Code de Procédure Pénale
Code de Procédure Pénale
Procédure Pénale
Article 11 : L'action civile a pour objet la réparation du dommage directement causé par un
crime, un délit ou une contravention. Elle appartient à toute personne physique ou morale
ayant personnellement souffert du dommage.
Elle peut, également, être exercée par toute association régulièrement déclarée se
proposant, par ses statuts :
-de lutter contre les discriminations fondées sur l’origine nationale, ethnique, raciale ou
religieuse ;
-de défendre ou d'assister l'enfance en danger ou victime de toute forme de maltraitance ;
-de lutter contre les violences sexuelles sous toutes leurs formes ;
-de défendre et d’assurer le respect des droits humains ;
-de défendre la faune et la flore sauvages.
Article 12 : L'action civile peut être exercée en même temps que l'action publique devant la
même juridiction.
Elle est recevable pour tout chef de préjudice résultant des faits objet de la poursuite.
Si les faits qui ont donné lieu aux poursuites répressives ne constituent pas une
infraction pénale ou si la personne poursuivie est relaxée ou acquittée, l’action civile est
irrecevable.
Article 13 : L'action civile peut être exercée séparément de l'action publique.
Dans ce cas, il est sursis au jugement de cette action devant la juridiction civile tant que
la juridiction répressive ne s'est pas prononcée définitivement sur l'action publique.
Article 14 : La partie qui a exercé son action devant la juridiction civile compétente ne peut
plus la porter devant la juridiction répressive, sauf lorsque celle-ci a été saisie par le Ministère
Public avant qu'une décision sur le fond ait été rendue par la juridiction civile.
Article 15 : L'action civile ne peut plus être engagée devant la juridiction répressive après
l'expiration du délai de prescription de l'action publique. Elle ne peut être portée que devant la
juridiction civile et se prescrit alors par trente ans.
Lorsqu'il a été définitivement statué sur l'action publique et si une condamnation pénale
a été prononcée, l'action civile exercée devant le juge civil dans les délais légaux se prescrit
par trente ans.
Lorsqu'il apparaît que les dommages subis sont en totalité ou en partie garantis par un
contrat d'assurance souscrit par l'auteur de l'infraction ou le civilement responsable, l'assureur
est cité devant la même juridiction répressive en même temps que l'assuré.
Dans la limite du montant garanti par le contrat, l'assureur, au même titre que le
prévenu ou le civilement responsable, est tenu au paiement des condamnations civiles au profit
de la victime.
Il sera sursis au jugement de l'action en réparation du dommage corporel résultant d'un
sinistre causé par un véhicule terrestre à moteur, ses remorques et semi-remorques, tant que
le délai transactionnel imparti aux parties n’a pas expiré, ou que l’offre de transaction n’a pas
été expressément rejetée conformément à la législation en matière d’assurance.
Article 17 : le Ministre chargé de la Justice a autorité sur tous les membres du Ministère
Public. A ce titre, il peut notamment :
-dénoncer à tout membre du Ministère Public les infractions à la loi pénale dont il a
connaissance ;
-enjoindre, par des instructions écrites, d'engager, de faire engager des poursuites ou de saisir
la juridiction compétente de telles réquisitions écrites qu'il juge opportunes.
Ces instructions écrites sont versées au dossier de la procédure.
Article 18 : Le Ministre de la Justice ne peut donner d’instructions de ne pas poursuivre.
Article 19 : La Police Judiciaire est chargée de constater les infractions à la loi pénale, d'en
rassembler les preuves, d'en rechercher les auteurs et de les déférer devant les juridictions
compétentes.
Article 20 : La Police Judiciaire est exercée, sous la direction du Procureur de la République,
par les officiers de police judiciaire ou les agents publics habilités.
Le Procureur de la République a le libre choix des unités de police judiciaire auxquelles
il confie l’enquête.
Article 21 : La Police Judiciaire est placée, dans le ressort de chaque Cour d’Appel Judiciaire,
sous l’autorité du Procureur de la République et la surveillance du Procureur Général.
Article 22 : La Police Judiciaire comprend :
-les officiers de police judiciaire ;
-les agents de police judiciaire ;
-les autres agents auxquels la loi attribue certaines missions de police judiciaire.
Article 29 : Sont agents de police judiciaire, les sous-officiers des forces de police nationale et
les gendarmes, titulaires du diplôme d'agents de police judiciaire ou ayant cette qualité de par
leurs fonctions.
Ils ont pour mission :
-de seconder, dans l'exercice de leurs fonctions, les Officiers de Police Judiciaire ;
-de rendre compte à leurs chefs hiérarchiques de tous crimes, délits ou contraventions dont ils
ont connaissance ;
-de constater, en se conformant aux ordres de leurs chefs, les infractions à la loi pénale et
recueillir tous renseignements en vue d’en découvrir les auteurs.
Section 3 : Des autres agents chargés de certaines missions de police judiciaire
Article 30 : Les autres agents des administrations et services auxquels des textes spéciaux
attribuent des pouvoirs de police judiciaire les exercent dans les conditions et limites fixées par
ces textes.
Article 33 : Le Procureur Général représente, en personne ou par ses avocats généraux et ses
substituts généraux, le Ministère Public dans toutes les formations de la Cour d’Appel.
Article 34 : Le Procureur Général est chargé de veiller à l'application de la loi pénale dans le
ressort de la Cour d’Appel. A cette fin, il lui est adressé, tous les mois, par chaque Procureur
de la République, un état des affaires de son ressort.
Le Procureur Général a, dans l'exercice de ses fonctions, le pouvoir de requérir
directement la force publique.
Article 35 : Le Procureur Général a autorité sur tous les membres du Ministère Public du
ressort de la Cour d’Appel.
A l'égard de ces magistrats, il a les mêmes prérogatives que celles reconnues au
Ministre chargé de la Justice, en matière de mise en mouvement ou d’exercice de l’action
publique.
Article 36 : Le Procureur Général a autorité sur l'ensemble des officiers et agents de police
judiciaire exerçant leurs activités dans le ressort de la Cour d’Appel.
En cas de manquement des intéressés à leurs devoirs professionnels, le Procureur
Général peut prendre toute mesure utile pour les suspendre de leurs fonctions, dans l'attente
de la décision du Ministre chargé de la Justice.
Article 46 : Les Officiers de Police Judiciaire et sous le contrôle de ceux-ci, les agents de
police judiciaire procèdent, d'office ou sur instructions du Procureur de la République, aux
enquêtes préliminaires.
Article 47 : Les perquisitions, visites domiciliaires et saisies de pièces à conviction ne peuvent
être effectuées sans l’assentiment exprès de la personne chez laquelle la perquisition a lieu.
Cet assentiment doit faire l’objet d’une déclaration écrite de la main de l’intéressé ou de
l’apposition de son empreinte digitale si celui-ci ne sait pas écrire, il en est fait mention au
procès-verbal.
En cas de non assentiment aux visites domiciliaires, perquisitions ou fouilles à corps
projetées, celles-ci peuvent être autorisées expressément par le Procureur de la République
avisé du refus d’assentiment.
Article 48 : Les Officiers de Police Judiciaire informent, par tout moyen, les victimes de leur
droit d’obtenir la réparation du préjudice subi et de se constituer partie civile.
Lorsque le Procureur de la République donne instructions aux Officiers de Police
Judiciaire de procéder à une enquête préliminaire, il fixe le délai dans lequel cette enquête doit
être effectuée. Il peut proroger ce délai à la demande et au vu des justifications fournies par les
enquêteurs.
Lorsque l’enquête est menée d’office, les Officiers de Police Judiciaire rendent compte
au Procureur de la République de son état d’avancement.
L’Officier de Police Judiciaire qui mène une enquête préliminaire concernant un crime
ou un délit avise le Procureur de la République dès qu’une personne, à l’encontre de laquelle
existent des indices faisant présumer qu’elle a commis ou tenté de commettre l’infraction, est
identifiée.
Article 49 : Les Officiers de Police Judiciaire procèdent à toutes les autres opérations prévues
aux articles 47 à 51 du présent Code.
Article 50 : L’exercice par les Officiers de Police Judiciaire des prérogatives et compétences
prévues dans le cadre des enquêtes préliminaires ou de flagrance doit être strictement limité
aux nécessités de la procédure.
Article 78 : En vue de prévenir une atteinte à l’ordre public notamment à la sécurité des
personnes ou des biens, il peut être procédé au contrôle d’identité de tout individu.
Les Officiers de Police Judiciaire ou, sur leur ordre et sous leur responsabilité, les
agents de police judiciaire peuvent inviter tout individu à justifier, par tout moyen, de son
identité lorsqu’il existe à son égard une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner :
-qu’il a commis ou tenté de commettre une infraction ;
-qu’il se prépare à commettre un crime ou un délit ;
-qu’il est susceptible de fournir des renseignements utiles à l’enquête en cas de crime ou de
délit ;
-qu’il fait l’objet de recherches ordonnées par une autorité judiciaire.
L’identité de toute personne quel que soit son comportement, peut également être
contrôlée, pour prévenir une atteinte à l’ordre public notamment à la sécurité des personnes et
des biens.
Article 79 : Lorsqu’il existe à l’égard d’un conducteur ou d’un passager une ou plusieurs
raisons plausibles de soupçonner qu’il a commis, ou tenté de commettre comme auteur ou
complice un crime ou délit flagrant, les Officiers de Police Judiciaire assistés, le cas échéant,
des agents de police judiciaire, peuvent procéder à la fouille des véhicules circulant ou arrêtés
sur la voie publique ou dans des lieux accessibles au public.
Article 80 : Si la personne contrôlée refuse ou se trouve dans l’impossibilité de justifier son
identité, elle peut, en cas de nécessité, être retenue sur place ou dans le local de police ou de
gendarmerie où elle est conduite aux fins de vérification de son identité.
Dans tous les cas, la personne interpellée est présentée immédiatement à un Officier
de Police Judiciaire qui la met en mesure de fournir par tout moyen les éléments permettant
d’établir son identité et qui procède, s’il y a lieu, aux opérations de vérification nécessaires.
La personne interpellée est aussitôt informée par l’Officier de Police Judiciaire de son
droit de faire aviser le Procureur de la République de la vérification dont elle fait l’objet et de
son droit de prévenir à tout moment un membre de sa famille ou toute personne de son choix.
Lorsque la personne interpellée est un mineur de moins de dix-huit ans, le Procureur de
la République doit être informé dès le début de la rétention. Le représentant légal du mineur
doit être aussitôt informé et appelé à l’assister pendant toute la durée de la rétention.
Article 81 : La personne qui fait l’objet d’une vérification ne peut être retenue que pendant le
temps strictement exigé pour l’établissement de son identité.
Article 82 : Si la personne interpellée maintient son refus de justifier son identité ou si elle
fournit des éléments d’identité manifestement inexacts, il peut être procédé à la prise
d’empreintes digitales ou de photographie lorsque celle-ci constitue l’unique moyen d’établir
l’identité de l’intéressé.
Dans tous les cas, la personne interpellée dont l’identité n’est pas établie, doit être
présentée au Procureur de la République dans un délai de quarante-huit heures à compter de
son interpellation.
Article 83 : Le juge d’instruction est chargé de procéder aux informations, en vue de parvenir
en toute impartialité, à la manifestation de la vérité dans les affaires pénales les plus graves et
les plus complexes.
Articles 84 : Le juge d’instruction exerce ses fonctions au siège du tribunal auquel il appartient.
Si le juge d’instruction est provisoirement empêché pour quelque cause que ce soit, le
président du tribunal peut pourvoir à son remplacement, par ordonnance en désignant un autre
magistrat de la juridiction.
Article 85 : Le juge d’instruction ne peut informer qu’après avoir été saisi par un réquisitoire du
Procureur de la République.
Le juge d’instruction peut être également saisi par une plainte avec constitution de
partie civile.
La qualification correctionnelle ou criminelle des faits est déterminée par les réquisitions
du Procureur de la République.
S’il est en désaccord sur la qualification des faits visés, le juge d’instruction statue par
une ordonnance motivée. Cette ordonnance peut être frappée d'appel par l'inculpé, la partie
civile, le Procureur de la République et le Procureur Général dans les délais et conditions
prévus au présent chapitre.
Article 86 : A peine de nullité de ses actes, le juge d’instruction est assisté d’un greffier.
En cas d’empêchement de ce dernier, le président du tribunal désigne, par ordonnance,
l’un des greffiers de la juridiction pour le remplacer.
Article 87 : Sauf dispositions contraires prévues par la loi, le juge d’instruction ne peut, à peine
de nullité, participer au jugement des affaires qu’il a connues en sa qualité de Juge
d’Instruction.
Article 88 : Le juge d’instruction a, dans l'exercice de ses fonctions, le pouvoir de requérir
directement la force publique.
Article 89 : Est compétent, le juge d’instruction du lieu :
-de commission de l'infraction ;
-de résidence de l'une des personnes soupçonnées d'avoir participé à l'infraction ;
-d'arrestation de l'une des personnes soupçonnées d'avoir participé à l'infraction, alors même
que cette arrestation a été opérée pour une autre cause ;
-de détention de l'une des personnes soupçonnées d'avoir participé à l'infraction, alors même
que cette détention est intervenue pour une autre cause.
Article 90 : L'instruction préparatoire est obligatoire :
-pour les crimes, sous réserve des dispositions du présent Code relatives à la procédure de
crime flagrant ;
-pour tous les crimes et délits commis par les mineurs âgés de treize à dix huit ans,
conformément à la législation sur la minorité pénale.
Article 91 : L’instruction préparatoire est facultative pour les délits. En cette matière elle doit
être justifiée par la gravité ou la complexité de l’affaire.
Article 92 : Le Procureur de la République peut saisir le premier juge d’instruction par un
réquisitoire tendant dans les affaires complexes, à la désignation de deux juges d’instruction au
moins pour suivre une même information.
Le premier juge d’instruction rend une ordonnance désignant les juges d’instruction
chargés de suivre cette information.
En cas de refus, le premier juge d’instruction rend une ordonnance motivée, par
laquelle il désigne un juge d’instruction unique pour suivre l’information.
Cette ordonnance est susceptible d’appel par le Procureur de la République dans les
conditions et délais prévus au présent chapitre.
Dans ce cas et dans l’attente de la décision de la chambre d’accusation, l’information
judiciaire est menée à la diligence du juge désigné par l’ordonnance contestée.
Article 93 : Le réquisitoire peut être pris contre toute personne dénommée ou non dénommée.
Le juge d’instruction a le pouvoir d'inculper toute personne à l'encontre de laquelle il
existe des indices graves ou concordants laissant présumer qu'elle a pris part comme auteur
ou complice aux faits qui lui sont déférés.
Lorsque des faits non visés au réquisitoire sont portés à la connaissance du juge
d’instruction ou lorsque la personne non dénommée est identifiée, celui-ci doit immédiatement
communiquer au Procureur de la République les plaintes ou procès-verbaux qui les constatent.
Le Procureur de la République peut alors requérir du juge d’instruction qu’il informe sur
ces faits nouveaux ou requérir l’ouverture d’une information distincte.
Article 94 : Le juge d’instruction procède, conformément à la loi, à tous les actes d'information
qu'il juge utiles à la manifestation de la vérité.
S'il est dans l'impossibilité de procéder lui-même à certains actes d'instruction, il peut
donner commission rogatoire à un juge d’instruction ou à un Officier de Police Judiciaire à qui il
délègue l’exécution de ces actes.
Toutes les pièces du dossier sont établies en double exemplaire. Elles sont paraphées,
classées, cotées et inventoriées par le greffier. Après la clôture de l’information, le dossier est
ficelé par le greffier.
Article 95 : En matière criminelle, le juge d’instruction procède, soit par lui-même, soit par les
Officiers de Police Judiciaire, soit par toute personne habilitée, conformément aux textes en
vigueur, à une enquête sur la personnalité des inculpés, sur leur situation matérielle, familiale
ou sociale.
L'enquête sur la personnalité de l'inculpé, facultative en matière de délit, est obligatoire
pour les mineurs. L’enquête doit apporter des renseignements sur la situation matérielle et
morale de la famille, le caractère et les antécédents du mineur, sa fréquentation scolaire, sa
conduite à l'école, ainsi que les conditions dans lesquelles il a été élevé.
Le juge d’instruction peut prescrire un examen médical ou médico-psychologique ou
ordonner toutes autres mesures utiles.
Article 96 : Le Procureur de la République, la partie civile régulièrement constituée, l’inculpé
ou l’avocat de l’une des parties peuvent chacun en ce qui le concerne et à tout moment de
l’information, requérir ou solliciter du juge d’instruction l’accomplissement de certains actes.
Si le juge d’instruction ne croit pas devoir procéder aux actes requis par le Procureur de
la République ou demandés par l'avocat ou les parties, il doit statuer, dans les huit jours de la
réception des réquisitions ou de la demande du conseil, par ordonnance motivée.
Le Procureur de la République, l’avocat ou les parties concernées peuvent faire appel
de cette ordonnance dans les conditions et délais prévus au présent chapitre.
Si le juge d’instruction n’a pas statué dans un délai de huit jours, le Procureur de la
République, la partie intéressée ou son avocat, saisit la chambre d’accusation qui statue, à
peine de nullité de la procédure, dans le même délai.
Article 97 : Le dessaisissement du juge d’instruction au profit d'un autre juge d’instruction du
même ressort ou d'un autre ressort peut être requis par le Procureur de la République, d’office
ou à la demande de l’inculpé, ou de la partie civile.
Le juge d’instruction statue sur toute demande par ordonnance, dans un délai de huit
jours.
Le juge d’instruction qui sollicite son dessaisissement saisit, aux fins de réquisitions, le
Procureur de la République par ordonnance motivée.
Si dans un délai de huit jours, lorsque la demande de dessaisissement émane du juge
d’Instruction lui-même, le Procureur de la République n’a pas pris ses réquisitions, le Juge
d’Instruction peut saisir la chambre d’accusation qui statue dans le délai de huit jours
Si, dans le même délai, lorsque la demande de dessaisissement émane du Procureur
de la République ou toute autre partie, le juge d’instruction n’a pas rendu d’ordonnance,
l’inculpé ou la partie civile, ainsi que le Procureur de la République peuvent saisir la chambre
d’accusation qui statue dans le délai de huit jours.
Article 98 : Toute personne qui se prétend lésée par un crime ou un délit peut, en portant
plainte, se constituer partie civile devant le magistrat instructeur.
Article 99 : Le juge d’instruction ordonne communication de la plainte au Procureur de la
République, lequel prend des réquisitions contre personne dénommée ou non dénommée.
Le Procureur de la République ne peut saisir le Juge d’Instruction de réquisitions de
non-informer que si les faits ne peuvent constituer une infraction, sont amnistiés ou prescrits.
Si le Juge d’instruction passe outre, il statue par ordonnance motivée susceptible
d'appel.
Article 100 : La constitution de partie civile peut intervenir à tout moment de l'information.
Elle peut être contestée par le Ministère Public, par l'inculpé ou par une autre partie
civile.
Dans ce cas, le juge d’instruction statue par ordonnance motivée rendue dans les huit jours,
après communication pour réquisitions au Ministère Public.
Article 101 : La partie civile qui met en mouvement l'action publique doit, à peine
d'irrecevabilité de sa plainte, verser au Trésor public la somme nécessaire pour les frais de
procédure.
Cette somme est fixée par ordonnance du juge d’instruction en fonction des frais
estimés de la procédure.
Le juge d’instruction peut en dispenser la partie civile, notamment s’il est justifié qu’elle
n’est pas solvable.
Article 102 : Toute partie civile demeurant hors du siège de la juridiction où se déroule
l'instruction est tenue d'y faire élection de domicile. A défaut, elle ne peut opposer le défaut de
notification des actes qui auraient dû lui être notifiés.
Article 103 : Si le juge d’instruction estime qu’il n’y a pas lieu à informer, il rend une
ordonnance motivée.
La partie civile peut faire appel de cette ordonnance.
Article 104 : Quand, après une information ouverte sur constitution de partie civile, une
ordonnance de non-lieu est devenue définitive, l'inculpé ainsi que toutes les personnes
dénoncées dans la plainte peuvent, sans préjudice d'une poursuite pour dénonciation
calomnieuse, s'il n'use de la voie pénale, demander des dommages-intérêts dans les formes ci-
après énoncées.
L'action en dommages-intérêts doit être introduite dans les trois mois du jour où
l’ordonnance de non-lieu est devenue définitive.
Elle est introduite par simple requête adressée au président du tribunal correctionnel.
Le tribunal est immédiatement saisi du dossier de l'information clôturée par une
ordonnance de non-lieu. Le Ministère Public fait citer les parties. Les débats ont lieu en
chambre du conseil. Les parties ou leurs conseils et le Ministère Public sont entendus. Le
jugement est rendu en audience publique.
L'opposition et l'appel sont recevables dans les délais de droit commun en matière
correctionnelle.
L'appel est porté devant la chambre des appels correctionnels statuant dans les mêmes
formes que le tribunal.
Section 2 : Des transports sur les lieux, des reconstitutions, perquisitions et saisies
Article 105 : Le Juge d'Instruction peut se transporter sur les lieux, assisté ou non de son
greffier. En l’absence de greffier, le Juge d’Instruction désigne sur place un greffier ad hoc,
auquel il fait prêter le serment des greffiers.
Il donne avis de ce transport au Procureur de la République qui peut se déplacer s’il
l’estime nécessaire.
Article 106 : Le Juge d’Instruction peut procéder à des reconstitutions, perquisitions, visites
domiciliaires ou saisies en tous lieux où peuvent se trouver des objets ou tout autre élément
utile à la manifestation de la vérité.
Les perquisitions et visites domiciliaires ont lieu en présence de la personne chez laquelle elles
s'effectuent ou de toute personne qu’elle aura désignée. A défaut, elles ont lieu en présence de
deux de ses parents ou alliés ou de deux témoins préalablement requis par le Juge
d’Instruction. Le Juge d’Instruction doit se conformer aux prescriptions de l’article 53 du présent
Code.
Le Juge d’Instruction prend seul connaissance des lettres et documents à saisir.
Les objets saisis sont immédiatement inventoriés et placés sous scellés.
Il en est dressé procès-verbal.
Article 107 : Toute personne prétendant avoir un droit sur un objet placé sous main de justice
peut en réclamer la restitution au Juge d’Instruction qui statue dans un délai de huit jours,
après communication de la demande au Ministère Public et avis aux parties.
Après décision de non-lieu, ou survenance de toute autre cause portant extinction de
l'action publique, le Juge d’Instruction demeure compétent pour statuer sur la restitution des
objets saisis.
La décision du Juge d’Instruction peut être déférée à la chambre d'accusation sur
simple requête.
Section 3 : De l'audition des témoins
Article 108 : Le Juge d’Instruction fait citer à comparaître devant lui, par un huissier de justice
ou un agent de la force publique, toute personne dont l'audition paraît utile à la manifestation
de la vérité.
Les témoins peuvent aussi être convoqués par lettre recommandée, par voie
administrative ou par tout autre moyen laissant trace. Ils peuvent comparaître volontairement.
Article 109 : Toute personne citée à comparaître devant le Juge d’Instruction et qui, sans motif
légitime, ne défère pas, est passible des peines prévues à l’article 274 du Code Pénal relatif à
la protection contre les entraves à la justice.
Il en est de même du témoin qui refuse de prêter serment ou de déposer.
Sans préjudice des dispositions de l’alinéa 1er du présent article, le Juge d’Instruction
peut, sur les réquisitions du Ministère Public, décerner contre toute personne mandat d'amener
pour la contraindre à venir témoigner.
Lorsqu'il est constaté par un certificat médical que le témoin est dans l'impossibilité de
comparaître, le Juge d’Instruction se transporte en sa demeure ou en tout autre lieu pour
recueillir sa déposition. Il peut également délivrer commission rogatoire aux fins d'audition.
Article 110 : Les témoins sont entendus séparément, hors la présence de l'inculpé, par le Juge
d’Instruction, assisté d'un Greffier.
Si le témoin ne s’exprime pas en français, sa déposition est reçue avec l’assistance
d'un interprète assermenté désigné par le Juge d’Instruction.
L’interprète qui doit être majeur, prête le serment de traduire fidèlement les paroles de
la personne s’exprimant en une langue différente. Mention de cette prestation de serment est
faite au procès-verbal.
Le témoin peut récuser l'interprète et en présenter un autre qui doit être agréé par le magistrat
instructeur.
Article 111 : Le Juge d’Instruction demande au témoin ses noms, prénoms, âge, situation de
famille, profession, domicile, et s'il est domestique, parent ou allié des parties et à quel degré.
Le témoin prête serment de dire toute la vérité, rien que la vérité.
Il est fait mention des questions et des réponses au procès-verbal d’audition.
Article 112 : Chaque page du procès-verbal de la déposition est signée du Juge d’Instruction,
du greffier et du témoin. Si ce dernier est assisté d’un interprète, celui-ci signe également le
procès-verbal.
Les ratures et renvois sont approuvés par les mêmes personnes. Non approuvés, ils
sont non avenus. Il en est de même du procès-verbal qui n'est pas régulièrement signé.
Article 113 : Les mineurs, jusqu'à quinze ans révolus, sont entendus sans prestation de
serment. Il en est de même des ascendants ou descendants de l'inculpé, de ses frères, sœurs
ou alliés en pareil degré, du conjoint même après le divorce.
Article 114 : Lorsqu'un témoin demande une indemnité de comparution, celle-ci est fixée par le
Juge d’Instruction et payée sur frais de justice criminelle.
Article 124 : Le Juge d’Instruction peut, selon le cas, décerner mandat de comparution,
d'amener, de dépôt ou d'arrêt.
Le mandat de comparution est la mise en demeure valant convocation adressée par le
Juge d’Instruction à une personne pour que celle-ci se présente devant lui à une date et une
heure précises.
Le mandat d'amener est l'ordre donné par le Juge d’Instruction à la force publique de conduire
immédiatement devant lui la personne à l'encontre de laquelle il est décerné.
Le mandat de dépôt est l'ordre donné par le Juge d’Instruction au chef de
l'établissement pénitentiaire de recevoir et de détenir l'inculpé.
Le mandat d'arrêt est l'ordre donné par le Juge d’Instruction à la force publique de
rechercher l'inculpé et de le conduire à la maison d'arrêt indiquée sur le mandat ou à la maison
d’arrêt la plus proche où il sera reçu et détenu.
Article 125 : Tout mandat précise l'identité de l’inculpé. Il comporte le nom, la date, la
signature et le sceau du magistrat qui l'a décerné.
Les mandats d'amener, de dépôt et d'arrêt mentionnent en outre la nature de
l'inculpation et les articles de loi applicables.
Le mandat de comparution est notifié par un agent de la force publique ou par une
personne dépositaire de l’autorité publique, lequel en délivre copie à l’inculpé et lui fait signer
l'original qui est retourné au Juge d’Instruction.
Les mandats d'amener ou d'arrêt peuvent être diffusés par tous moyens. Les mentions
essentielles doivent y figurer.
Le mandat de dépôt est notifié à l'inculpé par le Juge d’Instruction qui en fait porter
mention au procès-verbal d'interrogatoire.
Article 126 : Les mandats sont exécutoires sur toute l'étendue du territoire.
Article 127 : Si la personne visée par le mandat de comparution se présente, le magistrat
instructeur procède immédiatement à son audition ou à son interrogatoire.
Si la personne objet d’un mandat d'amener est présentée au Juge d’Instruction, son
audition ou son interrogatoire doit avoir lieu dans un délai maximum de deux jours, à compter
de son arrivée au siège du tribunal.
Pendant ce délai elle peut, selon les nécessités, et si elle n'offre pas les garanties
suffisantes de représentation, être placée sous mandat de dépôt par le Procureur de la
République.
Passé ce délai, elle doit être remise en liberté d'office par le Procureur de la
République.
Si la personne recherchée en vertu d'un mandat d'amener est arrêtée en un lieu autre
que celui où réside le Juge d’Instruction, elle doit être conduite sans délai devant le Procureur
de la République territorialement compétent qui, après avoir vérifié son identité, lui demande si
elle consent à être transférée.
Le Procureur de la République avise, par tout moyen et d'urgence, de la réponse de
l'inculpé le juge mandant, lequel ordonne le transfèrement ou donne commission rogatoire au
juge du lieu de l’exécution du mandat pour procéder à l’audition.
A l’issue de l'interrogatoire, le Juge d’Instruction peut décerner mandat de dépôt si le
fait reproché à l'inculpé emporte une peine d'emprisonnement.
Article 128 : Si l'inculpé est en fuite ou risque de s'enfuir, ou si son lieu de résidence est
inconnu, ou encore s'il réside hors du territoire, le Juge d'Instruction, après réquisitions du
Procureur de la République, peut décerner mandat d'arrêt si le fait emporte une peine
d'emprisonnement.
En cas d’arrestation, l’agent de la force publique notifie le mandat d’arrêt à l’inculpé et
le présente sans délai au Procureur de la République. Celui-ci en avise immédiatement le juge
mandant et ordonne le transfèrement à la maison d'arrêt.
Article 129 : Si l'inculpé contre lequel a été décerné un mandat d'arrêt ne peut être trouvé, un
procès-verbal de recherches infructueuses est dressé. Ce mandat est ensuite exhibé au chef
de circonscription administrative du dernier domicile ou de la dernière résidence de l'inculpé et,
si celle-ci n'est pas connue, aux mêmes autorités des lieux où l'infraction a été commise ou au
parquet du Procureur de la République compétent.
Article 130 : Le Juge d’Instruction ne peut délivrer mandat de dépôt qu'après interrogatoire de
l’inculpé et si l'infraction comporte une peine d'emprisonnement.
L'agent chargé de l'exécution du mandat de dépôt remet l'inculpé au chef de
l'établissement pénitentiaire qui se doit de le recevoir après vérification de l’existence et de la
régularité dudit mandat et notification de celui-ci à l’inculpé.
Article 131 : Tout mandat délivré en violation des conditions de forme et de fond prescrites par
le présent Code est nul et de nul effet.
Cette violation expose le magistrat à la procédure de prise à partie.
Article 132 : La détention préventive est une mesure exceptionnelle. Elle ne peut être
ordonnée ou maintenue que :
-lorsqu'elle est l'unique moyen de conserver les preuves, les indices matériels ou d'empêcher,
soit une pression sur les témoins ou les victimes, soit une concertation frauduleuse entre
inculpés et complices ;
-lorsqu'elle est nécessaire pour préserver l'ordre public du trouble causé par l'infraction, pour
mettre fin à l’infraction, prévenir son renouvellement ou pour garantir la représentation de
l'inculpé devant la justice.
Article 133 : En cours d’information, le Juge d’Instruction peut décider du placement en
détention préventive et décerner mandat de dépôt. L’ordonnance de mise en détention
préventive est susceptible d'appel dans les dix jours de sa notification.
Si l’inculpé n’est pas assisté d’un avocat, le Juge d’Instruction statue après avoir
recueilli les observations du Ministère Public et celles de l’inculpé.
S’il est assisté d’un avocat, le Juge d’Instruction statue en audience de cabinet, après
débat contradictoire au cours duquel il entend le Ministère Public, reçoit les observations de
l’inculpé et celles de son avocat.
Si l'inculpé ou son avocat sollicite un délai pour préparer sa défense, le Juge d’Instruction peut,
par décision motivée et non susceptible d'appel, ordonner l'incarcération provisoire de l'inculpé
et décerner mandat de dépôt pour une durée déterminée ne pouvant excéder dix jours.
Dans ce délai, l'inculpé doit à nouveau comparaitre, qu’il soit ou non assisté d'un
avocat. Il est procédé comme à l'alinéa précédent.
Si le placement en détention préventive n’est pas ordonné, l'inculpé est mis d'office en
liberté.
Article 134 : Lorsque la détention préventive est ordonnée, les règles ci-après doivent être
observées :
1-En matière correctionnelle, la durée de la détention préventive est de six mois. Elle peut
néanmoins, si le maintien de la détention préventive apparaît nécessaire pour les besoins de
l’instruction, être prolongée de six mois par ordonnance motivée du juge d’instruction, rendue
après réquisitions du Procureur de la République.
L’ordonnance de soit communiqué du juge d’instruction en vue de la prolongation de la
détention doit être initiée au plus tard dans le délai de quinze jours avant l’expiration de la
première période de six mois.
Le Procureur de la République dispose d’un délai de quarante-huit heures pour ses
réquisitions.
Si pour les besoins de la Procédure, le juge d’instruction estime que l’inculpé doit demeurer en
détention au-delà d’un an, le dossier est communiqué à la chambre d’accusation qui se
prononce par un arrêt motivé rendu après réquisitions du Procureur Général, sur une nouvelle
période dont la durée est de six mois.
Le Procureur Général dispose d’un délai de quarante-huit heures pour ses réquisitions.
2-En matière criminelle, la durée de la détention préventive ne peut excéder un an.
Elle peut néanmoins être prolongée de six mois par le juge d’instruction dans les
conditions et pour les motifs spécifiés ci-dessus.
Si le juge d’instruction estime devoir maintenir l’inculpé en détention préventive au-delà
de dix-huit mois, le dossier est communiqué à la Chambre d’Accusation qui se prononce par un
arrêt motivé rendu après réquisitions du Procureur Général sur une dernière prolongation qui
ne peut excéder six mois.
Le Procureur Général dispose d’un délai de quarante-huit heures pour ses réquisitions.
Article 135 : Dans les cas prévus à l'article 134 ci-dessus, si le Procureur de la République ou
le Procureur Général ne prend pas ses réquisitions dans les délais, le Juge d’Instruction peut,
soit passer outre et prendre son ordonnance de prolongation, soit saisir directement la
chambre d’accusation.
Article 136 : Les décisions du Juge d’Instruction et de la chambre d’accusation doivent être
notifiées à l’inculpé ou son avocat avant l’expiration de la durée légale de la détention
préventive, faute de quoi l'inculpé est mis d'office en liberté sur ordre du Ministère Public.
A l'expiration de la prolongation accordée par la chambre d'accusation, l'inculpé est mis
d'office en liberté sur ordre du Ministère Public, s'il n'est détenu pour autre cause.
Dans tous les cas, l’ordre de mise en liberté d’office, dressé par le Procureur de la
République et contenant tous les renseignements sur la personne élargie, est communiqué au
Juge d’Instruction.
Tout chef ou tout agent d’établissement pénitentiaire qui a reçu du Ministère Public
l'ordre de mise en liberté prévu aux alinéas précédents et qui a retenu l’inculpé en violation de
cet ordre de mise en liberté, est poursuivi pour détention arbitraire et passible des peines
prévues par la loi.
Article 137 : Les ordonnances relatives à la prolongation de la détention préventive sont
susceptibles d'appel de la part de l'inculpé, de la partie civile, du Procureur de la République et
du Procureur Général, dans les délais et conditions prévus aux articles 171 et 172 du présent
Code.
Les arrêts de la chambre d'accusation statuant en matière de prolongation de la
détention préventive ne sont susceptibles d'aucun recours.
Article 138 : En toute matière, lorsqu'elle n'est pas de droit, la mise en liberté provisoire peut
être ordonnée par le Juge d’Instruction, sur les réquisitions du Procureur de la République, à
charge pour l'inculpé de prendre l'engagement de se présenter à tous les actes de la
procédure. Le Procureur de la République peut également la requérir à tout moment.
Le Juge d’Instruction doit statuer dans le délai de cinq jours à compter de la date de
réception des réquisitions du Procureur de la République.
Article 139 : La mise en liberté provisoire peut être demandée à tout moment au Juge
d’Instruction par l'inculpé ou son conseil dans les conditions prévues à l'article 138 ci-dessus.
Le Juge d’Instruction doit notifier, dans les vingt-quatre heures, la demande à la partie
civile, à son domicile réel ou, s’il y a lieu, au domicile élu par elle.
La partie civile peut, dans un délai de quarante-huit heures, présenter des observations.
Passé ce délai, le Juge d’Instruction communique immédiatement la procédure au Procureur
de la République, qui doit prendre des réquisitions dans les quarante-huit heures.
Le Juge d’Instruction doit statuer dans les cinq jours de la réception de la demande de
mise en liberté provisoire.
Faute par lui d'avoir statué dans ce délai, l'inculpé ou son avocat peut saisir
directement la chambre d'accusation. Celle-ci, sur les réquisitions du Procureur Général, se
prononce dans les cinq jours de sa saisine. Si la chambre d'accusation ne statue pas dans ce
délai, l'inculpé est mis d'office en liberté provisoire par le Procureur Général. Le Procureur de la
République peut également saisir, dans les mêmes conditions, la chambre d'accusation.
Article 140 : Si le Juge d’instruction estime que le maintien en détention préventive est
nécessaire pour les motifs énoncés à l’article 132 ci-dessus, il rend une ordonnance rejetant la
demande. Cette ordonnance est notifiée dans les vingt-quatre heures par le greffier à l’inculpé
et à son avocat.
S'il est fait droit à la demande de mise en liberté provisoire, l'inculpé doit, dans l'acte de
la notification qui lui est faite dans les vingt-quatre heures par le greffier, élire domicile au lieu
du siège du Juge d’Instruction.
Article 141 : La mise en liberté provisoire peut, lorsqu’elle n’est pas de droit, être subordonnée
à l’obligation de fournir un cautionnement.
Ce cautionnement, payé contre récépissé au Trésor Public, garantit :
1-la représentation de l’inculpé ;
2-le paiement dans l’ordre suivant :
-des frais de justice ;
-des frais avancés par la partie civile ;
-des amendes ;
-des restitutions et dommages-intérêts.
L’ordonnance de mise en liberté provisoire avec cautionnement détermine la somme
affectée à chacune de ces deux parties de cautionnement.
Article 142 : Si l'inculpé se présente à tous les actes de procédure et satisfait à l'exécution du
jugement, les obligations résultant du cautionnement cessent.
La première partie du cautionnement est acquise à l'Etat, si l'inculpé, sans motif
légitime, ne se présente pas à quelque acte de la procédure et pour l'exécution du jugement.
En cas de relaxe, le jugement ou l'arrêt ordonne la restitution de cette partie du
cautionnement.
De même en cas de non-lieu, le Juge d’Instruction ordonne la restitution de la deuxième
partie du cautionnement, après déduction des frais de justice.
En cas de condamnation, elle est affectée au paiement des frais de justice, y compris
les frais exposés par le greffe d’instruction, au paiement de l'amende, aux restitutions et
dommages-intérêts.
Le surplus éventuel est restitué.
Les restitutions sont faites sur certificat du Procureur de la République ou du Procureur
Général établissant que l'inculpé a satisfait à ses obligations.
Le tribunal statuant en chambre du conseil ou la chambre d’accusation est compétent
en cas de contestation.
Article 143 : La mise en liberté provisoire peut également être demandée, en tout état de
cause, par l'inculpé, l'accusé ou son avocat et en toute période de la procédure.
La juridiction de jugement, quand elle est saisie, est compétente pour statuer sur la
liberté provisoire.
Avant la réunion de la cour criminelle et dans l'intervalle des sessions criminelles, il est
statué sur la demande de liberté provisoire par la chambre d'accusation.
En cas de pourvoi et jusqu'à l'arrêt de la Cour de Cassation, il est statué sur la
demande de liberté provisoire par la juridiction qui a connu en dernier lieu de l'affaire au fond.
Si le pourvoi est formé sur un arrêt de la cour criminelle, il est statué sur la détention
par la chambre d'accusation.
En cas de décision d’incompétence, et dans les cas où aucune juridiction n'est saisie, la
chambre d'accusation connaît des demandes de mise en liberté provisoire.
Dans les cas où un inculpé ou un accusé est laissé ou mis en liberté provisoire, le Juge
d’Instruction ou la juridiction compétente peut lui assigner pour résidence un lieu d’où il ne doit
pas s'éloigner, jusqu’à décision définitive, sans autorisation expresse du Juge ou de la
juridiction.
Article 144 : Après la mise en liberté provisoire, si l'inculpé invité à comparaître ne se présente
pas ou si des circonstances nouvelles rendent sa détention nécessaire, le Juge d’Instruction
ou la chambre d'accusation saisie de l'affaire peut décerner un nouveau mandat de dépôt.
Article 145 : L'accusé renvoyé devant la cour criminelle est mis en état d'arrestation en vertu
de la décision ou de l’arrêt de renvoi devant la cour criminelle qui porte ordonnance de prise de
corps.
Toutefois, s'il a été mis en liberté provisoire ou s'il n'a jamais été détenu, le Ministère
Public peut autoriser l'accusé à se constituer prisonnier la veille de l'audience.
Article 146 : Une indemnité peut être accordée à la victime d'une détention préventive lorsque
la procédure a été clôturée à son égard par une décision de non-lieu, de relaxe ou
d'acquittement ayant acquis l’autorité de la chose jugée, et s’il est établi que cette détention lui
a causé un préjudice moral ou matériel manifestement anormal et particulièrement grave.
Une commission composée du Premier président de la Cour de Cassation, Président,
d'un magistrat du Conseil d'Etat et d'un représentant du Ministère en charge du Budget, le
Procureur Général près la Cour de Cassation assurant les fonctions du Ministère Public,
apprécie le préjudice et fixe l'indemnité correspondante.
Article 147 : La commission est saisie par voie de requête présentée par la personne qui a fait
l’objet de la détention préventive.
La requête doit être présentée dans un délai de six mois à compter de la date de la
décision de non-lieu, de relaxe ou d'acquittement ayant acquis l’autorité de la chose jugée ou à
compter de la date à laquelle l’intéressé en a eu connaissance.
Aucune réparation n’est due lorsque cette décision a pour seul fondement une amnistie
postérieure à la mise en détention préventive ou la reconnaissance de son irresponsabilité.
Les débats ont lieu en chambre du conseil. Le requérant peut être entendu
personnellement sur sa demande.
La décision rendue par la commission n'est pas motivée. Elle n'est susceptible d’aucun
recours.
Article 148 : L'indemnité visée à la présente section est à la charge de l'Etat qui peut, par
action récursoire, se retourner contre les dénonciateurs de mauvaise foi ou le faux témoin dont
la déposition aura provoqué la détention.
L'indemnité est payée sur frais de justice criminelle.
Article 149 : Le Juge d’Instruction peut déléguer, par commission rogatoire, tout autre Juge
d’Instruction ou tout officier de police judiciaire du ressort de son tribunal pour
l’accomplissement de tout acte d'information qu'il estime nécessaire dans les lieux relevant de
leur compétence.
La commission rogatoire indique la nature de l'infraction objet des poursuites. Elle
précise la mission et les actes délégués.
Elle est datée, signée par le magistrat qui la délivre et revêtue de son sceau.
Article 150 : Les Juges d’Instruction ou les officiers de police judiciaire commis, exercent dans
les limites de la commission rogatoire, tous les pouvoirs du Juge d’Instruction. Seul le Juge
commis rogatoirement peut décerner un mandat de justice.
Les procès-verbaux dressés par l’Officier de Police Judiciaire commis rogatoirement
doivent être transmis au Juge d’Instruction dans les huit jours de la fin des opérations.
Article 151 : Tout Juge d’Instruction peut, soit d'office, soit à la demande du Ministère Public,
de l'inculpé ou de la partie civile, ordonner une expertise.
L'expert exécute sa mission sous le contrôle du Juge d’Instruction ou du magistrat
commis à cet effet par la juridiction ordonnant l'expertise.
Lorsque le Juge d’Instruction estime devoir rejeter une demande d'expertise présentée
par le Ministère Public, il statue par ordonnance motivée.
Article 152 : Les experts sont choisis sur une liste d’aptitude établie chaque année sur
proposition de l’assemblée générale de la Cour d’Appel.
Les experts prêtent serment devant la Cour d’Appel de leur ressort, d’accomplir leur
mission, de faire leur rapport et de donner leur avis en leur honneur et conscience.
Ils ne renouvellent pas leur serment chaque fois qu’ils sont commis.
Les juridictions peuvent cependant, par décision motivée, choisir un expert ne figurant
pas sur la liste. Celui-ci doit prêter serment devant la juridiction qui l’a désigné.
Article 153 : Au terme de sa mission, l'expert dépose dans le délai à lui imparti son rapport au
greffe du cabinet d’instruction qui a ordonné l'expertise. Ce délai peut être prorogé par une
décision motivée rendue par le Juge d’Instruction qui a désigné l'expert.
L'inculpé et la partie civile sont avisés par le Juge d’Instruction du dépôt du rapport
d'expertise. Il leur est donné connaissance des conclusions dudit rapport.
Les parties peuvent présenter leurs observations et, le cas échéant, demander un
complément d’expertise ou une contre expertise à leurs frais. Elles peuvent être appelées aux
opérations d’expertise ou de contre expertise.
Article 154 : Les experts dont l’intervention a été requise au cours de l’instruction peuvent, en
cas de nécessité, être entendus à l’audience.
Le Président peut, soit d'office, soit à la demande du Ministère Public, des parties ou de
leurs conseils, leur poser toutes les questions relatives à leur mission.
Section 10 : Des nullités de l'information
Article 155 : En toute matière, la chambre d’accusation peut, au cours de l’information, être
saisie aux fins d’annulation d’un acte ou d’une pièce de la procédure par le Juge d’Instruction,
par le Procureur de la République, ou par les parties.
Article 156 : Il y a nullité lorsque la méconnaissance d’une formalité substantielle prévue par
une disposition du présent Code ou toute autre disposition de procédure pénale a porté atteinte
aux intérêts de la partie qu’elle concerne.
S'il apparaît au Juge d'Instruction qu'un acte ou une pièce de la procédure est
susceptible de nullité, il saisit la chambre d’accusation aux fins d’annulation après avoir pris
l’avis du Procureur de la République et avoir informé les parties.
La partie envers laquelle une formalité substantielle a été méconnue peut renoncer à
s’en prévaloir et régulariser ainsi la procédure. Cette renonciation doit être expresse. Elle ne
peut être donnée qu’en présence de l’avocat ou ce dernier dûment appelé s’il y a lieu.
Article 157 : Lorsque le Procureur de la République estime qu'il y a nullité, il requiert du Juge
d’Instruction communication de la procédure et présente la requête à la chambre d’accusation
aux fins d’annulation.
Si l’une des parties ou le témoin assisté estime qu’il y a nullité, elle saisit la chambre
d’accusation par requête motivée, dont elle adresse copie au Juge d’Instruction qui transmet le
dossier de la procédure au président de la chambre d’accusation.
Article 158 : La requête doit, à peine d’irrecevabilité, faire l’objet d’une déclaration au greffe de
la chambre d’accusation. Elle est constatée et datée par le greffier qui la signe, ainsi que le
demandeur ou son avocat. Si le demandeur ne peut signer, il en est fait mention par le greffier.
Lorsque le demandeur ou son avocat ne réside pas dans le ressort de la juridiction
compétente, la déclaration au greffe peut être faite au moyen d’une lettre recommandée avec
demande d’avis de réception.
Lorsque la personne mise en examen est détenue, la requête peut également être faite
au moyen d’une déclaration auprès du chef de l’établissement pénitentiaire. Cette déclaration
est constatée et datée par le chef de l’établissement pénitentiaire qui la signe, ainsi que le
demandeur. Si celui-ci ne peut signer, il en est fait mention par le chef de l’établissement. Ce
document est adressé sans délai, en original ou en copie et par tout moyen, au Greffe de la
chambre d’accusation.
Article 159 : La chambre d’accusation décide si l’annulation doit être limitée à l’acte ou la pièce
viciée ou si elle s’étend à tout ou partie de la procédure ultérieure.
Les actes annulés sont retirés du dossier d'information et classés au Greffe de la
chambre d’accusation.
Article 160 : Les juridictions correctionnelles ont qualité pour prononcer les nullités prévues à
la présente section.
Sous réserve du droit d’évocation de la Cour d’Appel compétente, la procédure est
renvoyée au Ministère Public pour être requis par lui ce qu’il appartiendra.
Toutefois, les juridictions correctionnelles n’ont pas qualité pour prononcer l'annulation
des procédures d'instruction, lorsque celles-ci ont été renvoyées devant elles par la chambre
d'accusation.
Si la partie entend se prévaloir d’une nullité, elle doit la relever devant la juridiction de
jugement avant toute défense au fond.
Article 161 : Lorsque la procédure est en état et avant communication au Ministère Public pour
ses réquisitions, le Juge d’Instruction doit, à peine de nullité, aviser le ou les avocats des
parties que son instruction lui paraît terminée et leur impartir un délai de cinq jours pour
présenter toute demande ou observation qu'ils jugent utiles.
Article 162 : A l’issue du délai, le Juge d’Instruction communique la procédure au Procureur de
la République.
Le Procureur de la République est tenu de lui adresser ses réquisitions dans le délai de
quinze jours.
A l’expiration de ce délai et à défaut de réquisitions, le Juge d’Instruction peut passer
outre et rendre son ordonnance de règlement.
Article 163 : Si le Juge d’Instruction estime que les faits ne constituent ni crime, ni délit, ni
contravention ou si l'auteur est resté inconnu ou s'il n'existe aucune charge contre l’inculpé, il
déclare par ordonnance qu'il n’y a pas lieu à poursuivre.
Les inculpés détenus préventivement sont mis en liberté, s'ils ne sont pas détenus pour
autre cause.
Le Juge d’Instruction statue sur la restitution des objets saisis. Il liquide les dépens et
condamne au paiement des frais de justice la partie civile si l’information a été ouverte suite à
sa constitution. La partie civile de bonne foi peut être déchargée de la totalité ou d'une partie
des frais par ordonnance spécialement motivée.
Des ordonnances de non-lieu partiel peuvent intervenir en cours d'information et au
terme de celle-ci.
Article 164 : Si le Juge d’Instruction estime que les faits constituent une contravention, il
renvoie l'inculpé devant le tribunal siégeant en matière de simple police et ordonne sa mise en
liberté, s'il n'est détenu pour autre cause.
Article 165 : Si le Juge d’Instruction estime que les faits constituent un délit, il renvoie l'inculpé
devant le Tribunal Correctionnel.
Le juge d’instruction statue dans la même ordonnance sur le maintien en détention de
l’inculpé jusqu’à sa comparution devant la juridiction de jugement, sans préjudice de
l’application des dispositions de l’article 143 du présent Code.
Article 166 : Si le Juge d’Instruction estime que les faits sont de nature à être punis d’une
peine criminelle, il ordonne que le dossier de la procédure et un état des pièces à conviction
soient transmis sans délai par le Procureur de la République au Procureur Général.
Le mandat d'arrêt ou de dépôt décerné contre l'inculpé conserve sa force exécutoire
jusqu'à ce que la chambre d'accusation ait statué sur le renvoi devant la cour criminelle, sans
préjudice des dispositions de l’article 143, alinéa 3 du présent Code.
Article 167 : Les avocats de l'inculpé et de la partie civile reçoivent, dans les quarante-huit
heures, notification par le greffier de toutes les ordonnances juridictionnelles. Cette notification
est faite par tout moyen.
Elle doit être constatée dans un procès-verbal ou par mention faite en marge de l’acte
notifié portant la date et le mode de notification. Les ordonnances de règlement sont notifiées à
l'inculpé et à son conseil dans les mêmes formes et délais.
Les ordonnances dont l'inculpé ou la partie civile peuvent interjeter appel sont notifiées
par le greffier dans les quarante-huit heures de leur signature.
Article 168 : Dans le même délai, le Procureur de la République reçoit notification par le
greffier de toutes les ordonnances rendues par le Juge d’Instruction.
Toutefois, les ordonnances non conformes aux réquisitions doivent être notifiées le jour
même où elles sont rendues, sous peine pour le greffier d'une sanction disciplinaire prononcée
par le Président du tribunal.
Article 169 : Les ordonnances de clôture du Juge d’Instruction contiennent les noms, prénoms,
âge, lieu de naissance, domicile et profession de l'inculpé, l'exposé des faits, leur qualification
légale et la déclaration qu'il existe ou non des charges suffisantes.
Article 170 : Le Juge d’Instruction est tenu d'adresser tous les mois au Procureur de la
République aux fins de transmission au Procureur Général, une fiche d'indentification de toute
nouvelle procédure d'information. Cette fiche est classée au Parquet Général.
Tous les deux mois, le Juge d’Instruction doit envoyer au Procureur de la République
aux fins de transmission au Procureur Général, une fiche des actes d'instruction pour chaque
procédure de son cabinet. Après contrôle du Procureur Général, il est fait retour de cette fiche
au Juge d’Instruction, avec des observations s'il y a lieu.
Si une information est ouverte depuis plus de six mois, le Juge d’Instruction doit
mentionner, sur la fiche des actes d'instruction, toutes les circonstances qui ont été de nature à
retarder la clôture de l'information.
En cas d'inobservation des dispositions ci-dessus, le Juge d’Instruction est passible
de sanctions disciplinaires prévues par les textes en vigueur.
Article 175 : L'inculpé qui a bénéficié d'une décision de non-lieu ne peut être recherché ni
poursuivi à l'occasion des mêmes faits à moins qu'il ne survienne des charges nouvelles.
Article 176 : Sont considérées comme charges nouvelles les déclarations des témoins, pièces,
procès-verbaux qui, n'ayant pu être soumis à l'examen du Juge d’Instruction, sont cependant
de nature, soit à conforter les charges qui auraient été trouvées trop faibles, soit à donner aux
faits de nouveaux développements utiles à la manifestation de la vérité.
Article 177 : Il appartient au Ministère Public seul de décider, dans les limites de la prescription
de l'action publique, s'il y a lieu de requérir la réouverture de l'information sur charges
nouvelles.
Article 209 : La cour criminelle a plénitude de juridiction pour juger les personnes renvoyées
devant elle par la décision de mise en accusation prise en application des articles 67, 70 alinéa
2 et 197 du présent Code. Elle ne peut connaitre d’aucune autre accusation.
La cour criminelle tient ses assisses au siège de la Cour d’Appel Judiciaire.
Lorsque les circonstances l’exigent, elle peut se transporter au siège d'un tribunal du
ressort.
Chapitre II : De l'organisation et de la procédure
Section 1 : De l’organisation
Article 210 : Chaque session de la cour criminelle est fixée tous les trois mois de l'année
judiciaire par ordonnance du Président de la Cour d’Appel Judiciaire, sur proposition du
Procureur Général. Cette ordonnance fixe également la date d'ouverture de la session.
En cas de nécessité, la cour criminelle peut siéger en session extraordinaire fixée dans
les mêmes conditions.
Le rôle de la session est arrêté par le Président de la Cour d’Appel sur proposition du
Procureur Général.
Article 211 : La cour criminelle est composée de trois magistrats, quatre jurés et d’un greffier.
Le Ministère Public est assuré par le Procureur Général ou par l’un de ses avocats
généraux ou substituts généraux.
Article 212 : Les fonctions du Ministère Public sont exercées dans les conditions fixées aux
articles 34 et 35 du présent Code.
Toutefois, le Procureur Général peut déléguer auprès d’une cour criminelle un magistrat
du Ministère Public du ressort de la Cour d’Appel.
Article 213 : La cour criminelle est, à l'audience, assistée d'un greffier.
Au siège de la Cour d’Appel Judiciaire, les fonctions de greffier sont exercées par le
Greffier en Chef ou un greffier de la Cour d’Appel Judiciaire.
Lors des audiences foraines, les fonctions de greffier sont exercées par le Greffier en
Chef ou un greffier du tribunal du ressort où siège la cour criminelle.
Article 214 : La cour criminelle en formation de jugement comprend un Président et deux
assesseurs assistés de quatre jurés.
Le Président et les assesseurs sont désignés par ordonnance du Premier Président de
la Cour d’Appel pour chaque session.
Article 215 : Les actes préparatoires à la tenue des sessions de la cour criminelle sont
effectués par le Premier Président de la Cour d’Appel ou par le Président de Chambre désigné
à cet effet.
En cas d'empêchement survenu avant l'ouverture de la session, le Président de la
session criminelle est remplacé par ordonnance du Premier Président de la Cour d’Appel
Judiciaire.
Si un empêchement survient au cours de la session, le Président de la session
criminelle est remplacé par l’assesseur le plus ancien dans le grade le plus élevé.
Article 216 : Au siège de la Cour d’Appel Judicaire, les magistrats composant les formations
de jugement sont désignés par le Premier Président, pour la présidence, parmi les présidents
de Chambre de la Cour, pour les assesseurs, parmi les présidents de Chambre ou les
conseillers de la Cour d’Appel ou, à titre exceptionnel, parmi les magistrats du siège des
tribunaux du ressort.
Lorsque la cour criminelle se transporte au siège d'un tribunal du ressort, les
assesseurs sont désignés, soit parmi les présidents de chambre ou les conseillers de la Cour
d’Appel Judiciaire, soit parmi les magistrats du siège de ce tribunal ou, à titre exceptionnel,
parmi les magistrats d'un autre tribunal du ressort.
Les assesseurs sont désignés par le Premier Président de la Cour d’Appel pour la
durée de la session dans les mêmes formes que le Président.
Article 217 : En cas d'empêchement survenu avant l'ouverture de la session, ces magistrats
sont remplacés par ordonnance du Premier Président de la Cour d’Appel.
En cas d'empêchement survenu en cours de session, le président de la formation est
remplacé par le président de Chambre ou le conseiller de la Cour d’Appel le plus ancien. Les
autres magistrats sont remplacés par leurs collègues de même rang.
Article 218 : Ne peuvent faire partie de la cour criminelle en qualité de président ou
d’assesseurs, les magistrats qui, dans l'affaire soumise à la Cour ont, soit fait un acte de
poursuite ou d'instruction, soit participé à l'arrêt de renvoi de l'accusé.
Article 219 : Les quatre jurés qui complètent chaque formation de la cour criminelle, sont
désignés conformément aux dispositions des articles 230 à 237 du présent Code.
Article 220 : Au début de chaque année judiciaire, les Procureurs de la République établissent
chacun une liste de cinquante noms de citoyens habitant dans leur ressort et susceptibles
d’être désignés comme jurés.
Les listes établies par les Procureurs de la République contiennent tous les
renseignements nécessaires sur ces personnes, lesquelles doivent être âgées de trente-cinq
ans au moins et de soixante-quinze ans au plus. Elles doivent savoir parler et écrire le français
et être de bonne moralité.
Ces listes sont adressées à la Cour d’Appel Judiciaire du ressort qui, après en avoir
délibéré en assemblée générale, retient vingt-cinq noms par liste et pour chaque ressort de
tribunal.
Les jurés sont désignés dans chaque ressort de tribunal par la voie du tirage au sort
dans les conditions fixées au présent Code.
Article 221 : Sont incapables d'être jurés :
-les individus qui ont été condamnés à une peine d'emprisonnement pour un crime ou un délit
et non réhabilités légalement ou judiciairement, à l'exception de ceux condamnés pour délit non
intentionnel ;
-ceux qui sont en état d'arrestation, sous mandat de dépôt ou d'arrêt ;
-les agents publics révoqués de leurs fonctions ;
-les officiers ministériels destitués ;
-les aliénés, interdits ou internés, ainsi que les individus placés sous protection judiciaire ;
-les faillis non réhabilités dont la faillite a été déclarée soit par un jugement gabonais, soit par
un jugement rendu à l'étranger, mais exécutoire au Gabon ;
-ceux auxquels les fonctions de juré ont été interdites par décision de justice ;
-les parents ou alliés, à quelque degré que ce soit, de l'accusé, de la victime ou des parties
ayant un intérêt dans la cause ;
-les ministres du culte.
Article 222 : Les fonctions de juré sont, en outre, incompatibles avec celles énumérées ci-
après :
-membre du Gouvernement ou d'une assemblée parlementaire ;
-Secrétaire Général du Gouvernement ou d'un ministère, directeur ou chef de cabinet d'un
membre du Gouvernement, magistrat de l'ordre judiciaire, administratif ou financier en activité ;
-militaire en activité ou en service détaché.
Nul ne peut être juré dans une affaire où il a accompli un acte de police judiciaire ou
d'instruction ou dans laquelle il est témoin, interprète, dénonciateur, expert, plaignant ou partie
civile.
Section 2 : De la procédure
Article 223 : Dès que l'arrêt ou la décision de renvoi du Procureur Général lui a été notifié,
l'accusé, s'il est détenu, est transféré dans la prison du lieu où va siéger la cour criminelle.
Article 224 : Si l'affaire ne peut être jugée au siège de la Cour d’Appel, le dossier de la
procédure est transmis par le Procureur Général au Procureur de la République près le
Tribunal de Première Instance où siège la cour criminelle.
Article 225 : A peine de nullité, le Ministère Public notifie à l’accusé la date à laquelle il doit
comparaître devant la cour criminelle, quinze jours au moins avant la date d’ouverture de la
session.
Quinze jours au moins avant la date d’ouverture de la session, le Ministère Public
notifie aux personnes concernées qu’elles figurent sur la liste annuelle des jurés. Cette
notification contient sommation d'avoir à se présenter au jour, heures et lieu indiqués pour
l’ouverture de chaque audience de la session.
Article 226 : Le Premier Président de la Cour d’Appel Judiciaire ou le magistrat qu’il délègue
interroge l'accusé huit jours au moins avant l’ouverture de la session criminelle.
Conformément aux dispositions du présent Code et si l’accusé est en détention
préventive, le Président l’interroge sur son identité et s'assure que celui-ci a bien reçu
notification de l'arrêt ou de la décision de renvoi.
Lorsque l'accusé n'a pas fait le choix d'un défenseur, il lui en est commis un d'office par
le Président, sur proposition du Bâtonnier ou de son représentant, parmi les avocats inscrits au
Barreau National.
Si l'accusé est en liberté et ne défère pas à la convocation qui lui a été adressée par le
Président pour être interrogé, le Ministère Public fait exécuter l’ordonnance de prise de corps. Il
est procédé à son interrogatoire après son arrestation.
Article 227 : Les débats ne peuvent s'ouvrir moins de huit jours après l'interrogatoire de
l'accusé par le Premier Président de la Cour d’Appel Judiciaire ou le magistrat délégué.
L'accusé communique librement avec son conseil.
Ce dernier peut demander communication de toutes les pièces du dossier, sans que
cette communication puisse retarder la poursuite de la procédure.
Article 228 : Le Ministère Public notifie à l'accusé et s'il y a lieu à la partie civile, trois jours au
moins avant l'ouverture des débats, la liste des personnes qu'il désire faire entendre en qualité
de témoins.
Les citations faites à la requête des parties sont aux frais de celles-ci, de même que les
indemnités des témoins cités, si ces derniers demandent à être indemnisés.
Article 229 : Les accusés incarcérés dans la prison du siège de la cour criminelle après
l'ouverture de la session criminelle ne peuvent être jugés au cours de ladite session que
lorsqu'ils y consentent.
Article 230 : Au lieu, jour et heure fixés pour chacune des affaires inscrites au rôle de la
session criminelle, le greffier audiencier procède à l'appel, pour le tirage au sort, des vingt-cinq
jurés inscrits sur la liste annuelle.
Le Président dispose, un à un, dans une urne après les avoir lus à haute et intelligible
voix, les bulletins portant les noms de chacun des jurés présents.
Article 231 : Le tirage au sort a lieu, à peine de nullité, au début de chaque audience, en
présence du Ministère Public, de l’ensemble des jurés inscrits sur la liste annuelle, des accusés
et de leurs conseils, et, le cas échéant, des interprètes qui doivent prêter le serment prévu à
l’article 110 du présent Code.
Article 232 : L'accusé ou son conseil d'abord, le Ministère Public ensuite, récusent tels jurés
qu'ils jugent à propos à mesure que leurs noms sortent de l'urne. L'accusé, son conseil et le
Ministère Public n’ont pas à faire connaitre les motifs de leur récusation.
L'accusé ne peut récuser plus de trois jurés, le Ministère Public plus de deux.
S'il y a plusieurs accusés, ils peuvent se concerter pour exercer leurs récusations. Ils
peuvent aussi les exercer séparément. Dans l'un et l'autre cas, ils ne peuvent excéder le
nombre de récusations déterminé pour un seul accusé.
Article 233 : Le Jury est constitué lorsque le Président a tiré au sort les noms des quatre jurés
titulaires et de deux jurés suppléants qui assistent avec la Cour à tous les débats.
Article 234 : En cas d'empêchement au cours du jugement de l’affaire les jurés titulaires sont
remplacés par les suppléants.
Le remplacement se fait dans l'ordre du tirage au sort.
Article 235 : Au début de chaque audience, après le tirage au sort et avant de prendre leurs
fonctions, les jurés titulaires et les jurés suppléants prêtent le serment suivant, lu par le
Président :
« Vous jurez et promettez devant Dieu et devant les hommes, d'examiner avec l'attention la
plus scrupuleuse l'affaire Ministère Public contre X, de n'écouter ni la haine, ni la méchanceté,
ni la crainte ou l’affection, de ne vous décider que d’après les charges, les moyens de défense
et les dispositions des lois, suivant votre conscience et votre intime conviction, avec
l'impartialité et la fermeté qui conviennent à un homme probe et libre et de conserver le secret
des délibérations même après la cessation de vos fonctions ».
Chacun des jurés debout, appelé individuellement par le Président, répond en levant la
main droite nue et levée : « Je le jure ».
Article 236 : Après la prestation de serment, le Ministère Public entendu, les jurés sont
installés et le Président déclare la cour criminelle définitivement constituée.
Article 237 : Toute personne inscrite sur la liste annuelle des jurés qui, sans motif légitime, n'a
pas déféré à la sommation à elle faite dans les conditions du présent Code est condamnée par
la cour criminelle à une amende de 20 000 francs au moins.
Est passible d’une amende de 50 000 francs au moins, tout juré qui se retire avant
l'expiration de ses fonctions, sans une excuse jugée valable par la cour criminelle.
Article 238 : La procédure en matière correctionnelle est applicable devant la cour criminelle,
sous réserve des dispositions ci-après.
Article 239 : Sauf en cas de refus de se faire assister, la présence d'un défenseur auprès de
l'accusé est obligatoire devant la cour criminelle.
Si le défenseur choisi ou désigné ne se présente pas, le Président en commet un autre
d'office.
L'accusé comparaît sans entraves et seulement accompagné de gardes pour prévenir
son évasion.
Article 240 : Le Président ordonne au greffier de donner lecture de la liste des témoins et des
experts appelés par le Ministère Public, par l'accusé et, s'il y a lieu, par la partie civile.
Article 241 : Les témoins et les experts s’étant retirés dans la chambre qui leur est destinée, le
Président invite l'accusé à écouter avec attention la lecture de l'arrêt de renvoi. Il ordonne au
Greffier de lire cet arrêt à haute et intelligible voix.
Article 242 : Le Président de la cour criminelle est investi d'un pouvoir discrétionnaire en vertu
duquel il peut, en son âme et conscience, prendre toutes mesures qu'il juge utiles à la
manifestation de la vérité.
Il peut, au cours des débats, appeler, au besoin par mandat d'amener, et entendre toute
personne ou verser toute nouvelle pièce qu’il estime utile à la manifestation de la vérité.
Les témoins appelés dans cette forme ne prêtent pas serment et leurs déclarations ne
sont enregistrées qu'à titre de simples renseignements.
Article 243 : Le Président interroge l’accusé et reçoit ses déclarations.
Les témoins déposent séparément l’un de l’autre dans l’ordre établi par le Président.
Sur la demande du Président, ils doivent décliner leurs noms, prénoms, profession,
domicile et s’ils sont parents ou alliés de l’accusé ou de la partie civile.
Avant leur déposition, les témoins prêtent le serment de parler sans haine et sans
crainte, de dire toute la vérité, rien que la vérité.
Les magistrats, membres de la Cour, et les jurés peuvent poser des questions aux
accusés et aux témoins par l'intermédiaire du Président de la cour criminelle.
Ils ont l'obligation de ne pas manifester leur opinion.
Article 244 : Le Président assure la police de l'audience et la direction des débats.
Le Ministère Public peut, avec l'accord du Président, poser directement des questions
aux accusés, aux témoins et aux parties civiles, aux experts et à toute personne susceptible de
contribuer à la manifestation de la vérité.
L'accusé, la partie civile ou leurs conseils peuvent poser par l'intermédiaire du
Président des questions aux autres personnes visées à l’alinéa ci-dessus.
Article 245 : Le Ministère Public peut prendre au cours des débats des réquisitions orales ou
écrites sur lesquelles la Cour composée des seuls magistrats professionnels statue
immédiatement. Si la Cour ne fait pas droit aux réquisitions, l'instruction à l'audience se
poursuit.
Les arrêts rendus sur incidents, le Ministère Public, les parties ou leurs conseils ayant
été entendus au préalable, ne peuvent être attaqués par la voie de recours en cassation qu'en
même temps que l'arrêt sur le fond.
Au terme de l’instruction à l’audience, sont entendus successivement la partie civile ou
son conseil, le Ministère Public en ses réquisitions, le conseil de l’accusé. L’accusé a toujours
la parole en dernier.
Les débats ne peuvent être interrompus. Ils doivent continuer jusqu'à ce que soit
prononcé l'arrêt de la cour criminelle. Ils peuvent toutefois être suspendus pour le temps
nécessaire au repos des Juges et de l'accusé.
Article 246 : Les débats terminés, le Président doit en prononcer la clôture avant que les
magistrats de la Cour et les jurés ne se retirent dans la chambre des délibérations.
Ils ne peuvent en sortir qu'après avoir pris leur décision.
Sous-section 3 : Du jugement
Article 247 : Les jurés ont voix délibérative sur la culpabilité et l'application de la peine. La
condamnation est prononcée à la majorité des voix.
Les magistrats professionnels statuent seuls sur les questions de compétence, les
incidents de droit et de procédure.
Article 248 : Lorsque la cour criminelle prononce une peine correctionnelle, elle peut, par
décision motivée et conformément aux dispositions du Code Pénal, ordonner qu’il soit sursis à
l’exécution de la peine.
La cour criminelle délibère également sur les peines accessoires ou complémentaires.
Article 249 : Si le fait retenu contre l'accusé n’est pas ou n’est plus réprimé par la loi pénale,
ou si l'accusé est déclaré non coupable, la cour criminelle prononce son acquittement.
Si l'accusé bénéficie d'une excuse absolutoire, la cour criminelle prononce son
absolution.
L'accusé absout ou acquitté est mis immédiatement en liberté, s'il n'est détenu pour
autre cause.
Aucune personne acquittée ne peut plus être reprise ou accusée à raison des mêmes
faits, même sous une qualification différente.
Article 250 : S'il résulte des débats que le fait comporte une qualification légale autre que celle
donnée par l'arrêt de renvoi, la cour criminelle statue sur la nouvelle qualification.
Article 251 : Après avoir prononcé l'arrêt, le Président avertit le condamné de son droit de se
pourvoir en cassation. Il lui fait connaître qu'il a un délai de cinq jours francs après le prononcé
de l'arrêt pour se pourvoir et que, passé ce délai, son pourvoi n’est plus recevable.
Article 252 : Après s'être prononcée sur l'action publique, la cour criminelle composée des
seuls magistrats statue sur les demandes de dommages-intérêts réclamés par la partie civile
contre l'accusé, les parties et le Ministère Public ayant été entendus.
Article 253 : La partie civile, dans le cas d'acquittement comme dans celui d'absolution, peut
demander réparation du dommage résultant de la faute de l'accusé, telle qu'elle résulte des
faits objet de l'arrêt de renvoi.
Article 254 : La cour criminelle peut ordonner d'office la restitution des objets placés sous main
de justice. En cas de condamnation, cette restitution n'a lieu qu'après que le bénéficiaire a
justifié que le condamné a laissé passer le délai pour se pourvoir en cassation ou, s'il s'est
pourvu, que l'affaire est définitivement jugée.
Lorsque la décision de la cour criminelle est devenue définitive, la chambre
d'accusation est compétente pour ordonner, s'il y a lieu, la restitution des objets placés sous
main de justice.
Article 255 : Tout arrêt de la cour criminelle doit être motivé.
Article 256 : La minute de l'arrêt rendu par la cour criminelle est signée par le Président et le
greffier.
Les minutes des arrêts rendus par la cour criminelle sont réunies et déposées au rang
des minutes au greffe de la Cour d’Appel Judiciaire.
Article 258 : Si le condamné se constitue prisonnier ou s'il vient à être arrêté avant l'expiration
du délai de prescription de l'infraction, l'arrêt de condamnation par contumace est anéanti de
plein droit. Il est procédé à des nouveaux débats en la forme ordinaire.
Article 259 : Dans le cas prévu à la présente sous-section, si pour quelque cause que ce soit,
les témoins cités ne peuvent être présents aux débats, leurs dépositions écrites et, s'il est
nécessaire, les réponses écrites des autres accusés du même crime sont lues à l'audience. Il
en est de même de toutes les autres pièces qui sont jugées utiles à la manifestation de la
vérité.
Article 260 : Le contumax qui, après s'être présenté, obtient son renvoi des faits de la
poursuite est condamné aux frais occasionnés par la procédure de défaut, à moins qu'il n'en
soit dispensé par la cour criminelle.
Article 261 : Le recours en cassation contre les arrêts rendus par contumace par la cour
criminelle n'est ouvert qu'au Procureur Général et à la partie civile, pour ce qui la concerne.
Article 274 : Sous réserve des dispositions contraires prévues par la loi, les contraventions
peuvent donner lieu au paiement d'une amende forfaitaire soit entre les mains de l'agent
verbalisateur, soit entre les mains de l’agent du Trésor public.
Article 275 : Le montant de l'amende forfaitaire est fixé à 10.000 francs. Il pourra être révisé
par voie réglementaire. Le versement de cette amende éteint l'action publique.
L'agent verbalisateur est tenu de délivrer au contrevenant une quittance détachée d'un carnet à
souches conforme au modèle réglementaire.
Article 276 : Il ne peut y’avoir lieu à paiement d'une amende forfaitaire :
-si la contravention constatée expose son auteur, soit à la réparation des dommages causés
aux personnes ou aux biens, soit aux peines qui s'attachent à la récidive ;
-si la contravention est connexe à un délit ou à un crime ;
-si la contravention est prévue et réprimée par la législation forestière ou par le Code du Travail
ainsi que dans les cas où une législation particulière a exclu la procédure de l'amende
forfaitaire ;
-si le contrevenant s’y oppose.
Article 277 : Sauf dans le cas de paiement effectif de l'amende forfaitaire, l'agent verbalisateur
rédige un procès-verbal dans les formes légales.
Ce procès-verbal est transmis au Procureur de la République compétent.
Article 278 : Le procès-verbal constatant l'infraction est soumis au Président du Tribunal de
Première Instance ou au magistrat qui le supplée.
S'il y a lieu à poursuivre et si le Juge estime qu'une sanction pécuniaire est insuffisante,
il renvoie le Ministère Public à mieux se pourvoir et le contrevenant est jugé selon la procédure
ordinaire.
Si le Juge estime que seule l'amende doit être prononcée, il rend une ordonnance où
sont visés les textes qui prévoient et répriment l'infraction, il fixe le montant de l'amende ainsi
que le délai dans lequel l'ordonnance doit être notifiée.
Article 279 : L'ordonnance rendue sans frais est notifiée par la voie administrative au
contrevenant qui est libre d'acquiescer ou de déclarer son opposition, laquelle est alors
mentionnée sur la pièce constatant la notification.
Si le contrevenant déclare faire opposition, il est traduit devant le tribunal suivant la
procédure ordinaire.
Article 280 : Si le contrevenant acquiesce, il verse immédiatement le montant de l'amende
entre les mains de l'agent du Trésor public, ou s'il n'en existe pas dans la localité, entre les
mains de l'agent qui a opéré la notification. Dans tous les cas, il est délivré au contrevenant
une quittance constatant le paiement. Une copie de la quittance est adressée avec
l'ordonnance au Juge qui a rendu celle-ci, pour classement au greffe.
Lorsque le contrevenant ayant acquiescé n'est pas en mesure de s'acquitter du
montant de l'amende, immédiatement ou dans les délais qui lui sont impartis, l'ordonnance a
force exécutoire et est renvoyée au magistrat du Ministère Public pour que soit exercée la
contrainte par corps.
Article 281 : Sont privés du droit de faire opposition à l’ordonnance arbitrale :
-les contrevenants absents à l'adresse indiquée par eux au procès-verbal qui, convoqués, ne
se présentent pas dans les délais d'un mois ;
-les contrevenants qui ont indiqué une adresse inexacte.
Dans les deux cas, l'ordonnance a force exécutoire et est recouvrée conformément aux
dispositions du présent Code.
Article 282 : Lorsqu'elles sont délivrées par l'agent qui notifie les ordonnances, les quittances
sont détachées d'un registre à souches côté et paraphé avant tout usage par l'agent du Trésor
public. Ce registre est soumis les cinq premiers jours de chaque mois, au visa de l'agent du
Trésor public et le versement des recettes est effectué en même temps.
Article 283 : Il est tenu au greffe de chaque tribunal un registre spécial des ordonnances
arbitrales où sont mentionnées pour chaque contrevenant, la nature et la date de la décision, le
montant de l'amende prononcée et, s'il y a lieu, le recouvrement effectué dans les conditions
sus-indiquées.
La décision arbitrale acceptée et exécutée est prise en compte pour l'application des
règles de la récidive.
Article 284 : L'individu, arrêté en état de flagrant délit au sens de l'article 51 du présent Code,
pour un fait puni de peines correctionnelles est déféré immédiatement devant le Procureur de
la République qui l'interroge et, peut le placer sous mandat de dépôt dans l’attente de sa
comparution devant le tribunal.
Article 285 : Le Procureur de la République l’avise de son droit de réclamer un délai pour
préparer sa défense. Mentions de l'avis et de la réponse sont faites dans le procès-verbal
d'interrogatoire.
Si l'inculpé demande un délai, le Procureur de la République fixe l’audience dans un
délai minimum de trois jours à quinze jours maximum.
Si l’inculpé renonce à ce droit, il est traduit devant le tribunal à la plus prochaine audience qui
ne saurait intervenir au-delà de sept jours.
Les dispositions du présent article sont prescrites à peine de nullité.
Article 286 : Les témoins sont cités par tous moyens par tout Officier de Police Judiciaire ou
agent de la force publique. Il en est fait mention au procès-verbal. Les témoins sont tenus de
comparaître sous peine des sanctions prévues à l'article 109 du présent Code.
Article 287 : S’il estime que l'affaire n'est pas en état de recevoir jugement, le tribunal ordonne
le renvoi à l'une de ses plus prochaines audiences pour complément d’information et, s'il y a
lieu, met l'inculpé en liberté provisoire.
Article 288 : Le prévenu est jugé au plus tard dans les trente jours de la première audience
même à défaut de production de casier judiciaire, faute de quoi, l’affaire est renvoyée à
l’audience ordinaire et le prévenu est mis en liberté d’office, s’il n’est pas détenu pour autre
cause.
Sous-section 1 : De la composition
Article 289 : Le tribunal correctionnel statue en formation collégiale de trois membres. Il est
présidé par le Président ou le Vice-président du Tribunal de Première Instance ou par l'un des
Juges du tribunal.
Les fonctions du Ministère Public sont exercées par le Procureur de la République près
le tribunal, les Procureurs de la République adjoints ou par les substituts.
Les fonctions de greffier sont exercées par le Greffier en Chef ou par l'un des greffiers
du Tribunal.
Lorsque plusieurs audiences ont été consacrées à la même affaire, les Juges qui ont
concouru à la décision sont présumés avoir assisté à toutes ces audiences.
Article 290 : Le tribunal correctionnel peut siéger à Juge unique si, par suite d’un
empêchement dûment établi, il ne peut se constituer en formation collégiale.
Article 291 : Le nombre des audiences correctionnelles est déterminé par le Président du
Tribunal de Première Instance qui fixe, en début d'année judiciaire, après avis de l'assemblée
générale, les dates et heures des audiences qui seront tenues périodiquement.
En cas de nécessité, le nombre des audiences peut être modifié dans les mêmes
conditions en cours d'année.
Article 292 : L'audience de simple police peut être distincte de l'audience correctionnelle.
Si elle est distincte de l’audience correctionnelle, elle peut être tenue le même jour.
Article 293 : Les présidents des tribunaux de première instance ou les magistrats du siège
qu'ils désignent peuvent tenir des audiences foraines dans le ressort de leurs juridictions
respectives.
Un tableau des audiences foraines est dressé en début d'année judiciaire par le
Président du Tribunal de Première Instance, après avis de l'assemblée générale. Ce tableau
indique les lieux et dates de ces audiences.
Il peut être tenu, si les nécessités de service l'exigent, d'autres audiences foraines en
dehors de celles déterminées par le tableau visé ci-dessus.
Article 294 : En cas d’empêchement du greffier, celui-ci est remplacé par un greffier ad hoc qui
prête le serment des greffiers.
Article 295 : Si l’affaire n’est pas en état de recevoir jugement, les dispositions du présent
Code sont applicables.
Article 296 : Les jugements rendus en audience foraine sont transcrits sans délai par le greffier
sur un registre spécial qui contient les énonciations ordinaires des déclarations des parties et
des dépositions des témoins.
Article 297 : A titre exceptionnel, le Premier Président de la Cour d’Appel Judicaire peut, à la
requête du Procureur Général, désigner par ordonnance, un magistrat d'une juridiction de
première instance pour tenir des audiences foraines en dehors du ressort de cette juridiction,
en lieu et place du magistrat normalement compétent.
Ce magistrat procède dans les formes et conditions ci-dessus établies.
Les jugements rendus sont immédiatement transmis au greffe de la juridiction dont
dépend la localité où s'est tenue l'audience foraine. Ils sont classés au rang des minutes par le
greffier qui en fait mention sur le registre des audiences foraines.
Article 304 : Le Président constate l'identité du prévenu et lui donne connaissance de l'acte qui
a saisi le tribunal. Il constate aussi, s'il y a lieu, la présence ou l'absence de la personne
civilement responsable, de la partie civile, des témoins et éventuellement des experts et
interprètes.
Article 305 : Lorsque le prévenu ne parle pas suffisamment en langue française ou s'il est
nécessaire de traduire un document versé aux débats, le Président désigne d'office, un
interprète ayant déjà atteint la majorité civile, et lui fait prêter le serment prévu à l'article 110
alinéa 3 du présent Code.
Le Ministère Public, le prévenu et la partie civile peuvent récuser l'interprète en
motivant leur récusation. Le tribunal se prononce sur cette récusation et sa décision n'est
susceptible d'aucun recours.
L'interprète ne peut, même avec le consentement du prévenu ou du Ministère Public,
être pris parmi les juges composant le tribunal, le greffier qui tient la plume à l'audience, les
parties et les témoins.
Article 306 : Si le prévenu est sourd-muet et ne sait pas écrire, le Président désigne d'office,
en qualité d'interprète, la personne connue comme ayant l'habitude de converser avec lui.
Les autres dispositions de l'article ci-dessus s'appliquent au prévenu sourd-muet.
Dans le cas où le prévenu sourd-muet sait écrire, le greffier écrit les questions ou
observations qui lui sont faites. Elles sont remises au prévenu qui donne par écrit ses
réponses, lecture du tout étant faite par le greffier.
Article 307 : Au jour indiqué pour la comparution à l'audience, le prévenu en état de détention
y est conduit par la force publique ou les agents de la sécurité pénitentiaire.
Article 308 : Le prévenu régulièrement cité à personne doit comparaître à moins qu'il ne justifie
son absence par une excuse admise par le tribunal.
Le prévenu a la même obligation, lorsqu'il est établi que, bien que n'ayant pas été cité à
personne, il a eu connaissance de la citation régulière le concernant, dans le cas prévu par les
dispositions de l'article 439 du présent Code.
Si les conditions sont remplies, le jugement est réputé contradictoire à l'égard du prévenu.
Article 309 : Le prévenu cité pour une infraction passible d'une peine d’amende ou d'une peine
d'emprisonnement inférieure à deux ans, peut, par lettre adressée au Président et qui sera
jointe au dossier de la procédure, demander à être jugé en son absence.
En son absence, il peut être représenté par son conseil.
Toutefois, si le tribunal estime la comparution du prévenu en personne nécessaire, il est
procédé à une nouvelle citation, à la diligence du Ministère Public, pour une audience dont la
date est fixée par le tribunal.
Le jugement est réputé contradictoire à l'égard du prévenu qui ne répondrait pas à cette
citation.
Il en est de même dans le cas prévu à l'alinéa 1er du présent article.
Article 310 : Les jugements réputés contradictoires doivent être signifiés à personne pour faire
courir le délai d'appel.
Article 311 : Si la citation n'a pas été délivrée à la personne du prévenu et s'il n'est pas établi
que celui-ci a eu connaissance de la citation, la décision, en cas de non-comparution du
prévenu, est rendue par défaut.
Article 312 : Les dispositions relatives aux intérêts civils de la victime sont applicables chaque
fois que le débat sur le fond de la prévention n’est pas abordé et spécialement quand le débat
ne porte que sur les intérêts civils.
Article 313 : La personne civilement responsable peut toujours se faire représenter par un
conseil. Le jugement est alors contradictoire à son égard.
Article 314 : Si le prévenu ne peut, en raison de son état de santé, comparaître devant le
tribunal et s'il n’existe des raisons graves de ne point différer le jugement, le tribunal ordonne,
par décision spéciale et motivée, que le prévenu, éventuellement assisté de son conseil, sera
entendu à son domicile, au sein d’un établissement sanitaire ou à la prison s’il est détenu, par
un magistrat commis à cet effet, accompagné d’un greffier.
Il est dressé procès-verbal de cet interrogatoire. Le débat est repris après citation
nouvelle du prévenu et les dispositions relatives aux intérêts de la victime sont applicables,
quelle que soit la peine encourue. Dans tous les cas, le jugement est contradictoire à l’égard du
prévenu.
Article 315 : Les parties citées à comparaitre peuvent elles-mêmes assurer leur propre
défense, tout comme elles ont la faculté de se faire assister par un conseil.
Le conseil ne peut être choisi que parmi les avocats inscrits au Barreau National.
Les avocats inscrits à d’autres barreaux peuvent plaider devant les juridictions
gabonaises, si l’Etat dont ils sont originaires est lié au Gabon par une convention de
réciprocité.
L’assistance d’un conseil est obligatoire si le prévenu est atteint d’une infirmité de
nature à compromettre sa défense ou lorsqu’il est en état de minorité pénale. A défaut de choix
par le prévenu, le conseil est désigné d’office par le Bâtonnier ou conformément à la législation
sur la minorité pénale.
Article 316 : Toute personne qui, conformément aux dispositions des articles 11 et suivants du
présent Code prétend avoir été lésée par un délit, peut, si elle ne l’a déjà fait, se constituer
partie civile en réparation du préjudice qui lui a été causé.
Article 317 : A l’audience, la constitution de partie civile peut se faire, soit par déclaration
consignée par le greffier, soit par le dépôt de conclusions. Elle doit, à peine d’irrecevabilité,
intervenir avant les réquisitions du Ministère Public sur le fond.
La personne qui s’est constituée partie civile ne peut être entendue comme témoin.
L’irrecevabilité de la constitution de partie civile peut être soulevée in limine litis par le
Ministère Public, le prévenu, le civilement responsable ou une autre partie civile. Dans ce cas,
le tribunal se prononce avant tout débat au fond.
Article 319 : La partie civile peut toujours se faire représenter par un avocat. Dans ce cas, le
jugement est contradictoire à son égard.
Article 320 : La partie civile, régulièrement citée ou avisée, qui ne comparaît pas, n’est pas
représentée à l’audience ou ne fournit pas une excuse valable, est considérée comme se
désistant de sa constitution.
Dans ce cas, si l’action civile n’a été mise en mouvement que par la citation directe
délivrée à la requête de la partie civile, le tribunal ne statue sur ladite action que s’il est requis
par le Ministère Public, sauf au prévenu de demander des dommages-intérêts pour procédure
abusive.
Dans tous les cas, la partie civile peut être condamnée au paiement des frais de
procédure.
Article 321 : Le désistement de la partie civile ne fait pas obstacle à l’exercice de l’action civile
devant la juridiction compétente.
Article 322 : Sauf disposition contraire de la loi, la culpabilité peut être établie par tout mode de
preuve et le juge décide d’après son intime conviction.
Le tribunal ne peut fonder sa décision que sur des preuves qui lui sont apportées au
cours des débats et contradictoirement discutées devant lui.
L’aveu, comme tout élément de preuve, est laissé à la libre appréciation des Juges.
Article 323 : Tout procès-verbal ou rapport n’a de valeur probante que s’il est régulier en la
forme, si son auteur a agi dans l’exercice de ses fonctions et a rapporté sur une matière de sa
compétence ce qu’il a entendu ou constaté personnellement.
Article 324 : Les procès-verbaux et rapports des officiers et agents de police judiciaire font foi
jusqu'à preuve contraire fournie par écrit ou par témoignage.
Article 325 : Si le tribunal estime qu’une expertise est nécessaire, il est procédé comme il est
prévu par les dispositions des articles 151 à 154 du présent Code.
Article 326 : Les témoins sont cités conformément aux dispositions du présent Code.
Article 327 : Après avoir procédé à la vérification des identités des parties, le Président
ordonne aux témoins de se retirer dans la chambre qui leur est destinée. Ils n’en sortent que
pour déposer.
Le Président prend, s’il est besoin, toutes mesures utiles pour empêcher les témoins de
se concerter entre eux avant leurs dépositions.
Article 328 : Toute personne citée pour être entendue comme témoin est tenue de
comparaître, de prêter serment et de déposer.
Les mineurs âgés de moins de quinze ans sont entendus sans prestation de serment.
Article 329 : Le témoin qui ne comparaît pas ou qui refuse, soit de prêter serment, soit de faire
sa déposition, peut-être, sur les réquisitions du Ministère Public, condamné par le tribunal à la
peine prévue à l’article 274 du Code Pénal.
Article 330 : Si le témoin ne comparaît pas et s’il n’a pas fait valoir une excuse reconnue
valable et légitime, le tribunal peut, sur les réquisitions du Ministère Public ou même d’office,
ordonner que ce témoin soit immédiatement amené devant lui par la force publique pour y être
entendu ou renvoyer l’affaire à une prochaine audience.
Tous les frais de citation, de voyage, de témoins et tous autres frais ayant pour objet de
faire juger l’affaire, sont alors à la charge du témoin défaillant.
Sur les réquisitions du Ministère Public, le jugement qui ordonne le renvoi des débats
condamne le témoin défaillant au besoin par contrainte par corps, au paiement de ces frais.
S’il est établi que le témoin non-comparant n’a pas reçu citation ou avertissement dans
les délais, par suite de la négligence ou de la faute de son employeur, ce dernier sera tenu au
paiement des frais visés à l’alinéa précédent.
Article 331 : Le témoin, condamné pour non-comparution, peut, au plus tard dans les cinq
jours de la signification de cette décision faite à personne ou à domicile, former opposition.
La voie de l’appel ne lui est ouverte que sur le jugement rendu sur cette opposition.
Article 332 : Le témoin qui a été condamné pour refus de prêter serment ou de déposer peut
interjeter appel.
Article 333 : Avant de procéder à l’audition des témoins séparément, le Président interroge le
prévenu et reçoit ses déclarations.
Le prévenu, la partie civile ou leurs conseils peuvent poser des questions par
l’intermédiaire du Président.
Article 334 : Les dispositions du présent Code, relatives au témoin sourd-muet ou qui ne
s’exprime pas suffisamment en langue française, sont applicables devant les formations
spécialisées du Tribunal de Première Instance et de la Cour d’Appel.
Article 335 : Les témoins cités sur proposition des parties poursuivantes sont entendus en
premier, sauf si le Président en décide autrement.
Des personnes proposées par les parties et présentes à l’ouverture des débats peuvent
également être autorisées par le Président à témoigner sans avoir été régulièrement citées.
Article 336 : Les témoins doivent, sur la demande du Président, faire connaître leur nom,
prénom, profession et domicile, s’ils sont parents ou alliés du prévenu, de la personne
civilement responsable ou de la partie civile ou s’ils sont à leur service.
Article 337 : Les dépositions des ascendants ou descendants de la personne prévenue, des
frères et sœurs ou alliés en pareil degré, de la femme ou du mari, même après le divorce, ne
sont reçues qu’à titre de renseignements.
Article 338 : Le témoin qui a prêté serment n’est pas tenu de le renouveler s’il est entendu une
seconde fois au cours des débats.
Le Président lui rappelle, s’il y a lieu, le serment qu’il a prêté.
Article 339 : La personne qui, agissant en vertu d’une obligation légale ou de sa propre
initiative, a porté les faits poursuivis à la connaissance de la justice, peut être entendue comme
témoin. Le Président en avertit le tribunal.
Article 340 : Les témoins déposent oralement. Toutefois, ils peuvent exceptionnellement
s’aider de documents avec l’autorisation du Président.
Article 341 : Le greffier prend note au plumitif d’audience du déroulement des débats et,
principalement, des observations du Président et du représentant du Ministère Public ainsi que
des déclarations des parties et des témoins.
Le plumitif est signé par le greffier. Il est visé par le Président au plus tard dans les trois
jours qui suivent chaque audience.
Article 342 : Après chaque déposition, le Président pose au témoin les questions qu’il juge
nécessaires et, s’il y a lieu, celles qui lui sont proposées par les assesseurs et éventuellement
par les parties, le Ministère Public et les avocats.
Le témoin peut se retirer après sa déposition, à moins que le Président n’en décide
autrement.
Article 343 : Au cours des débats et s’il est nécessaire, le Président fait présenter au prévenu,
aux témoins ainsi qu’aux experts, les pièces à conviction et reçoit leurs observations.
Article 344 : Le tribunal, soit d’office, soit à la demande du Ministère Public, de la partie civile
ou du prévenu, peut ordonner tous transports utiles en vue de la manifestation de la vérité.
Les parties et leurs conseils sont appelés à y assister. Il est dressé procès-verbal de
ces opérations, signé du Président, du greffier et des parties présentes.
Article 345 : Si d’après les débats, la déposition d’un témoin paraît fausse, le Président, soit
d’office, soit à la requête du Ministère Public ou d’une partie, fait consigner au plumitif
d’audience les déclarations précises du témoin.
Il peut enjoindre à ce témoin de rester à la disposition du tribunal, qui pourra l’entendre
à nouveau, s’il y a lieu.
Si le jugement doit être rendu le jour même, le Président peut également faire garder ce
témoin par la force publique dans ou hors de la salle d’audience.
Après lecture du jugement sur le fond, il est dressé par le tribunal un procès-verbal des
faits ou des dires d’où peut résulter le faux témoignage. Le tribunal ordonne, s’il y a lieu, la
conduite du témoin devant le Procureur de la République avec le procès-verbal et l’expédition
du plumitif d’audience.
Article 346 : Le Procureur de la République prend au nom de la loi, les réquisitions écrites ou
orales qu’il estime conformes à la loi.
Le tribunal est tenu de répondre dans son jugement aux réquisitions écrites qui sont
déposées.
Article 347 : Le prévenu, les autres parties et leurs conseils peuvent déposer des conclusions.
Celles-ci sont visées par le Président. Le greffier mentionne au plumitif leur versement aux
débats.
Le tribunal est tenu de répondre aux conclusions ainsi régulièrement déposées. A cet
effet, il doit joindre au fond les incidents et exceptions dont il est saisi et y statuer par un seul et
même jugement en se prononçant en premier lieu sur l’exception et ensuite sur le fond.
Article 348 : L’instruction à l’audience terminée, la partie civile entendue, le Ministère Public
prend ses réquisitions. Le prévenu, s’il y’a lieu, le civilement responsable et leur conseil
présentent leurs moyens de défense.
Article 349 : Si les débats ne peuvent être terminés au cours de la même audience, le tribunal
fixe et fait inscrire au plumitif d’audience, le jour où ils seront continués.
Les parties et les témoins non entendus ainsi que ceux qui ont été invités à rester à la
disposition du tribunal, sont tenus de comparaître, sans nouvelle citation, à l’audience de
renvoi.
Section 4 : Du jugement
Sous-section 1 : Des délits et des contraventions
Article 350 : Le jugement est rendu soit à l’audience où se sont tenus les débats, soit à une
date ultérieure dans un délai qui ne doit pas excéder trente jours.
Article 351 : S’il y a lieu de procéder à un supplément d’information, le tribunal commet par
jugement un de ses membres, qui dispose des pouvoirs dévolus aux Officiers de Police
Judiciaire en matière de commission rogatoire conformément aux dispositions du présent
Code.
Article 352 : Si le tribunal estime que le fait constitue un délit ou une contravention, il statue
sur la peine.
Il statue, s’il y a lieu, par le même jugement sur les intérêts civils.
Article 353 : Si le fait est de nature à mériter une peine correctionnelle, le tribunal la prononce.
Si la peine prononcée est inférieure à huit mois d’emprisonnement sans sursis, le
tribunal peut décerner mandat de dépôt ou mandat d’arrêt.
Le mandat décerné par le tribunal continue à produire ses effets même si le tribunal sur
opposition, ou la Cour d’Appel sur appel, réduit la peine.
Toutefois, le tribunal sur opposition, ou la Cour d’Appel sur appel, a la faculté par
décision spéciale et motivée, d’ordonner mainlevée du mandat.
En cas d’opposition au jugement dans les conditions prévues au présent Code, l’affaire
doit être appelée devant le tribunal à la première audience utile et au plus tard dans la huitaine
du jour de l’opposition.
Article 354 : Si le tribunal, régulièrement saisi d’un fait qualifié délit par la loi, estime, au vu des
débats, que ce fait ne constitue qu’une contravention, il se prononce sur la peine et statue, s’il
ya lieu, sur l’action civile.
Si le fait constitue une contravention connexe à un délit, le tribunal statue par un seul et
même jugement, à charge d’appel sur le tout.
Article 355 : Si le prévenu bénéficie d’une cause d’irresponsabilité, le tribunal déclare son
irresponsabilité et statue, s’il y a lieu, sur l’action civile.
Article 356 : Si le fait déféré au tribunal sous la qualification de délit constitue un crime, le
tribunal se déclare incompétent et renvoie le Ministère Public à mieux se pourvoir.
Il peut par la même décision, le Ministère Public entendu, décerner mandat de dépôt ou
d’arrêt, qui conservera ses effets jusqu’à ce qu’une juridiction soit saisie.
Si aucune juridiction n’est saisie dans les quinze jours de la décision, le prévenu est
mis d’office en liberté.
Article 357 : Si le tribunal estime que le fait poursuivi ne constitue aucune infraction à la loi
pénale ou que le fait n’est pas établi ou qu’il n’est pas imputable au prévenu, il renvoie celui-ci
des fins de la poursuite.
Article 358 : Nonobstant toutes voies de recours, le prévenu détenu qui a été relaxé,
irresponsable ou condamné soit à l’emprisonnement avec sursis, soit à l’amende est mis en
liberté immédiatement, s’il n’est détenu pour autre cause.
Article 359 : Le prévenu qui a payé les frais de poursuites peut solliciter les dommages-
intérêts de la partie civile qui a mis en mouvement l’action publique, le tribunal statuant par le
même jugement, sur la demande en dommages-intérêts formée par la personne relaxée contre
la partie civile pour abus de constitution de partie civile.
Article 360 : Tout jugement de condamnation rendu contre le prévenu et le cas échéant contre
le civilement responsable, les condamne aux frais et dépens envers l’Etat.
Article 361 : En cas de relaxe, le prévenu ne peut être condamné aux frais du procès.
Article 362 : La partie civile qui succombe est tenue au paiement des frais.
Toutefois, si la poursuite a été intentée par le Ministère Public, la partie civile de bonne
foi qui a succombé peut être déchargée de tout ou partie des frais.
Article 364 : Le prévenu, la partie civile ou le civilement responsable peut réclamer au tribunal
saisi de la poursuite la restitution des objets placés sous main de justice.
Le tribunal peut, le Ministère Public entendu s’il y a lieu, ordonner d'office cette
restitution.
Article 365 : Toute personne, autre que le prévenu, la partie civile et le civilement responsable,
qui prétend avoir un droit sur les objets placés sous main de justice, peut également en
réclamer la restitution au tribunal saisi de la poursuite.
Seuls les procès-verbaux relatifs à la saisie des objets peuvent lui être communiqués.
Le tribunal statue par le même jugement ou par jugement séparé, les parties
entendues.
Article 366 : Si le tribunal accorde la restitution, il peut prendre toute mesure conservatoire
pour assurer, jusqu'à la décision définitive sur le fond, la représentation des objets restitués.
Si le tribunal estime que les objets placés sous-main de justice sont utiles à la
manifestation de la vérité ou susceptibles de confiscation, il sursoit à restituer jusqu'à sa
décision sur le fond.
La décision de sursis n'est susceptible d'aucun recours.
Article 367 : Le jugement qui rejette une demande de restitution est susceptible d'appel par la
personne qui a formé la demande.
Le jugement qui accorde la restitution est susceptible d'appel par le Ministère Public, le
prévenu, le civilement responsable ou la partie civile à qui la décision fait grief.
Article 368 : Le tribunal qui a connu de l'affaire demeure compétent pour ordonner la restitution
des objets placés sous-main de justice, si aucune voie de recours n'a été exercée contre le
jugement sur le fond.
Le tribunal statue sur la demande de toute personne qui prétend avoir un droit sur les
objets saisis ou bien à la demande du Ministère Public. Les frais sont à la charge du Trésor
public.
Article 369 : La Cour d’Appel saisie du fond de l'affaire est compétente pour statuer sur les
restitutions.
Article 370 : Tout jugement doit contenir les faits, les motifs et un dispositif.
Le dispositif énonce les faits dont les personnes citées sont déclarées coupables ou
non coupables, responsables et se prononce sur la peine et, le cas échéant, sur les
condamnations civiles.
Article 371 : La minute du jugement est datée et mentionne le nom des magistrats qui l'ont
rendu. La présence du Ministère Public à l'audience doit y être constatée.
Après avoir été signée par le Président et le greffier, la minute est déposée au greffe du
tribunal dans les huit jours au plus tard du prononcé du jugement. Ce dépôt est mentionné sur
le registre spécial tenu au greffe à cet effet.
Article 372 : Les Procureurs de la République se font communiquer tous les mois les minutes
des jugements par le Greffier en Chef, sous couvert du Président du tribunal.
Article 373 : Le Greffier en Chef établit tous les mois un état des jugements rendus au cours
du mois.
Article 374 : Les mineurs âgés de treize à dix-huit ans auxquels est imputée une infraction
qualifiée crime ou délit, sont déférés devant les juridictions pour mineurs.
Article 375 : Les mineurs, âgés de moins de treize ans, qui se sont rendus auteurs de faits
qualifiés crime ou délit, ne peuvent être placés sous mandat de dépôt. Ils sont déférés devant
le Président du Tribunal qui peut prononcer par ordonnance soit la remise de l’enfant à ses
parents, à son tuteur, à la personne qui en avait la garde ou à une personne digne de
confiance, soit son placement dans une institution ou un établissement public ou privé
d’éducation ou de formation professionnelle, ou dans un établissement médical. Ces mesures
peuvent être rapportées ou modifiées dans les mêmes formes.
Article 376 : Sauf les cas prévus aux dispositions des articles 308, 309, 313, 314, 319 et 320
du présent Code, toute personne régulièrement citée, qui ne comparait pas au jour et à l'heure
fixés par la citation est jugée par défaut.
Article 377 : Le jugement prononcé par défaut est signifié par exploit d'huissier de justice ou
d'agent d'exécution, conformément aux dispositions du présent Code.
Le jugement par défaut peut aussi être signifié suivant procès-verbal dressé par un
Officier de Police Judiciaire.
Sous-section 2 : De l'opposition
Article 378 : Si le prévenu forme opposition à son exécution, le jugement par défaut est non
avenu en toutes ses dispositions, sauf en ce qui concerne l'exécution du mandat d'arrêt qui
demeure exécutoire.
Le prévenu peut toutefois limiter son opposition aux dispositions civiles du jugement.
Article 379 : L'opposition est notifiée par tous moyens au Ministère Public, à charge par ce
dernier d'aviser la partie civile.
Dans le cas où l'opposition est limitée aux dispositions civiles du jugement, le prévenu
doit en adresser la notification tant à la partie civile qu'au Ministère Public.
Article 381 : Le civilement responsable et la partie civile peuvent former opposition à tout
jugement par défaut rendu à leur encontre, dans les délais fixés à l'article 380 ci-dessus,
lesquels courent à compter de la signification du jugement.
Article 382 : Dès que l'opposition lui est notifiée, le Ministère Public fait décerner dans le délai
de huit jours, à compter de la notification, de nouvelles citations à comparaître à l'opposant et
aux autres parties.
Article 383 : L'opposition est non avenue si l'opposant ne comparaît pas à la date qui lui est
fixée par la nouvelle citation.
Article 384 : Dans tous les cas, les frais de la signification du jugement par défaut et de
l'opposition peuvent être laissés à la charge de la partie opposante.
Article 385 : Pour tous les délits, à l’exception des délits de presse, d’homicides involontaires,
d’atteintes volontaires et involontaires à l’intégrité des personnes, d’agressions sexuelles et des
délits relevant de la compétence des formations pénales spécialisées, le Procureur de la
République peut d’office ou à la demande de l’intéressé ou de son avocat, recourir à la
procédure de la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité prévue aux
dispositions du présent Code à l’égard de toute personne convoquée à cette fin ou déférée
devant lui, lorsque cette personne reconnaît les faits qui lui sont reprochés.
Article 386 : Lorsque, en présence de son avocat, la personne accepte la ou les peines
proposées par le Procureur, elle est aussitôt présentée devant le Président du Tribunal de
Première Instance ou le juge délégué par lui dans un délai égal ou inférieur à un mois.
Le Président ou le juge délégué par lui entend la personne et son avocat. Après avoir
vérifié la réalité des faits et leur qualification juridique, il peut décider d’homologuer les peines
proposées par le Procureur de la République. Il statue le jour même par ordonnance motivée
sur la reconnaissance des faits, sur l’acceptation de la ou des peines proposées par le
Procureur de la République et sur la constatation que ces peines sont justifiées au regard des
circonstances de l’infraction et de la personnalité de son auteur.
Lorsque la peine homologuée est une peine d’emprisonnement ferme, la personne est
immédiatement incarcérée.
Article 387 : Lorsque la victime de l’infraction est identifiée, elle est informée sans délai, par
tout moyen, de cette procédure. Elle est invitée à comparaître en même temps que l’auteur des
faits devant le Président du Tribunal ou le juge délégué par lui et à demander réparation de son
préjudice. Elle peut faire appel, dans les mêmes conditions que l’auteur des faits, de
l’ordonnance prononcée.
Les jugements rendus dans les affaires où concourent aux poursuites les agents
publics habilités sont susceptibles d’appel, à la requête de toutes les parties.
Article 389 : Dans les cas où la loi n’ouvre pas droit à l’appel, le greffier du tribunal est tenu,
dans les vingt-quatre heures, de dresser procès-verbal du refus de recevabilité de la requête.
Les parties sont admises à formuler recours contre le refus du greffier, dans les
quarante-huit heures, devant le Président du tribunal. Celui-ci statue par ordonnance motivée
susceptible d'appel.
-au prévenu ;
-au civilement responsable ;
-à la partie civile, même en cas de relaxe et à défaut à tout autre appelant, quant à ses intérêts
civils seulement ;
-à l'assureur quant à ses intérêts seulement ;
-au Procureur de la République ;
-aux administrations, dans les cas où elles concourent à l’exercice de l'action publique ;
-au Procureur Général près la Cour d’Appel Judiciaire.
Article 391 : L'appel doit être interjeté dans le délai de dix jours à compter du prononcé du
jugement contradictoire et dans les autres cas, à compter de la signification de la décision,
quel qu’en soit le mode.
Toutefois, le délai d'appel ne court qu'à compter de la signification de la décision :
-pour la partie civile qui, après débat contradictoire, n'était pas présente ou représentée à
l'audience où la décision a été prononcée pour n’avoir pas été informée de la date du vidé du
délibéré ;
-pour le prévenu qui, après débat contradictoire, n'était pas présent ou représenté à l'audience
où la décision a été prononcée pour n’avoir pas été informé de la date du vidé du délibéré ;
-pour le prévenu ou la partie civile qui n'a pas comparu.
Article 392 : Si la décision a été rendue par défaut ou par itératif défaut, le délai d'appel ne
court qu'à compter de la signification faite à personne, à domicile, à mairie ou à parquet.
Toutefois, si la signification n'a pas été faite à personne et s'il ne résulte pas d'un acte
quelconque que le prévenu a eu connaissance du jugement, le délai d’appel est de dix jours si
le prévenu réside sur le territoire national, et de deux mois s’il réside hors du territoire national.
Article 393 : En cas d'appel d'une partie dans les délais ci-dessus, les autres parties ont un
délai supplémentaire de cinq jours pour interjeter appel.
Article 394 : L'appel contre une décision du tribunal statuant sur une demande de mise en
liberté provisoire, conformément aux dispositions du présent Code, doit être interjeté dans les
vingt-quatre heures.
Le prévenu est maintenu en détention jusqu'à ce qu'il soit statué sur l'appel du
Procureur de la République et, dans tous les cas, jusqu'à expiration du délai d’appel.
La Cour d’Appel doit statuer dans les deux mois suivant la déclaration d’appel, faute de
quoi le prévenu est mis d'office en liberté par le Ministère Public, s’il n’est détenu pour autre
cause.
Article 395 : L'appel est formé au greffe du tribunal qui a rendu la décision, par déclaration
signée du greffier et de l'appelant lui-même, ou de toute personne qu’il a mandatée à cette fin
ou d’un avocat qui doit justifier qu'il agit pour le compte de l'appelant.
Il peut l'être par lettre recommandée ayant date et signature certaine adressée au
greffier de la juridiction.
Le greffier transmet au Ministère Public près le tribunal qui a statué une copie de ce
procès-verbal, auquel il joint le cas échéant l'original de la lettre recommandée.
La déclaration d'appel est inscrite sur un registre spécial. Les parties peuvent s'en faire
délivrer copie.
Article 396 : Lorsque l'appelant est détenu, il peut également interjeter appel par lettre qu'il
remet au directeur de la prison. Ce dernier lui en délivre récépissé et certifie sur la lettre la date
de remise.
Article 397 : Une requête contenant les moyens d'appel peut être remise dans les délais
prévus pour la déclaration d'appel au greffe du tribunal par l’appelant ou son conseil. Elle est
jointe au dossier de la procédure.
Article 398 : Le Procureur Général forme son appel au greffe de la Cour. Cet appel doit être
notifié au prévenu.
En cas d'appel de l'une des parties, ce délai court à compter du jour de la réception du
dossier de la procédure au Parquet Général.
Article 399 : Pendant les délais d'appel, à l'exception du délai prévu à l'article précédent et
durant l'instance d'appel, il est sursis à l'exécution du jugement, sous réserve des dispositions
du présent Code.
Article 400 : Le dossier de la procédure doit être transmis par le Procureur de la République
au Procureur Général dans le mois de la décision de première instance.
L'affaire est dévolue à la Cour d’Appel dans la limite fixée par l'acte d'appel et par la
qualité de l'appelant, conformément aux dispositions des articles 389 et 396 du présent Code.
Si la personne condamnée est détenue, la Cour d’Appel doit statuer dans les deux mois
de la déclaration d'appel, faute de quoi le prévenu est mis en liberté provisoire sur ordre du
Ministère Public.
Article 402 : Le nombre des audiences correctionnelles est déterminé, après avis de
l'assemblée générale, par le Premier Président de la Cour d’Appel pour l'année judiciaire. Il
peut être modifié dans les mêmes conditions en cours d'année, selon les nécessités du
service.
Article 403 : Les règles procédurales édictées pour le tribunal correctionnel sont applicables
devant la chambre correctionnelle de la Cour d’Appel Judiciaire, sous réserve des dispositions
ci-après.
Article 404 : Les prévenus qui ne sont pas en détention à l’établissement pénitentiaire du siège
de la Cour d’Appel, qu’ils soient appelants ou intimés, sont jugés sur pièces, à moins que la
Cour n'estime leur présence nécessaire.
Ils reçoivent notification de la date d'audience quinze jours au moins avant celle-ci et
ont la faculté de se faire représenter par un avocat ou de produire un mémoire.
L'arrêt, réputé contradictoire à leur égard, leur est signifié dans tous les cas.
Article 405 : L'appel est jugé à l'audience sur le rapport d'un Conseiller. Le prévenu présent
est interrogé.
Les parties citées à comparaître peuvent assurer elles-mêmes leur propre défense ou
se faire représenter par un conseil. Elles peuvent plaider sur mémoire lorsqu'elles ne sont pas
domiciliées au siège de la Cour.
Les parties appelantes sont entendues avant les parties intimées. S'il y a plusieurs
parties appelantes ou intimées, elles sont entendues dans l'ordre fixé par le Président.
Article 406 : Les dispositions du présent Code sur la procédure devant le tribunal correctionnel
sont applicables devant de la chambre correctionnelle de la Cour d’Appel.
Article 407 : Si la Cour estime que l'appel est tardif ou irrégulier, l’appel est déclaré
irrecevable.
Si elle estime que l'appel bien que recevable, n'est pas fondé, elle confirme le jugement
attaqué.
Dans tous les cas, la Cour condamne l'appelant qui succombe, aux dépens, à moins
que l'appel n'émane du Ministère Public. Les dépens sont alors laissés à la charge du Trésor
public.
Article 408 : La Cour peut, sur l'appel du Ministère Public, soit confirmer le jugement, soit
l'infirmer en tout ou en partie.
Article 409 : Sur le seul appel de la partie civile, du civilement responsable ou de l’assureur du
prévenu, la Cour ne peut modifier le jugement dans un sens défavorable à ceux-ci.
La partie civile ayant déjà fait valoir ses droits devant le Tribunal de Première Instance
ne peut, en cause d'appel, former aucune demande nouvelle.
Lorsque la partie civile est appelante en application des dispositions du présent Code,
et alors même qu'elle n'aurait pas été appelée en première instance, elle peut demander à la
Cour d’Appel soit de renvoyer l'examen de ses intérêts au Tribunal de Première Instance, soit
de statuer directement sur son action par voie d'évocation.
Article 410 : Si la Cour d’Appel prononce une peine d'emprisonnement, elle décerne mandat
de dépôt ou d'arrêt contre le prévenu. Ces mandats produisent effet nonobstant pourvoi en
cassation.
Article 411 : Si le jugement est réformé au motif que la Cour estime qu'il n'y a ni crime, ni délit,
ni contravention ou que le fait n'est pas établi ou qu'il n'est pas imputable au prévenu, elle
renvoie celui-ci des fins de la poursuite.
Article 412 : Si le prévenu relaxé demande des dommages-intérêts, sa demande est examinée
directement devant la Cour d’Appel dans les formes prévues par les dispositions du présent
Code.
Article 413 : Si le jugement est annulé au motif que le fait est de nature à entraîner une peine
criminelle, la Cour d’Appel se déclare incompétente. Elle renvoie le Ministère Public à mieux se
pourvoir.
Elle peut, le Ministère Public entendu, décerner par la même décision mandat de dépôt
ou d'arrêt contre le prévenu.
Article 414 : Si le jugement est annulé pour violation ou omission non réparée des formes
prescrites par la loi à peine de nullité, la Cour évoque et statue sur le fond.
Article 415 : En matière de défaut, les dispositions du présent Code sont applicables devant la
Cour d’Appel.
Article 416 : Les citations et significations, sauf dispositions contraires des lois et règlements,
sont faites par exploit d'huissier de justice ou d'agent d'exécution.
La personne qui reçoit copie de l'exploit signe l'original. Si elle ne veut ou ne peut signer,
mention en est faite par l'huissier de justice ou l'agent d'exécution.
Article 417 : L'exploit de citation est délivré à la requête du Ministère Public, de la partie civile
ou de toute administration qui y est légalement habilitée. L'huissier ou l'agent d'exécution doit
déférer sans délai à leur réquisition.
L'exploit énonce le fait poursuivi et vise le texte de loi qui le réprime. Il indique le
tribunal saisi, le lieu, l'heure et la date de l'audience et précise la qualité du prévenu, du
civilement responsable ou du témoin de la personne citée.
S'il est délivré à un témoin, l'exploit doit en outre mentionner que la non-comparution, le
refus de témoigner et le faux témoignage sont punis par la loi.
Article 418 : Le délai entre le jour où l'exploit de citation est délivré et le jour fixé pour la
comparution devant le tribunal est d'au moins huit jours francs si la partie citée réside dans la
ville où siège le tribunal.
Article 419 : Si la partie citée ne réside pas dans la ville où siège le tribunal, ce délai est d’un
mois.
Lorsque la partie citée est domiciliée dans un autre pays d'Afrique ou en France, ce
délai est de trois mois.
Lorsque la partie citée est domiciliée en Europe, exception faite de la France, ou dans
tout autre pays du monde, le délai est de quatre mois.
Article 420 : Si les délais prescrits aux articles ci-dessus n'ont pas été respectés, les règles
suivantes sont applicables :
-la citation est déclarée nulle par le tribunal si la partie citée ne se présente pas ;
-la citation n'est pas déclarée nulle mais le tribunal, sur la demande de la partie citée, ordonne
le renvoi à une audience ultérieure si la partie citée s’est présentée.
Cette demande est présentée avant toute défense au fond conformément aux
dispositions du présent Code.
Article 421 : La signification des décisions, dans les cas où elle est nécessaire, est faite à la
requête du Ministère Public ou de toute autre partie intéressée.
Article 422 : L'huissier de justice ou l'agent d'exécution doit faire toutes diligences pour
parvenir à la délivrance de son exploit à la personne même de l'intéressé et lui en remettre
copie.
Si la personne à citer est absente de son domicile, copie de l’exploit est remise contre
émargement à un parent, allié, employé ou à une personne résidant à ce domicile ou encore à
un voisin.
L'huissier de justice ou l'agent d'exécution indique dans l'exploit la qualité déclarée par
la personne à laquelle est faite cette remise.
Lorsque le domicile indiqué est bien celui de l'intéressé, l'huissier ou l’agent d’exécution
mentionne dans l'exploit ses diligences et constatations, puis remet une copie de cet exploit au
maire, ou à défaut, au chef de la circonscription administrative ou au chef du village.
Article 424 : Si la personne à citer est sans domicile ou résidence connu, l’huissier de justice
ou l’agent d’exécution remet une copie de l’exploit au parquet de la juridiction saisie.
Article 425 : Lorsque l'exploit n'a pas été délivré à personne, un Officier de Police Judiciaire
peut être requis par le Procureur de la République afin de procéder à des recherches en vue
de découvrir l'intéressé.
Article 426 : Les personnes qui habitent à l'étranger sont citées au parquet de la juridiction
saisie, lequel vise l'original.
Article 427 : Dans tous les cas, l'huissier de justice ou l'agent d'exécution mentionne sur
l'original de l'exploit et sous forme de procès-verbal ses diligences ainsi que les réponses faites
à ses diverses interpellations.
L'original de l'exploit doit être adressé dans les vingt- quatre heures à la personne à la
requête de qui il a été délivré.
Si l'exploit a été délivré au Procureur de la République, une copie de l'exploit doit en
outre être jointe à l'original.
Article 428 : Les huissiers de justice ou les agents d'exécution sont tenus de mettre au bas de
l'original et de la copie de l'exploit, le coût de celui-ci, à peine d'une amende civile de 2.000 à
10.000 francs ; cette amende est prononcée par le Président de la juridiction saisie de l'affaire.
Article 429 : La nullité de l'exploit ne peut être prononcée que lorsqu'elle a eu pour effet de
porter atteinte aux intérêts de la personne qu'il concerne sous réserve, pour les délais de
citation, des dispositions du présent Code.
Article 430 : Si un exploit est déclaré nul par le fait de l'huissier de Justice ou de l'agent
d'exécution, celui-ci peut être condamné aux frais de l'exploit et de la procédure annulée et,
éventuellement à des dommages-intérêts envers la partie à laquelle il est porté préjudice.
Article 431 : Sauf nullité portant directement atteinte à la liberté individuelle, aucune cause de
nullité ne peut être admise que si elle est expressément prévue par la loi, soulevée par les
parties et de nature à avoir nui à la partie qui la soulève.
Tous les moyens de nullité contre un même acte doivent être soulevés conjointement.
Si la cour criminelle découvre une cause de nullité qui fait grief gravement aux droits de
la défense ou qui est une violation des règles fondamentales du droit criminel, elle prononce la
nullité de l’acte qui en est entachée et, s’il y a lieu, de tout ou partie de la procédure ultérieure.
Après annulation de l’acte, elle doit renvoyer le dossier de la procédure au même Juge
d’Instruction ou à tel autre qu’elle désigne, aux fins de poursuite de l’information.
Titre IV : Des formations spécialisées du Tribunal de Première Instance et de la Cour
d’Appel compétentes pour certaines infractions
Article 433 : Il est institué au sein du Tribunal de Première Instance de Libreville et de la Cour
d’Appel de Libreville des formations spécialisées pour connaitre des infractions énumérées à
l’article 435 ci-dessous.
-meurtre commis à des fins de prélèvement d’organes ou de tout autre élément ou produit du
corps humain prévu par l’article 355 du Code Pénal ;
-prélèvement d’organe sur une personne vivante sans autorisation ou justification médicale et
trafic d’organes humains prévus par l’article 356 du Code Pénal ;
-atteintes aux intérêts fondamentaux de la Nation, de l’Etat et de l’ordre public prévues aux
articles 174 à 193 du Code Pénal ;
-crimes et délits constituant des actes de terrorisme prévus par les articles 194 à 211 du Code
Pénal ;
-crimes de destruction, dégradation et détérioration d’un bien public ou privé commis en bande
organisée prévus par les articles 479 à 485 du Code Pénal ;
-crimes en matière de fausse monnaie prévus par les articles 230, 231 et 232 du Code Pénal ;
-crime de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre prévus par les articles 331 à
340 du Code Pénal ;
-crimes et délits aggravés de traite des êtres humains prévus par les articles 341 à 349 du
Code Pénal ;
-crimes et délits d’enlèvement et séquestration prévus par l’article 395 du Code Pénal ;
-crimes de piraterie d’aéronef, navire ou autre moyen de transport ainsi que de plateforme fixe
prévus par les articles 396 et 397 du Code Pénal ;
-crimes et délits d’atteintes aux systèmes de traitement informatisé de données prévues par les
articles 492 à 500 du Code Pénal ;
-crimes et délits de concussion, corruption passive, trafic passif d’influence, prise illégale
d’intérêts, favoritisme et détournement de fonds publics prévus par les articles 501 à 507, 510
et 511 du Code Pénal ;
-délits de corruption active et trafic actif d’influence commis par un particulier, prévus par les
articles 508 à 510 du Code Pénal ;
-délits de blanchiment prévus par les articles 561 à 564 du Code Pénal ;
-crimes et délits de trafic d’ivoire prévus par les articles 579 à 587 du Code Pénal ;
-crimes de braconnage en bande organisée prévus par les articles 623 à 627 du Code Pénal ;
-crimes et délits d’exploitation illicite en bande organisée des ressources halieutiques prévus
par l’article 634 du Code Pénal ;
-crimes et délits de trafic d’espèces végétales en bande organisée prévus par les articles 613 à
617 du Code Pénal ;
-crimes et délits de trafic de stupéfiants et blanchiment de trafic de stupéfiants prévus par les
articles 597 à 603 du Code Pénal ;
-délits d’association de malfaiteurs prévus par l’article 288 du Code Pénal lorsqu’ils ont pour
objet l’une des infractions mentionnées au présent article ;
-crimes de trafic de matières premières et autres substances minérales prévus par les articles
604 à 612 du Code Pénal.
Article 436 : L’enquête, l’instruction et le jugement des affaires relevant de la compétence des
formations spécialisées susvisées du Tribunal de Première Instance ou de la Cour d’Appel de
Libreville sont exercés suivant les règles de droit commun en matière criminelle et délictuelle
sous réserve des dispositions particulières énoncées aux articles ci-après.
Article 437 : Les Officiers de Police Judiciaire, et sous leur autorité, les agents de police
judiciaire, après en avoir informé le Procureur de la République près le Tribunal de Première
Instance de Libreville ou l’un de ses adjoints spécialisés et sauf opposition de ce magistrat,
peuvent étendre à l’ensemble du territoire national la surveillance de personnes contre
lesquelles pèsent des soupçons d’avoir commis l’un des crime et délit entrant dans le champ
d’application de l’article 435 ci-dessus ou la surveillance du transport des objets, biens ou
produits tirés de la commission de ces infractions ou servant à les commettre.
L’officier ou agent de police judiciaire est à cette fin autorisé à faire usage d’une identité
d’emprunt.
L’infiltration fait l’objet d’un rapport qui comprend les éléments strictement nécessaires
à la constatation des infractions et ne mettant pas en danger la sécurité de l’agent infiltré.
Son audition ne doit pouvoir avoir pour effet de révéler directement ou indirectement sa
véritable identité.
Article 439 : Si les nécessités de l’enquête ou de l’instruction relatives à l’une des infractions
entrant dans la compétence de la juridiction spécialisée l’exigent, la garde à vue d’une
personne peut, à titre exceptionnel, faire l’objet de deux prolongations supplémentaires de
quarante-huit heures chacune. Ces prolongations sont autorisées par décision écrite et motivée
du Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance de Libreville ou par l’un
de ses adjoints spécialisés.
La personne gardée à vue est examinée par un médecin désigné par le Procureur de la
République près ce Tribunal ou l’un de ses adjoints spécialisés. Le médecin délivre un certificat
médical par lequel il doit notamment se prononcer sur l’aptitude au maintien en garde à vue,
qui est versé au dossier.
Par dérogation aux dispositions des articles 59 et 61 du présent Code sur la garde à
vue, le droit d’informer la famille ou l’entourage est suspendu. De même, l’intervention de
l’avocat peut être différée en considération de raisons impérieuses tenant aux circonstances
particulières de l’enquête ou de l’instruction, soit pour permettre de recueillir la conservation
des preuves, soit pour prévenir une atteinte aux personnes, pendant une durée maximale de
quarante-huit heures ou, s’il s’agit d’une infraction de crime ou délit de trafic de stupéfiants ou
de crime et délit constituant des actes de terrorisme, pendant une durée maximale de soixante-
douze heures.
Pour les mêmes nécessités d’enquête préliminaire, les mêmes opérations peuvent être
effectuées en dehors des heures prévues à l’article 53 du présent Code, lorsque ces opérations
ne concernent pas des locaux d’habitation.
En vue de la mise en place du dispositif technique, y compris hors des heures prévues
à l’article 53 du présent Code, l’autorisation spéciale du Juge d’Instruction spécialisé emporte
la levée de restriction légale relative à la protection de la vie privée et du domicile privé.
Le fait que les opérations prévues au présent article révèlent des infractions autres que
celles visées dans la décision du Juge d’Instruction spécialisé ne constitue pas une cause de
nullité des procédures incidentes.
Article 443 : Lorsque les nécessités de l’information l’exigent, le Juge d’Instruction spécialisé
peut, après avis du Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance de
Libreville ou l’un de ses adjoints spécialisés, autoriser par ordonnance motivée les officiers et
agents de police judiciaire commis sur commission rogatoire à mettre en place un dispositif
technique ayant pour objet, sans le consentement des intéressés, d’accéder, en tous lieux, à
des données informatiques, de les enregistrer, les conserver et les transmettre, telles qu’elles
s’affichent sur un écran pour l’utilisateur d’un système de traitement automatisé de données ou
telles qu’il les y introduit par saisie de caractères. Ces opérations sont effectuées sous
l’autorité et le contrôle du Juge d’Instruction spécialisé.
Les enregistrements des données informatiques sont placés sous scellés fermés.
Le Juge d’Instruction spécialisé ou l’Officier de Police Judiciaire commis par lui décrit
ou transcrit dans un procès-verbal qui est versé au dossier, les données qui sont utiles à la
manifestation de la vérité. Aucune séquence relative à la vie privée étrangère aux infractions
visées dans la décision autorisant la mesure ne peut être conservée dans le dossier de la
procédure.
Article 444 : La comparution devant la juridiction spéciale et les délais de citation sont régis
par les règles de droit commun.
Article 445 : La procédure d’audience et les débats devant les formations spécialisées du
Tribunal de Première Instance et de la Cour d’Appel tant en matière délictuelle qu’en matière
criminelle sont régis par les dispositions du droit commun.
Titre V : Des juridictions pénales d’exception
Chapitre Ier : Des décisions susceptibles d'être attaquées et des conditions du pourvoi
Article 448 : Les arrêts de la chambre d’accusation ainsi que les arrêts et jugements rendus en
dernier ressort en matière criminelle, correctionnelle et de simple police peuvent être annulés
en cas de violation de la loi, sur pourvoi en cassation formé par le Ministère Public ou par la
partie à laquelle il est fait grief.
Article 449 : Le Ministère Public et toutes les parties ont cinq jours francs à compter du jour où
la décision a été rendue pour se pourvoir en cassation.
Toutefois, le délai de pourvoi ne court qu’à compter de la signification de la décision :
-pour la partie qui, présente lors des débats, n’était pas présente ou représentée à l’audience
où la décision a été prononcée ou n’était pas informée du jour où la décision est rendue ;
-pour le prévenu qui a demandé à être jugé en son absence dans les conditions prévues à
l’article 309 ci-dessus ;
-pour le prévenu qui n’a pas comparu dans le cas prévu à l’article 308 ci-dessus ;
-pour le prévenu qui a été jugé dans les conditions fixées à l’article 423 du présent Code.
Article 450 : Le délai de pourvoi contre les arrêts ou jugements rendus par défaut ne court :
-à l'égard du prévenu, que du jour où ils ne sont plus susceptibles d'opposition ;
-à l'égard du Ministère Public, qu’à compter de l'expiration du délai de dix jours qui suit la
signification ;
-à l'égard de la partie civile, qu’à compter de l'expiration des délais fixés aux articles 391 et 392
du présent Code.
Nonobstant pourvoi, est mis en liberté immédiatement après l'arrêt, le prévenu détenu
qui a été relaxé ou condamné soit à l'emprisonnement avec sursis, soit à l'amende.
Article 452 : Lorsque le tribunal ou la Cour d’Appel Judiciaire statue par jugement ou par arrêt
distinct de la décision sur le fond, le pourvoi en cassation est immédiatement recevable si cette
décision met fin à l'instance.
Article 453 : Dans tous les autres cas, le recours en cassation contre les jugements ou arrêts
distincts du jugement ou de l'arrêt sur le fond, n’est reçu qu'après le jugement ou l'arrêt définitif
sur le fond. La procédure suit son cours, nonobstant la déclaration de pourvoi.
Article 454 : Les arrêts d'acquittement prononcés par la cour criminelle ne peuvent faire l'objet
d'un pourvoi que par le Ministère Public dans l'intérêt de la loi.
Article 455 : Peuvent toutefois faire l’objet d’un pourvoi en cassation de la part des parties
auxquelles ils font grief, les arrêts prononcés par la cour criminelle après acquittement dans les
conditions prévues au présent Code. Il en est de même des arrêts statuant sur les restitutions,
conformément à l'article 254 du présent Code.
Article 456 : L'arrêt de la chambre d’accusation ordonnant le renvoi de l'inculpé devant le
tribunal correctionnel ne peut faire l'objet d'un pourvoi en cassation que lorsqu'il statue sur une
question de compétence ou qu'il présente des dispositions définitives que le tribunal, saisi de la
prévention, n'a pas le pouvoir de modifier.
Article 457 : Le Ministère Public peut se pourvoir contre les arrêts de non-lieu rendus par la
chambre d’accusation.
Article 458 : La partie civile ne peut se pourvoir en cassation contre les arrêts de la chambre
d’accusation que lorsqu'il y a pourvoi du Ministère Public.
Article 459 : La déclaration de pourvoi est formée au greffe de la juridiction qui a rendu la
décision attaquée ou au greffe de la juridiction de résidence du demandeur en cassation.
La déclaration de pourvoi est inscrite sur un registre spécial. Toute personne intéressée
peut s'en faire délivrer copie.
Elle doit être signée par le greffier et le demandeur en cassation lui-même, par un
avocat ou par toute personne mandatée à cette fin. Le mandat est annexé à l'acte dressé par le
greffier.
Si le déclarant ne peut signer, le greffier en fait mention au registre prévu à l’alinéa 2 ci-
dessus.
Article 460 : Lorsque le demandeur en cassation est détenu, le pourvoi peut être formé au
moyen d'une déclaration auprès du responsable de l'établissement pénitentiaire.
Cette déclaration est constatée, datée et signée par le responsable de l'établissement
pénitentiaire et par le demandeur. Si celui-ci ne peut signer, il en est fait mention par le
responsable de l'établissement pénitentiaire.
Article 461 : Sous peine d'une amende civile de 5.000 francs prononcée par la juridiction de
cassation, le greffier de la juridiction qui a statué notifie le recours dans un délai de trois jours
au Ministère Public ainsi qu'aux autres parties.
La partie qui n'a pas reçu notification a le droit de former opposition contre l'arrêt rendu
en cassation si elle n’est pas intervenue à l'instance.
Article 462 : A peine de déchéance, le demandeur en cassation est tenu, dans le délai d’un
mois à compter de la déclaration du pourvoi, de consigner au greffe de la juridiction qui reçoit le
pourvoi une somme d’un montant de 30.000 francs.
Article 463 : Le demandeur en cassation, soit en faisant sa déclaration, soit dans les trente
jours suivants, doit déposer au greffe de la juridiction qui a rendu la décision attaquée, un
mémoire signé de lui ou de son conseil, contenant ses moyens de cassation, accompagné
d'autant de copies qu'il y a de parties en cause.
Article 465 : Lorsque le dossier est en état, le greffier le transmet au Ministère Public de la
juridiction qui a statué. Celui-ci l'adresse immédiatement au Procureur Général près la Cour de
Cassation.
Article 466 : Lorsque le demandeur en cassation n'a pas produit de mémoire, dans les
conditions fixées à l'article 463 ci-dessus, le Procureur Général près la Cour de Cassation fixe
au demandeur un délai d’un mois pour produire son mémoire contenant ses moyens de
cassation et accompagné d'autant de copies qu'il y a de parties en cause.
Article 467 : Si le demandeur en cassation n'a pas produit de mémoire dans le délai fixé à
l'article 466 ci-dessus, le Procureur Général prend des réquisitions écrites de déchéance du
pourvoi et transmet le dossier au greffe de la Cour de Cassation.
Article 468 : Dès que le mémoire présenté par le demandeur en cassation est reçu par le
Procureur Général, celui-ci en adresse copie aux autres parties en cause. Celles-ci disposent
d'un délai de deux mois pour répondre.
Article 469 : Dès que les mémoires ampliatifs et responsifs sont déposés au Parquet Général
près la Cour de Cassation, celui-ci prend des réquisitions écrites et transmet le dossier en état
au greffe.
Article 470 : Les arrêts de la chambre d’accusation ainsi que les arrêts et jugements rendus en
dernier ressort en matière criminelle, correctionnelle et de simple police, lorsqu'ils sont revêtus
des formes prescrites par la loi, ne peuvent être cassés que pour violation de la loi.
-qui ne sont pas rendues par le nombre de Juges fixé par la loi ;
-qui ont été rendues par des juges qui n'ont pas assisté à toutes les audiences de la cause ;
-qui ont été rendues sans que le Ministère Public ait été entendu ;
-qui, sous réserve des exceptions prévues par la loi, n’ont pas été rendues ou dont les débats
n’ont pas eu lieu en audience publique.
Lorsque plusieurs audiences ont été consacrées à la même affaire, les juges qui ont
concouru à la décision sont présumés avoir assisté à toutes ces audiences.
Article 472 : Les arrêts de la chambre d’accusation ainsi que les arrêts et jugements rendus en
dernier ressort sont annulés lorsque :
Article 473 : En matière criminelle, l'arrêt de renvoi de la chambre d’accusation devenu définitif
fixe la compétence de la cour criminelle et couvre, s'il en existe, les vices de la procédure
antérieure.
Lorsque la chambre d’accusation est saisie d'une procédure d’instruction, tout moyen
pris de la nullité de l'information doit être soulevé avant la fin de l’examen du dossier.
Article 474 : En matière criminelle, et dans le cas où l'accusé a été condamné, si l'arrêt a
prononcé une peine autre que celle appliquée par la loi à la nature du crime, l'annulation de
l'arrêt pourra être poursuivie tant par le Ministère Public que par la partie condamnée.
La même action appartient au Ministère Public contre les arrêts d'acquittement rendus
par contumace lorsque la décision a été prise sur le fondement d'une loi pénale qui n’était pas
en vigueur.
Article 475 : Lorsque la peine prononcée est conforme aux prévisions de la loi, l'annulation de
l'arrêt ne peut être poursuivie sur le seul fondement d’une erreur dans le visa du texte appliqué.
Article 476 : En matière correctionnelle, le prévenu n'est pas recevable à présenter comme
moyen de cassation les nullités commises en première instance, s'il ne les a pas opposées
devant la Cour d’Appel, à l'exception de la nullité pour cause d'incompétence, lorsqu'il y a eu
appel du Ministère Public.
Article 477 : Nul ne peut, en aucun cas, se prévaloir contre la partie poursuivie de la violation
ou de l'omission des règles établies pour assurer la défense de celle-ci.
Article 478 : Les règles concernant la publicité, la police et la discipline des audiences doivent
être observées devant la Cour de Cassation.
Les parties ou leurs avocats sont entendus en leurs observations, et s'il y a lieu, sur
leurs mémoires.
Le Ministère Public présente brièvement les réquisitions écrites qu'il a prises dans le
dossier.
Elle doit statuer par priorité et en tout cas avant l'expiration d'un délai de trois mois à
compter de la réception du dossier lorsque le pourvoi est formé contre un arrêt de renvoi
devant la cour criminelle.
Article 480 : La Cour de Cassation, avant de statuer au fond, recherche si le pourvoi a été
régulièrement formé.
Si elle estime que les conditions légales ne sont pas remplies, elle rend, suivant les
cas, un arrêt d’irrecevabilité ou un arrêt de déchéance. Elle condamne, s’il y a lieu, le
demandeur aux dépens.
Article 481 : La Cour de Cassation rend un arrêt de non-lieu à statuer si le pourvoi est devenu
sans objet.
Si le demandeur en cassation renonce à son pourvoi, elle lui donne acte de son
désistement.
Sauf exception prévue par la loi, le demandeur est condamné aux dépens.
Article 482 : Lorsque le pourvoi est recevable, la Cour de Cassation, si elle le juge mal fondé,
rend un arrêt de rejet et condamne le demandeur aux dépens.
Article 483 : Lorsque la Cour de Cassation annule un arrêt ou un jugement rendu en matière
correctionnelle ou de simple police, elle renvoie le procès et les parties devant une Cour
d’Appel ou un tribunal de même degré que la juridiction qui a rendu l'arrêt ou le jugement
attaqué ou devant la même juridiction autrement composée.
Article 484 : Lorsque la Cour de Cassation annule un arrêt rendu en matière criminelle, elle
prononce le renvoi du procès ainsi qu'il suit :
-devant la chambre d’accusation d'une autre Cour d’Appel, si l'arrêt est annulé pour une des
causes prévues aux articles 471 et 472 du présent Code ;
-devant une cour criminelle siégeant dans une autre Cour d’Appel, si l'arrêt est annulé pour
cause de nullité commise par la cour criminelle.
Article 485 : Si l'arrêt a été annulé pour avoir prononcé une peine autre que celle appliquée
par la loi à la nature du crime, la cour criminelle, à qui le procès a été renvoyé statue sur la
peine sur le fondement de la déclaration de culpabilité faite par la première cour criminelle.
Si l'arrêt a été annulé pour une autre cause, il est procédé à de nouveaux débats
devant la cour criminelle à laquelle le procès a été renvoyé.
La Cour de Cassation n'annule qu'une partie de l'arrêt attaqué lorsque la nullité ne vicie
qu'une ou quelques-unes de ses dispositions.
Article 486 : L'accusé dont la condamnation a été annulée est traduit devant la cour criminelle
de renvoi, soit en état d'arrestation, soit en exécution de l'ordonnance de prise de corps.
Lorsque l'arrêt a été annulé, la somme consignée conformément à l'article 462 ci-
dessus est restituée sans délai, quels que soient les termes de l'arrêt de cassation et quand
bien même il aurait omis d'en ordonner la restitution.
Article 487 : La partie civile qui succombe dans son recours est condamnée à une amende de
10.000 francs et aux frais envers la partie acquittée ou renvoyée.
Article 488 : Une expédition de l'arrêt qui a reçu le pourvoi, cassé la décision et ordonné le
renvoi devant une nouvelle juridiction est adressée, dans les huit jours, par le greffe avec le
dossier au Procureur Général près la Cour de Cassation.
Article 489 : Une expédition de l'arrêt qui a rejeté la demande en cassation est délivrée dans
les huit jours par le greffe au Procureur Général près la Cour de Cassation.
Celui-ci la fait notifier aux parties et en informe le Ministère Public près la juridiction qui
a rendu la décision attaquée.
Lorsqu'un pourvoi en cassation a été rejeté, la partie qui l'avait formé ne peut plus se
pourvoir en cassation contre le même arrêt ou jugement.
Article 490 : Lorsque, après cassation d'un premier arrêt ou jugement rendu en dernier ressort,
le deuxième arrêt ou jugement rendu dans la même affaire entre les mêmes parties est attaqué
par les mêmes moyens, le Premier Président de la Cour de Cassation saisit l’Assemblée
plénière par ordonnance de renvoi.
Si le deuxième arrêt ou jugement encourt la cassation pour les mêmes motifs que le
premier, l’Assemblée plénière peut, si les constatations et les appréciations qu'il contient le
permettent, statuer sans renvoi, sauf s'il s'agit de se prononcer sur une action publique.
Lorsque le renvoi est ordonné, la juridiction saisie doit se conformer à la décision des
chambres réunies sur les points de droit jugés par cette assemblée.
Article 491 : Lorsque sur l'ordre formel à lui donné par le Ministre chargé de la Justice, le
Procureur Général près la Cour de Cassation dénonce à celle-ci des actes judiciaires, arrêts ou
jugements contraires à la loi, ces actes, arrêts et jugements peuvent être annulés.
Article 492 : Lorsqu'il a été rendu par une Cour d’Appel Judiciaire, une cour criminelle ou un
tribunal correctionnel ou de police un arrêt ou un jugement en dernier ressort, sujet à cassation
et contre lequel néanmoins aucune des parties ne s'est pourvue dans le délai déterminé, le
Procureur Général près la Cour de Cassation peut d'office et nonobstant l'expiration du délai se
pourvoir, mais dans le seul intérêt de la loi, contre ledit arrêt ou jugement.
Si le pourvoi est accueilli, la cassation est prononcée, sans que les parties puissent
s'en prévaloir et s’opposer à l'exécution de la décision annulée.
Article 493 : La révision d’une décision pénale définitive peut être demandée au bénéfice de
toute personne reconnue auteur d'un crime ou d'un délit :
-lorsque, après une condamnation pour homicide, sont représentées des pièces propres à faire
naître de suffisants indices sur l'existence de la prétendue victime d’homicide ;
-lorsque, après une condamnation pour crime ou délit, un nouvel arrêt ou jugement a
condamné pour le même fait un autre accusé ou prévenu et que, les deux condamnations ne
pouvant se concilier, leur contradiction est la preuve de l’innocence de l’un ou de l’autre
condamné ;
-lorsque l’un des témoins entendus a été, postérieurement à la condamnation, poursuivi et
condamné pour faux témoignage contre l'accusé ou le prévenu ; le témoin ainsi condamné ne
peut pas être entendu dans les nouveaux débats ;
-lorsqu’après une condamnation, vient à se produire ou à se révéler un fait nouveau ou un
élément inconnu de la juridiction au jour du procès, de nature à faire naître un doute sur la
culpabilité du condamné ou lorsque des pièces inconnues de la juridiction lors des débats et de
nature à établir l'innocence du condamné sont présentées.
Article 494 : Le droit de demander la révision appartient dans les trois premiers cas de l’article
493 ci-dessus :
La Cour de Cassation est saisie par le Procureur Général en vertu de l'ordre exprès que
le Ministre chargé de la Justice a donné soit d'office soit sur la réclamation des parties.
Dans le quatrième cas visé à l’article 493 ci-dessus, le droit de demander la révision
appartient au Ministre chargé de la Justice seul, qui décide après avoir fait procéder à toutes
recherches et vérifications utiles et après avis de la Cour d’Appel réunie en assemblée
générale des magistrats.
Si la demande en révision lui paraît devoir être admise, le Ministre transmet le dossier
de la procédure au Procureur Général près la Cour de Cassation.
Article 495 : Si l'arrêt ou le jugement de condamnation n'a pas été exécuté, l'exécution en est
suspendue de plein droit à compter de la demande formée par le Ministre chargé de la Justice
auprès du Procureur Général près la Cour de Cassation.
Article 496 : Si l'affaire n'est pas en état, la Cour de Cassation se prononce sur la recevabilité
de la demande en la forme et procède directement ou par commission rogatoire à toutes
enquêtes sur le fond, confrontations, reconnaissances d'identité et moyens propres à mettre la
vérité en évidence.
Lorsque l'affaire est en état, la Cour l'examine au fond. Elle rejette la demande si elle
l'estime mal fondée. Si au contraire, elle l'estime fondée, elle annule la condamnation
prononcée. Elle apprécie s'il est possible de procéder à de nouveaux débats contradictoires.
Dans l’affirmative, elle renvoie les accusés ou prévenus devant une juridiction de même
ordre et de même degré, mais autre que celle dont émane la décision annulée.
En ce cas, elle annule celles des condamnations qui lui paraissent non justifiées et
décharge, s'il y a lieu, la mémoire des morts.
Article 497 : La décision d'où résulte l'innocence d'un condamné peut, sur la demande de
celui-ci, lui allouer des dommages-intérêts en raison du préjudice que lui a causé la
condamnation.
Le droit de demander des dommages-intérêts appartient aux parents d'un degré plus
éloigné qu'autant qu'ils justifient d'un préjudice matériel ayant résulté pour eux de la
condamnation.
Les dommages-intérêts alloués sont à la charge de l'Etat, sauf son recours contre la
partie civile, le dénonciateur ou le faux témoin par la faute duquel la condamnation a été
prononcée. Ils sont payés sur frais de justice criminelle.
Article 498 : Le demandeur en révision qui succombe dans son instance est condamné à tous
les frais.
L'arrêt ou le jugement de révision d'où résulte l'innocence d'un condamné est affiché
dans la ville où a été prononcée la condamnation, dans celle où siège la juridiction de révision,
dans la commune ou le chef-lieu de circonscription administrative du lieu où le crime ou le délit
a été commis, dans celle du domicile de la victime de l'erreur judiciaire, si celle-ci est décédée.
Il est inséré d'office au Journal Officiel et sa publication dans un journal d’annonces légales est
en outre ordonnée, s'il le demande.
Titre I : Du faux
Article 499 : Lorsqu'il est porté à la connaissance du Procureur de la République qu'une pièce
arguée de faux figure dans un dépôt public ou a été établie dans un dépôt public, le Procureur
de la République peut se transporter dans ce dépôt pour procéder à tous examens et
vérifications nécessaires.
Article 500 : Dans toute information pour faux en écriture, le Juge d’Instruction, aussitôt que la
pièce arguée de faux a été produite devant lui ou a été placée sous main de justice, en
ordonne le dépôt au greffe. Il la revêt de sa signature ainsi que le greffier, qui dresse procès-
verbal descriptif de l’état de la pièce remise.
Avant le dépôt au greffe, le Juge d’Instruction peut aussi ordonner que la pièce soit
reproduite par la photocopie ou par tout autre moyen et la verse au dossier de la procédure.
Article 501 : Le Juge d’Instruction peut se faire remettre par qui il appartiendra et saisir toutes
pièces de comparaison.
Article 502 : Tout dépositaire public de pièces arguées de faux ou ayant servi à établir des
faux est tenu, sur ordonnance du Juge d’Instruction, de les lui remettre et de fournir, le cas
échéant, les pièces de comparaison qui sont en sa possession.
Si les pièces ainsi remises par un officier public ou saisies entre ses mains ont le
caractère d'actes authentiques, il peut demander qu'il lui en soit laissé copie certifiée conforme
par le greffier ou une reproduction par photocopie ou par tout autre moyen.
Ladite copie ou reproduction est mise au rang des minutes de l'office jusqu'à restitution
de la pièce originale.
Article 503 : Le surplus de l'instruction sur le faux est conduit comme pour les autres crimes et
délits.
Article 504 : Si au cours d'une audience d'un tribunal ou d’une cour, une pièce de la procédure
ou une pièce produite est arguée de faux, la juridiction décide, après avoir recueilli les
observations du Ministère Public et des parties, s'il y a lieu ou non de surseoir jusqu'à ce qu'il
ait été prononcé sur le faux par la juridiction compétente.
Si l'action publique est éteinte ou ne peut être exercée du chef de faux, et s'il n'apparaît
pas que celui qui a produit la pièce ait fait sciemment usage d'un faux, le tribunal ou la Cour
saisi de l'action principale statue incidemment sur le caractère de la pièce entachée de faux.
Titre II : De la manière de procéder en cas de disparition des pièces d'une procédure
Article 505 : Lorsque, par suite d'une cause extraordinaire, des minutes d'arrêts ou de
jugements non encore exécutés, ou de procédures en cours et leurs copies ont été détruites,
enlevées ou se trouvent égarées, et qu'il n'a pas été possible de les rétablir, il est procédé
conformément aux dispositions du présent titre.
Article 506 : S'il existe une expédition ou copie authentique de la pièce, elle est considérée
comme minute et remise par son dépositaire au greffe de la juridiction qui a rendu la décision
sur l'ordre qui lui en est donné par le Président de cette juridiction. Cet ordre lui sert de
décharge.
Titre III : Des dépositions des membres du Gouvernement et des représentants des
puissances étrangères
Article 510 : Lorsque la comparution a lieu en vertu de l'autorisation prévue à l'article 509 ci-
dessus, la déposition est reçue dans les formes ordinaires.
Article 511 : Lorsque la comparution n'a pas été demandée ou n'a pas été autorisée, la
déposition est reçue par écrit dans la demeure du témoin par le Premier Président de la Cour
d’Appel ou par le magistrat qu'il délègue.
Si le témoin réside en dehors du siège de la Cour d’Appel, la déposition est reçue par
écrit par le Président du tribunal de sa résidence.
A cet effet, il est adressé, par la juridiction saisie de l'affaire, au magistrat ci-dessus
désigné, un exposé des faits ainsi qu'une liste des demandes et questions sur lesquelles le
témoignage est requis.
Article 512 : La déposition ainsi reçue est immédiatement remise au greffe ou envoyée, close
et cachetée, à celui de la juridiction requérante et communiquée sans délai au Ministère Public
ainsi qu'aux parties intéressées.
A la cour criminelle, elle est lue publiquement et soumise aux débats.
Article 513 : La déposition écrite d'un représentant d'une puissance étrangère est demandée
par l'entremise du Ministère en charge des Affaires Etrangères.
Si la demande est agréée, cette déposition est reçue par le Premier Président de la
Cour d’Appel ou par le magistrat qu'il délègue.
Il est alors procédé dans les mêmes formes que prévues aux articles 511 et 512 ci-
dessus.
Article 514 : Lorsque deux Juges d’Instruction appartenant à deux tribunaux différents se
trouvent simultanément saisis de la même infraction, le Ministère Public le plus diligent doit,
dans l'intérêt d'une bonne administration de la Justice, requérir l'un des Juges de se dessaisir
au profit de l'autre.
Le dessaisissement n'a lieu que si les deux Juges sont d'accord. Si le conflit de
compétence subsiste, il est réglé de Juges conformément aux articles 515 à 519 ci-après.
Si les Juges d’Instruction appartiennent au même tribunal, il est procédé comme il est
dit à l'article 97 du présent Code.
Article 515 : Lorsque deux tribunaux correctionnels ou deux Juges d’Instruction appartenant
au même ressort de Cour d’Appel se trouvent simultanément saisis de la même infraction, il est
réglé de Juges par la chambre d'accusation qui statue sur requête présentée par le Ministère
Public, l'inculpé ou la partie civile. Cette décision n'est pas susceptible d'un recours en
cassation.
Article 516 : Lorsque, après renvoi ordonné par le Juge d’Instruction devant le tribunal
correctionnel, ce dernier s'est déclaré incompétent par décision devenue définitive, il est réglé
de Juges par la chambre d’accusation. Cette décision n'est pas susceptible d'un recours en
cassation.
Article 517 : Hors les cas prévus aux articles 514 et 515 ci-dessus, tout conflit de compétence
est porté devant la Cour de Cassation saisie par requête du Ministère Public, de l'inculpé ou de
la partie civile.
Article 518 : La requête en règlement de juges est signifiée à toutes les parties intéressées qui
ont un délai de trente jours pour déposer un mémoire au greffe de la juridiction chargée de
régler de Juges.
La présentation de la requête n'a pas d'effet suspensif, à moins qu'il n'en soit autrement
ordonné par la juridiction chargée de régler de Juges. Celle-ci peut prescrire l'apport de toutes
les procédures utiles sur tous actes faits par la juridiction qu'elle dessaisit.
Article 519 : L'arrêt qui statue sur une demande en règlement de Juges doit être notifié au
magistrat chargé du Ministère Public près le tribunal où siège le Juge dessaisi, au prévenu, à
l'accusé et à la partie civile, s'il y en a une.
Article 520 : En matière criminelle ou correctionnelle, la Cour de Cassation peut dessaisir toute
juridiction d’instruction ou de jugement et renvoyer la connaissance de l'affaire à une autre
juridiction du même ordre :
La requête doit être signifiée à toutes les parties intéressées qui ont un délai de trente
jours pour déposer un mémoire au greffe de la Cour de Cassation. La présentation de la
requête n'a point d'effet suspensif, à moins qu'il n'en soit autrement ordonné par la Cour de
Cassation.
En cas de rejet d'une demande de renvoi pour cause de prise à partie, la Cour de
Cassation peut cependant ordonner le renvoi dans l'intérêt d'une meilleure administration de la
justice.
Article 521 : Lorsqu'un condamné à une peine privative de liberté est détenu au siège de la
juridiction qui a prononcé cette condamnation, le Procureur de la République, le Juge
d’Instruction, le tribunal du lieu de détention ont compétence, en dehors des règles prescrites
par les articles 42, 89 et 264 alinéa 1er ci-dessus, pour connaître de toutes les infractions qui
lui sont imputées.
Article 522 : Lorsqu'un condamné à une peine privative de liberté est détenu en dehors du cas
prévu par l'article 521 ci-dessus, il est procédé comme en matière de prise à partie, à la
requête du Ministère Public seulement, aux fins de renvoi de la procédure de la juridiction
saisie à celle du lieu de détention.
Article 523 : Le renvoi peut être également ordonné pour cause de sûreté publique par la Cour
de Cassation, à la requête du Procureur Général.
Article 524 : Tout arrêt qui a statué sur une demande de renvoi est signifié aux parties
intéressées à la diligence du Procureur Général près la Cour de Cassation.
Article 525 : L'arrêt qui a rejeté une demande de renvoi pour cause de sûreté publique n'exclut
pas une nouvelle demande de renvoi fondée sur des faits nouveaux.
Article 526 : Les dispositions du Code de Procédure Civile relatives à la récusation sont
applicables devant les juridictions pénales.
Article 527 : Les dispositions du Code de Procédure Civile relatives à la prise à partie des
juges, des membres du Ministère Public et des Officiers de Police Judiciaire sont applicables
devant les juridictions pénales.
Article 528 : Les infractions commises à l’audience sont jugées d’office ou sur réquisitions du
Ministère Public, sous réserve des dispositions du présent Code relatives aux dépositions de
témoins dont la fausseté est établie à l’audience et sans préjudice des règles spéciales de
compétence ou de procédure.
Article 529 : S'il se commet une contravention de police pendant la durée de l'audience, le
tribunal ou la Cour dresse procès-verbal des faits, entend le prévenu, les témoins, le Ministère
Public et, éventuellement, le défenseur. Il applique sans désemparer les peines prévues par la
loi.
Article 530 : Si le fait commis pendant la durée de l'audience d'un tribunal ou d'une Cour est
un délit, il est procédé conformément aux dispositions des articles 528 et 529 ci-dessus.
Titre VIII : Des crimes et délits commis par les Magistrats, les Officiers de Police
Judiciaire et les membres des Forces de défense et de sécurité
Article 532 : Tout fait de nature à entraîner des poursuites répressives à l'encontre d'un
magistrat relève de la compétence de la Cour de Cassation, sauf en cas de crime flagrant ou
de délit flagrant.
A ce titre, les poursuites font l'objet d'une enquête spéciale confiée, sur instructions du
Ministre chargé de la Justice, à l'Inspection Générale des Services Judiciaires.
Article 533 : En dehors des cas de crime flagrant ou de délit flagrant, l'arrestation, la garde à
vue ou la détention préventive d'un magistrat ne peut intervenir que sur autorisation du
Président de la République, en sa qualité de garant de l’indépendance du pouvoir judiciaire,
après avis du Conseil Supérieur de la Magistrature.
Article 534 : Les rapports et procès-verbaux, issus de l’enquête spéciale, sont transmis au
Ministre chargé de la Justice, lequel saisit, s’il y a lieu, le Procureur Général près la Cour de
Cassation aux fins d'ouverture d'une information.
Article 535 : L’instruction de l’affaire est assurée par un Président de chambre de la Cour de
Cassation désigné à cet effet, par ordonnance du Premier Président de ladite Cour.
L’instruction est conduite conformément aux dispositions du présent Code, relatives aux
juridictions d’instruction.
Article 538 : Toute poursuite exercée devant la juridiction de droit commun contre un membre
des forces de sécurité ou de défense, donne lieu pour information à communication immédiate
d’une copie de la procédure au Ministre chargé de la Sécurité Publique ou à celui chargé de la
Défense.
Lorsque le fait de nature à entrainer des poursuites répressives a été commis par un
Officier de Police Judiciaire dans la circonscription où il est territorialement compétent, hors ou
dans l’exercice de ses fonctions, sauf en cas de crime flagrant ou de délit flagrant, il est déféré
sans délai par le Procureur de la République compétent, au Procureur Général près la Cour
d’Appel Judiciaire du ressort qui désigne sous huitaine la juridiction chargée de l’instruction ou
du jugement.
Article 539 : Dans tous les cas, l’instruction, le jugement et les voies de recours sont assurés
et exercés conformément aux règles de droit commun.
Article 540 : Tout citoyen gabonais qui, hors du territoire de la République Gabonaise, a
commis un fait qualifié crime ou délit par la loi gabonaise, peut être poursuivi et jugé au Gabon,
si le fait est puni par la législation du pays où il a été commis.
Les dispositions de l'alinéa 1er ci-dessus s'appliquent à l'auteur du fait qui n'a acquis la
nationalité gabonaise qu'après la commission du crime ou du délit.
Toutefois, qu'il s'agisse d'un crime ou d'un délit, aucune poursuite n'a lieu si l'auteur du
fait justifie qu'il a été jugé définitivement à l'étranger et, en cas de condamnation, qu'il a
exécuté sa peine ou obtenu la grâce, ou que la peine est prescrite.
Article 541 : La poursuite est intentée à la requête du Ministère Public du lieu où réside
l'auteur du fait ou du lieu où il a été trouvé. Toutefois, la Cour de Cassation peut, sur la requête
du Ministère Public ou des parties, renvoyer la connaissance de l'affaire devant la cour ou le
tribunal le plus proche du lieu du crime ou du délit.
Article 542 : Sans préjudice des dispositions des conventions internationales auxquelles le
Gabon est partie, tout étranger qui, hors du territoire de la République Gabonaise, s’est rendu
auteur, complice ou instigateur d’un crime attentatoire à la sûreté de l’Etat gabonais, d’un crime
de contrefaçon des sceaux de l’Etat ou de billets de banque ayant cours légal au Gabon ou
d’un crime contre une personne de nationalité gabonaise, peut être poursuivi et jugé d’après
les dispositions des lois gabonaises, s’il est arrêté au Gabon ou si le Gouvernement obtient son
extradition.
Elle doit, pour la victime de nationalité gabonaise, être précédée de sa plainte, de celle
de ses ayants droit ou d’une dénonciation officielle par l’autorité du pays où le fait a été
commis.
Aucune poursuite ne peut cependant être dirigée contre un étranger pour crime commis
à l’étranger, si l’auteur, le complice ou l’instigateur du fait justifie qu’il a été jugé définitivement
à l’étranger pour les mêmes faits et en cas de condamnation, que la peine a été subie,
prescrite ou qu’il en a obtenu la grâce.
La juridiction compétente pour connaître de l’affaire est celle du lieu où réside le mis en
cause, celle de la résidence de la victime ou, si l’infraction a été commise à bord d’un aéronef
ou d’un navire, celle du lieu de l’atterrissage ou de l’accostage de celui-ci.
Dans tous les cas, les poursuites pour le recouvrement des amendes et confiscations
sont faites au nom du Procureur de la République par le Trésor public.
Article 544 : L'exécution à la requête du Ministère Public a lieu lorsque la décision est devenue
définitive.
Toutefois, le délai d'appel accordé au Procureur Général par l'article 398 alinéa 2 du
présent Code ne fait point obstacle à l'exécution de la peine.
Article 545 : Tout incident contentieux relatif à l’exécution est porté devant le tribunal ou la
cour qui a prononcé la décision, laquelle juridiction peut également procéder à la rectification
des erreurs purement matérielles contenues dans ses décisions.
Article 546 : En matière d'incident, le tribunal ou la cour, sur requête du Ministère Public ou de
la partie intéressée, statue en chambre du conseil après avoir entendu le Ministère Public, le
conseil de la partie s'il le demande et, s'il y a lieu, la partie elle-même, sous réserve, le cas
échéant, de l’application de l'article 547 ci-dessous.
Le jugement sur l'incident est signifié à la requête du Ministère Public aux parties
intéressées.
Article 547 : Dans toutes les hypothèses où il paraît nécessaire d'entendre un condamné qui
se trouve détenu, la juridiction saisie peut délivrer commission rogatoire au Président du
tribunal du lieu de détention. Ce magistrat peut déléguer l'un des juges du tribunal qui procède
à l'audition du détenu sur procès-verbal.
Article 549 : Les inculpés, prévenus et accusés, soumis à la détention préventive l’exécutent
dans un établissement pénitentiaire conformément aux textes régissant le régime pénitentiaire.
Article 551 : Les détenus préventifs sont séparés des détenus condamnés. Ils sont, de même,
séparés des détenus pour infraction d’homicide volontaire ou pour l’une quelconque des
infractions relevant des formations pénales spécialisées.
Les quartiers de l'établissement pénitentiaire sont divisés en sous quartiers pour les
hommes, pour les femmes et pour les mineurs de telle sorte qu'il ne puisse y avoir
communication entre eux.
Article 552 : Toute communication et toute facilité compatible avec les exigences de la
discipline et de la sécurité de l'établissement pénitentiaire sont accordées aux inculpés,
prévenus et accusés pour l'exercice de leur défense.
Article 553 : Les détenus préventifs ne sont pas soumis au travail ni à la formation
professionnelle, à moins qu'ils n'en fassent expressément la demande.
En aucun cas, ils ne peuvent être employés à des travaux ou formés en dehors de
l'établissement pénitentiaire.
Article 554 : Les condamnés à l’emprisonnement purgent leur peine dans un établissement
pénitentiaire et sont soumis au régime de l’emprisonnement collectif.
Ils sont répartis dans des quartiers différents suivant leur sexe, leur âge, leur catégorie
pénale, leur état de santé et leur personnalité.
Article 555 : Tout détenu condamné qui use de menaces, injures ou violences ou commet une
infraction à la discipline, peut être isolé dans une cellule aménagée à cet effet ou être soumis à
des moyens de coercition, en cas de fureur ou de violences graves, sans préjudice des
poursuites dont il peut faire l’objet.
Article 556 : Les condamnés à des peines privatives de liberté pour des faits qualifiés crimes
ou délits de droit commun sont astreints au travail pénal.
Article 557 : L'organisation des services pénitentiaires et le régime pénitentiaire sont fixés par
la loi.
Article 558 : Le Juge d'Instruction, une fois par trimestre, le Président de la chambre
d'accusation, le Procureur de la République et le Procureur Général près la Cour d’Appel
Judiciaire, chaque fois qu'ils l'estiment nécessaire, visitent les établissements pénitentiaires.
Article 559 : Dès réception d'un arrêt ou d'un jugement de condamnation, d'une ordonnance
de prise de corps, d'un mandat de dépôt, d'arrêt ou d'un mandat d'amener, lorsque celui-ci doit
être suivi d'une incarcération provisoire, le responsable de l'établissement pénitentiaire est tenu
d'inscrire sur le registre d'écrou, avec l’identité et tous renseignements utiles sur le détenu ou
le condamné, le titre en vertu duquel la détention est ordonnée.
Dans tous les cas, avis de l’écrou est donné par le responsable de l'établissement
pénitentiaire au Procureur Général près la Cour d’Appel ou au Procureur de la République.
Article 560 : Aucun agent des services pénitentiaires ne peut, sous peine d'être poursuivi pour
détention arbitraire, recevoir ou retenir une personne, si ce n'est en vertu d'un arrêt ou d'un
jugement de condamnation, d'une ordonnance de prise de corps, d'un mandat de dépôt ou
d'arrêt ou d'un mandat d'amener, lorsque celui-ci doit être suivi d'une incarcération provisoire.
Article 561 : Les dispositions de l’article 555 ci-dessus, sont applicables au détenu préventif.
Tout condamné à une peine privative de liberté devenue définitive, si la peine restant à
purger est égale ou inférieure à trois ans d'emprisonnement, peut être admis au bénéfice de la
libération conditionnelle, lorsqu'il a, durant son incarcération, manifesté, par sa bonne conduite,
des signes certains d'amendement.
Article 563 : La demande de liberté conditionnelle est recevable chaque fois que le condamné
a accompli la moitié de la peine qu'il doit purger effectivement, compte tenu des remises dont il
a pu bénéficier.
Toutefois, s'il y a récidive légale, le condamné doit avoir accompli six mois
d'emprisonnement, si la peine est inférieure à neuf mois et les deux tiers de la peine, dans le
cas contraire.
Après chaque rejet, une demande nouvelle ne peut être introduite avant l'expiration
d'un délai de six mois à compter de la date de notification de la décision d'un rejet.
Article 564 : Toute demande de libération conditionnelle, qu’elle soit ou non présentée par le
condamné, est adressée au responsable de l'établissement pénitentiaire.
Article 566 : La libération conditionnelle est accordée par arrêté du Ministre chargé de la
Justice, après avis du responsable de l'établissement pénitentiaire et avis du Parquet.
Article 567 : La mesure de liberté conditionnelle peut être révoquée en cas d'inconduite
répétée dûment constatée ou en cas de violation des conditions particulières fixées dans la
décision de libération.
Article 568 : La décision de révocation est prise par l'autorité qui a accordé la libération, après
avis du Procureur de la République et de l'autorité administrative de la résidence du libéré.
Article 569 : L'arrestation du libéré conditionnel peut être provisoirement ordonnée par
l'autorité administrative ou judiciaire du lieu où il se trouve, à charge d'en informer, dans les
vingt-quatre heures, le Ministre chargé de la Justice qui prend la décision qui s'impose.
Article 570 : La réintégration dans un établissement pénitentiaire intervient pour toute la durée
de la peine non exécutée au moment de la libération conditionnelle.
Titre II : De la grâce
Article 572 : La décision accordant la grâce fait l'objet d'un décret du Président de la
République pris après avis du Ministre chargé de la Justice.
Le recours en grâce peut être renouvelé deux fois. La décision de rejet qui intervient à
la suite du troisième recours est définitive.
La décision accordant ou rejetant la grâce doit, dans tous les cas, être notifiée par le
Ministre de la Justice et, s'il existe des condamnations pécuniaires, à l'administration chargée
du recouvrement.
Lorsque la grâce est accordée, notification doit en être faite également au Parquet près
la juridiction de condamnation pour qu'il soit procédé à toutes mentions utiles.
Elle est en principe limitée à l'exécution de la peine principale. Elle peut toutefois
s'appliquer aux peines accessoires et complémentaires limitativement énumérées dans le
décret.
Si la grâce est totale, elle interrompt l'exécution de la peine principale ainsi que celle
des peines accessoires et complémentaires quand elle le spécifie.
La condamnation objet d'une décision de grâce subsiste dans tous les cas. Elle
continue à figurer au casier judiciaire pour la récidive et fait obstacle à l'octroi du sursis.
Article 574 : La grâce ne saurait préjudicier aux droits des tiers. Elle ne porte pas atteinte aux
droits du Trésor en ce qui concerne le recouvrement des frais de justice.
Dans tous les cas, les droits des parties civiles demeurent réservés et les voies de
recours ainsi que les voies d'exécution restent ouvertes auxdites parties en ce qui concerne les
intérêts civils.
Article 578 : Les infractions relevant de la compétence des Cours Spéciales Militaires peuvent
bénéficier des lois d'amnistie prises en application de la présente loi.
Article 579 : Les contestations sur l'application de l'amnistie sont jugées par le tribunal
répressif qui a prononcé la condamnation ou par celui auprès duquel l'affaire est pendante,
dans les mêmes formes de procédure et avec les mêmes possibilités de recours que dans les
instances ordinaires.
Article 580 : L'amnistie entraîne, sans qu’elle ne puisse jamais donner lieu à restitution, la
remise de toutes les peines principales, accessoires et complémentaires, ainsi que de toutes
les déchéances et incapacités consécutives à la condamnation, sous réserve de l’application
de l’article 583 ci-dessous relatif aux mesures prononcées contre les mineurs et de l’article 584
ci-dessous relatif aux droits des tiers.
Article 581 : En cas de condamnation pour infractions multiples, le condamné est amnistié si
l'infraction amnistiée par la loi comporte la peine la plus forte ou, en cas d’une peine égale à
celle prévue pour les autres infractions poursuivies, alors même que les Juges, après avoir
accordé les circonstances atténuantes pour cette infraction l'auraient sanctionnée par une
disposition répressive prévoyant une peine inférieure.
Article 582 : L'amnistie n'entraîne pas la réintégration dans les fonctions ou emplois publics,
offices publics ou ministériels.
Toutefois le bénéficiaire de l'amnistie peut, sur sa demande et par décret, être réintégré
dans lesdits emplois ou fonctions sans qu'il puisse prétendre en aucun cas à une reconstitution
de carrière ou à indemnité.
Article 583 : Les mesures de placement, de garde et de surveillance prononcées contre les
mineurs amnistiables sont maintenues.
Article 584 : L'amnistie ne saurait préjudicier aux tiers. Elle ne porte pas atteinte aux droits du
Trésor public, en ce qui concerne le recouvrement des frais de justice qui peut être poursuivi
par les moyens de droit.
Dans tous les cas, les droits des parties civiles demeurent préservés et les voies de
recours ainsi que les voies d'exécution restent ouvertes auxdites parties en ce qui concerne les
intérêts civils.
Article 585 : Lorsque les tribunaux répressifs sont saisis de l'action publique à la date de la
promulgation d'une loi d'amnistie, ils constatent l'extinction de l'action publique et statuent sur
les demandes des parties civiles, lesquelles conservent le droit de se constituer jusqu'au
prononcé du jugement sur les intérêts en cause.
Article 586 : L'amnistie ne peut faire obstacle à une action en révision devant la juridiction
compétente en vue de faire établir l'innocence du condamné.
Article 587 : Il est interdit à tous magistrats et autres agents publics dépositaires de l’autorité
de l’Etat de rappeler ou de laisser subsister dans tout dossier ou document les condamnations,
déchéances ou incapacités effacées par l'amnistie et ce, sous peine de sanctions disciplinaires.
Sont toutefois maintenues les minutes des arrêts et jugements déposés dans les
greffes, à charge pour le greffier, d'y mentionner, sous peine des sanctions ci-dessus, la
mesure d'amnistie dont a bénéficié le condamné.
Article 588 : La destruction des bulletins n°1 du casier judiciaire et des duplicata desdits
bulletins est effectuée sous la surveillance des parquets par ceux qui en sont dépositaires,
sous peine de l'application des sanctions prévues par l'article 587 ci-dessus.
Article 589 : L'amnistie peut intervenir à titre individuel par décret du Président de la
République portant grâce amnistiante.
Article 590 : Pour bénéficier de la grâce amnistiante l'intéressé doit formuler une demande.
Article 591 : Les effets et conséquences de la grâce amnistiante sont les mêmes que ceux de
l'amnistie, y compris l'application de sanctions à ceux qui ont contrevenu aux dispositions des
articles 598 et 599 ci-dessous.
Livre VIII : De la reconnaissance de l'identité des condamnés, de la prescription de la
peine, du casier judiciaire, de la réhabilitation des condamnés et des frais de justice
Article 592 : Lorsqu’après une évasion suivie de reprise, ou dans toute autre circonstance,
l'identité d'un condamné fait l'objet de contestation, celle-ci est tranchée en audience publique
par la juridiction qui a statué.
Si cette contestation s'élève à l'occasion d'une nouvelle poursuite, elle est également
tranchée par la juridiction saisie de la poursuite.
Article 593 : Les peines prononcées par un arrêt rendu en matière criminelle se prescrivent par
vingt années révolues, à compter de la date où cet arrêt est devenu définitif.
Article 594 : Les peines prononcées par un arrêt ou un jugement en matière correctionnelle se
prescrivent par cinq années révolues à compter de la date où cet arrêt ou jugement est devenu
définitif.
Article 595 : Les peines prononcées par un arrêt ou un jugement en matière de simple police
se prescrivent par deux années révolues à compter de la date où cet arrêt ou jugement est
devenu définitif.
Toutefois, les peines prononcées pour une contravention connexe à un délit se
prescrivent conformément à l'article 594 ci-dessus.
Article 596 : Les condamnés par défaut dont la peine est prescrite ne peuvent être présentés
pour purger la peine prononcée.
Article 597 : Les condamnations civiles prononcées par les arrêts ou les jugements rendus en
matière criminelle, correctionnelle ou de simple police devenues irrévocables se prescrivent
d'après les règles établies par le Code Civil.
Titre III : Du casier judiciaire
Article 598 : Le casier judiciaire central est tenu sous l’autorité du Ministre chargé de la
Justice.
Le casier judiciaire central reçoit, pour les personnes nées au Gabon, après vérification
de leur identité au registre d’état civil, des bulletins n°1 mentionnant :
-les condamnations contradictoires et les condamnations par défaut non frappées d’opposition,
prononcées pour crime ou délit par toute juridiction répressive, y compris les condamnations
avec sursis ;
-les décisions prononcées par application des dispositions légales et règlementaires relatives à
l’enfance délinquante ;
-les décisions disciplinaires prononcées par l’autorité judiciaire ou par une autorité
administrative lorsqu’elles entraînent ou édictent des incapacités ;
-les jugements portant redressement judiciaire ou liquidation des biens ;
-les arrêtés d’expulsion pris contre les étrangers ;
-tous les jugements prononçant la déchéance de l’autorité parentale ou le retrait de tout ou
partie des droits y attachés.
Il reçoit également les fiches et bulletins n°1 concernant les personnes nées à
l’étranger et les personnes dont l’acte de naissance n’est pas retrouvé ou dont l’identité est
douteuse.
Une copie de chaque bulletin n°1 mentionnant une condamnation à une peine privative
de liberté prononcée pour crime ou délit est adressée par les juridictions judiciaires ou par la
voie de la coopération judiciaire internationale au casier judiciaire central.
La même copie du bulletin n°1 est adressée par le casier judiciaire central au fichier de
police technique tenu par le Ministre chargé de l’Intérieur.
La consultation de ce fichier est exclusivement réservée aux autorités judiciaires, aux
services des forces de défense et de sécurité.
Les condamnations effacées par une amnistie ou par la réhabilitation de plein droit ou
judiciaire cessent de figurer au bulletin n°1.
Article 599 : Le bulletin n°1 fait également mention :
-des peines ou dispense de peines prononcées après ajournement du prononcé de la peine ;
-des grâces, commutations ou réductions de peines ;
-des décisions qui suspendent ou qui ordonnent l'exécution d'une première condamnation ;
-des décisions de libération conditionnelle et de révocation ;
-des décisions de suspension de peine et de réhabilitation ;
-des décisions qui rapportent les arrêtés d'expulsion ainsi que la date de l'expiration de la peine
et du paiement de l'amende.
Sont retirées du bulletin n°1 les condamnations effacées par l’amnistie ou réformées en
conformité d'une décision de rectification du casier judicaire.
Sauf en ce qui concerne les condamnations prononcées pour des faits imprescriptibles,
sont également retirées du bulletin n°1 les condamnations prononcées depuis plus de quarante
ans et qui n'ont pas été suivies d'une nouvelle condamnation à une peine criminelle ou
correctionnelle.
Article 600 : Le casier judiciaire tenu dans chaque tribunal concerne les personnes nées dans
les circonscriptions administratives relevant de son ressort.
Article 601 : La suppression du casier judiciaire, de la fiche concernant la décision de
condamnation du mineur est régie par les dispositions relatives à l’enfance délinquante.
La suppression du bulletin n°1 relative à la condamnation prononcée pour des faits
commis par des personnes dont l’âge se situe entre la majorité pénale et la majorité civile peut
également, si la réinsertion du condamné paraît acquise, être prononcée à l'expiration d'un
délai de trois ans à compter de la condamnation.
Cette suppression ne peut cependant intervenir qu'après que les peines privatives de
liberté ont été exécutées et que les amendes ont été payées et, si les peines complémentaires
ont été prononcées pour une durée déterminée, après l'expiration de cette durée.
Dans le cas prévu à l'alinéa ci-dessus, la suppression du casier judicaire du bulletin n°1
constatant la condamnation est demandée par requête conformément aux règles de
compétence et de procédure fixées par l’article 606 du présent Code.
Article 602 : En cas de condamnation, prononcée contre un individu soumis à l'obligation du
service militaire dans l'armée de terre, de l'air ou dans la marine nationale, il en est donné
connaissance aux autorités militaires par l'envoi d'un duplicata du bulletin n°1 par le Ministre
chargé de la Justice au Ministre de la Défense Nationale.
Il est également donné avis aux mêmes autorités militaires de toute modification
apportée au bulletin n°1 du casier judicaire.
Un duplicata de chaque bulletin n°1 constatant une décision entraînant la privation des
droits électoraux est adressé par le Ministre de la Justice au Ministre chargé de l'Intérieur.
Article 603 : Le relevé intégral des bulletins n°1 concernant la même personne est porté sur un
bulletin appelé bulletin n°2.
Le bulletin n°2 est délivré :
-aux magistrats du parquet, de l'instruction et de l’application des peines ainsi que des
juridictions judiciaires de jugement ;
-aux Présidents des tribunaux pour être joint aux procédures de redressement judiciaire et de
liquidation de biens ;
-aux autorités militaires pour les appelés des classes et de l'inscription maritime ainsi que pour
les jeunes gens qui demandent à contracter un engagement ;
-aux dirigeants des personnes morales de droit public ou privée exerçant auprès des mineurs
ou des majeurs protégés une activité culturelle, éducative ou sociale, pour les seules
nécessités liées au recrutement de leur personnel.
Il est également délivré :
-à la juridiction compétente pour le jugement d'une contestation en matière d'inscription sur les
listes électorales ;
-aux administrations de l'Etat saisies de demandes d'emploi public, de propositions relatives
aux distinctions honorifiques ou de soumissions pour des adjudications de travaux ou de
marchés publics, ou en vue de poursuites disciplinaires ou de l'ouverture d'un établissement
d’enseignement ou de formation privé.
Toutefois, la mention des décisions prononcées en vertu des articles du Code Pénal
relatifs à l'enfance délinquante n'est faite que sur les bulletins délivrés aux magistrats à
l'exclusion de toute autorité ou administration publique.
Le bulletin n°2 réclamé, par les administrations de l'Etat, pour l'exercice des droits
politiques, ne comprend que les décisions entraînant des incapacités prévues par les lois
relatives à l'exercice des droits politiques.
Article 604 : Le bulletin n°3 est le relevé des condamnations prononcées pour crime ou délit
lorsqu'elles ne sont pas exclues du bulletin n°2.
Le bulletin n°3 comprend les condamnations :
-à des peines privatives de liberté d'une durée supérieure à deux ans qui ne sont assorties
d'aucun sursis ou qui doivent être exécutées en totalité par l'effet de révocation du sursis ;
-à des peines privatives de liberté de la nature de celles visées à l'alinéa ci-dessus et d'une
durée inférieure ou égale à deux ans, si la juridiction en a ordonné la mention ;
-à des interdictions, déchéances ou incapacités prononcées sans sursis, pendant la durée des
interdictions, déchéances ou incapacités.
Article 605 : Le bulletin n°3 peut être réclamé par la personne qu'il concerne.
En l'absence de condamnation devant figurer au bulletin n°3, celui-ci ne comporte qu'une barre
transversale ou la mention « Néant ».
Le bulletin n°3 est délivré soit par la juridiction compétente, soit par le casier judiciaire
central. Il a une validité de six mois.
Article 606 : La personne qui veut faire rectifier une inscription portée à son casier judiciaire
présente sa requête au Président du tribunal ou au Président de la Cour d’Appel qui a rendu la
décision. Si celle-ci a été rendue par une cour criminelle ou par une juridiction d’exception, la
requête est soumise au Président de la Cour d’Appel.
Le Président du Tribunal ou de la Cour d’Appel communique la requête au Ministère
Public et la transmet à la juridiction d’application des peines pour rapport. Le Tribunal ou la
Cour d’Appel peut ordonner la comparution de la personne objet de la condamnation. Les
débats ont lieu et la décision est rendue en chambre du conseil.
Si la requête est admise, les frais sont supportés par celui qui a été la cause de
l'inscription reconnue erronée, s'il a été appelé à l'instance. Dans le cas contraire ou dans celui
de son insolvabilité, ils sont supportés par le Trésor public. Le Ministère Public a le droit d'agir
dans la même forme en rectification du casier judiciaire. Mention de la décision est faite en
marge du jugement ou de l'arrêt visé par la demande en rectification.
La même procédure est applicable en cas de contestation sur la réhabilitation de droit
ou en cas de difficultés soulevées par l'interprétation d'une loi d'amnistie.
Article 607 : Quiconque a pris le nom d'un tiers, dans des circonstances qui ont déterminé ou
auraient pu déterminer l'inscription d'une condamnation au casier judiciaire de ce tiers, est puni
de cinq ans d'emprisonnement au plus, sans préjudice de poursuites pour le crime ou le délit
de faux, s'il y a lieu.
Est puni de la même peine celui qui, par de fausses déclarations relatives à l'état civil
d'un inculpé, a sciemment été la cause de l'inscription d'une condamnation au casier judiciaire
d'un autre que cet inculpé.
Article 608 : Quiconque, en prenant un faux nom ou une fausse qualité s'est fait délivrer un
extrait de casier judiciaire d'un tiers, est puni d'un an d'emprisonnement au plus.
Article 609 : Toute personne condamnée par une juridiction gabonaise à une peine criminelle
ou correctionnelle peut être réhabilitée.
La réhabilitation efface la condamnation et fait cesser pour l'avenir toutes les
incapacités et interdictions qui en résultent.
La réhabilitation est soit acquise de plein droit, soit accordée par arrêt de la chambre
d’accusation.
Article 610 : La réhabilitation est acquise de plein droit au condamné qui n'a subi aucune
condamnation nouvelle à l'emprisonnement ou à une peine plus grave pour crime ou délit dans
les délais et conditions fixés par les dispositions du Code Pénal :
-pour les condamnations à l'amende, après un délai de trois ans à compter du jour du paiement
de l'amende ou de l'expiration de la contrainte par corps ou de la prescription acquise ;
-pour la condamnation unique à une peine d'emprisonnement n’excédant pas un an, après un
délai de cinq ans à compter soit de l'expiration de la peine exécutée, soit de la prescription
acquise ;
-pour la condamnation unique d'emprisonnement n’excédant pas deux ans ou pour les
condamnations multiples dont l'ensemble ne dépasse pas un an, après un délai de dix ans
décompté comme il est dit au paragraphe précédent ;
-pour la condamnation unique à une peine supérieure à deux ans d'emprisonnement ou pour
les condamnations multiples dont l'ensemble ne dépasse pas deux ans, après un délai de
quinze ans décompté de la même manière ;
-pour la condamnation assortie du sursis, après expiration du délai prévu par les dispositions
du Code Pénal relatives au sursis.
Sont considérés pour l'application des dispositions du présent article comme
constituant une condamnation unique celles dont la confusion a été ordonnée.
La remise totale ou partielle d'une peine par voie de grâce équivaut à son exécution
totale ou partielle.
Article 611 : La réhabilitation ne peut être demandée en justice du vivant du condamné que
par celui-ci, ou s'il est interdit, par son représentant légal.
En cas de décès et si les conditions légales sont remplies, la demande peut être suivie
ou introduite par le conjoint ou par ses ascendants ou descendants dans le délai d'une année à
compter du décès.
Dans tous les cas, la demande doit porter sur l'ensemble des condamnations
prononcées qui n'ont été effacées ni par une réhabilitation antérieure, ni par l'amnistie.
Article 612 : La demande en réhabilitation ne peut être formée qu'après un délai de cinq ans
pour les condamnés en matière criminelle et de trois ans pour les condamnés en matière
correctionnelle.
Ce délai court du jour de la libération définitive pour les condamnés à une peine
privative de liberté et du jour où la condamnation est devenue irrévocable pour les condamnés
à une amende.
Article 613 : Les condamnés qui sont en état de récidive légale, ceux qui, après avoir obtenu
leur réhabilitation, ont encouru une nouvelle condamnation, ceux qui, condamnés
contradictoirement ou par défaut à une peine criminelle, ont bénéficié de la prescription de la
peine, ne sont admis à demander leur réhabilitation qu'après un délai de dix ans révolus depuis
leur libération ou depuis la prescription.
Toutefois, les récidivistes qui n'ont subi aucune peine criminelle, et les réhabilités qui
n'ont encouru qu'une condamnation à une peine correctionnelle sont admis à demander la
réhabilitation après un délai de six années révolus depuis leur libération.
Article 614 : Le condamné doit justifier du paiement des frais de justice, de l’amende et des
dommages-intérêts ou de la remise qui lui en est faite.
A défaut de cette justification, il doit établir qu’il a subi le temps de la contrainte par
corps déterminé par la loi ou que la partie lésée a renoncé à ce moyen d’exécution.
S’il est condamné pour banqueroute frauduleuse, il doit justifier du paiement du passif
de la faillite en capital, intérêts et frais ou de la remise qui lui en est faite.
Toutefois, si le condamné justifie qu’il est hors d’état de se libérer des frais de justice, il
peut être réhabilité même dans le cas où ces frais n’auraient pas été payés ou ne l’auraient été
qu’en partie.
En cas de condamnation solidaire, la juridiction fixe la part des frais de justice, des
dommages-intérêts ou du passif qui doit être payée par le demandeur.
Si la partie lésée ne peut être retrouvée ou si elle refuse de recevoir la somme due,
celle-ci est versée au Trésor Public.
Si la partie ne se présente pas dans un délai de cinq ans pour se faire attribuer la
somme consignée, cette somme est restituée au déposant sur sa simple demande.
Article 615 : Si depuis l'infraction, le condamné a, au péril de sa vie, rendu des services
éminents au pays, la demande de réhabilitation n'est soumise à aucune condition de temps, ni
d'exécution de peine. Dans ce cas, la Cour d’Appel peut accorder la réhabilitation, même si les
frais, l'amende et les dommages-intérêts n'ont pas été payés.
Article 616 : La demande de réhabilitation est adressée au Procureur de la République près le
Tribunal de Première Instance de la résidence actuelle du demandeur.
Cette demande précise la date, la juridiction de condamnation et les lieux où le
condamné a résidé depuis sa libération.
Article 617 : Le Procureur de la République recueille tous renseignements utiles sur le
condamné dans les différents lieux où l'intéressé a pu séjourner.
Article 618 : Le Procureur de la République se fait délivrer :
-une expédition des jugements et arrêts de condamnation ;
-un extrait du registre d'écrou du ou des établissements pénitentiaires où la peine a été
exécutée ;
-un bulletin n°2 du casier judiciaire.
Il transmet les pièces avec son avis au Procureur Général près la Cour d’Appel
Judiciaire du ressort.
Article 619 : Dans le mois de la réception des pièces et de l’avis prévus à l’article 618 ci-
dessus, le Procureur Général saisit la chambre d’accusation.
Le demandeur peut soumettre directement à la Cour toute pièce utile.
La chambre d’accusation statue dans le mois sur les réquisitions du Procureur Général,
la partie ou son conseil entendu ou dûment convoqué.
A défaut d’avoir statué dans le délai prévu par l’alinéa précédent, la chambre
d’accusation est réputée avoir accepté la demande.
Article 620 : L'arrêt de la chambre d’accusation peut être déféré à la Cour de Cassation dans
les formes prévues par le présent Code.
Article 621 : En cas de rejet, une nouvelle demande ne peut être formée avant l’expiration d’un
délai d’une année.
Article 622 : Mention de l'arrêt prononçant la réhabilitation est faite en marge des jugements et
arrêts de condamnation et au casier judiciaire.
Dans ce cas, le bulletin n°3 du casier judiciaire ne doit pas mentionner la
condamnation.
Le réhabilité qui en fait la demande peut se faire délivrer, sans frais, une expédition de
l'arrêt de réhabilitation et un extrait de casier judiciaire.
Titre I : De l’extradition
Article 631 : Toute demande d’extradition est adressée au gouvernement gabonais par voie
diplomatique et accompagnée soit d’un jugement ou d’un arrêt de condamnation, même par
défaut, soit d’un acte de procédure pénale décrétant formellement ou opérant de plein droit le
renvoi de la personne poursuivie devant la juridiction répressive, soit d’un mandat d’arrêt ou de
tout autre acte ayant la même force et décerné par l’autorité judiciaire, pourvu que ces derniers
actes renferment l’indication précise du fait pour lequel ils sont délivrés et la date de ce fait.
Les pièces ainsi mentionnées doivent être produites en original ou en copie certifiée
conforme.
Le Gouvernement requérant doit produire en même temps la copie des textes de loi
applicables au fait incriminé. Il peut joindre un exposé des faits de la cause.
Article 632 : La demande d’extradition est, après vérification des pièces, transmise, avec le
dossier, par le Ministre chargé des Affaires Etrangères au Ministre chargé de la Justice qui,
après s’être assuré de la régularité de la requête, l’adresse au Procureur Général près la Cour
d’Appel Judiciaire de Libreville.
Article 633 : Toute personne appréhendée à la suite d’une demande d’extradition doit être
conduite dans les quarante-huit heures devant le Procureur Général près la Cour d’Appel
Judiciaire de Libreville. Les dispositions relatives à la garde à vue sont applicables durant ce
délai.
Après avoir vérifié l’identité de la personne réclamée, le Procureur Général l’informe
dans une langue qu’elle comprend, de l’existence et du contenu de la demande d’extradition
dont elle fait l’objet et l’avise qu’elle peut être assistée par un avocat de son choix ou, à défaut,
par un avocat commis d’office, qui sera alors informé sans délai et par tout moyen et avec qui
elle pourra s’entretenir immédiatement. Mention de ces informations est faite, à peine de nullité
de la procédure, au procès-verbal.
L’avocat peut consulter sur-le-champ le dossier et communiquer librement avec la
personne recherchée.
Le Procureur Général fait connaitre également à la personne réclamée qu’elle a la
faculté de consentir ou de s’opposer à son extradition et lui indique les conséquences si elle y
consent.
Il reçoit les déclarations de la personne réclamée et, s’il y a lieu, de son conseil dont il
est dressé procès-verbal.
A la suite de cette notification, la personne réclamée peut être laissée en liberté ou
incarcérée sous écrou extraditionnel.
Article 634 : Lorsque la personne réclamée a déclaré consentir à son extradition, la chambre
d’accusation de la Cour d’Appel Judiciaire de Libreville est immédiatement saisie de la
procédure. La personne réclamée comparait devant elle dans un délai de cinq jours ouvrables
à compter de la date de sa présentation au Procureur Général.
L’audience est publique.
La chambre d’accusation statue par un arrêt rendu en chambre du conseil, le Ministère
Public et la personne réclamée entendus.
Article 635 : Lors de sa comparution, si la personne réclamée déclare consentir à être
extradée et que les conditions légales d’extradition sont remplies, la chambre d’accusation lui
en donne acte.
Cette décision est insusceptible de recours.
Lorsque la personne réclamée a déclaré au Procureur Général ou à la chambre
d’accusation ne pas consentir à son extradition, la chambre d’accusation statue dans un délai
de dix jours ouvrables à compter de la date de présentation au Procureur Général.
La chambre d’accusation rend un avis défavorable lorsqu’elle estime que les
conditions légales ne sont pas remplies ou qu’il y a une erreur évidente.
Cet avis motivé qui repousse la demande d’extradition est définitif et l’extradition ne
peut être accordée.
Dans les autres cas, l’extradition est autorisée par décret du Président de la République
pris sur le rapport du Ministre chargé de la Justice.
La mise en liberté peut être demandée à tout moment à la chambre d’accusation.
Article 636 : La République Gabonaise coopère pleinement avec la Cour Pénale Internationale
dans les enquêtes et poursuites qu'elle mène pour les crimes relevant de sa compétence,
conformément aux procédures prévues par les dispositions du Statut de Rome de la Cour
Pénale Internationale et du présent Code.
Article 637 : Toute demande d'entraide judiciaire est faite en langue française, par écrit, et
comporte notamment :
-le nom de l'autorité requérante ;
-l'objet de la demande ;
-un exposé des faits allégués qui constitueraient une infraction, les dispositions juridiques
applicables ou l'indication de ces dispositions ;
-l'exposé des motifs et une explication détaillée des procédures ou des conditions à respecter ;
-tous autres renseignements utiles.
Article 638 : Les demandes d’entraide sont adressées au Ministre chargé de la Justice par
voie diplomatique et transmises au Procureur Général près la Cour d’Appel Judiciaire de
Libreville.
En cas d’urgence, le Procureur Général peut être saisi des copies certifiées conformes
des demandes ou de tout autre écrit.
Les originaux établis dans les formes prévues à l’article 639 ci-dessous sont transmis
par la voie diplomatique.
Toutes les mesures doivent être prises afin de respecter le caractère confidentiel des
demandes d’entraide judiciaire et des pièces justificatives y afférentes, sauf si leur divulgation
est nécessaire pour donner suite à la demande.
Article 639 : Les demandes d'entraide émanant de la Cour Pénale Internationale, liées à une
enquête ou à des poursuites, doivent être adressées directement au Procureur Général. Ces
demandes peuvent comprendre tout acte propre à faciliter l'enquête ou les poursuites relatives
aux crimes relevant de la compétence de ladite Cour.
Elles concernent notamment :
-l'identification d'une personne, le lieu où elle se trouve ou la localisation de ses biens ;
-le rassemblement d'éléments de preuve, y compris les dépositions faites sous serment, et la
production d'éléments de preuve, y compris les expertises et les rapports dont la Cour Pénale
Internationale a besoin ;
-l'interrogatoire des personnes faisant l'objet d'une enquête ou de poursuites ;
-la signalisation de documents, y compris les pièces de procédure ;
-les mesures propres à faciliter la comparution volontaire devant la Cour Pénale Internationale
de personnes déposant comme témoins ou experts ;
-l’inspection de localités ou de sites, aux fins notamment d'exhumation et d'examen de
cadavres enterrés dans des fosses communes ;
-les transfèrements temporaires des personnes ;
-l'exécution de perquisitions et de saisies ;
-la transmission de dossiers et de documents, y compris les dossiers et les documents
officiels ;
-la protection des victimes et des témoins et la préservation des éléments de preuve ;
-l'identification, la localisation, le gel ou la saisie du produit des crimes, des biens, des avoirs et
des instruments qui sont liés aux crimes, aux fins de leur confiscation éventuelle, sans
préjudice des droits des tiers de bonne foi.
Article 640 : Les demandes d'entraide sont traitées par le Procureur Général près la Cour
d’Appel Judiciaire de Libreville pour l'ensemble du territoire national, sous réserve de ce qui est
prévu à l'article 99 (4) du Statut de Rome de la Cour Pénale Internationale.
Les autorités judiciaires requises sont tenues de respecter les conditions d'exécution
des demandes fixées par la Cour Pénale Internationale.
Article 641 : Les originaux des procès-verbaux établis en exécution des demandes d'entraide
sont adressés à la Cour Pénale Internationale par voie diplomatique.
En cas d'urgence, les copies certifiées conformes de ces procès-verbaux sont
adressées directement et par tout moyen à la Cour Pénale Internationale.
Article 642 : A la demande expresse de la Cour Pénale Internationale, le Procureur Général
près la Cour d’Appel Judiciaire de Libreville ordonne sans délai des mesures provisoires en
vue de maintenir la situation existante, de protéger les intérêts juridiques menacés ou de
préserver des éléments de preuve, en particulier d'assurer la protection des victimes et
témoins.
Article 643 : Lorsque la compétence de la Cour Pénale Internationale est mise en œuvre
conformément à l'article 13 du Statut de Rome, le Procureur Général près la Cour d’Appel
Judiciaire de Libreville peut faire valoir la compétence des juridictions gabonaises, en
application de l'article 18 du Statut de Rome ou, le cas échéant, contester la compétence de la
Cour Pénale Internationale en application de l'article 19 dudit Statut.
Lorsque la compétence de la Cour Pénale Internationale est contestée conformément
aux articles 17 et 19 du Statut de Rome, cette contestation est présentée autant que possible,
avant l'ouverture ou à l'ouverture du procès devant cette Cour ou, sur son autorisation, à une
phase ultérieure du procès.
Le Procureur Général près la Cour d’Appel Judiciaire de Libreville communique à la
Cour Pénale Internationale, tous les renseignements sur le déroulement de la procédure. Il
peut demander que ces renseignements soient tenus confidentiels.
Le Procureur Général près la Cour d’Appel Judiciaire de Libreville peut ajourner
l'exécution des demandes d'entraide de la Cour Pénale Internationale jusqu'à ce que celle-ci ait
statué conformément à l'article 95 du Statut de Rome de ladite Cour.
Article 644 : Si l'exécution immédiate d'une demande peut nuire au bon déroulement de
l'enquête ou des poursuites en cours dans une affaire différente de celle à laquelle se rapporte
la demande, le Procureur Général près la Cour d’Appel Judiciaire de Libreville peut surseoir à
l'exécution de celle-ci pendant un temps fixé d'un commun accord avec la Cour Pénale
Internationale.
Avant de décider de surseoir à l'exécution de la demande, le Procureur Général près la
Cour d’Appel Judiciaire de Libreville examine si l'assistance judiciaire peut être fournie
immédiatement sous certaines conditions.
Article 645 : Les dépenses ordinaires afférentes à l'exécution des demandes sur le territoire
gabonais sont à la charge de l'Etat, à l'exception des frais suivants, qui sont à la charge de la
Cour Pénale Internationale :
-frais liés aux voyages et à la protection des témoins et des experts ou au transfèrement des
détenus en vertu de l'article 93 du statut ;
-frais de traduction, d'interprétation et de transcription ;
-frais de déplacement et de séjour des juges, du procureur, des procureurs adjoints, du greffier,
du greffier adjoint et des membres du personnel de tous les organes de la Cour ;
-coût des expertises ou rapports demandés par la Cour ;
-frais liés au transport des personnes remises par l'Etat de détention ;
-après consultation, tous frais extraordinaires que peut entraîner l'exécution d'une demande.
Article 646 : Le Procureur Général près la Cour d’Appel Judiciaire de Libreville ne peut rejeter
totalement ou partiellement une demande d'entraide de la Cour Pénale Internationale que si
celle-ci a pour objet la production de documents ou la divulgation d'éléments de preuve qui
touchent à la sécurité nationale.
Dans ce cas, les autorités gabonaises compétentes avisent la Cour Pénale
Internationale et prennent, en liaison avec le Procureur Général près la Cour d’Appel Judiciaire
de Libreville, toutes les mesures raisonnablement possibles pour trouver une solution par la
concertation.
Article 660 : Les crimes visés à l’article 5 du Statut de Rome sont imprescriptibles.
Sont également imprescriptibles les peines fixées à l’article 77 du même statut.
Article 661 : Le Procureur Général près la Cour d’Appel Judiciaire de Libreville a seule
compétence pour poursuivre les auteurs des infractions prévues à l’article 660 ci-dessus.