PHD Final Lamyae PDF
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Sous le thème :
Membres de Jury :
En tout premier lieu, après Dieu, je voudrais manifester toute ma reconnaissance à mes
chers parents pour ces longues années de soutien inconditionnel, pour votre confiance
en moi, pour tous les sacrifices et encouragements que vous m‟avez prodigué pour que
je puisse arriver à achever ce travail et atteindre mon objectif.
A mes sœurs, Atimad, Meriem, Houda, Sakina et mon petit frère Mehdi, vous avez
poursuivi avec moi mon objectif avec amour et encouragements, vous y teniez comme
moi, cette réussite est aussi la vôtre, vous pouvez en être fiers.
A mon cher mari Hatim, mon fils Mamoun, vous êtes un don de Dieu, merci pour
votre amour inconditionnel, votre soutien et surtout votre patience.
A mes chers amis, je vous remercie pour votre soutien, vos encouragements, conseils
et critiques que vous m‟avez toujours apporté pour l‟élaboration de la présente thèse.
Je remercie aussi les membres de jury qui ont accepté d‟évaluer mon travail et ont bien
voulu m‟honorer par leur présence et pour leurs critiques et leurs remarques
pertinentes.
Je remercie également mes collègues et collaborateurs pour les échanges qu‟ils ont su
susciter et qui ont constitué autant d‟occasions d‟apprentissage et d‟enrichissement et
partage d‟informations.
PF : Performance financière
The performance of microfinance institutions has two components: a financial component and
a social component. This thesis aims to analyse the extent of the social and financial impact of
microfinance institutions in Morocco.
The first analysis is based on the main indicators determining financial performance, which is
one of the factors used to measure the success of a microfinance institution (MFI) in terms of
financial performance. It is often viewed as a yardstick used by investors to conduct due
diligence and assess the condition of an investment; it is also used as a tool by government
supervisors to assess compliance with regulatory measures and monitor the overall health of
the financial sector.
This analysis seeks to study the determinants of FP of MFIs in Morocco over the period 2007-
2017, using two different measures of financial performance (portfolio yield and profit
margin).
Moreover, the second quantitative analysis focuses on the social impact of microcredit on
beneficiaries. This analysis is based on a questionnaire of the SPI-Cerise tool mobilizing
information internal to the MFI as well as survey data collected from beneficiaries, which is
built around four main dimensions of social performance and provides a quick and
comprehensive diagnosis of the social performance of microcredit institutions in order to
detect the shortcomings of MFIs in terms of social performance and take action to remedy
them.
The main objective of this analysis is above all to measure and assess and know the direct or
indirect effects and spin-offs of microcredit on the beneficiaries, which at least enable them to
develop economic activities in order to change their economic and social situation.
Section 2. Etat des lieux et principaux résultats de la microfinance dans le monde ..................... 43
Section 1. Analyse des facteurs déterminants de la performance financière des IMF au Maroc 126
6HFWLRQ$QDO\VHGHO¶LPSDFW
social du microcrédit sur les bénéficiaires : Etude de terrain ... 163
1
dans la lutte contre la pauvreté et dans l'autonomisation des pauvres grâce à des ressources
financières qui leur permettrait de développer des activités génératrices de revenus et aussi la
viabilité financière de ces institutions de microcrédit et leurs capacité de couvrir par leurs
produits les coûts financiers et opérationnels tout en dégageant une marge pour assurer leur
croissance.
Aujourd'hui, sous le parapluie de la lutte contre la pauvreté, quelques analyses ont
montrées que les investisseurs utilisent les microcrédits afin de convertir une partie des
ressources des pauvres en profits qu‟ils obtiennent en imposant des taux d'intérêt très élevés.
Ce qui nous emmène à croire que nous sommes donc face à une activité très rentable.
En effet, ce type de crédits cible pour une grande part les femmes, les plus démunies
en termes de ressources et les plus touchées par la privatisation des services publics d'une
part, et parce qu'elles travaillent fréquemment dans de petites activités productives à faible
rentabilité. De surcroît, habituées à répondre aux besoins de la famille, elles sont réputées
meilleures gestionnaires de leurs fonds et mieux respecter leurs engagements à rembourser les
montants empruntés.
Cependant et malgré une période d‟activité assez courte, des études ont montrées que
les institutions de microcrédit ont causé des dommages sociaux et économiques importants à
leurs clients au niveau mondial. Au lieu d'aider les pauvres, leurs conditions de vie se sont en
règle générale détériorées, en raison de leur endettement excessif ou encore de leur incapacité
à rembourser leurs dettes. Et en raison de l'expansion rapide des IMFs dans les pays en
développement à travers le monde, et au Maroc en particulier, les informations mises à jour
doivent être collectées et analysées pour aider à répondre à plusieurs questions de recherche.
La microfinance a été conçue comme un outil de réduction de la pauvreté pour les plus
pauvres. Cependant, la preuve a montré que la microfinance ne réponds pas toujours à cette
mission (Bateman & amp; Chang, 2012).
Nous partons de l‟hypothèse que l‟objectif des institutions de microcrédit est
d‟atteindre la meilleure performance possible, ce qui peut être réalisé lorsqu‟elles parviennent
à concilier deux exigences : la performance sociale (PS) en réduisant la pauvreté et la
performance financière (PF) en assurant une rentabilité pérenne. Cependant, ces deux
exigences suscitent un débat entre deux courants de pensée opposés : les welfaristes font
valoir l‟exigence sociale de ciblage des plus pauvres et d‟amélioration de leurs conditions de
vie, les institutionnalistes défendent l‟exigence économique de la rentabilité et de la viabilité
de l‟institution.
2
Au vu de cette analyse, les IMF au Maroc fournissent une illustration pertinente de ce
débat et l‟analyse de leur activité couplée aux besoins d'efficience opérationnelle et
managériale permet de répondre à la question des principaux indicateurs déterminants de la
viabilité financière et de l‟impact social des institutions de microfinance marocaines.
Ainsi, notre recherche s‟articule autour de la problématique suivante : « Quelles sont
les facteurs déterminants de la viabilité financière des institutions de microfinance au
Maroc et quel est l’impact du microcrédit sur la situation économique et sociale des
bénéficiaires? »
L‟objectif de cette étude est d‟analyser les facteurs déterminants de la viabilité
financière des institutions de microcrédit au Maroc et de mesurer l‟impact économique et
social du microcrédit sur les bénéficiaires. Ce choix était motivé d‟un côté par l‟insuffisance
des recherches dans ce domaine au Maroc et d‟un autre côté par l‟intérêt d‟étudier les facteurs
internes spécifiques indépendamment des variables macroéconomiques, non que ces dernières
ne soient pas signifiantes, mais elles ont plus d‟intérêt dans le cadre de comparaisons
internationales.
C‟est dans ce cadre que nous avons fait le choix de mener cette étude portant sur un
travail académique qui porte sur l‟analyse de la viabilité financière des institutions de
microfinance marocaines en analysant les facteurs déterminants de la performance financière
des IMF marocaines actives sur le marché et aussi en menant une enquête sur le terrain auprès
des bénéficiaires afin de mesurer l‟impact social du microcrédit sur leur situation économique
et sociale. Nous cherchons donc à évaluer les performances de ces institutions et à déterminer
les facteurs qui contribuent à la réalisation de ces performances.
La première approche à laquelle nous nous sommes intéressés, et celle de la
performance financière des institutions de microfinance au Maroc. Pour le besoin de cette
analyse, la détermination des indicateurs les plus pertinents de la performance économique et
financière des IMF a été le principal objectif, pour cela nous avons d‟abord fait une revue de
littérature qui nous a permis d‟identifier les indicateurs de la performance financière
susceptibles de s‟appliquer aux données empiriques. Nous tenons à préciser que nous n‟avons
pas pu élargir notre analyse sur le total des 13 IMFs faute de caractère limité des données
recueillies et du manque d‟accès à l‟information pour certaines institutions, ainsi les dernières
données empiriques ont été collectionnées sur le site de Mix Market avec la constitution d‟un
échantillon de base de 8 IMF marocaines sur une période de 11 ans (2007-2017).
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Le traitement et l‟analyse des données ainsi recueillies, nous ont permis de tester notre
modèle pour mettre en évidence les déterminants de la rentabilité des actifs des IMF ainsi que
la rentabilité des capitaux propres.
Par ailleurs, le deuxième axe vise à faire une contribution empirique dans
l'identification des variables incitant à l'amélioration de la performance financière des
institutions de microfinance au Maroc.
La deuxième approche a pour objectif de mener une étude d‟évaluation portée sur la
satisfaction des bénéficiaires pour la réalisation et l‟accomplissement du besoin poursuivi.
L‟analyse intègre ainsi la diversité des impacts, positifs ou négatifs, observés y compris
lorsqu‟ils n‟étaient pas directement attendus (comme ceux sur la situation budgétaire ou
bancaire des emprunteurs, leur estime de soi, etc.).
Il s‟agit aussi d‟analyser en amont les modalités de prescription du microcrédit,
d‟évaluation de décision de prêter ou non en s‟intéressant notamment à la situation familiale
de l‟emprunteur, son activité et ses revenus.
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à cette analyse sont examinées à l'aide des
données recueillies à partir d‟une enquête menée auprès des bénéficiaires du microcrédit dans
la région de Rabat-Salé-Kenitra. Cette étude se penche sur plusieurs aspects des programmes
de microfinance dans la région de Rabat-Salé-Kenitra, à partir des données d'enquête
recueillies auprès des emprunteurs de prêts. Cette étude tente donc de saisir les différentes
expériences et opinions des participants au programme de microfinance.
En utilisant une approche d'étude de cas, les données de l'enquête ont été recueillies et
analysées afin de déterminer les points de vue et opinions des participants au programme de
microfinance sur plusieurs questions clés auxquels ils sont confrontés comme emprunteurs de
microcrédit. Ces questions comprennent les impacts financiers perçus des institutions de
microfinance (IMF) sur les participants au programme, ainsi que, la satisfaction des
participants avec les produits de microfinance qu'ils utilisent. De plus, les données sur les
caractéristiques spécifiques des pratiques d'emprunt, et la façon dont les prêts sont utilisés et
examinés pour déterminer comment ces variables concernent l'impact global sur la situation
financière des emprunteurs perçus et les niveaux de satisfaction. Par la suite, la recherche
porte sur les opinions et réactions aux taux d'intérêt des IMF, les effets perçus du microcrédit,
et les préoccupations que les clients des IMF ont avec le remboursement du prêt. De plus, il
est important de déterminer si les clients des IMF sont satisfaits des services qu'ils reçoivent
et si ces institutions livrent une ressource précieuse pour les emprunteurs de prêt.
Cette étude a six objectifs principaux :
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1. Identifier les caractéristiques démographiques des emprunteurs typiques de la région:
l'âge, la taille des ménages, l'état matrimonial, et le niveau d‟éducation.
3. Déterminer si les clients des IMF dans la zone d'étude ont des difficultés à rembourser
leur prêt et s‟ils croient que ces microcrédits sont utiles et effectifs.
5. Évaluer les réponses approfondies des emprunteurs qui décrivent les aspects positifs et
négatifs d‟emprunter auprès des institutions de microfinance, afin de déterminer leur
opinion sur les IMF spécifiques ainsi que leur opinion générale sur les programmes de
microfinance qui opèrent dans leurs domaines.
6. Utiliser l'analyse statistique, y compris test d‟homogénéité, test de Levene et test Post
Hoc et l‟ANOVA, pour déterminer les modèles et les relations dans les réponses de
l'emprunteur IMF.
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de la viabilité financière des institutions de microfinance marocaines en présentant la
démarche méthodologique de notre analyse et spécifiant le modèle et effectuant les tests
nécessaires et présentant les données ainsi que les résultats et les interprétations relevées.
Une deuxième analyse dans ce chapitre concerne les résultats de l‟étude de terrain
menée auprès un échantillon de 209 bénéficiaires des institutions de microfinance implantées
sur la région de Rabat-Salé-Kenitra pour mesurer l‟impact social du microcrédit sur ces
emprunteurs.
Nous avons donc décliné la problématique de la recherche en un ensemble de
questions. Alors on s‟interroge sur :
• Quels sont les facteurs financiers et comptables qui déterminent la viabilité financière
des institutions de microcrédit au Maroc ?
• Quel effet exerce la viabilité financière des IMF sur la lutte contre la pauvreté?
• Quel est l‟impact du microcrédit sur la situation économique et sociale des
bénéficiaires ?
• Est ce que les IMF au Maroc parviennent-elles à concilier les deux exigences de
performance financière et de performance sociale ?
Les questions de recherche sont présentées sous la forme des hypothèses suivantes :
Hypothèse 1 : La performance financière des institutions de microcrédit est
influencée par les capitaux propres.
Hypothèse 2 : La performance financière des institutions de microcrédit est influencée
par les capitaux propres.
Hypothèse 3 : L'âge des IMFs; le volume de crédit; le nombre de clients ; le
pourcentage des femmes devraient tous avoir un impact positif sur la performance financière
des IMF.
La construction de notre démarche est précédée par une esquisse théorique et des
études empiriques menées auprès des IMF qui ont montrés qu‟il a deux types d‟IMF :
l‟approche institutionnaliste et l‟approche Welfariste que nous allons détailler dans ce qui
suit.
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PARTIE 1. Evolution de la microfinance :
Cadres théoriques et méthodologique
Par ces temps de crise économique et financière, l‟intérêt pour la contribution de la
microfinance à une économie plus humaine et soutenable ne se dément pas.
Le secteur de la microfinance ne saurait échapper pour autant aux révisions profondes
des modèles économiques et des ajustements des politiques publiques que la crise financière
que nous traversons depuis 2008 requiert de la part des pouvoirs publics et de l‟ensemble des
acteurs économiques.
Dans ce contexte, le secteur de la microfinance fait face à une demande croissante
d‟interventions pour soutenir l‟emploi et l‟activité économique. Il rencontre aussi un
comportement nouveau de bon nombre d‟agents économiques soucieux de donner du sens à
leur épargne.
Les institutions de microfinance doivent permettre aux populations de subvenir elles-
mêmes à leurs besoins fondamentaux (objectifs de dignité via l‟auto-organisation) en mettant
en œuvre leurs capacités de production (lutte contre la pauvreté). Dans l‟approche
économique, la microfinance est un support en soi à l'économie nationale en créant des
richesses et en développant l‟emploi (développement économique). D‟où l‟importance
accordée, dans cette optique, à la rentabilité de l‟institution elle-même.
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Chapitre 1. Evolution et performance du secteur
de la microfinance dans le monde
L‟exclusion des plus démunis du système bancaire classique a conduit à la création et
au développement des institutions de microfinance, sous l‟impulsion des organisations non
gouvernementales. Ces institutions de microfinance ont pour fonction de proposer des
services financiers à des personnes du secteur informel et à des personnes exclues du secteur
bancaire, en raison de la faiblesse de leurs revenus et de l‟absence de garanties de paiement.
L‟activité des institutions de microfinance dépasse la simple attribution de microcrédit. Celui-
ci consiste en l‟octroi de prêts d‟un très faible montant, notamment à des entrepreneurs ou à
des artisans qui ne peuvent accéder aux prêts bancaires classiques. Les prêts octroyés ne
servent pas uniquement à des projets de création d‟entreprise, ils peuvent être utilisés pour la
consommation, pour faire face à la maladie ou pour l‟éducation des enfants.
Entendu comme moyen de financement à petite échelle d‟activités informelles, l‟on
peut dire que la microfinance existe depuis très longtemps. Entendue comme institution, c‟est-
à-dire, un système financier décentralisé en essor considérable dans les pays du sud, après la
fermeture des banques de développement, la microfinance est apparue dans les années 1980 et
son essor est consécutif à la crise financière des années 1970.
Dans la sous-région, la restructuration des systèmes financiers formels a eu pour
conséquences la disparition des banques de développement, à l‟exception de quelques-unes
qui se sont transformées pour devenir des institutions de microfinance. La microfinance tire
alors son existence de la vitalité de la finance informelle et s‟est enracinée à travers trois
évolutions.
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Section 1. La microfinance dans le contexte de
développement
Au cours des dernières décennies, la microfinance, c'est-à-dire le microcrédit ciblant
les petits entrepreneurs, les activités des pauvres qui, autrement, n'auraient peut-être pas accès
au financement - est devenu un pilier des politiques de développement économique. Au cours
des dernières années, des efforts concertés ont été déployés pour élargir ces programmes dans
le but de réduire la pauvreté et de promouvoir le développement.
Entre 2015 et 2017, l'accès au micro-financement a augmenté de 15.6% par an du
portefeuille de crédit et 5.6% du nombre total d‟emprunteur, atteignant ainsi une échelle à
laquelle les considérations macroéconomiques deviennent pertinentes. Le Sommet du
microcrédit rapporte que 981 institutions sont au service de 139 millions d'emprunteurs, ce
qui inclut les emprunteurs et leurs ménages (Baromètre de la microfinance 2018).
Pour différents pays, les prêts de microfinance représentent une part significative de
leurs PIB. Malgré la croissance et la prévalence de la microfinance et son importance dans les
milieux universitaires et politiques, les analyses quantitatives de ces programmes se limitent
presque exclusivement à des micro-évaluations. Les effets macroéconomiques de la
microfinance à l'échelle de l'économie ont été largement inexplorés.
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ou réelles ». Il s'agit donc d'opérations financières légales mais qui ne sont pas officiellement
enregistrées et réglementées et qui échappent à l'orbite des institutions officielles, tout en se
caractérisant par un phénomène de proximité entre les pourvoyeurs de financement et les
emprunteurs.
Face aux difficultés du secteur bancaire dans les années 1970, le secteur financier
informel a connu un véritable essor. En effet, les politiques menées par les pays en
développement au cours des années 1970, ont conduit à un fort endettement du trésor auprès
de la Banque Centrale, creusé par un déficit budgétaire tant au niveau de l‟État qu‟à celui des
entreprises publiques. Les banques ont de leur côté, accumulé des créances douteuses.
Difficile d‟obtenir un crédit dans les banques classiques quand on n‟a pas les garanties
nécessaires, un revenu régulier, ou quand on habite un pays où l‟accès aux services bancaires
est limité à une part relativement faible de la population. Si l‟on suppose que la finance soit
un instrument au service du développement et de l‟essor économique, il apparaît alors comme
une évidence que l‟indisponibilité des services financiers pour les populations exclues est un
frein à leur développement. Ce lien étroit plus ou moins évident entre la finance et la richesse
des nations est à l‟origine de l‟expansion de la microfinance dans le monde.
Née dans les années 1970, la microfinance consiste à fournir des services financiers
aux exclus du circuit traditionnel, notamment des services de crédit, d‟épargne, d‟assurance,
de transferts d‟argent. Son expansion commence avec des figures aussi emblématiques que le
Professeur Yunus, fondateur de la Grameen Bank au Bangladesh. Son projet a commencé par
l‟octroi de crédits, mais le label microfinance renferme aujourd‟hui tous les services
financiers, même si le microcrédit reste l‟activité la plus évoquée.
La microfinance apparaît comme une innovation financière majeure, en raison des
techniques employées par ses praticiens pour répondre aux besoins des plus pauvres et des
plus vulnérables (souvent les femmes). La technique des crédits solidaires, initiée par la
Grameen Bank, a été importée dans tous les pays du globe, y compris les plus développés.
L‟essor de la microfinance est aussi le résultat d‟un consensus mondial sur le rôle de cette
pratique dans la lutte contre la pauvreté. Ce consensus s‟est renforcé avec la reconnaissance
de la microfinance par les Nations Unies comme un moyen d‟éradication de la pauvreté, un
des objectifs du Millénaire. La répétition des expériences et la médiatisation autour du
phénomène ne doit pas pour autant faire oublier les échecs de certains programmes, et les
défis auxquels doivent faire face les institutions les plus performantes en la matière. Le
message véhiculé par la microfinance est cependant porteur d‟espoir. C‟est aussi la raison de
son utilisation souvent abusive, aussi bien par les pouvoirs publics que par les organisations
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non gouvernementales. Des programmes ont ainsi été conduits en reproduisant des
expériences supposées réussies ailleurs, et sans véritablement se soucier des mécanismes à
l‟origine de ces réussites et des besoins réels des populations bénéficiaires (Blondeau N.,
2006).
Dans la décennie suivante des années 1980, les politiques d‟assainissement conduites
dans le cadre d‟une libéralisation financière n‟ont pu résorber l‟ensemble des déséquilibres
financiers (Schereiner M., 2002). Dès le début des années 1990, le système bancaire se
trouvait affaibli dans la majorité des pays en développement. C‟est dans un tel contexte
qu‟une grande partie de la population urbaine et rurale s‟est tournée vers l‟informel car elle
était exclue des réseaux financiers classiques. Le secteur financier informel a pris de
l‟ampleur et a commencé à concurrencer le secteur financier formel. Pour les tenants de la
répression financière, la finance informelle s‟est développée à cause de nombreuses
contraintes (réserves obligatoires, plafonnement des taux d‟intérêts, encadrement du crédit)
auxquelles sont sou mises les banques, et qui limitent l‟accès au crédit des populations. Pour
sortir de ces difficultés, Il faut libéraliser les activités bancaires, dans le cadre d‟une réforme
financière, visant à améliorer les performances du secteur formel. Par contre, pour les tenants
du dualisme financier, la finance informelle fait partie du secteur informel, dont elle finance
les activités. Partout ou le secteur informel s‟est développé, il s‟est accompagné de
l‟émergence et de l‟essor du secteur financier informel, qui joue un rôle d‟accueil des agents
économiques exclus du secteur financier officiel.
Il semble donc que la défaillance du système financier formel ait contribué au
renforcement du système financier informel. Les deux sont, du reste, intimement liés, ne
serait-ce que par la monnaie dont ils font un usage commun.
En définitive, c‟est l‟inadéquation des systèmes financiers formels à l‟accès des
populations pauvres à des services financiers adaptés à leurs besoins et à une échelle plus
large, l‟incapacité de l‟État à répondre aux besoins fondamentaux de la population en termes
de services financiers de base, qui sont à l‟origine du développement du secteur financier
informel. Très hétérogène et variant d‟un pays à l‟autre, le secteur financier informel dans sa
forme la plus répandue est qualifiée « d‟Association Rotative d‟Épargne et de Crédit «, plus
connue sous le nom de « tontine «. Ces tontines pratiquées depuis des décennies, constituent
un réservoir d‟épargne et de crédit important pour les populations des pays de la sous-région.
C‟est la raison pour laquelle la mobilisation de l'épargne à travers différentes sortes de
tontines fait partie de préoccupations des institutions internationales, des hommes politiques,
des banques et des chercheurs etc. Elle est pour tous un élément important à intégrer dans les
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stratégies de développement qui doivent être conduites dans les pays en développement. C‟est
sous l‟empire de la déréglementation que le secteur financier informel a pris de l‟importance.
Plusieurs définitions du concept sont apparues, parmi lesquelles, deux paraissent pertinentes.
Il peut s‟agir d‟un ensemble d‟activités financières qui se réalisent en marge de toute
législation pénale, sociale et fiscale ou qui échappe à la comptabilité nationale; mais il renvoie
aussi à un ensemble d‟activités financières qui échappe à la politique économique et
financière et donc à toute régulation de l‟état.
De ces définitions, on retient que la finance informelle renvoie à tout mécanisme non
officiel qui permet de faire circuler temporairement des créances et des dettes. Elle regroupe
l'ensemble des transactions financières effectuées en marge des règles établies, par des
intermédiaires non agréés et/ou non enregistrés. Ces transactions sont par leur originalité,
soustraites du contrôle direct de l‟état et fonctionnent plutôt bien, dans le sens où elles
répondent pour une bonne partie aux besoins des populations.
Le binôme microfinance et pauvreté a été, ces dernières années, au cœur des
préoccupations de la communauté internationale et des politiques publiques d‟aide au
développement.
En effet, depuis les années 1980 déjà, s‟appuyant sur les faibles résultats des anciennes
politiques d‟aide, la nécessité de redéfinir les rapports entre les acteurs de développement du
Nord et du Sud est apparue. En d‟autres termes, le concept de pauvreté lui-même et les
programmes de lutte contre la pauvreté, ont fait l‟objet de nouvelles réflexions et donné lieu à
des approches renouvelées. C‟est ainsi que la Banque Mondiale et d‟autres Organismes
Internationaux, dont le programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), ont
intégré dans leurs démarches, modèles et recommandations, l‟esprit et souvent l‟analyse
d‟Armatya Kumar-Sen pour la détermination des indicateurs de pauvreté et des politiques de
réduction de celle-ci. Ainsi, les mesures de la pauvreté ont considérablement progressé en
trente ans, notamment depuis que le PNUD, sous l‟impulsion de Sen, a introduit « l‟indicateur
du développement humain « (IDH), qui prend en compte, aux côtés du revenu par habitant,
les questions d‟éducation, de santé, de liberté d‟entreprendre. On obtient ainsi une
photographie plus élaborée du niveau de développement. Au nombre des outils pour
combattre la pauvreté, figure l‟accès durable des populations pauvres à des services financiers
de base, susceptibles d‟affecter positivement leurs conditions d‟existence. Il s‟agit de mettre
la finance au service de la lutte contre la pauvreté. Depuis, le monde s‟est intéressé à cette
activité financière, principalement tournée vers les populations les moins nanties, celles qui
sont exclues des services bancaires traditionnels (Rahman A., 1999).
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La lutte contre la pauvreté prend alors de nouvelles tournures, celles de faire des «
pauvres « non pas des « éternels assistés «, mais plutôt des éléments actifs, contribuant à
l‟amélioration de leurs propres conditions de vie. Dès 1995, naît auprès de la Banque
Mondiale, sous l‟initiative des bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux, le Groupe
Consultatif d‟Assistance aux Pauvres (CGAP) avec la mission d‟améliorer les capacités des
institutions de microfinance, afin qu‟elles puissent offrir des services financiers durables. Le
CGAP reconnaît ainsi l‟importance de la microfinance comme outil approprié de lutte contre
la pauvreté. Il évalue qu‟à la même période, entre 2 à 3 milliards de personnes, à travers le
monde, n‟ont pas encore accès aux services financiers. Cette situation était particulièrement
alarmante pour les pays en développements au sein desquels les exclus du système financier
formel peuvent atteindre plus de 90% de la population.
Le premier sommet mondial sur la micro crédit en 1997, à Washington, reconnaît à la
microfinance une approche fonctionnelle de financement du développement en faveur des
micro- entrepreneurs et des femmes, à travers des crédits et d‟autres services financiers.
Faisant écho à l‟action de la Banque Mondiale et à diverses initiatives développées çà et là,
les Nations Unies, après la rencontre sur le micro crédit de New-York en 2002, décident de
faire de l‟année 2005, l‟Année Internationale du microcrédit. Les Autorités françaises, à
l‟issue du sommet consacré au même sujet à Paris (2005), expriment leur volonté de soutenir
le développement de la micro finance à la fois à travers des réformes institutionnelles (cadres
légal, fiscal) et une mobilisation de ressources privées. Sur la même thématique, la
Conférence des Nations Unies de juin 2006 à Dakar, dresse le constat suivant : « la réalité
reste que la plupart des populations les plus pauvres à travers le PRQGH Q¶RQW SDV
accès à des services financiers pérennes et viables, TX¶LOV¶DJLVVHGHO¶pSD
GHO¶DVVXUDQFH1RWUHGpILPDMHXUFRQVLVWHUD
donc à éliminer les contraintes qui excluent les
SOXV GpPXQLV G¶XQH SOHLQH
au secteur financier. SDUWLFLSDWLRQ
Ensemble, nous devons
construire des secteurs financiers inclusifs qui aident les populations à améliorer leurs
conditions de vie ».
Toujours en 2006, au cours du second sommet mondial du microcrédit à Halifax
(Canada), le Prix Nobel de la Paix fut décerné à Mohammed Yunus, un chercheur et un grand
praticien du microcrédit, qui par sa persévérance et sa proximité des populations pauvres,
réussit dans la durée, à améliorer dans une certaine mesure et sous certains aspects, les
conditions de vie de celles-ci, notamment, les femmes, grâce à de petits crédits. Cette
expérience s‟est déroulée au Bengladesh, l‟un des pays les plus pauvres de la planète.
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De cette succession d‟évènements, marquant son émergence et sa prise en
considération par la communauté internationale, la microfinance (comprise au sens large :
microcrédit, micro assurance, micro transfert, formation), en particulier, le microcrédit, acquit
droit de cité, au point que gouvernements, organisations non gouvernementales et populations
en attente d‟aide, lui consacrent un regard nouveau. C‟est même un véritable engouement qui
s‟est emparé des différents intervenants, pouvant être qualifié aussi de phénomène de mode
comme le dit Isabelle Guérin (2004). Mais, pour atteindre ce niveau de reconnaissance, il a
fallu de nombreuses années.
1) Microcrédit
Des millions de personnes dans le monde sont actuellement concernées par les
microcrédits, notamment dans le monde en développement. La microfinance a ainsi apporté
des pratiques novatrices en termes de crédit bancaire, remettant en question toute la théorie
économique sur le crédit. En effet ces techniques, dont le crédit solidaire, ont prouvé qu‟il
était possible de prêter à des populations considérées par les banques traditionnelles comme
trop risquées et dépourvues de garanties nécessaires pour être solvables. Ce système
fonctionne sur la caution solidaire apportée par un groupe d‟emprunteurs (de 3 à 20
personnes), tout le groupe étant responsable du remboursement des prêts accordés à un des
membres. Les relations sociales sont utilisées pour pallier les problèmes liés à l‟asymétrie
informationnelle. Ce principe représente l‟innovation majeure apportée par la microfinance ;
il est étudié avec plus de détails ci-dessous. La pratique des crédits par les institutions se fait
également, et même de plus en plus, sous forme de crédit individuel. Le crédit est accordé à
une seule personne liée à une institution, moyennant une garantie matérielle ou la caution
d‟une autre personne. Ces institutions servent en général les plus riches parmi les pauvres,
avec des montants plus élevés que dans le cas des crédits solidaires. Certaines banques
comme la Grameen, pratiquent aussi bien les crédits individuels que les crédits solidaires.
Selon Morduch et al. (2007), les crédits individuels sont en effet plus rentables à cause de leur
octroi aux moins pauvres et les montants plus conséquents permettant de profiter des
économies d‟échelle sur les coûts. Cependant les institutions pratiquant cette méthode
risquent de changer leur objectif initial de service aux plus pauvres, en recherchant le profit
plutôt que l‟assistance aux plus démunis (question de l‟ « outreach »). Pourtant, selon ces
mêmes auteurs, les institutions les plus pérennes se trouvent néanmoins parmi celles qui
pratiquent les crédits individuels.
Le système des banques ou caisses villageoises est une troisième méthode d‟octroi de
crédits dans les milieux ruraux. Une banque villageoise est un système d‟épargne crédit, géré
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par ses membres avec l‟aide d‟une ONG ou une institution de microfinance (IMF). Le groupe
bénéficie de formations et d‟apport de fonds par cette institution. Ce système est sans doute le
plus coûteux et à ce titre le plus subventionnées par les autorités publiques.
Le microcrédit est largement pratiqué dans le monde, ce qui ne doit pas faire oublier
les autres services financiers proposés par les micro-banquiers, dont l‟épargne.
2) L’épargne
Les pauvres sont hautement vulnérables aux fluctuations du marché et aux caprices de
la nature. Pour se protéger contre une telle imprévisibilité et également pour doucement
constituer de l‟actif qu‟ils pourront utiliser pour améliorer leurs conditions de vie, ils
épargnent de diverses manières, y compris par le biais de la création de stocks de grains et de
céréales, en mettant de petites sommes d‟argent dans des boîtes en fer, en convertissant du
liquide en bétail ou en bijoux et en prêtant à d‟autres (Collins et al. 2009). Bien que ces
approches avérées soient généralement efficaces, elles échouent parfois, par exemple, quand
une inondation inattendue emporte les stocks, qu‟un incendie fait partir les boîtes de fer en
fumée, qu‟un virus décime le bétail d‟une région toute entière ou qu‟un voisin qui a emprunté
de l‟argent meurt par malchance.
L‟idée d‟étendre la diversité des mécanismes d‟épargne disponibles aux très pauvres
en facilitant leur accès à des services d‟épargne pérennes et volontaires qui ne s‟envoleront
pas fait de plus en plus d‟adeptes chez les praticiens du développement en général et chez les
prestataires de services financiers qui desservent les pauvres en, particulier (encadré 1). En
outre, avec de plus en plus de pauvres incorporés dans les écosystèmes financiers en tant
qu‟emprunteurs de microcrédits ou utilisateurs de plates-formes de paiement mobiles, la
plupart d‟entre eux exigent davantage de produits financiers, particulièrement des services
d‟épargne abordables.
Lors de la première partie du développement de la microfinance, l‟épargne des pauvres
a été largement oubliée au profit des micro-emprunts, pour lesquels les techniques étaient
mieux connues. Bien que les prêts puissent offrir aux micro-entrepreneurs un accès à un
capital dont ils ont grandement besoin, l‟épargne a le potentiel d‟aider les pauvres quelle que
soit leur profession, capacités d‟entrepreneurs, âge ou besoins en capitaux. L‟épargne marche
dans tous les pays du monde : de nouvelles interventions en matière d‟épargne ont fait l‟objet
d‟un projet pilote, ont été testées et sont passées à l‟échelle supérieure en Inde, au Kenya, au
Mexique, en Indonésie et ailleurs.
15
L‟épargne pour les personnes à faibles revenus n‟est désormais plus ignorée par les
travaux théoriques sur le rôle de la finance dans le développement, elle reste cependant mal
comprise en pratique. Malgré un ensemble croissant d‟études universitaires, de rapports de
praticiens et de notes politiques des institutions, la définition précise de l‟épargne reste
contestée. Beaucoup de définition décrivent des variations de l‟épargne en termes de ses
méthodes, par exemple, les groupes d‟épargne par rapport aux comptes individuels ou les
opérations électroniques sur mobiles par rapport aux banques de dépôts et de retraits
classiques, ou de ses impacts potentiels, tels que la planification pour faire face à de mauvais
jours (éviter la ruine en temps durs), l‟indépendance financière par rapport aux autres ou
même la base de l‟autonomisation sociale. Les prêts peuvent aider à court terme mais
uniquement si l‟emprunteur a la capacité d‟être plus productif au fil du temps afin de pouvoir
s‟acquitter des dettes encourues par des taux d‟intérêts élevés. L‟épargne peut être plus
facilement utile que le crédit dans la prévention de la ruine quand un membre de famille
tombe malade, un incendie décime le quartier ou quand des frais de scolarité doivent être
payés.
Il existe trois approches générales qui définissent l‟épargne. Tout d‟abord, l‟épargne
peut être considérée comme la création de l‟actif, sous toutes ses formes. Dans cette approche,
l‟épargne peut être semblable au crédit qui offre un financement pour l‟achat d‟actif. La
conception qui est peut-être la plus fréquent est celle de l‟épargne comme outil de gestion des
rentrées de fonds, qui aide l‟épargnant à combler les lacunes de consommation et de revenus
avec une liquidité supplémentaire. Dernièrement, l‟épargne peut être vue comme un tampon
contre le risque, une ressource, comme une réclamation d‟assurance, qui peut contribuer à
atténuer les effets de crises imprévisibles (Rutherford 2003).
En microfinance, les données sur la prestation de services d‟épargne par les IMF
restent limitées, bien que le reporting sur ces services s‟améliore lentement alors que la prise
de dépôts régulée entre de plus en plus dans les pratiques courantes de la microfinance. En
2000, par exemple, seules 8 IMF sur plus de 200 (soit environ 4 %) de la base de données
Microfinance Information Exchange (MIX) signalaient des données sur l‟épargne. Sur ces
huit, seules 3 ont signalé avoir reçu des dépôts. En 2005, 580 des quelques 1 200 IMF (soit 48
%) ont signalé des activités d‟épargne, la majorité du groupe (soit 350 IMF) faisant référence
à des passif-dépôts. En 2010, 1 316 des 1 375 IMF (soit 96 %) ont soumis un reporting, dont
739 signalaient une activité d‟épargne active. Malgré la croissance des portefeuilles d‟épargne
des IMF, le crédit continu à prendre plus de place que l‟épargne et la plupart des institutions
luttent pour améliorer l‟équilibre entre l‟épargne et le crédit dans leur gamme de produits.
16
II. Les principes de la microfinance
Il est établi qu‟en matière de microfinance, les coûts de gestion de la multitude de
petits prêts se révèlent très importants, ce qui oblige les IMF à appliquer un taux d‟intérêt
généralement plus élevé que celui du secteur bancaire. En effet, en proportion des montants
des transactions concernées, les coûts unitaires de traitement des dossiers apparaissent
relativement élevés. En pratique, les agents de l‟IMF doivent rendre une ou plusieurs visites
au client à son domicile ou sur son lieu de travail, évaluer sa solvabilité sur la base
d‟entretiens avec la famille, le voisinage, et une fois le prêt accordé, effectuer un suivi
rapproché et fréquent par le biais de visites complémentaires pour renforcer la culture de
remboursement.
Cependant, l‟expérience a montré que les clients sont prêts à payer des taux d'intérêt
assez élevés pour s‟assurer un accès permanent au crédit. En effet, en règle générale, le retour
sur les investissements réalisés grâce au financement obtenu peut s‟avérer bien supérieur au
taux d'intérêt du crédit. De toute façon, ces bénéficiaires considèrent que les éventuelles
solutions de rechange (recours aux prêteurs sur gages, usuriers du secteur informel…) sont
encore plus pénalisantes pour eux, en raison de taux d‟intérêt débiteurs encore plus élevés et
pouvant parfois atteindre 20% par jour.
Pour prévenir néanmoins d‟éventuels cas de surendettement consécutifs à des taux
d‟intérêt excessifs et plus généralement de pratiques de crédit abusives, des initiatives de
protection des clients des IMF se sont multipliées. Elles visent, pour l‟essentiel, à sensibiliser
les acteurs de la micro finance et à établir des principes de bonnes pratiques en matière de
protection des clients : transparence des conditions de prêt, interdictions de certaines
pratiques, mécanismes de recours en cas de litiges, éducation des consommateurs/usagers des
IMF, etc.
De même, ces initiatives promeuvent la mesure et la publication régulière des
performances sociales des IMF, notamment leur engagement à fournir des services financiers
de qualité et adaptés à la situation de leurs clients.
En 1997, dans le cadre d‟une grande qualité de programme pour une organisation, des
praticiens CRS de la microfinance se sont rencontrés pour se mettre d‟accord sur six principes
directeurs.
Ces principes décrivent les valeurs communes qui sous-tendent notre programmation
actuelle et constituent la fondation de notre programmation future. En 1999, nous avons mis à
jour ces principes en vue de refléter de nouveaux enseignements tirés de notre secteur de la
microfinance en expansion. Les six principes sont :
17
o Servir les clients les plus pauvres.
L‟objectif est de promouvoir la justice sociale et économique en proposant des
services destinés aux plus démunis et venir en aide aux communautés les plus pauvres dont
spécialement les femmes qui doivent constituer la majorité de la cible des clients.
o /LHUOHVSUrWVjO¶pSDUJQH
Le crédit et l‟épargne sont tous les deux des moyens importants pour le financement
de la croissance des activités économiques. Le rapprochement entre le montant prêté et le
montant épargné doit être pris en compte afin d‟aider les clients à prospérer au fur et à mesure
qu‟ils empruntent.
Il est paradoxalement vrai que les pauvres épargnent en permanence, même si cette
épargne prend des formes moins « courantes » que le numéraire : bijoux en or, animaux
domestiques, matériaux de construction, etc. Il s‟agit assez souvent d‟une épargne de
précaution destinée à faire face aux évènements imprévus ou récurrents qui nécessitent une
somme d‟argent urgente : maladie, frais de scolarité, travaux d‟agrandissement de l‟habitat,
funérailles, etc.
Cette épargne étant rarement conservée dans des instruments financiers, il est
indispensable que les IMF leur proposent à ces catégories sociales fragiles, des produits
d‟épargne souples et liquides et adaptés à leur cycle de trésorerie, en raison même du
caractère irrégulier de leurs revenus.
18
o )DLUHXQLQYHVWLVVHPHQWG¶pFKHOOHHWSRXU
L‟investissement qu‟un programme réalise dans la recherche, la conception, le
recrutement de personnel et la formation est fondamental pour son succès. Réaliser un
investissement d‟échelle (atteindre au moins 5.000 clients par partenaire) fait avancer la
mission de servir les pauvres. On parvient à réaliser l‟autonomie à travers des exploitations
efficaces et en faisant payer des taux de marché intéressants.
L‟expérience montre que la microfinance peut aider les pauvres à augmenter leur
revenu, créer des entreprises viables et sortir ainsi de la pauvreté. Elle peut également
constituer un puissant instrument d‟émancipation en permettant aux pauvres, en particulier
aux femmes, de devenir des agents économiques du changement.
En effet, en donnant accès à des services financiers diversifiés, adaptés et accessibles
en termes de coût, la microfinance joue un rôle important dans la lutte contre les nombreuses
dimensions de la pauvreté. Par exemple, les revenus générés par une activité, non seulement
permettent à cette activité de se développer mais ils contribuent également au revenu du
ménage, et par là même à la sécurité alimentaire, à l'éducation des enfants, à la prise en charge
des soins de santé etc.
o Planifier pour la pérennité.
Préalablement au lancement d‟un nouveau programme, la planification de la façon
dont le programme se développera pour devenir une ressource durable en faveur des pauvres.
La pérennité peut comporter la création d‟une institution financière formelle, l‟aide aux
partenaires pour la transformation des programmes en organisations spécialisées de la
microfinance, ou le renforcement, d‟activités pilotes et leur intégration à des entités locales
plus larges.
En effet, la pérennité fait référence à la capacité d‟inscrire les activités initiées par les
groupes sociaux fragiles dans le long terme en leur assurant une offre durable de services
financiers adaptés à leurs besoins et moyens.
Par ailleurs, la pérennité, en particulier financière, n‟est pas une fin en soi, mais un
moyen pour atteindre le maximum de clients. Si les IMF sont dépendantes des fonds publics
ou de bailleurs internationaux, limités par définition, elles risquent de ne pas pouvoir garantir
un accès continu à leurs services et d‟être réduites à ne pouvoir servir qu‟un nombre limité de
clients.
Il s‟y ajoute que souvent, les gouvernements et les agences de coopération souhaitent
utiliser la microfinance comme un outil de résolution de divers problèmes sociaux. C‟est en
particulier le cas par exemple pour les victimes d‟inondations ou d‟autres catastrophes
19
naturelles, les réfugiés fuyant les conflits, les nouveaux diplômés issus de formations
professionnelles, les chômeurs, etc.
Cependant, l‟expérience montre que les programmes de microcrédit conçus pour ce
type de situation fonctionnent assez rarement. Ils enregistrent le plus souvent des taux
d‟impayés ou de non remboursement très élevés. En effet, l‟utilisation dirigée de la
microfinance pour résoudre des défis de développement dans des situations où la base de la
subsistance des populations est détruite ou très précaire, a rarement été un succès.
Seulement, l‟expérience a aussi montré qu‟il n‟y avait pas d‟incompatibilité entre
l‟atteinte de la rentabilité financière et le ciblage de clients pauvres. A cet égard, le
microcrédit se révèle utile pour ceux qui ont identifié une opportunité économique et sont en
situation de la faire fructifier, pour peu qu‟ils aient la possibilité de se procurer une petite
somme d‟argent au moment opportun.
Il apparaît ainsi que les gouvernements ont un rôle important à jouer dans le
développement du secteur de la micro finance au plan national. Pour être efficace, cet appui
devrait principalement passer par l‟établissement d‟un environnement légal et réglementaire
favorable. Une telle action devrait être conçue et réalisée en concertation avec l‟ensemble des
autres acteurs, et aboutir à la définition et à l‟adoption d‟une politique sectorielle (ou stratégie
nationale) de micro finance.
III. /¶pYROXWLRQGHODPLFURILQDQ
Dans un monde financier en plein développement à la recherche de nouvelles
perspectives, la microfinance, par le caractère très local du lien qu‟elle établit entre les
institutions qui l‟exercent et les populations cibles, a de quoi séduire. En plein essor,
couronnée par un Prix Nobel de la paix, elle connaît toutefois une crise de croissance et
malgré le climat de morosité économique et une crise financière mondiale, le secteur de la
microfinance a continué de se développer dans la plupart des pays, tant au niveau de son
infrastructure (ouverture de nouvelles agences et recrutement de personnel) que de ses
opérations (croissance des portefeuilles de prêts et conception de nouveaux produits). Sur le
plan de la maturité et des performances, le marché de la microfinance présente toutefois de
très grandes disparités entre les différents marchés financiers.
La microfinance a connu un développement rapide au cours des dernières années et
permet à des millions de personnes, dans le monde entier, de bénéficier d‟un accès aux
services financiers. Pour les personnes ayant de faibles revenus, elle constitue un outil
puissant les aidant à saisir des opportunités et à résoudre certains problèmes de leurs vies.
Comme pour tous les autres marchés en voie de développement, la réussite enregistrée par la
20
microfinance a attiré de nouveaux clients. Dans de nombreux pays, les clients du secteur de la
microfinance ont donc accès au crédit en s‟adressant non pas à une seule institution, mais
peuvent choisir parmi plusieurs institutions de crédit. De nombreux clients ont aussi accès à
des dépôts et services de paiement généraux. La construction d‟un système financier inclusif a
toujours été l‟un des objectifs centraux de l‟initiative de la microfinance. À ce jour, les
déboursements liés au microcrédit constituent néanmoins l‟élément le plus important de la
microfinance. En effet, le secteur de la microfinance s‟est développé suivant deux pistes
correspondant à deux catégories d‟acteurs : les non professionnels et les professionnels :
La première est constituée d‟institutions d‟essence locale, de la forme de mutuelles
diverses d‟épargne et de crédit fondées suivant les principes de solidarité et d‟entraide
mutuelle. Ces institutions sont créées par et entre les différents membres de groupes socio-
économiques et elles existent généralement, à l‟échelle du hameau ou du village. Elles
reposent en grande partie sur les ressources générées en interne, dans un espace géographique
déterminé, et cadrent leurs opérations de crédit aux capacités des ressources locales. Ces
structures ne prétendent ni à un professionnalisme bancaire, ni à l‟institution de systèmes ou
d‟organisations pérennes. Elles apparaissent comme des simples outils ponctuels pour le
développement villageois. La liberté d‟intervention dans le domaine de l‟épargne et du crédit
présente le risque de voir le « mauvais crédit « ou la subvention facile chasser le «bon crédit»
qui se rembourse.
La deuxième catégorie est constituée par les institutions de microfinance montées avec
l‟appui des bailleurs de fonds suivant un long processus, de la naissance à la maturation.
Les enjeux de ces institutions sont à la fois de concilier un professionnalisme bancaire et une
décentralisation de la gestion, réussir la relève de l‟assistance technique, diversifier les
services de crédit et/ou s‟articuler avec des systèmes financiers plus importants en amont
(banques par exemple) et des services financiers moins importants en aval (secteur informel,
caisses villageoises).
La seconde forme de microfinance, celle qui fait l‟objet d‟un agrément ou
d‟autorisation par les pouvoirs publics pour exercer légalement les activités. II s‟agit donc des
institutions de microfinance à vision plus institutionnelle, généralement montées avec l‟appui
des bailleurs de fonds et qui suivent un long processus, de leur naissance à leur
institutionnalisation.
L‟un des facteurs essentiels de la réussite du microcrédit est une évaluation soigneuse
et approfondie de la volonté et de la capacité de remboursement des emprunteurs ayant
recours au microcrédit, qui se traduit par des taux de remboursement élevés. Mais certains
21
marchés de la microfinance sont néanmoins entrés dans une phase de surchauffe. Les
emprunteurs ont parfois souscrit des crédits trop importants qu‟ils n‟arrivent finalement pas à
rembourser. Ces emprunteurs peuvent à terme se retrouver «surendettés». Les moteurs
potentiels du surendettement pour un marché de microfinance sont le fait que les sources
informelles de financement et de prêts à la consommation sont largement dispersées, que des
bureaux de crédit ne soient pas en place ou ne fonctionnent pas bien et que certaines
institutions de microfinance (IMF) suivent la voie d‟une croissance agressive ou n‟adaptent
pas leurs produits à la demande réelle.
La microfinance et plus particulièrement le microcrédit, tels que pratiqués depuis les
années 1970, ont révolutionné notre façon de concevoir les pauvres, les causes de leur état et
les remèdes à appliquer afin de les en extraire. Ceux qui étaient autres fois non éligibles au
crédit bancaire ont démontré la capacité à rembourser des prêts à intérêt malgré leurs très
faibles revenus et à les utiliser de façon productive afin de dépasser l‟impuissance chronique
dans laquelle ils sont souvent enfermés et à laquelle la mécanique du microcrédit s‟attaque.
Malgré les innombrables difficultés méthodologiques qu‟implique toute d‟étude d‟impact, il
existe aujourd‟hui un consensus plus ou moins établi sur le potentiel ou l‟efficacité générale
du microcrédit en terme de réduction du microcrédit en terme de réduction de la pauvreté et
de la vulnérabilité des populations participantes, mais aussi de profonds désaccords sur la
façon de faire évoluer le mouvement.
La microfinance a existé sous différentes formes depuis bien longtemps. On estime
même que des mécanismes informels de prêt et d‟emprunt ont existé en Asie depuis plusieurs
millénaires. En 1849, F.W. Raiffeisen créé en Suisse la première société coopérative
d‟épargne et crédit. En France, les frères Pereire sont à l‟origine des premières expériences de
mutualisme bancaire créant les Sociétés de Crédit Mutuel. Plus tard dans les années 1960 et
1970 d‟autres tentatives de banques publiques de crédit voient le jour dans les pays en voie de
développement.
Cependant, on considère généralement que la microfinance « moderne » est apparue
au milieu des années 1970 en Asie et en Amérique latine. On retient en priorité l‟exemple du
Bangladesh et de la Grameen Bank fondée en 1978 par le Dr Muhammad Yunus, professeur
d‟économie à l‟université de Chittagong.
Le Dr Mohamed Yunus cherchait une réponse concrète à la crise famine que
traversait son pays. Déterminé à expérimenter des solutions pratiques, le professeur Yunus
commença à visiter des villages bangladais. Lors d‟une de ces visites à Jorba, il trouva un
groupe de 42 femmes qui fabriquaient des tabourets en bambou. Parce qu‟elles n‟avaient pas
22
de fonds propres pour acheter la matière première, elles avaient conclu un marché avec des
commerçants locaux qui leur prêtaient de quoi acheter la matière première en échange de quoi
elles devaient leur vendre les tabourets à un prix déterminé, à peine supérieur au prix de cette
matière première.
Le professeur Yunus fut surpris de découvrir que le montant total des besoins de ces
42 femmes pour développer leur activité de manière indépendante était de 27 $. Il leur prêta
l‟argent de sa propre poche, sans intérêt, permettant ainsi au groupe de vendre leurs tabourets
à de meilleurs prix et sortir de ce cycle d‟endettement qui les liait aux marchés locaux.
C‟est ainsi que la Grameen Bank « la banque de village » est née et popularise le crédit
solidaire, un crédit alloué à un groupe dont chacun de ses membre est solidaire des autres,
pour le mettre à profit et le rembourser. Désormais des bureaux de la Grameen Bank sont
présents dans plus de 80 000 villages, et compte plus de 6 millions d‟emprunteurs. En 2006, le
professeur Yunus a reçu le prix Nobel de la Paix.
Inspirées par les succès de la Grameen Bank, de nombreuses IMF sont apparues dans
les années 1970 et 1980. La plupart d‟entre elles ont démarré leurs activités en tant
qu‟organisations non gouvernementales et ont été financées par des subventions provenant de
fonds publics et privés, elles sont devenues rentables et ont augmenté rapidement le nombre
de leurs clients. Elles ont permis de démontrer que les pauvres étaient solvables bien qu‟ils ne
puissent offrir de garanties financières. Ainsi, la microfinance s‟est avérée un business viable,
et les pauvres constituent aujourd‟hui un véritable marché.
Plus tard, dans les années 1990, on s‟est rendu compte que l‟industrie de la
microfinance ne pouvait pas compter que sur le financement par subventions. En
conséquence, certaines institutions se sont restructurées afin d‟attirer des investissements
commerciaux publics ou privés. Des structures spécialisées dans le financement des
institutions de microfinance apparaissent. Elles proposent des prêts aux institutions de
microfinance qui prêtent ensuite à leurs clients.
Au fur et à mesure que l‟intérêt pour la microfinance grandit, d‟autres modèles en
dehors des organismes non gouvernementaux , sont encouragés, afin de créer une industrie
économiquement viable, capable d‟offrir aux populations défavorisées des services financiers
complets à des prix justes, tout en garantissant un retour raisonnable aux investisseurs
commerciaux. En plus des nombreuses entreprises de microfinance qui existent aujourd‟hui,
plusieurs grandes institutions bancaires sont également entrées sur le marché de la
microfinance, telles que le Crédit Suisse, la Deutsche Bank et Citigroup. Petit à petit, la
microfinance s‟intègre au système financier classique.
23
Fin 2008, presque 15 milliards de dollars avaient été investis dans la microfinance à
travers les institutions de microfinance, la majorité provenant d‟organisations en faveur du
développement telles que la banque mondiale, mais avec une part non négligeable provenant
d‟une variété de sources privées et à but commercial. Egalement, d‟autres services financiers
tels que la « micro épargne » et « micro assurance » sont venus enrichir l‟offre de services de
la microfinance.
IV. &RQWURYHUVHVWKpRULTXHVXUO
La raison d‟être des IMF est de contribuer à l‟amélioration du bien-être des ménages
pauvres à travers un meilleurs accès au capital. Dans la catégorie des ménages pauvres, deux
sous catégories sont identifiables : les ménages modérément pauvres et les ménages entrés
dans le dénuement (pauvreté extrême).
Le premier type se retrouve juste en dessous de la ligne de pauvreté et le second
représente la frange de la population dont le revenu est 50% inférieur au seuil de pauvreté
(Montgomery et Weiss, 2005). La littérature présente un non consensus entre les auteurs à
propos de la cible principale des IMF. Au-delà de savoir si les IMF touchent effectivement les
pauvres, l‟interrogation porte également sur le « type « de pauvres à qui les services de
microcrédit doivent s‟adresser. A ce sujet, trois voix se font entendre.
Trois courants de pensée sur la question des services financiers pour les pauvres se
dégagent de la littérature (Fernando, 2004 ; Mees, 2004). Le premier estime que la
microfinance ne peut pas toucher les plus pauvres des pauvres de manière durable. Le
deuxième avance que cela est possible et même à grande échelle. Au milieu de ces deux
courants, une troisième voix émerge ; elle reconnait la complémentarité des deux approches et
soutient que les innovations destinées à permettre d‟étendre les services financiers aux plus
pauvres doivent être encouragées.
Le but de la microfinance est de lutter contre la pauvreté. Comme tous les domaines, la
microfinance présente des accords et des conflits internes. Les accords concernent ses
pratiques d‟insertion des pauvres afin d‟améliorer leurs conditions de vie, alors que les
conflits tournent autour de la performance de ses institutions. L‟objectif commun dévoile une
profonde division sur la façon d‟aider au mieux ces personnes à travers l‟accès à des services
financiers. Les débats qui se présentent quant à la manière de servir les pauvres donnent lieux
à deux approches contradictoires présentées par les institutionnalistes et les welfaristes. Les
idées de ces deux courants s‟opposent en ce qui concerne le principe de solidarité et celui de
la rentabilité des IMF. Ces deux écoles présentent deux principales visions théoriques
opposées, concernant les moyens à adopter pour réduire la pauvreté. Il s‟agit de l‟opposition
24
entre la vision institutionnaliste et celle du bien-être social, qui constitue d‟après Morduch
(2000) le « schisme de la microfinance », où ces deux courants se heurtent concernant les
actes prioritaires des IMF. Les deux courants présentent des pensées conflictuelles sur les
enjeux de la microfinance, qui représentent le débat construit sur la fameuse question de la
viabilité financière des IMF et la portée sociale de leur intervention.
1) L’approche institutionnaliste
L‟approche institutionnaliste se focalise essentiellement sur la création d'institutions
financières viables qui permettront aux clients qui ne sont pas desservis ou qui sont mal
desservies par le système financier formel d‟avoir accès à un ensemble de services financiers
adaptés. L'objectif poursuivi par les tenants de cette approche est de permettre aux IMF
d‟atteindre leur autosuffisance financière, ce qui leur permettra d‟avoir une plus grande
étendue de la portée de leur activité. Le degré de la portée n‟est pas l‟objectif recherché.
Autrement, les IMF doivent chercher à atteindre le plus grand nombre de pauvres et non pas
le ciblage des populations les plus pauvres. C‟est cette étendue des opérations qui permettra
aux IMF de réaliser certaines économies d‟échelles et par suite d‟aspirer à atteindre la
viabilité financière. Le point central de cette approche est l'institution, le succès institutionnel
est généralement mesuré par les progrès réalisés par l'institution vers l‟atteinte de son
autosuffisance financière.
Les institutionnalistes affirment que l'objectif principal de la microfinance est de
mettre en place un système d‟intermédiation financière durable dédié spécialement aux
pauvres. Dans une telle approche l'avenir de la microfinance sera dominé par de nombreuses
grandes institutions à but lucratif qui fournissent des services financiers de haute qualité à un
grand nombre de clients pauvres. En insistant sur l‟autosuffisance financière, les
institutionnalistes déconseillent le recours à n‟importe quelle forme de subventions (Woller et
al. 1999).
Pour atteindre leurs objectifs, les IMFs ont besoin de beaucoup de ressources
financières. Si ces ressources dépendent des donneurs, les IMF risquent de mettre en péril
l‟atteinte de leurs objectifs. En effet, le capital nécessaire dépasse largement ce que peuvent
apporter les donneurs internationaux. En outre ces derniers sont de nature imprévisible ce qui
rend leurs apports instables (Gonzalez-Vega, 1993). Les exemples les plus connus de
l'approche institutionnaliste sont la Bank Rakyat Indonesia (BRI), Banco Solidarion
(BancoSol) en Bolivie.
25
L‟école institutionnaliste mesure la performance des institutions de microfinance du
point de vue de l‟institution et de son efficacité en utilisant des indicateurs de performance
financière ou des indicateurs portant sur le nombre de clients servis ou de leur taux de
remboursement (Adair et Berguiga, 2010). Les institutionnalistes considèrent qu‟il n‟est pas
nécessaire de mesurer la performance en termes d‟impact. En effet, les performances
financières vont engendrer indirectement des impacts positifs sur les conditions de vie des
populations concernées (Woller et al. 1999).
Les tenants de la thèse institutionnaliste arguent que le microcrédit est avant tout un
crédit et en tant que tel, il doit être remboursé. En cas d‟incapacité pour le bénéficiaire de le
rembourser, le crédit devient un poids et peut avoir des effets pervers sur son budget. A ce
titre, il ne peut donc pas être orienté vers une population très pauvre puisque celle-ci serait
incapable de rembourser le principal et les intérêts y attachés. De ce fait, le cas des plus
pauvres ne doit pas relever du secteur financier, mais plutôt de l‟action des politiques
publiques (Robinson, 2001 ; Hashemi et Rosenberg, 2006).
La demande des plus pauvres pour les services financiers est par ailleurs loin d‟être
importante. L‟une des raisons tiendrait à leur auto-exclusion. Plusieurs bénéficiaires potentiels
choisissent de s‟exclure du marché, estimant qu‟un crédit contribuerait plutôt à accroitre leur
vulnérabilité (Hashemi et Rosenberg, 2006; Amin et al., 2003). En outre, il est très souvent
donné à entendre que prêter aux pauvres coute cher. Les prêts de très faibles montants
impliquent de coûts de transaction élevés en termes d‟analyse, de suivi et d‟administration
(Hulme et Mosley, 1996 Conning, 1999 ; Paxton et Cuevas, 2002 ; Lapenu et Zeller, 2002 ;
Hermes et Lensink, 2011 ; Hermes et al. 2011). Si les IMF entreprenaient de reporter ces
coûts dans le prix de leurs services, les plus pauvres ne pourraient pas en payer le prix.
L‟approche « institutionnaliste « souligne par ailleurs la limite des bailleurs de fonds
en tant que pourvoyeurs de subsides et milite en faveur de l‟autosuffisance et la viabilité
financière des IMF. Cette viabilité financière est le meilleur moyen d‟assurer le
développement à long terme d‟une activité de crédit efficace (Zeller et Meyer, 2002 ;
Littlefield et Rosenberd, 2005 ; Labie et Mees, 2005). Elle inscrit ainsi la microfinance dans
une logique de marché, logique qui implique des prix coûtants auxquels peuvent difficilement
faire face certains ménages pauvres.
2) L’approche welfariste
Les tenants de la thèse du « bien-être » ont un point de vue en complète opposition
avec le premier camp. Ils soutiennent que les plus pauvres, autant que les pauvres, ont besoin
26
des services financiers, notamment du microcrédit, à en juger par l‟importance du secteur
informel qui préfigure d‟une forte demande potentielle (Fernendo, 2004). Par ailleurs, au lieu
de rechercher à atteindre un équilibre économique en excluant une partie de la population
jugée non solvable (Labie et Mees, 2005), les IMF gagneraient à s‟allier à des programmes de
protection sociale (Hashemi et Rosenberg, 2006) et à s'appuyer davantage sur les bailleurs de
fonds pour accroitre leur activité et être pérennes.
L‟approche « welfariste » est donc basée sur une logique de don, ce qui exclut pour les
IMF la recherche d‟une autonomie financière. La performance financière est perçue ici
comme un frein à l‟innovation et à la réduction de la pauvreté (Roy, 2006). Celle-ci n‟est de
toute façon pas nécessaire puisque les investisseurs sociaux qui financent les IMF ne sont pas
mus par la recherche personnelle du profit financier, mais par la volonté d‟œuvrer pour le bien
être public. « Dès lors, la recherche de nouvelles sources de financement ne s‟imposerait pas
car les investisseurs des IMF seraient avant tout motivés par une forme d‟altruisme qui
garantirait leur engagement à long terme dans le financement de ces institutions. Au contraire,
la commercialisation de la microfinance, découlant de la pression de nouveaux investisseurs
induirait des effets pervers tels qu‟une marginalisation des plus pauvres au profit des clients
représentants un risque de non-paiement moindre « (Ayayi, et Noel, 2007 :15).
L‟approche welfariste est une approche qui se focalise sur la réduction de la pauvreté à
travers la fourniture de services financiers aux pauvres, notamment les très pauvres (appelé
aussi les plus pauvres des pauvres), pour les aider à surmonter la pauvreté et à gagner leur
autonomie et ainsi améliorer leur bien-être. L'objectif poursuivi est l‟octroi de crédit,
généralement, à des taux inférieurs à ceux appliqués sur le marché. Ces crédits sont souvent
accompagnés de d‟autres services non-financiers comme la formation professionnelle et
l'enseignement, la planification familiale, la nutrition, la santé, etc. Woller et al. (1999)
soulignent que les welfaristes mettent plus l‟accent sur le degré de la portée de l‟activité des
IMF. Ils sont assez clairs sur leur désire d‟améliorer le plus vite possible le bien-être des
clients. Ils sont moins intéressés par la banque en soi que par l'utilisation des services
financiers comme un moyen de soulager directement les pires effets de la pauvreté profonde
entre les participants et la communauté, même si la fourniture de certains de ces services
nécessite le recours à des subventions. L‟objectif des welfaristes est de permettre l‟auto-
emploi des plus pauvres parmi les pauvres qui sont économiquement actifs. L‟accent est mis
particulièrement sur les femmes. En effet, il est admis que des augmentations, même
modestes, dans les revenus et dans l'épargne des femmes donnent à celles-ci les moyens
d‟améliorer leurs conditions de vie ainsi que ceux de leurs enfants. Le centre d‟attention est
27
focalisé sur la famille. Les auteurs soulignent que, comme les institutionnalistes, les
welfaristes assurent avoir un plus grand impact sur la réduction de la pauvreté, même s'ils ne
sont pas réellement en mesure de le documenter. Les exemples les plus éminents des
institutions welfaristes sont la Grameen Bank au Bangladesh et ses répliques dans d‟autres
régions du monde.
Par ailleurs, Adair et Berguiga (2010) soulignent que l‟école welfariste évalue la
performance des institutions de microfinance par les critères basés sur la portée des activités
et sur leur impact sur les conditions de vie des participants.
Cependant, s‟il est vrai que la recherche d‟une bonne performance financière peut
contribuer à une dérive de la cible principale, il n‟en demeure pas moins vrai que les bailleurs
de fonds peuvent arrêter de financer les IMF, leur privant ainsi de leur source de financement
principale. C‟est ainsi qu‟entre ces deux écoles, émerge un troisième courant. Celui-ci plaide
en faveur d‟une complémentarité entre ces deux approches.
28
La nécessité d‟intervenir dans la phase de démarrage n‟empêche pas les donneurs
d‟être présents lors de l‟expansion si l‟IMF en a besoin. Armendáriz et al. (2011) mettent
toutefois en garde : le fait que les subventions doivent intervenir sur une période limitée de
temps ne doit en aucun cas les rendre incertaines. Les auteurs montrent en effet que dans un
contexte où les subventions sont incertaines, la recherche d‟une viabilité financière peut
conduire à une dérive de la mission et vaincre les efforts de réduction de la pauvreté. En effet,
dans la crainte de ne plus bénéficier de subventions, les IMF n‟auraient pas d‟autres choix que
de servir principalement les clients les plus riches afin de garantir un niveau acceptable de
performance financière. Ce faisant, elles s‟écarteront de leur mission de lutte contre la
pauvreté. Cette intuition théorique est confirmée par une analyse empirique où les auteurs
trouvent qu‟un volume important de subventions est positivement associé à des prêts de faible
taille, donc aux personnes les plus pauvres (Nicolas Blondeau, 2006). Par contre, l‟incertitude
sur les subventions est positivement corrélée à des taux d‟intérêt élevés et négativement
corrélée à l‟outreach. Ce résultat souligne davantage la nécessité d‟une complémentarité, et
non d‟une substitution, entre l‟approche du « bien-être « et l‟approche institutionnaliste.
Guérin (2000) indique dans le même ordre d‟idée que l‟évolution du secteur exige des IMF
de trouver un équilibre entre portée sociale et performance financière. Cet équilibre est
nécessaire à deux titres : d‟une part, il leur permettra de ne pas dévier de leur public cible afin
de satisfaire aux exigences de rentabilité de leurs investisseurs ; d‟autre part, il leur permettra
de répondre à la condition importante de pérennisation qu‟est la viabilité financière.
Cependant, l‟approche institutionnaliste semble aujourd‟hui avoir pris le pas sur l‟approche
welfariste (Woller et al, 1999 ; Morduch, 2000 ; Woller, 2002 ; Labie, 2005) ce qui laisse
supposer que les IMF n‟atteindraient que les ménages modérément pauvres, voire ceux se
situant juste au-dessus de la ligne de pauvreté.
L‟étude de Navajas et al. (2000-2003) est l‟une des études les des plus largement
diffusées sur la question. Basée sur 5 IMF boliviennes, l‟étude entend répondre à trois
principales préoccupations : i) les IMF atteignent-elles les plus pauvres des pauvres ? ii) les
prêts de groupe ont-ils une meilleure portée sociale que les prêts individuels ? iii) les prêteurs
ruraux atteignent-ils mieux les plus pauvres que les prêteurs urbains ? Afin d‟y répondre, les
auteurs adoptent une approche quasi-expérimentale et utilisent comme indicateur de
comparaison entre le groupe client et le groupe non client (reste de la population), « the Index
of Fulfillment of Basic Needs « (IFBN), un indice de pauvreté multidimensionnel défini au
niveau national. Il est construit sur la base d‟indicateurs relatifs au logement, à l‟accès aux
services publics, à l‟éducation et aux soins médicaux. Le seuil de pauvreté conformément à
29
cet indice est établit à 0,9. Tous les ménages en dessous de ce seuil sont qualifiés de pauvres
(modérément ou extrêmement) et ceux se trouvant au-dessus sont considérés comme non
pauvres. L‟échantillon final est composé de 588 ménages clients.
Les premiers résultats montrent que la population réellement touchée par les IMF est
celle proche du seuil de pauvreté. Il s‟agit donc des ménages modérément pauvres. Il est
cependant difficile de mettre en cause la stratégie de ciblage des IMF car, se sachant peu
solvables, les ménages les plus pauvres sont en effet moins susceptibles de demander un
crédit. Il ressort ensuite que le prêt de groupe atteint davantage les plus pauvres que le prêt
individuel. Ce constat tient principalement au fait que les garanties physiques sont remplacées
par la responsabilité conjointe des emprunteurs. Les auteurs trouvent enfin que les prêteurs
ruraux servent plus les ménages extrêmement pauvres que les prêteurs urbains. Compte tenu
du fait que la pauvreté est davantage rurale qu‟urbaine, ce résultat est quelque peu logique.
Amin et al. (2003) pour leur part évaluent la capacité des programmes de microcrédit à
atteindre les ménages pauvres et vulnérables. Les auteurs étudient l‟activité des 3 plus grandes
IMF au Bangladesh à savoir la Grameen Bank, la BRAC et l‟ASA. Via une approche quasi-
expérimentale, ils testent si les membres de ces programmes sont plus pauvres et plus
vulnérables que les non-membres. Ils définissent un ménage pauvre comme celui ayant un
niveau de consommation faible et un ménage vulnérable comme celui faisant face à une
fluctuation de revenu. Ils utilisent les données sur la consommation et le revenu mensuels de
229 ménages afin d‟identifier les ménages pauvres et vulnérables. Ils trouvent ainsi que les
participants aux programmes de microcrédit sont plus pauvres que les non participants. Il
ressort par contre que les ménages vulnérables sont plus susceptibles de participer aux
programmes uniquement dans un des trois villages étudiés. De plus, pour les ménages
vulnérables se situant en dessous de la ligne de pauvreté, dans un des villages, rien n‟indique
qu‟ils soient tentés de participer aux programmes et dans l‟autre village, soit ils choisissent de
ne pas participer soit ils y sont exclus. Ainsi, si les programmes de microcrédit atteignent
effectivement les pauvres, leur capacité à toucher les ménages vulnérables est très variable.
Barnes et al. (2001) quant à eux combinent méthodes qualitative et quantitative afin
d‟apprécier l‟impact de trois IMF ougandaises. L‟échantillon est composés de 1 332 ménages
dont 730 sont clients et 602 ne le sont pas. Les auteurs montrent que les IMF ont tendance à
atteindre les microentrepreneurs qui appartiennent à des ménages modérément pauvres. Les
ménages clients ont ainsi tendance à posséder des actifs (terres cultivables par exemple) et à
avoir plusieurs sources de revenu. La comparaison clients – non-clients montre que les clients
sont en moyenne légèrement mieux lotis que les non-clients. Ce constat peut en fait être
30
justifié par le phénomène d‟auto-sélection des demandeurs. Les personnes présentant
certaines caractéristiques individuelles sont en effet plus susceptibles d'être motivés à
participer aux programmes de microfinance. En outre, parce que les programmes fonctionnent
sur la base de prêts de groupe, les membres sont tentés de choisir les personnes qu'ils
considèrent comme étant les plus susceptibles de s'acquitter de leurs remboursements à temps.
Coleman (2004, 2006) lui aussi s‟interroge sur l‟identité des bénéficiaires de la microfinance
et s‟intéresse particulièrement aux conséquences de la politique de sélection des IMF. Il
étudie deux banques villageoises thaïlandaises : la Rural Friends Association (RFA), et la
Foundation for Integrated Agricultural Management (FIAM). L‟auteur utilise la méthode des
doubles différences et effectue une comparaison entre d‟une part participants et non
participants au programme de microfinance, et d‟autre part villages où les programmes sont
introduits et villages non encore pourvus en services micro financiers. L‟échantillon final est
composé de 444 ménages répartis dans 14 villages. L‟auteur fait valoir que la méthodologie
des banques villageoises, qui repose sur l'auto-sélection par la taille du prêt et le suivi par des
réunions fréquentes, conduit à l‟exclusion des plus pauvres. Les t-test pondérés indiquent en
effet qu‟avant l'intervention du programme, les ménages sélectionnées pour participer au
programme sont nettement plus riches que les non-participants. La probabilité que la personne
sélectionnée soit un riche villageois est presque deux fois plus élevé. La richesse se
définissant ici par la possession de terres. Les estimations Logit pondérés confirment que la
possession d‟une terre est bien un facteur déterminant de la sélection des membres. Par
ailleurs, les membres les plus riches sont ceux qui le plus souvent deviennent membres du
comité (président, vice-président…). Ils utilisent alors cette position afin d‟emprunter
davantage auprès de l‟organisation. L‟enseignement de cette étude est que les programmes de
microfinance n'atteignent pas les pauvres autant qu'ils atteignent les personnes relativement
aisées. Adjei et al. (2009) posent en premier le postula que la catégorie des personnes pauvres
est loin d‟être homogène. On y retrouve des très pauvres, des modérément pauvres et des
moins pauvres. Partant de là, les auteurs examinent le type de personnes pauvres que la SAT
(Sinapi Aba Trust), IMF œuvrant au Ghana, sert. Les auteurs comparent le niveau de vie des
clients de l‟IMF à celui d‟un groupe contrôle constitué de non-clients vivant dans la même
région. L‟étude porte sur un échantillon composé de 536 personnes, constitué aléatoirement,
dont 231 sont clientes et 305 non-clientes. Afin de déterminer les niveaux de pauvreté relative
des deux groupes, ils utilisent différents indicateurs de niveau de vie illustrant la nature
multidimensionnelle de la pauvreté. Les indicateurs qu‟ils choisissent sont liés aux ressources
31
humaines, à la sécurité et la vulnérabilité alimentaire, au logement et indicateurs connexes,
ainsi qu‟à la détention d‟actifs.
L‟analyse en composante principale est utilisée pour générer les indices de pauvreté
pour chaque ménage constituant les deux groupes. Les résultats montrent que, d‟une manière
générale, l‟IMF atteint une faible fraction de ménages véritablement pauvres. En effet,
seulement 15% de ses clients appartiennent à la catégorie des plus pauvres contre 33% pour le
groupe des non-clients. À l‟inverse, dans la catégorie des ménages les moins pauvres, l‟on
compte 46% de clients contre 33% de non-clients. Ce résultat montre une fois de plus une
préférence des IMF pour une population moins risquée. Pourquoi les IMF atteignent-elles
rarement les plus nécessiteux ? Datta (2004), ‟intéressant aux zones rurales du Bangladesh,
apporte un éclairage sur la question. L‟auteur adopte une approche compréhensive et utilise
des données issues d‟une part, d‟une enquête de la Banque Mondiale menée en 1999 et
d‟autre part, d‟une étude menée par Concern Bangladesh entre 1999 et 2000. Il trouve que
parmi les 1100 ménages participants aux programmes mis en place par les organisations de
développement non gouvernementales, 12% sont extrêmement pauvres et peu d‟entre eux
reçoivent un crédit. La majeure partie du portefeuille de ces institutions est constitué des
ménages se situant juste au dessus de la ligne de pauvreté (environ 59%).
Le premier argument avancé pouvant expliquer l‟exclusion des ménages extrêmement
pauvres. Le premier est relatif à l‟offre. Certaines IMF ne mènent pas des stratégies de
ciblages stricts et proposent des services généralistes. Pareille offre n‟est pas toujours adaptée
à la particularité des ménages les plus pauvres qui ne peuvent de ce fait pas participer aux
programmes. D‟autres utilisent des critères de sélection (âge, zone de résidence, santé
physique…) qui excluent de facto les ménages extrêmement pauvres. Le deuxième argument
tient à la demande. La majorité des « très pauvres « a peur de prendre un crédit parce qu‟elle
pense ne pas pouvoir le rembourser. De plus, elle trouve difficile de rembourser le prêt de
manière hebdomadaire avec des taux d‟intérêt élevés. Le troisième argument tient aux
exigences des IMF et aux questions sociales. Très souvent les ménages extrêmement pauvres
n‟arrivent pas à répondre aux exigences des IMF, telles que l‟épargne obligatoire ou encore le
remboursement hebdomadaire. Les exigences religieuses, les réticences des emprunteurs à
introduire au sein de leur groupe des personnes très pauvres susceptibles de faire défaut,
expliquent également des plus pauvres. Les abandons volontaires et involontaires constituent
le quatrième argument avancé par l‟auteur. Ces abandons sont la résultante soit de l‟incapacité
à rembourser l‟emprunt, soit de l‟incapacité à se conformer aux exigences du groupe. Le
dernier argument est relatif à la viabilité des IMF. Atteindre l‟autonomie financière demande
32
à l‟IMF d‟accroitre son niveau d‟activité en termes de nombre d‟emprunteurs, de montant
alloué et de taux d‟intérêt.
Puisque les taux d‟intérêt sont parfois plafonnés, l‟un des moyens des IMF est
d‟augmenter les montants accordés. Les ménages les plus pauvres n‟ayant pas les capacités
suffisantes pour gérer de pareils montants, l‟IMF est obligée de sélectionner les personnes les
mieux à même de rembourser l‟emprunt.
Contrairement aux PED où un vaste champ littéraire s‟est développé sur la question,
dans les pays industrialisés, peu d‟études sont dénombrées. On compte parmi ces études
l‟enquête 2008-2009 du réseau européen de la microfinance (REM). Dans cette enquête, ce
sont 170 IMF opérant dans 21 pays de l‟union européenne qui sont examinées. Parmi eux, 13
appartiennent à l‟Europe de l‟Ouest et on y retrouve 102 IMF enquêtées. Les résultats révèlent
une augmentation de l‟activité de prêt depuis 2005 dans la plupart de ces pays, notamment en
France. Le montant moyen du prêt y a baissé de plus de 2 000 euros entre 2007 et 2009,
suggérant une augmentation de la population pauvre au sein de la clientèle des IMF. Ces
dernières déclarent par ailleurs que la grande majorité de leur clientèle est constituée d‟exclus
bancaires (plus de 60%) et on y retrouve aussi bien des jeunes, des immigrés, des handicapés,
des personnes vivant en zone rurale que des femmes. La population féminine reste cependant
sous représentés dans l‟ensemble mais quelques pays tels que la Suisse et le Portugal se
démarquent et affichent de forts taux d‟emprunteurs féminins. Le ratio de portée social
calculé pour apprécier le degré de pauvreté des bénéficiaires, indique en outre que les IMF en
Norvège, suivi de celles opérant en France et en Italie atteignent le plus de personnes pauvres.
Cette analyse a cependant des limites qui tiennent au caractère déclaratif des informations
recueillies. Brana et Jégourel (2011) eux étudient la microfinance à l‟échelle régionale et
utilisent des informations provenant de 33 IMF ayant délivrées des prêts en Aquitaine entre
2000 et 2006.
Environ 4 000 dossiers de crédit sont étudiés. Le but de l‟étude est d‟apprécier la
portée du secteur en identifiant les acteurs, les bénéficiaires, les produits et services offerts,
l‟adéquation entre le profil des bénéficiaires et la vocation sociale des IMF. Concernant ce
dernier point, les auteurs trouvent que le microcrédit délivré par ces institutions a clairement
un impact social puisqu‟il est délivré principalement à des personnes dont le profil socio-
économique les place en risque d‟exclusion. Il s‟agit des bénéficiaires des minima sociaux,
des chômeurs, des travailleurs pauvres et des femmes qui ne représentent cependant que
34,6% du portefeuille. On peut cependant s‟interroger sur la capacité des programmes à servir
les plus pauvres quand on voit que 41,3% des emprunteurs ont un apport personnel, la
33
caractéristique des plus pauvres étant justement leur incapacité à fournir des garanties et/ou à
justifier d‟un apport personnel. Il serait cependant hasardeux d‟en conclure que les IMF en
Aquitaine n‟atteignent pas les plus pauvres compte tenu de l‟hétérogénéité des acteurs
recensés (filiales de banque, ONG, institutions non bancaires….), ce qui a pour corolaire une
hétérogénéité des pratiques notamment dans la stratégie de ciblage. Les auteurs trouvent
cependant que les IMF ont un comportement sélectif semblable à celui des établissements
classiques. Elles privilégieraient les personnes les plus solvables dans le but de limiter les
risques de défaillance. C‟est ainsi que les femmes, les moins qualifié, les bénéficiaires de
revenus sociaux et les jeunes auront plus de chance d‟obtenir de prêts de faibles montants.
Brana (2013) prolonge l‟étude, en essayant d‟isoler l‟effet genre dans l‟offre de microcrédit.
Sa préoccupation est de voir si les IMF arrivent à réduire les inégalités hommes /femmes
dans le processus de création d‟entreprise. Contrairement au pays de l‟Europe de l‟Est ou de
l‟Amérique du Nord où le pourcentage des femmes bénéficiaires du microcrédit est
relativement élevé (respectivement 62% et 59%), en France il n‟est que de 34,6%. Ce taux
reste toutefois supérieur à la part de femmes créatrices d‟entreprises au niveau national. En
analysant l‟offre de microcrédit faite aux femmes et aux hommes, il ressort que les femmes
apparaissent plus défavorisées que les hommes pour ce qui est de l‟accès au microcrédit. En
effet, une analyse multi variée par la méthode des MCO avec effets fixes, révèle qu‟être de
sexe masculin permet d‟obtenir un prêt d‟un montant plus élevé. Ce gap n‟est pas expliquée
par les différences personnelles (situation familiale ou professionnelle) ni par les différences
portant sur le projet.
Pour un projet identique, les femmes obtiendront un microcrédit d‟un montant moins
élevé que les hommes. Le microcrédit tend en cela à reproduire les inégalités de genre
observées dans les relations prêteur-emprunteur traditionnelles.
Cet état de l‟art montre que la capacité des IMF à toucher les pauvres et les plus
pauvres est extrêmement variable. Nombre d‟entre-elles échouent dans l‟atteinte des plus
pauvres. Ce fait ne tiendrait-il pas à la nécessité d‟atteindre un équilibre financier comme le
préconise l‟approche institutionnaliste ? Si oui, alors il y aurait conflit entre performance
financière et outreach.
La vision intermédiaire soutien que toucher les plus pauvres et atteindre une viabilité
financière ne sont pas deux aspirations contradictoires, mais complémentaires. Pour servir
efficacement les pauvres, les IMF se doivent d‟être autosuffisantes sur le long terme. Compte
tenu du fait que servir les plus pauvres est particulièrement couteux et que cette catégorie de
la population ne peut en théorie pas supporter des taux d‟intérêt élevés, les IMF à vocation
34
sociale peuvent-elles atteindre un équilibre financier ? N‟y-a-t-il pas véritablement conflit
entre portée sociale et performance financière ? Les études menées sur le sujet arrivent à des
conclusions mitigées. Selon Hermes et Lensik (2011), l'une des rares études académiques
solides sur la question est celle de Cull et al. (2007). L‟étude examine si il existe un trade-off
entre le degré de la portée des IMF et leur rentabilité. Utilisant les informations du MIX, les
auteurs étudient 124 IMF opérant dans 49 pays sur la période allant de 1999 à 2002. La
principale variable financière utilisée est le ratio d‟autosuffisance financière (FSS). Dans un
souci de robustesse, les auteurs utilisent également comme indicateur de performance
financière le ratio d‟autonomie opérationnelle (OSS) et la rentabilité des actifs (ROA).
Comme indicateurs d‟outreach, ils retiennent trois mesures couramment utilisées : la taille
moyenne du prêt rapportée au produit intérieur brut par tête, la taille moyenne du prêt
rapportée au produit intérieur brut par tête des 20% de la population la plus pauvre et la part
des prêts accordés aux femmes. Une simple analyse de corrélation ne montre pas de lien
significatif entre indicateurs de performance financière et d‟outreach. Une analyse par types
de prêt fait par contre apparaître ce lien. Il ressort en effet que les IMF qui offrent
principalement des prêts individuels obtiennent de meilleurs résultats en termes de rentabilité,
mais la fraction d'emprunteurs pauvres et les emprunteurs féminins dans le portefeuille de
prêts est inférieure à celui des institutions qui fournissent principalement des prêts de groupe.
Par ailleurs, contrairement aux IMF offrant principalement des prêts de groupe, les IMF
fonctionnant sur le principe de prêts individuels se concentrent de plus en plus sur une
clientèle riche. Il y aurait donc conflit entre performance financière et outreach, puisque
lorsque la rentabilité est meilleure, le niveau de pauvreté diminue. Ce constat est confirmé par
Hermes et al. (2011). Les auteurs analysent la relation entre la viabilité des IMF et leur portée
sociale. Comme indicateur de viabilité, les auteurs utilisent le niveau de rentabilité et comme
indicateurs de portée sociale, ils retiennent le solde moyen des prêts et le pourcentage des
femmes emprunteuses. La rentabilité d'une IMF est mesurée en utilisant une analyse de
frontière stochastique. Les auteurs utilisent les informations du MixMarket et retiennent 435
IMF sur la période de 1997 à 2007. Les résultats montrent un lien négatif entre indicateurs
d‟outreach et indicateurs de performance sociale. Plus précisément, les IMF qui ont des
soldes de prêts moyens inférieurs et qui ont une forte fraction de femmes emprunteuses sont
celles qui sont les moins performantes financièrement. Les résultats restent significatifs,
même après la prise en compte d‟une longue liste de variables de contrôle.
Pour Gonzalez et Rosenberg (2006), la question pratique, n'est pas de savoir si il ya
tradeoff, mais si un tel conflit est significativement important dans les circonstances dans
35
lesquelles la plupart des IMF fonctionnent réellement. S‟appuyant sur les données du
MixMarket et utilisant les informations de près de 2 600 IMF à travers le monde en 2004, ils
explorent la question. Dans un premier temps ils retiennent comme proxy de mesure du
niveau de pauvreté la taille moyenne du prêt et comme proxy de mesure de la performance
sociale le ROA. Les résultats du lien montrent que la corrélation entre les deux variables est
très faible (R2 = 0,5%). La pente de la courbe est en outre, faible. Lorsque la taille moyenne
des prêts passe de 50 % du revenu national par habitant à 40 %, le ROA a tendance à baisser
légèrement, de -1,55 % à -1,62 %. Dans un second temps ils évaluent le lien entre le
pourcentage des pauvres et l‟OSS. Le pauvre est ici définit comme une personne vivant avec
1 dollar au moins par jour ou celui tombant dans la moitié inférieure de la population vivant
en dessous du seuil de pauvreté. Ici aussi, les auteurs trouvent une absence de corrélation
entre les deux variables (R2 = 1,2%). La pente de la relation est également assez faible : en
déplaçant le pourcentage d'emprunteurs pauvres de 80% à 90% l‟OSS diminue légèrement et
passe de 69,5% à 68%. Pris ensemble, ces résultats suggèrent que le conflit entre performance
financière et outreach certes existe, mais il est relativement faible. C‟est à ce même constat
qu‟arrivent Zerai et Rani (2012). Zerai et Rani (2012) analysent 85 IMF indiennes et utilisent
les informations de l‟année 2009 issues du MixMarket. Basée sur la matrice de corrélation, ils
trouvent une faible corrélation entre la taille moyenne des prêts - indicateur de portée sociale -
et l‟autosuffisance opérationnelle – indicateur de performance sociale. En outre, la corrélation
entre le nombre de femmes parmi les emprunteurs – proxy alternatif d‟outreach - et
l‟autosuffisance opérationnelle est également très faible. L‟étude révèle toutefois qu'il existe
une forte corrélation positive entre le nombre d'emprunteurs actifs (l‟indicateur de la largeur
de la portée) et l‟autosuffisance opérationnelle. Ainsi, si l‟autosuffisance financière n‟est pas
indispensable pour toucher une population pauvre, elle l‟est si l‟IMF veut toucher une fraction
importante de personne. Lapenu (2007) montre pour sa part que l‟atteinte d‟une performance
financière ne compromet pas forcément la capacité des IMF à servir efficacement une
population pauvre. L‟auteur présente des cas d‟IMF qui ont fait la preuve d‟une compatibilité
entre objectifs sociaux et objectifs économiques. Ces instituions présentent de bons résultats
en termes de ciblage des pauvres de qualité des services tout en étant financièrement saine.
L‟enseignement général à tirer des études menées dans les pays en développement est que la
clientèle servie par les IMF est globalement celle se situant juste en dessous de la ligne de
pauvreté, voire celle se situant juste au-dessus. La recherche d‟un équilibre économique ne
serait dans certain cas pas étrangère à ce constat. Cette viabilité financière est cependant
nécessaire si l‟IMF veut être pérenne et si elle veut servir un nombre croissant de personnes.
36
Le faible nombre d‟études concernant les pays développés indique que dans ces pays, la
question reste entière.
37
initiatives de microfinance ont été présentées et mettent en lumière certaines des leçons clés
apprises à ce jour :
x Les programmes aident les emprunteurs à se sortir de la pauvreté : Des analyses
d'impact sur les initiatives de microfinance commencent à peine à être effectuées.
Certaines des évaluations préliminaires ont montré qu'il y a eu augmentation des
revenus des ménages participants grâce à une vaste gamme de facteurs.
x Les très pauvres sont un bon risque pour les prêteurs, notamment dans le contexte
de systèmes de responsabilité mutuelle : Toute une variété de méthodologies
différentes ont été mises au point pour la livraison de services de microfinance. Ces
approches varient souvent selon les pays et les agents de livraison. Un point commun
apparaît, toutefois : les pauvres peuvent rembourser leurs prêts et le font
effectivement. Des taux de remboursement de 95 % ou plus sont observés dans de
nombreuses initiatives de microfinance.
x Les programmes peuvent être viables : Une tendance croissante vers une plus grande
autosuffisance des IMF se fait jour. De nombreux groupes sont en mesure d'atteindre
l'autosuffisance opérationnelle. Certaines IMF s'approchent aussi de l'autosuffisance
financière – bien que leur nombre soit encore limité.
x Les modèles de microfinance peuvent très facilement être reproduits : Divers
modèles ont été mis au point et reproduits dans différents contextes partout dans le
monde. Certes, ces modèles doivent être adaptés aux situations locales, mais les
principes de base – qui vont des prêts à des groupes de solidarité aux coopératives
d'épargne et de crédit – s'appliquent partout.
x Les programmes peuvent être bonifiés afin de répondre aux besoins d'un nombre
élevé de personnes très pauvres : Bon nombre des IMF les plus anciennes et les
mieux connues ont plus d'un million d'emprunteurs.
L‟expansion de la microfinance et de la micro entreprise est considérée comme un
instrument majeur de réduction de la pauvreté. L'accès aux services financiers est perçu
comme un outil qui « offre aux pauvres, grâce à l'entreprenariat, des occasions de devenir
autonomes, et d‟avoir un gagne-pain stable pendant des périodes difficiles «. La microfinance
offre la possibilité de bâtir des structures viables par lesquelles les groupes désavantagés
peuvent avoir accès aux ressources. L'atteinte de ces objectifs exige que les projets de
microfinance réussissent bel et bien à rejoindre les pauvres. La combinaison de diverses
stratégies pour cibler efficacement les pauvres est un aspect important du processus de
38
planification, mais c'est une démarche qui, dans les faits, s‟avère complexe. Il n'y a pas de
piste unique conduisant au succès, mais plutôt une grande variété d'interventions mises au
point par différents groupes.
Les stratégies de ciblage de vingt-cinq institutions actives dans vingt pays sont analysées ; il
est apparu que toutes les stratégies, pour être efficaces, se fondaient sur une combinaison de
plusieurs éléments. L'importance de chacun de ces éléments variait d'un groupe à l'autre, mais
ils étaient tous présents dans les stratégies de ciblage. Dans le cadre de chaque stratégie, il
fallait mettre au point des méthodes pour identifier efficacement les pauvres, les rejoindre,
susciter leur intérêt pour les services offerts et dissuader les non-pauvres d'accéder aux
services (Coady International Institute, 1998)
¾ Combiner les stratégies pour cibler les pauvres:
-Comment identifier les pauvres : Tous les groupes ciblaient, à l'intérieur d'une région
particulière, des collectivités ayant des caractéristiques de revenu bien définies. Diverses
techniques, par exemple enquêtes ou recensements, étaient utilisées pour identifier les
collectivités répondant aux critères. Une fois cela fait, on tentait de classer les niveaux de
richesse des membres de la collectivité et de trouver comment à la fois inclure les pauvres et
exclure les personnes non ciblées. Des critères tantôt fondés sur des moyennes de revenu,
tantôt que les caractéristiques du logement, ont été employés à cette fin. Souvent, les
programmes ont ciblé particulièrement les femmes, car les recherches indiquent que celles-ci
sont plus susceptibles de canaliser les ressources au profit de la famille et qu‟elles se situent
dans les plus basses catégories de revenus.
-Comment rejoindre les pauvres : La plupart des programmes avaient des personnes sur le
terrain chargées de faire la promotion des services de microfinance dans la région cible,
notamment par des visites de foyer en foyer, des rencontres communautaires et une promotion
auprès de groupes existants.
-Comment susciter l'intérêt des pauvres : Les techniques utilisées pour livrer les programmes
d'épargne et de crédit doivent tenir compte des contraintes et besoins particuliers des pauvres.
Les pauvres ont un accès limité aux services financiers formels en raison notamment de la
manière dont ces services sont offerts. Les IMF ont recours à un éventail de techniques qui
évitent ces écueils, donc: l‟élaboration de méthodes innovatrices de prestation des services; le
remplacement des garanties traditionnelles par une responsabilité de groupe; un processus de
demande simplifié; des limites peu élevées pour l'épargne et les prêts.
-Comment exclure ou dissuader les non-pauvres : Deux principaux moyens sont utilisés
pour exclure les non pauvres des collectivités cibles ou les dissuader de participer. Le premier
39
est l'auto-exclusion. De nombreux aspects des programmes des IMF sont sans attrait pour les
non-pauvres. Par exemple, les taux d'intérêt élevés, le faible niveau des prêts et la fréquence
des réunions du groupe contribuent à repousser les non-pauvres, qui voient dans ces exigences
un coût trop élevé pour les services. Le deuxième consiste à établir des critères d'admissibilité
fondés, par exemple, sur les niveaux de revenus, la qualité observable du logement ou la
possession d'autres biens.
Les méthodes employées pour un ciblage efficace reposaient également sur la
connaissance des concurrents non formels dans le marché et sur l'élaboration de services
efficaces capables d'attirer les pauvres. Certains programmes présument que le simple fait
d'offrir des possibilités de crédit ou d'épargne suffit à attirer la clientèle pauvre. En réalité, les
pauvres fondent leurs décisions sur des facteurs comme le choix des solutions qui s'offrent,
les coûts d'option du crédit, les conditions des prêts, les garanties exigées et la facilité d'accès.
Plusieurs études ont démontré qu'en utilisant la microfinance, les emprunteurs peuvent
réaliser une économie sensible par rapport à ce qu'il en coûte normalement pour emprunter ou
épargner.
¾ Atteindre l'autosuffisance financière :
Une importance croissance est accordée à la performance financière des IMF. Nombre de
publications récentes cherchent à déterminer comment et pourquoi certaines IMF ont pu
améliorer leur performance financière et s'affranchir graduellement du soutien des bailleurs de
fonds. Il existe toute une gamme de méthodologies de prêts qui peuvent être efficaces. Celles-
ci comprennent :
-les prêts à des groupes de solidarité, qu'il s'agisse de prêts effectués au groupe, ou de prêts
effectués à des particuliers mais garantis par un groupe (p. ex. Grameen Bank);
-les activités communautaires comme les banques villageoises, dans lesquelles des groupes
plus grands sont formés pour regrouper les épargnes et établir des programmes de crédit (p.
ex. programmes promus par FINCA International); et
-les prêts consentis directement à des particuliers (p. ex. les membres de coopératives
d'épargne et de crédit).
La viabilité financière est liée à plusieurs facteurs clés. Ces facteurs sont décrits ci-après :
1) Taux de remboursement des prêts
Une clé du succès des IMF a été leur capacité d'élaborer des mécanismes assurant des
taux élevés de remboursement des prêts. Un arriéré de remboursements inférieur à 10 % du
capital courant, et des pertes sur prêts inférieures à 4 %, sont recommandés à titre de critères
40
minimums par le GCAP. La plupart des groupes visent des arriérés inférieurs à 5 % et sont
capables d'atteindre cet objectif.
2) Échelle des activités
Il est important, pour réduire les coûts et accroître la portée tout comme la viabilité
financière, de réaliser des économies d'échelle. La Grameen Bank, par exemple, compte plus
de deux millions d'emprunteurs. Bien que peu d‟institutions opèrent à cette échelle, celles qui
accroissent régulièrement leur couverture améliorent également leur performance financière.
C'est le cas des organisations qui gèrent efficacement leur croissance en combinant un
élargissement de leur rayonnement à un excellent rendement du portefeuille. Des exemples de
groupes qui connaissent une progression rapide, mais en même temps une croissance des
arriérés, ont également été observés. Pour certains de ces groupes, les résultats ont été
désastreux.
3) Taux d'intérêt
Le taux d'intérêt réel effectif doit être suffisamment élevé pour couvrir tous les coûts,
y compris le coût du capital et la croissance du capital. Les taux d'intérêt subventionnés,
notamment ceux fixés à des seuils largement inférieurs à l'inflation, ont miné le fonds de base
de certaines IMF, réduisant ainsi leurs chances d'atteindre la viabilité et d'accroître leur
rayonnement en l'absence de subventions de bailleurs de fonds. L'expérience a démontré que
les taux d'intérêt réels effectifs doivent être sensiblement plus élevés que les taux
commerciaux pour que les activités des IMF soient viables.
4) Existence de programmes d'épargne
L'inclusion d'un programme d'épargne dans la gamme des services offerts s'est révélée
bénéfique à certaines IMF. Cet avantage tient à divers facteurs, notamment les suivants :
l'épargne constitue pour les pauvres un important véhicule financier qui accroît leur sécurité
personnelle; l'épargne peut offrir aux IMF une source de financement durable qui ne soit pas
tributaire de bailleurs de fonds; et l'épargne peut offrir une « assurance « ou un recours si un
emprunteur éprouve des difficultés financières. L'accès à des programmes d'épargne
volontaire (par opposition à l'épargne forcée) est critique même en l'absence d'activité de
crédit. Notons cependant qu'il peut être très coûteux pour une IMF d'offrir des services
d'épargne et qu'il importe de bien mesurer, cas par cas, les avantages stratégiques que
procurent de tels services en comparaison des coûts qu'ils occasionnent.
5) Charges salariales
Les charges salariales sont importantes, car les méthodes de prestation des services
aux pauvres ont souvent une forte composante main-d‟œuvre. Les programmes ayant fait
41
appel à du personnel local pour leurs activités avaient des charges salariales moins élevées et
disposaient d'un net avantage sur le plan de la livraison des services. Un nombre croissant
d'IMF offrent des bonis ou d'autres incitatifs financiers, fondés sur le rendement pour motiver
leurs agents de prêts. Les programmes caractérisés par des charges salariales sensiblement
plus élevées avaient souvent un personnel très scolarisé qui remplissait plusieurs rôles,
notamment le développement communautaire, souvent dans le cadre de projets financés par
des bailleurs de fonds. Autrement dit, la livraison des services financiers en tant que telle était
plus coûteuse.
6) Priorité aux besoins des clients
L'élaboration de produits (p. ex. variété de conditions ou de types de prêts) répondant
expressément aux besoins des groupes de clients a été un facteur important de croissance pour
de nombreuses IMF. Aux yeux de plusieurs groupes, cela signifiait que le programme ne
ciblait plus des « bénéficiaires », mais des « clients».
7) Coûts de développement et coûts financiers
Il importe que les groupes fassent la distinction entre les coûts associés à la prestation
de services de développement et les coûts des services financiers. Certains groupes offrent,
outre des services financiers, un soutien dans des domaines comme l'éducation fonctionnelle,
le développement organisationnel de base (p. ex. l'organisation de prêts de groupes) et la
sensibilisation à l‟égalité des sexes. Tandis que les services financiers peuvent arriver à
s'autofinancer, ces autres services de développement dépendent du financement de bailleurs
de fonds. C'est pourquoi il importe de considérer à part les coûts d'exploitation des services
financiers et leur situation de rentabilité. Ces coûts comprennent toutes les dépenses liées à la
livraison, au suivi ou à l'amélioration de la qualité de gestion des programmes de prêts ou
d'épargne. Cette distinction assurera à la fois une planification réaliste et un suivi judicieux.
Ces facteurs montrent qu‟il faut bien comprendre les approches adoptées en vue
d'atteindre la viabilité financière. Bien sûr, il faut souvent au moins cinq ans, parfois 15 ans,
pour atteindre la viabilité financière, mais la façon dont cet objectif est approché est
importante.
Bien que la viabilité et l'atteinte des pauvres soient l'une et l'autre considérées comme
cruciales, un débat a cours quant à savoir si un compromis entre ces deux objectifs est
inévitable.
D'un côté, on retrouve dans une grande partie des publications sur les meilleures
pratiques une position selon laquelle un compromis n'est pas inévitable. Une institution peut
suivre de bonnes pratiques financières tout en contribuant à réduire la pauvreté. Ce qu'il faut,
42
c'est mettre de plus en plus l'accent sur l'efficience des mécanismes de livraison des services,
fixer des taux d'intérêt appropriés (non subventionnés au profit des clients) et maximiser la
portée du programme pour réaliser des économies d'échelle. L'accroissement de l'échelle
d'activité permet de livrer les services de manière plus rentable. Une fois qu'elle est
autosuffisante financièrement, l'IMF a la capacité d'étendre son rayonnement auprès des
pauvres sans dépendre de subventions externes. La portée peut ainsi être accrue autant en
profondeur (vers les clients les plus pauvres) qu'en étendue (nombre de clients). La viabilité
est un moyen d'accroître le rayonnement auprès des pauvres. Pour les plus pauvres, c'est
l'accès au crédit qui compte, et non pas l'obtention de crédit à bon marché.
L'argumentation opposée est centrée sur les problèmes de la pauvreté. Ses défenseurs
font valoir que les plus pauvres ne peuvent se permettre de payer des taux d'intérêt élevés.
Pour que le programme s‟adresse aux plus pauvres, les IMF doivent continuer de prendre
appui sur le financement de bailleurs de fonds. Ce groupe exprime des critiques à l'égard de
nombreuses IMF qui tendent vers l'autosuffisance en soulignant que ces institutions
s'adressent à une vaste représentation de clients ayant un accès insuffisant aux services
financiers – depuis les pauvres jusqu'aux plus pauvres. Bien sûr, ces IMF ont une proportion
de leurs clients parmi les plus pauvres, mais elles comptent aussi des clients qui se sont hissés
dans la moitié supérieure de la catégorie des « pauvres «, voire dans la catégorie des non-
pauvres, grâce à des prêts antérieurs. L'argument défendu est généralement que les
programmes de petite taille, à vocation exclusive, sont préférables aux programmes de vaste
envergure, financièrement viables.
43
élaborant des dispositifs innovants, des produits diversifiés et en adoptant une approche
intégrée. Éducation budgétaire, financement de l‟agroécologie, développement des énergies
renouvelables, autant d‟indicateurs du rôle et potentiel croissant du secteur. Face à cette
croissance du secteur, il importera de poursuivre les initiatives pour construire une
microfinance responsable et réactive qui place les clients au cœur des stratégies et actions du
secteur.
44
microfinance remonte aux premières expériences de microcrédit de Muhammad Yunus en
1976, il y a 40 ans.
Ces expériences ont conduit à la création de la Grameen Bank au Bangladesh en vertu
d'une ordonnance officielle en 1983, qui à son tour a inspiré la première campagne mondiale
du Sommet du microcrédit, lancée en février 1997 lors d'un sommet à Washington, DC,
auquel ont participé plus de 2 900 délégués de 137 pays. A l'époque, seuls 13 millions de
clients de la microfinance étaient recensés dans le monde. Le sommet a marqué le début d'une
campagne de neuf ans visant à atteindre «100 millions de familles les plus pauvres du monde»
d'ici 2005. Conformément aux priorités de Yunus, l'accent a été mis sur les femmes en
particulier, et explicitement sur le «crédit pour le travail indépendant et d'autres services
financiers et commerciaux». Le sommet de 1997 a été suivi de 17 sommets annuels.
La microfinance a connu une croissance rapide. La figure 1 est adaptée du Rapport sur
l'état des lieux du Sommet 2015 de la Campagne du Sommet du microcrédit (le plus récent au
moment où nous écrivons). Il montre le succès impressionnant du microcrédit à l'échelle
mondiale. En 1997, sur les 13 millions de clients recensés dans le monde, 8 millions étaient
parmi les plus pauvres au moment de leur entrée (soit en dessous des seuils de pauvreté
internationaux, soit en vivant d'un revenu qui les place dans la moitié inférieure de la
population pauvre de leur pays).
En 2013, le total s'élevait à 211 millions, dont 114 millions de personnes parmi les «le
plus pauvre.» Ces chiffres sont impressionnants en termes absolus, mais en termes relatifs, la
proportion des plus pauvres est tombée de 62 % en 1997 à 54 % dans les données de 2013. La
diversité au sein de la «grande tente» du mouvement se manifeste dans la divergence des
trajectoires des emprunteurs totaux et des emprunteurs «les plus pauvres» à partir de 2010. Le
Sommet du microcrédit a commencé à constater une baisse relative et absolue de l'orientation
vers les clients pauvres.
45
Figure 1 : Microfinance Borrowers, 1997-2013 (Millions)
La tableau N° 1 montre que les chiffres du sommet du microcrédit sont déterminés par
les grands prêteurs en Asie et dans le Pacifique, et que la plupart d'entre eux se trouvent en
Inde et au Bangladesh. Sur l'ensemble de la clientèle mondiale à la fin de 2015, 79 % des
clients vivaient en Asie et dans le Pacifique, dont 86 % de l'ensemble sont des femmes et 89
% d'entre eux sont considérés comme étant les plus pauvres. Étant donné le chevauchement
dans les deux groupes (The Summit Report 2015).
Il n'est pas surprenant que 91% des « femmes les plus pauvres » soient également
originaires d'Asie et du Pacifique. En revanche, 16 % de tous les emprunteurs sont originaires
d'Afrique subsaharienne ou d'Amérique latine et des Caraïbes, et seulement 8 % des femmes
les plus pauvres.
46
Table 1:Nombre de clients par région en pourcentage des totaux mondiaux.
47
recherches ont également pris en compte la pauvreté et le développement financier. Ces
études comprennent Honohan (2004), Beck et al. (2007), Odhiambo (2010) et Jeanneney et
Kpodar (2011). Des études comme Jalilian et Kirkpatrick (2002) envisagent une approche
«par ruissellement». S'appuyant sur le cadre de Beck et al. (2000) et Dollar et Kraay (2002),
Jalilian et Kirkpatrick (2002) examinent d'abord comment le développement financier affecte
la croissance économique et examinent ensuite dans quelle mesure la croissance réduit la
pauvreté. Un élément commun de ces études est qu'elles ont pris en compte des mesures de
développement financier à l'échelle de l'économie, telles que l'argent et la quasi-monnaie, la
capitalisation boursière ou le crédit privé dans leur travail empirique. Ces indicateurs ne
parviennent pas à saisir comment différentes institutions du secteur financier influencent la
pauvreté. Cette omission pourrait être particulièrement importante lors de l'examen des
institutions de microfinance (IMF) puisqu'elles ont été promues dans le but spécifique de
fournir des services financiers aux pauvres, en particulier le crédit, afin de réduire la pauvreté.
La microfinance s'est d'abord imposée au cours des années 1970 avec des organisations telles
que la banque Grameen au Bangladesh et le travail de militants comme Mohammad Yunus.
Le champ d'action des IMF s'est depuis élargi. De 2002 à 2011, le portefeuille de prêts bruts
des IMF dans les pays en développement a augmenté de plus de 1700% et le nombre
d'emprunteurs actifs a augmenté de 400%.
Les IMF sont les plus répandues en Asie du Sud, notamment par rapport aux autres
régions pauvres et l'Amérique latine, bien qu'ils aient également augmenté dans ces régions.
Ils desservent aussi souvent les communautés rurales où les banques sont souvent
introuvables. Bien que les IMF effectuent également des prêts à partir de leurs dépôts comme
le font les banques, leur financement peut également provenir des emprunts des investisseurs,
des fonds propres et des subventions. Puisqu'ils desservent souvent les communautés pauvres,
les prêts aux particuliers sont généralement beaucoup plus petits que les prêts bancaires
typiques et souvent non garantis. Par conséquent, étant donné que les banques et les IMF
servent différentes clientèles, accordent différents types de prêts et sont financées par des
sources différentes, elles saisissent des aspects distincts du développement financier et
pourraient donc avoir des impacts différents sur la réduction de la pauvreté.
Le lien entre le développement des marchés financiers et le développement
économique a toujours été un sujet important en économie. Depuis le début de la crise
financière de 2007, la relation entre le développement financier et la croissance économique a
suscité plus d'intérêt.
48
Bien que cette crise ait eu son plus grand impact sur le monde développé, le rôle de
l'intermédiation financière sur la croissance économique et le développement n'est pas bien
compris et fait encore l'objet d'un large débat parmi les économistes. D'une part, l'orientation
de la causalité n'est pas claire : le développement mène-t-il au développement financier ou le
développement financier mène-t-il au développement économique ? Il est probable que la
causalité va dans les deux sens et qu'il n'est pas anodin de démêler ces effets. Les premiers
travaux d'un Schumpeter (1912) et Hicks (1969) ont montré que le développement financier
impact la croissance économique.
Toutefois, Robinson (1952) et Levine (1997) affirment que la croissance économique
favorise le développement financier. D'après les études de Robinson (1952) et Levine (1997),
la croissance économique crée la demande et la réponse automatique de cette demande
entraîne un développement du système financier. Bien que le lien entre le développement
économique et le développement financier ne sera jamais clairement résolue, une question
relativement inexplorée concerne la question de savoir si le développement financier implique
l‟inclusion financière reste importante dans l‟économie.
En tant qu'objectif politique, l'inclusion financière peut contribuer au développement
financier global à la croissance économique et la réduction de la pauvreté ; c'est le consensus
actuel d'un débat de longue date. Amélioré l'accès aux services financiers a un impact positif
sur le niveau de vie des pauvres (Hannig et Hannig et Jansen, 2010). La majorité des pauvres
dans le monde n'ont pas recours aux services financiers formels. Ainsi, l'absence de services
financiers pour les pauvres rend difficile pour eux de prendre des décisions pour l'avenir et
conduit à une utilisation inefficace des ressources.
Les institutions de microfinance, les coopératives de crédit et les coopératives
d'épargne de certains pays ont fait des progrès considérables dans l'amélioration du niveau de
vie, comme la Malaisie, l'Indonésie et l'Inde (Hannig et Jansen, 2010). Un système financier
inclusif offre plusieurs avantages, il favorise une allocation efficace des ressources
productives et une utilisation plus efficace des ressources, permet de réduire le coût du capital
et facilite la tâche des particuliers pour l'accès aux services financiers, ce qui améliore la
gestion quotidienne des finances. Si le système financier inclusif a un coût relativement élevé,
le système peut réduire les inefficacités des marchés du crédit des secteurs informels du
crédit. Il est donc possible que les pays puissent améliorer l'efficacité et le bien-être en
mettant en place un système financier ouvert à tous, en fournissant des moyens de garantir des
pratiques d'épargne sûres et sûres et en promouvant des services financiers efficaces (Sarma,
2008).
49
II. &KLIIUHVFOHIVGHO¶LQFOXVLR
Ces dernières années, l'importance d'un système financier inclusif est devenue un
objectif politique important dans de nombreux pays. Les gouvernements, les banques et les
régulateurs financiers ont mis en place de nouvelles initiatives pour l'inclusion financière et de
nouvelles réglementations législatives ont été initiées dans les économies. Aux États-Unis, par
exemple, « The Community Reinvestment Act (1997) », exige des banques qu'elles offrent du
crédit dans toute leur région et leur interdit de ciblage seulement les quartiers riches des États-
Unis « (Financial Access 2010). Bien que cela ait pu permettre à l'accès accru aux marchés
du crédit, certains économistes soutiennent que cela a contribué à la crise financière en 2007-
2008 (Financial Access 2010). Il peut donc y avoir des coûts associés à l'inclusion financière
et il est important de tenir compte de ces effets. En France, la loi sur l'exclusion souligne la
liberté d'un peuple d'avoir un compte bancaire en 1998. Au Royaume-Uni, afin de suivre
l'évolution de l'inclusion financière, un groupe de travail sur l'inclusion financière a été créé
par le gouvernement en 2005. En 2015, la Conférence d‟Addis- Abeba sur le financement du
développement, l‟adoption des 17 Objectifs de développement durable (ODD) par
diplomatique exceptionnelle, qui fixe pour les quinze prochaines années le cap d‟un
développement responsable, solidaire et inclusif. Convergences résume ce cap en une formule
mobilisatrice : Zéro exclusion, Zéro carbone, Zéro pauvreté.
La microfinance n‟est guère mentionnée dans les textes solennellement adoptés par la
communauté internationale. Elle est pourtant un outil essentiel pour l‟atteinte des objectifs
fixés. Malgré les controverses, la microfinance reste fidèle à l‟ambition de ses pionniers :
contribuer à l‟éradication de la pauvreté (ODD 1), en permettant aux plus démunis de
développer des activités génératrices de revenus, et en les accompagnants par des actions de
formation et de conseil. L‟accès des 450 à 500 millions de petits agriculteurs dans le monde à
des services financiers adaptés est une condition essentielle pour l‟atteinte de l‟ODD 2 :
éliminer la faim et assurer la sécurité alimentaire. Si le microcrédit, pris isolément, a montré
ses limites dans le financement de l‟agriculture, la micro-assurance agricole des récoltes et du
bétail est appelée à jouer un rôle croissant de protection des exploitations familiales contre les
risques naturels, et d‟incitation à produire davantage. Un meilleur accès aux services de santé
(ODD 3) et d‟éducation (ODD 4), à un habitat de qualité, sûr et abordable, et à une énergie
propre (ODD 7), dans le contexte des pays en développement, mais aussi dans ceux des pays
développés. Enfin, faut-il rappeler le rôle essentiel joué par la microfinance dans la promotion
et l‟autonomisation des femmes, contribuant ainsi directement à l‟atteinte de l‟ODD 5 ? Si les
IMF peuvent jouer ce rôle économique et social, c‟est en raison de leur proximité vis-à-vis de
50
leurs clients et de la confiance de ces derniers. Cette confiance exige en retour que les IMF se
conforment à des standards élevés de transparence, de qualité et de responsabilité dans la
fourniture de leurs services et de leurs financements, et de reporting de leur performance
sociale. À cet égard, l‟action de la Social Performance Task Force (SPTF) pour l‟adoption de
standards universels et celle de CERISE pour la diffusion de l‟outil SPI4 sont essentielles.
En 2017 et au niveau mondial, 62% des emprunteurs étaient issus du milieu rural, avec
en première position la région Asie de l‟Est et Pacifique (77%) et l‟Amérique latine en
dernière position (33%). Par ailleurs, 83% étaient des femmes et si la région Europe de l‟Est
et Asie centrale faisait exception (46%), cette tendance s‟observe distinctement en Asie du
Sud où les femmes représentaient 92% des emprunteurs (baromètre de la microfinance, 2016).
Les Top 10 des pays par emprunteurs et par encours sont présentés comme suit :
Table 2:Classement des pays leaders en microfinance par emprunteurs et par encours.
Le classement des 10 premiers pays est basé sur la taille du portefeuille de prêts et sur
le nombre de clients servis au cours de l‟exercice 2017. Les pays sont classés en fonction de
la moyenne de leur rang centile pour chacun de ces indicateurs. En 2017, les institutions de
microfinance (IMF) ont atteint 139 millions de clients pour un montant total de prêts estimé à
114 milliards de dollars. Cela constitue, au niveau mondial, une croissance annuelle de 15,6%
du portefeuille de crédit et de 5,6% du nombre total d‟emprunteurs. Bien que l‟augmentation
du portefeuille de crédit ait été plus importante que celle de 2016 (plus 6,2 points), le taux de
croissance du nombre d‟emprunteurs a fortement ralenti, diminuant de moitié en 2017.
Les 100 plus grandes institutions continuent de concentrer la majorité du portefeuille
de crédit. Fin 2017, celles-ci représentaient en effet 76% du marché global (identique à 2016)
51
avec un portefeuille de crédit s‟élevant à 114 milliards de dollars et 139 millions
d‟emprunteurs.
Malgré le ralentissement de la hausse du nombre de clients, certaines IMF se
positionnent rapidement sur le marché grandissant de la fintech et du mobile banking. Une
enquête du MIX réalisée en 2017 indique que 61% des IMF interrogées déploient déjà des
canaux de distribution alternatifs pour atteindre les clients, que ce soit par l‟utilisation de
distributeurs automatiques de billets, de personnel itinérant ou encore de services de paiement
par téléphone. Sur l‟ensemble des IMF, 40% développent déjà des services de mobile banking
et 20% en sont à la phase d‟expérimentation. Par ailleurs, le rapport de GSMA, State of the
Industry Report on Mobile Money, montre que l‟accès et l‟utilisation du mobile banking
enregistrent une croissance à deux chiffres.
Cette année encore, l‟Asie du Sud est chef de file au niveau mondial en termes de
nombre d‟emprunteurs, avec près des deux tiers des emprunteurs mondiaux (60%). La
croissance régionale a cependant fortement ralenti pour la deuxième année consécutive,
passant de 13,4% en 2016 à 6,6% en 2017. Cette tendance est en partie due au ralentissement
du plus grand marché de la région, l‟Inde, où les IMF ont subi les conséquences du décret de
démonétisation de novembre 2016. Ainsi, la croissance du nombre d‟emprunteurs est passée
de près de 20% en 2016 à 5,8% en 2017.
Malgré un ralentissement au Cambodge, l‟Asie de l‟Est et le Pacifique ont tiré vers le
haut la croissance régionale avec une croissance du nombre d‟emprunteur de 10,6% et du
portefeuille de crédit de 18,1%.
Les pays d‟Europe de l‟Est et d‟Asie centrale ont quant à eux subi une nouvelle année
compliquée. Après un repli en 2016, le portefeuille de crédit a augmenté, passant de -11,3% à
6,5%, tandis que le nombre d‟emprunteurs a diminué de 2,3%. En 2016-2017, le nombre
d‟emprunteurs des IMF africaines est resté pratiquement inchangé (+0,4%) et leur portefeuille
de crédit a connu l‟évolution la plus faible, toutes régions confondues (+3,5%). Plusieurs pays
d‟Afrique de l‟Ouest tels que le Bénin, le Sénégal et le Mali ont fait face à une croissance
faible du nombre d‟emprunteurs. Les IMF du Kenya ont par ailleurs été durement affectées
par des élections prolongées qui ont créé une incertitude économique, et par l‟annonce d‟un
plafonnement des taux d‟intérêt : ces facteurs ont entraîné une baisse de la base
d‟emprunteurs de plus de 18% au cours de l‟année 2017.
Enfin, l‟Amérique latine et les Caraïbes concentrent à elles seules 44% de l‟encours
total du secteur. En revanche, et contrairement aux années précédentes, le taux de croissance
du nombre de clients a considérablement diminué, passant de 8,1% à 1,1% entre 2016 et
52
2017. La situation diffère cependant selon les pays. Ainsi, les deux plus grands marchés de la
région, le Mexique et le Pérou, ont connu des tendances opposées : le nombre total
d‟emprunteurs mexicains a diminué de 3,8% alors que celui des IMF péruviennes a augmenté
de 9,5%.
Conclusion du chapitre 1
C‟est avec la création de la Grameen Bank par Muhammad Yunus surnommé le
«banquier des pauvres» au Bangladesh dans les années 1970, que le microcrédit va se
développer, pour la première fois au monde, à l‟échelle industrielle. Cette initiative ouvre la
voie à de nombreuses autres expériences menées dans les pays du Tiers-monde, en particulier
en Afrique, en Asie et en Amérique Latine.
Aujourd‟hui encore, la microfinance est assimilée à l‟ensemble des dispositifs
permettant d‟offrir des crédits de faible montant (les microcrédits) aux personnes les plus
diminues en vue de les aider à conduire des activités productives et génératrices de revenus.
Mais avec le développement rapide de ce secteur d‟activité noté partout dans le monde, y
compris dans les pays développés, la microfinance a progressivement élargi sa sphère
d‟intervention pour embrasser désormais une gamme variée de services allant du microcrédit
proprement dit à l‟épargne, en passant par l‟assurance, le transfert d‟argent etc. Il s‟en est
automatiquement suivi une extension simultanée de la clientèle. Dans ce sens, la micro
finance se définit désormais comme l‟ensemble des dispositifs permettant de fournir une
gamme variée de produits ou services financiers divers de proximité (épargne, microcrédit,
assurance, transfert d‟argent…) à tous les exclus du système financier classique ou formel, en
vue d‟assurer l‟autopromotion économique et sociale de ceux-ci.
53
Chapitre 2: Etat des lieux du secteur de
microcrédit au Maroc
Le secteur du microcrédit au Maroc a été considéré comme un leader au Moyen-Orient
et en Afrique du Nord (MENA) et une réussite reconnue dans le secteur de la microfinance à
l'échelle mondiale. Ce succès était largement attribué au soutien du gouvernement marocain
ayant mis en place une loi sur le microcrédit en 1999 et a créé des fonds pour soutenir la
croissance du secteur, ainsi que des bailleurs de fonds étrangers et les donateurs qui ont
soutenu la croissance du secteur et les talents locaux au Maroc. Cette croissance a été
alimentée par une forte demande de services financiers aux non-bancarisés, insatisfaction de
systèmes financiers conventionnels et l'existence d'activités informelles génératrices de besoin
élevé de financement et d'assistance technique.
Treize institutions de microcrédit ont été créées au Maroc, qui se sont rapidement
développées de manière durable et ont atteint plus de 1,3 million de clients (la plus grande
portée dans la région), desservant 44% des clients atteints dans le monde arabe. Les 4 plus
grandes IMF; Zakoura, Al Amana, Fondation Banques Populaire et FONDEP représentent
près de 90% du portefeuille en cours au Maroc. Ces institutions ont été parmi les plus
performantes au monde et la croissance du secteur était unique dans son genre qui est devenu
rapidement acclamé.
54
Contrairement à la pauvreté monétaire, il existe très peu d'études qui traitent la pauvreté
multidimensionnelle au Maroc. À titre d'exemple, nous aimerions prendre note des travaux
intitulés «l'approche multidimensionnelle de la mesure de la pauvreté: cas du Maroc»
(Bouhadi et coll., 2012) qui a adopté l'approche d'Alkire et de Foster pour la mesure de la
pauvreté (2007) et la méthodologie statistique de étape par étape pour l'analyse de
correspondance multiple (MCA).
I. /¶DQDO
yse de la répartition spatiale de la pauvreté au
Maroc
L‟analyse de la répartition spatiale de la pauvreté au Maroc montre que celle-ci est
dominante en milieu rural et dans les quartiers périurbains. Avec plus de 1.300 points de
vente (52,7% en milieu urbain et 47,3% en milieu rural) et un effectif total de 5.577 personnes
(dont 86,6% agents de terrains) à fin septembre 2011, les IMF sont implantées pratiquement
dans toutes les régions du pays et notamment là où le taux de pauvreté est élevé, tel qu‟on
peut le relever dans la cartographie ci-après de la microfinance par rapport à la Carte de
Pauvreté du Maroc.
Avec une baisse de 9,4% par an, l‟effectif global de la population en situation de
pauvreté multidimensionnelle est passé de 7,5 million individus en 2004 à 2,8 million
d‟individus en 2014. L‟incidence de la pauvreté multidimensionnelle est ainsi passée de
25,0% à 8,2% entre les deux périodes au niveau national, de 9,1% à 2,0% en milieu urbain, et
de 44,6% à 17,7% en milieu rural. La pauvreté multidimensionnelle demeure principalement
un phénomène rural. En 2014, 85,4% des personnes multi-dimensionnellement pauvres vivent
dans le milieu rural contre 80,0% en 2004
55
Figure 2:Carte de pauvreté monétaire provinciale en 2014 au Maroc.
.
La décomposition de la pauvreté multidimensionnelle par domaine de privation
renseigne sur les sources à l‟origine de ce phénomène. La privation en termes de scolarisation
des adultes explique à elle seule 34% de la pauvreté au niveau national. La non-scolarisation
des enfants contribue à hauteur de 21,3% à l‟IPM. Dans l‟ensemble les déficits en termes
d‟éducation expliquent un peu plus de la moitié de la pauvreté multidimensionnelle (55,3%).
Quant aux privations en termes d‟accès aux infrastructures sociales de base, elles expliquent
56
19,7% de la pauvreté multidimensionnelle. Cette contribution s‟élève à 14,1% pour les
privations en termes de conditions d‟habitat et à 10,9% en termes de santé.
1
La pauvreté multidimensionnelle a également diminué sensiblement, passant de 25,1% en 2001 à 6,1% en
2014. En ce qui concerne l'accès aux services d'infrastructure, près de 98 pour cent des ménages ont maintenant
accès au réseau électrique, et 93 pour cent à l'eau potable propre (jusqu' de 61% en 2004).
57
où l'indice est passé de 6 à 1,86. Étant donné que cet indice est fortement influencé par
l'incidence de la pauvreté, les zones rurales, qui représentent 40% de la population marocaine,
les comptes pour 80% du déficit de pauvreté. L'écart de pauvreté au carré, qui identifie la
sévérité de la pauvreté, a sensiblement baissé entre 2001 et 2014.
x Niveau régional
Entre 2004 et 2014, l‟incidence de la pauvreté multidimensionnelle a baissé dans
toutes les régions du royaume. En termes de variation absolue, ce sont les régions les plus
pauvres en 2004 qui ont connu le recul le plus important de la pauvreté, à savoir les régions de
Marrakech-Safi, de 34,0% à 11,3%, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, de 30,3% à 9,5% et Béni
Mellal-Khénifra, de 31,0% à 13,4%.
En 2014, le classement des régions selon l‟incidence de la pauvreté
multidimensionnelle indique que la moitié des régions enregistrent un taux de pauvreté
supérieur à la moyenne nationale (8,2%). La région la plus pauvre est Béni Mellal-Khénifra
(13,4%), suivie de Marrakech-Safi (11,3%), Drâa-Tafilalet (10%), Fès-Meknès (9,6%),
L‟oriental (9,5%) et Tanger-Tétouan-Al Hoceima (9,5%). Inversement, les régions les moins
pauvres, marquées par une incidence inférieure à la moyenne nationale, sont Laâyoune-Sakia
Al Hamra (1,7%), Dakhla-Oued Eddahab (3,8%), Casablanca-Settat (4,1%), Rabat-Salé-
Kenitra (6,1%), Guelmim-Oued-Noun (6,2%) et Souss-Massa (7,2%).
Figure 4eYROXWLRQGHO¶LQF
idence de la pauvreté entre 2004 et 2014
58
Tétouan-Al Hoceima (12,3%). Ces quatre régions regroupent 57,8% de la population multi-
dimensionnellement pauvre. L‟étude décompose aussi la pauvreté multidimensionnelle des
régions par source de privation. Ainsi la contribution des privations en termes d‟éducation
oscille entre 28,7% à Darâa-Tafilalet et 43,4% à Dakhla-Oued Ed-Dahab. Les déficiences en
termes de scolarisation des enfants contribuent à la pauvreté multidimensionnelle à hauteur de
13,4% à Dakhla-Oued Ed-Dahab contre 27,3% à Casablanca-Settat. Les privations en termes
d‟accès à l‟eau, à l‟électricité et à l‟assainissement expliquent 10,8% de la pauvreté à
Laâyoune-Sakia Al Hamra, contre 24,6% à Béni Mellal-Khénifra. Quant aux privations en
termes de conditions d‟habitat, elles expliquent 4,4% de la pauvreté à Laâyoune-Sakia AL
Hamra, contre 20,7% à Darâa-Tafilalet.
Figure 5:Décomposition de la pauvreté multidimensionnelle par région et par source de
privation
x Niveau provincial
Entre 2004 et 2014, l‟incidence de la pauvreté multidimensionnelle a été réduite dans
toutes les provinces à l‟exception de la province de Figuig où l‟incidence de pauvreté est
passée de 28% en 2004 à 34,5% en 2014, soit une hausse relative de 23,5%. Cette hausse est
due principalement à la montée du poids démographique des zones rurales de cette province,
passant de 35% en 2004 à 51% en 2014. Avec ce poids, le taux de pauvreté dans les zones
rurales du Figuig est passé de 57,7% à 63,9%. En revanche, dans les zones urbaines, ce taux
est passé de 11,6% à 4,0%.
59
Figure 6:Évolution du taux de pauvreté multidimensionnelle entre 2004 et 2014 par province
60
baisse a été supérieure à 70% dans 43,4% des communes, entre 50% et 70% dans 38,6% des
communes, de moins de 50% dans 16,8% des communes. Au cours de cette période, le taux
de pauvreté des communes rurales cibles de l‟INDH est passé de 51,4% en 2004 à 21,4% en
2014. Par période de ciblage, ce taux est passé de 54,0% à 24,1% pour les communes ciblées
en 2005, et de 48,7% à 18,9% pour les communes ciblées à partir de 2011. Dans le reste des
communes rurales, le taux de pauvreté multidimensionnelle est passé de 38,6% en 2004 à
13,4% en 2014. Au total, la pauvreté multidimensionnelle a été réduite, en termes de variation
absolue, de 30 points de pourcentage dans les communes rurales cibles de l‟INDH contre 25,2
points dans les communes rurales non cibles.
Figure 7:Changement du taux de pauvreté multidimensionnelle (en %) entre 2004 et 2014 selon
OHVFRPPXQHVFLEOHVRXQRQGHO¶,1'+
La sévérité de la pauvreté a baissé de 75% au niveau national, 80% dans les zones
urbaines et 73% dans les zones rurales. L'évolution de cet indice montre une amélioration de
la répartition de la consommation entre les pauvres et une réduction de l'écart entre leurs
dépenses de consommation et le seuil de pauvreté.
61
ménages qui sont pauvres selon l‟approche multidimensionnelle et non pauvres selon
l‟approche monétaire, et vice-versa la catégorie des ménages pauvres selon l‟approche
monétaire et non pauvres selon l‟approche multidimensionnelle. Le poids démographique de
ces trois groupes détermine le taux de pauvreté globale.
En somme, la distribution des pauvretés et de leur cumul montre que 3,5 million de
personnes connaissent une seule pauvreté (10,3 % de la population): 2,3 million la pauvreté
multidimensionnelle (6,8%) et 1,2 million la pauvreté monétaire (3,5%). Le noyau dur de la
pauvreté est constitué de 463 mille personnes (1,4% de la population), frappées à la fois par la
pauvreté multidimensionnelle et la pauvreté monétaire. Avec ces trois indices, le volume de la
pauvreté sous ses formes monétaire et multidimensionnelle est de 3,9 millions de personnes,
soit un taux de pauvreté globale de 11,7% à l‟échelle nationale, 3,9% dans les villes et 23,7%
dans la campagne.
Figure 8:Distribution des formes de pauvreté au Maroc et de leur cumul.
Pauvreté multidimensionnelle
Pauvreté monétaire 8,2%
4,9%
Double
pauvreté
1,4%
Le noyau dur de la pauvreté est de 3,2% en milieu rural contre 0,2% en milieu urbain.
Il est plus répandu dans les régions de Darâa-Tafilalet (3,7%) et de Béni Mellal-Khénifra
(3,5%). A l‟échelle provinciale, cette double pauvreté est plus prononcée à Azilal (10,4%),
suivie par Figuig (8,6%), Mindel (6,2%) et Tingi (5,7%). Au niveau communal, la double
pauvreté est supérieure à 20% dans 16 communes, entre 10% et 20% dans 69 communes, et
entre 5% et 10% dans 181 communes. S‟agissant du taux de pauvreté globale, il marque des
62
disparités importantes aux échelles territoriales : Alors que les différences spatiales dans la
pauvreté ont également diminué, il reste de larges différences entre les communes. Les
régions les plus pauvres ont connu une réduction de la pauvreté et une croissance des revenus
plus élevées: Drâa-Tafilalet, la région taux de pauvreté le plus élevé, est passé de 40% au taux
de pauvreté de 2001 à 14,6% en 2014. Au niveau régional, l'évolution du niveau de vie entre
2001 et 2014 a montré la l'existence d'un processus de convergence entre les 12 régions, bien
que le taux de réduction des différences n'était pas la même. Le coefficient de convergence
indique que le niveau de vie des moins plus rapides que celles des régions les plus riches. La
convergence a été forte à Fès-Mekhnès et Oriental alors qu'il a été plus lent dans Draa-Tafilalt
et Benimalal-Khenifra. Le processus de convergence est mais achevé. Avec un taux de
convergence annuel de 4 pour cent, il faudrait 24 ans pour la convergence réduire de moitié
les disparités régionales initiales.
L'inégalité globale a légèrement diminué, mais pas dans toutes les régions. Le
coefficient de Gini a légèrement baissé entre 2001 et 2014, passant de 40,6 à 39,5. La
réduction du coefficient global de Gini a été le résultat de deux tendances de contre-
équilibrage: convergence du développement entre les régions et augmentation dans la région
inégalités dans certaines régions. En effet, l'inégalité a augmenté dans certaines régions (p. ex.
rabat-sale-Kenitra 39,9 à 44,2 et les régions du sud de 35 à 40,2) alors qu'elle diminuait dans
d'autres (Casablanca et Marrakech) et Souss-Massa.
La croissance a contribué à la réduction de la pauvreté dans toutes les régions, alors
que l'effet des inégalités différait entre les régions. La croissance de la consommation
moyenne explique 93% de la réduction de 10% de la pauvreté entre 2007 et 2014. Cependant,
la contribution de l'inégalité variait d'une région à une autre: à Souss-Massa et à Grand
Casablanca, plus de 30% de la réduction de la pauvreté était due à la réduction des inégalités,
dans plusieurs régions, les changements d'inégalité compensaient l'effet de la croissance.
En termes d'indice de développement humain (IDH), le Maroc a réalisé des progrès
significatifs au cours décennies, bien qu'il existe des marges d'amélioration significatives.
Entre 1980 et 2015, la valeur de L'IDH du Maroc est passée de 0,4 à 0,65, soit une
augmentation de 60% et une augmentation annuelle moyenne de 1,3%.
Du 2007 au 2014 La croissance de la consommation des ménages dans les quintiles
inférieurs était positive et supérieure à la moyenne. De plus, la croissance de la consommation
dans les zones urbaines était plus élevée que dans les zones rurales. Ainsi, le taux de pauvreté
urbaine a diminué plus rapide que le taux national: en 2001 la pauvreté urbaine était la moitié
du niveau national, en 2014 est ramené à un tiers. Cela était vrai dans la plupart des régions, à
63
l'exception de Casablanca-Settat et de la région du Sud, où la pauvreté urbaine était plus
élevée en 2014 qu'en 2001 par rapport à la moyenne nationale. Les taux de pauvreté dans les
zones rurales sont presque deux fois plus élevés au niveau national. En 2014, 40% de la
population vivait dans les zones rurales et représentait 79,4% des 1,6 million pauvres et
62,1% des 5,4 millions vulnérables.
64
institutions de microfinance marocaines à des taux préférentiels, de garanties, ou encore
d‟assistance technique pour l‟amélioration de leur performance financière. Aujourd‟hui, le
secteur du microcrédit est dominé par trois grandes IMF, il s‟agit de l‟association Al Amana,
la Fondation Zakoura-MC et la Fondation Banque Populaire pour le Microcrédit qui occupent
plus de 80% du marché en termes de nombre de clients servis.
A l‟instar d‟autres pays en développement, le Maroc est confronté à un double défi.
D‟une part, concevoir et mettre en œuvre une politique économique et sociale nationale
capable d‟assurer une croissance forte et durable et un développement soutenu et, d‟autre part,
mettre en place les voies et moyens qui permettent d‟intégrer les populations
économiquement faibles dans le processus de croissance et de développement. Convaincu que
la lutte contre l‟exclusion doit s‟inscrire dans une vision à long terme de la société et de
l‟économie marocaine, sa Majesté le Roi du Maroc a annoncé sa volonté de faire de la lutte
contre la pauvreté une priorité. La Banque Européenne d‟Investissement (BEI), soutien actif
du secteur de la microfinance au Maroc, a publié en 2005 plusieurs statistiques illustrant le
déficit d‟inclusion financière dans le Royaume et, de fait, le marché potentiel de la
microfinance. Parmi les 31 millions d‟habitants du Maroc, 40 % vivent au dessous du niveau
de pauvreté. Par ailleurs, force est de constater que la pauvreté n‟est pas un phénomène
homogène dans le Royaume du Maroc. Ainsi, le taux de pauvreté des zones rurales est de 20,
soit deux fois supérieur au taux de pauvreté urbain. Il en va de même pour le taux de
vulnérabilité, de 51% dans les campagnes, alors qu‟il est de seulement 28% dans les zones
urbaines. Dans ce cadre, le microcrédit constitue un instrument privilégié de la politique de
lutte contre la pauvreté et l‟exclusion sociale. Le principe de base du microcrédit, premier
produit mis en place par la microfinance, est de proposer à un individu une somme modeste,
correspondant à son besoin immédiat, et remboursable par petites traites sur une période
courte, pour lui permettre de commencer une activité professionnelle indépendante. Ainsi, le
microcrédit agit comme un catalyseur de développement économique qui permet à des
personnes économiquement faibles de créer ou de développer des activités génératrices de
revenus stables et d‟emploi, ce qui leur permet d‟améliorer leur situation ainsi que celle de
leur famille. La BEI estime ainsi à plus de 900.000 le nombre de ménages ayant besoin d‟un
accès au crédit, alors que le marché actuel de la finance n‟en sert qu‟environ 630.000. Avec
270.000 ménages sans accès aux services financiers de base, l‟intermédiation financière
marocaine a une croissance potentielle de 30%.
65
Section 2. Présentation du paysage de la
microfinance au Maroc
Le contexte économique marocain n‟est pas très différent de ceux observés dans les
autres pays en voie de développement qui ont intégré le système du microcrédit. En fait, dès
le début, la microfinance a été perçue comme une forme de solidarité entre les pauvres exclus
du système bancaire traditionnel, puis s'est transformé en une part cruciale du financement et
du développement. La microfinance au Maroc constitue une source de financement pour 1
million d‟activités génératrices de revenus (AGR) et pourrait jouer un rôle central en matière
d‟accompagnement et d‟inclusion des populations souffrant de la précarité.
Dans ce sens, l‟activité de microcrédit devra nécessairement évoluer en activité de
microfinance, et la mission d‟accompagnement centrée sur l‟éducation financière devra
s‟étendre vers des solutions adaptées à des problématiques d‟inclusion économique et sociale.
Cette évolution s‟inscrit, certes, dans le prolongement naturel du rôle des opérateurs qui ont,
aujourd‟hui, des capacités opérationnelles et financières éprouvées. Néanmoins l‟adaptation
du cadre réglementaire et la digitalisation des services constituent les principaux défis
d‟avenir pour le secteur.
66
un fort développement qui s‟est accéléré entre 2005 et 2007 et s‟est avéré être le facteur
déclencheur de la crise qui a touché le secteur depuis fin 2007.
L'acte de naissance de la microfinance au Maroc a été donné en 1993 par
l'Association Marocaine de Solidarité et de Développement (AMSED), qui a octroyé le
premier micro-prêt à une femme. Largement inspirés du modèle de la Grameen Bank, des
associations spécialisées en microfinance sont créées. Des acteurs de la société civile
s'engagent sur ce chemin. Noureddine Ayouch créera par exemple l'association Zakoura en
1995. Al Karama suivra en 1996; Al Amana et la Fondep verront le jour en 1998. Le
programme MicroStart du PNUD s'implique à partir de 1998 dans le développement de ces
associations, et leur offre de l'assistance technique et financière. L'USAID s'implique
également, et octroie une aide de 16 Millions USD aux ONG, dont profitera essentiellement
Al Amana. La loi de 1999 régissant la microfinance, impose aux ONG généralistes d'isoler
leurs activités de microfinance, afin de mieux maitriser les risques, et d'assurer leur viabilité
financière. En 2000, l'Etat réalise l'impact de l'activité des associations de microfinance sur la
réduction de la pauvreté, et décide, via le fonds Hassan II, du subventionner le secteur à
hauteur de 100 Millions de DH (10 Millions €), permettant ainsi aux associations d'accroître
le nombre de bénéficiaires et des montants des prêts accordés.
Le microcrédit a été introduit très tardivement dans le monde arabe et plus précisément
dans les pays du Maghreb. L‟histoire du microcrédit au Maroc a commencé dès le début des
années 90, période durant laquelle le pays subissait encore des conséquences du programme
d‟ajustement structurel (PAS) des années 1980.
Le secteur marocain du microcrédit a connu l‟une des plus formidables croissances
jamais observées en microfinance. En moins de quatre ans, de 2003 à 2007, le portefeuille de
prêts des IMF a été multiplié par onze, et la clientèle par quatre, selon les données du MIX.
Cette croissance exceptionnelle a été portée par quatre IMF leaders : Zakoura, Al Amana,
Fondation des Banques Populaires et Fondep. Ces institutions affichent des résultats
remarquables selon tous les critères de performance appliqués en microfinance, notamment
l‟échelle, le degré de pauvreté de la clientèle, la qualité des actifs et la rentabilité. Ces
résultats impressionnants ne sont pas passés inaperçus : Al Amana et Zakoura ont reçu
plusieurs prix internationaux (dont le prix du MIX récompensant les IMF les plus
performantes et le Prix européen de la microfinance). En 2007, le Maroc a eu l'un des plus
dynamiques secteurs de la microfinance performants dans le monde. Ce succès n'aurait pas pu
se produire sans le soutien continu du gouvernement marocain. La loi de 1999 sur la
microfinance a clairement été pour le développement de l'industrie, et le gouvernement
67
marocain a fourni des soutiens par un fonds gouvernemental « Le Fonds Hassan II » qui a
aidé à capitaliser les premières IMF.
Le ministère des Finances a assuré une surveillance étroite supervisé par Bank Al-
Maghrib (BAM). Le secteur a également bénéficié du soutien de donateurs internationaux
notamment ; l'USAID et les institutions financières IFD désormais relayée par le financement
du développement telles que IFC et KfW. Cependant et malgré les efforts et les ressources
octroyées, certains signes de stress, notamment le prêt, la délinquance et les prêts multiples
(clients avec prêts de deux à cinq IMF différentes) - commencé à émerger.
Une étude de « Planet Finance » en 2007 a mis en évidence la concentration des prêts
de microfinance en grande villes, telles que Casablanca, Fès et Marrakech, et le
développement de prêts multiples dans les zones urbaines. Les prêts non performants ont
commencé à augmenter de manière significative de l'un des plus bas niveaux au monde, 0,42
% en 2003 à 1,9% en 2007.
Près de six ans se sont écoulés depuis l'apparition du terme « crise de la microfinance
« dans le contexte marocain. Jusqu'à à l'époque, le secteur de la microfinance dans le pays
avait été considéré comme un phare du mouvement mondial de la microfinance, dans les
rangs de la Bolivie et du Bangladesh - un exemple pour tous, et pour la région MENA en
particulier. Depuis lors, nous avons vu une inversion complète du terme. A ce jour, la
microfinance marocaine est le plus souvent regroupée sous la rubrique «crise de la
microfinance», avec la Bosnie, le Nicaragua et l'Andhra Pradesh et l‟Inde (Xavier
Reille,2006).
La délinquance était importante pour les prêts accordés début 2007, mais la majeure
partie du portefeuille était originaire au cours des six derniers mois et non exposée aux
arriérés encore. Le portefeuille à risque supérieur à 30 jours (PAR 30) à 1,9% était encore loin
en dessous la moyenne mondiale de 2,7% signalée par MIX. Les gestionnaires des MFI,
bailleurs de fonds et même les agences de notation étaient complaisants et n'ont pas vu la crise
de la délinquance imminente à venir. La forte hausse dans les prêts non performants a eu lieu
en 2008 et affecté toutes les IMF. Le PAR 30 a augmenté de manière significative à 5% en
décembre 2008 et a atteint un niveau alarmant de 10% en juin 2009. Les causes et les
radiations de la crise sont bien connues et peuvent être résumé en deux mots: croissance
insoutenable.
La crise financière mondiale n'est pas à blâmer ; elle est principalement une crise des
IMF elles-mêmes. Une croissance sans précédent a débordé la capacité des IMF, se traduisant
par des politiques de crédit clémentes, des systèmes d'information de gestion obsolètes (MIS),
68
manque de contrôles internes et qualité inférieure de la gouvernance. Au début de 2007, la
fondation Zakoura a entrepris une croissance agressive pour rattraper son principal
concurrent « Al Amana » même si elle n'a pas un SIG fonctionnel. Certaines grandes IMF ont
diversifié leurs produits de prêt et ont offert des prêts plus importants avec une souscription
médiocre. Une étude de 2008 a conclu que 40% de la dette impayée pourrait être attribué aux
changements de la méthodologie de crédit (passage à prêts individuels, augmentation de la
taille des prêts et de la fréquence des versements hebdomadaires à mensuels). Les prêts
multiples aux mêmes clients sont également facteur aggravant, mais pas l'origine de la crise.
Bien sûr, le Maroc a connu une crise en 2009. Mais c'était très différent des exemples
à laquelle elle est souvent comparée. Les chiffres les plus souvent cités dans ces comparaisons
sont dominés par l'effondrement de Zakoura, une institution mal gérée qui aurait implosé avec
ou sans un ralentissement plus large du secteur de la microfinance dans le pays. L'expérience
des autres institutions de microfinance (IMF) du pays a été tout à fait différente.
Une étude BAM 2008 a estimé que 40% des bénéficiaires du microcrédit ont plus d'un
prêt. Le problème est particulièrement aigu en milieu urbain. La part des clients ayant
plusieurs prêts est passé de 39% en octobre 2008 à 29% en septembre 2009. Enfin, les IMF de
taille moyenne prévoient réduire les coûts et partager des ressources en fusionnant ou en
partageant les systèmes de back-office. Ces efforts sont lentement payants et la reprise a été
attendue au premier semestre 2010. Alors que certaines IMF sont sévèrement touchées et
devront être restructurées, d'autres émergent plus fort et sont bien positionnées pour une autre
phase de croissance.
Le Maroc est un champion reconnu du microcrédit, avec 40% dans le monde arabe et
accueillant certaines des institutions de microfinance (IMF) les plus performantes dans le
monde. Mais depuis 2007, le secteur du microcrédit est confronté à une crise. Il y avait 12
IMF agréées au Maroc, desservant près de 1 million de clients avec des actifs combinés de 5,7
milliards de dirhams (705 millions de dollars EU) en décembre 2008. L'industrie est fortement
concentrée, et les quatre plus grandes IMF représentent 90% des activités de sensibilisation
des clients. Le secteur marocain du microcrédit en a bénéficié des croissances les plus
extraordinaires vu dans le l'industrie de la microfinance. En seulement quatre ans, à partir de
2003 jusqu'en 2007, les portefeuilles de prêts des IMF ont été multipliés par 11 et la
sensibilisation des clients par quatre, selon MIX. Cette croissance exubérante a été conduite
par quatre principaux IMF-Zakoura, Al-Amana, Fondation des Banques Populaires, et
Fondep. Ces institutions ont marqué remarquablement bien sur toutes les performances de la
microfinance métriques, y compris l'échelle, la profondeur de la sensibilisation, la qualité des
69
actifs et la rentabilité. Ces impressionnants résultats ne sont pas passés inaperçus, et Al-
Amana et Zakoura ont reçu plusieurs prix internationaux.
Un an après la crise, les autres grandes IMF marocaines avaient déjà commencé à
enregistrer des améliorations importantes dans leurs portefeuilles, dont une grande partie
enregistrait des performances identiques à celles que l'on observe encore aujourd'hui, près de
cinq ans après. En 2011, la crise était effectivement terminée Cette expérience peut être
attribuée à deux facteurs clés : Premièrement, contrairement à d'autres marchés en crise, les
IMF marocaines, le gouvernement et leurs soutiens extérieurs ont réagi rapidement : Ils ont
mis sur pied une bourse de crédit, un prêteur de gros qui pourrait agir à titre de prêteur de
dernier recours, et ils ont mené des enquêtes sobres et efficaces. Une surveillance
réglementaire qui a tracé une voie claire pour sortir de la crise tout en évitant le type
d'ingérence qui a considérablement aggravé la situation dans d'autres pays. Deuxièmement,
même à son apogée, la saturation du marché marocain n'a jamais atteint le seuil de 1 milliard
d'euros sur d'autres marchés en crise. Certes, il y a eu des dommages à réparer, mais c'était
beaucoup plus facile à gérer.
La situation au Maroc continue aujourd'hui de refléter un marché encore sous
l'influence du choc post-crise. La croissance a repris, mais seulement au cours des derniers
trimestres. Depuis trois ans, les IMF et leurs régulateurs ont été guidés par une prudence
excessive, dont certaines sont toujours en place aujourd'hui. Pendant trois ans, le nombre de
clients servis est demeuré inchangé. Et avec même les plus grandes IMF encore organisées en
organisations non gouvernementales (ONG), incapable de se transformer en institutions
détenues par des actionnaires, le secteur marocain de la microfinance reste une anomalie
mondiale, limitée dans sa capacité à étendre sa portée ou à élargir son offre de produits.
Il est temps pour le secteur marocain de sortir de son sommeil d'après-crise, de saisir
les nombreuses opportunités qui s'offrent à lui et d'être à nouveau ce phare de la microfinance
qui ouvre la voie aux autres pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA) et le
monde en général.
70
spéciaux sur la microfinance. La loi définit le microcrédit comme tout prêt octroyé pour aider
des personnes disposant de ressources économiques limitées à créer et à développer leur
propre activité de production ou de service, dans le but d'assurer leur viabilité économique .La
modification de l'article 2 de 2004 ajoute que ces microcrédits pourraient être utilisés pour
acheter, construire ou rénover des logements et pour réaliser des installations électriques ou
pour assurer l'approvisionnement en eau potable des maisons .En ce qui concerne le montant
du crédit, une limite de 50 000 MDH (environ 4 500 euros) est fixée .En outre, le Maroc a
réglementé le fait que les IMF peuvent appliquer des taux d‟intérêt sur leurs crédits
.Actuellement, le taux d‟intérêt est de 14,19% au Maroc (à titre de comparaison, le taux
d‟intérêt du Bangladesh est d‟environ 40%). L'article 3 définit la gamme de produits et
services de microfinance, car il interdit aux IMF de prendre des dépôts. Le développement
micro-épargne - comme observé dans d'autres pays - est donc toujours manquant au Maroc.
En outre, la loi stipule que les projections financières de toutes les IMF marocaines doivent
être viables et viables après une période ne dépassant pas cinq ans à compter de la date
d'autorisation. L'article 6 précise également l'orientation sociale et financière des IMF, pour
autant qu'elles ne s'opposent pas aux programmes nationaux d'intégration économique.
Considérant que le microcrédit constitue une opportunité de développement pour le
Maroc, les pouvoirs publics ont jugé nécessaire de mettre en place un cadre légal approprié
devant servir de support pour l‟exercice de l‟activité de microcrédit par les organismes à but
non lucratif. Pour atteindre ces objectifs, les pouvoirs publics ont élaboré la loi n° 18-97
relative au microcrédit, qui repose sur les axes suivants :
x Le microcrédit est défini comme un crédit accordé à toute personne économiquement
faible pour lui permettre de créer ou de développer sa propre activité de production ou
de service en vue d‟assurer son insertion économique.
x Un plafond de 50.000 DH est fixé pour tout crédit accordé.
x Les associations de microcrédit sont habilitées à effectuer toutes opérations connexes
liées à l‟octroi de microcrédit au profit de leurs clients, notamment la formation, le
conseil et l‟assistance technique.
x Seules les associations constituées conformément aux dispositions du dahir de 1958
relatif au droit d‟association peuvent être autorisées à exercer l‟activité du microcrédit.
x Les associations de microcrédit doivent devenir viables au terme de cinq ans à compter
de la date de leur autorisation.
71
x Les conditions d‟accès au statut d‟association de microcrédit sont fixées, et prévoient
notamment :
- L‟obtention d‟un agrément préalable du Ministre chargé des Finances;
- Le respect par les fondateurs et les dirigeants des associations de microcrédit de
conditions relatives à l‟honorabilité.
x Sur le plan réglementaire, les conditions d‟exercice de l‟activité de microcrédit sont
régies par les décrets suivants:
- Le décret en date du 20 mars 2000 chargeant le Ministre des Finances de fixer les
modèles des états comptables des associations de microcrédit ;
- Le décret du 4 mai 2000 fixant la composition et les modalités de fonctionnement
du Conseil Consultatif du Microcrédit.
Les activités de microfinance sont par ailleurs soumises à la loi bancaire 34/03,
promulguée le 14 février 2006, et à la Loi n° 18-97 Relative au Microcrédit de 2004. La loi
interdit clairement toute activité syndicale ou politique des IMF. Le gouvernement marocain
joue un rôle important dans le secteur du microcrédit, tant par la loi que par un soutien
financier important. Le fonds gouvernemental Hassan II facilite le financement de
nombreuses IMF en plus du soutien de donateurs internationaux tels que l'USAID, la
Commission européenne ou le KfW. Les IMF et leurs activités sont contrôlées par le
ministère des Finances, responsable de la promulgation des décrets nécessaires. La banque
centrale Bank Al-Maghrib (BAM) supervise le secteur depuis 2007 «L'engagement des
banques locales est une caractéristique unique du secteur du microcrédit marocain: les
banques commerciales sont d'importants bailleurs de fonds du secteur. Les plus grandes IMF
et finançant 85% des actifs du secteur en 2008 ».
Les IMF sont obligées de se conformer à la comptabilité régulière pratique et de
procéder à un audit externe annuel, rendant compte de ses résultats au ministère des finances.
De plus, il est obligatoire d'avoir également un comité interne de suivi des activités et
responsable du rapport annuel de l'IMF. Cela devrait augmenter la transparence du secteur. En
outre, depuis 2006, les IMF sont autorisées à octroyer des crédits, mais contrairement aux
institutions financières traditionnelles, celles-ci excluent la TVA (article 17 de la loi sur le
microcrédit) afin de soutenir le développement du secteur et de créer de nouveaux emplois.
Un autre élément important du secteur de la microfinance au Maroc est le Conseil consultatif
du microcrédit, créé en vertu de la loi n ° 18-97, articles 19 et 20, qui doit être consulté sur
toutes les questions liées à la fourniture et au développement de microcrédits. La loi a été
adaptée en fonction de l'évolution du secteur de la microfinance. Les modifications les plus
72
importantes de la loi ont été apportées en 2003 concernant l‟objet du prêt (par exemple, pour
le logement), en 2007 avec l‟introduction de produits de micro assurance et en 2011 en raison
de modifications supplémentaires apportées à la forme juridique des IMF qui leur
permettaient de se transformer en sociétés responsabilité limitée.
Depuis 2012, les IMF peuvent également opérer comme des institutions financières
non à but non lucratif et depuis 2001, la Fédération nationale des associations de microcrédit
(FNAM) joue un rôle majeur dans le secteur de la microfinance au Maroc. Les IMF sont
obligées de rejoindre la FNAM, qui est responsable de la coordination du secteur de la
microfinance. L'article 5 de la constitution de la FNAM vise également :
x Établir des règles de conduite relatives à toute activité de microcrédit et les soumettre
à l'approbation du ministre des Finances.
x Veiller au respect de la loi sur le microcrédit et des règles de conduite par ses membres
et informer le ministère des Finances de tout manquement.
x Proposer au ministère des Finances toute action visant à promouvoir le développement
du microcrédit
x Créer et gérer tout service commun propice au développement du microcrédit.
La FNAM a toutefois été confrontée à des problèmes internes et à des ressources limitées
surtout pendant la crise, ils n'ont pas réussi à représenter le marché de la microfinance et ses
IMF.
i. Le taux d’intérêt
La loi relative au microcrédit ne stipule pas de taux d‟intérêt maxima. L‟article 8 stipule en
effet (Ilham El Attar et Moutem Said, 2008):
« Le taux d‟intérêt maximum applicable aux opérations de microcrédit est fixé par
arrêté du Ministre chargé des finances après avis du conseil consultatif du microcrédit » et
l‟Article 20 « Le conseil consultatif du microcrédit est consulté sur toutes les questions liées à
l‟octroi et au développement du microcrédit et donne son avis au Ministre chargé des
Finances sur le taux d‟intérêt maximum applicable aux opérations de microcrédit. »
Pour l‟heure, le Conseil n‟a pas traité la question du taux d‟intérêt, donc les AMC
restent libres de leur choix. Il est à noter que le marché joue son rôle, car les taux sont en
baisse au cours de ces dernières années.
En outre, L‟article 9 oblige les établissements de crédit à « porter à la connaissance du
public, notamment par affichage dans leurs locaux, les conditions appliquées à leurs
opérations de microcrédit, particulièrement en matière de taux d‟intérêt … ».
73
ii. Le choix du modèle statutaire
La forme statutaire d‟une institution de microcrédit n‟est pas indifférente. Le statut d‟ACM
présente un certain nombre de désavantages et de limitations :
- Une des principales limites à la croissance du secteur de la microfinance au Maroc
vient de ses besoins en fond propre : les besoins financiers du secteur sont estimés à
DH 6 milliards.
- l‟accès des AMC aux ressources financières commerciales est rendu difficile en raison
de leur statut d‟association à but non lucratif ;
- Le cadre légal et réglementaire est devenu étroit pour certaines AMC dont la gestion
connaît une forte croissance et qui sont devenues des micro-banques gérées de
manière professionnelle (l‟interdiction de faire appel à l‟épargne, l‟impossibilité
d‟offrir d‟autres services financiers comme la microassurance, les chèques, la
contrainte relative au plafond du microcrédit, soit DH 30.000…) ;
- L‟incapacité des AMC à offrir une intermédiation financière complète au profit de
toutes les activités solvables et donc à accompagner leur clientèle.
Si les AMC veulent collecter l‟épargne et offrir une intermédiation complète, le statut
le plus adéquat reste celui d‟un établissement de crédit, mais ce statut est contraignant à
d‟autres égards.
Un autre désavantage notable des AMC concerne le problème de la liquidation du
patrimoine : en effet, l‟article 26 de la loi n° 18-97 relative au microcrédit stipule que « Par
dérogation aux dispositions de l'article 37 du dahir n° 1-58-376 du 3 Joumada I 1378 (15
novembre 1958) précité, en cas de dissolution d'une association de microcrédit pour quelque
cause que ce soit, le produit net de liquidation est attribué à l'Etat pour être consacré à des
organismes ayant le même objet après avis du conseil consultatif du microcrédit. La
nomination du liquidateur et la détermination des modalités de liquidation sont fixées par
arrêté du Ministre chargé des finances «. Ce qui signifie qu‟en cas de liquidation, l‟AMC ne
peut disposer de son patrimoine qui sera affecté par l‟Etat à des organismes similaires. Voilà
une limite significative à l‟accroissement du capital ou à l‟accès au capital commercial, que
permet d‟éviter l‟adoption du statut d‟établissement de crédit.
En revanche, le problème qui se posera sera celui du TEG (Taux effectif global). Le
TEG des établissements de crédit est en effet très faible par rapport à celui concédé aux AMC.
Avant d‟adopter le statut d‟établissement de crédit, il faut donc s‟assurer d‟avoir un business
model qui reste rentable en appliquant le taux de crédit défini par la loi.
Enfin, la loi bancaire impose aux établissements de crédit les limitations suivantes :
74
- Un plafond des fonds propres de 900 MDH ;
- Un effet de levier moyen du secteur inférieur à 3 ;
- Un plafond du portefeuille de prêts à DH 2,7 milliards ;
Les institutions de microfinance, pour évoluer, formuleront manifestement des exigences
nouvelles, comme une élévation du plafond des fonds propres exigé, un effet de levier
supérieur (pour pouvoir capter d‟avantage d‟emprunt), un plafond de portefeuille de prêt
supérieur.
iii. Cadre institutionnel
La loi relative au microcrédit a institué un conseil consultatif de microcrédit, composé
des représentants des administrations, de ceux des associations de microcrédit et
d‟organisations professionnelles. Il est consulté sur toutes les questions se rapportant à
l‟exercice et au développement du microcrédit. Ce conseil donne son avis au Ministre chargé
des Finances notamment sur l‟octroi et le retrait de l‟autorisation d‟exercer les activités de
microcrédit et les règles comptables et prudentielles desdites associations. Selon la loi
bancaire, le secteur de la microfinance se développe sous la double supervision de la Bank Al-
Maghrib (BAM) et du Ministère des finances. D‟après la loi Bancaire, la BAM a la
responsabilité de superviser le secteur. Elle a reçu les premiers états financiers à ce sujet à
partir du 3ème trimestre de 2006 et procédé aux premiers contrôles sur place au cours du
4ème trimestre de 2006. Le Trésor compte sur ces contrôles pour avoir une vision plus claire
de l‟état financier de tout le secteur. Il croit que la supervision constituera le point de départ
pour toute discussion sur la transformation. La transformation des Associations en Institutions
Financières Non Bancaires ou en banque de Microfinance, serait faite sous contrôle de la
BAM. Avant la mise en place de la loi bancaire, qui a institué l‟indépendance de la BAM pour
la gestion de la politique monétaire, le Ministère des Finances instruisait les demandes
d‟agrément pour devenir une Association de microcrédit et exécutait un contrôle sur
documents financiers et comptables des Associations. Depuis 2006, le Ministère garde la
seule responsabilité d‟instruire les demandes d‟agrément.
Les institutions du microcrédit déclinent sous la forme d‟associations sans but lucratif
conformément aux dispositions du dahir N° 1-58-376 du Joumada 1378 le 15 Novembre 1958
qui réglemente le droit d‟association. En plus, les statuts des associations du microcrédit
doivent prévoir la non-discrimination à l‟octroi du microcrédit ainsi qu‟elles doivent
s‟interdire toute activité politique ou syndicale. Leurs actions doivent s‟avérer viable
humainement et financièrement et s‟aligner avec les stratégies et objectifs des programmes
nationaux d‟insertion économique et du développement durable.
75
Les AMC doivent appliquer un taux d‟intérêt fixé par décret après avis du conseil
consultatif du microcrédit comme elles ont une obligation quant aux conditions appliquées à
l‟octroi de prêts. Les ressources autorisées sont très diverses mais en aucun cas les AMC ne
peuvent distribuer leurs bénéfices. Ces bénéfices peuvent seulement être utilisés dans l‟octroi
de microcrédit. Le contrôle et la supervision des AMC sont assurés par Bank Al Maghrib.
Aussi, elles doivent tenir une comptabilité régulière, effectuer un audit externe chaque année
et transmettre des rapports réguliers à Bank Al Maghreb. Les conditions réglementaires
accompagnant l‟évolution de la microfinance au Maroc doivent être rediscutées dans le cadre
de la nouvelle loi sur le microcrédit au Maroc. Le texte juridique reste incomplet.
L‟adaptation du cadre réglementaire dans le sens de l‟élargissement du périmètre et du
rôle des opérateurs ne pouvait se concevoir durant les deux premières phases où le Maroc
comptait parmi les seuls pays à disposer d‟une réglementation spécifique à l‟exercice et au
contrôle de l‟activité.
Les études menées dernièrement sous l‟égide du ministère de l‟Economie et des
Finances ont pour objectif de statuer sur les mesures réglementaires à adopter et sur le
potentiel du marché en termes d‟offre et de demande. C‟est une démarche objective qui
dénote d‟une volonté réelle de booster le secteur dans sa mission désormais incontestable.
Dans ce sens, l‟activité de microcrédit devra nécessairement évoluer en activité de
microfinance, et la mission d‟accompagnement centrée sur l‟éducation financière devra
s‟étendre vers des solutions adaptées à des problématiques d‟inclusion économique et sociale.
Cette évolution s‟inscrit, certes, dans le prolongement naturel du rôle des opérateurs
qui ont, aujourd‟hui, des capacités opérationnelles et financières éprouvées. Néanmoins
l‟adaptation du cadre réglementaire et la digitalisation des services constituent les principaux
défis d‟avenir pour le secteur.
iv. Dispositif comptable et prudentiel
Les associations de microcrédit doivent tenir une comptabilité régulière faisant
ressortir l'ensemble de leurs ressources, de leurs emplois, de leurs produits et de leurs charges
selon des modèles fixés par voie réglementaire.
Les pièces et documents ayant servi de base aux écritures comptables doivent être
conservés par l'association pendant au moins dix ans. L‟arrêté relatif au plan comptable des
associations de microcrédit a été publié en septembre 2007.
Ce plan comptable permettra d‟uniformiser l‟information financière des associations
de microcrédit et d‟assurer la transparence des opérations effectuées qui seront contrôlées par
des commissaires aux comptes.
76
La loi met à la charge des associations un ensemble d‟obligations de gestion,
d‟information et de contrôle, dans un objectif de transparence. Les associations de microcrédit
sont tenues d‟effectuer des audits annuels de leurs comptes. Elles sont également tenues de
réintégrer leurs excédents d‟exploitation et de les affecter, ainsi que toutes subventions
publiques ou ressources concessionnelles que l‟Etat leur aura concédées, à l‟octroi de
microcrédits.
v. Régime fiscal
Pour encourager le développement de ce secteur, la loi a prévu des exonérations
fiscales tant au profit des donateurs qu‟au profit des associations.
Les avantages fiscaux se présentent comme suit :
x Les dons octroyés par des personnes physiques ou morales aux AMC sont déductibles
de la base imposable à l‟IS (Impôt sur les Sociétés) ou à l‟IGR (Impôt Général sur les
Revenus).
x Les équipements et matériels destinés au fonctionnement des AMC bénéficient de
l‟importation en franchise des droits de douanes.
x Les opérations de crédit effectuées par les AMC sont exonérées de la taxe sur la valeur
ajoutée.
x Ces exonérations sont accordées pour une durée de 5 ans à compter de la date de la
publication au bulletin officiel de l‟arrêté d‟agrément de l‟association de microcrédit.
x La loi de finances pour l‟année 2006 a prorogé l‟exonération de la TVA jusqu‟au 31
décembre 2010.
L‟objectif de ces incitations est d‟aider les associations de microcrédit à développer
leur activité et atteindre une autosuffisance financière.
77
La microfinance est pratiquée au Maroc par des institutions aux statuts variés pour
répondre aux différents besoins des pauvres afin de gérer les problèmes de croissance
économique, de développement, de lutte contre la pauvreté et de création d‟emplois qui
représentent les défis majeurs pour notre pays.
Dans ce contexte spécifique, l'accès aux services financiers, y compris au crédit, est
considéré comme l'un des satisfaire. C‟est pour cette raison que la promotion ultérieure
d‟activités génératrices de revenus et d‟emplois productifs toutes ces décennies ont reposé en
grande partie sur l'élargissement de l'accès aux services financiers pour les populations à
faible revenu.
Aujourd'hui, il touche presque un million de bénéficiaires, avec une croissance en
progression nette, malgré la crise de maturité qu'il a connu en 2008 en raison d'une croissance
incontrôlée entraînant des politiques de crédit souples, des informations et une gestion
obsolètes systèmes, les déficiences du contrôle interne et la faiblesse de la gouvernance.
Facteurs connus grâce aux différentes études et recherche conduit à analyser ce secteur et qui
sera présenté dans cet article. Cette crise a été surmontée quelques années plus tard grâce à le
dynamisme du secteur à travers la réalisation de projets de restructuration et de renforcement
des capacités faisant du Maroc le premier marché de la microfinance dans la région MENA
(Moyen-Orient et Afrique du Nord).
La Banque Européenne d‟Investissement (BEI), soutien actif du secteur de la
microfinance au Maroc, a publié en 2005 plusieurs statistiques illustrant le déficit d‟inclusion
financière dans le Royaume et, de fait, le marché potentiel de la microfinance. Parmi les 31
millions d‟habitants du Maroc, 40 % vivent au-dessous du niveau de pauvreté. Par ailleurs,
force est de constater que la pauvreté n‟est pas un phénomène homogène dans le Royaume du
Maroc. Ainsi, le taux de pauvreté des zones rurales est de 20%, soit deux fois supérieur au
taux de pauvreté urbain. Il en va de même pour le taux de vulnérabilité, de 51% dans les
campagnes, alors qu‟il est de seulement 28% dans les zones urbaines.
Dans ce cadre, le microcrédit constitue un instrument privilégié de la politique de lutte
contre la pauvreté et l‟exclusion sociale. Le principe de base du microcrédit, premier produit
mis en place par la microfinance, est de proposer à un individu une somme modeste,
correspondant à son besoin immédiat, et remboursable par petites traites sur une période
courte, pour lui permettre de commencer une activité professionnelle indépendante. Ainsi, le
microcrédit agit comme un catalyseur de développement économique qui permet à des
personnes économiquement faibles de créer ou de développer des activités génératrices de
revenus stables et d‟emploi, ce qui leur permet d‟améliorer leur situation ainsi que celle de
78
leur famille. La BEI estime ainsi à plus de 900.000 le nombre de ménages ayant besoin d‟un
accès au crédit, alors que le marché actuel de la finance n‟en sert qu‟environ 630.000. Avec
270.000 ménages sans accès aux services financiers de base, l‟intermédiation financière
marocaine a une croissance potentielle de 30%.
Le secteur marocain du microcrédit avait connu l‟une des plus importantes croissances
jamais observées en Microfinance dans le monde. En moins de quatre ans, de 2003 à 2007, le
portefeuille des prêts des AMC a été multiplié par onze, et la clientèle par quatre (d‟après
Microfinance Information Exchange, « MIX »). Quelques institutions affichaient des résultats
remarquables selon tous les critères de performance appliqués en microfinance, notamment
l‟échelle, le degré de pauvreté de la clientèle, la qualité des actifs et du suivi des bénéficiaires.
Ces résultats impressionnants ne sont pas passés inaperçus, puisque les AMC marocaines ont
reçu plusieurs prix internationaux (dont le prix du MIX récompensant les IMF les plus
performantes et le Prix Européen de la microfinance). En 2007, le secteur de la microfinance
au Maroc était l‟un des plus actifs et des plus performants au monde. Pendant très longtemps,
le Maroc a été considéré comme l‟un des meilleurs secteurs du microcrédit dans la région
MENA en comptant 13 institutions de microfinance parmi les plus actives et les plus
performantes. Cela s‟explique par le nombre de bénéficiaires qui représente 40% des
personnes servies dans la région arabe et des institutions de Microfinance (IMF) classées
parmi les plus performantes dans le monde.
Au sein de la région Arabe, le Maroc et l‟Egypte dominent le secteur de la
microfinance en regroupant 85% de tous les emprunteurs et 73% du portefeuille total des
prêts de la région. Le Maroc se distingue par la taille de son réseau d‟agences (83% du
nombre total des bureaux de la région) et le nombre de son personnel (54% de l‟effectif total
de la région). En moins de vingt ans, le microcrédit est devenu un instrument essentiel de la
lutte contre la pauvreté au Maroc et a répondu à un véritable besoin, en raison de l‟existence
d‟un secteur informel très important, ce qui a contribué fortement à sa réussite. Lors de
l‟Année Internationale du Microcrédit « AIM », le Maroc a été récompensé par l‟ONU, le 7
novembre 2005, qui lui décerné le trophée de mérite pour ses réalisations, ce qui a incité
Barid Al Maghrib à émettre un timbre dédié au secteur portant le logo de l‟AIM.
Le secteur de la microfinance au Maroc a également bénéficié de l‟appui de la
communauté internationale des bailleurs de fonds (USAID, AFD, PNUD FADES). Cependant
l‟engagement du secteur financier marocain (banques commerciales et Fonds JAIDA) aux
côtés des acteurs demeure plus important, couvrant 80% des besoins de financement du
secteur, à noter que ce niveau d‟engagement est spécifique au secteur marocain du
79
microcrédit dans la région MENA. Sans pour autant chercher à minimiser les appuis
financiers (dons et subventions) des bailleurs de fonds nationaux et internationaux au
développement du secteur, ces appuis restent insignifiants par rapport au montant de prêts
cumulés injectés dans l‟économie (38,9 milliards de DHS) et aux diverses radiations de
créances douteuses estimées à 703,26 millions de DHS.
Table 3%LODQVXUO¶pYROXWLRQGXVHFWHXUGHODPLF
-2017
80
Table 4%LODQVXUO¶pYROXWLRQGHODSURGXFWLRQ
de JAIDA entre 2007-2017
Conclusion du chapitre 2
Le secteur du microcrédit marocain a connu une des plus extraordinaires croissances
observées dans l‟industrie de la microfinance. Depuis son adaptation au cas Marocain, le
microcrédit a été considéré comme « l'alternative » à la pauvreté. L'entrée en vigueur, en
1993, de la loi 18-97 sur le microcrédit a permis à plusieurs organisations non
gouvernementales à intégrer le microcrédit sous l'impulsion de l'USAID, le PNUD et d'autres
bailleurs de fonds.
Le leadership du Maroc dans la région MENA est chose acquise. Depuis ses débuts
dans les années 90, la microfinance n'a cessé de croître et même d'une façon vertigineuse
jusqu'aux années 2007-2008 ou une crise a secoué le secteur. Les répercussions se sont senties
plus fortes tout au long de l'année 2009.
Aujourd'hui, elles sont 13 institutions de microcrédit dont les 4 principales Al Amana,
Al Baraka, Attawfiq et Ardi détiennent plus de 80% de ce marché. Le Maroc arborait l‟un des
secteurs de la microfinance les plus dynamiques et prospères au monde en permettant à une
tranche de la population marocaine non bancarisée d‟accéder à un financement rapide et de
bénéficier d‟un soutien à ses microprojets.
81
Conclusion de la première partie
Le Maroc, tout comme le reste des pays les plus pauvres du monde, a vu l'idée de
microcrédit se répandre au milieu des années 1990, et c‟est ainsi que se sont multipliées les
institutions de microfinance. Il y a aujourd'hui 13 institutions qui coordonnent leurs travaux
dans le cadre de la fédération nationale des associations de microcrédits.
Ce secteur a connu, à ses débuts, un soutien financier sous forme de dons et de
subventions provenant d‟organismes financiers nationaux ou étrangers, tels que le Fonds
Hassan II pour le développement, le programme des Nations Unies pour le développement ou
encore l‟Agence Américaine de développement.
La contribution financière de l'État à ce secteur montre à quel point il a misé sur lui
pour contribuer à la réduction des taux de pauvreté. Après la période de croissance qu‟a
connue ce secteur, que ce soit au niveau de l'Afrique du Nord et du Moyen Orient ou au
niveau mondial au début des années 2000, en termes de nombre de clients et de montants des
prêts décaissés, la microfinance est entrée en crise du fait des défaillances de remboursement
des crédits entre 2008 et 2011, liées en particulier à la multiplication des crédits, l‟un servant
à rembourser l‟autre. Suite à cette crise des microcrédits et afin de rétablir la confiance, L‟État
a déployé des efforts pour développer ce secteur en modifiant le cadre réglementaire et
juridique, qui permet aux fournisseurs de microcrédits de diversifier les services financiers à
l'égard des emprunteurs. Ainsi, il est devenu possible d‟inclure autres produits qui répondent
aux besoins des bénéficiaires et d‟intégrer de plus en plus les activités financières classiques
des banques.
Lutter contre la pauvreté est la mission de la microfinance. L‟analyse des résultats de
cette mission permet d‟évaluer les performances sociales des IMF. Deux approches
d‟évaluation qui sont complémentaires peuvent être adoptées : une approche centrée sur
l‟institution à travers la portée sociale et une approche centrée sur les clients à travers
l‟analyse de l‟impact et pour développer le secteur de la microfinance, l‟accent a été porté
d‟avantage sur la performance financière. Afin d‟évaluer cette performance, un grand nombre
d‟indicateurs sont apparus, et la plupart d‟entre eux sont devenus standards mais il n‟y a pas
un consensus sur leurs définitions et sur leurs façons d‟être calculés. Ils ont été
institutionnalisés au sens où ils correspondent à des règles durables acceptées par la
communauté de la microfinance (Copestake, 2003).
Toutefois, la rentabilité était la dimension la plus importante et adoptée pour mesurer
la performance financière à travers différents ratios. L‟analyse des déterminants de cette
82
rentabilité ainsi que l‟atteinte de l‟équilibre financier et l‟impact direct du microcrédit sur les
bénéficiaires feront l‟objectif dans ce qui suit.
83
Partie 2 : Evaluation de la performance des
institutions de microfinance : Cas du Maroc
La microfinance suscite actuellement des débats quant à sa capacité à lutter contre la
pauvreté. Définie comme la fourniture de services financiers à la frange de la population
exclue du système bancaire classique, elle a la particularité de chercher à accomplir une
mission sociale tout en fonctionnant comme une institution financière classique. La
conséquence de ce dualisme est qu‟un succès financier a tendance à conduire à un échec
social et vice-versa. Ceci suscite un débat quant à la détermination de l‟aspect qui devrait être
prioritaire. La divergence des points de vue est accentuée par le fait que les intervenants du
secteur de la microfinance ont des objectifs différents. Les donateurs s‟intéressent à l'impact
social des institutions qu'ils financent, alors que les investisseurs se soucient de la pérennité
financière. Ce dualisme est soutenu dans la littérature par deux courants de pensée :
l‟approche welfariste, qui porte son attention sur l‟exigence sociale de ciblage des pauvres et
d‟amélioration de leurs conditions de vie et l‟approche institutionnaliste, qui défend
l‟exigence de rentabilité et de viabilité de l‟institution. Cependant, quelle que soit la position
retenue, certaines interrogations demeurent. Les ressources mises à la disposition de
l‟institution de microfinance (IMF) ont-elles été utilisées de façon optimale ? L'institution
poursuit-elle un double objectif, en cherchant à maximiser à la fois l‟impact financier et
l‟impact social de son activité ?
L‟évaluation de l‟impact des programmes de microfinance est particulièrement
critique dans des pays en développement où les ressources sont rares et chaque dollar dépensé
doit aspirer à maximiser son impact sur la réduction de la pauvreté. Si les programmes sont
mal conçus, n‟atteignent pas les populations cibles ou sont peu rentables, avec l‟information
juste ils peuvent être reformulés, améliorés, ou le cas échéant abandonnés. La connaissance
acquise à partir des études d‟évaluation d‟impact fournira aussi la ressource décisive pour la
conception appropriée de programmes et de projets futurs.
A ce stade, la deuxième partie de la thèse présente une vue d‟ensemble des concepts et
des méthodologies d‟évaluation d‟impact, le premier chapitre traite des démarches clés et des
questions connexes à considérer dans la mise en œuvre de l‟évaluation d‟impact, le deuxième
chapitre illustre les diverses techniques d‟évaluation de la performance financière. Afin
d‟évaluer cette performance, un grand nombre d‟indicateurs sont apparus, et la plupart d‟entre
eux sont devenus standards mais il n‟y a pas un consensus sur leurs définitions et sur leurs
84
façons d‟être calculés. Ils ont été institutionnalisés au sens où ils correspondent à des règles
durables acceptées par la communauté de la microfinance (Copestake, 2003).
Toutefois, la rentabilité était la dimension la plus importante et adoptée pour mesurer
la performance financière à travers différents ratios. L‟analyse des déterminants de cette
rentabilité ainsi que l‟atteinte de l‟équilibre financier fera l‟objectif de cette partie.
L‟accent a été porté d‟avantage sur la performance sociale en se basant sur une étude
de cas qui est une analyse de l‟impact social des institutions de microfinance sur les
bénéficiaires, l‟analyse des résultats de cette étude permet d‟évaluer les performances sociales
des IMF en se basant sur une approche centrée sur les clients.
85
Chapitre 1 : Evaluation d’impact et mesure de la
performance des institutions de microfinance :
cadre théorique et pratique
Depuis ses débuts à la fin des années 70, la microfinance a connu un très grand succès
et s‟est rapidement répandu dans le monde entier. Cependant, la question de sa performance et
de son impact est le sujet de débat le plus intense au niveau de l‟industrie de la microfinance.
Cela pose alors la problématique de l‟évaluation de son impact c‟est-à-dire de l‟étendue avec
laquelle les revenus et le bien-être des populations ciblées par la microfinance augmentent. De
plus, les contradictions constatées au niveau des résultats des études d‟impact qui ont déjà été
menées ont entrainé beaucoup de controverses et semer la confusion dans le domaine. Mieux,
des réflexions très critiques émergent pour contester les appréciations positives faites sur la
microfinance en considérant qu‟elle engendre plutôt de nouvelles pressions sociales
(surendettement, pression morale et suicide), au lieu de contribuer à l‟amélioration des
conditions de vie des populations démunies. De ce fait, la légitimité de voir le secteur
bénéficier de l‟appui des pouvoirs publics et des bailleurs nationaux et internationaux est
contestée.
Pour toutes ces raisons, l‟analyse des retombées économiques et sociales de la
microfinance et la détermination des indicateurs clés de la performance financière de ses
institutions ont un rôle important à jouer dans le développement du secteur et demeure un
champ important pour les chercheurs, les décideurs politiques, les praticiens du
développement, les gestionnaires des institutions de microfinance et les bailleurs qui veulent
s‟assurer que les ressources sont bien utilisées et que la rentabilité est assurée.
86
L'approche de l‟évaluation en théorie met l'accent sur les réponses des participants aux
activités du programme. En effet ; dans la conception de l'évaluation, la théorie sous-jacente
est présentée en plusieurs micro-étapes avec les méthodes ensuite élaborées pour la collecte
des données et l'analyse pour le déroulement des hypothèses. Si les évènements ne se passent
pas comme prévu l'évaluation peut indiquer avec une certaine confiance où, pourquoi et
comment la défaillance est arrivée. L'approche met l'accent sur les réponses des participants
aux activités du programme.
I. /DGpFLVLRQHWO¶DQDO\VHGH
Une évaluation d‟impact crédible et appropriée peut rendre le développement plus
efficace. L‟importance accordée à l‟évaluation d‟impact dans le développement a soulevé de
nombreuses questions. Qu‟est-ce qui caractérise une évaluation d‟impact crédible et
appropriée ? Comment les évaluations d‟impact devraient-elles être gérées ? Quelles mesures
et sources de données sont adaptées ? Que faudrait-il faire pour promouvoir une bonne
utilisation des évaluations d‟impact ? Quelles sont les implications de l‟intérêt croissant porté
à l‟évaluation d‟impact pour d‟autres types de suivi-évaluation ?
Les évaluations d‟impact fournissent des informations sur les effets induits par une
intervention. Il est possible de réaliser l'évaluation d'impact d'un programme, d‟une politique
ou d‟un travail en amont, par exemple le renforcement des capacités, le plaidoyer politique et
la mise en place d‟un environnement favorable. Cela va au-delà d‟une simple étude des buts
et objectifs pour examiner également les impacts inattendus.
Une évaluation d‟impact peut être formative (pour améliorer ou réorienter une
politique ou un programme) ou sommative (pour éclairer les décisions quant à l‟intérêt de
poursuivre, interrompre, reproduire, étendre ou non un programme ou une politique).
87
manière systématique et empirique les impacts produits par une intervention (Patricia J.
Rogers, 2012).
Certaines personnes et certaines organisations utilisent une définition plus restreinte de
l‟évaluation d‟impact et ne considèrent que les évaluations contenant un scénario
contrefactuel ; une estimation de ce qui se serait passé si l‟intervention n‟avait pas eu lieu ; ou
un élément contrefactuel d‟un type particulier ; par exemple une comparaison avec un groupe
qui n‟a pas bénéficié de l‟intervention. En effet, l‟évaluation d‟impact n‟est évidemment pas
le seul type d‟évaluation qui permette un développement effectif et il demeure important de
s‟assurer que l‟on n‟investit pas dans l‟évaluation d‟impact en termes de temps et d‟argent au
détriment du suivi ou d‟autres types d‟évaluation, comme l‟évaluation des besoins,
l‟évaluation du processus et l‟évaluation coûts-bénéfice, qui sont aussi nécessaires pour
fournir des informations permettant de prendre des décisions pratiques et politiques.
L‟évaluation d‟impact vise ainsi à déterminer quels changements peuvent être attribués
directement et exclusivement au programme et s‟inscrive dans la vaste tendance de
l‟élaboration de politiques fondée sur les preuves. Cette tendance internationale croissante
accorde une attention particulière aux extrants et aux résultats au-delà des seuls intrants.
Dans ce cadre, la mise en œuvre de politiques publiques est en train de se transformer,
comme l‟illustrent les objectifs de développement pour le millénaire ou les initiatives de
paiement à la performance des prestataires de services. Une attention particulière sur les
résultats est utile pour fixer des objectifs nationaux et internationaux et en garantir le suivi.
Elle est également de plus en plus requise des responsables de programme pour davantage les
responsabiliser, justifier les allocations budgétaires et orienter les décisions de politique
publique.
Dans un contexte où les décideurs et la société civile demandent des résultats et
exigent que les responsables de programme rendent compte de la performance de leurs
interventions, l‟évaluation d‟impact fournit des données solides et fiables qui indiquent si un
programme donné a effectivement atteint les objectifs espérés.
Sur le plan international, les évaluations d‟impact jouent également un rôle crucial
dans la mesure où elles permettent de mieux cerner l‟efficacité des programmes de
développement en mettant en évidence ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas en
matière de réduction de la pauvreté et d‟amélioration du bien-être des populations.
Cependant, le suivi (Maurice Pillet, 2006) reste un processus continu qui consiste à
surveiller le déroulement d‟un programme et qui s‟appuie sur les données collectées pour
améliorer la mise en œuvre du programme, sa gestion et les décisions quotidiennes le
88
concernant. Au fait, le processus du suivi s‟appuie essentiellement sur les données
administratives pour comparer la performance du programme aux résultats espérés ; comparer
les programmes entre eux et analyser des tendances à travers le temps. Le suivi se concentre
généralement sur les intrants, les activités et les extrants, ainsi qu‟occasionnellement les
résultats, comme les progrès vers les objectifs de développement nationaux.
Ceci-dit, le suivi et l‟évaluation sont au cœur de l‟élaboration de politiques fondée sur
les preuves. Ils constituent en effet les outils élémentaires que les diverses parties prenantes
peuvent utiliser pour vérifier et améliorer la qualité, l‟efficience et l‟efficacité des
programmes à différents stades de mise en œuvre. Autrement dit, le suivi et l‟évaluation
permettent de se focaliser sur les résultats. Tant les officiels des gouvernements que les
acteurs extérieurs peuvent bénéficier de l‟usage du suivi et de l‟évaluation. Dans un ministère
ou un organisme public, les fonctionnaires ont souvent besoin de prouver à leurs supérieurs
que les programmes produisent des résultats afin d‟obtenir les allocations budgétaires
nécessaires à la poursuite ou l‟amplification desdits programmes.
Au plan national, les ministères sectoriels sont parfois en concurrence directe pour
obtenir des fonds du ministère des Finances. Les gouvernements eux-mêmes doivent
convaincre leurs électeurs que les investissements qu‟ils ont choisis portent leurs fruits. En ce
sens, les informations et des preuves solides constituent un moyen de sensibiliser le public et
d‟encourager la responsabilisation du gouvernement.
L‟information (Burt Perin, 2012) produite par les systèmes de suivi et d‟évaluation
peut être régulièrement mise à la disposition des citoyens pour les informer des résultats des
programmes publics, renforçant ainsi les pratiques de transparence et de responsabilisation
des gouvernements.
L‟évaluation est une appréciation périodique et objective de projets, programmes ou
politiques prévus, en cours de réalisation ou achevés. Les évaluations permettent de répondre
à des questions précises liées à la conception, la mise en œuvre ou les résultats des
programmes. Contrairement au suivi, qui est continu, les évaluations sont périodiques et
effectuées à un moment donné, généralement par des spécialistes extérieurs au programme.
La conception, la méthodologie et le coût des évaluations varient fortement en fonction du
type de question à laquelle elles répondent (Paul J. Gertler et al. 2010).
D‟une manière générale, les évaluations s‟attèlent à trois types de questions :
• Les questions descriptives : à ce niveau, l‟évaluation vise à montrer ce qui se passe,
décrire les processus, les conditions qui prévalent, les relations organisationnelles et les
points de vue des diverses parties prenantes au programme.
89
• Les questions normatives : l‟évaluation compare ce qui se passe à ce qui devrait se passer
; elle consiste à étudier les activités et à estimer si les objectifs ont été atteints ou non. Les
questions normatives peuvent concerner les intrants, les activités et les extrants.
• Les questions de cause à effet : l‟évaluation se concentre sur les résultats et cherche à
déterminer dans quelle mesure l‟intervention entraine des changements des résultats.
Les évaluations d‟impact sont un type particulier d‟évaluation qui porte sur les
questions de cause à effet. Contrairement aux évaluations générales qui peuvent répondre à
plusieurs types de questions, les évaluations d‟impact sont structurées autour d‟un type
particulier de question : quel est l‟impact (ou l‟effet causal) d‟un programme sur un résultat
donné ? La dimension causale est primordiale.
i. Décider quand évaluer
Il est important que l‟évaluation d‟impact soit abordée dans le cadre d‟un Plan intégré
de suivi, évaluation et recherche conçu pour générer des données probantes en vue d‟éclairer
la prise de décisions. Ceci garantira que les données issues d‟autres composants de suivi et
d‟évaluation, tels que le suivi des performances et l‟évaluation de processus, puissent être
utilisées en fonction des besoins. Ceci garantira en outre la prise en compte précoce de la
planification d‟une évaluation d‟impact, permettant de ce fait la collecte de données de
référence et, le cas échéant, la création d‟un groupe de contrôle ou groupe témoin, ou le
recours à d‟autres stratégies pour l‟étude des liens de causalité.
Une évaluation d‟impact doit être effectuée uniquement lorsqu‟il est possible de
déterminer clairement son utilisation prévue et lorsqu‟elle permet vraisemblablement
d‟aboutir à des conclusions utiles, en tenant compte de la disponibilité des ressources et du
calendrier des décisions concernant le programme ou la politique en question. Il peut s‟avérer
nécessaire de réaliser en premier lieu une étude d‟évaluabilité formelle afin d‟apprécier ces
aspects.
On effectue des évaluations d‟impact formatives pour éclairer les décisions relatives à
la modification d‟un programme ou d‟une politique. Bien que de nombreuses évaluations
formatives soient axées sur les processus, les évaluations d‟impact peuvent être utilisées à des
fins de formation dans le cadre d‟intervention en cours. Les conclusions d‟une évaluation
d‟impact peuvent par exemple servir à améliorer la mise en œuvre d‟un programme pour le
prochain groupe de participants.
On effectue des évaluations d‟impact sommatives pour éclairer les décisions quant à
l‟intérêt de poursuivre, d‟interrompre, de reproduire, d‟étendre ou non un programme ou une
politique. Idéalement, une évaluation d‟impact sommative permet non seulement de constater
90
« ce qui fonctionne «, mais elle fournit aussi des informations sur ce qui est nécessaire pour
que l‟intervention soit efficace pour différents groupes dans différents contextes, informations
qui peuvent par la suite être utilisées pour éclairer les décisions.
Avant d‟entamer une évaluation d‟impact il est nécessaire de s‟assurer de sa nécessité
pour pouvoir trancher sur son lancement. En effet, tous les programmes ne nécessitent pas
une évaluation d‟impact. Il faut savoir que les évaluations sont coûteuses et le budget prévu
pour les évaluations doit être utilisé de manière stratégique.
La première question à se poser est la suivante : quels sont les enjeux de ce
programme ? La réponse dépend à la fois des montants engagés et du nombre de personnes
qui sont ou seront touchées par le programme. D‟où les questions suivantes : Le programme
nécessite-t-il ou nécessitera-t-il une grande partie du budget disponible ? Et Le programme
touche-t-il ou touchera-t-il un nombre important de personnes ? S‟il se trouve que le
programme ne consommera pas un budget important ou qu‟il ne concernera qu‟un nombre
limité de personnes, une évaluation n‟est pas forcement utile. Par exemple, pour un
programme d‟aide et de soutien délivrés par des volontaires à des filles scolarisées, le budget
et le nombre de bénéficiaires peuvent être tels qu‟une évaluation d‟impact ne se justifie pas. À
l‟inverse, pour une réforme financière du système financier d‟un pays, les enjeux sont
nettement plus importants.
Il est important de connaitre les enjeux du programme qui dépend à la fois des
montants engagés et du nombre de personnes qui sont ou seront touchées par le programme.
Si les enjeux considérés sont de taille, la question qui se pose alors est de savoir s‟il existe des
données permettant de montrer que le programme donne des résultats. En particulier, il est
indispensable d‟avoir une idée de l‟ampleur de l‟impact du programme et l‟existence des
données concernant un pays et un contexte similaires ; s‟il n‟existe aucune information sur
l‟impact potentiel du programme envisagé, une évaluation d‟impact est alors recommandée .
En revanche, s‟il existe déjà de données sur une situation similaire, l‟évaluation d‟impact ne
se justifiera probablement que si elle permet de répondre à une nouvelle question de politique
importante. Ce sera par exemple le cas si le programme contient des innovations importantes
qui n‟ont encore jamais été éprouvées.
Pour justifier la mobilisation des ressources techniques et financières nécessaires à la
réalisation d‟une évaluation d‟impact de qualité, le programme à évaluer doit être:
¾ Novateur : Il permet de tester une nouvelle approche prometteuse.
¾ Reproductible : Le programme peut être élargi et reproduit dans un autre contexte.
91
¾ Stratégiquement pertinent : Le programme est une initiative phare ; il nécessite des
ressources importantes ; il couvre ou couvrira un grand nombre de bénéficiaires ; ou
encore il permettrait de faire des économies importantes.
¾ Non testé auparavant : L‟efficacité du programme est méconnue soit au niveau
international, soit dans un contexte particulier.
¾ Influent : Les résultats du programme permettront d‟orienter des décisions de politique
clés.
Lorsque les résultats de l‟évaluation d‟impact sont disponibles, ils peuvent être
combinés aux données sur les coûts du programme pour traiter deux autres types de questions.
Tout d‟abord, pour les évaluations d‟impact les plus élémentaires, le fait de prendre en
compte les coûts permettra de réaliser une analyse coût-bénéfice et de répondre à la question
suivante : quel est le rapport coût-bénéfice d‟un programme donné ? L‟analyse coût-bénéfice
permet d‟estimer les bénéfices totaux espérés du programme par rapport à ses coûts totaux.
L‟objectif est de déterminer l‟ensemble des coûts et des bénéfices monétaires d‟un
programme et de voir ainsi si les bénéfices sont supérieurs aux coûts.
ii. Analyse du rapport coût-efficacité
Tandis que ce type d'analyse n'est pas strictement concerné par des mesures d'impact, il
permet aux décideurs de mesurer l'efficacité d'un programme en comparant des interventions
alternatives sur la base du coût de production d'un résultat donné. Il peut énormément
accroître les implications de la politique de l'évaluation de l'impact et doit donc aussi être
inclus dans la conception de n'importe quelle évaluation d'impact (Pour une discussion plus
complète sur l'analyse du coût bénéfice et de rentabilité (Banque Mondiale 1990).
L'analyse du coût bénéfice essaie de mesurer l'efficacité économique des dépenses
d'un programme par rapport aux bénéfices du programme, en termes monétaires. Pour
beaucoup de projets, particulièrement, dans les secteurs sociaux, il n'est pas possible de
mesurer tous les bénéfices en termes monétaires. Par exemple, les bénéfices d'un programme
de fournitures scolaires (livres, matériels didactiques) devraient être une éducation accrue. Au
lieu de mesurer les résultats monétaires, les résultats de réalisation de l'éducation pourraient
être exploités pour évaluer quantitativement les bénéfices, ce qui exigerait l'analyse de la
rentabilité. Les concepts pour les deux types d'analyse sont les mêmes. Les principales étapes
de l'analyse du coût bénéfice ou de rentabilité doivent identifier toutes les dépenses et tous les
bénéfices d'un projet et calculer ensuite une proportion du coût par rapport à l'efficacité. Dans
le calcul des dépenses, la valeur de l'intervention doit être incluse aussi bien que toutes les
autres dépenses, comme l'administration, la prestation de services, les dépenses
92
d'investissement (escomptées à la valeur présente nette), la valeur monétaire des marchandises
ou services gratuitement fournis, les dépenses sociales comme la détérioration
environnementale et les risques pour la santé. Les bénéfices peuvent être monétaires comme
le gain ou le nombre d'unités livrées, des résultats de test ou des améliorations de santé.
Quand les bénéfices ne peuvent être évalués quantitativement, il est possible d'employer des
indicateurs subjectifs comme les systèmes d'indemnité ou de classement. Cette approche
cependant peut être biaisée dans l'interprétation des résultats subjectifs.
Une fois que les dépenses et bénéfices ont été arrêtés, le ratio de rentabilité (R) est
donc R= coût/unité (ou bénéfice). Ce ratio peut ensuite être comparé à travers des
interventions pour mesurer l'efficacité. En théorie, cette technique est tout à fait directe. En
pratique, cependant, beaucoup de risques impliqués dans l'identification et la quantification
des coûts et bénéfices. Il est important de s'assurer que des indicateurs appropriés soient
choisis, que les méthodologies et les hypothèses économiques employées soient cohérentes à
travers les ratios, et que les ratios soient effectivement comparables. Et comme dans d'autres
techniques employées dans l'analyse de l'impact, l'évaluation de la rentabilité peut être mieux
faite quand on l'inclut dans la conception de l'évaluation dès les toutes premières étapes. Cela
permet de collecter l'information sur le coût et bénéfice nécessaire et d'assurer la cohérence.
Dans un monde parfait, une analyse coût-bénéfice fondée sur les résultats concrets de
l‟évaluation d‟impact pourrait être réalisée non seulement pour un programme donné, mais
aussi pour toute une série de programmes ou d‟alternatives de conception d‟un même
programme. Les décideurs politiques seraient ainsi en mesure de choisir en toute certitude le
programme ou l‟approche présentant le meilleur rapport coût bénéfice pour atteindre un
objectif donné. Lorsqu‟une évaluation d‟impact porte sur des alternatives de mise en œuvre
d‟un même programme, la prise en compte des informations de coûts permet de répondre à
une seconde question : quels sont les rapports coût-efficacité des diverses approches ?
L‟analyse coût-efficacité compare la performance relative de deux ou plusieurs programmes
ou alternatives de conception d‟un programme à atteindre un même résultat.
Qu‟il s‟agisse d‟analyse coût-bénéfice ou de rapport coût-efficacité, l‟évaluation
d‟impact permet d‟estimer les bénéfices et l‟efficacité, tandis que les informations de coûts
sont fournies par l‟analyse des coûts. Il est toutefois primordial de disposer des informations
relatives aux coûts du projet, du programme ou de la politique qui fait l‟objet de l‟évaluation.
Lorsque des informations sur l‟impact et les coûts de divers programmes sont disponibles, le
rapport coût-efficacité permet de déterminer les investissements les plus rentables et
d‟orienter ainsi les décisions des responsables.
93
Dans de nombreux cas, les organisations peuvent utiliser différentes stratégies pour
faire face au même problème. Par exemple (Bamberger, M, Rugh, J & Mabry, L. 2006), pour
accroître les perspectives d‟emploi on peut tenter d‟améliorer les services d‟orientation
professionnelle ou la formation. Même si l‟on ne choisit qu‟une seule stratégie, il est possible
de mettre en œuvre le programme selon différentes approches, notamment en ayant recours à
des prestataires de formation publics ou privés. Si ces diverses stratégies de programmation et
de mise en œuvre garantissaient le même impact, à savoir, si les deux permettaient d‟accroître
les perspectives d‟emploi de 50 % trois mois après l‟intervention, serions-nous également
satisfaits si l‟on choisissait une approche plutôt que l‟autre ? Probablement pas, car il ne suffit
pas de savoir qu‟une intervention est viable, ni pour qui, ni dans quel contexte elle l‟est ; il
faut aussi en connaître les coûts.
En effet, une estimation réaliste des coûts permettra de répondre aux questions
suivantes:
x Comment choisir une alternative ? Quel programme offre le meilleur rapport
coût/efficacité pour un niveau d‟impact donné ?
x Serions-nous capables d‟étendre l‟impact de l‟intervention ? Si les coûts sont élevés, il
est peu probable que nous soyons en mesure d‟atteindre un grand nombre de
bénéficiaires.
x Une intervention vaut-elle mieux que pas d‟intervention du tout ? Si l‟ensemble des
avantages générés par le programme est en deçà de son coût total, peut-être vaudra-t-il
mieux dépenser ces ressources autrement.
Lorsque les résultats de l‟évaluation d‟impact sont disponibles, ils peuvent être
combinés aux données sur les coûts du programme pour traiter deux autres types de questions.
Tout d‟abord, pour les évaluations d‟impact les plus élémentaires, le fait de prendre en
compte les coûts permettra de réaliser une analyse coût-bénéfice et de répondre à la question
suivante : quel est le rapport coût-bénéfice d‟un programme donné ? L‟analyse coût-bénéfice
permet d‟estimer les bénéfices totaux espérés du programme par rapport à ses coûts totaux.
L‟objectif est de déterminer l‟ensemble des coûts et des bénéfices monétaires d‟un
programme et de voir ainsi si les bénéfices sont supérieurs aux coûts.
94
techniques disponibles sont certes multiples, mais il est important de rappeler que leurs
spécificités et leurs hypothèses conditionnent fortement les résultats.
Pour l‟essentiel, ces méthodes sont fondées sur une comparaison entre des individus,
ménages ou entreprises bénéficiant de la réforme ou de l‟intervention publique que l‟on
souhaite évaluer et des individus, ménages ou entreprises n‟en bénéficiant pas. Au cœur de la
démarche statistique d‟évaluation, est de ce fait souvent posée la question des biais de
sélectivité : le recours à une subvention, à un crédit d‟impôt ou à un dispositif public d‟aide
ou d‟accompagnement est une décision qui met en œuvre un choix individuel, relevant au
moins en partie du domaine de la rationalité. En particulier, cette décision ne peut être
indépendante de la façon dont l‟agent évalue par lui-même les conséquences de son choix. Si
l‟on ne tient pas compte de cette évaluation individuelle, qui s‟apparente à une auto-sélection,
l‟on risque de produire des estimations biaisées des effets de l‟intervention publique en
comparant directement les situations des deux groupes, bénéficiaires et non bénéficiaires de
cette intervention. Pour limiter les conséquences des biais de sélectivité, les statisticiens et les
économètres construisent généralement un groupe de contrôle dont les caractéristiques
observables se rapprochent le plus possible de celles des agents bénéficiaires de l‟intervention
publique. Cette démarche n‟est valide que dans le cas où la sélectivité opère seulement sur la
base de caractéristiques observables. Elle est toutefois jugée trop restrictive par les
statisticiens et économètres, qui lui préfèrent l‟hypothèse d‟une sélectivité provenant à la fois
des caractéristiques individuelles observables et inobservables. Il est important à ce stade de
bien comprendre la différence entre l‟évaluation ex-ante, reposant sur la simulation des
réformes possibles à partir d‟un modèle économétrique structurel estimé avant la mise en
place des réformes, et l‟évaluation ex-post, proposant une évaluation réalisée à l‟aide de
données expérimentales ou non, mais collectées après mise en place des réformes. Ces deux
approches sont toutefois complémentaires en utilisant les résultats de méthodes
économétriques d‟évaluation ex-post pour élaborer et calibrer des exercices d‟évaluation ex-
ante. Les évaluations d‟impact peuvent alors être regroupées en deux catégories: les
évaluations prospectives et les évaluations rétrospectives.
95
En premier lieu, la collecte préalable de données de base ou enquête de référence
permet d‟assurer la mesure des résultats à l‟étude. Les données de base fournissent des
informations sur les bénéficiaires et les groupes de comparaison avant la mise en œuvre du
programme et sont donc primordiales pour connaître la situation avant le programme. Une
enquête de référence couvrant le groupe de traitement et le groupe de comparaison peut être
analysée pour vérifier que ces groupes sont bien similaires. Elle peut par ailleurs permettre
d‟évaluer l‟efficacité du ciblage, autrement dit d‟établir si le programme touche effectivement
les bénéficiaires visés.
En deuxième lieu, la définition de mesures pour juger du succès d‟un programme dès
sa conception permet d‟axer non seulement l‟évaluation, mais aussi le programme sur les
résultats espérés. Comme nous le verrons, les évaluations d‟impact découlent d‟une théorie du
changement ou chaîne de résultats. La conception d‟une évaluation d‟impact contribue à
mieux définir les objectifs du programme, en particulier parce qu‟elle exige d‟établir des
mesures pour juger de l‟efficacité du programme.
Les décideurs doivent définir des questions et des objectifs d‟évaluation clairs de
manière à ce que les résultats soient des plus pertinents. Le soutien total des décideurs est en
effet une condition préalable de la réalisation d‟une évaluation ; une évaluation d‟impact ne
doit pas être engagée si les décideurs ne sont pas convaincus de sa légitimité et de son
importance pour éclairer les décisions futures.
La troisième raison est la plus importante : dans une évaluation prospective, les
groupes de traitement et de comparaison sont définis avant l‟entrée en vigueur du programme.
Comme nous l‟expliquerons plus en détail dans les chapitres suivants, de nombreuses options
existent pour réaliser des évaluations valides si celles-ci sont prévues dès le départ et
informées par la mise en œuvre du projet. Comme nous le montrons dans la deuxième partie,
si l‟évaluation prospective est bien conçue, une estimation valide du contrefactuel est possible
pour tout programme suivant des règles d‟assignation claires et transparentes. En bref,
l‟évaluation prospective a de meilleures chances de générer une estimation valide du
contrefactuel.
Différentes manières d‟élaborer un contrefactuel valide peuvent être considérées dès la
conception du programme, et la méthodologie d‟évaluation d‟impact peut ainsi être
totalement alignée sur les règles opérationnelles du programme, son déroulement ou son
élargissement.
96
2) Les évaluations rétrospectives
Les évaluations rétrospectives portent, quant à elles, sur l‟impact du programme après
la mise en œuvre de celui-ci, les groupes de traitement et de comparaison étant définis ex-
post. En général, les évaluations d‟impact prospectives donnent des résultats plus solides et
plus fiables, et ce pour trois raisons.
À l‟inverse des évaluations prospectives, dans les évaluations rétrospectives,
l‟évaluateur dispose souvent de si peu d‟informations qu‟il lui est difficile de déterminer si le
programme a été mis en œuvre avec succès et si les participants y ont effectivement pris part.
En effet, pour de nombreux programmes, il n‟existe pas de données de base lorsque
l‟évaluation n‟est pas intégrée au projet dès le départ. Une fois le programme lancé, il est trop
tard pour collecter les données de base nécessaires.
L‟évaluation de programmes mis en œuvre par le passé ne peut se faire que par une
évaluation rétrospective se fondant sur des données existantes. Dans ce cas, il est
généralement beaucoup plus difficile de définir un contrefactuel valide. L‟évaluation dépend
de l‟application des règles opérationnelles précises de distribution des bénéfices. Elle est
également tributaire de la disponibilité des données pour les groupes de traitement et de
comparaison tant avant qu‟après l‟entrée en vigueur du programme. Par conséquent, la
faisabilité d‟une évaluation rétrospective dépend du contexte et n‟est jamais garantie. Même
lorsqu‟elle est faisable, l‟évaluation rétrospective repose souvent sur des méthodes quasi-
expérimentales et des hypothèses plus fortes ; les résultats sont donc plus discutables.
III. eWXGHVG¶HIILFDFLWp
Le principal rôle d‟une évaluation d‟impact est de produire des preuves quant à
l‟efficacité d‟un programme à l‟usage des décideurs politiques, des responsables de
programme, de la société civile ainsi que de toute autre partie prenante. Les résultats d‟une
évaluation d‟impact sont particulièrement utiles lorsque les conclusions peuvent être
appliquées à une population plus large. La question de la généralisation des conclusions ou «
validité externe « dans le jargon des méthodes de recherche est centrale pour les décideurs,
car elle permet d‟établir si les résultats obtenus par l‟évaluation peuvent s‟appliquer à des
groupes autres que ceux qui ont été étudiés, ce qui est primordial si un élargissement du
programme est envisagé.
Disposer de données sur la fréquentation liées au processus de suivi du programme
peut s‟avérer extrêmement utile. En effet, on est non seulement informé sur le nombre de
personnes inscrits au programme, mais aussi sur le fait de savoir quels services parmi ceux
97
proposés ont été utilisés. Cela permet de distinguer entre les participants réguliers des
irréguliers, et d‟identifier les abandons en cours de programme éventuellement remplacés. Si
cette information n‟est pas recueillie et analysée, il est probable que l‟évaluation d‟impact
sous-estime l‟efficacité du programme. Ces informations permettent aussi d‟appréhender
l‟importance du dosage dans l‟évaluation, par exemple, d‟estimer la différence dans les
résultats, entre quelqu‟un qui a reçu 100 heures de formation et quelqu‟un qui en a reçu
seulement 50. Les premières évaluations d‟impact de programmes de développement
constituaient souvent des études d‟efficacité pilotes menées dans des conditions très
particulières. Malheureusement, les résultats de ces études ne pouvaient que rarement être
généralisés au-delà du contexte de l‟évaluation.
98
Lorsque les études d‟efficacité à l‟échelle sont bien conçues et bien réalisées, les
résultats peuvent être considérés comme valides aussi bien pour l‟échantillon d‟évaluation que
pour d‟autres bénéficiaires potentiels hors de l‟échantillon. La validité externe est primordiale
pour les décideurs, car c‟est elle qui défi nit s‟il sera possible ou non d‟utiliser les résultats de
l‟évaluation pour juger de l‟opportunité d‟étendre le programme au-delà de l‟échantillon
d‟évaluation.
Il faut souligner que les évaluations d‟impact réalisées sans tenir compte de diverses
sources d‟informations sont vulnérables tant sur le plan technique que sur le plan de leur
efficacité potentielle. Sans informations sur la nature et le contenu du programme permettant
de replacer les résultats de l‟évaluation dans leur contexte, les décideurs ne pourront pas
déterminer les raisons pour lesquelles un résultat a été atteint et non un autre. Si les
évaluations d‟impact donnent des estimations relativement fiables des effets causaux pour un
programme, elles ne sont généralement pas conçues pour permettre d‟analyser les aspects
relatifs à l‟efficience de la mise en œuvre du programme. De plus, elles doivent être en
adéquation avec la réalisation du programme et doivent, en conséquence, tenir compte de la
manière, du moment et du lieu où le programme évalué est exécuté.
Des données qualitatives, des données de suivi ainsi que des évaluations de processus
sont nécessaires pour documenter la mise en œuvre d‟un programme de façon à éclairer et
interpréter les résultats des évaluations d‟impact. À cet égard, les évaluations d‟impact et les
autres outils d‟évaluation sont complémentaires les uns des autres plutôt que concurrents.
Les données qualitatives constituent un complément important aux évaluations
d‟impact quantitatives, car elles peuvent donner des indications additionnelles sur la
performance d‟un programme. Les évaluations qui combinent l‟analyse quantitative et
l‟analyse qualitative sont dites à « méthodes mixtes » (Bamberger, Rao & Woolcock, 2010). Les
études qualitatives ont recours à des groupes focaux et à des entrevues avec certains
bénéficiaires et d‟autres personnes susceptibles de fournir des informations2. Bien que les
points de vue et opinions issus de ces entretiens et des groupes focaux ne puissent être
considérés comme représentatifs de l‟opinion de l‟ensemble des bénéficiaires du programme,
ils sont particulièrement utiles au cours des trois phases de l‟évaluation d‟impact :
Lors de la conception de l‟évaluation d‟impact, les évaluateurs peuvent avoir recours à
des groupes focaux et interroger des personnes clés pour élaborer des hypothèses sur
99
la manière et les raisons de la réussite du programme, le cas échéant, et clarifier les
questions de recherche auxquelles il s‟agira de répondre lors de l‟évaluation d‟impact
quantitative.
Au stade intermédiaire, soit avant que les résultats de l‟évaluation quantitative ne
soient connus, l‟analyse qualitative peut permettre de fournir aux décideurs un aperçu
de l‟évolution du programme.
Au stade de l‟analyse, les évaluateurs peuvent recourir aux méthodes qualitatives pour
replacer les données quantitatives dans leur contexte et trouver des explications, pour
mieux étudier les cas particuliers de réussite ou d‟échec, et pour formuler des
explications systématiques de la performance du programme établie par les résultats
quantitatifs. En ce sens, l‟analyse qualitative peut contribuer à expliquer certains
résultats observés au terme de l‟analyse quantitative et permettre de mieux
comprendre ce qui s‟est passé dans le cadre du programme.
Les données de suivi sont également particulièrement précieuses pour l‟évaluation
d‟impact. Elles permettent en effet de recenser les participants au programme, de déterminer
la chronologie de développement du programme ou la manière dont les ressources sont
dépensées, ainsi que d‟une manière plus générale de vérifier si les activités sont mises en
œuvre comme prévu. Ces informations sont très importantes pour la réalisation de
l‟évaluation, pour s‟assurer par exemple que les données de l‟enquête de référence sont bien
collectées avant l‟entrée en vigueur du programme ou encore pour vérifier l‟adhérence à
l‟assignation aux groupes de traitement et de comparaison. En outre, le système de suivi peut
fournir des informations sur le coût de la mise en œuvre du programme, particulièrement
utiles pour l‟analyse coût-bénéfice.
Pour leur part, les évaluations de processus mettent l‟accent sur l‟exécution et le
déroulement du programme et visent à vérifier que le processus est conforme aux prévisions
initiales ; elles fournissent des informations sur son développement et son déroulement. Ces
évaluations peuvent généralement être effectuées assez rapidement et à un coût raisonnable.
Dans le cadre des projets pilotes et des phases initiales de programmes, elles peuvent
constituer des sources d‟informations intéressantes pour améliorer l‟exécution du programme.
En résumé, les évaluations d‟impact devraient être faites quand il y a un vrai besoin et une
vraie intention d‟utiliser les constatations. Si l‟on exigeait une évaluation d‟impact pour toutes
les interventions, les évaluateurs risqueraient, soit d‟avoir besoin de trop de ressources, soit de
les disperser tellement que les évaluations seraient superficielles. Une stratégie plus efficace
100
est de diriger les ressources destinées aux évaluations d‟impact vers les interventions où elles
ont plus de chances d‟être utiles :
• Des interventions novatrices et des programmes pilotes qui, s‟ils s‟avèrent réussis,
peuvent être étendus ou répliqués.
• Des interventions dont on ne comprend pas bien l‟impact et où on a besoin de meilleures
informations pour décider s‟il faut continuer à les financer ou s‟il vaut mieux utiliser leur
financement pour d‟autres interventions.
• Des évaluations périodiques de l‟impact d‟un portefeuille d‟interventions dans un
secteur ou une région pour guider la politique, la conception d‟interventions futures et les
décisions de financement.
• Des interventions avec un profil plus risqué, comme un investissement important
(actuellement et à l‟avenir), un fort potentiel d‟impacts négatifs significatifs ou des questions
politiques sensibles.
En microfinance, l‟analyse d‟impact des interventions se justifie par le fait que les
opérateurs en microfinance ont presque toujours pour objectif final la réduction de la
pauvreté. Si ceux-ci ne font pas l‟effort d‟identifier les personnes qu‟ils cherchent à cibler par
le biais des services de microfinance, et de déterminer l‟influence de ces services sur la vie de
ces personnes, il devient difficile de justifier la microfinance en tant qu‟outil favorisant la
réduction de la pauvreté.
L‟analyse d‟impact désigne au sens large, tout processus visant à déterminer si une
intervention a abouti au résultat recherché. En microfinance, l‟analyse d‟impact est le
processus de détermination des effets de la microfinance en tant qu‟intervention. Les effets
étudiés dépendent des résultats recherchés (les objectifs de l‟institution de microfinance).
D‟une manière générale, plus les objectifs sont restreints et moins l‟analyse d‟impact apparaît
problématique.
Aujourd‟hui, malgré une grande variabilité des objectifs des études d'impact (en
fonction du commanditaire, de l'évaluateur, du moment où est réalisée l'étude…), il est
possible de distinguer deux types de finalités :
- Production d'informations sur les interactions entre l‟institution de
microfinance (IMF) et son milieu, pour mieux comprendre, informer et
innover.
- Evaluation et mesure d'indicateurs de changements dans un objectif de pilotage
de l'IMF (adapter l'offre à la demande, prévenir ou comprendre les crises,
ajuster les besoins d'accompagnement des IMF…) ;
101
Les niveaux d'interactions IMF-milieux abordés par ces études varient aussi selon les
préoccupations du commanditaire :
¾ interactions IMF/clients et non clients (pris dans le cadre du ménage, de réseaux et
d'organisations);
¾ interactions IMF/économie locale, filière de production, structure sociale villageoise ;
¾ interactions IMF/marché financier rural et économie régionale.
Malgré les évolutions récentes dans les méthodes d‟impact des programmes de
développement et notamment celui de la microfinance, il est largement admis que l‟évaluation
des impacts pose des problèmes particuliers. Certains estiment qu‟une telle évaluation n‟est
même pas réalisable ou souhaitable au motif qu‟elle porte sur des échéances « trop lointaines
» et qu‟elle « place la barre trop haut ». Des publications ainsi que des personnes entendues à
ce sujet ont fait état de nettes divergences d‟opinion sur le sens même du terme « impact ».La
plupart conviennent que les impacts ne se limitent pas aux résultats immédiats des
programmes, mais qu‟ils se situent « à un niveau plus élevé » et renvoient à des effets à plus
long terme et non à des résultats à court terme. La plupart estiment aussi qu‟il est difficile
d‟imputer des impacts à des activités spécifiques.
Dans certains cas, l‟opinion selon laquelle les impacts doivent se situer à des niveaux
élevés et être clairement imputables à une intervention donnée peut avoir son origine dans une
interprétation stricte de la notion d‟évaluation de l‟impact, assimilée à une évaluation reposant
sur des expérimentations aléatoires ou sur d‟autres techniques d‟évaluation expérimentales ou
quasi-expérimentales, destinées à mesurer la différence entre des résultats obtenus avec et
sans l‟intervention (analyse hypothétique). Une telle interprétation n‟est pas défendable étant
donné que le champ des expérimentations aléatoires est très restreint et qu‟il existe d‟autres
méthodes permettant de recueillir des données d‟évaluation valables.
Pour ces raisons, promouvoir une démarche pluridisciplinaire d‟évaluation de
l‟impact, qui soit à la fois scientifiquement valide et opérationnellement pertinente, implique
de réfléchir sur leur volet technique, mais également sur les processus et la participation des
acteurs qu‟elle doit susciter ; ainsi que sur les cadres institutionnels qui doivent en assurer la
pérennité.
102
communautaires jusqu‟aux banques commerciales fournissant des services financiers à des
millions de micro-entreprises et de ménages à faibles revenus. Ces IMF reçoivent un appui et
des services non seulement des agences de bailleurs, mais aussi de la part d‟investisseurs, de
prêteurs, de réseaux, d‟agences de notation, de sociétés de conseil en management et d‟un
ensemble d‟autres prestataires spécialisés. Toutes ces organisations forment le secteur
florissant de la microfinance au sens large.
Comme tout secteur d‟envergure mondiale, la microfinance a besoin de se doter de
normes reconnues à partir desquelles les IMF peuvent être évaluées. Les normes communes
permettent aux dirigeants et aux administrateurs d‟institutions d‟évaluer de manière plus
précise les performances de leur organisation. Les IMF qui appliquent les normes du secteur
sont plus transparentes, autrement dit ces normes rendent plus difficile la dissimulation de
mauvaises performances et facilitent l‟établissement de références en matière de bonnes
pratiques. Pour les IMF, l‟existence de normes sectorielles peut faciliter la publication de
l‟information à destination des bailleurs, des prêteurs et des investisseurs à condition que les
destinataires des rapports reconnaissent ces normes. Les références communes permettent aux
IMF de parler la même langue que les autres acteurs de la microfinance, qu‟ils soient voisins
ou de l‟autre côté de l‟océan.
Les normes en microfinance font l‟objet d‟une reconnaissance croissante depuis le
début des années 1990. En 1995, le SEEP Network a produit une monographie intitulée
Financial Ratio Analysis of Microfinance Institutions qui s‟est imposée comme un ensemble
standard de 16 ratios suivis par les institutions de microfinance. En 2002, un effort conjoint
associant des institutions de microfinance, le SEEP Network, des agences de notation et des
bailleurs de fonds a abouti à la publication de règles sous le titre Directives concertées pour la
microfinance : Définitions de certains termes, ratios et retraitements financiers dans le
domaine de la microfinance. Ces directives ont été le résultat de discussions, négociations et
compromis ardus visant à établir des définitions généralement acceptées pour le secteur.
L‟objectif premier était de fixer des définitions standard pour un certain nombre de termes
financiers et de proposer une méthode standard pour le calcul de certains ratios financiers.
Pour donner une notion à la performance, il est intéressant de se focaliser sur le
contenu et le contexte auquel elle est applicable. Sa mesure est construite par des indicateurs
liés au type de l‟activité menée et de ses objectifs. La microfinance figure parmi les moyens
de lutte contre la pauvreté, en accordant des microcrédits aux personnes défavorisées, pour
financer des activités génératrices de revenus. Elle est caractérisée, comme tous les domaines,
par un consensus sur l‟objectif général et par des conflits internes. La meilleure manière
103
d'aider les pauvres à avoir accès aux services financiers réside dans l‟équilibre entre les deux
missions de l‟IMF. La microfinance présente des débats conflictuels entre deux écoles ayant
des pensées contradictoires : l'approche institutionnaliste et l‟approche welfariste. Les idées
de ces deux approches varient entre deux caractéristiques du secteur, qui sont l‟aspect
solidaire et la viabilité financière des IMF. Pour réaliser leur double objectif ces institutions
accordent de l‟importance à la fois à la rentabilité et l‟impact social de leur activité. Cela
permet de dépasser le problème de l‟arbitrage entre la réduction de la pauvreté et la viabilité
de l‟institution. Il vaut mieux comprendre comment les deux objectifs se complètent, afin de
pouvoir améliorer, au fur et à mesure, l‟un et l‟autre. Le développement rapide de ce secteur a
incité les responsables des IMF à adopter des mécanismes de gestion permettant de mieux
saisir les performances de leurs institutions.
1) Microfinance et microcrédit
Depuis longtemps, on a fait valoir que les banques commerciales n'ont pas de crédit
pour les personnes relativement pauvres qui ont besoin d'un crédit, ne sont pas en mesure
d'offrir des garanties d'emprunt, mais qui avoir des idées d'investissement réalisables et
prometteuses qui peuvent se concrétiser dans des entreprises rentables. Répondre à ce besoin
intéresse les gouvernements, aux institutions caritatives et les investisseurs socialement
responsables. De nouvelles institutions financières sont apparues qui sont en contact avec la
communauté locale, qui peuvent obtenir des informations sur l'emprunteur à faible coût, et qui
s'intéressent souvent non seulement au profit, mais aussi à la création d'emplois, à l'emploi
des femmes, au développement et aux questions écologiques.
Ces nouveaux intermédiaires financiers, les IMF, accordent de petits prêts aux pauvres
qui ne peuvent offrir que peu ou pas d'actifs collatéraux. Mais l'offre d'un tel microcrédit n'est
pas limitée aux organisations à but non lucratif. Les institutions financières traditionnelles
peuvent, et c'est souvent le cas, accorder des prêts aux personnes démunies dans le cadre
d'une politique d'investissement socialement responsable. L'innovation la plus connue qui
découle des programmes de microfinance est la méthodologie des prêts de groupe de pairs,
dans laquelle les membres acceptent une responsabilité conjointe pour les prêts individuels
accordés. Cette approche de responsabilité conjointe se traduit par de faibles niveaux de
104
défaut, mais il y a d'autres raisons pour le succès des taux de remboursement : des incitations
dynamiques, des calendriers de remboursement réguliers et des substituts de garantie.
La microfinance se donne pour mission de briser le cercle de la pauvreté en proposant
des outils de développement à la fois sociaux et financiers visant à améliorer la vie des
bénéficiaires. C'est Muhammad Yunus qui a popularisé le microcrédit, en créant une "banque
des pauvres" au Bangladesh (la Grameen Bank). Il a démontré qu'en prêtant de toutes petites
sommes on peut changer durablement la vie des populations les plus pauvres.
Le microcrédit est l'octroi de petits prêts à des personnes très pauvres pour financer
des projets d'auto-emploi qui génèrent des revenus.
Il s'agit d'une nouvelle approche pour lutter contre la pauvreté. Dans son cœur, il y a la
nouveauté des institutions financières, souvent des organisations à but non lucratif, dont le but
est de servir les personnes qui n'auraient pas accès à un prêt d'une banque commerciale
traditionnelle. Le fait que les institutions de microfinance (IMF) ont tendance à ne pas
fonctionner de la même manière que les banques traditionnelles ne signifie pas qu'elles ne
s'intéressent pas à la rentabilité et à l'efficacité. Cependant, les outils existants pour évaluer la
performance des institutions bancaires traditionnelles peuvent ne pas être appropriés dans ce
nouveau contexte.
Le microcrédit a un fort impact en termes d‟augmentation du pouvoir économique des
bénéficiaires, de réduction de l‟exclusion et de la vulnérabilité aux chocs économiques, mais
il doit se comprendre avant tout comme un outil d‟émancipation et d‟autonomisation des
populations.
105
un rythme de croissance élevé de la concurrence, afin qu'ils puissent atteindre le objectifs
prédéterminés, ayant le maximum d'effets avec le minimum d'effort, mais en même temps, il
ne faut pas négliger les facteurs sociaux et environnementaux liés directement ou
indirectement à la conduite de l'activité.
L'une des grandes discussions de la stratégie du marché contemporain se réfère aux
déterminants des performances des institutions. Chercheurs et praticiens de divers domaines
se sont focalisé d'expliquer le rendement de l‟institution et d'identifier les sources de
différents niveaux de performance interinstitutionnelle. (McGahan et porter 1997). Nicoletta
Barbuta-misu (2008) affirme que la performance dans une institution moderne peut être
comme un état de compétitivité atteint grâce à un niveau élevé d'efficience et de la
productivité, ayant pour objectif d'assurer une position durable sur le marché.
Nadia si Cătălin Albu (2005) considère le concept de performance comme n'étant pas
facile à définir, car il s'agit d'un concept ambigu et intégrateur. Les moyens de la performance
sont le succès, la compétitivité, la réalisation, l'action, l'effort constant, elle optimise le présent
et protège l'avenir. La performance est créée par une société par le biais de rapports
environnementaux, suivant la façon de créer de la valeur.
Le concept de performance est analysé dans le temps, étant directement influencé par
les critères d'évaluation de celui-ci, ainsi nous pouvons trouver les périodes suivantes:
¾entre 1957-1979, période où l'évaluation de la performance n'a pas connu une
convergence, celle-ci étant définie sur la base d'une gamme de critères d'évaluation,
tels que: rentabilité, productivité, créativité, flexibilité, adaptabilité, croissance,
développement, pénétration du marché, planification, qualité des personnel
¾entre 1981 et 1994, période où le rendement est défini comme étant une norme du
niveau de réalisation des objectifs organisationnels et stratégiques; Ainsi, il est
considéré qu'une activité est réussie si elle atteint les objectifs. Sous ces
circonstances, le rendement dépend de multiples objectifs établis;
¾entre 1995-2000, lorsque la performance est définie en fonction de la productivité et
l'efficacité de l'entité économique, donc, par le biais de la productivité, les résultats
obtenus aux moyens concernés sont signalés, et au moyen de efficacité, les résultats
obtenus aux résultats escomptés;
¾de 2000 jusqu'à présent, lorsque la performance est définie en fonction de la valeur de
création. Le succès d'une activité d'entreprise réside dans sa capacité à identifier les
sources de création de valeur et de les exploiter correctement. La valeur est jugée tant
du point de vue des produits que de l'organisation dans son ensemble.
106
Tout au long de ces périodes, une transition progressive est faite à partir de la
performance économique à la performance organisationnelle et sociale, puis à l'échelle
mondiale.
La performance a évolué au même titre que le développement de la société,
l'adaptation aux conditions sociales et environnementales de la période à laquelle la référence
de performance est faite. Iulia Jian (2007) dans le livre « Evaluarea, prezentarea si
performantei întreprinderii », fait une présentation détaillée de la notion de performance, tout
au long de son évolution, dont elle a été jugée pertinente de point de vue des auteurs suivants:
x Georgopoulos et Tannenbaum (1957) considèrent qu'il s'agit de l'équivalent de
l'efficacité organisationnelle, qui représente le degré avec lequel une organisation, en
tant que système social et en gardant à l'esprit quelques ressources et moyens limités,
réalise ses objectifs sans un effort excessif de ses membres. Les critères utilisés pour
évaluer les performances sont: productivité, souplesse, tensions inter
organisationnelles;
x Yacht et rivage (1967) définir la performance comme étant l'entreprise capacité
d'exploiter l'environnement afin d'obtenir des ressources rares et essentielles pour sa
fonction;
x Price (1968) considère que la performance est synonyme d'organisation l'efficacité, et
il utilise les éléments suivants comme critères d'évaluation des performances:
productivité, conformité, institutionnalisation;
x Labrousse (1971) caractérise la performance de l'entreprise, pendant cette période, être
une chaîne d'attributs spécifiques à elle: une entreprise capable de faire face à la
concurrence, une entreprise bien gérée qui parvient à quantifier ses efforts productifs
et les coûts minimaux, une entreprise capable d'exploiter une niche et d'établir un
élargissement important;
x Moh (1972) identifie comme critères d'évaluation du rendement: productivité,
souplesse, adaptabilité; productivité, efficience, satisfaction, souplesse,
développement, survie;
x Harrison (1974) définit la performance comme le résultat final de l'évaluation effort.
x Shashua et Goldschmidt (1974) sont les premiers chercheurs qui ont réussi à définir le
concept de performance financière, selon les critères suivants: bénéfice marge,
rentabilité des actions, rentabilité du capital, taux de capital de fonctionnement, taux
107
d‟activité. Ces critères représentent simplement des indicateurs pour mesurer la
rentabilité et situation financière, indiquant la performance de l'entreprise ;
x Klein (1976) soutient que le rendement est une notion subjective et relative,
mentionnant six indicateurs qui mettent en évidence la performance de l'entreprise: la
croissance de la valeur ajoutée, le rendement des capitales engagées, la croissance des
actifs fixes, main-d'œuvre, couvrant les besoins opérationnels du Fonds de roulement,
la responsabilité par rapport à la capacité d'autofinancement;
x Dubois (1979) ne définit pas la performance, mais il l'évalue en utilisant cinq
indicateurs de cotation: croissance, rentabilité, productivité, responsabilité, solvabilité;
x Bourguignon (1995) définit la performance comme déterminée par la réalisation les
objectifs organisationnels;
x Burlaud et Langlois (1999) estiment que le rendement n'est pas mauvais ou bon lui-
même. C'est la même performance qui peut être évaluée aussi bien si l'objectif est
modeste, ou aussi mauvais si l'objectif est ambitieux;
x Cohen (1995) fait une comparaison entre performance et efficience et il soutient que
l'évaluation du rendement consiste à comparer un indicateur indiquant le résultat de
l'entreprise et un indicateur monétaire lié aux moyens employés;
x Lorino (1995) considère que la performance pour une entreprise signifie tout ce qui
contribue à l'amélioration du couple valeur-coût et non seulement ce qui contribue à la
diminution des coûts ou à l'augmentation de la valeur;
x Porter (1986) estime que la performance de l'entreprise dépend de la capacité pour
créer de la valeur pour ses clients;
x Marmuse (2000) définit la performance comme étant celle qui permet de maintenir
une distance de la concurrence à long terme en étant très motivé (basée sur les
systèmes gratifiants) s'appliquant à tous les membres de l'organisation;
x Waterman (1995) assimile la performance au concept d'excellence, qui repose sur
quatre facteurs: l'efficacité de l'organisation, l'identité sociale, la réalisation des
objectifs et la réputation des organisations.
La performance continue est l'objectif ultime qui est destiné à être atteint par toute
organisation, car ce n'est qu'en atteignant qu'il peut croître et développer de nouveaux progrès.
Cela représente la clé de quantification la plus importante du succès d'une entité.
108
À l'heure actuelle, l'objectif est de réaliser une performance globale qui est déterminée et
conditionnée par un mélange de paramètres internes et externes, techniques et humains,
qualitatives et quantitatives.
Dans les conditions d'un environnement qui dénote moins de stabilité, les entités
doivent être capables de prendre des décisions stratégiques nécessaires pour maintenir un
équilibre et pour être en mesure d'aborder et de mettre en œuvre des stratégies pour l'avenir,
des stratégies qui permettent de maintenir les institutions en santé inaltérée. Ainsi, nous ne
pouvons pas mettre en discussion la compétitivité d'une entité dans les conditions d'un
mouvement turbulent, fluctuant et un environnement particulièrement compétitif sans parler
de performance. Cette approche a commencé par la prémisse que toute entité économique a
pour objectif d‟obtenir des performances dans la conduite de l'activité.
Ainsi, les chercheurs et les praticiens ont essayé d'entrer dans les problèmes de la
définition du concept de performance, à partir de ses débuts jusqu'à présent, en suivant la voie
prise par ce concept de la définir selon une série de critères tels que: la rentabilité, la
productivité, souplesse, adaptabilité, croissance, pour la définir comme le niveau d'atteinte des
objectifs organisationnels; à l'évaluer en fonction de la productivité et de l'efficacité de l'entité
économique; à son approche contemporaine comme la création de valeur.
Le concept de performance relatif aux IMF est une question vitale et cruciale pour de
nombreuses raisons telles que : pour assurer une utilisation efficace et efficiente des milliards
de dollars injectés dans les programmes de microfinance, aider également les régulateurs dans
le contrôle et le suivi des IMF.
L‟inefficacité des IMF représente une contrainte majeure sur le développement de
l'industrie de la microfinance. Par conséquent, la mesure de la performance est un outil de
gestion des IMF et une exigence de durabilité. Évaluer ce qu'est une IMF en examinant son
développement en vue d'atteindre ses objectifs. Toutefois, le la littérature n'a pas montré qu'il
existe un instrument généralement accepté ou une définition relative à la signification de la
performance des IMF. Les IMF sont des institutions financières uniques de nature sociale et à
but non lucratif dont la performance a été conventionnellement évaluée par les moyens
suivants des ratios financiers. Les mesures quantifiables habituelles du succès (chiffres des
bénéfices rapportés dans les états financiers) ne sont pas utiles pour mesurer la durabilité
d'une IMF et le degré de son rayonnement. Cependant, il existe un consensus général sur le
fait que la durabilité et l'impact sont des concepts centraux et que les deux sont des objectifs
fondamentaux de la microfinance tels qu'énoncés par le CGAP, le SEEP.
109
La plupart des IMF tentent d'atteindre les objectifs financiers et sociaux corrélés, en
gérant un double résultat net où une bonne performance financière permet la réalisation de la
mission sociale.
La performance sociale est l'interprétation efficace de la mission sociale d'une IMF
dans la pratique. L'évaluation d'impact est promue par les parrains et les praticiens des
programmes afin qu'ils puissent comprendre ce qui est atteint et améliorer l'efficience et
l'efficacité de leurs activités. D'autres mains, les outils et les techniques actuellement
disponibles pour évaluer l'efficacité de la performance de l'institution bancaire traditionnelle
peut ne pas convenir dans ce nouveau contexte.
110
Bien que l'établissement de normes minimales de performance financière, est un
chemin de rupture pour promouvoir la transparence dans les rapports des IMF et de faire des
comparaisons entre les IMF plus significatives,
Toutefois, les compétences appropriées et l'écart d'information entre les praticiens de
la microfinance restent un obstacle majeur à l'utilisation à grande échelle des normes par les
IMF.
1) La performance financière des IMF
La performance financière d‟une IMF peut être définie comme sa capacité à couvrir
par ses produits, l‟ensemble de ses charges et dégager une marge pour financer sa croissance.
En d‟autres termes, c‟est la capacité qu‟a une IMF de mener ses activités, en se passant des
subventions sous forme de prêts concessionnels ou subventionnés. Pour Adair. P. et al. (2010)
La performance financière (PF) est mesurée essentiellement par l‟autosuffisance financière et
opérationnelle ainsi que par la réalisation d‟une rentabilité maximisant l‟efficacité et la
productivité du personnel.
Pour être un levier efficace du développement, la microfinance doit changer d‟échelle
et s‟engager sur la voie de la pérennité financière. Depuis plus de dix ans, la plupart des
acteurs du secteur ont soutenu ces priorités et leurs efforts portent des fruits : un nombre
croissant d‟IMF a atteint le seuil de viabilité, banques commerciales et investisseurs privés
s‟associent au secteur. Mais ce processus de maturation a parfois créé une tension pour les
IMF entre leur mission sociale (toucher les exclus, renforcer leurs capacités, etc.) et leurs
objectifs financiers (couvrir les coûts de l‟offre de services). Certains observateurs pointent
même des dérives liées à la banalisation de pratiques financières qui s‟inscrivent dans une
démarche purement commerciale sans se soucier des risques sur les bénéficiaires et des
limites, voire des effets négatifs, de leur impact social.
i. Qualité du portefeuille
La source de risque la plus importante pour une institution financière réside dans son
portefeuille de crédits. Non seulement le portefeuille de crédits est – et de loin - l‟actif le plus
important pour une IMF, mais en outre, la qualité de cet actif et donc le risque qu‟il pose pour
l‟institution, est assez difficile à mesurer. Pour les institutions de microfinance, dont les
crédits, typiquement, ne sont pas couverts par des garanties facilement réalisables, la qualité
du portefeuille est absolument cruciale. Heureusement, beaucoup d‟institutions de
microfinance ont appris à gérer un portefeuille avec une très bonne qualité. Typiquement,
dans beaucoup de pays, les meilleures institutions de microfinance surpassent leurs consœurs,
à savoir les banques commerciales. La mesure la plus couramment utilisée pour la qualité du
111
portefeuille dans l‟industrie de la microfinance est le portefeuille à risque (PaR), qui mesure
en fait la partie du portefeuille qui est « contaminée « par les impayés, en pourcentage du
portefeuille total. Bien que d‟autres mesures soient régulièrement utilisées, le PaR s‟est
imposé comme l‟indicateur de choix. Il est facilement compréhensible, ne sous-estime pas le
risque, et est comparable entre institutions. Un microcrédit est généralement considéré comme
étant en situation de risque, s‟il présente un retard de paiement de plus de 30 jours. Cette règle
est bien plus sévère que les pratiques des banques commerciales, mais ceci est justifié par le
manque, en microfinance, de garanties facilement réalisables. En plus de l‟indicateur
Portefeuille à Risque, trois autres indicateurs relatifs à la qualité du portefeuille et les risques
qui y sont associés : le ratio Perte sur Créances, le ratio Dotation aux Provisions et le ratio
Couverture de Risque.
Les prêts de groupe avec des garanties conjointes et multiples sont souvent utilisés
comme un mécanisme pour minimiser le risque d'échec, améliorer la performance des
portefeuilles des IMF, et atteindre la viabilité financière (Pitt et Khandker, 1998; Ghatak,
1999; Armendariz de Aghion et Morduch, 2000; Laffont et Nguessam, 2000). Cull et al.
(2007) notent que les prêts de groupe ont un impact positif sur la qualité du portefeuille de
prêts des IMF. En effet, ils montrent que le risque du portefeuille augmente le taux d'intérêt
appliqué à la plupart des IMF utilisant des prêts individuels, et qu'au-delà du seuil de 60%,
une augmentation de ces taux n'est pas associée avec des bénéfices à long terme pour ce
dernier, ce qui n'est pas le cas pour les IMF qui sur la méthodologie de prêt aux groupes de
solidarité.
ii. Efficacité et productivité
Les indicateurs d‟efficacité et de productivité sont des mesures de performance qui
montrent la manière dont les institutions rationalisent le traitement de leurs opérations. Les
indicateurs de productivité reflètent la quantité d‟output par unité d‟input, alors que les
indicateurs d‟efficacité prennent en compte en plus le coût des inputs et/ou le prix des outputs.
Etant donné que ces indicateurs ne sont pas facilement manipulables par le management, ils
sont plus facilement comparables entre les institutions que par exemple les indicateurs de
rentabilité comme la rentabilité sur fonds propres et la rentabilité sur actifs. D‟un autre côté,
les indicateurs de productivité et d‟efficacité sont des indicateurs de performance moins
complets et détaillés que ne le sont ceux du groupe de rentabilité. Les institutions de
microfinance ont des taux d‟efficacité bien plus bas que ceux des banques commerciales parce
que ramené par dollar, l‟activité de microcrédit nécessite beaucoup de main-d‟œuvre : un prêt
de cent dollars exige autant de travail administratif qu‟un prêt mille fois plus élevé. Dans une
112
IMF, les coûts administratifs peuvent être de 15, 20 ou même 30$ par tranche de 100$ du
portefeuille de crédits, ce qui donne un ratio d‟efficacité de 15, 20 ou 30%, alors que dans une
banque commerciale, des ratios d‟efficacité de 1.5, 2 ou 3% sont monnaie courante. Ainsi, les
économies d‟échelle ont nettement moins d‟impact qu‟on ne le croit sur l‟efficacité des IMF à
cause des coûts variables élevés qui sont liés au traitement des microcrédits. Si le portefeuille
de crédits d‟une IMF excède $2 à 3 millions, la croissance n‟apportera pas nécessairement de
gain significatif sur l‟efficacité et des petites IMF peuvent parfois être plus efficaces que leurs
grandes consœurs. Le guide présente quatre indicateurs pour mesurer la productivité et
l‟efficacité: le ratio Charges d‟Exploitation, le ratio Coût par Emprunteur, le ratio Productivité
du Personnel, et le ratio Productivité des Agents de Crédit.
Les IMF qui affectent une partie du salaire à la performance financière mènent aux
résultats de satisfaction positifs exprimés (CGAP, 2006). Staffs a prouvé que l'expertise
technique dans le domaine de la microfinance est également une condition préalable pour la
sélection et le suivi des projets à financer. De plus, les IMF devraient adopter des pratiques en
se concentrant davantage sur la relation client afin d'augmenter leur gestion du rendement
(Churchill, 2000; Schreiner, 2003; Norell, 2001).
iii. Gestion financière
La gestion financière s‟emploie à garantir un niveau de liquidités suffisant afin de
couvrir les obligations d‟une IMF en termes de décaissement des crédits à ses emprunteurs et
de remboursement des emprunts à ses créanciers. Même si la gestion financière est une
fonction de back-office, les décisions dans ce domaine peuvent directement influer le résultat
financier d‟une institution. Des erreurs dans la gestion des liquidités ou du change peuvent
aisément compromettre une institution qui possède un traitement opérationnel efficace et une
gestion saine. L‟importance de l‟adéquation des liquidités, et donc de la gestion financière,
devient plus importante encore lorsque l‟institution effectue aussi la collecte d‟épargne. La
gestion financière peut aussi avoir un impact non-négligeable sur la rentabilité de l‟institution
suivant l‟habilité avec laquelle les liquidités sont gérées. Enfin, la gestion du risque de change
et des maturités des actifs et des emprunts est du ressort de la gestion financière. Ces deux
activités sont des domaines à risques potentiels importants pour une IMF et soulignent
l‟importance d‟une gestion qualifiée des finances. Il existe trois indicateurs pour évaluer la
gestion financière d‟une institution de microfinance : le ratio Charges de financement, le ratio
Coûts des Ressources, et le ratio Dettes/Fonds Propres.
Contrairement aux banques commerciales, la structure de compensation des prêts aux
IMF devrait inclure le taux d'intérêt comme le coût de l'argent, le conseil de l'éducation, le
113
comité de suivi et le comité consultatif de recouvrement. Comme le part des fonds propres des
IMF, les IMF peuvent également augmenter leurs prêts, soit dette ou d'accepter des dépôts
plus importants de leurs clients. Ce résultat laisse une augmentation supplémentaire de la
portée de leur travail et de leur viabilité financière.
Par conséquent, pour atteindre la viabilité financière, les IMF devraient fixer taux
d'intérêt élevés pour couvrir ses dépenses.
iv. Rentabilité
Les indicateurs de rentabilité, tel que, la rentabilité sur fonds propres et la rentabilité
sur actifs reflètent la performance de l‟ensemble des domaines de l‟institution. Si la qualité du
portefeuille ou l‟efficacité des opérations est faible, cela sera reflété dans la rentabilité. De par
leur nature d‟être un agrégat impliquant beaucoup de facteurs, l‟interprétation des indicateurs
de qualité peut être très difficile. Le fait qu‟une IMF ait une rentabilité sur fonds propres
élevée en dit très peu pourquoi il en est ainsi. Tous les indicateurs de performance peuvent
être d‟une utilité limitée (en fait, ils peuvent être aussi trompeurs) s‟ils sont vus de manière
isolée et ceci est généralement le cas pour les indicateurs de rentabilité. Afin de comprendre
comment une institution réalise ses profits (ou pertes), l‟analyse doit également prendre en
compte d‟autres indicateurs qui éclaireront sur la performance opérationnelle de l‟institution,
tel l‟efficacité opérationnelle ou la qualité du portefeuille. L‟analyse de rentabilité est d‟autant
plus compliquée qu‟un nombre significatif d‟institutions de microfinance reçoit encore des
dons et des prêts subventionnés. « Comparer des pommes avec des pommes « a toujours été
un problème en microfinance, parce que les subventions sont toujours très répandues et les
pratiques comptables varient largement. La créativité en comptabilité peut avoir un impact
étonnant sur les profits. Normalement, les auditeurs externes, l‟administration fiscale, et les
autorités de contrôle bancaire essayent de limiter ce type de créativité, mais la microfinance
n‟est pas encore une industrie normée. Les auditeurs externes ont été, en général, lents à
s‟adapter à la microfinance, peu d'IMF sont sujettes à la taxation, et encore un plus petit
nombre d‟entre elles sont soumises aux autorités de contrôle bancaire. Cela signifie qu‟il faut
une attention plus particulière lors de l‟analyse d‟une institution de microfinance. Un simple
exemple pourra illustrer ceci. Les Banques n‟ont généralement pas beaucoup de latitude pour
fixer leurs réserves pour pertes sur créances. Les autorités de contrôle et l‟administration
fiscale leur donnent des instructions et les auditeurs externes en contrôlent leur application.
Cependant à ce jour, peu d‟IMF sont devenues des institutions financières agréées et, pour
celles qui ne le sont pas, il leur est facile de changer spectaculairement leur rentabilité
114
simplement en ajustant le niveau de leur réserve pour pertes sur créances. Un analyste qui se
focaliserait exclusivement sur la rentabilité ne pourra absolument rien détecter.
La performance financière d'une IMF peut être définie comme sa capacité à couvrir
ses coûts opérationnels et financiers. L'indicateur commun de la situation financière la
performance est le rendement des actifs (ROA), qui reflète la marge bénéficiaire ainsi que
l'efficacité de l'institution (Bruett, 2005, Cull et al. 2007; Hartarska, 2005; Lafourcade et al.
2006; Mersland et Strom, 2009). Offre des IMF prêts à des taux subventionnés (inférieurs au
taux du marché) qui réduisent les fardeaux et donc augmenter le revenu net. Ces IMF sont
fortement subventionné puis réaliser en même temps une forte rentabilité.
2) La performance sociale des IMF
Les IMF s‟inscrivent dans une vision qui prend en compte une multiplicité d‟objectifs
(pérennité financière, impact économique et social sur les clients, voire protection de
l‟environnement). Il apparaît alors indispensable de s‟intéresser à la façon dont ses institutions
définissent leur mission et la mettent en pratique dans leur mode de gouvernance (définition
d‟une stratégie, prise de décision et responsabilités des acteurs, traduction en actions
spécifiques, contrôle interne, système d‟information et de gestion, etc.). En effet, le contexte
général suscite de nombreuses interrogations sur l‟évolution du secteur de la microfinance :
développement des approches « commerciales « avec une exigence plus forte de rentabilité,
nouveaux acteurs bancaires et investisseurs privés, recul des appuis directs des bailleurs
publics aux IMF. En parallèle, sa contribution à un ensemble d‟objectifs sociétaux tels que la
lutte contre la pauvreté, le développement local ou la réduction des inégalités sociales fait
toujours débat.
Le secteur de la microfinance est à la croisée des chemins. Les IMF ont montré leur
capacité à offrir de façon durable aux exclus des systèmes bancaires classiques des services
financiers diversifiés et adaptés (petites sommes, remboursements réguliers, ciblage des
activités des ménages pauvres, contacts directs avec des agents de crédits locaux, etc.). Elles
ont imaginé des garanties non traditionnelles et ont développé des systèmes basés sur la
solidarité, la proximité et la participation pour accroître la confiance et pour atténuer les
barrières sociales et informationnelles entre les clients et l‟institution. Les bénéficiaires
apprécient ces services et remboursent généralement bien les prêts.
Aujourd‟hui, divers acteurs du secteur s‟interrogent pourtant sur les performances
sociales et la responsabilité sociale de la microfinance. Ces réflexions s‟inscrivent en
particulier dans une recherche plus générale de sens dans le secteur de l‟économie, et la
progression des approches autour de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). En
115
microfinance, différentes initiatives sur la mesure et la gestion des performances sociales se
sont constituées autour d‟un certain nombre de réseaux de praticiens qui ont échangé sur leurs
expériences et leur vision des performances pour aboutir à des outils de suivi. On voit ainsi
progresser dans le secteur de la microfinance, et en lien avec lui, dans le secteur financier en
général, les concepts de finance responsable comme en témoignent diverses rencontres et
propositions internationales récentes.
Les IMF déploient des efforts afin de servir ceux ou celles qui sont constamment
exclus des systèmes financiers. En effet, ces IMF peuvent sélectionner, surveiller les
microprojets de sa clientèle, réduire les coûts de transactions et résoudre les obstacles
socioéconomiques et culturels. Leur fonctionnement repose sur les liens sociaux et la
proximité avec les bénéficiaires en s‟installant dans les zones rurales, en les contactant et en
leur offrant des séances de formation. En outre, elles se basent sur le travail de groupe et elles
répondent aux attentes des populations pauvres en leur offrant des prêts de petites sommes et
des remboursements réguliers. Ces efforts, visant à étendre les services de microfinance aux
populations non desservies par les institutions financières, définissent la portée sociale
«Outreach «. Toutefois, les IMF doivent déterminer quel groupe cible doit-elle satisfaire en
terme de services de microfinance.
La pauvreté est par nature multidimensionnelle, comprend différents aspects du statut
économique et social des ménages. Capturer ces dimensions nécessite des indicateurs à la fois
quantitatifs et qualitatifs. En effet, elle est définie quantitativement comme étant un certain
revenu par personne par jour ou par an, sans la disposition d‟un patrimoine, mais elle est aussi
qualitative où elle tient compte des conditions de vie. Elle peut intégrer des données telles
que les besoins de la nourriture et d‟habillement, la disponibilité d‟un logement, le niveau
d‟instruction, les soins de santé, l‟émancipation des femmes, le degré d‟intégration dans le
milieu social, etc.
Selon le sommet du microcrédit de 2015, les plus pauvres sont ceux qui se situent dans
la moitié inférieure du groupe des personnes qui vivent en dessous du seuil national de
pauvreté. Le CGAP définit aussi ce seuil à l‟aide d‟un ratio « le solde moyen des crédits /
PNB par habitant « ; si ce ratio est inférieur à 20%, alors il s‟agit d‟une population très
pauvre. Pour la banque mondiale aussi, les pauvres sont ceux dont le niveau de consommation
est de moins de 2 dollars par jour et les plus pauvres sont ceux dont le niveau de
consommation est de moins d‟un dollar par jour. Dans ce cadre, l‟accessibilité élargie de ces
pauvres aux services financiers apparaît comme l‟objectif le plus important des IMF au sein
116
de la communauté. Mais la question qui se pose est de savoir si ces IMF arrivent à atteindre
les plus pauvres ?
Afin de mesurer cette portée sociale, certains indicateurs « outreach indicator »
peuvent être utilisés en termes d‟étendue ou en termes de degré. L‟étendue « scale of
outreach » correspond aux nombres de clients servis et aux volumes des services comme le
total de l‟épargne en dépôt et l‟encours total du portefeuille. Le degré de la portée « depth of
outreach» permet de savoir le niveau socioéconomique de la clientèle servie par les IMF,
c'est-à-dire le niveau de pauvreté de ces clients (les populations à très faible revenu, les
populations rurales, les femmes et/ou les chômeurs.). Schreiner (2002) compose ces
indicateurs de la portée sociale en proposant six dimensions dont chacune peut également
soutenir une composante de la valeur sociale. Ces six dimensions sont la valeur de la portée
«worth of outreach », le coût de la portée « cost of outreach », l‟étendue de la portée « scope
of outreach », la longueur de la portée « length of outreach », le degré de la portée « depth of
outreach »et la largeur de la portée « breadth of outreach ».
Quelques études se sont attachées à étudier les résultats de cette portée sociale. Celles
consacrées à l‟analyse des caractéristiques des clients des IMF montrent que certaines
institutions de microfinance ont tendance à être exclusives et ne sont pas accessibles à toutes
les catégories de la population. Bien que les clients ne sont pas nécessairement parmi les plus
pauvres , l‟analyse de leurs caractéristiques montre qu‟il s‟agit d‟une clientèle composée de la
population pauvre ou vulnérable, des individus pratiquant des activités productives de survie,
qui n‟ont pas accès aux banques et qu‟il s‟agit majoritairement d‟une clientèle féminine. Ce
dernier point est particulièrement significatif dans plusieurs programmes tels que le cas de
Bancosol-Bolivie (74% des femmes), de BRAC Bangladesh (75%), de la Grameen Bank
(95%) et de nombreux programmes d‟Afrique de l‟Est et Australe (Kenya, Malawi,
Cameroun…). Certes, la portée varie selon le type de l‟IMF et les régions mais le taux de
couverture reste faible. Cela peut être expliqué de plusieurs façons. D‟abord, les IMF
atteignent le plus grand nombre d‟épargnants donc elles préfèrent n‟emprunter qu‟aux
membres qui ont pu gagner qui ne sont pas les plus pauvres. Ensuite, les institutions essayent
de prêter à une population moins risquée et gèrent des micro-entreprises et que leur affaires
marchent de mieux en mieux.
Enfin, il n‟est pas impossible que ces clients aient emprunté quelques années plus tôt,
que les crédits antérieurs leur aient permis d‟améliorer leur situation, qu‟ils continuent tout
naturellement d‟utiliser les services de cette institution en renouvelant leurs lignes de crédits.
117
Ceci encourage les IMF à se contenter de leur portefeuille « clients « actuel et d‟éviter de
prendre le risque supplémentaire qu‟ils auraient pu courir s‟ils avaient choisi de cibler une
nouvelle clientèle ; de ce fait la gestion de ces crédits est moins coûteuse. Toutefois, en
retournant aux mesures de la performance sociale, elles ne se mesurent pas seulement par le
pourcentage de leurs clients pauvres ou par le degré de pauvreté de leurs clients. Mais plutôt
ce sont surtout les changements qui comptent.
Les systèmes d‟évaluation utilisés jusqu‟à présent dans le secteur de la microfinance
se focalisent essentiellement sur la mesure des performances financières. Les informations sur
les performances sociales des IMF ont été jusqu‟à récemment plutôt rares ou sujettes à
discussion, comme le montrent les débats autour des études d‟impact (Hulme et Mosley,
1996; Morduch, 2000; Pitt et Khanker, 1999; Cerise, 2003). L‟idée selon laquelle les actions
de la microfinance ne pouvaient plus simplement être guidées et évaluées à l‟aune de la
performance financière a petit à petit fait son chemin dans le secteur de la microfinance, suite
à l‟observation de dérives et de crises telles que le surendettement de clients ou les effets
négatifs sur les liens sociaux des fonctionnements de certains groupes dits « solidaires «. Dans
ce contexte, diverses initiatives ont vu le jour depuis le début des années 2000 pour faire
valoir l‟importance, pour le développement comme pour la pérennité des institutions de
microfinance, des objectifs sociaux et de leur valorisation. Encore faut-il en faire la
démonstration avec des outils de pilotage et des démarches d‟évaluation adéquats. Des
réticences se manifestent également, en particulier sur la complexité et la subjectivité de ce
type de mesure.
A ce jour, les résultats de différentes initiatives sont particulièrement novateurs, avec
des éléments concrets de mesure des performances sociales et des démarches pour s‟articuler
avec la gestion quotidienne et les questions stratégiques des IMF.
L‟intérêt porté à la performance sociale par l‟industrie de la microfinance dans le
monde reflète tout naturellement la philosophie originelle du microcrédit laquelle, plus
qu‟offrir des services financiers, visait d‟abord à aider les couches de la population les plus
démunies à accéder à des ressources financières et à des prestations non financières de nature
à leur permettre d‟accroître leurs revenus et améliorer leurs conditions de vie. Après les
décennies ou les bailleurs de fonds et les investisseurs mirent l‟accent sur le nécessaire
arrimage des institutions de microfinance (IMF) au secteur financier, exigeant de ces
dernières la présentation d‟états et d‟indicateurs qui reflètent une saine situation financière, au
détriment de toute considération sociale, nous assistons ces dernières années à un juste retour
du balancier vers les préoccupations qui avaient animé les pionniers du microcrédit,
118
entièrement dédiées à l‟époque à l‟amélioration des conditions des populations cibles. Et c‟est
ainsi que l‟on a observé ces dernières années les acteurs de la Microfinance (bailleurs de
fonds, fonds d‟investissements, institutions de microfinance, agences de notation…) déployer
des efforts soutenus vers l‟émergence et le développement d‟institutions de microfinance
socialement plus responsables envers leurs clients. Cet objectif est devenu aujourd‟hui une
nécessité pour les institutions de microfinance qui intègrent désormais la satisfaction des
besoins de leurs clients dans leur mission sociale. Être socialement responsable envers ses
clients consiste pour une IMF à évaluer l‟accomplissement des objectifs sociaux qu‟elle s‟est
fixées. Ceux-ci varient naturellement d‟une IMF à une autre. Ils concernent aussi bien la
réduction de la pauvreté que la création d‟emploi, la protection des clients que le
développement d‟entreprises. Une telle évaluation s‟effectue aujourd‟hui grâce à des outils à
la fois faciles d‟usage et efficaces, dont principalement la sociale performance indicators
SPI4, MIMOSA, Factsheet. Ces outils sont mis à la disposition des institutions de
Microfinance soucieuses afin qu‟elles soient en phase avec les attentes des populations
qu‟elles desservent, de jouer le rôle social attendu d‟elles, d‟évaluer objectivement la manière
dont elles mènent leur mission. Les éléments révélés par l‟évaluation de leur performance
sociale leur permettent d‟une part de pratiquer une finance éthique, équitable, sans risque, et
d‟autre part d‟offrir à leurs clients des services financiers et non financiers à forte teneur
sociale. La conjugaison de la performance sociale avec les exigences d‟équilibre financier
augure d‟une nouvelle ère pour les institutions de microfinance où, intégrées au paysage
socio-économique et financier, elles pourront revendiquer une contribution réelle à l‟inclusion
financière des couches démunies de la population et à l‟amélioration de leurs conditions de
vie.
La demande de transparence en matière de performance sociale des IMF a été
croissante. Cependant, les indicateurs chargés de mesurer les résultats sociaux n‟ont pas été
acceptés à échelle universelle, malgré des objectifs doublement nets – des retours financiers et
sociaux. Récemment, des controverses allant d‟une rentabilité excessive et de taux d‟intérêts
usuraires, à l‟accroissement du surendettement des clients et de cas d‟abus de ces derniers,
sont devenus un fléau pour le secteur et ont remis sa réputation sociale en question.
Les affirmations aux termes desquelles l‟impact social en matière de développement
de la micro finance pourrait être exagéré, ou portant réellement atteinte à ceux qu‟ils
cherchaient à aider, ont fait surface, forçant l‟industrie à se réévaluer, ainsi qu‟à réévaluer sa
responsabilité sociale envers plusieurs parties prenantes. Des initiatives telles que le Social
Performance Task Force (SPTF) (Groupe de Travail en matière de Performance Sociale), MF-
119
Transparency (Transparence de la Micro Finance), le Center for Financial Inclusion‟s Smart
Campaign on Client Protection Principles (Centre pour l‟Inclusion Financière de Campagnes
Intelligentes en matière de Principes de Protection des Clients), de pair avec les ratings
sociaux, ont tous contribué à accroître la transparence et la prise de conscience en matière des
meilleures pratiques. Il existe de nombreux défis lorsqu‟il s‟agit d‟évaluer la performance
sociale d‟une IMF. Les IMF possèdent non seulement un vaste éventail de missions sociales
et d‟objectifs stratégiques, leurs perspectives quant à ce qui doit être « social « varient
également de manière considérable. Certaines IMF se centrent sur les femmes, la pauvreté
rurale, ou la jeunesse, tandis que d‟autres souhaitent accroître leur accès aux services
financiers ou offrir des services non financiers. Il existe des situations où les IMF qui ne
déclarent pas de mission sociale ouvertement peuvent atteindre des résultats sociaux beaucoup
plus solides que celles dont les missions sociales sont puissantes. Les nuances contextuelles
sont essentielles étant donné la nature hautement subjective de cette facette de la micro
finance. La mesure de la performance sociale en est à ses tout premiers débuts, avec peu
d‟indicateurs quantitatifs largement acceptés, afin de stocker les résultats sociaux des
opérations d‟une IMF.
Ce chapitre relatif à la performance sociale introduit trois métriques quantitatives
universelles afin de commencer à mesurer la dimension sociale. Le quatrième indicateur n‟est
pas aussi largement utilisé, mais il s‟agit d‟une bonne manière de mesurer l‟utilisation
efficace des ressources. Malgré la grande attention portée aux taux d‟intérêts appliqués par les
IMF, une analyse des taux annuels en pourcentage (APR) ou des taux d‟intérêt en vigueur
(EIR) est impossible de mener à bien en raison de la limitation des données (les statistiques à
l‟échelle des IMF, des pays et des régions ne sont pas disponibles à grande échelle). Étant
donné la nature qualitative de l‟analyse sur la performance sociale, les indicateurs suivants
représentent des valeurs de substitution en matière de performance sociale. Ces indicateurs
doivent être évalués de manière conjointe avec d‟autres métriques sociales et attributs
qualitatifs provenant de l‟institution afin de fournir une interprétation complète de la
performance sociale d‟ensemble des IMF.
i. Ratio de la taille de crédit au niveau national
Le ratio des emprunts à échelle nationale (NLR) se calcule en divisant le montant
moyen du crédit emprunté par l‟IMF par le PIB (GDP) per capita du pays au sein duquel
l‟IMF intervient.
Ce ratio fournit une métrique de base afin de comparer la taille d‟un emprunt d‟une
IMF par rapport à diverses géographies. Plus le pourcentage est bas, et mieux la petite taille
120
de l‟emprunt peut être comparée à la richesse moyenne d‟un pays donné. Il n‟est pas suffisant
de simplement comparer les montants moyens empruntés par les IMF en Inde, Bosnie et
Pérou, et de faire des suppositions quant à la portée de l‟IMF. La conceptualisation de
l‟emprunt de taille moyenne par rapport au PIB per capita est essentielle afin d‟ajuster les
niveaux de revenus entre les pays, lesquels varient toujours. La taille des emprunts a servi de
méthode d‟évaluation afin d‟estimer la niche du micro crédit des IMF. Bien que cette méthode
d‟évaluation possède de nombreuses limitations, elle continue d‟être largement utilisée. Plus
la taille de l‟emprunt est petite et plus la niche démographique est pauvre et « bas-de-
gamme». De manière générale, un NLR inférieur à un indique que le point de mire est une
niche de micro financement peu élevée. Si le NLR s‟approche de deux, il est plus près d‟une
petite niche d‟activité.
Depuis que le PIB ne fluctue plus radicalement d‟une année sur l‟autre, une
modification significative des ratios impliquerait un changement au niveau des emprunts de
taille moyenne, qui mériterait un examen plus approfondi. Souvent, les changements de la
taille moyenne du crédit sont affectés par des transformations dans la distribution du produit
au sein du portefeuille. Par exemple, un changement d‟approche des micros prêts aux prêts
SME. Lors de l‟évaluation du montant moyen du crédit octroyé par une IMF, il est plus
correct d‟exclusivement considérer la partie du portefeuille centrée sur le micro crédit, en
excluant les petits consommateurs et/ou les emprunts mis en gage. Ces emprunts largement
nantis peuvent aisément dénaturer la cible démographique et sociale de l‟IMF. Par exemple, si
une IMF décide d‟offrir tout d‟abord un prêt à la consommation, ceci réduit le ratio car le prêt
à la consommation tend à être peu important, mais n‟indique pas nécessairement une niche
démographique inférieure – pas nécessairement un “marché bas de gamme”. La réévaluation
et la dévaluation des devises locales doivent également être prises en compte. Dans les pays
où la devise a été réévaluée, l‟emprunt de taille moyenne s‟accroîtra ou chutera rapidement.
ii. Ratio de rétention de l’emprunteur
Le ratio de rétention de l‟emprunteur est le nombre d‟emprunteurs actifs en fin de
période, divisé par le nombre d‟emprunteurs en début de période, plus le nombre de nouveaux
emprunteurs au cours de la période. Tenez compte du fait que cet indicateur ne différentie pas
les nouveaux emprunteurs de ceux qui empruntent de manière renouvelée. Une autre formule
concernant ce ratio, qui n‟est pas aussi largement utilisée, mais peut amener à des calculs plus
précis, est la suivante : emprunteurs en fin de période – nouveaux emprunteurs en fin de
période / emprunteurs actifs en début de période.
121
Puisque les clients doivent être le cœur de toute activité en matière de micro finance, il
est important de connaître le degré de satisfaction du client et de lui présenter une évaluation
de la responsabilité sociale corporative de l‟IMF. Les institutions doivent servir les clients de
manière appropriée en tenant compte de leurs besoins, en désignant les produits adéquats et de
livrer de manière orientée client. Une célèbre méthode d‟évaluation afin d‟estimer la
satisfaction du client est de mesurer la Rétention de l‟Emprunteur. Un ratio de rétention plus
élevé représente généralement un haut niveau de satisfaction du client.
Une distinction mérite d‟être faite entre les clients et les emprunteurs. Celle-ci mesure
les taux de rétention des destinataires des produits de crédit (emprunteurs) et non ceux de tous
les clients de l‟institution (épargnants compris). La prise en compte de tous les clients
dénaturerait le ratio qui serait alors utilisé en tant que méthode d‟évaluation de la satisfaction,
étant donné la difficulté que pose de mesurer les clients actifs tirant profit de produits qui ne
sont pas d‟emprunt. Sur les marchés dont les niveaux de concurrence sont peu élevés, le Ratio
de Rétention de l‟Emprunteur peut demeurer élevé même si les besoins du client ne sont pas
satisfaits de manière appropriée. Les emprunteurs peuvent ne pas avoir la possibilité de
choisir l‟institution et sont obligés de demeurer avec une IMF en particulier malgré leur
insatisfaction. Ceci peut dénaturer l‟efficacité de l‟aptitude de l‟indicateur à évaluer la
satisfaction du client, raison pour laquelle il est également nécessaire de prendre en compte
d‟autres indicateurs et métriques. Les Ratios de Rétention Peu Élevés des Emprunteurs sont
habituels sur les marchés hautement compétitifs car l‟IMF cherche à attirer de nouveaux
clients avec des produits d‟emprunts et des conditions plus compétitifs. Les tactiques
agressives peuvent mener les emprunteurs à changer d‟institution. La Rétention de
l‟Emprunteur affecte à la fois les dépenses opérationnelles et la qualité du portefeuille. Attirer
de nouveaux clients coûte plus que de retenir les clients existants avec le temps et conserver
de bons clients expose l‟IMF à de moindres risques. Même dans les cas où le ratio des
dépenses opérationnelles est élevé, en matière de micros crédits, par exemple, les nouveaux
clients requièrent une formation additionnelle, tandis que les clients les plus anciens sont
familiers avec l‟institution, donc ils coûtent moins cher à fidéliser. Ce ratio peut être dénaturé
si une IMF passe par pertes et profits. C‟est-à-dire, lorsqu‟une IMF renonce aux emprunteurs
qui ne peuvent plus payer dans les délais, ceci ne reflète nécessairement pas l‟insatisfaction du
client, mais tout simplement l‟incapacité de régler dans les délais.
iii. Ratio de rétention du personnel
Le Ratio de Rétention du Personnel se calcule en soustrayant le ratio de rotation du
personnel de un (personnel étant parti au cours de la période au numérateur, divisé par le
122
personnel en moyenne en fin de période, plus le personnel étant demeuré plus d‟un an dans
l‟institution). S‟il existe des employés à temps partiel, ceux-ci doivent être traités comme le
nombre équivalent d‟employés. Par exemple, deux employés à temps partiel doivent être
comptabilisés comme un personnel à plein temps à cet effet. Le personnel rémunéré par des
donateurs doit également être pris en compte s‟il réalise des fonctions similaires aux employés
permanents ou est responsable d‟un poste permanent. En particulier, le Ratio de Rotation du
Personnel est l‟inverse de cet indicateur et doit être calculé par le personnel étant parti au
cours de la période au numérateur et divisé par le personnel en moyenne en fin de période,
plus le personnel étant demeuré plus d‟un an dans l‟institution.
La responsabilité d‟une institution envers son personnel est une autre facette clé de la
performance sociale et de la Responsabilité Sociale Corporative. Au lieu d‟interroger ou de
sonder les clients, le Ratio de Rétention du Personnel fournit une mesure quantitative de la
satisfaction du personnel au sein de l‟IMF. Plus le ratio est bas et plus le personnel est satisfait
de son poste.
La rotation en elle-même du personnel ne fournira pas un tableau complet sur le
niveau de satisfaction du personnel eu égard à son travail. Dans les cas où l‟IMF est touchée
par une crise et doit congédier son personnel, ce ratio n‟est pas applicable. Le ratio de rotation
du personnel sera plus élevé sur les marchés compétitifs où les IMF cherchent à engager du
personnel formé d‟autres IMF. Il est important de savoir que la plupart de IMF vivent les
rotations les plus importantes au cours de la première année de travail – ce qui est tout
particulièrement valable pour les responsables des prêts. Au cours de la période d‟initiation à
la formation du personnel, qui prend généralement de un à trois mois, les responsables des
prêts réalisent souvent que ce travail n‟est pas fait pour eux. Une analyse plus sophistiquée de
ce ratio élimine la période de formation et incorpore l‟employé à son poste une fois l‟initiation
achevée. Le personnel promu au sein de l‟organisation ne doit pas être compris dans la
rotation, seul le personnel ayant quitté l‟IMF.
Une rotation peu élevée n‟indique pas toujours la satisfaction du personnel, ni de
bonnes politiques en matière de RH. L‟analyse doit prendre en compte le taux d‟emploi au
sein de la région. Dans des zones où le chômage est élevé, le personnel conserve souvent son
poste de peur de ne pas retrouver un nouvel emploi. Cependant, grâce aux opportunités
croissantes d‟emploi, la rotation des IMF s‟accroît si les salaires et la gestion des RH ne sont
pas adéquates et si elle a manqué de développer la loyauté du personnel. Outre les salaires
compétitifs, les IMF offrent souvent d‟autres avantages, tels que formation initiale et en cours,
des systèmes de motivation, des compensations variables, des avantages en matière de santé
123
ou autres avantages au-delà de ce qui est localement obligatoire, ainsi qu‟un parcours
professionnel clair, entre autres. Les motivations non monétaires jouent un rôle important au
sein du pack de compensation. De manière générale, les IMF utilisent les salaires variables
afin d‟encourage le recouvrement des prêts et la bonne qualité des actifs. Cependant,
l‟expérience des IMF leaders suggère que les motivations doivent jouer un rôle important,
sans toutefois être excessif. Le maintien de salaires fixes raisonnables fournit une sécurité et,
lorsque le salaire variable est extrêmement élevé (dans certains cas, plus de 100%), des
pratiques agressives peuvent mener aux abus et à une rotation plus élevée.
iv. Indice d’efficacité social
L‟indice d‟efficacité sociale se calcule en multipliant le ratio des dépenses
opérationnelles par le coût par Emprunteur. Le ratio des dépenses opérationnelles se calcule
en divisant toutes les dépenses associées au fonctionnement de l‟institution par le portefeuille
d‟emprunts nets annuel en moyenne (cf. page 22). Le coût par ratio d‟emprunteur se calcule
en divisant toutes les dépenses associées au fonctionnement de l‟institution par le nombre en
moyenne d‟emprunteurs actifs au cours de la période. Veuillez noter que cette métrique est un
indice – il s‟agit d‟un chiffre et non d‟un pourcentage, taux ou ratio.
Cet indice est une méthode d‟évaluation de l‟efficacité avec laquelle l‟institution
octroie des prêts tout en neutralisant les effets des emprunts de taille moyenne sur l‟efficacité
(à la fois le ratio des dépenses opérationnelles et le coût par emprunteur sont chacun
extrêmement influencés pas la taille de l‟emprunt). Le ratio des dépenses opérationnelles
bénéficie aux IMF avec des emprunts plus importants, tandis que le coût par emprunteur
bénéficie aux IMF avec des emprunts plus petits. L‟Indice d‟Efficacité Sociale permet une
comparaison plus directe entre les différents types d‟IMF dont les méthodologies de crédit
sont diverses.
Les IMF devraient prendre garde aux facteurs qui affectent le coût des emprunts, mais
qui ne sont pas directement associés à l‟argent prêté. Par exemple, les IMF qui fournissent des
services complémentaires tels que la santé ou la formation accroîtront leurs dépenses
opérationnelles mais celles-ci ne sont pas directement associées aux coûts d‟octroi du prêt.
Ces coûts doivent être indépendants afin de pouvoir comparer les IMF qui ne fournissent pas
ce genre de services. De même, les IMF fournissent d‟autres services financiers tels que les
dépôts ou les assurances, lesquels peuvent accroître les dépenses opérationnelles mais ne sont
pas directement associés aux services d‟emprunt. Les frais de ces autres services financiers
peuvent désavantager les IMF qui n‟offrent pas ce genre de services.
124
Conclusion du chapitre 1
L‟impact de la microfinance a fait depuis l‟origine l‟objet de débats et d‟évaluations
critiques. Il consiste à comprendre comment les services financiers affectent l‟existence des
pauvres. À ce jour, la plupart des évaluations d‟impact ont porté sur les programmes de
microcrédit au lieu d‟examiner une gamme de services financiers.
Cependant, on observe aujourd‟hui une prédominance de méthodes quantitatives et
expérimentales au détriment du qualitatif, et un « divorce » entre évaluations scientifiques et
approches opérationnelles (suivi-évaluation, études de satisfaction, audit social, rating…).
A ce stade, le décalage qui apparaît entre les études d‟impact communément menées
dans le domaine de la microfinance et les spécificités du secteur doivent être prises en compte
pour comprendre cet impact. Une mise en œuvre de méthodes alliant une approche
scientifique à la fois quantitative et qualitative, pour les combiner avec une perspective
opérationnelle doit intervenir à tous les stades de l‟étude d‟impact.
125
emplois directs permanents et des dizaines de milliers d‟emplois indirects (Magharfaoui et
Ibrahim, 2009). Actuellement, les institutions de microfinance marocaines se classent parmi
les leaders dans le domaine de la microfinance à l‟échelle internationale et le secteur de la
microfinance marocain est le premier de la région MENA. Cette position est obtenue grâce
aux réalisations des IMF marocaines. Il sera donc intéressant d‟étudier cette performance et
de déterminer les facteurs qui permettent de la réaliser.
126
considèrent l‟autonomie financière comme un critère qui remplit au mieux la mission sociale.
Ils représentent essentiellement des institutions financières : soit des institutions spécialisées
en microfinance réglementées (ONG, institutions financières non bancaires et associations de
microcrédit) qui s‟inscrivent clairement dans une logique de rentabilité, soit des caisses
villageoises ou certaines banques commerciales traditionnelles qui se sont plus récemment
impliquées dans la microfinance.
Dans cette perspective notre problématique s‟articule essentiellement sur l‟analyse des
facteurs déterminants de performance des IMF identifiés préalablement dans le premier
chapitre sur la base de l‟évaluation de l‟impact financier du secteur de la microfinance
marocain traité dans ce qui précède.
I. &RQWH[WHGHO¶DQDO\VHHWK\S
La viabilité financière des institutions de microfinance est probablement la dimension
clé de la viabilité de la microfinance. En outre, les institutions de microfinance ont connu
divers degrés de durabilité, dont l'un d'entre eux est la durabilité est la viabilité financière
(Rai, 2012). Selon Kinde (2012), il existe deux types de viabilité financière que l'on peut
observer dans l'évaluation des performances des institutions de microfinance : l'autosuffisance
opérationnelle (OSS) et l'autosuffisance financière (FSS). L'autosuffisance opérationnelle
indique si l'IMF a gagné suffisamment de revenus pour couvrir ses coûts directs, à l'exclusion
des coûts suivants le coût du capital mais y compris les coûts de financement réels
(Nyamsogoro, 2010). L'autosuffisance financière, d'autre part décrit la santé financière réelle
des IMF. Ainsi, les SFS incluent le coût du capital (ajusté) en dehors des éléments suivants
dans l'OSS. Il a également indiqué que pour mesurer la viabilité financière, les IMF doivent
tenir de bons comptes financiers et suivre des pratiques comptables reconnues qui assurent
une transparence totale en ce qui a trait aux revenus, aux dépenses, au recouvrement des prêts
et à l'évaluation de la possibilité de remboursement. (Kelegama, 2011).
Les trois étapes de la durabilité, à savoir le mode de survie, la durabilité et
l'autosuffisance, ont également été identifiées par Polinger et Outthwaite (2010). En mode
survie, les IMF couvrent à peine les coûts alors qu'en mode durabilité, les coûts sont couverts
par des dons et autres subventions alors qu'en mode autosuffisance, les revenus générés
couvrent tous les coûts (Reid, 2010). Ils ont présenté cinq arguments à l'appui de la viabilité
des IMF. Les deux premiers points sont que la durabilité assure la survie des organisations et
des IMF qui fixent les prix des produits au niveau du marché seront en mesure d'attirer la
population cible, non bancable. De même, les prêteurs traditionnels peuvent ne pas
concurrencer les organisations qui bénéficient de subventions et dont la viabilité permet
127
d'obtenir des capitaux de diverses sources. Enfin, l'accent mis sur l'autosuffisance aidera les
IMF à contrôler leurs coûts (Ongaki, 2012).
La viabilité financière globale des IMF est une condition nécessaire à la viabilité
institutionnelle (Ongaki, 2012). Selon Nyamsogoro (2010), il vaut mieux ne pas avoir d'IMF
que d'avoir des IMF non viables indiquant l'importance de la durabilité des IMF. Le Sri Lanka
est bien connu pour ses améliorations significatives dans les indicateurs de développement
humain car il est bien connu que le Sri Lanka reste un pays à faible revenu et que le secteur de
la micro finance au Sri Lanka a atteint des niveaux enviables et que la plupart des IMF sont
considérées comme financièrement viables (Kelegama, 2011). Bien que le financement soit
une condition préalable à l'autonomisation économique, l'impossibilité d'accéder au
financement formel est devenue une préoccupation majeure à cet égard (Reid, 2010).
Dans cette étude, nous nous sommes inspirés de l'approche des institutionnalistes afin
de déterminer les indicateurs de rendement financier parce que les adeptes de cette école
croient que la meilleure façon d'atteindre la grande majorité des pauvres sans avoir accès aux
services financiers est d'incorporer l'industrie de la microfinance dans le système financier
formel.
128
mesure, l'hypothèse du pouvoir de marché relatif a été vérifiée, puisqu'il était prouvé que la
minimisation des risques opérationnels augmente les bénéfices. En revanche, l'hypothèse de
l'efficacité de la structure n'a pas été suffisamment étayée. Elle a expliqué que l'efficience non
seulement augmente les profits, mais qu'elle peut aussi entraîner des gains de parts de marché
et, par conséquent, une concentration accrue, de sorte que la conclusion d'une relation positive
entre la concentration et les profits pourrait être un résultat fallacieux en raison des
corrélations avec d'autres variables (Berger, 2009). Une autre étude réalisée par Muriu (2011)
pour examiner les déterminants de la viabilité financière des IMF acceptant des dépôts a
montré qu'il existe une relation positive entre rentabilité et viabilité financière des institutions
de microfinance. Par conséquent, une augmentation de la rentabilité entraîne une
augmentation de la viabilité financière.
La viabilité financière fait référence à la capacité d'une institution de microfinance
(IMF) à couvrir tous ses coûts par les intérêts et autres revenus payés par ses clients (Groupe
consultatif, 2012). Les IMF se préoccupent de plus en plus de la viabilité financière. Les
fondations internationales et les bailleurs de fonds ont reconnu que les IMF gérées
efficacement peuvent couvrir une grande partie de leurs coûts et exigent d'elles un niveau
croissant d'autosuffisance. Selon Woller (2010), l'autosuffisance financière est l'équivalent
sans but lucratif de la rentabilité. Kinde (2012) a également noté que les pauvres devaient
avoir accès à des services financiers à long terme plutôt qu'à un soutien financier ponctuel.
Meyer a également fait valoir que l'insoutenabilité financière découle du faible taux de
remboursement ou de la dématérialisation des fonds promis par les donateurs.
Les quelques études empiriques existantes sur la performance et la durabilité de la
microfinance donnent des résultats mitigés. Par exemple, les conclusions de la Namibie
concluent que la quasi-totalité de la microfinance n'est pas durable (Forbes, 2010). L'étude
étudiait l'effet de levier des institutions, la rentabilité et la portée en tant que déterminants clés
de la viabilité financière des institutions de microfinance. Une étude sur la microfinance au
Népal a montré que la plupart des institutions de microfinance rurale ne sont pas durables
(Acharya, 2015). Cette étude a examiné, entre autres, les dépenses opérationnelles, la
rentabilité et le risque commercial en tant que déterminants de la viabilité financière des
institutions de microfinance. Dans cette étude, l'autosuffisance financière sera utilisée comme
variable dépendante puisque l'étude cherche à identifier les déterminants de la viabilité
financière des IMF.
Pour développer le secteur de la microfinance, l‟accent a été porté d‟avantage sur la
performance financière. Afin d‟évaluer cette performance, un grand nombre d‟indicateurs
129
sont apparus, et la plupart d‟entre eux sont devenus standards mais il n‟y a pas un consensus
sur leurs définitions et sur leurs façons d‟être calculés. Ils ont été institutionnalisés au sens où
ils correspondent à des règles durables acceptées par la communauté de la microfinance.
D‟une manière générale, pour qu‟une institution soit rentable sur une période, il faut
simplement que ses ressources couvrent ses dépenses. L‟atteinte de cette rentabilité peut être
envisagée de deux façons: la première est de réduire les charges, plus précisément, les coûts
de transaction. L‟autre façon consiste à augmenter les produits en augmentant le taux d‟intérêt
sur les crédits.
La performance financière ou économique dépend dès lors de la compétence des
acteurs et de l'efficacité du système. Cette compétence est différemment appréciée suivant un
certain nombre d'approches parmi lesquelles celle par les savoir-faire opérationnels. Elle est
conçue dans ce cadre comme « un ensemble de connaissances, de capacités d'action, de
comportements, structures et mobilisé en fonction d'un but et dans une situation donnée».
La performance financière est l'un des indicateurs utilisés pour mesurer la réussite
d'une institution de microfinance (IMF) en termes de rendement financier. On la considère
souvent comme un barème de référence que les investisseurs utilisent pour réaliser des
enquêtes préalables ou évaluer le statut d'un investissement ; ces données permettent aussi aux
autorités publiques d‟évaluer le respect de la réglementation et la santé générale du secteur
financier. Chaque pays décide de ses propres normes comptables et modèles d‟information
financière, mais il existe un certain nombre d‟indicateurs de performance financière communs
qui sont utilisés par la plupart des IMF.
Une assise financière saine et un bon rendement sont d'importants indicateurs de
réussite, mais la performance sociale constitue un autre critère d'évaluation de plus en plus
significatif pour de nombreuses institutions. Les institutions ayant une approche avec « double
objectif de résultat », évaluent simultanément leur performance financière et leur performance
sociale afin de s'assurer qu'elles ne génèrent pas seulement des bénéfices mais aussi des
retombées positives sur la vie de leurs clients.
Une IMF peut déduire sa performance financière en termes de ratios et d'indicateurs de
ses opérations et situation financière. «Normes» est un pas en avant; Il représente le niveau
idéal pour chaque indicateur.
Les normes de performance financière sont tirées de l'expérience de l'analyse des
indicateurs dérivés de ratios financiers. L'analyse des indicateurs se fait de deux façons : en
commençant par les ratios et les indicateurs résultants d'une date donnée ou en commençant
par les ratios et les indicateurs de différentes périodes.
130
L'application des normes de performance financière peut être faite par une IMF en
elle-même, pilotée par ses propres expériences et à travers les IMF pilotées par l'expérience
de l'industrie.
Les normes de performance financière que l‟on va intégrer dans notre analyse
présentent donc l'expérience et les pratiques à l'intérieur d'un grand nombre d'institutions de
microfinance et tente d'ajouter des raffinements partout où cela s'avère nécessaire. L‟accent
est donc mis sur le partage des normes financières au niveau de l'industrie de la microfinance,
indépendamment du modèle de microfinance, de la localisation géographique, de la taille ou
de l'âge des institutions.
2) Les hypothèses
Dans le cadre de notre travail, nous nous sommes fixés les hypothèses ci-dessous
découlant d‟une littérature théorique :
i. Taux d'intérêt et capitaux propres
Contrairement aux banques commerciales, la structure de rémunération des prêts aux
IMF devrait inclure le taux d'intérêt comme coût de l'argent, le conseil de l‟éducation, le
comité de suivi et le comité consultatif de recouvrement. En tant que part des fonds propres
des IMF, les IMF peuvent également augmenter leurs prêts, soit par l'endettement, soit en
acceptant des dépôts plus importants de leurs clients. Ce résultat laisse à une nouvelle
augmentation de la portée de leur travail et de leur viabilité financière.
Par conséquent, afin d'atteindre la viabilité financière, les IMF devraient fixer des taux
d'intérêt suffisamment élevés pour couvrir leurs dépenses.
De nos jours, les encours de crédits se caractérisent de plus en plus par des impayés,
des fraudes dus à une forte pression des bailleurs de fonds pour l'atteinte rapide de l'équilibre
financier entraînant un non-respect des procédures d'octroi et de sélection des emprunteurs.
Ainsi, les fonds propres permettront de respecter la vision cognitive des dirigeants
(Charreaux 2002) en matière de choix, de politiques à adopter pour l'atteinte des objectifs,
notamment social. L'utilisation des fonds propres dépend de la réglementation et du statut de
chaque IMF, cependant ils ont pour but de faciliter la création, d‟accompagner de leur
démarrage à leur maturité l‟évolution des IMF, et de respecter le choix des dirigeants,
notamment sur la clientèle à cibler. C'est pour cette raison que nous formulons l‟hypothèse
suivante :
Hypothèse 1 : L'application de taux d'intérêt qui augmente les capitaux propres
devrait contribuer de manière significative à la réalisation de la viabilité financière des IMF.
131
Nous prévoyons une relation positive entre la part des capitaux propres dans les actifs et la
performance financière.
132
¾ Ceux directement liés aux activités financières et à la manière de gérer les activités et
qui touchent les institutions financières d'une manière générale (risque de taux, risque
de crédit spécifique, risque lié à des activités hors bilan, risque technologique et
opérationnel, risque de liquidité) ;
¾ Ceux liés à la clientèle de l'institution et à son environnement, il s'agit du risque
économique spécifique qui porte sur le client ou sur le projet entrepris.
Sous ce rapport, il semble évident qu'il existe une relation entre le PAR et la performance
des IMF, d'où l'hypothèse ci-dessous :
Hypothèse 2 : La réduction du risque dans le portefeuille global de l'IMF profiterait
davantage à l'IMF et a donc un impact positif sur la performance financière des IMF.
Nous prévoyons une relation négative entre le risque du portefeuille et le rendement financier.
iii. Ratio pertes sur créances (Write of ratio)
Cet indicateur représente simplement les prêts que l'institution a retirés de ses registres
comptables en raison d'un doute important quant à leur recouvrement. La radiation d'un prêt
est une opération comptable utilisée pour empêcher que les actifs de l'institution ne soient
gonflés de façon irréaliste par des prêts dont le recouvrement est peu probable.
Le processus a une incidence égale sur le portefeuille brut de prêts et sur les réserves pour
pertes sur prêts. Par conséquent, à moins que les provisions ne soient insuffisantes, l'opération
n'aura aucune incidence sur l'actif total, le portefeuille net de prêts, les charges ou le revenu
net. Les radiations n'ont aucune incidence sur les efforts de recouvrement ou sur l'obligation
de remboursement du client.
iv. Pourcentage des femmes entrepreneuses, l’âge, portefeuille des clients
et volume de crédits
Etant donné que la majorité des clients des IMF sont des femmes et que l'expérience
des IMF au fil des années peut les aider à affiner leurs stratégies de sélection des clients actifs
et la valorisation du volume des crédits et de gestion de portefeuille à risque, nous avons
décidé d'évaluer l'impact de ces éléments sur la performance financière des IMF à travers
l‟hypothèse suivante :
Hypothèse 3 : L‟accès aux crédits à un plus grand nombre de femme, l‟ancienneté de
l‟institution de microcrédit sur le marché et le volume de crédit participent à l‟atteinte de la
performance économique et financière permettent d‟atteindre la performance économique et
la performance financière.
133
Nous nous attendons à un signe positif entre les performances économiques, financières et le
pourcentage des femmes emprunteuses, l‟ancienneté de l‟IMF , la clientèle active et le volume
des crédits.
II. 'HVFULSWLRQGHO¶pFKDQWLOORQ
Notre analyse est basée sur un panel de 8 IMF selon les données disponibles couvrant la
période 2007-2017, il s‟agit de :
x Quatre grandes IMFs d‟envergure nationale : AL-Amana, FONDEP (al
baraka), Fondation Attouafiq et ARDI,
x Deux AMC ont une couverture régionale : INMAA et Al Karama,
x Deux AMC se veulent des associations locales : AMOS, ATTADAMOUNE
Les dimensions de l‟ensemble de données du panel sont choisies de manière à inclure
autant d‟IMF que possible, chacune d‟entre elles avec une durée d‟observation raisonnable.
Les données proviennent de l'échange d'informations sur la microfinance (MIX) et de
l‟institution JAIDA.
Le tableau ci-dessus illustre les données recueillies des institutions de microfinance
marocaines au 31-12-2017. (Voir annexe pour les données couvrant la période 2007-2017).
Table 5:Données financières des institutions de microfinance au Maroc
Institutional
AMOS ARDI ATTAWFIQ AL AMANA AL KARAMA INMAA AL BARAKA ATTADAMOUNE
Characteristics
17 235 445 557 71 31 305 53
Offices
Personnel
31 580 1899 2468 276 95 1640 178
0 0 0 0 0 0 0 0
Outreach
Gross Loan 0,8 38,22 267,26 269,06 9,18 4,35 115,9 7,3
Portfolio (MMAD)
Number of Active 2,92 415,67 282,57 339,69 24,17 7,19 136,92 11,14
Borrowers '000
Percent of women 0,93 0,91 0,87 0,95 0,6 0,59 0,84 0,52
Borrowers
Deposits (MMAD)
0 0 0 0 0 0 0 0
Number of 0 0 0 0 0 0 0 0
Depositors '000
0 0 0 0 0 0 0 0
Balance Sheet
134
Borrowings 0,15 15,96 138,92 137,3 9,49 3,47 77,05 7,21
(MMAD)
1,67 5,05 91,01 121,97 2,43 0,73 52,34 2,88
Equity (MMAD)
Risk and 0 0 0 0 0 0 0 0
Liquidity
Portfolio at Risk > 0,0551 0,0833 0,0258 6,29% 0,0562 0,0238 0,0185 0,0231
30 Days
6,50% 7,88% 1,88% 3,26% 5,26% 4,14% 3,21% 4,22%
Write-off Ratio
135
ratio est d‟une importance primordiale, puisqu‟il mesure le retour sur leur investissement
effectué dans l‟institution. Cependant, vu que la plupart des IMF sont sans but lucratif, ce
ratio est plutôt utilisé comme indicateur alternatif pour mesurer la viabilité commerciale.
La prise en compte de ce ratio calculé sur une seule année est nettement insuffisant
pour avoir une idée sur la « véritable » rentabilité de l‟institution. Des pertes ou des profits
extraordinaires, basés par exemple sur la vente d‟un actif, peuvent avoir un impact
considérable sur le résultat net. Dans d'autres cas par exemple, l‟institution peut sous-
provisionner et donc montrer temporairement des résultats plus élevés.
Enfin, il y a des différences assez significatives dans le rendement du portefeuille entre
les IMF, ce qui est normal dans une industrie jeune et non encore mature. Au Maroc, où la
concurrence entre les IMFs en milieu urbain est devenue très vive, les rendements des
portefeuilles ont chuté en dessous de 30%, alors que dans d‟autres marchés moins
concurrentiels, les rendements sont au moins deux fois plus élevés. Là où les rendements sont
faibles, les IMF sont forcées d‟être très efficaces et de maintenir un portefeuille de crédits de
qualité afin de demeurer rentables, alors que lorsque les rendements sont élevés, la rentabilité
peut être élevée malgré une multitude de faiblesses.
Selon la littérature sur la microfinance (Bruett, 2005 ; Hartarska, 2005 ; Cull et al.
2007 ; La Fourcade et al. 2006 ; Mersland et Strom, 2008 et 2009, Adair et Berguiga, 2010),
le rendement des actifs, l'autosuffisance opérationnelle et l'autosuffisance financière sont les
principaux indicateurs qui tentent de saisir la complexité de la performance financière au sein
de l'industrie de la microfinance. Une myriade de ratios financiers est disponible pour évaluer
la performance des IMFs (CGAP 2003, SEEP Network and Alternative Credit Technologies
2005). Bien qu'il soit difficile pour synchroniser les différentes interprétations de l'ensemble
des ratios, ils offrent une alternative des perspectives dans l'évaluation de la performance des
IMFs pour chacun des quatre domaines, à savoir, la rentabilité, l'efficacité, l'effet de levier et
le risque. Essentiellement, dans l'interprétation des déterminants de la performance financière
des IMF, il convient de tenir dûment compte de l'objectif précis de chaque ratio. Compte tenu
de ce qui précède, la présente section fournit une interprétation de deux variables dépendantes
utilisées dans la présente étude.
136
façon à relativiser les données fournies par ces derniers. La quantité de ratios pouvant être
calculés est très grande. Si on estimait le nombre total de rapports qui peuvent être effectués
entre tous les postes du bilan et de l‟état des résultats, on obtiendrait une quantité quasi infinie
de combinaisons ! Le défi réside évidemment dans l‟identification d‟un sous-ensemble
restreint des rapports ou ratios les plus pertinents.
C‟est exactement ce que propose le système d‟analyse financière de DuPont, modèle
dont l‟usage est très répandu durant les années 1960. Ce modèle a comme point de départ un
ratio central qui est par la suite décomposé en trois ratios (premier niveau d‟analyse), lesquels
sont décomposés à leur tour en d‟autres ratios (deuxième niveau d‟analyse), ce qui permet de
raffiner l‟analyse.
Dans le modèle de DuPont (1960), le ratio central servant à mesurer la performance
d‟une institution est le retour sur investissement qui se présente comme suit :
ܴܱ݅ܧ
ࢻ =ݐ+ ࢼܺ݅
ݐ+ ߝ
݅ݐ
ܴܱ݅ܧ ݐ: Rentabilité financière (Return on Equity) observée pour l‟institution i à l‟instant t
ࢻ: Est le terme constant
ࢼ: Est le vecteur des coefficients des variables exogènes
ܺ݅ݐ: Est le vecteur des variables exogènes
ߝݐ: (VWOHWHUPHG¶HUUHXUTXLSUHQGHQFRPSWHVOHUHVW
݅ s variables négligées dans le modèle
137
sont couramment utilisées dans les recherches récentes sur la performance financière en
microfinance. La première variable est la variable portefeuille à risque sur 30 jours
(PAR>30) ; Il mesure le pourcentage du portefeuille total de prêts dont au moins un paiement
est en souffrance depuis plus de 30 jours.
Rappelons que le fonctionnement des IMF est caractérisé par la logique de la rotation
crédits, c'est-à-dire que les fonds prêtables sont presque entièrement restitués par des crédits.
La deuxième variable est le ratio fonds propres sur actif, qui évalue la solvabilité des IMF ; il
mesure le montant de capital requis pour couvrir les pertes inattendues supplémentaires afin
de s'assurer que l'IMF est bien capitalisée en cas de chocs potentiels.
La troisième variable est le ratio de productivité, qui mesure le nombre de clients actifs
par rapport au nombre d'agents de crédit ou de personnel. Ce ratio fonctionne selon la logique
suivante : plus le ratio est élevé, plus l'IMF est productive. Les autres variables indépendantes
saisissent les indicateurs institutionnels et de proximité, à savoir le pourcentage de femmes
emprunteurs, la taille du crédit, l'âge des IMF et le nombre de clients.
Sur la base de la discussion ci-dessus, un modèle de performance financière des IMF
peut être estimé selon les deux spécifications (1 et 2) :
Où i 1,.... ; N pour chaque IMF du panel et t 1,... ; T fait référence au temps ou période.
Nous utilisons donc des données sur panel, connait aussi comme les données
longitudinales. Ce type de données se caractérise par leur double dimension : une dimension
individuelle et une dimension temporelle. Les données sur panel représentent un mélange de
données en coupe instantanée et les séries chronologiques. Elles permettent ainsi d‟observer
plusieurs entités (dans notre cas, les IMF) sur une période de temps (dans notre cas, de 2007 à
2017). Lorsque le panel présente le même nombre d‟observations pour tous les individus, on
parle d‟un panel équilibré (balanced). Dans le cas contraire, c-à-d, lorsque certaines
observations manquent pour un ou plusieurs individus, on parle d‟un panel déséquilibré
(unbalanced panel). Gujarati (2003) cite un ensemble d‟avantages liés à l‟utilisation des
données de panel par rapport à celles qui sont en coupe instantanée ou les séries
chronologiques, parmi ces avantages nous rapportons :
138
1. Les techniques d‟estimations des données sur panel peuvent explicitement prendre en
compte l‟hétérogénéité des unités composant l‟échantillon ;
2. Les données sur panel fournissent plus de données informatives, plus de variabilités,
moins de colinéarité parmi les variables, plus de degré de liberté et plus de
performance;
3. L‟étude répétée d‟observation en coupe instantanée permet aux données sur panel
d‟être plus aptes à la recherche de la dynamique du changement ;
4. Les données sur panel peuvent détecter et mesurer plus facilement les effets qui ne
peuvent être facilement observés dans des séries chronologiques ou des données en
coupe instantanée.
Le modèle retenu a pour objectif d‟estimer l‟impact du taux d‟intérêt, la qualité de
portefeuille des prêts, volume de crédit et nombre de clients actifs sur la performance
financière des institutions de microcrédit marocaines.
La modélisation de ces données présente une série de défis potentiels, dont le plus
connu est celui de la prise en compte des différences entre les groupes.
= terme d‟erreur.
À partir de cette spécification générale nous pouvons envisager quatre possibilités.
¾ Cas n° 1 : homogénéité totale.
Les constantes a0i et les coefficients ai sont tous identiques pour tous les individus,
nous avons a0i = a0 et pour toutes les valeurs de i.
139
Le modèle ne comporte qu‟une seule équation estimée sur n = N × T observations empilées
par les MCO (ou les MCG selon la structure de la matrice des variances et covariances des
erreurs).
¾ Cas n° 2 : hétérogénéité totale.
Les constantes a0i et les coefficients ai sont tous différents pour toutes les valeurs de i,
la structure en panel est rejetée. Le modèle doit être estimé équation par équation pour les N
équations (une équation par individu) par les MCO (ou les MCG selon la structure de la
matrice des variances et covariances des erreurs).
¾ Cas n° 3 : hétérogénéité des coefficients des variables explicatives et
homogénéité des termes constants.
Les constantes a0i sont toutes identiques (a0i = a0) pour les individus, mais les
coefficients ai des variables explicatives sont différents pour chaque individu.
Comme au cas n° 2, le modèle doit être estimé sur les N équations (une équation par individu)
par les MCO (ou les MCG selon la structure de la matrice des variances et covariances des
erreurs).
¾ Cas n° 4 : hétérogénéité des termes constants et homogénéité des coefficients
des variables explicatives – le modèle à effets individuels.
Les constantes a0i sont différentes pour les individus, mais les coefficients ai des variables
explicatives sont constants pour les individus ( . Ce modèle est appelé « modèle à
effets individuels »
140
Figure 9:Procédure séquentielle des tests .Hsiao (1986)
1 1
HO rejeté e H0 vrai e
2
Test H O : a ' = a 'i ʋi Cas n °:1Homogénéité totale
y it = a0 + a xit + Ⴆit
'
2 2
H0 rejeté e H0 vrai e
3 3
H0 rejetée H0 vraie
a. Test et i
Ce test d‟hypothèses jointes se ramène à un test de Fisher dont la statistique est donnée par :
= somme des carrés des résidus du modèle contraint sous l‟hypothèse H20.
= somme des carrés des résidus du modèle contraint sous l‟hypothèse
141
, soit à estimer par les MCO le modèle en empilant toutes les observations. Le
degré de liberté est égal à : (N × T = nombre total d‟observations) – (k + 1 = nombre de
coefficients à estimer).
SCR = somme des carrés des résidus du modèle non contraint, elle est égale à la
somme des N sommes des carrés des résidus des modèles estimés sur les T N observations de
chaque équation individuelle, soit . Le degré de i=1 liberté est donc la somme
des N degrés de liberté de chaque équation estimée, N soit :
Le degré de liberté du numérateur est donc égal à la différence des degrés de liberté de
SCRc1 et SCR :
La statistique F1 est à comparer à la valeur lue dans la table de Fisher aux degrés de
liberté du numérateur et du dénominateur. Si , nous rejetons l‟hypothèse H10
au seuil α.
b. Test
Ce test d‟hypothèses jointes se ramène au test de Fisher dont la statistique est donnée par :
SCRc2 = somme des carrés des résidus du modèle contraint sous l‟hypothèse , soit à
estimer le modèle à effets fixes individuels. Le degré de liberté est égal à (N × T
= nombre
d‟observations) – (k + N = nombre de coefficients à estimer), nous estimons k coefficients et N
termes constants.
SCR = somme des carrés des résidus du modèle non contraint. Le degré de liberté du
numérateur est donc égal à :
142
La statistique F2 est à comparer à la valeur lue dans la table de Fisher aux degrés de liberté
du numérateur et du dénominateur.
Si , nous rejetons l‟hypothèse H20 au seuil α.
c. Test
Ce test d‟hypothèses jointes se ramène au test de Fisher dont la statistique est donnée par :
SCRc2 = somme des carrés des résidus du modèle contraint sous l‟hypothèse .
SCRc1 = somme des carrés des résidus du modèle contraint sous l‟hypothèse . Le degré de
liberté du numérateur est donc égal à :
La statistique F3 est à comparer à la valeur lue dans la table de Fisher aux degrés de liberté du
numérateur et du dénominateur.
Si , nous rejetons l‟hypothèse au seuil α.
Test
P-value Règle de décision
d‟homogénéité
P-value < 0,05
Test 1 0,00008
H0 rejetée, on passe au 2ème test
P-value > 0,05
Test 2 0,06442 H0 non rejetée, on passe au 3ème
ROA
test
P-value < 0,05
Test 3 0,00146 H0 rejetée : modèle à effets
individuels
P-value < 0,05
Test 1 0,00618
H0 rejetée, on passe au 2ème test
P-value > 0,05
Test 2 0,07363 H0 non rejetée, on passe au 3ème
ROE
test
P-value < 0,05
Test 3 0,00988 H0 rejetée : modèle à effets
individuels
Source : Calculs de l‟auteur.
143
Les résultats du test d‟homogénéité nous mènent à opter pour le modèle à effets
individuels. Deux méthodes sont largement utilisées à savoir les modèles à effets «fixes» ou
«aléatoires».
Cependant, la meilleure façon de choisir entre ces deux approches n'est pas claire dans
la littérature appliquée. Dans ce cas nous utilisons une série d'expériences de simulation pour
évaluer le rendement relatif des estimateurs d'effets fixes et aléatoires pour divers types
d'ensembles de données. Nous examinons plus en détail le test de Hausman couramment
utilisé pour décider entre les effets fixes et les effets aléatoires.
Une régression de données de panel diffère d'une régression de séries chronologiques
ou de régression transversale régulière en ce qu'elle a un double indice sur ses variables, c'est-
à-dire
i 1,…,N ; t 1,…,T (2.1)
Avec i désignant les ménages, les individus, les entreprises, les pays, etc. et t indiquant
le temps. L'indice i indique donc la dimension de la section transversale tandis que t indique
la dimension de la série chronologique. α est un scalaire, β est K × 1 et Xᵢᵼ est l'observation ᵢᵼ
sur K variables explicatives.
La plupart des applications de données de panel utilisent un modèle de composant
d'erreur unidirectionnel pour l'application perturbations, avec
(2.2)
Où µᵢ désigne l'effet individuel spécifique non observable et νᵢᵼ désigne le reste.
Notez que µᵢ est invariant dans le temps et qu'il prend en compte tout effet qui n'est pas
inclus dans la régression.
Dans ce cas, nous pourrions le considérer comme la capacité non observée de
l'individu. Le reste de la perturbation νᵢᵼ varie selon les individus et le temps et peut être
considéré comme la perturbation habituelle de la régression.
L'inclusion de ce paramètre dans le modèle peut expliquer la corrélation entre les
observations dans le temps, qui n'est pas causée par la dynamique tendance. Le composant
spécifique individuel peut être fixé pour chaque individu ou il peut être aléatoire (et être traité
comme une variable aléatoire). Ceci définit l'existence de deux grandes les modèles de
données de panel appelés modèle à effets fixes et modèle à effets aléatoires.
La composante propre à chaque individu explique en partie l'hétérogénéité des
données, laquelle réduit la variabilité inexpliquée et donc l'erreur quadratique moyenne. Cela
fait des estimations obtenues à partir de modèles de données de panel qui utilisent des
144
composantes propres à chaque individu plus efficaces que ceux des modèles qui n'incluent pas
de tels paramètres.
Les données de panel peuvent également résoudre le problème du biais des variables
omises si ces variables sont invariantes dans le temps. Soit ࢻle vecteur avec la longueur
ܰ = ݊∙ t et des éléments ߙᵢ. En raison de la parfaite colinéarité entre la ou les variables
omises invariantes dans le temps et ࢻ dans des modèles tels que les effets fixes, on peut
considérer que cette ou ces variables ont été incorporées dans le modèle composant spécifique
à l'individu. Il est donc possible, dans certains cas, de composer avec les préjugés.
Un autre avantage est en termes d'analyse des séries chronologiques et s'exprime dans
le fait que le panel ne nécessite pas de très longues séries de données.
Dans l'analyse classique des séries chronologiques, certaines méthodes exigent des
séries d'au moins 30 observations, ce qui peut être un inconvénient pour deux raisons : la
première est la disponibilité de données pour un si grand nombre de périodes consécutives et
la seconde est qu'il n'est pas toujours raisonnable d'utiliser le même modèle pour décrire des
données sur une très longue période. Dans le cas des données de panel, le modèle peut être
plus facilement déduit en faisant des observations sur la série pour tous les individus. En
trouvant ce qui est commun entre les individus, on peut construire un modèle avec précision
sans avoir à se fier à de très longues séries. Les données disponibles sur les individus
compensent pour les séries plus courtes. L'un des avantages des données du panel par rapport
à l'analyse transversale est qu'un modèle peut être construit pour l'évaluation de l'impact de
certaines variables variant dans le temps (dont les valeurs varient également d'un pays à
l'autre) ont sur une variable dépendante. Les données supplémentaires au fil du temps
augmentent l'efficacité de la précision des estimations.
Comme nous l'avons vu plus haut, l'utilisation de l'analyse des données de panel
présente certains avantages. Cependant, elle présente aussi des inconvénients sur le plan de la
collecte de données. Les données de panel sont souvent liées au fardeau continu d'un groupe
permanent de répondants. Cela peut augmenter considérablement les taux de non-réponse.
Des problèmes se posent également en ce qui concerne le contrôle et la traçabilité des
individus échantillonnés. C'est un prix à payer pour être en mesure de surveiller efficacement
les variations nettes dans le temps.
Il existe plusieurs méthodes d'estimation dans les données de panel. Les modèles de
données de panel les plus généraux et les plus fréquemment utilisés sont examinés ci-dessous
: modèle à effets fixes et modèle à effets aléatoires. Le modèle de regroupement qui n'utilise
pas l'information de panel a également été décrit à des fins de comparaison. Il faut vérifier les
145
hypothèses statistiques afin de déterminer le modèle approprié pour les données disponibles.
Le modèle regroupé donnerait des estimations incohérentes s'il était utilisé alors que l'effet
fixe aurait dû l'être, mais il doit être utilisé dans le cas où le modèle à effet fixe est
inapproprié. Le modèle à effets aléatoires est plus efficace que les effets fixes lorsqu'il est
correct, mais incohérent en cas d'utilisation inappropriée. Lorsqu'il est utilisé de façon
appropriée, l'aléatoire donne les meilleures estimations linéaires non biaisées (BLUE : best
linear unbiaised estimator). Le modèle à effets fixes donne des résultats cohérents pour les
estimations.
iii. Présentation des données
Cette analyse suit la voie de Gonzalez (2007) et Ahlin et al (2011) pour examiner les
différentes dimensions de la performance financière, désagrégées et étroitement définies.
Cette dernière est justifiée, car elle nous permettra d'évaluer le potentiel de l'approche des
l'intégration du secteur de la microfinance dans le secteur financier à l'échelle de l'économie.
Dans la présente analyse, nous avons examiné le rendement financier à l'aide de sept
indicateurs précis, soit le rendement de l'actif et le ratio de la rentabilité des capitaux propres,
le nombre des crédits en cours, le nombre des emprunteurs actifs, le pourcentage des femmes
emprunteuses, l‟ancienneté de l‟institution de microfinance sur le marché financier, le
portefeuille à risque et les ratios de pertes sur les créances.
Table 7:description des variables
Variables Définitions
Variables dépendantes
ROA Rentabilité des actifs (Return On Assets) = résultat net/total actif
ROE Rentabilité des capitaux propres ou rentabilité financière (Return On Equity)
= résultat net/ total capitaux propres
Variables indépendantes
Ratioactifs Capital/Actif = le total des fonds propres ajustés/Total actif ajusté
Nbrprêts Nombre de crédits en cours = le nombre de prêts en cours, ajusté pour la
radiation normalisée de prêts
NbrEmpr Nombre d'emprunteurs actifs = le nombre d'emprunteurs avec un prêt en
cours, ajusté pour la radiation normalisée de prêts
Porfem Nombre de femmes actives/ le nombre d‟emprunteurs actifs
Age L‟âge des IMF. Pour cette variable nous avons généré deux variables
binaires
Mature 1 si l‟âge est supérieur à 10 ans et 0 sinon
Par30 Portefeuille à risque > 30 jours = le capital restant dû pour prêts avant
montants échus>30 j/Encours brut de prêts, ajusté.
Ratiopertes Write-off Ratio= Créances Passées en Pertes / Encours Moyen du
Portefeuille Brut de Crédits
Source : Auteur
146
2) Statistique descriptive
A partir du cadre théorique développé et de la disponibilité des données, nous avons
identifié et collecté des données de panel sur 9 variables les statistiques descriptives sont
consignées dans le tableau N° 7. Selon le tableau les IMF marocaines ont un ROA de 2,97%
sur toute la période de 2007 à 2017 la différence entre Min et Max montre clairement qu'il y a
de grandes différences de rentabilité entre les IMF marocaines. La même chose vaut pour
notre deuxième mesure de rentabilité principale, le ROE, qui s'élève à 7,02% en moyenne.
Toutefois, comme l'indiquent les valeurs min, la crise 2008 a largement diminué la rentabilité
des IMF. La valeur moyenne des actions (RatioAsset) est de 0,60. Le ratio moyen PAR30 de
3,82% est inférieur au seuil de 5% (CGAP, 1999). Cela indique que, en moyenne, le
portefeuille d‟échantillon est sain. Le pourcentage moyen de femmes emprunteurs est presque
de 62,12%, allant de seulement 23% à 95% Alors que le secteur marocain enregistrait
historiquement de bonnes performances financières avec un rendement de l‟actif maximal de
11% et une moyenne de 2,97% sur la période de 2007 à 2017, la crise financière avait un
impact négatif sur la rentabilité des IMF qui atteignent seulement 3,28% en médiane et dont la
moitié enregistre des rendements négatifs avec un minimum de (-13,60%). Au niveau des
produits et pour faire face à une demande croissante, l‟offre des prêts individuels à
progressivement supplantée celle des crédits de type solidaire (prêts de groupe). Les femmes
étant les principales bénéficiaires des prêts de groupe, ce constat est visible au regard du fort
recul de la part des femmes emprunteuses, passant de 64% en 2013 à 62% en 2017. Nous
constatons aussi une forte dégradation de qualité du portefeuille sur la période 2007-2017
enregistrant un taux maximum de 8,33% et une moyenne de 1,20%.
Le tableau ci-dessous présente les moyennes et les écarts-types ainsi que le minimum
et le maximum. Le tableau N° 8 rapporte les coefficients de corrélation mutuelle pour les
variables dépendantes et explicatives respectivement dans l'analyse économétrique.
Selon le tableau ci-dessous, les IMF marocaines ont un ROA de 2,97 % sur l'ensemble
de la période de 2007 à 2017.
La différence entre Min et Max montre clairement qu'il existe d'importantes
différences de rentabilité entre les IMF marocaines. Il en va de même pour notre deuxième
mesure principale de rentabilité, le ROE, qui s'élève à 7,02% en moyenne. Cependant, comme
l'indiquent les valeurs Min, la crise de 2007 a eu un impact sur le marché, notamment une
hausse des impayés et une progression de l‟endettement croisé et une large réduction de la
rentabilité des IMF. Les portefeuilles à risque à plus de 30 jours (PAR> 30) à augmenter de
147
manière brutale, de 1,9% en 2007, 5% en 2008 et il atteignait le niveau alarmant de 10% en
2009 pour se stabiliser à 3,82% en 2017 contre 2,38% en 2016. Le pourcentage moyen de
femmes emprunteuses est de près de 62 %.
Cette analyse nous indique qu'en moyenne, le portefeuille de crédit de notre
échantillon est en bonne santé.
148
ROA ROE RATIO_ASSET PF_CREDIT NBR_EMPR POR_FEM AGE PAR30 RATIO_PERTES
Mean 2.976364 7.028864 0.601241 89.82864 123.6719 62.12386 0.863636 3.821136 3.735341
Median 3.285000 8.940000 0.651291 11.73000 46.58500 61.55000 1.000000 3.080000 3.490000
Maximum 11.00000 34.60000 1.446939 599.6500 415.6700 95.00000 1.000000 8.330000 11.36000
Minimum -13.60000 -72.60000 0.013855 0.670000 2.300000 23.00000 0.000000 1.200000 0.020000
Std. Dev. 3.927605 12.85089 0.368774 125.0721 133.4213 18.82081 0.345141 2.057885 2.364606
Skewness -1.520339 -3.624672 -0.080463 1.705843 0.687107 -0.057235 -2.119252 0.604621 0.714866
Kurtosis 7.912206 21.66457 2.356226 6.154975 2.002725 1.959835 5.491228 2.001675 3.677339
Jarque-Bera 122.3768 1470.037 1.614590 79.17605 10.57108 4.015171 88.62748 9.016029 9.177380
Probability 0.000000 0.000000 0.446063 0.000000 0.005064 0.134313 0.000000 0.011020 0.010166
Sum 261.9200 618.5400 52.90920 7904.920 10883.13 5466.900 76.00000 336.2600 328.7100
Sum Sq. Dev. 1342.069 14367.66 11.83148 1360943. 1548709. 30817.39 10.36364 368.4355 486.4484
Observations 88 88 88 88 88 88 88 88 88
Table 8: Statistique descriptive. Calculs fait par nous même à partir des données collectées. (Eviews 9)
149
3) Matrice des coefficients et de corrélation
La profitabilité ou la performance des institutions de microfinance se mesure par la
rentabilité des actifs appelée «ROA» mais avant d‟entreprendre l‟étude des liens entre la
performance financière et les différentes variables explicatives, il convient de vérifier que les
liens entre l‟ensemble des variables retenues ne sont pas trop forts, ou déséquilibrés (par
exemple, deux variables très fortement corrélées et les autres quasi-indépendantes), Le tableau
N°9 présente la matrice des coefficients de corrélation, le ROA est négativement corrélé avec
le RATIOASSET, et statistiquement significative, cette corrélation est attendue dans la
mesure où les IMF arrivent à substituer les dettes par des fonds propres (SERVET J.M. 2010)
, le ROA et le portefeuille à risque à 30 jours (PAR>30) sont positivement corrélés et la
corrélation est statistiquement significative, ceci est en adéquation avec l‟argument selon
lequel l‟accroissement du volume des prêts impayés (SERVET J.M. 2010) au fil des jours est
préjudiciable à la performance financière des IMFs, le ROA est négativement corrélé avec
l‟âge des IMF et positivement corrélé avec le nombre d‟emprunteurs. Le pourcentage
d‟emprunteurs femmes est positivement corrélé au ROA mais n‟est pas statistiquement
significative.
Nous notons aussi à travers le Tableau N° 9 que le «ROA» est corrélé positivement à
la stabilité des IMFs représenté par le «write off ratio» avec un niveau de significativité
inférieur à 5%. Cela pourrait signifier que pendant la crise financière, la rentabilité dépendait
de plus en plus de la stabilité des IMFs. La stabilité des IMF se mesure à l'aide du «Write off
ratio» Cet indicateur représente simplement les prêts qu‟une institution a décidé de rayer de sa
comptabilité en raison d‟un doute important concernant leur remboursement. Le passage de
crédits en pertes est une écriture comptable qui évite que les actifs soient gonflés de manière
non représentative par des prêts qui ne pourront pas être récupérés. La passation en perte
affecte de manière identique le portefeuille brut des crédits et les réserves pour créances
douteuses. Ainsi, à moins que les réserves de provision ne soient insuffisantes, l‟écriture
n‟affectera pas la valeur totale des actifs, ni le portefeuille net des crédits, ni les charges ou le
revenu net. Le passage en perte d‟un crédit ne signifie en aucune manière l‟abandon des
efforts de l‟institution pour récupérer sa créance ou l‟obligation de remboursement du client.
Le ratio pertes sur créances est dès lors mieux compris dans le contexte du portefeuille
à risque d‟une institution. En fait, sa fonction principale est de servir comme indicateur de
contrôle pour permettre de mieux comprendre le portefeuille à risque. Par exemple, la légère
baisse de la moyenne du portefeuille à risque observée entre 2007 et 2017 est moins un signe
150
d‟amélioration de la qualité des portefeuilles que le résultat d‟une augmentation des passages
en pertes sur créances. Ce qui explique la forte corrélation entre le ratio de pertes sur créance
et le PAR>30 qui est de 47%.
151
Corrélation ROA ROE RATIO_ASSET PF_CREDIT NBR_EMPR POR_FEM AGE PAR30 RATIO_PERTES
ROA 1.000000
RATIO_PERTES 0.100516 -0.052992 0.272226 -0.451897 -0.078926 0.267901 -0.410209 0.477271 1.000000
Table 9:Matrice des coefficients de corrélation. Calculs fait par nous même à partir des données collectées. (Eviews 9)
152
IV. Résultats et interprétations
Le tableau N°10 résume les résultats de la régression du Panel pour l'ensemble de
l'échantillon de la période 2007-2017. Les tableaux N° A.8 et A.9 en annexe montre que,
sous l'hypothèse nulle de corrélation zéro entre le terme d'erreur et les répresseurs, la
statistique d'essai est distribuée asymptotiquement comme Khi-carré avec les degrés de liberté
égaux au nombre de répresseurs. La statistique d'essai calculée avec une valeur significative
de Chi2 rejette l'hypothèse nulle de l'orthogonalité à un niveau de signification égal à 0,0002
qui est inférieur de 5%. Cela signifie que la différence de coefficients comme indiqué dans la
troisième colonne est systématique et nous laisse avec le modèle à effet fixe pour obtenir des
estimations de paramètres cohérentes.
Table 10:Résultats économétriques, 2007-2017.
Calculs fait par nous-même. Les erreurs-types sont entre parenthèse. Pour la période 2007-2017, nous avons sélectionné huit
IMF.
Les résultats n'appuient pas l'hypothèse 1, selon laquelle la part des capitaux propres
dans le ratio de l'actif est un déterminant de la performance financière des IMF marocaines
puisque le coefficient on Ratioasset n'est significatif dans aucune des deux spécifications.
Cette constatation s'explique par le fait que le volume des fonds propres des IMF n'est pas
significatif assez pour les premières années de la période étudiée.
Les résultats indiquent que le ratio d'âge n'a pas d'influence sur le rendement des actifs
ni sur le rendement du capital investi des IMF. Ces résultats s'expliquent, respectivement, par
l'immaturité des IMF et l'inefficacité des agents de prêts. En effet, au début de la période
étudiée, la gestion technologique et le personnel d'encadrement n'étaient pas suffisamment
développés pour permettre aux agents de crédit d'acquérir une expertise technique éprouvée
160
dans le domaine de la microfinance. Le coefficient de pourcentage de femmes emprunteuses
sur le ROA est positif et statistiquement significatif à 3%, ce qui indique qu'une augmentation
du pourcentage de femmes emprunteuses conduit à une augmentation du rendement de l'actif.
Cette constatation est en parfaite concordance avec l'hypothèse 3.
Le résultat le plus fort de cette étude est le soutien de l'hypothèse 2 selon laquelle les
IMF ayant un portefeuille à risque plus élevé avaient une viabilité moins bonne. Ce résultat
est comparable à celui de Mersland et al (2011) et Tchakoute T. (2011) mais contrairement à
celui suggéré par Mersland et Strøm (2009). Les coefficients estimés sont égaux à -0.476104
et -2.786457 dans les spécifications ROA et ROE respectivement.
Ces résultats impliquent qu'une augmentation de 1 % du PAR30 réduit le ROA et le
ROE de 0,47 % et de 2,78 %, respectivement. L'impact important sur le ROE s'explique par le
fait que les crédits distribués au cours des premières périodes proviennent principalement des
fonds propres des IMF, qui proviennent de donateurs de fonds. Cette constatation donne à
penser que les IMF avec un portefeuille à haut risque auraient pour conséquence de limiter les
revenus du microcrédit et donc moins d'argent à prêter, comme ce fut le cas pour les IMF
Zakoura.
De plus, le coefficient du portefeuille à risque sur 30 jours est le coefficient suivant de
la valeur absolue la plus élevée en régression (2,78). Cela signifie que le portefeuille à risque
est le déterminant le plus important de la viabilité financière des IMF.
Par conséquent, les IMF devraient se concentrer sur la gestion préventive des risques
pour un portefeuille de crédit de qualité afin d'être autosuffisant sur le plan financier. Il
semble que pour accroître leur viabilité financière, les IMF devraient favoriser une gestion
proactive des risques en tenant compte de leur capacité à anticiper les problèmes de
recouvrement des crédits afin d'éviter la contagion perverse entre les emprunteurs.
En effet, seul un faible PAR30 sous-tend l'autosuffisance financière des IMF dans un
contexte de faibles niveaux de mobilisation de l'épargne et de réduction des opportunités de
financement externe. Cela devrait favoriser la professionnalisation des IMF afin de démontrer
une gestion relativement efficace de leur risque de crédit.
Le coefficient du nombre de clients est positif et significatif à 1%. Cette constatation
est conforme à l'hypothèse 3 formulée engagée ci-dessus. Cependant, l'impact du volume de
crédit (NBRcredit) sur la performance financière est négatif et statistiquement significatif à
0.0003%. Ceci est dû au rationnement du crédit des IMF marocaines, qui est la conséquence
du taux élevé de défaut de paiement dans leurs opérations à la fin de la période de croissance
161
(2007-2011). En effet, l'IMF n'a pas pris en compte l'évaluation des risques dans l'octroi des
crédits pendant la période de croissance.
Pour faire face à ces difficultés et dans un cadre approprié pour le crédit la gestion des
risques, les IMF marocaines ont créé un «centre de risque» pour réduire les risques de crédit.
Le cross-debt, permettant l'échange et un meilleur flux d'informations sur la solvabilité de
l'emprunteur. En fait, lorsque les IMF commencent à concurrencer leurs clients, le taux de
défaut augmente rapidement si elles n'ont pas accès à une base de données montrant les
éléments appropriés du comportement de leurs clients. En l'absence d'un centre de risque, un
contrôle beaucoup plus important des IMF sur les prêts individuels et collectifs avec des
membres du groupe solidaire (Conning, 1999 ; Laffont et Nguessam, 2000 ; Ahlin et al.,
2007) devrait jouer un rôle majeur dans certains environnements marqués par la solidarité de
ses membres comme au Maroc. La responsabilité solidaire est une garantie pour lutter ex ante
et ex post contre le risque de défaillance (Stiglitz 1990 Ghatak 1999 et Morduch 1999). Par
conséquent, une bonne gestion du risque de crédit entraînant un taux élevé de remboursement
des prêts pourrait permettre aux IMF d'augmenter leur portefeuille moyen de prêts à un niveau
de charge identique et donc de baisser leurs taux d'intérêt effectifs, ce qui améliore leur
compétitivité.
En effet, face à cette crise, les IMF resserrent leurs processus de crédit, mettent en
place des équipes dédiées uniquement au recouvrement des prêts et engagent des poursuites
judiciaires contre les emprunteurs défaillants.
En revanche, le nombre de clients et le pourcentage de femmes ont un impact positif
sur la performance financière au cours de la période 2007-2017. Cela s'explique par le fait que
les IMF ont considérablement augmenté leur croissance. Elles mettent également en œuvre
d'importants plans de recouvrement en renforçant leurs méthodologies de crédit, en
constituant des équipes dédiées exclusivement au recouvrement des prêts et en engageant des
procédures judiciaires à l'encontre des emprunteurs en retard de paiement. En outre, ils
échangent régulièrement des informations sur leurs clients en circulation afin de contrôler le
crédit croisé.
Par conséquent, les IMF ont réduit le risque à un niveau gérable et, pour cette raison, l'impact
du PAR30 sur le ROE est significativement positif après la crise. Les résultats montrent
également que l'âge des IMF a un impact négatif et non significatif sur la performance
financière des IMF sur la période 2007-2017. Ce résultat est attendu du fait que les IMF
marocaines arrivent à maturité et sans améliorer leur productivité. Il semble que la
162
performance financière ne tend pas à s'améliorer avec le nombre d'années d'existence de la
structure.
Dans notre analyse, une estimation est faite en utilisant l'effet fixe d‟une analyse de
données de Panel pour tenir compte d'une corrélation positive entre les l'hétérogénéité
individuelle et les variables explicatives. L'estimation de l'effet fixe a un avantage sur le
modèle d'effet aléatoire en ce qu'il compte pour le possible corrélation entre les variables
sensibles et l'hétérogénéité non observée sans problème de paramètre accidentel comme αi
(hétérogénéité non observée) n'est pas estimée ainsi que le β (Wooleldridge, 2002).
Dans cette thèse, nous avons d‟abord fait une revue de littérature qui nous a permis
d‟identifier les indicateurs de la performance financière susceptibles de s‟appliquer aux
données empiriques. Ces dernières ont été collectionnées sur le site de Mix Market et on
contactant certaines institutions de microfinance et leurs bailleurs de fonds avec la
constitution d‟un échantillon de base de 8 IMF marocaines selon la disponibilité des données
et ce fut sur une période de 11 ans (2007-2017). Le traitement et l‟analyse des données ainsi
recueillies, nous ont permis de tester notre modèle pour mettre en évidence les déterminants
de la rentabilité des actifs des IMF ainsi que la rentabilité des capitaux propres.
Nos résultats d'estimation indiquent que le portefeuille à risque sur 30 jours et le
pourcentage des femmes emprunteuses sont les principaux facteurs déterminants de la
performance financière des IMF marocaines. Ils montrent également que la portée des
programmes des IMF affecte positivement l'autosuffisance financière.
Section 2$QDO\VHGHO¶LPSDFW
sur les bénéficiaires : Etude de terrain
La performance sociale par l‟industrie de la microfinance au Maroc reflète la
philosophie originelle du microcrédit visant d‟abord à aider les couches de la population les
plus démunies à accéder à des ressources financières et à des prestations non financières de
nature à leur permettre d‟accroître leurs revenus et améliorer leurs conditions de vie. Après les
décennies ou les bailleurs de fonds et les investisseurs mirent l‟accent sur le nécessaire
arrimage des institutions de microfinance (IMF) au secteur financier, exigeant de ces
dernières , la présentation d‟états et d‟indicateurs qui reflètent une saine situation financière,
au détriment de toute considération sociale, nous assistons ces dernières années à un juste
retour du balancier vers les préoccupations qui avaient animé les pionniers du microcrédit,
entièrement dédiées à l‟époque à l‟amélioration des conditions des populations cibles. Et c‟est
ainsi que l‟on a observé ces dernières années les acteurs de la Microfinance (bailleurs de
163
fonds, fonds d‟investissements, institutions de microfinance, agences de notation…) déployer
des efforts soutenus vers l‟émergence et le développement d‟institutions de microfinance
socialement plus responsables envers leurs clients.
Cet objectif est devenu aujourd‟hui une nécessité pour les institutions de microfinance
qui intègrent désormais la satisfaction des besoins de leurs clients dans leur mission sociale.
Être socialement responsable envers ses clients consiste pour une IMF à évaluer
l‟accomplissement des objectifs sociaux qu‟elle s‟est fixées. Ceux-ci varient naturellement
d‟une IMF à une autre. Ils concernent aussi bien la réduction de la pauvreté que la création
d‟emploi, la protection des clients que le développement d‟entreprises.
Une telle évaluation s‟effectue aujourd‟hui grâce à des outils à la fois faciles d‟usage
et efficaces, dont principalement la sociale performance indicators SPI4, MIMOSA,
Factsheet. Ces outils sont mis à la disposition des institutions de microfinance soucieuses afin
qu‟elles soient en phase avec les attentes des populations qu‟elles desservent, de jouer le rôle
social attendu d‟elles, d‟évaluer objectivement la manière dont elles mènent leur mission. Les
éléments révélés par l‟évaluation de leur performance sociale leur permettent d‟une part de
pratiquer une finance éthique, équitable, sans risque, et d‟autre part d‟offrir à leurs clients des
services financiers et non financiers à forte teneur sociale. La conjugaison de la performance
sociale avec les exigences d‟équilibre financier augure d‟une nouvelle ère pour les institutions
de microfinance où, intégrées au paysage socio-économique et financier, elles pourront
revendiquer une contribution réelle à l‟inclusion financière des couches démunies de la
population et à l‟amélioration de leurs conditions de vie. Au Maroc, l'impact de la
microfinance est censé aller au-delà de l'expansion de l'activité commerciale et des niveaux de
consommation. Les effets indirects tels que l'autonomisation des femmes, l'amélioration de
l'état de santé et du niveau d'éducation des enfants sont souvent considérés comme un impact
potentiel de la microfinance. Lorsque nous regardons comment la consommation évolue, nous
n'observons que quelques changements limités dans sa composition.
L‟impact social des institutions de microfinance marocaines appelé aussi la portée des
activités d‟une IMF, est en relation avec les clients desservis par une IMF. Bien que l‟objectif
social d‟une IMF soit de fournir les services financiers aux populations pauvres, qui n‟ont pas
accès aux services des institutions financières traditionnelles, il est aussi important que toute
IMF vise les couches les plus pauvres. Ainsi pour mesurer la performance sociale de genre
d‟organisation, on la décompose en deux parties :
- L‟étendue de la portée : le nombre de clients servis par une IMF avec ses différents
instruments ;
164
- Le degré de la portée : le type de clients servis par une IMF et leur niveau de pauvreté.
Le tableau N° 11 présente quelques indicateurs économiques et financiers pour le Maroc.
En 2017, 4,8 % de la population marocaine est considérée comme pauvre contre 6,2 % en
2010 - une réalisation remarquable pour un pays de 35 millions d'habitants qui manque de
ressources naturelles importantes. Le PIB par habitant a connu des ventilations remarquables
entre 2010 et 2017. Cette croissance économique semble contribuer à la baisse du taux de
pauvreté au Maroc. En effet, selon le Haut-Commissariat au Plan du Maroc, une croissance
économique par habitant de 1% réduit le taux de pauvreté de 2,9%. De plus, les IMF ont joué
un rôle important dans la réduction de la pauvreté, en raison de leurs activités de
développement local par le biais de partenariats formels avec le gouvernement et les autorités
locales.
Table 11: Indicateurs macroéconomiques au Maroc
Les chercheurs et les universitaires au Maroc se sont depuis longtemps déjà intéressés
à la question du microcrédit comme moyen de lutte contre la pauvreté. Afin, de poursuivre
leur travail de réflexion sur le sujet, nous avons donc réalisé notre propre enquête de terrain
auprès de bénéficiaires de ces prêts.
L‟enquête qui suit a donc la volonté d‟apporter un éclaircissement sur le microcrédit et
les institutions de microfinance au Maroc. Cependant, au vu des moyens à notre disposition
pour mener cette enquête, nous n‟avons pas travaillé sur un échantillon représentatif, nous
avons seulement recueilli des données auprès d‟un échantillon choisi de façon aléatoire en
fonction des différentes localités où a été menée cette étude, et sur la base d‟un questionnaire
élaboré à cet effet.
Ainsi, l‟échantillon n‟a pas de valeur statistique à proprement parler, et le but n‟est
donc pas d‟établir des profils type des débiteurs de microcrédits. Il s‟agit néanmoins
d‟apporter quelques éléments factuels qui permettent d‟éclairer la pratique des organismes de
microcrédit.
Les objectifs que nous avons fixés dans cette enquête sont les suivants :
165
- Etayer de façon plus solide notre argumentaire par une nouvelle approche de la
question, au plus près du terrain ;
- Mettre cet outil au service de tous ceux et toutes celles qui s‟intéressent à la question,
notamment des bénéficiaires de ces prêts ;
- L‟utiliser comme outil de campagne, notamment auprès des autres organisations, des
médias et sur le plan international ;
- Créer des liens avec le milieu universitaire ;
Le microcrédit est-il un réel moyen de développement ? Peut-il permettre aux gens de sortir
de la pauvreté ? A-t-il permis une amélioration de la vie quotidienne des gens, quel a été son
impact social et économique ? Ou contribue-t-il à l‟approfondissement de la pauvreté chez les
populations les plus précaires ?
Telles sont les questions auxquelles nous avons la volonté d‟apporter des éléments de
réponse et la raison d‟être de cette enquête.
I. Méthodologie
L‟approche globale repose sur la combinaison de deux approches de mesure d‟impact,
à savoir :
L’approche quantitative : qui consiste à réaliser une enquête auprès d‟un échantillon
représentatif d‟une population bénéficiaire du microcrédit auprès de différentes IMF installées
dans la Région de Rabat-Salé-Kenitra.
L’approche qualitative : reposant sur la réalisation d‟une série de corrélation auprès de
différents bénéficiaires du microcrédit. Elle permet d‟évaluer les aspects qualitatifs de
l‟impact du microcrédit sur la population (endettement croisé, émancipation de la femme,
satisfaction des clients) et fait ressortir les tendances communes du groupe ainsi que les
attentes des bénéficiaires des programmes de microcrédit.
166
Table 12:Répartition des bénéficiaires par milieu de résidence
Zone Nb. cit. Fréq.
Urbaine 182 87,1%
Rurale 27 12,9%
TOTAL OBS. 209 100%
Calculs de l‟auteur. (SPSS 2017)
ii. Genre
La répartition des bénéficiaires selon le genre montre que les femmes représentent
75,6% alors que les hommes représentent seulement 24,4% de notre échantillon.
Table 13:Répartition des bénéficiaires selon le genre
L‟analyse des résultats du tableau fourni ci-dessus montre que 37,8% des bénéficiaires
sont des célibataires et que 39,2% sont des mariés. Les autres catégories matrimoniales
représentent ensemble 23%.
iv. L’âge du bénéficiaire
Les caractéristiques de l‟âge des bénéficiaires peuvent être déduites du tableau ci-
dessous donnant la répartition des bénéficiaires selon les tranches d‟âge :
Table 155pSDUWLWLRQGHVEpQpILFLDLUHVVHORQ
167
bénéficiaires âgés de moins de 22 ans, mais plutôt il est plus destiné à des personnes plus
matures n‟ayant pu trouver d‟emplois « stables », ou correctement rémunérés, ou qui n‟ont
pas de couverture sociale et qu‟elles se tournent donc vers le microcrédit dans l‟espoir
d‟assurer leurs besoins et ceux de leur famille.
v. Niveau d’instruction
Nous avons cherché à connaître le niveau d‟étude des personnes interrogées, l‟état du
niveau d‟instruction des bénéficiaires est reflété par le tableau donnant la répartition des
bénéficiaires selon le genre et le niveau d‟instruction.
Table 165pSDUWLWLRQGHVEpQpILFLDLUHVVHORQO
Il en ressort que un peu près de 42,1 % des enquêtées n‟ont pas pu accéder au système
scolaire et par conséquent n‟ont aucun diplôme. Ce pourcentage regroupe les personnes
analphabètes mais également celles qui n‟ont pu finir leurs études primaires. A contrario,
seuls 8.6 % des interrogées ont pu accomplir des études supérieures universitaires.
L‟enquête s‟est ensuite attachée à connaître l‟état civil de cette population et nous
avons relevé que 86,6 % de ces personnes avaient des engagements familiaux à tenir et
avaient au moins une personne en charge. Il s‟agit donc majoritairement de familles très
nombreuses dont les besoins financiers sont importants.
vi. Personne en charge
Le tableau suivant présente la répartition des bénéficiaires du microcrédit selon le
nombre de personnes prit en charge par ménage.
Table 17:Répartition du nombre des personnes prit en charge par bénéficiaire
Nombre de personnes prit en charge Nb. cit. Fréq.
Moins de 1 62 29,7%
De 1 à 3 89 42,6%
Plus de 3 58 27,7 %
TOTAL OBS. 209 100%
Calculs de l‟auteur. (SPSS 2017)
168
x 42,6% des ménages ont une à 3 personnes en charge ;
x 27,7% des ménages ont plus de 3 personnes en charge ;
Le caractère des familles nombreuses n‟est pas pris en compte dans les critères
d‟octroi des crédits pour la majorité des institutions de la microfinance, elles passent là à côté
d‟un aspect fondamental, en négligeant les contraintes financières auxquels peuvent être
affrontées ces familles (maladie d‟un enfant, frais de scolarisation, habillement, nourriture…)
et qui pourraient engendrer des difficultés ultérieures en termes de remboursement.
vii. Logement
Nous nous sommes ensuite intéressés à la question du logement. Nous voulions en
effet connaître si les personnes interrogées étaient propriétaires de leur bien immobilier ou
non. L‟état du logement peut être appréhendé par le statut d‟occupation, le type de
construction, le nombre de pièces dans le logement et la présence des éléments de confort
dans le logement (sanitaires, cuisine, salle de bain,…).
Le tableau ci-après nous informe sur la situation de notre échantillon :
Table 185pSDUWLWLRQGHVEpQpILFLDLUHVVHORQOHV
La proportion la plus importante est celle des propriétaires et des personnes logées
gratuitement chez leurs familles avec 48,30%.
Pour le taux assez remarquable des locataires, 46,9 %, peut s‟expliquer par la
localisation de l‟enquête (essentiellement en milieu urbain) où les pratiques sociales et le
contexte font qu‟il s‟agit généralement de personnes venues d‟autres villes ou carrément des
zones rurales, où logent souvent en location.
viii. Source de revenu
Nous nous sommes intéressés aussi à connaître l‟activité principale des personnes
interrogées, et connaître ainsi leurs possibilités de ressources financières. Ainsi, on obtient,
comme indiqué dans le tableau ci-dessous :
169
Table 19:Répartition des bénéficiaires selon la source de leur revenu
On s‟aperçoit que 80,86 % sont entrepreneurs ou des personnes qui travaillent à leur
compte ou tiennent leur propre commerce. Près de 6,21% sont des salariés ou des
fonctionnaires. Alors que 12,93 % des personnes enquêtées et issus du milieu rural ont une
activité agricole ou d‟élevage.
ix. Ancienneté du bénéficiaire
Pour ce qui de l‟ancienneté des bénéficiaires chez les institutions de microfinance, il
en résulte ce qui suit dans le tableau ci-dessous :
Table 205pSDUWLWLRQGHVEpQpILFLDLUHVVHORQO
170
Table 21:Répartition des bénéficiaires selon le cycle de crédit
Il en résulte que, 30,14% des bénéficiaires ont eu recours au moins à un seul crédit
alors qu‟une forte proportion de 52,15 % ont au moins bénéficié de 2 à 4 crédits et 15,79 %
ont eu recours de 4 à 6 crédits alors que seulement 1,92% ont bénéficié de plus de 6 crédits.
2) Liens entre des variables
La présente partie met en évidence les caractéristiques des clients enquêtés, genre,
situation matrimoniale, chefs de ménage, type de prêt, remboursement du prêt, destination du
prêt, nombre de cycles de prêts et montants empruntés, impact du prêt.
Table 22:Tableau croisé entre le genre et la situation familiale du bénéficiaire
D‟une manière générale, le taux de recours au microcrédit est plus élevé chez les
mariés avec 39,2%, suivi par les célibataires avec un pourcentage de 37,8%. Le même constat
est fait pour les femmes, lorsque l‟on analyse les deux groupes distinctement (39,9%). Tandis
que chez les hommes, ce sont les célibataires qui ont le plus recourt au microcrédit avec une
large différence, notamment 52,9%, suivis par les hommes mariés (37,3%). Les personnes
divorcées ou pour celles ayant perdu leur conjoint, peuvent en revanche être dans une
situation bien plus précaire puisqu‟elles se retrouvent seules à assumer leur subsistance et
celle de leur famille cependant les résultats obtenus de 7.7% et de 15.3% respectivement pour
les personnes veuves et divorcées restent significatifs par rapport au nombre des personnes
enquêtées qui est de 16 personnes ayant perdu leur conjoint et 32 personnes divorcées.
171
Table 23:Tableau croisé du genre et qui joue le rôle de chef de ménage
Si l‟on s‟en réfère à la même étude, 55,8% des femmes jouent le rôle de chef de
ménage vis 78,4% des hommes qui prennent en charge leurs familles. D‟une manière
générale, les résultats montrent que 61,4% des personnes enquêtées prennent en charge
d‟autres personnes et 38,6% sont à la charge soit du conjoint soit d‟un parent. Ce pourcentage
montre que la grande majorité des enquêtées ont à charge une famille. Les dépenses sont donc
plus importantes, notamment en ce qui concerne les frais de santé ou de scolarisation qui
pourraient engendrer des difficultés ultérieures en termes de remboursement.
Dans l‟ensemble, les bénéficiaires rencontrent peu de difficultés pour rembourser leur
microcrédit. Seuls 11,5% sont concernés. 88,5% affirment par ailleurs avoir toujours réussi à
payer les mensualités dans les délais.
D‟après notre étude, le fait de rencontrer des difficultés de remboursement de prêt est lié
principalement à la situation de l‟activité au moment de l‟enquête et certains bénéficiaires
évoquent des incidents de paiement, dus à un découvert, qui se sont résolus après.
En général, la grande majorité des bénéficiaires dans notre cas arrivent à rembourser leurs
prêts même s‟ils trouvent que le montant des remboursements est trop élevé et malgré que
leur revenu soit parfois très tendu.
Nous avons cherché à connaître le revenu total par jour ou par semaine des personnes
interrogées, et connaître ainsi leurs possibilités de ressources financières. Ainsi, on obtient :
172
Table 25:Tableau croisé du milieu de résidence et le revenu du bénéficiaire
D'après vos estimations, quel serait votre revenu total par jour ou par Total
semaine?
Moins de Entre 50 et Entre 100 et Entre 200 et Plus de 300
50 Dhs 100 Dhs 200 Dhs 300 Dhs Dhs
Effectif 22 46 72 40 5 185
% compris dans Zone 11,9% 24,9% 38,9% 21,6% 2,7% 100,0%
% compris dans D'après 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
Total vos estimations, quel
serait votre revenu total
par jour ou par semaine?
% du total 11,9% 24,9% 38,9% 21,6% 2,7% 100,0%
Calculs de l‟auteur. (SPSS 2017)
De manière plus générale, 38,9% des personnes enquêtées ont un revenu moyen de
100 à 200 DH par jour alors que 2.7% seulement dépassent 300 DH par jour. Plus
précisément, les bénéficiaires relevant de la zone urbaine ont en majorité un revenu moyen
entre 100 et 200 DH par jour à savoir 40,3 % tandis que 26.9% des personnes vivant dans la
zone rurale ne dépassent pas un revenu moyen de 50 DH par jour.
A ce stade, nous pouvons émettre l‟hypothèse que le microcrédit n‟est que peu utilisé
pour se lancer dans la vie, mais plutôt qu‟il s‟agit de personnes n‟ayant pu trouver d‟emplois
« stables », ou correctement rémunérés, ou qui n‟ont pas de couverture sociale et qu‟elles se
tournent donc vers le microcrédit dans l‟espoir d‟assurer leurs besoins et ceux de leur famille.
En ce qui concerne la destination des prêts, nous avons regroupé les réponses en trois
catégories et par zone : pour satisfaire des besoins personnels, pour la création d‟une activité
génératrice de revenu et enfin, pour le développement d‟une activité déjà existante ayant pour
but une activité génératrice de revenus.
Table 26:Tableau croisé du milieu de résidence et la destination du prêt
173
% compris dans Le prêt a servi 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
à: (Cochez plusieurs cases si
nécessaire)
% du total 3,4% 2,9% 93,7% 100,0%
Calculs de l‟auteur. (SPSS 2017)
Ainsi, 93,7 % des prêts concernent réellement des projets visant à renforcer des
activités génératrices de revenus. Près de 3,4 % des prêts sont a contrario octroyés pour des
dépenses de consommation. Cette catégorie regroupe des dépenses diverses : aménagement
ou achat d‟une maison, remboursement d‟un autre crédit, frais liés à la maladie d‟un membre
de la famille ou achats de subsistance (achat de nourriture par exemple). Aucune de ces
activités n‟est évidemment susceptible de générer des revenus. Or ces 3,4 % des personnes
qui utilisent leur crédit pour de la consommation, sont également 3,4 % de personnes qui
risquent de ne pas être en mesure de générer assez de revenus pour pouvoir rembourser leur
crédit et qui se retrouveront donc dans une situation économique encore plus difficile
qu‟avant ce prêt. Ce qui aura évidemment un fort impact sur leur vie quotidienne.
Table 27:7DEOHDXFURLVpJHQUHHWO¶DQFLHQQHWpGX
On peut donc constater que les femmes ont une ancienneté beaucoup plus importante
que les hommes en termes de recours au microcrédit, celle-ci affiche un pourcentage de
19,00% pour les femmes ayant une ancienneté plus de 5 ans contre seulement un peu près de
6% chez les hommes bénéficiaires du microcrédit.
De manière plus générale, les bénéficiaires les plus anciens en majorité sont des
femmes. A ce stade, nous pouvons émettre l‟hypothèse que le microcrédit est vise la clientèle
féminine.
174
Table 28:Tableau croisé genre et le cycle du prêt
De même, nous pouvons clairement constater que 22,3% des femmes ont fait recours
au microcrédit plus de 3 fois contre seulement 5,9% pour les hommes qui ont fait leur
demande de microcrédit plus de 3 fois. Par contre 47,1% des hommes ont souscrit une seul
fois au microcrédit.
Table 29:TabOHDXFURLVpJHQUHHWO¶DPpOLRUDWLRQG
La grande majorité des personnes interrogées affirment que leur situation s‟est
améliorée après avoir bénéficié de l‟emprunt avec un pourcentage de 67,5%.
Table 30:Tableau croisé entre le prêt et sa finalité
175
Au total, 93,6% des prêts octroyés sont destinés à consolider ou développer une
activité génératrice de revenus alors que seulement 3,4% des prêts sont pour des fins
personnelles. De même on remarque que 3% des prêts été destinés pour démarrer une activité
génératrice de revenu même si, il est bien connu que les institutions de microfinance au
Maroc n‟octroient pas de crédit pour les personnes souhaitons démarrer une activité.
Table 31:Tableau croisé entre le type prêt et le montant de prêt
Comment avez-vous trouvez le montant du prêt offert par votre institution? Total
Faible (très en Juste (répond Elevé Très élevé (très
dessous de mes adéquatement à mes (supérieur à supérieurs à mes
besoins) besoins) mes besoins) besoins)
Effectif 110 52 7 5 174
Individuel 63,2% 29,9% 4,0% 2,9% 100,0%
Collectif/solidaire 19,7% 5,5% 0,0% 16,7% 15,1%
Calculs de l‟auteur. (SPSS 2017)
Pour ce qui est du montant des prêts octroyés, 63,2% des bénéficiaires qui ont
bénéficié d‟un crédit individuel estiment que les montants des prêts sont trop faibles et très en
dessous de leurs besoins contre 19,7% des personnes qui ont bénéficié d‟un crédit solidaire.
Au total 82,9% des bénéficiaires jugent que les montants de crédit octroyés par les institutions
de microfinance au Maroc sont trop faibles et insuffisant pour développer leurs activités.
Ceux-ci ont bien souvent besoin de réaliser plusieurs emprunts successifs afin de
véritablement développer leur activité. La question qui se pose ici, au vu de ces résultats, est
la suivante : est-ce que ces sommes sont réellement suffisantes pour démarrer et pérenniser
une activité génératrice de revenus ? Ces prêts correspondent-ils aux véritables besoins des
bénéficiaires ?
176
Table 32:Tableau croisé entre le type prêt et le remboursement du prêt
Plus de 79.2% des bénéficiaires individuels déclarent être insatisfaits des échéances
trop élevées et d‟une durée très courte de leurs prêts contre 20.8% des bénéficiaires dans le
cadre d‟un groupe collectif. En moyenne 48.6% des bénéficiaires jugent que les taux
d‟intérêts sont élevés.
En effet, les taux d‟intérêts sont compris entre 20 et 30 %, à rembourser
mensuellement, et ce dès le premier mois suivant l‟emprunt.
Table 33: Tableau croisé entre le montant des échéances et la difficulté de remboursement du
prêt
177
Sur notre échantillon, 80,7 % des personnes ont été en mesure de rembourser la totalité
de la somme empruntée. Mais il est apparu cependant que de nombreuses personnes ont eu
des retards ou des difficultés à rembourser et ont subi des pressions ou des menaces. Elles ont
ainsi remboursé par peur de représailles juridiques.
Environ un tiers (19,3 %) se sont retrouvées dans une situation financière trop précaire
pour pouvoir le faire. Même si cet échantillon n‟est pas représentatif, nous sommes tout de
même bien proches des chiffres affichés par le secteur, qui annonce des taux de
remboursement se situant autour de 95 %. Est-ce que ce sont nos enquêtées qui cachent leurs
difficultés à rembourser leurs crédits par peur ou est-ce que les IMF cherchent à donner une
meilleur image de l‟efficacité de leurs organismes que celle qu‟ils ont en réalité ?
Il ressort de cet résultat que plus de 70 % des personnes n‟ont pas trouvé de difficulté
à rembourser leurs prêts malgré que c‟est même personnes jugent que le montants des
échéances sont trop élevés.
Table 34:Test Khi-Deux
Pour tester l'existence d'une liaison entre les variables, on utilise le test du khi-deux
d'indépendance (Voir annexes).
Règle basée sur la p-valeur : si αobs ≤ α on rejette H0 au risque d'erreur α. Nous avons obtenu
les résultats suivants :
La p-valeur dépasse (largement) le niveau 5% choisi. On ne peut pas rejeter H0. Au niveau
5% et avec un risque d'erreur β inconnu, on ne peut pas conclure qu'il existe un lien entre la
178
situation matrimoniale et la difficulté de remboursement de prêt et entre le genre et
l‟amélioration de la situation familiale.
En revanche le test Khi-deux affiche une certaine significativité en ce qui concerne la relation
entre les autres variables.
3) L’analyse ANOVA
L‟ANOVA est une méthode d‟analyse qui permet d‟envisager l‟étude de la
dépendance d‟une variable quantitative à une (ou deux) variable(s) qualitative(s). Les
variables qualitatives impliquées sont appelées facteurs. On peut s‟intéresser aux effets
principaux de ces facteurs ainsi qu‟à l‟effet de leur interaction sur la variable quantitative
étudiée. L‟analyse ANOVA est dite univariée lorsqu‟un seul facteur est considéré, et bivariée
lorsque deux facteurs sont considérés. La variable quantitative est ainsi appelée variable
dépendante, et les facteurs sont appelés variables indépendantes.
Il s‟agit d‟établir si la dépendance étudiée est significative, ou non, pour le facteur
considéré. Autrement dit, il s‟agit de tester si la moyenne de la variable quantitative étudiée
est homogène, ou non, pour l‟ensemble des modalités prises par la variable qualitative pour
lesquelles elle a été calculée. Le but, afin de montrer qu'une ou deux variables qualitatives
influent sur la variable quantitative, est de rejeter l‟hypothèse nulle d‟égalité des moyennes
par l‟analyse de la variance. Concrètement, ce test nous permet de comparer les moyennes de
deux ou plusieurs échantillons séparés en deux ou plusieurs groupes par une variable
catégorielle comptant deux ou plusieurs modalités. L‟hypothèse nulle, noté H0, confirmera
que les moyennes sont égales ; l‟hypothèse alternative, noté H1, que les moyennes sont
différentes. Les hypothèses de l‟ANOVA ne nous permettent pas de déterminer d‟où provient
cette différence (quelle moyenne diffère des autres). Rejeter H0 peut signifier que les
moyennes étudiées sont significativement différentes, ou seulement 2 d‟entre elles diffèrent
de manière significative. Afin de déterminer le sens de ces relations nous aurons besoin
d‟effectuer des tests complémentaires, dits tests post hoc.
Le test d‟hypothèses réalisé est un test F de Fisher permettant de comparer la variance
inter-échantillon à la variance intra-échantillon. Le rapport de ces deux variances (F =
variance inter / variance intra) doit s‟éloigner de la valeur 1 pour être amené à rejeter
l‟hypothèse nulle. L‟idée de base est d‟expliquer la diversité des informations, contenues dans
les variables étudiées, par l‟analyse de leur variance.
Les tests post-hoc sont structurés en fonction de l‟homogénéité ou non des variances.
Le test de Tukey, pour le cas où les variances sont homogènes, est puissant et largement
179
accepté. En plus d‟être paramétrique, ce test postule une égalité dans la taille des échantillons.
En cas d‟inégalité, il est préférable de se référer au test de Scheffe. En cas de variances
inégales, nous nous référons au test de Games-Howell.
Dans ce qui suit nous analysons, à l‟aide de la méthode ANOVA à un facteur, la
dépendance ou non de la variable quantitative « montant des prêts » aux facteurs qualitatifs
« revenu par bénéficiaire ».
i. ANOVA à un 1 facteur
Nous considérons dans un premier temps le montant des prêts demandés par les
bénéficiaires ou octroyés par les institutions de microfinance étudié en fonction du revenu
quotidien des bénéficiaires décliné en 5 modalités à savoir : moins de 50 dirhams par jour,
entre 50 et 100 dirhams par jour, entre 100 et 200, entre 200 et 300, et plus de 300 dirhams
par jour. Le facteur revenu, qui est dans notre cas une variable qualitative ordonnée, pourrait
expliquer les montants demandés ou octroyés par les institutions de microfinance aux
bénéficiaires, qui est la variable dépendante quantitative.
x Revenu quotidien
Table 35:Test de la moyenne de la variable quantitative (Revenu du bénéficiaire).
Quel était le montant de prêt? (indiquez plusieurs montants si vous avez obtenus plusieurs prêts)
N Moyenne Ecart-type Erreur standard Intervalle de confiance à 95% pour Minimum Maximum
la moyenne
180
x La finalité du prêt
Quel était le montant de prêt? (indiquez plusieurs montants si vous avez obtenus plusieurs prêts)
N Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimum Maximum
standard 95% pour la moyenne
Borne Borne
inférieure supérieure
Satisfaire des besoins personnels 7 13928,57 9329,293 3526,141 5300,41 22556,73 3500 25000
Démarrer une nouvelle activité génératrice 6 7500,00 3016,621 1231,530 4334,25 10665,75 3000 10000
de revenu
Consolider la situation d'une entreprise 191 8790,58 4298,178 311,005 8177,11 9404,04 1000 28000
déjà existante
Total 204 8928,92 4585,649 321,060 8295,88 9561,96 1000 28000
Le montant des prêts demandés par les bénéficiaires ou octroyés par les institutions de
microfinance est étudié ensuite en fonction de la finalité du prêt décliné en 3 modalités à
savoir : satisfaire des besoins personnels, démarrer une nouvelle activité génératrice de
revenu, et consolider la situation d'une entreprise déjà existante. Ensuite, le montant des prêts
demandés par les bénéficiaires ou octroyés par les institutions de microfinance est étudié en
fonction de l‟impact concret du microcrédit :
x /¶LPSDFWFRQFUHWGXPLFURFUpGLW
Table 36:Test de la moyHQQHGHODYDULDEOHTXDQWLWDWLYH /¶L
Quel était le montant de prêt? (indiquez plusieurs montants si vous avez obtenus plusieurs prêts)
N Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à Minimu Maximu
standard 95% pour la moyenne m m
Borne Borne
inférieure supérieure
D'augmenter mon revenu 81 8561,73 3912,626 434,736 7696,58 9426,88 2000 20000
Lisser ma consommation et d'acquérir de nouveaux 60 9750,00 5367,432 692,932 8363,45 11136,55 2000 25000
biens
De constituer une épargne 2 7500,00 3535,534 2500,000 -24265,51 39265,51 5000 10000
Diversifier mes sources de revenus 6 10833,33 5845,226 2386,304 4699,14 16967,52 5000 20000
Améliorer l'alimentation et la scolarisation de mes 1 3000,00 . . . . 3000 3000
enfants
Accéder aux services médicaux 2 9000,00 1414,214 1000,000 -3706,20 21706,20 8000 10000
181
x Caractéristiques du montant du prêt :
Table 37:Test de la moyenne de la variable quantitative (Caractéristiques du montant du prêt).
Quel était le montant de prêt? (indiquez plusieurs montants si vous avez obtenus plusieurs prêts)
N Moyenne Ecart-type Erreur Intervalle de confiance à 95% pour la Minimum Maximum
standard moyenne
Borne Borne supérieure
inférieure
Faible (très en dessous de mes besoins) 138 8626,81 4233,194 360,353 7914,24 9339,39 1000 28000
Juste (répond adéquatement à mes 55 9618,18 5536,883 746,593 8121,35 11115,01 2000 25000
besoins)
Elevé (supérieur à mes besoins) 7 8428,57 2149,197 812,320 6440,90 10416,25 5000 10000
Très élevé (très supérieurs à mes 5 8000,00 2738,613 1224,745 4599,56 11400,44 5000 10000
besoins)
Total 205 8870,73 4544,078 317,372 8244,98 9496,48 1000 28000
x Difficultés du remboursement :
Quel était le montant de prêt? (indiquez plusieurs montants si vous avez obtenus plusieurs prêts)
N Moyenne Ecart-type Erreur standard Intervalle de confiance à 95% pour la Minimum Maximum
moyenne
Borne inférieure Borne supérieure
Oui 40 9450,00 4302,355 680,262 8074,04 10825,96 4000 23000
Non 167 8793,41 4624,856 357,882 8086,83 9500,00 1000 28000
Total 207 8920,29 4561,572 317,051 8295,21 9545,37 1000 28000
Calculs de l‟auteur. (SPSS 2017)
D‟après l‟ensemble des tableaux des statistiques descriptives, sur la base des grandes
différences d‟effectifs entre les différents groupes, nous savons déjà que nous allons devoir
abandonner le test de Tukey.
Table 38:Tableau récapitulatif du test de Levene.
Test de Levene
Montant de prêt Statistique de Levene Signification Décision
Finalité du prêt 12,784 0,000 Variances non homogènes
Caractéristique du montant 2,736 0,044 Variances non homogènes
Difficulté à rembourser 0,128 0,719 Variances homogènes
Revenu quotidien 1,442 0,222 Variances homogènes
L‟impact concret du microcrédit 0,785 0,582 Variances homogènes
Calculs de l‟auteur. (SPSS 2017)
182
Le test de Levene, destiné à comparer les variances, nous montre que les variances
sont homogènes, les significations (0,719) ; (0,222) et (0,582) étant nettement supérieures à
0,05. Nous poursuivons donc l‟analyse.
Le test de Levene, destiné à comparer les variances, nous montre que les variances ici
ne sont pas homogènes, les significations (0,000) et (0.044) étant nettement inférieures à 0,05.
Nous rejetons l‟hypothèse nulle stipulant que les variances sont homogènes, et concluons que
les variances ne sont pas homogènes dans les groupes, ces derniers sont donc statistiquement
différents ou hétéroscédastiques.
Table 397HVWGHO¶$129$
ANOVA à 1 facteur
Quel était le montant de prêt? (indiquez plusieurs montants si vous avez obtenus plusieurs prêts)
Somme des carrés ddl Moyenne des carrés F Signification
Le tableau de l‟ANOVA affiche une haute significativité pour les variables « revenu
quotidien » et « finalité de prêt ». Nous rejetons alors l‟hypothèse nulle, disant que les
moyennes sont égales. Le tableau ci-dessus nous indique l‟essentiel des informations dont
nous avons besoin pour notre analyse, à savoir les valeurs de F (test de Fischer) et de P
(significativité).
183
Table 40:Tests d'égalité des moyennes
Quel était le montant de prêt? (indiquez plusieurs montants si vous avez obtenus plusieurs prêts)
Tandis que le test ANOVA indique une inégalité des moyennes, les tests de robustesse
Welch et Brown-Forsythe indiquent clairement l‟inverse. Les probabilités pour les variables
« finalité de prêt », « caractéristique du montant » et « difficulté à rembourser le prêt » sont
supérieures à 0,05 et ne nous permettent pas de rejeter l‟hypothèse d‟égalité des moyennes.
Pour la variable « revenu quotidien », le test de Levene étant non significatif, le tableau ci-
dessus n‟a pas beaucoup d‟importance, bien que la significativité étant inférieure à 0,05
(0,019 et 0,009) nous indique une inégalité des moyennes.
3
Voir les annexes
184
¾ Finalité du prêt
Table 41:Test post-hoc (Finalité du prêt).
Variable dépendante: Quel était le montant de prêt? (indiquez plusieurs montants si vous avez obtenus plusieurs prêts)
(I) Le prêt a servi à: (Cochez plusieurs cases si (J) Le prêt a servi à: (Cochez plusieurs cases si Différence de Erreur Signification Intervalle de confiance à 95%
nécessaire) nécessaire) moyennes (I-J) standard
Borne Borne supérieure
inférieure
*
Démarrer une nouvelle activité génératrice de 6428,571 2505,901 ,030 511,62 12345,52
Satisfaire des besoins personnels (précisez-le revenu
s'il vous plaît) Consolider la situation d'une entreprise déjà 5137,996* 1733,340 ,009 1045,22 9230,77
Test de existante
Tukey Démarrer une nouvelle activité génératrice de Satisfaire des besoins personnels (précisez-le s'il -6428,571* 2505,901 ,030 -12345,52 -511,62
revenu vous plaît
Consolider la situation d'une entreprise déjà Satisfaire des besoins personnels (précisez-le s'il -5137,996* 1733,340 ,009 -9230,77 -1045,22
existante vous plaît
Démarrer une nouvelle activité génératrice de 6428,571* 2505,901 ,039 248,76 12608,38
Satisfaire des besoins personnels (précisez-le revenu
s'il vous plaît) Consolider la situation d'une entreprise déjà 5137,996* 1733,340 ,014 863,40 9412,59
Scheffe existante
Démarrer une nouvelle activité génératrice de Satisfaire des besoins personnels (précisez-le s'il -6428,571* 2505,901 ,039 -12608,38 -248,76
revenu vous plaît
Consolider la situation d'une entreprise déjà Satisfaire des besoins personnels (précisez-le s'il -5137,996* 1733,340 ,014 -9412,59 -863,40
existante vous plaît
Calculs fait par nous même (SPSS 2017).
*. La différence moyenne est significative au niveau 0.05.
Les tests post-hoc, notamment le test de Tukey et Scheffe indique les groupes qui s‟opposent, tandis que test de Games-Howell n‟affiche
aucune différence moyenne significative. Les résultats sont donc mitigés pour cette relation éventuelle liant les deux variables « montant des
prêts » et « finalité du prêt».
185
¾ Revenu quotidien
Table 42:Test post-hoc (Revenu quotidien).
Variable dépendante: Quel était le montant de prêt? (indiquez plusieurs montants si vous avez obtenus plusieurs prêts)
(I) D'après vos estimations, quel serait votre revenu total par (J) D'après vos estimations, quel serait votre Différence de Erreur Signification Intervalle de confiance à 95%
jour ou par semaine? revenu total par jour ou par semaine? moyennes (I-J) standard
Borne inférieure Borne supérieure
*
Entre 200 et 300 dhs -3197,222 950,171 ,008 -5815,69 -578,76
*
Entre 50 et 100 dhs 3197,222 950,171 ,008 578,76 5815,69
*
Entre 200 et 300 dhs -3197,222 950,171 ,026 -6154,76 -239,69
*
Entre 50 et 100 dhs 3197,222 950,171 ,026 239,69 6154,76
*
Entre 200 et 300 dhs -3197,222 983,946 ,015 -5955,30 -439,14
*
Entre 50 et 100 dhs 3197,222 983,946 ,015 439,14 5955,30
Calculs fait par nous même (SPSS 2017).
*. La différence moyenne est significative au niveau 0.05.
186
Les tests post-hoc nous permettent de vérifier lesquelles de nos moyennes sont
significativement différentes. Le tableau compte 3 parties correspondant aux 3 tests effectués.
Les différences significatives sont signalées par des étoiles. Les groupes étant de tailles
différentes, le test de Tukey n‟est pas d‟une grande utilité. De même, puisque nos variances
sont homogènes, nous ne nous intéressons pas au test de Games-Howell. Le test de Scheffe
indique que le groupe ayant un revenu entre 50 et 100 DH s‟oppose au groupe de revenu entre
200 et 300 DH. La moyenne des montants des prêts octroyés diffère significativement entre
les niveaux de revenus hebdomadaires, particulièrement entre ces deux groupes. Autrement
dit, le montant des prêts demandés/obtenus dépend significativement du revenu quotidien des
bénéficiaires. Cette différence provient essentiellement des disparités entre les deux groupes
50 à 100 DH et 200 à 300 DH. Ce résultat peut être observé directement via le diagramme des
moyennes.
187
II. Résultats
En générale, la majorité des bénéficiaires utilisaient leur prêt à des fins commerciales,
soient pour développer leurs activités ou acheter de nouveaux produits ou matériels. On peut
dire que la responsabilité et la crédibilité ici présentent de la majorité des emprunteurs
enquêtés.
Nous avons aussi constaté lors de notre enquête et nos entretiens avec les bénéficiaires
que les prêts accordés ne sont pas certes élevés dont les montants ne dépassant pas 40.000
dirhams, mais permettent tout de même le développement du projet ou la création d'un projet
qui fournit un revenu suffisant pour payer le prêt et pour garantir les dépenses quotidiennes et
d‟après les résultat de notre enquête en revanche la majorité des bénéficiaires font en générale
recours à plusieurs crédits pour qu‟ils puissent maintenir la continuité et assurer le
développement de leurs activités et généralement ce sont des anciens clients de l‟institution.
Cependant, on constate que les microcrédits sont loin d‟apporter une solution de sortie
de la pauvreté car au lieu de chercher de quoi faire vivre leurs familles , c‟est la question du
remboursement qui devient le problème majeur des bénéficiaires qui trouvent que les
montants des échéances sont beaucoup trop élevés par rapport au montant des prêts qui sont
beaucoup moins faibles.
En revanche, nous avons relevé que la majorité des emprunteurs n‟ont pas présenté des
garanties pour avoir le crédit, cela peut s‟expliquer par la concurrence acharnée entre les
institutions de microfinance qui renforce les efforts visant à attirer de nouveaux clients. Ce qui
pousse les employés à chercher le plus grand nombre de clients sans même présenter des
garanties. En outre, ces employés sont rémunérés en fonction du nombre de dossiers
contractés, et sont alors plus motivés par le nombre de dossiers que par les garanties moins
encore de la qualité des projets
Les institutions de microfinance (IMF) ont l‟autorité absolue quant à la détermination
des conditions des contrats des microcrédits, que les clients ne peuvent qu‟accepter, car ils ne
disposent pas des garanties bancaires (titres de propriétés, salaires ou emploi stable) comme
exigées par les banques commerciales, dans notre échantillon des institutions proposent voir
obligent les bénéficiaires à souscrire un contrat de microassurance avec le contrat de prêt.
La majorité des clients affirment d‟avoir ignoré le taux d‟intérêt effectif annuel qu‟ils devront
payer pour accéder au crédit. En effet, les institutions de microfinance dissimulent
188
délibérément cette clause. Dans le contenu du contrat, elles se contentent habituellement de
signifier le montant de l‟échéance mensuelle des remboursements à verser.
Notre étude convient que la majorité des microcrédits ciblent des petites activités
génératrices de revenus dans une proportion pouvant atteindre jusqu'à 90 % des personnes
interrogées. Cependant 80% de ces activités sont des activités informelles tels que la vente de
vêtements, de produits cosmétiques, de fruits et légumes ou épicerie, etc. Il en conclue que les
microcrédits ont atteint leurs objectifs et qu'une proportion importante des personnes
interrogées est satisfaite des services dont elles bénéficient.
Nos résultats sont basés uniquement sur des réponses qui ne permettent pas de
connaître la situation sociale des personnes interrogées et d‟établir une évaluation objective de
leurs activités économiques. Soulignons de plus l'absence de données sur le statut des
personnes interrogées avant d‟entamer l‟étude.
Conclusion du chapitre 2
La microfinance est un moyen de lutte contre la pauvreté, à travers le financement des
activités génératrices de revenus pour les ménages pauvres. Cependant, la meilleure manière
d'aider les pauvres à avoir accès aux services financiers oppose l‟approche des welfarists à
celle des institutionalists. Bien qu‟elles partagent l‟objectif de réduction de la pauvreté, ces
deux approches placent la microfinance à la croisée des chemins.
L‟objectif de ces IMF est d‟atteindre la meilleure performance possible, ce qui peut
être réalisé lorsqu‟elles parviennent à concilier deux exigences : la performance sociale (PS)
en réduisant la pauvreté et la performance financière (PF) en assurant une rentabilité pérenne.
Cependant, ces deux exigences suscitent un débat entre deux courants de pensée opposés : les
welfarists font valoir l‟exigence sociale de ciblage des plus pauvres et d‟amélioration de leurs
conditions de vie, les institutionalists défendent l‟exigence économique de la rentabilité et de
la viabilité de l‟institution. Les IMF marocaines fournissent une illustration pertinente de ce
débat et l‟analyse de leur activité permet de nous fournir une visibilité sur leur performance
financière et sociale.
189
Conclusion de la deuxième partie
La microfinance est souvent abordée dans la littérature comme un outil qui permet aux
exclus du système financier formel d‟avoir accès à des sources de financement en constituant
ainsi un moyen de combattre l‟exclusion et la pauvreté. L'objectif de cette thèse est d‟évaluer
la performance sociale des IMFs marocaines et d‟analyser les indicateurs qui affectent leur
performance financière. En effet, la performance financière est cruciale car la viabilité des
IMF augmente l'accès des pauvres aux services financiers et à tous ceux qui sont exclus du
secteur financier traditionnel, ce qui démontre que la performance financière est liée avec la
performance sociale.
A présent, la microfinance se trouve à la croisée des chemins entre une vision
institutionnaliste et welfariste. Ces deux approches placent la performance sociale et la
performance financière en opposition. L‟étude de ces deux types de performance,
distinctement, nous permet d‟analyser les objectifs que l‟IMF veut atteindre tout en
s‟appuyant sur les résultats des études empiriques faites dans ce cadre.
La performance de l‟IMF s‟apprécie non seulement au niveau de leurs clients mais
aussi au niveau d‟elle-même. L‟accent a été porté d‟avantage sur la performance financière
pour analyser la pérennité du secteur de la microfinance. Étant donné que généralement la
rentabilité se mesure aux résultats, et plus précisément aux profits générés par l‟activité des
IMF, l‟analyse des indicateurs clés déterminants de cette rentabilité nous permet de constater
que le portefeuille à risque supérieur à 30 jours et le pourcentage des femmes emprunteuses
ont un impact important sur l'autosuffisance opérationnelle et la rentabilité économique
(ROA) des IMFs.
L'objectif de ce travail a été de déterminer les types d‟indicateurs financiers et sociaux
expliquant les performances financière et sociale des IMFs au Maroc selon les types
d'activités financées et les microcrédits octroyés. Pour ce faire, nous avons optée pour une
étude de cas basée sur un questionnaire destiné aux bénéficiaires du microcrédit auprès des
institutions de microcrédit marocaines dans la région de Rabat-Salé-Kenitra à fin d‟analyser
l‟impact de ces prêts sur les critères jugés les plus utilisés pour évaluer l‟impact des IMF sur
les populations bénéficiaires qui sont : l‟amélioration des revenus, de la consommation, la
création et le développement des micro-entreprises et plus généralement l‟amélioration des
conditions de vie.
Dans une deuxième approche, et afin d‟évaluer la performance financière, nous avons
employé certains indicateurs standards à savoir : l'autosuffisance opérationnelle, la rentabilité
190
économique (ROA), le portefeuille à risque supérieur à 30 jours. Par ailleurs, la portée sociale
a été captée par la taille moyenne annuelle du microcrédit et le nombre moyen de pauvres et
de femmes bénéficiaires du microcrédit, le nombre moyen de clients emprunteurs, la variation
et la diversité moyenne du portefeuille des microcrédits.
La technique des données d'enquête a été employée pour collecter les données. À la
suite de celle-ci, un échantillon de 8 IMFs a été analysé par le biais des statistiques
descriptives et des équations de régression linéaire multiple. Les résultats obtenus montrent
qu'au regard des activités financées, les microcrédits étudiés expliquent faiblement la
performance financière et sociale des IMFs au Maroc, par contre, les microcrédits accordés
expliquent fortement les performances financière et sociale des IMFs au Maroc. Les
implications managériales suggèrent aux IMFs au Maroc d'accroître leurs performances
financière et sociale au plan des activités financées. Par ailleurs, ce travail peut être amélioré
en tenant compte du statut légal et de la taille des IMFs dans l'analyse des données.
191
Conclusion générale
Initialement, la microfinance a été toujours présentée comme un moyen de lutte contre
la pauvreté (Guérin et Servet, 2005), en offrant des possibilités d‟accès à des services
financiers à des populations exclues du système bancaire classique. Une évolution rapide et
un développement soutenu à travers le monde ont permis à la microfinance de poursuivre sa
croissance et de se professionnaliser surtout dans un contexte socio-économique en pleine
mutation.
Le contexte général suscite de nombreuses interrogations sur la performance sociale et
financière du secteur. Pour définir la performance financière et sociale de la microfinance, il
est donc nécessaire d‟inclure certains paramètres socio-économiques et de déterminer les
indicateurs les plus pertinents de la performance économique et financière des IMFs pour
évaluer sa performance. Cette démarche devient de plus en plus la norme pour les chercheurs
(Morduch et al. 2007, Servet, 2006). D‟autant plus qu‟un nombre important d‟institutions de
microcrédit tentent de combiner des objectifs sociaux et financiers (Labie, 2004) afin
d‟assurer les missions et résultats escomptés.
D‟après les résultats de notre analyse suite à notre étude de terrain réalisée auprès des
bénéficiaires du microcrédit dans la région de Rabat-Salé-Kenitra, il est difficile de prouver
que les microcrédits contribuent à la réduction de la pauvreté par le biais des « financements
de projets générateurs de revenus » pour les raisons suivantes :
x En moyenne les prêts ne dépassent pas les cinq mille dirhams, montant insuffisant pour
investir dans des projets productifs, ou même une activité commerciale. Les données
fournies par les bénéficiaires prouvent que plus de la moitié des « microprojets » des
bénéficiaires des prêts est limitée à des activités commerciales. On sait que le mot
"commercial" est souvent utilisé pour dissimuler l‟orientation des microcrédits vers la
satisfaction des besoins de consommation des bénéficiaires (logement, équipements
ménagers, traitements médicaux, etc.) Il est étrange que les institutions ne fournissent pas
de données sur l‟utilisation des microcrédits dans de telles activités de consommation et
même les clients cachent la vrai raison de demande du prêt qui est dans la majorité des
cas destiné à la consommation, en dépit du fait que la loi elle-même autorise l‟octroi de
prêts à la consommation. La raison en est simple : par la dissimulation des crédits à la
consommation et en les considérant comme des prêts investis dans des projets productifs
(agriculture, industrie traditionnelle), les institutions de microfinance tentent de gagner la
confiance des banques commerciales et des institutions de financement et les
192
bénéficiaires tentent de gagner la confiance des institutions de microcrédit afin de
pouvoir bénéficié du prêt et reconduire en cas de besoin tout en respectant la principale
condition à laquelle est destiné le prêt ; celle du développement d‟une activité génératrice
de revenu . Pour cette raison, nous ne pouvons pas faire confiance aux données fournis
par les clients et aussi par les institutions de microfinance concernant les activités
auxquelles sont destinés les microcrédits et les emplois qu‟elles prétendent avoir créent.
x Il est rare que les petits projets puissent aboutir, ils sont condamnés le plus souvent à
s‟effondrer. Les amendements apportés à la loi sur le microcrédit est une preuve que
l‟idée des « projets générateurs de revenus » est un échec. Cinq ans seulement après la
promulgation de la loi régissant l'activité des associations de microcrédit qui a défini leur
objectif comme étant de participer au financement de projets d‟activités de production ou
de services « générateurs de revenus », cet objectif a été ajusté en 2004. Depuis cette
date, le financement des logements et leur équipement en eau et électricité a été ajouté
aux objectifs des microcrédits. Depuis le début de l'année 2007, il est devenu possible de
fournir des prêts quel qu‟en soit le motif, même si c‟est purement pour la consommation.
Pour la viabilité financière des institutions de microfinance au Maroc, il est clair
aujourd'hui que la baisse du portefeuille en pourcentage de risque et le nombre croissant de
clients montrent que le secteur de la microfinance au Maroc est de retour sur la bonne voie et
prêt à poursuivre son succès. Toutefois, il est difficile de faire une évaluation détaillée de la
quantité d'informations qui a été appris pendant la crise en raison du manque des données
actuelles. Il existe de nombreuses visions bien formulées et des lignes directrices concernant
l'avenir de la microfinance au Maroc avec beaucoup de projets à mener au cours des
prochaines années. De nombreuses améliorations ont été promises, notamment en ce qui
concerne le problème de concentration des IMF; une carte interactive sur le champ de
fonctionnement du différentes IMF a été assurée, mais il semble ne pas fonctionner
correctement encore.
L‟étude empirique montre bien qu‟il n‟y a pas nécessairement un arbitrage obligatoire
entre le ciblage des pauvres et la viabilité financière. En effet, dans certaines IMF, une
convergence apparaît entre les dimensions sociales et financières. Cela montre que ces
institutions sont conscientes que la performance sociale agit positivement sur la performance
financière. Cette convergence paraît surprenante à la lumière de la littérature sur la relation
entre performance sociale et viabilité financière, et qui place, en général, le ciblage des
pauvres et la rentabilité en opposition.
193
En guise de conclusion, on peut avancer que pour assurer la pérennité de l‟IMF, il est
nécessaire de viser une complémentarité entre les objectifs de la performance sociale et la
performance financière. Les IMF doivent poursuivre donc un double objectif : d‟une part,
s‟approcher plus des populations les plus vulnérables (les plus pauvres et les femmes) pour
accroître l‟impact social de leurs activités et d‟autre part, se montrer bons gestionnaire des
ressources financières qu‟elles reçoivent. La performance d‟une IMF se base donc sur des
critères sociaux et financiers, mettant en exergue le caractère hybride de la microfinance qui
concilie marché et solidarité.
En effet, dans notre analyse de nombreuses IMF ont montré qu‟il est possible de
concilier les deux objectifs de performance au niveau social et financier. Elles ont ainsi
cherché activement à remplir leur mission sociale et leurs objectifs financiers en établissant
une certaine confiance envers leurs clients, en travaillant de façon professionnelle, efficace,
transparente et socialement responsable pour l‟adaptation de leurs services, le renforcement
des capacités de leurs bénéficiaires, leur insertion dans la communauté où elles opèrent. Il est
donc possible de toucher des populations pauvres tout en étant financièrement durable.
Dans ce contexte, les résultats montrent que le secteur se trouve aujourd‟hui à une
phase mitigée de son développement où il est intéressant de tirer les leçons de ces dernières
années, tout en soulignant les domaines où des progrès importants restent à accomplir pour
lieux préparer l‟avenir de la microfinance et assurer la pérennité de ses institutions.
Cependant, nous n'avons pas la prétention à travers cette recherche d'avoir présenté
des résultats sans faille. Aussi, avons-nous rencontré divers obstacles au cours de nos
analyses. C'est le lieu de les évoquer :
Certaines des mesures utilisées dans les régressions du chapitre 2 limitent
potentiellement la validité des résultats. Le nombre d‟observation et l‟âge de notre échantillon
sont réduits. Bien que l'utilisation du modèle statique soit certainement utile, pertinente, et
largement approuvée dans la littérature, il existe néanmoins plusieurs façons de mesurer une
variable. On pourrait bien opter pour un modèle dynamique pour assurer une estimation plus
efficiente de nos résultats.
Une autre limite concerne la mesure de performance du secteur de la microfinance ;
bien que les indicateurs choisis soient largement utilisés dans la littérature et dans la pratique
pour prendre en compte l‟efficacité du secteur, des indicateurs plus significatifs sont
nécessaires pour mieux contrôler les caractéristiques de la performance d‟une IMF,
notamment le concept de la gouvernance et le volume de l‟épargne , et leur importance tout au
194
long de la période étudiée, quant à leur contribution aux performances financières et sociales
de chaque institution.
Notre enquête sur le terrain n‟a pas connu véritablement une phase exploratoire qui
devrait servir de préliminaire dans le choix de méthodologie d‟analyse des données. En effet,
cette étape était sensée nous permettre d‟identifier tous les facteurs importants et nécessaires
pour l‟étude. Toutefois, les items de l‟enquête ont été choisis de manière à ne rien laisser au
hasard ce qui implique la surcharge du questionnaire. Mais cette lourdeur s‟explique du fait
que nous ne disposions au départ d‟aucune donnée fiable.
Par ailleurs, pour réduire le temps soit peu d‟erreur dans la procédure, il a été mené
une enquête probatoire pour tester les questionnaires ce qui n‟a pas eu réellement d‟impact sur
la nature des données répertoriées. Il y a lieu de noter tout de même l‟importance d‟un tel
cheminement pour l‟administration finale des questionnaires. En effet, nous avons pu tester la
cohérence et la compréhension de nos propos vis-à-vis des enquêtés. Ceci est compréhensible
parce que la langue (le français) dans laquelle est rédigé le questionnaire a des fortes chances
d‟être différente de celle dans laquelle ils seront administrés (la majorité des enquêtés ne parle
pas le français). Deux types des données ont été recensées : quantitatives qui ne sont pas
toujours disponibles et qualitatives, ce qui suppose un fort effort d‟interprétation. A ce niveau,
des biais existent surement.
Pour l‟analyse des questionnaires, la contrainte résulte même de la nature des données
recueillies (qualitatives et quantitatives), différentes méthodes ont été adoptées pour prendre
en compte les deux dimensions ci-citées.
Bien que cette thèse ait pris en considération les principaux indicateurs en termes de
performance, en utilisant la décomposition (financière et sociale), les travaux de recherches
futures devraient examiner de manière plus précise les déterminants de performance des IMF,
notamment celles provenant des résultats d'audit comptable et l‟outil d‟audit social afin
d‟élaborer des tableaux de bord pour faire des suivis de leurs activités et évaluer leur
performance.
Il est important d‟engager une réflexion globale sur les orientations stratégiques du
secteur de la microfinance. D‟où la nécessité d‟une étude pour une meilleure optimisation de
la performance tant au niveau financier que social et aussi pour une meilleure maîtrise des
risques des institutions de microcrédit.
Il serait aussi important d‟étudier les leviers sur lesquels les institutions de
microfinance peuvent s‟appuyer afin de s‟assurer une gestion saine reposant sur une logique
d‟efficience et de respect des engagements pris. Pour ce faire, il conviendra de bien analyser
195
les besoins des IMF qui sont en perpétuel changement et qui varient en fonction de la
conjoncture ou de l‟environnement
196
Annexes
197
A 1.Questionnaire :
Du 01-04-2017 Au 31-05-2017 - Faculté des sciences Juridiques Economiques et Sociales
Enquête auprès des clients des institutions de microcrédit dans la zone Rabat-Salé-Kenitra
1. Date de l'entretien
Coordonnées du bénéficiaire
2. Zone 4. Numéro de téléphone
1. Urbaine 2. Rurale
Vous pouvez cocher plusieurs cases. 5. Ville
3. prénom
8. Quel est le nombre de personnes 15. Qui joue le rôle de chef de ménage?
que vous prenez en charge ?
1. Moi-même 2. Mon conjoint 3. mes parents
9. Quel est votre niveau d'éducation ? Vous pouvez cocher plusieurs cases.
1. Analphabéte
16. De quelle(s) source(s) tirez-vous l'essentiel de votre
2. Ecole coranique revenu?
3. Primaire 1. Je suis entrepreneur ( c-à-d. activité personnelle)
4. 1er cycle secondaire ( 3éme) 2. Je suis employé(e) dans le secteur privé ( y compris
5. 2éme cycle secondaire (Terminale) dans une entreprise familiale)
6. Formation professionnelle 3. Je suis employé(e) dans le secteur public
7. Université 4. Je reçois de l'argent de la famille/amis/époux
Vous pouvez cocher plusieurs cases. 5. Pension que je reçois du gouvernement ou de mon
ancien employeur
10. Où loger vous? 6. Je vends les produits de ma ferme/exploitation agricole
1. Dans une maison ou appartement (propriétaire) ou champs
2. dans une maison ou appartement ( location) 7. Je vends les produits de mon élevage ( chévres,
3. Logé(e) gratuitement avec la famille moutons,poules)
4. Autre 8. Je suis employé(e) dans une ferme
Vous pouvez cocher plusieurs cases. 9. je reçois des donations ou subventions des ONG, des
agences humanitaires, du gouvernement
11. Quelle est votre situation familiale ? 10. Autre
1. Célibataire 2. Marié(e) 3. Veuf/Veuve Vous pouvez cocher plusieurs cases.
4. Divorcé(e)
Vous pouvez cocher plusieurs cases. 17. D'après vos estimations, quel
serait votre revenu total par jour ou
12. Si vous êtes marié(e); quel est par semaine?
l'âge de votre conjoint(e)?
198
B. Les produits financiers
18. Indiquez le type de service financier (formel ou informel) 20. Pour quelles raisons n'avez-vous pas de compte courant
que vous utilisez rarement, utilisez fréquement,aimeriez et/ou compte d'épargne?
utilisez ou n'en éprouvez pas le besoin. 1. Je n'en ai pas besoin,je préfère garder mon agrgent avec
1. Prêt individuel à l'entreprise moi
2. Prêt individuel au logement 2. L'institution financière est loin de mon lieu d'habitation
3. Prêts solidaire à l'entreprise et/ou de travail
4. Transfert d'argent 3. Je ne suis pas habitué à entrer dans une agence
5. assurance(assistance médicale/décès) d'institution financière, je n'ai pas suffisamment de
revenus
6. Compte de dépôt
4. J'avais un compte avant mais je l'ai clôturé
7. Compte d'épargne
5. Les institutions financières prennet des frais et agios
8. Accompagnement et formation trop élevés
9. Appui à la commercialisation 6. Les produits et services proposées ne correspondent
10. Participation au concours pas à mes besoins
11. Je n'en ai pas besoin 7. Autre (précisez)
Vous pouvez cocher plusieurs cases. Vous pouvez cocher plusieurs cases.
199
29. Si le prêt a servi à une entreprise existante, il a permis 31. Quels types de garanties avez-vous offert?
spécifiquement : (Cochez plusieurs cases si nécessaire) 1. Une maison
1. D'accroitre la taille de l'entreprise( nouveaux 2. Un terrain
équipements, augmentation de la main d'oeuvre,...) 3. Une voiture
2. D'accroître la capacité d'achat des matières premières 4. Equipements
3. De moderniser les installations et équipements existants 5. Stock de marchandises
4. D'améliorer la qualité du service et/ou l'attrait des 6. bâtiments
produits
7. Caution personnelle
5. Autres
8. Caution solidaire du groupe
Vous pouvez cocher plusieurs cases.
9. Contrat de nantissement des biens
30. Disposez-vous d'un contrat en bonne et due forme pour le 10. Contrat d'hypothèque pour la garantie hypothèque (
prêt(s) que vous avez obtenus? Pour le prêt de logement)
1. Oui 2. Non 11. Un garant
Vous pouvez cocher plusieurs cases. Vous pouvez cocher plusieurs cases.
200
43. Vous avez fait la demande de l'emprunt et vous n'avez pas 46. Si vous pouvez changer des choses dans le programme de
obtenu le prêt. Quelles ont été les causes du refus? votre institutions de microcrédit, quelles seraient-elles?
44. Qu'appréciez-vous le plus dans le programme de votre 47. S'il y a lieu, comment avez-vous trouvez la qualité de la
institution de microcrédit? formation offerte par votre institution de microcrédit?
1. Evaluation du potentiel entrepreunariale 1. Excellente 2. Bonne 3. Moyenne 4. Faible
2. Accompagnement Vous pouvez cocher plusieurs cases.
3. le groupe solidaire
48. S'il y a lieu, comment avez-vous trouvez le groupe solidaire
4. Flexibilité dans les termes du prêt
que vous avez formez?
5. La relation avec les agents
1. Très utile 2. Utile 3. Pas utile
6. La non exigence des garanties Vous pouvez cocher plusieurs cases (2 au maximum).
7. Formation La question n'est pertinente que si Montant de prêt = <Pas de réponse>
8. Montant des prêts
9. Le suivi personnalisé 49. De façon générale, êtes-vous satisfait des services offerts
par votre institutions de microcrédit?
10. Disponibilité de l'information
1. Totalement satisfait 2. Satisfait
11. Autres
3. Légérement insatisfait 4. Totalement insatisfait
Vous pouvez cocher plusieurs cases.
Vous pouvez cocher plusieurs cases.
45. Qu'appréciez-vous le moins dans le programme de votre
institution de microcrédit? (Cochez plusieurs cases si 50. Recommendez-vous votre institution de microcrédit à un
nécessaire) potentiel client?
1. Montants de prêts trop faibles 1. Oui 2. Non
2. Réunions trés longues et trop fréquentes Vous pouvez cocher plusieurs cases.
Retombées du programme de votre institution de microcrédit sur vos conditions de vie personnelles
51. Depuis l'obtention du microcrédit, comment vous 56. Le microcrédit que vous avez obtenu vous a-t-il permis de
sentez-vous sur le plan moral( stresse, anxiété, dépréssion, bien nourrire vous enfants?
confiance, soulagement...)? 1. Oui 2. Non
1. Mieux 2. Ni mieux,ni moins 3. Moins bien Vous pouvez cocher plusieurs cases.
Vous pouvez cocher plusieurs cases.
57. Le microcrédit que vous avez obtenu, vous a-t-il permis de
52. Diriez-vous que votre situation familiale? mieux vous habiller vous et vos enfants?
1. S'est amméliorée 2. Est restée stable 1. Oui 2. Non
3. S'est dégradée Vous pouvez cocher plusieurs cases.
Vous pouvez cocher plusieurs cases.
58. Le microcrédit vous a-t-il permis de scolariser vos
53. Le microcrédit a-t-il joué un rôle dans l'évolution de votre enfants?
situation familiale? 1. Oui 2. Non
1. Oui 2. Non Vous pouvez cocher plusieurs cases.
Vous pouvez cocher plusieurs cases.
59. L'obtention du microcrédit, vous a-t-il aidé à gérer les
54. Le recours au microcrédit vous a-t-il permis d'aller sans problèmes au sein de votre couple?
contrainte au centre de santé pour vous et votre famille? 1. Oui 2. Non
1. Oui 2. Non Vous pouvez cocher plusieurs cases.
Vous pouvez cocher plusieurs cases.
201
60. Concrétement, le recours au
microcrédit m'a permis
(Cochez plusieurs cases si
nécessaires):
1. D'augmenter mon revenu
2. Lisser ma consommation et
d'acquérir de nouveaux biens
3. De constituer une épargne
4. Diversifier mes sources de revenus
5. Améliorer l'alimentation et
la scolarisation de mes
enfants
6. Accéder auxservices médicaux
7. Sortir de la précarité
8. Renforcer mon statut dans la famille
9. Gérer les problèmes au sein du couple
10. Prendre en main ma propre
situation pour emprunter, investir,
épargner et travailler
Vous pouvez cocher plusieurs cases.
202
A.2.Test khi-deux
Tests du Khi-deux
a. 1 cellule (12,5%) a un effectif théorique inférieur à 5. L'effectif théorique minimum est de 3,90.
Valeur ddl Signification asymptotique
(bilatérale)
a
Khi-deux de Pearson 12,138 2 ,002
Rapport de vraisemblance 13,784 2 ,001
Association linéaire par linéaire 3,611 1 ,057
a. 1 cellule (16,7%) a un effectif théorique inférieur à 5. L'effectif théorique minimum est de 3,70.
Valeur ddl Signification asymptotique
(bilatérale)
a
Khi-deux de Pearson 5,482 3 ,140
Rapport de vraisemblance 5,665 3 ,129
Association linéaire par linéaire 2,928 1 ,087
a. 1 cellule (12,5%) a un effectif théorique inférieur à 5. L'effectif théorique minimum est de 3,09.
Tests du Khi-deux
Valeur ddl Signification asymptotique
(bilatérale)
a
Khi-deux de Pearson 8,928 4 ,063
Rapport de vraisemblance 8,628 4 ,071
Association linéaire par linéaire 7,951 1 ,005
a. 3 cellules (30,0%) ont un effectif théorique inférieur à 5. L'effectif théorique minimum est de ,70.
Tests du Khi-deux
Valeur ddl Signification asymptotique
(bilatérale)
a
Khi-deux de Pearson 8,254 2 ,016
Rapport de vraisemblance 6,746 2 ,034
Association linéaire par linéaire ,036 1 ,849
a. 2 cellules (33,3%) ont un effectif théorique inférieur à 5. L'effectif théorique minimum est de ,79.
203
Tests du Khi-deux
Valeur ddl Signification asymptotique
(bilatérale)
Khi-deux de Pearson 15,022a 6 ,020
Rapport de vraisemblance 15,521 6 ,017
Association linéaire par linéaire 8,439 1 ,004
a. 4 cellules (28,6%) ont un effectif théorique inférieur à 5. L'effectif théorique minimum est de 1,46.
Tests du Khi-deux
Valeur ddl Signification asymptotique
(bilatérale)
Khi-deux de Pearson 13,857a 3 ,003
Rapport de vraisemblance 15,330 3 ,002
Association linéaire par linéaire 12,460 1 ,000
a. 0 cellules (,0%) ont un effectif théorique inférieur à 5. L'effectif théorique minimum est de 9,32.
Valeur ddl Signification asymptotique
(bilatérale)
Khi-deux de Pearson 1,582a 2 ,453
Rapport de vraisemblance 1,640 2 ,440
Association linéaire par linéaire 1,501 1 ,220
a. 0 cellules (,0%) ont un effectif théorique inférieur à 5. L'effectif théorique minimum est de 5,61.
Tests du Khi-deux
Valeur ddl Signification asymptotique
(bilatérale)
a
Khi-deux de Pearson 60,788 4 ,000
Rapport de vraisemblance 28,063 4 ,000
Association linéaire par linéaire 41,762 1 ,000
a. 5 cellules (55,6%) ont un effectif théorique inférieur à 5. L'effectif théorique minimum est de 0,06.
Tests du Khi-deux
Valeur ddl Signification asymptotique
(bilatérale)
a
Khi-deux de Pearson 7,508 3 ,057
Rapport de vraisemblance 9,489 3 ,023
Association linéaire par linéaire 3,967 1 ,046
204
Valeur ddl Signification asymptotique
(bilatérale)
a
Khi-deux de Pearson 10,674 4 ,030
Rapport de vraisemblance 16,903 4 ,002
Association linéaire par linéaire 1,385 1 ,239
a. 3 cellules (30,0%) ont un effectif théorique inférieur à 5. L'effectif théorique minimum est de 1,49.
Tests du Khi-deux
Valeur ddl Signification asymptotique
(bilatérale)
Khi-deux de Pearson 15,954a 4 ,003
Rapport de vraisemblance 16,594 4 ,002
Association linéaire par linéaire 2,626 1 ,105
a. 2 cellules (20,0%) ont un effectif théorique inférieur à 5. L'effectif théorique minimum est de 1,74.
205
A.3. Tableaux croisés des variables
Effectif 52 63 15 28 158
% compris dans Sexe 32,9% 39,9% 9,5% 17,7% 100,0%
Féminin % compris dans Quelle est votre situation 65,8% 76,8% 93,8% 87,5% 75,6%
familiale ?
% du total 24,9% 30,1% 7,2% 13,4% 75,6%
Sexe
Effectif 27 19 1 4 51
% compris dans Sexe 52,9% 37,3% 2,0% 7,8% 100,0%
Masculin
% compris dans Quelle est votre situation 34,2% 23,2% 6,3% 12,5% 24,4%
familiale ?
% du total 12,9% 9,1% 0,5% 1,9% 24,4%
Effectif 79 82 16 32 209
% compris dans Sexe 37,8% 39,2% 7,7% 15,3% 100,0%
Total
% compris dans Quelle est votre situation 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
familiale ?
% du total 37,8% 39,2% 7,7% 15,3% 100,0%
206
Tableau croisé entre le genre et qui joue le rôle de chef de ménage
Effectif 87 59 10 156
% compris dans Sexe 55,8% 37,8% 6,4% 100,0%
Féminin % compris dans Qui joue le rôle de chef de 68,5% 90,8% 66,7% 75,4%
ménage?
% du total 42,0% 28,5% 4,8% 75,4%
Sexe
Effectif 40 6 5 51
% compris dans Sexe 78,4% 11,8% 9,8% 100,0%
Masculin
% compris dans Qui joue le rôle de chef de 31,5% 9,2% 33,3% 24,6%
ménage?
% du total 19,3% 2,9% 2,4% 24,6%
Effectif 127 65 15 207
% compris dans Sexe 61,4% 31,4% 7,2% 100,0%
Total
% compris dans Qui joue le rôle de chef de 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
ménage?
% du total 61,4% 31,4% 7,2% 100,0%
207
Tableau croisé entre la situation familiale et le remboursement des prêts
Avez-vous eu de difficulté à Total
rembourser un prêt?
Oui Non
Effectif 9 69 78
% compris dans Quelle est votre situation 11,5% 88,5% 100,0%
familiale ?
Célibataire
% compris dans Avez-vous eu de difficulté à 22,5% 41,3% 37,7%
rembourser un prêt?
% du total 4,3% 33,3% 37,7%
Effectif 19 63 82
% compris dans Quelle est votre situation 23,2% 76,8% 100,0%
familiale ?
Marié(e)
% compris dans Avez-vous eu de difficulté à 47,5% 37,7% 39,6%
rembourser un prêt?
% du total 9,2% 30,4% 39,6%
Quelle est votre situation familiale ?
Effectif 5 11 16
% compris dans Quelle est votre situation 31,3% 68,8% 100,0%
familiale ?
Veuf/Veuve
% compris dans Avez-vous eu de difficulté à 12,5% 6,6% 7,7%
rembourser un prêt?
% du total 2,4% 5,3% 7,7%
Effectif 7 24 31
% compris dans Quelle est votre situation 22,6% 77,4% 100,0%
familiale ?
Divorcé(e)
% compris dans Avez-vous eu de difficulté à 17,5% 14,4% 15,0%
rembourser un prêt?
% du total 3,4% 11,6% 15,0%
Effectif 40 167 207
% compris dans Quelle est votre situation 19,3% 80,7% 100,0%
familiale ?
Total
% compris dans Avez-vous eu de difficulté à 100,0% 100,0% 100,0%
rembourser un prêt?
% du total 19,3% 80,7% 100,0%
208
Tableau croisé entre le milieu de résidence et le revenu du bénéficiaire
D'après vos estimations, quel serait votre revenu total par jour ou par semaine? Total
Moins de 50 Entre 50 et Entre 100 et Entre 200 et 300 Dhs Plus de 300 Dhs
Dhs 100 Dhs 200 Dhs
Effectif 15 38 64 37 5 159
% compris dans Zone 9,4% 23,9% 40,3% 23,3% 3,1% 100,0%
% compris dans D'après 68,2% 82,6% 88,9% 92,5% 100,0% 85,9%
Urbaine vos estimations, quel
serait votre revenu total
par jour ou par semaine?
% du total 8,1% 20,5% 34,6% 20,0% 2,7% 85,9%
Zone
Effectif 7 8 8 3 0 26
% compris dans Zone 26,9% 30,8% 30,8% 11,5% 0,0% 100,0%
% compris dans D'après 31,8% 17,4% 11,1% 7,5% 0,0% 14,1%
Rurale vos estimations, quel
serait votre revenu total
par jour ou par semaine?
% du total 3,8% 4,3% 4,3% 1,6% 0,0% 14,1%
Effectif 22 46 72 40 5 185
% compris dans Zone 11,9% 24,9% 38,9% 21,6% 2,7% 100,0%
% compris dans D'après 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
Total vos estimations, quel
serait votre revenu total
par jour ou par semaine?
% du total 11,9% 24,9% 38,9% 21,6% 2,7% 100,0%
209
Tableau croisé entre le milieu de résidence et la destination du prêt
Le prêt a servi à: (Cochez plusieurs cases si nécessaire) Total
Satisfaire des Démarrer une nouvelle Consolider la situation
besoins personnels activité génératrice de d'une entreprise déjà
revenu existante
Effectif 7 3 168 178
% compris dans Zone 3,9% 1,7% 94,4% 100,0%
Urbaine % compris dans Le prêt a servi 100,0% 50,0% 87,5% 86,8%
à: (Cochez plusieurs cases si
nécessaire)
% du total 3,4% 1,5% 82,0% 86,8%
Zone
Effectif 0 3 24 27
% compris dans Zone 0,0% 11,1% 88,9% 100,0%
Rurale % compris dans Le prêt a servi 0,0% 50,0% 12,5% 13,2%
à: (Cochez plusieurs cases si
nécessaire)
% du total 0,0% 1,5% 11,7% 13,2%
Effectif 7 6 192 205
% compris dans Zone 3,4% 2,9% 93,7% 100,0%
Total % compris dans Le prêt a servi 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
à: (Cochez plusieurs cases si
nécessaire)
% du total 3,4% 2,9% 93,7% 100,0%
210
7DEOHDXFURLVpHQWUHOHJHQUHHWO¶DQFLHQQHWpGXEpQpILFLDLUH
IMF
Depuis combien de temps vous êtes bénéficiaire du microcrédit? Total
Moins de 6 De 6 mois De 1 an à De 2 ans à De 3 ans à De 4 ans à moins Plus de 5 ans
mois à 1 an moins de 2 moins de 3 moins de 4 de 5 ans
ans ans ans
Effectif 4 5 25 22 39 33 30 158
% compris dans 2,5% 3,2% 15,8% 13,9% 24,7% 20,9% 19,0% 100,0%
Sexe
% compris dans 66,7% 83,3% 67,6% 57,9% 76,5% 86,8% 90,9% 75,6%
Féminin Depuis combien de
temps vous êtes
bénéficiaire du
microcrédit?
% du total 1,9% 2,4% 12,0% 10,5% 18,7% 15,8% 14,4% 75,6%
Sexe
Effectif 2 1 12 16 12 5 3 51
% compris dans 3,9% 2,0% 23,5% 31,4% 23,5% 9,8% 5,9% 100,0%
Sexe
% compris dans 33,3% 16,7% 32,4% 42,1% 23,5% 13,2% 9,1% 24,4%
Masculin Depuis combien de
temps vous êtes
bénéficiaire du
microcrédit?
% du total 1,0% 0,5% 5,7% 7,7% 5,7% 2,4% 1,4% 24,4%
Effectif 6 6 37 38 51 38 33 209
% compris dans 2,9% 2,9% 17,7% 18,2% 24,4% 18,2% 15,8% 100,0%
Sexe
% compris dans 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
Total Depuis combien de
temps vous êtes
bénéficiaire du
microcrédit?
% du total 2,9% 2,9% 17,7% 18,2% 24,4% 18,2% 15,8% 100,0%
211
Tableau croisé entre genre et le cycle du prêt
212
7DEOHDXFURLVpHQWUHOHJHQUHHWO¶DPpOLRUDWLRQGHODVLWXDWLRQID
ciaire
Diriez-vous que votre situation familiale? Total
S'est améliorée Est restée stable S'est dégradée
Effectif 103 36 19 158
% compris dans Sexe 65,2% 22,8% 12,0% 100,0%
Féminin % compris dans Diriez-vous que 73,0% 80,0% 82,6% 75,6%
votre situation familiale?
% du total 49,3% 17,2% 9,1% 75,6%
Sexe
Effectif 38 9 4 51
% compris dans Sexe 74,5% 17,6% 7,8% 100,0%
Masculin % compris dans Diriez-vous que 27,0% 20,0% 17,4% 24,4%
votre situation familiale?
% du total 18,2% 4,3% 1,9% 24,4%
Effectif 141 45 23 209
% compris dans Sexe 67,5% 21,5% 11,0% 100,0%
Total % compris dans Diriez-vous que 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
votre situation familiale?
% du total 67,5% 21,5% 11,0% 100,0%
213
Le prêt a servi à: (Cochez plusieurs cases si nécessaire) Total
Tableau croisé entre le prêt en sa finalité Satisfaire des besoins Démarrer une nouvelle Consolider la
personnels activité génératrice de situation d'une
revenu entreprise déjà
existante
Effectif 6 0 10 16
% compris dans Le produit 37,5% 0,0% 62,5% 100,0%
ou le service de votre
Non commerciales institution a été pour des
(Besoins personnels) fins:
% compris dans Le prêt a 85,7% 0,0% 5,3% 7,9%
servi à:
% du total 3,0% 0,0% 4,9% 7,9%
Effectif 1 6 178 185
% compris dans Le produit 0,5% 3,2% 96,2% 100,0%
Commerciales, au ou le service de votre
Le produit ou le service institution a été pour des
profit d'activités
de votre institution a été fins:
personnelles
pour des fins:
(travailleur) % compris dans Le prêt a 14,3% 100,0% 93,7% 91,1%
servi à:
% du total 0,5% 3,0% 87,7% 91,1%
Effectif 0 0 2 2
% compris dans Le produit 0,0% 0,0% 100,0% 100,0%
Commerciales, au ou le service de votre
profit d'une institution a été pour des
entreprise incorporée fins:
(personne) % compris dans Le prêt a 0,0% 0,0% 1,1% 1,0%
servi à:
% du total 0,0% 0,0% 1,0% 1,0%
Effectif 7 6 190 203
% compris dans Le produit 3,4% 3,0% 93,6% 100,0%
ou le service de votre
institution a été pour des
Total fins:
% compris dans Le prêt a 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
servi à:
% du total 3,4% 3,0% 93,6% 100,0%
214
Tableau croisé entre le type prêt et le montant de prêt
Comment avez-vous trouvez le montant du prêt offert par votre institution? Total
Faible (très en Juste (répond Elevé Très élevé (très
dessous de mes adéquatement à (supérieur à supérieurs à mes
besoins) mes besoins) mes besoins) besoins)
Effectif 110 52 7 5 174
% compris dans Le produit 63,2% 29,9% 4,0% 2,9% 100,0%
ou service obtenu de votre
Individuel (juste pour institution a été:
moi ou pour mon % compris dans Comment 80,3% 94,5% 100,0% 83,3% 84,9%
entreprise) avez-vous trouvez le montant
du prêt offert par votre
institution?
Le produit ou service % du total 53,7% 25,4% 3,4% 2,4% 84,9%
obtenu de votre institution
a été: Effectif 27 3 0 1 31
% compris dans Le produit 87,1% 9,7% 0,0% 3,2% 100,0%
ou service obtenu de votre
Collectif/solidaire (au institution a été:
profit d'un groupe de % compris dans Comment 19,7% 5,5% 0,0% 16,7% 15,1%
bénéficiaires) avez-vous trouvez le montant
du prêt offert par votre
institution?
% du total 13,2% 1,5% 0,0% 0,5% 15,1%
Effectif 137 55 7 6 205
% compris dans Le produit 66,8% 26,8% 3,4% 2,9% 100,0%
ou service obtenu de votre
institution a été:
Total % compris dans Comment 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
avez-vous trouvez le montant
du prêt offert par votre
institution?
% du total 66,8% 26,8% 3,4% 2,9% 100,0%
215
Tableau croisé entre le type prêt et le remboursement du prêt
Comment avez-vous trouvez la somme des échéances de remboursement Total
proposée par votre institution?
Très faible Moyenne Elevée Abordable Très élevée
Effectif 8 14 45 30 80 177
% compris dans Le produit 4,5% 7,9% 25,4% 16,9% 45,2% 100,0%
ou service obtenu de votre
institution a été:
Individuel (juste pour moi % compris dans Comment 80,0% 100,0% 84,9% 100,0% 79,2% 85,1%
ou pour mon entreprise) avez-vous trouvez la somme
des échéances de
remboursement proposée par
votre institution?
Le produit ou service % du total 3,8% 6,7% 21,6% 14,4% 38,5% 85,1%
obtenu de votre
institution a été: Effectif 2 0 8 0 21 31
% compris dans Le produit 6,5% 0,0% 25,8% 0,0% 67,7% 100,0%
ou service obtenu de votre
institution a été:
Collectif/solidaire (au profit
d'un groupe de % compris dans Comment 20,0% 0,0% 15,1% 0,0% 20,8% 14,9%
bénéficiaires) avez-vous trouvez la somme
des échéances de
remboursement proposée par
votre institution?
% du total 1,0% 0,0% 3,8% 0,0% 10,1% 14,9%
Effectif 10 14 53 30 101 208
% compris dans Le produit 4,8% 6,7% 25,5% 14,4% 48,6% 100,0%
ou service obtenu de votre
institution a été:
Total % compris dans Comment 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0% 100,0%
avez-vous trouvez la somme
des échéances de
remboursement proposée par
votre institution?
% du total 4,8% 6,7% 25,5% 14,4% 48,6% 100,0%
216
Tableau croisé entre le montant des échéances et la difficulté de remboursement du prêt
Avez-vous eu de difficulté à Total
rembourser un prêt?
Oui Non
Effectif 4 5 9
% compris dans Comment avez-vous trouvez la 44,4% 55,6% 100,0%
somme des échéances de remboursement proposée
Très faible par votre institution?
% compris dans Avez-vous eu de difficulté à 10,0% 3,0% 4,3%
rembourser un prêt?
% du total 1,9% 2,4% 4,3%
Effectif 1 13 14
% compris dans Comment avez-vous trouvez la 7,1% 92,9% 100,0%
somme des échéances de remboursement proposée
Moyenne par votre institution?
% compris dans Avez-vous eu de difficulté à 2,5% 7,8% 6,8%
rembourser un prêt?
% du total 0,5% 6,3% 6,8%
Effectif 5 48 53
Comment avez-vous trouvez la somme des échéances de % compris dans Comment avez-vous trouvez la 9,4% 90,6% 100,0%
remboursement proposée par votre institution? somme des échéances de remboursement proposée
Elevée par votre institution?
% compris dans Avez-vous eu de difficulté à 12,5% 28,7% 25,6%
rembourser un prêt?
% du total 2,4% 23,2% 25,6%
Effectif 2 28 30
% compris dans Comment avez-vous trouvez la 6,7% 93,3% 100,0%
somme des échéances de remboursement proposée
Abordable par votre institution?
% compris dans Avez-vous eu de difficulté à 5,0% 16,8% 14,5%
rembourser un prêt?
% du total 1,0% 13,5% 14,5%
Effectif 28 73 101
Très élevée % compris dans Comment avez-vous trouvez la 27,7% 72,3% 100,0%
somme des échéances de remboursement proposée
par votre institution?
217
% compris dans Avez-vous eu de difficulté à 70,0% 43,7% 48,8%
rembourser un prêt?
% du total 13,5% 35,3% 48,8%
Effectif 40 167 207
% compris dans Comment avez-vous trouvez la 19,3% 80,7% 100,0%
somme des échéances de remboursement proposée
Total par votre institution?
% compris dans Avez-vous eu de difficulté à 100,0% 100,0% 100,0%
rembourser un prêt?
% du total 19,3% 80,7% 100,0%
218
A.4. Test Post Hoc
219
Faible (très en dessous de mes besoins) -198,240 888,661 ,996 -3000,25 2603,77
Elevé ( supérieur à mes besoins) Juste (répond adéquatement à mes besoins) -1189,610 1103,297 ,707 -4293,15 1913,93
Très élevé (très supérieurs à mes besoins) 428,571 1469,648 ,991 -4375,71 5232,85
Faible (très en dessous de mes besoins) -626,812 1276,658 ,958 -5446,76 4193,14
Très élevé (très supérieurs à mes besoins) Juste (répond adéquatement à mes besoins) -1618,182 1434,364 ,685 -6290,73 3054,36
Elevé (supérieur à mes besoins) -428,571 1469,648 ,991 -5232,85 4375,71
220
¾ Finalité du prêt
(I) Le prêt a servi à: (Cochez plusieurs cases si (J) Le prêt a servi à: (Cochez plusieurs cases si Différence de Erreur standard Signification Intervalle de confiance à 95%
nécessaire) nécessaire) moyennes (I-J) Borne inférieure Borne supérieure
6428,571* 2505,901 ,030 511,62 12345,52
Satisfaire des besoins personnels (précisez-le s'il Démarrer une nouvelle activité génératrice de revenu
vous plaît)
Consolider la situation d'une entreprise déjà existante 5137,996* 1733,340 ,009 1045,22 9230,77
Satisfaire des besoins personnels (précisez-le s'il vous -6428,571* 2505,901 ,030 -12345,52 -511,62
Test de Tukey Démarrer une nouvelle activité génératrice de revenu plaît
Consolider la situation d'une entreprise déjà existante -1290,576 1867,488 ,769 -5700,10 3118,95
Satisfaire des besoins personnels ( précisez-le s'il vous -5137,996* 1733,340 ,009 -9230,77 -1045,22
Consolider la situation d'une entreprise déjà existante plaît
Démarrer une nouvelle activité génératrice de revenu 1290,576 1867,488 ,769 -3118,95 5700,10
6428,571* 2505,901 ,039 248,76 12608,38
Satisfaire des besoins personnels (précisez-le s'il Démarrer une nouvelle activité génératrice de revenu
vous plaît)
Consolider la situation d'une entreprise déjà existante 5137,996* 1733,340 ,014 863,40 9412,59
Satisfaire des besoins personnels (précisez-le s'il vous -6428,571* 2505,901 ,039 -12608,38 -248,76
Scheffe Démarrer une nouvelle activité génératrice de revenu plaît
Consolider la situation d'une entreprise déjà existante -1290,576 1867,488 ,788 -5895,99 3314,84
Satisfaire des besoins personnels ( précisez-le s'il vous -5137,996* 1733,340 ,014 -9412,59 -863,40
Consolider la situation d'une entreprise déjà existante plaît
Démarrer une nouvelle activité génératrice de revenu 1290,576 1867,488 ,788 -3314,84 5895,99
Démarrer une nouvelle activité génératrice de revenu 6428,571 3735,015 ,260 -4421,05 17278,19
Satisfaire des besoins personnels (précisez-le s'il
vous plaît)
Consolider la situation d'une entreprise déjà existante 5137,996 3539,830 ,375 -5674,94 15950,93
Satisfaire des besoins personnels ( précisez-le s'il vous -6428,571 3735,015 ,260 -17278,19 4421,05
Games-Howell Démarrer une nouvelle activité génératrice de revenu plaît
Consolider la situation d'une entreprise déjà existante -1290,576 1270,193 ,596 -5257,14 2675,99
Satisfaire des besoins personnels (précisez-le s'il vous -5137,996 3539,830 ,375 -15950,93 5674,94
Consolider la situation d'une entreprise déjà existante plaît
Démarrer une nouvelle activité génératrice de revenu 1290,576 1270,193 ,596 -2675,99 5257,14
221
¾ Revenu quotidien
(I) D'après vos estimations, quel serait votre revenu (J) D'après vos estimations, quel serait votre revenu total par Différence de Erreur Signification Intervalle de confiance à 95%
total par jour ou par semaine? jour ou par semaine? moyennes (I-J) standard Borne inférieure Borne supérieure
Entre 50 et 100 dhs 413,131 1137,491 ,996 -2721,55 3547,81
Entre 100 et 200 dhs -1499,369 1065,160 ,624 -4434,72 1435,98
Moins de 50 dhs
Entre 200 et 300 dhs -2784,091 1160,601 ,120 -5982,46 414,27
Plus de 300 dhs -3209,091 2166,276 ,576 -9178,88 2760,70
Moins de 50 dhs -413,131 1137,491 ,996 -3547,81 2721,55
Entre 100 et 200 dhs -1912,500 830,900 ,149 -4202,28 377,28
Entre 50 et 100 dhs
Entre 200 et 300 dhs -3197,222* 950,171 ,008 -5815,69 -578,76
Plus de 300 dhs -3622,222 2061,209 ,402 -9302,47 2058,02
Moins de 50 dhs 1499,369 1065,160 ,624 -1435,98 4434,72
Entre 50 et 100 dhs 1912,500 830,900 ,149 -377,28 4202,28
Test de Tukey Entre 100 et 200 dhs
Entre 200 et 300 dhs -1284,722 862,266 ,570 -3660,94 1091,50
Plus de 300 dhs -1709,722 2022,192 ,916 -7282,45 3863,00
Moins de 50 dhs 2784,091 1160,601 ,120 -414,27 5982,46
Entre 50 et 100 dhs 3197,222* 950,171 ,008 578,76 5815,69
Entre 200 et 300 dhs
Entre 100 et 200 dhs 1284,722 862,266 ,570 -1091,50 3660,94
Plus de 300 dhs -425,000 2074,052 1,000 -6140,64 5290,64
Moins de 50 dhs 3209,091 2166,276 ,576 -2760,70 9178,88
Entre 50 et 100 dhs 3622,222 2061,209 ,402 -2058,02 9302,47
Plus de 300 dhs
Entre 100 et 200 dhs 1709,722 2022,192 ,916 -3863,00 7282,45
Entre 200 et 300 dhs 425,000 2074,052 1,000 -5290,64 6140,64
Entre 50 et 100 dhs 413,131 1137,491 ,998 -3127,47 3953,73
Entre 100 et 200 dhs -1499,369 1065,160 ,739 -4814,82 1816,09
Moins de 50 dhs
Entre 200 et 300 dhs -2784,091 1160,601 ,223 -6396,62 828,44
Plus de 300 dhs -3209,091 2166,276 ,700 -9951,92 3533,74
Moins de 50 dhs -413,131 1137,491 ,998 -3953,73 3127,47
Entre 100 et 200 dhs -1912,500 830,900 ,263 -4498,79 673,79
Entre 50 et 100 dhs
Entre 200 et 300 dhs -3197,222* 950,171 ,026 -6154,76 -239,69
Plus de 300 dhs -3622,222 2061,209 ,545 -10038,02 2793,57
Moins de 50 dhs 1499,369 1065,160 ,739 -1816,09 4814,82
Entre 50 et 100 dhs 1912,500 830,900 ,263 -673,79 4498,79
Scheffe Entre 100 et 200 dhs
Entre 200 et 300 dhs -1284,722 862,266 ,696 -3968,64 1399,20
Plus de 300 dhs -1709,722 2022,192 ,949 -8004,07 4584,63
Moins de 50 dhs 2784,091 1160,601 ,223 -828,44 6396,62
Entre 50 et 100 dhs 3197,222* 950,171 ,026 239,69 6154,76
Entre 200 et 300 dhs
Entre 100 et 200 dhs 1284,722 862,266 ,696 -1399,20 3968,64
Plus de 300 dhs -425,000 2074,052 1,000 -6880,77 6030,77
Moins de 50 dhs 3209,091 2166,276 ,700 -3533,74 9951,92
Entre 50 et 100 dhs 3622,222 2061,209 ,545 -2793,57 10038,02
Plus de 300 dhs
Entre 100 et 200 dhs 1709,722 2022,192 ,949 -4584,63 8004,07
Entre 200 et 300 dhs 425,000 2074,052 1,000 -6030,77 6880,77
222
Entre 50 et 100 dhs 413,131 1007,783 ,994 -2474,29 3300,55
Moins de 50 dhs Entre 100 et 200 dhs -1499,369 1003,489 ,573 -4373,02 1374,29
Entre 200 et 300 dhs -2784,091 1193,146 ,150 -6152,38 584,20
Plus de 300 dhs -3209,091 2018,796 ,552 -10824,16 4405,98
Moins de 50 dhs -413,131 1007,783 ,994 -3300,55 2474,29
Entre 100 et 200 dhs -1912,500 742,659 ,082 -3972,99 147,99
Entre 50 et 100 dhs
Entre 200 et 300 dhs -3197,222* 983,946 ,015 -5955,30 -439,14
Plus de 300 dhs -3622,222 1902,653 ,423 -11458,65 4214,21
Moins de 50 dhs 1499,369 1003,489 ,573 -1374,29 4373,02
Games-Howell Entre 100 et 200 dhs Entre 50 et 100 dhs 1912,500 742,659 ,082 -147,99 3972,99
Entre 200 et 300 dhs -1284,722 979,547 ,685 -4027,74 1458,30
Plus de 300 dhs -1709,722 1900,382 ,885 -9552,21 6132,77
Moins de 50 dhs 2784,091 1193,146 ,150 -584,20 6152,38
Entre 50 et 100 dhs 3197,222* 983,946 ,015 439,14 5955,30
Entre 200 et 300 dhs
Entre 100 et 200 dhs 1284,722 979,547 ,685 -1458,30 4027,74
Plus de 300 dhs -425,000 2007,003 ,999 -8043,89 7193,89
Moins de 50 dhs 3209,091 2018,796 ,552 -4405,98 10824,16
Entre 50 et 100 dhs 3622,222 1902,653 ,423 -4214,21 11458,65
Plus de 300 dhs
Entre 100 et 200 dhs 1709,722 1900,382 ,885 -6132,77 9552,21
Entre 200 et 300 dhs 425,000 2007,003 ,999 -7193,89 8043,89
*. La différence moyenne est significative au niveau 0.05.
223
A.5. Statistique descriptive
Date: 12/21/18
Time: 01:45
Sample: 2007 2017
Mean 2.976364 7.028864 0.601241 89.82864 123.6719 62.12386 0.863636 3.821136 3.735341
Median 3.285000 8.940000 0.651291 11.73000 46.58500 61.55000 1.000000 3.080000 3.490000
Maximum 11.00000 34.60000 1.446939 599.6500 415.6700 95.00000 1.000000 8.330000 11.36000
Minimum -13.60000 -72.60000 0.013855 0.670000 2.300000 23.00000 0.000000 1.200000 0.020000
Std. Dev. 3.927605 12.85089 0.368774 125.0721 133.4213 18.82081 0.345141 2.057885 2.364606
Skewness -1.520339 -3.624672 -0.080463 1.705843 0.687107 -0.057235 -2.119252 0.604621 0.714866
Kurtosis 7.912206 21.66457 2.356226 6.154975 2.002725 1.959835 5.491228 2.001675 3.677339
Jarque-Bera 122.3768 1470.037 1.614590 79.17605 10.57108 4.015171 88.62748 9.016029 9.177380
Probability 0.000000 0.000000 0.446063 0.000000 0.005064 0.134313 0.000000 0.011020 0.010166
Sum 261.9200 618.5400 52.90920 7904.920 10883.13 5466.900 76.00000 336.2600 328.7100
Sum Sq. Dev. 1342.069 14367.66 11.83148 1360943. 1548709. 30817.39 10.36364 368.4355 486.4484
Observations 88 88 88 88 88 88 88 88 88
224
A.6. Matrice de corrélation
Covariance Analysis: Ordinary
Date: 12/21/18 Time: 01:49
Sample: 2007 2017
Included observations: 88
RATIO_PERTES
Correlation ROA ROE RATIO_ASSET PF_CREDIT NBR_EMPR POR_FEM AGE PAR30
ROA 1.000000
ROE 0.819617 1.000000
RATIO_ASSET -0.097777 -0.212409 1.000000
PF_CREDIT 0.119984 0.312509 -0.312958 1.000000
NBR_EMPR 0.365819 0.348661 0.046995 0.552489 1.000000
POR_FEM 0.453564 0.419981 -0.406587 0.303866 0.549184 1.000000
AGE -0.145450 -0.083637 -0.282997 0.167999 -0.168542 -0.035838 1.000000
PAR30 0.172789 0.101381 0.031138 -0.038133 0.426066 0.513864 -0.247867 1.000000
RATIO_PERTES 0.100516 -0.052992 0.272226 -0.451897 -0.078926 0.267901 -0.410209 0.477271 1.000000
225
A.7. Fixed Effect ROA
Effects Specification
226
A.8. Fixed Effect ROE
Effects Specification
227
A.9. Random Effect ROA
Dependent Variable: ROA
Method: Panel EGLS (Cross-section random effects)
Date: 12/21/18 Time: 01:42
Sample: 2007 2017
Périodes included: 11
Cross-sections included: 8
Total panel (balanced) observations: 88
Swamy and Arora estimator of component variances
Effects Specification
S.D. Rho
Weighted Statistics
Unweighted Statistics
228
A.10. Random Effect ROE
Effects Specification
S.D. Rho
Weighted Statistics
Unweighted Statistics
229
A.11. Hausman Test ROA
230
Effects Specification
231
Cross-section random effects test equation:
Dependent Variable: ROE
Method: Panel Least Squares
Date: 12/23/18 Time: 19:00
Sample: 2007 2017
Periods included: 11
Cross-sections included: 8
Total panel (balanced) observations: 88
Effects Specification
232
A.13. Test d’hétérogénéité ROE et ROA
233
234
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249
Table des matières
Dédicace
Remerciements
Résumé
Abstract
Sommaire
Introduction générale............................................................................................................................... 1
1) Microcrédit ............................................................................................................................ 14
2) /¶pSDUJQH
.............................................................................................................................. 15
III. /¶pYROXWLRQGHODPLFURILQDQFH
.............................................................................................. 20
IV. &RQWURYHUVHVWKpRULTXHVXUO¶LPSDFWGXPLFUR
............................................................ 24
1) /¶DSSURFKHLQVWLWXWLRQQDOLVWH
................................................................................................ 25
2) /¶DSSURFKHZHOIDULVWH
............................................................................................................ 26
3) Taux d'intérêt......................................................................................................................... 41
5) Charges salariales................................................................................................................. 41
250
Section 2. Etat des lieux et principaux résultats de la microfinance dans le monde ..................... 43
II. &KLIIUHVFOHIVGHO¶LQFOXVLRQI
inancière .................................................................................. 50
I. /¶DQDO\VHGHODUpSDUWLWLRQVSDWLDOHGHODS
.............................................. 55
III. 3ROLWLTXHG¶DFFRPSDJQHPHQWGHODPLFURILQDQF
................................................. 64
i. /HWDX[G¶LQWpUrW
.................................................................................................................... 73
I. /DGpFLVLRQHWO¶DQDO\VHGHO¶pYDOXDWLRQG¶L
................................................................. 87
1) 4X¶HVW
-FHTX¶XQHpYDOXDWLRQG¶LPSDFW
.................................................................................. 87
251
III. eWXGHVG¶HIILFDFLWp
................................................................................................................. 97
1) /HVpWXGHVG¶HIILFDFLWpSLORWHV
................................................................................................ 98
2) /HVpWXGHVG¶HIILFDFLWpjO¶pFKHOOH
.......................................................................................... 98
ii. 5DWLRGHUpWHQWLRQGHO¶HPSUXQWHXU
..................................................................................... 121
iv. ,QGLFHG¶HIILFDFLWpVRFLDO
..................................................................................................... 124
Section 1. Analyse des facteurs déterminants de la performance financière des IMF au Maroc 126
I. &RQWH[WHGHO¶DQDO\VHHWK\SRWKqVHV
.................................................................................... 127
iv. 3RXUFHQWDJHGHVIHPPHVHQWUHSUHQHXVHVO¶kJH
133
II. 'HVFULSWLRQGHO¶pFKDQWLOORQ
................................................................................................ 134
252
III. Analyse empirique ............................................................................................................... 135
6HFWLRQ$QDO\VHGHO¶LPSDFWVRFLDOGXPLFUR
: Etude de terrain ... 163
iii. /¶pWDWPDWULPRQLDOGXEpQpILFLDLUH
...................................................................................... 167
iv. /¶kJHGXEpQpILFLDLUH
........................................................................................................... 167
v. 1LYHDXG¶LQVWUXFWLRQ
............................................................................................................ 168
3) /¶DQDO\VH$129$
............................................................................................................... 179
253
A 1.Questionnaire :.......................................................................................................................... 198
Tableau croisé entre le genre et qui joue le rôle de chef de ménage ............................................... 207
254