3 coursCO
3 coursCO
Les réactions
de la chimie organique
Déroulement de l’UE :
- 12 séances de cours de 2h, mardi 8h30 – 10h30
- 12 séances de TD de 2h
- 3 séances de TP de 4h
- Compte-rendu de TP (3) 30 %
- Interrogations écrites en TD (3) 20 %
- Examen final en janvier 50 %
→ les TP ont lieu couloir 44-54 au 5ème étage (blouse en coton obligatoire)
Molécules et macromolécules organiques
PVC
Cl
ADN
acide désoxyribonucléique
Cl Cl Cl Cl Cl Cl NH2
O
A N N T
Carvone NH
Vaniline N
H
N
N O
H
G O
NH2
N NH
N
C
N N NH2
H N O
H
C10H14O C8H8O3
Adrénaline
Chiralité
C9H13O3N dans la nature
Molécules organiques, une introduction
Les atomes « phare » de la chimie organique :
C H O N S Br Cl I
Z 6 1 8 7 16 35 17 53
Electronégativité 2,50 2,20 3,50 3,07 2,44 2,74 2,83 2,21
Géométrie tétraédrique
Géométrie triangulaire plane Géométrie linéaire
Les liaisons en chimie organique sont le plus souvent covalentes et proviennent donc du
recouvrement non nul d’orbitales atomiques d’énergies voisines. On obtient deux types
d’orbitales moléculaires, càd deux types de liaisons, les liaisons σ et les liaisons π .
C H
C C
O O O O
OH OH OH OH
Cl Cl
NH2 NH2
δ+ δ−
C O C O permet d’interpréter C O
Pour s’y retrouver parmi les molécules organiques, on constitue des groupes de corps
présentant la même fonction chimique et un certain nombre de propriétés communes
caractéristiques de ces fonctions.
On distingue principalement :
- les hydrocarbures, composés uniquement de C et de H : alcanes, alcènes, alcynes,
hydrocarbures aromatiques
styrène
pentane propène butyne
- les autres fonctions sont classées suivant le nombre d’atomes d’hydrogène qu’il faut
substituer aux hétéroatomes pour obtenir l’hydrocarbure correspondant.
R O R O R NH2 H R X
Fonctions monovalentes R'
R N
H R'
R H R R'
Fonctions divalentes
O O
R' R OH R OR' R NH2
Fonctions trivalentes R O R C N
O O O O
O
R (ou R’) représente la partie de la molécule qui se conserve lors d’une réaction de la
fonction. On l’appelle aussi groupement ou groupe.
Certains groupements sont importants et vous devez les connaître.
H2 H2 H2
CH3 = Me C CH3 = Et C C Me
groupements
Me
alkyles H2 H2 H2 H2 H
C C C Me C C Me C Me
Me Me
H2
C
R
groupement acyle groupement benzyle
groupement aryle O
Pour toutes ces molécules organiques, il existe des effets électroniques qui sont très
importants pour comprendre leur réactivité. Il peut s’agir principalement d’effets
inducteurs ou mésomères.
Les effets inducteurs concernent le déplacement des électrons σ. Une liaison entre deux
atomes C et A est généralement polarisée du fait de la différence d’électronégativité entre
les deux atomes. Cette polarisation correspond à un déplacement des deux électrons le
long de la liaison. Si A induit une charge partielle δ- sur C, on dit que c’est un groupement
à effet inducteur positif ou donneur (noté +I).
δ− δ+
C A C A
Si A induit au contraire une charge partielle δ+ sur C, on dit que c’est un groupement à
effet inducteur négatif ou accepteur (noté -I).
δ+ δ−
C A C A
On peut classer les groupements polarisants. On notera en particulier que les groupes
alkyle ont un effet donneur.
Na MgX R H NH2 OH I < Br < Cl < F
Les effets inducteurs se transmettent le long des chaînes par les liaisons σ en
s’affaiblissant rapidement (négligeables dès le troisième atome de carbone).
δ- H2 H2 H2 δ4 δ5
+ +
O O C O mésomère attracteur
H2C H2C
H H O H mésomère donneur
H2C O H2C O
+M -I F Cl Br I C C +M +I
Mais attention, suivant l’existence ou pas d’un effet mésomère, le même groupement
pourra être globalement attracteur ou répulsif !
δ+ δ- δ- H δ+
H3C OH mais H2C C OH
Une bonne connaissance de la structure des molécules et des effets électroniques est
essentielle si l’on veut comprendre leurs propriétés (notamment acido-basiques, voir TD)
mais aussi la structure et la stabilité relative des intermédiaires de réaction. Un
intermédiaire de réaction est une espèce instable, réactive, dont le temps de vie est
généralement très court, et qui est formée le long du chemin réactionnel dans une
réaction conduisant d’un réactif stable à un produit stable. Les principaux intermédiaires
de réaction que nous allons rencontrer sont les radicaux (carbonés), les carbocations et
les carbanions.
Les radicaux sont des espèces portant un électron célibataire (ou non apparié). Ils sont
formés par coupure homolytique d’une liaison simple peu polarisée.
Coupure homolytique
CH3 O
A B A + B
radical méthyle
hν radical phénoxy
RO OR' RO + R'O
Les radicaux sont stabilisés par encombrement stérique et lorsque l’électron non apparié
peut-être délocalisé sur une partie de la molécule. Les radicaux réagissent dans des
réactions de dimérisation, de transfert d’atome, d’addition sur une liaison double.
C « encombré »
Les carbocations sont des espèces portant une charge positive sur un atome de
carbone. Le carbone est donc entouré de 6e- seulement. Ils sont formés par rupture
hétérolytique d’une liaison polarisée ou par attaque acide d’une double liaison.
Coupure hétérolytique
carbocation méthyle
OA p vide
C Nu C + Nu
δ+ δ- CH3
H
C C H C C
Les carbocations sont stabilisés par encombrement stérique et par effet électronique
inducteur ou mésomère donneur. La géométrie est plane autour du carbone C+
(hybridation sp2). Les carbocations réagissent avec des molécules riches en e- . Ils
peuvent aussi libérer un proton H+ ou se réarranger par migration interne d’un hydrogène.
Me H2 H H2 H2
Me > Me C C Me > Me C C CH2
Me
Me Me Me H2
H H
C C C C > C C
Me Me CH2 Me CH3
CH2
Les carbanions sont des espèces portant une charge négative sur un atome de
carbone. Ils sont formés par rupture hétérolytique d’une liaison polarisée. Ils sont
stabilisés par effet électronique inducteur ou mésomère attracteur.
Cl O O
> CH3
fortement stabilisé
Cl C C C
Cl
par mésomérie
Les carbanions ont une géométrie pyramidale autour du carbone C- (hybridation sp3) et
réagissent avec des centres déficients en e- .
δ+ δ-
C C C O C C O
Tout au long des réactions que nous allons rencontrer dans la suite, nous retrouverons
ces intermédiaires réactionnels. C’est souvent leur formation qui constitue l’étape dite
cinétiquement déterminante, c’est à dire l’étape élémentaire la plus lente du processus,
celle qui en contrôle la vitesse globale. On peut représenter l’énergie potentielle du
système en fonction d’une coordonnée de réaction reflétant le déroulement la réaction
(en aucun cas cette coordonnée n’est égale à ξ, l’avancement molaire de la réaction).
Energie
potentielle
Loi d’Arrhénius : k = A e-Ea/RT
(CH3)3C
Cl Ea1 Un bilan HCl + (CH3)2CHCH2Cl
De façon très générale, des isomères sont des composés chimiques ayant même formule
brute mais des formules développées différentes. Lorsque les formules semi-
développées suffisent à distinguer deux isomères, on a une isomérie dite plane
(« grossière »), qui peut-être une isomérie fonctionnelle ou de position.
OH C4H9OH
OH
C3H6O
O O OH
OH
Lorsque les isomères ont des formules semi-développées identiques, c’est la position
spatiale de leurs atomes qui les distinguent. On a alors des stéréoisomères, qui peuvent
être des isomères de configuration (énantiomères ou diastéréoisomères) ou des
isomères de conformation.
On passe d’une conformation à une autre par rotation ou torsion autour d’une liaison
simple sans rupture de liaison. Les différentes conformations sont interconvertibles, non
séparables. Par contre différentes configurations d’une molécule sont isolables, on ne
peut pas changer de configuration par rotation, torsion ou vibration longitudinale.
butane en projection de Newman CH3 H3C CH3
autour de la liaison C1-C2 H H
2 CH3 H
H H H H
H3C 1 CH3 H
Cram Fischer
En représentation de Fischer, les liaisons sont représentées par des traits pleins
verticaux et horizontaux, suivant les conventions suivantes :
- la chaîne carbonée la plus longue est placée verticalement
et numérotée de haut en bas ; l’extrémité qui a le degré d’oxydation ≡
le plus élevé est mise en haut
- les traits verticaux indiquent les liaisons dans le plan ou en arrière
du plan de la figure
- les traits horizontaux indiquent les liaisons en avant du plan de la figure
Cette représentation est très utilisée pour les sucres (oses) et les acides aminés.
Autour d’un carbone asymétrique, la stéréochimie absolue peut-être R (rectus) ou S
(sinister). Cette nomenclature, qui s’applique à toute molécule chirale, repose sur
l’application de la règle des séquences. Les deux configurations R et S sont des
énantiomères (ou antipodes optiques ou inverses optiques ou énantiomorphes).
Les deux énantiomères ont une activité optique : traversés par une lumière polarisée, ils
modifient le plan de polarisation d’un certain angle α pour l’énantiomère R et –α pour le
composé S. Si la rotation se produit vers la droite, on dira que l’énantiomère est
dextrogyre, si c’est vers la gauche, il sera dit lévogyre. OH OH
CH3 3 CH3
CH3 CH3
H H
*C 1 C*
HO Cl 4 Cl Cl Cl OH
H OH HO H
R 2 S
images par symétrie miroir
Si une molécule comprend n carbones symétriques, elle a 2n stéréoisomères différents
(sauf en présence d’éléments de symétrie particuliers).
H3C Cl H Cl
H H H3C H
Z E
Quelques conformations
Autour du butane …
C4H10
Conformation gauche
positions équatoriales
Autour du cyclohexane (II) …
axial
équatorial
Conformations chaises
Méthylcyclohexane
gêne stérique
O
Terpènes
Myrcène
trans rétinal
(essence de laurier) Limonène
(essence de citron)
Sur le plan industriel, l’éthène est l’alcène le plus important. Il est produit par craquage
d'hydrocarbures. Environ la moitié de l'éthène produit est utilisé pour préparer les
polyéthylènes. L'autre moitié permet la préparation de composés importants, notamment
l'oxyde d'éthylène ou oxacyclopropane qui est le produit de base de la synthèse de
l'éthane-1,2-diol qui entre dans la composition des antigels et sert à la synthèse de
polyesters.
O HO
éthane-1,2-diol
oxyde OH
d’éthylène
CN
acrylonitrile
Structure et Réactivité
Les alcènes ont une double liaison plus courte et plus énergétique que les alcanes
correspondant. Par exemple, en passant de l’éthane à l’éthène, la liaison carbone-carbone
décroît de 0,154 nm à 0,133 nm et l’énergie de liaison augmente de 347 à 606 kJ mol-1.
Les propriétés physiques sont comparables à celles des alcanes, par exemple :
but-2-ène (Z) µ = 0,4 D TEbu = 4 °C (butane : TEbu = -0,5 °C)
but-2-ène (E) µ=0D TEbu = 1 °C
Les atomes de la double liaison ont une géométrie localement plane. Le alcènes bloquent
la libre rotation des groupes qui lui sont attachés, ce qui est à l’origine de la
diastéréoisomérie Z, E.
π
sp2 sp2
C C Cσ C
E Et Me
Et Me Et Me
Me Et
Me (3S,4S)
Me Et Et * *
H H H H
+ H2
métal
mélange racémique
des 2 énantiomères en quantités égales
Me Et
Et Me Me Et
H H Et Me
(3R,4R)
* *
métal H H
A l’aide du mécanisme précédent il est aisé
de conclure que la vitesse d’hydrogénation H2
diminue quand le degré de substitution croît
car les électrons de la double liaison sont PtO2, 1 bar
H2
Pd/C
H
H
Halogénation
Les éthyléniques additionnent facilement Cl2 et Br2 pour former des dérivés dihalogénés
vicinaux. F2 est trop oxydant et détruit la molécule, et avec I2 la réaction conduit à une
réaction équilibrée peu favorable au produit. On utilise CH2Cl2 ou CCl4 comme solvant.
Cl Br Br
Cl2 Br2
Cl Br Br
trans 1,2-diboromocyclopentane
Le mécanisme de l’addition fait intervenir plusieurs étapes. L’étape cinétiquement
déterminante implique l’attaque de la molécule d’halogène (polarisable) par les électrons
π de la double liaison. Un ion ponté halonium se forme, et ce dernier s’ouvre dans
une seconde étape par attaque de l’halogénure du côté opposé au pont.
δ−
Br
δ+ Br Ion bromonium
Br
H H Br
H H
Br
H Br Br H
(2S,3S) * * H (2R,3R)
Br H * *
Br
On obtient un mélange racémique des deux énantiomères, l’addition se fait de façon anti
(on parle aussi de trans addition). Les ions bromonium sont des intermédiaires
réactionnels très réactifs (instables) qui peuvent être mis en évidence par des méthodes
spectroscopiques.
Br
molécule isolée !
Parfois les choses sont plus compliquées. La bromation peut perdre en stéréosélectivité
lorsqu’un carbocation suffisamment stable (ou stabilisé) peut se former à partir de l’ion
bromonium. De même, dans le cas de la chloration, la formation de l’ion ponté
est défavorisée par rapport à celle du carbocation, ce qui est dû à la plus petite taille
du chlore relativement au brome.
H Br
CH3 ~ 100 %
Br Seul le carbocation tertiaire
Br
est formé le long du chemin
Br réactionnel
CH
~0%
50 % Cl
CH2CH3 CH2CH3 HCl
HCl
Cl éther
éther 50 %
Cl
Dans les cas précédents, le carbocation était stabilisé par effet donneur des
groupes alkyle autour de la charge positive. On peut généraliser : l’atome d’hydrogène se
fixe sur l’atome de carbone le moins substitué, c’est la règle de Markovnikov.
Le carbocation intermédiaire peut aussi être stabilisé par effet mésomère donneur
d’un substituant.
De façon générale, le carbocation le plus stable est formé car c’est celui qui est formé le
plus rapidement : la réaction est dite sous contrôle cinétique. C’est la première étape
lente de formation de l’intermédiaire très instable qui oriente la régiosélectivité.
On peut représenter la réaction à l’aide d’un diagramme d’énergie potentielle :
Energie
potentielle
(CH3)2CHCH2
Carbocation tertiaire Cl
plus stable, formé plus (CH3)3C
rapidement (la barrière
Cl
d‘activation pour sa
formation est plus faible)
HCl (CH3)2CHCH2Cl
Coordonnée
(CH3)3CCl de réaction
Hydratation
L’hydratation d’un composé éthylénique consiste à lui ajouter une molécule d’eau,
ce qui aboutit à la formation d’un alcool. La réaction se déroule en milieu acide dilué
lorsque le composé de départ forme facilement un carbocation. Comme avec l’addition
d’un hydracide, la réaction est fortement régiosélective. C’est le carbocation le plus stable
qui est formé transitoirement.
H2O / H2SO4 OH2
H
OH H H
~ 100 %
H O
Avec les alcènes moins substitués, la formation du carbocation est plus difficile
(plus lente), la réaction est alors réalisée dans de l’acide sulfurique concentré.
Une autre façon de former un alcool à partir d’un alcène est de réaliser un hydroboration.
Hydroboration
Réaction découverte en 1959 par H. C. Brown, l’hydroboration consiste en l’addition d’une
liaison B-H du borane BH3 à une double liaison alcénique, ce qui permet de former
un organoborane.
H THF H2B H
B H
H H
H H H
6 e-
B H
H
H B H
H B H H BH2
H H
H H
H2O2
OH- , H2O
H OH
+ B(OH)3
H H
H H
THF H2O2 OH
3 + BH3 3 + B(OH)3
B
OH- , H2O
87 %
Le bilan de la réaction après traitement par le peroxyde d’hydrogène en milieu aqueux
basique est donc l’addition syn d’une molécule d’eau.
La régiosélectivité est anti-Markovnikov, ce qui en fait une réaction complémentaire
de l’hydratation en milieu aqueux acide. La raison est principalement d’origine stérique :
lors de la formation de l’organoborane, le bore s’ajoute sur le carbone le moins encombré
(le moins substitué) et par conséquent l’hydrogène s’ajoute au carbone le plus substitué,
à l’inverse de ce que l’on observe pour une hydratation en milieu acide.
δ+
H CH3 état de transition
H
plus encombré,
H B moins stable
δ− H
H CH3
+ BH3 δ+ CH3
H CH3 H
H
B H H2B H
H δ−
OH
1- BH3 / THF
2- H2O2 / OH- , H2O
85 %
trans 2-méthylcyclopentanol
Formation d’une halohydrine
La réaction consiste à ajouter HOX (X = Cl, Br) à un alcène en faisant réagir l’alcène avec
X2 en présence d’eau.
Dans l’exemple ci-dessous de la synthèse d’une bromohydrine, il y a d’abord formation
d’un ion ponté bromonium, puis dans une seconde étape une molécule d’eau joue le rôle
de nucléophile vis à vis du bromonium. L’addition se fait donc de façon anti.
Br
Br
Br2 Br
H Br
H H
H2O H
OH2
Br H Br H
3-bromobutan-2-ol HBr
H H
OH O H
H
O
N Br HO Br
O 2-bromophényléthanol
H2O / DMSO 76 %
Oxydation des composés éthyléniques
L’hydroxylation des alcènes consiste à additionner deux groupes –OH sur la double
liaison. En présence de tétraoxyde d’osmium (OsO4) et après traitement avec du
bisulfite de sodium NaHSO3 , la réaction conduit à la formation d’un cis diol 1,2.
OsO4 NaHSO3
OH
O
pyridine H2O OH
O
Os O
O
cis 1,2-diméthylcyclopentan-1,2-diol
87 %
L’oxydation d’une molécule éthylénique peut aller jusqu’à sa coupure, comme c’est le cas
en présence d’ozone. Cette réaction est appelée ozonolyse et implique la formation
transitoire de plusieurs intermédiaires cycliques.
décharge
3 O2 2 O3
électrique
O O O O
O3 O O Zn
Molozonide Ozonide
Si l’alcène de départ est tétrasubstitué par des groupes alkyle, les deux molécules
finales sont des cétones. S’il est trisubstitué, on obtient une cétone et un aldéhyde, etc..
1- O3
O O 84 %
2- Zn, H3O+
cyclohexanone acétone
1- O3
O O CH2 75 %
2- Zn, H3O+
HO OH KMnO4 , H+ 45 %
(concentré, à chaud)
O
KMnO4 , H+ 2 O
(concentré, à chaud) OH
+ CO2 OH
Addition radicalaire de HBr
L’addition de HBr sur une double liaison se fait suivant la règle de Markovnikov dans les
conditions usuelles … Néanmoins avant que cette règle ne soit connue, l’étude de
l’addition de HBr sur le 3-bromopropène avait conduit à des résultats contradictoires.
Br
HBr
Br Br Br Br mélange !
(liquide)
En fait HBr peut s’additionner suivant deux mécanismes différents. Dans les expériences
précédentes, le 3-bromopropène, extrêmement sensible à l’air, forme des composés
de type R-O-O-R. La liaison O-O est très faible ( ~ 155 kJ mol-1) et sa coupure dans le
mélange entraîne la formation de radicaux qui catalysent une addition radicalaire de HBr,
plutôt qu’une addition polaire « traditionnelle ».
Cette explication a été ensuite confirmée et reproduite avec des nombreux alcènes, sur
lesquels on peut ajouter HBr suivant une orientation anti-Markovnikov.
HBr
H2C CH(CH2)8COOH BrH2C CH2(CH2)8COOH
péroxydes
Un mécanisme à étapes
R R
O O 2 R O
Initiation
R O H Br R OH + Br
H CH2CH3
Br radical secondaire
H CH2CH3 H H
+ Br
H H H CH2CH3 radical primaire
H
pas obtenu H moins stable
Br
(formé plus lentement)
Substitutions nucléophiles
Eliminations
Les dérivés halogénés des alcanes (halogénures d’alkyle) dérivent formellement des
hydrocarbures par remplacement d’un atome d’hydrogène par un atome d’halogène.
Selon que l’atome de carbone portant l’halogène est lié à 1, 2 ou 3 atomes de carbone,
le dérivé est qualifié de primaire, secondaire ou tertiaire.
I Br II Br III
Br
1-bromobutane 2-bromobutane 2-méthyl-2-bromopropane
Br
Br
bromocyclohexane 3-bromopropène
I I H2N
Pourpre Cl COOH
O H HO O
Cl
Br Cl
N H
I I
Plocamène B Thyroxine
Br N
O (algue rouge Plocamium violaceum) (hormone thyroïdienne)
H
Les liaisons carbone-halogène sont fortement polarisées
du fait de la plus grande électronégativité des halogènes. C X X = F, Cl, Br, I
Le moment dipolaire augmente d’un dérivé iodé au dérivé
δ+ δ−
fluoré correspondant. Mais ce moment fait intervenir µ
la longueur de liaison qui varie aussi.
C F Cl Br I
Electronégativité 2,55 3,98 3,16 2,96 2,66
Quand on passe d’un dérivé fluoré à iodé, la température d’ébullition augmente. Cette
augmentation n’est pas uniquement due à la variation de moment dipolaire mais aussi à
l’augmentation de la polarisabilité de liaison C-X qui implique un atome de plus en plus
volumineux (le nuage électronique devient plus facilement déformable sous l’influence
d’un champ électrique externe).
Il y a donc augmentation des forces d’interaction de type dipôle permanent / dipôle induit
et dipôle instantané / dipôle induit.
CH3-H CH3-F CH3-Cl CH3-Br CH3-I
µ (D) 0 1,92 2,05 2,01 1,87
longueur (nm) 1,01 1,35 1,77 1,94 2,14
Téb (°C) -164 -78 -24 3 42
D (kJ mol-1) 438 472 349 293 239
Nous allons d’abord nous intéresser à des réactions de substitution nucléophile puis
dans une seconde partie nous étudierons des réactions d’élimination.
Nu R X Nu R X
Me R S Me
I + * Br I * H + Br
H
Et Et
Me R R Me
L’inversion de Walden peut se faire * I HO *
OH + H + Br
sans changement de configuration absolue H
Cl Cl
Nu R1
R1
R3 X
Nu R3 X
R2
R2
Coordonnée
de réaction
Vitesse : v = k [Nu-] [RX]
OTs :
*
(H3C)3C Br O
H OTs
O S
H CH3COO O
AcO
(H3C)3C H Br
*
O O H
dérivé cis exclusivement OTs
O O
Divers facteurs influencent la vitesse de la réaction, càd l’énergie d’activation.
L’énergie d’activation augmente (la vitesse diminue) lorsque l’encombrement stérique lors
de l’attaque augmente, et lorsque l’encombrement de l’état de transition augmente
(déstabilisation de l’état de transition). Une réaction SN2 est donc de plus en plus lente
lorsque la classe du carbone dans le substrat passe de primaire à secondaire puis tertiaire.
R Br + Cl R Cl + Br
H H H CH3 CH3
H C Br H3C C Br H3C C Br H3C C CH2 Br H3C C Br
H H CH3 CH3 CH3
Cl
Nu
Nu pas de réaction
Cl
Un second facteur important est la nature du nucléophile. Celui-ci peut être neutre ou
chargé. Dans le premier cas, le produit obtenu est chargé positivement, dans le second il
sera neutre.
Nu R X Nu R X
Nu R X Nu R X
« L’appétit » d’un nucléophile pour un substrat est appelé nucléophilie. Il s’agit d’une
grandeur cinétique relative permettant de classer les nucléophiles selon la vitesse avec
laquelle ils transfèrent leur doublet au substrat. Mais celle-ci peut varier pour un
nucléophile donné d’une réaction à une autre, suivant la nature du substrat, du solvant
voire même de la concentration des réactifs … Une réaction beaucoup étudiée
est l’attaque SN2 du bromométhane dans l’éthanol aqueux.
CH3Br + Nu CH3Nu + Br
Réactivité 125 103 125 103 100 103 25 103 16 103 103 700 1
relative
Le dernier facteur important est la nature du solvant. On raisonnera sur une réaction entre
un substrat neutre et un nucléophile chargé négativement.
Solvant
CH3CH2CH2CH2Br + N3 CH3CH2CH2CH2N3 + Br
OR
Les solvants protiques (contenant le groupe –OH ou –NH) H
ne sont pas de bons solvants pour les réactions SN2.
La raison en est qu’ils affaiblissent la force du nucléophile RO H Nu H OR
dans le processus de solvatation. Les molécules de solvant
« encagent » le nucléophile en établissant des liaisons hydrogène. H
OR
Au contraire, les solvants polaires aprotiques accélèrent la vitesse des réactions SN2 . Ils
peuvent dissoudre les sels en raison de leur forte polarité mais ils ont tendance à solvater
les cations plutôt que les anions. Il en résulte que les anions sont plus nucléophiles, plus
réactifs dans un processus SN2 .
Energie
potentielle Solvant
protique
Solvant
Coordonnée
aprotique
de réaction
polaire
Substitutions nucléophiles monomoléculaires
On vient de le voir, les réactions SN2 sont défavorisées avec des substrats encombrés,
avec des nucléophiles non basiques et dans les solvants protiques. On s’attend ainsi
à ce que la réaction de (CH3) 3CBr avec l’eau soit très lente … or cette réaction est rapide !
Et non seulement est-elle rapide mais qui plus est-elle 1 million de fois plus rapide que la
réaction correspondante avec CH3Br comme substrat ! On doit envisager un mécanisme
alternatif, appelé mécanisme SN1.
CH3 CH3
H2O
H3C C Br H3C C OH + HBr
CH3 CH3
Nu R
X
Nu + R X
Nu R X
Coordonnée
de réaction
Vitesse : v = k [RX]
Sur le plan stéréochimique, les carbocations étant plans, on s’attend à ce qu’une réaction
SN1 sur un substrat chiral conduisent à un mélange racémique de deux produits
énantiomères, l’attaque du nucléophile sur chacune des faces du carbocation étant
également probable.
Et Et Et
Me H2O Me Me
Cl OH HO + HCl
éthanol (H3C)2HC(H2C)3 (CH2)3CH(CH3)2
(H3C)2HC(H2C)3
6-chloro-2,6-diméthyloctane R 40 % R 60 % S
(rétention) (inversion)
carbocation
En fait les deux faces ne sont pas « libre »
strictement équivalentes, du fait de la
formation possible d’une paire d’ions paire
entre le carbocation et le groupe d’ions
partant, ce qui favorise légèrement
l’inversion de configuration vis-à-vis
de la rétention.
inversion racémisation
Comme pour les réactions SN2, divers facteurs influencent la vitesse des réactions SN1 :
la nature du substrat, celles du groupe partant et du nucléophile et enfin le solvant.
Pour ce qui concerne le substrat, nous avons déjà vu que lorsque la classe du carbone
augmente, la vitesse de la réaction augmente. Plus généralement, tout carbocation qui
sera stabilisé par effet électronique se formera plus facilement, favorisant un processus
de type SN1.
H H
H H H
H carbocation allylique
H H H H carbocation benzylique
H H H H
H H H H
L’ordre suivant de stabilité relative des carbocations est le même que l’ordre de réactivité
dans une réaction SN1 des halogénures d’alkyle correspondant ou des tosylates d’alkyle.
CH3 H CH2 H H
H
C > H3C C > H C
H3C C > H3C C ≈ ≈ H2C CH2
CH3 CH3 H H
Stabilité du
carbocation
Les réactions SN1 sont favorisées par la présence de bons groupes partant, comme les
SN2. La raison en est que le départ du groupe partant est directement impliqué dans
l’étape cinétiquement déterminante (formation du carbocation). L’ordre de réactivité est
donc semblable à celui observé lors des processus SN2 .
Gpe partant TosO- I- Br- Cl- ≈ H2O
Réactivité
relative
On remarque que l’eau est un bon groupe partant pour une réaction SN1 (en particulier en
milieu acide). Une réaction de ce type a lieu par exemple lorsqu’on prépare un halogénure
d’alkyle à partir d’un alcool tertiaire.
Br Br
CH3 CH2 CH3 CH3
HBr H
H3C C OH H3C C O H3C C + H2O H3C C Br
H
CH3 CH3 CH3 CH3
Br
+ H2O + Br Elimination
La régiosélectivité d’une élimination est donnée par la règle de Zaitsev : c’est l’alcène le
plus substitué (le plus stable) qui est majoritairement obtenu.
but-2-ène but-1-ène
(81 %) (19 %)
CH3CH2O Na
+ CH3CH2OH + Br
CH3CH2OH
Br
Br CH3CH2O Na
+ CH3CH2OH + Br
CH3CH2OH
2-méthylbut-2-ène 2-méthylbut-1-ène
(70 %) (30 %)
La réaction E2 (élimination bimoléculaire) observée lors de l’élimination par une base
forte sur un halogénure d’alkyle procède en seule étape élémentaire.
Expérimentalement, la vitesse de la réaction est de la forme v = k [RX] [base].
B
B H
H
+ BH + X
X
X
B
BH
H H
X
X X
H H
H base forte H base forte
H pas de réaction
Cl
E2 H
Cl
De même que l’élimination E2 est analogue de la SN2, il y a une élimination de type E1,
analogue de la SN1. C’est une réaction d’élimination en deux étapes, avec formation
initiale d’un carbocation puis élimination d’un hydrogène par une base dans une
seconde étape élémentaire. La régiosélectivité suit la règle de Zaitsev.
Les réactions E1 sont en compétition avec les SN1 quand des halogénures d’alkyle
tertiaires réagissent avec des nucléophiles peu basiques dans un solvant protique.
On peut donc prévoir pour ces composés une réactivité basique et nucléophile.
Si l'on se réfère au dérivé halogéné R–X de départ, la polarité de la liaison entre le carbone
et la partie inorganique a été inversée. On dit qu'il y a eu inversion de la polarité
de la liaison. Ce concept est souvent mis à profit en synthèse organique.
Les organomagnésiens chlorés, bromés et iodés sont obtenus généralement par insertion
du magnésium dans une liaison carbone-halogène, en présence d’un solvant bon donneur
d’électrons comme l’éthoxyéthane (C2H5OC2H5) ou le tétrahydrofuranne (THF).
Et
Et O
Mg δ− δ+ δ’+ δ’−
R X R Mg X
Et O Et
Et O
Et
La réactivité des halogénures d'alkyle décroît dans le même ordre que la mobilité de la
liaison carbone-halogène : R–I > R–Br > R–Cl >> R–F.
Pour les halogénures moins réactifs (vinyliques ou aryliques), le magnésien est préparé
dans le tétrahydrofuranne (THF), qui est plus basique que l’éther.
Cl MgCl
Cl Mg MgCl Mg
O O
Il est également possible de faire des réactions d’échange avec des composés portant
un atome d’hydrogène « mobile ».
R H R Mg Br
+ H3C Mg Br + CH4
La plupart du temps, les magnésiens sont utilisés immédiatement après avoir été
synthétisés. On peut aussi les conserver au sec, à l'abri de l'humidité et de l'air. Il faut
néanmoins faire attention car même dans ces conditions, il reste des molécules d'éther
complexées avec l'organomagnésien et ce complexe peut s'enflammer spontanément
dans l'air.
Substitutions et additions nucléophiles
Les magnésiens peuvent donner lieu à des substitutions nucléophiles, en réagissant avec
des halogénures d’alkyle RX (Réaction de Wurtz), ou bien aussi par exemple en réagissant
avec des époxydes.
δ+ δ-
X Mg R + R' X R R' + MgX2
δ+ δ-
biphényle
L’action sur les époxydes conduit après hydrolyse à un alcool, la chaîne alkyle ayant été
allongée de deux atomes de carbone :
δ+ H2O
X Mg R + OMgX OH
R R
δ+ δ-
O
δ- + 1/2MgX2 + 1/2 Mg(OH)2
Du fait de leur fort pouvoir nucléophile, les magnésiens peuvent donner des réactions
d’addition, notamment par action sur les aldéhydes et les cétones, ainsi que sur les
dérivés d’acides carboxyliques (chlorures d’acides, esters …) et sur les nitriles (RCN).
R1 R1 R1
δ+ δ- H2O
X Mg R + C O R O MgX R OH
δ+ δ- R2
R2 R2
Cétone ou + 1/2MgX2 + 1/2 Mg(OH)2
aldéhyde
I OH II OH III
OH
butan-1-ol butan-2-ol 2-méthylpropan-2-ol
La chaîne carbonée peut être insaturée, si l’insaturation n’affecte pas l’atome de carbone
portant le groupe hydroxyle.
OH OH Br OH
Me
Me H H
Me H
Menthol
H H H Cholestérol
OH HO
(H3C)2HC H
H
Parmi les alcools ayant une grande importance industrielle, on trouve en bonne place
l’éthanol C2H5OH. Il peut-être obtenu par fermentation de sucres. Une autre voie d’accès
consiste à partir de l’éthène :
H2SO4
H2C CH2 + H2O CH3CH2OH
Le cyclohexanol est lui obtenu par hydrogénation du phénol. Son oxydation en acide
adipique (hexanedioïque) est une étape de la synthèse du Nylon 6-6.
OH
H2 [Ni] OH
P = 150 bar, T = 200 °C
Structure et Réactivité
L’atome de carbone fonctionnel est dans un environnement tétraédrique. L’atome
d’oxygène contracte deux liaisons et la géométrie localement plane autour de lui dérive
d’un arrangement tétraédrique des paires d’électrons. L’énergie de la liaison C-O est très
élevée. Sa réactivité s’explique par sa polarité et sa polarisabilité.
sp3
CF3 R
> H2 H pKa
>
R > C > O- > > O-
> >
F3C O- R > C > O- R2
>
>
>
CF3 R' R3
Les alcools réagissent mal avec les bases faibles (amines, ion bicarbonate) et les
hydroxydes métalliques (NaOH, KOH). Par contre ils réagissent bien avec les métaux
alcalins, les bases très fortes et les magnésiens RMgX pour former des alcoolates :
méthanoate de sodium
CH3OH + NaH CH3O- Na+ + H2
OH + CH3MgBr O- + CH4
+
MgBr
butanoate de potassium
OH + 2K O- + H2
+
K
Réactions dues à la basicité des alcools
Les alcools peuvent réagir avec les hydracides HX (X = Cl, Br). Les alcools tertiaires
sont les plus réactifs. Le mécanisme est alors de type SN1 avec formation
d’un carbocation intermédiaire. La réaction conduit à la formation d’un dérivé halogéné.
R R R R
δ− H
R OH H Cl R O R + H2O R Cl
δ+ H R R
R R Cl
RCH2OH
PBr3 RCH2Br + HOPBr2
En milieu acide fort (H2SO4, H3PO4) à chaud, les alcools peuvent se déshydrater. Les
alcools tertiaires sont ceux qui se déshydratent le mieux et on obtient l’alcène le plus
substitué (Règle de Zaytsev). Le mécanisme suivi est de type E1.
H2SO4 , 180 °C H
OH O
H
Mécanisme E1 de la déshydratation
+ H+ H + H2O
La protonation en milieu acide d’alcools ou de diols conduit à la formation de carbocations
qui peuvent se réarranger. On a alors une réaction dite de transposition, qui peut fournir
une cétone (transposition pinacolique) ou un alcène (transposition néopentylique).
H H
OH OH OH O OH
H+ lente
Transposition
pinacolique Pinacolone H
rapide
O HO
O + H+
H2 H
H2 H+
C OH C O CH2
H
Transposition
néopentylique H H
H
+ C
+ H
Réactions dues à la nucléophilie de l’oxygène
L’atome d’oxygène des alcools n’est pas suffisamment nucléophile pour déplacer
directement des nucléofuges moyens. Pour exalter le caractère nucléophile de l’oxygène,
on peut générer l’ion alcoolate. La synthèse de Williamson des éthers est basée sur la
substitution nucléophile entre un alcoolate et un halogénure d’alkyle. La réaction marche
bien avec un halogénure d’alkyle primaire dans le solvant DMSO (mécanisme SN2).
H2
R O R' C Br O R' + Br-
R
O O
OH N
Cl O N
H
Cl Cl O
Mécanisme O
OH
H
Cl-
O
O
O
O N
H
H N
Pour la réaction entre un acide et un alcool (estérification de Fischer), le rendement
est limité sur le plan thermodynamique et sur le plan cinétique. Pour déplacer la
réaction vers la formation des produits, on peut soit éliminer l’ester formé au fur et à
mesure (pardistillation fractionnée) soit éliminer l’eau en ajoutant du toluène. La
réaction doit être de plus catalysée par addition de H+ .
O O
OH + H2O
OH O
Les Amines
Les amines sont des composés azotés qui dérivent de l’ammoniac NH3 par remplacement
d’un ou plusieurs atomes d’hydrogène par des groupes carbonés. Le nombre n
des atomes d’hydrogène liés à l’azote définit la classe de l’amine.
Leur découverte est due au chimiste allemand Wurtz en 1849.
n 2 1 0
classe primaire secondaire tertiaire
NH2
NH2 NH2
N
éthylamine cyclohexylamine phénylamine pyridine
(aniline)
CH3
Les amines d’origine végétale sont appelées alcaloïdes en raison de leurs propriétés
basiques.
O N O
Par exemple, la caféine peut être extraite du café et du thé : N
N
N
OH
La quinine, présente dans l’écorce de quinquina, N
fut le premier médicament utilisé contre le paludisme :
N
Certaines amines sont utilisées industriellement. Par exemple, la méthylamine, obtenue
par alkylation de l’ammoniac, est utilisée comme solvant et comme matière première
dans la synthèse de colorants et d’insecticides:
NH3
CH3 Br CH3 NH2
- HBr
L’éthylamine, obtenue par amination réductive de l’éthanal, est utilisée dans l’industrie
du pétrole et en synthèse organique :
1- NH3
CH3CHO CH 3CH2NH2
2- H2 [Ni]
NO2 NH2
Structure et Réactivité
Pour les amines cycliques et acycliques, l’atome d’azote est au sommet d’une pyramide,
son hybridation est de type sp3 et l’angle entre les liaisons est inférieur à 109° en raison
de la présence du doublet non liant. Dans la plupart des cas, la structure n’est pas rigide.
La barrière d’énergie séparant les configurations est généralement faible et la fréquence
d’interconversion est très élevée.
N R1 R2 ν ≈ 109 Hz
R3 R3
R1 R2 N
Les ions ammonium quaternaires peuvent être obtenus à partir des amines par une
réaction dite alkylation d’Hofmann. Les énantiomères peuvent être séparés et isolés.
CH3 CH3
N N
C4H9 C4H9
C2H5 C2H5 C3H7
C3H7
Les amines primaires et secondaires sont des acides très faibles (pKa > 30). Il n’est pas
possible de les déprotoner dans l’eau. Mais il est possible de les déprotoner en milieu
non aqueux par des bases très fortes telles que le butyllithium BuLi. Par exemple
le LDA, diisopropylamidure de lithium :
BuLi
NH N Li+ + BuH
Une autre méthode consiste à coupler la réaction acide-base avec la réduction de l’ion
H+ grâce à un métal alcalin :
Et Na Et
N H N
Et - H2 Et
Alkylation des amines
Une méthode a priori simple pour alkyler l’atome d’azote d’une amine consiste à la faire
réagir avec un dérivé halogéné. Avec une amine primaire ou secondaire il y a substitution
d’un atome H par un groupe alkyle. Le bilan attendu est le suivant :
SN2
RNH 2 + RX RNHR + HX
Malheureusement HX est un acide fort et il faut donc tenir compte des équilibres
acido-basiques de protonation des deux amines apparaissant dans le bilan :
RNH2 + H+ RNH3+
R2NH + H+ R2NH2+
Les ions ammonium quaternaire peuvent subir une élimination E2 en présence d’une base
forte à chaud. Il se forme alors un composé éthylénique. L’oxyde d’argent Ag2O
en présence d’eau permet de réaliser cette réaction :
Ag2O + H2O 2Ag+ + 2OH-
L’ion Ag+ réagit avec l’iodure I- pour former l’iodure d’argent qui est peu soluble, ce qui
permet aussi de séparer l’azote chargé positivement de l’ion I- . La régiosélectivité
de l’élimination conduit à la formation de l’alcène le moins substitué (règle de Hofmann).
NH2 N(CH3)3,I-
95%
Ag2O / H2O, T
N(CH3)3,I- + (CH3)3N
5%
-
OH
Elimination E2 H
H
N(CH3)3 + (CH3)3N
-
OH
Attaques nucléophiles des amines
sur les cétones et les chlorures d’acide
La réaction entre une amine primaire ou secondaire et un chlorure d’acyle (RCOCl)
permet de préparer des amides. La réaction a lieu en présence de pyridine de façon à
neutraliser l’acide formé.
O
H
NH2 N CH3
CH3COCl , N
Le mécanisme est un mécanisme d’addition-fragmentation qui conduit d’abord à
unintermédiaire tétraédrique puis à un ion acylaminium qui est finalement
déprotoné.Avec une amine tertiaire, la réaction s’arrête au stade de l’ion acylaminium.
En présence d’excès d’eau, l’ion redonne l’amine et l’acide carboxylique parent du
chlorure d’acyle.
O O
N H H3C Cl N Cl ion acylaminium
H
O O
N N
N H
H N
L’addition d’une amine primaire sur un composé carbonylé (RCOR’) conduit à la formation
d’une imine. La réaction est catalysée par les ions H+ et sa vitesse est maximale vers
pH = 5 . En milieu plus acide, l’amine serait majoritairement protonée et l’atome d’azote
perdrait son pouvoir nucléophile.
O H+ R1 R
+ RNH2 N + H2O
R1 R2 R2
Imine
La formation d’une imine suivie de son hydrogénation in situ est une méthode d’alkylation
douce des amines appelée amination réductive. Un autre excellent réactif permettant
la réduction des imines est NaCNBH3 , utilisé à pH compris entre 6 et 7.
NH2 H3CCHO N
H2 [Ni]
N
H
Mécanisme d’addition d’une amine primaire sur un composé carbonylé
O H O OH
R N R N
H H
NH2R H
Imine H H
R O
R
N +H N + H2O R N
H H
ion imminium
Que se passe-t-il lors de la réaction d’une amine secondaire sur un composé carbonylé ?
O H O OH
R N R N
R' R'
NHRR' H
H H H
Enamine R R
O
N + H3O N + H2O R N
R' R' R'
Composés carbonylés :
aldéhydes et cétones
Les composés comportant le groupe carbonyle –CO– sont appelés composés carbonylés.
Les aldéhydes portent le groupe caractéristique –CHO ; le groupe carbonyle est alors lié
à un groupe alkyle ou phényle et un atome d’hydrogène. Les cétones portent le groupe
caractéristique –CO–R ; le groupe carbonyle est lié à des groupes alkyles ou phényles.
O
O
Cinnamorum
La civétone est une cétone à grand cycle
Camphora
présente à l’état naturel dans les glandes
odoriférantes de la civette (chat musqué)
d’Afrique.
O O Acyclique
H H
hexanal 3-méthylpentanal
Aldéhydes
HO
Cyclique
CHO CHO
Cyclohexanecarbaldéhyde 3-hydroxybenzaldéhyde
Acyclique O Cyclique
O O Cl
Cétones
δ+ δ−
centre centre
électrophile C O nucléophile
Le carbone d’un aldéhyde est plus réactif que celui d’une cétone.
Additions sur le groupe carbonyle
Additions nucléophiles
δ− H+
Nu- C O Nu C O Nu C OH
δ+
Addition d’acide cyanhydrique (en présence d’une quantité catalytique de cyanure de potassium)
H H H
N C C O H3C C O H CN H3C C OH
K H3C CN K CN
Addition des acétylures
K CN
R C C H + K R C C + K + 1/2 H2
H3C +
CH3
R C C + H Alcool acétylénique
C O R C C C OH
K H3C CH3
H H
Addition des organomagnésiens 1) CH3MgX
C O H3C C OH
Et 2) H2O, H+
Et
Addition des hydrures (LiAlH4, NaBH4) Donneurs de H-
H H +
H
H C O H
H C O H C OH
(LiAlH4) Et Et Li Et
Additions électrophiles
Avec un nucléophile faible, il faut catalyser la réaction pour activer le groupe carbonyle.
L’électrophile le plus utilisé est le proton H+ (catalyse acide).
C O + H+ C O H C O H
H Nu C O H Nu C OH + H+
R R
Hydratation C O + H+ C O H
en milieu acide R' R'
R O H
R OH H
+ R' C OH
hydrate majoritaire C + H
si R, R’ attracteur R' OH O
H H
Action des alcools
La réaction entre un alcool et un aldhéhyde conduit à un hémiacétal. La réaction, catalysée
en milieu acide (et également basique), aboutit à un équilibre qui est généralement en
faveur des réactifs. La réaction entre un hémicacétal et un alcool, catalysée par un acide,
fournit un acétal.
H H H
+ R C OH
C O + H C O H + H3C O H
R R O
H3C H
OCH3 H H H+ H
R CH R C O R C OH
H
OCH3 OCH3 hémiacétal
O CH
3
H H H OCH3
R C O R CH
CH3 OCH3 acétal
OCH3
De par leur faible réactivité et en raison du caractère renversable de leur formation, les
acétals sont utilisés comme groupe protecteur des composés carbonylés ou des alcools.
Les acétals sont stables en milieu basique. Ils redonnent facilement l’alcool et le carbonylé
parent par hydrolyse en milieu acide.
R R OCH3 R OCH3
Avec les cétones : C O C C
R' R' OH R' OCH3
hémicétal cétal
Réactivité au voisinage du groupe carbonyle
En milieu acide comme en milieu basique, les composés carbonylés sont en équilibre
avec une forme énol. En milieu acide :
R1 O R1 O H R1 O H
+
+ H
H H H
R2 R R2 R R2 R
R1 O H
Enol + H+
R2 R
En milieu basique :
R1 O R1 O R1 O
-
+ B + BH + BH
H
R2 R R2 R R2 R
L’énolate cinétique est obtenu avec des bases très fortes (LDA) en milieu dipolaire
aprotique. L’énolate le plus stable (thermodynamique) est obtenu en solvant protique et
en excès de cétone (par exemple ici en utilisant la triéthylamine dans le solvant DMF).
Les énolates possèdent donc deux points d’attaque : au niveau du carbone et de
l’oxygène. Ce sont des nucléophiles ambidents (du latin ambotus : les deux et de dens :
la dent). Le pourcentage de C-alkylation / O-alkylation dépend du solvant, du contre-ion
présent en face de l’énolate et du nucléofuge porté par le centre électrophile.
En solvant dipolaire aprotique de forte constante diélectrique (HMPT, DMF, DMSO), la O-
alkylation est majoritaire car le contre ion est assez éloigné de l’oxygène. Dans un
solvant protique comme tBuOH, l’atome d’oxygène est lié au solvant par des liaisons
hydrogène et l’alkylation a lieu majoritairement au carbone (C-alkylation). Quand le
contre-ion est Li+ ou Mg2+ , il est fortement associé à l’oxygène et l’alkylation a alors lieu
majoritairement au carbone (C-alkylation). C’est également le cas lorsque le nucléofuge
est l’ion iodure I- .
O-alkylation
K +
Et
C-alkylation
O O O O O O
(EtO)2SO2
OEt OEt OEt
Et
83 % 15 % HMPT
0 % 94 % tBuOH
L’alkylation directe des aldéhydes nécessite de prendre des précautions en raison de la
réaction concurrente de condensation aldolique (voir plus loin dans le chapitre).
L’alkylation des cétones est de loin la plus pratiquée.
O O O O C-alkylation
K2CO3 , CH3I
O O O
1 - Ph3CK , DME 25 °C
+ C-alkylation
2 - CH3I
O O
Cl NaOH , H2O , ∆
L’aldolisation correspond à l’addition (la condensation) de deux aldéhydes.
L’équilibre est favorable au produit. La réaction est renversable (rétroaldolisation). A
basse température, l’aldol peut être isolé. Cette réaction est importante car elle permet
de créer une nouvelle liaison carbone-carbone.
O OH O
2
NaOH , 5 °C Aldol
H H
L’aldolisation est catalysée en milieu basique comme en milieu acide. En milieu basique,
il y a formation d’un ion énolate beaucoup plus nucléophile que l’énol :
O O O O
H
H H H CH2R
R R H CH2R R
OH
O
H2O
O OH
OH Aldol
H CH2R
R
Les aldols subissent assez facilement une réaction de déshydratation appelée
crotonisation. Cela permet d’accéder aux α-énones, très utilisées en synthèse. La
réaction peut se faire en milieu acide ou basique. En milieu acide :
H H
O OH O O O
+ H+ + H+
R1 R2 R1 R2 R1 R2
H
Les réactions d’aldolisation et de crotonisation ont souvent lieu à la suite l’une de l’autre
dans le milieu réactionnel. C’est un exemple de réaction en cascade :
O OH O O
NaOH , ∆
H H H
La cétolisation correspond à l’addition (la condensation) de deux cétones.
L’équilibre est très défavorable au produit appelé cétol. Pour préparer un cétol, on utilise
un dispositif expérimental appelé extracteur de Soxhlet. Le produit est extrait au fur et à
mesure qu’il est formé, ce qui évite sa décomposition, tandis que le réactif, plus volatil,
est recyclé par chauffage à reflux.
O Ba(OH)2 , ∆
OH O
2 Cétol
L’aldolisation croisée met en jeu un aldéhyde et une cétone. Elle conduit à un seul
produit lorsque l’un des composés n’est pas énolisable :
O O O
OH , H2O
+ H H OH
Une aldolisation croisée peut donner un mélange complexe de produits. La réaction peut
être rendue sélective en ajoutant goutte à goutte l’aldéhyde au mélange contenant la
cétone. L’énolate dérivé de la cétone (le plus nucléophile) réagit avec le carbonylé le
plus électrophile, càd l’aldéhyde (règle de Wittig).
On peut halogéner les cétones et les aldéhydes en milieu acide ou basique en présence
de X2 (X= Cl, Br ou I). Par exemple, dans l’acide acétique, la réaction entre une cétone et
le dibrome conduit à une cétone α-bromée.
O O
Br2 , AcOH
Br
Lorsque deux dérivés bromés peuvent être formés, on observe que l’halogénation a lieu
majoritairement sur l’atome de carbone le plus substitué :
O O
Br2 , AcOH
Br
En milieu basique, la réaction a lieu aussi mais ne s’arrête pas à la monohalogénation :
O O
Br2 , OH
Br Br
En milieu acide, l’étape cinétiquement déterminante (lente) est la formation de l’énol.
L’énol le plus substitué (le plus stable) se forme. La bromation de l’énol a lieu dans
une seconde étape rapide. Le dérivé obtenu est moins réactif que la cétone de départ.
O OH OH
H+
Br Br Br + Br-
Etape
lente
H
O O
Br + H+ Br
En milieu basique, l’étape cinétiquement déterminante (lente) est la formation de
l’énolate. L’énolate le moins substitué se forme.
O O O
B Br + Br-
+ BH
Etape
Br Br B
lente
Instable ! O O
O
Br Br Br Br
C(Br)3
Br
Substitutions électrophiles
Aromatiques
N N O
Pyridine H
Furanne Anion
Pyrrole cyclopentadiényle
Ces réactions sont difficiles car la stabilisation due à l’aromaticité est perdue durant la
réaction. C’est pourquoi le benzène réagit beaucoup plus lentement que les alcènes.
D’autre part, lors de réactions d’oxydation, ce sera la chaîne latérale éventuellement
portée par le noyau aromatique qui sera oxydée.
Le mécanisme de la substitution est le suivant :
E E
lent
+ E + H + H+
Complexe σ
stabilisé par mésomérie
E
H
Sur ce principe, on peut halogéner le benzène, la réaction étant catalysée par un acide
de Lewis :
Cl Cl + AlCl3 Cl + AlCl4
ion chloronium
Cl Cl
+ Cl+ H + H+
Br I
FeBr3 CuCl2
+ Br2 + HBr + I2
H O NO2 + H2SO4 NO2 + H2O + HSO4
Nitration
du benzène NO2 NO2
+ NO2+ H + H+
Cl + AlCl3 + AlCl4
Alkylation
du benzène
H + H+
+
Cumène (85 %)
Cl + AlCl3 + AlCl4
Acylation O
O
du benzène O O
H + H+
+
O
Acétophénone (95 %)
E+
para + H+
E H E H
E
stabilisation
de la charge
OH OH OH OH
E E E
+
E + H+
H H
E+
+ H+
para E H E H E H E
stabilisation
de la charge
OH OH OH OH
meta E+
E E + H+
H H E
Avec les halogènes (F, Cl, Br, I), la substitution est aussi orientée en positions ortho et
para (effet +M), mais ils désactivent la substitution (effet combiné –I et +M).
Si le substituant X est « accepteur » par effet inductif (-I) et mésomère (-M), la densité
électronique du noyau benzénique est appauvrie, la réaction est ralentie par rapport au
benzène non substitué. X est un substituant désactivant, il oriente la
substitution en position méta (X peut être +NR3, CN, RC=O, COOH, NO2 )
E+
para + H+
E H E H E
NR3 NR3 NR3 NR3
E+
meta E E + H+
H H E
L’oxydation du noyau benzénique est très difficile, ce sont généralement les chaînes
latérales présentes qui sont oxydées.
COOH
KMnO4
COOH
KMnO4
COOH
KMnO4
NO2 NO2
KMnO4
pas d’oxydation