Schismes L2 PDF
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INTRODUCTION
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L’Eglise catholique est une église chrétienne placée sous l’autorité du Pape, évêque
de Rome. Son objectif est la conversion à l’enseignement et à la personne de Jésus-Christ. A
cette fin, elle administre des sacrements2 qui dispensent la grâce de Dieu aux hommes, et
prêche l’Evangile de Jésus-Christ. Elle ne se considère pas comme une Eglise parmi d’autres,
mais comme l’Eglise instituée par Dieu pour sauver tous les hommes ; le terme "catholique"
signifie en effet universel en grec. Elle propose à ses fidèles une vie spirituelle et une règle de
vie inspirées de l’Evangile et définies de façon très précise.
L’Eglise catholique se considère héritière de l’Eglise primitive, elle-même issue du
judaïsme3. Ses rites et ses croyances sont fondés sur la personne et l’enseignement de Jésus-
Christ. L’histoire de l’église catholique fut marquée par de nombreux schismes. Du grec
« skhismos », le schisme désigne une rupture d’un groupe en désaccord avec l’autorité
spirituelle d’une église. Un schisme ne correspond pas nécessairement à une hérésie, c'est-à-
dire à une déviation sur un point de la doctrine ; mais c’est souvent une controverse doctrinale
qui se trouve à son origine. Au début du XIè S, l’église catholique connait un des plus
importants schismes de son histoire qui fut suivi de plusieurs autres en relation avec son
évolution. En effet, le 16 juillet 1054 est considéré comme la date historique marquant la
rupture entre les églises d’Orient et d’Occident, le point de départ d’une église orthodoxe
séparée de l’Eglise catholique romaine. Malgré une première tentative de réconciliation en
1274, l’unité ne fut jamais durablement rétablie durant ce siècle. Comment les schismes ont-
ils influencé l’évolution de l’église catholique du XI au XIIIème siècle ?
Objectif général : Montrer l’impact du schisme d’Orient sur l’histoire de l’église
catholique du XI au XIIIème siècle.
Objectifs spécifiques :
-Connaitre les causes du schisme de 1054.
- Identifier les conséquences sur l’église catholique.
- Analyser l’évolution des deux églises après le schisme
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Le mot catholique renvoie aux origines du christianisme. Du grec katholicos passé au latin chrétien catholicus,
il signifie universel. Il apparait pour la première fois sous la plume d’Ignace d’Antioche ( ? vers 107) : « Là où
parait l’évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Eglise catholique ».
D’emblée l’épithète a donc un double sens : d’une part, elle désigne l’Eglise universelle, la totalité de l’Eglise du
Christ ; d’autre part, elle signifie la vraie Eglise, la seule légitime et authentique, celle qui est unie à l’évêque et
par lui au Christ.
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Acte rituel ayant pour but la sanctification de celui qui en est l’objet. L’Ancien Testament le définit comme une
chose mystérieuse et sacrée. Le Nouveau Testament, l’identifie au mystère et au symbole. Sept sacrements sont
généralement reconnus par l’Eglise Catholique : le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la pénitence,
l’extrême onction, l’ordre et le mariage.
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Ce terme désigne un ensemble à la définition duquel concourent tous les aspects de la culture et de la
civilisation (population, habitat, habillement, nourriture, langue, institution, mœurs etc). Plus précisément
encore, il signifie d’abord dans la bouche du juif d’expression grecque (puisque ce mot est grec) le monde
spécifique qui est le sien, c’est à dire la représentation symboliquement marquée qu’il se fait de cet ensemble.
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1- Des causes historiques, et plus encore culturelles, de malentendu
On peut dire que la mésentente trouve sa première cause en 285, dans la division par
Dioclétien de l’Empire romain en deux parties, l’Orient et l’Occident, théoriquement unies au
sein d’une même entité. A partir de là, deux mondes, déjà marqués par des origines et des
influences différentes, ne vont plus cesser de s’éloigner l’un de l’autre. Alors que, notamment,
le latin et le grec avaient simultanément été en usage dans tout l’empire, le latin l’emportera
peu à peu en Occident et le grec en Orient, comme c’était logique. Mais plus profondément, la
différence de langue traduira en fait, et en même temps aggravera, une différence de
mentalités ; elle deviendra en outre, dans le domaine du vocabulaire théologique, une source
continuelle de malentendus.
L’empereur Constantin4, acquis au christianisme depuis 312, avait temporairement
réunifié l’Empire en 330 ; le christianisme y était devenu, en fait, la religion officielle ;
Constantin avait établi sa capitale dans la ville grecque de Bysance, qu’il avait rebaptisée
Constantinople, tout de suite considérée par lui comme « la nouvelle Rome ». Les empereurs
bysantins, imbus de l’idée qu’ils assumaient avec les responsables de l’Eglise la charge d’une
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Né à Naissus(aujourd’hui Nis en Serbie) en 285,Il fut proclamé Auguste à la mort de son père en 306 par ses
soldats avec qui il gagne des batailles de 306 à 310. Il règne d'abord sur la Bretagne et sur la Gaule, en souverain
légitime subordonné à Sévère. En 310,il eut une vision de la croix : « Par ce signe ,tu vaincras ». Après une
période de luttes pour le pouvoir (l'Empire comptait sept empereurs en 310), Constantin s'allie avec Licinius, l'un
des empereurs d'Orient, descend en Italie et vainc Maxence au pont Milvius, sous les murs de Rome (312). A
partir de 312, il reste seul empereur d’0ccident.
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mission d’origine divine, ne cesseront plus désormais d’intervenir dans les débats
théologiques, source supplémentaire de frictions avec la Rome papale.
En 395, à la mort de l’empereur Théodose5, l’empire romain avait été définitivement
divisé entre un Empire d’Orient, avec Constantinople pour capitale, et un Empire d’Occident
dont le siège fut d’abord établi à Ravenne. Les invasions barbares, dont l’Empire d’Orient
parvint mieux à se défendre que celui d’Occident en pleine décadence, donnèrent à ce dernier
le coup de grâce (476). Plus que jamais Constantinople put dès lors se considérer comme
l’héritière de Rome sur le triple plan politique, culturel et religieux. Capitale d’un empire à la
civilisation raffinée, on y regardera longtemps avec beaucoup de mépris cet Occident sous
domination barbare, cet univers politiquement éclaté, ce monde jugé inculte et grossier ; de
leur coté, les occidentaux, tout en admirant la civilisation bysantine, verront volontiers dans
les Bysantins d’incorrigibles coupeurs de cheveux en quatre.
Dans la ville même de Rome cependant, et dans les alentours, les papes avaient dû se
substituer, pour la sauvegarde des populations à une administration impériale d’Occident de
plus en plus défaillante, puis anéantie à partir de 476. C’est l’origine de leur pouvoir temporel.
Depuis les reconquêtes de Justinien au VIème siècle, l’Italie était théoriquement passée dans
l’orbite de l’Empire Bysantin ; mais, en fait, celui-ci se montrait impuissant à assurer sa
protection contre les barbares, celle de Rome en particulier. C’est donc en Occident que les
papes furent conduits à chercher un appui. Ainsi vit-on en 754 le pape Etienne II faire alliance
avec Pépin le Bref, fondateur de la dynastie carolingienne, qu’il vint sacrer en France ; Pépin
libéra Rome de la menace lombarde et agrandit même les territoires pontificaux des
possessions byzantines reprises aux lombards.
Quant au pape Léon III, en sacrant Charlemagne en 800, il restaura l’empire
d’Occident au profit du roi des Francs, au grand dépit de l’empereur de Byzance. L’alliance
du Saint-Siège avec les Carolingiens et le couronnement impérial de Charlemagne par le pape
Léon III constituèrent de nouvelles étapes vers la rupture définitive, au moment ou, sur le
terrain purement religieux, la querelle de l’iconoclasme accentuait l’opposition entre Rome et
l’Orient. Alors qu’en Orient les adversaires des images étaient soutenus par les empereurs tels
que Léon l’Isaurien et Constantin Copronyme, l’iconoclasme ne devait connaître aucun
succès en Occident. Dans un tel contexte, les malentendus religieux allaient proliférer.
On peut d’abord observer que, signe d’une très sensible différence de climat
intellectuel, les grands débats théologique qui obligèrent l’Eglise des premiers siècles à
préciser les données de sa foi (notamment en ce qui concerne la Trinité et la personne du
Christ) se déroulèrent pour l’essentiel entre orientaux ; les empereurs y tinrent le plus souvent
plus de place que les papes, même si ces derniers les suivirent avec attention, intervenant par
leurs légats dans les conciles, et cautionnant ou condamnant les décisions de ces derniers.
Ceci dit, les conflits doctrinaux entre Rome et Constantinople furent nombreux entre
le IIIè et le XIè siècle ; maintes ruptures en furent les conséquences. Lors de l’arianisme, du
concile de Sardique à l’avènement de Jean Chrysostome (343/398), lors de la condamnation
de Jean Chrysostome (404/415), lors des querelles monophysites (schisme d’Acace et de
l’Hénotique, 498/519). En outre, pendant la crise du monothélisme, l’empereur Constant II,
furieux de la condamnation portée par Martin Ier contre son Typos au concile de Latran (649),
avait fait arrêter le pape, qui fut déporté en Chersonèse, où il mourut (655). Une nouvelle crise
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Né en 346(7) en Tarraconaise (non loin de Ségovie), il fit carrière dans l’armée puis devint empereur d’Orient
en 379 tandis que l’empereur Gratien régnait sur l’Occident. En 380, il se convertit au Christianisme. Il prend
dès lors des décisions importantes pour l’Eglise
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aigue éclata avec le schisme de Photius (863/867) : l’empereur Michel III l’Ivrogne ayant
déposé le patriarche de Constantinople Ignace pour donner le siège patriarcal à Photius,
Ignace fit appel au pape Nicolas Ier, qui excommunia Photius (863). Celui-ci répliqua en
rassemblant dans une encyclique tous les griefs accumulés depuis longtemps par les
théologiens byzantins contre les « innovations » romaines : jeune du samedi, permission du
laitage pendant la première semaine du carême, célibat sacerdotal et surtout l’insertion du mot
filioque dans le crédo. L’Eglise byzantine se posait ainsi en gardienne de l’ « orthodoxie » et
en juge des croyances et des usages de l’Eglise romaine. Dans ces crises, les problèmes
théologiques tenaient bien sur la plus grande place ; mais s’y ajoutaient les questions de
liturgie (par exemple à propos de l’usage du pain azyme) et de discipline ecclésiastique
(célibat des prêtres, port de la barbe) auxquelles l’Orient attachait beaucoup de prix ; enfin,
comme c’était inévitable, les questions de personnes aggravaient souvent les données
objectives des problèmes. Deux sujets dominèrent bientôt les autres, sans les éliminer pour
autant : le filioque et la primauté pontificale.
LE FILIOQUE : Le credo, adopté par les conciles de Nicée (325) et de Constantinople
(381) pour résumer les données essentielles de la foi chrétienne, professe : « l’Esprit procède
du Père ». « Nous croyons en un seul Dieu, Père tout - puissant ,créateur du ciel et de la terre
,des choses visibles et invisibles, et en un seul Seigneur Jésus - Christ ,fils unique de Dieu
,engendré du Père avant tous les siècles ,lumière de lumière , vrai Dieu de vrai Dieu
,engendré , non créé , de la même substance(homoousios) que le Père , par lequel tout a été
créé ,qui pour nous les hommes et pour notre salut est descendu des cieux , a été fait chair par
le Saint-Esprit ,de la vierge Marie , s’est fait homme .Il a été crucifié à cause de nous sous
Ponce Pilate ,a souffert ,a été enseveli et est ressuscité le troisième jour selon les
Ecritures ;il est remonté aux cieux et s’est assis à la droite du Père, d’où il reviendra avec
gloire pour juger les vivants et les morts, dont le règne n’aura pas de fin, et en l’Esprit
Saint , le Seigneur qui règne et rend vivant ,qui procède du Père et qui avec le Père et le
Fils doit être honoré et glorifié ,qui a parlé par les prophètes, une seule église, sainte,
universelle et apostolique. Nous reconnaissons un seul baptême pour la rémission des
péchés. Nous attendons la résurrection des morts et la vie du siècle futur .Amen. »
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Les suspicions ainsi nourries de longue date allaient donner lieu à un nouvel incident,
moins sérieux en lui-même que beaucoup d’autres dans le passé, et pourtant de conséquences
infiniment plus grave.
1- Son fonctionnement
Isolé de l’Occident, l’Eglise Byzantine resserra encore ses liens avec le pouvoir
impérial, qui défendait la loi du Christ contre l’Islam conquérant. Le césaropapisme fut un des
traits fondamentaux de l’orthodoxie orientale, qui légua cette tradition à la Russie tsariste.
Revêtu d’un prestige sacré, entouré d’un cérémonial tout religieux, l’empereur byzantin était
considéré comme l’élu de Dieu, et, au dessus du patriarche de Constantinople, c’était lui qui
concentrait entre ses mains l’autorité spirituelle et la temporelle. L’Etat oriental usurpa
presque entièrement l’autorité administrative de l’Eglise. Le christianisme byzantin se trouva
de ce fait orienté tout entier vers la vie mystique, vers la liturgie, vers l’ascèse monastique et
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vers une spiritualité qui chercha moins l’incarnation des valeurs religieuses en ce monde que
la transfiguration même du monde.
L’Eglise orthodoxe est organisée en assemblée d’évêques avec à leur tête, un
patriarche ou un archevêque. Chaque évêque, considéré comme successeur des apôtres, a un
rôle de surveillance et de responsabilité sur la doctrine.
2-Ses rites
L’évolution de l’église catholique romaine a suivi un tout autre chemin et fut parsemé
de crises et de ruptures.
II-Les reformes de l’église catholique romaine et ses conséquences sur son unité
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Anselme (un chef du mouvement de la reforme en Patarie), devenu évêque de Lucques
en 1057, fut élu pape sans aucune participation impériale, sous le nom d’Alexandre II. Henri
IV, empereur romain germanique, proclama pape le candidat de la noblesse romaine et des
évêques lombards hostiles à la reforme, l’évêque de Pavie, qui prit le nom d’Horius II. Le
schisme se prolongea jusqu’à la mort de l’antipape en 1071. Néanmoins, le pape Alexandre II
continua le combat de la reforme en dépit des oppositions. A sa mort en 1073, les bases de la
reforme étaient jetées. La nécessité en était acquise aux yeux de tous les clercs de bonne foi,
l’opinion ecclésiastique saine lui était donc favorable. En outre, la législation récente avait
établie la liberté de l’élection pontificale, l’interdiction de l’investiture laïque, la destitution et
le châtiment des clercs simoniaques et nicolaïtes. Cependant il ne s’agissait plus de trancher
des cas individuels, mais de régénérer les institutions, de reformer à la base, d’opérer une
véritable convalidation radicale de l’Eglise. Et cette œuvre d’ensemble était réservée à
Grégoire VII (1073-1085) : l’ancien moine Hildebrand. Au regard des relations entre la
papauté et l’empire et de la situation à l’intérieur de l’Eglise, Grégoire VII toucha du doigt la
source profonde du mal, l’investiture laïque qui, avec elle, avait introduit dans le clergé le
gout de l’argent et des femmes. Il publia à cet effet, 27 propositions qui faisaient la synthèse
des exigences pontificales en matière de hiérarchie dans le monde. Ces reformes furent reçues
différemment selon les pays. Dans l’Espagne de la reconquête, en Normandie et en
Angleterre, les reformes furent acceptées.
Dans l’empire romain germanique, l’affaire prit une autre ampleur et tourna à la lutte à
mort entre le pape et l’empereur.
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Henri V, plus politique que son père avait eu besoin des grégoriens pour s’emparer du
pouvoir. Mais dès qu’il sentit son trône solide, il exigea avec force le respect de ses droits
traditionnels. Devant les propositions du pape Pascal II, les membres de l’épiscopat et les
princes allemands se soulevèrent et l’empereur se rendit compte du caractère irréalisable de
ces propositions.
La prédication de la reforme grégorienne développa le gout de la vie apostolique,
associant les exigences de pauvreté extrême, de pénitence, de spiritualité intense et de
prédication itinérante avec la naissance de l’ordre de Cîteaux.
L’ordre de Cîteaux
Après avoir passé quelques années au monastère de Cîteaux (près de Dijon), Bernard
(1090-1153) fonde lui même une abbaye à Clairvaux (Bourgogne) en 1115.
Aux moines de son couvent et à tous les Cisterciens, il imposa une existence de
solitude, de pauvreté, de jeûne, en donnant lui même l’exemple. Il occupait la cellule la plus
misérable, son lit était une planche et son oreiller, un morceau de bois. Il fut conseiller des
papes et des rois, apaisa les conflits, pourchassa et fit démissionner des évêques indignes.
Il prêcha la seconde croisade. Au total, bien que maladif, il fut jusqu’en 1153,
l’arbitre et le directeur spirituel de l’Occident .Après sa mort, l’ordre connut un relâchement.
Après avoir passé quelques années au monastère de Cîteaux (près de Dijon),
Bernard (1090-1153) fonde lui même une abbaye à Clairvaux (Bourgogne) en 1115.
Le roi Henri V usa de violence pour arracher au pape un accord sur l’investiture par la
crosse et par l’anneau, après une élection libre. En 1116, le pape révoqua la concession faite à
Henri et laissa prononcer contre l’empereur l’excommunication par son légat en Germanie.
Sous le pape Gelase II (1118-1119), le conflit prit un tour encore plus violent et Henri V
recommença l’erreur de son père ; il nomma un antipape en la personne de Maurice Bourdin,
archevêque de Braga au Portugal, qui prit le nom de Grégoire VIII. Ce geste qui renouvelait le
schisme, le plus grand fléau de la chrétienté. A la mort de Gelase II, le nouveau pape, Calixte
II, réformateur résolut le schisme et envoya une délégation négocié avec l’empereur. Après de
longues négociations, l’accord fut conclu le 23 septembre 1122 ; il est passé dans l’histoire
sous le nom de concordat de Worms ou pacte de Calixte. Selon le précédent, l’investiture était
scindée en deux.
Pour donner le plus d’échos possible à ce texte qui concluait une lutte aussi difficile,
Calixte II le fit sanctionner par une grande assemblée conciliaire. Il prit l’initiative de
rassembler un concile œcuménique, le premier depuis le IVe concile de Constantinople, tenu
en 869 contre Photius. Cette réunion générale de la chrétienté latine s’ouvrit au Latran le 18
mars 1123. Le concile promulgua des décrets qui condamnaient la simonie, le concubinage
des clercs, les usurpations des laïcs etc. Le concordat de Worms et le 1er concile œcuménique
du Latran mettaient un terme définitif au fonctionnement du césaropapisme. Mais d’autres
ambitions de la papauté créèrent de nouveaux schismes au sein de l’Eglise catholique.
Dans les rapports entre le pape et l’empereur, le concordat de Worms n’avait pas tout
réglé. En proclamant la primauté du pouvoir spirituel sur le temporel, la papauté posait les
germes du renouvellement du conflit. Désormais les rapports, au moins sur le plan des
prétentions, étaient renversés, le pape aspirait à gouverner le monde et à disposer de la
couronne impériale. A Leur tour, les empereurs menèrent la lutte pour défendre l’autonomie
de leur pouvoir. Mais le court règne du pape Honorius II marqua une nette détente dans les
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rapports entre la papauté et l’empire. Mais à sa mort, le schisme qui avait failli naître déjà lors
de son élection éclata.
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plusieurs schismes au sein de l’Eglise. Ces schismes permirent à l’Eglise de définir sa
doctrine, ses principes et sa morale et surtout d’atteindre son apogée.
c-Défense de la doctrine
Innocent III n’eut pas seulement à régler les difficiles rapports avec les rois, mais il eut
à faire face à l’hérésie des cathares alors en pleine expansion. Il essaya de donner des
solutions plus générales à tous les problèmes qui s’étaient posés à l’Eglise jusqu’alors : la
reforme de l’église, les rapports entre le spirituel et le temporel, la croisade, la lutte contre
l’hérésie. Il décida de convoquer un nouveau concile œcuménique qui fut ouvert le 11
novembre 1215. Pour la première fois étaient présents au concile des évêques de l’Europe
orientale : Bohême, Hongrie, pays Baltes ainsi que des états chrétiens d’orient. C’était
vraiment l’assemblée complète de la chrétienté occidentale.
La lutte contre l’hérésie des cathares fut la préoccupation première de ce concile. Ce
mouvement s’est manifesté en Occident au XIIe siècle surtout dans le midi de la France
(Carcassonne, Albi, Albigeois, Toulouse,...) ; Il est originaire d’Orient : c’est un syncrétisme
dans lequel se superposent dualisme, manichéisme docétisme, gnosticisme, hindouisme.
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Mécontents des carences de l’Eglise, angoissés par l’idée du salut et le problème du mal, ils
tentent d’apporter une solution.
Dans le premier canon, les pères condamnaient le catharisme et dans une confession
de foi, ils redéfinirent chaque point de la doctrine catholique contestée par les cathares :
affirmation que Dieu est l’unique créateur de toutes choses, seul le prêtre pouvait administrer
certains sacrements, le mariage des laïcs était bon et ne saurait les empêcher d’arriver au
bonheur éternel. Le canon 3 établissait le mode de répression du catharisme à travers une
procédure que l’on appela plus tard l’Inquisition.
.L’Inquisition
C’est un tribunal d’exception qui intervient dans toutes les affaires intéressant la
défense de la foi. Ses origines remontent au 2e concile du Latran(1139) au cours duquel la
décision fut prise de punir les hérétiques et d’anathématiser les ennemis de la foi. En Février
1231,La constitution Excommunicamus du Pape Grégoire IX établit l’Inquisition comme
forme de répression de l’hérésie.
Pour faire avouer les accusés, on utilisait la torture, l’incarcération, le recours à des
délateurs. L’Inquisiteur infligeait des pénitences salutaires qui sont :
les pénitences arbitraires (moins graves) : fustigation au cours de la messe,
pèlerinage, entretien d’un pauvre, port de la croix d’infamie sur les vêtements
la pénitence normale de l’hérétique repentant : la prison à perpétuité
la pénitence de l’hérétique opiniâtre : le bûcher
Afin d’éviter la résurgence des hérésies, le concile mit l’accent sur la reforme
profonde de l’Eglise, des mœurs des clercs comme de la discipline des laïcs. Il fut décidé dans
le canon 21 que tous les fidèles de l’un et l’autre sexe qui avaient atteint l’âge de raison,
seraient tenus de se confesser une fois par an et de communier à Pacques. Le concile organisa
également les croisades. La croisade suscite des ordres militaires : le temple, l’hôpital de St
Jean de Jérusalem, l’ordre Teutonique. Mais le développement des villes, la lutte contre
l’hérésie et le désir d’une authentique pauvreté amène au XIIIè siècle l’apparition des ordres
mendiants : Dominicains, Franciscains, Carmes, Ermites de St Augustin qui renoncent non
plus à la propriété individuelle (comme les bénédictins) mais aussi à la propriété collective et
se vouent à l’apostolat sous toutes ses formes, notamment par la prédication et l’enseignement
.
Les ordres mendiants
Le but des ordres mendiants était de former une église populaire en face de
l’église féodale et mondaine. Ne possédant rien et vivant d’aumônes, ils étaient au milieu des
populations afin de prêcher par l’exemple.
L’ordre des Franciscains a été fondé en 1209 par l’Italien François
d’Assise(1182-1226). Né d’une famille riche, il renonça à tous les biens pour vivre dans la
pauvreté et la prière. Les membres de l’ordre devaient faire vœu de pauvreté et d’humilité.
L’ordre des Dominicains ou ordre des frères prêcheurs a été fondé en 1216 par
le riche espagnol Dominique Guzman (1170-1221).Il pratiquait volontairement la pauvreté et
décida de combattre les nouvelles hérésies par la prédication.
Ce 4ème concile fut donc d’une importance capitale pour la chrétienté du moyen âge.
Mais dans une certaine mesure, les germes d’un nouveau conflit entre le pape et l’empereur se
trouvaient dans son œuvre. Le dernier épisode de la lutte du sacerdoce et de l’empire opposa
Frédéric II, Grégoire IX et Innocent IV. Il marqua l’élimination de la famille des
Hohenstaufen et l’abaissement de l’empire, mais la papauté épuisée ne tira de sa victoire
relative ni surcroit de puissance, ni regain de prestige. Ce XIIIe siècle fut également marqué
par les tentatives d’unité entre l’Eglise d’occident et celle d’orient.
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CHAPITRE III- CONSOLIDATION DE LA RUPTURE ENTRE ROME ET
CONSTANTINOPLE
Au cours de leurs évolutions distincts, des actions furent posées par l’Occident en vue
de rétablir l’unité entre les chrétiens de Rome et d’Orient. Mais le sac de Constantinople par
les croisés en 1204 et le concile œcuménique d’union de Lyon consolidèrent la rupture de
1054 entre l’Occident chrétien et l’Orthodoxie grecque.
Depuis la fin du XIè siècle, la reconquête chrétienne, le retour à l’unité de la foi des
terres prises par les musulmans, avait tourné l’essentiel des forces de l’Occident vers la
Palestine, ouvrant ainsi l’ère des croisades. On distingue traditionnellement huit croisades
s’échelonnant de 1095 à 1270. Parmi les croisades, seules les trois premières furent des
expéditions générales de la chrétienté tout entière et atteignirent la Terre Sainte, les suivantes
furent des initiatives isolées et dévièrent loin de la Palestine. La IVè croisade (1202-1204)
transformée par Venise en une sanglante conquête de l’empire Bysantin aboutit à la conquête
de Constantinople. Les croisades qui, dans la pensée des papes auraient dû favoriser le
rapprochement en répondant à l’attente par les orientaux d’un secours de l’Occident contre
l’invasion musulmane, ne firent qu’attiser les malentendus. En effet, la 4ème croisade tenta de
prendre une route maritime pour atteindre la Terre Sainte, mais elle aboutit à Bysance à cause
des manœuvres de certains de ses chefs. Les rapports entre Grecs et Latins, déjà mauvais,
achevèrent de se détériorer. La rivalité des deux confessions (partout les croisés avaient
installé une hiérarchie latine) compromit toute tentative sérieuse de rapprochement. D’un
autre coté, la croisade étant une entreprise pontificale, unitaire et agressive contre toutes les
croyances étrangères, contre les juifs, les musulmans, la croisade contribua à forger l’âme
commune de la chrétienté occidentale. Un autre élément qui créa encore une fois une rupture
de la communion entre Rome et Constantinople est le concile œcuménique d’union de Lyon
en 1274.
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latin. Cependant, ce décret d’union n’allait pas être durable, puisque l’épiscopat bysantin ne
l’accepta pas, jugeant particulièrement peu représentative la délégation envoyée par le
basileus, et niant la validité des discussions qui s’étaient livrées autour du contentieux
séparant les Grecs et les Latins. En outre, la papauté n’apporta pas au basileus l’appui
suffisant que celui-ci escomptait et le concile d’union n’eut aucun effet dans la réalité.
De part et d’autre, les efforts n’avaient pas été suffisamment profonds pour réunir
durablement l’Eglise grecque et l’Eglise latine. Le pontificat de Nicolas III (1277-1280)
marqua un nouveau raidissement à l’égard de Constantinople. Nicolas III exigea l’insertion du
filioque dans le symbole. Martin IV (1281-1285), ancien chancelier de Saint Louis, ami de
Charles d’Anjou, excommunia Michel Paléologue qu’il jugeait avoir été un simulateur dans
l’affaire de l’union. Aussitôt celui-ci, puis son fils Andronicos (1282-1328), rompirent de
nouveau avec Rome et éliminèrent tous les clercs qui avaient été partisans de l’union. En
même temps les troupes bysantines infligeaient à Charles d’Anjou une cruelle défaite à
Belgrade, et le massacre des Vêpres Siciliennes (1282) marqua le début de la révolte contre
les Français en basse Italie.
Le sac de Constantinople par les croisés en 1204, l’échec du concile d’union de 1274
ont consolidé la rupture entre l’Occident chrétien et l’Orthodoxie grecque. Certes, un empire
latin d’Orient se créa et subsista difficilement au cours du XIIIè S, mais il demeura un article
d’exportation sur le plan religieux. En dehors de ces installations précaires au Proche-Orient,
beaucoup plus militaires et politiques que missionnaires, la limite sud-orientale de la
catholicité resta fixée pendant toute cette période à la frontière de la Pologne.
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
- CHELINI J, 1968, Histoire religieuse de l’Occident médiéval. Paris, Armand Colin, 509 p.
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- MAYEUR J.-M. et al. (sous la dir.),1992-1997, Histoire du Christianisme des origines à nos
jours, Paris: Desclée.
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