Chapitre 1
Notions préliminaires
Ce chapitre est consacré aux espaces fonctionnels, nous rappelons quelques dé…nitions et
résultats sur les espaces de Sobolev et les espaces Lp (0; T ; X), qu’ils des espaces vectoriels
normés et qui sont bien adaptés à la résolution de nombreux problèmes d’équations dif-
férentielles aux dérivées partielles. Rappelons aussi les opérateurs maximaux monotones,
qui seront de plus utiles dans cette étude.
1
1.1. Espaces fonctionnels
1.1 Espaces fonctionnels
Dans cette section, nous faisons quelques rappels sur les espaces des fonctions p intégrables,
les espaces de de type Sobolev utilisés en mécanique et les espace des fonctions à valeure
vectorielles, leurs principales propriètés notamment les théorèmes de trace. Toutes les no-
tations ainsi que les espaces fonctionnels utilisés dans ce mémoire sont introduit dans cette
section.
1.1.1 Quelques rappels d’analyse fonctionnelle
Dans ce paragraphe nous écrivons en bref et un caricatural résumé de l’analyse fonction-
nelle, et quelques résultats qui interviennent dans l’étude des problèmes de ce mémoire. De
nombreux ouvrages parcourent ce sujet, nous renvoyer le lecteur soucieux de plus détails à
par exemple [12, 31, 37, 40, 47] :
Soit un ouvert de Rd . On note C01 ( ) (ou D( )) l’espace des fonctions de classe C 1
à support compact dans :
On munit C01 ( ) de la «pseudo-topologie» , c’est-à-dire qu’on dé…nit une notion de
convergence dans C01 ( ):
0
L’espace des distributions D ( ) est le «dual» de D( ); c’est-à-dire l’espace de
formes linéaires continue sur D( ): On note hT; i = T ( ) le produit de dualité entre une
0
distrbution
Z T 2 D ( ) et une fonction 2 D( ) : ce produit de dualité généralise l’integrale
usuelle T dx: En e¤et, on véri…e que si f est une fonction localement intégrable dans
, alors on peut dé…nir une distribution Tf par
Z
hTf ; i = f dx:
0 0
On peut aussi munir D ( ) d’une notion de convergence : on dit qu’une suite Tn 2 D ( )
0
converge au sens des distributions vers T 2 D ( ) si, pour tout 2 D( );
lim hT; ni = hT; i:
n!+1
0
Dé…nissons maintenant la dérivation au sens des distributions : si T 2 D ( ); la
@T 0
derivée @xi
2 D ( ) est dé…nie par :
@T @
h ; i= hT; i; 8 2 D( ): (1.2.1)
@xi @xi
2
1.1. Espaces fonctionnels
Pour 1 p < 1;on note Lp ( ) l’espace défni par
8 9
< Z =
p p
L ( ) = u : ! R mesurable; ju(x)j dx < 1 ;
: ;
muni de la norme
0 11
Z p
kukLp ( ) =@ ju(x)j dxA ;
p
et pour p = 1; on note
L1 ( ) = u: ! R mesurable; sup ess ju(x)j < +1 ;
x2
muni de la norme
kukL1 ( ) = sup ess ju(x)j ;
x2
où sup ess ju(x)j = inf fM > 0 / ju(x)j M p.p.g :
x2
1 1
Pour toute 1 p 1 on notera q l’exposant conjugué de p dé…ni par + = 1
p q
1
avec la convention = 0. Pour toute u 2 Lp ( ) et v 2 Lq ( ) on a uv 2 L1 ( ) et
1
kuvkL1 ( ) kukLp ( ) : kvkLq ( ) ( l’inégalité de Hölder ).
Théorème 1.1.1 (Théorème de la convergence dominée de Lebesgue). Soit (un )
une suite de fonctions de L1 ( ): On suppose que
(i) un (x) ! u(x) p.p. sur ;
(ii) il existe une fonction v 2 L1 ( ) telle que pour chaque n; jun (x)j v(x) p.p. sur :
Alors u 2 L1 ( ) et kun ukL1 ( ) ! 0: (pour plus de détails renvoyons à [48]).
Le résultat suivant, qui est presque l’inverse du théorème de convergence dominée de
Lebesgue, il est d’une certaine importance dans l’étude des équations non linéaires, il établit
une certaine relation entre la convergence dans le sens de la norme de L1 ( ) et la convergence
presque partout sur :
Théorème 1.1.2 Soit (un )n une suite de fonctions intégrables telle que un ! u dans
L1 ( ) : Alors, il existe une sou-suite (unk )k et v 2 L1 ( ) telle que
un ! v p.p dans et junk j v p.p dans :
3
1.1. Espaces fonctionnels
Remarque 1.1.1 Il résulte de l’inégalité de Hölder que si (un ) une suite telle que un ! u
dans Lp ( ), et (vn ) une suite telle que vn ! v dans Lq ( ). on obtient que la suite (un vn )
R R
L1 ( ) converge vers uv dans L1 ( ), ce qui implique lim un vn dx = uv dx:
n!1
Convergence faible
Dé…nition 1.1.1 Soit E un espace de Banach. Une suite (un ) E est converge faiblement
dans E vers un élement u 2 E , et on note un * u, si
hf; un i ! hf; ui ; 8f 2 E 0 ; où E 0 est le dual de E:
Théorème 1.1.3 (de Eberlein et Smulyan). Soit E un espace de Banach ré‡exif, et
soit (xn ) une suite bornée dans E. Alors il existe une sous-suite extraire (xnk ) qui converge
faiblement dans E:
Proposition 1.1.1 Soient E un espace de Banach, et une suite (un ) E: Alors
(1) un ! u implique un * u .
(2) Si E est un espace de dimension …nie, alors les convergences faible et forte sont équiv-
alentes.
(3) Si un ! u, alors (un ) est bornée et lim inf kun k kuk :
n!1
(4) Si un * u dans E et fn ! f dans E; alors il suit que hfn ; un i ! hf; ui :
(5) Si un ! u dans E et fn * f dans E 0 ; alors il suit que hfn ; un i ! hf; ui :
Dé…nition 1.1.2 Soit E un espace de Banach, une suite (fn ) E 0 est converge faiblement
étoile vers un élement u 2 E 0 , et on note fn * f , si
hfn ; ui ! hf; ui ; 8u 2 E:
Théorème 1.1.4 (d’Aloaglu). Soit E un espace de Banach separable, et soit (fn ) une
suite bornée dans E 0 le dual de E. Alors il existe une sous-suite extraire (fnk ) qui converge
faiblement dans E 0 :
Proposition 1.1.2 Soit E un espace de Banach, et soit (fn ) une suite dans E 0 le dual
d’espace E:
4
1.1. Espaces fonctionnels
(1) fn ! f dans E 0 implique fn * f .
(2) Si fn * f , alors (fn ) est bornée et lim inf kfn k kf k :
n!1
0
(3) Si un ! u dans E et fn * f dans E ; alors il suit que hfn ; un i ! hf; ui :
(4) fn * f dans E 0 implique fn * f .
(5) Si E est re‡éxif, alors fn * f est équivlante à fn * f dans E 0
Convergence faible dans les espaces de Hilbert.
Théorème 1.1.5 ( Théorème de représentation de Riesz-Fréchet ). Soit H un
espace de Hilbert réel et (:; :)H un produit scalaire de H. Pour toute ' 2 H 0 ; il existe
f 2 H unique tel que
h'; viH 0 H = (f; v)H 8v 2 H et k'kH 0 = kf kH :
Nous dirons qu’une suite (fn )n2N dans H converge faiblement vers f 2 H si pour tout
v 2 H, les produits scalaires (fn ; v) convergent vers (f; v) dans R. Nous noterons cette
convergence par le symbole * pour la distinguer de la convergence forte (c’est-à-dire pour
la norme hilbertienne) :
fn ! f () limn !1 kfn f k = 0:
fn * f () 8v 2 H ; limn !1 (fn ; v) = (f; v) :
Proposition 1.1.3 (1) Une suite dans H qui converge fortement vers f 2 H converge aussi
faiblement vers f .
(2) La propriété « toute suite dans H qui converge faiblement vers f 2 H converge fortement
vers f » est vraie si et seulement si la dimension de H est …nie.
(3) Toute suite faiblement convergente est bornée.
(4) Si E et F sont des espaces de Hilbert réel, et si u 2 L(E; F ), alors l’image par u de toute
suite dans E faiblement convergente vers un élément x 2 E est faiblement convergente dans
F vers u(x).
Le résultat crucial suivant est une conséquence du théorème de Riesz-Fréchet et du
théorème (1.2.4) de Banach-Alaoglu.
5
1.1. Espaces fonctionnels
Théorème 1.1.6 (Théorème de compacité faible de la boule unité fermée des
espaces de Hilbert). Si H est un espace de Hilbert, alors toute suite bornée dans H
admet une sous-suite faiblement convergente.
1.1.2 Rappels sur les espaces de Sobolev
Nous dé…nissons les espaces de Sobolev qui sont les espaces de fonctions permettant de
résoudre les formulations variationnelles d’équations aux dérivées partielles. Leur com-
préhension est donc une étape nécessaire avan d’aborder les équations en question. Nous
reprenons dans cette sous-section certains énoncés de O. Kavian [45] et de H. Brezis [12] sur
le sujet, pour une présentation plus complète des espaces de Sobolev, on pourra consulter
l’ouvrage de R.A. Adams [30]. Par la suite, est un ouvert borné régulier de Rd : On
désigne par C01 ( ) (ou D( )) l’espace des fonctions de classe C 1 à support compact dans
: Pour p = 2, L2 ( ) est l’espace des fonctions mesurable de carré sommable dans . Muni
du produit scalaire
Z
(u; v)L2 ( ) = u(x)v (x) dx;
L2 ( ) est un espace de Hilbert. On note
0 11
Z 2
kukL2 ( ) =@ ju(x)j dxA
2
la norme correspondante.
Dé…nition 1.1.3 Soit ouvert de Rd . L’espace de sobolev H 1 ( ) est dé…ni par
@u
H 1( ) = u 2 L2 ( ) tel que 2 L2 ( ); 8i 2 f1; :::; dg ;
@xi
@u
où est la dérivée partielle de v au sens des distributions (1.2.1).
@xi
Proposition 1.1.4 Muni du produit scalaire
Z
(u; v)H 1 ( ) = (u(x)v(x) + ru(x):rv(x)) dx (1.2.2)
6
1.1. Espaces fonctionnels
et de la norme
Z 1
2
kukH 1 ( ) = (ju(x)j2 + jru(x)j2 ) dx :
L’espace de Soboleve H 1 ( ) est un espace de Hilbert [41].
Voici l’inégalité très utiles portant sur les normes de Sobolev.
Proposition 1.1.5 (Inégalité de Poincaré). Soit un ouvert de borné de Rd , Alors il
existe une constante C telle que pour toute fonction u 2 H01 ( ),
kukL2 ( ) C krukL2 ( ) :
En particulier, krukL2 ( ) est une norme équivalente à celle de H01 ( ) (H01 ( ) désigne le
sous espace vectoriel des fonctions de H 1 ( ) nulles sur ):
Traces des fonctions H 1( )
On peut mentionner le résultat suivant sur les traces des fonctions H 1 ( ):
Théorème 1.1.7 Soient un ouvert régulier de Rd . Alors il existe un opérateur linéaire
continu : H 1 ( ) ! L2 (@ ); appelé opérateur trace, tel que
: H 1 ( ) ! L2 (@ ) est compact.
1
On dé…nit l’espace vectoriel H 2 (@ ) comme suit :
1
H 2 (@ ) = (u); u 2 H 1 ( )
que l’on munit de la norme
n o
kf k 1 ;@ = inf kuk1; ; (u) = f :
2
Les premières propriétés les plus remarquables et utiles à notre exposé sont les suivantes :
1
(1) Si u 2 H 1 ( ); alors : H 1 ( ) ! H 2 (@ ) est linéaire surjectif et
k (u)k 1 ;@ C kuk1; 8u 2 H 1 ( ):
2
1
(2) Comme est régulier, toute fonction u 2 H 2 (@ ) est la trace d’une fonction u~ 2
H01 (G); i.e. u~j@ = u; où G est un ouvert de Rd contenant :
7
1.1. Espaces fonctionnels
Sur les questions concernant les espaces traces, voir par exemple C.B.Jr. Morrey [46], J.
Necas [36], J.L. Lions et E. Magenes [27] et J. Droniou [43].
Le Théorème de trace permet de généraliser aux fonctions de H 1 ( ) la formule de Green
établie pour des fonctions de classe C 1 :
Théorème 1.1.8 (Formule de Green). Soit un ouvert borné régulier de classe C 1 . Si
u et v sont des fonctions de H 1 ( ); elles véri…ent
Z Z Z
@v @u
u(x) dx = v(x) dx + u(x)v(x) i (x)dx;
@xi @xi @
où = ( i )1 i d est la normale unité extérieure à @ :
Un résultat essentiel pour les applications du prochain chapitre est l’inégalité suivante :
Théorème 1.1.9 ( Inégalité de Korn ). Soit un domaine régulier borné de Rd de
classe C 1 : Il existe une constante C > 0 ne dépendant que de telle que, pour toute
fonction v 2 H 1 ( )d ; on a :
Z Z
vi vi dx + "ij (v) "ij (v) dx C kvk21; :
Pour des détails sur les résultats de ce paragraphe nous renvoyons par exemple aux
références [26, 32, 33].
Dualité
Rappelons que le dual V 0 d’un espace de Hilbert V est l’ensemble des formes linéaires
continues sur V . Par application du théorème (1.2.5) de représentation de Riesz, le dual de
L2 ( ) est identi…é à L2 ( ) lui-même. On peut aussi dé…nir le dual d’un espace de Soboleve.
En l’occurrence le dual de H01 ( ) joue un rôle particulier dans la suite.
Dé…nition 1.1.4 Le dual de l’espace de Sobleve H01 ( ) est appelé H 1
( ): On note hL; iH 1 ;H 1 ( ) =
0
L( ) le produit de dualité entre H01 ( ) et son dual pour tout forme linéaire continue L 2
1
H ( ) et toute fonction 2 H01 ( ):
1
Proposition 1.1.6 (propriétés des espaces H ( ))
1
(1) L’espace H ( ) est caractérisé par
X @vi
1
H ( )= f = v0 + avec v0 ; v1 ; :::; vd 2 L2 ( ) :
@xi
8
1.1. Espaces fonctionnels
1
(2) H ( ) est un espace de Banach lorsqu’on le munit de la norme :
kLkH 1( ) = sup hL; iH 1 ;H 1 ( ) :
0
k kH 1 ( )
1
0
Pour plus de détails de cette proposition voir par exemple [38].
1
Remarque 1.1.2 On fait H ( ) est un espace de Hilbert pour la norme (1:9) (voir [29]).
Remarque 1.1.3 Pour tout un ouvert de Rd , on a
0
H01 ( ) L2 ( ) L2 ( ) H 1
( ):
Les espaces Lp (0; T ; X)
Soit T > 0 et soit (X; k:kX ) un espace de Banach réel. On dé…nit les espaces suivants :
C (0; T ; X) = fu : [0; T ] ! X continueg ;
Z T
p
L (0; T ; X) = u : [0; T ] ! X mesurable ; ku(t)kX dt 1 ;1 p < 1;
0
muni de la norme
Z T
1
p
kukLp (0;T ;X) = ku (t)kpX dt ;
0
et
L1 (0; T ; X) = fu : [0; T ] ! X mesurable ; 9C > 0 ku(t)kX C p:p:tg ;
muni de la norme
kukL1 (0;T ;X) = inf fC > 0 ; ku (t)kX C p.p. t g :
Remarque 1.1.4 Pour tout 1 p < 1; Lp (0; T; X) est un espace de Banach et C (0; T ; X)
est dense dans Lp (0; T; X). Si 1 p < 1 et si X est ré‡exif, alors Lp (0; T; X) est ré‡exif
(cf. H. Brezis[44] et J. Droniou[42]).
Par ailleurs, on a les résultats suivants.
9
1.1. Espaces fonctionnels
Proposition 1.1.7 (1) Si X est un espace de Hilbert avec le produit scalaire (:; :)X alors
Lp (0; T ; X) est aussi un espace de Hilbert avec le produit scalaire
Z T
(u; v)Lp (0;T ;X) = (u (t) ; v (t))X dt:
0
(2) Lr (0; T ; X) Lq (0; T ; X); avec injection continue, 1 q r 1:
(3) Si X un espace de Hilbert, alors
1 1
Lp (0; T ; X)0 = Lq (0; T ; X); si 1 < p; q < 1; + = 1;
p q
L1 (0; T ; X)0 = L1 (0; T ; X);
où Lp (0; T ; X)0 représente le dual de l’espace Lp (0; T ; X); 1 p < 1:
Théorème 1.1.10 Soit (X; (:; :)X ) un espace de Hilbert et soit u : [0; T ] ! X une fonction
@u
telles que u; 2 Lp (0; T ; X); 1 p 1: Alors :
@t
1
(1) la fonction t ! ku (t)k2X est une fonction absolument continue sur l’intervalle ]0; T [ ;
2
d1 2
(2) ku (t)kX = @u@t
(t) ; u (t) X p.p. t 2 ]0; T [ ;
dt 2 Z t
1 2 1 2 @u
(3) ku (t)kX = ku (0)kX + @t
(s) ; u (s) X ds pour tout t 2 [0; T ] :
2 2 0
Nous renvoyons le lecteur à [21, 40].
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