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Memoire Sur L'arachide

Le rapport présente une mission effectuée dans les zones de savanes du Cameroun-Nord pour évaluer la situation de l'arachide dans l'économie agricole locale. L'arachide joue un rôle crucial en tant que culture vivrière et commerciale, bien que sa valorisation soit insuffisante. Des recommandations pour renforcer la recherche et le développement autour de cette culture sont également proposées.
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Memoire Sur L'arachide

Le rapport présente une mission effectuée dans les zones de savanes du Cameroun-Nord pour évaluer la situation de l'arachide dans l'économie agricole locale. L'arachide joue un rôle crucial en tant que culture vivrière et commerciale, bien que sa valorisation soit insuffisante. Des recommandations pour renforcer la recherche et le développement autour de cette culture sont également proposées.
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L'ARACHIDE DANS LES ZONES

DE SAVANES DU CAMEROUN-NORD

COMPTE-RENDU DE MISSION 19-21 AVRIL 1991


DOC. N ° 2379

R. SCHILLING
DIVISION OLEAGINEUX ANNUELS
IRHO/CIRAD
A la demande des responsables du Projet Garoua et avec 1 'accord de
1 'IRA-Cameroun, M. Schilling de la Division Oléagineux Annuels de 1 'IRHO-CIRAD
en mission dans le sud-Cameroun a effectué un bref passage dans la zone nord
pour y rencontrer la Direction du Projet et les· chercheurs du programme
arachide de 1 'IRA, du 19 au 21 avril 1991. Cette visite, trop rapide pour une
évaluation complète de la situation arachidière et du programme de recherches
consacré à cette culture, aura pennis de recueillir des éléments
d'appréciation que nous avons exposés à nos interlocuteurs camerounais et qui
sont récapitulés ci-après. Il a paru uLile d'extraire du rapport principal,
pour les présenter ici avec un éclairage propre à la zone nord, quelques
données de base sur la place de 1 'arachide dans 1 'économie agricole
camerounaise, objet du premier chapitre.
SOMMAIRE

Pages

1. SITUATION DE L'ARACHIDE DANS L'ECONOMIE AGRICOLE


CAMEROUNAISE : LES PROVINCES DU NORD . . . . l

L'arachide dans la politique de développement


. . . .
1.1.
agricole . . . .
. . . . 1

. .
Place et rôle de l'arachide dans l'économie
. .
1. 2.
agricole . . . . . . . . 2

. . . .
1. 3. Place et rôle de l'arachide dans l'alimentation
humaine . . . . . . 4

2. ACTIONS DE RECHERCHE ET DE DEVELOPPEMENT : SITUATION


ET PERSPECTIVES . . . . . . . . . . . . . . . 7

2.1. L'organisation de la production et les actions


de développement dans la zone nord . . . . '
7

2.2. La recherche arachidière dans la zone nord 9

3. RECOMMANDATIONS ET PROPOSITIONS D'ACTION ,1-


')

. .
3. 1. Les thèmes à développer au niveau
du développement . . . . . . 12

. .
J. 2. Les thèmes à développer au niveau
de la recherche . 15

. . . .
3. 3. Proposition de renforcement du programme
arachide . . . . . . . . 19

4. SYNTHESE 21
1

1. SITUATION DE L'ARACHIDE DANS L'ECONOMIE AGRICOLE CAMEROUNAISE : LES


PROVINCES DU NORD.

/ .1.1. L'arachide dans la politique de développement agricole�

Les Provinces du nord-Cameroun (Extrême-Nord, Nord, Adamaoua) sont


situées du nord au sud depuis la zone soudano-sahélienne jusqu'à la zone
guineenne, sous un régime pluviométrique unimodal. L'effort de la SODECOTON,
maître d'oeuvre en matière de développement rural dans la région, et du Projet
Garoua chargé de la recherche agricole, est fondé sur trois axes
intensification (de la culture cotonnière principalement), diversification
(des cultures vivrières principalement), et gestion des ressources naturelles
susceptibles d'assurer la pérennisation des systèmes de production en zone de
savanes. Ce programme s'intègre dans l'objectif général d'auto-suffisance
alimentaire fixé par le VIe Plan de développement ( 1986-91), qui évalue
l'offre et la demande des produits alimentaires en 1984-85 (tableau 1) et
situe comme suit la place attribuée aux légumineuses

"Les légumineuses, toutes cultivées en paysannat


traditionnel, représentent 8 % de la production vivriere­
essentiels pour l'équilibre nutritionnel de la population.
Elles se raréfient sur les marchés. Pour réduire ce
déséquilibre de 1 'offre par rapport à la demande, un
programme particulier sera élaboré dès la première année du
plan. Celui-ci concernera 1 'ensemble des projets de
développement. Il s'organisera autour de la production du
soja en culture paysannale, du développement de la
production de semences d'arachide en particulier, de la
vulgarisation de techniques de réduction des pertes après
récolte, de l'amélioration de la commercialisation de la
partie de la production non consommée".

La situation, par rapport à celle qui prévalait en 1985 , est


sensiblement stationnaire. Les objectifs majeurs restent d'actualité, si ce
n'est que les espoirs fondés sur le soja, au Cameroun comme dans d'autres pays
africaj_ns, ont été revus en baisse au profit des légumineuses traditionnelles
mieux adaptées aux besoins comme aux capacités de production de ces pays, et
dont la demande sur le marché intérieur reste très forte (taux de couverture
des besoins en produits arachidiers : 41 %). ,
2

Tableau 1 Offre et demande des produits alimentaires en 1984/85

Mils-S Maïs Riz Manioc Arachide Niébé Macabo-taro


graines
Production 207 410 110 1.375 99 51 188
Pertes% 15 15 10 15 15 20 15
Offre nette 176 348 100 1.169 84 41 160
Solde commerce ext. 1 38
Disponible consom. 176 349 138 1.169 84 41 160
Demande 336 460 124 400 207 118 451
Tx de couverture% 52,4 76,0 111,3 292,0 40,7 34,8 35,5

Source VIe Plan Quantités exprimées en milliers de tonnes

1. 2. Place et rôle de l'arachide dans l'économie agricole

L'arachide est la seule plante, avec le mais, a être cultivée en


quantités significatives dans toutes les régions du pays (ta.hJ,@oa.�. Dans les
Provinces du Nord et de 1 'Extrême-Nord où sont concentrés 20 % de la
population totale, elle occupe la troisième place en termes de superficie,
derrière le mil et le coton, dans un système de production caractérisé par la
prééminence de la céréale (qui occupe les trois-quarts des surfaces cultivées)
et par l'origine des ressources monétaires tirées principalement du coton.
L'intérêt de l'arachide, dans un système aussi polarisé, est triple :

- intérêt agronomique lié à l'introduction d'une légumineuse bien


adaptée dans des rotations à dominante céréalière ;

- intérêt nutritionnel lié à la complémentation lipo-protéique d'une


alimentation trop exclusivement céréalière ;

- intérêt économique d'une culture productive à vocation mixte


vivrière et commerciale, susceptible de trouver sa place sur les marchés tant
locaux qu'internationaux.

L'intérêt de l'arachide comme culture de rente n'est d'ailleurs pas


négligeable, bien que le produit soit actuellement mal valorisé:
3

Tableau 2 Principales cultures annuelles

Maïs Mil-S Manioc Macabo/ Haricot Ara- Coton Répart.


taro Niébé chide pop. %
Extrême-Nord 10,2 292,0 1,0 1,0 23,9 24,9 44,6 15,4
Nord 10,6 62,1 1,0 1,0 3,3 28,l 36,2 5,5
Adamaoua 23,9 17,1 28,8 1,0 1,0 3,9 3,8
Est 13,2 1,0 28,6 3,6 1,0 11,6 4,3
Centre 11,6 1,0 17,9 10,8 1,0 25,8 17,8
Sud 2,6 8,5 3,2 1,0 8,6 3,7
Littoral 7,0 5,1 6,6 1,0 5,3 18,4
Sud-Ouest 7,1 15,l 25,4 1,0 1,9 7,7
Nord-Ouest 59,9 1,9 6,3 19,3 24,3 8,9 11,0
Ouest 59,6 1,0 2,9 28,1 37,8 15,1 12,3
CAMEROUN ·' 205,7 373,5 115,3 98,1 91,8 134,1 80,8 100,0

Superficies cultivées en 1.000-ha - Source : recensement agricole 1984 et VIe Plan, projection démographique 1991
'Totaux non conformes

Tableau 3 Principales cultures annuelles - Productions commercialisées.

.....
.·.·.·
}/}•···- ··· •.•:-.••·-··
>
·

.·.:· : ::::: •::: •••·•·•·· ::::-:


-:
.· ·
-:· ._ .
·.<· ._ ::: ••••· -.•.·.: Coton Maïs Mil-S Manioc M-T aro Niébé Arachide
Nbr d'exploit. (1000) 128,9 732,3 334,9 518,3 552,3 511,0 722,2
Prod./,m l t) 82.200 408.740 207.660 1.385. 300 191.800 54.460 99.180
Rendement kg/ha 1.017 1.987 556 12.011 2.101 593 740
Quantité vendue (t) 79.090 95.460 14.450 418.800 44.350 20.010 32.100
Prix CFA/kg 130 89 96 46 53 135 193
Valeur ventes (M6 CFA) 10. 225 8.430 1.437 19.284 2.341 2.738 6.039
lx commercialisation% 96 23 7 30 23 38 32

Source : recensement agricole 1984


4

Tableau 4 : Arachide - Quantités récoltées et quantités vendues par province.

Extrême-Nord 104.100 39.300 37,8 14.050 7. 080 50,4 68


Nord 75.200 35.000 46,5 18.800 6.540 34,8 87
Adamaoua 27.200 14. 700 54,0 3.100 2.060 66,5 76
Est 56.000 31.900 57,0 9.320 3.530 37,9 63
Centre 144.000 41.000 28,5 18.530 3.240 17 ,5 23
Sud 44.500 10.100 22,7 6.670 810 12,l
Littoral 39.900 12.100 30,3 3.870 1.000 25,8 25
Sud-Ouest 36.000 20.600 57,2 2.520 1.260 50,0 35
Nord-Ouest 82.900 41.400 49,9 11. 730 4.920 41.9 59
Ouest 112.400 20.600 18,3 10.590 1.660 15,7 15

CAMEROUN 722.200 266.700 36,9 99 .180 32 .100 32,4 44

Source : Recenseme�t agricole 1984

Le tiers de l'arachide est commercialisé (tableau 3 et 4) ; la valeur


des ventes se situe en quatrième position des cultures annuelles au niveau
national (derrière le manioc, le mais et le coton) et en deuxième position
dans le Nord et l'Extrême-Nord, derrière le coton. Dans ces deux Provinces,
les ventes portent sur le tiers et sur la moitié de la p,-oduction totale,
respectivement, procurant aux exploitations un revenu substantiel de l'ordre
de 35.000 CFA en 1984 (tableau 5). \

.1 . 3. Place Pt rôle de 1'arachide _dans l'alimentation humaine

Le tableau 6 situe la contribution des principales productions


intervenant dans le bilan des disponibilités alimentaires au Cameroun,
expr1mee en calories et en g/jour de lipides et de protéines par personne sur
la base de la situation en 1984-85, année du dernier recensement agricole et
de 1 'élaboratian d'un prngramme alimentaire à long terme. Ces documents
constituent encore la source de données la plus fiable.
5

Tableau 5: Arachide - Revenu des ventes

Extrême-Noïd 39.300 1.339,2 1.339,2 34.100 189 189


Nord 35.000 1.227,9 1.227,9 35.100 188 188
Adamaoua 14.700 360,5 360,5 24.500 175 175
Est 3î.900 434,9 321,2 756,l 23.700 213 216 214
Sud 10 .lOO 116,8 99,4 216,2 21.400 244 298 2"uu"
Litto,ai 12.100 117,6 61,4 179,0 14.800 161 211 180
Sud-Ouest 20.600 95,6 79,4 175,0 8.500 128 152 138
Noïd-Ouest 41. 400 653,6 29,7 683,3 16.500 137 175 139
Ouest 20.600 230,3 52,2 282,5 13.700 137 328 170 1

Centre 41.000 458,9 360,3 819,2 20.000 249 259 2.:.JJ-.


CAMEROUN 266.700 5.035,3 1.003 ,6 6.038,9 22.600 183 229 193

· Valeurs arrondies� 100Fcfa pr�s


Source : recensemenl agricole 1984

L'arachide, malgré une production modeste,. se situe en 6e position


pour ce qui est de l'énergie fourn�e (derrière le mais, le mil et le sorgho,
le manioc, le plantain et l'huile de palme) ; en 4e position pour les
protéines (derrière le maïs, le mil et le so1·gho, )es viandes) ; en 2e
position pour les lipides (derrière l'huile de palme). Si l'on considère la
zone nord, faible productrice/ consommatrj_ce de viande, de plan Lün, de
tubercules et d'huile de palme, l'arachide y apparaît comme une composante
essentielle de l'alimentation, notamment pour la complémentation des céréales
de base en protéines et en ljpides. Elle y est consommée sous des formes t rès
diverses (huile artisanale, pâtes et "beurres", graines bouil lies et gri llées
salées ou sucrées) résultant de préparations artisanales ou ménagères qui
n'ont donné lieu à aucune tentative d'amélioration (ni même d'évaluation) et
·ctont le rendement, comme l'état sanitaire, sont probablement médiocres.
6

L'importance de l'arachide ne doit pas s'apprécier en fonction des


tonnages produits, en comparaison avec les céréales et les tubercules beaucoup
plus pondéreux, mais en fonction de sa valeur énergétique et nutritionnelle
qui leur est très superieure tout accroissement de la
production/consommation de produits arachidiers se traduira donc par une
amélioration sensible de la situation alimentaire de la population
camerounaise .

Tableau 6 : Bilan des disponibilités ali•entûres : contribution des principales productions agricoles iJIJ Cà•eroun.

. - . · ·.· . ·. · . . · .·.· .·.·. .· . · . . . .. ·· ·-·· · -. . · - · · · · · ·. -. . .


· · ·
•:•:•:•:::.:Pfo®ifiW::••:···· ..:.:::p)si)(i�Î�ll:iij:::.:::::::::::•::.:::::::::•:•D.1�PQ�l�llJff:pâr:::pê:. r:S1itinê:•}t•:pâ(:j�f;:•••••:::::::::::::•:•:
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·
Maïs 564.000 419.215 364 9,6 4,3
Paddy 105.630 120.132 82 1,5 0,5
Mil/S. 320.050 260. 430 221 6,8 2,8
Manioc 1.160.000 873.935 266 2,2 0,2
Plantain 1.166. 000 975.700 202 2,2 0,8
Arachide coques 155.600 103.311 105 4 ,5 8,6
Arachide huile 7.500 7.680 18 2,1
Coton huile 7.600 7.520 19 2,2
Palme huile 115.000 87.700 212 24,3
Viandes 70 8,2

Source : Plan alimentaire 1985-95 (situation de base 1984/85 - tableau 12)


7

2. ACTIONS DE RECHERCHE ET DE DEVELOPPEMENT SITUATION ET PERSPECTIVES.

2.1 . L'organisation de la production et les actions de développement


dans la zone nord.

Il n'existe aucune organisation générale de la filière arachide au


Cameroun, alors que le coton y bénéficie d'une organisation rigoureuse et
efficace dans tous les domaines, depuis la politique du crédit et des prix
jusqu'à la commercialisation de la récolte et la valorisation-transformation
des produits.

Dans la zone nord où l'arachide occupe environ 55.000 ha, les


organismes de développement (la SODECOTON principalement) assurent un
encadrement minimum de·cette culture dans le cadre de la "filière vivriers"
qui englobe tout ce qui n'est pas coton . Un "secteur intensifié" représentant
moins de 10 % des superficies bénéficie de la fourniture d'intrants (semences,
herbicide, engrais) ; la collecte toutefois ne portait plus, ces dernières
années, que sur des quantités minimes ou nulles/ et les tonnages livrés à
l'huilerie étaient dérisoires. Le compte arachide,· dans ces conditions, est
captif de la filière coton, culture "motrice" du système de production .

La fixation des prix de l'arachide sur le marché privé est déterminée


par l'offre et la demande locales du moment . La collecte se fait en graines
et 1 e prix proposé tient compte de la qualité du produit, ce qui incite
l'agriculteur à livrer une marchandise saine et loyale en appliquant
spontanément les normes techniques qu'il est si difficile de faire respecter
dans les structures de type étatique centralisé en vigueur dans d'autres pays
(récolte à bonne maturité, séchage et décorticage soigneux, tri, etc . ) .

Le producteur n'a pas ou peu accès aux intrants, faute de crédit et


également de matériels et de produits adaptés à ses moyens et à ses besoins .
L'écoulement de sa production à un prix garanti n'est pas davantage assuré.
Dans ces conditions, les superficies sont limitées tant par les incertitudes
du marché que par les faibles disponibilités en semences, et la productivité
est basse du fait de nombreux facteurs parmi lesquels nous citerons :

- la priorité accordée au coton, tant au niveau de l'attribution des


terres (l'arachide est reléguée sur les sols les moins fertiles) qu'à celui
de l'organisation du travail ;

- les mauvaises performances du matériel végétal (variétés anciennes,


souvent utilisées en mélanges, semences stockées dans des conditions médiocres
et semées sans protection fongicide) ;
8

- les techniques culturales sommaires, inadaptées ou mal appliquées


(formules de fumure contestées, enherbement mal contrôlé, restitutions
organiques et minérales faibles ou nulles) ;

- l'importance des pertes après récolte et le mauvais rendement des


procédés traditionnels de stockage, de conditionnement et de transformation.

Le marché "informel" est florissant dans la region, si l'on en juge


par la remarquable stabilité des superficies et par le dynamisme des
opérateurs économiques qui animent un courant d'échanges important mais très
mal identifié, en direction des pays voisins et surtout des agglomérations du
sud-Cameroun ; la demande des huileries locales est presque tarie faute de
prix suffisamment incitatifs,: la trituration industrielle a persisté à petite
échelle dans le nord jusque vers 1980 où la SODECOTON traitait dans ses
huileries de Laele et Maroua quelques milliers de tonnes (décortiquées) .
L'huile produite (marque ABBIA) était proposée au prix de 480 F CFA/litre.
L'huile d'arachide industrielle dans ces conditions n'a pas supporté la
condurrence de l'huile de coton, sous-produit de la fibre disponible à bas
prix. La situation actuelle serait à réétudier soigneusement, compte tenu des
potentialités d'absorption du marché local et des pays voisins, ainsi que de
celles d'un marché international très porteur . depuis plusieurs années
(930 dollars US/t d'huile CIF Rotterdam en Septembre 1991, contre 5 84, 461 et
457 pour l'huile de coton, de tournesol et de soja respectivement).

Faute de pouvoir entreprendre une réhabilitation globale de la


filière arachide, l'action des Autorités a visé le point le plus vulnérable :
celuj_ de la production et de la diffusion des semences. Les quantités
utilisées varient avec le calibre des gousses et avec les densités
recommandées une dotation de 100 kg de bonnes gousses à l'hectare,
permettant de réaliser des écartements de 45 X 15 cm pour la variété 5 5 -437
cultivée dans !'Extrême-Nord, parait raisonnable. Il faut prévoir 120 kg pour
la 28-206 i:-ecommandée dans les zones plus humides et davantage encore pour les
variétés "de bouche" à grosses graines. Le producteur traditionnel est
rarement capable de consentir un tel investissement, s'il ne reçoit pas le
soutien d'un organisme technique spécialisé assorti des mesures
d'accompagnement nécessaires sur le plan du crédit.

Plusieurs tentatives ont été faites dans ce sens, sans résultat


probant à ce jour, notamment dans le cadre de la MIDEVIV (Mission de
Développement des Cultures Vivrières et Fruitières) assistée par le PNUD/FAO
qui a détaché un expert auprès de la Direction de l'agriculture. Neuf centres
semenciers ont été créés en zone sud et cinq centres en zone nord, mais leur
action en matière d'arachide est peu significative et l'ensemble des
infrastructures a été cédé (pour un franc s mbolig..uel à la S.oe-ié-té-R-iül'.1ee-1°-,
chargée depuis cette année (avec un mandat de 10 ans) d'assurer la production
9

et la diffusion des semences, sur des bases purement commerciales, dans tout
le pays. Cette action serait articu lée en amont sur la production de semences
de base qui reste en principe dévolue à l'IRA et en aval sur un programme de
vu lgarisation é laboré par la Banque Mondia le et dont le contenu ne nous a pas
été cornmuniqué .

La société Pioneer se voit donc confier le quasi-monopo le de la


production semencière de cu ltures vivrières, en relation avec l' IRA, mais les
moyens dont e l le dispose lui confèrent évidemment une autonomie considérable ;
e l le envisageait (avril 1991) la production de 300 t de semences de variété
28-206 en 1991-92 sur une fenne semencière de 100 ha et compte mettre en p lace
son propre dispositif d'expérimentation, de vu lgarisation et de marketing,
ainsi qu'un réseau de mu ltiplicateurs contractuels. La Société fonde également
des espoirs sur la production et la vente des semences hybrides de maïs et de
tournesol, domaines où e l le figure parmi les tout premiers au niveau mondia l.
En ce qui concerne le tournesol, cet objectif (s'il était confirmé) paraît
discutab le compte-tenu des perspectives que 1'on peut attendre de cette
spécu lation dans le contexte Nord-Cameroun (cu lture à 100 % industriel le,
forte consommatrice en intrants - semences hybrides et produits
phytosanitaires - qui ne pourront être valorisés que par un itinéraire
technique intensif ; cours du marché international inférieurs de 30 à 50 % à
celui de l'hui le d'arachide) .

2. 2. La recherche arachidière dans la zone nord .

Les premiers travaux sur l'arachide ont été conduits par les
structures colonia les françaises, puis dans le cadre d'un accord passé avec
l'IRAT de 1964 à 1971, :relayé par une convention Cameroun-USAID de 1931 à
1987. Le programme de sélection en p lace actuel lement constitue la
continuation des travaux de l'USAID dans le nord ; i l est conduit par deux
sé lectionneurs de l'IRA formés aux USA, basés à Maroua pour la zone nord et
à Nko lbisson (chef de programme légumineuses) pour la zone sud et la
coordination généra le . Une bonne synthèse du dispositif et des principaux
résu ltats a été présentée par MM . Essomba, Mekontchou et Troume lors de
l'atelier régiona l sur l'arachide organise par l'ICRISAT à Niamey en
septembre 1988, et les acquis de la recherche ont été évalués lors d'une
mission de l'IRHO (M. Dimanche) en octobre 1988, que nous citons

"D'une façon générale les acquis sont peu nombreux, souvent très
anciens et dans bien des cas seu lement adaptés à l'Extrême-Nord, région où le
risque c limatique est élevé . . . Pour l'heure, le seu l poste de recherche qui
e;i.,.'iste dans les Provinces du Nord est celui relatif à l'amélioration
variéta le . . . le travai l de sélection par à-coups, se lon des méthodes
différentes et en l'absence d'objectifs précis en matière de développement,
n'a pas permis à la recherche de mettre au point une gamme de variétés
JO

adaptées à d'autres marchés que celui de l'huilerie • . . la recherche et le


développement n'ont d'autre alternative que d'offrir aux paysans la 28-20 6,
ancienne variété d'huilerie introduite du Sénégal, pays où elle n'est presque
plus cultivée . • • tous les autres thèmes : phytotechnie, défense des cultures
et technologie, ne font l'objet d'aucun prog ramme . L'IRA ne dispose à ce suj et
que de quelques données, souvent t rès anciennes et qui doivent ê t re à nouveau
confirmées . . . I l importe d'entreprend re au plus vite une identification des
principales espèces de iules et de mesurer l'incidence de l a rosette car ces
deux facteurs semblent avoir une influence sur le niveau des récoltes. I l en
est de même du problème de l'aflatoxine pour leque l aucune étude n'a été
ent reprise pour mesurer le niveau de contamination des récoltes" .

Un agronome a été affecté au prog ramme arachide zone nord tout


récemment ; l'effectif total est donc de deux chercheurs, intégrés dans le
dispositif du Pro j e t Garoua .

Le " Projet Garoua" constitue le volet recherche chargé de constituer


le référentie l technique des opérations de développement opérant dans la zone,
qui comprend t rois axes principaux :

- amélioration de la productivit é d e la cul t u re cotonniè re ;

diversific ation des p roductions ag rico l es (sorgho, maïs, riz,


n iébé, a rachide , fruits et tube rcules, productions animales) ;

- gestion du milieu naturel (foresterie et améliorat ion du mi l i eu


physique , économie ru rale, techno l ogie aliment aire ) .

L e pro j et aborde une deuxième phase qui couvrira l a périod e


jui llet 9 1 -juin 1994 . La poursuite des actions de recherche au-delà de ce tte
échéance pou rrait être consolidée dans le cadre d ' un Centre Régional
plu ridiscip linaire pour l 'agriculture de savanes en Afrique Centrale , à
voc at ion t ransna t ionale ( Cameroun, RCA, Tchad ) .

L e s ori ent at ions t echniques d e l a deuxième phase sont d'ores e t déj à


a rrêtées ( document "Garoua 2e phase", IRA, janvier 199 1). E ll es consac rent l a
préémine nce d u coton , fondée sur " l 'absence d'aut res fi l iè res assurant des
revenus monétaires'' ( p. 2 op. cit. ) bien qu'i l soi t reconnu par ailleurs que
' ' 1 'at·ach i d e est ac tue l lement cultivée au Nord-Cameroun su r des superficies au
moins égales à 50. 000 ha ( 100. 000 pour le coton, à titre de comparaison) et
qu'e lle se vend su r l es marchés actue l s (il s'agit de filières privées ) à des
prix re lativement rémunérateurs" (p . 20 op. cit . ) . Cette assertion, peu
cohérente ave c la p t·écédente, est amplement confirmée par l es données que nous
avons recuej l lies ( t a b leaux 4 et 5 ch. I ) .
11

Les perspectives "arachide" ont été limitées au seul développement


de l'arachide de bouche d'exportation ( variétés à grosses graines ) , ce qui
conduit à exclure l'Extrême-Nord de ces perspectives, au prétexte que les
variétés du type GH 1 19-20 ne sont pas susceptibles d'y procurer de bons
rendements. C'est faire peu de cas de la situation des cult ures dans cett e
province où l'arachide occupe 25 .000 h a (tableau 2 ch. 1 ) , soit davantage que
le niébé considéré dans l'Extrême-Nord comme une des "bases incontournables
de l'agriculture" avec le coton , le sorgho et l'élevage ( p . 47 op . cit . ) . La
variété d'arachide recommandée par l'I RA dans cette zone , le 55-43 7 , est
hâtive , résistante à la sécheresse et possède une double vocation huilerie­
con fiserie. Elle a fait amplement la preuve de sa productivité et de son
acceptabilité à grande échelle dans les conditions autrement rigoureuses du
Nord-Sénégal et sur les marchés t ant africains qu'internationaux où elle se
classe dans le type spanish n " l 60 / 70 graines à l'once . Il n'y a donc aucune
raison valable de circonscrire les perspectives de l'arachide au Nord-Cameroun
à la seule arachide de bouche Virginia semi-tardive ( t ype GH 1 1 9-20 ) , ni par
conséquent d'exclure la principale zone arachidière du pays de ces
perspectives alors qu'il existe t oute une gamme de variétés susceptibles d'y
convenir.

Les propos j_tions techniques pour la 2e phase se trouvent


singulièrement réduites du fait de ces restrictions ; il est quest ion de
limiter la création variét ale, pour les vivriers, au sorgho et au maïs ( le
programme de sélection arachide en cours , initié en 1 98 1 et sur le point
d'aboutir , serait néanmoins conduit à son terme ) , et pour l'arachide,
"d'accorder une place plus importante à la valorisation des fanes et de
renforcer les travaux d'agronomie ( arachide de bouche p 1-incipalement) "
( commentaires au rapport d ' audit du Proje t Garoua p. 4 7 et 43 ) . L ' option pré­
déve loppement de l 'arachide de bouche serait reportée à 1 993-94, sans exclure
une action de multiplication de semences en 1 99 1 -92 si un budget spécifique
pouvait ê tre dégagé.

Signalons que les fanes qu'il s'agirait de mieux valoriser sont


récupérées pour être consommées par le bétail et qu'il n ' y a actuellement rien
de mieux à envisager, sauf à entreprend re des travaux de recherche dont la
justification économique parait prob lémat ique. En ce qui concerne l'agronomie
de l'arachide de bouche , el l e se distingue peu de l'agronomie arachide en
général : l es aspects particuliers s e sit uent plutôt au niveau du choix
variétal, de la défense des cu ltures ( y compris prévention de ! 'aflatoxine )
et de la techno logie post-récolte (égoussage , séchage, calibrage , t ri ) .

I l semble , pour conclure sur ces points , que l'importance de


l'arachide dans les Provinces du Nord-Cameroun ait été sous-évaluée et trop
circonscrite à un seul débouché : l'arachide de bouche d'exportation . Les
moyens dévolus à l a culture dans la phase I I du projet Garoua ( tableau 7 )
sont, de ce fait , i nsuf fisants sj on les compare à ceux des autres programmes­
plantes : deux chercheurs seulement sont a f fectés à l'arachide contre quat re
pour le niébé , cult ure importante mais dont l'intérêt économique est inférieur
à celui de l - ' arachide , que ce soit en te rmes de superficie ( t ableau 2 ) , de
production ou de revenu ( tableau 3 ) .
12

Tableau 7 EffecUf des chercheurs prévus f)OIJr la phase II du projet Garoua

-�..· ,....... .·.·.·.·.·.·.·.·.·.·.·.·.·.·.· \:}\\J!:}\:}frJf�;i�}l{f}{}\/(/::;//\!)):;::(�ff:e�t:it\\::: ::: : : : :


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Producti vité du coton Coton 7 ( 4) 8 ( 5)

D i versif ication Céré a1 es 13 ( 3) 13 ( 0)


Amhide 2 ( 0) 2 ( 0)
Niébé 4 ( 1) 4 ( 1)
Tubercules 2 ( 0) 2 ( 0)
Fruits 2 ( 1) 2 ( 1)
El evage 6 ( 2) 5 ( 2)
Gestion du milieu Forêts 4 ( 1) 4 ( 1)
Sol s C
J

Systèmes / TAA 14 ( 6) 20 ( 7)

TOTAL 58 (18) 66 (17)

(Soum, tableau 10 doc. cit . ) ( ) expatri és

3. RECOMMANDA TIONS ET PROPOSI TIONS D 'ACTION

3 . 1 . Les t hème s à déve l oppe r au n iveau du déve l oppement

L e s s u r f ac e s e n a rach i d e p a r exp l o i t a t i o n s o n t rédu i t e s , d e l ' o r d r e


d u t i e rs ou du q u a r t d ' h e c t are , e t l a f ré q u e n c e d e s c u l t m-es a s s o c i é es
( rarement iden t i f i é e s comme t e l l e s d ans l es s t a t i s t iques ) rend a l é a t o i re
l ' e s t imat ion p re c 1 s e d e s sup e rf i c i e s . Tout e s t f a i t à l a mai n , s a u f
éventue l l emen t l a p ré parat ion d e s so l s en amon t e t l e d é c o r t i cage ( qu e l qu e s
d é c o rt i queuses à b a l an c i e r s e ra i e n t en s e rv i c e ) . La d i sp o ni b i l i t é e n semenc e s ,
l a l u t t e c o n t re l ' enhe rbement e t l ' i n c i d enc e d e s m a l adies ( f o n t e d e s se m is
su r t ou t e t ros e t t e , à vé r i f i e r ) s o n t l e p l us souv en t c i t é s p a rmi l es
c on t ra i n t e s p ri n c i p a l e s i l faut s ans d ou t e y a j out e r l e re s p e c t du
c a l end r i e r c u l t u r a l e t en part i cu l i e r d e la d a t e o p t ima l e d e s emi s , t o u t
re t a t-d ( c omme t ou t semis t ro p p ré c o c e ) é t a n t susc e p t ib l e s d ' avo i r u n e
j_nc i d e nc e impo r t a n t e s u r l e rend emen t , d i rec t e ( p ro duc t iv i t é f a ib l e ) ou
i nd i re c t e ( l evé e s mé d i o c res e t d ens i t é s t ro p f a i b l es ) .

C e d iagnos t i c a d é j à é t é f a i t l o rs d e p ré c é de n t e s m i s s i o n s e t n ' a
r i e n d ' exc e p t i onne 1 d ans l e s c a n d i t ia ns d e l a p ro duc t i o n p aysanna l e a f r i c a i n e .
Une ana l ys e p l us f i ne , condui t e e n s a ison d e s c u l t u re s , devra j t po rt e r s u r l es
13

rotations culturales , les problèmes phytosanitai res, les rése rves d e s emences
pe rsonnelles, le maintien de la f e rtilité, les contraintes du calendrier
agricole, la technologie post-récolte et le conditionnement du produit, sans
omettre le problème majeur lié ce rt ainement à l ' o rganisat i o n dé f ectueuse de
la production (crédit, intrants, collect e, débouché s , relations entre
reche rche et développement) .

En première analyse, les points sur lesque ls pourraie nt po rt e r


l ' action d u développement se raient les suivants

- La disponibilité en semences de bonne qualité const itue le


principal facteur limit ant dans la z one . L'int e rvent ion d'une société
s emenciere privé e e f f icace et bien équipée est un atout, à condit ion que les
contraint es de rentabilit é auxquelles elle aura à faire f ace ne joue nt pas au
détriment de l'arachide ni du petit producteur came rounais incapable
d ' assume r, par ses propres moyens, les risques liés à un investissement
semences trop impo rtant . Une solution inte rmédiaire devra êt re t est é e ; elle
pou rrait consist e r par exemple à assure r les premie rs stad es de la
mult iplicat ion semencière en régie che z Pionee r et le d e rn i e r stade che z des
paysans mult iplicateurs cont ractuels opérant à .· mo ind res f rais, puis à
re nouveler le capital semenci e r pa r quart ou par tiers . C eci implique que la
plus grand e partie des semences soi e n t p ro duites che z l'agricult eur, et que
l'encad rement soit f o rmé et o rganisé en conséquence dans le cadre d'une ,
st ruct u re vert icale qui planifie rait et cont rôle rait la product ion de semences
de base (IRA), leur mult iplicat ion en régie (Pionee r) , leu r multiplicat ion
contractnelle suivie de di f fus ion (Pione e r et Développeme nt ) et e nfin la
product ion de semences à la f e rme (Développement) . · Un expe rt haut ement
qualifié assu rerait la coordination entre ces quatre niveaux d'int e rvention
portant au total su r la production, le cont rôle et la mise e n terre de 6. 000 t
de s emences par an.

� Le respect des t echniques culturales optimales

Les n o nnes de cul ture en condit ion paysannale af ricaine semi ­


méc anisée, adaptées à la situat ion du No rd-Came roun , sont rappelées
succinctement ci-après :

. Cho ix et préparat ion des t e rres : les sols lége rs sont les
p l us f avo rables . La rot at ion préconisé e est coton-a rachi d e ­
céréale ; la culture d e l'arachide immé diat eme nt après jachère
est déconse illée . L a p réparat ion du sol ne d evra pas avoi r pour
conséquence de retard e r le semis : lP labour s'il est prat iqué
se fe ra donc en fin de c ycle précédent , et la préparat ion
t rad itionnelle (out ils manuels ou passage c roisé de houe ou de
he rse si possible) se f e ra très tôt, avant l'inst allat i on des
pluies.
14

. Préparation des semences : ce l les-ci auront été conservées en


coques et seront décortiquées peu de temps avant semis ( 2-3
semaines) . Décortiquer à la main et trier soigneusement (prévoir
un rendement de 50 % de bonnes graines sur un l ot de coques de
qual ité moyenne) ; traiter l es graines en sec (b rassage à la
main ou au tambour mé l angeur) avec un produit fongicide (2 pour
mil le en poids pour les formu l es vu l ga risées) . Ce t raitement est
très efficace pour un coût modique (20 % d'amé l ioration de l a
levée) ; le produit doit être distribué automatiquement avec les
semences et mis en vente lib re .

. Date de semis : semer l e p l us tôt possibl e dès que l ' hivernage


est insta l l é et le sol moui l l é sur 30 cm de p rofondeur . La
première p l uie de 20 mm après le 15 juin constitue un bon
repère ; semer a lors pendant deux jours, puis pendant un jour
par tranche de 1 0 mm supp lémentaire sur sol sab l eux à faib le
capacité de rétention.

. Densité et mode de semis : semer l a 2 8-20 6 en ligne à


60 X 15 cm ou 40 X 25 cm, sinon à 3o· x 30. Le semis en ligne
permet le désherbage mécanique et la loca lisation de l 'engrais
le long des l ignes. Les variétés hâtives de type spanish (type
55-43 7) se sèment p l us ser rées, à 40 X 15 cm . Les g raines seront
enfouies à 3 -5 cm de profondeur, une seu le par poquet, et l e
semis sera suivi si possibl e par un . ameub lissement très
superficie l du sol.

L'empl oi du semoir permet d'économiser un temps considérable à


une époque critique, e t de réal iser simu ltanément semis en ligne
à bonne profondeur , à bon é cartement et même de localiser
l'eng rais le l ong de l a ligne par l 'empl oi d'un épandeur
d'eng rais à débit r é g lable. Du maté rie 1 l é ger, à traction
anima le, utilisab l e sur a rachide et cé réa l e, est fab riqué au
Sé néga l et pour rait utilement être testé dans le Nord-Cameroun .

. Entretien des cul tures : l e p remier b i nage, réalisé


p1-écocernent, est dé tenninant pour la réussite de l a cu lture ;
i l sera suivi de 1 ou 2 aut res interventions. Un binage manue l
de l 'inte r l igne p rendra environ 100 heures/ha cont re
2 5 heu res/ha avec une houe atte l ée ; une finition à la mai n,
en t re les pieds sur la ligne, est toujours nécessaire lors du
premier binage. Le désherbage chimique préconisé par la
SODECOTON présente l 'avantage de supprimer pratiquement l e
premier binage, à condition qu'il soit effectué sur u n l it de
semences parfaitement prépa ré.
15

. Récolte : L ' arrachage sera effectué à bonne maturité ; celle­


ci se manifeste par la défoliation des plantes et par l ' aspect
de l'intérieur de la coque, dont le parenchyme duveteux et blanc
devient brun marbré et lisse . Pour les variétés non dormantes,
il convient d'arracher dès que les premières graines regerment
dans le sol . Cette opération peut être pénible, surtout en sols
compacts , et les agriculteurs seront t entés d'arracher
précocement pour y pallier, au détriment du rendement et de la
qualité du produit car les graines immatures se flétrissent en
cours de séchage . Le séchage conduit sur le champ ou sur
l'exploitation se fera en plein air, en couches minces (plantes
renversées les gousses à l'air) pendant quelques heures puis en
meules , les gousses vers l'intérieur, pendant quelques semaines.
Les meules peuvent être protégées des termites par un poudrage
au sol et seront ouvertes et étalées en cas de pluie .

. Egoussage : cette opération est pratiquée en vert si l'on veut


obtenir des coques de bel aspect pour l'exportation, sinon au
bout de trois à six semaines, lorsque l'humidité des gousses
sera tombée aux environs de 10 % • L'égoussage est le plus
souvent manuel (Nord-Cameroun) mais peut se faire au bâton
(Sénégal), à l'aide de batteuses manuelles à t ambour ou avec des
appareils motorisés dont il exis le toute une gamme.

. Conditionnement post-récolte : l'arachide sera conservée en


coques le plus longtemps possible. Celles-ci peuvent être
criblées sur les lieux de la collecte (matériel sénégalais) et
passées au t arare pour éliminer les. gousses t rop légères s'il
s'agit de semences. La désinsectisation se fait au gaz toxique
(bromure de méthyle) suivie (sinon remplacée) par un poudrage
insecticide du produit ensaché ou conservé en vrac dans des
magasins fermés. La conservation des récoltes à la ferme
(semences particulièrement) est malaisée, car les petits lots
individuels sont plus vulnérables que les stocks collectifs de
fort volume.

3 . 2. Les thèmes à développer au niveau de la recherche

Le premier point à souligner dans ce domaine est l'isolement de la


recherche arachj_dière du Nord-Cameroun par rapport aux centres régionaux
ouest-africains, localisés principalement au Sénéga l et au Burkina-Faso pour
les zones d'écologie comparable, dont ils ont été coupés depuis l'interruption
des travaux de l' IRAT en 1 97 1 . La discontinuité des recherches conduites par
intermittences depuis plusieurs décennies n'a permis ni de nouer des liens
scientifiques durables à l'extérieur, ni de constituer localement un
référentiel t echnique cohérent et adapté : la vulgarisat ion exclusive su r
place de la variété 28-20 6 et de l'engrais superphosphate , recettes passe­
partout s'il en est, est à cet égard significative.
16

Les chercheurs affectés récemment a u p rogramme, dont l a formation


académique et l'expérience professionnelle ne doivent rien à la recherche
arachidière africaine, devront au plus tôt renouer contact avec elle en
profitant des possibilités que leur of fre le Réseau Arachide de la CORAF . Il
leur appartiend ra de bâtir leur programme en fonction de la demande locale et
compte-tenu de l'acquis et des méthodes disponibles ailleurs en Afrique, où
ils pourront puiser . Les p ropositions ci-après, nécessairement f ragmentaires,
tiennent compte des options majeures du Projet Garoua et le l' I RA en faveur
de l'amélioration variétale et de l'agronomie plus particulièrement orientées
vers l'arachide de bouche, ainsi que des décisions p rises en matière de
production semencière, qui impliquent d'étroites relations entre la recherche
et le développement .

- L'amélioration variétale

Le programme de sélection en place constitue la continuation de celui


qui avait été initié par le programme USAID conduit de 198 1 à 198 7. Les
croisements ont été interrompus mais 1 'exploitation de ceux réa l isés à
l'époque se poursuit ( criblage des hybrides, essais variétaux) . Le maté riel
introduit et utilisé comme géniteurs provenait principalement d'Afrique de
l'Ouest, mais les programmes des pays d'origine (Sénégal, Burkina-Faso) et
celui du C ameroun n'ont pas été coordonnés , d'où un certain nombre de
duplications dans les c roisements entrepris ;

- C roisements entrepris au Nord-Cameroun à parti r de 198 2

RNP 9 1 X GH 1 1 9-20
RMP 9 1 X 28-206
RMP 9 1 X 5 5 '-4 3 7
28-206 X GH ) 19 - 20
5 5 -4 3 7 X 7 3 -30
7 3-30 X RNP 9 1
7 3-30 X GH 1 1 9-20
28-206 X CHICO
7 3-.) 0 X 5 5 -4 3 7

Il serait uti le de connai t re l a logique qui a présidé au choix de ces


géniteu rs , et de savoir pourquoi on a choisi comme géniteurs de résistance à
la rosette la RMP 9 1 à cycle de 140 jours pour la c roiser avec la 28-206
( 120 jours ) et la 5 5-4 3 7 (90 j ours) alors qu'i l existe des variétés
résistantes de 120 et 90 jours qui au raient pu être introduites et testées
directement, pour être utilisées dans les croisements si elles ne donnaient
pas satis faction . Pourquoi de même avoir croisé un géniteur très hâtif, Chico
(75 j ours) avec la 20-206 ( 1 20 jou �s) p lutôt qu'avec la 5 5 -4 3 7 ou une autre
variété de 90 j ou rs, ce qui au rai t facilité cons idé rablement le travai l s'il
s'agit de réduire la longueu r du c ycle ?
17

Le p rog ramme conduit au S énéga l sous l a f o rme d ' u n d i a l l è l e abou t i t


à u n b rassag e d e varié t é s d ' o rigines b o t aniques e t g é o g raph i q u e s t rè s dive rs e s
e t d e s p opu l a t ions amé l io ré e s sont d ' o res e t d é j à d is p o ni b l es . E l l es
pourraient ê t re t e s t é es �ap idement au No rd-Came roun , oü o n s ' o ri e n t e ra ve rs
une c a r t e varié t a l e à t ro i s c omposan t es d o n t l es l imi t e s g é o g raphiques d e v ro n t
ê t re dé f inies :

- Zone n o rd varié té hât ive d e t yp e S panish ( 90 j ou rs ) .


Cont rai n t e p rinc i pa l e : sécheress e . Orientat ions d e reche rche : t o l é ra n c e à
la s é c he resse , réduc t i on du cyc l e , adap t at io n au ma rché local .
Disponib l e : 5 5 -4 3 7 ( re c ommandé e par l ' I RA mais n o n mu l t i p l ié e ) , 7 3 -3 0 , aut re s
à int roduire .

Zone c e n t re : varié t é s s emi - t a rd ives ( 1 2 0 j ou rs ) , o u mixt e s


( 1 0 5 j ou rs ) combinant l a hât ivi t é e t l a do rmanc e . O ri e n t a t i on d e reche rche :
ré s i s t an c e à l a ros e t t e ( à vé rifie r ) , c arac t é r i s t i que s "bouche" ou
" c o n f i s e rie" , dé f in i t ion d ' un i d é o t yp e varié t a l répondant à la d emand e du
consommateur l o c a l . Disponi b l e s 2 8 - 20 6 , 7 3 -3 0 ( semi-hât ive do rman t e ) ,
GH 1 1 9-20 ( bouche ) , nomb reus e s aut res à t e s t e r : 6 9 - 1 0 1 ( 1 20 j ou rs ré s i s t an t e
à l a ros e t t e ) , 7 3 - 2 7 e t 7 3 -28 ( "bouch e " p lus rus t iques q u e l a G H J 1 9 - 20 ) , e t c .

- Zone sud : vari é t é s t a rdives ( 1 40 j ou rs ) ré s is t an t es à l a


ros e t t e e t hât ives ( 90 j ou rs ) ré s i s t a n t e s à l a rose t t e p o u r ê t re u t i l is é e s e n
c u l t u re d é robée ou en " p rime u rs " pour l e s ma rc h é s urbains . O r i e n t a t i o n de
rech e rche · : app ré c i a t io n de l I impa c t d e la rose t t e , c ri b l ag e varié t a l à p a i- t i r
d e varié t é s à i n t roduire d u Burkina-Faso ( hâ t ives ré s i s t an t es , hâ t ives
c o n f i s e ri e ) .

L ' agronomie :

L ' unique agronome t o u t réc emmen t a f f e c t é au p ro j e t devra c o ns t ru i re


son p rogramme d e t ou t e s p i è c e s , en t enant c omp t e d e 1 ' hé t é ro g é né i t é é c o l ogique
d e s a z o n e qui s e r e t rouve ra dans l a carte va ri é t a l e et qui s e t radu i ra p a r
une g rande d i ve rs i t é d e mé thodes c u l t u ra l es . I l au ra éga l ement à i n t é g r e r au
mieux l es p rob l èmes l i és à la d é f ense des c u l tu res ( p réven t i o n ag ronomique d e
l a ros e t t e , f on t e des semis ) , à l ' é t a t sani t a j_ re des p ro du i t s ( p ré ve n t i o n
agronom i q ue d e 1 ' af l atox i ne ) , à l a v a l o risat i o n d e s p rodui t s ( a rachide de
bouche ) , en re l at i on avec le sé l e c t ionneur et avec l e t echno l ogue du p ro j e t ,
dans l a mesure ( né c essai rement l imi t é e ) ou c e l u i - c i p o u rra s ' o c c up e r
d ' a rachi d e . I 1 d evra bien e n t e ndu e n t re t e n i r d I é t ro i t e s re l a t i ons avec l e
Déve l op p eme nt , e t s ' appuy e r sur l e ré s e au d e mu l t i p l i c a t e u rs seme n c i e rs qui
l ui s e rvi ra pour 1 ' expé rime n t a t ion mu l t i l oc a l e et c omme banc d ' e s s a i pour
l ' i n t rod uc t io n et l ' éva l u a t i o n des innova t ions en mi l i e u r é e l . C ' es t dire que
le champ e s t vas t e e t que des cho i x s e ront à f a i re , e n s ' i n s p i ra n t d e s
mé thodes e t des résu l t a ts d i sponi b l e s aup rès d e s p ro g r amme s p l us anc iens
condu i t s dans d e s zones d ' é c o l ogie c ompa rab l es . Des c on t ac t s ont d é j à é t é
18

noués puisque l e responsable a effectué deux missions d ' information au Sénégal


(dans un domaine re l evant p l us particul ièrement de l a techno logie de
l'arachide de bouche ) et une mission au Burkina-Faso (dans u n domaine relevant
p lus particul iè rement de l'agronomie et de l a phytotechnie p roprement dites ) .
Dans le domaine de la fertilisation qui rel ève directement de ses
attributions , trois orientations de travail peuvent être p roposées :

- Eva luation expl oratoire de l'effet des é léments majeurs N , P, K, Ca, S


et si possible des o ligo-éléments (mo l ybdène surtout ) , au moyen d'essais
factoriels sur lesque ls la technique du diagnostic foliai re sera appliquée.
Cette même méthode sera utilisée pour déceler les carences dans des situat ions
variées , en plein champ ou sur essais mul tilocaux.

- L ' efficacité de la formu l e de fumure vu lgarisée ( 100 kg/ha de


superphosphate simp l e ) est parfois mise en doute . Des tests simples seront mis
en place ( doses de supersimple, comparaison supersimple X e ng rais coton à
doses variables ) sur des essais comportant toujours un témoin absol u où le
diagnostic foliaire sera appliqué . D'autres essais, s ' inspirant de l ' appro che
"composantes du rendement", tenteront d'identifier et d'évalue i- d'éve n tue l s
facteu rs limitants de l ' efficacité de la fumure et de l a p roductivité en
gé néra l ( acidité de� sols, date et densité de semis , mode et date d 'épandage
de la fumure, incidence des maladies et prédateu rs ) .

- L ' importance de la nutrition et de l ' amendement calcique sur l a


produc t ivité et sur divers paramètres techno logiques de l'arachide ( va l eur
semencière , remplissage, qualité ''bouche" ) est b j_en connue. Elle mérite d ' être
évaluée au Cameroun, en dissociant bien les deux aspects du prob l ème : l 'effet
amendement ( pH s urtout ) s'évalue par des épandages de fond en t ête de rotation
ou en dé but de culture, l'effet technologique " bou che" s'éva l ue après é p a ndage
loca lisé le long des lignes au moment de la formatj on des gous s e s .

- La dé_fense des cultu rès : c e s aspects devront nécessairement ê tre


prj_ s en compte même si aucun spéci3 l iste 11'y est affec té . Le C I R.c'\ D et
l ' ICR T S AT pourront être sollicités pour condu i re dans la région , comme i l s
l'ont f ait dans d'au tres pays . une enquê te ph yto-sani t a i re à laque l l e u n
agronome généra liste serait assoc i é . L ' inci dence de l a rosette , des
ce rcosporioses et de l a roui l le se rait ainsi éva l uée. Sur Le plan
opérationnel , la maîtrise de la rosette ( s'i l y a lieu ) serait assu rée par
l'emploi de variétés résistantes , et des méthodes préventives ( d'efficac ité
limitée ) seront mises au point pou r l i mi te r l 'i n c idence �es au t res ma l adj e s
fongiques et vira les . Les traitements ch imiques ne sont à envi sager q u e sur
deux points : la protection fongicide des semences et la p rotection fongicide
et insecticide des stocks individue ls et col lectifs.
19

- La t echnologie pos t-ré colte : ce p rogramme d ' une import ance


capitale devra être rép arti au mieux entre l ' agronomie , le secteur semencier
et l a technologie agro-aliment aire, à dé faut de pouvoir y affecter un
s p é cialiste permanen t . I l portera à la fois sur la technologie semencière e t
sur la technologie de l ' arachide de bouche qui pré sen tent d e nombreux points
communs, les graines s aines, loyales et marchandes é t ant également celles qui
constituent les meilleures semences. Le potentiel d'intervent ion de l a Socié t é
Pioneer devra à cet égard être valorisé au mieux, afin d'évoluer du s t ade
actuel ( semences dis tribuées en coques, après contrôle sommaire et sans
conditionnement p articulier) vers une améliora tion générale de la filière
semences pouvant conduire, à terme, à une dis tribution de semences
décortiquées, traitées et condit j_onnées. La préven tion de l 'aflatoxine recevra
une at tention particulière, princip alemen t au niveau des pré para tions
destinées à la consommation locale (huile brute, beurre, s auces , graines
grillées ou bouillies). Le responsable de l ' agronomie arachide s'es t amplemen t
document é sur t ous ces as,pects auprès du "projet arachide de bouche" du
Sénégal, mais il lui sera difficile d'inclure ces thèmes dans son p rogramme
sans un renfort sérieux de moyens et d'effectif et s an s une enquête
d'op portunité portan t sur l'ensemble de l'é conomie arachidière régionale.

- L'é conomie de la filière arachide : tous nos interlocuteurs ont


insis té sur la n é ces sité de mieux connaî tre la filière arachide l es
débouché s, les produ i t s proposé s, les flux régionaux et nationaux, le volume
et la forme des t ransactions, son t à peu près inconnus et le commerce de
l'arachide es t livré à un secteur dynamique, probablement lucratif mais
f luctuant et in formel . Ceci explique sans doute le peu d'at tent ion apporté à
cet te s p é c ulation dont l'importance est reconnue, mais que l'on ne s ait
commen t améliorer faute de la mieux connaitre. Il serait opportun de réa liser
une enquête portan t sur tous ces aspec ts, susceptibles de conduire à une
organisation rationnelle de la filière sans laquelle les résul t a ts
agronomiques n'auront qu'un impact limité.

J . 3. Proposition de ren forcement du programme arachide

Le renforcemen t de l'équipe arachide au Nord-Cameroun nous p ara î t


néces s a i re, si l'on considère :

. l'importance économique, agronomique et nutri tionnelle de


l'arachide, at tes t ée p ar l es données statis tiques (chapitre 1 ) mais t rès sous­
évaluée dans l es f a i ts ;

. la faiblesse des moyens mis en oeuvre dans le pro j e t Garoua e t


qu'il es t prévu de reconduire dans l a deuxième phase, d ont les objectifs en
matière d ' arachide son t trop circonscri ts à un seul débouché : l ' arachide de
bouche d'exportation (ch.2 ) ;
20

. 1 ' ampleur des besoins en matière de recherche , ainsi que la


nécessité d'une meilleure intégration des t hèmes et d ' une coordination plus
efficace entre recherche et développement ( ch.3 ) .

Cette situation nous amène à confirmer la proposition d ' un appui de


l'IRHO que nous avions présentée sur place à nos interlocu teurs du projet
Garoua et de l ' IRA. Cet appui serait assuré par un expert senior venant en
renfort de l'équipe en place ; le f inancement serait demandé aux bailleurs de
fonds du projet dans le cadre de "l ' option arachide de bouche", reportée à 93-
94 mais qui pourrait être anticipée avec des moyens accrus ou à toute au tre
source.

Les fonctions de l'expert seraien t les suivantes

- Assis ter le Chef de Programme Légumineuses de l'IRA, basé à


Nkolbisson , pour le volet zone nord du programme arachide.

- Assurer la coordination de la f ilière s�mences pour le compte du


Projet , et en particulier la maît rise des opt ions principales (carte
variét ale, normes de production e t de contrôle) e t la coordinat ion des
intervenants ( IRA, Pioneer , Développement ) .

- Assurer la coordj_nation et la cohérence interdisciplinaire du


programme , en part iculier dans les domaines qui ne relèvent pas des chercheurs
en place et qui seraient pris en charge directement par l'expert ( défense des
cultures , technologie post-récol te, valorisat ion , relat ions avec l e
Développernent e t les opéra teurs économiques de la f i lière arachide de bouche).
21

4. SYNTHESE

L ' impo r t anc e d e 1 ' a rachi de dans l e nord-Cameroun s e t ra dui t pa r des


s uperfi c i es import a n t es e t pa r un s e c t eur comme rc i a l p ri vé dynamique e t
l uc ra t i f ; l a c u l t u re ne bénéfi c i e pas d ' un appui s uffi s a n t de l a recherche
ni du déve l oppemen t e t l es débouchés , l i és à 1 ' offre e t à la demande l oca l es
du mome n t , ne s o n t pas ma î t ri s és ni même s uffis ammen t connus .

La recherche a ra ch i di è re , menée par i n t err,;i t t en c es a vec des moyens


rédui ts sans con t a c t s s uffi s a n t s a vec l es c en t res régiona ux e t i n t e rna t i o na ux ,
n 'a condui t q u 'à des rés u l ta t s fragmen t a i res s a ns i mp a c t rée l s u r l e
déve l oppemen t . La phase I I du proj e t Garoua ne p ré·voi t a uc un renforcemen t de
1 ' effec t i f de cherche u rs a ffec t és à ce t t e c u l t ure ; l es o bj ec t i fs t echni q ues
son t l imi t és au déve l oppemen t de l ' a rachide de bouche d ' expo r t a t i o n , débouché
i n t éres s a n t ma i s qui es t t rès l oi n de c ouvri r t o u t es l es po t en t ia l i t és de l a
c u l t u re e t nég l ige t o t a l emen t l a demande du ma rché l oc a l e t régi ona l .

La fo urn i t ure de s emences es t dévo l ue depuis 1 9 9 1 à une s o c i é t é


pr1.ve e q u i opére ra s ur des bases pu reme n t comme rc i a l es . L ' IRA , a vec ses moyens
a c t ue l s , a u ra l e p l us g rand ma l à ga rder la maî t ri s e des choix va ri é t a ux (qui
imp l i q ue la produc t i on et l a fo u rni t ure de s emences de bas e ) et c e l l e des
normes de p roduc t i o n et de co1i t rô l e de ces s emenc es . La m i s e en p l a c e d ' un e
s t ruc t ure .i-e r t i c a l e d e coordi na t i on es t p roposée ; e l l e in t égrera i t l es
a c t i ons de 1 ' IRA ( s emenc es de bas e e t défi n i t i on des normes ) , du p ri vé
(mul t ip l i ca t i on et dis t ri bu t i on ) et du Déve l oppemen t ( vu l ga risa t i on ,
p roduc t i o n des semences à l a fenne ) .

L es chercheurs en p l a c e ( I s é l ec t i onneur e t 1 agronome ) n e


bénéfi ci e n t ni d ' u1i p rogramme c ohéren t s u r l equel i l s pourra i en t s 'appuyer ,
n i du s o u t i en d ' un che rcheu,- expérime n t é . I l s n e son t pas e n mes ure de couvri r
des doma i n es es sen t i e l s t e l s que la défense des c u l t ures e t l a t echno l og i e
pos t -réco l t e . n i a fo r t i o ri d ' ass ure r l es re l a t i ons a vec l e Dével oppemen t e t
a vec l es opéra t e urs économi q ues q u i son t i ndispens a b l es à l a réa l i s a t i on des
objec t i fs défi n i s en ma t i ère d ' a rachide de bouch e .

L ' a ffec t a t i on d ' un cherc h eu r senior cha rgé d ' ass u re r l a coordina t i on
i n t e r-d i s c ip J i_ n a i 1-e e t de c omb l e r au mi eux l es l a c unes en ma t i è re de re che rche
es t p ropos ée . Ce cherch e u ,- a u ra éga l ement à coordonn e r l a fi l i è re s emences
pour 1 e comp t e de 1 ' IRA e t à ass Ui-er l a cohérence des a c t i ons e t des obj ec t i fs
en t re .l es p rod 1 1 c t e u rs , l es opé ra t e u rs économi q ues , J e déve .l oppemen t e t l a
recherche . I l dev,-a a vo i r ( de p référence à une spéc ia l i s a t i on t rop a cadémi que )
une exc e l l en t e conna issance de l a f i l i ère a ra ch i de ( recherche , déve l oppemen t ,
va l o ri s a t i o n ) e t une expéri ence p e rs onne l l e s o l i de e t d i ve ë-s i f_i ée en ,-1 fri q ue .
ANNEXE

EXPOSÉ PRÉSENTÉ AU CENTRE IRA DE NKOLBI SSON

EVALUATION DES ACQUIS DE LA RECHERCHE ARACHIDI ERE

EN ZONES DE SAVANES SECHES OUEST-AFRICAINES .

1 6 AVRIL 1 9 9 1
IRHO-CIRAD
DIVISION OLEAGINEUX ANNUELS

E.VALUATION DES ACQUIS

DE IA RECHERCHE ARAClilDIERE

EN ZONES DE SAVANES SECHES


OUEST-AFRICAINES

La recherche arachidière en Afrique de l ' Ouest , dans les zones de


savanes sèches , a été entreprise dès avant 1930 sur la Station de Barnbey au
Sénégal , et au Nigéria ( Station de Sama.rn) • E l l e a connu un développerœnt
irnFortant à partir de 1950 , avec l'implantation de l ' IRHO au Sénégal et au
Burkina-Faso . La création du Réseau Arachide de la mRAF , coïncidant en
1 987 avec l ' ouverture du Centre Sahél ien de l'ICRISAT à Sadoré ( Niger ) , lui
ouvre des perspectives nouve l l es . Les principaux résultats intéressant les
zones soudano-sahél iennes sont récapitulés ci-après .

I - AMELIORATION VARIEI'ALE ET PHYSIOr..cx:;IE

Les recherches de base ( création de matériel végétal et mise au


p::iint des tests d'évaluation et de criblage ) sont réaliséès p::>ur
l ' essentiel au Nigéria ( Sama.rn ) , au Sénégal ( Barnbey ) et au Burkina-Faso
(Niangoloko ) , ces deux dernières stations ayant vocation respectivenent
p::iur couvrir les problèmes relatifs aux zones soudano-sahél iennes
( contrainte dominante sécheresse ) et aux zones soudano-guinéennes
( contrainte dominante : maladies ) . Les progranrnes ont profondément évolué
tant dans leurs objectifs que dans les rréthodes uti l isées p::>ur les
atteindre . Cette évolution s ' est donc traduite par un renouvel lement total
du matériel végétal mis à disp::isition des agriculteurs en Afrique de
l'Ouest : passage de p::>p.1lations local es rampantes , de 120 j ours , peu
productives et à petites graines , à une ganrne de variétés érigées , de 90 à
150 jours , productives , mieux adaptées à la sécheresse , tolérantes à
certaines maladies ou présentant des caractéristiques penoettant de les
écouler sur des marchés plus rémmérateurs ( arachides de bouche ) • La carte
des variétés diffusées au Sénégal , qui fluctue en fonction des conditions
climatiques et de la politique gouvernementale, est l'il lustration de ce
travail ; el l e corrmande la production et la diffusion effectives , chaque
année , des semences de variétés reccmnandées par la recherche .
L.

Cinq principaux thèmes de sélection peuvent être distingués


l ' amé lioration de la productivité la tolérance à la sécheresse ; la
tolérance aux maladies foliaires ; la tolérance à Aspergil lus f lavus ( agent
de l ' aflatoxine ) ; l ' arachide de bouche et de confiserie .

Le sous-programre "tolérance à la sécheresse" , initié au Sénégal ,


s ' étend à présent au Centre-Nord Burkina-Faso et couvre une large garnre de
situations géographiques affectées par la sécheresse (Nordeste du Brésil ,
Botswana ) .

Physiologistes et sélectionneurs col laborent depuis plusieurs


années à Barnbey p:,ur retenir , parmi le très grand nombre de variétés ou de
p:,pulations existantes , quelques types intéressants par leur résistance à
la sécheresse . Différentes techniques ont ·été uti lisées et une batterie de
tests a été mise au p:,iht ; appl iqués à l a col lection d ' arachides
disp:,nible au Sénégal , ces tests suivis d'essais variétaux réalisés en
plein champ dans des conditions de sécheresse naturel le ou simulée ont
conduit à la diffusion de la variété 55-437 prop:,sée à l a vulgarisation
dans la partie septentrional e du Bassin arachidier , la plus e::q:;osée à la
sécheresse ( isohyètes 400 à 650 ) • Cette variété a été reprise corrtœ
géniteur dans le progranrne en cours à Samaru ( Nigéria ) • La. non-dormance
des graines , caractéristique . des types spanish et valencia , exp:,se ces
variétés à germer irrrnédiaternent si l ' humidité persiste au rroment de l a
maturité la sélection s'est donc orientée ensuite vers l'obtention de
types résistants à la sécheresse et donnants destinés à pallier cet
· inconvénient dans les zones Centre du pays exp::isées à des pluies tardives
( isohyètes 600 à 900 ) . Ainsi ont été obtenues la variété 73-30 à cycle de
95 jours , et la 73-33 à cycle de - 105 jours , descendances des croisements
spanish x virginia . Ce matériel végétal est unique au rronde et a été
introduit par l'ICRISAT dans les col lections et les essais variétaux de la
plupart des pays producteurs de la zone semi-aride . Il a reçu une très
large diffusion au Sénégal .

Schématiquement , la sécheresse en zone sahélienne et


soudano-sahél ienne peut prendre deux forrres

a ) saison des pluies courte et précipitations faibles , situation


typique des zones Nord ;

·· b ) saison des pluies prolongée , mais distribution souvent


irrégul ière et pluviosité totale souvent déficitaire cette situation
survient fréquerrrnent dans les zones Centre et Sud .

Pour les zones Nord , les programœs de sélection en cours sont


orientés en priorité vers la recherche des variétés plus préccx:es , à partir
d ' un géniteur de 75 jours de cycle. Pour l es zones Centre et sud , i l s
visent à créer des variétés présentant des caractères physiologiques leur
perrrettant de traverser des
3

périodes de sécheresse sans dornnages irréversibles : les variétés tardives


ont un potentiel de production plus imp)rtant , et leur capacité de
récupération après une sécheresse en début ou au mil ieu du cycl e conduit
souvent à les préférer aux hâtives . Un idéotyr:e d ' adaptation à la
sécheresse a donc été défini ; il est basé sur trois principaux caractères
physiologiques :

la croissance racinaire ,
- la résistance protoplasmique ,
- l ' optimisation de la transpiration st0m3.tique .

Les résultats perrrettent de préciser , pour une forme de


sécheresse déterminée , les caractéristiques adaptatives que doit présenter
l ' idéotype à rechercher . Quatre tests ont été mis au point qui permettent
de cribler environ 800 individus par cycle de sél ection pour les caractères
de résistance protoplasmique à la chaleur et à la dessication par mesure de
la fuite d ' électrolytes , de régulation des pertes en eau mesurée sur
feuil les détachées , et de caractéristiques d ' enracinement étudiés en
rhyzotron .

Le sous-programne "amélioration de la productivité" a un


caractère synthétique et intègre les autres thèmes . I l prend en compte les
principales comp:>santes du rendement et la qual ité des produits obtenus en
fonction des conditions locales de production . Sont à mentionner parmi les
critères de sélection : le rendement ( gousses , fanes , levée , décorticage ) ;
l ' adaptation écologique ( longueur de cycle , doi:m3.nce , tolérance à la
sécheresse et aux rraladies ) la réponse aux techniques culturales
( préparation de sol , fumure , mécanisation ) ; la qual ité des produits
( comp:>sition en hui l e , en acides aminés , caractéristiques corrrnerciales et
organoleptiques ) .

Une vingtaine de variétés sont actuel lerrent mul tipl iées en


Afrique de l ' Ouest francophone . El les sont pour la plupart issues des
centres de sélection de Barnbey ( Sénégal ) . ou de Niangoloko ( Burkina-Faso )
d'où ell es ont été très largement diffusées dans toute la région ainsi que
dans la zone cl imatique corresp:mdante d ' Afrique australe . Toutes ont été
retenues pour leurs bonnes qual ités de base ( productivité , port érigé ,
teneur en huile , rraturation simultanée et groupée ) . Leurs principaux
caractères spécifiques sont donnés dans le tableau 1 .
4

Tableau 1 . Caractéristiques des principales variétés d ' arachide


diffusées en Afrique de l ' Ouest .

;
.
., Hâti- Dor- Talé- Talé- Décor- Poids 1 0 0 Aptitude
. vité < mance rance rance ticage graines bouche /
100 J . séche . rosette > 70 % > 50 g
.
confis .

55-437 X X X X
73-30 X X X
47-10 X 1
X 1
X
Te 3 X X
Ts 3 2-1 X X
KH-149 A X X
KH 241 D X X
55-422 X X X X
73-33 X X X X
28-206 X X
69-101 X X X
57-313 X X
RMP 12 X X X X
GH 119-20 X X X
756 A X X X
73-27 X X X X
73-28 X X X X

II - AGRONCMIE .ET SYSTEMES CULTURAUX

L ' augmentation de la productivité de l ' arachide est recherchée


simultanément par l ' amélioration du matériel végétal et . par la mise au
fX)int de systèrres de culture susceptible;s de le valoriser au mieux , compte
tenu :
a ) des facteurs du milieu physique ( nécessité de maintenir et
d ' améliorer durablement la fertilité des sols) ;

b ) des contraintes socio-économiques qui }?è sent sur le rronde


rural ( diSfX)nibilités foncières , coût et mise en place des équiperrents et
intrants , politiques de subventions et de crédit ) • • .
5

A - Stratégie d'intervention les fi.mites à l ' intensification

La recherche arachidière a été amenée à prendre en compte


l'environnement socio-économique de la production , qui apparaît cornne une
contrainte essentielle à l ' appl ication des résultats de la recherche .
L'effet des prix et de leurs fluctuations est détenninant prix d'achat
des récoltes , prix de cession des intrants , revenus relatifs escomptés
corrrnandent les choix techniques de l'agriculteur et son ouverture sur l e
marché . Or l'exerrple de l'arachide , culture "rrotrice" e n zone
soudano-sahél ienne , atteste à l ' évidence que les politiques des prix
n'accompagnent généralement pas les déclarations d ' intention officie l l es ni
ne valorisent les rroyens techniques et financiers consentis en faveur du
Développement. L'évolution en dents de scie des maigres consornnations
d'engrais en Afrique de l'Ouest , et leur déclin dramatique depuis une
décennie , n'ont pas d'autre origine : les pol itiques d ' intensification si
souvent proclamées ont parfois vu , sur la période considérée , la
suppression du crédit et le triplement du prix de cession de l'engrais qui
ont eu pour conséquence la · quasi-disparition de la fertil isation de
l'arachide et des céréales cultivées en rotation avec elle .

Cette situation incite à préconiser , en mil ieu paysannal , la


pratique méthodique et général isée de techniques dites légères , de
préférence à l ' appl ication nécessairement ponctuel le et financièrement plus
aléatoire de thèmes dits lourds réservés à une minorité. d'agriculteurs
susceptibles d ' en assumer les risques économiques il s ' ag it en
particulier de la combinaison . labour/phosphatage de fonds/fumures annuel les
fortes , dont la ·1.rulgarisation au Sénégal a été abandonnée . Cette
orientation réal iste devrait être poursuivie au niveau de la
recherche-développerrent .

B - Phytotechnie

- Place de l'arachide dans les systèmes de culture

L'effet de la jachère naturel le ou travail lée sur les rendements


de l'arachide et des céréales , comparé aux rendements de ces mêmes plantes
en culture continue , a été rresuré sur des essais conduits pendant
plusieurs décennies au Sénégal , au Burkina-Faso et au Nigéria .

La jachère herbacée , cornp::,sée essentiel l ement de graminées


naturel les , peut avoir une action de conservation du profi l cultural et
relever faiblement le taux de matière organique du sol . Elle limite la
dégradation et la baisse des rendements , sans toutefois l'enrayer , dans des
systèmes de culture à caractère extensif ou dans des regions
particulièrement défavorisées des points de vue sol et climat . Par contre ,
en bonnes conditions de climat et de sol , la durée de la jachère pourra
être réduite en fonction des furtrures apportées ; e l l e pourra même être
supprimée .
6

Parmi tous ceux qui ont été testés� les rœil leurs systàœs de
culture ( ceux qui procurent à l ' agriculteur les plus-values les plus
élevées tout en maintenant la fertil ité des sol s ) sent les systèrres les
plus "évolués" combinant la fumure orgam.que et minéral e ainsi que la
restitution des résidus de récolte .

Dans les zones à risques ( faible pluviométrie , sol s très sableux


et érosifs où les labours répétés sont à proscrire ) , une rotation du typt=
arachide/céréale/jachère ( J .A , M , A . au Sénégal ) sera préconi sée dans les
zones plus favorables , la culture continue arachide-céréale peut être
envisagée .

Dans les deux cas , le taux de ma.tière organique du sol devra être
ma.intenu sur une culture continue , un aPfX)rt de fumure minérale seule
couvrant pourtant les besoins en éléments majeurs ne J?errrettra pas
d ' enrayer l ' acidification des sol s par diminution des cations , et cette
réduction de la fertil ité se traduit effectivement par cel le des
renderrents . Malgré les problèrœs que pose la disponibil ité en ma.tière
organique , ce facteur constitue une condition impérative pour assurer , en
zone soudano-sahél ienne , la reproductibilité d ' un systèrœ de culture basé
sur l ' alternance arachide/céréale .

- Etudes de fert i l isation

Les études de fertil isation ont été basées sur des travaux de
physiologie et de nutrition minérale complétés par des essais factoriel s de
fumure . Les niveau."< critiques des éléments N , P , K , Ca , Mg , S ont été
déterminés par la rréthode du diagnostic fol iaire : les_ teneurs en ces
éléments , mesurées par analyse d ' échantil lons de feuil les , fournissent des
-indications utiles sur la nutrition de la plante et sur les seuil s de
carence ( en fait , il s ' agit de courbes critiques N X poids sec , P X N ,
S X N) . Cette technique en complément des analyses de sol et de
l ' expérimentation au."< champs a permis , à partir des courbes de réponse et
des coûts , de déterminer les formules les plus rentables pour chaque zone .
Ainsi a été établie , pour le Sénégal , une carte des fumures qui a corrrnandé
les fabrications d ' engrais dans ce pays }?endant plusieurs décennies en ·
col lant de très près aux conditions édapho-cl imat iques locales : carence en
P dominante sauf dans la zone de Thiès ou affleurent l es phosphates
naturel s ; forrres de P solubles dans le Nord avec incorporation progress ive
de phosphates tricalciques rroins solubles pour les zones Centre et Sud ;
correction de la carence en Mo dans certaines zones par incorporation de
rrolybdate ( 3 0 g/ha ) directerœnt dans le produit de traitement fongicide des
semences ou sous forme de Nutramine , etc .

Dans les autres pays producteurs et particulièrement au Nigéria ,


les fumures appliquées à l ' arachide consistent en un aPfX)rt combiné de
fumier de parc ( 2 , 5 à 7 , 5 t/ha ) et de superphosphate simple ( 60 à 1 0 0
kg/ha ) , visant à maintenir un taux suffisant de matière organique dans l e
sol et à corriger les carences principales ( S et P ) .
7

- Lutte contre les adventices

I.a poussée des mauvaises herbes en début de saison est très


préjudiciable à la jeune arachide et l ' exécution correcte , à bonne date , du
premier désherbage est un facteur déterminant de réussite de la culture ,
d ' autant que l ' agriculteur est très pris à cette éfXXIUe par les derniers
semis et le sarclage prioritaire des céréa les .

Le désherbage manuel ou rrécanique précoce permet en outre


d ' ameublir le sol et d'enfouir l ' engrais , lui assurant une valorisation
optimale . L ' exécution de cette façon cultural e constitue donc un progrès
irnp)rtant de la technicité de l ' agriculteur , largement passé dans le mil ieu
dans les zones de grande production ( Bassin arachidier sénégalai s , Nord
Nigéria ) .

Des herbicides et des formulations ont été testés avec succès :


Lasso + Dinuron , Cotodon au Burkina-Faso , Cotodon + Grarroxone , Gesaten au
Sénégal . Le coût de ces produits à l'hectare était de l ' ordre de 1 0 . 000 CFA
en 1986 ; leur diffusion se trouve confrontée , là encore , à la faiblesse de
trésorerie des producteurs et aux difficultés techniques d'application .

C - Itinéraires techniques reconroandés

Les techniques mises au point pour l ' amél ioration des cultures
pluviales principales ( arachide et mil-sorgho ) au Sénégal ont fait l ' objet
de reconma.ndations précises des organisrres de recherche . Les thèmes
concernant l ' arachide ont été très largement appl iqués dans le Bassin
Arachidier :

- Util isation de variétés sélectionnées ;


- Traitement fongicide des semences ;
- Semis en l igne , à bonne date ,. bonne densité et bonne
profondeur ;
- Mécanisation légère en traction animale ( semis , sarclage ,
soulevage ) ;
- Fumure minéral e légère épandue et enfouie à bonne date ;
- Désherbage à bonnes dates ;
- Récolte à bonne maturité .

L ' interaction de ces thèmes , et l ' estimation des plus-values


obtenues au niveau des rendements ( en essais agronomiques ) , sont données
dans le tableau 2 .
8

Tableau 2 ..

Fa c t e u rs P.r i nc1 P.a u x de rende ment de l' A rachide

..
Ren demen t à l'hectare

Nom bre de p ie ds Ren d em en t


réco l t é s .., X ....�---
___ par p ie d
4

Facteurs Facte urs


---.,�
gén étiques du milie u
!

SEL EC TI O N

DESINFEC TION N om b r e de +3o.% So f Cfima f 1 ea u .


SEMENCES p lan t u les levées Fer tif it é !

/ �
!
+ 30 o/o

FORTES Nombre de Na t urel/ e A méliorée


.
DENSI TE S
.
graines se mees . À 4
Dispositif de sem is .
+ 15 °/o
L ignes à 60 cm .


D isq ues à 21. 'a l v é o le s .
A SSOL EMENTS ENGRA IS Binage

+ 4 0 1 O/o
1
1
Cu lt u re a ttelée 1
1
1
S emoirs _ H o u e s _ Epandeurs d' engrais 1 1
1 1
1 1
1 1
1 L _ _ _ _ _ _ _ __ _ _ _ _ _ _ _ .J 1
1
1
L - - - - - - - ------- - - - - - - - - -- - - - - - - �

( S our c e " Pr o p o s i t ions p o ur l ' augment a t ion rapide des r endeme n t s


de l ' arachide au S é né gal " IRHO- IRAT'l 96 3 )
9

L ' appl ication de ces thèmes , réal isée à grande échel l e au Sénégal
dans la décennie 1960-70 , a entraîné le passge d ' une agriculture manue l l e à
une agriculture mécanisee , p::,ur l ' arachide ( qui a financé cette mutation )
corrrne p::,ur les céréales cultivées en rotation avec elle .

La stratégie adoptée rép::,ndait à la nécessité d ' une prise de


risque minimum dans une zone très exp::,sée à la sécheresse :

• Variétés rustiques , adaptées à des conditions diffic il es de


sol s et de cl imats ;

. Matériels et attelages largement p::,lyvalents et de faible


ccût ;

Fumures légères , calculées en fonction de leur rentabi l ité à


court terme ;

. Bonne intégration dans les pratiques culturales et le


calendrier agricole traditionnel s .

III - DEFENSE DES CULTURES

L ' arachide est attaquée par de nombreux déprédateurs dont les


dégâts se traduisent par une baisse sensible de productivité et une
détérioration de la qual ité des produits . On relève à la fois des attaques
d ' arthropodes ( insectes , myriap::,des ) , de vers ( nérratodes ) , d ' agents
pathogènes ( champignons , virus ) et la concurrence des adventices . Les
problèmes phytosanitaires en Afrique deviennent plus aigus à mesure que les
rotations culturales raccourcissent , que la double culture annuel le s ' étend
et que les échanges internationaux de graines se développent . La recherche
a abordé ces problèmes sur les plans des méthodes cultura l es , de
l ' amél ioration variétale et des traitements chimiques et technol ogiques
nous distinguerons six principaux thèmes :

A - Protection contre les maladies et ravageurs à la levée

De nombreux champignons ainsi que des insectes ( tennites ,


coléoptères ) et myriap:xles ( iules ) attaquent les graines et les plantules
en cours de gennination et provoquent des i::ertes à la levée fX)UVant
atteindre 50 �ô . La désinfection des semences à l ' aide de produits
fongicides + insecticides est nécessaire et a donné l ieu à de nombreuses
études ; une technique d ' enrobage à sec a été mise au p::,int et plusieurs
formules ont confinné leur efficacité ( bénomyl + captafol , captane +
carbosulfan , etc . ) . Parmi cel les-ci, le Granox ( 1 0 % benomyl , 10 %
captafol , 2 0 ?-.; carbofuran ) donne d ' excellents résultats ( + 3 3 % d'effet
rroyen sur les densités en grande culture l . Ces traitements , :i:::eu onéreux et
très efficaces , sont très généralement appl iqués et le produit est
distribué aux agriculteurs partout où la mise en place des semences est
assurée par un Service spéc ial isé . La comp:>sante fongicide du traitement
10

est de loin la plus i.rrp:>rtante , et l'hYfX)thèsè selon laquel l e le champignon


s'instal lerait sur des blessures pré-existantes a été vérifiée . L ' enrobage
industriel et la distribution de semences décortiquées et fongicidées ,
prêtes à l ' emploi , est en cours de pré-vulgarisation au Sénégal .

B - Lutte contre les maladies foliaires

Trois maladies ont un impact économique sur la productivité de


l ' arachide en Afrique . Leur incidence est d ' autant plus imp:)rtante qu'on se
rapproche de la partie soudanienne du Sahel .

a ) la rosette , maladie virale transmise r:ar un puceron . Des


variétés résistantes ont été sélectionnées au Burkina-Faso et au Nigéria ;
l ' épidémiologie de la maladie est connue , bien que l e mécanisme de
· transmission et d'action du virus ne soit pas total ement élucidé . La
rosette peut anéantir les récoltes dans de vastes régions si les conditions
cl imatiques de l ' année se prêtent à une infestation précoce les
traitements chimiques ne sont - pas accessibles au paysannat traditionnel
( coût et rocida lités d ' application ) mais l ' utilisation de variétés
résistantes pennet de prévenir la maladie dans toutes les c irconstances .
Ces variétés , vulgarisées dans les zones où la rosette sévit de manière
endémique , y ont rencontré un grand succès ( 6 9-101 en Casamance ,
Guinée-Bissau , Tchad ; RMP 12 et RMP 91 au Burkina-Faso , Tchad , Mozambique ,
etc . ) et l ' ICRISAT les a incluses dans son prcgrarrrne de création variétal e
et d ' essais variétaux internationaux .

b ) Les cercosp:,rioses ( hâtive et tardive ) sont universel lement


présentes sur les cultures d'arachide , à des degrés variés , provoquant une
défol iation prématurée et des baisses de rendement pouvant atteindre 50 % .
De nombreu..'{ produits ou forrrulations ont été essayées avec succés ; la mise
en pratique en mil ieu paysan est toujours difficile, d ' autant qu ' il est
souvent nécessaire de traiter sirrn.lltanérnent contre la rouil le et contre les
cercosporioses . Seul le mancozèbe ( Dithane M45 ) est efficace contre l es
trois maladies mais la fréquence de ses applications ( 1 par semaine ) est
prohibitive . Des techniques culturales préventives limitent l'incidence de
la maladie : alternance arachide/céréale , semis précoce , fumure minérale
( apport de soufre notarrment ) , enlèvement des fanes et él imination
( enfouissement ou brul is ) des résidus de récolte .

c ) la rouil le est apparue en afrique de l ' Ouest après 1970 et


s'étend dangereusement . Les études en cours portent sur la sélection de
variétés résistantes , sur la biologie et l ' épidémiologie du pathogène et
sur les traitements chimiques . Des résultats ont ét obtenus sur l a
connaissance des conditions de survie interannuel le de l a roui l le sur
place , sur l ' épidémiologie en relation avec les paramètres c l imatiques , sur
les relations hôtes-pathogènes ( périodes d'infection critiques pour l e
rendement ) , sur les méthodes d ' appréciation de l a résistance ( appui à l a
sélection ) , sur les méthodes agronorruques préventives et e n matière de
lutte chimique .
11

C - Lutte contre les iules

Les études ont conduit à l ' identification des cinq esFèces les
plus nocives , resp:,nsables de la plupart des dégâts à la levée sur cultures
pluviales et sur les jeunes gousses d ' arachides en formation . Trois types
de - traitements ont été nus au fX)int protection à la l evée par
incorfX)ration d ' insecticides dans le produit de fX)Udrage des semences ;
appâts iul icides épandus à la fructification ; traitement du sol . Seu l s les
delL� premiers sont vul garisés au Sénégal sur les cultures d ' arachide de
bouche , particul ièrement sensibles et susceptibles de rentabil iser ces
traitements onéreux . Les recherches se fX)ursuivent sur le double plan des
données bioécologiques et des cuveaux produits. La lutte biologique est
également envisagée .

D - Lutte contre l ' aflatoxine

L ' aflatoxine , présente dans de nombreux produits al imentaires


dont l ' arachide , serait responsable de lésions hépatiques alL�quel les les
j eunes animaux d ' élevage sont particulièrement sensibles . De fortes
présomptions pèsent égal ement sur le rôle de ces substances ( secrétées par
un champignon , l ' ASp:!rgil lus flavus ) dans l ' étiologie du cancer du foie
chez l ' honrne. La toxine étant él iminée par le raffinage de l ' huile , le
problème se pose à deux niveaux :

Emploi des graines et des produits dérivés en alimentation


directe ,
Utilisation du tourteau en al irrentation animale .

Les conditions de contamination de l ' arachide sont connues et des


méthodes de lutte éprouvées sur le plan agronomique ont été profX)sées

- Util iser les variétés dont le cycle est adapté à la saison des
pluies ;

- Respecter les dates optimales de senus et de récolte ;

- Appl iquer les thèmes culturaux préconisés rotations


culturales , densités de semis , furm.rre , désherbages , afin
d ' assurer à la plante un dévelo}?F€ft'lent physiologique optimal ;

- Récolter et conditionner séparément les gousses les plus


contaminées ( pieds flétris prématurément , restes-en-terre , meules
réhumidifiées par des pluies tardives ) ;

- Assurer une protection insecticide et iul icide efficace ;

- Raccourcir au max1Il1Llffi la phase critique du séchage , et


introduire dès que possible le battage mécanique précoce .
12

Il va de soi que ces rresures doivent être intégrées dans un plan


g loba l . I l serait en effet sans objet d ' aooutir à un prcduit intermédiaire
sain , sans le protéger aux stades ultérieurs de la fil ière ( fabrication ,
stockage , conditionnement et transport du tourteau , de l ' arachide de bouche
et des produits dérivés ) .

La lutte curative relève du conditionnement industriel et du


traitement ( détoxification ) des produits , arachide de touche et tourteaux ,
afin de les rendre conforrres aux norrres sanitaires de plus en plus
contraignantes du IT\3.rché international . Les technique d ' él imination des
gousses et graines contaminées , par tri électronique , sont au r::cint le
dépe l l iculage au peroxyde d ' hydrogène permet une ségrégation précoce et un
tri plus aisé des graines contaminées ; la détoxification des tourteaux à
l ' amroniac permet d ' obtenir un produit sain et enrichi en azote . Les
huileries du Sénégal appl iquent ce procédé à grande échel le , et l e tourteau
sénégalais détoxifié est de nouveau présent sur l es marchés rrondiaux .

Des tests d ' inoculation artificiel le ont été mis au fOint et sont
util isés p:>ur le tri des variétés et des descendances d ' hybrides
( programnes de sélection de variétés tolérantes ) .

E - Lutte contre les nématodes

Les nématodes nuisibles à l ' arachide causent de fortes pertes de


rendement en gousses et en fanes , surtout dans la rroitié Nord du Bassin
Arachidier sénégalais où le problème a été décelé , et proh3..blement dans la
plupart des zones de production . L ' eSfèce la plus nocive a été identifiée
( Scutel lonema cavenessi ) et une rréthode de lutte a été mise au point et
appl iquée en vraie grandeur dans le Centre-Nord Sénégal ( DBCP 12 kg M. A . /ha
en traitement du sol , 4 . 00 0 ha en 1988 ) . Les renderrents sont augmentés en
rroyenne de 500 kg/ha pour les gousses et àe 1 . 00 0 kg/ha pour les fanes
l ' arrière effet sur la céréale suivante est de + 350 kg/ha et la rémanence
du traitement est de cinq ans . Les recherches en cours portent sur les
essais de prcduits ( doses et rrodes d ' application , résidus éventuel s ) , sur
les mesures agronomiques d ' accompagnement ( densités , travai l du sol ,
fertil isation ) , sur les rrodalités d ' appl ication en mil ieu paysannal
( organisation des producteurs , crédit ) .
13

IV - TECIDOLCGIE

l e prograrrrre technologie de l ' arachide avait p)ur objectif


initial d ' évaluer l ' aptitude à la transfonnation industriel le de variétés
d ' arachides nouve l les , crées ou introduites ( définition d ' idéotypes
variétaux et tests technologiques ) en appui aux programœs de sélection .
Assez rapidement , certains aspects des problèmes de qual ité de l ' arachide
ont constitué des thèrres de recherche à part entière , conduits en étroite
relation avec les programnes arront , les organismes de développement et les
industriels ; les recherches en cours contribuent à la mise au p)int de
procédés devant aboutir à une me i l leure valorisation des produits de la
filière .

A - Amél ioration des qualités technologiques et semencières


de l ' arachide

La production d ' arachide de bouche doit satisfaire à des nonnes


très strictes dont certaines sont spécifiques ma.is dont d ' autres conduis�nt
à une val orisation générale de la production arachidière , notamrent dans le
domaine sanitaire ( contrôle de ! ' aflatoxine ) et dans celui de la
technologie semencière . L ' arachide de bouche sert donc de rcoteur et de banc
d ' essai p)ur l ' ensemble de la production . Les exigences du ma.rché et cel les
du producteur p)rtent sur les principaux p)ints ci-après :

- Taux de déco1tica.ge
- Valeur germinative
- Absence d ' aflatoxine
- Couleur de la pe l l icule et de la coque
- �rphologie et cal ibre des graines et des coques
- Aptitude au dépe l liculage et au splittage
- Qual ités organoleptiques après gril l age .

Des tests fiables et reproductibles ont été mis au p)int p)ur la


mesure de ces différents paramètres. Ces méthodes sont appliquées p)ur le
criblage variétal et r:our l ' évaluation de la qual ité des lots. Une dizaine
de cultivars dont 73-27 et 73-28 ont été retenus corrrne remplaçants
p)Ssibles de la variété de bouche GH 119-20 actuel lement cultivée dans le
Centre-Sud Sénégal , ou p)ur l ' extension de la culture dans de nouvel l es
zones . Quelques variétés ont été retenues p)ur leur double vocation
huilerie-confiserie ( 55-437 , 73-33 ) et leur cycl e plus court adapté aux
zones sèches .

L ' effet de divers traitements agronomiques sur les qual ités


technologiques et seroencières de l ' arachide a été mesuré le calcium
app:::irté au 40e jour en épandage loca lisé améliore la densité et la tail le
des gousses , le rendement au décorticage , l a tail l e des graines , le
rendement en graines eXp)rtables et le p)UVOir germinatif . Une dose de
25 kg/ha de bore provoque une augrrentation :inportante du p)UVoir
14

germinatif , no�nt en cas de sécheresse . L ' appl ication des régulateurs


de croissance ( darninoz ide ) augmente les rendements en gousses et la valeur
semencière 11\3.is induit aussi une nette réduction de la tail l e des gousses
et des graines ( 10 et 15 �; ) . El le est donc très bénéfique p::;ur la
multiplication des semences 11\3.is non p::;ur l ' exp:irtation de la première
génération .

B - Etude des procédés de conservation et de stcx::kage de


l ' arachide décortiquée

Le stockage en vrac traditionnel l ement pratiqué ne convient pas


p::;ur des produits de qual ité comre les semences et l ' arachide de bouche . On
est amené à désinsectiser ces produits en coques ou en graines , par la
fumigation au bromure de méthyle dont les rrodalités d ' emploi sont bien au
p::;int ( doses , pluralité de traitements , teneur en eau des graines ) , puis à
les conditionner et les stocker de manière adéquate.

Le stockage réfrigéré des graines a été nus au p::;int entre 1970


et 1975 � I l autorise des durées de conservation é levées ( 2 ans ) sans chute
sensible de germinabil ité des semences à condition de resp=cter un retour
progressif à la ternférature ambiante lors du déstockage . 1a capacité
actuel le du Sénégal atteint 2 . 000 t de graines elle a p:iur objectif
principal la conservatiôn d'un stock de sécurité destiné aux zones sèches .

Le stockage sous vide compensé à l ' azote , en sacs étanches. de


25 kg , a fait l ' objet d ' une ex�rirrentation très suivie . Une fois
conditionnées , les semences peuvent être dispersées p::;ur être stockées chez
l ' util isateur sans précautions particul ières : l e vide résiduel assure un
blocage rigide des graines qui évite la casse et le dépe l l iculage par
frotterrent lors des tranSfOrts et manutentions . La technique a fran�hi l e
stade expérimental au Sénégal , avec l e conditionnement de 2 0 0 t de serrences
dès 1 986 .

C - AITél ioration du processus industriel de transfonna.tion des


grailles

La production de graines de qual ité p::;uvant être uti l isées corrme


semences ou exp)rtées sur le marché de l ' arachide de bouche est étudiée à
tous les stades critiques de la séquence industrie l l e :

L ' amél ioration des techniques de décorticage a permis d ' obtenir


des rendernents en graines entières sur coques très supérieu_r:-s à ce qui
était réal isé précéderrrnent ( compris entre 50 et 6 0 % ) , après rrodification
des équipements standards d ' huilerie ;
15 .

La technique du tri électroniguè , adaptée - à l ' arachide , penr.et


l'él imination quasi complète des graines contaminées par l ' af latoxine et de
toutes graines défectueuses présentant une couleur différente. El l e a été
adoptée au Sénégal r::our la production de semences et la fabrication de
graines blanchies destinées au gril lage .

La production industriel le de semences d'arachide prêtes à


l'emploi a été mise au r::oint au Sénégal : les procédés de décorticage , de
tri , de l'enrobage et du conditionnement sont à présent entièrement
mécanisables , bien que les difficultés subsistent r::our le passage au niveau
pilote industriel . Les taux de levée au chanp des semences ainsi produites
atteignent un niveau prcche de la densité optimale de plantaticn.

Ces procédés ont une grande importance , car la faiblesse du


capital semencier géré par l'Etat dans la plupart des pays ouest-africains
implique qu ' un effort soit fait sur la qual ité. Dans le même temps , une
attention accrue devra être r::ortée aux problèmes qui se fX)Sent au n iveau de
la production et de la conservation des serrences :i::ersonnel les .

V - APPLIC.2\.TION DE IA RECHERCHE· ET APPUI AU DEVEIDPPEMENT

Les chercheurs ont été souvent amenés à prendre en charge des


opérations-pilotes dans un but de confinration- et d ' application des
résultats de la recherche arachidière . Ces opérations se sont fréquemrent
étendues sous la fonr.e de projets de développerrent , voire d ' organisrres
nationaux intégrés à la fonction publ ique , auxquel s la recherche continue
d ' ar:p:::irter son assistance technique . Les principales o:r,érations conduites
en Afrique tropicale sèche sont présentées ci-après .

A - Multipl ication de semences et plans semenciers .

La recherche aPfX)rte son assistance technique dans les domaines


de la prograrrmation , du contrôle des productions de la technol ogie , du
stockage et du conditionnement des semences . Ses interventions prennent
souvent la forme d'o:r,érations mixtes production de semences de
base/recherche d ' accompagnement/assistance au déveloPF€Jnent ; e l les ont
largement contribué à la diffusion de nouvelles variétés et à la
consol idation des structures semencières nationales ( Sénéga l , Niger ,
Tchad ) .

Au Sénégal où la carte variétale a été entièrement rrodifiée dans


le courant de la dernière décennie , le dispositif serrencier a permis de
maintenir les SUferficies en arachide malgré l'impact de la sécheresse . La
nouvelle fX)l itique mise en place à partir de 1985 prévoit à terrre le
renouvellement des semences tous les trois ans seulement cette
orientation impl iquera que les prograrrrnes de recherche-développement soient
davantage orientés sur
16

l ' assistance aux agriculteurs pour la production . et la stockage des


semences personnel les , et sur la gestion central isée d ' un capital de
sécurité corresp:,ndant à un tiers des besoins annuel s ( 35 . 0 0 0 tonnes ccques
environ ) .

B - OJ:ération arachide de bouche

Au Sénégal , dans le cadre de la Nouvelle Politique �gricole, l a


maîtrise d ' oeuvre de la production d ' arachide de bouche a été confiée à l a
SEPFA, société filiale de la SONACOS , avec l ' assistance technique de la
recherche . On disp:,sitif intégré assure l'approvisionnement et la mise en
place des intrants ; l ' établ issement du crédit de campagne ; l e choix des
producteurs , leur formation et le suiv1. des . cultures l ' achat des
récoltes , la récup§ration du crédit , l ' organisation des transp:,rts et l a
livraison aux usines de transformation ; l a production , le conditionnement
et la conservation des serrences. Le Projet ne bénéficie pas d ' aides ou de
subventions de l ' Etat , la SEPFA finançant la total ité des dé?=nses
d ' encadrement sur ses fonds propres. 15 . 556 t ont été ccmrercia l i séès dans
les régions de Kaolack et Fatick en 1988 -89 ; pour le traiternent des
productions , la SONACOS a demmdé à l ' IRHO une étude pour la mise en place
d ' une usine de 25. 000 t · de capacité extensible à 50 . 000 t corrprenant un
atel ier de conditionnement de graines grillées-sa l ées et d ' un atel ier de
fabrication de beurre d ' arachide .

Des études du même ordre ont été réalisées au Ma l i ( instal lation


de conditionnement d ' arachides de confiserie à &'\N ) , et · au Burkina-Faso
( ingénieur-consei l pour l ' équipement industriel arachide de bouche et
semences de la SOFIVAR à Ouagadougou ) .

C - Lutte contre les nématodes au Sénégal

Les nématodes ont un effet néfaste sur l ' arachide et les cultures
en rotation ( mi l , niébé ) dans la rroitié Nord du bassin arachidier ; des
résultats spectacul aires ont été obtenus , tant en gousses qu ' en fanes et en
grain , grâce aux traitements nématicides ( cf. p. 12 ) . Un projet de lutte a
été initié en 1984 , avec pour objectif de prorociuvoir dans les rreil leures
conditions la dénématisation de champs dans les zones de Thiès et Diourbel
avec extension possible vers le Nord et vers le Sud . L ' op§ration est menée
conjointement par la Recherche , la Vulgarisation et les Services de la
Protection des Végétaux.

L ' interaction constante entre ces opérations mixtes


recherche/développement et les programnes de recherche thématique fait
partie du rrode d ' intervention et des acquis de la recherche arachidière.
Elle perrret aux chercheurs de s ' adapter de très près aux besoins et aux
difficultés du rronde rural , et donne à l ' ensemble du progranrne sa cohérence
et son efficacité à tous les stades de la fil ière depuis la création du
matériel végétal jusqu ' au conditionnement industriel et à l ' eXfX)rtation du
produit .
17

INDICATIONS BIBLICGRAPHIQUES

- Le développerrent et la productivité de l ' arachide au Sénégal - R .


Carrière de Belgarric , F . Baur , in Oléagineux 1 963-10-p . 613 .
- Etude sur la régénération de la fertil ité du sol dans la zone
arachidière du Sénégal - G . Delbosc , in Oléagineux 1968-1-p . 27 .

- L ' arachide - P . Gil lier et P . Sylvestre , Maisonneuve et La.rose , 1969 .

- Etudes variétales sur l ' arachide de bouche au Sénéga l . Débouchés et


perspectives - R. Schil ling , in Oléagineux 196 9-11-P . 621 .

- The maintenance of soil organic matter under continuous cultivation at


Sam3.ru , Nigeria - M . J . Jones , J . Agric . Sei . , Comb . , 1 971 .

- L ' amél ioration du profil cultural en Afrique de l ' Ouest - C . Charreau et


R . Nicou , Bul l . Agro . IRAT N ° 23 , 1971 .
- I..a Itu..1ltiplication des semences d ' arachide en Afrique de l ' Ouest A,
Bcx:::kelée--i.'1orvan , in Oléagineux 1973-2-p . 73 .

- Essais d ' élimination de l ' aflatoxine de l ' arachide par des méthodes
physiques - A. Bcx:::kelée-M::>rvan , P . Gil l ier , in Oléagineux 1974-1 1-p .
513 .

- Niveaux de potentiels foliaires intervariétaux et adaptation de


l ' arachide à la sécheresse au Sénégal J . Gautreau , 1n Oléagineux
1977-7-P . 323 .
- Long term fertil ity studies at Sam3.ru : Sarraru Miscel laneous Papers N °
67 ( 1977 ) , 72 ( 1977 ) , 75 ( 1978 ) , Ahmadu Bel lo University , Nigeria .
- A decade of fertil izer research on groundnuts in the savannah zone of
Nigeria G . Lombin , L , Singh and J . Y . Yaycx::k, in Fertilizer research
6 : 157-170 ( 1985 ) .
- Stcx::kage des semences d ' arachide décortiquées en atrrosphères contrôlées .
I. Essais préliminaires 1979-1982 A . Rouzière , 1n Oléagineux
1986-7-p . 329 .
- Stcx::kage des semences d ' arachide décortiquées en atrrosphères contrôlées .
II . Essais de prévulgarisation 1983-1985 - A . Rouzière , in Oléagineux
1986-11-p . 507 .
- Aflatoxine , Rosette et Rouil l e de l ' arachide . Environnement c limatique
propice à leur présence et dévelo�t - C . Picasso , in Oléagineux
1987-1-p . 25 .
- Evolution des rendements et de ses cc:xrp;Jsantes pour l ' arachide et
quelques cultures en rotation dans le Sud du Burkina-Faso - C . Picasso ,
in Oléagineux 1987-12-p . 469 .
18

- Critères physiologiques p::iur l ' amélioration de l ' adaptation à la


sécheresse de l ' arachide - D . J . Annerose , in Oléagineux 1 988-5-p . 217 .

- Approche de l ' amél ioration génétique de l ' adaptation à la sécheresse des


espèces cultivées en zone semi-aride . Appl ication à l ' arachide J.L.
: :.. , Khalfaoui ( IRHO-ISRA ) , Thèse , Université Paris-Sud , 1988.

- Fertil ité des terres des savanes : bilan de trente ans de recherche et
de développement agricoles au · sud du Sahara - C. Piéri , Ministère de la
Coopération et IRAT , 1989 .
Fig u re 1 : M ap of Cam e roon S howi n g
Agro-Ecological Zones, and
1 RA Centres and Stations

KEY
• Ce ntre
• Station
 Ante n n a

- P rovi ncial b o u n dary


- B o u n d ary of ag ro-
ecolog ical zone
• Garoua

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Zo n e ------
Bambu .

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