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GobinLeray MathsL1Madoc

Ce document est un support de transition entre le lycée et l'enseignement supérieur en mathématiques, destiné aux étudiants de divers niveaux. Il couvre des thématiques essentielles telles que les calculs, les systèmes linéaires, les fonctions réelles, et les nombres complexes, organisées de manière progressive. L'objectif est de préparer les étudiants à leur entrée en première année universitaire en consolidant leurs connaissances de base.

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Ce document est un support de transition entre le lycée et l'enseignement supérieur en mathématiques, destiné aux étudiants de divers niveaux. Il couvre des thématiques essentielles telles que les calculs, les systèmes linéaires, les fonctions réelles, et les nombres complexes, organisées de manière progressive. L'objectif est de préparer les étudiants à leur entrée en première année universitaire en consolidant leurs connaissances de base.

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Mise à niveau pour l’entrée en L1

Gobin Damien, Leray Johan


Avant-propos

Ce document issue en grande partie du livre [GL24] est le fruit des enseignements de mathématiques
que nous avons dispensé dans la filière TREMP-Li-N de 2021 à 2023, ainsi qu’en première année de filières
scientifiques à Nantes Université. Il se veut donc un support de transition entre le lycée et l’enseignement
supérieur. Dans cette optique, nous avons pris le parti de présenter des mathématiques de niveau lycée
ou début de première année universitaire, dans un style s’approchant davantage d’un cours de licence 1.
Cet cours s’adresse donc à plusieurs types de lecteurs : l’étudiant ayant obtenu un baccalauréat sans
faire la spécialité mathématiques et désireux de suivre des études scientifiques, l’étudiant de Terminale
souhaitant préparer son entrée à l’université ou encore l’étudiant de première année universitaire ayant
besoin de revoir quelques bases du lycée.

Comment ce document est-il organisé ? L’enchaînement des chapitres construit le cheminement ma-
thématique : les premiers chapitres présentent des bases indispensables pour la suite et chaque chapitre
utilise ensuite les connaissances présentées auparavant pour en développer de nouvelles. Les principales
thématiques mathématiques sont donc abordées alternativement, en fonction de la progression.
◦ Les trois premiers chapitres sont des chapitres calculatoires. Des rappels de calcul basiques sont
présentés dans le chapitre 1, et la résolution d’équations et d’inéquations, comme vue au lycée, dans
le chapitre 2. Enfin, dans le chapitre 3, nous nous intéressons à la résolution de systèmes linéaires à
l’aide de l’algorithme du pivot de Gauss, traditionnellement enseignée en première année universitaire.
◦ Les chapitres 4 à 9 présentent des thématiques importantes du lycée, que sont l’étude des suites,
la géométrie plane et spatiale, et l’étude des fonctions réelles à une variable réelle. Une importance
toute particulière a été donnée à cette dernière thématique qui constitue indéniablement le point
central de l’enseignement des mathématiques de Terminale et de première année universitaire.
◦ Cet ouvrage s’achève par deux chapitres qui, selon nous, doivent permettre de faciliter votre accession
sereine aux études supérieures. L’avant-dernier chapitre traite de l’intégration, avec un développement
plus important que celui fait en classe de Terminale, notamment par son utilisation pour la résolution
d’équations différentielles. Enfin, le dernier chapitre traite des nombres complexes. Il s’agit d’une
thématique particulièrement importante de part son lien entre le calcul analytique et la géométrie
mais aussi par ces nombreuses applications en physique. Finalement, vous trouverez une courte
annexe sur la théorie des ensembles dont certaines notions sont utilisées au cours de ce document.
Table des matières

1 Rudiments de calcul 7
1.1 Ensembles de nombres et opérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 Développement et factorisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

2 Équations et inéquations 17
2.1 Résolution d’équations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.2 Équations affines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.3 Équations du second degré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.4 D’autres types d’équations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.5 Intervalles et inéquations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

3 Résolution de systèmes linéaires 37


3.1 Systèmes linéaires à deux inconnues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3.2 Systèmes linéaires à trois inconnues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46

4 Vecteurs, droites, plans 57


4.1 Vecteurs du plan et de l’espace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
4.2 Géométrie du plan affine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
4.3 Géométrie de l’espace affine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
4.4 Orthogonalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85

5 Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle 99


5.1 Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
5.2 Composition de fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
5.3 Représentation graphique d’une fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
5.4 Propriétés et illustrations graphiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

6 Suites réelles 119


6.1 Généralités sur les suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
6.2 Suites et raisonnement : la récurrence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
6.3 Convergence de suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
6.4 Étude des suites récurrentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
6.5 Cas particuliers de suites usuelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144

7 Longueur, angle et trigonométrie 155


7.1 La distance euclidienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155
7.2 La notion d’angle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
7.3 Trigonométrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168
6 Table des matières

8 Études de fonctions réelles 179


8.1 Limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
8.2 Continuité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194
8.3 Dérivabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199
8.4 Schéma d’étude de fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208

9 Fonctions de références 221


9.1 La fonction partie entière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 221
9.2 La fonction exponentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
9.3 La fonction logarithme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229
9.4 Fonctions puissances et exponentielle de base a . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234

10 Intégration 243
10.1 Intégrale d’une fonction continue sur un segment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
10.2 Primitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
10.3 Intégration par parties . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251
10.4 Changement de variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
10.5 Application à la résolution d’équations différentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257

11 Nombres complexes 269


11.1 Forme algébrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269
11.2 Module, argument et forme trigonométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275
11.3 Exponentielle complexe et forme exponentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280
11.4 Résolution d’équations polynomiales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 284
11.5 Applications des nombres complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289

A Éléments de théorie des ensembles 301


A.1 Généralités et définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301
A.2 Opérations sur les ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 302

Index 304
CHAPITRE 1

Rudiments de calcul

L’objectif de ce chapitre est de rappeler les règles de calcul élémentaires entre nombres réels. La
maîtrise de ces différentes règles constitue un prérequis indispensable à la poursuite d’études scientifiques
et plus généralement à la pratique des mathématiques au quotidien. Nous allons ainsi redéfinir les en-
sembles de nombres usuels (illustrés sur la figure 1.1) ainsi que les différentes opérations de calcul sur ces
ensembles. Il va sans dire que si vous désirez progresser, vous devez absolument vous abstenir d’utiliser
une calculatrice.

R
Q
π
Z

N 1 √
−1 2 2
0, 1, 2, . . .

−2
e
− 75

Figure 1.1 – Des ensembles de nombres

Nous aurons besoin dans ce chapitre de plusieurs notions en lien avec la théorie des ensembles. Nous ne
donnerons que peu de détails à ce sujet dans ce chapitre mais si vous êtes intéressé nous vous renvoyons
à l’annexe A.

1.1. Ensembles de nombres et opérations

1.1.1 Nombres entiers et premières opérations


Commençons par introduire les ensembles de nombres entiers. Pour rappel, N désigne l’ensemble des
nombres entiers naturels :
N = {0, 1, 2, 3, 4, 5, . . . }.
8 Chapitre 1 – Rudiments de calcul

Les deux opérations usuelles sur les nombres entiers naturels sont la somme et le produit qui sont définis,
étant donnés deux nombres entiers naturels a et b, de la façon suivante.
◦ La somme de a et b est définie par a + b = |1 + 1 +{z. . . + 1} + |1 + 1 +{z. . . + 1}.
a termes b termes
◦ Le produit de a et b est défini par a × b = |a + a +{z. . . + a} et on pourra se convaincre que a × b =
b termes
b
| +b+
{z. . . + b}.
a termes

Remarques.
◦ Il est d’usage de noter ab le produit a × b pour simplifier les écritures.
◦ Dans les calculs utilisant des sommes et des produits il faudra faire particulièrement attention aux
règles de priorités de calculs entre les opérations : on commence toujours par calculer les produits
avant les sommes. Si vous souhaitez calculer une somme avant un produit, il faut impérativement
l’indiquer en utilisant un parenthésage ! Par exemple, on a (2 + 3) × 5 = 5 × 5 = 25.

Rappelons à présent que Z désigne l’ensemble des nombres entiers relatifs :

Z = {. . . , −4, −3, −2, −1, 0, 1, 2, 3, 4, 5, . . . }.

Cet ensemble est construit à partir de N en ajoutant pour tout nombre n ∈ N non nul son symétrique,
c’est-à-dire un nombre noté −n tel que n + (−n) = 0 = −n + n.

Remarques.
◦ On parlera régulièrement de nombres entiers sans précisions supplémentaires pour désigner des entiers
relatifs.
◦ La somme et le produit définis précédemment pour les entiers naturels s’étendent de façon naturelle
à l’ensemble des nombres entiers relatifs Z.

1.1.2 Nombres entiers et calcul de puissances


Définition 1.1 – Puissance. Soit n un nombre entier naturel non nul et soit a un nombre entier relatif.
On note an , et on lit « a puissance n », le nombre

an = |a × a ×{z. . . × a} .
n termes

De plus, pour tout nombre entier relatif a, on pose a0 = 1 (en particulier 00 = 1).

Exemple. Voici la liste des premières puissances de 2 :


◦ 21 = 2, ◦ 24 = 16, ◦ 27 = 128, ◦ 210 = 1024,
◦ 22 = 4, ◦ 25 = 32, ◦ 28 = 256, ◦ 211 = 2048,
◦ 23 = 8, ◦ 26 = 64, ◦ 29 = 512, ◦ 212 = 4096.

Exercice 1.2. Calculer les puissances suivantes :


1. 33 , 3. (−1)2 , 5. −22 , 7. (−1)4 ,
2. 03 , 4. (−2)2 , 6. (−1)3 , 8. (−1)5 .
1.1 Ensembles de nombres et opérations 9

Proposition 1.3 – Règles de calcul avec les puissances. Soient a, b deux nombres entiers relatifs et
m, n deux nombres entiers naturels. Alors,
◦ am × bm = (ab)m , ◦ am × an = am+n , ◦ (am )n = am×n = amn .

Exemple. On cherche à calculer, pour n ∈ N, la valeur de (−1)n en fonction de n. Fixons un entier naturel
n. On distingue alors deux cas :
◦ ou bien n est pair, c’est-à-dire qu’il existe un entier naturel k tel que n = 2k, et alors (−1)n =
 k
(−1)2k = (−1)2 = 1k = 1,
◦ ou bien n est impair, c’est-à-dire qu’il existe un entier
k naturel k tel que n = 2k + 1, et alors
(−1)n = (−1)2k+1 = (−1) × (−1)2k = (−1) × (−1)2 = (−1) × 1k = −1.
On a donc montré que pour tout entier naturel n, on a (−1)n = 1 si n est pair et (−1)n = −1 si n est
impair.

Exercice 1.4. Écrire sous la forme an , a et n des entiers naturels, les nombres suivants :
1. 33 × 53 , 2. 33 × 35 , 3. (33 )5 , 4. 23 × 33 × 62 .

1.1.3 Décomposition des nombres entiers


Définition 1.5 – Nombres premiers. Un entier naturel n est dit premier si n ⩾ 2 et si les seules
décompositions de n en un produit de deux nombres entiers naturelsn = ab sont données par a = 1 et
b = n ou a = n et b = 1.

Remarques.
◦ On notera que, par définition, 1 n’est pas un nombre premier.
◦ Si vous avez l’habitude du langage de l’arithmétique vous pouvez reformuler la définition précédente
de la façon suivante : un nombre entier naturel n est dit premier s’il possède exactement deux diviseurs
à savoir 1 et lui-même. On retrouve donc ici que 1 n’est pas premier.

Exemple. Les nombres 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19 sont des nombres premiers. Pour faire la liste des nombres
premiers inférieurs à un nombre fixé, on peut utiliser le crible d’Ératosthène (pour une présentation de ce
crible, on pourra consulter [Wikc]). De plus, pour savoir si un nombre entier positif est un nombre premier

on notera qu’il suffit de tester s’il est divisible par un nombre compris entre 2 et n.

Les nombres premiers sont d’un très grand intérêt. Ils sont, par exemple, utilisés de façon cruciale en
cryptographie (par exemple pour le protocole RSA, voir [Wikb]). Leur principal usage dans ce chapitre
découle du résultat suivant.

Proposition 1.6 – Décomposition en facteurs premiers. Pour tout entier n ⩾ 2, il existe une unique
famille de couples (p1 , k1 ), . . . , (pr , kr ), avec
◦ p1 , . . . , pr des nombres premiers distincts et classés dans l’ordre croissant,
◦ k1 , . . . , kr des entiers naturels non nuls,
telle que
n = p1k1 × p2k2 × · · · × prkr .

Exemple. On a la décomposition

2160 = 2 × 2 × 2 × 2 × 3 × 3 × 3 × 5 = 24 × 33 × 5.
10 Chapitre 1 – Rudiments de calcul

Exercice 1.7 – Décomposition d’entiers. Donner la décomposition en produit de nombres premiers des
nombres suivants :
1. 1000, 2. 625, 3. 564, 4. 89.

1.1.4 Nombres rationnels et calcul fractionnaire


On désigne par Q l’ensemble des nombres rationnels, c’est-à-dire l’ensemble de tous les nombres
qui s’écrivent sous la forme d’un quotient (d’une fraction) d’un entier relatif par un entier relatif non nul.
Autrement dit, na o
Q= , a ∈ Z, b ∈ Z, b ̸= 0 .
b
Propriété 1.8 – Simplification d’une fraction. Soient a un nombre entier et b un nombre entier non
nul. Alors, pour tout nombre c également non nul, on a :
ac a a
= et = a.
bc b 1
21 7×3 7
Exemple. On a 6 = 2×3 = 2 ou encore − 242 11×11×2 11
44 = − 2×2×11 = − 2 .

La simplification de fraction est importante car elle permet d’écrire les nombres rationnels sous forme
irréductible, c’est-à-dire avec le dénominateur le plus petit possible.

Définition 1.9 – Fractions irréductibles. Soient a ∈ Z et b ∈ Z, b ̸= 0. On dit que la fraction ba est


irréductible si elle ne peut pas être simplifiée, c’est-à-dire s’il n’existe pas de nombre entier naturel c
différent de 1 tel que a = ca′ et b = cb′ avec a′ , b′ ∈ Z.

Exemple. Le nombre 21 6 n’est pas irréductible car 21 = 3 × 7 et 6 = 3 × 2 (on a ici c = 3). En revanche,
7
2 (qui est en réalité égale à 21
6 ) est bien irréductible.

Propriété 1.10 – Position du signe moins. Soient a et b des nombres entiers, b ̸= 0, on a


−a a a
= =−
b −b b
Propriété 1.11 – Addition de deux fractions. Soient a, b, c et d des nombres entiers avec b et d non
nuls.
◦ L’addition et la soustraction de deux fractions de même dénominateur sont données par
a c a+c a c a−c
+ = et − = .
b b b b b b

◦ L’addition de deux fractions ayant des dénominateurs différents est donnée par

a c ad bc ad + bc
+ = + = .
b d bd bd bd
5 4 5×3 4×7 15 28 15+28 43
Exemple. On a 7 + 3 = 7×3 + 3×7 = 21 + 21 = 21 = 21 .

Propriété 1.12 – Produit, puissance et quotient de deux fractions. Soient a, b, c et d des nombres
réels avec b et d non nuls.
◦ La multiplication de deux fractions est donnée par
a c ac
× = .
b d bd
1.1 Ensembles de nombres et opérations 11
a n an

En particulier, pour tout entier naturel n, b = bn .
◦ Supposons également que c ̸= 0. La division de deux fractions est donnée par
a
b a d ad
c = × = .
d b c bc

Exercice 1.13. Écrire sous forme d’une fraction irréductible les nombres rationnels suivants :
1. 1
+ 35 , 4. 11
+ 5
− 12 , (−2)4 × (−3)7
2 3 6 7. ,
1
43 × 94
− 13 , 2
+ 95 ,

2. 5. 4 × 2
2 4
3 + 49
2 9 1 1 1 1 8. .
3. 3 × 4, 6. 2 + 3 + 4 + 5,
2
3 − 49

Définition 1.14 – Retour aux puissances. Soient a un nombre entier non nul et m et n deux entiers
relatifs, alors
am
am−n = n .
a
En particulier, si m = 0 et n = 1 on a a−1 = 1a .

Remarque. Ces définitions s’étendent bien entendu au cas où a est un nombre rationnel et plus largement
un nombre réel. Dans le cas d’un nombre rationnel, on pourra par exemple utilisé la règle de calcul sur les
puissances vue dans la propriété 1.12 pour se ramener à du calcul avec les nombres entiers.

Exercice 1.15. Simplifier les expressions suivantes :


1. (7−24 × 7−26 × 751 )2 , 4. (6)5 × 3−3 × 2 × 2−4 × 3−1 ,
(−4)2 512 × 10−3 × 38
2. , 5. ,
(−4)4 10−5 × 38 × 510
52 ×73
3. (5−4 × 55 )3 , 6. 8 × (35)5 × 74 ×55 × (72 )2 .

1.1.5 Nombres réels et racine carrée


On désigne par R l’ensemble des nombres réels, c’est-à-dire l’ensemble de tous les nombres que
vous avez rencontrés au collège ou au lycée. Cet ensemble est nettement plus grand que Q (par exemple
π ∈ R mais π ∈ / Q) et sera le plus gros ensemble que nous considérerons dans ce chapitre. Pour plus
d’informations sur la construction de l’ensemble des nombres réels, nous vous conseillons de consulter
[Tao22, Chapitre 5].

Définition 1.16 – Racine carrée. Soit a un nombre réel positif. La racine carrée de a, notée a, est

l’unique nombre réel positif qui, lorsqu’on le multiplie par lui-même est égal à a. Autrement dit, a ⩾ 0
√ 2
et ( a) = a.

p p √
À retenir. L’égalité (a)2 = a n’est vraie que pour a positif ! Par exemple, on a (−3)2 = 9 = 3 qui
est différent de −3.

Propriété 1.17 – Opérations sur les racines carrées. Soient a et b deux nombres réels positifs.
√ √ √
◦ La multiplication de racines carrées est donnée par a × b = ab.
√ r
a a
◦ La division de racines carrées est donnée, si b ̸= 0, par √ = .
b b
12 Chapitre 1 – Rudiments de calcul
√ √ √ √ √ √ √ √
Exemple. On a 120 = 4 × 5 × 6 = 2 5 × 6 ou encore √6 = 2×
√ 3 = 3.
2 2

√ √ √ √ √
À retenir. Il faudra prendre garde au fait que a + b ̸= a+ b. Par exemple, on a 2+2 = 4=
√ √ √
2 ̸= 2 2 = 2 + 2.

Exercice 1.18. Écrire le plus simplement possible les expressions suivantes :


√ √ √ √ p
1. (2 3)2 , 2. 4 7 − 63, 3. √17 + 28, 4. (1 − π)2 .

1.2. Développement et factorisation

1.2.1 Développer une expression


Développer une expression consiste à transformer un produit en une somme de plusieurs termes.
Soient a, b, c, d et k des nombres réels. La distributivité de la multiplication par rapport à l’addition
est donnée par
k(a + b) = ka + kb.
On a ici développé l’expression k(a + b) en ka + kb. En prenant b = −c, on obtient k(a − c) = ka − kc.
La double distributivité est donnée par

(a + b)(c + d) = (a + b)c + (a + b)d = ac + bc + ad + bd.

Exemples. Soient a et b deux nombres réels.


◦ 4(a + 3) = 4a + 12. ◦ (a − 7)(2 − b) = 2a + 7b − ab − 14.

Il y des cas particuliers d’utilisation de la double distributivité particulièrement utiles à connaître que l’on
énonce dans la proposition suivante.

Proposition 1.19 – Identités remarquables. Pour tous nombres réels a et b, on a les égalités suivantes :
◦ (a + b)2 = a2 + 2ab + b2 , ◦ (a + b)(a − b) = a2 − b2 .

Démonstration. Il suffit de développer les expressions de gauche à l’aide de la double distributivité pour
démontrer ces égalités.

Exercice 1.20. Soient a et b deux nombres réels. Développer l’expression (a − b)2 .

Exercice 1.21. Étant donnés des nombres réels a, b, x, y , α et ω, développer les expressions suivantes :
√ 2
1. 4 − 3 2 , 6. (7a + 5)(5 − 3a),
√ √
2. (2 5 + 3)(3 5 − 4), 7. (11y 2 + 4)2 ,
√ 2
3. (1 − 2) , 8. (11y 2 + 4)3 ,
√ √ 2 √ √ 2
4. ( 10 + 6) − ( 10 − 6) , 9. (α − 3ω)2 ,
5. 4x(7x 2 − 8), 10. (4x − 9 − b)(4x − 9 + b).
1.2 Développement et factorisation 13

Exercice 1.22 – D’autres identités remarquables. Soient a et b deux nombres réels. Développer les
expressions suivantes :
1. (a − b)(a2 + ab + b2 ), 2. (a − b)(a3 + a2 b + ab2 + b3 ).

La double distributivité possède de nombreuses applications pratiques. L’une d’entre elles consiste à utiliser
ce que l’on appelle la quantité conjuguée.

Méthode – Multiplication par la quantité conjuguée. Pour simplifier une somme ou une différence de
racines au dénominateur d’une fraction, comme par exemple, pour a et b sont deux réels positifs distincts,

1 1
√ √ ou √ √ ,
a+ b a− b

on peut multiplier par la quantité conjuguée. Plus précisément, on écrit


√ √ √ √ √ √
1 1 a− b a− b a− b
√ √ =√ √ ×√ √ = √ √ √ √ =
a+ b a+ b a− b ( a + b)( a − b) a−b

et √ √ √ √ √ √
1 1 a+ b a+ b a+ b
√ √ =√ √ ×√ √ = √ √ √ √ = .
a− b a− b a+ b ( a − b)( a + b) a−b

Exercice 1.23 – Multiplication par la quantité conjuguée. Simplifier les expressions suivantes en ob-
tenant des dénominateurs entiers :
√ √ √ √ √
1 2+ 3+ 5 4+2 6 4−2 6
1. √ √ , 3. √ √ , 5. √ √ +√ √ ,
5− 3 3+ 5 2+ 3 2− 3
√ √ √ √  √ 2
3+ 5 7− 2 4 3
2. √ √ , 4. √ √ , 6. √ .
3− 5 5− 2 2+1

1.2.2 Factoriser une expression


Factoriser une expression consiste à transformer une somme en un produit de plusieurs facteurs. Il
s’agit donc de l’opération inverse du développement. Par exemple, pour a, b et k des nombres réels,
on a ka + kb = k(a + b) et on a ici factorisé l’expression ka + kb en k(a + b). Factoriser des expressions
aura un grand intérêt dans la simplification de fractions (voir exercices 1.26 et 1.27) et la résolution
d’équations et d’inéquations comme nous le verrons dans le chapitre suivant.

Méthode – Factorisation. Pour factoriser une expression, il peut être très utile de se rappeler des identités
remarquables dont on rappelle qu’elles sont données, pour a et b deux nombres réels, par a2 + 2ab + b2 =
(a + b)2 et a2 − b2 = (a − b)(a + b). On les écrit dans le sens inverse de celui donné précédemment pour
qu’elles s’appliquent au mieux à notre objectif : factoriser des expressions.
14 Chapitre 1 – Rudiments de calcul

Exercice 1.24. Soit x un nombre réel. Factoriser les expressions suivantes :


1. 4x 2 − 9, 6. 81 − (4x − 5)2 ,
2. 64x 2 − 8, 7. (2x − 3)(7x − 6) − 4x 2 + 12x − 9,
3. 2x(x − 3) − 5(x − 3)2 , 8. 2x 2 − x + (2x − 1)(x + 1),
4. (4x + 5)2 − 49, 9. 343 − x 3 ,
5. (x + 4)2 − (2x − 5)2 , 10. (x + 1)3 + 125.

Exercice 1.25. Soient x, y , g et t des nombres réels. Factoriser les expressions suivantes :
1. 1
2 gt
2
− 12 g 2 t, 4. x 2 − 2,
2
2. x + 4x + 4, 5. x 3 − 8,
3. 4x 2 − 12x + 9, 6. 3x 4 − 12x 3 + 12x 2 .

Exercice 1.26. Soient x, y et z trois nombres réels. Simplifier en factorisant les expressions suivantes
(dont on suppose qu’elles sont bien définies) :
8 5x − 10 x 2 − 2x + 1
1. , 3. , 5. ,
12x + 20 7x − 14 2(x − 1)
9x 2 4x − 12 3x + 3
2. , 4. , 6. 2 .
12xy − 15xz 15 − 5x x + 2x + 1

Exercice 1.27. Soient a, b, x et y quatre nombres réels. Mettez les expressions suivantes (dont on suppose
qu’elles sont bien définies) sous forme d’une seule fraction :
2a + b a − 6b 2 3
1. + , 3. − ,
10 15 3a − 1 2a + 1
2 3 5 3 5
2. − + , 4. − 2 .
x 2x 4 x +y x − y2
1.2 Développement et factorisation 15

Solutions des exercices


Exercice 1.2
1. 27, 3. 1, 5. −4, 7. 1,
2. 0, 4. 4, 6. −1, 8. −1.

Exercice 1.4
1. 153 , 2. 38 , 3. 315 , 4. 63 × 62 = 65 .

Exercice 1.7
1. 23 × 53 , 2. 54 , 3. 22 × 3 × 47, 4. 89.

Exercice 1.13
1. 11
10
, 3. 3
2
, 5. 46
5
, 1
7. − 12 ,
2. 1
6
, 4. 4, 6. 77
60
, 35
8. − 19 .

Exercice 1.15
1. 49, 3. 125, 5. 2500,
2. 1
16
, 4. 12, 6. 8 × 52 × 78 .

Exercice 1.18
√ √ √
1. 12, 2. 7, 3. √1
7
+2 7= 15
7
7, 4. π − 1 car 1 − π < 0.

Exercice 1.20 Soient a et b deux nombres réels. On a (a − b)2 = (a + (−b))2 = a2 + 2a × (−b) + (−b)2 = a2 − 2ab + b2 .

Exercice 1.21

1. 34 − 24 2, 5. 28x 3 − 32x, 9. α2 − 6αω + 9ω 2 ,

2. 18 + 5, 6. −21a2 + 20a + 25, 10. 16x 2 − 72x + 81 − b2 .

3. 3 − 2 2, 7. 121y 4 + 88y + 16,

4. 8 15, 8. 1331y 6 + 1452y 4 + 528y 2 + 64,

Exercice 1.22
1. a3 − b3 , 2. a4 − b4 .

Exercice 1.23
√ √ √ √ √
1. 3+ 5
2
, 3. 2− 6+ 10
2
, 5. 4 2,
√ √ √ √
−2− 10+ 14+ 35

2. −4 − 15, 4. 3
, 6. 144 − 96 2.

Exercice 1.24
1. (2x − 3)(2x + 3), 5. (−x + 9)(3x − 1), 9. (7 − x)(49 + 7x + x 2 ),
√ √
2. (8x − 8)(8x + 8), 6. (−4x + 14)(4x + 4), 10. (x + 6)(x 2 − 5x + 25).
3. (x − 3)(−3x + 15), 7. (2x − 3)(5x − 3),
4. (4x − 2)(4x + 12), 8. (2x − 1)(2x + 1),

Exercice 1.25
1. 1
2
gt(t − g), 3. (2x − 3)2 , 5. (x − 2)(x 2 + 2x + 4),
√ √
2. (x + 2) , 2
4. (x − 2)(x + 2), 6. 3x 2 (x − 2)2 .

Exercice 1.26
1. 2
3x+5
, 2. 3x
4y −5z
, 3. 5
7
, 4. − 45 , 5. x−1
2
, 6. 3
x+1
.

Exercice 1.27
3x−3y −5
1. 8a−9b
30
, 2. 5x+2
4x
, 3. 5−5a
(3a−1)(2a+1)
, 4. (x+y )(x−y )
.
CHAPITRE 2

Équations et inéquations

2.1. Résolution d’équations

Définition 2.1. Résoudre dans R une équation (E) d’inconnue x

f (x) = 0 (E)

où f (x) est une expression dépendant d’un nombre réel x, consiste à déterminer tous les nombres réels a
tels que l’égalité f (a) = 0 soit vraie. Un tel nombre a est alors appelé une solution réelle de l’équation
(E).

Remarque. La résolution d’une équation dépend de l’ensemble dans lequel on cherche les solutions. Ainsi,
si l’on écrit « résoudre dans R » on cherche tous les nombres réels x tels que f (x) = 0 alors que si l’on
écrit « résoudre dans Z » on cherche tous les nombres entiers relatifs x tels que f (x) = 0.

Exemple. On considère l’équation 2x 2 + x = −x + 4. Résoudre dans R cette équation, c’est donc


déterminer toutes les valeurs réelles de x telles que 2x 2 + x = −x + 4. On peut constater que 1 est
solution de cette équation car 2 × 12 + 1 = 3 et −1 + 4 = 3, donc l’égalité est vérifiée pour x = 1.
On peut faire de même pour −2. En revanche, on constate que 3 n’est pas solution. En effet, on a
2 × 32 + 3 = 21 ̸= 1 = −3 + 4.

Exercice 2.2. Soit l’expression A(x) = −2x 3 + 3x 2 − 1 dépendante d’un nombre réel x. On considère
l’équation A(x) = 0.
1. Calculer A(0), A(1), A 12 et A − 21 . Les nombres 0, 1, 12 et − 12 sont-ils solutions de l’équation ?
 

2. Avons-nous finalement résolu l’équation A(x) = 0 ?

Résoudre une équation peut se révéler difficile au premier abord. Afin de procéder à cette résolution, il
peut être utile de transformer ou de réécrire notre équation en une autre, qui à vocation à être plus simple
et qui possède exactement les même solutions : on dira alors que ces équations sont équivalentes.

Définition 2.3. Deux équations f (x) = 0 et g(x) = 0 sont dites équivalentes si, pour tout nombre réel
a tel que f (a) = 0 alors g(a) = 0 et si, pour tout nombre réel b tel que g(b) = 0 alors f (b) = 0. Si
f (x) = 0 et g(x) = 0 sont deux équations équivalentes, on dit alors que « f (x) = 0 si et seulement si
g(x) = 0 », ce que l’on note
f (x) = 0 ⇔ g(x) = 0.
18 Chapitre 2 – Équations et inéquations

À retenir. On utilisera le symbole ⇔ avec une grande précaution et avec parcimonie ! En général, il est
préférable de se contenter d’employer des termes en français qui signifient la même chose, comme par
exemple, « si et seulement si ». Ainsi, f (x) = 0 ⇔ g(x) = 0 signifie « a est solution de f (x) = 0 si et
seulement si a est solution de g(x) = 0 ».

Afin de pouvoir passer d’une première équation à une seconde équation équivalente à la première que l’on
espère plus simple à résoudre, on dispose notamment des deux règles de réécriture suivantes.

Proposition 2.4 – Manipulation d’égalités.


◦ Une égalité entre deux nombres reste vraie si l’on ajoute ou si l’on soustrait un même nombre à ses
deux membres. Plus précisément, pour tous nombres réels a, b et c, on a

a + c = b + c si et seulement si a = b.

◦ Une égalité entre deux nombres reste vraie si l’on multiplie ou si l’on divise ses deux membres par un
même nombre réel non nul. Plus précisément, pour tous nombres réels a, b et c avec c ̸= 0, on a

ac = bc si et seulement si a = b.

Exemples.
◦ L’équation f (x) = g(x) avec f (x) et g(x) deux expressions dépendantes d’un nombre réel x, est
équivalente à l’équation f (x) − g(x) = 0.
◦ L’équation 2x + 3 = 3 est équivalente à l’équation 2x = 0.
◦ L’équation 2x 2 + x = −x + 4 est équivalente à l’équation 2x 2 + 2x − 4 = 0.
◦ L’équation 7x + 7 = 9 est équivalente à l’équation x + 1 = 79 .

2.2. Équations affines


Définition 2.5 – Équation polynomiale. Une équation (E) est dite polynomiale s’il existe N ∈ N et
a0 , a1 , . . . , aN ∈ R avec aN ̸= 0 tels que l’équation (E) soit équivalente à l’équation

a0 + a1 x + a2 x 2 + . . . + aN x N = 0.

Une telle équation est dite polynomiale de degré N.

Exemples.
◦ L’équation x 3 − 7x 2 = 9 est polynomiale de degré 3.

◦ L’équation x 5 − 4x 2 + x = 0 n’est pas polynomiale, car elle contient une racine carrée.
◦ L’équation (x 3 + 9)(x − 7) = x 4 est polynomiale de degré 3 car le terme en x 4 se simplifie.

Remarque. Bien que ces équations soient parmi les plus simples que l’on puisse rencontrer, trouver toutes
les solutions d’une telle équation peut se révéler fastidieux, voir difficile. On peut distinguer deux familles
d’équations polynomiales.
◦ Pour les équations polynomiales de degrés 1, 2, 3 et 4, il existe des formules pour les solutions. Nous
allons ici nous intéresser aux équations polynomiales de degré 1. Les équations polynomiales de degré
2 feront l’objet de la section suivante. La méthode de Cardan (voir [Wikg]) permet de résoudre les
équations de degré 3 et la méthode de Ferrari (voir [Wiki]) les équations de degré 4.
2.3 Équations du second degré 19

◦ En revanche, on peut démontrer qu’il n’existe pas de formule générale pour les solutions d’équations
polynomiales de degré 5 ou plus. Le principal contributeur pour la démonstration de ce résultat est
le mathématicien français Évariste Galois (voir [Wikd]).

Si vous êtes intéressé par cette question, nous vous conseillons de consulter [Per].

Étudions maintenant la résolution des équations polynomiales de degré 1, que l’on appelle aussi équations
affines. Commençons par traiter un exemple.

Exemple. On cherche à résoudre dans R l’équation

2x + 3 − 5x = 4x.

L’équation 2x + 3 − 5x = 4x est équivalente à l’équation −3x + 3 = 4x, obtenue par simplification du


terme de gauche, qui est elle-même équivalente à −7x + 3 = 0, obtenue en soustrayant 4x à chacun des
termes. On a donc
2x + 3 − 5x = 4x ⇔ −7x + 3 = 0.
En soustrayant 3 à chacun des termes, on obtient l’équation équivalente −7x = −3, puis en multipliant
les termes de gauche et de droite par −1 3
7 , on obtient l’équation équivalente x = 7 . On peut résumer cela
par la succession d’équivalences suivante :

3
2x + 3 − 5x = 4x ⇔ −7x + 3 = 0 ⇔ −7x = −3 ⇔ x = .
7
3 3
On a donc montré que 2x + 3 − 5x = 4x si et seulement si x = 7. Donc, 7 est l’unique solution de
l’équation 2x + 3 − 5x = 4x.

Cet exemple se généralise aisément. Considérons deux réels a ̸= 0 et b et déterminons les solutions de
l’équation ax + b = 0. On peut isoler l’inconnue x d’un côté du signe d’égalité via les équivalences
suivantes :
1 1 b
ax + b = 0 ⇔ ax = −b ⇔ ax = × (−b) ⇔ x = − .
a a a
On a donc démontré le résultat suivant.

Proposition 2.6. Soient a et b deux nombres réels avec a non nul. L’équation polynomiale de degré 1,
ax + b = 0 admet pour unique solution réelle le nombre − ba .

Exercice 2.7. Résoudre dans R les équations suivantes :


5 3
1. 3x + 2 = 5, 4. −3x + 7 = 9, 7. 3x + 2 = 2,
3 x 2x−3
2. 2x + 3 = 4, 5. 4x + 6 = 9x − 2, 8. 3 −1= 5 ,
x 5−2x 3x−4
3. −5x − 2 = 8, 6. 3 + 1 = 2x − 1, 9. 7 = 2 .

2.3. Équations du second degré


Dans cette section, nous allons présenter une approche algorithmique de résolution des équations
polynomiales de degré 2, c’est-à-dire des équations de la forme

ax 2 + bx + c = 0,
20 Chapitre 2 – Équations et inéquations

avec a ̸= 0, b et c trois nombres réels. Il est important de noter qu’il n’y a que peu d’équations dont on
sait trouver les solutions exactes. Il est donc important de bien savoir traiter celles que l’on sait toujours
résoudre.

2.3.1 Équations du type x 2 = a


On commence par présenter la résolution d’un cas particulier d’équation du second degré : les équations
de la forme x 2 = a, avec a ∈ R.

Proposition 2.8. Soient a un nombre réel et f (x) une expression dépendante d’un nombre réel x.
◦ Si a > 0, alors l’équation (f (x))2 = a est équivalente à
√ √
f (x) = a ou f (x) = − a.

◦ Si a = 0, alors l’équation (f (x))2 = a est équivalente à f (x) = 0.


◦ Si a < 0, alors l’équation (f (x))2 = a n’admet aucune solution réelle.

Exemples.
√ √
◦ L’équation (x − 2)2 = 3 est équivalente à x − 2 = 3 ou x − 2 = − 3 ce qui est équivalent à
√ √ √ √
x = 2 + 3 ou x = 2 − 3. Les solutions de l’équation (x − 2)2 = 3 sont donc 2 + 3 et 2 − 3.
◦ L’équation (x − 2)2 = 0 est équivalente à l’équation x − 2 = 0, donc l’unique solution de l’équation
(x − 2)2 = 0 est 2.
◦ L’équation (x + 7)2 + 3 = 1 est équivalente à l’équation (x + 7)2 = −2 qui n’admet aucune solution
réelle.

Exercice 2.9. Résoudre les équations suivantes :


2
1. 2x 2 = x 2 + 16, 3. (2x − 5)2 = 49, 5. x 2 − 17 = 64,
2
2. (x + 2)2 = 9, 4. x 2 − 10 = 36, 6. (2x + 3)2 = (x − 4)2 .

2.3.2 Forme canonique


Nous allons à présent montrer que toute équation de la forme ax 2 + bx + c = 0, avec a ̸= 0, b et c
trois nombres réels fixés est équivalente à une équation de la forme a(x − x0 )2 + d = 0 avec x0 et d deux
nombres réels dépendants de a, b et c. Cette nouvelle forme de l’équation est appelée forme canonique
et se trouve être de la forme des équations de la section 2.3.1 ce qui signifie que l’on sait en déterminer
les solutions.
Commençons par traiter un exemple de mise sous forme canonique avant de donner une démonstration
générale. On considère l’équation 2x 2 +3x +1 = 0. On peut alors voir la partie 2x 2 +3x du terme de gauche
de l’égalité comme le morceau encadré de l’identité remarquable 2(x + α)2 = 2(x 2 + 2αx) + 2α2 . Pour
un réel x, on a en effet
 
3 3
2x 2 + 3x + 1 = 2x 2 + 4 x + 1 = 2 x 2 + 2 x + 1
4 4

où l’on a ici α = 34 . On reconnaît bien entre parenthèses le début d’une identité remarquable dont on fait
apparaître la fin :
 2  2 !
2 2 3 3 3
2x + 3x + 1 = 2 x + 2 x + − + 1.
4 4 4
2.3 Équations du second degré 21

On a ainsi, pour tout réel x,


 2 !
2 3 23 9
2x + 3x + 1 = 2 x + 2 x + − +1
4 4 16
 
2 3 9 9
= 2 x +2 x + − +1
4 16 8
2
Finalement, on a pour tout réel x que 2x 2 + 3x + 1 = 2 x + 43 − 81 ce qui correspond à la mise sous
forme canonique de notre trinôme du second degré. En suivant exactement le même procédé pour un
trinôme générique (i.e. de la forme ax 2 + bx + c, avec a, b et c trois réels tels que a ̸= 0), on démontre
la proposition suivante.

Proposition 2.10. Toute équation du second degré ax 2 + bx + c = 0 avec a, b et c trois réels et a ̸= 0,


est équivalente à une équation de la forme a(x − x0 )2 + y0 = 0 avec x0 et y0 , deux nombres réels.

Démonstration. Soient trois nombres réels a, b et c, avec a ̸= 0. On considère l’équation du second degré
ax 2 + bx + c = 0. Soit x un nombre réel, on a les égalités suivantes :
 
2 2 b 2 b
ax + bx + c = ax + 2 x + c = a x + 2 x + c
2 2a

car a est un réel non nul. On a alors

b2 b2 b2 b2
   
2 2 b 2 b
ax + bx + c = a x + 2 x + 2 − 2 + c = a x + 2 x + 2 − +c
2a 4a 4a 2a 4a 4a

et donc
b 2 b2 b 2 4ac − b2
   
ax 2 + bx + c = a x + − +c =a x + + .
2a 4a 2a 4a
b 4ac−b2
On pose alors x0 = − 2a et y0 = 4a afin d’obtenir le résultat.

Définition 2.11 – Forme canonique. La forme a(x − x0 )2 + y0 = 0 d’une équation polynomiale de degré
deux est appelée forme canonique. La forme ax 2 + bx + c = 0 est appelée forme développée.

Remarque. Plutôt que de retenir la formule de la forme canonique, il est plus intéressant de retenir
la méthode pour l’obtenir : il faut penser la partie ax 2 + bx du polynôme comme un début d’identité
remarquable et faire attention au coefficient a devant le terme x 2 .

Exercice 2.12. Mettre sous forme canonique les expressions dépendantes d’un réel x suivantes :
1. x 2 + 4x + 5, 3. x 2 − 4x + 2, 5. 3x 2 − 3x + 3,
2. x 2 + 5x − 3, 4. 4x 2 + 5x − 1, 6. −2x 2 + 3x + 5.

Exercice 2.13.
2
1. Montrer que x 4 − 26x 2 + 25 = 0 est équivalente à x 2 − 13 = 144.
2. Résoudre cette équation.
22 Chapitre 2 – Équations et inéquations

2.3.3 Discriminant et résolution

Dans cette section, on donne une méthode pour résoudre une équation polynomiale de degré deux,
c’est-à-dire une équation de la forme ax 2 + bx + c = 0, avec a, b et c, trois nombres réels tels que a ̸= 0.

Définition 2.14. Les solutions d’une équation du second degré ax 2 + bx + c = 0, avec a, b et c trois
nombres réels tels que a ̸= 0, sont appelées racines du trinôme ax 2 + bx + c.

On a vu que tout trinôme ax 2 + bx + c peut s’écrire sous forme canonique (voir la démonstration de la
proposition 2.10) de la manière suivante :

b 2 4ac − b2
 
ax 2 + bx + c = a x + + .
2a 4a

Dans l’expression de droite, on peut factoriser par a, car a est non nul, pour obtenir
!
b 2 b2 − 4ac
 
2
ax + bx + c = a x+ − .
2a 4a2

Ainsi, l’équation ax 2 + bx + c = 0 est équivalente à l’équation suivante


2
b2 − 4ac

b
x+ − = 0,
2a 4a2

donc les solutions de l’équation ax 2 + bx + c = 0 sont exactement celles de cette dernière équation. À
présent, trois cas de figures se présentent à nous.

◦ Si le nombre réel b2 − 4ac est strictement positif, alors l’équation


2
b2 − 4ac

b
x+ =
2a 4a2

est de la forme f (x)2 = α avec α > 0 dont on sait d’après la proposition 2.8 qu’elle est équivalente
√ √
à f (x) = α ou f (x) = − α ce qui donne les valeurs de x solutions de l’équation. Afin d’obtenir
une factorisation du trinôme, détaillons l’obtention de ces racines :
2 2 √ !2
b2 − 4ac b2 − 4ac
 
b b
x+ − = x+ − .
2a 4a2 2a 2a

En utilisant l’identité remarquable α2 − β 2 = (α + β)(α − β), on peut alors factoriser l’expression


de droite, ce qui nous fournit l’égalité suivante :
√ ! √ !
b 2 b2 − 4ac b2 − 4ac b2 − 4ac
 
b b
x+ − = x+ − x+ + .
2a 4a2 2a 2a 2a 2a

Finalement, on a donc montré que si b2 − 4ac > 0, alors on a


√ ! √ !
2 b − b2 − 4ac b + b2 − 4ac
ax + bx + c = a x + x+ ,
2a 2a
2.3 Équations du second degré 23

ainsi, l’équation ax 2 + bx + c = 0 admet bien exactement deux racines distinctes :


√ √
−b + b2 − 4ac −b − b2 − 4ac
x1 = et x2 = .
2a 2a

◦ Si le nombre réel b2 − 4ac est nul, on remarque, en utilisant la forme canonique, que si b2 − 4ac = 0
alors
b 2 b2 − 4ac b 2
   
2
ax + bx + c = 0 ⇔ x + − =0⇔ x+ = 0.
2a 4a2 2a
b
Ainsi, l’équation ax 2 + bx + c = 0 admet une solution réelle double x1 = x2 = − 2a .
◦ Si le nombre réel b2 − 4ac est strictement négatif, alors l’équation du second degré est équivalente
à une équation de la forme f (x)2 = α avec α < 0 dont on sait d’après la proposition 2.8 qu’elle
n’admet pas de solution réelle. Il n’y a donc pas de solution réelle.

On vient de voir comment déterminer les solutions d’une équation ax 2 + bx + c = 0, où a, b et c sont


des réels et a ̸= 0 et nous avons constater que cette résolution dépend de manière cruciale du signe de la
quantité b2 − 4ac. On lui donne donc un nom.

Définition 2.15 – Discriminant. Soient a, b et c, des nombres réels avec a ̸= 0. On appelle discriminant
du trinôme ax 2 + bx + c, que l’on note ∆ (qui se lit « delta »), le nombre réel

∆ = b2 − 4ac.

Théorème 2.16 – Racines réelles et factorisation d’un trinôme. Soient a, b et c trois nombres réels,
avec a ̸= 0 et ∆ = b2 − 4ac.
◦ Si ∆ > 0, ax 2 + bx + c admet exactement deux racines réelles
√ √
−b − ∆ −b + ∆
x1 = et x2 =
2a 2a

et la factorisation ax 2 + bx + c = a(x − x1 )(x − x2 ).


◦ Si ∆ = 0, ax 2 + bx + c admet une unique racine réelle (double)

−b
x0 = (= x1 = x2 )
2a

et la factorisation ax 2 + bx + c = a(x − x0 )2 .
◦ Si ∆ < 0, ax 2 + bx + c n’admet aucune racine réelle et ne se factorise pas sur R.

Exemples.
◦ On cherche les racines du trinôme 2x 2 + 3x + 1. On commence par calculer le discriminant ∆ =
32 − 4 × 2 × 1 = 9 − 8 = 1. Le discriminant est strictement positif, donc ax 2 + bx + c admet les
deux racines
√ √
−3 − 1 −3 − 1 −3 + 1 −3 + 1 1
x1 = = = −1 et x2 = = =− .
2×2 4 2×2 4 2
De plus, le trinôme admet la factorisation suivante :
   
2 1 1
2x + 3x + 1 = 2(x − (−1)) x − (− ) = 2(x + 1) x + .
2 2
24 Chapitre 2 – Équations et inéquations

◦ On cherche les racines du trinôme 2x 2 − 4x + 2. On a ∆ = (−4)2 − 4 × 2 × 2 = 16 − 16 = 0. Le


discriminant étant nul, le trinôme admet donc la racine double
−4
x0 = − = 1.
2×2

De plus, le trinôme admet la factorisation 2x 2 − 4x + 2 = 2(x − 1)2 .


◦ On cherche les racines du trinôme x 2 − x + 2. On commence par calculer le discriminant ∆ =
(−1)2 − 4 × 1 × 2 = 1 − 8 = −7. Le discriminant est strictement négatif, donc le trinôme n’admet
aucune racine réelle et ne peut pas se factoriser sur R.

À retenir – Résolution d’une équation du second degré. On a une procédure à suivre afin de déterminer
les racines réelles d’un trinôme ax 2 + bx + c :
1. on calcule le discriminant ∆ = b2 − 4ac,
2. en fonction du signe de ∆, on en déduit les racines éventuelles :

∆>0 ∆=0 ∆<0


√ √
−b − ∆ −b + ∆ b
x1 = et x2 = x0 = − pas de racine réelle
2a 2a 2a

Remarques.
◦ Si vous avez un trinôme dont le discriminant est nul, alors vous devez être capable de le factoriser
en utilisant une identité remarquable.
◦ Le dernier trinôme de l’exemple précédent n’admet aucune racine dans R. Nous verrons plus loin que
l’on peut considérer un ensemble de nombres plus grand que l’ensemble des nombres réels (appelé
ensemble des nombres complexes) dans lequel un tel trinôme admet des racines. On découvrira cela
dans le chapitre 11.

Exercice 2.17. Déterminer les solutions réelles des équations suivantes :


1. 4x 2 − 20x + 22 = 0, 8. 4x 2 + 16x + 14 = 0, 15. 3x 2 + 3x − 3 = 0,
11
2. 4x 2 − 4x − 15 = 0, 9. 9x 2 + 12x + 4 = 0, 16. 9x 2 + 6x + 1
= 0,
4
2
3. −4x + 12x − 9 = 0, 2
10. −2x + 2x − 12 = 0,
17. x 2 − x − 2 = 0,
4. −x 2 + 6x − 14 = 0, 11. −x 2 + 2x − 1 = 0,
25 18. 4x 2 − 4x − 2 = 0,
5. 2x 2 + 10x + 2 = 0, 12. 4x 2 − 16x + 7 = 0,
13
6. −2x + 2x + 23 = 0,
2
13. −2x 2 + 8x − 8 = 0, 19. 9x 2 − 12x + 4 = 0,
7. 9x 2 − 12x + 72 = 0, 14. 4x 2 + 12x − 7 = 0, 20. 9x 2 − 15x + 5 = 0.

2.4. D’autres types d’équations


La plupart des équations que vous pourrez rencontrer ne sont pas des équations polynomiales mais
seront régulièrement construites à partir de produits ou de quotients d’expressions dépendantes de réels.
On présente brièvement une manière de déterminer les solutions d’une telle équation en fonction des
termes apparaissant dans le produit ou le quotient.
2.4 D’autres types d’équations 25

2.4.1 Équations produits

Proposition 2.18. Soient f (x) et g(x) deux expressions dépendantes d’un nombre réel x. Alors,

f (x)g(x) = 0 si et seulement si (f (x) = 0 ou g(x) = 0)

Autrement dit, un réel a est solution de l’équation f (x)g(x) = 0 si et seulement si f (a) = 0 ou g(a) = 0.

Exemple. L’équation (x − 3)(x − 5) = 0 est équivalente à x − 3 = 0 ou x − 5 = 0. L’ensemble des


solutions réelles de l’équation (x − 3)(x − 5) = 0 est donc {3, 5}.

Exercice 2.19. Résoudre dans R les équations suivantes :


1. (2x − 3)(4x − 5) = 0, 4. (x + 5)(−2x + 1) = (x + 5)(x − 2),
2. (x − 2)(2x + 5)(−2x + 1) = 0, 5. x 2 − 9 = 0,
3. (2x + 1)(x − 3) + (x + 6)(2x + 1) = 0, 6. (2x + 3)2 = (3x + 2)2 .

2.4.2 Équations quotient

Proposition 2.20. Soient f (x) et g(x) deux expressions dépendantes d’un nombre réel x. Alors,

f (x)
= 0 si et seulement si (f (x) = 0 et g(x) ̸= 0)
g(x)

f (x)
Autrement dit, un réel a est solution de l’équation = 0 si et seulement si f (a) = 0 et g(a) ̸= 0.
g(x)

Exemple. L’équation
x −2
=0
(x − 3)(x − 5)
est équivalente à x − 2 = 0 et (x − 3)(x − 5) ̸= 0, qui est donc équivalent à x − 2 = 0 et x − 3 ̸= 0 et
x − 5 ̸= 0. L’unique solution de l’équation est donc 2.

À retenir. Il faut absolument faire attention aux valeurs pour lesquelles le dénominateur s’annule.
Par exemple, on peut considérer l’équation

x −2
=0 (E)
x2 − 7x + 10

Comme x 2 − 7x + 10 se factorise en (x − 2)(x − 5), l’équation (E) est équivalente à

x −2
=0
(x − 2)(x − 5)

qui équivaut à
1
=0
(x − 5)
qui n’a aucune solution. L’équation (E) n’admet donc aucune solution. En particulier, 2 n’est pas une
solution de (E).
26 Chapitre 2 – Équations et inéquations

Exercice 2.21. Résoudre dans R les équations suivantes :


x −3 2 1
1. = 0, 3. = ,
2x + 1 2x + 5 4x − 3
x 2 − 16 1
2. = 0, 4. 3 + = 0.
2x + 5 x −5

2.5. Intervalles et inéquations


2.5.1 Retour sur R : la notion d’intervalle
On rappelle que R est l’ensemble de « tous les nombres que vous connaissez ». On représente R
comme une droite orientée où chacun des nombres correspond à un point de la droite comme représentée
en figure 2.1.

| |

0 1 R

Figure 2.1 – La droite réelle

L’orientation de la droite (le choix d’un sens de parcours, de la gauche vers la droite, symbolisée par la
flèche) nous permet de conserver l’information de l’ordre naturel des nombres. Ainsi, lorsque l’on considère
deux nombres réels a et b avec a < b, alors a sera placé à gauche de b.

Définition 2.22 – Intervalles bornés de R. Soient a et b deux nombres réels tels que a < b, les sous-
ensembles de R suivants sont appelés des intervalles de R :
◦ l’ensemble [a, b] = {x ∈ R | a ⩽ x ⩽ b} est l’intervalle fermé borné [a, b],
◦ l’ensemble [a, b[ = {x ∈ R | a ⩽ x < b} (b n’est pas un élément de [a, b[),
◦ l’ensemble ]a, b] = {x ∈ R | a < x ⩽ b} (a n’est pas un élément de ]a, b]),
◦ l’ensemble ]a, b[ = {x ∈ R | a < x < b} est l’intervalle ouvert borné ]a, b[.
On représente chacun de ces intervalles sur la figure 2.2.

[ ] [ [
a b R a b R

(a) l’intervalle [a, b] (b) l’intervalle [a, b[


] ] ] [
a b R a b R

(c) l’intervalle ]a, b] (d) l’intervalle ]a, b[

Figure 2.2 – Les intervalles bornés de R

Définition 2.23 – Intervalles non bornés de R. Soit a un nombre réel. Les sous-ensembles de R suivants
sont appelés les intervalles non bornés de R :
◦ l’ensemble [a, +∞[ = {x ∈ R | a ⩽ x},
◦ l’ensemble ]a, +∞[ = {x ∈ R | a < x},
◦ l’ensemble ] − ∞, a] = {x ∈ R | x ⩽ a},
2.5 Intervalles et inéquations 27

◦ l’ensemble ] − ∞, a[ = {x ∈ R | x < a}.


On les représente graphiquement à la figure 2.3.

[ ]
a R a R

(a) l’intervalle [a, +∞[ (b) l’intervalle ]a, +∞[


] [
a R a R

(c) l’intervalle ] − ∞, a] (d) l’intervalle ] − ∞, a[

Figure 2.3 – Les intervalles non bornés de R

Certains de ces intervalles sont très souvent utilisés : on introduit donc une notation particulière pour
ceux-là.

Définition 2.24. On note

R+ = [0, +∞[, R∗+ = ]0, +∞[, R− = ] − ∞, 0] et R∗− = ] − ∞, 0[.

Nous aurons parfois besoin d’un peu plus que des intervalles et nous allons pour cela considérer des
opérations sur les ensembles : l’union, notée ∪, et l’intersection, notée ∩. On ne traite ici que le cas des
intervalles, mais ces opérations sont définies plus généralement (voir l’annexe A).

Définition 2.25 – Union et intersection d’intervalles. Soient I et J deux intervalles de R.


◦ L’union (parfois appelée réunion) de I et J est le sous-ensemble de R noté I ∪ J et défini par
I ∪ J = {x ∈ R | x ∈ I ou x ∈ J} .
◦ L’intersection de I et J est le sous-ensemble de R désigné par I ∩ J et défini par I ∩ J =
{x ∈ R | x ∈ I et x ∈ J} .

On illustre les notions d’union et d’intersection d’intervalles avec quelques représentations graphiques :
pour cela, fixons a < b < c < d, quatre nombres réels, on a
◦ [a, b] ∪ [c, d] : [ ] [ ]
a b c d R

◦ [a, c] ∪ [b, d] : [ | | ]
a b c d R

◦ [a, c] ∩ [b, d] : | [ ] |
a b c d R

◦ [a, d] ∩ [b, c] : | [ ] |
a b c d R

Remarque. S’il n’existe pas x ∈ R tel que x ∈ I et x ∈ J alors on note I ∩ J = ∅ et on dit qu’il s’agit de
l’ensemble vide. L’ensemble vide est l’unique ensemble ne contenant aucun élément.

Définition 2.26 – Complémentaire. Soit E un sous-ensemble de R. On note R \ E, que l’on lit « R privé
de E » le complémentaire de E dans R défini par

R \ E = {x ∈ R | x ∈
/ E} .

Exemples. Soient a < b deux réels.


28 Chapitre 2 – Équations et inéquations

◦ R \ {a} : | |
a b R

◦ R \ {a, b} : | |
a b R

◦ R \ [a, b] : [| ]|
a b R

◦ R\]a, b[ : ]| [|
a b R

2.5.2 Inéquations
Définition 2.27. Résoudre une inéquation f (x) ⩾ 0 consiste à déterminer l’ensemble des solutions de
cette inéquation, c’est-à-dire l’ensemble des nombres réels a tels que f (a) ⩾ 0. Deux inéquations sont
dites équivalentes si elles admettent le même ensemble de solutions.

Remarque. Comme pour les équations, si deux inéquations sont équivalentes, on peut utiliser le symbole
⇔ pour passer de l’une à l’autre.

Proposition 2.28. Soient f (x) et g(x) deux expressions dépendantes de x.


◦ L’inéquation f (x) ⩾ 0 est équivalente à l’inéquation f (x) + g(x) ⩾ g(x).
◦ Soit a un nombre réel strictement positif, alors l’inéquation f (x) ⩾ 0 est équivalente à l’inéquation
af (x) ⩾ 0. Plus généralement, si g(x) > 0, l’inéquation f (x) ⩾ 0 est équivalente à l’inéquation
f (x)g(x) ⩾ 0.
◦ Soit a un nombre réel strictement négatif, alors l’inéquation f (x) ⩾ 0 est équivalente à l’inéquation
af (x) ⩽ 0 et plus généralement, si g(x) < 0, l’inéquation f (x) ⩾ 0 est équivalente à l’inéquation
f (x)g(x) ⩽ 0.

À retenir. Multiplier les membres d’une inéquation par un nombre négatif change le signe de l’inéquation.
Par exemple, on a 3 ⩽ 5 et si l’on multiplie par −1 chaque membre de l’inéquation, on obtient −3 ⩾ −5.
On constate aisément cela sur la représentation graphique suivante :

| | | | | | | | | | |

−5 −3 0 1 3 5 R

où −3 et −5 sont respectivement les symétriques de 3 et 5 par rapport à 0.

Exemple. On cherche à résoudre dans R l’inéquation 2y − 3 ⩾ −y + 1. Soit y ∈ R, on va raisonner par


équivalences successives. On a

2y − 3 ⩾ −y + 1 ⇔ 2y − 3 + y ⩾ −y + 1 + y
⇔ 3y − 3 ⩾ 1
⇔ 3y ⩾ 4
1 1
⇔ 3 × 3y ⩾ 3 × 4
4
⇔ y⩾3

donc l’ensemble de solutions de l’inéquation 2y −3 ⩾ −y +1 est l’ensemble des nombres réels y satisfaisant
y ⩾ 43 ou autrement dit les éléments de l’intervalle [ 34 , +∞[.
2.5 Intervalles et inéquations 29

Remarque. On prendra garde à ne chercher les solutions d’une inéquation que dans l’ensemble des réels
pour lesquels les expressions considérées ont un sens. Ainsi, on cherchera les solutions de l’inéquation

1
⩾0
x −1

dans l’ensemble R \ {1}, car le dénominateur de la fraction s’annule en 1.

Exercice 2.29. Résoudre dans R les inéquations suivantes :


1
1. 4x − 2 ⩾ 3, 3. 7x + 3 > 2x − 2, 5. x−1 ⩾ 2,
2
2. 3 − 7x < 5, 4. −5x − 9 ⩽ −x + 2, 6. 3−x ⩾ 5.

2.5.3 Tableau de signes


Le but de cette section est de présenter une méthode qui permet de déterminer le signe d’une expression
dépendante d’un réel x quand celle-ci se présente sous forme d’un produit de plusieurs expressions. Par
exemple, on voudrait pouvoir déterminer le signe de l’expression

(x − 1)(x − 2)

en fonction de la valeur de x. Pour cela, on utilise le fait que le signe de l’expression est entièrement
contrôlé par le signe de chacun des termes qui la composent :
◦ l’expression (x − 1)(x − 2) est positive si et seulement si les deux sous-expressions x − 1 et x − 2
dont elle est le produit sont de même signe,
◦ l’expression est négative si et seulement si les deux sous-expressions sont de signes différents.
Afin de présenter cette disjonction de cas, on peut utiliser un tableau de signes qui résumera dans chacune
de ses lignes les variations de signes des expressions en jeu. Pour x ∈ R, notons f (x) = (x − 1)(x − 2).
On commence par étudier le signe de l’expression x − 1 : l’inéquation x − 1 ⩾ 0 est équivalente à x ⩾ 1,
donc la quantité x − 1 est positive si et seulement si x ⩾ 1. De même, la quantité x − 2 est positive ou
nulle si et seulement si x ⩾ 2. On peut déduire de ceci le signe de l’expression f (x) = (x − 1)(x − 2) en
fonction de la valeur de x.
◦ Pour tous les réels x ⩽ 1, on a x − 1 ⩽ 0 et x − 2 ⩽ 0 et le produit de deux quantités négatives
étant positif, on peut donc conclure que pour tout réel x ⩽ 1, (x − 1)(x − 2) ⩾ 0.
◦ Pour tout réel x ∈ [1, 2], on a x − 1 ⩾ 0 et x − 2 ⩽ 0, donc le produit de ces deux expressions est
négatif. On a donc pour tout réel x ∈ [1, 2], (x − 1)(x − 2) ⩽ 0.
◦ Enfin, pour tout réel x ∈ [2, +∞[, on a x − 1 ⩾ 0 et x − 2 ⩾ 0, donc pour tout réel x ∈ [2, +∞[,
(x − 1)(x − 2) ⩾ 0.
On compile tous ces résultats dans le tableau de signes suivant.

x −∞ 1 2 +∞

x −1 − 0 + +

x −2 − − 0 +

f (x) + 0 − 0 +
30 Chapitre 2 – Équations et inéquations

Remarque. On note que connaître le signe de l’expression f (x) = (x − 1)(x − 2) est tout à fait équivalent
au fait de résoudre l’inéquation f (x) ⩾ 0 dont l’ensemble des solutions est, d’après le tableau de signes
??, ]−∞, 1]∪[2, +∞[. De ceci on déduit également que l’ensemble des solutions de l’inéquation f (x) < 0
est ]1, 2[ qui est le complémentaire de l’ensemble des solutions de l’inéquation f (x) ⩾ 0.

Exercice 2.30. Dresser le tableau de signes de l’expression g(x) = (x − 1)(x − 2)(x − 3).

2.5.4 Inéquations du second degré

On va traiter ici en toute généralité le cas des inéquations du second degré.

Propriété 2.31 – Signe d’un trinôme. Soient a, b et c trois nombres réels avec a ̸= 0. Le signe de
l’expression f (x) = ax 2 + bx + c en fonction de x dépend du signe du coefficient dominant a et du signe
du discriminant.

◦ Si le discriminant ∆ est strictement positif alors l’équation f (x) = 0 admet deux solutions x1 < x2
et on a le tableau de signes suivant.

x −∞ x1 x2 +∞
signe signe de signe signe de
0 0
de f (x) a opposé de a a

b
◦ Si le discriminant ∆ est nul alors l’équation f (x) = 0 admet une unique solution x0 = − 2a et on a
le tableau de signes suivant.

x −∞ x0 +∞
signe
signe de a 0 signe de a
de f (x)

◦ Si le discriminant ∆ est strictement négatif alors l’équation f (x) = 0 n’admet aucune racine réelle
et on a le tableau de signes suivant.

x −∞ +∞
signe
signe de a
de f (x)

Démonstration. On traite les trois cas séparément. Dans toute la preuve, on fixe a, b et c trois nombres
réels avec a ̸= 0.

◦ Supposons pour commencer que ∆ = b2 − 4ac > 0. D’après le théorème 2.16, on a donc pour tout
réel x,
ax 2 + bx + c = a(x − x1 )(x − x2 )
√ √
−b− ∆ −b+ ∆
avec x1 = 2a et x2 = 2a . On distingue alors deux cas selon le signe de a.
2.5 Intervalles et inéquations 31

▷ Si a > 0 alors on a x1 < x2 et on a le tableau de signes

x −∞ x1 x2 +∞
x − x1 − 0 + +
x − x2 − − 0 +
f (x) + 0 − 0 +

▷ Si a < 0 alors on a x2 < x1 et on a le tableau de signes

x −∞ x2 x1 +∞
x − x1 − − 0 +
x − x2 − 0 + +
f (x) − 0 + 0 −

◦ Supposons que ∆ = b2 − 4ac = 0. D’après le théorème 2.16, on a pour tout réel x, la factorisation

b 2
 
ax 2 + bx + c = a x + .
2a
b
Un carré étant toujours positif, le signe de l’expression, qui s’annule en − 2a , ne dépend donc que du
signe de a.
◦ Supposons enfin que ∆ = b2 − 4ac = 0. D’après la preuve du théorème 2.16, on a alors pour tout
réel x, !
b 2 b2 − 4ac
 
2
ax + bx + c = a x+ − .
2a 4a2

Le terme entre parenthèses étant strictement positif, le signe de l’expression est donc constant égal
au signe de a.

Exercice 2.32. Résoudre dans R les inéquations suivantes :


1. (3x + 1)(x − 7) < 0, 4. (x − 1)2 − (3x − 6)2 < 0,
2. (2x + 5)(1 − x) ⩽ 0, 5. (3x − 5)2 < (x + 5)2 ,
x +2
3. 5x 2 − 8x ⩽ 0, 6. < 2.
3−x

Exercice 2.33. Résoudre dans R les inéquations suivantes :


25 21
1. −2x 2 + 10x − 2 ⩾ 0, 3. 4x 2 − 12x + 6 ⩾ 0, 5. 2x 2 + 10x + 2 ⩽ 0,
2 21 2 2 4
2. 9x − 15x + 4 ⩽ 0, 4. 2x + 16x + 39 ⩾ 0, 6. 6x + 2x − 3 ⩾ 0.
32 Chapitre 2 – Équations et inéquations

Solutions des exercices


Exercice 2.2
1. On a A(0) = −2 × 03 + 3 × 02 − 1 = −1 ̸= 0 donc 0 n’est pas solution de l’équation A(x) = 0. On a A(1) = −2 × 13 + 3 × 12 − 1 =
3 2
−2 + 3 − 1 = 0 donc 1 est solution de l’équation A(x) = 0. On a A 12 = −2 × 21 + 3 × 12 − 1 = − 41 + 34 − 1 = − 12 ̸= 0 donc

3 2
1
n’est pas solution de l’équation A(x) = 0. On a A − 12 = −2 × − 12 + 3 × − 12 − 1 = 14 + 34 − 1 = 44 − 1 = 0 donc − 12 est
  
2
solution de l’équation A(x) = 0.
2. Nous n’avons pas résolu l’équation, il reste potentiellement d’autres solutions.

Exercice 2.7
1. Soit x un nombre réel. On a la suite d’équivalences suivante : 3x + 2 = 5 ⇔ 3x + 2 − 2 = 5 − 2 ⇔ 3x = 3 ⇔ x = 1, donc l’unique
solution réelle de l’équation est 1.
2. Soit x un nombre réel, on a les équivalences suivantes : 3
2
x +3 = 4 ⇔ 3
2
x =1⇔x = 2
3
. Ainsi, on a montré que l’équation admet 2
3
comme unique solution réelle.
3. Soit x un nombre réel, on a les équivalences suivantes : −5x − 2 = 8 ⇔ −5x = 10 ⇔ x = 10
−5
= −2. Ainsi, on a montré que l’équation
admet −2 comme unique solution réelle.
4. Soit x un nombre réel, on a −3x + 7 = 9 ⇔ −3x = 2 ⇔ x = − 23 donc l’unique solution réelle de l’équation est − 23 .
5. Soit x un nombre réel. On a 4x + 6 = 9x − 2 ⇔ 6 + 2 = 9x − 4x ⇔ 8 = 5x ⇔ x = 8
5
donc l’unique solution réelle de l’équation est 85 .
6. Soit x un nombre réel. On a 3 + 1 = 2x − 1 ⇔ 2 = 2x − 3 ⇔ 2 = 3 x, donc l’unique solution de l’équation est 65 .
x x 5

7. Soit x un nombre réel. On a 35 x + 2 = 23 ⇔ 53 x = − 21 ⇔ x = − 10 3


donc l’unique solution réelle de l’équation est − 10
3
.
8. Soit x un nombre réel. On a 3 − 1 = 5 ⇔ 5x − 15 = 6x − 9 ⇔ −6 = x, donc l’unique solution réelle de l’équation est −6.
x 2x−3

9. Soit x un nombre réel. On a 5−2x 7


= 3x−42
qui est équivalente à 10 − 4x = 21x − 28 qui est elle-même équivalente à 25x = 38 donc
l’unique solution de l’équation est 25
38
.

Exercice 2.9
1. Soit x un nombre réel. On a les équivalences suivantes 2x 2 = x 2 + 16 ⇔ x 2 = 16 ⇔ x = 4 ou x = −4 donc les solutions réelles de
l’équation sont 4 et −4.
2. Soit x un nombre réel. On a (x + 2)2 = 9 ⇔ x + 2 = 3 ou x + 2 = −3 ⇔ x = 1 ou x = −5 donc les solutions réelles de l’équation sont
1 et −5.
3. Soit x un nombre réel. On a (2x − 5)2 = 49 ⇔ 2x − 5 = 7 ou 2x − 5 = −7 ⇔ 2x = 12 ou 2x = −2 ⇔ x = 6 ou x = −1 donc les
solutions réelles de l’équation sont −1 et 6.
4. Soit x un nombre réel. On a 2
x 2 − 10 = 36 ⇔ x 2 − 10 = 6 ou x 2 − 10 = −6
⇔ x 2 = 16 ou x 2 = 4
⇔ x = 4 ou x = −4 ou x = 2 ou x = −2,

donc les solutions réelles de l’équation sont −4, −2, 2 et 4.


5. Soit x un nombre réel. On a 2
x 2 − 17 = 64 ⇔ x 2 − 17 = 8 ou x 2 − 17 = −8
⇔ x 2 = 25 ou x 2 = 9
⇔ x = 5 ou x = −5 ou x = 3 ou x = −3,

donc les solutions réelles de l’équation sont −5, −3, 3 et 5.


6. Soit x un nombre réel. On a (2x + 3)2 = (x − 4)2 ⇔ 2x + 3 = x − 4 ou 2x + 3 = −(x − 4) = 4 − x ⇔ x = −7 ou x = 1
3
, donc les
solutions réelles de l’équation sont −7 et 31 .

Exercice 2.12
1. Soit x ∈ R, on a x 2 + 4x + 5 = x 2 + 2 × 2x + 4 + 1 = (x + 2)2 + 1.
2
2. Soit x ∈ R, on a x 2 + 5x − 3 = x 2 + 2 × 52 x + 25
4
− 37
4
= x + 25 − 37
4
.
3. Soit x ∈ R, on a x2 − 4x + 2 = x2 − 2 × 2x + 4 − 2 = (x − 2)2 −2
4. Soit x ∈ R, on a 4x 2 + 5x − 1 = (2x)2 + 2 × 45 × 2x + 25
16
− 41
16
= (2x + 45 )2 − 41
16
.
√ 2
√ √ √ √ 2
5. Soit x ∈ R, on a 3x 2 − 3x + 3 = 3x − 2 × 23 × 3x + 34 + 49 = 3
+ 49 .

3x − 2
 √ 2 √  
√ √ 2

6. Soit x ∈ R, on a −2x 2 +3x+5 = − 2x 2 − 3x − 5 = − 3 9 49
donc −2x 2 +3x+5 = − 3 2 49

2x −2× √
2 2
× 2x + 8
− 8
2x − 4
− 8
=
√ √ 2
49
8
− 2x − 3 4 2 .

Exercice 2.13
1. Soit x ∈ R, on a x 4 − 26x 2 + 25 = (x 2 )2 − 2 × 13 × x 2 + 132 − 144 = (x 2 − 13)2 − 144 donc l’équation (x 2 + 13)2 = 144 qui est
équivalente à l’équation (x 2 + 13)2 − 144 = 0 est également équivalente à l’équation x 4 − 26x 2 + 25 = 0.
2.5 Intervalles et inéquations 33

2. Comme l’équation (E) est équivalente à l’équation (x 2 − 13)2 = 144, on peut chercher les solutions de cette dernière. On a

x 2 − 13 = 12  x = 5 ou x = −5
  2 
  x = 25
2
(x − 13) = 144 ⇔ 2
ou ⇔ ou ⇔ ou .
x = 1 ou x = −1
 2
x − 13 = −12 x2 = 1
 

L’équation possède donc exactement 5, −5, −1 et 1 comme solutions.

Exercice 2.17 1. On a ∆ = 48 > 0 donc √ 4x √− 20x + 22 = 0 a


2 11. On a ∆ = 0 donc −x 2 + 2x − 1 = 0 a une unique solution
deux solutions réelles qui sont 52 − 23 et 23 + 52 . réelle égale à 1.
2. On a ∆ = 256 > 0 donc 4x 2 − 4x − 15 = 0 a deux solutions 12. On a ∆ = 144 > 0 donc 4x 2 − 16x + 7 = 0 a deux solutions
réelles qui sont − 32 et 52 . réelles qui sont 12 et 72 .
3. On a ∆ = 0 donc −4x 2 + 12x − 9 = 0 a une unique solution 13. On a ∆ = 0 donc −2x 2 + 8x − 8 = 0 a une unique solution
réelle égale à 23 . réelle égale à 2.
4. On a ∆ = −20 < 0 donc −x 2 + 6x − 14 = 0 n’a pas de 14. On a ∆ = 256 > 0 donc 4x 2 + 12x − 7 = 0 a deux solutions
solution réelle. réelles qui sont − 72 et 12 .
5. On a ∆ = 0 donc 2x 2 + 10x + 25
= 0 a une unique solution 15. On a ∆ = 45 > 0√ donc 3x 2 + 3x −
2 √ 3 = 0 a deux solutions
réelle égale à − 52 . réelles qui sont − 25 − 12 et − 21 + 25 .
6. On a ∆ = 16 > 0 donc −2x 2 + 2x + 3
2
= 0 a deux solutions 16. On a ∆ = 27 > 0 donc 9x 2 + 6x + 1
= 0 a deux solutions
√ √ 4
réelles qui sont 32 et − 12 . réelles qui sont − 31 − 3
et − 13 + 3
.
6 6
7. On a ∆ = 18 > 0 donc 9x 2 − 12x + 7
2
= 0 a deux solutions 17. On a ∆ = 9 > 0 donc x2 − x − 2 = 0 a deux solutions réelles
√ √
réelles qui sont 2
3
− 6
2
et 6
2
+ 32 . qui sont −1 et 2.
8. On a ∆ = 32 > 0 donc√ 4x 2 + 16x √
+ 14 = 0 a deux solutions 18. On a ∆ = 48 > 0 donc √ 4x − 2 = 0 a deux solutions
4x 2 − √
réelles qui sont −2 − 22 et −2 + 22 . réelles qui sont 12 − 23 et 12 + 23 .
9. On a ∆ = 45 > 0 donc 9x 2 + 12x + 11
= 0 a deux solutions 19. On a ∆ = 27 > 0 donc 9x 2 − 12x + 13
= 0 a deux solutions
√ √ 4 √ √ 4
réelles qui sont − 32 − 6
5
et − 2
3
+ 6
5
. réelles qui sont −2 3
et 6 + 3 .
3 2
3 6
10. On a ∆ = 0 donc −2x 2 + 2x − 12 = 0 a une unique solution 20. On a ∆ = 45 > 0 donc √ 9x 2√ − 15x + 5 = 0 a deux solutions
réelle égale à 21 . réelles qui sont 56 − 65 et 65 + 56 .

Exercice 2.19
1. On cherche à résoudre dans R l’équation (2x − 3)(4x − 5) = 0. Soit x ∈ R, on a

3
 
 2x − 3 = 0  x= 2
(2x − 3)(4x − 5) = 0 ⇔ ou ⇔ ou .
4x − 5 = 0 x = 54
 

Ainsi, les solutions de l’équation sont 3


2
et 5
4
.
2. On cherche à résoudre dans R l’équation (x − 2)(2x + 5)(−2x + 1) = 0. Soit x ∈ R, on a

 
 x −2=0  x =2
ou ou

 


 

(x − 2)(2x + 5)(−2x + 1) = 0 ⇔ 2x + 5 = 0 ⇔ x = − 25 .
ou ou

 


 

−2x + 1 = 0 x = 12
 

Ainsi, les solutions de l’équation sont 2, − 25 et 1


2
. Autrement dit, l’ensemble des solutions de (E2 ) est l’ensemble {2, − 52 , 12 } .
3. On cherche à résoudre dans R l’équation (2x + 1)(x − 3) + (x + 6)(2x + 1) = 0. Soit x un nombre réel, on a les égalités suivantes

(2x + 1)(x − 3) + (x + 6)(2x + 1) = (2x + 1) ((x − 3) + (x + 6)) = (2x + 1)(2x + 3) ;

on peut en déduire les équivalences suivantes

1
 
 2x + 1 = 0  x = −2
(2x + 1)(2x + 3) = 0 ⇔ ou ⇔ ou
2x + 3 = 0 x = − 32
 

Ainsi, les solutions de l’équation sont − 12 et − 32 . Autrement dit, l’ensemble des solutions de (E3 ) est l’ensemble {− 32 , − 12 } .
4. On cherche à résoudre dans R, l’équation suivante (x + 5)(−2x + 1) = (x + 5)(x − 2). Soit x un nombre réel. On a,

(x + 5)(−2x + 1) = (x + 5)(x − 2)
⇔ (x + 5)(−2x + 1) − (x + 5)(x − 2) = 0
⇔ (x + 5) ((−2x + 1) − (x − 2)) = 0
⇔ (x + 5)(−3x + 3) = 0
⇔ x = −5 ou x = 1.
34 Chapitre 2 – Équations et inéquations

Ainsi, l’ensemble des solutions de l’équation est {1, −5} .


5. On cherche les solutions réelles de l’équation x 2 − 9 = 0 . Soit x un nombre réel. On a x 2 − 9 = (x − 3)(x + 3) par identité remarquable,
donc l’ensemble des solutions de l’équation est {3, −3} .
6. On cherche les solutions réelles de l’équation (2x + 3)2 = (3x + 2)2 . Soit x un nombre réel. On a,

(2x + 3)2 − (3x + 2)2 = (2x + 3 + 3x + 2) (2x + 3 − (3x + 2)) = (5x + 5)(1 − x).

Ainsi, l’équation admet {−1, 1} pour ensemble de solutions.

Exercice 2.21
1. On cherche les solutions réelles de l’équation
x −3
= 0.
2x + 1
On commence par étudier « les valeurs interdites », c’est-à-dire les valeurs que x ne peut pas prendre dans l’expression précédente ou
autrement dit, les valeurs pour lesquelles le dénominateur de la fraction s’annule. Soit x un nombre réel, l’équation 2x + 1 = 0 est
équivalente à x = − 21 . Ainsi, on va chercher les solutions de l’équation (E1 ) dans l’ensemble R \ {− 12 }. Soit x ∈ R \ {− 12 }, l’équation
x−3
2x+1
= 0 est équivalente à l’équation x − 3 = 0 . Ainsi, l’équation admet 3 comme unique solution.
2. On cherche l’ensemble des solutions réelles de l’équation

x 2 − 16
= 0.
2x + 5

On commence par déterminer pour quelles valeurs de x le dénominateur de la fraction s’annule : ce dénominateur s’annule pour x = − 25 .
x 2 −16
On cherche donc les solutions de l’équation dans l’ensemble R \ {− 52 } . Soit x ∈ R \ {− 52 }, l’équation 2x+5
= 0 est équivalente à
x 2 − 16 = 0, qui a pour solution 4 et −4. Ainsi, l’ensemble de solutions de l’équation est {−4, 4}.
3. On cherche l’ensemble des solutions réelles de l’équation

2 1
− = 0.
2x + 5 4x − 3

On commence par déterminer pour quelles valeurs les dénominateurs des fractions présentes dans le terme de gauche s’annulent. Les
dénominateurs s’annulent pour x = − 25 ou x = 34 . On cherche donc les solutions de l’équation dans l’ensemble R \ {− 52 , 34 } . Soit
x ∈ R \ {− 52 , 43 }, on a
2 1 2(4x − 3) − (2x + 5) 6x − 11
− = = .
2x + 5 4x − 3 (2x + 5)(4x − 3) (2x + 5)(4x − 3)

Ainsi, un nombre x ∈ R \ {− 25 , 34 } est solution de (E3 ) si et seulement si 6x − 11 = 0, et donc, l’unique solution de l’équation est 11
6
.
4. On cherche à résoudre dans R l’équation
1
3+ = 0.
x −5
Tout d’abord, remarquons que x − 5 = 0 si et seulement si x = 5. Ainsi, on cherche les solutions de l’équation (E4 ) dans l’ensemble
R \ {5} . Soit x ∈ R \ {5}, on a 3 + x−5
1
= 0 qui est équivalent à 3(x − 5) + 1 = 0 et donc à 3x = 14 . Ainsi, l’équation admet 14
3
comme
unique solution.

Exercice 2.29
1. Soit x ∈ R, l’inéquation 4x − 2 ⩾ 3 est équivalente à 4x ⩾ 5 qui est elle-même équivalente à x ⩾ 5
4
. On a donc montré que l’ensemble
des solutions réelles de l’inéquation est [ 54 , +∞[.
2. Soit x ∈ R, l’inéquation 3 − 7x < 5 est équivalente à −7x < 2 qui est elle-même équivalente à x > − 72 (on prendra garde au changement
de sens de l’inéquation). On a donc montré que l’ensemble des solutions de l’inéquation 3 − 7x < 5 est l’intervalle ] − 27 , +∞[.
3. Soit x un nombre réel, l’inéquation 7x + 3 > 2x − 2 est équivalente à 7x − 2x > −2 − 3 qui est équivalente à 5x > −5 qui est équivalente
à x > −1. Ainsi,l’ensemble des solutions réelles de l’inéquation est donc ] − 1, +∞[.
4. Soit x ∈ R, l’inéquation −5x − 9 ⩽ −x + 2 est équivalente à −4x ⩽ 11 qui est elle-même équivalente à x ⩾ − 11
4
. L’ensemble des
solutions réelles de l’inéquation −5x − 9 ⩽ −x + 2 est donc l’intervalle [− 11
4
, +∞[.
5. On commence par étudier l’ensemble de définition de l’inéquation. L’expression x − 1 s’annule si et seulement si x = 1 donc l’inéquation
est bien définie pour tous les réels différents de 1. Soit donc x ∈ R \ {1}, on a x − 1 ⩾ 0 si et seulement si x ⩾ 1. On distingue deux cas.
◦ Pour x ∈]1, +∞[, l’inéquation 1
x−1
⩾ 2 est équivalente à 1 ⩾ 2(x − 1) qui est équivalente à 3 ⩾ 2x qui est elle-même équivalente à
3
2
⩾ x.
◦ Pour x ∈] − ∞, 1[, l’inéquation x−1
1
⩾ 2 est équivalente à 1 ⩽ 2(x − 1) (car x − 1 ⩽ 0) qui est équivalente à 3 ⩽ 2x qui est
elle-même équivalente à 2 ⩽ x. Or cette inéquation n’admet aucune solution dans l’intervalle ] − ∞, 1[.
3

Finalement, l’ensemble des solutions réelles de l’inéquation 1


x−1
⩾ 2 est l’intervalle [ 32 , +∞[.
6. On commence par étudier l’ensemble de définition de l’inéquation. L’expression 3 − x s’annule si et seulement si x = 3 donc l’inéquation
est bien définie pour tous les réels différents de 3. Soit donc x ∈ R \ {3}, on a 3 − x ⩾ 0 si et seulement si x ⩽ 3. On distingue deux cas.
◦ Pour x ∈] − ∞, 3[, l’inéquation 3−x
2
⩾ 5 est équivalente à 2 ⩾ 5(3 − x) qui est équivalente à −13 ⩾ −5x qui est elle-même
équivalente à 13
5
⩽ x. L’ensemble des solutions de l’inéquation dans l’intervalle ] − ∞, 3[ est l’intervalle [ 13
5
, 3[.
2.5 Intervalles et inéquations 35

◦ Pour x ∈]3, +∞[, l’inéquation 3−x


2
⩾ 5 est équivalente à 2 ⩽ 5(3 − x) (car x − 3 ⩽ 0) qui est équivalente à −13 ⩽ −5x qui est
elle-même équivalente à 13
5
⩾ x, qui n’admet aucune solution dans l’intervalle ]3, +∞[.
Finalement, l’ensemble des solutions réelles de l’inéquation 2
3−x
⩾ 5 est l’intervalle [ 13
5
, 3[.

Exercice 2.30 On a

x −∞ 1 2 3 +∞

x −1 − 0 + + +

x −2 − − 0 + +

x −3 − − − 0 +

g(x) − 0 + 0 − 0 +

Exercice 2.32
1. On résume le signe de l’expression f1 (x) = (3x + 1)(x − 7) par un tableau de signes

x −∞ − 13 7 +∞

3x + 1 − 0 + +

x −7 − − 0 +

f1 (x) + 0 − 0 +

donc l’ensemble des solutions de l’inéquation est l’intervalle ] − 13 , 7[.


2. On résume le signe de l’expression f2 (x) = (2x + 5)(1 − x) par un tableau de signes

5
x −∞ 1 2
+∞

2x + 5 − − 0 +

1−x + 0 − −

f2 (x) − 0 + 0 −

donc l’ensemble des solutions de l’inéquation est ] − ∞, 1] ∪ [ 25 , +∞[.


3. Commençons par remarquer que pour tout réel x ∈ R, on a 5x 2 − 8x = x(5x − 8). On cherche donc à déterminer le signe de
f3 (x) = x(5x − 8). On a le tableau de signes suivant :

8
x −∞ 0 5
+∞

x − 0 + +

5x − 8 − − 0 +

f3 (x) + 0 − 0 +

donc l’ensemble des solutions de l’inéquation est [0, 85 ]


4. Soit x ∈ R, l’inéquation (x − 1)2 − (3x − 6)2 < 0 est équivalente à (x − 1 + 3x − 6)(x − 1 − 3x + 6) = (4x − 7)(5 − 2x) < 0. Pour x ∈ R,
on pose f4 (x) = (4x − 7)(5 − 2x). On résume la recherche des solutions de cette dernière inéquation avec le tableau de signes suivant

7 5
x −∞ 4 2
+∞

4x − 7 − 0 + +

5 − 2x + + 0 −

f4 (x) − 0 + 0 −

donc l’ensemble des solutions de l’inéquation est ] − ∞, 47 [∪] 52 , +∞[.


36 Chapitre 2 – Équations et inéquations

5. Soit x ∈ R, l’inéquation (3x − 5)2 < (x + 5)2 qui est équivalente à (3x − 5)2 − (x + 5)2 < 0 qui est elle-même équivalente à
(3x − 5 + x + 5)(3x − 5 − x − 5) = 4x(2x − 10) < 0. Pour x ∈ R, on définit f5 (x) = 4x(2x − 10). On résume l’étude dans le tableau de
signes suivant
5
x −∞ 0 2
+∞

x − 0 + +

2x − 10 − − 0 +

f5 (x) + 0 − 0 +

donc l’ensemble des solutions de l’inéquation (3x − 5)2 − (x + 5)2 < 0 est l’intervalle ]0, 52 [.
6. On commence par étudier l’ensemble de définition de l’inéquation. L’équation 3 − x = 0 admet pour unique solution x = 3, donc
l’ensemble de définition de l’inéquation est R \ {3}. On distingue deux cas.
◦ Soit x ∈] − ∞, 3], alors 3 − x > 0. Ainsi, l’inéquation x+2
3−x
< 2 est équivalente à x + 2 < 2(3 − x) qui est elle-même équivalente à
3x < 4. Cette dernière admet pour ensemble de solutions dans ] − ∞, 3] l’intervalle ] − ∞, 34 [.
◦ Soit x ∈]3, +∞[, alors 3 − x < 0. Ainsi, l’inéquation x+2
3−x
< 2 est équivalente à x + 2 > 2(3 − x) qui est elle-même équivalente à
3x > 4. Cette dernière admet pour ensemble de solutions dans ]3, +∞[ l’intervalle ]3, +∞[.
Finalement, l’ensemble des solutions de l’inéquation est l’ensemble ] − ∞, 34 [∪]3, +∞[.

Exercice 2.33
1. On cherche à résoudre l’inéquation −2x 2 + 10x − 25 2
⩾ 0. Pour cela, on va factoriser le terme de gauche. Pour tout x ∈ R, on a
−2x 2 + 10x − 25 2 − 5x + 25 . Le discriminant du trinôme à l’intérieur des parenthèses est nul donc celui-ci admet une racine

2
= −2 x 4
réelle double qui est 52 . Ainsi, pour tout réel x, on a x 2 − 5x + 25 ⩾ 0 donc −2 x 2 − 5x + 25 ⩽ 0 : l’ensemble des solutions de

4 4
l’inéquation est donc { 2 }.
5

2. On cherche à résoudre l’inéquation 9x 2 − 15x + 21 4


⩽ 0, qui est équivalente à 3x 2 − 5x + 74 ⩽ 0. Le terme de gauche est un trinôme
du second degré, on calcule donc son discriminant : ∆ = 25 − 21 = 4. Comme ∆ >  0, ce trinôme a donc deux racines réelles simples
qui sont 67 et 12 . L’inéquation 9x 2 − 15x + 21 ⩽ 0 est donc équivalente à 3 x − 76 x − 12 ⩽ 0. Comme le coefficient dominant est

4
positif, l’ensemble des solutions de l’inéquation est [ 21 , 76 ].
3. L’inéquation 4x 2 − 12x + 6 ⩾ 0 est √équivalente à √2x 2 − 6x + 3 ⩾ 0. Le discriminant de la partie gauche est ∆ = 36 − 24 = 12 > 0 donc
les racines du trinôme sont x1 = 3−2 3 et x2 = 3+2 3 . Comme le coefficient dominant est positif, l’ensemble des solutions de l’inéquation
√ √
est ] − ∞, 3− 3
2
] ∪ [ 3+2 3 , +∞[.
4. Le membre de gauche de l’inéquation 2x 2 + 16x + 39 ⩾ 0 admet pour discriminant ∆ = 162 − 4 × 39 × 2 = −56 < 0 donc, comme le
coefficient dominant est positif, alors l’ensemble des solutions de l’inéquation est R.
5. Le membre de gauche de l’inéquation 2x 2 + 10x + 21
2
⩽ 0 admet pour discriminant ∆ = 100 − 4 × 21 = 16 > 0 donc l’inéquation est
équivalente à 2 x + 72 x + 32 ⩽ 0 et l’ensemble des solutions de l’inéquation est [− 27 , − 32 ].
 

6. L’inéquation 6x 2 + 2x − 34 ⩾ 0 est équivalente à 3x 2 + x − 23 ⩾ 0. Le membre de gauche admet pour discriminant ∆ = 9 et pour racines
− 23 et 13 donc l’inéquation est équivalente à (x + 32 )(x − 13 ) ⩾ 0 et admet pour ensemble de solutions ] − ∞, − 23 ] ∪ [ 13 , +∞[.
CHAPITRE 3

Résolution de systèmes linéaires

Dans la section 2.2, nous avons appris à résoudre dans R des équations de la forme

ax = b

avec a et b deux nombres réels. Nous allons à présent généraliser cette résolution à l’aide d’une méthode
algorithmique dite du pivot de Gauss afin de déterminer l’ensemble des solutions de systèmes d’équations
comme par exemple 
3x + 2y = 5
4x + 5y = 7
c’est-à-dire trouver tous les couples de nombres réels x et y qui satisfont les deux équations. L’exemple
ci-dessous comporte deux équations à deux inconnues et c’est sur cette forme de système que nous nous
concentrerons dans un premier temps. Une fois la méthode de résolution bien comprise sur ce type de
systèmes, nous pourrons la généraliser à des systèmes avec plus d’équations ou plus d’inconnues.

Remarque. Ce chapitre est purement calculatoire. Pour autant, il est important de noter qu’une inter-
prétation géométrique de tels calculs sera donnée au chapitre 4. Afin de progresser sur ce chapitre, il faut
pratiquer : vous pourrez trouver des exercices supplémentaires dans [Bar23].

3.1. Systèmes linéaires à deux inconnues

3.1.1 Une équation linéaire à deux inconnues


Avant de s’attaquer à la résolution de systèmes, on commence par traiter le cas d’une seule équation
linéaire à deux inconnues.

Définition 3.1 – L’ensemble R2 . On note R2 , l’ensemble des couples (x, y ) avec x et y des nombres
réels, i.e.
R2 = (x, y ) | x, y ∈ R .


L’ensemble R2 sera l’ensemble dans lequel on recherchera les solutions d’une équation à deux inconnues.

Définition 3.2 – Équation linéaire à deux inconnues. On appelle équation linéaire à deux inconnues
toute équation de la forme ax + by = c où a, b et c sont trois réels donnés et où x et y sont les deux
inconnues de notre équation. Résoudre une telle équation consiste à déterminer l’ensemble des couples
(u, v ) ∈ R2 tels que au + bv = c. Deux équations sont dites équivalentes si elles admettent le même
ensemble de solutions.
38 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires

Comme pour les équations affines, pour résoudre de telles équations, nous allons travailler par équivalence.

Proposition 3.3. Soient a, b et c trois réels. Pour tout λ ∈ R \ {0}, les équations ax + by = c et
λax + λby = λc sont équivalentes.

Démonstration. Soient a, b, c et λ quatre réels, avec λ ̸= 0. Il est clair que l’ensemble des solutions de
λax + λby = λc est égal à l’ensemble des solutions de l’équation λ(ax + by + c) = 0 qui est égal, comme
λ ̸= 0 et par la proposition 2.4, à l’ensemble des solutions de ax + by = c.

Traitons un exemple de résolution d’une telle équation, en considérant l’équation linéaire à deux inconnues
suivante :
3x + 2y = −4 (E)
On constate rapidement que l’on peut « écrire une inconnue en fonction de l’autre ». On a alors deux
choix possibles.

◦ On peut choisir d’isoler x c’est-à-dire d’écrire « x en fonction de y ». On a les équivalences suivantes :

2 4
3 x + 2y = −4 ⇔ 3 x = −2y − 4 ⇔ x = − y − .
3 3
On encadre ici le coefficient 3 car ce coefficient doit être non nul pour pouvoir exprimer x en fonction
de y : nous venons de choisir un pivot dans notre système (qui n’a ici qu’une équation). On remarque
alors que pour tout choix de nombre réel t, le couple (− 23 t − 43 , t) ∈ R2 est une solution de l’équation
(E) et réciproquement. L’ensemble des solutions de (E) est donc l’ensemble
  
2 4
S1 = − t − ,t , t ∈ R .
3 3

Le t de la description de notre ensemble est appelé paramètre de notre ensemble de solutions : au


choix d’un tel t correspond une solution de l’équation.

◦ On peut également choisir d’isoler y c’est-à-dire d’exprimer « y en fonction de x ». On a les équiva-


lences suivantes :
3
3x + 2 y = −4 ⇔ 2 y = −3x − 4 ⇔ y = − x − 2.
2

Ainsi, pour tout choix de nombre réel s, le couple (s, − 32 s − 2) est une solution de (E) et récipro-
quement. L’ensemble des solutions de (E) est donc l’ensemble
  
3
S2 = s, − s − 2 , s ∈ R .
2

Bien que les ensembles S1 et S2 aient des descriptions différentes, le travail par équivalence que nous
avons mené précédemment nous assure qu’ils sont égaux. Essayons de nous convaincre de cette égalité.
Commençons par considérer un élément quelconque de S1 , c’est-à-dire fixons t0 ∈ R et considérons
l’élément (− 23 t0 − 43 , t0 ) de S1 . Montrons que ce dernier est un élément de S2 , c’est-à-dire qu’il existe
s ∈ R tel que (− 32 t0 − 43 , t0 ) = (s, − 23 s − 2), ou autrement dit, que le système de deux équations affines
d’inconnue s suivant :
= − 23 t0 − 43

s
3
−2s − 2 = t0
3.1 Systèmes linéaires à deux inconnues 39

admet une solution. Or, on a la suite d’équivalence suivante

3 3 2 4
− s − 2 = t0 ⇔ − s = t0 + 2 ⇔ s = − t0 −
2 2 3 3

donc le système précédent admet bien pour unique solution s = − 23 t0 − 34 : on a ainsi montré que tout
élément (− 32 t0 − 34 , t0 ) de S1 est un élément de S2 en prenant le paramètre s égal à − 23 t0 − 43 . De
manière similaire, on peut montrer qu’un élément (s0 , − 32 s0 − 2) de S2 est égal à l’élément de S1 de
paramètre t = − 23 s0 − 2. Finalement, ces deux ensembles sont bel et bien égaux.

Regardons rapidement deux autres exemples.

◦ On peut chercher à résoudre l’équation 3x = 7 dans R2 . Bien qu’il n’y ait qu’une seule inconnue
visible dans cette équation, on peut décrire son ensemble de solutions dans R2 . Cette fois-ci, nous
n’avons qu’un choix possible de pivot pour décrire l’ensemble des solutions : on ne peut qu’isoler x.
Ainsi, l’équation 3x = 7 est équivalente à l’équation x = 37 qui admet pour ensemble de solutions
  
7
,t , t ∈ R .
3

◦ De la même manière, on peut vouloir résoudre l’équation −2y = −5 dans R2 . Cette équation est
équivalente à y = 25 qui admet pour ensemble de solutions
  
5
t, , t∈R .
2

Proposition 3.4. Soient a, b, c trois réels. Si (a, b) ̸= (0, 0), i.e. a ̸= 0 ou b ̸= 0, l’équation ax + by = c
admet un ensemble de solutions paramétré par un réel.

Démonstration. Soient a, b, c trois réels avec (a, b) ̸= (0, 0). Alors ou bien a ̸= 0 ou b ̸= 0. Commençons
par supposer que a ̸= 0, alors on a les équivalences :

b c
a x + by = c ⇔ a x = −by + c ⇔ x = − y +
a a

et donc l’équation ax + by = c admet pour ensemble de solutions − ba t + ca , t , t ∈ R . Supposons à


 

présent que b ̸= 0, alors on a les équivalences


a c
ax + b y = c ⇔ b y = −ax + c ⇔ y = − x +
b b

et donc l’équation ax + by = c admet pour ensemble de solutions t, − ba t + cb , t ∈ R . On note


 

d’ailleurs que si a ̸= 0 et b ̸= 0 ces deux ensembles sont égaux comme nous l’avons montré à l’exemple
précédent.

3.1.2 Deux équations à deux inconnues

Définition 3.5. On appelle système de deux équations linéaires à deux inconnues, un système

a1 x + b1 y = c1
a2 x + b2 y = c2
40 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires

où a1 , b1 , c1 , a2 , b2 et c2 sont des nombres réels. Résoudre un tel système correspond à trouver tous les
couples de nombres réels (u, v ) ∈ R2 qui satisfont

a1 u + b1 v = c1 et a2 u + b2 v = c2 .

On introduit ici la méthode algorithmique dite du pivot de Gauss, pour résoudre de tels systèmes. Comme
pour les équations affines (voir la démonstration de la proposition 2.6), on va chercher à simplifier notre
problème en se ramenant par équivalence à un système plus simple.

Définition 3.6 – Systèmes équivalents. Deux systèmes (S) et (T ) de deux équations à deux inconnues
sont dits équivalents si l’ensemble des solutions de (S) est égal à l’ensemble des solutions de (T ).

La philosophie de la méthode du pivot de Gauss est alors relativement simple : étant donné un système
linéaire (S) on veut le transformer à l’aide d’opérations autorisées (c’est-à-dire conservant l’ensemble des
solutions du système) en un système linéaire équivalent (T ) facile à résoudre, comme par exemple un
système de la forme (
aex = e b
α
e y = βe

qui n’est que la réunion de deux équations affines. Vous devriez sans mal réussir à déterminer la solution
de ce système si celle-ci existe. En déterminant les solutions de (T ), on obtiendra donc les solutions de
(S).

Opérations élémentaires sur les lignes

On présente à présent les trois opérations élémentaires sur les systèmes qui nous permettent de
passer d’un système à un système équivalent (qui a vocation dans notre méthode à être plus simple à
résoudre). Vous trouverez en page 41 le premier exemple d’algorithme du pivot de Gauss, qui n’est qu’un
enchaînement de ces trois opérations élémentaires.

Proposition 3.7 – Dilatation. Soient a1 , b1 , c1 , a2 , b2 et c2 six nombres réels. Soit λ ∈ R avec λ ̸= 0.


On a l’équivalence
 
a1 x + b1 y = c1 λa1 x + λb1 y = λc1
⇔ .
a2 x + b2 y = c2 a2 x + b2 y = c2

Démonstration. Fixons a1 , b1 , c1 , a2 , b2 et c2 , six nombres réels. Soit λ ∈ R \ {0}. On pose (S) et (T )


les deux systèmes suivants :
 
a1 x + b1 y = c1 λa1 x + λb1 y = λc1
(S) et (T ) .
a2 x + b2 y = c2 a2 x + b2 y = c2

On a vu dans la proposition 3.3 que a1 x + b1 y = c1 est équivalente à λa1 x + λb1 y = λc1 . Ainsi, le
couple (x, y ) est solution de (S) si et seulement si a1 x + b1 y = c1 et a2 x + b2 y = c2 ce qui équivaut à
λa1 x + λb1 y = λc1 et a2 x + b2 y = c2 , et donc au fait que (x, y ) soit une solution de (T ). Puisqu’on a
travaillé par équivalence, on a donc bien montré que (S) et (T ) possèdent les mêmes solutions.

Proposition 3.8 – Permutation. Soient a1 , b1 , c1 , a2 , b2 et c2 six nombres réels. On a l’équivalence


 
a1 x + b1 y = c1 a2 x + b2 y = c2
⇔ .
a2 x + b2 y = c2 a1 x + b1 y = c1
3.1 Systèmes linéaires à deux inconnues 41

Démonstration. On a a1 x + b1 y = c1 et a2 x + b2 y = c2 si et seulement si a2 x + b2 y = c2 et a1 x + b1 y =
c1 .

Proposition 3.9 – Transvection. Soient a1 , b1 , c1 , a2 , b2 et c2 six nombres réels et soit λ ∈ R \ {0}. On


a l’équivalence
 
a1 x + b1 y = c1 a1 x + b1 y = c1
⇔ .
a2 x + b2 y = c2 (a2 + λa1 )x + (b2 + λb1 )y = c2 + λc1

Démonstration. Fixons a1 , b1 , c1 , a2 , b2 et c2 six nombres réels avec (a1 , b1 ) ̸= (0, 0) et (a2 , b2 ) ̸= (0, 0).
Soit λ ∈ R \ {0}. On pose (S) et (T ) les deux systèmes suivants :
 
a1 x + b1 y = c1 a1 x + b1 y = c1
(S) et (T ) .
a2 x + b2 y = c2 (a2 + λa1 )x + (b2 + λb1 )y = c2 + λc1

Notons respectivement SS et ST , les ensembles de solutions des systèmes (S) et (T ) et montrons par
double inclusion leur égalité.
◦ Commençons par considérer un élément (u, v ) ∈ SS , qui est donc un couple de réels vérifiant
a1 u + b1 v = c1 et a2 u + b2 v = c2 . On a donc

(a2 + λa1 )x + (b2 + λb1 )y − c2 + λc1 = (a2 x + b2 y − c2 ) + λ(a1 x + b1 y − c1 ) = 0,

donc (u, v ) est solution de (T ). On a donc que SS ⊂ ST .


◦ Considérons un élément (u, v ) ∈ ST , qui vérifie donc a1 u + b1 v − c1 = 0 et (a2 x + b2 y − c2 ) +
λ(ax1 + by1 − c1 ) = 0. On a alors

a2 x + b2 y − c2 = a2 x + b2 y − c2 + λ × 0
= (a2 x + b2 y − c2 ) + λ(ax1 + by1 − c1 )
= (a2 + λa1 )x + (b2 + λb1 )y − (c2 + λc1 )
=0

donc (u, v ) est une solution de (S). On a donc ST ⊂ SS .


On a finalement montré que SS = ST et donc que les systèmes (S) et (T ) sont équivalents.

Un premier exemple de résolution par pivot de Gauss

En utilisant ces trois règles de façon algorithmique, nous pouvons déterminer l’ensemble des solutions de
tout système linéaire. Commençons par un exemple de résolution, avec le système

2x + 3y = −1 (L1 )
(S) ,
3x + 4y = 1 (L2 )

où l’on a nommé chacune des lignes afin de suivre les différentes opérations que l’on va mener.
1. La première étape de l’algorithme est la descente. On commence par choisir un coefficient non nul
présent devant une variable du système. Par exemple, on peut choisir le 2 devant la variable x de la
première ligne. Afin de spécifier ce choix, on encadre ce coefficient, qui devient un pivot pour notre
résolution : (
2 x + 3y = −1 (L1 )
(S) .
3x + 4y = 1 (L2 )
42 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires

Grâce aux différentes opérations élémentaires de réécriture d’un système, on utilise notre pivot afin
de « faire disparaître » la variable associée (ici x) dans l’autre équation (ici L2 ). En effet, grâce à
une dilatation, on a l’équivalence
(
2 x + 3y = −1 (L1 )
.
6x + 8y = 2 (L2 ← 2L2 )

On note que la ligne L2 est à présent 6x + 8y = 2 comme l’indique L2 ← 2L2 . Par transvection, ce
système est lui-même équivalent au système
(
2 x + 3y = −1 (L1 )
6x − 6x + 8y − 9y = 2 − 3(−1) (L2 ← L2 − 3L1 )

ce qui nous donne finalement le système


(
2 x − 3y = −1 (L1 )
.
− y = 5 (L2 )

On a donc montré que le système (S) est équivalent au système (T ) suivant :


(
2 x − 3y = −1 (L1 )
(T ) .
− y = 5 (L2 )

On réitère un choix de pivot, que l’on doit prendre dans une ligne du système n’ayant pas encore de
pivot, et qui doit être associé à une variable sans pivot dans le système. Dans le cas d’un système
de deux équations à deux inconnues, il nous reste au plus un unique choix à faire : ici, le coefficient
−1 devant la variable y de la seconde ligne

 2 x − 3y = −1 (L1 )
(T ) .
 −1 y = 5 (L2 )

2. On débute à présent la seconde partie de notre algorithme du pivot de Gauss : la remontée. On


utilise notre second pivot pour venir « annuler » la variable y dans la première équation de notre
système (T ). En utilisant une transvection, on obtient que le système (T ) est équivalent au système

 2 x + (−3y + 3y ) = −1 − 15 (L1 ← L1 − 3L2 )
 −1 y = 5 (L2 )

et donc au système 
2x = −16 (L1 )
.
−y = 5 (L2 )

3. On peut finalement conclure : le système (S) est équivalent au système



x = −8
y = −5

donc l’ensemble des solutions de (S) est l’ensemble {(−8, −5)}.

Remarque. La présentation faite ici de l’algorithme du pivot de Gauss peut vous paraître lourde pour ré-
3.1 Systèmes linéaires à deux inconnues 43

soudre un système linéaire de deux équations à deux inconnues. Cependant, cet algorithme se généralisant
aux systèmes à m équations et p inconnues, avec m et p des entiers non nuls, il est important de bien le
mettre en place sur le cas le plus simple.

En utilisant cet algorithme, on peut étudier de manière générale les systèmes de deux équations linéaires
à deux inconnues.

Proposition 3.10. Soient a1 , b1 , c1 , a2 , b2 et c2 six nombres réels non tous nuls. Considérons le système
suivant 
a1 x + b1 y = c1
.
a2 x + b2 y = c2
◦ Si a1 b2 − b1 a2 ̸= 0, le système admet une unique solution.

◦ Si a1 b2 − b1 a2 = 0, alors

▷ ou bien le système n’admet aucune solution,

▷ ou bien le système est équivalent à a1 x + b1 y + c1 = 0 et admet un ensemble de solutions


paramétré par un réel.

Démonstration. On considère a1 , b1 , c1 , a2 , b2 et c2 six nombres réels. On suppose que (a1 , b1 ) ̸= (0, 0)


et (a2 , b2 ) ̸= (0, 0) : les autres cas sont laissés en exercice. On pose (S) le système suivant

a1 x + b1 y = c1
(S) .
a2 x + b2 y = c2

On traite ici le cas où a1 ̸= 0, le cas où a1 = 0 étant laissé en exercice.


Soient x et y deux nombres réels. Comme, a1 ̸= 0, on peut le choisir comme pivot pour avoir l’équivalence
(
a1 x + b1 y = c1 (L1 )
(S)
a2 x + b2 y = c2 (L2 )
(
a1 x + b1 y = c1 (L1 )
⇔ .
(a1 b2 − b1 a2 )y = a1 c2 − c1 a2 (L2 ← a1 L2 − a2 L1 )

On distingue à présent plusieurs cas.

◦ Supposons que a1 b2 − b1 a2 ̸= 0 : on peut alors choisir ce coefficient comme pivot. Le système (S)
est donc équivalent au système
(
a1 x = c1 − b1 (aa11bc22 −c 1 a2
−b1 a2 ) (L1 ← L1 − a1 b2b−b
1
1 a2
L2 )
(a1 b2 − b1 a2 )y = a1 c2 − c1 a2 (L2 )

Comme (a1 b2 − b1 a2 ) ̸= 0 et a1 ̸= 0, on a l’équivalence


(
(a1 c2 −c1 a2 )
x = ac11 − ab11(a 1 b2 −b1 a2 )
= c1 b2 −b1 c2
a1 b2 −b1 a2
(S) ⇔ a1 c2 −c1 a2 .
y = a1 b2 −b1 a2

On a donc montré que si a1 b2 − b1 a2 ̸= 0, alors l’ensemble des solutions du système (S) est
 
c1 b2 − b1 c2 a1 c2 − c1 a2
, .
a1 b2 − b1 a2 a1 b2 − b1 a2
44 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires

◦ Supposons à présent que a1 b2 − b1 a2 = 0 : le système (S) est donc équivalent au système



a1 x + b1 y = c1
.
0 = a1 c2 − c1 a2

On a alors deux sous-cas.


▷ Supposons que a1 c2 − c1 a2 ̸= 0. Alors la seconde équation du système est impossible, donc le
système (S) n’admet aucune solution.
▷ Supposons que a1 c2 −c1 a2 = 0. Alors le système (S) est équivalent à l’équation a1 x +b1 y +c1 =
0 qui, comme a1 ̸= 0, est équivalente à x = − ba11 y − ac11 . Donc l’ensemble des solutions du système
n  o
(S) est − ba11 t − ac11 , t , t ∈ R .

Exercice 3.11. Démontrer le résultat précédent dans le cas où a1 = 0.

Exemple – Système avec une unique solution. On considère le système


(
2 x + 3y = 4 (L1 )
(S) .
4x + 4y = 4 (L2 )

Alors le système (S) est équivalent à



 2 x + 3y = 4 (L1 )
 −2 y = −4 (L2 ← L2 − 2L1 )

 2 x = −2 (L1 ← L1 + 23 L2 )

 −2 y = −4 (L2 )

donc l’unique solution du système (S) est le couple (−1, 2).

Exemple – Système sans solution. On considère le système


(
2 x + 3y = 4 (L1 )
(S) .
4x + 6y = 4 (L2 )

Alors, (
2 x + 3y = 4 (L1 )
(S) ⇔ .
0 = −4 (L2 ← L2 − 2L1 )
La seconde ligne du système n’est jamais vraie, le système (S) n’admet donc aucune solution.

Exemple – Système avec une infinité de solutions. On considère le système


(
2 x + 3y = 4 (L1 )
(S) .
4x + 6y = 8 (L2 )

Alors, (
2 x + 3y = 4 (L1 )
(S) ⇔ .
0 = 0 (L2 ← L2 − 2L1 )
3.1 Systèmes linéaires à deux inconnues 45

Le système (S) est donc équivalent à l’équation 2x + 3y − 4 = 0 qui est elle-même équivalente à 3y =
4 − 2x. Ainsi, le système (S) admet une infinité de solutions paramétrées par un réel. Plus précisément,
l’ensemble des solutions de (S) est
    
4 2 4 2
(x, y ) ∈ R2 | y = − x = t, − t , t ∈ R .
3 3 3 3

Exercice 3.12. Déterminer les solutions des systèmes suivants :


 
3x − 2y = −1 x + 2y = 1
(A) , (B) ,
x − 3y = 2 3x + 6y = 3
 
3x − 4y = −1 2x + 5y = 1
(C) , (D) .
−15x + 20y = −5 x − 3y = −5

Exercice 3.13. Soit a un paramètre réel. On considère le système

(a2 + 1)y

ax − = −1
.
−x + (a + 3)y = 2

Déterminer les valeurs de a pour lesquelles le système n’admet aucune solution.

Exercice 3.14. Déterminer l’ensemble des solutions des systèmes suivants :


 
3x − 5y = 3 −2x + 2y = 0
1. , 4. ,
−3x − y = −7 2x − 4y = −2
 
4x − 4y = 6 −4x + y = 8
2. , 5. ,
−x − 5y = −2 − y = −2
 
−2x + 2y = 5 5x − 3y = −7
3. , 6. .
−5x − y = −7 3x + 3y = 6

3.1.3 Aparté sur le déterminant


On a vu en proposition 3.10 que l’unicité de la solution d’un système de deux équations à deux inconnues
se détermine en calculant une quantité à l’aide des coefficients du système. On donne un nom à cette
quantité.

Définition 3.15 – Déterminant d’un système. Soient a1 , b1 , c1 , a2 , b2 et c2 six nombres réels. Au système

a1 x + b1 y = c1
a2 x + b2 y = c2

on associe la quantité a1 b2 − a2 b1 que l’on appelle déterminant du système et que l’on note

a1 b1
= a1 b2 − a2 b1 .
a2 b2

Remarque. Ainsi, d’après la proposition 3.10, le système (S) admet une unique solution si et seulement
46 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires

si
a1 b1
̸= 0.
a2 b2

L’annulation du déterminant permet de détecter un coefficient de proportionnalité entre les deux équations
du système comme nous le montrons dans la proposition suivante.

Proposition 3.16. Soient a1 , a2 , b1 , b2 quatre réels. Il existe λ ∈ R tel que a1 = λa2 et b1 = λb2 si et
seulement si a1 b2 − a2 b1 = 0.

Exercice 3.17. Démontrer ce résultat.

3.2. Systèmes linéaires à trois inconnues


Dans cette section, nous allons généraliser notre algorithme aux systèmes linéaires d’équations à trois
inconnues.

3.2.1 Une équation à trois inconnues


Définition 3.18 – L’ensemble R3 . On note R3 , l’ensemble des triplets (x, y , z) avec x, y et z des nombres
réels, i.e.
R3 = (x, y , z) | x, y , z ∈ R .


L’ensemble R3 sera l’ensemble dans lequel on recherchera les solutions d’une équation à trois inconnues.

Définition 3.19 – Équation linéaire à trois inconnues. On appelle équation linéaire à trois inconnues
toute équation de la forme
ax + by + cz = d
où a, b, c et d sont quatre réels donnés et où x, y et z sont les trois inconnues de notre équation. Résoudre
une telle équation, c’est déterminer l’ensemble des triplets (u, v , w ) ∈ R3 tels que au + bv + cw = d. De
plus, comme précédemment, deux équations sont dites équivalentes si elles admettent le même ensemble
de solutions.

Proposition 3.20. Soient a, b, c et d quatre réels. Si (a, b, c) ̸= (0, 0, 0), alors l’équation ax +by +cz = d
admet un ensemble de solutions paramétré par deux réels.

Démonstration. Soient a, b, c et d quatre réels tels que (a, b, c) ̸= (0, 0, 0). Si a ̸= 0, alors on a l’équi-
valence suivante :
b c d
a x + by + cz = d ⇔ x = − y − z +
a a a
donc l’équation ax + by + cz = d admet pour ensemble de solutions
  
b c d
− s − t + , s, t , s, t ∈ R .
a a a

Dans le cas a = 0, il faut différencier les sous-cas b ̸= 0 et b = 0 (on a alors c ̸= 0), sous-cas qui amènent
à des descriptions similaires de l’ensemble des solutions.

Remarque. On rappelle une nouvelle fois que la description de l’ensemble des solutions n’est pas unique.
En effet, dans une équation ax + by + cz = d si a ̸= 0 et b ̸= 0, alors on peut choisir a comme pivot pour
3.2 Systèmes linéaires à trois inconnues 47

isoler x, ou bien b pour isoler y . Ces choix amènent à des descriptions différentes du même ensemble des
solutions : si a, b ̸= 0, l’ensemble des solutions de l’équation admet les descriptions suivantes
     
b c d a c d
− s − t + , s, t , s, t ∈ R = s, − s − t + , t , s, t ∈ R .
a a a b b b

Comme exercice, nous vous laissons le soin d’expliciter le paramétrage de l’ensemble des solutions de
l’équation lorsque c ̸= 0 et qu’on le choisit comme pivot.

Exemples.
◦ On cherche à résoudre l’équation 3x + 2y + 5z = 7. On a les équivalences

2 5 7
3 x + 2y + 5z = 7 ⇔ 3 x = −2y − 5z + 7 ⇔ x = − y − z +
3 3 3

donc l’équation admet pour ensemble de solutions − 3 s − 53 t + 73 , s, t , s, t ∈ R .


 2 

◦ L’équation
 5 2x + 5z = −3 est équivalente à x = − 52 z − 3
2 donc admet pour ensemble de solutions
− 2 t − 32 , s, t , s, t ∈ R .

Dans la suite, nous allons appliquer notre algorithme du pivot de Gauss aux systèmes à trois inconnues. Il
se constitue toujours des trois étapes que sont la descente, la remontée et la conclusion. Pour effectuer
ces trois étapes, on utilise toujours nos opérations élémentaires sur les lignes.

Proposition 3.21. Les opérations élémentaires sur les lignes d’un système, présentées dans les propositions
3.7, 3.8 et 3.9, s’étendent aux systèmes à trois inconnues et transforment un système en un système
équivalent.

3.2.2 Deux équations à trois inconnues


Lemme 3.22. Soient a1 , a2 , b1 , b2 , c1 , c2 six nombres réels. Il existe λ ∈ R∗ tel que a1 = λa2 , b1 = λb2
et c1 = λc2 si et seulement si a1 b2 − a2 b1 = a1 c2 − a2 c1 = b1 c2 − b2 c1 = 0.

Démonstration. Le sens direct se montre par un calcul immédiat. Montrons le sens réciproque, supposons
donc que a1 b2 − a2 b1 = a1 c2 − a2 c1 = b1 c2 − b2 c1 = 0. Si les six nombres sont nuls, le résultat est
évident. Sinon, il en existe un non nul : supposons que a2 ̸= 0. D’après la proposition 3.16, comme
a1 b2 − a2 b1 = 0, il existe alors λ ∈ R tel que a1 = λa2 et b1 = λb2 . Par le même argument, comme
a1 c2 − a2 c1 = 0, il existe µ ∈ R tel que a1 = µa2 et c1 = µc2 . Comme a2 ̸= 0 et λa2 = a1 = µa2 , alors
λ = µ, d’où le résultat.

Proposition 3.23. Soient a1 , b1 , c1 , d1 , a2 , b2 , c2 , d2 huit réels non tous nuls. Considérons le système

a1 x + b1 y + c1 z = d1
.
a2 x + b2 y + c2 z = d2

◦ Le système admet un ensemble de solutions paramétré par un réel si et seulement si l’une des
quantités a1 b2 − a2 b1 , a1 c2 − a2 c1 ou b1 c2 − b2 c1 est non nulle.
◦ Sinon, il n’admet aucune solution ou est équivalent à a1 x + b1 y + c1 z = d1 .

Remarque. Dans cette proposition, il est plus important de retenir les méthodes mises en jeu dans la
preuve que la proposition exacte : dans les faits, on ne calcule jamais les trois déterminants pour connaître
la forme de l’ensemble des solutions du système.
48 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires

Démonstration. Supposons que l’une des quantités a1 b2 − a2 b1 , a1 c2 − a2 c1 ou b1 c2 − b2 c1 est non nulle.


On commence par supposer que a1 b2 − a2 b1 ̸= 0 ou a1 c2 − a2 c1 ̸= 0 et on suppose également que a1 ̸= 0
(si a1 = 0, on peut prendre a2 comme pivot et copier les arguments ci-dessous).
1. Descente. Par hypothèse a1 ̸= 0 ce qui nous permet de le prendre comme pivot. Le système
(
a1 x + b1 y + c1 z = d1 (L1 )
a2 x + b2 y + c2 z = d2 (L2 )

est équivalent à
(
a1 x + b1 y + c1 z = d1 (L1 )
a1 a2 x + a1 b2 y + a1 c2 z = a1 d2 (L2 ← a1 L2 )

qui est lui-même équivalent avec (L2 ← L2 − a2 L1 ) à



 a1 x + b1 y + c1 z = d1
 a1 b2 − a2 b1 y + (a1 c2 − a2 c1 )z = a1 d2 − a2 d1

dans lequel on peut choisir un second pivot sur la seconde ligne puisque, par hypothèse, on sait que
a1 b2 − a2 b1 ̸= 0 ou a1 c2 − a2 c1 ̸= 0. Supposons que a1 b2 − a2 b1 ̸= 0 : on peut le choisir comme
second pivot (dans le cas où a1 b2 − a2 b1 = 0, on choisit alors a1 c2 − a2 c1 comme pivot)
2. Remontée. Servons nous du second pivot pour « éliminer » la variable y de la première équation. Le
précédent système est équivalent au système
  
 a1 x + c1 − b1 aa1bc2 −a2 c1
z = d1 − b1 aa1 db2 −a2 d1
1 2 −a2 b1 1 2 −a2 b1

 a1 b2 − a2 b1 y + (a1 c2 − a2 c1 )z = a1 d2 − a2 d1

3. Conclusion. Finalement, on peut isoler x et y et les exprimer en fonction de z qui jouera le rôle du
paramètre de notre ensemble de solutions. Le système précédent est équivalent à
(   
−a2 c1 a1 d2 −a2 d1
x = a11 b1 aa11bc22 −a 2 b1
− c1 z + d1 − b1 a1 b2 −a2 b1
a1 d2 −a2 d1 a1 c2 −a2 c1
y = a1 b2 −a2 b1 − a1 b2 −a2 b1 z

L’ensemble des solutions du système sera donc paramétré par un unique réel.
Supposons que b1 c2 − b2 c1 ̸= 0 : on propose une manière différente de raisonner pour démontrer que
l’ensemble des solutions est paramétré par un réel. Le système

a1 x + b1 y + c1 z = d1 (L1 )
a2 x + b2 y + c2 z = d2 (L2 )

est équivalent au système



b1 y + c1 z = −a1 x + d1 (L1 )
b2 y + c2 z = −a2 x + d2 (L2 )

Comme b1 c2 − b2 c1 ̸= 0, et d’après la proposition 3.10, le système à 2 inconnues y et z admet une unique


solution (qui dépend de x), donc l’ensemble des solutions du système est paramétré par un réel (ici x)
car a1 ̸= 0.
Supposons à présent que a1 b2 − a2 b1 = a1 c2 − a2 c1 = b1 c2 − b2 c1 = 0, alors d’après le lemme 3.22, il
3.2 Systèmes linéaires à trois inconnues 49

existe λ ∈ R tel que le système soit



a1 x + b1 y + c1 z = d1 (L1 )
λa1 x + λb1 y + λc1 z = d2 (L2 )

qui est équivalent à



a1 x + b1 y + c1 z = d1 (L1 )
0 = d2 − λd1 (L2 ← L2 − λL1 )

Deux cas se présentent à nous : ou bien d2 − λd1 ̸= 0 et dans ce cas le système n’admet aucune solution,
ou bien d2 − λd1 ̸= 0 et dans ce cas le système est équivalent à l’équation

a1 x + b1 y + c1 z = d1 (L1 )

qui admet un ensemble de solutions paramétré par deux réels.

Exemple. On cherche à déterminer les solutions du système



3x + 2y + 4z = 5 (L1 )
.
2x + y + 2z = 1 (L2 )

On met en place notre algorithme du pivot de Gauss pour résoudre le système.

1. Descente. On choisit un premier pivot, c’est-à-dire un coefficient non nul devant une variable : le
système (
3x + 2y + 4z = 5 (L1 )
2x + 1 y + 2z = 1 (L2 )

est équivalent à

 −1 x = 3 (L1 ← L1 − 2L2 )
.
 2x + 1 y + 2z = 3 (L2 )

Remarquons que nous avons le choix du premier pivot : on doit choisir un coefficient non nul devant
une variable. On peut très bien, comme nous l’avons fait ici, choisir le pivot en seconde ligne devant
la seconde variable. On prend notre deuxième pivot sur la ligne qui n’en a pas encore. Ici, nous
n’avons pas de choix : on prend le coefficient devant la variable x.

2. Remontée. On utilise notre second pivot pour éliminer la variable x de la seconde ligne. Le système
précédent est équivalent à

 −1 x = 3 (L1 )
.
 1 y + 2z = 9 (L2 ← L1 + 2L1 )

3. On passe alors à la conclusion, en isolant nos variables liées à un pivot. On a ainsi



x = − 3
.
y = −2z + 9

donc l’ensemble des solutions du système est {(−3, −2t + 9, t) , t ∈ R}.


50 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires

Exercice 3.24. Déterminer l’ensemble des solutions des systèmes suivants :


 
4x + 5y + 6z = 40 3x + 2y + 3z = 7
1. , 4. ,
9x + 11y + 10z = 76 3x + 5y + 10z = 20
 
6x + 6y + 6z = 24 9x + 3y + 9z = 2
2. , 5. ,
3x + 7y + 10z = 0 6x + y + 4z = −4
 
−5x + 2y + 2z = −9 2x + 3y − 3z = 3
3. , 6. .
−5x − 7y − 9z = 9 4x + 2z = −4

3.2.3 Trois équations à trois inconnues


Dans cette sous-section, on cherche à résoudre un système de trois équations linéaires à trois inconnues
de la forme 
 a1 x + b1 y + c1 z = d1
a x + b2 y + c2 z = d2 .
 2
a3 x + b3 y + c3 z = d3
Pour cela, on applique sur des exemples la méthode du pivot de Gauss résumée ci-dessous.

Méthode – Algorithme du pivot de Gauss. L’algorithme de résolution comporte trois étapes.


1. Descente. Tant que c’est possible, on choisit un pivot, c’est-à-dire un coefficient non nul devant une
variable (qu’on dira liée à ce pivot) sur une ligne qui n’en comporte pas encore, puis on élimine cette
variable liée des lignes sans pivot.
2. Remontée. Lorsque l’on ne peut plus choisir de pivot, et si le système n’est pas incompatible, on
considère nos pivots dans l’ordre inverse de la phase de la descente, pour finir d’éliminer les variables
liées dans les autres lignes que celle de leur pivot.
3. Conclusion. On conclut sur l’ensemble de solutions, les variables libres (non liées à un pivot) para-
métrant notre ensemble de solutions.

Exemple – Système avec une unique solution. On cherche à résoudre le système



 3x + y + 4z = 0
6x + y + 8z = 3 .

2x + 7y + 3z = 3

1. Descente. On commence par choisir un premier pivot :



 3x +
 1 y + 4z = 0 (L1 )
 6x + y + 8z = 3 (L2 ) .
2x + 7y + 3z = 3 (L3 )

On utilise notre pivot pour éliminer la variable y des lignes L2 et L3 pour obtenir le système équivalent



 3x + 1 y + 4z = 0 (L1 )

 3 x + 4z = 3 (L2 ← L2 − L1 ) .

−19x − 25z = 3 (L3 ← L3 − 7L1 )

On a choisi un second pivot sur une ligne n’ayant pas encore de pivot, puis on élimine la variable liée
3.2 Systèmes linéaires à trois inconnues 51

dans la ligne sans pivot :





 3x + 1 y + 4z = 0 (L1 )

3 x + 4z = 3 (L2 ) .

1 19

z = 22 (L3 ← L3 + 3 L2 )


3

On « choisit » notre dernier pivot : on en a trois comme le nombre de variables, il y aura une unique
solution à notre système (il n’y a aucune variable libre).

2. Remontée. On utilise notre dernier pivot pour venir éliminer la variable z de L1 et L2 : le système
précédent est donc équivalent à



 3x + 1 y = −264 (L1 ← L1 − 12L3 )

3 x = −261 (L2 ← L2 − 12L3 )

1

z = 22 (L3 )


3

qui est lui même équivalent à





 1 y = −3 (L1 ← L1 − L2 )

3 x = −261 (L2 ) .

1

z = 22 (L3 )


3

3. Conclusion. Le système admet pour unique solution le triplet (−87, −3, 66).

Exemple – Système sans solution. On cherche à résoudre le système



 3x + y + 3z = −4
8x + 7y + 8z = 4 .

8x + 3y + 8z = 2

1. Descente. On choisit un pivot et on élimine la variable liée dans les autres lignes :

 3 x
 + y + 3z = −4 (L1 )
 8x + 7y + 8z = 4 (L2 )
8x + 3y + 8z = 2 (L3 )

qui est équivalent à





 3 x + y + 3z = −4 (L1 )
13y = 44 (L2 ← 3L2 − 8L1 ) .

(L3 ← 3L3 − 8L1 )

 1 y = 38

On a choisi un second pivot dans une des deux lignes qui n’en avaient pas encore et on élimine la
52 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires

variable liée dans la ligne sans pivot, d’où le système équivalent :



 3 x +

 y + 3z = −4 (L1 )
0 = 44 − 13 × 38 (L2 ← L2 − 13L3 ) .


 1 y = 38 (L3 )

2. Conclusion. Ce système est incompatible, car il possède une ligne de la forme c = 0 avec c = −450.
Ce système n’admet donc aucune solution.

Exemple – Système avec un ensemble de solutions paramétré par un réel. On veut déterminer les
solutions du système suivant 
 7x + y + 3z = 1
7x − y + z = 0 .

7x + 3y + 5z = 2
1. Descente. On choisit notre premier pivot dans le système

 7 x +
 y + 3z = 1 (L1 )
 7x − y + z = 0 (L2 )
7x + 3y + 5z = 2 (L3 )

puis on élimine la variable liée au pivot dans les autres lignes



 7 x +

 y + 3z = 1 (L1 )

 −2 y − 2z = −1 (L2 ← L2 − L1 ) .

2y + 2z = 1 (L3 ← L3 − L1 )

On choisit notre second pivot dans une nouvelle ligne, puis on élimine la variable liée dans les lignes
sans pivot : 
 7 x +
 y + 3z = 1 (L1 )

−2 y − 2z = −1 (L2 ) .


0 = 0 (L3 ← L3 + L2 )

Le système initial est donc équivalent au système à deux équations



 7 x + y + 3z = 1 (L1 )
.
 −2 y − 2z = −1 (L2 )

Donc d’après la proposition 3.23, on sait que le système admet un ensemble de solutions indexé par
un nombre réel. La variable z est libre et sera le paramètre de notre ensemble de solutions.

2. Remontée. On utilise le dernier pivot du système afin d’éliminer la variable liée dans le reste du
système : on obtient alors le système équivalent

 14 x + 4z = 1 (L1 ← 2L1 + L2 )
.
 −2 y − 2z = −1 (L2 )
3.2 Systèmes linéaires à trois inconnues 53

3. Conclusion. Le système est donc équivalent à


1 2

x = 14 − 7z
1 .
y = 2 − z

Le système admet donc l’ensemble de solutions paramétré par un réel suivant :


  
1 2 1
− T, − t, t , t ∈ R .
14 7 2

Exemple – Système avec un ensemble de solutions paramétré par deux réels. On veut déterminer
les solutions du système suivant

 x − y + 2z = 1
−2x + 2y − 4z = −2 .
− 3y

3x + 6z = 3

On choisit un pivot et on élimine la variable liée dans les autres lignes. On obtient le système équivalent

 1 x − y + 2z = 1 (L1 )

 0 = 0 (L2 ← L2 + 2L1 ) .
0 = 0 (L3 ← L3 − 3L1 )

donc le système est équivalent à l’équation x − y + 2z = 1 qui admet pour ensemble de solutions
{(s − 2t + 1, s, t) , s, t ∈ R}.

On résume les différentes possibilités d’ensembles de solutions pour un système linéaire de trois équations
à trois inconnues dans la proposition suivante.

Proposition 3.25. Pour i ∈ {1, 2, 3}, on considère ai , bi , ci et di des réels non tous nuls. Le système

 a1 x + b1 y + c1 z = d1
(S) a x + b2 y + c2 z = d2
 2
a3 x + b3 y + c3 z = d3

admet
◦ ou bien aucune solution,
◦ ou bien une unique solution,
◦ ou bien un ensemble de solutions paramétré par un réel,
◦ ou bien un ensemble de solutions paramétré par deux réels.

Démonstration. La preuve repose sur l’application du pivot de Gauss.


54 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires

Exercice 3.26. Déterminer l’ensemble des solutions des systèmes suivants :


 
 −x − 2z = 5  9x − 3y − 5z = 2
1. −2x + y + 2z = −15 , 6. 8x − 7y − 3z = 1 ,
2x − y − −8x + 4y
 
z = 17 + 4z = 2
 
 −5x + 3z = −4  −7x + 2y − 3z = 20
2. 5x − y − 4z = 1 , 7. −7x − 2y + 4z = 6 ,
5x + y − 2z = −1 − 2z = −2
 
3x + y
 
 7x + 9y + 7z = −1  −5x + 7y + 6z = 1
3. −3x − 6y − 3z = −6 , 8. 4x + 4y − 3z = −1 ,
−7x − y − 7z = 25 −5x + 4y = −4
 
+ 6z
 
 3x + 7y + 3z = −11  −x + 3y + 4z = 3
4. 3x + 7y + 4z = −11 , 9. −2x − 5y = −1 ,
−2x − 5y + 7z = 8
 
x + 8y + 4z = 4
 
 −x − 4y + 3z = −10  −4x + 3y − z = 4
5. 3x + 3y − 4z = 8 , 10. 5y − 4z = −4 .
−x + 7y − 3z = 17 −5x − 4y
 
+ 5z = 4
3.2 Systèmes linéaires à trois inconnues 55

Solutions des exercices


Exercice 3.11 Supposons que a1 = 0. Soient x et y deux nombres réels. Le système (S) est donc


b1 y = c1
(S) .
a2 x + b2 y = c2

◦ Supposons que a1 b2 − b1 a2 ̸= 0. Comme a1 et b1 ne sont pas simultanément nuls, on a donc b1 ̸= 0 et comme a1 b2 − b1 a2 ̸= 0, alors
a2 ̸= 0. On a alors 
 b1 y = c1
(S) ⇔ b2 c1
 a2 x = c2 −
b1
n o
b1 c2 −b2 c1 c1
donc l’ensemble des solutions du système (S) est a b
,−b .
2 1 1
◦ Supposons à présent que a1 b2 − b1 a2 = 0. Comme a1 = 0, on a donc que b1 a2 = 0. Comme a1 et b1 ne sont pas simultanément nuls,
on a donc que b1 ̸= 0 et donc a2 = 0. Comme a2 et b2 ne sont pas simultanément nuls, b2 ̸= 0. Le système (S) est donc équivalent à

 
b1 y = c1 b1 y = c1
qui est lui-même équivalent à .
b2 y = c2 0 = b1 c 2 − c1 b2

On a deux sous-cas à considérer.


▷ Si b1 c2 − c1 b2 ̸= 0, alors la seconde équation est impossible : le système n’admet donc aucune solution.
c1
▷ Si b1 c2 −c1 b2 = 0, alors le système (S) est équivalent à l’équation b1 y = c1 qui est elle-même équivalente à y = b1
, donc l’ensemble
des solutions du système (S) est l’ensemble   
c1
x, |x ∈R .
b1

Exercice 3.12
1. Le système (A) est équivalent à

 
3x − 2y = −1 (L1 ) 3x − 2y = −1

− 7y = 7 (L2 ← 3L2 − L1 ) y = −1

donc l’unique solution du système (A) est le couple (−1, −1).


2. On a 
x + 2y = 1 (L1 )
(B) ⇔ .
0 = 0 (L2 ← L2 − 3L1 )

Ainsi, le système (B) admet une infinité de solutions : l’ensemble des solutions de (B) est
    
1 1 1 1
(x, y ) ∈ R2 | y = − x = t, − t , t ∈ R .
2 2 2 2

3. Le système (C) est équivalent à 


3x − 4y = −1 (L1 )
.
0 = −10 (L2 ← L2 + 5L1 )

Ainsi, comme la seconde ligne du second système n’est jamais vraie, le système (C) n’admet aucune solution.
4. Le système (D) est équivalent à

 
2x + 5y = 1 (L1 ) 2x + 5y = 1
− 11y = −11 (L2 ← 2L2 − L1 ) y = 1

donc l’unique solution du système (D) est le couple (−2, 1).

Exercice 3.13 Le système est équivalent à

(−(a2 + 1) + a(a + 3))y



= −1 + 2a (L1 ← L1 + aL2 )
−x + (a + 3)y = 2 (L2 )

et donc à 
(3a − 1)y = −1 + 2a (L1 ← L1 + aL2 )
−x + (a + 3)y = 2 (L2 )

Ainsi,
◦ si a = 1
3
, La première ligne du système devient 0 = − 13 et le système n’a donc pas de solution.
◦ si a ̸= 1
3
, alors 3a − 1 ̸= 0 et le système possède alors une unique solution.
56 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires

Exercice 3.14
1. Le système admet pour unique solution le couple ( 19
9 3
, 2 ).
2. Le système admet pour unique solution le couple ( 19
12
, 1
12
).
3. Le système admet pour unique solution le couple 3 13
( 4 , 4 ).
4. Le système admet pour unique solution le couple (1, 1).
5. Le système admet pour unique solution le couple (− 32 , 2).
6. Le système admet pour unique solution le couple (− 18 , 17
8
).

Exercice 3.17 Le sens direct est clair : a1 b2 − a2 b1 = λ(a2 b2 − a2 b2 ) = 0. Démontrons le sens réciproque. Supposons donc a1 b2 = a2 b1 .
b1 b1 b1
◦ Si b2 ̸= 0, alors a1 = b2
a2 et b1 = b2
b1 d’où le résultat avec λ = b2
.
◦ Si b2 = 0, alors a2 b1 = 0. Ou bien b1 ̸= 0 et a2 = 0, et dans ce cas λ = 0 convient. Ou bien b1 = 0 et dans ce cas, il existe λ ∈ R tel
que a1 = λa2 .

Exercice 3.24
1. L’ensemble des solutions est {(16z −60, 56−14z, z), z ∈ R}. 4. L’ensemble des solutions est {( 59 z − 59 , 13
3
− 73 z, z), z ∈ R}.
2. L’ensemble des solutions est {( 34 z + 7, − 74 z − 3, z), z ∈ R}. 5. L’ensemble des solutions est {(− 3 z − 9 , 3 −2z, z),
1 14 16
z ∈ R}.
3. L’ensemble des solutions est {(1− 45
4
z, −2− 11
9
z, z), z ∈ R}. 6. L’ensemble des solutions est {(− 21 z − 1, 43 z + 35 , z), z ∈ R}.

Exercice 3.26
1. L’ensemble des solutions est {(1, −2, 0)}. 6. Le système n’admet pas de solution.
2. Le système n’admet pas de solution. 7. L’ensemble des solutions est {(−2, 0, −2)}.
3. L’ensemble des solutions est {(−z − 4, 3, z), z ∈ R}. 8. L’ensemble des solutions est {( 26 , 5 , −9)}.
3 3
4. L’ensemble des solutions est {(3, −1, −4)}. 9. L’ensemble des solutions est {( 20
11
12
z − 11 , 7
11
8
− 11 z, z), z ∈ R}.
5. L’ensemble des solutions est {(1, 3, 1)}. 10. L’ensemble des solutions est {(−52, −116, −144)}.
CHAPITRE 4

Vecteurs, droites, plans

Le but de ce chapitre est d’introduire les vecteurs ainsi que les objets géométriques de base que
sont les droites et les plans. La description de ces objets géométriques en termes d’équations, ainsi que
l’étude de leur position relative (leur intersection éventuelle) reposent en très grande partie sur l’étude de
systèmes linéaires, dont l’étude a été faite au chapitre précédent. Ce chapitre s’achèvera par l’introduction
du produit scalaire qui est une nouvelle opération sur les vecteurs permettant notamment de définir la
notion d’orthogonalité de vecteurs ainsi les notions de droites orthogonales, perpendiculaires ou encore
de plans perpendiculaires.
On commence par introduire les ensembles dans lesquels nous ferons de la géométrie.

Définition 4.1 – Le plan affine. On appelle plan affine l’ensemble des couples de réels P = (xP , yP )
avec xP , yP ∈ R. Un élément de cet ensemble sera appelé un point du plan affine.

Définition 4.2 – L’espace affine. On appelle espace affine l’ensemble des triplets de réels P = (xP , yP , zP )
avec xP , yP , zP ∈ R. Un élément de cet ensemble sera appelé un point de l’espace affine.

Remarque. Les notions de plan affine et d’espace affine sont plus générales que les définitions présentées
ici. Nous nous contenterons de ces définitions qui n’en sont en fait que les archétypes.

4.1. Vecteurs du plan et de l’espace

4.1.1 Vecteurs du plan


La notion de vecteur apparaît naturellement lorsque l’on veut décrire, encoder la notion de déplacement
rectiligne. On commence par introduire l’ensemble des « vecteurs du plan ». Cette terminologie prendra
son sens au cours du chapitre.

Définition 4.3 – Vecteur de R2 . Les éléments de l’ensemble R2 (voir la définition 3.1) sont appelés
vecteurs du plan. On les notera avec une flèche de la manière suivante : →

u = (u1 , u2 ) ∈ R2 . Le vecteur


0 = (0, 0) est appelé vecteur nul.

Définition 4.4 – Vecteur de R3 . Les éléments de l’ensemble R3 (voir la définition 3.18) sont appelés


vecteurs de l’espace. On les notera →−u = (u1 , u2 , u3 ) ∈ R3 . Le vecteur 0 = (0, 0, 0) est appelé vecteur
nul.
√ √
Exemples. Les éléments → − v = ( 22 , −5) et →
u = √(3, 1), →
− −
w = (0, − 7) sont des vecteurs de R2 . Les

éléments →
−u = (3, 1, 5), →

v = ( 22 , −5, −1) et →−
w = (0, − 7, 29) sont des vecteurs de R3 .
58 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

À un couple de points du plan affine, respectivement de l’espace affine, on peut associer un vecteur du
plan, respectivement de l’espace.

Définition 4.5.
−→
◦ À un couple de points A = (xA , yA ) et B = (xB , yB ) du plan affine, on associe le vecteur AB ∈ R2
défini par
−→
AB = (xB − xA , yB − yA ).

◦ À un couple de points A = (xA , yA , zA ) et B = (xB , yB , zB ) de l’espace affine, on associe le vecteur


−→
AB ∈ R3 défini par
−→
AB = (xB − xA , yB − yA , zB − zA ).

Remarque. Deux couples de points distincts peuvent définir le même vecteur. Par exemple, considérons
−→
les points A = (3, 5), B = (2, 7), C = (1, 1) et D = (0, 3), alors on a AB = (2 − 3, 7 − 5) = (−1, 2) =
−→
(0 − 1, 3 − 1) = CD. Cela est également vrai dans l’espace affine.

On munit les ensembles R2 et R3 d’opérations que sont l’addition de vecteurs ainsi que le produit d’un
vecteur par un nombre réel.

Définition 4.6 – Opérations sur les vecteurs. Les ensembles de vecteurs R2 et R3 sont munis de deux
opérations algébriques. L’addition de deux vecteurs est définie
◦ sur R2 , pour tous vecteurs →
−u = (u , u ) et →
1

v = (v , v ), par
2 1 2



u +→

v = (u1 + v1 , u2 + v2 ),

◦ sur R3 , pour tous vecteurs →



u = (u1 , u2 , u3 ) et →

v = (v1 , v2 , v3 ), par


u +→

v = (u1 + v1 , u2 + v2 , u3 + v3 ).

Le produit d’un vecteur par un réel est défini


◦ sur R2 , pour tout vecteur →

u = (u1 , u2 ) et tout réel λ, par

λ→

u = (λu1 , λu2 ),

◦ sur R3 , pour tout vecteur →



u = (u1 , u2 , u3 ) et tout réel λ, par

λ→

u = (λu1 , λu2 , λu3 ).

On peut représenter, comme à la figure 4.1, les vecteurs comme des flèches qui modélisent des déplace-
ments « rectilignes ».



v
2→

u


u


u +→

v


u −→

u

Figure 4.1 – Représentation graphique des opérations sur les vecteurs


4.1 Vecteurs du plan et de l’espace 59

Remarques.


◦ Le vecteur nul 0 = (0, 0) joue un rôle particulier pour l’addition. En effet, pour tout vecteur →−u ∈ R2 ,

− →
− →
− →
− →
− →

on a u + 0 = u = 0 + u . On dira que 0 est l’élément neutre de l’addition. Le vecteur nul de
l’espace joue le même rôle.
◦ Tout vecteur →−u ∈ R2 possède un inverse pour l’addition. En effet, à → −u = (u1 , u2 ) ∈ R2 , on associe


le vecteur − u = (−u , −u ) qui est un vecteur de R2 et tel que
1 2


− →

u + (−→

u ) = (u1 , u2 ) + (−u1 , −u2 ) = (0, 0) = 0 = −→

u +→

u.

De manière similaire, tout vecteur de R3 possède un inverse pour l’addition.


◦ On prendra garde à bien différencier les points P = (xP , yP ) du plan affine, qui possèdent chacun
deux coordonnées réelles, des vecteurs du plan →−
u = (u1 , u2 ) ∈ R2 . En effet, on peut additionner des
vecteurs et les multiplier par des nombres réels, alors que ces opérations n’ont aucun sens pour les
points du plan. Cette distinction vaut également pour les points de l’espace affine et les vecteurs de
R3 . La notation des vecteurs avec une flèche est là pour vous aider à faire cette distinction.

Les deux opérations sur les vecteurs satisfont certaines propriétés calculatoires qui simplifieront notam-
ment le parenthésage des calculs.

Proposition 4.7 – Structure de R-espace vectoriel. Soient → −u ,→



v et →

w trois vecteurs de R2 ou R3 et
soient λ, µ ∈ R. On a les propriétés suivantes :
◦ l’associativité de la somme : (→−u +→−
v )+→ −
w =→ −
u + (→ −v +→−
w ),

− →
− →
− →

◦ la distributivité du produit : λ( u + v ) = λ u + λ v ,
◦ l’associativité du produit : λ(µ→

u ) = (λµ)→

u.

Exercice 4.8. En introduisant des coordonnées pour les vecteurs, démontrer la proposition précédente.

Proposition 4.9 – Relation de Chasles. Soient A, B et C, trois points du plan affine ou de l’espace
−→ −→ −→
affine. On a la relation dite de Chasles AB + BC = AC.

Exercice 4.10. Démontrer la relation de Chasles dans le cas du plan affine.

−→ −→
Exemple. Soient A = (3, 1), B = (0, 2) et C = (−1, −1), alors AB = (−3, 1), BC = (−1, −3) et
−→ −→ −→
AB + BC = (−3, 1) + (−1, −3) = (−4, −2) = AC.

4.1.2 Vecteurs colinéaires


On a motivé l’introduction des vecteurs comme un objet encodant la notion de « déplacement rectiligne ».
La notion de colinéarité va nous permettre de savoir si deux vecteurs modélisent la même « direction ».

Définition 4.11 – Vecteurs colinéaires. Deux vecteurs non nuls →



u et →

v sont dits colinéaires s’il existe
un réel λ non nul tel que →

u = λ→

v.

Exemples.
◦ Les vecteurs de R2 → −
u = (1, 2) et → −
v = (−2, −4) sont colinéaires car on a → −v = (−2, −4) =


−2(1, 2) = −2 u .
◦ Les vecteurs de R3 →

u = (1, 2, 5) et →

v = (−2, −4, −10) sont colinéaires car on a →

v = (−2, −4, 10) =


−2(1, 2, 5) = −2 u .
60 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

Colinéarité dans R2

À la manière de la définition 3.15, on introduit une notion de déterminant pour deux vecteurs de R2 , qui
nous permet de tester si deux vecteurs sont colinéaires ou non.

Définition 4.12 – Déterminant de deux vecteurs de R2 . Pour deux vecteurs → −


u = (u1 , u2 ) et →
−v =

− →
− →
− →
− →
− →

(v1 , v2 ), on appelle déterminant de u et v , le nombre noté det( u , v ) donné par det( u , v ) = u1 v2 −
v1 u2 .

Exercice 4.13. Soient →−u ,→−


v et →−
w trois vecteurs de R2 . Montrer que det(→

u ,→

v ) = − det(→

v ,→

u ) et

− →
− →
− →
− →
− →
− →

det( u + v , w ) = det( u , w ) + det( v , w ).

Proposition 4.14. Deux vecteurs non nuls de R2 , →



u1 = (u1 , u2 ) et →

u2 = (v1 , v2 ) sont colinéaires si et
seulement si det(→

u1 , →

u2 ) = u1 v2 − v1 u2 = 0.

Démonstration. Deux vecteurs non nuls → −


u1 = (u1 , u2 ) et →

u2 = (v1 , v2 ) sont colinéaires s’il existe λ ∈ R∗

− →

tel que u1 = λu2 , c’est-à-dire tel que u1 = λv1 et u2 = λv2 . Or, d’après la proposition 3.16, un tel λ
existe si et seulement si u1 v2 − v1 u2 = 0.

Exercice 4.15. Déterminer si les vecteurs suivants sont colinéaires ou non :


1. →
−u = (−2, −4) et →
−v = (5, 3), 3. →−
u = (−3, 2) et →

v = (−2, 3),

− →

2. u = (−2, −4) et v = (1, 2), →

4. u = (−2, 1) et →

v = (10, −5).

Colinéarité dans R3

Tester la colinéarité de deux vecteurs de R3 peut se faire de façon similaire en calculant trois déterminants.

Proposition 4.16. Deux vecteurs non nuls de R3 → −


u = (u1 , u2 , u3 ) et →

v = (v1 , v2 , v3 ) sont colinéaires si
et seulement si u1 v2 − u2 v1 = u1 v3 − u3 v1 = u2 v3 − u3 v2 = 0.

Démonstration. Cela découle directement du lemme 3.22.

4.1.3 Vecteurs coplanaires


Dans cette sous-section, on étend la notion de colinéarité et on se demande, si on prend deux vecteurs


u et →

v , quels sont les vecteurs que l’on peut écrire sous la forme a→
−u + b→

v avec a et b dans R.

Définition 4.17 – Vecteurs coplanaires. Soient → −


u,→−v et →−
w trois vecteurs de R2 ou R3 . On dit que les
vecteurs u , v et w sont coplanaires s’il existe deux réels λ et µ tels que →

− →
− →
− −
w = λ→
−u + µ→
−v . On dira alors
que →

w est une combinaison linéaire des vecteurs → −u et →
−v.

Remarque. Commençons par constater que si → −


u et →−
v sont colinéaires, c’est-à-dire s’il existe λ ∈ R tel
que v = λ u , pour tout vecteur w , les vecteurs u , v et →

− →
− →
− →
− →
− −
w sont coplanaires, car on a → −v = λ→ −
u + 0→
−w.

Dans la suite, on va constater que cette notion de vecteurs coplanaires n’est pas intéressante dans le cas
de R2 , mais c’est de là que vient la terminologie. En revanche, cette notion sera importante dans le cas
des vecteurs de R3 .
4.1 Vecteurs du plan et de l’espace 61

Vecteurs du plan R2

Dans le cas de R2 , trois vecteurs sont toujours coplanaires. On a déjà vu que c’est le cas quand deux de
ces vecteurs sont colinéaires. On montre le reste de cette affirmation dans le théorème suivant.

Théorème 4.18 – Bases de R2 . Soient → −u et →


−v deux vecteurs non nuls non colinéaires de R2 . Alors,
pour tout vecteur w ∈ R , il existe un unique couple (λ, µ) de nombres réels tel que →

− 2 −
w = λ→
−u + µ→−v.

Démonstration. On considère → −u = (u1 , u2 ) et →



v = (v1 , v2 ) deux vecteurs non colinéaires de R2 . Soit


w = (w1 , w2 ) un vecteur de R2 : on cherche à déterminer s’il existe deux réels λ et µ tels que → −
w =

− →

λ u + µ v ce qui est équivalent au système suivant :

u1 λ + v1 µ = w1
u2 λ + v2 µ = w2

Comme → −u et →
−v sont non colinéaires, d’après la proposition 4.14, u1 v2 − v1 u2 ̸= 0, donc d’après la
proposition 3.10, le système admet une unique solution, d’où le résultat.

Définition 4.19 – Base de R2 . Un couple de vecteurs non colinéaires de R2 est appelée une base de R2 .

Exemple – Base canonique de R2 . Dans R2 , on a une base « favorite » : c’est le couple de vecteurs
(→

e1 , →

e2 ) avec →

e1 = (1, 0) et →

e2 = (0, 1). Ces deux vecteurs sont bien non colinéaires et pour tout vecteur

−u = (u1 , u2 ), on a, d’après les opérations sur les vecteurs présentées à la définition 4.6, (u1 , u2 ) =
u1 (1, 0) + u2 (0, 1). La base (→

e1 , →

e2 ) est appelée la base canonique de R2 .

Vecteurs coplanaires de R3

On a déjà vu que pour trois vecteurs, si deux d’entre eux sont colinéaires, alors ils sont coplanaires.
Fixons →

u = (u1 , u2 , u3 ) et →

v = (v1 , v2 , v3 ) deux vecteurs de R3 non nuls et non colinéaires. Faisons deux
hypothèses qui ne nuisent pas à la généralité de notre propos :

◦ comme →

u et →

v ne sont pas colinéaires, on suppose que u1 v2 − u2 v1 ̸= 0,

◦ comme →

u est non nul, on suppose que u1 ̸= 0.

On considère →
−w = (w1 , w2 , w3 ) un vecteur quelconque de R3 et on cherche à déterminer des conditions sur
ses coordonnées pour que les vecteurs → −
u,→ −
v et →

w soient coplanaires. Ces trois vecteurs sont coplanaires
si et seulement si le système d’inconnues s et t

 u1 s + v1 t = w1 (L1 )
u s + v2 t = w2 (L2 )
 2
u3 s + v3 t = w3 (L3 )

admet une solution. Ce système est équivalent à




 u1 s + v1 t = w1 (L1 )

 (u1 v2 − u2 v1 ) t = u1 w2 − u2 w1 (L2 ← u1 L2 − u2 L1 )

(u1 v3 − u3 v1 )t = u1 w3 − u3 w1 (L3 ← u1 L3 − u3 L1 )

62 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

qui est équivalent à




 u1 s + v1 t = w1 (L1 )

 (u1 v2 − u2 v1 ) t = u1 w2 − u2 w1 (L2 )


0 = ϕ (L3 ←(u1 v2 −u2 v1 )L3 −(u1 v3 −u3 v1 )L1 )

où ϕ = u1 (u1 v2 −u2 v1 )w3 −u3 (u1 v2 −u2 v1 )w1 −u1 (u1 v3 −u3 v1 )w2 +u2 (u1 v3 −u3 v1 )w1 . Ainsi, ce système
admet une solution si et seulement si

(v3 u2 − u3 v2 )w1 − (u1 v3 − u3 v1 )w2 + (u1 v2 − u2 v1 )w3 = 0.

On arrive ainsi à la proposition suivante.

Proposition 4.20. Soient →−u = (u1 , u2 , u3 ) et →


−v = (v1 , v2 , v3 ) deux vecteurs de R3 non nuls et non
colinéaires. Un vecteur w = (w1 , w2 , w3 ) est coplanaire à →

− −
u et → −v si et seulement si

(v3 u2 − u3 v2 )w1 − (u1 v3 − u3 v1 )w2 + (u1 v2 − u2 v1 )w3 = 0.

Démonstration. Découle de ce qui précède : le cas u1 = 0 ou u1 v2 − u2 v1 = 0 se traite en choisissant un


pivot différent dans les étapes de simplifications du système.

Exemple. Soient →−u = (1, 2, 3) et →



v = (3, 2, 1). Le vecteur →

w = (1, 1, 1) est coplanaire à →

u et →

v car
(2 × 1 − 3 × 2) × 1 − (1 × 1 − 3 × 3) × 1 + (1 × 2 − 2 × 3) × 1 = 0.

Exercice 4.21. Déterminer si les triplets de vecteurs suivants sont coplanaires ou non :
1. →

1 v = (2, −1, 5) et →
u = (4, 1, 3), →

1

u = (10, −1, 11),
1

2. →

u2 = (3, −1, −5), →−v2 = (7, 2, −3) et →

u2 = (1, 1, 1),

− →
− →

3. u3 = (7, 4, 2), v3 = (6, 9, −1) et u3 = (7, 2, 3),
4. →

u = (6, 6, −3), →
4 v = (5, −4, 2) et →

4

u = (6, −4, 2).
4

Terminons cette section en montrant que si l’on cherche à généraliser la notion de « coplanarité » pour
une famille de quatre vecteurs de l’espace, notion que l’on pourrait nommer « cospatialité », alors on
tombe sur le même type de limite que pour la « coplanarité » dans R2 .

Théorème 4.22 – Base de R3 . Soient → −


u,→ −
v et →−
w trois vecteurs de R3 non coplanaires. Alors pour tout


vecteur h ∈ R3 , il existe un unique triplet de réels (r, s, t) tel que


h = r→

u + s→

v + t→

w.

Démonstration. On admet la preuve de ce résultat : elle ne découle que d’une résolution de système avec
le pivot de Gauss, qui admet une unique solution si et seulement si

(v3 u2 − u3 v2 )w1 − (u1 v3 − u3 v1 )w2 + (u1 v2 − u2 v1 )w3 ̸= 0,

avec →

u = (u1 , u2 , u3 ), →

v = (v1 , v2 , v3 ) et →

w = (w1 , w2 , w3 ).

Définition 4.23 – Base de R3 . Un triplet (→



u ,→

v ,→

w ) de trois vecteurs de R3 non coplanaires est appelé
3
une base de R .
4.2 Géométrie du plan affine 63

4.2. Géométrie du plan affine

4.2.1 Équations paramétriques

Commençons par définir la notion de droite dans le plan affine : cette définition part de l’idée qu’une
droite est la donnée d’un point et d’une direction « rectiligne » modélisée par un vecteur.

Définition 4.24 – Droite du plan affine. Étant donné un point P = (xP , yP ) du plan affine et un vecteur
u = (u1 , u2 ) ∈ R2 \ {(0, 0)}, on appelle droite de vecteur directeur →

− −u passant par P , le sous-ensemble
du plan affine suivant
P + t→
−u = {(xP + tu1 , yP + tu2 ), t ∈ R} .
Autrement dit, la droite de vecteur directeur → −
u passant par le point P est l’ensemble des points du plan
affine M = (x, y ) tel qu’il existe t ∈ R satisfaisant

x = u1 t + xP
.
y = u2 t + yP

Une telle description est appelée équation paramétrique de la droite. On dira que le vecteur →

u dirige
la droite.

Remarque. On prendra garde au fait que le vecteur directeur d’une droite est un vecteur non nul.

Proposition 4.25 – Premier postulat d’Euclide. Étant donnés deux points distincts A = (xA , yA ) et
B = (xB , yB ), il existe une unique droite notée (AB) qui passe par A et B. Elle est de vecteur directeur
−→
AB et une équation paramétrique de (AB) est

x = (xB − xA )t + xA
, t ∈ R.
y = (yB − yA )t + yA

Démonstration. Pour le paramètre t = 0, on a x = xA et y = yA donc le point A appartient à la droite


(AB). De même, pour le paramètre t = 1, on obtient x = (xB − xA ) + xA = xB et y = yB donc le point B
est un point de la droite (AB). Montrons que cette droite est unique. Considérons D une droite de vecteur
directeur →

u = (u1 , u2 ) ̸= (0, 0) et passant par le point P = (xP , yP ), donc d’équation paramétrique

x = u1 s + xP
, s ∈ R.
y = u2 s + yP

Supposons que A et B soient deux points de D. Montrons qu’alors D = (AB). Le point A est un point
de D et le point B est un point de D distinct de A donc il existe deux paramètres réels sA et sB avec
sB ̸= sA tels que  
xA = u1 sA + xP xB = u1 sB + xP
et .
yA = u2 sA + yP yB = u2 sB + yP
On peut donc déterminer u1 , u2 , xP et yP en fonction des coordonnées de A et B et en fonction des
paramètres sA et sB . En effet, on a les systèmes
 
u 1 sA + xP = xA u2 sA + yP = yA
et .
u1 sB + xP = xB u2 sB + yP = yB
64 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

On utilise le pivot de Gauss pour exprimer u1 et xP en fonction de xA , xB , sA , sB :


(
u 1 sA + 1 xP = xA (L1 )
u1 sB + xP = xB (L2 )

 u 1 sA + 1 x P = xA (L1 )

 (sB − sA ) u1 = xB − xA (L2 ← L2 − L1 )
(
xP = xA − sBs−s A
(xB − xA ) (L1 ← L1 − sBs−s A
L2 )
⇔ 1
A
1
A
u1 = sB −sA (xB − xA ) (L2 ← sB −sA L2 )

De manière similaire, on a l’équivalence


(
= yA − sBs−s

u 2 sA + yP = yA yP A
(yB − yA )
.⇔ 1
A
.
u2 sB + yP = yB u2 = sB −sA (yB − yA )

L’équation paramétrique de D se réécrit donc de la manière suivante :


(
x = (xB − xA ) ss−s A
B −sA
+ xA
s−sA , s ∈ R.
y = (yB − yA ) sB −sA + yA

Rappelons que la droite (AB) a pour équation paramétrique



x = (xB − xA )t + xA
, t ∈ R.
y = (yB − yA )t + yA

Montrons que (AB) = D par double inclusion. Soit M0 = (x0 , y0 ) le point de D de paramètre s0 ∈ R.
Alors, on pose t0 = ssB0 −s
−sA et on constate que M0 est le point de (AB) de paramètre t0 . Tout point de D
A

est un point de (AB) donc D ⊂ (AB). Réciproquement, considérons M1 = (x1 , y1 ) le point de (AB) de
paramètre t1 ∈ R. Alors on pose s1 = (sB − sA )t1 + sA et on constate que M1 est un point de la droite D.
Tout point de (AB) est un point de D donc (AB) ⊂ D. On a donc montré que (AB) = D, d’où l’unicité
de la droite.

Exemple. Soient A = (2, 1) et B = (1, 2), deux points du plan affine. La droite (AB) admet pour équation
paramétrique 
x = −t + 2
, t ∈ R.
y = t + 1
On illustre ceci par la figure 4.2.

y
4

3
−→
AB
B
2 ×
A
1 ×
x
−2 −1 0 1 2 3 4 5 6
−1

Figure 4.2 – Premier postulat d’Euclide


4.2 Géométrie du plan affine 65

Exercice 4.26. Donner une équation paramétrique de la droite (AB) pour les couples de points suivants :
1. A = (1, 1) et B = (2, 1), 3. A = (0, 1) et B = (2, 1),
2. A = (3, 1) et B = (1, 2), 4. A = (4, 1) et B = (0, 2).

Remarque. On a démontré l’unicité de la droite (AB) mais on a bien constaté que celle-ci admet diffé-
rentes équations paramétriques. Par exemple, l’équation paramétrique

x = 3(xB − xA )t + xB
, t ∈ R,
y = 3(yB − yA )t + yB

est une autre équation de la droite (AB) (on a pris 3t + 1 au lieu de t, t ∈ R).

Corollaire 4.27. Soit D une droite passant par P = (xP , yP ) et dirigée par le vecteur non nul →

u = (u1 , u2 ).
Alors pour tout point Q ∈ D et pour tout λ ∈ R , l’équation paramétrique


x = λu1 t + xQ ,
, t ∈ R,
y = λu2 t + yQ .

est une équation de la droite D.

Démonstration. Pour commencer, pour λ ∈ R∗ , on a les égalités


  
t t
D = {(u1 t + xP , u2 t + yP ), t ∈ R} = λu1 + xP , λu2 + yP , t ∈ R
λ λ

donc, D = {(λu1 s + xP , λu2 s + yP ), s ∈ R} d’où, pour tout λ ∈ R∗ ,



x = λu1 t + xP ,
, t ∈ R,
y = λu2 t + yP .
−→
est une équation paramétrique de D. Si Q ∈ D, alors P Q est un vecteur directeur de D donc est colinéaire
−→
à→−
u : il existe λ ∈ R∗ tel que P Q = λ→

u . Ainsi

D = {(λu1 t + xP , λu2 t + yP ), t ∈ R}
= {(λu1 (t − 1) + (xQ − xP ) + xP , λu2 (t − 1) + (yQ − yP ) + yP ), t ∈ R}

donc D = {(λu1 s + xQ , λu2 s + yQ ), s ∈ R} d’où le résultat.

On a défini les droites du plan comme les ensembles engendrés par un point et un vecteur directeur,
c’est-à-dire comme la donnée d’une équation paramétrique

x = u1 t + xP
, t ∈ R.
y = u2 t + yP

On peut se poser la question : que se passe-t-il si on considère un ensemble similaire engendré par un point
et deux vecteurs. Soient deux vecteurs non nuls → −
u = (u1 , u2 ) et →

v = (v1 , v2 ) de R2 et P = (xP , yP )
un point du plan affine. On peut se poser la question suivante : quel sous-ensemble du plan affine décrit
l’équation paramétrique ?

x = u1 t + v1 s + xP
, s, t ∈ R.
y = u2 t + v2 s + yP
66 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

On constate rapidement que si →



u et →

v sont colinéaires, c’est-à-dire qu’il existe λ ∈ R∗ tel que →

v = λ→

u,
alors l’équation paramétrique

x = u1 (t + λs) + xP
, s, t ∈ R,
y = u2 (t + λs) + yP

est une équation de la droite de vecteur directeur →



u passant par P . Dans le cas où →

u et →

v ne sont pas
colinéaires, on a le résultat suivant.

Proposition 4.28. Soient deux vecteurs → −u = (u1 , u2 ) et →



v = (v1 , v2 ) de R2 , non nuls et non colinéaires,
et P = (xP , yP ) un point du plan affine. Pour tout point M = (x, y ) du plan, il existe un unique couple
de paramètres réels (s, t) tels que

x = u1 t + v1 s + xP
y = u2 t + v2 s + yP

Démonstration. Soit M = (x, y ) un point du plan fixé. Comme → −


u et →
−v sont non colinéaires, alors d’après
la proposition 4.14, on a u1 v2 − v1 u2 ̸= 0 donc le déterminant du système d’inconnues t et s

u1 t + v1 s = x − xP
u2 t + v2 s = y − yP
−−→
est non nul. Par le théorème 4.18, avec →

w = P M, nous affirme que le système admet une unique solution,
d’où le résultat.

La proposition 4.28 motive alors la définition suivante.

Définition 4.29 – Repère du plan affine. Soient A, B et C trois points du plan non alignés. Le triplet
−→ −→
(A, AB, AC) est appelé un repère du plan affine. Tout point du plan P est la donnée de deux réels s
−→ −→
et t tels que P = A + s AB + t AC, le couple (s, t) désigne alors les coordonnées de P dans le repère
−→ −→
(A, AB, AC).

− → −
Exemple. Dans les chapitres suivants, nous considérerons le repère (O, i , j ) du plan affine, où O =

− −
→ →
− −→
(0, 0), i = OI avec I = (1, 0) et j = OJ avec J = (0, 1).

4.2.2 Équations cartésiennes des droites du plan


La description d’une droite donnée par un point et un vecteur directeur est bien pratique pour la
représenter. En revanche, pour savoir si un point M est un point de la droite, cela nécessite du calcul. Par
exemple, prenons la droite D passant par P = (xP , yP ) et de vecteur directeur → −
u = (u1 , u2 ) ∈ R2 . Alors
le point M = (x, y ) du plan affine est un point de D s’il existe t ∈ R tel que

u1 t + xP = x
.
u2 t + yP = y

Autrement dit le point M appartient à D si et seulement si le système précédent d’inconnue t admet une
solution. Or, le système précédent est équivalent au système

u1 t = x − xP
.
u2 t = y − yP
4.2 Géométrie du plan affine 67
−−→
et celui-ci admet une solution si et seulement si le vecteur →−u = (u1 , u2 ) est colinéaire au vecteur P M =
−−→
(x − xP , y − yP ). Or, d’après la proposition 4.14, les vecteurs →

u et P M sont colinéaires si et seulement
si −u2 (x − xP ) + u1 (y − yP ) = 0.

Proposition 4.30 – Deux descriptions des droites du plan.


◦ Considérons la droite passant par P = (xP , yP ) de vecteur directeur →
−u = (u1 , u2 ). Alors les coordon-
nées d’un point M = (x, y ) de cette droite sont solutions de l’équation −u2 (x −xP )+u1 (y −yP ) = 0.
◦ Soient a, b ∈ R, (a, b) ̸= (0, 0). L’ensemble des points du plan affine dont les coordonnées satisfont
l’équation ax + by = c est une droite de vecteur directeur (−b, a). L’équation ax + by = c est une
équation cartésienne de la droite.

Démonstration. Le premier point découle de ce qui précède. Pour le second point, on a déjà vu à la
proposition 3.4 que toute équation ax + by = c avec (a, b) ̸= (0, 0) et c ∈ R, admet un ensemble de
solutions paramétré par un réel :
◦ si a ̸= 0, l’ensemble des solutions de l’équation ax + by = c est {(− ba t + ca , t), t ∈ R}, qui est égal
à {(−bt + ca , at), t ∈ R},
◦ si a = 0, alors b ̸= 0 et l’ensemble des solutions de ax + by = c est {(t, cb ), t ∈ R} qui est égal à
{(−bt, cb ), t ∈ R}.
Dans tous les cas, on reconnaît ici des droites du plan de vecteur directeur (−b, a). Ainsi, l’ensemble des
points M dont les coordonnées sont solutions d’une équation ax + by = c avec (a, b) ̸= (0, 0) et c ∈ R
est une droite du plan affine.

Remarque. On remarque rapidement, grâce à la proposition 3.3, que l’équation cartésienne d’une droite
n’est pas unique. En effet, si une droite ax + by = c avec (a, b) ̸= (0, 0) est une équation cartésienne
d’une droite, alors pour tout λ ∈ R∗ , l’équation λax + λby = λc décrit la même droite. Si b ̸= 0,
l’équation ax + by = c de la droite D est équivalente à y = − ba x + c : cette dernière est l’équation
réduite de D et la quantité − ba est le coefficient directeur de D.

Exemple. On considère les points A = (7, 4) et B = (−2, 3). La droite (AB) a pour équation cartésienne
−(3 − 4)(x − 7) + (−2 − 7)(y − 4) = 0 ou, autrement dit,

x − 9y = −29.

Exercice 4.31. Donner une équation cartésienne de la droite (AB) pour les couples de points suivants :
1. A = (1, 1) et B = (2, 1), 3. A = (0, 1) et B = (2, 3),
2. A = (3, 1) et B = (1, 2), 4. A = (4, 1) et B = (0, 2).

À retenir. On peut finalement faire le bilan suivant :


Définition Équation cartésienne Équation paramétrique
D est la droite passant par P = 
(xP , yP ) et de vecteur directeur −b(x − xP ) + a(y − yP ) = 0 x(t) = xP + at
, t∈R

→u = (a, b) y (t) = yP + bt
68 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

Exemple – Passer d’une équation paramétrique à une équation cartésienne.


On considère la droite D d’équation paramétrique

x(t) = 2t + 1
, t ∈ R.
y (t) = 3t − 2

Déterminons une équation cartésienne de D. La droite D a pour vecteur directeur (2, 3). De plus, elle
passe par le point (1, −2). Ainsi, elle admet pour équation cartésienne −3(x − 1) + 2(y − (−2)) = 0 qui
est équivalente à −3x + 2y + 7 = 0.

Exercice 4.32. Donner une équation cartésienne des droites


 
x(t) = 3t + 2 x(t) = −t + 2
D: , t ∈ R, et D ′ : , t ∈ R.
y (t) = 2t − 2 y (t) = 3t − 1

Exemple – Passer d’une équation cartésienne à une équation paramétrique.


On considère la droite D d’équation cartésienne 2x + 3y − 4 = 0. Déterminons une équation paramétrique
de D. La droite D a pour vecteur directeur (−3, 2). De plus, elle passe par le point (2, 0). Ainsi, elle
admet pour équation paramétrique

x(t) = −3t + 2
, t ∈ R.
y (t) = 2t

Exercice 4.33. Soit la droite D du plan définie par l’équation 2x − y + 6 = 0 et D ′ d’équation cartésienne
2x − 3ay + 4 = 0 avec a ∈ R. Déterminer une équation paramétrique des droites D et D ′ .

Exercice 4.34. On considère les points A = (−1, 1), B = (2, 1) et C = (1, 3). Si Q est un point tel que
−→ −→
BQ = 3QC, donner une équation cartésienne et une équation paramétrique décrivant chacune la droite
(AQ).

4.2.3 Intersection et parallélisme


Considérons à présent deux droites D1 et D2 d’équations cartésiennes respectives

D1 : a1 x + b1 y = c1 et D2 : a2 x + b2 y = c2 ,

avec (a1 , b1 ) ̸= (0, 0) et (a2 , b2 ) ̸= (0, 0). On cherche les points P qui appartiennent aux droites D1 et
D2 , c’est-à-dire les points P dont les coordonnées (xP , yP ) sont solutions du système suivant :

a1 x + b1 y = c1
.
a2 x + b2 y = c2

D’après la proposition 3.10, trois cas s’offrent à nous.


◦ Si a1 b2 − b1 a2 ̸= 0, le système admet une unique solution : les droites D1 et D2 s’intersectent donc
en un unique point.
◦ Si a1 b2 − b1 a2 = 0, alors
▷ ou bien le système n’admet aucune solution : les droites D1 et D2 n’ont aucun point commun,
4.2 Géométrie du plan affine 69

▷ ou bien le système admet une infinité de solutions : les droites D1 et D2 sont alors les mêmes
droites (on dira également qu’elles sont confondues).

Définition 4.35. Deux droites distinctes sont dites parallèles si elles ont des vecteurs directeurs coli-
néaires.

On reformule dans la proposition suivante les différents cas possibles d’intersections de deux droites
distinctes.

Proposition 4.36. Soient D1 et D2 deux droites du plan affine respectivement de vecteurs directeurs →

u


et v . Les droites D1 et D2

◦ s’intersectent en un unique point si et seulement si →



u et →

v sont non colinéaires,
◦ sont parallèles ou confondues si et seulement si →

u et →

v sont colinéaires.

Démonstration. Soient D1 et D2 deux droites respectivement de vecteur directeur → −


u = (u1 , u2 ) et

−v = (v1 , v2 ). Il existe c1 et c2 deux réels, tels que D1 soit d’équation cartésienne −u2 x + u1 y = c1 et D2
soit d’équation cartésienne −v2 x + v1 y = c2 . Ainsi, l’intersection D1 et D2 est l’ensemble des solutions
du système linéaire 
−u2 x + u1 y = c1
.
−v2 x + v1 y = c2
D’après la proposition 3.10, ce système admet une unique solution si et seulement si u1 v2 − v1 u2 ̸= 0, ce
qui, d’après la proposition 4.14, est équivalent à ce que →

u et →

v ne soient pas colinéaires.

Dans la suite, on présente des méthodes de calculs d’intersections de deux droites en fonction des pré-
sentations de ces deux droites.

Exemple – Intersection de deux droites données par des équations cartésiennes. On considère les
droites D1 et D2 respectivement d’équations cartésiennes 2x + 3y = −1 et 3x + 4y = 1. Pour déterminer
l’intersection des droites D1 et D2 , on doit résoudre le système

2x + 3y = −1
.
3x + 4y = 1

On applique pour cela l’algorithme du pivot de Gauss. D’après l’exemple traité page 41, les droites D1 et
D2 s’intersectent au point (−8, −5).

Exercice 4.37 – Intersection de deux droites données par des équations paramétriques. Considérons
les droites  
x = 3t + 1 x = 2t
D: , t ∈ R et D :′
, t∈R
y = t + 1 y = t + 4
1. Montrer que l’intersection des droites D et D ′ est caractérisée par le système

3t1 − 2t2 = −1
.
t1 − t2 = 3

2. En résolvant le système précédent, montrer que l’intersection de D et D ′ est le point de coordonnées


(−20, −6).
70 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

Exercice 4.38. Déterminer les éventuels points d’intersection des deux droites d’équations paramétriques
 
x = 3t + 3 x = −3t
D: , t ∈ R et D ′ : , t ∈ R.
y = −3t − 2 y = 2t + 3

Exercice 4.39 – Intersection : équation cartésienne et équation paramétrique. Considérons les droites

x = 2t + 1
D1 : 2x + 3y + 4 = 0 et D2 : , t ∈ R.
y = −t + 1

1. En substituant les variables x et y de l’équation cartésienne de D1 par la paramétrisation de D2 ,


déterminer que le point d’intersection de D1 et D2 est le point de D2 paramètre t = −9.
2. En déduire que le point d’intersection de D1 et D2 est de coordonnées (−17, 10).

Exercice 4.40. Déterminer, s’il existe, le point d’intersection des droites D et D ′ suivantes :

x = 3t + 1
1. D : , t ∈ R et D ′ : 2x + 3y − 4 = 0,
y = −t + 1

x = 2t
2. D : 3x − 2y + 7 = 0 et D : ′
, t ∈ R,
y = t + 4

x = 3t + 3
3. D : , t ∈ R et D ′ : 2x + 4y − 1 = 0,
y = −3t − 2

x = −3t
4. D : x + y − 2 = 0 et D ′ : , t ∈ R.
y = 2t + 2

Proposition 4.41 – Ve postulat d’Euclide. Soient D une droite d’équation cartésienne ax + by = c et


P un point du plan qui n’appartient pas à la droite D, i.e. P ∈/ D. Alors il existe une unique droite ∆
passant par P parallèle à D. Une équation cartésienne de la droite ∆ est a(x − xP ) + b(y − yP ) = 0.

Démonstration. Soit ax + by = c une équation de D et soit P = (xP , yP ) avec P ∈ / D. On considère ∆,


la droite d’équation a(x − xP ) + b(y − yP ) = 0. On vérifie facilement que P est un point de ∆. De plus,
D et ∆ sont parallèles. En effet, on a a × b − a × b = 0, donc D et ∆ sont parallèles ou confondues, mais
comme P est un point de ∆ mais pas un point de D, donc elles ne sont pas confondues.

Exemple. Soit D la droite d’équation cartésienne 2x + 3y − 4 = 0 et P le point de coordonnées (1, 1). On


constate facilement que P n’est pas un point de la droite D. La droite D ′ , d’équation 2(x −1)+3(y −1) =
0, passe par P car 2(1 − 1) + 3(1 − 1) = 0 et est parallèle à D car 2 × 3 − 2 × 3 = 0.

Exercice 4.42. Déterminer une équation cartésienne de la droite ∆ parallèle à D et passant par le point
P pour les données suivantes :
1. D : 2x + 3y = 4 et P = (2, 1), 3. D : 4x = 4 et P = (2, 2),
2. D : 3x + 2y = 2 et P = (−1, 1), 4. D : 3y = 4 et P = (1, 7).

On finit cette section avec un théorème classique de géométrie, dont on donne une formulation vectorielle.

Théorème 4.43 – Théorème de Thalès. Soient O, A, A′ , B et B ′ des points du plan affine deux à deux
4.3 Géométrie de l’espace affine 71

distincts tels que (OA) = (OA′ ), (OB) = (OB ′ ) et (OA) ̸= (OB). Les droites (AB) et (A′ B ′ ) sont
−→ −−→ −→ −−→ −→ −−→
parallèles si et seulement s’il existe λ ∈ R∗ tel que OA = λOA′ , OB = λOB ′ et AB = λA′ B ′ .

B′
B B

A′
O A ′ O A
A
B′
(a) Configuration en triangle (b) Configuration en papillon

Figure 4.3 – Théorème de Thalès

Démonstration. Soient O, A, A′ , B et B ′ des points deux à deux distincts du plan affine tels que (OA) =
−→ −−→ −→ −−→
(OA′ ), (OB) = (OB ′ ) et (OA) ̸= (OB). Alors, il existe µ, ν ∈ R∗ tels que OA = µOA′ et OB = ν OB ′ .
−→ −→ −−→
De plus, les vecteurs OA et OB ne sont pas colinéaires, ce qui implique notamment que les vecteurs OA′
−− →
et A′ B ′ ne sont également pas colinéaires. En effet, supposons par l’absurde qu’il existe k ∈ R∗ tel que
−−→′ −−→
OA = k A′ B ′ alors
−→ −−→ −−→ −−→ −−→ ν(1 + k) −→
OB = ν OB ′ = ν(OA′ + A′ B ′ ) = ν(1 + k)OA′ = OA
µ

d’où la contradiction. Supposons que les droites (AB) et (A′ B ′ ) sont parallèles, alors il existe λ ∈ R∗ tel
−→ −−→ −→ −→ −→
que AB = λA′ B ′ . La relation de Chasles OB = OA + AB implique que
−−→ −−→ −−→ −→ −→ −→ −−→ −−→
ν OA′ + ν A′ B ′ = ν OB ′ = OB = OA + AB = µOA′ + λA′ B ′ .
−−→ −−→
Comme les vecteurs OA′ et A′ B ′ ne sont pas colinéaires, d’après le théorème 4.18, l’écriture du vecteur
−→ −−→ −−→ −→ −−→
OB est unique dans la base (OA′ , A′ B ′ ), donc µ = ν = λ. Réciproquement, si AB = λA′ B ′ , alors les
droites (AB) et (A′ B ′ ) sont parallèles.

4.3. Géométrie de l’espace affine

4.3.1 Droites et plans de l’espace

De la même manière que dans le plan affine, on définit une droite de l’espace par la donnée d’un point
et d’un vecteur.

Définition 4.44 – Droite de l’espace affine. Étant donnés un point P = (xP , yP , zP ) de l’espace affine
et un vecteur →

u = (u1 , u2 , u3 ) ∈ R3 non nul, on appelle droite de vecteur directeur →

u passant par P
le sous-ensemble de l’espace affine suivant

{(u1 t + xP , u2 t + yP , u3 t + zP ), t ∈ R} .

Autrement dit, la droite de vecteur directeur →



u passant par le point P est l’ensemble des points de
72 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

l’espace affine M = (x, y , z) tel qu’il existe t ∈ R tel que



 x = u1 t + xP
y = u2 t + yP .

z = u3 t + zP

Une telle description est appelée équation paramétrique de la droite.

On généralise à l’espace affine le premier postulat d’Euclide : par deux points distincts passe une unique
droite.

Proposition 4.45. Soient A = (xA , yA , zA ) et B = (xB , yB , zB ) deux points distincts de l’espace affine. Il
−→
existe une unique droite, notée (AB), passant par les points A et B. Elle est de vecteur directeur AB et
une équation paramétrique de (AB) est

 x = (xB − xA )t + xA
y = (yB − yA )t + yA , t ∈ R.
= (zB − zA )t

z + zA

Démonstration. La démonstration est similaire à la démonstration du premier postulat d’Euclide dans le


plan affine (voir proposition 4.25).

Contrairement à la géométrie du plan affine, considérer l’ensemble engendré par un point et deux vecteurs
non colinéaires ne nous donne qu’un sous-ensemble de l’espace affine : cela motive la définition suivante.

Définition 4.46 – Plan de l’espace affine. Étant donnés un point P = (xP , yP , zP ) de l’espace affine et
deux vecteurs non nuls →

u = (u1 , u2 , u3 ) et →

v = (v1 , v2 , v3 ) non colinéaires, on appelle plan dirigé par

− →

u et v et passant par P , le sous-ensemble de l’espace affine suivant

{(xP + u1 s + v1 t, yP + u2 s + v2 t, zP + u3 s + v3 t), s, t ∈ R} .

Autrement dit, le plan passant par le point P et dirigé par →−


u et →

v est l’ensemble des points de l’espace
affine M = (x, y , z) tel qu’il existe s, t ∈ R satisfaisant

 x = u1 s + v1 t + xP
y = u2 s + v2 t + yP .

z = u3 s + v3 t + zP

Une telle description est appelée équation paramétrique du plan.

On a vu que par deux points distincts de l’espace affine passe une unique droite. On généralise cela au
plan : par trois points non alignés passe un unique plan.

Proposition 4.47. Soient A(xA , yA , zA ), B = (xB , yB , zB ) et C = (xC , yC , zC ) trois points non alignés de
l’espace affine. Il existe un unique plan, noté (ABC), passant par les points A, B et C. Il est dirigé par
−→ −→
les vecteurs AB et AC et une équation paramétrique de (ABC) est

 x = (xB − xA )s + (xC − xA )t + xA
y = (yB − yA )s + (yC − yA )t + yA , s, t ∈ R.
= (zB − zA )s + (zC − zA )t

z + zA

Démonstration. La preuve se fait en généralisant les arguments utilisés dans la démonstration du premier
postulat d’Euclide 4.25.
4.3 Géométrie de l’espace affine 73

4.3.2 Équations cartésiennes


Comme dans le plan affine, les équations paramétriques ne nous permettent pas simplement de savoir
si un point de l’espace appartient à une droite ou à un plan. Nous allons donc introduire les équations
cartésiennes.

Équations cartésiennes de plan

Soit P un plan de l’espace affine passant par le point P = (xP , yP , zP ) et dirigé par les vecteurs → −u =
(u1 , u2 , u3 ) et →

v = (v1 , v2 , v3 ), vecteurs non nuls et non colinéaires. Pour la suite, on fait deux hypothèses
qui ne nuisent pas à la généralité du propos :
◦ comme → −u et →

v ne sont pas colinéaires, on suppose que u v − u v ̸= 0,
1 2 2 1

◦ comme →

u est non nul, on suppose que u1 ̸= 0.
Un point de l’espace M = (x, y , z) appartient au plan P si et seulement si le système d’inconnues s et t

 u1 s + v1 t = x − xP (L1 )
u s + v2 t = y − yP (L2 )
 2
u3 s + v3 t = z − zP (L3 )
−−→
admet une solution. Or, ce système admet une solution si et seulement si les vecteurs →

u,→

v et P M sont
coplanaires, ce qui équivaut, d’après la proposition 4.20, a

(v3 u2 − u3 v2 )(x − xP ) − (u1 v3 − u3 v1 )(y − yP ) + (u1 v2 − u2 v1 )(z − zP ) = 0.

Proposition 4.48 – Deux descriptions des plans de l’espace.


◦ Considérons un plan P de l’espace affine passant par le point P = (xP , yP , zP ) et dirigé par les vec-
teurs →

u = (u1 , u2 , u3 ) et →

v = (v1 , v2 , v3 ), vecteurs non nuls et non colinéaires. Alors les coordonnées
d’un point M = (x, y , z) de ce plan sont solutions de l’équation

(u1 v2 − u2 v1 )(z − zP ) − (u1 v3 − u3 v1 )(y − yP ) + (v3 u2 − u3 v2 )(x − xP ) = 0.

◦ Soient a, b, c, d quatre réels avec (a, b, c) ̸= (0, 0, 0). L’ensemble des points de l’espace affine
dont les coordonnées satisfont l’équation ax + by + cz = d est un plan. On dit que l’équation
ax + by + cz = d est une équation cartésienne du plan.

Démonstration. Le premier point découle de ce qui précède. Le second point est une conséquence immé-
diate de la proposition 3.20.

Exemple – Passage d’une équation paramétrique à une équation cartésienne. Considérons le plan
P d’équation paramétrique

 x = s + 3t + 2
y = 2s + 2t + 1 , s, t ∈ R.

z = 3s + t + 3

Ce plan passe donc par le point P = (2, 1, 3) et est dirigé par les vecteurs →

u = (1, 2, 3) et →

v = (3, 2, 1).
Plutôt que d’appliquer directement la proposition 4.48, on utilise la méthode du pivot de Gauss pour
obtenir une équation cartésienne du plan. Ainsi, on sait qu’un point M = (x, y , z) appartient au plan P
74 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

si et seulement si le système

 s + 3t + 2 = x (L1 )
2s + 2t + 1 = y (L2 )

3s + t + 3 = z (L3 )

admet une solution. Ce système est équivalent à



 1 s + 3t + 2 = x (L1 )

 −4 t − 3 = −2x + y (L2 ← L2 − 2L1 )



−8t − 3 = −3x + z (L3 ← L3 − 3L1 )

qui est lui-même équivalent à



 1 s + 3t + 2 = x (L1 )

 −4 t − 3 = −2x + y (L2 )

3 = x − 2y + z (L3 ← L3 − 2L2 )

donc ce système admet une solution si et seulement si x − 2y + z = 3. Une équation cartésienne du plan
P est donc x − 2y + z = 3.

Exercice 4.49. Donner une équation cartésienne des plans suivants :


1. P passant par P = (1, 2, 1) et dirigé par →
1 1

u = (1, 2, 3) et →
1

v = (3, 2, 1), 1

2. P2 passant par P2 = (−1, 3, 2) et dirigé par →−


u2 = (2, 0, 1) et →

v2 = (3, 4, 0),

− →

3. P3 passant par P3 = (7, 5, 1) et dirigé par u3 = (0, −1, 1) et v3 = (6, 3, 2),
4. P4 passant par P4 = (0, 0, 7) et dirigé par →

u4 = (1, 5, 0) et →

v4 = (6, 3, 0).

Exemple – Passage d’une équation cartésienne à une équation paramétrique. On considère le plan
P d’équation cartésienne 3x + 2y + 5z = 9. Pour en déterminer une équation paramétrique, on détermine
les coordonnées de trois points non alignés de ce plan : on choisit de manière quasiment arbitraire trois
solutions de l’équation cartésienne A = (0, −3, 3), B = (0, 2, 1) et C = (3, 0, 0). On prendra juste garde
−→ −→
à ce que les vecteurs AB = (0, 5, −2) et AC = (3, 3, −3) ne soient pas colinéaires, en choisissant par
exemple les trois points de manière à avoir des 0 dans certaines coordonnées des vecteurs. Finalement,
par la proposition 4.47. le plan P admet donc pour équation paramétrique

 x = 3t
y = 5s + 3t − 3 , s, t ∈ R.
= −2s − 3t

z + 3

Exercice 4.50. Donner une équation paramétrique des plans définis par les équations cartésiennes sui-
vantes :
1. P1 : x + 2y + 3z = 4, 3. P3 : 7x + 2y + 4z = 0,
2. P2 : 3x − y + 2z = 7, 4. P4 : x = 7.
4.3 Géométrie de l’espace affine 75

Équations cartésiennes de droites

On cherche à obtenir une description similaire pour les droites de l’espace. Considérons donc une droite
D passant par un point P = (xP , yP , zP ) et dirigée par le vecteur non nul → −
u = (u1 , u2 , u3 ). Supposons
sans perdre en généralité que a1 ̸= 0. Un point M = (x, y , z) appartient à D si et seulement si le système
suivant admet une solution : 
 u1 t + xP = x (L1 )

 u2 t + yP = y (L2 ) .
u3 t + zP = z (L3 )

Il est équivalent à


 u1 t + xP = x (L1 )

 u1 yP − u2 xP = u1 y − u2 x (L2 ← u1 L2 − u2 L1 )
u1 zP − u3 xP = u1 z − u3 x (L3 ← u1 L3 − u3 L1 )

qui admet une solution si et seulement si



−u2 (x − xP ) + u1 (y − yP ) = 0
.
−u3 (x − xP ) + u1 (z − zP ) = 0

Une droite de l’espace est donc caractérisée par un système de deux équations cartésiennes : elle est donc
décrite comme l’intersection de deux plans. Nous reviendrons sur ce point à la proposition 4.54.

Proposition 4.51.

◦ Considérons une droite D de l’espace affine passant par le point P = (xP , yP , zP ) et dirigée par le
vecteur non nul →

u = (u1 , u2 , u3 ). Alors, D est décrite comme l’intersection de deux plans P1 et
P2 .

◦ Soient a1 , b1 , c1 , d1 , a2 , b2 , c2 et d2 huit réels tels que (a1 , b1 , c1 ) ̸= (0, 0, 0) et (a2 , b2 , c2 ) ̸= (0, 0, 0).
Si (a1 , b1 , c1 ) est non colinéaire à (a2 , b2 , c2 ), l’intersection de deux plans d’équations cartésiennes
a1 x + b1 y + c1 z = d1 et a2 x + b2 y + c2 z = d2 est une droite D. Le système

a1 x + b1 y + c1 z = d1
a2 x + b2 y + c2 z = d2

est un système d’équations cartésiennes de D.

Démonstration. Le premier point découle de ce qui a été fait précédemment, les cas b1 ̸= 0 et c1 ̸= 0
étant identiques au cas a1 ̸= 0. Le second point est une application directe de la proposition 3.23.

Exemple – Passage d’une équation paramétrique à un système d’équations cartésiennes. On consi-


dère la droite D passant par P = (1, 3, 5) et dirigée par le vecteur →

u = (1, 2, 3). Un point M = (x, y , z)
de l’espace affine appartient à la droite D si et seulement si le système suivant admet au moins une
solution 
 t + 1 = x
2t + 3 = y .

3t + 5 = z
On utilise la méthode du pivot de Gauss pour déterminer quand ce système admet des solutions : Le
76 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

système 

 1 t + 1 = x (L1 )
 2t + 3 = y (L2 )
3t + 5 = z (L3 )

est équivalent au système




 1 t + 1 = x (L1 )
 1 = y − 2x (L2 ← L2 − 2L1 ) .
2 = z − 3x (L3 ← L3 − 3L1 )

Ainsi, un point M = (x, y , z) appartient à la droite si et seulement si



−2x + y = 1
.
−3x + z = 2

Le système précédent est donc un système d’équations cartésiennes de D.

Remarque. Comme pour les équations paramétriques, une droite n’est pas décrite par un unique système
d’équations cartésiennes.

Exercice 4.52. Pour les droites suivantes, donner un système d’équations cartésiennes :
1. la droite D passant par P = (1, 0, −1) et dirigée par →
1 1

u = (3, 2, 1),
1

2. la droite D2 passant par P2 = (1, 2, 3) et dirigée par →



u2 = (−1, 4, 3),
3. la droite D3 passant par P3 = (−3, 2, 0) et dirigée par →−
u3 = (−6, 3, 5),


4. la droite D4 passant par P4 = (0, 0, 7) et dirigée par u4 = (1, 0, 0).

4.3.3 Intersection et parallélisme


Introduisons la notion de parallélisme entre des objets géométriques de l’espace affine.

Définition 4.53 – Parallélisme.


◦ Deux droites distinctes sont dites parallèles si leurs vecteurs directeurs sont colinéaires.
◦ Une droite dirigée par un vecteur non nul →−u est parallèle à un plan P si D n’est pas incluse dans
−→
P et qu’il existe deux points A et B de P tels que → −u = AB
◦ Un plan P1 , dirigé par deux vecteurs →

u et →

v est parallèle au plan P2 si →

u et →

v dirigent P2 et
que P1 et P2 sont distincts.

Position relative de deux plans

On s’interroge sur l’intersection de deux plans, que l’on a déjà rencontrée lors de la description des droites
de l’espace par des équations cartésiennes.

Proposition 4.54 – Position relative de deux plans. On considère deux plans P1 et P2 de l’espace
d’équations cartésiennes respectives a1 x + b1 y + c1 z = d1 et a2 x + b2 y + c2 z = d2 , avec (a1 , b1 , c1 ) ̸=
(0, 0, 0) et (a2 , b2 , c2 ) ̸= (0, 0, 0).
◦ Les plans P et P ′ sont sécants en une droite si et seulement si (a1 , b1 , c1 ) et (a2 , b2 , c2 ) ne sont
pas colinéaires.
4.3 Géométrie de l’espace affine 77

◦ Les plans P et P ′ sont parallèles ou confondus si et seulement si (a1 , b1 , c1 ) et (a2 , b2 , c2 ) sont


colinéaires.
On illustre cela à la figure 4.4.

P2 P2

P2

P1 ∩ P2
P1
P1

P1

(c) Plans confondus


(a) Plans s’intersectant (b) Plans parallèles

Figure 4.4 – Positions relatives de deux plans

Démonstration. Cela découle directement de la proposition 3.23.

Exercice 4.55 – Intersection de deux plans. On considère les plans P1 et P2 respectivement d’équa-
tions cartésiennes x + 2y + 3z = 4 et 4x + 3y + 2z = 1.
1. Constater que l’intersection des plans P1 et P2 est déterminé par le système

x + 2y + 3z = 4
.
4x + 3y + 2z = 1

2. Déterminer les solutions du système précédent pour en déduire que l’intersection des plans P1 et
P2 est la droite de vecteur directeur →

u = (1, −2, 1) passant par le point P = (−2, 3, 0).

Exercice 4.56. Déterminer l’intersection des plans suivants :


1. P1 d’équation 3x + 2y + 5z = 5 et P1′ d’équation 5x + 3y + 7z = 9,
2. P2 d’équation −x + 2y − z = 1 et P2′ d’équation 3x + y − 2z = 4,
3. P3 d’équation 4x + 2y + 3z = 1 et P3′ d’équation y − z = 1,
4. P4 d’équation y = 2 et P4′ d’équation x = 5.

Position relative d’un plan et d’une droite

Proposition 4.57 – Position relative d’une droite et d’un plan. On considère un plan P dirigé par →−
u

− →

et v et une droite D dirigée par w .
◦ Le plan P et la droite D s’intersectent en un unique point si et seulement si les vecteurs →

u,→

v et


w ne sont pas coplanaires.
◦ Si les vecteurs →

u,→

v et →

w sont coplanaires, alors
▷ ou bien la droite et le plan sont parallèles,
▷ ou bien la droite est incluse dans le plan.

Démonstration. Soient →

u = (u1 , u2 , u3 ), →

v = (v1 , v2 , v3 ) et →

w = (w1 , w2 , w3 ) trois vecteurs non nuls
3 →
− →

de R avec u et v non colinéaires. Soient P = (xP , yP , zP ) et Q = (xQ , yQ , zQ ) deux points de l’espace
78 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

D
D
P

P
P

(a) P et D sécants (b) D et P parallèles (c) D incluse dans P

Figure 4.5 – Positions relatives de D et P

affine. Soient P le plan passant par P et dirigé par → −


u et →−v et D la droite dirigée par →−
w et passant par
Q. Par définition, un point M = (x, y , z) de l’espace affine est un point de P, s’il existe deux paramètres
réels r et s tels que 
 x = u1 r + v1 s + xP
y = u2 r + v2 s + yP .

z = u3 r + v3 s + zP
De même, M est un point de D s’il existe un paramètre réel t tel que

 x = w1 t + xQ
y = w2 t + yQ .

z = w3 t + zQ

Ainsi, l’ensemble des points d’intersection de D et P est paramétré par l’ensemble des solutions du
système 
 u1 r + v1 s − w1 t = xQ − xP
u r + v2 s − w2 t = yQ − yP .
 2
u 3 r + v3 s − w3 t = zQ − zP
Pour étudier ce système, on utilise le pivot de Gauss. On ne donne ici qu’une analyse rapide de ce système.
D’après la proposition 3.25, on sait que
◦ l’ensemble des solutions peut être vide : c’est le cas où P et D sont parallèles,
◦ il peut y avoir une unique solution : c’est le cas où D et P s’intersectent en un point et on est dans
ce cas lorsque
w1 (u2 v3 − u3 v2 ) − w2 (u1 v3 − u3 v1 ) + w3 (u1 v2 − u2 v1 ) ̸= 0,

◦ ou bien l’ensemble de solutions est indexé par un réel : c’est le cas où D est incluse dans P.
Le système ne peut pas admettre un ensemble de solutions indexé par deux réels car les vecteurs →

u et


v ne sont pas colinéaires.

On donne à présent des exemples de calculs d’intersection d’un plan et d’une droite, en fonction de
différentes descriptions de ces objets géométriques (équation cartésienne, équation paramétrique). Bien
sûr, on pourrait également faire le choix de se ramener à notre caractérisation préférée pour ensuite faire
le calcul de l’intersection.
4.3 Géométrie de l’espace affine 79

Exercice 4.58 – Intersection d’un plan et d’une droite. On considère la droite D dirigée par le vecteur


u = (1, 2, 3) et passant par le point P = (4, 2, 1) et le plan P d’équation cartésienne 2x + 3y + z = 1.
1. Montrer la droite D admet pour équation paramétrique

 x = t + 4
y = 2t + 2 , t ∈ R.

z = 3t + 1

2. Déterminer que l’intersection de la droite D et du plan P est le point ( 11


30 6
, − 11 , − 31
11 ) en substituant
les variables x, y et z de l’équation cartésienne du plan par le paramétrage de D.

Exercice 4.59 – Intersection d’un plan et d’une droite. On considère la droite D dirigée par le vecteur


u = (1, 2, 3) et passant par le point P = (4, 2, 1) et le plan P dirigé par les vecteurs →

v = (2, 3, 1) et


w = (3, 1, 2) et passant par le point Q = (0, 0, 7).
1. En considérant des équations paramétriques de D et P, montrer que l’intersection de D et P est
caractérisée par le système

 −r + 2s + 3t = 4
−2r + 3s + t = 2 .
−3r −6

+ s + 2t =

2. Montrer que le point d’intersection de D et P est le point de coordonnées (− 32 106 173


7 , − 7 , − 7 ).

Exercice 4.60 – Intersection d’un plan et d’une droite. On considère le plan P d’équation cartésienne
2x + 3y + z = 1 et la droite D caractérisée par le système d’équations cartésiennes

3x + y + 2z = 1
.
x − y + z = 2

En résolvant un système de trois équations à trois inconnues, montrer que l’intersection de D et P est
le point de coordonnées (−14, 3, 20).

Exercice 4.61. Déterminer la position relative des droites et plans suivants :


1. la droite D1 dirigée par le vecteur →

u1 = (1, 2, 3) passant par P1 = (5, 4, 3) et le plan P1 dirigé par

− −→
les vecteurs v = (−2, 1, 3) et w = (1, 0, 2) et passant par le point Q = (6, 1, 7),
1 1 1

2. la droite D2 dirigée par le vecteur →



u2 = (3, 2, 1) passant par P2 = (1, 2, 3) et le plan P2 d’équation
cartésienne 4x − 2y + 3z = 7,
3. la droite D3 caractérisée par le système d’équations cartésiennes x + 2y + 3z = 4 et 3x − y + z = 4,
et le plan P3 d’équation cartésienne 4x − y − z = 2,
4. la droite D4 caractérisée par le système d’équations cartésiennes 3x − y + z = 4 et 2x + 3y − 4 = −4,
et le plan P4 dirigé par les vecteurs → −
v4 = (1, 4, 2) et −→ = (−1, −1, 2) et passant par le point
w 4
Q4 = (1, 0, 1).
80 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

Position relative de deux droites

Proposition 4.62 – Position relative de deux droites. Soient D et D ′ deux droites de l’espace respec-
tivement de vecteurs directeurs →

u et →

v . Alors

− →

◦ ou bien u et v sont colinéaires et dans ce cas
▷ ou bien les droites D et D ′ sont parallèles ou bien elles sont confondues,
◦ ou bien →

u et →
−v ne sont pas colinéaires et dans ce cas
▷ ou bien les droites D et D ′ sont sécantes en un point,
▷ ou bien les droites D et D ′ ne s’intersectent pas sans être parallèles.
On illustre ces situations à la figure 4.6.

D1
D1
D1

D2 D2
P
D2

(a) D1 et D2 sécantes (b) D1 et D2 parallèles (c) D1 et D2 non sécantes

Figure 4.6 – Droites de l’espace

Démonstration.
◦ Supposons que les droites D et D ′ ont des vecteurs directeurs colinéaires, donc il existe un vecteur
non nul →−u = (u1 , u2 , u3 ) ∈ R3 qui dirige D et D ′ . Alors on a deux cas possibles. Ou bien D et
D ne s’intersectent pas, auquel cas elles sont parallèles par définition. Ou bien elles possèdent un

point d’intersection P = (xP , yP , zP ), alors D et D ′ sont égales car admettent toutes les deux pour
équation paramétrique 
 x = u1 s + xP
y = u2 s + yP .

z = u3 s + zP

◦ Supposons que les droites D et D ′ ont des vecteurs directeurs → −


u = (u1 , u2 , u3 ) et →

v = (v1 , v2 , v3 )
non colinéaires, ou bien elles ne s’intersectent pas, soit elles s’intersectent en un unique point.
▷ Si elles s’intersectent en un point P , alors tout point d’intersection est déterminé par une
solution du système 
 u1 s + v1 t = 0
u s + v2 t = 0 .
 2
u3 s + v3 t = 0
En supposant, sans nuire à la généralité, que u1 ̸= 0 et u1 v2 − u2 v1 ̸= 0, ce système est
équivalent au système 
u1 s + v1 t = 0
(u1 v2 − u2 v1 )t = 0
d’où l’unicité de la solution, et donc l’unicité du point d’intersection.
▷ Si elles ne s’intersectent pas, elles ne sont pas non plus parallèles, car leurs vecteurs directeurs
ne sont pas colinéaires.
4.3 Géométrie de l’espace affine 81

Exemple – Intersection de droites. On considère la droite D1 dirigée par → −


u1 = (1, 2, 3) et passant par


P1 = (2, 3, 1), et la droite D2 dirigée par u2 = (−1, 3, 2) et passant par P2 = (1, 6, 3). On constate pour
commencer que ces deux droites ne sont pas dirigées par des vecteurs colinéaires donc les droites ne sont
ni parallèles ni confondues. L’intersection de D1 et D2 est déterminée par la solution du système
 
 s + 2 = −t + 1  s +
 1 t = −1 (L1 )
2s + 3 = 3t + 6 ⇔ 2s − 3t = 3 (L2 )
 
3s + 1 = 2t + 3 
3s − 2t = 2 (L3 )

qui est lui-même équivalent à




 s + 1 t = −1 (L1 )
 5s = 0 (L2 ← L2 + 3L1 )
5s = 0 (L3 ← L3 + 2L1 )

qui admet donc comme unique solution (s, t) = (0, −1). Le point d’intersection des droites D1 et D2 est
donc le point P1 = (2, 3, 1).

Exemple – Intersection de droites. On considère la droite D1 dirigée par → −


u1 = (1, 2, 3) et passant par
P1 = (2, 3, 1), et la droite D2 caractérisée par le système d’équations cartésiennes 4x + 2y + 3z = 1 et
5x − y + 2z = 7. Une équation paramétrique de la droite D1 est

 x = t + 2
y = 2t + 3 , t∈R

z = 3t + 1

donc l’intersection des droites D1 et D2 est déterminée par les solutions du système

4(t + 2) + 2(2t + 3) + 3(3t + 1) = 1
5(t + 2) − (2t + 3) + 2(3t + 1) = 7

qui est équivalent à 


17t = −16
.
9t = −2
Ce système n’admet aucune solution donc les droites D1 et D2 ne s’intersectent pas.

Exercice 4.63. Déterminer l’intersection des droites suivantes :


1. la droite D1 dirigée par le vecteur →

u1 = (1, 2, 3) passant par P1 = (3, 2, 1) et D1′ dirigée par le vecteur


v = (1, 2, 0) passant par Q = (2, 0, 4),
1 1

2. la droite D2 dirigée par le vecteur →



u2 = (1, 2, 3) passant par P2 = (3, 2, 1) et D2′ caractérisée par le
système d’équations cartésiennes 4x − 2y + z = 3 et 5x + y + 2z = −7,
3. la droite D3 dirigée par le vecteur →

u3 = (1, 2, 3) passant par P3 = (3, 2, 1) et D3′ caractérisée par le
système d’équations cartésiennes 7x − 2y − z = 16 et x + y − z = 4,
4. la droite D4 caractérisée par le système d’équations cartésiennes 3x + 2y + z = 2 et 7x + 4y + 2z = 4
et D4′ caractérisée par le système d’équations cartésiennes 3y − 2z = −4 et 8x + 2y − 3z = −6.
82 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

Proposition 4.64. Deux droites distinctes D1 et D2 sécantes ou parallèles déterminent un unique plan
P. De plus :
◦ si les droites sont parallèles, alors P est dirigé par le vecteur →

u directeur de D1 et par n’importe
−→
quel vecteur P Q, avec P ∈ D1 et Q ∈ D2 .
◦ si les droites sont sécantes et que → −
u dirige D et →−v dirige D , alors les vecteurs →
1 2

u et →

v dirigent
P.
On dira alors que D1 et D2 sont coplanaires.

D1 D2 D1

D2

(a) Droites sécantes (b) Droites parallèles

Figure 4.7 – Droites coplanaires

Démonstration. Considérons D (respectivement D ′ ) une droite de vecteur directeur → −u = (u1 , u2 , u3 )


(resp. →

v = (v1 , v2 , v3 )) et passant par le point P = (xP , yP , zP ) (resp. Q = (xQ , yQ , zQ )) telles que
D ̸= D ′ .
◦ Ou bien les vecteurs → −
u et →−
v sont colinéaires, alors comme D et D ′ sont distinctes, elles sont
−→
parallèles. Montrons que le plan passant par P et dirigé par les vecteurs →−u et P Q contient les deux
droites. Ce plan est d’équation paramétrique

 x = u1 s + (xQ − xP )t + xP
y = u2 s + (yQ − yP )t + yP , s, t ∈ R.
(zQ − zP )t

z = u3 s + + zP

Tout point de la droite D peut être vu comme un point du plan P de paramètres s ∈ R et t = 0 et


tout point de la droite D ′ est un point du plan P de paramètres s ∈ R et t = 1, donc les droites D
et D ′ sont incluses dans le plan P.
◦ Ou bien les vecteurs → −
u et →−v ne sont pas colinéaires, donc elles sont sécantes par hypothèse. On
appelle R le point d’intersection. Alors le plan passant par R et dirigé par → −u et →−
v d’équation
paramétrique 
 x = u1 s + v1 t + xR
y = u2 s + v2 t + yR , s, t ∈ R

z = u3 s + v3 t + zR
contient les deux droites, par un argument similaire au précédent.
L’unicité de ce plan découle de la proposition 4.47.

Parallélisme

Du parallélisme de droites, on peut déduire le parallélisme des plans qui les contiennent.

Proposition 4.65.
◦ Parallélisme de plans
4.3 Géométrie de l’espace affine 83

▷ Si un plan P contient deux droites sécantes qui sont parallèles à deux droites sécantes d’un
plan P ′ alors les plans P et P ′ sont parallèles ou confondus.
▷ Si deux plans distincts sont parallèles à un troisième plan alors ils sont parallèles entre eux.
◦ Parallélisme d’une droite et d’un plan
▷ Soit une droite D parallèle à une droite D ′ contenue dans un plan P. Si la droite D n’intersecte
pas le plan P, alors D est parallèle au plan P, sinon elle est contenue dans P.
◦ Parallélisme de droites
▷ Si deux droites distinctes sont parallèles à une même droite, alors elle sont parallèles entre elles.
▷ Si deux plans P et P ′ sont parallèles, alors tout plan qui coupe l’un coupe également l’autre
et les droites d’intersection D et D ′ sont parallèles.

D D

D′ D′

(a) Parallélisme de plans (b) Parallélisme d’un plan et d’une


droite
(c) Parallélisme de droites

Figure 4.8 – Parallélisme

Démonstration.
▷ Soient D1 et D2 (respectivement D1′ et D2′ ) deux droites sécantes qui engendrent un plan P (resp.
P ′ ). On suppose de plus que D1 est parallèle à D2 et que D1′ est parallèle à D2′ . Alors il existe
un vecteur →−
v1 qui dirige les droites D1 et D1′ et un vecteur →

v2 qui dirige les droites D2 et D2′ . Les

− →

vecteurs v1 et v2 dirigent alors les plans P1 et P2 , qui sont donc parallèles ou confondus.
▷ Découle directement de la proposition 4.54, car si (a1 , b1 , c1 ) et (a2 , b2 , c2 ) sont colinéaires à
(α, β, γ), alors (a1 , b1 , c1 ) et (a2 , b2 , c2 ) sont colinéaires.
▷ Si D et D ′ sont parallèles alors elles sont toutes les deux de vecteurs directeurs → −
u . Le plan P est
alors dirigé par →

u et un vecteur → −v qui n’est pas colinéaire à → −
u . Comme le vecteur →

u est coplanaire

− →

aux vecteurs u et v , alors on conclut par la proposition 4.57.
▷ Découle de la colinéarité des vecteurs directeurs des droites, car si →

u et →

v sont colinéaires à →

w,

− →

alors u est colinéaire à v .
▷ Soient P et P ′ deux plans parallèles et soit H un plan qui intersecte P et qui est différent de
P. Alors d’après la proposition 4.54, P et H s’intersectent en une droite D. Toujours d’après la
proposition 4.54, P ′ et H s’intersectent également en une droite D ′ , sinon, P ′ et H seraient
parallèles, ce qui est impossible d’après le premier point et ce qui précède. Les droites D et D ′ sont
coplanaires car elles appartiennent à H . Elles n’ont nécessairement aucun point d’intersection car
un tel point appartiendrait aux plans P et P ′ , ce qui est impossible. Elles sont donc parallèles.

Remarque. Dans l’espace, deux droites peuvent être parallèles à un même plan sans être parallèles entre
elles ! On représente une telle situation à la figure 4.9a.
84 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

Théorème 4.66 – Théorème du toit. Soient D et D ′ deux droites parallèles avec D ⊂ P et D ′ ⊂ P ′


avec P et P ′ deux plans distincts. Si les plans P et P ′ sont sécants alors leur intersection est une
droite ∆ parallèle à D et D ′ .

D1

P ∆ D2

(a) Droites sécantes parallèles à un plan (b) Théorème du toit

Figure 4.9 – Plans de l’espace

Démonstration. Supposons par l’absurde que la droite ∆ ne soit pas parallèle à D et D ′ . Les droites D
et D ′ sont dirigées par un vecteur →

u et la droite ∆ est dirigée par un vecteur →

v non colinéaire à →

u . Soit
P un point de ∆. Alors le plan P est le plan dirigé par →−u et →−
v passant par P, de même pour P ′ donc
P = P ′ car ∆ ⊂ P et ∆ ⊂ P ′ donc P ∩ P ′ ̸= ∅, ce qui est absurde car cela contredit l’hypothèse P
et P ′ distincts, d’où le résultat.

Positions relatives de trois plans

Finissons en étudiant les positions relatives de trois plans de l’espace affine.

Proposition 4.67 – Positions relatives de trois plans. Soient trois plans distincts deux à deux. Alors,
soit :
◦ les plans ne s’intersectent en aucun point,
◦ les plans s’intersectent en un unique point,
◦ les plans s’intersectent en une droite.
On illustre cela à la figure 4.10.

P3 P3 P3
P2
P2
P2
P1
P1 P1

(a) intersection vide (b) un point (c) une droite

Figure 4.10 – Position relative de trois plans

Démonstration. Soient Pi , pour i ∈ {1, 2, 3}, trois plans de l’espace affine, d’équation cartésienne ai x +
bi y +ci z = di . Un point de l’espace est dans l’intersection des trois plans si et seulement si ses coordonnées
4.4 Orthogonalité 85

sont solutions du système suivant :



 a1 x + b1 y + c1 z = d1
a x + b2 y + c2 z = d2 .
 2
a3 x + b3 y + c3 z = d3

Le résultat découle alors directement de la proposition 3.25.

Exemple. Vous pouvez réinterpréter les calculs effectués dans les exemples de la sous-section 3.2.3 comme
la détermination de l’intersection de trois plans.

Exercice 4.68. Déterminer l’intersection des plans suivants :


1. P1 d’équation 3x +8y +6z = 28, P1′ d’équation x −2y −z = −3, P1′′ d’équation 9x +7y +7z = 39,
2. P2 d’équation 5x + 9y + 7z = 3, P2′ d’équation 4x + 9y + 4z = 0, P2′′ d’équation x + y + 2z = −1,
3. P3 d’équation 6x +7y +8z = −5, P3′ d’équation −5x −6y −6z = 3, P3′′ d’équation −x −y −2z = 2,
4. P4 d’équation 2x +5y −z = 18, P4′ d’équation x −2y +4z = 0, P4′′ d’équation −3x −7y +z = −26.

4.4. Orthogonalité
Dans cette dernière section, on introduit la notion d’orthogonalité entre vecteurs, puis entre objets
géométriques. Cette notion nécessite d’introduire une opération pour les vecteurs en plus de l’addition et
du produit par un réel : le produit scalaire.

4.4.1 Produit scalaire : orthogonalité des vecteurs


Définition 4.69 – Produit scalaire.
◦ Soient →−
u = (u1 , u2 ) et →−v = (v1 , v2 ) deux vecteurs de R2 . Le produit scalaire (usuel) de →−
u et →−v,

− →
− →
− →

noté ⟨ u , v ⟩, est le nombre réel donné par ⟨ u , v ⟩ = u1 v1 + u2 v2 .
◦ Soient →−
u = (u1 , u2 , u3 ) et →

v = (v1 , v2 , v3 ) deux vecteurs de R3 . Le produit scalaire (usuel) de →

u

− →
− →
− →
− →

et v , noté ⟨ u , v ⟩, est le nombre réel donné par ⟨ u , v ⟩ = u v + u v + u v .
1 1 2 2 3 3

Remarque. Le produit scalaire est également parfois noté avec un point médian : pour le produit scalaire
de deux vecteurs →

u et →

v , on trouvera aussi bien ⟨→

u ,→

v ⟩ que →
−u ·→

v.

Proposition 4.70. Le produit scalaire (de R2 ou de R3 ) satisfait les propriétés suivantes.


◦ Il est symétrique, c’est-à-dire que pour tous vecteurs →
−v et →−w , on a ⟨→

v ,→−
w ⟩ = ⟨→

w,→ −
v ⟩.
◦ Il est linéaire à droite, c’est-à-dire que pour tous vecteurs →−
u ,→
−v et →

w et pour tout réel λ, on a

− →
− →
− →
− →
− →
− →

⟨ u , v + λ w ⟩ = ⟨ u , v ⟩ + λ⟨ u , w ⟩.
◦ Il est défini positif, c’est-à-dire que pour tout vecteur →

v , on a ⟨→

v ,→

v ⟩ ⩾ 0 et ⟨→

v ,→

v ⟩ = 0 si, et


seulement si, le vecteur v est le vecteur nul.

Démonstration. Démontrons que le produit scalaire (de R2 ou de R3 ) est défini positif. Soit →

v = (a, b) ∈
R2 . On a ⟨→−v ,→

v ⟩ = a2 + b2 ⩾ 0 car c’est une somme de deux carrés. De plus, une somme de deux carrés
est nulle si et seulement si ces deux carrés sont chacun nul, d’où le résultat.

Exercice 4.71. Démontrer les points 1. et 2. de la proposition précédente dans le cas du produit scalaire
de R2 (la preuve dans le cas de R3 étant similaire).
86 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

Corollaire 4.72. Le produit scalaire satisfait la propriété de linéarité à gauche, c’est-à-dire que pour tous
vecteurs →

u,→ −
v et →
−w , et pour tout réel λ, on a

⟨→

u + λ→

v ,→

w ⟩ = ⟨→

u ,→

w ⟩ + λ⟨→

v ,→

w ⟩.

Démonstration. Découle directement des points 1. et 2. de la proposition 4.70.

Définition 4.73 – Orthogonalité. Deux vecteurs → −v et →−


w sont dits orthogonaux si leur produit scalaire
est nul, i.e. ⟨→

v ,→

w ⟩ = 0.
−→
Exemple. On considère les points A = (2, 0), B = (4, 1), C = (2, 1) et D = (1, 3). On a donc AB = (2, 1)
−→ −→ −→
et CD = (−1, 2), qui sont des vecteurs orthogonaux, car ⟨AB, CD⟩ = 2 × (−1) + 1 × 2 = 0. On illustre
la situation avec la figure 4.11.

y
4

D
3 ×

2 −→
AB
B
1 C× ×
A x
×
−2 −1 0 1 2 3 4 5 6

−1

Figure 4.11 – Deux vecteurs orthogonaux

Exemple. On considère les points A = (1, 1, 1), B = (−2, 2, 1), C = (2, −1, 3) et D = (3, 2, 5).
−→ −→ −→ −→
On a donc les vecteurs AB = (−3, 1, 0) et CD = (1, 3, 2), qui sont orthogonaux car ⟨AB, CD⟩ =
−3 × 1 + 1 × 3 + 0 × 2 = 0.

La proposition suivante décrit les vecteurs orthogonaux à un vecteur du plan donné.

Proposition 4.74 – Orthogonal dans R2 . Soit →


−u = (u1 , u2 ) un vecteur non nul de R2 . Alors tout vecteur

− →

orthogonal à u est colinéaire au vecteur v = (−u2 , u1 ).

Démonstration. Fixons → −u = (u1 , u2 ) un vecteur non nul de R2 . Alors le vecteur de coordonnées →−v =

− →
− →

(−u2 , u1 ) est orthogonal à u . Soit w = (w1 , w2 ) orthogonal à u , c’est-à-dire tel que u1 w1 + u2 w2 = 0
alors det(→−w,→−v ) = w1 u1 − w2 (−u2 ) = 0 donc → −
v et →

w sont colinéaires.

Exercice 4.75 – Orthogonal dans R3 . Soit → −u = (u1 , u2 , u3 ) un vecteur non nul de R3 . Montrer que si


u1 ̸= 0 tout vecteur orthogonal à u est coplanaire à (−u2 , u1 , 0) et (−u3 , 0, u1 ).

Exercice 4.76. Soient → −


u = (u1 , u2 , u3 ) et → −v = (v1 , v2 , v3 ) deux vecteurs non nuls non colinéaires
de R . Montrer que tout vecteur orthogonal simultanément à →
3 −u et → −
v est colinéaire au vecteur
(u2 v3 − u3 v2 , −(u1 v3 − u3 v1 ), u1 v2 − u2 v1 ).
On appelle produit vectoriel de → −
u et →−v , le vecteur de R3 , noté → −
u ∧→−v , défini par


u ∧→

v = (u2 v3 − u3 v2 , −(u1 v3 − u3 v1 ), u1 v2 − u2 v1 ) .
4.4 Orthogonalité 87

4.4.2 Géométrie du plan euclidien


Dans cette section, on se concentre sur la géométrie du plan affine, que l’on munit du produit scalaire.

Définition 4.77 – Plan euclidien. Le plan affine, muni du produit scalaire de R2 , c’est-à-dire tel que pour
−→ −→
quatre points A, B, C et D on peut calculer ⟨AB, CD⟩, est appelé plan euclidien.

Remarque – Repère orthonormé. On a défini la notion de repère du plan affine (voir définition 4.29)
−→ −→ −→ −→
comme la donnée d’un triplet (A, AB, AC). On dit qu’un tel repère est orthonormé si ⟨AB, AC⟩ = 0 et
−→ −→ −→ −→ →
− → −
⟨AB, AB⟩ = 1 = ⟨AC, AC⟩. Ainsi, le repère (O, i , j ) de l’exemple par 66 est orthonormé.

Dans le plan euclidien, on peut à présent définir la notion de droites orthogonales.

Définition 4.78. Deux droites D et D ′ sont dites orthogonales si pour →



v et →

v ′ , respectivement des
′ →
− →

vecteurs directeurs de D et D , on a ⟨ v , v ⟩ = 0.

Définition 4.79. Deux droites orthogonales sont dites perpendiculaires si elles s’intersectent.

Dans le plan euclidien, on ne fait pas la différence entre orthogonalité et perpendicularité.

Propriété 4.80. Dans le plan euclidien, deux droites sont orthogonales si et seulement si elles sont per-
pendiculaires.

Démonstration. Il suffit de montrer que deux droites orthogonales s’intersectent forcément. Considérons


u = (u1 , u2 ) un vecteur non nul directeur d’une droite D et → −
v = (v1 , v2 ) un vecteur orthogonal à → −
u
∗ →

qui dirige une droite ∆. D’après la proposition 4.74, il existe λ ∈ R tel que v = (−λu2 , λu1 ). On a
det(→
−u ,→
−v ) = λ(u12 + u22 ) ̸= 0, donc →

u et →

v ne sont pas colinéaires. D’après la proposition , les droites
D et ∆ s’intersectent en un nique point, d’où le résultat.

Exemple. On considère les droites D et ∆ respectivement d’équations cartésiennes 2x + y = 7 et −2x +


4y = 9. Le vecteur →−u = (1, −2) est un vecteur directeur de D et le vecteur →−v = (4, 2) est un vecteur

− →

directeur de ∆. Alors, ⟨ u , v ⟩ = 1 × 4 + (−2) × 2 = 0 donc les droites D et ∆ sont perpendiculaires.

Contre-exemple. On considère les droites D : 2x +3y −4 = 0 et D ′ : 3x +2y +5 = 0. Un vecteur directeur




de D est par →

v = (3, −2) et un vecteur directeur de D ′ est v ′ = (2, −3). On a ⟨→

v ,→

v ′ ⟩ = 12 ̸= 0 donc
D et D ne sont pas perpendiculaires.

Remarque. Alors que dans le plan les notions de droites orthogonales et droites perpendiculaires coïn-
cident, cela ne sera plus le cas dans l’espace.

Exercice 4.81. On considère deux droites D et D ′ du plan euclidien respectivement d’équations y = ax +b


et y = a′ x + b′ , avec a, a′ , b, b′ ∈ R. Démontrer que les droites D et D ′ sont perpendiculaires si et
seulement si aa′ = −1.

Exercice 4.82 – Orthocentre d’un triangle. On considère [ABC] un triangle du plan.


−−→ −→ −−→ −→ −−→ −→
1. Montrer que pour tout point M du plan euclidien, on a ⟨MA, BC⟩ + ⟨MB, CA⟩ + ⟨MC, AB⟩ = 0.
2. En déduire que les hauteurs d’un triangle sont concourantes en un point H. Ce point d’intersection
est appelé orthocentre du triangle [ABC].
88 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

Vecteur normal à une droite

Fixons un vecteur → −n = (a, b) non nul et un point P = (xP , yP ) du plan affine. On se demande quel
−−→
est l’ensemble des points M = (x, y ) du plan tels que le vecteur P M est orthogonal au vecteur → −
n , i.e.

− −−→ →
− −−→
qui satisfont ⟨ n , P M⟩ = 0. Or, on a ⟨ n , P M⟩ = 0 si et seulement si a(x − xP ) + b(y − yP ) = 0, qui est
une équation cartésienne de droite.

Définition 4.83 – Vecteur normal à une droite. Soient un vecteur → −


n = (a, b) non nul, et un point
−−→
P = (xP , yP ) du plan affine. La droite des points M = (x, y ) du plan tel que le vecteur P M est orthogonal
au vecteur →−n , d’équation cartésienne a(x − xP ) + b(y − yP ) = 0 est appelée droite de vecteur normal


n passant par P .

Exemple. On considère le point P de coordonnées (4, 2) et le vecteur →



n = (−1, 2). Alors la droite D,


de vecteur normal n et passant par P a pour équation cartésienne −(x − 4) + 2(y − 2) = 0 qui est
équivalente à −x + 2y = 0. On illustre cela avec la figure 4.12.

y
3

P
2 −

n × D

x
−2 −1 0 1 2 3 4 5 6

−1

Figure 4.12 – Vecteur normal à une droite

Remarque. Un vecteur normal à une droite n’est pas unique : si →−n est un vecteur normal à la droite D,


alors tous les vecteurs colinéaires à n sont des vecteurs normaux à D.

Proposition 4.84. Soit D une droite d’équation cartésienne ax + by + c = 0, avec a, b et c trois réels et
a et b non simultanément nuls.

◦ Le vecteur →

n = (a, b) est un vecteur normal à la droite D.
◦ Le vecteur →

v = (−b, a) est un vecteur directeur à la droite D.

Démonstration. Soit D une droite d’équation cartésienne ax + by + c = 0, avec a, b et c trois réels et a


et b non simultanément nuls.
−−→
◦ On considère M = (x, y ) et A = (xA , yA ) deux points distincts de la droite D. Le vecteur AM est
un vecteur directeur de D et a(x − xA ) + b(y − yA ) = ax + by − (axA + byA ) = c − c = 0, donc
−−→ −
⟨AM, →n ⟩ = 0 : le vecteur →

n est normal à la droite D.


◦ Montrons que le vecteur v = (−b, a) dirige la droite D. Soit A = (x , y ) un point de la droite D
A A
et soit M = (xA − b, yA + a). On a

a(xA − b) + b(yA + a) + c = axA + byA + c = 0


−−→
donc M est un point de D : le vecteur AM dirige la droite D d’où le résultat.
4.4 Orthogonalité 89

À retenir. On résume les différentes descriptions d’une droite définie par un point et un vecteur normal.
Définition Équation cartésienne Équation paramétrée
D est la droite passant par P = n
x= −bt +xP
(xP , yP ) et de vecteur normal a(x − xP ) + b(y − yP ) = 0
y = at +yP
,t∈R

−n = (a, b)

Exercice 4.85 – Passer d’une représentation à l’autre. Pour chacune des droites suivantes, donner une
équation cartésienne, une équation paramétrée, un vecteur directeur, un vecteur normal et un point de
cette droite :
1. D1 d’équation cartésienne 3x + 4y − 7 = 0,
2. D2 de vecteur directeur →

v = (2, 4) et passant par le point P = (1, 2),


3. D3 de vecteur normal n = (−3, 1) et passant par le point P = (0, 5),
4. D4 d’équation paramétrique x = 6t + 3, y = 1 − t pour t ∈ R.

Exercice 4.86. On considère la droite D passant par A = (−3, 2) et dirigée par le vecteur →

u = (1, −2).
On considère le point C = (1, 1).
1. Vérifier que C n’appartient pas à la droite D.
2. Déterminer les coordonnées d’un point B de la droite D tel que le triangle [ABC] soit rectangle en
B. Constater qu’un tel point est unique.

4.4.3 Géométrie de l’espace euclidien


Avec le produit scalaire de R3 , on peut définir la notion d’espace euclidien, afin de pouvoir définir la
notion d’orthogonalité entre droites et entre une droite et un plan.

Définition 4.87 – Espace euclidien. L’espace affine, muni du produit scalaire de R3 , c’est-à-dire tel que
−→ −→
pour quatre points A, B, C et D, on peut calculer ⟨AB, CD⟩, est appelé espace euclidien.

Définition 4.88 – Droites orthogonales – droites perpendiculaires. Deux droites de l’espace respecti-
vement de vecteurs directeurs →

u et →

v sont dites
◦ orthogonales si u et v sont orthogonaux, c’est-à-dire si ⟨→

− →
− −
u ,→

v ⟩ = 0,
◦ perpendiculaires si elles sont orthogonales et s’intersectent.

Remarque. Contrairement à la situation du plan euclidien, ces deux définitions ne coïncident pas. Consi-
dérons la droite D passant par le point O = (0, 0, 0) de vecteur directeur → −
u = (1, 0, 0), et la droite
D ′ passant par le point A = (0, 0, 1) et de vecteur directeur →−
v = (0, 1, 0). Elles sont orthogonales car
⟨→

u ,→−
v ⟩ = 1 × 0 + 0 × 1 + 0 × 0 = 0. De plus, elles s’intersectent si et seulement si le système suivant
admet une solution 
 0 = t
s = 0 .

1 = 0
Or, celui-ci est incompatible donc les droites D et D ′ ne s’intersectent pas : on représente la situation à
la figure 4.13.
90 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

D2

D1

Figure 4.13 – Droites orthogonales non perpendiculaires

Vecteur normal à un plan

On se demande, si l’on fixe un vecteur non nul → −


n = (a, b, c) ∈ R3 et un point P = (xP , yP , zP ) de
−−→
l’espace euclidien, quel est l’ensemble des points M = (x, y , z) tels que le vecteur P M est orthogonal au
−−→
vecteur →−
n , c’est-à-dire les points M tels que ⟨→−
n , P M⟩ = 0. On peut réécrire cette dernière condition
comme a(x − xP ) + b(y − yP ) + c(z − zP ) = 0. On reconnaît ici une équation de plan.

Définition 4.89 – Vecteur normal à un plan. Soient → −n = (a, b, c) ∈ R3 un vecteur non nul et P =
(xP , yP , zP ) un point du plan euclidien. Le plan formé des points M = (x, y , z) de l’espace tels que le
−−→
vecteur P M est orthogonal au vecteur → −n est appelé plan de vecteur normal →−
n passant par P . Ce plan
a pour équation cartésienne

a(x − xP ) + b(y − yP ) + c(z − zP ) = 0.



n
P

• −→ •
P PX X

Figure 4.14 – Plan déterminé par un vecteur normal

Proposition 4.90. Soit un plan P de l’espace euclidien dirigé par deux vecteurs → −
u = (u1 , u2 , u3 ) et


v = (v1 , v2 , v3 ) et passant par le point P = (xP , yP , zP ). Alors le vecteur


u ∧→

v = (u2 v3 − u3 v2 , −(u1 v3 − u3 v1 ), u1 v2 − u2 v1 )

est un vecteur normal à P et

(u2 v3 − u3 v2 )(x − xP ) − (u1 v3 − u3 v1 )(y − yP ) + (u1 v2 − u2 v1 )(z − zP ) = 0

est une équation cartésienne de P.

Démonstration. C’est une application directe de l’exercice 4.76.

Définition 4.91. Une droite D est perpendiculaire à un plan P si pour tout couple de points A, B ∈ P,
−→
un vecteur directeur de D est orthogonal à AB.

Proposition 4.92. Soit P un plan de l’espace et soit ∆ une droite de l’espace. La droite ∆ et le plan P
sont perpendiculaires si et seulement si ∆ est orthogonale à deux droites sécantes de P.

Démonstration. Le sens direct de l’équivalence est clair : si ∆ est perpendiculaire à P, alors si on considère
P le point d’intersection de ∆ et P et que l’on considère A et B deux points de P tels que A, B et P
4.4 Orthogonalité 91

ne sont pas alignés, alors ∆ est perpendiculaire aux droites (AP ) et (BP ). Considérons à présent deux
droites sécantes D1 et D2 dans P telles que D1 et D2 soient perpendiculaires à ∆. Notons → −
u1 et →

u2 des


vecteurs directeurs respectifs des droites D1 et D2 , et notons v un vecteur directeur de ∆. Comme D1 et
−→
D2 s’intersectent, alors →

u1 et →

u2 ne sont pas colinéaires et dirigent le plan P. Ainsi, tout vecteur AB du
−→
plan P est coplanaire de u2 et u2 , c’est-à-dire qu’il existe deux réels s, t ∈ R tels que AB = s u1 + t →

− →
− →
− −
u2 .
−→ −→ →
Soit donc AB un vecteur du plan P, on a ⟨AB, − v ⟩ = ⟨s →−
u1 + t →

u2 , →

v ⟩ = s⟨→

u1 , →

v ⟩ + t⟨→

u2 , →

v ⟩ = 0. Donc
la droite ∆ est perpendiculaire au plan P.

P

Figure 4.15 – Droite orthogonale à un plan

Proposition 4.93. Soient P1 et P2 deux plans respectivement de vecteurs normaux →−


n1 et →−
n2 .

− →

◦ Les plans P et P sont parallèles ou confondus si et seulement si n et n sont colinéaires, comme
1 2 1 2
en figure 4.16a.
◦ Si les plans P1 et P2 s’intersectent, alors la droite d’intersection est dirigée par le vecteur →

n1 ∧ →

n2 ,
comme en figure 4.16b.

P2
P2


n2

→ −

n1
n2
D


n1 P1


n1 ∧ −

P1 n2

(a) Deux plans parallèles


(b) Deux plans qui s’intersectent

Figure 4.16 – Des vecteurs normaux

Démonstration.
◦ Découle directement de la proposition 4.54 et de l’équation caractéristique donnée à la définition
4.89.
◦ Les plans P1 et P2 s’intersectent en une droite D. Soient A et B deux points distincts de D alors
−→ −→
AB dirige D or, ces deux points sont des points de P1 donc AB est orthogonal à → −
n1 , et de même

− −→ →
− →

pour n2 , donc d’après l’exercice 4.76, AB est colinéaire à n1 ∧ n2 d’où le résultat.

Exemple – Détermination de l’intersection de deux plans. On considère P1 le plan d’équation 3x +


2y +4z = 3 et P2 le plan d’équation 2x +3z = 2. On commence par remarquer que le point P = (1, 0, 0)
est un point de l’intersection de P1 et P2 . L’intersection de P1 et P2 est donc la droite passant par
(1, 0, 0) et dirigée par le vecteur (2 × 3 − 0 × 4, −(3 × 3 − 4 × 2), 3 × 0 − 2 × 2) = (6, −1, −4).
92 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

Solutions des exercices


Exercice 4.8 On fait la preuve pour les vecteurs de R2 , le cas de R3 étant similaire. Soit −

u = (u1 , u2 ), −

v = (v1 , v2 ) et −

w = (w1 , w2 ) trois
vecteurs de R2 et soient λ, µ ∈ R.
1. On a, par associativité de la somme dans R, les égalités suivantes

(−

u +−

v )+−

w = ((u1 + v1 ) + w1 , (u2 + v2 ) + w2 ) = (u1 + (v1 + w1 ), u2 + (v2 + w2 )) = −

u + (−

v +−

w)

d’où le résultat.
2. On a λ(− →
u +− →v ) = (λ(u1 + v1 ), λ(u2 + v2 )) = (λu1 , λu2 ) + (λv1 , λv2 ) = λ−

u + λ−

v.


3. On a λ(µ u ) = λ(µu , µu ) = (λµ) u . −

1 2

−→ −→
Exercice 4.10 Soient A, B et C trois points du plan respectivement de coordonnées (xA , yA ), (xB , yB ) et (xC , yC ). On a AB + BC = (xB −
−→
xA , yB − yA ) + (xC − xB , yC − yB ) = (xC − xA , yC − yA ) = AC.

Exercice 4.13 Soient −


→u = (u1 , u2 ), −

v = (v1 , v2 ) et −

w = (w1 , w2 ) trois vecteurs de R2 .
◦ On a det( u , v ) = u v − u v = −(v u − v u ) = − det(−

→ −

1 2 2 1 1 2 2 1
→v ,−→u ).
◦ On a det(−

u +−

v ,−

w ) = (u1 + v1 )w2 − (u2 + v2 )w1 = u1 w2 − u2 w1 + v1 w2 − v2 w1 = det(−

u ,−

w ) + det(−

v ,−

w ).

Exercice 4.15
1. Non. 2. Oui. 3. Non. 4. Oui.

Exercice 4.21
1. Non. 2. Oui. 3. Non. 4. Oui.

Exercice 4.26
 
x =t +1 x = 2t
1. (AB) , t∈R 3. (AB) , t∈R
y =1 y =1
 
x = −2t + 3 x = −4t + 4
2. (AB) , t∈R 4. (AB) , t∈R
y =t +1 y =t +1

Exercice 4.31
1. 1 − y = 0. 2. x + 2y − 5 = 0. 3. x − y + 1 = 0. 4. x + 4y − 8 = 0.

Exercice 4.32 La droite D a pour équation cartésienne −2(x − 2) + 3(y − (−2)) = 0 qui est équivalente à −2x + 3y + 10 = 0, et la droite
D ′ a pour équation cartésienne −3(x − 2) − (y − (−1)) = 0 qui est équivalente à −3x − y + 5 = 0.

Exercice 4.33 On a  
x(t) = t x(t) = 3at − 2
D= , t ∈ R et D ′ = , t∈R.
y (t) = 2t + 6 y (t) = 2t

−→ −→
Exercice 4.34 On commence par déterminer les coordonnées (xQ , yQ ) du point Q. On a BQ = 3QC qui est équivalent à (xQ − 2, yQ − 1) =
−→
3(1 − xQ , 3 − yQ ) : on obtient alors xQ = 4 et yQ = 4 = 2 . La droite (AQ) est dirigée par le vecteur AQ = (xQ − xA , yQ − yA ) = 94 , 32 et
5 10 5


passe par le point A. Ainsi, une équation paramétrique de (AQ) est donnée par

 9
x(t) = 4
t −1
(AQ) = 3 , t∈R
y (t) = 2
t +1

et une équation cartésienne est alors donnée par − 23 (x − (−1)) + 49 (y − 1) = 0 qui est équivalente à − 32 x + 49 y − 15
4
= 0.

Exercice 4.37 Considérons les droites


 
x = 3t + 1 x = 2t
D: , t ∈ R. et D ′ : , t ∈ R.
y = t + 1 y = t + 4

On cherche à déterminer si ces droites possèdent un point d’intersection ou non. La droite D1 a pour vecteur directeur le vecteur − →
u1 de
coordonnées (3, 1). La droite D2 a pour vecteur directeur − →
u2 de coordonnées (2, 1). On détermine si − →
u1 et −→
u2 sont colinéaires ou non en

→ −

calculant det(u1 , u2 ) = 3 × 1 − 1 × 2 = 3 − 2 = 1 ̸= 0 donc les vecteurs directeurs des droites D1 et D2 ne sont pas colinéaires : elles ont
donc un unique point d’intersection. Déterminons ce point d’intersection, que l’on note P = (xP , yP ) : c’est un point de D1 donc il existe un
réel t1 tel que 
xP = 3t1 + 1
yP = t1 + 1

mais c’est également un point de D2 donc il existe un réel t2 tel que



xP = 2t2
.
xP = t2 + 4
4.4 Orthogonalité 93

Finalement, afin de connaître les coordonnées de P , on doit résoudre le système suivant


 
3t1 + 1 = 2t2 3t1 − 2t2 = −1
⇔ .
t1 + 1 = t2 + 4 t1 − t2 = 3

Ainsi, en utilisant le pivot de Gauss, on obtient que ce système est équivalent à



3t1 − 2t2 = −1 (L1 )
.
− t2 = 10 (L2 ← 3L2 − 3L1 )

Finalement, on a  
3t1 + 1 = 2t2 t2 = −10
⇔ .
t1 + 1 = t2 + 4 t1 = −7

Ainsi, le point P est le point de la droite D de paramètre t1 = −7, c’est-à-dire le point de coordonnées (1 + 3 × (−7), 1 + (−7)) = (−20, −6).
On peut vérifier que c’est également le point de la droite D ′ de paramètre t2 = −10 : en effet, on a (2 × (−10), 4 + (−10)) = (−20, −6).

Exercice 4.38 On cherche à déterminer si ces droites possèdent un point d’intersection ou non. La droite D a pour vecteur directeur le vecteur

→v de coordonnées (3, −3). La droite D ′ a quant à elle pour vecteur directeur −→v ′ de coordonnées (−3, 2). On détermine si − →v et −→
v ′ sont

→ −
→′
colinéaires ou non en calculant det( v , v ) = 3 × 2 − (−3) × (−3) = 6 − 9 = −3 ̸= 0 donc les vecteurs directeurs des droites D et D ′ ne
sont pas colinéaires : elles ont donc un unique point d’intersection. Déterminons ce point d’intersection, que l’on note P = (xP , yP ) : c’est un
point de D et un point de D ′ donc il existe un réel t0 et un réel t0′ tels que

xP = −3t0′
 
xP = 3 + 3t0
et .
yP = −2 − 3t0 yP = 3 + 2t0′

Finalement, afin de déterminer les coordonnées de P , on doit résoudre le système suivant

3 + 3t0 = −3t0′


−2 − 3t0 = 3 + 2t0′

qui est équivalent à


t0′ t0′
 
t0 + = −1 (L1 ) t0 + = −1 (L1 )

3t0 + 2t0′ = −5 (L2 ) t0 = −3 (L2 ← L2 − 2L1 )

Finalement, on a
t0′

= 2 (L1 ← L1 − L2 )
.
t0 = −3 (L2 )

Ainsi, le point P est le point de la droite D de paramètre t0 = −3, c’est-à-dire le point de coordonnées (3+3×(−3), −2−3×(−3)) = (−6, 7).
On peut vérifier que c’est également le point de la droite D ′ de paramètre t0′ = 2 : en effet, on a (−3 × 2, 3 + 2 × 2) = (−6, 7).

Exercice 4.39 Considérons les droites



x = 2t + 1
D1 : 2x + 3y + 4 = 0 et D2 : , t ∈ R. .
y = −t + 1

On cherche à déterminer si ces droites possèdent un point d’intersection ou non. La droite D1 a pour vecteur directeur − →
u1 de coordonnées
(3, −2). La droite D2 a quant à elle pour vecteur directeur − →
u2 de coordonnées (2, −1). On détermine si −

u1 et −

u2 sont colinéaires ou non en
calculant det(−→
u1 , −

u2 ) = 3 × (−1) − (−2) × 2 = −3 + 4 = 1 ̸= 0 donc les vecteurs directeurs des droites D1 et D2 ne sont pas colinéaires :
elles ont donc un unique point d’intersection. Déterminons ce point d’intersection que l’on note P = (xP , yP ). Le point P est un point de
D2 , donc il existe un réel t2 tel que xP = 2t2 + 1 et yP = 1 − t2 . On cherche à déterminer la valeur de t2 , ce qui nous donnerait alors les
coordonnées de P . Comme P est un point de D, alors ses coordonnées satisfont 2xP + 3yP + 4 = 0. On peut réécrire cela en fonction de t2 ,
qui satisfait donc l’égalité
2(2t2 + 1) + 3(1 − t2 ) + 4 = 0 ⇔ 4t2 − 3t2 + 2 + 3 + 4 = 0 ⇔ t2 = −9

donc les coordonnées de P sont


xP = 2 × (−9) + 1 = −17 et yP = 1 − (−9) = 10.

On peut vérifier que P est bien un point de la droite D1 car on a 2 × (−17) + 3 × 10 + 4 = 0. De plus, c’est le point de la droite D2 de
paramètre −9 donc le point P = (−17, 10) est bien le point d’intersection des droites D1 et D2 .

Exercice 4.40 1. On cherche à déterminer si ces droites possèdent un point d’intersection ou non. La droite D a pour vecteur directeur − →
v
de coordonnées (3, −1). La droite D ′ a quant à elle pour vecteur directeur −→v ′ de coordonnées (3, −2). On détermine si − →v et −
→v ′ sont
colinéaires ou non en calculant 3 × (−2) − (−1) × 3 = −6 + 3 = −3 ̸= 0 donc les vecteurs directeurs des droites D et D ′ ne sont pas
colinéaires : elles ont donc un unique point d’intersection. Déterminons ce point d’intersection, que l’on note P = (xP , yP ). Le point P
est un point de D, donc il existe un réel t0 tel que xP = 1 + 3t0 et yP = 1 − t0 . On cherche à déterminer la valeur de t0 , ce qui nous
donnerait alors les coordonnées de P . Comme P est un point de D ′ , alors ses coordonnées satisfont 2xP + 3yP − 4 = 0. On peut réécrire
cela en fonction de t0 , qui satisfait donc l’égalité

1
2(1 + 3t0 ) + 3(1 − t0 ) − 4 = 0 ⇔ 6t0 + 2 − 3t0 + 3 − 4 = 0 ⇔ t0 = −
3
94 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

donc les coordonnées de P sont xP = 1 − 3 × 31 = 0 et yP = 1 + 13 = 43 . On peut vérifier que P est bien un point de la droite D : on a
2 × 0 + 3 × 43 − 4 = 0 et de plus, c’est le point de la droite D ′ de paramètre − 31 donc le point P = 0, 34 est bien le point d’intersection


des droites D et D .′

2. On cherche à déterminer si ces droites possèdent un point d’intersection ou non. La droite D a pour vecteur directeur − →
v de coordonnées
(−2, −3). La droite D ′ a quant à elle pour vecteur directeur − →v ′ de coordonnées (2, 1). On détermine si −

v et −→
v ′ sont colinéaires ou
non en calculant −2 × 1 − (−3) × 2 = −2 + 6 = 4 ̸= 0 donc les vecteurs directeurs des droites D et D ′ ne sont pas colinéaires : elles
ont donc un unique point d’intersection. Déterminons ce point d’intersection, que l’on note P = (xP , yP ). Le point P est un point de
D ′ , donc il existe un réel t0 tel que xP = 2t0 et yP = 4 + t0 . On cherche à déterminer la valeur de t0 , ce qui nous donnerait alors les
coordonnées de P . Comme P est un point de D, alors ses coordonnées satisfont 3xP − 2yP + 7 = 0. On peut réécrire cela en fonction
de t0 , qui satisfait donc l’égalité

1
3(2t0 ) − 2(4 + t0 ) + 7 = 0 ⇔ 6t0 − 2t0 − 8 + 7 = 0 ⇔ t0 =
4

donc les coordonnées de P sont xP = 2 × 41 = 21 et yP = 4 + 14 = 17 4


. On peut vérifier que P est bien un point de la droite D : on a
3 × 12 − 2 × 17 de plus, c’est le point de la droite D ′ de paramètre −9 donc le point P = 1 , 17 est bien le point d’intersection

4
+ 7 = 0, 2 4
des droites D et D ′ .
3. On cherche à déterminer si ces droites possèdent un point d’intersection ou non. La droite D a pour vecteur directeur − →v de coordonnées
(3, −3). La droite D ′ a quant à elle pour vecteur directeur − →v ′ de coordonnées (4, −2). On détermine si − →v et −
→v ′ sont colinéaires ou
non en calculant 3 × (−2) − (−3) × 4 = −6 + 12 = 6 ̸= 0 donc les vecteurs directeurs des droites D et D ′ ne sont pas colinéaires :
elles ont donc un unique point d’intersection. Déterminons ce point d’intersection, que l’on note P = (xP , yP ). Le point P est un point
de D, donc il existe un réel t0 tel que xP = 3 + 3t0 et yP = −2 − 3t0 . On cherche à déterminer la valeur de t0 , ce qui nous donnerait
alors les coordonnées de P . Comme P est un point de D ′ , alors ses coordonnées satisfont 2xP + 4yP − 1 = 0. On peut réécrire cela en
fonction de t0 , qui satisfait donc l’égalité

1
2(3 + 3t0 ) + 4(−2 − 3t0 ) − 1 = 0 ⇔ 6t0 + 6 − 12t0 − 8 − 1 = 0 ⇔ t0 = −
2

donc les coordonnées de P sont xP = 3 − 3 × 12 = 32 et yP = −2 + 3 × 12 = − 12 . On peut vérifier que P est bien un point de la droite
D : on a 2 × 32 − 4 × 12 − 1 = 0 de plus, c’est le point de la droite D ′ de paramètre − 12 donc le point P = 23 , − 12 est bien le point


d’intersection des droites D et D ′ .


4. On cherche à déterminer si ces droites possèdent un point d’intersection ou non. La droite D a pour vecteur directeur −→
v de coordonnées
(1, −1). La droite D ′ a quant à elle pour vecteur directeur −
→v ′ de coordonnées (−3, 2). On détermine si − →
v et −
→v ′ sont colinéaires ou
non en calculant 1 × 2 − (−1) × (−3) = 2 − 3 = −1 ̸= 0 donc les vecteurs directeurs des droites D et D ′ ne sont pas colinéaires : elles
ont donc un unique point d’intersection. Déterminons ce point d’intersection, que l’on note P = (xP , yP ). Le point P est un point de
D ′ , donc il existe un réel t0 tel que xP = −3t0 et yP = 2 + 2t0 . On cherche à déterminer la valeur de t0 , ce qui nous donnerait alors les
coordonnées de P . Comme P est un point de D, alors ses coordonnées satisfont xP + yP − 2 = 0. On peut réécrire cela en fonction de
t0 , qui satisfait donc l’égalité
−3t0 + 2 + 2t0 − 2 = 0 ⇔ − t0 = 0 ⇔ t0 = 0

donc les coordonnées de P sont xP = −3 × 0 = 0 et yP = 2 + 0 = 2. On peut vérifier que P est bien un point de la droite D : on a
0 + 2 − 2 = 0 de plus, c’est le point de la droite D ′ de paramètre 0 donc le point P = (0, 2) est bien le point d’intersection des droites
D et D ′ .

Exercice 4.42
1. ∆ : 2x + 3y = 7. 2. ∆ : 3x + 2y = −1. 3. ∆ : 4x = 8. 4. ∆ : 3y = 21.

Exercice 4.49
1. Le plan P1 est d’équation cartésienne −x + 2y − z = 2. 3. Le plan P3 est d’équation cartésienne −5x + 6y + 6z = 1.
2. Le plan P2 est d’équation cartésienne −4x + 3y + 8z = 29. 4. Le plan P4 est d’équation cartésienne z = 7.

Exercice 4.50 1. Le plan P1 passe par le point P1 = (0, 2, 0) car on remarque que 0 + 2 × 2 + 0 × 3 = 4, et est dirigé par les vecteurs


u1 = (3, 0, −1) et −

v1 = (−2, 1, 0).
2. Le plan P passe par le point P = (1, 0, 2) et est dirigé par les vecteurs −
2 2

u = (2, 0, −3) et −
2

v = (1, 3, 0).
2

3. Le plan P3 passe par le point P3 = (0, 0, 0) et est dirigé par les vecteurs −

u3 = (2, −7, 0) et −

v3 = (0, −2, 1).

→ −

4. Le plan P passe par le point P = (7, 0, 0) et est dirigé par les vecteurs u = (0, 1, 0) et v = (0, 0, 1).
4 4 4 4

Exercice 4.52
1. La droite D1 est l’intersection des plans d’équations −2x + 3y = −2 et x − 3z = 4.
2. La droite D2 est l’intersection des plans d’équations 4x + y = 6 et 3x + z = 6.
3. La droite D3 est l’intersection des plans d’équations x + 2y = 1 et 5x + 6z = −15.
4. La droite D4 est l’intersection des plans d’équations y = 0 et z = 7.

Exercice 4.55 On considère les plans P1 et P2 respectivement d’équations cartésiennes x + 2y + 3z = 4 et 4x + 3y + 2z = 1. L’intersection


des deux plans est l’ensemble des points de l’espace dont les coordonnées sont solutions du système

x + 2y + 3z = 4
.
4x + 3y + 2z = 1
4.4 Orthogonalité 95

Pour déterminer les solutions de ce système, on applique l’algorithme du pivot de Gauss : le système

1 x + 2y + 3z = 4 (L1 )

 4x + 3y + 2z = 1 (L2 )

est équivalent à 

 1 x + 2y + 3z = 4 (L1 )

 −5 y − 10z = −15 (L2 ← L2 − 4L1 )

qui est lui-même équivalent à



 5 x − 5z = −10 (L1 ← 5L1 + 2L2 )
,

 −5 y − 10z = −15 (L2 )

donc un point M = (x, y , z) est dans l’intersection de P1 et P2 si et seulement si


x = z − 2
.
y = −2z + 3

Ainsi, l’intersection des plans P1 et P2 est la droite d’équation paramétrique



 x = t − 2
y = −2t + 3 , t ∈ R.
z = t

Exercice 4.56

1. L’intersection de P1 et P1′ est la droite dirigée par −



u1 = (−1, 4, −1) passant par P1 = (3, −2, 0).
2. L’intersection de P et P ′ est la droite dirigée par −
2 2

u = (3, 5, 7) passant par P = (1, 1, 0).
2 2

3. L’intersection de P3 et P3′ est la droite dirigée par −



u3 = (−5, 4, 4) passant par P3 = (1, 0, −1).
4. L’intersection de P et P est la droite dirigée par →
4

4

u = (0, 0, 1) passant par P = (5, 2, 0).
4 4

Exercice 4.58 On considère la droite D dirigée par le vecteur −



u = (1, 2, 3) et passant par le point P = (4, 2, 1) et le plan P d’équation
cartésienne 2x + 3y + z = 1. La droite D admet pour équation paramétrique

 x = t + 4
y = 2t + 2 , t ∈ R.
z = 3t + 1

Déterminer l’intersection de la droite D et du plan P, équivaut à déterminer s’il existe un paramètre t ∈ R tel que l’équation 2(t + 4) +
3(2t + 2) + (3t + 1) = 1 admette une solution. Cette équation est équivalente à 11t + 15 = 1, qui est elle-même équivalente à t = − 11 14
.
Ainsi, D et P s’intersectent en un unique point P = (− 11 + 4, − 11 × 2 + 2, − 11 × 3 + 1) = ( 11 , − 11 , − 11 ).
14 14 14 30 6 31

Exercice 4.59 On considère la droite D dirigée par le vecteur − →


u = (1, 2, 3) et passant par le point P = (4, 2, 1) et le plan P dirigé par
les vecteurs −

v = (2, 3, 1) et −

w = (3, 1, 2) et passant par le point Q = (0, 0, 7). La droite D et le plan P sont d’équations paramétriques
respectives  
 x = r + 4  x = 2s + 3t
y = 2r + 2 r ∈ R, et y = 3s + t s, t ∈ R .
z = 3r + 1 z = s + 2t + 7
 

Ainsi, un point de l’espace affine appartient à l’intersection de D et P si et seulement s’il existe des paramètres r, s et t tels que

 −r + 2s + 3t = 4
−2r + 3s + t = 2 .
−3r + s + 2t = 1−7

On résout ce système à l’aide de l’algorithme du pivot de Gauss. Notons que si le point d’intersection est unique, alors la détermination du
paramètre r (qui paramétrise la droite) nous permet d’obtenir ses coordonnées. On va donc veiller à ne pas prendre de pivot devant la variable
r afin de limiter les calculs. Notre système


 −r + 2s + 3t = 4 (L1 )

−2r + 3s + 1 t = 2 (L2 )


 −3r + s + 2t = −6 (L3 )
96 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

est équivalent au système 




 5r − 7 s = −2 (L1 ← L1 − 3L2 )


 −2r + 3s + 1 t = 2 (L2 )

− −10 (L3 ← L3 − 2L2 )

r 5s =

qui est équivalent à 




 5r − 7 s = −2 (L1 )

.

 −2r + 3s + 1 t = 2 (L2 )

−70 + 10 (L3 ← 7L3 − 5L1 )

7r =

Ce système admet une unique solution que l’on ne détermine pas entièrement. On sait que l’on aura r = − 60
7
, donc le point d’intersection de
D et P est le point de coordonnées (− 60
7
+ 4, − 60
7
× 2 + 2, − 60
7
× 3 + 1) = (− 32
7
, − 106
7
, − 173
7
).

Exercice 4.60 On considère la droite D caractérisée par le système d’équations cartésiennes



3x + y + 2z = 1
x − y + z = 2

et le plan P d’équation cartésienne 2x + 3y + z = 1. Un point M est dans l’intersection de D et P si et seulement si ses coordonnées sont
solutions du système 
 3x + y + 2z = 1
x − y + z = 2 .
2x + 3y + z = 1

Résolvons ce système en appliquant l’algorithme du pivot de Gauss. Le système



 3x + 1 y + 2z = 1 (L1 )


 x − y + z = 2 (L2 )
 2x + 3y + z = 1 (L3 )

est équivalent à 


 3x + 1 y + 2z = 1 (L1 )


 4 x + 3z = 4 (L2 ← L2 + L1 )

−7x − −2 (L3 ← L3 − 3L1 )

5z =

qui est lui-même équivalent à 




 3x + 1 y + 2z = 1 (L1 )

.

 4 x + 3z = 4 (L2 )

(L3 ← 4L3 + 7L2 )

z = 20

Notre système admet une unique solution que l’on détermine en terminant notre algorithme par la remontée. On a

 3x + y = −39 (L1 ← L1 − 2L3 )
4x = −56 (L2 ← L2 − 3L3 )
z = 20 (L3 )

qui est équivalent à 


 4y = 3 × 56 − 4 × 39 (L1 ← 4L1 − 3L2 )
4x = −56 (L2 ) .
z = 20 (L3 )

Finalement, le point d’intersection de la droite D et du plan P est le point de coordonnées (−14, 3, 20).

Exercice 4.61
1. Le plan P1 est d’équation cartésienne 2x + 7y − z = 12 donc l’intersection de P1 et D1 est déterminée par les solutions de l’équation
2(t + 5) + 7(2t + 4) − (3t + 3) = 12, qui est équivalente à 13t = −23 donc l’intersection de P1 et D1 est un unique point de coordonnées
(− 23
13
+ 5, − 23
13
× 2 + 4, − 23
13
× 3 + 3) = ( 42 , 6 , 16 ).
13 13 13
2. L’intersection de P2 et D2 est déterminée par les solutions de l’équation 4(3t + 1) − 2(2t + 2) + 3(t + 3) = 7, qui est équivalente à
11t = −2. L’intersection est donc un unique point de coordonnées (− 112 2
× 3 + 1, − 11 2
× 2 + 2, − 11 5 18 31
+ 3) = ( 11 , 11 , 11 ).
3. L’intersection de P3 et D3 est le point de coordonnées ( 19
14 8
, − 19 , 26
19
).
4. L’intersection de P4 et D4 est le point de coordonnées (1, 2, 3).

Exercice 4.63
1. Les droites D1 et D1′ s’intersectent au point (4, 4, 4).
4.4 Orthogonalité 97

2. Les droites D2 et D2′ s’intersectent au point (1, −2, −5).


3. Les droites D3 et D3′ sont confondues.
4. Les droites D4 et D4′ s’intersectent au point (0, 0, 2).

Exercice 4.68
1. Les trois plans s’intersectent au point (2, 2, 1).
2. Les trois plans s’intersectent au point (−69, 20, 24).
3. Les trois plans s’intersectent en la droite {(−6t − 9, 4t + 7, t), t ∈ R}.
4. Les trois plans s’intersectent en la droite {(−2t + 4, t + 2, t), t ∈ R}.

Exercice 4.71
1. Soient −→v = (a, b) et −

w = (c, d) deux vecteurs de R2 . On a ⟨−

v ,−

w ⟩ = ac + bd = ca + db = ⟨−

w,−

v ⟩.
2. Soient u = (a, b), v = (c, d) et w = (e, f ) trois vecteurs de R et λ ∈ R. On a ⟨ u , v + λ−

→ −
→ −
→ 2 −
→ −
→ →w ⟩ = a(c + λe) + b(d + λf ) =
ac + bd + λ(ae + bf ) = ⟨−

u ,−
→v ⟩ + λ · ⟨−

u ,−

w ⟩.

Exercice 4.75 Soit −→


w = (x, y , z) ∈ R3 un vecteur orthogonal à −

u , alors les coordonnées de −

w sont solutions de l’équation u1 x +u2 y +u3 z = 0,
u u
qui est équivalente à x = − u2 y − u3 z et qui admet pour ensemble de solutions
1 1

        
u2 u3 u2 u3
− s− t, s, t , s, t ∈ R = s − , 1, 0 + t − , 0, 1 , s, t ∈ R
u1 u1 u1 u1

qui est égal à {s (−u2 , u1 , 0) + t (−u3 , 0, u1 ) , s, t ∈ R}. Ainsi, un vecteur −



w orthogonal à −

u est bien coplanaire aux vecteurs (−u2 , u1 , 0) et
(−u3 , 0, u1 ), d’où le résultat.

Exercice 4.76 On considère −


→u = (u1 , u2 , u3 ) et −

v = (v1 , v2 , v3 ) deux vecteurs non nuls non colinéaires de R3 . Un vecteur −

w = (x, y , z) est
orthogonal à −

u et −

v si et seulement si ses coordonnées sont solutions du système :

u1 x + u2 y + u3 z = 0
.
v1 x + v2 y + v3 z = 0

Or, comme comme − →


u et −→v ne sont pas colinéaires, d’après la proposition 3.23, le système admet un ensemble de solutions paramétré par
un réel. On vérifiera facilement que tout vecteur colinéaire au vecteur

(u2 v3 − u3 v2 , −(u1 v3 − u3 v1 ), u1 v2 − u2 v1 )

est solution, d’où le résultat.



Exercice 4.81 Les droites D et D ′ admettent respectivement − →
v = (1, a) et v ′ = (1, a′ ) pour vecteurs directeurs. Les droites sont donc

→ −
→′
perpendiculaires si et seulement si ⟨ v , v ⟩ = 0, autrement dit si 1 + aa′ = 0 d’où le résultat.

−−→ −−→ −→ −−→ −−→ −→


Exercice 4.82 1. Soit [ABC] un triangle du plan affine et soit M un point du plan affine. Comme MB = MA + AB et MC = MA + AC,
on a
−−→ −→ −−→ −→ −−→ −→
⟨MA, BC⟩ + ⟨MB, CA⟩ + ⟨MC, AB⟩
−−→ −→ −−→ −→ −→ −→ −−→ −→ −→ −→
= ⟨MA, BC⟩ + ⟨MA, CA⟩ + ⟨AB, CA⟩ + ⟨MA, AB⟩ + ⟨AC, AB⟩
−−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
= ⟨MA, BC + CA + AB⟩ + ⟨AB, CA + AC⟩
=0

d’où le résultat.
−→ −→ −→ −→
2. On considère H le point d’intersection de la hauteur issue de A et de la hauteur issue de B. On a donc ⟨HA, BC⟩ = 0 et ⟨HB, AC⟩ = 0.
−→ −→
Donc, d’après la relation démontrée à la question précédente, en prenant M = H, on obtient que ⟨HC, AB⟩ = 0, ainsi la droite (HC) est
perpendiculaire à (AB) : c’est donc la hauteur du triangle [ABC] issue de C. On a donc démontré que les trois hauteurs d’un triangle
sont concourantes.

Exercice 4.85 1. La droite D1 admet pour équation cartésienne 3x + 4y − 7 = 0 donc le vecteur − →


n = (3, 4) est vecteur normal de D1 et
le vecteur −
→v = (−4, 3) dirige la droite. Pour déterminer un point de cette droite, on peut par exemple fixer une coordonnée à 0. Ainsi,
on peut chercher le point P = (0, y0 ) qui appartient à la droite, ce qui nous donne que y0 satisfait 4y0 = 7 donc P = (0, 47 ) est un point
de la droite. Une équation paramétrique de la droite est donc x = −4t, y = 3t + 47 pour t ∈ R.
2. La droite D admet pour vecteur directeur −
2
→v = (2, 4) donc pour vecteur normal − →
n = (−4, 2). Ainsi, une équation paramétrée de la
droite est x = 2t + 1, y = 4t + 2 avec t ∈ R et une équation cartésienne de la droite est −4(x − 1) + 2(y − 2) = 0 qui est équivalente à
2y − 4x = 0.
3. La droite D3 admet − →
n = (−3, 1) pour vecteur normal et passe par le point P = (0, 5). Le vecteur − →
u = (1, 3) est donc un vecteur
directeur de la droite, ainsi x = t, y = 3t + 5 pour t ∈ R est une représentation paramétrique de cette droite. Une équation cartésienne
de D3 est −3x + y − 5 = 0.
98 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans

4. La droite D4 est d’équation paramétrique x = 6t + 3, y = 1 − t pour t ∈ R. Elle admet donc − →u = (6, −1) pour vecteur directeur et
passe par le point P = (3, 1). Le vecteur −

n = (1, 6) est donc normal à la droite qui admet ainsi (x − 3) + 6(y − 1) = 0 pour équation
cartésienne.

Exercice 4.86
1. Le vecteur −

n = (2, 1) est normal à la droite D, donc une équation cartésienne de la droite est 2(x + 3) + (y − 2) = 0, ce qui équivaut
à 2x + y = −4. Comme 2 × 1 + 1 ̸= −4, on constate que C ∈ / D.
2. Le point B est le point d’intersection de la droite D et de la droite ∆ qui passe par C et qui est de vecteur normal −

u . Une équation de
∆ est (x − 1) − 2(y − 1) = 0 qui est équivalente à x − 2y = −1. Ainsi, les coordonnées du point B sont solutions du système


2x + y = −4
.
x − 2y = −1

On applique l’algorithme du pivot de Gauss pour résoudre ce système. On a



 2x + y = −4 (L1 )
 1 x − 2y = −1 (L2 )

qui est équivalent à 



 5 y = −2 (L1 ← L1 − 2L2 )

1 x − 2y = −1 (L2 )

qui est lui-même équivalent à 



 5 y = −2 (L1 ← L1 − 2L2 )

5 x = −9 (L2 ← 5L2 + 2L1 )



donc le point B est de coordonnées (− 59 , − 25 ).


CHAPITRE 5

Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle

Nous allons dans ce chapitre donner une introduction à la notion de fonction et certaines propriétés
permettant leur étude que nous nous attacherons à illustrer graphiquement. Ce chapitre ne constitue
qu’un avant-goût de l’étude des fonctions réelles et les notions de limite, de continuité ou encore de
dérivabilité seront étudiées ultérieurement dans le chapitre 8.

5.1. Définitions et exemples

Définition 5.1. Soient E et F deux ensembles de nombres. Une fonction f est un procédé qui à certains
éléments x de E associe, pour chacun de ces éléments, un unique élément de F noté f (x) et que l’on lit
« f de x ». On note alors f : E → F .

Exemples.

◦ Fonctions constantes. Soit a ∈ R, la fonction constante égale à a est définie par

f: R → R
.
x 7 → a

◦ Fonctions affines. Soient m, p ∈ R, on définit la fonction affine

f: R → R
.
x 7 → mx + p

Si p = 0, f est dite linéaire et si m = 0, f est la fonction constante égale à p.

◦ Fonction carrée. La fonction de mise au carré d’un nombre réel est définie par

f: R → R
.
x 7 → x2

◦ Fonctions du second degré. Étant donné trois réels a, b, c ∈ R avec a ̸= 0, on appelle fonction
polynomiale du second degré la fonction définie par

f: R → R
.
x 7 → ax 2 + bx + c
100 Chapitre 5 – Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle

À retenir. Soient f : E → F une fonction et x ∈ E tel que f (x) existe. Il faut faire attention à ne pas
confondre f et f (x). En effet, f (x) désigne un élément de F alors que f désigne une fonction.

Remarques.
◦ Il est particulièrement important de noter qu’une fonction n’est pas qu’une expression littérale mais
bien la donnée d’un ensemble de départ, d’un ensemble d’arrivée et d’une expression littérale. Par
exemple, la fonction g définie par
g : R+ → R
x 7→ x 2
n’est pas la fonction carrée de l’exemple précédent.
◦ On utilise parfois la notion d’application plutôt que celle de fonction et il est important de faire la
distinction entre ces deux notions bien qu’elle puisse paraître subtile au premier abord. La différence
est la suivante : si f : E → F est une fonction, les éléments de E possèdent une ou aucune image
par f alors que pour une application g : E → F , tout élément de E possède exactement une image.
Ainsi, si on considère
f: R → R g : R∗ → R
1 et ,
x 7→ x x 7→ x1
alors f est une fonction mais n’est pas une application (car 0 n’a pas d’image par f ) alors que g est
bien une application (et bien entendu une fonction).

Définition 5.2 – Image et antécédent. Soient E et F deux ensembles de nombres et f : E → F une


fonction. Soit x un élément de E auquel f fait correspondre f (x) ∈ F . Alors,
◦ l’élément x est appelé un antécédent de f (x),
◦ l’élément f (x) est appelé l’image de x par f .
On appelle image de f , l’ensemble, noté Im(f ), de tous les éléments y de F possédant un antécédent
x ∈ E par f .

Remarque. Par définition, Im(f ) = {y ∈ F | il existe x ∈ E tel que f (x) = y }, c’est-à-dire que Im(f ) est
l’ensemble de tous les éléments de F « atteints » par f .

Exemples.
◦ L’image de 2 par la fonction carrée est 4 et l’image de 5 est 25.
◦ Le nombre 3 est un antécédent de 9 par la fonction carrée car 32 = 9. À noter que −3 est également
un antécédent de 9 par la fonction carrée.

Exercice 5.3. On considère la fonction f définie pour tout x ∈ R par f (x) = x 2 + 1.


1. Quelle est l’image de 2 par la fonction f ?
2. Déterminer le ou les antécédents de 10 par f .

Remarques. Soient E et F deux ensembles de nombres et f : E → F une fonction.


◦ Un élément de E ne peut avoir qu’une seule image par f . Autrement dit, une fonction ne peut pas
faire correspondre plusieurs éléments de F à un même élément de E.
◦ Un élément de F peut avoir plusieurs antécédents par f (par exemple 9 pour la fonction carrée
qui possède 3 et −3 comme antécédents). Autrement dit, un élément de F peut être atteint par
plusieurs éléments de E par f .
5.1 Définitions et exemples 101

Définition 5.4 – Ensemble de définition d’une fonction. Soient E et F deux ensembles de nombres et
f : E → F une fonction. On appelle ensemble de définition de f , le sous-ensemble de E, souvent noté
Df , qui est constitué de tous les éléments de E auxquels f fait correspondre un élément de F . Autrement
dit, il s’agit du sous-ensemble de E formé des éléments pour lesquels on peut calculer f (x).

Exemples.

◦ Les fonctions constantes, les fonctions affines et plus généralement les fonctions polynomiales (du
second degré ou non) admettent R pour ensemble de définition.

◦ Fonction racine carrée. La fonction f qui, à un nombre réel, associe sa racine carrée

f: R → R

x 7 → x

a pour ensemble de définition R+ car la racine carrée n’est définie que pour les nombres positifs.

◦ Fonction racine carrée translatée. Soit a ∈ R, la fonction

ga : R → R

x 7 → x −a

a pour ensemble de définition [a, +∞[, car l’ensemble de solutions de l’inéquation x − a ⩾ 0 est
l’intervalle [a, +∞[.

◦ Fonction inverse. La fonction f qui, à un nombre réel, associe son inverse

f: R → R
1
x 7→
x
a pour ensemble de définition R∗ car on ne peut pas diviser par zéro.

◦ Fraction rationnelle. La fonction


f: R → R
x +2
x 7→
x −1
a pour ensemble de définition R\{1} =] − ∞, 1[∪]1, +∞[.

Remarque. Soient E et F deux ensembles de nombres et f : E → F une fonction, alors g : Df → F qui


est définie pour tout x ∈ Df par g(x) = f (x) est une application.

Exercice 5.5. Déterminer les ensembles de définition des fonctions suivantes :


√ √
1. f1 : x 7→ x − 7, 5. f5 : x 7→ 2 − x,

x+3
2. f2 : x 7→ 2x−5 , 6. f6 : x 7→ 3 − x 2 ,

2 −1
p
3. f3 : x 7→ (x + 1)(−2x + 9), 7. f7 : x 7→ −xx 2 +9 ,
q
4. f4 : x 7→ x+1
x−1 ,
8. f8 : x 7→ x+1 x−1 .
102 Chapitre 5 – Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle

5.2. Composition de fonctions

5.2.1 Définition

Définition 5.6 – Composition de fonctions. Soient I et J deux sous-ensembles de R et soient f : I → J


et g : J → R deux fonctions. La composée de f par g, notée g ◦ f , est la fonction de I dans R, définie,
pour tout x ∈ I, par
(g ◦ f )(x) = g (f (x)) .

Exemple. On considère les fonctions f et g définies, pour tout x ∈ R, par f (x) = 2x + 3 et g(x) = x 2 .
Alors, g ◦f est définie sur R car f est définie sur R, g est définie sur R et pour tout x ∈ R, f (x) ∈ R = Dg .
De plus, pour tout x ∈ R,

(g ◦ f )(x) = g(f (x)) = g(2x + 3) = (2x + 3)2 = 4x 2 + 12x + 9.

De même, f ◦ g est définie sur R car g est définie sur R, f est définie sur R et pour tout x ∈ R,
g(x) ∈ R = Df et, pour tout x ∈ R, (f ◦ g)(x) = f (g(x)) = f (x 2 ) = 2x 2 + 3.

À retenir. La composition de fonctions n’est pas commutative, c’est-à-dire que si f et g sont des fonc-
tions, f ◦ g et g ◦ f sont en général des fonctions différentes.

Remarque. Étant données f : R → R et g : R → R, pour que la composée g ◦ f soit bien définie sur
le domaine de définition Df de f , il faut et il suffit que l’image de f soit incluse dans l’ensemble de
définition de g, i.e. Im(f ) ⊆ Dg .

Exemple. On considère les deux fonctions suivantes :

f: R → R g : R+ → R
et √ .
x 7 → −x x 7 → x

On a ici Df = R et Dg = R+ et la composée g ◦ f de ces deux fonctions n’est pas définie sur Df car,
pour tout réel x > 0, f (x) < 0 donc f (x) ∈
/ Dg . En revanche, g ◦ f est bien définie sur R− donc on peut
affirmer que Dg◦f = R− .

Exercice 5.7.
1. Donner le domaine de définition et une expression simple de g ◦ f et f ◦ g, pour

a) f : x 7→ x et g : x 7→ 2x,
b) f : x 7→ x 2 − x + 1 et g : x 7→ 2x − 1,
2 √
c) f : x 7→ x 2x−1 et g : x 7→ x 2 + 1.
p
2. Exprimer la fonction f : x 7→ (2x − 1)3 à l’aide de compositions de fonctions usuelles (on précisera
les ensembles de départ et d’arrivée de chaque fonction).
5.2 Composition de fonctions 103

5.2.2 La fonction valeur absolue

Définition 5.8. La fonction valeur absolue est la fonction définie sur R par

f: R → R


2
x si x ⩾ 0 .
x 7 → x =
−x si x ⩽ 0

Remarques.

◦ On note que pour tout x ∈ R, |x| = max(x, −x).

◦ La fonction valeur absolue est particulièrement utile grâce à l’interprétation


√ qu’on peut en faire
comme étant une « distance ». Plus précisément, si x est un réel, |x| = x 2 désigne lapdistance
entre x et 0 tout comme, si (x, y ) est un point du plan euclidien (dans notre cas y = 0), x 2 + y 2
est la distance entre ce point et l’origine O = (0, 0) (voir chapitre 7).

Exemple. Si a ∈ R est un réel fixé et si r > 0, alors |x −a| ⩽ r si et seulement si max(x −a, −(x −a)) ⩽ r
ce qui est équivalent au fait que −r ⩽ x − a ⩽ r et donc au fait que a − r ⩽ x ⩽ a + r . Autrement dit,

|x − a| ⩽ r si et seulement si x ∈ [a − r, a + r ]

i.e. que |x − a| ⩽ r si et seulement si la distance entre x et a est au plus de r ce que l’on peut représenter
graphiquement de la façon suivante :

 −r +r 
+ R
a
a−r a+r
{x ∈ R | |x − a| ⩽ r }

√ √
À retenir. On rappelle que pour tout x ∈ R, x 2 = |x| alors que pour tout x ∈ R+ , ( x)2 = x.

Exercice 5.9.
7 10 7 1 x 10
1. Montrer que si 5 <x < 7 alors on a aussi 5 < x + 2 < 7 .
2. Montrer que si |x − 2| ⩽ 14 alors
x 1 2
a) 1 − 2 ⩽ 8, b) 1 − x ⩽ 17 , c) |x 2 − 4| ⩽ 17
16 .
1
3. Montrer que si |x − 1| ⩽ 3 alors
1 x+1
a) 2 ⩽ x+2 ⩽ 78 , b) 1
4 ⩽ 2x−1
2−x ⩽ 52 .

Exercice 5.10. Résoudre dans R les équations suivantes :


1. |x + 2| + |3x − 1| = 4, 3. |2 − x| + 4|x 2 − 1| = 1,
2
2. |x − 2| − 2|x + 1| − 3|x| = 0, 4. x + |x| = .
x
104 Chapitre 5 – Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle

5.3. Représentation graphique d’une fonction


Définition 5.11 – Graphe d’une fonction. Soit f une fonction définie sur Df ⊂ R. On appelle graphe
de f ou courbe représentative de f dans le plan R2 muni de son repère orthonormé usuel, et on note
Cf , l’ensemble de points
Cf = (x, f (x)) ∈ R2 tel que x ∈ Df .


Remarques.
◦ Un point (x, y ) du plan R2 est un point de Cf si et seulement si y = f (x).
◦ On note qu’un point d’intersection entre la courbe représentative d’une fonction f et l’axe des
abscisses est un point de la forme (x0 , 0), x0 ∈ Df . Ainsi, x0 ∈ Df est alors un élément de Df pour
lequel f (x0 ) = 0 et on dira que x0 est un zéro de f .
◦ Si f : I → R et g est la fonction définie pour tout x ∈ I par g(x) = −f (x). Alors les courbes
représentatives Cf et Cg de ces fonctions sont symétriques l’une de l’autre par rapport à l’axe des
abscisses.

Exemples.
◦ Fonctions affines. La courbe représentative de la fonction

f: R → R
1
x 7 → 2x − 1

est la droite de pente 12 et d’ordonnée à l’origine −1 représentée en figure 5.1a. De plus, on note
que le point d’intersection de cette droite avec l’axe des abscisses est obtenu pour x0 = 2 qui est
bien l’unique solution de 21 x − 1 = 0.
◦ Fonction carrée. La courbe représentative de la fonction carrée est en figure 5.1b. Il s’agit d’une
parabole.

y y

1 3

2
−3 −2 −1 0 1 2 3 x
−1 1

−2
−3 −2 −1 0 1 2 3 x

(a) y = 12 x − 1 (b) y = x 2

Figure 5.1 – Fonctions affine et carrée

◦ Fonctions du second degré. Étant donné trois réels a, b, c ∈ R avec a ̸= 0, on considère la fonction
polynomiale du second degré définie par

f: R → R
.
x 7 → ax 2 + bx + c

La courbe représentative de cette fonction sera une parabole qui est « tournée » vers le haut ou vers
le bas selon le signe du coefficient dominant a. De plus, comme nous l’avons vu dans le chapitre 2
(voir le théorème 2.16), l’équation f (x) = 0 possède zéro, une ou deux solutions selon le signe du
5.3 Représentation graphique d’une fonction 105

discriminant ∆ = b2 − 4ac. Plus précisément, ceci signifie que la parabole croisera zéro (si ∆ < 0),
une (si ∆ = 0) ou deux fois (si ∆ > 0) l’axe des abscisses selon les cas, et on sait même déterminer
les points d’intersection puisqu’il s’agit des racines de f . Les différents cas sont illustrés à la figure
5.2 pour a > 0 et à la figure 5.3 pour a < 0 :

y y y
3 3 3

2 2 2

1 1 1

−2 −1 0 1 2 3 x −2 −1 0 1 2 3 x −2 −1 0 2 3 x
−1 −1 −1

(a) ∆ < 0 (b) ∆ = 0 (c) ∆ > 0

Figure 5.2 – Paraboles de coefficient dominant positif

y y y
1 1 1

−2 −1 0 2 3 x −2 −1 0 1 2 3 x −2 −1 0 1 3 x
−1 −1 −1

−2 −2 −2

−3 −3 −3

(a) ∆ < 0 (b) ∆ = 0 (c) ∆ > 0

Figure 5.3 – Paraboles de coefficient dominant négatif

◦ Fonction racine carrée. La courbe représentative de la fonction racine carrée est donnée en figure
5.4a. Il s’agit d’une demi-parabole.

◦ Fonction inverse. La courbe représentative de la fonction inverse est donnée en figure 5.4b. Il s’agit
d’une hyperbole.

◦ Fonction valeur absolue. La courbe représentative de la fonction valeur absolue est donnée en figure
5.4c.

y y y
3
2
1
2
1
−1 0 1
−1
2 x
3 1

−2
0 1 2 3 4 x −2 −1 0 1 2 x
−3


(a) y = x (b) y = 1 (c) y = |x|
x

Figure 5.4 – Fonctions racine carrée, inverse et valeur absolue


106 Chapitre 5 – Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle


Exercice 5.12. Soit f la fonction définie, pour x ∈ [−3, +∞[, par f (x) = x + 3 + 1. Tracer la courbe
représentative de f .

Exercice 5.13. On considère la fonction f définie sur [−3, 6] représentée ci dessous.


y
1. Combien 1 admet-il d’antécédents par f ? 5

4
2. Déterminer l’image de 4 par f .
3
3. Quelle est la valeur de f (5) ?
2

4. Résoudre graphiquement l’équation f (x) = −1. 1

5. Dresser le tableau de signe de f .


−3 −2 −1 0 1 2 3 4 5 6 x
−1
6. Dresser le tableau de variation de f .

Propriété 5.14 – Translation de courbe. Soit f : R → R une fonction.


◦ Si a ∈ R, la courbe représentative de la fonction x 7→ f (x − a) est la translation de la courbe


représentative de f de vecteur a i .
◦ Si b ∈ R, la courbe représentative de la fonction x 7→ f (x) + b est la translation de la courbe de f


de vecteur b j .

Exemple. On considère la fonction f définie pour tout x ∈ R par f (x) = x 2 . Alors la courbe représentative
de la fonction g : x 7→ f (x − 3) + 1 = (x − 3)2 + 1 est obtenue en translatant celle de f par translation
de vecteur (3, 1) comme ceci est illustré par la figure 5.5.

y
4 y = x2
3

1
y = (x − 3)2 + 1
−2 −1 0 1 2 3 4 5 x
−1

Figure 5.5 – Translation de courbe

5.4. Propriétés et illustrations graphiques


5.4.1 Monotonie
Définition 5.15. Soient f une fonction définie sur Df ⊂ R et D inclus dans Df .
◦ La fonction f est dite croissante sur D si, pour tous réels a, b ∈ D tels que a < b, on a f (a) ⩽ f (b).
◦ La fonction f est dite décroissante sur D si, pour tous réels a, b ∈ D tels que a < b, on a
f (a) ⩾ f (b).
◦ La fonction f est dite monotone sur D si elle est croissante ou décroissante sur D.
5.4 Propriétés et illustrations graphiques 107

Remarques.
◦ Graphiquement la monotonie est relativement simple à identifier :

y y

f (b)
f (a)
f (a)
f (b)
a b x a b x

Fonction croissante Fonction décroissante

Figure 5.6 – Fonctions monotones

◦ Puisque les inégalités sont larges dans la définition précédente, on constate qu’une fonction constante
est à la fois croissante et décroissante.
◦ Si on utilise des inégalités strictes dans la définition précédente alors on parle de stricte monotonie
(ou de stricte croissance ou stricte décroissance).

Exemples.
◦ Fonctions affines. Étant donné deux réels m, p ∈ R, on considère la fonction affine

f: R → R
.
x 7 → mx + p

Alors f est strictement croissante si m > 0, constante si m = 0 et strictement décroissante si m < 0.


En effet, supposons par exemple que m > 0 et soit (a, b) ∈ R2 tel que a < b. Alors, puisque m > 0,
on a ma < mb et donc
f (a) = ma + p < mb + p = f (b)
ce qui démontre bien que f est strictement croissante sur R.
◦ Fonction valeur absolue.
▷ Sur R+ , la fonction valeur absolue coïncide avec la fonction identité, c’est-à-dire que pour tout
x ⩾ 0, on a |x| = x, donc la fonction valeur absolue est croissante sur R+ .
▷ Sur R− , la fonction valeur absolue coïncide avec l’opposée de la fonction identité, c’est-à-dire
que pour tout x ⩽ 0, on a |x| = −x, donc la fonction valeur absolue est décroissante sur R− .
◦ Fonction carrée.
▷ Sur R+ . Démontrons que la fonction carrée est strictement croissante sur R+ . Soient a et b
deux réels positifs tels que a < b. Alors, puisque a ⩾ 0, en multipliant l’inégalité a < b par
a, on obtient a2 ⩽ ab (l’inégalité large étant due au fait que a peut être nul). Or, si on part
à nouveau de a < b et qu’on multiplie cette fois par b > a ⩾ 0, on obtient que ab < b2 (b
est non nul donc l’inégalité reste stricte ici). Finalement, on a montré que si 0 ⩽ a < b, alors
a2 ⩽ ab < b2 ce qui achève de démontrer que la fonction carrée est strictement croissante sur
R+ .
▷ Sur R− . De même la fonction carrée est strictement décroissante sur R− .
◦ Fonction racine carrée. La fonction racine carrée est strictement croissante sur R+ . Soient 0 ⩽
√ √
x < y deux réels positifs. Supposons par l’absurde que x ⩾ y alors, puisque la fonction carrée
√ 2 √ 2
est strictement croissante sur R+ , on a ( x) ⩾ ( y ) ce qui équivaut à x ⩾ y ce qui est absurde.
Donc la fonction racine carrée est strictement croissante sur R+ .
108 Chapitre 5 – Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle

◦ Fonctions du second degré. Étant donnés trois réels a, b, c ∈ R avec a ̸= 0, on considère la fonction
polynomiale du second degré
f: R → R
.
x 7→ ax 2 + bx + c
Comme énoncé dans le chapitre 2, f s’écrit sous la forme canonique suivante :

b 4ac − b2
f (x) = a(x − x0 )2 + y0 avec x0 = − et y0 = .
2a 4a
Supposons que a > 0. Alors, puisque la fonction carrée est décroissante sur R− et croissante sur
b
 b du second degré f est décroissante sur ] − ∞, x0 ] = −∞, − 2a et
R+ , on en déduit que la fonction
croissante sur [x0 , +∞[= − 2a , +∞ .

Proposition 5.16.
◦ Compatibilité avec la somme.
▷ La somme de deux fonctions croissantes est une fonction croissante.
▷ La somme de deux fonctions décroissantes est une fonction décroissante.
◦ Compatibilité avec le produit.
▷ Le produit de deux fonctions croissantes positives est une fonction croissante (et positive).
▷ L’opposée d’une fonction croissante est une fonction décroissante.
▷ L’inverse d’une fonction croissante strictement positive est une fonction décroissante (et posi-
tive).
▷ Le quotient d’une fonction croissante positive par une fonction décroissante strictement positive
est une fonction croissante (et positive).
◦ Compatibilité avec la composition.
▷ La composée de deux fonctions croissantes est une fonction croissante.
▷ La composée de deux fonctions décroissantes est une fonction croissante.
▷ La composée d’une fonction croissante et d’une fonction décroissante est une fonction décrois-
sante.

Exercice 5.17. Démontrer la proposition 5.16.

Exercice 5.18. Montrer que la fonction valeur absolue vérifie les propriétés suivantes.
1. Pour tout (x, y ) ∈ R2 ,et pour tout n ∈ Z, |xy | = |x| × |y | et |x n | = |x|n .
2. Inégalité triangulaire. Pour tout (x, y ) ∈ R2 , |x + y | ⩽ |x| + |y |.
3. Seconde inégalité triangulaire. Pour tout (x, y ) ∈ R2 ,

||x| − |y || ⩽ |x + y | ⩽ |x| + |y | et ||x| − |y || ⩽ |x − y | ⩽ |x| + |y |.

5.4.2 Majorants et minorants


Définition 5.19. Soit f : Df → R et D un sous-ensemble de Df .
◦ On dit que f est majorée sur D, s’il existe M ∈ R tel que pour tout x ∈ D, f (x) ⩽ M. On dit alors
que M est un majorant de f . De plus, si M est un majorant de f , on dit alors que f admet pour
maximum M sur D s’il existe a ∈ D tel que f (a) = M.
5.4 Propriétés et illustrations graphiques 109

◦ On dit que f est minorée sur D, s’il existe m ∈ R tel que pour tout x ∈ D, f (x) ⩾ m. On dit alors
que m est un minorant de f . De plus, si m est un minorant de f , on dit alors que f admet pour
minimum m sur D s’il existe a ∈ D tel que f (a) = m.
◦ On dit que f est bornée sur D, si elle est à la fois majorée et minorée sur D.
◦ On appelle extremum de f un maximum ou un minimum de f .

Exemples.

◦ Fonction carrée translatée. Soit f la fonction définie sur R par

f (x) = (x − 2)2 .

▷ La fonction f est minorée par 0 sur R car pour tout x ∈ R, (x − 2)2 ⩾ 0. De plus, 0 est le
minimum de f car il est atteint pour x = 2 (et seulement en ce point).
▷ La fonction f n’est pas majorée sur R car pour tout réel M on a
√ √ √ 2
f ( M + 1 + 2) = ( M + 1 + 2 − 2)2 = M + 1 = M + 1 > M

ce qui signifie que f dépassera n’importe quelle valeur réelle M.



◦ Fonction valeur absolue. La fonction valeur absolue x 7→ |x| = x 2 admet 0 pour minimum qu’elle
atteint en 0, car la fonction racine carrée est minorée par 0. En revanche, elle n’est pas majorée car
pour tout x ∈ R+ , |x| = x qui n’est pas majorée.
◦ Fonctions du second degré. Étant donnés trois réels a, b, c ∈ R avec a ̸= 0, on considère la fonction
polynomiale du second degré
f: R → R
.
x 7→ ax 2 + bx + c
Comme énoncé dans le chapitre 2, f s’écrit sous la forme canonique suivante :

b 4ac − b2
f (x) = a(x − x0 )2 + y0 avec x0 = − et y0 = .
2a 4a
Deux situations peuvent alors se produire :

▷ Si a > 0 alors a(x − x0 )2 ⩾ 0 et s’annule uniquement lorsque x = x0 . Ceci montre que pour tout
x ∈ R, f (x) = a(x − x0 )2 + y0 ⩾ y0 donc y0 est un minorant de f . De plus, f (x0 ) = y0 donc y0
est le minimum de f sur R. Le point (x0 , y0 ) est ainsi le sommet de la parabole (tournée vers le
haut ici puisque a > 0) représentative de la fonction f .
▷ Si a < 0 alors a(x − x0 )2 ⩽ 0 et s’annule uniquement lorsque x = x0 et on en déduit comme
dans le cas précédent que y0 est le maximum de f sur R et qu’il est atteint en x0 . Le point
(x0 , y0 ) est à nouveau le sommet de la parabole (tournée vers le bas cette fois puisque a < 0)
représentative de la fonction f .

Remarque. Graphiquement, si m est un minorant de f alors la droite d’équation y = m est en dessous


de la courbe représentative de f . De même, si M est un majorant de f alors la droite d’équation y = M
est au-dessus de la courbe représentative de f . De plus, si m est un minimum atteint en un point a, i.e.
f (a) = m alors (a, f (a)) = (a, m) est un point d’intersection de la droite d’équation y = m et de la courbe
représentative de f . Il en est bien sûr de même pour un maximum M. On obtient ainsi graphiquement la
situation suivante (ici sur l’intervalle I = [−3, 3]) :
110 Chapitre 5 – Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle

y
2

−3 0 1 2 3 x
−1

Figure 5.7 – Fonction bornée

Exercice 5.20. Déterminer les extrema (minimum et maximum) des fonctions suivantes en précisant pour
quelles valeurs de x ils sont atteints :
f: [−4, 4] → R g: [−4, 4] → R
1. , 2. .
x 7 → (x + 1)2 − 2 x 7 → −(x − 2)2 + 8

Remarque. Si une fonction est majorée, alors elle possède une infinité de majorant (par exemple si M est
un majorant de f alors M + 1 l’est également). On peut alors se poser la question suivante : existe-t-il un
plus petit majorant pour une fonction f majorée ? La réponse est oui et ce plus petit majorant s’appelle la
borne supérieure de f. Cette notion dépasse le niveau que nous souhaitons atteindre ici mais si vous êtes
intéressé nous vous conseillons de consulter [LM03] pour plus d’informations à ce sujet. Nous n’insisterons
pas d’avantage sur cette notion mais il est important d’avoir en tête qu’une fonction majorée peut ne
pas avoir de maximum, i.e. peut ne pas atteindre sa borne supérieure (de même, une fonction minorée
peut ne pas atteindre sa borne inférieure qui est le plus grand de ses minorants et donc ne pas avoir
de minimum).

Exemple. On considère la fonction f définie, pour x ∈ [1, +∞[, par f (x) = − x32 , dont la courbe repré-
sentative est en figure 5.8.

y
3 4 5 x
0 1 2

−1

−2

−3

Figure 5.8 – Courbe y = − x32

◦ La fonction f est minorée par −3 car pour tout x ⩾ 1, x 2 ⩾ 1 et x12 ⩽ 1. Ainsi, 3


x2 ⩽ 3 et finalement,
f (x) = − x32 ⩾ −3. De plus, puisque f (1) = −3, −3 est le minimum de f .
◦ En revanche, la fonction f est majorée par 0 car pour tout x ⩾ 1, f (x) = − x32 ⩽ 0 mais n’admet
pas de maximum car 0 n’est pas atteint par f (il n’existe pas de réel x tel que − x32 = 0).

5.4.3 Parité et symétries


Définition 5.21 – Fonction paire, fonction impaire. Considérons une fonction f définie sur Df ⊂ R et
telle que pour tout x ∈ Df , −x ∈ Df .
5.4 Propriétés et illustrations graphiques 111

◦ On dit que la fonction f est paire si pour tout x ∈ Df , f (−x) = f (x).


◦ On dit que la fonction f est impaire si pour tout x ∈ Df , f (−x) = −f (x).

Exemples.
◦ Fonctions constantes. Les fonctions constantes sont paires. En effet, si a ∈ R, la fonction f définie
pour tout x ∈ R par f (x) = a vérifie bien pour tout x ∈ R, f (−x) = f (x).
◦ Fonctions linéaire. Les fonctions linéaires sont impaires. En effet, si m ∈ R, m ̸= 0, la fonction f
définie pour tout x ∈ R par f (x) = mx vérifie bien pour tout x ∈ R, f (−x) = m(−x) = −mx =
−f (x).
◦ Fonctions affines non linéaires et non constantes. Soit (m, p) ∈ R2 avec m ̸= 0 et p ̸= 0. Si f est
la fonction définie pour tout x ∈ R par f (x) = mx +p alors f n’est ni paire ni impaire. Étudions le cas
particulier de la fonction définie pour tout x ∈ R par f (x) = 2x + 3. Alors f (1) = 5 et f (−1) = 1.
Ainsi, f (−1) n’est ni égale à f (1) ni à −f (1). On procède de même pour montrer plus généralement
que la fonction f : x 7→ mx + p n’est ni paire ni impaire si m ̸= 0 et p ̸= 0.
◦ Fonction valeur absolue. La fonction valeur absolue est paire : en effet, pour x ⩾ 0, on a | − x| =
−(−x) = x = |x|, ce qu’il fallait démontrer.
◦ Fonction carrée. Si x ∈ R, on a f (−x) = (−x)2 = x 2 = f (x). On a donc montré que pour tout
nombre réel x, on a f (x) = f (−x), donc la fonction carrée est paire.
◦ Fonction cube. Si x ∈ R un réel alors f (−x) = (−x)3 = −x 3 = −f (x). On a donc montré que
pour tout nombre réel x, on a f (x) = −f (−x), donc la fonction cube est impaire.

Exercice 5.22. Étudier l’éventuelle parité ou imparité des fonctions suivantes :


x 2 +2
1. f1 : x 7→ x 4 +5 , 2. f2 : x 7→ 8x 3 − 3x, 3. f3 : x 7→ −3x + 2.

Proposition 5.23.
◦ La somme et le produit de deux fonctions paires sont des fonctions paires.
◦ La somme de deux fonctions impaires est une fonction impaire.
◦ Le produit de deux fonctions impaires est une fonction paire.
◦ Le produit d’une fonction paire et d’une fonction impaire est une fonction impaire.

Exercice 5.24. Démontrer la proposition 5.23.

Proposition 5.25.
◦ Une fonction est paire si et seulement si sa courbe représentative est symétrique par rapport à l’axe
des ordonnées.
◦ Une fonction f est impaire si et seulement si sa courbe représentative est symétrique par rapport
à l’origine, i.e. si (x, f (x)) est un point de la courbe représentative de f , alors (−x, −f (x)) est
également un point de la courbe représentative de f .

Démonstration. On se contente de démontrer le premier point car la preuve du second est similaire.
◦ Sens direct. Si f est paire, alors pour tout x ∈ Df , f (−x) = f (x). Ainsi, si (x, f (x)) est un point de
la courbe représentative de f , alors (−x, f (x)) est également un point de la courbe représentative
de f . La courbe représentative de f est donc symétrique par rapport à l’axe des ordonnées.
112 Chapitre 5 – Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle

◦ Sens réciproque. Si la courbe est symétrique par rapport à l’axe des ordonnées, alors si (x, y ) est un
point de la courbe représentative (−x, y ) est également un point de la courbe représentative de f .
Ainsi, si x ∈ Df et si y = f (x), alors y = f (−x) ce qui signifie que f (−x) = f (x) et ceci étant vrai
pour tout x ∈ Df , f est paire.

Exemple. On constate à la figure 5.9 que la fonction f : x ∈ R 7→ 12 x 2 − 2 est paire alors que la fonction
g : x ∈ R 7→ 18 x 3 est impaire.

y y

(−x, f (x)) (x, f (x)) (x, f (x))

−2 0 2 x
(−x, −f (x))
−3 0 3 x

(a) y = 21 x 2 − 2 (b) y = 81 x 3

Figure 5.9 – Fonctions paire et impaire

Exercice 5.26.
1. Démontrer que pour tout réel a, la fonction f définie, pour tout x ∈ R, par f (x) = x 2 + a est paire
et tracer la courbe représentative de f pour a = 1.
1
2. Démontrer que la fonction inverse définie, pour tout x ∈ R∗ , par f (x) = x est impaire et tracer sa
courbe représentative.
3. Démontrer que la fonction f définie, pour tout x ∈ R, par f (x) = x 2 + x + 1 n’est ni paire ni impaire
et tracer sa courbe représentative.

La courbe représentative d’une fonction f peut posséder d’autres symétries axiales ou centrales et ces
propriétés se retrouvent, tout comme la parité et l’imparité, sur l’expression de la fonction étudiée comme
le montre les propriétés suivantes.

Propriété 5.27 – Symétrie par rapport à un axe vertical. Soient f : Df → R et a ∈ R tels que pour
tout x ∈ R tel que a + x ∈ Df alors a − x ∈ Df . Alors, la courbe représentative de f est symétrique par
rapport à la droite verticale d’équation x = a si et seulement si pour tout x ∈ Df tel que a + x ∈ Df , on
a f (a + x) = f (a − x).

Exemple. La courbe représentative (voir figure 5.10a) de la fonction f : R → R définie par f (x) =
1 2
2 (x − 1) − 2 est symétrique par rapport à l’axe x = 1. En effet,

1 1
f (1 + x) = ((1 + x) − 1)2 − 2 = x 2 − 2
2 2
et
1 1 1
f (1 − x) = ((1 − x) − 1)2 − 2 = (−x)2 − 2 = x 2 .
2 2 2
5.4 Propriétés et illustrations graphiques 113

Remarque. Si a = 0 on obtient une symétrie axiale par rapport à l’axe des ordonnées et l’égalité f (a+x) =
f (a − x) devient f (−x) = f (x) ce qui signifie que la fonction f est paire. La propriété 5.27 est donc une
généralisation de la proposition 5.25 obtenue pour les fonctions paires.

Propriété 5.28 – Symétrie par rapport à un point. Soient f : Df → R et a et b deux réels tels que
pour tout x ∈ R tel que a + x ∈ Df alors a − x ∈ Df . La courbe représentative de f est symétrique par
rapport au point (a, b) si et seulement si pour tout x ∈ Df tel que a + x ∈ Df , f (a + x) + f (a − x) = 2b.

Exemple. La courbe représentative (voir figure 5.10b) de la fonction f : R → R définie par f (x) =
1 3 1
8 (x − 1) + 1 est symétrique par rapport au point (1, 1). En effet, f (1 + x) + f (1 − x) = 8 ((1 + x) −
3 1 3
1) + 1 + 8 ((1 − x) − 1) + 1 = 2.

y y

(1, 1)

0 1 x
0 x

(a) Symétrie par rapport à un axe vertical (b) Symétrie par rapport à un point

Figure 5.10 – Courbes symétriques

Remarque. Si a = b = 0 on obtient une symétrie centrale par rapport à l’origine et l’égalité f (a + x) +


f (a − x) = 2b devient f (−x) + f (x) = 0 i.e. f (−x) = −f (x) ce qui signifie que la fonction f est impaire.
La propriété 5.28 est donc une généralisation de la proposition 5.25 obtenue pour les fonctions impaires.

Poursuivons cette section par une dernière symétrie axiale par rapport à un axe non verticale : la droite
d’équation y = x.

Proposition 5.29 – Symétrie par rapport à la première bissectrice. Les courbes représentatives de deux
fonctions sont symétriques par rapport à la droite y = x si et seulement si elles sont fonctions réciproques
l’une de l’autre, i.e. si pour tout x ∈ Dg◦f , (g ◦ f )(x) = x et pour tout x ∈ Df ◦g , (f ◦ g)(x) = x.

Exemple. On connaît déjà des fonctions réciproques l’une de l’autre : la fonction carrée définie sur R+ et
la fonction racine carrée
√ (également définie sur R+ ) sont réciproques l’une de l’autre puisque pour tout

x ⩾ 0, ( x)2 = x et x 2 = x. Graphiquement, on obtient la situation présente à la figure 5.11.

y = x2

y =x


1
y = x

0 1 x

Figure 5.11 – Symétrie par rapport à y = x


114 Chapitre 5 – Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle

Achevons cette section par une symétrie d’une autre nature : l’invariance par translation de la courbe
représentative.

Définition 5.30 – Périodicité. Soient f une fonction et T un nombre réel strictement positif. On suppose
que pour tout x ∈ Df , x + T ∈ Df . On dit alors que f est périodique de période T si pour tout x ∈ Df ,
f (x + T ) = f (x).

Propriété 5.31. Une fonction f est périodique de période T > 0 si et seulement si sa courbe représentative


est invariante par la translation horizontale de vecteur T i .

Exemples.
◦ On considère la fonction f définie sur [0, 1] par f (x) = x impaire et 2-périodique. Par imparité,
on obtient que f (x) = x sur [−1, 0] (la courbe représentative doit être symétrique par rapport à
l’origine) et, par 2-périodicité, sa courbe représentative est alors la suivante.

y
1 y = Cf

+
0 1 x

−1

Figure 5.12 – Fonction périodique

◦ Les fonctions cosinus et sinus sont 2π-périodiques (on définira proprement ces deux fonctions aux
chapitres 7 et 8) comme on peut le constater sur le graphe suivant.

y
y = cos(x) 1 y = sin(x)

• • + •π • • •
−π − π2 0 1 π 3π 2π x
2 2

−1

Figure 5.13 – Fonctions cosinus et sinus


5.4 Propriétés et illustrations graphiques 115

Solutions des exercices


Exercice 5.3
1. f (2) = 22 + 1 = 5.
2. f (x) = 10 est équivalent à x 2 + 1 = 10 ce qui est équivalent à x 2 = 9 et les solutions de cette dernière équation sont ±3. Les antécédents
de 10 par f sont donc ±3.

Exercice 5.5
1. Df1 = [7, +∞[ car x − 7 ⩾ 0 si et seulement si x ⩾ 7.
2. Df2 = R \ 52 car 2x − 5 = 0 si et seulement si x = 52 .


3. Df3 = −1, 92 . En effet, il faut et il suffit que x + 1 et −2x + 9 soient de même signe. Or, x + 1 ⩾ 0 si et seulement si x ∈ [−1, +∞[
 

et −2x + 9 ⩾ 0 si et seulement si x ∈ −∞, 29 .


 

4. Df4 = R \ {1} car x − 1 = 0 si et seulement si x = 1.


5. Df5 =] − ∞, 2] car 2 − x ⩾ 0 si et seulement si x ⩽ 2.
√ √ √ √ √ √
6. Pour x ∈ R, on a 3 − x 2 ⩾ 0 qui est équivalent à ( 3 − x)( 3 + x) ⩾ 0 qui admet pour solution x ∈ [− 3, 3], donc Df6 = [− 3, 3].
7. Df7 = (] − ∞, −1] ∪ [1, +∞[) \ {−3, 3} car x 2 − 9 = 0 si et seulement si x = ±3 et x 2 − 1 ⩾ 0 si et seulement si x ∈] − ∞, −1] ∪ [1, +∞[.
8. Df8 =] − ∞, −1]∪]1, +∞[. En effet, il faut et il suffit que x + 1 et x − 1 soient de même signe (et que x − 1 ̸= 0). Or, x + 1 ⩾ 0 si et
seulement si x ∈ [−1, +∞[ et x − 1 > 0 si et seulement si x ∈]1, +∞[. Ainsi, Df8 =] − ∞, −1]∪]1, +∞[.

Exercice 5.7
√ √
1. Dg◦f = R+ et Df ◦g = R+ . De plus, si x ∈ [0, +∞[, on a g ◦ f (x) = g(f (x)) = g( x) = 2 x et f ◦ g(x) = f (g(x)) =
a) On a ici √
f (2x) = 2x.
b) On a ici Dg◦f = R et Df ◦g = R. De plus, si x ∈ R, on a g ◦ f (x) = g(x 2 − x + 1) = 2(x 2 − x + 1) − 1 = 2x 2 − 2x + 1 et
f ◦ g(x) = f (g(x)) = f (2x − 1) = (2x − 1)2 − (2x − 1) + 1 = 4x 2 − 4x + 1 − 2x + 1 + 1 et donc f ◦ g(x) = 4x 2 − 6x + 3.
c) On a ici Dg◦f = R∗ et si x ∈ R∗ ,

s s s
2
x2 − 1 x 4 + 2x 2 + 1 (x 2 + 1)2 x2 + 1
(g ◦ f )(x) = g(f (x)) = +1= = = .
2x 4x 2 4x 2 2|x|

De plus, Dg◦f = R et si x ∈ R,

( x 2 + 1)2 − 1 x2
(f ◦ g)(x) = f (g(x)) = √ = √ .
2 x2 + 1 2 x2 + 1

2. On a f = u ◦ v ◦ w où

w : R → R v : R → R u : R+ → R
; et √+ .
x 7 → 2x − 1 x 7→ x3 x 7 → x

On note ainsi que x ∈ Df si et seulement si (2x − 1)3 ⩾ 0, i.e. si seulement si 2x − 1 ⩾ 0. On en déduit que Df = , +∞ .
1 
2

Exercice 5.9 1. On commence par noter que si 7


5
<x < 10
7
alors 7
10
< 1
x
< 5
7
et 7
10
< x
2
< 5
7
. En additionnant ces deux égalités on obtient
alors 57 = 10
7 7
+ 10 < x1 + x2 < 57 + 57 = 10
7
.
2. a) Il suffit de multiplier par 1
2
l’inégalité |x − 2| ⩽ 1
4
et utiliser le fait que, si a > 0, a|x − y | = |a(x − y )| = |ax − ay |.
b) On commence par noter que |x − 2| ⩽ si et seulement si − 41 ⩽ x − 2 ⩽ 41 ce qui équivaut à
1
4
7
4
⩽x ⩽ 9
4
. Ainsi, 4
9
⩽ 1
x
⩽ 4
7
puis
− 78 ⩽ − x2 ⩽ − 98 et finalement, − 17 ⩽ 1 − x2 ⩽ 19 ⩽ 71 . On a donc bien 1 − x2 ⩽ 17 .
c) On sait que |x − 2| ⩽ 14 si et seulement si 7
4
⩽x ⩽ 9
4
ce qui implique que 49
16
⩽ x2 ⩽ 81
16
. Ainsi, − 16
17 15
⩽ − 16 ⩽ x2 − 4 ⩽ 17
16
ce qui
achève de démontrer le résultat voulu.
3. a) On a |x − 1| ⩽ 1
3
si et seulement si − 31 ⩽ x − 1 ⩽ 1
3
ce qui équivaut à 2
3
⩽x ⩽ 4
3
. Ainsi,

5 7 8 10
⩽x +1⩽ et ⩽x +2⩽
3 3 3 3

et donc 3
10
⩽ 1
x+2
⩽ 3
8
. En multipliant les deux inégalités qui nous intéressent, on obtient bien

1 5 3 x +1 7 3 7
= × ⩽ ⩽ × = .
2 3 10 x +2 3 8 8

b) On a toujours 32 ⩽ x ⩽ 43 et donc 1
3
⩽ 2x − 1 ⩽ 5
3
et 2
3
⩽ 2−x ⩽ 4
3
puis 3
4
⩽ 1
2−x
⩽ 3
2
. En multipliant les deux inégalités qui nous
intéressent, on obtient bien
1 1 3 2x − 1 5 3 5
= × ⩽ ⩽ × = .
4 3 4 2−x 3 2 2

Exercice 5.10 1. Pour résoudre une équation de cette forme, on peut procéder par disjonction de cas pour éliminer les valeurs absolues.
Ainsi,
116 Chapitre 5 – Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle

◦ Si x < −2 : Alors |x − 2| = −(x − 2) et |3x − 1| = −(3x − 1) et donc |x + 2| + |3x − 1| = 4 si et seulement si −x + 2 − 3x + 1 = 4


si et seulement si x = − 14 . mais − 14 ne vérifie pas la condition x < −2 donc cette solution n’est pas retenue.
◦ Si −2 ⩽ x ⩽ 13 : Alors |x + 2| = x + 2 et |3x − 1| = −(3x − 1) et donc |x + 2| + |3x − 1| = 4 si et seulement si x + 2 − 3x + 1 = 4
si et seulement si x = − 12 et − 12 vérifie bien la condition −2 ⩽ x ⩽ 13 .
◦ Si x > 13 : Alors |x + 2| = x + 2 et |3x − 1| = 3x − 1 et donc |x + 2| + |3x − 1| = 4 si et seulement si x + 2 + 3x − 1 = 4 si et
seulement si x = 43 et 34 vérifie bien la condition x > 31 .
Finalement, nous avons montré que les solutions de l’équation |x + 2| + |3x − 1| = 4 sont − 21 et 3
4
.
2. On procède à nouveau par disjonction de cas :
◦ Si x < −1 : Alors |x − 2| = −(x − 2), |x + 1| = −(x + 1) et |x| = −x et donc |x − 2| − 2|x + 1| − 3|x| = 0 si et seulement si
−x + 2 + 2(x + 1) + 3x = 0 si et seulement si x = −1 mais −1 ne satisfait pas la condition x < −1. Nous ne tenons donc pas
compte de cette solution.
◦ Si −1 ⩽ x ⩽ 0 : Alors |x − 2| = −(x − 2), |x + 1| = x + 1 et |x| = −x et donc |x − 2| − 2|x + 1| − 3|x| = 0 si et seulement si
−x + 2 − 2(x + 1) + 3x = 0 si et seulement si 0 = 0 ce qui est vrai pour tout x ∈ [−1, 0].
◦ Si 0 < x ⩽ 2 : Alors |x − 2| = −(x − 2), |x + 1| = x + 1 et |x| = x et donc |x − 2| − 2|x + 1| − 3|x| = 0 si et seulement si
−x + 2 − 2(x + 1) − 3x = 0 si et seulement si −6x = 0 mais −1 ne satisfait pas la condition 0 < x ⩽ 2. Nous ne tenons donc pas
compte de cette solution.
◦ Si x > 2 : Alors |x −2| = x −2, |x +1| = x +1 et |x| = x et donc |x −2|−2|x +1|−3|x| = 0 si et seulement si x −2−2(x +1)−3x = 0
si et seulement si x = −1mais −1 ne satisfait pas la condition x > 2. Nous ne tenons donc pas compte de cette solution.
Finalement, nous avons montré que les solutions de l’équation |x − 2| − 2|x + 1| − 3|x| = 0 sont les x appartenant à l’intervalle [−1, 0].
3. Il faut ici commencer par noter que le signe de x 2 − 1 est positif sur ] − ∞, −1] ∪ [1, +∞[ et négatif sur [−1, 1]. Cette information nous
mène à la disjonction de cas suivante :
◦ Si x < −1 : Alors |2 − x| = 2 − x, |x 2 − 1| = x 2 − 1 et donc |2 − x| + 4|x 2 − 1| = 1 si et seulement si (2 − x) + 4(x 2 − 1) = 1 si
et seulement si 4x 2 − x − 3 = 0. De plus, les racines de ce trinôme sont − 43 et 1 mais aucune de ces deux solutions ne satisfait la
condition x < −1.
◦ Si −1 ⩽ x < 1 : Alors |2 − x| = 2 − x, |x 2 − 1| = −x 2 + 1 et donc |2 − x| + 4|x 2 − 1| = 1 si et seulement si 2 − x − 4(x 2 − 1) = 1
si et seulement si 4x 2 + x − 5 = 0. De plus, les racines de ce trinôme sont − 45 et 1 mais aucune de ces deux solutions ne satisfait
la condition −1 ⩽ x < 1.
◦ Si 1 ⩽ x < 2 : Alors |2 − x| = 2 − x, |x 2 − 1| = x 2 + 1 et donc |2 − x| + 4|x 2 − 1| = 1 si et seulement si 2 − x + 4(x 2 − 1) = 1 si et
seulement si 4x 2 − x − 3 = 0. De plus, les racines de ce trinôme sont − 43 et 1 et seul 1 satisfait la condition 1 ⩽ x < 2.
◦ Si x ⩾ 2 : Alors |2 − x| = −(2 − x), |x 2 − 1| = x 2 − 1 et donc |2 − x| + 4|x 2 − √1| = 1 si et √seulement si −(2 − x) + 4(x 2 − 1) = 1
si et seulement si 4x 2 + x − 7 = 0. De plus, les racines de ce trinôme sont −1−8 113 et −1+8 113 mais aucune de ces deux solutions
ne satisfait la condition x ⩾ 2.
Finalement, nous avons montré que l’unique solution de l’équation |2 − x| + 4|x 2 − 1| = 1 est x = 1.
4. On commence par remarquer que x ̸= 0. On procède à une disjonction de cas
◦ Si x < 0. Alors x + |x| = 2
x
si et seulement si 0 = 2
x
qui n’a pas de solution.
◦ Si x > 0. Alors x + |x| = si et seulement si 2x =
2
x
2
x
si et seulement si x 2 = 1, ce qui équivaut à x = ±1. Or, on est dans le cas
x > 0 donc on ne retient que la solution x = 1.
Finalement, x + |x| = 2
x
si et seulement si x ∈ {1}.

Exercice 5.12
y

−3 −2 −1 0 1 2 3 4 5 x

Exercice 5.13
1. 4. 2. −1. 3. 0. 4. x = −1 ou x = 4.
4. On a
x −3 −2 0 3 5 6
f (x) + 0 − 0 + 0 − 0 +

5. On a
x −3 −1 2 4 6

4 2 5
f (x)
−1 −1
5.4 Propriétés et illustrations graphiques 117

Exercice 5.17
1. Compatibilité avec la somme.
a) Soient f et g deux fonctions croissantes sur D et (a, b) ∈ D 2 tel que a < b. Alors, puisque f est croissante, f (a) ⩽ f (b) et de même,
puisque g est croissante, g(a) < g(b). Ainsi, par somme d’inégalité, on obtient (f + g)(a) = f (a) + g(a) < f (b) + g(b) = (f + g)(b)
ce qui achève de démontrer que f + g est une fonction croissante sur D.
b) La preuve est identique à celle du point précédent.
2. Compatibilité avec le produit.
a) Soient f et g deux fonctions croissantes sur D et (a, b) ∈ D 2 tel que a < b. Alors, puisque f est croissante positive, 0 ⩽ f (a) ⩽ f (b)
et de même, puisque g est croissante positive, 0 ⩽ g(a) < g(b). Ainsi, par produit d’inégalité ne contenant que des quantités
positives, on obtient 0 ⩽ (f g)(a) = f (a)g(a) < f (b)g(b) = (f g)(b) ce qui achève de démontrer que f g est une fonction croissante
sur D.
b) Ce point découle du fait que la multiplication par −1 change le sens des inégalités.
c) Ce point découle du fait que si 0 < α < β alors 0 < 1
β
< 1
α
.
d) On rappelle que le quotient n’est rien d’autre que le produit f × g1 , que f est croissante positive et que g1 est également croissante
f
g
positive d’après le point précédent. Ainsi, ce point découle du fait que le produit de deux fonctions croissantes positives est une
fonction croissante positive.
3. Compatibilité avec la composition.
a) Soient f et g deux fonctions croissantes sur D et (a, b) ∈ D 2 tel que a < b. Alors, puisque f est croissante, f (a) ⩽ f (b). Mais
alors, puisque g est croissante, g(f (a)) ⩽ g(f (b)), i.e. (g ◦ f )(a) ⩽ (g ◦ f )(b) ce qui achève de démontrer que g ◦ f est une fonction
croissante sur S.
b) On reprend le cas précédent mais on a alors f (a) ⩾ f (b) car f est décroissante puis g(f (a)) ⩽ g(f (b)) puisque g est également
décroissante.
c) Ce cas est identique au précédent à l’exception du fait qu’une inégalité est conservée et l’autre est inversée ce qui donne bien une
fonction décroissante.

Exercice 5.18
1. On procède par disjonction de cas selon les signes de x et de y pour la première égalité et par disjonction de cas sur le signe de x pour
la seconde.
2. On note que pour tout x, y ∈ R (|x| + |y |)2 = |x|2 + |y |2 + 2|x||y | ⩾ x 2 + y 2 + 2xy = (x + y )2 = |x + y |2 . Ainsi, par croissance de la
racine carrée, on obtient l’inégalité triangulaire.
3. On commence par noter que pour tout x, y ∈ R |x| = |x + y − y | ⩽ |x + y | + | − y | = |x + y | + |y | d’après l’inégalité triangulaire. Donc
|x| − |y | ⩽ |x + y | et par symétrie des rôles de x et y on a aussi |y | − |x| ⩽ |x + y |, d’où la première inégalité. La deuxième inégalité est
la même que la première appliquée à −y .

Exercice 5.20
1. Le minimum de f est −2 atteint en x = −1 et le maximum de f est 23 qui est atteint en x = 4.
2. Le minimum de g est −28 atteint en x = −4 et le maximum de g est 8 qui est atteint en x = 2.

Exercice 5.22
1. Paire. 2. Impaire. 3. Ni paire, ni impaire.

Exercice 5.24
1. Si f et g sont des fonctions paires, alors pour tout x ∈ Df +g , (f + g)(−x) = f (−x) + g(−x) = f (x) + g(x) = (f + g)(x) ce qui démontre
bien que f + g est une fonction paire.
2. Identique au cas précédent.
3. Si f et g sont des fonctions impaires, alors pour tout x ∈ Df g , (f g)(−x) = f (−x)g(−x) = f (x)g(x) = (f g)(x) ce qui démontre bien
que f g est une fonction paire.
4. Identique au cas précédent.

Exercice 5.26
1. Pour tout x ∈ R, f (−x) = (−x)2 + a = x 2 + a = f (x) donc f est paire. La courbe représentative de la fonction f : x 7→ x 2 + 1 est
ci-dessous.
2. Pour tout x ∈ R∗ , f (−x) = 1
−x
= − x1 = −f (x) donc f est impaire. La courbe représentative de la fonction f : x 7→ 1
x
est ci-dessous.
3. On a f (−2) = 3 et f (2) = 7 donc f (−2) n’est égal ni à f (2) ni à f (−2) donc f ne peut être ni paire ni impaire. La courbe représentative
de la fonction f : x 7→ x 2 + x + 1 est ci-dessous.
118 Chapitre 5 – Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle

y y y
3 3
2

1
2 2

−2 −1 0 1 2 3 x
1 −1 1

−2

−3
−2 −1 0 1 x −2 −1 0 1 x
−4

1. y = x 2 + 1 2. y = 1
x
3. y = x(x + 1)
CHAPITRE 6

Suites réelles

La notion de suite réelle possède de nombreuses applications en biologie, en économie, en épidémiologie


ou encore en dynamique des populations. Notons par exemple pn le nombre de membres d’une population
à l’année n, n étant un entier naturel. Si l’on suit le modèle proposé par Thomas Malthus (voir [Wikk]),
alors l’évolution de pn au fil des années n, est dictée par l’égalité

pn+1 = apn

où a est un facteur réel lié au nombre de naissances. Néanmoins, ce modèle ne tient pas suffisamment
compte des contraintes environnementales. En effet, si on suppose que a > 1 et si la population initiale
p0 est strictement positive, alors on pourra se convaincre aisément que pn devient très rapidement très
grand. Afin de pallier à ce problème, ce modèle sera révisé par Pierre-François Verlhust (voir [Wikj]) qui
proposera de décrire l’évolution de la population de la façon suivante :

pn+1 = apn (1 − pn )

où le terme en 1 − pn a pour vocation d’encoder un certain nombre de facteurs limitant la croissance


de la population tels que le manque de nourriture ou d’espace. Cette suite, appelée suite logistique, est
particulièrement utile et pourra être étudiée aussi bien en épidémiologie qu’en économie. Le but est alors
de comprendre comment se comporte pn au fur et à mesure des années, c’est-à-dire selon la valeur de n,
afin de nous permettre, par exemple, de faire des prévisions de populations (ce qui est utile par exemple si
on parle de la population humaine ou de la propagation d’une épidémie). Néanmoins, bien que l’expression
de pn+1 en fonction de pn soit relativement simple, l’étude de la suite (pn )n⩾0 des populations au fil des
années peut s’avérer difficile et donner lieu à des résultats inattendus. L’objectif de ce chapitre n’est pas
de lever tous les mystères de cette suite mais plutôt de donner quelques clés pour mieux appréhender les
suites en général. Si vous êtes intéressé par ce sujet, vous pouvez consulter [Per08].

6.1. Généralités sur les suites

6.1.1 Définition

Définition 6.1 – Suite explicite. Une suite réelle u ou (un )n∈N est une fonction définie sur N et à valeurs
dans R. La quantité un = u(n) est appelée terme général de la suite. De plus, si la suite n’est définie
qu’à partir d’un certain rang n0 ⩾ 0, on note (un )n⩾n0 et un0 est appelé terme initial de cette suite.
120 Chapitre 6 – Suites réelles

Exemple. L’application
u: N → R
2
n 7 → 3n + 4n − 2
est une suite réelle. Les premiers termes de cette suite sont u0 = −2, u1 = 5, u2 = 18 et u3 = 37 et pour
tout n ∈ N, un = 3n2 + 4n − 2 et un+1 = 3(n + 1)2 + 4(n + 1) − 2.

Remarque. Une suite réelle peut être vue comme une liste de nombre réels indexés par l’ensemble des
nombres entiers naturels (c’est-à-dire que ces éléments sont numérotés).

À retenir. On fera attention à bien distinguer (un )n∈N et un exactement comme nous avons appris à
différencier f et f (x).

Il arrive, comme dans le cas de la suite logistique, que nous ne soyons pas en mesure de définir explicitement
un en fonction de n. Si tel est le cas, il peut être plus simple de définir un par récurrence, i.e. en exprimant
le terme général un de la suite en fonction du terme précédent. On formalise cela dans la définition suivante.

Définition 6.2 – Suite récurrente. Une suite u est définie par récurrence si
◦ le terme initial u0 ∈ R est donné,
◦ la suite u satisfait, pour tout n ∈ N, la relation un+1 = f (un ), où f : R → R est une fonction.

Exemples.
◦ On considère la suite u de premier terme u0 = 2 et qui vérifie, pour tout entier n, la relation de
récurrence un+1 = 3un + 1. Les premiers termes de la suite u sont u0 = 2, u1 = 3 × u0 + 1 =
3 × 2 + 1 = 7 et u2 = 3 × u1 + 1 = 3 × 7 + 1 = 22.
◦ On considère la suite v de premier terme v0 = 0 et qui vérifie la relation de récurrence vn+1 = 7 − vn .
Les premiers termes de la suite v sont v0 = 0, v1 = 7 − v0 = 7 et v2 = 7 − v1 = 7 − 7 = 0.
En regardant le comportement de ces premiers termes, on peut conjecturer (mais nous n’avons rien
démontré) que, pour tout n ∈ N, on a

0 si n est pair
vn = .
7 si n est impair

Remarque. On parlera ici d’une suite récurrente d’ordre 1 car le terme un+1 ne s’exprime qu’en fonction
du terme un . Néanmoins, il est tout à fait possible de définir des suites avec des récurrences faisant appel
à plusieurs termes de la suite. L’ordre sera alors ce nombre de termes nécessaires pour l’expression de
un+1 .

Exemple – La suite de Fibonacci. La suite de Fibonacci, connue entre autres pour ses liens avec le
nombre d’or, est l’une des suites récurrentes les plus célèbres. Il s’agit de la suite récurrentes d’ordre 2
définie par F0 = 0, F1 = 1 et pour tout n ∈ N, Fn+2 = Fn+1 + Fn .

Exercice 6.3. Calculer les cinq premiers termes de la suite de Fibonacci.

6.1.2 Représentation graphique d’une suite


À l’instar des fonctions réelles, on peut représenter graphiquement les suites réelles.

Définition 6.4. Soit u = (un )n∈N une suite réelle. La représentation graphique de la suite u est l’ensemble
(discret) des points (n, un ) pour n ∈ N.
6.1 Généralités sur les suites 121

Exemple – Cas d’une suite explicite. Considérons la suite u = (un )n∈N de terme général un = 12 n + 1.
On représente les premiers termes de la suite u de la façon suivante :


3 • u5
• u4
2 • u3
• u2
1 • u1
u0
| | | | | |
0 1 2 3 4 5 x

Figure 6.1 – Représentation de la suite un = 12 n + 1

Exemple – Cas d’une suite définie par récurrence. Pour représenter graphiquement les termes d’une
suite définie par récurrence, on utilise la droite d’équation y = x et la courbe de la fonction définissant la
relation de récurrence, afin de reporter la valeur des termes de la suite sur l’axe des abscisses.

◦ Considérons la suite u = (un )n∈N de terme initial u0 = 1 et satisfaisant, pour tout entier naturel n
p
un+1 = un + 6.

On représente les premiers termes de la suite u dans la figure 6.2a.

◦ On considère la suite récurrente définie par une valeur initiale u0 = 5 et, pour tout n ∈ N, par
un+1 = f (un ) avec f (x) = 1 + x2 . On représente les premiers termes de la suite u dans la figure 6.2b
et on notera la forme de spirale qui apparaît.

y y

5 5

y =x
4 4

y =x

3 3

2 2

1 1

u2
| | | | | | y = f (x) | | |
0 u0 2 u1 3 4 5 x 0 1 u1 u3 u2 3 4 u0 x

√ 2
(a) un+1 = un + 6 (b) un+1 = 2 + un

Figure 6.2 – Premiers termes de suites récurrentes

Remarque. On note sur cet exemple que la monotonie de la fonction f définissant une suite récurrente
semble avoir un impact fort sur le comportement de la suite. Nous formaliserons cela un peu plus loin.
122 Chapitre 6 – Suites réelles

Exercice 6.5.
1. Représenter les six premiers termes de la suite u = (un )n∈N définie pour tout n ∈ N par un =
1 2
4 n − n + 2.

2. On considère la fonction f définie sur R+ par f (x) = 2 x. Représenter graphiquement :
◦ la suite (vn )n∈N définie par v0 = 1 et pour tout n ∈ N, vn+1 = f (vn ),
◦ la suite (wn )n∈N définie par w0 = 7 et pour tout n ∈ N, wn+1 = f (wn ).

6.1.3 Opérations sur les suites


Définition 6.6. Soient (un )n∈N et (vn )n∈N deux suites réelles et soit λ ∈ R.
◦ La suite somme (un )n∈N + (vn )n∈N est définie par

(un )n∈N + (vn )n∈N = (un + vn )n∈N .

◦ La suite produit (un )n∈N × (vn )n∈N est définie par

(un )n∈N × (vn )n∈N = (un × vn )n∈N .

◦ La suite multipliée par un scalaire λ(un )n∈N est définie par

λ(un )n∈N = (λun )n∈N .

À retenir. Les opérations sur les suites se font terme à terme. En particulier, on peut avoir (un )n∈N ×
(vn )n∈N = (0)n∈N sans que ni (un )n∈N ni (vn )n∈N ne soit nulle.

Exemple. Si (un )n∈N est la suite qui vaut 1 si n est pair et 0 si n est impair et (vn )n∈N est la suite qui
vaut 0 si n est pair et 1 si n est impair alors (un )n∈N × (vn )n∈N = (0)n∈N .

6.1.4 Suites majorées, minorées et bornées


Définition 6.7.
◦ Une suite (un )n∈N est majorée, s’il existe M ∈ R tel que pour tout n ∈ N, un ⩽ M. On dit alors que
M est un majorant de (un )n∈N .
◦ Une suite (un )n∈N est minorée, s’il existe m ∈ R tel que pour tout n ∈ N, un ⩾ m. On dit alors que
m est un minorant de (un )n∈N .
◦ On dit qu’une suite est bornée si elle est à la fois majorée et minorée.

Exemples.
1
◦ La suite (un )n∈N∗ définie pour tout n ⩾ 1 par un = n est majorée par 1 et minorée par 0. Elle est
donc bornée.
2
◦ La suite
p (un )n∈N définie par un = n n’est pas majorée. En effet, si M est un nombre réel, notons
n0 = ⌊M⌋ + 1 où ⌊M⌋ est le grand entier inférieur ou égal à M (c’est-à-dire la partie entière de
M comme nous le verrons dans la définition 9.2). On a alors un0 > M et (un )n∈N ne possède donc
pas de majorant. Elle n’est donc pas majorée. Elle est en revanche minorée par 0.
6.1 Généralités sur les suites 123

Exercice 6.8. Si (un )n∈N et (vn )n∈N sont majorées alors (un )n∈N × (vn )n∈N est-elle nécessairement majo-
rée ?

Exercice 6.9. Montrer qu’une suite majorée à partir d’un certain rang est majorée.

6.1.5 Variations d’une suite


Définition 6.10. Soit u = (un )n∈N , une suite réelle.
◦ La suite u est dite croissante (respectivement strictement croissante), si pour tout n ∈ N, on a
un+1 ⩾ un (respectivement un+1 > un ).
◦ La suite u est dite décroissante (respectivement strictement décroissante), si pour tout n ∈ N,
on a un+1 ⩽ un (respectivement un+1 < un ).
◦ La suite u est dite monotone (respectivement strictement monotone) si elle est croissante ou
décroissante (respectivement strictement croissante ou décroissante).
◦ La suite u est dite constante, si pour tout n ∈ N, on a un+1 = un .
◦ La suite u est dite stationnaire, si elle est constante à partir d’un certain rang.

Exemples.
◦ La suite définie par u0 = 1 et pour tout n ∈ N,

1
un+1 = un + ,
n+1
est strictement croissante car pour tout n ∈ N, un+1 > un .
1
◦ La suite définie, pour tout n ∈ N∗ , par un = n2 est strictement décroissante car pour tout n ⩾ 1,

1 1
un+1 = < 2 = un .
(n + 1)2 n

À retenir. Une suite qui n’est pas croissante n’est pas forcément décroissante. Il existe des suites qui ne
sont pas monotones.

Exercice 6.11. Donner une suite qui n’est pas monotone.

La monotonie des suites définies de façon explicite peut être relativement simple à étudier car elle est
dictée par la monotonie de la fonction qui définie la suite, i.e. la fonction f tel que pour tout n ∈ N,
un = f (n). Attention, ceci est nettement plus difficile à étudier pour les suites définies par récurrence
comme nous aurons l’occasion de le voir plus loin.

Théorème 6.12. Soit u = (un )n∈N une suite réelle définie explicitement pour tout n ∈ N, par la relation
un = f (n) avec f une fonction réelle définie sur [0, +∞[.
◦ Si la fonction f est croissante (respectivement strictement croissante) sur [0, +∞[, alors la suite u
est croissante (respectivement strictement croissante).
◦ Si la fonction f est décroissante (respectivement strictement décroissante) sur [0, +∞[, alors la suite
u est décroissante (respectivement strictement décroissante).
124 Chapitre 6 – Suites réelles

Démonstration. Pour tout n ∈ N, n < n + 1. Ainsi, puisque un = f (n) et un+1 = f (n + 1), la monotonie
de (un )n∈N est exactement celle de f .

Exemple. Considérons la suite u = (un )n∈N de terme général donné, pour n ∈ N, par un = 21 n + 1. La
fonction réelle définie, pour tout x ∈ R, par f (x) = 12 x + 1 est strictement croissante donc la suite u est
strictement croissante.

Méthode. Pour étudier la monotonie d’une suite (un )n∈N , on peut, selon la définition de la suite,
◦ étudier le signe de un+1 − un ,
un+1
◦ comparer un avec 1 si la suite est de signe constant et ne s’annule pas,
◦ étudier les variations de f si un = f (n).

Exemples.
◦ On considère la suite (un )n∈N définie par u0 = 2 et, pour n ∈ N, un+1 = un − 3. Alors pour tout
n ∈ N, un+1 − un = −3 < 0 et donc un+1 < un . Ainsi, la suite (un )n∈N est strictement décroissante.
◦ On considère la suite (un )n∈N définie pour tout n ∈ N par un = 2n . Alors, pour tout n ∈ N, le terme
un est positif et ne s’annule pas. De plus, pour n ∈ N, uun+1n
= 2 > 1 et donc un+1 > 2un > un (car
un est positive). La suite (un )n∈N est ainsi strictement croissante.
◦ On considère la suite (un )n∈N définie, pour n ∈ N par un = n3 . La fonction f définie, pour tout
x ∈ R+ , par f (x) = x 3 est croissante donc la suite (un )n∈N est croissante.

Exercice 6.13. Étudier la monotonie de la suite (un )n∈N définie par u0 = 1 et pour tout n ∈ N, un+1 =
(un )2 + un + 1.

6.2. Suites et raisonnement : la récurrence


Le raisonnement par récurrence est sûrement l’un des raisonnements les plus célèbres. Il trouve son
origine dans la définition axiomatique de l’ensemble des entiers naturels N qui est due au mathématicien
et linguiste italien Giuseppe Peano (voir [Wike]). L’idée est la suivante : pour monter un escalier, il suffit
d’atteindre la première marche et de savoir passer de n’importe quelle marche à la suivante.

Théorème 6.14 – Récurrence simple. Soit P(n) une proposition dépendant d’un entier n. Si
◦ il existe un entier n0 tel que P(n0 ) est vraie,
◦ pour n’importe quel entier n ⩾ n0 quelconque fixé, si P(n) est vraie, alors P(n + 1) est vraie,
alors, pour tout n ⩾ n0 , P(n) est vraie.

Remarques.
◦ On utilise souvent ce mode de raisonnement lorsque la propriété à démontrer dépend de n et on note
qu’il est tout à fait possible de réaliser des récurrences finies, c’est-à-dire qui s’arrêtent à un certain
rang N ∈ N.
◦ Ce type de raisonnement, bien que basé sur une logique plutôt élémentaire, nécessite d’être vigilant
lors son utilisation. En particulier, on fera attention à bien choisir le terme initial n0 et à bien vérifier
que la propriété P(n0 ) est vraie.
6.2 Suites et raisonnement : la récurrence 125

Méthode – Rédaction d’une récurrence simple. On commence la récurrence par l’annonce du raison-
nement utilisé ainsi que l’énoncé de la propriété à démontrer.
◦ Annonce. Prouvons le résultat par récurrence sur n ∈ N, n ⩾ n0 . Pour tout n ⩾ n0 , on définit la
propriété P(n) : « . . . ».
◦ Initialisation. On montre que P(n0 ) est vraie.
◦ Hérédité. Pour un n ⩾ n0 quelconque fixé, on suppose que P(n) est vraie et on montre alors que
P(n + 1) est également vraie.
◦ Conclusion. On a démontré par récurrence que pour tout entier n ⩾ n0 , l’assertion P(n) est vraie.

À retenir. Il est important de respecter la structure de cette rédaction. Il faut faire apparaître dans l’ordre
l’annonce, l’initialisation, l’hérédité puis la conclusion, en les nommant.

Exemple. Montrons par récurrence que pour tout entier n ⩾ 1,

n(n + 1)
1 + 2 + ... + n = .
2

◦ Annonce. Prouvons le résultat par récurrence sur n ∈ N∗ . Pour tout entier n > 0, on appelle P(n),
la proposition « 1 + 2 + . . . + n = n(n+1)
2 ».
1(1+1)
◦ Initialisation. On a 1 = 2 donc la proposition P(1) est vraie.
◦ Hérédité. Soit n ⩾ 1 un entier quelconque fixé. Supposons que P(n) est vraie, c’est-à-dire que
l’égalité suivante, notée (HR), est vraie

n(n + 1)
1 + 2 + ... + n = . (HR)
2
Démontrons que la proposition P(n + 1) est vraie, c’est-à-dire que l’égalité

(n + 1)(n + 2)
1 + 2 + . . . + n + (n + 1) =
2
est vraie. On a les égalités suivantes :

n(n + 1)
1 + 2 + . . . + n + (n + 1) = + (n + 1) (d’après (HR))
2
n(n + 1) + 2(n + 1) (n + 2)(n + 1)
= =
2 2
donc la proposition P(n + 1) est vraie.
◦ Conclusion. D’après le principe de récurrence, on a montré que, pour tout entier n ⩾ 1, on a l’égalité
1 + 2 + . . . + n = n(n+1)
2 .

Exercice 6.15. On considère la suite u = (un )n∈N de premier terme u0 = 0 et définie, pour tout n ∈ N,

par la relation de récurrence un+1 = 3un + 1.
1. Montrer par récurrence que, pour tout entier n > 0, alors un > 0.
2. Montrer par récurrence que la suite u est strictement croissante.
126 Chapitre 6 – Suites réelles

Contre-exemple – Le paradoxe de la boîte de crayons de couleurs [Mol]. Afin d’illustrer l’importance


de bien rédiger une récurrence, intéressons-nous à une expérience simple et dont le résultat est objective-
ment absurde. Étant donnée une boîte de crayons de couleurs, nous souhaitons montrer par récurrence
sur le nombre de crayons qu’ils sont nécessairement tous de la même couleur.
◦ Annonce. Pour tout entier naturel non nul n, on définit la propriété P(n) par : « Dans une boîte de
crayons contenant n crayons, tous les crayons sont de la même couleur ».
◦ Initialisation. P(1) est vraie. En effet, si une boîte ne contient qu’un seul crayon de couleurs alors
tous les crayons de la boîte sont de la même couleur.
◦ Hérédité. On suppose que P(n) est vraie à un rang n ⩾ 1 quelconque et on démontre qu’elle est
alors vraie au rang n + 1. On se donne alors une boîte de n + 1 crayons de couleurs.
▷ On peut former une boîte avec les n premiers crayons et ses n crayons sont alors nécessairement
de la même couleur puisque P(n) est vraie.
▷ De même, on peut former une boîte avec les n derniers crayons qui sont donc également de la
même couleur.
Mais alors, les crayons du milieu étant à la fois dans la première et la seconde boîte, on en déduit
que les n premiers et les n derniers crayons sont nécessairement d’une même couleur. On en déduit
que les n + 1 crayons de notre boîte sont bel et bien de la même couleur.
◦ Conclusion. On a donc montré, par récurrence, que peu importe la taille de la boîte, tous les crayons
d’une même boîte sont de la même couleur.
Ce résultat est absurde et il convient de comprendre ce qui ne va pas dans notre raisonnement. Le
problème découle de l’initialisation. En effet, il aurait fallu initialiser à n = 2 (et ainsi se rendre compte
que le résultat était faux).

Théorème 6.16 – Récurrence double. Soit P(n) une proposition dépendant d’un entier n. Si
◦ il existe un entier n0 tel que P(n0 ) et P(n0 + 1) sont vraies,
◦ si pour n’importe quel entier n ⩾ n0 quelconque fixé, P(n) et P(n + 1) vraies implique P(n + 2)
vraie,
alors, pour tout n ⩾ n0 , P(n) est vraie.

Remarque. La récurrence double est une récurrence pour laquelle l’assertion P(n) ne dépend pas seule-
ment du terme précédent, mais des deux termes précédents P(n − 2) et P(n − 1) : autrement dit on
s’appuie sur les deux marches précédentes pour monter sur la suivante. Cela suppose donc de faire une
initialisation sur les deux premiers rangs. Ce type de récurrence est particulièrement utile pour démontrer
des propriétés faisant intervenir des suites récurrentes d’ordre 2 pour lesquelles un+2 dépend de un et de
un+1 . Ce principe peut bien entendu se généraliser à 3, 4 ou plus d’indices successifs.

Exemple. On définit la suite de Fibonacci par F1 = 1, F2 = 2 et pour tout n ∈ N∗ , Fn+2 = Fn+1 + Fn .


Montrons que pour tout n ∈ N∗ , Fn ⩾ n.
◦ Annonce. Pour tout entier naturel non nul n, on définit la propriété P(n) par : « Fn ⩾ n ».
◦ Initialisation. On a F1 = 1 ⩾ 1 et F2 = 2 ⩾ 2 donc P(1) et P(2) sont vraies.
◦ Hérédité. On suppose que cette propriété est vraie à un rang n ⩾ 1 quelconque et également au rang
n + 1. Alors, Fn+2 = Fn + Fn+1 ⩾ n + (n + 1) ⩾ n + 2 puisque n ⩾ 1. La propriété est donc vraie au
rang n + 2.
◦ Conclusion. Par le principe de récurrence double, quel que soit n ∈ N∗ , Fn ⩾ n.
6.3 Convergence de suites 127

Exercice 6.17. On considère la suite (un )n∈N définie par u0 = 1, u1 = 3 et pour tout n ∈ N, un+2 =
2un+1 − un . Montrer que pour tout n ∈ N, un = 1 + 2n.

Théorème 6.18 – Récurrence forte. Soit P(n) une proposition dépendant d’un entier n. Si
◦ il existe un entier n0 tel que P(n0 ) est vraie,
◦ si pour n’importe quel entier n ⩾ n0 quelconque fixé, le fait que les assertions P(k) soient vraies
pour tous les entiers k tels que n0 ⩽ k ⩽ n implique que P(n + 1) est vraie.
Alors, pour tout n ∈ N, P(n) est vraie.

Exemple. Soit (un )n∈N la suite définie par u1 = 3 et pour tout n ⩾ 1,

2
un+1 = (u1 + u2 + . . . + un ).
n
Montrer que pour tout n ∈ N∗ , on a un = 3n.
◦ Annonce. Pour tout n ∈ N∗ , on définit la propriété P(n) par : « un = 3n ».
◦ Initialisation. Pour n = 1, u1 = 3 = 3n donc P(1) est vraie.
◦ Hérédité. Soit n ∈ N∗ quelconque, on suppose que P(1), . . . , P(n) sont vraies. Alors, en factorisant
et d’après l’exemple en page 125,

2 2 6 6 n(n + 1)
un+1 = (u1 + . . . + un ) = (3 × 1 + 3 × 2 + . . . + 3 × n) = (1 + . . . + n) = .
n n n n 2
On en déduit que un+1 = 3(n + 1). Donc la propriété est vraie au rang n + 1.
◦ Conclusion. Par le principe de récurrence forte, quel que soit n ∈ N∗ , un = 3n.

1 2
Exercice 6.19. On considère la suite (un )n∈N définie par u0 = 1 et pour tout n ∈ N, un+1 = n+1 (u0 +
u12 + . . . + un2 ). Montrer que pour tout n ∈ N, un = 1.

6.3. Convergence de suites


6.3.1 Définition et premiers exemples
Étant donnée une suite u = (un )n∈N , on souhaite à présent s’intéresser au comportement de un lorsque
n devient grand. Plusieurs situations peuvent alors se produire.
◦ La quantité un peut s’approcher indéfiniment d’un nombre réel ℓ. On dira alors que u possède une
limite finie et que ℓ est cette limite (ou également que un tend vers ℓ lorsque n tend vers +∞).
◦ La quantité un peut devenir infiniment grand lorsque n devient grand. On dira alors que un tend vers
+∞ lorsque n tend vers +∞ (un peut bien sûr également tendre vers −∞).
◦ La quantité un peut ne suivre aucun de ces deux comportements.

Exemples.
1
◦ La suite (un )n∈N définie pour tout n ∈ N par un = n+1 tend vers 0 lorsque n tend vers +∞. En effet,
1
lorsque n tend vers +∞, n + 1 tend également vers +∞ et donc n+1 tend vers 0.
◦ La suite (un )n∈N définie pour tout n ∈ N par un = n2 tend vers +∞ lorsque n tend vers +∞.
◦ La suite (un )n∈N définie pour tout n ∈ N par un = −n tend vers −∞ lorsque n tend vers +∞.
128 Chapitre 6 – Suites réelles

◦ La suite (un )n∈N définie pour tout n ∈ N par un = (−1)n ne possède pas de limite lorsque n tend vers
+∞. En effet, un = 1 si n est pair et un = −1 si n est impair donc il n’existe pas de valeur dont un
s’approche indéfiniment puisque l’écart entre deux valeurs successives de la suite est toujours égal à
2. Paradoxalement, bien qu’il soit intuitivement assez simple de visualiser que cette suite ne possède
pas de limite, le prouver proprement requiert l’utilisation d’outils un peu plus sophistiqués que nous
introduirons plus tard (voir théorème 6.36).

Attachons-nous à présent à donner des définitions rigoureuses de ces différentes notions.

Définition 6.20 – Limite finie. Soit u une suite réelle et soit ℓ un nombre réel. On dit que u est
convergente et admet pour limite ℓ (ou que un tend vers ℓ lorsque n tend vers +∞) si un s’approche
indéfiniment de ℓ lorsque n devient grand. Autrement dit, u admet pour limite ℓ, si pour tout réel ε > 0,
il existe un rang Nε , tel que, pour tout n ⩾ Nε , on a ℓ − ε ⩽ un ⩽ ℓ + ε. On note alors lim un = ℓ
n→+∞
et on dit que la suite u converge vers ℓ. Une suite qui n’est pas convergente est dite divergente. La
convergence ou la divergence d’une suite est appelée sa nature.

Remarque. Cette définition signifie que si l’on trace un tube autour de ℓ aussi fin qu’on le souhaite (de
taille 2ε), il y aura toujours un rang (noté Nε ) à partir duquel (noté : pour tout n ⩾ Nε ) la suite sera
bloquée dans le tube (i.e. ℓ − ε ⩽ un ⩽ ℓ + ε). On illustre cette situation à l’aide la figure suivante.

u3
u2

ε u6
u8 ℓ
ε uNε = u5 u10
u7 u9

u4
u1

Figure 6.3 – Limite finie d’une suite

À retenir. Il est particulièrement important de noter et de comprendre que, si une suite u converge, alors
sa limite ℓ est un réel qui ne dépend pas de n.

Exemple. Les suites (un )n∈N∗ , (vn )n∈N∗ et (wn )n∈N∗ définies pour n ∈ N∗ par un = n1 , vn = 1
n2 et wn = √1
n
ont pour limite 0. En effet, si ε > 0, alors
◦ pour tout n ⩾ 1ε , −ε ⩽ un ⩽ ε, ◦ pour tout n ⩾ 1
ε2 , −ε ⩽ wn ⩽ ε.
◦ pour tout n ⩾ √1 , −ε ⩽ vn ⩽ ε,
ε

On note de plus que si ε < 1 (ce qui correspond à l’intuition qu’il faut avoir car ε a vocation à être petit),
alors √1ε < 1ε < ε12 ce qui signifie que la suite v tend plus vite vers 0 que la suite u qui tend elle-même
plus vite vers 0 que la suite w .

Donnons un premier théorème qui nous indique que si une suite converge, elle ne peut pas s’approcher de
deux valeurs distinctes en même temps et elle ne peut pas devenir infiniment grande.
6.3 Convergence de suites 129

Théorème 6.21 – Propriétés des suites convergentes.


◦ Unicité de la limite. Si une suite converge sa limite est unique.
◦ Une suite convergente est bornée.

Démonstration.
◦ Supposons qu’il existe deux réels ℓ1 ̸= ℓ2 tels que u converge vers ℓ1 et ℓ2 . Il nous suffit alors de
prendre un tube autour de ℓ1 et un tube autour de ℓ2 qui soient suffisamment petits pour ne pas
avoir de partie commune : la suite devant alors être dans ces deux tubes à la fois, on obtiendra une
contradiction. Plus précisément, supposons sans perte de généralité que ℓ2 > ℓ1 et posons ε = ℓ2 −ℓ3 .
1

Puisque u converge vers ℓ1 , il existe un rang Nε tel que

pour tout n ⩾ Nε , ℓ1 − ε ⩽ un ⩽ ℓ1 + ε.

De même, puisque u converge vers ℓ2 , il existe un rang Ñε tel que

pour tout n ⩾ Ñε , ℓ2 − ε ⩽ un ⩽ ℓ2 + ε.

Mais alors, pour tout n ⩾ max(Nε , Ñε ), puisque ℓ1 < ℓ2 ,

ℓ2 − ℓ1 ℓ2 + 2ℓ2 2ℓ2 + ℓ1 ℓ2 − ℓ1
un ⩽ ℓ1 + ε = ℓ1 + = < = ℓ2 − = ℓ2 − ε ⩽ un
3 3 3 3
ce qui est absurde. On en déduit donc que ℓ1 = ℓ2 et donc que la limite est unique.
◦ Pour montrer que la suite u est bornée on va utiliser le fait que, puisqu’elle converge, elle est coincée
dans un tube à partir d’un certain rang (et donc bornée à partir de ce rang) et puisqu’il ne reste
alors qu’un nombre fini de termes avant qu’elle ne rentre dans ce tube, elle est en réalité bornée.
Plus précisément, notons ℓ la limite de la suite u, alors il existe un rang N tel que pour tout n ⩾ N,

ℓ − 1 ⩽ un ⩽ ℓ + 1

(on a ici pris ε = 1). On en déduit que pour tout n ∈ N,

min(ℓ − 1, u0 , ..., uN−1 ) ⩽ un ⩽ max(ℓ + 1, u0 , ..., uN−1 )

où le min et le max intervenant ici existent car ils sont pris sur un nombre fini de termes. On a donc
bien montré que u est bornée.

Remarque. On déduit du second point qu’une suite non bornée ne converge pas. Ainsi, comme attendu,
la suite (un )n∈N définie par un = n est divergente (et diverge vers +∞).

À retenir. La réciproque du second point de ce théorème est fausse. Par exemple la suite (un )n∈N définie
pour tout n ∈ N par un = (−1)n est bornée mais ne converge pas.

Définition 6.22 – Limite infinie.


◦ On dit qu’une suite u a pour limite +∞ si pour tout A ∈ R, il existe un rang à partir duquel tous les
termes un sont plus grands que A. Autrement dit :

pour tout A ∈ R, il existe NA ∈ N tel que pour tout n ⩾ NA , un ⩾ A.


130 Chapitre 6 – Suites réelles

On note alors lim un = +∞.


n→+∞

◦ On dit qu’une suite u a pour limite −∞ si pour tout B ∈ R, il existe un rang à partir duquel tous les
termes un sont plus petits que B. Autrement dit :

pour tout B ∈ R, il existe NB ∈ N tel que pour tout n ⩾ NB , un ⩽ B.

On note alors lim un = −∞.


n→+∞

Dans ces deux cas, on dit que la suite u diverge et a pour limite ±∞ selon la situation.

Exemples.

◦ La suite (un )n∈N définie, pour n ∈ N, par un = n diverge vers +∞ lorsque n tend vers +∞.

◦ La suite (vn )n∈N définie, pour n ∈ N, par vn = −n2 diverge vers −∞ lorsque n tend vers +∞.

◦ La suite (wn )n∈N définie, pour n ∈ N, par wn = (−1)n n diverge mais ne tend ni vers +∞ ni vers
−∞. On note en revanche que la suite (|wn |)n∈N diverge vers +∞.

À retenir. Une suite qui diverge ne tend pas nécessairement vers ±∞ comme l’illustre la suite u définie
pour n ∈ N par un = (−1)n . De plus, il ne suffit pas que u ne soit pas majorée pour quelle tende vers
+∞ comme l’illustre la suite w de l’exemple précédent. En effet, il faut en plus que u reste au-dessus de
A à partir d’un certain rang.

Exercice 6.23. Dire si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses en justifiant.
1. Une suite divergente est nécessairement non bornée.
2. La somme de deux suites divergentes est nécessairement divergente.
3. Si (un )n∈N converge alors (un2 )n∈N converge.
4. Si (un2 )n∈N converge alors (un )n∈N converge.
 
un+1
5. Si (un )n∈N est une suite de réels strictement positifs qui converge alors un converge vers 1.
n∈N

6.3.2 Opérations sur les limites

Nous avons, dans la section précédente, pris le temps de définir la notion de convergence d’une suite
et plus précisément la notion de limite (finie ou infinie). L’objet de la section que nous entamons à
présent est de donner quelques règles de calculs de limites lorsque la situation est favorable et d’expliquer
comment traiter les cas, appelés formes indéterminées, plus délicats qui vont nous demander de travailler
davantage sur la forme de la suite afin de pouvoir conclure.
Plus précisément, étant données deux suites u et v dont nous connaissons les limites, nous souhaitons
déterminer la limite de la somme, du produit et, lorsque cela a du sens, du quotient de u et v . Afin de
pouvoir s’y retrouver aisément, nous résumons les différents cas possibles dans le théorème suivant.

Théorème 6.24 – Tableau des limites. Soient u et v deux suites ainsi que ℓ et ℓ′ deux réels non nuls.
On résume ici l’ensemble des limites des somme, produit et quotient de u par v (on suppose, pour le
quotient, que vn ̸= 0 à partir d’un certain rang) :
6.3 Convergence de suites 131
un
un vn un + vn u n × vn vn

ℓ ℓ′ ℓ + ℓ′ ℓℓ′ ℓ′
ℓ 0 ℓ 0 ±∞ / pas de limite
0 ℓ′ ℓ′ 0 0
0 0 0 0 forme indéterminée
ℓ +∞ +∞ ±∞ 0
0 +∞ +∞ forme indéterminée 0
+∞ ℓ′ +∞ ±∞ ±∞
+∞ 0 +∞ forme indéterminée ±∞ / pas de limite
+∞ +∞ +∞ +∞ forme indéterminée
+∞ −∞ forme indéterminée −∞ forme indéterminée
Démonstration. Nous ne démontrons pas ici l’ensemble des entrées de ce tableau, nous nous contenterons
de traiter quelques cas qui permettront de se faire une idée sur la stratégie à adopter pour les obtenir.
◦ Somme de limites finies. Soient u et v deux suites réelles qui convergent vers deux limites finies ℓ et
ℓ′ . Montrons que la suite u + v converge vers ℓ + ℓ′ . Soit ε > 0, puisque u converge vers ℓ, il existe
un rang Nε tel que pour tout n ⩾ Nε ,
ε ε
ℓ− ⩽ un ⩽ ℓ + .
2 2
On note que l’on applique ici la définition de la convergence avec 2ε au lieu de ε. Cela peut paraître
surprenant mais la suite de la preuve devrait éclaircir ce point. De même, puisque v converge vers
ℓ′ , il existe un rang Nε′ tel que pour tout n ⩾ Nε′ ,
ε ε
ℓ′ − ⩽ vn ⩽ ℓ′ + .
2 2
Mais alors, pour tout n ⩾ max(Nε , Nε′ ), en additionnant ces deux égalités on obtient

ℓ + ℓ′ − ε ⩽ un + vn ⩽ ℓ + ℓ′ + ε

ce qui signifie bien, puisque ε > 0 a été choisi de façon arbitraire au début de notre preuve, que
u + v converge vers ℓ + ℓ′ . On note ainsi que, grâce au fait que nous ayons exploité la définition
de la convergence de u et de v pour 2ε , nous avons bien obtenu, après la somme, la définition de la
convergence de u + v pour ε. Il s’agit d’une astuce de calcul fréquente en analyse.
◦ Somme d’une limite finie et d’une limite infinie. Soient u une suite qui converge vers une limite finie
ℓ et v une suite divergente de limite +∞. Soit A ∈ R. On commence par noter que, puisque u
converge vers ℓ, il existe un rang N tel que pour tout n ⩾ N, un ⩾ ℓ − 1 (on a pris ici ε = 1). De
plus, puisque v tend vers +∞, il existe un rang N ′ tel que pour tout n ⩾ N ′ , vn ⩾ A + 1 − ℓ. Mais
alors, pour tout n ⩾ max(N, N ′ ), un + vn ⩾ ℓ − 1 + A + 1 − ℓ = A ce qui signifie, puisque A est
quelconque, que u + v tend vers +∞.
◦ Produit de limites finies. Soient u et v deux suites réelles qui convergent vers deux limites finies ℓ
et ℓ′ . Commençons cette preuve par un calcul nous permettant de guider notre stratégie de preuve.
Pour tout n ∈ N,

un vn − ℓℓ′ = (un − ℓ)vn + ℓvn − ℓℓ′ = (un − ℓ)vn + ℓ(vn − ℓ′ ).

Plutôt que de revenir à la définition avec les ε (ce que nous pouvons bien sûr faire), on va ici essayer
d’aller un peu plus vite pour illustrer d’autres mécaniques de raisonnement.
▷ La suite de terme général (un − ℓ)vn tend vers 0 car :
132 Chapitre 6 – Suites réelles

— puisque u converge vers ℓ, la quantité un − ℓ tend vers 0 lorsque n → +∞,


— puisque v converge, cette suite est bornée (voir théorème 6.21).
▷ La suite de terme général ℓ(vn − ℓ′ ) tend vers 0 car vn tend vers ℓ′ .
Ainsi, un vn − ℓℓ′ tend vers 0 lorsque n → +∞ ce qui signifie bien que uv converge vers ℓℓ′ .
◦ Inverse d’une limite finie non nulle. Soit v une suite convergeant vers une limite finie ℓ ̸= 0. Montrons
que v1 converge vers 1ℓ . Comme dans le point précédent, commençons par un calcul nous permet-
tant de comprendre comment conclure. Soit n suffisamment grand pour que vn ̸= 0 (on note que
l’existence d’un tel rang est garantie par le fait que v converge vers ℓ ̸= 0), v1n − 1ℓ = ℓ−v
ℓvn . Or,
n

▷ ℓ − vn tend vers 0 puisque v converge vers ℓ,


▷ puisque v converge vers ℓ, vn ℓ converge vers ℓ2 ̸= 0 par produit de limite.
1 1
Ainsi, vn − ℓ tend vers 0 ce qui achève notre preuve.

Remarque. Quand vous tombez sur un cas de « forme indéterminée » il faut que vous étudiez davantage
votre suite car il n’y a pas de réponse générale que l’on puisse donner : la réponse dépend de la suite.
Illustrons ceci sur des exemples simples.
◦ Pour la somme de limites infinies. Si u tend vers +∞ et v tend vers −∞ alors on ne peut pas
conclure sans étudier davantage la situation comme le montre les exemples suivants.
▷ Si pour tout n ∈ N, un = n et vn = −n alors un + vn = 0 pour tout n ∈ N donc la suite u + v
converge vers 0.
▷ Si pour tout n ∈ N, un = n2 et vn = −n alors un + vn = n2 − n pour tout n ∈ N donc la suite
u + v tend vers +∞ car  
2 2 1
un + vn = n − n = n 1 −
n
1
et n2 tend vers +∞ et 1 − n tend vers 1.
◦ Pour le produit d’une limite nulle et d’une limite infinie. Si u tend vers 0 et v tend vers +∞ alors on
ne peut pas conclure non plus comme vont le montrer les exemples suivants.
1
▷ Si pour tout n ∈ N∗ , un = n et vn = n alors un vn = 1 pour tout n ∈ N∗ donc la suite uv
converge vers 1.
1
▷ Si pour tout n ∈ N∗ , un = n et vn = n2 alors un vn = n pour tout n ∈ N∗ donc la suite uv tend
vers +∞.

Méthode – Lever une indétermination.


◦ Si on a une somme de puissances de n ou un quotient, on factorise par le terme prépondérant
(c’est-à-dire la plus grande puissance de n).
◦ Si on a une différence de racines, on multiplie par la quantité conjuguée (voir la méthode en page
13).

Exemples.
◦ On veut étudier la nature de la suite définie pour tout n ∈ N par

un = n3 − n n + 1.
6.3 Convergence de suites 133

On factorise par le terme de plus haut degré qui se trouve être n3 . On obtient que pour n ∈ N∗ , alors
 √   
3 n n 1 3 1 1
un = n 1 − 3 + 3 = n 1 − √ + .
n n n n n3

Or, le terme entre parenthèses tend vers 1 alors que n3 tend vers +∞. Ainsi, u diverge vers +∞.
2n +1 2
◦ On veut étudier la nature de la suite définie pour tout n ∈ N par un = 3n 2 +n . On factorise par le
2
terme de plus haut degré au numérateur et au dénominateur qui est n dans les deux cas. On obtient
que pour n ∈ N∗ , alors
n2 2 + n12 2 + n12

un = 2 = .
n 3 + n1 3 + n1


Or, le numérateur tend vers 2 alors que le dénominateur tend vers 3. Ainsi, u est une suite convergente
qui tend vers 23 lorsque n tend vers +∞.
√ √
◦ On veut étudier la nature de la suite définie pour tout n ∈ N par un = n + 1 − n. On multiplie
alors par la quantité conjuguée pour lever la forme indéterminée et on obtient
√ √ √ √
( n + 1 − n)( n + 1 + n) n+1−n 1
un = √ √ =√ √ =√ √ .
n+1+ n n+1+ n n+1+ n

Or, le numérateur tend vers 1 alors que le dénominateur tend vers +∞. Ainsi, u est une suite
convergente qui tend vers 0 lorsque n tend vers +∞.

Remarque. Une fois introduites les fonctions exponentielles et logarithmes, nous pourrons également
utiliser les croissances comparées (voir les propositions 9.21 et 9.44).

Exercice 6.25. Étudier la nature et donner la limite éventuelle des suites (un )n∈N∗ définies, pour n ∈ N∗ ,
par
2 −2n+1 √ √ √
1. un = 3n
n6 +2n4 −1 , 3. un = n2 + 1 − n2 − 1, 5. un = n − n,
√ √ √ √
2 (n+1)(n+3)+ n
2. un = 3n√ −2n+1 , 4. un = 1 + n 2− 1 + n, 6. un = .
n n+n−1 n

6.3.3 Monotonie et convergence de suites


Dans la section précédente, nous avons donné des méthodes de calculs de limites de suites. Néan-
moins, il n’est pas rare que nous devions nous montrer plus modeste car nous ne sommes parfois pas en
mesure de déterminer la limite d’une suite. Dans de telle situation nous allons nous contenter d’étudier
la convergence, ou non, de la suite considérée. C’est le but des énoncés présents dans cette section qui
donnent des résultats favorables dans le cas particulier des suites monotones.

Théorème 6.26 – Théorème de limite monotone.


◦ Cas d’une suite monotone bornée.
▷ Une suite croissante majorée est convergente.
▷ Une suite décroissante minorée est convergente.
◦ Cas d’une suite monotone non bornée.
▷ Une suite croissante non majorée diverge vers +∞.
▷ Une suite décroissante non minorée diverge vers −∞.
134 Chapitre 6 – Suites réelles

Démonstration. Nous ne ferons pas ici la preuve de ce résultat car elle est basée sur la notion de borne
supérieure que nous n’avons pas introduite dans ce livre. Néanmoins, si vous êtes intéressé vous pouvez
par exemple consulter [LM03].

Remarque. Il est à noter que, comme annoncé, ce théorème nous fournit, dans le cas d’une suite mo-
notone bornée, l’existence d’une limite mais ne nous en donne pas la valeur. On verra néanmoins dans
la section suivante que si une suite est majorée par un réel M et qu’elle converge, alors sa limite est
inférieure ou égale à M ce qui pourra nous fournir une estimation de cette limite.

Le lien entre monotonie et convergence ne s’arrête pas au théorème de convergence monotone. Poursui-
vons ainsi cette section par l’introduction de la notion de suites adjacentes qui nous sera particulièrement
utile pour justifier la convergence de la méthode de dichotomie qui nous permettra, entre autres, de
démontrer le très important théorème des valeurs intermédiaires 8.32 ou encore le théorème de Bolzano–
Weierstrass 6.37.

Définition 6.27. Deux suites u et v sont dites adjacentes si l’une est croissante, l’autre décroissante et
si leur différence tend vers 0.

Théorème 6.28. Deux suites adjacentes convergent et ont la même limite.

Démonstration. Soient u et v deux suites adjacentes avec u croissante et v décroissante. La preuve se


déroule en deux temps : on commence par montrer que les suites u et v convergent à l’aide du théorème
de limite monotone 6.26 puis on conclura que ces limites sont égales.

◦ La suite u est croissante par hypothèse. De plus, pour tout n ∈ N, un ⩽ v0 . En effet, supposons
qu’il existe n0 ∈ N tel que un0 > v0 . Puisque u est croissante, un ⩾ un0 pour tout n ⩾ n0 . De plus,
v étant décroissante, on a vn ⩽ v0 pour tout n ∈ N. Ainsi, si on note ε = un0 − v0 > 0, alors pour
tout n ⩾ n0 ,
un − vn ⩾ un0 − v0 = ε > 0
ce qui contredit le fait que la différence un − vn tend vers 0 lorsque n → +∞. Ceci achève donc de
montrer que u est majorée par v0 . La suite u étant croissante majorée, elle est donc convergente
d’après le théorème de limite monotone 6.26.

◦ De même, la suite v est décroissante minorée par u0 donc convergente.

◦ Si on note ℓ la limite de u et ℓ′ la limite de v alors un − vn tend vers ℓ − ℓ′ lorsque n → +∞ et on


en déduit que ℓ = ℓ′ par unicité de le limite 6.21 puisque, par hypothèse, la différence de u et v tend
vers 0.

Exemple. On considère les suites (un )n∈N et (vn )n∈N définies pour tout entier n ⩾ 1 par :

1 1 1 1
un = 1 + + 2 + . . . + 2 et vn = un + .
22 3 n n
Montrons que ces deux suites sont adjacentes.
1
◦ Montrons que u est croissante. Pour tout entier n ⩾ 1, un+1 − un = (n+1)2 ⩾ 0.
6.3 Convergence de suites 135

◦ Montrons que v est décroissante. Pour tout entier n ⩾ 1 :

1 1 1 1 1
vn+1 − vn = un+1 + − un − = 2
+ −
n+1 n (n + 1) n+1 n
n + n(n + 1) − (n + 1)2 n + n2 + n − n2 − 2n − 1
= =
n(n + 1)2 n(n + 1)2
−1
= ⩽ 0.
n(n + 1)2

1
◦ Montrons que un − vn → 0. Pour tout entier n ⩾ 1, on a vn − un = n → 0.
Les suites u et v sont donc adjacentes. D’après le théorème précédent elles convergent donc vers une
limite commune ℓ telle que, pour tout entier n, un ⩽ ℓ ⩽ vn . On pourrait en réalité montrer que lim un =
n→+∞
π2
6 en utilisant d’autres méthodes plus sophistiquées.

Exercice 6.29. On considère les suites (un )n∈N∗ et (vn )n∈N∗ définies, pour tout n ∈ N∗ , par

1 1 1 1
un = 1 + + + ... + et vn = un + .
2! 3! n! n × n!
Montrer que ces suites sont adjacentes.

6.3.4 Convergence et comparaison


Nous avons vu dans la section précédente, dans le cas particulier des suites adjacentes, qu’il est parfois
possible d’obtenir un encadrement de la limite d’une suite convergente. L’objectif de cette section est de
donner des résultats plus généraux à ce propos.

Théorème 6.30 – Conservation des inégalités par passage à la limite. Si u et v sont deux suites
convergentes telles que un ⩽ vn à partir d’un certain rang, alors

lim un ⩽ lim vn .
n→+∞ n→+∞

Démonstration. Notons ℓ la limite de u et ℓ′ la limite de v . Supposons par l’absurde de ℓ ̸= ℓ′ et plaçons-



nous, sans perte de généralité, dans le cas où ℓ > ℓ′ . On pose alors ε = ℓ−ℓ3 . Alors, par convergence de
u et v , il existe Nε et Nε′ tels que pour tout n ⩾ Nε , un ⩾ ℓ − ε et pour tout n ⩾ Nε′ , vn ⩽ ℓ′ + ε. Mais
alors, pour tout n ⩾ max(Nε , Nε′ ), puisque ℓ > ℓ′ ,

ℓ − ℓ′ 2ℓ + ℓ′ ℓ + 2ℓ′ ℓ − ℓ′
un ⩾ ℓ − ε = ℓ − = > = ℓ′ + = ℓ′ + ε ⩾ vn
3 3 3 3
ce qui contredit le fait que un ⩽ vn à partir d’un certain rang.

À retenir. Dans le cas d’une inégalité stricte un < vn on obtient malgré tout une inégalité large pour les
limites. Prenons par exemple pour tout n ∈ N∗ , un = 0 et vn = n1 . Alors pour tout n ∈ N∗ , on a un < vn
mais lim un = 0 = lim vn .
n→+∞ n→+∞

Remarque. En prenant v une suite constante égale à a ∈ R dans le théorème précédent, on en déduit
que si u est une suite convergente de limite ℓ :
136 Chapitre 6 – Suites réelles

◦ si un ⩽ a à partir d’un certain rang, alors ℓ ⩽ a,


◦ si un ⩾ a à partir d’un certain rang, alors ℓ ⩾ a.

Théorème 6.31.
◦ Plancher montant. Si u diverge vers +∞ et v est une suite telle qu’à partir d’un certain rang
un ⩽ vn . Alors, lim vn = +∞.
n→+∞
◦ Plafond descendant. Si u diverge vers −∞ et v est une suite telle qu’à partir d’un certain rang
un ⩾ vn . Alors, lim vn = −∞.
n→+∞

Démonstration. On se contente de démontrer le premier point puisque le deuxième en découle (en multi-
pliant par −1 les deux suites). Soit A ∈ R. Alors, il existe un rang NA tel que pour tout n ⩾ NA , un ⩾ A.
Mais alors, pour tout n ⩾ NA (et pour n suffisamment grand pour que l’inégalité de l’énoncé soit valide),
vn ⩾ un ⩾ A et ceci étant vrai pour tout réel A, la suite v diverge vers +∞.

Théorème 6.32 – Théorème d’encadrement ou des gendarmes. Soient u et v deux suites convergentes
de même limite ℓ. Si w est une suite telle qu’à partir d’un certain rang un ⩽ wn ⩽ vn . Alors, w est
convergente de limite ℓ.

Démonstration. Soit ε > 0. Puisque u et v convergent vers ℓ, il existe Nε et Nε′ tels que pour tout
n ⩾ Nε , un ⩾ ℓ − ε et pour tout n ⩾ Nε′ , vn ⩽ ℓ + ε. Mais alors, pour tout n ⩾ max(Nε , Nε′ ) (et pour
n suffisamment grand pour que l’inégalité de l’énoncé soit valide), ℓ − ε ⩽ un ⩽ wn ⩽ vn ⩽ ℓ + ε. Ceci
étant vrai pour tout ε > 0, on en déduit que w est convergente de limite ℓ.

Remarque. Dans le théorème de passage à la limite dans les inégalités, il faut d’abord démontrer que
les suites convergent alors que dans ce théorème d’encadrement la convergence de la suite w est une
conséquence : le théorème montre que la suite converge et donne sa limite.

Exercice 6.33. Pour chacune des suites suivantes, vérifier qu’elle est bien définie, trouver sa nature et
calculer sa limite si elle existe.
(−1)n
1. Pour n ∈ N∗ , un = n . 2. Pour n ∈ N∗ , un = (−1)n + n1 .

Exercice 6.34.
1. Montrer que si u est une suite bornée et que v est une suite qui converge vers 0 alors la suite produit
uv converge vers 0.
2. Le résultat précédent reste-t-il valable si la limite de v n’est pas nulle ?
1+(−1)n
3. En déduire la valeur de la limite de la suite (wn )n∈N∗ définie par wn = n .

6.3.5 Convergence et suites extraites


Définition 6.35. Soit (un )n∈N une suite. Une sous-suite ou suite extraite de u est une suite de la forme
(uϕ(n) )n∈N où ϕ : N → N est une application strictement croissante.

Exemple. Pour tout n ∈ N on pose un = (−1)n . Alors vn = u2n = 1 et wn = u2n+1 = −1 définissent


deux suites extraites de u avec respectivement ϕ : n 7→ 2n et ϕ : n 7→ 2n + 1.

Remarque. Si ϕ : N → N est strictement croissante, montrons par récurrence que pour tout n ∈ N,
ϕ(n) ⩾ n.
6.3 Convergence de suites 137

◦ Annonce. Pour n ∈ N, on note P(n) : « ϕ(n) ⩾ n ».


◦ Initialisation. On a ϕ(0) ∈ N donc ϕ(0) ⩾ 0.
◦ Hérédité. On suppose que pour un certain entier n ∈ N fixé, P(n) est vraie. Alors ϕ(n+1) > ϕ(n) car
ϕ est strictement croissante, donc ϕ(n+1) > n et comme ϕ(n+1) est un entier on a nécessairement
ϕ(n + 1) ⩾ n + 1, i.e. P(n + 1) vraie.
◦ Conclusion. Pour tout entier n ∈ N, ϕ(n) ⩾ n.

Théorème 6.36 – Convergence et suites extraites.


◦ Toute suite extraite d’une suite convergente est convergente et de même limite.
◦ Si une suite u admet deux sous-suites convergeant vers des limites différentes, alors la suite u diverge.

Démonstration.
◦ Si u converge vers ℓ alors, si ε > 0, il existe Nε tel que pour tout n ⩾ Nε , ℓ − ε ⩽ un ⩽ ℓ + ε. Or, si
(uϕ(n) )n∈N est une sous-suite de u, d’après la remarque précédente, ϕ(n) ⩾ n et on en déduit donc,
que pour tout n ⩾ Nε , ℓ − ε ⩽ uϕ(n) ⩽ ℓ + ε ce qui achève de montrer que la sous-suite (uϕ(n) )n∈N
converge vers ℓ.
◦ Si u converge alors, d’après le point précédent, ces deux sous-suites convergent nécessairement vers
la limite de u ce qui contredit l’hypothèse. Ainsi, u diverge.

Exemple. On considère la suite u définie pour tout n ∈ N par un = (−1)n . Considérons alors les sous-suite
(u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N . Alors u2n = (−1)2n = 1 → 1 alors que u2n+1 = (−1)2n+1 = −1 → −1. La suite
u est donc divergente.

Un autre intérêt de cette notion est donné par le théorème suivant dû au mathématicien autrichien Bernard
Bolzano (voir [Wika]) et au mathématicien allemand Karl Weierstrass (voir [Wikh]). En effet, nous avons
déjà énoncé que toute suite convergente est bornée et nous avons également vu que la réciproque de
cette affirmation est fausse. Le théorème suivant nous fournit cependant un résultat positif concernant
la réciproque, quitte à extraire une sous-suite.

Théorème 6.37 – Théorème de Bolzano–Weierstrass. Toute suite réelle bornée admet une sous-suite
convergente.

Démonstration. Nous allons démontrer ce théorème en utilisant la méthode de dichotomie. On commence


par noter que, puisque la suite u est bornée, l’ensemble des valeurs de la suite est contenu dans un
intervalle de la forme [a, b]. L’idée de la méthode de dichotomie réside alors en la construction d’une
suite de segments (intervalles fermés et bornées) décroissants (i.e. inclus successivement les uns dans les
autres) contenant une infinité de termes de la suite et de longueur tendant vers 0.
Plus précisément, posons a0 = a, b0 = b et ϕ(0) = 0. On coupe l’intervalle [a, b] en deux (le milieu est
a+b
2 ) et on note que l’un au moins des deux intervalles
   
a+b a+b
a, ou ,b
2 2

contient une infinité de termes de la suite u (on pourra s’en convaincre en raisonnant par l’absurde). On
note alors [a1 , b1 ] un tel intervalle et ϕ(1) un entier tel que ϕ(1) > ϕ(0) et pour lequel uϕ(1) ∈ [a1 , b1 ]
comme l’illustre la figure suivante :
138 Chapitre 6 – Suites réelles

 a0 +b0 
+2 
R
a0 a1 b0 , b1

b−a
En itérant ce processus, on obtient une suite d’intervalles [an , bn ] de largeur 2n et une suite strictement
croissante d’entiers ϕ(n) telle que pour tout n ∈ N, uϕ(n) ∈ [an , bn ].
De plus, par construction :
◦ la suite (an )n∈N est croissante car il s’agit des bornes inférieures successives des segments emboîtés
et la suite (bn )n∈N est décroissante pour la même raison car ce sont les bornes supérieures de ces
mêmes segments,
b−a
◦ bn − an = 2n tend vers 0 lorsque n → +∞.
Les suites (an )n∈N et (bn )n∈N sont donc adjacentes et convergent ainsi vers une même limite ℓ d’après le
théorème 6.28. Puisque, par construction, pour tout n ∈ N,

an ⩽ uϕ(n) ⩽ bn ,

on en déduit en appliquant le théorème d’encadrement 6.32 que la sous-suite (uϕ(n) )n∈N de u converge
vers ℓ et ceci achève donc de démontrer le résultat voulu.

Exemples.
◦ Pour la suite bornée u définie pour tout n ∈ N par un = (−1)n on peut considérer les suites extraites
(u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N qui sont constantes donc convergentes.
◦ La suite u définie pour tout entier naturel n par un = sin(n) est aussi bornée. Le théorème de
Bolzano–Weierstrass affirme qu’on peut donc en extraire une suite convergente. Il est néanmoins
plus difficile d’en expliciter une par son terme général.

n+1
Exercice 6.38. Soit (un )n⩾1 la suite de terme général un = 1 − 21 + 13 − 14 + ... + (−1)n . On considère
les deux suites extraites v et w définies pour n ∈ N∗ par vn = u2n et wn = u2n+1 . Montrer que les suites
(vn )n⩾1 et (wn )n⩾1 sont adjacentes. En déduire que la suite (un )n⩾1 converge.

6.4. Étude des suites récurrentes


L’objectif de cette section est de procéder, dans des cas particuliers, à une étude détaillée de suites
récurrentes définie par la donnée d’un terme initial u0 et d’une formule de récurrence un+1 = f (un ) où f
est une fonction qui vérifiera certaines propriétés.

6.4.1 Stabilité et définition d’une suite récurrente


Avant d’étudier une suite récurrente, il faut être en mesure de garantir qu’elle est bien définie. Pour
cela, nous aurons besoin de la notion d’ensemble stable par une fonction.

Définition 6.39. Soit f : R → R une fonction réelle. On dit qu’un sous-ensemble A de Df est stable par
f si f (A) ⊂ A, i.e. si pour tout x ∈ A, f (x) ∈ A.

Exemple. On considère la fonction f : R → R définie par f (x) = x 2 .


◦ L’intervalle [0, 1] est stable par f car pour tout x ∈ [0, 1], f (x) = x 2 ∈ [0, 1].
◦ L’intervalle [0, 2] n’est pas stable par f car 2 ∈ [0, 2] et f (2) = 4 ∈
/ [0, 2].
6.4 Étude des suites récurrentes 139

Proposition 6.40. Soit f : R → R et A un sous-ensemble de Df stable par f . Alors, la suite récurrente


définie par u0 ∈ A et pour tout n ∈ N, un+1 = f (un ) est bien définie.

Démonstration. On procède par récurrence. En effet, u0 ∈ A donc u0 ∈ Df et pour tout n ∈ N, si un ∈ A


alors un ∈ Df et un+1 = f (un ) ∈ A donc un+1 ∈ Df . La suite u est donc bien définie.

Exemple. On considère la fonction f : R+ → R+ définie pour tout x ∈ R+ par f (x) = x. Alors, pour

tout u0 ⩾ 0, la suite définie pour tout n ∈ N par un+1 = f (un ) = un est bien définie car R+ est stable

par la fonction f (pour tout x ∈ R+ , x ∈ R+ ). On note de plus que le comportement dépend fortement
du terme initial car :
◦ si u0 = 0 alors pour tout n ∈ N, un = 0 et si u0 = 1 alors pour tout n ∈ N, un = 1,
q
◦ si u0 = 12 alors u1 = 12 = 11 , u2 = 11 et ces termes s’approchent de 1,
22 24
√ 1 1
◦ si u0 = 2 alors u1 = 2 = 2 2 , u2 = 2 4 et ces termes s’approchent aussi de 1.

6.4.2 Monotonie d’une suite récurrente


Maintenant que nous sommes en possession d’une notion nous permettant de garantir qu’une suite
récurrente est bien définie, on souhaite obtenir des informations qualitatives sur cette suite. On commence
pour cela par étudier sa monotonie. Or, puisque pour tout n ∈ N, un+1 = f (un ) on note que un+1 > un
si et seulement si f (un ) > un ce qui nous permet d’en déduire la méthode suivante.

Méthode – Monotonie d’une suite récurrente. Soient f : R → R, A un sous-ensemble de Df stable


par f et u une suite récurrente définie par u0 ∈ A et pour tout n ∈ N, un+1 = f (un ). Alors,
◦ si la courbe de f sur A est au-dessus de la droite y = x, u est croissante,
◦ si la courbe de f sur A est en dessous de la droite y = x, u est décroissante.

y
y

7
5 y =x
y =x
6

5 4
y = f (x)
4 3

3
2 y = f (x)
2

1
1

| | | | | | | |
0 u0 u1 u2 4
ũ2 ũ1 6
ũ0 x 0 1 u1u3 u2 3 4 u0 6 x

√ (b) un+1 = 1 + 2
(a) un+1 = 2 un n

Figure 6.4 – Monotonie des suites récurrentes.

Exemples.
◦ On considère la suite définie par une valeur initiale u0 ⩾ 0 et pour tout n ∈ N par un+1 = f (un ) avec

f (x) = 2 x. La monotonie de la suite dépend de la valeur de u0 . On a, par exemple, pris u0 = 1 et
u˜0 = 7 à la figure 6.4a.
140 Chapitre 6 – Suites réelles

◦ On considère la suite définie par u0 = 5 et pour tout n ∈ N par un+1 = 1 + x2 . La figure 6.4b illustre
que la suite n’est pas monotone.

Proposition 6.41. Soient f : R → R, A un sous-ensemble de Df stable par f et u une suite récurrente


définie par u0 ∈ A et pour tout n ∈ N, un+1 = f (un ).
◦ Si f est croissante, alors,
▷ si u1 ⩾ u0 alors u est croissante, ▷ si u1 ⩽ u0 alors u est décroissante.
◦ Si f est décroissante, alors la suite u n’est pas monotone.

Démonstration. La preuve se fait par récurrence. Par exemple, si u1 ⩾ u0 et f est croissante, alors en
appliquant f on conserve l’inégalité et on en déduit u2 ⩾ u1 , et ainsi de suite.

Exemples. Reprenons les suites de l’exemple précédent.


◦ On considère la suite définie par une valeur initiale u0 ⩾ 0 et pour tout n ∈ N par un+1 = f (un ) avec

f (x) = 2 x.
▷ Si u0 = 1 alors u1 = f (u0 ) = 2 ⩾ 1 = u0 donc la suite est croissante.

▷ Si u0 = 7 alors u1 = f (u0 ) = 7 ⩽ 7 = u0 donc la suite est décroissante.
◦ On considère la suite définie par u0 = 5 et pour tout n ∈ N par un+1 = 1+ x2 . La fonction f : x 7→ 1+ x2
est décroissante sur R∗+ donc u n’est pas monotone.

6.4.3 Point fixe et convergence de suites récurrentes


Nous souhaitons à présent nous intéresser à la convergence de suites récurrentes et nous avons pour
cela besoin d’introduire la notion de point fixe d’une fonction.

Définition 6.42. Soit f : R → R, un point x0 ∈ Df est un point fixe de f si f (x0 ) = x0 .

Remarques.
◦ Un point fixe correspond à un point d’intersection entre la courbe de f et la courbe y = x.
◦ Si u est une suite récurrente définie par u0 ∈ Df et pour tout n ∈ N, un+1 = f (un ) alors, si u0 est
un point fixe de f , on a, pour tout n ∈ N, un = u0 , c’est-à-dire que u est constante.

Exemple. Cherchons les points fixes de la fonction f définie, pour tout x ∈ R par f (x) = x 2 . On cherche
ainsi les réels x tels que f (x) = x 2 . Or, pour x ∈ R

f (x) = x ⇔ x 2 = x ⇔ x 2 − x = 0 ⇔ x(x − 1) = 0 ⇔ x = 0 ou x = 1.

Ainsi, les points fixes de f sur R sont 0 et 1.

Nous allons à présent donner un résultat permettant de faire le lien entre les points fixes d’une fonction
et la limite éventuelle de la suite récurrente associée et nous aurons besoin dans cet énoncé de supposer
que la fonction f est continue. Nous n’avons pas encore défini la notion de continuité (voir la définition
8.26) mais, pour le moment, vous pouvez traduire cela par « on peut tracer la courbe de la fonction sans
lever notre crayon » (autrement dit, la courbe représentative de f ne fait pas de saut). Cette propriété
de continuité nous permet notamment d’intervertir la fonction avec le passage à la limite, c’est-à-dire
d’avoir l’égalité lim f (un ) = f ( lim un ).
n→+∞ n→+∞

Théorème 6.43. Soient f : R → R une fonction continue, A un sous-ensemble de Df stable par f et u


une suite récurrente définie par u0 ∈ A et pour tout n ∈ N, un+1 = f (un ). Si u converge vers ℓ ∈ A, alors
ℓ est un point fixe de f .
6.4 Étude des suites récurrentes 141

Démonstration. Il suffit de noter que lim un+1 = ℓ et d’exploiter la continuité de f pour obtenir
n→+∞
lim f (un ) = f ( lim un ) = f (ℓ).
n→+∞ n→+∞

Remarque. La réciproque est fausse : une fonction peut avoir un point fixe sans que la suite soit conver-
gente.

Méthode – Montrer qu’une suite est divergente. Pour montrer qu’une suite définie pour tout n ∈ N
par un+1 = f (un ) diverge, on peut montrer que f n’admet pas de point fixe.

Exemple. La fonction f définie sur R par f (x) = x 2 + 1 n’a pas de point fixe. Ainsi, toute suite définie
par u0 ∈ R et pour tout n ∈ N, un+1 = un2 + 1 est divergente.

Essayons d’obtenir davantage d’informations. Pour se faire, on peut distinguer les cas où f est croissante
des cas où f est décroissante.

Cas où f est une fonction croissante.

On suppose dans cette sous-section que f est croissante. Dans ce cas, on sait déjà que si u1 ⩾ u0 alors
u est croissante et que si u1 ⩽ u0 alors u est décroissante d’après la proposition 6.41. On en déduit le
résultat suivant.

Proposition 6.44. Soient f : [a, b] → [a, b] une fonction continue et croissante et u une suite récurrente
définie par u0 ∈ [a, b] et pour tout n ∈ N, un+1 = f (un ). La suite récurrente u est monotone et converge
vers un point fixe ℓ ∈ [a, b] de f .

Démonstration. D’après la proposition 6.41, la suite u est monotone. Puisqu’elle est bornée par a et b,
on en déduit d’après le théorème 6.26 que la suite u converge et d’après le théorème 6.43 que la limite
est un point fixe de f .
4
Exemple. Soit u la suite définie par u0 ∈ R+ et pour tout n ∈ N, un+1 = un2 + 25 . On est dans le cas
2 4
d’une suite récurrente de la forme un+1 = f (un ) avec f : x 7→ x + 25 et on veut étudier la convergence
de la suite u selon la valeur du terme initial u0 . Pour cela, on va suivre le plan d’étude qui suit.
1. Justifier que f est continue et croissante sur R+ .
2. Déterminer les points fixes de f .
3. Tracer la courbe représentative de f et la droite y = x.
4. Justifier que les intervalles 0, 51 , 51 , 35 et 45 , +∞ sont stables par f .
     

5. Résoudre l’inéquation f (x) ⩾ x.


6. Étudier la nature et la limite éventuelle de u selon la valeur de u0 dans les cas suivants :
a) u0 ∈ 0, 15 , c) u0 ∈ 45 , +∞ ,
   

b) u0 ∈ 15 , 54 , d) u0 = 15 ou u0 = 45 .
 

Passons à présent à l’étude.


1. La fonction f est polynomiale donc continue sur R.
 De plus, il s’agit d’une fonction du second degré
4
et le sommet de sa parabole est situé en 0, 25 donc elle est croissante sur R+ (voir la section
5.4.1).
4
2. Pour x ∈ R, on a f (x) = x si seulement si x 2 + 25 = x et les racines de l’équation du second degré
x − x + 25 = 0 sont 5 et 5 . Les points fixes de f sont donc 15 et 54 .
2 4 1 4
142 Chapitre 6 – Suites réelles

3. On obtient la représentation graphique suivante.


y

y = f (x)
2

y =x
1

|
0 1 x

4. On rappelle que f est croissante et que f 15 = 51 et f 45 = 45 . Ainsi,


 

◦ si x ∈ 0, 15 , f (x) ∈ f (0), f 15 et on en déduit que f (x) ∈ 0, 15 ,


     

◦ si x ∈ 15 , 45 , f (x) ∈ f 51 , f 45 = 51 , 54 ,
      

◦ si x ∈ 45 , +∞ , f (x) ∈ f 45 , +∞ = 45 , +∞ .
      

5. On note que pour x ∈ R+ ,


4
f (x) ⩾ x ⇔ x 2 − x + ⩾0
25
et on obtient donc que f (x) ⩾ x si seulement si x ∈ 0, 15 ∪ 45 , +∞ d’après le travail de la section
   

2.5.4 sur le signe des équations du second degré (on ne travaille ici que sur R+ ).
6. a) Si u0 ∈ 0, 15 alors u1 = f (u0 ) ⩾ u0 d’après la question précédente et puisque 0, 15 est stable
   

par f , on déduit de la propriété 6.44 que la suite u est croissante et converge vers 51 qui est le
seul point fixe de f dans cet intervalle.
b) Si u0 ∈ 15 , 45 alors u1 = f (u0 ) ⩽ u0 d’après la question précédente et puisque 51 , 45 est stable
   

par f , on déduit de la propriété 6.44 que la suite u est décroissante et converge vers 51 qui est
le seul point fixe de f dans cet intervalle qui soit inférieur ou égal à u0 < 45 .
c) Si u0 ∈ 45 , +∞ alors u1 = f (u0 ) ⩾ u0 d’après la question précédente et puisque 45 , +∞ est
   

stable par f , on déduit de la propriété 6.44 que la suite u est croissante et qu’elle diverge vers
+∞ car f ne possède pas de point fixe supérieur à 45 (et si u converge alors c’est nécessairement
vers un point fixe).
1 3
d) Si u0 = 5 ou u0 = 5 alors u est constante égale à u0 car il s’agit d’un point fixe de f .


Exercice 6.45. Soit u la suite définie par u0 = 1 et, pour tout n ∈ N, un+1 = 2 + un .
1. Montrer que u est croissante.
2. Montrer que u est minorée par 0 et majorée par 2. Que peut-on en déduire sur u ?

Cas où la fonction f est décroissante.

On suppose dans toute cette sous-section que la fonction f est décroissante. Dans ce cas on sait
déjà que la suite u n’est pas monotone d’après la proposition 6.41. On a néanmoins le résultat suivant.

Propriété 6.46. Soient f : [a, b] → [a, b] une fonction continue et décroissante et u une suite récurrente
définie par u0 ∈ [a, b] et pour tout n ∈ N, un+1 = f (un ). Alors :
6.4 Étude des suites récurrentes 143

◦ La sous-suite (u2n )n∈N converge vers une limite ℓ vérifiant f ◦ f (ℓ) = ℓ.


◦ La sous-suite (u2n+1 )n∈N converge vers une limite ℓ′ vérifiant f ◦ f (ℓ′ ) = ℓ′ .

Démonstration. La preuve se déduit du cas croissant. Comme f est décroissante (et change donc le sens
des inégalités), f ◦f est croissante. On applique alors la proposition 6.44 à f ◦f et aux sous-suites (u2n )n∈N
et (u2n+1 )n∈N . À noter que ces suites sont définies par récurrence : u0 est donné, puis u2 = f ◦ f (u0 ),
u4 = f ◦ f (u2 ) et ainsi de suite et de même en partant de u1 , on a u3 = f ◦ f (u1 ) et ainsi de suite.

Remarque. On ne sait pas a priori si ℓ = ℓ′ . Si ℓ ̸= ℓ′ alors on a deux suites extraites de u qui convergent
vers des limites différentes donc u diverge. Si ℓ = ℓ′ alors u converge vers ℓ car u2n → ℓ et u2n+1 → ℓ.

Exemple. Soit (un )n∈N la suite définie par u0 = 1 et pour tout n ∈ N, un+1 = f (un ) avec f (x) = 1 + x2 .
On veut alors étudier la convergence de la suite u et on va pour cela suivre le plan d’étude qui suit.
1. Justifier que f est continue, strictement décroissante sur ]0, +∞[ et qu’elle laisse stable l’intervalle
]0, +∞[.
2. Tracer le graphe de la fonction f et de la courbe y = x.
3. Déterminer les points fixes de g = f ◦ f dans ]0, +∞[.
4. Résoudre l’inéquation g(x) = (f ◦ f )(x) ⩾ x sur ]0, +∞[.
5. On considère les sous-suites v et w de u définies pour n ∈ N par vn = u2n et wn = u2n+1 .
a) Montrer que v est croissante et que w est décroissante.
b) En déduire que v et w sont convergentes et déterminer leurs limites respectives.
c) En déduire la nature de la suite u et sa limite éventuelle.
Passons à présent à la résolution de notre problème.
1. La fonction f est définie et continue sur ]0, +∞[, comme somme de fonctions usuelles qui le sont.
De plus f est strictement décroissante sur ]0, +∞[ (car la fonction inverse l’est) et positive donc
]0, +∞[ est stable par f .
2. La situation est la suivante.
y

6
y =x
5

2
y = f (x)

| | | | | |
0 1 2 3 4 5 6 x

3. Pour trouver les points fixes de g = f ◦ f , on doit résoudre (f ◦ f )(x) = x. Or, pour x ∈]0, +∞[

2 3x + 2
1+ 2 =x ⇔ = x ⇔ 3x + 2 = x(x + 2) ⇔ x 2 − x − 2 = 0
1+ x
x +2

et les solutions de cette équation du second degré sont −1 et 2. Ainsi, le seul point fixe de g sur
]0, +∞[ est 2.
144 Chapitre 6 – Suites réelles

4. On a, pour x > 0,

3x + 2
g(x) ⩾ x ⇔ ⩾ x ⇔ 3x + 2 ⩾ x(x + 2) ⇔ x 2 − x − 2 ⩽ 0
x +2

ce qui équivaut à x ∈]0, 2] sur ]0, +∞[.


5. a) Notons tout d’abord que, puisque f est décroissante, g est croissante. De plus,
◦ v0 = u0 = 1 ∈]0, 2] donc v1 = g(v0 ) > v0 d’après la question précédente. Ainsi, d’après la
proposition 6.41, v est croissante.
◦ w0 = u1 = f (1) = 3 ∈]0,
/ 2] donc w1 = g(w0 ) < w0 d’après la question précédente. Ainsi,
d’après la proposition 6.41, w est décroissante.
b) On sait que
◦ v est croissante majorée par 2 (en effet v0 ⩽ 2 et si on applique g, qui est croissante, à
cette inégalité on obtient par récurrence que pour tout n ∈ N, vn ⩽ 2 car g(2) = 2). Ainsi,
v est convergente d’après le théorème 6.26 et elle converge donc vers un point fixe de g,
i.e. vers 2.
◦ De même w est décroissante minorée et converge vers 2
c) Les deux sous-suites des termes paires et impaires de u convergeant vers une même limite, u
est convergente et converge vers 2.

Exercice 6.47. On veut étudier la convergence de la suite définie par u0 = 4 et, pour tout n ∈ N,
un+1 = un4+2 .
4
1. Montrer que la suite u est bien définie et étudier la monotonie de f : x 7→ x+2 .
2. Déterminer les points fixes de f ◦ f .
3. Déterminer la nature de la suite u en suivant la stratégie précédente.

6.5. Cas particuliers de suites usuelles


On achève ce chapitre par l’étude de trois types de suites particuliers qui sont particulièrement utiles
en pratique et qu’il est important de bien maîtriser.

6.5.1 Les suites arithmétiques


Définition 6.48 – Suite arithmétique. On appelle suite arithmétique, toute suite réelle u = (un )n∈N
satisfaisant pour tout n ∈ N, la relation de récurrence

un+1 = un + r

avec r un nombre réel. On appelle ce nombre r la raison de la suite arithmétique u.



Exemple. La suite u = (un )n∈N , de terme initial u0 = 2 et qui satisfait la relation de récurrence
un+1 = un + 13 , pour tout n ∈ N est une suite arithmétique. Les six premiers termes de cette suite sont
les suivants :
√ 1 √ 1 1 √ 2
u0 = 2, u1 = u0 + = 2+ , u2 = u1 + = 2+ ,
3 3 3 3
1 √ 1 √ 4 1 √ 5
u3 = u2 + = 2 + 1, u4 = u3 + = 2 + , u5 = u4 + = 2 + .
3 3 3 3 3
6.5 Cas particuliers de suites usuelles 145

La représentation graphique de la suite u est la suivante :

3 •
• u5
• u4
2 • u3
• u2
• u1
1
u0

| | | | | |
0 1 2 3 4 5 x

Figure 6.5 – Premiers termes d’une suite arithmétique

Proposition 6.49. Soit u = (un )n∈N , une suite arithmétique de premier terme u0 et de raison r .
◦ Si r > 0, alors la suite u est strictement croissante.
◦ Si r = 0, alors la suite u est constante.
◦ Si r < 0, alors la suite u est strictement décroissante.

Démonstration. On considère une suite arithmétique u de premier terme u0 et de raison r . Pour tout
entier n, on a un+1 − un = un + r − un = r et la monotonie de u est donc donnée par le signe de r .

Proposition 6.50 – Expression explicite d’une suite arithmétique. Soit u = (un )n∈N , une suite arith-
métique de premier terme u0 et de raison r . Alors, pour tout n ∈ N,

un = u0 + nr.

Démonstration. Soit u = (un )n∈N , une suite arithmétique de premier terme u0 et de raison r . On a donc,
pour tout entier naturel n, un+1 = un + r .
◦ Annonce. Démontrons par récurrence que pour tout entier n, un = u0 + nr . Pour tout entier naturel
n, on appelle P(n), la proposition « un = u0 + nr ».
◦ Initialisation. Montrons que la proposition P(0) est vraie. On a u0 = u0 + 0 × r = u0 , donc la
proposition P(0) est vraie.
◦ Hérédité. Soit n un entier. Supposons que la proposition P(n) est vraie, c’est-à-dire que un = u0 +nr .
Montrons qu’alors la proposition P(n + 1) est vraie. On a les égalités suivantes :

un+1 = un + r par définition de la suite u,


= u0 + nr + r par hypothèse de récurrence,
= u0 + (n + 1)r.

On a donc montré que la proposition P(n + 1) est vraie.


◦ Conclusion. Ainsi, par le principe de récurrence, on a montré que pour tout entier n, la proposition
P(n) est vraie, c’est-à-dire que pour tout entier n, un = u0 + nr .

Corollaire 6.51. Soit u une suite arithmétique de raison r . Alors pour tous entiers p < n, on a un =
up + (n − p)r .
146 Chapitre 6 – Suites réelles

Exercice 6.52. Soit u la suite définie par u0 = 1 et pour tout entier naturel n,
un
un+1 = .
2un + 1
1
On admet que pour tout n ∈ N, un ̸= 0 et on définit ainsi la suite v par vn = un .
1. Montrer que la suite v est arithmétique et préciser sa raison.
2. En déduire une expression de un en fonction de n.
3. Montrer que pour tout entier naturel n non nul : 0 < un ⩽ 13 .
4. Montrer que la suite u est décroissante. Que peut-on en déduire sur u ?

Proposition 6.53 – Somme des termes d’une suite arithmétique. Soit u une suite arithmétique. On
considère
S = uk + uk+1 + . . . + up .
avec k ⩽ p deux entiers. Alors,

(premier terme de S) + (dernier terme de S)


S =(nb de termes de S) ×
2
uk + up
=(p − k + 1) .
2

Démonstration. Par récurrence sur p (à k fixé).

Exemple. Soit la suite arithmétique u = (un )n∈N de premier terme u0 = 50 et de raison r = 10. On
considère S = u3 + u4 + u5 + u6 + u7 + u8 . Alors

u3 + u8 80 + 130
S = (8 − 3 + 1) × =6× = 630.
2 2
Exemple. Soit n ∈ N. On cherche à calculer la somme S = 1 + 2 + 3 + . . . + n. On considère la suite
arithmétique u = (un )n∈N de premier terme u0 = 1 et de raison r = 1. On a donc

u0 + un n(n + 1)
S = (n − 0 + 1) × = .
2 2

6.5.2 Les suites géométriques


Définition 6.54 – Suite géométrique. On appelle suite géométrique, toute suite réelle u = (un )n∈N
satisfaisant pour tout n ∈ N, la relation de récurrence un+1 = q × un avec q un nombre réel. On appelle
ce nombre q la raison de la suite géométrique u.
2
Exemple. La suite u = (un )n∈N , de terme initial u0 = 3 telle que pour tout n ∈ N,

3
un+1 = un ,
2
est une suite géométrique. Les six premiers termes de cette suite sont les suivants :

2 3 3 3
u0 = , u1 = u0 = 1, u2 = u1 = ,
3 2 2 2
3 9 3 27 3 81
u3 = u2 = , u4 = u3 = , u5 = u4 = .
2 4 2 8 2 16
6.5 Cas particuliers de suites usuelles 147

La représentation graphique des premiers termes de la suite u est donnée par la figure 6.6 suivante :
y

5 •
u5
4


3 u4

2 u3

1 • u2
• u1
u0
| | | | | |
0 1 2 3 4 5 x

Figure 6.6 – Premiers termes d’une suite géométrique

Proposition 6.55 – Expression explicite d’une suite géométrique. Soit u = (un )n∈N une suite géo-
métrique de premier terme u0 et de raison q. Pour tout entier n, le terme un est donné par la formule
explicite un = u0 × q n .

Démonstration. Soit u = (un )n∈N une suite géométrique de premier terme u0 et de raison q. Par définition,
pour tout n ∈ N, on a un+1 = q × un .
◦ Annonce. Démontrons par récurrence que pour tout entier n, on a un = u0 × q n . Pour tout entier
naturel n, on appelle P(n) la proposition « un = u0 × q n ».
◦ Initialisation. Montrons que la proposition P(0) est vraie. On a u0 = u0 × q 0 car q 0 = 1, donc la
proposition P(0) est vraie.
◦ Hérédité. Soit n un entier. Supposons que la proposition P(n) est vraie, c’est-à-dire que un = u0 ×q n .
Montrons qu’alors la proposition P(n + 1) est vraie. On a les égalités suivantes :

un+1 = un × q par définition de la suite u,


= u0 × q n × q par hypothèse de récurrence,
= u0 × q n+1 .

On a donc montré que la proposition P(n + 1) est vraie.


◦ Conclusion. Ainsi, par le principe de récurrence, on a montré que pour tout entier n, la proposition
P(n) est vraie, c’est-à-dire que pour tout entier n, on a un = u0 × q n .

Corollaire 6.56. Soit u une suite géométrique de raison q. Alors pour tous les entiers p < n, on a
un = up × q n−p .

Proposition 6.57 – Somme des termes d’une suite géométrique. Soit u une suite géométrique de
raison q. Pour k ⩽ p deux entiers, on considère

S = uk + uk+1 + . . . + up .

Alors,
1 − q nb de termes de S 1 − q p−k+1
S = (premier terme de S) × = uk × .
1−q 1−q
Démonstration. Par récurrence sur p (à k fixé).
148 Chapitre 6 – Suites réelles

Exemple. On considère la suite géométrique u = (un )n∈N∗ de premier terme u1 = 20 et de raison q = 2.


On pose S = u3 + u4 + u5 + u6 . Alors

1 − q 6−3+1 1 − 24
S = u3 × = 80 × = 1200.
1−q 1−2

Proposition 6.58 – Limite d’une suite géométrique. Soit u une suite géométrique de raison q et de
premier terme u0 .
◦ Si q > 1, alors si u0 > 0, lim un = +∞ et si u0 < 0, lim un = −∞.
n→+∞ n→+∞
◦ Si q = 1, alors la suite u est constante et lim un = u0 .
n→+∞
◦ Si −1 < q < 1, alors lim un = 0.
n→+∞
◦ Si q ⩽ −1 et u0 ̸= 0, alors la suite u n’a pas de limite.

4un −2
Exercice 6.59. Soit u la suite définie par u0 = 3 et pour tout entier naturel n, un+1 = un +1 .
1. La suite u est-elle arithmétique, géométrique ?
2. On admet que pour tout n ∈ N, un > 1 et on considère la suite v définie, pour tout n ∈ N, par
vn = uunn −2
−1 . Montrer que v est une suite géométrique dont on précisera la raison.
3. Exprimer vn en fonction de n et en déduire une expression de un en fonction de n.
4. Quelle est la limite de la suite u ?

6.5.3 Les suites arithmético-géométriques


On achève cette section en mélangeant les deux types de suites précédents en une seule pour créer
une suite arithmético-géométrique.

Définition 6.60 – Suite arithmético-géométrique. On appelle suite arithmético-géométrique, toute


suite réelle u = (un )n∈N satisfaisant u0 ∈ R et pour tout n ∈ N, la relation de récurrence suivante
un+1 = aun + b avec a et b deux nombres réels.

Remarque. Soit u la suite arithmético-géométrique satisfaisant pour tout n ∈ N,

un+1 = aun + b

avec a et b deux nombres réels. Si a = 1, alors la suite u est une suite arithmétique de raison b. Si b = 0,
alors la suite u est une suite géométrique de raison a.

Exercice 6.61. On considère la suite définie par u0 = 2 et pour tout entier naturel n,

1
un+1 = un + 3.
2
1. Montrer que la suite v définie pour n ∈ N par vn = un − 6 est une suite géométrique dont on
déterminera la raison et le premier terme.
2. En déduire l’expression de vn puis de un en fonction de n.
3. Calculer les sommes

Sn = v0 + v1 = . . . + vn et Sn′ = u0 + u1 + . . . + un .
6.5 Cas particuliers de suites usuelles 149

Proposition 6.62 – Expression explicite d’une suite arithmético-géométrique. Soit u la suite arithmético-
géométrique satisfaisant, pour tout n ∈ N,

un+1 = aun + b

avec a et b deux nombres réels et a ̸= 1. Alors, pour tout entier n, on a

b
un = an (u0 − r ) + r avec r = .
1−a
Démonstration. Considérons u la suite arithmético-géométrique satisfaisant pour tout n ∈ N, un+1 =
b
aun + b avec a et b deux nombres réels, avec a ̸= 1. On note r = 1−a et on pose v = (vn )n∈N , la suite
réelle définie pour tout entier n par vn = un − r .
Soit n, un entier, on a alors
vn+1 = un+1 − r
= aun + b − r
= a(un − r ) + ar + b − r
= avn + (a − 1)r + b
−b
= avn + (a − 1) +b
a−1
= avn .
Donc pour tout entier n, vn+1 = avn et la suite v est une suite géométrique de raison a. En particulier,
pour tout entier n, on a vn = an × v0 ce qui implique que pour tout entier n, on a un − r = an (u0 − r ) ce
qu’il fallait démontrer.

Remarques.
◦ Le nombre r correspond au point fixe de la fonction f : x 7→ ax + b.
◦ Plus que d’apprendre la formule, il est important de retenir la méthode qui permet d’obtenir la formule
explicite d’une suite arithmético-géométrique qui est décrite dans la preuve précédente.

Exercice 6.63. Exprimer un en fonction de n pour les suites définies par :


1. u0 = 2 et pour tout n ∈ N, 2un+1 = 5un + 2.
2. u0 = 2 et pour tout n ∈ N, un+1 = 1 − un .
3. u0 = 4 et pour tout n ∈ N, 2un+1 − 2un + 1 = 0.
150 Chapitre 6 – Suites réelles

Solutions des exercices


Exercice 6.3 On a F0 = 0, F1 = 1, F2 = 1, F3 = 2 et F4 = 3.

Exercice 6.5
1. Pour vn :

•v
3 5

2 •v •v
0 4

•v •v
1 1 •v 3
2

| | | | | |
0 1 2 3 4 5 x

2. Pour un et ũn :

y =x
6

5
y = f (x)
4

| | |
0 u0 u1 u2 4 ũ2 ũ1 6 ũ0 x

Exercice 6.8 On considère la suite (un )n∈N définie pour tout n ∈ N par un = −n. On définit alors (vn )n∈N par vn = un pour tout n ∈ N. Alors
(un )n∈N et (vn )n∈N sont majorées par 0 mais (wn )n∈N = (un )n∈N × (vn )n∈N est la suite définie, pour tout n ∈ N, par wn = n2 qui n’est pas
majorée.

Exercice 6.9 Soit (un )n∈N une suite majorée à partir d’un rang n0 , c’est-à-dire qu’il existe un réel M tel que pour tout n ⩾ n0 , un ⩽ M.
Posons alors M ′ = max(u0 , u1 , · · · , un0 −1 , M). On note que M ′ est bien fini puisqu’il n’y a qu’un nombre fini de termes à comparer. De plus,
par définition de M et de M ′ que pour tout n ∈ N, un ⩽ M ′ ce qui achève de démontrer que la suite (un )n∈N est bornée.

Exercice 6.11 La suite définie, pour n ∈ N, par un = (−1)n n’est ni croissante ni décroissante.

Exercice 6.13 Soit n ∈ N, on a un+1 − un = (un )2 + un + 1 − un = (un )2 + 1. Or, pour tout nombre réel x, on a x 2 + 1 > 0, donc (un )2 + 1 > 0.
On a donc montré que la suite u est strictement croissante.

Exercice 6.15
1. ◦ Annonce. Montrons par récurrence que, pour tout entier n > 0, un > 0. Pour tout entier n > 0, on appelle P(n), la proposition
« un > 0 ».
√ √ √
◦ Initialisation. u1 = u0 + 1 = 3 × 0 + 1 = 1 = 1 > 0 donc la proposition P(1) est vraie.
◦ Hérédité. Soit n un entier tel que n > 0. Supposons que P(n) est vraie, c’est-à-dire que un > 0 : c’est notre hypothèse de récurrence.
Montrons√ qu’alors P(n + 1) est vraie, c’est-à-dire que un+1 > 0. Par hypothèse de récurrence, on a que un > 0 donc 3 × un + 1 > 0
et donc 3un + 1 > 0. On a donc un+1 > 0, i.e. P(n + 1) vraie.
6.5 Cas particuliers de suites usuelles 151

◦ Conclusion. Par le principe de récurrence, on a montré que, pour tout entier n > 0, P(n) est vraie, c’est-à-dire que pour tout entier
n > 0, la suite u vérifie un > 0.
2. Montrons par récurrence que la suite u est strictement croissante, c’est-à-dire que pour tout entier n, un+1 − un ⩾ 0.
◦ Annonce. Pour tout entier n, on appelle Q(n) la proposition « un+1 − un ⩾ 0 » .
◦ Initialisation. Montrons que la proposition Q(0) est vraie. On a u1 − u0 = 1 − 0 ⩾ 0, donc la proposition Q(0) est vraie.
◦ Hérédité. Soit n un entier. Supposons que la proposition Q(n) est vraie, c’est-à-dire que l’inégalité (HR) : um+1 − um ⩾ 0 est vraie
(c’est l’hypothèse de récurrence de notre raisonnement). Montrons qu’alors la proposition Q(n + 1) est vraie, c’est-à-dire que l’on
a un+2 − un+1 ⩾ 0. On a p
un+2 − un+1 = 3un+1 + 1 − 3un + 1 (par définition de la suite u)
p
√ √
p p 3un+1 + 1 + 3un + 1
= ( 3un+1 + 1 − 3un + 1) √ √
3un+1 + 1 + 3un + 1
√ √ √ √
( 3un+1 + 1 − 3un + 1)( 3un+1 + 1 + 3un + 1)
= √ √
3un+1 + 1 + 3un + 1
√ √
( 3un+1 + 1)2 − ( 3un + 1)2
= √ √
3un+1 + 1 + 3un + 1
(3un+1 + 1) − (3un + 1) 3(un+1 − un )
= √ √ = √ √ .
3un+1 + 1 + 3un + 1 3un+1 + 1 + 3un + 1
√ √
Or, le dénominateur 3un+1 + 1 + 3un + 1 est strictement positif (on utilise ici que pour tout entier n > 0, un > 0, donc en
particulier, un+2 + un+1 > 0), et que, par hypothèse de récurrence, on a un+1 − un ⩾ 0, alors un+2 − un+1 ⩾ 0, donc la proposition
Q(n + 1) est vraie.
◦ Conclusion. D’après le principe de récurrence, pour tout entier naturel n, Q(n) est vraie.
On vient donc de démontrer par récurrence que la suite u est croissante.

Exercice 6.17 On procède par récurrence double.


◦ Annonce. Pour tout n ∈ N, on définit la propriété P(n) par : « un = 1 + 2n ».
◦ Initialisation. On a u0 = 1 = 1 + 2 × 0 et u1 = 3 = 1 + 2 × 1 donc P(0) et P(1) sont vraies.
◦ Hérédité. On suppose que cette propriété est vraie à un rang n ⩾ 0 quelconque et également au rang n + 1. Alors,

un+2 = 2un+1 − un = 2(1 + 2(n + 1)) − (1 + 2n) = 2n + 5 = 1 + 2(n + 2)

par hypothèse de récurrence. La propriété est donc vraie au rang n + 2.


◦ Conclusion. Par le principe de récurrence double, quel que soit n ∈ N, un = 1 + 2n.

Exercice 6.19 On procède par récurrence forte.


◦ Annonce. Pour tout n ∈ N, on définit la propriété P(n) par : « un = 1 ».
◦ Initialisation. On a u0 = 1 donc P(0) est vraie.
◦ Hérédité. Soit n ∈ N quelconque, on suppose que P(0), . . . , P(n) sont vraies. Alors,

1 1 n+1
un+1 = (u 2 + u12 + . . . + un2 ) = (1 + . . . + 1) = =1
n+1 0 n+1 n+1

par hypothèse de récurrence. La propriété est donc vraie au rang n + 1.


◦ Conclusion. Par le principe de récurrence forte, quel que soit n ∈ N, un = 1.

Exercice 6.23
1. Faux. La suite u définie pour n ∈ N par un = (−1)n est divergente et bornée.
2. Faux. On prend, pour n ∈ N, un = −n et vn = n. Alors, u et v sont des suites divergentes et pourtant la suite u + v est convergente
puisque un + vn = 0 pour tout n ∈ N.
3. Vrai. En effet, si u converge vers ℓ alors un − ℓ → 0. Mais, alors un2 − ℓ2 = (un − ℓ)(un + ℓ) = (un − ℓ) × (un + ℓ) → 0 car un − ℓ → 0 et
un + ℓ converge vers 2ℓ. Ainsi, la suite (un2 )n∈N est convergente de limite ℓ2 .
4. Faux. Si on considère la suite u définie pour tout n ∈ N par un = (−1)n alors la suite (un2 )n∈N est convergente (car égale à 1 pour tout
n) alors que la suite u est divergente.
un+1
5. Faux. La suite u définie pour tout n ∈ N par un = 2−n est convergente mais un
= 2−1 → 1
2
̸= 1.

Exercice 6.25
1. On factorise par le terme de plus haut degré au numérateur et au dénominateur. Ainsi,
 
n2 3 − n2 + n12 1 3 − n2 + n12
un =  = 4 × .
1 + n22 − n16

n6 1 + n22 − n16 n

Or, le numérateur tend vers 3 alors que le dénominateur tend vers 1. Ainsi, u est une suite convergente qui tend vers 0 lorsque n tend
vers +∞ puisque n14 tend vers 0.
152 Chapitre 6 – Suites réelles

2. On factorise par le terme prépondérant au numérateur et au dénominateur pour lever la forme indéterminée et on obtient
 
n2 3 − n2 + n12 √ 3 − n2 + 1
n2
un = √   = n×
n n 1 + √1n − n√ 1 1 + √1n − √1
n n
n


Or, le numérateur tend vers 3 alors que le dénominateur tend vers 1. Ainsi, u diverge vers +∞ lorsque n tend vers +∞ puisque n tend
vers +∞.
3. Puisque n ⩾ 1, les racines carrées sont bien définies et un également. On ne peut pas utiliser la stratégie de la question précédente car
on obtiendrait alors une forme indéterminée. On utilise la quantité conjuguée. Plus précisément,
√ √
p p n2 + 1 + n2 − 1
un = n2 + 1 − n2 − 1 = √ √ √ √
( n + 1 − n − 1)( n2 + 1 + n2 − 1)
2 2
√ √
n2 + 1 + n2 − 1
= 2
n + 1 − (n2 − 1)
q q 
n 1 + n12 + 1 − n12
= −→ +∞.
2 n→+∞

Donc la suite u diverge vers +∞.


4. Puisque n ⩾ 1, les racines carrées sont bien définies et un également. De plus,

r r !
p √ 1 1 1
un = 1 + n2 − 1+n =n +1− + −→ +∞.
n2 n2 n n→+∞

Donc la suite u diverge vers +∞.


5. On factorise par le terme prépondérant : √   
n 1
un = n −1 =n √ −1
n n
et le terme entre parenthèses tend vers −1 et n vers +∞ donc u diverge vers −∞.
6. Puisque n ⩾ 1, les racines carrées sont bien définies, le dénominateur est non nul donc un est bien défini. De plus,

q 
p √ n 1+ 1

1+ 3

+ √1
s  
(n + 1)(n + 3) + n n n n 1 3 1
un = = = 1+ 1+ + √ −→ 1.
n n n n n n→+∞

Donc la suite u converge vers 1.

Exercice 6.29 On commence par montrer que u est croissante. En effet, un+1 = un + 1
(n+1)!
⩾ un . De plus,

1 1 1
vn+1 = un+1 + = un + +
(n + 1)(n + 1)! (n + 1)! (n + 1)(n + 1)!
1 1 1 1
= un + + + −
n × n! (n + 1)! (n + 1)(n + 1)! n × n!
n(n + 1) + n − (n + 1)2
= vn +
n(n + 1)(n + 1)!
1
= vn − ⩽ vn ,
(n + 1)(n + 1)!
 
donc la suite v est décroissante. Enfin, un − vn = un − un + 1
n×n!
1
= − n×n! −→ 0. Les suites u et v sont donc adjacentes. Ainsi, ces deux
n→+∞
suites sont convergentes et possèdent la même limite (qui s’avère être e).

Exercice 6.33
1. Puisque n ⩾ 1, les dénominateurs sont non nuls et un est donc bien définie. De plus,

1 (−1)n 1
− ⩽ ⩽ .
n n n

Or, n1 tend vers 0. La suite u est donc comprise entre deux suites convergeant vers 0 ce qui, d’après le théorème d’encadrement, nous
permet de conclure que la suite u converge vers 0.
2. Puisque n ⩾ 1, les dénominateurs sont non nuls et u est donc bien définie. De plus, 1
n
tend vers 0 mais (−1)n ne possède pas de limite.
Ainsi, u est une suite divergente ne possédant pas de limite.

Exercice 6.34
6.5 Cas particuliers de suites usuelles 153

1. Méthode 1 : Preuve directe. Si u est une suite bornée, alors il existe M ∈ R+ tel que −M ⩽ un ⩽ M. De plus, si v est une suite qui
converge vers 0 alors pour tout ε > 0, il existe Nε ∈ N tel que pour tout n ⩾ Nε , − Mε ⩽ vn ⩽ Mε . Mais alors, pour tout ε > 0, il existe
Nε ∈ N tel que pour tout n ⩾ Nε , −ε ⩽ −M × Mε ⩽ un vn ⩽ M × Mε = ε, i.e. que uv tend vers 0.
Méthode 2 : Théorème d’encadrement. Puisque u est bornée, il existe M ∈ R+ tel que pour tout entier naturel n, |un | ⩽ M. De plus,
|vn | ⩾ 0 donc 0 ⩽ |un vn | ⩽ M|vn |. Mais, puisque v tend vers 0, (|vn |)n∈N tend également vers 0. (|un vn |)n∈N est donc comprise entre
deux suites qui convergent vers 0 et d’après le théorème d’encadrement on en conclut donc que (|un vn |)n∈N tend vers 0 et donc que
(un vn )n∈N converge vers 0.
2. Si v ne tend pas vers 0 ce résultat devient faux. En effet, en prenant pour tout n ∈ N, un = (−1)n et vn = 1 alors u est bornée, v est
convergente et (un vn )n∈N est divergente.
3. On a pour tout n ∈ N, un = 1 + (−1)n et vn = 1
n
. Puisque u est bornée et v converge vers 0, on en déduit d’après la première question
que la suite tend vers 0.

Exercice 6.38 On a vn+1 = vn + 1


2n+1
− 1
2n+2
= vn + 1
(2n+1)(2n+2)
⩾ vn et la suite v est donc croissante. De plus, wn+1 = wn − 1
2n+2
+ 1
2n+3
=
(−1)(2n+1)+1
wn − 1
(2n+2)(2n+3)
⩽ wn et la suite w est donc décroissante. Enfin, notons que wn − vn = 2n+1
= 1
−→
2n+1 n→+∞
0. Les suites v et w sont
donc adjacentes. Ainsi, elles convergent toutes les deux vers une même limite. Enfin, puisque pour tout n ⩾ 1, vn = u2n et wn = u2n+1 , on en
déduit que la suite u est convergente.

Exercice 6.45
√ √
1. Pour
√ tout n ∈ N, un+1 = f (un ) avec f (x) = 2 + x qui est définie sur [−2, +∞[. La fonction f est croissante et u1 = f (u0 ) = 2 + u0 =
3 > 1 = u0 . On est donc dans le cas où f est croissante et u1 ⩾ u0 . Ainsi, la suite u est croissante.
√ √
2. On note que pour tout x ∈ [0, 2], f (x) = 2 + x ⩽ 4 = 2 car f est croissante. Donc, f ([0, 2]) ⊂ [0, 2], i.e. que [0, 2] est stable par f .
Ainsi, puisque u0 = 1, pour tout n ∈ N, f (un ) ∈ [0, 2] et u est donc minorée par 0 et majorée par 2.
Puisque la suite u est croissante et majorée par 2, elle est convergente. De plus, puisqu’elle converge, elle le fait nécessairement vers un
point fixe de f . Or, ℓ est un point fixe de f si et seulement si f (ℓ) = ℓ ce qui équivaut après mise au carrée à ℓ2 − ℓ − 2 = 0. Le trinôme
x 2 − x − 2 a pour discriminant ∆ = 1 + 8 = 9 et possède donc deux racines réelles x1 = −1 et x2 = 1. Puisque x1 < 0, on peut conclure
que la suite u converge vers 2.

Exercice 6.47
1. Pour tout x ⩾ 0, f (x) ⩾ 0 donc R+ est stable par f . Ainsi, puisque u0 = 4 ⩾ 0, la suite u est bien définie. De plus, la fonction f est
décroissante car la fonction inverse l’est.
2. Puisque f est décroissante, f ◦ f est donc croissante. Pour tout x ⩾ 0,
 
4 4 4(x + 2) 2x + 4
(f ◦ f )(x) = f = 4
= = .
x +2 x+2
+2 4 + 2(x + 2) x +4

Les points fixes de f ◦f sont donc les points ℓ tels que (f ◦f )(ℓ) = ℓ ⇔
2ℓ+4
ℓ+4
= ℓ ⇔ 2ℓ+4 = ℓ(ℓ+4) ce qui équivaut à ℓ2 +2ℓ−4 = 0. Or, le
√ √
trinôme x 2 +2x −4 a pour discriminant ∆ = 4+16 = 20 et possède donc deux racines réelles distinctes données par x1 = −2−2 20 = −1− 5

−2+ 20
√ √
et x2 = 2
= −1 + 5. Or, x1 < 0 donc le seul point fixe de f ◦ f est ℓ = −1 + 5.

3. On sait que, si u converge, alors elle converge vers ℓ = −1 + 5. Afin de savoir si u converge, il nous faut à présent étudier les suites
(u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N .
◦ v = (u2n )n∈N : Puisque vn+1 = (f ◦ f )(vn ) et f ◦ f est croissante, on sait que (vn ) sera monotone et il nous faut comparer v0 et v1
pour déterminer son sens de variation. Or, on sait que v0 = u0 = 4 et
 
2 4 4 3
v1 = u2 = f (f (u0 )) = f = 2
= 8
= ⩽ 4 = v0 .
3 3
+2 3
2

Ainsi, v est décroissante. Puisque, v est minorée par ℓ (car f ◦f est croissante donc ℓ ⩽ u0 = v0 implique ℓ = (f ◦f )(ℓ) ⩽ (f ◦f )(u0 ) = v1
et ainsi de suite), on peut conclure que v est une suite convergente. Or, ℓ étant l’unique point fixe de f ◦ f dans R+ , on peut conclure
que (u2n )n∈N converge vers ℓ.
◦ w = (u2n+1 ) : Puisque wn+1 = (f ◦ f )(wn ) et f ◦ f est croissante, on sait que w sera monotone et il nous faut comparer w0 et w1
pour déterminer son sens de variation. Or, on sait que w0 = u1 = 32 et

2
2× 3
+4 4 + 12 16 2
w1 = u3 = f (f (u1 )) = 2
= = ⩾ = w0 .
3
+4 2 + 12 14 3

Ainsi, wn est croissante. Puisque, (wn ) est majorée par ℓ (même raison), on peut conclure que w est une suite convergente. Or, ℓ
étant l’unique point fixe de f ◦ f dans R+ , on peut conclure que (u2n+1 )n∈N converge vers ℓ.

On a donc montré que les deux suites extraites (u2n )n∈N et √
(u2n+1 )n∈N sont convergentes et convergent vers la même limite ℓ = −1 + 5.
On peut donc conclure que la suite u converge vers −1 + 5.

Exercice 6.52
1. On a pour tout n ∈ N, vn+1 = 1
un+1
= 2un +1
un
=2+ 1
un
= 2 + vn donc v est arithmétique de raison 2 et v0 = 1
u0
= 1.

2. Pour tout n ∈ N, vn = 1 + 2n donc un = 1


vn
= 1
1+2n
.
3. Puisque n ⩾ 0, un > 0. De plus, n ⩾ 1 donc 1 + 2n ⩾ 3 et donc un ⩽ 1
3
.
154 Chapitre 6 – Suites réelles

4. Pour tout n ∈ N, on a 1 + 2(n + 1) = 1 + 2n + 2 ⩾ 1 + 2n et donc un+1 ⩽ un et la suite u est donc décroissante. Or, u est minorée par
0 donc, puisqu’elle est décroissante, elle converge. Or, si u converge vers ℓ alors ℓ = 2ℓ+1

⇔ 2ℓ2 + ℓ = ℓ ⇔ 2ℓ2 = 0 ⇔ ℓ = 0. Donc u
converge vers 0 (on le savait aisément par l’expression obtenue à la question 2.

Exercice 6.59
1. On a u0 = 3, u1 = 5
2
et u2 = 16
7
donc (un )n∈N n’est ni arithmétique, ni géométrique.
2. Soit n ∈ N,
4un −2
un+1 − 2 un +1
−2 4un − 2 − 2(un + 1) 2un − 4 2
vn+1 = = 4un −2
= = = vn
un+1 − 1 un +1
−1 4un − 2 − (un + 1) 3un − 3 3

donc la suite v est géométrique de raison 2


3
.
n 2 n un −2
3. Soit n ∈ N. On a donc vn = v0 23 = 12 . Ainsi, puisque vn = , donc (un − 1)vn = un − 2 et ainsi un (vn − 1) = −2 + vn , donc

3 un −1
on a
2 n
−2 + 12

3
un = 1 2 n
 .
2 3
−1

4. La suite (un )n∈N tend vers 2 puisque −1 < 2


3
< 1.

Exercice 6.61
1. On a, pour n ∈ N, vn+1 = un+1 − 6 = 12 un + 3 − 6 = 12 un − 3 = 12 (un − 6) = 1
v .
2 n
Donc, v est une suite géométrique de raison 1
2
et de
premier terme v0 = u0 − 6 = −4.
n n
2. Pour n ∈ N, on a vn = −4 21 et donc un = vn + 6 = 6 − 4 12 .
 n+1
1− 1    
2 1 n+1 1 n+1
3. Pour n ∈ N, Sn = −4 × et Sn′ = Sn + 6(n + 1) = 6(n + 1) − 8 1 − .
 
1 = −8 1 − 2 2
1− 2

Exercice 6.63
1. Il s’agit d’une suite arithmético-géométrique. On commence par déterminer ℓ ∈ R tel que 2ℓ = 5ℓ + 2 ce qui donne ℓ = − 23 . On considère
alors la suite de terme général vn = un −ℓ = un + 23 . On a alors, pour n ∈ N, vn+1 = un+1 + 23 = 52 un +1+ 23 = 52 un + 53 = 52 un + 32 = 52 vn

8 5 n
donc la suite v est géométrique de raison 2 et de premier terme v0 = u0 + 3 = 3 . Ainsi, pour tout n ∈ N, vn = 3 2
5 2 8
et donc

n
un = − 32 + 83 52 .
2. Il s’agit d’une suite arithmético-géométrique. On commence par déterminer ℓ ∈ R telle que ℓ = 1 − ℓ ce qui donne ℓ = 21 . On considère
alors la suite v définie pour n ∈ N par vn = un − ℓ = un − 12 . On a alors, pour n ∈ N, vn+1 = un+1 − 12 = 1 − un − 12 = 12 − un = −vn ,
donc la suite v est géométrique de raison −1 et de premier terme v0 = u0 − 12 = 23 . Ainsi, pour tout n ∈ N vn = 23 (−1)n et donc
un = 12 + 32 (−1)n .
3. On commence par remarquer que, pour tout n ∈ N, 2un+1 − 2un + 1 = 0 ce qui équivaut à un+1 = un − 12 . La suite u est donc une suite
arithmétique de raison r = − 21 et de premier terme u0 = 4. Ainsi, pour tout n ∈ N, un = u0 + nr = 4 − n2 .
CHAPITRE 7

Longueur, angle et trigonométrie

Dans le chapitre 4, nous avons introduit le produit scalaire de deux vecteurs, qui nous permet de dire
si deux vecteurs sont orthogonaux ou non. En réalité, cette nouvelle opération nous permet de définir la
distance euclidienne entre deux points comme nous allons le voir à présent.

7.1. La distance euclidienne


Avant de parler de distance, on définit la notion de norme d’un vecteur. La définition est commune aux
vecteurs de R2 et R3 donc nous parlerons de vecteurs sans spécifier si c’est un vecteur de R2 ou R3 .

7.1.1 Norme d’un vecteur


Définition 7.1 – Norme d’unpvecteur. On appelle norme du vecteur →

u , que l’on note ∥→

u ∥, le nombre

− →
− →

réel positif donné par ∥ u ∥ = ⟨ u , u ⟩.

Remarque. La définition précédente a bien un sens car on a vu que pour tout vecteur →

u , on a ⟨→

u ,→
−u ⟩ ⩾ 0.
−→ −→ √
Exemple. On considère les points A = (1, 1) et B = (4, 3). Alors, AB = (3, 2) et donc ∥AB∥ = 9 + 4 =

13.

Proposition 7.2. Pour tous vecteurs →



u et →

v , on a l’égalité

∥→

u +→

v ∥2 = ∥→

u ∥2 + 2⟨→

u ,→

v ⟩ + ∥→

v ∥2 .

Remarque. C’est une généralisation en deux dimensions de l’identité remarquable (a+b)2 = a2 +2ab+b2
avec a, b ∈ R. En effet, si l’on considère →

u = (a, 0) et →

u = (b, 0), alors on a ∥→

u +→

v ∥2 = ∥(a+b, 0)∥2 =

− →
− →
− →

(a + b)2 et ∥ u ∥2 + 2⟨ u , v ⟩ + ∥ v ∥2 = a2 + 2ab + b2 .

Démonstration. Soient → −
u et →−
u deux vecteurs. En utilisant les propriétés (voir proposition 4.70) du produit
scalaire, on a les égalités suivantes :

∥→

u +→

v ∥2 = ⟨→

u +→−
v ,→

u +→−
v ⟩ = ⟨→

u ,→

u +→

v ⟩ + ⟨→

v ,→

u +→

v⟩

− →
− →− →
− →
− →
− →
− →

= ⟨u, u⟩+⟨u, v ⟩+⟨v , u⟩+⟨v , v ⟩
= ∥→

u ∥2 + 2⟨→

u ,→

v ⟩ + ∥→

v ∥2

d’où le résultat.

Proposition 7.3 – Inégalité de Cauchy–Schwarz. Pour tous vecteurs → −


u et →
−v de R2 , on a l’inégalité

− →
− →
− →
− →
− →

suivante : ⟨ u , v ⟩ ⩽ ∥ u ∥∥ v ∥, avec égalité si et seulement si u et v sont colinéaires.
156 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie

Démonstration. Soient → −
u et → −
v deux vecteurs. Pour t ∈ R, on définit P (t) = ⟨→ −u + t→−v ,→

u + t→−v ⟩.

− →

Comme, pour tout t ∈ R, P (t) est le produit scalaire du vecteur u + t v avec lui-même, ce qui implique
que pour tout t ∈ R, P (t) ⩾ 0. En utilisant les propriétés de calcul du produit scalaire, on a, pour t ∈ R,
P (t) = ⟨→

u ,→

u ⟩ + 2⟨→
−u ,→
−v ⟩t + ⟨→

v ,→

v ⟩t 2 . Ainsi, P est un polynôme du second degré de variable t. De
plus, comme pour tout t ∈ R, P (t) ⩾ 0, on sait que le discriminant ∆ de P est négatif ou nul : on a donc

∆ = 4⟨→

u ,→

v ⟩2 − 4⟨→

u ,→

u ⟩⟨→

v ,→

v⟩⩽0

ce qui équivaut à ⟨→−u ,→



v ⟩2 ⩽ ⟨→−
u ,→

u ⟩⟨→

v ,→−
v ⟩ d’où le résultat.
Traitons à présent le cas d’égalité : supposons que ⟨→ −u ,→

v ⟩ = ∥→−u ∥∥→−
v ∥, ce qui est équivalent au fait
que le discriminant de P est nul. Le polynôme P admet dont une racine réelle t0 , ce qui nous donne que
P (t0 ) = ⟨→

u + t0 →

v ,→
−u + t0 →

v ⟩ = 0 donc, par les propriétés du produit scalaire →

u + t0 →

v = 0. Les vecteurs

− →

u et v sont donc colinéaires.

7.1.2 Distance entre deux points


Dans la suite de ce chapitre, nous ne travaillerons que dans le plan euclidien. Cependant, une partie de ce
qui sera traité dans ce chapitre peut très bien être étendu à l’espace euclidien. Nous traiterons cela sous
forme de remarques tout au long du chapitre.

Définition 7.4. La distance euclidienne entre les points P et Q, notée d(P, Q) ou P Q, est définie par
−→
d(P, Q) = ∥P Q∥. Si les pointspP et Q ont respectivement pour coordonnées les couples (xP , yP ) et
(xQ , yQ ), alors on a d(P, Q) = (xQ − xP )2 + (yQ − yP )2 .
√ √
Exemple. On considère les points A = (1, 2) et O = (0, 0). On a que d(O, A) = 22 + 12 = 5.

Proposition 7.5. La distance euclidienne est une application d qui prend en entrée un couple de points
(P, Q) du plan, qui renvoie un réel et qui satisfait les propriétés suivantes.

◦ Positivité. Pour tous points P et Q dans le plan euclidien, on a d(P, Q) ⩾ 0, avec égalité si, et
seulement si, P = Q.

◦ Symétrie. Pour tous points P et Q dans le plan euclidien, on a d(P, Q) = d(Q, P ).

◦ Inégalité triangulaire. Pour tous points P , Q et R dans le plan euclidien,

d(P, R) ⩽ d(P, Q) + d(Q, R),

avec égalité si, et seulement si, Q se trouve sur le segment [P R].

Démonstration. Fixons P = (xP , yP ), Q = (xQ , yQ ) et R = (xR , yR ) trois points du plan euclidien.


Démontrons la positivité. Comme une racine carrée est toujours positive, on a que d(P, Q) ⩾ 0. Supposons
de plus que d(P, Q) = 0, on a alors que d(P, Q)2 = 0 qui est une somme de carrés donc (xP − xQ )2 = 0
et (yP − yQ )2 = 0, ce qui implique que xP = xQ et yP = yQ . On montre facilement que d est symétrique :
en effet, on a
p p
d(P, Q) = (xP − xQ )2 + (yP − yQ )2 = (xQ − xP )2 + (yQ − yP )2 = d(Q, P ).

Reste à montrer l’inégalité triangulaire : on a


−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
d(P, Q)2 = ⟨P Q, P Q⟩ = ⟨P R + RQ, P R + RQ⟩ = ∥P R∥2 + 2⟨P R, RQ⟩ + ∥RQ∥2
7.1 La distance euclidienne 157

puis, en utilisant l’inégalité de Cauchy–Schwarz (voir proposition 7.3), on a que


−→ −→ −→ −→
d(P, Q)2 ⩽ ∥P R∥2 + 2∥P R∥∥RQ∥ + ∥RQ∥2
 −→ −→ 2
et comme pour tout vecteur → −u , ∥→

u ∥2 = ⟨→

u ,→

u ⟩, on a d(P, Q)2 ⩽ ∥P R∥ + ∥RQ∥ ce qui implique
que d(P, Q) ⩽ d(P, R) + d(R, Q). Traitons à présent le cas d’égalité. Supposons que d(P, Q) = d(P, R) +
−→ −→ −→ −→
d(R, Q). Dans ce cas, d’après ce qui précède, on a que ⟨P R, RQ⟩ = ∥P R∥∥RQ∥, donc d’après le cas
−→ −→
d’égalité de l’inégalité de Cauchy–Schwarz (voir proposition 7.3), on a que les vecteurs P R et RQ
−→ −→ −→
sont colinéaires. Si le vecteur P R est non nul, il existe donc λ ∈ R∗ tel que P R = λRQ et donc
−→ −→ −→ −→
⟨λRQ, RQ⟩ = ∥λRQ∥∥RQ∥ ce qui implique que λ = |λ|, donc λ > 0 et donc que R est un point du
segment [P Q].

Remarque – Le cas de l’espace euclidien. On peut généraliser la notion de distance euclidienne à l’espace
euclidien, en utilisant le produit scalaire de R3 . Ainsi, pour deux points Pp= (xP , yP , zP ) et Q = (xQ , yQ , zQ )
de l’espace euclidien, la distance euclidienne est donnée par d(P, Q) = (xQ − xP )2 + (yQ − yP )2 + (zQ − zP )2 .
Cette distance satisfait également les propriétés présentées en proposition 7.5.

Exercice 7.6 – Identité du parallélogramme. Soit [ABCD] un parallélogramme du plan euclidien. Mon-
trer que AB 2 + BC 2 + CD2 + DA2 = AC 2 + BD2 .

Exercice 7.7 – Théorèmes de la médiane. On considère un triangle [ABC] du plan euclidien. On note
I le milieu du segment [BC].
1. Démontrer que AB 2 + AC 2 = 2BI 2 + 2AI 2 .
−→ −→
2. Démontrer que ⟨AB, AC⟩ = AI 2 − 14 BC 2 .

7.1.3 Médiatrice d’un segment


Fixons A = (xA , yA ) et B = (xB , yB ), deux points distincts du plan euclidien. On se demande quel est
l’ensemble des points M = (x, y ) du plan euclidien qui sont à égale distance, i.e. équidistants, de A et
de B. Soit M = (x, y ) un point équidistant de A et de B : il satisfait donc d(A, M) = d(B, M) ce qui est
équivalent à p p
(x − xA )2 + (y − yA )2 = (x − xB )2 + (y − yB )2 ,
qui est elle-même équivalente à (x − xA )2 + (y − yA )2 = (x − xB )2 + (y − yB )2 . En développant et en
factorisant par x et y , on a finalement que l’équation d(A, M) = d(B, M) est équivalente à 2(xB − xA )x +
2(yB − yA )y + xA2 − xB2 + yA2 − yB2 = 0. Finalement, l’ensemble des points M du plan euclidien satisfaisant
d(A, M) = d(B, M) est donc une droite D d’équation cartésienne

2(xB − xA )x + 2(yB − yA )y + xA2 − xB2 + yA2 − yB2 = 0.

Définition 7.8 – Médiatrice. La droite des points M satisfaisant d(A, M) = d(B, M) est la médiatrice
du segment [AB].

Exercice 7.9. Soient A et B, deux points distincts du plan euclidien.


1. Montrer que la médiatrice du segment [AB] et la droite (AB) sont perpendiculaires.
2. Déterminer le point d’intersection de la droite (AB) et de la médiatrice du segment [AB].
158 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie

De l’exercice 7.9, on déduit la proposition suivante.

Proposition 7.10. Soient A = (xA , yA ) et B = (xB , yB ) deux points distincts du plan euclidien. La
−→
médiatrice du segment [AB] est la droite de vecteur normal AB passant par le point I, milieu de [AB],
de coordonnées  
xA + xB yA + yB
I= , .
2 2

Exemple. On considère les points A = (−5, 3) et B = (2, 1). Alors une équation cartésienne de la
médiatrice du segment [AB] est donnée par 14x − 4y + 29 = 0 et une équation paramétrique est donnée
par 
x(t) = 4t − 1
, t ∈ R.
y (t) = 14t + 15 4

Exercice 7.11. Déterminer une équation cartésienne de la médiatrice des segments [AB] avec les points
A et B suivants :
1. A = (3, 2) et B = (7, 3), 3. A = (−2, −1) et B = (6, 4),
2. A = (0, 4) et B = (−2, 1), 4. A = (5, 3) et B = (8, 4).

Exercice 7.12. On considère un triangle non plat [ABC] du plan euclidien.


1. Montrer que les médiatrices des segments [AB], [BC] et [CA] sont concourantes en un point O.
2. En déduire qu’il existe un unique cercle passant par les trois sommets A, B et C. Ce cercle est appelé
cercle circonscrit du triangle [ABC].
3. En notant H l’orthocentre du triangle [ABC] (voir exercice 4.82), démontrer la relation dite de
−−→ −→ −→ −→
Sylvester OH = OA + OB + OC.

7.1.4 Projection orthogonale et distance d’un point à une droite


Définition 7.13 – Projeté orthogonal. Soit P un point du plan euclidien et soit D une droite. Le projeté
orthogonal de P sur D est le point défini comme l’intersection de D et de la droite perpendiculaire à D
passant par P .

Lemme 7.14 – Produit scalaire et projeté orthogonal. Considérons A, B et C trois points du plan
euclidien deux à deux distincts, et notons H le projeté orthogonal de C sur la droite (AB). On a l’égalité
−→ −→ −→ −→
⟨AB, AC⟩ = ⟨AB, AH⟩.

Démonstration. Fixons A, B et C, trois points du plan deux à deux distincts, et notons H le projeté
orthogonal de C sur la droite (AB). On a
−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
⟨AB, AC⟩ = ⟨AB, AH + HC⟩ = ⟨AB, AH⟩ + ⟨AB, HC⟩
−→ −→
Or, par définition du projeté orthogonal H de C sur la droite (AB), les vecteurs AB et HC sont ortho-
−→ −→
gonaux, donc le produit scalaire de ces deux vecteurs est nul. Finalement, on a donc que ⟨AB, AC⟩ =
−→ −→
⟨AB, AH⟩.

Proposition 7.15. Considérons A, B et C trois points du plan euclidien deux à deux distincts, et notons
7.1 La distance euclidienne 159

H le projeté orthogonal de C sur la droite (AB). On a


( −→ −→
−→ −→ ∥AB∥ × ∥AH∥ si H ∈ [AB)
⟨AB, AC⟩ = −→ −→
−∥AB∥ × ∥AH∥ sinon

où [AB) désigne la demi-droite fermée en A et passant par B.

Remarque. Cette proposition nous affirme donc que l’on peut calculer le produit scalaire de deux vecteurs
en multipliant deux longueurs (et en faisant attention au signe).

Démonstration. Fixons A, B et C trois points du plan deux à deux distincts et notons H le projeté
−→ −→
orthogonal de C sur la droite (AB). Rappelons que par définition les vecteurs AB et AH sont colinéaires.
−→ −→
AB AH
◦ Supposons que H ∈ [AB), ce qui est équivalent à dire que − → = −→ . D’après le lemme 7.14, on
∥AB∥ ∥AH∥
a −→ −→
−→ −→ −→ −→ −→ AB −→ ∥AH∥ −→ −→
⟨AB, AC⟩ = ⟨AB, AH⟩ = ⟨AB, −→ × ∥AH∥⟩ = −→ × ⟨AB, AB⟩
∥AB∥ ∥AB∥
−→
∥AH∥ −→ −→ −→
= −→ × ∥AB∥2 = ∥AB∥ × ∥AH∥.
∥AB∥
ce qu’il fallait démontrer.
◦ Supposons maintenant que H ∈
/ [AB), ce qui est équivalent à dire que
−→ −→
AB AH
−→ = − −→ .
∥AB∥ ∥AH∥

Il suffit alors de reprendre le même calcul en utilisant cette nouvelle égalité à la place de celle du
premier cas pour trouver le résultat attendu.

Exercice 7.16. On considère [ABCD] un rectangle de côtés de longueurs L et ℓ avec L >


ℓ > 0. On note A′ et C ′ les projetés orthogonaux des points A et C sur la droite (BD).
−→ −→ −→ −→ B C
1. Calculer le produit scalaire ⟨AD + AB, DA + DC⟩.
−→ −−→
2. Justifier que ⟨AC, DB⟩ = A′ C ′ × DB. A′
3. Déduire des questions précédentes que L
C′
′ L2 − ℓ2

AC = √ 2 .
L + ℓ2 A ℓ D

Définition 7.17. La distance d’un point P à une droite D, que l’on note d(P, D) est le minimum des
distances entre Q ∈ D et P , c’est-à-dire
−→
d(P, D) = min{∥P Q∥ | Q est un point de D}.

Remarque. La définition de cette distance fait intervenir le minimum d’un ensemble de réels. Or, tout
ensemble de réels n’admet pas forcément de minimum : la proposition ci-dessous justifie que dans le cas
de cette distance à une droite, c’est toujours le cas.

On a ici une définition de la distance entre un point et une droite qui est en réalité peu pratique à l’usage.
Heureusement, on dispose d’une formule explicite.
160 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie

Proposition 7.18 – Distance d’un point à une droite. Soit D une droite d’équation cartésienne ax +
by + c = 0 (avec a et b non simultanément nuls) et soit P = (xP , yP ) un point du plan. Alors,

|axP + byP + c|
d(P, D) = √ ,
a2 + b 2
−−→
et cette distance est atteinte en le projeté orthogonal Q0 de P sur D, c’est-à-dire d(P, D) = ∥P Q0 ∥.
Ceci est illustré à la figure 7.1.

y
4

P
3 ×

2 M D
×
1 × Q0
x
−2 −1 0 1 2 3 4 5 6

−1

−2

Figure 7.1 – Projeté orthogonal

Démonstration. Soit D la droite d’équation ax + by + c = 0 avec a, b, c ∈ R et (a, b) ̸= (0, 0). Soit


P = (xP , yP ) un point du plan. On appelle Q0 le point d’intersection de la droite D et de la droite
perpendiculaire à D passant par P . On note également → −
n = (a, b) qui est normal à la droite D. Pour
−−→ →

tout point M = (x, y ) de la droite D, on a |⟨P M| n ⟩| = |a(xP − x) + b(yP − y )| = |axP + byP − ax − by | =
|axP + byP + c| car M est un point de D. On a également, par la proposition 7.15, que
−−→ − −−→ − −−→ p
|⟨P M|→
n ⟩| = ∥P Q0 ∥∥→ n ∥ = ∥P Q0 ∥ a2 + b2 .
−−→
D’après les deux égalités précédentes, on a donc ∥P Q0 ∥ = |ax√
P +byP +c|
a2 +b2
.
Montrons que cette distance est minimale. Supposons que P n’est pas un point de D et considérons un
point M de la droite D distinct de Q0 . Le triangle [MP Q0 ] est rectangle en Q0 et le segment [P M] est
son hypoténuse donc d(P, M) > d(P, Q0 ). On illustre cela sur la figure 7.1.

Exemple. On considère la droite D d’équation cartésienne 2x + 3y + 4 = 0 et le point P = (2, 0). Alors,

|2 × 2 + 3 × 0 + 4| 8
d(P, D) = √
2 2
=√ .
2 +3 13

Remarque – À propos de l’espace euclidien. De la même manière que dans la proposition précédente,
on définit le projeté orthogonal d’un point de l’espace euclidien sur un plan. Soit P un plan d’équation
cartésienne ax + by + cz = d avec (a, b, c) ̸= (0, 0, 0), et soit P = (xP , yP , zP ) un point de l’espace.
Alors
|axP + byP + czP + d|
d(P, P) = √ ,
a2 + b 2 + c 2
et cette distance est atteinte en le projeté orthogonal Q0 de P sur P.
7.1 La distance euclidienne 161

7.1.5 L’équation de cercle


Définition 7.19. Soient Ω un point du plan euclidien et r un nombre réel positif. Le cercle de centre Ω
et de rayon r , que l’on note CΩ,r , est l’ensemble des points du plan euclidien situés à distance r de Ω,
c’est-à-dire CΩ,r = {M | d(M, Ω) = r }.

Proposition 7.20. Soient Ω un point du plan euclidien de coordonnées Ω = (a, b) et r un nombre réel
positif. Alors CΩ,r = {M = (x, y ) | (x − a)2 + (y − b)2 = r 2 } et l’équation (x − a)2 + (y − b)2 = r 2 est
appelée l’équation cartésienne du cercle CΩ,r .

Démonstration. Soit M = (x, y ) un point à une distance r > 0 du point Ω = (a, b). On a donc
d(M, Ω) = r . Comme r est positif, cette égalité est équivalente à d(M, Ω) = r , ce qui ce réécrit (x −
a)2 + (y − b)2 = r 2 .

Exemple. L’équation du cercle de centre Ω et de rayon r pour Ω = (1, 2) et r = 2 est donnée par
(x − 2)2 + (y − 1)2 = 4. On illustre cela en figure 7.2.

y
4

1 ×
Ω x
−2 −1 1 2 3 4 5 6
−1

−2

Figure 7.2 – Cercle de centre (2, 1) de rayon 2

Définition 7.21. Soit CΩ,r un cercle de centre Ω et de rayon r > 0. Un diamètre du cercle CΩ,r est la
donnée de deux points A et B du cercle tels que Ω soit le milieu du segment [AB].

Proposition 7.22. Soient A et B deux points du plan et soit C le cercle de diamètre [AB]. Un point M
−−→ −−→
appartient au cercle C si et seulement si ⟨MA, MB⟩ = 0.

Démonstration. Soient A et B deux points du plan et C le cercle de diamètre [AB]. On note Ω le milieu
−→
du segment [AB], qui est aussi le centre du cercle C . Le rayon du cercle C est égal à 21 ∥AB∥. Soit M un
point du plan. On a les égalités suivantes :
−→ −−→ −−→ −−→ −−→
∥AB∥2 = ∥AM∥2 + ∥MB∥2 + 2⟨AM, MB⟩
−→ −−→ −−→ −→ −−→ −−→
= ∥AΩ + ΩM∥2 + ∥MΩ + ΩB∥2 − 2⟨MA, MB⟩
−→ −−→ −→ −−→ −−→ −→ −−→ −→ −−→ −−→
= ∥AΩ∥2 + ∥ΩM∥2 + 2⟨AΩ, ΩM⟩ + ∥MΩ∥2 + ∥ΩB∥2 + 2⟨MΩ, ΩB⟩ − 2⟨MA, MB⟩
−→ −−→ −−→ −→ −→ −−→ −→ −−→ −−→ −−→
= ∥AΩ∥2 + ∥ΩM∥2 + ∥MΩ∥2 + ∥ΩB∥2 + 2⟨AΩ, ΩM⟩ − 2⟨ΩB, ΩM⟩ − 2⟨MA, MB⟩
−→ −−→ −−→ −→ −→ −→ −−→ −−→ −−→
= ∥AΩ∥2 + ∥MΩ∥2 + ∥MΩ∥2 + ∥ΩB∥2 + 2⟨AΩ − ΩB, ΩM⟩ − 2⟨MA, MB⟩
−→ −→ −→ −→ −→ −−→ −−→ −−→
On a donc, comme AΩ = 21 AB = ΩB, on a finalement que ∥AB∥2 = 21 ∥AB∥2 + 2∥MΩ∥2 − 2⟨MA, MB⟩
−→ −−→ −−→ −−→
ce qui est équivalent à 21 ∥AB∥2 = 2∥MΩ∥2 − 2⟨MA, MB⟩. Supposons que M est un point du cercle C ,
−→ −−→ −→
c’est-à-dire que d(M, Ω) = 21 ∥AB∥. Cela implique donc que ∥MΩ∥2 = 14 ∥AB∥2 , et donc d’après l’équation
162 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie
−−→ −−→
précédente, cela implique que ⟨MA, MB⟩ = 0.
−−→ −−→ −→ −−→ 1 −→ −−→
Supposons à présent que ⟨MA, MB⟩ = 0. On a alors 12 ∥AB∥2 = 2∥MΩ∥2 donc 2 ∥AB∥ = ∥MΩ∥ : le
point M est donc un point du cercle de diamètre [AB].

Exercice 7.23. On considère la droite Dc d’équation x + 2y = c, avec c ∈ R, et le cercle C de centre


(2, 1) et de rayon 1. Déterminer en fonction de c le nombre de points d’intersection de Dc et C .

7.2. La notion d’angle

7.2.1 Définition
Dans toute cette section, on se place dans le plan euclidien, c’est-à-dire l’ensemble des vecteurs R2
muni du produit scalaire défini précédemment. On fixe ici une orientation sur R2 , qui est représentée par
la flèche en bleu du dessin ci-dessous.

Notez qu’on a fait ici un choix arbitraire d’orientation, car on aurait pu prendre la flèche bleue dans l’autre
sens. Cette orientation est communément appelée sens trigonométrique (contrairement à l’autre choix,
qui est le sens horaire, en référence au sens de rotation des aiguilles d’une montre). Donnons ici quelques
définitions liées à la notion de vecteur et utiles par la suite.

Définition 7.24. Deux vecteurs colinéaires →−


v et → −
w sont dits de même sens si le coefficient de colinéarité

− →

k (le coefficient tel que v = k · w ) est positif.

Définition 7.25 – Vecteur unitaire. Un vecteur →



v est dit unitaire s’il est de norme égale à 1, c’est-à-dire


si ∥ v ∥ = 1.

Lemme 7.26. Soit → −


v un vecteur non-nul. Alors les vecteurs 1 →
∥−

v∥

v 1 →
et − ∥−

v∥

v sont les deux seuls vecteurs
unitaires colinéaires à →

v.

Exercice 7.27. Soit →



v un vecteur non nul. Vérifier que le vecteur 1 →
∥−

v∥

v est un vecteur unitaire.

−−→ −
Rappelons que pour tout vecteur →

v , il existe un point M du plan tel que OM = →
v.

Définition 7.28. Un angle orienté est la donnée d’un couple (ordonné) de deux vecteurs unitaires (→

v ,→

w ).
[
Soient trois points du plan A, B et C, avec A distincts de B et de C. On note par BAC, l’angle orienté
formé par le couple de vecteurs unitaires
−→ −→ !
[ = AB AC
BAC −→ , −→ .
∥AB∥ ∥AC∥
7.2 La notion d’angle 163

Soient (→−
v ,→

w ) et (→

v ′, →

w ′ ) deux angles orientés : on note P, Q, P ′ et Q′ les points du plan tels que

− −→ −
−→ −−→′ −−→
v = OP , w = OQ, v = OP et →

− →
− ′ −
w ′ = OQ′ . Les angles (→

v ,→

w ) et (→
− v ′, →

w ′ ) sont dits égaux s’il existe
′ ′
une rotation de centre O qui envoie P sur P et Q sur Q .

Remarques.
◦ Il y a ici un flou sur la définition de l’égalité de deux angles car nous n’avons jamais défini la notion
de rotation.
◦ On notera que pour trois points du plan A, B et C, les angles BAC [ et CAB[ sont différents car on
prend en compte l’orientation du plan comme illustré à la figure 7.3a.

Proposition 7.29 – Angles alternes/internes – angles opposés. On considère deux droites parallèles
(AB) et (A′ B ′ ) et une droite ∆ qui coupe les segments [AB] et [A′ B ′ ] de telle sorte que A et A′ sont du
même coté de ∆. On note C (respectivement C ′ ) le point d’intersection de ∆ et (AB) (respectivement
−→ −−→ −→ −−→ −−→ −−→
(A′ B ′ )). Alors les angles (CB, C ′ C), (CA, CC ′ ) et (C ′ A′ , CC ′ ) sont égaux. On illustre cela à la figure
7.3b.

C B
×

A C B′
× ×
[
BAC

A× C′
[
CAB
A B
I
×
C ′′

(a) Orientation et angles (b) Angles alternes/internes

Figure 7.3 – Angles

−→ −−→ −→ −−→
Démonstration. La rotation centrée en C d’angle π envoie l’angle (CB, C ′ C) sur l’angle (CA, CC ′ ) d’où
−−→
l’égalité. La translation de vecteur CC ′ envoie le point A sur A′ , le point C sur C ′ et le point C ′ sur C ′′
−→ −−→′ −−→ −−−→ −−−→ −−→
donc l’angle (CA, CC ) est égal à l’angle (CA′ , C ′ C ′′ ), or C ′ C ′′ = CC ′ , d’où l’égalité annoncée.

7.2.2 Cosinus et sinus d’un angle


Définition 7.30 – Cosinus d’un angle. Soient trois points du plan A, B et C, avec A différent de B et
de C. Le cosinus de l’angle BAC, [ est le nombre
d noté cos(BAC)

−→ −→
[ ⟨AB, AC⟩
cos(BAC) = −→ −→ .
∥AB∥∥AC∥

Remarque – Interprétation géométrique du cosinus d’un angle. D’après la proposition 7.15, le cosinus
−→ −→ −→
d’un angle correspond à une longueur avec un signe. Pour deux vecteurs AB et AC, si on note →−
u = AB−→
∥AB∥
−→ −→
et →

w = − AC
→ , et si on note P , le projeté orthogonal du point M sur la droite (AB), alors on a AP =
∥AC∥
[ →
cos(BAC) −u . On illustre cette interprétation géométrique à la figure 7.4.

On finit ici par donner une généralisation du théorème de Pythagore.


164 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie

M
M



w


w


u

A P B
A −

u
[ >0
cos(BAC)
P B
[ <0
cos(BAC)

Figure 7.4 – Cosinus d’un angle

Théorème 7.31 – Théorème d’Al-Kashi. Soient A, B et C, trois points du plan. On a l’égalité suivante
BC 2 = AB 2 + AC 2 − 2AB · AC cos(BAC).
[
−→ −→ −→
Démonstration. Soient A, B, C trois points du plan. On a BC 2 = ∥BC∥2 = ∥AC − AB∥2 donc BC 2 =
−→ −→ −→ −→
∥AC∥2 − 2⟨AC, AB⟩ + ∥AB∥2 = AB 2 + AC 2 − 2AB · AC cos(BAC).
[

Définition 7.32 – Sinus d’un angle. Soient trois points du plan A, B et C, avec A différent de B et de
C. Le sinus de l’angle BAC [ est défini par
d noté sin(BAC)

−−→ −→
[ \′
⟨AB ′ , AC⟩
sin(BAC) = cos(B AC) = −−→ −→ .
∥AB ′ ∥∥AC∥
−−→
où le point B ′ est le point du plan tel que AB ′ = (yA − yB , xB − xA ).

Proposition 7.33 – Sinus et déterminant. Soient trois points du plan A, B et C, avec A différent de B
et de C. On a l’égalité
−→ −→
[ = det(
sin(BAC)
AB, AC)
−→ −→ .
∥AB∥∥AC∥
−−→ −→
Démonstration. Directement depuis la définition : il suffit de faire le calcul de ⟨AB ′ , AC⟩ pour voir appa-
−→ −−→′
raître le déterminant, et remarquer que AB et AB ont la même norme.

Remarque – Interprétation géométrique du sinus d’un angle. Le sinus d’un angle peut donc s’inter-
−→ −→
préter graphiquement, toujours d’après la proposition 7.15. Pour deux vecteurs AB et AC, si l’on note
−→ −−→′ −→

−u = − AB → − AB →
− AC
→ , v = −−→′ et w = −→ , et si on note P , le projeté orthogonal du point M sur la droite
∥AB∥ ∥AB ∥ ∥AC∥
−→ [ → −
(AB ′ ), alors AP = sin(BAC) v . On illustre cela à la figure 7.5.

C −

v



v
P −

u


−−−→ w


sin(BAC) −−−→ A w B


u sin(BAC)
A B P

Figure 7.5 – Illustration graphique du sinus d’un angle


7.2 La notion d’angle 165

Exercice 7.34 – Calculs d’aires.


1. On considère un triangle [ABC] du plan euclidien. Déterminer l’aire du triangle en fonction du sinus
−→ −→
de l’angle (AB, AC).
2. On considère un parallélogramme [ABDC] du plan euclidien. Déduire de la question précédente l’aire
−→ −→
de [ABDC] en fonction de det(AB, AC).

Proposition 7.35 – Identité fondamentale de la trigonométrie. On considère trois points A, B et C


distincts deux à deux du plan euclidien.
−→ −→ −→ −→
◦ On a l’identité cos(AB, AC)2 + sin(AB, AC)2 = 1.
−→ −→ −→ −→
◦ On a les encadrements −1 ⩽ cos(AB, AC) ⩽ 1 et −1 ⩽ sin(AB, AC) ⩽ 1.

Démonstration.
−−→ −→
AC
◦ On considère le point M tel que AM = −→ et H le projeté orthogonal de M sur la droite (AB).
∥AC∥
Le triangle [AHM] est donc rectangle en H. On a donc que AM 2 = AH 2 + HM 2 , donc 1 =
−→ −→ −→ −→
cos(AB, AC)2 + sin(AB, AC)2 d’après les interprétations géométriques du cosinus et du sinus.
−→ −→ −→ −→
◦ On a par définition que | cos(AB, AC)| = |⟨−AB, AC⟩|
→ −→ . Par l’inégalité de Cauchy–Schwarz (voir propo-
∥AB∥∥AC∥
−→ −→
sition 7.3), on obtient directement que | cos(AB, AC)| ⩽ 1, d’où le résultat. L’encadrement du sinus
découle directement de ce résultat.

Exercice 7.36 – Formule de Héron. On considère A, B et C trois points distincts deux à deux du plan
euclidien et [ABC] le triangle formé par ces trois points. On note a = BC, b = AC et c = AB et p ∈ R+ ,
le demi-périmètre du triangle [ABC], c’est-à-dire le nombre qui satisfait 2p = a + b + c.
−→ −→ 2 2 −a2 )2
1. Montrer que sin(AB, AC)2 = 1 − (b +c 4b2 c 2 .
−→ −→ 2
2. En déduire que sin(AB, AC) = (a+b+c)(a+b−c)(b+c−a)(c+a−b)
4b2 c 2 .

−→ −→ p(p−a)(p−b)(p−c)
3. Montrer que | sin(AB, AC)| = 2 bc .
p
4. En déduire la formule de Héron Aire([ABC]) = p(p − a)(p − b)(p − c).

7.2.3 Longueur d’arc et mesure d’angles


On se place toujours dans le plan euclidien. On note O = (0, 0), I = (1, 0) et J = (0, 1).

Définition 7.37 – Cercle trigonométrique. On appelle cercle trigonométrique, le cercle de centre O


et de rayon 1.

Définition 7.38 – Longueur d’arc. Soient N et P deux points du cercle trigonométrique. On appelle

subdivision de taille n ∈ N∗ de l’arc NP la donnée de n+1 points distincts M0 = N, M1 , . . . , Mn−1 , Mn = P

situés sur l’arc NP , ordonnés grâce au sens de parcours trigonométrique. À une telle subdivision, on associe
la somme des longueurs des segments [Mi Mi+1 ] : ℓM0 ,...,Mn = M0 M1 + M1 M2 + . . . + Mn−1 Mn . On appelle

longueur de l’arc MN, la limite lorsque n tend vers +∞ des longueurs ℓM0 ,...,Mn pour une suite de
subdivisions.

Remarque. Nous admettrons ici l’existence d’une telle limite et que celle-ci ne dépend pas de la suite de
subdivisions choisie.
166 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie

Définition 7.39 – Mesure principale d’un angle. On considère un angle donné par le couple ordonné

→ −−→
(→

v ,→

w ). On note M = (x, y ), le point du cercle trigonométrique tel que (→−v ,→

w ) = (OI, OM).
La mesure principale de l’angle (→−v ,→

w ) est définie de la manière suivante :
◦ si M appartient au demi-plan supérieur du plan euclidien, c’est-à-dire si y ⩾ 0, alors la mesure

→ −−→ ⌢
principale de l’angle (OI, OM) est la longueur de l’arc IM contenu dans le demi-plan supérieur ;
◦ si M appartient au demi-plan inférieur du plan euclidien, c’est-à-dire si y < 0, alors la mesure principale

→ −−→ ⌢
de l’angle (OI, OM) est la longueur de l’arc IM contenu dans le demi-plan inférieur multipliée par
−1.

θ ∈ [0, π]
M

O I O I

M
θ ∈] − π, 0]

(a) Mesure principale positive (b) Mesure principale négative

Figure 7.6 – Mesure principale d’un angle

Définition 7.40 – Le nombre π. On note π la longueur du demi-cercle trigonométrique et donc 2π la


circonférence du cercle trigonométrique.

Définition 7.41 – Mesure d’angle. On appelle mesure de l’angle orienté (→ −v ,→−


w ), tout réel x tel qu’il

− →

existe k ∈ Z tel que x = θ + 2kπ, où θ est la mesure principale de l’angle ( v , w ).

Remarque – Lien avec la mesure en degré. Soient A, B et C trois points du plan deux à deux distincts.
[ l’angle du plan formé par les vecteurs −
On note BAC
→ −→
AB et AC.
180
◦ Si la mesure de BAC
[ en radian vaut x, alors sa mesure en degré vaut x ·
π .
π
◦ Si la mesure de BAC
[ en degré vaut y , alors sa mesure en radian vaut y ·
180 .
Par la suite, nous n’utiliserons que la mesure en radian des angles. Cependant, afin que vous puissiez vous
familiariser avec cette nouvelle manière de mesurer les angles, vous trouverez un tableau de correspon-
dances en table 7.1.

π π π π
Radian 0 6 4 3 2

Degré 0 30 45 60 90

Table 7.1 – Correspondance mesure radian/degré

7.2.4 Deux résultats classiques


On se propose dans cette section d’utiliser les mesures d’angles pour revenir sur certains résultats de
géométrie euclidienne classiques.
7.2 La notion d’angle 167

Proposition 7.42 – Somme des angles d’un triangle. Soit [ABC] un triangle. La somme des mesures
principales des angles du triangle est égale à ±π.

Démonstration. On considère un triangle [ABC] non plat, c’est-à-dire que le point C n’appartient pas à
la droite (AB). On considère D la parallèle à (AB) passant par C. En utilisant la proposition des angles
alternes-internes et des angles opposés (voir proposition 7.29), on en déduit que la somme des angles est
égale à ±π. On illustre cela à la figure 7.7.

× ×
B A

Figure 7.7 – Somme des angles d’un triangle

Proposition 7.43 – Angle au centre. Soit C un cercle de centre O et soient A, B et C trois points
−→ −→
distincts de C . Alors, si θ est une mesure de l’angle (BA, BC), alors 2θ est une mesure de l’angle
−→ −→
(OA, OC). On illustre ce résultat à la figure 7.8.

B C


θ O O O
A A
θ

C B

Figure 7.8 – Angle au centre

Démonstration. Soit C un cercle de centre O et soient A, B et C trois points distincts de C . Si le résultat


−→ −→
est vrai pour θ la mesure principale de (BA, BC), alors le résultat sera vrai pour toute mesure θ + 2kπ.
On démontre donc le résultat pour la mesure principale.
◦ On commence par traiter le cas où le segment [BC] est un diamètre du cercle C . On suppose sans
−→ −→
perdre de généralité que la mesure principale de l’angle (OB, OA) est positive. On note ψ la mesure
−→ −→
principale de l’angle (OA, OC).
−→ −→
▷ Comme [BC] est un diamètre de C , alors la mesure principale de l’angle (OB, OA) est égale à
π − ψ.
−→ −→
▷ Comme le triangle [OAB] est isocèle en O, alors la mesure principale de l’angle (OB, OA) est
−→ −→
égale à π − 2θ, où θ est la mesure principale de l’angle (BA, BC).
−→ −→
En utilisant les deux expressions de la mesure principale de (OB, OA), on obtient que ψ = 2θ, d’où
le résultat.
◦ On démontre à présent le cas général. On considère [BD] le diamètre du cercle C d’extrémité B.
−→ −−→
On suppose sans perdre en généralité que la mesure principale de l’angle (OA, OD) est positive. On
distingue deux cas.
168 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie

▷ On considère le cas où A et C sont de part et d’autre de la droite (BD). Par ce qui précède, la
−→ −−→ −→ −−→
mesure principale de l’angle (OA, OD) est le double de la mesure principale de l’angle (BA, BD).
−−→ −→
De même, la mesure principale de l’angle (OD, OC) est le double de la mesure principale de
−−→ −→
l’angle (BD, BC). On obtient le résultat en sommant les deux égalités énoncées.
▷ On considère le cas où A et C sont dans le même demi-plan défini par la droite (BD). Par
−→ −−→
ce qui précède, la mesure principale de l’angle (OA, OD) est le double de la mesure principale
−→ −−→ −−→ −→
de l’angle (BA, BD). De même, la mesure principale de l’angle (OD, OC) est le double de la
−−→ −→
mesure principale de l’angle (BD, BC). On obtient le résultat en faisant la différence des deux
égalités énoncées.

Exercice 7.44. On considère un triangle [ABC], rectangle en B. Démontrer que

−→ −→ AB −→ −→ BC
| cos(AB, AC)| = et | sin(AB, AC)| = .
AC AC

7.3. Trigonométrie

→ −−→
Définition 7.45 – Fonctions cosinus et sinus. Soit x une mesure de l’angle orienté (OI, OM) où M est
un point du cercle trigonométrique.
◦ On appelle cosinus de x, noté cos(x), l’abscisse du point M.
◦ On appelle sinus de x, noté sin(x), l’ordonnée du point M.
Ainsi, on a construit les fonctions

cos : R → R sin : R → R
et
x 7−→ cos(x) x 7−→ sin(x)

qui sont définies sur R.

Remarque. La définition des fonctions cosinus et sinus coïncide avec les représentations géométriques
des cosinus et sinus d’angle que nous avions présentées à la section 7.2.2. Par la suite, nous ne ferons
pas de différence entre le cosinus d’un angle et le cosinus de ses mesures, de même pour le sinus.
−→
Définition 7.46 – Tangente. On considère la droite D de vecteur directeur OJ passant par I. Pour une
mesure d’angle x qui diffère de π2 +kπ avec k ∈ Z, on considère le point M de coordonnées (cos(x), sin(x)).
On note P le point d’intersection des droites D et (OM). On définit la tangente de x comme le réel
noté tan(x) qui satisfait

→ −→
IP = tan(x)OJ.

Propriété 7.47. Pour tout x ∈ R \ { π2 + kπ | k ∈ Z}, on a

sin(x)
tan(x) = .
cos(x)

Démonstration. Soit x ∈ R \ { π2 + kπ | k ∈ Z}. On considère :


◦ le point M de coordonnées (cos(x), sin(x)) ;
−→
◦ le point N, intersection de la droite (OI) et de la droite de vecteur directeur OJ passant par M, de
coordonnées (cos(x), 0) ;
7.3 Trigonométrie 169

M tan(θ)

O N I

Figure 7.9 – Tangente d’un angle

−→
◦ le point P , intersection de la droite (OM) et de la droite de vecteur directeur OJ passant par I, de
coordonnées (1, tan(x)).
−−→ −→
On applique le théorème de Thalès (voir théorème 4.43) pour obtenir qu’il existe λ ∈ R tel que ON = λOI
−−→ −
→ −−→ −→
et NM = λIP . Or, λ = cos(x) et NM = sin(x)OJ. On a donc


→ sin(x) −→
IP = OJ,
cos(x)

d’où le résultat.

Proposition 7.48 – Périodicité. Pour tout nombre réel x, on a

cos(x) = cos(x + 2π) et sin(x) = sin(x + 2π).

Autrement dit, les fonctions cos et sin sont 2π-périodiques (voir définition 5.30).

Démonstration. Cela découle directement du fait que la circonférence du cercle trigonométrique est égale
à 2π.

M
M

π −θ π +θ P
2 2
θ
θ

π π
(a) Angles de mesure θ et 2 −θ (b) Angles de mesure θ et 2 +θ
π
Figure 7.10 – Décalage de 2 d’une mesure d’angle

Proposition 7.49. Pour tout nombre réel x, on a les relations suivantes


◦ cos π2 + x = − sin(x), ◦ cos π2 − x = sin(x),
 

◦ sin π2 + x = cos(x), ◦ sin π2 − x = cos(x).


 
170 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie

Démonstration. On note M le point du cercle trigonométrique de coordonnées


 −→ (cos(x), sin(x)).
 → L’angle
−→ −−→ π −−→ π π −
(−OJ, OM) est de mesure 2 + x. On a donc que OM = cos x + 2 (−OJ) + sin x + 2 OI. Comme
−−→ −
→ −→
OM s’écrit de manière unique dans la base (OI, OJ) (voir théorème 4.18), on obtient les relations par
identification.

Proposition 7.50 – Les valeurs remarquables de cosinus, sinus et tangente.

π π π π
x 0 6 4 3 2
√ √
3 2 1
cos(x) 1 2 2 2 0
√ √
1 2 3
sin(x) 0 2 2 2 1

3

tan(x) 0 3 1 3 non définie

Démonstration. Commençons par noter que l’on ne considère que des angles de mesures principales
comprises entre 0 et π2 . Soit M le point de coordonnées (cos(x), sin(x)) pour x ∈ [0, π2 ]. Alors on a
cos(x) ⩾ 0 et sin(x) ⩾ 0.

→ −−→
◦ Soit M le point du cercle trigonométrique tel que l’angle (OI, OM) soit de mesure principale π2 . Alors
le point M est le point J = (0, 1), donc par définition, cos( π2 ) = 0 et sin( π2 ) = 1.

→ −−→
◦ Soit M le point du cercle trigonométrique tel que l’angle (OI, OM) soit de mesure principale π3 . Le
triangle [OIM] est isocèle en O avec un angle de π3 donc est équilatéral. Ainsi, la hauteur issue de
M est également la médiatrice du segment [OI] donc cos(x) = 12 . Comme √
pour x ∈ R, cos(x)2 +
sin(x)2 = 1, on a sin( π3 )2 = 43 et, comme sin(x) ⩾ 0, on a sin( π3 ) = 23 .
−→ −−→
◦ Soit M le point du cercle trigonométrique tel que l’angle (OI, OM) soit de mesure principale π4 . On
note N le projeté orthogonale de M sur la droite (OI) : le triangle [OMN] est rectangle en N avec
−−→ −−→ −−→ −−→
l’angle (ON, OM) de mesure principale π4 donc l’angle (MO, MN) est de mesure principale π4 : le
triangle [OMN] est isocèle en N donc cos( π4 ) = sin( π4√). Comme 1 = cos( π4 )2 + sin( π4 ) = 2 cos( π4 )2
et que cos( π4 ) > 0, on en déduit que cos( π4 ) = √12 = 22 = sin( π4 ).
π π π
◦ En remarquant que 6 = 2 − 3, on obtient le résultat souhaité en appliquant les relations de la
proposition 7.49.
On obtient les valeurs remarquables de la tangente en utilisant que pour tout x ∈ R \ { π2 + kπ | k ∈ Z},
sin(x)
on a tan(x) = cos(x) .

√ π
3 ×
√2 3 π
2 ×
2 4
1 π
2 ×
6

√ √
1 2 3
2 2 2

Figure 7.11 – Valeurs remarquables du cosinus et du sinus.


7.3 Trigonométrie 171

Dans les différentes propositions suivantes, le plus important est de retenir les différentes illustrations afin
de retrouver facilement les relations présentées, plutôt que de retenir par cœur celles-ci au risque de se
tromper.

Exercice 7.51. Résoudre dans R puis dans [0, 2π[ les équations suivantes :
1. cos(x) = −1, 4. sin(x) = 21 , 7. tan(x) = −1,

2. cos(x) = 1, 5. cos(x) = 3 8. sin(x) = √1 ,
2 , 2

3. tan(x) = 0, 6. cos(x) = − √12 , 9. tan(x) 1


= 3.

Proposition 7.52. Pour tout nombre réel x, on a les relations suivantes :


◦ cos(−x) = cos(x), ◦ sin(−x) = − sin(x),
◦ cos(π + x) = − cos(x), ◦ sin(π + x) = − sin(x),
◦ cos(π − x) = − cos(x), ◦ sin(π − x) = sin(x).

On trouvera une illustration de ces relations en figure 7.12.

×P ×P M × ×P
π−x
θ+π
θ θ x
−θ

×M M ×

(a) Angles de mesure θ et −θ (b) Angles de mesure θ et θ + π (c) Angles de mesure θ et π − θ

Figure 7.12 – Symétries trigonométriques

Démonstration. Les points du cercle trigonométrique P = (cos(x), sin(x)) et M = (cos(−x), sin(−x))


sont symétriques par rapport à l’axe des abscisses. On obtient donc directement le résultat. Les points du
cercle trigonométrique P = (cos(x), sin(x)) et M = (cos(π + x), sin(π + x)) sont symétriques par rapport
au point O = (0, 0), d’où le résultat. Enfin, les points du cercle trigonométrique P = (cos(x), sin(x)) et
M = (cos(π − x), sin(π − x)) sont symétriques par rapport à l’axe des ordonnées, d’où le résultat.

Exercice 7.53. Donner les valeurs explicites des cosinus et sinus suivants :
1. cos − π6 , 3. cos 7π 5π
  
6 , 5. cos 6 ,
π 7π 5π
  
2. sin − 6 , 4. sin 6 , 6. sin 6 .

Proposition 7.54 – Formules d’addition. Pour tous réels x et y , on a

cos(x + y ) = cos(x) cos(y ) − sin(x) sin(y ),


sin(x + y ) = sin(x) cos(y ) + cos(x) sin(y ).
172 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie

/ { π2 + kπ | k ∈ Z}, on a
Pour tous réels x et y tels que x, y , x + y ∈

tan(x) + tan(y )
tan(x + y ) = .
1 − tan(x) tan(y )

J
C

A
B β

α I

Figure 7.13 – Formules d’addition

Démonstration. Soient α, β ∈] − π, π] deux mesures principales d’angles. On considère A et B deux



→ −→ −→ −→
points du cercle trigonométrique tels que l’angle (OI, OA) soit de mesure α et l’angle (OA, OB) soit
−→ −
→ −→
de mesure β, comme illustré en figure 7.13. En particulier, on a OA = cos(α)OI + sin(α)OJ. Soit C
−→ −→
un troisième point du cercle trigonométrique tel que l’angle (OA, OC) soit de mesure π2 . Alors on a
−→ −→ −→
OB = cos(β)OA + sin(β)OC et
−→  π− →  π  −→ −
→ −→
OC = cos α + OI + sin α + OJ = − sin(α)OI + cos(α)OJ
2 2
d’après la proposition 7.49. On a donc
−→  −
→ −→  −→ −→
OB = cos(β) cos(α)OI + sin(α)OJ + sin(β) − sin(α)OI + cos(α)OJ

→ −→
= (cos(α) cos(β) − sin(α) sin(β)) OI + (cos(α) sin(β) + sin(α) cos(β)) OJ
−→ −
→ −→
Or, par construction, on a également que OB = cos(α + β)OI + sin(α + β)OJ. Comme pour tout vecteur

− →
− −
→ −

u , il existe un unique couple (a, b) ∈ R2 tel que u = aOI + bOJ, on a donc

cos(α + β) = cos(α) cos(β) − sin(α) sin(β)


sin(α + β) = cos(α) sin(β) + sin(α) cos(β).

On étend ensuite ces deux égalités à tous les réels par périodicité des fonctions cosinus et sinus pour en
déduire le résultat souhaité.
/ { π2 + kπ | k ∈ Z}, on a
Soient α et β deux réels tels que α, β, α + β ∈

sin(α + β) cos(α) sin(β) + sin(α) cos(β)


tan(α) = =
cos(α + β) cos(α) cos(β) − sin(α) sin(β)

et en factorisant par cos(α) cos(β) au numérateur et au dénominateur, on obtient


sin(β) sin(α)
cos(β) + cos(β) tan(α) + tan(β)
tan(α + β) = sin(α) sin(β)
=
1 − cos(α) 1 − tan(α) tan(β)
cos(β)

d’où le résultat.
7.3 Trigonométrie 173

π π
− π4 , calculer la valeur de cos π

Exercice 7.55. En remarquant que 12 = 3 12 .

Corollaire 7.56 – Formules de duplication et de linéarisation. Soit x ∈ R.

◦ Formules de duplication.
▷ sin(2x) = 2 sin(x) cos(x), ▷ cos(2x) = (cos(x))2 − (sin(x))2 =
▷ tan(2x) = 2 tan(x) 2(cos(x))2 − 1 = 1 − 2(sin(x))2 ,
1−tan(x)2 ,

◦ Formules de linéarisation.
1+cos(2x) 1−cos(2x) 1−cos(2x)
▷ cos(x)2 = 2 , ▷ sin(x)2 = 2 , ▷ tan(x)2 = 1+cos(2x) .

Démonstration. Les formules de duplication découlent directement des formules d’addition (voir propo-
sition 7.54) en prenant a = x = b. Les formules de linéarisation du cosinus et du sinus ne sont qu’une
réécriture des formules de duplication cos(2x) = 2(cos(x))2 − 1 et cos(2x) = 1 − 2(sin(x))2 .

Exercice 7.57. Résoudre dans I les inéquations suivantes :


1. cos(x) ⩽ 21 , I = [−π, π], 3. cos(x)2 ⩽ 12 , I = [0, 2π],
4. cos x3 ⩽ sin x3 , I = [0, 2π].
 
2. cos(x)2 ⩾ cos(2x), I = [−π, π].

Proposition 7.58 – Vers la dérivabilité de sinus. Pour tout θ ∈]0, π2 [, on a

sin(θ)
0 ⩽ sin(θ) ⩽ θ ⩽ tan(θ) et cos(θ) ⩽ ⩽ 1.
θ

Démonstration.

Soit θ ∈]0, π2 [. On note M le point de coordonnées


(cos(θ), sin(θ)) et T le point de coordonnées (1, tan(θ)). T
On « rappelle » que l’aire du disque de centre 0 et de
rayon 1 est égale à π, et que l’aire du secteur angulaire

OIM est égale à 2θ . Comme le triangle [OIM] est inscrit J
⌢ M
θ tan(θ)
dans le secteur angulaire OIM qui est lui-même inscrit 2

dans le triangle [OIT ] (voir figure 7.14), on a alors les


inégalités d’aires
sin(θ)

O I
0 ⩽ Aire([OIM]) ⩽ Aire(OIM) ⩽ Aire([OIT ]).
Figure 7.14 – Inégalités d’aires
Comme on a Aire([OIM]) = 1×sin(θ) 2 et Aire([OIT ]) =
1×tan(θ)
1 , on obtient finalement que 0 ⩽ sin(θ) ⩽ θ ⩽
tan(θ). En divisant ces inégalités par θ qui est positif, on obtient

sin(θ) tan(θ) sin(θ) 1


⩽1⩽ = × ,
θ θ θ cos(θ)

donc on a sin(θ)
θ ⩽ 1 et en multipliant la seconde inégalité par cos(θ) ⩾ 0, on obtient cos(θ) ⩽ sin(θ)
θ , d’où
le résultat.
174 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie

Exercice 7.59. Soit x un réel. Exprimer les expressions suivantes en fonction de cos(x) ou de sin(x) :
1. cos(3x), 2. sin(3x), 3. cos(4x), 4. sin(4x).

Exercice 7.60. Calculer les cosinus et sinus suivants :


π π π π
1. cos( 12 ), 3. cos( 48 ), 5. sin( 12 ), 7. sin( 48 ),
π π π π
2. cos( 24 ), 4. cos( 96 ), 6. sin( 24 ), 8. sin( 96 ).

Exercice 7.61. Soient a et b deux réels. Exprimer les quantités suivantes en fonction de cos(a + b) et
cos(a − b) ou sin(a + b) et sin(a − b) :
1. cos(a) cos(b), 2. sin(a) sin(b), 3. sin(a) cos(b), 4. cos(a) sin(b).

a+b

Exercice 7.62. Soient a et b deux réels. Exprimer les quantités suivantes en fonction de cos 2 ,
cos a−b a+b a+b

2 , sin 2 et sin 2 :
1. cos(a) + cos(b), 3. sin(a) + sin(b),
2. cos(a) − cos(b), 4. sin(a) − sin(b).

Exercice 7.63 – Sur la tangente.


1. Montrer que pour tout θ ∈ R \ { π2 + kZ | k ∈ Z}, 1 + tan(θ)2 = 1
cos(θ)2 .
 q
2. Montrer que pour θ ∈ [0, π[, on a tan 2θ = 1−cos(θ)
1+cos(θ) .

3. Calculer tan π8 .


Exercice 7.64. Soit θ ∈ R et soit n ∈ N∗ . On considère S, le réel donné par

S = sin(θ) + sin(2θ) + sin(3θ) + · · · + sin(nθ).

1. En utilisant le résultat de l’exercice 7.61 2., montrer que


      
θ 1 1
2 sin S = cos θ − cos n+ θ .
2 2 2

sin( n+1 θ ) sin( n2 θ )


2. En déduire que pour θ ∈ R \ {2kπ, k ∈ Z}, S = 2
sin( 2θ )
.
7.3 Trigonométrie 175

Solutions des exercices


−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
Exercice 7.6 Comme [ABCD] est un parallélogramme, on a les égalités vectorielles AB = DC et BC = AC, donc ∥AB∥2 + ∥BC∥2 + ∥CD∥2 +
−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −
−→
∥DA∥2 = 2∥AB∥2 +2∥BC∥. D’après ?? ??, on a 2∥AB∥2 +2∥BC∥2 = ∥AB + BC∥2 +∥BC − AB∥2 = ∥AC∥2 +∥BC + CD∥2 = ∥AC∥2 +∥BD∥2 .

−→ −→ −
→ − → −→ − → −
→ −
→ −
→ −→ −
→ − → −
→ − →
Exercice 7.7 1. On a AB 2 = ⟨AB, AB⟩ = ⟨AI + IB, AI + IB⟩ = ⟨AI, AI⟩ + 2⟨AI, IB⟩ + ⟨IB, IB⟩ donc AB 2 + AC 2 = AI 2 + IB 2 + 2⟨AI, IB⟩ +

→ − → −→ −

AI 2 + IC 2 + 2⟨AI, IC⟩. Or, comme I est le milieu de [BC], on a IC = −IB, donc AB 2 + AC 2 = 2AI 2 + 2IB 2 . Une autre manière de
démontrer cela est de voir le triangle [ABC] comme un demi-parallélogramme [ABDC] de diagonale [BC] et d’appliquer le résultat de
l’exercice 7.6 pour obtenir que 2AB 2 + 2AC 2 = 4AI 2 + 4BI 2 .
−→ −→ −→ − → − → − → −
→ − → − → − → −→ −→ −
→ − → −
→ −→
2. On a ⟨AB, AC⟩ = ⟨AI + IB, AI + IC⟩ = ⟨AI + IB, AI − IB⟩ donc ⟨AB, AC⟩ = AI 2 + ⟨AI, IB⟩ − ⟨AI, IB⟩ − IB 2 d’où le résultat.

−→
Exercice 7.9 1. Le vecteur directeur de la droite (AB) est AB = (xB − xA , yB − yA ) et puisque la médiatrice de [AB] a pour équation
cartésienne 2(xB − xA )x + 2(yB − yA )y + xA2 − xB2 + yA2 − yB2 = 0, elle a pour vecteur directeur (2(yB − yA ), 2(xB − xA )). Ces deux vecteurs
étant orthogonaux, la médiatrice du segment [AB] et la droite (AB) sont perpendiculaires.
2. Puisque ces deux droites sont perpendiculaires, elles se coupent un unique point de (AB) qui doit être équidistant de A et de B : il s’agit
donc du milieu du segment [AB]. Calculons ses coordonnées. La droite (AB) admet l’équation paramétrique


x = (xB − xA )t + xA
, t∈R.
y = (yB − yA )t + yA

Le point d’intersection de la médiatrice de [AB] et (AB) admet un paramètre t0 ∈ R qui est solution de l’équation

2(xB − xA )2 t + 2(yB − yA )2 t + 2(xB − xA )xA + 2(yB − yA )yA + xA2 − xB2 + yA2 − yB2 = 0

qui est équivalente à


2(xB − xA )2 t + 2(yB − yA )2 t + 2xA xB + 2yA yB − xA2 − xB2 − yA2 − yB2 = 0

qui équivaut à
2 (xB − xA )2 + (yB − yA )2 t = (xB − xA )2 + (yB − yA )2 .


Cette dernière équation admet t0 = 1


2
comme unique solution, donc le point d’intersection de la médiatrice de [AB] et (AB) est le point
 
xA +xB yA +yB
de coordonnées 2
, 2 .

−→
Exercice 7.11 1. On a A = (3, 2) et B = (7, 3), donc le vecteur AB, qui est normal à la médiatrice, est de coordonnées (4, 1) et le milieu
de [AB] est de coordonnées (5, 2 ) donc une équation cartésienne de la médiatrice de [AB] est 4(x − 5) + y − 52 = 0 qui est équivalente
5

à 4x + y − 35
2
= 0.
−→
2. On a A = (0, 4) et B = (−2, 1), donc AB = (−2, −3) et le milieu de [AB] est de coordonnées (−1, 52 ) donc une équation cartésienne
de la médiatrice est −2(x + 1) − 3(y − 52 ) = 0.
−→
3. On a A = (−2, −1) et B = (6, 4), donc AB = (8, 5) et le milieu de [AB] est de coordonnées (2, 32 ) donc une équation cartésienne de la
médiatrice de [AB] est 8(x − 2) + 5(y − 32 ) = 0.
−→
4. On a A = (5, 3) et B = (8, 4), donc AB = (3, 1) et le milieu de [AB] est de coordonnées ( 13 , 7 ) donc une équation cartésienne de la
2 2
médiatrice de [AB] est 3(x − 13
2
) + y − 7
2
= 0.

Exercice 7.12 1. Comme le triangle [ABC] est non plat, alors les médiatrices des segments [AB] et [AC] s’intersectent en un point O.
Ainsi, comme O est un point de la médiatrice de [AB], on a OA = OB. De même, comme O est un point de la médiatrice de [AC], on
a OA = OC. On en déduit donc que OB = OC, donc que O est un point de la médiatrice du segment [BC], d’où le résultat.
2. On démontre l’existence d’un tel cercle en considérant le cercle de centre O et de rayon OA. Démontrons à présent que ce cercle est
unique. Soit donc un cercle passant par les points A, B et C. Le centre Ω de ce cercle est à égale distance de A et de B donc appartient
à la médiatrice du segment [AB]. De même, comme ΩA = ΩC, alors Ω est également un point de la médiatrice du segment [AC]. Le
point Ω est donc le point d’intersection des médiatrices des segments [AB] et [AC]. On a donc Ω = O d’où l’unicité du cercle circonscrit.
−−→ −→ −→ −→ −−→ −→ −→ −→
3. Notons M l’unique point du plan qui satisfait la relation OM = OA + OB + OC. Alors OM − OA = OB + OC. Notons à présent I le
−→ −→ −
→ − → − → −→ −−→ −
→ −−→
milieu du segment [BC]. On a OB + OC = 2OI + IB + IC = 2OI, donc finalement AM = 2OI. Le vecteur AM est donc orthogonal au
−→
vecteur BC donc M appartient à la hauteur de [ABC] issue de A. On reprend le même raisonnement pour montrer que M appartient à
la hauteur issue de B, donc M est l’intersection des hauteurs du triangle [ABC]. On a donc M = H d’où le résultat.

Exercice 7.16 1. On suppose que AB = L et AD = ℓ. On a

−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
⟨AD + AB, DA + DC⟩ = ⟨AD, DA⟩ + ⟨AD, DC⟩ + ⟨AB, DA⟩ + ⟨AB, DC⟩ = ⟨AB, AB⟩ − ⟨AD, AD⟩ = L2 − ℓ2

−→ −−→ −−→ −−→ −−→ − −→ −−→ − −→ −−→ − −→ −−→ − −→ −−→ − −→ −−→ −−→
2. On a ⟨AC, DB⟩ = ⟨AA′ + A′ C ′ + C ′ C, DB⟩ = ⟨AA′ , DB⟩ + ⟨A′ C ′ , DB⟩ + ⟨C ′ C, DB⟩ = ⟨A′ C ′ , DB⟩ = A′ C ′ × DB car AA′ et CC ′ sont

−→ −− →′ −−→
orthogonaux à BD et que A C est colinéaire à BD et de même sens.

3. Par le théorème de Pythagore, on a que DB 2 = L2 + ℓ2 . On obtient le résultat attendu en utilisant les deux premières questions.
176 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie

Exercice 7.23 Une équation du cercle C est (x − 2)2 + (y − 1)2 = 1. Pour déterminer l’intersection de Dc et de C , on doit donc résoudre le
système (
x + 2y = c
(x − 2)2 + (y − 1)2 = 1

Pour cela, on procède par substitution :


( ( (
x + 2y = c x = c − 2y x = c − 2y
⇔ ⇔
(x − 2)2 + (y − 1)2 = 1 (c − 2y − 2)2 + (y − 1)2 = 1 5y 2 − 2(2c − 3)y + (c − 2)2 = 0

Ainsi, le nombre de points d’intersection dépend du nombre de solutions de la seconde équation, qui est du second degré. Calculons le
discriminant de celle-ci : on a ∆ = (2(2c − 3))2 − 4 × 5(c − 2)2 = 4(4c 2 − 6c + 9) − 4(5c 2 − 20c + 20) = 4(−c 2 + 14c − 11). Reste à
conclure (en travaillant sur le polynôme du second degré −c 2 + 14c − 11) sur le signe de ce discriminant :
√ √
◦ si c ∈]7 − 2 15, 7 + 2 15[, le discriminant est strictement positif, donc le système admet deux solutions, et donc Dc et C s’intersectent
en deux points distincts ;
√ √
◦ si c ∈ {7 − 2 15, 7 + 2 15}, alors le système admet une unique solution, donc Dc et C s’intersectent en un unique point (ce sont les
cas de tangence de la droite avec le cercle) ;
◦ dans les autres cas, la seconde équation du système n’admet aucune solution réelle donc l’intersection de C et Dc est vide.

1 −→ ∥−

v∥
Exercice 7.27 On a ∥−

v∥
v = ∥−

v∥
= 1.

−−→
Exercice 7.34 1. On considère H le projeté orthogonal de C sur la droite (AB). On considère également le point M qui satisfait AM =
−→ −→ −→
AC
−→ et on note H ′ le projeté orthogonal de M sur la droite (BC). La longueur MH ′ est égale à | sin(AB, AC)|. En appliquant le
∥AC∥
−→ −→
théorème de Thalès aux triangles [ACH] et [AMH ′ ], on montre que CH = AC × | sin(AB, AC)|. Donc l’aire du triangle [ABC] est égale
1 −→ −→
2
AB × AC × | sin(AB, AC)|.
−→ −→
2. On obtient directement que Aire([ABDC]) = AB × AC × | sin(AB, AC)| donc d’après la proposition 7.33, on a directement que
−→ −→
Aire([ABDC]) = | det(AB, AC)|.
−→ −→ −→ −→
Exercice 7.36 1. On sait d’après le théorème d’Al-Kashi (cf. théorème 7.31) que 2bc cos(AB, AB) = b2 + c 2 − a2 donc cos(AB, AB) =
b2 +c 2 −a2 −→ −→ 2 −→ −→ 2
2bc
. En passant l’égalité au carré et en utilisant la relation cos(AB, AC) + sin(AB, AC) = 1, on obtient le résultat souhaité.
2
−a ) 2 2 2
2. On a 1− (b +c4b2 c 2
= 1
4b2 c 2
(4b2 c 2 −(b2 +c 2 −a2 )2 ) = 1
4b2 c 2
(2bc −b2 −c 2 +a2 )(2bc +b2 +c 2 −a2 ) = 1
4b2 c 2
(a2 −(b−c)2 )((b+c)2 −a2 )
d’où le résultat.
−→ −→ 4 (a+b+c)(a+b−c)(b+c−a)(c+a−b) 4 (a+b+c) (a+b−c) (b+c−a) (c+a−b)
3. On a sin(AB, AC)2 = b2 c 2 16
= b2 c 2 2 2 2 2
= 4
b2 c 2
p(p − a)(p − b)(p − c) d’où le
résultat.
4. En appliquant un résultat de l’exercice 7.34, on trouve directement la formule souhaitée.
−−→ −→ −→ −→
Exercice 7.44 On considère M le point tel que AM = AC
−→ et on note H le projeté orthogonal de M sur la droite (AB). Alors | cos(AB, AC)| =
∥AC∥
AH. En appliquant le théorème de Thalès dans les triangles [AMH] et [ABC], les droites (BC) et (MH) étant parallèles, on obtient que
−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
| cos(AB,AC)|
AB
1
= AC d’où | cos(AB, AC)| = AB
AC
. Toujours par Thalès, on obtient que | sin(AB,
BC
AC)| 1
= AC d’où | sin(AB, AC)| = BC
AC
.

Exercice 7.51 1. ◦ Sur R : cos(x) = −1 si et seulement si x = π + 2kπ, k ∈ Z.


◦ Sur [0, 2π] : cos(x) = −1 si et seulement si x = π.
2. ◦ Sur R : cos(x) = 1 si et seulement si x = 2kπ, k ∈ Z.
◦ Sur [0, 2π] : cos(x) = 1 si et seulement si x ∈ {0, 2π}.
sin(x)
3. ◦ Sur R : tan(x) = cos(x)
= 0 si et seulement si x = kπ, k ∈ Z.
◦ Sur [0, 2π] : tan(x) = 0 si et seulement si x ∈ {0, π, 2π}.
4. ◦ Sur R : sin(x) = 1
2
si et seulement si x = π
6
+ 2kπ, k ∈ Z ou x = 5π
6
+ 2kπ, k ∈ Z.
1
si et seulement si x ∈ , 6 .
 π 5π
◦ Sur [0, 2π] : sin(x) = 2 6

5. ◦ Sur R : cos(x) = 2
3
si et seulement si x = + 2kπ, k ∈ Z ou x =
π
6
11π
6
+ 2kπ, k ∈ Z.

3
si et seulement si x ∈ π6 , 11π .

◦ Sur [0, 2π] : cos(x) = 2 6
6. ◦ Sur R : cos(x) = − √12 si et seulement si x = + 2kπ, k ∈ Z ou x =

4

4
+ 2kπ, k ∈ Z.
− √12 si et seulement si x ∈ 3π , 5π .

◦ Sur [0, 2π] : cos(x) = 4 4
sin(x)
7. ◦ Sur R : tan(x) = cos(x)
= −1 si et seulement si sin(x) = − cos(x) si et seulement si x = 3π
4
+ 2kπ, k ∈ Z ou x = 7π
4
+ 2kπ, k ∈ Z.
Autrement dit, x = 3π
4
+ kπ, k ∈ Z.
◦ Sur [0, 2π] : tan(x) = −1 si et seulement si x ∈ , 4 .
3π 7π

4
8. ◦ Sur R : on a sin(x) = √2 si et seulement si x = 4 + 2kπ, k ∈
1 π
Z ou x = 3π
4
+ 2kπ, k ∈ Z.
◦ Sur [0, 2π] : sin(x) = √12 si et seulement si x = π4 ou x = 3π4
.
sin(x)
9. ◦ Sur R : tan(x) = cos(x) = √3 si et seulement si x = 6 + kπ, k
1 π
∈ Z.
[0, 2π] : tan(x) = √13 si et seulement si x ∈ π6 , 7π .

◦ Sur 6

Exercice 7.53
7.3 Trigonométrie 177

1. cos − π6 = cos π6 = 23 7π
= − sin π6 = − 21 .
π
    
4. sin 6
= sin π + 6

2. sin − π6 = − sin π6 = 12 .
 
5. cos 6 = cos π − π6 = − cos π6 = − 23 ,

  

3. cos 7π = cos π + π6 = − cos π 3
, 6. sin 5π = sin π − π6 = sin π6 = 12 .
     
6 6
=− 2 6

Exercice 7.55 On a

π  π √ √ √
π π π π π 1 2 3 2
cos = cos − = cos cos + sin sin = × + ×
12 3 4 3 4 3 4 2 2 2 2

et donc √ √
π  2+ 6
cos = .
12 4

1. Soit x ∈ [−π, π], on a cos(x) ⩽ 1


si et seulement si x ∈ −π, − π3 ∪ π3 , π .
   
Exercice 7.57 2
2. Soit x ∈ [−π, π], on a cos(x)2 ⩾ cos(2x) si et seulement si 1
2
(1 + cos(2x)) ⩾ cos(2x) si et seulement si cos(2x) ⩽ 1 ce qui équivaut à
x ∈ [−π, π].
h i
3. Soit x ∈ [0, 2π], on a cos(x)2 ⩽ 12 si et seulement si cos(x) ∈ − √12 , √12 si et seulement si x ∈ π4 , 3π ∪ 4 , 4 .
   5π 7π 
4

4. On a cos x3 ⩽ sin x3 si et seulement si √12 sin x3 − √12 cos x3 ⩾ 0 si et seulement si sin x3 − π4 ⩾ 0. Ainsi, cos x3 ⩽ sin x3
      

si et seulement si 3 − 4 ∈ [2kπ, π + 2kπ] , k ∈ Z ce qui équivaut à x ∈ 4 + 6kπ, 4 + 6kπ , k ∈ Z et finalement sur [0, 2π],
x π
 3π 15π


cos x3 ⩽ sin x3 si et seulement si x ∈ 3π , 2π .


   
4

Exercice 7.59 1. Soit x ∈ R. Remarquons que cos(3x) = cos(2x + x). On a ainsi que cos(3x) = cos(2x) cos(x) − sin(2x) sin(x) =
(2 cos(x)2 − 1) cos(x) − 2 sin(x)2 cos(x) = cos(x)(2 cos(x)2 − 1 − 2 + 2 cos(x)2 ) = 4 cos(x)3 − 3 cos(x).
2. Soit x ∈ R. On a sin(3x) = sin(2x + x) = sin(2x) cos(x) + cos(2x) sin(x) = 2 sin(x) cos(x)2 + sin(x)(2 cos(x)2 − 1) = sin(x)(4 cos(x)2 −
1) = sin(x)(3 − 4 sin(x)2 ) = 3 sin(x) − 4 sin(x)3 .
3. Soit x ∈ R. On a cos(4x) = cos(2 × 2x) = cos(2x)2 − sin(2x)2 = 4 cos(x)4 − 4 cos(x)2 + 1 − 4 sin(x)2 cos(x)2 = 4 cos(x)4 − 4 cos(x)2 +
1 − 4(1 − cos(x)2 ) cos(x)2 = 8 cos(x)4 − 8 cos(x)2 + 1.
4. Soit x ∈ R. On a sin(4x) = sin(2 × 2x) = 2 sin(2x) cos(2x) = 4 sin(x) cos(x)(1 − 2 sin(x)2 ) = 4 cos(x) sin(x) − 8 cos(x) sin(x)3 .

Exercice 7.60 Dans tout l’exercice, on ne calcule que des cosinus et des sinus d’angles de mesure θ comprises entre 0 et π2 , donc cos(θ) ⩾ 0
q q
1+cos(2θ) 1−cos(2θ)
et sin(θ) ⩾ 0. On a ainsi cos(θ) = 2
et sin(θ) = 2
. On obtient ainsi
π 1
p √ π
p √
1. cos( 12 ) = 2 2 + 3 5. sin( 12 ) = 21 2 − 3
√ √
q p q p
π
2. cos( 24 ) = 12 2 + 2 + 3 π
6. sin( 24 = 21 2 + 2 − 3)
r r
√ √
q p q p
π
3. cos( 48 ) = 12 2 + 2 + 2 + 3 π
7. sin( 48 ) = 21 2 + 2 + 2 − 3
s r s r
√ √
q p q p
π
4. cos( 96 ) = 12 2 + 2 + 2 + 2 + 3 π
8. sin( 96 ) = 21 2 + 2 + 2 + 2 − 3

Exercice 7.61
cos(a+b)+cos(a−b) sin(a+b)+sin(a−b)
1. cos(a) cos(b) = 2
3. sin(a) cos(b) = 2
cos(a−b)−cos(a+b) sin(a+b)−sin(a−b)
2. sin(a) sin(b) = 2
4. cos(a) sin(b) = 2

Exercice 7.62
a+b
cos a−b ; a+b a−b
;
   
1. cos(a) + cos(b) = 2 cos 2 2
3. sin(a) + sin(b) = 2 sin 2
cos 2
a+b a−b
; a+b a−b
.
   
2. cos(a) − cos(b) = −2 sin 2
sin 2
4. sin(a) − sin(b) = 2 cos 2
sin 2

sin(θ)2 cos(θ)2 +s in(θ)2


Exercice 7.63 1. Soit θ ∈ R \ { π2 + kZ | k ∈ Z}, on a 1 + tan(θ)2 = 1 + cos(θ)2
= cos(θ)2
= 1
cos(θ)2
.
q q θ)
sin( 2
1−cos(θ) 1+cos(θ)
2. On sait que pour θ ∈ [0, π[, on a sin( 2θ ) ⩾ 0 et cos( 2θ ) donc sin( 2θ ) = et cos( 2θ ) = , donc tan θ

2 2 2
= θ) =
cos( 2
q
1−cos(θ)
1+cos(θ)
.
2 tan( π
8 ) . Ainsi, on a 1−tan π 2 = 2 tan π ce qui est équivalent
3. On sait que tan π4 = 1. On a donc 1 = tan π4 = tan π8 + π8 =
    
2
1−tan( π 8)
8 8
2
à tan π8 + 2 tan π8 − 1 = 0. Ainsi, tan π8 est une solution de l’équation x 2 + 2x − 1 = 0 ce qui équivaut à (x + 1)2 − 2 = 0 qui
 
√ √  √
est équivalente à (x + 1 + 2)(x + 1 − 2) = 0. Donc, comme π8 est compris entre 0 et π2 , alors tan π8 > 0 donc tan π8 = 2 − 1.


Exercice 7.64 1. On a 2 sin 2θ S = 2 sin 2θ sin(θ) + 2 sin 2θ sin(2θ) + · · · + 2 sin 2θ sin(nθ). Or, comme d’après l’exercice 7.61 2.,
   

2 sin(a) sin(b) = cos(a−b)−cos(a+b), on a 2 sin 2 S = cos 2 θ − cos 2 θ + cos 52 θ − cos 32 θ +· · ·+ cos 2n+1
θ 3 1
θ − cos 2n−1
      
2 2
θ
donc 2 sin 2 S = cos 2 θ − cos n + 2 θ .
θ 1 1
   
 
sin n+1
2 θ sin( n θ)
2. En utilisant le résultat de l’exercice 7.62 2., on obtient directement que S =  2 .
sin 2θ
CHAPITRE 8

Études de fonctions réelles

8.1. Limites
La notion de limite d’une fonction f en un point a est introduite afin de répondre à la question
suivante :

Comment se comporte la valeur f (x) lorsque x se rapproche de a ?

Deux situations sont susceptibles de nous intéresser : le nombre a peut être fini ou infini ce qui donne lieu
à des situations différentes que l’on se propose d’illustrer brièvement sur des exemples avant d’en donner
des définitions plus rigoureuses.
◦ Cas où a est fini. On distingue plusieurs cas.
▷ Lorsque x se rapproche de a, la valeur f (x) se rapproche d’une valeur finie ℓ, comme illustré en
figure 8.1a.
▷ Lorsque x se rapproche de a par la gauche, la valeur f (x) « croît indéfiniment », c’est-à-dire se
rapproche de +∞, comme illustré en figure 8.1b.

y y

f (x) •

ℓ • x =a

xa x x

(a) Limite finie égale à ℓ (b) Limite infinie égale à +∞

Figure 8.1 – Étude de limite en une valeur finie a : deux premiers cas

▷ Lorsque x se rapproche de a par la gauche, la valeur f (x) décroît indéfiniment, c’est-à-dire se


rapproche de −∞, comme illustré en figure 8.2a.
▷ La valeur f (x) peut également ne s’approcher d’aucune valeur, comme illustré en figure 8.2b.
◦ Cas où a = ±∞. On se place à présent dans le cas où a = +∞, le cas a = −∞ étant symétrique. On
a illustré précédemment des cas qui apparaissent lorsque l’on regarde la limite d’une fonction lorsque
x se rapproche d’une valeur finie a. On peut se poser les mêmes questions lorsque x devient de plus
180 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

y y
x =a

x =a

(a) Limite infinie égale à −∞ (b) Pas de limite

Figure 8.2 – Étude de limite en une valeur finie a : deux derniers cas

en plus grand (on dit qu’on regarde la limite de f lorsque x tend vers +∞), ou alors lorsque x devient
de plus en plus petit (on dit qu’on regarde la limite de f lorsque x tend vers −∞). On note que
les mêmes quatre situations peuvent se produire mais que graphiquement cela a des conséquences
différentes :

y y

(a) Limite infinie égale à +∞ (b) Limite infinie égale à −∞

y y

y =ℓ
x x

(c) Limite finie égale à ℓ (d) Pas de limite

Figure 8.4 – Étude de limite en +∞


8.1 Limites 181

Maintenant que nous avons donné un panel des situations qui peuvent arriver, nous allons nous attacher à
introduire un cadre rigoureux afin de pouvoir par la suite définir les notions de continuité et de dérivabilité
et procéder enfin à des études de fonctions.

8.1.1 Limite en un point


On considère dans cette section et dans les suivantes un sous-ensemble D de R qui est un intervalle ou
une union finie d’intervalles et une fonction réelle f : D → R bien définie sur D. Lorsque l’on s’intéresse
à la limite de f en un point a ∈ R, il faut tout d’abord s’assurer que f (x) existe pour x suffisamment
proche de a il y a alors deux situations possibles : a ∈ D ou a est « au bord de D ».
Vous pouvez ici interpréter le « bord de D » comme étant les points finis situés aux éventuelles extrémités
finies de D. Ceci nous amène naturellement à introduire la notion d’adhérence d’un sous-ensemble de R.
Néanmoins, nous n’allons pas ici en donner une définition précise mais plutôt nous contenter de donner
quelques exemples de calculs de l’adhérence, notée D, de sous-ensembles D de R.

Exemple – Calculs d’adhérences. Voici quatre situations typiques qui suffiront à appréhender la notion
d’adhérence telle que nous en aurons besoin :
◦ si D = [0, 1[ alors D = [0, 1], ◦ si D =]0, +∞[ alors D = [0, +∞[,
◦ si D =]0, 1[ alors D = [0, 1], ◦ si D = R∗ = R \ {0} alors D = R.

Nous n’en dirons donc pas plus ici à ce sujet mais si vous êtes intéressé nous vous conseillons de consulter
[Tao22].

Définition 8.1.
y
Soient D un intervalle ou une union finie d’intervalles, f :
D → R et a ∈ D. On dit que f tend vers +∞ quand x
tend vers a si pour tout M ∈ R, il existe η > 0 tel que
pour tout x ∈ D, x ̸= a,

si a − η ⩽ x ⩽ a + η alors f (x) ⩾ M.
M
On dira également que f admet pour limite +∞ en a et
on notera lim f (x) = +∞.
x→a 0 a−η a x

Remarques.
◦ On définit bien entendu de même le fait que f ait pour limite −∞ en un point a de la façon suivante :
pour tout M ∈ R, il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, si a−η ⩽ x ⩽ a+η alors f (x) ⩽ M.
On note alors lim f (x) = −∞.
x→a
◦ Si f admet pour limite ±∞ en a alors on note que la courbe représentative de f s’approche indéfi-
niment de la droite verticale d’équation x = a. On dit alors que x = a est une asymptote verticale
à la courbe représentative de f .

Exemples.
◦ La fonction f définie pour tout x ∈ D = R∗ =] − ∞, 0[∪]0, +∞[ par f (x) = x12 admet pour limite
+∞ en 0 ∈ D. En effet, pour tout M > 0, si − √1M ⩽ x ⩽ √1M (on a donc pris η = √1M ) et x ̸= 0
alors f (x) = x12 ⩾ ( √11 )2 = M (on note que si M ⩽ 0, il est clair que f (x) = x12 ⩾ 0 ⩾ M pour tout
M
x ∈ R∗ ).
182 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

◦ La fonction f définie pour tout x ∈ R∗+ par f (x) = − x1 admet pour limite −∞ en 0 ∈ D. En effet,
1 1
pour tout M > 0, si x ̸= 0 et 0 ⩽ x ⩽ M (on a donc pris η = M ) alors f (x) = − x1 ⩽ − 11 = −M.
M
On note ici que, puisque f n’est définie que sur R∗+ , x ne peut se rapprocher de 0 que par la droite
(i.e. x > 0) et donc la condition a − η ⩽ x ⩽ a + η est ici équivalente à 0 ⩽ x ⩽ a + η. Cette idée
nous amènera dans la section 8.1.3 à introduire la notion de limite à gauche et de limite à droite.

Définition 8.2 – Limite finie en un point. Soient D un intervalle ou une union finie d’intervalles, f :
D → R et a ∈ D. On dit que f admet pour limite ℓ ∈ R en a, et on note lim f (x) = ℓ, si pour tout
x→a
ε > 0, il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a,

si a − η ⩽ x ⩽ a + η alors ℓ − ϵ ⩽ f (x) ⩽ ℓ + ϵ.

Remarques.
◦ Cette définition peut paraître difficile à appréhender mais il faut la rapprocher de la définition intuitive
introduite précédemment. On peut la lire comme ceci : peu importe l’écart ε que l’on fixe, il existe
un écart η tel que si la distance entre a et x est plus petite que η, alors l’écart entre f (x) et ℓ est
plus petite que ε. Autrement dit, on peut rendre f (x) aussi proche de ℓ qu’on le souhaite pour peu
qu’on prenne x suffisamment proche de a.
◦ On utilise ici la définition de limite dite « épointée », c’est-à-dire que l’on a demandé à ce que
ℓ − ϵ ⩽ f (x) ⩽ ℓ + ϵ (ou précédemment que f (x) ⩾ M) pour les x ∈ D tel que a − η ⩽ x ⩽ a + η
avec x ̸= a. Si l’on n’avait pas pris la définition de limite épointée (au sens « sans le point a »), nous
aurions enlevé la condition x ̸= a. Cette nuance peut paraître subtile mais elle est motivée par le fait
que cela nous permettra, par la suite, de bien distinguer l’existence d’une limite finie en un point et
la notion de continuité en ce point.

Exemples. Donnons quelques exemples nous permettant d’illustrer le côté intuitif de la notion de limite
finie en un point fini.
◦ La fonction carrée possède pour limite 0 en 0 (si ε > 0 on prend η = √1 ).
ε
◦ On considère la fonction f : x 7→ x + 7. On a,
▷ lim (x + 7) = 4 + 7 = 11, ▷ lim (x + 7) = −6 + 7 = 1.
x→4 x→−6
2
◦ On considère la fonction f : x 7→ x − x + 4. On a,

lim x 2 − x + 4 = 32 − 3 + 4 = 10

x→3

et √ √ √
x 2 − x + 4 = ( 3)2 − 3 + 4 = 7 − 3.

lim

x→ 3

2
◦ On considère la fonction f : x 7→ x−3 . On a,
   
2 2 2 2 4
▷ lim = = 2, ▷ lim1 = 1 =− .
x→4 x − 3 4−3 x→ 2 x −3 −3 5
2

◦ On considère la fonction f : x 7→ 2x + 3. On a,
√  √ √  √
▷ lim 2x + 3 = −2 + 3 = 1, ▷ lim1 2x + 3 = 1 + 3 = 2.
x→−1 x→ 2

Théorème 8.3 – Unicité de la limite. Si elle existe, la limite d’une fonction en un point est unique.

Démonstration. Cette preuve est analogue à celle du premier point du théorème 6.21 mais afin de vous
permettre de vous familiariser avec les notations propres à ce chapitre, nous la détaillons malgré tout.
8.1 Limites 183

Supposons par l’absurde que f : D → R admet deux limites ℓ ̸= ℓ′ en un point a ∈ D et supposons, sans

perte de généralité que ℓ > ℓ′ . On note alors ε = ℓ−ℓ
3 > 0 et par définition de la limite :

◦ il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, tel que −η ⩽ x − a ⩽ η on a −ε ⩽ f (x) − ℓ ⩽ ε,


◦ il existe η ′ > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, tel que −η ′ ⩽ x − a ⩽ η ′ on a −ε ⩽ f (x) − ℓ′ ⩽ ε.

Mais alors, pour tout x ∈ D, x ̸= a, tel que − min(η, η ′ ) ⩽ x − a ⩽ min(η, η ′ ),

2
ℓ − ℓ′ = ℓ − f (x) + f (x) − ℓ′ = −(f (x) − ℓ) + f (x) − ℓ′ ⩽ 2ε = (ℓ − ℓ′ )
3
ce qui est absurde car ℓ − ℓ′ > 0. On a donc obtenu une contradiction et on en déduit que la limite, si
elle existe, est unique.

Proposition 8.4 – Caractérisation séquentielle de la limite. Soient D un intervalle ou une union finie
d’intervalles, f : D → R et a ∈ D. La fonction f admet une limite ℓ ∈ R en a si et seulement si pour
toute suite (un )n∈N de points de D qui converge vers a, la suite (f (un ))n∈N converge vers ℓ.

Démonstration. Commençons par démontrer le sens direct. Supposons donc que la fonction f admet
une limite ℓ en a, considérons une suite (un )n∈N de points de D convergente vers a et montrons que
(f (un ))n∈N converge vers ℓ. Soit ε > 0. Puisque, f tend vers ℓ en a, il existe η > 0 tel que pour tout
x ∈ D, x ̸= a,
si − η ⩽ x − a ⩽ η alors − ε ⩽ f (x) − ℓ ⩽ ε.
Or, u converge vers a donc il existe Nη ∈ N tel que, si n ⩾ Nη , −η ⩽ un − a ⩽ η, donc pour tout n ⩾ Nη ,
−ε ⩽ f (un ) − ℓ ⩽ ε. On a donc montré que pour tout ε > 0, il existe Nε = Nη ∈ N tel que, pour tout
entier n ⩾ Nε , −ε ⩽ f (un ) − ℓ ⩽ ε, i.e. (f (un ))n∈N converge vers ℓ.
Démontrons la réciproque et démontrons pour cela la contraposée. Montrons que si f n’admet pas ℓ
comme limite en a, alors il existe une suite u qui converge vers a telle que (f (un ))n∈N ne converge pas
vers ℓ. Puisque f n’admet pas ℓ comme limite en a, alors il existe ε > 0 tel que pour tout η > 0, il existe
x ∈ D, x ̸= a, tel que −η ⩽ x − a ⩽ η et |f (x) − ℓ| > ε, i.e. f (x) − ℓ > ε ou f (x) − ℓ < −ε. Pour n ∈ N
1
on pose η = n+1 , on construit ainsi une suite u tel que pour tout n ∈ N,

1 1
− ⩽ un − a ⩽
n+1 n+1

et |f (un ) − ℓ| > ε. On a donc construit une suite u qui converge vers a et telle que (f (un ))n∈N ne tend
pas vers ℓ, ce qui achève notre preuve.

Méthode. Pour montrer que f n’admet pas de limite en a, il suffit de trouver deux suites u et v qui
convergent vers a telles que (f (un ))n∈N et (f (vn ))n∈N ne convergent pas vers la même limite.

Exemple. On considère la fonction f définie sur R, impaire, 2-périodique, avec pour x ∈ [0, 1], f (x) = x
et dont la courbe représentative à été donnée en figure 5.12 page 114. On considère alors la fonction g
définie sur R∗+ définie par g(x) = f x1 . On note alors que :
1
◦ pour tout n ∈ N∗ , g 2n

= f (2n) = f (0) = 0,
1
◦ pour tout n ∈ N∗ , g 1+2n

= f (1 + 2n) = f (1) = 1.

On a donc construit deux suites u et v qui tendent vers 0 et telles que (g(un ))n∈N et (g(vn ))n∈N ne
convergent pas vers la même limite donc g n’admet pas de limite en 0.
184 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

8.1.2 Limites à l’infini


On s’intéresse à présent à la limite d’une fonction f en l’infini. On va donc travailler sur un intervalle
I non majoré pour que x puisse tendre vers +∞.

Définition 8.5 – Limite infinie à l’infini.


y
Soient I un intervalle non majoré et f : I → R. On dit que
f tend vers +∞ en +∞ si pour tout M ∈ R, il existe un
xM ∈ R tel que pour tout x ∈ I,
M
si x ⩾ xM alors f (x) ⩾ M.

On dira également que f admet pour limite +∞ en +∞


et on notera lim f (x) = +∞. xM x
x→+∞ 0

Remarques.
◦ On dira de même qu’une fonction tend vers +∞ en −∞ si, étant donné un intervalle I non minoré,
pour tout M ∈ R, il existe un xM ∈ R tel que pour tout x ∈ I, si x ⩽ xM alors f (x) ⩾ M. On notera
alors lim f (x) = +∞.
x→−∞
◦ On définit de même le fait pour une fonction de tendre vers −∞ en +∞ (et bien sûr de façon
analogue en −∞). Plus précisément, on dira qu’une fonction f définie sur un intervalle non majoré
tend vers −∞ en +∞ si, pour tout M ∈ R, il existe xM ∈ R tel que pour tout x ∈ I, si x ⩾ xM alors
f (x) ⩽ M. On notera alors lim f (x) = −∞.
x→+∞
◦ Cette définition de limite infinie à l’infini est bien entendu à rapprocher de celle donnée pour les
suites lors de la définition 6.22. Le terme de « rang à partir duquel » utilisé pour les suites est alors
remplacé ici par « x ⩾ xM » mais l’idée est bien similaire.

Exemples.
◦ La fonction f : R →√R définie par f (x) = x 2 tend vers +∞ lorsque x → +∞ puisque, pour tout
M ∈ R, si x ⩾ xM = M, f (x) = x 2 ⩾ (xM )2 = M.
◦ On a les limites usuelles suivantes :
▷ lim x = +∞, ▷ lim x 2 = +∞,
x→+∞ x→+∞

▷ lim x = −∞, ▷ lim x 2 = +∞.


x→−∞ x→−∞

Plus généralement, pour tout n ∈ N∗ , on a



+∞ si n est pair
lim x n = +∞ et lim x n = .
x→+∞ x→−∞ −∞ si n est impair
8.1 Limites 185

Définition 8.6 – Limite finie à l’infini.


y
Soient I un intervalle non majoré et f : I → R. On dit que
f tend vers ℓ en +∞ si pour tout ε > 0, il existe xε ∈ R
tel que pour tout x ∈ I, ℓ+ε

si x ⩾ xε alors ℓ − ε ⩽ f (x) ⩽ ℓ + ε. ℓ

On dira également que f admet pour limite ℓ en +∞ et ℓ−ε


on notera lim f (x) = ℓ. xε x
x→+∞ 0

Remarque – Asymptote horizontale. Si f admet pour limite ℓ en ±∞ alors on note que la courbe
représentative de f s’approche indéfiniment de la droite horizontale d’équation y = ℓ lorsque x tend vers
±∞. On dit alors que y = ℓ est une asymptote horizontale à la courbe représentative de f .
1
Exemple. La fonction f : R∗+ → R définie par f (x) = x tend vers 0 lorsque x → +∞ puisque, pour tout
ε > 0, si x ⩾ xε = 1ε ,

1 1 1
0 − ε = −ε ⩽ 0 ⩽ f (x) = ⩽ = 1 = ε = 0 + ε.
x xε ε

Proposition 8.7 – Unicité de la limite finie. Si elle existe, la limite finie d’une fonction en +∞ est
unique (de même en −∞).

Démonstration. Cette preuve est analogue à celle du théorème 8.3 mais toujours dans le but de faciliter
votre acclimatation aux notations de ce chapitre, nous la détaillons malgré tout. Supposons par l’absurde
que f : I → R admet deux limites ℓ ̸= ℓ′ en +∞ et supposons, sans perte de généralité que ℓ > ℓ′ . On
note alors
ℓ − ℓ′
ε= >0
3
et par définition de la limite :
◦ il existe xM > 0 tel que pour tout x ∈ I tel que x ⩾ xM on a −ε ⩽ f (x) − ℓ ⩽ ε,
′ ′
◦ il existe xM > 0 tel que pour tout x ∈ I tel que x ⩾ xM on a −ε ⩽ f (x) − ℓ′ ⩽ ε.

Mais alors, pour tout x ∈ I tel que x ⩾ max(xM , xM ),

2
ℓ − ℓ′ = ℓ − f (x) + f (x) − ℓ′ = −(f (x) − ℓ) + f (x) − ℓ′ ⩽ 2ε = (ℓ − ℓ′ )
3
ce qui est absurde car ℓ − ℓ′ > 0. On a donc obtenu une contradiction et on en déduit que la limite, si
elle existe, est unique.

Proposition 8.8 – Caractérisation séquentielle de la limite en l’infini. Soient I un intervalle non majoré
et f : I → R. La fonction f admet une limite ℓ ∈ R en +∞ si et seulement si pour toute suite (un )n∈N
de points de I qui diverge vers +∞, la suite (f (un ))n∈N converge vers ℓ.

Démonstration. Cette preuve est similaire à celle de la proposition 8.4.

Exemple. On considère la fonction f définie sur R, impaire, 2-périodique, avec pour x ∈ [0, 1], f (x) = x
et dont la courbe représentative à été donnée en figure 5.12 page 114. On note alors que :
◦ pour tout n ∈ N, f (2n) = f (0) = 0,
◦ pour tout n ∈ N, f (1 + 2n) = f (1) = 1.
186 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

On a donc construit deux suites u et v qui divergent vers +∞ et telles que (f (un ))n∈N et (f (vn ))n∈N ne
convergent pas vers la même limite donc f n’admet pas de limite en +∞.

Exercice 8.9. Montrer qu’une fonction définie sur R, T -périodique, T > 0, et non constante ne possède
pas de limite en +∞.

8.1.3 Limite à gauche et limite à droite


Dans la section 8.1.1 nous avons défini la notion de limite d’une fonction f en un point fini a et nous
nous sommes pour cela intéressés au comportement de f (x) lorsque x s’approche de a. L’objet de cette
section est de répondre à cette même question mais en distinguant deux façons de tendre vers a : par
la gauche ou par la droite. Ceci donnera lieu à la notion de limite à gauche ou à droite et sera très utile
pour étudier la limite en un point d’une fonction définie différemment à droite et à gauche de ce point.

Définition 8.10 – Limite finie à gauche. Soient D un intervalle ou une union finie d’intervalles, f : D → R
et a ∈ D. On dit que f admet une limite finie à gauche de a, notée ℓg , si f est définie sur un intervalle
à gauche de a (i.e. pour tout η > 0, [a − η, a[∩D contient un intervalle) et si pour tout ε > 0, il existe
η > 0 tel que pour tout x ∈ D,

si a − η ⩽ x < a alors ℓ − ε ⩽ f (x) ⩽ ℓ + ε.

On note alors, lim− f (x) = ℓg ou lim f (x) = ℓg .


x→a x→a
x<a

Exemple. On considère la fonction indicatrice de R+ définie par

f : R → R

0 si x < 0
x 7→
1 si x ⩾ 0

dont la représentation graphique est la suivante :

(
x

Figure 8.5 – Courbe représentative de la fonction indicatrice de R+

Alors, f admet une limite à gauche en 0 donnée par lim− f (x) = 0.


x→0

Remarques.

◦ On définit bien entendu de la même façon la limite à droite ℓd en un point fini d’une fonction. Par
exemple, si on reprend la fonction indicatrice de R+ introduite dans l’exemple précédent alors f
admet une limite à droite de 0 donnée par lim+ f (x) = 1.
x→0

◦ On peut décrire comme dans la définition 8.1 le fait pour une fonction d’avoir une limite infinie à
8.1 Limites 187

droite ou à gauche d’un point. Par exemple, on pourra se convaincre que

1 1
lim− = −∞ et lim+ = +∞.
x→0 x x→0 x

Le lien important entre la notion de limite en un point et les notions de limites à gauche et à droite de ce
point est résumé dans la proposition suivante qui pourra s’avérer utile en pratique pour obtenir la limite
d’une fonction en un point.

Proposition 8.11. Soient D un intervalle ou une union finie d’intervalles, f : D → R et a ∈ D tel que f
soit définie sur un intervalle à gauche de a et sur un intervalle à droite de a.
◦ Si f admet une limite finie en a, alors f admet une limite finie à gauche et à droite en a et ces limites
sont égales.
◦ Réciproquement, si f admet une limite à gauche et à droite en a et si ces limites sont égales, alors
il s’agit de la limite de f en a.

Démonstration. Le premier point est clair par définition de la limite. Supposons à présent que la fonction
f admet en a une limite à gauche et une limite à droite et que ces limites sont égales à ℓ. Soit ε > 0,
alors
◦ il existe ηg > 0 tel que si x ∈ D tel que a − ηg ⩽ x < a, ℓ − ε ⩽ f (x) ⩽ ℓ + ε,
◦ il existe ηd > 0 tel que si x ∈ D tel que a < x ⩽ a + ηd , ℓ − ε ⩽ f (x) ⩽ ℓ + ε.
Ainsi, si on pose η = min(ηg , ηd ) alors pour tout x ∈ D, x ̸= a, si a − η ⩽ x ⩽ a + η alors ℓ − ε ⩽ f (x) ⩽
ℓ + ε, ce qui signifie bien que f admet pour limite ℓ en a.

Exemples.
◦ On considère la fonction f indicatrice de {0} qui vaut 1 en 0 et 0 partout ailleurs, dont le graphe
est le suivant :

()
x

Figure 8.6 – Graphe de la fonction indicatrice de {0}

Alors f admet des limites à gauche et à droite en 0 données par lim− f (x) = 0 et lim+ f (x) = 0. Elle
x→0 x→0
admet donc une limite en 0 égale à 1.
◦ La fonction indicatrice de R+ introduite dans l’exemple de la page 186 n’a pas de limite en 0 car
comme nous l’avons vu précédemment, sa limite à gauche en 0 est 0 alors que sa limite à droite en
0 vaut 1.

Exercice 8.12. Calculer les limites lim+ f (x), lim− f (x) et lim f (x) si elles existent dans les cas suivants :
x→0 x→0 x→0
1. f : R −→ R , 2. f : R −→  R .
(
x 2
|x| si x ̸= 0  x si x > 0
x 7−→


x 7−→ 3
0 si x = 0 x si x < 0


 1 si x = 0
188 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

8.1.4 Opérations sur les limites


Dans cette section, on considère un sous-ensemble D de R qui est un intervalle ou une union finie
d’intervalles, deux fonctions f : D → R et g : D → R et a ∈ D ou a = ±∞ (selon si D est borné ou
non). Nous nous sommes attachés dans ce début de chapitre à définir la notion de limite mais revenir à
la définition pour calculer la limite des fonctions n’est pas une bonne idée en pratique. Le but de cette
section est ainsi de donner des règles de calculs, comme nous l’avions fait pour les suites dans la section
6.3.2, afin de pouvoir calculer efficacement les limites de fonctions.

Proposition 8.13 – Limite d’une somme. On considère f et g deux fonctions et a un réel ou −∞ ou


+∞. On a alors :

lim f (x) ℓ1 ℓ1 ℓ1 +∞ −∞ +∞
x→a
lim g(x) ℓ2 +∞ −∞ +∞ −∞ −∞
x→a
lim (f (x) + g(x)) ℓ1 + ℓ2 +∞ −∞ +∞ −∞ F.I.
x→a

Démonstration. Nous devrions ici faire les démonstrations des cinq premiers cas. Néanmoins, celles-ci
sont très similaires donc nous ne traiterons ici qu’un seul cas. De plus, ayant déjà traité, pour les suites
réelles, le cas de la somme de deux limites finies et le cas de la somme d’une limite finie et d’une limite
infinie dans la preuve du théorème 6.24, nous allons uniquement traiter le cas où les limites de f et g sont
égales à +∞ en un point fini. Soit a ∈ D et f et g deux fonctions telles que f et g tendent vers +∞ en
a. Notre but est alors de montrer que f + g tend également vers +∞ en a. Soit M ∈ R, alors,
M
◦ il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, si −η ⩽ x − a ⩽ η alors f (x) ⩾ 2,
◦ il existe η ′ > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, si −η ′ ⩽ x − a ⩽ η ′ alors g(x) ⩾M2.

Mais alors, pour tout x ∈ D, x ̸= a tel que − min(η, η ′ ) ⩽ x − a ⩽ min(η, η ′ ), on a (f + g)(x) =


f (x) + g(x) ⩾ M M
2 + 2 = M. Ceci achève de démontrer que la limite de f + g en a est égale à +∞.

Remarque. Dans ce tableau, la mention F.I. signifie « forme indéterminée » ce qui veut dire que pour
déterminer la limite de la somme, il est nécessaire de travailler sur notre fonction ou de trouver un autre
argument car, a priori, tout peut arriver. Par exemple :
◦ si f (x) = x 2 + x et g(x) = −x 2 alors lim (f (x) + g(x)) = lim x = +∞,
x→+∞ x→+∞

◦ si f (x) = x 2 + 1 et g(x) = −x 2 alors lim (f (x) + g(x)) = lim 1 = 1,


x→+∞ x→+∞
2 2
◦ si f (x) = x et g(x) = −x alors lim (f (x) + g(x)) = lim 0 = 0,
x→+∞ x→+∞
2 2
◦ si f (x) = x − x et g(x) = −x alors lim (f (x) + g(x)) = lim −x = −∞.
x→+∞ x→+∞

Proposition 8.14 – Limite d’un produit de fonctions. On considère f et g deux fonctions et a un réel
ou −∞ ou +∞. On a alors :

lim f (x) ℓ1 ℓ1 > 0 ℓ1 > 0 ℓ1 < 0 ℓ1 < 0 +∞ +∞ −∞ 0


x→a
lim g(x) ℓ2 +∞ −∞ +∞ −∞ +∞ −∞ −∞ ±∞
x→a
lim (f g)(x) ℓ1 ℓ2 +∞ −∞ −∞ +∞ +∞ −∞ +∞ F.I.
x→a

Démonstration. Pour les même raisons que dans la preuve de la proposition 8.13, nous ne démontrerons
ici qu’un cas. Comme nous avons étudié le cas du produit de deux limites finies dans la preuve du théorème
6.24, nous allons ici traiter le cas où f tend vers ℓ1 > 0 et g tend vers +∞ et nous allons montrer que
f g tend vers +∞. Soit M > 0, alors
8.1 Limites 189

◦ il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, si −η ⩽ x − a ⩽ η alors

ℓ1 ℓ1 ℓ1 3
0< = ℓ1 − ⩽ f (x) ⩽ ℓ1 + = ℓ1
2 2 2 2
ℓ1
où l’on a utilisé la définition de limite finie pour ε = 2,
2M
◦ il existe η ′ > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, si −η ′ ⩽ x − a ⩽ η ′ alors g(x) ⩾ ℓ1 .

Mais alors, pour tout x ∈ D, x ̸= a tel que − min(η, η ′ ) ⩽ x − a ⩽ min(η, η ′ ), on a (f g)(x) = f (x)g(x) ⩾
ℓ1 2M
2 × ℓ1 = M. Ceci achève de démontrer que la limite de f g en a est égale à +∞.

Remarque. Dans le cas de la forme indéterminée, tout peut en effet arriver. Par exemple :
1
◦ si f (x) = x 2 et g(x) = x alors lim (f (x)g(x)) = lim x = +∞,
x→+∞ x→+∞
1
◦ si f (x) = x et g(x) = x alors lim (f (x)g(x)) = lim 1 = 1,
x→+∞ x→+∞
1 1
◦ si f (x) = x et g(x) = x2 alors lim (f (x)g(x)) = lim = 0.
x→+∞ x→+∞ x

f (x)
On s’intéresse enfin à la limite en a du quotient de f par g, x 7→ g(x) . Néanmoins, nous devons pour
cela nous assurer que ce quotient existe, et nous supposerons donc que g(x) ne s’annule pas pour x
suffisamment proche de a lorsque a ∈ R, ou lorsque x est suffisamment grand lorsque a = +∞ (on
procède bien sûr de même lorsque a = −∞).

Proposition 8.15 – Limite d’un produit de fonctions. On considère f et g deux fonctions et a un réel
ou −∞ ou +∞.
◦ Si lim g(x) ̸= 0, alors
x→a

lim f (x) ℓ1 ℓ1 +∞ +∞ −∞ −∞ ±∞
x→a
lim g(x) ℓ2 ̸= 0 ±∞ ℓ2 > 0 ℓ2 < 0 ℓ2 > 0 ℓ2 < 0 ±∞
x→a
lim f (x) ℓ1
0 +∞ −∞ −∞ +∞ F.I.
x→a g(x) ℓ2

◦ Si lim g(x) = 0, alors


x→a

lim f (x) ℓ > 0 ou +∞ ℓ > 0 ou +∞ ℓ < 0 ou −∞ ℓ < 0 ou −∞ 0


x→a
0 en restant 0 en restant 0 en restant 0 en restant
lim g(x) 0
x→a positive négative positive négative
lim f (x) +∞ −∞ −∞ +∞ F.I.
x→a g(x)

Démonstration. Encore une fois, nous ne faisons ici la démonstration que d’un seul cas. De plus, ayant
déjà traité le cas de l’inverse d’une limite finie dans la preuve du théorème 6.24, nous allons ici traiter le
cas où, en un point fini a, f a une limite finie ℓ1 et g tend vers +∞ et montrer que le quotient gf tend
vers 0. Soit ε > 0.
◦ Puisque f tend vers ℓ1 lorsque x tend vers a, il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, si
−η ⩽ x − a ⩽ η alors
ℓ1 − 1 ⩽ f (x) ⩽ ℓ1 + 1
où on a utilisé la définition de limite finie pour ε = 1. De plus, ceci nous permet de conclure que
pour de telles valeurs de x, |f (x)| ⩽ max(|ℓ1 + 1|, |ℓ1 − 1|).
190 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

◦ De plus, puisque g tend vers +∞ lorsque x tend vers a, il existe η ′ > 0 tel que pour tout x ∈ D,
x ̸= a, si −η ′ ⩽ x − a ⩽ η ′ alors

max(|ℓ1 + 1|, |ℓ1 − 1|)


g(x) ⩾ > 0.
ε

Ainsi, pour tout x ∈ D, x ̸= a tel que − min(η, η ′ ) ⩽ x − a ⩽ min(η, η ′ ), on a

f (x) ε
⩽ max(|ℓ1 + 1|, |ℓ1 − 1|) × = ε.
g(x) max(|ℓ1 + 1|, |ℓ1 − 1|)
f
Ceci achève de démontrer que la limite de g en a est égale à +∞.

Remarque. Dans le cas de la forme indéterminée, tout peut arriver.


f (x)
◦ Si f (x) = x 2 et g(x) = x alors lim = lim x = +∞.
x→+∞ g(x) x→+∞

◦ Si f (x) = x et g(x) = x alors lim f (x) = lim 1 = 1.


x→+∞ g(x) x→+∞

f (x) 1
◦ Si f (x) = x et g(x) = x 2 alors lim = lim = 0.
x→+∞ g(x) x→+∞ x
f (x)
◦ Si f (x) = x 2 et g(x) = x alors lim = lim x = 0.
x→0 g(x) x→0

◦ Si f (x) = x et g(x) = x alors lim f (x) = lim 1 = 1.


x→0 g(x) x→0

Méthode – Lever une indétermination. Pour lever une forme indéterminée, on dispose de plusieurs
méthodes.
◦ Lorsqu’on cherche la limite en l’infini d’une fraction rationnelle, on factorise par les termes prépon-
dérants au numérateur et au dénominateur.
◦ Lorsqu’on cherche la limite en un point fini a ∈ R d’un quotient de fonctions polynomiales et que le
numérateur et le dénominateur s’annulent en a, on factorise le numérateur et le dénominateur par
x − a et on simplifie l’expression.
◦ Lorsqu’on cherche la limite en l’infini d’une somme ou d’une différence de racines, on utilise la
quantité conjuguée.

Exemples.
◦ On a
5 1 5 1

3x 2 + 5x + 1 3x 2 1 + 3x + 3x 2  3 1+ 3x + 3x 2
lim 3 2
= lim 1 3 = lim × 1 3
x→+∞ 5x + x − 3 x→+∞ 5x 3 1 + − x→+∞ 5 1+ −
5x 5x 3 5x 5x 3

ce qui donne 35 .
◦ On a
x 2 − 5x + 6 (x − 2)(x − 3) x −3 1
lim = lim = lim =− .
x→2 x2 − 4 x→2 (x − 2)(x + 2) x→2 x + 2 4
◦ On a
x 2 − 5x + 6 (x − 2)(x − 3) x −3
lim = lim = lim .
x→2 x 2 − 4x − 4 x→2 (x − 2)2 x→2 x − 2

Il faut donc étudier les limites à droite et à gauche. On obtient alors

x −3 x −3
lim = +∞ et lim = −∞.
x→2− x −2 x→2+ x −2
8.1 Limites 191

◦ On a √ √ √ √
√ √ ( x − x + 1)( x + x + 1)
lim x− x + 1 = lim √ √
x→+∞ x→+∞ x + x +1
et donc
√ √ x − (x + 1) −1
lim x− x + 1 = lim √ √ = lim √ √ = 0.
x→+∞ x→+∞ x + x + 1 x→+∞ x + x + 1
Théorème 8.16 – Composition des limites. Soient I et J deux intervalles, f : I → J et g : J → R. Soit
a ∈ I ou a = ±∞. Si
◦ lim f (x) = b, ◦ lim g(y ) = ℓ,
x→a y →b
◦ pour tout x ∈ I, f (x) ∈ J \ {b},
alors, g ◦ f admet une limite en a et lim g(f (x)) = ℓ.
x→a

Démonstration. On donne ici la preuve dans le cas où a, b et ℓ sont des nombres réels (finis) mais la
preuve est analogue lorsqu’une ou plusieurs de ces quantités sont infinies. Soit ε > 0, puisque g(y ) tend
vers ℓ lorsque y tend vers b, il existe ηg > 0 tel que pour tout y ∈ J, y ̸= b,

si − ηg ⩽ y − b ⩽ ηg alors − ε ⩽ g(y ) − ℓ ⩽ ε.

Or, f (x) tend vers b lorsque x tend vers a donc il existe ηf tel que pour tout x ∈ I, x ̸= a,

si − ηf ⩽ x − a ⩽ ηf alors − ηg ⩽ f (x) − b ⩽ ηg .

Ainsi, pour tout x ∈ I, x ̸= a,

si − ηf ⩽ x − a ⩽ ηf alors − ε ⩽ g(f (x)) − ℓ ⩽ ε

ce qui achève de démontrer que g(f (x)) tend vers ℓ lorsque x tend vers a.

Remarque. La condition indiquant que pour tout x ∈ I, u(x) ∈ J \ {b} peut paraître technique mais elle
est bien nécessaire. En effet, prenons par exemple u la fonction constante égale à 0 sur R et f la fonction
définie par f (0) = 1 et f (x) = 0 pour tout x non nul. Alors, u(x) → 0 lorsque x → 0 et f (y ) → 0 lorsque
y → 0 alors que pour tout x ∈ R, f (u(x)) = 1 pour tout x ∈ R donc f (u(x)) → 1 lorsque x → 0. On
pourrait également demander à ce que f soit continue (voir la section 8.2) en b, ce qui sera souvent le
cas en pratique, pour éviter ce problème.

Exercice 8.17. Calculer les limites suivantes :


1. lim 3x + 2, 8. lim 4x(1 − 5x), 15. lim 3x 3 + 2x 2 ,
x→1 x→1 x→+∞
2. lim 7x 2 − 6, 9. lim 13 , √ 1
x→2 x→+∞ x 16. lim x+ x2 ,
x→+∞
3. lim x 2 − x1 , 10. lim −x 4 , √
x→4

x→+∞ 17. lim −3x x,
x→+∞
4. lim 3x x, 11. lim −3 + x1 ,
x→2 x→+∞
18. lim 3x 3 − 2x 2 ,
5. lim 2x−5
, 12. lim −x 3 , x→−∞
x→3 6−5x x→−∞
√ 19. lim 3 + √1 − 1
6. lim x + 2, 13. lim 5 + x1 , x→+∞ x x2 ,
x→5 x→−∞

7. lim 3x
2 , 14. lim −x, 20. lim 23 .
x→4 x −2 x→−∞ x→+∞ x +2
192 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

Exercice 8.18. Étudier les limites en +∞ et −∞ de f dans les cas suivants :


5 3x 4 −2x 3 +x−12
1. f : x 7→ x+3 , 5. f : x 7→ x 6 +3x 5 +x 2 +x ,
5x x 2 −1
2. f : x 7→ x+3 ,
6. f : x 7→ x 2 +1 ,
5x−2 (x+2)(x 2 −9x+1)
3. f : x 7→ x+3 , 7. f : x 7→ (x 2 +4)(2x−1) ,

x 2 −4x x 3 x+x
4. f : x 7→ x−6 , 8. f : x 7→ x2 .

Exercice 8.19. Calculer les limites suivantes :


x+1 x+1
1. lim (3x − 2)(2x − 1), 7. lim 2 , 13. lim √ ,
x→1 x→−1 x +2x+1 x→0 x
2 x 2 −9
2. lim x −1 , 8. lim x 2 −1
, 14. lim 2 ,
x→+∞ 2x+1 x→−3 −x +2x+3
2
x→1 x −2x+1
2 9. lim (2x + 1)(x + 2), x 2 −9
3. lim , 15. lim 2 ,
x→3 2−x x→0 x→3 −x +2x+3
5 5 x 2 +1
4. lim , 10. lim , 16. lim ,
x→+∞ x+3 x→1 x+3 2
x→1 x −1
5
5. lim − x10x
2 −4 , 11. lim , 17. lim −x+1 ,
x→−3 x+3
2
x→−∞ x→1 x +x−2

6. lim −x+2
√ , 12. lim 2
1
, 18. lim −x+1
2 .
x→1 1−x x→−2 x −4 x→−2 x +x−2

8.1.5 Limite et comparaison

Comme dans la section précédente, nous considérons ici un sous-ensemble D de R qui est un intervalle
ou une union finie d’intervalles et a ∈ D ou a = ±∞ (selon si D est borné ou non).

Théorème 8.20. Soient f et g deux fonctions définies sur D et a ∈ D ou a = ±∞. On suppose que pour
tout x ∈ D, f (x) ⩽ g(x). Si f et g admettent des limites en a, alors

lim f (x) ⩽ lim g(x).


x→a x→a

Démonstration. On raisonne ici par l’absurde, on suppose que la limite ℓ de f est strictement supérieure

à la limite ℓ′ de g et on pose ε = ℓ−ℓ
3 > 0. Ainsi, puisque f tend vers ℓ en a, il existe η > 0 tel que pour
tout x ∈ D, x ̸= a,
si − η ⩽ x − a ⩽ η alors − ε ⩽ f (x) − ℓ ⩽ ε
2ℓ+ℓ′
et donc en particulier, pour de tels x, f (x) ⩾ ℓ − ε = 3 . De même, puisque g tend vers ℓ′ en a, il
existe η ′ > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a,

si − η ′ ⩽ x − a ⩽ η ′ alors − ε ⩽ g(x) − ℓ′ ⩽ ε

ℓ+2ℓ′
et donc en particulier, pour de tels x, g(x) ⩽ ε + ℓ′ = 3 . Mais alors, pour x ∈ D, x ̸= a tel que
− min(η, η ′ ) ⩽ x − a ⩽ min(η, η ′ ),

ℓ + 2ℓ′ 2ℓ + ℓ′
g(x) ⩽ < ⩽ f (x)
3 3
ce qui contredit notre hypothèse de majoration de f par g. On obtient donc une contradiction et on en
déduit que ℓ ⩽ ℓ′ .
8.1 Limites 193

À retenir. On dit que « les inégalités larges passent à la limite ». En revanche, si au départ on a
f (x) < g(x) alors, on a malgré tout des inégalités larges sur les limites (les inégalités strictes ne sont
pas préservées). Par exemple, f (x) = x1 > − x1 = g(x) pour tout x ∈ R∗+ et pourtant ces deux fonctions
tendent vers 0 en l’infini.

Théorème 8.21 – Théorème d’encadrement ou des gendarmes. Soient f , g et h trois fonctions définies
sur D et a ∈ D ou a = ±∞. On suppose que pour tout x ∈ D, g(x) ⩽ f (x) ⩽ h(x) et que g et h
admettent une limite commune, notée ℓ, en a. Alors, f admet une limite en a et lim f (x) = ℓ.
x→a

Démonstration. Il s’agit ici de reprendre la preuve du théorème 6.32 d’encadrement pour les suites réelles
et de la traduire dans le langage des fonctions réelles.

Exemple. On considère la fonction f définie sur R, impaire, 2-périodique, avec pour x ∈ [0, 1], f (x) = x
et dont la courbe représentative à été donnée en figure 5.12 page 114. Déterminons la limite de x 7→ f (x)
x
lorsque x → +∞. On commence par noter que pour tout x ∈ R, −1 ⩽ f (x) ⩽ 1 et on en déduit que
pour tout x > 0,
1 f (x) 1
− ⩽ ⩽ .
x x x
Or, x1 → 0 et − x1 → 0 lorsque x → +∞. Ainsi, du théorème d’encadrement 8.21, on déduit que
lim f (x)
x = 0.
x→+∞

1

Exercice 8.22. Déterminer, si elle existe, la limite en 0 de la fonction f : x 7→ x sin x .

En utilisant le théorème d’encadrement, on peut calculer certaines limites des fonctions trigonométriques
introduites dans le chapitre 7.

Proposition 8.23. On a les limites suivantes :


◦ lim sin(x) = 0, ◦ lim sin(x)
x = 1,
x→0 x→0

◦ lim cos(x) = 1, ◦ lim cos(x)−1


x = 0.
x→0 x→0

Démonstration.
◦ Rappelons que, d’après la proposition 7.58, pour tout x ∈]0, π2 [, 0 ⩽ sin(x) ⩽ x, donc d’après le
théorème d’encadrement 8.21, on a lim+ sin(x) = 0. Comme pour tout x ∈ R, sin(−x) = − sin(x),
x→0
on a de plus
lim sin(x) = lim+ sin(−x) = lim+ − sin(x) = 0.
x→0− x→0 x→0

Finalement, d’après la proposition 8.11, on peut conclure que sin admet une limite en 0 et que
lim sin(x) = 0.
x→0
2 2 π π
◦ On sait que pour tout x ∈ R, cos(x) p + sin(x) = 1 et pour tout x ∈] − 2 , 2 [, cos(x) ⩾ 0, donc
π π
pour tout x ∈] − 2 , 2 [, cos(x) = 1 − sin(x)2 . Par le théorème de compositions des limites 8.16,
on a p p
lim cos(x) = lim 1 − sin(x)2 = lim 1 − x 2 = 1.
x→0 x→0 x→0

◦ D’après la proposition 7.58, on sait que pour tout x ∈]0, π2 [, cos(x) ⩽ sin(x)
x ⩽ 1 donc, d’après le
théorème d’encadrement 8.21, on a lim+ sin(x)
x = 1. De plus, puisque pour tout réel x ∈ R, on a
x→0
194 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

sin(−x) = − sin(x), on a

sin(x) sin(−x) sin(x)


lim = lim− = lim+ = 1.
x→0− x x→0 −x x→0 x

D’après la proposition 8.11, on a donc lim sin(x)


x = 1.
x→0

◦ Montrons à présent que lim cos(x)−1


x = 0. On sait d’après les formules de linéarisation (voir corollaire
x→0
7.56) que pour tout x ∈ R, cos(x) = cos(2 x2 ) = 1 − 2 sin( x2 )2 donc
2
sin( x2 )

cos(x) − 1 1 1
= x → lorsque x → 0.
x2 2 2 2
 
On en déduit que lim cos(x)−cos(0)
x = lim x cos(x)−1
x2 = 0.
x→0 x→0

Corollaire 8.24. Soient f et g deux fonctions définies sur D et a ∈ D ou a = ±∞.


◦ Plancher montant. Si, pour tout x ∈ D, f (x) ⩽ g(x) et si f tend vers +∞ en a, alors g tend vers
+∞ en a.
◦ Plafond descendant. Si, pour tout x ∈ D, f (x) ⩽ g(x) et si g tend vers −∞ en a, alors f tend
vers −∞ en a.

Démonstration. Il s’agit ici de traduire la preuve du théorème 6.31, qui donne l’analogue de ce résultat
pour les suites réelles, au cadre des fonctions réelles. Écrivons la preuve du premier point, le second étant
similaire, et plaçons-nous dans le cas où a est un nombre réel (fini). On considère donc une fonction f
qui tend vers +∞ en a ∈ D. Soit M ∈ R, alors il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, si
−η ⩽ x − a ⩽ η alors f (x) ⩾ M. Mais alors, puisque g ⩾ f sur D, on en déduit que pour tout x ∈ D,
x ̸= a, si −η ⩽ x − a ⩽ η alors g(x) ⩾ M. Ceci achève donc de montrer que g tend vers +∞ en a.

Théorème 8.25 – Théorème de la limite monotone. Soient I un intervalle et f : I → R une fonction


monotone définie sur I. Si a et b sont les bornes de I alors f admet des limites (éventuellement infinies)
en a et en b.

Démonstration. Nous ne ferons pas ici la preuve de ce théorème car elle repose, au moins partiellement,
sur la notion de borne supérieure que nous n’avons pas introduite. Néanmoins, si vous êtes intéressé nous
vous conseillons de consulter [LM03, Chapitre 4 et 5].

Remarque. Ce théorème nous permet d’affirmer l’existence d’une limite sans pour autant que l’on soit
capable de la déterminer exactement comme nous avons eu l’occasion de le voir pour les suites dans la
section 6.3.4.

8.2. Continuité
8.2.1 Définition
Intuitivement, une fonction f définie sur un intervalle I est continue sur cet intervalle si l’on peut
dessiner sa courbe représentative sans lever le crayon. Autrement dit, f est continue sur I si sa courbe
représentative ne possède pas de saut. Précisons cette intuition et donnons tout d’abord la définition
mathématique de continuité en commençant par définir la continuité d’une fonction en un point.
8.2 Continuité 195

Définition 8.26 – Continuité en un point. Soient D un sous-ensemble de R qui est un intervalle ou une
union finie d’intervalles, a ∈ D et f : D → R. On dit que f est continue en a si

f (a) = lim f (x),


x→a

i.e. si pour tout ε > 0, il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a,

si a − η ⩽ x ⩽ a + η alors f (a) − ε ⩽ f (x) ⩽ f (a) + ε.

Remarque – Continuité à gauche et à droite. On définit de même les notions de continuité à gauche et
à droite d’un point en utilisant dans la notion de limite à gauche et à droite, i.e. selon si f (a) = lim− f (x)
x→a
et f (a) = lim+ f (x).
x→a

Exemple. La fonction indicatrice de R+ définie par

f : R → R

0 si x < 0
x 7→
1 si x ⩾ 0

est continue en tout point de R sauf en 0 (où elle est continue à droite mais pas à gauche) comme
l’illustre la représentation graphique qui suit.

(
x

Figure 8.7 – Graphe de la fonction indicatrice de R+

Remarque – Caractérisation séquentielle. De la caractérisation séquentielle de la limite vue dans la


proposition 8.4, on peut déduire immédiatement que f est continue en a si et seulement si, pour toute
suite (un )n∈N de points de D qui converge vers a, la suite (f (un ))n∈N converge vers f (a).

Définition 8.27 – Continuité sur un intervalle. Soient D un sous-ensemble R qui est un intervalle ou
une union finie d’intervalles et f une fonction définie sur D. f est dite continue sur D si elle est continue
en chaque point de D.

Remarque – Caractère local de la continuité. La notion de continuité en un point est locale au sens où
elle ne dépend que du comportement de la fonction au voisinage du point, i.e. des valeurs de f (x) pour
les valeurs de x proches du point a considéré. En ce sens, la notion de continuité sur un domaine D peut
être vue comme une propriété partout locale (i.e. vraie partout mais vraie en chaque point grâce à une
propriété locale de la fonction considérée). La notion de propriété partout locale est à ne pas confondre
avec la notion de propriété globale sur f qui peut par exemple concerner le fait que f soit bornée ou paire.

2 +x
x√
Exercice 8.28. Considérons la fonction f définie sur R par f (0) = 0 et f (x) = 2 x2
pour x ̸= 0.
Déterminer l’ensemble des réels où elle est continue.

On note que dans la définition 8.26, le point a est un point de D (et pas seulement de D) afin que f soit
définie en a. Néanmoins, si f n’est pas définie en a mais qu’elle possède une limite finie en ce point, on
196 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

peut prolonger f en une nouvelle fonction continue en a : c’est le but de la proposition suivante.

Proposition 8.29 – Prolongement par continuité. Soient D un sous-ensemble R qui est un intervalle
ou une union finie d’intervalles, a ∈ D tel que a ∈
/ D et f : D → R. Si la limite f admet une limite ℓ en a
alors on peut prolonger f en une fonction f˜ continue en a et définie par

fe : R → R

f (x) si x ∈ D
x 7→ .
ℓ si x = a

Démonstration. Par hypothèse la limite de f˜ en a existe et est égale à fe(a).

sin(x)
Exemple. Étant donné qu’on a vu dans la proposition 8.23 que lim x = 1. la fonction f définie pour
x→0
sin(x)
x ̸= 0 par f (x) = x peut être prolongée par continuité en 0 en la fonction fe définie par

fe : R → ( R
sin(x)
x si x ̸= 0
x 7→ .
1 si x = 0

Exercice 8.30. Pour chacune des fonctions suivantes, étudier sa limite en a et dire si elle admet un
prolongement par continuité en ce point.
1 2 +x
x√
1. f : x 7→ en a = 0,
x 3. f (x) = 2 x2
en a = 0,
x 2 −4x+3
7 x sin x1 en a = 0,

2. f : x → 4. f : x 7→ x 2 −1 en a = 1.

8.2.2 Propriétés des fonctions continues sur un intervalle


On considère dans cette section un intervalle I de R. Notre but est ici de donner les énoncés importants
satisfaits par les fonctions continues sur un intervalle et qui seront particulièrement utiles en pratique.

Théorème 8.31. Soient I et J deux intervalles de R.


◦ Si f et g sont deux fonctions continues sur I et si λ ∈ R alors f + g, λf et f g sont des fonctions
continues sur I. De plus, si g ne s’annule pas sur I, gf est continue sur I.
◦ Si f : I → J et g : J → R sont des fonctions continues respectivement sur I et J alors g ◦ f est une
fonction continue sur I.

Démonstration. Ce résultat résulte immédiatement des opérations sur les limites présentées dans la sec-
tion 8.1.4.

Théorème 8.32 – Théorème des valeurs intermédiaires. Soit f une fonction continue sur un intervalle
I contenant un segment [a, b]. Alors pour tout λ compris entre f (a) et f (b), il existe c ∈ [a, b] tel que
λ = f (c).

Démonstration. On procède ici par dichotomie dans le même esprit que celui utilisé pour démontrer le
théorème 6.37. Soit f une fonction continue sur un intervalle I et soit a, b ∈ I tels que [a, b] ⊂ I. On
considère λ compris entre f (a) et f (b), montrons qu’il existe c ∈ [a, b] tel que f (c) = λ. On cherche à
construire deux suites adjacentes a et b.
◦ On commence par poser a0 = a et b0 = b.
8.2 Continuité 197

◦ On considère alors m0 = a0 +b 2
0
et on note que, puisque λ est compris entre f (a) et f (b) alors, λ est
nécessairement compris entre f (a) et f (m0 ) ou entre f (b) et f (m0 ). Dans le premier cas, on pose
alors a1 = a et b1 = m0 et dans le second cas on pose a1 = m0 et b1 = b de manière à ce que λ
soit compris entre f (a1 ) et f (b1 ).
◦ On obtient ainsi deux suites a et b, définies par récurrence, telles que a est croissante, b est décrois-
sante, pour tout n ∈ N, bn − an = b−a2n et λ est compris entre f (an ) et f (bn ).

Les deux suites a et b sont donc adjacentes et d’après le théorème 6.28 elles convergent donc vers une
même limite que l’on note c. Mais alors, par continuité de f , f (an ) converge vers f (c) et f (bn ) converge
également vers f (c). Or, pour tout n ∈ N, λ est est compris entre f (an ) et f (bn ). Par encadrement,
on en déduit donc que λ = f (c) en passant à la limite lorsque n tend vers +∞ ce qui achève notre
preuve.

Remarques.
◦ On peut reformuler le théorème des valeurs intermédiaires de la façon suivante : l’image d’un intervalle
par une application continue est un intervalle.
◦ Graphiquement, la situation est la suivante.

• f (a)

λ

f (b)

a c b x

Figure 8.8 – Illustration du théorème des valeurs intermédiaires

Exercice 8.33 – Point fixe. Soit f : [0, 1] → [0, 1] une fonction continue. Montrer que f admet un point
fixe dans [0, 1], c’est-à-dire qu’il existe c ∈ [0, 1] tel que f (c) = c.

Corollaire 8.34. Soit f une fonction continue sur un intervalle I contenant un segment [a, b]. Si f (a) et
f (b) sont de signes opposés, alors il existe c ∈ [a, b] tel que f (c) = 0.

Démonstration. Il suffit d’appliquer le théorème 8.32 en notant que 0 est compris entre f (a) et f (b).

Remarque. Pour localiser approximativement (numériquement) le point c pour lequel f (c) = 0, on peut
utiliser la méthode de dichotomie mise en place dans la preuve du théorème 8.32 car elle fournit après n
itérations une approximation de c avec une erreur de b−a
2n .

Exercice 8.35. Montrer qu’une fonction polynomiale réelle de degré impair admet au moins une racine
réelle.
198 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

Corollaire 8.36 – Théorème de la bijection. Soit f une fonction continue et strictement monotone
sur un intervalle I contenant un segment [a, b]. Alors pour tout λ compris entre f (a) et f (b), il existe un
unique c ∈ [a, b] tel que λ = f (c).

Démonstration. L’existence de c est assurée par le théorème des valeurs intermédiaires 8.32. De plus, si
c1 et c2 sont deux points de [a, b] tels que f (c1 ) = f (c2 ) = λ, alors c1 = c2 car si, par exemple, c1 < c2
alors, puisque f est strictement monotone, f (c1 ) > f (c2 ) (si f est décroissante) ou f (c1 ) < f (c2 ) (si f
est croissante).

Exemple. La fonction f : x 7→ x 2 est strictement croissante sur R+ donc pour tout λ ⩾ 0, il existe un
unique c ⩾ 0 tel f (c) = λ,√i.e. tel que c 2 = λ. Ce nombre c est ainsi l’unique nombre positif qui au carré
est égal à λ, i.e. que c = λ. Notons d’ailleurs qu’il existe également un unique nombre c ⩽ 0 tel que
f (c) = λ puisque f est strictement décroissante sur R− .

Remarque. Graphiquement, cela signifie que si f est continue alors pour tout λ compris entre f (a) et
f (b) la courbe représentative de f intersecte une et une seule fois la droite d’équation y = λ, comme
illustré sur la figure suivante :

f (b) •

λ

a c
b x
• f (a)

Figure 8.9 – Illustration du théorème de la bijection

Théorème 8.37 – Théorème des bornes atteintes. Toute fonction continue sur un segment est bornée
et atteint ses bornes : elle possède un maximum et un minimum. Autrement dit, l’image d’un segment
par une application continue est un segment.

Démonstration. Nous admettrons cette preuve qui est basée sur la notion de borne supérieure et le
théorème de Bolzano–Weierstrass 6.37. Si vous êtes intéressé, nous vous conseillons de consulter [LM03,
Chapitre 5].

Remarque. On peut reformuler le théorème des bornes atteintes de la façon suivante : l’image d’un
segment [a, b] par une application continue est un segment [m, M] (où m est le minimum de f sur [a, b]
et M son maximum).

Exercice 8.38. Montrer qu’une application continue périodique sur R est bornée et atteint ses bornes.
8.3 Dérivabilité 199

8.3. Dérivabilité

8.3.1 Dérivabilité en un point


On considère dans cette section un sous-ensemble D de R qui est un intervalle ou une réunion finie
d’intervalles, a ∈ D et f une fonction définie sur D.

Définition 8.39 – Taux d’accroissement. On appelle taux d’accroissement de f en a la fonction définie


pour tout h ∈ R∗ tel que a + h ∈ D, par

f (a + h) − f (a)
τf ,a (h) = .
h
Remarque. Ce taux d’accroissement correspond à la pente de la corde qui relie les deux points de la
courbe représentative de f , (a, f (a)) et (x, f (x)). Ceci est illustré par la figure 8.10a.

Exemple. On considère la fonction carrée f : x 7→ x 2 . Déterminons le taux de variation de f en a. On a

f (a + h) − f (a) (a + h)2 − a2 2ah + h2


τf ,a (h) = = = = h + 2a.
h h h
La droite tangente en a à la courbe représentative de la fonction f est alors obtenue comme « la limite »
de la famille de droite d’équation y = τf ,a (h) × (x − a) + f (a) lorsque h tend vers 0 comme illustré sur
la figure 8.10b.

y y

f (b) • •

a a

x f (a) x
f (a) • b •
y = f (x) y = f (x) Tangente à Cf
y =
f (b)−f (a)
b−a
(x − a) + f (a) au point (a, f (a))

(a) Taux d’accroissement (b) Tangente

Figure 8.10 – Taux d’accroissement et tangente

Formalisons cette idée à l’aide de la définition du nombre dérivé qui sera, comme nous le verrons dans la
section suivante, le coefficient directeur de la tangente et qui est obtenu, quand il existe, par passage à
la limite dans le taux d’accroissement lorsque h tend vers 0.

Définition 8.40 – Nombre dérivé. Soit f une fonction définie sur un sous-ensemble D de R qui est un
intervalle ou une réunion finie d’intervalles et soit a ∈ D. On dit que f est dérivable en a si la limite

f (a + h) − f (a) f (x) − f (a)


lim qui est égale à lim
h→0 h x→a x −a

existe et est finie. On note f ′ (a) cette limite que l’on appelle nombre dérivé de f en a.
200 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

Exemple. On considère la fonction carrée f : x 7→ x 2 . Soit a un nombre réel. On a

f (a + h) − f (a)
lim = lim h + 2a = 2a.
h→0 h h→0

Ainsi, pour tout nombre réel a, le nombre dérivé de f en a est f ′ (a) = 2a.

Contre-exemple. Étudions la dérivabilité en 0 de f : x 7→ |x|. Pour montrer que cette fonction n’est
pas dérivable en 0, il suffit de montrer que les limites du taux d’accroissement à gauche et à droite de 0
existent et sont différentes. En effet,

f (x) − f (0) |x| − |0| −x


lim = lim− = lim− = lim− − 1 = −1
x→0− x −0 x→0 x −0 x→0 x x→0

donc f admet une limite à droite en 0 et lim+ f (x)−f


x−0
(0)
= lim+ xx = 1 donc f admet une limite à gauche
x→0 x→0
en 0. Néanmoins, ces deux limites étant différentes, le taux d’accroissement n’a pas de limite et f n’est
donc pas dérivable en 0.

Exercice 8.41. Soit f la fonction définie sur R par f (x) = x 3 − x. Déterminer si f est dérivable en 1 et,
si oui, donner la valeur de f ′ (1).

Remarque – Dérivabilité à gauche et à droite. Puisque nous avons une notion de limite à gauche et à
droite d’un point, on peut tout à fait définir la notion de dérivabilité à gauche et de dérivabilité à droite
d’un point. Il suffit pour cela d’étudier l’existence des limites de f (a+h)−f
h
(a)
lorsque h → 0+ et lorsque

h→0 .

Contre-exemple. √Étudions la dérivabilité à droite de 0 de la fonction f définie pour x ∈ R+ par f (x) = x.
On a f (x)−f
x−0
(0)
= xx = √1x donc le taux d’accroissement admet une limite infinie en 0+ donc la fonction
racine n’est pas dérivable à droite en 0.

8.3.2 Interprétation graphique


Définition 8.42. Soit D un sous-ensemble de R qui est un intervalle ou une réunion finie d’intervalles et
soit f une fonction définie sur D et dérivable en a ∈ D. La droite d’équation

y = f ′ (a)(x − a) + f (a)

est la tangente à Cf au point (a, f (a)). On donne une illustration en figure 8.11a.

Remarque. On a déjà vu que la fonction valeur absolue n’est pas dérivable en 0. On remarque cette non
dérivabilité graphiquement par le fait que sa courbe représentative possède deux pentes différentes au
point (0, 0) selon qu’on arrive par la gauche ou par la droite comme l’illustre la figure 8.11b :
On a déjà montré que la fonction racine carrée n’est pas dérivable en 0 à droite de 0 car la limite de
son taux d’accroissement est égale à +∞. Le fait que son taux d’accroissement diverge vers +∞ peut
également être interprété graphiquement : sa tangente en 0 est verticale (donc de coefficient directeur
« égal à +∞ »).

Exercice 8.43. Déterminer une équation de la tangente T à la courbe représentative de la fonction f


définie par f (x) = x 2 − x + 1 au point d’abscisse a = 1.
8.3 Dérivabilité 201

y y 4

• 2

1
x
Tangente
Cf −3 −2 −1 0 1 2 x
à Cf en 2

(a) Tangente en un point (b) Fonction valeur absolue

Figure 8.11 – Dérivable / Non dérivable

8.3.3 Dérivabilité et continuité


Théorème 8.44. Soit f une fonction définie sur un sous-ensemble D de R qui est un intervalle ou une
réunion finie d’intervalles et a ∈ D. Si f est dérivable en a alors f est continue en a.

Démonstration. Soit f une fonction dérivable en a. Supposons alors par l’absurde que f n’est pas continue
en a. Alors, il existe ε > 0 tel que pour tout η > 0, il existe x ∈ D, x ̸= a, η ⩽ x−a ⩽ η et |f (x)−f (a)| > ε.
1
Afin d’utiliser le critère séquentiel, on considère alors pour n ∈ N, η = n+1 et il existe alors xn ∈ D tel
1 1
que n+1 ⩽ xn − a ⩽ n+1 et |f (xn ) − f (a)| > ε. Mais alors,

f (xn ) − f (a) ε
⩾ 1 = ε(n + 1) → +∞
xn − a n+1

ce qui contredit la dérivabilité de f en a d’après la caractérisation séquentielle de la limite puisque xn tend


vers a (voir proposition 8.4).

Remarques.
◦ La réciproque de ce théorème est fausse. Par exemple, la fonction valeur absolue est continue en 0
mais n’y est pas dérivable.
◦ Ce théorème n’est pas utile en pratique pour justifier la continuité. On pourra davantage s’en servir
en remarquant qu’il permet d’affirmer que si une fonction n’est pas continue en un point, elle ne
peut pas y être dérivable.

Exercice 8.45. Soient a et b deux réels strictement positifs. Considérons la fonction g définie sur R par
g(x) = 0 pour tout x ⩽ 2, g(x) = 1 pour tout x > 4 et g(x) = a − xb pour tout x ∈]2, 4].
1. Déterminer les paramètres a et b pour que g soit continue sur tout R.
2. Pour ces valeurs de a et b, la fonction g est-elle dérivable en 2 ?

1

Exercice 8.46. Pour n ∈ N, étudier la continuité et la dérivabilité de fn : x 7→ x n sin x en 0 selon la
valeur de n. Indication : on traitera les cas n = 0, n = 1 puis n > 1.

8.3.4 Fonction dérivée


Définition 8.47. Soit D un sous-ensemble de R qui est un intervalle ou une réunion finie d’intervalles et
soit f une fonction définie sur D. On dit que f est dérivable sur D si f est dérivable en tout point a ∈ D.
202 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

Lorsque f est dérivable sur D, on définit la fonction x 7→ f ′ (x) définie sur D. Cette fonction s’appelle la
fonction dérivée de f notée f ′ .

Remarque. Il arrive en physique que l’on note f˙ ou dx df


au lieu de f ′ . On notera que df
dx présente l’intérêt
de préciser la variable par rapport à laquelle on dérive.

Exemple. La fonction carrée f : x 7→ x 2 est dérivable en tout réel a, avec f ′ (a) = 2a. Ainsi, la fonction
dérivée de f est donc f : R → R définie, pour tout x ∈ R par f ′ (x) = 2x.

Exercice 8.48. Étudier la dérivabilité de la fonction racine sur [0, +∞[ et déterminer sa fonction dérivée
aux points où elle est dérivable.

Proposition 8.49. Les fonctions sin et cos sont continues et dérivables sur R et pour tout x ∈ R,

sin′ (x) = cos(x) et cos′ (x) = − sin(x).

Démonstration. On commence par démontrer la dérivabilité des fonctions cos et sin en 0. On a, d’après la
proposition 8.23, limx→0 sin(x)−sin(0)
x−0 = limx→0 sin(x)
x = 1 = cos(0) et limx→0 cos(x)−cos(0)
x−0 = limx→0 cos(x)−1
x =
0 = sin(0), donc les fonctions sin et cos sont dérivables en 0.
Démontrons à présent la dérivabilité de cos et sin sur R. Soit x ∈ R. On a, par les formules d’addition,
pour tout t ∈ R, sin(x + t) = sin(x) cos(t) + cos(x) sin(t) (voir proposition 7.54) donc
 
sin(x + t) − sin(x) cos(t) − 1 sin(t)
lim = lim sin(x) + cos(x) = cos(x),
t→0 t t→0 t t

et cos(x + t) = cos(x) cos(t) − sin(x) sin(t), donc


 
cos(x + t) − cos(x) cos(t) − 1 sin(t)
lim = lim cos(x) − sin(x) = − sin(x).
t→0 t t→0 t t

On a donc démontré que pour tout x ∈ R, sin′ (x) = cos(x) et cos′ (x) = − sin(x). De plus, ces fonctions
sont ainsi continues d’après le théorème 8.44.

Il existe un certain nombre de dérivées usuelles à connaître absolument que l’on se propose de résumer
dans le tableau suivant :

Fonction Domaine de dérivabilité Dérivée


f : x 7→ k avec k ∈ R R f ′ : x 7→ 0
f : x 7→ ax + b avec a ̸= 0 et b ∈ R R f ′ : x 7→ a
f : x 7→ x n avec n ∈ N∗ R f ′ : x 7→ nx n−1
1 −n
f : x 7→ xnavec n ∈ N∗ R∗ =] − ∞, 0[∪]0, +∞[ f ′ : x 7→ x n+1
√ 1
f : x 7→ x ]0, +∞[ f ′ : x 7→ √
2 x
f : x 7→ cos(x) R f ′ : x 7→ − sin(x)
f : x 7→ sin(x) R f ′ : x 7→ cos(x)

Table 8.1 – Tableau des dérivées usuelles


8.3 Dérivabilité 203

8.3.5 Opérations sur les dérivées


Propriété 8.50. Soit D un sous-ensemble de R qui est un intervalle ou une réunion finie d’intervalles et
soient f et g deux fonctions définies sur D et dérivables en un point a ∈ D.
◦ Pour tout (λ, µ) ∈ R2 , λf + µg est dérivable en a et (λf + µg)′ (a) = λf ′ (a) + µg ′ (a).
◦ La fonction f g est dérivable en a et (f g)′ (a) = f ′ (a)g(a) + f (a)g ′ (a).
 ′
g ′ (a)
◦ Si g(a) ̸= 0, alors g1 est dérivable en a et g1 (a) = − g(a) 2.

 ′ ′ (a)g ′ (a)
◦ Si g(a) ̸= 0, alors gf est dérivable en a et gf (a) = f (a)g(a)−f g(a)2 .

Démonstration. Découle essentiellement des résultats de la sous-section 8.1.4. Vous pouvez consulter
[LM03, Chapitre 6] pour plus de détails.

Exemples.
◦ Toute fonction polynomiale est dérivable sur R. Considérons par exemple, la fonction f : x 7→ 4x 3 +
2x 2 − x + 1. Elle est dérivable de dérivée f ′ (x) = 12x 2 + 4x − 1.
◦ La fonction g : x 7→ (x + 1) cos(x) est dérivable sur R et admet pour dérivée la fonction g ′ (x) =
cos(x) − (x + 1) sin(x).
3x+2 3(x 2 +1)−2x(3x+2)
◦ La fonction h : x 7→ x 2 +1 est dérivable sur R, de dérivée h′ (x) = (x 2 +1)2 .

Théorème 8.51 – Dérivée d’une composée. Soient I et J deux intervalles, f : I → J et g : J → R. Soit


a ∈ I. Si f est dérivable en a et g est dérivable en f (a), alors g ◦ f est dérivable en a et

(g ◦ f )′ (a) = f ′ (a)g ′ (f (a)).

Démonstration. On utilisera ici les théorèmes 8.16 et 8.31. Vous pouvez consulter [LM03, Chapitre 6]
pour plus de détails.

Exemples.
◦ La fonction f : x → sin(2x + 3) est dérivable sur R et, pour tout x ∈ R,

f ′ (x) = 2 cos(2x + 3).


√  2 
 2étudie la fonction g : x 7→ 2 3x + 2. La fonction g est définie sur − 3 , +∞ et est dérivable sur
◦ On
− 3 , +∞ , avec pour x ∈ − 3 , +∞ ,

3
g ′ (x) = √ .
2 3x + 2

◦ La fonction h définie, pour x ∈ R, par h(x) = (2x 2 − 3)4 est dérivable sur R et sa dérivée est donnée,
pour x ∈ R, par
h′ (x) = 16x(2x 2 − 3)3 .
204 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

Exercice 8.52. Calculer, après avoir précisé l’ensemble de dérivabilité, les dérivées des fonctions suivantes :

1. f1 (x) = −4x + 7, 8. f8 (x) = 6x 3 − 7 x,
2. f2 (x) = 3x 2 + 5x − 4, √
9. f9 (x) = 1 − 2x,
6 4 3
3. f3 (x) = 2x − 5x + x − 7x,
4. f (x) = 2x 12 − x 9 + 6x + 39, 10. f10 (x) = √x12 +1 ,
4

5. f5 (x) = (x 3 + 2)3 , q
1+x
3x−1
11. f11 (x) = 1−x ,
6. f6 (x) = x−2 ,

3x 2 −5x+1 3+√x
7. f7 (x) = x+4 , 12. f12 (x) = 3− x
.

Exercice 8.53. Déterminer les domaines de définition et de dérivabilité et calculer les dérivées des fonctions
suivantes :
1. f1 : x 7→ (−x 7 + 3x 2 )5 , 7. f7 : x 7→ cos(cos(x)),
1
2. f2 : x 7→ x 2 +1 ,
8. f8 : x 7→ sin x1 ,

x+1
3. f3 : x 7→ x−1 ,
4. f4 : x 7→ 3x 2 −5x+1
, sin(x)
x+4 9. f9 : x 7→ ,
√1 ,
cos(x)
5. f5 : x 7→ x
3

6. f6 : x 7→ sin(x) , 10. f10 : x 7→ 2x 2 − 8x + 6.

8.3.6 Extrema locaux


Définition 8.54. Soit D un sous-ensemble de R qui est un intervalle ou une réunion finie d’intervalles,
soit f une fonction définie sur D et soit x0 un élément de D.
◦ On dit que la fonction f admet un maximum local M en x0 si on peut trouver un intervalle I inclus
dans D tel que x0 ∈ I et tel que M soit le maximum de f sur I.
◦ On dit que la fonction f admet un minimum local m en x0 si on peut trouver un intervalle I inclus
dans D tel que x0 ∈ I et tel que m soit le minimum de f sur I.
◦ On dit que f admet un extremum local en x0 si f possède un maximum local ou un minimum local
en x0 .

y maximum local

x

minimum local

Figure 8.12 – Extrema locaux


8.3 Dérivabilité 205

Exemple. La fonction f : x 7→ x 2 + 1 admet un minimum local en x = 0 qui vaut 1 car pour tout x ∈ R
(il suffirait que cela soit vrai sur un intervalle autour de 0) f (x) ⩾ 1.

Théorème 8.55. Soit f une fonction définie sur un intervalle I et x0 un point de I qui n’est pas une borne
de I. Si f admet un extremum local en x0 , alors f ′ (x0 ) = 0. En particulier, la courbe représentative de f
admet en x0 une tangente horizontale.

Démonstration. Soit x0 un extremum local de f qui n’est pas au bord de I et dont on suppose, sans
perte de généralités qu’il s’agit d’un maximum local de f . Notons alors η > 0 un réel tel que pour tout
[x0 − η, x0 + η] soit inclus dans I et tel que pour tout x ∈ [x0 − η, x0 + η], f (x) ⩽ f (x0 ). Alors, pour tout
x ∈ [x0 − η, x0 + η], f (x) − f (x0 ) ⩽ 0 et donc

f (x) − f (x0 ) f (x) − f (x0 )


⩾ 0 si x ∈ [x0 − η, x0 [ et ⩽ 0 si x ∈]x0 , x0 + η].
x − x0 x − x0
f (x)−f (x0 )
Or, puisque f est dérivable en x0 les limites à gauche et à droite de x0 du taux d’accroissement x−x0
existent et coïncident. Ainsi, d’après les inégalités précédentes,

f (x) − f (x0 ) f (x) − f (x0 )


0 ⩽ lim− = f ′ (x0 ) = lim+ ⩽0
x→x0 x − x0 x→x0 x − x0

ce qui achève de démontrer que f ′ (x0 ) = 0.

Remarques.
◦ La réciproque est fausse. Par exemple, la fonction cube f : x 7→ x 3 qui est définie et dérivable sur R
et pour tout réel x, on a f ′ (x) = 3x 2 et donc f ′ (0) = 0. Pourtant, la fonction cube est strictement
croissante sur R, donc 0 n’est pas un extremum local. On illustre cela par la figure 8.13a.
◦ L’extremum est local, cela veut dire que ce n’est un extremum qu’à proximité du point. En revanche,
si on s’éloigne du point, la courbe peut tout à fait dépasser cette valeur (voir la figure 8.13b).

y Maximum local
y

x Minimum local
0
0 x
Le minimum local
n’est pas global

(a) Fonction cube (b) Extrema locaux

Figure 8.13 – Tangentes horizontales et extrema locaux

◦ Le point x0 ne doit pas être à l’extrémité de I. En effet, si x0 est une extrémité de I, il peut être un
extremum local sans que la dérivée de f en ce point ne s’annule (par exemple sur la figure suivante
l’extrémité droite est un minimum local mais la dérivée de la fonction ne s’y annule pas).

Méthode – Extrema locaux. Pour trouver les extrema locaux d’une fonction dérivable, on peut déter-
miner les points où sa dérivée s’annule et on détermine ensuite si ce sont des extrema locaux.
206 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

Définition 8.56. Soit D un sous-ensemble de R qui est un intervalle ou une réunion finie d’intervalles,
soit f une fonction définie sur D et soit x0 un élément de D.
◦ On dit que la fonction f admet un maximum global M atteint en x0 si pour tout x ∈ D, f (x) ⩽
M = f (x0 ).
◦ On dit que la fonction f admet un minimum global m atteint en x0 si pour tout x ∈ D, f (x) ⩾
m = f (x0 ).
◦ On dit que f admet un extremum global atteint en x0 si f possède un maximum global ou un
minimum global atteint en x0 .

Exercice 8.57. Étudier les extrema (locaux et globaux) de la fonction f : R → R définie par f (x) = x 3 +λx
en fonction du paramètre λ ∈ R.

8.3.7 Propriétés des fonctions dérivables sur un intervalle


Théorème 8.58 – Théorème de Rolle. Soient a et b deux réels tels que a < b, f une fonction continue
sur [a, b], dérivable sur ]a, b[. Si f (a) = f (b) alors il existe c ∈]a, b[ tel que f ′ (c) = 0. On illustre ce
résultat à la figure 8.14a.

Démonstration. On procède par disjonction de cas.


◦ Si f est constante alors f ′ (c) = 0 pour tout c ∈]a, b[.
◦ Supposons que f n’est pas constante. Puisque f est continue sur [a, b] un segment, d’après le
théorème des bornes atteintes 8.37, elle admet son maximum M et son minimum m sur [a, b]. Or, f
n’étant pas constante m ̸= M et en particulier, m ̸= f (a) ou M ̸= f (a). Supposons par exemple que
m < f (a) et notons c le point de ]a, b[ tel que f (c) = m. Alors m est un minimum local de f atteint
en un point qui n’est pas au bord de [a, b] et d’après le théorème 8.55, on en déduit que f ′ (c) = 0.

Exercice 8.59. Soit f : R → R une fonction dérivable telle que f ′ ne s’annule pas. Montrer que f ne peut
pas être périodique.

Théorème 8.60 – Théorème des accroissements finis. Soient a et b deux réels tels que a < b, f une
fonction continue sur [a, b], dérivable sur ]a, b[. Alors, il existe c ∈]a, b[ tel que

f (b) − f (a) = f ′ (c)(b − a).

On illustre ce résultat à la figure 8.14b.

Remarque. Il s’agit d’une généralisation du théorème de Rolle puisque si f (a) = f (b) on obtient que
(b − a)f ′ (c) = 0 ce qui donne bien f ′ (c) = 0 puisque a ̸= b.

Démonstration. On applique le théorème de Rolle 8.58 à la fonction g définie sur [a, b] par

f (b) − f (a)
g(x) = f (x) − (x − a) − f (a)
b−a

où le second terme représente la corde reliant les points (a, f (a)) et (b, f (b)) de la courbe représentative
de f . En effet, g est continue sur [a, b], dérivable sur ]a, b[, g(a) = 0 et g(b) = 0. Il existe donc c ∈]a, b[
tel que g ′ (c) = f ′ (c) − f (b)−f
b−a
(a)
= 0 ce qui achève notre preuve.
8.3 Dérivabilité 207

y
y f (b)−f (a)
pente b−a

a
0 c b x
0 a c b x

(a) Théorème de Rolle (b) Théorème des accroissements finis

Figure 8.14 – Deux théorèmes classiques

8.3.8 Dérivée et variations


L’une des principales utilisations de la dérivation dans l’étude de fonctions, outre la recherche d’ex-
trema, réside dans le fait que l’on peut déterminer le sens de variation de f sur cet intervalle à partir du
signe de sa dérivée.

Théorème 8.61. Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I.


◦ f est croissante sur I si et seulement si f ′ ⩾ 0 sur I.
◦ f est décroissante sur I si et seulement si f ′ ⩽ 0 sur I.
◦ f est constante sur I si et seulement si f ′ = 0 sur I.

Remarque. Attention, ce théorème est faux si I n’est pas un intervalle. Par exemple, la fonction inverse
définie sur R∗ est dérivable sur R∗ de dérivée f ′ : x 7→ − x12 , négative sur R∗ mais n’est pas décroissante
sur R∗ car f (−1) = −1 < 1 = f (1).

Démonstration. Puisqu’il suffit de multiplier par −1 pour obtenir le second cas et que le troisième est la
conséquence des deux premiers, on se contente de prouver le premier cas.
◦ Supposons que f est croissante sur I, alors si x0 ∈ I, pour tout x ∈ I, le taux d’accroissement
f (x)−f (x0 )
x−x0 est positif ou nul car le numérateur et le dénominateur sont de même signe. Ainsi, en
passant à la limite lorsque x → x0 , on obtient que f ′ (x0 ) ⩾ 0 et ceci étant vrai pour tout x0 ∈ I, on
en déduit que f ′ ⩾ 0 sur I.
◦ Supposons que f ′ ⩾ 0 sur I. Soit x < y deux éléments de I. Alors, d’après le théorème des accrois-
sements finis 8.60, il existe c ∈]x, y [ tel que f (y ) − f (x) = f ′ (c)(y − x) et puisque f ′ ⩾ 0 et que
y > x on en déduit que f (y ) − f (x) ⩾ 0 et donc que f est croissante.
208 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

Exercice 8.62. Les trois courbes de gauche C1 , C2 et C3 représentent trois fonctions f1 , f2 et f3 , dérivables
sur R. Les trois courbes de droite A, B et C représentent les trois fonctions dérivées f1′ , f2′ et f3′ . Associer
la courbe représentative de chaque fonction f1 , f2 et f3 à la courbe représentative de sa dérivée.

y y
5 C1 C3 5 A B
4 C2 4

3 3

2 2

C
1 1

−1 0 1 2 3 4 5 x −1 0 1 2 3 4 5 x
−1 −1

−2 −2

Exercice 8.63. Dans chacun des cas ci-dessous, on considère une fonction définie et dérivable sur l’inter-
valle [−5, 4] et on représente la courbe de sa fonction dérivée. Déterminer les variations de chacune des
fonctions f1 , f2 et f3 sur l’intervalle [−5, 4].

1. Pour f1 : 2. Pour f2 : 3. Pour f3 :

y y y
3 3 3
Cf1′ 2 2 2
1 Cf2′ 1 Cf3′ 1

−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 x −5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 x −5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 x
−2 −2 −2
−3 −3 −3

8.4. Schéma d’étude de fonction

Méthode. Afin de réaliser une étude complète d’une fonction et, entre autres, d’en obtenir la courbe
représentative, on suit les étapes suivantes.
1. Domaine de définition. On détermine Df .
2. Domaine d’étude. On regarde si f possède des symétries.
◦ Si f est périodique, on l’étudie sur une période.
◦ Si f est paire ou impaire, on l’étudie au plus sur la partie positive de son domaine de définition.
3. Variations. On détermine le domaine de dérivation de f , on calcule sa dérivée, on détermine le signe
de sa dérivée et on en déduit les variations de f ainsi que ses tangentes horizontales si elle en a.
4. Limites et asymptotes. On calcule les limites de f au bord du domaine de définition et on en déduit
la présence d’asymptotes ou non.
5. Tracé du graphe.
8.4 Schéma d’étude de fonction 209

8.4.1 Un premier exemple : une fonction polynomiale

Considérons la fonction
f: R → R
1 3
x 7 → 2 (x + 3x 2 − 9x + 1)
1. Domaine de définition. f est une fonction polynomiale donc définie sur R.

2. Domaine d’étude. f n’est a priori ni paire/impaire, ni périodique donc on l’étudie sur R.

3. Variations. f est une fonction polynomiale donc dérivable sur R et, pour tout réel x, on a

1
f ′ (x) = (3x 2 − 6x − 9).
2
On peut alors étudier le signe de la dérivée : on commence par chercher pour quels réels la dérivée
s’annule. Pour tout réel x, on a les équivalences suivantes

1
f ′ (x) = 0 ⇔ (3x 2 − 6x − 9) = 0 ⇔ x 2 − 2x − 3 = 0.
2

Le discriminant du trinôme x 2 − 2x − 3 est égal à ∆ = 16 donc ce trinôme admet les deux racines
réelles suivantes x1 = −1 et x2 = 3. On peut donc construire le tableau de signe de la dérivée :

x −∞ −1 3 +∞

f ′ (x) + 0 − 0 +

4. On en déduit alors le tableau de variations de la fonction f :

x −∞ −1 3 +∞

f ′ (x) + 0 − 0 +

f (x)

5. Limites et asymptotes. On finit de remplir le tableau en calculant les images des abscisses particulières
et les limites de la fonction. Ainsi, pour la fonction f , on a donc

x −∞ −1 3 +∞

f ′ (x) + 0 − 0 +

3 +∞
f (x)
−∞ −2

6. Tracé du graphe. Grâce à ce tableau de variations ainsi rempli, on peut tracer l’allure de la courbe
représentative de la fonction f , avec ses tangentes horizontales :
210 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

y = f (x) x

Figure 8.15 – f : x 7→ 12 (x 3 + 3x 2 − 9x + 1)

Exercice 8.64. On veut étudier la fonction définie sur R par f : x 7→ x 2 − 6x + 5.


1. Donner son ensemble de définition et en dresser son tableau de variations.
2. Montrer que f admet un minimum global en un point que l’on précisera. Quelle est la tangente à la
courbe en ce point ?
3. Tracer la courbe représentative de f .

Exercice 8.65. Soit f la fonction définie sur R par f (x) = 12 x 4 − 3x 3 + 5x 2 − 3x + 1.


1. Justifier que f est dérivable sur R et calculer sa dérivée.
2. Déterminer trois réels a, b et c tels que f ′ (x) = (2x − 1)(ax 2 + bx + c).
3. En déduire les variations de f sur R.
4. Déterminer une équation de la tangente T à la courbe représentative de f en son point d’abscisse 2.
5. Démontrer que, pour tout réel x, on a

1
f (x) − (−3x + 5) = (x − 2)2 (x 2 − 2x − 2).
2

6. En déduire la position relative de la courbe de f et de sa tangente en son point d’abscisse 2.


7. Tracer la courbe représentative de la fonction f .

8.4.2 Un second exemple : une fraction rationnelle


Étudions la fonction f donnée par
x −3
f : x 7→ .
x −2
1. Domaine de définition. On commence par noter que x − 2 = 0 si et seulement si x = 2. donc
Df = R \ {2}.
2. Domaine d’étude. La fonction f ne possède pas de propriété de périodicité, ni de parité. On l’étude
donc sur Df = R \ {2}.
3. Variations. La fonction f étant le quotient d’une fonction dérivable par une fonction dérivable qui
ne s’annule pas sur Df = R \ {2}, elle est dérivable sur R \ {2}. De plus, pour tout x ∈ R \ {2},
f ′ (x) = x−2−(x−3)
(x−2)2
1
= (x−2) ′
2 . On en déduit que f (x) ⩾ 0 pour tout x ∈ R \ {2}.
8.4 Schéma d’étude de fonction 211

4. Limites et asymptotes. On a

x −3 x −3
lim f (x) = lim = 1 et lim f (x) = lim = 1.
x→−∞ x→−∞ x − 2 x→+∞ x→+∞ x − 2

La fonction f admet donc une asymptote horizontale d’équation y = 1 en ±∞. De plus,

x −3 x −3
lim f (x) = lim− = +∞ et lim f (x) = lim+ = −∞
x→2− x→2 x −2 x→2+ x→2 x −2
donc f admet une asymptote verticale d’équation x = 2.
5. Tracé du graphe. On obtient la courbe représentative qui suit.

x =2

Cf y =1

0 x

x−3
Figure 8.16 – f : x 7→ x−2

Exercice 8.66. Tracer les courbes représentatives des fonctions suivantes :


3x−2 x+1
1. f : x 7→ x−1 , 2. f : x 7→ x−1 .

Étudions à présent la fonction


x2 + x + 1
f : x 7→ .
x2 + 1
1. Domaine de définition. On commence par noter que x 2 + 1 ̸= 0 pour tout x ∈ R donc Df = R.
2. Domaine d’étude. La fonction f ne possède pas de propriété de périodicité ni de parité. On l’étude
donc sur R.
3. Variations. La fonction f étant le quotient d’une fonction dérivable par une fonction dérivable qui ne
s’annule pas, elle est dérivable sur R. De plus, pour tout x ∈ R,

(2x + 1)(x 2 + 1) − 2x(x 2 + x + 1) 1 − x2 (1 − x)(1 + x)


f ′ (x) = 2 2
= 2 2
= .
(x + 1) (x + 1) (x 2 + 1)2

On en déduit que f ′ (x) ⩾ 0 si et seulement si x ∈ [−1, 1] et donc que f est croissante sur [−1, 1]
et décroissante sur ] − ∞, −1] et sur [1, +∞[.
4. Limites et asymptotes. On a

x2 + x + 1 x2 + x + 1
lim f (x) = lim = 1 et lim f (x) = lim = 1.
x→−∞ x→−∞ x2 + 1 x→+∞ x→+∞ x2 + 1
212 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

Donc f admet une asymptote horizontale d’équation y = 1 en ±∞.


5. Tracé du graphe. On obtient la courbe représentative suivante :

Cf

y =1
0 x

x 2 +x+1
Figure 8.17 – f : x 7→ x 2 +1

Exercice 8.67. Procéder à l’étude complète de la fonction

x 2 + 2x − 5
f : x 7→ .
x 2 − 2x + 2

8.4.3 Une étude des fonctions trigonométriques usuelles


Étude des fonctions cos et sin

Étudions la fonction cos.


1. Domaine de définition. La fonction cos est définie sur R.
2. Domaine d’étude. Par définition, la fonction cos est 2π-périodique. De plus, d’après la proposition
7.52, pour tout x ∈ R, cos(−x) = cos(x) donc la fonction cos est paire. On restreint donc le
domaine d’étude à l’intervalle [0, π].
3. Variations. Pour tout x ∈ [0, π], on a cos′ (x) = − sin(x), donc pour tout x ∈ [0, π], cos′ (x) ⩽ 0 et
la fonction cos est strictement décroissante sur [0, π].
4. Limites et asymptotes. On a cos(0) = 1 et cos(π) = −1.
5. Tracer le graphe. On trace le graphe de cos sur [0, π], que l’on étend par symétrie par rapport à l’axe
des ordonnées sur [−π, 0] puis que l’on prolonge à tout R en utilisant la 2π-périodicité. On retrouve
la courbe à la figure 8.18.
Étudions la fonction sin : comme, d’après la proposition 7.49, pour tout x ∈ R, on a sin(x) = cos( π2 −x) =
cos(x − π2 ), la courbe représentative de sin est la translatée de la courbe représentative de cos par le vecteur
( π2 , 0). On retrouve la courbe représentative de sin à la figure 8.18.

Étude de la fonction tangente

Étudions la fonction tan.


1. Domaine de définition. La fonction tan est définie sur R \ { π2 + kπ | k ∈ Z}.
2. Domaine d’étude. Soit x ∈ R \ { π2 + kπ | k ∈ Z}, alors x + π ∈ R \ { π2 + kπ | k ∈ Z} et, par la
− sin(x)
proposition 7.52, tan(π + x) = sin(x+π)
cos π+x = − cos(x) = tan(x) donc la fonction tan est π-périodique.
8.4 Schéma d’étude de fonction 213

y
y = cos(x) 1 y = sin(x)

• • + •π • • •
−π − π2 0 1 π 3π 2π x
2 2

−1

Figure 8.18 – Représentation graphique des fonctions cos et sin

De plus, pour tout x ∈] − π2 , π2 [, tan(−x) = − tan(x) donc la fonction tan est impaire. On peut donc
réduire le domaine d’étude à [0, π2 [.
3. Variations. Pour tout x ∈ [0, π2 [, on a tan′ (x) = 1 + tan(x)2 , donc la fonction tan est strictement
croissante sur [0, π2 [.
4. Limites et asymptotes. On a tan(x) → +∞ lorsque x → π2 − donc la droite d’équation y = π2 est une
asymptote verticale à la courbe représentative de tan. On a également tan(0) = 0 et tan′ (0) = 1
donc la droite y = x est la tangente à la courbe au point (0, 0).
5. Tracer le graphe. On trace le graphe de tan sur [0, π2 [, que l’on étend par symétrie centrale à ] − π2 , 0]
puis que l’on prolonge à tout R en utilisant la π-périodicité. On retrouve la courbe à la figure 8.19.

1 y = tan(x)
+
1
• • +π • • •
−π − π2 0 π 3π x
2 2

Figure 8.19 – Représentation graphique de la fonction tan

8.4.4 Un dernier exemple


Étudions la fonction
f : x 7→ cos(x)(1 − cos(x)).
1. Domaine de définition. On a Df = R.
2. Domaine d’étude. On remarque que f est 2π-périodique et paire. Il suffit donc d’étudier f sur [0, π]
(on pourrait exclure π).
3. Variations. La fonction f est dérivable sur [0, π] et pour tout x ∈ [0, π], on a

f ′ (x) = − sin(x)(1 − cos(x)) + cos(x) sin(x) = sin(x)(2 cos(x) − 1).


214 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

Ainsi, sur [0, π],

1 n π o
f ′ (x) = 0 ⇔ sin(x) = 0 ou cos(x) = ⇔ x ∈ 0, , π .
2 3
π
La fonction f possède donc une tangente horizontale en x = 0 avec  =′ 0, en x = 3 avec
 f π(0)
π 1

f 3 = 4 et en x = π avec f (π) = −2. De plus, pour tout x ∈ 0, 3 , f (x) > 0 donc f est
croissante sur cet intervalle. Pour tout x ∈ π3 , π , on a f ′ (x) < 0 donc f est décroissante sur cet


intervalle.
4. Limites et asymptotes. On a f (0) = 0 et f (π) = −2.
5. Tracer le graphe. On obtient la courbe représentative suivante où l’on trace d’abord la partie bleue
que nous venons d’étudier. Le reste de la courbe est obtenu par symétrie par rapport à l’axe des
ordonnées (parité) et par translation (2π-périodicité).

Cf
0
x

Figure 8.20 – f : x 7→ cos(x)(1 − cos(x))


8.4 Schéma d’étude de fonction 215

Solutions des exercices


Exercice 8.9 Si f : R → R n’est pas constante il existe deux réels a et b tels que f (a) ̸= f (b). Mais alors,
◦ Pour tout n ∈ N, f (a + nT ) = f (a) qui tend vers f (a) lorsque n → +∞.
◦ Pour tout n ∈ N, f (b + nT ) = f (b) qui tend vers f (b) lorsque n → +∞.
On a donc construit deux suites u et v qui divergent vers +∞ et telles que (f (un ))n∈N et (f (vn ))n∈N ne convergent pas vers la même limite
donc f n’admet pas de limite en +∞.

Exercice 8.12
−x
1. On a lim f (x) = lim x
x
= 1 et lim f (x) = lim x
= −1. La fonction f n’admet pas de limite en 0 car les limites à droite et à
x→0+ x→0+ x→0− x→0−
gauche sont différentes.
2. On a lim f (x) = lim x 2 = 0 et lim f (x) = lim x 3 = 0. Les limites à droite et à gauche sont donc égales et f admet ainsi une limite
x→0+ x→0+ x→0− x→0−
en 0 qui est égale à 0 (bien qu’elle soit différente de f (0)).

Exercice 8.17
1. 5, 5. − 19 , 9. 0, 13. 5, 17. −∞,

2. 22, 6. 5 + 2, 10. −∞, 14. +∞, 18. −∞,
3. 63
4
, 7. 6
, 11. −3, 15. +∞, 19. 3,
7

4. 6 2, 8. −16, 12. +∞, 16. +∞, 20. 0.

Exercice 8.18
1. lim f (x) = 0 et lim f (x) = 0, 5. lim f (x) = 0 et lim f (x) = 0,
x→+∞ x→−∞ x→+∞ x→−∞

2. lim f (x) = 5 et lim f (x) = 5, 6. lim f (x) = 1 et lim f (x) = 1,


x→+∞ x→−∞ x→+∞ x→−∞

3. lim f (x) = 5 et lim f (x) = 5, 7. lim f (x) = 1


2
et lim f (x) = 1
2
,
x→+∞ x→−∞ x→+∞ x→−∞

4. lim f (x) = +∞ et lim f (x) = −∞, 8. lim f (x) = 0 et lim f (x) = 0.


x→+∞ x→−∞ x→+∞ x→−∞

Exercice 8.19
1. 1, 7. +∞ en −1+ et −∞ en −1− , 13. +∞ en 0+ (pas définie en 0− ),
2. +∞, 8. +∞ en 1+ et −∞ en 1− , 14. 0,
3. −2, 9. 2, 15. − 32 ,
4. 0, 10. 5
4
, 16. +∞ en 1+ et −∞ en 1− ,
5. 0, 11. +∞ en −3+ et −∞ en −3− , 17. − 13 ,
6. +∞ en 1− (pas définie en 1+ ), 12. −∞ en −2+ et +∞ en −2− , 18. −∞ en −2+ et +∞ en −2− .

Exercice 8.22 On note que, puisque −1 ⩽ sin x1 ⩽ 1, on a si x > 0, −x ⩽ f (x) ⩽ x et si x < 0, x ⩽ f (x) ⩽ −x. Puisque ±x → 0 lorsque


x → 0, on en déduit que f (x) → 0 lorsque x → 0 d’après le théorème d’encadrement8.21.

Exercice 8.28 On commence par remarquer que f est continue sur R∗ . Il nous reste à étudier la continuité de f en 0. On note que f (x) =
2 +x 2 +x 2 +x 2 2 +x 2
x√
= x2|x| et limx→0− x2|x| = limx→0− − x 2x+x = limx→0− − x+1
2
= − 21 et limx→0+ x2|x| = limx→0+ x 2x+x = limx→0+ x+1
2
= 12 . Donc f n’est
2 x2
pas continue en 0 et ainsi pas continue sur R∗ .

Exercice 8.30
1. On a limx→0− x1 = −∞ et limx→0+ x1 = +∞. La fonction f a une limite infinie à gauche et à droite en 0, elle n’est pas prolongeable par
continuité en 0 (ni à droite, ni à gauche).
2. On déjà vu à l’occasion de l’exercice 8.22 que limx→0± x sin x1 = 0. La fonction f n’est pas définie en 0 mais admet pour limite 0 en


0. On peut donc prolonger f par continuité en 0 en définissant une fonction fe par fe(x) = f (x) si x ̸= 0 et fe(0) = 0.
3. On a déjà vu dans l’exercice 8.28 que limx→0− f (x) = − 12 et limx→0+ f (x) = 1
2
. Ainsi, f n’admet pas de limite en 0 donc f n’est pas
prolongeable par continuité en 0 (on pourra en revanche la prolonger en une fonction fe continue à droite ou à gauche en 0 en posant
fe(0) = ± 12 ).
x 2 −4x+3 (x−1)(x−3)
4. On commence par remarquer que pour tout x ∈ R, x 2 −1
= (x−1)(x+1)
= x+1
.
Ainsi, limx→1− f (x) = limx→1− x+1
x−3 x−3
= −1,
limx→1+ f (x) = x−3
limx→1+ x+1 = −1. On peut donc prolonger f par continuité en 1 en définissant une fonction f par f (x) = f (x)
e e
si x ̸= 1 et fe(1) = −1.

Exercice 8.33 On considère la fonction g définie, pour x ∈ [0, 1], par g(x) = f (x) − x. Puisque f est continue sur [0, 1], g l’est aussi et on
a de plus g(0) = f (0) ⩾ 0 et g(1) = f (1) − 1 ⩽ 0. Ainsi, d’après le théorème des valeurs intermédiaires 8.32, il existe un c ∈ [0, 1] tel que
g(c) = 0 et pour cette valeur de c on a alors f (c) = g(c) + c = c.

Exercice 8.35 Tout d’abord, si f est une fonction polynomiale, elle est continue sur R. De plus, si son degré est impair, on a limx→−∞ f (x) =
−∞ et limx→+∞ f (x) = +∞. Ainsi, d’après le théorème des valeurs intermédiaires 8.32, il existe nécessairement un réel c tel que f (c) = 0.
Autrement dit, f admet au moins une racine réelle.
216 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

Exercice 8.38 Soit f une fonction périodique sur R. Notons T une période de f . Alors, sur [0, T ], f étant une fonction continue elle est bornée
et atteint ses bornes d’après le théorème des bornes atteintes 8.37. f étant T -périodique, elle est donc bornée sur R car elle l’est sur [0, T ]
et elle atteint ses bornes (sur [0, T ] par exemple).

f (1+h)−f (1) (1+h)3 −(1+h)−0


Exercice 8.41 On a h
= h
= 2 + 3h + h2 → 2 lorsque h → 0. Ainsi, f est dérivable en 1 et f ′ (1) = 2.

2 2
Exercice 8.43 On a f (1+h)−f
h
(1)
= (1+h) −(1+h)+1−(1−1+1)
h
= h h+h = h + 1 et la limite du taux d’accroissement est donc 1 lorsque h tend vers
0. Ainsi, l’équation de la tangente à la courbe représentative de f en a = 1 a pour équation y = f ′ (1)(x − 1) + f (1) = (x − 1) + 1 = x.

Exercice 8.45
1. On note immédiatement que g est continue sur R \ {2, 4}. Or, limx→2− g(x) = limx→2− 0 = 0 et limx→2+ g(x) = limx→2+ a − xb = a − b2
et limx→4− g(x) = limx→4− a − xb = a − b4 et limx→4+ g(x) = limx→4+ 1 = 1. Ainsi, g est continue sur R si et seulement si a − b2 = 0 et
a − b4 = 1. On en déduit que g est continue sur R si et seulement si a = 2 et b = 4, et donc, pour tout x ∈]2, 4[, g(x) = 2 − x4 .
2− x4
2. On a limx→2− g(x)−g(2)
x−2
= limx→2− x−2 0
= 0 et limx→2+ g(x)−g(2)
x−2
= limx→2+ x−2
= limx→2+ 2(x−2)
x(x−2)
= 1. Ainsi, le taux d’accroissement en
2 de g n’a pas de limite et elle n’est donc pas dérivable en 2.

Exercice 8.46
◦ Pour n = 0. On a fn (x) = sin x1 . Ainsi, puisque la fonction sinus n’a pas de limite en ±∞, fn (x) n’a pas de limite en 0. Elle n’est donc


pas continue ni dérivable en 0.


◦ Pour n > 0. En posant u = x1 , on a fn (x) = x n sin x1 = sin(u) . Puisque la fonction sinus est bornée par −1 et 1, on en déduit que fn (x)

un
tend vers 0 lorsque x → 0. La fonction f est donc prolongeable par continuité en 0 par 0. Notons fn la fonction prolongée pour alléger
les notations. Ainsi,  
fn (x) − fn (0) 1 sin(u)
= x n−1 sin = n−1 .
x −0 x u
Ainsi,
fn (x)−fn (0)
▷ Pour n = 1. Alors x−0
= sin(u) n’admet donc pas de limite lorsque u → ±∞. Dans ce cas fn n’est donc pas dérivable.
fn (x)−fn (0) sin(u)
▷ Pour n > 1. Alors x−0
= u n−1
et tend donc vers 0 puisque la fonction sinus est bornée. Dans ce cas, fn est donc dérivable et
fn′ (0) = 0.

Exercice 8.48 La fonction f est dérivable sur ]0, +∞[. En effet,


√ √ √ √ √ √
◦ Si a > 0. Alors, a+h− a
h
= ( a+h−√
a)( a+h+ a)

h( a+h+ a)
= h(√a+h−a√
a+h+ a)
1 √
= √a+h+ a
→ 1

2 a
, donc f est dérivable en a et f ′ (a) = 1

2 a
.
√ √
◦ Si a = 0. Alors, h− 0
h
= √ → +∞ donc f n’est pas dérivable en 0.
1
h

Exercice 8.52
1. f1 est définie et dérivable sur R et f1′ (x) = −4.
2. f2 est définie et dérivable sur R et f2′ (x) = 6x + 5.
3. f3 est définie et dérivable sur R et f3′ (x) = 12x 5 − 20x 3 + 3x 2 − 7.
4. f4 est définie et dérivable sur R et f4′ (x) = 24x 11 − 9x 8 + 6.
5. f5 est définie et dérivable sur R et f5′ (x) = 9x 2 (x 3 + 2)2 .
3(x−2)−(3x−1)
6. f6 est définie et dérivable sur R \ {2} et f6′ (x) = (x−2)2
5
= − (x−2)2.

3x 2 +24x−21
7. f7 est définie et dérivable sur R \ {−4} et f7′ (x) = (x+4)2
.

8. f8 est définie et dérivable sur R∗+ et f8′ (x) = 18x 2 − 2√7


x
.
9. f9 est définie et dérivable sur −∞, 12 et f9′ (x) = 2√−2 1
.
 
1−2x
= − √1−2x
1
′ (x) = (x 2 + 1)− 2 = −
10. f10 est définie et dérivable sur R \ {2} et f10 x
.
3
(x 2 +1) 2
11. f11 est définie et dérivable sur ] − ∞, −1[∪]1, +∞[ et

 ′
1+x 1−x−(1+x)×(−1)
′ 1−x (1−x)2 2 1 1
f11 (x) = q = q = q = q = 3 √ .
2 1+x
1−x
2 1+x
1−x
2(1 − x)2 1+x
1−x
(1 − x)2 1+x
1−x
(1 − x) 2 1+x

12. f12 est définie et dérivable sur ]0, +∞[\{9} et

√ √  
1

2 x
(3 − x) − (3 + x) × 2−1

x
√3
x 3

f12 (x) = √ 2 = √ = √ √ .
(3 − x) (3 − x)2 x(3 − x)2

Exercice 8.53
1. On a Df1 = R, f1 est dérivable sur R et pour tout x ∈ R, f1′ (x) = 5 × (−7x 6 + 6x)(−x 7 + 3x 2 )4 = (−35x 6 + 30x)(−x 7 + 3x 2 )4 .
2. On a Df2 = R, f2 est dérivable sur R et pour tout x ∈ R, f2′ (x) = − (x 22x
+1)2
.
8.4 Schéma d’étude de fonction 217

(x−1)−(x+1) −2
3. On a Df3 = R \ {1}, f3 est dérivable sur R \ {1} et pour tout x ∈ R \ {1}, f3′ (x) = (x−1)2
= (x−1)2
.
2
(6x−5)(x+4)−(3x −5x+1) 3x 2 +24x−21
4. On a Df4 = R \ {−4}, f4 est dérivable sur R \ {−4} et pour tout x ∈ R \ {−4}, f4′ (x) = (x+4)2
= (x+4)2
.
3
5. On a Df5 = R∗+ , f5 est dérivable sur R∗+ et pour tout x ∈ R∗+ , f5′ (x) = − 12 x − 2 .
6. On a Df6 = R, f6 est dérivable sur R et pour tout x ∈ R, f6′ (x) = 3 cos(x) sin(x)2 .
7. On a Df7 = R, f7 est dérivable sur R et pour tout x ∈ Df , f7′ (x) = − sin(x)(− sin(cos(x))) = sin(x) sin(cos(x)).
8. On a Df8 = R∗ , f8 est dérivable sur R∗ et pour tout x ∈ R∗ , f8′ (x) = −1 cos x1 .

x2
2 +cos(x)2
9. On a Df9 = R \ π2 + kπ, k ∈ Z , f9 est dérivable sur Df9 et pour tout x ∈ Df9 , f9′ (x) = sin(x)cos(x) 1
2.

2 = cos(x)
10. On a Df10 =] − ∞, 1] ∪ [3, +∞[ car 2x 2 − 8x + 6 ⩾ 0 si et seulement si x ∈] − ∞, 1] ∪ [3, +∞[. f10 est dérivable sur ] − ∞, 1[∪]3, +∞[
et pour tout x ∈] − ∞, 1[∪]3, +∞[, f10
′ (x) = √ 4x−8
2
= √ 2x−4
2
.
2 2x −8x+6 2x −8x+6

Exercice 8.57 Tout d’abord, puisque pour tout réel λ, lim f (x) = +∞ et lim f (x) = −∞, f n’a pas d’extremum global. De plus,
x→+∞ x→−∞

λ
f ′ (x) = 0 ⇔ 3x 2 + λ = 0 ⇔ x2 = − .
3

Ainsi,
◦ Si λ > 0, alors f ′ ne s’annule pas.
◦ Si λ = 0, alors f ′ (0) mais 0 mais ce n’est ni un maximum local ni un minimum local de f : x 7→ x 3 .
◦ Si λ < 0, alors f ′ (x1 ) = f ′ (x2 ) = 0 avec r r
λ λ
x1 = − − et x2 = − .
3 3
L’étude des variations de f donne :

x −∞ x1 x2 +∞

signe de f ′ (x) + 0 − 0 +

f (x1 ) +∞
variations
de f
−∞ f (x2 )

Donc f admet un maximum local en x1 et un minimum local en x2 .

Exercice 8.59 On rappelle que, d’après le théorème de Rolle 8.58, si f une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[ telle que
f (a) = f (b), alors il existe c ∈]a, b[ tel que f ′ (c) = 0. Supposons que f est périodique de période T > 0. Alors, par définition on a
f (a) = f (a + T ) et donc il existe c ∈]a, a + T [ tel que f ′ (c) = 0 ce qui est en contradiction avec le fait que f ′ ne s’annule pas. f ne peut
donc pas être périodique.

Exercice 8.62 La courbe C1 correspond à la courbe C, la courbe C2 à la courbe A et la courbe C3 à la courbe B.

Exercice 8.63
1. On a
x −5 −3 2 4

f1′ (x) − 0 + 0 −

f1 (x)

2. On a
x −5 −2 1 4

f2′ (x) − 0 0 0 +

f2 (x)
218 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

3. On a
x −5 −4 −2 3 4

f3′ (x) − 0 + 0 − 0 +

f3 (x)

Exercice 8.64
1. Df = R car f est une fonction polynomiale. De plus, f ′ (x) = 2x − 6. On obtient donc le tableau de variations suivant pour f :

x −∞ 3 +∞

f ′ (x) − 0 +

+∞ +∞

f (x)

−4

2. f admet un minimum en x = 3 qui faut f (3) = −4. Puisque f ′ (3) = 0, la tangente à la courbe représentative de f en ce point a pour
équation y = f ′ (3)(x − 3) + f (3) = −4 (cette tangente est donc horizontale).
3. On a
y

Exercice 8.65
1. La fonction f étant polynomiale, elle est définie et dérivable sur R, avec pour tout x ∈ R, f ′ (x) = 2x 3 − 9x 2 + 10x − 3.
2. On a, pour x ∈ R, (2x − 1)(ax 2 + bx + c) = 2ax 3 + (2b − a)x 2 + (2c − b)x − c = 2x 3 − 9x + 10x − 3. donc, a = 1, b = −4 et c = 3.
3. On a, pour tout x ∈ R, f ′ (x) = (2x − 1)(x 2 − 4x + 3) et le trinôme x 2 − 4x + 3 a pour discriminant ∆ = 16 − 12 = 4 et il possède donc
deux racines réelles distinctes qui sont 1 et 3. On peut donc construire le tableau de signe de la dérivée :

1
x −∞ 2 1 3 +∞

2x − 1 − 0 + + +

x 2 − 4x + 3 + + 0 − 0 +

f ′ (x) − 0 + 0 − 0 +

On obtient donc le tableau de variations suivant pour f :

1
x −∞ 2 1 3 +∞

f ′ (x) − 0 + 0 − 0 +

+∞ 1 +∞
2
f (x)
13
32
− 27
8.4 Schéma d’étude de fonction 219

4. L’équation de T est donnée par y = f ′ (2)(x − 2) + f (2) = −3(x − 2) − 1 = −3x + 5.

5. On a bien pour tout x ∈ R, 21 (x − 2)2 (x 2 − 2x − 2) = 1


2
(x 2 − 4x + 4)(x 2 − 2x − 2) = 1
2
(x 4 − 6x 3 + 10x 2 − 8) et finalement
f (x) − (−3x + 5) = 12 x 4 − 3x 3 + 5x 2 − 4.

6. Soit x ∈ R. La différence f (x) − (−3x + 5) est, d’après la question précédente, égale à 21 (x − 2)2 (x 2 − 2x − 2). Or, 12 (x − 2)2 ⩾ 0 et
x 2 − 2x − 2 vaut 4 − 4 − 2 = −2 en x = 2. Donc, f (x) − (−3x + 5) est négatif au voisinage de x = 2 et la fonction f est donc en
dessous de sa tangente T en x = 2.

7. On a
y

Exercice 8.66

1. La fonction f est une fraction rationnelle. On note immédiatement que la droite horizontale x = 1 est une asymptote verticale. On note
alors que pour tout x ∈ R \ {1}, f ′ (x) = 3(x−1)−(3x−2)
(x−1)2
−1
= (x−1)2 et on en déduit que f est décroissante sur R. De plus,limx→−∞ x−1 =
3x−2

3 et limx→+∞ 3x−2 x−1


= 3 et enfin, limx→1− 3x−2
x−1
= −∞ et limx→1+ 3x−2
x−1
= +∞. On a à présent toutes les informations nécessaires
pour tracer la courbe et on obtient donc :

Cf

0 1 x

2. La fonction f est une fraction rationnelle. On note immédiatement que la droite horizontale x = 1 est une asymptote verticale. On note
alors que pour tout x ∈ R \ {1}, f ′ (x) = (x−1)−(x+1)
(x−1)2
−2
= (x−1)2 et on en déduit que f est décroissante sur R. De plus, limx→−∞ x−1 = 1
x+1

et limx→+∞ x−1
x+1
= 1 et enfin, limx→1− x+1
x−1
= −∞ et limx→1+ x+1
x−1
= +∞. On a à présent toutes les informations nécessaires pour tracer
la courbe et on obtient donc :
220 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles

Cf

0 1 x

Exercice 8.67
1. Domaine de définition. Il nous suffit d’étudier les racines du dénominateur. Or, le trinôme x 2 − 2x + 2 a pour discriminant ∆ = 4 − 8 =
−4 < 0 et ne possède donc pas de racine réelle. Ainsi, Df = R.
2. Domaine d’étude. La fonction f ne possède donc pas de propriété de périodicité ni de parité donc on l’étudie sur Df .
3. Variations. f est dérivable sur R. De plus, pour tout x ∈ R,

(2x + 2)(x 2 − 2x + 2) − (x 2 + 2x − 5)(2x − 2) −4x 2 + 14x − 6


f ′ (x) = = .
(x 2 − 2x + 2)2 (x 2 − 2x + 2)2

Or, le trinôme −4x 2 +14x −6 a pour discriminant ∆ = 142 −4×4×6 = 100 et possède donc deux racines réelles distinctes x1 = −14−10 =3
−8
et x2 = −14+10 = 21 , donc f ′ (x) = 0 si et seulement si x ∈ 12 , 3 et f admet donc une tangente horizontale en x = 12 (et f 12 = − 15 )

−8 4
et en x = 3 (et f (3) = 2). De plus, f ′ (x) > 0 si et seulement si x ∈ 12 , 3 car le dénominateur est toujours positif et le numérateur
 

est négatif sauf entre ses racines 12 et 3. La fonction f est donc croissante sur 12 , 3 et décroissante sur −∞, 12 ∪ [3, +∞[.
   

4. Limites et asymptotes. On remarque que limx→−∞ f (x) = 1 et limx→+∞ f (x) = 1. Donc f admet pour asymptote horizontale la droite
d’équation y = 1 en +∞.
5. Tracé du graphe. On a

Cf
1

0 1 x
CHAPITRE 9

Fonctions de références

Nous allons, dans ce chapitre, procéder à l’étude de quelques fonctions qui, pour diverses raisons,
sont particulièrement importantes. Nous commencerons ainsi par définir la fonction partie entière qui
nous permettra, entre autres, d’étudier le lien entre les nombres réels et les nombres rationnels. Dans
un second temps, nous introduirons deux fonctions fondamentales en mathématiques et en sciences en
général : l’exponentielle et le logarithme népérien. Enfin, nous achèverons ce chapitre par une brève étude
des fonctions puissances et exponentielles de base a. Ces fonctions viennent ainsi s’ajouter à celles que
nous avons croisées précédemment telles que les fonctions polynômiales (constantes, affines, du second
degré ou encore la fonction cube), la fonction racine carrée, la fonction inverse ainsi que la fonction
valeur absolue. Il est indispensable pour pouvoir pleinement profiter des chapitres à venir de maîtriser
parfaitement toutes ces fonctions i.e. de connaître leurs domaines de définitions, leurs fonctions dérivées,
leurs variations, leurs limites et d’être capable de tracer une allure de leurs courbes représentatives.

9.1. La fonction partie entière


L’ensemble des nombres réels possède de nombreuses propriétés plus ou moins élémentaires. Nous
allons ici nous servir de l’une d’entre elles afin de définir la fonction partie entière qui nous permet de faire
un lien entre l’ensemble des nombres réels R et les ensembles N et Q.

Propriété 9.1. L’ensemble des nombres réels R est archimédien, c’est-à-dire que pour tout réel x, il
existe un entier n tel que n > x.

Cette propriété de l’ensemble des réels va nous permettre de définir la fonction partie entière.

Propriété 9.2 – Définition de la partie entière. Pour tout réel x, il existe un unique entier noté ⌊x⌋ et
appelé partie entière de x, tel que
⌊x⌋ ⩽ x < ⌊x⌋ + 1.
Sa représentation graphique est à la figure 9.1.

Démonstration. On procède en deux temps : on prouve d’abord l’existence, puis l’unicité.

◦ Existence. Supposons sans perte de généralité que x est un réel positif. D’après la propriété 9.1,
il existe un entier n > 0 tel que n > x. On déduit de ceci que le sous-ensemble de N défini par
A = {k ∈ N, k ⩽ x} est fini et qu’il admet donc un plus grand élément. Notons le Km et notons
que Km ∈ A et Km + 1 ∈ / A puisque Km + 1 > Km . On en déduit que Km ⩽ x < Km + 1.
222 Chapitre 9 – Fonctions de références

y y = ⌊x⌋
• (
• (

1
• (
• (1
0 x
• (
• (
• (
• (

Figure 9.1 – Fonction partie entière

◦ Unicité. Soit K1 et K2 deux entiers tels que K1 ⩽ x < K1 + 1 et K2 ⩽ x < K2 + 1. Alors,


K1 ⩽ x < K2 + 1 donc K1 ⩽ K2 et de même K2 ⩽ x < K1 + 1 donc K2 ⩽ K1 . On en déduit donc
que K1 = K2 .

Exemple. La partie entière de x est le plus grand entier inférieur ou égal à x. Ainsi, ⌊2, 982⌋ = 2, ⌊π⌋ = 3
et ⌊−5, 761⌋ = −6.


Exercice 9.3. Tracer la courbe représentative de la fonction y = ⌊ x⌋ sur l’intervalle [0, 25].

Exercice 9.4. On considère la fonction f : x 7→ x − ⌊x⌋.


1. Montrer que pour tout x ∈ R, ⌊x + 1⌋ = ⌊x⌋ + 1. En déduire que f est 1-périodique.
2. Tracer la partie de la courbe représentative Cf de la fonction f pour −2 ⩽ x < 3.

p
Exercice 9.5. Étudier la continuité sur R de la fonction f : x ∈ R 7→ ⌊x⌋ + x − ⌊x⌋.

Exercice 9.6 – Densité des décimaux dans R. Pour tout nombre réel a, on définit la suite (un )n∈N en
n a⌋
posant pour tout n ∈ N, un = ⌊10
10n .
1
1. Montrer que pour tout entier naturel n, 0 ⩽ a − un < 10n .
2. En déduire que u converge vers a.
3. En déduire une suite de rationnels (et même de décimaux) qui approche le nombre π. Déterminer
ses trois premiers termes. On note que l’on obtient cette suite en ajoutant une à une les décimales
de π.
Cela prouve de façon constructive que Q est « dense » dans R (voir [Tao22]).
9.2 La fonction exponentielle 223

9.2. La fonction exponentielle


Nous allons, dans cette section, introduire une nouvelle fonction, la fonction exponentielle, particu-
lièrement importante car elle possède d’innombrables applications dans des domaines très variés. Vous
avez, par exemple, probablement entendu parler de cette fonction lors de l’épidémie de Covid-19 lors de
laquelle elle a été utilisée pour décrire la croissance du nombre de personnes contaminées.
Intéressons-nous à présent à l’origine mathématique de son introduction. Nous avons abordé, dans la
section 8.3, la notion de dérivation et de fonction dérivée d’une fonction. On peut alors se poser la
question qui suit.

Existe-t-il une fonction définie et dérivable sur R telle que f ′ = f ?

Ce type d’équation où l’inconnue est une fonction et qui fait intervenir sa dérivée est appelé équation
différentielle. On peut rapidement constater que cette équation, si elle admet une solution g différente
de la fonction nulle, en admet alors une infinité. En effet, supposons qu’il existe une fonction g telle que
g ′ = g et qui n’est pas nulle. Alors, pour tout réel non nul a, la fonction x 7→ ag(x) est également solution
de cette équation. Raffinons alors un peu la question : existe-t-il une fonction f définie et dérivable sur R
telle que
f ′ = f et f (0) = 1 ?
C’est à cette question que nous allons répondre dans la suite de ce chapitre.

9.2.1 Introduction et définition


Lemme 9.7. Une fonction f , définie et dérivable sur R, telle que, pour tout réel x,

f ′ = f et f (0) = 1,

satisfait pour tout réel x, la relation suivante

f (x)f (−x) = 1.

En particulier, pour tout réel x, f (x) ̸= 0.

Remarque. On énonce ici un résultat sur une fonction f satisfaisant une certaine propriété, mais pour le
moment on ne sait pas si une telle fonction existe.

Démonstration. Soit f une fonction définie et dérivable sur R telle que pour tout réel x, f ′ (x) = f (x) et
f (0) = 1. On considère la fonction h définie sur R, par

h: R → R
.
x 7 → f (x)f (−x)

Comme h est le produit de deux fonctions dérivables sur R, la fonction h est dérivable sur R et pour tout
réel x,
h′ (x) = f ′ (x)f (−x) − f (x)f ′ (−x)
= f (x)f (−x) − f (x)f (−x) par définition de f
= 0.
Comme la dérivée de h est la fonction nulle, alors h est une fonction constante (on pourra le montrer
en utilisant le théorème des accroissements finis 8.60). Or h(0) = f (0)f (0) = 1, ainsi, pour tout réel
224 Chapitre 9 – Fonctions de références

x, h(x) = f (x)f (−x) = 1. Supposons par l’absurde qu’il existe un réel x0 tel que f (x0 ) = 0. Alors
h(x0 ) = f (x0 )f (−x0 ) = 0 ce qui n’est pas possible. Donc, pour tout réel x, f (x) ̸= 0.

Théorème 9.8. Il existe une unique fonction f , définie et dérivable sur R, telle que, pour tout réel x,

f ′ (x) = f (x) et f (0) = 1.

Démonstration. Il y a deux points à démontrer dans ce théorème. D’un côté l’existence d’une telle
fonction, et de l’autre l’unicité.
◦ Existence d’une solution. On admet l’existence d’une solution car il faudrait utiliser la notion de
série entière qui dépasse le niveau attendu ici. Si vous êtes intéressé par cette question vous pouvez
consulter [Rud98, Prologue].
◦ Unicité de la solution. On va démontrer l’unicité de la solution à ce problème. On considère deux
fonctions f et g qui sont solutions à notre problème, c’est-à-dire que pour tout réel x, f ′ (x) = f (x)
et f (0) = 1 ainsi que g ′ (x) = g(x) et g(0) = 1. En particulier, d’après le lemme 9.7, pour tout réel
x, g(x) ̸= 0. On définit alors sur R la fonction

h: R → R
f (x) .
x 7 → g(x)

Comme g ne s’annule jamais et que la fonction h est le quotient de deux fonctions dérivables, la
fonction h est dérivable et, pour tout réel x, on a

f ′ (x)g(x) − f (x)g ′ (x) f (x)g(x) − f (x)g(x)


h′ (x) = 2
= =0
(g(x)) (g(x))2

donc h′ est la fonction nulle. Ainsi, la fonction h est une fonction constante. Or, f (0) = 1 = g(0)
f (x)
donc h(0) = 1 et ainsi, pour tout réel x, h(x) = g(x) = 1. On a donc finalement bien montré que
pour tout réel x, f (x) = g(x).

Définition 9.9 – Fonction exponentielle. On appelle fonction exponentielle et on note exp, l’unique
fonction définie et dérivable sur R qui, pour tout réel x, satisfait

exp′ (x) = exp(x) et exp(0) = 1.

On note e, le nombre réel dit d’Euler, donné par e = exp(1).

9.2.2 Propriétés de l’exponentielle


Proposition 9.10. Pour tous réels x et y et pour tout entier relatif n, on a les relations suivantes :
exp(x)
◦ exp(x) exp(y ) = exp(x + y ), ◦ exp(x − y ) = exp(y ) ,
1
◦ exp(−x) = exp(x) , ◦ exp(nx) = (exp(x))n .

Démonstration.
◦ Fixons un réel y . On note que exp(y ) ̸= 0 et on considère la fonction

h: R → R
exp(x+y )
x → exp(y )
9.2 La fonction exponentielle 225

qui est définie et dérivable sur R car la fonction exponentielle est dérivable. Pour tout x ∈ R,

exp′ (x + y ) exp(x + y )
h′ (x) = = = h(x)
exp(y ) exp(y )
exp(0+y )
et de plus, h(0) = exp(y ) = 1. Ainsi h est la fonction exponentielle, donc pour tout réel x,
exp(x+y )
exp(x) = exp(y ) et, pour tous réels x et y , on a exp(x) exp(y ) = exp(x + y ).
◦ Pour tout réel x, on a exp(x) exp(−x) = 1, d’où le résultat.
exp(x)
◦ Si x et y sont deux réels, exp(x − y ) = exp(x) exp(−y ) = exp(y ) d’après les deux points précédents.
◦ Soit x un réel. Montrons que, pour tout entier relatif n, on a exp(nx) = (exp(x))n . On procède par
récurrence pour montrer le résultat pour n ∈ N.
▷ Annonce. Pour n ∈ N, on nomme P(n) la proposition « exp(nx) = (exp(x))n ».
▷ Initialisation. Pour n = 0, on a exp(0) = 1 = exp(x)0 , donc P(0) est vraie.
▷ Hérédité. Soit n ∈ N. Supposons que la proposition P(n) est vraie, c’est-à-dire que exp(nx) =
(exp(x))n . Démontrons alors que P(n + 1) est vraie. On a exp((n + 1)x) = exp(nx + x) et donc

exp((n + 1)x) = exp(nx) exp(x) = (exp(x))n exp(x) = (exp(x))n+1 .

Ainsi, si la proposition P(n) est vraie, alors la proposition P(n + 1) est vraie.
▷ Conclusion. D’après le principe de récurrence, on a montré que pour tout entier n ∈ N,
exp(nx) = (exp(x))n . De plus, si n ∈ Z est un entier négatif, on utilise le deuxième point
pour conclure.

Corollaire 9.11. La fonction exponentielle est strictement positive, i.e. pour tout réel x, on a exp(x) > 0.
2
Démonstration. Soit x un réel. On a exp(x) = exp 2 x2 = exp x2

d’après la proposition 9.10. Comme
un carré est toujours positif, exp(x) ⩾ 0 et puisqu’on a pour tout réel x, exp(x) ̸= 0, l’inégalité est stricte,
d’où le résultat.

Remarque. On remarque que la fonction exponentielle possède les mêmes règles de calcul que les puis-
sances entières. Ainsi, on adoptera la notation suivante : pour tout réel x, ex = exp(x). On peut ainsi
réécrire les différentes propriétés que nous avons démontré précédemment. Pour tous réels x et y et pour
tout entier n, on a
1 ex
◦ e0 = 1, ◦ ex e−x = 1, ◦ e−x = ex , ◦ ex−y = ey ,
◦ e1 = e, ◦ ex > 0, ◦ ex+y = ex ey , ◦ enx = (e ) .
x n

Exercice 9.12. Démontrer que pour tout x ∈ R :


1. e2x − 5ex + 4 = (ex − 1)(ex − 4), 4. ex − e−x = e−x (e2x − 1),
2
e(x+1)
2. e2x − 1 = (ex − 1)(ex + 1), 5. e(x−1)2
= e4x ,
3ex −2
3. (ex + e−x )2 − (ex − e−x )2 = 4, 6. 3e −2x
− 2e−3x = e3x .

9.2.3 Étude de la fonction exponentielle


Théorème 9.13. La dérivée de la fonction exponentielle est elle-même. La fonction exponentielle est donc
strictement croissante sur R.
226 Chapitre 9 – Fonctions de références

Démonstration. La fonction exponentielle est dérivable sur R, et pour tout réel x, exp′ (x) = exp(x) >
0.

Corollaire 9.14. Si I est un intervalle et u : I → R est une fonction dérivable sur I, alors la fonction
exp ◦u : I → R est dérivable sur I et pour tout x ∈ I,

(exp(u(x)))′ = u ′ (x) exp(u(x)).

Démonstration. Découle de la formule de dérivation d’une fonction composée (voir le théorème 8.51).

Exercice 9.15. Déterminer la fonction dérivée des fonctions f définies sur R suivantes :
2 ex
1. f (x) = xex + 3x − 1, 3. f (x) = e−x , 5. f (x) = ex −x ,
e2x+1
2. f (x) = (x 2 − 3x)e−x , 4. f (x) = x 2 ecos(x) , 6. f (x) = e2x +1 .

Corollaire 9.16. Soient x et y deux nombres réels.


◦ ex = ey si et seulement si x = y . ◦ ex < ey si et seulement si x < y .

Démonstration. Le premier point résulte du théorème 9.13 et du théorème de la bijection 8.36 et le


second de la stricte croissance de la fonction exponentielle.

Exercice 9.17. Résoudre dans R les équations suivantes :


2
1. e−2x = 0, 3. e−3x = ex+1 , 5. ex = e−x−1 ,
2
2. ex+1 = 1, 4. ex = ex+1 , 6. (ex )2 − 2ex + 1 = 0.

Exercice 9.18. Résoudre dans R les inéquations suivantes :


1. e2x ⩽ 1, 3. ex ⩽ e−x , 5. (ex + 1)(e−3x − 1) > 0,
2 2
2. ex > e, 4. e−x ⩽ ex , 6. (ex )2 ⩽ e1 .

Proposition 9.19 – Une inégalité utile. Pour tout réel x, on a ex ⩾ x + 1.

Démonstration. On considère la fonction f définie, pour tout x ∈ R, par f (x) = ex − x − 1. La fonction


f est définie et dérivable sur R et pour tout réel x, f ′ (x) = ex − 1. Comme la fonction exponentielle est
strictement croissante, alors pour tout réel x ⩾ 0, on a ex ⩾ 1 et pour tout x ⩽ 0, ex ⩽ 1. On en déduit
le tableau de variations suivant :

x −∞ 1 +∞

f ′ (x) − 0 +

+∞ +∞
f (x)
0

donc pour tout réel x, f (x) ⩾ 0, d’où le résultat voulu.

Proposition 9.20. On a lim ex = +∞ et lim ex = 0.


x→+∞ x→−∞
9.2 La fonction exponentielle 227

Démonstration.
◦ Pour tout réel x ⩾ 0, ex ⩾ x + 1. Ainsi, d’après le théorème de plancher montant 8.24, puisque x + 1
tend vers +∞ lorsque x → +∞, on en déduit la première limite.
◦ On a lim ex = lim e−x = lim 1
x = 0 d’après le premier point.
x→−∞ x→+∞ x→+∞ e

Proposition 9.21 – Croissances comparées. Pour tout entier n, on a

ex
lim = +∞ et lim x n ex = 0.
x→+∞ x n x→−∞

Démonstration.
x
◦ On commence par démontrer que ex tend vers +∞ lorsque x → +∞. On considère la fonction h
2
définie, pour tout réel x, par h(x) = ex − x2 . Cette fonction est dérivable sur R car c’est une somme
de fonctions dérivables, et pour tout réel x, h′ (x) = ex − x. Or, on a pour tout réel x, ex ⩾ x + 1
donc ex > x et donc, pour tout réel x, h′ (x) > 0. Ainsi, la fonction h est strictement croissante.
2 x
De plus, h(0) = 0 donc pour tout réel x > 0, on a ex > x2 ce qui équivaut ex > x2 . Ainsi, puisque
x
2 → +∞ lorsque x → +∞, on conclut à l’aide du théorème de plancher montant 8.24 que lim x→+∞
ex
x = +∞.
ex
On considère à présent un entier naturel n > 1 et on cherche la limite en +∞ de x 7→ xn . D’après
le début de la preuve, on a
x
en ey
lim x = lim = +∞
x→+∞ y →+∞ y
n

ce qui implique
x x
1 en en
lim× x = lim = +∞,
x→+∞ n x→+∞ x
n
 x n
en ex
d’où lim x = +∞ et donc lim n = +∞.
x→+∞ x→+∞ x

◦ On change x en −x et on utilise le point précédent.

À retenir. On pourra retenir que « l’exponentielle l’emporte à l’infini sur toutes les puissances de x ».

Exercice 9.22. Étudier la limite de la fonction f en ±∞ dans les cas suivants :


1. f (x) = e−x , 2. g(x) = ex + e−x , 3. h(x) = x(1 + e−x ).

−2ex
Exercice 9.23. Soit f la fonction définie sur R par f (x) = 1+ex .
1. Déterminer la limite de f en −∞.
−2
2. Montrer que pour tout nombre réel x, f (x) = 1+e−x .
3. En déduire la limite de f en +∞.
4. Montrer que, dans un repère, la courbe représentative de f est toujours située en dessous de l’axe
des abscisses et au-dessus de la droite d’équation y = −2.
228 Chapitre 9 – Fonctions de références

Proposition 9.24 – Une dernière limite. On a

ex − 1
lim = 1.
x→0 x
Démonstration. La fonction exponentielle est dérivable sur R donc en particulier en 0. Par définition du
nombre dérivé, on a
exp(0 + h) − exp(0) eh − 1
exp′ (0) = lim = lim .
h→0 h h→0 0
Or, on a exp′ (0) = exp(0) = 1 et on obtient donc le résultat voulu.

On résume les variations de la fonction exponentielle dans le tableau qui suit.

x −∞ 0 1 +∞

exp′ (x) + 1 +

+∞
exp(x) e
1
0

Figure 9.2 – Tableau de variations de l’exponentielle

On est alors en mesure de tracer la courbe représentative de la fonction exponentielle comme suit.

y = ex

e ≈ 2.71828 •

y =x +1

1 x

Figure 9.3 – Représentation graphique de l’exponentielle

On a ici fait apparaître la tangente à la courbe de l’exponentielle en 0, qui a pour équation y = x + 1 et


on retrouve graphiquement l’inégalité ex ⩾ x + 1.

Exercice 9.25. Tracer la courbe représentative de la fonction f : x 7→ e|x| .


9.3 La fonction logarithme 229

ex −1
Exercice 9.26. On considère la fonction f définie sur R par f (x) = ex +1 .
1. Déterminer la limite de f en −∞. En déduire l’existence d’une asymptote à Cf en −∞ dont on
précisera une équation.
2. Déterminer la limite de f en +∞. En déduire l’existence d’une asymptote à Cf en +∞ dont on
précisera une équation.
3. Démontrer que pour tout nombre réel x, f (−x) = −f (x). Que peut-on en déduire pour la fonction
f et pour sa courbe représentative ?
4. Calculer la dérivée de f . Étudier son signe et dresser le tableau de variations de f .

9.3. La fonction logarithme


Nous venons de montrer que la fonction exponentielle est continue strictement croissante sur R et
elle tend vers 0 en −∞ et vers +∞ en +∞. Ainsi, d’après le théorème de la bijection 8.36, pour tout
réel x ∈]0, +∞[, il existe un unique réel y tel que

exp(y ) = x.

On note alors ln(x) l’unique solution de l’équation exp(y ) = x d’inconnue y et on nomme ce nombre
logarithme népérien de x.

Définition 9.27 – Fonction logarithme népérien. On note ln et on nomme fonction logarithme népé-
rien la fonction qui à un nombre réel strictement positif x associe le nombre ln(x) :

ln : ]0, +∞[ −→ R
.
x 7−→ ln(x)

9.3.1 Propriétés de la fonction logarithme


Proposition 9.28. La fonction logarithme satisfait les relations suivantes.
◦ Pour tout nombre réel strictement positif x, exp(ln(x)) = x.
◦ Pour tout nombre réel y , ln(exp(y )) = y et en particulier ln(1) = 0.

Démonstration.
◦ Il s’agit de la définition de la fonction logarithme népérien.
◦ Soit y un nombre réel. Le nombre ln(exp(y )) est, par définition, l’unique solution de l’équation
exp(x) = exp(y ) d’inconnue x. Or, cette équation a pour solution évidente y (car exp(y ) = exp(y )),
donc finalement, on a ln(exp(y )) = y . De plus, pour y = 0 on en déduit que ln(exp(0)) = 0 et donc
ln(1) = 0 puisque exp(0) = 1.

Exercice 9.29. Résoudre dans R, les équations suivantes :


1. ex = 3, 3. e−4x+7 = 10, 5. ln(x) = 1,
3x−4
2. e = 2, 4. ln(x) = 3, 6. ln(x) = −3.

Proposition 9.30. Pour tous réels strictement positifs x et y et pour tout nombre entier n ∈ N∗ , on a
les relations suivantes :
230 Chapitre 9 – Fonctions de références
 
◦ ln(xy ) = ln(x) + ln(y ), ◦ ln 1
y = − ln(y ),

 
1 x
◦ ln(x n ) = n ln(x) et ln( x) = 2 ln(x), ◦ ln y = ln(x) − ln(y ).

Démonstration. Soient x et y , deux réels strictement positifs.

◦ On a eln(x)+ln(y ) = eln(x) eln(y ) = xy . Or, par définition, le nombre ln(xy ) est l’unique nombre réel qui
satisfait l’équation exp(t) = xy d’inconnue t. On a donc l’égalité ln(xy ) = ln(x) + ln(y ).

◦ Soit n ∈ N∗ . On a alors, pour tout réel positif x,

ln(x n ) = ln( x| ·{z


· · x} ) = ln(x) + ln(x) + · · · + ln(x) = n ln(x).
| {z }
n termes n termes

De plus, pour tout réel strictement positif x, on a


√ √ √ √ √
ln(x) = ln( x y ) = ln( x) + ln( x) = 2 ln( x)
√ 1
donc ln( x) = 2 ln(x).

◦ On a vu que ln(1) = 0. Ainsi, on a, pour tout réel x > 0,


   
1 1
0 = ln(1) = ln x = ln(x) + ln
x x

d’où le résultat.
     
◦ On a ln yx = ln x y1 = ln(x) + ln y1 donc le résultat découle de la relation précédente.

Exercice 9.31. Exprimer chacun des nombres suivants en fonction de ln(2) et/ou ln(5) :
√  pe
1. ln(100), 3. ln 25 , 5. ln 5 ,
 
4
  20
2. ln 25 , 4. ln 10e2 , 6. ln √ e
.

Exercice 9.32. Exprimer chacun des nombres suivants sous la forme ln(a) où a est un réel strictement
positif :
1. 3 + ln(2), 2. − ln(3) − ln(7), 3. ln(45) − ln(9), 4. 2 + 2 ln(5).

Proposition 9.33 – Résolution d’équations d’inéquation. Pour tous réels x et y strictement positifs,
◦ ln(x) = ln(y ) si et seulement si x = y , ◦ ln(x) < ln(y ) si et seulement si x < y .

Démonstration. Soient x et y deux réels strictement positifs. D’après le corollaire 9.16, ln(x) = ln(y ) si
et seulement si eln(x) = eln(y ) et, par définition du logarithme népérien, on sait que eln(x) = x et eln(y ) = y ,
donc ln(x) = ln(y ) si et seulement si x = y . On raisonne de même pour le second point.

Corollaire 9.34. La fonction logarithme népérien est strictement croissante sur R+ .

Démonstration. Par définition de la stricte croissance et grâce au second point de la proposition 9.33
précédente.
9.3 La fonction logarithme 231

Exercice 9.35. Résoudre dans R les équations suivantes :


1. ln(x) = 3, 4. ln(x + 1) + ln(x) = 0,
2. ln(2x − 5) = 1, 5. ln(5x − 6) − 2 ln(x) = 0,
3. 4 ln(1 − x) = 8, 6. ln(ex + 1) = ln(2).

Exercice 9.36. Résoudre dans R, les inéquations suivantes :


1. 1 − 3 ln(x) < 0, 6. ln(1 + x) ⩽ 0,
2. ln(x) + ln(2) ⩾ ln(3x − 6), 7. ln(x − 2) > ln(x),
3. ex − 2 > 0,
8. 2 ln(3 − x) ⩽ 1,
4. 5 − 3e−x ⩽ 3,  2 
x
5. 4 ln(x) + 6 ⩾ 0, 9. ln x+5 ⩾ 0.

9.3.2 Étude de la fonction ln


Proposition 9.37. La fonction logarithme népérien ln est définie, continue et dérivable sur l’intervalle
]0, +∞[. De plus, pour tout réel strictement positif x, on a

1
(ln)′ (x) = .
x

Démonstration. Par définition de la fonction logarithme, pour tout réel strictement positif x, eln(x) = x.
Ainsi, la dérivée de la fonction de gauche est égale à la dérivée de la fonction de droite. Or, la dérivée de
la fonction x 7→ eln(x) est donnée par (ln)′ (x)eln(x) = x(ln)′ (x). Ainsi, puisque la dérivée de x 7→ x est la
fonction constante égale à 1, on obtient le résultat voulu.

Exercice 9.38. Calculer les dérivées des fonctions suivantes, définies sur ]0, +∞[, par :
x
1. x 7→ x + 2 ln(x), 4. x 7→ ex ln(x) , 7. x 7→ ln(x) ,
ln(x)
2. x 7→ 3 + x ln(x), 5. x 7→ x , 8. x 7→ ln(x)2 ,
3. x 7→ (x − 1) ln(x), 6. x 7→ x ln(x), 9. x 7→ ln(x 2 ).

2
Exercice 9.39. Étudier les variations de la fonction f définie sur R par f (x) = ex − 2x 2 .

Corollaire 9.40. Si I est un intervalle et u : I → R∗+ est une fonction dérivable sur I alors la fonction
ln ◦u : I → R est dérivable sur I et pour tout x ∈ I,

u ′ (x)
(ln(u(x)))′ = .
u(x)

Démonstration. Découle de la formule de dérivation d’une composée de fonctions (voir théorème 8.51).

Exercice 9.41. Donner le domaine de définition, le domaine de dérivabilité et calculer la dérivée de la


fonction f : x 7→ ln(3x + 2).
232 Chapitre 9 – Fonctions de références

Proposition 9.42 – Les limites du logarithme népérien. On a les limites suivantes :

lim ln(x) = −∞ et lim ln(x) = +∞.


x→0+ x→+∞

Démonstration.
◦ Montrons que ln(x) → −∞ lorsque x → 0+ . Soit M, un nombre réel. Pour 0 < x < eM , on a
ln(x) < ln(eM ) donc ln(x) < M car la fonction ln est strictement croissante. On a donc montré que
pour tout nombre négatif M, il existe η = eM tel que pour tout réel 0 < x < η, ln(x) < M ce qui
donne bien la limite voulue.
◦ Montrons que ln(x) → +∞ lorsque x → +∞. Soit A un nombre réel. Pour x > eM , on a ln(x) >
ln(eM ) car la fonction ln est strictement croissante et donc ln(x) > M. Ainsi, pour tout réel M, il
existe un réel xM = eM tel que pour tout x > xM , ln(x) > M, et donc ln tend vers +∞ en +∞.

Exercice 9.43. Déterminer les limites suivantes :


1. lim ln(x 2 + 2), 3. lim ln(ex + 3),
x→+∞ x→−∞
x2
 
2. lim ln
x→+∞ 2x + 3
, 4. lim ln(1 − x 3 ).
x→−∞

Afin de lever certaines formes indéterminées, comme pour la fonction exponentielle à l’aide de la propo-
sition 9.21, nous pourrions avoir besoin des limites suivantes.

Proposition 9.44 – Croissances comparées. Pour tout entier n, on a

ln(x)
lim = 0 et lim x n ln(x) = 0.
x→+∞ x n x→0+

Démonstration. Traitons le cas n = 1.


ln(x) ln(x) ey y
◦ Pour tout réel strictement positif, on a x = eln(x)
. Or, lim = +∞ donc lim y = 0 et on en
y →+∞ y y →+∞ e
ln(x) ln(x)
déduit que lim = lim ln(x) = 0.
x→+∞ x x→+∞ e

◦ Montrons que lim+ x ln(x) = 0. Soit x un réel strictement positif, on pose y = x1 . On a alors x ln(x) =
  x→0
− ln(y )
1
y ln 1
y = y et on en déduit, d’après ce qui précède, que lim+ x ln(x) = lim − ln(yy
)
= 0.
x→0 y →+∞

ln(x)
Exercice 9.45. Procéder à l’étude complète de la fonction f : x 7→ x .

Exercice 9.46. On considère la fonction f définie sur ] − 1, +∞[ par f (x) = x − ln(1 + x).
1. Déterminer les limites de f aux bornes de son domaine de définition.
2. Étudier les variations de f et déterminer le signe de f sur ] − 1, +∞[.
3. En utilisant le signe de f , justifier que pour tout n ∈ N∗ , ln 1 + n1 < n1 .

n
4. En déduire que pour tout entier naturel n, non nul 1 + n1 < e.

ln(1+x)
Proposition 9.47 – Une dernière limite. On a lim x = 1.
x→0
9.3 La fonction logarithme 233

Démonstration. La fonction ln est dérivable sur l’intervalle ]0, +∞[, donc en particulier, la fonction ln est
dérivable en 1. Or, ln(1+h)−ln(1)
h → ln′ (1) lorsque h → 0. On obtient alors le résultat grâce au fait que

ln(1) = 0 et ln (1) = 1.

On obtient finalement le tableau de variations qui suit.

x 0 1 e +∞
signe
+
de ln′
+∞
ln(x) 1
0
−∞

Table 9.1 – Tableau de variations du logarithme népérien

Enfin, on est en mesure d’obtenir la représentation graphique de la fonction logarithme.

y = ln(x)

1

x
0 1 e

Figure 9.4 – Représentation graphique du logarithme népérien

Remarque. Les représentations graphiques des fonctions exponentielle et logarithme sont symétriques
l’une de l’autre par rapport à la droite d’équation y = x. Ceci est une conséquence de la proposition 5.29
car pour tout x ∈ R, ln(ex ) = x et pour tout y ∈ R∗+ , eln(y ) = y (on dit que exp et ln sont des fonctions
réciproques l’une de l’autre).

Exercice 9.48. Tracer la courbe représentative de la fonction f : x 7→ ln(x − 1) + 2.

Exercice 9.49. Soit h la fonction définie sur ]0, +∞[ par h(x) = ln(x) − (x − 1).
1. Calculer la dérivée de h et étudier son signe.
2. En déduire que h possède un maximum, que l’on déterminera.
3. Justifier que, pour tout x ∈]0, +∞[, on a ln(x) ⩽ x − 1 .

Exercice 9.50. Procéder à l’étude complète de la fonction

f : x 7→ ln(|x 3 + 3x 2 + 3x + 2|).
234 Chapitre 9 – Fonctions de références

9.4. Fonctions puissances et exponentielle de base a


Les fonctions exponentielle et logarithme nous permettent de définir les fonctions puissances pour des
puissances non entières et les fonctions exponentielles de base a (le cas de la base a = e est la fonction
exponentielle usuelle) qui permettent, étant donné un réel a fixé, de faire varier la puissance. Définissons
à présent ces fonctions.

9.4.1 Fonctions puissances


Si la puissance est fixe mais que l’argument varie, on parle de fonctions puissances.

Définition 9.51. Soit b ∈ R. La fonction f : ]0, +∞[→ R définie par f (x) = x b = eb ln(x) s’appelle une
fonction puissance.

Par composition de fonctions, f est définie, continue et dérivable sur R∗+ et pour tout x > 0,

b b ln(x)
f ′ (x) = e = bx b−1 .
x

De ceci l’on déduit la monotonie de la fonction puissance x 7→ x b selon le signe de b et on obtient alors
les courbes suivantes selon les cas.

y
y = x3 y = x2
y = x1

1
y =x2

y = x0
1
y = x −1
x
O 1 y = x −2

Figure 9.5 – Représentation graphique de fonctions puissances

9.4.2 Exponentielle de base a


Si la puissance varie et que l’argument est fixe, on parle de fonctions exponentielles de base a.

Définition 9.52. Soit a un réel strictement positif. La fonction f : R → R définie par f (x) = ax = ex ln(a)
s’appelle fonction exponentielle de base a.

Par composition, l’application f : x 7→ ax est définie, continue et dérivable sur R et pour tout réel x,
fa′ (x) = ln(a)ex ln(a) = ln(a)ax . De ceci l’on déduit la monotonie de f selon si a est plus grand ou plus
petit que 1 et on obtient alors les courbes suivantes selon les cas :

Remarque. L’exponentielle classique vue précédemment correspond à l’exponentielle de base e puisque


ln(e) = 1 (on rappelle que e ≈ 2, 71).
9.4 Fonctions puissances et exponentielle de base a 235

y x
 y =3
1 x
y = 2x
y= 2

1 y = 1x

0 1 x

Figure 9.6 – Représentation graphique d’exponentielles de base a

Exemple – Application au calcul de limites. Étant donné un réel a, on cherche à déterminer la limite
 a x
lim 1 + .
x→+∞ x
On commence par remarquer que  a x a
1+ = ex ln(1+ x ) .
x
On note que cette expression a du sens même si a < 0 à condition de prendre x suffisamment grand pour
que 1 + xa > 0 ce qui est possible puisqu’on cherche la limite lorsque x tend vers +∞ et que pour tout
réel a, lim xa = 0. De plus
x→+∞

a

 a  ln 1 + x − ln (1 + 0) ln (1 + aX) − ln (1 + 0)
x ln 1 + = 1 =
x x −0 X−0

en posant X = x1 . Or, X tend vers 0 lorsque x tend vers +∞. On considère alors la fonction

f : X 7→ ln (1 + aX) ,

dérivable au voisinage de 0, et puisque


a
f ′ (X) =
1 + aX
on a donc
f (X) − f (0) ln (1 + aX) − ln (1 + 0)
lim = lim = a.
X→0 X−0 X→0 X−0
Ainsi par composition avec la fonction exponentielle, qui est continue sur R, on a
 a x
lim 1 + = ea .
x→+∞ x

Exercice 9.53. On considère la fonction f : x 7→ x x = ex ln(x) définie sur ]0, +∞[.


1. Calculer lim+ f (x) et lim f (x).
x→0 x→+∞

2. Montrer que f est dérivable sur ]0, +∞[ et donner l’expression de f ′ (x).
3. Étudier les variations de f et tracer sa courbe représentative.
236 Chapitre 9 – Fonctions de références

Solutions des exercices


Exercice 9.3 On obtient

y √
y = x
5+
4+ • (
3+ • (
2+ • (
1+ • (
• +
( + + + +
0 1 4 9 16 25 x

Exercice 9.4
1. On a ⌊x + 1⌋ = max({n ∈ Z, n ⩽ x + 1}) = max({n ∈ Z, n − 1 ⩽ x}) = max({m ∈ Z, m ⩽ x}) + 1. Ainsi, on a ⌊x + 1⌋ = ⌊x⌋ + 1. De
plus, on a alors f (x + 1) = (x + 1) − ⌊x + 1⌋ = (x + 1) − (⌊x⌋ + 1) = x − ⌊x⌋ = f (x) donc f est 1-périodique.
2. On a

1
( ( ( ( (

• • • • •
0 1 x

Exercice 9.5 Tout d’abord rappelons que la fonction partie entière est continue sur R \ Z. De plus, par définition de la partie entière, pour
tout réel x, ⌊x⌋ ⩽ x < ⌊x⌋ + 1 donc x − ⌊x⌋ ⩾√0 et f est définie sur R. Soit k ∈ Z. Pour savoir si f est continue en k on cherche à savoir si
lim f (x) = f (k). D’une part on a f (k) = k − k − k = k. D’autre part, on va calculer lim f (x) et lim f (x).
x→k x→k + x→k −
√ √
◦ Si x ∈]k, k + 1[ alors ⌊x⌋ = k donc f (x) = k + x − k −→ k + 0 = k d’où lim f (x) = k.
x→k + x→k +
√ √
◦ Si x ∈]k − 1, k[ alors ⌊x⌋ = k − 1 donc f (x) = k − 1 + x − k + 1 −→ k − 1 + 1 = k d’où lim f (x) = k.
x→k − x→k −
Finalement, lim f (x) = lim f (x) = f (k) donc f est continue en k ∈ Z et on conclut que f est continue sur R car elle est également
x→k − x→k +
continue sur R \ Z.

Exercice 9.6
1. On commence par rappeler que, par définition de la fonction partie entière, ⌊10n a⌋ ⩽ 10n a < ⌊10n a⌋ + 1 et donc, en divisant par 10n on
obtient
⌊10n a⌋ ⌊10n a⌋ 1 1
un = ⩽a< + = un + .
10n 10n 10n 10n
En soustrayant un dans tous les membres, on arrive donc bien à 0 ⩽ a − un < 1
10n
.
2. On a 1
→ 0 lorsque n → +∞, donc d’après le théorème d’encadrement (ou des gendarmes), on a a − un → 0 d’après la question
10n
précédente et donc un → a lorsque n → +∞.
E(10n π)
3. Prenons a = π. Alors, un = 10n
est une suite de décimaux (et donc de rationnels) qui converge vers π d’après la question précédente.
On a,
⌊π⌋ ⌊10π⌋ ⌊31, 41⌋ ⌊100π⌋ ⌊314, 15⌋
u0 = = 3, u1 = = = 3, 1 et u2 = = = 3, 14.
1 10 10 100 100

Exercice 9.12
1. (ex − 1)(ex − 4) = (ex )2 − 4ex − ex + 4 = e2x − 5ex + 4.
2. (ex − 1)(ex + 1) = (ex )2 − 1 = e2x − 1.
3. On commence par noter que

(ex + e−x )2 = e2x + 2ex e−x + e−2x = e2x + 2 + e−2x et (ex − e−x )2 = e2x − 2ex e−x + e−2x = e2x − 2 + e−2x .

Ainsi, (ex + e−x )2 − (ex − e−x )2 = e2x + 2 + e−2x − (e2x − 2 + e−2x ) = 4.


4. e−x (e2x − 1) = e2x−x − e−x = ex − e−x .
2 2
e(x+1) ex +2x+1 2 +2x+1−(x 2 −2x+1)
5. 2 = x 2 −2x+1 = ex = e4x .
e(x−1) e
3ex −2 x
6. e3x
= 3e
e3x
2
− e3x = 3ex−3x − 2e−3x = 3e−2x − 2e−3x .
9.4 Fonctions puissances et exponentielle de base a 237

Exercice 9.15
1. f ′ (x) = ex + xex + 3 = (1 + x)ex + 3.
2. f (x) = (x 2 − 3x) × (−e−x ) + (2x − 3)e−x = (−x 2 + 5x − 3)e−x .
2
3. f (x) = −2xe−x .
4. f ′ (x) = 2xecos(x) + x 2 (− sin(x))ecos(x) = (2x − x 2 sin(x))ecos(x) .
5. On a
ex (ex − x) − ex (ex − 1) e2x − xex − e2x + ex (1 − x)ex
f ′ (x) = = = x .
(ex − x)2 (ex − x)2 (e − x)2

6. On a
2e2x+1 (e2x + 1) − e2x+1 (2e2x ) 2e4x+1 + 2e2x+1 − 2e4x+1 2e2x+1
f ′ (x) = = = 2x .
(e2x + 1)2 (e2x + 1)2 (e + 1)2

Exercice 9.17
1. Il n’y a pas de solution car la fonction exponentielle ne s’annule jamais.
2. On sait que ey = 1 si et seulement si y = 0. Ainsi, ex+1 = 0 si et seulement si x + 1 = 0 et donc si et seulement si x = −1.
3. On sait que ea = eb si et seulement si a = b. Ainsi,e−3x = ex+1 si et seulement si −3x = x + 1 ce qui équivaut à x = − 14 .
2
4. ex = ex+1 si et seulement si x 2 = x +1 ce qui équivaut à √x 2 −x −1 = 0.√Or, ce trinôme a pour discriminant ∆ = (−1)2 −4×1×(−1) = 5
et il possède donc deux racines réelles distinctes x1 = 1−2 5 et x2 = 1+2 5 .
2
5. ex = e−x−1 si et seulement si x 2 = −x − 1 ce qui équivaut à x 2 + x + 1 = 0. Or, ce trinôme a pour discriminant ∆ = (−1)2 − 4 × 1 × 1 =
−3 < 0 et il ne possède donc pas de solution réelle.
6. On pose X = ex on obtient alors (ex )2 − 2ex + 1 = 0 si et seulement si X 2 − 2X + 1 = 0. Or, ce trinôme a pour discriminant
∆ = (−2)2 − 4 × 1 × 1 = 0 et il possède donc une racine réelle double X0 = 22 = 1. De plus, ex0 = X0 = 1 si et seulement si x0 = 0
donc 0 est l’unique solution de cette équation.

Exercice 9.18
1. e2x ⩽ 1 = e0 si et seulement si 2x ⩽ 0 ce qui équivaut à x ⩽ 0 et donc à x ∈] − ∞, 0].
2. ex > e = e1 si et seulement si x > 1, i.e. si et seulement si x ∈]1, +∞[.
3. ex ⩽ e−x si et seulement si x ⩽ −x ce qui équivaut à 2x ⩽ 0, i.e. x ∈] − ∞, 0].
2
4. e−x ⩽ ex si et seulement si −x 2 ⩽ x et donc si et seulement si 0 ⩽ x 2 + x = x(x + 1) ce qui équivaut à x ∈] − ∞, −1] ∪ [0, +∞[ car
x 2 + x est du signe du coefficient de x 2 (positif ici) sauf entre les racines −1 et 0.
5. Tout d’abord, ex > 0 donc ex + 1 > 0. Ainsi, (ex + 1)(e−3x − 1) > 0 si et seulement si e−3x − 1 > 0, i.e. si et seulement si e−3x > 1 = e0
ce qui équivaut à −3x > 0 et donc à x < 0. L’ensemble des solutions est donc ] − ∞, 0[.
2
6. (ex )2 ⩽ e1 si et seulement si e2x ⩽ e12 i.e. si et seulement si e2x ⩽ e−2 et donc 2x ⩽ −2 ce qui équivaut à x ⩽ −1. L’ensemble des
solutions est donc ] − ∞, −1].

Exercice 9.22
1. On a lim e−x = lim ex = +∞ et lim e−x = lim ex = 0.
x→−∞ x→+∞ x→+∞ x→−∞

2. On rappelle que lim e−x = +∞ et lim ex = 0 donc lim e−x + ex = +∞. De même, lim e−x = 0 et lim ex = +∞ donc lim e−x + ex = +∞.
x→−∞ x→−∞ x→−∞ x→+∞ x→+∞ x→+∞

3. On a h(x) = x(1+e−x ) et lim x = −∞ et lim 1 + e−x = +∞ donc lim x(1 + e−x ) = −∞. De même, lim x = +∞ et lim 1 + e−x = 1
x→−∞ x→−∞ x→−∞ x→+∞ x→+∞
donc lim x(1 + e−x ) = +∞.
x→+∞

Exercice 9.23
−2ex
1. lim −2ex = 0 et lim 1 + ex = 1 et donc lim = 0.
x→−∞ x→−∞ x→−∞ 1 + ex
−2ex −2ex −2ex −2
2. f (x) = 1+ex
= e−x ×ex +ex
= (e−x +1)ex
= 1+e−x
.

3. On a lim e −x
= 0 et donc lim f (x) = −2.
x→+∞ x→+∞

4. Pour tout x ∈ R, 1 + e−x > 0 et ainsi, −2 étant négatif, f (x) < 0. La courbe représentative de f est toujours située en dessous de l’axe
des abscisses.
−2
De plus, pour tout x ∈ R, e−x > 0 donc 1 + e−x > 1 et alors 1+e1−x < 1 donc 1+e −x > −2 et donc f (x) > −2. La courbe représentative
de f est toujours située au-dessus de la droite d’équation y = −2.

Exercice 9.25 La fonction f est paire. De plus, pour tout x ⩾ 0, f (x) = ex . On obtient donc la courbe de la fonction f en traçant la courbe
de la fonction exponentielle sur R+ et en procédant à une symétrie par rapport à l’axe des ordonnées pour obtenir la courbe représentative
sur R− . On obtient donc :
238 Chapitre 9 – Fonctions de références
y

Cf

1 x

Exercice 9.26
1. On a lim ex = 0 et donc lim (ex − 1) = −1 et lim (ex + 1) = 1. Ainsi, lim f (x) = −1. On en déduit que la droite d’équation
x→−∞ x→−∞ x→−∞ x→−∞
y = −1 est une asymptote à Cf en −∞.
ex −1 ex (1−e−x ) 1−e−x
2. On commence par noter que ex +1
= ex (1+e−x )
= 1+e−x
. De plus, lim e−x = 0 donc lim (1 − e−x ) = 1 et lim (1 + e−x ) = 1. Ainsi,
x→+∞ x→+∞ x→+∞
lim f (x) = 1.
x→+∞
3. On a
e−x − 1 e−x (1 − ex ) 1 − e−x e−x − 1
f (−x) = = −x = = − −x = −f (x).
e−x + 1 e (1 + ex ) 1 + e−x e +1

Ainsi, pour tout x ∈ R, f (−x) = −f (x) et la fonction f est donc impaire. On en déduit que sa courbe représentative est symétrique par
rapport à l’origine du repère.
4. On pose u(x) = ex − 1 donc u ′ (x) = ex et v (x) = ex + 1 et donc v ′ (x) = ex . Ainsi, puisque f est un quotient,

ex (ex + 1) − (ex − 1)ex e2x + ex − e2x + ex 2ex


f ′ (x) = = = x .
(ex + 1)2 (ex + 1)2 (e + 1)2

Or, pour tout réel x, ex > 0 donc 2ex > 0 et ex + 1 > 0. Ainsi, pour tout réel x, f ′ (x) > 0. Le tableau de variations de f est donc le
suivant :
x −∞ +∞

f ′ (x) +

1
f (x)
−1

Exercice 9.29
1. x = ln(3).
ln(2e4 )
2. e3x−4 = 2 si et seulement si e3x e−4 = 2 si et seulement si e3x = 2e4 ce qui équivaut à 3x = ln(2e4 ) et donc à x = 3
.
−7 )
3. e−4x+7 = 10 si et seulement si e−4x e7 = 10 si et seulement si e−4x = 10e−7 ce qui équivaut à −4x = ln(10e−7 ) et donc à x = − ln(10e
4
.
4. x = e3 .
5. x = e1 = e.
6. x = e−3 .

Exercice 9.31
1. ln(100) = ln(22 × 52 ) = ln(22 ) + ln(52 ) = 2 ln(2) + 2 ln(5).
4

2. ln 25
= ln(4) − ln(25) = ln(22 ) − ln(52 ) = 2 ln(2) − 2 ln(5).
√  √
3. ln 25 = ln( 5) − ln(2) = 12 ln(5) − ln(2).

4. ln 10e2 = ln(10) + ln(e2 ) = ln(2 × 5) + 2 ln(e) = ln(2) + ln(5) + 2.
q 
e
= 12 ln 5e = 21 (ln(e) − ln(5)) = 12 − 12 ln(5).

5. ln 5
  √
6. ln √ 20
e
= ln(20) − ln( e) = ln(22 × 5) − 12 ln(e) = 2 ln(2) + ln(5) − 12 .

Exercice 9.32
9.4 Fonctions puissances et exponentielle de base a 239

45

1. 3 + ln(2) = ln(e3 ) + ln(2) = ln(2e3 ). 3. ln(45) − ln(9) = ln 9
= ln(5).
1
.

2. − ln(3) − ln(7) = − ln(21) = ln 21 4. 2 + 2 ln(5) = ln(e2 ) + ln(25) = ln(25e2 ).

Exercice 9.35
1. x = e3 .
2. ln(2x − 5) = 1 = ln(e) si et seulement si 2x − 5 = e, ce qui équivaut à x = e+5
2
.
3. 4 ln(1 − x) = 8 si et seulement si ln(1 − x) = 2, ce qui équivaut à 1 − x = e2 et donc à x = 1 − e2 .
4. ln(x + 1) + ln(x) = 0 si et seulement si ln(x(x + 1)) = 0, ce qui√équivaut à x(x√+ 1) = 1 et donc à x 2 + x − 1 = 0. Le discriminant de
ce trinôme est ∆ = 1 + 4 = 5 et les racines sont donc x1 = −1−2 5 et x2 = −1+2 5 .
5. ln(5x − 6) − 2 ln(x) = 0 si et seulement si ln(5x − 6) = ln(x 2 ), ce qui équivaut à 5x − 6 = x 2 et donc à x 2 − 5x + 6 = 0. Le discriminant
de ce trinôme est ∆ = 25 − 24 = 1 et les racines sont donc x1 = 5−1 2
= 2 et x2 = 5+1
2
= 3.
6. ln(ex + 1) = ln(2) si et seulement si ex + 1 = 2, ce qui équivaut à ex = 1 et donc à x = 0.

Exercice 9.36
1
1. On a, par croissance de la fonction exponentielle, 1 − 3 ln(x) < 0 si et seulement si 1
3
< ln(x), ce qui équivaut à e 3 < x.
2. ln(x) + ln(2) ⩾ ln(3x − 6) si et seulement si ln(2x) ⩾ ln(3x − 6), ce qui est équivalent à 2x ⩾ 3x − 6 et donc à x ⩽ 6.
3. ex − 2 > 0 si et seulement si ex > 2, ce qui équivaut à x > ln(2).
4. 5 − 3e−x ⩽ 3 si et seulement si 2 ⩽ 3e−x , ce qui équivaut à 2
⩽ e−x puis à ln 2
⩽ −x. Finalement, les solutions sont donc les réels x

3 3
tels que x ⩽ − ln 23 .


3
5. On note que x > 0. 4 ln(x) + 6 ⩾ 0 si et seulement si ln(x) ⩾ − 32 , ce qui équivaut à x ⩾ e− 2 .
6. On note que x > −1 car on doit avoir 1 + x > 0. On a, ln(1 + x) ⩽ 0 si et seulement si 1 + x ⩽ e0 = 1, ce qui équivaut x ⩽ 0.
7. On note que x > 2 car on doit avoir x − 2 > 0 et x > 0. L’inéquation ln(x − 2) > ln(x) n’a pas de solution car la fonction ln est
croissante et x − 2 < x.
1
8. On note que x < 3 car on doit avoir 3 − x > 0. On a 2 ln(3 − x) ⩽ 1 si et seulement si ln(3 − x) ⩽ 1
2
, ce qui équivaut à 3 − x ⩽ e 2 et
1
donc à x ⩾ 3 − e2 .
x2 x2
 
9. On note que l’on doit avoir x + 5 > 0 et donc x > −5. On a ln x+5
⩾ 0 si et seulement si x+5
⩾ 1, ce qui équivaut à x 2 ⩾ x + 5
√ √
(car x + 5 > 0) et donc à − x − 5 ⩾ 0. Or, le discriminant de ce trinôme est ∆ = 21 et il a deux racines 1−2 21 et 1+2 21 et il
x2
est donc√ positif
i i h partout

sauf
h entre ces deux racines. Finalement, puisque x > −5, on obtient donc que l’ensemble des solutions est
−5, 1−2 21 ∪ 1+2 21 , +∞ .

Exercice 9.38
1. f ′ (x) = 1 + x2 . 6. f ′ (x) = ln(x) + x
x
= 1 + ln(x).
x
2. f ′ (x) = ln(x) + x
= ln(x) + 1. ln(x)−x× x1 ln(x)−1
7. f ′ (x) = = .
3. f ′ (x) = ln(x) + x−1 x
. ln(x)2 ln(x)2

4. f ′ (x) = ln(x) + xx e x ln(x) = (ln(x) + 1)e x ln(x) .


 2 ln(x)
8. f ′ (x) = 2 × 1
x
× ln(x) = x
.
1
5. f ′ (x) = x ×x−ln(x)×1 = 1−ln(x) . 9. f ′ (x) = 2
.
x2 x2 x

2 2
Exercice 9.39 On a f ′ (x) = 2xex − 4x = 2x(ex − 2) = 0 si et seulement si x = 0 ou x = ± ln(2). On a donc
p

p p
x −∞ − ln(2) 0 ln(2) +∞

2x − − 0 + +

2
ex − 2 + 0 − − 0 +

f ′ (x) − 0 + 0 − 0 +

+∞ 1 +∞

f (x)
2(− ln(2) + 1) 2(− ln(2) + 1)

Exercice 9.41 On a Df = − 23 , +∞ (domaine pour lequel 3x + 2 > 0) et f est dérivable sur Df . De plus, pour tout x ∈ Df , f ′ (x) = 3
.
 
3x+2

Exercice 9.43
240 Chapitre 9 – Fonctions de références

1. lim ln(x 2 + 2) = +∞. 3. lim ln(ex + 3) = ln(3).


x→+∞ x→−∞
x2
 
2. lim ln = +∞. 4. lim ln(1 − x 3 ) = +∞.
x→+∞ 2x + 3 x→−∞

Exercice 9.45

1. Domaine de définition. On a Df = R∗+ car la fonction ln est définie sur R∗+ et le dénominateur ne s’annule par sur ce domaine.
2. Domaine d’étude. La fonction f ne possède donc pas de propriété de périodicité ni de parité donc on l’étudie sur Df .
ln(x) 1−ln(x)
3. Variations. f est dérivable sur Df et pour tout x > 0, f ′ (x) = 1
x2
− x2
= x2
. Donc, f ′ (x) = 0 si et seulement si x = e et f admet
donc une tangente horizontale en x = e (et f (e) = 1
e
). De plus, f ′ (x) > 0 si et seulement si x ∈]0, e[ et f est donc croissante sur ]0, e]
et décroissante sur [e, +∞[.
4. Limites et asymptotes. On a lim f (x) = −∞ et lim f (x) = 0. Donc f admet l’axe des ordonnées pour asymptote verticale et l’axe
x→0+ x→+∞
des abscisses pour asymptote horizontale en +∞.
5. Tracer le graphe. On a

Cf

Exercice 9.46
 
ln(1 + x)
1. lim x − ln(1 + x) = +∞ et lim x − ln(1 + x) = lim x 1− = +∞.
x→−1+ x→+∞ x→+∞ x

2. f ′ (x) = 1 − 1
1+x
= x
1+x
. Donc f ′ (x) = 0 si et seulement si x = 0. On obtient le tableau de variations suivant :

x −1 0 +∞

x − 0 +

x +1 + 0 +

f ′ (x) − 0 +

+∞ +∞

f (x)

f est positive sur ] − 1, +∞[.


3. D’après ce qui précède, pour tout x ∈] − 1, +∞[, x − ln(1 + x) ⩾ 0 et que cette inégalité est stricte si x ̸= 0. Ainsi, en posant x = 1
n
> 0,
pour n ∈ N∗ , on obtient n1 − ln 1 + n1 > 0 si et seulement si n1 > ln 1 + n1 .
 

 
n 1
n ln 1+ n
4. On a, d’après la question précédente, n ln 1 + 1
< 1. Donc, 1 + 1

n n
=e < e1 = e.

Exercice 9.48 On commence par noter que f est très proche de la fonction ln. En effet, sa courbe représentative est obtenue à partir de celle
de la fonction ln par une translation horizontale de longueur 1 (car on a remplacer x par x − 1) et par une translation verticale de longueur 2
(car on a ajouter 2 à la fonction ln). On obtient donc :
9.4 Fonctions puissances et exponentielle de base a 241
y

Cf

1 x

Exercice 9.49

1. On a h′ (x) = x1 − 1 = 1−x
x
. Donc h′ est positif si et seulement si x − 1 et x sont de même signe. Autrement dit, h′ (x) ⩽ 0 si et seulement
si x ∈ [1, +∞[ et h′ (x) ⩾ 0 équivaut à x ∈]0, 1[.
2. Puisque h est croissante puis décroissante avec h′ (1) = 0, on en déduit qu’elle admet un maximum en x = 1 qui vaut h(1) = 0.
3. Puisque pour tout x ∈]0, +∞[, h(x) ⩽ h(1) = 0, on en déduit que h(x) ⩽ 0 pour tout x ∈]0, +∞[ et donc que ln(x) ⩽ x − 1 pour tout
x ∈]0, +∞[.

Exercice 9.50

1. Domaine de définition. On sait que la fonction ln est définie sur R∗+ et il nous suffit donc de déterminer les racines de x 3 + 3x 2 + 3x + 2.
Or, on note que −2 est une racine évidente et on a alors x 3 + 3x 2 + 3x + 2 = (x + 2)(x 2 + x + 1) et le trinôme x 2 + x + 1 a pour
discriminant ∆ = 1 − 4 = −3 < 0 et ne possède donc pas de racine réelle. Ainsi, on a finalement Df = R \ {−2}.
2. Domaine d’étude. La fonction f ne possède donc pas de propriété de périodicité ni de parité donc on l’étudie sur Df .
2
3. Variations. On commence par la dérivée de f : f ′ (x) = x 33x +6x+3
+3x 2 +3x+2
. Or, le trinôme 3x 2 + 6x + 3 = 3(x 2 + 2x + 1) = 3(x + 1)2 est
toujours positif et s’annule en x = −1. Donc, f ′ (x) = 0 si et seulement si x = −1 et f admet donc une tangente horizontale en x = −1
(et f (−1) = ln(1) = 0). De plus, f ′ (x) > 0 si et seulement si x ∈] − 2, +∞[ car le numérateur est toujours positif et le dénominateur
change de signe en x = −2. La fonction f est donc croissante sur ] − 2, +∞[ et décroissante sur ] − ∞, −2[.
4. Limites et asymptotes. On commence par remarquer que lim f (x) = +∞ et lim f (x) = +∞. De plus, lim f (x) = −∞ et
x→−∞ x→+∞ x→−2−
lim f (x) = −∞ et f admet donc une asymptote verticale d’équation x = −2.
x→−2+

5. Tracer le graphe. On a

Cf

1 x

Exercice 9.53

1. On a f (x) = ex ln(x) . f est donc définie sur l’intervalle ]0, +∞[. De plus, lim x ln(x) = 0 et lim x ln(x) = +∞. On en déduit que
x→0+ x→+∞
lim f (x) = e = 1 et lim f (x) = +∞.
0
x→0+ x→+∞

2. Par dérivation des fonctions composées, f est dérivable sur ]0, +∞[ et f ′ (x) = (1 + ln(x))ex ln(x) .
3. On déduit de la question précédente que f est décroissante sur l’intervalle 0, e1 puis croissante sur l’intervalle e1 , +∞ . La courbe
   

représentative de la fonction f est donc donnée par :


242 Chapitre 9 – Fonctions de références
y

Cf

1 x
CHAPITRE 10

Intégration

L’objectif de ce chapitre n’est pas de procéder en détail à la construction de l’intégrale de Riemann


mais plutôt d’en donner une intuition, de donner quelques propriétés et surtout de mettre en place les
principales méthodes permettant de calculer des intégrales de fonctions usuelles. Si vous ressentez le
besoin de vous entraîner davantage dans ce domaine, nous vous conseillons de consulter [Bar23].

10.1. Intégrale d’une fonction continue sur un segment


Le premier objectif de la théorie de l’intégration est, étant donnée une fonction f , de calculer l’aire
comprise entre la courbe représentative de f et l’axe des abscisses sur un segment [a, b]. Pour cela,
l’idée de l’intégrale de Riemann consiste à noter que les aires les plus simples à calculer sont les aires de
rectangles. On approche alors l’aire sous la courbe représentative de f par une somme d’aires de rectangles
dont la largeur est petite dans un sens à préciser. On note ainsi que plus la largeur des rectangles est
petite, plus l’approximation est bonne. Précisons rapidement cette idée à l’aide d’un objet important de
la théorie de l’intégration.

Définition 10.1 – Sommes de Riemann. Soit f une fonction continue sur un segment [a, b]. Pour
n ∈ N∗ , on définit la n-ième somme de Riemann de f sur [a, b] par

b−a
Rn (f ) = (f (t0 ) + f (t1 ) + ... + f (tn−1 ))
n
b−a
avec, pour tout 0 ⩽ k ⩽ n − 1, tk = a + n k.

Remarques.
◦ On note que pour 0 ⩽ k ⩽ n − 1, b−a b−a
n f (tk ) est l’aire du rectangle de largeur n et de hauteur f (tk ).
Ainsi, Rn (f ) est la somme des aires des rectangles obtenus et, comme l’illustre la figure 10.1, plus
la largeur des rectangles diminue, plus la somme de Riemann est une bonne approximation de l’aire
sous la courbe.
◦ On a ici pris comme hauteur des rectangles la valeur de la fonction à gauche de l’intervalle [tk , tk+1 ]
pour 0 ⩽ k ⩽ n − 1. On parle ainsi de « méthode des rectangles à gauche ». On pourrait tout à fait
utiliser les rectangles à droite, prendre le point du milieu de l’intervalle ou encore approcher l’aire sur
la courbe sur [tk , tk+1 ] par l’aire d’un trapèze.
◦ Il s’agit ici de calculer une aire dite « signée » ou encore « algébrique » c’est-à-dire que les parties
au-dessus de l’axe des abscisses donnent lieu à des aires positives et celles qui sont en dessous à des
aires négatives.
244 Chapitre 10 – Intégration

y y

t t

a = t0 t1 t2 = b a = t0 t1 t2 t3 t4 t5 t6 = b

y y

Cas limite

t t

a b a b

Figure 10.1 – Sommes de Riemann

◦ On note que si f est constante sur [a, b], alors l’aire entre sa courbe représentative et l’axe des
abscisses est celle d’un rectangle et la suite des sommes de Riemann est constante égale à l’aire de
ce rectangle.

Le théorème qui suit a pour but d’énoncer mathématiquement l’idée selon laquelle la suite des sommes de
Riemann, i.e. la suite des sommes des aires des rectangles, est convergente lorsque n tend vers l’infini c’est-
à-dire lorsque la largeur des rectangles tend vers 0. Sa limite, comme l’illustre la figure 10.1, représente
alors l’aire comprise entre la courbe représentative de f et l’axe des abscisses.

Théorème 10.2. Si f : [a, b] → R est une fonction continue, la suite des sommes de Riemann (Rn (f ))n∈N
converge dans R. On appelle intégrale de f sur [a, b] cette limite que l’on note
Z b
lim Rn (f ) = f (t) dt.
n→+∞ a

Démonstration. On se contente ici de donner l’idée de la preuve dans le cas où f est monotone (crois-
sante). Si vous êtes intéressé par l’étude du cas général nous vous conseillons de consulter [LM03, Chapitre
9] dans lequel une construction détaillée est faite. Supposons donc que f est croissante sur [a, b]. Alors,
pour tout 0 ⩽ k ⩽ n − 1, pour tout t ∈ [tk , tk+1 ], f (tk ) ⩽ f (t). On déduit de cette inégalité (un dessin
peut vous aider à vous en convaincre) que :
◦ pour tout n ∈ N∗ , Rn (f ) est majorée par A l’aire comprise entre la courbe représentative de f et
l’axe des abscisses,
◦ pour tout n ∈ N∗ , Rn (f ) ⩽ Rn+1 (f ).
On en déduit que la suite (Rn (f ))n∈N∗ est croissante et majorée et donc convergente d’après le théorème
6.26.

De la construction même de l’intégrale de Riemann (que nous n’avons pas explicitée ici mais que vous
pourrez trouver dans [LM03, Chapitre 9]), on déduit de nombreuses propriétés importantes de l’intégrale
qu’il faut connaître.
10.1 Intégrale d’une fonction continue sur un segment 245

Théorème 10.3 – Propriétés de l’intégrale. Soient f et g deux fonctions continues de [a, b] dans R,
λ, µ ∈ R et c ∈ [a, b].
Z b Z b Z b
◦ Linéarité. (λf + µg)(t) dt = λ f (t) dt + µ g(t) dt.
a a a
Z b Z c Z b
◦ Relation de Chasles. f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt.
a a c
Z a Z b Z a
◦ Manipulations des bornes. f (t) dt = 0 et f (t) dt = − f (t) dt.
a a b
Z b Z b
◦ Inégalité triangulaire. Si a ⩽ b, f (t) dt ⩽ |f (t)| dt.
a a
Z b
◦ Positivité. Si f est une fonction positive sur [a, b] (et si a ⩽ b) alors on a f (t) dt ⩾ 0.
a
Z b Z b
◦ Comparaison ou croissance. Si pour tout t ∈ [a, b], f (t) ⩽ g(t), alors f (t) dt ⩽ g(t) dt.
a a

Démonstration. Nous ne sommes pas en mesure de faire ici la preuve de ce théorème car elle est basée
sur la construction même de l’intégrale que nous n’avons pas explicitée. Néanmoins, on peut en donner
l’idée principale : on commence par démontrer ces propriétés pour des fonctions constantes par morceaux,
dites « étagées », et on les étend ensuite aux fonctions continues. Cette idée est à la base même de la
construction de l’intégrale et on trouvera tous les détails nécessaires à ce sujet dans [LM03]. En effet,
on commence par définir l’intégrale des fonctions étagées car il s’agit de calculer l’aire de rectangles puis
on définit le fait pour une fonction d’être intégrable par le fait que l’on puisse l’encadrer, en un sens à
préciser, par des fonctions étagées.

La question qui nous intéresse maintenant est la suivante :

Comment faire pour calculer des intégrales dans la pratique ?

Utiliser les sommes de Riemann n’est pas une bonne idée car on ne saura presque jamais les calculer
explicitement. La réponse à cette question est, au moins partiellement, donnée par le théorème suivant :

Théorème 10.4 – Théorème fondamental de l’analyse. Soit f : [a, b] → R une fonction continue.
Alors, la fonction Z x
F : x 7→ f (t) dt
a

est dérivable sur [a, b] et pour tout x ∈ [a, b], F (x) = f (x).

Démonstration. Montrons que le taux d’accroissement de F possède une limite en tout point x0 ∈ [a, b]
et que cette limite est égale à f (x0 ). Soit x0 ∈ [a, b] et soit h > 0 (on prend h positif pour éviter des
problèmes avec l’ordre des bornes de l’intégrale mais le cas h < 0 est identique). On a alors, d’après la
relation de Chasles énoncée dans le théorème 10.3, que
Z x0 +h Z x0 Z x0 +h
F (x0 + h) − F (x0 ) = f (t) dt − f (t) dt = f (t) dt.
a a x0

Ainsi,
F (x0 + h) − F (x0 ) 1
− f (x0 ) = |F (x0 + h) − F (x0 ) − hf (x0 )| .
h h
On en déduit, en utilisant le fait que f (x0 ) est constante par rapport à t (et donc que son intégrale sur
[x0 , x0 + h] est donnée par hf (x0 ) comme aire d’un rectangle) et l’inégalité triangulaire énoncée dans le
246 Chapitre 10 – Intégration

théorème 10.3 que


x0 +h x0 +h
F (x0 + h) − F (x0 )
Z Z
1 1
− f (x0 ) = f (t) − f (x0 ) dt ⩽ |f (t) − f (x0 )| dt.
h h x0 h x0

Or, puisque f est continue en x0 , pour tout ε > 0, il existe η > 0 tel que pour tout t ∈ [x0 , x0 + η],
|f (t) − f (x0 )| ⩽ ε. Ainsi, si h ⩽ η, on en déduit par croissance de l’intégrale (voir théorème 10.3) que
x0 +h x0 +h
F (x0 + h) − F (x0 )
Z Z
1 1 εh
− f (x0 ) ⩽ |f (t) − f (x0 )| dt ⩽ ε dt = = ε.
h h x0 h x0 h

Puisque ceci est vrai pour tout ε > 0, on a bien montré, par définition de la limite, que le taux d’ac-
croissement de F en x0 possède une limite et que cette limite est égale à f (x0 ) ce qui achève notre
preuve.

Ce théorème assure l’existence d’une fonction dont la dérivée est égale à f (on parle de primitive) si f
est une fonction continue sur un segment. Avant de voir en quoi ce théorème nous permet de calculer
des intégrales, nous allons nous intéresser plus en détails à la notion de primitive.

10.2. Primitives
10.2.1 Définition et structure
Définition 10.5. Soient I un intervalle et f : I → R une fonction. On dit que F est une primitive de f
sur I si F est dérivable sur I et F ′ = f .

Remarque. On note que déterminer une primitive d’une fonction consiste à effectuer l’opération inverse
de la dérivation.

Théorème 10.6. Soient I un intervalle et f : I → R une fonction. Si f admet une primitive F sur I, alors
l’ensemble des primitives de f sur I est {F + C, C ∈ R}.

Démonstration. Soit G une primitive de f . Alors, puisque F est également une primitive de f et par linéarité
de l’opération de dérivation, on a (F −G)′ = F ′ −G ′ = f −f = 0. La preuve de ce théorème consiste donc à
montrer que si une fonction dérivable H vérifie H ′ = 0 sur un intervalle alors H est une fonction constante.
On utilise pour ceci le théorème des accroissements finis 8.60. Soient a < b deux points de I alors, d’après
le théorème des accroissements finis, il existe c ∈]a, b[ tel que H(a) − H(b) = H ′ (c)(b − a) = 0. Or,
puisque H ′ est la fonction nulle, on en déduit que H ′ (c) = 0 et donc que H(a) = H(b). Ceci étant vrai
pour tout a < b dans I, on en conclut que H est constante sur I.

Exemples.
x3
◦ Les primitives de x 7→ x 2 + 1 sont les fonctions de la forme x 7→ 3 + x + C, C ∈ R.
◦ Les primitives de x 7→ cos(x) sont les fonctions de la forme x 7→ sin(x) + C, C ∈ R.
1
◦ Étudions les primitives de x 7→ x2 sur R∗ .
▷ Sur R∗+ , les primitives de f sont de la forme x 7→ − x1 + C+ avec C+ ∈ R.
▷ Sur R∗− , les primitives de f sont de la forme x 7→ − x1 + C− avec C− ∈ R.
10.2 Primitives 247

À retenir. Une primitive n’est pas unique. Pour avoir unicité il faut ajouter une condition comme par
exemple la valeur de la primitive en un point. La primitive F introduite dans le théorème 10.4 est ainsi
l’unique primitive de f qui s’annule au point a.

Exercice 10.7. Préciser dans chaque cas si F est une primitive de f sur son domaine de définition :
x3
1. F (x) = x 2 et f (x) = 3 , 4. F (x) = tan(x) et f (x) = 1 + tan(x)2 ,
2. F (x) = cos(2x) et f (x) = − sin(2x), 5. F (x) = ln(|x|) et f (x) = x1 ,
3. F (x) = e 2x et f (x) = 12 e 2x , 6. F (x) = 2x et f (x) = ln(2)2x .

Exercice 10.8. Déterminer les primitives de chacune des fonctions suivantes sur un intervalle inclus dans
leur domaine de définition :
√1 , x 2 +2x
1. x 7→ x 3 − x + 1, 6. x 7→ x+1
11. x 7→ (x+1)2 ,

2. x 7→ (x + 1)2 , 7. x 7→ (1 − x) x,
√ 12. x 7→ e2x ,
x 3 +5x 2 −4
3. x 7→ x x, 8. x 7→ x2 ,
1 1 13. x 7→ sin (2x),
4. x 7→ x3 , 9. x 7→ 2x−3 ,
√ x+2 1
5. x 7→ x + 1, 10. x 7→ x+1 , 14. x 7→ cos(x)2 .

Exercice 10.9. Déterminer une primitive des fonctions suivantes sur un intervalle inclus dans leur domaine
de définition :
8x 2 ln(x)
1. x 7→ (x 3 +2)3 , 4. x 7→ (ex + 1)3 ex , 7. x 7→ x ,
2x+1 1
2. x 7→ x 2 (x+1)2 , 5. x 7→ tan(x), 8. x 7→ x ln(x) ,
√ ex 1√
3. x 7→ 3x 1 − 2x 2 , 6. x 7→ ex +1 , 9. x 7→ x+ x
.

10.2.2 Lien avec l’intégrale

Maintenant que nous avons défini la notion de primitive et donné la structure de l’espace des primitives
d’une fonction, revenons à notre but initial, à savoir calculer des intégrales, et voyons comment les
primitives peuvent nous venir en aide dans ce domaine.

Théorème 10.10 – Lien primitive-intégrale. Si f : [a, b] → R est une fonction continue et si F est une
primitive de f alors Z b
f (t) dt = F (b) − F (a).
a
 b
De plus, pour faciliter les calculs on notera F (t) a = F (b) − F (a).

Démonstration. D’après le théorème fondamental de l’analyse 10.4, on sait que la fonction


Z x
x 7→ f (t) dt
a

est une primitive de f . D’après le théorème 10.6, on en déduit que si F est une primitive de f alors il
248 Chapitre 10 – Intégration

existe C ∈ R tel que pour tout x ∈ [a, b],


Z x
f (t) dt = F (x) + C.
a

Mais alors, en évaluant en x = a, on a 0 = F (a) + C donc C = −F (a) et on obtient alors le résultat


voulu en évaluant l’égalité précédente en x = b.

Exemple. On a
2 2
t3 t2 23 22
  3
02
Z   
2 0 8
t − t + 1 dt = − +t = − +2 − − +0 = .
0 3 2 0 3 2 3 2 3

Exercice 10.11. Calculer les intégrales suivantes :


Z 2 Z 2 Z 4
2 2
1. t dt, 3. dt, 5. 3 dt,
0 1 t 0
Z π Z 2 Z 2π
2
2. cos(t) dt, 4. et dt, 6. sin(t) dt.
0 0 0

Remarque – Primitive et intégrale. On notera


Z x
f (t) dt

une primitive quelconque de la fonction f (on ne spécifie plus l’annulation au point a). Cette notation
nous permet de ne pas spécifier la borne de départ et allège l’écriture. De plus, en utilisant cette notation
nous pourrons utiliser le théorème d’intégration par parties et le théorème de changement de variable ce
qui sera très pratique pour rechercher des primitives.

Exemple. On a Z x
1
sin(2t) dt = − cos(2x).
2

10.2.3 Primitives usuelles


Il est particulièrement important de connaître toutes les primitives présentes dans le tableau qui suit.

Fonction Primitive Domaine de validité


x α+1
x α , α ∈ R \ {−1} α+1 R
1
x ln(|x|) R∗
eax
eax , a ∈ R∗ a R
cos(x) sin(x) R
sin(x) − cos(x) R

tan(x) − ln(| cos(x)|) R\ 2 + kπ, k ∈ Z

Table 10.1 – Tableau des primitives usuelles

Remarque. On peut justifier tous ces résultats par dérivation.


10.2 Primitives 249

Il est également très important de savoir reconnaître les dérivées de fonctions composées résumées dans
le tableau qui suit (u : I → R est ici une fonction dérivable).

Fonction Primitive Domaine de validité


u α+1
u ′ u α , α ∈ R+ α+1 I
′ α − u α+1
u u , α ∈ R \ {−1} α+1 Un intervalle où u ̸= 0
u′
u ln(|u|) Un intervalle où u ̸= 0
u′ √

u
2 u Un intervalle où u > 0
′ u
ue eu I

u cos(u) sin(u) I

u sin(u) − cos(u) I

Table 10.2 – Tableau de primitives composées

x
Exemple. Cherchons une primitive de la fonction x 7→ x 2 +3 . Si on pose u : x 7→ x 2 + 3, on note que u
est dérivable sur R et pour x ∈ R, u ′ (x) = 2x donc
1 ′
x u (x) 1 u ′ (x)
= 2 = .
x2 +3 u(x) 2 u(x)

Ainsi, une primitive est donnée par

1 1
x 7→ ln(|u(x)|) = ln(x 2 + 3).
2 2

Exercice 10.12. Calculer les intégrales suivantes :


Z π Z 2 Z 1
2 6t
1. cos(3t) dt, 3. e5t dt, 5. dt,
0 0 0 (1 + t 2 )3
2 1 2
3t 2
Z Z Z
2
2. dt, 4. 6t(1 + t 2 )2 dt, 6. √ dt.
1 3t 0 0 1 + t3

10.2.4 Un cas particulier à connaître : fonctions rationnelles


Il est à noter que, bien que nous ayons fourni un tableau de primitives usuelles, il n’y a que peu de
2
fonctions que nous savons intégrer. Par exemple, la fonction définie sur R, x 7→ e −x est une fonction
continue sur R qui, d’après le théorème fondamental de l’analyse, possède une primitive mais nous ne
sommes pas en mesure de l’exprimer explicitement à l’aide de fonctions usuelles. Néanmoins, en plus du
tableau de primitives précédent, il y a quelques situations favorables qu’il convient de reconnaître : les
fonctions trigonométriques et leurs puissances que nous apprendrons à intégrer une fois que nous aurons
introduit les nombres complexes dans le chapitre 11 et les fonctions rationnelles auxquelles nous nous
intéressons à présent.
A
Définition 10.13 – Fonction rationnelle. On appelle fonction rationnelle un quotient B où A et B sont
deux fonctions polynomiales et B n’est pas la fonction polynomiale nulle.

Exemples. Les fonctions suivantes sont des fonctions rationnelles :


250 Chapitre 10 – Intégration

x2 + x x2 + x x6 + x2 + 1
◦ x 7→ , ◦ x 7→ , ◦ x 7→ .
x3 + 1 (x 3 + 1)4 x

On peut montrer que l’on sait intégrer n’importe quelle fonction rationnelle à l’aide de la division eucli-
dienne de polynômes et de la méthode de décomposition en éléments simples. Néanmoins, nous n’allons
pas ici mettre en place ces deux méthodes et nous allons nous intéresser seulement à un cas particulier.
Si vous êtes intéressé par ce sujet nous vous conseillons de consulter [LM03, section 10.5].

Méthode – Intégration de fonctions rationnelles - Cas scindé à racines simples. Soit f une fonction
rationnelle définie par
1
f : x 7→
(x − r1 )(x − r2 )...(x − rn )
où r1 , ..., rn sont des réels tous distincts. Pour intégrer f , on note qu’il existe des réels α1 , ..., αn tels
que
1 α1 αn
f (x) = = + ... +
(x − r1 )(x − r2 )...(x − rn ) x − r1 x − rn
et que l’on peut déterminer en mettant les deux côtés de l’égalité sur le même dénominateur. On peut
alors intégrer chacun des termes obtenus à l’aide de la fonction logarithme.

1
Exemple. Déterminons les primitives de la fonction f : x 7→ x 2 +3x+2 . On remarque que pour tout t ∈ R,
2
t + 3t + 2 = (t + 1)(t + 2) et on a donc pour tout t ∈ R \ {−1, −2},

1 α1 α2 α1 (t + 2) + α2 (t + 1) (α1 + α2 )t + (2α1 + α2 )
= + = = .
(t + 1)(t + 2) t +1 t +2 (t + 1)(t + 2) (t + 1)(t + 2)

On en déduit que les numérateurs sont égaux, i.e. 1 = (α1 + α2 )t + (2α1 + α2 ) et donc, par identification
des coefficients, on a α1 + α2 = 0 et 2α1 + α2 = 1 et l’on obtient que α1 = 1 et α2 = −1. Ainsi,
1 1 1
t 2 +2t−3 = t+1 − t+2 et donc
Z x Z x
1 1 1
dt = − dt = ln(|x + 1|) − ln(|x + 2|).
t 2 + 2t − 3 t +1 t +2

Les primitives de f sont donc les fonctions de la forme

x 7→ ln(|x + 1|) − ln(|x + 2|) + C, C ∈ R.

Exercice 10.14.
1. Déterminer les deux réels a1 et a2 tels que pour t ∈ R \ {1, 2},

3t − 4 a1 a2
= + .
(t − 1)(t − 2) t −1 t −2

3x − 4
2. En déduire les primitives de f : x 7→ .
(x − 1)(x − 2)
10.3 Intégration par parties 251

10.3. Intégration par parties


Théorème 10.15 – Intégration par parties. Soient u et v deux fonctions dérivables et ayant des dérivées
continues sur [a, b]. Alors
Z b b
Z b
u ′ (t)v (t) dt = u(t)v (t) a − u(t)v ′ (t) dt.

a a

Démonstration. Cette formule provient de la formule de dérivation d’un produit. En effet, on sait que
(uv )′ = u ′ v + uv ′ donc en intégrant ceci sur [a, b], on obtient, par linéarité de l’intégrale, que
Z b Z b Z b
(uv )′ (t) dt = u ′ (t)v (t) dt + u(t)v ′ (t) dt.
a a a

Or, puisque uv est une primitive de (uv )′ , on a


Z b b
(uv )′ (t) dt = u(t)v (t) a

a

et on en déduit la formule voulue.

Remarque. On peut utiliser la formule d’intégration par parties pour déterminer des primitives. En effet,
la formule d’intégration par parties sans la borne inférieure
Z x Z x

u (t)v (t) dt = u(x)v (x) − u(t)v ′ (t) dt

est également valide d’après la formule précédente.

Exemples.
Z 1
◦ Déterminons la valeur de l’intégrale tet dt. On applique la formule d’intégration par parties. On
−1
pose u : t 7→ e t et v : t 7→ t qui sont dérivables de dérivées continues. On a alors
( (
u ′ (t) = et u(t) = et
et
v (t) = t v ′ (t) = 1

et par la formule d’intégration par parties, on obtient


Z 1 Z 1
 1  1 2
te dt = tet −1 −
t
1et dt = 1e1 − (−1)e−1 − et −1 = .
−1 −1 e
Z x
◦ Déterminons les primitives de la fonction x 7→ ln(x) sur ]0, +∞[, i.e. étudions ln(t) dt. On
considère u : t 7→ t et v : t 7→ ln(t) qui sont dérivables de dérivées continues. On a alors pour tout
t ∈ R∗+ ,
( (
u ′ (t) = 1 u(t) = t
et .
v (t) = ln(t) v ′ (t) = 1t
On en déduit alors que
Z x Z x Z x
t
ln(t) dt = x ln(x) − dt = x ln(x) − 1 dt = x ln(x) − x.
t
252 Chapitre 10 – Intégration

Les primitives de x 7→ ln(x) sont donc les fonctions de la forme x 7→ x ln(x) − x + C, C ∈ R.

Méthode – Utilisation de la formule d’intégration par parties. On utilise la formule d’intégration par
parties, en général, si la fonction à intégrer est de l’une des formes suivantes.
1. Polynôme × Exponentielle ou Polynôme × Fonction trigonométrique. On dérivera le polynôme dans
ce cas.
2. Polynôme × Logarithme. On dérivera le logarithme dans ce cas.
3. Fonction trigonométrique × Exponentielle. On procédera alors à deux intégrations par parties.

Exemples.

◦ Déterminons les primitives de la fonction x 7→ x 2 sin(2x) sur R, i.e. étudions


Z x
t 2 sin(2t) dt.

On va ici dériver la fonction polynomiale deux fois et intégrer la fonction trigonométrique. On pose
pour t ∈ R, ( (
u ′ (t) = sin(2t) u(t) = − 21 cos(2t)
et .
v (t) = t 2 v ′ (t) = 2t
Les fonctions u et v sont dérivables de dérivées continues et d’après la formule d’intégration par
parties, on a Z x Z x  
1 1
t 2 sin(2t) dt = − cos(2x)x 2 − 2t − cos(2t) dt
2 2
et donc
x x
x2
Z Z
t 2 sin(2t) dt = − cos(2x) + t cos(2t) dt.
2
On étudie à présent Z x
t cos(2t) dt.

On pose pour t ∈ R,
( (
1
u ′ (t) = cos(2t) u(t) = 2 sin(2t)
et ′
.
v (t) = t v (t) = 1

Les fonctions u et v sont dérivables de dérivées continues et d’après la formule d’intégration par
parties, Z x Z x 
1 1
t cos(2t) dt = sin(2x)x − sin(2t) dt
2 2
et donc Z x Z x
x 1 x 1
t cos(2t) dt = sin(2x) − sin(2t) dt = sin(2x) + cos(2x).
2 2 2 4
Finalement, on a donc
x
x2
Z
x 1
t 2 sin(2t) dt = − cos(x) + sin(2x) + cos(2x).
2 2 4
10.3 Intégration par parties 253

Les primitives de la fonction x 7→ x 2 sin(2x) sont donc les fonctions de la forme

x2 x 1
x 7→ − cos(2x) + sin(2x) + cos(2x) + C, C ∈ R.
2 2 4

◦ Déterminons les primitives de la fonction x 7→ x ln(x). On va ici intégrer la fonction polynomiale et


dériver la fonction logarithme. On pose, pour t ∈ R∗+ ,
( (
t2
u ′ (t) = t u(t) = 2
et .
v (t) = ln(t) v ′ (t) = 1t

Les fonctions u et v sont dérivables de dérivées continues et


Z x Z x 2 x
x2 x2
Z
t 1
t ln(t) dt = ln(x) − dt = ln(x) − t dt
2 2t 2 2

et donc
x
x2 x2
Z
t ln(t) dt = ln(x) − .
2 4
Les primitives de la fonction x 7→ x ln(x) sont donc les fonctions de la forme

x2 x2
x 7→ ln(x) − + C, C ∈ R.
2 4

◦ Déterminons les primitives de x 7→ cos(x)ex sur R, i.e. étudions


Z x
cos(t)et dt.

On va ici dériver deux fois la fonction trigonométrique et intégrer deux fois la fonction exponentielle.
On pose, pour t ∈ R,
( (
u ′ (t) = et u(t) = et
et .
v (t) = cos(t) v ′ (t) = − sin(t)

Les fonctions u et v sont dérivables de dérivées continues et donc


Z x Z x Z x
t x t x
cos(t)e dt = cos(x)e − (− sin(t))e dt = cos(x)e + sin(t)et dt

et donc Z x Z x
cos(t)et dt = cos(x)ex + sin(t)et dt.

On étudie à présent Z x
sin(t)et dt.

On pose, pour t ∈ R,
( (
u ′ (t) = et u(t) = et
et .
v (t) = sin(t) v ′ (t) = cos(t)

Les fonctions u et v sont dérivables de dérivées continues et d’après la formule d’intégration par
254 Chapitre 10 – Intégration

parties : Z x Z x
t x
sin(t)e dt = e sin(x) − cos(t)et dt.

On a donc finalement,
Z x Z x
cos(t)et dt = cos(x)ex + ex sin(x) − cos(t)et dt.

Ainsi, Z x
2 cos(t)et dt = cos(x)ex + ex sin(x)

Les primitives de la fonction x 7→ cos(x)ex sont donc les fonctions de la forme

(cos(x) + sin(x))ex
x 7→ + C, C ∈ R.
2

Exercice 10.16. Calculer les intégrales suivantes :


Z 1 Z e 1 √
Z
1. t
te dt, 2. t 2 ln(t) dt, 3. t 1 + t dt.
0 1 0

Exercice 10.17. Déterminer, en utilisant la méthode d’intégration par parties, une primitive des fonctions
suivantes :
1. x 7→ x 2 cos(x), 3. x 7→ ln(x 2 ),
x
2. x 7→ , 4. x 7→ e2x sin(x).
cos(x)2

10.4. Changement de variable

Théorème 10.18 – Changement de variable. Soient f : I → R une fonction continue, a et b deux réels
tels que a < b et u : [a, b] → I une fonction dérivable de dérivée continue. Alors, si on pose s = u(t), on
a Z bZ u(b)
f (u(t))u ′ (t) dt = f (s) ds.
a u(a)

Démonstration. La formule d’intégration par parties est à la dérivation du produit ce que la formule de
changement de variable est à la formule de dérivation de fonctions composées. En effet, notons F une
primitive de f sur I, alors pour tout t ∈ [a, b], f (u(t))u ′ (t) = F ′ (u(t))u ′ (t) = (F ◦ u)′ (t). Ainsi,
Z b Z b b
f (u(t))u ′ (t) dt = (F ◦ u)′ (t) dt = (F ◦ u)(t) a = F (u(b)) − F (u(a)).

a a

De plus, on a également,
Z u(b) Z u(b) u(b)
F ′ (s) ds = F (s) u(a) = F (u(b)) − F (u(a)).

f (s) ds =
u(a) u(a)

Ce qui prouve bien l’égalité voulue.


10.4 Changement de variable 255

À retenir.
◦ Ce théorème est plus simple qu’il n’y parait. On pose s = u(t) et dans l’expression f (u(t))u ′ (t)dt
on remplace u(t) par s et u ′ (t)dt par ds. De plus, on note que quand t varie entre a et b, s varie
entre u(a) et u(b).
◦ Pour se souvenir qu’il faut remplacer u ′ (t)dt par ds on peut utiliser le fait que, si l’on utilise les
notations issues de la physique, on a, puisque s = u(t), ds ′ ′
dt = u (t) et on obtient alors ds = u (t)dt
en multipliant par dt (quantité dont le sens reste à expliciter ici). Ce n’est pas rigoureux mais ça
peut servir de moyen mnémotechnique pour se souvenir de la formule.
◦ On sait que pour composer deux fonctions, il faut faire attention aux intervalles de définition. Ici
u : [a, b] → I et f : I → R donc f ◦ u : [a, b] → R est bien définie.

Exemples.

Z π
6
◦ Déterminons la valeur de l’intégrale cos(2t + 1) dt. On sait déjà calculer cette intégrale, en
− π2
effet : Z π  π
6 sin(2t + 1) 6 1  π  
cos(2t + 1) dt = = sin + 1 − sin (−π + 1)
− π2 2 − π2 2 3

Vérifions que la formule de changement de variable donne le même résultat. On utilise le changement
de variable s = u(t) = 2t + 1 où u est dérivable de dérivée continue et u ′ (t) = 2. D’après la formule
de changement de variable
π π
Z Z +1
6 3 1 1  π +1
cos(2t + 1) dt = cos(s) ds = sin(s) −π+1
3

− π2 −π+1 2 2

et donc Z π
6 1  π  
cos(2t + 1) dt = sin + 1 − sin (−π + 1) .
− π2 2 3

Z 1
◦ Calculons l’intégrale sin(et )et dt. Pour cela, on considère le changement de variable s = u(t) = et
−1
où u est dérivable de dérivée continue et u ′ (t) = et . D’après la formule de changement de variable
Z 1 Z e e
sin(et )et dt = sin(s) ds = − cos(s) e−1 = cos(e−1 ) − cos(e).

−1 e−1

Remarque. On peut utiliser la formule de changement de variable pour déterminer des primitives. En
effet, la formule de changement de variable sans la borne inférieure :
Z x Z u(x)
f (u(t))u ′ (t) dt = f (s) ds

est également valide (il faudra penser à remplacer u(x) par son expression).

Exemple. Cherchons à déterminer sur R∗+ les primitives de la fonction x 7→ sin(√x x) . On considère alors le

changement de variable s = u(t) = t (qui est bien dérivable de dérivée continue sur R∗+ ) et on a alors
256 Chapitre 10 – Intégration
1
u ′ (t) = √
2 t
. On obtient par la formule de changement de variable que

x x √ u(x) √
Z Z Z
sin( t) 1
√ dt = 2 sin( t) √ dt = 2 sin(s) ds = −2 cos( x).
t 2 t
√ √
√ x)
sin(
Ainsi, les primitives de x 7→ x
sont les fonctions de la forme x 7→ −2 cos( x) + C, C ∈ R.

Méthode – Utiliser la formule de changement de variable. On utilise la formule de changement de


variable, en général, dans les situations suivantes :
1. si l’on reconnaît la forme f (u(t))u ′ (t),
2. si on peut transformer l’expression à intégrer sous la forme f (u(t))u ′ (t),
3. si la situation suggère de « tenter » un changement de variable en espérant que cela fasse apparaître
une fonction plus simple à intégrer.
Le plus dur est souvent de savoir quel changement de variable va permettre d’obtenir le résultat.

Exemples.

◦ Calculons la valeur de l’intégrale


1
et
Z
dt.
0 1 + et
On utilise le changement de variable s = u(t) = et où u est dérivable de dérivée continue et
u ′ (t) = et . D’après la formule de changement de variable, on a
1 e
et
Z Z
1  e
dt = ds = ln(|1 + s|) 1 = ln(1 + e) − ln(2).
0 1 + et 1 1+s

◦ Calculons la valeur de l’intégrale


Z π
3
tan(t) dt.
0
sin(t)
On commence par remarquer que pour tout t ∈ 0, π3 , tan(t) = cos(t)
 
. On utilise alors le changement
de variable s = u(t) = cos(t) où u est dérivable de dérivée continue et u ′ (t) = − sin(t). D’après la
formule de changement de variable, on a
π π 1
1
−1
Z Z Z Z
3 3 sin(t) 2 1  1
tan(t) dt = dt = ds = ds = ln(|s|) 1
0 0 cos(t) 1 s 1
2
s 2

et donc Z π  
3 1
tan(t) dt = ln(1) − ln = ln(2).
0 2

Exercice 10.19. Déterminer les primitives des fonctions suivantes en utilisant le changement de variable
proposé :

1. x 7→ 1+1√x en posant s = x, 3. x 7→ sin(x)5 en posant s = cos(x),
e2x
2. x 7→ ex +1 en posant s = ex , 4. x 7→ e2x cos(ex ) en posant s =?.
10.5 Application à la résolution d’équations différentielles 257

Exercice 10.20.
1
1. Déterminer les réels a et b tels que pour tout réel t > 0, t(t+1) = at + t+1
b
puis calculer l’intégrale
Z e
1
dt.
1 t(t + 1)
2. En faisant le changement de variable t = u(x) = ex puis une intégration par parties, calculer
Z 1
l’intégrale e−x ln(1 + ex ) dx.
0

10.5. Application à la résolution d’équations différentielles


Nous achevons ce chapitre par une application importante de la théorie de l’intégration : la résolution
des équations différentielles linéaires du premier ordre.

10.5.1 Introduction
Une équation différentielle est une équation dont l’inconnue est une fonction et dans laquelle appa-
raissent des dérivées de cette fonction.

Définition 10.21. Une équation différentielle linéaire du premier ordre est une équation de la forme

y ′ = a(x)y + b(x)

où a et b sont des fonctions définies sur un intervalle I de R.

Remarques.
◦ Résoudre une équation différentielle signifie trouver toutes les fonctions solutions de cette équation
différentielle.
◦ Expliquons les différents termes apparaissant dans la définition précédente.
▷ Le terme linéaire vient du fait que les fonctions y 7→ y ′ et y 7→ a(x)y + b(x) sont linéaires.

Ainsi, l’équation différentielle y ′ = x 2 y + ex est linéaire alors que y ′ = xy 2 + ex et y ′ = xy + ex
ne le sont pas.
▷ Le terme premier ordre vient du fait que la plus grande dérivée de y apparaissant dans l’équation
est y ′ , i.e. qu’on a dérivé y une fois. Par exemple y ′′ = xy ′ + 2 est d’ordre 2 (et linéaire).
◦ Dans la suite, on supposera que a et b sont des fonctions continues sur I. De plus, on peut étudier
une équation différentielle de la forme α(x)y ′ + β(x)y = γ(x) mais on demandera alors à ce que
pour tout x ∈ I, α(x) ̸= 0. La division par α permet ainsi de retrouver la forme de la définition
précédente.

On va commencer par traiter le cas où a et b sont des constantes. Il s’agit d’un cas plus simple mais la
méthode de résolution sera la même dans le cas où a et b sont des fonctions.

10.5.2 Premier ordre à coefficients constants


Théorème 10.22 – Cas homogène. Soit a un réel. Les solutions de l’équation différentielle homogène

y ′ = ay

sont les fonctions de la forme y : x 7→ Ceax , C ∈ R.


258 Chapitre 10 – Intégration

Démonstration.
◦ On commence par vérifier que pour tout C ∈ R, y : x 7→ Ceax est bien solution ce qui est clair
puisque y ′ (x) = aCeax = ay (x).
◦ On veut à présent montrer que si y est une solution de l’équation y ′ = ay , alors il existe C ∈ R
tel que y ′ = ay . Considérons y une solution, alors pour tout x ∈ R, si on note f (x) = y (x)e −ax ,
f ′ (x) = y ′ (x)e −ax − ay (x)e −ax = ay (x)e −ax − ay (x)e −ax = 0. La fonction f ′ étant nulle sur
l’intervalle R, elle est constante ce qui achève de démontrer notre résultat puisqu’il existe alors
C ∈ R tel que y (x)e −ax = C et donc y (x) = Ce ax .

Exemple. Les solutions de l’équation différentielle 2y ′ − y = 0 qui se réécrit y ′ = 12 y sont les fonctions
1
de la forme y (x) = Ce 2 x , C ∈ R.

Remarque. L’équation différentielle y ′ = ay possède une infinité de solutions car on a une infinité de
choix pour la constante C ∈ R. Si on ajoute une condition initiale du type y (x0 ) = y0 où x0 ∈ R et y0 ∈ R
sont des constantes fixées, alors nous verrons plus loin à l’occasion du théorème 10.30 que la solution est
unique.

Théorème 10.23 – Cas général. Soient a ̸= 0 et b deux réels. Les solutions de l’équation différentielle

y ′ = ay + b

sont les fonctions de la forme y : x 7→ Ceax − ba , C ∈ R.

Démonstration. On note que yp : x 7→ − ba est une solution de l’équation y ′ = ay + b et on en déduit que


y est une solution de y ′ = ay + b si et seulement si y − yp est solution de l’équation homogène y ′ = ay
dont nous avons donné les solutions dans le théorème 10.22.

Exercice 10.24. Résoudre sur R l’équation différentielle y ′ = y + 1.

Remarque. On note que l’on a ici ajouté la solution générale de l’équation homogène et une solution
particulière de l’équation complète afin d’obtenir l’intégralité des solutions. Nous allons continuer à utiliser
ce principe pour résoudre l’équation complète dans le cas où a et b sont des fonctions.

10.5.3 Équations homogènes y ′ = a(x)y


Théorème 10.25. Soient I un intervalle, a : I → R une fonction continue et A : I → R une primitive de
a sur I. Les solutions de l’équation différentielle homogène

y ′ = a(x)y (Eh )

sont les fonctions de la forme yh : x 7→ CeA(x) , C ∈ R.

Démonstration. Cette preuve est identique à celle du théorème 10.22 en remplaçant ax par A(x).

Remarque. Si a est une constante, alors une primitive de a est donnée par A : x 7→ ax et on retrouve le
résultat du théorème 10.22.

Exemple. Les solutions de l’équation différentielle y ′ = x 2 y définie sur R sont les fonctions de la forme
x3
yh : x 7→ Ce 3 , C ∈ R.
10.5 Application à la résolution d’équations différentielles 259

10.5.4 Équations linéaires du premier ordre y ′ = a(x)y + b(x)


Nous avons étudié les équations différentielles linéaires du premier ordre homogènes dans la section
précédente. On s’intéresse à présent au cas général d’équations différentielles linéaires du premier ordre
avec second membre y ′ = a(x)y + b(x) où a : I → R et b : I → R sont des fonctions continues sur un
intervalle I. Nous allons, pour ce faire, utiliser la même méthode que celle que nous avons mise en place
dans le théorème 10.23 : les solutions de l’équation générale s’obtiennent en additionnant les solutions
de l’équation homogène correspondante et une solution particulière de cette équation.

Théorème 10.26. Soient I un intervalle de R, a : I → R et b : I → R deux fonctions continues et


A : I → R une primitive de a. Les solutions de l’équation différentielle

y ′ = a(x)y + b(x) (E)

sont les fonctions de la forme


y : x 7→ yp (x) + CeA(x) , C∈R
où yp est une solution particulière de (E) et yh : x 7→ CeA(x) , C ∈ R, est la forme générale des solutions
de l’équation homogène associée à (E).

Démonstration. La preuve est identique à celle faite du théorème 10.23 en utilisant les solutions de
l’équation homogène qui ont été obtenues lors du théorème 10.25.

Méthode. Pour résoudre une équation différentielle linéaire du premier ordre

y ′ = a(x)y + b(x) (E)

on suit les étapes suivantes :


1. Équation homogène. On détermine l’ensemble Sh des solutions yh de l’équation différentielle homo-
gène associée y ′ = a(x)y .
2. Solution particulière. On trouve une solution particulière yp de l’équation (E).
3. Conclusion. L’ensemble S des solutions de (E) est constitué de l’ensemble des fonctions de la forme
y = yp + yh , yh ∈ Sh .

Remarque. Le procédé consistant à additionner une solution générale de l’équation homogène et une
solution particulière afin d’obtenir l’intégralité des solutions d’une équation différentielle linéaire est parfois
appelé principe de superposition.

Exemple. On considère l’équation différentielle y ′ = x 2 y − x 2 (E).


1. Équation homogène. L’équation différentielle homogène associée est y ′ = x 2 y (Eh ) et les solutions
x3
de (Eh ) sont les fonctions de la forme yh : x 7→ Ce 3 , C ∈ R.
2. Solution particulière. On remarque qu’une solution particulière de (E) est donnée par yp : x 7→ 1.
3. Conclusion. D’après le principe de superposition, l’ensemble S des solutions de (E) est constitué de
x3
l’ensemble des fonctions de la forme y = yp + yh : x 7→ 1 + Ce 3 , C ∈ R.

Remarque. La résolution des équations différentielles linéaires du premier ordre se résume donc en deux
étapes.
1. La résolution de l’équation homogène associée, ce qui revient à déterminer une primitive de a.
260 Chapitre 10 – Intégration

2. La recherche d’une solution particulière. Cette question peut être difficile à première vue mais il y a
deux choses à noter.
◦ Il y a des cas particuliers plus simples :
▷ si l’équation est à coefficients constants on cherche une solution particulière constante
comme l’illustre le théorème 10.23,
▷ si a et b sont des fonctions polynomiales, on peut chercher une solution particulière sous
forme d’une fonction polynomiale.
◦ Dans les cas où une solution particulière est plus difficile à « deviner » on a une méthode qui
va nous permettre de ramener cette recherche à la détermination d’une primitive. Il s’agit de la
méthode de variation de la constante que nous allons introduire à présent.

Exercice 10.27. Résoudre sur R l’équation différentielle y ′ = 2y + 2x 2 − 1. Indication : on cherchera une


solution particulière sous la forme yp : x 7→ ax 2 + bx + c où a, b et c sont des réels à déterminer.

10.5.5 Solution particulière : méthode de variation de la constante


Comme énoncé dans le théorème 10.25, les solutions de l’équation homogène y ′ = a(x)y sont les
fonctions de la forme yh : x 7→ CeA(x) , C ∈ R. La méthode de variation de la constante consiste alors à
chercher une solution particulière sous la forme

yp : x 7→ C(x)eA(x)

où C est à présent une fonction à déterminer de telle sorte que yp soit une solution de y ′ = a(x)y + b(x).
Illustrons ceci sur un exemple.

Exemple. On cherche à résoudre l’équation différentielle y ′ = 2y + (1 + x)e2x (E).


1. Équation homogène. L’équation différentielle homogène associée est y ′ = 2y et ses solutions sont
les fonctions de la forme yh : x 7→ Ce2x , C ∈ R.
2. Solution particulière. On cherche une solution particulière yp en utilisant la méthode de variation de
la constante. On considère donc yp (x) = C(x)e2x . Alors, yp′ = 2yp + (1 + x)e2x si et seulement
si C ′ (x)e2x + 2C(x)e2x = 2C(x)e2x + (1 + x)e2x , ce qui équivautà C ′ (x) = 1 + x. On pose alors
2 2
C(x) = x + x2 et on obtient ainsi la solution particulière yp : x 7→ x + x2 e2x .
3. Conclusion. D’après le principe de superposition, les solutions sont les fonctions de la forme

x2
 
y : x 7→ yp (x) + yh (x) = x + e2x + Ce2x , C ∈ R.
2

Remarque. Justifions brièvement pourquoi cette méthode va toujours nous permettre de trouver une
solution particulière en traitant le cas général. Comme indiqué, on cherche une solution particulière sous
la forme yp : x 7→ C(x)eA(x) où C est à présent une fonction à déterminer de telle sorte que yp soit une
solution de y ′ = a(x)y + b(x). Puisque A′ = a, on a

yp′ (x) = a(x)C(x)eA(x) + C ′ (x)eA(x) = a(x)yp (x) + C ′ (x)eA(x) .

Ainsi, yp′ (x) − a(x)yp (x) = C ′ (x)eA(x) = b(x) ce qui équivaut à C ′ (x) = b(x)e−A(x) et C est donc une
primitive de la fonction x 7→ b(x)e−A(x) . Notons
Z x
C(x) = b(t)e−A(t) dt.
10.5 Application à la résolution d’équations différentielles 261

La fonction yp définie par Z x 


−A(t)
yp : x 7→ b(t)e dt eA(x)

est alors une solution de l’équation différentielle y ′ = a(x)y + b(x).

Exercice 10.28. Résoudre sur R les équations différentielles suivantes :


1. y ′ = 3y + e3x , 2. (1 + x 2 )y ′ − 2xy = (x 2 + 1)2 cos(x).

Exercice 10.29. Résoudre, sur l’intervalle associé, les équations différentielles suivantes :
1. y ′ + tan(x)y = sin(2x) pour x ∈ − π2 , π2 ,
 

2. cos(x)y ′ + (sin(x) − cos(x))y = sin(x)ex pour x ∈ − π2 , π2 .


 

10.5.6 Condition initiale : théorème de Cauchy-Lipschitz


Théorème 10.30 – Théorème de Cauchy-Lipschitz ordre un. Soient I un intervalle de R et a : I → R,
b : I → R deux fonctions continues sur I. Alors, pour tout x0 ∈ I et pour tout y0 ∈ R, l’équation
différentielle linéaire du premier ordre y ′ = a(x)y + b(x) possède une unique solution y satisfaisant
y (x0 ) = y0 .

Démonstration. D’après l’étude faite dans la remarque de la section précédente, cette solution est
Z x 
−A(t)
y : x 7→ b(t)e dt eA(x) + y0 eA(x)
x0

où A est la primitive de a s’annulant en x0 .

Méthode. Pour déterminer la solution de l’équation différentielle linéaire du premier ordre y ′ = a(x)y +
b(x) (E) satisfaisant y (x0 ) = y0 , on suit les étapes suivantes :
◦ Étapes 1, 2 et 3. On détermine les solutions de l’équation (E) en suivant les étapes de l’étude
précédente et on en déduit que les solutions de (E) sont les fonctions de la forme y = yp + yh , où
yp est une solution particulière de (E) et yh : x 7→ CeA(x) est une solution générale de l’équation
homogène associée à (E).
◦ Étape 4 : condition initiale. On impose que y (x0 ) = yp (x0 ) + yh (x0 ) = yp (x0 ) + CeA(x0 ) = y0 et on
en déduit la valeur de C.

Exemple. On cherche la solution de y ′ = 2y + (1 + x)e2x (E) telle que y (0) = 2.


◦ Étapes 1, 2 et 3. On a déjà montré dans la section précédente que les solutions de (E) sont les
2
fonctions de la forme y (x) = x + x2 e2x + Ce2x , C ∈ R.
◦ Étape 4 : condition initiale. On cherche la solution telle que y (0) = 2. On a alorsy (0) =C = 2 si et
2
seulement si C = 2. Ainsi, l’unique solution de (E) telle que y (0) = 2 est y : x 7→ x + x2 e2x +2e2x .

Exercice 10.31. Déterminer dans chaque cas l’unique solution de l’équation différentielle vérifiant la
condition initiale associée :
1. y ′ = −y + cos(x) et y (0) = 1, 2. (1 + x 2 )y ′ + 2xy = 1 + 3x 2 et y (0) = 3.
262 Chapitre 10 – Intégration

Exercice 10.32. Résoudre l’équation différentielle 2y ′ + 5y = 0 et déterminer l’unique fonction solution


dont la courbe représentative possède une tangente au point d’abscisse 0 ayant pour coefficient directeur
− 21 .
10.5 Application à la résolution d’équations différentielles 263

Solutions des exercices


Exercice 10.7
1. Non car F ′ (x) = 2x. 4. Oui on a bien F ′ = f .
2. Non car F ′ (x) = −2 sin(2x). 5. Oui on a bien F ′ = f .
3. Non car F ′ (x) = 2e 2x . 6. Oui on a bien F ′ = f (on a F (x) = e x ln(2) ).

Exercice 10.8
1. Les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ 1 4
4
x − 12 x 2 + x + C, C ∈ R.
2. On a (x + 1)2 = x 2 + 2x + 1 et donc les primitives sont les fonctions de la forme x →
7 1 3
3
x + x 2 + x + C, C ∈ R.
√ 1 3 5
3. On a x x = x × x 2 = x 2 . Les primitives sont donc les fonctions de la forme x 7→ 5 x 2 + C, C ∈ R.
2

4. On a 1
x3
= x −3 et les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ −2x −2 + C = − x22 + C, C ∈ R.
3
5. Les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ 2
3
(x + 1) 2 + C, C ∈ R.
1 1
6. On a √1
x+1
= (x + 1)− 2 . Les primitives sont donc les fonctions de la forme x 7→ 2(x + 1) 2 + C, C ∈ R.
√ 1 3 2 3 5
7. On a (1 − x) x = x 2 − x 2 et les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ 3
x2 − 25 x 2 + C, C ∈ R.
x 3 +5x 2 −4
8. On a x2
=x +5− 4
x2
et les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ 1 2
2
x + 5x + 4
x
+ C, C ∈ R.
9. Les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ 1
2
ln(|2x − 3|) + C, C ∈ R.
10. On a x+2
x+1
=1+ 1
x+1
et les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ x + ln(|x + 1|) + C, C ∈ R.
x 2 +2x (x+1)2 −1
11. On a (x+1)2
= (x+1)2
=1− 1
(x+1)2
et les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ x + 1
x+1
+ C, C ∈ R.

12. Les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ 1 2x


2
e + C, C ∈ R.
13. Les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ − 12 cos (2x) + C, C ∈ R.
14. Sur ] − π π
, [
2 2
les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ tan(x) + C, C ∈ R.

Exercice 10.9
8 u′
1. On note que la fonction est de la forme 3 u3
. Une primitive est donc donnée par x 7→ − 34 1
(x 3 +2)2
.
u′
2. On note que 2x+1
x 2 (x+1)2
= 2x+1
(x 2 +x)2
est de la forme u2
. Une primitive est donc donnée par x 7→ − x 21+x .
√ 3
3. On note que la fonction est de la forme − 34 u ′ u. Une primitive est donc donnée par x 7→ − 12 (1 − 2x 2 ) 2 .
4. On note que la fonction est de la forme u ′ u 3 . Une primitive est donc donnée par x 7→ 1
4
(ex + 1)4 .
sin(x) ′
5. On note que tan(x) = cos(x)
est de la forme − uu . Une primitive est donc donnée par x 7→ − ln(| cos(x)|).
u′
6. On note que la fonction est de la forme u
. Une primitive est donc donnée par x 7→ ln(|ex + 1|) = ln(ex + 1).
7. On note que la fonction est de la forme u ′ u. Une primitive est donc donnée par x 7→ 1
2
ln(x)2 .
u′
8. On note que la fonction est de la forme u
. Une primitive est donc donnée par x 7→ ln(| ln(x)|).
2u ′ √ √
9. On note que la fonction est de la forme u
. Une primitive est donc donnée par x 7→ 2 ln(|x + x|) = 2 ln(1 + x).

Exercice 10.11
Z 2  3 2
t 23 03 8
1. t 2 dt = = − = ,
0 3 0 3 3 3
Z π
2   π2 π
2. cos(t) dt = sin(t) 0 = sin − sin(0) = 1,
0 2
Z 2
2  2
3. dt = 2 ln(|t|) 1 = 2 ln(2) − 2 ln(1) = 2 ln(2),
1 t
Z 2
 2
4. et dt = et 0 = e2 − e0 = e2 − 1,
0
Z 4  4
5. 3 dt = 3t 0 = 12,
0
Z 2π  2π
6. sin(t) dt = − cos(t) 0
= − cos(2π) − (− cos(0)) = −1 + 1 = 0.
0

Exercice 10.12
Z π  π  
2 1 2 1 3π 1 1
1. cos(3t) dt = sin(3t) = sin − sin(0) = − ,
0 3 0 3 2 3 3
Z 2  2
2 2 2 2 2
2. dt = ln(|t|) = ln(2) − ln(1) = ln(2),
1 3t 3 1 3 3 3
264 Chapitre 10 – Intégration
2 2
e10 e0 e10 − 1
Z 
1 5t
3. e5t dt = −
e == ,
0 0 55 5 5
Z 1
1
6t(1 + t 2 )2 dt = (1 + t 2 )3 0 = 23 − 13 = 8 − 1 = 7,
 
4.
0
Z 1 Z 1  1
6t 2 −3 3 2 −2 3 3 3 3 9
5. 2 3
dt = 6t(1 + t ) dt = − (1 + t ) = − 2−2 + 1−2 = − = ,
0 (1 + t ) 0 2 0 2 2 2 8 8
√ √
Z 2
3t 2  p
3
2 p
3
6. √ dt = 2 1 + t 0 = 2 1 + 2 − 2 1 = 2 9 − 2 = 4.
0 1 + t3
Exercice 10.14
a1 a2 a1 (t−2)+a2 (t−1) (a1 +a2 )t−2a1 −a2
1. On note que t−1 + t−2
= (t−1)(t−2)
= (t−1)(t−2)
et on en déduit que a1 + a2 = 3 et −2a1 − a2 = −4 et finalement que a1 = 1
et a2 = 2. Ainsi,
3t − 4 1 2
= + .
(t − 1)(t − 2) t −1 t −2

2. Les primitives de f sont les fonctions de la forme x 7→ ln(|x − 1|) + 2 ln(|x − 2|) + C, C ∈ R.

Exercice 10.16 ( (
u ′ (t) = et u(t) = et
1. On applique la formule d’intégration par parties en choisissant les fonctions . Ainsi, et d’après la formule
v (t) = t v ′ (t) = 1
d’intégration par parties : Z 1  1
Z 1  1
tet dt = tet 0 − 1et dt = 1e1 − 0 − et 0 = e − (e − 1) = 1.
0 0
( (
1 3
u ′ (t) = t 2 u(t) = t
2. On applique la formule d’intégration par parties en choisissant . Ainsi, 3
1
et d’après la formule d’intégration
v (t) = ln(t) v ′ (t) = t
par parties : e e
e e e
t3 t3 e3 e3 2e3
Z  Z Z 
1 1 2 1 3 1
t 2 ln(t) dt = ln(t) − × dt = − t dt = − t = + .
1 3 1 1 3 t 3 1 3 3 9 1 9 9
( √ ( 3
u ′ (t) = 1+t u(t) = 2
(1 + t) 2
3. On applique la formule d’intégration par parties en choisissant . Ainsi, 3 et d’après la formule
v (t) = t v ′ (t) = 1
d’intégration par parties :
1 1 1

Z  Z
2 3 2 3
t 1 + t dt = t(1 + t) 2 − (1 + t) 2 dt.
0 3 0 0 3

Or,
 1 5
2 3 2 3 22
t(1 + t) 2 = (1 + 1) 2 =
3 0 3 3
et 1
Z 1 
2 3 2 2 5 4 5
(1 + t) 2 dt = × (1 + t) 2 = × (2 2 − 1).
0 3 3 5 0 15

Ainsi, on a finalement,
5
Z 1 √ 22 4 5
t 1 + t dt = − × (2 2 − 1).
0 3 15
Exercice 10.17 ( (
u ′ (t) = cos(t) u(t) = sin(t)
1. On applique la formule d’intégration par parties avec . Ainsi, et d’après la formule d’intégration par
v (t) = t 2 v ′ (t) = 2t
parties : Z x Z x
t 2 cos(t) dt = x 2 sin(x) − 2t sin(t) dt.
( (
u ′ (t) = sin(t) u(t) = − cos(t)
Pour calculer cette dernière intégrale, on applique la formule d’intégration par parties avec . Ainsi,
v (t) = 2t v ′ (t) = 2
et d’après la formule d’intégration par parties :
Z x Z x
2t sin(t) dt = −2x cos(x) + 2 cos(t) dt = −2x cos(x) + 2 sin(x).

On obtient finalement,
Z x
t 2 cos(t) dt = x 2 sin(x) + 2x cos(x) − 2 sin(x) = (x 2 − 2) sin(x) + 2x cos(x).

( 1
(
u ′ (t) = cos(t)2
u(t) = tan(t)
2. On applique la formule d’intégration par parties en choisissant . Ainsi, et d’après la formule
v (t) = t v ′ (t) = 1
d’intégration par parties : Z x Z x
t
dt = x tan(x) − tan(t) dt = x tan(x) + ln(| cos(x)|).
cos(t)2
10.5 Application à la résolution d’équations différentielles 265
( (
u ′ (t) = 1 u(t) = t
3. On applique la formule d’intégration par parties en choisissant . Ainsi, 2t 2 et d’après la formule
v (t) = ln(t 2 ) v ′ (t) = t2
= t
d’intégration par parties : Z x Z x Z x
2t
ln(t 2 ) dt = x ln(x 2 ) −
dt = x ln(x 2 ) − 2 dt = x ln(x 2 ) − 2x.
t
( (
u ′ (t) = sin(t) u(t) = − cos(t)
4. On applique la formule d’intégration par parties en choisissant . Ainsi, et d’après la formule
v (t) = e2t v ′ (t) = 2e2t
d’intégration par parties : Z xZ x
e2t sin(t) dt = − cos(x)e2x + 2 cos(t)e2t dt.
( (
u ′ (t) = cos(t) u(t) = sin(t)
Pour calculer cette nouvelle intégrale, on applique la formule d’intégration par parties avec . Ainsi,
v (t) = e2t v ′ (t) = 2e2t
et d’après la formule d’intégration par parties :
Z x Z x
cos(t)e2t dt = sin(x)e2x − 2 sin(t)e2t dt.

On obtient finalement, Z x Z x
e2t sin(t) dt = − cos(x)e2x + 2 sin(x)e2x − 4 sin(t)e2t dt

d’où l’on déduit que Z x


5 e2t sin(t) dt = − cos(x)e2x + 2 sin(x)e2x

et donc
x
2 sin(x)e2x − cos(x)e2x
Z
e2t sin(t) dt = .
5
Exercice 10.19 Z x √
1
1. On cherche à déterminer √ dt. On considère le changement de variable s = u(t) = t. Alors ds
dt
= u ′ (t) = 1

2 t
et donc
1+ t
√ . D’après la formule de changement de variable
ds = 2dt t

Z x Z x
√ Z u(x)
1 2 t dt 2s
√ dt = √ √ = ds.
1+ t 1+ t 2 t 1+s

Or,
u(x) u(x) u(x)
s +1−1
Z Z Z
2s 1
ds = 2 ds = 2 1− ds = 2u(x) − 2 ln(|u(x) + 1|) + C,
1+s s +1 s +1
C ∈ R, et donc Z x √ √
1
√ dt = 2 x − 2 ln(| x + 1|) + C, C ∈ R.
1+ t
x
e2t
Z
2. On cherche à déterminer dt. On considère le changement de variable s = u(t) = et . Alors ds
dt
= u ′ (t) = et et donc ds = et dt.
+1 et
D’après la formule de changement de variable

x x u(x)
e2t et
Z Z Z
s
dt = et dt = ds.
et +1 et +1 s +1

Or,
u(x) u(x) u(x)
s +1−1
Z Z Z
s 1
ds = ds = 1− ds = u(x) − ln(|u(x) + 1|) + C,
s +1 s +1 s +1
C ∈ R, et donc
x
e2t
Z
dt = ex − ln(|ex + 1|) + C, C ∈ R.
et + 1

3. On considère le changement de variable s = u(t) = cos(t). Alors ds


dt
= u ′ (t) = − sin(t) et donc ds = − sin(t)dt. D’après la formule de
changement de variable

Z x Z x Z x Z u(x)
sin(t)5 dt = (sin(t)2 )2 sin(t) dt = (1 − cos(t)2 )2 sin(t)dt = − (1 − s 2 )2 ds.

Or,
Z u(x) Z u(x)
2 1
(1 − s 2 )2 ds = 1 − 2s 2 + s 4 ds = u(x) − u(x)3 + u(x)5 + C, C∈R
3 5
et donc Z x
2 1
sin(t)5 dt = − cos(x) + cos(x)3 − cos(x)5 + C, C ∈ R.
3 5
266 Chapitre 10 – Intégration
Z x
4. On cherche à déterminer e2t cos(et ) dt. On considère le changement de variable s = u(t) = et . Alors ds
dt
= u ′ (t) = et et donc
ds = et dt. D’après la formule de changement de variable

Z x Z x Z u(x)
e2t cos(et ) dt = et cos(et ) et dt = s cos(s) ds.

( (
f ′ (s) = cos(s) f (s) = sin(s)
Pour calculer cette nouvelle intégrale on applique la formule d’intégration par parties avec . Ainsi,
g(s) = s g ′ (s) = 1
et d’après la formule d’intégration par parties :

Z u(x) Z u(x)
s cos(s) ds = s sin(s) − sin(s) ds = s sin(s) + cos(s)

et donc Z x
e2t cos(et ) dt = u(x) sin(u(x)) + cos(u(x)) + C = ex sin(ex ) + cos(ex ) + C, C ∈ R.

Exercice 10.20
a(t+1)+bt (a+b)t+a
1. On note que at + t+1
b
= t(t+1)
= t(t+1)
= 1
t(t+1)
. Par identification, on en déduit que a + b = 0 et b = 1. Donc a = 1 et
b = −a = −1. Ainsi,
1 1 1
= − .
t(t + 1) t t +1
Z e Z e
1 1 1 e
Finalement,

dt = − dt = ln(|t|) − ln(|t + 1|) 1 = 1 − ln(e + 1) + ln(2).
1 t(t + 1) 1 t t +1
2. On considère le changement de variable t = u(x) = ex . Alors dx
dt
= u ′ (x) = ex et donc dx = dt
t
. D’après la formule de changement de
variable Z 1 Z e
ln(1 + t)
e−x ln(1 + ex ) dx = dt.
0 1 t2
( (
1
u ′ (t) = u(t) = − 1t
Pour calculer cette nouvelle intégrale, on applique la formule d’intégration par parties avec t2 . Ainsi, 1
v (t) = ln(1 + t) v ′ (x) = 1+t
et d’après la formule d’intégration par parties :

e
ln(1 + t) e
Z   Z e Z e
1 ln(1 + e) 1
ln(1 + t) dt = − + dt = − + ln(2) + dt.
1 t 1 1 t(1 + t) e 1 t(1 + t)

Ainsi, d’après la question précédente,

Z 1
ln(1 + e) (1 + e) ln(1 + e)
e−x ln(1 + ex ) dx = − + ln(2) + 1 − ln(e + 1) + ln(2) = 1 + 2 ln(2) − .
0 e e

Exercice 10.24 On a ici a = 1 et b = 1 donc d’après le théorème 10.23, les solutions de cette équation sont les fonctions de la forme
y : x 7→ Cex − 1, C ∈ R.

Exercice 10.27
◦ Équation homogène. L’équation différentielle homogène associée est y ′ = 2y et ses solutions sont les fonctions de la forme yh : x 7→ Ce2x ,
C ∈ R.
◦ Solution particulière. Le second membre étant un polynôme de degré 2, on cherche une solution particulière yp sous la forme yp (x) =
ax 2 + bx + c avec a, b, c ∈ R. Alors, yp′ (x) = 2ax + b et donc

yp′ (x) = 2yp (x) + 2x 2 − 1 si et seulement si 2ax + b = 2(ax 2 + bx + c) + 2x 2 − 1

et finalement, −2ax 2 + 2(a − b)x + b − 2c = 2x 2 − 1, ce qui donne par identification a = −1, b = −1 et c = 0. Ainsi, yp : x 7→ −x 2 − x
est une solution particulière.
◦ Conclusion. Les solutions sont donc les fonctions de la forme

y : x 7→ yp (x) + yh (x) = −x 2 − x + Ce2x , C ∈ R.

Exercice 10.28
1. ◦ Équation homogène. L’équation différentielle homogène associée est y ′ = 3y et ses solutions sont les fonctions de la forme
yh : x 7→ Ce3x , C ∈ R.
◦ Solution particulière. On cherche une solution particulière yp en utilisant la méthode de variation de la constante. On considère donc
yp (x) = C(x)e3x . Alors,

yp′ (x) = 3yp (x) + e3x si et seulement si C ′ (x)e3x + 3C(x)e3x = 3C(x)e3x + e3x
10.5 Application à la résolution d’équations différentielles 267

ce qui équivaut à C ′ (x) = 1. On pose donc

C(x) = x et donc yp (x) = xe3x .

◦ Conclusion. Les solutions sont les fonctions de la forme y : x 7→ yp (x) + yh (x) = xe3x + Ce3x , C ∈ R.
2. Puisque 1 + x 2 ̸= 0 pour tout x ∈ R, on commence par noter que

2x
(1 + x 2 )y ′ − 2xy = (x 2 + 1)2 cos(x) si et seulement si y ′ = y + (x 2 + 1) cos(x).
1 + x2

◦ Équation homogène. L’équation différentielle homogène associée est y ′ = 2x


1+x 2
y et ses solutions sont les fonctions de la forme
2
yh : x 7→ Celn(1+x ) = C(1 + x 2 ), C ∈ R.
◦ Solution particulière. On cherche une solution particulière yp en utilisant la méthode de variation de la constante. On considère donc
yp (x) = C(x)(1 + x 2 ). Alors, yp′ (x) = 1+x
2x
2 yp (x) + (x + 1) cos(x) si et seulement si C (x)(1 + x ) + 2xC(x) = 2xC(x)(1 + x ) +
2 ′ 2 2

(x 2 + 1) cos(x) et donc C ′ (x) = cos(x). On pose finalement C(x) = sin(x) et donc yp (x) = (1 + x 2 ) sin(x).
◦ Conclusion. D’après le principe de superposition, les solutions sont les fonctions de la forme

y : x 7→ yp (x) + yh (x) = (1 + x 2 ) sin(x) + C(1 + x 2 ), C ∈ R.

Exercice 10.29
1. ◦ Équation homogène. L’équation différentielle homogène associée est y ′ = − tan(x)y et ses solutions sont les fonctions de la forme
yh : x 7→ Celn(| cos(x)|) = C| cos(x)| = C cos(x), C ∈ R.
◦ Solution particulière. On cherche une solution particulière yp en utilisant la méthode de variation de la constante. On considère donc
yp (x) = C(x) cos(x). Alors,

yp′ (x) + tan(x)yp (x) = sin(2x) si et seulement si C ′ (x) cos(x) − C(x) sin(x) + C(x) tan(x) cos(x) = sin(2x)

et donc
sin(2x) 2 cos(x) sin(x)
C ′ (x) = = = 2 sin(x).
cos(x) cos(x)

On pose finalement C(x) = −2 cos(x) et donc yp (x) = C(x) cos(x) = −2 cos(x)2 .


◦ Conclusion. D’après le principe de superposition, les solutions sont les fonctions de la forme

y : x 7→ yp (x) + yh (x) = −2 cos(x)2 + C cos(x), C ∈ R.

2. Puisque cos(x) ̸= 0 pour tout x ∈ − π2 , π


, on commence par noter que
 
2

cos(x)y ′ + (sin(x) − cos(x))y = sin(x)ex si et seulement si y ′ + (tan(x) − 1)y = tan(x)ex .

◦ Équation homogène. L’équation différentielle homogène associée est y ′ = (1 − tan(x))y et ses solutions sont les fonctions de la
forme
yh : x 7→ Cex+ln(| cos(x)|) = C| cos(x)|ex = C cos(x)ex , C ∈ R.

◦ Solution particulière. On cherche une solution particulière yp en utilisant la méthode de variation de la constante. On considère donc
yp (x) = C(x) cos(x)ex . Alors,
yp′ (x) + (tan(x) − 1)yp (x) = tan(x)ex

équivaut à
C ′ (x) cos(x)ex + C(x)(− sin(x) + cos(x))ex + (tan(x) − 1)C(x) cos(x)ex = tan(x)ex
tan(x)ex sin(x)
et donc C ′ (x) = cos(x)ex
= cos(x)2
. On pose finalement C(x) = 1
cos(x)
et donc yp (x) = C(x) cos(x)ex = ex .
◦ Conclusion. D’après le principe de superposition, les solutions sont les fonctions de la forme

y : x 7→ yp (x) + yh (x) = ex + C cos(x)ex , C ∈ R.

Exercice 10.31
1. ◦ Équation homogène. L’équation différentielle homogène associée est y ′ = −y et ses solutions sont les fonctions de la forme
yh : x 7→ Ce−x , C ∈ R.
◦ Solution particulière. On cherche une solution particulière yp en utilisant la méthode de variation de la constante. On considère donc
yp (x) = C(x)e−x . Alors,

yp′ (x) = −yp (x) + cos(x) si et seulement si C ′ (x)e−x − C(x)e−x = −C(x)e−x + cos(x).

et donc
C ′ (x) = cos(x)ex .
268 Chapitre 10 – Intégration

On doit donc trouver une primitive de l’application x 7→ cos(x)ex et on utilise pour cela deux intégrations par parties successives.
Ainsi, en intégrant t 7→ et et en dérivant t 7→ cos(t), on a
Z x Z x
cos(t)et dt = cos(x)ex + sin(t)et dt

et en intégrant t 7→ et et en intégrant t 7→ sin(t), on obtient


Z x Z x
sin(t)et dt = sin(x)ex − cos(t)et dt.

Finalement, on a donc
Z x Z
1
2 cos(t)et dt = (sin(x) + cos(x))ex et cos(x)ex dx = (sin(x) + cos(x))ex .
2

On pose donc
1 1
C(x) = (sin(x) + cos(x))ex et yp (x) = C(x)e−x = (sin(x) + cos(x)).
2 2
◦ Conclusion. D’après le principe de superposition, les solutions sont les fonctions de la forme

1
y : x 7→ yp (x) + yh (x) = (sin(x) + cos(x)) + Ce−x , C ∈ R.
2

◦ Condition initiale. On a
1
y (0) = 1 si et seulement si +C =1
2
ce qui équivaut à C = 21 . Ainsi, l’unique solution de l’équation différentielle y ′ = −y + cos(x) telle que y (0) = 1 est la fonction
y : x 7→ 12 (sin(x) + cos(x) + e−x ).
2. Puisque 1 + x 2 ̸= 0 pour tout x ∈ R, on commence par noter que

2x 1 + 3x 2
(1 + x 2 )y ′ + 2xy = 3x 2 + 1 si et seulement si y ′ + y = .
1 + x2 1 + x2

◦ Équation homogène. L’équation différentielle homogène associée est y ′ = − 1+x


2x
2 y et ses solutions sont les fonctions de la forme
2)
yh : x 7→ Ce− ln(1+x = C
1+x 2
, C ∈ R.
◦ Solution particulière. On cherche une solution particulière yp en utilisant la méthode de variation de la constante. On considère donc
C(x)
yp (x) = 1+x 2 . Alors,
2x 1 + 3x 2
yp′ (x) + 2
yp (x) =
1+x 1 + x2
C ′ (x) 2xC(x) C(x) 1+3x 2 C(x) x+x 3
équivaut à 1+x 2
− (1+x 2x
2 )2 + 1+x 2 × 1+x 2 = 1+x 2
et donc C ′ (x) = 1+3x 2 . On pose donc C(x) = x +x 3 et yp (x) = 1+x 2
= 1+x 2
= x.
◦ Conclusion. D’après le principe de superposition, les solutions sont les fonctions de la forme

C
y : x 7→ yp (x) + yh (x) = x + , C ∈ R.
1 + x2

◦ Condition initiale. On a y (0) = 3 si seulement si C = 3. Ainsi, l’unique solution de l’équation différentielle y ′ = −y + xex telle que
y (0) = 1 est la fonction y : x 7→ x + 1+x
3
2.

Exercice 10.32
◦ Étapes 1, 2 et 3. Cette équation différentielle est homogène et ses solutions sont les fonctions de la forme

5x
y : x 7→ Ce− 2 , C ∈ R.

◦ Étape 4 : condition initiale. Le fait que la courbe représentative possède une tangente en 0 ayant pour coefficient directeur − 12 revient
5x
à demander à ce que y ′ (0) = − 21 . Or, y ′ (x) = − 5C
2
e− 2 et donc

1 1
y ′ (0) = − si et seulement si C = .
2 5

Ainsi, l’unique solution de l’équation différentielle 2y ′ + 5y = 0 dont la courbe représentative est telle que sa tangente au point d’abscisse
1 − 5x
0 a pour coefficient directeur − 21 est la fonction y : x 7→ 5
e 2 .
CHAPITRE 11

Nombres complexes

L’étude des nombres complexes est l’occasion d’entremêler la géométrie et le calcul littéral. En effet,
l’ensemble des nombres complexes pourra être identifié, d’une façon qu’il conviendra par la suite d’ex-
pliciter, au plan euclidien. Ainsi, un nombre complexe pourra être vu comme un point du plan euclidien
et les opérations algébriques sur les nombres complexes (addition, multiplication par un nombre réel ou
multiplication de deux nombres complexes) pourront, en ce sens, être interprétées comme des transfor-
mations géométriques du plan euclidien (translation, homothétie, rotation ou composée de ces différentes
opérations). D’un autre côté, en plus de l’aspect géométrique, les nombres complexes offrent un cadre
plus large que celui des nombres réels pour la résolution d’équations. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle
ils ont été introduits au XVIe siècle tout comme la plupart des ensembles de nombres auparavant. En effet,
il n’existe pas de nombre réel x tel que
x 2 = −1.
Les nombres complexes servent ainsi à donner des solutions (i et −i) à cette équation et plus généralement
aux équations du second degré dont le discriminant s’avère être négatif.

11.1. Forme algébrique


11.1.1 Description de la forme algébrique
Comme nous avons déjà pu l’évoquer, l’ensemble des complexes peut être identifié au plan euclidien,
précisons à présent en quel sens. On introduit un « nouveau nombre » noté i et on identifie alors un point
(x, y ) du plan euclidien à la quantité x + iy . Ainsi, comme l’énonce la définition suivante, l’ensemble des
nombres complexes est alors l’ensemble des nombres qui s’écrivent sous la forme x + iy avec x et y des
nombres réels.

Définition 11.1 – Nombre complexe. On note C et on appelle ensemble des nombres complexes
l’ensemble défini par
C = {x + iy | (x, y ) ∈ R2 }.
Si z = x + iy est un élément de C alors,
◦ x + iy est appelée sa forme cartésienne ou algébrique,
◦ x est appelée sa partie réelle et on note x = Re(z),
◦ y est appelée sa partie imaginaire et on note y = Im(z).
Enfin, deux nombres complexes sont égaux s’ils ont mêmes parties réelle et imaginaire.
270 Chapitre 11 – Nombres complexes

Remarques.
◦ Si Im(z) = 0 alors z = x avec x ∈ R donc z est un nombre réel.
◦ Si Re(z) = 0 alors z = iy avec y ∈ R. On dit alors que z est imaginaire pur et on notera iR
l’ensemble des nombres complexes imaginaires purs.

Précisons davantage la vision géométrique qu’il convient de garder en tête lorsque l’on manipule les
nombres complexes à l’aide de la définition suivante.

Définition 11.2 – Affixe d’un point ou d’un vecteur.


◦ On appelle affixe d’un point A = (xA , yA ) du plan euclidien le nombre complexe zA = xA + iyA .
◦ On appelle affixe d’un vecteur →

u = (u1 , u2 ) de R2 le nombre complexe z− →u = u1 + iu2 .

Comme nous avons pu l’illustrer dans la section 2.5.1, il est d’usage de représenter les nombres réels
sur une droite. Ainsi, nous représentons un nombre complexe zA = xA + iyA dans le plan par le point
A = (xA , yA ) ayant pour abscisse la partie réelle xA de zA et pour ordonnée la partie imaginaire yA de zA .
On illustre cela à la figure 11.1.

iR
A(x, y ) : xA + iyA
y

0 1 x R

Figure 11.1 – Représentation graphique d’un nombre complexe

On pourrait alors se demander à quoi cela nous sert d’introduire un nouvel ensemble s’il s’identifie par-
faitement au plan euclidien ou à l’ensemble des vecteurs du plan. La réponse va, en partie, être fournie
par la définition suivante : comme nous l’avons vu au chapitre 4, on peut additionner deux vecteurs de
R2 mais on ne peut pas les multiplier. C’est en cela que l’ensemble des nombres complexes C va différer
de ce que nous avons déjà vu car nous allons le munir de deux opérations : l’addition et le produit.

Définition 11.3 – Opérations sur les complexes. On définit deux opérations sur l’ensemble des nombres
complexes C.
◦ L’addition est définie, pour tout z = x + iy ∈ C et z ′ = x ′ + iy ′ ∈ C, par

(x + iy ) + (x ′ + iy ′ ) = (x + x ′ ) + i(y + y ′ ).

◦ Le produit est défini, pour tout z = x + iy ∈ C et z ′ = x ′ + iy ′ ∈ C, par

(x + iy ) × (x ′ + iy ′ ) = (xx ′ − y y ′ ) + i(xy ′ + x ′ y ).

Propriété 11.4. Le nombre i satisfait l’identité i2 = −1.

Démonstration. On utilise la définition du produit avec x = x ′ = 0 et y = y ′ = 1.

Remarque. Pour effectuer le produit de deux nombres complexes, on utilise la double distributivité. Par
exemple, (1 + i)(2 + 2i) = 2 + 2i + 2i + 2i2 = 2 + 4i − 2 = 4i.
11.1 Forme algébrique 271

Exercice 11.5. Pour chacun des nombres complexes suivants, déterminer sa partie réelle et sa partie
imaginaire :

1. 3 + 5i, 5. −4i, 9. (2 − 2i)(4 + i 2),
2. 2 − 3i, 6. 2i2 + 3, 10. (1 + i)3 ,
√ √ √
3. 2, 7. (1 − 6i)2 , 11. ( 2 + i 2)(1 − 7i),
√ √
4. (1 + i)(2i), 8. 3 + i − (1 − 2i), 12. (1 + i 3)(1 − i 3).

Exercice 11.6. Écrire le plus simplement possible les nombres complexes suivants :
1
1. i, 2. i3 , 3. i4 , 4. i5 , 5. i2024 .

Exercice 11.7. En utilisant la forme algébrique de z, résoudre les équations suivantes :


1. z 4 + 4 = 0, 2. z 3 − 1 = 0, 3. z 3 + 2i = 0.

Étant donné que nous venons de définir deux opérations sur l’ensemble des nombres complexes, il est
important de vérifier la compatibilité de ces opérations avec les opérations usuelles que nous avions définies
auparavant. Il est par exemple aisé de remarquer que si y = y ′ = 0 alors la somme et le produit définis sur
C sont bien la somme et le produit définis sur l’ensemble des nombres réels. Montrons à présent que la
somme de nombres complexes est compatible avec la somme de vecteurs du plan définie dans le chapitre
4.

Proposition 11.8 – Nombres complexes et vecteurs.


−→
◦ Soient A, B deux points du plan euclidien d’affixes respectives zA et zB . L’affixe du vecteur AB est
donnée par z−→ = zB − zA .
AB

− →

◦ Soient u et v deux vecteurs de R2 et λ ∈ R. Alors, z− → −→ = z−→ + z−→ et z − → = λz− →.
u+v u v λu u

Démonstration.
−→
◦ Soient A = (xA , yA ) et B = (xB , yB ) deux points du plan euclidien. Le vecteur AB admet alors pour
coordonnées (xB − xA , yB − yA ). Au point A, on associe l’affixe zA = xA + iyA et et au point B, on
associe l’affixe zB = xB + iyB . Ainsi, on constate que le nombre complexe zB − zA coïncide avec
−→
l’affixe z−→ associée au vecteur AB.
AB

◦ Soient → −
u = (u1 , u2 ) et →

v = (v1 , v2 ) deux vecteurs du plan R2 et λ ∈ R. Les affixes respectivement
associées aux vecteurs u et →

− −v sont z− u = u1 + iu2 et z−
→ v = v1 + iv2 et on a alors z−
→ u + z−
→ v =

u1 + iu2 + v1 + iv2 = (u1 + v1 ) + i(u2 + v2 ) = z−
→ v . De même, on constate que λz−
u +−
→ u = λ(u1 + iu2 ) =

(λu1 ) + i(λu2 ) = zλ− →
u .

Remarque – Interprétation géométrique. Comme l’illustre la figure suivante, la somme de nombres


complexes peut être interprétée comme une translation alors que la multiplication d’un nombre complexe
par un nombre réel relève de l’homothétie, comme illustré en figure 11.2.
La multiplication entre deux nombres complexes est en revanche difficile à interpréter en coordonnées
cartésiennes mais ce n’est que partie remise : nous y verrons plus clair une fois introduite la forme
exponentielle (voir proposition 11.44).
272 Chapitre 11 – Nombres complexes

iR z + z′ iR
λz = (λx) + i(λy )
z′
z = x + iy
z

R R

(a) Somme (b) Multiplication par un scalaire

Figure 11.2 – Interprétation géométrique des opérations algébriques

Exercice 11.9. On considère les nombres complexes zA = 2+3i, zB = −4+i, zC = −1−3i et zD = 3−2i.
1. Déterminer la partie réelle et la partie imaginaire de ces quatre nombres.
2. Dans le plan muni d’un repère orthonormé direct (O, ⃗i,⃗j), placer les points A, B, C, D d’affixe zA ,
zB , zC et zD .
zA +zB
3. Placer les points d’affixe zA + zB , zB − zA et 2 .

11.1.2 Conjugué et inverse d’un nombre complexe


On peut définir sur l’ensemble des nombres complexes une nouvelle opération particulièrement utile :
la conjugaison.

Définition 11.10 – Conjugué. Pour un nombre complexe z = x + iy avec (x, y ) ∈ R2 , on définit le


conjugué de z par
z = x − iy .

Remarque. La conjugaison correspond géométriquement à une symétrie axiale ayant pour axe l’axe des
abscisses, comme on le constate sur la figure 11.3.

iR z = x + iy

z = x − iy

Figure 11.3 – Conjugué d’un nombre complexe

Exemples.
◦ Si z = 4 + 3i alors z = 4 − 3i .
◦ Déterminons le ou les nombres complexes z vérifiant z + 2z = 3 + 6i. On commence par écrire
z = x + iy avec (x, y ) ∈ R2 . On a alors

z + 2z = (x + iy ) + 2(x − iy ) = 3x − iy
11.1 Forme algébrique 273

et donc, en identifiant les parties réelles et imaginaires, on obtient 3x − iy = 3 + 6i si et seulement


si 3x = 3 et −y = 6. Ainsi, la seule solution de l’équation z + 2z = 3 + 6i est donnée par z = 1 − 6i.

Exercice 11.11. Résoudre dans C les équations suivantes (on donnera les solutions sous forme algé-
brique) :
1. z = 3 + 2i, 2. z = 2z, 3. 2z − 4 = 5i + 4z.

Remarques.
◦ On note que si z ∈ C alors Re(z) = 21 (z + z) et Im(z) = 1
2i (z − z) ce que l’on peut représenter
graphiquement comme en figure 11.4.

iR z iR 2i Im(z)

2Re(z) z

R R
z

Figure 11.4 – Interprétation géométrique

◦ On note qu’un nombre complexe est réel si, et seulement si, il est égal à son conjugué. De même,
un nombre complexe est imaginaire pur si, et seulement si, il est égal à l’opposé de son conjugué,
i.e. z = −z.

Proposition 11.12. Soient z et z ′ deux nombres complexes et λ ∈ R.


◦ z = z. ◦ λz = λz.
◦ z + z ′ = z + z ′. ◦ z × z ′ = z × z ′.

Exercice 11.13. Démontrer la proposition précédente.

Proposition 11.14. Pour tout complexe z = x +iy , on a zz = x 2 +y 2 . En particulier, pour tout complexe
zz est réel.

Démonstration. Pour z = x + iy , on a zz = (x + iy )(x − iy ) = x 2 + y 2 d’où le résultat.

Cette dernière propriété nous permet de montrer que tout nombre complexe z non nul admet un inverse
pour la multiplication définie sur C. En effet, soit z = x + iy un nombre complexe non nul, on constate
que  
1 1
(x − iy ) (x + iy ) = 2 (x 2 + y 2 ) = 1
x2 + y2 x + y2
1 x y
L’inverse de x + iy est donc x 2 +y 2 (x − iy ) = x 2 +y 2 − i x 2 +y 2.

Définition 11.15 – Inverse d’un nombre complexe. Pour tout z ∈ C, z ̸= 0, on définit l’inverse de z,
que l’on note z1 , par
1 1
= z.
z zz
Proposition 11.16 – Opérations avec les inverses. Soient z et z ′ deux nombres complexes non nuls.
On a
274 Chapitre 11 – Nombres complexes

1 1 1 1 1 z + z′
 
◦ × ′ = ′, 1 1 ◦ + ′ = .
z z zz ◦ = , z z zz′
z z

Exercice 11.17. Démontrer la proposition précédente.

Remarque. Le quotient zz′ de deux nombres complexes (avec z ′ ̸= 0) est défini comme étant le produit
de z par l’inverse z1′ de z ′ .

Méthode – Mettre un quotient sous forme algébrique. Étant donnés deux nombres complexes z ∈ C
et z ′ ∈ C, z ′ ̸= 0, on peut utiliser la quantité conjuguée pour mettre zz′ sous forme algébrique. Plus
précisément, on écrit
z zz ′

= ′ ′
z zz
zz ′
et z ′ z ′ = Re(z ′ )2 + Im(z ′ )2 ∈ R donc z ′z ′
est sous forme algébrique.

Exemple. On a

1+i (1 + i)(2 + 3i) 2 + 3i + 2i − 6 −4 + 5i 4 5


= = = =− + i.
2 − 3i (2 − 3i)(2 + 3i) 22 + 33 13 13 13

Exercice 11.18. Calculer les inverses (sous forme algébrique) des nombres complexes suivants :
√ √
1. 3 + 2i, 3. 4, 5. 2 − i 2,

2. 2 + 3i, 4. −3i, 6. 3 + i.

Exercice 11.19. Soient z = 1 + 2i et w = 2 − 3i. Mettre sous forme algébrique les nombres complexes
suivants :
4. wz .

1. z + w , 2. z − w , 3. zw ,

Exercice 11.20. Résoudre dans C les équations suivantes (on donnera les solutions sous forme algé-
brique) :
z+1
1. 2z = 1 + i + 3z, 2. 2iz = 1 − z, 3. z−1 = 2i.

Exercice 11.21.
1. Déterminer et représenter l’ensemble des nombres complexes z = x + iy tels que z 2 + z + 1 soit un
réel.
z+2i
2. Déterminer et représenter l’ensemble des nombres complexes z = x + iy ̸= 1 tels que z−1 soit un
imaginaire pur.
11.2 Module, argument et forme trigonométrique 275

11.2. Module, argument et forme trigonométrique


11.2.1 Module d’un nombre complexe
Définition 11.22 – Module. Soit z = x + iy ∈ C. On définit le module de z par
p
|z| = x 2 + y 2 .

Remarques.
◦ On note que, par définition, pour tout z = x + iy ∈ C, |z|2 = x 2 + y 2 = zz.
◦ Par définition, pour tout z ∈ C, |z| = |z|,
√ p
|Re(z)| = |x| = x2 ⩽ x 2 + y 2 = |z|

et de même |Im(z)| ⩽ |z|.


◦ Les définitions du module et de la valeur absolue coïncident sur R ce qui explique que l’on utilise la
même notation.
◦ Si M est un point du plan euclidien d’affixe zM alors, d’après la définition de la distance, le module
|zM | de zM correspond à la distance euclidienne entre le point M et le point O d’affixe 0 = 0 + 0i.
Plus généralement, |z − z ′ | désigne la distance entre les points d’affixes z et z ′ .

iR
p
x2 + y2

y = Im(z)

x = Re(z) R

Figure 11.5 – Module d’un nombre complexe

Exercice 11.23. Calculer les modules des nombres complexes suivants :


√ √
1. −3, 3. 3 + 2i, 5. 4, 7. 2 − i 2,

2. 2i, 4. 2 + 3i, 6. −3i, 8. 3 + i.

Exercice 11.24. Pour quels nombres complexes z ∈ C a-t-on |1 + iz| = |1 − iz| ?

À retenir. On peut comparer les modules de deux nombres complexes car le module est un nombre réel
mais il est important de bien noter qu’il n’y a pas d’inégalités sur C.

Attachons-nous à présent à donner quelques propriétés du module.

Proposition 11.25 – Propriétés du module. Soient z et z ′ deux nombres complexes. Le module est
276 Chapitre 11 – Nombres complexes

◦ défini positif : |z| ∈ R+ et |z| = 0 si et seulement si z = 0,


◦ séparant : |z − z ′ | = 0 si seulement si z = z ′ ,
◦ multiplicatif : |z z ′ | = |z||z ′ |.

Démonstration. Soient z = x + iy et z ′ = x ′ + iy ′ . On pose M et M ′ les points du plan euclidien


respectivement de coordonnées (x, y ) et (x ′ , y ′ ). On rappelle que O = (0, 0). On a |z| = d(O, M) et
|z ′ − z| = d(M, M ′ ) où d est la distance euclidienne qui satisfait les deux premiers points comme énoncé
à la proposition 7.5. De plus, on a

|z z ′ |2 = z z ′ z z ′ = zzz ′ z ′ = |z|2 |z ′ |2 .

Théorème 11.26 – Inégalité triangulaire. Soient z et z ′ deux nombres complexes, alors

|z + z ′ | ⩽ |z| + |z ′ |.

De plus, il y a égalité si et seulement si il existe λ ∈ R+ tel que z = λz ′ ou z ′ = λz.

Démonstration. On a déjà démontré le même type d’inégalité à l’occasion de la propriété 7.5. Nous
nous contentons donc de vous conseiller la lecture de [Exo, Algèbre, chapitre 3] pour obtenir une preuve
détaillée dans le cadre des nombres complexes.

Corollaire 11.27 – Seconde inégalité triangulaire. Pour tout (z , z ′ ) ∈ C,

|z| − |z ′ | ⩽ |z − z ′ |.

Démonstration. On note que z = (z −z ′ )+z ′ . Ainsi, d’après la première inégalité triangulaire du théorème
11.26 on a :
|z| ⩽ |z − z ′ | + |z ′ |,
d’où |z| − |z ′ | ⩽ |z − z ′ |. De même, |z ′ | ⩽ |z ′ − z| + |z| et donc |z ′ | − |z| ⩽ |z ′ − z| = |z − z ′ |. Autrement
dit, on a
−(|z| − |z ′ |) ⩽ |z − z ′ | et |z| − |z ′ | ⩽ |z − z ′ |.
On a donc bien |z| − |z ′ | ⩽ |z − z ′ |.

Remarque – Lieux géométriques. De par son interprétation comme distance, le module est un outil très
pratique pour décrire certains lieux de points. Plus précisément, il y a deux situations qu’il faut savoir
identifier.
◦ Le cercle. Si Ω est un point du plan d’affixe zΩ alors pour tout réel r > 0 l’ensemble des points M
d’affixes z tels que |z − zΩ | = r est le cercle de centre Ω et de rayon r car ce sont les points à
distance r du point Ω.
◦ La médiatrice. Si A et B sont deux points distincts du plan d’affixes respectives zA et zB , alors
l’ensemble des points M d’affixe z tels que |z − zA | = |z − zB | est la médiatrice du segment [AB]
car il s’agit des points à même distance de A et de B.
11.2 Module, argument et forme trigonométrique 277

Exercice 11.28. Dans le plan complexe, représenter l’ensemble des points M d’affixe z satisfaisant les
conditions suivantes :
1. |z| = 2, 3. 1 ⩽ |z| < 4, 5. |z − i| < 2,
2. |z| ⩽ 3, 4. |z − 2| = 1, 6. 1 ⩽ |z + 1 + i| ⩽ 2.

Exercice 11.29.
1. Déterminer l’ensemble des points M d’affixe z ∈ C tels que |z − 2 + 3i| = 1.
2. Déterminer l’ensemble des points M d’affixe z ∈ C tels que |z − 1 + i| = |z − 2 + 2i|.

z−3 2
3. Déterminer l’ensemble des points M d’affixe z ∈ C tels que z−5 = 2 .
4. Déterminer une équation cartésienne du cercle de centre le point d’affixe 1 − 2i et passant par le
point d’affixe i.
5. Soient A = (2, 1) et B = (1, 3). Déterminer l’équation de la médiatrice du segment [AB] à l’aide des
nombres complexes. Vérifier qu’il s’agit de la droite de vecteur directeur (2, 1) passant par 32 , 2 .


11.2.2 Argument d’un nombre complexe et forme trigonométrique


Dans cette section, nous nous appuierons très fortement sur les définitions et propositions du chapitre
7. On rappelle que le cercle trigonométrique est le cercle du plan euclidien centré en O = (0, 0) et de
rayon 1 (voir définition 7.37).

iR
1

|z| = 1 z

R
−1 1

−1

Figure 11.6 – Le cercle trigonométrique

Remarque.
 Dans le plan euclidien, le cercle trigonométrique est décrit par l’ensemble des points C (O, 1) =
(x, y ) ∈R2 | x 2 + y 2 + 1 alors que dans le plan complexe, il est décrit par l’ensemble noté U et défini
par U = z ∈ C | |z| = 1 .

Définition 11.30 – Argument d’un nombre complexe – Argument principal.


◦ À un nombre complexe z ̸= 0, on associe le point du plan M d’affixe z (de tel sorte que le vecteur
−−→
OM est d’affixe z). On note A le point d’affixe 1 + 0i. Un argument de z est alors une mesure en
−→ −−→
radians de l’angle orienté (OA, OM) (voir définition 7.41). On notera arg(z) un argument de z (on
note que arg(z) n’est pas unique).
◦ On appelle argument principal de z, l’unique argument θ de z tel que θ ∈] − π, π], c’est-à-dire la
−→ −−→
mesure principale de l’angle orienté (OA, OM). On le note Arg(z).
278 Chapitre 11 – Nombres complexes

Remarque. La situation est illustrée par la figure suivante :

π
iR +
2

z
×
arg(z)
R
−π A 0


2 ou − π2

Figure 11.7 – Argument d’un nombre complexe

π 5π π
Exemple. Le complexe i a pour arguments 2, 2 ou plus généralement 2 + 2kπ, k ∈ Z. Son argument
principal est π2 ∈] − π, π].

Remarque. La notion d’argument, de par le fait qu’il n’est en général par unique, n’est pas toujours
pratique à manipuler. Le rôle de l’argument principal est en quelque sorte de créer de l’unicité et de choisir
un argument privilégié afin de simplifier les choses. Cette convention n’a pas été choisie aléatoirement.
En effet :
◦ l’intervalle est ouvert en θ = −π pour préserver l’unicité, car on atteint déjà le point (−1, 0) avec
l’argument +π,
◦ choisir l’argument principal revient à prendre le plus court chemin le long du cercle pour atteindre
l’affixe du point : soit en partant dans le sens positif si le point est dans le demi-plan supérieur (la
droite réelle comprise), soit en partant dans le sens négatif s’il est dans le demi-plan inférieur.

Proposition 11.31. Soient z et z ′ deux nombres complexes.


◦ arg(−z) = arg(z) + π + 2kπ, k ∈ Z et arg(z) = − arg(z) + 2kπ, k ∈ Z.
◦ arg(z) = arg(z ′ ) + 2kπ, k ∈ Z si et seulement si z et z ′ sont non nuls et positivement liés, i.e. il
existe λ ∈ R∗+ tel que z = λz ′ .
◦ arg(z) = arg(z ′ ) + kπ, k ∈ Z si et seulement si z et z ′ sont non nuls et liés, i.e. il existe λ ∈ R∗ tel
que z = λz ′ .

Démonstration.
◦ Le premier point provient du fait que si on note M le point d’affixe z et M ′ le point d’affixe −z alors
−→ −−→ −→ −−→
les angles orientés (OA, OM) et (OA, OM ′ ) diffèrent d’un angle plat puisque M ′ est le symétrique
de M par rapport à l’origine.
◦ La propriété sur le conjugué découle du fait que si M est le point d’affixe z et M ′ le point d’affixe z
−→ −−→ −→ −−→
alors les angles orientés (OA, OM) et (OA, OM ′ ) sont opposés puisque M ′ est le symétrique de M
par rapport à l’axe des abscisses.
◦ Les deux derniers points découlent de la définition d’angle (voir définition 7.28) et de mesure d’angle
(voir définition 7.41).
11.2 Module, argument et forme trigonométrique 279

Théorème 11.32 – Forme trigonométrique. Soit z ∈ C∗ . Alors, z s’écrit de manière unique sous la
forme
z = |z|(cos(arg(z)) + i sin(arg(z))).
Cette écriture s’appelle la forme trigonométrique de z. On note que arg(z) est défini à un multiple de
2π près mais peut être défini de façon unique si l’on demande à ce que arg(z) ∈] − π, π] (on a alors
arg(z) = Arg(z)).

Démonstration. L’idée de la preuve peut ainsi être résumée par la figure suivante :

iR
z
z
|z|
sin(θ)
θ
R
cos(θ)

Figure 11.8 – Forme trigonométrique


 
z z z
Soit z un nombre complexe non nul, alors |z| ∈ U. On pose θ = Arg(z) = Arg |z| . Le point d’affixe |z|
étant un point du cercle trigonométrique il a des coordonnées de la forme (cos(θ), sin(θ)) dans le plan
z
euclidien. Ainsi, on obtient que |z| = cos(θ) + i sin(θ) et donc z = |z|(cos(θ) + i sin(θ)).

Remarque. Les fonctions cos et sin étant 2π-périodiques, le fait que la notion d’argument d’un nombre
complexe soit définie à un multiple de 2π près ne pose pas de soucis dans l’écriture de la forme trigono-
métrique.

Corollaire 11.33 – Identification. Deux nombres complexes sont égaux si et seulement s’ils ont le même
module et le même argument principal.

Démonstration. Découle du théorème précédent et du fait que deux nombres complexes sont égaux si et
seulement si ils ont la même partie réelle et la même partie imaginaire.

Méthode – Mettre un nombre sous forme trigonométrique. Soit z = x + iy ∈ C. Pour mettre z sous
forme trigonométrique, on suit les étapes suivantes :
p
1. on calcule son module |z| = x 2 + y 2 ,
x y
2. on cherche θ ∈ R tel que cos(θ) = √ et sin(θ) = √ .
x 2 +y 2 x 2 +y 2


Exemple. Donnons la forme trigonométrique du nombre complexe z = 3 + 3i. Commençons donc √ par
√ √ 3 3
calculer le module de z : |z| = 9 + 3 = 2 3. Ainsi, on cherche θ ∈ R tel que cos(θ) = 2√ 3
= 2 et

sin(θ) = √3 = 1 . D’après les valeurs remarquables que l’on connaît (voir proposition 7.50) on obtient
2
2 3 √
= π6 ∈]−π, π]. La forme trigonométrique de z est donc donnée par z = 2 3 cos π6 + i sin π6 .
 
Arg(z)
280 Chapitre 11 – Nombres complexes

Exercice 11.34. Déterminer la forme trigonométrique des nombres complexes suivants :


√ √ √
1. 3 − i, 3. −4i, 5. 3 2 + i 6,
√ √ √
2. 3 − i 3, 4. −5, 6. − 2 + i 2.

11.3. Exponentielle complexe et forme exponentielle


11.3.1 Exponentielle complexe
Afin de motiver l’introduction de cette nouvelle notation, commençons par un exercice vous permettant
d’obtenir une identité qui devrait vous rappeler ce que nous avons vu dans la section 9.2.

Exercice 11.35. On considère la fonction f : R → C qui, pour tout θ ∈ R, est définie par f (θ) =
cos(θ) + i sin(θ). Démontrer, en utilisant les formules d’addition 7.54, que pour tous réels θ1 et θ2 , on a
f (θ1 )f (θ2 ) = f (θ1 + θ2 ).

Définition 11.36 – Exponentielle complexe. Pour tout θ ∈ R, on note

eiθ = cos(θ) + i sin(θ).

Le point d’affixe eiθ est le point du cercle trigonométrique d’angle θ (et donc de coordonnées (cos(θ), sin(θ))).

Exemples. On a
π
√ √
◦ ei0 = e0 = 1, ◦ eiπ = −1, ◦ ei 4 = 2
2
+ 2
2 i,
π π π

3
◦ ei 2 = i, ◦ e3i 2 = −i, ◦ ei 6 = 2 + 12 i.

Proposition 11.37. Si θ et θ′ sont deux nombres réels, l’exponentielle complexe satisfait les propriétés
suivantes :
◦ pour tout k ∈ Z, ei(θ+2kπ) = eiθ , ◦ pour tout n ∈ Z, einθ = (eiθ )n ,
i(θ+θ ′ ) iθ ′
◦ e = eiθ e , ◦ |eiθ | = 1,
1
◦ eiθ = e−iθ = eiθ , ◦ U = {eiθ | θ ∈ R}.

Démonstration. Soient θ et θ′ deux nombres réels :


◦ pour k ∈ Z, on a ei(θ+2kπ) = eiθ par 2π-périodicité des fonctions trigonométriques,
′ ′
◦ l’identité ei(θ+θ ) = eiθ eiθ a été démontrée à l’exercice 11.35,
◦ on a cos(−θ) = cos(θ) et sin(−θ) = − sin(θ) donc e−iθ = eiθ et eiθ e−iθ = e0 = 1.
◦ par une récurrence, on obtient que pour tout entier n ∈ N, on a einθ = (eiθ )n ,
◦ on a eiθ eiθ = eiθ e−iθ = e0 = 1 donc |eiθ | = 1,
◦ l’égalité U = {eiθ | θ ∈ R} découle de la définition des fonctions cos et sin.


À retenir. Si θ et θ′ sont deux nombres réels, alors θ = θ′ implique que eiθ = eiθ mais la réciproque est
π 5π
fausse car un argument est déterminé à 2π près. On a par exemple ei 2 = ei 2 .
11.3 Exponentielle complexe et forme exponentielle 281

Remarques.
′ ′
◦ L’identité ei(θ+θ ) = eiθ eiθ , déjà obtenue dans l’exercice 11.35, justifie l’utilisation de la notation
exponentielle dans ce contexte puisqu’il s’agit d’une propriété bien connue de la fonction exponentielle
réelle (voir la proposition 9.10).
◦ On peut étendre la définition de l’exponentielle complexe à l’ensemble des nombres complexes en
posant, si z = x + iy , ez = ex+iy = ex eiy . Ainsi, si z ∈ R, on retrouve l’exponentielle réelle et, si
z ∈ iR, on retrouve l’exponentielle complexe définie précédemment. Cette exponentielle complexe
possède les mêmes propriétés que celles énoncées précédemment pour l’exponentielle complexe et
on notera en particulier que, si z = x + iy , |ez | = |ex eiy | = |ex ||eiy | = ex = eRe(z) .

11.3.2 Forme exponentielle


Théorème 11.38 – Forme exponentielle. Soit z ∈ C∗ . Alors, z s’écrit de manière unique sous la forme

z = |z|ei arg(z) .

Cette écriture s’appelle la forme exponentielle de z. On note que arg(z) est défini à un multiple de
2π près mais peut être défini de façon unique si l’on demande à ce que arg(z) ∈] − π, π] (on a alors
θ = Arg(z)).

iR
z = |z|eiθ
|z|

θ
R

Figure 11.9 – Forme complexe d’un nombre complexe

Démonstration. Soit z un nombre complexe non nul. On a vu à la proposition 11.37 que pour tout nombre
z
complexe z de module 1, il existe θ ∈ R tel que z = eiθ . Il existe donc θ ∈ R tel que |z| = eiθ , d’où le
résultat.

À retenir. Attention, dans la forme exponentielle le réel devant l’exponentielle complexe doit être positif.
π
Par exemple −2ei 5 n’est pas une forme exponentielle. La forme exponentielle de ce nombre complexe est
π π 6π
obtenue en notant que −1 = eiπ et donc −2ei 5 = 2eiπ ei 5 = 2ei 5 .

Remarque. En rappelant que, pour tout θ ∈ R, eiθ = cos(θ) + i sin(θ), on note que la forme exponentielle
n’est rien d’autre qu’une réécriture plus concise de la forme trigonométrique. Ainsi, obtenir la forme
trigonométrique d’un nombre complexe nous fournit immédiatement sa forme exponentielle. L’intérêt de
la forme exponentielle réside dans le fait que les propriétés de l’exponentielle nous permettent alors de
traiter plus facilement les puissances ou les produits de nombres complexes comme nous le verrons plus
loin.

Exemple. Donnons la forme exponentielle de 1 + i. On commence par noter que le module de 1 + i est

2. On cherche à présent θ tel que cos(θ) = √12 et sin(θ) = √12 . On obtient donc θ = π4 et alors la forme
√ π
exponentielle de 1 + i est donnée par 1 + i = 2ei 4 .
282 Chapitre 11 – Nombres complexes

Exercice 11.39. Mettre les nombres complexes suivants sous forme trigonométrique et exponentielle et
donner leur argument principal :

1. 1, 4. 3i, 7. 3 − i,
2. i, 5. 1 + i 8. √1 ,
3−i
√ √
3. −1, 6. 3 − i, 9. ( 3 − i)2024 .

√ z1
Exercice 11.40. Soient z1 = 1 + i 3, z2 = 1 + i et z3 = z2 .
1. Écrire z3 sous forme algébrique et sous forme trigonométrique.
π π
 
2. En déduire les valeurs exactes de cos 12 et sin 12 .

π π
7π 7π
 
Exercice 11.41. Calculer ei( 3 + 4 ) sous forme algébrique et en déduire les valeurs de cos 12 et sin 12 .

Nous disposons à présent de trois présentations possibles d’un nombre complexe : la forme algébrique, la
forme trigonométrique et la forme exponentielle. La forme trigonométrique sera peu utile d’un point de vue
calculatoire mais aura davantage vocation à faire le lien entre la forme algébrique et la forme exponentielle
(ou par exemple à nous permettre d’obtenir de nouvelles valeurs des fonctions trigonométriques comme
illustré dans l’exercice précédent). Reste donc à déterminer quand utiliser la forme algébrique et quand
utiliser la forme exponentielle.

Méthode – Forme algébrique ou forme exponentielle.


◦ Lorsqu’il y a des sommes, on préférera souvent utiliser la forme algébrique.
◦ Lorsqu’il y a des produits ou des puissances, on préférera souvent utiliser la forme exponentielle.

Exemple. Donnons la forme algébrique de (1 + i)n pour n ∈ Z. On commence par rappeler que la forme
√ π √ nπ
exponentielle de 1 + i est donnée par 1 + i = 2ei 4 . Alors, (1 + i)n = ( 2)n ei 4 et sa forme algébrique
n n
est donc (1 + i)n = 2 2 cos nπ nπ

4 + i2 sin 4 .
2

Exercice 11.42.

1. Écrire le nombre complexe i − 3 sous forme trigonométrique puis sous forme exponentielle.
2
2. Trouver la forme exponentielle puis la forme algébrique du nombre complexe (1+i)10 .
(1+i)2000
3. En déduire la forme algébrique de √
(i− 3)1000
.


1 3
Exercice 11.43. On considère le nombre complexe z = 2 +i 2 .
1. Déterminer le module et l’argument principal de z.
2. Déterminer alors le module et un argument de z 2012 . En déduire la forme algébrique de z 2012 .

Achevons cette section par une application géométrique de l’utilisation de la forme exponentielle. En
effet, cette nouvelle représentation des nombres complexes nous permet de mieux comprendre à quelle
transformation géométrique correspond le produit de deux nombres complexes (ce qui était difficile à
comprendre sur la forme algébrique).
11.3 Exponentielle complexe et forme exponentielle 283

Proposition 11.44 – Interprétation géométrique du produit entre nombres complexes. Soit z ∈ C∗




un nombre complexe de forme exponentielle z = |z|eiθ et soit z ′ ∈ C et u ′ le vecteur de R2 d’affixe z ′ .
Alors, le vecteur →

v de R2 d’affixe z z ′ est obtenue en appliquant à →

u une rotation (centrée à l’origine)
d’angle θ et une homothétie de rapport |z|.
′ ′ ′
Démonstration. Si z ′ = |z ′ |eiθ , alors zz ′ = |z||z ′ |eiθ eiθ = |z||z ′ |ei(θ+θ ) . On a donc bien multiplié la
longueur du vecteur par |z| et on a ajouté θ à son argument.

La proposition précédente, et en particulier sa preuve, nous amène naturellement à énoncer les propriétés
suivantes qui s’avèrent très utiles pour déterminer des lieux de points décrits par une équation faisant
intervenir un argument.

Proposition 11.45. Soient z et z ′ deux nombres complexes non nuls. Alors,

◦ arg(z z ′ ) = arg(z) + arg(z ′ ) + 2kπ, k ∈ Z,

◦ arg zz′ = arg(z) − arg(z ′ ) + 2kπ, k ∈ Z.





Démonstration. Ces deux propriétés proviennent du fait que si z = |z|eiθ ∈ C∗ et z ′ = |z ′ |eiθ ∈ C∗ alors
(en utilisant la proposition 11.37) :
′ ′
◦ zz ′ = |z||z ′ |eiθ eiθ = |z||z ′ |ei(θ+θ ) est la forme exponentielle de z z ′ donc θ + θ′ est un de ses
arguments,
z |z| eiθ |z| i(θ−θ ′ ) z
◦ z′ = |z ′ | eiθ′ = |z ′ | e est la forme exponentielle de z′ donc θ − θ′ est un de ses arguments.

Un argument étant définie à un multiple de 2π près, ceci achève notre preuve.

z
= arg(z) − arg(z ′ ) correspond à une mesure de l’angle orienté compris

Remarque. L’argument arg z′
−−→ −−→
entre les vecteurs d’affixes z et z ′ . Plus précisément, si OM est un vecteur d’affixe z et si OM ′ est un
−−→ −− →
vecteur d’affixe z ′ alors arg zz′ est une mesure de l’angle orienté (OM, OM ′ ).

Exercice 11.46.
√ √
6−i 2
1. Calculer le module et un argument de z = 2 et w = 1 − i.
z
2. En déduire le module et un argument de w.

π π
 
Exercice 11.47. On considère le nombre complexe Z = 3 cos 3 + i sin 3 . Déterminer un argument
de Z 57 . En déduire que Z 57 est un nombre réel négatif.

Exercice 11.48.
1. Déterminer l’ensemble des points M dont l’affixe z ∈ C est tel qu’il existe k ∈ Z tel que arg(iz) =
π
4 + kπ.
z

2. Déterminer l’ensemble des points M dont l’affixe z ∈ C est tel qu’il existe k ∈ Z tel que arg 1+i =
π
2 + 2kπ.
284 Chapitre 11 – Nombres complexes

11.4. Résolution d’équations polynomiales

11.4.1 Second degré à coefficients réels


L’introduction de l’ensemble des nombres complexes C, plus gros que l’ensemble des nombres réels
R, nous permet de compléter l’énoncé du théorème 2.16. En effet, dans cet énoncé nous avions montré
qu’une équation du second degré à coefficients réels possède deux solutions réelles distinctes si son
discriminant est strictement positif et une racine réelle double si son discriminant est nul. Nous avions
en revanche conclut que, si son discriminant est strictement négatif, cette équation ne possède pas de
racine réelle.

Théorème 11.49 – Racines réelles et factorisation d’un trinôme. Soient a, b et c des nombres réels
avec a ̸= 0 et ∆ = b2 − 4ac.
√ √
−b− ∆ −b+ ∆
◦ Si ∆ > 0, alors le trinôme admet exactement deux racines réelles z1 = 2a et z2 = 2a .
−b
◦ Si ∆ = 0, alors le trinôme admet une unique racine réelle (double) z0 = 2a .

−b−i |∆|
◦ Si ∆ < 0, alors le trinôme admet deux racines complexes conjuguées distinctes : z1 = et
√ 2a
−b+i |∆|
z2 = 2a .

Démonstration. Nous n’allons pas ici refaire la preuve car la démarche est identique à celle ayant permis
d’obtenir le théorème 2.16. Notons simplement que l’on a
! p ! p !
b 2
 
2 ∆ b i |∆| b i |∆|
az + bz + c = a z+ − 2 = z+ − z+ + .
2a 4a 2a 2a 2a 2a

√ √
Remarque. Les trois cas du théorème 11.49 ne sont en fait qu’un seul et même cas : ∆ et − ∆ sont
les deux
p réels quip
au carré valent ∆ si ∆ > 0, le seul nombre qui au carré vaut 0 est 0 (cas ∆ = 0) et
enfin i |∆| et −i |∆| sont les deux nombres complexes qui au carré valent ∆ si ∆ < 0.

Exercice 11.50. Déterminer les racines des trinômes suivants :


1. z 2 + 2z + 8, 3. 2z 2 − 16z + 34, 5. z 2 − 6z + 14,
2. z 2 − 8z + 19, 4. −2z 2 − 8z − 12, 6. z 2 − 6z + 15.

11.4.2 Second degré à coefficients complexes


On se propose ici de généraliser la méthode de résolution des équations du second degré à coefficients
réels au cas où les coefficients sont complexes. Comme nous l’avions fait lors de la résolution des équations
du second degré à coefficients réels dans la section 2.3, nous allons commencer par résoudre les équations
de la forme z 2 = a, a ∈ C.

Définition 11.51 – Racines carrées complexes. Soit a ∈ C, les racines carrées complexes de a sont
les nombres complexes qui mis au carré sont égaux à a, i.e. les solutions de l’équation z 2 = a.

Remarque. Étant donné un nombre complexe a ∈ C, z 2 = a si seulement si z 2 − a = 0 ce qui constitue


une équation du second degré. Comme attendu nous allons trouver deux solutions à cette équation qui
seront distinctes si a ̸= 0. De plus, contrairement au cas des nombres réels, il n’y a pas de racine carrée
11.4 Résolution d’équations polynomiales 285

« privilégiée » dans C (pour rappel, si a ∈ R+ , a est l’unique nombre positif qui au carré vaut a) et la

notation · n’a donc pas de sens dans le cas complexe.

Exemples.
√ √
◦ Si a ∈ R+ , les racines carrées complexes de a sont a et − a. Par exemple, les racines carrées
complexes de 4 sont 2 et −2.
p p
◦ Si a ∈ R− , les racines carrées complexes de a sont i |a| et −i |a|. Par exemple, les racines carrées
complexes de −4 sont 2i et −2i.

Théorème 11.52 – Description des racines carrées complexes. Soit a = |a|e iθ ∈ C∗ . Alors, a possède
exactement deux racines carrées complexes opposées données par
θ θ θ
|a|ei( 2 +π) .
p p p
z1 = |a|ei 2 et z2 = −z1 = − |a|ei 2 =

Démonstration. Il suffit de noter que z 2 − a = (z − z1 )(z − z2 ).


π √ π √ π
Exemple. Si a = 3ei 3 alors les racines carrées de a sont 3ei 6 et − 3ei 6 . Leurs formes exponentielles
√ π √ 7π √ 5π
(on ne peut pas avoir de − devant notre forme exponentielle) sont ainsi 3ei 6 et 3ei 6 = 3e−i 6 .

Remarque. Voici une figure illustrant la situation :

iR

eiθ
θ
ei 2

θ R
ei( 2 +π)

Figure 11.10 – Racines carrées complexes

Comme nous avons eu l’occasion de le voir dans la proposition 11.44, la mise au carré d’un nombre
complexe a pour effet de mettre son module au carré et de multiplier l’argument par deux. Ainsi, il est
naturel que pour déterminer les racines carrées d’un nombre complexe, nous prenions la racine carrée
(réelle) de son module et que nous divisions l’argument par deux. De plus, le fait qu’il y a ait deux racines
carrées complexes peut être interprété géométriquement par le fait que pour atteindre le point d’affixe
eiθ du cercle trigonométrique, on peut parcourir le cercle dans le sens trigonométrique ou dans le sens
opposé ce qui donne deux façons de diviser l’argument par deux.
◦ Si on tourne dans le sens trigonométrique, on obtient 2θ .
◦ Si on tourne dans l’autre opposé, nous avons fait un tour supplémentaire et on obtient donc l’argu-
ment θ + 2π. On obtient donc 2θ + π. On note que le supplément d’argument π revient à prendre
l’opposé car eiπ = −1.
Si on considère des complexes de module 1, cela donne la figure 11.10.

Nous avons vu comment déterminer les racines carrées complexes d’un nombre complexe mis sous forme
exponentielle mais cela nous demande d’être capables de mettre ce nombre complexe sous cette forme et
donc de savoir en déterminer un argument, ce qui n’est pas forcément facile. Nous allons donc donner une
méthode permettant de déterminer les racines carrées d’un nombre complexe écrit sous forme algébrique.
286 Chapitre 11 – Nombres complexes

Méthode – Racine carrée d’un nombre sous forme algébrique. Soit a = u + iv ∈ C. Alors z = x + iy
vérifie z 2 = a si et seulement si
 2 2

 x +y = u 2 + v 2 car |z 2 | = |a|
2 2
x −y = u car Re(z 2 ) = u .
car Im(z 2 ) = v

2xy = v

On détermine alors x 2 et y 2 grâce aux deux premières lignes puis les signes de x et y à l’aide de la dernière
égalité.

Exemple. Déterminons les racines carrées de 5 + 12i. On pose z = x + iy . Alors,


 2 2

 x +y = 25 + 144 = 13
2 2 2
z = 5 + 12i ⇔ x −y = 5 .

2xy = 12

En additionnant les deux premières conditions on obtient x 2 = 9. On en déduit en injectant cette valeur
dans la première condition que y 2 = 4. Ainsi, x = ±3 et y = ±2. Or, d’après la troisième condition,
xy > 0, ce qui signifie que x et y sont de même signe. Ainsi, les racines carrées de 5 + 12i sont données
par z1 = 3 + 2i et z2 = −3 − 2i.

Exercice 11.53. Déterminer les racines carrées des nombres complexes suivants :
1. i, 2. 5 − 12i, 3. 3 + 4i.

Exercice 11.54. Déterminer les racines carrées de 1 +


 i en utilisant la forme exponentielle et la forme
algébrique. En déduire les valeurs de cos π8 et sin π8 .


Théorème 11.55 – Résolution des équations de degré deux à coefficients complexes. Soient a, b
et c des nombres complexes avec a ̸= 0 et ∆ = b2 − 4ac ∈ C ainsi que δ ∈ C tel que δ 2 = ∆. Alors
l’équation (complexe) de degré 2
az 2 + bz + c = 0
admet deux solutions (éventuellement confondues si ∆ = 0) :

−b − δ −b + δ
z1 = et z2 = .
2a 2a
Démonstration. On raisonne exactement comme pour démontrer les théorèmes 2.16 et 11.49.

Remarque. On note que ∆ possède deux racines complexes opposées donc en choisissant δ nous aurons
le choix entre ces deux racines. Néanmoins, cela n’a pas d’importance car faire un choix ou l’autre ne fera
qu’échanger z1 et z2 et les solutions obtenues seront bien identiques.

Exemple. Résolvons l’équation z 2 + (3 + 2i)z + 5 + 5i = 0. On a

∆ = (3 + 2i)2 − 4 × 1 × (5 + 5i) = 9 + 12i − 4 − 20 − 20i = −15 − 8i.


√ √
On cherche alors δ = x + iy tel que δ 2 = −15 − 8i. On a donc x 2 + y 2 = 152 + 82 = 289 = 17 et
x 2 − y 2 = −15 donc x 2 = 1 et y 2 = 16. Ainsi, x = ±1 et y = ±4. De plus, 2xy = −8 donc x et y
ne sont pas de même signe et les deux racines carrées de ∆ sont δ1 = −1 + 4i et δ2 = 1 − 4i. Alors, en
11.4 Résolution d’équations polynomiales 287

choisissant δ1 comme racine du discriminant, les solutions de l’équation du second degré de départ sont :

−(3 + 2i) − (−1 + 4i) −3 − 2i + 1 − 4i −2 − 6i


z1 = = = = −1 − 3i
2 2 2
et
−(3 + 2i) + (−1 + 4i) −3 − 2i − 1 + 4i −4 + 2i
z2 = = = = −2 + i.
2 2 2

Exercice 11.56.
1. Déterminer sous forme algébrique les racines carrées de 3 − 4i.
2. Résoudre dans C l’équation z 2 − 5iz − 7 + i = 0.

Exercice 11.57. Résoudre dans C les équations suivantes :


1. z 2 + z + 1 = 0, 3. z 2 − (1 + i)z + 2 + 2i = 0,
2. iz 2 − 2z − i = 0, 4. z 2 − 3(1 − i)z − 5i = 0.

11.4.3 Racines n-ièmes de l’unité


Au début de la section précédente, nous avons travaillé à la résolution des équations de la forme
z 2 = a où a ∈ C est donné. Notre but dans cette section est de généraliser ce travail aux équations de
la forme z n = a où a ∈ C est toujours donné et n est un entier naturel supérieur ou égal à 1.

Définition 11.58 – Racine n-ième. Soit a ∈ C et soit n ∈ N∗ , on appelle racine n-ième de a, tout
nombre complexe z tel que z n = a.

Exemples.
◦ Si a = 1, un nombre complexe tel que z n = 1 est appelé racine n-ième de l’unité.
◦ Pour n = 2, les racines n-ièmes sont les racines carrées complexes.

Théorème 11.59 – Racines n-ièmes de l’unité. Soit n ∈ N∗ . Il y a n racines n-ièmes de l’unité qui sont
les nombres complexes
2ikπ
ξk = e n , 0 ⩽ k ⩽ n − 1.

Remarque. Les racines n-ièmes de l’unité correspondent aux sommets de polygones réguliers à n côtés.

iR ξ1 = i iR iR ξ1
ξ1 = j
ξ2

ξ0 = 1 R R
R ξ2 = −1 ξ0 = 1 ξ0 = 1

ξ3
ξ2 = j ξ3 = −i ξ4

(a) Racines 3-ièmes (b) Racines 4-ièmes (c) Racines 5-ièmes

Démonstration. Il est aisé de montrer que pour tout k compris entre 0 et n − 1, ξkn = 1. Montrons à
présent que ce sont les seules racines n-ièmes de l’unité, i.e. si z ∈ C vérifie z n = 1 alors il existe k
288 Chapitre 11 – Nombres complexes

compris entre 0 et n − 1 tel que z = ξk . Notons z = |z|eiθ (z ̸= 0 car z n = 1) et on a donc z n = |z|n einθ .

◦ Puisque z n = 1 on a |z|n = 1 et donc |z| = 1.


2kπ
◦ De plus, on a alors nθ = 0 + 2kπ, k ∈ Z, et donc θ = n . Notons de plus que l’on peut passer de
′ 2(k+n)π iθ ′ i 2(k+n)π 2kπ 2kπ
k ∈ Z à 0 ⩽ k ⩽ n − 1 car si θ = n , e =e n = ei n e2iπ = ei n = eiθ .


Exercice 11.60. On note j le nombre complexe j = − 12 + i 3
2 .
1. Écrire j sous forme exponentielle.
2. Montrer que j2 = j, j3 = 1 et que 1 + j + j2 = 0.
3. On considère les points A, B et C d’affixes respectives 1, j et j2 . Démontrer que le triangle [ABC]
est équilatéral.

Propriété 11.61 – Racines n-ièmes d’un nombre complexe. Soit a = |a|eiθ ∈ C∗ et soit n ∈ N∗ . Alors,
a admet exactement n racines n-ièmes distinctes données par
p (θ+2kπ)i
n
|a|e n , 0 ⩽ k ⩽ n − 1.

Démonstration. On se ramène au cas des racines n-ièmes de l’unité en notant que z n = a si et seulement
zn z
si |a|e iθ = 1, ce qui équivaut à ( √
n iθ
)n = 1. Ainsi, z n = a si, et seulement si, il existe k compris entre
|a|e n

0 et n − 1 tel que
z 2ikπ
=e n
i nθ
p
n
|a|e
d’où le résultat voulu.

Exercice 11.62. Résoudre dans C l’équation z 3 = 41 (−1 + i) et montrer qu’une seule de ses solutions a
une puissance quatrième réelle.

Exercice 11.63. Résoudre les équations suivantes :



(1+i 3)4
1. z 5 = (1+i)2 ,
2. (z − 1)5 = (z + 1)5 .

Déterminer les racines n-ièmes d’un nombre complexe a consiste à résoudre l’équation de degré n, z n = a.
Nous avons vu précédemment qu’une telle équation possèdent n solutions distinctes. Achevons ce chapitre
par un énoncé, appelé théorème fondamental de l’algèbre, qui généralise ce résultat.

Théorème 11.64 – Théorème de d’Alembert-Gauss. Pour tout entier naturel n ⩾ 1 et tous nombres
complexes c0 , c1 , . . ., cn avec cn ̸= 0, l’équation

cn z n + cn−1 z n−1 + . . . + c1 z + c0 = 0

admet au moins une solution dans C.

Il est important de retenir que ce résultat montre que C est algébriquement clos : il n’existe pas d’équations
à coefficients complexes de degré au moins 1 qui ne possède pas de solution dans C. Ainsi, le processus
consistant à introduire de nouveaux espaces plus gros que les précédents afin de pouvoir résoudre des
équations polynomiales à coefficients dans les ensembles existants prend fin ici.
11.5 Applications des nombres complexes 289

11.5. Applications des nombres complexes


11.5.1 En trigonométrie
L’usage de l’exponentielle complexe permet de considérablement simplifier l’utilisation des formules
trigonométriques comme nous allons le voir dans cette section.

Proposition 11.65 – Formules d’Euler. Pour tout θ ∈ R,

eiθ + e−iθ eiθ − e−iθ


cos(θ) = et sin(θ) = .
2 2i
z+z
Démonstration. On utilise la forme trigonométrique de z et le fait que pour tout z ∈ C, Re(z) = 2 et
Im(z) = z−z
2i .

Méthode – Linéarisation. Pour transformer une expression du type cos(θ)n sin(θ)m , n, m ∈ N, en une
somme de cos(pθ) et sin(qθ), p, q ∈ N :
1. on utilise les formules d’Euler :
n  m
eiθ + e−iθ eiθ − e−iθ

cos(θ)n sin(θ)m = ,
2 2i

2. on développe les puissances,


3. on rassemble les termes de même exposant pour retrouver des cosinus et des sinus à l’aide à nouveau
des formules d’Euler.

Remarque. La linéarisation est en particulier pratique pour le calcul de certaines intégrales comme nous
pourrons le voir dans la section 11.5.2.

Exemple. Linéarisons sin(θ)3 . Soit θ ∈ R, on a,


3
eiθ − e−iθ e3iθ − 3eiθ + 3e−iθ − e−3iθ 1 e3iθ − e−3iθ 3 eiθ − e−iθ

sin(θ)3 = = =− + .
2i −8i 4 2i 4 2i

Ainsi, sin(θ)3 = − 14 sin(3θ) + 3


4 sin(θ).

Exercice 11.66. Linéariser les expressions :


1. sin(θ)4 , 2. cos(θ)5 .

Propriété 11.67 – Formule de De Moivre. Soient θ ∈ R et n ∈ N. Alors,

(cos(θ) + i sin(θ))n = cos(nθ) + i sin(nθ).

Démonstration. On rappelle que (eiθ )n = einθ puis on passe en écriture algébrique.


290 Chapitre 11 – Nombres complexes

Méthode – Délinéarisation. Pour transformer une expression du type cos(pθ) ou sin(qθ), p, q ∈ N, en


produit et puissances de sin(θ) et cos(θ) :
1. on utilise les formules de De Moivre

cos(pθ) = Re((cos(θ) + i sin(θ))p ) et sin(nθ) = Im((cos(θ) + i sin(θ))q ),

2. on développe les expressions.

Exemple. Délinéarisons sin(3θ). On a, sin(3θ) = Im((cos(θ) + i sin(θ)3 ). Or,

(cos(θ) + i sin(θ))3 = cos(θ)3 + 3i cos(θ)2 sin(θ) − 3 cos(θ) sin(θ)2 − i sin(θ)3 .

Ainsi, sin(3θ) = 3 cos(θ)2 sin(θ) − sin(θ)3 .

Exercice 11.68. Exprimer en fonction de cos(θ), sin(θ) et leurs puissances :


1. cos(4θ), 2. sin(5θ).

Achevons cette section par une méthode très efficace pour déterminer la forme exponentielle d’une somme
d’exponentielles complexes.

Méthode – Factorisation par l’angle moitié. Soient θ et θ′ deux nombres réels. Alors,

θ − θ′
 
θ+θ ′

 θ−θ′ θ−θ ′
 θ+θ ′
eiθ + eiθ = ei 2 ei 2 + e−i 2 = 2 cos ei 2 .
2

1−e iθ
Exemple. Supposons que θ n’est pas un multiple de 2π, simplifions l’expression 1+e iθ . On factorise par

l’angle moitié au numérateur et au dénominateur :


 θ 
i 2θ −i 2 i 2θ θ θ
e−i 2 −ei 2
e e − e sin 2θ


 
1−e 2i θ

= θ θ  = i θ θ = −i θ
 = −i tan .
1+e ei 2 e−i 2 + ei 2
θ −i
e 2 +e 2i
cos 2 2
2

x+y
x−y

Exercice 11.69. Montrer que eix + eiy = 2 cos 2 ei 2 et en déduire le module et un argument de
1 + e iθ .

11.5.2 En intégration

Méthode – Intégration de puissances de cosinus et sinus. Pour intégrer une fonction définie à partir
de puissances de sinus et de cosinus on peut utiliser les formules d’Euler pour linéariser l’expression puis
l’intégrer.

Z x
Exemple. Calculons cos(t)2 sin(t)2 dt. Pour ce faire, linéarisons cos(t)2 sin(t)2 à l’aide des formules
11.5 Applications des nombres complexes 291

d’Euler :
2  2
eit + e−it eit − e−it

2 2
cos(t) sin(t) =
2 2i
1 it −it it −it 2 1 e 4it + e −4it 1
=− 4
((e + e )(e − e )) = − +
2 8 2 8

et donc cos(t)2 sin(t)2 = − 81 cos(4t) + 18 .


Z x Z x
1 1 1 1
cos(t)2 sin(t)2 dt = − cos(4t) + dt = − sin(4x) + x.
8 8 32 8

Exercice 11.70.
Z π Z x
2
1. Calculer cos(t)3 dt. 2. Déterminer cos(t)3 sin(t) dt.
0
292 Chapitre 11 – Nombres complexes

Solutions des exercices


Exercice 11.5
1. Re(z) = 3 et Im(z) = 5, 7. Re(z) = −35 et Im(z) = −12,
2. Re(z) = 2 et Im(z) = −3, 8. Re(z) = 2 et Im(z) = 3,
√ √ √
3. Re(z) = 2 et Im(z) = 0, 9. Re(z) = 8 + 2 2 et Im(z) = −8 + 2 2,
4. Re(z) = −2 et Im(z) = 2, 10. Re(z) = −2 et Im(z) = 2,
√ √
5. Re(z) = 0 et Im(z) = −4, 11. Re(z) = 8 2 et Im(z) = −6 2,
6. Re(z) = 1 et Im(z) = 0, 12. Re(z) = 4 et Im(z) = 0.

Exercice 11.6
1 −i
1. i
= −i2
= −i, 3. i4 = i2 × i2 = (−1)2 = 1, 5. i2024 = (i4 )506 = 1.
2. i3 = 2
i × i = −i, 4. i5 = i4 × i = i,

Exercice 11.7

1. On note que (x + iy )4 + 4 = 0 si et seulement si x 4 + 4x 3 iy + 6x 2 (iy )2 + 4x(iy )3 + (iy )4 + 4 = 0, ce équivaut à x 4 − 6x 2 y 2 + y 4 + 4 +


i(4x 3 y − 4xy 3 ) = 0. En identifiant les parties réelles et les parties imaginaires, ceci équivaut à
(
x 4 − 6x 2 y 2 + y 4 + 4 = 0
.
4x 3 y − 4xy 3 = 0

La deuxième équation équivaut à xy (x 2 − y 2 ) = 0 et donc à xy = 0 ou x 2 − y 2 = 0.

◦ D’une part, si xy = 0 alors x = 0 ou y = 0 et la première équation devient x 4 + y 4 = −4 ce qui est impossible car x et y sont des
réels donc les carrés de x 2 et y 2 sont positifs.

◦ D’autre part, si x 2 = y 2 alors x = ±y et la première équation devient :

x 4 − 6x 4 + x 4 = −4 ⇔ x 4 = 1 ⇔ x 2 = 1 ou x 2 = −1

ce qui équivaut à x = ±1.

Ainsi, les quatre solutions de z 4 + 4 = 0 sont 1 + i, 1 − i, −1 + i et −1 − i.

2. On note que (x + iy )3 − 1 = 0 si et seulement si x 3 + 3x 2 iy − 3xy 2 − iy 3 − 1 = 0, ce qui équivaut en identifiant les parties réelles et les
parties imaginaires à (
x 3 − 3xy 2 − 1 = 0
.
3x 2 y − y 3 = 0

La deuxième équation est équivalente à y (3x 2 − y 2 ) = 0 ce qui donne donc y = 0 ou 3x 2 = y 2 .

◦ D’une part, si y = 0 alors x 3 = 1 et donc x = 1.

◦ D’autre part, si 3x 2 = y 2 alors x 3 − 3x(3x 2 ) − 1 = 0 et donc x 3 = − 18 d’où finalement x = − 21 et y 2 = 3


4
.
√ √
Finalement, les trois solutions sont 1, j = − 12 + 2
3
i et j = − 21 − 2
3
i.

3. On note que (x + iy )3 + 2i = 0 si et seulement si x 3 + 3x 2 iy − 3xy 2 − iy 3 + 2i = 0, ce qui équivaut en identifiant les parties réelles et
les parties imaginaires à (
x 3 − 3xy 2 = 0
.
3x 2 y − y 3 + 2 = 0

La deuxième équation est équivalente à x(x 2 − 3y 2 ) = 0 ce qui donne donc x = 0 ou x 2 = 3y 2 .



◦ D’une part, si x = 0 alors y 3 = 2 et donc y = 3 2.
2
◦ D’autre part, si x 2 = 3y 2 alors 8y 3 + 2 = 0 et donc y 3 = − 41 d’où finalement y = − 1

34 et x 2 = 3 × 4− 3 .


3
√ √
− 3−i
Finalement, les trois solutions sont 2i, 3−i

34 et 34 .

Exercice 11.9

1. Par définition, Re(zA ) = 2, Im(zA ) = 3, Re(zB ) = −4, Im(zB ) = 1, Re(zC ) = −1, Im(zC ) = −3, Re(zD ) = 3 et Im(zD ) = −2.

2. On a
11.5 Applications des nombres complexes 293

iR
A

B i

0 1 R

z +z
3. On a zA +zB = −2+4i, zA −zB = 6+2i et A 2 B = −1+2i (il s’agit de l’affixe du milieu entre les points A et B). Notons respectivement
F , G et H les trois points du plan correspondants. Ainsi, on a

iR
F

H G

B i

0 1 R

Exercice 11.11
5
1. z = 3 − 2i. 2. z = 0. 3. z = −2 + i.
6

Exercice 11.13 Soient z = x + iy et z ′ = x ′ + iy ′ deux nombres complexes et λ ∈ R.


◦ On a z = x − iy donc z = x + iy = z.
◦ On a z + z ′ = (x + x ′ ) − i(y + y ′ ) = x − iy + x ′ − iy ′ = z + z ′ .
◦ On a λz = (λx) − i(λy ) = λ(x − iy ) = λz.
◦ On a z × z ′ = xx ′ − y y ′ + i(xy ′ + x ′ y ) donc zz ′ = xx ′ − y y ′ − i(xy ′ + x ′ y ) et z × z ′ = (x − iy )(x ′ − iy ′ ) = xx ′ − y y ′ − i(y x ′ + xy ′ ) d’où
le résultat.

Exercice 11.17 Soient z et z ′ deux nombres complexes non nuls.


◦ On a
1 1 1 1 ′ 1 1 1
= z z = zz ′ = zz ′ = .
z z′ zz z ′ z ′ zzz ′ z ′ zz ′ zz ′ zz ′

◦ On a
1 1 1 1 1
= z= z= z= .
z zz zz zz z
◦ On a
1 1 1 z′ 1 z 1
+ ′ = × ′ + ′ × = (z + z ′ ).
z z z z z z zz ′

Exercice 11.18
√ √
3 2 1 2 2
1. z = − i, 3. z = , 5. z = + i,
13 13 4 4 4

2 3 1 3 1
2. z = − i, 4. z = i, 6. z = − i.
13 13 3 4 4
Exercice 11.19
1. z + w = 3 − i et donc z + w = 3 + i.
2. z − w = −1 + 5i et donc z + w = −1 − 5i.
294 Chapitre 11 – Nombres complexes

3. zw = 2 + 6 + 4i − 3i = 8 + i et donc z + w = 8 − i.
4. On a
z 1 + 2i (1 + 2i)(2 + 3i) 2 − 6 + 4i + 3i 4 7
= = = =− + i
w 2 − 3i (2 − 3i)(2 + 3i) 4+9 13 13

et donc z  4 7
=− − i.
w 13 13

Exercice 11.20
1 1 3
1. z = −1 − i, 2. z = 1+2i
= 5
(1 − 2i), 3. z = 5
− 54 i.

Exercice 11.21
1. En posant z = x + iy , il vient z 2 + z + 1 = x 2 − y 2 + 2xy i + x + iy + 1. Or, z 2 + z + 1 est réel si et seulement si sa partie imaginaire
est nulle. C’est-à-dire si et seulement si 2xy + y = 0, ce qui équivaut à y (2x + 1) = 0 et donc à y = 0 ou x = − 21 . Graphiquement, les
points dont les affixes sont solutions sont donc les points des droites d’équations y = 0 (axe des abscisses) et x = − 21 (droite verticale).

iR

0 R

x+i(y +2) (x+i(y +2))(x−1−iy )


2. On a z+2i
z−1
= x−1+iy
= (x−1)2 +y 2
et donc

z + 2i x 2 − x + y 2 + 2y + i(xy + 2x − y − 2 − xy )
= .
z −1 (x − 1)2 + y 2

x 2 −x+y 2 +2y
Ainsi z+2i
z−1
est imaginaire pur si et seulement si (x−1)2 +y 2
= 0 i.e. si et seulement si x 2 − x + y 2 + 2y = 0, ce qui équivaut à
1 2 1
+ (y + 1)2 − 1 = 0. Finalement

x− 2
− 4

 2 √ !2
z + 2i 1 5
∈ iR ⇔ x− + (y + 1)2 =
z −1 2 2

√ 2
ce qui est l’équation du cercle de centre 21 , −1 et de rayon 25 . Néanmoins, on sait que z ̸= 1 et on note que 1 − 12 + (0 + 1)2 =

 √ 2
1
+ 1 = 25 donc ce point est sur le cercle. Ainsi, les points dont les affixes sont solutions sont les points du cercle de centre 21 , −1

4

et de rayon 2
5
privé du point d’affixe z = 1. Graphiquement on a donc :

iR

0
()
R

Exercice 11.23
11.5 Applications des nombres complexes 295
√ √
1. |z| = 3, 3. |z| = 13, 5. |z| = 4, 7. |z| = 2 + 2 = 2,

2. |z| = 2, 4. |z| = 13, 6. |z| = 3, 8. |z| = 2.

Exercice 11.24 En remplaçant z par sa forme algébrique x + iy puis en calculant les modules (au carré), on trouve x 2 + y 2 − 2y + 1 =
x 2 + y 2 + 2y + 1. On en déduit y = 0. Autrement dit, les solutions de cette équation sont les z réels.

Exercice 11.28
1. Cercle de centre l’origine et de rayon 2.
2. Disque centré en 0 et de rayon 3.
3. Couronne comprise entre le cercle centré en l’origine et de rayon 1 (inclus) et le cercle centré en l’origine et de rayon 4 (exclus).
4. Cercle de centre le point d’affixe zΩ = 2 et de rayon 1.
5. Disque centré au point d’affixe zΩ = i et de rayon 2 (cercle exclu).
6. Couronne centrée au point d’affixe zΩ = −1 − i comprise entre le cercle de rayon 1 (inclus) et le cercle de rayon 2 (inclus).

Exercice 11.29
1. |z − 2 + 3i| = 1 si et seulement si |z − (2 − 3i)| = 1, ce qui équivaut à AM = 1 où A a pour affixe 2 − 3i. L’ensemble des points M décrit
donc le cercle de centre A et de rayon 1.
2. |z − 1 + i| = |z − 2 + 2i| si et seulement si AM = BM où A et B ont pour affixes respectives 1 − i et 2 − 2i. Donc l’ensemble des points
M décrit la médiatrice du segment [AB].

3. On commence par noter que z ̸= 5. De plus, z−3
z−5
= 2
2
si et seulement si |z − 3|2 = − 5|2 , ce qui équivaut à (z − 3)(z − 3) =
1
2
|z
√ √
1
2
(z− 5)(z − 5) et donc z−3
z−5
= 2
2
si et seulement si z z̄ − (z + z̄) = 7, ce qui équivaut à |z − 1|2 = 8 et donc à |z − 1| = 2 2. Donc,

l’ensemble des points dont l’affixe z ∈ C satisfait cette equation est l’ensemble des points du cercle de centre 1 et de rayon 2 2 (on
note que 5 n’appartient pas à ce cercle).
√ √
4. On note A le point d’affixe 1 − 2i. Le cercle passe par le point d’affixe i donc son rayon est :√|1 − 2i − i| = |1 − 3i| = 1 + 32 = √10.
Le cercle en question est l’ensemble des points M d’affixe z = x + iy du plan tels que AM = 10, ce qui équivaut à |z − 1 + 2i| = 10
et donc à |x + iy − 1 + 2i|2 = 10 ce qui équivaut finalement à (x − 1)2 + (y + 2)2 = 10.
5. A et B ont pour affixes respectives 2 + i et 1 + 3i. La médiatrice du segment [AB] est l’ensemble des points M d’affixe z = x + iy du
plan tels que :

AM = BM ⇔ |z − 2 − i| = |z − 1 − 3i|
⇔ |x + iy − 2 − i|2 = |x + iy − 1 − 3i|2
⇔ (x − 2)2 + (y − 1)2 = (x − 1)2 + (y − 3)2
⇔ x 2 − 4x + 4 + y 2 − 2y + 1 = x 2 − 2x + 1 + y 2 − 6y + 9
⇔ 2x − 4y + 5 = 0.

D’après l’équation cartésienne précédente, (4, 2) est un vecteur directeur de la droite. −


→u = (2, 1) lui est colinéaire donc c’en est aussi
−→ −

un. On remarque que AB = (−1, 2) est orthogonal
 à
 u donc on n’avait pas besoin de l’équation cartésienne pour le vérifier. On vérifie
3
que 2 × 23 − 4 × 2 + 5 = 3 − 8 + 5 = 0 donc , 2 appartient à la droite (on remarque que c’est clair car c’est le milieu de [AB]).
2

Exercice 11.34 On a

1. 2 cos − π6 + i sin − π6 , 3. 4 cos − π2 + i sin − π2 , π π
,
     
5. 2 6 cos 6
+ i sin 6

2. 2 3 cos − π6 + i sin − π6 , 3π 3π
.
   
4. 5 (cos (π) + i sin (π)), 6. 2 cos 4
+ i sin 4

Exercice 11.35 Considérons deux réels θ1 et θ2 . On a

(cos(θ1 )+i sin(θ1 ))(cos(θ2 ) + i sin(θ2 ))


= cos(θ1 ) cos(θ2 ) − sin(θ1 ) sin(θ2 ) + i(sin(θ1 ) cos(θ2 ) + sin(θ2 ) cos(θ1 ))
= cos(θ1 + θ2 ) + i sin(θ1 + θ2 )

Exercice 11.39 Dans chaque cas (sauf quand le résultat est évident), on calcule le module r et un argument θ pour en déduire la forme
r (cos(θ) + i sin(θ)) = r eiθ .
1. 1 = cos(0) + i sin(0) = e0i et Arg(1) = 0 ∈] − π, π].
π
π
+ i sin π2 = ei 2 et Arg(i) = π2 ∈] − π, π].
 
2. i = cos 2
3. −1 = cos (π) + i sin(π) = eiπ et Arg(−1) = π ∈] − π, π].
π
4. 3i = 3 cos π2 + i sin π2 = 3ei 2 et Arg(3i) = π2 ∈] − π, π].
 
√ √ π
5. 1 + i = 2 cos π4 + i sin π4 = 2ei 4 et Arg(1 + i) = π4 ∈] − π, π].
 
√ π √
3 − i = 2 cos − π6 + i sin − π6 = 2e−i 6 et Arg( 3 − i) = − π6 ∈] − π, π].
 
6.
√ π √
3 − i = 2 cos π6 + i sin π6 = 2ei 6 et Arg( 3 − i) = π6 ∈] − π, π].
 
7.
296 Chapitre 11 – Nombres complexes

1 iπ
 
√1 1 π π
et Arg √1 π
 
8. 3−i
= 2
cos 6
+ i sin 6
= 2
e6 3−i
= 6
∈] − π, π].
√ 2024π
9. ( 3 − i)2024 = 22024 e−i 6 . Or, en effectuant la division euclidienne de 2024 par 12 (pour faire apparaître 2π = 12π
6
), on a 2024 =
12 × 168 + 8 donc 2024π
6
= 2π × 168 + 8π 6
. Ainsi


    
8π 4π 4π 4π
( 3 − i)2024 = 22024 e−i 6 = 22024 e−i 3 = 22024 cos − + i sin − .
3 3


De plus, Arg ( 3 − i)2024 = 2π

3
∈] − π, π].

Exercice 11.40
1. On a √ √ √ √ !
z1 1+i 3 (1 + i 3)(1 − i) 1+ 3 −1 + 3
z3 = = = = + i.
z2 1+i 2 2 2
√ z
√ π π √ z2 π
De plus, on note que |z1 | = 4 = 2 et |z1 | = 12 + i 23 = ei 3 donc z1 = 2ei 3 . On note également que |z2 | = 2 et |z2 |
= √1
2
+ i √12 = ei 4
1
√ π i π √
z π
donc z2 = 2ei 4 . On a donc finalement, z3 = z1 = √2e i3π = 2ei 12 .
2 2e 4
π
2. On obtient immédiatement des résultats des questions précédentes que ei 12 = √1 z3
2
et donc

√ √
π  1+ 3 π  −1 + 3
cos = √ et sin = √ .
12 2 2 12 2 2

Exercice 11.41 On a √ ! √ √ ! √ √ √ √
π π π π 1 3 2 2 2− 6 2+ 6
ei( 3 + 4 ) = ei 3 ei 4 = +i +i = + i.
2 2 2 2 4 4

7π π π
Ainsi, en notant que e i 12 = ei( 3 + 4 ) on obtient que

  √ √   √ √
7π 2− 6 7π 2+ 6
cos = et sin = .
12 4 12 4

Exercice 11.42
√ 5iπ
1. i − 3 = 2 cos 5π + i sin 5π = 2e 6 .
 
6 6
√ π π 1 −i 5π 1 −i π
2. On a 1 + i = 2ei 4 donc (1+i)
2 2
10 = √ i π = 2
25
e−10×i 4 = 16
e 2 = 16
e 2 1
= − 16 i.
( 2e 4 )10
3. On a √ π √
(1 + i)2000 ( 2ei 4 )2000 2500iπ 2502iπ 2iπ 2iπ 2iπ 1 3
√ = 5iπ
= ei250π e− 3 = e− 3 + 3 = e−834π e 3 = e 3 = − + i .
(i − 3)1000 (2e )
6 1000 2 2

Exercice 11.43
q
1. On a |z| = 1
4
+ 3
4
= 1 et Arg(z) = π
3
.
2012π i 2010π i+ 2iπ 2iπ 2iπ 2iπ √
2. On a z 2012 = e 3 =e 3 3 = e670iπ e 3 =e 3 donc |z 2012 | = 1 et Arg(z 2012 ) = 2π
3
. De plus, z 2012 = e 3 = − 12 + i 2
3
.

Exercice 11.46
√ √ q √ √ π √
1. On a z = 2
6
− i 22 et donc |z| = 6
4
+ 2
4
= 2. Alors, z
|z|
= 2
3
− i
2
= e−i 6 donc Arg(z) = − π6 . De même, |w | = 2 et
π
w
= √1 − √1 i = e−i 4 donc Arg(w ) = − π4 .
|w | 2 2

|z|
2. Par propriétés du module et de l’argument on déduit de la première question que z √2 = 1 et arg z

w
= |w |
= 2 w
= arg(z) − arg(w ) =
− π6 + π4 = 12
π
.

Exercice 11.47 On a Arg(Z) = π


3
et donc arg(Z 57 ) = 57 × π
3
= 19π = 9 × 2π + π. Ainsi, puisque Z 57 a pour argument principal π, il s’agit
d’un nombre réel négatif.

Exercice 11.48 On commence par rappeler que arg(z) n’existe que pour z ∈ C∗ donc dans les deux cas, z ̸= 0.
1. On a arg(iz) = π2 + arg(z) + 2kπ, k ∈ Z. Ainsi, arg(iz) = π4 + kπ, k ∈ Z, si, et seulement si, il existe k ′ ∈ Z tel que arg(z) = − π4 + k ′ π.
L’ensemble recherché est donc la droite d’équation y = −x privée de l’origine du repère.
     
2. On a arg 1+i z
= arg(z) − arg(1 + i) + 2kπ, k ∈ Z, et donc arg 1+i z
= arg(z) − π4 + 2kπ, k ∈ Z. Ainsi, arg 1+i z
= π2 + 2kπ, k ∈ Z
−→
si, et seulement si, il existe k ′ ∈ Z tel que arg(z) = 3π + 2k ′ π. Soit B un point tel que (−

u , OB) = 3π (par exemple le point d’affixe
4 4
−1 + i). Alors l’ensemble recherché est la demi-droite [OB) privée du point O.

Exercice 11.50
11.5 Applications des nombres complexes 297
√ √ √ √
1. z1 = −1 − i 7 et z2 = −1 + i 7, 4. z1 = −2 − i 2 et z2 = −2 + i 2,
√ √ √ √
2. z1 = 4 − i 3 et z2 = 4 + i 3, 5. z1 = 3 − i 5 et z2 = 3 + i 5,
√ √
3. z1 = 4 − i et z2 = 4 + i, 6. z1 = 3 − i 6 et z2 = 3 + i 6.

Exercice 11.53
1. On pose z = x + iy . Alors,  2
 x + y2 = 1
2
z =i ⇔ x2 − y2 = 0 .
2xy = 1

En additionnant les deux premières conditions on obtient x 2 = 21 . On en déduit en injectant cette valeur dans la première condition que
y 2 = 12 . Ainsi, x = ± √12 et y = ± √12 . Or, d’après la troisième condition xy > 0, ce qui signifie que x et y sont de même signe. Ainsi,
les racines carrées de i sont données par z1 = √1
2
+ √i
2
et z2 = − √12 − √i
2
.
2. De même, les racines carrées de 5 − 12i sont z1 = 3 − 2i et z2 = −3 + 2i.
3. De même, les racines carrées de 3 + 4i sont z1 = 2 + i et z2 = −2 − i.

√ π √ 1 iπ √ 1 iπ √ 1 iπ √
4 iπ
Exercice 11.54 1 + i = 2ei 4 donc les racines carrées
 π de 1 + i sont 2 e et − 2 e . On remarque que 2 e = 2e a une partie
2 8 2 8 2 8 8
réelle et une partie imaginaire positive (car 8 ∈ 0, 2 ). Or, si on les cherche sous forme algébrique on constate que les racines carrées de
π

1 + i sont : s√ s√ s√ s√
2+1 2−1 2+1 2−1
+i et − −i .
2 2 2 2
Par identification, on en déduit que
s√ s√

4
π 2+1 √
4
π 2−1
2 cos = et 2 sin =
8 2 8 2

d’où s√ s √
√ √
π q q
2+1 2+ 2 1 π 1
cos = √ = = 2+ 2 et sin = 2 − 2.
8 2 2 4 2 8 2

Exercice 11.56
1. On pose z = x + iy . Alors,  2
 x + y2 = 5
2
z = 3 − 4i ⇔ x2 − y2 = 3 .
2xy = −4

En additionnant les deux premières conditions on obtient x 2 = 4. On en déduit en injectant cette valeur dans la première condition que
y 2 = 1. Ainsi, x = ±2 et y = ±1. Or, d’après la troisième condition xy < 0, ce qui signifie que x et y sont de signes opposés. Ainsi, les
racines carrées de 3 − 4i sont données par δ1 = 2 − i et δ2 = −2 + i.
2. On a, ∆ = (−5i)2 − 4(−7 + i) = −2 + 28 − 4i = 3 − 4i. Ainsi, d’après la questions précédentes, les solutions de cette équation sont les
nombres complexes :

−(−5i) − δ1 −(−5i) − 2 + i −(−5i) + δ1 −(−5i) + 2 − i


z1 = = = −1 + 3i et z2 = = = 1 + 2i.
2 2 2 2

Exercice 11.57
√ √
1. ∆ = 12 − 4 × 1 × 1 = −3 < 0 donc il y a deux solutions complexes conjuguées : j = − 21 + 2
3
i et j = − 12 − 2
3
i.
2. − 2z − i = 0 si et seulement si
iz 2 z2 − 2
i
z − 1 = 0, ce qui équivaut à z2 + 2iz + i2 = 0 et donc à (z + i)2 = 0. Donc il y a une solution
double : −i.
3. On a ∆ = (1 + i)2 − 4(2 + 2i) = 2i − 8 − 8i = −8 − 6i. En utilisant la méthode habituelle, on montre que les racines carrées de ∆ sont
δ1 = 1 − 3i et δ2 = −1 + 3i. Ainsi, les solutions de l’équation sont les nombres complexes donnés par

1 + i − (1 − 3i) 1 + i + (1 − 3i)
z1 = = 2i et z2 = = 1 − i.
2 2

4. On a ∆ = 9(1 − i)2 + 20i = −18i + 20i = 2i. Les racines carrées de ∆ sont δ1 = 1 + i et δ2 = −1 − i. Ainsi, les solutions de l’équation
sont les nombres complexes donnés par

3(1 − i) − (1 + i) 3(1 − i) + (1 + i)
z1 = = 1 − 2i et z2 = = 2 − i.
2 2

Exercice 11.60
2iπ
1. |j| = 1 et Arg(j) = 2π
3
donc j = e 3 .
4iπ √ 2iπ
2. On a j2
= e 3= − 12
−i = j. De plus, j3 = (e 3 )3 = e2iπ = 1. Or, j3 = 1 si et seulement si j3 − 1 = 0, ce qui équivaut à
2
3

(j − 1)(j2 + j + 1) = 0. Donc, j − 1 = 0 ou j2 + j + 1 = 0. Or, puisque j ̸= 1, on en déduit que j2 + j + 1 = 0.


298 Chapitre 11 – Nombres complexes
√ q √ √ √
3. On a |j − 1| = − 32 + i 2
3
= 9
4
+ 3
4
= 3 et de même, |j2 − 1| = 3 et |j2 − j| = 3. Donc le triangle [ABC] est équilatéral.

3iπ
Exercice 11.62 On a w = 1
4
(−1 + i) = 1
√ 3 e 4 et ses racines troisième sont donc
2

1 1 1 iπ 2ikπ
 
3iπ +2ikπ
√ e3 4 = √ e4+ 3 , k ∈ {0, 1, 2}.
2 2

iπ 11iπ 19iπ iπ
Autrement dit, les racines troisièmes de w sont √1 e 4
2
,
√1 e 12
2
et √1 e 12
2
. Enfin, seul √1 e 4
2
possède une puissance quatrième réelle (à
savoir − 12 ). En effet, les deux autres ont comme argument 12 ×
11π
4 11π
= 3 = 3π + 2π
3
et 19π
12
×4 = 19π
3
= 6π + π
3
.

Exercice 11.63
1. On a √ 4


(1 + i 3)4 24 21 + i 23 i 4π i 4π
3e 3e
3 3
3 i 5π
=  2 = 2 2π = 2 i π = 2 e 6 .
(1 + i)2 1 1 e i 4 e2
2 √2 + i √2

√  
(1+i 3)4 5π 3 i π 2ikπ
6+ 5
Ainsi, z 5 = (1+i)2
= 2 3 ei 6 si et seulement si z = 2 5 e , k ∈ {0, 1, 2, 3, 4}.
 5
2. 1 n’est pas solution et l’équation est donc équivalente à z+1
z−1
= 1. Posons w = z+1
z−1
, c’est-à-dire z = w +1
w −1
. On a w 5 = 1 si et
2ikπ
seulement si w = , k ∈ {0, 1, 2, 3, 4}. Revenons à présent à z. On doit exclure w = 1 car l’équation
e 5 z+1
z−1
= 1 n’admet pas de
solutions. On a donc quatre solutions qui sont

2ikπ
e 5 +1
z= 2ikπ
, k ∈ {1, 2, 3, 4}.
e 5 −1

Exercice 11.66
1. D’après les formules d’Euler,

4
eiθ − e−iθ e4iθ − 4e2iθ + 6 − 4e−2iθ + e−4iθ

2 cos(4θ) − 8 cos(2θ) + 6
sin(θ)4 = = =
2i 16 16

et donc sin(θ)4 = 1
8
(cos(4θ) − 4 cos(2θ) + 3).
2. De même :

5
eiθ + e−iθ e5iθ + 5e3iθ + 10eiθ + 10e−iθ + 5e−3iθ + e−5iθ

2 cos(5θ) + 10 cos(3θ) + 20 cos(θ)
cos(θ)5 = = =
2 32 32

et donc cos(θ)5 = 1
16
(cos(5θ) + 5 cos(3θ) + 10 cos(θ)).

Exercice 11.68
1. D’après la formule de de Moivre, pour tout réel θ : (cos(θ) + i sin(θ))4 = cos(4θ) + i sin(4θ). Or,

(cos(θ) + i sin(θ))4 = cos(θ)4 + 4 cos(θ)3 i sin(θ) + 6 cos(θ)2 (i sin(θ))2 + 4 cos(θ)(i sin(θ))3 + (i sin(θ))4
= cos(θ)4 + 4 cos(θ)3 i sin(θ) − 6 cos(θ)2 sin(θ)2 − 4i cos(θ) sin(θ)3 + sin(θ)4 .

Donc, en identifiant parties réelles et parties imaginaires, on obtient cos(4θ) = cos(θ)4 − 6 cos(θ)2 sin(θ)2 + sin(θ)4 .
2. De même, (cos(θ) + i sin(θ))5 = cos(5θ) + i sin(5θ) et

(cos(θ) + i sin(θ))5 = cos(θ)5 + 5i cos(θ)4 sin(θ) − 10 cos(θ)3 sin(θ)2 − 10i cos(θ)2 sin(θ)3
+ 5 cos(θ) sin(θ)4 + i sin(θ)5 .

Donc, sin(5θ) = 5 cos(θ)4 sin(θ) − 10 cos(θ)2 sin(θ)3 + sin(θ)5 .

Exercice 11.69
x+y
 
i
1. On utilise la factorisation par l’angle moitié, i.e. par e 2 . On a alors
     
x+y x−y −x+y x+y x −y x −y x+y
        
i i i i i
eix + eiy = e 2 e 2 +e 2 =e 2 × 2 cos = 2 cos e 2 .
2 2

θ
2. On utilise la question précédente avec x = 0 et y = θ et on obtient 1 + e iθ = 2 cos θ
ei 2 . En revanche, il faut être prudent car le

2
module dans une décomposition sous forme exponentielle doit être positif. Ainsi,
11.5 Applications des nombres complexes 299

◦ Si cos θ
⩾ 0 alors 2 cos θ
est le module et un argument est donné par 2θ .
 
2 2

◦ Si cos θ
< 0 alors 2 cos θ
est le module et un argument est donné par 2θ + π car, puisque e iπ = −1,
 
2 2

       
θ θ θ
 
θ i θ +π i θ +π
1 + eiθ = 2 cos ei 2 = −2 cos e 2 = 2 cos e 2 .
2 2 2

Exercice 11.70
1. On commence par remarquer que

3
e it + e −it e 3it + 3e it + 3e −it + e −3it

1
cos(t)3 = = = (cos(3t) + 3 cos(t)).
2 8 4

Ainsi,
Z π Z π  π  
2 1 2 1 1 2 1 1 2
cos(t)3 dt = cos(3t) + 3 cos(t) dt = sin(3t) + 3 sin(t) = − +3 = .
0 4 0 4 3 0 4 3 3

2. On commence par remarquer que

3 
e it + e −it e it − e −it e 3it + 3e it + 3e −it + e −3it e it − e −it
 
cos(t)3 sin(t) = = ×
2 2i 8 2i

et donc cos(t)3 sin(t) = 1


e 4it − e 2it + 3e 2it − 3 + 3 − 3e −2it + e −2it − e −4it d’où

16i

1
cos(t)3 sin(t) = (sin(4t) + 2 sin(2t)).
8

Ainsi, Z x Z x  
1 1 cos(4x)
cos(t)3 sin(t) dt = sin(4t) + 2 sin(2t) dt = − − cos(2x) + C, C ∈ R.
8 8 4
ANNEXE A

Éléments de théorie des ensembles

L’objectif de cette annexe n’est absolument pas d’être exhaustif. Nous souhaitons seulement ici vous
donner quelques éléments de compréhension d’objets de base de la théorie des ensembles dont nous avons
eu besoin tout au long de ce livre et qui méritent une attention particulière à défaut, en première lecture,
d’être pleinement maîtrisés. Des éléments plus précis à ce sujet sont par exemple présentés dans [Exo] ou
encore dans [Tao22].

A.1. Généralités et définitions


La théorie des ensembles est une théorie vaste et complexe dont nous ne verrons ici qu’un aperçu nous
permettant d’en manipuler les objets au cours de ce livre. La définition même de ce qu’est un ensemble
n’étant pas aisée, nous nous contenterons ici de voir un ensemble comme étant une collection d’objets.

Définition A.1 – Ensemble et élément.


◦ Un ensemble est une collection d’objets distincts.
◦ Un objet faisant partie de cette collection est appelé élément de cet ensemble. On dit alors que cet
élément x appartient à cet ensemble E et on note x ∈ E. Si tel n’est pas le cas, on note x ∈ / E.
◦ Un singleton est un ensemble à un seul élément. On le note alors {x}.
◦ L’ensemble qui ne contient aucun élément est appelé ensemble vide, noté ∅.

Exemple. N est l’ensemble des nombres entiers naturels. 1 est un élément de cet ensemble, i.e. 1 ∈ N,
alors que −2 ∈
/ N.

Il existe deux façons usuelles de définir un ensemble.


◦ Définition en extension. On définit l’ensemble en listant ses éléments. Par exemple,

A = {1, 2, 3} ; B = {France, Italie} ou C = {{1}, {1, 3}}.

◦ Définition en compréhension (ou intension). On définit l’ensemble par une propriété qui caractérise
ses éléments. Autrement dit, un élément appartient à l’ensemble si, et seulement si, il vérifie la
propriété en question. Par exemple,

A = {n ∈ N | n est pair} ou B = {x ∈ R | x 2 − 1 ⩽ 0}.

Exemples. Selon les cas, il peut être plus pratique d’utiliser l’une ou l’autre des définitions.
302 Annexe A – Éléments de théorie des ensembles

◦ On considère l’ensemble A formé par les éléments −1 et 1. Alors, A = {−1, 1} est sa définition en
extension alors que A = {x ∈ R | x 2 = 1} est une définition en compréhension.
◦ {x ∈ N | il existe n ∈ N tel que x = 2n } est l’ensemble constitué de 1, 2, 22 , . . . et il est ainsi défini
en compréhension. On peut aussi le définir en extension par {2n | n ∈ N}.

Remarque. Pour connaître un ensemble, il suffit de savoir dire quels en sont les éléments. Ainsi, la liste
des éléments définissant un ensemble est non-ordonnée et « les répétitions n’ont pas d’importance », i.e.
tous les éléments sont distincts. Par exemple :

{1, 2, 3} = {3, 1, 2} = {2, 1, 2, 2, 3, 1}.

Définition A.2 – Inclusion.


Soient A et B deux ensembles. On dit que A est inclus dans B, que A
est un sous-ensemble de B ou que A est une partie de E, et on note B
A ⊂ B, si tous les éléments de A appartiennent à B. Autrement dit,
A
A⊂B ⇔ (pour tout x ∈ A, x ∈ B).

On dit que A et B sont égaux s’ils ont exactement les mêmes éléments.
Autrement dit,
A⊂B
A=B ⇔ (A ⊂ B et B ⊂ A).
Exemples.
◦ On considère A = [2, 3] et B = {x ∈ R | x 2 − 3x − 10 < 0}. Montrons que A ⊂ B.
Commençons par étudier le trinôme x 2 − 3x − 10 qui définit l’ensemble B. Son discriminant vaut 49
donc il admet pour racines −2 et 5. De plus, on sait que ce trinôme est du signe du coefficient de x 2
(positif ici) sauf entre les racines. Ainsi x 2 − 3x − 10 < 0 si et seulement si x ∈] − 2, 5[. Maintenant
que l’on connaît bien l’ensemble B, montrons que A ⊂ B. Soit x ∈ A, alors 2 ⩽ x ⩽ 3. Ainsi, on a
clairement −2 ⩽ x ⩽ 5 et donc x ∈ B. On a donc montré que A ⊂ B.
◦ On considère A = {(x, y ) ∈ R2 | 4x − y = 1} et B = {(t + 1, 4t + 3) | t ∈ R}. Montrons par double
inclusion que A = B. Commençons par montrer que B ⊂ A. En effet, soit (x, y ) ∈ B, alors il existe
un t ∈ R tel que x = t + 1 et y = 4t + 3. Ainsi, 4x − y = 4t + 4 − 4t − 3 = 1 donc (x, y ) ∈ A.
Réciproquement, prenons (x, y ) ∈ A et prouvons que (x, y ) ∈ B. S’il existe t ∈ R tel que x = t + 1
et y = 4t + 3, alors nécessairement on doit avoir t = x − 1. Posons donc t = x − 1. Alors,

y = 4x − 1 = 4(t + 1) − 1 = 4t + 3.

On a alors bien (x, y ) = (t + 1, 4t + 3) ∈ B. Ceci achève de montrer que A ⊂ B et on a donc bien


montré par double inclusion que A = B.

À retenir. Il faut faire attention à ne pas confondre le signe ∈ et le signe ⊂. Dans le premier cas on étudie
l’appartenance d’un élément à un ensemble alors que dans le deuxième on compare deux ensembles entre
eux. Par exemple, Z ⊂ Q, 12 ∈ Q et {−3} ⊂ Z.
A.2 Opérations sur les ensembles 303

A.2. Opérations sur les ensembles


Définition A.3 – Complémentaire.

Soient E un ensemble et A une partie de E. On appelle complémentaire E


de A dans E et on note
E\A
c
A
E\A ou ∁E A ou A ou A,

l’ensemble des éléments de E qui n’appartiennent pas à A. Autrement


dit,
E \ A = {x ∈ E | x ∈/ A}. E \ A : zone colorée

Exemples. Il s’agit d’une notion que l’on a l’habitude d’utiliser :

◦ on a N∗ = N \ {0} et R \ R+ = R∗− ,
◦ l’ensemble R \ Q est l’ensemble des nombres réels qui ne sont pas des rationnels (on appelle un tel
nombre un nombre irrationnel).

Définition A.4 – Union.


A∪B
On appelle union de deux ensembles A et B et on note A∪B, l’ensemble A B
formé des éléments de A et des éléments de B :

A ∪ B = {x | x ∈ A ou x ∈ B}.

L’ensemble A ∪ B se lit « A union B ».


A ∪ B : zone colorée

À retenir. Le ou utilisé ici est un ou inclusif : un élément qui appartient à la fois à A et à B appartient à
A ∪ B.

Exemples.

◦ Si A = {1, 2, 6} et B = {2, 5, 6, 12}. Alors A ∪ B = {1, 2, 5, 6, 12}.


◦ R− ∪ R+ = R.

Définition A.5 – Intersection.


On appelle intersection de deux ensembles A et B et on note A ∩ B,
l’ensemble formé des éléments appartenant à la fois à A et à B : A B

A ∩ B = {x | x ∈ A et x ∈ B}. A∩B

L’ensemble A ∩ B se lit « A inter B » et si A ∩ B est l’ensemble vide,


i.e. s’il n’y a pas d’éléments à la fois dans A et dans B, on dit que A et
A ∩ B : zone colorée
B sont disjoints.
Exemples.

◦ Si A = {1, 2, 6} et B = {2, 5, 6, 12}. Alors A ∩ B = {2, 6}.


◦ R− ∩ R+ = {0} et R∗− ∩ R∗+ = ∅.
304 Annexe A – Éléments de théorie des ensembles

À retenir. La définition de l’union fait intervenir le connecteur « ou » et celle de l’intersection le connecteur


« et ».

Remarque. Soient A et B deux ensembles, il y a quelques relations que nous pouvons facilement énoncer :
A ⊂ A ∪ B, B ⊂ A ∪ B, A ∩ B ⊂ A, A ∩ B ⊂ B et A ∩ B ⊂ A ∪ B.

Exemple. Soient A et B deux parties d’un ensemble E telles que A ∪ B = A ∩ B. Montrons que A = B.
On procède par double inclusion. Soit x ∈ A, alors puisque A ⊂ A ∪ B, on a x ∈ A ∪ B. Or, par hypothèse,
A ∪ B = A ∩ B donc x ∈ A ∩ B. Puisque, A ∩ B ⊂ B on en déduit que x ∈ B. Donc A ⊂ B. On prouve
par un raisonnement similaire que B ⊂ A. Par double inclusion on a donc montré que A = B.

Théorème A.6 – Formules de De Morgan. Soient A et B deux sous-ensembles d’un ensemble E, alors
A ∪ B = A ∩ B et A ∩ B = A ∪ B.

Démonstration.
◦ On note que x ∈ A ∪ B si et seulement si x ∈
/ A ∪ B, i.e. si et seulement si x ∈
/ A et x ∈
/ B. C’est
bien ce que l’on voulait démontrer.
◦ De plus, x ∈ A ∩ B si et seulement si x ∈/ A ∩ B, i.e. si et seulement si x ∈
/ A ou x ∈
/ B. C’est à
nouveau bien ce qu’il fallait démontrer.

À retenir. Le passage au complémentaire échange l’union et l’intersection.

Définition A.7 – Produit cartésien. Soient E et F deux ensembles. On appelle produit cartésien de E
et F et on note E × F l’ensemble de tous les couples, i.e. la donnée de deux éléments dans un ordre
déterminé, dont le premier élément est un élément de E et le second un élément de F . On note alors,

E × F = {(x, y ) | x ∈ E et y ∈ F }.

Lorsque les ensembles E et F sont les mêmes, au lieu de noter E × E, on notera E 2 .

Exemples.
◦ L’ensemble R2 est l’ensemble des couples (x, y ) avec x ∈ R et y ∈ R.
◦ On représente graphiquement le produit cartésien J1, 4K × J1, 3K à la figure A.1.

y
3

0 1 2 3 4 x

Figure A.1 – Produit cartésien

Contre-exemple. Montrons que D = {(x, y ) ∈ R2 | x 2 + y 2 ⩽ 1} ne peut pas s’écrire comme un produit


cartésien. Procédons par l’absurde et supposons qu’il existe E, F ⊂ R tels que D = E × F . Alors le point
A.2 Opérations sur les ensembles 305

(1, 0) ∈ D et donc 1 ∈ E. De même, (0, 1) ∈ D et donc 1 ∈ F . On en déduit que (1, 1) ∈ E × F = D


ce qui n’est pas le cas. D n’est donc pas le produit cartésien de deux parties de R.
Index

Affixe stable par une fonction, 138


d’un point, 270 vide, 301
d’un vecteur, 270 Équation
Angle affine, 19
cosinus, 163 polynomiale, 18
orienté, 162 produit, 25
sinus, 164 quotient, 25
Antécédent, 100 Équation différentielle
Appartenance, 301 homogène, 258
Application, 100 linéaire du premier ordre, 257
méthode de variation de la constante, 260
Base Équivalence, 17
de R2 , 61 Espace
de R3 , 62 affine, 57
euclidien, 89
Cercle circonscrit, 158
Exponentielle, 224
Coefficient directeur, 67
complexe, 280
Complémentaire, 303
de base a, 234
Composition, 102
Extremum, 108
Continuité, 195

Discriminant, 23 Fonction
Distance euclidienne, 156 asymptote verticale, 181, 185
Droite bornée, 108
coefficient directeur, 67 caractérisation séquentielle de la limite, 183
coplanaire, 81 caractérisation séquentielle de la limite en
de l’espace, 71 l’infini, 185
du plan affine, 63 continue, 195
équation cartésienne, 67 courbe représentative, 104
équation paramétrique, 63, 71 croissante, 106
orthogonales, 87 décroissante, 106
parallèles, 69 dérivable, 201
perpendiculaire, 87 extremum local, 204, 206
vecteur normal, 88 impaire, 110
équation réduite, 67 limite finie en un point, 182
Dérivabilité, 199 limite infinie en un point, 181
Déterminant limite à gauche, 186
système 2 × 2, 45 limite à l’infini, 184, 185
vecteur, 60 maximum local, 204, 206
minimum local, 204, 206
Ensemble, 301 monotone, 106
de définition, 101 paire, 110
308 Index

puissance, 234 racines carrées, 284


périodique, 114 Nombre dérivé, 199
rationnelle, 249 Nombre premier, 9
zéro de, 104 Norme, 155
Forme canonique, 21
Formule.s Partie entière, 221
angle moitié, 290 Pivot de Gauss, 50
changement de variable, 254 Plan
De Moivre, 289 affine, 57
Euler, 289 de l’espace, 72
intégration par parties, 251 équation cartésienne, 73
équation paramétrique, 72
Identités remarquables, 12 euclidien, 87
Image, 100 parallèle à un plan, 76
Inclusion, 302 parallèle à une droite, 76
Intersection, 303 Produit cartésien, 304
Intervalle Produit scalaire, 85
borné, 26 Produit vectoriel, 86
intersection, 27 Projeté orthogonal, 158
non borné, 26
union, 27 Quantité conjuguée, 13
Intégration
primitive, 246 Racine carrée, 11
sommes de Riemann, 243 Relation de Chasles, 59
théorème fondamental de l’analyse, 245 Repère orthonormé, 87
Inégalité triangulaire, 276 Récurrence
double, 126
Logarithme népérien, 229 forte, 127
simple, 124
Majorant, 108
Maximum, 108 Sous-ensemble, 302
Minimum, 108 Suite
Minorant, 108 arithmético-géométrique, 148
Médiatrice, 157 arithmétique, 144
bornée, 122
Nombre complexe, 269 constante, 123
argument, 277 convergente, 128
argument principal, 277 croissante, 123
conjugué, 272 divergente, 128
forme algébrique, 269 décroissante, 123
forme cartésienne, 269 définition explicite, 119
forme exponentielle, 281 définition par récurrence, 120
forme trigonométrique, 279 géométrique, 146
imaginaire pur, 270 limite finie, 128
module, 275 majorée, 122
partie imaginaire, 269 minorée, 122
partie réelle, 269 monotone, 123
racine n-ième, 287 représentation graphique, 120
racine de l’unité, 287 stationnaire, 123
Index 309

Système, 39 Arg(z), 277


dilatation, 40 C, 269
déterminant, 45 ∆, 23
équivalence, 40 ⇔, 17
permutation, 40 N, 7
pivot, 38 Q, 10
transvection, 41 R2 , 37
R3 , 46
Tableau de signes, 29 R+ , 27
Taux d’accroissement, 199 R∗+ , 27
Théorème R− , 27
des croissances comparées, 227 R∗− , 27
de la bijection, 197 Z, 8
de la limite monotone, 194 arg(z), b 277
de Rolle, 206

F (t) a , 247
des accroissements finis, 206 Df , 101
des bornes atteintes, 198 ∩, 303
des croissances comparées, 232 ∁E A, 303
des gendarmes, 136 ∪, 303
des valeurs intermédiaires, 196 ex , 225
eiθ , 280
Union, 303
exp, 224
Valeur absolue, 103 iR, 270
Variable Im(z), 269
libre, 50 ∈, 301
Rx
liée, 50 f (t) dt, 248
Rb
Vecteur a (t) dt, 244
f
colinéaires, 59 ⌊·⌋, 221
coplanaire, 60 ln, 229
de R2 , 57 ∈,
/ 301
de R3 , 57 A, 303
déterminant, 60 z, 272
−→
orthogonaux, 86 AB, 58
unitaire, 162 Re(z), 269
⊂, 302
Notations ∅, 301
Ac , 303 [ 162
BAC,
E \ A, 303 ax , 234
E × F , 304 g ◦ f , 102
Bibliographie

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