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STRUCTURES ALGEBRIQUES

ARITHMETIQUE DANS Z et DANS R [X]

Licence 1, UNISAT
2020 - 2021
Table des matières

NOTATIONS 4

1 LES NOMBRES COMPLEXES 6

2 LOIS DE COMPOSITION INTERNES ET EXTERNES 9


2.1 Lois de composition internes (LCI) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1.1 Dé…nitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1.2 Partie stable par une Loi de composition interne, loi induite 10
2.1.3 Loi associative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
2.1.4 Lois commutatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.1.5 Elément neutre à gauche, élément neutre à droite, élément
neutre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.1.6 Elément symétrique à gauche, à droite, élément symétrique . 15
2.1.7 Eléments absorbants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.1.8 Eléments réguliers ou simpli…ables . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.1.9 Homomorphismes de magmas . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.1.10 Distributivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2 Lois de composition externes (LCE) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2.1 Dé…nitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.2.2 Partie stable par une loi de composition externe, loi induite . 20
2.2.3 Distributivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

3 STRUCTURES ALGEBRIQUES 22
3.1 Groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.1.1 Dé…nitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
3.1.2 Sous-groupes d’un groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

1
TA B L E D E S M AT IÈ R E S

3.1.3 Classes d’équivalence suivant un sous-groupe . . . . . . . . . 27


3.1.4 Groupes-quotients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
3.1.5 Homomorphismes de groupes . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
3.2 Anneaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.2.1 Dé…nition et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
3.2.2 Propriétés remarquables dans l’anneau . . . . . . . . . . . . 36
3.2.3 Sous-anneaux, Idéaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.2.4 Anneaux quotients . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.2.5 Morphisme d’anneaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3.3 Corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.3.1 Dé…nitions-exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.3.2 Sous-corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.4 Espaces vectoriels sur un corps . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.4.1 Dé…nitions-exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.4.2 Sous-espaces vectoriels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
3.4.3 Applications linéaires ou Homomorphismes d’espaces vectoriels 48
3.4.4 Espaces vectoriels quotients . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

4 ARITHMÉTIQUE DANS Z 51
4.1 Relation de divisibilité, division euclidienne dans Z . . . . . . . . . 51
4.1.1 Diviseurs, multiples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
4.1.2 Critères de divisibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
4.1.3 Division euclidienne sur Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
4.1.4 Décomposition en base b . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
4.2 PGCD, Théorèmes d’Euclide et de Bézout . . . . . . . . . . . . . . 56
4.3 Congruences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
4.3.1 Dé…nition - propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
4.3.2 Équations diophantiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
4.3.3 Théorème chinois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
4.4 Nombres premiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
4.4.1 Nombres premiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
4.4.2 Décomposition en facteurs premiers . . . . . . . . . . . . . . 81

2
TA B L E D E S M AT IÈ R E S

5 POLYNÔMES 86
5.1 Dé…nitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
5.2 Opérations sur les polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
5.3 Degré d’un polynôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
5.4 Valuation d’un polynôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90
5.5 Composition de polynômes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
5.6 Division euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
5.7 Division selon les puissances croissantes . . . . . . . . . . . . . . . . 94
5.8 Racines d’un polynôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
5.9 Polynômes dérivés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.9.1 Dé…nitions et propriétés de base . . . . . . . . . . . . . . . . 98
5.9.2 Dérivées successives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100
5.10 Polynômes scindés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
5.10.1 Dé…nition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
5.10.2 Factorisation dans C[X] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
5.10.3 Factorisation dans R[X] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
5.10.4 Polynômes irréductibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
5.10.5 Relations coe¢ cients-racines . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107
5.11 Arithmétique dans K[X] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
5.11.1 Diviseurs communs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
5.11.2 PGCD, théorèmes d’Euclide et de Bezout . . . . . . . . . . 111
5.11.3 Polynômes premiers entre eux . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
5.11.4 PPCM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
5.11.5 Polynômes irréductibles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
5.12 Fractions rationnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
5.12.1 Décomposition d’une fraction rationnelle en éléments simples 117

BIBLIOGRAPHIE 128

3
Notations

Notation Dé…nition
N Ensemble des entiers naturels
Z Ensemble des entiers relatifs
R Ensemble des nombres réels
Im Image d’une application
ker Noyau d’une application linéaire
|.| Valeur absolue
k:kX Application norme sur l’ensemble X
La somme directe
P
Symbole de sommation
Q
Symbole du produit
La composition des applications
\ L’intersection
[ L’union
6 = La non égalitïé
L’inclusion
2 Appartenance
2
= non Appartenance
8 Symbole universel "pour tout"
9 Symbole universel "il existe"
u(k) Dérivée d’ordre k de u dé…nie sur une partie de R
ajb a divise b
E(x) = [x] partie enti‘ere de x
PGCD plus grand commun diviseur
a^b P GCD(a; b)
PPCM plus petit commun multiple

4
NOTATIONS

a_b P P CM (a; b)
a b[N ] a est congru à b modulo N
an :::a0 b écriture en base b
n! factorielle de n : n! = 1 2 ::: n
Cnk coe¢ cient binomial : Cnk = k!(nn! k)!
[[a; b]] fx 2 Z j a x bg

5
Chapitre 1

LES NOMBRES COMPLEXES

Dans R, l’équation : ( ) : x2 + 1 = 0 n’admet pas de solutions,


or les racines de ( ) si elles existaient, seraient très commodes dans
de nombreux calculs. C’est pourquoi des mathématiciens italiens
du XV I e siecle,Bombelli et Cardan ont eu l’idée d’introduire un nombre
solution de ( ). Un tel nombre est dit imaginaire pur et noté i,
du moins par les mathématiciens ne se souciant pas des applications
à l’électricité où l’intensité est déjà notée de même.
Les nombres de la forme a + ib, où a et b sont des réels,
sont appelés nombres complexes. Les règles de calcul sur les nombres
complexes sont exactement aussi simples que dans le cas des nombres
réels..., à condition toutefois de penser à remplacer systématiquement
i2 par 1.
L’ensemble C = fa + ib ; a; b 2 Rg muni de l’addition et de
la multiplication ordinaires est un corps commutatif dit
le corps des nombres complexes.
L’écriture a + ib = z est appelée f orme algebrique ou cartesienne
du nombre complexe z, le réel a s’appelle partie reelle de z et
notée Re (z) ; le réel b s’appelle partie imaginaire de z et notée Im (z).
Les nombres complexes de partie réelle nulle sont dit imaginaires purs.
On a 8z; z 0 2 C ;
Re (z + z 0 ) = Re (z) + Re (z 0 ),
Im (z + z 0 ) = Im (z) + Im (z 0 ),

6
NOTATIONS

Re (zz 0 ) = Re (z) Re (z 0 ) Im (z) Im (z 0 ),


Im (zz 0 ) = Re (z) Im (z 0 ) + Im (z) Re (z 0 ).
Soit z = a + ib, il lui est associé un unique nombre complexe
noté z = a ib que l’on appelle le conjugue de z, et on a :
z + z0 = z + z0,
zz 0 = zz 0 ,
zz = [Re (z)]2 + [Im (z)]2 2 R+ .
Le module du nombre q complexe z se note :
p p
jzj = zz = [Re (z)]2 + [Im (z)]2 = a2 + b2 , et on a :
jzj = jzj,
jRe (z)j jzj ; jIm (z)j jzj,
jzj2 = [Re (z)]2 + [Im (z)]2 ,
jzz 0 j = jzj jz 0 j,
jz 0 j z0
z 6= 0 , = ,
jzj z
jz + z 0 j jzj + jz 0 j (Inégalité triangulaire).
Avec z = a + ib 6= 0 ,
p a b
z = a + ib = a2 + b2 p + ip ,
2
a +b 2 a + b2
2
et on a :
2 2
a b
p + p = 1,
a2 + b 2 a2 + b 2
donc il existe 2 ] ; ] tel que
p
a = r cos , b = r sin , avec r = a2 + b2 .
Ainsi le nombre complexe z = a + ib 6= 0 peut se mettre sous la forme :
z = r (cos + i sin ) appelée f orme trigonometrique de z.
Ainsi r est le module de z et en est un argument,
toutefois quand 2 ] ; ], on dit que
est l’Argument principal. Il est parfois commode d’écrire z = [r; ]
pour désigner le nombre complexe de module r et d’argument
et on a :
[r; ] = [r ; ] () r = r0 et 0 = + 2k , k 2 Z,
0 0

[r; ] [r0 ; 0 ] = [rr0 ; + 0 ],


[r0 ; 0 ] r0 0
[r; ] 6= 0, = ; .
[r; ] r
La commodité peut se poursuivre avec les formules dites d’Euler

7
NOTATIONS

comme suit :
ei = cos + i sin = z , z = e i et
z+z ei + e i z z ei e i
cos = = ; sin = = , ...
2 2 2i 2i
Formule de Moivre
Soit z = r (cos + i sin ), on a 8n 2 Z,
z n = rn (cos + i sin )n = rn (cos n + i sin n ) :
Racine n-ième d’un nombre complexe
Soient a = r (cos + i sin ) un nombre complexe et n un entier
naturel non nul.
On appelle racine n-ième de a tout nombre complexe z tel
que z n = a.
Si a = 0, seul z = 0 repond au problème posé.
Nous écarterons désormais le cas a = 0.
Alors z = 0 ne peut être solution. On peut donc poser :
z = (cos + i sin ).
En appliquant la formule de Moivre, l’égalité z n = a s’écrit :
n
( (cos n + i sin n ) = r (cos + i sin ), soit :
n
=r
. Comme r est positif et que
n = + 2k , k 2 Z
doit être positif,
p
il existe un seul nombre réel , à savoir = n r, d’autre part
2k
= + .
n n
Tout nombre complexe non nul admet exactement n
racines n-ièmes. Les images sont les sommets d’un polygones
régulier à n côtes inscrit dans un cercle admettant l’origine pour
p
centre et de rayon = n r.
Les racines n-ièmes de a sont :
p 2k 2k
zk = n r cos + + i sin +
n n n n
avec k 2 f0; 1; 2; :::; n 1g.

8
Chapitre 2

LOIS DE COMPOSITION
INTERNES ET EXTERNES

2.1 Lois de composition internes (LCI)


2.1.1 Dé…nitions et exemples
Dé…nition 2.1.1
Soit E ensembles non vide. On appelle loi de composition interne sur E toute
application f de E E dans E. Le couple constitué par un ensemble et une loi
interne sur un ensemble est appelé un magma.

Notation 2.1.1 On note de plusieurs manières les lois de composition. Voici


quelques notations utilisées fréquemment

(x; y) 7! x + y (x; y) 7! x:y (x; y) 7! x y


(x; y) 7! x>y (x; y) 7! x?y (x; y) 7! x y

Remarque 2.1.1

Si la loi est notée >, l’image de l’élément (x; y) 2 E E est désignée par x>y
et non par >(x; y).

Exemples 2.1.1

9
LOIS DE COMPOSITION INTERNES ET EXTERNES

1. Dans R ( N, Z, Q), l’addition (x; y) 7! x+y et la multiplication (x; y) 7! x y


sont des lois de composition internes.
2. Dans R (ou Z, Q), la soustration (x; y) 7! x y est une loi de composition
interne.
3. Soit E un ensemble. Les applications (X; Y ) 7! X [ Y et (X; Y ) 7! X \ Y
sont des lois de composition internes sur l’ensemble des parties de E.
4. Dans l’ensemble A(E; E) des applications de E vers E, la composition (f; g) 7!
g f est une loi de composition interne.

2.1.2 Partie stable par une Loi de composition interne, loi


induite
Dé…nition 2.1.2

Soit E un ensemble non vide, muni d’une loi de composition interne >. Soit
A une partie non vide de E. On dit que A est stable pour la loi > si, et seulement
si :
8(x; y) 2 A2 ; x>y 2 A:

Exemples 2.1.2

1. R+ , N, Z+ et Q+ , sont stables pour l’addition, et pour la multiplication.


2. R , Z et Q , ne sont pas stables pour la multiplication.

Dé…nition 2.1.3

Soit E un ensemble non vide, muni d’une loi de composition interne >. Soit
A une partie de E stable pour la loi >.
L’application TA : A A ! A dé…nie par (x; y) 7! x>y est alors une loi interne
sur A ; elle est appelée loi induite sur A par la loi > dé…nie sur E. S’il n’y a pas
d’ambiguïté, on la note encore >.

Exemple 2.1.1

10
LOIS DE COMPOSITION INTERNES ET EXTERNES

L’application R R ! R dé…nie par (x; y) 7! x + y est la loi induite sur


R par la loi + dé…nie sur R.

2.1.3 Loi associative


Dé…nition 2.1.4

Soit E un ensemble muni d’une loi de composition interne >. La loi > est dite
associative si et seulement si :

8(x; y; z) 2 E 3 ; x>(y>z) = (x>y)>z:

On dit alors que (E; >) est un magma associatif appelé semi-groupe.

Exemples 2.1.3

1. L’addition et la multiplication des entiers naturels sont des lois de composi-


tion associatives sur N.
2. L’addition et la multiplication des nombres réels sont des lois de composition
associatives sur R ;
3. Soit E un ensemble. Les lois \ et [ sont associatives et commutatives dans
P(E).

Remarques

Remarque 2.1.2 Dans le cas d’une loi associative >, on peut supprimer les
parenthèses, et plus généralement associer au n uplet (x1 ; :::; xn ) 2 E n l’élé-
ment x1 >:::>xn de E, étant entendu qu’intervient l’ordre dans lequel sont donnés
x1 ; :::; xn .

n
Lorsque x1 = ::: = xn = x, (n 1), l’élément x1 >:::>xn s’écrit >x, et on
véri…e par récurrence
n p n+p
8x 2 E; 8(n; p) 2 (Nnf0g)2 ; (>x) > (>x) = > x:

11
LOIS DE COMPOSITION INTERNES ET EXTERNES

En notation additive, on écrit


X
n
x1 + ::: + xn = xn :
i=1

Lorsque x1 = ::: = xn = x, (n 1), x1 + ::: + xn s’écrit nx.


En notation multiplicative, on écrit
Y
n
x1 ::: xn = xn :
i=1

Lorsque x1 = ::: = xn = x, (n 1), l’élément x1 ::: xn s’écrit xn . On dit que


xn est la puissance nieme de x.

On véri…e facilement que pour tout entier p tel que 1 p n, on a la relation

x1 >:::>xn = (x1 >:::>xp )>(xp+1 >:::>xn ):

on déduit que :
En notation additive, on a

8x 2 E; 8(n; p) 2 (Nnf0g)2 ; nx + px = (n + p)x et n(px) = (np)x:

En notation multiplicative, on a

8x 2 E; 8(n; p) 2 (Nnf0g)2 ; xn xp = xn+p et (xn )p = xnp :

2.1.4 Lois commutatives


Dé…nition 2.1.5

Soit une loi de composition interne sur E. On dit que deux éléments a et b
de E sont permutables (ou commutent) pour la loi si

a b=b a

Dé…nition 2.1.6

On dit que la loi est commutative si, pour tout (x; y) 2 E 2 , on a x y = y x


( en d’autres termes, les éléments de E sont permutables 2 à 2 ).

12
LOIS DE COMPOSITION INTERNES ET EXTERNES

Exemples 2.1.4

1. " + ", " " sont des lois commutatives dans N, Z, Q, R, C.


2. Les lois " [ " et " \ " sont commutatives dans P(E).

Il y a cependant des lois qui ne sont pas commutative. par exemple

Exemple 2.1.2

La composition des applications " " n’est pas commutative.

Remarque 2.1.3

Tout élément x 2 E permute avec lui même. Si " " est associative, tout x
permute avec xn , (n 2 N ).

Dé…nition 2.1.7

On dit qu’un élément x de E est central si tout élément de E est permutable


avec x. On appelle centre de E l’ensemble des éléments centraux.

2.1.5 Elément neutre à gauche, élément neutre à droite,


élément neutre
Dé…nition 2.1.8

Soit E un ensemble muni d’une loi de composition interne .


On dit que l’élément e de E est un élément :
neutre à gauche, si : 8x 2 E, e x = x ;
neutre à droite, si : 8x 2 E, x e = x ;
neutre si e est neutre à gauche et à droite : 8x 2 E, e x = x e = x.

Remarques

Remarque 2.1.4 1.

13
LOIS DE COMPOSITION INTERNES ET EXTERNES

2. Lorsque la loi est notée additivement, l’élément neutre est noté 0 ;


3. Lorsque la loi est notée multiplicativement, l’élément neutre est noté 1.

Exemples

Exemple 2.1.3 a) (R; +) admet 0 comme élément neutre,


b) (R; ) admet 1 comme élément neutre,
c) (P(E); \) admet E comme élément neutre,
d) (P(E); [) admet ; comme élément neutre,
e) (A(E; E); ) admet IdE comme élément neutre.

Il y a cependant des lois qui n’ont pas d’élément neutre par exemples
Exemples

Exemple 2.1.4 1.
2. La loi dé…nie sur R par x y = x:y + 3 n’a pas d’élément neutre.
3. La loi > dé…nie sur R par : x>y = x2 :y n’a pas d’élément neutre.
4. La multiplication dé…nie sur [2; +1[ n’a pas d’élément neutre.

Exemple 2.1.5

On considère la loi ? dé…nie sur R par


1
8x; y 2 R; x?y = x2 y:
2
p p
? admet 2 et 2 comme éléments neutres à gauche.
? n’admet pas d’élément neutre à droite.
? n’admet pas d’élément neutre.

Proposition 2.1.1

1. Si e0 est un élément neutre à gauche de (E; >) et e00 est un élément neutre à
droite de (E; >), alors e0 = e00 .

14
LOIS DE COMPOSITION INTERNES ET EXTERNES

2. Si e1 et e2 sont des éléments neutres de (E; >), alors e1 = e2 .

Preuve

1. Comme e0 est un élément neutre à gauche, on a

e0 >e00 = e00 (2.1)

Comme e00 est un élément neutre à droite, on a

e0 >e00 = e0 (2.2)

(2.1) et (2.2) nous donne e0 = e00


2. Ce qui précède permet de conclure

Remarque 2.1.5

Un magma associatif ou semi-groupe admettant un élément neutre s’appelle


monoïde.

2.1.6 Elément symétrique à gauche, à droite, élément sy-


métrique
Dé…nition 2.1.9

Soit E un ensemble muni d’une loi de composition interne . On suppose que


(E; ) possède un élément neutre e.
On dit que l’élément x de E possède :
un symétrique à gauche xg , si xg x = e. On dit alors que x est symétrisable
à gauche
un symétrique à droite xd ; si x xd = e. On dit alors que x est symétrisable
à droite.
un symétrique x0 si x0 x = x x0 = e. On dit alors que x est symétrisable .

15
LOIS DE COMPOSITION INTERNES ET EXTERNES

Proposition 2.1.2

Soit E un ensemble muni d’une loi de composition interne . On suppose que


(E; ) possède un élément neutre e et que la loi est associative.
1. Si un élément x de E possède un symétrique à gauche et un symétrique à
droite alors ils sont égaux.
2. Si un élément x de E est symétrisable alors il admet un unique symétrique.

Exemples 2.1.5

– Dans R muni de +, tout élément x 2 R admet x pour symétrique.


– Dans R muni de , tout les éléments x 2 R admet x1 pour symétrique.
– Dans P(E) muni de la loi

X Y = (X \ Y ) [ (X \ Y ):

L’ensemble vide ; est élément neutre et tout élément X 2 P(A) s’admet


lui-même pour symétrique.

Notation 2.1.2 Si x 2 E admet un symétrique, et que ce symétrique est unique,


on le note x 1 (en notation multiplicative) et x (en notation additive).

Proposition 2.1.3

Soit E un ensemble muni d’une loi de composition interne . Si x et y sont


deux éléments de E de symétrique respectif x 1 et y 1 , alors x y admet y 1 x 1
pour symétrique
(x y) 1 = y 1 x 1 :

Preuve

1
Calculer (x y) (y x 1 ) puis (y 1
x 1 ) (x y).

16
LOIS DE COMPOSITION INTERNES ET EXTERNES

Corollaire 2.1.1

Si x admet un symétrique, alors pour tout n 2 N , xn admet (x 1 )n pour


symétrique :
(xn ) 1 = (x 1 )n :

2.1.7 Eléments absorbants


Soit (E; ) un magma, et a 2 E, a est dit absorbant dans (E; ) si pour tout
x 2 E, on a : a x = x a = a.
1) Dans C, 0 est absorbant pour la multiplication.
2) Dans P(E), E est absorbant pour la réunion et ? est absorbant pour l’in-
tersection.

2.1.8 Eléments réguliers ou simpli…ables


Soit (E; ) un magma, x 2 E.
x est simpli…able(régulier) à gauche dans (E; ) , 8(y; z) 2 E 2 , x y = x z )
y = z.
x est simpli…able(régulier) à droite dans (E; ) , 8(y; z) 2 E 2 , y x = z x )
y = z.
x est simpli…able(régulier) si et seulement si x est simpli…able(régulier) à gauche
et à droite.
Dans E E l’ensemble des applications de E dans E, on peut montrer que les
éléments simpli…ables à gauche
sont les injections, les éléments simpli…ables à droite sont les surjections et les
éléments simpli…ables
sont les bijections.
Si (E; ) est monoïde, tout élément symétrisable est simpli…able(régulier).

2.1.9 Homomorphismes de magmas


Dé…nition 2.1.10

17
LOIS DE COMPOSITION INTERNES ET EXTERNES

Soient E, F , deux ensembles munis respectivement des lois de compositions


internes " " et " ". On dit qu’une application f : E 7! F est un homomorphisme
si
8x; x0 2 E; on a f (x x0 ) = f (x) f (x0 ):

Exemples 2.1.6

1. idE : E ! E est un homomorphisme


2. Si la loi admet e 2 F comme élément neutre, alors l’application constante
h : E ! F , x 7! e est un homomorphisme.
3. ln : R ! R est un homomorphisme si on considère la multiplication dans
R et l’addition dans R.
4. f : R2 ! R, (a; b) 7! 2a+b est un homomorphisme avec l’addition dans R2 et
l’addition dans R. R2 muni de la loi cartésienne (a; b)+(a0 ; b0 ) = (a+a0 ; b+b0 ).

Dé…nition 2.1.11

– Un homomorphisme bijectif est appelé isomorphisme.


– Un homomorphisme de (E; ) dans (E; ) est appelé endomorphisme.
– Un endomorphisme bijectif est appelé un automorphisme.

Proposition 2.1.4
Soient f : E ! F et g : F ! G deux homomorphismes, alors g f est un
homomorphisme.

Preuve

On considère (E; ), (F; ) , (G; >). g f : (E; ) ! (G; >). 8z 2 E, on a


(g f )(z) = g(f (z)).
8x; y 2 E, on a
(g f )(x y) = g(f (x) f (y))
= g(f (x))>g(f (y))
= (g f )(x)>(g f )(y):

18
LOIS DE COMPOSITION INTERNES ET EXTERNES

Proposition 2.1.5

1
Si f : E ! F est un isomorphisme, alors la bijection réciproque f est un
isomorphisme.

2.1.10 Distributivité
Dé…nition 2.1.12

Soient E un ensemble non vide, et > deux lois de composition internes sur
E.
1. On dit que la loi T est distributive à gauche par rapport à la loi si et
seulement si :

8(x; y; z) 2 E 3 ; x>(y z) = (x>y) (x>z);

2. On dit que la loi T est distributive à droite par rapport à la loi si et


seulement si :

8(x; y; z) 2 E 3 ; (x y)>z = (x>z) (y>z);

3. On dit que la loi > est distributive par rapport à la loi si et seulement si
> est distributive à gauche et à droite par rapport à la loi . C’est-à-dire

8(x; y; z) 2 E 3 ; x>(y z) = (x?y) (x>z) et (y z)>x = (y>x) (z>x):

Exemple 2.1.6

Sur P(E), les lois [ et \ sont distributives l’une par rapport à l’autre.

2.2 Lois de composition externes (LCE)


2.2.1 Dé…nitions et exemples
Dé…nition 2.2.1

Soient E et des ensembles. On appelle loi de composition externe sur E, à


ensemble d’opérateurs , toute application de E dans E.

19
LOIS DE COMPOSITION INTERNES ET EXTERNES

Exemple 2.2.1

Une application g : N E ! E ; (n; e) 7! ne est le model de lois externes le


plus connu.

Exemple 2.2.2

Soit E un ensemble muni d’une loi de composition interne >. En posant n?x =
n
>x, on dé…nit une loi de composition externe sur E, dont l’ensemble d’opérateurs
est, selon les propriétés de >, Nnf0g, N ou Z.

2.2.2 Partie stable par une loi de composition externe, loi


induite
Dé…nition 2.2.2

Soit E un ensemble muni d’une loi de composition externe ? à opérateurs dans


X. Soit F une partie non vide de E. On dit que F est stable par ? si :

8a 2 X; 8x 2 F; a?x 2 F:

Si F est une partie stable par ?, alors la restriction de ? à F est une loi de
composition externe sur F dite loi induite par ? dans F .

2.2.3 Distributivité
Dé…nition 2.2.3

Soit E un ensemble muni :


i) D’une loi de composition interne ;
ii) D’une loi de composition externe ? à opérateurs dans X.
On dit que la loi "?" est distributive par rapport à la loi " " si :

8a 2 X; 8(x; y) 2 E 2 ; a?(x y) = (a?x) (a?y) et (x y)?a = (x?a) (y?a):

20
LOIS DE COMPOSITION INTERNES ET EXTERNES

Exemple 2.2.3

Sur P(E), les lois " [ " et " \ " sont distributives l’une par rapport à l’autre.

21
Chapitre 3

STRUCTURES ALGEBRIQUES

3.1 Groupes
3.1.1 Dé…nitions et exemples
Dé…nition 3.1.1
On appelle groupe tout couple (G; >) composé d’un ensemble G non vide et d’une
loi de composition > interne sur cet ensemble satisfaisant aux axiomes suivants :
(G1 ) La loi > est associative ;
(G2 ) La loi > possède un élément neutre ;
(G3 ) Tout élément de G admet un symétrique pour la loi ">".
Si de plus la loi > est commutative, le groupe (G; >) est appelé groupe com-
mutatif ou groupe abélien.

Exemples 3.1.1

1. (Z; +) est un groupe abélien. Mais (Z; ) n’est pas un groupe.


2. (Q; +), (R; +) et (C; +) sont des groupes abéliens.
3. (Q; ), (R; ) et (C; ) ne sont pas des groupes.
4. (Q ; ), (R ; ) et (C ; ) sont des groupes abéliens.
5. Soient E un ensemble non vide et A(E) l’ensemble des applications de E
dans E. On pose S(E) = ff 2 A(E)= f bijectiveg. S(E) est une partie

22
STRUCTURES ALGEBRIQUES

stable par la composition des applications " ".


" " dé…nit donc une loi de composition interne sur S(E), et muni de cette loi,
S(E) est un groupe non abélien. Pour E = f1; 2; :::; ng, S(E) est noté simple-
ment Sn et est appelé groupe des premutations de n éléments. Card(Sn ) = n!.

1. Soit A un ensemble non vide. P(A) muni de la di¤érence symétrique est


un groupe abélien.
2. Le produit cartésien de deux groupes (E; ) et (F; ) est un groupe avec la
loi cartésienne > :

(e; f )>(e0 ; f 0 ) = (e e0 ; f f 0 ):

En particulier

(a) E 2 , est un groupe avec la loi cartésienne notée encore

(a; a0 ) (b; b0 ) = (a b; a0 b0 ):

(b) Plus généralement E n est un groupe avec la loi cartésienne

(x1 ; :::; xn ) (y1 ; :::; yn ) = (x1 y1 ; :::; xn yn ):

(c) (R2 ; +) est un groupe abélien, la loi + étant dé…nie par 8(a; b); (c; d) 2
R2 ,
(a; b) + (c; d) = (a + c; b + d).
(d) (R3 ; +) est un groupe abélien, la loi + étant dé…nie par 8(a1 ; a2 ; a3 ); (b1 ; b2 ; b3 ) 2
R3 , (a1 ; a2 ; a3 ) + (b1 ; b2 ; b3 ) = (a1 + b1 ; a2 + b2 ; a3 + b3 ).
(e) Rn est un groupe abélien avec la loi cartesienne +.

3.1.2 Sous-groupes d’un groupe


a) Dé…nitions et Exemples

Dé…nition 3.1.2
Soient (G; ) un groupe, d’élément neutre e et H une partie de G. On dit que H
est un sous-groupe de (G; ) si les 3 propriétés suivantes sont véri…ées :
i) e 2 H

23
STRUCTURES ALGEBRIQUES

ii) 8(x; y) 2 H 2 , x y 2 H.
1
iii) 8x 2 H, x 2H

Proposition 3.1.1

Soient (G; :) un groupe d’élément neutre e et H une partie de G.


H est un sous-groupe de G si et seulement si les conditions suivantes sont satis-
faites :
(a) e 2 H,
1
(b) 8x; y 2 H; x:y 2 H:

Preuve

Supposons que H est un sous-groupe de G. Alors e 2 H d’après la dé…nition


3.1.2 i). Soient x; y 2 H. On a y 1 2 H d’après la dé…nition 3.1.2 iii) et xy 1 2 H
d’après la dé…nition 3.1.2 ii), d’où la proposition.
Réciproquement, supposons (a) et (b) vraie. Il est clair que e 2 H. Soit x 2 H.
D’après (b) on a ex 1 2 H donc x 1 2 H ce qui prouve iii) de la dé…nition 3.1.2.
Soient x; y 2 H. Alors x 2 H et y 1 2 H, donc x(y 1 ) 1 2 H, ainsi xy 2 H. Ce
qui prouve ii) de la dé…nition 3.1.2. Par suite, H est un sous-groupe de G.

Exemples 3.1.2

– G lui même et feg où e est l’élément neutre de (G; ) sont des sous-groupes
de (G; ). Ces deux sous groupes sont dits triviaux.
– Z est un sous groupe de (Q; +). Q est un sous groupe de (R; +). R est un
sous groupe de (C; +)
– R , f 1; 1g sont des sous-groupes de (R ; ).
– Un = fz 2 C : z n = 1g est un groupe de n éléments de (C ; ).
– Pour tout a 2 Z, l’ensemble des multiples de a, noté aZ est un sous groupe
de (Z; +).

24
STRUCTURES ALGEBRIQUES

– Plus généralement, si (G; ) est un groupe et a 2 G, alors l’ensemble des


puissances de a : fan ; n 2 Zg est un sous-groupe de (G; ).

a0 = e; a 2
= (a 1 )2 ; a 3
= (a 1 )3

Remarque 3.1.1 Remarques 3.1.1

1. Un sous-groupe H n’est pas vide.


2. Si H est un sous-groupe de (G; ) alors H est stable pour la loi , et donc
induit une loi de composition interne sur H. Muni de cette loi, H est un
groupe, d’où la terminologie "sous - groupe"
3. Très souvent pour montrer qu’un ensemble muni d’une loi de composition
interne (LCI) est un groupe, on essaie de voir cet ensemble comme un sous-
groupe d’un groupe plus grand.
4. Une partie stable d’un groupe n’est pas nécessairement un sous-groupe. Par
exemple N est une partie stable de Z pour l’addition, mais ce n’est pas un
sous-groupe de (Z; +).

Théorème 3.1.1 (Caracterisation des sous-groupes de (Z; +))


Soit H Z. H un sous-groupe de (Z; +) si et seulement si il existe a 2 N tel que
H = aZ.

Preuve

On montre facilement que pour tous entier n, nZ est un sous-groupe de (Z; +).
Si H = f0g, alors on peut prendre n = 0 et c’est le seul entier qui convienne.
Si H 6= f0g, posons, n = min(H \ N ), (n existe dans N, d’après la propriété
fondamentale de N), on a n 2 H, comme H est un sous-groupe de (Z; +), tout
multiple de n est dansH, c’est-à-dire nZ H. Soit k 2 H, e¤ectuons la division
euclidienne de k par n, (n 6= 0) k = nq + r avec 0 r < n.
On a donc r = k nq 2 H \ N , si r 6= 0 alors r n, ce qui est absurde, donc
r = 0 ce qui donne k = nq 2 Z. Par suite, H = nZ.

25
STRUCTURES ALGEBRIQUES

b) Intersection de sous-groupes d’un même groupe

Lemme 3.1.1

Soient H1 et H2 deux sous-groupes d’un même groupe (G; ) ; H1 \ H2 est un


sous groupe de (G; ).
Plus généralement si\fHi gi2I , I N, est une famille de sous-groupes d’un même
groupe (G; ), alors Hi est un sous groupe de (G; ).
i2I

Preuve

\
1. 8i 2 I; e 2 Hi donc e 2 Hi .
i2I
\
2. Soient x; y 2 Hi . 8i 2 I on a x 2 Hi et y 1 2 Hi , donc xy 1
2 Hi car Hi
i2I \
est un sous-groupe de G. Ainsi xy 1 2 Hi .
i2I
\
Par suite, Hi est un sous-groupe de G.
i2I

c) Sous-groupe engendré par une partie

Dé…nition 3.1.3

Soit A une partie de G. On appelle sous groupe engendré par A l’intersection


de tous les sous-groupes de G contenant A. Ce sous-groupe est le plus petit (au
sens de l’inclusion) sous-groupe de (G; ) contenant A. On le note < A >.

Théorème 3.1.2

Soient G un groupe d’élément neutre e et A une partie de G. Désignons par H


l’ensemble des éléments de G qui peuvent s’écrire

a1"1 a"22 :::a"nn avec ai 2 A et "i 2 f 1; +1g; 8i 2 f1; 2; :::; ng;

26
STRUCTURES ALGEBRIQUES

en convenant que H = feg si A = ;.


Alors H est le sous-groupe de G engendré par A.

Preuve

– H est non vide, ainsi qu’on le constate en utilisant A H si A 6= ; et


H = feg si A = ;. D’autre part si

x = a"11 a"22 :::a"nn et y = b1 1 b2 2 :::bnn :

sont deux éléments de H, xy 1 s’écrit a"11 a"22 :::a"nn b1 1 b2 2 :::bn n ; d’où xy 1 2


H.
Ainsi H est un sous-groupe de G contenant A.
– Inversement soit L un sous-groupe de G contenant A. Pour toute famille …nie
(a1 ; :::; an ) d’éléments de A, a1 1 ; :::an l sont aussi des éléments de L, et il en
est de même de tout produit de la forme a"11 a"22 :::a"nn ; on a donc H L,
H est ainsi le plus petit sous-groupe de G contenant A.

Exemple 3.1.1

si A = ;, < ; >= feg ; A = x, < x >= fxn ; n 2 Zg.

d) Réunions de sous-groupes

La réunion de deux sous-groupes d’un même groupe G n’est pas un sous-groupe


(en général). Par exemple 2Z [ 3Z n’est pas un sous groupe de Z.

3.1.3 Classes d’équivalence suivant un sous-groupe


a) Relation de Lagrange

Soient (G; ) un groupe, d’élément neutre e, et H un sous-groupe de (G; ). H


permet de dé…nir sur G la relation binaire RH suivant :

8(x; y) 2 G2 ; xRH y si x 1
y 2 H:

On a le théorème suivant :

27
STRUCTURES ALGEBRIQUES

Théorème 3.1.3 (de Lagrange)

1. RH est une relation d’équivalence.


2. La classe d’équivalence d’un point a 2 G est a = fa h; h 2 Hg qu’on note
a H ou aH.
3. Il y a une bijection entre e = H et a = aH.
4. Si G est un groupe …ni, on a
G
Card(G) = Card(H):Card( ):
RH

Preuve

1. à faire en exercice
1
2. a (a h) = h 2 H, donc aRH (a h)
3. : H ! aH ; h 7! a h est une application bijective.
4. Comme G est …ni, l’ensemble des classes d’équivalence est aussi …ni on a

G = H [ (x1 H) [ (x2 H) [ :: [ (xk H):

d’où Card(G) = Card(H) + Card(x1 H) + ::: + Card(xk H):


Comme Card(xi H) = Card(H), on a Card(G) = Card(H):Card( RGH ).

Remarque 3.1.2

H permet de dé…nir une autre relation binaire R0H sur G par :

xR0H y; si x y 1
2 H:

R0H a toutes les propriétés dans le théorème de lagrange, sauf que la classe d’équi-
valence de a 2 G est H a = fh a; h 2 Hg. Très souvent, on a

a H 6= H a

28
STRUCTURES ALGEBRIQUES

b) Sous-groupes distingés dans un groupe

Dé…nition 3.1.4

Un sous-groupe H de (G; ) est dit distingué dans G si on a :

8x 2 G; on a x H = H x:

On note H C G.

Exemple 3.1.2 Exemples 3.1.3

1) feg et G les deux sous groupes triviaux sont distingués.


2) Tout sous-groupe d’un groupe abélien est distingué.

Proposition 3.1.2
Soit H un sous-groupe de G. Les assertions suivantes sont équivalentes.
1. H est un sous-groupe distingué de G,
1
2. 8x 2 G, xHx = H,
1
3. 8x 2 G, 8h 2 H, xhx 2 H,
4. 8x 2 G, xH Hx;
5. 8x 2 G, Hx xH:.

Preuve

A faire en exercice.

3.1.4 Groupes-quotients
Proposition 3.1.3

Soit H est un sous-groupe distingué de (G; ),


1. RH = R0H

29
STRUCTURES ALGEBRIQUES

2. RH est compatible avec la loi c’est à dire :


si aRH b et xRH y, alors (a x)RH (b y).
Preuve

1. Il faut montrer que aRH b , aR0H b


Soit (a; b) 2 G2 tel que aRH b.
Alors a 1 b 2 H. Comme H est distingué dans G, a (a 1 b) a 1 2 H.
c’est-à-dire b a 1 2 H, donc bR0H a et aR0H b (puisque R0H est symétrique).

Réciproquement, si aR0H b, alors a b 1 2 H. H étant distingué dans G, on


a b 1 (a b 1 ) b 2 H. Ainsi b 1 a 2 H et aRH b.
2. Soient (a; b) 2 G2 , (x; y) 2 G2 tels que aRH b et xRH y. on a :
1 1 1
(a x) (b y) = x (a b) y
1 1 1 1
(a x) (b y) = (x (a b) x) (x y) 2 H:

G G
Notation 3.1.1 Si H est distingué, l’ensemble quotient est noté
RH H
Proposition 3.1.4
G
La loi induit une loi de composition interne sur par :
H
(a; b) 7! a b:
G
muni de cette loi (encore notée ) est un groupe, appelé groupe quotient.
H
Exemple 3.1.3
Z
G = Z avec l’addition +, et H = 4Z. est un groupe avec l’addition a+b = a + b:
4Z
Z
La table de + de
4Z
+ 0 1 2 3
0 0 1 2 3
1 1 2 3 0
2 2 3 0 1
3 3 0 1 2

30
STRUCTURES ALGEBRIQUES

3.1.5 Homomorphismes de groupes


Dé…nition 3.1.5

Soient (G; ), (H; >) deux groupes et f : G ! H un homomorphisme de magma


entre (G; ) et (H; >) . L’homomorphisme f est appelé homomorphisme (ou mor-
phisme) de groupes. On appelle noyau de f et on note ker(f ), le sous-ensemble
de G dé…ni par
ker(f ) = fx 2 G = f (x) = eH g
où eH est l’élément neutre du groupe H.
L’image de f , notée Im(f ) ou f (G), est le sous-ensemble de H dé…ni par

Im(f ) = fy 2 H = 9x 2 G; y = f (x)g = f (G) = ff (x) ; x 2 Gg :

Exemple 3.1.4 Exemples 3.1.4

1) L’application g : (R+ ; ) ! (R+) dé…nie par x 7! ln(x) est un morphisme


de groupes.
2) Soit n 2 N . L’application f : (C ; ) ! (C ; ) dé…nie par z 7! z n est un
morphisme de groupes.

Remarque 3.1.3

L’homomorphisme f satisfait la propriété suivante :

8x 2 G; f (x 1 ) = (f (x)) 1 :

Théorème 3.1.4
Soit f : (R; +) ! (R; +) un morphisme de groupes continu en 0, alors :

8x 2 R; f (x) = ax:

où a = f (1).

Preuve

31
STRUCTURES ALGEBRIQUES

On pose a = f (1), on montre que 8n 2 N, f (n) = an (récurrence), on en déduit


que f ( n) = a( n) car f ( n) = f (n), d’où : 8n 2 Z, f (n) = an. Soit r = pq un
rationnel avec q 2 N , alors f (qr) = f (p) = ap = qf (r) d’où f (r) = ar.
Soit x 2 R et (rn ) une suite de rationnels qui converge vers x, alors (x rn )
converge vers 0 et donc f (x rn ) tend vers f (0) = 0, or f (x rn) = f (x) f (rn)
donc (f (rn)) converge vers f (x). Or f (rn ) = arn ! ax, par conséquent f (x) = ax.

Proposition 3.1.5

Soit f : G ! H un morphisme de groupes. L’image directe par f de tout sous-


groupe de G est un sous-groupe de H. En particulier, Im(f ) est un sous-groupe de
H.

Preuve

Soit K un sous-groupe de G. Montrons que f (K) est un sous-groupe de H.


1) Comme eG 2 K alors f (eG ) 2 f (K).
2) Soient a; b 2 f (K). Alors, il existe x; y 2 K tel que a = f (x) et b = f (y).
Ainsi
ab 1 = f (x)f (y 1 ) = f (xy 1 ):
or xy 1 2 K donc ab 1 2 f (K). En somme f (K) est un sous-groupe de H.
On déduit aussi que Im(f ) = f (G) est un sous-groupe de H.

Proposition 3.1.6

Soit f : G ! H un morphisme de groupes. L’image réciproque par f de tout


sous-groupe de H est un sous-groupe de G contenant ker f . En particulier, ker(f )
est un sous-groupe de G.

Preuve

32
STRUCTURES ALGEBRIQUES

A faire en exercice.

Théorème 3.1.5

Soit f : G ! G0 un morphisme de groupes.


1. Si H est un sous-groupe distingué de G, f (H) est un sous-groupe distingué
de f (G).
2. Si H 0 est un sous-groupe distingué de G0 , f 1
(H 0 ) est un sous-groupe distin-
gué de G.

Preuve

1. Soit H C G. Il faut montrer :

8(a0 ; h0 ) 2 f (G) f (H) a0 h0 a0 1


2 f (H);

c’est-à-dire :

1
8(a; h) 2 G H f (a)f (h)(f (a)) 2 f (H);

1
ce qui résulte de ce que f (a)f (h)(f (a)) est l’image par f de aha 1 , qui est
un élément de H (car (a; h) 2 G H).
2. Soit H 0 C G0 . Posons H = f 1 (H 0 ). Il faut montrer : 8(a; h) 2 G H,
aha 1 2 H. Cela résulte de ce que f (aha 1 ) qui s’écrit f (a)f (h)(f (a)) 1 , est
un élément de H 0 (car (f (a); f (h)) 2 G0 H 0 ).

Proposition 3.1.7
Soit f : G ! H un morphisme de groupes.

f injective , ker f = feG g:

33
STRUCTURES ALGEBRIQUES

f surjective , Im f = H
Preuve

()) Supposons f injective. Pour tout x 2 ker f on a f (x) = f (eG ). Le carac-


tère injectif de f implique que x = eG , donc ker f = feG g.
(() Supposons ker f = feG g. Soient x; y 2 G tels que f (x) = f (y). On a
f (x):(f (y)) 1 = eH . Comme (f (y)) 1 = f (y 1 ) on a f (x):f (y 1 ) = eH . Ainsi
f (x:y 1 ) = eH , d’où x:y 1 2 ker f et comme ker f = feG g, on a x:y 1 = eG , c’est
à dire que x = y. Donc f est injective.

3.2 Anneaux
3.2.1 Dé…nition et exemples
Dé…nition 3.2.1 (générale)

On appelle anneau, un ensemble E non vide muni de deux lois de


compositions internes (E; ~; |), satisfaisant aux axiomes suivants :
(i) (E; ~) est un groupe abélien ;
(ii) La deuxième loi | étant associative et distributive par rapport
à la première loi ~ i.e.
8x; y; z 2 E, (x|y) |z = x| (y|z) (associativité de |) )
x| (y~z) = (x|y) ~ (x|z) ceci est la distributivité à gauche
(y~z) |x = (y|x) ~ (z|x) ceci est la distributivité à droite
Ceci est la distributivité de | par rapport à ~= la distributivité à
gauche et la distributivité à droite.
On dit que l’anneau est commutatif si la deuxième loi | est
commutative.
On dit que l’anneau est unitaire si la deuxième loi | admet
un élément neutre celui-ci est appelé élément unité de E,
et souvent noté 1. Ici nous le noterons 1| .

34
STRUCTURES ALGEBRIQUES

Dé…nition 3.2.2 (classique)

On appelle anneau tout triplet (A; +; :), où A est un ensemble dit sous-jacent à
l’anneau, où " + " et ":" sont des lois de composition internes sur A dites addition
et multiplication, satisfaisant aux axiomes suivants :
(A1 ) (A; +) est un groupe abélien, dit groupe additif de l’anneau ; l’élément neutre
est noté 0 et est appelé élément nul ;
(A2 ) La multiplication est associative ;
(A3 ) La multiplication est distributive par rapport à l’addition.
– On quali…e de commutatif tout anneau dans lequel la multiplication est com-
mutative.
– L’anneau A est dit unitaire si la multiplication admet un élément neutre.

Notation 3.2.1 – L’élément neutre de + dans A est noté 0A et pour tout


x 2 A, le symétrique de x par rapport à la loi + est noté x. (on dit que x
est l’opposé de x)
– Si l’anneau A est unitaire, l’élément neutre de la multiplication " " dans A
est noté 1A . Un élément x 2 A sera dit inversible, s’il admet un symetrique
par rapport à la multiplication, dans ce cas le symétrique de x est noté x 1 .
On note U(A) l’ensemble de tous les éléments inversibles de A. U(A) est
stable pour la multiplication et (U(A); :) est un groupe.
– Pour tout a 2 A, et pour tout n 2 N on pose :

an = a:a
| {z a} et na = a
| + a + {z + a} :
nf ois nf ois

Exemples 3.2.1

1. Z, Q, R et C, munis de l’addition + et de la multiplication sont des


anneaux commutatifs et unitaires.
2. Soit (G; +) est un groupe abélien. On note End(G) l’ensemble de tous les
endomorphismes de G. (End(G); +; ) est un anneau en posant :

f; g 2 End(G); f + g : x 7! f (x) + g(x) et f g : x 7! f (g(x)):

35
STRUCTURES ALGEBRIQUES

3. (Z=nZ; +; :) est un anneau commutatif unitaire ayant n éléments.


4. Si A et A0 sont 2 anneaux, il y a sur A A0 une structure naturelle d’anneau

(a; a0 ) + (b; b0 ) = (a + b; a0 + b0 ) et (a; a0 ):(b; b0 ) = (a:b; a0 :b0 ):

En particulier Z2 , Z3 , Z4 , C2 , ... sont des anneaux.

3.2.2 Propriétés remarquables dans l’anneau


1. 0A :x = 0A , x:0A = 0A pour tout x 2 A. (en claire 8x 2 E, x|1~ = 1~ |x =
1~ , 1~ est l’élément neutre de la première loi ~de l’anneau (E; ~; |), il est
donc l’élément absorbant de la deuxième loi | de l’anneau (E; ~; |)).
2. (x:y) = ( x):y = x:( y) pour tout (x; y) 2 A2 (en clair, x| (symet~ (y))
= (symet~ (x)) |y = (symet~ (x|y)), où (symet~ (y)) est le symétrique de
y par rapport à la première loi ~ qui fait de (E; ~), un groupe).
3. Si A est un anneau unitaire, on a ( 1A ):x = x (en clair, (symet~ (1| )) |x =
symet~ (x))
4. Si x et y commutent (par rapport à " ") c’est-à-dire x:y = y:x alors

(x:y)2 = x2 y 2 ; (x:y)3 = x3 :y 3 ; :::; (x:y)n = xn :y n 8n 2 N ;

(x + y)2 = x2 + 2(xy) + y 2 :
Plus généralement

(x + y)3 = x3 + 3(x2 y) + 3(xy 2 ) + y 3

X
n
n
(x + y) = Cnk xk y n k

k=0
= x + Cn1 xy n
n 1
+ Cn2 x2 y n 2
+ ::::: + Cnk xk y n k
+ ::::::: + Cnn 1 xy n 1
+ yn:

Exercice 3.2.1 Soit a 2 A. Calculer (1A + a)5

Dé…nition 3.2.3
Soit (A; +; :) un anneau non réduit à f0g, on dit qu’un élément

36
STRUCTURES ALGEBRIQUES

a 2 A est un diviseur de zéro à gauche(à droite) si a 6= 0


et s’il existe b 6= 0 de A tel que ab = 0( ba = 0)(en clair si on est
dans
(A; ~; |) si a 6= 1~ et s’il existe b 6= 1~ de A tel que a|b = 1~
( b|a = 1~ )).
NB : 1~ est l’élément neutre de la première loi ~de l’anneau (A; ~; |)

Exemple 3.2.1

Dans Z=6Z, l’élément 3 est un diviseur de 0, car 3:2 = 0.

Exercice 3.2.2 Déterminer tous les diviseurs de 0 de l’anneau Z=24Z.

Dé…nition 3.2.4
On dit qu’un anneau (A; +; :) est intègre ou est un anneau

d’intégrité s’il est non vide, et s’il ne possède pas de


diviseur de zéro. Autrement dit dans un anneau d’intégrité :
a; b 2 A, ab = 0 ) a = 0 ou b = 0(en clair si on est dans (A; ~; |)
on a a|b = 1~ ) a = 1~ ou b = 1~ pour a; b 2 A).

Exemple 3.2.2 Exemples 3.2.2

1. Z, Q, R sont des anneaux intègres.


2. Z=nZ est un anneau intègre si et seulement si n = 0 ou n est un nombre
premier.

3.2.3 Sous-anneaux, Idéaux


a) Sous-anneaux

Dé…nition 3.2.5 (générale)

Soit (E; ~; |) un anneau et F une partie non vide de E.


On dit que F est un sous-anneau de E si F est stable pour les
deux lois de E et si munie des lois de composition induites par

37
STRUCTURES ALGEBRIQUES

celles de E, (F; ~; |) est un anneau.


En pratique
Pour que F soit un sous-anneau de E il faut et il
su¢ t que F soit une partie non vide de E et tout couple (x; y)
d’éléments de F , on a :
x~ (symet~ (y)) et x|y sont des éléments de F .

Dé…nition 3.2.6 (classique)

Soient A un anneau et B une partie non vide de A. On dit que B est un


sous-anneau de A si :
1. B est un sous-groupe de (A; +)
2. B est stable par le produit 8b; b0 2 B, bb0 2 B.

Exemple 3.2.3

Z est un sous-anneau de Q
R est un sous-anneau de C
Q est un sous-anneau de R

Remarque 3.2.1

L’intersection de sous-anneaux est un sous-anneau. On a alors la notion de


sous-anneau engendré par une partie quelconque X d’un anneau A.
Si 1A est l’élément unité de l’anneau (A; +; :), tous les sous-anneaux contiennent
le sous-anneau
Z:1A = fn:1A ; n 2 Zg:

Dé…nition 3.2.7

Soient A un anneau unitaire et B une partie non vide de A. On dit que B est
un sous-anneau de A si :
1. B est un sous-groupe de (A; +)
2. B contient 1A et B est stable par le produit 8b; b0 2 B, bb0 2 B.

38
STRUCTURES ALGEBRIQUES

b) Idéaux

Dé…nition 3.2.8 (générale)

Soit (E; ~; |) un anneau et I une partie non vide de E.


On dit que I est un idéal de E si I est un sous-groupe de (E; ~)
tel que 8x 2 E ,8y 2 I, x|y 2 I.

Dé…nition 3.2.9 (classique)

On dit que B est un idéal de A si


1. B est un sous-groupe de (A; +)
2. 8a 2 A, 8b 2 B, on a ab 2 B.

Exemple 3.2.4

f0A g, A sont des idéaux de A (dits triviaux)


aA l’ensemble des multiples de a dans A est un idéal (dit principal).
Les idéaux de l’anneau Z sont de la forme nZ, où n 2 N

Remarque 3.2.2

L’intersection d’idéaux d’un anneau est un idéal. On a donc la notion d’idéal


engendré par une partie quelconque X d’un anneau A.
Le seul idéal qui contient 1A l’élément unité de l’anneau (A; +; :) ou tout
autre élément inversible est l’idéal A lui-meme.

Dé…nition 3.2.10

1. Un idéal I est dit propre s’il est di¤érent de l’anneau A et de l’idéal f0g.
2. Parmi les idéaux propres, un idéal M est dit maximal s’il n’est contenu stric-
tement dans aucun autre idéal propre.

Exemple 3.2.5
Dans l’anneau (Z; +; :) les idéaux 2Z; 3Z; 5Z:::::: sont maximaux.

39
STRUCTURES ALGEBRIQUES

Remarque 3.2.3

Notons que la réunion de deux idéaux d’un anneau n’est nécessairement un


idéal.

3.2.4 Anneaux quotients


Proposition 3.2.1
Si I est un idéal de A, alors les lois " + " et " " sont compatibles avec la relation
d’équivalences (de Lagrange)

aRb si b a 2 I:

Proposition 3.2.2
A
L’ensemble quotient muni des lois de composition internes
I
a+b=a+b ; a:b = a:b:

est un anneau commutatif unitaire avec A comme anneau commutatif unitaire.

Exercice 3.2.3 1. Ecrire les tables de l’addition et de la multiplicattion de


Z
l’anneau quotient A = .
6Z
2. Trouver U(A).

3.2.5 Morphisme d’anneaux


Dé…nition 3.2.11 (générale)

Soient (E; ~; |) et (A; +; ) deux anneaux. Un morphisme


d’anneaux f de E dans A est une application de E dans A
telle que :
8x, y 2 E, f (x~y) = f (x) + f (y) et f (x|y) = f (x) f (y).
Propriétés
Si f est un morphisme d’anneaux on a :
(i) f (e~ ) = e+
(e~ est l’élément neutre de ~, e+ est l’élément neutre de +)
(ii) Si B est un sous-anneau de E, f (B) est un sous-anneau de A.
(iii) Si B 0 est un sous-anneau de A, f 1 (B 0 ) est un sous-anneau de E.

40
STRUCTURES ALGEBRIQUES

Dé…nition 3.2.12 (classique)

Soient A, B deux anneaux, et f : A ! B une application. On dit que f est un


morphisme d’anneaux (ou un homomorphisme) de A dans B si
1. 8a; b 2 A, f (a + b) = f (a) + f (b),
2. 8a; b 2 A, f (ab) = f (a)f (b).
On dé…nit de façon évidente les notions d’endomorphisme, d’isomorphisme et
d’automorphisme d’anneaux.

Dé…nition 3.2.13

Soient A, B deux anneaux unitaires, et f : A ! B une application. On dit


que f est un morphisme d’anneaux (ou un homomorphisme) de A dans B si
1. f (1A ) = 1B ,
2. 8a; b 2 A, f (a + b) = f (a) + f (b),
3. 8a; b 2 A, f (ab) = f (a)f (b).

Exemples 3.2.3

1. L’application z 7! z est un automorphisme de l’anneau C.


2. L’application (un ) 7! lim un est un morphisme de l’anneau des suites
n!+1
convergentes dans R.

Théorème 3.2.1

Soit f : A ! B un morphisme d’anneaux.


1. Si A est un sous-anneau de A alors f (A) est un sous-anneau de B,
1
2. Si B est un sous-anneau de B alors f (B) est un sous-anneau de A,
3. Si A et B sont commutatifs, et si I 0 est un idéal de B alors f 1 (I 0 ) est un
idéal de A.
En particulier, ker f = fx 2 A = f (x) = 0B g est un idéal de A.

41
STRUCTURES ALGEBRIQUES

Proposition 3.2.3

Soit f : A ! B un morphisme d’anneaux. On a l’équivalence

f injectif , kerf = f0A g :

f surjectif , Im f = B
Preuve

Le morphisme d’anneaux est un morphisme de groupes . D’après la proposition


3.1.7, on a le résultat.

Théorème 3.2.2

Soient A, B, C trois anneaux.


1. Si f : A ! B et g : B ! C sont des morphismes d’anneaux alors g f :
A ! C est un morphisme d’anneaux.
1
2. Si f : A ! B est un isomorphisme d’anneaux alors f est un isomorphisme
de B sur A.
3. (End(A); +; ) est un anneau, dont le groupe des unités est (Aut(A); ).

Preuve

A faire en exercice.

Théorème 3.2.3 (Transport de structure)

Si (A; +; :) est un anneau et f une bijection de A sur un ensemble E, alors on


peut dé…nir deux lois sur E, de sorte que f devienne un isomorphisme d’anneaux.

42
STRUCTURES ALGEBRIQUES

Preuve

1. A la loi " + ", on associe la loi > dé…nie par

8x0 ; y 02 2 E; x0 >y 0 = f (f 1
(x0 ) + f 1
(y 0 )):

2. A la loi ":", on associe la loi ? dé…nie par

8x0 ; y 02 2 E; x0 ?y 0 = f (f 1
(x0 ) :f 1
(y 0 )):

On montre que (E; >; ?) est un anneau.

3.3 Corps
Dé…nition 3.3.1 (générale)

On appelle corps tout anneau (K; ~; |) non vide dans lequel


(Kn f1~ g ; |) est un groupe, où 1~ est l’élément neutre de ~.
On dit qu’un corps est commutatif si le groupe
(Kn f1~ g ; |) est commutatif.

3.3.1 Dé…nitions-exemples
Dé…nition 3.3.2 (classique)

On dit qu’un ensemble K muni de deux lois "+" et " " est un corps si
1. (K; +; ) est un anneau, et 1K 6= 0,
2. 8x 2 Knf0g, 9x0 2 K, x0 x = 1K = xx0 .
Si de plus la multiplication est commutative, on dit que K est un corps com-
mutatif.

43
STRUCTURES ALGEBRIQUES

Remarque 3.3.1

Un anneau K est un corps s’il n’est pas réduit à 0 et si tout élément non nul
de K est inversible.

Remarque 3.3.2

i) Si K est un corps alors Knf0g est un groupe multiplicatif qui est abélien si
et seulement si K est commutatif.
ii) Un corps est en particulier un anneau sans diviseurs de zéro.
iii) Si I est un idéal du corps K alors I = f0g ou I = K.

Exemples 3.3.1

1) Q, R, C sont des corps commutatifs pour les lois usuelles.


p p
2) Q[ 2] = fx 2 R= 8a; b 2 Q; x = a + b 2g est un corps commutatif
3) Z=nZ est un corps si et seulement si n est un nombre premier.

Exemple 3.3.1

Tout anneau intègre …ni A contenant au moins deux éléments, est un corps.

(Admettre)

3.3.2 Sous-corps
Dé…nition 3.3.3 (générale)

Si (K; ~; |) est un corps et si ? 6= K0 (K; ~; |) est stable pour les lois


0 0 0 0 0 0
induites(i.e K ~K K et K |K K ),
on dit que K0 est un sous-corps de K ssi K0 est un corps pour les lois induites.
On dit aussi que K est une extension ou un
sur-corps de K0 .
Caractérisation pratique d’un sous-corps

44
STRUCTURES ALGEBRIQUES

)
0 0 0
(i)8a, b 2 K , a~ (symet~ (b)) 2 K et a|b 2 K
? 6= K0 K est un sous-corps de (K; ~; |) ssi
(ii)8a 2 K0 8 f1~ g , on a symet| (a) 2 K0 .
(
8a, b 2 K0 , a~ (symet~ (b)) 2 K0 et
, 8a 2 K0 8 f1~ g, 8b 2 K0 , on
8x 2 K0 8 f1~ g , on a symet| (x) |b 2 K0 .
a symet| (a) |b 2 K0 et a~ (symet~ (b)) 2 K0 .
(autrement dit K0 est un sous-anneau unitaire de K où tout élément di¤érent
de 1~ admet un symétrique par rapport à la loi |).

Dé…nition 3.3.4 (classique)


Soient K un corps et K une partie de K. On dit que K est un sous-corps de K ou
que K est un sur-corps de K si :
1. K est un sous-anneau de K,
1
2. 8x 2 Knf0g; x 2 Knf0g.

Exemple 3.3.2

p
(a) Q est un sous-corps de Q[ 2] qui est lui-même un sous-corps de R.
(b) Z=pZ (p premier) n’a pas de sous-corps propres.

Proposition 3.3.1
Soient K un corps et K une partie de K. Alors K est un sous-corps de K ssi :
1) 1K 2 K,
2) 8x; y 2 K, x y 2 K,
3) 8x; y 2 K, xy 2 K,
1
4) 8x 2 Knf0g, x 2 Knf0g.

Preuve

()) Supposons que K est un sous-corps de K. K est donc un sous-anneau de K


et que l’on a x 1 2 K pour tout élément non nul x de K. Par suite, les assertions
1), 2), 3) et 4) sont véré…és.

45
STRUCTURES ALGEBRIQUES

(() Supposons que les assertions 1), 2), 3) et 4) sont véré…és. Les assertions
1), 2) et 3) expriment que K est un sous-anneau de K. L’assertion 4) exprime que
l’inverse de tout élément non-nul de K est dans K. Par suite, K est un sous-corps
de K.

Remarque 3.3.3

On montre, comme pour les sous-groupes, que toute intersection d’une famille
de sous-corps d’un corps K est un sous-corps de K et que, pour toute partie X K,
il existe un plus petit sous-corps de K contenant X, on dit qu’il s’agit du sous-corps
engendré par X.

3.4 Espaces vectoriels sur un corps


3.4.1 Dé…nitions-exemples
Dé…nition 3.4.1

Soit (K; +; ) un corps. On appelle espace vectoriel sur le corps K tout ensemble
E muni d’une loi de composition interne " + " (addition)
(
E E ! E
+:
(x; y) 7! x + y

et d’une loi de composition externe " "(multiplication par un scalaire)


(
K E ! E
: :
( ; y) 7! y

telles que
1. (E; +) est un groupe commutatif. On note 0E son élément neutre.
2. Pour tout ( ; )K2 et pour tout (x; y) 2 E 2 , on a

(a) ( + ):x = :x + :x
(b) ( ):x = :( :x)

46
STRUCTURES ALGEBRIQUES

(c) (x + y) = :x + :y
(d) 1K :x = x

On dit alors que (E; +; :) est un K espace vectoriel. Les éléments de K sont
appelés scalaires, ceux de E, vecteurs.
L’élément neutre de (E; +), 0E est appelé vecteur nul.

Remarque 3.4.1

1. Si K = R, E est appelé espace vectoriel réel.


2. Si K = C, E est appelé espace vectoriel complexe.

Exemples 3.4.1

– Le corps K est un espace vectoriel sur lui-même.


– Si E1 et E2 sont deux espaces vectoriels sur K alors le produit cartésien
E1 E2 est un espace vectoriel sur K avec les lois cartésiennes.
– Ainsi R2 , R3 ,..., Rn sont des espaces vectoriels sur R. C2 , C3 ,..., Cn sont
des espaces vectoriels sur C.
– Plus généralement, Kn est un espace vectoriel sur K.

Remarque 3.4.2
Si E est un espace vectoriel sur C, alors E est un espace vectoriel sur R.

3.4.2 Sous-espaces vectoriels


Dé…nition 3.4.2

Soient E un espace vectoriel sur K et V un sous-ensemble de E. On dit que V


est un sous-espace vectoriel de E si
1. V est un sous-groupe de (E; +).
2. 8x 2 V , 8a 2 K on a ax 2 V .

47
STRUCTURES ALGEBRIQUES

Exemples 3.4.2
f0E g et E sont des sous-espaces vectoriels de E, ils sont dits triviaux.

Proposition 3.4.1
Si V1 et V2 sont deux sous-espaces vectoriels d’un K espace vectoriel (E; +; :),
alors
V1 \ V2 et V1 + V2 :
sont des sous-espaces vectoriels de E.

Preuve

1. Montrons que V1 \ V2 est un sous-espace vectoriel de E.


Puisque V1 et V2 sont deux sous-espaces vectoriels de E, 0E 2 V1 et donc
0E 2 V2 . Soient (x; y) 2 (V1 \ V2 )2 et ( ; ) 2 K2 . Montrons que :x + :y 2
V1 \ V2 .
Soit i 2 f1; 2g, comme Vi est un sous-espace vectoriel de E et que x; y 2 Vi ,
:x + :y 2 Vi . Ce qui montre que :x + :y 2 V1 \ V2 .
2. Le sous-ensemble V1 + V2 est bien un sous-espace vectoriel de E. En e¤et,
V1 + V2 E car E est stable pour l’addition. De plus, V1 + V2 est non vide
car V1 et V2 le sont. En…n, si u = x + y 2 V1 + V2 et u0 = x0 + y 0 2 V1 + V2
avec x; x0 2 V1 et y; y 0 2 V2 alors, pour ; 2 K,

u + u0 = x + x0 + y + y 0 2 V1 + V2 ;

car V1 et V2 sont des sous-espaces vectoriels.

3.4.3 Applications linéaires ou Homomorphismes d’espaces


vectoriels
Dé…nition 3.4.3

Soient E et F deux espaces vectoriels sur un corps K. Une application :E!


F est un homomorphisme ou K linéaire si :

48
STRUCTURES ALGEBRIQUES

i) (ax) = a (x).
ii) (x + x0 ) = (x) + (x0 ) 8x; x0 2 E et 8a 2 K.
Exemples 3.4.3

idE est une application linéaire


C : E ! F ; x 7! 0F
p : E F ! F ; (x:y) 7! y
f : R2 ! R ; (x; y) 7! x + y.
Proposition 3.4.2
Soit f : E ! F une application linéaire. Alors Imf = f (E) l’image de f et ker f
le noyau de f sont respectivement sous-espace vectoriel de E et de F .
Preuve

Comme 0E 2 E et que f est linéaire, 0F = f (0E ) 2 f (E) et f (E) est non


vide. Soient a; a0 2 K et y; y 0 2 f (E). Il existe x; x0 2 E tels que y = f (x)
et y 0 = f (x0 ). Montrons que ay + a0 y 0 2 f (E). En utilisant la linéarité de f :
ay + a0 y 0 = af (x) + a0 f (x)0 = f (ax + a0 x0 ) et donc ay + a0 y 0 2 f (E). f (E) est donc
bien un sous-espace vectoriel de F .

De même que précédemment, comme 0F 2 F et que f est linéaire, 0E 2


f (0F ). Soient a; a0 2 K et x; x0 1 (0F ). Par la linéarité de f , f (ax + a0 x0 ) =
1

af (x) + a0 f (x0 ) = 0F . Il vient alors que ax + a0 x0 1 (0F ).

Les notions de monomorphisme ; d’épimorphisme, d’endomorphisme et d’iso-


morphisme sont laissées au lecteur.

3.4.4 Espaces vectoriels quotients


Soient E un espace vectoriel sur K et V un sous-espace vectoriel de E. Sur le
E
groupe quotient on peut dé…nir une loi de composition externe comme suit :
V
E E
:K ! ; (a; x) 7! ax
V V
49
STRUCTURES ALGEBRIQUES

E
est bien dé…nie et avec le groupe quotient est un espace vectoriel sur K.
V

N.B : La structure d’espace vectoriel sera approfondie plus tard.

50
Chapitre 4

ARITHMÉTIQUE DANS Z

4.1 Relation de divisibilité, division euclidienne


dans Z
4.1.1 Diviseurs, multiples
Dé…nition 4.1.1

Étant donnés deux entiers relatifs a et b, on dit que a est un diviseur de b, ou


que b est un multiple de a, s’il existe k 2 Z tel que b = ka.

Notation 4.1.1 –
Si d est un diviseur de a on note dja.
L’ensemble des diviseurs de a est noté D(a).
L’ensemble des multiples de a est noté M(a) ou aZ.

Exemple 4.1.1

1 et 1 divisent tous les entiers, mais ne sont divisibles que par 1 et 1.


0 est un multiple de tous les entiers, mais n’est diviseur qu’aucun entier.
D(6) = f 1; 2; 3; 6g.

Remarque 4.1.1

51
ARITHMÉTIQUE DANS Z

La relation "divise" est ré‡exive et transitive dans Z, mais n’est pas une
relation d’ordre dans Z, car elle n’est pas antisymétrique.
En revanche, d’après la proposition suivante, sa restriction à N est une re-
lation d’ordre.
La divisibilité sur N est liée à l’ordre naturel de N par la relation :
ajb ) a b:
En e¤et, si ajb alors b = ka avec k 2 Z et, puisque a et b sont strictement
positifs, on a k 2 N et par suite b a.
Ce résultat est faux dans N puisque, par exemple, 1j0.
Proposition 4.1.1

Avec a; b 2 Z , on a :
(ajb et bja) , jaj = jbj:
Preuve

– Supposons ajb et bja. Il existe alors des entiers relatifs k et k 0 tels que b = ka
et a = k 0 b, ce qui donne a = k 0 ka.
Si a = 0, alors b = k 0 = 0 et jaj = jbj = 0.
Si a 6= 0, alors k 0 k = 1. Comme k 0 et k sont des entiers relatifs, on a
jkj = jk 0 j = 1, ce qui montre jaj = jbj.
– Si jaj = jbj, alors a = b ou a = b. Donc ajb et bja.
La proposition suivante est une conséquence évidente de la dé…nition.

Proposition 4.1.2

Soient a et b deux entiers relatifs. Soit d 2 Z .


1. Si (u; v) 2 Z2 , alors :
(dja et djb) ) dj(au + bv):

2. Si x est un entier relatif non nul, alors :


ajb , (ax)j(bx):

52
ARITHMÉTIQUE DANS Z

4.1.2 Critères de divisibilité


} Un entier est divisible par 10 si, et seulement s’il se termine par un 0.
} Un entier est divisible par 5 si, et seulement s’il se termine par un 0 ou par
un 5.
} Un entier est divisible par 2 si, et seulement s’il se termine par un 0, un 2,
un 4, un 6 ou un 8.
} Un entier est divisible par 9 si, et seulement si la somme de ses chi¤res l’est.
} Un entier est divisible par 3 si, et seulement si la somme de ses chi¤res l’est.
} Un entier est divisible par 4 si, et seulement si le nombre formé par ses deux
derniers chi¤res (en base 10) l’est.
} Un entier est divisible par 11 si, et seulement si la somme des ses chi¤res (en
base 10) de rang pair diminuée de la somme de ses chi¤res de rang impair
est divisible par 11.
Exemples 4.1.1

54967 est divisible par 11 car (7 + 9 + 5) (6 + 4) = 11 l’est.


1576 et 279834 sont divisibles par 2 car 1576 se termine par 6 et 279834 se
termine par 4.
276, 848 et 57316 sont divisibles par 4 car 76, 48 et 16 le sont
471 et 8643 sont divisibles par 3 car 4 + 7 + 1 = 12 et 8 + 6 + 4 + 3 = 21 et
12 et 21 sont divisibles par 3.

4.1.3 Division euclidienne sur Z


Théorème 4.1.1
Soient a un entier relatif et b un entier naturel non nul. Il existe un unique couple
d’entiers relatifs (q; r) tel que :
a = bq + r avec 0 r < b: ( )
q est appelé quotient de la division euclidienne de a par b,
r est appelé reste de la division euclidienne de a par b.
Preuve

53
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Unicité : Soient (q; r) et (q 0 ; r0 ) deux couples véri…ant ( ). Montrons que q = q 0


et r = r0 . Puisque 0 r < b et 0 r0 < b, on a bjq q 0 j = jr0 rj < b, ce qui
entraîne jq q 0 j = 0 puis r0 r = 0.
Existence :
– Si a 2 N : l’ensemble A = fn 2 Nj nb ag est une partie de N non vide
puisque 0 2 A.
De plus A est majorée par a puisque si n 2 A, alors n < nb a ( b est non
nul donc supérieur ou égal à 1). Donc A admet un plus grand élément q qui
véri…e alors :
qb a puisque q 2 A,
(q + 1)b > a puisque q + 1 2 = A. En posant r = a bq, on a alors a = bq + r
et 0 r < (q + 1)b bq = b.
– Cas général : comme b 1, on a jajb jaj, et donc a + jajb 2 N. En
0
appelant q et r les reste et quotient de la division euclidienne de a + jajb
par b , on obtient :
a = bq 0 + r jajb = bq + r
avec q = q 0 jaj.

Remarque 4.1.2

Si q est le quotient et r le reste de la division euclidienne de a par b 6= 0, on


a:
a
q=E et r a [b]
b
où E désigne la fonction partie entière, puisque l’on a l’équivalence :
a
8q 2 Z; q < q + 1 , bq a < bq + b:
b
Si q est le quotient de la division euclidienne de l’entier naturel a par b,
l’ensemble A = fn 2 Nj nb ag est l’intervalle [[0; q]].
Étant donnés a 2 Z et b 2 N , notons q et r les quotient et reste de la
division euclidienne de a par b.
– Si r = 0, alors a = bq et donc bja.

54
ARITHMÉTIQUE DANS Z

– Réciproquement, si bja, alors on a a = kb + 0 avec k 2 Z et 0 0 < b.


L’unicité de la division euclidienne nous donne donc k = q et r = 0.
On a donc l’équivalence bja , r = 0.

Exemple 4.1.2

a = 271 et b = 19.
On a 271 = 19 14 + 5 et 0 5 < 19 donc q = 14 et r = 5.
a = 271 et b = 19.
On a 271 = 19( 14) + ( 5) mais 5 est négatif 271 = 19( 15) + 14 avec
0 14 < 19 donc q = 15 et r = 14.

4.1.4 Décomposition en base b


Théorème 4.1.2 (Décomposition en base b)
Soit b 2 un entier. Tout entier a > 0 s’écrit de façon unique sous la forme :

a = a0 + a1 b + a2 b2 + ::: + ak bk

où k est un entier, les ai sont des entiers compris entre 0 et b 1 et où ak 6= 0.


On note parfois a = ak ak 1 :::a0 b . Cette notation est l’écriture en base b de a.

Preuve

La méthode consiste à e¤ectuer des divisions euclidiennes (par b) successives.


On commence par écrire a = bq0 + a0 avec a0 2 f0; 1; :::; b 1g. Si q0 = 0, on a …ni.
Sinon, on continue nos divisions en écrivant q0 = bq1 + a1 avec a1 2 f0; 1; :::; b 1g.
On a alors :
a = a0 + a1 b + q 1 b 2
De même si q1 = 0, on a …ni. Sinon on continue, construisant ainsi a3 , a4 et ainsi
de suite. On obtient successivement des égalités du type :

a = a0 + a1 b + ::: + ai bi + qi bi+1 :

La suite des qi est une suite d’entiers positifs strictement décroissante. Elle doit
donc s’arrèter, ce qu’ici ne peut être réalisé que si qi = 0. A ce moment, on a bien

55
ARITHMÉTIQUE DANS Z

la décomposition annoncée. Reste à prouver l’unicité. Supposons que l’on puisse


écrire :
a0 + a1 b + ::: + ak bk = a00 + a01 b + ::: + a0k
k

pour des entiers ai et a0i compris entre 0 et b 1. Alors a0 a00 est un multiple de
b et ja0 a00 j < b. D’où a0 = a00 . On simpli…e alors par a0 , puis on divise par b. En
appliquant le même argument que précédemment, on obtient a1 = a01 et ainsi de
suite.

Remarque 4.1.3
Dans le cas où b = 10, les ai correspondent exactement aux chi¤res usuels de a.
On s’aperçoit que 10 ne joue pas un role particulier vis-à-vis de la représentation
des nombres : par exemple, on aurait pu noter 143 au lieu de 80 si on avait décidé
de compter en base 7.

Exemple 4.1.3
l’écriture de 1248 en base 3.
3
nous donne 1248 = 1201020 .

Exemple 4.1.4

2
Ecrire en base 10 de a = 110100100 est :

a=1 28 + 1 27 + 0 26 + 1 25 + 0 24 + 0 23 + 1 22 + 0 21 + 0 20 = 420

4.2 PGCD, Théorèmes d’Euclide et de Bézout


Dé…nition 4.2.1 (PGCD, PPCM)

1. Le PGCD de a et b appartenant à Z, noté a ^ b, est :

(a) le plus grand des diviseurs communs à a et b lorsque (a; b) 6= (0; 0),
(b) 0 lorsque a = b = 0.

2. Le PPCM de a et b, noté a _ b, est :

56
ARITHMÉTIQUE DANS Z

(a) le plus petit des multiples strictement positifs communs à a et b lorsque


ab 6= 0,
(b) 0 lorsque a = 0 ou b = 0.

Remarque 4.2.1

– Étant donnés deux entiers relatifs a et b, on a :

a ^ b = jaj ^ jbj:

C’est pourquoi l’on supposera souvent par la suite que a et b sont des entiers
naturels.
– Par dé…nition, on a, pour tout a 2 Z : a ^ 0 = jaj.
– Si a = b = 0, les diviseurs communs à a et b sont tous les entiers, et il n’en
existe donc pas de plus grand pour la relation d’ordre .
– Si ab = 0, seul 0 est un multiple commun à a et b et il n’existe donc pas de
multiple strictement positif commun à a et b.

Exemple 4.2.1

Déterminons PGCD(32; 12).


Les ensembles des diviseurs positifs des entiers 12 et 32 sont D+ (12) = f1; 2; 3; 4; 6; 12g
et D+ (32) = f1; 2; 4; 8; 16; 32g. On a

D+ (12) \ D+ (32) = f1; 2; 4g:

Donc, PGCD(32; 12) = 4.

Théorème 4.2.1 (Théorème d’Euclide)

Soient deux entiers (a; b) 2 Z Z . E¤ectuons la division euclidienne de


l’entier a par l’entier b :

9(q; r) 2 N2 : a = bq + r et 0 r<b

Alors :
a ^ b = b ^ r:

57
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Preuve

Comme r = a bq, tout entier divisant à la fois a et b divise aussi r. L’ensemble


des diviseurs communs à a et b est égal à l’ensemble des diviseurs communs à b
et r . En particulier, ces deux ensembles ont le même plus grand élément, ce qui
s’écrit aussi : a ^ b = b ^ r .

Remarque 4.2.2

Le théorème précédent justi…e l’algorithme d’Euclide pour trouver le PGCD de


deux entiers non nuls (a; b) 2 N N . On pose r0 = a, r1 = b et on dé…nit ensuite
8k 1, les couples (qk ; rk ) en utilisant une division euclidienne :

si rk 6= 0; 9!(qk ; rk+1 ) 2 Z2 tel que rk 1 = qk rk + rk+1 et 0 rk+1 < rk :

Comme la suite d’entiers (rk ) est strictement décroissante, il existe un rang n 1


tel que rn 6= 0 et rn+1 = 0. D’après le théorème d’Euclide, on a 8k 2 [0; n 1],
a ^ b = rk ^ rk+1 . Comme rn divise rn 1 , on a rn ^ rn 1 = rn . Par conséquent, le
dernier reste non-nul rn est le PGCD des entiers (a; b).

Exemple 4.2.2
Déterminons le pgcd des entiers 366 et 43 en utilisant l’algorithme d’Euclide :

366 = 43 8 + 22
43 = 22 1 + 21
22 = 21 1+1
21 = 21 1+0

donc 366 ^ 43 = 1.

Dé…nition 4.2.2 (Nombres premiers entre eux)

On dit que deux nombres a et b sont premiers entre eux si et seulement si leur
plus grand diviseur commun est 1, autrement dit si et seulement si

a ^ b = 1:

58
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Théorème 4.2.2 (Coe¢ cients de Bézout)

Soient deux entiers non nuls (a; b) 2 Z Z . Il existe (u; v) 2 Z2 tels que

au + bv = a ^ b:

Un tel couple (u; v) est appelé couple de coe¢ cients de Bézout de a et b.

Preuve

Quitte à considérer jaj et jbj à la place de a et b, on peut supposer a et b positifs.


La preuve se fait par récurrence sur b. Si b = 0, alors a ^ b = a et 1:a + 0:b = a
donc un couple de coe¢ cient de Bézout est (1; 0). On …xe b 2 N et on suppose que
la propriété est vraie pour tout a 2 N et tout nombre n de l’intervalle d’entiers
[[0; b 1]]. Par division euclidienne, il existe (q; r) 2 N2 tels que a = bq + r et
0 r b 1. D’après le théorème d’Euclide, on sait que a ^ b = b ^ r. On applique
l’hypothèse de récurrence à b et r , il existe (U; V ) 2 Z2 tels que U b + V r = b ^ r.
Donc
U b + V (a bq) = a ^ b et V a + (U V q)b = a ^ b:
La propriété est alors prouvée par récurrence.

Preuve

[Autre preuve] On considère l’ensemble fam + bn; (m; n) 2 Z2 g qu’on note


aZ + bZ. Il est clair que aZ + bZ est un sous-groupe de (Z; +), donc 9c 2 N tel que

aZ + bZ = cZ:

Par ailleurs, aZ dZ et bZ dZ donc

cZ = aZ + bZ dZ:

En particulier c est un multiple de d et

c d (4.1)

59
ARITHMÉTIQUE DANS Z

L’égalité aZ + bZ = cZ montre que c divise à la fois a et b, donc

c P GCD(a; b) = d : (4.2)

…nalement on a c = d en utilisant (4.1) et (4.2).

Remarque 4.2.3

1) Il n’y a pas unicité du couple de coe¢ cients de Bézout de deux entiers.


2) Les coe¢ cients de Bézout s’obtiennent en " remontant " l’algorithme d’Eu-
clide.

Exemple 4.2.3

Calculons les coe¢ cients de Bézout pour a = 600 et b = 124. On a

600 = 4 124 + 104


124 = 1 104 + 20
104 = 5 20 + 4
20 = 5 4+0

Donc

4 = 104 5 20
4 = 104 5 (124 1 104) car 20 = 124 1 104
4 = 6 104 5 124
4 = 6 (600 4 124) 5 124 car 104 = 600 4 124
4 = 6 600 29 124
4 = 6 600 + ( 29) 124

Ainsi pour u = 6 et v = 29, on a 600u + 124v = 4 = 600 ^ 124.

Théorème 4.2.3 (Théorème de Bézout)


Soient deux entiers non nuls (a; b) 2 (Z )2 . On a

a ^ b = 1 , [9(u; v) 2 Z2 : 1 = au + bv]:

60
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Preuve

()) C’est une conséquence directe du théorème précédent.


(() Supposons qu’il existe (u; v) 2 Z2 tel que au + bv = 1. Si d est un diviseur
commun à a et b alors d est un diviseur de 1. Il est alors clair que a ^ b = 1.

Théorème 4.2.4 (Théorème de Gauss)


Soient trois entiers non nuls (a; b; c) 2 Z Z Z.
h i
ajbc et a ^ b = 1 ) ajc:

Preuve

Si a ^ b = 1 alors, d’après le théorème de Bézout 4.2.3, il existe (u; v) 2 Z2 tel


que au + bv = 1. On a donc aussi auc + bvc = c. Mais comme a divise bc et que a
divise auc, a divise auc + bvc = c.

Proposition 4.2.1 (Caractérisation des diviseurs et des multiples)


Soient deux entiers (a; b) 2 Z2 .
(
dja
1. Soit un entier d 2 Z. , dj(a ^ b).
djb
(
ajm
2. soit un entier m 2 Z. , (a _ b)jm.
bjm

Preuve

1. Supposons que que d divise a et b et notons d = a ^ b. D’après un théorème


, il existe (u; v) 2 Z2 tels que au + bv = d.
Comme dja et que djb, on sait que djd. La réciproque est facile.

61
ARITHMÉTIQUE DANS Z

2. Supposons que a et b divisent m et notons = a _ b. Il existe k; k 0 2 N


tels que = ka et = k 0 b. Il existe aussi l; l0 2 N tels que m = la et
m = l0 b. De plus, par application du théorème 4.1.1, il existe un unique
couple (p; r) 2 N2 tel que m = p + r et 0 r < . On peut alors écrire
0 0
la = pka+r et l b = pk b+r et donc ajr et bjr. Si r 6= 0 alors r est un multiple
commun à a et b. Par dé…nition de , il vient r ce qui est impossible.
Donc r = 0 et divise m. La réciproque est évidente.

Proposition 4.2.2

Soient deux entiers non nuls (a; b) 2 Z Z . Pour un entier k 2 N ,

(ka) ^ (kb) = k(a ^ b) et (ka) _ (kb) = k(a _ b):

Preuve

– Posons d = a ^ b et = ka ^ kb. Il est clair que kdj . Montrons que jkd, ce


qui prouvera la première égalité. Comme kj il existe m 2 Z tel que = km.
Mais alors kmjka et mja. De même, kmjkb et donc mjb. L’entier m est donc
un diviseur de d et = kmjkd.
– Posons maintenant d = a _ b et D = ka _ kb. L’entier kd est un multiple de
ka et kb donc Djkd. Si on montre de plus que kdjD alors la seconde égalité
sera prouvée. Comme kajD et que kbjD, il existe des entiers m1 et m2 tels
que D = kam1 = kbm2 . L’entier k est donc un diviseur de D et il existe un
entier D0 tel que D = kD0 . Par suite, on a D0 = am1 = bm2 et D0 est donc
un multiple commun à a et b ce qui amène djD0 ainsi que kdjD.

Proposition 4.2.3 (Autres propriétés du PGCD)


Soient trois entiers relatifs non nuls a, b et c.
1. Soient trois entiers (d; a0 ; b0 ) 2 N Z2 tels que a = da0 , b = db0 , alors

d = a ^ b , a0 ^ b0 = 1:

62
ARITHMÉTIQUE DANS Z

(
a^b=1
2. , a ^ (bc) = 1.
a^c=1
8
>
< ajc
3. bjc ) abjc:
>
:
a^b=1
4. pour tout couple (p; q) 2 N N , si a ^ b = 1, alors ap ^ bq = 1 ;
5. pour tout entier k 2 N , ak ^ bk = (a ^ b)k .

Preuve

1. C’est une conséquence directe de la proposition 4.2.1.


2. ()) Si a ^ b = 1 et a ^ c = 1, alors par application du théorème de Bézout
4.2.3, il existe des entiers s, t, u, v tels que sa + tb = 1 et ua + vc = 1.
Si on multiplie membre à membre ces deux égalités, on obtient l’égalité de
Bézout : (sua + vsc + tub)a + (tvc)b = 1 et en conclusion a ^ (bc) = 1.

(() Réciproquement, si a ^ (bc) = 1 alors il est clair que a est premier à la


fois avec b et c.
3. Comme ajc, il existe k 2 Z tel que c = ka. Mais comme bjc = ka et que
a^b = 1 alors par le Théorème de Gauss 4.2.4, il vient que bjk. En conclusion
abjc.
4. Considérons A; B 2 N tels que A ^ B = 1 et m 2 N . Si on applique la
deuxième règle avec a = A, b = B et c = B, on obtient : A ^ B 2 = 1. En
l’appliquant une nouvelle fois avec a = A, b = B et c = B 2 , il vient que
A ^ B 3 = 1. Si on l’applique encore m 3 fois, il vient que : A ^ B m = 1.
En résumé, on a prouvé que si A ^ B = 1 alors A ^ B m = 1. Considérons
a; b 2 N tels que a ^ b = 1 et p; q 2 N . On applique ce résultat à A = a,
B = b et m = q. Il vient a ^ bq = 1. On l’applique alors une nouvelle fois
mais à A = bq, B = a et m = p et on trouve ap ^ bq = 1.
a b
5. Soit k 2 N . Posons d = a ^ b. Grâce à la première règle, on a d
^ d
=1
k k
a b
et grâce à la quatrième a d
^ d
= 1. En appliquant à nouveau la
première règle, il vient que : ak ^ bk = dk = (a ^ b)k .

63
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Théorème 4.2.5 (Relation entre PGCD et PPCM)

Soient deux entiers non nuls (a; b) 2 Z Z.


1. Si a ^ b = 1 alors a _ b = jabj ;
2. (a ^ b)(a _ b) = jabj.

Preuve

1. Supposons que a et b sont positifs et premiers entre eux. Soit d un multiple


commun à a et b. Alors il existe k 2 N tels que d = ka. Comme bjd et que
a ^ b = 1, on en déduit, grâce au théorème de Gauss 4.2.4, que bjk et qu’il
existe donc k 0 2 N tel que d = k 0 ab. Comme d est le plus petit commun
multiple de a et b, il vient forcément que k 0 = 1 et que d = ab. Si a et b ne
sont pas tous deux positifs, on applique ce résultat à jaj et jbj.
2. Notons d = a ^ b et a = da0 , b = db0 avec a0 ; b0 2 Z. Montrons que l’ensemble
des multiples communs à a et b est l’ensemble des multiples de da0 b0 . Il est
clair que tout multiple de da0 b0 est un multiple commun à a et b. Réciproque-
ment, si m est un multiple commun à a et b alors il existe k; k 0 2 Z tels que
m = ka = k 0 b. On a aussi m = kda0 = k 0 db0 . Comme a0 et b0 sont premiers
entre eux, cette égalité implique, par application du théorème de Gauss 4.2.4
que b0 jk. Donc m est un multiple de da0 b0 . Il s’ensuit que le ppcm de a et b
est le plus petit multiple de da0 b0 , c’est à dire que a _ b = jda0 b0 j. Il vient alors
d(a _ b) = djda0 b0 j = jabj d’où l’égalité.

Proposition 4.2.4

Soient m; n 2 Z et p 2 Z.

p = P P CM (m; n) , mZ \ nZ = pZ:

64
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Proposition 4.2.5

m; n 2 Z et d 2 Z.

d = P GCD(m; n) , mZ + nZ = dZ:

Exercice 4.2.1 Démontrer que si 2 nombres sont premiers entre eux, il en est de
même de leur somme et de leur produit Puis résoudre dans N N le système :
x + y = 56 et P P CM (x; y) = 105

4.3 Congruences
4.3.1 Dé…nition - propriétés
Dé…nition 4.3.1

Soit n un entier naturel non nul, a et b deux entiers relatifs . On dit que a est
congru à b modulo n si a b est un multiple de n ; et on écrit

a b[n] ou a b (mod n):

Si r désigne le reste de la division euclidienne de a par n alors a r[n].

Exemples 4.3.1

15 1[7]; 142 2[7]; 3 11[7]; 3 4[7]; 2013 3[10]; 13 5[6]

Proposition 4.3.1
Soient a et b deux entiers, et n et m des entiers naturels non nuls.
1. a a[n] (ré‡exivité).
2. a b[n] , b a[n] (symétrie).
3. Si a b[n] et b c[n], alors a c[n] (transitivité).
4. Si a b[n] et si mjn, alors a b[m].

65
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Preuve

1. On a a a = 0. Or nj0, d’où a a[n].


2. a b(modn) , nj(b a) , nj(a b) , b a(modn).
3. Si a b[n] et b c[n], alors nj(b a) et nj(c b) donc nj((b a) + (c b)),
c’est-à-dire nj(c a), d’où a c[n].
4. Si mjn, alors il existe un entier k tel que n = km, et si a b[n], alors il
existe un entier k 0 tel que b a = k 0 n. On a donc b a = k 0 km, c’est-à-dire
mj(b a), d’où a b[m].

Proposition 4.3.2

Soit n un entier naturel non nul et a, a0 , b, b0 quatre entiers relatifs.


1. Si a a0 [n] et b b0 [n] alors a + b a0 + b0 [n].
2. Si a a0 [n] et b b0 [n] alors a b a0 b0 [n].
3. si a b[n] alors ak bk [n] k 2 N.

Preuve

1. Si a b[n] et c d[n], alors il existe deux entiers et tels que b a = n


et d c = n. On a donc (b + d) (a + c) = (b a) + (d c) = ( + )n,
d’où a + c b + d[n].
2. Si a b[n] et c d[n], alors il existe deux entiers et tels que b a = n
et d c = n. On a donc bd ac = (a + n)(c + n) ac = ( c + a + a n)n,
d’où ac bd[n].
3. On utilise le 2. pour la preuve.

66
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Exemple 4.3.1

Montrons que 8x 2 Z, (5x + 8)2 4[5].


On a 8 3[5] et 32 4[5]. On a aussi 5 0[5] donc 5x 0x[5]. Par suite
2 2 2
5x + 8 3[5] et (5x + 8) 3 [5], ce qui donne (5x + 8) 4[5].

Théorème 4.3.1

Soit n un entier naturel non nul, a et a0 deux entiers relatifs, r et r0 les restes
respectifs des divisions euclidiennes de a et a0 par n.

a a0 [n] , r = r0

Preuve

()) Supposons a a0 [n]. Il existe un entier k tel que a0 a = kn. Il existe


deux entiers q et r tels que a = nq + r avec 0 r < n. On a donc a0 = n(q + k) + r,
toujours avec 0 r < n, ce qui montre que r = r0 .

(() Supposons que r = r0 . Il existe des entiers q et q 0 tels que a = nq + r et


a0 = nq 0 + r. Par suite a0 a = n(q 0 q), c’est-à-dire a a0 [n].

Théorème 4.3.2
Soit N > 1 un entier et c un entier premier avec N . Alors il existe un entier c0 tel
que cc0 1[N ]. Un tel entier c0 est appelé un inverse de c modulo N .

Preuve

Il s’agit d’une simple application du théorème de Bézout. Comme N et c sont


premiers entre eux, on peut écrire une égalité du type uN + vc = 1. On voit
directement que l’entier c0 = v convient pour le théorème. On remarque également
que l’algorithme d’Euclide étendu donne un moyen e¤ectif pour calculer l’inverse
de c modulo N .

67
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Exercice 4.3.1 1) Démontrer que 2 352002 3 842003 5[17].


2) Quel est le reste de la division de 5n par 13.
3) Déterminer suivant les valeurs de n le reste de la division de 3n par 7 et
déterminer le reste de la division par 7 du nombre A = 2243325 + 1179154
4) Montrer que 11 divise 2123 + 3121 .

4.3.2 Équations diophantiennes


a) Dé…nition - exemples

Dé…nition 4.3.2

On appelle équation diophantienne toute équation à coe¢ cients et inconnues


dans Z.

Exemples 4.3.2

1) Résoudre dans Z2 , ax + by = d avec (a; b; c) 2 Z3 .


2) Résoudre dans Z3 , x2 + y 2 = z 2 avec (a; b; c) 2 Z3 .
3) Résoudre dans Z, x2 = 4k + 3.

b) L’équation ax + by = c

Proposition 4.3.3

Considérons l’équation
ax + by = c (4.3)
où a; b; c 2 Z. Soit d = P GCD(a; b)
1. L’équation (4.3) possède des solutions (x; y) 2 Z2 si et seulement si djc.
2. Si djc alors il existe même une in…nité de solutions entières et elles sont
exactement les
(x; y) = (x0 + ak; y0 + bk)
avec x0 ; y0 ; a; b 2 Z …xés et k parcourant Z.

68
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Preuve

1. ()) Supposons que djc. Soit (u; v) le couple de coe¢ cients de Bézout de a
et b. On a alors djcu et djcv c’est-à-dire cu = d et cv = d avec ; 2 Z.
En posant x0 = et y0 = on a
acu bcv c c
ax0 + by0 = + = (au + bv) = d = c:
d d d d
Donc (x0 ; y0 ) est solution de (4.3).
(() Supposons que possède au moins une solution (x0 ; y0 ) 2 Z2 .

(a) Si c = 0, alors (x0 ; y0 ) = (0; 0) est solution de (4.3).


(b) Si c 6= 0. D’après le Théorème de Bézout, il existe (u; v) 2 Z2 tel que
au + bv = d. Comme dja et djb, on obtient que dj(ax0 + by0 ), d’où djc.

2. Posons a = a0 d, b = b0 d et c = c0 d. Un couple d’entier (x, y) est une solution


de ax + by = c si et seulement si c’est une solution de a0 x + b0 y = c0 . Une
solution est donc donnée par (c0 x0 ; c0 y0 ). Soit (x1 ; y1 ) une autre solution.
Alors :
a0 x 1 a0 c 0 x 0 = b 0 c 0 y 0 b 0 y 1 :
Soit encore :
a0 (x1 c0 x0 ) = b0 (c0 y0 y1 ):
Donc a0 divise b0 (c0 y0 y1 ). Comme a0 ^ b0 = 1, a0 divisec0 y0 y1 . Il existe
donc k 2 Z tel que y1 = c0 y0 ka0. Mais alors (x1 c0 x0 ) = kb0 . Finalement,
x1 = c0 x0 + kb0 et y1 = c0 y0 ka0 . Réciproquement, le couple (x1 ; y1 ) =
(c0 x0 + kb0 ; c0 y0 ka0 ) avec k entier est bien une solution de (4.3).

Exemple 4.3.2

Trouver les solutions entières de

161x + 368y = 115 (4.4)

69
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Première étape. Y a-t-il des solutions ? L’algorithme d’Euclide. On e¤ectue


l’algorithme d’Euclide pour calculer le PGCDde a = 161 et b = 368.

368 = 161 2 + 46
161 = 46 3 + 23
46 = 23 2+0

Donc 368 ^ 161 = 23. Comme 115 = 5 23 alors (368 ^ 161)j115. Par le Théo-
rème de Bézout, l’équation (4.4) admet des solutions entières.

Deuxième étape. Trouver une solution particulière : la remontée de l’algo-


rithme d’Euclide. On e¤ectue la remontée de l’algorithme d’Euclide pour calculer
les coe¢ cients de Bézout.

23 = 161 3 46
23 = 161 3 (368 161 2) car 46 = 368 161 2
23 = 161 7 368 3

On trouve donc 161 7 + 368 ( 3) = 23. Comme 115 = 5 23 en multipliant


par 5 on obtient : 161 35 + 368 ( 15) = 115.
Ainsi (x0 ; y0 ) = (35; 15) est une solution particulière de (4.4).

Troisième étape. Recherche de toutes les solutions. Soit (x; y) 2 Z2 une


solution de (4.4). Nous savons que (x0 ; y0 ) est aussi solution. Ainsi :

161x + 368y = 115 et 161x0 + 368y0 = 115:

La di¤érence de ces deux égalités conduit à

161 (x x0 ) + 368 (y y0 ) = 0 ) 23 7 (x x0 ) + 23 16 (y y0 ) = 0
) 7(x x0 ) = 16(y y0 ): (4.5)

Nous avons simpli…é par 23 qui est le pgcd de 161 et 368. (Attention, n’oubliez
surtout pas cette simpli…cation, sinon la suite du raisonnement serait fausse.)
Ainsi 7j16(y y0 ), or P GCD(7; 16) = 1 donc par le Théorème de Gauss 4.2.4

70
ARITHMÉTIQUE DANS Z

7jy y0 . Il existe donc k 2 Z tel que y y0 = 7 k. Repartant de l’équation


(4.5) : 7(x x0 ) = 16(y y0 ). On obtient maintenant 7(x x0 ) = 16 7 k.
D’où x x0 = 16k. (C’est le même k pour x et pour y.) Nous avons donc
(x; y) = (x0 16k; y0 + 7k). Il n’est pas dur de voir que tout couple de cette
forme est solution de l’équation (4.4). Il reste donc juste à substituer (x0 ; y0 ) par
sa valeur et nous obtenons : Les solutions entières de 161x + 368y = 115 sont les
(x; y) = (35 16k; 15 + 7k), k parcourant Z.

Exercice 4.3.2 Soit (E) l’équation 6x + 7y = 57.


1) Déterminer un couple d’entiers relatifs (u ; v) tel que 6u + 7v = 1puis en
déduire une solution particulière de (E).
2) Résoudre (E).

c) Résolution de certaines formes d’équations diophantiennes

Quelques ré‡exes
Les propriétés des entiers et les notions de divisibilité sont essentielles dans la réso-
lution des équations diophantiennes. Rappelons tout de suite quelques propriétés
qu’il est bon d’avoir constamment en tête :
Quelques idées à tester systématiquement

| Si le produit ab est une puissance d’un nombre premier p, alors a et b sont


également des puissances de ce nombre premier. Si le produit ab est une
puissance d’un entier n, il peut être intéressant de décomposer n en facteurs
premiers.
| Si le produit ab est un carré et que a et b sont premiers entre eux, alors a et b
sont des carrés. Plus généralement si d = pgcd(a; b), a s’écrit dx2 et b s’écrit
dy 2 pour des entiers x et y. Rappelons à ce niveau que le PGCD de deux
entiers dont la di¤érence est n est un diviseur de n. En particulier, cette
propriété est forte utile pour les situations faisant intervenir des produits
a(a + n) ou plus souvent (a n)(a + n) = a2 n2 .
| Un entier strictement positif est supérieur ou égal à 1. De même, si n est
entier et n x, alors n [x] où [x] est la partie entière de x. Un bon re‡exe
à avoir à ce niveau est de ne jamais (ou du moins le plus rarement possible)

71
ARITHMÉTIQUE DANS Z

conserver des inégalités strictes entre nombres entiers : elles peuvent toujours
être améliorées.
| On dispose de la factorisation :

an bn = (a b)(an 1
+ an 2 b + ::: + bn 1 ):

et si n est impair, de la factorisation analogue :

an + bn = (a + b)(an 1
+ an 2 b + ::: + bn 1 ):

Ces factorisations s’avèrent très utiles lorsque l’on a besoin de modi…er l’as-
pect d’une équation diophantienne, le plus souvent en faisant des manipu-
lations algébriques. Signalons également que toute expression de la forme
x + y + xy + peut en général se factoriser sous la forme :

(ax + b)(cx + d) + e

pour certains rationnels (pas forcément entiers même si , , et le sont)


a, b, c, d et e.

Quelques exemples

Exemple 4.3.3
Résoudre dans Z,
2n + 1 = x2 :

Preuve

[Solution] On fait passer le 1 de l’autre côté de l’égalité et on factorise :

2n = (x + 1)(x 1)

et donc d’après une des propriétés rappelées précédemment, à la fois x + 1 et x 1


doivent être des puissances de 2. Or, des puissances de 2 dont la di¤èrence est
égale à 2, il n’y a que 2 et 4. Donc x = 3 est la seule solution, et fournit n = 3.

72
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Cet exemple illustre de façon parfaite le fait mentionné précédemment stipulant


qu’il peut parfois être intéressant de faire des manipulations algébriques simples
sur l’équation pour lui donner un aspect plus propice à sa résolution. Souvent sa-
voir factoriser un membre de l’égalité s’avère déterminant.

Lorsque seulement deux valeurs interviennent, un premier pas éclairant consiste


souvent à comparer les ordres de grandeur de ces valeurs.

Exemple 4.3.4

Résoudre dans Z2 , l’équation :

x2 = 2 + 6y 2 + y 4 :

Preuve

[Solution] Sans trop ré‡échir, on voit que si cette équation admet une solution,
x doit être de l’ordre de y 2 et même plus précisément l’écriture suivante :

x2 = (y 2 + 3)2 7

nous dit que x ne doit pas être loin de y 2 + 3. Précisément en fait, on a x < y 2 + 3.
On a également :
x2 = (y 2 + 2)2 + 2y 2 2
et donc dès que 2y 2 2 > 0, on doit avoir x > y 2 + 2. Comme il n’y a pas d’entiers
entre y 2 + 2 et y 2 + 3 l’équation n’admet pas de solution. Les seules solutions
éventuelles seraient alors obtenues pour les y tels que 2y 2 1 > 0, c’est-à-dire
y = 1, y = 0 et y = 1. On véri…e ensuite au cas par cas.

La morale est que lorsque l’équation a un petit nombre d’inconnues, des tech-
niques d’inégalité, peuvent permettre de restreindre l’étude à un nombre …ni de
cas. Lorsque l’exercice est bien fait, ce nombre est petit, et on peut donc traiter
ces cas un par un.

Exemple 4.3.5
Trouver tous les entiers positifs n tel que 3n + 7 divise 5n + 13.

73
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Preuve

5n + 13
[Solution] Le quotient est toujours compris strictement entre 0 et 2
3n + 7
et donc, comme il est entier, il ne peut en fait valoir que 1. Il ne reste alors plus
qu’à résoudre l’équation 5n + 13 = 3n + 7 qui admet pour solution n = 3. Ce
nombre n’est pas positif, donc il n’existe aucun n répondant à notre question.

Remarquons que l’utilisation d’inégalités peut s’avérer e¢ cace même si le nombre


d’inconnues est plus important. Pour exemple, nous donnons l’exercice suivant :

Exemple 4.3.6
Trouver tous les entiers strictement positifs x, y et z tels que :
1 1 1
+ + = 1:
x y z
Preuve

[Solution] Comme les inconnues jouent un role symétrique, on peut supposer


0 < x y z. Dans ces conditions, on a :
1 1 1 3
1= + +
x y z x
et donc x 3. Il ne peut valoir 1, il vaut donc 2 ou 3. On traite les deux cas sépa-
remment en utilisant à nouveau la même méthode. Si x = 2, l’équation devient :
1 1 1
+ =
y z 2
puis par le même argument x = 2 y 4. On teste alors les cas un par un trouve
que les seules solutions sont y = 3, z = 6 et y = 4, z = 4. Pour x = 3, on obtient :
1 1 2
+ =
y z 3
puis x = 3 y 3. La seule solution est, dans ce cas, x = y = 3.
Finalement, les solutions sont les triplets (2, 3, 6), (2, 4, 4), (3, 3, 3) et toutes leurs
permutations.

74
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Confrontés à une équation, on peut également se demander s’il n’y a pas une
manipulation simple qui permet de transformer une solution en une autre. Par
exemple, il est possible qu’en multipliant tous les entiers d’une solution par une
même valeur d, on obtienne une nouvelle solution. On dit souvent alors que l’équa-
tion est homogène. Ce cas se produit par exemple lorsque l’équation proposée est
une somme de monomes, tous de même degré. Souvent la solution obtenue ainsi
est « plus grande » . Cependant cela peut-être encore plus intéressant si elle se
trouve " plus petite".

Ces manipulations permettent par exemple de faire des hypothèses supplé-


mentaires sur une solution recherchée. Par exemple, dans le cas « homogène »
présenté précédemment, on peut supposer que les inconnues sont premières entre
elles dans leur ensemble. Ces solutions sont souvent appelées fondamentales. Les
autres solutions (di¤érentes de (0, 0, . . . , 0) qui convient toujours dans ce cas)
s’obtiennent alors par multiplication à partir d’une solution fondamentale. Ainsi,
si on trouve toutes les solutions fondamentales, on aura trouvé toutes les solutions.

Cette dernière remarque est par exemple appliquée dans la preuve usuelle de
p
l’irrationnalité de 2. On se ramène directement à montrer que l’équation dio-
phantienne :
a2 = 2b2
n’a pas de solution non nulle. On remarque que l’équation est homogène et il su¢ t
donc de chercher les solutions avec P GCD(a; b) = 1. On remarque ensuite que a2
est pair, donc a doit être pair. Ceci implique que a2 est un multiple de 4, et donc
b2 est pair. Ainsi b est pair, et il n’y a pas de solution avec a et b premiers entre
eux.
La remarque sur l’homogénéité implique alors qu’il n’y a aucune solution hormis
p
la solution triviale a = b = 0. Cela démontre l’irrationnalité de 2.
Noter que parfois, la manière dont on transforme une solution en une autre est
moins évidente. Par exemple, pour l’équation suivante :

x3 + y 5 = z 2

il faut remarquer que si (x; y; z) est solution et si est un entier quelconque, alors

75
ARITHMÉTIQUE DANS Z

le triplet ( 10 x; 6 y; 15 z) est aussi solution. Si l’on demande ensuite simplement


de prouver que cette équation admet une in…nité de solutions, on conclut en re-
marquant que (2, 1, 3) est solution. On a ainsi prouvé que pour tout entier a, le
triplet (2 10 ; 6 ; 3 15 ) est solution, ce qui en fait bien une in…nité.
De façon plus générale, lorsque l’on souhaite prouver que telle équation admet
une in…nité de solutions, il s’agit souvent de trouver une formule. L’exemple de
l’équation :
x3 + y 3 + z 3 + t 3 = 3
est frappant. Pour conclure, il su¢ t de sortir de son chapeau l’identité :

(4 + 24n3 )3 + (4 24n3 )3 + ( 24n2 )3 + ( 5)3 = 3:

On pourrait objecter qu’on ne voit pas trop comment on peut arriver à une telle
formule. En réalité, si l’on sait ce que l’on cherche, à force de patience et avec un
peu de pratique, on arrive assez bien à bricoler des coe¢ cients qui conviennent.

4.3.3 Théorème chinois


Le théorème chinois s’énonce comme suit :

Théorème 4.3.3 (Théorème chinois)


Soient N1 ; N2 ; ::: ; Nk des entiers strictement positifs deux à deux premiers entre
eux, et a1 ; a2 ; ::: ; ak des entiers quelconques. Alors il existe un entier a tel que
le système de congruences :
8
>
> x a1 [N1 ]
>
>
>
> x a2 [N2 ]
>
>
< :
>
> :
>
>
>
> :
>
>
:
x ak [Nk ]
soit équivalent à la simple congruence x a[N1 N2 :::Nk ].
En particulier, le système précédent possède au moins une solution.

Preuve

76
ARITHMÉTIQUE DANS Z

On remarque dans un premier temps qu’il su¢ t de prouver le théorème lorsque


k = 2. Une récurrence directe permettra
( ensuite de l’avoir dans toute sa généralité.
x a1 [N1 ]
On cherche à résoudre le système :
x a2 [N2 ]
La première condition assure l’existence d’un entier q tel que x = a1 + qN1 et la
seconde congruence s’écrit alors :

a1 + N1 q a2 [N2 ]

ce qui fournit :
q (a2 a1 )N10 [N2 ]
où N10 désigne un inverse de N1 modulo N2 qui existe bien car N1 et N2 sont
supposés premiers entre eux. Ainsi si l’on pose

a = a1 + (a2 a1 )N10 N1 ; (4.6)

on obtient x a[N1 N2 ]. La réciproque est immédiate.

Exemple 4.3.7

Résolvons dans Z le système :


(
x 2[10]
: (4.7)
x 5[13]

Déterminons 10 ^ 13

13 = 1 10 + 3
10 = 3 3+1
3 = 3 1+0

donc 10 ^ 13 = 1. D’après le Théorème chinois 4.3.3,

(4:7) , x a[130]

77
ARITHMÉTIQUE DANS Z

avec a = 2 + 10(5 2)N10 et 10N10 1[13]. On peut déterminer N10 à partir des
coe¢ cients de Bézout de 10 et 13. On a

1 = 10 3 3
1 = 10 3 (13 1 10) car 3 = 13 1 10
1 = 4 10 3 13

On peut donc prendre N10 = 4, ce qui nous donne a = 122. Par suite,

(4:7) , x = 122 + 130k avec k 2 Z:

Autre méthode :
Déterminons une solution particulière : x = 2 + 10k = 5 + 13k 0 avec k; k 0 2 Z.
10k 13k 0 = 3. Cherchons u; v 2 Z tel que 10u + 13v = 1. u = 4 et v = 3
conviennent. Prenons k = 12, k 0 = 9 ce qui donne x = 122.
(
x 122[10]
Soit x une autre solution. On a donc 10jx 122 et 13jx 122,
x 122[13]
ce qui donne 130jx 122 et par suite x = 122 + 130k avec k 2 Z.

Inversement si x = 122 + 130k avec k 2 Z, on a


122 2[10] et 130 ( 0[10] donc x 2[10]. 122 5[13] et 130 0[13] donc
x 2[10]
x 2[13]. Par suite,
x 5[13]

4.4 Nombres premiers


4.4.1 Nombres premiers
Dé…nition 4.4.1 (Nombre premier, nombre composé)

Un entier n 2 N est dit premier si n 2 et si ses seuls diviseurs dans N, sont


1 ou lui-même :
8k 2 N ; kjn ) k 2 f1; ng:
On note P l’ensemble des nombres premiers.
Si un entier n 2 N n’est pas premier, on dit qu’il est composé.

78
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Proposition 4.4.1
Soit n > 1 un entier. Son plus petit diviseur d > 1 est un nombre premier. Si de
p
plus n est composé, alors d n.

Preuve

Supposons que d ne soit pas premier. Alors par dé…nition, il existe un diviseur
d0 2 f2; :::; d 1g de d. Donc d0 divise n, d0 > 1 et d0 < d, ce qui contredit la
minimalité de d.
Comme d divise n, on peut écrire n = dd0 . On a d > 1 et comme n n’est pas premier,
d < n. Ainsi d0 est un diviseur de n strictement supérieur à 1. Par minimalité de
p
d, on obtient d0 d et donc n d2 puis …nalement d n.

Remarque 4.4.1
On déduit de la propriété précédente que pour tester si un entier n > 1 est premier,
il su¢ t de regarder s’il est divisible ou non par un des entiers compris entre 2 et
p
n. Par exemple, pour véri…er que 37 est premier, il su¢ t de voir qu’il n’est divi-
sible ni par 2, ni par 3, ni par 4, ni par 5, ni par 6. On aurait également pu éviter
les divisions par 4 et 6 si on savait par avance que ces nombres étaient composés.

La remarque précédente nous amène à la méthode suivante, appelée crible d’Éra-


tosthène pour lister tous les nombres premiers entre 1 et n : on écrit à la suite les
uns des autres tous les entiers compris entre 2 et n. On entoure le premier 2 et on
barre tous ses multiples (i.e. tous les nombres pairs). On entoure ensuite le pro-
chain nombre non barré (en l’occurrence 3) et on barre tous ses multiples. Ainsi
p
de suite jusqu’à n. On entoure …nalement les nombres non barrés. Les nombres
entourés sont alors exactement les nombres premiers compris entre 1 et n.

Exemples 4.4.1

1) Les nombres premiers inférieurs à 100 classés dans l’ordre croissant sont, 2,
3, 5, 7, 11, 13, 17, 19, 23, 29, 31, 37, 41, 43, 47, 53, 59, 61, 67, 71, 73, 79,
83, 89 et 97.

79
ARITHMÉTIQUE DANS Z

2) Le entiers : 9, 12, 25, 123, 405, 2001 sont composés.


3) Le nombre 103 est-il premier ?
p
Comme 103 t 10; 149 , il nous su¢ t de véri…er que 103 n’est divisible
par aucun des nombres 2, 3, 5 et 7 . Les caractères de divisibilité montrent
que 103 n’est pas divisible par 2 ou par 3 ou par 5. Pour 7 on e¤ectue les
divisions euclidiennes :
103 = 14 7 + 5, le reste de la division de 103 par 7 est 5. 103 n’est donc
pas divisible par 7.
On en conclut que 103 est un nombre premier.

Remarque 4.4.2
Un entier positif est premier si et seulement si le cardinal de l’ensemble de ses
diviseurs est égal à 2.

Proposition 4.4.2 (Propriétés des nombres premiers)

1. Soit un entier p 2 N premier, et a 2 Z un entier. Alors, pja ou bien p^a = 1.


2. Si n et m sont deux nombres premiers distincts, ils sont premiers entre eux :
n 6= m ) n ^ m = 1.
3. Si n est un nombre premier et si (a1 ; : : :; ak ) 2 Zk ,

nja1 :::ak ) [ 9i 2 [[1; n]] : njai ]

Preuve

1. Si n et a ne sont pas premiers entre eux alors d = n ^ a > 1. Mais comme djn
et que n est premier, d = 1 ce qui n’est pas possible ou d = n. En conclusion,
nja.
2. n est premier et peut diviser m donc d’après le point précédent n ^ m = 1.
3. D’après le théorème de Gauss et une petite récurrence.

80
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Proposition 4.4.3
Tout entier supérieur à 2 admet un diviseur premier.

Preuve

E¤ectuons une récurrence forte. Si p = 2 alors p possède un diviseur premier :


lui même. Supposons la propriété véri…ée pour tout entier p 2 [[2; n]] et montrons
la pour p = n + 1. Soit A l’ensemble des diviseurs de n + 1. On a jAj 2. Si
jAj = 2 alors n + 1 est premier et cela démontre la propriété sinon A contient un
entier q 2 [[2; n]] qui divise n + 1. On applique l’hypothèse de récurrence à q : q
possède un diviseur premier. Ce diviseur premier divise nécessairement aussi n + 1
et donc n + 1 possède un diviseur premier. La propriété est donc démontrée par
récurrence.

Proposition 4.4.4

L’ensemble P des nombres premiers est in…ni.

Preuve

Supposons que ce ne soit pas le cas. P forme alors une partie …nie de N. P
possède donc un plus grand élément n. Considérons le nombre entier N = n! + 1.
On a : N > n. D’après la proposition précédente, N possède un diviseur premier p
di¤érent de 1. Ce dernier est nécessairement élément de l’ensemble [[2; n]]. p divise
donc aussi n!. Mais alors p divise 1 ce qui est impossible. L’ensemble P des nombres
premiers est donc in…ni.

4.4.2 Décomposition en facteurs premiers


Lemme 4.4.1

81
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Soit m 2 N . On considère m nombre premiers p1 ; :::; pm 2 P distincts deux à


deux et des entiers naturels non nuls a1 ; :::; am . On forme le nombre entier n =
pa11 :::pamm . Alors tout diviseur premier de n est l’un des pi où i 2 [[1; m]].

Preuve

Considérons l’ensemble A des entiers de la forme n = pa11 :::pamm avec m 2 N ,


p1 ; :::; pm 2 P distincts deux à deux et a1 ; :::; am 2 N qui admettent un diviseur
premier di¤érent de chacun des pi . La propriété sera prouvée si on montre que A
est vide. Supposons que ce n’est pas le cas. Alors comme A est une partie de N ,
A admet un plus petit élément n0 = pa11 :::pamm et d’après la proposition 4.4.3, n0
admet un diviseur premier p qui n’est, par dé…nition de A , aucun des pi . L’entier
p divise donc le produit p1 pa11 1 :::pamm . Les entiers p et p1 sont premiers entre eux
car premiers. On en déduit, par application du lemme de Gauss, que pjpa11 1 :::pamm .
Mais comme n est le plus petit élément de A, l’entier pa11 1 :::pamm n’est pas élément
de A et p est l’un des pi pour i 2 [[1; m]] ce qui rentre en contradiction avec
l’hypothèse faite sur p. Le lemme est alors prouvé par l’absurde.

Théorème 4.4.1 (Décomposition en facteurs premiers)

Soit un entier n 2 Nnf0; 1g. Cet entier n s’écrit de façon unique de la manière
suivante :
n = pa11 : : :pamm ;
où m 2 N , p1 < : : : < pm sont m nombres premiers et où a1 ; : : :; am 2 N . Ce
résultat se formule aussi sous la forme suivante : n s’écrit de manière unique, à
l’ordre des facteurs près, comme
Y
n= pVp (n)
p2P

où Vp (n) 2 N est appelé la p valuation de l’entier n.

Preuve

82
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Existence La preuve se fait par récurrence sur n. Si n = 2 alors comme 2 2 P,


la proposition est vraie. Soit n 2 Nnf0; 1g. Supposons que tout entier < n se
décompose comme indiqué dans le théorème. Si n est premier alors le théorème est
vrai pour n. Sinon n admet un diviseur premier p 2 P et il existe 0 < m < n tel
que n = pm. Mais par application de l’hypothèse de récurrence, m se décompose
comme indiqué dans le théorème et il en est alors de même de n. L’existence de la
décomposition est alors prouvée par récurrence.
Unicité La preuve se fait à nouveau par récurrence. Supposons que 2 = pa11 :::pamm
avec pour tout i 2 [[1; m]], pi 2 P, ai 2 N et p1 < ::: < pm . Comme 2 est le plus
petit des nombres premiers, il vient : 2 = pa11 :::pamm 2a1 :::2am ce qui n’est possible
que si m = 1, p1 = 2, a1 = 1. L’unicité de la décomposition de 2 en facteurs
premiers est alors prouvée. Soit n 2 N. Supposons que tout entier < n admet une
unique décomposition en facteurs premiers et supposons que que ce ne soit pas le
cas pour n, c’est à dire que n admet au moins deux décompositions en facteurs
premiers :
0 a0 00 a0
n = pa11 :::pamm = p1 1 :::pm m0 :
Par application du lemme précédent, il vient p1 = p0i pour un certain i 2 [[1; m0 ]]
et p01 = pj pour un certain j 2 [[1; m]]. Mais p1 pj = p01 p0i = p1 et forcement
p1 = p01 . On peut alors écrire :
n 0 a0 1 0 a0
= pa11 1 :::pamm = p1 1 :::pmm 0
0

p1

L’hypothèse de récurrence nous permet d’a¢ rmer que la décomposition de n=p1


en facteurs premiers est unique donc : m = m0 , p1 = p01 , p2 = p02 ,..., pm = p0m ,
a1 = a01 ,...,am = a0m . Les deux décompositions de n en facteurs premiers sont donc
égales. L’unicité est ainsi prouvée par récurrence.

Pour obtenir la décomposition d’un entier naturel en produit de facteurs pre-


miers on pourra utiliser l’une des deux méthodes suivantes appliquées à 300.

Méthode 4.4.1 On écrit 300 sous la forme d’un produit, puis on recommence
avec chacun des facteurs obtenus tant que c’est possible.

300 = 30 10 = 5 6 2 5=2 5 5 3 2 = 22 3 52 :

83
ARITHMÉTIQUE DANS Z

Méthode 4.4.2 On e¤ectue des divisions successives par les nombres premiers
(2, 3, 5, 7, 11,...) tant que c’est possible. Les résultats sont placés dans un tableau.
300 2
150 2
75 3
25 5
5 5
1
300 est divisible par 2, le quotient est 150. 150 est divisible par 2, le quotient
est 75. 75 n’est pas divisible par 2, mais 75 est divisible par 3, le quotient est 25.
25 est divisible par 5, le quotient est 5. 5 est divisible par 5, le quotient est 17 est
n’est pas divisible par 5, mais 7 est divisible par 7, le quotient est 1, ce qui termine
le tableau.
Le résultat dans la 2eme colonne du tableau donne : 300 = 2 2 3 5 5 =
22 3 52 .

Théorème 4.4.2 (Expression du PGCD et du PPCM à l’aide des facteurs premiers)

Soient deux entiers non-nuls (a; b) 2 N N . Leur décomposition en facteurs


premiers s’écrit :
Y Y
a= pVp (a) b= pVp (b)
p2P p2P

Alors la décomposition de a ^ b et de a _ b en facteurs premiers s’écrit :


Y Y
a^b= pminfVp (a);Vp (b)g a_b= pmaxfVp (a);Vp (b)g :
p2P p2P

Preuve

Y
Posons d = pminfVp (a);Vp (b)g et montrons que d = a ^ b. Considérons a0 ; b0 2 N
p2P
tels que a = da0 et b = db0 . D’après la proposition 4.2.3, on aura montré que
d = a ^ b si et seulement si a0 ^ b0 = 1. Supposons que ce ne soit pas le cas alors
il existe un diviseur d 6= 1 commun à a et b qu’on peut supposer premier. On a

84
ARITHMÉTIQUE DANS Z

donc :
a Y Vp (a) minfVp (a);Vp (b)g b Y Vp (b) minfVp (a);Vp (b)g
dj = p et dj = p :
d p2P d p2P

Il vient alors que d est un facteur de chacun des deux produits ci dessus et que
Vp (a) minfVp (a); Vp (b)g 1 ainsi que Vp (a) minfVp (a); Vp (b)g 1 ce qui
0 0
constitue une contradiction et prouve par l’absurde que a ^ b = 1. La formule
pour le PGCD est ainsi démontrée. On procède de même pour le PPCM.

Exemple 4.4.1

Soit a = 60 et b = 16. On a :
60 2 16 2
30 2 8 2
15 3 et 4 2
5 5 2 2
1 1
Par suite, a = 22 3 5 et b = 24 donc a ^ b = 22 30 50 = 4 et a _ b =
24 3 5 = 240.

85
Chapitre 5

POLYNÔMES

Dans tout ce chapitre K désigne un corps commutatif (pour nous ce sera R ou


C).

5.1 Dé…nitions et exemples


Dé…nition 5.1.1

Un polynôme à une indéterminée, à coe¢ cients dans K, est une suite de valeurs
ai de K, nulle à partir d’un certain rang n. Un tel polynôme se note P ou P (X) :

P (X) = a0 + a1 X + ::: + an X n ;

avec ai 2 A, 8i 2 f0; :::; ng


1. Les nombres ai sont les coe¢ cients du polynôme P .
2. a0 est appelé terme constant du polynôme.
3. X est appelé l’indéterminée.
4. an est le coe¢ cient dominant de P .
5. On appelle terme dominant de P le monôme an X n .
6. Lorsque an = 1, le polynôme est dit unitaire, ou normalisé.
7. Si tous les coe¢ cients ai sont nuls, P est appelé le polynôme nul, il est
noté 0.

86
POLYNÔMES

8. Un polynôme de la forme P = a0 avec a0 2 A est appelé un polynôme


constant.

Notation 5.1.1 On note K[X] l’ensemble de tous les polynômes en X à coe¢ -


cients dans (K; +; :).

5.2 Opérations sur les polynômes


Égalité. Soient P = an X n + an 1 X n 1 + ::: + a1 X + a0 et
Q = bn X n + bn 1 X n 1 + ::: + b1 X + b0 deux polynômes à coe¢ cients dans K.

P = Q , 8i 2 f1; 2; :::; ng; ai = bi :

Addition. Soient P = an X n + an 1 X n 1 + ::: + a1 X + a0 et


Q = bn X n + bn 1 X n 1 + ::: + b1 X + b0 deux polynômes à coe¢ cients dans K. On
dé…nit :

P + Q = (an + bn )X n + (an 1 + bn 1 )X n 1
+ ::: + (a + b)X + (a0 + b0 ):

Multiplication. Soient P = an X n + an 1 X n 1 + ::: + a1 X + a0 et


Q = bm X m + bm 1 X m 1 + ::: + b1 X + b0 deux polynômes à coe¢ cients dans K. On
dé…nit :
P:Q = cr X r + cr 1 X r 1 + ::: + c1 X + c0 :
X
k
avec r = m + n et ck = ai b k i pour k 2 f0; :::; rg:
i=0

Multiplication par un scalaire. Si 2 K alors :P est le polynôme dont


le i-ème coe¢ cient est ai .

Exemples 5.2.1

1) Soient P = aX 3 + bX 2 + cX + d et Q = X 2 + X + . Alors
P + Q = aX 3 + (b + )X 2 + (c + )X + (d + ),
P:Q = (a )X 5 + (a + b )X 4 + (a + b + c )X 3 + (b + c + d )X 2 + (c +
d )X + d .
En…n P = Q si et seulement si a = 0, b = , c = et d = .

87
POLYNÔMES

2) La multiplication par un scalaire :P équivaut à multiplier le polynôme constant


par le polynôme P.

Proposition 5.2.1

(K[X]; +; :) est un anneau commutatif unitaire, d’élément nul le polynôme nul


et d’élément unité le polynôme constant égal à 1.

Proposition 5.2.2

Pour P; Q; R 2 K[X], on a
0+P = P, P +Q = Q+P, (P + Q) + R = P + (Q + R) ;
1:P = P , P:Q = Q:P , (P:Q):R = P:(Q:R) ;
P:(Q + R) = P:Q + P:R.

5.3 Degré d’un polynôme


Dé…nition 5.3.1 (Degré d’un polynôme, terme dominant)

Soit un polynôme P = a0 + ::: + ap X p 2 K[X] avec ap 6= 0.


– On appelle degré de P et on note deg(P ) l’entier p.
– Par convention, le degré du polynôme nul est 1.
– ai X i avec i 2 f0; :::; pg, est appelé monôme de degré i et de coe¢ cient ai .

Remarque 5.3.1

Si P est un polynôme constant non nul, alors son degré est 0.

Notation 5.3.1 On note Kn [X] l’ensemble des polynômes de degré inférieur ou


égal à n.

Théorème 5.3.1 (Degré d’un produit, degré d’une somme)

On a : Pour tout P; Q 2 K[X],


1. deg(P + Q) = maxfdeg(P ); deg(Q)g.

88
POLYNÔMES

2. deg(P:Q) = deg(p) + deg(Q).

Preuve

1. (a) Si P = Q = 0 alors degP = degQ = 1 et deg(P + Q) = 1 et la


formule est prouvée dans ce cas.
(b) Si P ou Q est non nul alors, supposant, quitte à interchanger P et Q, que
Xn X n
k
P 6= 0, on a : P = ak X , Q = bk X k où n = maxfdegP; degQg et
k=0 k=0
où les ak pour k 2 f1; :::; ng ne sont pas tous nuls. Les bk peuvent être
tous nuls. On a donc :

P + Q = (an + bn )X n + (an 1 + bn 1 )X n 1
+ ::: + (a + b)X + (a0 + b0 ):

Si an + bn 6= 0 alors deg(P + Q) = maxfdegP; degQg et sinon deg(P +


Q) maxfdegP; degQg.
(c) Si P = 0 ou Q = 0 alors P Q = 0 et deg(P Q) = 1 = degP + degQ
d’après les lois d’addition dans R.
X
n X
m
(d) Si P ou Q est non nul alors, on suppose que P = ak X k , Q = bk X k
k=0 k=0
où an 6= 0 et bm 6= 0. Par conséquent, degP = n et degQ = m. Quitte à
échanger le rôle de P et de Q, on peut supposer que n m. Soit l 2 N.
P
Notons cl le coe¢ cient d’indice l dans P Q. On a cl = li=0 ai bl i pour
l 2 f0; :::; m + ng et cl = 0 pour l 2 Nnf0; :::; m + ng. Nécessairement,
deg(P Q) m + n. Le coe¢ cient d’indice m + n dans P Q est an bm 6= 0
donc deg(P:Q) = deg(P ) + deg(Q).

Remarque 5.3.2
Si deg(P ) 6= deg(Q) alors deg(P + Q) = maxfdeg(P ); deg(Q)g.

Proposition 5.3.1 (Intégrité de l’anneau des polynômes K[X])

Soient P; Q 2 K[X].

P:Q = 0 ) P = 0 ou Q = 0:

89
POLYNÔMES

Preuve

Si P:Q = 0 alors deg(P:Q) = 1 = degP + degQ ce qui n’est possible que si


degP = 1 ou degQ = 1 et donc que si P = 0 ou Q = 0.

Proposition 5.3.2 (Éléments inversibles de l’anneau K[X])


Les seuls éléments inversibles de l’anneau K[X] sont les polynômes de degré 0,
c’est à dire les polynômes constants non nuls.
Autrement dit, si P; Q 2 K[X] et si P:Q = 1 alors il existe a 2 K tel que P = a
et Q = a 1 .

Preuve

Soit P 2 K[X] un polynôme inversible. Il existe alors un polynôme Q 2 K[X]


tel que : P:Q = 1. On a donc : degP + degQ = 0. Cette égalité n’est possible
que si degP = degQ = 0 et donc que si P est un polynôme constant non nul.
Réciproquement, si P est un polynôme constant non nul alors il est clair que P est
inversible.

5.4 Valuation d’un polynôme


Dé…nition 5.4.1 (Valuation d’un polynôme)

Soit un polynôme P = a0 + ::: + ap X p 2 K[X] non nul. On appelle valuation


de P le plus petit entier k tel que ak 6= 0. On le note val(P ).
La valuation du polynôme nul est val(0) = +1

Théorème 5.4.1 (Valuation d’un produit, valuation d’une somme)

Soient P; Q 2 K[X], on a : On a : pour tout P; Q 2 K[X],


1. val(P + Q) minfval(P ); val(Q)g.

90
POLYNÔMES

2. val(P:Q) = val(P ) + val(Q).

5.5 Composition de polynômes


Dé…nition 5.5.1 (Composition de deux polynômes)

Soient deux polynômes P; Q 2 K[X]. On suppose que P = a0 +a1 X +:::+an X n .


On dé…nit le polynôme composé de Q par P, noté P Q, par :
X
n
P Q= ak Qk :
k=0

Proposition 5.5.1

Soient deux polynômes non nuls P; Q 2 K[X]. Alors :

deg(P Q) = deg(P ):deg(Q):

Preuve

Supposons que P = a0 + a1 X + ::: + an X n . Comme P 6= 0, on a an 6= 0. Alors


P
P Q = nk=0 ak Qk et deg(P Q) = degQn = ndegQ = degP:degQ car Q 6= 0.

Exemple 5.5.1

1) (X 2 + 4) (X 3) = (X 3)2 + 4 = X 2 6X + 13 ;
2) (X 3) (X 2 + 4) = (X 2 + 4) 3 = X2 + 1 ;
3) en général, P (X + a) est noté P (X + a).

91
POLYNÔMES

5.6 Division euclidienne


Dé…nition 5.6.1 ([Divisibilité])

Soient deux polynômes A; B 2 K[X]. On dit que A divise B si et seulement


si il existe Q 2 K[X] tel que B = QA. On le note AjB. Le polynôme A s’appelle
diviseur de B et B s’appelle multiple de A.
On dit que A et B sont des polynômes associés lorsque A = B, avec 2 K .

Exemple 5.6.1

(X 1) divise X 2 2X + 1. En e¤et X 2 2X + 1 = (X 1)2 .


(X 1) divise X 2 1. En e¤et : X 2 1 = (X 1)(X + 1).
(1 X) divise 1 X n+1 . En e¤et 1 X n+1 = (1 + X + X 2 + ::: + X n )(1 X).

Proposition 5.6.1 (Polynômes associés)

Soient A; B 2 K[X] deux polynômes non nuls. On a une équivalence entre :


1. AjB et BjA.
2. 9 2 K tel que B = A.

Preuve

()) Supposons que AjB et BjA. Alors il existe des polynômes Q1 ; Q2 2 K[X]
tels que : A = Q1 B et B = Q2 A. On a alors : A = (Q1 Q2 )A ou encore : A(1
Q1 Q2 ) = 0. Par intégrité de K[X], comme A 6= 0, ceci n’est possible que si 1
Q1 Q2 = 0 c’est à dire si Q1 Q2 = 1. Par conséquent, Q1 et Q2 sont des polynômes
inversibles inverses l’un de l’autre. appliquant la proposition 5.3.2, il existe a 2 K
tel que Q1 = a et Q2 = a 1 . On a alors B = aA. A et B sont donc bien associés.
(() La réciproque est triviale.

Théorème 5.6.1 (Division euclidienne)

92
POLYNÔMES

Soient A; B 2 K[X] deux polynômes. On suppose que B 6= 0. Alors il existe un


unique couple (Q; R) de polynômes de K[X] véri…ant :
1. A = BQ + R
2. deg (R) < deg(B).
On dit que Q est le quotient, et R le reste, dans la division euclidienne de A
par B.

Preuve

– Unicité. Si A = BQ + R et A = BQ0 + R0 , alors B(Q Q0 ) = R0 R. Or


deg(R0 R) < degB. Donc Q Q0 = 0. Ainsi Q = Q0 , d’où aussi R = R0 .
– Existence. On montre l’existence par récurrence sur le degré de A.
Si degA = 0 et degB > 0, alors A est une constante, on pose Q = 0 et
R = A. Si degA = 0 et degB = 0, on pose Q = A=B et R = 0.
On suppose l’existence vraie lorsque degA n 1. Soit A = an X n +:::+a0
un polynôme de degré n avec an 6= 0. Soit B = bm X m +:::+b0 avec bm 6= 0.
Si n < m on pose Q = 0 et R = A.
Si n > m on écrit A = B: abnn X n m + A1 avec degA1 n 1. On applique
l’hypothèse de récurrence à A1 : il existe Q1 ; R1 2 K[X] tels que A1 =
BQ1 + R1 et deg R1 < degB. Il vient :
an n m
A=B X + Q1 + R1 :
bm
an
Donc Q = bm
Xn m + Q1 et R = R1 conviennent.

Exemple 5.6.2

93
POLYNÔMES

X3 + X + 3 X +1
(X 3 + 2
X ) X 2
X +2
X2 + X
( X2 X)
2X + 3
(2X + 2)
1
On a donc : X 3 +X +3 = (X +1)(X 2 X +2)+1 et deg(1) = 0 < deg(X +1) = 1.

Exercice 5.6.1 Soit A = X 7 2X +1 et B = X 2 +1 deux polynomes à coe¢ cients


réels. E¤ectuer la division euclidienne de A par B.

Exercice 5.6.2 Déterminer le reste de la division euclidienne de A = X 2000


X 3 + X par B = X 2 + 1, puis par C = X 2 + X + 1.

5.7 Division selon les puissances croissantes


Théorème 5.7.1 (Division selon les puissances croissantes)

Soient A et B deux polynômes à coe¢ cients dans K. On suppose que le terme


constant de B n’est pas nul et on note p un entier supérieur ou égal au degré de
B. Il existe un unique couple de polynômes (Q; R) tels que A = BQ + X p+1 R et

deg Q p. On dit qu’on a divisé A par B à l’ordre p suivant les


puissances croissantes.

Exemple 5.7.1

94
POLYNÔMES

1 + 3X + 2X 2 7X 3 1 + X 2X 2
(1 + X 2X 2 ) 1 + 2X + 2X 2 5X 3
+ 2X + 4X 2 7X 3
(2X + 2X 2 4X 3 )
+ 2X 2 3X 3
(2X 2 + 2X 3 4X 4 )
5X 3 + 4X 4
( 5X 3 5X 4 + 10X 5 )
+ 9X 4 10X 5
Ce qui s’écrit :

2X 2
1| + 3X +{z 7X}3 = (1 + X 2X 2 ) (1 + 2X + 2X 2 5X 3 ) +X 4 (9 10X) :
| {z }| {z } | {z }
A B Q R

5.8 Racines d’un polynôme


Dé…nition 5.8.1 (Racine d’un polynôme)

Soit P 2 K[X] un polynôme. Soit a 2 K. On dit que a est une racine de P si


et seulement si P (a) = 0.

Théorème 5.8.1

Soient P 2 K[X] un polynôme et a 2 K un scalaire. On a une équivalence


entre :
1. a est une racine de P .
2. On peut factoriser P par X a, c’est à dire : (X a)jP .

Preuve

()) Soit a une racine de P . Alors P (a) = 0. Par division euclidienne, il existe
(Q; R) 2 (K[X])2 tels que :

P = (X a)Q + R deg(R) < deg(X a) = 1

95
POLYNÔMES

On a alors deux possibilités, soit degR = 0, soit degR = 1, c’est à dire R = 0.


Montrons que la première n’est pas possible : si on avait degR = 0 alors il existerait
2 K tel que R = et on aurait : p = (X a)Q+ . On a alors : P = (X a)Q+
et 0 = P (a) = R(a) = 6= 0 ce qui est une contradiction. On a donc bien R = 0
et P = (X a)Q.
(() Supposons que (X a)jP . Alors il existe Q 2 K[X] tel que P = (X a)Q.
Par conséquent : P = (X a)Q et P (a) = 0 ce qui prouve que a est une racine de
P.

Corollaire 5.8.1

Si a1 ; :::; ap sont p racines distinctes d’un polynôme P 2 K[X] alors le polynôme


p
Y
(X a1 ):::(X ap ) = (X ak )
k=1

divise P.

Preuve

La démonstration se fait par récurrence sur le nombre p de racines distinctes


de P considérées.
1. La propriété vient d’être prouvée au rang 1 dans le théorème précédent.
2. Soit p > 1.
3. On suppose que la propriété est vraie au rang p 1 et prouvons-la au rang p.
Soient a1 ; :::; ap p racines de P . Par application de l’hypothèse de récurrence,
il existe B 2 K[X] tel que : P = (X a1 ):::(X ap 1 )B. Comme ap est une
racine de P , on a :

0 = P (a) = (ap a1 ):::(ap ap 1 )B(a):

Comme : 8i 2 f1; :::; p 1g, ai 2 ap , le nombre (ap a1 ):::(ap ap 1 ) est


non nul et donc nécessairement B(a) = 0, c’est-à-dire ap est une racine de B.

96
POLYNÔMES

appliquant le théorème précédent, il existe C 2 K[X] tel que : B = (X ap )C


et donc P = (X a1 ):::(X ap )C. On a alors prouvé que (X a1 ):::(X ap )
divise P.
4. Le théorème est alors prouvé par application du principe de récurrence.

Théorème 5.8.2

Soit P 2 K[X] un polynôme non nul de degré n. Si P admet au moins n + 1


racines distinctes alors P est nul.

Preuve

Supposons qu’il existe a1 ; :::; an+1 , n + 1 racines distinctes du polynôme P


non nul de degré n. appliquant le théorème précédent, le polynôme de degré
n + 1 : (X a1 ):::(X an+1 ) divise P . Il existe donc B 2 K[X] tel que : P =
B(X a1 ):::(X an+1 ). On a alors n = degP = degB + n + 1. Comme degP 0,
cette égalité n’est pas possible et donc notre hypothèse de départ est absurde.

On en déduit :

Théorème 5.8.3

Tout polynôme qui admet une in…nité de racines est le polynôme nul.

Dé…nition 5.8.2

Soit k 2 N . On dit que est une racine de multiplicité k de P si (X )k


divise P alors que (X )k+1 ne divise pas P . Lorsque k = 1 on parle d’une racine
simple, lorsque k = 2 d’une racine double, etc.

Remarque 5.8.1

97
POLYNÔMES

– Lorsque est une racine de multiplicité k de P , on dit aussi que est une
racine d’ordre k.
– Pour déterminer la multiplicité d’une racine, on peutc faire a priori un cer-
tain nombre de divisions euclidiennes.

Exemple 5.8.1

X4 X 2 admet 0 comme racine double, et 1 et -1 comme racines simples.

5.9 Polynômes dérivés


Supposons que K est in…ni.

5.9.1 Dé…nitions et propriétés de base


Dé…nition 5.9.1 (Polynôme dérivé)

Soit P = a0 + a1 X + ::: + an X n 2 K[X] un polynôme. On dé…nit le polynôme


dérivé de P par :
X
n
0 n 1
P = a1 + 2a2 X + ::: + nan X = kak X k 1 :
k=1

Remarque 5.9.1

– Cette dé…nition est purement algébrique.


– Elle coïncide avec la dérivée des fonctions polynomiales sur le corps K

Proposition 5.9.1

Soit P 2 K[X] un polynôme. On a :


1. Si deg(P ) > 0 alors deg(P 0 ) = deg(P ) 1.
2. P est constant si et seulement si P 0 = 0.

Preuve

98
POLYNÔMES

P P
1. Si deg(P ) = p > 0 alors P = pk=0 ak X k avec ap 6= 0 et P 0 = pk=1 kak X k 1 .
Le coe¢ cient de terme dominant de P 0 est pap qui est non nul. Par consé-
quent degP 0 = p 1.
2. Si P est constant, il est clair que P 0 = 0. Réciproquement, si P n’est pas
constant, alors degP > 0 et degP 0 0 ce qui prouve que P 0 est non nul.

Proposition 5.9.2 (Linéarité de la dérivation)

Soient P; Q 2 K[X] deux polynômes et a; b 2 K deux scalaires. On a :

(aP + bQ)0 = aP 0 + bQ0 :

Preuve

Laissée en exercice.

Proposition 5.9.3 (Dérivée d’un produit)

Soient P; Q 2 K[X] deux polynômes. On a :

(P Q)0 = P 0 Q + P Q0

Preuve

P P
Supposons que P = k2N ak X k et Q = k2N bk X
k
. On a donc : P Q =
X
+1
ai bj X i+j et :
i+j=0

X
+1
0
(P Q) = (i + j)ai bj X i+j 1

i+j=0

X
+1 X
+1
= iai bj X i 1 X j + jai bj X i X j 1

i+j=0 i+j=0
0 0
= P Q + PQ

99
POLYNÔMES

5.9.2 Dérivées successives


Dé…nition 5.9.2 (Polynôme dérivé d’ordre r)

Pour r 2 N, on dé…nit, par récurrence, le polynôme dérivé d’ordre r :

p(0) = P et P r+1 = (P r )0

Remarque 5.9.2
Pour r 2 N, l’application P 7! P 0 est linéaire puisque c’est l’itérée r-ième de la
dérivation.

Remarque 5.9.3
Pour n 2 N et p 2 f0; :::; ng, on a :
(
(X n )(p) = n(n 1):::(n p + 1)X n p
= p!Cnp X n p
si p n
0 si p > n

Proposition 5.9.4 (Formule de Leibniz)

Si A et B sont deux polynômes. Pour r 2 N, on a :


X
r
r
(AB) = Crk Ak B r k :
k=0

Preuve

Cette formule se démontre par récurrence de la même façon que pour les fonc-
tions dérivables, en utilisant le résultat :

(Ak B r k ) = Ak+1 B r k
+ Ak B r k+1
:

100
POLYNÔMES

Proposition 5.9.5 (Formule de Taylor)


Étant donnés P 2 K[X] un polynôme de degré inférieur ou égal à n et a 2 K, on
a:
Xn
P (k) (a)
P (X) = (X a)k :
k=0
k!
ce qui peut encore s’écrire
X
n
P (k) (a)
P (X + a) = X k:
k=0
k!
:

Preuve

Raisonnons par recurrence forte sur n :

P (0)(a)
si n = 0, P (X) = 0!
(X:a)0 ;

soit n 2 N . tel que la formule soit vraie pour tout polynôme de degré inferieur
ou égal a n 1, et soit P un polynome de degre n. E¤ectuons la division euclidienne
de P par (X a)n :

P (X) = (X a)n Q + R avec degQ = 0 et degR n 1:

Posons Q = . On peut appliquer l’hypothese de recurrence au polynôme R :


X
n
R(k) (a)
n
P (X) = (X a) + (X a)k :
k=0
k!
En derivant successivement cette relation, on obtient :
n! X R(k) (a) k! n 1
(p) n p
8p 2 f0; :::; n 1g; P (X) = (X a) + (X a)k p
(n p)! k=p
k! (k p)!

et : P (n) (X) = n!.


D’où 8p 2 f0; :::; n 1g, P (p) (a) = R(p) (a) et P (n) (a) = n!.
En de…nitive :
P (n) (a) X
n 1
P (k) (a)
n
P (X) = (X a) + (X a)k :
n! k=0
k!

101
POLYNÔMES

La seconde formule se deduit de la premiere en remplacant X par X + a.

Lemme 5.9.1
Soient r 2 N et P 2 K[X]. Soit a 2 K. Si a est une racine d’ordre r de P alors
a est une racine d’ordre r 1 de P 0 .

Preuve

Comme a est une racine d’ordre r de P , il existe Q 2 K[X] tel que : P =


(X a)r Q et Q(a) 6= 0. Par conséquent :

P 0r 1 Q(X) + (X a)r Q0r 1


rQ(X) + (X a)Q0 (X) :

Posons B(X) = rQ(X) + (X a)Q0 (X). On a clairement B(a) 6= 0, ce qui prouve


le lemme.

Proposition 5.9.6 (Caractérisation des racines multiples)

Soient un polynôme P 2 K[X], un scalaire a 2 K et un entier r > 0. On a


équivalence entre :
1. a est une racine d’ordre r de P .
2. P (a) = P 0(r 1)
(a) = 0 et P (r) (a) 6= 0.

Preuve

()) Par application du lemme 5.9.1, si a est une racine d’ordre r de P alors a
est une racine d’ordre 1 de P (r 1) et d’ordre 0 de P (r) donc P (a) = P 0(r 1) (a) = 0
et P (r) (a) 6= 0.
(() Si P (a) = P 0(r 1) (a) = 0 alors, par application de la formule de Talor :
X
n
P (k) (a)
P (X) = (X a)k = (X a)r B:
k=0
k!
avec B 2 K[X] tel que B(a) 6= 0.

102
POLYNÔMES

Corollaire 5.9.1

Soit A un polynôme. Un scalaire a est racine multiple de A si, et seulement si,


A(a) = A0 (a) = 0.

5.10 Polynômes scindés


5.10.1 Dé…nition
Dé…nition 5.10.1 (Polynôme scindé sur K)

Soit P 2 K[X] de degré p. On dit que P est scindé sur K si et seulement si il


s’écrit : p
Y
P = p (X a1 ):::(X ap ) = p (X ak )
k=0

où les scalaires ak 2 K sont les racines de P comptées avec leur multiplicité et p


est le coe¢ cient du terme dominant de P .

5.10.2 Factorisation dans C[X]


Théorème 5.10.1 (Théorème de d’Alembert-Gauss)
Soit P un polynôme de C[X] de degré 1 (c’est à dire non constant) alors P
possède au moins une racine dans C.

Remarque 5.10.1
Attention ce théorème est faux dans R. Par exemple P = X 2 + 1 est non constant
mais ne possède aucune racine dans R.

Corollaire 5.10.1 (Factorisation dans C[X])

Tout polynôme de C[X] est scindé sur C, c’est à dire tout polynôme P 2 C[X]
s’écrit sous la forme
P (X) = p (X a1 ):::(X ap )
où les scalaires ak sont les racines de P comptées avec leur multiplicité et p est
le coe¢ cient du terme dominant de P .

103
POLYNÔMES

Preuve

Supposons que P est non constant, sinon la propriété est évidente. Soient
a1 ; :::; ap 2 C la liste des racines de P. Par application du théorème de d’Alembert-
p
Y
Gauss cette liste est non vide. Il existe Q 2 C[X] tel que : P = (X ai )Q. Si
i=1
Q est non constant alors il possède une racine a et a est nécessairement aussi une
racine de P . Donc la liste a1 ; :::; ap n’était pas celle de toutes les racines de P , ce
qui constitue une contradiction. Par conséquent, Q est un polynôme constant et
la proposition est démontrée.

Une formulation équivalente du théorème de d’Alembert-Gauss est la suivante :

Théorème 5.10.2

Un polynôme P 2 C[X] de degré n possède n racines (comptées avec leur


multiplicité) dans C.

Preuve

C’est un corollaire immédiat de la proposition précédente.

5.10.3 Factorisation dans R[X]


Proposition 5.10.1 (Factorisation dans R[X])
Soit P 2 R[X] un polynôme non nul. Alors, il existe a1 ; :::; ar 2 R non nécessai-
rement deux à deux distincts, (b1 ; c1 ); :::; (bs ; cs ) 2 R2 non nécessairement deux à
deux distincts tels que l = b2 4cl < 0 pour tout l 2 f1; :::; sg, et 2 R tels que

Y
r Y
s
kr
P = (X ak ) (X 2 + bl X + cl ):
k=1 l=1

104
POLYNÔMES

5.10.4 Polynômes irréductibles


Dé…nition 5.10.2 (Polynôme irréductible)

Soit P 2 K[X] un polynôme non constant . On dit que P est irréductible si et


seulement si :
P = QH ) Q 2 K ou H 2 K
Autrement dit : un polynôme P non constant est irréductible si et seulement si ses
seuls diviseurs sont les polynômes constants et les polynômes proportionnels à P .

Proposition 5.10.2
[Les polynômes de degré 1 sont irréductibles] Quel que soit le corps K, pour tout
a 2 K, le polynôme P = (X a) est iréeductible dans K[X].

Preuve

Soit P un polynôme de degré 1. P est clairement non constant et si Q 2 K[X]


est un diviseurs de P alors il existe H 2 K[X] tel que : P = QH. Par conséquent :
1 = degP = degQ + degH. Une des deux possibilités suivantes est alors vraie :
– degQ = 1 et degH = 0 donc Q est un polynôme proportionnel à P
– degQ = 0 (et degH = 1) et Q est un polynôme constant. Par conséquent P
est irréductible.

Théorème 5.10.3 (Polynômes irréductibles de C[X])

Les polynômes irréductibles de C[X] sont les polynômes de degré 1.

Preuve

On vient de prouver que les polynômes de degré 1 sont irréductibles dans C[X].
Réciproquement, si P 2 C[X] est un polynôme irréducible de C[X], montrons qu’il
est de degré 1. Si ce n’était pas le cas, alors comme P est non nul :

105
POLYNÔMES

– soit degP > 1 et par application du théorème 5.10.1, P possède au moins


une racine a dans C. Par conséquent le polynôme X a divise P et donc P
n’est pas irréductible.
– soit degP = 0 et dans ce cas P est un polynôme constant non nul et ne peut
être irréductible.
Dans les deux cas, on aboutit à une contradiction et la proposition est alors
prouvée par l’absurde.

Théorème 5.10.4 (Polynômes irréductibles de R[X])

Les polynômes irréductibles de R[X] sont :


1. les polynômes de degré 1.
2. les polynômes de degré 2 dont le disciminant est négatif.

Preuve

1. Les polynômes de degré 1 sont irréductibles dans R[X].


2. Soit P 2 R[X] un polynôme de degré 2. Il est irréducible si et seulement si
il n’est pas divisible par un polynôme de degré 1, c’est à dire si et seulement
si il n’a pas de racine réelle, ce qui est équivalent à dire que son discriminant
est strictement négatif.
3. Tout polynôme de degré 3 se décompose, d’après le théorème de factori-
sation dans R[X] 5.10.1, comme le produit de polynômes de degré 1 et de
degré 2. Un tel polynôme ne peut être irréductible.

Exemples 5.10.1

1) Tous les polynômes de degré 1 sont irréductibles. Par conséquent il y a une


in…nité de polynômes irréductibles.
2) X 2 1 = (X 1)(X + 1) 2 R[X] est réductible.

106
POLYNÔMES

3) X 2 + 1 = (X i)(X + i) est réductible dans C[X] mais est irréductible dans


R[X].
p p
4) X 2 2 = (X 2)(X + 2) est réductible dans R[X] mais est irréductible
dans Q[X].

Exemples 5.10.2

Soit P (X) = X 4 + 1.
– Sur C. On peut d’abord décomposer P (X) = (X 2 + i)(X 2 i). Les racines
de P sont donc les racines carrées complexes de i et i. Ainsi P se factorise
dans C[X] :
p p p p
2 2 2 2
P (X) = X 2
(1 + i) X + 2
(1 + i) X 2
(1 i) X + 2
(1 i) :

– Sur R. Pour un polynôme à coe¢ cient réels, si est une racine alors aussi.
Dans la décomposition ci-dessus on regroupe les facteurs ayant des racines
conjuguées, cela doit conduire à un polynôme réel :
h p p ih p p i
2 2 2 2
P (X) = X 2
(1 + i) X 2
(1 i) X + 2
(1 + i) X + 2
(1 i)
p p
= X 2 + 2X + 1 X 2 2X + 1 ;

qui est la factorisation dans R[X].

5.10.5 Relations coe¢ cients-racines


Dé…nition 5.10.3 (Polynômes symétriques élémentaires)

Soit a1 ; :::; ap 2 K. On dé…nit les polynômes symétriques élémentaires en les

107
POLYNÔMES

variables a1 ; :::; ap par :

s1 = a1 + ::: + ap
X
s2 = ai 1 ai 2
i1 <i2
:
:
:
sp = a1 :::ap
Plus précisément, 8 k 2 f1; :::pg
X
sk = ai1 :::aik
i1 <:::<ik

Théorème 5.10.5 (Relations entre les coe¢ cients et les racines d’un polynôme)

Soit P = a0 + a1 X + ::: + ap X n 2 K[X] un polynôme scindé de degré n. Soient


a1 ; :::; an 2 K les n racines de P . On a :
an k
8k 2 f1; :::; ng; sk = ( 1)k
an
Preuve

On démontre ces égalités en identi…ant les coe¢ cients des monômes de même
degré dans l’égalité :

P = an (X 1 ): : :(X n) = an X n s1 X n 1
+ s2 X n 2
+ :::: + ( 1)n sn

Remarque 5.10.2 En particulier,

– si p = 2, on a :

P = a2 (X 2 )(X 1) = a2 (X 2 ( 1 + 2 )X + 1 2)

et donc :
a1 a0
s1 = 1 + 2 = et s2 = 1 2 = :
a2 a2

108
POLYNÔMES

– Si p = 3,

P = a3 (X 1 )(X 2 )(X 3)

= a3 X 3 ( 1 + 2 + 3 )X
2
+( 1 2 + 2 3 + 1 3 )X 1 2 3

et :
a2 a1 a0
s1 = 1+ 2+ 3 = ; s2 = 1 2+ 2 3+ 1 3 = et s3 = 1 2 3 = :
a3 a3 a3

5.11 Arithmétique dans K[X]


5.11.1 Diviseurs communs
Proposition 5.11.1 (Propriétés de la divisibilité)

1. La relation "divise" est transitive :


h i
3
(P; Q; R) 2 K[X] ; P jQ et QjR ) P jR:

2. Soit P; Q; R 2 K[X] et U; V 2 K[X]. Alors :

[P jQ et P jR] ) P j(U Q + V R):

On note pour la suite D(P; Q) = D(P ) \ D(Q) l’ensemble des diviseurs com-
muns à P et à Q. Remarque : Si D 2 D(P; Q), alors tout polynôme associé à D
est aussi dans D(P; Q).

Proposition 5.11.2

Soit P un polynôme non nul. D(P; 0) = D(P ).

Proposition 5.11.3

Si P = BQ + R alors D(P; Q) = D(Q; R).

109
POLYNÔMES

Preuve

En e¤et, si D 2 D(P; Q), alors DjQ et DjP BQ donc DjQ et DjR donc
D 2 D(Q; R) et D(P; Q) D(Q; R).
Inversement, si D 2 D(Q; R), alors DjQ et DjBQ + R donc DjQ et DjP donc
D 2 D(P; Q) et D(Q; R) D(P; Q).

Théorème 5.11.1

Soient P; Q 2 K[X],non tous les deux nuls, il existe un unique polynôme D 2


K[X] unitaire, tel que D(P; Q) = D(D).

Preuve

Unicité : Si D1 et D2 sont solutions alors D(D1 ) = D(D2 ) donc D1 jD2 et D2 jD1


donc ils sont associés. Ils sont unitaires et associés donc égaux.

Existence : Quitte à échanger P et Q on peut supposer Q 6= 0. Posons P0 = P


et P1 = Q. On réalise ensuite les divisions euclidiennes suivantes tant que les restes
obtenus sont non nuls (c’est l’algorithme d’Euclide) :

P0 = P1 B1 + P2 avec degP2 < degP1 ;


:::
Pm 2 = Pm 1 Bm 1 + Pm avec degPm < degPm 1 ;
Pm 1 = Pm Bm + 0:

Ce processus s’arrête puisqu’on a une suite strictement décroissante d’entiers na-


turels degP 1 > degP 2 > :::. On a alors D(P; Q) = D(P0 ; P1 ) = ::: = D(Pm ; 0) =
D(Pm ) Le polynôme D unitaire associé à Pm convient.

110
POLYNÔMES

5.11.2 PGCD, théorèmes d’Euclide et de Bezout


Dé…nition 5.11.1 (PGCD)

Soient P et Q deux polynômes de K[X] non tous les deux nuls. L’ensemble
des diviseurs communs à admet un polynôme unitaire de plus grand degré noté
= P ^ Q. C’est le plus grand commun diviseur des polynômes P et Q.

Preuve

On choisit unitaire pour que D(P; Q) = D( ) avec les notations du para-


graphe précédent. C’est dire que tout diviseur commun à P et à Q divise . Donc
son degré est inférieur ou égal à celui de D. Par ailleurs l’algorithme d’euclide
fournit un moyen de calculer le PGCD : on normalise le dernier reste non nul.

Proposition 5.11.4

P ^ Q = Q ^ P . Si un polynôme divise deux polynômes, alors il divise leur


PGCD.

Théorème 5.11.2 (Bezout)

Soient P et Q deux polynômes de K[X] non tous les deux nuls, soit = P ^ Q.
Il existe deux polynômes U et V tels que P U + QV = .

Preuve

Par récurrence sur n = minfdegP; degQg.


Si n = 1 ou n = 0 la propriété est claire. Pour …xer les idées degP degQ =
n + 1. On écrit la division euclidienne de P par Q, P = BQ + R avec degR n.
En utilisant la propriété de récurrence, il existe deux polynômes U1 et V 1 de K[X]
tels que = U1 Q + V1 R avec = Q ^ R. Or = P ^ Q d’une part, et d’autre

111
POLYNÔMES

part = U1 Q + V1 (P BQ) = V1 P + (U1 BV1 )Q. D’où le résultat en penant


U = V1 et V = U1 BV1 .

Proposition 5.11.5

Si C est unitaire alors AC ^ BC = C(A ^ B).

Preuve

Posons = AC ^ BC et D = A ^ B. On a DCjAC et DCjBC donc DCj .


Dans l’autre sens D = AU + BV donc DC = ACU + BCV d’où jDC.

Exercice 5.11.1 Déterminer le pgcd des polynomes A = X 3 + X 2 + 2 et B =


X 2 + 1. Trouver ensuite un couple (U; V ) tel que AU + BV = d:

Exercice 5.11.2 On considère deux entiers non nuls (a; b) 2 N2 . On note d = a^b
leur PGCD. Montrer, en utilisant l’algorithme d’Euclide que

(X a 1) ^ (X b 1) = X d 1:

5.11.3 Polynômes premiers entre eux


Dé…nition 5.11.2 (Polynômes premiers entre eux)

Soient P et Q deux polynômes de K[X]. On dit que P et Q sont premiers


entre eux si leur PGCD est égal à 1.

Proposition 5.11.6 (Bezout)

Soient P et Q deux polynômes de K[X]. P et Q sont premiers entre eux si et


seulement s’il existe deux polynômes U et V de K[X] tels que

P U + QV = 1:

112
POLYNÔMES

Preuve

Dans un sens c’est le théorème de Bezout déjà vu. Dans l’autre sens, comme
P U + QV = 1 on en déduit que P ^ Q divise 1. Il n’y a qu’un seul polynôme
unitaire qui divise 1, c’est 1 lui-même.

Proposition 5.11.7 (Lemme de Gauss)

Si P , Q et R sont trois polynômes véri…ant


1. P jQR
2. P ^ Q = 1.
alors P jR.

Preuve

La condition P ^ Q = 1 permet d’écrire une relation de Bezout : P U + QV = 1


qui multipliée par R donne P U R + QRV = R. Mainteant la condition P jQR
assure l’existence d’un polynôme A tel que AP = QR et donc P U R + AP V =
P (U R + AV ) = R et donc P divise R.

Proposition 5.11.8

Soient P et Q deux polynômes de K[X] non tous les deux nuls et soit D = P ^Q.
P Q
D
et D sont des polynômes et ils sont premiers entre eux.

Preuve

P Q
On écrit P = P1 D et Q = Q1 D. On a D
= P1 et D
= Q1 . De plus

D = P ^ Q = P1 D ^ Q1 D = D(P1 ^ Q1 )

113
POLYNÔMES

puisque D est unitaire. Ceci établit le résultat (K[X]estintegre).

Proposition 5.11.9

Si un polynôme P est premier avec Q1 et avec Q2 alors il est premier avec


Q1 Q2 .

Preuve

On écrit une relation de Bezout pour (P; Q1 ) : P U1 + Q1 V1 = 1 puis une


autre pour (P; Q2 ) : P U2 + Q2 V2 = 1. On e¤ectue le produit de ces deux égali-
tés : P 2 U1 U2 + P U1 Q2 V2 + P U2 Q1 V1 + Q1 Q2 U1 U2 = 1 soit P (P U1 U2 + U1 Q2 V2 +
U2 Q1 V1 ) + Q1 Q2 (U1 U2 ) = 1, ce qui donne le résultat.

Autre preuve : Soit D un diviseur commun à P et à Q1 Q2 . D est premier avec


Q1 , En e¤et, soit d un diviseur commun à Q1 et D. Comme djD et DjP , on a
djP et donc d diviseur commun à P et Q donc degd = 0. Maintenant d’après le
lemme de Gauss, DjQ1 Q2 et D ^ Q1 = 1 donc DjQ2 , donc DjP ^ Q2 , ce qu’il fallait
démontrer.

Proposition 5.11.10

Si un polynôme P est premier avec Q1 ; Q2 ; :::; Qm alors il est premier avec


leur produit.

Preuve

Par une récurrence sans malice.

Corollaire 5.11.1

114
POLYNÔMES

Soient P et Q deux polynômes de K[X] non tous les deux nuls et premiers entre
eux. Alors
– Pour tout entier m, P est premier avec Qm .
– Pour tous entiers m et n, P n est premier avec Qm .

5.11.4 PPCM
Proposition 5.11.11

Soient P et Q deux polynômes de K[X] non tous les deux nuls et soit D = P ^Q.
à P et à Q. PDQ est un polynôme, multiple commun à P et Q.

Preuve

PQ
On écrit P = P1 D et Q = Q1 D. On a D
= P1 Q = P Q1 ce qui établit le
résultat.

Proposition 5.11.12

Soient P et Q deux polynômes de K[X] non tous les deux nuls et soit D = P ^Q.
Tout multiple commun à P et à Q est multiple de PDQ .

Preuve

Soit M un multiple commun à P et à Q. On écrit M = AP = AP1 D = BQ =


BQ1 D. Après simpli…cation par D on a AP1 = BQ1 avec P1 et Q1 premiers entre
eux. Maintenant P1 divise BQ1 etP1 ^ Q1 . Donc d’après le lemme de Gauss, P1 jB.

Autrement dit, on peut écrire B = B1 P1 . Donc M = BQ1 D = B1 P1 Q1 D =


B1 PDQ .
Ce qu’il fallait démontrer.

115
POLYNÔMES

Dé…nition 5.11.3 (PPCM)

Soient P et Q deux polynômes de K[X] non tous les deux nuls.


L’ensemble des polynômes de K[X] multiples communs de P et Q admet un poly-
nôme unitaire de plus petit degré noté : = P _ Q. C’est le plus petit commun
multiple des polynômes P et Q.

Proposition 5.11.13

Soient P et Q deux polynômes de K[X] non tous les deux nuls.


(P ^ Q):(P _ Q) est associé à P Q.

5.11.5 Polynômes irréductibles


Proposition 5.11.14

Soient P et Q deux polynômes irréductibles de K[X]. P et Q sont soit associés,


soit premiers enre eux.

Preuve

Soit D = P ^ Q. Comme DjP et que P est irréductible, alors D = 1 ou D est


associé à P . Dans le deuxième cas, comme DjQ et que Q est irréductible, alors
D = 1 (impossible) ou D est associé à Q. Donc P est associé à Q.

Théorème 5.11.3 (Décomposition en produit de facteurs irréductibles)

Soit P un polynômes de K[X] non nul. Il existe 2 K , il existe m 2 N, m


polynômes P1 ; ::: ; Pm unitaires et irréductibles tels que
Y
m
P = Pk :
k=1

, m sont uniques et les Pk sont uniques à l’ordre près.On dit P est décomposé en
produit de facteurs irréductibles ou produit de facteurs premiers

116
POLYNÔMES

1. Le P:G:C:D: qui est le plus grand commun diviseur de


P et Q est le produit des facteurs communs aux décompositions
en facteurs premiers des polynômes P et Q, a¤ectés du plus petit
des exposants du facteur commun …gurants dans lesdites décompositions.
2. Le P:P:C:M: qui est le plus petit commun multiple de
P et Q est le produit des di¤érents facteurs qui sont dans les décompositions
en produit de facteurs premiers de P et Q et chaque facteur du produit est
a¤ecté du plus grand exposant.
Soient P (X) = 2 (X 2)3 (X + 5)2 (X + 7)4 (X 11) (X + 17)3
Q (X) = 7 (X + 13)2 (X + 7) (X 2)5 (X + 17)2
alors P GCD (P; Q) = (X 2)3 (X + 7) (X + 17)2
P P CM (P; Q) = (X 2)5 (X + 5)2 (X + 7)4 (X 11) (X + 17)3 (X + 13)2

5.12 Fractions rationnelles


Soient P et Q deux polynômes de K [X] tel que Q 0.
P (X)
La fonction f (X) = est appelée fraction rationnelle.
Q (X)
L’ensemble des fractions rationnelles à coe¢ cients dans K est un
anneau intègre unitaire et commutatif se notant K (X). K (X) est le corps
de fractions de l’anneau commutatif et intègre K [X].
Dans le même esprit que le corps des rationnelles, dont les éléments
quotientent des entiers relatifs où le dénominateur est non nul.

5.12.1 Décomposition d’une fraction rationnelle en éléments


simples
Partie entière de f
P (X)
On appelle partie entière de f (X) = , le quotient de la division
Q (X)
euclidienne suivant les puissances décroissantes de P (X) par Q (X).
0n la note E (X).
Pour toute fraction rationnelle f , il existe deux polynômes premiers
U (X)
entre eux U (X) et V (X) tel que f (X) = E (X) + .
V (X)

117
POLYNÔMES

Décomposition en éléments simples dans C (X)

On commence par la décomposition de V (X) en produit de facteurs


premiers dans C.
Soit V (X) = (X a1 ) (X a2 )2 ::: (X ak )k . Alors la décomposition
en éléments simples de f (X) est une expression de f (X) dépendante des
facteurs premiers de V (X). En ce qui nous concerne, on a :
A1 A21 A22 Ak1
f (X) = E (X) + + + 2 +
X a1 X a2 (X a2 ) X ak
Ak2 Ak3 Akk
+ 2+ 3 + ::: + , où les
(X ak ) (X ak ) (X ak )k
A1 , A21 , A22 , Ak1 , Ak2 , Ak3 , ..., Akk des constantes complexes à déterminer.
Akk
Les fractions sont appelées
(X ak )k
éléments simples de première espèce.

Décomposition en éléments simples dans R (X)

On commence par la décomposition de V (X) en produit de facteurs


premiers dans R.
Soit V (X) = (X a1 ) (X a2 )2 ::: (X ak )k (X 2 + b1 X + c1 )
2 l
(X 2 + b2 X + c2 ) ::: (X 2 + bl X + cl ) . Alors la décomposition
en éléments simples de f (X) est une expression de f (X) dépendante des
facteurs premiers de V (X). En ce qui nous concerne, on a :
A1 A21 A22 Ak1
f (X) = E (X) + + + 2 +
X a1 X a2 (X a2 ) X ak
Ak2 Ak3 Akk Al X + Bl1
+ 2+ 3 + ::: + k
+ 21
(X ak ) (X ak ) (X ak ) X + bl X + c l
Al2 X + Bl2 Al3 X + Bl3 All X + Bll
+ 2 + 3 + ::: + ,
(X 2 + bl X + cl ) (X 2 + bl X + cl ) (X 2 + bl X + cl )l
où les A1 , A21 , A22 , Ak1 , Ak2 , Ak3 , ..., Akk , Ali , Bli avec i 2 f1; 2; 3; :::; lg
des constantes réelles à déterminer.
Akk
Les fractions sont appelées
(X ak )k
éléments simples de première espèce.
All X + Bll
Les fractions sont appelées
(X 2 + bl X + cl )l
éléments simples de deuxième espèce.

118
EXERCICES

EXERCICES

Exercice 5.12.1 Vrai ou faux ?

a) 0 est élément neutre de la soustraction dans Z.


b) Tout élément regulier d’un monoïde est symétrisable.
c) Tous les éléments d’un groupe sont réguliers.
d) N est un sous-groupe de (Z; +)
e) Le noyau d’un morphisme de groupe est un singleton.
f) Tous les éléments non nuls d’un anneau sont réguliers pour les deux opéra-
tions.
g) L’ensemble des éléments inversibles d’un anneau est un groupe pour l’addi-
tion.
h) Un diviseur de zéro d’un anneau n’est jamais inversible.
i) Tout corps commutatif est un anneau intègre.

Exercice 5.12.2 Sur l’ensemble Z, on considère la loi "F" dé…nie par :

pFq = p + q + pq:

1. Montrer que "F" est une loi de composition interne commutative et asso-
ciative.
2. Montrer que la loi F possède un élément neutre à gauche e1 .
3. La loi "F" possède elle un élément neutre à droite ?
4. La loi "F" possède elle un élément neutre ?
5. Quels sont les éléments symétrisables à gauche ? symétrisables à droite ? sy-
métrisables ?
6. Est-ce que (Z; F) est un groupe ?
7. L’ensemble Rnf 1g muni de la loi "F" dé…nie par

8a; b 2 R; aFb = a + b + ab

est-il un groupe ?

119
EXERCICES

8. Sur R déjà muni de la multiplication et de l’addition, on dé…nit la loi "F"


La loi "F" est-elle distributive par rapport à la multiplication ? Est-elle dis-
tributive par rapport à l’addition ?

Exercice 5.12.3 Soit A = fe; ; ; ; ; "g muni de la loi un groupe. Com-


pléter sa table. On ne demande pas de justi…cation. e est l’élément neutre de .
e "
e

"

" e
"

Exercice 5.12.4 Soient les quatre applications de C dans C :


1 1
f1 (z) = z; f2 (z) = ; f3 (z) = z; f4 (z) = :
z z
Montrer que G = ff1 ; f2 ; f3 ; f4 g est un groupe pour la loi " ".

Exercice 5.12.5 a) Soient (G; :) un groupe, E un ensemble, f : E ! G une


application bijective. On note la loi interne dans E dé…nie par :

1
8x; y 2 E; x y=f (f (x)f (y));

où f 1 désigne la bijection réciproque de f.


Démontrer que (E; ) est un groupe et que f est un isomorphisme de groupes
de (E; ) dans (G; ). On dit qu’il y a transfert de la structure de groupe,
du groupe (G; ) sur (E; ).
b) Exemple : On note la loi interne dans R dé…nie par :
p
8(x; y) 2 R2 ; x y= 3
x3 + y 3 :

Montrer que (R,*) est un groupe, isomorphe à (R,+).

Exercice 5.12.6 Soit x un élément d’un anneau intègre A . Démontrez que si x


est inversible à droite, alors x est inversible à gauche.

120
EXERCICES

Exercice 5.12.7 Soit (A; +; :) un anneau commutatif. On dit qu’un élément x est
nilpotent s’il existe n 2 N tel que xn = 0.
1. Montrez que, si x est nilpotent, alors 1 x est inversible.
2. Montrez que, si x et y sont nilpotents, alors xy et x + y le sont aussi.

Exercice 5.12.8 Soit (A; +; :) un anneau. On suppose : 8x 2 A, x2 = x.


a) Montrer : 8x 2 A, 2x = 0.
b) Établir que A est commutatif.

Exercice 5.12.9 Montrez que le corps des rationnels Q n’admet pas d’autre sous-
corps que lui-même.

Exercice 5.12.10 On note A l’ensemble de réels suivant :


p
A = fm + n 6; m; n 2 Zg:

1. Montrer que (A; +; :) (ensemble A muni de l’addition et de la multiplication


des réels), est un sous-anneau de (R; +; :).
p
2. On considère l’application f , de A dans lui-même, qui à m + n 6 associe :
p p
f (m + n 6) = m n 6. Montrer que f est un automorphisme de l’anneau
(A; +; :).
3. Pour tout x 2 A, on pose N (x) = xf (x). Montrer que N est une application
de A dans Z, qui est un morphisme pour la multiplication.
4. Démontrer que x est un élément inversible de A si et seulement si N (x) =
1.
p
5. Véri…er que 5 + 2 6 est inversible dans A et calculer son inverse.

Exercice 5.12.11 Sur Z2 , on dé…nit deux lois "+" et " " par : 8(a; b); (c; d) 2 Z2 ,

(a; b) + (c; d) = (a + c; b + d) et (a; b) (c; d) = (ac; ad + bc):

(a) Montrer que (Z2 ; +; ) est un anneau commutatif.


(b) Montrer que A = f(a; 0); a 2 Zg est un sous-anneau de (Z2 ; +; ).

Exercice 5.12.12 Montrer que Z n’est pas un corps pour les lois usuelles.

121
EXERCICES

Exercice 5.12.13 Vrai ou faux ?

a) Étant donnés cinq nombres entiers consécutifs, on trouve toujours parmi eux
au moins deux multiples de 2.
b) 60 a moins de diviseurs positifs que 90.
c) Si un nombre est divisible par 10 et par 12, alors il est divisible par 15.
d) Si un nombre divise le produit de deux entiers, alors il divise au moins un
de ces deux entiers.
e) L’entier d est un multiple de P GCD(a; b) si et seulement si il existe un
couple d’entiers (u; v), tel que au + bv = d.
f) Si un entier est congru à 4 modulo 6 alors toutes ses puissances sont aussi
congrues à 4 modulo 6.
g) La puissance quatrième d’un entier quelconque est toujours congrue à 1 mo-
dulo 5.
h) Aucun entier n’est tel que son carré soit congru à 2 modulo 5.
i) Si P GCD(a; b) divise d, alors il existe un couple d’entiers (u; v) unique, tel
que au + bv = d.

Exercice 5.12.14 1.
2. Trouver le nombre d’entiers relatifs qui, dans la division euclidienne par 23,
ont un quotient égal au reste.
3. Trouver deux entiers positifs a et b sachant que a < 4000 et que la division
euclidienne de a par b donne un quotient de 82 et un reste de 47.
4. Démontrez que 143 et 100 sont premiers entre eux.
5. Dans une division euclidienne entre entiers naturels quels peuvent être le
diviseur et le quotient lorsque le dividende est 320 et le reste 39 ?
6. Écrire 13 en base 2, en base 3, puis en base 7
7. Soit a et b deux entiers relatifs et d leur P.G.C.D. Déterminer le P.G.C.D.
de A = 15a+4b et B = 11a+3b.

122
EXERCICES

Exercice 5.12.15 On considère les couples d’entiers (a; b) suivants.

a) a = 60; b = 84 b) a = 360; b = 240 c) a = 160; b = 171


d) a = 360; b = 345 e) a = 325; b = 520 f ) a = 720; b = 252
g) a = 955; b = 183 h) a = 1665; b = 1035 i) a = 18480; b = 9828

Pour chacun de ces couples :


1. Calculer P GCD(a; b) par l’algorithme d’Euclide.
2. En déduire une identité de Bézout.
3. Calculer P P M C(a; b).
4. Déterminer l’ensemble des couples (a; b) d’entiers relatifs tels que : au+bv =
P GCD(a; b)
5. Donner la décomposition en facteurs premiers de a et b.
6. En déduire la décomposition en facteurs premiers de P GCD(a; b) et P P M C(a; b),
et retrouver les résultats des questions 1 et 3.

Exercice 5.12.16 1. On considère dans Z2 l’équation :

(E1 ) : 11x + 8y = 79

(a) Montrer que si (x; y) est solution de (E1 ) alors y 3[11]


(b) Résoudre alors l’équation (E1 )

2. Soit dans Z2 l’équation :

(E2 ) : 3y + 11z = 372:

(a) Montrer que si (y; z) est solution de (E2 ) alorsz z 0[3]


(b) Résoudre alors l’équation (E2 )

3. Résoudre dans Z2 , l’équation : (E3 ) : 3x 8z = 249.


4. Le prix total de 41 pièces détachées, réparties en trois lots, est de 480 f cfa.
Le prix d’une pièce du premier lot est de 48 dinars. Le prix d’une pièce du
deuxième lot est de 36 f cfa. Le prix d’une pièce du troisième lot est de 4 f
cfa.
Déterminer le nombre de pièces de chaque lot.

123
EXERCICES

Exercice 5.12.17 1. Résoudre dans Z2 l’équation 3u 8v = 6.


(
x 1[3]
2. En déduire l’ensemble des solutions dans Z du système
x 7[8]

Exercice 5.12.18 Vrai ou faux ?

a) Le degré de la somme de deux polynômes est le plus grand des deux degrés.
b) Le degré du produit de deux polynômes est la somme des deux degrés.
c) Les polynômes A et B sont premiers entre eux si et seulement si aucun des
deux ne divise l’autre.
d) S’il existe des polynômes U et V tels que AU + BV = D, alors le polynôme
D est le P.G.C.D. des polynômes A et B.
e) Si un polynôme est divisible par deux polynômes, il est divisible par leur
produit.
f) Si un polynôme est premier avec deux polynômes, il est premier avec leur
produit.
g) Tout polynôme non constant qui n’a pas de racines est irréductible.
h) Tout polynôme de degré n de C[X] possède n racines distinctes.
i) Le produit des racines d’un polynôme scindé unitaire de degré n est ( 1)n P (0).

Exercice 5.12.19 1.
2. Montrer qu’il existe une unique suite de polynomes (Pn )n2N telle que :

P0 = 1; P1 = X et 8n 2 N; Pn+2 = 2XPn+1 Pn :

3. Calculer les polynomes (Pn ) jusqu’a n = 10.


4. Montrer que 8n 2 N, 9x 2 R tel que cos nx = Pn (cosx).
5. En deduire les racines du polynome Pn .

Exercice 5.12.20 Décomposer en produit de polynômes irréductibles dans C[X]


puis dans R[X] les polynômes suivants :
1. Pl = X 4 l

124
EXERCICES

2. P2 = X S l
3. P3 = X 4 + X 2 + l
4. P4 = X 6 + l
5. PS = (X 2 X + l)2 + l
6. P6 = X 6 XS + X4 X3 + X2 X +l
7. P7 = (X 2 + l)2 + (X 2 X l)2
8. P8 = X 8 + X 4 + l

Exercice 5.12.21 Décomposer les polynômes suivants :


1. X 4 + X 2 + l
2. X 8 + X 4 + l
3. X 6 + l
en produits de polynômes irréductibles sur R[X].

Exercice 5.12.22 Soient x1 , x2 et x3 les trois racines complexes du polynôme


X 3 + pX + q.
1. Trouver le polynôme normalisé du troisième degré dont les racines sont x1 +
x2 , x2 + x3 et x1 + x3 .
2. Trouver le polynôme normalisé du troisième degré dont les racines sont x1 x2 ,
x2 x3 et x1 x3 .

Exercice 5.12.23 E¤ectuer la division euclidienne de A par B dans les cas sui-
vants :
1. A = X 3 + X 2 2X + 3 et B = X 2 + 2X 1
2. A = X 4 + 2X 2 3X 3 2X + 4 et B = X 2 + 1
3. A = X 2 + IX + 3 et B = X + 2i
4. A = X et B = X 2 + 1
5. A = 2X 2 + 4X 1 et B = X 2 + 3X 1
6. A = X 2 1 et B = X 3 + 2X 1
7. A = X 8 1 par B = X 3 1.

125
EXERCICES

Exercice 5.12.24 Soit P = X 5 + X 4 + 2X 3 + 2X 2 + X + 1


1. Calculer le PGCD de P et P 0 .
2. Quelles sont les racines communes à P et P 0 ?
3. Quelles sont les racines multiples de P dans C ?
4. Montrer que (X 2 + 1)2 divise P .
5. Factoriser P dans R[X].

Exercice 5.12.25 Soit P = X 4 5X 3 + 9X 2 15X + 18 un polynôme de C[X].


On note , , et ses racines.
1. Trouver les racines dans C du polynôme P sachant qu’il possède deux racines
dont le produit est 6.
2. En déduire la factorisation de P dans C[X] et R[X].

Exercice 5.12.26
Soit la loi dé…nie sur R par

8(x; y) 2 R2 x y=x y + (x2 1) (y 2 1)

où x2 = x x et y 2 = y y avec + et les opérations usuelles sur R.


1. La loi est-elle associative sur R ? Commutative sur R ?
2. Véri…er que R possède un élément neutre pour la loi .
3. La loi confère-t-elle à R une structure de groupe ?
4. Calculer le(s) symétrique(s) du réel 2 pour la loi .
5. Résoudre les équations suivantes : 2 x = 2, 2 x = 5.

Exercice 5.12.27
On dé…nit sur R les lois et > par

x y = ax + by 1 (a 2 R; b 2 R); x>y = x + y x y

avec + et les opérations usuelles sur R


1. (a) Déterminer des conditions sur a et b pour que soit commutative dans
R.

126
EXERCICES

(b) Déterminer des conditions sur a et b pour que soit associative dans
R.
2. On pose a = b = 1.

(a) Montrer que (R; ) est un groupe commutatif.


(b) Montrer que la loi > est distributive par rappport à la loi .
(c) (R; ; >) est il un corps commutatif ?

Exercice 5.12.28

1. Résoudre dans Z2 l’équation 3x 8y = 6.


(
x 1 [3]
2. En déduire l’ensemble des solutions dans Z du système
x 7 [8]

Exercice 5.12.29

1. Soit P = ao + a1 X + + an X n un polynôme à coe¢ cients entiers. Montrer


p
que si P admet une racine rationnelle avec p et q entiers et pgcd(p; q) = 1,
q
alors p divise a0 et q divise an .
2. On considère les polynômes A = X 4 + X 3 + X + 1 et B = X 3 + X 2 + X + 1
de R[X].

(a) Calculer D = pgcd(A; B).


(b) Trouver des polynômes U et V de R[X] tels que U A + V B = D.
(c) Décomposer A et B en produit de facteurs irréductibles dans R[X] et
dans C[X].

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Bibliographie

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[2] A. Bodin : Algèbre. Exo 7 (2016).
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