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ARBO Bases - Scientifiques-Des-Tests-De-Traction

Cet article critique les méthodes de tests de traction utilisées pour évaluer la solidité des arbres, en soulignant leur manque de fiabilité et de fondement scientifique. Il met en évidence que ces méthodes, bien qu'utilisées pour diagnostiquer la sécurité des arbres, ne tiennent pas compte de la complexité des structures arboricoles et des conditions réelles. Les auteurs appellent à une remise en question des approches actuelles et à une meilleure compréhension des mécanismes de défaillance des arbres.

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ARBO Bases - Scientifiques-Des-Tests-De-Traction

Cet article critique les méthodes de tests de traction utilisées pour évaluer la solidité des arbres, en soulignant leur manque de fiabilité et de fondement scientifique. Il met en évidence que ces méthodes, bien qu'utilisées pour diagnostiquer la sécurité des arbres, ne tiennent pas compte de la complexité des structures arboricoles et des conditions réelles. Les auteurs appellent à une remise en question des approches actuelles et à une meilleure compréhension des mécanismes de défaillance des arbres.

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Cet article est une approche


critique des tests de traction
utilisés pour évaluer la solidité et
la résistance des arbres Statics
Integrated Assessment (évalua-
tion intégrée de la statique) et
Static integrated Method, SIA
(méthode statique intégrée).
Nous avons décidé, avec
l’assentiment de l’auteur que
nous remercions, de publier
la traduction intégrale de cet
article paru dans ARB Magazin
(titres, sous-titres et illustrations
sont toutefois de la rédaction).
Il répond à certaines interroga-
tions de lecteurs de LA FORÊT
et de WALD und HOLZ sur la
thématique des tests de traction
mécaniques et des modèles qui
leur servent de base.
Avec l’afflux de promeneurs et de Test de traction en marge du Forum bavarois de l’arbre, en mars dernier à Freising (D). Ferdinand Oberer
visiteurs en forêt et la multipli-
cation des installations (bancs,
places de jeux …) se pose pour les
propriétaires et forestiers
la question de leur responsabilité
Les bases scientifiques
des tests de traction
vis-à-vis de ces usagers, d’autant
plus encore dans les forêts des
zones urbaines ou périurbaines.
Il est bon, pensons-nous, que les
forestiers et les propriétaires
disposent d’informations sur
Peter Sterken* | Trouver une méthode fiable et précise pour évaluer la
les méthodes de diagnostic de dange­rosité de l’arbre est le Graal de l’arboriculture urbaine depuis des
sécurité des arbres et qu’elles
­décennies. Les conséquences étant lourdes en cas d’erreur, les arboristes
ne soient pas exclusivement
réservées aux spécialistes de la doivent remettre en question les méthodes à leur disposition.
question, arboristes, spécialistes
des soins aux arbres, entreprises
prestataires de services, etc. C’est Une méthode d’évaluation visuelle «combinée» de La théorie face aux réalités de terrain
d’autant plus important que les la dangerosité de l’arbre a été publiée par Sterken Il n’existe encore aucune méthode précise pour
forestiers sont de plus en plus (2006): la méthode V calcule la vitesse de vent cri- prévoir la défaillance d’un arbre (James et al.,
appelés à entretenir des arbres tique à laquelle l’arbre est susceptible de rompre. 2014) et aucune d’elles ne peut revendiquer une
et des zones boisées enclavées La méthode SIA (Statics Integrated Assessment, garantie contre la rupture, le déracinement ou les
dans des zones d’habitation ou Wessoly and Erb, 1998) calcule le point hypothé- défaillances du houppier. Cette réalité doit être
les jouxtant immédiatement. tique de rupture ainsi qu’un coefficient de sécurité mise dans la balance, face aux coûts souvent élevés
globale lorsque l’arbre est soumis à une certaine de méthodes de diagnostic à l’aide d’instruments.
vitesse de vent. Lors des tests de traction dits SIM En outre, la preuve scientifique n’est pas faite
* Peter Sterken est expert
(Statics Integrated Methods, Wessolly and Erb, que ces méthodes sont fondées sur des mesures
en arboriculture. Ce scien- 1998), les arbres sont soumis à des contraintes d’effets réels de vents agissant sur des arbres
tifique possède un bureau statiques afin de calculer leur coefficient de sé- réels. «Il est reconnu qu’il n’existe pas encore de
de conseil indépendant en curité hypothétique (le point de rupture ou de preuves statistiques démontrant un rapport entre
Espagne. L’article original en
anglais «Tree risk assess- déracinement de l’arbre). Dans le sillage de ces les résultats pronostiqués par le modèle et les
ment: a review of methods», méthodes, d’autres approches ont été développées. résultats réels» (Sterken, 2006).
est paru dans ARB Magazin, Le présent article propose une mise à jour des De même, les arbres peuvent rompre ou se
180 Spring Issue 2018,
limites de ces méthodes d’évaluation; en effet, si déraciner sous des charges de vent bien en deçà
pp. 40–43, The Arboricultural
Association. on fait aveuglément confiance à l’une ou l’autre, des seuils indiqués par les tests de traction. Autre-
Traduction: Ferdinand Oberer on s’expose à un risque de défaillance inattendu. ment dit, un arbre peut céder contre toute attente

10 LA FORÊT 12/18
après avoir été diagnostiqué «sûr». A ce su- LA MÉTHODE
jet, des résultats importants ont été publiés «ELASTO-INCLINO»
par Baker and Bell (1992) et reproduits par
James (2010). Petola (2006) remarque aussi Des tests de traction sont effectués
que les processus sous-jacents aux dégâts pour déterminer à la fois la résis-
provoqués par le vent ne sont pas encore tance d’un arbre contre la rupture
entièrement compris. Par conséquent, ces et contre le déracinement (méthode
méthodes ne peuvent qu’indiquer une pro- «elasto-inclino»).
babilité de défaillance. Les élastomètres (capteurs en haut
L’évaluation de la résistance mécanique à sur l’image, appelés aussi jauges
l’aide d’une simulation des charges statiques de déformation) enregistrent les
(tests de traction) seule n’est donc pas suffi- déformations des fibres du bois.
sante, et le calcul de la force du vent agissant Les capteurs à la base du tronc sont
sur le houppier est problématique lorsque des inclinomètres qui captent des
les profils aérodynamiques de l’arbre sont inclinaisons au niveau du collet avec
inconnus (Petola et al., 2006). Le fendage du une précision d’un centième de mil-
bois au niveau des contreforts des racines, limètre. L’ancrage d’un arbre est cal-
dû à la force du vent ou aux tests de trac- culé selon la «courbe de basculement
tion (Claire et al., 2003), devrait également générale» qui décrit le processus du
être pris en compte car beaucoup d’arbres déracinement des arbres selon les
cèdent de cette façon. indications des auteurs.

Méthode inutile?
Certains mécanismes récurrents de dé- Examen d’un arbre, avec les différents
faillances structurelles et la complexité capteurs en place. Ferdinand Oberer
des charges ne peuvent pas toujours être
pronostiqués par les méthodes V, SIA, SIM
ou similaires (Sterken, 2005 et 2006). s’étendent sur une grande longueur à faites. Or, les méthodes d’évaluation décrites
Selon Wessolly et Erb (2006, page 233), l’intérieur de l’arbre [sic]». Dans la réalité, dans le présent article présupposent que
le mécanisme de rupture d’un arbre creux beaucoup d’arbres endommagés présentent l’arbre correspond à une poutre parfaite, ou
cadre avec le flambage d’un brin d’herbe. des cavités irrégulières. Cela signifie-t-il à un tube constitué d’un matériau isotrope
Partant de cette hypothèse, ses auteurs que le raisonnement exposé dans Wessolly (matériau ayant les mêmes propriétés
«autovalident» la valeur informative de leur et Erb (2006) n’est donc pas applicable à physiques dans toutes les directions). En
méthode de tests de traction. Ceci devrait l’examen des arbres présentant des cavités outre, la poussée du vent à laquelle l’arbre
susciter de sérieux doutes auprès de toute irrégulières? Laisser de côté ces arbres est supposé céder est calculée suivant la
personne ayant l’expérience de la grande réduirait considérablement l’efficacité et théorie de la limite d’élasticité des fibres
variété de mécanismes de rupture des l’utilité d’une telle méthode d’évaluation. (du bois) sous compression axiale.
arbres creux. De surcroît, l’herbe n’a rien à Les structures mécaniques des arbres Le lecteur devrait se poser les questions
voir avec le bois. sont complexes (en particulier celles des suivantes (notamment par rapport au
De plus, Wessoly et Erb écrivent que sujets manifestement défaillants, candidats raisonnement de Wessolly et Erb, 2006,
«dans des zones où des défaillances struc- typiques des tests de traction selon les mé- page 233, discuté ci-dessus): «Les arbres
turelles se manifestent plus tôt, on devrait thodes SIA et autres); elles ne peuvent pas que je dois évaluer correspondent-ils vrai-
vérifier de près si les cavités régulières être considérées comme des poutres par- ment à des poutres ou des tubes parfaits?
Ne présentent-ils pas plutôt des cavités
excentriques, des fissures, des géométries
LE TEST DE TRACTION irrégulières, des troncs courbés, etc.?» La
réponse à la première question sera très
Le test de traction SIA (Static Integrated Assessment) ou SIM (Statics Integrated Method) probablement «non» et celle à la deuxième
est une méthode d’évaluation approfondie lorsque l’arbre présente des signes de défail- «oui», car si ces arbres n’étaient pas sévère-
lances mécaniques visibles. Il a été introduit dans les années 1980 en tant que méthode ment endommagés, ils n’auraient pas besoin
nondestructive. Lors du test de traction, l’arbre est soumis à une charge dosée à l’aide d’un d’examen à l’aide des méthodes mention-
câble dans la direction présumée du vent dominant. Sous cette charge, les fibres du bois nées. L’utilité de ces dernières doit donc être
dans le tronc se déforment en deçà de leur limite d’élasticité, et les déformations sont rele- mise en question.
vées par des élastomètres. Sur la base de ces mesures et à l’aide de paramètres (diamètre
du tronc, hauteur de l’arbre, forme du houppier), un ordinateur branché aux élastomètres Absence de preuves scientifiques
calcule si l’arbre résiste à une poussée du vent de force 12 sur l’échelle de Beaufort ou pas. La prudence s’impose pour d’autres raisons
D’autres variables d’entrée pour les calculs sont le coefficient de traînée de l’essence en encore: le socle de la méthode proposée par
présence, ainsi que son coefficient de charge admise, c’est-à-dire les propriétés méca- Wessolly et Erb (2006) – notamment les
niques des bois verts, empruntés aux tableaux du «Catalogue de résistance des bois verts coefficients de traînée, les propriétés mé-
de Stuttgart». Les calculs se font selon les modèles de flambage d’une coque cylindrique. caniques des bois selon le «Catalogue de

LA FORÊT 12/18 11
résistance des bois verts de Stuttgart» (voir dires: Detter et al. (2005) affirment qu’«ils
encadré «Test de traction») et la courbe de (les tests de traction à l’aide d’élasto- et
basculement générale (voir encadré «Mé- d’inclinomètres) permettent également de
thode elasto-inclino») – devrait reposer sur déterminer les épaisseurs de paroi rési-
des données scientifiquement démontrées. duelles sans recourir à des outils invasifs.»
Or nous n’avons pas trouvé dans l’ouvrage Pour illustrer ces propos, un diagramme
de Wessolly et Erb (2006) de références à des épaisseurs de paroi résiduelles de
des publications scientifiques, examinées 4807 arbres censément examinés figure
par des pairs, qui reposeraient sur des dans leur document; ceci suggère qu’un
données et des procédures scientifiquement grand nombre d’arbres subsistent avec
reconnues. Par conséquent, on ne peut que des très petits coefficients t/R (épaisseur
conjecturer: les coefficients de traînée, de paroi résiduelle/diamètre du tronc). Ce
les propriétés mécaniques des bois et la même diagramme a été reproduit par Bond
courbe de basculement générale sont-ils ou (2006). Wessolly et Erb (1998) en ont publié
non purement hypothétiques? Sans même une version antérieure.
compter que les propriétés mécaniques des Mais ces résultats devraient être inter-
bois de Niklas et Spatz (2010) pourraient prétés avec précaution car ils peuvent être
remplacer le «Catalogue de résistance des trompeurs; en effet, les dimensions des
bois verts de Stuttgart» (Wessolly et Erb, cavités, telles que publiées par Detter et
1998), puisqu’elles sont plus exhaustives al. (2005), sont basées sur quatre types de
et qu’elles ont été publiées dans une revue variables d’entrée:
soumise à évaluation par des pairs. a) sur les modules d’élasticité hypothétiques
A cela s’ajoute que les troncs et les empruntés au «Catalogue de résistance
branches courbes peuvent se fissurer dans des bois verts de Stuttgart» (Wessolly et
le sens longitudinal avant qu’une compres- Erb 2016);
sion des fibres du bois se produise (Ennos b) sur des calculs des profils reposant sur
et van Casteren, 2009), ce qui signifie que des mesures au compas et supposant,
toutes les trois méthodes comparées dans sans que ce soit certifié, que ces profils
le présent article (même les tests de traction épousent des formes elliptiques;
à l’aide des élastomètres) sont inutiles en c) sur la mesure des extensions des fibres En zones habitées et périurbaines et en
présence de ce type de défaillances très cou- de bois à l’aide d’élastomètres, sous l’effet présence de public, le rapport à l’arbre
rant, car elles ne prennent en compte que la d’une charge mécanique statique; change, ce qui induit de nouvelles exigences
compression des fibres du bois (Wessolly d) sur des formules d’ingénieur empruntées en termes de sécurité et de responsabilité des
et Erb, 2016). à des manuels de base. propriétaires et des forestiers.  Alain Douard
Les méthodes mentionnées n’utilisent Examinons chacun de ces types de variables:
d’ailleurs qu’une seule valeur de module a) les propriétés des matériaux, dont le
d’élasticité et une valeur de densité par mode d’élasticité, peuvent varier au sein
espèce d’arbre. Quant à la densité, Spatz et d’une espèce, voire d’un profil transversal dité et de la résistance à la flexion de la
Pfister (2013) préconisent un coefficient d’un arbre ou de ses différentes parties. zone évaluée;
de sécurité de 200%, au lieu des 150% Les valeurs peuvent donc diverger des c) l’importance de l’extension des fibres
des tests de traction SIM. En accord avec données des tableaux utilisées pour les de bois, lorsque l’arbre est soumis aux
Sterken (2006), ils écrivent que «les arbres tests de traction; efforts du test de traction, est mesurée
réels et les vents réels ne s’adaptent pas aux b) beaucoup d’arbres présentent un profil à l’aide des élastomètres. Si ces jauges
modèles mathématiques» et que les arbres transversal irrégulier, non elliptique, à la de déformation ne sont pas positionnées
forment des structures dynamiques. base de leur tronc et au niveau des em- correctement, par exemple sur une zone
Mon intention n’est pas d’invalider les pattements. La méthode «élastomètre» bombée du tronc ou sur un contrefort de
méthodes mentionnées ci-dessus, mais plu- fait appel au compas pour mesurer racine, les valeurs mesurées peuvent être
tôt de démontrer qu’elles n’en sont encore les plus grands diamètres à la hauteur plus importantes que les déformations
qu’aux prémices. L’interprétation correcte de l’emplacement des élastomètres (à microscopiques réelles, ce qui constitue
de leurs résultats peut sauver des vies; c’est l’endroit présumé du défaut mécanique une source d’erreur supplémentaire;
la raison de cet article, étant entendu que le ou de la cavité), puis les calculs qui en d) finalement, des formules d’ingénieur
modèle V (Sterken 2006) souffre des mêmes découlent reposent sur un profil trans- empruntées à des manuels de base sont
limitations. versal elliptique. Dès lors, les calculs appliquées à des valeurs issues des profils
se font à partir de profils transversaux transversaux surestimés, à des modules
Epaisseur de paroi résiduelle «représentative» beaucoup plus importants que dans la d’élasticité hypothétiques (qui peuvent
Mattheck et al. (2008) ont critiqué la mé- réalité, en raison des irrégularités des facilement être plus élevés que dans la
thode SIA, les tests de traction (SIM) et les profils consécutives à la présence de réalité) et à des déformations mesurées
sections transversales «résistantes aux contreforts de racines, etc. De telles sous l’effort des tests de traction (dont la
tempêtes» de Lothar Wessolly. Ils ont ignoré surestimations de la géométrie porteuse valeur relevée peut être plus élevée que
une source importante qui corrobore leurs amènent à une vision faussée de la rigi- les déformations réelles).

12 LA FORÊT 12/18
En résumé, les résultats des calculs peuvent non-experts pourrait facilement être induit Recommandations
indiquer une rigidité bien plus faible que en erreur et faussement conclure que les Sur la base des discussions qui précèdent,
celle établie par le test de traction; ensuite, arbres avec des coefficients t/R proches de on propose les orientations qui suivent.
l’épaisseur de paroi résiduelle est sim- 0,0 peuvent être considérés comme sûrs. Elles pourraient servir dans l’attente d’une
plement calculée sur la base des tests de méthode de contrôle de sécurité plus fiable
traction à l’aide des formules empruntées Discussions autour du coefficient t/R que celles disponibles aujourd’hui. Si un
aux manuels; enfin, comme toutes les hy- Enfin, Gruber (2008) affirme que la règle arbre creux présente une paroi résiduelle
pothèses peuvent être mises en doute (sauf t/R = 0,32 de la méthode VTA (Visual Tree tubiforme et sans défaut mécanique (ce
celle de l’extension des fibres, pour autant Assessment) ainsi que le diagramme renom- qui est l’exception), la valeur limite de 0,27
que les élastomètres aient été correctement mé de Mattheck seraient erronés. Selon lui, paraît justifiable pour éviter une défaillance
positionnés), le résultat peut également aussi bien le diagramme de Mattheck que selon les mécanismes mentionnés ci-des-
être mis en question. Et c’est pourquoi les celui de Wessolly et Erb devraient être remis sus. Un tel chiffre devrait correspondre
calculs des coefficients de cavité tels que en doute d’un point de vue scientifique. Les à un coefficient de sécurité de 200% par
publiés par Detter et al. (2005), Bond et contrôles de sécurité des arbres reposent de rapport à la charge du vent. Ce facteur peut
Wessolly et Erb devraient être pris avec longue date sur ces deux documents. se calculer en s’aidant de la formule 7 de
précaution. Une dispute acharnée sur les coefficients Sterken (2006).
t/R agite la profession des arboristes et des Si le coefficient t/R de la paroi résiduelle
Hypothèses non vérifiées soins aux arbres depuis les années 1990. se situe en deçà de 0,27, l’arbre entre dans
Les épaisseurs de paroi résiduelles, telles Les discussions tournent toujours autour de le royaume des défaillances imprévisibles.
que publiées dans Detter et al. (2005), ne l’épaisseur de la paroi résiduelle nécessaire On devrait évidemment tenir compte des
sont d’ailleurs pas des valeurs réelles mais à la sécurité de l’arbre en présumant une problèmes mentionnés ci-dessus ainsi que
des valeurs hypothétiques. Interpréter ces paroi résiduelle régulière et fermée. Mais de la complexité des forces, des proprié-
chiffres comme des valeurs réelles serait combien d’arbres creux correspondent tés des matériaux et de l’architecture de
une erreur dangereuse. Il nous paraît osé réellement à ce rêve d’ingénieur, c’est-à- l’arbre. Seuls entrent en ligne de compte des
de prétendre que «2171 arbres sur pied pré- dire à des tubes réguliers constitués d’un contrôles visuels, aucune méthode assistée
sentent des coefficient t/R entre 0,0 et 0,3»: matériau isotrope? Ils sont rarissimes. par ordinateur n’étant capable de s’y subs-
dans Wessolly et Erb (2016), nous n’avons La plupart des cavités sont excentriques, tituer. L’œil exercé de l’expert reste donc
pas trouvé de références renvoyant à des irrégulières, ouvertes ou liées à d’autres l’instrument crucial pour ce type d’examen.
publications scientifiques examinées par des faiblesses structurelles comme des fissures, Des recherches sur les palmiers for-
pairs, qui apporteraient des données fiables des entre-écorces, des nœuds, etc. Face à la tement endommagés pourraient être
et qui s’appuyeraient sur des méthodes présence de telles éléments, ces discussions conduites en plaçant sur leurs tiges des
scientifiquement reconnues. Elles seules autour du t/R paraissent ridicules. jauges de déformation de telle manière
pourraient conforter cette affirmation. qu’elles puissent mesurer les déformations
Si les arbres soumis à des efforts de trac- Valeurs précieuses pour s’orienter des fibres du bois dans toutes les directions
tion avaient été coupés après les tests pour Huang et al. (2017) recommandent des anatomiques, lorsque ces palmiers sont sou-
relever le coefficient t/R (à condition que valeurs de coefficients t/R critiques, ba- mis à une force de traction. On peut imaginer
leurs parois résiduelles correspondassent sées sur un flambage «Brazier», précédé que c’est une combinaison des contraintes
à des cercles concentrés et fermés), et si d’une ovalisation du tronc lorsque l’arbre (p. ex. contrainte tangentielle, cisaillement,
ces relevés eussent été comparés aux est soumis à des contraintes de flexion. Ils torsion) appliquées à une faible résistance
coefficients hypothétiques respectifs, alors indiquent les coefficients t/R suivants en du bois contre le fendage qui déclenche
il existerait une preuve corroborant cette fonction des modes de défaillance: un effondrement de l’arbre, plutôt qu’une
affirmation ambitieuse. Mais dans la bi- – pour un flambage «Brazier» (0 < t/R < 0,6); contrainte unidirectionnelle dans le sens
bliographie de Wessolly et Erb (2016), on – pour un cloquage tangentiel suivi par un longitudinal du tronc et parallèle aux fibres
ne trouve aucune référence à des sources fendage longitudinal (0,06 < t/R < 0,27); (Sterken, 2005, p. 42, et Clair et al., 2003).
qui renseigneraient sur les méthodes et les – pour un flambage «conventionnel» sous un Des tailles de réduction et des haubanages
formules appliquées. effort de flexion (0,27 < t/R < 1). peuvent être envisagés pour éviter l’effon-
Dans Wessolly et Erb (2016), le même Ces résultats pourraient fournir des orien- drement d’un arbre, au cas où des morceaux
diagramme revient, cette fois avec les résul- tations précieuses pour évaluer des arbres de tronc et des branches sont faiblement
tats de tests de traction sur 8140 arbres. Il creux. Les méthodes décrites ci-dessus ne fixés. Certains affirment que des haubans
suggère que 3729 arbres sur pied présentent seraient dès lors utilisables et crédibles synthétiques favorisent (comme Wessolly et
un coefficient t/R entre 0,0 et 0,3. Si les au- qu’en présence de coefficients t/R égaux Erb, 2016) la compensation des défaillances
teurs admettent cette fois que ce diagramme ou supérieurs à 0,27. Un coefficient t/R en permettant des mouvements légèrement
est le résultat de calculs issus des relevés inférieur à 0,27 provoquerait une défail- atténués grâce à des amortisseurs. Ces affir-
d’élastomètres, ils ne fournissent aucune lance mécanique du tronc creux qui serait mations n’ont pas encore été prouvées par
explication ni avertissement à ce propos. imprévisible par les méthodes décrites des publications scientifiques reconnues.
Wessolly et Erb seraient donc bien avisés ci-dessus; ceci donne plus de crédibilité à Elles demeurent donc des hypothèses.  
(aussi bien que les autres auteurs ayant la fameuse valeur de 0,32 de Mattheck, va-
publié cette idée) de revoir leur affirma- leur provenant d’une ancienne publication
tion et leur diagramme qui conduisent à de Wagener (1963), selon l’affirmation de
des interprétations erronées. Un public de Gruber (2008).

LA FORÊT 12/18 13

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