourt une mise en accusation par la Chambre des représentants. En effet, si l'irresponsabilité
politique est encourue en vertu de la Constitution (art. 2, Section 4), une responsabilité pénale
pour trahison, corruption, crime et délit majeur reste possible.
En effet, le Président est irresponsable politiquement en cours de mandat devant le Congrès.
Dans l'esprit des constituants, cette irresponsabilité est le pendant d'un exécutif fort, compte
tenu des risques d'omnipotence des Assemblées (ce qui exclut donc le régime parlementaire).
La sanction politique de sa responsabilité n'existe devant le peuple que s'il se représente.
La procédure d'impeachement permet, cependant, de mettre en cause sa responsabilité pénale
qui est à la source de la responsabilité politique de l'exécutif dans la construction du
parlementarisme.
Contrairement, par exemple, au Président français, le Président des États-Unis dispose d'une
équipe très importante qui lui permet d'étayer son pouvoir et son influence : les secrétaires, au
nombre de 15, nommés par le Président avec l'accord du Sénat, individuellement responsables
devant lui et révocables. Il dispose aussi d'un pouvoir immense dont les principaux sont le
secrétaire d'État en charge des affaires étrangères, le secrétaire de trésor, le secrétaire à la
défense, le secrétaire de l'intérieur, le secrétaire à la justice. Le Président dispose d'un cabinet
composé de plus de 50 conseillers et assistants qui lui sont liés, à l'influence décisive. Ils sont
recrutés discrétionnairement. Le cabinet coiffe, en fait, les secrétaires.

Paragraphe 2 : Le Congrès

Composé du Sénat et de la Chambre des représentants, le Congrès exerce le pouvoir législatif. Il


s'agit là d'un Parlement bicaméral. La composition du Sénat et de la Chambre des
représentants est distincte, bien que leurs fonctionnements soient comparables et leurs
pouvoirs complémentaires.

A. La Chambre des représentants

Ses 435 membres assurent la représentation de la population américaine. La Chambre est élue
au suffrage universel dans le cadre de circonscriptions, dans chaque État, découpées à
proportion de la population (le redécoupage a lieu tous les 2 ans).
Les représentants sont tenus pour 2 ans. La Chambre, renouvellée tous les 2 ans (en même
temps que le renouvellement partiel du Sénat), change en même temps que le Président. Mais,
à mi-mandat, celui-ci perd assez régulièrement les élections intermédiaires.

23
Notons que pour être éligible, il faut être citoyen américain depuis 7 ans, être âgé d'au moins
25 ans et résider dans l'État. En outre, les fonctionnaires ne peuvent être candidats et le cumul
des mandats est proscrit.
S'agissant des pouvoirs, la Chambre des représentants partage avec le Sénat le pouvoir
législatif et budgétaire : initiative et vote des lois et du budget. À l'exception de l'initiative à
matière fiscale réservée à la Chambre des représentants, il est à noter que le pouvoir législatif
et budgétaire est, en droit, partagé entre les deux Chambres, même si l'influence du Président,
tant sur le plan de l'initiative que des textes votés, est importante. En matière budgétaire,
jusque dans les années 1920, le budget était préparé par deux comités du Congrès. Depuis 1921,
c'est au Président de le proposer au Congrès, réduisant sensiblement son influence en la
matière.

B. Le Sénat

Le Sénat, représentant les États, comprend 100 sénateurs élus au suffrage universel direct au
scrutin majoritaire à un tour depuis 1913. Pour être éligible au Sénat, il faut avoir au moins 30
ans, être citoyen américain depuis au moins 9 ans et habiter l'État. Le Sénat partage les
pouvoirs complémentaires d'initiative et de vote des lois et du budget avec la Chambre des
représentants. Il dispose, avec celle-ci, le « véto législatif » qui consiste dans le vote des lois
d'application générale opérant donc une délégation de pouvoir législatif et autorisant ainsi le
pouvoir exécutif à agir dans certains domaines. Le Congrès pouvait ainsi suspendre les
décisions présidentielles qu'il estimait contraires à l'application, notamment en matière de
pouvoir de guerre budgétaire, afin de vérifier que les dépenses sont vraiment exécutées. Mais
légalement, le Congrès ne peut plus annuler les décrets d'application de délégation législative.
Toutefois, le Congrès contrôle les services publics et l'administration, et les Chambres peuvent
librement créer des commissions d'enquête au pouvoir quasi-juridictionnel (citation à
comparaître, audition publique de témoin, production de documents, etc.). On a vu aussi que la
déclaration de guerre doit être autorisée par le Congrès.
S'agissant des pouvoirs propres au Sénat, on peut citer la confirmation des nominations aux
emplois fédéraux, la ratification des traités négociés et conclus par le Président. En effet, les
traités doivent être ratifiés par le Sénat à la majorité des 2/3.

Sous-section 2 : Les rapports du Président et du Congrès

Les relations sont, du fait de la séparation tranchée des pouvoirs, limitées sur le plan
institutionnel. Par contre, au plan politique, elles sont nécessaires et inévitables.

Paragraphe 1 : Les moyens d'action du Président sur le Congrès

24
Le Président est appelé à négocier en permanence avec le Congrès pour chercher un consensus
sur ses projets. Il dispose, en outre, de moyens d'influence et de conviction importants. En
dehors de la négociation et de la persuasion, le Président dispose de quatres (4) autres moyens
d'action sur le Congrès.
Premièrement, il a le droit de véto qui lui permet de renvoyer un texte de loi (art. 1 er, Section 7
de la Constitution) avec ses objections. Cependant, le véto de poche peut être brisé par un vote
à la majorité des 2/3 dans chacune des Chambres.
Deuxièmement, le Président participe à l'initiative des lois, soit en demandant à un
congresman de lui rendre le service de déposer un texte de loi élaboré par l'administration,
soit en annexant un projet de loi aux messages délivrés au Congrès (messages annuels).
Troisièmement, depuis 1939, le Président a conquis l'initiative budgétaire et contrôle avec
efficacité l'ensemble du processus budgétaire. C'est ainsi qu'il parvient, sans grande
modification, à obtenir le vote de son projet de budget par le Congrès.
Quatrièmement et enfin, en vertu de l'article 2, Section 2 de la Constitution, le Président a le
pouvoir de nommer aux fonctions fédérales. Ce pouvoir lui permet de recourir au patronage,
terme public pour désigner le clientélisme.

Paragraphe 2 : Les moyens d'action du Congrès sur le Président

Le Congrès américain demeure une puissance, dans toute l'exception du terme, à laquelle se
mesure le chef de l'exécutif. Il dispose de divers moyens d'action sur le chef de l'État et le
Gouvernement.
En effet, c'est au Congrès que revient le pouvoir d'autorisation d'envoi des troupes à l'étranger.
Il dispose d'attributs spécifiques en ce qui concerne la nomination des fonctionnaires et la
ratification des accords internationaux.
Malgré la capacité du Président à intervenir dans la fonction législative, c'est le Congrès qui
légifère et le Président ne peut le contraindre à le faire. Bien au contraire, les congresmans ont
des capacités particulières d'user des manœuvres dilatoires ou d'obstructions pures et simples.
Par ailleurs, les commissions, aussi bien législatives que d'enquête du Congrès, ont des
prérogatives judiciaires ou parajudiciaires. Elle dispose ainsi de puissants moyens d'action en
matière de surveillance de l'activité gouvernementale.
Enfin, le Congrès a la possibilité de mettre en cause la responsabilité du Président en le
destituant conformément à l'article 2, Section 4 de la Constitution américaine. En dehors du
Président, la procédure de l'impeachement s'applique au vice-président ainsi qu'à l'ensemble
des fonctionnaires fédéraux. Dans cette circonstance, il appartient respectivement à la
Chambre des représentants, sur recommandation de sa commission judiciaire, d'accuser à la
majorité simple le chef de l'exécutif, et au Sénat de le juger en se prononçant sur sa culpabilité,
à la majorité des 2/3 de ses membres. En espèce, le Sénat se réunit sous la présidence du
président de la cour suprême en lieu et place du vice-président des USA.

25
26
Chapitre III : Le régime présidentiel béninois

La Constitution béninoise du 11 décembre 1990 n'a pas été révisée formellement malgré
plusieurs tentatives, de 2005 à 2018. En effet, en juillet 2018, le deuxième projet de révision de
la Constitution béninoise s'arrête à la prise en considération, par 62 voix pour, 19 contre et une
abstention.
La troisième tentative a abouti le 1er novembre 2019. Cette procédure, sans doute politiquement
pilotée par le Président de la République, a permis une révision massive et d'envergure, parce
qu'ayant permis une réécriture du tiers de la Constitution, sans changer de Constitution ni de
République (art. 2 de la loi constitutionnelle).
La Constitution du 11 décembre 1990 a institué un régime présidentiel sans vice-président qui,
lui a été institué par la loi constitutionnelle du 1er novembre 2019. En effet, la principale
innovation de la Constitution révisée réside dans la création d'un poste de vice-président de la
République élu dans les mêmes conditions que le Président à partir de 2021, dont le rôle est
d'assurer l'intérim présidentiel.
Le pouvoir exécutif monocéphale, à l'origine, (appelé simplement l'exécutif) devient bicéphale
et constitue l'un des trois pouvoirs de l'État béninois. Il est chargé de déterminer et/ou de
conduire la politique de l'État et d'appliquer la loi élaborée par le pouvoir législatif. Il dispose
de vastes attributions en ce sens que d'autres institutions gravitent autour de lui, même si leur
rôle demeure plus ou moins important.
Pour mieux cerner ces différents organes, les deux sections suivantes seront abordées :

Section 1 : Le pouvoir exécutif

Le pouvoir exécutif est désormais incarné, au Bénin, par le chef de l'État, Président de la
République, et le vice-président.

Sous-section 1 : Le chef de l'État, Président de la République

De l'article 41 de la Constitution révisée, on peut tirer deux (2) éléments. D'abord, en tant que
première personnalité de l'État, le chef de l'État personnifie la nation. Ensuite, il est le garant
du respect de la Constitution ; ce qui l'oblige à préserver l'indépendance nationale, l'intégrité
territoriale et à respecter les engagements internationaux.
Selon la cour constitutionnelle béninoise, le Président de la République est à la fois une
institution essentielle de la nation et l'organe de mise en œuvre de la souveraineté du peuple.
En conséquence, il jouit d'un régime de protection, fait de privilège de juridictions et
l'immunité fonctionnelle durant son mandat. Il ne peut donc être traité comme un citoyen ou
un justiciable ordinaire (DCC 10-013 du 4 mars 2010).

27
Paragraphe 1 : Le mandat présidentiel

Le Président de la République est élu au suffrage universel direct. Ce qui suppose que chaque
citoyen électeur est en principe égal à un autre par son vote. Si telle est la réalité juridique, la
réalité politique est cependant nuancée. Politiquement, en effet, pour être élu à la magistrature
suprême, le candidat s'appuit sur des fiefs électoraux, ethniques et régionaux contrôlés par des
leaders d'opinion. Ces derniers peuvent être comparés aux grands électeurs du système
américain. Au Bénin, c'est toujours celui qui contrôle la plus large coalition politique qui gagne
l'élection présidentielle.
Le scrutin est uninominal majoritaire à deux tours (art. 43 de la Constitution révisée). Le
Président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés. Si cette
majorité n'est pas obtenue au premier tour, on organise un seul second tour auquel seuls les
deux candidats ayant recueilli le plus grand nombre de suffrage au premier tour se présentent.
En cas de désistement de l'un ou l'autre, les suivants se présentent dans l'ordre de classement
du premier tour (art. 45 de la Constitution révisée).
Le Président de la République est élu pour un mandat de 5 ans (art. 42, alinéa 1), renouvelable
une fois (art. 42, alinéa 2). Dans le régime présidentiel béninois, le chef de l'État élu pour 5 ans
est indéboulonnable jusqu'à la fin de son mandat sans préjudice de son jugement et de sa
destitution par la haute cour de justice. Avant d'entrer en fonction, il prête serment
conformément à l'article 53 de la Constitution.
L'élection présidentielle n'est pas ouverte à tous les citoyens. La recevabilité de la candidature
est soumise aux conditions constitutionnelles et légales suivantes : avoir la nationalité
béninoise depuis au moins une décennie, être de bonne moralité et d'une grande probité, jouir
de ses droits civils et politiques, résider sur le territoire béninois au moment des élections,
jouir d'un état complet de bien-être physique et mental et avoir entre 40 et 70 ans au jour du
dépôt de la candidature. De plus, il est exigé le paiement d'un cautionnement de 200 millions,
être parrainé par des élus.
Quant au vice-président de la République, il constitue la grande nouveauté de la révision du 1 er
novembre 2019 (art. 41, 42, 43, 44, 54, § 1). À l'évidence, en confiant l'intérim au président de
l'Assemblée nationale jusqu'en 2021, le pouvoir constituant dérivé a bien montré que le poste
de vice-président n'était pas la seule et unique possibilité. Pourtant, il fallait bien trouver une
solution de transition en attendant l'élection du vice-président en 2021. Le constituant a donc
fait un choix, un montage constitutionnel provisoire jusqu'en 2021 et un autre à partir de 2021.
Dans ce cadre, le Président de la République est élu en duo avec un vice-président de la
République (art. 43). Ce duo est élu à la majorité absolue des suffrages exprimés (art. 45 de la
Constitution révisée).

Paragraphe 2 : Les fonctions régaliennes du chef de l'État

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Le chef de l'État détient trois (3) catégories de pouvoir :
 Le pouvoir normatif ;
 Le pouvoir de nomination ;
 Et le pouvoir de participer aux autres fonctions.
En effet, conformément à l'article 54 de la Constitution révisée, le Président de la République
est le détenteur exclusif du pouvoir exécutif et du pouvoir réglementaire. Il détermine et
conduit la politique de la nation.
En tant chef de l'État et chef du Gouvernement, le Président de la République exerce les deux
fonctions afférentes. Il dispose d'une palette importante de pouvoirs.
Le chef de l'État peut prendre des décisions importantes en conseil des ministres, notamment
celles relatives à la politique de l'État, adopter des projets de loi, prendre des ordonnances, des
décrets et des mesures exceptionnelles.
Le conseil des ministres est une instance collégiale et solennelle du Gouvernement. C'est une
instance de délibération, de compte rendu, d'instruction et de décision. Il est présidé par le
Président de la République. En effet, les décisions sont prises avec son accord et les relevés des
conseils des ministres sont scrutés par lui avant d'être publiés.
À l'image de l'article 16 de la Constitution française du 4 octobre 1958, l'article 68 de la
Constitution béninoise révisée organise la dictature présidentielle, c'est-à-dire l'édiction des
mesures exceptionnelles en période de crise.
Si le pouvoir de nomination concerne les plus hautes fonctions de l'État, les autres pouvoirs,
eux, se déclinent en participation aux autres fonctions de la République.
Le Président de la République nomme les ministres, les hauts fonctionnaires, les magistrats, les
cadres de l'armée, les ambassadeurs, le grand chancelier de l'ordre national, trois des 7
membres de la cour constitutionnelle, le président de la haute autorité à l'audiovisuel et de la
communication, le président de la cour suprême, le médiateur de la République, etc. (cf. art. 54
à 56 de la Constitution béninoise révisée).
Grâce aux ordonnances, aux projets de loi, à la promulgation de la loi et à la demande d'une
seconde délibération, le Président de la République participe à la fonction législative.
La promulgation est l'acte par lequel le chef de l'État atteste que la loi a été votée de façon
régulière et ordonne aux autorités publiques de l'observer et de la faire respecter (cf. art. 57).
Le Président de la République peut demander à l'Assemblée nationale une seconde
délibération qui ne peut être refusée. Celle-ci porte sur la loi ou certains de ses articles. Elle
permet au Président de la République d'influer ou de faire modifier la volonté exprimée par le
Parlement à travers une loi adoptée. C'est un vote ultime et il ne saurait y avoir de troisième
délibération. Après ce dernier vote, le Président de la République est tenu de promulguer la loi
dans un délai qui commence à courir à compter de la transmission qui lui a été faite par le
président de l'Assemblée nationale. Si le Président ne s'exécute pas, la cour constitutionnelle,

29
saisie par le président de l'Assemblée nationale, rend la loi exécutoire. Dans ce cas, la loi est
annexée à la décision de la cour et porte la signature du président de la cour.

Sous-section 2 : Le pouvoir législatif

Le pouvoir législatif est détenu, au Bénin, par le Parlement (organe monocaméral,


conformément à l'article 79 de la Constitution). L'Assemblée nationale béninoise, qui siège au
palais du gouverneur à Porto Novo, est composée de 83 députés élus pour un mandat de 4 ans
renouvelable. À ce propos, il convient de mentionner qu'en 2006 les parlementaires ont révisé
l'article 80 de la Constitution pour porter la durée de leur mandat à 5 ans. Cette tentative n'a
pas prospéré, parce que la cour constitutionnelle, a par décision DDC 06-074 du 8 juin 2006,
invalidé la loi constitutionnelle portant révision de la Constitution.
Le président de l'Assemblée nationale est un député élu par ses pairs. Pendant la durée de la
législature, il est la deuxième personnalité de l'État. En cas de vacance de la présidence de la
République, il ne peut plus exercer les fonctions de Président de la République dévolues au
vice-président de la République.
En ce qui concerne ses attributions, le président de l'Assemblée est le chef de l'administration
de l'institution et l'ordonnateur du budget. Il dirige l'Assemblée nationale, la représente dans la
vie politique nationale et internationale, préside les séances plénières, les réunions du bureau
et de la conférence des présidents et à la haute direction des débats.
Jouissant de l'autonomie financière, l'Assemblée nationale établit en conséquence son budget
(art. 141, 144 et 150 du règlement intérieur). L'autonomie financière doit être comprise ici
comme une autonomie de gestion.
Le bureau de l'Assemblée nationale est composé de sept (7) membres élus poste par poste (un
président, un premier vice-président, un deuxième vice-président, un premier questeur, un
deuxième questeur, un premier secrétaire parlementaire et un deuxième secrétaire
parlementaire). Le statut du député béninois se décline en immunité (art. 90), incompatibilité
(art. 92) et indemnités (art. 91 de la Constitution). Le député béninois jouit des avantages
financiers, matériels et juridiques.
L'organisation et le fonctionnement du Parlement sont consignés dans le règlement intérieur
qui regroupe l'ensemble des règles régissant les travaux parlementaires. Le travail
parlementaire se fait par session. À part le bureau de l'Assemblée nationale, le travail se
déroule au sein des organes suivants : la plénière, les groupes parlementaires, les commissions
permanentes et la conférence des présidents.
Les fonctions de l'Assemblée nationale sont de trois catégories :
 Assurer la représentation nationale;
 Voter les lois (fonction législative);
 Contrôler l'action du Gouvernement.

30
Section 2 : Les autres autorités ou pouvoirs indépendants

Parmi les pouvoirs institués par la Constitution du 11 décembre 1990 figurent, en bonne place,
la cour constitutionnelle, la cour suprême, la haute cour de justice et les autres autorités
administratives indépendantes.
La cour constitutionnelle est ici une juridiction spécialisée dans le règlement des contentieux
liés à la Constitution et indépendante des pouvoirs politiques et juridiques.
Au Bénin, ce fut d'abord le haut conseil de la République qui assuma provisoirement ce rôle
jusqu'en 1993 où la cour constitutionnelle fut installée.
La cour constitutionnelle fait l'objet du titre V de la Constitution avant même le pouvoir
judiciaire qui, lui, n'est abordé qu'au titre VI. La cour constitutionnelle est la plus haute
juridiction de l'État en matière constitutionnelle. Elle est à la fois seule et suprême.
Tantôt aboulée, tantôt clouée aux blairies, la cour constitutionnelle du Bénin dérange la classe
politique dont les décisions sont contraires à la Constitution.
La cour constitutionnelle comprend sept (7) membres dont quatre (4) sont nommés par le
bureau de l'Assemblée nationale et trois (3) par le Président de la République pour un mandat
de 5 ans renouvelable une seule fois. Parmi ces membres figure trois (3) magistrats ayant une
expérience de 15 années au moins ; deux (2) juristes de haut niveau, professeur ou praticien de
droit, ayant une expérience de 15 ans au moins ; deux (2) personnalités de grande réputation
professionnelle. L'article 115 de la Constitution traduit deux exigences : celle de représentation
prépondérante des juristes hautement qualifiés, et celle de faire en sorte que les autorités en
charge de la désignation des membres de la cour constitutionnelle reflètent autant que possible
le paysage politique béninois.
Le président de la cour se fait assister par un vice-président. Il dispose également d'un cabinet
et surtout du secrétariat général de la cour, cheville ouvrière de la juridiction qui intervient
aussi en amont du processus juridictionnel dans le filtrage des saisines en enregistrant les
requêtes selon leurs dates d'arrivée.
Les compétences de la cour constitutionnelle sont des compétences d'attribution. Les articles
114, 117 et 118 en sont les sièges. Ces compétences concernent à la fois les lois et règlements, la
sauvegarde des droits et des libertés publiques fondamentaux, la réglementation du
fonctionnement des institutions étatiques ainsi que le contentieux électoral.
La saisine de la cour constitutionnelle est ouverte à tous citoyen. Deux (2) sortes de saisine
existent :
 La saisine d'office par la cour constitutionnelle elle-même ;
 La saisine par des personnes extérieures à la cour constitutionnelle. Ainsi, peuvent
saisir la cour constitutionnelle :
- Le Président de la République ;

31
- Le président de l'Assemblée nationale, celui de la haute autorité de l'audiovisuel et
de la communication et celui du conseil économique et social ;
- Toute association, y compris celles non gouvernementales, de défense des droits de
l'homme ;
- Tout citoyen ou justiciable, par action directe ou par voie d'exception.
La cour constitutionnelle béninoise effectue toute sorte de contrôle, c'est-à-dire le contrôle a
priori comme celui a posteriori, le contrôle abstrait ainsi que le contrôle concret.
La cour suprême quant à elle, est la plus haute juridiction de l'État en matière administrative et
judiciaire. Les décisions de la cour suprême ne sont susceptibles d'aucun recours. Elles
s'imposent au pouvoir exécutif, au pouvoir législatif, ainsi qu'à toute les juridictions (art. 131 de
la Constitution).
La cour suprême peut être consultée par le Gouvernement sur toutes les matières
administratives et juridictionnelles.
Le président de la cour suprême est nommé pour une durée de 5 ans par le Président de la
République, après avis du président de l'Assemblée nationale, parmi les magistrats et les
juristes de haut niveau ayant 15 ans au moins d'expérience professionnelle.
En ce qui concerne la cour des comptes, elle est la plus haute juridiction de l'État en matière de
contrôle des comptes publics. Elle vérifie les comptes et contrôle la gestion des entreprises
publiques et organismes à participation financière ou bénéficiant des fonds publics. Elle est
l'institution supérieure de contrôle des finances publiques. Elle veille au bon emploi des fonds
publics. Ses décisions ne sont susceptibles d'aucun recours. Son président est nommé pour une
durée de 5 ans par le Président de la République après avis du président de l'Assemblée
nationale.
La haute cour de justice est compétente pour juger le Président de la République et les
membres du Gouvernement à raison de faits qualifiés de haute trahison, d'infractions omises
dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de leur fonction, ainsi que pour juger leurs
complices en cas de complot contre la sûreté de l'État. Les juridictions de droit commun restent
compétentes pour les infractions perpétrées en dehors de l'exercice de leur fonction et dont ils
sont pénalement responsables.
La haute cour de justice est composée des membres de la cour constitutionnelle, à l'exception
de son président, de six députés élus par l'Assemblée nationale et du président de la cour
suprême.
La haute autorité de l'audiovisuel et de la communication a pour mission de garantir et
d'assurer la liberté et la protection de la presse, ainsi que de tous les moyens de
communication de masse dans le respect de la loi. La haute autorité de l'audiovisuel et de la
communication veille au respect de la déontologie en matière d'information et à l'accès
équitable des partis politiques, des associations et des citoyens aux moyens officiels
d'information et de communication. Le président de la haute autorité de l'audiovisuel et de la
communication est nommé après consultation du président de l'Assemblée nationale.

32
Enfin, le conseil économique et social donne son avis sur les projets de loi, d'ordonnances ou
des décrets, ainsi que sur les propositions de loi qui lui sont soumis. Les projets de loi de
programme à caractère économique et social lui sont obligatoirement soumis pour avis. Le
Président de la République peut consulter le conseil économique et social sur tout problème à
caractère économique, social, culturel, scientifique et technique. Le conseil économique et
social peut, de sa propre initiative, sous forme de recommandation, attirer l'attention de
l'Assemblée nationale et du Gouvernement sur les réformes d'ordre économique et social qui
lui paraissent être conformes ou contraires à l'intérêt général.
Le conseil économique et social élit en son sein son président et les membres de son bureau.

33
Chapitre IV : Le régime politique de la France

Depuis 1791, la France a connu 15 Constitutions et a expérimenté des régimes politiques variés.
La forme républicaine de gouvernement s'est, néanmoins, durablement installée depuis le
dernier quart du XIXème siècle (à l'exception de la parenthèse de l'État français entre juillet 1940
et août 1944). La Vème République se présente comme l'héritière des précédentes Républiques.
Mais, elle entend aussi marquer une rupture profonde avec les principes de fonctionnement du
régime d'assemblée des IIIème et IVème République.
Le remplacement de la Constitution du 27 octobre 1946 par la Constitution du 4 octobre 1958
marque le passage de la IVème à la Vème République. Le changement de Constitution correspond,
en 1958, à un changement de régime politique, même si le lien entre République et Constitution
peut être discuté. On ne change pas la République, qui reste la forme du gouvernement en
France ; on change cependant de République en adoptant une Constitution qui rompt avec les
pratiques du régime d'assemblée.
Le texte constitutionnel du 4 octobre 1958, qui a été rédigé brièvement et dans des
circonstances particulières, avait pour ambition de donner à la France un régime politique
moderne et équilibré. En effet, le peuple français a adopté, par un référendum constituant du
28 septembre 1958, la Constitution présentée par le gouvernement du général De Gaulle.
Juridiquement, le peuple français est bien l'auteur de la Constitution, dont l'écriture repose sur
différentes justifications sous-tendues par une négociation entre le général De Gaulle et les
principaux représentants des partis politiques de la IVème République.
Les éléments de réflexion qui sont à l'origine de l'édifice constitutionnel trouvent leur source
sous la IIIème République que le général De Gaulle avait pratiqué, puisqu'il fut membre de l'un
de ses derniers Gouvernements. Sur cette base, le général De Gaulle s'était forgé une vision
propre. Il l'avait exprimé, lors de l'élaboration de la Constitution de 1946, dans le fameux
discours de Bayeux du 16 juin 1946. En effet, la pensée du général De Gaulle ne trouve pas son
originalité dans sa conception générale qui est d'inspiration parlementaire. Son apport se situe
dans la volonté de mettre en place un exécutif fort, indépendant des partis politiques et qui
puisse jouer un rôle d'arbitre.
Pour assurer l'indépendance du Président de la République, il doit être élu par un corps
électoral plus large que le Parlement. Il est garant de la continuité et de l'indépendance
nationale. À ce titre, il nomme le premier ministre, car ce soin ne peut être laissé qu'au parti
politique et il dispose du droit de dissolution. Cependant, il n'y a pas de séparation absolue des
pouvoirs et le Gouvernement reste responsable devant le Parlement. Le discours prononcé par
le général De Gaulle porte en lui-même la trame de la Constitution de 1958.
Le Gouvernement a été chargé, par la loi du 3 juin 1958, de rédiger le projet de Constitution.
Ainsi, Michel Debré et les anciens présidents du conseil, membres du Gouvernement, ont
surtout fait porter leur réflexion sur la rationalisation du parlementarisme. On doit

34
notamment au premier la distinction du domaine de la loi et du règlement sur le respect de
laquelle veillera le conseil constitutionnel ainsi que l'organisation du travail législatif. Les
seconds contribueront à la réforme des procédures de mise en jeu de la responsabilité
gouvernementale.
La Vème République se reconnaît dans l'héritage idéologique de la République (art. 1 er de la
Constitution du 4 octobre 1958). Même si celui-ci est susceptible d'interprétations diverses, les
traits essentiels en sont mentionnés dans la Constitution : l'indivisibilité de la République
(unité de l'État, intégrité du territoire), République laïque (séparation de l'église et de l'État,
séparation et enseignement confessionnel, impartialité à l'égard des cultes), une République
fondée sur le respect des droits fondamentaux, une République démocratique et sociale
(égalité et pluralisme, concept de démocratie sociale), une République décentralisée.
Le régime de la Vème République a été conçu comme un régime parlementaire. Cependant,
depuis la réforme de 1962 qui a instauré l'élection du Président de la République au suffrage
universel direct, l'interrogation sur la nature du régime est devenu un des ponts aux ânes du
droit constitutionnel. D'où la floraison de nouvelles catégories constitutionnelles, régime semi-
presidentiel ou régime semi-parlementaire, ou encore régime présidentialiste ou l'aveu de
l'impossibilité de faire entrer la Vème République dans les catégories existantes.
Qualifié d'avatar du régime présidentiel, le régime semi-présidentiel est une catégorie inventée
par Maurice Duverger. Cette catégorie désigne le régime dans lequel « le Président est élu au
suffrage universel, dispose de pouvoir propre important, mais a en face de lui un premier
ministre et des ministres qui possèdent le pouvoir exécutif et gouvernemental, et qui ne
peuvent rester en fonction que si le Parlement ne leur manifeste pas sa défiance ».
Le présidentialisme, analysé par la doctrine française, est considéré comme une déviation du
régime présidentiel, ou dirait-on, une importation caractéristique de l'Amérique du Sud et de
l'Afrique. Inspirés de la Constitution américaine, ces régimes présentent souvent une
séparation des pouvoirs apparente dernière laquelle se cache l'hégémonie présidentielle. Outre
un vaste droit de véto législatif, le Président peut édicter des décrets-lois et dispose de
l'initiative des lois. Faute de juge constitutionnel indépendant et régulateur, le déséquilibre
entre l'exécutif et le législatif en est aggravé. Enfin, unitaires ou fédéraux en apparence, les
États centralisés ou fédéraux se caractérisent par des régimes favorisant l'intervention du
Président. Ces régimes n'ont pu être longtemps rangés dans la catégorie des démocraties
pluralistes ; ce qui rend inopérante la tentative de les insérer dans une classification régime
parlementaire, régime présidentiel propre à celle-ci.
Cependant, notre étude sera recentrée sur le régime semi-présidentiel ou semi-parlementaire
de la France.
Avant de se pencher sur les organes constitutionnels proprement dit, il convient de passer en
vue les révisions constitutionnelles, notamment celles de 2000 à 2008 tendant à moderniser les
institutions de la République. Ainsi, la première des institutions a permis de passer des
mandats de 7 ans à 5 ans ; l'ouverture de la saisine du conseil constitutionnel à travers la

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question prioritaire de constitutionnalité (QPC) ; la reconnaissance de la compétence de la cour
pénale internationale (CPI) ; l'institution de la parité homme-femme ; la création de la cour de
justice de la République, pour juger les ministres en cas de responsabilité pénale ; etc.

Section 1 : Les organes constitutionnels


Sous-section 1 : L'exécutif

Conformément à la logique parlementaire, l'exécutif est dualiste et les pouvoirs sont partagés
entre un Président de la République élu au suffrage universel direct et un Gouvernement
nommé par le Président et responsable devant le Parlement.

Paragraphe 1 : Le Président de la République

Par rapport aux Républiques précédentes, la fonction présidentielle n'est pas seulement
caractérisée par le mode d'élection du Président qui confère à celui-ci une légitimité propre,
mais aussi par les pouvoirs propres dont dispose le chef de l'État.

A. Le statut du Président

À cet égard, l'originalité réside bien entendu dans le mode d'élection puisque, en ce qui
concerne la durée du mandat, la Constitution de 1958 reprenait initialement la tradition du
septennat républicain.
Le mode d'élection mis en place en 1958 correspondait aux considérations exposées par le
général De Gaulle dans le discours Bayeux. La solution retenue été de faire élire le Président
par un corps électoral plus large que les Chambres pour éviter que celles-ci ne choisissent un
homme qui soit dépendant des partis politiques. Cela a été rendu possible par la réforme de
1962 ayant permis de modifier le mode d'élection.
Pour être candidat à l'élection du Président de la République en France, il faut être français,
électeur, âgé de 23 ans, ne pas avoir été frappé d'inéligibilité et avoir fait aux obligations
imposées par le code du service national, ce qui implique que les appelés sous le drapeau
peuvent être candidats. Il faut surtout être parrainé par 500 élus (maires, conseillers généraux,
conseillers régionaux, parlementaires, etc.) émanant de 30 départements différents sans que
un département ne puisse dépasser 10% du total. Les candidats doivent adresser au conseil
constitutionnel une déclaration de situation patrimoniale. La campagne électorale officielle
dure 15 jours pour chacun des tours de scrutin. Chaque candidat doit tenir un compte de
campagne, portant sur les 12 mois précédant le scrutin. Ce compte est remis au conseil
constitutionnel. En cas de décès ou d'empêchement sur l'élu, 7 jours avant la date limite de
dépôt des candidatures, le conseil constitutionnel peut décider de reporter l'élection pour une
durée de 35 jours maximum. Si le décès ou l'empêchement se produit entre la date limite pour

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le dépôt des candidatures et le premier tour, le conseil constitutionnel doit reporter l'élection.
Si ces événements se produisent entre le premier et le second tour, il doit être procédé à
nouveau à l'ensemble des opérations électorales.
Le scrutin est majoritaire à deux tours. Pour être élu au premier tour, un candidat doit obtenir
la majorité absolue des suffrages exprimés. Le second tour se déroule le second dimanche
suivant le premier tour entre « les deux candidats qui, le cas échéant, après retrait des
candidats plus favorisés, se trouvent avoir recueilli le plus grand nombre de suffrage au
premier tour ».
Depuis la révision constitutionnelle de 2000, le mandat est de 5 ans. La révision
constitutionnelle de 2008 limite le nombre de mandat présidentiel à deux consécutifs. Une
élection est organisée dans un délai de 20 jours au moins et 35 jours au plus après la
constatation de la vacance. Pendant ce délai, l'intérim est exercé par le président du Sénat qui
assure également l'intérim en cas d'empêchement provisoire.

B. Les pouvoirs du Président

Le Président de la République française dispose de pouvoirs dispensés du contreseing


ministériel ou pouvoirs propres et des pouvoirs partagés ou pouvoirs soumis à contreseing.
L'une des innovations de la Constitution réside dans l'article 19 qui dispense certains actes du
Président du contreseing. Ces pouvoirs sont destinés à permettre au Président d'exercer la
fonction d'arbitre que lui attribue l'article 5 de la Constitution. Ceci ne signifie pas qu'il en
dispose toujours de la pleine maîtrise. Dans bien des cas, leur usage est subordonné à
l'intervention d'autres autorités.
Le premier de ces pouvoirs propres est la nomination du premier ministre qui procède du
Président seul. En effet, selon l'article 8, alinéa 1 de la Constitution, « le Président de la
République nomme le premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-
ci de la démission du Gouvernement ». Il en résulte que le Président de la République ne
détient pas le pouvoir de révoquer le premier ministre. Le départ de ce dernier est lié à une
démission volontaire. Mais, il faut souligner qu'en période de cohabitation le premier ministre
est indéboulonnable.
À l'égard du Parlement, le Président de la République dispose de deux pouvoirs :
 Le droit de message (art. 18 de la Constitution) : c'est le moyen de communication
traditionnelle du Président avec les Chambres. Ne pouvant se rendre dans les disciples,
le Président de la République fait lire son message par les présidents des Assemblées.
 La dissolution : c'est un pouvoir discrétionnaire du Président de la République. Elle
peut être prononcée à tous moment. Le chef de l'État met fin au mandat de l'Assemblée
nationale et provoque de nouvelles élections. Le Sénat ne peut être dissout
conformément à la tradition selon laquelle seule la Chambre élue au suffrage universel
direct peut faire l'objet d'une dissolution.

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À l'égard du peuple, l'initiative du référendum n'appartient pas au Président, mais au premier
ministre (art. 11 de la Constitution). Le premier ministre ne peut l'exercer que pendant la durée
des sessions parlementaires et au Parlement, sur proposition conjointe des deux Assemblées.
L'objet du référendum est limité : loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics, loi portant
approbation d'un accord ou ratification d'un traité, les réformes relatives à la politique
économique ou sociale de la nation et au service public qui y concours, l'environnement.
La décision de recourir au référendum appartient au seul Président, mais dans le cas d'un
référendum initiatif ou de la ratification d'un traité d'adhésion à l'Union européenne.
Le Président de la République dispose de pouvoirs exceptionnels conformément à l'article 16
lorsque les conditions de fond et de forme sont réunies. Les conditions de fond supposent tout
d'abord une menace grave et immédiate sur les institutions de la République, l'intégrité du
territoire et ensuite l'indépendance de la nation ou l'exécution de ses engagements
internationaux. Les conditions de forme résident dans la consultation du premier ministre, des
présidents des Assemblées et du conseil constitutionnel dont l'avis est publié.
Les pouvoirs à l'égard du conseil constitutionnel : le Président de la République nomme trois
(3) des neuf (9) membres du conseil constitutionnel dont le président. Le Président de la
République peut également saisir le conseil constitutionnel de la conformité d'un texte de loi
avec la Constitution (art. 61) et de la compatibilité d'un accord international non encore ratifié
(art. 54 de la Constitution).
S'agissant des pouvoirs du Président soumis à contreseing, il convient de révéler tout d'abord la
nomination des membres du Gouvernement qui fait l'objet d'un apport entre le Président de la
République et le premier ministre. Le Président veille particulièrement au choix des titulaires
des portefeuilles qui correspondent aux domaines dans lesquels la Constitution lui octroit une
responsabilité, notamment les affaires étrangères et la défense.
Ensuite, l'article 13 de la Constitution confère au Président de la République le soin de nommer
aux emplois civils et militaires de l'État, en conseil des ministres. La nomination à des emplois
ou hautes fonctions doit faire l'objet d'une liste qui peut être complétée par une loi organique.
Le Président de la République est le chef des armées. Cette compétence doit se concilier avec
celle détenue par le premier ministre qui, selon l'article 21 de la Constitution, est responsable
de la défense nationale.
Le Président de la République négocie et ratifie les traités (art. 52 de la Constitution). Il
promulgue les lois (art. 13 de la Constitution). Il a cependant la faculté de demander une
seconde délibération, mais il doit obtenir à cette fin l'accord du premier ministre. Le Président
de la République participe à l'exercice du pouvoir réglementaire : il signe les ordonnances et
les décrets délibérés en conseil des ministres.
Le Président de la République peut convoquer le Parlement en session extraordinaire sur un
ordre du jour déterminé, à la demande du premier ministre ou de la majorité des
parlementaires (art. 29 et 30 de la Constitution).

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Le Président de la République est le garant de l'indépendance de l'autorité judiciaire (art. 64 de
la Constitution). À ce titre, il présidait le conseil supérieur de la magistrature dont, avant 1993,
tous les membres étaient nommés par lui. Mais, à partir de la révision de 2008, le conseil
supérieur de la magistrature est présidé par le premier président de la cour de cassation.
Le Président de la République dispose du droit de grâce (art. 17 de la Constitution) qui dispense
le condamné de l'exécution totale ou partielle de sa peine. Avec la révision de 2008, plus
question de grâce collective. Le Président de la République préside les réunions
hebdomadaires du conseil des ministres (art. 9 de la Constitution). Il les convoque et en fixe
l'ordre du jour.
Il accorde la parole et tire les conclusions des délibérations.

Paragraphe 2 : Le Gouvernement

Le Gouvernement est un collège solidaire. Il est responsable collectivement devant l'Assemblée


nationale, et la responsabilité politique individuelle des ministres ne peut être engagée. Cette
solidarité est également marquée par le fait que le départ du premier ministre entraîne celui
du Gouvernement dans son ensemble.
La collégialité exige que les ministres participent à la prise de décision qui engage l'exécutif,
car on en saurait être solidaire sans avoir eu l'occasion d'exprimer son point de vue.
À l'exception du premier ministre et du garde des sceaux, en ce qui concerne le conseil
supérieur de la magistrature, la Constitution ne contient aucune disposition relative à la
structure gouvernementale. Il appartient donc à chaque gouvernement de définir sa structure,
le nombre de ministres qui le composent et leurs attributions.
Le premier ministre dirige l'action du gouvernement (art. 21 de la Constitution). Il dispose
d'une autorité sur les ministres dont il propose la nomination au chef de l'État. Il lui appartient
également de proposer leurs révocations en cas de manquement à la solidarité
gouvernementale ou de tout autre comportement incompatible avec l'appartenance au
Gouvernement.
Le premier ministre dispose, en cas de désaccord entre membres du Gouvernement, du
pouvoir de trancher ceci par son arbitrage. En cas d'absence du premier ministre, un décret
signé par le Président et contresigné par lui peut confier son intérim à un ministre.
L'intérimaire exerce la plénitude des attributions du premier ministre. De son côté, le premier
ministre peut suppléer le Président de la République pour la présidence d'un conseil des
ministres sur délégation expresse et sur un ordre du jour déterminé.
Le titre de ministre d'État est un titre honorifique conféré à certains membres du
gouvernement, à raison de leurs personnalités ou du fait qu'ils représentent, au sein du
gouvernement, une sensibilité politique particulière.
Les ministres sont chargés de la gestion d'un département ministériel et prennent part au
conseil des ministres. Les ministres délégués sont placés auprès du premier ministre ou d'un

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ministre et exercent leurs attributions par délégation du membre Gouvernement auquel ils
sont attachés. Ils disposent des services sur lesquels ils exercent leur autorité. Ils participent au
conseil des ministres. Les secrétaires d'État sont placés auprès du premier ministre ou d'un
ministre et ils exercent leur activité par délégation de celui-ci. En principe, ils ne participent
pas au conseil des ministres sauf si celui-ci traite des affaires qui relèvent de leurs attributions.
Les formations gouvernementales comprennent : le conseil des ministres qui constitue le point
de passage obligé de toutes les décisions importantes ; le conseil de cabinet qui n'a pas
d'existence constitutionnelle, mais réunit les ministres sous la présidence du premier ministre ;
les comités interministériels, consacrés à une question déterminée, réunissent les ministres
intéressés par cette question ; les conseils restreints réunissent, sous la présidence du chef de
l'État, un nombre limité de ministres concernés par un problème spécifique.
Le statut des ministres est incompatible avec toute activité publique ou privée, avec tout
mandat électif. Ils sont pénalement responsables pour les actes accomplis dans l'exercice de
leur fonction et sont mis en accusation devant la cour de justice de la République.
Les pouvoirs du Gouvernement sont pour la plupart expressément confiés au premier
ministre. Ainsi, la mission du Gouvernement est de déterminer et conduire la politique de la
nation ; le Gouvernement dispose de l'administration et de la force armée (art. 20). Le premier
ministre dispose du pouvoir d'être responsable de la défense nationale (art. 21 de la
Constitution). L'article 38 permet au Gouvernement de prendre des ordonnances dans des
matières qui relèvent du domaine de la loi. Le Gouvernement dispose de certains pouvoirs
dans le cadre de ses relations avec le Parlement. Ainsi, outre les pouvoirs d'avis (art. 16 relatif à
la dissolution), ou de proposition (référendum, révision constitutionnelle, convocation du
Parlement en session extraordinaire), la Constitution attribut au premier ministre des
compétences particulières et lui confie le soin de diriger l'action du Gouvernement (art. 21). Le
premier ministre est chargé de l'exécution des lois et il exerce le pouvoir réglementaire. Il
nomme aux emplois civils et militaires. Il dispose de l'initiative des lois. Il convoque une
commission paritaire mixte afin d'interrompre la navette d'un texte entre les deux Chambres.
Il peut déférer une loi au conseil constitutionnel. Enfin, il appartient au premier ministre,
après délibération du conseil des ministres, d'engager la responsabilité de son Gouvernement
devant l'Assemblée nationale.

Sous-section 2 : Le Parlement

Le régime électoral des deux Chambres du Parlement relève de la loi.

Paragraphe 1 : L'Assemblée nationale et le Sénat à travers leurs élections et leurs


compositions

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En ce qui concerne l'éligibilité à l'Assemblée nationale, les candidats doivent être électeurs,
âgés de 23 ans au moins et avoir satisfait définitivement aux obligations du service national.
D'après les règles relatives au mode de scrutin législatif, est élu, au premier tour, le candidat
qui a obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés et le quart des voix des électeurs
inscrits. Ne peuvent se maintenir au second tour que les candidats qui ont atteint le seuil de
12,5% des électeurs inscrits. Cette règle a pour conséquence d'éliminer les petits partis.
S'agissant des élections au Sénat, les candidats sénateurs sont élus au suffrage universel
indirect pour un mandat de 6 ans renouvelable par tiers tous les 3 ans. Pour être éligibles, les
candidats devraient être âgés de 35 ans au moins, mais cet âge a été ramené à 30 ans en 2003.
Le collège électoral est composé d'élus : députés, conseillers régionaux, conseillers généraux,
délégués des conseils municipaux. Le scrutin est majoritaire à deux tours, sauf dans les
départements qui élisent au moins 4 sénateurs où est utilisé la représentation proportionnelle
à la plus forte moyenne.
De part leurs compositions, l'Assemblée nationale comprend 577 députés et le Sénat 348
sénateurs.
Le statut des parlementaires est incompatible avec toute fonction publique et avec certaines
activités privées. Les parlementaires jouissent d'une irresponsabilité dans l'exercice de leur
fonction. En effet, l'irresponsabilité interdit les poursuites contre un parlementaire en raison
des opinions ou des votes émis par lui dans l'exercice de ses fonctions. Elle concerne aussi bien
les poursuites civiles que pénales. De plus, l'inviolabilité protège les parlementaires contre les
poursuites ou les attestations.

Paragraphe 2 : Les fonctions du Sénat et de l'Assemblée nationale

Traditionnellement, le Parlement exerce trois (3) catégories de fonction : la fonction législative


prévue à l'article 34 de la Constitution. En vertu de celle-ci, le Parlement vote la loi. Après la
réforme de 2008, cette mention a été transférée à l'article 24 qui complète la formule en
indiquant que le Parlement contrôle le Gouvernement et évalue les politiques publiques.
L'accent est ainsi mis sur le contrôle parce que les parlementaires, et avec eux l'opinion, ont
réalisé que de nombreuses lois adoptées dans l'urgence, et avec grand fracas médiatiques,
restaient inappliquées, faute d'adoption par le Gouvernement des textes nécessaires à leur
mise en œuvre. D'où l'attention portée par le constituant à l'évaluation et au contrôle.
L'innovation majeure reste et demeure la distinction entre les domaines législatifs et
réglementaires. De plus, l'article 37 de la Constitution reconnaît l'existence d'un pouvoir
réglementaire autonome au profit du Gouvernement. C'est pourquoi le législateur veille au
respect du domaine réglementaire alors que le contrôle est assuré par le conseil
constitutionnel.
Le Parlement dispose de l'initiative des lois. Le projet de loi doit être délibéré en conseil des
ministres et soumis à l'avis du conseil d'État. La révision de 2008 prévoit que les projets sont

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déposés devant les assemblées dans les conditions prévues par une loi organique et ne peuvent
être inscrits à l'ordre du jour que si les conditions prévues par cette loi organique ont été
respectées.
L'initiative parlementaire est limitée de deux (2) manières : elle doit se situer dans le domaine
de la loi à peine d'irrecevabilité (art. 41) ; elle ne doit entraîner ni augmentation des charges
publiques, ni diminution des ressources (art. 40 de la Constitution). L'inscription à l'ordre du
jour permet la discussion en séance plénière. La discussion est suivie d'un vote, article par
article. Le renvoi en commission peut également être demandé. Le texte doit être adopté dans
des termes identiques par les deux assemblées, d'où la navette et la commission mixte
paritaire.
Le contrôle sans mise en jeu de la responsabilité gouvernementale : le Parlement dispose d'une
gamme traditionnelle du moyen pour s'informer sur la politique gouvernementale. Il s'agit des
questions écrites posées aux membres du Gouvernement et au premier ministre qui disposent
d'un mois pour y répondre. C'est le cas aussi des questions orales posées au Gouvernement lors
de la séance hebdomadaire réservée aux questions ; des questions au Gouvernement ; des
déclarations suivis d'un débat et des commissions d'enquête.
Le contrôle avec mise en jeu de la responsabilité gouvernementale : la responsabilité du
Gouvernement ne peut être mise en jeu que devant l'Assemblée nationale. L'article 49 de la
Constitution prévoit trois (3) formes d'engagement de la responsabilité gouvernementale : la
motion de censure qui peut être déposée par 1/10 des parlementaires (art. 49, alinéa 2). La
responsabilité du Gouvernement peut être engagée sur un texte conformément à l'article 49,
alinéa 3. Enfin, la responsabilité du Gouvernement peut être engagée sous son programme ou
sur une déclaration de politique générale (DPG). Dans ce cas, il doit démissionner si
l'Assemblée nationale ne lui donne pas son approbation à la majorité des suffrages exprimés.

Sous-section 3 : Le conseil constitutionnel

La place qu'occupe aujourd'hui, au sein des institutions, le conseil constitutionnel est dû à cette
institution elle-même qui a su, malgré les controverses et à travers les changements de
majorité, s'imposer non seulement comme régulateur de l'activité des pouvoirs publics, mais
aussi, depuis sa décision historique du 16 juillet 1971 sur la liberté d'association (DC 71-44)
comme juge de la constitutionnalité des lois et, plus particulièrement, comme gardien des
droits fondamentaux consacrés par la Constitution. La révision de 2008 accroît
considérablement le rôle du conseil constitutionnel puisqu'il est chargé d'apprécier a posteriori
la constitutionnalité des lois à l'initiative d'un particulier sur la base d'une demande
préjudicielle.
S'agissant de sa composition, il convient de relever que le conseil constitutionnel accueille en
son sein, en qualité de membre de droit, les anciens présidents de la République. Les neuf (9)
membres nommés le sont pour un mandat de 9 ans non renouvelable. Ils sont nommés à

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raison de trois (3) par le Président de la République (dont le président du conseil
constitutionnel), trois (3) par le président de l'Assemblée nationale et trois (3) par le président
du Sénat. Le conseil constitutionnel est renouvelé par tiers tous les 3 ans afin d'assurer la
continuité de l'institution.
L'indépendance du conseil constitutionnel est d'abord assurée par le caractère non
renouvelable du mandat. De plus, la fonction est incompatible avec celle de membre du
Gouvernement, du Parlement, du conseil économique et social. L'incompatibilité n'interdit pas
de se présenter aux élections, mais elle oblige l'élu à opérer un choix entre deux mandats
incompatibles.
Le conseil constitutionnel peut être saisi par les présidents des assemblées, 60 députés ou 60
sénateurs. En matière électorale, le conseil constitutionnel peut être saisi par les électeurs et les
candidats dans le cadre des élections législatives. Pour les élections présidentielles, les préfets
peuvent saisir le conseil constitutionnel ainsi que les électeurs et les candidats. Le contentieux
des opérations référendaires est ouvert aux électeurs et aux préfets.

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