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Les échecs en milieu scolaire
Les échecs en milieu scolaire sont devenus de nos jours très préoccupants. Un journaliste
s’est penché sur le problème pour l’analyser.
Sans toutefois vouloir porter la responsabilité des échecs en milieu scolaire au seul
ministère de tutelle, les intervenants l’interpellent tout de même.
D’abord, pour ce qui concerne la prolifération d’établissements scolaires. Ils remarquent
avec le profane, que certains n’offrent pas toujours les mêmes conditions de travail, à
cause de l’accès qui est un problème. Parce que l’établissement est construit sur un terrain
élevé ou un bas-fond. Les locaux sont parfois si exigus que les enfants ne bénéficient pas
des meilleures conditions d’hygiène et d’aération. Une aire de jeu et un cadre agréable ne
sont pas les préoccupations des fondateurs. À peine, l’enfant est-il arrivé en classe, qu’ils
sont pressés de le voir repartir chez lui parce qu’ils ne savent pas où les garder aux heures
creuses.
Ensuite, les enseignants ne sont pas toujours qualifiés. On les recrute à la volée, ou par
affinité, sans s’assurer de ce qu’ils peuvent apporter aux enfants. Les chefs
d’établissement qui s’adonnent à ces pratiques sont de véritables hommes d’affaires qui
n’ont aucune surface financière importante. Ils attendent les subventions de l’Etat pour
assurer les charges. Dans ces conditions, payer les salaires des enseignants devient
aléatoire et c’est souvent que des grèves ont cours dans ces établissements. Ce qui n’a
d’autres conséquences que de perturber l’année et contribuer aux échecs. La période de
la rentrée scolaire devient alors une période de "traite", où toutes les occasions sont
bonnes pour extorquer des sous aux parents. (…
).
On parle aussi du cas des chefs d’établissement qui n’auraient pas d’agrément pour ouvrir
un établissement scolaire. Que font-ils ? À chaque examen, ils reversent leurs élèves dans
les établissements en règle, moyennant la somme de 500F par enfant pour que les
résultats scolaires soient validés.
En ce qui concerne la responsabilité directe de la tutelle, les intervenants soulignent
l’inadéquation de certains programmes scolaires, […
].Les chefs d’établissement, parents et
élèves attendent, en tout cas, beaucoup de la tutelle.
Marcelline GNEPROUST, Extrait de Fraternité Matin, N° 12402 de 15 mars 2007.
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Qu’est-ce que la couche d’ozone ?
La couche d’ozone est une couche de gaz présente naturellement dans
l’atmosphère.
La couche d’ozone est une couche de l’atmosphère située entre 20 et
50 km d’altitude. Mais plus de 90% de la quantité d’ozone se situe entre 20 et
30 km d’altitude. Elle est donc très fragile du fait de sa très faible concentration.
En effet, la couche d’ozone est créée par l’action de certains rayons du soleil
appelés ultraviolets (UV).
D’abord, ces rayons cassent les molécules d’oxygène (o2) présentes
dans l’atmosphère.
Ensuite, ces molécules d’oxygène cassées s’associent alors entre elles
pour former de l’ozone (O3). L’ozone se forme plus facilement au niveau des
régions tropicales (régions ou l’intensité du rayonnement solaire est plus forte),
mais les vents de l’atmosphère transportent l’ozone tout autour du globe.
Au final, le phénomène naturel de formation et de destruction de la
couche d’ozone permet d’avoir un taux d’ozone relativement constant dans le
temps. C’est le cas depuis plusieurs millions d’années.
En réalité, la couche d’ozone est indispensable aux êtres vivants : elle
stoppe les rayons ultraviolets que nous envoie le soleil. Ces ultraviolets sont
extrêmement dangereux pour les hommes parce qu’ils provoquent notamment
des cancers de la peau. L’absence de couche d’ozone serait donc
catastrophique pour l’ensemble des être vivants.
Extrait de L’encyclopédie Encarta Junior 2007
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TEXTE Support: Le séisme
Un séisme ou tremblement de terre est le résultat de la libération brusque d'énergie
accumulée par les contraintes exercées sur les roches. Le résultat de la rupture des
roches en surface s'appelle une faille. Le lieu de la rupture des roches en
profondeurs se nomme le foyer. Plus rares sont les séismes dus à l'activité
volcanique ou d'origine artificielle (explosions par exemple). Il se produit de très
nombreux séismes tous les jours, mais la plupart ne sont pas ressentis par les
humains. Environ cent mille séismes sont enregistrés chaque année sur la planète 1.
Les plus puissants d'entre eux comptent parmi les catastrophes naturelles les plus
destructrices. La science qui étudie ces phénomènes est la sismologie (étudiée par
des sismologues) et l'instrument d'étude principal est le sismographe (qui produit
des sismogrammes).
Un séisme ou un tremblement de terre se traduit en surface par des
vibrations du sol. Il provient de la fracturation des roches en profondeur. Cette
fracturation est due à une grande accumulation d'énergie qui se libère, en créant
ou en faisant rejouer des failles, au moment où le seuil de rupture mécanique
des roches est atteint.
La croûte terrestre est constituée de plusieurs grandes plaques qui
évoluent les unes par rapport aux autres : certaines s'écartent, d'autres
convergent, et d'autres coulissent. Environ 90% des séismes sont localisés au
voisinage des limites de ces plaques.
Alors qu'en profondeur, les plaques se déplacent régulièrement de
quelques millimètres à quelques centimètres par an, dans la partie supérieure
de la croûte terrestre (30 premiers km), ce mouvement n'est pas continu. Les
failles peuvent rester bloquées durant de longues périodes, tandis que le
mouvement régulier des plaques (convergence ou divergence) se poursuit.
Schématiquement le scénario est le suivant : la région de la faille bloquée
se déforme progressivement (déformation élastique lente) en accumulant de
l'énergie, jusqu'à céder brutalement ; c'est la rupture sismique, les contraintes
tectoniques se relâchent, la faille est à nouveau bloquée, et le cycle sismique
recommence.
Source : www.futura-sciences.com
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Masque Baoulé de la région de Bouaké
L'institution du masque n’existait pas chez les ((Baoulés avant la migration qui les a
conduits du Ghana en Côte d'Ivoire sous la conduite de la Reine Pokou.
Goli, masque d'origine Gouro, est un masque-heaume en forme de tête de buffle
qui ne sort que pour les grandes occasions. Goli est le fils de Nyamien, le dieu du ciel. Il
est aussi le père de Kplé-Kplé. Goli est une divinité protectrice. Il fait partie des Amouins,
les grands masques ((Baoulés. Le Goli et le Kplé-Kplé sont Akan.
Le porteur du masque Goli est un initié plongé dans un sommeil hypnotique.
Son costume se compose d'une grande cape, d'une jupe en fibres de raphia, de grelots
aux pieds et il porte une peau de panthère sur le dos.
Les masques-heaumes en forme de gros animaux sont appelés Banun Amuin
(amuin de la forêt) ou Amuin Yaswa (amuin mâle). Ces masques de danse incarnent un
des dieux les plus terrifiants. Le terme Amuin désigne un art religieux qui englobe tous les
pouvoirs et les objets soumis au sacrifice sanglant (en général des poulets) et qui peut
entraîner la mort de quiconque offenserait ses lois. La forme de ces masques, leurs noms
et l'ordre des danses où ils sont portés varient d'un village à l'autre, mais ils ne doivent pas
être vus par les femmes et les étrangers.
Leurs danses, exécutées lors des funérailles des hommes ou pour assurer la
protection du village, durent en général toute la nuit. Ils ont leurs sanctuaires dans la forêt.
Les masques Bonun Amuin, ou Amuin Yaswa, " Dieux des hommes", ainsi que les
observances religieuses qui leur sont associées, sont identifiées à la virilité, à la forêt, à la
rudesse de la nature. Ils personnifient la nature dangereuse et implacable.
SOURCE : Wikipédia
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Classe : 4ème 1 Année scolaire : 2015-2016
LA FETE DES IGNAMES
Chaque année, au mois de février, se réunissent à Abengourou les
onze tribus ayant formé le royaume Akan de l’ Indénié, pour la fête des
ignames.
En effet, ce tubercule, inconnu en Côte d’ Ivoire avant
l’ immigration des Akan, fut apporté du Ghana par ce derniers parce qu’ il
les préserva de la famine pendant la traversée de la grande forêt.
La veille de la cérémonie, les tam-tams et les oliphants (défenses
d’ éléphants) tonnent car c’ est la fin d’ une année et le commencement
d’ une autre. Le même jour, les tisons de feu sont remplacés, ainsi que
l’ eau des « canaris ». Puis a lieu une procession, conduite par le roi, la
tête et les bras fermés d’ or. Il est suivi par tous les notables.
On lui présente les chaises royales (symbole du pouvoir royal),
recouvertes d’ un linceul et les femmes vêtues de blanc de fidélité au
trône.
Après l’ entrée dans la cour de sa demeure, le roi, la reine et un
certain nombre d’ initiés, c’ est-à-dire ceux à qui on a appris les règles
d’ une telle cérémonie exécutent la danse du « kinian-kpli ».
Après une aspersion purificatrice, a lieu la présentation des chaises
(chacune représente un souverain dont le rège et la vie ont été
particulièrement exemplaires), sur lesquelles sont offerts les sacrifices.
Une partie des offrandes est ensuite brûlée tandis que le reste est
consommé par les participants pour symboliser l’ union des vivants et des
morts.
La cérémonie proprement dite est achevée, mais la fête continue.
Mylène Rémy, La Côte d’ Ivoire aujourd’ hui, éd. J.A., P. 45
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La neige
La neige est d'abord une forme de précipitation naturelle constituée de
glace cristallisée et agglomérée en flocons pouvant être ramifiés d'une infinité de
façons. Puisque les flocons sont composés de petites particules, ils peuvent avoir
aussi bien une structure ouverte et donc légère qu'un aspect plus compact voisin
de celui de la grêle, même si celle-ci n'a rien à voir dans sa formation. La neige
se forme généralement par la condensation de la vapeur d'eau dans les hautes
couches de l'atmosphère et tombe ensuite plus ou moins vite à terre selon sa
structure.
La neige est aussi le dépôt de cette précipitation sur le sol ou sur un
obstacle avant le sol (toit, arbre,) : c'est le manteau neigeux. Elle est alors
constituée d'un ensemble de glace et d'air, avec parfois (si température proche
de 0°C) de l'eau liquide.
Les canons à neige produisent de la neige artificielle, en réalité de
minuscules grains de glace proches de la neige fondue. Cette technique est
utilisée sur les pistes de ski intérieures, mais aussi dans les stations de sports
d'hiver pour améliorer l'état des pistes.
Des études récentes ont montré que certaines bactéries (dites glaçogènes)
jouent un rôle important dans la formation des cristaux de glace ou de neige. Ces
bactéries sont normalement épiphytes (pseudomonas sp. par exemple) mais
peuvent parfois être pathogènes. Elles sont identifiées dans de nombreux
échantillons de neige en France, en Amérique du Nord et en Antarctique.
wikipedia
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TEXTE Support: LA FÊTE DE GÉNÉRATION CHEZ LES ÉBRIE
La fête de génération chez les Tchaman appelés Ebrié consiste globalement en une série
de procession de jeunes initiés à travers le village d’Anoumabo. Ces jeunes âgés d’au moins
vingt ans, qui sont parés d’ornements traditionnels, doivent exécuter autour de leur chef, les
pas de danse guerrière (celle-ci est définie par un ensemble de gestuels connus des seuls
initiés). C’est un grand moment de ferveur et de communion dans la communauté Ebrié.
La fête de génération est avant tout une initiation, un service militaire qui consacre
l’entrée du jeune homme dans le cercle des adultes. Le jeune qui acquiert la majorité (20-21
ans), quitte la tutelle parentale et peut être associé à toutes les prises de décision qui
engagent le destin de la communauté. La fête de génération règlemente également la
succession des générations au pouvoir. On distingue la génération Tchagba, Bléssoué,
Gnando, Dougbo. À chacune de ses grandes classes de générations, il faudra associer des
sous-catégories Djéhou, Dogba, Agban, Assoukrou, selon l’âge des initiés. La prise de
pouvoir obéit à un système de rotation. « Pour que le pouvoir passe d’une génération à
l’autre, il faut environ quatre vingt à cent ans ».
Enfin, la fête de génération est une exclusivité culturelle des Tchaman. C’est donc une
fête réservée aux Ebrié. Cependant, vu les brassages sociaux issus de mariages mixtes, la
cérémonie est aussi ouverte aux métis et autres personnes étrangères parfaitement intégrées
à la communauté autochtone. Toutefois, tout le monde peut assister sans risque aux
cérémonies et rites traditionnels.
Extrait de « Le guide Répertoire », Le magazine des communes, Edition 2005.
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Lecture méthodique Classe : 4ème 1
L’école occidentale
Tidjou, le fils du grand commerçant Sotigui venait de terminer brillamment son cycle primaire. Il
devait maintenant intégrer l’École Primaire Supérieure. Mais son père oppose un refus catégorique à
cette possibilité. Sa mère, indignée, décide de rencontrer Diallo afin que ce dernier dissuade son
homme.
Le vieux Diallo se leva tout droit après avoir écouté sa visiteuse, fit quelques pas en direction
du marché et finit par y entrer. […
] Il revint la tête entre les épaules de son burnous marron en poil de
chèvre. La chaleur ne semblait lui causer aucun désagrément dans cette tenue d’un autre âge. Il s’assit
et attaqua aussitôt :
-[…
] Comment veux-tu que nous allions apprendre quelque chose chez ces ingrats qui nient
jusqu’à l’existence de leur créateur? Nous refusons de le faire, nous disons également non pour notre
progéniture […].
-Mais compagnon, ne vois-tu que le monde change en faveur de ces gens-là ? Vous achetez
leurs marchandises. Tu es là toi-même assis à la terrasse d’un des leurs, ta machine vient de chez eux,
ils apprennent à ton neveu à réparer les vélos et même ces gros camions qui nous transportent. C’est
le commis de cette boutique qui rédige tes lettres, qui lit celles que tu reçois. Tu n’as pas de secret
pour lui, toi et celui à qui tu écris et qui t’écrit. Ah !si tu savais lire et écrire dans leur langue ! ta vie
privée serait un secret rien que pour toi seul. Personne ne saurait que tu dois une somme importante
à Mohamed qui t’a insulté dans cette lettre, celle-là même qui est posée sur la rallonge de ta machine.
Comment je l’ai su ? Grâce à celui qui l’a lue pour toi. Tu vois, rien n’est caché…
-Tais-toi, impie ! Moi, je parle et écris l’arabe; je suis un fin lettré et c’est par la faute de ces
Blancs-là que toutes nos choses cachées sont révélées aujourd’hui au grand public. Ces maudites
gens qui m’écrivent dans la langue des Blancs sont des mécréants, des aliénés, des complexés et des
illettrés.
-Pourtant, ils occupent des postes enviés.[… ] Si vous, ton ami et toi, ne laissez pas vos enfants
aller à leur école, ils seront ici sous vos yeux les esclaves des enfants de vos esclaves, vous serez
tous leurs boys. As-tu pensé à cela ? répliqua la vieille. Et comment voulez-vous combattre ces gens
si vous ne les connaissez pas, si vous n’apprenez pas à connaître leurs points faibles ? Sans compter
qu’aucun de nos enfants n’aura un travail lucratif. Ils seront de simples mendiants, narrateurs du Saint
Coran, prédicateurs et autres.
-Ma vieille, répondit Diallo, une seule phrase pour terminer notre entretien : « La poule n’a pas
de mamelles, mais Allah nourrit ses enfants !!! ».
Sur ce, il se leva et lui signifia qu’elle pourrait donc elle-même aller convaincre son homme.
Mamadou Papa DEM, C’était hier, Ed. Edilis, 2002, Pp 36 à 38
Lecture méthodique Classe : 4ème
Les mendiants
Et ce jour encore, lorsque Kéba Dabo a raccompagné ses chefs de brigades et
que, rayonnant de joie, il s’est arrêté devant le bureau de sa secrétaire en lui
disant :
- cette fois, nous réussirons ! Nous les aurons !
Sagar lui répondit :
- tu sais, Kéba, tu perds ton temps avec les mendiants. Ils sont là depuis nos
arrière-arrière-grands-parents. Tu les as trouvés au monde. Tu les y laisseras. Tu
ne peux rien contre eux. Quelle idée d’ailleurs de vouloir les chasser ? Que t’ont-
ils-fait ?
- tu ne peux pas comprendre cela, Sagar…ne ressens-tu rien lorsqu’ils t’abordent…
non, ils ne t’abordent pas, ils t’envahissent, ils t’attaquent, ils te sautent dessus !
Voilà, ils te sautent dessus ! N’éprouves-tu rien lorsqu’ils te sautent dessus ?
Sagar sourit, lisse sa noire chevelure frisée avec ses deux mains, arrange son
décolleté.
- que veux-tu que j’éprouve ? Si j’ai de quoi leur donner, je ne leur donne, sinon
je continue mon chemin. C’est tout. Et puis, la religion recommande bien que l’on
assiste les pauvres ; comment vivraient-ils autrement ?
- La religion prescrit l’aide aux pauvres, mais elle ne leur dit pas de priver leur
prochain du repos. Tu entends, tu comprends cela ? C’est toi et les gens comme
toi qui encourages ce fléau. La religion a-t-elle jamais béni l’homme qui se
dépouille de toute vergogne ?
Sagar éclate de rire en faisant claquer ses deux mains à plusieurs reprises. C’est
plus fort qu’elle. Elle ne pas concevoir que quelqu’un soit si passionné pour une
banale histoire de mendiants. Elle trouve Kéba de plus en plus extravagant.
- Mais dis-moi, Kéba, je ne te demande qu’une chose : comment vivraient-ils s’ils
ne mendiaient pas ? Ah ! Dis-moi encore ceci : à qui les gens donneraient-ils la
charité, car il faut bien qu’on la donne, cette charité qui est un précepte de la
religion ?
Kéba ne répond pas ; il n’aime pas chercher des réponses à ces questions ; il
préfère les éluder, car la véritable affaire pour lui est de dégager les voies de
circulation pour exécuter l’ordre de ses chefs et de cette nausée que provoque
en lui la vue des mendiants.
Aminata Sow Fall, La Grève des Battù, NEA, 1979
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Lecture méthodique Classe : 4ème
Texte 2 : Paye la dot !
(Lakounlé, l’instituteur un peu original et qui veut changer le monde, est amoureux de Sidi,
la beauté du village.)
Lakounlé : O Sidi, voue-moi ton immortel amour et je dédaignerai les sarcasmes de ces
esprits de brousse qui ne savent pas ce qu’ils font. Jure, Sidi, jure que tu seras ma femme et
je ferai face à la terre, au ciel, et aux neuf cercles des enfers.
Sidi : Voilà que tu recommences ! Pour la moindre chose, tu te mets à caqueter comme un
cacatoès. Tu causes, tu causes, et tu me casses les oreilles de mots qui font le même ronron
et qui n’ont ni queue ni tête. Je te l’ai dit et je te le répète : je t’épouse aujourd’hui, la semaine
qui vient, ou n’importe quand tu voudras. Mais il faut d’abord que ma dot soit versée. Ah, ah !
tu tournes les talons, maintenant ! Je te l’ai pourtant dit, Lakounlé, il faut que j’aie la dot
entière. Voudras-tu faire de moi un objet de risée ? Bon, agis comme il te plaît. Mais Sidi ne
veut pas se transformer elle-même en crachoir recueillant les mépris du village !
Lakounlé : Que leurs crachats retombent sur ma tète !
Sidi : Ils diront que je n’étais pas vierge, que j’étais forcée à vendre ma honte en t’épousant
sans dot.
Lakounlé : Coutume sauvage, barbare, démodée, rejetée, dénoncée, maudite,
excommuniée, archaïque, dégradante, humiliante, innommable, inutile, rétrograde, aberrante,
imbuvable !
Sidi : As-tu vidé ton sac ? Pourquoi t’arrêtes-tu ?
Lakounlé : Pour le moment, je n’ai que le petit Larousse de poche. Mais j’ai commandé le
grand. Attends et tu verras.
Sidi : Paye seulement la dot.
Lakounlé (dans un cri) : Ignoble, infâme, ignominieuse coutume, couvrant notre passé de
honte aux yeux de l’univers. Sidi, si je cherche une épouse, ce n’est pas pour la voir peiner
à mon service, faire la cuisine, frotter par terre, et pondre des enfants à la douzaine…
Sidi : Dieu te pardonne ! Est-ce que tu te mettras à bafouer la maternité chez la femme ?
Lakounlé : Bien sûr que non, je voulais seulement dire …
O Sidi, je désire me marier par amour.
Je cherche une compagne pour la vie.
(Sur un ton prédicateur) « Et l’homme s’attachera à la femme, et les deux ne feront plus
qu’une seule chair. »
Sidi, dans le besoin je cherche une amie, une coéquipière pour la course de l’existence.
Sidi (sans plus prêter attention, profondément occupée à compter les grains de collier de son
cou) : Alors, paye la dot.
Lakounlé : Fille ignorante, ne peux-tu rien comprendre ? Payer la dot, ce serait acheter une
génisse à l’étal du marché. Tu serais mon cheptel, ma pure propriété. Non, Sidi !
WOLE Soyinka, Le lion et la Perle, Editions CLE
Lecture méthodique Classe : 4ème
Texte 4 : Diattou l’occidentale
À son retour d’Occident, lorsqu’elle était partie cherchée Nalla, elle avait débarqué en
mini-jupe. Son accoutrement et ses cheveux coupés ras, avaient scandalisé les villageois. La
stupeur n’était pas encore passée qu’elle osa se promener dehors en pantalon, cigarette aux
coins des lèvres. Les villageois, en observant ses fesses en forme de calebasses moulées
dans le pantalon, et en les voyant rebondir lorsqu’elle marchait, avaient pensé que Diattou
leur jouait une scène de dérision. Mais ils n’en avaient pas ri. Une profonde secousse les
avait ébranlés et en premier lieu, Mame Fari.
-Diattou as-tu tout ton esprit ? avait demandé sa mère.
Ses éclats de rire avaient résonné dans le ventre de Mame Fari comme une insolence. Elle
n’avait pas perçu l’horreur qu’étalait le visage de sa mère.
-Bien sûr que j’ai tout mon esprit ! Pourquoi tu me le demandes ?
-Ta mise est indécente, ma fille… que diront les gens ?
-Mais ils n’ont rien à dire ! Ce que je fais ne les regarde pas. Est-ce que je me mêle de
leurs affaires ?
-C’est notre tradition de nous regarder et de nous redresser mutuellement, ma fille.
-Le monde n’est plus ce qu’il était hier. Personne ne peut arrêter le progrès. Il faut vivre
dans son siècle sous peine de s’éteindre. Notre siècle, c’est celui du progrès et de la liberté.
Mame Fari n’avait pas eu le courage de rapporter cette conversation. Elle avait senti
que la colère grondait dans les cœ urs. Et aussi l’indignation. Le conseil des anciens avait été
réuni.
-Je ne vous appartiens pas, avait dit Diattou, sans pudeur et sans le moindre respect
pour ces braves laboureurs aux mains calleuses et à la barbe blanche. Vous n’êtes ni mon
père ni ma mère, vous n’avez donc pas à vous mêler de mes affaires… je suis grande
maintenant. Je suis majeure. Je peux disposer de ma personne comme je l’entends.
Personne n’est mon tuteur.
-le diable sera ton tuteur, avait dit le vieux Madiodio courbé sous ses quatre-vingt-
treize ans.
Aminata Sow Fall, L’appel des arènes, Editions NEA
Texte 6 : Les craintes d’ un mari
Malimouna préparait son intervention. Il fallait qu’elle ait des arguments de taille, et
qu’elle s’appuie sur des preuves indiscutables. Elle se rappelait son impuissance, en
France, face au douloureux problème de Fanta. Malimouna allait témoigner. Elle allait
parler de sa propre expérience. Elle allait annoncer publiquement qu’elle n’était pas
excisée et qu’elle n’en était pas pour autant une débauchée. Elle allait parler de son
mariage. ( …). Elle allait…
La porte de la chambre claqua, et Malimouna se retourna en
sursautant. Karim était debout devant elle et la regardait, l’air courroucé.
Tu n’en as pas marre de jouer les vedettes ? lança-t-il, en gesticulant. Malimouna par ci,
l’AAFD par là…J’en ai par-dessus la tête ! A partir d’aujourd’hui, je veux que tu arrêtes toutes
ces simagrées et que tu reviennes un peu sur terre. Tu penses peut-être que tu as le pouvoir
de changer le monde ?
Il y a un début à tout…
Bon, eh bien, moi, j’en ai marre de m’entendre appeler « Monsieur Malimouna ». C’est moi
l’homme, et je voudrais que tu te fasses un peu discret. Tu vas donner aux gens l’impression
que tu me mènes à la baguette. Aie une attitude un peu moins agressive, un peu plus femme.
Il ne s’agit pas de nous dans tout ceci. Il s’agit d’aider les femmes dans leur oppression quasi-
quotidienne…En fait, tu sais tout ça…Bon excuse-moi…on en reparlera un peu plus tard si tu
veux bien. J’ai mon meeting dans deux jours et je ne suis pas tout à fait prête. Je dois
témoigner, il faut que je sois calme et sereine.
Témoigner ? Témoigner de quoi et pourquoi ?
Témoigner de mon histoire, du viol dont j’ai été victime, du mariage forcé, du fait que je ne
sois pas excisée, et que je me sois pourtant mariée et que j’aie eu des enfants…
Tu es folle ? Je te l’interdis !... Ce n’est pas digne d’une femme de se mettre ainsi à nu devant
tout le monde. Tu penses à moi, et aux enfants ? Je ne veux pas que mes parents apprennent
tout ceci ! Tu te rends compte ! Comment vais-je expliquer que je me sois marié avec ma
femme non excisée ?
Malimouna sentait le sang bouillir dans ses veines. Mais il ne fallait pas qu’elle s’énerve, cela
ne ferait qu’envenimer les choses.
Tu veux que je sois la risée de tous ? tempêtait encore Karim, hors de lui.
Fatou Kéita, Rebelle.
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Année scolaire : 2015-2016
Lecture méthodique Classe : 4ème
Texte : Il faut partir
(La scène se passe dans un village africain. Un barrage doit être construit par le
gouvernement. Cela a pour conséquence le déplacement du village.)
N’Da –Penses-tu que notre intérêt à tous soit de quitter ce village où reposent les ancêtres
qui veillent sur nous ? Penses-tu que quitter ce village où nous avons toujours vécu heureux
soit dans notre intérêt ?
N’Douba–Moi aussi je connais la peine que j’aurais à quitter ces lieux. Je sais le grave choc
que notre départ implique. Je ressens le vide qui va nous habiter les premiers temps de notre
départ. Je sais les bouleversements que cela va provoquer dans notre vie quotidienne.
Pourtant, quand je regarde l’avenir qui nous est réservé, je réponds sans hésiter que notre
intérêt se trouve dans le départ.
Oui, il faut partir. Vous voyez vous-mêmes que notre village ne peut plus vivre comme
autrefois. Nos habitudes les plus naturelles ont été faussées. Pour vivre maintenant, on ne
peut plus se contenter des simples poissons du fleuve, des bananes et des tubercules des
champs. Il faut acheter du riz, du sucre, il faut du pétrole pour nos lampes ; il nous faut de
bonnes machettes pour travailler nos champs, des filets résistants pour la pêche. Regardez
donc les pagnes que vous portez : ils sont faits par des machines.
(Murmures d’approbation dans l’assemblée)
Malgré nous, nous sommes embarqués dans ce monde où il faut tout acheter au prix qu’on
nous impose. Voilà, Anoh, ce monde ne nous permet plus de vivre isolés. Nous ne pouvons
pas nous suffire tout comme les autres ne peuvent pas se suffire eux non plus. Il nous faut
donc apprendre avec ardeur ce qu’ils savent de plus que nous.
Et il faut partir avec conviction et enthousiasme.
Amadou Koné, Le respect des morts, Acte 3, scène 3, éd. Hatier International, 1980