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Gymnospermes

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GYMNOSPERMES

Grands pins sylvestres sur le causse de Sauveterre (Le Lioran)

15
2 Troncs argentés de sapins dans la futaie de Prin

1 Futaie de sapins à Prin (Lanuéjols)

3 Jeunes sapins aux sommets pointus 4 Sommet arrondi d’un vieux sapin

16
Le sapin pectiné
Sapin blanc, sapin argenté, sapin des Vosges
Abies alba Miller = Abies pectinata (Lam.) DC.
Gymnosperme, famille des Pinacées
Le sapin est un grand arbre résineux à fût droit et à feuillage persistant (1).
C’est un arbre forestier qui n’existe pratiquement jamais à l’état isolé. Il se re-
connaît facilement même de loin par son port et la couleur argentée de son
tronc (2) d’où il tire son nom. Les branches, absentes dans la partie basse du
tronc sur les arbres âgés, sont étalées horizontalement ou font avec la direc-
tion sommitale du tronc un angle aigu. La cime de l’arbre, pointue les premières
années (3), s’arrondit en dôme chez les vieux arbres (4).
Les jeunes rameaux à écorce lisse présentent des poils courts, noirâtres ou
roussâtres visibles seulement à la loupe, qui tombent dès l’âge de deux ans (5).
Les feuilles sont des aiguilles aplaties non piquantes, de 1,5 à 3 cm de long et
1,5 à 3 mm de large. Elles sont terminées par une petite échancrure taillée dans
leur extrémité arrondie (6,). Elles sont attachées au rameau par une base en
forme de disque (7) qui laisse sur le rameau une cicatrice circulaire (8). La face
supérieure des feuilles est vert sombre, luisante (9) et leur face inférieure,
vert tendre, présente deux bandes blanches longitudinales très caractéristi-
ques (6, 10). Elles sont régulièrement insérées tout autour du rameau (7, 8) mais
sont typiquement étalées horizontalement comme les dents d’un peigne (9, 10),
(d’où le nom de l’arbre) parfois redressées en brosse vers la face supérieure du
rameau, découvrant la face inférieure de ce dernier. Elles persistent sur le ra-
meau durant plusieurs années, de 6 à 8 ans.
Les bourgeons terminaux ne sont pas résineux, ils sont globuleux, arrondis au
sommet (11).
La floraison n’intervient pas avant l’âge de 30 à 40 ans, elle a lieu en avril et
mai.
Les fleurs sont unisexuées, il y a monœcie. Les fleurs mâles sont de petits cô-
nes ovoïdes jaunes de quelques millimètres qui apparaissent à la face inférieure
des rameaux de l’année (12). Les inflorescences femelles, sont de petits cônes
charnus verdâtres apparaissant à la face supérieure du jeune rameau (13, 14).
Ces fleurs qui se forment toujours vers la cime de l’arbre passent généralement
inaperçues. Seules des conditions exceptionnelles permettent de les observer :
arbres abattus ou topographie escarpée permettant d’accéder à la cime de l’ar-
bre.
Les cônes sont dressés (15), à peu près cylindriques et mesurent de 12 à 20 cm
de longueur. Ils sont résineux et les bractées dépassent les écailles (16). Leur

17
5 Pilosité sur un jeune rameau de sapin 6 Face inférieure d’aiguilles de sapin
(photo P. Ponel) (2 raies blanches parallèles, échancrure terminale)

7 Insertion des feuilles sur un rameau de sapin; 8 Rameau défeuillé de sapin montrant
attache en forme de disque les cicatrices circulaires des feuilles

9 Face supérieure d’un rameau de sapin montrant la 10 Face inférieure du même rameau
disposition pectinée des feuilles

11 Bourgeons arrondis et non résineux 12 Cônes mâles (fleurs mâles)


à l’extrémité d’un rameau de sapin à la face inférieure d’un rameau de sapin
13 Cône femelle
(inflorescence femelle) juvénile
14 Jeune cône femelle, noter les longues
bractées dépassant des écailles

15 Cônes femelles mûrs au sommet d’un sapin

16 Cône femelle mûr, résineux et dressé.

17 Axes des cônes après la chute des écailles 18 Écailles détachées du cône, chacune d’elle por-
au sommet d’un sapin te deux graines
19
19 Graines isolées de sapin 20 Sol d’une sapinière jonché d’écailles

21 Tronc d’un jeune sapin à écorce lisse 22 Écorce écaillée sur le tronc d’un
vieux sapin

23 Pustules de résine dans l’écorce d’un jeune sapin

20
maturité se fait en un an. Dès le mois d’octobre, ils sont mûrs. Ils ne tombent
pas mais se désarticulent sur l’arbre, en place, ne laissant subsister que l’axe du
cône (17) et quelques écailles qui y restent attachées. Les graines, 2 par écaille
(18), ont de 8 à 13 mm et sont pourvues d’une aile membraneuse d’environ 2 cm
(19). Dans les sapinières, le sol est jonché d’écailles, avec leurs bractées récur-
vées, associées ou non aux graines qu’elles portent (20).
L’écorce qui procure au tronc son aspect argenté demeure lisse pendant très
longtemps (21). Elle ne devient craquelée que sur les arbres âgés, formant alors
des plaques qui adhèrent au tronc (22). Elle est riche en résine qui est localisée
dans des pustules bien visibles sur les jeunes troncs (23).
Le bois de sapin est blanc, léger à mi-lourd (densité de 0,4 à 0,5) à peu près
sans odeur car il ne contient pas de résine. C’est un excellent bois de charpente
au même titre que celui de l’épicéa avec lequel il est souvent confondu. Un dic-
ton de charpentier assure que « chêne debout et sapin de travers soutien-
draient l’univers ».
Une forêt de sapins est une sapinière.
Les arbres de Noël ne sont généralement pas des sapins mais des épicéas. On
s’en rend vite compte : alors que les aiguilles de sapin mettent très longtemps à
sécher sur un arbre abattu et restent longtemps attachées à l’arbre, celles de
l’épicéa se dessèchent rapidement et tombent en masse.

Espèces voisines
Le sapin de Grèce
Abies cephalonica Loud.
Il est parfois introduit en reboisement. Il se distingue du sapin pectiné par
ses aiguilles plus longues et plus raides, un peu piquantes, non étalées horizonta-
lement mais disposées en écouvillon et plus ou moins redressées, en brosse (24,
25), vers la face supérieure du rameau. Les cônes dont les bractées dépassent
les écailles sont plus longs que ceux du sapin pectiné, de 15 à 30 cm. Comme
chez ce dernier, les cônes sont mûrs en un an et se désarticulent sur l’arbre.
Le sapin pinsapo
Abies pinsapo Boiss.
Il forme des peuplements naturels dans les montagnes du sud de l’Espagne et
le Rif marocain, sur les terrains calcaires. On le rencontre ça et là en Lozère
comme arbre d’ornement. Il est facile à reconnaître par ses aiguilles courtes et
piquantes formant autour des rameaux un écouvillon très raide (26). Les cônes
sont dressés comme chez tous les autres sapins, à bractées plus courtes que les
écailles (27).

21
24 Rameau d’Abies cephalonica, 25 Rameau d’Abies cephalonica,
face supérieure face inférieure

26 Rameau d’Abies pinsapo 27 Cônes d’Abies pinsapo, ils sont


résineux et les bractées ne dépassent pas.

28 Rameau d’Abies concolor 29 Rameau d’Abies concolor, noter les longues


aiguilles redressées.

22
30 Cônes juvéniles d’Abies concolor 31 Cônes mûrs d’Abies concolor
Le sapin du Colorado
Abies concolor (Gord.) Engelm.
Originaire de nord-ouest de l’Amérique du nord, cette espèce a été introduite
avec succès dans quelques reboisements en Lozère (massif de la Loubière à Ba-
gnols-les-Bains). Il se reconnaît à la couleur grisâtre et à la taille de ses très
longues aiguilles (jusqu’à 6 cm) peu denses, récurvées en brosse lâche vers la
partie supérieure du rameau (28, 29). Les cônes dressés rouges au moment de
leur formation (30), sont cylindriques et rétrécis au sommet et à la base, très
résineux avec des bractées plus courtes que les écailles (31).

23
1 Rameau défeuillé d’épicéa montrant les 2 Aiguilles d’épicéa dont l’arrachement a entrainé
segments foliaires très saillants. le segment foliaire.

3 Jeune épicéa 4 Épicéa âgé de 50 ans

5 Jeune rameau d’épicéa 6 Bourgeons pointus, non résineux à l’extrémité


d’un rameau d’épicéa
24
L’épicéa commun
Épicéa, sapin rouge, sapin du Nord, sapinette
Picea abies (L.) Karst. = Picea exelsa (Lam.) Link
Gymnosperme, famille des Pinacées
Il y a une quarantaine d’espèces d’épicéas, toutes dans l’hémisphère Nord, dont
trois en Europe. Au Québec on les désigne sous le nom d’épinettes. Tous les épi-
céas ont en commun quelques caractères, faciles à reconnaître, qui les distin-
guent des sapins : leurs cônes sont toujours pendants ; les feuilles sont comme
prolongées sur la tige par une partie rectiligne (que les botanistes appellent le
« segment foliaire») qui forme sous l’insertion de la feuille une crête ou carène.
Sur un rameau défolié, l’ensemble des segments foliaires donne à la tige un as-
pect cannelé (1) qui n’existe jamais chez les sapins. Lorsqu’on arrache une feuil-
le d’épicéa, le segment foliaire est presque toujours arraché en même temps
(2). L’épicéa commun est la seule espèce présente en France à l’état spontané.
Cette espèce n’est pas indigène dans le Massif Central où elle est de nos jours
si banales. C’est l’action forestière qui l’y a introduite au cours de la seconde
moitié du 19 ème siècle.
L’épicéa est un résineux de grande taille, toujours vert. C’est le plus grand ar-
bre indigène en France. Certains d’entre eux dans les Vosges et le Jura dépas-
sent 50 mètres. Dans les Carpates roumaines, sa patrie d’origine, on en connaît
de plus de 60 mètres.
Le port de l’arbre, conique avec une flèche dressée, rappelle celui du sapin. Les
branches, étalées horizontalement sont présentes dès la base du tronc (3) et la
cime reste pointue (4) même chez les arbres âgés. Sur les branches, les ra-
meaux latéraux sont pendants en forme de draperies et non pas étalés horizon-
talement comme chez le sapin.
Les feuilles sont des aiguilles aiguës, terminées par une petite pointe peu pi-
quante. Elles sont à section à peu près quadrangulaire, de couleur vert sombre,
non luisantes, sans raies blanches. Elles sont insérées tout autour du rameau,
sur des segments foliaires (1) et hérissées en écouvillon (5). Elles persistent
plusieurs années sur le rameau.
Les bougeons terminaux, non résineux, sont pointus (6).
Les fleurs sont unisexuées, il y a monœcie. Contrairement au sapin qui ne fleu-
rit que dans sa partie sommitale, les fleurs (et en conséquence les cônes) exis-
tent même sur les branches assez basses.
Les fleurs mâles sont, comme chez le sapin, de petits cônes globuleux, jaunes,
qui apparaissent à la face inférieure des rameaux de deux ans (7).
Les inflorescences femelles sont des cônes charnus de 2 à 3 cm, dressés sur la

25
7 Cônes mâles (= fleurs mâles) sur un rameau d’épicéa 8 Cône femelle (= inflorescence femelle)
sur un rameau d’épicéa

9 Cônes d’épicéa, résineux et pendants 10 Cônes tombés au pied d’un épicéa

11 Cônes d’épicéa, les deux types d’écailles : en haut 12 Écailles et graines d’épicéa
écailles à extrémités arrondies,
en bas écailles à extrémités tronquées.

13 Écorce d’un jeune épicéa 14 Écorce d’un épicéa âgé

26
face supérieure du rameau de l’année (8). Ils sont rouges sur les épicéas du
Massif Central mais il existe une race de plaine chez laquelle ils sont verts.
Les bractées plus courtes que les écailles demeurent invisibles.
Les cônes mûrissent dans l’année de leur formation et ressemblent à des bana-
nes. Ils sont pendants et résineux (9). Comme ils sont à l’origine dressés ils doi-
vent s’incliner de 180° pendant leur croissance. Ils sont à peu près cylindriques,
de 12 à 20 cm de long et 2,5 à 4 cm de section. Ils sont caducs (10) mais peu-
vent persister sur l’arbre pendant plus d’un an : il y a toujours des cônes visibles
sur un épicéa âgé.
Les écailles sont obtuses et montrent une certaine variabilité de forme. Cer-
tains arbres ont des cônes à écailles nettement arrondies, d’autres à extrémi-
tés droites comme tronquées (11).
Les graines au nombre de deux par écaille, sont pourvues d’une aile. Leur taille
est en rapport avec celle du cône (12).
L’écorce, riche en résine est rougeâtre. Pour cette raison, l’épicéa, facile à dis-
tinguer par la couleur de son tronc quand il est mêlé au sapin, est parfois dési-
gné sous le nom de « sapin rouge ». L’écorce jeune est à écailles fines (13) qui
deviennent plus grosses et irrégulières avec l’âge (14).
Le bois est blanc, un peu plus léger que celui du sapin. C’est un bois tendre de
densité de 0,4 à 0,5. Il contient un peu de résine, contrairement à celui du sapin
avec lequel il est le plus souvent confondu. L’appellation « sapin du nord »
concerne toujours le bois d’épicéa. Le bois d’épicéa est plus apprécié que celui
du sapin, c’est un bois polyvalent utilisé dans tous les domaines de la menuiserie
et dans les charpentes à longue portée. Selon Campredon (1969) « On peut dire
que l’épicéa est le résineux qui possède au moindre poids les qualités mécaniques
les plus élevées ». Par sa blancheur et la longueur de ses fibres, le bois d’épicéa
est sans égal pour la fabrication de la pâte à papier.
Une exceptionnelle lenteur et régularité de croissance procurent au bois de
certains épicéas du Jura, la qualité dite de résonance. Ces bois sont utilisés en
lutherie pour la fabrication des violons, violoncelles, contrebasses, caisses et
touches de pianos.
Une forêt d’épicéas est une pessière.
Les arbres de Noël sont le plus souvent des épicéas.
Le chermès de l’épicéa est un puceron
(Sacciphantes viridis, insecte homoptère) qui
occasionne sur les rameaux une galle de forme
caractéristique. (23).

27 23 Galle causée par le chermès de l’épicéa


15 Rameau d’épicéa de Sitka, noter les deux raies 16 Cônes et graines d’épicéa de Sitka
blanches à la face inférieure des feuilles.

17 Cônes sur un épicéa de Sitka, les cônes 20 Rameau d’épicéa du Colorado


ouverts sont ceux de l’année précédente.

28
18 Épicéa bleu de Sitka 19 Épicéa du Colorado, gorges du Bramont
(St Etienne-du-Valdonnez)
Espèces voisines
Deux espèces américaines ont été introduites en Lozère et se rencontrent çà
et là parmi les reboisements.
L’épicéa de Sitka
Picea sitchensis (Bong.) Carr.
Il est le plus grand des épicéas nord-américains. Dans son aire naturelle, de
l’Alaska à la Californie, certains arbres atteignent 90 mètres.
Il se reconnaît à ses aiguilles aplaties, très piquantes qui présentent, comme
chez le sapin, deux raies blanches à la face inférieure (15).
Les cônes sont de petite taille, pas plus de 10 cm (16). Comme chez tous les
épicéas, ils sont pendants (17). «L’épicéa bleu », fréquemment introduit dans les
jardins et les parcs, est une variété horticole de l’épicéa de Sitka (18).
L’épicéa du Colorado
Picea pungens Engel.
Il rappelle beaucoup par son port l’épicéa commun. Il a un aspect plus figé, plus
rigide (19). Son feuillage est assez semblable à celui de l’épicéa commun. Les ai-
guilles sont plus courtes, plus raides, un peu piquantes (20). Les cônes sont de
même taille que ceux de l’épicéa commun mais les écailles sont à extrémités ai-
guës un peu ondulées (21, 22).

22 Partie centrale d’un cône de Picea pungens ;


21 Cône résineux et pendant de
noter les extrémités ondulées et aiguës des écailles.
Picea pungens

29
2 Rameaux défeuillés de Douglas
montrant les coussinets d’insertion
des feuilles.

1 Douglas dans le parc du Grand Hôtel de Florac

3 Faces inférieures d’aiguilles de 4 Face supérieure d’un rameau de


Douglas, chacune avec 2 raies blanches Douglas, chaque aiguille présente
un sillon médian.

30
Le Douglas vert
Sapin de Douglas ou Douglas, pin d’Oregon
Pseudotsuga menziensii (Mirb.) Franco = Pseudotsuga douglasii (Lind.) Carr.
Gymnosperme, famille des Pinacées
Le Douglas que l’on nomme simplement par le nom du botaniste écossais qui l’a
introduit en Europe en 1827, parfois désigné aussi sous le nom de pin d’Oregon
ou sapin de Douglas n’est ni un pin, ni un sapin. C’est un résineux américain à
feuillage sempervirent qui est, dans son aire d’origine, le nord-ouest de l’Améri-
que du nord – de la Colombie britannique à la Californie – un arbre gigantesque
dont la hauteur moyenne est de quelque 70 mètres. L’un d’eux abattu près de
Vancouver en août 1895 avait 127 mètres de haut et près de 24 mètres de cir-
conférence (Pardé 1994).
Plusieurs de ses caractéristiques mêlent celles du sapin et de l’épicéa.
Le port de l’arbre, conique, rappelle assez celui de l’épicéa, avec des rameaux
étalés pendants, en draperies (1).
Les feuilles, en aiguilles molles non piquantes, sont insérées tout autour du ra-
meau sur un coussinet un peu saillant parfaitement visible sur un rameau dé-
feuillé (2). Ces coussinets sont en fait l’extrémité de segments foliaires moins
apparents que chez l’épicéa et totalement absents chez le sapin. Les aiguilles
sont un peu aplaties et présentent comme chez le sapin deux lignes blanches
(parfois peu marquées) à la face inférieure (3). Leur face supérieure est par-
courue par un sillon (4) qui n’existe pas chez le sapin. Tout le feuillage a une
odeur caractéristique d’agrumes ou de citronnelle.
Les bougeons terminaux, brun-rouge et non résineux, sont très pointus rappe-
lant ceux du hêtre (5).
La floraison a lieu en mai. Les fleurs sont unisexuées (monœcie). Les fleurs
mâles sont de petits glomérules jaunes (6). Les inflorescences femelles sont
dressées, à bractées longuement saillantes entre les écailles (7).
Les cônes pendants comme chez l’épicéa (8), mûrs en un an, ne mesurent pas
plus de 10 cm de longueur. Ils sont très faciles à reconnaître grâce aux longues
bractées trifides qui dépassent des écailles à extrémités arrondies (9). Ils peu-
vent persister sur l’arbre plus d’un an et libèrent en s’ouvrant des graines ailées
(10). Comme chez l’épicéa, les cônes tombent entiers sur le sol.
L’écorce, d’abord verdâtre avec de nombreuses pustules de résine sur les jeu-
nes sujets (11), ne tarde pas à devenir brun-rouge et profondément crevassée
en vieillissant (12).
Le bois de Douglas à cœur rose saumon est très apprécié pour ses excellentes
propriétés mécaniques et sa durabilité.

31
5 Bourgeons pointus à l’extrémité d’un rameau de Douglas 6 Fleurs mâles et femelles à l’extrémité d’un jeu-
ne rameau de Douglas

7 Cône femelle juvénile de Douglas 8 Cônes pendants de Douglas,


noter les longues bractées trifides.

9 Quelques cônes de Douglas à différents stades 10 Écailles détachées du cône et graines de Douglas

11 Écorce verdâtre avec pustules de résine


d’un jeune tronc de Douglas
32

Écorce crevassée brun-rougeâtre d’un Douglas adulte 12


Aux Etats-Unis, l’industrie du contre-plaqué est à base de Douglas (c’est l’okou-
mé africain en France). Le bois de Douglas est la première des essences rési-
neuses sur le marché mondial. Avec 295 000 hectares plantés en Douglas, la
France possède le plus vaste boisement de Pseudotsuga hors d’Amérique.
Le plus grand arbre de France est un Douglas de la forêt de Ribeauvillé
(Haut-Rhin) qui mesurait environ 56 m en 1987 (Pardé 1988).

33
1 Feuilles réduites à des écailles sur un rameau de pin sylvestre

2 Les 2 aiguilles du pin sylvestre sont portées par un court


brachyblaste recouvert de feuilles écailleuses.

4 Cône globuleux de pin sylvestre à droite et conique de pin maritime


3 Brachyblaste de pin cembro (= arolle) portant 5 aiguilles.

6 Chez de nombreuses espèces de pin, l’ombilic est terminé


5 Partie médiane d’un cône de pin maritime. Les écussons 34
par un pointe centrale, le mucron.
losangiques imbriqués sont traversés par une crête médiane
au centre de laquelle se trouve l’ombilic.
Les pins
Gymnospermes, famille des Pinacées
Les pins, dont il existe 7 espèces en France ont en commun un certain nombre
de caractères. Leurs feuilles sont de deux sortes : les unes sont des écailles ap-
pliquées aux rameaux, plus ou moins rapidement caduques (1), les autres sont
des aiguilles longues et pointues, réunies par deux (chez le pin sylvestre, le pin
maritime, le pin noir, le pin à crochets) (2), par trois chez quelques espèces exo-
tiques (pin de Monterey) ou par cinq (pin cembro ou arolle des Alpes)(3) dans
une petite « gaine basale ». En fait cette dernière est un très petit rameau
court, à croissance presque nulle (brachyblaste) portant à la fois des feuilles
transformées en écailles qui forment la « gaine basale » et les aiguilles (2). L’en-
semble persiste sur l’arbre plusieurs années (2 à 8 ans) puis tombe. C’est un cas
assez rare de rameaux caducs en même temps que les feuilles.
A maturité les cônes (pommes de pin) sont globuleux (pin sylvestre, pin noir),
plus ou moins coniques (pin maritime)(4) ou même cylindriques chez certains pins
exotiques parfois plantés en Lozère (pin de Weymouth). Lorsque le cône est en-
core fermé, la seule partie visible des écailles imbriquées les unes contre les
autres est l’écusson (5). Il est de forme vaguement losangique dont le plus
grand axe, presque toujours perpendiculaire à l’axe du cône, est souligné par une
crête parfois anguleuse. Le centre du losange est souvent occupé par une surfa-
ce différemment colorée, l’ombilic parfois terminé par une pointe centrale, le
mucron (6).
Une forêt de pins est une pinède. L’inélégant terme de pineraie, parfois usité, a
une connotation pédante.

Plantation de pins laricios sur le causse de Sauveterre

35
1 2
Pins sylvestres à port élancé dans les gorges du Bramont (St Etienne-du-Valdonnez)

3 4
Pins sylvestres à port tortueux sur le causse de Sauveterre (Le Lioran)

36
5 Vieux pins sylvestres près de la ferme du Choisal, 6 Jeune forêt de pins sylvestres sur le causse de Sauveterre
causse de Sauveterre
Le pin sylvestre
Pin sauvage, pin du Nord
Pinus sylvestris L.
Gymnosperme, famille des Pinacées
Le pin sylvestre est assurément l’arbre le plus répandu en Lozère. Il domine
partout en Margeride, dans le pays de Peyre et le nord de l’Aubrac mais aussi
sur les causses. C’est un pionnier qui profite partout de la déprise agricole ou
pastorale. Son extension fulgurante au vingtième siècle est une conséquence du
premier conflit mondial (Reille et Pons 1982, Reille et al. 1985).
Le pin sylvestre se reconnaît toujours facilement par la couleur vert clair de
son feuillage (1 à 6) et celle rouge-brique de l’écorce de ses branches et de son
tronc dans la partie sommitale (7). L’écorce jeune s’exfolie en écailles fines (8).
Le port de l’arbre est très variable. On ne rencontre guère en Lozère de pins
sylvestres d’une belle venue au tronc élancé dépourvu de branches sur plusieurs
mètres (1, 2) comme ceux que l’on peut voir dans la forêt de Fontainebleau, en
Sologne ou dans les Vosges. Les arbres y sont souvent rabougris au tronc court
et irrégulier, avec de fortes branches et un houppier étalé, donnant un bois de
qualité médiocre souvent impropre au sciage (3,4).
Les jeunes rameaux sont orangés. Sur ces rameaux les feuilles en écaille, à
l’extrémité des segments foliaires bien visibles ont toutes à leur aisselle un
brachyblaste portant deux aiguilles (9). Leur chute et celle des brachyblastes
laisse sur la tige, une cicatrice en forme de proéminence aiguë qui est sur les
rameaux âgés de quelques années la seule marque visible du segment foliaire.
Les aiguilles sont les plus courtes des pins, de 2 à 6 cm seulement. Elles sont
tordues longitudinalement, à bords très finement dentés (loupe) et terminées
par une petite pointe aiguë qui les rend piquantes (10). Elles persistent sur l’ar-
bre de deux à quatre ans.
La floraison a lieu en mai. Comme tous les pins, le pin sylvestre est monoïque.
Les fleurs mâles, jaunes, sont de petits cônes pointus groupés en paquets, en
position subterminale de certains rameaux de l’année (11). Elles libèrent un très
abondant pollen transporté par le vent (12).
Les inflorescences femelles sont de petits cônes charnus rougeâtres, globu-
leux, de 5 à 10 mm, qui apparaissent à l’extrémité des rameaux de l’année (13,
14).
La maturation du cône se fait en deux ans (15, 16). Le cône mûr, brièvement
pédonculé, n’a pas d’orientation précise, il peut être dressé, pendant ou latéral
(17). Il est d’assez petite taille, c’est le plus petit cône de pin. Il est un peu al-
longé, de 3 à 6 cm seulement. Les écailles sont brun-jaune, mates et portent

37
7 La couleur rouge brique est caractéristique de la partie
sommitale du tronc des pins sylvestres. 8 Jeune tronc de pin sylvestre
dont l’écorce s’exfolie en écailles fines.

10 Aiguilles de pin sylvestre, par paires à l’extrémité


9 Jeune rameau feuillé de pin sylvestre
de leurs brachyblastes

12 Nuage de pollen autour d’un pin sylvestre


11 Bouquet de cônes males (=fleurs mâles) à l’extrémité
abondamment fleuri
d’un rameau de pin sylvestre

38
13 Deux cônes femelles juvéniles au sommet d’une jeune 14 Cônes femelles à l’extrémité de jeunes pousses. On remarque
pousse de pin sylvestre les cônes de l’année précédente alors âgés de 1 an.
sur leur face supérieure deux graines ailées de couleur bistre clair (18). Les cô-
nes tombent précocement au cours de la 2ème année de leur maturation, ne per-
sistant jamais très longtemps sur l’arbre.
L’écorce des arbres âgés est brun-rouge, craquelée avec de larges écailles (19).
Lorsqu’il est issu de beaux arbres, celui des races dites « races nobles1», le bois
de pin sylvestre est le meilleur des espèces indigènes et il est utilisé dans tous
les domaines de la menuiserie. C’est un bois riche en résine à cœur rose et au-
bier jaunâtre, moyennement lourd, (densité de 0,5 à 0,65). Le bois de pin syl-
vestre de qualité supérieure (race de Riga) importé des pays scandinaves ou de
Russie est commercialisé sous le nom de « sapin rouge du Nord ».

1) Les forestiers ont reconnu en Europe plusieurs dizaines de populations génétiques ou races qui jouent un grand rôle
en foresterie.

15 Jeunes cônes de pin sylvestre âgés de 1 an. 16 Cône pointu, au cours de sa 2 ème année de maturation
Noter le mucron qui prolonge l’écusson.

18 Cônes mûrs et graines de pin sylvestre

17 Quelques cônes mûrs de pin sylvestre,


ils n’ont pas d’orientation précise.

19 Écorce du tronc d’un vieux pin sylvestre

39
1 Flanc sud du causse de Mende, 2 Rebord du causse de Sauveterre vallée du Tarn
vallée du Valdonnez à Brenoux au-dessus de Molines

3 Futaie de pins noirs issus d’un reboisement : tous les arbres 4 Forêt de pins noirs à sous-bois de cytises
ont le même âge

5 Troncs mal élagués dans un boisement de pins noirs 6 Pin noir issu d’un semis naturel

40
Le pin noir d’Autriche
Pin noir, pin noir d’Autriche
Pinus nigra Arn. ssp. nigricans Host. = Pinus nigricans Host. var. austriaca
(Hoss) Newman
Gymnosperme, famille des Pinacées
Le groupe des pins noirs (Pinus nigra Arn.) est une espèce collective dont l’aire
est circumméditerranéenne. Il réunit quelques sous-espèces voisines à aires dis-
tinctes mais de morphologies assez proches. La sous-espèce laricio est endémi-
que de Corse et de Calabre. La sous-espèce clusiana (pin de Salzmann) est pré-
sente dans les Cévennes, l’Espagne et le Roussillon (belle forêt à St Guilhem le
Désert, Hérault). La sous-espèce nigricans, celle qui nous intéresse, se ren-
contre en Autriche et les Balkans, jusqu’en Grèce.
Le pin noir d’Autriche, introduit en France en 1836 a été utilisé entre 1880 et la
première guerre mondiale, au cours d’immenses opérations de reboisement dans
le sud des Alpes et du Massif Central pour restaurer les sols et stabiliser les
versants des régions marneuses et calcaires. En Lozère de très grands massifs
de cet arbre couvrent presque tous les rebords des causses, au sud de Mende
(1, 2). Ces reboisements qui ont maintenant plus d’un siècle sont exploités depuis
une quinzaine d’années (1).
Ce sont des arbres pouvant atteindre 25 m de haut dont l’apparence austère et
le nom doivent beaucoup à la couleur vert sombre de leur feuillage et à celle noi-
râtre de leur tronc (3). Cette austérité est heureusement atténuée par la pré-
sence du cytise ou aubour, introduit en même temps, dont la belle floraison en
grappes jaunes est la seule note colorée au sein de cette sombre forêt artifi-
cielle (4).
La régénération très active par semis naturel a très largement répandu cette
essence sur les causses eux-mêmes, naguère encore maintenus entièrement
asylvatiques par un pâturage intensif.
En futaie, le tronc est droit mais l’élagage naturel se fait mal. Les branches
basses qui tombent ne casent presque jamais au ras du tronc sur lequel persis-
tent de longs moignons (5). Issu de semis naturels, le pin noir forme de grosses
branches presque jusqu’au ras du sol, sa cime n’est pas pointue mais obtuse et
son tronc est fréquemment fourchu (6).
Les aiguilles, réunies par deux, sont longues de 8 à 15 cm, piquantes, droites ou
légèrement courbées mais non tordues. Comme chez le pin sylvestre leur bord
est finement denté, ce qui se sent au toucher. Sur les jeunes rameaux de l’an-
née, à segments foliaires et feuilles écailleuses bien visibles, elles sont appli-
quées au rameau (7). Elles s’en écartent plus tard formant autour du rameau un
écouvillon raide (8).

41
7 Aiguilles, feuilles écailleuses et segments 8 Rameau de pin noir de trois ans.
foliaires sur un jeune rameau de pin noir Les aiguilles sont disposées en écouvillon.

9 Bourgeons pointus, résineux avec 10 Bouquet de cônes mâles (= fleurs mâles)


écailles à bords frangés surmonté par la jeune pousse de l’année en cours

11 Deux jeunes cônes femelles à l’extrémité d’une 12 Bouquet de cônes femelles à la fin de leur pre-
pousse de l’année en cours mière année de maturation

13 Cônes mûrs de pin noir 14 Pin noir : cônes mûrs et gaines

42
Les bourgeons sont pointus, résineux, entourés d’écailles à bords frangés (9).
Il y a monœcie et la floraison a lieu en mai.
Les fleurs mâles, jaunes, longues d’environ 2 cm sont groupées en bouquets por-
tés par les rameaux de l’année précédente (10).
Les inflorescences femelles sont de petits cônes rougeâtres qui apparaissent,
solitaires ou en bouquets de trois, parfois quatre, à l’extrémité de jeunes pous-
ses de l’année jusque dans la partie basale de l’arbre (11).
La maturation du cône se fait en deux ans.
Dès la fin de la première année, les cônes sont assez gros, de 6 à 9 cm, pointus.
Leur groupement par trois ou quatre est caractéristique du pin noir (12). Les
cônes mûrs ne sont pas pédonculés (= sessiles) (13).
Les cônes mûrs tombent sur le sol à la fin de leur seconde année, ne persistant
jamais très longtemps sur l’arbre. Ils sont globuleux. L’écusson des écailles est
terminé par un mucron. Chaque écaille porte, sur sa face supérieure, deux grai-
nes ailées (14).
Le bois du pin noir d’Autriche est résineux moyennement lourd (densité de 0,5 à
0,6) de qualité médiocre en raison de la présence de « nœuds en couronne » qui
le rendent impropre à la charpente. C’est un bois de coffrage et de caisserie
servant surtout à la fabrication de palettes.

43
16 Taille comparée des cônes de pin noir
d’Autriche (à gauche) et de pin laricio

15 Quelques pins laricios dans les gorges du Bramont


(St Etienne-du-Valdonnez)

18 Cônes de pin à crochets

19 Pin mugho, réserve des bisons d’Europe


44 à Ste Eulalie

17 Pin à crochets issu d’un semis naturel (Les Sagnoles)


Espèces voisines
Le pin laricio
Pinus nigra Arn. ssp. laricio (Poiret) Maire
Dans son aire naturelle, la Corse où il forme encore de belles forêts dans le
centre de l’ile, c’est un arbre magnifique d’une exceptionnelle longévité. On en
connait d’environ 800 ans, atteignant 40 m avec un tronc de quelque 5 m de
tour.
Son bois à cœur rougeâtre et lourd (densité 0,6 à 0,8) a d’excellentes qualités
mécaniques.
Très répandu en France continentale où il donne de beaux peuplements, le lari-
cio est fréquent en Lozère. Souvent confondu avec le pin noir d’Autriche il ne
s’en distingue guère que par son écorce plus claire découpée en longues plaques
luisantes (15) et surtout son cône plus petit (16).
Le pin de Salzman
Pinus nigra Arn. ssp. clusiana Clem.
Ce pin qui s’accommode des conditions les plus sèches n’a pas d’intérêt fores-
tier. C’est une curiosité botanique témoin d’un passé éloigné où son aire devait
être plus vaste et plus continue. Il forme une étonnante forêt à St Guilhem-le-
désert (Hérault). En Lozère on en connait quelques individus épars dans les es-
carpements des Gorges du Tarn.
Le pin à crochets
Pinus uncinata Ramond
Ce pin de montagne surtout abondant en France dans l’extrémité orientale des
Pyrénées, existe aussi à l’état naturel dans les Alpes et le Jura. Il a été planté
en Lozère principalement en Margeride et sur le mont Lozère. Les arbres issus
de semis naturels présentent, comme ceux du pin noir d’Autriche, des branches
jusqu’à la base du tronc (17).
Le pin à crochets est facile à reconnaître par son cône d’assez petite taille, dis-
symétrique dont les écailles sont récurvées vers le point d’attache, formant une
sorte de crochet pyramidal (d’où son nom) (18).
Le pin mugho ou pin couché
Pinus mughus Scop.
C’est un pin originaire d’Europe orientale qui ne forme pas de tronc. C’est un
buisson bas aux branches enchevêtrées, plaquées au sol (19). Son cône symétri-
que, à écailles sans crochet est de la taille de celui du pin sylvestre.
En Lozère, la présence de ce pin est anecdotique : il a été introduit, mêlé au pin
à crochets, dans la réserve des bisons d’Europe à Ste Eulalie.

45
1 Pin maritime en mélange avec le chêne vert 2 Pin maritime en mélange avec le châtaignier

3 Jeune cône sessile sur un rameau de pin maritime 4 Base des aiguilles sur un rameau de pin maritime

46
5 Bourgeon conique non résineux à écailles frisées 6 Cônes mûrs de pin maritime
à l’extrémité d’un rameau de pin maritime
Le pin maritime
Pin des landes, pinastre, pin de Corte
Pinus pinaster Aiton = P. maritima Miller
Gymnosperme, famille des Pinacées
En Lozère, ce pin qui ne supporte pas le calcaire et craint les basses
températures, n’existe que dans les Cévennes. Il y a été introduit sous forme
d’immenses reboisements au début du 20ème siècle, pour servir de « bois de
mine » pour le bassin houlier d’Alès. Il y forme aujourd’hui en mélange avec le
chêne vert et la bruyère arborescente un paysage d’aspect artificiel.
C’est un arbre qui peut atteindre 30 m, au tronc souvent flexueux, à la cime
conique peu fournie en branches (1, 2).
Le feuillage est vert-sombre. Les aiguilles, réunies par deux sont très
longues (parfois plus de 20 cm), raides et un peu piquantes (3,4).
Les cônes sont très gros (10 à 20 cm), presque sessiles (3, 6), roux et
luisants, sans orientation précise. Ils sont caducs à partir de leur 2ème année
mais peuvent persister plus longtemps sur l’arbre.
L’écusson des écailles est traversé par une carène tranchante portant un ou
plusieurs mucrons aigus (7). Les graines, deux par écailles, sont ailées, grosses
de presque 1 cm, d’une taille en rapport avec celle du cône.
L’écorce brun-rouge est épaisse sur les vieux arbres. De profondes crevasses
isolent des plaques lisses (8).
Le bois est très résineux, à cœur rouge, assez lourd (densité jusqu’à 0,7). Il
est très utilisé dans tous les domaines de la menuiserie et dans l’industrie pour
la pâte à papier et la fabrication de panneaux de particules.
L’immense forêt landaise, la plus grande forêt d’Europe, est presque
exclusivement composée de pins maritimes (d’où le nom). La pratique du
gemmage (récolte de résine par incisions sur l’écorce) n’est plus pratiquée en
France.

7 Partie centrale d’un cône immature


d’un pin maritime 47
8 Écorce en plaques sur le tronc d’un vieux
pin maritime
1 Jeune rameau feuillée de pin de Weymouth. 2 Bourgeon végétatif pointu et peu résineux de pin
Il est verdâtre, lisse et luisant. de Weymouth

3 Cône pédonculé et arqué et faisceaux de 5 aiguilles 4 Cônes de pin de Weymouth à la fin de leur 1ère an-
de pin de Weymouth née. Ils sont verdâtres, longuement pédonculé.

6 Partie médiane d’un cône de pin de Weymouth. 7 Graines à ailes marbrées de pin de Weymouth
Les écailles à extrémités arrondies présentent une carène
parallèle à l’axe du cône.
48
Le pin de Weymouth
Pin blanc de l’Est, pin du Lord
Pinus strobus L.

Le nom de ce pin originaire du nord-est de l’Amérique du Nord, autour des


Grands Lacs et dans les Appalaches est lié à celui de Lord Weymouth qui fut le
promoteur de sa culture, en Angleterre, au 18 ème siècle.
Dans son aire naturelle c’est un arbre au tronc droit qui peut atteindre 50 m
et vivre 2 siècles. En Lozère il est parfois planté dans les parcs ou dans les jar-
dins.
Les jeunes rameaux, lisses et glabres, de couleur olivâtre (1), très résineux
sous l’écorce, portent des brachyblastes à 5 aiguilles (parfois 4 ou 6). Leurs
bourgeons sont pointus et peu résineux à écailles appliquées (2).
Les aiguilles à bords finement dentés et à section triangulaire dont 2 faces
sont blanchâtres, sont fines et molles, longues de 8 à 15 cm (3).
Les jeunes cônes, verdâtres et cylindriques à la fin de leur 1ère année, sont
dressés à l’extrémité d’un long pédoncule (4).
Les cônes adultes mûrs en 2 ans et caducs la 3ème année, sont pendants (5). Ils
sont cylindriques, parfois arqués (3), à écailles lâches maculées de résine à ex-
trémités arrondies avec un mucron médian. L’écusson est traversé par une ca-
rène médiane peu marquée, parallèle à l’axe du cône (6), (chez la plupart des
pins d’Europe, la carène est perpendiculaire à l’axe du cône).
Les graines, oblongues, sont pourvues d’une aile marbrée (7).
Le bois, pauvre en résine est utilisé en sculpture, moulure et menuiserie ainsi
que pour la pâte à papier.

5 Cônes mûrs, pendants de


pin de Weymouth

49
2 Mélèzes dans leur feuillage d’automne
1 Mélèzes l’hiver près du col de Montmirat

3 Segments foliaires sur un rameau défeuillé


4 Bourgeons ovoïdes et luisants à
l’extrémité de brachyblates

5 Bouquet de feuilles à l’extrémité d’un brachyblaste 6 Feuilles éparses sur un auxiblaste


50
Le mélèze d’Europe
Mélèze commun, pin de Briançon
Larix decidua Miller = Larix europea DC.
Gymnosperme, famille des Pinacées
Le mélèze n’est spontané en France que dans les Alpes où il croît dans les mi-
lieux les plus ensoleillés entre 1 000 et 2 500 mètres d’altitude. Le climat du
Massif Central souvent nébuleux lui convient plutôt mal. On le trouve en Lozère
planté çà et là souvent mêlé à d’autres résineux Pins, Sapin, Epicéa.
Le mélèze est le seul résineux de nos régions, à feuillage caduc, c’est à dire
qu’il perd ses feuilles à l’automne (1).
C’est un grand arbre au tronc élancé, aux branches étalées ou pendantes, à la
cime conique (2). En mélange avec le sapin et l’épicéa, le mélèze se reconnaît fa-
cilement même de loin par son port « léger » dû à une ramification non verticil-
lée un feuillage peu dense et surtout par sa couleur vert tendre qui tranche im-
médiatement sur le vert sombre des arbres qui l’entourent.
Les jeunes rameaux longs et grêles, jaunâtres, sont recouverts de « segments
foliaires » peu saillants (3). Leurs bourgeons terminaux sont petits, ovoïdes et
luisants, de couleur brune (4).
Les feuilles sont des aiguilles molles de 2 à 4 cm de long à section triangulaire,
plates sur leur face supérieure, diédriques sur leur face inférieure. Elles mon-
trent deux types d’implantations :
- les unes sont réunies en touffes de 30 à 40 portées à l’extrémité de petits
rameaux courts et trapus à croissance lente ayant l’aspect d’une grosse verrue
(brachyblastes) (5),
- les autres sont éparses sur le rameau allongé (auxiblaste) attachées à l’ex-
trémité des « segments foliaires » (6). Ce dernier type de feuille est souvent
plus ou moins rapidement caduc peu après sa formation de sorte que de nom-
breux segments foliaires ne sont pas terminés par une feuille.
La floraison survient au mois d’avril. Les fleurs sont unisexuées, l’arbre est
monoïque.
Les fleurs mâles sont de petits glomérules jaunes qui apparaissent à l’extré-
mité de certains brachyblastes à la place d’un bouquet d’aiguilles (7).
Les inflorescences femelles, qui ont la même localisation, sont de petits cônes
charnus et colorés dans lesquels les bractées récurvées dépassent les écailles
(8).
Les cônes, mûrs à l’automne de la même année, sont bruns, ovoïdes, de petite
taille (2 à 5 cm). Les bractées sont ou non visibles, elles sont souvent dépassées
par les écailles dont chacune, sur sa face interne porte deux graines ailées (9).

51
7 Fleurs mâles portées par des brachyblastes 8 Jeunes cônes femelles dressés à l’extrémité de brachyblastes

9 Cônes mûrs et graines de mélèze d’Europe 10 Cônes de mélèze d’Europe, les écailles sont appliquées.

11 Écorce du tronc d’un vieux mélèze 12 Cône de mélèze du Japon. Les écailles sont récurvées
comme les pétales d’une rose.

52
Les cônes sont caducs mais peuvent demeurer sur l’arbre plusieurs années (10).
L’écorce, d’abord lisse et grise, est épaisse, crevassée longitudinalement et
s’exfolie par bandes sur les troncs âgés (11).
Le bois de mélèze est de grande valeur. Dans son aire d’origine, les Alpes, son
prix est bien supérieur à celui du chêne. C’est un bois à cœur rouge, riche en ré-
sine à la fois par des canaux assez nombreux mais aussi par des poches allon-
gées qui peuvent contenir plusieurs cm3 de résine. C’est le plus lourd parmi les
bois des résineux indigènes (densité de 0,5 à 0,7). C’est un bois de charpente et
de menuiserie de première qualité souvent utilisé en usage extérieur où il se
montre très durable.
Une forêt de mélèze est un mélézin.

Espèce voisine
Le mélèze du Japon
Larix kaempferi (Lamb.) Carr.
Cette espèce parfois plantée en Lozère se distingue du Mélèze d’Europe par le
cône dont les écailles sont récurvées comme les pétales d’une rose (12).

Mélèze d’Europe Mélèze du japon

53
1 Cèdres dans un parc à Mende 2 Cèdres sur l’adret du causse de Mende au-dessus de Malaval (Brenoux)

3 Brachyblastes et bouquets d’aiguilles sur un rameau de cèdre 4 Cônes femelle (gauche) et mâle de cèdre

6 Cônes de cèdre en forme de tonnelet


5 Nombreux cônes sur une branche de cèdre

54

7 Cône désarticulé, écailles et graines de cèdre 8 Tronc de cèdre à écorce finement crevassée
Le cèdre de l’Atlas
Cedrus atlantica ( Endl.) Carr.
Gymnosperme, famille des Pinacées
Le cèdre de l’Atlas et le cèdre du Liban ne différent que par leur aire de répar-
tition et quelques détails morphologiques assez ambigus. Il s’agit probablement
de la même espèce dont l’aire géographique est disjointe depuis longtemps. Ces
arbres exotiques en Europe, ont été introduits d’abord en Angleterre vers 1670
(origine libanaise) puis en France en 1734. En foresterie ils sont utilisés depuis
le milieu de 19 ème siècle. En Lozère c’est surtout un arbre de parc, planté çà et
là dans quelques massifs forestiers (2).
L’arbre a pendant longtemps le port d’un sapin (1). Ce n’est que sur les sujets
très vieux que la cime devient tabulaire et que les branches qui sont devenus
très grosses prennent un port horizontal ou redressé.
Les feuilles sont de deux types, comme chez le mélèze. Les unes sont éparses
sur des auxiblastes, les autres sont groupées par paquets de quelques dizaines
sur les brachyblastes (3). Ce sont de courtes aiguilles vert-glauque, piquantes, à
section quadrangulaire.
Il y a monœcie et la floraison survient au mois d’octobre. Les cônes femelles,
d’environ 1 cm sont verdâtres, dressés, portés à l’extrémité de brachyblastes.
Les cônes mâles, plus grands, plus gros (4) ont des fleurs dont les très nom-
breuses étamines libèrent un abondant pollen.
La maturation des cônes se fait en deux ans. Ils sont dressés (5), globuleux, en
forme de petit tonneau à bractées invisibles et un peu aplatis au sommet (6).
Les cônes ne sont pas caducs ; à la fin de la seconde année, ils se désarticulent
en larges écailles dont chacune porte deux graines ailées qui ressemblent à cel-
les des sapins (7).
L’écorce du tronc, grise est pourvue de fines crevasses sinueuses (8).
Le bois, blanc-jaune d’odeur agréable et caractéristique, est résineux ce qui le
rend très durable. Il peut être utilisé aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur
dans tous les usages de la menuiserie.

Espèce voisine
Le cèdre de l ’Himalaya
Cedrus deodara Loudon
Ce cèdre parfois planté en ornement se reconnaît au port pendant de ses ra-
meaux, à sa couleur vert-tendre, à ses aiguilles longues et molles, à ses jeunes
rameaux densément velus.

55
2 Boutons floraux globuleux à la face inférieure
d’un rameau mâle d’if

1 If dans un jardin, à Mende

3 Fleurs mâles dont les étamines sont ouvertes à la face


inférieure d’un rameau d’if.

4 Jeunes fleurs femelles d’if. L’ovule, vert, dépasse


d’un involucre d’écailles protectrices.

5 Rameau femelle d’if, en octobre

6 Graine mûre d’if enchâssée


dans son arille charnu rouge vif

7 Graines d’if séparées de leur arille

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L’if
Taxus baccata L.
Gymnosperme, Famille des Taxacées

L'if n'est pas spontané en Lozère. Il s'y rencontre planté dans les parcs et les
cimetières (1). C'est un arbre sempervirent, au feuillage sombre et au port coni-
que.
Les feuilles, vert-sombre au-dessus, vert-clair au-dessous, sont aplaties somme
celles du sapin (2, 4). Elles sont molles et leur extrémité est terminée en mu-
cron. La nervure principale est un peu saillante sur les deux faces. Elles ont un
très court pétiole et sont insérées, comme chez l'épicéa ou le Douglas à l'ex-
trémité d'un segment foliaire (4). Elles sont étalées dans un plan, comme chez
le sapin.
L'if est un arbre dioïque qui fleurit au début du printemps. Sur les pieds mâ-
les, les fleurs sont de petits cônes globuleux qui apparaissent à la face inférieu-
re du rameau (2). L'ouverture des étamines libère un abondant pollen dispersé
par le vent (3).
Sur les pieds femelles, les fleurs passent presque inaperçues. Elles ressem-
blent à de petits bourgeons qui sont un ovule nu (comme chez toutes les gym-
nospermes) dont l'extrémité dépasse d'un groupe d'écaillés protectrices (4).
En automne, la graine mûre se trouve enchâssée dans une petite urne charnue
de couleur rouge vif dont la croissance a accompagné la maturation de la graine
(5). Cet organe que les botanistes appellent un arille est une dépendance de la
graine née de son point d'attache (6). On en trouve un bel exemple chez le litchi
dont le volumineux arille est consommé. Les graines d'if séparées de leur arille,
sont ovoïdes et brunes, de la taille d'une lentille (7). Elles sont dispersées par
les oiseaux qui se nourrissent de l'arille.
L'if est un arbre puissamment toxique dans toutes ses parties.
L'arille seul est comestible (la graine est très toxique) mais sa consistance
visqueuse et son goût fade sont peu engageants. L'écorce
est brun-rouge, plus ou moins cannelée et s'exfolie en lon-
gues écailles (8).
Le bois rougeâtre est l'un des plus beaux bois d'ébéniste-
rie, c'est un bois fin et dur qui prend un poli admirable.
Les meubles de style anglais sont en placage d'if.
Ses qualités mécaniques l'on fait longtemps rechercher
pour la fabrication des arcs.

8 Écorce s’exfoliant en lanières


sur le tronc d’un if.
57
Genévrier en port en boule Genévrier à port fastigié

4 Rameau feuillé de genévrier femelle portant de jeunes cônes

3 Rameau d’un pied male de genévrier en pleine floraison

58
5 Galbules mûres de genévrier. On voit bien la soudure des 3 bractées.
Le genévrier commun
Juniperus communis L.
Gymnosperme, Famille des Cupressacées

Le genévrier commun est la plus cosmopolite de toutes les Gymnospermes. Son


aire couvre toute l’Eurasie, le nord de l’Amérique du Nord et de l’Afrique. Indif-
férent aux substrats et supportant des conditions climatiques très variées, il
est présent partout en Lozère, abondant aussi bien sur les causses que sur les
crêtes ventées de Margeride, du Mont Lozère ou de l’Aubrac. C’est un arbuste
au port variable, parfois élevé en pinceau (port fastigié), d’autres fois étalé, en
boule, ou aux branches pendantes (1,2).
Son feuillage est sempervirent. Les feuilles, par verticilles de 3, sont presque
perpendiculaires au rameau qui les porte. Ce sont des aiguilles aplaties à extré-
mité très aiguë, raides et piquantes. Leur face supérieure présente une seule
raie glauque. Il n’y a qu’une nervure qui fait un peu saillie à la face inférieure.
La floraison a lieu en avril-mai. Il y a diæcie. Les pieds mâles portent à la face
inférieure des rameaux des petits cônes globuleux jaunâtres dont les étamines
libèrent un abondant pollen (3). Sur les pieds femelles, les jeunes cônes à 3
écailles seulement dont chacune porte un seul ovule, passent presque inaperçus
(4). Ils commencent à se remarquer lorsque les écailles devenant charnues se
soudent en un organe globuleux verdâtre, de la taille d’un pois. Leur maturation
se fait en 2 ans. A la fin de leur seconde année ils sont devenus bleu-noirâtre et
la soudure des écailles à leur sommet se voit bien (5). Ils ressemblent à des
baies (on dit souvent « baies de genièvre »). On les désigne sous le nom de gal-
bules pour les distinguer des baies authentiques qui n’existent que chez les An-
giospermes. Ces galbules consommées et dispersées par les animaux ne contien-
nent que 2 ou 3 graines.
L’écorce grisâtre s’exfolie naturellement en lanières longitudinales. Le bois
est dur et homogène jaunâtre à brunâtre, d’odeur agréable. Il prend un beau
poli et a servi à l’ébénisterie fine et la marqueterie. Les « baies de genièvre »
ont une valeur condimentaire. Chacun connaît leur rôle dans la préparation de la
choucroute. On en tire aussi des liqueurs et des eaux de vie, tel le gin.

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