CHAPITRE 1 : PRESENTATION DE LA COMPTABILITE ANALYTIQUE DE
GESTION
A combien revient la production de ce bien ? La prestation de ce service ? Le produit est-il
rentable? Doit-on maintenir la production de ce produit ou l'arrêter ? Doit-on accepter cette
commande et à quel prix ?
Doit-on réviser le processus de production qui utilise beaucoup de main d'œuvre ou doit-on le
robotiser ? Peut-on continuer à produire cette composante du produit ou doit-on sous-traiter ?
Malgré les champs de préoccupation différents auxquels se réfèrent ces questions nous pouvons
constater qu'elles ont un dénominateur commun.
La réponse nécessite en premier lieu, la connaissance d'un coût et donc les conditions de
fonctionnement internes de l'entreprise. Ainsi, la détermination des coûts est une base nécessaire
à toute prise de décision. Donc, la comptabilité financière en tant qu'outil d’information ne peut
répondre à elle seule à toutes les exigences de gestion.
I. La Comptabilité financière: outil d'information nécessaire mais insuffisant
La CF essentiellement par ses documents de base et de synthèse: le bilan, l'état de résultat, l'état
de flux de trésorerie et les notes aux états financiers, fournit des éléments primordiaux pour
connaître l'entreprise et sa situation.
I.1. La comptabilité financière est une comptabilité globale, du passé et des flux
externes
La comptabilité financière est une comptabilité d'agrégation, elle enregistre les flux externes
entre l'entreprise et ses différents partenaires extérieurs et donc seuls ces flux sont pris en
considération. Ainsi, elle est impuissante à fournir des indications sur le processus de
transformations des ressources.
De plus, Elle fournit surtout des informations manquant d'actualité, provenant du décalage
inévitable entre la date de fin d'exercice et le moment ou les documents de synthèse sont
disponibles.
I.2. La comptabilité financière est une comptabilité formaliste
Il existe une loi comptable (loi n° 96-112 du 30/12/96 relative au système comptable des
entreprises) où les mêmes dispositions sont applicables à toutes les entreprises: des règles strictes
d'évaluation, d'enregistrement et même de présentation des documents de synthèse sont à
respecter.
1.3. La comptabilité financière est une comptabilité souvent éloignée de la réalité
économique
Des raisons juridiques et fiscales sont à l'origine des différences entre les montants figurant en
comptabilité financière et ceux qui devraient être retenus dans une optique économique par
exemple : Les amortissements, Le principe d'évaluation au coût d'acquisition historique, Le
respect du principe de prudence, etc….
1.4. La comptabilité financière est une comptabilité qui néglige les phénomènes non
monétaires
Pourtant, dans la vie des affaires, de nombreuses grandeurs non physiques constituent des
éléments fondamentaux pour expliquer le résultat.
Conclusion:
La comptabilité financière est donc insuffisante pour la gestion, d'où la recherche, par les
responsables d'informations complémentaires plus détaillées sur les conditions internes de
fonctionnement de leur entreprise. Ces renseignements indispensables à une bonne gestion
de la firme sont fournis par la comptabilité analytique de gestion.
II. La Comptabilité analytique de gestion : un complément à comptabilité financière
1. Définition de la comptabilité analytique de gestion
La comptabilité de gestion est un mode de traitement des données pouvant avoir, selon les
entreprises, des objectifs multiples :
− connaître les coûts,
− analyser l'activité et les conditions internes de l'exploitation,
− expliquer les résultats pour faire le choix,
− produire l'information nécessaire à la prise de décision,
− avoir une évaluation plus fidèle de certains éléments.
2. Les objectifs de la comptabilité de gestion
a) une connaissance des coûts et analyse de la rentabilité
Dans une économie de marché (situation de concurrence) le prix est une donnée déterminée
(l’offre et la demande). La comparaison des prix avec les coûts permet de renseigner les
dirigeants sur la rentabilité ou la performance de chaque produit ou activité ou fonction. C'est
dans cette perspective que la comptabilité de gestion joue le rôle d'un outil de calcul de coût.
b) une analyse de l'activité et des conditions internes à l'exploitation : Par l'analyse des coûts et le
suivi de leur évolution, le calcul des normes ou standards, la détermination des écarts entre le
prévu et le réalisé et son explication, la comptabilité de gestion permet de suivre et d'analyser les
conditions internes d'exploitation dans le but d'une maîtrise de l'activité.
c) une évaluation de certains éléments du patrimoine :
Deux principaux problèmes ont été traités par la comptabilité analytique :
Les stocks :
Tout élément acheté par l'entreprise (matière première, fourniture...) en vue d'être utilisé entre
dans le patrimoine de l'entreprise sur la base du coût d'achat (prix d'achat + tous les frais d'achats
et d'approvisionnement). Les stocks des produits fabriqués par l'entreprise sont évalués à leur
coût de production (toutes les charges de production). C'est précisément la comptabilité de
gestion qui propose les méthodes de calcul de ces coûts (coûts d'achat, coût de production, .etc.).
les immobilisations produites par l'entreprise pour elle-même :
Ces éléments sont évalués au coût de production comme les produits fabriqués et destinés à être
vendus.
d) une fonction de prévision et d’aide à la prise de décision.
Par les informations qu'elle produit, la comptabilité analytique permet aux différents
responsables de projeter leurs activités dans l'avenir et d'évaluer le résultat de leur décision dans
le futur.
e) justification des résultats obtenus :
3. Les coûts et coût de revient
a) Le coût :
Le coût est une accumulation de charges correspondant soit à une fonction ou à une partie de
l'entreprise, soit à une fonction ou à une partie de l’entreprise, soit à un objet, une prestation de
service, à un stade...
Un coût est défini par les trois caractéristiques suivantes :
− le champ d'application du calcul: un moyen d'exploitation, un produit, un stade
d'élaboration.
− Le contenu: les charges retenues en totalités ou en partie pour une période déterminée
− Le moment de calcul: antérieur (coût préétabli) ou postérieur (coût constaté).
b) Le coût de revient
Au dernier stade du cycle d'exploitation, c'est-à-dire celui de la vente, le coût du produit ou du
service vendu est appelé : coût de revient.
Il s'agit de la somme des charges consommées par le produit ou le service vendu depuis le
premier stade d'approvisionnement jusqu'au dernier stade de la vente.
4. Les résultats et marges
a) Les marges
Une marge est la différence entre un prix de vente et un coût. Quel que soit le coût calculé, il est
donc possible de lui associer une marge à condition que ce coût corresponde à un produit
identifiable.
Exemple :
- Marge/coût d'achat = prix de vente - coût d'achat
- Marge / coût de production = prix de vente - coût de production
- Marge/coût de distribution = prix de vente - coût de Distribution
- Marge/ coût variables = prix de vente - coût variable
b) Le résultat
Le résultat analytique est la différence entre le prix de vente d'un produit ou service et son coût
de revient.
II. Typologie des coûts en CAG
Chaque type de coûts se définit par trois caractéristiques indépendantes les unes des autres :
- Son champ d'application
- Son contenu
- De moment de son calcul
1. Le champ d'application
a) Le coût par fonction économique :
Toutes les charges consommées par la fonction distribution constituent le coût de distribution. De
la même manière on parle du coût d'approvisionnement, de production, d'entretien, administratif,
de développement. ...
b) Le coût par activité d'exploitation : L'activité d'exploitation peut être un produit, une ligne de
produit, une commande, une zone géographique.
c) Le coût par moyen d’exploitation : Ce coût regroupe des charges en gestion du moyen qui les
a occasionnées. Ce moyen peut être un magasin de stockage, une cuisine, un atelier, un bureau,
une machine, un magasin de vente.
d) Le coût par responsabilité : il correspond à un ensemble de charges dont on peut attribuer la
responsabilité à une personne (directeur, chef, service, chef d'atelier).
2. Le contenu
a) Les coûts complets:
Un coût complet regroupe l'ensemble des charges relatives à un produit. Si les charges
considérées se limitent strictement aux charges de la CG on obtient un coût complet traditionnel.
Dans le cas où elles intégreraient des éléments résultant d'une analyse économique de l'entreprise
qui génèrent des différences d'incorporation le coût calculé est un coût complet économique.
b) Les coûts partiels :
Ils n'enregistrent qu'une partie des charges. Le critère qui permet le regroupement de ces charges
qualifie le coût considéré de :
- Coût variable: qui varie proportionnellement au niveau d'activité.
- Coût direct: ensemble des charges qui peuvent être rattachées sans ambiguïté à un produit
une activité commande.
- Coût indirect qui concerne plusieurs produits et dont la réparation entre les produits
nécessite des traitements particuliers.
- Coût marginal : qui ne retient que les charges relatives à la dernière unité ou à la dernière
série fabriquée.
3. Le moment de calcul
a) Les coûts constatés :
Appelés aussi coûts réels ou coûts historiques résultant de la prise en compte des charges déjà
engagées (c'est la connotation du passé). Ils sont calculés pour un laps de temps nettement
délimité dont la durée est généralement inférieure à celle d'exercice et ce afin de conserver aux
informations traitées un caractère suffisant d'actualité.
b) Le coût préétabli :
C'est un coût prévisionnel calculé a priori pour une période future de temps par l'application de
normes tant en matière de quantité de facteurs de production qu'en matière de coûts de ces
facteurs .Les coûts préétablis permettent l'élaboration des budgets.
La constatation des coûts réels et des coûts prévisionnels met en évidence des écarts dont
l'analyse sert de base aux mesures correctives posées par les décideurs.