Ri Groupe 14
Ri Groupe 14
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MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT GÉNÉRALE ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
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CYCLE PRÉPARATOIRE PÈRE AUPIAIS
EXPOSÉ DE R.I
Thème
INNOVATIONS NUMÉRIQUES AU
BÉNIN : ANALYSE ET
PERSPECTIVES D’AVENIR
Présenté Par : Encadré Par :
Dr. TECHOU Roland
GBEDJI Olga
HOUNSOU-SEGNINOU Fèmi
KOUTCHAKPO Tobi
SAÏ Danielle
Groupe 14
GBEDJI Olga
I. Veille Intellectuelle
1. Cadre juridique :
o Analyse des lois existantes sur le numérique au Bénin (loi sur la cybersécurité,
protection des données, etc.).
2. Politiques publiques :
o Programmes et initiatives gouvernementales pour promouvoir le numérique (ex.
Smart Africa, Bénin Digital 2025).
3. Limites et lacunes de la législation actuelle :
o Zones grises dans l'application des lois.
o Nécessité de mettre à jour les cadres légaux pour inclure de nouvelles technologies.
1. Perception de la population :
o Comment les Béninois perçoivent-ils les innovations numériques ? (Scepticisme,
enthousiasme, ou indifférence).
2. Inégalités numériques :
o Qui bénéficie des innovations ? Quels groupes sociaux restent exclus ?
3. Exemples concrets récents :
o Cas d'initiatives numériques ayant eu un fort impact social ou économique.
V. Veille Culturelle
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o Déploiement massif de la fibre optique et des technologies satellitaires.
o Amélioration de l'accès à internet dans les zones rurales.
2. Investissement dans l’éducation numérique :
o Programmes scolaires orientés vers les compétences numériques.
o Formation continue pour les professionnels.
3. Amélioration de la gouvernance :
o Création d'un cadre réglementaire flexible et adapté aux évolutions technologiques.
o Promotion des partenariats public-privé.
4. Encouragement de l’innovation locale :
o Soutien accru aux startups via des incubateurs et des financements.
o Création d’un environnement propice pour les jeunes innovateurs.
Conclusion
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Introduction
Les innovations numériques sont devenues indispensables dans le monde moderne, transformant nos
sociétés et nos économies. Elles offrent des opportunités considérables pour le développement,
l'amélioration de la qualité de vie et la croissance économique. Le Bénin, comme de nombreux pays en
développement, a pris conscience de l'importance du numérique et s'est engagé dans un processus de
transformation digitale. En effet, il a réalisé des progrès significatifs dans le domaine du numérique
ces dernières années. Le pays a mis en place des infrastructures de base telles que le nouvel opérateur
de téléphonie mobile celtiis, le développement des services publics numériques pour faciliter les
demandes de pièces d’identité, les prises de rendez-vous pour des consultations médicales et bien
d’autres. Il a également encouragé l'émergence de startups innovantes. Cependant, des défis
importants persistent, notamment en termes d'accès à la connectivité, de compétences numériques et
de cadre réglementaire. Afin d’identifier les problèmes et de proposer des perspectives d'avenir,
analysons les innovations numériques du Bénin
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I. Veille Intellectuelle
L’écosystème du numérique au Bénin est en pleine maturation et est porté par le Gouvernement à
travers le Ministère du Numérique et de la Digitalisation, les agences sectorielles (ADN, ASSI,
ANSSI, ABSUCEP). De grands événements comme la Semaine du Numérique, permettent chaque
année, de réunir tous les acteurs du secteur autour de diverses thématiques. La participation des
startups béninoises à des évènements internationaux comme Transform Africa, Vivatech, enrichit
l’écosystème. Le Ministère du Numérique et de la Digitalisation, s’est doté du Fonds d’Appui à
l’Entrepreneuriat Numérique (FAEN) afin d’accompagner et favoriser le développement des
startups.
(i) le Conseil du Numérique (CN) qui prépare et supervise la stratégie pour l’ensemble de
l’économie numérique ;
(ii) l’Unité d’Exécution du Conseil du Numérique (UECN) qui coordonne la mise en œuvre
multisectorielle des grandes initiatives et supervise les projets stratégiques
Élaboration et adoption d’un Code du Numérique couvrant l’ensemble des aspects du secteur
de l’économie numérique afin d’apporter la sécurité juridique nécessaire aux entreprises, aux
investisseurs et aux utilisateurs Les Projets phares de l’Économie Numérique et des TIC
Déploiement de l’Internet haut et très haut débit sur l’ensemble du territoire • Transition vers
la Télévision Numérique Terrestre (TNT)
Mise en œuvre de l’Administration Intelligente (Smart Gouv)
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Généralisation de l’usage du e - commerce
Généralisation de l’usage du numérique dans le secteur de l’éducation et de la formation
Promotion et développement de contenus numériques
Le Ministère du Numérique et de la Digitalisation a pour mission, la conception, le suivi et
l’évaluation de la politique générale de l’Etat en matière de communicationsélectroniques, de
développement numérique et de transformation digitale del’administration publique, des
entreprisesetdesautressecteursdelasociété.
Acetitre,ilestchargéde :
Conduirelamiseenœuvredel’agendanumériquedel’Etatparl’élaborationdespolitiques
sectoriellesetlamiseenœuvredesstratégiesetréformesyrelatives ;
Susciteretcontribueraudéveloppementdesinfrastructures,desusagesetdescontenus
numériquesnotammentparl’utilisationdestechnologiesinnovantesetefficientes ;
Contribueràlamodernisationdel’administrationparl’intégrationdestechnologies
numériquesdanslagestiondesstructuresétatiques,envuedefournirdesservicespublicsplus
performants,etd’améliorerl’accessibilité,latransparenceetl’efficacitédel’administration
publique ;
Promouvoirlatransformationdigitaledesentreprises ;
Veilleràlamiseenplacedesinfrastructuresnumériquesdecollecte,detransmissionetde
diffusiondelatélévisionetdelaradionumériques ;
Conduiredesétudesprospectivesetémettreunavisd’opportunitésurlesprojetsnumériques
desstructuresdel’Etat ;
Promouvoir,enliaisonavecl’AutoritédeRégulation,lescommunicationsélectroniquesetle
développementdesoutilsélectroniquesetdesservicesnumériquesinnovants ;
Veilleràlagestionoptimaledeslicencesetdesressourcesraresdel’Etat ;
Veilleràlamiseenplaced’uncadrelégislatifetréglementairepropiceaudéveloppementdu
numériqueetdeladigitalisation ;
Veilleràlaréductiondelafracturenumérique ;
Développerlenumériquenotamment,parlapromotiondescompétencesnumériquesetde
l’entrepreneuriatnumérique ;
Contribueràlaprotectiondel’environnementcontrelesdéchetsélectroniques,enrelation
avecleministèreenchargedel’environnement ;
Assurerl’instaurationd’uneconfiancenumériquedurable ;
Promouvoirlacollaborationaveclesecteurprivéetlesinstitutionspartenaires ;
Assurerlareprésentationdel’Etatdanslesinstancesinternationalesintervenantdansles
communicationsélectroniques,lenumériqueetladigitalisationengénéral ;
Prépareretaccompagnerleséditeurspublicsetprivésaupassagenumérique ;
Renforcerlaqualitédupaysageaudiovisuel.
Plus de 2 000 km de fibre optique ont été déployés sur toute l’étendue du territoire national, rendant
possible l’accès à Internet haut débit. Un réseau qui est en train d’être densifié et étendu. Afin que la
puissance de la fibre puisse être rapidement exploitable par les citoyens béninois, notamment ceux
vivant dans les zones non-urbaines, le gouvernement a mis en place un service propre au Bénin : les
Points Numériques Communautaires (voir entretien), qui permettent aux populations des localités
concernées d’accéder au haut débit. En plus des câbles SAT3 et ACE qui desservent le pays, la
réalisation d’un point de branchement pour l’atterrissement du câble 2AFRICA, l’un des plus grands
projets de câbles sous-marins au monde, vient d’être acté en Conseil des ministres. De quoi doubler à
moyen terme, la capacité de la bande passante. Malgré le contexte pandémique, le Bénin s’active pour
mettre en service son datacenter avant la fin de l’année. Cette infrastructure stratégique de stockage et
de traitement moderne est destinée à héberger les données et systèmes d’information du pays, mais
aussi ceux des États et entreprises de la sous-région. Sécurisé, le datacenter est en cours de
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certification au niveau des normes les plus exigeantes (niveau 3 de la norme ANSI/TIA 942). Grâce à
l’installation du réseau et à la mise en place des infrastructures de diffusion, les ménages béninois
pourront désormais jouir de la Télévision numérique terrestre (TNT), au fur et à mesure que les
décodeurs adéquats sont rendus disponibles. Le Réseau béninois d’éducation et de recherche (RBER),
progressivement mis en service depuis décembre 2020 cible dans sa première phase, pas moins de 115
000 étudiants et 3 000 agents administratifs de dix sites universitaires et centres de recherche publics.
Avec 45 kilomètres d’un réseau capillaire de fibre déployés et 752 points d’accès wifi installés dans
l’enceinte des campus, le RBER permet à la communauté universitaire d’être interconnectée et
d’accéder à des ressources pédagogiques nationales et internationales. Le Bénin avait adhéré dès
février 2019 au Réseau d’éducation et de recherche de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (WACREN).
La plateforme e-learning lancée dans le contexte de la crise sanitaire de la Covid-19, affiche plus de
35 000 vidéos de cours et au moins 2 500 autres supports didactiques en ligne. Cette mine de solutions
numériques a permis d’assurer la continuité des cours, malgré les restrictions et, chose essentielle, de
favoriser aux étudiants la validation de leur année.
7
Entretien avec Madame Aurélie Adam Soulé Zoumarou, ministre du Numérique et de la
Digitalisation
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également très sollicité, alors que de plus en plus d’enseignants se rendent dans les PNC pour utiliser
les plateformes dédiées au secteur de l’enseignement.
PNC
© Point Numérique Communautaire
Le modèle des PNC requiert une forte implication des FAI. Que fait l’état béninois pour les
accompagner ?
Les attentes des populations sont très fortes et l’État a déjà beaucoup fait. Outre les investissements
dans les infrastructures, nous avons révisé le cadre réglementaire de façon à assouplir les conditions
d’exercice des FAI. Désormais, les opérateurs n’ont plus besoin d’une licence pour devenir FAI, mais
d’une autorisation délivrée par l’ARCEP Bénin [Autorité de régulation des communications
électroniques et de la Poste du Bénin. Nous avons aussi mis en place des dispositions juridiques qui
permettent une meilleure mutualisation des infrastructures. La Société béninoise des infrastructures
numériques (SBIN), opérateur de gros, a également revu son catalogue afin de permettre un accès plus
facile à son réseau. Pour plus de flexibilité, la plus petite unité qu’un FAI peut choisir de couvrir est
désormais la commune. L’ancien modèle exclusif aux FAI nationaux, a montré ses limites, c’est
pourquoi nous voulons aujourd’hui inciter les entrepreneurs à s’impliquer, commune par commune.
La volonté politique est là. C’est pourquoi je lance un appel aux FAI, afin qu’ils profitent de
l’environnement que nous avons mis en place.
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Dématérialisée une administration publique plus proche des citoyens et des entreprises
Grâce aux réformes et aux projets phares du Programme d’Action du Gouvernement menés à bien, le
Bénin a fait un bond de 20 places entre 2016 et 2020 dans le classement mondial des États qui placent
le numérique au cœur de leur gouvernance. Il est aujourd’hui le numéro un ouest-africain de la
fourniture de services publics en ligne, selon un sous-indicateur de l’Indice onusien de Développement
de l’E-Gouvernement (EGDI). En outre, selon la CNUCED, le Bénin est (avec l’Estonie) le pays le
plus rapide au monde en matière de création d’entreprise via un téléphone portable.
Impôts, création d’entreprises… plusieurs secteurs ont connu une transition digitale presque intégrale.
Voici un tour d’horizon des mesures mises en œuvre dans la digitalisation des services publics
béninois qui ont permis au pays d’atteindre de tels résultats. À travers le Portail national des services
publics, « service-public.bj », il est aujourd’hui possible d’accéder à des informations complètes sur
plus de 560 services publics et de se faire délivrer en ligne plus de 72 prestations de l’État, dont 10 e-
services totalement dématérialisés. Avec 50 000 e-visas délivrés en 2020 aux ressortissants d’une
cinquantaine de pays, près de 30 000 demandes de casiers judiciaires en ligne moins d’un semestre
après le lancement de cet e-service et plus de 40 500 entreprises créées en ligne en 10 mois, les
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plateformes numériques déployées par les autorités béninoises comblent les attentes, au-delà des
frontières nationales.
Plusieurs initiatives de renforcement des capacités des acteurs de l’écosystème du numérique ont été
lancées à travers le Fonds National d’Appui à l’Entrepreneuriat Numérique, l’initiative « Bénin Digital
Tour » ou encore l’opérationnalisation du Learning Lab, un centre qui a été mis en place par le
ministère du Numérique et de la Digitalisation pour délivrer gratuitement des formations périodiques
aux métiers du numérique. Ces actions favorisent l’émergence et le développement des compétences
locales, avec des startups qui redéfinissent la nouvelle économie béninoise. C’est aussi le cas
de l’École des métiers du numérique. Autorisée en Conseil des ministres en août dernier, sa création
doit combler un manque au Bénin, mais aussi dans la sous-région : celui d’une « formation spécifique,
basée sur des apports pratiques, professionnels et de courte durée », dédiée aux besoins en ressources
humaines des entreprises du secteur du numérique. Le gouvernement a procédé en novembre dernier à
la nomination des membres du Conseil d’administration de cette école. La plateforme
« eRESULTATS » a révolutionné le mode de proclamation des résultats des examens et concours
nationaux dans le contexte de la Covid-19. Plus de 4 millions de recherches y ont été effectuées en
moins de six mois, avec un pic de 710 000 recherches pendant la période de proclamation des résultats
du baccalauréat 2020. Les jeunes bacheliers n’ont plus de soucis d’orientation grâce à la
plateforme apresmonbac.bj qui a été mise à leur disposition. Grâce à la méthodologie de classement
intégrée à cette plateforme, près de 20 000 bourses ont été attribuées à l’issue d’une procédure
totalement dématérialisée et transparente. Grâce à la modernisation du processus d’identification des
personnes et la mise en place d’un fichier national sécurisé, les services publics dématérialisés sont
désormais à la portée de tous.
Le projet de Développement des usages et de la confiance numériques est initié pour susciter et
accompagner la dynamique qui doit conduire à un usage généralisé du numérique dans la vie
économique et sociale des populations. Le constat aujourd’hui est que le taux d’adoption des services
numériques reste encore faible au Bénin et ceci pour diverses raisons dont l’insuffisance du
développement des solutions en faveur des usages numériques. Notre pays ne profite pas encore de
toutes les technologies innovantes comme l’intelligence artificielle et autres pour créer une économie
numérique prospère, dynamique et transformatrice de la vie économique et sociale. Le
projet Développement des usages et de la confiance numériques apparaît donc comme un levier
important pour susciter cette dynamisation de l’adoption des usages numériques. Ce projet intègre le
projet de généralisation de l’usage du numérique par l’éducation et la formation et le projet de
promotion de contenus numériques
1. Cadre juridique :
Le Bénin a mis en place un cadre législatif ambitieux pour assurer la sécurité́ et la protection des
données et des utilisateurs dans l’espace numérique. Cette démarche vise à garantir la protection de la
vie privée, à prévenir la cybercriminalité́ et à instaurer un environnement numérique sûr et équitable
pour tous. Parmi les textes adoptés, la loi N° 2017-20 du 20 avril 2018, portant code du numérique,
occupe une place centrale. Elle couvre un large éventail de domaines, notamment l’accès universel, la
cybersécurité́, la protection des données personnelles et la régulation des communications
électroniques. Son caractère exhaustif constitue un atout majeur puisqu’elle établit un cadre
règlementaire structuré pour le développement du numérique. Cependant, sa mise en œuvre peut
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s’avérer coûteuse et exigeante en termes de ressources humaines et techniques. De plus, certaines
entreprises perçoivent ce cadre réglementaire comme rigide, ce qui peut freiner leur dynamisme.
Parallèlement, la loi sur la cybersécurité vient renforcer la protection des infrastructures critiques et
des systèmes d’information face aux menaces croissantes des cyberattaques. En encourageant la mise
en place de mesures préventives et des dispositifs de réponse aux incidents, elle joue un rôle clé dans
la sécurisation de l’espace numérique. Toutefois, sa mise en œuvre reste complexe, notamment en
raison de la nécessité d’une coordination efficace entre différentes entités et de la mise à jour constante
des mécanismes de protection.
Un autre pilier fondamental de ce cadre juridique est la loi sur la protection des données personnelles.
En complément du Code du numérique, elle définit des directives précises encadrant la collecte, le
traitement et l’utilisation des données personnelles. Cette loi représente un progrès significatif dans la
protection des citoyens face aux abus liés à l’exploitation des informations personnelles. Cependant,
les exigences de conformité qu’elle impose peuvent constituer un défi pour certaines entreprises, en
particulier celles disposant de ressources limitées, qui peinent à se conformer aux normes établies.
Au-delà de ces textes, des réglementations ont été mises en place pour garantir un accès équitable aux
technologies de l’information. Elles visent à réduire la fracture numérique en favorisant l’inclusion
digitale et en facilitant l’accès aux services numériques sur l’ensemble du territoire. Bien que cette
approche contribue à renforcer l’égalité des chances dans l’usage du numérique, son application
demeure complexe, surtout dans les zones rurales où les infrastructures sont encore insuffisantes pour
assurer une connectivité optimale.
Dans une dynamique de soutien à l’innovation, le gouvernement béninois a également adopté une loi
spécifique destinée à encourager la transformation digitale et la croissance des startups
technologiques. En proposant des incitations fiscales et des subventions aux entreprises innovantes,
cette loi ambitionne de stimuler le développement du secteur numérique et de favoriser la création
d’emplois dans les nouvelles technologies. Toutefois, son efficacité dépend largement de la
disponibilité et de l’accessibilité des aides mises en place, ce qui peut en limiter l’impact si ces
dispositifs ne sont pas suffisamment adaptés aux réalités des entrepreneurs locaux.
En somme, les lois numériques adoptées par le Bénin témoignent d’un engagement fort en faveur de la
régulation et de la promotion d’un environnement numérique sécurisé et inclusif. Elles apportent des
solutions concrètes aux défis du numérique tout en offrant un cadre propice à l’innovation.
Néanmoins, leur mise en œuvre effective et leur conformité aux nouvelles avancées technologiques
restent des enjeux majeurs. Pour maximiser leur impact, un accompagnement technique et financier
accru est nécessaire, notamment en faveur des entreprises et des institutions chargées d’assurer leur
application. L’adoption de stratégies adaptées aux réalités locales permettra d’optimiser les bénéfices
de ces réformes et de consolider durablement l’essor du numérique au Bénin.
2. Politiques publiques :
La transformation numérique du Bénin n’est plus une simple ambition, mais une réalité tangible.
Grâce au programme SMART GOUV (un projet visant à moderniser l’administration publique par
le numérique), le pays franchit des étapes décisives vers une administration transparente,
performante et proche des citoyens.
Les initiatives telles que la Gestion Électronique des Courriers (GEC), la numérisation des
archives, le Programme de Renforcement des Structures Centrales de Gouvernance (PRSCG) ou
encore l’implémentation de la plateforme BJCOLLAB (un outil de collaboration et de gestion)
témoignent de la volonté du gouvernement béninois de moderniser l’administration grâce au
numérique.
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Avec plus de 210 e-services entièrement dématérialisés, l’interaction entre l’administration et les
citoyens s’est considérablement améliorée ces dernières années. Cette avancée a été rendue
possible par le déploiement de 2500 km de fibre optique sur la dorsale nationale et dans les
agglomérations, l’amélioration de la couverture mobile ainsi que par la mise en place des Points
Numériques Communautaires (PNC), qui facilitent l’accès à Internet à travers tout le pays.
Désormais, un simple clic suffit pour obtenir des documents essentiels, régler des factures ou
accéder à des services publics.
Le taux de pénétration de l’Internet, qui était de 20 % en 2015, a atteint 55 % en 2022. Ces efforts
illustrent l’engagement du gouvernement béninois à rendre l’Internet de qualité accessible à tous
les citoyens et à un coût abordable. Bien que des défis subsistent, l’exécutif œuvre activement à
l’optimisation des processus internes afin de supprimer les obstacles qui ralentissent leur
efficacité. Les perspectives sont ambitieuses, et le Bénin continuera d’investir et d’innover pour
améliorer durablement les usages numériques.
Des programmes comme Africa Digital Campus (une initiative de formation aux métiers du
numérique), Bénin Digital Tour (un projet de sensibilisation et d’éducation au numérique dans tout
le pays) ou LEARN (un programme d’apprentissage en ligne pour renforcer les compétences
numériques) illustrent la détermination des autorités à former la jeunesse aux métiers de demain,
tout en élargissant l’inclusion numérique à toutes les couches de la population.
De même, l’adhésion du Bénin à la Convention de Budapest (un cadre international de lutte contre
la cybercriminalité) ainsi que la ratification de la Convention de l’Union africaine sur la
cybersécurité et la protection des données à caractère personnel démontrent un engagement fort à
assurer un environnement numérique sécurisé et à renforcer la coopération mondiale.
La digitalisation touche plusieurs secteurs essentiels de l’économie béninoise, notamment
l’agriculture, le tourisme, la santé et l’éducation. Chaque avancée rapproche le pays de son
ambition : faire du Bénin une référence numérique en Afrique. Grâce à des projets innovants et à
des partenariats internationaux en Intelligence Artificielle, le pays consolide sa place dans
l’économie numérique mondiale.
Cet engagement en faveur du numérique a été réaffirmé par Aurélie I. ADAM SOULE
ZOUMAROU, Ministre du Numérique et de la Digitalisation, qui souligne la détermination du
gouvernement à poursuivre ces réformes et à accélérer la modernisation des services publics à
travers le numérique.
L’essor du numérique au Bénin a favorisé une modernisation rapide des services publics et privés,
mais il a également révélé certaines limites dans l’application des lois existantes. Bien que des cadres
légaux tels que le Code du numérique et la loi sur la cybersécurité aient été adoptés, des zones grises
persistent, rendant leur mise en œuvre parfois difficile.
Tout d’abord, la question de la protection des données personnelles reste une problématique majeure.
La loi prévoit des règles sur la collecte, le stockage et le traitement des données, mais leur application
concrète pose plusieurs difficultés, notamment en ce qui concerne les plateformes numériques opérant
depuis l’étranger. En l’absence de mécanismes robustes de contrôle et de sanctions, certains acteurs
échappent aux obligations légales, compromettant ainsi la sécurité des données des citoyens.
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Ensuite, l’essor des crypto-monnaies et des technologies basées sur la blockchain illustre un autre vide
juridique. L’absence de cadre réglementaire clair crée une incertitude tant pour les investisseurs que
pour les utilisateurs, ce qui peut freiner le développement de ces technologies et exposer les citoyens à
des risques financiers accrus. Cette situation soulève également des préoccupations en matière de lutte
contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, des risques souvent associés aux
transactions en crypto-monnaies en raison de leur caractère décentralisé et difficilement traçable.
Par ailleurs, la responsabilité des plateformes numériques, qu’il s’agisse des réseaux sociaux ou des
plateformes d’e-commerce, demeure insuffisamment définie. Les obligations en matière de
modération des contenus, de protection des consommateurs et de lutte contre les contenus illicites
restent floues, ce qui laisse place à des abus et à une application inégale des règles. Cela se traduit par
la prolifération de fausses informations, d’arnaques en ligne et de discours haineux sans que les
responsables puissent être clairement identifiés ou tenus pour redevables.
De plus, la question de l’admissibilité des preuves numériques en justice complique la poursuite des
infractions commises en ligne. Sans un cadre précis sur la recevabilité des preuves électroniques, la
lutte contre la cybercriminalité et les litiges liés aux transactions en ligne sont rendus plus complexes,
limitant ainsi l’efficacité des actions en justice. Le manque d’expertise des magistrats et des forces de
l’ordre en matière de cybersécurité constitue un frein supplémentaire à l’application efficace des lois
dans ce domaine.
Enfin, l’application des lois numériques est parfois freinée par un manque de coordination entre les
différentes instances chargées de leur mise en œuvre, ce qui entraîne des incohérences et des retards
dans le traitement des infractions. L’absence de structures spécialisées pour traiter les contentieux
numériques et l’insuffisance des ressources techniques et humaines dédiées à la régulation du
numérique compliquent encore davantage la situation.
La nécessité de mettre à jour les cadres légaux pour inclure les nouvelles technologies
Face à ces défis, il apparaît essentiel d’adapter et de mettre à jour le cadre légal pour inclure les
nouvelles technologies et anticiper les enjeux émergents. L’évolution rapide des innovations
numériques rend les textes existants parfois obsolètes, ce qui nécessite une révision régulière pour
garantir une réglementation efficace et adaptée aux réalités du terrain.
Tout d’abord, l’intelligence artificielle et l’automatisation, qui prennent une place croissante dans les
secteurs de la finance, de la santé et de l’administration publique, posent de nouvelles questions
éthiques et de responsabilité. En l’absence de réglementation spécifique, il devient difficile de
déterminer qui est responsable en cas d’erreur ou de préjudice causé par un algorithme. Il est donc
crucial d’établir des normes encadrant l’usage de ces technologies afin de garantir un développement
responsable et éthique. L’introduction de certifications ou d’audits d’algorithmes pourrait permettre de
renforcer la transparence et la fiabilité des systèmes automatisés utilisés dans des domaines sensibles.
Dans le domaine de l’économie numérique, l’essor du commerce en ligne et des services digitaux
impose également une révision du cadre fiscal. L’absence de réglementation spécifique sur la taxation
des plateformes numériques entraîne des pertes de revenus pour l’État et crée une concurrence inégale
entre les entreprises locales et les acteurs internationaux. Une refonte du régime fiscal numérique
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pourrait non seulement générer des recettes supplémentaires pour le gouvernement, mais aussi
favoriser une concurrence plus équitable entre les différents acteurs du marché.
Enfin, la protection des consommateurs dans l’environnement numérique devient un enjeu prioritaire.
Avec l’augmentation des transactions en ligne, il est impératif d’adopter des lois plus strictes sur la
transparence des services, la gestion des litiges et la lutte contre les fraudes numériques. L’obligation
pour les plateformes d’e-commerce d’afficher clairement les conditions de vente, les délais de
livraison et les politiques de remboursement pourrait renforcer la confiance des consommateurs. Par
ailleurs, la mise en place d’un organisme de médiation spécialisé dans les litiges numériques
permettrait de résoudre plus efficacement les différends entre vendeurs et acheteurs en ligne.
1. Perception de la population :
De plus en plus de Béninois montrent un intérêt pour les innovations numériques, surtout en ce qui
concerne les technologies qui facilitent la vie quotidienne. L'utilisation des smartphones, d'Internet
et des services financiers mobiles (comme les paiements via mobile money) a gagné en popularité,
notamment dans les zones urbaines. Ces technologies sont souvent perçues comme un moyen
d'améliorer l'accès à l'information, aux services bancaires, à l'éducation et même à la santé, en
particulier dans les régions rurales. Cependant, le degré d'adoption varie en fonction de l'accès aux
infrastructures numériques. Les populations urbaines bénéficient d'une meilleure couverture
Internet et des infrastructures liées à la technologie, tandis que les zones rurales rencontrent encore
des difficultés d'accès à des services numériques fiables. Cela limite la perception générale de
certaines innovations qui sont souvent perçues comme des outils réservés à une élite urbaine.
2. Inégalités numériques :
Les personnes bénéficient généralement des innovations numériques sont entre autres :
. Jeunes et classe moyenne urbaine : Ils ont un meilleur accès aux technologies (smartphones,
Internet) et peuvent exploiter les opportunités dans l'éducation, l'entrepreneuriat numérique et les
services financiers mobiles.
. Entrepreneurs et startups : Ils profitent des politiques de soutien et des outils numériques pour
innover et développer des entreprises, notamment dans les secteurs technologiques et e-commerce.
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. Utilisateurs de services financiers mobiles : Les populations ayant accès au mobile money
bénéficient de l'inclusion financière, notamment dans les zones rurales.
. Populations rurales : Manque d'infrastructures et de services Internet, limitant leur accès aux
technologies.
. Personnes âgées : Faible niveau de compétences numériques, les excluant des avantages des
technologies.
. Personnes à faible pouvoir d'achat : Le coût des appareils et de l'Internet empêche l'accès aux
innovations numériques.
. Femmes et filles : Dans certaines zones, des inégalités de genre limitent l'accès des femmes aux
outils numériques.
En somme, bien que les jeunes urbains et certains entrepreneurs bénéficient largement des
innovations numériques, les populations rurales, âgées, à faible revenu et les femmes restent
souvent exclues.
Le gouvernement béninois a lancé la plateforme Benin e-Gov pour faciliter l'accès des citoyens
aux services administratifs en ligne. Cette initiative permet aux Béninois d'effectuer diverses
démarches administratives (comme la demande de passeport, le paiement de taxes,
l’enregistrement des entreprises) sans avoir à se rendre dans les bureaux publics. Cela améliore
l'efficacité, réduit les coûts et contribue à la transparence de l'administration publique, tout en
rendant les services plus accessibles, notamment dans les zones rurales.
Wecashup est une plateforme numérique de financement participatif qui aide les petites
entreprises béninoises à accéder à des prêts et à des fonds pour développer leurs projets. En
facilitant les transactions financières en ligne et en reliant les entrepreneurs aux investisseurs,
Wecashup a un impact social en permettant aux jeunes et aux femmes de démarrer et développer
leurs entreprises, en particulier dans les secteurs de l'agriculture et du commerce électronique.
Le mobile money a connu une expansion importante au Bénin, avec des services comme MTN
Mobile Money et Moov Money permettant à des millions de personnes, y compris dans les zones
rurales, d'accéder à des services bancaires via leurs téléphones portables. Cela a transformé l'accès
à la finance, amélioré les transferts d'argent, les paiements et les services financiers pour ceux qui
n'ont pas de compte bancaire traditionnel. Cette initiative a un impact majeur sur l'inclusion
financière et l'autonomisation économique.
L'initiative eHealth au Bénin a permis de développer des services de santé numériques, y compris
la télémédecine, pour fournir des soins à distance. Par exemple, des plateformes comme
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HealthConnect permettent aux patients, surtout dans les zones rurales, de consulter des médecins à
distance via des consultations vidéo. Cela améliore l'accès aux soins médicaux et réduit les
barrières géographiques pour les populations éloignées des centres de santé.
Le Bénin a amorcé un tournant numérique encourageant, avec des avancées notables dans
plusieurs secteurs. La digitalisation des services publics, l’émergence de startups innovantes et
l’intégration croissante des TIC dans l’éducation et la santé sont des signes positifs. Cependant,
des blocages techniques et organisationnels freinent cette dynamique.
Points forts
Dynamisme des startups béninoises et émergence de solutions locales adaptées aux réalités du
pays.
Accélération de la digitalisation des services publics facilitant les démarches administratives.
Intégration progressive des TIC dans les domaines de l’éducation et de la santé.
Faiblesses
2. Opportunités inexploitées :
Secteurs porteurs
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Encouragement de la recherche et développement dans les universités.
Développement de formations certifiantes adaptées aux besoins du marché du travail.
L’un des principaux défis du développement numérique au Bénin reste l’accès inégal aux
infrastructures numériques. En milieu urbain, des efforts ont été faits pour améliorer la
connectivité, notamment à travers le déploiement de la fibre optique dans certaines grandes villes
comme Cotonou et Parakou. Cependant, en milieu rural, la couverture Internet reste limitée en
raison :
Problèmes identifiés
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• Promotion des centres numériques communautaires où la population peut accéder à des
équipements et à Internet.
L’adoption des innovations numériques passe par une éducation adaptée aux nouvelles réalités
technologiques. Aujourd’hui, de nombreux jeunes béninois utilisent Internet principalement pour
les réseaux sociaux, sans exploiter pleinement les opportunités qu’offre le numérique en matière
d’apprentissage et d’entrepreneuriat.
Il est essentiel d’introduire l’apprentissage du numérique dès le plus jeune âge, afin de former une
génération compétente et innovante.
• Les classes numériques : Certains établissements pilotes au Bénin ont mis en place des
tablettes pour les élèves afin de faciliter l’apprentissage en ligne.
• Les cours de programmation : Des initiatives comme "Africa Code Week" organisent des
ateliers pour initier les jeunes au codage et à la robotique.
Le numérique transforme tous les secteurs d’activité. Il est donc crucial d’offrir des formations
aux travailleurs et aux entrepreneurs pour les aider à s’adapter aux nouvelles technologies.
Solutions envisageables
• Partenariats avec des entreprises pour proposer des certifications professionnelles reconnues.
• Encouragement des universités à intégrer des modules de digitalisation dans leurs formations.
5. Amélioration de la gouvernance :
La législation béninoise sur le numérique est encore en cours de structuration. Il est nécessaire de :
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Le développement numérique nécessite une collaboration entre :
Le Bénin dispose déjà de plusieurs incubateurs qui accompagnent les jeunes entrepreneurs du
numérique, tels que :
Cependant, l’accès au financement reste un défi majeur pour les jeunes entrepreneurs. Des
solutions possibles incluent :
Le Bénin regorge de jeunes talents dans le numérique, mais beaucoup choisissent d’émigrer vers
d’autres pays offrant de meilleures opportunités.
Solutions possibles
• Création d’événements tech nationaux pour mettre en lumière les talents locaux.
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• Favoriser l’exportation des services numériques béninois vers d’autres marchés africains et
internationaux.
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Conclusion
Le développement du numérique au Bénin repose sur une transformation culturelle profonde. Pour
que les innovations technologiques aient un impact durable, il est essentiel de :
1. Renforcer les infrastructures numériques pour garantir un accès équitable à Internet.
2. Investir dans l’éducation et la formation continue pour développer des compétences
adaptées.
3. Améliorer la gouvernance en mettant à jour les lois et en favorisant les partenariats
stratégiques.
4. Encourager l’innovation locale en soutenant les startups et les talents béninois.
Le numérique représente une opportunité unique pour le Bénin d’accélérer son développement
économique et social. Il appartient aux acteurs publics, privés et à la société civile de collaborer pour
bâtir un avenir numérique inclusif et prospère.
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