GobinLeray MathsL1Madoc
GobinLeray MathsL1Madoc
Ce document issue en grande partie du livre [GL24] est le fruit des enseignements de mathématiques
que nous avons dispensé dans la filière TREMP-Li-N de 2021 à 2023, ainsi qu’en première année de filières
scientifiques à Nantes Université. Il se veut donc un support de transition entre le lycée et l’enseignement
supérieur. Dans cette optique, nous avons pris le parti de présenter des mathématiques de niveau lycée
ou début de première année universitaire, dans un style s’approchant davantage d’un cours de licence 1.
Cet cours s’adresse donc à plusieurs types de lecteurs : l’étudiant ayant obtenu un baccalauréat sans
faire la spécialité mathématiques et désireux de suivre des études scientifiques, l’étudiant de Terminale
souhaitant préparer son entrée à l’université ou encore l’étudiant de première année universitaire ayant
besoin de revoir quelques bases du lycée.
Comment ce document est-il organisé ? L’enchaînement des chapitres construit le cheminement ma-
thématique : les premiers chapitres présentent des bases indispensables pour la suite et chaque chapitre
utilise ensuite les connaissances présentées auparavant pour en développer de nouvelles. Les principales
thématiques mathématiques sont donc abordées alternativement, en fonction de la progression.
◦ Les trois premiers chapitres sont des chapitres calculatoires. Des rappels de calcul basiques sont
présentés dans le chapitre 1, et la résolution d’équations et d’inéquations, comme vue au lycée, dans
le chapitre 2. Enfin, dans le chapitre 3, nous nous intéressons à la résolution de systèmes linéaires à
l’aide de l’algorithme du pivot de Gauss, traditionnellement enseignée en première année universitaire.
◦ Les chapitres 4 à 9 présentent des thématiques importantes du lycée, que sont l’étude des suites,
la géométrie plane et spatiale, et l’étude des fonctions réelles à une variable réelle. Une importance
toute particulière a été donnée à cette dernière thématique qui constitue indéniablement le point
central de l’enseignement des mathématiques de Terminale et de première année universitaire.
◦ Cet ouvrage s’achève par deux chapitres qui, selon nous, doivent permettre de faciliter votre accession
sereine aux études supérieures. L’avant-dernier chapitre traite de l’intégration, avec un développement
plus important que celui fait en classe de Terminale, notamment par son utilisation pour la résolution
d’équations différentielles. Enfin, le dernier chapitre traite des nombres complexes. Il s’agit d’une
thématique particulièrement importante de part son lien entre le calcul analytique et la géométrie
mais aussi par ces nombreuses applications en physique. Finalement, vous trouverez une courte
annexe sur la théorie des ensembles dont certaines notions sont utilisées au cours de ce document.
Table des matières
1 Rudiments de calcul 7
1.1 Ensembles de nombres et opérations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.2 Développement et factorisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2 Équations et inéquations 17
2.1 Résolution d’équations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
2.2 Équations affines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
2.3 Équations du second degré . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
2.4 D’autres types d’équations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.5 Intervalles et inéquations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
10 Intégration 243
10.1 Intégrale d’une fonction continue sur un segment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 243
10.2 Primitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
10.3 Intégration par parties . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251
10.4 Changement de variable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
10.5 Application à la résolution d’équations différentielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257
Index 304
CHAPITRE 1
Rudiments de calcul
L’objectif de ce chapitre est de rappeler les règles de calcul élémentaires entre nombres réels. La
maîtrise de ces différentes règles constitue un prérequis indispensable à la poursuite d’études scientifiques
et plus généralement à la pratique des mathématiques au quotidien. Nous allons ainsi redéfinir les en-
sembles de nombres usuels (illustrés sur la figure 1.1) ainsi que les différentes opérations de calcul sur ces
ensembles. Il va sans dire que si vous désirez progresser, vous devez absolument vous abstenir d’utiliser
une calculatrice.
R
Q
π
Z
N 1 √
−1 2 2
0, 1, 2, . . .
−2
e
− 75
Nous aurons besoin dans ce chapitre de plusieurs notions en lien avec la théorie des ensembles. Nous ne
donnerons que peu de détails à ce sujet dans ce chapitre mais si vous êtes intéressé nous vous renvoyons
à l’annexe A.
Les deux opérations usuelles sur les nombres entiers naturels sont la somme et le produit qui sont définis,
étant donnés deux nombres entiers naturels a et b, de la façon suivante.
◦ La somme de a et b est définie par a + b = |1 + 1 +{z. . . + 1} + |1 + 1 +{z. . . + 1}.
a termes b termes
◦ Le produit de a et b est défini par a × b = |a + a +{z. . . + a} et on pourra se convaincre que a × b =
b termes
b
| +b+
{z. . . + b}.
a termes
Remarques.
◦ Il est d’usage de noter ab le produit a × b pour simplifier les écritures.
◦ Dans les calculs utilisant des sommes et des produits il faudra faire particulièrement attention aux
règles de priorités de calculs entre les opérations : on commence toujours par calculer les produits
avant les sommes. Si vous souhaitez calculer une somme avant un produit, il faut impérativement
l’indiquer en utilisant un parenthésage ! Par exemple, on a (2 + 3) × 5 = 5 × 5 = 25.
Cet ensemble est construit à partir de N en ajoutant pour tout nombre n ∈ N non nul son symétrique,
c’est-à-dire un nombre noté −n tel que n + (−n) = 0 = −n + n.
Remarques.
◦ On parlera régulièrement de nombres entiers sans précisions supplémentaires pour désigner des entiers
relatifs.
◦ La somme et le produit définis précédemment pour les entiers naturels s’étendent de façon naturelle
à l’ensemble des nombres entiers relatifs Z.
an = |a × a ×{z. . . × a} .
n termes
De plus, pour tout nombre entier relatif a, on pose a0 = 1 (en particulier 00 = 1).
Proposition 1.3 – Règles de calcul avec les puissances. Soient a, b deux nombres entiers relatifs et
m, n deux nombres entiers naturels. Alors,
◦ am × bm = (ab)m , ◦ am × an = am+n , ◦ (am )n = am×n = amn .
Exemple. On cherche à calculer, pour n ∈ N, la valeur de (−1)n en fonction de n. Fixons un entier naturel
n. On distingue alors deux cas :
◦ ou bien n est pair, c’est-à-dire qu’il existe un entier naturel k tel que n = 2k, et alors (−1)n =
k
(−1)2k = (−1)2 = 1k = 1,
◦ ou bien n est impair, c’est-à-dire qu’il existe un entier
k naturel k tel que n = 2k + 1, et alors
(−1)n = (−1)2k+1 = (−1) × (−1)2k = (−1) × (−1)2 = (−1) × 1k = −1.
On a donc montré que pour tout entier naturel n, on a (−1)n = 1 si n est pair et (−1)n = −1 si n est
impair.
Exercice 1.4. Écrire sous la forme an , a et n des entiers naturels, les nombres suivants :
1. 33 × 53 , 2. 33 × 35 , 3. (33 )5 , 4. 23 × 33 × 62 .
Remarques.
◦ On notera que, par définition, 1 n’est pas un nombre premier.
◦ Si vous avez l’habitude du langage de l’arithmétique vous pouvez reformuler la définition précédente
de la façon suivante : un nombre entier naturel n est dit premier s’il possède exactement deux diviseurs
à savoir 1 et lui-même. On retrouve donc ici que 1 n’est pas premier.
Exemple. Les nombres 2, 3, 5, 7, 11, 13, 17, 19 sont des nombres premiers. Pour faire la liste des nombres
premiers inférieurs à un nombre fixé, on peut utiliser le crible d’Ératosthène (pour une présentation de ce
crible, on pourra consulter [Wikc]). De plus, pour savoir si un nombre entier positif est un nombre premier
√
on notera qu’il suffit de tester s’il est divisible par un nombre compris entre 2 et n.
Les nombres premiers sont d’un très grand intérêt. Ils sont, par exemple, utilisés de façon cruciale en
cryptographie (par exemple pour le protocole RSA, voir [Wikb]). Leur principal usage dans ce chapitre
découle du résultat suivant.
Proposition 1.6 – Décomposition en facteurs premiers. Pour tout entier n ⩾ 2, il existe une unique
famille de couples (p1 , k1 ), . . . , (pr , kr ), avec
◦ p1 , . . . , pr des nombres premiers distincts et classés dans l’ordre croissant,
◦ k1 , . . . , kr des entiers naturels non nuls,
telle que
n = p1k1 × p2k2 × · · · × prkr .
Exemple. On a la décomposition
2160 = 2 × 2 × 2 × 2 × 3 × 3 × 3 × 5 = 24 × 33 × 5.
10 Chapitre 1 – Rudiments de calcul
Exercice 1.7 – Décomposition d’entiers. Donner la décomposition en produit de nombres premiers des
nombres suivants :
1. 1000, 2. 625, 3. 564, 4. 89.
La simplification de fraction est importante car elle permet d’écrire les nombres rationnels sous forme
irréductible, c’est-à-dire avec le dénominateur le plus petit possible.
Exemple. Le nombre 21 6 n’est pas irréductible car 21 = 3 × 7 et 6 = 3 × 2 (on a ici c = 3). En revanche,
7
2 (qui est en réalité égale à 21
6 ) est bien irréductible.
◦ L’addition de deux fractions ayant des dénominateurs différents est donnée par
a c ad bc ad + bc
+ = + = .
b d bd bd bd
5 4 5×3 4×7 15 28 15+28 43
Exemple. On a 7 + 3 = 7×3 + 3×7 = 21 + 21 = 21 = 21 .
Propriété 1.12 – Produit, puissance et quotient de deux fractions. Soient a, b, c et d des nombres
réels avec b et d non nuls.
◦ La multiplication de deux fractions est donnée par
a c ac
× = .
b d bd
1.1 Ensembles de nombres et opérations 11
a n an
En particulier, pour tout entier naturel n, b = bn .
◦ Supposons également que c ̸= 0. La division de deux fractions est donnée par
a
b a d ad
c = × = .
d b c bc
Exercice 1.13. Écrire sous forme d’une fraction irréductible les nombres rationnels suivants :
1. 1
+ 35 , 4. 11
+ 5
− 12 , (−2)4 × (−3)7
2 3 6 7. ,
1
43 × 94
− 13 , 2
+ 95 ,
2. 5. 4 × 2
2 4
3 + 49
2 9 1 1 1 1 8. .
3. 3 × 4, 6. 2 + 3 + 4 + 5,
2
3 − 49
Définition 1.14 – Retour aux puissances. Soient a un nombre entier non nul et m et n deux entiers
relatifs, alors
am
am−n = n .
a
En particulier, si m = 0 et n = 1 on a a−1 = 1a .
Remarque. Ces définitions s’étendent bien entendu au cas où a est un nombre rationnel et plus largement
un nombre réel. Dans le cas d’un nombre rationnel, on pourra par exemple utilisé la règle de calcul sur les
puissances vue dans la propriété 1.12 pour se ramener à du calcul avec les nombres entiers.
p p √
À retenir. L’égalité (a)2 = a n’est vraie que pour a positif ! Par exemple, on a (−3)2 = 9 = 3 qui
est différent de −3.
Propriété 1.17 – Opérations sur les racines carrées. Soient a et b deux nombres réels positifs.
√ √ √
◦ La multiplication de racines carrées est donnée par a × b = ab.
√ r
a a
◦ La division de racines carrées est donnée, si b ̸= 0, par √ = .
b b
12 Chapitre 1 – Rudiments de calcul
√ √ √ √ √ √ √ √
Exemple. On a 120 = 4 × 5 × 6 = 2 5 × 6 ou encore √6 = 2×
√ 3 = 3.
2 2
√ √ √ √ √
À retenir. Il faudra prendre garde au fait que a + b ̸= a+ b. Par exemple, on a 2+2 = 4=
√ √ √
2 ̸= 2 2 = 2 + 2.
Il y des cas particuliers d’utilisation de la double distributivité particulièrement utiles à connaître que l’on
énonce dans la proposition suivante.
Proposition 1.19 – Identités remarquables. Pour tous nombres réels a et b, on a les égalités suivantes :
◦ (a + b)2 = a2 + 2ab + b2 , ◦ (a + b)(a − b) = a2 − b2 .
Démonstration. Il suffit de développer les expressions de gauche à l’aide de la double distributivité pour
démontrer ces égalités.
Exercice 1.21. Étant donnés des nombres réels a, b, x, y , α et ω, développer les expressions suivantes :
√ 2
1. 4 − 3 2 , 6. (7a + 5)(5 − 3a),
√ √
2. (2 5 + 3)(3 5 − 4), 7. (11y 2 + 4)2 ,
√ 2
3. (1 − 2) , 8. (11y 2 + 4)3 ,
√ √ 2 √ √ 2
4. ( 10 + 6) − ( 10 − 6) , 9. (α − 3ω)2 ,
5. 4x(7x 2 − 8), 10. (4x − 9 − b)(4x − 9 + b).
1.2 Développement et factorisation 13
Exercice 1.22 – D’autres identités remarquables. Soient a et b deux nombres réels. Développer les
expressions suivantes :
1. (a − b)(a2 + ab + b2 ), 2. (a − b)(a3 + a2 b + ab2 + b3 ).
La double distributivité possède de nombreuses applications pratiques. L’une d’entre elles consiste à utiliser
ce que l’on appelle la quantité conjuguée.
Méthode – Multiplication par la quantité conjuguée. Pour simplifier une somme ou une différence de
racines au dénominateur d’une fraction, comme par exemple, pour a et b sont deux réels positifs distincts,
1 1
√ √ ou √ √ ,
a+ b a− b
et √ √ √ √ √ √
1 1 a+ b a+ b a+ b
√ √ =√ √ ×√ √ = √ √ √ √ = .
a− b a− b a+ b ( a − b)( a + b) a−b
Exercice 1.23 – Multiplication par la quantité conjuguée. Simplifier les expressions suivantes en ob-
tenant des dénominateurs entiers :
√ √ √ √ √
1 2+ 3+ 5 4+2 6 4−2 6
1. √ √ , 3. √ √ , 5. √ √ +√ √ ,
5− 3 3+ 5 2+ 3 2− 3
√ √ √ √ √ 2
3+ 5 7− 2 4 3
2. √ √ , 4. √ √ , 6. √ .
3− 5 5− 2 2+1
Méthode – Factorisation. Pour factoriser une expression, il peut être très utile de se rappeler des identités
remarquables dont on rappelle qu’elles sont données, pour a et b deux nombres réels, par a2 + 2ab + b2 =
(a + b)2 et a2 − b2 = (a − b)(a + b). On les écrit dans le sens inverse de celui donné précédemment pour
qu’elles s’appliquent au mieux à notre objectif : factoriser des expressions.
14 Chapitre 1 – Rudiments de calcul
Exercice 1.25. Soient x, y , g et t des nombres réels. Factoriser les expressions suivantes :
1. 1
2 gt
2
− 12 g 2 t, 4. x 2 − 2,
2
2. x + 4x + 4, 5. x 3 − 8,
3. 4x 2 − 12x + 9, 6. 3x 4 − 12x 3 + 12x 2 .
Exercice 1.26. Soient x, y et z trois nombres réels. Simplifier en factorisant les expressions suivantes
(dont on suppose qu’elles sont bien définies) :
8 5x − 10 x 2 − 2x + 1
1. , 3. , 5. ,
12x + 20 7x − 14 2(x − 1)
9x 2 4x − 12 3x + 3
2. , 4. , 6. 2 .
12xy − 15xz 15 − 5x x + 2x + 1
Exercice 1.27. Soient a, b, x et y quatre nombres réels. Mettez les expressions suivantes (dont on suppose
qu’elles sont bien définies) sous forme d’une seule fraction :
2a + b a − 6b 2 3
1. + , 3. − ,
10 15 3a − 1 2a + 1
2 3 5 3 5
2. − + , 4. − 2 .
x 2x 4 x +y x − y2
1.2 Développement et factorisation 15
Exercice 1.4
1. 153 , 2. 38 , 3. 315 , 4. 63 × 62 = 65 .
Exercice 1.7
1. 23 × 53 , 2. 54 , 3. 22 × 3 × 47, 4. 89.
Exercice 1.13
1. 11
10
, 3. 3
2
, 5. 46
5
, 1
7. − 12 ,
2. 1
6
, 4. 4, 6. 77
60
, 35
8. − 19 .
Exercice 1.15
1. 49, 3. 125, 5. 2500,
2. 1
16
, 4. 12, 6. 8 × 52 × 78 .
Exercice 1.18
√ √ √
1. 12, 2. 7, 3. √1
7
+2 7= 15
7
7, 4. π − 1 car 1 − π < 0.
Exercice 1.20 Soient a et b deux nombres réels. On a (a − b)2 = (a + (−b))2 = a2 + 2a × (−b) + (−b)2 = a2 − 2ab + b2 .
Exercice 1.21
√
1. 34 − 24 2, 5. 28x 3 − 32x, 9. α2 − 6αω + 9ω 2 ,
√
2. 18 + 5, 6. −21a2 + 20a + 25, 10. 16x 2 − 72x + 81 − b2 .
√
3. 3 − 2 2, 7. 121y 4 + 88y + 16,
√
4. 8 15, 8. 1331y 6 + 1452y 4 + 528y 2 + 64,
Exercice 1.22
1. a3 − b3 , 2. a4 − b4 .
Exercice 1.23
√ √ √ √ √
1. 3+ 5
2
, 3. 2− 6+ 10
2
, 5. 4 2,
√ √ √ √
−2− 10+ 14+ 35
√
2. −4 − 15, 4. 3
, 6. 144 − 96 2.
Exercice 1.24
1. (2x − 3)(2x + 3), 5. (−x + 9)(3x − 1), 9. (7 − x)(49 + 7x + x 2 ),
√ √
2. (8x − 8)(8x + 8), 6. (−4x + 14)(4x + 4), 10. (x + 6)(x 2 − 5x + 25).
3. (x − 3)(−3x + 15), 7. (2x − 3)(5x − 3),
4. (4x − 2)(4x + 12), 8. (2x − 1)(2x + 1),
Exercice 1.25
1. 1
2
gt(t − g), 3. (2x − 3)2 , 5. (x − 2)(x 2 + 2x + 4),
√ √
2. (x + 2) , 2
4. (x − 2)(x + 2), 6. 3x 2 (x − 2)2 .
Exercice 1.26
1. 2
3x+5
, 2. 3x
4y −5z
, 3. 5
7
, 4. − 45 , 5. x−1
2
, 6. 3
x+1
.
Exercice 1.27
3x−3y −5
1. 8a−9b
30
, 2. 5x+2
4x
, 3. 5−5a
(3a−1)(2a+1)
, 4. (x+y )(x−y )
.
CHAPITRE 2
Équations et inéquations
f (x) = 0 (E)
où f (x) est une expression dépendant d’un nombre réel x, consiste à déterminer tous les nombres réels a
tels que l’égalité f (a) = 0 soit vraie. Un tel nombre a est alors appelé une solution réelle de l’équation
(E).
Remarque. La résolution d’une équation dépend de l’ensemble dans lequel on cherche les solutions. Ainsi,
si l’on écrit « résoudre dans R » on cherche tous les nombres réels x tels que f (x) = 0 alors que si l’on
écrit « résoudre dans Z » on cherche tous les nombres entiers relatifs x tels que f (x) = 0.
Exercice 2.2. Soit l’expression A(x) = −2x 3 + 3x 2 − 1 dépendante d’un nombre réel x. On considère
l’équation A(x) = 0.
1. Calculer A(0), A(1), A 12 et A − 21 . Les nombres 0, 1, 12 et − 12 sont-ils solutions de l’équation ?
Résoudre une équation peut se révéler difficile au premier abord. Afin de procéder à cette résolution, il
peut être utile de transformer ou de réécrire notre équation en une autre, qui à vocation à être plus simple
et qui possède exactement les même solutions : on dira alors que ces équations sont équivalentes.
Définition 2.3. Deux équations f (x) = 0 et g(x) = 0 sont dites équivalentes si, pour tout nombre réel
a tel que f (a) = 0 alors g(a) = 0 et si, pour tout nombre réel b tel que g(b) = 0 alors f (b) = 0. Si
f (x) = 0 et g(x) = 0 sont deux équations équivalentes, on dit alors que « f (x) = 0 si et seulement si
g(x) = 0 », ce que l’on note
f (x) = 0 ⇔ g(x) = 0.
18 Chapitre 2 – Équations et inéquations
À retenir. On utilisera le symbole ⇔ avec une grande précaution et avec parcimonie ! En général, il est
préférable de se contenter d’employer des termes en français qui signifient la même chose, comme par
exemple, « si et seulement si ». Ainsi, f (x) = 0 ⇔ g(x) = 0 signifie « a est solution de f (x) = 0 si et
seulement si a est solution de g(x) = 0 ».
Afin de pouvoir passer d’une première équation à une seconde équation équivalente à la première que l’on
espère plus simple à résoudre, on dispose notamment des deux règles de réécriture suivantes.
a + c = b + c si et seulement si a = b.
◦ Une égalité entre deux nombres reste vraie si l’on multiplie ou si l’on divise ses deux membres par un
même nombre réel non nul. Plus précisément, pour tous nombres réels a, b et c avec c ̸= 0, on a
ac = bc si et seulement si a = b.
Exemples.
◦ L’équation f (x) = g(x) avec f (x) et g(x) deux expressions dépendantes d’un nombre réel x, est
équivalente à l’équation f (x) − g(x) = 0.
◦ L’équation 2x + 3 = 3 est équivalente à l’équation 2x = 0.
◦ L’équation 2x 2 + x = −x + 4 est équivalente à l’équation 2x 2 + 2x − 4 = 0.
◦ L’équation 7x + 7 = 9 est équivalente à l’équation x + 1 = 79 .
a0 + a1 x + a2 x 2 + . . . + aN x N = 0.
Exemples.
◦ L’équation x 3 − 7x 2 = 9 est polynomiale de degré 3.
√
◦ L’équation x 5 − 4x 2 + x = 0 n’est pas polynomiale, car elle contient une racine carrée.
◦ L’équation (x 3 + 9)(x − 7) = x 4 est polynomiale de degré 3 car le terme en x 4 se simplifie.
Remarque. Bien que ces équations soient parmi les plus simples que l’on puisse rencontrer, trouver toutes
les solutions d’une telle équation peut se révéler fastidieux, voir difficile. On peut distinguer deux familles
d’équations polynomiales.
◦ Pour les équations polynomiales de degrés 1, 2, 3 et 4, il existe des formules pour les solutions. Nous
allons ici nous intéresser aux équations polynomiales de degré 1. Les équations polynomiales de degré
2 feront l’objet de la section suivante. La méthode de Cardan (voir [Wikg]) permet de résoudre les
équations de degré 3 et la méthode de Ferrari (voir [Wiki]) les équations de degré 4.
2.3 Équations du second degré 19
◦ En revanche, on peut démontrer qu’il n’existe pas de formule générale pour les solutions d’équations
polynomiales de degré 5 ou plus. Le principal contributeur pour la démonstration de ce résultat est
le mathématicien français Évariste Galois (voir [Wikd]).
Si vous êtes intéressé par cette question, nous vous conseillons de consulter [Per].
Étudions maintenant la résolution des équations polynomiales de degré 1, que l’on appelle aussi équations
affines. Commençons par traiter un exemple.
2x + 3 − 5x = 4x.
3
2x + 3 − 5x = 4x ⇔ −7x + 3 = 0 ⇔ −7x = −3 ⇔ x = .
7
3 3
On a donc montré que 2x + 3 − 5x = 4x si et seulement si x = 7. Donc, 7 est l’unique solution de
l’équation 2x + 3 − 5x = 4x.
Cet exemple se généralise aisément. Considérons deux réels a ̸= 0 et b et déterminons les solutions de
l’équation ax + b = 0. On peut isoler l’inconnue x d’un côté du signe d’égalité via les équivalences
suivantes :
1 1 b
ax + b = 0 ⇔ ax = −b ⇔ ax = × (−b) ⇔ x = − .
a a a
On a donc démontré le résultat suivant.
Proposition 2.6. Soient a et b deux nombres réels avec a non nul. L’équation polynomiale de degré 1,
ax + b = 0 admet pour unique solution réelle le nombre − ba .
ax 2 + bx + c = 0,
20 Chapitre 2 – Équations et inéquations
avec a ̸= 0, b et c trois nombres réels. Il est important de noter qu’il n’y a que peu d’équations dont on
sait trouver les solutions exactes. Il est donc important de bien savoir traiter celles que l’on sait toujours
résoudre.
Proposition 2.8. Soient a un nombre réel et f (x) une expression dépendante d’un nombre réel x.
◦ Si a > 0, alors l’équation (f (x))2 = a est équivalente à
√ √
f (x) = a ou f (x) = − a.
Exemples.
√ √
◦ L’équation (x − 2)2 = 3 est équivalente à x − 2 = 3 ou x − 2 = − 3 ce qui est équivalent à
√ √ √ √
x = 2 + 3 ou x = 2 − 3. Les solutions de l’équation (x − 2)2 = 3 sont donc 2 + 3 et 2 − 3.
◦ L’équation (x − 2)2 = 0 est équivalente à l’équation x − 2 = 0, donc l’unique solution de l’équation
(x − 2)2 = 0 est 2.
◦ L’équation (x + 7)2 + 3 = 1 est équivalente à l’équation (x + 7)2 = −2 qui n’admet aucune solution
réelle.
où l’on a ici α = 34 . On reconnaît bien entre parenthèses le début d’une identité remarquable dont on fait
apparaître la fin :
2 2 !
2 2 3 3 3
2x + 3x + 1 = 2 x + 2 x + − + 1.
4 4 4
2.3 Équations du second degré 21
Démonstration. Soient trois nombres réels a, b et c, avec a ̸= 0. On considère l’équation du second degré
ax 2 + bx + c = 0. Soit x un nombre réel, on a les égalités suivantes :
2 2 b 2 b
ax + bx + c = ax + 2 x + c = a x + 2 x + c
2 2a
b2 b2 b2 b2
2 2 b 2 b
ax + bx + c = a x + 2 x + 2 − 2 + c = a x + 2 x + 2 − +c
2a 4a 4a 2a 4a 4a
et donc
b 2 b2 b 2 4ac − b2
ax 2 + bx + c = a x + − +c =a x + + .
2a 4a 2a 4a
b 4ac−b2
On pose alors x0 = − 2a et y0 = 4a afin d’obtenir le résultat.
Définition 2.11 – Forme canonique. La forme a(x − x0 )2 + y0 = 0 d’une équation polynomiale de degré
deux est appelée forme canonique. La forme ax 2 + bx + c = 0 est appelée forme développée.
Remarque. Plutôt que de retenir la formule de la forme canonique, il est plus intéressant de retenir
la méthode pour l’obtenir : il faut penser la partie ax 2 + bx du polynôme comme un début d’identité
remarquable et faire attention au coefficient a devant le terme x 2 .
Exercice 2.12. Mettre sous forme canonique les expressions dépendantes d’un réel x suivantes :
1. x 2 + 4x + 5, 3. x 2 − 4x + 2, 5. 3x 2 − 3x + 3,
2. x 2 + 5x − 3, 4. 4x 2 + 5x − 1, 6. −2x 2 + 3x + 5.
Exercice 2.13.
2
1. Montrer que x 4 − 26x 2 + 25 = 0 est équivalente à x 2 − 13 = 144.
2. Résoudre cette équation.
22 Chapitre 2 – Équations et inéquations
Dans cette section, on donne une méthode pour résoudre une équation polynomiale de degré deux,
c’est-à-dire une équation de la forme ax 2 + bx + c = 0, avec a, b et c, trois nombres réels tels que a ̸= 0.
Définition 2.14. Les solutions d’une équation du second degré ax 2 + bx + c = 0, avec a, b et c trois
nombres réels tels que a ̸= 0, sont appelées racines du trinôme ax 2 + bx + c.
On a vu que tout trinôme ax 2 + bx + c peut s’écrire sous forme canonique (voir la démonstration de la
proposition 2.10) de la manière suivante :
b 2 4ac − b2
ax 2 + bx + c = a x + + .
2a 4a
Dans l’expression de droite, on peut factoriser par a, car a est non nul, pour obtenir
!
b 2 b2 − 4ac
2
ax + bx + c = a x+ − .
2a 4a2
donc les solutions de l’équation ax 2 + bx + c = 0 sont exactement celles de cette dernière équation. À
présent, trois cas de figures se présentent à nous.
est de la forme f (x)2 = α avec α > 0 dont on sait d’après la proposition 2.8 qu’elle est équivalente
√ √
à f (x) = α ou f (x) = − α ce qui donne les valeurs de x solutions de l’équation. Afin d’obtenir
une factorisation du trinôme, détaillons l’obtention de ces racines :
2 2 √ !2
b2 − 4ac b2 − 4ac
b b
x+ − = x+ − .
2a 4a2 2a 2a
◦ Si le nombre réel b2 − 4ac est nul, on remarque, en utilisant la forme canonique, que si b2 − 4ac = 0
alors
b 2 b2 − 4ac b 2
2
ax + bx + c = 0 ⇔ x + − =0⇔ x+ = 0.
2a 4a2 2a
b
Ainsi, l’équation ax 2 + bx + c = 0 admet une solution réelle double x1 = x2 = − 2a .
◦ Si le nombre réel b2 − 4ac est strictement négatif, alors l’équation du second degré est équivalente
à une équation de la forme f (x)2 = α avec α < 0 dont on sait d’après la proposition 2.8 qu’elle
n’admet pas de solution réelle. Il n’y a donc pas de solution réelle.
Définition 2.15 – Discriminant. Soient a, b et c, des nombres réels avec a ̸= 0. On appelle discriminant
du trinôme ax 2 + bx + c, que l’on note ∆ (qui se lit « delta »), le nombre réel
∆ = b2 − 4ac.
Théorème 2.16 – Racines réelles et factorisation d’un trinôme. Soient a, b et c trois nombres réels,
avec a ̸= 0 et ∆ = b2 − 4ac.
◦ Si ∆ > 0, ax 2 + bx + c admet exactement deux racines réelles
√ √
−b − ∆ −b + ∆
x1 = et x2 =
2a 2a
−b
x0 = (= x1 = x2 )
2a
et la factorisation ax 2 + bx + c = a(x − x0 )2 .
◦ Si ∆ < 0, ax 2 + bx + c n’admet aucune racine réelle et ne se factorise pas sur R.
Exemples.
◦ On cherche les racines du trinôme 2x 2 + 3x + 1. On commence par calculer le discriminant ∆ =
32 − 4 × 2 × 1 = 9 − 8 = 1. Le discriminant est strictement positif, donc ax 2 + bx + c admet les
deux racines
√ √
−3 − 1 −3 − 1 −3 + 1 −3 + 1 1
x1 = = = −1 et x2 = = =− .
2×2 4 2×2 4 2
De plus, le trinôme admet la factorisation suivante :
2 1 1
2x + 3x + 1 = 2(x − (−1)) x − (− ) = 2(x + 1) x + .
2 2
24 Chapitre 2 – Équations et inéquations
À retenir – Résolution d’une équation du second degré. On a une procédure à suivre afin de déterminer
les racines réelles d’un trinôme ax 2 + bx + c :
1. on calcule le discriminant ∆ = b2 − 4ac,
2. en fonction du signe de ∆, on en déduit les racines éventuelles :
Remarques.
◦ Si vous avez un trinôme dont le discriminant est nul, alors vous devez être capable de le factoriser
en utilisant une identité remarquable.
◦ Le dernier trinôme de l’exemple précédent n’admet aucune racine dans R. Nous verrons plus loin que
l’on peut considérer un ensemble de nombres plus grand que l’ensemble des nombres réels (appelé
ensemble des nombres complexes) dans lequel un tel trinôme admet des racines. On découvrira cela
dans le chapitre 11.
Proposition 2.18. Soient f (x) et g(x) deux expressions dépendantes d’un nombre réel x. Alors,
Autrement dit, un réel a est solution de l’équation f (x)g(x) = 0 si et seulement si f (a) = 0 ou g(a) = 0.
Proposition 2.20. Soient f (x) et g(x) deux expressions dépendantes d’un nombre réel x. Alors,
f (x)
= 0 si et seulement si (f (x) = 0 et g(x) ̸= 0)
g(x)
f (x)
Autrement dit, un réel a est solution de l’équation = 0 si et seulement si f (a) = 0 et g(a) ̸= 0.
g(x)
Exemple. L’équation
x −2
=0
(x − 3)(x − 5)
est équivalente à x − 2 = 0 et (x − 3)(x − 5) ̸= 0, qui est donc équivalent à x − 2 = 0 et x − 3 ̸= 0 et
x − 5 ̸= 0. L’unique solution de l’équation est donc 2.
À retenir. Il faut absolument faire attention aux valeurs pour lesquelles le dénominateur s’annule.
Par exemple, on peut considérer l’équation
x −2
=0 (E)
x2 − 7x + 10
x −2
=0
(x − 2)(x − 5)
qui équivaut à
1
=0
(x − 5)
qui n’a aucune solution. L’équation (E) n’admet donc aucune solution. En particulier, 2 n’est pas une
solution de (E).
26 Chapitre 2 – Équations et inéquations
| |
0 1 R
L’orientation de la droite (le choix d’un sens de parcours, de la gauche vers la droite, symbolisée par la
flèche) nous permet de conserver l’information de l’ordre naturel des nombres. Ainsi, lorsque l’on considère
deux nombres réels a et b avec a < b, alors a sera placé à gauche de b.
Définition 2.22 – Intervalles bornés de R. Soient a et b deux nombres réels tels que a < b, les sous-
ensembles de R suivants sont appelés des intervalles de R :
◦ l’ensemble [a, b] = {x ∈ R | a ⩽ x ⩽ b} est l’intervalle fermé borné [a, b],
◦ l’ensemble [a, b[ = {x ∈ R | a ⩽ x < b} (b n’est pas un élément de [a, b[),
◦ l’ensemble ]a, b] = {x ∈ R | a < x ⩽ b} (a n’est pas un élément de ]a, b]),
◦ l’ensemble ]a, b[ = {x ∈ R | a < x < b} est l’intervalle ouvert borné ]a, b[.
On représente chacun de ces intervalles sur la figure 2.2.
[ ] [ [
a b R a b R
Définition 2.23 – Intervalles non bornés de R. Soit a un nombre réel. Les sous-ensembles de R suivants
sont appelés les intervalles non bornés de R :
◦ l’ensemble [a, +∞[ = {x ∈ R | a ⩽ x},
◦ l’ensemble ]a, +∞[ = {x ∈ R | a < x},
◦ l’ensemble ] − ∞, a] = {x ∈ R | x ⩽ a},
2.5 Intervalles et inéquations 27
[ ]
a R a R
Certains de ces intervalles sont très souvent utilisés : on introduit donc une notation particulière pour
ceux-là.
Nous aurons parfois besoin d’un peu plus que des intervalles et nous allons pour cela considérer des
opérations sur les ensembles : l’union, notée ∪, et l’intersection, notée ∩. On ne traite ici que le cas des
intervalles, mais ces opérations sont définies plus généralement (voir l’annexe A).
On illustre les notions d’union et d’intersection d’intervalles avec quelques représentations graphiques :
pour cela, fixons a < b < c < d, quatre nombres réels, on a
◦ [a, b] ∪ [c, d] : [ ] [ ]
a b c d R
◦ [a, c] ∪ [b, d] : [ | | ]
a b c d R
◦ [a, c] ∩ [b, d] : | [ ] |
a b c d R
◦ [a, d] ∩ [b, c] : | [ ] |
a b c d R
Remarque. S’il n’existe pas x ∈ R tel que x ∈ I et x ∈ J alors on note I ∩ J = ∅ et on dit qu’il s’agit de
l’ensemble vide. L’ensemble vide est l’unique ensemble ne contenant aucun élément.
Définition 2.26 – Complémentaire. Soit E un sous-ensemble de R. On note R \ E, que l’on lit « R privé
de E » le complémentaire de E dans R défini par
R \ E = {x ∈ R | x ∈
/ E} .
◦ R \ {a} : | |
a b R
◦ R \ {a, b} : | |
a b R
◦ R \ [a, b] : [| ]|
a b R
◦ R\]a, b[ : ]| [|
a b R
2.5.2 Inéquations
Définition 2.27. Résoudre une inéquation f (x) ⩾ 0 consiste à déterminer l’ensemble des solutions de
cette inéquation, c’est-à-dire l’ensemble des nombres réels a tels que f (a) ⩾ 0. Deux inéquations sont
dites équivalentes si elles admettent le même ensemble de solutions.
Remarque. Comme pour les équations, si deux inéquations sont équivalentes, on peut utiliser le symbole
⇔ pour passer de l’une à l’autre.
À retenir. Multiplier les membres d’une inéquation par un nombre négatif change le signe de l’inéquation.
Par exemple, on a 3 ⩽ 5 et si l’on multiplie par −1 chaque membre de l’inéquation, on obtient −3 ⩾ −5.
On constate aisément cela sur la représentation graphique suivante :
| | | | | | | | | | |
−5 −3 0 1 3 5 R
2y − 3 ⩾ −y + 1 ⇔ 2y − 3 + y ⩾ −y + 1 + y
⇔ 3y − 3 ⩾ 1
⇔ 3y ⩾ 4
1 1
⇔ 3 × 3y ⩾ 3 × 4
4
⇔ y⩾3
donc l’ensemble de solutions de l’inéquation 2y −3 ⩾ −y +1 est l’ensemble des nombres réels y satisfaisant
y ⩾ 43 ou autrement dit les éléments de l’intervalle [ 34 , +∞[.
2.5 Intervalles et inéquations 29
Remarque. On prendra garde à ne chercher les solutions d’une inéquation que dans l’ensemble des réels
pour lesquels les expressions considérées ont un sens. Ainsi, on cherchera les solutions de l’inéquation
1
⩾0
x −1
(x − 1)(x − 2)
en fonction de la valeur de x. Pour cela, on utilise le fait que le signe de l’expression est entièrement
contrôlé par le signe de chacun des termes qui la composent :
◦ l’expression (x − 1)(x − 2) est positive si et seulement si les deux sous-expressions x − 1 et x − 2
dont elle est le produit sont de même signe,
◦ l’expression est négative si et seulement si les deux sous-expressions sont de signes différents.
Afin de présenter cette disjonction de cas, on peut utiliser un tableau de signes qui résumera dans chacune
de ses lignes les variations de signes des expressions en jeu. Pour x ∈ R, notons f (x) = (x − 1)(x − 2).
On commence par étudier le signe de l’expression x − 1 : l’inéquation x − 1 ⩾ 0 est équivalente à x ⩾ 1,
donc la quantité x − 1 est positive si et seulement si x ⩾ 1. De même, la quantité x − 2 est positive ou
nulle si et seulement si x ⩾ 2. On peut déduire de ceci le signe de l’expression f (x) = (x − 1)(x − 2) en
fonction de la valeur de x.
◦ Pour tous les réels x ⩽ 1, on a x − 1 ⩽ 0 et x − 2 ⩽ 0 et le produit de deux quantités négatives
étant positif, on peut donc conclure que pour tout réel x ⩽ 1, (x − 1)(x − 2) ⩾ 0.
◦ Pour tout réel x ∈ [1, 2], on a x − 1 ⩾ 0 et x − 2 ⩽ 0, donc le produit de ces deux expressions est
négatif. On a donc pour tout réel x ∈ [1, 2], (x − 1)(x − 2) ⩽ 0.
◦ Enfin, pour tout réel x ∈ [2, +∞[, on a x − 1 ⩾ 0 et x − 2 ⩾ 0, donc pour tout réel x ∈ [2, +∞[,
(x − 1)(x − 2) ⩾ 0.
On compile tous ces résultats dans le tableau de signes suivant.
x −∞ 1 2 +∞
x −1 − 0 + +
x −2 − − 0 +
f (x) + 0 − 0 +
30 Chapitre 2 – Équations et inéquations
Remarque. On note que connaître le signe de l’expression f (x) = (x − 1)(x − 2) est tout à fait équivalent
au fait de résoudre l’inéquation f (x) ⩾ 0 dont l’ensemble des solutions est, d’après le tableau de signes
??, ]−∞, 1]∪[2, +∞[. De ceci on déduit également que l’ensemble des solutions de l’inéquation f (x) < 0
est ]1, 2[ qui est le complémentaire de l’ensemble des solutions de l’inéquation f (x) ⩾ 0.
Exercice 2.30. Dresser le tableau de signes de l’expression g(x) = (x − 1)(x − 2)(x − 3).
Propriété 2.31 – Signe d’un trinôme. Soient a, b et c trois nombres réels avec a ̸= 0. Le signe de
l’expression f (x) = ax 2 + bx + c en fonction de x dépend du signe du coefficient dominant a et du signe
du discriminant.
◦ Si le discriminant ∆ est strictement positif alors l’équation f (x) = 0 admet deux solutions x1 < x2
et on a le tableau de signes suivant.
x −∞ x1 x2 +∞
signe signe de signe signe de
0 0
de f (x) a opposé de a a
b
◦ Si le discriminant ∆ est nul alors l’équation f (x) = 0 admet une unique solution x0 = − 2a et on a
le tableau de signes suivant.
x −∞ x0 +∞
signe
signe de a 0 signe de a
de f (x)
◦ Si le discriminant ∆ est strictement négatif alors l’équation f (x) = 0 n’admet aucune racine réelle
et on a le tableau de signes suivant.
x −∞ +∞
signe
signe de a
de f (x)
Démonstration. On traite les trois cas séparément. Dans toute la preuve, on fixe a, b et c trois nombres
réels avec a ̸= 0.
◦ Supposons pour commencer que ∆ = b2 − 4ac > 0. D’après le théorème 2.16, on a donc pour tout
réel x,
ax 2 + bx + c = a(x − x1 )(x − x2 )
√ √
−b− ∆ −b+ ∆
avec x1 = 2a et x2 = 2a . On distingue alors deux cas selon le signe de a.
2.5 Intervalles et inéquations 31
x −∞ x1 x2 +∞
x − x1 − 0 + +
x − x2 − − 0 +
f (x) + 0 − 0 +
x −∞ x2 x1 +∞
x − x1 − − 0 +
x − x2 − 0 + +
f (x) − 0 + 0 −
◦ Supposons que ∆ = b2 − 4ac = 0. D’après le théorème 2.16, on a pour tout réel x, la factorisation
b 2
ax 2 + bx + c = a x + .
2a
b
Un carré étant toujours positif, le signe de l’expression, qui s’annule en − 2a , ne dépend donc que du
signe de a.
◦ Supposons enfin que ∆ = b2 − 4ac = 0. D’après la preuve du théorème 2.16, on a alors pour tout
réel x, !
b 2 b2 − 4ac
2
ax + bx + c = a x+ − .
2a 4a2
Le terme entre parenthèses étant strictement positif, le signe de l’expression est donc constant égal
au signe de a.
Exercice 2.7
1. Soit x un nombre réel. On a la suite d’équivalences suivante : 3x + 2 = 5 ⇔ 3x + 2 − 2 = 5 − 2 ⇔ 3x = 3 ⇔ x = 1, donc l’unique
solution réelle de l’équation est 1.
2. Soit x un nombre réel, on a les équivalences suivantes : 3
2
x +3 = 4 ⇔ 3
2
x =1⇔x = 2
3
. Ainsi, on a montré que l’équation admet 2
3
comme unique solution réelle.
3. Soit x un nombre réel, on a les équivalences suivantes : −5x − 2 = 8 ⇔ −5x = 10 ⇔ x = 10
−5
= −2. Ainsi, on a montré que l’équation
admet −2 comme unique solution réelle.
4. Soit x un nombre réel, on a −3x + 7 = 9 ⇔ −3x = 2 ⇔ x = − 23 donc l’unique solution réelle de l’équation est − 23 .
5. Soit x un nombre réel. On a 4x + 6 = 9x − 2 ⇔ 6 + 2 = 9x − 4x ⇔ 8 = 5x ⇔ x = 8
5
donc l’unique solution réelle de l’équation est 85 .
6. Soit x un nombre réel. On a 3 + 1 = 2x − 1 ⇔ 2 = 2x − 3 ⇔ 2 = 3 x, donc l’unique solution de l’équation est 65 .
x x 5
Exercice 2.9
1. Soit x un nombre réel. On a les équivalences suivantes 2x 2 = x 2 + 16 ⇔ x 2 = 16 ⇔ x = 4 ou x = −4 donc les solutions réelles de
l’équation sont 4 et −4.
2. Soit x un nombre réel. On a (x + 2)2 = 9 ⇔ x + 2 = 3 ou x + 2 = −3 ⇔ x = 1 ou x = −5 donc les solutions réelles de l’équation sont
1 et −5.
3. Soit x un nombre réel. On a (2x − 5)2 = 49 ⇔ 2x − 5 = 7 ou 2x − 5 = −7 ⇔ 2x = 12 ou 2x = −2 ⇔ x = 6 ou x = −1 donc les
solutions réelles de l’équation sont −1 et 6.
4. Soit x un nombre réel. On a 2
x 2 − 10 = 36 ⇔ x 2 − 10 = 6 ou x 2 − 10 = −6
⇔ x 2 = 16 ou x 2 = 4
⇔ x = 4 ou x = −4 ou x = 2 ou x = −2,
Exercice 2.12
1. Soit x ∈ R, on a x 2 + 4x + 5 = x 2 + 2 × 2x + 4 + 1 = (x + 2)2 + 1.
2
2. Soit x ∈ R, on a x 2 + 5x − 3 = x 2 + 2 × 52 x + 25
4
− 37
4
= x + 25 − 37
4
.
3. Soit x ∈ R, on a x2 − 4x + 2 = x2 − 2 × 2x + 4 − 2 = (x − 2)2 −2
4. Soit x ∈ R, on a 4x 2 + 5x − 1 = (2x)2 + 2 × 45 × 2x + 25
16
− 41
16
= (2x + 45 )2 − 41
16
.
√ 2
√ √ √ √ 2
5. Soit x ∈ R, on a 3x 2 − 3x + 3 = 3x − 2 × 23 × 3x + 34 + 49 = 3
+ 49 .
3x − 2
√ 2 √
√ √ 2
6. Soit x ∈ R, on a −2x 2 +3x+5 = − 2x 2 − 3x − 5 = − 3 9 49
donc −2x 2 +3x+5 = − 3 2 49
2x −2× √
2 2
× 2x + 8
− 8
2x − 4
− 8
=
√ √ 2
49
8
− 2x − 3 4 2 .
Exercice 2.13
1. Soit x ∈ R, on a x 4 − 26x 2 + 25 = (x 2 )2 − 2 × 13 × x 2 + 132 − 144 = (x 2 − 13)2 − 144 donc l’équation (x 2 + 13)2 = 144 qui est
équivalente à l’équation (x 2 + 13)2 − 144 = 0 est également équivalente à l’équation x 4 − 26x 2 + 25 = 0.
2.5 Intervalles et inéquations 33
2. Comme l’équation (E) est équivalente à l’équation (x 2 − 13)2 = 144, on peut chercher les solutions de cette dernière. On a
x 2 − 13 = 12 x = 5 ou x = −5
2
x = 25
2
(x − 13) = 144 ⇔ 2
ou ⇔ ou ⇔ ou .
x = 1 ou x = −1
2
x − 13 = −12 x2 = 1
Exercice 2.19
1. On cherche à résoudre dans R l’équation (2x − 3)(4x − 5) = 0. Soit x ∈ R, on a
3
2x − 3 = 0 x= 2
(2x − 3)(4x − 5) = 0 ⇔ ou ⇔ ou .
4x − 5 = 0 x = 54
x −2=0 x =2
ou ou
(x − 2)(2x + 5)(−2x + 1) = 0 ⇔ 2x + 5 = 0 ⇔ x = − 25 .
ou ou
−2x + 1 = 0 x = 12
1
2x + 1 = 0 x = −2
(2x + 1)(2x + 3) = 0 ⇔ ou ⇔ ou
2x + 3 = 0 x = − 32
Ainsi, les solutions de l’équation sont − 12 et − 32 . Autrement dit, l’ensemble des solutions de (E3 ) est l’ensemble {− 32 , − 12 } .
4. On cherche à résoudre dans R, l’équation suivante (x + 5)(−2x + 1) = (x + 5)(x − 2). Soit x un nombre réel. On a,
(x + 5)(−2x + 1) = (x + 5)(x − 2)
⇔ (x + 5)(−2x + 1) − (x + 5)(x − 2) = 0
⇔ (x + 5) ((−2x + 1) − (x − 2)) = 0
⇔ (x + 5)(−3x + 3) = 0
⇔ x = −5 ou x = 1.
34 Chapitre 2 – Équations et inéquations
(2x + 3)2 − (3x + 2)2 = (2x + 3 + 3x + 2) (2x + 3 − (3x + 2)) = (5x + 5)(1 − x).
Exercice 2.21
1. On cherche les solutions réelles de l’équation
x −3
= 0.
2x + 1
On commence par étudier « les valeurs interdites », c’est-à-dire les valeurs que x ne peut pas prendre dans l’expression précédente ou
autrement dit, les valeurs pour lesquelles le dénominateur de la fraction s’annule. Soit x un nombre réel, l’équation 2x + 1 = 0 est
équivalente à x = − 21 . Ainsi, on va chercher les solutions de l’équation (E1 ) dans l’ensemble R \ {− 12 }. Soit x ∈ R \ {− 12 }, l’équation
x−3
2x+1
= 0 est équivalente à l’équation x − 3 = 0 . Ainsi, l’équation admet 3 comme unique solution.
2. On cherche l’ensemble des solutions réelles de l’équation
x 2 − 16
= 0.
2x + 5
On commence par déterminer pour quelles valeurs de x le dénominateur de la fraction s’annule : ce dénominateur s’annule pour x = − 25 .
x 2 −16
On cherche donc les solutions de l’équation dans l’ensemble R \ {− 52 } . Soit x ∈ R \ {− 52 }, l’équation 2x+5
= 0 est équivalente à
x 2 − 16 = 0, qui a pour solution 4 et −4. Ainsi, l’ensemble de solutions de l’équation est {−4, 4}.
3. On cherche l’ensemble des solutions réelles de l’équation
2 1
− = 0.
2x + 5 4x − 3
On commence par déterminer pour quelles valeurs les dénominateurs des fractions présentes dans le terme de gauche s’annulent. Les
dénominateurs s’annulent pour x = − 25 ou x = 34 . On cherche donc les solutions de l’équation dans l’ensemble R \ {− 52 , 34 } . Soit
x ∈ R \ {− 52 , 43 }, on a
2 1 2(4x − 3) − (2x + 5) 6x − 11
− = = .
2x + 5 4x − 3 (2x + 5)(4x − 3) (2x + 5)(4x − 3)
Ainsi, un nombre x ∈ R \ {− 25 , 34 } est solution de (E3 ) si et seulement si 6x − 11 = 0, et donc, l’unique solution de l’équation est 11
6
.
4. On cherche à résoudre dans R l’équation
1
3+ = 0.
x −5
Tout d’abord, remarquons que x − 5 = 0 si et seulement si x = 5. Ainsi, on cherche les solutions de l’équation (E4 ) dans l’ensemble
R \ {5} . Soit x ∈ R \ {5}, on a 3 + x−5
1
= 0 qui est équivalent à 3(x − 5) + 1 = 0 et donc à 3x = 14 . Ainsi, l’équation admet 14
3
comme
unique solution.
Exercice 2.29
1. Soit x ∈ R, l’inéquation 4x − 2 ⩾ 3 est équivalente à 4x ⩾ 5 qui est elle-même équivalente à x ⩾ 5
4
. On a donc montré que l’ensemble
des solutions réelles de l’inéquation est [ 54 , +∞[.
2. Soit x ∈ R, l’inéquation 3 − 7x < 5 est équivalente à −7x < 2 qui est elle-même équivalente à x > − 72 (on prendra garde au changement
de sens de l’inéquation). On a donc montré que l’ensemble des solutions de l’inéquation 3 − 7x < 5 est l’intervalle ] − 27 , +∞[.
3. Soit x un nombre réel, l’inéquation 7x + 3 > 2x − 2 est équivalente à 7x − 2x > −2 − 3 qui est équivalente à 5x > −5 qui est équivalente
à x > −1. Ainsi,l’ensemble des solutions réelles de l’inéquation est donc ] − 1, +∞[.
4. Soit x ∈ R, l’inéquation −5x − 9 ⩽ −x + 2 est équivalente à −4x ⩽ 11 qui est elle-même équivalente à x ⩾ − 11
4
. L’ensemble des
solutions réelles de l’inéquation −5x − 9 ⩽ −x + 2 est donc l’intervalle [− 11
4
, +∞[.
5. On commence par étudier l’ensemble de définition de l’inéquation. L’expression x − 1 s’annule si et seulement si x = 1 donc l’inéquation
est bien définie pour tous les réels différents de 1. Soit donc x ∈ R \ {1}, on a x − 1 ⩾ 0 si et seulement si x ⩾ 1. On distingue deux cas.
◦ Pour x ∈]1, +∞[, l’inéquation 1
x−1
⩾ 2 est équivalente à 1 ⩾ 2(x − 1) qui est équivalente à 3 ⩾ 2x qui est elle-même équivalente à
3
2
⩾ x.
◦ Pour x ∈] − ∞, 1[, l’inéquation x−1
1
⩾ 2 est équivalente à 1 ⩽ 2(x − 1) (car x − 1 ⩽ 0) qui est équivalente à 3 ⩽ 2x qui est
elle-même équivalente à 2 ⩽ x. Or cette inéquation n’admet aucune solution dans l’intervalle ] − ∞, 1[.
3
Exercice 2.30 On a
x −∞ 1 2 3 +∞
x −1 − 0 + + +
x −2 − − 0 + +
x −3 − − − 0 +
g(x) − 0 + 0 − 0 +
Exercice 2.32
1. On résume le signe de l’expression f1 (x) = (3x + 1)(x − 7) par un tableau de signes
x −∞ − 13 7 +∞
3x + 1 − 0 + +
x −7 − − 0 +
f1 (x) + 0 − 0 +
5
x −∞ 1 2
+∞
2x + 5 − − 0 +
1−x + 0 − −
f2 (x) − 0 + 0 −
8
x −∞ 0 5
+∞
x − 0 + +
5x − 8 − − 0 +
f3 (x) + 0 − 0 +
7 5
x −∞ 4 2
+∞
4x − 7 − 0 + +
5 − 2x + + 0 −
f4 (x) − 0 + 0 −
5. Soit x ∈ R, l’inéquation (3x − 5)2 < (x + 5)2 qui est équivalente à (3x − 5)2 − (x + 5)2 < 0 qui est elle-même équivalente à
(3x − 5 + x + 5)(3x − 5 − x − 5) = 4x(2x − 10) < 0. Pour x ∈ R, on définit f5 (x) = 4x(2x − 10). On résume l’étude dans le tableau de
signes suivant
5
x −∞ 0 2
+∞
x − 0 + +
2x − 10 − − 0 +
f5 (x) + 0 − 0 +
donc l’ensemble des solutions de l’inéquation (3x − 5)2 − (x + 5)2 < 0 est l’intervalle ]0, 52 [.
6. On commence par étudier l’ensemble de définition de l’inéquation. L’équation 3 − x = 0 admet pour unique solution x = 3, donc
l’ensemble de définition de l’inéquation est R \ {3}. On distingue deux cas.
◦ Soit x ∈] − ∞, 3], alors 3 − x > 0. Ainsi, l’inéquation x+2
3−x
< 2 est équivalente à x + 2 < 2(3 − x) qui est elle-même équivalente à
3x < 4. Cette dernière admet pour ensemble de solutions dans ] − ∞, 3] l’intervalle ] − ∞, 34 [.
◦ Soit x ∈]3, +∞[, alors 3 − x < 0. Ainsi, l’inéquation x+2
3−x
< 2 est équivalente à x + 2 > 2(3 − x) qui est elle-même équivalente à
3x > 4. Cette dernière admet pour ensemble de solutions dans ]3, +∞[ l’intervalle ]3, +∞[.
Finalement, l’ensemble des solutions de l’inéquation est l’ensemble ] − ∞, 34 [∪]3, +∞[.
Exercice 2.33
1. On cherche à résoudre l’inéquation −2x 2 + 10x − 25 2
⩾ 0. Pour cela, on va factoriser le terme de gauche. Pour tout x ∈ R, on a
−2x 2 + 10x − 25 2 − 5x + 25 . Le discriminant du trinôme à l’intérieur des parenthèses est nul donc celui-ci admet une racine
2
= −2 x 4
réelle double qui est 52 . Ainsi, pour tout réel x, on a x 2 − 5x + 25 ⩾ 0 donc −2 x 2 − 5x + 25 ⩽ 0 : l’ensemble des solutions de
4 4
l’inéquation est donc { 2 }.
5
6. L’inéquation 6x 2 + 2x − 34 ⩾ 0 est équivalente à 3x 2 + x − 23 ⩾ 0. Le membre de gauche admet pour discriminant ∆ = 9 et pour racines
− 23 et 13 donc l’inéquation est équivalente à (x + 32 )(x − 13 ) ⩾ 0 et admet pour ensemble de solutions ] − ∞, − 23 ] ∪ [ 13 , +∞[.
CHAPITRE 3
Dans la section 2.2, nous avons appris à résoudre dans R des équations de la forme
ax = b
avec a et b deux nombres réels. Nous allons à présent généraliser cette résolution à l’aide d’une méthode
algorithmique dite du pivot de Gauss afin de déterminer l’ensemble des solutions de systèmes d’équations
comme par exemple
3x + 2y = 5
4x + 5y = 7
c’est-à-dire trouver tous les couples de nombres réels x et y qui satisfont les deux équations. L’exemple
ci-dessous comporte deux équations à deux inconnues et c’est sur cette forme de système que nous nous
concentrerons dans un premier temps. Une fois la méthode de résolution bien comprise sur ce type de
systèmes, nous pourrons la généraliser à des systèmes avec plus d’équations ou plus d’inconnues.
Remarque. Ce chapitre est purement calculatoire. Pour autant, il est important de noter qu’une inter-
prétation géométrique de tels calculs sera donnée au chapitre 4. Afin de progresser sur ce chapitre, il faut
pratiquer : vous pourrez trouver des exercices supplémentaires dans [Bar23].
Définition 3.1 – L’ensemble R2 . On note R2 , l’ensemble des couples (x, y ) avec x et y des nombres
réels, i.e.
R2 = (x, y ) | x, y ∈ R .
L’ensemble R2 sera l’ensemble dans lequel on recherchera les solutions d’une équation à deux inconnues.
Définition 3.2 – Équation linéaire à deux inconnues. On appelle équation linéaire à deux inconnues
toute équation de la forme ax + by = c où a, b et c sont trois réels donnés et où x et y sont les deux
inconnues de notre équation. Résoudre une telle équation consiste à déterminer l’ensemble des couples
(u, v ) ∈ R2 tels que au + bv = c. Deux équations sont dites équivalentes si elles admettent le même
ensemble de solutions.
38 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires
Comme pour les équations affines, pour résoudre de telles équations, nous allons travailler par équivalence.
Proposition 3.3. Soient a, b et c trois réels. Pour tout λ ∈ R \ {0}, les équations ax + by = c et
λax + λby = λc sont équivalentes.
Démonstration. Soient a, b, c et λ quatre réels, avec λ ̸= 0. Il est clair que l’ensemble des solutions de
λax + λby = λc est égal à l’ensemble des solutions de l’équation λ(ax + by + c) = 0 qui est égal, comme
λ ̸= 0 et par la proposition 2.4, à l’ensemble des solutions de ax + by = c.
Traitons un exemple de résolution d’une telle équation, en considérant l’équation linéaire à deux inconnues
suivante :
3x + 2y = −4 (E)
On constate rapidement que l’on peut « écrire une inconnue en fonction de l’autre ». On a alors deux
choix possibles.
2 4
3 x + 2y = −4 ⇔ 3 x = −2y − 4 ⇔ x = − y − .
3 3
On encadre ici le coefficient 3 car ce coefficient doit être non nul pour pouvoir exprimer x en fonction
de y : nous venons de choisir un pivot dans notre système (qui n’a ici qu’une équation). On remarque
alors que pour tout choix de nombre réel t, le couple (− 23 t − 43 , t) ∈ R2 est une solution de l’équation
(E) et réciproquement. L’ensemble des solutions de (E) est donc l’ensemble
2 4
S1 = − t − ,t , t ∈ R .
3 3
Ainsi, pour tout choix de nombre réel s, le couple (s, − 32 s − 2) est une solution de (E) et récipro-
quement. L’ensemble des solutions de (E) est donc l’ensemble
3
S2 = s, − s − 2 , s ∈ R .
2
Bien que les ensembles S1 et S2 aient des descriptions différentes, le travail par équivalence que nous
avons mené précédemment nous assure qu’ils sont égaux. Essayons de nous convaincre de cette égalité.
Commençons par considérer un élément quelconque de S1 , c’est-à-dire fixons t0 ∈ R et considérons
l’élément (− 23 t0 − 43 , t0 ) de S1 . Montrons que ce dernier est un élément de S2 , c’est-à-dire qu’il existe
s ∈ R tel que (− 32 t0 − 43 , t0 ) = (s, − 23 s − 2), ou autrement dit, que le système de deux équations affines
d’inconnue s suivant :
= − 23 t0 − 43
s
3
−2s − 2 = t0
3.1 Systèmes linéaires à deux inconnues 39
3 3 2 4
− s − 2 = t0 ⇔ − s = t0 + 2 ⇔ s = − t0 −
2 2 3 3
donc le système précédent admet bien pour unique solution s = − 23 t0 − 34 : on a ainsi montré que tout
élément (− 32 t0 − 34 , t0 ) de S1 est un élément de S2 en prenant le paramètre s égal à − 23 t0 − 43 . De
manière similaire, on peut montrer qu’un élément (s0 , − 32 s0 − 2) de S2 est égal à l’élément de S1 de
paramètre t = − 23 s0 − 2. Finalement, ces deux ensembles sont bel et bien égaux.
◦ On peut chercher à résoudre l’équation 3x = 7 dans R2 . Bien qu’il n’y ait qu’une seule inconnue
visible dans cette équation, on peut décrire son ensemble de solutions dans R2 . Cette fois-ci, nous
n’avons qu’un choix possible de pivot pour décrire l’ensemble des solutions : on ne peut qu’isoler x.
Ainsi, l’équation 3x = 7 est équivalente à l’équation x = 37 qui admet pour ensemble de solutions
7
,t , t ∈ R .
3
◦ De la même manière, on peut vouloir résoudre l’équation −2y = −5 dans R2 . Cette équation est
équivalente à y = 25 qui admet pour ensemble de solutions
5
t, , t∈R .
2
Proposition 3.4. Soient a, b, c trois réels. Si (a, b) ̸= (0, 0), i.e. a ̸= 0 ou b ̸= 0, l’équation ax + by = c
admet un ensemble de solutions paramétré par un réel.
Démonstration. Soient a, b, c trois réels avec (a, b) ̸= (0, 0). Alors ou bien a ̸= 0 ou b ̸= 0. Commençons
par supposer que a ̸= 0, alors on a les équivalences :
b c
a x + by = c ⇔ a x = −by + c ⇔ x = − y +
a a
d’ailleurs que si a ̸= 0 et b ̸= 0 ces deux ensembles sont égaux comme nous l’avons montré à l’exemple
précédent.
Définition 3.5. On appelle système de deux équations linéaires à deux inconnues, un système
a1 x + b1 y = c1
a2 x + b2 y = c2
40 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires
où a1 , b1 , c1 , a2 , b2 et c2 sont des nombres réels. Résoudre un tel système correspond à trouver tous les
couples de nombres réels (u, v ) ∈ R2 qui satisfont
a1 u + b1 v = c1 et a2 u + b2 v = c2 .
On introduit ici la méthode algorithmique dite du pivot de Gauss, pour résoudre de tels systèmes. Comme
pour les équations affines (voir la démonstration de la proposition 2.6), on va chercher à simplifier notre
problème en se ramenant par équivalence à un système plus simple.
Définition 3.6 – Systèmes équivalents. Deux systèmes (S) et (T ) de deux équations à deux inconnues
sont dits équivalents si l’ensemble des solutions de (S) est égal à l’ensemble des solutions de (T ).
La philosophie de la méthode du pivot de Gauss est alors relativement simple : étant donné un système
linéaire (S) on veut le transformer à l’aide d’opérations autorisées (c’est-à-dire conservant l’ensemble des
solutions du système) en un système linéaire équivalent (T ) facile à résoudre, comme par exemple un
système de la forme (
aex = e b
α
e y = βe
qui n’est que la réunion de deux équations affines. Vous devriez sans mal réussir à déterminer la solution
de ce système si celle-ci existe. En déterminant les solutions de (T ), on obtiendra donc les solutions de
(S).
On présente à présent les trois opérations élémentaires sur les systèmes qui nous permettent de
passer d’un système à un système équivalent (qui a vocation dans notre méthode à être plus simple à
résoudre). Vous trouverez en page 41 le premier exemple d’algorithme du pivot de Gauss, qui n’est qu’un
enchaînement de ces trois opérations élémentaires.
On a vu dans la proposition 3.3 que a1 x + b1 y = c1 est équivalente à λa1 x + λb1 y = λc1 . Ainsi, le
couple (x, y ) est solution de (S) si et seulement si a1 x + b1 y = c1 et a2 x + b2 y = c2 ce qui équivaut à
λa1 x + λb1 y = λc1 et a2 x + b2 y = c2 , et donc au fait que (x, y ) soit une solution de (T ). Puisqu’on a
travaillé par équivalence, on a donc bien montré que (S) et (T ) possèdent les mêmes solutions.
Démonstration. On a a1 x + b1 y = c1 et a2 x + b2 y = c2 si et seulement si a2 x + b2 y = c2 et a1 x + b1 y =
c1 .
Démonstration. Fixons a1 , b1 , c1 , a2 , b2 et c2 six nombres réels avec (a1 , b1 ) ̸= (0, 0) et (a2 , b2 ) ̸= (0, 0).
Soit λ ∈ R \ {0}. On pose (S) et (T ) les deux systèmes suivants :
a1 x + b1 y = c1 a1 x + b1 y = c1
(S) et (T ) .
a2 x + b2 y = c2 (a2 + λa1 )x + (b2 + λb1 )y = c2 + λc1
Notons respectivement SS et ST , les ensembles de solutions des systèmes (S) et (T ) et montrons par
double inclusion leur égalité.
◦ Commençons par considérer un élément (u, v ) ∈ SS , qui est donc un couple de réels vérifiant
a1 u + b1 v = c1 et a2 u + b2 v = c2 . On a donc
a2 x + b2 y − c2 = a2 x + b2 y − c2 + λ × 0
= (a2 x + b2 y − c2 ) + λ(ax1 + by1 − c1 )
= (a2 + λa1 )x + (b2 + λb1 )y − (c2 + λc1 )
=0
En utilisant ces trois règles de façon algorithmique, nous pouvons déterminer l’ensemble des solutions de
tout système linéaire. Commençons par un exemple de résolution, avec le système
2x + 3y = −1 (L1 )
(S) ,
3x + 4y = 1 (L2 )
où l’on a nommé chacune des lignes afin de suivre les différentes opérations que l’on va mener.
1. La première étape de l’algorithme est la descente. On commence par choisir un coefficient non nul
présent devant une variable du système. Par exemple, on peut choisir le 2 devant la variable x de la
première ligne. Afin de spécifier ce choix, on encadre ce coefficient, qui devient un pivot pour notre
résolution : (
2 x + 3y = −1 (L1 )
(S) .
3x + 4y = 1 (L2 )
42 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires
Grâce aux différentes opérations élémentaires de réécriture d’un système, on utilise notre pivot afin
de « faire disparaître » la variable associée (ici x) dans l’autre équation (ici L2 ). En effet, grâce à
une dilatation, on a l’équivalence
(
2 x + 3y = −1 (L1 )
.
6x + 8y = 2 (L2 ← 2L2 )
On note que la ligne L2 est à présent 6x + 8y = 2 comme l’indique L2 ← 2L2 . Par transvection, ce
système est lui-même équivalent au système
(
2 x + 3y = −1 (L1 )
6x − 6x + 8y − 9y = 2 − 3(−1) (L2 ← L2 − 3L1 )
On réitère un choix de pivot, que l’on doit prendre dans une ligne du système n’ayant pas encore de
pivot, et qui doit être associé à une variable sans pivot dans le système. Dans le cas d’un système
de deux équations à deux inconnues, il nous reste au plus un unique choix à faire : ici, le coefficient
−1 devant la variable y de la seconde ligne
2 x − 3y = −1 (L1 )
(T ) .
−1 y = 5 (L2 )
et donc au système
2x = −16 (L1 )
.
−y = 5 (L2 )
Remarque. La présentation faite ici de l’algorithme du pivot de Gauss peut vous paraître lourde pour ré-
3.1 Systèmes linéaires à deux inconnues 43
soudre un système linéaire de deux équations à deux inconnues. Cependant, cet algorithme se généralisant
aux systèmes à m équations et p inconnues, avec m et p des entiers non nuls, il est important de bien le
mettre en place sur le cas le plus simple.
En utilisant cet algorithme, on peut étudier de manière générale les systèmes de deux équations linéaires
à deux inconnues.
Proposition 3.10. Soient a1 , b1 , c1 , a2 , b2 et c2 six nombres réels non tous nuls. Considérons le système
suivant
a1 x + b1 y = c1
.
a2 x + b2 y = c2
◦ Si a1 b2 − b1 a2 ̸= 0, le système admet une unique solution.
◦ Si a1 b2 − b1 a2 = 0, alors
◦ Supposons que a1 b2 − b1 a2 ̸= 0 : on peut alors choisir ce coefficient comme pivot. Le système (S)
est donc équivalent au système
(
a1 x = c1 − b1 (aa11bc22 −c 1 a2
−b1 a2 ) (L1 ← L1 − a1 b2b−b
1
1 a2
L2 )
(a1 b2 − b1 a2 )y = a1 c2 − c1 a2 (L2 )
On a donc montré que si a1 b2 − b1 a2 ̸= 0, alors l’ensemble des solutions du système (S) est
c1 b2 − b1 c2 a1 c2 − c1 a2
, .
a1 b2 − b1 a2 a1 b2 − b1 a2
44 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires
Alors, (
2 x + 3y = 4 (L1 )
(S) ⇔ .
0 = −4 (L2 ← L2 − 2L1 )
La seconde ligne du système n’est jamais vraie, le système (S) n’admet donc aucune solution.
Alors, (
2 x + 3y = 4 (L1 )
(S) ⇔ .
0 = 0 (L2 ← L2 − 2L1 )
3.1 Systèmes linéaires à deux inconnues 45
Le système (S) est donc équivalent à l’équation 2x + 3y − 4 = 0 qui est elle-même équivalente à 3y =
4 − 2x. Ainsi, le système (S) admet une infinité de solutions paramétrées par un réel. Plus précisément,
l’ensemble des solutions de (S) est
4 2 4 2
(x, y ) ∈ R2 | y = − x = t, − t , t ∈ R .
3 3 3 3
(a2 + 1)y
ax − = −1
.
−x + (a + 3)y = 2
Définition 3.15 – Déterminant d’un système. Soient a1 , b1 , c1 , a2 , b2 et c2 six nombres réels. Au système
a1 x + b1 y = c1
a2 x + b2 y = c2
on associe la quantité a1 b2 − a2 b1 que l’on appelle déterminant du système et que l’on note
a1 b1
= a1 b2 − a2 b1 .
a2 b2
Remarque. Ainsi, d’après la proposition 3.10, le système (S) admet une unique solution si et seulement
46 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires
si
a1 b1
̸= 0.
a2 b2
L’annulation du déterminant permet de détecter un coefficient de proportionnalité entre les deux équations
du système comme nous le montrons dans la proposition suivante.
Proposition 3.16. Soient a1 , a2 , b1 , b2 quatre réels. Il existe λ ∈ R tel que a1 = λa2 et b1 = λb2 si et
seulement si a1 b2 − a2 b1 = 0.
L’ensemble R3 sera l’ensemble dans lequel on recherchera les solutions d’une équation à trois inconnues.
Définition 3.19 – Équation linéaire à trois inconnues. On appelle équation linéaire à trois inconnues
toute équation de la forme
ax + by + cz = d
où a, b, c et d sont quatre réels donnés et où x, y et z sont les trois inconnues de notre équation. Résoudre
une telle équation, c’est déterminer l’ensemble des triplets (u, v , w ) ∈ R3 tels que au + bv + cw = d. De
plus, comme précédemment, deux équations sont dites équivalentes si elles admettent le même ensemble
de solutions.
Proposition 3.20. Soient a, b, c et d quatre réels. Si (a, b, c) ̸= (0, 0, 0), alors l’équation ax +by +cz = d
admet un ensemble de solutions paramétré par deux réels.
Démonstration. Soient a, b, c et d quatre réels tels que (a, b, c) ̸= (0, 0, 0). Si a ̸= 0, alors on a l’équi-
valence suivante :
b c d
a x + by + cz = d ⇔ x = − y − z +
a a a
donc l’équation ax + by + cz = d admet pour ensemble de solutions
b c d
− s − t + , s, t , s, t ∈ R .
a a a
Dans le cas a = 0, il faut différencier les sous-cas b ̸= 0 et b = 0 (on a alors c ̸= 0), sous-cas qui amènent
à des descriptions similaires de l’ensemble des solutions.
Remarque. On rappelle une nouvelle fois que la description de l’ensemble des solutions n’est pas unique.
En effet, dans une équation ax + by + cz = d si a ̸= 0 et b ̸= 0, alors on peut choisir a comme pivot pour
3.2 Systèmes linéaires à trois inconnues 47
isoler x, ou bien b pour isoler y . Ces choix amènent à des descriptions différentes du même ensemble des
solutions : si a, b ̸= 0, l’ensemble des solutions de l’équation admet les descriptions suivantes
b c d a c d
− s − t + , s, t , s, t ∈ R = s, − s − t + , t , s, t ∈ R .
a a a b b b
Comme exercice, nous vous laissons le soin d’expliciter le paramétrage de l’ensemble des solutions de
l’équation lorsque c ̸= 0 et qu’on le choisit comme pivot.
Exemples.
◦ On cherche à résoudre l’équation 3x + 2y + 5z = 7. On a les équivalences
2 5 7
3 x + 2y + 5z = 7 ⇔ 3 x = −2y − 5z + 7 ⇔ x = − y − z +
3 3 3
◦ L’équation
5 2x + 5z = −3 est équivalente à x = − 52 z − 3
2 donc admet pour ensemble de solutions
− 2 t − 32 , s, t , s, t ∈ R .
Dans la suite, nous allons appliquer notre algorithme du pivot de Gauss aux systèmes à trois inconnues. Il
se constitue toujours des trois étapes que sont la descente, la remontée et la conclusion. Pour effectuer
ces trois étapes, on utilise toujours nos opérations élémentaires sur les lignes.
Proposition 3.21. Les opérations élémentaires sur les lignes d’un système, présentées dans les propositions
3.7, 3.8 et 3.9, s’étendent aux systèmes à trois inconnues et transforment un système en un système
équivalent.
Démonstration. Le sens direct se montre par un calcul immédiat. Montrons le sens réciproque, supposons
donc que a1 b2 − a2 b1 = a1 c2 − a2 c1 = b1 c2 − b2 c1 = 0. Si les six nombres sont nuls, le résultat est
évident. Sinon, il en existe un non nul : supposons que a2 ̸= 0. D’après la proposition 3.16, comme
a1 b2 − a2 b1 = 0, il existe alors λ ∈ R tel que a1 = λa2 et b1 = λb2 . Par le même argument, comme
a1 c2 − a2 c1 = 0, il existe µ ∈ R tel que a1 = µa2 et c1 = µc2 . Comme a2 ̸= 0 et λa2 = a1 = µa2 , alors
λ = µ, d’où le résultat.
Proposition 3.23. Soient a1 , b1 , c1 , d1 , a2 , b2 , c2 , d2 huit réels non tous nuls. Considérons le système
a1 x + b1 y + c1 z = d1
.
a2 x + b2 y + c2 z = d2
◦ Le système admet un ensemble de solutions paramétré par un réel si et seulement si l’une des
quantités a1 b2 − a2 b1 , a1 c2 − a2 c1 ou b1 c2 − b2 c1 est non nulle.
◦ Sinon, il n’admet aucune solution ou est équivalent à a1 x + b1 y + c1 z = d1 .
Remarque. Dans cette proposition, il est plus important de retenir les méthodes mises en jeu dans la
preuve que la proposition exacte : dans les faits, on ne calcule jamais les trois déterminants pour connaître
la forme de l’ensemble des solutions du système.
48 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires
est équivalent à
(
a1 x + b1 y + c1 z = d1 (L1 )
a1 a2 x + a1 b2 y + a1 c2 z = a1 d2 (L2 ← a1 L2 )
dans lequel on peut choisir un second pivot sur la seconde ligne puisque, par hypothèse, on sait que
a1 b2 − a2 b1 ̸= 0 ou a1 c2 − a2 c1 ̸= 0. Supposons que a1 b2 − a2 b1 ̸= 0 : on peut le choisir comme
second pivot (dans le cas où a1 b2 − a2 b1 = 0, on choisit alors a1 c2 − a2 c1 comme pivot)
2. Remontée. Servons nous du second pivot pour « éliminer » la variable y de la première équation. Le
précédent système est équivalent au système
a1 x + c1 − b1 aa1bc2 −a2 c1
z = d1 − b1 aa1 db2 −a2 d1
1 2 −a2 b1 1 2 −a2 b1
a1 b2 − a2 b1 y + (a1 c2 − a2 c1 )z = a1 d2 − a2 d1
3. Conclusion. Finalement, on peut isoler x et y et les exprimer en fonction de z qui jouera le rôle du
paramètre de notre ensemble de solutions. Le système précédent est équivalent à
(
−a2 c1 a1 d2 −a2 d1
x = a11 b1 aa11bc22 −a 2 b1
− c1 z + d1 − b1 a1 b2 −a2 b1
a1 d2 −a2 d1 a1 c2 −a2 c1
y = a1 b2 −a2 b1 − a1 b2 −a2 b1 z
L’ensemble des solutions du système sera donc paramétré par un unique réel.
Supposons que b1 c2 − b2 c1 ̸= 0 : on propose une manière différente de raisonner pour démontrer que
l’ensemble des solutions est paramétré par un réel. Le système
a1 x + b1 y + c1 z = d1 (L1 )
a2 x + b2 y + c2 z = d2 (L2 )
Deux cas se présentent à nous : ou bien d2 − λd1 ̸= 0 et dans ce cas le système n’admet aucune solution,
ou bien d2 − λd1 ̸= 0 et dans ce cas le système est équivalent à l’équation
a1 x + b1 y + c1 z = d1 (L1 )
1. Descente. On choisit un premier pivot, c’est-à-dire un coefficient non nul devant une variable : le
système (
3x + 2y + 4z = 5 (L1 )
2x + 1 y + 2z = 1 (L2 )
est équivalent à
−1 x = 3 (L1 ← L1 − 2L2 )
.
2x + 1 y + 2z = 3 (L2 )
Remarquons que nous avons le choix du premier pivot : on doit choisir un coefficient non nul devant
une variable. On peut très bien, comme nous l’avons fait ici, choisir le pivot en seconde ligne devant
la seconde variable. On prend notre deuxième pivot sur la ligne qui n’en a pas encore. Ici, nous
n’avons pas de choix : on prend le coefficient devant la variable x.
2. Remontée. On utilise notre second pivot pour éliminer la variable x de la seconde ligne. Le système
précédent est équivalent à
−1 x = 3 (L1 )
.
1 y + 2z = 9 (L2 ← L1 + 2L1 )
On utilise notre pivot pour éliminer la variable y des lignes L2 et L3 pour obtenir le système équivalent
3x + 1 y + 4z = 0 (L1 )
3 x + 4z = 3 (L2 ← L2 − L1 ) .
−19x − 25z = 3 (L3 ← L3 − 7L1 )
On a choisi un second pivot sur une ligne n’ayant pas encore de pivot, puis on élimine la variable liée
3.2 Systèmes linéaires à trois inconnues 51
On « choisit » notre dernier pivot : on en a trois comme le nombre de variables, il y aura une unique
solution à notre système (il n’y a aucune variable libre).
2. Remontée. On utilise notre dernier pivot pour venir éliminer la variable z de L1 et L2 : le système
précédent est donc équivalent à
3x + 1 y = −264 (L1 ← L1 − 12L3 )
3 x = −261 (L2 ← L2 − 12L3 )
1
z = 22 (L3 )
3
3. Conclusion. Le système admet pour unique solution le triplet (−87, −3, 66).
1. Descente. On choisit un pivot et on élimine la variable liée dans les autres lignes :
3 x
+ y + 3z = −4 (L1 )
8x + 7y + 8z = 4 (L2 )
8x + 3y + 8z = 2 (L3 )
On a choisi un second pivot dans une des deux lignes qui n’en avaient pas encore et on élimine la
52 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires
2. Conclusion. Ce système est incompatible, car il possède une ligne de la forme c = 0 avec c = −450.
Ce système n’admet donc aucune solution.
Exemple – Système avec un ensemble de solutions paramétré par un réel. On veut déterminer les
solutions du système suivant
7x + y + 3z = 1
7x − y + z = 0 .
7x + 3y + 5z = 2
1. Descente. On choisit notre premier pivot dans le système
7 x +
y + 3z = 1 (L1 )
7x − y + z = 0 (L2 )
7x + 3y + 5z = 2 (L3 )
−2 y − 2z = −1 (L2 ← L2 − L1 ) .
2y + 2z = 1 (L3 ← L3 − L1 )
On choisit notre second pivot dans une nouvelle ligne, puis on élimine la variable liée dans les lignes
sans pivot :
7 x +
y + 3z = 1 (L1 )
−2 y − 2z = −1 (L2 ) .
0 = 0 (L3 ← L3 + L2 )
Donc d’après la proposition 3.23, on sait que le système admet un ensemble de solutions indexé par
un nombre réel. La variable z est libre et sera le paramètre de notre ensemble de solutions.
2. Remontée. On utilise le dernier pivot du système afin d’éliminer la variable liée dans le reste du
système : on obtient alors le système équivalent
14 x + 4z = 1 (L1 ← 2L1 + L2 )
.
−2 y − 2z = −1 (L2 )
3.2 Systèmes linéaires à trois inconnues 53
Exemple – Système avec un ensemble de solutions paramétré par deux réels. On veut déterminer
les solutions du système suivant
x − y + 2z = 1
−2x + 2y − 4z = −2 .
− 3y
3x + 6z = 3
On choisit un pivot et on élimine la variable liée dans les autres lignes. On obtient le système équivalent
1 x − y + 2z = 1 (L1 )
0 = 0 (L2 ← L2 + 2L1 ) .
0 = 0 (L3 ← L3 − 3L1 )
donc le système est équivalent à l’équation x − y + 2z = 1 qui admet pour ensemble de solutions
{(s − 2t + 1, s, t) , s, t ∈ R}.
On résume les différentes possibilités d’ensembles de solutions pour un système linéaire de trois équations
à trois inconnues dans la proposition suivante.
Proposition 3.25. Pour i ∈ {1, 2, 3}, on considère ai , bi , ci et di des réels non tous nuls. Le système
a1 x + b1 y + c1 z = d1
(S) a x + b2 y + c2 z = d2
2
a3 x + b3 y + c3 z = d3
admet
◦ ou bien aucune solution,
◦ ou bien une unique solution,
◦ ou bien un ensemble de solutions paramétré par un réel,
◦ ou bien un ensemble de solutions paramétré par deux réels.
b1 y = c1
(S) .
a2 x + b2 y = c2
◦ Supposons que a1 b2 − b1 a2 ̸= 0. Comme a1 et b1 ne sont pas simultanément nuls, on a donc b1 ̸= 0 et comme a1 b2 − b1 a2 ̸= 0, alors
a2 ̸= 0. On a alors
b1 y = c1
(S) ⇔ b2 c1
a2 x = c2 −
b1
n o
b1 c2 −b2 c1 c1
donc l’ensemble des solutions du système (S) est a b
,−b .
2 1 1
◦ Supposons à présent que a1 b2 − b1 a2 = 0. Comme a1 = 0, on a donc que b1 a2 = 0. Comme a1 et b1 ne sont pas simultanément nuls,
on a donc que b1 ̸= 0 et donc a2 = 0. Comme a2 et b2 ne sont pas simultanément nuls, b2 ̸= 0. Le système (S) est donc équivalent à
b1 y = c1 b1 y = c1
qui est lui-même équivalent à .
b2 y = c2 0 = b1 c 2 − c1 b2
Exercice 3.12
1. Le système (A) est équivalent à
3x − 2y = −1 (L1 ) 3x − 2y = −1
⇔
− 7y = 7 (L2 ← 3L2 − L1 ) y = −1
Ainsi, le système (B) admet une infinité de solutions : l’ensemble des solutions de (B) est
1 1 1 1
(x, y ) ∈ R2 | y = − x = t, − t , t ∈ R .
2 2 2 2
Ainsi, comme la seconde ligne du second système n’est jamais vraie, le système (C) n’admet aucune solution.
4. Le système (D) est équivalent à
2x + 5y = 1 (L1 ) 2x + 5y = 1
− 11y = −11 (L2 ← 2L2 − L1 ) y = 1
et donc à
(3a − 1)y = −1 + 2a (L1 ← L1 + aL2 )
−x + (a + 3)y = 2 (L2 )
Ainsi,
◦ si a = 1
3
, La première ligne du système devient 0 = − 13 et le système n’a donc pas de solution.
◦ si a ̸= 1
3
, alors 3a − 1 ̸= 0 et le système possède alors une unique solution.
56 Chapitre 3 – Résolution de systèmes linéaires
Exercice 3.14
1. Le système admet pour unique solution le couple ( 19
9 3
, 2 ).
2. Le système admet pour unique solution le couple ( 19
12
, 1
12
).
3. Le système admet pour unique solution le couple 3 13
( 4 , 4 ).
4. Le système admet pour unique solution le couple (1, 1).
5. Le système admet pour unique solution le couple (− 32 , 2).
6. Le système admet pour unique solution le couple (− 18 , 17
8
).
Exercice 3.17 Le sens direct est clair : a1 b2 − a2 b1 = λ(a2 b2 − a2 b2 ) = 0. Démontrons le sens réciproque. Supposons donc a1 b2 = a2 b1 .
b1 b1 b1
◦ Si b2 ̸= 0, alors a1 = b2
a2 et b1 = b2
b1 d’où le résultat avec λ = b2
.
◦ Si b2 = 0, alors a2 b1 = 0. Ou bien b1 ̸= 0 et a2 = 0, et dans ce cas λ = 0 convient. Ou bien b1 = 0 et dans ce cas, il existe λ ∈ R tel
que a1 = λa2 .
Exercice 3.24
1. L’ensemble des solutions est {(16z −60, 56−14z, z), z ∈ R}. 4. L’ensemble des solutions est {( 59 z − 59 , 13
3
− 73 z, z), z ∈ R}.
2. L’ensemble des solutions est {( 34 z + 7, − 74 z − 3, z), z ∈ R}. 5. L’ensemble des solutions est {(− 3 z − 9 , 3 −2z, z),
1 14 16
z ∈ R}.
3. L’ensemble des solutions est {(1− 45
4
z, −2− 11
9
z, z), z ∈ R}. 6. L’ensemble des solutions est {(− 21 z − 1, 43 z + 35 , z), z ∈ R}.
Exercice 3.26
1. L’ensemble des solutions est {(1, −2, 0)}. 6. Le système n’admet pas de solution.
2. Le système n’admet pas de solution. 7. L’ensemble des solutions est {(−2, 0, −2)}.
3. L’ensemble des solutions est {(−z − 4, 3, z), z ∈ R}. 8. L’ensemble des solutions est {( 26 , 5 , −9)}.
3 3
4. L’ensemble des solutions est {(3, −1, −4)}. 9. L’ensemble des solutions est {( 20
11
12
z − 11 , 7
11
8
− 11 z, z), z ∈ R}.
5. L’ensemble des solutions est {(1, 3, 1)}. 10. L’ensemble des solutions est {(−52, −116, −144)}.
CHAPITRE 4
Le but de ce chapitre est d’introduire les vecteurs ainsi que les objets géométriques de base que
sont les droites et les plans. La description de ces objets géométriques en termes d’équations, ainsi que
l’étude de leur position relative (leur intersection éventuelle) reposent en très grande partie sur l’étude de
systèmes linéaires, dont l’étude a été faite au chapitre précédent. Ce chapitre s’achèvera par l’introduction
du produit scalaire qui est une nouvelle opération sur les vecteurs permettant notamment de définir la
notion d’orthogonalité de vecteurs ainsi les notions de droites orthogonales, perpendiculaires ou encore
de plans perpendiculaires.
On commence par introduire les ensembles dans lesquels nous ferons de la géométrie.
Définition 4.1 – Le plan affine. On appelle plan affine l’ensemble des couples de réels P = (xP , yP )
avec xP , yP ∈ R. Un élément de cet ensemble sera appelé un point du plan affine.
Définition 4.2 – L’espace affine. On appelle espace affine l’ensemble des triplets de réels P = (xP , yP , zP )
avec xP , yP , zP ∈ R. Un élément de cet ensemble sera appelé un point de l’espace affine.
Remarque. Les notions de plan affine et d’espace affine sont plus générales que les définitions présentées
ici. Nous nous contenterons de ces définitions qui n’en sont en fait que les archétypes.
Définition 4.3 – Vecteur de R2 . Les éléments de l’ensemble R2 (voir la définition 3.1) sont appelés
vecteurs du plan. On les notera avec une flèche de la manière suivante : →
−
u = (u1 , u2 ) ∈ R2 . Le vecteur
→
−
0 = (0, 0) est appelé vecteur nul.
Définition 4.4 – Vecteur de R3 . Les éléments de l’ensemble R3 (voir la définition 3.18) sont appelés
→
−
vecteurs de l’espace. On les notera →−u = (u1 , u2 , u3 ) ∈ R3 . Le vecteur 0 = (0, 0, 0) est appelé vecteur
nul.
√ √
Exemples. Les éléments → − v = ( 22 , −5) et →
u = √(3, 1), →
− −
w = (0, − 7) sont des vecteurs de R2 . Les
√
éléments →
−u = (3, 1, 5), →
−
v = ( 22 , −5, −1) et →−
w = (0, − 7, 29) sont des vecteurs de R3 .
58 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans
À un couple de points du plan affine, respectivement de l’espace affine, on peut associer un vecteur du
plan, respectivement de l’espace.
Définition 4.5.
−→
◦ À un couple de points A = (xA , yA ) et B = (xB , yB ) du plan affine, on associe le vecteur AB ∈ R2
défini par
−→
AB = (xB − xA , yB − yA ).
Remarque. Deux couples de points distincts peuvent définir le même vecteur. Par exemple, considérons
−→
les points A = (3, 5), B = (2, 7), C = (1, 1) et D = (0, 3), alors on a AB = (2 − 3, 7 − 5) = (−1, 2) =
−→
(0 − 1, 3 − 1) = CD. Cela est également vrai dans l’espace affine.
On munit les ensembles R2 et R3 d’opérations que sont l’addition de vecteurs ainsi que le produit d’un
vecteur par un nombre réel.
Définition 4.6 – Opérations sur les vecteurs. Les ensembles de vecteurs R2 et R3 sont munis de deux
opérations algébriques. L’addition de deux vecteurs est définie
◦ sur R2 , pour tous vecteurs →
−u = (u , u ) et →
1
−
v = (v , v ), par
2 1 2
→
−
u +→
−
v = (u1 + v1 , u2 + v2 ),
λ→
−
u = (λu1 , λu2 ),
λ→
−
u = (λu1 , λu2 , λu3 ).
On peut représenter, comme à la figure 4.1, les vecteurs comme des flèches qui modélisent des déplace-
ments « rectilignes ».
→
−
v
2→
−
u
→
−
u
→
−
u +→
−
v
→
−
u −→
−
u
Remarques.
→
−
◦ Le vecteur nul 0 = (0, 0) joue un rôle particulier pour l’addition. En effet, pour tout vecteur →−u ∈ R2 ,
→
− →
− →
− →
− →
− →
−
on a u + 0 = u = 0 + u . On dira que 0 est l’élément neutre de l’addition. Le vecteur nul de
l’espace joue le même rôle.
◦ Tout vecteur →−u ∈ R2 possède un inverse pour l’addition. En effet, à → −u = (u1 , u2 ) ∈ R2 , on associe
→
−
le vecteur − u = (−u , −u ) qui est un vecteur de R2 et tel que
1 2
→
− →
−
u + (−→
−
u ) = (u1 , u2 ) + (−u1 , −u2 ) = (0, 0) = 0 = −→
−
u +→
−
u.
Les deux opérations sur les vecteurs satisfont certaines propriétés calculatoires qui simplifieront notam-
ment le parenthésage des calculs.
Exercice 4.8. En introduisant des coordonnées pour les vecteurs, démontrer la proposition précédente.
Proposition 4.9 – Relation de Chasles. Soient A, B et C, trois points du plan affine ou de l’espace
−→ −→ −→
affine. On a la relation dite de Chasles AB + BC = AC.
−→ −→
Exemple. Soient A = (3, 1), B = (0, 2) et C = (−1, −1), alors AB = (−3, 1), BC = (−1, −3) et
−→ −→ −→
AB + BC = (−3, 1) + (−1, −3) = (−4, −2) = AC.
Exemples.
◦ Les vecteurs de R2 → −
u = (1, 2) et → −
v = (−2, −4) sont colinéaires car on a → −v = (−2, −4) =
→
−
−2(1, 2) = −2 u .
◦ Les vecteurs de R3 →
−
u = (1, 2, 5) et →
−
v = (−2, −4, −10) sont colinéaires car on a →
−
v = (−2, −4, 10) =
→
−
−2(1, 2, 5) = −2 u .
60 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans
Colinéarité dans R2
À la manière de la définition 3.15, on introduit une notion de déterminant pour deux vecteurs de R2 , qui
nous permet de tester si deux vecteurs sont colinéaires ou non.
Colinéarité dans R3
Tester la colinéarité de deux vecteurs de R3 peut se faire de façon similaire en calculant trois déterminants.
Dans la suite, on va constater que cette notion de vecteurs coplanaires n’est pas intéressante dans le cas
de R2 , mais c’est de là que vient la terminologie. En revanche, cette notion sera importante dans le cas
des vecteurs de R3 .
4.1 Vecteurs du plan et de l’espace 61
Vecteurs du plan R2
Dans le cas de R2 , trois vecteurs sont toujours coplanaires. On a déjà vu que c’est le cas quand deux de
ces vecteurs sont colinéaires. On montre le reste de cette affirmation dans le théorème suivant.
Comme → −u et →
−v sont non colinéaires, d’après la proposition 4.14, u1 v2 − v1 u2 ̸= 0, donc d’après la
proposition 3.10, le système admet une unique solution, d’où le résultat.
Définition 4.19 – Base de R2 . Un couple de vecteurs non colinéaires de R2 est appelée une base de R2 .
Exemple – Base canonique de R2 . Dans R2 , on a une base « favorite » : c’est le couple de vecteurs
(→
−
e1 , →
−
e2 ) avec →
−
e1 = (1, 0) et →
−
e2 = (0, 1). Ces deux vecteurs sont bien non colinéaires et pour tout vecteur
→
−u = (u1 , u2 ), on a, d’après les opérations sur les vecteurs présentées à la définition 4.6, (u1 , u2 ) =
u1 (1, 0) + u2 (0, 1). La base (→
−
e1 , →
−
e2 ) est appelée la base canonique de R2 .
Vecteurs coplanaires de R3
On a déjà vu que pour trois vecteurs, si deux d’entre eux sont colinéaires, alors ils sont coplanaires.
Fixons →
−
u = (u1 , u2 , u3 ) et →
−
v = (v1 , v2 , v3 ) deux vecteurs de R3 non nuls et non colinéaires. Faisons deux
hypothèses qui ne nuisent pas à la généralité de notre propos :
◦ comme →
−
u et →
−
v ne sont pas colinéaires, on suppose que u1 v2 − u2 v1 ̸= 0,
◦ comme →
−
u est non nul, on suppose que u1 ̸= 0.
On considère →
−w = (w1 , w2 , w3 ) un vecteur quelconque de R3 et on cherche à déterminer des conditions sur
ses coordonnées pour que les vecteurs → −
u,→ −
v et →
−
w soient coplanaires. Ces trois vecteurs sont coplanaires
si et seulement si le système d’inconnues s et t
u1 s + v1 t = w1 (L1 )
u s + v2 t = w2 (L2 )
2
u3 s + v3 t = w3 (L3 )
où ϕ = u1 (u1 v2 −u2 v1 )w3 −u3 (u1 v2 −u2 v1 )w1 −u1 (u1 v3 −u3 v1 )w2 +u2 (u1 v3 −u3 v1 )w1 . Ainsi, ce système
admet une solution si et seulement si
Exercice 4.21. Déterminer si les triplets de vecteurs suivants sont coplanaires ou non :
1. →
−
1 v = (2, −1, 5) et →
u = (4, 1, 3), →
−
1
−
u = (10, −1, 11),
1
2. →
−
u2 = (3, −1, −5), →−v2 = (7, 2, −3) et →
−
u2 = (1, 1, 1),
→
− →
− →
−
3. u3 = (7, 4, 2), v3 = (6, 9, −1) et u3 = (7, 2, 3),
4. →
−
u = (6, 6, −3), →
4 v = (5, −4, 2) et →
−
4
−
u = (6, −4, 2).
4
Terminons cette section en montrant que si l’on cherche à généraliser la notion de « coplanarité » pour
une famille de quatre vecteurs de l’espace, notion que l’on pourrait nommer « cospatialité », alors on
tombe sur le même type de limite que pour la « coplanarité » dans R2 .
Démonstration. On admet la preuve de ce résultat : elle ne découle que d’une résolution de système avec
le pivot de Gauss, qui admet une unique solution si et seulement si
avec →
−
u = (u1 , u2 , u3 ), →
−
v = (v1 , v2 , v3 ) et →
−
w = (w1 , w2 , w3 ).
Commençons par définir la notion de droite dans le plan affine : cette définition part de l’idée qu’une
droite est la donnée d’un point et d’une direction « rectiligne » modélisée par un vecteur.
Définition 4.24 – Droite du plan affine. Étant donné un point P = (xP , yP ) du plan affine et un vecteur
u = (u1 , u2 ) ∈ R2 \ {(0, 0)}, on appelle droite de vecteur directeur →
→
− −u passant par P , le sous-ensemble
du plan affine suivant
P + t→
−u = {(xP + tu1 , yP + tu2 ), t ∈ R} .
Autrement dit, la droite de vecteur directeur → −
u passant par le point P est l’ensemble des points du plan
affine M = (x, y ) tel qu’il existe t ∈ R satisfaisant
x = u1 t + xP
.
y = u2 t + yP
Une telle description est appelée équation paramétrique de la droite. On dira que le vecteur →
−
u dirige
la droite.
Remarque. On prendra garde au fait que le vecteur directeur d’une droite est un vecteur non nul.
Proposition 4.25 – Premier postulat d’Euclide. Étant donnés deux points distincts A = (xA , yA ) et
B = (xB , yB ), il existe une unique droite notée (AB) qui passe par A et B. Elle est de vecteur directeur
−→
AB et une équation paramétrique de (AB) est
x = (xB − xA )t + xA
, t ∈ R.
y = (yB − yA )t + yA
Supposons que A et B soient deux points de D. Montrons qu’alors D = (AB). Le point A est un point
de D et le point B est un point de D distinct de A donc il existe deux paramètres réels sA et sB avec
sB ̸= sA tels que
xA = u1 sA + xP xB = u1 sB + xP
et .
yA = u2 sA + yP yB = u2 sB + yP
On peut donc déterminer u1 , u2 , xP et yP en fonction des coordonnées de A et B et en fonction des
paramètres sA et sB . En effet, on a les systèmes
u 1 sA + xP = xA u2 sA + yP = yA
et .
u1 sB + xP = xB u2 sB + yP = yB
64 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans
Montrons que (AB) = D par double inclusion. Soit M0 = (x0 , y0 ) le point de D de paramètre s0 ∈ R.
Alors, on pose t0 = ssB0 −s
−sA et on constate que M0 est le point de (AB) de paramètre t0 . Tout point de D
A
est un point de (AB) donc D ⊂ (AB). Réciproquement, considérons M1 = (x1 , y1 ) le point de (AB) de
paramètre t1 ∈ R. Alors on pose s1 = (sB − sA )t1 + sA et on constate que M1 est un point de la droite D.
Tout point de (AB) est un point de D donc (AB) ⊂ D. On a donc montré que (AB) = D, d’où l’unicité
de la droite.
Exemple. Soient A = (2, 1) et B = (1, 2), deux points du plan affine. La droite (AB) admet pour équation
paramétrique
x = −t + 2
, t ∈ R.
y = t + 1
On illustre ceci par la figure 4.2.
y
4
3
−→
AB
B
2 ×
A
1 ×
x
−2 −1 0 1 2 3 4 5 6
−1
Exercice 4.26. Donner une équation paramétrique de la droite (AB) pour les couples de points suivants :
1. A = (1, 1) et B = (2, 1), 3. A = (0, 1) et B = (2, 1),
2. A = (3, 1) et B = (1, 2), 4. A = (4, 1) et B = (0, 2).
Remarque. On a démontré l’unicité de la droite (AB) mais on a bien constaté que celle-ci admet diffé-
rentes équations paramétriques. Par exemple, l’équation paramétrique
x = 3(xB − xA )t + xB
, t ∈ R,
y = 3(yB − yA )t + yB
est une autre équation de la droite (AB) (on a pris 3t + 1 au lieu de t, t ∈ R).
Corollaire 4.27. Soit D une droite passant par P = (xP , yP ) et dirigée par le vecteur non nul →
−
u = (u1 , u2 ).
Alors pour tout point Q ∈ D et pour tout λ ∈ R , l’équation paramétrique
∗
x = λu1 t + xQ ,
, t ∈ R,
y = λu2 t + yQ .
D = {(λu1 t + xP , λu2 t + yP ), t ∈ R}
= {(λu1 (t − 1) + (xQ − xP ) + xP , λu2 (t − 1) + (yQ − yP ) + yP ), t ∈ R}
On a défini les droites du plan comme les ensembles engendrés par un point et un vecteur directeur,
c’est-à-dire comme la donnée d’une équation paramétrique
x = u1 t + xP
, t ∈ R.
y = u2 t + yP
On peut se poser la question : que se passe-t-il si on considère un ensemble similaire engendré par un point
et deux vecteurs. Soient deux vecteurs non nuls → −
u = (u1 , u2 ) et →
−
v = (v1 , v2 ) de R2 et P = (xP , yP )
un point du plan affine. On peut se poser la question suivante : quel sous-ensemble du plan affine décrit
l’équation paramétrique ?
x = u1 t + v1 s + xP
, s, t ∈ R.
y = u2 t + v2 s + yP
66 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans
Définition 4.29 – Repère du plan affine. Soient A, B et C trois points du plan non alignés. Le triplet
−→ −→
(A, AB, AC) est appelé un repère du plan affine. Tout point du plan P est la donnée de deux réels s
−→ −→
et t tels que P = A + s AB + t AC, le couple (s, t) désigne alors les coordonnées de P dans le repère
−→ −→
(A, AB, AC).
→
− → −
Exemple. Dans les chapitres suivants, nous considérerons le repère (O, i , j ) du plan affine, où O =
→
− −
→ →
− −→
(0, 0), i = OI avec I = (1, 0) et j = OJ avec J = (0, 1).
Autrement dit le point M appartient à D si et seulement si le système précédent d’inconnue t admet une
solution. Or, le système précédent est équivalent au système
u1 t = x − xP
.
u2 t = y − yP
4.2 Géométrie du plan affine 67
−−→
et celui-ci admet une solution si et seulement si le vecteur →−u = (u1 , u2 ) est colinéaire au vecteur P M =
−−→
(x − xP , y − yP ). Or, d’après la proposition 4.14, les vecteurs →
−
u et P M sont colinéaires si et seulement
si −u2 (x − xP ) + u1 (y − yP ) = 0.
Démonstration. Le premier point découle de ce qui précède. Pour le second point, on a déjà vu à la
proposition 3.4 que toute équation ax + by = c avec (a, b) ̸= (0, 0) et c ∈ R, admet un ensemble de
solutions paramétré par un réel :
◦ si a ̸= 0, l’ensemble des solutions de l’équation ax + by = c est {(− ba t + ca , t), t ∈ R}, qui est égal
à {(−bt + ca , at), t ∈ R},
◦ si a = 0, alors b ̸= 0 et l’ensemble des solutions de ax + by = c est {(t, cb ), t ∈ R} qui est égal à
{(−bt, cb ), t ∈ R}.
Dans tous les cas, on reconnaît ici des droites du plan de vecteur directeur (−b, a). Ainsi, l’ensemble des
points M dont les coordonnées sont solutions d’une équation ax + by = c avec (a, b) ̸= (0, 0) et c ∈ R
est une droite du plan affine.
Remarque. On remarque rapidement, grâce à la proposition 3.3, que l’équation cartésienne d’une droite
n’est pas unique. En effet, si une droite ax + by = c avec (a, b) ̸= (0, 0) est une équation cartésienne
d’une droite, alors pour tout λ ∈ R∗ , l’équation λax + λby = λc décrit la même droite. Si b ̸= 0,
l’équation ax + by = c de la droite D est équivalente à y = − ba x + c : cette dernière est l’équation
réduite de D et la quantité − ba est le coefficient directeur de D.
Exemple. On considère les points A = (7, 4) et B = (−2, 3). La droite (AB) a pour équation cartésienne
−(3 − 4)(x − 7) + (−2 − 7)(y − 4) = 0 ou, autrement dit,
x − 9y = −29.
Exercice 4.31. Donner une équation cartésienne de la droite (AB) pour les couples de points suivants :
1. A = (1, 1) et B = (2, 1), 3. A = (0, 1) et B = (2, 3),
2. A = (3, 1) et B = (1, 2), 4. A = (4, 1) et B = (0, 2).
Déterminons une équation cartésienne de D. La droite D a pour vecteur directeur (2, 3). De plus, elle
passe par le point (1, −2). Ainsi, elle admet pour équation cartésienne −3(x − 1) + 2(y − (−2)) = 0 qui
est équivalente à −3x + 2y + 7 = 0.
Exercice 4.33. Soit la droite D du plan définie par l’équation 2x − y + 6 = 0 et D ′ d’équation cartésienne
2x − 3ay + 4 = 0 avec a ∈ R. Déterminer une équation paramétrique des droites D et D ′ .
Exercice 4.34. On considère les points A = (−1, 1), B = (2, 1) et C = (1, 3). Si Q est un point tel que
−→ −→
BQ = 3QC, donner une équation cartésienne et une équation paramétrique décrivant chacune la droite
(AQ).
D1 : a1 x + b1 y = c1 et D2 : a2 x + b2 y = c2 ,
avec (a1 , b1 ) ̸= (0, 0) et (a2 , b2 ) ̸= (0, 0). On cherche les points P qui appartiennent aux droites D1 et
D2 , c’est-à-dire les points P dont les coordonnées (xP , yP ) sont solutions du système suivant :
a1 x + b1 y = c1
.
a2 x + b2 y = c2
▷ ou bien le système admet une infinité de solutions : les droites D1 et D2 sont alors les mêmes
droites (on dira également qu’elles sont confondues).
Définition 4.35. Deux droites distinctes sont dites parallèles si elles ont des vecteurs directeurs coli-
néaires.
On reformule dans la proposition suivante les différents cas possibles d’intersections de deux droites
distinctes.
Proposition 4.36. Soient D1 et D2 deux droites du plan affine respectivement de vecteurs directeurs →
−
u
→
−
et v . Les droites D1 et D2
Dans la suite, on présente des méthodes de calculs d’intersections de deux droites en fonction des pré-
sentations de ces deux droites.
Exemple – Intersection de deux droites données par des équations cartésiennes. On considère les
droites D1 et D2 respectivement d’équations cartésiennes 2x + 3y = −1 et 3x + 4y = 1. Pour déterminer
l’intersection des droites D1 et D2 , on doit résoudre le système
2x + 3y = −1
.
3x + 4y = 1
On applique pour cela l’algorithme du pivot de Gauss. D’après l’exemple traité page 41, les droites D1 et
D2 s’intersectent au point (−8, −5).
Exercice 4.37 – Intersection de deux droites données par des équations paramétriques. Considérons
les droites
x = 3t + 1 x = 2t
D: , t ∈ R et D :′
, t∈R
y = t + 1 y = t + 4
1. Montrer que l’intersection des droites D et D ′ est caractérisée par le système
3t1 − 2t2 = −1
.
t1 − t2 = 3
Exercice 4.38. Déterminer les éventuels points d’intersection des deux droites d’équations paramétriques
x = 3t + 3 x = −3t
D: , t ∈ R et D ′ : , t ∈ R.
y = −3t − 2 y = 2t + 3
Exercice 4.39 – Intersection : équation cartésienne et équation paramétrique. Considérons les droites
x = 2t + 1
D1 : 2x + 3y + 4 = 0 et D2 : , t ∈ R.
y = −t + 1
Exercice 4.40. Déterminer, s’il existe, le point d’intersection des droites D et D ′ suivantes :
x = 3t + 1
1. D : , t ∈ R et D ′ : 2x + 3y − 4 = 0,
y = −t + 1
x = 2t
2. D : 3x − 2y + 7 = 0 et D : ′
, t ∈ R,
y = t + 4
x = 3t + 3
3. D : , t ∈ R et D ′ : 2x + 4y − 1 = 0,
y = −3t − 2
x = −3t
4. D : x + y − 2 = 0 et D ′ : , t ∈ R.
y = 2t + 2
Exercice 4.42. Déterminer une équation cartésienne de la droite ∆ parallèle à D et passant par le point
P pour les données suivantes :
1. D : 2x + 3y = 4 et P = (2, 1), 3. D : 4x = 4 et P = (2, 2),
2. D : 3x + 2y = 2 et P = (−1, 1), 4. D : 3y = 4 et P = (1, 7).
On finit cette section avec un théorème classique de géométrie, dont on donne une formulation vectorielle.
Théorème 4.43 – Théorème de Thalès. Soient O, A, A′ , B et B ′ des points du plan affine deux à deux
4.3 Géométrie de l’espace affine 71
distincts tels que (OA) = (OA′ ), (OB) = (OB ′ ) et (OA) ̸= (OB). Les droites (AB) et (A′ B ′ ) sont
−→ −−→ −→ −−→ −→ −−→
parallèles si et seulement s’il existe λ ∈ R∗ tel que OA = λOA′ , OB = λOB ′ et AB = λA′ B ′ .
B′
B B
A′
O A ′ O A
A
B′
(a) Configuration en triangle (b) Configuration en papillon
Démonstration. Soient O, A, A′ , B et B ′ des points deux à deux distincts du plan affine tels que (OA) =
−→ −−→ −→ −−→
(OA′ ), (OB) = (OB ′ ) et (OA) ̸= (OB). Alors, il existe µ, ν ∈ R∗ tels que OA = µOA′ et OB = ν OB ′ .
−→ −→ −−→
De plus, les vecteurs OA et OB ne sont pas colinéaires, ce qui implique notamment que les vecteurs OA′
−− →
et A′ B ′ ne sont également pas colinéaires. En effet, supposons par l’absurde qu’il existe k ∈ R∗ tel que
−−→′ −−→
OA = k A′ B ′ alors
−→ −−→ −−→ −−→ −−→ ν(1 + k) −→
OB = ν OB ′ = ν(OA′ + A′ B ′ ) = ν(1 + k)OA′ = OA
µ
d’où la contradiction. Supposons que les droites (AB) et (A′ B ′ ) sont parallèles, alors il existe λ ∈ R∗ tel
−→ −−→ −→ −→ −→
que AB = λA′ B ′ . La relation de Chasles OB = OA + AB implique que
−−→ −−→ −−→ −→ −→ −→ −−→ −−→
ν OA′ + ν A′ B ′ = ν OB ′ = OB = OA + AB = µOA′ + λA′ B ′ .
−−→ −−→
Comme les vecteurs OA′ et A′ B ′ ne sont pas colinéaires, d’après le théorème 4.18, l’écriture du vecteur
−→ −−→ −−→ −→ −−→
OB est unique dans la base (OA′ , A′ B ′ ), donc µ = ν = λ. Réciproquement, si AB = λA′ B ′ , alors les
droites (AB) et (A′ B ′ ) sont parallèles.
De la même manière que dans le plan affine, on définit une droite de l’espace par la donnée d’un point
et d’un vecteur.
Définition 4.44 – Droite de l’espace affine. Étant donnés un point P = (xP , yP , zP ) de l’espace affine
et un vecteur →
−
u = (u1 , u2 , u3 ) ∈ R3 non nul, on appelle droite de vecteur directeur →
−
u passant par P
le sous-ensemble de l’espace affine suivant
{(u1 t + xP , u2 t + yP , u3 t + zP ), t ∈ R} .
On généralise à l’espace affine le premier postulat d’Euclide : par deux points distincts passe une unique
droite.
Proposition 4.45. Soient A = (xA , yA , zA ) et B = (xB , yB , zB ) deux points distincts de l’espace affine. Il
−→
existe une unique droite, notée (AB), passant par les points A et B. Elle est de vecteur directeur AB et
une équation paramétrique de (AB) est
x = (xB − xA )t + xA
y = (yB − yA )t + yA , t ∈ R.
= (zB − zA )t
z + zA
Contrairement à la géométrie du plan affine, considérer l’ensemble engendré par un point et deux vecteurs
non colinéaires ne nous donne qu’un sous-ensemble de l’espace affine : cela motive la définition suivante.
Définition 4.46 – Plan de l’espace affine. Étant donnés un point P = (xP , yP , zP ) de l’espace affine et
deux vecteurs non nuls →
−
u = (u1 , u2 , u3 ) et →
−
v = (v1 , v2 , v3 ) non colinéaires, on appelle plan dirigé par
→
− →
−
u et v et passant par P , le sous-ensemble de l’espace affine suivant
{(xP + u1 s + v1 t, yP + u2 s + v2 t, zP + u3 s + v3 t), s, t ∈ R} .
On a vu que par deux points distincts de l’espace affine passe une unique droite. On généralise cela au
plan : par trois points non alignés passe un unique plan.
Proposition 4.47. Soient A(xA , yA , zA ), B = (xB , yB , zB ) et C = (xC , yC , zC ) trois points non alignés de
l’espace affine. Il existe un unique plan, noté (ABC), passant par les points A, B et C. Il est dirigé par
−→ −→
les vecteurs AB et AC et une équation paramétrique de (ABC) est
x = (xB − xA )s + (xC − xA )t + xA
y = (yB − yA )s + (yC − yA )t + yA , s, t ∈ R.
= (zB − zA )s + (zC − zA )t
z + zA
Démonstration. La preuve se fait en généralisant les arguments utilisés dans la démonstration du premier
postulat d’Euclide 4.25.
4.3 Géométrie de l’espace affine 73
Soit P un plan de l’espace affine passant par le point P = (xP , yP , zP ) et dirigé par les vecteurs → −u =
(u1 , u2 , u3 ) et →
−
v = (v1 , v2 , v3 ), vecteurs non nuls et non colinéaires. Pour la suite, on fait deux hypothèses
qui ne nuisent pas à la généralité du propos :
◦ comme → −u et →
−
v ne sont pas colinéaires, on suppose que u v − u v ̸= 0,
1 2 2 1
◦ comme →
−
u est non nul, on suppose que u1 ̸= 0.
Un point de l’espace M = (x, y , z) appartient au plan P si et seulement si le système d’inconnues s et t
u1 s + v1 t = x − xP (L1 )
u s + v2 t = y − yP (L2 )
2
u3 s + v3 t = z − zP (L3 )
−−→
admet une solution. Or, ce système admet une solution si et seulement si les vecteurs →
−
u,→
−
v et P M sont
coplanaires, ce qui équivaut, d’après la proposition 4.20, a
◦ Soient a, b, c, d quatre réels avec (a, b, c) ̸= (0, 0, 0). L’ensemble des points de l’espace affine
dont les coordonnées satisfont l’équation ax + by + cz = d est un plan. On dit que l’équation
ax + by + cz = d est une équation cartésienne du plan.
Démonstration. Le premier point découle de ce qui précède. Le second point est une conséquence immé-
diate de la proposition 3.20.
Exemple – Passage d’une équation paramétrique à une équation cartésienne. Considérons le plan
P d’équation paramétrique
x = s + 3t + 2
y = 2s + 2t + 1 , s, t ∈ R.
z = 3s + t + 3
Ce plan passe donc par le point P = (2, 1, 3) et est dirigé par les vecteurs →
−
u = (1, 2, 3) et →
−
v = (3, 2, 1).
Plutôt que d’appliquer directement la proposition 4.48, on utilise la méthode du pivot de Gauss pour
obtenir une équation cartésienne du plan. Ainsi, on sait qu’un point M = (x, y , z) appartient au plan P
74 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans
si et seulement si le système
s + 3t + 2 = x (L1 )
2s + 2t + 1 = y (L2 )
3s + t + 3 = z (L3 )
−4 t − 3 = −2x + y (L2 )
3 = x − 2y + z (L3 ← L3 − 2L2 )
donc ce système admet une solution si et seulement si x − 2y + z = 3. Une équation cartésienne du plan
P est donc x − 2y + z = 3.
Exemple – Passage d’une équation cartésienne à une équation paramétrique. On considère le plan
P d’équation cartésienne 3x + 2y + 5z = 9. Pour en déterminer une équation paramétrique, on détermine
les coordonnées de trois points non alignés de ce plan : on choisit de manière quasiment arbitraire trois
solutions de l’équation cartésienne A = (0, −3, 3), B = (0, 2, 1) et C = (3, 0, 0). On prendra juste garde
−→ −→
à ce que les vecteurs AB = (0, 5, −2) et AC = (3, 3, −3) ne soient pas colinéaires, en choisissant par
exemple les trois points de manière à avoir des 0 dans certaines coordonnées des vecteurs. Finalement,
par la proposition 4.47. le plan P admet donc pour équation paramétrique
x = 3t
y = 5s + 3t − 3 , s, t ∈ R.
= −2s − 3t
z + 3
Exercice 4.50. Donner une équation paramétrique des plans définis par les équations cartésiennes sui-
vantes :
1. P1 : x + 2y + 3z = 4, 3. P3 : 7x + 2y + 4z = 0,
2. P2 : 3x − y + 2z = 7, 4. P4 : x = 7.
4.3 Géométrie de l’espace affine 75
On cherche à obtenir une description similaire pour les droites de l’espace. Considérons donc une droite
D passant par un point P = (xP , yP , zP ) et dirigée par le vecteur non nul → −
u = (u1 , u2 , u3 ). Supposons
sans perdre en généralité que a1 ̸= 0. Un point M = (x, y , z) appartient à D si et seulement si le système
suivant admet une solution :
u1 t + xP = x (L1 )
u2 t + yP = y (L2 ) .
u3 t + zP = z (L3 )
Il est équivalent à
u1 t + xP = x (L1 )
u1 yP − u2 xP = u1 y − u2 x (L2 ← u1 L2 − u2 L1 )
u1 zP − u3 xP = u1 z − u3 x (L3 ← u1 L3 − u3 L1 )
Une droite de l’espace est donc caractérisée par un système de deux équations cartésiennes : elle est donc
décrite comme l’intersection de deux plans. Nous reviendrons sur ce point à la proposition 4.54.
Proposition 4.51.
◦ Considérons une droite D de l’espace affine passant par le point P = (xP , yP , zP ) et dirigée par le
vecteur non nul →
−
u = (u1 , u2 , u3 ). Alors, D est décrite comme l’intersection de deux plans P1 et
P2 .
◦ Soient a1 , b1 , c1 , d1 , a2 , b2 , c2 et d2 huit réels tels que (a1 , b1 , c1 ) ̸= (0, 0, 0) et (a2 , b2 , c2 ) ̸= (0, 0, 0).
Si (a1 , b1 , c1 ) est non colinéaire à (a2 , b2 , c2 ), l’intersection de deux plans d’équations cartésiennes
a1 x + b1 y + c1 z = d1 et a2 x + b2 y + c2 z = d2 est une droite D. Le système
a1 x + b1 y + c1 z = d1
a2 x + b2 y + c2 z = d2
Démonstration. Le premier point découle de ce qui a été fait précédemment, les cas b1 ̸= 0 et c1 ̸= 0
étant identiques au cas a1 ̸= 0. Le second point est une application directe de la proposition 3.23.
système
1 t + 1 = x (L1 )
2t + 3 = y (L2 )
3t + 5 = z (L3 )
Remarque. Comme pour les équations paramétriques, une droite n’est pas décrite par un unique système
d’équations cartésiennes.
Exercice 4.52. Pour les droites suivantes, donner un système d’équations cartésiennes :
1. la droite D passant par P = (1, 0, −1) et dirigée par →
1 1
−
u = (3, 2, 1),
1
On s’interroge sur l’intersection de deux plans, que l’on a déjà rencontrée lors de la description des droites
de l’espace par des équations cartésiennes.
Proposition 4.54 – Position relative de deux plans. On considère deux plans P1 et P2 de l’espace
d’équations cartésiennes respectives a1 x + b1 y + c1 z = d1 et a2 x + b2 y + c2 z = d2 , avec (a1 , b1 , c1 ) ̸=
(0, 0, 0) et (a2 , b2 , c2 ) ̸= (0, 0, 0).
◦ Les plans P et P ′ sont sécants en une droite si et seulement si (a1 , b1 , c1 ) et (a2 , b2 , c2 ) ne sont
pas colinéaires.
4.3 Géométrie de l’espace affine 77
P2 P2
P2
P1 ∩ P2
P1
P1
P1
Exercice 4.55 – Intersection de deux plans. On considère les plans P1 et P2 respectivement d’équa-
tions cartésiennes x + 2y + 3z = 4 et 4x + 3y + 2z = 1.
1. Constater que l’intersection des plans P1 et P2 est déterminé par le système
x + 2y + 3z = 4
.
4x + 3y + 2z = 1
2. Déterminer les solutions du système précédent pour en déduire que l’intersection des plans P1 et
P2 est la droite de vecteur directeur →
−
u = (1, −2, 1) passant par le point P = (−2, 3, 0).
Proposition 4.57 – Position relative d’une droite et d’un plan. On considère un plan P dirigé par →−
u
→
− →
−
et v et une droite D dirigée par w .
◦ Le plan P et la droite D s’intersectent en un unique point si et seulement si les vecteurs →
−
u,→
−
v et
→
−
w ne sont pas coplanaires.
◦ Si les vecteurs →
−
u,→
−
v et →
−
w sont coplanaires, alors
▷ ou bien la droite et le plan sont parallèles,
▷ ou bien la droite est incluse dans le plan.
Démonstration. Soient →
−
u = (u1 , u2 , u3 ), →
−
v = (v1 , v2 , v3 ) et →
−
w = (w1 , w2 , w3 ) trois vecteurs non nuls
3 →
− →
−
de R avec u et v non colinéaires. Soient P = (xP , yP , zP ) et Q = (xQ , yQ , zQ ) deux points de l’espace
78 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans
D
D
P
P
P
Ainsi, l’ensemble des points d’intersection de D et P est paramétré par l’ensemble des solutions du
système
u1 r + v1 s − w1 t = xQ − xP
u r + v2 s − w2 t = yQ − yP .
2
u 3 r + v3 s − w3 t = zQ − zP
Pour étudier ce système, on utilise le pivot de Gauss. On ne donne ici qu’une analyse rapide de ce système.
D’après la proposition 3.25, on sait que
◦ l’ensemble des solutions peut être vide : c’est le cas où P et D sont parallèles,
◦ il peut y avoir une unique solution : c’est le cas où D et P s’intersectent en un point et on est dans
ce cas lorsque
w1 (u2 v3 − u3 v2 ) − w2 (u1 v3 − u3 v1 ) + w3 (u1 v2 − u2 v1 ) ̸= 0,
◦ ou bien l’ensemble de solutions est indexé par un réel : c’est le cas où D est incluse dans P.
Le système ne peut pas admettre un ensemble de solutions indexé par deux réels car les vecteurs →
−
u et
→
−
v ne sont pas colinéaires.
On donne à présent des exemples de calculs d’intersection d’un plan et d’une droite, en fonction de
différentes descriptions de ces objets géométriques (équation cartésienne, équation paramétrique). Bien
sûr, on pourrait également faire le choix de se ramener à notre caractérisation préférée pour ensuite faire
le calcul de l’intersection.
4.3 Géométrie de l’espace affine 79
Exercice 4.58 – Intersection d’un plan et d’une droite. On considère la droite D dirigée par le vecteur
→
−
u = (1, 2, 3) et passant par le point P = (4, 2, 1) et le plan P d’équation cartésienne 2x + 3y + z = 1.
1. Montrer la droite D admet pour équation paramétrique
x = t + 4
y = 2t + 2 , t ∈ R.
z = 3t + 1
Exercice 4.59 – Intersection d’un plan et d’une droite. On considère la droite D dirigée par le vecteur
→
−
u = (1, 2, 3) et passant par le point P = (4, 2, 1) et le plan P dirigé par les vecteurs →
−
v = (2, 3, 1) et
→
−
w = (3, 1, 2) et passant par le point Q = (0, 0, 7).
1. En considérant des équations paramétriques de D et P, montrer que l’intersection de D et P est
caractérisée par le système
−r + 2s + 3t = 4
−2r + 3s + t = 2 .
−3r −6
+ s + 2t =
Exercice 4.60 – Intersection d’un plan et d’une droite. On considère le plan P d’équation cartésienne
2x + 3y + z = 1 et la droite D caractérisée par le système d’équations cartésiennes
3x + y + 2z = 1
.
x − y + z = 2
En résolvant un système de trois équations à trois inconnues, montrer que l’intersection de D et P est
le point de coordonnées (−14, 3, 20).
Proposition 4.62 – Position relative de deux droites. Soient D et D ′ deux droites de l’espace respec-
tivement de vecteurs directeurs →
−
u et →
−
v . Alors
→
− →
−
◦ ou bien u et v sont colinéaires et dans ce cas
▷ ou bien les droites D et D ′ sont parallèles ou bien elles sont confondues,
◦ ou bien →
−
u et →
−v ne sont pas colinéaires et dans ce cas
▷ ou bien les droites D et D ′ sont sécantes en un point,
▷ ou bien les droites D et D ′ ne s’intersectent pas sans être parallèles.
On illustre ces situations à la figure 4.6.
D1
D1
D1
D2 D2
P
D2
Démonstration.
◦ Supposons que les droites D et D ′ ont des vecteurs directeurs colinéaires, donc il existe un vecteur
non nul →−u = (u1 , u2 , u3 ) ∈ R3 qui dirige D et D ′ . Alors on a deux cas possibles. Ou bien D et
D ne s’intersectent pas, auquel cas elles sont parallèles par définition. Ou bien elles possèdent un
′
point d’intersection P = (xP , yP , zP ), alors D et D ′ sont égales car admettent toutes les deux pour
équation paramétrique
x = u1 s + xP
y = u2 s + yP .
z = u3 s + zP
qui admet donc comme unique solution (s, t) = (0, −1). Le point d’intersection des droites D1 et D2 est
donc le point P1 = (2, 3, 1).
donc l’intersection des droites D1 et D2 est déterminée par les solutions du système
4(t + 2) + 2(2t + 3) + 3(3t + 1) = 1
5(t + 2) − (2t + 3) + 2(3t + 1) = 7
Proposition 4.64. Deux droites distinctes D1 et D2 sécantes ou parallèles déterminent un unique plan
P. De plus :
◦ si les droites sont parallèles, alors P est dirigé par le vecteur →
−
u directeur de D1 et par n’importe
−→
quel vecteur P Q, avec P ∈ D1 et Q ∈ D2 .
◦ si les droites sont sécantes et que → −
u dirige D et →−v dirige D , alors les vecteurs →
1 2
−
u et →
−
v dirigent
P.
On dira alors que D1 et D2 sont coplanaires.
D1 D2 D1
D2
Parallélisme
Du parallélisme de droites, on peut déduire le parallélisme des plans qui les contiennent.
Proposition 4.65.
◦ Parallélisme de plans
4.3 Géométrie de l’espace affine 83
▷ Si un plan P contient deux droites sécantes qui sont parallèles à deux droites sécantes d’un
plan P ′ alors les plans P et P ′ sont parallèles ou confondus.
▷ Si deux plans distincts sont parallèles à un troisième plan alors ils sont parallèles entre eux.
◦ Parallélisme d’une droite et d’un plan
▷ Soit une droite D parallèle à une droite D ′ contenue dans un plan P. Si la droite D n’intersecte
pas le plan P, alors D est parallèle au plan P, sinon elle est contenue dans P.
◦ Parallélisme de droites
▷ Si deux droites distinctes sont parallèles à une même droite, alors elle sont parallèles entre elles.
▷ Si deux plans P et P ′ sont parallèles, alors tout plan qui coupe l’un coupe également l’autre
et les droites d’intersection D et D ′ sont parallèles.
D D
D′ D′
Démonstration.
▷ Soient D1 et D2 (respectivement D1′ et D2′ ) deux droites sécantes qui engendrent un plan P (resp.
P ′ ). On suppose de plus que D1 est parallèle à D2 et que D1′ est parallèle à D2′ . Alors il existe
un vecteur →−
v1 qui dirige les droites D1 et D1′ et un vecteur →
−
v2 qui dirige les droites D2 et D2′ . Les
→
− →
−
vecteurs v1 et v2 dirigent alors les plans P1 et P2 , qui sont donc parallèles ou confondus.
▷ Découle directement de la proposition 4.54, car si (a1 , b1 , c1 ) et (a2 , b2 , c2 ) sont colinéaires à
(α, β, γ), alors (a1 , b1 , c1 ) et (a2 , b2 , c2 ) sont colinéaires.
▷ Si D et D ′ sont parallèles alors elles sont toutes les deux de vecteurs directeurs → −
u . Le plan P est
alors dirigé par →
−
u et un vecteur → −v qui n’est pas colinéaire à → −
u . Comme le vecteur →
−
u est coplanaire
→
− →
−
aux vecteurs u et v , alors on conclut par la proposition 4.57.
▷ Découle de la colinéarité des vecteurs directeurs des droites, car si →
−
u et →
−
v sont colinéaires à →
−
w,
→
− →
−
alors u est colinéaire à v .
▷ Soient P et P ′ deux plans parallèles et soit H un plan qui intersecte P et qui est différent de
P. Alors d’après la proposition 4.54, P et H s’intersectent en une droite D. Toujours d’après la
proposition 4.54, P ′ et H s’intersectent également en une droite D ′ , sinon, P ′ et H seraient
parallèles, ce qui est impossible d’après le premier point et ce qui précède. Les droites D et D ′ sont
coplanaires car elles appartiennent à H . Elles n’ont nécessairement aucun point d’intersection car
un tel point appartiendrait aux plans P et P ′ , ce qui est impossible. Elles sont donc parallèles.
Remarque. Dans l’espace, deux droites peuvent être parallèles à un même plan sans être parallèles entre
elles ! On représente une telle situation à la figure 4.9a.
84 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans
D1
P ∆ D2
Démonstration. Supposons par l’absurde que la droite ∆ ne soit pas parallèle à D et D ′ . Les droites D
et D ′ sont dirigées par un vecteur →
−
u et la droite ∆ est dirigée par un vecteur →
−
v non colinéaire à →
−
u . Soit
P un point de ∆. Alors le plan P est le plan dirigé par →−u et →−
v passant par P, de même pour P ′ donc
P = P ′ car ∆ ⊂ P et ∆ ⊂ P ′ donc P ∩ P ′ ̸= ∅, ce qui est absurde car cela contredit l’hypothèse P
et P ′ distincts, d’où le résultat.
Proposition 4.67 – Positions relatives de trois plans. Soient trois plans distincts deux à deux. Alors,
soit :
◦ les plans ne s’intersectent en aucun point,
◦ les plans s’intersectent en un unique point,
◦ les plans s’intersectent en une droite.
On illustre cela à la figure 4.10.
P3 P3 P3
P2
P2
P2
P1
P1 P1
•
Démonstration. Soient Pi , pour i ∈ {1, 2, 3}, trois plans de l’espace affine, d’équation cartésienne ai x +
bi y +ci z = di . Un point de l’espace est dans l’intersection des trois plans si et seulement si ses coordonnées
4.4 Orthogonalité 85
Exemple. Vous pouvez réinterpréter les calculs effectués dans les exemples de la sous-section 3.2.3 comme
la détermination de l’intersection de trois plans.
4.4. Orthogonalité
Dans cette dernière section, on introduit la notion d’orthogonalité entre vecteurs, puis entre objets
géométriques. Cette notion nécessite d’introduire une opération pour les vecteurs en plus de l’addition et
du produit par un réel : le produit scalaire.
Remarque. Le produit scalaire est également parfois noté avec un point médian : pour le produit scalaire
de deux vecteurs →
−
u et →
−
v , on trouvera aussi bien ⟨→
−
u ,→
−
v ⟩ que →
−u ·→
−
v.
Démonstration. Démontrons que le produit scalaire (de R2 ou de R3 ) est défini positif. Soit →
−
v = (a, b) ∈
R2 . On a ⟨→−v ,→
−
v ⟩ = a2 + b2 ⩾ 0 car c’est une somme de deux carrés. De plus, une somme de deux carrés
est nulle si et seulement si ces deux carrés sont chacun nul, d’où le résultat.
Exercice 4.71. Démontrer les points 1. et 2. de la proposition précédente dans le cas du produit scalaire
de R2 (la preuve dans le cas de R3 étant similaire).
86 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans
Corollaire 4.72. Le produit scalaire satisfait la propriété de linéarité à gauche, c’est-à-dire que pour tous
vecteurs →
−
u,→ −
v et →
−w , et pour tout réel λ, on a
⟨→
−
u + λ→
−
v ,→
−
w ⟩ = ⟨→
−
u ,→
−
w ⟩ + λ⟨→
−
v ,→
−
w ⟩.
y
4
D
3 ×
2 −→
AB
B
1 C× ×
A x
×
−2 −1 0 1 2 3 4 5 6
−1
Exemple. On considère les points A = (1, 1, 1), B = (−2, 2, 1), C = (2, −1, 3) et D = (3, 2, 5).
−→ −→ −→ −→
On a donc les vecteurs AB = (−3, 1, 0) et CD = (1, 3, 2), qui sont orthogonaux car ⟨AB, CD⟩ =
−3 × 1 + 1 × 3 + 0 × 2 = 0.
Démonstration. Fixons → −u = (u1 , u2 ) un vecteur non nul de R2 . Alors le vecteur de coordonnées →−v =
→
− →
− →
−
(−u2 , u1 ) est orthogonal à u . Soit w = (w1 , w2 ) orthogonal à u , c’est-à-dire tel que u1 w1 + u2 w2 = 0
alors det(→−w,→−v ) = w1 u1 − w2 (−u2 ) = 0 donc → −
v et →
−
w sont colinéaires.
Exercice 4.75 – Orthogonal dans R3 . Soit → −u = (u1 , u2 , u3 ) un vecteur non nul de R3 . Montrer que si
→
−
u1 ̸= 0 tout vecteur orthogonal à u est coplanaire à (−u2 , u1 , 0) et (−u3 , 0, u1 ).
Définition 4.77 – Plan euclidien. Le plan affine, muni du produit scalaire de R2 , c’est-à-dire tel que pour
−→ −→
quatre points A, B, C et D on peut calculer ⟨AB, CD⟩, est appelé plan euclidien.
Remarque – Repère orthonormé. On a défini la notion de repère du plan affine (voir définition 4.29)
−→ −→ −→ −→
comme la donnée d’un triplet (A, AB, AC). On dit qu’un tel repère est orthonormé si ⟨AB, AC⟩ = 0 et
−→ −→ −→ −→ →
− → −
⟨AB, AB⟩ = 1 = ⟨AC, AC⟩. Ainsi, le repère (O, i , j ) de l’exemple par 66 est orthonormé.
Définition 4.79. Deux droites orthogonales sont dites perpendiculaires si elles s’intersectent.
Propriété 4.80. Dans le plan euclidien, deux droites sont orthogonales si et seulement si elles sont per-
pendiculaires.
Démonstration. Il suffit de montrer que deux droites orthogonales s’intersectent forcément. Considérons
→
−
u = (u1 , u2 ) un vecteur non nul directeur d’une droite D et → −
v = (v1 , v2 ) un vecteur orthogonal à → −
u
∗ →
−
qui dirige une droite ∆. D’après la proposition 4.74, il existe λ ∈ R tel que v = (−λu2 , λu1 ). On a
det(→
−u ,→
−v ) = λ(u12 + u22 ) ̸= 0, donc →
−
u et →
−
v ne sont pas colinéaires. D’après la proposition , les droites
D et ∆ s’intersectent en un nique point, d’où le résultat.
Remarque. Alors que dans le plan les notions de droites orthogonales et droites perpendiculaires coïn-
cident, cela ne sera plus le cas dans l’espace.
Fixons un vecteur → −n = (a, b) non nul et un point P = (xP , yP ) du plan affine. On se demande quel
−−→
est l’ensemble des points M = (x, y ) du plan tels que le vecteur P M est orthogonal au vecteur → −
n , i.e.
→
− −−→ →
− −−→
qui satisfont ⟨ n , P M⟩ = 0. Or, on a ⟨ n , P M⟩ = 0 si et seulement si a(x − xP ) + b(y − yP ) = 0, qui est
une équation cartésienne de droite.
y
3
P
2 −
→
n × D
x
−2 −1 0 1 2 3 4 5 6
−1
Remarque. Un vecteur normal à une droite n’est pas unique : si →−n est un vecteur normal à la droite D,
→
−
alors tous les vecteurs colinéaires à n sont des vecteurs normaux à D.
Proposition 4.84. Soit D une droite d’équation cartésienne ax + by + c = 0, avec a, b et c trois réels et
a et b non simultanément nuls.
◦ Le vecteur →
−
n = (a, b) est un vecteur normal à la droite D.
◦ Le vecteur →
−
v = (−b, a) est un vecteur directeur à la droite D.
À retenir. On résume les différentes descriptions d’une droite définie par un point et un vecteur normal.
Définition Équation cartésienne Équation paramétrée
D est la droite passant par P = n
x= −bt +xP
(xP , yP ) et de vecteur normal a(x − xP ) + b(y − yP ) = 0
y = at +yP
,t∈R
→
−n = (a, b)
Exercice 4.85 – Passer d’une représentation à l’autre. Pour chacune des droites suivantes, donner une
équation cartésienne, une équation paramétrée, un vecteur directeur, un vecteur normal et un point de
cette droite :
1. D1 d’équation cartésienne 3x + 4y − 7 = 0,
2. D2 de vecteur directeur →
−
v = (2, 4) et passant par le point P = (1, 2),
→
−
3. D3 de vecteur normal n = (−3, 1) et passant par le point P = (0, 5),
4. D4 d’équation paramétrique x = 6t + 3, y = 1 − t pour t ∈ R.
Exercice 4.86. On considère la droite D passant par A = (−3, 2) et dirigée par le vecteur →
−
u = (1, −2).
On considère le point C = (1, 1).
1. Vérifier que C n’appartient pas à la droite D.
2. Déterminer les coordonnées d’un point B de la droite D tel que le triangle [ABC] soit rectangle en
B. Constater qu’un tel point est unique.
Définition 4.87 – Espace euclidien. L’espace affine, muni du produit scalaire de R3 , c’est-à-dire tel que
−→ −→
pour quatre points A, B, C et D, on peut calculer ⟨AB, CD⟩, est appelé espace euclidien.
Définition 4.88 – Droites orthogonales – droites perpendiculaires. Deux droites de l’espace respecti-
vement de vecteurs directeurs →
−
u et →
−
v sont dites
◦ orthogonales si u et v sont orthogonaux, c’est-à-dire si ⟨→
→
− →
− −
u ,→
−
v ⟩ = 0,
◦ perpendiculaires si elles sont orthogonales et s’intersectent.
Remarque. Contrairement à la situation du plan euclidien, ces deux définitions ne coïncident pas. Consi-
dérons la droite D passant par le point O = (0, 0, 0) de vecteur directeur → −
u = (1, 0, 0), et la droite
D ′ passant par le point A = (0, 0, 1) et de vecteur directeur →−
v = (0, 1, 0). Elles sont orthogonales car
⟨→
−
u ,→−
v ⟩ = 1 × 0 + 0 × 1 + 0 × 0 = 0. De plus, elles s’intersectent si et seulement si le système suivant
admet une solution
0 = t
s = 0 .
1 = 0
Or, celui-ci est incompatible donc les droites D et D ′ ne s’intersectent pas : on représente la situation à
la figure 4.13.
90 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans
D2
D1
Définition 4.89 – Vecteur normal à un plan. Soient → −n = (a, b, c) ∈ R3 un vecteur non nul et P =
(xP , yP , zP ) un point du plan euclidien. Le plan formé des points M = (x, y , z) de l’espace tels que le
−−→
vecteur P M est orthogonal au vecteur → −n est appelé plan de vecteur normal →−
n passant par P . Ce plan
a pour équation cartésienne
−
→
n
P
• −→ •
P PX X
Proposition 4.90. Soit un plan P de l’espace euclidien dirigé par deux vecteurs → −
u = (u1 , u2 , u3 ) et
→
−
v = (v1 , v2 , v3 ) et passant par le point P = (xP , yP , zP ). Alors le vecteur
→
−
u ∧→
−
v = (u2 v3 − u3 v2 , −(u1 v3 − u3 v1 ), u1 v2 − u2 v1 )
Définition 4.91. Une droite D est perpendiculaire à un plan P si pour tout couple de points A, B ∈ P,
−→
un vecteur directeur de D est orthogonal à AB.
Proposition 4.92. Soit P un plan de l’espace et soit ∆ une droite de l’espace. La droite ∆ et le plan P
sont perpendiculaires si et seulement si ∆ est orthogonale à deux droites sécantes de P.
Démonstration. Le sens direct de l’équivalence est clair : si ∆ est perpendiculaire à P, alors si on considère
P le point d’intersection de ∆ et P et que l’on considère A et B deux points de P tels que A, B et P
4.4 Orthogonalité 91
ne sont pas alignés, alors ∆ est perpendiculaire aux droites (AP ) et (BP ). Considérons à présent deux
droites sécantes D1 et D2 dans P telles que D1 et D2 soient perpendiculaires à ∆. Notons → −
u1 et →
−
u2 des
→
−
vecteurs directeurs respectifs des droites D1 et D2 , et notons v un vecteur directeur de ∆. Comme D1 et
−→
D2 s’intersectent, alors →
−
u1 et →
−
u2 ne sont pas colinéaires et dirigent le plan P. Ainsi, tout vecteur AB du
−→
plan P est coplanaire de u2 et u2 , c’est-à-dire qu’il existe deux réels s, t ∈ R tels que AB = s u1 + t →
→
− →
− →
− −
u2 .
−→ −→ →
Soit donc AB un vecteur du plan P, on a ⟨AB, − v ⟩ = ⟨s →−
u1 + t →
−
u2 , →
−
v ⟩ = s⟨→
−
u1 , →
−
v ⟩ + t⟨→
−
u2 , →
−
v ⟩ = 0. Donc
la droite ∆ est perpendiculaire au plan P.
P
•
•
P2
P2
−
→
n2
−
→ −
→
n1
n2
D
−
→
n1 P1
−
→
n1 ∧ −
→
P1 n2
Démonstration.
◦ Découle directement de la proposition 4.54 et de l’équation caractéristique donnée à la définition
4.89.
◦ Les plans P1 et P2 s’intersectent en une droite D. Soient A et B deux points distincts de D alors
−→ −→
AB dirige D or, ces deux points sont des points de P1 donc AB est orthogonal à → −
n1 , et de même
→
− −→ →
− →
−
pour n2 , donc d’après l’exercice 4.76, AB est colinéaire à n1 ∧ n2 d’où le résultat.
(−
→
u +−
→
v )+−
→
w = ((u1 + v1 ) + w1 , (u2 + v2 ) + w2 ) = (u1 + (v1 + w1 ), u2 + (v2 + w2 )) = −
→
u + (−
→
v +−
→
w)
d’où le résultat.
2. On a λ(− →
u +− →v ) = (λ(u1 + v1 ), λ(u2 + v2 )) = (λu1 , λu2 ) + (λv1 , λv2 ) = λ−
→
u + λ−
→
v.
−
→
3. On a λ(µ u ) = λ(µu , µu ) = (λµ) u . −
→
1 2
−→ −→
Exercice 4.10 Soient A, B et C trois points du plan respectivement de coordonnées (xA , yA ), (xB , yB ) et (xC , yC ). On a AB + BC = (xB −
−→
xA , yB − yA ) + (xC − xB , yC − yB ) = (xC − xA , yC − yA ) = AC.
Exercice 4.15
1. Non. 2. Oui. 3. Non. 4. Oui.
Exercice 4.21
1. Non. 2. Oui. 3. Non. 4. Oui.
Exercice 4.26
x =t +1 x = 2t
1. (AB) , t∈R 3. (AB) , t∈R
y =1 y =1
x = −2t + 3 x = −4t + 4
2. (AB) , t∈R 4. (AB) , t∈R
y =t +1 y =t +1
Exercice 4.31
1. 1 − y = 0. 2. x + 2y − 5 = 0. 3. x − y + 1 = 0. 4. x + 4y − 8 = 0.
Exercice 4.32 La droite D a pour équation cartésienne −2(x − 2) + 3(y − (−2)) = 0 qui est équivalente à −2x + 3y + 10 = 0, et la droite
D ′ a pour équation cartésienne −3(x − 2) − (y − (−1)) = 0 qui est équivalente à −3x − y + 5 = 0.
Exercice 4.33 On a
x(t) = t x(t) = 3at − 2
D= , t ∈ R et D ′ = , t∈R.
y (t) = 2t + 6 y (t) = 2t
−→ −→
Exercice 4.34 On commence par déterminer les coordonnées (xQ , yQ ) du point Q. On a BQ = 3QC qui est équivalent à (xQ − 2, yQ − 1) =
−→
3(1 − xQ , 3 − yQ ) : on obtient alors xQ = 4 et yQ = 4 = 2 . La droite (AQ) est dirigée par le vecteur AQ = (xQ − xA , yQ − yA ) = 94 , 32 et
5 10 5
passe par le point A. Ainsi, une équation paramétrique de (AQ) est donnée par
9
x(t) = 4
t −1
(AQ) = 3 , t∈R
y (t) = 2
t +1
et une équation cartésienne est alors donnée par − 23 (x − (−1)) + 49 (y − 1) = 0 qui est équivalente à − 32 x + 49 y − 15
4
= 0.
On cherche à déterminer si ces droites possèdent un point d’intersection ou non. La droite D1 a pour vecteur directeur le vecteur − →
u1 de
coordonnées (3, 1). La droite D2 a pour vecteur directeur − →
u2 de coordonnées (2, 1). On détermine si − →
u1 et −→
u2 sont colinéaires ou non en
−
→ −
→
calculant det(u1 , u2 ) = 3 × 1 − 1 × 2 = 3 − 2 = 1 ̸= 0 donc les vecteurs directeurs des droites D1 et D2 ne sont pas colinéaires : elles ont
donc un unique point d’intersection. Déterminons ce point d’intersection, que l’on note P = (xP , yP ) : c’est un point de D1 donc il existe un
réel t1 tel que
xP = 3t1 + 1
yP = t1 + 1
Finalement, on a
3t1 + 1 = 2t2 t2 = −10
⇔ .
t1 + 1 = t2 + 4 t1 = −7
Ainsi, le point P est le point de la droite D de paramètre t1 = −7, c’est-à-dire le point de coordonnées (1 + 3 × (−7), 1 + (−7)) = (−20, −6).
On peut vérifier que c’est également le point de la droite D ′ de paramètre t2 = −10 : en effet, on a (2 × (−10), 4 + (−10)) = (−20, −6).
Exercice 4.38 On cherche à déterminer si ces droites possèdent un point d’intersection ou non. La droite D a pour vecteur directeur le vecteur
−
→v de coordonnées (3, −3). La droite D ′ a quant à elle pour vecteur directeur −→v ′ de coordonnées (−3, 2). On détermine si − →v et −→
v ′ sont
−
→ −
→′
colinéaires ou non en calculant det( v , v ) = 3 × 2 − (−3) × (−3) = 6 − 9 = −3 ̸= 0 donc les vecteurs directeurs des droites D et D ′ ne
sont pas colinéaires : elles ont donc un unique point d’intersection. Déterminons ce point d’intersection, que l’on note P = (xP , yP ) : c’est un
point de D et un point de D ′ donc il existe un réel t0 et un réel t0′ tels que
xP = −3t0′
xP = 3 + 3t0
et .
yP = −2 − 3t0 yP = 3 + 2t0′
3 + 3t0 = −3t0′
−2 − 3t0 = 3 + 2t0′
Finalement, on a
t0′
= 2 (L1 ← L1 − L2 )
.
t0 = −3 (L2 )
Ainsi, le point P est le point de la droite D de paramètre t0 = −3, c’est-à-dire le point de coordonnées (3+3×(−3), −2−3×(−3)) = (−6, 7).
On peut vérifier que c’est également le point de la droite D ′ de paramètre t0′ = 2 : en effet, on a (−3 × 2, 3 + 2 × 2) = (−6, 7).
On cherche à déterminer si ces droites possèdent un point d’intersection ou non. La droite D1 a pour vecteur directeur − →
u1 de coordonnées
(3, −2). La droite D2 a quant à elle pour vecteur directeur − →
u2 de coordonnées (2, −1). On détermine si −
→
u1 et −
→
u2 sont colinéaires ou non en
calculant det(−→
u1 , −
→
u2 ) = 3 × (−1) − (−2) × 2 = −3 + 4 = 1 ̸= 0 donc les vecteurs directeurs des droites D1 et D2 ne sont pas colinéaires :
elles ont donc un unique point d’intersection. Déterminons ce point d’intersection que l’on note P = (xP , yP ). Le point P est un point de
D2 , donc il existe un réel t2 tel que xP = 2t2 + 1 et yP = 1 − t2 . On cherche à déterminer la valeur de t2 , ce qui nous donnerait alors les
coordonnées de P . Comme P est un point de D, alors ses coordonnées satisfont 2xP + 3yP + 4 = 0. On peut réécrire cela en fonction de t2 ,
qui satisfait donc l’égalité
2(2t2 + 1) + 3(1 − t2 ) + 4 = 0 ⇔ 4t2 − 3t2 + 2 + 3 + 4 = 0 ⇔ t2 = −9
On peut vérifier que P est bien un point de la droite D1 car on a 2 × (−17) + 3 × 10 + 4 = 0. De plus, c’est le point de la droite D2 de
paramètre −9 donc le point P = (−17, 10) est bien le point d’intersection des droites D1 et D2 .
Exercice 4.40 1. On cherche à déterminer si ces droites possèdent un point d’intersection ou non. La droite D a pour vecteur directeur − →
v
de coordonnées (3, −1). La droite D ′ a quant à elle pour vecteur directeur −→v ′ de coordonnées (3, −2). On détermine si − →v et −
→v ′ sont
colinéaires ou non en calculant 3 × (−2) − (−1) × 3 = −6 + 3 = −3 ̸= 0 donc les vecteurs directeurs des droites D et D ′ ne sont pas
colinéaires : elles ont donc un unique point d’intersection. Déterminons ce point d’intersection, que l’on note P = (xP , yP ). Le point P
est un point de D, donc il existe un réel t0 tel que xP = 1 + 3t0 et yP = 1 − t0 . On cherche à déterminer la valeur de t0 , ce qui nous
donnerait alors les coordonnées de P . Comme P est un point de D ′ , alors ses coordonnées satisfont 2xP + 3yP − 4 = 0. On peut réécrire
cela en fonction de t0 , qui satisfait donc l’égalité
1
2(1 + 3t0 ) + 3(1 − t0 ) − 4 = 0 ⇔ 6t0 + 2 − 3t0 + 3 − 4 = 0 ⇔ t0 = −
3
94 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans
donc les coordonnées de P sont xP = 1 − 3 × 31 = 0 et yP = 1 + 13 = 43 . On peut vérifier que P est bien un point de la droite D : on a
2 × 0 + 3 × 43 − 4 = 0 et de plus, c’est le point de la droite D ′ de paramètre − 31 donc le point P = 0, 34 est bien le point d’intersection
des droites D et D .′
2. On cherche à déterminer si ces droites possèdent un point d’intersection ou non. La droite D a pour vecteur directeur − →
v de coordonnées
(−2, −3). La droite D ′ a quant à elle pour vecteur directeur − →v ′ de coordonnées (2, 1). On détermine si −
→
v et −→
v ′ sont colinéaires ou
non en calculant −2 × 1 − (−3) × 2 = −2 + 6 = 4 ̸= 0 donc les vecteurs directeurs des droites D et D ′ ne sont pas colinéaires : elles
ont donc un unique point d’intersection. Déterminons ce point d’intersection, que l’on note P = (xP , yP ). Le point P est un point de
D ′ , donc il existe un réel t0 tel que xP = 2t0 et yP = 4 + t0 . On cherche à déterminer la valeur de t0 , ce qui nous donnerait alors les
coordonnées de P . Comme P est un point de D, alors ses coordonnées satisfont 3xP − 2yP + 7 = 0. On peut réécrire cela en fonction
de t0 , qui satisfait donc l’égalité
1
3(2t0 ) − 2(4 + t0 ) + 7 = 0 ⇔ 6t0 − 2t0 − 8 + 7 = 0 ⇔ t0 =
4
1
2(3 + 3t0 ) + 4(−2 − 3t0 ) − 1 = 0 ⇔ 6t0 + 6 − 12t0 − 8 − 1 = 0 ⇔ t0 = −
2
donc les coordonnées de P sont xP = 3 − 3 × 12 = 32 et yP = −2 + 3 × 12 = − 12 . On peut vérifier que P est bien un point de la droite
D : on a 2 × 32 − 4 × 12 − 1 = 0 de plus, c’est le point de la droite D ′ de paramètre − 12 donc le point P = 23 , − 12 est bien le point
donc les coordonnées de P sont xP = −3 × 0 = 0 et yP = 2 + 0 = 2. On peut vérifier que P est bien un point de la droite D : on a
0 + 2 − 2 = 0 de plus, c’est le point de la droite D ′ de paramètre 0 donc le point P = (0, 2) est bien le point d’intersection des droites
D et D ′ .
Exercice 4.42
1. ∆ : 2x + 3y = 7. 2. ∆ : 3x + 2y = −1. 3. ∆ : 4x = 8. 4. ∆ : 3y = 21.
Exercice 4.49
1. Le plan P1 est d’équation cartésienne −x + 2y − z = 2. 3. Le plan P3 est d’équation cartésienne −5x + 6y + 6z = 1.
2. Le plan P2 est d’équation cartésienne −4x + 3y + 8z = 29. 4. Le plan P4 est d’équation cartésienne z = 7.
Exercice 4.50 1. Le plan P1 passe par le point P1 = (0, 2, 0) car on remarque que 0 + 2 × 2 + 0 × 3 = 4, et est dirigé par les vecteurs
−
→
u1 = (3, 0, −1) et −
→
v1 = (−2, 1, 0).
2. Le plan P passe par le point P = (1, 0, 2) et est dirigé par les vecteurs −
2 2
→
u = (2, 0, −3) et −
2
→
v = (1, 3, 0).
2
3. Le plan P3 passe par le point P3 = (0, 0, 0) et est dirigé par les vecteurs −
→
u3 = (2, −7, 0) et −
→
v3 = (0, −2, 1).
−
→ −
→
4. Le plan P passe par le point P = (7, 0, 0) et est dirigé par les vecteurs u = (0, 1, 0) et v = (0, 0, 1).
4 4 4 4
Exercice 4.52
1. La droite D1 est l’intersection des plans d’équations −2x + 3y = −2 et x − 3z = 4.
2. La droite D2 est l’intersection des plans d’équations 4x + y = 6 et 3x + z = 6.
3. La droite D3 est l’intersection des plans d’équations x + 2y = 1 et 5x + 6z = −15.
4. La droite D4 est l’intersection des plans d’équations y = 0 et z = 7.
Pour déterminer les solutions de ce système, on applique l’algorithme du pivot de Gauss : le système
1 x + 2y + 3z = 4 (L1 )
4x + 3y + 2z = 1 (L2 )
est équivalent à
1 x + 2y + 3z = 4 (L1 )
−5 y − 10z = −15 (L2 ← L2 − 4L1 )
5 x − 5z = −10 (L1 ← 5L1 + 2L2 )
,
−5 y − 10z = −15 (L2 )
x = z − 2
.
y = −2z + 3
Exercice 4.56
Déterminer l’intersection de la droite D et du plan P, équivaut à déterminer s’il existe un paramètre t ∈ R tel que l’équation 2(t + 4) +
3(2t + 2) + (3t + 1) = 1 admette une solution. Cette équation est équivalente à 11t + 15 = 1, qui est elle-même équivalente à t = − 11 14
.
Ainsi, D et P s’intersectent en un unique point P = (− 11 + 4, − 11 × 2 + 2, − 11 × 3 + 1) = ( 11 , − 11 , − 11 ).
14 14 14 30 6 31
Ainsi, un point de l’espace affine appartient à l’intersection de D et P si et seulement s’il existe des paramètres r, s et t tels que
−r + 2s + 3t = 4
−2r + 3s + t = 2 .
−3r + s + 2t = 1−7
On résout ce système à l’aide de l’algorithme du pivot de Gauss. Notons que si le point d’intersection est unique, alors la détermination du
paramètre r (qui paramétrise la droite) nous permet d’obtenir ses coordonnées. On va donc veiller à ne pas prendre de pivot devant la variable
r afin de limiter les calculs. Notre système
−r + 2s + 3t = 4 (L1 )
−2r + 3s + 1 t = 2 (L2 )
−3r + s + 2t = −6 (L3 )
96 Chapitre 4 – Vecteurs, droites, plans
Ce système admet une unique solution que l’on ne détermine pas entièrement. On sait que l’on aura r = − 60
7
, donc le point d’intersection de
D et P est le point de coordonnées (− 60
7
+ 4, − 60
7
× 2 + 2, − 60
7
× 3 + 1) = (− 32
7
, − 106
7
, − 173
7
).
et le plan P d’équation cartésienne 2x + 3y + z = 1. Un point M est dans l’intersection de D et P si et seulement si ses coordonnées sont
solutions du système
3x + y + 2z = 1
x − y + z = 2 .
2x + 3y + z = 1
x − y + z = 2 (L2 )
2x + 3y + z = 1 (L3 )
est équivalent à
3x + 1 y + 2z = 1 (L1 )
4 x + 3z = 4 (L2 ← L2 + L1 )
−7x − −2 (L3 ← L3 − 3L1 )
5z =
Notre système admet une unique solution que l’on détermine en terminant notre algorithme par la remontée. On a
3x + y = −39 (L1 ← L1 − 2L3 )
4x = −56 (L2 ← L2 − 3L3 )
z = 20 (L3 )
Finalement, le point d’intersection de la droite D et du plan P est le point de coordonnées (−14, 3, 20).
Exercice 4.61
1. Le plan P1 est d’équation cartésienne 2x + 7y − z = 12 donc l’intersection de P1 et D1 est déterminée par les solutions de l’équation
2(t + 5) + 7(2t + 4) − (3t + 3) = 12, qui est équivalente à 13t = −23 donc l’intersection de P1 et D1 est un unique point de coordonnées
(− 23
13
+ 5, − 23
13
× 2 + 4, − 23
13
× 3 + 3) = ( 42 , 6 , 16 ).
13 13 13
2. L’intersection de P2 et D2 est déterminée par les solutions de l’équation 4(3t + 1) − 2(2t + 2) + 3(t + 3) = 7, qui est équivalente à
11t = −2. L’intersection est donc un unique point de coordonnées (− 112 2
× 3 + 1, − 11 2
× 2 + 2, − 11 5 18 31
+ 3) = ( 11 , 11 , 11 ).
3. L’intersection de P3 et D3 est le point de coordonnées ( 19
14 8
, − 19 , 26
19
).
4. L’intersection de P4 et D4 est le point de coordonnées (1, 2, 3).
Exercice 4.63
1. Les droites D1 et D1′ s’intersectent au point (4, 4, 4).
4.4 Orthogonalité 97
Exercice 4.68
1. Les trois plans s’intersectent au point (2, 2, 1).
2. Les trois plans s’intersectent au point (−69, 20, 24).
3. Les trois plans s’intersectent en la droite {(−6t − 9, 4t + 7, t), t ∈ R}.
4. Les trois plans s’intersectent en la droite {(−2t + 4, t + 2, t), t ∈ R}.
Exercice 4.71
1. Soient −→v = (a, b) et −
→
w = (c, d) deux vecteurs de R2 . On a ⟨−
→
v ,−
→
w ⟩ = ac + bd = ca + db = ⟨−
→
w,−
→
v ⟩.
2. Soient u = (a, b), v = (c, d) et w = (e, f ) trois vecteurs de R et λ ∈ R. On a ⟨ u , v + λ−
−
→ −
→ −
→ 2 −
→ −
→ →w ⟩ = a(c + λe) + b(d + λf ) =
ac + bd + λ(ae + bf ) = ⟨−
→
u ,−
→v ⟩ + λ · ⟨−
→
u ,−
→
w ⟩.
u2 u3 u2 u3
− s− t, s, t , s, t ∈ R = s − , 1, 0 + t − , 0, 1 , s, t ∈ R
u1 u1 u1 u1
(u2 v3 − u3 v2 , −(u1 v3 − u3 v1 ), u1 v2 − u2 v1 )
−
→
Exercice 4.81 Les droites D et D ′ admettent respectivement − →
v = (1, a) et v ′ = (1, a′ ) pour vecteurs directeurs. Les droites sont donc
−
→ −
→′
perpendiculaires si et seulement si ⟨ v , v ⟩ = 0, autrement dit si 1 + aa′ = 0 d’où le résultat.
d’où le résultat.
−→ −→ −→ −→
2. On considère H le point d’intersection de la hauteur issue de A et de la hauteur issue de B. On a donc ⟨HA, BC⟩ = 0 et ⟨HB, AC⟩ = 0.
−→ −→
Donc, d’après la relation démontrée à la question précédente, en prenant M = H, on obtient que ⟨HC, AB⟩ = 0, ainsi la droite (HC) est
perpendiculaire à (AB) : c’est donc la hauteur du triangle [ABC] issue de C. On a donc démontré que les trois hauteurs d’un triangle
sont concourantes.
4. La droite D4 est d’équation paramétrique x = 6t + 3, y = 1 − t pour t ∈ R. Elle admet donc − →u = (6, −1) pour vecteur directeur et
passe par le point P = (3, 1). Le vecteur −
→
n = (1, 6) est donc normal à la droite qui admet ainsi (x − 3) + 6(y − 1) = 0 pour équation
cartésienne.
Exercice 4.86
1. Le vecteur −
→
n = (2, 1) est normal à la droite D, donc une équation cartésienne de la droite est 2(x + 3) + (y − 2) = 0, ce qui équivaut
à 2x + y = −4. Comme 2 × 1 + 1 ̸= −4, on constate que C ∈ / D.
2. Le point B est le point d’intersection de la droite D et de la droite ∆ qui passe par C et qui est de vecteur normal −
→
u . Une équation de
∆ est (x − 1) − 2(y − 1) = 0 qui est équivalente à x − 2y = −1. Ainsi, les coordonnées du point B sont solutions du système
2x + y = −4
.
x − 2y = −1
1 x − 2y = −1 (L2 )
Nous allons dans ce chapitre donner une introduction à la notion de fonction et certaines propriétés
permettant leur étude que nous nous attacherons à illustrer graphiquement. Ce chapitre ne constitue
qu’un avant-goût de l’étude des fonctions réelles et les notions de limite, de continuité ou encore de
dérivabilité seront étudiées ultérieurement dans le chapitre 8.
Définition 5.1. Soient E et F deux ensembles de nombres. Une fonction f est un procédé qui à certains
éléments x de E associe, pour chacun de ces éléments, un unique élément de F noté f (x) et que l’on lit
« f de x ». On note alors f : E → F .
Exemples.
f: R → R
.
x 7 → a
f: R → R
.
x 7 → mx + p
◦ Fonction carrée. La fonction de mise au carré d’un nombre réel est définie par
f: R → R
.
x 7 → x2
◦ Fonctions du second degré. Étant donné trois réels a, b, c ∈ R avec a ̸= 0, on appelle fonction
polynomiale du second degré la fonction définie par
f: R → R
.
x 7 → ax 2 + bx + c
100 Chapitre 5 – Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle
À retenir. Soient f : E → F une fonction et x ∈ E tel que f (x) existe. Il faut faire attention à ne pas
confondre f et f (x). En effet, f (x) désigne un élément de F alors que f désigne une fonction.
Remarques.
◦ Il est particulièrement important de noter qu’une fonction n’est pas qu’une expression littérale mais
bien la donnée d’un ensemble de départ, d’un ensemble d’arrivée et d’une expression littérale. Par
exemple, la fonction g définie par
g : R+ → R
x 7→ x 2
n’est pas la fonction carrée de l’exemple précédent.
◦ On utilise parfois la notion d’application plutôt que celle de fonction et il est important de faire la
distinction entre ces deux notions bien qu’elle puisse paraître subtile au premier abord. La différence
est la suivante : si f : E → F est une fonction, les éléments de E possèdent une ou aucune image
par f alors que pour une application g : E → F , tout élément de E possède exactement une image.
Ainsi, si on considère
f: R → R g : R∗ → R
1 et ,
x 7→ x x 7→ x1
alors f est une fonction mais n’est pas une application (car 0 n’a pas d’image par f ) alors que g est
bien une application (et bien entendu une fonction).
Remarque. Par définition, Im(f ) = {y ∈ F | il existe x ∈ E tel que f (x) = y }, c’est-à-dire que Im(f ) est
l’ensemble de tous les éléments de F « atteints » par f .
Exemples.
◦ L’image de 2 par la fonction carrée est 4 et l’image de 5 est 25.
◦ Le nombre 3 est un antécédent de 9 par la fonction carrée car 32 = 9. À noter que −3 est également
un antécédent de 9 par la fonction carrée.
Définition 5.4 – Ensemble de définition d’une fonction. Soient E et F deux ensembles de nombres et
f : E → F une fonction. On appelle ensemble de définition de f , le sous-ensemble de E, souvent noté
Df , qui est constitué de tous les éléments de E auxquels f fait correspondre un élément de F . Autrement
dit, il s’agit du sous-ensemble de E formé des éléments pour lesquels on peut calculer f (x).
Exemples.
◦ Les fonctions constantes, les fonctions affines et plus généralement les fonctions polynomiales (du
second degré ou non) admettent R pour ensemble de définition.
◦ Fonction racine carrée. La fonction f qui, à un nombre réel, associe sa racine carrée
f: R → R
√
x 7 → x
a pour ensemble de définition R+ car la racine carrée n’est définie que pour les nombres positifs.
ga : R → R
√
x 7 → x −a
a pour ensemble de définition [a, +∞[, car l’ensemble de solutions de l’inéquation x − a ⩾ 0 est
l’intervalle [a, +∞[.
f: R → R
1
x 7→
x
a pour ensemble de définition R∗ car on ne peut pas diviser par zéro.
5.2.1 Définition
Exemple. On considère les fonctions f et g définies, pour tout x ∈ R, par f (x) = 2x + 3 et g(x) = x 2 .
Alors, g ◦f est définie sur R car f est définie sur R, g est définie sur R et pour tout x ∈ R, f (x) ∈ R = Dg .
De plus, pour tout x ∈ R,
De même, f ◦ g est définie sur R car g est définie sur R, f est définie sur R et pour tout x ∈ R,
g(x) ∈ R = Df et, pour tout x ∈ R, (f ◦ g)(x) = f (g(x)) = f (x 2 ) = 2x 2 + 3.
À retenir. La composition de fonctions n’est pas commutative, c’est-à-dire que si f et g sont des fonc-
tions, f ◦ g et g ◦ f sont en général des fonctions différentes.
Remarque. Étant données f : R → R et g : R → R, pour que la composée g ◦ f soit bien définie sur
le domaine de définition Df de f , il faut et il suffit que l’image de f soit incluse dans l’ensemble de
définition de g, i.e. Im(f ) ⊆ Dg .
f: R → R g : R+ → R
et √ .
x 7 → −x x 7 → x
On a ici Df = R et Dg = R+ et la composée g ◦ f de ces deux fonctions n’est pas définie sur Df car,
pour tout réel x > 0, f (x) < 0 donc f (x) ∈
/ Dg . En revanche, g ◦ f est bien définie sur R− donc on peut
affirmer que Dg◦f = R− .
Exercice 5.7.
1. Donner le domaine de définition et une expression simple de g ◦ f et f ◦ g, pour
√
a) f : x 7→ x et g : x 7→ 2x,
b) f : x 7→ x 2 − x + 1 et g : x 7→ 2x − 1,
2 √
c) f : x 7→ x 2x−1 et g : x 7→ x 2 + 1.
p
2. Exprimer la fonction f : x 7→ (2x − 1)3 à l’aide de compositions de fonctions usuelles (on précisera
les ensembles de départ et d’arrivée de chaque fonction).
5.2 Composition de fonctions 103
Définition 5.8. La fonction valeur absolue est la fonction définie sur R par
f: R → R
√
2
x si x ⩾ 0 .
x 7 → x =
−x si x ⩽ 0
Remarques.
Exemple. Si a ∈ R est un réel fixé et si r > 0, alors |x −a| ⩽ r si et seulement si max(x −a, −(x −a)) ⩽ r
ce qui est équivalent au fait que −r ⩽ x − a ⩽ r et donc au fait que a − r ⩽ x ⩽ a + r . Autrement dit,
|x − a| ⩽ r si et seulement si x ∈ [a − r, a + r ]
i.e. que |x − a| ⩽ r si et seulement si la distance entre x et a est au plus de r ce que l’on peut représenter
graphiquement de la façon suivante :
−r +r
+ R
a
a−r a+r
{x ∈ R | |x − a| ⩽ r }
√ √
À retenir. On rappelle que pour tout x ∈ R, x 2 = |x| alors que pour tout x ∈ R+ , ( x)2 = x.
Exercice 5.9.
7 10 7 1 x 10
1. Montrer que si 5 <x < 7 alors on a aussi 5 < x + 2 < 7 .
2. Montrer que si |x − 2| ⩽ 14 alors
x 1 2
a) 1 − 2 ⩽ 8, b) 1 − x ⩽ 17 , c) |x 2 − 4| ⩽ 17
16 .
1
3. Montrer que si |x − 1| ⩽ 3 alors
1 x+1
a) 2 ⩽ x+2 ⩽ 78 , b) 1
4 ⩽ 2x−1
2−x ⩽ 52 .
Remarques.
◦ Un point (x, y ) du plan R2 est un point de Cf si et seulement si y = f (x).
◦ On note qu’un point d’intersection entre la courbe représentative d’une fonction f et l’axe des
abscisses est un point de la forme (x0 , 0), x0 ∈ Df . Ainsi, x0 ∈ Df est alors un élément de Df pour
lequel f (x0 ) = 0 et on dira que x0 est un zéro de f .
◦ Si f : I → R et g est la fonction définie pour tout x ∈ I par g(x) = −f (x). Alors les courbes
représentatives Cf et Cg de ces fonctions sont symétriques l’une de l’autre par rapport à l’axe des
abscisses.
Exemples.
◦ Fonctions affines. La courbe représentative de la fonction
f: R → R
1
x 7 → 2x − 1
est la droite de pente 12 et d’ordonnée à l’origine −1 représentée en figure 5.1a. De plus, on note
que le point d’intersection de cette droite avec l’axe des abscisses est obtenu pour x0 = 2 qui est
bien l’unique solution de 21 x − 1 = 0.
◦ Fonction carrée. La courbe représentative de la fonction carrée est en figure 5.1b. Il s’agit d’une
parabole.
y y
1 3
2
−3 −2 −1 0 1 2 3 x
−1 1
−2
−3 −2 −1 0 1 2 3 x
(a) y = 12 x − 1 (b) y = x 2
◦ Fonctions du second degré. Étant donné trois réels a, b, c ∈ R avec a ̸= 0, on considère la fonction
polynomiale du second degré définie par
f: R → R
.
x 7 → ax 2 + bx + c
La courbe représentative de cette fonction sera une parabole qui est « tournée » vers le haut ou vers
le bas selon le signe du coefficient dominant a. De plus, comme nous l’avons vu dans le chapitre 2
(voir le théorème 2.16), l’équation f (x) = 0 possède zéro, une ou deux solutions selon le signe du
5.3 Représentation graphique d’une fonction 105
discriminant ∆ = b2 − 4ac. Plus précisément, ceci signifie que la parabole croisera zéro (si ∆ < 0),
une (si ∆ = 0) ou deux fois (si ∆ > 0) l’axe des abscisses selon les cas, et on sait même déterminer
les points d’intersection puisqu’il s’agit des racines de f . Les différents cas sont illustrés à la figure
5.2 pour a > 0 et à la figure 5.3 pour a < 0 :
y y y
3 3 3
2 2 2
1 1 1
−2 −1 0 1 2 3 x −2 −1 0 1 2 3 x −2 −1 0 2 3 x
−1 −1 −1
y y y
1 1 1
−2 −1 0 2 3 x −2 −1 0 1 2 3 x −2 −1 0 1 3 x
−1 −1 −1
−2 −2 −2
−3 −3 −3
◦ Fonction racine carrée. La courbe représentative de la fonction racine carrée est donnée en figure
5.4a. Il s’agit d’une demi-parabole.
◦ Fonction inverse. La courbe représentative de la fonction inverse est donnée en figure 5.4b. Il s’agit
d’une hyperbole.
◦ Fonction valeur absolue. La courbe représentative de la fonction valeur absolue est donnée en figure
5.4c.
y y y
3
2
1
2
1
−1 0 1
−1
2 x
3 1
−2
0 1 2 3 4 x −2 −1 0 1 2 x
−3
√
(a) y = x (b) y = 1 (c) y = |x|
x
√
Exercice 5.12. Soit f la fonction définie, pour x ∈ [−3, +∞[, par f (x) = x + 3 + 1. Tracer la courbe
représentative de f .
4
2. Déterminer l’image de 4 par f .
3
3. Quelle est la valeur de f (5) ?
2
Exemple. On considère la fonction f définie pour tout x ∈ R par f (x) = x 2 . Alors la courbe représentative
de la fonction g : x 7→ f (x − 3) + 1 = (x − 3)2 + 1 est obtenue en translatant celle de f par translation
de vecteur (3, 1) comme ceci est illustré par la figure 5.5.
y
4 y = x2
3
1
y = (x − 3)2 + 1
−2 −1 0 1 2 3 4 5 x
−1
Remarques.
◦ Graphiquement la monotonie est relativement simple à identifier :
y y
f (b)
f (a)
f (a)
f (b)
a b x a b x
◦ Puisque les inégalités sont larges dans la définition précédente, on constate qu’une fonction constante
est à la fois croissante et décroissante.
◦ Si on utilise des inégalités strictes dans la définition précédente alors on parle de stricte monotonie
(ou de stricte croissance ou stricte décroissance).
Exemples.
◦ Fonctions affines. Étant donné deux réels m, p ∈ R, on considère la fonction affine
f: R → R
.
x 7 → mx + p
◦ Fonctions du second degré. Étant donnés trois réels a, b, c ∈ R avec a ̸= 0, on considère la fonction
polynomiale du second degré
f: R → R
.
x 7→ ax 2 + bx + c
Comme énoncé dans le chapitre 2, f s’écrit sous la forme canonique suivante :
b 4ac − b2
f (x) = a(x − x0 )2 + y0 avec x0 = − et y0 = .
2a 4a
Supposons que a > 0. Alors, puisque la fonction carrée est décroissante sur R− et croissante sur
b
b du second degré f est décroissante sur ] − ∞, x0 ] = −∞, − 2a et
R+ , on en déduit que la fonction
croissante sur [x0 , +∞[= − 2a , +∞ .
Proposition 5.16.
◦ Compatibilité avec la somme.
▷ La somme de deux fonctions croissantes est une fonction croissante.
▷ La somme de deux fonctions décroissantes est une fonction décroissante.
◦ Compatibilité avec le produit.
▷ Le produit de deux fonctions croissantes positives est une fonction croissante (et positive).
▷ L’opposée d’une fonction croissante est une fonction décroissante.
▷ L’inverse d’une fonction croissante strictement positive est une fonction décroissante (et posi-
tive).
▷ Le quotient d’une fonction croissante positive par une fonction décroissante strictement positive
est une fonction croissante (et positive).
◦ Compatibilité avec la composition.
▷ La composée de deux fonctions croissantes est une fonction croissante.
▷ La composée de deux fonctions décroissantes est une fonction croissante.
▷ La composée d’une fonction croissante et d’une fonction décroissante est une fonction décrois-
sante.
Exercice 5.18. Montrer que la fonction valeur absolue vérifie les propriétés suivantes.
1. Pour tout (x, y ) ∈ R2 ,et pour tout n ∈ Z, |xy | = |x| × |y | et |x n | = |x|n .
2. Inégalité triangulaire. Pour tout (x, y ) ∈ R2 , |x + y | ⩽ |x| + |y |.
3. Seconde inégalité triangulaire. Pour tout (x, y ) ∈ R2 ,
◦ On dit que f est minorée sur D, s’il existe m ∈ R tel que pour tout x ∈ D, f (x) ⩾ m. On dit alors
que m est un minorant de f . De plus, si m est un minorant de f , on dit alors que f admet pour
minimum m sur D s’il existe a ∈ D tel que f (a) = m.
◦ On dit que f est bornée sur D, si elle est à la fois majorée et minorée sur D.
◦ On appelle extremum de f un maximum ou un minimum de f .
Exemples.
f (x) = (x − 2)2 .
▷ La fonction f est minorée par 0 sur R car pour tout x ∈ R, (x − 2)2 ⩾ 0. De plus, 0 est le
minimum de f car il est atteint pour x = 2 (et seulement en ce point).
▷ La fonction f n’est pas majorée sur R car pour tout réel M on a
√ √ √ 2
f ( M + 1 + 2) = ( M + 1 + 2 − 2)2 = M + 1 = M + 1 > M
b 4ac − b2
f (x) = a(x − x0 )2 + y0 avec x0 = − et y0 = .
2a 4a
Deux situations peuvent alors se produire :
▷ Si a > 0 alors a(x − x0 )2 ⩾ 0 et s’annule uniquement lorsque x = x0 . Ceci montre que pour tout
x ∈ R, f (x) = a(x − x0 )2 + y0 ⩾ y0 donc y0 est un minorant de f . De plus, f (x0 ) = y0 donc y0
est le minimum de f sur R. Le point (x0 , y0 ) est ainsi le sommet de la parabole (tournée vers le
haut ici puisque a > 0) représentative de la fonction f .
▷ Si a < 0 alors a(x − x0 )2 ⩽ 0 et s’annule uniquement lorsque x = x0 et on en déduit comme
dans le cas précédent que y0 est le maximum de f sur R et qu’il est atteint en x0 . Le point
(x0 , y0 ) est à nouveau le sommet de la parabole (tournée vers le bas cette fois puisque a < 0)
représentative de la fonction f .
y
2
−3 0 1 2 3 x
−1
Exercice 5.20. Déterminer les extrema (minimum et maximum) des fonctions suivantes en précisant pour
quelles valeurs de x ils sont atteints :
f: [−4, 4] → R g: [−4, 4] → R
1. , 2. .
x 7 → (x + 1)2 − 2 x 7 → −(x − 2)2 + 8
Remarque. Si une fonction est majorée, alors elle possède une infinité de majorant (par exemple si M est
un majorant de f alors M + 1 l’est également). On peut alors se poser la question suivante : existe-t-il un
plus petit majorant pour une fonction f majorée ? La réponse est oui et ce plus petit majorant s’appelle la
borne supérieure de f. Cette notion dépasse le niveau que nous souhaitons atteindre ici mais si vous êtes
intéressé nous vous conseillons de consulter [LM03] pour plus d’informations à ce sujet. Nous n’insisterons
pas d’avantage sur cette notion mais il est important d’avoir en tête qu’une fonction majorée peut ne
pas avoir de maximum, i.e. peut ne pas atteindre sa borne supérieure (de même, une fonction minorée
peut ne pas atteindre sa borne inférieure qui est le plus grand de ses minorants et donc ne pas avoir
de minimum).
Exemple. On considère la fonction f définie, pour x ∈ [1, +∞[, par f (x) = − x32 , dont la courbe repré-
sentative est en figure 5.8.
y
3 4 5 x
0 1 2
−1
−2
−3
Exemples.
◦ Fonctions constantes. Les fonctions constantes sont paires. En effet, si a ∈ R, la fonction f définie
pour tout x ∈ R par f (x) = a vérifie bien pour tout x ∈ R, f (−x) = f (x).
◦ Fonctions linéaire. Les fonctions linéaires sont impaires. En effet, si m ∈ R, m ̸= 0, la fonction f
définie pour tout x ∈ R par f (x) = mx vérifie bien pour tout x ∈ R, f (−x) = m(−x) = −mx =
−f (x).
◦ Fonctions affines non linéaires et non constantes. Soit (m, p) ∈ R2 avec m ̸= 0 et p ̸= 0. Si f est
la fonction définie pour tout x ∈ R par f (x) = mx +p alors f n’est ni paire ni impaire. Étudions le cas
particulier de la fonction définie pour tout x ∈ R par f (x) = 2x + 3. Alors f (1) = 5 et f (−1) = 1.
Ainsi, f (−1) n’est ni égale à f (1) ni à −f (1). On procède de même pour montrer plus généralement
que la fonction f : x 7→ mx + p n’est ni paire ni impaire si m ̸= 0 et p ̸= 0.
◦ Fonction valeur absolue. La fonction valeur absolue est paire : en effet, pour x ⩾ 0, on a | − x| =
−(−x) = x = |x|, ce qu’il fallait démontrer.
◦ Fonction carrée. Si x ∈ R, on a f (−x) = (−x)2 = x 2 = f (x). On a donc montré que pour tout
nombre réel x, on a f (x) = f (−x), donc la fonction carrée est paire.
◦ Fonction cube. Si x ∈ R un réel alors f (−x) = (−x)3 = −x 3 = −f (x). On a donc montré que
pour tout nombre réel x, on a f (x) = −f (−x), donc la fonction cube est impaire.
Proposition 5.23.
◦ La somme et le produit de deux fonctions paires sont des fonctions paires.
◦ La somme de deux fonctions impaires est une fonction impaire.
◦ Le produit de deux fonctions impaires est une fonction paire.
◦ Le produit d’une fonction paire et d’une fonction impaire est une fonction impaire.
Proposition 5.25.
◦ Une fonction est paire si et seulement si sa courbe représentative est symétrique par rapport à l’axe
des ordonnées.
◦ Une fonction f est impaire si et seulement si sa courbe représentative est symétrique par rapport
à l’origine, i.e. si (x, f (x)) est un point de la courbe représentative de f , alors (−x, −f (x)) est
également un point de la courbe représentative de f .
Démonstration. On se contente de démontrer le premier point car la preuve du second est similaire.
◦ Sens direct. Si f est paire, alors pour tout x ∈ Df , f (−x) = f (x). Ainsi, si (x, f (x)) est un point de
la courbe représentative de f , alors (−x, f (x)) est également un point de la courbe représentative
de f . La courbe représentative de f est donc symétrique par rapport à l’axe des ordonnées.
112 Chapitre 5 – Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle
◦ Sens réciproque. Si la courbe est symétrique par rapport à l’axe des ordonnées, alors si (x, y ) est un
point de la courbe représentative (−x, y ) est également un point de la courbe représentative de f .
Ainsi, si x ∈ Df et si y = f (x), alors y = f (−x) ce qui signifie que f (−x) = f (x) et ceci étant vrai
pour tout x ∈ Df , f est paire.
Exemple. On constate à la figure 5.9 que la fonction f : x ∈ R 7→ 12 x 2 − 2 est paire alors que la fonction
g : x ∈ R 7→ 18 x 3 est impaire.
y y
−2 0 2 x
(−x, −f (x))
−3 0 3 x
(a) y = 21 x 2 − 2 (b) y = 81 x 3
Exercice 5.26.
1. Démontrer que pour tout réel a, la fonction f définie, pour tout x ∈ R, par f (x) = x 2 + a est paire
et tracer la courbe représentative de f pour a = 1.
1
2. Démontrer que la fonction inverse définie, pour tout x ∈ R∗ , par f (x) = x est impaire et tracer sa
courbe représentative.
3. Démontrer que la fonction f définie, pour tout x ∈ R, par f (x) = x 2 + x + 1 n’est ni paire ni impaire
et tracer sa courbe représentative.
La courbe représentative d’une fonction f peut posséder d’autres symétries axiales ou centrales et ces
propriétés se retrouvent, tout comme la parité et l’imparité, sur l’expression de la fonction étudiée comme
le montre les propriétés suivantes.
Propriété 5.27 – Symétrie par rapport à un axe vertical. Soient f : Df → R et a ∈ R tels que pour
tout x ∈ R tel que a + x ∈ Df alors a − x ∈ Df . Alors, la courbe représentative de f est symétrique par
rapport à la droite verticale d’équation x = a si et seulement si pour tout x ∈ Df tel que a + x ∈ Df , on
a f (a + x) = f (a − x).
Exemple. La courbe représentative (voir figure 5.10a) de la fonction f : R → R définie par f (x) =
1 2
2 (x − 1) − 2 est symétrique par rapport à l’axe x = 1. En effet,
1 1
f (1 + x) = ((1 + x) − 1)2 − 2 = x 2 − 2
2 2
et
1 1 1
f (1 − x) = ((1 − x) − 1)2 − 2 = (−x)2 − 2 = x 2 .
2 2 2
5.4 Propriétés et illustrations graphiques 113
Remarque. Si a = 0 on obtient une symétrie axiale par rapport à l’axe des ordonnées et l’égalité f (a+x) =
f (a − x) devient f (−x) = f (x) ce qui signifie que la fonction f est paire. La propriété 5.27 est donc une
généralisation de la proposition 5.25 obtenue pour les fonctions paires.
Propriété 5.28 – Symétrie par rapport à un point. Soient f : Df → R et a et b deux réels tels que
pour tout x ∈ R tel que a + x ∈ Df alors a − x ∈ Df . La courbe représentative de f est symétrique par
rapport au point (a, b) si et seulement si pour tout x ∈ Df tel que a + x ∈ Df , f (a + x) + f (a − x) = 2b.
Exemple. La courbe représentative (voir figure 5.10b) de la fonction f : R → R définie par f (x) =
1 3 1
8 (x − 1) + 1 est symétrique par rapport au point (1, 1). En effet, f (1 + x) + f (1 − x) = 8 ((1 + x) −
3 1 3
1) + 1 + 8 ((1 − x) − 1) + 1 = 2.
y y
(1, 1)
0 1 x
0 x
(a) Symétrie par rapport à un axe vertical (b) Symétrie par rapport à un point
Poursuivons cette section par une dernière symétrie axiale par rapport à un axe non verticale : la droite
d’équation y = x.
Proposition 5.29 – Symétrie par rapport à la première bissectrice. Les courbes représentatives de deux
fonctions sont symétriques par rapport à la droite y = x si et seulement si elles sont fonctions réciproques
l’une de l’autre, i.e. si pour tout x ∈ Dg◦f , (g ◦ f )(x) = x et pour tout x ∈ Df ◦g , (f ◦ g)(x) = x.
Exemple. On connaît déjà des fonctions réciproques l’une de l’autre : la fonction carrée définie sur R+ et
la fonction racine carrée
√ (également définie sur R+ ) sont réciproques l’une de l’autre puisque pour tout
√
x ⩾ 0, ( x)2 = x et x 2 = x. Graphiquement, on obtient la situation présente à la figure 5.11.
y = x2
y =x
√
1
y = x
0 1 x
Achevons cette section par une symétrie d’une autre nature : l’invariance par translation de la courbe
représentative.
Définition 5.30 – Périodicité. Soient f une fonction et T un nombre réel strictement positif. On suppose
que pour tout x ∈ Df , x + T ∈ Df . On dit alors que f est périodique de période T si pour tout x ∈ Df ,
f (x + T ) = f (x).
Propriété 5.31. Une fonction f est périodique de période T > 0 si et seulement si sa courbe représentative
→
−
est invariante par la translation horizontale de vecteur T i .
Exemples.
◦ On considère la fonction f définie sur [0, 1] par f (x) = x impaire et 2-périodique. Par imparité,
on obtient que f (x) = x sur [−1, 0] (la courbe représentative doit être symétrique par rapport à
l’origine) et, par 2-périodicité, sa courbe représentative est alors la suivante.
y
1 y = Cf
+
0 1 x
−1
◦ Les fonctions cosinus et sinus sont 2π-périodiques (on définira proprement ces deux fonctions aux
chapitres 7 et 8) comme on peut le constater sur le graphe suivant.
y
y = cos(x) 1 y = sin(x)
• • + •π • • •
−π − π2 0 1 π 3π 2π x
2 2
−1
Exercice 5.5
1. Df1 = [7, +∞[ car x − 7 ⩾ 0 si et seulement si x ⩾ 7.
2. Df2 = R \ 52 car 2x − 5 = 0 si et seulement si x = 52 .
3. Df3 = −1, 92 . En effet, il faut et il suffit que x + 1 et −2x + 9 soient de même signe. Or, x + 1 ⩾ 0 si et seulement si x ∈ [−1, +∞[
Exercice 5.7
√ √
1. Dg◦f = R+ et Df ◦g = R+ . De plus, si x ∈ [0, +∞[, on a g ◦ f (x) = g(f (x)) = g( x) = 2 x et f ◦ g(x) = f (g(x)) =
a) On a ici √
f (2x) = 2x.
b) On a ici Dg◦f = R et Df ◦g = R. De plus, si x ∈ R, on a g ◦ f (x) = g(x 2 − x + 1) = 2(x 2 − x + 1) − 1 = 2x 2 − 2x + 1 et
f ◦ g(x) = f (g(x)) = f (2x − 1) = (2x − 1)2 − (2x − 1) + 1 = 4x 2 − 4x + 1 − 2x + 1 + 1 et donc f ◦ g(x) = 4x 2 − 6x + 3.
c) On a ici Dg◦f = R∗ et si x ∈ R∗ ,
s s s
2
x2 − 1 x 4 + 2x 2 + 1 (x 2 + 1)2 x2 + 1
(g ◦ f )(x) = g(f (x)) = +1= = = .
2x 4x 2 4x 2 2|x|
De plus, Dg◦f = R et si x ∈ R,
√
( x 2 + 1)2 − 1 x2
(f ◦ g)(x) = f (g(x)) = √ = √ .
2 x2 + 1 2 x2 + 1
2. On a f = u ◦ v ◦ w où
w : R → R v : R → R u : R+ → R
; et √+ .
x 7 → 2x − 1 x 7→ x3 x 7 → x
On note ainsi que x ∈ Df si et seulement si (2x − 1)3 ⩾ 0, i.e. si seulement si 2x − 1 ⩾ 0. On en déduit que Df = , +∞ .
1
2
5 7 8 10
⩽x +1⩽ et ⩽x +2⩽
3 3 3 3
et donc 3
10
⩽ 1
x+2
⩽ 3
8
. En multipliant les deux inégalités qui nous intéressent, on obtient bien
1 5 3 x +1 7 3 7
= × ⩽ ⩽ × = .
2 3 10 x +2 3 8 8
b) On a toujours 32 ⩽ x ⩽ 43 et donc 1
3
⩽ 2x − 1 ⩽ 5
3
et 2
3
⩽ 2−x ⩽ 4
3
puis 3
4
⩽ 1
2−x
⩽ 3
2
. En multipliant les deux inégalités qui nous
intéressent, on obtient bien
1 1 3 2x − 1 5 3 5
= × ⩽ ⩽ × = .
4 3 4 2−x 3 2 2
Exercice 5.10 1. Pour résoudre une équation de cette forme, on peut procéder par disjonction de cas pour éliminer les valeurs absolues.
Ainsi,
116 Chapitre 5 – Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle
Exercice 5.12
y
−3 −2 −1 0 1 2 3 4 5 x
Exercice 5.13
1. 4. 2. −1. 3. 0. 4. x = −1 ou x = 4.
4. On a
x −3 −2 0 3 5 6
f (x) + 0 − 0 + 0 − 0 +
5. On a
x −3 −1 2 4 6
4 2 5
f (x)
−1 −1
5.4 Propriétés et illustrations graphiques 117
Exercice 5.17
1. Compatibilité avec la somme.
a) Soient f et g deux fonctions croissantes sur D et (a, b) ∈ D 2 tel que a < b. Alors, puisque f est croissante, f (a) ⩽ f (b) et de même,
puisque g est croissante, g(a) < g(b). Ainsi, par somme d’inégalité, on obtient (f + g)(a) = f (a) + g(a) < f (b) + g(b) = (f + g)(b)
ce qui achève de démontrer que f + g est une fonction croissante sur D.
b) La preuve est identique à celle du point précédent.
2. Compatibilité avec le produit.
a) Soient f et g deux fonctions croissantes sur D et (a, b) ∈ D 2 tel que a < b. Alors, puisque f est croissante positive, 0 ⩽ f (a) ⩽ f (b)
et de même, puisque g est croissante positive, 0 ⩽ g(a) < g(b). Ainsi, par produit d’inégalité ne contenant que des quantités
positives, on obtient 0 ⩽ (f g)(a) = f (a)g(a) < f (b)g(b) = (f g)(b) ce qui achève de démontrer que f g est une fonction croissante
sur D.
b) Ce point découle du fait que la multiplication par −1 change le sens des inégalités.
c) Ce point découle du fait que si 0 < α < β alors 0 < 1
β
< 1
α
.
d) On rappelle que le quotient n’est rien d’autre que le produit f × g1 , que f est croissante positive et que g1 est également croissante
f
g
positive d’après le point précédent. Ainsi, ce point découle du fait que le produit de deux fonctions croissantes positives est une
fonction croissante positive.
3. Compatibilité avec la composition.
a) Soient f et g deux fonctions croissantes sur D et (a, b) ∈ D 2 tel que a < b. Alors, puisque f est croissante, f (a) ⩽ f (b). Mais
alors, puisque g est croissante, g(f (a)) ⩽ g(f (b)), i.e. (g ◦ f )(a) ⩽ (g ◦ f )(b) ce qui achève de démontrer que g ◦ f est une fonction
croissante sur S.
b) On reprend le cas précédent mais on a alors f (a) ⩾ f (b) car f est décroissante puis g(f (a)) ⩽ g(f (b)) puisque g est également
décroissante.
c) Ce cas est identique au précédent à l’exception du fait qu’une inégalité est conservée et l’autre est inversée ce qui donne bien une
fonction décroissante.
Exercice 5.18
1. On procède par disjonction de cas selon les signes de x et de y pour la première égalité et par disjonction de cas sur le signe de x pour
la seconde.
2. On note que pour tout x, y ∈ R (|x| + |y |)2 = |x|2 + |y |2 + 2|x||y | ⩾ x 2 + y 2 + 2xy = (x + y )2 = |x + y |2 . Ainsi, par croissance de la
racine carrée, on obtient l’inégalité triangulaire.
3. On commence par noter que pour tout x, y ∈ R |x| = |x + y − y | ⩽ |x + y | + | − y | = |x + y | + |y | d’après l’inégalité triangulaire. Donc
|x| − |y | ⩽ |x + y | et par symétrie des rôles de x et y on a aussi |y | − |x| ⩽ |x + y |, d’où la première inégalité. La deuxième inégalité est
la même que la première appliquée à −y .
Exercice 5.20
1. Le minimum de f est −2 atteint en x = −1 et le maximum de f est 23 qui est atteint en x = 4.
2. Le minimum de g est −28 atteint en x = −4 et le maximum de g est 8 qui est atteint en x = 2.
Exercice 5.22
1. Paire. 2. Impaire. 3. Ni paire, ni impaire.
Exercice 5.24
1. Si f et g sont des fonctions paires, alors pour tout x ∈ Df +g , (f + g)(−x) = f (−x) + g(−x) = f (x) + g(x) = (f + g)(x) ce qui démontre
bien que f + g est une fonction paire.
2. Identique au cas précédent.
3. Si f et g sont des fonctions impaires, alors pour tout x ∈ Df g , (f g)(−x) = f (−x)g(−x) = f (x)g(x) = (f g)(x) ce qui démontre bien
que f g est une fonction paire.
4. Identique au cas précédent.
Exercice 5.26
1. Pour tout x ∈ R, f (−x) = (−x)2 + a = x 2 + a = f (x) donc f est paire. La courbe représentative de la fonction f : x 7→ x 2 + 1 est
ci-dessous.
2. Pour tout x ∈ R∗ , f (−x) = 1
−x
= − x1 = −f (x) donc f est impaire. La courbe représentative de la fonction f : x 7→ 1
x
est ci-dessous.
3. On a f (−2) = 3 et f (2) = 7 donc f (−2) n’est égal ni à f (2) ni à f (−2) donc f ne peut être ni paire ni impaire. La courbe représentative
de la fonction f : x 7→ x 2 + x + 1 est ci-dessous.
118 Chapitre 5 – Introduction aux fonctions réelles d’une variable réelle
y y y
3 3
2
1
2 2
−2 −1 0 1 2 3 x
1 −1 1
−2
−3
−2 −1 0 1 x −2 −1 0 1 x
−4
1. y = x 2 + 1 2. y = 1
x
3. y = x(x + 1)
CHAPITRE 6
Suites réelles
pn+1 = apn
où a est un facteur réel lié au nombre de naissances. Néanmoins, ce modèle ne tient pas suffisamment
compte des contraintes environnementales. En effet, si on suppose que a > 1 et si la population initiale
p0 est strictement positive, alors on pourra se convaincre aisément que pn devient très rapidement très
grand. Afin de pallier à ce problème, ce modèle sera révisé par Pierre-François Verlhust (voir [Wikj]) qui
proposera de décrire l’évolution de la population de la façon suivante :
pn+1 = apn (1 − pn )
6.1.1 Définition
Définition 6.1 – Suite explicite. Une suite réelle u ou (un )n∈N est une fonction définie sur N et à valeurs
dans R. La quantité un = u(n) est appelée terme général de la suite. De plus, si la suite n’est définie
qu’à partir d’un certain rang n0 ⩾ 0, on note (un )n⩾n0 et un0 est appelé terme initial de cette suite.
120 Chapitre 6 – Suites réelles
Exemple. L’application
u: N → R
2
n 7 → 3n + 4n − 2
est une suite réelle. Les premiers termes de cette suite sont u0 = −2, u1 = 5, u2 = 18 et u3 = 37 et pour
tout n ∈ N, un = 3n2 + 4n − 2 et un+1 = 3(n + 1)2 + 4(n + 1) − 2.
Remarque. Une suite réelle peut être vue comme une liste de nombre réels indexés par l’ensemble des
nombres entiers naturels (c’est-à-dire que ces éléments sont numérotés).
À retenir. On fera attention à bien distinguer (un )n∈N et un exactement comme nous avons appris à
différencier f et f (x).
Il arrive, comme dans le cas de la suite logistique, que nous ne soyons pas en mesure de définir explicitement
un en fonction de n. Si tel est le cas, il peut être plus simple de définir un par récurrence, i.e. en exprimant
le terme général un de la suite en fonction du terme précédent. On formalise cela dans la définition suivante.
Définition 6.2 – Suite récurrente. Une suite u est définie par récurrence si
◦ le terme initial u0 ∈ R est donné,
◦ la suite u satisfait, pour tout n ∈ N, la relation un+1 = f (un ), où f : R → R est une fonction.
Exemples.
◦ On considère la suite u de premier terme u0 = 2 et qui vérifie, pour tout entier n, la relation de
récurrence un+1 = 3un + 1. Les premiers termes de la suite u sont u0 = 2, u1 = 3 × u0 + 1 =
3 × 2 + 1 = 7 et u2 = 3 × u1 + 1 = 3 × 7 + 1 = 22.
◦ On considère la suite v de premier terme v0 = 0 et qui vérifie la relation de récurrence vn+1 = 7 − vn .
Les premiers termes de la suite v sont v0 = 0, v1 = 7 − v0 = 7 et v2 = 7 − v1 = 7 − 7 = 0.
En regardant le comportement de ces premiers termes, on peut conjecturer (mais nous n’avons rien
démontré) que, pour tout n ∈ N, on a
0 si n est pair
vn = .
7 si n est impair
Remarque. On parlera ici d’une suite récurrente d’ordre 1 car le terme un+1 ne s’exprime qu’en fonction
du terme un . Néanmoins, il est tout à fait possible de définir des suites avec des récurrences faisant appel
à plusieurs termes de la suite. L’ordre sera alors ce nombre de termes nécessaires pour l’expression de
un+1 .
Exemple – La suite de Fibonacci. La suite de Fibonacci, connue entre autres pour ses liens avec le
nombre d’or, est l’une des suites récurrentes les plus célèbres. Il s’agit de la suite récurrentes d’ordre 2
définie par F0 = 0, F1 = 1 et pour tout n ∈ N, Fn+2 = Fn+1 + Fn .
Définition 6.4. Soit u = (un )n∈N une suite réelle. La représentation graphique de la suite u est l’ensemble
(discret) des points (n, un ) pour n ∈ N.
6.1 Généralités sur les suites 121
Exemple – Cas d’une suite explicite. Considérons la suite u = (un )n∈N de terme général un = 12 n + 1.
On représente les premiers termes de la suite u de la façon suivante :
•
3 • u5
• u4
2 • u3
• u2
1 • u1
u0
| | | | | |
0 1 2 3 4 5 x
Exemple – Cas d’une suite définie par récurrence. Pour représenter graphiquement les termes d’une
suite définie par récurrence, on utilise la droite d’équation y = x et la courbe de la fonction définissant la
relation de récurrence, afin de reporter la valeur des termes de la suite sur l’axe des abscisses.
◦ Considérons la suite u = (un )n∈N de terme initial u0 = 1 et satisfaisant, pour tout entier naturel n
p
un+1 = un + 6.
◦ On considère la suite récurrente définie par une valeur initiale u0 = 5 et, pour tout n ∈ N, par
un+1 = f (un ) avec f (x) = 1 + x2 . On représente les premiers termes de la suite u dans la figure 6.2b
et on notera la forme de spirale qui apparaît.
y y
5 5
y =x
4 4
y =x
3 3
2 2
1 1
u2
| | | | | | y = f (x) | | |
0 u0 2 u1 3 4 5 x 0 1 u1 u3 u2 3 4 u0 x
√ 2
(a) un+1 = un + 6 (b) un+1 = 2 + un
Remarque. On note sur cet exemple que la monotonie de la fonction f définissant une suite récurrente
semble avoir un impact fort sur le comportement de la suite. Nous formaliserons cela un peu plus loin.
122 Chapitre 6 – Suites réelles
Exercice 6.5.
1. Représenter les six premiers termes de la suite u = (un )n∈N définie pour tout n ∈ N par un =
1 2
4 n − n + 2.
√
2. On considère la fonction f définie sur R+ par f (x) = 2 x. Représenter graphiquement :
◦ la suite (vn )n∈N définie par v0 = 1 et pour tout n ∈ N, vn+1 = f (vn ),
◦ la suite (wn )n∈N définie par w0 = 7 et pour tout n ∈ N, wn+1 = f (wn ).
À retenir. Les opérations sur les suites se font terme à terme. En particulier, on peut avoir (un )n∈N ×
(vn )n∈N = (0)n∈N sans que ni (un )n∈N ni (vn )n∈N ne soit nulle.
Exemple. Si (un )n∈N est la suite qui vaut 1 si n est pair et 0 si n est impair et (vn )n∈N est la suite qui
vaut 0 si n est pair et 1 si n est impair alors (un )n∈N × (vn )n∈N = (0)n∈N .
Exemples.
1
◦ La suite (un )n∈N∗ définie pour tout n ⩾ 1 par un = n est majorée par 1 et minorée par 0. Elle est
donc bornée.
2
◦ La suite
p (un )n∈N définie par un = n n’est pas majorée. En effet, si M est un nombre réel, notons
n0 = ⌊M⌋ + 1 où ⌊M⌋ est le grand entier inférieur ou égal à M (c’est-à-dire la partie entière de
M comme nous le verrons dans la définition 9.2). On a alors un0 > M et (un )n∈N ne possède donc
pas de majorant. Elle n’est donc pas majorée. Elle est en revanche minorée par 0.
6.1 Généralités sur les suites 123
Exercice 6.8. Si (un )n∈N et (vn )n∈N sont majorées alors (un )n∈N × (vn )n∈N est-elle nécessairement majo-
rée ?
Exercice 6.9. Montrer qu’une suite majorée à partir d’un certain rang est majorée.
Exemples.
◦ La suite définie par u0 = 1 et pour tout n ∈ N,
1
un+1 = un + ,
n+1
est strictement croissante car pour tout n ∈ N, un+1 > un .
1
◦ La suite définie, pour tout n ∈ N∗ , par un = n2 est strictement décroissante car pour tout n ⩾ 1,
1 1
un+1 = < 2 = un .
(n + 1)2 n
À retenir. Une suite qui n’est pas croissante n’est pas forcément décroissante. Il existe des suites qui ne
sont pas monotones.
La monotonie des suites définies de façon explicite peut être relativement simple à étudier car elle est
dictée par la monotonie de la fonction qui définie la suite, i.e. la fonction f tel que pour tout n ∈ N,
un = f (n). Attention, ceci est nettement plus difficile à étudier pour les suites définies par récurrence
comme nous aurons l’occasion de le voir plus loin.
Théorème 6.12. Soit u = (un )n∈N une suite réelle définie explicitement pour tout n ∈ N, par la relation
un = f (n) avec f une fonction réelle définie sur [0, +∞[.
◦ Si la fonction f est croissante (respectivement strictement croissante) sur [0, +∞[, alors la suite u
est croissante (respectivement strictement croissante).
◦ Si la fonction f est décroissante (respectivement strictement décroissante) sur [0, +∞[, alors la suite
u est décroissante (respectivement strictement décroissante).
124 Chapitre 6 – Suites réelles
Démonstration. Pour tout n ∈ N, n < n + 1. Ainsi, puisque un = f (n) et un+1 = f (n + 1), la monotonie
de (un )n∈N est exactement celle de f .
Exemple. Considérons la suite u = (un )n∈N de terme général donné, pour n ∈ N, par un = 21 n + 1. La
fonction réelle définie, pour tout x ∈ R, par f (x) = 12 x + 1 est strictement croissante donc la suite u est
strictement croissante.
Méthode. Pour étudier la monotonie d’une suite (un )n∈N , on peut, selon la définition de la suite,
◦ étudier le signe de un+1 − un ,
un+1
◦ comparer un avec 1 si la suite est de signe constant et ne s’annule pas,
◦ étudier les variations de f si un = f (n).
Exemples.
◦ On considère la suite (un )n∈N définie par u0 = 2 et, pour n ∈ N, un+1 = un − 3. Alors pour tout
n ∈ N, un+1 − un = −3 < 0 et donc un+1 < un . Ainsi, la suite (un )n∈N est strictement décroissante.
◦ On considère la suite (un )n∈N définie pour tout n ∈ N par un = 2n . Alors, pour tout n ∈ N, le terme
un est positif et ne s’annule pas. De plus, pour n ∈ N, uun+1n
= 2 > 1 et donc un+1 > 2un > un (car
un est positive). La suite (un )n∈N est ainsi strictement croissante.
◦ On considère la suite (un )n∈N définie, pour n ∈ N par un = n3 . La fonction f définie, pour tout
x ∈ R+ , par f (x) = x 3 est croissante donc la suite (un )n∈N est croissante.
Exercice 6.13. Étudier la monotonie de la suite (un )n∈N définie par u0 = 1 et pour tout n ∈ N, un+1 =
(un )2 + un + 1.
Théorème 6.14 – Récurrence simple. Soit P(n) une proposition dépendant d’un entier n. Si
◦ il existe un entier n0 tel que P(n0 ) est vraie,
◦ pour n’importe quel entier n ⩾ n0 quelconque fixé, si P(n) est vraie, alors P(n + 1) est vraie,
alors, pour tout n ⩾ n0 , P(n) est vraie.
Remarques.
◦ On utilise souvent ce mode de raisonnement lorsque la propriété à démontrer dépend de n et on note
qu’il est tout à fait possible de réaliser des récurrences finies, c’est-à-dire qui s’arrêtent à un certain
rang N ∈ N.
◦ Ce type de raisonnement, bien que basé sur une logique plutôt élémentaire, nécessite d’être vigilant
lors son utilisation. En particulier, on fera attention à bien choisir le terme initial n0 et à bien vérifier
que la propriété P(n0 ) est vraie.
6.2 Suites et raisonnement : la récurrence 125
Méthode – Rédaction d’une récurrence simple. On commence la récurrence par l’annonce du raison-
nement utilisé ainsi que l’énoncé de la propriété à démontrer.
◦ Annonce. Prouvons le résultat par récurrence sur n ∈ N, n ⩾ n0 . Pour tout n ⩾ n0 , on définit la
propriété P(n) : « . . . ».
◦ Initialisation. On montre que P(n0 ) est vraie.
◦ Hérédité. Pour un n ⩾ n0 quelconque fixé, on suppose que P(n) est vraie et on montre alors que
P(n + 1) est également vraie.
◦ Conclusion. On a démontré par récurrence que pour tout entier n ⩾ n0 , l’assertion P(n) est vraie.
À retenir. Il est important de respecter la structure de cette rédaction. Il faut faire apparaître dans l’ordre
l’annonce, l’initialisation, l’hérédité puis la conclusion, en les nommant.
n(n + 1)
1 + 2 + ... + n = .
2
◦ Annonce. Prouvons le résultat par récurrence sur n ∈ N∗ . Pour tout entier n > 0, on appelle P(n),
la proposition « 1 + 2 + . . . + n = n(n+1)
2 ».
1(1+1)
◦ Initialisation. On a 1 = 2 donc la proposition P(1) est vraie.
◦ Hérédité. Soit n ⩾ 1 un entier quelconque fixé. Supposons que P(n) est vraie, c’est-à-dire que
l’égalité suivante, notée (HR), est vraie
n(n + 1)
1 + 2 + ... + n = . (HR)
2
Démontrons que la proposition P(n + 1) est vraie, c’est-à-dire que l’égalité
(n + 1)(n + 2)
1 + 2 + . . . + n + (n + 1) =
2
est vraie. On a les égalités suivantes :
n(n + 1)
1 + 2 + . . . + n + (n + 1) = + (n + 1) (d’après (HR))
2
n(n + 1) + 2(n + 1) (n + 2)(n + 1)
= =
2 2
donc la proposition P(n + 1) est vraie.
◦ Conclusion. D’après le principe de récurrence, on a montré que, pour tout entier n ⩾ 1, on a l’égalité
1 + 2 + . . . + n = n(n+1)
2 .
Exercice 6.15. On considère la suite u = (un )n∈N de premier terme u0 = 0 et définie, pour tout n ∈ N,
√
par la relation de récurrence un+1 = 3un + 1.
1. Montrer par récurrence que, pour tout entier n > 0, alors un > 0.
2. Montrer par récurrence que la suite u est strictement croissante.
126 Chapitre 6 – Suites réelles
Théorème 6.16 – Récurrence double. Soit P(n) une proposition dépendant d’un entier n. Si
◦ il existe un entier n0 tel que P(n0 ) et P(n0 + 1) sont vraies,
◦ si pour n’importe quel entier n ⩾ n0 quelconque fixé, P(n) et P(n + 1) vraies implique P(n + 2)
vraie,
alors, pour tout n ⩾ n0 , P(n) est vraie.
Remarque. La récurrence double est une récurrence pour laquelle l’assertion P(n) ne dépend pas seule-
ment du terme précédent, mais des deux termes précédents P(n − 2) et P(n − 1) : autrement dit on
s’appuie sur les deux marches précédentes pour monter sur la suivante. Cela suppose donc de faire une
initialisation sur les deux premiers rangs. Ce type de récurrence est particulièrement utile pour démontrer
des propriétés faisant intervenir des suites récurrentes d’ordre 2 pour lesquelles un+2 dépend de un et de
un+1 . Ce principe peut bien entendu se généraliser à 3, 4 ou plus d’indices successifs.
Exercice 6.17. On considère la suite (un )n∈N définie par u0 = 1, u1 = 3 et pour tout n ∈ N, un+2 =
2un+1 − un . Montrer que pour tout n ∈ N, un = 1 + 2n.
Théorème 6.18 – Récurrence forte. Soit P(n) une proposition dépendant d’un entier n. Si
◦ il existe un entier n0 tel que P(n0 ) est vraie,
◦ si pour n’importe quel entier n ⩾ n0 quelconque fixé, le fait que les assertions P(k) soient vraies
pour tous les entiers k tels que n0 ⩽ k ⩽ n implique que P(n + 1) est vraie.
Alors, pour tout n ∈ N, P(n) est vraie.
2
un+1 = (u1 + u2 + . . . + un ).
n
Montrer que pour tout n ∈ N∗ , on a un = 3n.
◦ Annonce. Pour tout n ∈ N∗ , on définit la propriété P(n) par : « un = 3n ».
◦ Initialisation. Pour n = 1, u1 = 3 = 3n donc P(1) est vraie.
◦ Hérédité. Soit n ∈ N∗ quelconque, on suppose que P(1), . . . , P(n) sont vraies. Alors, en factorisant
et d’après l’exemple en page 125,
2 2 6 6 n(n + 1)
un+1 = (u1 + . . . + un ) = (3 × 1 + 3 × 2 + . . . + 3 × n) = (1 + . . . + n) = .
n n n n 2
On en déduit que un+1 = 3(n + 1). Donc la propriété est vraie au rang n + 1.
◦ Conclusion. Par le principe de récurrence forte, quel que soit n ∈ N∗ , un = 3n.
1 2
Exercice 6.19. On considère la suite (un )n∈N définie par u0 = 1 et pour tout n ∈ N, un+1 = n+1 (u0 +
u12 + . . . + un2 ). Montrer que pour tout n ∈ N, un = 1.
Exemples.
1
◦ La suite (un )n∈N définie pour tout n ∈ N par un = n+1 tend vers 0 lorsque n tend vers +∞. En effet,
1
lorsque n tend vers +∞, n + 1 tend également vers +∞ et donc n+1 tend vers 0.
◦ La suite (un )n∈N définie pour tout n ∈ N par un = n2 tend vers +∞ lorsque n tend vers +∞.
◦ La suite (un )n∈N définie pour tout n ∈ N par un = −n tend vers −∞ lorsque n tend vers +∞.
128 Chapitre 6 – Suites réelles
◦ La suite (un )n∈N définie pour tout n ∈ N par un = (−1)n ne possède pas de limite lorsque n tend vers
+∞. En effet, un = 1 si n est pair et un = −1 si n est impair donc il n’existe pas de valeur dont un
s’approche indéfiniment puisque l’écart entre deux valeurs successives de la suite est toujours égal à
2. Paradoxalement, bien qu’il soit intuitivement assez simple de visualiser que cette suite ne possède
pas de limite, le prouver proprement requiert l’utilisation d’outils un peu plus sophistiqués que nous
introduirons plus tard (voir théorème 6.36).
Définition 6.20 – Limite finie. Soit u une suite réelle et soit ℓ un nombre réel. On dit que u est
convergente et admet pour limite ℓ (ou que un tend vers ℓ lorsque n tend vers +∞) si un s’approche
indéfiniment de ℓ lorsque n devient grand. Autrement dit, u admet pour limite ℓ, si pour tout réel ε > 0,
il existe un rang Nε , tel que, pour tout n ⩾ Nε , on a ℓ − ε ⩽ un ⩽ ℓ + ε. On note alors lim un = ℓ
n→+∞
et on dit que la suite u converge vers ℓ. Une suite qui n’est pas convergente est dite divergente. La
convergence ou la divergence d’une suite est appelée sa nature.
Remarque. Cette définition signifie que si l’on trace un tube autour de ℓ aussi fin qu’on le souhaite (de
taille 2ε), il y aura toujours un rang (noté Nε ) à partir duquel (noté : pour tout n ⩾ Nε ) la suite sera
bloquée dans le tube (i.e. ℓ − ε ⩽ un ⩽ ℓ + ε). On illustre cette situation à l’aide la figure suivante.
u3
u2
ε u6
u8 ℓ
ε uNε = u5 u10
u7 u9
u4
u1
Nε
À retenir. Il est particulièrement important de noter et de comprendre que, si une suite u converge, alors
sa limite ℓ est un réel qui ne dépend pas de n.
Exemple. Les suites (un )n∈N∗ , (vn )n∈N∗ et (wn )n∈N∗ définies pour n ∈ N∗ par un = n1 , vn = 1
n2 et wn = √1
n
ont pour limite 0. En effet, si ε > 0, alors
◦ pour tout n ⩾ 1ε , −ε ⩽ un ⩽ ε, ◦ pour tout n ⩾ 1
ε2 , −ε ⩽ wn ⩽ ε.
◦ pour tout n ⩾ √1 , −ε ⩽ vn ⩽ ε,
ε
On note de plus que si ε < 1 (ce qui correspond à l’intuition qu’il faut avoir car ε a vocation à être petit),
alors √1ε < 1ε < ε12 ce qui signifie que la suite v tend plus vite vers 0 que la suite u qui tend elle-même
plus vite vers 0 que la suite w .
Donnons un premier théorème qui nous indique que si une suite converge, elle ne peut pas s’approcher de
deux valeurs distinctes en même temps et elle ne peut pas devenir infiniment grande.
6.3 Convergence de suites 129
Démonstration.
◦ Supposons qu’il existe deux réels ℓ1 ̸= ℓ2 tels que u converge vers ℓ1 et ℓ2 . Il nous suffit alors de
prendre un tube autour de ℓ1 et un tube autour de ℓ2 qui soient suffisamment petits pour ne pas
avoir de partie commune : la suite devant alors être dans ces deux tubes à la fois, on obtiendra une
contradiction. Plus précisément, supposons sans perte de généralité que ℓ2 > ℓ1 et posons ε = ℓ2 −ℓ3 .
1
pour tout n ⩾ Nε , ℓ1 − ε ⩽ un ⩽ ℓ1 + ε.
ℓ2 − ℓ1 ℓ2 + 2ℓ2 2ℓ2 + ℓ1 ℓ2 − ℓ1
un ⩽ ℓ1 + ε = ℓ1 + = < = ℓ2 − = ℓ2 − ε ⩽ un
3 3 3 3
ce qui est absurde. On en déduit donc que ℓ1 = ℓ2 et donc que la limite est unique.
◦ Pour montrer que la suite u est bornée on va utiliser le fait que, puisqu’elle converge, elle est coincée
dans un tube à partir d’un certain rang (et donc bornée à partir de ce rang) et puisqu’il ne reste
alors qu’un nombre fini de termes avant qu’elle ne rentre dans ce tube, elle est en réalité bornée.
Plus précisément, notons ℓ la limite de la suite u, alors il existe un rang N tel que pour tout n ⩾ N,
ℓ − 1 ⩽ un ⩽ ℓ + 1
où le min et le max intervenant ici existent car ils sont pris sur un nombre fini de termes. On a donc
bien montré que u est bornée.
Remarque. On déduit du second point qu’une suite non bornée ne converge pas. Ainsi, comme attendu,
la suite (un )n∈N définie par un = n est divergente (et diverge vers +∞).
À retenir. La réciproque du second point de ce théorème est fausse. Par exemple la suite (un )n∈N définie
pour tout n ∈ N par un = (−1)n est bornée mais ne converge pas.
◦ On dit qu’une suite u a pour limite −∞ si pour tout B ∈ R, il existe un rang à partir duquel tous les
termes un sont plus petits que B. Autrement dit :
Dans ces deux cas, on dit que la suite u diverge et a pour limite ±∞ selon la situation.
Exemples.
√
◦ La suite (un )n∈N définie, pour n ∈ N, par un = n diverge vers +∞ lorsque n tend vers +∞.
◦ La suite (vn )n∈N définie, pour n ∈ N, par vn = −n2 diverge vers −∞ lorsque n tend vers +∞.
◦ La suite (wn )n∈N définie, pour n ∈ N, par wn = (−1)n n diverge mais ne tend ni vers +∞ ni vers
−∞. On note en revanche que la suite (|wn |)n∈N diverge vers +∞.
À retenir. Une suite qui diverge ne tend pas nécessairement vers ±∞ comme l’illustre la suite u définie
pour n ∈ N par un = (−1)n . De plus, il ne suffit pas que u ne soit pas majorée pour quelle tende vers
+∞ comme l’illustre la suite w de l’exemple précédent. En effet, il faut en plus que u reste au-dessus de
A à partir d’un certain rang.
Exercice 6.23. Dire si les affirmations suivantes sont vraies ou fausses en justifiant.
1. Une suite divergente est nécessairement non bornée.
2. La somme de deux suites divergentes est nécessairement divergente.
3. Si (un )n∈N converge alors (un2 )n∈N converge.
4. Si (un2 )n∈N converge alors (un )n∈N converge.
un+1
5. Si (un )n∈N est une suite de réels strictement positifs qui converge alors un converge vers 1.
n∈N
Nous avons, dans la section précédente, pris le temps de définir la notion de convergence d’une suite
et plus précisément la notion de limite (finie ou infinie). L’objet de la section que nous entamons à
présent est de donner quelques règles de calculs de limites lorsque la situation est favorable et d’expliquer
comment traiter les cas, appelés formes indéterminées, plus délicats qui vont nous demander de travailler
davantage sur la forme de la suite afin de pouvoir conclure.
Plus précisément, étant données deux suites u et v dont nous connaissons les limites, nous souhaitons
déterminer la limite de la somme, du produit et, lorsque cela a du sens, du quotient de u et v . Afin de
pouvoir s’y retrouver aisément, nous résumons les différents cas possibles dans le théorème suivant.
Théorème 6.24 – Tableau des limites. Soient u et v deux suites ainsi que ℓ et ℓ′ deux réels non nuls.
On résume ici l’ensemble des limites des somme, produit et quotient de u par v (on suppose, pour le
quotient, que vn ̸= 0 à partir d’un certain rang) :
6.3 Convergence de suites 131
un
un vn un + vn u n × vn vn
ℓ
ℓ ℓ′ ℓ + ℓ′ ℓℓ′ ℓ′
ℓ 0 ℓ 0 ±∞ / pas de limite
0 ℓ′ ℓ′ 0 0
0 0 0 0 forme indéterminée
ℓ +∞ +∞ ±∞ 0
0 +∞ +∞ forme indéterminée 0
+∞ ℓ′ +∞ ±∞ ±∞
+∞ 0 +∞ forme indéterminée ±∞ / pas de limite
+∞ +∞ +∞ +∞ forme indéterminée
+∞ −∞ forme indéterminée −∞ forme indéterminée
Démonstration. Nous ne démontrons pas ici l’ensemble des entrées de ce tableau, nous nous contenterons
de traiter quelques cas qui permettront de se faire une idée sur la stratégie à adopter pour les obtenir.
◦ Somme de limites finies. Soient u et v deux suites réelles qui convergent vers deux limites finies ℓ et
ℓ′ . Montrons que la suite u + v converge vers ℓ + ℓ′ . Soit ε > 0, puisque u converge vers ℓ, il existe
un rang Nε tel que pour tout n ⩾ Nε ,
ε ε
ℓ− ⩽ un ⩽ ℓ + .
2 2
On note que l’on applique ici la définition de la convergence avec 2ε au lieu de ε. Cela peut paraître
surprenant mais la suite de la preuve devrait éclaircir ce point. De même, puisque v converge vers
ℓ′ , il existe un rang Nε′ tel que pour tout n ⩾ Nε′ ,
ε ε
ℓ′ − ⩽ vn ⩽ ℓ′ + .
2 2
Mais alors, pour tout n ⩾ max(Nε , Nε′ ), en additionnant ces deux égalités on obtient
ℓ + ℓ′ − ε ⩽ un + vn ⩽ ℓ + ℓ′ + ε
ce qui signifie bien, puisque ε > 0 a été choisi de façon arbitraire au début de notre preuve, que
u + v converge vers ℓ + ℓ′ . On note ainsi que, grâce au fait que nous ayons exploité la définition
de la convergence de u et de v pour 2ε , nous avons bien obtenu, après la somme, la définition de la
convergence de u + v pour ε. Il s’agit d’une astuce de calcul fréquente en analyse.
◦ Somme d’une limite finie et d’une limite infinie. Soient u une suite qui converge vers une limite finie
ℓ et v une suite divergente de limite +∞. Soit A ∈ R. On commence par noter que, puisque u
converge vers ℓ, il existe un rang N tel que pour tout n ⩾ N, un ⩾ ℓ − 1 (on a pris ici ε = 1). De
plus, puisque v tend vers +∞, il existe un rang N ′ tel que pour tout n ⩾ N ′ , vn ⩾ A + 1 − ℓ. Mais
alors, pour tout n ⩾ max(N, N ′ ), un + vn ⩾ ℓ − 1 + A + 1 − ℓ = A ce qui signifie, puisque A est
quelconque, que u + v tend vers +∞.
◦ Produit de limites finies. Soient u et v deux suites réelles qui convergent vers deux limites finies ℓ
et ℓ′ . Commençons cette preuve par un calcul nous permettant de guider notre stratégie de preuve.
Pour tout n ∈ N,
Plutôt que de revenir à la définition avec les ε (ce que nous pouvons bien sûr faire), on va ici essayer
d’aller un peu plus vite pour illustrer d’autres mécaniques de raisonnement.
▷ La suite de terme général (un − ℓ)vn tend vers 0 car :
132 Chapitre 6 – Suites réelles
Remarque. Quand vous tombez sur un cas de « forme indéterminée » il faut que vous étudiez davantage
votre suite car il n’y a pas de réponse générale que l’on puisse donner : la réponse dépend de la suite.
Illustrons ceci sur des exemples simples.
◦ Pour la somme de limites infinies. Si u tend vers +∞ et v tend vers −∞ alors on ne peut pas
conclure sans étudier davantage la situation comme le montre les exemples suivants.
▷ Si pour tout n ∈ N, un = n et vn = −n alors un + vn = 0 pour tout n ∈ N donc la suite u + v
converge vers 0.
▷ Si pour tout n ∈ N, un = n2 et vn = −n alors un + vn = n2 − n pour tout n ∈ N donc la suite
u + v tend vers +∞ car
2 2 1
un + vn = n − n = n 1 −
n
1
et n2 tend vers +∞ et 1 − n tend vers 1.
◦ Pour le produit d’une limite nulle et d’une limite infinie. Si u tend vers 0 et v tend vers +∞ alors on
ne peut pas conclure non plus comme vont le montrer les exemples suivants.
1
▷ Si pour tout n ∈ N∗ , un = n et vn = n alors un vn = 1 pour tout n ∈ N∗ donc la suite uv
converge vers 1.
1
▷ Si pour tout n ∈ N∗ , un = n et vn = n2 alors un vn = n pour tout n ∈ N∗ donc la suite uv tend
vers +∞.
Exemples.
◦ On veut étudier la nature de la suite définie pour tout n ∈ N par
√
un = n3 − n n + 1.
6.3 Convergence de suites 133
On factorise par le terme de plus haut degré qui se trouve être n3 . On obtient que pour n ∈ N∗ , alors
√
3 n n 1 3 1 1
un = n 1 − 3 + 3 = n 1 − √ + .
n n n n n3
Or, le terme entre parenthèses tend vers 1 alors que n3 tend vers +∞. Ainsi, u diverge vers +∞.
2n +1 2
◦ On veut étudier la nature de la suite définie pour tout n ∈ N par un = 3n 2 +n . On factorise par le
2
terme de plus haut degré au numérateur et au dénominateur qui est n dans les deux cas. On obtient
que pour n ∈ N∗ , alors
n2 2 + n12 2 + n12
un = 2 = .
n 3 + n1 3 + n1
Or, le numérateur tend vers 2 alors que le dénominateur tend vers 3. Ainsi, u est une suite convergente
qui tend vers 23 lorsque n tend vers +∞.
√ √
◦ On veut étudier la nature de la suite définie pour tout n ∈ N par un = n + 1 − n. On multiplie
alors par la quantité conjuguée pour lever la forme indéterminée et on obtient
√ √ √ √
( n + 1 − n)( n + 1 + n) n+1−n 1
un = √ √ =√ √ =√ √ .
n+1+ n n+1+ n n+1+ n
Or, le numérateur tend vers 1 alors que le dénominateur tend vers +∞. Ainsi, u est une suite
convergente qui tend vers 0 lorsque n tend vers +∞.
Remarque. Une fois introduites les fonctions exponentielles et logarithmes, nous pourrons également
utiliser les croissances comparées (voir les propositions 9.21 et 9.44).
Exercice 6.25. Étudier la nature et donner la limite éventuelle des suites (un )n∈N∗ définies, pour n ∈ N∗ ,
par
2 −2n+1 √ √ √
1. un = 3n
n6 +2n4 −1 , 3. un = n2 + 1 − n2 − 1, 5. un = n − n,
√ √ √ √
2 (n+1)(n+3)+ n
2. un = 3n√ −2n+1 , 4. un = 1 + n 2− 1 + n, 6. un = .
n n+n−1 n
Démonstration. Nous ne ferons pas ici la preuve de ce résultat car elle est basée sur la notion de borne
supérieure que nous n’avons pas introduite dans ce livre. Néanmoins, si vous êtes intéressé vous pouvez
par exemple consulter [LM03].
Remarque. Il est à noter que, comme annoncé, ce théorème nous fournit, dans le cas d’une suite mo-
notone bornée, l’existence d’une limite mais ne nous en donne pas la valeur. On verra néanmoins dans
la section suivante que si une suite est majorée par un réel M et qu’elle converge, alors sa limite est
inférieure ou égale à M ce qui pourra nous fournir une estimation de cette limite.
Le lien entre monotonie et convergence ne s’arrête pas au théorème de convergence monotone. Poursui-
vons ainsi cette section par l’introduction de la notion de suites adjacentes qui nous sera particulièrement
utile pour justifier la convergence de la méthode de dichotomie qui nous permettra, entre autres, de
démontrer le très important théorème des valeurs intermédiaires 8.32 ou encore le théorème de Bolzano–
Weierstrass 6.37.
Définition 6.27. Deux suites u et v sont dites adjacentes si l’une est croissante, l’autre décroissante et
si leur différence tend vers 0.
◦ La suite u est croissante par hypothèse. De plus, pour tout n ∈ N, un ⩽ v0 . En effet, supposons
qu’il existe n0 ∈ N tel que un0 > v0 . Puisque u est croissante, un ⩾ un0 pour tout n ⩾ n0 . De plus,
v étant décroissante, on a vn ⩽ v0 pour tout n ∈ N. Ainsi, si on note ε = un0 − v0 > 0, alors pour
tout n ⩾ n0 ,
un − vn ⩾ un0 − v0 = ε > 0
ce qui contredit le fait que la différence un − vn tend vers 0 lorsque n → +∞. Ceci achève donc de
montrer que u est majorée par v0 . La suite u étant croissante majorée, elle est donc convergente
d’après le théorème de limite monotone 6.26.
Exemple. On considère les suites (un )n∈N et (vn )n∈N définies pour tout entier n ⩾ 1 par :
1 1 1 1
un = 1 + + 2 + . . . + 2 et vn = un + .
22 3 n n
Montrons que ces deux suites sont adjacentes.
1
◦ Montrons que u est croissante. Pour tout entier n ⩾ 1, un+1 − un = (n+1)2 ⩾ 0.
6.3 Convergence de suites 135
1 1 1 1 1
vn+1 − vn = un+1 + − un − = 2
+ −
n+1 n (n + 1) n+1 n
n + n(n + 1) − (n + 1)2 n + n2 + n − n2 − 2n − 1
= =
n(n + 1)2 n(n + 1)2
−1
= ⩽ 0.
n(n + 1)2
1
◦ Montrons que un − vn → 0. Pour tout entier n ⩾ 1, on a vn − un = n → 0.
Les suites u et v sont donc adjacentes. D’après le théorème précédent elles convergent donc vers une
limite commune ℓ telle que, pour tout entier n, un ⩽ ℓ ⩽ vn . On pourrait en réalité montrer que lim un =
n→+∞
π2
6 en utilisant d’autres méthodes plus sophistiquées.
Exercice 6.29. On considère les suites (un )n∈N∗ et (vn )n∈N∗ définies, pour tout n ∈ N∗ , par
1 1 1 1
un = 1 + + + ... + et vn = un + .
2! 3! n! n × n!
Montrer que ces suites sont adjacentes.
Théorème 6.30 – Conservation des inégalités par passage à la limite. Si u et v sont deux suites
convergentes telles que un ⩽ vn à partir d’un certain rang, alors
lim un ⩽ lim vn .
n→+∞ n→+∞
ℓ − ℓ′ 2ℓ + ℓ′ ℓ + 2ℓ′ ℓ − ℓ′
un ⩾ ℓ − ε = ℓ − = > = ℓ′ + = ℓ′ + ε ⩾ vn
3 3 3 3
ce qui contredit le fait que un ⩽ vn à partir d’un certain rang.
À retenir. Dans le cas d’une inégalité stricte un < vn on obtient malgré tout une inégalité large pour les
limites. Prenons par exemple pour tout n ∈ N∗ , un = 0 et vn = n1 . Alors pour tout n ∈ N∗ , on a un < vn
mais lim un = 0 = lim vn .
n→+∞ n→+∞
Remarque. En prenant v une suite constante égale à a ∈ R dans le théorème précédent, on en déduit
que si u est une suite convergente de limite ℓ :
136 Chapitre 6 – Suites réelles
Théorème 6.31.
◦ Plancher montant. Si u diverge vers +∞ et v est une suite telle qu’à partir d’un certain rang
un ⩽ vn . Alors, lim vn = +∞.
n→+∞
◦ Plafond descendant. Si u diverge vers −∞ et v est une suite telle qu’à partir d’un certain rang
un ⩾ vn . Alors, lim vn = −∞.
n→+∞
Démonstration. On se contente de démontrer le premier point puisque le deuxième en découle (en multi-
pliant par −1 les deux suites). Soit A ∈ R. Alors, il existe un rang NA tel que pour tout n ⩾ NA , un ⩾ A.
Mais alors, pour tout n ⩾ NA (et pour n suffisamment grand pour que l’inégalité de l’énoncé soit valide),
vn ⩾ un ⩾ A et ceci étant vrai pour tout réel A, la suite v diverge vers +∞.
Théorème 6.32 – Théorème d’encadrement ou des gendarmes. Soient u et v deux suites convergentes
de même limite ℓ. Si w est une suite telle qu’à partir d’un certain rang un ⩽ wn ⩽ vn . Alors, w est
convergente de limite ℓ.
Démonstration. Soit ε > 0. Puisque u et v convergent vers ℓ, il existe Nε et Nε′ tels que pour tout
n ⩾ Nε , un ⩾ ℓ − ε et pour tout n ⩾ Nε′ , vn ⩽ ℓ + ε. Mais alors, pour tout n ⩾ max(Nε , Nε′ ) (et pour
n suffisamment grand pour que l’inégalité de l’énoncé soit valide), ℓ − ε ⩽ un ⩽ wn ⩽ vn ⩽ ℓ + ε. Ceci
étant vrai pour tout ε > 0, on en déduit que w est convergente de limite ℓ.
Remarque. Dans le théorème de passage à la limite dans les inégalités, il faut d’abord démontrer que
les suites convergent alors que dans ce théorème d’encadrement la convergence de la suite w est une
conséquence : le théorème montre que la suite converge et donne sa limite.
Exercice 6.33. Pour chacune des suites suivantes, vérifier qu’elle est bien définie, trouver sa nature et
calculer sa limite si elle existe.
(−1)n
1. Pour n ∈ N∗ , un = n . 2. Pour n ∈ N∗ , un = (−1)n + n1 .
Exercice 6.34.
1. Montrer que si u est une suite bornée et que v est une suite qui converge vers 0 alors la suite produit
uv converge vers 0.
2. Le résultat précédent reste-t-il valable si la limite de v n’est pas nulle ?
1+(−1)n
3. En déduire la valeur de la limite de la suite (wn )n∈N∗ définie par wn = n .
Remarque. Si ϕ : N → N est strictement croissante, montrons par récurrence que pour tout n ∈ N,
ϕ(n) ⩾ n.
6.3 Convergence de suites 137
Démonstration.
◦ Si u converge vers ℓ alors, si ε > 0, il existe Nε tel que pour tout n ⩾ Nε , ℓ − ε ⩽ un ⩽ ℓ + ε. Or, si
(uϕ(n) )n∈N est une sous-suite de u, d’après la remarque précédente, ϕ(n) ⩾ n et on en déduit donc,
que pour tout n ⩾ Nε , ℓ − ε ⩽ uϕ(n) ⩽ ℓ + ε ce qui achève de montrer que la sous-suite (uϕ(n) )n∈N
converge vers ℓ.
◦ Si u converge alors, d’après le point précédent, ces deux sous-suites convergent nécessairement vers
la limite de u ce qui contredit l’hypothèse. Ainsi, u diverge.
Exemple. On considère la suite u définie pour tout n ∈ N par un = (−1)n . Considérons alors les sous-suite
(u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N . Alors u2n = (−1)2n = 1 → 1 alors que u2n+1 = (−1)2n+1 = −1 → −1. La suite
u est donc divergente.
Un autre intérêt de cette notion est donné par le théorème suivant dû au mathématicien autrichien Bernard
Bolzano (voir [Wika]) et au mathématicien allemand Karl Weierstrass (voir [Wikh]). En effet, nous avons
déjà énoncé que toute suite convergente est bornée et nous avons également vu que la réciproque de
cette affirmation est fausse. Le théorème suivant nous fournit cependant un résultat positif concernant
la réciproque, quitte à extraire une sous-suite.
Théorème 6.37 – Théorème de Bolzano–Weierstrass. Toute suite réelle bornée admet une sous-suite
convergente.
contient une infinité de termes de la suite u (on pourra s’en convaincre en raisonnant par l’absurde). On
note alors [a1 , b1 ] un tel intervalle et ϕ(1) un entier tel que ϕ(1) > ϕ(0) et pour lequel uϕ(1) ∈ [a1 , b1 ]
comme l’illustre la figure suivante :
138 Chapitre 6 – Suites réelles
a0 +b0
+2
R
a0 a1 b0 , b1
b−a
En itérant ce processus, on obtient une suite d’intervalles [an , bn ] de largeur 2n et une suite strictement
croissante d’entiers ϕ(n) telle que pour tout n ∈ N, uϕ(n) ∈ [an , bn ].
De plus, par construction :
◦ la suite (an )n∈N est croissante car il s’agit des bornes inférieures successives des segments emboîtés
et la suite (bn )n∈N est décroissante pour la même raison car ce sont les bornes supérieures de ces
mêmes segments,
b−a
◦ bn − an = 2n tend vers 0 lorsque n → +∞.
Les suites (an )n∈N et (bn )n∈N sont donc adjacentes et convergent ainsi vers une même limite ℓ d’après le
théorème 6.28. Puisque, par construction, pour tout n ∈ N,
an ⩽ uϕ(n) ⩽ bn ,
on en déduit en appliquant le théorème d’encadrement 6.32 que la sous-suite (uϕ(n) )n∈N de u converge
vers ℓ et ceci achève donc de démontrer le résultat voulu.
Exemples.
◦ Pour la suite bornée u définie pour tout n ∈ N par un = (−1)n on peut considérer les suites extraites
(u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N qui sont constantes donc convergentes.
◦ La suite u définie pour tout entier naturel n par un = sin(n) est aussi bornée. Le théorème de
Bolzano–Weierstrass affirme qu’on peut donc en extraire une suite convergente. Il est néanmoins
plus difficile d’en expliciter une par son terme général.
n+1
Exercice 6.38. Soit (un )n⩾1 la suite de terme général un = 1 − 21 + 13 − 14 + ... + (−1)n . On considère
les deux suites extraites v et w définies pour n ∈ N∗ par vn = u2n et wn = u2n+1 . Montrer que les suites
(vn )n⩾1 et (wn )n⩾1 sont adjacentes. En déduire que la suite (un )n⩾1 converge.
Définition 6.39. Soit f : R → R une fonction réelle. On dit qu’un sous-ensemble A de Df est stable par
f si f (A) ⊂ A, i.e. si pour tout x ∈ A, f (x) ∈ A.
y
y
7
5 y =x
y =x
6
5 4
y = f (x)
4 3
3
2 y = f (x)
2
1
1
| | | | | | | |
0 u0 u1 u2 4
ũ2 ũ1 6
ũ0 x 0 1 u1u3 u2 3 4 u0 6 x
√ (b) un+1 = 1 + 2
(a) un+1 = 2 un n
Exemples.
◦ On considère la suite définie par une valeur initiale u0 ⩾ 0 et pour tout n ∈ N par un+1 = f (un ) avec
√
f (x) = 2 x. La monotonie de la suite dépend de la valeur de u0 . On a, par exemple, pris u0 = 1 et
u˜0 = 7 à la figure 6.4a.
140 Chapitre 6 – Suites réelles
◦ On considère la suite définie par u0 = 5 et pour tout n ∈ N par un+1 = 1 + x2 . La figure 6.4b illustre
que la suite n’est pas monotone.
Démonstration. La preuve se fait par récurrence. Par exemple, si u1 ⩾ u0 et f est croissante, alors en
appliquant f on conserve l’inégalité et on en déduit u2 ⩾ u1 , et ainsi de suite.
Remarques.
◦ Un point fixe correspond à un point d’intersection entre la courbe de f et la courbe y = x.
◦ Si u est une suite récurrente définie par u0 ∈ Df et pour tout n ∈ N, un+1 = f (un ) alors, si u0 est
un point fixe de f , on a, pour tout n ∈ N, un = u0 , c’est-à-dire que u est constante.
Exemple. Cherchons les points fixes de la fonction f définie, pour tout x ∈ R par f (x) = x 2 . On cherche
ainsi les réels x tels que f (x) = x 2 . Or, pour x ∈ R
f (x) = x ⇔ x 2 = x ⇔ x 2 − x = 0 ⇔ x(x − 1) = 0 ⇔ x = 0 ou x = 1.
Nous allons à présent donner un résultat permettant de faire le lien entre les points fixes d’une fonction
et la limite éventuelle de la suite récurrente associée et nous aurons besoin dans cet énoncé de supposer
que la fonction f est continue. Nous n’avons pas encore défini la notion de continuité (voir la définition
8.26) mais, pour le moment, vous pouvez traduire cela par « on peut tracer la courbe de la fonction sans
lever notre crayon » (autrement dit, la courbe représentative de f ne fait pas de saut). Cette propriété
de continuité nous permet notamment d’intervertir la fonction avec le passage à la limite, c’est-à-dire
d’avoir l’égalité lim f (un ) = f ( lim un ).
n→+∞ n→+∞
Démonstration. Il suffit de noter que lim un+1 = ℓ et d’exploiter la continuité de f pour obtenir
n→+∞
lim f (un ) = f ( lim un ) = f (ℓ).
n→+∞ n→+∞
Remarque. La réciproque est fausse : une fonction peut avoir un point fixe sans que la suite soit conver-
gente.
Méthode – Montrer qu’une suite est divergente. Pour montrer qu’une suite définie pour tout n ∈ N
par un+1 = f (un ) diverge, on peut montrer que f n’admet pas de point fixe.
Exemple. La fonction f définie sur R par f (x) = x 2 + 1 n’a pas de point fixe. Ainsi, toute suite définie
par u0 ∈ R et pour tout n ∈ N, un+1 = un2 + 1 est divergente.
Essayons d’obtenir davantage d’informations. Pour se faire, on peut distinguer les cas où f est croissante
des cas où f est décroissante.
On suppose dans cette sous-section que f est croissante. Dans ce cas, on sait déjà que si u1 ⩾ u0 alors
u est croissante et que si u1 ⩽ u0 alors u est décroissante d’après la proposition 6.41. On en déduit le
résultat suivant.
Proposition 6.44. Soient f : [a, b] → [a, b] une fonction continue et croissante et u une suite récurrente
définie par u0 ∈ [a, b] et pour tout n ∈ N, un+1 = f (un ). La suite récurrente u est monotone et converge
vers un point fixe ℓ ∈ [a, b] de f .
Démonstration. D’après la proposition 6.41, la suite u est monotone. Puisqu’elle est bornée par a et b,
on en déduit d’après le théorème 6.26 que la suite u converge et d’après le théorème 6.43 que la limite
est un point fixe de f .
4
Exemple. Soit u la suite définie par u0 ∈ R+ et pour tout n ∈ N, un+1 = un2 + 25 . On est dans le cas
2 4
d’une suite récurrente de la forme un+1 = f (un ) avec f : x 7→ x + 25 et on veut étudier la convergence
de la suite u selon la valeur du terme initial u0 . Pour cela, on va suivre le plan d’étude qui suit.
1. Justifier que f est continue et croissante sur R+ .
2. Déterminer les points fixes de f .
3. Tracer la courbe représentative de f et la droite y = x.
4. Justifier que les intervalles 0, 51 , 51 , 35 et 45 , +∞ sont stables par f .
b) u0 ∈ 15 , 54 , d) u0 = 15 ou u0 = 45 .
y = f (x)
2
y =x
1
|
0 1 x
◦ si x ∈ 15 , 45 , f (x) ∈ f 51 , f 45 = 51 , 54 ,
◦ si x ∈ 45 , +∞ , f (x) ∈ f 45 , +∞ = 45 , +∞ .
2.5.4 sur le signe des équations du second degré (on ne travaille ici que sur R+ ).
6. a) Si u0 ∈ 0, 15 alors u1 = f (u0 ) ⩾ u0 d’après la question précédente et puisque 0, 15 est stable
par f , on déduit de la propriété 6.44 que la suite u est croissante et converge vers 51 qui est le
seul point fixe de f dans cet intervalle.
b) Si u0 ∈ 15 , 45 alors u1 = f (u0 ) ⩽ u0 d’après la question précédente et puisque 51 , 45 est stable
par f , on déduit de la propriété 6.44 que la suite u est décroissante et converge vers 51 qui est
le seul point fixe de f dans cet intervalle qui soit inférieur ou égal à u0 < 45 .
c) Si u0 ∈ 45 , +∞ alors u1 = f (u0 ) ⩾ u0 d’après la question précédente et puisque 45 , +∞ est
stable par f , on déduit de la propriété 6.44 que la suite u est croissante et qu’elle diverge vers
+∞ car f ne possède pas de point fixe supérieur à 45 (et si u converge alors c’est nécessairement
vers un point fixe).
1 3
d) Si u0 = 5 ou u0 = 5 alors u est constante égale à u0 car il s’agit d’un point fixe de f .
√
Exercice 6.45. Soit u la suite définie par u0 = 1 et, pour tout n ∈ N, un+1 = 2 + un .
1. Montrer que u est croissante.
2. Montrer que u est minorée par 0 et majorée par 2. Que peut-on en déduire sur u ?
On suppose dans toute cette sous-section que la fonction f est décroissante. Dans ce cas on sait
déjà que la suite u n’est pas monotone d’après la proposition 6.41. On a néanmoins le résultat suivant.
Propriété 6.46. Soient f : [a, b] → [a, b] une fonction continue et décroissante et u une suite récurrente
définie par u0 ∈ [a, b] et pour tout n ∈ N, un+1 = f (un ). Alors :
6.4 Étude des suites récurrentes 143
Démonstration. La preuve se déduit du cas croissant. Comme f est décroissante (et change donc le sens
des inégalités), f ◦f est croissante. On applique alors la proposition 6.44 à f ◦f et aux sous-suites (u2n )n∈N
et (u2n+1 )n∈N . À noter que ces suites sont définies par récurrence : u0 est donné, puis u2 = f ◦ f (u0 ),
u4 = f ◦ f (u2 ) et ainsi de suite et de même en partant de u1 , on a u3 = f ◦ f (u1 ) et ainsi de suite.
Remarque. On ne sait pas a priori si ℓ = ℓ′ . Si ℓ ̸= ℓ′ alors on a deux suites extraites de u qui convergent
vers des limites différentes donc u diverge. Si ℓ = ℓ′ alors u converge vers ℓ car u2n → ℓ et u2n+1 → ℓ.
Exemple. Soit (un )n∈N la suite définie par u0 = 1 et pour tout n ∈ N, un+1 = f (un ) avec f (x) = 1 + x2 .
On veut alors étudier la convergence de la suite u et on va pour cela suivre le plan d’étude qui suit.
1. Justifier que f est continue, strictement décroissante sur ]0, +∞[ et qu’elle laisse stable l’intervalle
]0, +∞[.
2. Tracer le graphe de la fonction f et de la courbe y = x.
3. Déterminer les points fixes de g = f ◦ f dans ]0, +∞[.
4. Résoudre l’inéquation g(x) = (f ◦ f )(x) ⩾ x sur ]0, +∞[.
5. On considère les sous-suites v et w de u définies pour n ∈ N par vn = u2n et wn = u2n+1 .
a) Montrer que v est croissante et que w est décroissante.
b) En déduire que v et w sont convergentes et déterminer leurs limites respectives.
c) En déduire la nature de la suite u et sa limite éventuelle.
Passons à présent à la résolution de notre problème.
1. La fonction f est définie et continue sur ]0, +∞[, comme somme de fonctions usuelles qui le sont.
De plus f est strictement décroissante sur ]0, +∞[ (car la fonction inverse l’est) et positive donc
]0, +∞[ est stable par f .
2. La situation est la suivante.
y
6
y =x
5
2
y = f (x)
| | | | | |
0 1 2 3 4 5 6 x
3. Pour trouver les points fixes de g = f ◦ f , on doit résoudre (f ◦ f )(x) = x. Or, pour x ∈]0, +∞[
2 3x + 2
1+ 2 =x ⇔ = x ⇔ 3x + 2 = x(x + 2) ⇔ x 2 − x − 2 = 0
1+ x
x +2
et les solutions de cette équation du second degré sont −1 et 2. Ainsi, le seul point fixe de g sur
]0, +∞[ est 2.
144 Chapitre 6 – Suites réelles
4. On a, pour x > 0,
3x + 2
g(x) ⩾ x ⇔ ⩾ x ⇔ 3x + 2 ⩾ x(x + 2) ⇔ x 2 − x − 2 ⩽ 0
x +2
Exercice 6.47. On veut étudier la convergence de la suite définie par u0 = 4 et, pour tout n ∈ N,
un+1 = un4+2 .
4
1. Montrer que la suite u est bien définie et étudier la monotonie de f : x 7→ x+2 .
2. Déterminer les points fixes de f ◦ f .
3. Déterminer la nature de la suite u en suivant la stratégie précédente.
un+1 = un + r
3 •
• u5
• u4
2 • u3
• u2
• u1
1
u0
| | | | | |
0 1 2 3 4 5 x
Proposition 6.49. Soit u = (un )n∈N , une suite arithmétique de premier terme u0 et de raison r .
◦ Si r > 0, alors la suite u est strictement croissante.
◦ Si r = 0, alors la suite u est constante.
◦ Si r < 0, alors la suite u est strictement décroissante.
Démonstration. On considère une suite arithmétique u de premier terme u0 et de raison r . Pour tout
entier n, on a un+1 − un = un + r − un = r et la monotonie de u est donc donnée par le signe de r .
Proposition 6.50 – Expression explicite d’une suite arithmétique. Soit u = (un )n∈N , une suite arith-
métique de premier terme u0 et de raison r . Alors, pour tout n ∈ N,
un = u0 + nr.
Démonstration. Soit u = (un )n∈N , une suite arithmétique de premier terme u0 et de raison r . On a donc,
pour tout entier naturel n, un+1 = un + r .
◦ Annonce. Démontrons par récurrence que pour tout entier n, un = u0 + nr . Pour tout entier naturel
n, on appelle P(n), la proposition « un = u0 + nr ».
◦ Initialisation. Montrons que la proposition P(0) est vraie. On a u0 = u0 + 0 × r = u0 , donc la
proposition P(0) est vraie.
◦ Hérédité. Soit n un entier. Supposons que la proposition P(n) est vraie, c’est-à-dire que un = u0 +nr .
Montrons qu’alors la proposition P(n + 1) est vraie. On a les égalités suivantes :
Corollaire 6.51. Soit u une suite arithmétique de raison r . Alors pour tous entiers p < n, on a un =
up + (n − p)r .
146 Chapitre 6 – Suites réelles
Exercice 6.52. Soit u la suite définie par u0 = 1 et pour tout entier naturel n,
un
un+1 = .
2un + 1
1
On admet que pour tout n ∈ N, un ̸= 0 et on définit ainsi la suite v par vn = un .
1. Montrer que la suite v est arithmétique et préciser sa raison.
2. En déduire une expression de un en fonction de n.
3. Montrer que pour tout entier naturel n non nul : 0 < un ⩽ 13 .
4. Montrer que la suite u est décroissante. Que peut-on en déduire sur u ?
Proposition 6.53 – Somme des termes d’une suite arithmétique. Soit u une suite arithmétique. On
considère
S = uk + uk+1 + . . . + up .
avec k ⩽ p deux entiers. Alors,
Exemple. Soit la suite arithmétique u = (un )n∈N de premier terme u0 = 50 et de raison r = 10. On
considère S = u3 + u4 + u5 + u6 + u7 + u8 . Alors
u3 + u8 80 + 130
S = (8 − 3 + 1) × =6× = 630.
2 2
Exemple. Soit n ∈ N. On cherche à calculer la somme S = 1 + 2 + 3 + . . . + n. On considère la suite
arithmétique u = (un )n∈N de premier terme u0 = 1 et de raison r = 1. On a donc
u0 + un n(n + 1)
S = (n − 0 + 1) × = .
2 2
3
un+1 = un ,
2
est une suite géométrique. Les six premiers termes de cette suite sont les suivants :
2 3 3 3
u0 = , u1 = u0 = 1, u2 = u1 = ,
3 2 2 2
3 9 3 27 3 81
u3 = u2 = , u4 = u3 = , u5 = u4 = .
2 4 2 8 2 16
6.5 Cas particuliers de suites usuelles 147
La représentation graphique des premiers termes de la suite u est donnée par la figure 6.6 suivante :
y
5 •
u5
4
•
3 u4
•
2 u3
•
1 • u2
• u1
u0
| | | | | |
0 1 2 3 4 5 x
Proposition 6.55 – Expression explicite d’une suite géométrique. Soit u = (un )n∈N une suite géo-
métrique de premier terme u0 et de raison q. Pour tout entier n, le terme un est donné par la formule
explicite un = u0 × q n .
Démonstration. Soit u = (un )n∈N une suite géométrique de premier terme u0 et de raison q. Par définition,
pour tout n ∈ N, on a un+1 = q × un .
◦ Annonce. Démontrons par récurrence que pour tout entier n, on a un = u0 × q n . Pour tout entier
naturel n, on appelle P(n) la proposition « un = u0 × q n ».
◦ Initialisation. Montrons que la proposition P(0) est vraie. On a u0 = u0 × q 0 car q 0 = 1, donc la
proposition P(0) est vraie.
◦ Hérédité. Soit n un entier. Supposons que la proposition P(n) est vraie, c’est-à-dire que un = u0 ×q n .
Montrons qu’alors la proposition P(n + 1) est vraie. On a les égalités suivantes :
Corollaire 6.56. Soit u une suite géométrique de raison q. Alors pour tous les entiers p < n, on a
un = up × q n−p .
Proposition 6.57 – Somme des termes d’une suite géométrique. Soit u une suite géométrique de
raison q. Pour k ⩽ p deux entiers, on considère
S = uk + uk+1 + . . . + up .
Alors,
1 − q nb de termes de S 1 − q p−k+1
S = (premier terme de S) × = uk × .
1−q 1−q
Démonstration. Par récurrence sur p (à k fixé).
148 Chapitre 6 – Suites réelles
1 − q 6−3+1 1 − 24
S = u3 × = 80 × = 1200.
1−q 1−2
Proposition 6.58 – Limite d’une suite géométrique. Soit u une suite géométrique de raison q et de
premier terme u0 .
◦ Si q > 1, alors si u0 > 0, lim un = +∞ et si u0 < 0, lim un = −∞.
n→+∞ n→+∞
◦ Si q = 1, alors la suite u est constante et lim un = u0 .
n→+∞
◦ Si −1 < q < 1, alors lim un = 0.
n→+∞
◦ Si q ⩽ −1 et u0 ̸= 0, alors la suite u n’a pas de limite.
4un −2
Exercice 6.59. Soit u la suite définie par u0 = 3 et pour tout entier naturel n, un+1 = un +1 .
1. La suite u est-elle arithmétique, géométrique ?
2. On admet que pour tout n ∈ N, un > 1 et on considère la suite v définie, pour tout n ∈ N, par
vn = uunn −2
−1 . Montrer que v est une suite géométrique dont on précisera la raison.
3. Exprimer vn en fonction de n et en déduire une expression de un en fonction de n.
4. Quelle est la limite de la suite u ?
un+1 = aun + b
avec a et b deux nombres réels. Si a = 1, alors la suite u est une suite arithmétique de raison b. Si b = 0,
alors la suite u est une suite géométrique de raison a.
Exercice 6.61. On considère la suite définie par u0 = 2 et pour tout entier naturel n,
1
un+1 = un + 3.
2
1. Montrer que la suite v définie pour n ∈ N par vn = un − 6 est une suite géométrique dont on
déterminera la raison et le premier terme.
2. En déduire l’expression de vn puis de un en fonction de n.
3. Calculer les sommes
Sn = v0 + v1 = . . . + vn et Sn′ = u0 + u1 + . . . + un .
6.5 Cas particuliers de suites usuelles 149
Proposition 6.62 – Expression explicite d’une suite arithmético-géométrique. Soit u la suite arithmético-
géométrique satisfaisant, pour tout n ∈ N,
un+1 = aun + b
b
un = an (u0 − r ) + r avec r = .
1−a
Démonstration. Considérons u la suite arithmético-géométrique satisfaisant pour tout n ∈ N, un+1 =
b
aun + b avec a et b deux nombres réels, avec a ̸= 1. On note r = 1−a et on pose v = (vn )n∈N , la suite
réelle définie pour tout entier n par vn = un − r .
Soit n, un entier, on a alors
vn+1 = un+1 − r
= aun + b − r
= a(un − r ) + ar + b − r
= avn + (a − 1)r + b
−b
= avn + (a − 1) +b
a−1
= avn .
Donc pour tout entier n, vn+1 = avn et la suite v est une suite géométrique de raison a. En particulier,
pour tout entier n, on a vn = an × v0 ce qui implique que pour tout entier n, on a un − r = an (u0 − r ) ce
qu’il fallait démontrer.
Remarques.
◦ Le nombre r correspond au point fixe de la fonction f : x 7→ ax + b.
◦ Plus que d’apprendre la formule, il est important de retenir la méthode qui permet d’obtenir la formule
explicite d’une suite arithmético-géométrique qui est décrite dans la preuve précédente.
Exercice 6.5
1. Pour vn :
•v
3 5
2 •v •v
0 4
•v •v
1 1 •v 3
2
| | | | | |
0 1 2 3 4 5 x
2. Pour un et ũn :
y =x
6
5
y = f (x)
4
| | |
0 u0 u1 u2 4 ũ2 ũ1 6 ũ0 x
Exercice 6.8 On considère la suite (un )n∈N définie pour tout n ∈ N par un = −n. On définit alors (vn )n∈N par vn = un pour tout n ∈ N. Alors
(un )n∈N et (vn )n∈N sont majorées par 0 mais (wn )n∈N = (un )n∈N × (vn )n∈N est la suite définie, pour tout n ∈ N, par wn = n2 qui n’est pas
majorée.
Exercice 6.9 Soit (un )n∈N une suite majorée à partir d’un rang n0 , c’est-à-dire qu’il existe un réel M tel que pour tout n ⩾ n0 , un ⩽ M.
Posons alors M ′ = max(u0 , u1 , · · · , un0 −1 , M). On note que M ′ est bien fini puisqu’il n’y a qu’un nombre fini de termes à comparer. De plus,
par définition de M et de M ′ que pour tout n ∈ N, un ⩽ M ′ ce qui achève de démontrer que la suite (un )n∈N est bornée.
Exercice 6.11 La suite définie, pour n ∈ N, par un = (−1)n n’est ni croissante ni décroissante.
Exercice 6.13 Soit n ∈ N, on a un+1 − un = (un )2 + un + 1 − un = (un )2 + 1. Or, pour tout nombre réel x, on a x 2 + 1 > 0, donc (un )2 + 1 > 0.
On a donc montré que la suite u est strictement croissante.
Exercice 6.15
1. ◦ Annonce. Montrons par récurrence que, pour tout entier n > 0, un > 0. Pour tout entier n > 0, on appelle P(n), la proposition
« un > 0 ».
√ √ √
◦ Initialisation. u1 = u0 + 1 = 3 × 0 + 1 = 1 = 1 > 0 donc la proposition P(1) est vraie.
◦ Hérédité. Soit n un entier tel que n > 0. Supposons que P(n) est vraie, c’est-à-dire que un > 0 : c’est notre hypothèse de récurrence.
Montrons√ qu’alors P(n + 1) est vraie, c’est-à-dire que un+1 > 0. Par hypothèse de récurrence, on a que un > 0 donc 3 × un + 1 > 0
et donc 3un + 1 > 0. On a donc un+1 > 0, i.e. P(n + 1) vraie.
6.5 Cas particuliers de suites usuelles 151
◦ Conclusion. Par le principe de récurrence, on a montré que, pour tout entier n > 0, P(n) est vraie, c’est-à-dire que pour tout entier
n > 0, la suite u vérifie un > 0.
2. Montrons par récurrence que la suite u est strictement croissante, c’est-à-dire que pour tout entier n, un+1 − un ⩾ 0.
◦ Annonce. Pour tout entier n, on appelle Q(n) la proposition « un+1 − un ⩾ 0 » .
◦ Initialisation. Montrons que la proposition Q(0) est vraie. On a u1 − u0 = 1 − 0 ⩾ 0, donc la proposition Q(0) est vraie.
◦ Hérédité. Soit n un entier. Supposons que la proposition Q(n) est vraie, c’est-à-dire que l’inégalité (HR) : um+1 − um ⩾ 0 est vraie
(c’est l’hypothèse de récurrence de notre raisonnement). Montrons qu’alors la proposition Q(n + 1) est vraie, c’est-à-dire que l’on
a un+2 − un+1 ⩾ 0. On a p
un+2 − un+1 = 3un+1 + 1 − 3un + 1 (par définition de la suite u)
p
√ √
p p 3un+1 + 1 + 3un + 1
= ( 3un+1 + 1 − 3un + 1) √ √
3un+1 + 1 + 3un + 1
√ √ √ √
( 3un+1 + 1 − 3un + 1)( 3un+1 + 1 + 3un + 1)
= √ √
3un+1 + 1 + 3un + 1
√ √
( 3un+1 + 1)2 − ( 3un + 1)2
= √ √
3un+1 + 1 + 3un + 1
(3un+1 + 1) − (3un + 1) 3(un+1 − un )
= √ √ = √ √ .
3un+1 + 1 + 3un + 1 3un+1 + 1 + 3un + 1
√ √
Or, le dénominateur 3un+1 + 1 + 3un + 1 est strictement positif (on utilise ici que pour tout entier n > 0, un > 0, donc en
particulier, un+2 + un+1 > 0), et que, par hypothèse de récurrence, on a un+1 − un ⩾ 0, alors un+2 − un+1 ⩾ 0, donc la proposition
Q(n + 1) est vraie.
◦ Conclusion. D’après le principe de récurrence, pour tout entier naturel n, Q(n) est vraie.
On vient donc de démontrer par récurrence que la suite u est croissante.
1 1 n+1
un+1 = (u 2 + u12 + . . . + un2 ) = (1 + . . . + 1) = =1
n+1 0 n+1 n+1
Exercice 6.23
1. Faux. La suite u définie pour n ∈ N par un = (−1)n est divergente et bornée.
2. Faux. On prend, pour n ∈ N, un = −n et vn = n. Alors, u et v sont des suites divergentes et pourtant la suite u + v est convergente
puisque un + vn = 0 pour tout n ∈ N.
3. Vrai. En effet, si u converge vers ℓ alors un − ℓ → 0. Mais, alors un2 − ℓ2 = (un − ℓ)(un + ℓ) = (un − ℓ) × (un + ℓ) → 0 car un − ℓ → 0 et
un + ℓ converge vers 2ℓ. Ainsi, la suite (un2 )n∈N est convergente de limite ℓ2 .
4. Faux. Si on considère la suite u définie pour tout n ∈ N par un = (−1)n alors la suite (un2 )n∈N est convergente (car égale à 1 pour tout
n) alors que la suite u est divergente.
un+1
5. Faux. La suite u définie pour tout n ∈ N par un = 2−n est convergente mais un
= 2−1 → 1
2
̸= 1.
Exercice 6.25
1. On factorise par le terme de plus haut degré au numérateur et au dénominateur. Ainsi,
n2 3 − n2 + n12 1 3 − n2 + n12
un = = 4 × .
1 + n22 − n16
n6 1 + n22 − n16 n
Or, le numérateur tend vers 3 alors que le dénominateur tend vers 1. Ainsi, u est une suite convergente qui tend vers 0 lorsque n tend
vers +∞ puisque n14 tend vers 0.
152 Chapitre 6 – Suites réelles
2. On factorise par le terme prépondérant au numérateur et au dénominateur pour lever la forme indéterminée et on obtient
n2 3 − n2 + n12 √ 3 − n2 + 1
n2
un = √ = n×
n n 1 + √1n − n√ 1 1 + √1n − √1
n n
n
√
Or, le numérateur tend vers 3 alors que le dénominateur tend vers 1. Ainsi, u diverge vers +∞ lorsque n tend vers +∞ puisque n tend
vers +∞.
3. Puisque n ⩾ 1, les racines carrées sont bien définies et un également. On ne peut pas utiliser la stratégie de la question précédente car
on obtiendrait alors une forme indéterminée. On utilise la quantité conjuguée. Plus précisément,
√ √
p p n2 + 1 + n2 − 1
un = n2 + 1 − n2 − 1 = √ √ √ √
( n + 1 − n − 1)( n2 + 1 + n2 − 1)
2 2
√ √
n2 + 1 + n2 − 1
= 2
n + 1 − (n2 − 1)
q q
n 1 + n12 + 1 − n12
= −→ +∞.
2 n→+∞
r r !
p √ 1 1 1
un = 1 + n2 − 1+n =n +1− + −→ +∞.
n2 n2 n n→+∞
q
p √ n 1+ 1
1+ 3
+ √1
s
(n + 1)(n + 3) + n n n n 1 3 1
un = = = 1+ 1+ + √ −→ 1.
n n n n n n→+∞
Exercice 6.29 On commence par montrer que u est croissante. En effet, un+1 = un + 1
(n+1)!
⩾ un . De plus,
1 1 1
vn+1 = un+1 + = un + +
(n + 1)(n + 1)! (n + 1)! (n + 1)(n + 1)!
1 1 1 1
= un + + + −
n × n! (n + 1)! (n + 1)(n + 1)! n × n!
n(n + 1) + n − (n + 1)2
= vn +
n(n + 1)(n + 1)!
1
= vn − ⩽ vn ,
(n + 1)(n + 1)!
donc la suite v est décroissante. Enfin, un − vn = un − un + 1
n×n!
1
= − n×n! −→ 0. Les suites u et v sont donc adjacentes. Ainsi, ces deux
n→+∞
suites sont convergentes et possèdent la même limite (qui s’avère être e).
Exercice 6.33
1. Puisque n ⩾ 1, les dénominateurs sont non nuls et un est donc bien définie. De plus,
1 (−1)n 1
− ⩽ ⩽ .
n n n
Or, n1 tend vers 0. La suite u est donc comprise entre deux suites convergeant vers 0 ce qui, d’après le théorème d’encadrement, nous
permet de conclure que la suite u converge vers 0.
2. Puisque n ⩾ 1, les dénominateurs sont non nuls et u est donc bien définie. De plus, 1
n
tend vers 0 mais (−1)n ne possède pas de limite.
Ainsi, u est une suite divergente ne possédant pas de limite.
Exercice 6.34
6.5 Cas particuliers de suites usuelles 153
1. Méthode 1 : Preuve directe. Si u est une suite bornée, alors il existe M ∈ R+ tel que −M ⩽ un ⩽ M. De plus, si v est une suite qui
converge vers 0 alors pour tout ε > 0, il existe Nε ∈ N tel que pour tout n ⩾ Nε , − Mε ⩽ vn ⩽ Mε . Mais alors, pour tout ε > 0, il existe
Nε ∈ N tel que pour tout n ⩾ Nε , −ε ⩽ −M × Mε ⩽ un vn ⩽ M × Mε = ε, i.e. que uv tend vers 0.
Méthode 2 : Théorème d’encadrement. Puisque u est bornée, il existe M ∈ R+ tel que pour tout entier naturel n, |un | ⩽ M. De plus,
|vn | ⩾ 0 donc 0 ⩽ |un vn | ⩽ M|vn |. Mais, puisque v tend vers 0, (|vn |)n∈N tend également vers 0. (|un vn |)n∈N est donc comprise entre
deux suites qui convergent vers 0 et d’après le théorème d’encadrement on en conclut donc que (|un vn |)n∈N tend vers 0 et donc que
(un vn )n∈N converge vers 0.
2. Si v ne tend pas vers 0 ce résultat devient faux. En effet, en prenant pour tout n ∈ N, un = (−1)n et vn = 1 alors u est bornée, v est
convergente et (un vn )n∈N est divergente.
3. On a pour tout n ∈ N, un = 1 + (−1)n et vn = 1
n
. Puisque u est bornée et v converge vers 0, on en déduit d’après la première question
que la suite tend vers 0.
Exercice 6.45
√ √
1. Pour
√ tout n ∈ N, un+1 = f (un ) avec f (x) = 2 + x qui est définie sur [−2, +∞[. La fonction f est croissante et u1 = f (u0 ) = 2 + u0 =
3 > 1 = u0 . On est donc dans le cas où f est croissante et u1 ⩾ u0 . Ainsi, la suite u est croissante.
√ √
2. On note que pour tout x ∈ [0, 2], f (x) = 2 + x ⩽ 4 = 2 car f est croissante. Donc, f ([0, 2]) ⊂ [0, 2], i.e. que [0, 2] est stable par f .
Ainsi, puisque u0 = 1, pour tout n ∈ N, f (un ) ∈ [0, 2] et u est donc minorée par 0 et majorée par 2.
Puisque la suite u est croissante et majorée par 2, elle est convergente. De plus, puisqu’elle converge, elle le fait nécessairement vers un
point fixe de f . Or, ℓ est un point fixe de f si et seulement si f (ℓ) = ℓ ce qui équivaut après mise au carrée à ℓ2 − ℓ − 2 = 0. Le trinôme
x 2 − x − 2 a pour discriminant ∆ = 1 + 8 = 9 et possède donc deux racines réelles x1 = −1 et x2 = 1. Puisque x1 < 0, on peut conclure
que la suite u converge vers 2.
Exercice 6.47
1. Pour tout x ⩾ 0, f (x) ⩾ 0 donc R+ est stable par f . Ainsi, puisque u0 = 4 ⩾ 0, la suite u est bien définie. De plus, la fonction f est
décroissante car la fonction inverse l’est.
2. Puisque f est décroissante, f ◦ f est donc croissante. Pour tout x ⩾ 0,
4 4 4(x + 2) 2x + 4
(f ◦ f )(x) = f = 4
= = .
x +2 x+2
+2 4 + 2(x + 2) x +4
Les points fixes de f ◦f sont donc les points ℓ tels que (f ◦f )(ℓ) = ℓ ⇔
2ℓ+4
ℓ+4
= ℓ ⇔ 2ℓ+4 = ℓ(ℓ+4) ce qui équivaut à ℓ2 +2ℓ−4 = 0. Or, le
√ √
trinôme x 2 +2x −4 a pour discriminant ∆ = 4+16 = 20 et possède donc deux racines réelles distinctes données par x1 = −2−2 20 = −1− 5
√
−2+ 20
√ √
et x2 = 2
= −1 + 5. Or, x1 < 0 donc le seul point fixe de f ◦ f est ℓ = −1 + 5.
√
3. On sait que, si u converge, alors elle converge vers ℓ = −1 + 5. Afin de savoir si u converge, il nous faut à présent étudier les suites
(u2n )n∈N et (u2n+1 )n∈N .
◦ v = (u2n )n∈N : Puisque vn+1 = (f ◦ f )(vn ) et f ◦ f est croissante, on sait que (vn ) sera monotone et il nous faut comparer v0 et v1
pour déterminer son sens de variation. Or, on sait que v0 = u0 = 4 et
2 4 4 3
v1 = u2 = f (f (u0 )) = f = 2
= 8
= ⩽ 4 = v0 .
3 3
+2 3
2
Ainsi, v est décroissante. Puisque, v est minorée par ℓ (car f ◦f est croissante donc ℓ ⩽ u0 = v0 implique ℓ = (f ◦f )(ℓ) ⩽ (f ◦f )(u0 ) = v1
et ainsi de suite), on peut conclure que v est une suite convergente. Or, ℓ étant l’unique point fixe de f ◦ f dans R+ , on peut conclure
que (u2n )n∈N converge vers ℓ.
◦ w = (u2n+1 ) : Puisque wn+1 = (f ◦ f )(wn ) et f ◦ f est croissante, on sait que w sera monotone et il nous faut comparer w0 et w1
pour déterminer son sens de variation. Or, on sait que w0 = u1 = 32 et
2
2× 3
+4 4 + 12 16 2
w1 = u3 = f (f (u1 )) = 2
= = ⩾ = w0 .
3
+4 2 + 12 14 3
Ainsi, wn est croissante. Puisque, (wn ) est majorée par ℓ (même raison), on peut conclure que w est une suite convergente. Or, ℓ
étant l’unique point fixe de f ◦ f dans R+ , on peut conclure que (u2n+1 )n∈N converge vers ℓ.
√
On a donc montré que les deux suites extraites (u2n )n∈N et √
(u2n+1 )n∈N sont convergentes et convergent vers la même limite ℓ = −1 + 5.
On peut donc conclure que la suite u converge vers −1 + 5.
Exercice 6.52
1. On a pour tout n ∈ N, vn+1 = 1
un+1
= 2un +1
un
=2+ 1
un
= 2 + vn donc v est arithmétique de raison 2 et v0 = 1
u0
= 1.
4. Pour tout n ∈ N, on a 1 + 2(n + 1) = 1 + 2n + 2 ⩾ 1 + 2n et donc un+1 ⩽ un et la suite u est donc décroissante. Or, u est minorée par
0 donc, puisqu’elle est décroissante, elle converge. Or, si u converge vers ℓ alors ℓ = 2ℓ+1
ℓ
⇔ 2ℓ2 + ℓ = ℓ ⇔ 2ℓ2 = 0 ⇔ ℓ = 0. Donc u
converge vers 0 (on le savait aisément par l’expression obtenue à la question 2.
Exercice 6.59
1. On a u0 = 3, u1 = 5
2
et u2 = 16
7
donc (un )n∈N n’est ni arithmétique, ni géométrique.
2. Soit n ∈ N,
4un −2
un+1 − 2 un +1
−2 4un − 2 − 2(un + 1) 2un − 4 2
vn+1 = = 4un −2
= = = vn
un+1 − 1 un +1
−1 4un − 2 − (un + 1) 3un − 3 3
Exercice 6.61
1. On a, pour n ∈ N, vn+1 = un+1 − 6 = 12 un + 3 − 6 = 12 un − 3 = 12 (un − 6) = 1
v .
2 n
Donc, v est une suite géométrique de raison 1
2
et de
premier terme v0 = u0 − 6 = −4.
n n
2. Pour n ∈ N, on a vn = −4 21 et donc un = vn + 6 = 6 − 4 12 .
n+1
1− 1
2 1 n+1 1 n+1
3. Pour n ∈ N, Sn = −4 × et Sn′ = Sn + 6(n + 1) = 6(n + 1) − 8 1 − .
1 = −8 1 − 2 2
1− 2
Exercice 6.63
1. Il s’agit d’une suite arithmético-géométrique. On commence par déterminer ℓ ∈ R tel que 2ℓ = 5ℓ + 2 ce qui donne ℓ = − 23 . On considère
alors la suite de terme général vn = un −ℓ = un + 23 . On a alors, pour n ∈ N, vn+1 = un+1 + 23 = 52 un +1+ 23 = 52 un + 53 = 52 un + 32 = 52 vn
8 5 n
donc la suite v est géométrique de raison 2 et de premier terme v0 = u0 + 3 = 3 . Ainsi, pour tout n ∈ N, vn = 3 2
5 2 8
et donc
n
un = − 32 + 83 52 .
2. Il s’agit d’une suite arithmético-géométrique. On commence par déterminer ℓ ∈ R telle que ℓ = 1 − ℓ ce qui donne ℓ = 21 . On considère
alors la suite v définie pour n ∈ N par vn = un − ℓ = un − 12 . On a alors, pour n ∈ N, vn+1 = un+1 − 12 = 1 − un − 12 = 12 − un = −vn ,
donc la suite v est géométrique de raison −1 et de premier terme v0 = u0 − 12 = 23 . Ainsi, pour tout n ∈ N vn = 23 (−1)n et donc
un = 12 + 32 (−1)n .
3. On commence par remarquer que, pour tout n ∈ N, 2un+1 − 2un + 1 = 0 ce qui équivaut à un+1 = un − 12 . La suite u est donc une suite
arithmétique de raison r = − 21 et de premier terme u0 = 4. Ainsi, pour tout n ∈ N, un = u0 + nr = 4 − n2 .
CHAPITRE 7
Dans le chapitre 4, nous avons introduit le produit scalaire de deux vecteurs, qui nous permet de dire
si deux vecteurs sont orthogonaux ou non. En réalité, cette nouvelle opération nous permet de définir la
distance euclidienne entre deux points comme nous allons le voir à présent.
Remarque. La définition précédente a bien un sens car on a vu que pour tout vecteur →
−
u , on a ⟨→
−
u ,→
−u ⟩ ⩾ 0.
−→ −→ √
Exemple. On considère les points A = (1, 1) et B = (4, 3). Alors, AB = (3, 2) et donc ∥AB∥ = 9 + 4 =
√
13.
∥→
−
u +→
−
v ∥2 = ∥→
−
u ∥2 + 2⟨→
−
u ,→
−
v ⟩ + ∥→
−
v ∥2 .
Remarque. C’est une généralisation en deux dimensions de l’identité remarquable (a+b)2 = a2 +2ab+b2
avec a, b ∈ R. En effet, si l’on considère →
−
u = (a, 0) et →
−
u = (b, 0), alors on a ∥→
−
u +→
−
v ∥2 = ∥(a+b, 0)∥2 =
→
− →
− →
− →
−
(a + b)2 et ∥ u ∥2 + 2⟨ u , v ⟩ + ∥ v ∥2 = a2 + 2ab + b2 .
Démonstration. Soient → −
u et →−
u deux vecteurs. En utilisant les propriétés (voir proposition 4.70) du produit
scalaire, on a les égalités suivantes :
∥→
−
u +→
−
v ∥2 = ⟨→
−
u +→−
v ,→
−
u +→−
v ⟩ = ⟨→
−
u ,→
−
u +→
−
v ⟩ + ⟨→
−
v ,→
−
u +→
−
v⟩
→
− →
− →− →
− →
− →
− →
− →
−
= ⟨u, u⟩+⟨u, v ⟩+⟨v , u⟩+⟨v , v ⟩
= ∥→
−
u ∥2 + 2⟨→
−
u ,→
−
v ⟩ + ∥→
−
v ∥2
d’où le résultat.
Démonstration. Soient → −
u et → −
v deux vecteurs. Pour t ∈ R, on définit P (t) = ⟨→ −u + t→−v ,→
−
u + t→−v ⟩.
→
− →
−
Comme, pour tout t ∈ R, P (t) est le produit scalaire du vecteur u + t v avec lui-même, ce qui implique
que pour tout t ∈ R, P (t) ⩾ 0. En utilisant les propriétés de calcul du produit scalaire, on a, pour t ∈ R,
P (t) = ⟨→
−
u ,→
−
u ⟩ + 2⟨→
−u ,→
−v ⟩t + ⟨→
−
v ,→
−
v ⟩t 2 . Ainsi, P est un polynôme du second degré de variable t. De
plus, comme pour tout t ∈ R, P (t) ⩾ 0, on sait que le discriminant ∆ de P est négatif ou nul : on a donc
∆ = 4⟨→
−
u ,→
−
v ⟩2 − 4⟨→
−
u ,→
−
u ⟩⟨→
−
v ,→
−
v⟩⩽0
Définition 7.4. La distance euclidienne entre les points P et Q, notée d(P, Q) ou P Q, est définie par
−→
d(P, Q) = ∥P Q∥. Si les pointspP et Q ont respectivement pour coordonnées les couples (xP , yP ) et
(xQ , yQ ), alors on a d(P, Q) = (xQ − xP )2 + (yQ − yP )2 .
√ √
Exemple. On considère les points A = (1, 2) et O = (0, 0). On a que d(O, A) = 22 + 12 = 5.
Proposition 7.5. La distance euclidienne est une application d qui prend en entrée un couple de points
(P, Q) du plan, qui renvoie un réel et qui satisfait les propriétés suivantes.
◦ Positivité. Pour tous points P et Q dans le plan euclidien, on a d(P, Q) ⩾ 0, avec égalité si, et
seulement si, P = Q.
Remarque – Le cas de l’espace euclidien. On peut généraliser la notion de distance euclidienne à l’espace
euclidien, en utilisant le produit scalaire de R3 . Ainsi, pour deux points Pp= (xP , yP , zP ) et Q = (xQ , yQ , zQ )
de l’espace euclidien, la distance euclidienne est donnée par d(P, Q) = (xQ − xP )2 + (yQ − yP )2 + (zQ − zP )2 .
Cette distance satisfait également les propriétés présentées en proposition 7.5.
Exercice 7.6 – Identité du parallélogramme. Soit [ABCD] un parallélogramme du plan euclidien. Mon-
trer que AB 2 + BC 2 + CD2 + DA2 = AC 2 + BD2 .
Exercice 7.7 – Théorèmes de la médiane. On considère un triangle [ABC] du plan euclidien. On note
I le milieu du segment [BC].
1. Démontrer que AB 2 + AC 2 = 2BI 2 + 2AI 2 .
−→ −→
2. Démontrer que ⟨AB, AC⟩ = AI 2 − 14 BC 2 .
Définition 7.8 – Médiatrice. La droite des points M satisfaisant d(A, M) = d(B, M) est la médiatrice
du segment [AB].
Proposition 7.10. Soient A = (xA , yA ) et B = (xB , yB ) deux points distincts du plan euclidien. La
−→
médiatrice du segment [AB] est la droite de vecteur normal AB passant par le point I, milieu de [AB],
de coordonnées
xA + xB yA + yB
I= , .
2 2
Exemple. On considère les points A = (−5, 3) et B = (2, 1). Alors une équation cartésienne de la
médiatrice du segment [AB] est donnée par 14x − 4y + 29 = 0 et une équation paramétrique est donnée
par
x(t) = 4t − 1
, t ∈ R.
y (t) = 14t + 15 4
Exercice 7.11. Déterminer une équation cartésienne de la médiatrice des segments [AB] avec les points
A et B suivants :
1. A = (3, 2) et B = (7, 3), 3. A = (−2, −1) et B = (6, 4),
2. A = (0, 4) et B = (−2, 1), 4. A = (5, 3) et B = (8, 4).
Lemme 7.14 – Produit scalaire et projeté orthogonal. Considérons A, B et C trois points du plan
euclidien deux à deux distincts, et notons H le projeté orthogonal de C sur la droite (AB). On a l’égalité
−→ −→ −→ −→
⟨AB, AC⟩ = ⟨AB, AH⟩.
Démonstration. Fixons A, B et C, trois points du plan deux à deux distincts, et notons H le projeté
orthogonal de C sur la droite (AB). On a
−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
⟨AB, AC⟩ = ⟨AB, AH + HC⟩ = ⟨AB, AH⟩ + ⟨AB, HC⟩
−→ −→
Or, par définition du projeté orthogonal H de C sur la droite (AB), les vecteurs AB et HC sont ortho-
−→ −→
gonaux, donc le produit scalaire de ces deux vecteurs est nul. Finalement, on a donc que ⟨AB, AC⟩ =
−→ −→
⟨AB, AH⟩.
Proposition 7.15. Considérons A, B et C trois points du plan euclidien deux à deux distincts, et notons
7.1 La distance euclidienne 159
Remarque. Cette proposition nous affirme donc que l’on peut calculer le produit scalaire de deux vecteurs
en multipliant deux longueurs (et en faisant attention au signe).
Démonstration. Fixons A, B et C trois points du plan deux à deux distincts et notons H le projeté
−→ −→
orthogonal de C sur la droite (AB). Rappelons que par définition les vecteurs AB et AH sont colinéaires.
−→ −→
AB AH
◦ Supposons que H ∈ [AB), ce qui est équivalent à dire que − → = −→ . D’après le lemme 7.14, on
∥AB∥ ∥AH∥
a −→ −→
−→ −→ −→ −→ −→ AB −→ ∥AH∥ −→ −→
⟨AB, AC⟩ = ⟨AB, AH⟩ = ⟨AB, −→ × ∥AH∥⟩ = −→ × ⟨AB, AB⟩
∥AB∥ ∥AB∥
−→
∥AH∥ −→ −→ −→
= −→ × ∥AB∥2 = ∥AB∥ × ∥AH∥.
∥AB∥
ce qu’il fallait démontrer.
◦ Supposons maintenant que H ∈
/ [AB), ce qui est équivalent à dire que
−→ −→
AB AH
−→ = − −→ .
∥AB∥ ∥AH∥
Il suffit alors de reprendre le même calcul en utilisant cette nouvelle égalité à la place de celle du
premier cas pour trouver le résultat attendu.
Définition 7.17. La distance d’un point P à une droite D, que l’on note d(P, D) est le minimum des
distances entre Q ∈ D et P , c’est-à-dire
−→
d(P, D) = min{∥P Q∥ | Q est un point de D}.
Remarque. La définition de cette distance fait intervenir le minimum d’un ensemble de réels. Or, tout
ensemble de réels n’admet pas forcément de minimum : la proposition ci-dessous justifie que dans le cas
de cette distance à une droite, c’est toujours le cas.
On a ici une définition de la distance entre un point et une droite qui est en réalité peu pratique à l’usage.
Heureusement, on dispose d’une formule explicite.
160 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie
Proposition 7.18 – Distance d’un point à une droite. Soit D une droite d’équation cartésienne ax +
by + c = 0 (avec a et b non simultanément nuls) et soit P = (xP , yP ) un point du plan. Alors,
|axP + byP + c|
d(P, D) = √ ,
a2 + b 2
−−→
et cette distance est atteinte en le projeté orthogonal Q0 de P sur D, c’est-à-dire d(P, D) = ∥P Q0 ∥.
Ceci est illustré à la figure 7.1.
y
4
P
3 ×
2 M D
×
1 × Q0
x
−2 −1 0 1 2 3 4 5 6
−1
−2
|2 × 2 + 3 × 0 + 4| 8
d(P, D) = √
2 2
=√ .
2 +3 13
Remarque – À propos de l’espace euclidien. De la même manière que dans la proposition précédente,
on définit le projeté orthogonal d’un point de l’espace euclidien sur un plan. Soit P un plan d’équation
cartésienne ax + by + cz = d avec (a, b, c) ̸= (0, 0, 0), et soit P = (xP , yP , zP ) un point de l’espace.
Alors
|axP + byP + czP + d|
d(P, P) = √ ,
a2 + b 2 + c 2
et cette distance est atteinte en le projeté orthogonal Q0 de P sur P.
7.1 La distance euclidienne 161
Proposition 7.20. Soient Ω un point du plan euclidien de coordonnées Ω = (a, b) et r un nombre réel
positif. Alors CΩ,r = {M = (x, y ) | (x − a)2 + (y − b)2 = r 2 } et l’équation (x − a)2 + (y − b)2 = r 2 est
appelée l’équation cartésienne du cercle CΩ,r .
Démonstration. Soit M = (x, y ) un point à une distance r > 0 du point Ω = (a, b). On a donc
d(M, Ω) = r . Comme r est positif, cette égalité est équivalente à d(M, Ω) = r , ce qui ce réécrit (x −
a)2 + (y − b)2 = r 2 .
Exemple. L’équation du cercle de centre Ω et de rayon r pour Ω = (1, 2) et r = 2 est donnée par
(x − 2)2 + (y − 1)2 = 4. On illustre cela en figure 7.2.
y
4
1 ×
Ω x
−2 −1 1 2 3 4 5 6
−1
−2
Définition 7.21. Soit CΩ,r un cercle de centre Ω et de rayon r > 0. Un diamètre du cercle CΩ,r est la
donnée de deux points A et B du cercle tels que Ω soit le milieu du segment [AB].
Proposition 7.22. Soient A et B deux points du plan et soit C le cercle de diamètre [AB]. Un point M
−−→ −−→
appartient au cercle C si et seulement si ⟨MA, MB⟩ = 0.
Démonstration. Soient A et B deux points du plan et C le cercle de diamètre [AB]. On note Ω le milieu
−→
du segment [AB], qui est aussi le centre du cercle C . Le rayon du cercle C est égal à 21 ∥AB∥. Soit M un
point du plan. On a les égalités suivantes :
−→ −−→ −−→ −−→ −−→
∥AB∥2 = ∥AM∥2 + ∥MB∥2 + 2⟨AM, MB⟩
−→ −−→ −−→ −→ −−→ −−→
= ∥AΩ + ΩM∥2 + ∥MΩ + ΩB∥2 − 2⟨MA, MB⟩
−→ −−→ −→ −−→ −−→ −→ −−→ −→ −−→ −−→
= ∥AΩ∥2 + ∥ΩM∥2 + 2⟨AΩ, ΩM⟩ + ∥MΩ∥2 + ∥ΩB∥2 + 2⟨MΩ, ΩB⟩ − 2⟨MA, MB⟩
−→ −−→ −−→ −→ −→ −−→ −→ −−→ −−→ −−→
= ∥AΩ∥2 + ∥ΩM∥2 + ∥MΩ∥2 + ∥ΩB∥2 + 2⟨AΩ, ΩM⟩ − 2⟨ΩB, ΩM⟩ − 2⟨MA, MB⟩
−→ −−→ −−→ −→ −→ −→ −−→ −−→ −−→
= ∥AΩ∥2 + ∥MΩ∥2 + ∥MΩ∥2 + ∥ΩB∥2 + 2⟨AΩ − ΩB, ΩM⟩ − 2⟨MA, MB⟩
−→ −→ −→ −→ −→ −−→ −−→ −−→
On a donc, comme AΩ = 21 AB = ΩB, on a finalement que ∥AB∥2 = 21 ∥AB∥2 + 2∥MΩ∥2 − 2⟨MA, MB⟩
−→ −−→ −−→ −−→
ce qui est équivalent à 21 ∥AB∥2 = 2∥MΩ∥2 − 2⟨MA, MB⟩. Supposons que M est un point du cercle C ,
−→ −−→ −→
c’est-à-dire que d(M, Ω) = 21 ∥AB∥. Cela implique donc que ∥MΩ∥2 = 14 ∥AB∥2 , et donc d’après l’équation
162 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie
−−→ −−→
précédente, cela implique que ⟨MA, MB⟩ = 0.
−−→ −−→ −→ −−→ 1 −→ −−→
Supposons à présent que ⟨MA, MB⟩ = 0. On a alors 12 ∥AB∥2 = 2∥MΩ∥2 donc 2 ∥AB∥ = ∥MΩ∥ : le
point M est donc un point du cercle de diamètre [AB].
7.2.1 Définition
Dans toute cette section, on se place dans le plan euclidien, c’est-à-dire l’ensemble des vecteurs R2
muni du produit scalaire défini précédemment. On fixe ici une orientation sur R2 , qui est représentée par
la flèche en bleu du dessin ci-dessous.
Notez qu’on a fait ici un choix arbitraire d’orientation, car on aurait pu prendre la flèche bleue dans l’autre
sens. Cette orientation est communément appelée sens trigonométrique (contrairement à l’autre choix,
qui est le sens horaire, en référence au sens de rotation des aiguilles d’une montre). Donnons ici quelques
définitions liées à la notion de vecteur et utiles par la suite.
−−→ −
Rappelons que pour tout vecteur →
−
v , il existe un point M du plan tel que OM = →
v.
Définition 7.28. Un angle orienté est la donnée d’un couple (ordonné) de deux vecteurs unitaires (→
−
v ,→
−
w ).
[
Soient trois points du plan A, B et C, avec A distincts de B et de C. On note par BAC, l’angle orienté
formé par le couple de vecteurs unitaires
−→ −→ !
[ = AB AC
BAC −→ , −→ .
∥AB∥ ∥AC∥
7.2 La notion d’angle 163
Soient (→−
v ,→
−
w ) et (→
−
v ′, →
−
w ′ ) deux angles orientés : on note P, Q, P ′ et Q′ les points du plan tels que
→
− −→ −
−→ −−→′ −−→
v = OP , w = OQ, v = OP et →
→
− →
− ′ −
w ′ = OQ′ . Les angles (→
−
v ,→
−
w ) et (→
− v ′, →
−
w ′ ) sont dits égaux s’il existe
′ ′
une rotation de centre O qui envoie P sur P et Q sur Q .
Remarques.
◦ Il y a ici un flou sur la définition de l’égalité de deux angles car nous n’avons jamais défini la notion
de rotation.
◦ On notera que pour trois points du plan A, B et C, les angles BAC [ et CAB[ sont différents car on
prend en compte l’orientation du plan comme illustré à la figure 7.3a.
Proposition 7.29 – Angles alternes/internes – angles opposés. On considère deux droites parallèles
(AB) et (A′ B ′ ) et une droite ∆ qui coupe les segments [AB] et [A′ B ′ ] de telle sorte que A et A′ sont du
même coté de ∆. On note C (respectivement C ′ ) le point d’intersection de ∆ et (AB) (respectivement
−→ −−→ −→ −−→ −−→ −−→
(A′ B ′ )). Alors les angles (CB, C ′ C), (CA, CC ′ ) et (C ′ A′ , CC ′ ) sont égaux. On illustre cela à la figure
7.3b.
C B
×
A C B′
× ×
[
BAC
′
A× C′
[
CAB
A B
I
×
C ′′
−→ −−→ −→ −−→
Démonstration. La rotation centrée en C d’angle π envoie l’angle (CB, C ′ C) sur l’angle (CA, CC ′ ) d’où
−−→
l’égalité. La translation de vecteur CC ′ envoie le point A sur A′ , le point C sur C ′ et le point C ′ sur C ′′
−→ −−→′ −−→ −−−→ −−−→ −−→
donc l’angle (CA, CC ) est égal à l’angle (CA′ , C ′ C ′′ ), or C ′ C ′′ = CC ′ , d’où l’égalité annoncée.
−→ −→
[ ⟨AB, AC⟩
cos(BAC) = −→ −→ .
∥AB∥∥AC∥
Remarque – Interprétation géométrique du cosinus d’un angle. D’après la proposition 7.15, le cosinus
−→ −→ −→
d’un angle correspond à une longueur avec un signe. Pour deux vecteurs AB et AC, si on note →−
u = AB−→
∥AB∥
−→ −→
et →
−
w = − AC
→ , et si on note P , le projeté orthogonal du point M sur la droite (AB), alors on a AP =
∥AC∥
[ →
cos(BAC) −u . On illustre cette interprétation géométrique à la figure 7.4.
M
M
−
→
w
−
→
w
−
→
u
A P B
A −
→
u
[ >0
cos(BAC)
P B
[ <0
cos(BAC)
Théorème 7.31 – Théorème d’Al-Kashi. Soient A, B et C, trois points du plan. On a l’égalité suivante
BC 2 = AB 2 + AC 2 − 2AB · AC cos(BAC).
[
−→ −→ −→
Démonstration. Soient A, B, C trois points du plan. On a BC 2 = ∥BC∥2 = ∥AC − AB∥2 donc BC 2 =
−→ −→ −→ −→
∥AC∥2 − 2⟨AC, AB⟩ + ∥AB∥2 = AB 2 + AC 2 − 2AB · AC cos(BAC).
[
Définition 7.32 – Sinus d’un angle. Soient trois points du plan A, B et C, avec A différent de B et de
C. Le sinus de l’angle BAC [ est défini par
d noté sin(BAC)
−−→ −→
[ \′
⟨AB ′ , AC⟩
sin(BAC) = cos(B AC) = −−→ −→ .
∥AB ′ ∥∥AC∥
−−→
où le point B ′ est le point du plan tel que AB ′ = (yA − yB , xB − xA ).
Proposition 7.33 – Sinus et déterminant. Soient trois points du plan A, B et C, avec A différent de B
et de C. On a l’égalité
−→ −→
[ = det(
sin(BAC)
AB, AC)
−→ −→ .
∥AB∥∥AC∥
−−→ −→
Démonstration. Directement depuis la définition : il suffit de faire le calcul de ⟨AB ′ , AC⟩ pour voir appa-
−→ −−→′
raître le déterminant, et remarquer que AB et AB ont la même norme.
Remarque – Interprétation géométrique du sinus d’un angle. Le sinus d’un angle peut donc s’inter-
−→ −→
préter graphiquement, toujours d’après la proposition 7.15. Pour deux vecteurs AB et AC, si l’on note
−→ −−→′ −→
→
−u = − AB → − AB →
− AC
→ , v = −−→′ et w = −→ , et si on note P , le projeté orthogonal du point M sur la droite
∥AB∥ ∥AB ∥ ∥AC∥
−→ [ → −
(AB ′ ), alors AP = sin(BAC) v . On illustre cela à la figure 7.5.
C −
→
v
−
→
v
P −
→
u
−
→
−−−→ w
−
→
sin(BAC) −−−→ A w B
−
→
u sin(BAC)
A B P
Démonstration.
−−→ −→
AC
◦ On considère le point M tel que AM = −→ et H le projeté orthogonal de M sur la droite (AB).
∥AC∥
Le triangle [AHM] est donc rectangle en H. On a donc que AM 2 = AH 2 + HM 2 , donc 1 =
−→ −→ −→ −→
cos(AB, AC)2 + sin(AB, AC)2 d’après les interprétations géométriques du cosinus et du sinus.
−→ −→ −→ −→
◦ On a par définition que | cos(AB, AC)| = |⟨−AB, AC⟩|
→ −→ . Par l’inégalité de Cauchy–Schwarz (voir propo-
∥AB∥∥AC∥
−→ −→
sition 7.3), on obtient directement que | cos(AB, AC)| ⩽ 1, d’où le résultat. L’encadrement du sinus
découle directement de ce résultat.
Exercice 7.36 – Formule de Héron. On considère A, B et C trois points distincts deux à deux du plan
euclidien et [ABC] le triangle formé par ces trois points. On note a = BC, b = AC et c = AB et p ∈ R+ ,
le demi-périmètre du triangle [ABC], c’est-à-dire le nombre qui satisfait 2p = a + b + c.
−→ −→ 2 2 −a2 )2
1. Montrer que sin(AB, AC)2 = 1 − (b +c 4b2 c 2 .
−→ −→ 2
2. En déduire que sin(AB, AC) = (a+b+c)(a+b−c)(b+c−a)(c+a−b)
4b2 c 2 .
√
−→ −→ p(p−a)(p−b)(p−c)
3. Montrer que | sin(AB, AC)| = 2 bc .
p
4. En déduire la formule de Héron Aire([ABC]) = p(p − a)(p − b)(p − c).
Définition 7.38 – Longueur d’arc. Soient N et P deux points du cercle trigonométrique. On appelle
⌢
subdivision de taille n ∈ N∗ de l’arc NP la donnée de n+1 points distincts M0 = N, M1 , . . . , Mn−1 , Mn = P
⌢
situés sur l’arc NP , ordonnés grâce au sens de parcours trigonométrique. À une telle subdivision, on associe
la somme des longueurs des segments [Mi Mi+1 ] : ℓM0 ,...,Mn = M0 M1 + M1 M2 + . . . + Mn−1 Mn . On appelle
⌢
longueur de l’arc MN, la limite lorsque n tend vers +∞ des longueurs ℓM0 ,...,Mn pour une suite de
subdivisions.
Remarque. Nous admettrons ici l’existence d’une telle limite et que celle-ci ne dépend pas de la suite de
subdivisions choisie.
166 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie
Définition 7.39 – Mesure principale d’un angle. On considère un angle donné par le couple ordonné
−
→ −−→
(→
−
v ,→
−
w ). On note M = (x, y ), le point du cercle trigonométrique tel que (→−v ,→
−
w ) = (OI, OM).
La mesure principale de l’angle (→−v ,→
−
w ) est définie de la manière suivante :
◦ si M appartient au demi-plan supérieur du plan euclidien, c’est-à-dire si y ⩾ 0, alors la mesure
−
→ −−→ ⌢
principale de l’angle (OI, OM) est la longueur de l’arc IM contenu dans le demi-plan supérieur ;
◦ si M appartient au demi-plan inférieur du plan euclidien, c’est-à-dire si y < 0, alors la mesure principale
−
→ −−→ ⌢
de l’angle (OI, OM) est la longueur de l’arc IM contenu dans le demi-plan inférieur multipliée par
−1.
θ ∈ [0, π]
M
O I O I
M
θ ∈] − π, 0]
Remarque – Lien avec la mesure en degré. Soient A, B et C trois points du plan deux à deux distincts.
[ l’angle du plan formé par les vecteurs −
On note BAC
→ −→
AB et AC.
180
◦ Si la mesure de BAC
[ en radian vaut x, alors sa mesure en degré vaut x ·
π .
π
◦ Si la mesure de BAC
[ en degré vaut y , alors sa mesure en radian vaut y ·
180 .
Par la suite, nous n’utiliserons que la mesure en radian des angles. Cependant, afin que vous puissiez vous
familiariser avec cette nouvelle manière de mesurer les angles, vous trouverez un tableau de correspon-
dances en table 7.1.
π π π π
Radian 0 6 4 3 2
Degré 0 30 45 60 90
Proposition 7.42 – Somme des angles d’un triangle. Soit [ABC] un triangle. La somme des mesures
principales des angles du triangle est égale à ±π.
Démonstration. On considère un triangle [ABC] non plat, c’est-à-dire que le point C n’appartient pas à
la droite (AB). On considère D la parallèle à (AB) passant par C. En utilisant la proposition des angles
alternes-internes et des angles opposés (voir proposition 7.29), on en déduit que la somme des angles est
égale à ±π. On illustre cela à la figure 7.7.
× ×
B A
Proposition 7.43 – Angle au centre. Soit C un cercle de centre O et soient A, B et C trois points
−→ −→
distincts de C . Alors, si θ est une mesure de l’angle (BA, BC), alors 2θ est une mesure de l’angle
−→ −→
(OA, OC). On illustre ce résultat à la figure 7.8.
B C
2θ
θ O O O
A A
θ
2θ
C B
▷ On considère le cas où A et C sont de part et d’autre de la droite (BD). Par ce qui précède, la
−→ −−→ −→ −−→
mesure principale de l’angle (OA, OD) est le double de la mesure principale de l’angle (BA, BD).
−−→ −→
De même, la mesure principale de l’angle (OD, OC) est le double de la mesure principale de
−−→ −→
l’angle (BD, BC). On obtient le résultat en sommant les deux égalités énoncées.
▷ On considère le cas où A et C sont dans le même demi-plan défini par la droite (BD). Par
−→ −−→
ce qui précède, la mesure principale de l’angle (OA, OD) est le double de la mesure principale
−→ −−→ −−→ −→
de l’angle (BA, BD). De même, la mesure principale de l’angle (OD, OC) est le double de la
−−→ −→
mesure principale de l’angle (BD, BC). On obtient le résultat en faisant la différence des deux
égalités énoncées.
−→ −→ AB −→ −→ BC
| cos(AB, AC)| = et | sin(AB, AC)| = .
AC AC
7.3. Trigonométrie
−
→ −−→
Définition 7.45 – Fonctions cosinus et sinus. Soit x une mesure de l’angle orienté (OI, OM) où M est
un point du cercle trigonométrique.
◦ On appelle cosinus de x, noté cos(x), l’abscisse du point M.
◦ On appelle sinus de x, noté sin(x), l’ordonnée du point M.
Ainsi, on a construit les fonctions
cos : R → R sin : R → R
et
x 7−→ cos(x) x 7−→ sin(x)
Remarque. La définition des fonctions cosinus et sinus coïncide avec les représentations géométriques
des cosinus et sinus d’angle que nous avions présentées à la section 7.2.2. Par la suite, nous ne ferons
pas de différence entre le cosinus d’un angle et le cosinus de ses mesures, de même pour le sinus.
−→
Définition 7.46 – Tangente. On considère la droite D de vecteur directeur OJ passant par I. Pour une
mesure d’angle x qui diffère de π2 +kπ avec k ∈ Z, on considère le point M de coordonnées (cos(x), sin(x)).
On note P le point d’intersection des droites D et (OM). On définit la tangente de x comme le réel
noté tan(x) qui satisfait
−
→ −→
IP = tan(x)OJ.
sin(x)
tan(x) = .
cos(x)
M tan(θ)
O N I
−→
◦ le point P , intersection de la droite (OM) et de la droite de vecteur directeur OJ passant par I, de
coordonnées (1, tan(x)).
−−→ −→
On applique le théorème de Thalès (voir théorème 4.43) pour obtenir qu’il existe λ ∈ R tel que ON = λOI
−−→ −
→ −−→ −→
et NM = λIP . Or, λ = cos(x) et NM = sin(x)OJ. On a donc
−
→ sin(x) −→
IP = OJ,
cos(x)
d’où le résultat.
Autrement dit, les fonctions cos et sin sont 2π-périodiques (voir définition 5.30).
Démonstration. Cela découle directement du fait que la circonférence du cercle trigonométrique est égale
à 2π.
M
M
π −θ π +θ P
2 2
θ
θ
π π
(a) Angles de mesure θ et 2 −θ (b) Angles de mesure θ et 2 +θ
π
Figure 7.10 – Décalage de 2 d’une mesure d’angle
π π π π
x 0 6 4 3 2
√ √
3 2 1
cos(x) 1 2 2 2 0
√ √
1 2 3
sin(x) 0 2 2 2 1
√
3
√
tan(x) 0 3 1 3 non définie
Démonstration. Commençons par noter que l’on ne considère que des angles de mesures principales
comprises entre 0 et π2 . Soit M le point de coordonnées (cos(x), sin(x)) pour x ∈ [0, π2 ]. Alors on a
cos(x) ⩾ 0 et sin(x) ⩾ 0.
−
→ −−→
◦ Soit M le point du cercle trigonométrique tel que l’angle (OI, OM) soit de mesure principale π2 . Alors
le point M est le point J = (0, 1), donc par définition, cos( π2 ) = 0 et sin( π2 ) = 1.
−
→ −−→
◦ Soit M le point du cercle trigonométrique tel que l’angle (OI, OM) soit de mesure principale π3 . Le
triangle [OIM] est isocèle en O avec un angle de π3 donc est équilatéral. Ainsi, la hauteur issue de
M est également la médiatrice du segment [OI] donc cos(x) = 12 . Comme √
pour x ∈ R, cos(x)2 +
sin(x)2 = 1, on a sin( π3 )2 = 43 et, comme sin(x) ⩾ 0, on a sin( π3 ) = 23 .
−→ −−→
◦ Soit M le point du cercle trigonométrique tel que l’angle (OI, OM) soit de mesure principale π4 . On
note N le projeté orthogonale de M sur la droite (OI) : le triangle [OMN] est rectangle en N avec
−−→ −−→ −−→ −−→
l’angle (ON, OM) de mesure principale π4 donc l’angle (MO, MN) est de mesure principale π4 : le
triangle [OMN] est isocèle en N donc cos( π4 ) = sin( π4√). Comme 1 = cos( π4 )2 + sin( π4 ) = 2 cos( π4 )2
et que cos( π4 ) > 0, on en déduit que cos( π4 ) = √12 = 22 = sin( π4 ).
π π π
◦ En remarquant que 6 = 2 − 3, on obtient le résultat souhaité en appliquant les relations de la
proposition 7.49.
On obtient les valeurs remarquables de la tangente en utilisant que pour tout x ∈ R \ { π2 + kπ | k ∈ Z},
sin(x)
on a tan(x) = cos(x) .
√ π
3 ×
√2 3 π
2 ×
2 4
1 π
2 ×
6
√ √
1 2 3
2 2 2
Dans les différentes propositions suivantes, le plus important est de retenir les différentes illustrations afin
de retrouver facilement les relations présentées, plutôt que de retenir par cœur celles-ci au risque de se
tromper.
Exercice 7.51. Résoudre dans R puis dans [0, 2π[ les équations suivantes :
1. cos(x) = −1, 4. sin(x) = 21 , 7. tan(x) = −1,
√
2. cos(x) = 1, 5. cos(x) = 3 8. sin(x) = √1 ,
2 , 2
×P ×P M × ×P
π−x
θ+π
θ θ x
−θ
×M M ×
Exercice 7.53. Donner les valeurs explicites des cosinus et sinus suivants :
1. cos − π6 , 3. cos 7π 5π
6 , 5. cos 6 ,
π 7π 5π
2. sin − 6 , 4. sin 6 , 6. sin 6 .
/ { π2 + kπ | k ∈ Z}, on a
Pour tous réels x et y tels que x, y , x + y ∈
tan(x) + tan(y )
tan(x + y ) = .
1 − tan(x) tan(y )
J
C
A
B β
α I
On étend ensuite ces deux égalités à tous les réels par périodicité des fonctions cosinus et sinus pour en
déduire le résultat souhaité.
/ { π2 + kπ | k ∈ Z}, on a
Soient α et β deux réels tels que α, β, α + β ∈
d’où le résultat.
7.3 Trigonométrie 173
π π
− π4 , calculer la valeur de cos π
Exercice 7.55. En remarquant que 12 = 3 12 .
◦ Formules de duplication.
▷ sin(2x) = 2 sin(x) cos(x), ▷ cos(2x) = (cos(x))2 − (sin(x))2 =
▷ tan(2x) = 2 tan(x) 2(cos(x))2 − 1 = 1 − 2(sin(x))2 ,
1−tan(x)2 ,
◦ Formules de linéarisation.
1+cos(2x) 1−cos(2x) 1−cos(2x)
▷ cos(x)2 = 2 , ▷ sin(x)2 = 2 , ▷ tan(x)2 = 1+cos(2x) .
Démonstration. Les formules de duplication découlent directement des formules d’addition (voir propo-
sition 7.54) en prenant a = x = b. Les formules de linéarisation du cosinus et du sinus ne sont qu’une
réécriture des formules de duplication cos(2x) = 2(cos(x))2 − 1 et cos(2x) = 1 − 2(sin(x))2 .
sin(θ)
0 ⩽ sin(θ) ⩽ θ ⩽ tan(θ) et cos(θ) ⩽ ⩽ 1.
θ
Démonstration.
donc on a sin(θ)
θ ⩽ 1 et en multipliant la seconde inégalité par cos(θ) ⩾ 0, on obtient cos(θ) ⩽ sin(θ)
θ , d’où
le résultat.
174 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie
Exercice 7.59. Soit x un réel. Exprimer les expressions suivantes en fonction de cos(x) ou de sin(x) :
1. cos(3x), 2. sin(3x), 3. cos(4x), 4. sin(4x).
Exercice 7.61. Soient a et b deux réels. Exprimer les quantités suivantes en fonction de cos(a + b) et
cos(a − b) ou sin(a + b) et sin(a − b) :
1. cos(a) cos(b), 2. sin(a) sin(b), 3. sin(a) cos(b), 4. cos(a) sin(b).
a+b
Exercice 7.62. Soient a et b deux réels. Exprimer les quantités suivantes en fonction de cos 2 ,
cos a−b a+b a+b
2 , sin 2 et sin 2 :
1. cos(a) + cos(b), 3. sin(a) + sin(b),
2. cos(a) − cos(b), 4. sin(a) − sin(b).
3. Calculer tan π8 .
−→ −→ −
→ − → −→ − → −
→ −
→ −
→ −→ −
→ − → −
→ − →
Exercice 7.7 1. On a AB 2 = ⟨AB, AB⟩ = ⟨AI + IB, AI + IB⟩ = ⟨AI, AI⟩ + 2⟨AI, IB⟩ + ⟨IB, IB⟩ donc AB 2 + AC 2 = AI 2 + IB 2 + 2⟨AI, IB⟩ +
−
→ − → −→ −
→
AI 2 + IC 2 + 2⟨AI, IC⟩. Or, comme I est le milieu de [BC], on a IC = −IB, donc AB 2 + AC 2 = 2AI 2 + 2IB 2 . Une autre manière de
démontrer cela est de voir le triangle [ABC] comme un demi-parallélogramme [ABDC] de diagonale [BC] et d’appliquer le résultat de
l’exercice 7.6 pour obtenir que 2AB 2 + 2AC 2 = 4AI 2 + 4BI 2 .
−→ −→ −→ − → − → − → −
→ − → − → − → −→ −→ −
→ − → −
→ −→
2. On a ⟨AB, AC⟩ = ⟨AI + IB, AI + IC⟩ = ⟨AI + IB, AI − IB⟩ donc ⟨AB, AC⟩ = AI 2 + ⟨AI, IB⟩ − ⟨AI, IB⟩ − IB 2 d’où le résultat.
−→
Exercice 7.9 1. Le vecteur directeur de la droite (AB) est AB = (xB − xA , yB − yA ) et puisque la médiatrice de [AB] a pour équation
cartésienne 2(xB − xA )x + 2(yB − yA )y + xA2 − xB2 + yA2 − yB2 = 0, elle a pour vecteur directeur (2(yB − yA ), 2(xB − xA )). Ces deux vecteurs
étant orthogonaux, la médiatrice du segment [AB] et la droite (AB) sont perpendiculaires.
2. Puisque ces deux droites sont perpendiculaires, elles se coupent un unique point de (AB) qui doit être équidistant de A et de B : il s’agit
donc du milieu du segment [AB]. Calculons ses coordonnées. La droite (AB) admet l’équation paramétrique
x = (xB − xA )t + xA
, t∈R.
y = (yB − yA )t + yA
Le point d’intersection de la médiatrice de [AB] et (AB) admet un paramètre t0 ∈ R qui est solution de l’équation
2(xB − xA )2 t + 2(yB − yA )2 t + 2(xB − xA )xA + 2(yB − yA )yA + xA2 − xB2 + yA2 − yB2 = 0
qui équivaut à
2 (xB − xA )2 + (yB − yA )2 t = (xB − xA )2 + (yB − yA )2 .
−→
Exercice 7.11 1. On a A = (3, 2) et B = (7, 3), donc le vecteur AB, qui est normal à la médiatrice, est de coordonnées (4, 1) et le milieu
de [AB] est de coordonnées (5, 2 ) donc une équation cartésienne de la médiatrice de [AB] est 4(x − 5) + y − 52 = 0 qui est équivalente
5
à 4x + y − 35
2
= 0.
−→
2. On a A = (0, 4) et B = (−2, 1), donc AB = (−2, −3) et le milieu de [AB] est de coordonnées (−1, 52 ) donc une équation cartésienne
de la médiatrice est −2(x + 1) − 3(y − 52 ) = 0.
−→
3. On a A = (−2, −1) et B = (6, 4), donc AB = (8, 5) et le milieu de [AB] est de coordonnées (2, 32 ) donc une équation cartésienne de la
médiatrice de [AB] est 8(x − 2) + 5(y − 32 ) = 0.
−→
4. On a A = (5, 3) et B = (8, 4), donc AB = (3, 1) et le milieu de [AB] est de coordonnées ( 13 , 7 ) donc une équation cartésienne de la
2 2
médiatrice de [AB] est 3(x − 13
2
) + y − 7
2
= 0.
Exercice 7.12 1. Comme le triangle [ABC] est non plat, alors les médiatrices des segments [AB] et [AC] s’intersectent en un point O.
Ainsi, comme O est un point de la médiatrice de [AB], on a OA = OB. De même, comme O est un point de la médiatrice de [AC], on
a OA = OC. On en déduit donc que OB = OC, donc que O est un point de la médiatrice du segment [BC], d’où le résultat.
2. On démontre l’existence d’un tel cercle en considérant le cercle de centre O et de rayon OA. Démontrons à présent que ce cercle est
unique. Soit donc un cercle passant par les points A, B et C. Le centre Ω de ce cercle est à égale distance de A et de B donc appartient
à la médiatrice du segment [AB]. De même, comme ΩA = ΩC, alors Ω est également un point de la médiatrice du segment [AC]. Le
point Ω est donc le point d’intersection des médiatrices des segments [AB] et [AC]. On a donc Ω = O d’où l’unicité du cercle circonscrit.
−−→ −→ −→ −→ −−→ −→ −→ −→
3. Notons M l’unique point du plan qui satisfait la relation OM = OA + OB + OC. Alors OM − OA = OB + OC. Notons à présent I le
−→ −→ −
→ − → − → −→ −−→ −
→ −−→
milieu du segment [BC]. On a OB + OC = 2OI + IB + IC = 2OI, donc finalement AM = 2OI. Le vecteur AM est donc orthogonal au
−→
vecteur BC donc M appartient à la hauteur de [ABC] issue de A. On reprend le même raisonnement pour montrer que M appartient à
la hauteur issue de B, donc M est l’intersection des hauteurs du triangle [ABC]. On a donc M = H d’où le résultat.
−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
⟨AD + AB, DA + DC⟩ = ⟨AD, DA⟩ + ⟨AD, DC⟩ + ⟨AB, DA⟩ + ⟨AB, DC⟩ = ⟨AB, AB⟩ − ⟨AD, AD⟩ = L2 − ℓ2
−→ −−→ −−→ −−→ −−→ − −→ −−→ − −→ −−→ − −→ −−→ − −→ −−→ − −→ −−→ −−→
2. On a ⟨AC, DB⟩ = ⟨AA′ + A′ C ′ + C ′ C, DB⟩ = ⟨AA′ , DB⟩ + ⟨A′ C ′ , DB⟩ + ⟨C ′ C, DB⟩ = ⟨A′ C ′ , DB⟩ = A′ C ′ × DB car AA′ et CC ′ sont
−
−→ −− →′ −−→
orthogonaux à BD et que A C est colinéaire à BD et de même sens.
′
3. Par le théorème de Pythagore, on a que DB 2 = L2 + ℓ2 . On obtient le résultat attendu en utilisant les deux premières questions.
176 Chapitre 7 – Longueur, angle et trigonométrie
Exercice 7.23 Une équation du cercle C est (x − 2)2 + (y − 1)2 = 1. Pour déterminer l’intersection de Dc et de C , on doit donc résoudre le
système (
x + 2y = c
(x − 2)2 + (y − 1)2 = 1
Ainsi, le nombre de points d’intersection dépend du nombre de solutions de la seconde équation, qui est du second degré. Calculons le
discriminant de celle-ci : on a ∆ = (2(2c − 3))2 − 4 × 5(c − 2)2 = 4(4c 2 − 6c + 9) − 4(5c 2 − 20c + 20) = 4(−c 2 + 14c − 11). Reste à
conclure (en travaillant sur le polynôme du second degré −c 2 + 14c − 11) sur le signe de ce discriminant :
√ √
◦ si c ∈]7 − 2 15, 7 + 2 15[, le discriminant est strictement positif, donc le système admet deux solutions, et donc Dc et C s’intersectent
en deux points distincts ;
√ √
◦ si c ∈ {7 − 2 15, 7 + 2 15}, alors le système admet une unique solution, donc Dc et C s’intersectent en un unique point (ce sont les
cas de tangence de la droite avec le cercle) ;
◦ dans les autres cas, la seconde équation du système n’admet aucune solution réelle donc l’intersection de C et Dc est vide.
1 −→ ∥−
→
v∥
Exercice 7.27 On a ∥−
→
v∥
v = ∥−
→
v∥
= 1.
−−→
Exercice 7.34 1. On considère H le projeté orthogonal de C sur la droite (AB). On considère également le point M qui satisfait AM =
−→ −→ −→
AC
−→ et on note H ′ le projeté orthogonal de M sur la droite (BC). La longueur MH ′ est égale à | sin(AB, AC)|. En appliquant le
∥AC∥
−→ −→
théorème de Thalès aux triangles [ACH] et [AMH ′ ], on montre que CH = AC × | sin(AB, AC)|. Donc l’aire du triangle [ABC] est égale
1 −→ −→
2
AB × AC × | sin(AB, AC)|.
−→ −→
2. On obtient directement que Aire([ABDC]) = AB × AC × | sin(AB, AC)| donc d’après la proposition 7.33, on a directement que
−→ −→
Aire([ABDC]) = | det(AB, AC)|.
−→ −→ −→ −→
Exercice 7.36 1. On sait d’après le théorème d’Al-Kashi (cf. théorème 7.31) que 2bc cos(AB, AB) = b2 + c 2 − a2 donc cos(AB, AB) =
b2 +c 2 −a2 −→ −→ 2 −→ −→ 2
2bc
. En passant l’égalité au carré et en utilisant la relation cos(AB, AC) + sin(AB, AC) = 1, on obtient le résultat souhaité.
2
−a ) 2 2 2
2. On a 1− (b +c4b2 c 2
= 1
4b2 c 2
(4b2 c 2 −(b2 +c 2 −a2 )2 ) = 1
4b2 c 2
(2bc −b2 −c 2 +a2 )(2bc +b2 +c 2 −a2 ) = 1
4b2 c 2
(a2 −(b−c)2 )((b+c)2 −a2 )
d’où le résultat.
−→ −→ 4 (a+b+c)(a+b−c)(b+c−a)(c+a−b) 4 (a+b+c) (a+b−c) (b+c−a) (c+a−b)
3. On a sin(AB, AC)2 = b2 c 2 16
= b2 c 2 2 2 2 2
= 4
b2 c 2
p(p − a)(p − b)(p − c) d’où le
résultat.
4. En appliquant un résultat de l’exercice 7.34, on trouve directement la formule souhaitée.
−−→ −→ −→ −→
Exercice 7.44 On considère M le point tel que AM = AC
−→ et on note H le projeté orthogonal de M sur la droite (AB). Alors | cos(AB, AC)| =
∥AC∥
AH. En appliquant le théorème de Thalès dans les triangles [AMH] et [ABC], les droites (BC) et (MH) étant parallèles, on obtient que
−→ −→ −→ −→ −→ −→ −→ −→
| cos(AB,AC)|
AB
1
= AC d’où | cos(AB, AC)| = AB
AC
. Toujours par Thalès, on obtient que | sin(AB,
BC
AC)| 1
= AC d’où | sin(AB, AC)| = BC
AC
.
Exercice 7.53
7.3 Trigonométrie 177
√
1. cos − π6 = cos π6 = 23 7π
= − sin π6 = − 21 .
π
4. sin 6
= sin π + 6
√
2. sin − π6 = − sin π6 = 12 .
5. cos 6 = cos π − π6 = − cos π6 = − 23 ,
5π
√
3. cos 7π = cos π + π6 = − cos π 3
, 6. sin 5π = sin π − π6 = sin π6 = 12 .
6 6
=− 2 6
Exercice 7.55 On a
π π √ √ √
π π π π π 1 2 3 2
cos = cos − = cos cos + sin sin = × + ×
12 3 4 3 4 3 4 2 2 2 2
et donc √ √
π 2+ 6
cos = .
12 4
4. On a cos x3 ⩽ sin x3 si et seulement si √12 sin x3 − √12 cos x3 ⩾ 0 si et seulement si sin x3 − π4 ⩾ 0. Ainsi, cos x3 ⩽ sin x3
si et seulement si 3 − 4 ∈ [2kπ, π + 2kπ] , k ∈ Z ce qui équivaut à x ∈ 4 + 6kπ, 4 + 6kπ , k ∈ Z et finalement sur [0, 2π],
x π
3π 15π
Exercice 7.59 1. Soit x ∈ R. Remarquons que cos(3x) = cos(2x + x). On a ainsi que cos(3x) = cos(2x) cos(x) − sin(2x) sin(x) =
(2 cos(x)2 − 1) cos(x) − 2 sin(x)2 cos(x) = cos(x)(2 cos(x)2 − 1 − 2 + 2 cos(x)2 ) = 4 cos(x)3 − 3 cos(x).
2. Soit x ∈ R. On a sin(3x) = sin(2x + x) = sin(2x) cos(x) + cos(2x) sin(x) = 2 sin(x) cos(x)2 + sin(x)(2 cos(x)2 − 1) = sin(x)(4 cos(x)2 −
1) = sin(x)(3 − 4 sin(x)2 ) = 3 sin(x) − 4 sin(x)3 .
3. Soit x ∈ R. On a cos(4x) = cos(2 × 2x) = cos(2x)2 − sin(2x)2 = 4 cos(x)4 − 4 cos(x)2 + 1 − 4 sin(x)2 cos(x)2 = 4 cos(x)4 − 4 cos(x)2 +
1 − 4(1 − cos(x)2 ) cos(x)2 = 8 cos(x)4 − 8 cos(x)2 + 1.
4. Soit x ∈ R. On a sin(4x) = sin(2 × 2x) = 2 sin(2x) cos(2x) = 4 sin(x) cos(x)(1 − 2 sin(x)2 ) = 4 cos(x) sin(x) − 8 cos(x) sin(x)3 .
Exercice 7.60 Dans tout l’exercice, on ne calcule que des cosinus et des sinus d’angles de mesure θ comprises entre 0 et π2 , donc cos(θ) ⩾ 0
q q
1+cos(2θ) 1−cos(2θ)
et sin(θ) ⩾ 0. On a ainsi cos(θ) = 2
et sin(θ) = 2
. On obtient ainsi
π 1
p √ π
p √
1. cos( 12 ) = 2 2 + 3 5. sin( 12 ) = 21 2 − 3
√ √
q p q p
π
2. cos( 24 ) = 12 2 + 2 + 3 π
6. sin( 24 = 21 2 + 2 − 3)
r r
√ √
q p q p
π
3. cos( 48 ) = 12 2 + 2 + 2 + 3 π
7. sin( 48 ) = 21 2 + 2 + 2 − 3
s r s r
√ √
q p q p
π
4. cos( 96 ) = 12 2 + 2 + 2 + 2 + 3 π
8. sin( 96 ) = 21 2 + 2 + 2 + 2 − 3
Exercice 7.61
cos(a+b)+cos(a−b) sin(a+b)+sin(a−b)
1. cos(a) cos(b) = 2
3. sin(a) cos(b) = 2
cos(a−b)−cos(a+b) sin(a+b)−sin(a−b)
2. sin(a) sin(b) = 2
4. cos(a) sin(b) = 2
Exercice 7.62
a+b
cos a−b ; a+b a−b
;
1. cos(a) + cos(b) = 2 cos 2 2
3. sin(a) + sin(b) = 2 sin 2
cos 2
a+b a−b
; a+b a−b
.
2. cos(a) − cos(b) = −2 sin 2
sin 2
4. sin(a) − sin(b) = 2 cos 2
sin 2
Exercice 7.64 1. On a 2 sin 2θ S = 2 sin 2θ sin(θ) + 2 sin 2θ sin(2θ) + · · · + 2 sin 2θ sin(nθ). Or, comme d’après l’exercice 7.61 2.,
2 sin(a) sin(b) = cos(a−b)−cos(a+b), on a 2 sin 2 S = cos 2 θ − cos 2 θ + cos 52 θ − cos 32 θ +· · ·+ cos 2n+1
θ 3 1
θ − cos 2n−1
2 2
θ
donc 2 sin 2 S = cos 2 θ − cos n + 2 θ .
θ 1 1
sin n+1
2 θ sin( n θ)
2. En utilisant le résultat de l’exercice 7.62 2., on obtient directement que S = 2 .
sin 2θ
CHAPITRE 8
8.1. Limites
La notion de limite d’une fonction f en un point a est introduite afin de répondre à la question
suivante :
Deux situations sont susceptibles de nous intéresser : le nombre a peut être fini ou infini ce qui donne lieu
à des situations différentes que l’on se propose d’illustrer brièvement sur des exemples avant d’en donner
des définitions plus rigoureuses.
◦ Cas où a est fini. On distingue plusieurs cas.
▷ Lorsque x se rapproche de a, la valeur f (x) se rapproche d’une valeur finie ℓ, comme illustré en
figure 8.1a.
▷ Lorsque x se rapproche de a par la gauche, la valeur f (x) « croît indéfiniment », c’est-à-dire se
rapproche de +∞, comme illustré en figure 8.1b.
y y
f (x) •
ℓ • x =a
xa x x
Figure 8.1 – Étude de limite en une valeur finie a : deux premiers cas
y y
x =a
x =a
Figure 8.2 – Étude de limite en une valeur finie a : deux derniers cas
en plus grand (on dit qu’on regarde la limite de f lorsque x tend vers +∞), ou alors lorsque x devient
de plus en plus petit (on dit qu’on regarde la limite de f lorsque x tend vers −∞). On note que
les mêmes quatre situations peuvent se produire mais que graphiquement cela a des conséquences
différentes :
y y
y y
y =ℓ
x x
Maintenant que nous avons donné un panel des situations qui peuvent arriver, nous allons nous attacher à
introduire un cadre rigoureux afin de pouvoir par la suite définir les notions de continuité et de dérivabilité
et procéder enfin à des études de fonctions.
Exemple – Calculs d’adhérences. Voici quatre situations typiques qui suffiront à appréhender la notion
d’adhérence telle que nous en aurons besoin :
◦ si D = [0, 1[ alors D = [0, 1], ◦ si D =]0, +∞[ alors D = [0, +∞[,
◦ si D =]0, 1[ alors D = [0, 1], ◦ si D = R∗ = R \ {0} alors D = R.
Nous n’en dirons donc pas plus ici à ce sujet mais si vous êtes intéressé nous vous conseillons de consulter
[Tao22].
Définition 8.1.
y
Soient D un intervalle ou une union finie d’intervalles, f :
D → R et a ∈ D. On dit que f tend vers +∞ quand x
tend vers a si pour tout M ∈ R, il existe η > 0 tel que
pour tout x ∈ D, x ̸= a,
si a − η ⩽ x ⩽ a + η alors f (x) ⩾ M.
M
On dira également que f admet pour limite +∞ en a et
on notera lim f (x) = +∞.
x→a 0 a−η a x
Remarques.
◦ On définit bien entendu de même le fait que f ait pour limite −∞ en un point a de la façon suivante :
pour tout M ∈ R, il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, si a−η ⩽ x ⩽ a+η alors f (x) ⩽ M.
On note alors lim f (x) = −∞.
x→a
◦ Si f admet pour limite ±∞ en a alors on note que la courbe représentative de f s’approche indéfi-
niment de la droite verticale d’équation x = a. On dit alors que x = a est une asymptote verticale
à la courbe représentative de f .
Exemples.
◦ La fonction f définie pour tout x ∈ D = R∗ =] − ∞, 0[∪]0, +∞[ par f (x) = x12 admet pour limite
+∞ en 0 ∈ D. En effet, pour tout M > 0, si − √1M ⩽ x ⩽ √1M (on a donc pris η = √1M ) et x ̸= 0
alors f (x) = x12 ⩾ ( √11 )2 = M (on note que si M ⩽ 0, il est clair que f (x) = x12 ⩾ 0 ⩾ M pour tout
M
x ∈ R∗ ).
182 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
◦ La fonction f définie pour tout x ∈ R∗+ par f (x) = − x1 admet pour limite −∞ en 0 ∈ D. En effet,
1 1
pour tout M > 0, si x ̸= 0 et 0 ⩽ x ⩽ M (on a donc pris η = M ) alors f (x) = − x1 ⩽ − 11 = −M.
M
On note ici que, puisque f n’est définie que sur R∗+ , x ne peut se rapprocher de 0 que par la droite
(i.e. x > 0) et donc la condition a − η ⩽ x ⩽ a + η est ici équivalente à 0 ⩽ x ⩽ a + η. Cette idée
nous amènera dans la section 8.1.3 à introduire la notion de limite à gauche et de limite à droite.
Définition 8.2 – Limite finie en un point. Soient D un intervalle ou une union finie d’intervalles, f :
D → R et a ∈ D. On dit que f admet pour limite ℓ ∈ R en a, et on note lim f (x) = ℓ, si pour tout
x→a
ε > 0, il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a,
si a − η ⩽ x ⩽ a + η alors ℓ − ϵ ⩽ f (x) ⩽ ℓ + ϵ.
Remarques.
◦ Cette définition peut paraître difficile à appréhender mais il faut la rapprocher de la définition intuitive
introduite précédemment. On peut la lire comme ceci : peu importe l’écart ε que l’on fixe, il existe
un écart η tel que si la distance entre a et x est plus petite que η, alors l’écart entre f (x) et ℓ est
plus petite que ε. Autrement dit, on peut rendre f (x) aussi proche de ℓ qu’on le souhaite pour peu
qu’on prenne x suffisamment proche de a.
◦ On utilise ici la définition de limite dite « épointée », c’est-à-dire que l’on a demandé à ce que
ℓ − ϵ ⩽ f (x) ⩽ ℓ + ϵ (ou précédemment que f (x) ⩾ M) pour les x ∈ D tel que a − η ⩽ x ⩽ a + η
avec x ̸= a. Si l’on n’avait pas pris la définition de limite épointée (au sens « sans le point a »), nous
aurions enlevé la condition x ̸= a. Cette nuance peut paraître subtile mais elle est motivée par le fait
que cela nous permettra, par la suite, de bien distinguer l’existence d’une limite finie en un point et
la notion de continuité en ce point.
Exemples. Donnons quelques exemples nous permettant d’illustrer le côté intuitif de la notion de limite
finie en un point fini.
◦ La fonction carrée possède pour limite 0 en 0 (si ε > 0 on prend η = √1 ).
ε
◦ On considère la fonction f : x 7→ x + 7. On a,
▷ lim (x + 7) = 4 + 7 = 11, ▷ lim (x + 7) = −6 + 7 = 1.
x→4 x→−6
2
◦ On considère la fonction f : x 7→ x − x + 4. On a,
lim x 2 − x + 4 = 32 − 3 + 4 = 10
x→3
et √ √ √
x 2 − x + 4 = ( 3)2 − 3 + 4 = 7 − 3.
lim
√
x→ 3
2
◦ On considère la fonction f : x 7→ x−3 . On a,
2 2 2 2 4
▷ lim = = 2, ▷ lim1 = 1 =− .
x→4 x − 3 4−3 x→ 2 x −3 −3 5
2
√
◦ On considère la fonction f : x 7→ 2x + 3. On a,
√ √ √ √
▷ lim 2x + 3 = −2 + 3 = 1, ▷ lim1 2x + 3 = 1 + 3 = 2.
x→−1 x→ 2
Théorème 8.3 – Unicité de la limite. Si elle existe, la limite d’une fonction en un point est unique.
Démonstration. Cette preuve est analogue à celle du premier point du théorème 6.21 mais afin de vous
permettre de vous familiariser avec les notations propres à ce chapitre, nous la détaillons malgré tout.
8.1 Limites 183
Supposons par l’absurde que f : D → R admet deux limites ℓ ̸= ℓ′ en un point a ∈ D et supposons, sans
′
perte de généralité que ℓ > ℓ′ . On note alors ε = ℓ−ℓ
3 > 0 et par définition de la limite :
2
ℓ − ℓ′ = ℓ − f (x) + f (x) − ℓ′ = −(f (x) − ℓ) + f (x) − ℓ′ ⩽ 2ε = (ℓ − ℓ′ )
3
ce qui est absurde car ℓ − ℓ′ > 0. On a donc obtenu une contradiction et on en déduit que la limite, si
elle existe, est unique.
Proposition 8.4 – Caractérisation séquentielle de la limite. Soient D un intervalle ou une union finie
d’intervalles, f : D → R et a ∈ D. La fonction f admet une limite ℓ ∈ R en a si et seulement si pour
toute suite (un )n∈N de points de D qui converge vers a, la suite (f (un ))n∈N converge vers ℓ.
Démonstration. Commençons par démontrer le sens direct. Supposons donc que la fonction f admet
une limite ℓ en a, considérons une suite (un )n∈N de points de D convergente vers a et montrons que
(f (un ))n∈N converge vers ℓ. Soit ε > 0. Puisque, f tend vers ℓ en a, il existe η > 0 tel que pour tout
x ∈ D, x ̸= a,
si − η ⩽ x − a ⩽ η alors − ε ⩽ f (x) − ℓ ⩽ ε.
Or, u converge vers a donc il existe Nη ∈ N tel que, si n ⩾ Nη , −η ⩽ un − a ⩽ η, donc pour tout n ⩾ Nη ,
−ε ⩽ f (un ) − ℓ ⩽ ε. On a donc montré que pour tout ε > 0, il existe Nε = Nη ∈ N tel que, pour tout
entier n ⩾ Nε , −ε ⩽ f (un ) − ℓ ⩽ ε, i.e. (f (un ))n∈N converge vers ℓ.
Démontrons la réciproque et démontrons pour cela la contraposée. Montrons que si f n’admet pas ℓ
comme limite en a, alors il existe une suite u qui converge vers a telle que (f (un ))n∈N ne converge pas
vers ℓ. Puisque f n’admet pas ℓ comme limite en a, alors il existe ε > 0 tel que pour tout η > 0, il existe
x ∈ D, x ̸= a, tel que −η ⩽ x − a ⩽ η et |f (x) − ℓ| > ε, i.e. f (x) − ℓ > ε ou f (x) − ℓ < −ε. Pour n ∈ N
1
on pose η = n+1 , on construit ainsi une suite u tel que pour tout n ∈ N,
1 1
− ⩽ un − a ⩽
n+1 n+1
et |f (un ) − ℓ| > ε. On a donc construit une suite u qui converge vers a et telle que (f (un ))n∈N ne tend
pas vers ℓ, ce qui achève notre preuve.
Méthode. Pour montrer que f n’admet pas de limite en a, il suffit de trouver deux suites u et v qui
convergent vers a telles que (f (un ))n∈N et (f (vn ))n∈N ne convergent pas vers la même limite.
Exemple. On considère la fonction f définie sur R, impaire, 2-périodique, avec pour x ∈ [0, 1], f (x) = x
et dont la courbe représentative à été donnée en figure 5.12 page 114. On considère alors la fonction g
définie sur R∗+ définie par g(x) = f x1 . On note alors que :
1
◦ pour tout n ∈ N∗ , g 2n
= f (2n) = f (0) = 0,
1
◦ pour tout n ∈ N∗ , g 1+2n
= f (1 + 2n) = f (1) = 1.
On a donc construit deux suites u et v qui tendent vers 0 et telles que (g(un ))n∈N et (g(vn ))n∈N ne
convergent pas vers la même limite donc g n’admet pas de limite en 0.
184 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
Remarques.
◦ On dira de même qu’une fonction tend vers +∞ en −∞ si, étant donné un intervalle I non minoré,
pour tout M ∈ R, il existe un xM ∈ R tel que pour tout x ∈ I, si x ⩽ xM alors f (x) ⩾ M. On notera
alors lim f (x) = +∞.
x→−∞
◦ On définit de même le fait pour une fonction de tendre vers −∞ en +∞ (et bien sûr de façon
analogue en −∞). Plus précisément, on dira qu’une fonction f définie sur un intervalle non majoré
tend vers −∞ en +∞ si, pour tout M ∈ R, il existe xM ∈ R tel que pour tout x ∈ I, si x ⩾ xM alors
f (x) ⩽ M. On notera alors lim f (x) = −∞.
x→+∞
◦ Cette définition de limite infinie à l’infini est bien entendu à rapprocher de celle donnée pour les
suites lors de la définition 6.22. Le terme de « rang à partir duquel » utilisé pour les suites est alors
remplacé ici par « x ⩾ xM » mais l’idée est bien similaire.
Exemples.
◦ La fonction f : R →√R définie par f (x) = x 2 tend vers +∞ lorsque x → +∞ puisque, pour tout
M ∈ R, si x ⩾ xM = M, f (x) = x 2 ⩾ (xM )2 = M.
◦ On a les limites usuelles suivantes :
▷ lim x = +∞, ▷ lim x 2 = +∞,
x→+∞ x→+∞
si x ⩾ xε alors ℓ − ε ⩽ f (x) ⩽ ℓ + ε. ℓ
Remarque – Asymptote horizontale. Si f admet pour limite ℓ en ±∞ alors on note que la courbe
représentative de f s’approche indéfiniment de la droite horizontale d’équation y = ℓ lorsque x tend vers
±∞. On dit alors que y = ℓ est une asymptote horizontale à la courbe représentative de f .
1
Exemple. La fonction f : R∗+ → R définie par f (x) = x tend vers 0 lorsque x → +∞ puisque, pour tout
ε > 0, si x ⩾ xε = 1ε ,
1 1 1
0 − ε = −ε ⩽ 0 ⩽ f (x) = ⩽ = 1 = ε = 0 + ε.
x xε ε
Proposition 8.7 – Unicité de la limite finie. Si elle existe, la limite finie d’une fonction en +∞ est
unique (de même en −∞).
Démonstration. Cette preuve est analogue à celle du théorème 8.3 mais toujours dans le but de faciliter
votre acclimatation aux notations de ce chapitre, nous la détaillons malgré tout. Supposons par l’absurde
que f : I → R admet deux limites ℓ ̸= ℓ′ en +∞ et supposons, sans perte de généralité que ℓ > ℓ′ . On
note alors
ℓ − ℓ′
ε= >0
3
et par définition de la limite :
◦ il existe xM > 0 tel que pour tout x ∈ I tel que x ⩾ xM on a −ε ⩽ f (x) − ℓ ⩽ ε,
′ ′
◦ il existe xM > 0 tel que pour tout x ∈ I tel que x ⩾ xM on a −ε ⩽ f (x) − ℓ′ ⩽ ε.
′
Mais alors, pour tout x ∈ I tel que x ⩾ max(xM , xM ),
2
ℓ − ℓ′ = ℓ − f (x) + f (x) − ℓ′ = −(f (x) − ℓ) + f (x) − ℓ′ ⩽ 2ε = (ℓ − ℓ′ )
3
ce qui est absurde car ℓ − ℓ′ > 0. On a donc obtenu une contradiction et on en déduit que la limite, si
elle existe, est unique.
Proposition 8.8 – Caractérisation séquentielle de la limite en l’infini. Soient I un intervalle non majoré
et f : I → R. La fonction f admet une limite ℓ ∈ R en +∞ si et seulement si pour toute suite (un )n∈N
de points de I qui diverge vers +∞, la suite (f (un ))n∈N converge vers ℓ.
Exemple. On considère la fonction f définie sur R, impaire, 2-périodique, avec pour x ∈ [0, 1], f (x) = x
et dont la courbe représentative à été donnée en figure 5.12 page 114. On note alors que :
◦ pour tout n ∈ N, f (2n) = f (0) = 0,
◦ pour tout n ∈ N, f (1 + 2n) = f (1) = 1.
186 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
On a donc construit deux suites u et v qui divergent vers +∞ et telles que (f (un ))n∈N et (f (vn ))n∈N ne
convergent pas vers la même limite donc f n’admet pas de limite en +∞.
Exercice 8.9. Montrer qu’une fonction définie sur R, T -périodique, T > 0, et non constante ne possède
pas de limite en +∞.
Définition 8.10 – Limite finie à gauche. Soient D un intervalle ou une union finie d’intervalles, f : D → R
et a ∈ D. On dit que f admet une limite finie à gauche de a, notée ℓg , si f est définie sur un intervalle
à gauche de a (i.e. pour tout η > 0, [a − η, a[∩D contient un intervalle) et si pour tout ε > 0, il existe
η > 0 tel que pour tout x ∈ D,
f : R → R
0 si x < 0
x 7→
1 si x ⩾ 0
(
x
Remarques.
◦ On définit bien entendu de la même façon la limite à droite ℓd en un point fini d’une fonction. Par
exemple, si on reprend la fonction indicatrice de R+ introduite dans l’exemple précédent alors f
admet une limite à droite de 0 donnée par lim+ f (x) = 1.
x→0
◦ On peut décrire comme dans la définition 8.1 le fait pour une fonction d’avoir une limite infinie à
8.1 Limites 187
1 1
lim− = −∞ et lim+ = +∞.
x→0 x x→0 x
Le lien important entre la notion de limite en un point et les notions de limites à gauche et à droite de ce
point est résumé dans la proposition suivante qui pourra s’avérer utile en pratique pour obtenir la limite
d’une fonction en un point.
Proposition 8.11. Soient D un intervalle ou une union finie d’intervalles, f : D → R et a ∈ D tel que f
soit définie sur un intervalle à gauche de a et sur un intervalle à droite de a.
◦ Si f admet une limite finie en a, alors f admet une limite finie à gauche et à droite en a et ces limites
sont égales.
◦ Réciproquement, si f admet une limite à gauche et à droite en a et si ces limites sont égales, alors
il s’agit de la limite de f en a.
Démonstration. Le premier point est clair par définition de la limite. Supposons à présent que la fonction
f admet en a une limite à gauche et une limite à droite et que ces limites sont égales à ℓ. Soit ε > 0,
alors
◦ il existe ηg > 0 tel que si x ∈ D tel que a − ηg ⩽ x < a, ℓ − ε ⩽ f (x) ⩽ ℓ + ε,
◦ il existe ηd > 0 tel que si x ∈ D tel que a < x ⩽ a + ηd , ℓ − ε ⩽ f (x) ⩽ ℓ + ε.
Ainsi, si on pose η = min(ηg , ηd ) alors pour tout x ∈ D, x ̸= a, si a − η ⩽ x ⩽ a + η alors ℓ − ε ⩽ f (x) ⩽
ℓ + ε, ce qui signifie bien que f admet pour limite ℓ en a.
Exemples.
◦ On considère la fonction f indicatrice de {0} qui vaut 1 en 0 et 0 partout ailleurs, dont le graphe
est le suivant :
()
x
Alors f admet des limites à gauche et à droite en 0 données par lim− f (x) = 0 et lim+ f (x) = 0. Elle
x→0 x→0
admet donc une limite en 0 égale à 1.
◦ La fonction indicatrice de R+ introduite dans l’exemple de la page 186 n’a pas de limite en 0 car
comme nous l’avons vu précédemment, sa limite à gauche en 0 est 0 alors que sa limite à droite en
0 vaut 1.
Exercice 8.12. Calculer les limites lim+ f (x), lim− f (x) et lim f (x) si elles existent dans les cas suivants :
x→0 x→0 x→0
1. f : R −→ R , 2. f : R −→ R .
(
x 2
|x| si x ̸= 0 x si x > 0
x 7−→
x 7−→ 3
0 si x = 0 x si x < 0
1 si x = 0
188 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
lim f (x) ℓ1 ℓ1 ℓ1 +∞ −∞ +∞
x→a
lim g(x) ℓ2 +∞ −∞ +∞ −∞ −∞
x→a
lim (f (x) + g(x)) ℓ1 + ℓ2 +∞ −∞ +∞ −∞ F.I.
x→a
Démonstration. Nous devrions ici faire les démonstrations des cinq premiers cas. Néanmoins, celles-ci
sont très similaires donc nous ne traiterons ici qu’un seul cas. De plus, ayant déjà traité, pour les suites
réelles, le cas de la somme de deux limites finies et le cas de la somme d’une limite finie et d’une limite
infinie dans la preuve du théorème 6.24, nous allons uniquement traiter le cas où les limites de f et g sont
égales à +∞ en un point fini. Soit a ∈ D et f et g deux fonctions telles que f et g tendent vers +∞ en
a. Notre but est alors de montrer que f + g tend également vers +∞ en a. Soit M ∈ R, alors,
M
◦ il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, si −η ⩽ x − a ⩽ η alors f (x) ⩾ 2,
◦ il existe η ′ > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, si −η ′ ⩽ x − a ⩽ η ′ alors g(x) ⩾M2.
Remarque. Dans ce tableau, la mention F.I. signifie « forme indéterminée » ce qui veut dire que pour
déterminer la limite de la somme, il est nécessaire de travailler sur notre fonction ou de trouver un autre
argument car, a priori, tout peut arriver. Par exemple :
◦ si f (x) = x 2 + x et g(x) = −x 2 alors lim (f (x) + g(x)) = lim x = +∞,
x→+∞ x→+∞
Proposition 8.14 – Limite d’un produit de fonctions. On considère f et g deux fonctions et a un réel
ou −∞ ou +∞. On a alors :
Démonstration. Pour les même raisons que dans la preuve de la proposition 8.13, nous ne démontrerons
ici qu’un cas. Comme nous avons étudié le cas du produit de deux limites finies dans la preuve du théorème
6.24, nous allons ici traiter le cas où f tend vers ℓ1 > 0 et g tend vers +∞ et nous allons montrer que
f g tend vers +∞. Soit M > 0, alors
8.1 Limites 189
ℓ1 ℓ1 ℓ1 3
0< = ℓ1 − ⩽ f (x) ⩽ ℓ1 + = ℓ1
2 2 2 2
ℓ1
où l’on a utilisé la définition de limite finie pour ε = 2,
2M
◦ il existe η ′ > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, si −η ′ ⩽ x − a ⩽ η ′ alors g(x) ⩾ ℓ1 .
Mais alors, pour tout x ∈ D, x ̸= a tel que − min(η, η ′ ) ⩽ x − a ⩽ min(η, η ′ ), on a (f g)(x) = f (x)g(x) ⩾
ℓ1 2M
2 × ℓ1 = M. Ceci achève de démontrer que la limite de f g en a est égale à +∞.
Remarque. Dans le cas de la forme indéterminée, tout peut en effet arriver. Par exemple :
1
◦ si f (x) = x 2 et g(x) = x alors lim (f (x)g(x)) = lim x = +∞,
x→+∞ x→+∞
1
◦ si f (x) = x et g(x) = x alors lim (f (x)g(x)) = lim 1 = 1,
x→+∞ x→+∞
1 1
◦ si f (x) = x et g(x) = x2 alors lim (f (x)g(x)) = lim = 0.
x→+∞ x→+∞ x
f (x)
On s’intéresse enfin à la limite en a du quotient de f par g, x 7→ g(x) . Néanmoins, nous devons pour
cela nous assurer que ce quotient existe, et nous supposerons donc que g(x) ne s’annule pas pour x
suffisamment proche de a lorsque a ∈ R, ou lorsque x est suffisamment grand lorsque a = +∞ (on
procède bien sûr de même lorsque a = −∞).
Proposition 8.15 – Limite d’un produit de fonctions. On considère f et g deux fonctions et a un réel
ou −∞ ou +∞.
◦ Si lim g(x) ̸= 0, alors
x→a
lim f (x) ℓ1 ℓ1 +∞ +∞ −∞ −∞ ±∞
x→a
lim g(x) ℓ2 ̸= 0 ±∞ ℓ2 > 0 ℓ2 < 0 ℓ2 > 0 ℓ2 < 0 ±∞
x→a
lim f (x) ℓ1
0 +∞ −∞ −∞ +∞ F.I.
x→a g(x) ℓ2
Démonstration. Encore une fois, nous ne faisons ici la démonstration que d’un seul cas. De plus, ayant
déjà traité le cas de l’inverse d’une limite finie dans la preuve du théorème 6.24, nous allons ici traiter le
cas où, en un point fini a, f a une limite finie ℓ1 et g tend vers +∞ et montrer que le quotient gf tend
vers 0. Soit ε > 0.
◦ Puisque f tend vers ℓ1 lorsque x tend vers a, il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, si
−η ⩽ x − a ⩽ η alors
ℓ1 − 1 ⩽ f (x) ⩽ ℓ1 + 1
où on a utilisé la définition de limite finie pour ε = 1. De plus, ceci nous permet de conclure que
pour de telles valeurs de x, |f (x)| ⩽ max(|ℓ1 + 1|, |ℓ1 − 1|).
190 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
◦ De plus, puisque g tend vers +∞ lorsque x tend vers a, il existe η ′ > 0 tel que pour tout x ∈ D,
x ̸= a, si −η ′ ⩽ x − a ⩽ η ′ alors
f (x) ε
⩽ max(|ℓ1 + 1|, |ℓ1 − 1|) × = ε.
g(x) max(|ℓ1 + 1|, |ℓ1 − 1|)
f
Ceci achève de démontrer que la limite de g en a est égale à +∞.
f (x) 1
◦ Si f (x) = x et g(x) = x 2 alors lim = lim = 0.
x→+∞ g(x) x→+∞ x
f (x)
◦ Si f (x) = x 2 et g(x) = x alors lim = lim x = 0.
x→0 g(x) x→0
Méthode – Lever une indétermination. Pour lever une forme indéterminée, on dispose de plusieurs
méthodes.
◦ Lorsqu’on cherche la limite en l’infini d’une fraction rationnelle, on factorise par les termes prépon-
dérants au numérateur et au dénominateur.
◦ Lorsqu’on cherche la limite en un point fini a ∈ R d’un quotient de fonctions polynomiales et que le
numérateur et le dénominateur s’annulent en a, on factorise le numérateur et le dénominateur par
x − a et on simplifie l’expression.
◦ Lorsqu’on cherche la limite en l’infini d’une somme ou d’une différence de racines, on utilise la
quantité conjuguée.
Exemples.
◦ On a
5 1 5 1
3x 2 + 5x + 1 3x 2 1 + 3x + 3x 2 3 1+ 3x + 3x 2
lim 3 2
= lim 1 3 = lim × 1 3
x→+∞ 5x + x − 3 x→+∞ 5x 3 1 + − x→+∞ 5 1+ −
5x 5x 3 5x 5x 3
ce qui donne 35 .
◦ On a
x 2 − 5x + 6 (x − 2)(x − 3) x −3 1
lim = lim = lim =− .
x→2 x2 − 4 x→2 (x − 2)(x + 2) x→2 x + 2 4
◦ On a
x 2 − 5x + 6 (x − 2)(x − 3) x −3
lim = lim = lim .
x→2 x 2 − 4x − 4 x→2 (x − 2)2 x→2 x − 2
x −3 x −3
lim = +∞ et lim = −∞.
x→2− x −2 x→2+ x −2
8.1 Limites 191
◦ On a √ √ √ √
√ √ ( x − x + 1)( x + x + 1)
lim x− x + 1 = lim √ √
x→+∞ x→+∞ x + x +1
et donc
√ √ x − (x + 1) −1
lim x− x + 1 = lim √ √ = lim √ √ = 0.
x→+∞ x→+∞ x + x + 1 x→+∞ x + x + 1
Théorème 8.16 – Composition des limites. Soient I et J deux intervalles, f : I → J et g : J → R. Soit
a ∈ I ou a = ±∞. Si
◦ lim f (x) = b, ◦ lim g(y ) = ℓ,
x→a y →b
◦ pour tout x ∈ I, f (x) ∈ J \ {b},
alors, g ◦ f admet une limite en a et lim g(f (x)) = ℓ.
x→a
Démonstration. On donne ici la preuve dans le cas où a, b et ℓ sont des nombres réels (finis) mais la
preuve est analogue lorsqu’une ou plusieurs de ces quantités sont infinies. Soit ε > 0, puisque g(y ) tend
vers ℓ lorsque y tend vers b, il existe ηg > 0 tel que pour tout y ∈ J, y ̸= b,
si − ηg ⩽ y − b ⩽ ηg alors − ε ⩽ g(y ) − ℓ ⩽ ε.
Or, f (x) tend vers b lorsque x tend vers a donc il existe ηf tel que pour tout x ∈ I, x ̸= a,
si − ηf ⩽ x − a ⩽ ηf alors − ηg ⩽ f (x) − b ⩽ ηg .
ce qui achève de démontrer que g(f (x)) tend vers ℓ lorsque x tend vers a.
Remarque. La condition indiquant que pour tout x ∈ I, u(x) ∈ J \ {b} peut paraître technique mais elle
est bien nécessaire. En effet, prenons par exemple u la fonction constante égale à 0 sur R et f la fonction
définie par f (0) = 1 et f (x) = 0 pour tout x non nul. Alors, u(x) → 0 lorsque x → 0 et f (y ) → 0 lorsque
y → 0 alors que pour tout x ∈ R, f (u(x)) = 1 pour tout x ∈ R donc f (u(x)) → 1 lorsque x → 0. On
pourrait également demander à ce que f soit continue (voir la section 8.2) en b, ce qui sera souvent le
cas en pratique, pour éviter ce problème.
6. lim −x+2
√ , 12. lim 2
1
, 18. lim −x+1
2 .
x→1 1−x x→−2 x −4 x→−2 x +x−2
Comme dans la section précédente, nous considérons ici un sous-ensemble D de R qui est un intervalle
ou une union finie d’intervalles et a ∈ D ou a = ±∞ (selon si D est borné ou non).
Théorème 8.20. Soient f et g deux fonctions définies sur D et a ∈ D ou a = ±∞. On suppose que pour
tout x ∈ D, f (x) ⩽ g(x). Si f et g admettent des limites en a, alors
Démonstration. On raisonne ici par l’absurde, on suppose que la limite ℓ de f est strictement supérieure
′
à la limite ℓ′ de g et on pose ε = ℓ−ℓ
3 > 0. Ainsi, puisque f tend vers ℓ en a, il existe η > 0 tel que pour
tout x ∈ D, x ̸= a,
si − η ⩽ x − a ⩽ η alors − ε ⩽ f (x) − ℓ ⩽ ε
2ℓ+ℓ′
et donc en particulier, pour de tels x, f (x) ⩾ ℓ − ε = 3 . De même, puisque g tend vers ℓ′ en a, il
existe η ′ > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a,
si − η ′ ⩽ x − a ⩽ η ′ alors − ε ⩽ g(x) − ℓ′ ⩽ ε
ℓ+2ℓ′
et donc en particulier, pour de tels x, g(x) ⩽ ε + ℓ′ = 3 . Mais alors, pour x ∈ D, x ̸= a tel que
− min(η, η ′ ) ⩽ x − a ⩽ min(η, η ′ ),
ℓ + 2ℓ′ 2ℓ + ℓ′
g(x) ⩽ < ⩽ f (x)
3 3
ce qui contredit notre hypothèse de majoration de f par g. On obtient donc une contradiction et on en
déduit que ℓ ⩽ ℓ′ .
8.1 Limites 193
À retenir. On dit que « les inégalités larges passent à la limite ». En revanche, si au départ on a
f (x) < g(x) alors, on a malgré tout des inégalités larges sur les limites (les inégalités strictes ne sont
pas préservées). Par exemple, f (x) = x1 > − x1 = g(x) pour tout x ∈ R∗+ et pourtant ces deux fonctions
tendent vers 0 en l’infini.
Théorème 8.21 – Théorème d’encadrement ou des gendarmes. Soient f , g et h trois fonctions définies
sur D et a ∈ D ou a = ±∞. On suppose que pour tout x ∈ D, g(x) ⩽ f (x) ⩽ h(x) et que g et h
admettent une limite commune, notée ℓ, en a. Alors, f admet une limite en a et lim f (x) = ℓ.
x→a
Démonstration. Il s’agit ici de reprendre la preuve du théorème 6.32 d’encadrement pour les suites réelles
et de la traduire dans le langage des fonctions réelles.
Exemple. On considère la fonction f définie sur R, impaire, 2-périodique, avec pour x ∈ [0, 1], f (x) = x
et dont la courbe représentative à été donnée en figure 5.12 page 114. Déterminons la limite de x 7→ f (x)
x
lorsque x → +∞. On commence par noter que pour tout x ∈ R, −1 ⩽ f (x) ⩽ 1 et on en déduit que
pour tout x > 0,
1 f (x) 1
− ⩽ ⩽ .
x x x
Or, x1 → 0 et − x1 → 0 lorsque x → +∞. Ainsi, du théorème d’encadrement 8.21, on déduit que
lim f (x)
x = 0.
x→+∞
1
Exercice 8.22. Déterminer, si elle existe, la limite en 0 de la fonction f : x 7→ x sin x .
En utilisant le théorème d’encadrement, on peut calculer certaines limites des fonctions trigonométriques
introduites dans le chapitre 7.
Démonstration.
◦ Rappelons que, d’après la proposition 7.58, pour tout x ∈]0, π2 [, 0 ⩽ sin(x) ⩽ x, donc d’après le
théorème d’encadrement 8.21, on a lim+ sin(x) = 0. Comme pour tout x ∈ R, sin(−x) = − sin(x),
x→0
on a de plus
lim sin(x) = lim+ sin(−x) = lim+ − sin(x) = 0.
x→0− x→0 x→0
Finalement, d’après la proposition 8.11, on peut conclure que sin admet une limite en 0 et que
lim sin(x) = 0.
x→0
2 2 π π
◦ On sait que pour tout x ∈ R, cos(x) p + sin(x) = 1 et pour tout x ∈] − 2 , 2 [, cos(x) ⩾ 0, donc
π π
pour tout x ∈] − 2 , 2 [, cos(x) = 1 − sin(x)2 . Par le théorème de compositions des limites 8.16,
on a p p
lim cos(x) = lim 1 − sin(x)2 = lim 1 − x 2 = 1.
x→0 x→0 x→0
◦ D’après la proposition 7.58, on sait que pour tout x ∈]0, π2 [, cos(x) ⩽ sin(x)
x ⩽ 1 donc, d’après le
théorème d’encadrement 8.21, on a lim+ sin(x)
x = 1. De plus, puisque pour tout réel x ∈ R, on a
x→0
194 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
sin(−x) = − sin(x), on a
Démonstration. Il s’agit ici de traduire la preuve du théorème 6.31, qui donne l’analogue de ce résultat
pour les suites réelles, au cadre des fonctions réelles. Écrivons la preuve du premier point, le second étant
similaire, et plaçons-nous dans le cas où a est un nombre réel (fini). On considère donc une fonction f
qui tend vers +∞ en a ∈ D. Soit M ∈ R, alors il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a, si
−η ⩽ x − a ⩽ η alors f (x) ⩾ M. Mais alors, puisque g ⩾ f sur D, on en déduit que pour tout x ∈ D,
x ̸= a, si −η ⩽ x − a ⩽ η alors g(x) ⩾ M. Ceci achève donc de montrer que g tend vers +∞ en a.
Démonstration. Nous ne ferons pas ici la preuve de ce théorème car elle repose, au moins partiellement,
sur la notion de borne supérieure que nous n’avons pas introduite. Néanmoins, si vous êtes intéressé nous
vous conseillons de consulter [LM03, Chapitre 4 et 5].
Remarque. Ce théorème nous permet d’affirmer l’existence d’une limite sans pour autant que l’on soit
capable de la déterminer exactement comme nous avons eu l’occasion de le voir pour les suites dans la
section 6.3.4.
8.2. Continuité
8.2.1 Définition
Intuitivement, une fonction f définie sur un intervalle I est continue sur cet intervalle si l’on peut
dessiner sa courbe représentative sans lever le crayon. Autrement dit, f est continue sur I si sa courbe
représentative ne possède pas de saut. Précisons cette intuition et donnons tout d’abord la définition
mathématique de continuité en commençant par définir la continuité d’une fonction en un point.
8.2 Continuité 195
Définition 8.26 – Continuité en un point. Soient D un sous-ensemble de R qui est un intervalle ou une
union finie d’intervalles, a ∈ D et f : D → R. On dit que f est continue en a si
i.e. si pour tout ε > 0, il existe η > 0 tel que pour tout x ∈ D, x ̸= a,
Remarque – Continuité à gauche et à droite. On définit de même les notions de continuité à gauche et
à droite d’un point en utilisant dans la notion de limite à gauche et à droite, i.e. selon si f (a) = lim− f (x)
x→a
et f (a) = lim+ f (x).
x→a
f : R → R
0 si x < 0
x 7→
1 si x ⩾ 0
est continue en tout point de R sauf en 0 (où elle est continue à droite mais pas à gauche) comme
l’illustre la représentation graphique qui suit.
(
x
Définition 8.27 – Continuité sur un intervalle. Soient D un sous-ensemble R qui est un intervalle ou
une union finie d’intervalles et f une fonction définie sur D. f est dite continue sur D si elle est continue
en chaque point de D.
Remarque – Caractère local de la continuité. La notion de continuité en un point est locale au sens où
elle ne dépend que du comportement de la fonction au voisinage du point, i.e. des valeurs de f (x) pour
les valeurs de x proches du point a considéré. En ce sens, la notion de continuité sur un domaine D peut
être vue comme une propriété partout locale (i.e. vraie partout mais vraie en chaque point grâce à une
propriété locale de la fonction considérée). La notion de propriété partout locale est à ne pas confondre
avec la notion de propriété globale sur f qui peut par exemple concerner le fait que f soit bornée ou paire.
2 +x
x√
Exercice 8.28. Considérons la fonction f définie sur R par f (0) = 0 et f (x) = 2 x2
pour x ̸= 0.
Déterminer l’ensemble des réels où elle est continue.
On note que dans la définition 8.26, le point a est un point de D (et pas seulement de D) afin que f soit
définie en a. Néanmoins, si f n’est pas définie en a mais qu’elle possède une limite finie en ce point, on
196 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
peut prolonger f en une nouvelle fonction continue en a : c’est le but de la proposition suivante.
Proposition 8.29 – Prolongement par continuité. Soient D un sous-ensemble R qui est un intervalle
ou une union finie d’intervalles, a ∈ D tel que a ∈
/ D et f : D → R. Si la limite f admet une limite ℓ en a
alors on peut prolonger f en une fonction f˜ continue en a et définie par
fe : R → R
f (x) si x ∈ D
x 7→ .
ℓ si x = a
sin(x)
Exemple. Étant donné qu’on a vu dans la proposition 8.23 que lim x = 1. la fonction f définie pour
x→0
sin(x)
x ̸= 0 par f (x) = x peut être prolongée par continuité en 0 en la fonction fe définie par
fe : R → ( R
sin(x)
x si x ̸= 0
x 7→ .
1 si x = 0
Exercice 8.30. Pour chacune des fonctions suivantes, étudier sa limite en a et dire si elle admet un
prolongement par continuité en ce point.
1 2 +x
x√
1. f : x 7→ en a = 0,
x 3. f (x) = 2 x2
en a = 0,
x 2 −4x+3
7 x sin x1 en a = 0,
2. f : x → 4. f : x 7→ x 2 −1 en a = 1.
Démonstration. Ce résultat résulte immédiatement des opérations sur les limites présentées dans la sec-
tion 8.1.4.
Théorème 8.32 – Théorème des valeurs intermédiaires. Soit f une fonction continue sur un intervalle
I contenant un segment [a, b]. Alors pour tout λ compris entre f (a) et f (b), il existe c ∈ [a, b] tel que
λ = f (c).
Démonstration. On procède ici par dichotomie dans le même esprit que celui utilisé pour démontrer le
théorème 6.37. Soit f une fonction continue sur un intervalle I et soit a, b ∈ I tels que [a, b] ⊂ I. On
considère λ compris entre f (a) et f (b), montrons qu’il existe c ∈ [a, b] tel que f (c) = λ. On cherche à
construire deux suites adjacentes a et b.
◦ On commence par poser a0 = a et b0 = b.
8.2 Continuité 197
◦ On considère alors m0 = a0 +b 2
0
et on note que, puisque λ est compris entre f (a) et f (b) alors, λ est
nécessairement compris entre f (a) et f (m0 ) ou entre f (b) et f (m0 ). Dans le premier cas, on pose
alors a1 = a et b1 = m0 et dans le second cas on pose a1 = m0 et b1 = b de manière à ce que λ
soit compris entre f (a1 ) et f (b1 ).
◦ On obtient ainsi deux suites a et b, définies par récurrence, telles que a est croissante, b est décrois-
sante, pour tout n ∈ N, bn − an = b−a2n et λ est compris entre f (an ) et f (bn ).
Les deux suites a et b sont donc adjacentes et d’après le théorème 6.28 elles convergent donc vers une
même limite que l’on note c. Mais alors, par continuité de f , f (an ) converge vers f (c) et f (bn ) converge
également vers f (c). Or, pour tout n ∈ N, λ est est compris entre f (an ) et f (bn ). Par encadrement,
on en déduit donc que λ = f (c) en passant à la limite lorsque n tend vers +∞ ce qui achève notre
preuve.
Remarques.
◦ On peut reformuler le théorème des valeurs intermédiaires de la façon suivante : l’image d’un intervalle
par une application continue est un intervalle.
◦ Graphiquement, la situation est la suivante.
• f (a)
λ
•
f (b)
•
a c b x
Exercice 8.33 – Point fixe. Soit f : [0, 1] → [0, 1] une fonction continue. Montrer que f admet un point
fixe dans [0, 1], c’est-à-dire qu’il existe c ∈ [0, 1] tel que f (c) = c.
Corollaire 8.34. Soit f une fonction continue sur un intervalle I contenant un segment [a, b]. Si f (a) et
f (b) sont de signes opposés, alors il existe c ∈ [a, b] tel que f (c) = 0.
Démonstration. Il suffit d’appliquer le théorème 8.32 en notant que 0 est compris entre f (a) et f (b).
Remarque. Pour localiser approximativement (numériquement) le point c pour lequel f (c) = 0, on peut
utiliser la méthode de dichotomie mise en place dans la preuve du théorème 8.32 car elle fournit après n
itérations une approximation de c avec une erreur de b−a
2n .
Exercice 8.35. Montrer qu’une fonction polynomiale réelle de degré impair admet au moins une racine
réelle.
198 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
Corollaire 8.36 – Théorème de la bijection. Soit f une fonction continue et strictement monotone
sur un intervalle I contenant un segment [a, b]. Alors pour tout λ compris entre f (a) et f (b), il existe un
unique c ∈ [a, b] tel que λ = f (c).
Démonstration. L’existence de c est assurée par le théorème des valeurs intermédiaires 8.32. De plus, si
c1 et c2 sont deux points de [a, b] tels que f (c1 ) = f (c2 ) = λ, alors c1 = c2 car si, par exemple, c1 < c2
alors, puisque f est strictement monotone, f (c1 ) > f (c2 ) (si f est décroissante) ou f (c1 ) < f (c2 ) (si f
est croissante).
Exemple. La fonction f : x 7→ x 2 est strictement croissante sur R+ donc pour tout λ ⩾ 0, il existe un
unique c ⩾ 0 tel f (c) = λ,√i.e. tel que c 2 = λ. Ce nombre c est ainsi l’unique nombre positif qui au carré
est égal à λ, i.e. que c = λ. Notons d’ailleurs qu’il existe également un unique nombre c ⩽ 0 tel que
f (c) = λ puisque f est strictement décroissante sur R− .
Remarque. Graphiquement, cela signifie que si f est continue alors pour tout λ compris entre f (a) et
f (b) la courbe représentative de f intersecte une et une seule fois la droite d’équation y = λ, comme
illustré sur la figure suivante :
f (b) •
λ
•
a c
b x
• f (a)
Théorème 8.37 – Théorème des bornes atteintes. Toute fonction continue sur un segment est bornée
et atteint ses bornes : elle possède un maximum et un minimum. Autrement dit, l’image d’un segment
par une application continue est un segment.
Démonstration. Nous admettrons cette preuve qui est basée sur la notion de borne supérieure et le
théorème de Bolzano–Weierstrass 6.37. Si vous êtes intéressé, nous vous conseillons de consulter [LM03,
Chapitre 5].
Remarque. On peut reformuler le théorème des bornes atteintes de la façon suivante : l’image d’un
segment [a, b] par une application continue est un segment [m, M] (où m est le minimum de f sur [a, b]
et M son maximum).
Exercice 8.38. Montrer qu’une application continue périodique sur R est bornée et atteint ses bornes.
8.3 Dérivabilité 199
8.3. Dérivabilité
f (a + h) − f (a)
τf ,a (h) = .
h
Remarque. Ce taux d’accroissement correspond à la pente de la corde qui relie les deux points de la
courbe représentative de f , (a, f (a)) et (x, f (x)). Ceci est illustré par la figure 8.10a.
y y
f (b) • •
a a
•
x f (a) x
f (a) • b •
y = f (x) y = f (x) Tangente à Cf
y =
f (b)−f (a)
b−a
(x − a) + f (a) au point (a, f (a))
Formalisons cette idée à l’aide de la définition du nombre dérivé qui sera, comme nous le verrons dans la
section suivante, le coefficient directeur de la tangente et qui est obtenu, quand il existe, par passage à
la limite dans le taux d’accroissement lorsque h tend vers 0.
Définition 8.40 – Nombre dérivé. Soit f une fonction définie sur un sous-ensemble D de R qui est un
intervalle ou une réunion finie d’intervalles et soit a ∈ D. On dit que f est dérivable en a si la limite
existe et est finie. On note f ′ (a) cette limite que l’on appelle nombre dérivé de f en a.
200 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
f (a + h) − f (a)
lim = lim h + 2a = 2a.
h→0 h h→0
Ainsi, pour tout nombre réel a, le nombre dérivé de f en a est f ′ (a) = 2a.
Contre-exemple. Étudions la dérivabilité en 0 de f : x 7→ |x|. Pour montrer que cette fonction n’est
pas dérivable en 0, il suffit de montrer que les limites du taux d’accroissement à gauche et à droite de 0
existent et sont différentes. En effet,
Exercice 8.41. Soit f la fonction définie sur R par f (x) = x 3 − x. Déterminer si f est dérivable en 1 et,
si oui, donner la valeur de f ′ (1).
Remarque – Dérivabilité à gauche et à droite. Puisque nous avons une notion de limite à gauche et à
droite d’un point, on peut tout à fait définir la notion de dérivabilité à gauche et de dérivabilité à droite
d’un point. Il suffit pour cela d’étudier l’existence des limites de f (a+h)−f
h
(a)
lorsque h → 0+ et lorsque
−
h→0 .
√
Contre-exemple. √Étudions la dérivabilité à droite de 0 de la fonction f définie pour x ∈ R+ par f (x) = x.
On a f (x)−f
x−0
(0)
= xx = √1x donc le taux d’accroissement admet une limite infinie en 0+ donc la fonction
racine n’est pas dérivable à droite en 0.
y = f ′ (a)(x − a) + f (a)
est la tangente à Cf au point (a, f (a)). On donne une illustration en figure 8.11a.
Remarque. On a déjà vu que la fonction valeur absolue n’est pas dérivable en 0. On remarque cette non
dérivabilité graphiquement par le fait que sa courbe représentative possède deux pentes différentes au
point (0, 0) selon qu’on arrive par la gauche ou par la droite comme l’illustre la figure 8.11b :
On a déjà montré que la fonction racine carrée n’est pas dérivable en 0 à droite de 0 car la limite de
son taux d’accroissement est égale à +∞. Le fait que son taux d’accroissement diverge vers +∞ peut
également être interprété graphiquement : sa tangente en 0 est verticale (donc de coefficient directeur
« égal à +∞ »).
y y 4
• 2
1
x
Tangente
Cf −3 −2 −1 0 1 2 x
à Cf en 2
Démonstration. Soit f une fonction dérivable en a. Supposons alors par l’absurde que f n’est pas continue
en a. Alors, il existe ε > 0 tel que pour tout η > 0, il existe x ∈ D, x ̸= a, η ⩽ x−a ⩽ η et |f (x)−f (a)| > ε.
1
Afin d’utiliser le critère séquentiel, on considère alors pour n ∈ N, η = n+1 et il existe alors xn ∈ D tel
1 1
que n+1 ⩽ xn − a ⩽ n+1 et |f (xn ) − f (a)| > ε. Mais alors,
f (xn ) − f (a) ε
⩾ 1 = ε(n + 1) → +∞
xn − a n+1
Remarques.
◦ La réciproque de ce théorème est fausse. Par exemple, la fonction valeur absolue est continue en 0
mais n’y est pas dérivable.
◦ Ce théorème n’est pas utile en pratique pour justifier la continuité. On pourra davantage s’en servir
en remarquant qu’il permet d’affirmer que si une fonction n’est pas continue en un point, elle ne
peut pas y être dérivable.
Exercice 8.45. Soient a et b deux réels strictement positifs. Considérons la fonction g définie sur R par
g(x) = 0 pour tout x ⩽ 2, g(x) = 1 pour tout x > 4 et g(x) = a − xb pour tout x ∈]2, 4].
1. Déterminer les paramètres a et b pour que g soit continue sur tout R.
2. Pour ces valeurs de a et b, la fonction g est-elle dérivable en 2 ?
1
Exercice 8.46. Pour n ∈ N, étudier la continuité et la dérivabilité de fn : x 7→ x n sin x en 0 selon la
valeur de n. Indication : on traitera les cas n = 0, n = 1 puis n > 1.
Lorsque f est dérivable sur D, on définit la fonction x 7→ f ′ (x) définie sur D. Cette fonction s’appelle la
fonction dérivée de f notée f ′ .
Exemple. La fonction carrée f : x 7→ x 2 est dérivable en tout réel a, avec f ′ (a) = 2a. Ainsi, la fonction
dérivée de f est donc f : R → R définie, pour tout x ∈ R par f ′ (x) = 2x.
Exercice 8.48. Étudier la dérivabilité de la fonction racine sur [0, +∞[ et déterminer sa fonction dérivée
aux points où elle est dérivable.
Proposition 8.49. Les fonctions sin et cos sont continues et dérivables sur R et pour tout x ∈ R,
Démonstration. On commence par démontrer la dérivabilité des fonctions cos et sin en 0. On a, d’après la
proposition 8.23, limx→0 sin(x)−sin(0)
x−0 = limx→0 sin(x)
x = 1 = cos(0) et limx→0 cos(x)−cos(0)
x−0 = limx→0 cos(x)−1
x =
0 = sin(0), donc les fonctions sin et cos sont dérivables en 0.
Démontrons à présent la dérivabilité de cos et sin sur R. Soit x ∈ R. On a, par les formules d’addition,
pour tout t ∈ R, sin(x + t) = sin(x) cos(t) + cos(x) sin(t) (voir proposition 7.54) donc
sin(x + t) − sin(x) cos(t) − 1 sin(t)
lim = lim sin(x) + cos(x) = cos(x),
t→0 t t→0 t t
On a donc démontré que pour tout x ∈ R, sin′ (x) = cos(x) et cos′ (x) = − sin(x). De plus, ces fonctions
sont ainsi continues d’après le théorème 8.44.
Il existe un certain nombre de dérivées usuelles à connaître absolument que l’on se propose de résumer
dans le tableau suivant :
′ ′ (a)g ′ (a)
◦ Si g(a) ̸= 0, alors gf est dérivable en a et gf (a) = f (a)g(a)−f g(a)2 .
Démonstration. Découle essentiellement des résultats de la sous-section 8.1.4. Vous pouvez consulter
[LM03, Chapitre 6] pour plus de détails.
Exemples.
◦ Toute fonction polynomiale est dérivable sur R. Considérons par exemple, la fonction f : x 7→ 4x 3 +
2x 2 − x + 1. Elle est dérivable de dérivée f ′ (x) = 12x 2 + 4x − 1.
◦ La fonction g : x 7→ (x + 1) cos(x) est dérivable sur R et admet pour dérivée la fonction g ′ (x) =
cos(x) − (x + 1) sin(x).
3x+2 3(x 2 +1)−2x(3x+2)
◦ La fonction h : x 7→ x 2 +1 est dérivable sur R, de dérivée h′ (x) = (x 2 +1)2 .
Démonstration. On utilisera ici les théorèmes 8.16 et 8.31. Vous pouvez consulter [LM03, Chapitre 6]
pour plus de détails.
Exemples.
◦ La fonction f : x → sin(2x + 3) est dérivable sur R et, pour tout x ∈ R,
3
g ′ (x) = √ .
2 3x + 2
◦ La fonction h définie, pour x ∈ R, par h(x) = (2x 2 − 3)4 est dérivable sur R et sa dérivée est donnée,
pour x ∈ R, par
h′ (x) = 16x(2x 2 − 3)3 .
204 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
Exercice 8.52. Calculer, après avoir précisé l’ensemble de dérivabilité, les dérivées des fonctions suivantes :
√
1. f1 (x) = −4x + 7, 8. f8 (x) = 6x 3 − 7 x,
2. f2 (x) = 3x 2 + 5x − 4, √
9. f9 (x) = 1 − 2x,
6 4 3
3. f3 (x) = 2x − 5x + x − 7x,
4. f (x) = 2x 12 − x 9 + 6x + 39, 10. f10 (x) = √x12 +1 ,
4
5. f5 (x) = (x 3 + 2)3 , q
1+x
3x−1
11. f11 (x) = 1−x ,
6. f6 (x) = x−2 ,
√
3x 2 −5x+1 3+√x
7. f7 (x) = x+4 , 12. f12 (x) = 3− x
.
Exercice 8.53. Déterminer les domaines de définition et de dérivabilité et calculer les dérivées des fonctions
suivantes :
1. f1 : x 7→ (−x 7 + 3x 2 )5 , 7. f7 : x 7→ cos(cos(x)),
1
2. f2 : x 7→ x 2 +1 ,
8. f8 : x 7→ sin x1 ,
x+1
3. f3 : x 7→ x−1 ,
4. f4 : x 7→ 3x 2 −5x+1
, sin(x)
x+4 9. f9 : x 7→ ,
√1 ,
cos(x)
5. f5 : x 7→ x
3
√
6. f6 : x 7→ sin(x) , 10. f10 : x 7→ 2x 2 − 8x + 6.
y maximum local
x
•
minimum local
Exemple. La fonction f : x 7→ x 2 + 1 admet un minimum local en x = 0 qui vaut 1 car pour tout x ∈ R
(il suffirait que cela soit vrai sur un intervalle autour de 0) f (x) ⩾ 1.
Théorème 8.55. Soit f une fonction définie sur un intervalle I et x0 un point de I qui n’est pas une borne
de I. Si f admet un extremum local en x0 , alors f ′ (x0 ) = 0. En particulier, la courbe représentative de f
admet en x0 une tangente horizontale.
Démonstration. Soit x0 un extremum local de f qui n’est pas au bord de I et dont on suppose, sans
perte de généralités qu’il s’agit d’un maximum local de f . Notons alors η > 0 un réel tel que pour tout
[x0 − η, x0 + η] soit inclus dans I et tel que pour tout x ∈ [x0 − η, x0 + η], f (x) ⩽ f (x0 ). Alors, pour tout
x ∈ [x0 − η, x0 + η], f (x) − f (x0 ) ⩽ 0 et donc
Remarques.
◦ La réciproque est fausse. Par exemple, la fonction cube f : x 7→ x 3 qui est définie et dérivable sur R
et pour tout réel x, on a f ′ (x) = 3x 2 et donc f ′ (0) = 0. Pourtant, la fonction cube est strictement
croissante sur R, donc 0 n’est pas un extremum local. On illustre cela par la figure 8.13a.
◦ L’extremum est local, cela veut dire que ce n’est un extremum qu’à proximité du point. En revanche,
si on s’éloigne du point, la courbe peut tout à fait dépasser cette valeur (voir la figure 8.13b).
y Maximum local
y
x Minimum local
0
0 x
Le minimum local
n’est pas global
◦ Le point x0 ne doit pas être à l’extrémité de I. En effet, si x0 est une extrémité de I, il peut être un
extremum local sans que la dérivée de f en ce point ne s’annule (par exemple sur la figure suivante
l’extrémité droite est un minimum local mais la dérivée de la fonction ne s’y annule pas).
Méthode – Extrema locaux. Pour trouver les extrema locaux d’une fonction dérivable, on peut déter-
miner les points où sa dérivée s’annule et on détermine ensuite si ce sont des extrema locaux.
206 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
Définition 8.56. Soit D un sous-ensemble de R qui est un intervalle ou une réunion finie d’intervalles,
soit f une fonction définie sur D et soit x0 un élément de D.
◦ On dit que la fonction f admet un maximum global M atteint en x0 si pour tout x ∈ D, f (x) ⩽
M = f (x0 ).
◦ On dit que la fonction f admet un minimum global m atteint en x0 si pour tout x ∈ D, f (x) ⩾
m = f (x0 ).
◦ On dit que f admet un extremum global atteint en x0 si f possède un maximum global ou un
minimum global atteint en x0 .
Exercice 8.57. Étudier les extrema (locaux et globaux) de la fonction f : R → R définie par f (x) = x 3 +λx
en fonction du paramètre λ ∈ R.
Exercice 8.59. Soit f : R → R une fonction dérivable telle que f ′ ne s’annule pas. Montrer que f ne peut
pas être périodique.
Théorème 8.60 – Théorème des accroissements finis. Soient a et b deux réels tels que a < b, f une
fonction continue sur [a, b], dérivable sur ]a, b[. Alors, il existe c ∈]a, b[ tel que
Remarque. Il s’agit d’une généralisation du théorème de Rolle puisque si f (a) = f (b) on obtient que
(b − a)f ′ (c) = 0 ce qui donne bien f ′ (c) = 0 puisque a ̸= b.
Démonstration. On applique le théorème de Rolle 8.58 à la fonction g définie sur [a, b] par
f (b) − f (a)
g(x) = f (x) − (x − a) − f (a)
b−a
où le second terme représente la corde reliant les points (a, f (a)) et (b, f (b)) de la courbe représentative
de f . En effet, g est continue sur [a, b], dérivable sur ]a, b[, g(a) = 0 et g(b) = 0. Il existe donc c ∈]a, b[
tel que g ′ (c) = f ′ (c) − f (b)−f
b−a
(a)
= 0 ce qui achève notre preuve.
8.3 Dérivabilité 207
y
y f (b)−f (a)
pente b−a
a
0 c b x
0 a c b x
Remarque. Attention, ce théorème est faux si I n’est pas un intervalle. Par exemple, la fonction inverse
définie sur R∗ est dérivable sur R∗ de dérivée f ′ : x 7→ − x12 , négative sur R∗ mais n’est pas décroissante
sur R∗ car f (−1) = −1 < 1 = f (1).
Démonstration. Puisqu’il suffit de multiplier par −1 pour obtenir le second cas et que le troisième est la
conséquence des deux premiers, on se contente de prouver le premier cas.
◦ Supposons que f est croissante sur I, alors si x0 ∈ I, pour tout x ∈ I, le taux d’accroissement
f (x)−f (x0 )
x−x0 est positif ou nul car le numérateur et le dénominateur sont de même signe. Ainsi, en
passant à la limite lorsque x → x0 , on obtient que f ′ (x0 ) ⩾ 0 et ceci étant vrai pour tout x0 ∈ I, on
en déduit que f ′ ⩾ 0 sur I.
◦ Supposons que f ′ ⩾ 0 sur I. Soit x < y deux éléments de I. Alors, d’après le théorème des accrois-
sements finis 8.60, il existe c ∈]x, y [ tel que f (y ) − f (x) = f ′ (c)(y − x) et puisque f ′ ⩾ 0 et que
y > x on en déduit que f (y ) − f (x) ⩾ 0 et donc que f est croissante.
208 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
Exercice 8.62. Les trois courbes de gauche C1 , C2 et C3 représentent trois fonctions f1 , f2 et f3 , dérivables
sur R. Les trois courbes de droite A, B et C représentent les trois fonctions dérivées f1′ , f2′ et f3′ . Associer
la courbe représentative de chaque fonction f1 , f2 et f3 à la courbe représentative de sa dérivée.
y y
5 C1 C3 5 A B
4 C2 4
3 3
2 2
C
1 1
−1 0 1 2 3 4 5 x −1 0 1 2 3 4 5 x
−1 −1
−2 −2
Exercice 8.63. Dans chacun des cas ci-dessous, on considère une fonction définie et dérivable sur l’inter-
valle [−5, 4] et on représente la courbe de sa fonction dérivée. Déterminer les variations de chacune des
fonctions f1 , f2 et f3 sur l’intervalle [−5, 4].
y y y
3 3 3
Cf1′ 2 2 2
1 Cf2′ 1 Cf3′ 1
−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 x −5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 x −5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 x
−2 −2 −2
−3 −3 −3
Méthode. Afin de réaliser une étude complète d’une fonction et, entre autres, d’en obtenir la courbe
représentative, on suit les étapes suivantes.
1. Domaine de définition. On détermine Df .
2. Domaine d’étude. On regarde si f possède des symétries.
◦ Si f est périodique, on l’étudie sur une période.
◦ Si f est paire ou impaire, on l’étudie au plus sur la partie positive de son domaine de définition.
3. Variations. On détermine le domaine de dérivation de f , on calcule sa dérivée, on détermine le signe
de sa dérivée et on en déduit les variations de f ainsi que ses tangentes horizontales si elle en a.
4. Limites et asymptotes. On calcule les limites de f au bord du domaine de définition et on en déduit
la présence d’asymptotes ou non.
5. Tracé du graphe.
8.4 Schéma d’étude de fonction 209
Considérons la fonction
f: R → R
1 3
x 7 → 2 (x + 3x 2 − 9x + 1)
1. Domaine de définition. f est une fonction polynomiale donc définie sur R.
3. Variations. f est une fonction polynomiale donc dérivable sur R et, pour tout réel x, on a
1
f ′ (x) = (3x 2 − 6x − 9).
2
On peut alors étudier le signe de la dérivée : on commence par chercher pour quels réels la dérivée
s’annule. Pour tout réel x, on a les équivalences suivantes
1
f ′ (x) = 0 ⇔ (3x 2 − 6x − 9) = 0 ⇔ x 2 − 2x − 3 = 0.
2
Le discriminant du trinôme x 2 − 2x − 3 est égal à ∆ = 16 donc ce trinôme admet les deux racines
réelles suivantes x1 = −1 et x2 = 3. On peut donc construire le tableau de signe de la dérivée :
x −∞ −1 3 +∞
f ′ (x) + 0 − 0 +
x −∞ −1 3 +∞
f ′ (x) + 0 − 0 +
f (x)
5. Limites et asymptotes. On finit de remplir le tableau en calculant les images des abscisses particulières
et les limites de la fonction. Ainsi, pour la fonction f , on a donc
x −∞ −1 3 +∞
f ′ (x) + 0 − 0 +
3 +∞
f (x)
−∞ −2
6. Tracé du graphe. Grâce à ce tableau de variations ainsi rempli, on peut tracer l’allure de la courbe
représentative de la fonction f , avec ses tangentes horizontales :
210 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
y = f (x) x
Figure 8.15 – f : x 7→ 12 (x 3 + 3x 2 − 9x + 1)
1
f (x) − (−3x + 5) = (x − 2)2 (x 2 − 2x − 2).
2
4. Limites et asymptotes. On a
x −3 x −3
lim f (x) = lim = 1 et lim f (x) = lim = 1.
x→−∞ x→−∞ x − 2 x→+∞ x→+∞ x − 2
x −3 x −3
lim f (x) = lim− = +∞ et lim f (x) = lim+ = −∞
x→2− x→2 x −2 x→2+ x→2 x −2
donc f admet une asymptote verticale d’équation x = 2.
5. Tracé du graphe. On obtient la courbe représentative qui suit.
x =2
Cf y =1
0 x
x−3
Figure 8.16 – f : x 7→ x−2
On en déduit que f ′ (x) ⩾ 0 si et seulement si x ∈ [−1, 1] et donc que f est croissante sur [−1, 1]
et décroissante sur ] − ∞, −1] et sur [1, +∞[.
4. Limites et asymptotes. On a
x2 + x + 1 x2 + x + 1
lim f (x) = lim = 1 et lim f (x) = lim = 1.
x→−∞ x→−∞ x2 + 1 x→+∞ x→+∞ x2 + 1
212 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
Cf
y =1
0 x
x 2 +x+1
Figure 8.17 – f : x 7→ x 2 +1
x 2 + 2x − 5
f : x 7→ .
x 2 − 2x + 2
y
y = cos(x) 1 y = sin(x)
• • + •π • • •
−π − π2 0 1 π 3π 2π x
2 2
−1
De plus, pour tout x ∈] − π2 , π2 [, tan(−x) = − tan(x) donc la fonction tan est impaire. On peut donc
réduire le domaine d’étude à [0, π2 [.
3. Variations. Pour tout x ∈ [0, π2 [, on a tan′ (x) = 1 + tan(x)2 , donc la fonction tan est strictement
croissante sur [0, π2 [.
4. Limites et asymptotes. On a tan(x) → +∞ lorsque x → π2 − donc la droite d’équation y = π2 est une
asymptote verticale à la courbe représentative de tan. On a également tan(0) = 0 et tan′ (0) = 1
donc la droite y = x est la tangente à la courbe au point (0, 0).
5. Tracer le graphe. On trace le graphe de tan sur [0, π2 [, que l’on étend par symétrie centrale à ] − π2 , 0]
puis que l’on prolonge à tout R en utilisant la π-périodicité. On retrouve la courbe à la figure 8.19.
1 y = tan(x)
+
1
• • +π • • •
−π − π2 0 π 3π x
2 2
1 n π o
f ′ (x) = 0 ⇔ sin(x) = 0 ou cos(x) = ⇔ x ∈ 0, , π .
2 3
π
La fonction f possède donc une tangente horizontale en x = 0 avec =′ 0, en x = 3 avec
f π(0)
π 1
f 3 = 4 et en x = π avec f (π) = −2. De plus, pour tout x ∈ 0, 3 , f (x) > 0 donc f est
croissante sur cet intervalle. Pour tout x ∈ π3 , π , on a f ′ (x) < 0 donc f est décroissante sur cet
intervalle.
4. Limites et asymptotes. On a f (0) = 0 et f (π) = −2.
5. Tracer le graphe. On obtient la courbe représentative suivante où l’on trace d’abord la partie bleue
que nous venons d’étudier. Le reste de la courbe est obtenu par symétrie par rapport à l’axe des
ordonnées (parité) et par translation (2π-périodicité).
Cf
0
x
Exercice 8.12
−x
1. On a lim f (x) = lim x
x
= 1 et lim f (x) = lim x
= −1. La fonction f n’admet pas de limite en 0 car les limites à droite et à
x→0+ x→0+ x→0− x→0−
gauche sont différentes.
2. On a lim f (x) = lim x 2 = 0 et lim f (x) = lim x 3 = 0. Les limites à droite et à gauche sont donc égales et f admet ainsi une limite
x→0+ x→0+ x→0− x→0−
en 0 qui est égale à 0 (bien qu’elle soit différente de f (0)).
Exercice 8.17
1. 5, 5. − 19 , 9. 0, 13. 5, 17. −∞,
√
2. 22, 6. 5 + 2, 10. −∞, 14. +∞, 18. −∞,
3. 63
4
, 7. 6
, 11. −3, 15. +∞, 19. 3,
7
√
4. 6 2, 8. −16, 12. +∞, 16. +∞, 20. 0.
Exercice 8.18
1. lim f (x) = 0 et lim f (x) = 0, 5. lim f (x) = 0 et lim f (x) = 0,
x→+∞ x→−∞ x→+∞ x→−∞
Exercice 8.19
1. 1, 7. +∞ en −1+ et −∞ en −1− , 13. +∞ en 0+ (pas définie en 0− ),
2. +∞, 8. +∞ en 1+ et −∞ en 1− , 14. 0,
3. −2, 9. 2, 15. − 32 ,
4. 0, 10. 5
4
, 16. +∞ en 1+ et −∞ en 1− ,
5. 0, 11. +∞ en −3+ et −∞ en −3− , 17. − 13 ,
6. +∞ en 1− (pas définie en 1+ ), 12. −∞ en −2+ et +∞ en −2− , 18. −∞ en −2+ et +∞ en −2− .
Exercice 8.22 On note que, puisque −1 ⩽ sin x1 ⩽ 1, on a si x > 0, −x ⩽ f (x) ⩽ x et si x < 0, x ⩽ f (x) ⩽ −x. Puisque ±x → 0 lorsque
Exercice 8.28 On commence par remarquer que f est continue sur R∗ . Il nous reste à étudier la continuité de f en 0. On note que f (x) =
2 +x 2 +x 2 +x 2 2 +x 2
x√
= x2|x| et limx→0− x2|x| = limx→0− − x 2x+x = limx→0− − x+1
2
= − 21 et limx→0+ x2|x| = limx→0+ x 2x+x = limx→0+ x+1
2
= 12 . Donc f n’est
2 x2
pas continue en 0 et ainsi pas continue sur R∗ .
Exercice 8.30
1. On a limx→0− x1 = −∞ et limx→0+ x1 = +∞. La fonction f a une limite infinie à gauche et à droite en 0, elle n’est pas prolongeable par
continuité en 0 (ni à droite, ni à gauche).
2. On déjà vu à l’occasion de l’exercice 8.22 que limx→0± x sin x1 = 0. La fonction f n’est pas définie en 0 mais admet pour limite 0 en
0. On peut donc prolonger f par continuité en 0 en définissant une fonction fe par fe(x) = f (x) si x ̸= 0 et fe(0) = 0.
3. On a déjà vu dans l’exercice 8.28 que limx→0− f (x) = − 12 et limx→0+ f (x) = 1
2
. Ainsi, f n’admet pas de limite en 0 donc f n’est pas
prolongeable par continuité en 0 (on pourra en revanche la prolonger en une fonction fe continue à droite ou à gauche en 0 en posant
fe(0) = ± 12 ).
x 2 −4x+3 (x−1)(x−3)
4. On commence par remarquer que pour tout x ∈ R, x 2 −1
= (x−1)(x+1)
= x+1
.
Ainsi, limx→1− f (x) = limx→1− x+1
x−3 x−3
= −1,
limx→1+ f (x) = x−3
limx→1+ x+1 = −1. On peut donc prolonger f par continuité en 1 en définissant une fonction f par f (x) = f (x)
e e
si x ̸= 1 et fe(1) = −1.
Exercice 8.33 On considère la fonction g définie, pour x ∈ [0, 1], par g(x) = f (x) − x. Puisque f est continue sur [0, 1], g l’est aussi et on
a de plus g(0) = f (0) ⩾ 0 et g(1) = f (1) − 1 ⩽ 0. Ainsi, d’après le théorème des valeurs intermédiaires 8.32, il existe un c ∈ [0, 1] tel que
g(c) = 0 et pour cette valeur de c on a alors f (c) = g(c) + c = c.
Exercice 8.35 Tout d’abord, si f est une fonction polynomiale, elle est continue sur R. De plus, si son degré est impair, on a limx→−∞ f (x) =
−∞ et limx→+∞ f (x) = +∞. Ainsi, d’après le théorème des valeurs intermédiaires 8.32, il existe nécessairement un réel c tel que f (c) = 0.
Autrement dit, f admet au moins une racine réelle.
216 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
Exercice 8.38 Soit f une fonction périodique sur R. Notons T une période de f . Alors, sur [0, T ], f étant une fonction continue elle est bornée
et atteint ses bornes d’après le théorème des bornes atteintes 8.37. f étant T -périodique, elle est donc bornée sur R car elle l’est sur [0, T ]
et elle atteint ses bornes (sur [0, T ] par exemple).
2 2
Exercice 8.43 On a f (1+h)−f
h
(1)
= (1+h) −(1+h)+1−(1−1+1)
h
= h h+h = h + 1 et la limite du taux d’accroissement est donc 1 lorsque h tend vers
0. Ainsi, l’équation de la tangente à la courbe représentative de f en a = 1 a pour équation y = f ′ (1)(x − 1) + f (1) = (x − 1) + 1 = x.
Exercice 8.45
1. On note immédiatement que g est continue sur R \ {2, 4}. Or, limx→2− g(x) = limx→2− 0 = 0 et limx→2+ g(x) = limx→2+ a − xb = a − b2
et limx→4− g(x) = limx→4− a − xb = a − b4 et limx→4+ g(x) = limx→4+ 1 = 1. Ainsi, g est continue sur R si et seulement si a − b2 = 0 et
a − b4 = 1. On en déduit que g est continue sur R si et seulement si a = 2 et b = 4, et donc, pour tout x ∈]2, 4[, g(x) = 2 − x4 .
2− x4
2. On a limx→2− g(x)−g(2)
x−2
= limx→2− x−2 0
= 0 et limx→2+ g(x)−g(2)
x−2
= limx→2+ x−2
= limx→2+ 2(x−2)
x(x−2)
= 1. Ainsi, le taux d’accroissement en
2 de g n’a pas de limite et elle n’est donc pas dérivable en 2.
Exercice 8.46
◦ Pour n = 0. On a fn (x) = sin x1 . Ainsi, puisque la fonction sinus n’a pas de limite en ±∞, fn (x) n’a pas de limite en 0. Elle n’est donc
Exercice 8.52
1. f1 est définie et dérivable sur R et f1′ (x) = −4.
2. f2 est définie et dérivable sur R et f2′ (x) = 6x + 5.
3. f3 est définie et dérivable sur R et f3′ (x) = 12x 5 − 20x 3 + 3x 2 − 7.
4. f4 est définie et dérivable sur R et f4′ (x) = 24x 11 − 9x 8 + 6.
5. f5 est définie et dérivable sur R et f5′ (x) = 9x 2 (x 3 + 2)2 .
3(x−2)−(3x−1)
6. f6 est définie et dérivable sur R \ {2} et f6′ (x) = (x−2)2
5
= − (x−2)2.
3x 2 +24x−21
7. f7 est définie et dérivable sur R \ {−4} et f7′ (x) = (x+4)2
.
′
1+x 1−x−(1+x)×(−1)
′ 1−x (1−x)2 2 1 1
f11 (x) = q = q = q = q = 3 √ .
2 1+x
1−x
2 1+x
1−x
2(1 − x)2 1+x
1−x
(1 − x)2 1+x
1−x
(1 − x) 2 1+x
√ √
1
√
2 x
(3 − x) − (3 + x) × 2−1
√
x
√3
x 3
′
f12 (x) = √ 2 = √ = √ √ .
(3 − x) (3 − x)2 x(3 − x)2
Exercice 8.53
1. On a Df1 = R, f1 est dérivable sur R et pour tout x ∈ R, f1′ (x) = 5 × (−7x 6 + 6x)(−x 7 + 3x 2 )4 = (−35x 6 + 30x)(−x 7 + 3x 2 )4 .
2. On a Df2 = R, f2 est dérivable sur R et pour tout x ∈ R, f2′ (x) = − (x 22x
+1)2
.
8.4 Schéma d’étude de fonction 217
(x−1)−(x+1) −2
3. On a Df3 = R \ {1}, f3 est dérivable sur R \ {1} et pour tout x ∈ R \ {1}, f3′ (x) = (x−1)2
= (x−1)2
.
2
(6x−5)(x+4)−(3x −5x+1) 3x 2 +24x−21
4. On a Df4 = R \ {−4}, f4 est dérivable sur R \ {−4} et pour tout x ∈ R \ {−4}, f4′ (x) = (x+4)2
= (x+4)2
.
3
5. On a Df5 = R∗+ , f5 est dérivable sur R∗+ et pour tout x ∈ R∗+ , f5′ (x) = − 12 x − 2 .
6. On a Df6 = R, f6 est dérivable sur R et pour tout x ∈ R, f6′ (x) = 3 cos(x) sin(x)2 .
7. On a Df7 = R, f7 est dérivable sur R et pour tout x ∈ Df , f7′ (x) = − sin(x)(− sin(cos(x))) = sin(x) sin(cos(x)).
8. On a Df8 = R∗ , f8 est dérivable sur R∗ et pour tout x ∈ R∗ , f8′ (x) = −1 cos x1 .
x2
2 +cos(x)2
9. On a Df9 = R \ π2 + kπ, k ∈ Z , f9 est dérivable sur Df9 et pour tout x ∈ Df9 , f9′ (x) = sin(x)cos(x) 1
2.
2 = cos(x)
10. On a Df10 =] − ∞, 1] ∪ [3, +∞[ car 2x 2 − 8x + 6 ⩾ 0 si et seulement si x ∈] − ∞, 1] ∪ [3, +∞[. f10 est dérivable sur ] − ∞, 1[∪]3, +∞[
et pour tout x ∈] − ∞, 1[∪]3, +∞[, f10
′ (x) = √ 4x−8
2
= √ 2x−4
2
.
2 2x −8x+6 2x −8x+6
Exercice 8.57 Tout d’abord, puisque pour tout réel λ, lim f (x) = +∞ et lim f (x) = −∞, f n’a pas d’extremum global. De plus,
x→+∞ x→−∞
λ
f ′ (x) = 0 ⇔ 3x 2 + λ = 0 ⇔ x2 = − .
3
Ainsi,
◦ Si λ > 0, alors f ′ ne s’annule pas.
◦ Si λ = 0, alors f ′ (0) mais 0 mais ce n’est ni un maximum local ni un minimum local de f : x 7→ x 3 .
◦ Si λ < 0, alors f ′ (x1 ) = f ′ (x2 ) = 0 avec r r
λ λ
x1 = − − et x2 = − .
3 3
L’étude des variations de f donne :
x −∞ x1 x2 +∞
signe de f ′ (x) + 0 − 0 +
f (x1 ) +∞
variations
de f
−∞ f (x2 )
Exercice 8.59 On rappelle que, d’après le théorème de Rolle 8.58, si f une fonction continue sur [a, b] et dérivable sur ]a, b[ telle que
f (a) = f (b), alors il existe c ∈]a, b[ tel que f ′ (c) = 0. Supposons que f est périodique de période T > 0. Alors, par définition on a
f (a) = f (a + T ) et donc il existe c ∈]a, a + T [ tel que f ′ (c) = 0 ce qui est en contradiction avec le fait que f ′ ne s’annule pas. f ne peut
donc pas être périodique.
Exercice 8.63
1. On a
x −5 −3 2 4
f1′ (x) − 0 + 0 −
f1 (x)
2. On a
x −5 −2 1 4
f2′ (x) − 0 0 0 +
f2 (x)
218 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
3. On a
x −5 −4 −2 3 4
f3′ (x) − 0 + 0 − 0 +
f3 (x)
Exercice 8.64
1. Df = R car f est une fonction polynomiale. De plus, f ′ (x) = 2x − 6. On obtient donc le tableau de variations suivant pour f :
x −∞ 3 +∞
f ′ (x) − 0 +
+∞ +∞
f (x)
−4
2. f admet un minimum en x = 3 qui faut f (3) = −4. Puisque f ′ (3) = 0, la tangente à la courbe représentative de f en ce point a pour
équation y = f ′ (3)(x − 3) + f (3) = −4 (cette tangente est donc horizontale).
3. On a
y
Exercice 8.65
1. La fonction f étant polynomiale, elle est définie et dérivable sur R, avec pour tout x ∈ R, f ′ (x) = 2x 3 − 9x 2 + 10x − 3.
2. On a, pour x ∈ R, (2x − 1)(ax 2 + bx + c) = 2ax 3 + (2b − a)x 2 + (2c − b)x − c = 2x 3 − 9x + 10x − 3. donc, a = 1, b = −4 et c = 3.
3. On a, pour tout x ∈ R, f ′ (x) = (2x − 1)(x 2 − 4x + 3) et le trinôme x 2 − 4x + 3 a pour discriminant ∆ = 16 − 12 = 4 et il possède donc
deux racines réelles distinctes qui sont 1 et 3. On peut donc construire le tableau de signe de la dérivée :
1
x −∞ 2 1 3 +∞
2x − 1 − 0 + + +
x 2 − 4x + 3 + + 0 − 0 +
f ′ (x) − 0 + 0 − 0 +
1
x −∞ 2 1 3 +∞
f ′ (x) − 0 + 0 − 0 +
+∞ 1 +∞
2
f (x)
13
32
− 27
8.4 Schéma d’étude de fonction 219
6. Soit x ∈ R. La différence f (x) − (−3x + 5) est, d’après la question précédente, égale à 21 (x − 2)2 (x 2 − 2x − 2). Or, 12 (x − 2)2 ⩾ 0 et
x 2 − 2x − 2 vaut 4 − 4 − 2 = −2 en x = 2. Donc, f (x) − (−3x + 5) est négatif au voisinage de x = 2 et la fonction f est donc en
dessous de sa tangente T en x = 2.
7. On a
y
Exercice 8.66
1. La fonction f est une fraction rationnelle. On note immédiatement que la droite horizontale x = 1 est une asymptote verticale. On note
alors que pour tout x ∈ R \ {1}, f ′ (x) = 3(x−1)−(3x−2)
(x−1)2
−1
= (x−1)2 et on en déduit que f est décroissante sur R. De plus,limx→−∞ x−1 =
3x−2
Cf
0 1 x
2. La fonction f est une fraction rationnelle. On note immédiatement que la droite horizontale x = 1 est une asymptote verticale. On note
alors que pour tout x ∈ R \ {1}, f ′ (x) = (x−1)−(x+1)
(x−1)2
−2
= (x−1)2 et on en déduit que f est décroissante sur R. De plus, limx→−∞ x−1 = 1
x+1
et limx→+∞ x−1
x+1
= 1 et enfin, limx→1− x+1
x−1
= −∞ et limx→1+ x+1
x−1
= +∞. On a à présent toutes les informations nécessaires pour tracer
la courbe et on obtient donc :
220 Chapitre 8 – Études de fonctions réelles
Cf
0 1 x
Exercice 8.67
1. Domaine de définition. Il nous suffit d’étudier les racines du dénominateur. Or, le trinôme x 2 − 2x + 2 a pour discriminant ∆ = 4 − 8 =
−4 < 0 et ne possède donc pas de racine réelle. Ainsi, Df = R.
2. Domaine d’étude. La fonction f ne possède donc pas de propriété de périodicité ni de parité donc on l’étudie sur Df .
3. Variations. f est dérivable sur R. De plus, pour tout x ∈ R,
Or, le trinôme −4x 2 +14x −6 a pour discriminant ∆ = 142 −4×4×6 = 100 et possède donc deux racines réelles distinctes x1 = −14−10 =3
−8
et x2 = −14+10 = 21 , donc f ′ (x) = 0 si et seulement si x ∈ 12 , 3 et f admet donc une tangente horizontale en x = 12 (et f 12 = − 15 )
−8 4
et en x = 3 (et f (3) = 2). De plus, f ′ (x) > 0 si et seulement si x ∈ 12 , 3 car le dénominateur est toujours positif et le numérateur
est négatif sauf entre ses racines 12 et 3. La fonction f est donc croissante sur 12 , 3 et décroissante sur −∞, 12 ∪ [3, +∞[.
4. Limites et asymptotes. On remarque que limx→−∞ f (x) = 1 et limx→+∞ f (x) = 1. Donc f admet pour asymptote horizontale la droite
d’équation y = 1 en +∞.
5. Tracé du graphe. On a
Cf
1
0 1 x
CHAPITRE 9
Fonctions de références
Nous allons, dans ce chapitre, procéder à l’étude de quelques fonctions qui, pour diverses raisons,
sont particulièrement importantes. Nous commencerons ainsi par définir la fonction partie entière qui
nous permettra, entre autres, d’étudier le lien entre les nombres réels et les nombres rationnels. Dans
un second temps, nous introduirons deux fonctions fondamentales en mathématiques et en sciences en
général : l’exponentielle et le logarithme népérien. Enfin, nous achèverons ce chapitre par une brève étude
des fonctions puissances et exponentielles de base a. Ces fonctions viennent ainsi s’ajouter à celles que
nous avons croisées précédemment telles que les fonctions polynômiales (constantes, affines, du second
degré ou encore la fonction cube), la fonction racine carrée, la fonction inverse ainsi que la fonction
valeur absolue. Il est indispensable pour pouvoir pleinement profiter des chapitres à venir de maîtriser
parfaitement toutes ces fonctions i.e. de connaître leurs domaines de définitions, leurs fonctions dérivées,
leurs variations, leurs limites et d’être capable de tracer une allure de leurs courbes représentatives.
Propriété 9.1. L’ensemble des nombres réels R est archimédien, c’est-à-dire que pour tout réel x, il
existe un entier n tel que n > x.
Cette propriété de l’ensemble des réels va nous permettre de définir la fonction partie entière.
Propriété 9.2 – Définition de la partie entière. Pour tout réel x, il existe un unique entier noté ⌊x⌋ et
appelé partie entière de x, tel que
⌊x⌋ ⩽ x < ⌊x⌋ + 1.
Sa représentation graphique est à la figure 9.1.
◦ Existence. Supposons sans perte de généralité que x est un réel positif. D’après la propriété 9.1,
il existe un entier n > 0 tel que n > x. On déduit de ceci que le sous-ensemble de N défini par
A = {k ∈ N, k ⩽ x} est fini et qu’il admet donc un plus grand élément. Notons le Km et notons
que Km ∈ A et Km + 1 ∈ / A puisque Km + 1 > Km . On en déduit que Km ⩽ x < Km + 1.
222 Chapitre 9 – Fonctions de références
y y = ⌊x⌋
• (
• (
1
• (
• (1
0 x
• (
• (
• (
• (
Exemple. La partie entière de x est le plus grand entier inférieur ou égal à x. Ainsi, ⌊2, 982⌋ = 2, ⌊π⌋ = 3
et ⌊−5, 761⌋ = −6.
√
Exercice 9.3. Tracer la courbe représentative de la fonction y = ⌊ x⌋ sur l’intervalle [0, 25].
p
Exercice 9.5. Étudier la continuité sur R de la fonction f : x ∈ R 7→ ⌊x⌋ + x − ⌊x⌋.
Exercice 9.6 – Densité des décimaux dans R. Pour tout nombre réel a, on définit la suite (un )n∈N en
n a⌋
posant pour tout n ∈ N, un = ⌊10
10n .
1
1. Montrer que pour tout entier naturel n, 0 ⩽ a − un < 10n .
2. En déduire que u converge vers a.
3. En déduire une suite de rationnels (et même de décimaux) qui approche le nombre π. Déterminer
ses trois premiers termes. On note que l’on obtient cette suite en ajoutant une à une les décimales
de π.
Cela prouve de façon constructive que Q est « dense » dans R (voir [Tao22]).
9.2 La fonction exponentielle 223
Ce type d’équation où l’inconnue est une fonction et qui fait intervenir sa dérivée est appelé équation
différentielle. On peut rapidement constater que cette équation, si elle admet une solution g différente
de la fonction nulle, en admet alors une infinité. En effet, supposons qu’il existe une fonction g telle que
g ′ = g et qui n’est pas nulle. Alors, pour tout réel non nul a, la fonction x 7→ ag(x) est également solution
de cette équation. Raffinons alors un peu la question : existe-t-il une fonction f définie et dérivable sur R
telle que
f ′ = f et f (0) = 1 ?
C’est à cette question que nous allons répondre dans la suite de ce chapitre.
f ′ = f et f (0) = 1,
f (x)f (−x) = 1.
Remarque. On énonce ici un résultat sur une fonction f satisfaisant une certaine propriété, mais pour le
moment on ne sait pas si une telle fonction existe.
Démonstration. Soit f une fonction définie et dérivable sur R telle que pour tout réel x, f ′ (x) = f (x) et
f (0) = 1. On considère la fonction h définie sur R, par
h: R → R
.
x 7 → f (x)f (−x)
Comme h est le produit de deux fonctions dérivables sur R, la fonction h est dérivable sur R et pour tout
réel x,
h′ (x) = f ′ (x)f (−x) − f (x)f ′ (−x)
= f (x)f (−x) − f (x)f (−x) par définition de f
= 0.
Comme la dérivée de h est la fonction nulle, alors h est une fonction constante (on pourra le montrer
en utilisant le théorème des accroissements finis 8.60). Or h(0) = f (0)f (0) = 1, ainsi, pour tout réel
224 Chapitre 9 – Fonctions de références
x, h(x) = f (x)f (−x) = 1. Supposons par l’absurde qu’il existe un réel x0 tel que f (x0 ) = 0. Alors
h(x0 ) = f (x0 )f (−x0 ) = 0 ce qui n’est pas possible. Donc, pour tout réel x, f (x) ̸= 0.
Théorème 9.8. Il existe une unique fonction f , définie et dérivable sur R, telle que, pour tout réel x,
Démonstration. Il y a deux points à démontrer dans ce théorème. D’un côté l’existence d’une telle
fonction, et de l’autre l’unicité.
◦ Existence d’une solution. On admet l’existence d’une solution car il faudrait utiliser la notion de
série entière qui dépasse le niveau attendu ici. Si vous êtes intéressé par cette question vous pouvez
consulter [Rud98, Prologue].
◦ Unicité de la solution. On va démontrer l’unicité de la solution à ce problème. On considère deux
fonctions f et g qui sont solutions à notre problème, c’est-à-dire que pour tout réel x, f ′ (x) = f (x)
et f (0) = 1 ainsi que g ′ (x) = g(x) et g(0) = 1. En particulier, d’après le lemme 9.7, pour tout réel
x, g(x) ̸= 0. On définit alors sur R la fonction
h: R → R
f (x) .
x 7 → g(x)
Comme g ne s’annule jamais et que la fonction h est le quotient de deux fonctions dérivables, la
fonction h est dérivable et, pour tout réel x, on a
donc h′ est la fonction nulle. Ainsi, la fonction h est une fonction constante. Or, f (0) = 1 = g(0)
f (x)
donc h(0) = 1 et ainsi, pour tout réel x, h(x) = g(x) = 1. On a donc finalement bien montré que
pour tout réel x, f (x) = g(x).
Définition 9.9 – Fonction exponentielle. On appelle fonction exponentielle et on note exp, l’unique
fonction définie et dérivable sur R qui, pour tout réel x, satisfait
Démonstration.
◦ Fixons un réel y . On note que exp(y ) ̸= 0 et on considère la fonction
h: R → R
exp(x+y )
x → exp(y )
9.2 La fonction exponentielle 225
qui est définie et dérivable sur R car la fonction exponentielle est dérivable. Pour tout x ∈ R,
exp′ (x + y ) exp(x + y )
h′ (x) = = = h(x)
exp(y ) exp(y )
exp(0+y )
et de plus, h(0) = exp(y ) = 1. Ainsi h est la fonction exponentielle, donc pour tout réel x,
exp(x+y )
exp(x) = exp(y ) et, pour tous réels x et y , on a exp(x) exp(y ) = exp(x + y ).
◦ Pour tout réel x, on a exp(x) exp(−x) = 1, d’où le résultat.
exp(x)
◦ Si x et y sont deux réels, exp(x − y ) = exp(x) exp(−y ) = exp(y ) d’après les deux points précédents.
◦ Soit x un réel. Montrons que, pour tout entier relatif n, on a exp(nx) = (exp(x))n . On procède par
récurrence pour montrer le résultat pour n ∈ N.
▷ Annonce. Pour n ∈ N, on nomme P(n) la proposition « exp(nx) = (exp(x))n ».
▷ Initialisation. Pour n = 0, on a exp(0) = 1 = exp(x)0 , donc P(0) est vraie.
▷ Hérédité. Soit n ∈ N. Supposons que la proposition P(n) est vraie, c’est-à-dire que exp(nx) =
(exp(x))n . Démontrons alors que P(n + 1) est vraie. On a exp((n + 1)x) = exp(nx + x) et donc
Ainsi, si la proposition P(n) est vraie, alors la proposition P(n + 1) est vraie.
▷ Conclusion. D’après le principe de récurrence, on a montré que pour tout entier n ∈ N,
exp(nx) = (exp(x))n . De plus, si n ∈ Z est un entier négatif, on utilise le deuxième point
pour conclure.
Corollaire 9.11. La fonction exponentielle est strictement positive, i.e. pour tout réel x, on a exp(x) > 0.
2
Démonstration. Soit x un réel. On a exp(x) = exp 2 x2 = exp x2
d’après la proposition 9.10. Comme
un carré est toujours positif, exp(x) ⩾ 0 et puisqu’on a pour tout réel x, exp(x) ̸= 0, l’inégalité est stricte,
d’où le résultat.
Remarque. On remarque que la fonction exponentielle possède les mêmes règles de calcul que les puis-
sances entières. Ainsi, on adoptera la notation suivante : pour tout réel x, ex = exp(x). On peut ainsi
réécrire les différentes propriétés que nous avons démontré précédemment. Pour tous réels x et y et pour
tout entier n, on a
1 ex
◦ e0 = 1, ◦ ex e−x = 1, ◦ e−x = ex , ◦ ex−y = ey ,
◦ e1 = e, ◦ ex > 0, ◦ ex+y = ex ey , ◦ enx = (e ) .
x n
Démonstration. La fonction exponentielle est dérivable sur R, et pour tout réel x, exp′ (x) = exp(x) >
0.
Corollaire 9.14. Si I est un intervalle et u : I → R est une fonction dérivable sur I, alors la fonction
exp ◦u : I → R est dérivable sur I et pour tout x ∈ I,
Démonstration. Découle de la formule de dérivation d’une fonction composée (voir le théorème 8.51).
Exercice 9.15. Déterminer la fonction dérivée des fonctions f définies sur R suivantes :
2 ex
1. f (x) = xex + 3x − 1, 3. f (x) = e−x , 5. f (x) = ex −x ,
e2x+1
2. f (x) = (x 2 − 3x)e−x , 4. f (x) = x 2 ecos(x) , 6. f (x) = e2x +1 .
x −∞ 1 +∞
f ′ (x) − 0 +
+∞ +∞
f (x)
0
Démonstration.
◦ Pour tout réel x ⩾ 0, ex ⩾ x + 1. Ainsi, d’après le théorème de plancher montant 8.24, puisque x + 1
tend vers +∞ lorsque x → +∞, on en déduit la première limite.
◦ On a lim ex = lim e−x = lim 1
x = 0 d’après le premier point.
x→−∞ x→+∞ x→+∞ e
ex
lim = +∞ et lim x n ex = 0.
x→+∞ x n x→−∞
Démonstration.
x
◦ On commence par démontrer que ex tend vers +∞ lorsque x → +∞. On considère la fonction h
2
définie, pour tout réel x, par h(x) = ex − x2 . Cette fonction est dérivable sur R car c’est une somme
de fonctions dérivables, et pour tout réel x, h′ (x) = ex − x. Or, on a pour tout réel x, ex ⩾ x + 1
donc ex > x et donc, pour tout réel x, h′ (x) > 0. Ainsi, la fonction h est strictement croissante.
2 x
De plus, h(0) = 0 donc pour tout réel x > 0, on a ex > x2 ce qui équivaut ex > x2 . Ainsi, puisque
x
2 → +∞ lorsque x → +∞, on conclut à l’aide du théorème de plancher montant 8.24 que lim x→+∞
ex
x = +∞.
ex
On considère à présent un entier naturel n > 1 et on cherche la limite en +∞ de x 7→ xn . D’après
le début de la preuve, on a
x
en ey
lim x = lim = +∞
x→+∞ y →+∞ y
n
ce qui implique
x x
1 en en
lim× x = lim = +∞,
x→+∞ n x→+∞ x
n
x n
en ex
d’où lim x = +∞ et donc lim n = +∞.
x→+∞ x→+∞ x
À retenir. On pourra retenir que « l’exponentielle l’emporte à l’infini sur toutes les puissances de x ».
−2ex
Exercice 9.23. Soit f la fonction définie sur R par f (x) = 1+ex .
1. Déterminer la limite de f en −∞.
−2
2. Montrer que pour tout nombre réel x, f (x) = 1+e−x .
3. En déduire la limite de f en +∞.
4. Montrer que, dans un repère, la courbe représentative de f est toujours située en dessous de l’axe
des abscisses et au-dessus de la droite d’équation y = −2.
228 Chapitre 9 – Fonctions de références
ex − 1
lim = 1.
x→0 x
Démonstration. La fonction exponentielle est dérivable sur R donc en particulier en 0. Par définition du
nombre dérivé, on a
exp(0 + h) − exp(0) eh − 1
exp′ (0) = lim = lim .
h→0 h h→0 0
Or, on a exp′ (0) = exp(0) = 1 et on obtient donc le résultat voulu.
x −∞ 0 1 +∞
exp′ (x) + 1 +
+∞
exp(x) e
1
0
On est alors en mesure de tracer la courbe représentative de la fonction exponentielle comme suit.
y = ex
e ≈ 2.71828 •
y =x +1
1 x
ex −1
Exercice 9.26. On considère la fonction f définie sur R par f (x) = ex +1 .
1. Déterminer la limite de f en −∞. En déduire l’existence d’une asymptote à Cf en −∞ dont on
précisera une équation.
2. Déterminer la limite de f en +∞. En déduire l’existence d’une asymptote à Cf en +∞ dont on
précisera une équation.
3. Démontrer que pour tout nombre réel x, f (−x) = −f (x). Que peut-on en déduire pour la fonction
f et pour sa courbe représentative ?
4. Calculer la dérivée de f . Étudier son signe et dresser le tableau de variations de f .
exp(y ) = x.
On note alors ln(x) l’unique solution de l’équation exp(y ) = x d’inconnue y et on nomme ce nombre
logarithme népérien de x.
Définition 9.27 – Fonction logarithme népérien. On note ln et on nomme fonction logarithme népé-
rien la fonction qui à un nombre réel strictement positif x associe le nombre ln(x) :
ln : ]0, +∞[ −→ R
.
x 7−→ ln(x)
Démonstration.
◦ Il s’agit de la définition de la fonction logarithme népérien.
◦ Soit y un nombre réel. Le nombre ln(exp(y )) est, par définition, l’unique solution de l’équation
exp(x) = exp(y ) d’inconnue x. Or, cette équation a pour solution évidente y (car exp(y ) = exp(y )),
donc finalement, on a ln(exp(y )) = y . De plus, pour y = 0 on en déduit que ln(exp(0)) = 0 et donc
ln(1) = 0 puisque exp(0) = 1.
Proposition 9.30. Pour tous réels strictement positifs x et y et pour tout nombre entier n ∈ N∗ , on a
les relations suivantes :
230 Chapitre 9 – Fonctions de références
◦ ln(xy ) = ln(x) + ln(y ), ◦ ln 1
y = − ln(y ),
√
1 x
◦ ln(x n ) = n ln(x) et ln( x) = 2 ln(x), ◦ ln y = ln(x) − ln(y ).
◦ On a eln(x)+ln(y ) = eln(x) eln(y ) = xy . Or, par définition, le nombre ln(xy ) est l’unique nombre réel qui
satisfait l’équation exp(t) = xy d’inconnue t. On a donc l’égalité ln(xy ) = ln(x) + ln(y ).
d’où le résultat.
◦ On a ln yx = ln x y1 = ln(x) + ln y1 donc le résultat découle de la relation précédente.
Exercice 9.31. Exprimer chacun des nombres suivants en fonction de ln(2) et/ou ln(5) :
√ pe
1. ln(100), 3. ln 25 , 5. ln 5 ,
4
20
2. ln 25 , 4. ln 10e2 , 6. ln √ e
.
Exercice 9.32. Exprimer chacun des nombres suivants sous la forme ln(a) où a est un réel strictement
positif :
1. 3 + ln(2), 2. − ln(3) − ln(7), 3. ln(45) − ln(9), 4. 2 + 2 ln(5).
Proposition 9.33 – Résolution d’équations d’inéquation. Pour tous réels x et y strictement positifs,
◦ ln(x) = ln(y ) si et seulement si x = y , ◦ ln(x) < ln(y ) si et seulement si x < y .
Démonstration. Soient x et y deux réels strictement positifs. D’après le corollaire 9.16, ln(x) = ln(y ) si
et seulement si eln(x) = eln(y ) et, par définition du logarithme népérien, on sait que eln(x) = x et eln(y ) = y ,
donc ln(x) = ln(y ) si et seulement si x = y . On raisonne de même pour le second point.
Démonstration. Par définition de la stricte croissance et grâce au second point de la proposition 9.33
précédente.
9.3 La fonction logarithme 231
1
(ln)′ (x) = .
x
Démonstration. Par définition de la fonction logarithme, pour tout réel strictement positif x, eln(x) = x.
Ainsi, la dérivée de la fonction de gauche est égale à la dérivée de la fonction de droite. Or, la dérivée de
la fonction x 7→ eln(x) est donnée par (ln)′ (x)eln(x) = x(ln)′ (x). Ainsi, puisque la dérivée de x 7→ x est la
fonction constante égale à 1, on obtient le résultat voulu.
Exercice 9.38. Calculer les dérivées des fonctions suivantes, définies sur ]0, +∞[, par :
x
1. x 7→ x + 2 ln(x), 4. x 7→ ex ln(x) , 7. x 7→ ln(x) ,
ln(x)
2. x 7→ 3 + x ln(x), 5. x 7→ x , 8. x 7→ ln(x)2 ,
3. x 7→ (x − 1) ln(x), 6. x 7→ x ln(x), 9. x 7→ ln(x 2 ).
2
Exercice 9.39. Étudier les variations de la fonction f définie sur R par f (x) = ex − 2x 2 .
Corollaire 9.40. Si I est un intervalle et u : I → R∗+ est une fonction dérivable sur I alors la fonction
ln ◦u : I → R est dérivable sur I et pour tout x ∈ I,
u ′ (x)
(ln(u(x)))′ = .
u(x)
Démonstration. Découle de la formule de dérivation d’une composée de fonctions (voir théorème 8.51).
Démonstration.
◦ Montrons que ln(x) → −∞ lorsque x → 0+ . Soit M, un nombre réel. Pour 0 < x < eM , on a
ln(x) < ln(eM ) donc ln(x) < M car la fonction ln est strictement croissante. On a donc montré que
pour tout nombre négatif M, il existe η = eM tel que pour tout réel 0 < x < η, ln(x) < M ce qui
donne bien la limite voulue.
◦ Montrons que ln(x) → +∞ lorsque x → +∞. Soit A un nombre réel. Pour x > eM , on a ln(x) >
ln(eM ) car la fonction ln est strictement croissante et donc ln(x) > M. Ainsi, pour tout réel M, il
existe un réel xM = eM tel que pour tout x > xM , ln(x) > M, et donc ln tend vers +∞ en +∞.
Afin de lever certaines formes indéterminées, comme pour la fonction exponentielle à l’aide de la propo-
sition 9.21, nous pourrions avoir besoin des limites suivantes.
ln(x)
lim = 0 et lim x n ln(x) = 0.
x→+∞ x n x→0+
◦ Montrons que lim+ x ln(x) = 0. Soit x un réel strictement positif, on pose y = x1 . On a alors x ln(x) =
x→0
− ln(y )
1
y ln 1
y = y et on en déduit, d’après ce qui précède, que lim+ x ln(x) = lim − ln(yy
)
= 0.
x→0 y →+∞
ln(x)
Exercice 9.45. Procéder à l’étude complète de la fonction f : x 7→ x .
Exercice 9.46. On considère la fonction f définie sur ] − 1, +∞[ par f (x) = x − ln(1 + x).
1. Déterminer les limites de f aux bornes de son domaine de définition.
2. Étudier les variations de f et déterminer le signe de f sur ] − 1, +∞[.
3. En utilisant le signe de f , justifier que pour tout n ∈ N∗ , ln 1 + n1 < n1 .
n
4. En déduire que pour tout entier naturel n, non nul 1 + n1 < e.
ln(1+x)
Proposition 9.47 – Une dernière limite. On a lim x = 1.
x→0
9.3 La fonction logarithme 233
Démonstration. La fonction ln est dérivable sur l’intervalle ]0, +∞[, donc en particulier, la fonction ln est
dérivable en 1. Or, ln(1+h)−ln(1)
h → ln′ (1) lorsque h → 0. On obtient alors le résultat grâce au fait que
′
ln(1) = 0 et ln (1) = 1.
x 0 1 e +∞
signe
+
de ln′
+∞
ln(x) 1
0
−∞
y = ln(x)
•
1
x
0 1 e
Remarque. Les représentations graphiques des fonctions exponentielle et logarithme sont symétriques
l’une de l’autre par rapport à la droite d’équation y = x. Ceci est une conséquence de la proposition 5.29
car pour tout x ∈ R, ln(ex ) = x et pour tout y ∈ R∗+ , eln(y ) = y (on dit que exp et ln sont des fonctions
réciproques l’une de l’autre).
Exercice 9.49. Soit h la fonction définie sur ]0, +∞[ par h(x) = ln(x) − (x − 1).
1. Calculer la dérivée de h et étudier son signe.
2. En déduire que h possède un maximum, que l’on déterminera.
3. Justifier que, pour tout x ∈]0, +∞[, on a ln(x) ⩽ x − 1 .
f : x 7→ ln(|x 3 + 3x 2 + 3x + 2|).
234 Chapitre 9 – Fonctions de références
Définition 9.51. Soit b ∈ R. La fonction f : ]0, +∞[→ R définie par f (x) = x b = eb ln(x) s’appelle une
fonction puissance.
Par composition de fonctions, f est définie, continue et dérivable sur R∗+ et pour tout x > 0,
b b ln(x)
f ′ (x) = e = bx b−1 .
x
De ceci l’on déduit la monotonie de la fonction puissance x 7→ x b selon le signe de b et on obtient alors
les courbes suivantes selon les cas.
y
y = x3 y = x2
y = x1
1
y =x2
y = x0
1
y = x −1
x
O 1 y = x −2
Définition 9.52. Soit a un réel strictement positif. La fonction f : R → R définie par f (x) = ax = ex ln(a)
s’appelle fonction exponentielle de base a.
Par composition, l’application f : x 7→ ax est définie, continue et dérivable sur R et pour tout réel x,
fa′ (x) = ln(a)ex ln(a) = ln(a)ax . De ceci l’on déduit la monotonie de f selon si a est plus grand ou plus
petit que 1 et on obtient alors les courbes suivantes selon les cas :
y x
y =3
1 x
y = 2x
y= 2
1 y = 1x
0 1 x
Exemple – Application au calcul de limites. Étant donné un réel a, on cherche à déterminer la limite
a x
lim 1 + .
x→+∞ x
On commence par remarquer que a x a
1+ = ex ln(1+ x ) .
x
On note que cette expression a du sens même si a < 0 à condition de prendre x suffisamment grand pour
que 1 + xa > 0 ce qui est possible puisqu’on cherche la limite lorsque x tend vers +∞ et que pour tout
réel a, lim xa = 0. De plus
x→+∞
a
a ln 1 + x − ln (1 + 0) ln (1 + aX) − ln (1 + 0)
x ln 1 + = 1 =
x x −0 X−0
en posant X = x1 . Or, X tend vers 0 lorsque x tend vers +∞. On considère alors la fonction
f : X 7→ ln (1 + aX) ,
2. Montrer que f est dérivable sur ]0, +∞[ et donner l’expression de f ′ (x).
3. Étudier les variations de f et tracer sa courbe représentative.
236 Chapitre 9 – Fonctions de références
y √
y = x
5+
4+ • (
3+ • (
2+ • (
1+ • (
• +
( + + + +
0 1 4 9 16 25 x
Exercice 9.4
1. On a ⌊x + 1⌋ = max({n ∈ Z, n ⩽ x + 1}) = max({n ∈ Z, n − 1 ⩽ x}) = max({m ∈ Z, m ⩽ x}) + 1. Ainsi, on a ⌊x + 1⌋ = ⌊x⌋ + 1. De
plus, on a alors f (x + 1) = (x + 1) − ⌊x + 1⌋ = (x + 1) − (⌊x⌋ + 1) = x − ⌊x⌋ = f (x) donc f est 1-périodique.
2. On a
1
( ( ( ( (
• • • • •
0 1 x
Exercice 9.5 Tout d’abord rappelons que la fonction partie entière est continue sur R \ Z. De plus, par définition de la partie entière, pour
tout réel x, ⌊x⌋ ⩽ x < ⌊x⌋ + 1 donc x − ⌊x⌋ ⩾√0 et f est définie sur R. Soit k ∈ Z. Pour savoir si f est continue en k on cherche à savoir si
lim f (x) = f (k). D’une part on a f (k) = k − k − k = k. D’autre part, on va calculer lim f (x) et lim f (x).
x→k x→k + x→k −
√ √
◦ Si x ∈]k, k + 1[ alors ⌊x⌋ = k donc f (x) = k + x − k −→ k + 0 = k d’où lim f (x) = k.
x→k + x→k +
√ √
◦ Si x ∈]k − 1, k[ alors ⌊x⌋ = k − 1 donc f (x) = k − 1 + x − k + 1 −→ k − 1 + 1 = k d’où lim f (x) = k.
x→k − x→k −
Finalement, lim f (x) = lim f (x) = f (k) donc f est continue en k ∈ Z et on conclut que f est continue sur R car elle est également
x→k − x→k +
continue sur R \ Z.
Exercice 9.6
1. On commence par rappeler que, par définition de la fonction partie entière, ⌊10n a⌋ ⩽ 10n a < ⌊10n a⌋ + 1 et donc, en divisant par 10n on
obtient
⌊10n a⌋ ⌊10n a⌋ 1 1
un = ⩽a< + = un + .
10n 10n 10n 10n
En soustrayant un dans tous les membres, on arrive donc bien à 0 ⩽ a − un < 1
10n
.
2. On a 1
→ 0 lorsque n → +∞, donc d’après le théorème d’encadrement (ou des gendarmes), on a a − un → 0 d’après la question
10n
précédente et donc un → a lorsque n → +∞.
E(10n π)
3. Prenons a = π. Alors, un = 10n
est une suite de décimaux (et donc de rationnels) qui converge vers π d’après la question précédente.
On a,
⌊π⌋ ⌊10π⌋ ⌊31, 41⌋ ⌊100π⌋ ⌊314, 15⌋
u0 = = 3, u1 = = = 3, 1 et u2 = = = 3, 14.
1 10 10 100 100
Exercice 9.12
1. (ex − 1)(ex − 4) = (ex )2 − 4ex − ex + 4 = e2x − 5ex + 4.
2. (ex − 1)(ex + 1) = (ex )2 − 1 = e2x − 1.
3. On commence par noter que
(ex + e−x )2 = e2x + 2ex e−x + e−2x = e2x + 2 + e−2x et (ex − e−x )2 = e2x − 2ex e−x + e−2x = e2x − 2 + e−2x .
Exercice 9.15
1. f ′ (x) = ex + xex + 3 = (1 + x)ex + 3.
2. f (x) = (x 2 − 3x) × (−e−x ) + (2x − 3)e−x = (−x 2 + 5x − 3)e−x .
2
3. f (x) = −2xe−x .
4. f ′ (x) = 2xecos(x) + x 2 (− sin(x))ecos(x) = (2x − x 2 sin(x))ecos(x) .
5. On a
ex (ex − x) − ex (ex − 1) e2x − xex − e2x + ex (1 − x)ex
f ′ (x) = = = x .
(ex − x)2 (ex − x)2 (e − x)2
6. On a
2e2x+1 (e2x + 1) − e2x+1 (2e2x ) 2e4x+1 + 2e2x+1 − 2e4x+1 2e2x+1
f ′ (x) = = = 2x .
(e2x + 1)2 (e2x + 1)2 (e + 1)2
Exercice 9.17
1. Il n’y a pas de solution car la fonction exponentielle ne s’annule jamais.
2. On sait que ey = 1 si et seulement si y = 0. Ainsi, ex+1 = 0 si et seulement si x + 1 = 0 et donc si et seulement si x = −1.
3. On sait que ea = eb si et seulement si a = b. Ainsi,e−3x = ex+1 si et seulement si −3x = x + 1 ce qui équivaut à x = − 14 .
2
4. ex = ex+1 si et seulement si x 2 = x +1 ce qui équivaut à √x 2 −x −1 = 0.√Or, ce trinôme a pour discriminant ∆ = (−1)2 −4×1×(−1) = 5
et il possède donc deux racines réelles distinctes x1 = 1−2 5 et x2 = 1+2 5 .
2
5. ex = e−x−1 si et seulement si x 2 = −x − 1 ce qui équivaut à x 2 + x + 1 = 0. Or, ce trinôme a pour discriminant ∆ = (−1)2 − 4 × 1 × 1 =
−3 < 0 et il ne possède donc pas de solution réelle.
6. On pose X = ex on obtient alors (ex )2 − 2ex + 1 = 0 si et seulement si X 2 − 2X + 1 = 0. Or, ce trinôme a pour discriminant
∆ = (−2)2 − 4 × 1 × 1 = 0 et il possède donc une racine réelle double X0 = 22 = 1. De plus, ex0 = X0 = 1 si et seulement si x0 = 0
donc 0 est l’unique solution de cette équation.
Exercice 9.18
1. e2x ⩽ 1 = e0 si et seulement si 2x ⩽ 0 ce qui équivaut à x ⩽ 0 et donc à x ∈] − ∞, 0].
2. ex > e = e1 si et seulement si x > 1, i.e. si et seulement si x ∈]1, +∞[.
3. ex ⩽ e−x si et seulement si x ⩽ −x ce qui équivaut à 2x ⩽ 0, i.e. x ∈] − ∞, 0].
2
4. e−x ⩽ ex si et seulement si −x 2 ⩽ x et donc si et seulement si 0 ⩽ x 2 + x = x(x + 1) ce qui équivaut à x ∈] − ∞, −1] ∪ [0, +∞[ car
x 2 + x est du signe du coefficient de x 2 (positif ici) sauf entre les racines −1 et 0.
5. Tout d’abord, ex > 0 donc ex + 1 > 0. Ainsi, (ex + 1)(e−3x − 1) > 0 si et seulement si e−3x − 1 > 0, i.e. si et seulement si e−3x > 1 = e0
ce qui équivaut à −3x > 0 et donc à x < 0. L’ensemble des solutions est donc ] − ∞, 0[.
2
6. (ex )2 ⩽ e1 si et seulement si e2x ⩽ e12 i.e. si et seulement si e2x ⩽ e−2 et donc 2x ⩽ −2 ce qui équivaut à x ⩽ −1. L’ensemble des
solutions est donc ] − ∞, −1].
Exercice 9.22
1. On a lim e−x = lim ex = +∞ et lim e−x = lim ex = 0.
x→−∞ x→+∞ x→+∞ x→−∞
2. On rappelle que lim e−x = +∞ et lim ex = 0 donc lim e−x + ex = +∞. De même, lim e−x = 0 et lim ex = +∞ donc lim e−x + ex = +∞.
x→−∞ x→−∞ x→−∞ x→+∞ x→+∞ x→+∞
3. On a h(x) = x(1+e−x ) et lim x = −∞ et lim 1 + e−x = +∞ donc lim x(1 + e−x ) = −∞. De même, lim x = +∞ et lim 1 + e−x = 1
x→−∞ x→−∞ x→−∞ x→+∞ x→+∞
donc lim x(1 + e−x ) = +∞.
x→+∞
Exercice 9.23
−2ex
1. lim −2ex = 0 et lim 1 + ex = 1 et donc lim = 0.
x→−∞ x→−∞ x→−∞ 1 + ex
−2ex −2ex −2ex −2
2. f (x) = 1+ex
= e−x ×ex +ex
= (e−x +1)ex
= 1+e−x
.
3. On a lim e −x
= 0 et donc lim f (x) = −2.
x→+∞ x→+∞
4. Pour tout x ∈ R, 1 + e−x > 0 et ainsi, −2 étant négatif, f (x) < 0. La courbe représentative de f est toujours située en dessous de l’axe
des abscisses.
−2
De plus, pour tout x ∈ R, e−x > 0 donc 1 + e−x > 1 et alors 1+e1−x < 1 donc 1+e −x > −2 et donc f (x) > −2. La courbe représentative
de f est toujours située au-dessus de la droite d’équation y = −2.
Exercice 9.25 La fonction f est paire. De plus, pour tout x ⩾ 0, f (x) = ex . On obtient donc la courbe de la fonction f en traçant la courbe
de la fonction exponentielle sur R+ et en procédant à une symétrie par rapport à l’axe des ordonnées pour obtenir la courbe représentative
sur R− . On obtient donc :
238 Chapitre 9 – Fonctions de références
y
Cf
1 x
Exercice 9.26
1. On a lim ex = 0 et donc lim (ex − 1) = −1 et lim (ex + 1) = 1. Ainsi, lim f (x) = −1. On en déduit que la droite d’équation
x→−∞ x→−∞ x→−∞ x→−∞
y = −1 est une asymptote à Cf en −∞.
ex −1 ex (1−e−x ) 1−e−x
2. On commence par noter que ex +1
= ex (1+e−x )
= 1+e−x
. De plus, lim e−x = 0 donc lim (1 − e−x ) = 1 et lim (1 + e−x ) = 1. Ainsi,
x→+∞ x→+∞ x→+∞
lim f (x) = 1.
x→+∞
3. On a
e−x − 1 e−x (1 − ex ) 1 − e−x e−x − 1
f (−x) = = −x = = − −x = −f (x).
e−x + 1 e (1 + ex ) 1 + e−x e +1
Ainsi, pour tout x ∈ R, f (−x) = −f (x) et la fonction f est donc impaire. On en déduit que sa courbe représentative est symétrique par
rapport à l’origine du repère.
4. On pose u(x) = ex − 1 donc u ′ (x) = ex et v (x) = ex + 1 et donc v ′ (x) = ex . Ainsi, puisque f est un quotient,
Or, pour tout réel x, ex > 0 donc 2ex > 0 et ex + 1 > 0. Ainsi, pour tout réel x, f ′ (x) > 0. Le tableau de variations de f est donc le
suivant :
x −∞ +∞
f ′ (x) +
1
f (x)
−1
Exercice 9.29
1. x = ln(3).
ln(2e4 )
2. e3x−4 = 2 si et seulement si e3x e−4 = 2 si et seulement si e3x = 2e4 ce qui équivaut à 3x = ln(2e4 ) et donc à x = 3
.
−7 )
3. e−4x+7 = 10 si et seulement si e−4x e7 = 10 si et seulement si e−4x = 10e−7 ce qui équivaut à −4x = ln(10e−7 ) et donc à x = − ln(10e
4
.
4. x = e3 .
5. x = e1 = e.
6. x = e−3 .
Exercice 9.31
1. ln(100) = ln(22 × 52 ) = ln(22 ) + ln(52 ) = 2 ln(2) + 2 ln(5).
4
2. ln 25
= ln(4) − ln(25) = ln(22 ) − ln(52 ) = 2 ln(2) − 2 ln(5).
√ √
3. ln 25 = ln( 5) − ln(2) = 12 ln(5) − ln(2).
4. ln 10e2 = ln(10) + ln(e2 ) = ln(2 × 5) + 2 ln(e) = ln(2) + ln(5) + 2.
q
e
= 12 ln 5e = 21 (ln(e) − ln(5)) = 12 − 12 ln(5).
5. ln 5
√
6. ln √ 20
e
= ln(20) − ln( e) = ln(22 × 5) − 12 ln(e) = 2 ln(2) + ln(5) − 12 .
Exercice 9.32
9.4 Fonctions puissances et exponentielle de base a 239
45
1. 3 + ln(2) = ln(e3 ) + ln(2) = ln(2e3 ). 3. ln(45) − ln(9) = ln 9
= ln(5).
1
.
2. − ln(3) − ln(7) = − ln(21) = ln 21 4. 2 + 2 ln(5) = ln(e2 ) + ln(25) = ln(25e2 ).
Exercice 9.35
1. x = e3 .
2. ln(2x − 5) = 1 = ln(e) si et seulement si 2x − 5 = e, ce qui équivaut à x = e+5
2
.
3. 4 ln(1 − x) = 8 si et seulement si ln(1 − x) = 2, ce qui équivaut à 1 − x = e2 et donc à x = 1 − e2 .
4. ln(x + 1) + ln(x) = 0 si et seulement si ln(x(x + 1)) = 0, ce qui√équivaut à x(x√+ 1) = 1 et donc à x 2 + x − 1 = 0. Le discriminant de
ce trinôme est ∆ = 1 + 4 = 5 et les racines sont donc x1 = −1−2 5 et x2 = −1+2 5 .
5. ln(5x − 6) − 2 ln(x) = 0 si et seulement si ln(5x − 6) = ln(x 2 ), ce qui équivaut à 5x − 6 = x 2 et donc à x 2 − 5x + 6 = 0. Le discriminant
de ce trinôme est ∆ = 25 − 24 = 1 et les racines sont donc x1 = 5−1 2
= 2 et x2 = 5+1
2
= 3.
6. ln(ex + 1) = ln(2) si et seulement si ex + 1 = 2, ce qui équivaut à ex = 1 et donc à x = 0.
Exercice 9.36
1
1. On a, par croissance de la fonction exponentielle, 1 − 3 ln(x) < 0 si et seulement si 1
3
< ln(x), ce qui équivaut à e 3 < x.
2. ln(x) + ln(2) ⩾ ln(3x − 6) si et seulement si ln(2x) ⩾ ln(3x − 6), ce qui est équivalent à 2x ⩾ 3x − 6 et donc à x ⩽ 6.
3. ex − 2 > 0 si et seulement si ex > 2, ce qui équivaut à x > ln(2).
4. 5 − 3e−x ⩽ 3 si et seulement si 2 ⩽ 3e−x , ce qui équivaut à 2
⩽ e−x puis à ln 2
⩽ −x. Finalement, les solutions sont donc les réels x
3 3
tels que x ⩽ − ln 23 .
3
5. On note que x > 0. 4 ln(x) + 6 ⩾ 0 si et seulement si ln(x) ⩾ − 32 , ce qui équivaut à x ⩾ e− 2 .
6. On note que x > −1 car on doit avoir 1 + x > 0. On a, ln(1 + x) ⩽ 0 si et seulement si 1 + x ⩽ e0 = 1, ce qui équivaut x ⩽ 0.
7. On note que x > 2 car on doit avoir x − 2 > 0 et x > 0. L’inéquation ln(x − 2) > ln(x) n’a pas de solution car la fonction ln est
croissante et x − 2 < x.
1
8. On note que x < 3 car on doit avoir 3 − x > 0. On a 2 ln(3 − x) ⩽ 1 si et seulement si ln(3 − x) ⩽ 1
2
, ce qui équivaut à 3 − x ⩽ e 2 et
1
donc à x ⩾ 3 − e2 .
x2 x2
9. On note que l’on doit avoir x + 5 > 0 et donc x > −5. On a ln x+5
⩾ 0 si et seulement si x+5
⩾ 1, ce qui équivaut à x 2 ⩾ x + 5
√ √
(car x + 5 > 0) et donc à − x − 5 ⩾ 0. Or, le discriminant de ce trinôme est ∆ = 21 et il a deux racines 1−2 21 et 1+2 21 et il
x2
est donc√ positif
i i h partout
√
sauf
h entre ces deux racines. Finalement, puisque x > −5, on obtient donc que l’ensemble des solutions est
−5, 1−2 21 ∪ 1+2 21 , +∞ .
Exercice 9.38
1. f ′ (x) = 1 + x2 . 6. f ′ (x) = ln(x) + x
x
= 1 + ln(x).
x
2. f ′ (x) = ln(x) + x
= ln(x) + 1. ln(x)−x× x1 ln(x)−1
7. f ′ (x) = = .
3. f ′ (x) = ln(x) + x−1 x
. ln(x)2 ln(x)2
2 2
Exercice 9.39 On a f ′ (x) = 2xex − 4x = 2x(ex − 2) = 0 si et seulement si x = 0 ou x = ± ln(2). On a donc
p
p p
x −∞ − ln(2) 0 ln(2) +∞
2x − − 0 + +
2
ex − 2 + 0 − − 0 +
f ′ (x) − 0 + 0 − 0 +
+∞ 1 +∞
f (x)
2(− ln(2) + 1) 2(− ln(2) + 1)
Exercice 9.41 On a Df = − 23 , +∞ (domaine pour lequel 3x + 2 > 0) et f est dérivable sur Df . De plus, pour tout x ∈ Df , f ′ (x) = 3
.
3x+2
Exercice 9.43
240 Chapitre 9 – Fonctions de références
Exercice 9.45
1. Domaine de définition. On a Df = R∗+ car la fonction ln est définie sur R∗+ et le dénominateur ne s’annule par sur ce domaine.
2. Domaine d’étude. La fonction f ne possède donc pas de propriété de périodicité ni de parité donc on l’étudie sur Df .
ln(x) 1−ln(x)
3. Variations. f est dérivable sur Df et pour tout x > 0, f ′ (x) = 1
x2
− x2
= x2
. Donc, f ′ (x) = 0 si et seulement si x = e et f admet
donc une tangente horizontale en x = e (et f (e) = 1
e
). De plus, f ′ (x) > 0 si et seulement si x ∈]0, e[ et f est donc croissante sur ]0, e]
et décroissante sur [e, +∞[.
4. Limites et asymptotes. On a lim f (x) = −∞ et lim f (x) = 0. Donc f admet l’axe des ordonnées pour asymptote verticale et l’axe
x→0+ x→+∞
des abscisses pour asymptote horizontale en +∞.
5. Tracer le graphe. On a
Cf
Exercice 9.46
ln(1 + x)
1. lim x − ln(1 + x) = +∞ et lim x − ln(1 + x) = lim x 1− = +∞.
x→−1+ x→+∞ x→+∞ x
2. f ′ (x) = 1 − 1
1+x
= x
1+x
. Donc f ′ (x) = 0 si et seulement si x = 0. On obtient le tableau de variations suivant :
x −1 0 +∞
x − 0 +
x +1 + 0 +
f ′ (x) − 0 +
+∞ +∞
f (x)
n 1
n ln 1+ n
4. On a, d’après la question précédente, n ln 1 + 1
< 1. Donc, 1 + 1
n n
=e < e1 = e.
Exercice 9.48 On commence par noter que f est très proche de la fonction ln. En effet, sa courbe représentative est obtenue à partir de celle
de la fonction ln par une translation horizontale de longueur 1 (car on a remplacer x par x − 1) et par une translation verticale de longueur 2
(car on a ajouter 2 à la fonction ln). On obtient donc :
9.4 Fonctions puissances et exponentielle de base a 241
y
Cf
1 x
Exercice 9.49
1. On a h′ (x) = x1 − 1 = 1−x
x
. Donc h′ est positif si et seulement si x − 1 et x sont de même signe. Autrement dit, h′ (x) ⩽ 0 si et seulement
si x ∈ [1, +∞[ et h′ (x) ⩾ 0 équivaut à x ∈]0, 1[.
2. Puisque h est croissante puis décroissante avec h′ (1) = 0, on en déduit qu’elle admet un maximum en x = 1 qui vaut h(1) = 0.
3. Puisque pour tout x ∈]0, +∞[, h(x) ⩽ h(1) = 0, on en déduit que h(x) ⩽ 0 pour tout x ∈]0, +∞[ et donc que ln(x) ⩽ x − 1 pour tout
x ∈]0, +∞[.
Exercice 9.50
1. Domaine de définition. On sait que la fonction ln est définie sur R∗+ et il nous suffit donc de déterminer les racines de x 3 + 3x 2 + 3x + 2.
Or, on note que −2 est une racine évidente et on a alors x 3 + 3x 2 + 3x + 2 = (x + 2)(x 2 + x + 1) et le trinôme x 2 + x + 1 a pour
discriminant ∆ = 1 − 4 = −3 < 0 et ne possède donc pas de racine réelle. Ainsi, on a finalement Df = R \ {−2}.
2. Domaine d’étude. La fonction f ne possède donc pas de propriété de périodicité ni de parité donc on l’étudie sur Df .
2
3. Variations. On commence par la dérivée de f : f ′ (x) = x 33x +6x+3
+3x 2 +3x+2
. Or, le trinôme 3x 2 + 6x + 3 = 3(x 2 + 2x + 1) = 3(x + 1)2 est
toujours positif et s’annule en x = −1. Donc, f ′ (x) = 0 si et seulement si x = −1 et f admet donc une tangente horizontale en x = −1
(et f (−1) = ln(1) = 0). De plus, f ′ (x) > 0 si et seulement si x ∈] − 2, +∞[ car le numérateur est toujours positif et le dénominateur
change de signe en x = −2. La fonction f est donc croissante sur ] − 2, +∞[ et décroissante sur ] − ∞, −2[.
4. Limites et asymptotes. On commence par remarquer que lim f (x) = +∞ et lim f (x) = +∞. De plus, lim f (x) = −∞ et
x→−∞ x→+∞ x→−2−
lim f (x) = −∞ et f admet donc une asymptote verticale d’équation x = −2.
x→−2+
5. Tracer le graphe. On a
Cf
1 x
Exercice 9.53
1. On a f (x) = ex ln(x) . f est donc définie sur l’intervalle ]0, +∞[. De plus, lim x ln(x) = 0 et lim x ln(x) = +∞. On en déduit que
x→0+ x→+∞
lim f (x) = e = 1 et lim f (x) = +∞.
0
x→0+ x→+∞
2. Par dérivation des fonctions composées, f est dérivable sur ]0, +∞[ et f ′ (x) = (1 + ln(x))ex ln(x) .
3. On déduit de la question précédente que f est décroissante sur l’intervalle 0, e1 puis croissante sur l’intervalle e1 , +∞ . La courbe
Cf
1 x
CHAPITRE 10
Intégration
Définition 10.1 – Sommes de Riemann. Soit f une fonction continue sur un segment [a, b]. Pour
n ∈ N∗ , on définit la n-ième somme de Riemann de f sur [a, b] par
b−a
Rn (f ) = (f (t0 ) + f (t1 ) + ... + f (tn−1 ))
n
b−a
avec, pour tout 0 ⩽ k ⩽ n − 1, tk = a + n k.
Remarques.
◦ On note que pour 0 ⩽ k ⩽ n − 1, b−a b−a
n f (tk ) est l’aire du rectangle de largeur n et de hauteur f (tk ).
Ainsi, Rn (f ) est la somme des aires des rectangles obtenus et, comme l’illustre la figure 10.1, plus
la largeur des rectangles diminue, plus la somme de Riemann est une bonne approximation de l’aire
sous la courbe.
◦ On a ici pris comme hauteur des rectangles la valeur de la fonction à gauche de l’intervalle [tk , tk+1 ]
pour 0 ⩽ k ⩽ n − 1. On parle ainsi de « méthode des rectangles à gauche ». On pourrait tout à fait
utiliser les rectangles à droite, prendre le point du milieu de l’intervalle ou encore approcher l’aire sur
la courbe sur [tk , tk+1 ] par l’aire d’un trapèze.
◦ Il s’agit ici de calculer une aire dite « signée » ou encore « algébrique » c’est-à-dire que les parties
au-dessus de l’axe des abscisses donnent lieu à des aires positives et celles qui sont en dessous à des
aires négatives.
244 Chapitre 10 – Intégration
y y
t t
a = t0 t1 t2 = b a = t0 t1 t2 t3 t4 t5 t6 = b
y y
Cas limite
t t
a b a b
◦ On note que si f est constante sur [a, b], alors l’aire entre sa courbe représentative et l’axe des
abscisses est celle d’un rectangle et la suite des sommes de Riemann est constante égale à l’aire de
ce rectangle.
Le théorème qui suit a pour but d’énoncer mathématiquement l’idée selon laquelle la suite des sommes de
Riemann, i.e. la suite des sommes des aires des rectangles, est convergente lorsque n tend vers l’infini c’est-
à-dire lorsque la largeur des rectangles tend vers 0. Sa limite, comme l’illustre la figure 10.1, représente
alors l’aire comprise entre la courbe représentative de f et l’axe des abscisses.
Théorème 10.2. Si f : [a, b] → R est une fonction continue, la suite des sommes de Riemann (Rn (f ))n∈N
converge dans R. On appelle intégrale de f sur [a, b] cette limite que l’on note
Z b
lim Rn (f ) = f (t) dt.
n→+∞ a
Démonstration. On se contente ici de donner l’idée de la preuve dans le cas où f est monotone (crois-
sante). Si vous êtes intéressé par l’étude du cas général nous vous conseillons de consulter [LM03, Chapitre
9] dans lequel une construction détaillée est faite. Supposons donc que f est croissante sur [a, b]. Alors,
pour tout 0 ⩽ k ⩽ n − 1, pour tout t ∈ [tk , tk+1 ], f (tk ) ⩽ f (t). On déduit de cette inégalité (un dessin
peut vous aider à vous en convaincre) que :
◦ pour tout n ∈ N∗ , Rn (f ) est majorée par A l’aire comprise entre la courbe représentative de f et
l’axe des abscisses,
◦ pour tout n ∈ N∗ , Rn (f ) ⩽ Rn+1 (f ).
On en déduit que la suite (Rn (f ))n∈N∗ est croissante et majorée et donc convergente d’après le théorème
6.26.
De la construction même de l’intégrale de Riemann (que nous n’avons pas explicitée ici mais que vous
pourrez trouver dans [LM03, Chapitre 9]), on déduit de nombreuses propriétés importantes de l’intégrale
qu’il faut connaître.
10.1 Intégrale d’une fonction continue sur un segment 245
Théorème 10.3 – Propriétés de l’intégrale. Soient f et g deux fonctions continues de [a, b] dans R,
λ, µ ∈ R et c ∈ [a, b].
Z b Z b Z b
◦ Linéarité. (λf + µg)(t) dt = λ f (t) dt + µ g(t) dt.
a a a
Z b Z c Z b
◦ Relation de Chasles. f (t) dt = f (t) dt + f (t) dt.
a a c
Z a Z b Z a
◦ Manipulations des bornes. f (t) dt = 0 et f (t) dt = − f (t) dt.
a a b
Z b Z b
◦ Inégalité triangulaire. Si a ⩽ b, f (t) dt ⩽ |f (t)| dt.
a a
Z b
◦ Positivité. Si f est une fonction positive sur [a, b] (et si a ⩽ b) alors on a f (t) dt ⩾ 0.
a
Z b Z b
◦ Comparaison ou croissance. Si pour tout t ∈ [a, b], f (t) ⩽ g(t), alors f (t) dt ⩽ g(t) dt.
a a
Démonstration. Nous ne sommes pas en mesure de faire ici la preuve de ce théorème car elle est basée
sur la construction même de l’intégrale que nous n’avons pas explicitée. Néanmoins, on peut en donner
l’idée principale : on commence par démontrer ces propriétés pour des fonctions constantes par morceaux,
dites « étagées », et on les étend ensuite aux fonctions continues. Cette idée est à la base même de la
construction de l’intégrale et on trouvera tous les détails nécessaires à ce sujet dans [LM03]. En effet,
on commence par définir l’intégrale des fonctions étagées car il s’agit de calculer l’aire de rectangles puis
on définit le fait pour une fonction d’être intégrable par le fait que l’on puisse l’encadrer, en un sens à
préciser, par des fonctions étagées.
Utiliser les sommes de Riemann n’est pas une bonne idée car on ne saura presque jamais les calculer
explicitement. La réponse à cette question est, au moins partiellement, donnée par le théorème suivant :
Théorème 10.4 – Théorème fondamental de l’analyse. Soit f : [a, b] → R une fonction continue.
Alors, la fonction Z x
F : x 7→ f (t) dt
a
′
est dérivable sur [a, b] et pour tout x ∈ [a, b], F (x) = f (x).
Démonstration. Montrons que le taux d’accroissement de F possède une limite en tout point x0 ∈ [a, b]
et que cette limite est égale à f (x0 ). Soit x0 ∈ [a, b] et soit h > 0 (on prend h positif pour éviter des
problèmes avec l’ordre des bornes de l’intégrale mais le cas h < 0 est identique). On a alors, d’après la
relation de Chasles énoncée dans le théorème 10.3, que
Z x0 +h Z x0 Z x0 +h
F (x0 + h) − F (x0 ) = f (t) dt − f (t) dt = f (t) dt.
a a x0
Ainsi,
F (x0 + h) − F (x0 ) 1
− f (x0 ) = |F (x0 + h) − F (x0 ) − hf (x0 )| .
h h
On en déduit, en utilisant le fait que f (x0 ) est constante par rapport à t (et donc que son intégrale sur
[x0 , x0 + h] est donnée par hf (x0 ) comme aire d’un rectangle) et l’inégalité triangulaire énoncée dans le
246 Chapitre 10 – Intégration
Or, puisque f est continue en x0 , pour tout ε > 0, il existe η > 0 tel que pour tout t ∈ [x0 , x0 + η],
|f (t) − f (x0 )| ⩽ ε. Ainsi, si h ⩽ η, on en déduit par croissance de l’intégrale (voir théorème 10.3) que
x0 +h x0 +h
F (x0 + h) − F (x0 )
Z Z
1 1 εh
− f (x0 ) ⩽ |f (t) − f (x0 )| dt ⩽ ε dt = = ε.
h h x0 h x0 h
Puisque ceci est vrai pour tout ε > 0, on a bien montré, par définition de la limite, que le taux d’ac-
croissement de F en x0 possède une limite et que cette limite est égale à f (x0 ) ce qui achève notre
preuve.
Ce théorème assure l’existence d’une fonction dont la dérivée est égale à f (on parle de primitive) si f
est une fonction continue sur un segment. Avant de voir en quoi ce théorème nous permet de calculer
des intégrales, nous allons nous intéresser plus en détails à la notion de primitive.
10.2. Primitives
10.2.1 Définition et structure
Définition 10.5. Soient I un intervalle et f : I → R une fonction. On dit que F est une primitive de f
sur I si F est dérivable sur I et F ′ = f .
Remarque. On note que déterminer une primitive d’une fonction consiste à effectuer l’opération inverse
de la dérivation.
Théorème 10.6. Soient I un intervalle et f : I → R une fonction. Si f admet une primitive F sur I, alors
l’ensemble des primitives de f sur I est {F + C, C ∈ R}.
Démonstration. Soit G une primitive de f . Alors, puisque F est également une primitive de f et par linéarité
de l’opération de dérivation, on a (F −G)′ = F ′ −G ′ = f −f = 0. La preuve de ce théorème consiste donc à
montrer que si une fonction dérivable H vérifie H ′ = 0 sur un intervalle alors H est une fonction constante.
On utilise pour ceci le théorème des accroissements finis 8.60. Soient a < b deux points de I alors, d’après
le théorème des accroissements finis, il existe c ∈]a, b[ tel que H(a) − H(b) = H ′ (c)(b − a) = 0. Or,
puisque H ′ est la fonction nulle, on en déduit que H ′ (c) = 0 et donc que H(a) = H(b). Ceci étant vrai
pour tout a < b dans I, on en conclut que H est constante sur I.
Exemples.
x3
◦ Les primitives de x 7→ x 2 + 1 sont les fonctions de la forme x 7→ 3 + x + C, C ∈ R.
◦ Les primitives de x 7→ cos(x) sont les fonctions de la forme x 7→ sin(x) + C, C ∈ R.
1
◦ Étudions les primitives de x 7→ x2 sur R∗ .
▷ Sur R∗+ , les primitives de f sont de la forme x 7→ − x1 + C+ avec C+ ∈ R.
▷ Sur R∗− , les primitives de f sont de la forme x 7→ − x1 + C− avec C− ∈ R.
10.2 Primitives 247
À retenir. Une primitive n’est pas unique. Pour avoir unicité il faut ajouter une condition comme par
exemple la valeur de la primitive en un point. La primitive F introduite dans le théorème 10.4 est ainsi
l’unique primitive de f qui s’annule au point a.
Exercice 10.7. Préciser dans chaque cas si F est une primitive de f sur son domaine de définition :
x3
1. F (x) = x 2 et f (x) = 3 , 4. F (x) = tan(x) et f (x) = 1 + tan(x)2 ,
2. F (x) = cos(2x) et f (x) = − sin(2x), 5. F (x) = ln(|x|) et f (x) = x1 ,
3. F (x) = e 2x et f (x) = 12 e 2x , 6. F (x) = 2x et f (x) = ln(2)2x .
Exercice 10.8. Déterminer les primitives de chacune des fonctions suivantes sur un intervalle inclus dans
leur domaine de définition :
√1 , x 2 +2x
1. x 7→ x 3 − x + 1, 6. x 7→ x+1
11. x 7→ (x+1)2 ,
√
2. x 7→ (x + 1)2 , 7. x 7→ (1 − x) x,
√ 12. x 7→ e2x ,
x 3 +5x 2 −4
3. x 7→ x x, 8. x 7→ x2 ,
1 1 13. x 7→ sin (2x),
4. x 7→ x3 , 9. x 7→ 2x−3 ,
√ x+2 1
5. x 7→ x + 1, 10. x 7→ x+1 , 14. x 7→ cos(x)2 .
Exercice 10.9. Déterminer une primitive des fonctions suivantes sur un intervalle inclus dans leur domaine
de définition :
8x 2 ln(x)
1. x 7→ (x 3 +2)3 , 4. x 7→ (ex + 1)3 ex , 7. x 7→ x ,
2x+1 1
2. x 7→ x 2 (x+1)2 , 5. x 7→ tan(x), 8. x 7→ x ln(x) ,
√ ex 1√
3. x 7→ 3x 1 − 2x 2 , 6. x 7→ ex +1 , 9. x 7→ x+ x
.
Maintenant que nous avons défini la notion de primitive et donné la structure de l’espace des primitives
d’une fonction, revenons à notre but initial, à savoir calculer des intégrales, et voyons comment les
primitives peuvent nous venir en aide dans ce domaine.
Théorème 10.10 – Lien primitive-intégrale. Si f : [a, b] → R est une fonction continue et si F est une
primitive de f alors Z b
f (t) dt = F (b) − F (a).
a
b
De plus, pour faciliter les calculs on notera F (t) a = F (b) − F (a).
est une primitive de f . D’après le théorème 10.6, on en déduit que si F est une primitive de f alors il
248 Chapitre 10 – Intégration
Exemple. On a
2 2
t3 t2 23 22
3
02
Z
2 0 8
t − t + 1 dt = − +t = − +2 − − +0 = .
0 3 2 0 3 2 3 2 3
une primitive quelconque de la fonction f (on ne spécifie plus l’annulation au point a). Cette notation
nous permet de ne pas spécifier la borne de départ et allège l’écriture. De plus, en utilisant cette notation
nous pourrons utiliser le théorème d’intégration par parties et le théorème de changement de variable ce
qui sera très pratique pour rechercher des primitives.
Exemple. On a Z x
1
sin(2t) dt = − cos(2x).
2
Il est également très important de savoir reconnaître les dérivées de fonctions composées résumées dans
le tableau qui suit (u : I → R est ici une fonction dérivable).
x
Exemple. Cherchons une primitive de la fonction x 7→ x 2 +3 . Si on pose u : x 7→ x 2 + 3, on note que u
est dérivable sur R et pour x ∈ R, u ′ (x) = 2x donc
1 ′
x u (x) 1 u ′ (x)
= 2 = .
x2 +3 u(x) 2 u(x)
1 1
x 7→ ln(|u(x)|) = ln(x 2 + 3).
2 2
x2 + x x2 + x x6 + x2 + 1
◦ x 7→ , ◦ x 7→ , ◦ x 7→ .
x3 + 1 (x 3 + 1)4 x
On peut montrer que l’on sait intégrer n’importe quelle fonction rationnelle à l’aide de la division eucli-
dienne de polynômes et de la méthode de décomposition en éléments simples. Néanmoins, nous n’allons
pas ici mettre en place ces deux méthodes et nous allons nous intéresser seulement à un cas particulier.
Si vous êtes intéressé par ce sujet nous vous conseillons de consulter [LM03, section 10.5].
Méthode – Intégration de fonctions rationnelles - Cas scindé à racines simples. Soit f une fonction
rationnelle définie par
1
f : x 7→
(x − r1 )(x − r2 )...(x − rn )
où r1 , ..., rn sont des réels tous distincts. Pour intégrer f , on note qu’il existe des réels α1 , ..., αn tels
que
1 α1 αn
f (x) = = + ... +
(x − r1 )(x − r2 )...(x − rn ) x − r1 x − rn
et que l’on peut déterminer en mettant les deux côtés de l’égalité sur le même dénominateur. On peut
alors intégrer chacun des termes obtenus à l’aide de la fonction logarithme.
1
Exemple. Déterminons les primitives de la fonction f : x 7→ x 2 +3x+2 . On remarque que pour tout t ∈ R,
2
t + 3t + 2 = (t + 1)(t + 2) et on a donc pour tout t ∈ R \ {−1, −2},
1 α1 α2 α1 (t + 2) + α2 (t + 1) (α1 + α2 )t + (2α1 + α2 )
= + = = .
(t + 1)(t + 2) t +1 t +2 (t + 1)(t + 2) (t + 1)(t + 2)
On en déduit que les numérateurs sont égaux, i.e. 1 = (α1 + α2 )t + (2α1 + α2 ) et donc, par identification
des coefficients, on a α1 + α2 = 0 et 2α1 + α2 = 1 et l’on obtient que α1 = 1 et α2 = −1. Ainsi,
1 1 1
t 2 +2t−3 = t+1 − t+2 et donc
Z x Z x
1 1 1
dt = − dt = ln(|x + 1|) − ln(|x + 2|).
t 2 + 2t − 3 t +1 t +2
Exercice 10.14.
1. Déterminer les deux réels a1 et a2 tels que pour t ∈ R \ {1, 2},
3t − 4 a1 a2
= + .
(t − 1)(t − 2) t −1 t −2
3x − 4
2. En déduire les primitives de f : x 7→ .
(x − 1)(x − 2)
10.3 Intégration par parties 251
Démonstration. Cette formule provient de la formule de dérivation d’un produit. En effet, on sait que
(uv )′ = u ′ v + uv ′ donc en intégrant ceci sur [a, b], on obtient, par linéarité de l’intégrale, que
Z b Z b Z b
(uv )′ (t) dt = u ′ (t)v (t) dt + u(t)v ′ (t) dt.
a a a
Remarque. On peut utiliser la formule d’intégration par parties pour déterminer des primitives. En effet,
la formule d’intégration par parties sans la borne inférieure
Z x Z x
′
u (t)v (t) dt = u(x)v (x) − u(t)v ′ (t) dt
Exemples.
Z 1
◦ Déterminons la valeur de l’intégrale tet dt. On applique la formule d’intégration par parties. On
−1
pose u : t 7→ e t et v : t 7→ t qui sont dérivables de dérivées continues. On a alors
( (
u ′ (t) = et u(t) = et
et
v (t) = t v ′ (t) = 1
Méthode – Utilisation de la formule d’intégration par parties. On utilise la formule d’intégration par
parties, en général, si la fonction à intégrer est de l’une des formes suivantes.
1. Polynôme × Exponentielle ou Polynôme × Fonction trigonométrique. On dérivera le polynôme dans
ce cas.
2. Polynôme × Logarithme. On dérivera le logarithme dans ce cas.
3. Fonction trigonométrique × Exponentielle. On procédera alors à deux intégrations par parties.
Exemples.
On va ici dériver la fonction polynomiale deux fois et intégrer la fonction trigonométrique. On pose
pour t ∈ R, ( (
u ′ (t) = sin(2t) u(t) = − 21 cos(2t)
et .
v (t) = t 2 v ′ (t) = 2t
Les fonctions u et v sont dérivables de dérivées continues et d’après la formule d’intégration par
parties, on a Z x Z x
1 1
t 2 sin(2t) dt = − cos(2x)x 2 − 2t − cos(2t) dt
2 2
et donc
x x
x2
Z Z
t 2 sin(2t) dt = − cos(2x) + t cos(2t) dt.
2
On étudie à présent Z x
t cos(2t) dt.
On pose pour t ∈ R,
( (
1
u ′ (t) = cos(2t) u(t) = 2 sin(2t)
et ′
.
v (t) = t v (t) = 1
Les fonctions u et v sont dérivables de dérivées continues et d’après la formule d’intégration par
parties, Z x Z x
1 1
t cos(2t) dt = sin(2x)x − sin(2t) dt
2 2
et donc Z x Z x
x 1 x 1
t cos(2t) dt = sin(2x) − sin(2t) dt = sin(2x) + cos(2x).
2 2 2 4
Finalement, on a donc
x
x2
Z
x 1
t 2 sin(2t) dt = − cos(x) + sin(2x) + cos(2x).
2 2 4
10.3 Intégration par parties 253
x2 x 1
x 7→ − cos(2x) + sin(2x) + cos(2x) + C, C ∈ R.
2 2 4
et donc
x
x2 x2
Z
t ln(t) dt = ln(x) − .
2 4
Les primitives de la fonction x 7→ x ln(x) sont donc les fonctions de la forme
x2 x2
x 7→ ln(x) − + C, C ∈ R.
2 4
On va ici dériver deux fois la fonction trigonométrique et intégrer deux fois la fonction exponentielle.
On pose, pour t ∈ R,
( (
u ′ (t) = et u(t) = et
et .
v (t) = cos(t) v ′ (t) = − sin(t)
et donc Z x Z x
cos(t)et dt = cos(x)ex + sin(t)et dt.
On étudie à présent Z x
sin(t)et dt.
On pose, pour t ∈ R,
( (
u ′ (t) = et u(t) = et
et .
v (t) = sin(t) v ′ (t) = cos(t)
Les fonctions u et v sont dérivables de dérivées continues et d’après la formule d’intégration par
254 Chapitre 10 – Intégration
parties : Z x Z x
t x
sin(t)e dt = e sin(x) − cos(t)et dt.
On a donc finalement,
Z x Z x
cos(t)et dt = cos(x)ex + ex sin(x) − cos(t)et dt.
Ainsi, Z x
2 cos(t)et dt = cos(x)ex + ex sin(x)
(cos(x) + sin(x))ex
x 7→ + C, C ∈ R.
2
Exercice 10.17. Déterminer, en utilisant la méthode d’intégration par parties, une primitive des fonctions
suivantes :
1. x 7→ x 2 cos(x), 3. x 7→ ln(x 2 ),
x
2. x 7→ , 4. x 7→ e2x sin(x).
cos(x)2
Théorème 10.18 – Changement de variable. Soient f : I → R une fonction continue, a et b deux réels
tels que a < b et u : [a, b] → I une fonction dérivable de dérivée continue. Alors, si on pose s = u(t), on
a Z bZ u(b)
f (u(t))u ′ (t) dt = f (s) ds.
a u(a)
Démonstration. La formule d’intégration par parties est à la dérivation du produit ce que la formule de
changement de variable est à la formule de dérivation de fonctions composées. En effet, notons F une
primitive de f sur I, alors pour tout t ∈ [a, b], f (u(t))u ′ (t) = F ′ (u(t))u ′ (t) = (F ◦ u)′ (t). Ainsi,
Z b Z b b
f (u(t))u ′ (t) dt = (F ◦ u)′ (t) dt = (F ◦ u)(t) a = F (u(b)) − F (u(a)).
a a
De plus, on a également,
Z u(b) Z u(b) u(b)
F ′ (s) ds = F (s) u(a) = F (u(b)) − F (u(a)).
f (s) ds =
u(a) u(a)
À retenir.
◦ Ce théorème est plus simple qu’il n’y parait. On pose s = u(t) et dans l’expression f (u(t))u ′ (t)dt
on remplace u(t) par s et u ′ (t)dt par ds. De plus, on note que quand t varie entre a et b, s varie
entre u(a) et u(b).
◦ Pour se souvenir qu’il faut remplacer u ′ (t)dt par ds on peut utiliser le fait que, si l’on utilise les
notations issues de la physique, on a, puisque s = u(t), ds ′ ′
dt = u (t) et on obtient alors ds = u (t)dt
en multipliant par dt (quantité dont le sens reste à expliciter ici). Ce n’est pas rigoureux mais ça
peut servir de moyen mnémotechnique pour se souvenir de la formule.
◦ On sait que pour composer deux fonctions, il faut faire attention aux intervalles de définition. Ici
u : [a, b] → I et f : I → R donc f ◦ u : [a, b] → R est bien définie.
Exemples.
Z π
6
◦ Déterminons la valeur de l’intégrale cos(2t + 1) dt. On sait déjà calculer cette intégrale, en
− π2
effet : Z π π
6 sin(2t + 1) 6 1 π
cos(2t + 1) dt = = sin + 1 − sin (−π + 1)
− π2 2 − π2 2 3
Vérifions que la formule de changement de variable donne le même résultat. On utilise le changement
de variable s = u(t) = 2t + 1 où u est dérivable de dérivée continue et u ′ (t) = 2. D’après la formule
de changement de variable
π π
Z Z +1
6 3 1 1 π +1
cos(2t + 1) dt = cos(s) ds = sin(s) −π+1
3
− π2 −π+1 2 2
et donc Z π
6 1 π
cos(2t + 1) dt = sin + 1 − sin (−π + 1) .
− π2 2 3
Z 1
◦ Calculons l’intégrale sin(et )et dt. Pour cela, on considère le changement de variable s = u(t) = et
−1
où u est dérivable de dérivée continue et u ′ (t) = et . D’après la formule de changement de variable
Z 1 Z e e
sin(et )et dt = sin(s) ds = − cos(s) e−1 = cos(e−1 ) − cos(e).
−1 e−1
Remarque. On peut utiliser la formule de changement de variable pour déterminer des primitives. En
effet, la formule de changement de variable sans la borne inférieure :
Z x Z u(x)
f (u(t))u ′ (t) dt = f (s) ds
est également valide (il faudra penser à remplacer u(x) par son expression).
√
Exemple. Cherchons à déterminer sur R∗+ les primitives de la fonction x 7→ sin(√x x) . On considère alors le
√
changement de variable s = u(t) = t (qui est bien dérivable de dérivée continue sur R∗+ ) et on a alors
256 Chapitre 10 – Intégration
1
u ′ (t) = √
2 t
. On obtient par la formule de changement de variable que
√
x x √ u(x) √
Z Z Z
sin( t) 1
√ dt = 2 sin( t) √ dt = 2 sin(s) ds = −2 cos( x).
t 2 t
√ √
√ x)
sin(
Ainsi, les primitives de x 7→ x
sont les fonctions de la forme x 7→ −2 cos( x) + C, C ∈ R.
Exemples.
et donc Z π
3 1
tan(t) dt = ln(1) − ln = ln(2).
0 2
Exercice 10.19. Déterminer les primitives des fonctions suivantes en utilisant le changement de variable
proposé :
√
1. x 7→ 1+1√x en posant s = x, 3. x 7→ sin(x)5 en posant s = cos(x),
e2x
2. x 7→ ex +1 en posant s = ex , 4. x 7→ e2x cos(ex ) en posant s =?.
10.5 Application à la résolution d’équations différentielles 257
Exercice 10.20.
1
1. Déterminer les réels a et b tels que pour tout réel t > 0, t(t+1) = at + t+1
b
puis calculer l’intégrale
Z e
1
dt.
1 t(t + 1)
2. En faisant le changement de variable t = u(x) = ex puis une intégration par parties, calculer
Z 1
l’intégrale e−x ln(1 + ex ) dx.
0
10.5.1 Introduction
Une équation différentielle est une équation dont l’inconnue est une fonction et dans laquelle appa-
raissent des dérivées de cette fonction.
Définition 10.21. Une équation différentielle linéaire du premier ordre est une équation de la forme
y ′ = a(x)y + b(x)
Remarques.
◦ Résoudre une équation différentielle signifie trouver toutes les fonctions solutions de cette équation
différentielle.
◦ Expliquons les différents termes apparaissant dans la définition précédente.
▷ Le terme linéaire vient du fait que les fonctions y 7→ y ′ et y 7→ a(x)y + b(x) sont linéaires.
√
Ainsi, l’équation différentielle y ′ = x 2 y + ex est linéaire alors que y ′ = xy 2 + ex et y ′ = xy + ex
ne le sont pas.
▷ Le terme premier ordre vient du fait que la plus grande dérivée de y apparaissant dans l’équation
est y ′ , i.e. qu’on a dérivé y une fois. Par exemple y ′′ = xy ′ + 2 est d’ordre 2 (et linéaire).
◦ Dans la suite, on supposera que a et b sont des fonctions continues sur I. De plus, on peut étudier
une équation différentielle de la forme α(x)y ′ + β(x)y = γ(x) mais on demandera alors à ce que
pour tout x ∈ I, α(x) ̸= 0. La division par α permet ainsi de retrouver la forme de la définition
précédente.
On va commencer par traiter le cas où a et b sont des constantes. Il s’agit d’un cas plus simple mais la
méthode de résolution sera la même dans le cas où a et b sont des fonctions.
y ′ = ay
Démonstration.
◦ On commence par vérifier que pour tout C ∈ R, y : x 7→ Ceax est bien solution ce qui est clair
puisque y ′ (x) = aCeax = ay (x).
◦ On veut à présent montrer que si y est une solution de l’équation y ′ = ay , alors il existe C ∈ R
tel que y ′ = ay . Considérons y une solution, alors pour tout x ∈ R, si on note f (x) = y (x)e −ax ,
f ′ (x) = y ′ (x)e −ax − ay (x)e −ax = ay (x)e −ax − ay (x)e −ax = 0. La fonction f ′ étant nulle sur
l’intervalle R, elle est constante ce qui achève de démontrer notre résultat puisqu’il existe alors
C ∈ R tel que y (x)e −ax = C et donc y (x) = Ce ax .
Exemple. Les solutions de l’équation différentielle 2y ′ − y = 0 qui se réécrit y ′ = 12 y sont les fonctions
1
de la forme y (x) = Ce 2 x , C ∈ R.
Remarque. L’équation différentielle y ′ = ay possède une infinité de solutions car on a une infinité de
choix pour la constante C ∈ R. Si on ajoute une condition initiale du type y (x0 ) = y0 où x0 ∈ R et y0 ∈ R
sont des constantes fixées, alors nous verrons plus loin à l’occasion du théorème 10.30 que la solution est
unique.
Théorème 10.23 – Cas général. Soient a ̸= 0 et b deux réels. Les solutions de l’équation différentielle
y ′ = ay + b
Remarque. On note que l’on a ici ajouté la solution générale de l’équation homogène et une solution
particulière de l’équation complète afin d’obtenir l’intégralité des solutions. Nous allons continuer à utiliser
ce principe pour résoudre l’équation complète dans le cas où a et b sont des fonctions.
y ′ = a(x)y (Eh )
Démonstration. Cette preuve est identique à celle du théorème 10.22 en remplaçant ax par A(x).
Remarque. Si a est une constante, alors une primitive de a est donnée par A : x 7→ ax et on retrouve le
résultat du théorème 10.22.
Exemple. Les solutions de l’équation différentielle y ′ = x 2 y définie sur R sont les fonctions de la forme
x3
yh : x 7→ Ce 3 , C ∈ R.
10.5 Application à la résolution d’équations différentielles 259
Démonstration. La preuve est identique à celle faite du théorème 10.23 en utilisant les solutions de
l’équation homogène qui ont été obtenues lors du théorème 10.25.
Remarque. Le procédé consistant à additionner une solution générale de l’équation homogène et une
solution particulière afin d’obtenir l’intégralité des solutions d’une équation différentielle linéaire est parfois
appelé principe de superposition.
Remarque. La résolution des équations différentielles linéaires du premier ordre se résume donc en deux
étapes.
1. La résolution de l’équation homogène associée, ce qui revient à déterminer une primitive de a.
260 Chapitre 10 – Intégration
2. La recherche d’une solution particulière. Cette question peut être difficile à première vue mais il y a
deux choses à noter.
◦ Il y a des cas particuliers plus simples :
▷ si l’équation est à coefficients constants on cherche une solution particulière constante
comme l’illustre le théorème 10.23,
▷ si a et b sont des fonctions polynomiales, on peut chercher une solution particulière sous
forme d’une fonction polynomiale.
◦ Dans les cas où une solution particulière est plus difficile à « deviner » on a une méthode qui
va nous permettre de ramener cette recherche à la détermination d’une primitive. Il s’agit de la
méthode de variation de la constante que nous allons introduire à présent.
yp : x 7→ C(x)eA(x)
où C est à présent une fonction à déterminer de telle sorte que yp soit une solution de y ′ = a(x)y + b(x).
Illustrons ceci sur un exemple.
x2
y : x 7→ yp (x) + yh (x) = x + e2x + Ce2x , C ∈ R.
2
Remarque. Justifions brièvement pourquoi cette méthode va toujours nous permettre de trouver une
solution particulière en traitant le cas général. Comme indiqué, on cherche une solution particulière sous
la forme yp : x 7→ C(x)eA(x) où C est à présent une fonction à déterminer de telle sorte que yp soit une
solution de y ′ = a(x)y + b(x). Puisque A′ = a, on a
Ainsi, yp′ (x) − a(x)yp (x) = C ′ (x)eA(x) = b(x) ce qui équivaut à C ′ (x) = b(x)e−A(x) et C est donc une
primitive de la fonction x 7→ b(x)e−A(x) . Notons
Z x
C(x) = b(t)e−A(t) dt.
10.5 Application à la résolution d’équations différentielles 261
Exercice 10.29. Résoudre, sur l’intervalle associé, les équations différentielles suivantes :
1. y ′ + tan(x)y = sin(2x) pour x ∈ − π2 , π2 ,
Démonstration. D’après l’étude faite dans la remarque de la section précédente, cette solution est
Z x
−A(t)
y : x 7→ b(t)e dt eA(x) + y0 eA(x)
x0
Méthode. Pour déterminer la solution de l’équation différentielle linéaire du premier ordre y ′ = a(x)y +
b(x) (E) satisfaisant y (x0 ) = y0 , on suit les étapes suivantes :
◦ Étapes 1, 2 et 3. On détermine les solutions de l’équation (E) en suivant les étapes de l’étude
précédente et on en déduit que les solutions de (E) sont les fonctions de la forme y = yp + yh , où
yp est une solution particulière de (E) et yh : x 7→ CeA(x) est une solution générale de l’équation
homogène associée à (E).
◦ Étape 4 : condition initiale. On impose que y (x0 ) = yp (x0 ) + yh (x0 ) = yp (x0 ) + CeA(x0 ) = y0 et on
en déduit la valeur de C.
Exercice 10.31. Déterminer dans chaque cas l’unique solution de l’équation différentielle vérifiant la
condition initiale associée :
1. y ′ = −y + cos(x) et y (0) = 1, 2. (1 + x 2 )y ′ + 2xy = 1 + 3x 2 et y (0) = 3.
262 Chapitre 10 – Intégration
Exercice 10.8
1. Les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ 1 4
4
x − 12 x 2 + x + C, C ∈ R.
2. On a (x + 1)2 = x 2 + 2x + 1 et donc les primitives sont les fonctions de la forme x →
7 1 3
3
x + x 2 + x + C, C ∈ R.
√ 1 3 5
3. On a x x = x × x 2 = x 2 . Les primitives sont donc les fonctions de la forme x 7→ 5 x 2 + C, C ∈ R.
2
4. On a 1
x3
= x −3 et les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ −2x −2 + C = − x22 + C, C ∈ R.
3
5. Les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ 2
3
(x + 1) 2 + C, C ∈ R.
1 1
6. On a √1
x+1
= (x + 1)− 2 . Les primitives sont donc les fonctions de la forme x 7→ 2(x + 1) 2 + C, C ∈ R.
√ 1 3 2 3 5
7. On a (1 − x) x = x 2 − x 2 et les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ 3
x2 − 25 x 2 + C, C ∈ R.
x 3 +5x 2 −4
8. On a x2
=x +5− 4
x2
et les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ 1 2
2
x + 5x + 4
x
+ C, C ∈ R.
9. Les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ 1
2
ln(|2x − 3|) + C, C ∈ R.
10. On a x+2
x+1
=1+ 1
x+1
et les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ x + ln(|x + 1|) + C, C ∈ R.
x 2 +2x (x+1)2 −1
11. On a (x+1)2
= (x+1)2
=1− 1
(x+1)2
et les primitives sont les fonctions de la forme x 7→ x + 1
x+1
+ C, C ∈ R.
Exercice 10.9
8 u′
1. On note que la fonction est de la forme 3 u3
. Une primitive est donc donnée par x 7→ − 34 1
(x 3 +2)2
.
u′
2. On note que 2x+1
x 2 (x+1)2
= 2x+1
(x 2 +x)2
est de la forme u2
. Une primitive est donc donnée par x 7→ − x 21+x .
√ 3
3. On note que la fonction est de la forme − 34 u ′ u. Une primitive est donc donnée par x 7→ − 12 (1 − 2x 2 ) 2 .
4. On note que la fonction est de la forme u ′ u 3 . Une primitive est donc donnée par x 7→ 1
4
(ex + 1)4 .
sin(x) ′
5. On note que tan(x) = cos(x)
est de la forme − uu . Une primitive est donc donnée par x 7→ − ln(| cos(x)|).
u′
6. On note que la fonction est de la forme u
. Une primitive est donc donnée par x 7→ ln(|ex + 1|) = ln(ex + 1).
7. On note que la fonction est de la forme u ′ u. Une primitive est donc donnée par x 7→ 1
2
ln(x)2 .
u′
8. On note que la fonction est de la forme u
. Une primitive est donc donnée par x 7→ ln(| ln(x)|).
2u ′ √ √
9. On note que la fonction est de la forme u
. Une primitive est donc donnée par x 7→ 2 ln(|x + x|) = 2 ln(1 + x).
Exercice 10.11
Z 2 3 2
t 23 03 8
1. t 2 dt = = − = ,
0 3 0 3 3 3
Z π
2 π2 π
2. cos(t) dt = sin(t) 0 = sin − sin(0) = 1,
0 2
Z 2
2 2
3. dt = 2 ln(|t|) 1 = 2 ln(2) − 2 ln(1) = 2 ln(2),
1 t
Z 2
2
4. et dt = et 0 = e2 − e0 = e2 − 1,
0
Z 4 4
5. 3 dt = 3t 0 = 12,
0
Z 2π 2π
6. sin(t) dt = − cos(t) 0
= − cos(2π) − (− cos(0)) = −1 + 1 = 0.
0
Exercice 10.12
Z π π
2 1 2 1 3π 1 1
1. cos(3t) dt = sin(3t) = sin − sin(0) = − ,
0 3 0 3 2 3 3
Z 2 2
2 2 2 2 2
2. dt = ln(|t|) = ln(2) − ln(1) = ln(2),
1 3t 3 1 3 3 3
264 Chapitre 10 – Intégration
2 2
e10 e0 e10 − 1
Z
1 5t
3. e5t dt = −
e == ,
0 0 55 5 5
Z 1
1
6t(1 + t 2 )2 dt = (1 + t 2 )3 0 = 23 − 13 = 8 − 1 = 7,
4.
0
Z 1 Z 1 1
6t 2 −3 3 2 −2 3 3 3 3 9
5. 2 3
dt = 6t(1 + t ) dt = − (1 + t ) = − 2−2 + 1−2 = − = ,
0 (1 + t ) 0 2 0 2 2 2 8 8
√ √
Z 2
3t 2 p
3
2 p
3
6. √ dt = 2 1 + t 0 = 2 1 + 2 − 2 1 = 2 9 − 2 = 4.
0 1 + t3
Exercice 10.14
a1 a2 a1 (t−2)+a2 (t−1) (a1 +a2 )t−2a1 −a2
1. On note que t−1 + t−2
= (t−1)(t−2)
= (t−1)(t−2)
et on en déduit que a1 + a2 = 3 et −2a1 − a2 = −4 et finalement que a1 = 1
et a2 = 2. Ainsi,
3t − 4 1 2
= + .
(t − 1)(t − 2) t −1 t −2
2. Les primitives de f sont les fonctions de la forme x 7→ ln(|x − 1|) + 2 ln(|x − 2|) + C, C ∈ R.
Exercice 10.16 ( (
u ′ (t) = et u(t) = et
1. On applique la formule d’intégration par parties en choisissant les fonctions . Ainsi, et d’après la formule
v (t) = t v ′ (t) = 1
d’intégration par parties : Z 1 1
Z 1 1
tet dt = tet 0 − 1et dt = 1e1 − 0 − et 0 = e − (e − 1) = 1.
0 0
( (
1 3
u ′ (t) = t 2 u(t) = t
2. On applique la formule d’intégration par parties en choisissant . Ainsi, 3
1
et d’après la formule d’intégration
v (t) = ln(t) v ′ (t) = t
par parties : e e
e e e
t3 t3 e3 e3 2e3
Z Z Z
1 1 2 1 3 1
t 2 ln(t) dt = ln(t) − × dt = − t dt = − t = + .
1 3 1 1 3 t 3 1 3 3 9 1 9 9
( √ ( 3
u ′ (t) = 1+t u(t) = 2
(1 + t) 2
3. On applique la formule d’intégration par parties en choisissant . Ainsi, 3 et d’après la formule
v (t) = t v ′ (t) = 1
d’intégration par parties :
1 1 1
√
Z Z
2 3 2 3
t 1 + t dt = t(1 + t) 2 − (1 + t) 2 dt.
0 3 0 0 3
Or,
1 5
2 3 2 3 22
t(1 + t) 2 = (1 + 1) 2 =
3 0 3 3
et 1
Z 1
2 3 2 2 5 4 5
(1 + t) 2 dt = × (1 + t) 2 = × (2 2 − 1).
0 3 3 5 0 15
Ainsi, on a finalement,
5
Z 1 √ 22 4 5
t 1 + t dt = − × (2 2 − 1).
0 3 15
Exercice 10.17 ( (
u ′ (t) = cos(t) u(t) = sin(t)
1. On applique la formule d’intégration par parties avec . Ainsi, et d’après la formule d’intégration par
v (t) = t 2 v ′ (t) = 2t
parties : Z x Z x
t 2 cos(t) dt = x 2 sin(x) − 2t sin(t) dt.
( (
u ′ (t) = sin(t) u(t) = − cos(t)
Pour calculer cette dernière intégrale, on applique la formule d’intégration par parties avec . Ainsi,
v (t) = 2t v ′ (t) = 2
et d’après la formule d’intégration par parties :
Z x Z x
2t sin(t) dt = −2x cos(x) + 2 cos(t) dt = −2x cos(x) + 2 sin(x).
On obtient finalement,
Z x
t 2 cos(t) dt = x 2 sin(x) + 2x cos(x) − 2 sin(x) = (x 2 − 2) sin(x) + 2x cos(x).
( 1
(
u ′ (t) = cos(t)2
u(t) = tan(t)
2. On applique la formule d’intégration par parties en choisissant . Ainsi, et d’après la formule
v (t) = t v ′ (t) = 1
d’intégration par parties : Z x Z x
t
dt = x tan(x) − tan(t) dt = x tan(x) + ln(| cos(x)|).
cos(t)2
10.5 Application à la résolution d’équations différentielles 265
( (
u ′ (t) = 1 u(t) = t
3. On applique la formule d’intégration par parties en choisissant . Ainsi, 2t 2 et d’après la formule
v (t) = ln(t 2 ) v ′ (t) = t2
= t
d’intégration par parties : Z x Z x Z x
2t
ln(t 2 ) dt = x ln(x 2 ) −
dt = x ln(x 2 ) − 2 dt = x ln(x 2 ) − 2x.
t
( (
u ′ (t) = sin(t) u(t) = − cos(t)
4. On applique la formule d’intégration par parties en choisissant . Ainsi, et d’après la formule
v (t) = e2t v ′ (t) = 2e2t
d’intégration par parties : Z xZ x
e2t sin(t) dt = − cos(x)e2x + 2 cos(t)e2t dt.
( (
u ′ (t) = cos(t) u(t) = sin(t)
Pour calculer cette nouvelle intégrale, on applique la formule d’intégration par parties avec . Ainsi,
v (t) = e2t v ′ (t) = 2e2t
et d’après la formule d’intégration par parties :
Z x Z x
cos(t)e2t dt = sin(x)e2x − 2 sin(t)e2t dt.
On obtient finalement, Z x Z x
e2t sin(t) dt = − cos(x)e2x + 2 sin(x)e2x − 4 sin(t)e2t dt
et donc
x
2 sin(x)e2x − cos(x)e2x
Z
e2t sin(t) dt = .
5
Exercice 10.19 Z x √
1
1. On cherche à déterminer √ dt. On considère le changement de variable s = u(t) = t. Alors ds
dt
= u ′ (t) = 1
√
2 t
et donc
1+ t
√ . D’après la formule de changement de variable
ds = 2dt t
Z x Z x
√ Z u(x)
1 2 t dt 2s
√ dt = √ √ = ds.
1+ t 1+ t 2 t 1+s
Or,
u(x) u(x) u(x)
s +1−1
Z Z Z
2s 1
ds = 2 ds = 2 1− ds = 2u(x) − 2 ln(|u(x) + 1|) + C,
1+s s +1 s +1
C ∈ R, et donc Z x √ √
1
√ dt = 2 x − 2 ln(| x + 1|) + C, C ∈ R.
1+ t
x
e2t
Z
2. On cherche à déterminer dt. On considère le changement de variable s = u(t) = et . Alors ds
dt
= u ′ (t) = et et donc ds = et dt.
+1 et
D’après la formule de changement de variable
x x u(x)
e2t et
Z Z Z
s
dt = et dt = ds.
et +1 et +1 s +1
Or,
u(x) u(x) u(x)
s +1−1
Z Z Z
s 1
ds = ds = 1− ds = u(x) − ln(|u(x) + 1|) + C,
s +1 s +1 s +1
C ∈ R, et donc
x
e2t
Z
dt = ex − ln(|ex + 1|) + C, C ∈ R.
et + 1
Z x Z x Z x Z u(x)
sin(t)5 dt = (sin(t)2 )2 sin(t) dt = (1 − cos(t)2 )2 sin(t)dt = − (1 − s 2 )2 ds.
Or,
Z u(x) Z u(x)
2 1
(1 − s 2 )2 ds = 1 − 2s 2 + s 4 ds = u(x) − u(x)3 + u(x)5 + C, C∈R
3 5
et donc Z x
2 1
sin(t)5 dt = − cos(x) + cos(x)3 − cos(x)5 + C, C ∈ R.
3 5
266 Chapitre 10 – Intégration
Z x
4. On cherche à déterminer e2t cos(et ) dt. On considère le changement de variable s = u(t) = et . Alors ds
dt
= u ′ (t) = et et donc
ds = et dt. D’après la formule de changement de variable
Z x Z x Z u(x)
e2t cos(et ) dt = et cos(et ) et dt = s cos(s) ds.
( (
f ′ (s) = cos(s) f (s) = sin(s)
Pour calculer cette nouvelle intégrale on applique la formule d’intégration par parties avec . Ainsi,
g(s) = s g ′ (s) = 1
et d’après la formule d’intégration par parties :
Z u(x) Z u(x)
s cos(s) ds = s sin(s) − sin(s) ds = s sin(s) + cos(s)
et donc Z x
e2t cos(et ) dt = u(x) sin(u(x)) + cos(u(x)) + C = ex sin(ex ) + cos(ex ) + C, C ∈ R.
Exercice 10.20
a(t+1)+bt (a+b)t+a
1. On note que at + t+1
b
= t(t+1)
= t(t+1)
= 1
t(t+1)
. Par identification, on en déduit que a + b = 0 et b = 1. Donc a = 1 et
b = −a = −1. Ainsi,
1 1 1
= − .
t(t + 1) t t +1
Z e Z e
1 1 1 e
Finalement,
dt = − dt = ln(|t|) − ln(|t + 1|) 1 = 1 − ln(e + 1) + ln(2).
1 t(t + 1) 1 t t +1
2. On considère le changement de variable t = u(x) = ex . Alors dx
dt
= u ′ (x) = ex et donc dx = dt
t
. D’après la formule de changement de
variable Z 1 Z e
ln(1 + t)
e−x ln(1 + ex ) dx = dt.
0 1 t2
( (
1
u ′ (t) = u(t) = − 1t
Pour calculer cette nouvelle intégrale, on applique la formule d’intégration par parties avec t2 . Ainsi, 1
v (t) = ln(1 + t) v ′ (x) = 1+t
et d’après la formule d’intégration par parties :
e
ln(1 + t) e
Z Z e Z e
1 ln(1 + e) 1
ln(1 + t) dt = − + dt = − + ln(2) + dt.
1 t 1 1 t(1 + t) e 1 t(1 + t)
Z 1
ln(1 + e) (1 + e) ln(1 + e)
e−x ln(1 + ex ) dx = − + ln(2) + 1 − ln(e + 1) + ln(2) = 1 + 2 ln(2) − .
0 e e
Exercice 10.24 On a ici a = 1 et b = 1 donc d’après le théorème 10.23, les solutions de cette équation sont les fonctions de la forme
y : x 7→ Cex − 1, C ∈ R.
Exercice 10.27
◦ Équation homogène. L’équation différentielle homogène associée est y ′ = 2y et ses solutions sont les fonctions de la forme yh : x 7→ Ce2x ,
C ∈ R.
◦ Solution particulière. Le second membre étant un polynôme de degré 2, on cherche une solution particulière yp sous la forme yp (x) =
ax 2 + bx + c avec a, b, c ∈ R. Alors, yp′ (x) = 2ax + b et donc
et finalement, −2ax 2 + 2(a − b)x + b − 2c = 2x 2 − 1, ce qui donne par identification a = −1, b = −1 et c = 0. Ainsi, yp : x 7→ −x 2 − x
est une solution particulière.
◦ Conclusion. Les solutions sont donc les fonctions de la forme
Exercice 10.28
1. ◦ Équation homogène. L’équation différentielle homogène associée est y ′ = 3y et ses solutions sont les fonctions de la forme
yh : x 7→ Ce3x , C ∈ R.
◦ Solution particulière. On cherche une solution particulière yp en utilisant la méthode de variation de la constante. On considère donc
yp (x) = C(x)e3x . Alors,
yp′ (x) = 3yp (x) + e3x si et seulement si C ′ (x)e3x + 3C(x)e3x = 3C(x)e3x + e3x
10.5 Application à la résolution d’équations différentielles 267
◦ Conclusion. Les solutions sont les fonctions de la forme y : x 7→ yp (x) + yh (x) = xe3x + Ce3x , C ∈ R.
2. Puisque 1 + x 2 ̸= 0 pour tout x ∈ R, on commence par noter que
2x
(1 + x 2 )y ′ − 2xy = (x 2 + 1)2 cos(x) si et seulement si y ′ = y + (x 2 + 1) cos(x).
1 + x2
(x 2 + 1) cos(x) et donc C ′ (x) = cos(x). On pose finalement C(x) = sin(x) et donc yp (x) = (1 + x 2 ) sin(x).
◦ Conclusion. D’après le principe de superposition, les solutions sont les fonctions de la forme
Exercice 10.29
1. ◦ Équation homogène. L’équation différentielle homogène associée est y ′ = − tan(x)y et ses solutions sont les fonctions de la forme
yh : x 7→ Celn(| cos(x)|) = C| cos(x)| = C cos(x), C ∈ R.
◦ Solution particulière. On cherche une solution particulière yp en utilisant la méthode de variation de la constante. On considère donc
yp (x) = C(x) cos(x). Alors,
yp′ (x) + tan(x)yp (x) = sin(2x) si et seulement si C ′ (x) cos(x) − C(x) sin(x) + C(x) tan(x) cos(x) = sin(2x)
et donc
sin(2x) 2 cos(x) sin(x)
C ′ (x) = = = 2 sin(x).
cos(x) cos(x)
◦ Équation homogène. L’équation différentielle homogène associée est y ′ = (1 − tan(x))y et ses solutions sont les fonctions de la
forme
yh : x 7→ Cex+ln(| cos(x)|) = C| cos(x)|ex = C cos(x)ex , C ∈ R.
◦ Solution particulière. On cherche une solution particulière yp en utilisant la méthode de variation de la constante. On considère donc
yp (x) = C(x) cos(x)ex . Alors,
yp′ (x) + (tan(x) − 1)yp (x) = tan(x)ex
équivaut à
C ′ (x) cos(x)ex + C(x)(− sin(x) + cos(x))ex + (tan(x) − 1)C(x) cos(x)ex = tan(x)ex
tan(x)ex sin(x)
et donc C ′ (x) = cos(x)ex
= cos(x)2
. On pose finalement C(x) = 1
cos(x)
et donc yp (x) = C(x) cos(x)ex = ex .
◦ Conclusion. D’après le principe de superposition, les solutions sont les fonctions de la forme
Exercice 10.31
1. ◦ Équation homogène. L’équation différentielle homogène associée est y ′ = −y et ses solutions sont les fonctions de la forme
yh : x 7→ Ce−x , C ∈ R.
◦ Solution particulière. On cherche une solution particulière yp en utilisant la méthode de variation de la constante. On considère donc
yp (x) = C(x)e−x . Alors,
yp′ (x) = −yp (x) + cos(x) si et seulement si C ′ (x)e−x − C(x)e−x = −C(x)e−x + cos(x).
et donc
C ′ (x) = cos(x)ex .
268 Chapitre 10 – Intégration
On doit donc trouver une primitive de l’application x 7→ cos(x)ex et on utilise pour cela deux intégrations par parties successives.
Ainsi, en intégrant t 7→ et et en dérivant t 7→ cos(t), on a
Z x Z x
cos(t)et dt = cos(x)ex + sin(t)et dt
Finalement, on a donc
Z x Z
1
2 cos(t)et dt = (sin(x) + cos(x))ex et cos(x)ex dx = (sin(x) + cos(x))ex .
2
On pose donc
1 1
C(x) = (sin(x) + cos(x))ex et yp (x) = C(x)e−x = (sin(x) + cos(x)).
2 2
◦ Conclusion. D’après le principe de superposition, les solutions sont les fonctions de la forme
1
y : x 7→ yp (x) + yh (x) = (sin(x) + cos(x)) + Ce−x , C ∈ R.
2
◦ Condition initiale. On a
1
y (0) = 1 si et seulement si +C =1
2
ce qui équivaut à C = 21 . Ainsi, l’unique solution de l’équation différentielle y ′ = −y + cos(x) telle que y (0) = 1 est la fonction
y : x 7→ 12 (sin(x) + cos(x) + e−x ).
2. Puisque 1 + x 2 ̸= 0 pour tout x ∈ R, on commence par noter que
2x 1 + 3x 2
(1 + x 2 )y ′ + 2xy = 3x 2 + 1 si et seulement si y ′ + y = .
1 + x2 1 + x2
C
y : x 7→ yp (x) + yh (x) = x + , C ∈ R.
1 + x2
◦ Condition initiale. On a y (0) = 3 si seulement si C = 3. Ainsi, l’unique solution de l’équation différentielle y ′ = −y + xex telle que
y (0) = 1 est la fonction y : x 7→ x + 1+x
3
2.
Exercice 10.32
◦ Étapes 1, 2 et 3. Cette équation différentielle est homogène et ses solutions sont les fonctions de la forme
5x
y : x 7→ Ce− 2 , C ∈ R.
◦ Étape 4 : condition initiale. Le fait que la courbe représentative possède une tangente en 0 ayant pour coefficient directeur − 12 revient
5x
à demander à ce que y ′ (0) = − 21 . Or, y ′ (x) = − 5C
2
e− 2 et donc
1 1
y ′ (0) = − si et seulement si C = .
2 5
Ainsi, l’unique solution de l’équation différentielle 2y ′ + 5y = 0 dont la courbe représentative est telle que sa tangente au point d’abscisse
1 − 5x
0 a pour coefficient directeur − 21 est la fonction y : x 7→ 5
e 2 .
CHAPITRE 11
Nombres complexes
L’étude des nombres complexes est l’occasion d’entremêler la géométrie et le calcul littéral. En effet,
l’ensemble des nombres complexes pourra être identifié, d’une façon qu’il conviendra par la suite d’ex-
pliciter, au plan euclidien. Ainsi, un nombre complexe pourra être vu comme un point du plan euclidien
et les opérations algébriques sur les nombres complexes (addition, multiplication par un nombre réel ou
multiplication de deux nombres complexes) pourront, en ce sens, être interprétées comme des transfor-
mations géométriques du plan euclidien (translation, homothétie, rotation ou composée de ces différentes
opérations). D’un autre côté, en plus de l’aspect géométrique, les nombres complexes offrent un cadre
plus large que celui des nombres réels pour la résolution d’équations. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle
ils ont été introduits au XVIe siècle tout comme la plupart des ensembles de nombres auparavant. En effet,
il n’existe pas de nombre réel x tel que
x 2 = −1.
Les nombres complexes servent ainsi à donner des solutions (i et −i) à cette équation et plus généralement
aux équations du second degré dont le discriminant s’avère être négatif.
Définition 11.1 – Nombre complexe. On note C et on appelle ensemble des nombres complexes
l’ensemble défini par
C = {x + iy | (x, y ) ∈ R2 }.
Si z = x + iy est un élément de C alors,
◦ x + iy est appelée sa forme cartésienne ou algébrique,
◦ x est appelée sa partie réelle et on note x = Re(z),
◦ y est appelée sa partie imaginaire et on note y = Im(z).
Enfin, deux nombres complexes sont égaux s’ils ont mêmes parties réelle et imaginaire.
270 Chapitre 11 – Nombres complexes
Remarques.
◦ Si Im(z) = 0 alors z = x avec x ∈ R donc z est un nombre réel.
◦ Si Re(z) = 0 alors z = iy avec y ∈ R. On dit alors que z est imaginaire pur et on notera iR
l’ensemble des nombres complexes imaginaires purs.
Précisons davantage la vision géométrique qu’il convient de garder en tête lorsque l’on manipule les
nombres complexes à l’aide de la définition suivante.
Comme nous avons pu l’illustrer dans la section 2.5.1, il est d’usage de représenter les nombres réels
sur une droite. Ainsi, nous représentons un nombre complexe zA = xA + iyA dans le plan par le point
A = (xA , yA ) ayant pour abscisse la partie réelle xA de zA et pour ordonnée la partie imaginaire yA de zA .
On illustre cela à la figure 11.1.
iR
A(x, y ) : xA + iyA
y
0 1 x R
On pourrait alors se demander à quoi cela nous sert d’introduire un nouvel ensemble s’il s’identifie par-
faitement au plan euclidien ou à l’ensemble des vecteurs du plan. La réponse va, en partie, être fournie
par la définition suivante : comme nous l’avons vu au chapitre 4, on peut additionner deux vecteurs de
R2 mais on ne peut pas les multiplier. C’est en cela que l’ensemble des nombres complexes C va différer
de ce que nous avons déjà vu car nous allons le munir de deux opérations : l’addition et le produit.
Définition 11.3 – Opérations sur les complexes. On définit deux opérations sur l’ensemble des nombres
complexes C.
◦ L’addition est définie, pour tout z = x + iy ∈ C et z ′ = x ′ + iy ′ ∈ C, par
(x + iy ) + (x ′ + iy ′ ) = (x + x ′ ) + i(y + y ′ ).
(x + iy ) × (x ′ + iy ′ ) = (xx ′ − y y ′ ) + i(xy ′ + x ′ y ).
Remarque. Pour effectuer le produit de deux nombres complexes, on utilise la double distributivité. Par
exemple, (1 + i)(2 + 2i) = 2 + 2i + 2i + 2i2 = 2 + 4i − 2 = 4i.
11.1 Forme algébrique 271
Exercice 11.5. Pour chacun des nombres complexes suivants, déterminer sa partie réelle et sa partie
imaginaire :
√
1. 3 + 5i, 5. −4i, 9. (2 − 2i)(4 + i 2),
2. 2 − 3i, 6. 2i2 + 3, 10. (1 + i)3 ,
√ √ √
3. 2, 7. (1 − 6i)2 , 11. ( 2 + i 2)(1 − 7i),
√ √
4. (1 + i)(2i), 8. 3 + i − (1 − 2i), 12. (1 + i 3)(1 − i 3).
Exercice 11.6. Écrire le plus simplement possible les nombres complexes suivants :
1
1. i, 2. i3 , 3. i4 , 4. i5 , 5. i2024 .
Étant donné que nous venons de définir deux opérations sur l’ensemble des nombres complexes, il est
important de vérifier la compatibilité de ces opérations avec les opérations usuelles que nous avions définies
auparavant. Il est par exemple aisé de remarquer que si y = y ′ = 0 alors la somme et le produit définis sur
C sont bien la somme et le produit définis sur l’ensemble des nombres réels. Montrons à présent que la
somme de nombres complexes est compatible avec la somme de vecteurs du plan définie dans le chapitre
4.
Démonstration.
−→
◦ Soient A = (xA , yA ) et B = (xB , yB ) deux points du plan euclidien. Le vecteur AB admet alors pour
coordonnées (xB − xA , yB − yA ). Au point A, on associe l’affixe zA = xA + iyA et et au point B, on
associe l’affixe zB = xB + iyB . Ainsi, on constate que le nombre complexe zB − zA coïncide avec
−→
l’affixe z−→ associée au vecteur AB.
AB
◦ Soient → −
u = (u1 , u2 ) et →
−
v = (v1 , v2 ) deux vecteurs du plan R2 et λ ∈ R. Les affixes respectivement
associées aux vecteurs u et →
→
− −v sont z− u = u1 + iu2 et z−
→ v = v1 + iv2 et on a alors z−
→ u + z−
→ v =
→
u1 + iu2 + v1 + iv2 = (u1 + v1 ) + i(u2 + v2 ) = z−
→ v . De même, on constate que λz−
u +−
→ u = λ(u1 + iu2 ) =
→
(λu1 ) + i(λu2 ) = zλ− →
u .
iR z + z′ iR
λz = (λx) + i(λy )
z′
z = x + iy
z
R R
Exercice 11.9. On considère les nombres complexes zA = 2+3i, zB = −4+i, zC = −1−3i et zD = 3−2i.
1. Déterminer la partie réelle et la partie imaginaire de ces quatre nombres.
2. Dans le plan muni d’un repère orthonormé direct (O, ⃗i,⃗j), placer les points A, B, C, D d’affixe zA ,
zB , zC et zD .
zA +zB
3. Placer les points d’affixe zA + zB , zB − zA et 2 .
Remarque. La conjugaison correspond géométriquement à une symétrie axiale ayant pour axe l’axe des
abscisses, comme on le constate sur la figure 11.3.
iR z = x + iy
z = x − iy
Exemples.
◦ Si z = 4 + 3i alors z = 4 − 3i .
◦ Déterminons le ou les nombres complexes z vérifiant z + 2z = 3 + 6i. On commence par écrire
z = x + iy avec (x, y ) ∈ R2 . On a alors
z + 2z = (x + iy ) + 2(x − iy ) = 3x − iy
11.1 Forme algébrique 273
Exercice 11.11. Résoudre dans C les équations suivantes (on donnera les solutions sous forme algé-
brique) :
1. z = 3 + 2i, 2. z = 2z, 3. 2z − 4 = 5i + 4z.
Remarques.
◦ On note que si z ∈ C alors Re(z) = 21 (z + z) et Im(z) = 1
2i (z − z) ce que l’on peut représenter
graphiquement comme en figure 11.4.
iR z iR 2i Im(z)
2Re(z) z
R R
z
◦ On note qu’un nombre complexe est réel si, et seulement si, il est égal à son conjugué. De même,
un nombre complexe est imaginaire pur si, et seulement si, il est égal à l’opposé de son conjugué,
i.e. z = −z.
Proposition 11.14. Pour tout complexe z = x +iy , on a zz = x 2 +y 2 . En particulier, pour tout complexe
zz est réel.
Cette dernière propriété nous permet de montrer que tout nombre complexe z non nul admet un inverse
pour la multiplication définie sur C. En effet, soit z = x + iy un nombre complexe non nul, on constate
que
1 1
(x − iy ) (x + iy ) = 2 (x 2 + y 2 ) = 1
x2 + y2 x + y2
1 x y
L’inverse de x + iy est donc x 2 +y 2 (x − iy ) = x 2 +y 2 − i x 2 +y 2.
Définition 11.15 – Inverse d’un nombre complexe. Pour tout z ∈ C, z ̸= 0, on définit l’inverse de z,
que l’on note z1 , par
1 1
= z.
z zz
Proposition 11.16 – Opérations avec les inverses. Soient z et z ′ deux nombres complexes non nuls.
On a
274 Chapitre 11 – Nombres complexes
1 1 1 1 1 z + z′
◦ × ′ = ′, 1 1 ◦ + ′ = .
z z zz ◦ = , z z zz′
z z
Remarque. Le quotient zz′ de deux nombres complexes (avec z ′ ̸= 0) est défini comme étant le produit
de z par l’inverse z1′ de z ′ .
Méthode – Mettre un quotient sous forme algébrique. Étant donnés deux nombres complexes z ∈ C
et z ′ ∈ C, z ′ ̸= 0, on peut utiliser la quantité conjuguée pour mettre zz′ sous forme algébrique. Plus
précisément, on écrit
z zz ′
′
= ′ ′
z zz
zz ′
et z ′ z ′ = Re(z ′ )2 + Im(z ′ )2 ∈ R donc z ′z ′
est sous forme algébrique.
Exemple. On a
Exercice 11.18. Calculer les inverses (sous forme algébrique) des nombres complexes suivants :
√ √
1. 3 + 2i, 3. 4, 5. 2 − i 2,
√
2. 2 + 3i, 4. −3i, 6. 3 + i.
Exercice 11.19. Soient z = 1 + 2i et w = 2 − 3i. Mettre sous forme algébrique les nombres complexes
suivants :
4. wz .
1. z + w , 2. z − w , 3. zw ,
Exercice 11.20. Résoudre dans C les équations suivantes (on donnera les solutions sous forme algé-
brique) :
z+1
1. 2z = 1 + i + 3z, 2. 2iz = 1 − z, 3. z−1 = 2i.
Exercice 11.21.
1. Déterminer et représenter l’ensemble des nombres complexes z = x + iy tels que z 2 + z + 1 soit un
réel.
z+2i
2. Déterminer et représenter l’ensemble des nombres complexes z = x + iy ̸= 1 tels que z−1 soit un
imaginaire pur.
11.2 Module, argument et forme trigonométrique 275
Remarques.
◦ On note que, par définition, pour tout z = x + iy ∈ C, |z|2 = x 2 + y 2 = zz.
◦ Par définition, pour tout z ∈ C, |z| = |z|,
√ p
|Re(z)| = |x| = x2 ⩽ x 2 + y 2 = |z|
iR
p
x2 + y2
y = Im(z)
x = Re(z) R
À retenir. On peut comparer les modules de deux nombres complexes car le module est un nombre réel
mais il est important de bien noter qu’il n’y a pas d’inégalités sur C.
Proposition 11.25 – Propriétés du module. Soient z et z ′ deux nombres complexes. Le module est
276 Chapitre 11 – Nombres complexes
|z z ′ |2 = z z ′ z z ′ = zzz ′ z ′ = |z|2 |z ′ |2 .
|z + z ′ | ⩽ |z| + |z ′ |.
Démonstration. On a déjà démontré le même type d’inégalité à l’occasion de la propriété 7.5. Nous
nous contentons donc de vous conseiller la lecture de [Exo, Algèbre, chapitre 3] pour obtenir une preuve
détaillée dans le cadre des nombres complexes.
|z| − |z ′ | ⩽ |z − z ′ |.
Démonstration. On note que z = (z −z ′ )+z ′ . Ainsi, d’après la première inégalité triangulaire du théorème
11.26 on a :
|z| ⩽ |z − z ′ | + |z ′ |,
d’où |z| − |z ′ | ⩽ |z − z ′ |. De même, |z ′ | ⩽ |z ′ − z| + |z| et donc |z ′ | − |z| ⩽ |z ′ − z| = |z − z ′ |. Autrement
dit, on a
−(|z| − |z ′ |) ⩽ |z − z ′ | et |z| − |z ′ | ⩽ |z − z ′ |.
On a donc bien |z| − |z ′ | ⩽ |z − z ′ |.
Remarque – Lieux géométriques. De par son interprétation comme distance, le module est un outil très
pratique pour décrire certains lieux de points. Plus précisément, il y a deux situations qu’il faut savoir
identifier.
◦ Le cercle. Si Ω est un point du plan d’affixe zΩ alors pour tout réel r > 0 l’ensemble des points M
d’affixes z tels que |z − zΩ | = r est le cercle de centre Ω et de rayon r car ce sont les points à
distance r du point Ω.
◦ La médiatrice. Si A et B sont deux points distincts du plan d’affixes respectives zA et zB , alors
l’ensemble des points M d’affixe z tels que |z − zA | = |z − zB | est la médiatrice du segment [AB]
car il s’agit des points à même distance de A et de B.
11.2 Module, argument et forme trigonométrique 277
Exercice 11.28. Dans le plan complexe, représenter l’ensemble des points M d’affixe z satisfaisant les
conditions suivantes :
1. |z| = 2, 3. 1 ⩽ |z| < 4, 5. |z − i| < 2,
2. |z| ⩽ 3, 4. |z − 2| = 1, 6. 1 ⩽ |z + 1 + i| ⩽ 2.
Exercice 11.29.
1. Déterminer l’ensemble des points M d’affixe z ∈ C tels que |z − 2 + 3i| = 1.
2. Déterminer l’ensemble des points M d’affixe z ∈ C tels que |z − 1 + i| = |z − 2 + 2i|.
√
z−3 2
3. Déterminer l’ensemble des points M d’affixe z ∈ C tels que z−5 = 2 .
4. Déterminer une équation cartésienne du cercle de centre le point d’affixe 1 − 2i et passant par le
point d’affixe i.
5. Soient A = (2, 1) et B = (1, 3). Déterminer l’équation de la médiatrice du segment [AB] à l’aide des
nombres complexes. Vérifier qu’il s’agit de la droite de vecteur directeur (2, 1) passant par 32 , 2 .
iR
1
|z| = 1 z
R
−1 1
−1
Remarque.
Dans le plan euclidien, le cercle trigonométrique est décrit par l’ensemble des points C (O, 1) =
(x, y ) ∈R2 | x 2 + y 2 + 1 alors que dans le plan complexe, il est décrit par l’ensemble noté U et défini
par U = z ∈ C | |z| = 1 .
π
iR +
2
z
×
arg(z)
R
−π A 0
3π
2 ou − π2
π 5π π
Exemple. Le complexe i a pour arguments 2, 2 ou plus généralement 2 + 2kπ, k ∈ Z. Son argument
principal est π2 ∈] − π, π].
Remarque. La notion d’argument, de par le fait qu’il n’est en général par unique, n’est pas toujours
pratique à manipuler. Le rôle de l’argument principal est en quelque sorte de créer de l’unicité et de choisir
un argument privilégié afin de simplifier les choses. Cette convention n’a pas été choisie aléatoirement.
En effet :
◦ l’intervalle est ouvert en θ = −π pour préserver l’unicité, car on atteint déjà le point (−1, 0) avec
l’argument +π,
◦ choisir l’argument principal revient à prendre le plus court chemin le long du cercle pour atteindre
l’affixe du point : soit en partant dans le sens positif si le point est dans le demi-plan supérieur (la
droite réelle comprise), soit en partant dans le sens négatif s’il est dans le demi-plan inférieur.
Démonstration.
◦ Le premier point provient du fait que si on note M le point d’affixe z et M ′ le point d’affixe −z alors
−→ −−→ −→ −−→
les angles orientés (OA, OM) et (OA, OM ′ ) diffèrent d’un angle plat puisque M ′ est le symétrique
de M par rapport à l’origine.
◦ La propriété sur le conjugué découle du fait que si M est le point d’affixe z et M ′ le point d’affixe z
−→ −−→ −→ −−→
alors les angles orientés (OA, OM) et (OA, OM ′ ) sont opposés puisque M ′ est le symétrique de M
par rapport à l’axe des abscisses.
◦ Les deux derniers points découlent de la définition d’angle (voir définition 7.28) et de mesure d’angle
(voir définition 7.41).
11.2 Module, argument et forme trigonométrique 279
Théorème 11.32 – Forme trigonométrique. Soit z ∈ C∗ . Alors, z s’écrit de manière unique sous la
forme
z = |z|(cos(arg(z)) + i sin(arg(z))).
Cette écriture s’appelle la forme trigonométrique de z. On note que arg(z) est défini à un multiple de
2π près mais peut être défini de façon unique si l’on demande à ce que arg(z) ∈] − π, π] (on a alors
arg(z) = Arg(z)).
Démonstration. L’idée de la preuve peut ainsi être résumée par la figure suivante :
iR
z
z
|z|
sin(θ)
θ
R
cos(θ)
Remarque. Les fonctions cos et sin étant 2π-périodiques, le fait que la notion d’argument d’un nombre
complexe soit définie à un multiple de 2π près ne pose pas de soucis dans l’écriture de la forme trigono-
métrique.
Corollaire 11.33 – Identification. Deux nombres complexes sont égaux si et seulement s’ils ont le même
module et le même argument principal.
Démonstration. Découle du théorème précédent et du fait que deux nombres complexes sont égaux si et
seulement si ils ont la même partie réelle et la même partie imaginaire.
Méthode – Mettre un nombre sous forme trigonométrique. Soit z = x + iy ∈ C. Pour mettre z sous
forme trigonométrique, on suit les étapes suivantes :
p
1. on calcule son module |z| = x 2 + y 2 ,
x y
2. on cherche θ ∈ R tel que cos(θ) = √ et sin(θ) = √ .
x 2 +y 2 x 2 +y 2
√
Exemple. Donnons la forme trigonométrique du nombre complexe z = 3 + 3i. Commençons donc √ par
√ √ 3 3
calculer le module de z : |z| = 9 + 3 = 2 3. Ainsi, on cherche θ ∈ R tel que cos(θ) = 2√ 3
= 2 et
√
sin(θ) = √3 = 1 . D’après les valeurs remarquables que l’on connaît (voir proposition 7.50) on obtient
2
2 3 √
= π6 ∈]−π, π]. La forme trigonométrique de z est donc donnée par z = 2 3 cos π6 + i sin π6 .
Arg(z)
280 Chapitre 11 – Nombres complexes
Exercice 11.35. On considère la fonction f : R → C qui, pour tout θ ∈ R, est définie par f (θ) =
cos(θ) + i sin(θ). Démontrer, en utilisant les formules d’addition 7.54, que pour tous réels θ1 et θ2 , on a
f (θ1 )f (θ2 ) = f (θ1 + θ2 ).
Le point d’affixe eiθ est le point du cercle trigonométrique d’angle θ (et donc de coordonnées (cos(θ), sin(θ))).
Exemples. On a
π
√ √
◦ ei0 = e0 = 1, ◦ eiπ = −1, ◦ ei 4 = 2
2
+ 2
2 i,
π π π
√
3
◦ ei 2 = i, ◦ e3i 2 = −i, ◦ ei 6 = 2 + 12 i.
Proposition 11.37. Si θ et θ′ sont deux nombres réels, l’exponentielle complexe satisfait les propriétés
suivantes :
◦ pour tout k ∈ Z, ei(θ+2kπ) = eiθ , ◦ pour tout n ∈ Z, einθ = (eiθ )n ,
i(θ+θ ′ ) iθ ′
◦ e = eiθ e , ◦ |eiθ | = 1,
1
◦ eiθ = e−iθ = eiθ , ◦ U = {eiθ | θ ∈ R}.
′
À retenir. Si θ et θ′ sont deux nombres réels, alors θ = θ′ implique que eiθ = eiθ mais la réciproque est
π 5π
fausse car un argument est déterminé à 2π près. On a par exemple ei 2 = ei 2 .
11.3 Exponentielle complexe et forme exponentielle 281
Remarques.
′ ′
◦ L’identité ei(θ+θ ) = eiθ eiθ , déjà obtenue dans l’exercice 11.35, justifie l’utilisation de la notation
exponentielle dans ce contexte puisqu’il s’agit d’une propriété bien connue de la fonction exponentielle
réelle (voir la proposition 9.10).
◦ On peut étendre la définition de l’exponentielle complexe à l’ensemble des nombres complexes en
posant, si z = x + iy , ez = ex+iy = ex eiy . Ainsi, si z ∈ R, on retrouve l’exponentielle réelle et, si
z ∈ iR, on retrouve l’exponentielle complexe définie précédemment. Cette exponentielle complexe
possède les mêmes propriétés que celles énoncées précédemment pour l’exponentielle complexe et
on notera en particulier que, si z = x + iy , |ez | = |ex eiy | = |ex ||eiy | = ex = eRe(z) .
z = |z|ei arg(z) .
Cette écriture s’appelle la forme exponentielle de z. On note que arg(z) est défini à un multiple de
2π près mais peut être défini de façon unique si l’on demande à ce que arg(z) ∈] − π, π] (on a alors
θ = Arg(z)).
iR
z = |z|eiθ
|z|
θ
R
Démonstration. Soit z un nombre complexe non nul. On a vu à la proposition 11.37 que pour tout nombre
z
complexe z de module 1, il existe θ ∈ R tel que z = eiθ . Il existe donc θ ∈ R tel que |z| = eiθ , d’où le
résultat.
À retenir. Attention, dans la forme exponentielle le réel devant l’exponentielle complexe doit être positif.
π
Par exemple −2ei 5 n’est pas une forme exponentielle. La forme exponentielle de ce nombre complexe est
π π 6π
obtenue en notant que −1 = eiπ et donc −2ei 5 = 2eiπ ei 5 = 2ei 5 .
Remarque. En rappelant que, pour tout θ ∈ R, eiθ = cos(θ) + i sin(θ), on note que la forme exponentielle
n’est rien d’autre qu’une réécriture plus concise de la forme trigonométrique. Ainsi, obtenir la forme
trigonométrique d’un nombre complexe nous fournit immédiatement sa forme exponentielle. L’intérêt de
la forme exponentielle réside dans le fait que les propriétés de l’exponentielle nous permettent alors de
traiter plus facilement les puissances ou les produits de nombres complexes comme nous le verrons plus
loin.
Exemple. Donnons la forme exponentielle de 1 + i. On commence par noter que le module de 1 + i est
√
2. On cherche à présent θ tel que cos(θ) = √12 et sin(θ) = √12 . On obtient donc θ = π4 et alors la forme
√ π
exponentielle de 1 + i est donnée par 1 + i = 2ei 4 .
282 Chapitre 11 – Nombres complexes
Exercice 11.39. Mettre les nombres complexes suivants sous forme trigonométrique et exponentielle et
donner leur argument principal :
√
1. 1, 4. 3i, 7. 3 − i,
2. i, 5. 1 + i 8. √1 ,
3−i
√ √
3. −1, 6. 3 − i, 9. ( 3 − i)2024 .
√ z1
Exercice 11.40. Soient z1 = 1 + i 3, z2 = 1 + i et z3 = z2 .
1. Écrire z3 sous forme algébrique et sous forme trigonométrique.
π π
2. En déduire les valeurs exactes de cos 12 et sin 12 .
π π
7π 7π
Exercice 11.41. Calculer ei( 3 + 4 ) sous forme algébrique et en déduire les valeurs de cos 12 et sin 12 .
Nous disposons à présent de trois présentations possibles d’un nombre complexe : la forme algébrique, la
forme trigonométrique et la forme exponentielle. La forme trigonométrique sera peu utile d’un point de vue
calculatoire mais aura davantage vocation à faire le lien entre la forme algébrique et la forme exponentielle
(ou par exemple à nous permettre d’obtenir de nouvelles valeurs des fonctions trigonométriques comme
illustré dans l’exercice précédent). Reste donc à déterminer quand utiliser la forme algébrique et quand
utiliser la forme exponentielle.
Exemple. Donnons la forme algébrique de (1 + i)n pour n ∈ Z. On commence par rappeler que la forme
√ π √ nπ
exponentielle de 1 + i est donnée par 1 + i = 2ei 4 . Alors, (1 + i)n = ( 2)n ei 4 et sa forme algébrique
n n
est donc (1 + i)n = 2 2 cos nπ nπ
4 + i2 sin 4 .
2
Exercice 11.42.
√
1. Écrire le nombre complexe i − 3 sous forme trigonométrique puis sous forme exponentielle.
2
2. Trouver la forme exponentielle puis la forme algébrique du nombre complexe (1+i)10 .
(1+i)2000
3. En déduire la forme algébrique de √
(i− 3)1000
.
√
1 3
Exercice 11.43. On considère le nombre complexe z = 2 +i 2 .
1. Déterminer le module et l’argument principal de z.
2. Déterminer alors le module et un argument de z 2012 . En déduire la forme algébrique de z 2012 .
Achevons cette section par une application géométrique de l’utilisation de la forme exponentielle. En
effet, cette nouvelle représentation des nombres complexes nous permet de mieux comprendre à quelle
transformation géométrique correspond le produit de deux nombres complexes (ce qui était difficile à
comprendre sur la forme algébrique).
11.3 Exponentielle complexe et forme exponentielle 283
La proposition précédente, et en particulier sa preuve, nous amène naturellement à énoncer les propriétés
suivantes qui s’avèrent très utiles pour déterminer des lieux de points décrits par une équation faisant
intervenir un argument.
′
Démonstration. Ces deux propriétés proviennent du fait que si z = |z|eiθ ∈ C∗ et z ′ = |z ′ |eiθ ∈ C∗ alors
(en utilisant la proposition 11.37) :
′ ′
◦ zz ′ = |z||z ′ |eiθ eiθ = |z||z ′ |ei(θ+θ ) est la forme exponentielle de z z ′ donc θ + θ′ est un de ses
arguments,
z |z| eiθ |z| i(θ−θ ′ ) z
◦ z′ = |z ′ | eiθ′ = |z ′ | e est la forme exponentielle de z′ donc θ − θ′ est un de ses arguments.
z
= arg(z) − arg(z ′ ) correspond à une mesure de l’angle orienté compris
Remarque. L’argument arg z′
−−→ −−→
entre les vecteurs d’affixes z et z ′ . Plus précisément, si OM est un vecteur d’affixe z et si OM ′ est un
−−→ −− →
vecteur d’affixe z ′ alors arg zz′ est une mesure de l’angle orienté (OM, OM ′ ).
Exercice 11.46.
√ √
6−i 2
1. Calculer le module et un argument de z = 2 et w = 1 − i.
z
2. En déduire le module et un argument de w.
π π
Exercice 11.47. On considère le nombre complexe Z = 3 cos 3 + i sin 3 . Déterminer un argument
de Z 57 . En déduire que Z 57 est un nombre réel négatif.
Exercice 11.48.
1. Déterminer l’ensemble des points M dont l’affixe z ∈ C est tel qu’il existe k ∈ Z tel que arg(iz) =
π
4 + kπ.
z
2. Déterminer l’ensemble des points M dont l’affixe z ∈ C est tel qu’il existe k ∈ Z tel que arg 1+i =
π
2 + 2kπ.
284 Chapitre 11 – Nombres complexes
Théorème 11.49 – Racines réelles et factorisation d’un trinôme. Soient a, b et c des nombres réels
avec a ̸= 0 et ∆ = b2 − 4ac.
√ √
−b− ∆ −b+ ∆
◦ Si ∆ > 0, alors le trinôme admet exactement deux racines réelles z1 = 2a et z2 = 2a .
−b
◦ Si ∆ = 0, alors le trinôme admet une unique racine réelle (double) z0 = 2a .
√
−b−i |∆|
◦ Si ∆ < 0, alors le trinôme admet deux racines complexes conjuguées distinctes : z1 = et
√ 2a
−b+i |∆|
z2 = 2a .
Démonstration. Nous n’allons pas ici refaire la preuve car la démarche est identique à celle ayant permis
d’obtenir le théorème 2.16. Notons simplement que l’on a
! p ! p !
b 2
2 ∆ b i |∆| b i |∆|
az + bz + c = a z+ − 2 = z+ − z+ + .
2a 4a 2a 2a 2a 2a
√ √
Remarque. Les trois cas du théorème 11.49 ne sont en fait qu’un seul et même cas : ∆ et − ∆ sont
les deux
p réels quip
au carré valent ∆ si ∆ > 0, le seul nombre qui au carré vaut 0 est 0 (cas ∆ = 0) et
enfin i |∆| et −i |∆| sont les deux nombres complexes qui au carré valent ∆ si ∆ < 0.
Définition 11.51 – Racines carrées complexes. Soit a ∈ C, les racines carrées complexes de a sont
les nombres complexes qui mis au carré sont égaux à a, i.e. les solutions de l’équation z 2 = a.
Exemples.
√ √
◦ Si a ∈ R+ , les racines carrées complexes de a sont a et − a. Par exemple, les racines carrées
complexes de 4 sont 2 et −2.
p p
◦ Si a ∈ R− , les racines carrées complexes de a sont i |a| et −i |a|. Par exemple, les racines carrées
complexes de −4 sont 2i et −2i.
Théorème 11.52 – Description des racines carrées complexes. Soit a = |a|e iθ ∈ C∗ . Alors, a possède
exactement deux racines carrées complexes opposées données par
θ θ θ
|a|ei( 2 +π) .
p p p
z1 = |a|ei 2 et z2 = −z1 = − |a|ei 2 =
iR
eiθ
θ
ei 2
θ R
ei( 2 +π)
Comme nous avons eu l’occasion de le voir dans la proposition 11.44, la mise au carré d’un nombre
complexe a pour effet de mettre son module au carré et de multiplier l’argument par deux. Ainsi, il est
naturel que pour déterminer les racines carrées d’un nombre complexe, nous prenions la racine carrée
(réelle) de son module et que nous divisions l’argument par deux. De plus, le fait qu’il y a ait deux racines
carrées complexes peut être interprété géométriquement par le fait que pour atteindre le point d’affixe
eiθ du cercle trigonométrique, on peut parcourir le cercle dans le sens trigonométrique ou dans le sens
opposé ce qui donne deux façons de diviser l’argument par deux.
◦ Si on tourne dans le sens trigonométrique, on obtient 2θ .
◦ Si on tourne dans l’autre opposé, nous avons fait un tour supplémentaire et on obtient donc l’argu-
ment θ + 2π. On obtient donc 2θ + π. On note que le supplément d’argument π revient à prendre
l’opposé car eiπ = −1.
Si on considère des complexes de module 1, cela donne la figure 11.10.
Nous avons vu comment déterminer les racines carrées complexes d’un nombre complexe mis sous forme
exponentielle mais cela nous demande d’être capables de mettre ce nombre complexe sous cette forme et
donc de savoir en déterminer un argument, ce qui n’est pas forcément facile. Nous allons donc donner une
méthode permettant de déterminer les racines carrées d’un nombre complexe écrit sous forme algébrique.
286 Chapitre 11 – Nombres complexes
Méthode – Racine carrée d’un nombre sous forme algébrique. Soit a = u + iv ∈ C. Alors z = x + iy
vérifie z 2 = a si et seulement si
2 2
√
x +y = u 2 + v 2 car |z 2 | = |a|
2 2
x −y = u car Re(z 2 ) = u .
car Im(z 2 ) = v
2xy = v
On détermine alors x 2 et y 2 grâce aux deux premières lignes puis les signes de x et y à l’aide de la dernière
égalité.
En additionnant les deux premières conditions on obtient x 2 = 9. On en déduit en injectant cette valeur
dans la première condition que y 2 = 4. Ainsi, x = ±3 et y = ±2. Or, d’après la troisième condition,
xy > 0, ce qui signifie que x et y sont de même signe. Ainsi, les racines carrées de 5 + 12i sont données
par z1 = 3 + 2i et z2 = −3 − 2i.
Exercice 11.53. Déterminer les racines carrées des nombres complexes suivants :
1. i, 2. 5 − 12i, 3. 3 + 4i.
Théorème 11.55 – Résolution des équations de degré deux à coefficients complexes. Soient a, b
et c des nombres complexes avec a ̸= 0 et ∆ = b2 − 4ac ∈ C ainsi que δ ∈ C tel que δ 2 = ∆. Alors
l’équation (complexe) de degré 2
az 2 + bz + c = 0
admet deux solutions (éventuellement confondues si ∆ = 0) :
−b − δ −b + δ
z1 = et z2 = .
2a 2a
Démonstration. On raisonne exactement comme pour démontrer les théorèmes 2.16 et 11.49.
Remarque. On note que ∆ possède deux racines complexes opposées donc en choisissant δ nous aurons
le choix entre ces deux racines. Néanmoins, cela n’a pas d’importance car faire un choix ou l’autre ne fera
qu’échanger z1 et z2 et les solutions obtenues seront bien identiques.
choisissant δ1 comme racine du discriminant, les solutions de l’équation du second degré de départ sont :
Exercice 11.56.
1. Déterminer sous forme algébrique les racines carrées de 3 − 4i.
2. Résoudre dans C l’équation z 2 − 5iz − 7 + i = 0.
Définition 11.58 – Racine n-ième. Soit a ∈ C et soit n ∈ N∗ , on appelle racine n-ième de a, tout
nombre complexe z tel que z n = a.
Exemples.
◦ Si a = 1, un nombre complexe tel que z n = 1 est appelé racine n-ième de l’unité.
◦ Pour n = 2, les racines n-ièmes sont les racines carrées complexes.
Théorème 11.59 – Racines n-ièmes de l’unité. Soit n ∈ N∗ . Il y a n racines n-ièmes de l’unité qui sont
les nombres complexes
2ikπ
ξk = e n , 0 ⩽ k ⩽ n − 1.
Remarque. Les racines n-ièmes de l’unité correspondent aux sommets de polygones réguliers à n côtés.
iR ξ1 = i iR iR ξ1
ξ1 = j
ξ2
ξ0 = 1 R R
R ξ2 = −1 ξ0 = 1 ξ0 = 1
ξ3
ξ2 = j ξ3 = −i ξ4
Démonstration. Il est aisé de montrer que pour tout k compris entre 0 et n − 1, ξkn = 1. Montrons à
présent que ce sont les seules racines n-ièmes de l’unité, i.e. si z ∈ C vérifie z n = 1 alors il existe k
288 Chapitre 11 – Nombres complexes
compris entre 0 et n − 1 tel que z = ξk . Notons z = |z|eiθ (z ̸= 0 car z n = 1) et on a donc z n = |z|n einθ .
√
Exercice 11.60. On note j le nombre complexe j = − 12 + i 3
2 .
1. Écrire j sous forme exponentielle.
2. Montrer que j2 = j, j3 = 1 et que 1 + j + j2 = 0.
3. On considère les points A, B et C d’affixes respectives 1, j et j2 . Démontrer que le triangle [ABC]
est équilatéral.
Propriété 11.61 – Racines n-ièmes d’un nombre complexe. Soit a = |a|eiθ ∈ C∗ et soit n ∈ N∗ . Alors,
a admet exactement n racines n-ièmes distinctes données par
p (θ+2kπ)i
n
|a|e n , 0 ⩽ k ⩽ n − 1.
Démonstration. On se ramène au cas des racines n-ièmes de l’unité en notant que z n = a si et seulement
zn z
si |a|e iθ = 1, ce qui équivaut à ( √
n iθ
)n = 1. Ainsi, z n = a si, et seulement si, il existe k compris entre
|a|e n
0 et n − 1 tel que
z 2ikπ
=e n
i nθ
p
n
|a|e
d’où le résultat voulu.
Exercice 11.62. Résoudre dans C l’équation z 3 = 41 (−1 + i) et montrer qu’une seule de ses solutions a
une puissance quatrième réelle.
Déterminer les racines n-ièmes d’un nombre complexe a consiste à résoudre l’équation de degré n, z n = a.
Nous avons vu précédemment qu’une telle équation possèdent n solutions distinctes. Achevons ce chapitre
par un énoncé, appelé théorème fondamental de l’algèbre, qui généralise ce résultat.
Théorème 11.64 – Théorème de d’Alembert-Gauss. Pour tout entier naturel n ⩾ 1 et tous nombres
complexes c0 , c1 , . . ., cn avec cn ̸= 0, l’équation
cn z n + cn−1 z n−1 + . . . + c1 z + c0 = 0
Il est important de retenir que ce résultat montre que C est algébriquement clos : il n’existe pas d’équations
à coefficients complexes de degré au moins 1 qui ne possède pas de solution dans C. Ainsi, le processus
consistant à introduire de nouveaux espaces plus gros que les précédents afin de pouvoir résoudre des
équations polynomiales à coefficients dans les ensembles existants prend fin ici.
11.5 Applications des nombres complexes 289
Méthode – Linéarisation. Pour transformer une expression du type cos(θ)n sin(θ)m , n, m ∈ N, en une
somme de cos(pθ) et sin(qθ), p, q ∈ N :
1. on utilise les formules d’Euler :
n m
eiθ + e−iθ eiθ − e−iθ
cos(θ)n sin(θ)m = ,
2 2i
Remarque. La linéarisation est en particulier pratique pour le calcul de certaines intégrales comme nous
pourrons le voir dans la section 11.5.2.
Achevons cette section par une méthode très efficace pour déterminer la forme exponentielle d’une somme
d’exponentielles complexes.
Méthode – Factorisation par l’angle moitié. Soient θ et θ′ deux nombres réels. Alors,
θ − θ′
θ+θ ′
′
θ−θ′ θ−θ ′
θ+θ ′
eiθ + eiθ = ei 2 ei 2 + e−i 2 = 2 cos ei 2 .
2
1−e iθ
Exemple. Supposons que θ n’est pas un multiple de 2π, simplifions l’expression 1+e iθ . On factorise par
x+y
x−y
Exercice 11.69. Montrer que eix + eiy = 2 cos 2 ei 2 et en déduire le module et un argument de
1 + e iθ .
11.5.2 En intégration
Méthode – Intégration de puissances de cosinus et sinus. Pour intégrer une fonction définie à partir
de puissances de sinus et de cosinus on peut utiliser les formules d’Euler pour linéariser l’expression puis
l’intégrer.
Z x
Exemple. Calculons cos(t)2 sin(t)2 dt. Pour ce faire, linéarisons cos(t)2 sin(t)2 à l’aide des formules
11.5 Applications des nombres complexes 291
d’Euler :
2 2
eit + e−it eit − e−it
2 2
cos(t) sin(t) =
2 2i
1 it −it it −it 2 1 e 4it + e −4it 1
=− 4
((e + e )(e − e )) = − +
2 8 2 8
Exercice 11.70.
Z π Z x
2
1. Calculer cos(t)3 dt. 2. Déterminer cos(t)3 sin(t) dt.
0
292 Chapitre 11 – Nombres complexes
Exercice 11.6
1 −i
1. i
= −i2
= −i, 3. i4 = i2 × i2 = (−1)2 = 1, 5. i2024 = (i4 )506 = 1.
2. i3 = 2
i × i = −i, 4. i5 = i4 × i = i,
Exercice 11.7
◦ D’une part, si xy = 0 alors x = 0 ou y = 0 et la première équation devient x 4 + y 4 = −4 ce qui est impossible car x et y sont des
réels donc les carrés de x 2 et y 2 sont positifs.
x 4 − 6x 4 + x 4 = −4 ⇔ x 4 = 1 ⇔ x 2 = 1 ou x 2 = −1
2. On note que (x + iy )3 − 1 = 0 si et seulement si x 3 + 3x 2 iy − 3xy 2 − iy 3 − 1 = 0, ce qui équivaut en identifiant les parties réelles et les
parties imaginaires à (
x 3 − 3xy 2 − 1 = 0
.
3x 2 y − y 3 = 0
3. On note que (x + iy )3 + 2i = 0 si et seulement si x 3 + 3x 2 iy − 3xy 2 − iy 3 + 2i = 0, ce qui équivaut en identifiant les parties réelles et
les parties imaginaires à (
x 3 − 3xy 2 = 0
.
3x 2 y − y 3 + 2 = 0
√
3
√ √
− 3−i
Finalement, les trois solutions sont 2i, 3−i
√
34 et 34 .
√
Exercice 11.9
1. Par définition, Re(zA ) = 2, Im(zA ) = 3, Re(zB ) = −4, Im(zB ) = 1, Re(zC ) = −1, Im(zC ) = −3, Re(zD ) = 3 et Im(zD ) = −2.
2. On a
11.5 Applications des nombres complexes 293
iR
A
B i
0 1 R
z +z
3. On a zA +zB = −2+4i, zA −zB = 6+2i et A 2 B = −1+2i (il s’agit de l’affixe du milieu entre les points A et B). Notons respectivement
F , G et H les trois points du plan correspondants. Ainsi, on a
iR
F
H G
B i
0 1 R
Exercice 11.11
5
1. z = 3 − 2i. 2. z = 0. 3. z = −2 + i.
6
◦ On a
1 1 1 1 1
= z= z= z= .
z zz zz zz z
◦ On a
1 1 1 z′ 1 z 1
+ ′ = × ′ + ′ × = (z + z ′ ).
z z z z z z zz ′
Exercice 11.18
√ √
3 2 1 2 2
1. z = − i, 3. z = , 5. z = + i,
13 13 4 4 4
√
2 3 1 3 1
2. z = − i, 4. z = i, 6. z = − i.
13 13 3 4 4
Exercice 11.19
1. z + w = 3 − i et donc z + w = 3 + i.
2. z − w = −1 + 5i et donc z + w = −1 − 5i.
294 Chapitre 11 – Nombres complexes
3. zw = 2 + 6 + 4i − 3i = 8 + i et donc z + w = 8 − i.
4. On a
z 1 + 2i (1 + 2i)(2 + 3i) 2 − 6 + 4i + 3i 4 7
= = = =− + i
w 2 − 3i (2 − 3i)(2 + 3i) 4+9 13 13
et donc z 4 7
=− − i.
w 13 13
Exercice 11.20
1 1 3
1. z = −1 − i, 2. z = 1+2i
= 5
(1 − 2i), 3. z = 5
− 54 i.
Exercice 11.21
1. En posant z = x + iy , il vient z 2 + z + 1 = x 2 − y 2 + 2xy i + x + iy + 1. Or, z 2 + z + 1 est réel si et seulement si sa partie imaginaire
est nulle. C’est-à-dire si et seulement si 2xy + y = 0, ce qui équivaut à y (2x + 1) = 0 et donc à y = 0 ou x = − 21 . Graphiquement, les
points dont les affixes sont solutions sont donc les points des droites d’équations y = 0 (axe des abscisses) et x = − 21 (droite verticale).
iR
0 R
z + 2i x 2 − x + y 2 + 2y + i(xy + 2x − y − 2 − xy )
= .
z −1 (x − 1)2 + y 2
x 2 −x+y 2 +2y
Ainsi z+2i
z−1
est imaginaire pur si et seulement si (x−1)2 +y 2
= 0 i.e. si et seulement si x 2 − x + y 2 + 2y = 0, ce qui équivaut à
1 2 1
+ (y + 1)2 − 1 = 0. Finalement
x− 2
− 4
2 √ !2
z + 2i 1 5
∈ iR ⇔ x− + (y + 1)2 =
z −1 2 2
√ 2
ce qui est l’équation du cercle de centre 21 , −1 et de rayon 25 . Néanmoins, on sait que z ̸= 1 et on note que 1 − 12 + (0 + 1)2 =
√ 2
1
+ 1 = 25 donc ce point est sur le cercle. Ainsi, les points dont les affixes sont solutions sont les points du cercle de centre 21 , −1
4
√
et de rayon 2
5
privé du point d’affixe z = 1. Graphiquement on a donc :
iR
0
()
R
Exercice 11.23
11.5 Applications des nombres complexes 295
√ √
1. |z| = 3, 3. |z| = 13, 5. |z| = 4, 7. |z| = 2 + 2 = 2,
√
2. |z| = 2, 4. |z| = 13, 6. |z| = 3, 8. |z| = 2.
Exercice 11.24 En remplaçant z par sa forme algébrique x + iy puis en calculant les modules (au carré), on trouve x 2 + y 2 − 2y + 1 =
x 2 + y 2 + 2y + 1. On en déduit y = 0. Autrement dit, les solutions de cette équation sont les z réels.
Exercice 11.28
1. Cercle de centre l’origine et de rayon 2.
2. Disque centré en 0 et de rayon 3.
3. Couronne comprise entre le cercle centré en l’origine et de rayon 1 (inclus) et le cercle centré en l’origine et de rayon 4 (exclus).
4. Cercle de centre le point d’affixe zΩ = 2 et de rayon 1.
5. Disque centré au point d’affixe zΩ = i et de rayon 2 (cercle exclu).
6. Couronne centrée au point d’affixe zΩ = −1 − i comprise entre le cercle de rayon 1 (inclus) et le cercle de rayon 2 (inclus).
Exercice 11.29
1. |z − 2 + 3i| = 1 si et seulement si |z − (2 − 3i)| = 1, ce qui équivaut à AM = 1 où A a pour affixe 2 − 3i. L’ensemble des points M décrit
donc le cercle de centre A et de rayon 1.
2. |z − 1 + i| = |z − 2 + 2i| si et seulement si AM = BM où A et B ont pour affixes respectives 1 − i et 2 − 2i. Donc l’ensemble des points
M décrit la médiatrice du segment [AB].
√
3. On commence par noter que z ̸= 5. De plus, z−3
z−5
= 2
2
si et seulement si |z − 3|2 = − 5|2 , ce qui équivaut à (z − 3)(z − 3) =
1
2
|z
√ √
1
2
(z− 5)(z − 5) et donc z−3
z−5
= 2
2
si et seulement si z z̄ − (z + z̄) = 7, ce qui équivaut à |z − 1|2 = 8 et donc à |z − 1| = 2 2. Donc,
√
l’ensemble des points dont l’affixe z ∈ C satisfait cette equation est l’ensemble des points du cercle de centre 1 et de rayon 2 2 (on
note que 5 n’appartient pas à ce cercle).
√ √
4. On note A le point d’affixe 1 − 2i. Le cercle passe par le point d’affixe i donc son rayon est :√|1 − 2i − i| = |1 − 3i| = 1 + 32 = √10.
Le cercle en question est l’ensemble des points M d’affixe z = x + iy du plan tels que AM = 10, ce qui équivaut à |z − 1 + 2i| = 10
et donc à |x + iy − 1 + 2i|2 = 10 ce qui équivaut finalement à (x − 1)2 + (y + 2)2 = 10.
5. A et B ont pour affixes respectives 2 + i et 1 + 3i. La médiatrice du segment [AB] est l’ensemble des points M d’affixe z = x + iy du
plan tels que :
AM = BM ⇔ |z − 2 − i| = |z − 1 − 3i|
⇔ |x + iy − 2 − i|2 = |x + iy − 1 − 3i|2
⇔ (x − 2)2 + (y − 1)2 = (x − 1)2 + (y − 3)2
⇔ x 2 − 4x + 4 + y 2 − 2y + 1 = x 2 − 2x + 1 + y 2 − 6y + 9
⇔ 2x − 4y + 5 = 0.
Exercice 11.34 On a
√
1. 2 cos − π6 + i sin − π6 , 3. 4 cos − π2 + i sin − π2 , π π
,
5. 2 6 cos 6
+ i sin 6
√
2. 2 3 cos − π6 + i sin − π6 , 3π 3π
.
4. 5 (cos (π) + i sin (π)), 6. 2 cos 4
+ i sin 4
Exercice 11.39 Dans chaque cas (sauf quand le résultat est évident), on calcule le module r et un argument θ pour en déduire la forme
r (cos(θ) + i sin(θ)) = r eiθ .
1. 1 = cos(0) + i sin(0) = e0i et Arg(1) = 0 ∈] − π, π].
π
π
+ i sin π2 = ei 2 et Arg(i) = π2 ∈] − π, π].
2. i = cos 2
3. −1 = cos (π) + i sin(π) = eiπ et Arg(−1) = π ∈] − π, π].
π
4. 3i = 3 cos π2 + i sin π2 = 3ei 2 et Arg(3i) = π2 ∈] − π, π].
√ √ π
5. 1 + i = 2 cos π4 + i sin π4 = 2ei 4 et Arg(1 + i) = π4 ∈] − π, π].
√ π √
3 − i = 2 cos − π6 + i sin − π6 = 2e−i 6 et Arg( 3 − i) = − π6 ∈] − π, π].
6.
√ π √
3 − i = 2 cos π6 + i sin π6 = 2ei 6 et Arg( 3 − i) = π6 ∈] − π, π].
7.
296 Chapitre 11 – Nombres complexes
1 iπ
√1 1 π π
et Arg √1 π
8. 3−i
= 2
cos 6
+ i sin 6
= 2
e6 3−i
= 6
∈] − π, π].
√ 2024π
9. ( 3 − i)2024 = 22024 e−i 6 . Or, en effectuant la division euclidienne de 2024 par 12 (pour faire apparaître 2π = 12π
6
), on a 2024 =
12 × 168 + 8 donc 2024π
6
= 2π × 168 + 8π 6
. Ainsi
√
8π 4π 4π 4π
( 3 − i)2024 = 22024 e−i 6 = 22024 e−i 3 = 22024 cos − + i sin − .
3 3
√
De plus, Arg ( 3 − i)2024 = 2π
3
∈] − π, π].
Exercice 11.40
1. On a √ √ √ √ !
z1 1+i 3 (1 + i 3)(1 − i) 1+ 3 −1 + 3
z3 = = = = + i.
z2 1+i 2 2 2
√ z
√ π π √ z2 π
De plus, on note que |z1 | = 4 = 2 et |z1 | = 12 + i 23 = ei 3 donc z1 = 2ei 3 . On note également que |z2 | = 2 et |z2 |
= √1
2
+ i √12 = ei 4
1
√ π i π √
z π
donc z2 = 2ei 4 . On a donc finalement, z3 = z1 = √2e i3π = 2ei 12 .
2 2e 4
π
2. On obtient immédiatement des résultats des questions précédentes que ei 12 = √1 z3
2
et donc
√ √
π 1+ 3 π −1 + 3
cos = √ et sin = √ .
12 2 2 12 2 2
Exercice 11.41 On a √ ! √ √ ! √ √ √ √
π π π π 1 3 2 2 2− 6 2+ 6
ei( 3 + 4 ) = ei 3 ei 4 = +i +i = + i.
2 2 2 2 4 4
7π π π
Ainsi, en notant que e i 12 = ei( 3 + 4 ) on obtient que
√ √ √ √
7π 2− 6 7π 2+ 6
cos = et sin = .
12 4 12 4
Exercice 11.42
√ 5iπ
1. i − 3 = 2 cos 5π + i sin 5π = 2e 6 .
6 6
√ π π 1 −i 5π 1 −i π
2. On a 1 + i = 2ei 4 donc (1+i)
2 2
10 = √ i π = 2
25
e−10×i 4 = 16
e 2 = 16
e 2 1
= − 16 i.
( 2e 4 )10
3. On a √ π √
(1 + i)2000 ( 2ei 4 )2000 2500iπ 2502iπ 2iπ 2iπ 2iπ 1 3
√ = 5iπ
= ei250π e− 3 = e− 3 + 3 = e−834π e 3 = e 3 = − + i .
(i − 3)1000 (2e )
6 1000 2 2
Exercice 11.43
q
1. On a |z| = 1
4
+ 3
4
= 1 et Arg(z) = π
3
.
2012π i 2010π i+ 2iπ 2iπ 2iπ 2iπ √
2. On a z 2012 = e 3 =e 3 3 = e670iπ e 3 =e 3 donc |z 2012 | = 1 et Arg(z 2012 ) = 2π
3
. De plus, z 2012 = e 3 = − 12 + i 2
3
.
Exercice 11.46
√ √ q √ √ π √
1. On a z = 2
6
− i 22 et donc |z| = 6
4
+ 2
4
= 2. Alors, z
|z|
= 2
3
− i
2
= e−i 6 donc Arg(z) = − π6 . De même, |w | = 2 et
π
w
= √1 − √1 i = e−i 4 donc Arg(w ) = − π4 .
|w | 2 2
√
|z|
2. Par propriétés du module et de l’argument on déduit de la première question que z √2 = 1 et arg z
w
= |w |
= 2 w
= arg(z) − arg(w ) =
− π6 + π4 = 12
π
.
Exercice 11.48 On commence par rappeler que arg(z) n’existe que pour z ∈ C∗ donc dans les deux cas, z ̸= 0.
1. On a arg(iz) = π2 + arg(z) + 2kπ, k ∈ Z. Ainsi, arg(iz) = π4 + kπ, k ∈ Z, si, et seulement si, il existe k ′ ∈ Z tel que arg(z) = − π4 + k ′ π.
L’ensemble recherché est donc la droite d’équation y = −x privée de l’origine du repère.
2. On a arg 1+i z
= arg(z) − arg(1 + i) + 2kπ, k ∈ Z, et donc arg 1+i z
= arg(z) − π4 + 2kπ, k ∈ Z. Ainsi, arg 1+i z
= π2 + 2kπ, k ∈ Z
−→
si, et seulement si, il existe k ′ ∈ Z tel que arg(z) = 3π + 2k ′ π. Soit B un point tel que (−
→
u , OB) = 3π (par exemple le point d’affixe
4 4
−1 + i). Alors l’ensemble recherché est la demi-droite [OB) privée du point O.
Exercice 11.50
11.5 Applications des nombres complexes 297
√ √ √ √
1. z1 = −1 − i 7 et z2 = −1 + i 7, 4. z1 = −2 − i 2 et z2 = −2 + i 2,
√ √ √ √
2. z1 = 4 − i 3 et z2 = 4 + i 3, 5. z1 = 3 − i 5 et z2 = 3 + i 5,
√ √
3. z1 = 4 − i et z2 = 4 + i, 6. z1 = 3 − i 6 et z2 = 3 + i 6.
Exercice 11.53
1. On pose z = x + iy . Alors, 2
x + y2 = 1
2
z =i ⇔ x2 − y2 = 0 .
2xy = 1
En additionnant les deux premières conditions on obtient x 2 = 21 . On en déduit en injectant cette valeur dans la première condition que
y 2 = 12 . Ainsi, x = ± √12 et y = ± √12 . Or, d’après la troisième condition xy > 0, ce qui signifie que x et y sont de même signe. Ainsi,
les racines carrées de i sont données par z1 = √1
2
+ √i
2
et z2 = − √12 − √i
2
.
2. De même, les racines carrées de 5 − 12i sont z1 = 3 − 2i et z2 = −3 + 2i.
3. De même, les racines carrées de 3 + 4i sont z1 = 2 + i et z2 = −2 − i.
√ π √ 1 iπ √ 1 iπ √ 1 iπ √
4 iπ
Exercice 11.54 1 + i = 2ei 4 donc les racines carrées
π de 1 + i sont 2 e et − 2 e . On remarque que 2 e = 2e a une partie
2 8 2 8 2 8 8
réelle et une partie imaginaire positive (car 8 ∈ 0, 2 ). Or, si on les cherche sous forme algébrique on constate que les racines carrées de
π
1 + i sont : s√ s√ s√ s√
2+1 2−1 2+1 2−1
+i et − −i .
2 2 2 2
Par identification, on en déduit que
s√ s√
√
4
π 2+1 √
4
π 2−1
2 cos = et 2 sin =
8 2 8 2
d’où s√ s √
√ √
π q q
2+1 2+ 2 1 π 1
cos = √ = = 2+ 2 et sin = 2 − 2.
8 2 2 4 2 8 2
Exercice 11.56
1. On pose z = x + iy . Alors, 2
x + y2 = 5
2
z = 3 − 4i ⇔ x2 − y2 = 3 .
2xy = −4
En additionnant les deux premières conditions on obtient x 2 = 4. On en déduit en injectant cette valeur dans la première condition que
y 2 = 1. Ainsi, x = ±2 et y = ±1. Or, d’après la troisième condition xy < 0, ce qui signifie que x et y sont de signes opposés. Ainsi, les
racines carrées de 3 − 4i sont données par δ1 = 2 − i et δ2 = −2 + i.
2. On a, ∆ = (−5i)2 − 4(−7 + i) = −2 + 28 − 4i = 3 − 4i. Ainsi, d’après la questions précédentes, les solutions de cette équation sont les
nombres complexes :
Exercice 11.57
√ √
1. ∆ = 12 − 4 × 1 × 1 = −3 < 0 donc il y a deux solutions complexes conjuguées : j = − 21 + 2
3
i et j = − 12 − 2
3
i.
2. − 2z − i = 0 si et seulement si
iz 2 z2 − 2
i
z − 1 = 0, ce qui équivaut à z2 + 2iz + i2 = 0 et donc à (z + i)2 = 0. Donc il y a une solution
double : −i.
3. On a ∆ = (1 + i)2 − 4(2 + 2i) = 2i − 8 − 8i = −8 − 6i. En utilisant la méthode habituelle, on montre que les racines carrées de ∆ sont
δ1 = 1 − 3i et δ2 = −1 + 3i. Ainsi, les solutions de l’équation sont les nombres complexes donnés par
1 + i − (1 − 3i) 1 + i + (1 − 3i)
z1 = = 2i et z2 = = 1 − i.
2 2
4. On a ∆ = 9(1 − i)2 + 20i = −18i + 20i = 2i. Les racines carrées de ∆ sont δ1 = 1 + i et δ2 = −1 − i. Ainsi, les solutions de l’équation
sont les nombres complexes donnés par
3(1 − i) − (1 + i) 3(1 − i) + (1 + i)
z1 = = 1 − 2i et z2 = = 2 − i.
2 2
Exercice 11.60
2iπ
1. |j| = 1 et Arg(j) = 2π
3
donc j = e 3 .
4iπ √ 2iπ
2. On a j2
= e 3= − 12
−i = j. De plus, j3 = (e 3 )3 = e2iπ = 1. Or, j3 = 1 si et seulement si j3 − 1 = 0, ce qui équivaut à
2
3
3iπ
Exercice 11.62 On a w = 1
4
(−1 + i) = 1
√ 3 e 4 et ses racines troisième sont donc
2
1 1 1 iπ 2ikπ
3iπ +2ikπ
√ e3 4 = √ e4+ 3 , k ∈ {0, 1, 2}.
2 2
iπ 11iπ 19iπ iπ
Autrement dit, les racines troisièmes de w sont √1 e 4
2
,
√1 e 12
2
et √1 e 12
2
. Enfin, seul √1 e 4
2
possède une puissance quatrième réelle (à
savoir − 12 ). En effet, les deux autres ont comme argument 12 ×
11π
4 11π
= 3 = 3π + 2π
3
et 19π
12
×4 = 19π
3
= 6π + π
3
.
Exercice 11.63
1. On a √ 4
√
(1 + i 3)4 24 21 + i 23 i 4π i 4π
3e 3e
3 3
3 i 5π
= 2 = 2 2π = 2 i π = 2 e 6 .
(1 + i)2 1 1 e i 4 e2
2 √2 + i √2
√
(1+i 3)4 5π 3 i π 2ikπ
6+ 5
Ainsi, z 5 = (1+i)2
= 2 3 ei 6 si et seulement si z = 2 5 e , k ∈ {0, 1, 2, 3, 4}.
5
2. 1 n’est pas solution et l’équation est donc équivalente à z+1
z−1
= 1. Posons w = z+1
z−1
, c’est-à-dire z = w +1
w −1
. On a w 5 = 1 si et
2ikπ
seulement si w = , k ∈ {0, 1, 2, 3, 4}. Revenons à présent à z. On doit exclure w = 1 car l’équation
e 5 z+1
z−1
= 1 n’admet pas de
solutions. On a donc quatre solutions qui sont
2ikπ
e 5 +1
z= 2ikπ
, k ∈ {1, 2, 3, 4}.
e 5 −1
Exercice 11.66
1. D’après les formules d’Euler,
4
eiθ − e−iθ e4iθ − 4e2iθ + 6 − 4e−2iθ + e−4iθ
2 cos(4θ) − 8 cos(2θ) + 6
sin(θ)4 = = =
2i 16 16
et donc sin(θ)4 = 1
8
(cos(4θ) − 4 cos(2θ) + 3).
2. De même :
5
eiθ + e−iθ e5iθ + 5e3iθ + 10eiθ + 10e−iθ + 5e−3iθ + e−5iθ
2 cos(5θ) + 10 cos(3θ) + 20 cos(θ)
cos(θ)5 = = =
2 32 32
et donc cos(θ)5 = 1
16
(cos(5θ) + 5 cos(3θ) + 10 cos(θ)).
Exercice 11.68
1. D’après la formule de de Moivre, pour tout réel θ : (cos(θ) + i sin(θ))4 = cos(4θ) + i sin(4θ). Or,
(cos(θ) + i sin(θ))4 = cos(θ)4 + 4 cos(θ)3 i sin(θ) + 6 cos(θ)2 (i sin(θ))2 + 4 cos(θ)(i sin(θ))3 + (i sin(θ))4
= cos(θ)4 + 4 cos(θ)3 i sin(θ) − 6 cos(θ)2 sin(θ)2 − 4i cos(θ) sin(θ)3 + sin(θ)4 .
Donc, en identifiant parties réelles et parties imaginaires, on obtient cos(4θ) = cos(θ)4 − 6 cos(θ)2 sin(θ)2 + sin(θ)4 .
2. De même, (cos(θ) + i sin(θ))5 = cos(5θ) + i sin(5θ) et
(cos(θ) + i sin(θ))5 = cos(θ)5 + 5i cos(θ)4 sin(θ) − 10 cos(θ)3 sin(θ)2 − 10i cos(θ)2 sin(θ)3
+ 5 cos(θ) sin(θ)4 + i sin(θ)5 .
Exercice 11.69
x+y
i
1. On utilise la factorisation par l’angle moitié, i.e. par e 2 . On a alors
x+y x−y −x+y x+y x −y x −y x+y
i i i i i
eix + eiy = e 2 e 2 +e 2 =e 2 × 2 cos = 2 cos e 2 .
2 2
θ
2. On utilise la question précédente avec x = 0 et y = θ et on obtient 1 + e iθ = 2 cos θ
ei 2 . En revanche, il faut être prudent car le
2
module dans une décomposition sous forme exponentielle doit être positif. Ainsi,
11.5 Applications des nombres complexes 299
◦ Si cos θ
⩾ 0 alors 2 cos θ
est le module et un argument est donné par 2θ .
2 2
◦ Si cos θ
< 0 alors 2 cos θ
est le module et un argument est donné par 2θ + π car, puisque e iπ = −1,
2 2
θ θ θ
θ i θ +π i θ +π
1 + eiθ = 2 cos ei 2 = −2 cos e 2 = 2 cos e 2 .
2 2 2
Exercice 11.70
1. On commence par remarquer que
3
e it + e −it e 3it + 3e it + 3e −it + e −3it
1
cos(t)3 = = = (cos(3t) + 3 cos(t)).
2 8 4
Ainsi,
Z π Z π π
2 1 2 1 1 2 1 1 2
cos(t)3 dt = cos(3t) + 3 cos(t) dt = sin(3t) + 3 sin(t) = − +3 = .
0 4 0 4 3 0 4 3 3
3
e it + e −it e it − e −it e 3it + 3e it + 3e −it + e −3it e it − e −it
cos(t)3 sin(t) = = ×
2 2i 8 2i
1
cos(t)3 sin(t) = (sin(4t) + 2 sin(2t)).
8
Ainsi, Z x Z x
1 1 cos(4x)
cos(t)3 sin(t) dt = sin(4t) + 2 sin(2t) dt = − − cos(2x) + C, C ∈ R.
8 8 4
ANNEXE A
L’objectif de cette annexe n’est absolument pas d’être exhaustif. Nous souhaitons seulement ici vous
donner quelques éléments de compréhension d’objets de base de la théorie des ensembles dont nous avons
eu besoin tout au long de ce livre et qui méritent une attention particulière à défaut, en première lecture,
d’être pleinement maîtrisés. Des éléments plus précis à ce sujet sont par exemple présentés dans [Exo] ou
encore dans [Tao22].
Exemple. N est l’ensemble des nombres entiers naturels. 1 est un élément de cet ensemble, i.e. 1 ∈ N,
alors que −2 ∈
/ N.
◦ Définition en compréhension (ou intension). On définit l’ensemble par une propriété qui caractérise
ses éléments. Autrement dit, un élément appartient à l’ensemble si, et seulement si, il vérifie la
propriété en question. Par exemple,
Exemples. Selon les cas, il peut être plus pratique d’utiliser l’une ou l’autre des définitions.
302 Annexe A – Éléments de théorie des ensembles
◦ On considère l’ensemble A formé par les éléments −1 et 1. Alors, A = {−1, 1} est sa définition en
extension alors que A = {x ∈ R | x 2 = 1} est une définition en compréhension.
◦ {x ∈ N | il existe n ∈ N tel que x = 2n } est l’ensemble constitué de 1, 2, 22 , . . . et il est ainsi défini
en compréhension. On peut aussi le définir en extension par {2n | n ∈ N}.
Remarque. Pour connaître un ensemble, il suffit de savoir dire quels en sont les éléments. Ainsi, la liste
des éléments définissant un ensemble est non-ordonnée et « les répétitions n’ont pas d’importance », i.e.
tous les éléments sont distincts. Par exemple :
On dit que A et B sont égaux s’ils ont exactement les mêmes éléments.
Autrement dit,
A⊂B
A=B ⇔ (A ⊂ B et B ⊂ A).
Exemples.
◦ On considère A = [2, 3] et B = {x ∈ R | x 2 − 3x − 10 < 0}. Montrons que A ⊂ B.
Commençons par étudier le trinôme x 2 − 3x − 10 qui définit l’ensemble B. Son discriminant vaut 49
donc il admet pour racines −2 et 5. De plus, on sait que ce trinôme est du signe du coefficient de x 2
(positif ici) sauf entre les racines. Ainsi x 2 − 3x − 10 < 0 si et seulement si x ∈] − 2, 5[. Maintenant
que l’on connaît bien l’ensemble B, montrons que A ⊂ B. Soit x ∈ A, alors 2 ⩽ x ⩽ 3. Ainsi, on a
clairement −2 ⩽ x ⩽ 5 et donc x ∈ B. On a donc montré que A ⊂ B.
◦ On considère A = {(x, y ) ∈ R2 | 4x − y = 1} et B = {(t + 1, 4t + 3) | t ∈ R}. Montrons par double
inclusion que A = B. Commençons par montrer que B ⊂ A. En effet, soit (x, y ) ∈ B, alors il existe
un t ∈ R tel que x = t + 1 et y = 4t + 3. Ainsi, 4x − y = 4t + 4 − 4t − 3 = 1 donc (x, y ) ∈ A.
Réciproquement, prenons (x, y ) ∈ A et prouvons que (x, y ) ∈ B. S’il existe t ∈ R tel que x = t + 1
et y = 4t + 3, alors nécessairement on doit avoir t = x − 1. Posons donc t = x − 1. Alors,
y = 4x − 1 = 4(t + 1) − 1 = 4t + 3.
À retenir. Il faut faire attention à ne pas confondre le signe ∈ et le signe ⊂. Dans le premier cas on étudie
l’appartenance d’un élément à un ensemble alors que dans le deuxième on compare deux ensembles entre
eux. Par exemple, Z ⊂ Q, 12 ∈ Q et {−3} ⊂ Z.
A.2 Opérations sur les ensembles 303
◦ on a N∗ = N \ {0} et R \ R+ = R∗− ,
◦ l’ensemble R \ Q est l’ensemble des nombres réels qui ne sont pas des rationnels (on appelle un tel
nombre un nombre irrationnel).
A ∪ B = {x | x ∈ A ou x ∈ B}.
À retenir. Le ou utilisé ici est un ou inclusif : un élément qui appartient à la fois à A et à B appartient à
A ∪ B.
Exemples.
A ∩ B = {x | x ∈ A et x ∈ B}. A∩B
Remarque. Soient A et B deux ensembles, il y a quelques relations que nous pouvons facilement énoncer :
A ⊂ A ∪ B, B ⊂ A ∪ B, A ∩ B ⊂ A, A ∩ B ⊂ B et A ∩ B ⊂ A ∪ B.
Exemple. Soient A et B deux parties d’un ensemble E telles que A ∪ B = A ∩ B. Montrons que A = B.
On procède par double inclusion. Soit x ∈ A, alors puisque A ⊂ A ∪ B, on a x ∈ A ∪ B. Or, par hypothèse,
A ∪ B = A ∩ B donc x ∈ A ∩ B. Puisque, A ∩ B ⊂ B on en déduit que x ∈ B. Donc A ⊂ B. On prouve
par un raisonnement similaire que B ⊂ A. Par double inclusion on a donc montré que A = B.
Théorème A.6 – Formules de De Morgan. Soient A et B deux sous-ensembles d’un ensemble E, alors
A ∪ B = A ∩ B et A ∩ B = A ∪ B.
Démonstration.
◦ On note que x ∈ A ∪ B si et seulement si x ∈
/ A ∪ B, i.e. si et seulement si x ∈
/ A et x ∈
/ B. C’est
bien ce que l’on voulait démontrer.
◦ De plus, x ∈ A ∩ B si et seulement si x ∈/ A ∩ B, i.e. si et seulement si x ∈
/ A ou x ∈
/ B. C’est à
nouveau bien ce qu’il fallait démontrer.
Définition A.7 – Produit cartésien. Soient E et F deux ensembles. On appelle produit cartésien de E
et F et on note E × F l’ensemble de tous les couples, i.e. la donnée de deux éléments dans un ordre
déterminé, dont le premier élément est un élément de E et le second un élément de F . On note alors,
E × F = {(x, y ) | x ∈ E et y ∈ F }.
Exemples.
◦ L’ensemble R2 est l’ensemble des couples (x, y ) avec x ∈ R et y ∈ R.
◦ On représente graphiquement le produit cartésien J1, 4K × J1, 3K à la figure A.1.
y
3
0 1 2 3 4 x
Discriminant, 23 Fonction
Distance euclidienne, 156 asymptote verticale, 181, 185
Droite bornée, 108
coefficient directeur, 67 caractérisation séquentielle de la limite, 183
coplanaire, 81 caractérisation séquentielle de la limite en
de l’espace, 71 l’infini, 185
du plan affine, 63 continue, 195
équation cartésienne, 67 courbe représentative, 104
équation paramétrique, 63, 71 croissante, 106
orthogonales, 87 décroissante, 106
parallèles, 69 dérivable, 201
perpendiculaire, 87 extremum local, 204, 206
vecteur normal, 88 impaire, 110
équation réduite, 67 limite finie en un point, 182
Dérivabilité, 199 limite infinie en un point, 181
Déterminant limite à gauche, 186
système 2 × 2, 45 limite à l’infini, 184, 185
vecteur, 60 maximum local, 204, 206
minimum local, 204, 206
Ensemble, 301 monotone, 106
de définition, 101 paire, 110
308 Index