0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
39 vues78 pages

Cours D'aménagement Hydrauliques

Ce document est un support de cours sur les aménagements hydrauliques destiné aux étudiants de licence en hydraulique, abordant les bases physiques et mathématiques des cours d'eau et les impacts des aménagements. Il est structuré en neuf chapitres, traitant des sujets tels que les ressauts hydrauliques, la morphologie des cours d'eau, les types d'aménagements, et les protections contre les inondations et l'érosion. L'objectif est de fournir aux étudiants les connaissances nécessaires pour concevoir et entretenir des ouvrages hydrauliques adaptés aux besoins humains tout en préservant l'environnement.

Transféré par

abderrazzak.lamriss
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
39 vues78 pages

Cours D'aménagement Hydrauliques

Ce document est un support de cours sur les aménagements hydrauliques destiné aux étudiants de licence en hydraulique, abordant les bases physiques et mathématiques des cours d'eau et les impacts des aménagements. Il est structuré en neuf chapitres, traitant des sujets tels que les ressauts hydrauliques, la morphologie des cours d'eau, les types d'aménagements, et les protections contre les inondations et l'érosion. L'objectif est de fournir aux étudiants les connaissances nécessaires pour concevoir et entretenir des ouvrages hydrauliques adaptés aux besoins humains tout en préservant l'environnement.

Transféré par

abderrazzak.lamriss
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Vous êtes sur la page 1/ 78

République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche


Scientifique
Université 8 mai 1945 Guelma
Faculté des Sciences et de la Technologie,
Département : Génie Civil et Hydraulique

Cours d’aménagements
hydrauliques
Destinés aux étudiants de licence en hydraulique
Dr : Kherouf Mazouz

2023
Cours d’aménagements hydrauliques

Préambule
Cette polycopie fournit tout d’abord les bases physiques et mathématiques de
compréhension et de quantification des mécanismes majeurs se produisant dans les cours
d’eau, pour l’écoulement de l’eau dans des systèmes à surface libre, pour le transport des
sédiments, et enfin pour la morphogenèse fluviale, c’est-à-dire toutes les évolutions des
berges et du tracé du lit du cours d’eau.
Les objectifs de cette polycopie sont de décrire les écoulements fluviaux ainsi que les impacts
que peuvent avoir les aménagements hydrauliques. En effet, il convient d’être en mesure
d’identifier, de dimensionner et d’anticiper les impacts potentiels des aménagements
envisagés sur l’évolution des cours d’eau.
Cette polycopie fait intervenir les équations simplifiées régissant les écoulements à surface
libre et les applications de dimensionnement autour des aménagements hydrauliques. Il
s‘articulera autour de :
Formes naturelles des rivières : définition des principaux paramètres contrôlant les
rivières, description de l’évolution morphologique des rivières.
Hydraulique à surface libre : caractéristiques des écoulements à surface libre,
hydraulique des canaux.
Transport sédimentaire : définition des modes de transport (charriage et suspension) et
estimation de la capacité de transport d’une rivière.
Protections des berges : mécanismes d’évolution des berges et principes généraux de
protection des berges avec des outils de dimensionnement.
Les seuils en rivière : définition et description des différents types de seuils,
dimensionnement des paramètres à prendre en compte pour l’installation d’un seuil.
Protections des crues : définition des crues, inondations associées et méthodes de
protections possibles.

Le document fourni des enseignements pratiques sur la nature des travaux concrets qu’il faut
réaliser pour atteindre tel ou tel objectif, sur les effets d’un aménagement en rivière, sur les
moyens concrets d’en mitiger les conséquences indésirables, sur la protection des berges et
l’entretien des digues et des cours d’eau, sur le rôle de la végétation, en particulier la
reforestation, la végétalisation des berges, sur la lutte contre les inondations, sur l’aménagement
de l’espace rural favorisant ou, au contraire, réduisant l’expansion des crues et l’érosion, sur les
aménagements propices au maintien de la biodiversité le long du cours d’eau. Il s’agit d’un outil
pour tous ceux, (étudiants ou professionnels), qui veulent comprendre le comportement des
cours d’eau dans leur milieu naturel ; pour tous ceux, encore, qui veulent savoir comment
concevoir, construire ou entretenir les aménagements capables de dompter, au bénéfice de

1
Cours d’aménagements hydrauliques

l’homme. Des notions, exemples et explications ont été présentées en s’appuyant sur des
informations préalablement requises pour bien comprendre les processus des aménagements
des cours d’eau. Il est le fruit d’une longue pratique de l’enseignement de l’hydraulique à
l’université 8 mai de Guelma.

Il s’agit d’un support de cours de la matière " Aménagements Hydrauliques " destiné aux

étudiants de la 3ème année de Licence, Filière Hydraulique du domaine des Sciences et

Technologies (ST). Le cours est structuré selon le programme des enseignements de la 3 ème

année de Licence Hydraulique, 6ème semestre. Ce document est constitué de neuf chapitres qui
s’enchainent comme suit :
Chapitre 1 : Ressaut hydraulique
Chapitre 2 : Ecoulement par les déversoirs
Chapitre 3 : Notion de morphologie des cours d’eau
Chapitre 4 : Différents types d’aménagements hydrauliques
Chapitre 5 : Quelques généralités sur les cours d’eau
Chapitre 6 : Pourquoi aménager et entretenir les cours d’eau
Chapitre 7 : Des exemples de travaux ou d'aménagement de cours d'eau
Chapitre 8 : Protection contre les inondations
Chapitre 9 : Lutte contre l’érosion
Le premier chapitre est consacré aux ressauts hydrauliques qui sont souvent conçus en
systèmes hydrauliques pour dissiper l’énergie mécanique d’un fluide. Ce chapitre se termine par
l’étude l’influence du débit sur les pertes de charge singulières liées au ressaut. Dans beaucoup
de situations, des retenues d'eau (lacs, bassins, barrages) sont bordées par un déversoir, c'est-à-
dire une paroi dont le bord supérieur, appelé seuil, est profile. C’est d’ailleurs l’objet du
deuxième chapitre.
Le chapitre 3 est dédié à la notion de morphologie des cours d’eau. On revient sur la définition
de la morphologie des cours. On explique l’évolution des formes que les cours d’eau adoptent en
fonction des conditions climatiques et géologiques (nature du sol, débit, pente, granulométrie du
fond, etc.), et on met en exergue les facteurs responsables de l’équilibre et le déséquilibre des
cours d’eau.
Les chapitres de 4 à 7 décrivent les différents types d’aménagements hydrauliques, l’intérêt de
l’aménagement et l’entretien des cours d’eau sont présentés, et quelques exemples de travaux ou
d'aménagement de cours d'eau sont illustrés.
Dans les chapitres 8 et 9 respectivement les moyens de Protection contre les inondations et de
Lutte contre l’érosion sont évoqués.

2
Cours d’aménagements hydrauliques

Préambule .........................................................................................................................................1
Chapitre 1 .........................................................................................................................................2
Ressaut hydraulique .........................................................................................................................2
1.1. Aperçu sur les écoulements brusquement variés ........................................................................2
1.1.1. Définition et caractéristiques ..............................................................................................2
1.1.2. Principe d’étude des écoulements brusquement variés ........................................................2
1.2. Ressaut hydraulique .................................................................................................................2
1.2.1 Introduction ........................................................................................................................2
1.2.2 Fonctions du ressaut hydraulique ........................................................................................4
1.2.3 Les types de ressauts hydrauliques ......................................................................................4
1.2.2. Quelques paramètres caractéristiques .................................................................................4
1.2.3. Définition des profondeurs conjuguées ..............................................................................5
1.3. Impulsion totale........................................................................................................................5
1.3.1. Variation de (M) en fonction de y pou (Q) donné ...............................................................5
1.4. Calcul du ressaut pour un canal rectangulaire............................................................................6
Chapitre 2 .........................................................................................................................................9
Ecoulement par les déversoirs ..........................................................................................................9
2.1. Définition et principaux types de nappes ...................................................................................9
2.2. Ecoulement par nappe libre .................................................................................................... 10
2.2.1. Déversoir à mince paroi ................................................................................................... 10
2.2.2. Déversoir à seuil épais .................................................................................................... 12
2.2.3. Déversoir à seuil déversant .............................................................................................. 13
2.3. Ecoulement par nappe noyée en dessous ................................................................................. 13
2.4. Déversoir latérale ................................................................................................................... 14
2.5. Déversoir circulaire ................................................................................................................ 16
2.6. Déversoir trapézoïdal à profil convergent vers le haut ............................................................. 17
Chapitre 3 ....................................................................................................................................... 24
Notion de morphologie des cours d’eau ......................................................................................... 24
3.1. Introduction............................................................................................................................ 24
3.2. Définitions ............................................................................................................................. 24
3.2.1 Glossaire .......................................................................................................................... 24
3.2.2. Rives gauche et droite ...................................................................................................... 25
3.3. Cours d’eau, vue transversale ................................................................................................. 25
3.3.1. Lit du cours d’eau ............................................................................................................ 25
3.3.2.La berge ........................................................................................................................... 26
3.4. Cours d’eau, vue longitudinale ............................................................................................... 27
Chapitre 4 ....................................................................................................................................... 30

3
Cours d’aménagements hydrauliques

Différents types d’aménagements hydrauliques ............................................................................ 30


4.1. Introduction............................................................................................................................ 30
4.2. Les différents aménagements répertoriés sont : ....................................................................... 32
4.3. Rectification recoupement des méandres ................................................................................ 33
4.4. Les différents types de canaux : .............................................................................................. 34
Chapitre 5 ....................................................................................................................................... 36
Quelques généralités sur les cours d’eau ........................................................................................ 36
5.1 Définition ................................................................................................................................ 36
5.2. Les différents types de cours d’eau ......................................................................................... 36
5.3. La morphologie des cours d’eau ............................................................................................. 37
5.3.1. Les formes fluviales et leurs évolutions ............................................................................ 38
5.3.2 Dynamique morphologique des cours d’eau ...................................................................... 42
5.4 Crue et inondation ................................................................................................................... 48
5.4.1 Crues ................................................................................................................................ 48
5.4.2 . Les inondations............................................................................................................... 49
5.6. Typologie des inondations ...................................................................................................... 50
Chapitre 6 ....................................................................................................................................... 51
Pourquoi aménager et entretenir les cours d’eau ? ....................................................................... 51
6.1. Introduction............................................................................................................................ 51
6.2. D’une manière générale, les différents travaux visent donc à :................................................. 51
6.3. Trois types d’intervention sont utilisés : .................................................................................. 52
6.4. Citons quelques méthodes pour entretenir le lit d’un cours d’eau : .......................................... 52
Chapitre 7 ....................................................................................................................................... 53
Des exemples de travaux ou d'aménagement de cours d'eau ........................................................ 53
7.1. L'effacement ou l'abaissement des ouvrages............................................................................ 53
7.2. L’entretien des berges et des ripisylves ................................................................................... 53
7.3. La reconnexion des annexes hydrauliques ............................................................................... 54
7.4. Augmenter la capacité d’accueil du milieu pour les poissons .................................................. 55
7.5. La gestion des espèces exotiques envahissantes ...................................................................... 55
7.6. La restauration des zones humides .......................................................................................... 56
Chapitre 8 ....................................................................................................................................... 57
Protection contre les inondations ................................................................................................... 57
8.1. Analyse des crues ................................................................................................................... 57
8.2. Genèse des crues et inondations .............................................................................................. 57
8.2.1. Définition de l’inondation ................................................................................................ 57
8.2.2. Processus conduisant aux crues et aux inondations ........................................................... 57
8.2.3. Types d’inondation .......................................................................................................... 57
8.3.Gestion et exploitation des ouvrages de protection ................................................................... 57
8.3.1.Recalibrage des ouvrages des cours d’eau ......................................................................... 57

4
Cours d’aménagements hydrauliques

8.3.2. Endiguement d’un cours d’eau ......................................................................................... 58


8.3.3. Caractéristiques des digues .............................................................................................. 59
8.4. Reboisement........................................................................................................................... 59
8.5.Barrage ecrèteur ...................................................................................................................... 59
8.6. Correction torrentielle ............................................................................................................ 59
8.7.Les épis ................................................................................................................................... 60
8.8. Banquette : ............................................................................................................................. 61
Chapitre 9 ....................................................................................................................................... 62
Lutte contre l’érosion...................................................................................................................... 62
9.1.Qu’est-ce que l’érosion............................................................................................................ 62
9.2. Les dommages causés par l’érosion ........................................................................................ 63
9.2.1. La diminution du potentiel agronomique .......................................................................... 63
9.2.2.Les inondations et coulées de boue ................................................................................... 65
9.2.3. Les dommages causés par l’érosion ................................................................................. 66
9.3. Les causes de l’érosion ........................................................................................................... 67
9.3.1.Les facteurs naturels ......................................................................................................... 67
9.3.2 Les facteurs aggravants ..................................................................................................... 68
9.3.3.Représentation Schématiques des causes et des conséquences de l’érosion des sols ........... 70
Bibliographie ................................................................................................................................... 72

5
Introduction générale

Depuis que l'homme s'est installé sur les berges des cours d'eau, il a toujours essayé de les
domestiquer. Il a entrepris différents aménagements plus ou moins agressif, qui ont comme tout
aménagement d'un cours d'eau des conséquences hydro-morphologiques. Aujourd’hui, rares
sont les cours d’eau ayant conservé leur morphologie naturelle. Tous les cours d’eau ont subi de
lourds aménagements dégradants. Les activités anthropiques représentent des pressions dites
hydromorphologiques car elles perturbent :
L’hydrologie du cours d’eau en modifiant notamment la dynamique des écoulements,
La morphologie du cours d’eau en modifiant les paramètres physiques du lit (sa
largeur, sa profondeur, son substrat, la végétation rivulaire…)
Un aménagement est un ensemble des structures ou ouvrages nécessaires pour dériver, stocker
et enfin conduire l’eau à l’utilisation finale. Un aménagement hydraulique est un système de
génie civil, composé de plusieurs ouvrages (unitaires ou de long linéaire) et destiné à
transporter et réguler des écoulements. Un aménagement hydraulique participe à la protection
d’une zone protégée contre les inondations ou les submersions. Il comprend des ouvrages qui
sont principalement des ouvrages hydrauliques de rétention d’une partie des crues, comme les
barrages, ou les digues de protection contre les inondations ou contre les submersions. Ce sont
aussi tous les infrastructures hydrotechniques qui permettent d'entretenir et gérer ressource en
eau pour son utilisation rationnelle. Selon leur fonction, des types d'ouvrages peuvent être
distingués : seuil hydraulique, prise d'eau, ouvrages ; d’adduction ; de stockage (réservoir d'eau,
barrage, excréteur de crue) ; d’exploitation ; de soutien d’étiage ; de restitution de protection
(digue, etc.)
Comprendre les cours d’eau, c’est comprendre les processus physiques qui les caractérisent, qui
les façonnent, et qui les diversifient. Les cours d’eau sont en effet des milieux complexes et
dynamiques, ouverts et résilients, fonctionnant particulièrement à processus-réponses et à
rétroactions positives et négatives. La géomorphologie fluviale est par excellence la branche de
l’hydrologie qui permet d’appréhender tous les mécanismes qui régissent le comportement des
rivières dans l’espace-temps. Il est primordial de donner aux étudiants les connaissances
nécessaires à la conception, à la réalisation des ouvrages hydrauliques dont la fonction est
l’aménagement des cours d’eau. Par Ailleurs, il s’agit également de permettre aux étudiants
d'acquérir des compétences pour élaborer des mesures préventives pour lutter contre les
inondations et l’érosion d’une part qui en découle, et d’autre part évaluer les impacts des
ouvrages hydrauliques sur les régimes d’écoulement, et par conséquent le transport des
sédiments dans les cours d’eau.
Cours d’aménagements hydrauliques

Chapitre 1
Ressaut hydraulique

1.1. Aperçu sur les écoulements brusquement variés


1.1.1. Définition et caractéristiques
Un écoulement brusquement varié est un écoulement permanent dans le temps mais les variables de
l’écoulement varient très vite, voire de manière discontinue dans l’espace.
Les principales caractéristiques d’un écoulement brusquement varié sont :
‐ La courbure des lignes de courant est très prononcée, d’où la répartition des pressions n’est plus
hydrostatique dans chaque section ;
‐ La répartition des vitesses est très irrégulière (le coefficient d’énergie cinétique α >> 1) avec parfois
de courants de retour ;
‐ L’effet du frottement sur les parois peut être négligé ;
‐ La surface libre est souvent instable et irrégulière.

1.1.2. Principe d’étude des écoulements brusquement variés


Dans le cas général, on ne cherche pas à tracer l’allure de la surface libre. On détermine alors deux
sections qui englobent au plus près l’écoulement et où la répartition des pressions est hydrostatique et
celle de vitesse est régulière. Entre les deux sections, l’écoulement n’étant pas uniforme, les formules
du régime uniforme ne sont donc pas applicables. Cependant, on applique :
‐ Soit le théorème des quantités de mouvement (théorème d’Euler) si l’écoulement est divergent
avec de forte dissipation d’énergie : ressaut hydraulique par exemple ;
‐ Soit le théorème de Bernoulli si l’écoulement est convergent avec faible ou sans dissipation
d’énergie : écoulement sous une vanne par exemple.

1.2. Ressaut hydraulique


1.2.1 Introduction
Le ressaut hydraulique est décrit dans la littérature comme un phénomène qui se produit au moment de
la transition entre un écoulement torrentiel et un écoulement fluvial. Il se produit lors d’une élévation
abrupte du niveau de l’eau dans une petite région ou lors d’une perte importante de charge hydraulique
localisée (Figure 1.1).

Figue 1.1. Ressaut hydraulique dans la nature

2
Cours d’aménagements hydrauliques

Le premier scientifique à décrire ce phénomène fut le célèbre Léonard de Vinci au XVIe siècle, qui
depuis lors stimule les scientifiques dans le domaine des sciences hydrauliques. Même si plus de
quatre siècles se sont écoulés depuis la description de Léonard de Vinci, de grands progrès dans
l’étude du ressaut hydraulique et de ces effets corrélés continuent à se développer.
La compréhension de ce phénomène est aujourd’hui d’une importance vitale dans diverses
applications de l’ingénierie. L’un des exemples les plus classiques de son importance est la
construction de barrages. Des études montrent qu’un déversoir bien conçu suivant les principes du
ressaut hydraulique peut dissiper entre 60 et 70% de l’énergie. Ceci permet de minimiser les
dommages faits à la structure et au lit de la rivière et donc de réduire les coûts de maintenance et les
impacts environnementaux. La réduction du risque de dommages est faite par jet liquide à grande
vitesse des évacuateurs de crues. À des vitesses d’écoulement élevé de canal, les sédiments peuvent
être levés de lits de rivière. En réduisant les vitesses d’écoulement, ressauts hydrauliques aussi
réduisent le potentiel de l’érosion et l’affouillement autour de pieux.
Le ressaut peut se déclencher dans différentes circonstances : par exemple au pied d’un barrage-
déversoir ou à l’aval d’un écoulement au-dessous d’une vanne de fond ou encore dans un canal à forte
pente débouchant dans un écoulement fluvial (Figure 1.2)

Figure 1.2. Paramètres du ressaut hydraulique

La ligne d’énergie, indiquée en pointillé sur la Figure 1.3 montre que le ressaut hydraulique provoque
une dissipation d’énergie par turbulence (hL).

Figure 1.3. Dissipation de l’énergie dans un ressaut hydraulique

3
Cours d’aménagements hydrauliques

1.2.2 Fonctions du ressaut hydraulique


Le ressaut hydraulique a de nombreuses applications. On cite dans le cas d’un canal ouvert :
Dissiper l'énergie dans les ouvrages hydrauliques empêchant ainsi l'affouillement à leur aval ;
Réduire la pression de soulèvement net dans des ouvrages hydrauliques ;
Elever le niveau d'eau sur le côté aval des structures ;
Augmenter le débit d'une vanne ;
Eliminer les poches d'air à partir des flux de canaux ouverts

1.2.3 Les types de ressauts hydrauliques


En tant que résultat d'études approfondies, les chercheurs ont donné de différentes classifications des
sauts hydrauliques Bradley et Peterka (1957) ont classé les ressauts hydrauliques en cinq catégories en
fonction de la valeur du nombre de Froude initial. La classification est décrite comme suit :

‐ Si 1 < Fr1< 1.7, le ressaut est dit ondulé ;


‐ Si 1.7 < Fr1< 2.5, ressaut faible ;
‐ Si 2.5 < Fr1< 4.5, ressaut oscillant ;
‐ Si 4.5 < Fr1< 9.0, ressaut établi ;
‐ Si Fr1> 9.0, ressaut fort.

1.2.2. Quelques paramètres caractéristiques


• Hauteur du ressaut, c’est la quantité :

hR= (y2 ‐ y1) (1.1)

• Longueur du ressaut, autrement dit la distance entre les sections 1 et 2 est très difficile à
déterminer, elle ne peut être déterminée théoriquement, mais il a été démontré expérimentalement que
:

LR≅ 6,9 (y2 ‐ y1) (1.2)

La longueur du ressaut hydraulique peut également estimée par la formule de Chin, 2000)

LR≅ 6 (y2)
Tant que 4,5<Fr<13

• Rendement du ressaut RR: c’est le rapport de l’augmentation de l’énergie potentielle sur la


diminution de l’énergie cinétique
𝑦 −𝑦1
𝑅𝑅 = 𝑈22 2 (1.3)
1 −𝑈2
2𝑔 2𝑔

• Perte de charge du ressaut ΔH : Le ressaut provoque une importante dissipation d’énergie


mécanique ; ce phénomène est irréversible : Son expression est fournie par :

𝑈2 𝑈2
𝐻 = 𝐻𝑆1 − 𝐻𝑆2 = (𝑦1 + 2𝑔1 ) − (𝑦2 + 2𝑔2 ) (1.4)

4
Cours d’aménagements hydrauliques

1.2.3. Définition des profondeurs conjuguées


On appelle profondeurs conjuguées les profondeurs y1 et y2 observées respectivement en amont et en
aval du ressaut hydraulique (Figure 1.2, et Figure 1.3).
Pour trouver la relation entre les deux profondeurs conjuguées y1 et y2 pour un canal rectangulaire, on
applique l’équation de quantité mouvement pour volume de contrôle compris entre les sections (1) et
(2) (Figure 1.2 et Figure 1.3)

L’application du théorème d’Euler entre les sections (1) et (2) au niveau desquelles la répartition des
pressions est hydrostatique et celle des vitesses est régulières conduit à :

⃗⃗⃗⃗2 − ⃗⃗⃗⃗
𝜌𝑄(𝑈 𝑈1 ) = ⃗⃗⃗⃗⃗
𝐹𝑃2 + ⃗⃗⃗⃗⃗
𝐹𝑃1 + 𝑀𝑔 + ⃗⃗⃗
𝐹𝑓 + ⃗⃗𝐹 (1.5)

⃗⃗⃗⃗⃗
𝐹𝑃2 ; ⃗⃗⃗⃗⃗
𝐹𝑃1 : sont les forces de pression hydrostatique
⃗⃗⃗𝑓 : est la force frottement négligeable en raison de la courte distance
𝐹
⃗⃗ : est la force d’inertie négligeable en raison de la courte distance
𝐹
𝑀𝑔 : le pois qui est négligeable devant la force de pression
Donc on a :

𝑄 𝑄 2 2
⃗⃗⃗⃗2 − ⃗⃗⃗⃗
𝜌𝑄(𝑈 𝑈1 ) = 𝜌𝑄(𝑈2 − 𝑈1 ) = 𝜌( − ) (1.6)
𝑆2 𝑆1

⃗⃗⃗⃗⃗
𝐹𝑃2 + ⃗⃗⃗⃗⃗
𝐹𝑃1 = 𝜌𝑔𝑆1 𝑦𝐺1 − 𝜌𝑔𝑆2 𝑦𝐺2

L’équation précédente s’écrit :

𝑄2 𝑄2
𝜌 𝑆 + 𝜌𝑔𝑆1 𝑦𝐺1 = 𝜌 𝑆 + 𝜌𝑔𝑆2 𝑦𝐺2 (1.7)
1 2

Cette relation est appelée courbe conjuguée. Connaissant alors yG1 on peut déterminer yG2 et vice versa.

1.3. Impulsion totale


On appelle impulsion totale la quantité

𝑄2
𝑀=𝜌 + 𝜌𝑔𝑆𝑦𝐺 . (1.8)
𝑆

Le théorème de quantité de mouvement appliqué précédemment au ressaut montre que l’impulsion


totale se conserve avant et après le ressaut hydraulique.

1.3.1. Variation de (M) en fonction de y pou (Q) donné


L’étude de la fonction M (y) dans l’intervalle] 0 ; ∞ [montre deux branches paraboliques

Si y → 0 alors S (y) → 0 et M → ∞
Si y → ∞ alors S (y) → ∞ et M → ∞.

La fonction étant positive continue dans cet intervalle, elle atteint nécessairement un maximum pour
𝑑𝑀
= 0. Ce minimum correspond à la profondeur critique
𝑑𝑦

𝑑𝑀 𝑄2 𝑑𝑆 𝑑𝑆 𝑦𝐺 𝑄2 𝑄2 𝑙
= −𝜌 + 𝜌𝑔 ( ) = −𝜌 𝑙 + 𝜌𝑔𝑆 = 𝜌𝑔𝑆(1 − ) (1.9)
𝑑𝑦 𝑆2 𝑑𝑦 𝑑𝑦 𝑆2 𝑔𝑆 3

5
Cours d’aménagements hydrauliques

𝑑𝑀 𝑄2𝑙 𝑄2𝑙 𝑈
𝑑𝑦
= 0  (1 − 𝑔𝑆 3) = 0  𝑔𝑆 3 = 1  = 1  𝐹𝑟 = 1 (1.10)
√𝑔𝑦𝑚

On retrouve l’équation du régime critique défini par le carré du nombre de Froude est égal à 1.
On voit également que le même débit Q, avec la même impulsion totale M, peut s’écouler sous deux
profondeurs différentes y1 correspondant au régime torrentiel et y2 correspondant au régime fluvial.
(y1) et (y2) sont des profondeurs conjuguées au sens du ressaut.

Figure 1.4. Variation de (M) en fonction de (y)

1.4. Calcul du ressaut pour un canal rectangulaire


Pour un canal rectangulaire on a : S = b x y ; yG= y/2.

L’équation de la courbe conjuguée devient :

𝑄2 𝑏𝑦12 𝑄2 𝑏𝑦22
𝜌 𝑏𝑦 + 𝜌𝑔 2
= 𝜌 𝑏𝑦 + 𝜌𝑔 2
(1.11)
1 2

𝑄2 𝑦12 𝑄2 𝑦22
+ 𝑔 = +𝑔 (1.12)
𝑏 2𝑦1 2 𝑏 2𝑦2 2

𝑞2 𝑦12 𝑞2 𝑦22
𝑔𝑦1
+ 2
= 𝑔𝑦 + 2
(1.13)
2

𝑄
Avec : 𝑞 = 𝑏 (débit spécifique)
En multipliant chaque membre de l’équation par (2gy1y2), et en mettant (y2 – y1) en facteur, la
conservation de l’impulsion totale se réduit à une équation symétrique du second degré en (y1) et (y2) :

𝑞2
𝑦1 𝑦22 + 𝑦2 𝑦12 − 2 𝑔
=0 (1.14)

𝑦1 8𝑞 2 𝑦1
𝑦2 = (−1 + √1 + 𝑔𝑦3 ) = (−1 + √1 + 8𝐹𝑟12 ) (1.15)
2 1 2

La perte de charge du ressaut est :


(𝑦2 −𝑦1 )3
∆𝐻 = (1.16)
4𝑦1 𝑦2

Le rendement du ressaut est :


4𝑦1 𝑦2
𝑅𝑅 = (𝑦 2 (1.17)
1 +𝑦2 )

6
Cours d’aménagements hydrauliques

Exercices
Exercice 1
Dans un canal rectangulaire d’une largeur b =10m qui évacue un débit Q = 50 m3/s, il surgit un
ressaut. Déterminer la deuxième profondeur y2 si la première profondeur y1 =0.5m. Déterminer alors la
hauteur du ressaut ainsi que sa largeur. Quelle est la perte de charge pour ce ressaut hydraulique.

Réponse
Déterminons en premier lieu le nombre de Froude

𝑄2𝑙 𝑄2𝑏
𝐹𝑟 2 = 𝑔𝑆 3 = 𝑔𝑆 3 , car : l= b et S = by et avec q=Q /b on a :

𝑄2 𝑄2 𝑏
𝐹𝑟1 = =
𝑏2 𝑔𝑦13 𝑔𝑆 3

502 ∗ 10
𝐹𝑟12 = = 20.38
9.81 ∗ (10 ∗ 0.5)3

Donc la deuxième profondeur conjuguée est :

𝑦1
𝑦2 = (√1 + 8𝐹𝑟12 − 1)
2

0.5
𝑦2 = (√1 + 8 ∗ (20.38)2 − 1) = 2.95𝑚
2

Hauteur du ressaut :
hR =y2 – y1 =2.95-0.5 =2.45 m >y1 donc ressaut parfait établis car Fr >9.

Longueur du ressaut :
LR =6(y2-y1) = 6(2.95-0.5) = 14.90m
Perte de charge du ressaut :
(𝑦2 − 𝑦1 )3 (2.95 − 0.5)3
∆𝐻 = = = 2.49𝑚
4𝑦1 𝑦2 4 ∗ (2.95) ∗ 0.5

Exercice 2
Dans un canal trapézoïdal se produit un ressaut hydraulique avec Q =16m3/s ; b=7m ; m=1.5.
Déterminer graphiquement la deuxième profondeur y2 si y1 = 0.5m (on donne pour le trapèze :𝑦𝐺 =
𝑦 3𝑏+2𝑚𝑦
( ) ; 𝑆 = 𝑏𝑦 + 𝑚𝑦²
6 𝑏+𝑚𝑦

Réponse
Sachant que l’impulsion mécanique totale est :

𝑄2
𝑀= + 𝑔𝑆𝑦𝐺
𝑆
En divisant par g il vient que :
𝑀 𝜌𝑄2 𝜌𝑔𝑆𝑦𝐺 𝑄2
= + = + 𝑦𝐺 𝑆
𝑔 𝜌𝑔𝑆 𝜌𝑔 𝑔𝑆

Cette fonction est appelée fonction du ressaut, alors en donnant une série de valeurs de yi et on calcule
Si et yG puis F (yi). Cette fonction doit être la même pour les deux valeurs conjuguées y1 et y2.
Dressons donc le tableau de calcul suivant :

7
Cours d’aménagements hydrauliques

Tableau de calcul
yi(m) S (m²) yG (m) S* yG F (yi)
0.2 1.46 0.098 0.143 18.02
0.5 3.87 0.242 0.937 7.67
1 8.5 0.470 3.99 7.06
1.2 10.56 0.559 5.90 8.37
1.5 13.87 0.689 9.55 11.44
2 20 0.900 18.0 19.30

Figure 1.5. Représentation de la fonction du ressaut hydraulique en fonction de la profondeur (yi)

On en déduit du graphique la valeur de y2 =1,125 m

8
Cours d’aménagements hydrauliques

Chapitre 2

Ecoulement par les déversoirs

2.1. Définition et principaux types de nappes


Un déversoir peut être assimilé à un orifice superficiel ouvert à sa partie supérieure et pratiqué
généralement dans une paroi verticale. Le plan d'eau, à une certaine distance en amont du déversoir,
peut être considéré comme horizontal ; la différence de cote H entre le plan d'eau et le seuil est la
charge.

Les différents types de nappes dépendent de la charge et du niveau aval :


 Pour de très faibles charges, la nappe est adhérente à la paroi car la vitesse horizontale de l'eau n'est
pas suffisante pour éloigner la nappe. On parle alors de nappe adhérente.

Figure 2.1. Nappe adhérente

 Lorsque la charge augmente, la vitesse croît et la nappe se décolle de la paroi. On parlera alors de
nappe libre si l'aération de la zone a est possible

Figure 2.2. Nappe libre

 Dans le cas où la zone a n'est pas facilement aérée, il se produit une dépression et on a alors
affaire à une nappe déprimée.

Figure 2.3. Nappe déprimée

9
Cours d’aménagements hydrauliques

 Si le niveau aval augmente, il arrive un moment où il n'y a plus d'air en a ; on parle alors d'une
nappe noyée en dessous à ressaut éloigné

Figure 2.4. Nappe noyée en dessous

 Le niveau aval augmentant encore, le ressaut se rapproche de la nappe déversante jusqu'à


recouvrir le pied de la nappe. A ce moment, le débit du déversoir est influencé par le niveau aval.
Le niveau augmentant encore jusqu'à être supérieur à celui du seuil, on parlera alors de déversoir
noyé à nappe ondulée.

Figure 2.5. Nappe ondulée

2.2. Ecoulement par nappe libre


2.2.1. Déversoir à mince paroi
Un tel déversoir doit avoir une épaisseur à la crête inférieure à la moitié de la charge. Par la suite, nous
ne considérerons que des déversoirs verticaux. Par application du théorème de Bernoulli, la vitesse en
un point du plan vertical de la crête, situé à une profondeur h au-dessous du plan d'eau amont, est :

𝑉 = √2𝑔𝐻 (2.1)

𝑄 = 𝑆√2𝑔𝐻 (2.2)

Avec : S est la section mouillée et  est le coefficient du débit.

* Dans le cas d'un déversoir rectangulaire sans contraction latérale et à nappe libre, Bazin a donné
pour µ la relation suivante :

0,003   
2
  H 
  0,405   1  0.55  
 H   H z  (2.3)

Avec : H : charge ; z : hauteur de pelle.

10
Cours d’aménagements hydrauliques

H
L

Aération

Figure 2.6. Déversoir rectangulaire sans contraction latérale

Le débit est donc :


Q=µLH 2g H (2.4)

Dans les limites où :


0,08 m< H <0,70 m, L > 4 H et 0,2 m< z <2 m

En première approximation, on prendra µ = 0,43.

 Pour un déversoir rectangulaire à contraction latérale, on peut retenir la formule de Hegly :

0,0027 𝐿1 −𝐿 𝐿𝐻 2
𝜇 = (0,405 + − 0,03 ) [1 + 0,55 ( ) ] (2.5)
𝐻 𝐿1 𝐿1(𝐻+𝑧)

Dans les limites où :


0,1 m< H <0,6 m
0,4 m< L <1,8 m
0,4 m< z <0,8 m
0 < L1 - L < 0,9
L1

Figure 2.7. Déversoir rectangulaire à contraction latérale

 Enfin pour un déversoir triangulaire, on peut retenir la formule de Gourley et Crimp :

Q = 1,32 tg  H (2.6)
2,47

2
(H charge sur la pointe,  angle d'ouverture)

11
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 2.8. Déversoir triangulaire

2.2.2. Déversoir à seuil épais


Dans un tel déversoir, les filets liquides sont parallèles et horizontaux au droit du seuil. Si h est la
hauteur d'eau au-dessus du seuil et H la charge, on a par application du théorème de Bernoulli :

𝑉 = √2𝑔(𝐻 − ℎ ) (2.7)
D’où le débit pour une largeur L :

Q =Lh √2𝑔(𝐻 − ℎ ) (2.8)

A priori H et h ne sont pas indépendants et lorsque l'on baisse le niveau aval (à partir de h = H), on
constate que le débit augmente jusqu'à atteindre une valeur maximale. Lorsque celle-ci est atteinte
l'influence du niveau aval ne se fait plus sentir. Le niveau h est alors à une valeur telle qu'elle
maximise le débit :

Figure 2.9. Déversoir à seuil épais

𝜕𝑄
Q = 𝑄𝑚𝑎𝑥  =0
𝜕ℎ
𝜕𝑄 𝐿ℎ 2𝑔
= 𝐿√2𝑔ℎ(𝐻 − ℎ ) − =0 (2.9)
𝜕ℎ 2 √2𝑔 (𝐻−ℎ)

Q
 L 2 ghH  h  
Lh 2g
h 2 2 g H  h 
(2.10)

12
Cours d’aménagements hydrauliques

Q 2
0h H
h 3 (2.11)
D’où :

𝑄𝑚𝑎𝑥 = 0.385 𝐿 𝐻√2𝑔𝐻 (2.12)

2.2.3. Déversoir à seuil déversant


Ce type de déversoir est principalement employé comme évacuateur de crue de barrages. Le but
recherché est un profil donnant le meilleur coefficient de débit  (minimisation du volume de béton),
tout en respectant une marge de sécurité en regard des effets destructeurs de la lame déversante.

Prenons pour profil de référence celui de la lame naturelle pour une charge donnée. Si la charge (et le
débit) augmente la paroi se trouvera en dessous du profil théorique, ce qui améliore le coefficient de
débit mais provoque par contre une dépression et donc des risques d'altération du parement aval de
l'ouvrage. En général, on cherche un compromis et parmi ceux-ci, celui proposé par Creager est des
plus utilisés. Le coefficient de débit  est de 0,492. Ce profil calculé pour une charge H présente une
sécurité de 10% (pas de dépression si H'< 1,1H).

Figure 2.10. Déversoir à seuil déversant

2.3. Ecoulement par nappe noyée en dessous


Dans le cas d'une nappe noyée en dessous, sans ressaut ou avec un ressaut éloigné on pourra utiliser
les formules des déversoirs avec nappe libre mais en multipliant le coefficient de débit ( par un
terme correctif (k) tel que :
𝑧
𝑘 = 0,878 + 0,128 𝐻 (2.13)

Sous réserve : H > 0,75 z -H1 et H>H1 ou H > 0,375 z

13
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 2.11. Déversoir par nappe noyée

Si le ressaut recouvre le pied de la nappe on prendra un terme correctif (k) tel que :

𝐻1
𝑘 = 1,05 + 0,15 𝐻
(2.14)
Sous réserve d'avoir : H>H1

Figure 2.12. Déversoir par nappe noyé avec ressaut recouvrant le pied

2.4. Déversoir latérale


C’est une ouverture ménagée dans la paroi d’un canal ayant un écoulement à surface libre. (Voir
Figure 2.13)

Figure 2.13. Profil d’un déversoir latéral


L : Longueur
z : pelle

Si l’on suppose que le déversoir est court (perte de charge négligeable), l’équation de l’énergie dans
une section transversale du canal ayant une charge d’eau H est constante est :

14
Cours d’aménagements hydrauliques

𝑉2
𝐸 = 𝐻 + 2𝑔 (2.15)

Cette énergie est constante le long du profil en long du déversoir. La vitesse de l’eau est constante et
est égale à :
𝑄
𝑉=𝑆 (2.16)
𝑚

La hauteur H est variable dans le sens de la longueur. Le régime peut être fluvial ou torrentiel.
L’équation précédente peut s’écrire :

𝑄2
𝐸=𝐻+ 2  𝑄 = 𝑆𝑚 √2𝑔(𝐸 − 𝐻) (2.17)
2𝑔𝑆𝑚

En dérivant cette expression dans laquelle H et S m sont des variables, il vient que :

𝑑𝑄 𝑑𝑄 𝑑𝐻 𝑑𝑆 2𝑔𝑆𝑚 𝑑𝐻
𝑑𝑥
= 𝑑𝐻 𝑑𝑥 = ( 𝑑𝐻𝑚 √2𝑔(𝐸 − 𝐻) − ) 𝑑𝑥 (2.18)
2√2𝑔(𝐸−𝐻)

Comme :
𝑑𝑆𝑚
𝑑𝐻
=𝑙 (2.19)

𝑑𝑄 𝑑𝐻 𝑙𝑄2 −𝑔𝑆𝑚
3
= ( ) (2.20)
𝑑𝑥 𝑑𝑥 𝑆𝑚 𝑄

Comme le débit du déversoir décroit le long de x, par suite le débit déversé (dQ/dx) est négatif d’où si
𝑙𝑄2 − 𝑔𝑆𝑚3
> 0 ou 𝑙𝑄2 > 𝑔𝑆𝑚 3
 Fr>1. Cela veut dire que si le régime dans le canal est torrentiel on
𝑑𝐻
a: < 0 et la ligne d’eau s’abaisse le long du seuil, le débit par unité de largeur du seuil est
𝑑𝑥
décroissant dans cette direction

Figure 2.14. Déversoir latéral avec régime torrentiel

𝑙𝑄2
 Si 𝑙𝑄2 − 𝑔𝑆𝑚
3
< 0 ou 𝑙𝑄2 < 𝑔𝑆𝑚
3
𝑔𝑆 3  Fr>1 ; cela veut dire que le régime dans le canal est
𝑚
𝑑𝐻
fluvial et la ligne d’eau s’élève le long du seuil 𝑑𝑥
> 0 et le débit est croissant dans cette
direction

15
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 2.15. Déversoir latéral avec régime fluvial

Le débit d’un déversoir latéral est déterminé par la relation générale valable pour les déversoirs
ordinaires à savoir :
𝑄 = 𝑚𝐿ℎ√2𝑔ℎ (2.21)

Avec (h) : est la charge hydraulique mesurée au milieu de l’échancrure et m : le coefficient du débit.

2.5. Déversoir circulaire

d
h

Figure 2.16. Déversoir circulaire

Le débit est déterminé par la relation de Staucs et Von Sanden (1930)

𝑄 = 𝑐𝐾𝑑5/2 (2.22)

Avec k est un coefficient numérique fonction du rapport (h/d) :

ℎ 1.975 ℎ 3.78
𝑘 = 3.203 (𝑑) − 0.842 (𝑑) (2.23)

C’est un coefficient expérimental sans dimension qui est fonction du rapport (h/d) et de la section
mouillée.

𝑑 ℎ 2𝑑 0.0625
𝑐 = (0.555 110ℎ + 0.041 𝑑) ( 𝐿 ) (2.24)

L : largeur du canal d’amenée en amont du déversoir


z : distance du centre du déversoir au fond du canal.

16
Cours d’aménagements hydrauliques

2.6. Déversoir trapézoïdal à profil convergent vers le haut

Figure 2.17. Déversoir trapézoïdal

Le débit est donné par la relation :

2 4ℎ
𝑄 = 3 𝑚𝑏ℎ √2𝑔ℎ (1 − 5 𝑏 𝑡𝑔𝛼) (2.25)

Exercices
Exercice N°1.
Le seuil (AB) d’un déversoir de largeur L est suffisamment long pour que dans la section (s) la lame
d’eau y coule en filets parallèles horizontaux et que la vitesse (v) y soit considérée comme uniforme
(voir Figure 2.18).
1. Calculer en fonction de la baisse de niveau y le débit qui traverse la section (s) pour une largeur
(L).
2. Pour quelle valeur de (y) le débit est -il maximal ?
3. L’expérience montre que c’est effectivement ce débit qui s’écoule en réalité. Le calculer dans le
cas ou v0 est négligeable.

Figure 2.18. Déversoir long exercice N°1

17
Cours d’aménagements hydrauliques

Solution :
1. En appliquant le théorème de Bernoulli entre le point M et un point quelconque de la section (s)
on a :

𝑣02 𝑣2
2𝑔
+𝐻 = 2𝑔
+ (𝐻 − 𝑦) ; On prend comme référence le plan passant par (AB).

𝑣 2 = 𝑣02 + 2𝑔𝑦𝑣 = √2𝑔𝑦 + 𝑣02

D’où le débit pour une largeur L du déversoir est :

𝑄 = 𝐿(𝐻 − 𝑦)√𝑣02 + 2𝑔𝑦

𝑑𝑄
2. Le débit est maximal si et seulement si 𝑑𝑦
=0

𝑑𝑄 2𝑔
= −𝐿√𝑣02 + 2𝑔𝑦 + (𝐿(𝐻 − 𝑦)) = 0
𝑑𝑦 2√𝑣02 + 2𝑔𝑦

−2𝐿 (√𝑣02 + 2𝑔𝑦) + 2𝑔𝐿(𝐻 − 𝑦)


=0
2√𝑣02 + 2𝑔𝑦

− (√𝑣02 + 2𝑔𝑦) + 𝑔(𝐻 − 𝑦) = 0

−𝑣02 − 2𝑔𝑦 + 𝑔𝐻 − 𝑔𝑦 = 0

𝑔𝐻−𝑣02
𝑔𝐻 − 𝑣02 = 3𝑔𝑦𝑦 = 3𝑔

3. Le débit maximal est :


𝑔𝐻 − 𝑣02 𝑔𝐻 − 𝑣02
𝑄𝑚𝑎𝑥 = 𝐿 (𝐻 − ) √𝑣02 + 2𝑔( )
3𝑔 3𝑔

Si v est négligeable on aura :


𝐻 𝐻
𝑄𝑚𝑎𝑥 = 𝐿 (𝐻 − ) √2𝑔
3 3

2 𝐿𝐻
𝑄𝑚𝑎𝑥 = √2𝑔𝐻
3 √3

2
𝑄𝑚𝑎𝑥 = 𝐿√2𝑔𝐻3/2
3√3

𝑄𝑚𝑎𝑥 = 1,7 𝐿 𝐻3/2

Remarque :
En réalité le débit est :𝑄𝑚𝑎𝑥 = 1,55 𝐿 𝐻3/2 la différence d’ordre de 10% est due principalement au
frottement sur les parois

18
Cours d’aménagements hydrauliques

Exercice N°2
Déterminer la largeur du déversoir rectangulaire à mince paroi si le débit est de 520 l/s, la hauteur de
pelle z=0,4m, la charge hydraulique est H=0,35m et la largeur du canal L= 2,4m

Solution :
En supposant que le déversoir est sans contraction, on détermine le coefficient du débit par la formule
de Bazin

0.003 𝐻 2
𝜇 = (0.405 + ) (1 + 0.55 ( )
𝐻 𝐻+𝑧
2
0.003 0.35
𝜇 = (0405 + ) (1 + 0.55 ( )
0.35 0.35 + 0.4
 =0.46
𝑄
𝑄 = 𝜇 𝑙 𝐻 √2𝑔𝐻𝑙 = 𝜇 𝐻 3/2 2𝑔

0.52
𝑙=
0.46 ∗ 0.353/2 √2 ∗ 9.81
l=1.23m

Comme la largeur donnée du canal est L=2.4m>l=1.23m donc il y’a contraction. Le coefficient  sera
déterminé par la relation de Hegly

0.0027 𝐿1 − 𝐿 𝐿 2 𝐻 2
𝜇𝑐 = (0.405 + − 0.03 ) (1 + 0.55 ( ) ( ) )
𝐻 𝐿1 𝐿1 𝐻+𝑧

2
0.0027 2.4 − 1.23 1.23 2 0.35
𝜇𝑐 = (0.405 + − 0.03 ) (1 + 0.55 ( ) ( ) ) = 0.41
0.35 2.4 2.4 0.35 + 0.4

On recalcule ( l) avec  = 0.41


𝑄
𝑙=
𝜇𝑐 𝐻3/2 √2𝑔

0.52
𝑙= = 1.38𝑚
0.41 ∗ 0.353/2 √2 ∗ 9.81

On remplace l par 1.38 dans la formule de Hegly et on remarque une deuxième fois c
2
0.0027 𝐿1 − 𝐿 1.23 2 0.35
𝜇𝑐 = (0.405 + − 0.03 ) (1 + 0.55 ( ) ( ) ) = 0.41
𝐻 𝐿1 2.4 0.35 + 0.4

Donc la valeur de l=1.38m est acceptable et finalement on prendra l=0.38m

Exercice N°3
Montrer que si le coefficient du débit pour un déversoir à échancrure triangulaire est (), le débit de ce
déversoir prend la formule :
4
𝑄= 𝜇 𝑙 ℎ √2𝑔ℎ
15
Avec : (h) est la hauteur du déversoir et (l), largeur en haut plafond

19
Cours d’aménagements hydrauliques

Solution :

Figure 2.19. Déversoir triangulaire exercice N°3

Le débit pour une tranche élémentaire dz vaut :

𝑑𝑄 = 𝜇 𝑥 𝑑𝑧 √2𝑔𝑧

Sachant que la vitesse moyenne de la tranche est :

𝑣 = √2𝑔𝑧

Cherchons la relation x=f(z)

𝛼 𝑙/2 𝑥/2
𝑡𝑔 ( ) = =
2 ℎ ℎ−𝑧

Donc :

𝑙
𝑥 = (ℎ − 𝑧)

𝑙
𝑑𝑄 = 𝜇 (ℎ − 𝑧)√2𝑔𝑧 𝑑𝑧


𝑙
𝑄 = ∫ 𝜇 (ℎ − 𝑧)√2𝑔𝑧 𝑑𝑧
0 ℎ


𝜇𝑙
𝑄=∫ (ℎ√2𝑔𝑧 − 𝑧√2𝑔𝑧)𝑑𝑧
0 ℎ

𝜇𝑙 ℎ 3/2 ℎ 5/2
𝑄 = (ℎ√2𝑔 − √2𝑔 )
ℎ 3/2 5/2

𝜇𝑙 2ℎ 2
𝑄= √2𝑔 ( ℎ 3/2 − ℎℎ 3/2 )
ℎ 3 5
2 2
𝑄 = 𝜇𝑙√2𝑔 ( ℎ 3/2 − ℎ 3/2 )
3 5

20
Cours d’aménagements hydrauliques

4
𝑄= 𝜇𝑙ℎ√2𝑔ℎ
15

D’où en introduisant l’angle  on a :

𝛼 𝑙/2 𝑙 𝛼
tan = =  𝑙 = tan ∗ 2ℎ
2 ℎ 2ℎ 2
4 𝛼
𝑄= 𝜇 tan( ) 2ℎ ℎ√2𝑔ℎ
15 2
8 𝛼
𝑄= 𝜇ℎ 2 tan( )√2𝑔ℎ
15 2

Généralement la valeur de  varie en fonction du rapport (l/h) :


Pour un déversoir vertical à crête mince et à nappe libre :
Pour l/h =2 on a  =0.59 et pour l /h=4 on a : =0.62
Si l’angle de l’échancrure est égal à 90° on a : l/h=2 et la formule devient
𝑄 = 1.4ℎ 5/2 C’est la formule de Thomson.

Exercice N° 4
Montrer que pour un déversoir trapézoïdal C'est-à-dire que si l’échancrure du déversoir est de forme
trapèze isocèle, le débit d’écoulement prend la forme :
8
𝑄 = 𝜇𝑙ℎ√2𝑔ℎ + 𝜇1 𝑙 ′ √2𝑔ℎ
15
Sachant que :  est le coefficient du débit de la partie rectangulaire et 1 est le coefficient du débit de
la partie triangulaire.

Figure 2.20. Déversoir trapézoïdal exerce N°4

Réponse
Le débit pourra être calculé comme la sommation des débits Q1+Q2 avec :
Q1 est le débit de la partie rectangulaire et Q2 celui de la partie triangulaire

𝑄1 = 𝜇𝑙ℎ√2𝑔ℎ

4 8
𝑄2 = (2𝑙′)𝜇1 ℎ√2𝑔ℎ = 𝑙′𝜇 ℎ√2𝑔ℎ
15 15 1

21
Cours d’aménagements hydrauliques

8
𝑄 = 𝜇𝑙ℎ√2𝑔ℎ + 𝑙′𝜇 ℎ√2𝑔ℎ
15 1
Exercice N°5
Déterminer le débit passant par un déversoir rectangulaire sans contraction tel que b=80 cm ; z=40cm ;
H=20cm.

Réponse :
Calculons le coefficient du débit pour le déversoir sans contraction :

0,003    H  
2

  0,405  1  0.55  
 H    H  z  

0,003    0,20  
2

  0,405   1  0.55  
 0,20    0,20  0,40  

𝜇 = 0.445

𝑄 = 𝜇 𝑏 √2𝑔𝐻3/2

𝑄 = 0.445 0.8 √2 ∗ 9.810.23/2 = 0.14 𝑚 3 /𝑠

Q = 141.2 l/s

Exercice N°6
Déterminer le débit Q passant à travers un déversoir rectangulaire avec contraction latérale sachant
que : H=1.6m ; b=2.5m ; B=3.5m ; z=0.7m.

Figure 2.21. Exercice N°6

Réponse :

On a :

𝑄 = 𝜇𝑐 𝑏 √2𝑔𝐻3/2

Avec :

22
Cours d’aménagements hydrauliques

0.0027 𝑏 𝑏 2 𝐻 2
𝜇𝑐 = (0.405 + − 0.03(1 − ) (1 + 0.55 ( ) ( ) )
𝐻 𝐵 𝐵 𝐻+𝑧

Application numérique :

0.0027 2.5 2.5 2 1.6 2


𝜇𝑐 = (0.405 + − 0.03(1 − ) (1 + 0.55 ( ) ( ) ) = 0.334
1.6 3.5 3.5 1.6 + 0.7

𝑄 = 0.334 2.5 √2 ∗ 9.811.63/2 = 7.48 𝑚 3 /𝑠

23
Cours d’aménagements hydrauliques

Chapitre 3

Notion de morphologie des cours d’eau

3.1. Introduction
Ce premier chapitre présente la terminologie décrivant les cours d’eau, les vues transversales et
longitudinales, les caractéristiques géométriques et les types d’écoulement susceptible d’être
rencontrés.

3.2. Définitions
De nombreux termes sont utilisés pour désigner les structures dans lesquelles l’eau s’écoule. Voici les
principaux termes et les définitions que le dictionnaire Larousse en donne :

Cours d’eau : tout chenal dans lequel s’écoule un flux d’eau continu ou temporaire. Il est un terme
général pour désigner un fleuve, une rivière, un ruisseau, un torrent, un oued. Au Québec, le cours
d’eau a une définition juridique.

Canal : un chenal artificiel creusé par l’homme et utilisé soit pour la navigation ou le flottage, soit
pour l’irrigation ou l’assèchement de certaines régions. Les canaux suivent en général de longues
lignes droites.
Il existe un grand nombre de mots pour désigner les différents types de cours d’eau.

Ruisseau : petit cours d’eau, de faible largeur et de longueur limitée, alimentée par dessous ces d’eau
naturelles, souvent affluent d’un étang, d’un lac ou d’une rivière. Les ruisseaux se trouvent à la tête
des bassins versants.

Rivière : cours d’eau moyennement important, à écoulement continu ou intermittent, suivant un tracé
défini et se jetant dans un autre cours d’eau, un lac, une mer abondante, et particulièrement celui qui se
jette dans un fleuve.

Fleuve : cours d’eau important, long et au débit élevé, comptant de nombreux affluents et se jetant
dans la mer.

Oued : terme d’origine arabe désignant un cours d’eau temporaire dans les régions arides ou semi--
arides. Son écoulement dépend des précipitations et il peut rester à sec pendant de très longues
périodes.

Torrent : cours d’eau au débit rapide et régulier, situé sur une pente plus ou moins prononcée. Les
torrents se retrouvent sur des terrains accidentés ou en montagne. Ce terme est utilisé principalement
pour désigner les cours d’eau de montagne avec un lit rocheux et encaissé.

Fossé : fosse creusée en long dans le sol servant à l’écoulement des eaux, à la séparation des terrains
(ex. fossé de voie publique ou privée, fossé mitoyen, fossé de drainage).

Émissaire : canal d’évacuation des eaux de drainage.


Dans ce document, nous n’utiliserons que les termes ”cours d’eau” et ”canal”.

3.2.1 Glossaire
Amont : Partie d'un cours d'eau qui, par rapport à un point donné, se situe entre ce point et sa source.
Aval : Partie d'un cours d'eau qui, par rapport à un point donné, se situe après ce point, dans le sens de
l'écoulement de l'eau.

24
Cours d’aménagements hydrauliques

Bassin versant : Région géographique naturelle drainée par un ou plusieurs cours d’eau et leurs
affluents.
Berge : Bord permanent d'un cours d'eau, situé au-dessus du niveau normal de l'eau. La berge est
caractérisée par sa forme transversale (berge en pente douce, berge abrupte), sa composition (sableuse,
marneuse), sa végétation (herbacée, arbustive).
Continuité écologique : La libre circulation des espèces biologiques et le bon écoulement du transport
naturel des sédiments d'un cours d'eau.
Crue : Phénomène caractérisé par une montée plus ou moins brutale du niveau d'un cours d'eau, liée à
une croissance du débit. La crue ne se traduit pas toujours par un débordement du lit* mineur.
Débit : Volume d'eau qui traverse une section transversale d'un cours d'eau par unité de temps (m3/s).
Embâcle : Obstruction d’un cours d’eau par un amas de débris végétaux.
Erosion : Arrachement des particules du fond et des berges sous l'effet de la force du courant.
Etiage : Période de l’année durant laquelle le niveau du cours d’eau est le plus bas.
Faciès d’écoulement : Type d’écoulement des eaux d’un cours d’eau désignant des zones rapides
(cascades, radiers,…) et/ou des secteurs plus lents (plats, mouilles, fosses,…).
Génie végétal : Science qui étudie les techniques utilisant des plantes afin de réaliser des
aménagements de protection contre l'érosion, de stabilisation des berges et des sols.
Hydromorphologie : Etude des paramètres hydrauliques, (régime hydraulique, faciès d’écoulement)
et de la forme d’un cours d’eau (lit mineur, berges, annexes hydrauliques).
Lit majeur : Espace situé entre le lit mineur et la limite de la plus grande crue connue.
Lit mineur : Partie du lit comprise entre des berges franches ou bien marquées, dans laquelle
l’intégralité de l’écoulement s’effectue la quasi-totalité du temps (en dehors des périodes de crues
débordantes).
Masse d’eau : Ce terme, introduit par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE), désigne un milieu
aquatique homogène : cours d’eau, nappe d’eau souterraine, plan d’eau…
Puissance spécifique : Elle correspond sommairement au produit de la pente et du débit, qui
caractérise les potentialités dynamiques du cours d’eau.
Ripisylve : Formation végétale (arbustive ou arborescente) en bordure de cours d’eau.
Zone d’expansion de crue : Espaces naturels ou aménagés (bassin de rétention) dans lesquels les
eaux de débordement peuvent se répandre en période de crue, sans porter atteinte aux biens et aux
personnes

3.2.2. Rives gauche et droite


La rive gauche et la rive droite d’un cours d’eau sont identifiées par un observateur se déplaçant dans
le sens de l’écoulement de l’eau, de l’amont vers l’aval.

3.3. Cours d’eau, vue transversale


3.3.1. Lit du cours d’eau
Le niveau d’eau et l’espace occupé par le cours d’eau varie en fonction de son débit. Un cours d’eau
analysée selon sa coupe transversale (Figure 3.1) présente une section principale occupée par les
écoulements normaux (appelé lit mineur) et une plaine d’inondation occupée lorsque le cours d’eau est
en crue.

25
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 3.1. Coupe transversale d’un cours d’eau.

Les principaux termes sont :

Lit : désigne tout l’espace occupé, en permanence ou temporairement, par un cours d’eau.

Lit mineur : lit du cours d’eau en écoulement normal.

Lit majeur : lit qu’occupe le cours d’eau lors des crues, incluant les zones inondées.

Lit d’étiage ou chenal d’étiage : partie du cours d’eau occupé lors des étiages.

Plaine d’inondation : zone de terrain inondée lors du chenal du cours d’eau lorsque le cours d’eau est
en crue.

3.3.2. La berge
La berge est la portion de terrain qui limite tout cours d’eau et elle est subdivisée en deux parties
(Figure 3.2.) :

26
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 3.2. La berge dans un cours d’eau (Verniers, 1995).

Talus proprement dit, qui n’est qu’occasionnellement en contact avec le courant et qui est situé au-
dessus du niveau moyen des eaux.

Pied de talus : la zone du talus soumise à l’action quasi permanente du courant et qui est située sous le
niveau moyen des eaux ;

La limite inférieure de la berge est le point le plus bas du pied (fond du lit); la limite supérieure étant le
point le plus haut du talus au-delà duquel on considère la plaine alluviale. Ces limites déterminent ce
que l’on appelle le lit mineur du cours d’eau.

La berge, c’est aussi la zone de transition entre le milieu aquatique et le milieu terrestre. De part cette
situation, elle possède une grande valeur écologique. En effet, la constitution d’une lisière augmente la
gamme des micros habitats favorisant de ce fait la diversité et la densité des espèces végétales et
animales

3.4. Cours d’eau, vue longitudinale


L’espace longitudinal et latéral qu’occupe un cours d’eau et ses composantes (chenal principal et
plaine d’inondation) est appelé “corridor du cours d’eau” (Figure. 3.3). La figure présente aussi les
principaux termes utilisés

27
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 3.3. Concept de corridor d’un cours d’eau

La description longitudinale d’un cours d’eau est souvent représentée par le profil longitudinal (Figure
3.4) qui représente l’élévation du fond du cours d’eau en suivant la ligne du talweg du cours d’eau
(endroit le plus profond). Le haut de la berge et les structures (ponceaux, barrages, etc.) installées le
long du cours d’eau peuvent aussi y être présentés.
Un cours d’eau peut être divisé en tronçons à l’intérieur desquelles les caractéristiques sont similaires
ou relativement uniformes.

28
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 3.4. Profil longitudinal d’un cours d’eau

La sinuosité est définie comme le rapport de la longueur de la ligne de talweg sur la longueur dela
ligne de vallée pour un tronçon.
𝐿
sin = 𝐿 𝑡𝑎 (3.1)
𝑣𝑎

Sin = sinuosité
Lta = Longueur de la ligne de talweg (L)
Lva = Longueur de la ligne de vallée (L)
Lorsque cette valeur est supérieure à 1,3, le tronçon du cours d’eau est considéré comme sinueux.

29
Cours d’aménagements hydrauliques

Chapitre 4

Différents types d’aménagements hydrauliques

4.1. Introduction
Dans plusieurs pays a travers le monde les cours d’eau ont été largement artificialisés durant la
deuxième moitié du 19ème siècle et tout au long du 20ème siècle. Leurs fonctionnements hydro-
sédimentaires ont été bouleversés, parfois de façon irréversible, par les modifications de
l’occupation des sols des bassins versants, qui sont à l’origine des flux, et de leur transfert (liquide
et solide), associé au contrôle du réseau hydrographique. Trois principales interventions
anthropiques directes dans le chenal en eau et sur les berges ont été bien souvent observées
(Tableau 1.1) :

La chenalisation et la protection des berges,


L’extraction de matériaux dans le lit mineur,
L’implantation d’ouvrages hydrauliques transversaux (seuils et barrages

Tableau 4.1. Principales interventions humaines directes sur la morphologie des cours d'eau et
leur intensité de modérée (+) à forte (+) (Malavoi, 2007)

Interventions Périodes Intensité Objectif(s)/usages


e
- Dès le 18 et le - Réduire les conséquences des
Chenalisation 19 e siècle inondations et l’érosion des
+ terres riveraines
(recalibrage,
- Navigation
rectification,
rescindement - Début des années Réduire les conséquences des
des méandres) 1950/fin des +++ inondations et l’érosion des
années 80 terres riveraines
Depuis l’antiquité +
Extraction 19e siècle ++
Matériaux de construction bon
des matériaux 20e siècle +++
marché (bâtiment voirie, etc.)
en lit mineurs (mécanisation
des outils)
- Moyen âge au 19e Usages initiaux : meunerie,
siècle forge irrigation, flottage,
+++
pisciculture, etc.+ début de
l’hydroélectricité (19e)
Implantation - 20e siècle Abandon des usages initiaux et
développement de
de barrage et +
l’hydroélectricité (barrages +
de seuils stabilisation des lits)
- Années 1980 Seuils de compensation et de
résorption des impacts
+ physiques et écologiques du
recalibrage

Les travaux de chenalisation consistent en un ensemble d’interventions humaines modifiant


directement la géométrie du lit mineur. On distingue cinq types d’interventions principales, parmi
les méthodes couramment employées pour la chenalisation (Tableau 4.2)

30
Cours d’aménagements hydrauliques

Tableau 4.2. Principaux types d’interventions en rivière relevant de la chenalisation


Méthode Conséquence directe sur le lit
Intervention Méthode Conséquences sur le lit
Recalibrage Elargissement et Augmentation de la capacité
approfondissement du chenal d'évacuation des débits de crue du
lit
Réalignement Raccourcissement d’une portion Augmentation de la vitesse du
Rectification sinueuse ou méandriforme par courant par augmentation de la
recoupements artificiels des pente.
coudes
Endiguement Augmentation localisée ou Limitation des débordements,
étendue de la hauteur des berges protection des espaces agricoles et
urbanisés contre les crues et contre
les érosions dues à l'ajustement des
rivières, augmentation de la
capacité hydraulique du lit en
hautes eaux.
Protection de Aménagements localisés de Contrôle de l’érosion des berges
berges structures fixes telles que les épis,
implantés dans les concavités des
sinuosités
Entretien Curage Enlèvement des obstructions, Réduction de la rugosité du lit et de
curage des matériaux du lit la pente de la ligne d'eau

Les premiers travaux ont consisté à endiguer les cours d’eau (Tableau 4.2). L’objectif était de protéger
les terres riveraines contre les inondations et les érosions de berges, principalement en réponse à des
besoins agricoles, industriels et urbains, mais aussi pour protéger des sites nouvellement exposés aux
crues en raison d’une pression urbaine de plus en plus forte le long des rivières.
Les impacts hydromorphologiques et écologiques de la chenalisation sur le système fluvial sont très
complexes et dépendent du type d’aménagement mis en place. Par exemple, le blocage de la
dynamique latérale entraîne une réduction de la diversité morphologique du corridor fluvial et de sa
qualité écologique (déconnexion des marges alluviales et du chenal principal, réduction de la capacité
d’autoépuration). La diminution des apports latéraux peut aussi provoquer un déséquilibre entre débit
solide et débit liquide conduisant à la diminution de la diversité des faciès morphologiques et donc des
habitats aquatiques.
Parmi les cinq types d’intervention visant à la chenalisation, la rectification est le type d’intervention
privilégié conduisant à une diminution de la longueur développée du cours d’eau, c’est-à-dire sa
canalisation. La pente se voit ainsi augmentée, entraînant une élévation des forces tractrices (ou
contrainte de cisaillement ou encore shear stress) et de la puissance fluviale (ou stream power), donc
de la capacité de transport, provoquant alors une incision. Cette incision est souvent amplifiée par
l’artificialisation des berges qui empêche la recharge par érosion latérale et par la perte de connectivité
transversale entre le chenal et le lit majeur, notamment lors des crues.

Des travaux de curage, recalibrage, ou de déplacement peuvent impacter fortement les fonctionnalités
d’un cours d’eau. L’ensemble de ces processus : érosion, transport et sédimentation, constitue la
dynamique fluviale, clé fondamentale du fonctionnement du cours d’eau.
Cette dynamique est régie par les apports solides (les sédiments ayant pour origine les versants, les
affluents, ou encore ceux arrachés par la rivière à ses berges) et par les apports liquides (précipitations,
ruissellement, apports des affluents…) au cours d’eau. D’autres paramètres interviennent également
comme la pente de la rivière et surtout la nature des sédiments de ses berges et de son lit qui
conditionne leur érodabilité. Plus la pente est forte et plus la vitesse du courant est accrue. L’énergie
de la rivière est alors telle qu’elle l’évacue en érodant ses berges et en charriant sa charge solide.
L’érosion est d’autant plus facile et importante que les sédiments sont meubles et friables. La géologie

31
Cours d’aménagements hydrauliques

et l’hydrologie influent donc sur la dynamique fluviale. Apports liquides et solides varient
énormément dans le temps et dans l’espace. La rivière adapte en permanence sa morphologie, son
tracé, à ces fluctuations. La dynamique n’est donc pas la même en tout lieu et en tout temps.
Les crues sont également une composante majeure de la dynamique fluviale. En effet, bien
qu’occasionnelles, elles sont un puissant vecteur d’érosion des berges : la hauteur et les volumes d’eau
étant considérablement augmentés lors d’une crue et la vitesse du courant découplée, l’érosion est
amplifiée.
Les altérations hydro morphologiques, qui modifient le fonctionnement naturel des cours d'eau, sont
liées aux pressions anthropiques qui s'exercent sur les sols du bassin versant et sur les cours d'eau. Les
obstacles à l'écoulement, la chenalisation, le curage, la rectification du tracé, l'extraction de granulats,
la suppression de ripisylve, le drainage, l'irrigation, l'imperméabilisation ou le retournement des sols
sont autant de sources d'altérations hydro morphologiques qui nécessitent la mise en œuvre de travaux
ou d'aménagements visant à restaurer les fonctionnalités initiales.

4.2. Les différents aménagements répertoriés sont :


Canalisation : Un canal est une machine hydraulique aménagée par l'homme dont le concepteur doit
assurer la permanence d'une alimentation en eau suffisante à sa fonction (voie navigable, voie
d'alimentation en eau, irrigation…) au milieu d'un environnement plus ou moins difficile.
L’homme modifie alors les caractéristiques géométriques et hydrauliques d’un cours d’eau, par
curages, creusements, rectifications, élargissement, bétonnage des berges et du fond, recalibrage...

Dragage : approfondissement du lit mineur par prélèvement de ses matériaux. Selon les techniques
utilisées, les sédiments en suspension lors de cette opération sont plus ou moins nombreux, perturbant
la quantité de lumière, remettant en suspension les différents polluants qui étaient piégés dans les
sédiments, supprimant la végétation, dénaturant le substrat du fond du lit.
Creuser le lit mineur c'est dans tous les cas, augmenter la pente et donc accélérer le courant (lire
l'article hydro morphologie) et l’enfoncement du lit d’un cours d’eau abaisse le niveau de sa nappe
d’accompagnement, ce qui nuit aux boisements riverains, aux sources.

Couverture de cours d’eau : chenalisation poussée à l’extrême, notamment en milieu urbain ou


périurbain, avec la couverture ou la mise sous tuyau complète du cours d’eau sur des linéaires pouvant
être très importants. Ces actions ont occasionnellement été conduites en milieu rural dans le but de «
gagner » des terrains agricoles et de favoriser l’intensification de l’agriculture. Les cours d’eau touchés
par ce type d’intervention ont donc complètement disparu des cartes… et de la surface de la Terre.
La couverture complète de cours d’eau est sans conteste l’intervention humaine la plus traumatisante
pour le milieu naturel puisqu’elle se traduit par la disparition totale de ce dernier. Il s’agit alors à la
fois d’une disparition complète des habitats, des faciès, de la ripisylve, des relations entre la nappe et
les berges, etc., mais également d’une discontinuité écologique majeure sur le réseau fluvial.

Endiguement : augmentation de la hauteur des berges pour éviter le débordement des eaux et pour
préserver le maximum d'espace pour l'agriculture et l'urbanisation. Dans les plaines alluviales, des
milliers de kilomètres de berges de cours d'eau ont été protégés contre les processus d'érosion, le plus
souvent au moyen de techniques dites "lourdes" à base de perrés, de murs de béton, d'enrochements,
d'épis, de palplanches, de gabions, etc.
Un hydro système fluvial naturel est caractérisé par une diversité géomorphologique dont le moteur
est, notamment dans un cours d’eau à méandres, l’érosion des berges et la migration latérale du chenal
vif. Ces processus d’érosion, de transport de sédiments, de dépôt, de recoupement de méandres, ont
pour effet de créer, détruire, recréer, dans une courte échelle de temps, une diversité de milieux dont la
grande richesse écologique tient justement à leur fréquence de régénération. Le blocage des processus
géodynamiques par des protections de berges, qu’elles soient minérales ou végétales, se traduit donc
par un appauvrissement général de la :

 Qualité fonctionnelle du corridor fluvial. L’absence de processus d’érosion latérale entraîne de


surcroît une baisse de la « production » de sédiments grossiers par manque de reprise du stock
alluvial disponible sur les berges. Or, l’équilibre débit liquide/débit solide est un élément essentiel

32
Cours d’aménagements hydrauliques

de la dynamique fluviale. Cet effet est d’autant plus sensible sur les cours d’eau à dynamique
active et coulant dans des alluvions non cohésives. Enfin, il est couramment admis aujourd’hui
que les protections de berge favorisent l’incision du lit, au moins localement
 Appauvrissement de la qualité écologique des rives. Les protections de berges se traduisent
généralement par une simplification des caractéristiques écologiques des rives. Outre la perte
d’habitat rivulaire (sauf parfois dans le cas d’enrochements libres dégradés que peuvent
affectionner certaines espèces de poissons, mais là encore on ne considère qu’un compartiment de
la biodiversité), les protections de berges « lourdes » remplacent par un système simple l’écotone
de rive naturellement beaucoup plus complexe et favorable à une forte augmentation de la
biodiversité : systèmes racinaires des arbres de la ripisylve, hélophytes de pied de berge, sous-
berges, etc. Les techniques de protection de berge par génie végétal réduisent notablement ce type
d’impact.

4.3. Rectification recoupement des méandres


De très nombreux cours d’eau naturellement sinueux ou méandriformes ont été artificiellement
rectifiés sur de longues distances, généralement pour en augmenter la débitance (notamment grâce à
l’augmentation de la pente) et réduire ainsi la fréquence de submersion des terrains riverains. On a
aussi fréquemment utilisé le rescindement de méandres pour linéariser les parcelles agricoles afin d’en
faciliter la culture (cas des petits cours d’eau lors d’opérations de remembrement).
On a enfin pratiqué des rescindements pour améliorer la navigabilité des grands cours d’eau. Notons
que le rescindement/rectification d’un cours d’eau a souvent été couplé à d’autres interventions telles
que :
• Le sur calibrage du nouveau lit ;
• La protection des berges contre l’érosion.

Recalibrage : Le principe du recalibrage consiste à augmenter la débitance du lit mineur en


augmentant la section d’écoulement par élargissement du lit, approfondissement ou les deux.
Le recalibrage des cours d’eau est probablement l’un des types d’intervention les plus fréquemment
réalisé en France. Ce type de travaux hydrauliques a été mis en œuvre très anciennement dans les
zones urbaines et périurbaines, souvent accompagné d’endiguements étroits, pour réduire la fréquence
des inondations. Il a été utilisé de manière quasi systématique dans les zones rurales, particulièrement
au cours des années 1950 et 1980pour diminuer la fréquence de submersion des terres agricoles,
notamment celles exploitées en maïs, céréale très peu résistante à la submersion.
En concertation avec les acteurs du monde agricole qui proposaient un « débit de projet » égal à Q
(5ans), Q (10ans) ou Q (50ans), l’ingénieur hydraulicien calculait le profil type à donner au cours
d’eau pour garantir ce projet de débit sans débordement. Notons que le recalibrage d’un cours d’eau a
souvent été couplé à d’autres interventions telles que :

• La rectification du lit mineur ;


• La protection des berges contre l’érosion ;
• La suppression de la ripisylve (systématique sur au moins l’une des deux berges) ;
• L’endiguement « rustique » (merlon réalisé avec les déblais du recalibrage).

Déplacement de cours d'eau : Un certain nombre de cours d’eau ont été volontairement déplacés de
leur position initiale naturelle vers l’un ou l’autre côté du fond de vallée. Ces déplacements sont
souvent très anciens (plusieurs siècles).
L’objectif était principalement de gagner des terres cultivables ou d’améliorer leur exploitabilité en
libérant une partie des espaces agricoles de la présence d’un cours d’eau. Ce type d’intervention reste
toutefois limité aux petits et moyens cours d’eau (jusqu’à une dizaine de mètres de largeur environ).
Notons que le déplacement d’un cours d’eau a souvent été couplé à d’autres interventions telles que :

• La rectification et le recalibrage du nouveau lit mineur ;


• La protection des berges contre l’érosion ;
• La suppression de la ripisylve (systématique sur au moins l’une des deux berges) ;
• L’endiguement.

33
Cours d’aménagements hydrauliques

Les impacts sont donc souvent multiples. Le déplacement complet d’un cours d’eau se traduit
généralement par les dysfonctionnements hydro morphologiques et écologiques suivants :

• Modification des relations nappe/rivière : le cours d’eau, souvent déplacé en position


topographique plus élevée que naturellement, a tendance à alimenter la nappe en permanence,
d’où des étiages plus prononcés ;
• Si le nouveau cours d’eau est rectiligne et surcalibré, s’ajoutent les dysfonctionnements liés à la
rectification et au recalibrage.

4.4. Les différents types de canaux :


La dérivation.
C'est un canal assez court généralement qui permet de court-circuiter des méandres d'une rivière
navigable.

L'embranchement.
Lui aussi est un canal court. Il est en cul-de-sac et permet de relier une ville importante à la voie d'eau
la plus proche.

Le canal latéral.
Comme son nom l'indique, il longe une rivière et remplace la navigation sur celle-ci. Il est alimenté en
son origine amont par cette rivière généralement, puis en différents points de son parcours par des
ponctions sur les affluents de cette rivière. Il est en quelque sorte une dérivation dont la longueur peut
dépasser 200 km.

Le canal de jonction par dérivation.


Ce type de canal joint deux rivières appartenant à deux bassins ou sous-bassins différents lorsque le
relief qui les sépare est faible. Il part d'un point haut de la rivière A en descendant très peu et en
accompagnant une courbe de niveau jusqu'au point où cette courbe passe sur le versant de l'autre
rivière. Éventuellement, on peut avoir recours à un passage en tranchée pour réduire la distance. À
partir de là, le canal descend rapidement vers la rivière B.

Le canal de jonction à bief de partage.


Un tel canal joint lui aussi deux rivières différentes, mais en franchissant le relief qui les sépare de la
même façon qu'une route franchit un col de montagne. Le bief le plus haut est appelé bief de partage
(il croise la ligne de partage des bassins des deux rivières) et doit nécessairement être constamment
alimenté en eau sous peine de s'assécher un peu à chaque éclusage. Cela nécessite, dans les collines
avoisinantes, de créer tout un réseau de rigoles et d'étangs-réservoirs plus hauts que le bief de partage
pour l'alimenter.

Le canal maritime.
Ce type de canal peut être lui-même de trois types.
A. Le premier est un canal qui permet la jonction du port d'une ville proche de la mer avec
celle-ci. Il s'apparente donc à l'embranchement. Le canal de Caen à la mer et celui de Carentan sont de
ce type.
B. Le second type de canal maritime est latéral à un estuaire interdit aux bateaux fluviaux, ou
impraticable du fait de son ensablement. Il s'apparente donc à une dérivation. Le canal de Tancarville
en est le plus célèbre exemple dans notre pays, mais on peut citer également le canal maritime de
Marans à l'océan.
C. Le dernier type de canal maritime joint deux mers entre elles. Il peut être complètement de niveau
comme le canal de Suez ou le canal de Corinthe, ou bien à bief de partage, comme le canal de Panama
alimenté en son sommet par le lac Gatun.
En connectant physiquement et biologiquement des bassins versants naturellement isolés les uns des
autres à l'origine, ils ont contribué à l'appauvrissement de la biodiversité au profit de la diffusion
d'espèces invasives

34
Cours d’aménagements hydrauliques

Etang implante sur les cours d’eau : Il arrive fréquemment que des étangs aient été créés
directement sur un cours d’eau, notamment dans un objectif halieutique. Leur ligne d’eau a
généralement été calée par un ouvrage (digue perpendiculaire à la vallée + seuil ou vannage) situé à
l’extrémité aval du plan d’eau.
Les étangs positionnés sur un cours d’eau ont des impacts morpho écologiques :
• modification des flux liquides, solides et biologiques ; la charge solide est ici totalement bloquée
mais la fraction fine peut être brutalement relarguée lors des vidanges (impacts directs sur les
biocénoses aquatiques vivant en aval et colmatage des substrats grossiers) ;
• L’effet « retenue » est également aggravé, notamment dans ses aspects biologiques. On identifie
généralement un dysfonctionnement du compartiment piscicole du fait d’une « pollution » du
cours d’eau par des espèces cyprinicoles caractéristiques des zones extrêmement lentisques et
favorisées ici par l’homme à des fins halieutiques. Dans le même esprit, la qualité de l’eau est
également altérée du fait des effets de réchauffement ;
• L’effet « point dur » est également aggravé, puisque le cours d’eau n’a plus aucune capacité
d’ajustement géomorphologique, tout processus d’érosion étant bloqué.

Extraction de granulats : Les alluvions du lit mineur de la plupart des cours d’eau moyens à grands
ont été intensément exploitées entre 1945 et le milieu des années 1990 (septembre 1994 : arrêté
ministériel interdisant définitivement l’exploitation des alluvions dans les lit mineurs des cours d’eau).
Aujourd’hui, la plupart des cours d’eau exploités au cours de la seconde moitié du 20e siècle sont
encore fortement déficitaires en sédiments grossiers.
Les principaux impacts reconnus sont :
• L’abaissement de la nappe phréatique alluviale et ses effets indirects comme l’assèchement des
écosystèmes riverains et la réduction d’une ressource en eau potable de qualité.
• La déconnexion entre le lit mineur, le lit majeur et ses annexes hydrauliques

– un appauvrissement des milieux naturels du lit majeur lié à une absence de submersion fréquente ;
– un processus accéléré de maturation des formations végétales riveraines, avec la fixation des sols et
des atterrissements originellement mobiles ;
– un appauvrissement des biocénoses terrestres associées ;
– un appauvrissement de certains compartiments des biocénoses aquatiques dont une partie du cycle
de développement est lié à ces connexions (notamment la reproduction pour certaines espèces de
poissons).
• La modification de la nature des fonds (mise à nu du substratum notamment), avec des répercussions
majeures sur les biocénoses benthiques et le peuplement piscicole (baisse drastique de la diversité des
habitats).
• L’érosion accrue des berges et leur déstabilisation, le cours d’eau cherchant à compenser le déficit de
charge solide par une augmentation de la sinuosité (réduction d’énergie) et une recharge latérale.
• Le déchaussement d’ouvrages d’art (ponts, digues, etc.).

Extraction en lit majeur :


• L’impact direct des extractions en lit majeur est la disparition immédiate et définitive (contrairement
à l’agriculture par exemple) des milieux naturels humides de la plaine alluviale. Les bras morts, noues,
prairies humides et autres annexes hydrauliques sont irrémédiablement remplacées par des bassins
d’extractions de plusieurs milliers de mètres cubes.
Pour ce qui concerne les impacts indirects des extractions en lit majeur, le plus grave est de rendre
irréversible le processus d’enfoncement du lit mineur car la recharge du cours d’eau par l’érosion
latérale est impossible : le concept d’espace de mobilité est inapplicable.

35
Cours d’aménagements hydrauliques

Chapitre 5

Quelques généralités sur les cours d’eau


5.1 Définition
Les cours d’eau se définissent comme un ensemble de chenaux superficiels d’origine naturelle,
conducteurs d’écoulements d’eaux permanentes ou temporaires. Ce sont des systèmes qui recueillent
et transportent les eaux issues des ruissellements de surface, des résurgences ou des nappes
souterraines d’un même bassin versant (Figure 5.1).

Figure 5.1. Critères de délimitation du lit d’étiage, du lit mouillé, du lit mineur et du lit majeur
d’un cours d’eau.

5.2. Les différents types de cours d’eau


La qualité des cours d’eau dépend de différents facteurs qui peuvent être modifiés et dégradés. Ils
permettent de dresser un diagnostic du cours d’eau pour évaluer le besoin ou non d’aménagement.
Les principaux facteurs physico-chimiques déterminant l’état des cours d’eau sont les suivants :
–la température ;
–le taux d’oxygène dissous ;
–le taux d’azote ;
–le taux de phosphore ;
–le taux de polluants ;
–le pH ;
–le taux de salinité ;
–la présence ou non de prolifération végétale ;
–le taux de matières en suspension…
 Les facteurs hydro morphologiques représentent les facteurs morphologiques et dynamiques
(évolution des profils en long et en travers). Sont alors étudiés :
–le lit mineur (diversification des écoulements, aménagement de l’habitat piscicole, sinuosité du
cours d’eau, pente, granulométrie…)
–l’état des berges et des ripisylves
–le lit majeur et ses annexes (maillage bocager, reconnexion des annexes hydrauliques, bandes
enherbées, restauration de zones humides…)
–la continuité écologique (migration des poissons) et la ligne d’eau : présence d’un obstacle à
l’écoulement, reconquête des écoulements libres…le débit.

36
Cours d’aménagements hydrauliques

5.3. La morphologie des cours d’eau


La morphologie d’un cours d’eau correspond à la forme que la rivière adopte lors de son écoulement.
Celle-ci dépend de la pente, de la nature du sol, de la granulométrie, des obstacles, etc. Elle caractérise
l’état physique du cours d’eau : la forme du lit et des berges. La morphologie d’un cours d’eau (ou
l’hydromorphologie) correspond à ses caractéristiques physiques : le profil en long (méandre,
sinuosité...) et le profil en travers (forme du lit).
Hydromorphologie est la contraction d’« hydro » et de « morphologie ». « Hydro » désigne
l’hydrologie (régimes hydrologiques, vitesses d’écoulement), et la « morphologie » regroupe les
formes du lit mineur, des berges et celles d’éventuelles annexes hydrauliques.
La morphologie du cours d’eau est le résultat d’une évolution constante de sa forme au fil des saisons
et des années. Soumis aux étiages (périodes de basses eaux), aux crues et aux inondations, le cours
d’eau cherche à établir un équilibre dynamique entre le mouvement des sédiments (débit solide) et le
déplacement de l’eau (débit liquide). Cet équilibre se traduit par des phénomènes de dépôts et
d’érosion de matières et participe à définir le tracé du cours d’eau.
Le concept de « système fluvial » est défini comme un système complexe adaptable d’interactions
actions-réponses, lequel ayant deux principaux composants physiques :

Le système morphologique (lits, plaine d’inondation, pentes, etc.) et


Le système en cascade du flux d’eau et de sédiments.
Le concept de système fluvial peut être utilisé sur de vastes échelles spatiales de l’ordre du million de
kilomètres carrés mais également sur de petites échelles de l’ordre de la dizaine de kilomètres carrés et
temporelles d’un rang de quelques minutes jusqu’à des milliers d’années. Une idéalisation simple du
système fluvial a été proposé par Schumm (1977), et il représenté sur la figure 5.2 Schumm a divisé le
système fluvial en trois zones, qui correspondent à :

Zone 1 : La portion d’amont du système correspond aux bassins versants de tête ; cette zone du
système fonctionne comme l’aire de production de sédiments.
Zone 2 : La portion de milieu du système correspond aux rivières ; cette zone du système
fonctionne comme l’aire de transfert de sédiment.
Zone 3 : La portion d’aval du système qui correspond, par exemple, aux deltas, zones humides,
lacs, ou réservoirs ; cette zone du système fonctionne comme l’aire de dépôt.

Figure 5.2. L’idéalisation du système fluvial (d’après Schumm, 1977)

37
Cours d’aménagements hydrauliques

Un cours d'eau s'écoule la plupart du temps dans (Figure 5.3)

Son lit mineur. C'est un espace fluvial formé d'un chenal, de bancs de sables et/ou de galets,
recouverts par les eaux. Le lit mineur ou lit désigne tout l'espace linéaire où l'écoulement
s'effectue la majeure partie du temps. Il est délimité par des berges généralement végétalisées
Son lit moyen : intermédiaire entre le lit mineur et le lit majeur, il représente l'espace occupé
par le cours d'eau lors de crues fréquentes, saisonnières. Il est l'espace soumis à de fréquentes
inondations, avec des périodes de retour de 1 à 10 ans. La vitesse de l’eau y est forte et le lit
moyen est soumis à une forte érosion et à un important transport de matériaux solides. Il est
naturellement occupé par la ripisylve (végétation abondante qui borde les rivières).
Son lit majeur est l'espace occupé par le cours d'eau lors de grandes crues. Il constitue la zone
d’expansion maximale des crues. Le lit majeur est l'espace occupé temporairement par un
cours d'eau en période de très hautes eaux. Ses limites externes sont celles de la plus grande
crue historique répertoriée. Le lit majeur fait partie intégrante de la rivière. Il permet le
stockage des eaux de crues débordantes. Les activités humaines et l'installation
d'infrastructures y sont est soumise à un risque naturel

Figure 5.3. Les différents lits

5.3.1. Les formes fluviales et leurs évolutions


Les cours d’eau se différencient d’abord selon le nombre de chenaux (chenal unique ou chenaux
multiples). Selon la quantité de matériaux transportés, de la nature plus ou moins cohésive des berges
et de la puissance du cours d'eau, le lit du cours d'eau pourra être de différents types : à méandres, en

38
Cours d’aménagements hydrauliques

tresses, rectiligne, sinueux (Photo et figure 5.4). Le débit liquide du cours d'eau varie donc au cours
d'une année en fonction des précipitations et de la quantité de matériaux (fins et grossiers) qui est
véhiculée c'est-à-dire le débit solide. Ces deux débits sont à l'origine des processus d'érosion et de
dépôt qui contribuent aux ajustements morphologiques du cours d'eau. Un équilibre dynamique de
rivière est observé lorsque l'érosion et le dépôt se compensent mutuellement .

Figure 5.4. Les différentes formes de cours d’eau

Les rivières à lit rectiligne


Une rivière rectiligne n’existe pas de façon naturelle sauf si le facteur géologique détermine la
trace rectiligne ; ce style fluvial est souvent associé (ou est une conséquence) de travaux de
rectification menés par l’homme.

39
Cours d’aménagements hydrauliques

Les rivières à méandres


Les rivières à méandres sont généralement des cours d’eau de plaine aux pentes moyennes ou
faibles présentant un ratio d’aspect (c’est à dire le ratio de la largeur de la rivière sur sa profondeur
moyenne) moyen ou petit. Les formes des méandres peuvent être naturelles ou conditionnées par
des causes artificielles (endiguement). La qualification de méandriforme est liée à la valeur de
sinuosité. L’indice de sinuosité r se calcule en faisant le rapport entre la longueur développée de la
rivière Lr et la longueur de la vallée Lv (Figure. 5.5). On distingue ainsi les cours d’eau sinueux
pour lesquels 1,05 r < 1,5 des cours d’eau a méandres pour lesquels r > 1,5. La valeur de r
caractéristique des méandres varie selon les auteurs.

Figure 5.5. Schéma illustrant la définition de la sinuosité.

Le mécanisme de formation et d’évolution des méandres, qui associe des phénomènes d’érosion et de
sédimentation, se résume ainsi :
 Une érosion dans les zones concaves ;
 Un dépôt dans les zones convexes.
La combinaison de ces deux phénomènes conduit à la migration des méandres vers l’aval : la rivière
se "déplace" et change de profil

Les rivières en tresses


Le trace en tresses est généralement associe a une charge de fond excédentaire. Le lit est très large et
présente une pente faible. Les rivières en tresses sont caractérisées par des chenaux multiples
divergents et convergents qui sont modifiés a chaque crue importante. Le trait complémentaire
caractérisant ces cours d’eau est la présence de nombreux bancs (barres sédimentaires) et iles occupant
le lit mineur. Les bancs et ils sont généralement peu végétalisés puisque toute végétation naissante
dans le lit mineur est arrachée par la crue annuelle ou biennale suivante ce qui permet un
rajeunissement fréquent de la végétation alluviale.

Les rivières à lits anastomosés


L’anastomose est le fait de systèmes fluviaux peu énergiques, caractérises par des chenaux stables ou
domine le transport en suspension. Il s’agit d’un style a chenaux multiples, étroits et profonds (ratio
largeur /profondeur faible) et a pente plutôt faible. les facteurs déterminant de l’anastomose sont une
puissance d’écoulement limitée, une faible érodibilité des berges et des apports sédimentaires
modérés.

Les styles fluviaux constituent une classification des cours d’eau à partir des caractéristiques
dominantes du chenal et des formes qui s’y trouvent, dont particulièrement la sinuosité, le tressage et
les bancs d’accumulation. La notion de style fluvial permet de classer rapidement et simplement la
diversité des cours d’eau à partir d’une appréciation visuelle de leur apparence. Le style fluvial est
cependant l’expression du mode de transport sédimentaire dominant et de la charge sédimentaire en
transit qui contrôlent en partie les processus concourant à l’évolution morphologique du cours d’eau.
Il existe plusieurs classifications des cours d’eau dont les noms peuvent différer mais qui toutes

40
Cours d’aménagements hydrauliques

rejoignent l’idée que l’identification d’un style fluvial permet d’évaluer qualitativement les types de
transport et les processus dominants dans l’évolution du chenal.

A la suite de ces premières classifications purement morphologiques, Schumm (1985) introduit des
paramètres hydrologiques et sédimentaires pour caractériser chaque style fluvial : rapport
largeur/profondeur du chenal, type de charge sédimentaire, rôle de la stabilité des berges (Figure 5.6) :
Le style rectiligne (Figure 5.6: (1) et (2)) se caractérise par une charge en suspension ou
mixte, et une stabilité relative du chenal importante avec peu de modification du talweg. Les
systèmes à charge mixte voient le développement de barres longitudinales rattachées aux
berges qui migrent avec le temps vers l’aval ;
Le style méandriforme est ainsi divisé en deux sous-styles (Figure. 5.6 : (3a) et (3b)) qui sont
essentiellement définis en fonction du type de charge sédimentaire. La stabilité relative du
chenal diminue lorsque l’on passe de la charge en suspension à la charge mixte ou de fond ce
qui traduit en fait une diminution de la cohésion des berges avec l’augmentation de la
granulométrie du sédiment. Cette diminution de la cohésion va se traduire par une
augmentation de la largeur du chenal et le développement possible de bancs au sein du lit
fluvial ; le style en tresse (Figure 5.6: (5)) correspond à des systèmes dominés par une charge
sédimentaire de fond et une forte stabilité du lit principal et au contraire une faible stabilité des
bancs présents à l’intérieur du lit.

Figure 5.6. Classification des cours d'eau d’après Schumm (1981, 1985).
1,2 - cours d’eau rectiligne ; 3a 3b - cours d’eau méandriforme ; 5 - cours d’eau en tresse. La classe 4 correspond
à un système transitoire entre les classes 3 et 5.

Les travaux de Schumm sont repris par la suite par Church (2006) qui complète son approche en
intégrant le volume et la granulométrie des sédiments transportés (Figure 5.7). La classification de
Church (2006) est basée sur des critères qualitatifs où apparaissent principalement le calibre des
sédiments, leurs modes de transport (suspension, charge de fond) et l’agencement des formes
d’accumulation (Figure 5.7). Cette classification a le potentiel de distinguer les chenaux avec des
degrés différents de stabilité et d’identifier les ajustements morphologiques en fonction des
changements dans l’un ou l’autre des critères de classification. Par extension, la classification permet

41
Cours d’aménagements hydrauliques

d’identifier des patrons d’ajustements morphologiques possibles en réponse à des interventions


anthropiques sur la rivière ou à des changements dans l’utilisation du sol dans le bassin-versant.

Figure 5.7. Classification des styles fluviaux Church (2006).

5.3.2 Dynamique morphologique des cours d’eau


Le premier déterminant de la morphologie du cours d’eau est la nature géologique du bassin
versant. La dynamique du cours d’eau peut ensuite se décrire très simplement en considérant que
la rivière transmet les apports liquides et solides de l’amont vers l’aval en se déformant. La
géologie, la pente, la granularité des sédiments, la végétation, le débit liquide Q et le débit solide
Qs constituent les variables de contrôle du système. En fonction des fluctuations de ces variables
de contrôle, le cours d’eau se déforme longitudinalement (adaptation de la pente du fond I et donc
de la pente d’énergie J), transversalement (changement de la largeur au miroir W et divagation) et
verticalement (changement de la hauteur d’eau moyenne H, ou H est défini comme le rapport de la

42
Cours d’aménagements hydrauliques

section mouillée S sur la largeur au miroir W) pour permettre un transit des débits et de la charge
solide. Ces trois variables (I, W et H) représentent les degrés de libertel du system (Figure. 5.8)

Figure 5.8. Schéma des grandeurs caractéristiques des cours d’eau.

Les différentes variables morphologiques des lits alluviaux à fond mobile s’ajustent à différentes
échelles de temps et d’espace. Ainsi le profil en long connait des ajustements sur de longues
périodes de temps (103 à 104 ans).

5.3.2.1 Notion d’équilibre dynamique


Un cours d'eau à l'équilibre a généralement une capacité de transport des sédiments équivalente à
la fourniture de matériaux par le lit, les berges et les sols du bassin versant. Les cours d'eau
dissipent leur énergie dans les turbulences de chutes, par la friction de l'eau contre les parois du
canal et par le transport de sédiments. En cas de forte sédimentation de la charge de fond et des
matières en suspension (par exemple dans les bassins de retenue de barrage), l'eau claire dépensera
son excès d'énergie en érodant de façon accrue le chenal pour se recharger en matières en
suspension.
À l'échelle du bassin versant, cet effet positif peut être aussi observé dans les dépôts périodiques
en plaine d'inondation et dans la création d'îlots sableux dans le lit de certains cours d'eau.
L'érosion des berges, en entraînant certaines portions de talus et de végétation, crée des éclaircies.
Un cours d'eau en équilibre a généralement une capacité de transport des matériaux équivalente à
la fourniture de matériaux par le lit, les berges et les sols du bassin versant. En raison de
perturbations hydrologiques ou anthropiques, l'équilibre dynamique entre le débit solide (charge
alluviale) et le débit liquide sera perturbé et le cours d'eau entrera dans une phase d'ajustements, où
l'érosion du chenal sera exacerbée.
De nombreux facteurs contribuent à perturber les débits et le cours d'eau entrera dans une phase
d'ajustements morphologiques de son lit, pour retrouver ensuite une nouvelle situation d'équilibre.
Les redressements de cours d'eau ont pour effet d'augmenter la pente du lit, la vitesse de l'eau et la
puissance du cours d'eau, entraînant une érosion importante du chenal, mobilisant des sédiments
qui étaient stables auparavant. L'élargissement du lit est le processus d'évolution morphologique le
plus souvent observé dans le cas de cours d'eau redressés, mais il peut être localement limité par
des facteurs externes tels que la présence de roc, d'arbres ou des courbes brusques du lit.
En fonction des conditions géologiques, climatiques, anthropiques, de la présence de végétation, le
cours d’eau s’adapte et tend vers le développement d’un état d’équilibre, appelé régime,
caractérise par une largeur W, une hauteur d’eau moyenne H et une pente I. La représentation de
l’équilibre du système fluvial peut être illustrée par la balance de Lane (1955) qui lie la fourniture
sédimentaire (débit solide QS, granulométrie γ) à la puissance fluviale (débit liquide QL, pente α)
capable de la mobiliser (Figure 5.9). Lorsqu’un système est en équilibre, les sédiments sont
transportés vers l’aval sans dépôt ou érosion nets significatifs. On parle d’équilibre dynamique
lorsque le système fluvial est capable de retrouver des conditions proches de son état avant
perturbation. Un système est dit résilient lorsqu’il revient rapidement à son état pré-perturbé.

43
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 5.9. Principe de l’équilibre dynamique (d’âpres Lane, 1955).

La dynamique fluviale est ainsi représentée comme l’oscillation permanente de l’aiguille d’une
balance dont l’un des plateaux serait rempli de sable et l’autre d’eau. Pour un matériau de diamètre d,
un débit solide Qs et un débit liquide Q, le système fluvial modifie sa pente d’énergie J afin d’égaler le
taux de travail de transport à effectuer, c’est à dire que la pente s’ajuste jusqu’à ce que le débit solide
sortant égale le débit solide entrant.
La rivière va rechercher un équilibre entre son débit liquide et son débit solide (Figure 5.10). Ainsi
si :

 Le débit liquide diminue : les matériaux vont se déposer ;


 Le débit liquide augmente : la rivière va éroder ses matériaux pour augmenter son débit solide
et retrouver son équilibre.

Figure 5.10. Equilibre et déséquilibre d’un cours d’eau

La balance de Lane est directement ou indirectement déséquilibrée (Figure 5.11) par les pressions
humaines exercées sur le système fluvial. Celles-ci peuvent être à l’origine d’une modification
(davantage détaillé dans le paragraphe 2) :
Du régime de crue,
De la pente du chenal au droit des aménagements (rectification, barrages, seuils), du transport
sédimentaire (quantité et granulométrie) influencé par une modification des apports
sédimentaires amont provenant des versants et des affluents ou encore par les modifications du
lit et des berges (radiers, enrochements),
De la rugosité hydraulique (taille des sédiments et pente de la ligne d’eau) des chenaux de
façon durable (chenalisation, pavage du lit) ou régulière (entretien de la végétation aquatique,
des bancs et des bords de berges, enlèvement des embâcles, curages).

44
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 5.11. Exemple de déséquilibre observé sur un cours d’eau dont la morphologie est
particulièrement déstructurée et paramètres expliquant le blocage fonctionnel

Une forte crue entraine une brutale augmentation du débit liquide (Figure. 5.12), c’est-a-dire de la
capacité de transport. Ceci se traduit morphologiquement par le développement de processus
d’érosion intenses dans le lit : la rivière consomme du sédiment pour disperser son surplus énergie.
Dans le même temps, la pente moyenne du tronçon tend a diminuer pour retrouver une situation
d’équilibre.

Figure 5.12. Illustration du déséquilibre induit par une forte augmentation du débit liquide à
l’origine de processus d’érosion.

Un important glissement de terrain entraine une forte augmentation de la fourniture sédimentaire


dans un cours d’eau (Figure. 5.13.). Son débit liquide n’a pas la capacité de transport suffisante pour
évacuer l’ensemble des sédiments.
La rivière exhausse son lit, ce qui se traduit dans le même temps par une augmentation de la pente,
favorisant l’augmentation de l’énergie de l’écoulement et donc la reprise en charge des particules.

45
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 5.13. Illustration du déséquilibre induit par une forte augmentation du débit solide à
l’origine de processus d’exhaussement du lit.

5.3.2.2. Conditions hydro-sédimentaires


Le lit d’une rivière est essentiellement modelé par les débits de crue. Toutefois les débits qui
donnent au cours d’eau sa géométrie moyenne sont ceux qui transportent le plus de matériaux
compte tenu de leur capacité de transport et de leur fréquence. Nous considérons ainsi différents
niveaux de mobilité des matériaux sédimentaires grossiers en rivière, associés à différentes
échelles d’étude :
• le débit de début d’entraînement ou débit-seuil de mise en mouvement (que nous noterons Qc),
qui correspond à la mise en mouvement de la particule ;
• le débit morphogène, qui correspond à la mobilité de la forme ;
• le débit dominant est le débit le plus efficace pour transporter des matériaux car il est le produit
de la fréquence d’occurrence du débit et de sa capacité de transport : il intègre donc la notion
d’impact morphologique. Ce débit est souvent associé au débit de plein bord, mais sans
correspondance systématique, car ce dernier est difficile à définir au vu de la variabilité des
systèmes fluviaux.
Par définition, ce débit de plein bord représente la capacité d’écoulement du lit mineur juste avant
le débordement (Figure5.14)

Figure 5.14. Géométrie de l’état plein bord

Le débit utilisé est normalement le débit de plein bord qui correspond à l’écoulement d’auto-
ajustement morphométrique du chenal. Le débit de plein bord est un paramètre de caractérisation des
cours d'eau particulièrement important, car il peut expliquer en grande partie la morphologie d'un
cours d'eau et sert à valider la stratégie d'intervention choisie, telle que l'implantation d'un corridor
riverain. Ce débit est observé quand il y a un léger débordement du lit mineur sur la plaine
d'inondation. Le débit de plein bord, ou morphogène, est celui qui transporte le plus de matériaux
solides compte tenu de son énergie potentielle et de sa fréquence. Même si les débits plus importants

46
Cours d’aménagements hydrauliques

transportent plus de matériaux par événement et les débits plus faibles ont une fréquence plus élevée,
le débit morphogène est suffisamment puissant et fréquent pour développer la forme générale du lit. Il
correspond généralement à une crue dont la période de retour est de l'ordre de 1.5 an et a 67 % de
chance d'être observé chaque année. Ce débit utilise environ le tiers de l'aire d'écoulement du chenal et
n'est surpassé que 25 % du temps. Les caractéristiques du débit morphogène peuvent varier en
fonction du type de sol, de son occupation et de la taille du bassin versant. Ainsi, la fréquence du débit
de plein bord peut aller de quelques mois à une année sur des substrats peu perméables, à près de deux
ans sur des terrains perméables. En milieu urbain, la fréquence est plus proche de 1.2 an et en milieu
humide, la fréquence est plus faible qu'en milieu désertique. Le débit morphogène a ici été assimilé au
débit de pointe d’une crue de fréquence biennale
À l’échelle du tronçon, la structure et le fonctionnement morphologiques du cours d’eau (mobilité
sédimentaire, style fluvial) sont fortement influencés par les conditions de puissance locale de
l’écoulement.
À l’échelle d’un tronçon, pour une pente donnée, le débit conditionne la puissance du cours d’eau : la
puissance brute de l’écoulement est en effet le produit de la pente de la ligne d’énergie I, du débit
liquide Q et du poids spécifique de l’eau γs N/m³. La puissance spécifique (permettant de comparer
des systèmes de tailles et de caractéristiques sédimentologiques différentes, est alors définie comme le
rapport entre puissance brute et largeur du lit w.
Cette puissance quantifie l’énergie de l’eau qui transite dans le système fluvial et qui est dissipée sous
différentes formes, en particulier via le transport des matériaux du fond du lit. Il en résulte que pour un
certain couple pente–débit, l’écoulement possède une certaine capacité de transport, théorique, des
sédiments. Suivant la disponibilité du lit en matériaux (au fond, par incision du « matelas » alluvial ou
sur les bords par érosion des berges) et par ces processus d’érosion et de dépôt, le système fluvial
mobilise une certaine quantité de matériaux. Il acquiert ainsi une certaine morphologie. Le débit
liquide est alors qualifié de « morphogène » lorsqu’il est capable de remodeler le lit du cours d’eau.
La puissance spécifique (ω) décrit l’énergie développée par le cours d’eau, elle est donnée par
l’équation suivante :
𝜔 = 𝛾. 𝑄. 𝑖. 𝑊 −1 (5.1)
Avec :
ω : puissance spécifique (W/m²)
γ : poids volumique de l’eau (γ =ρ.g= 9 810 kg.m-2.s-2)
Q : débit (m3/s)
i : pente moyenne de la ligne d’eau considérée équivalente à la pente du fond du lit (m/m)
w : largeur du lit à plein bord (m)

Certains travaux de recherches évoquent différentes classes de puissances spécifiques pour décrire la
réactivité géodynamique d’un cours d’eau. Ces classes sont limitées par les seuils de 10, 30 et 100
W/m² (Tableau 5.1). Ces seuils restent néanmoins purement théoriques et à relativiser en fonction des
caractéristiques sédimentologiques des berges du cours d’eau donc de l’érodabilité des berges et de la
qualité des apports solides.

Tableau 5.1. Seuils de la puissance spécifique

1 2 3 4

Puissance spécifique-   10 W/m² 10-30 W/m² 30-100 W/m² 100W/m²

Erodabilité des berges-B Nulle Faible Moyenne Forte

Apports solides- A Nuls Faibles Moyens Forts

La puissance fluviale spécifique d’un cours d’eau permet d’estimer le style fluvial potentiel. Elle est
exprimée en W/m² et se base sur la récurrence des crues annuelles à biennales (à pleins bords pour les

47
Cours d’aménagements hydrauliques

rivières naturelles). Les rivières dont la puissance spécifique ne dépasse pas 15 W/m2 se caractérisent
généralement par des chenaux inactifs et des méandres libres relativement figés. Les méandres actifs
non confinés nécessitent des puissances au moins supérieures à 35 W/m2. Par contre, les rivières où la
puissance dépasse 100 W/m2 ont une dynamique de modification du tracé fort active, avec des
processus pouvant même aboutir à la multiplication des chenaux et à la formation du tressage, ceci
dépendant aussi de la taille du matériau qui constitue le fond du lit.

5.4 Crue et inondation


Distinction entre crue et inondation :

▪ La crue désigne une augmentation brutale et durable du niveau (i.e. débit) d’un cours d’eau
▪ L’inondation désigne une submersion rapide et durable par l’eau d’une zone habituellement
hors d’eau Ainsi une crue peut entrainer une inondation qui peut toutefois avoir d’autres
origines

5.4.1 Crues
La crue correspond à la montée des eaux d'un cours d'eau, l'inondation au phénomène qui en résulte,
l'eau débordant, se répandant sur les terrains alentours. Elle est due à des précipitations en forte
quantité, auxquelles peut s'ajouter un sol imperméable ou devenu imperméable suite à une sécheresse
importante : le sol n'absorbe plus la quantité d'eau qui lui parvient.
Mais ce phénomène peut également être accentué par des causes : humaines directes (drainage,
imperméabilisation des sols ...), humaines indirectes (changement climatique).
Différents types de crue existent : crues lentes : le débit du cours d'eau augmente lentement, suite à
des pluies, la fonte des neiges ... crues rapides ou brutales ou éclair : elles résultent de pluies
abondantes, d'orages violents, ... Elles peuvent devenir torrentielles, et sont les plus difficiles à prévoir.

La crue centennale est une crue théorique calculée à partir de l'analyse des crues passées et qui a une
chance sur cent de se produire chaque année (ou 10 fois par millénaire).

Les crues sont des phénomènes naturels faisant parties intégrantes du régime naturel des cours d'eau,
où périodes sèches (étiage) et humides s'alternent. Elles constituent le véritable moteur de la
dynamique fluviale et sont indispensables à la « Vie » d'un fleuve, qu'elles façonnent (érosion,
déplacement de matériaux). Elles ont un rôle régulateur : lors d'une crue, les eaux « s'étalent » dans la
plaine alluviale, ralentissant ainsi le débit des cours d'eau, et peuvent par la suite contribuer à la
recharge des nappes alluviales en s'infiltrant. Elles ont également un rôle épurateur et sont très
importantes pour le fonctionnement des écosystèmes aquatiques. Les apports de nutriments (matières
organiques et minérales) générés par les crues, de l'amont vers l'aval (jusqu'aux zones marines) mais
également dans les plaines inondables (lit majeur du cours d'eau), conditionnent la survie de
nombreuses espèces aquatiques et marines. Les crues favorisent également la reproduction (en mettant
en eau les frayères), le déplacement des différentes espèces aquatiques, en diversifiant les habitats
naturels (zones humides, ...). Elles constituent un important vecteur d'échanges de nutriments et
d'organismes, et conditionnent alors également certaines activités humaines comme la pêche et
l'agriculture (fertilisation des sols).

Les crues ne résultent pas seulement de phénomène de surface (pluies abondantes, ruissellement…).
Le sous-sol et les nappes souterraines jouent également un rôle essentiel dans le déclenchement des
crues et des inondations (porosité et état de surface des sols au moment des pluies, saturation de la
nappe alluviale…). Les crues peuvent néanmoins avoir des conséquences néfastes sur les activités et
populations riveraines (dégâts physiques voire corporels) et impliquent de forts enjeux sécuritaires
pour les zones les plus exposées. Contrairement aux orientations de gestion des années 1960, les
politiques actuelles tendent à mieux prendre en compte le rôle important des crues et intègrent
davantage la composante « dynamique » (non figée) d'un cours d'eau.

48
Cours d’aménagements hydrauliques

5.4.2. Les inondations


Premier risque naturel en Algérie en termes de dommages occasionnés, les inondations sont aggravées
depuis des décennies par l’aménagement du territoire. L’imperméabilisation des sols notamment en
raison de l’urbanisation, la suppression des haies, le remembrement agricole, l’augmentation des
surfaces des parcelles cultivées, la rectification et la chenalisation des cours d’eau et le drainage
accélèrent le transfert de l’eau depuis l’amont vers l’aval. Avec une concentration des populations et
des activités économiques dans les zones rendues ainsi vulnérables, le risque lié aux inondations a
nettement augmenté. L’entretien régulier du cours d’eau est essentiel et obligatoire pour garantir la
libre circulation des eaux. Il est réglementé par la loi sur l’eau. Il est à distinguer des travaux en cours
d’eau, également réglementés par la loi, qui correspondent à des interventions plus lourdes et peuvent
avoir des impacts sur le milieu.
Augmentation plus ou moins brutale du débit d’un cours d’eau, la crue se traduit généralement par une
augmentation très visible du niveau d’eau et de la vitesse d’écoulement des eaux. Elle résulte de fortes
précipitations et/ou de la fonte des neiges.
Les crues sont des phénomènes naturels. Intrinsèques au régime des cours d’eau, elles sont
indispensables à leur équilibre dynamique.
Elles façonnent la morphologie de la rivière en érodant son lit, en transportant les matériaux solides et
grossiers tout comme les sédiments les plus fins, reconstituant ainsi de nouveaux milieux et habitats.
Des bancs alluviaux se forment et sont remobilisés par les crues, de nouveaux bras se forment et
d’autres sont abandonnés, les méandres se déplacent. Cette évolution régulière – dans l’espace et dans
le temps – de la morphologie de la rivière traduit sa bonne santé. Cette dynamique explique la
nécessité de maintenir un espace dédié au fonctionnement du cours d’eau, appelé espace de
mobilité.

Les zones humides contribuent au stockage / déstockage d’importantes quantités d’eau en surface et
dans le sol, permettant une régulation des phénomènes hydrologiques dans le bassin versant. Elles
interceptent les eaux de ruissellement réduisant ainsi les pics de crue en des débits plus lents et plus
faibles sur des périodes plus longues (i.e. étalement de crue).

Inondation : submersion temporaire par l'eau de terres qui ne sont pas submergées en temps normal.
Cette notion recouvre les inondations dues aux crues des rivières, des torrents de montagne et des
cours d'eau intermittents méditerranéens ainsi que les inondations dues à la mer dans les zones côtières
et elle peut exclure les inondations dues aux réseaux d'égouts.

Risque d'inondation : combinaison de la probabilité d'une inondation et des conséquences négatives


potentielles pour la santé humaine, l'environnement, le patrimoine culturel et l'activité économique
associée à une inondation. Le risque majeur est donc la confrontation d’un aléa avec des enjeux.

La notion d'inondation appelle celles de lit mineur et lit majeur d'un cours d'eau : le lit mineur est la
partie du lit du cours d'eau comprise entre des berges franches ou bien marquées, dans laquelle
l'intégralité de l'écoulement s'effectue la quasi-totalité du temps en dehors des périodes de très hautes
eaux et de crues débordantes. Le lit majeur est le lit maximum qu'occupe un cours d'eau dans lequel
l'écoulement ne s'effectue que temporairement lors du débordement des eaux hors du lit mineur en
période de très hautes eaux en particulier lors de la plus grande crue historique.

49
Cours d’aménagements hydrauliques

5.6. Typologie des inondations


Le tableau 5.2 illustre bien la typologie des inondations que soit en plaine ou en zone urbaine.

Tableau 5.2. Typologie des inondations

La montée des eaux en région de plaine


Les La rivière sort de son lit mineur lentement et peut inonder la plaine pendant une
Inondation période relativement longue. La rivière occupe son lit moyen et éventuellement son
en plaine lit majeur
Les
inondations Lorsque le sol est saturé, il arrive que la nappe affleure et qu’une inondation
par spontanée se produise. Ce phénomène concerne particulièrement les terrains bas ou
remontée mal drainés.
de nappe
La formation rapide des crues torrentielles consécutives à des averses violentes
Les crues Lorsque des précipitations intenses tombent sur le bassin versant les eaux ruissellent
des rivières et se concentrent rapidement dans les cours d’eau, d’où des crues brutales et
torrentielles violentes dans les torrents et les rivières torrentielles. Les lits des cours d’eau est en
et des général rapidement colmaté par les dépôts de sédiments et des bois morts peuvent
torrents former des barrages, appelés embâcles. Lorsqu’ils viennent à céder, ils libèrent une
énorme vague qui peut être mortelle
Le ruissellement pluvial urbain
Les crues L’imperméabilisation du sol (bâtiment, voiries, parkings etc.) limite l’infiltration des
rapides pluies et accentué le ruissellement ce qui occasionne souvent la restauration et le
des bassins refoulement des réseaux d’assainissement des eaux pluviales. Il en résulte des
périurbains écoulements plus au moins important et souvent rapide dans les rues

Les inondations peuvent aussi être dues à la submersion des bords de mer par l’eau de mer. On parle
alors de submersion marine. Le changement climatique pourrait modifier le régime des précipitations
sur la planète. En Algérie, il pourrait pleuvoir plus l'hiver, et moins l'été. Ainsi, les inondations
pourraient avoir lieu de manière plus fréquente. Les phénomènes extrêmes (orages, crues ...) seraient
également en augmentation.

50
Cours d’aménagements hydrauliques

Chapitre 6

Pourquoi aménager et entretenir les cours d’eau ?

6.1. Introduction
Les cours d'eau sont des milieux dynamiques évoluant perpétuellement en fonction des
caractéristiques physiques et saisonnières. La qualité de vie d'un cours d'eau dépend de nombreux
facteurs tels que la vitesse du courant, la sinuosité du lit, le débit, la qualité de la ripisylve, le taux
d'oxygène dissous…. Ces facteurs peuvent être dégradés ou modifiés, c'est pourquoi les cours d'eau
doivent être entretenus ou aménagés afin de maintenir leurs différentes fonctionnalités liées aux usages
et restaurer leur bon état écologique.

Les différents aménagements visent donc à satisfaire :


 Le régime hydrologique en respectant ou rétablissant,
 Les débits minimums d’étiage,
 La connexion avec les eaux souterraines,
 L’alternance de courants lents et rapides,
 Une variation des profondeurs,
 Les conditions morphologiques en respectant les connectivités latérales des cours d’eau
avec ses milieux annexes tels que les prairies inondables, les bras morts, les zones
humides…,
 Le maintien ou le rétablissement de l’état physique des berges et de la végétation
riveraine,
 La continuité écologique en rétablissant la libre circulation des organismes aquatiques (par
exemple les poissons migrateurs) à des échelles spatiales compatibles à leur cycle de
développement et en rétablissant des flux de sédiments.

Sans intervention de l’Homme, la richesse des cours d’eau disparaît. En effet, les lits des cours d’eau
s’encombrent de divers détritus et les berges sont envahies par la végétation. L’envasement prend alors
le dessus, les capacités d’écoulement sont réduites et les risques d’inondation augmentent. La qualité
écologique diminue, les cours d’eau sont alors moins diversifiés en termes d’espèces animales et
végétales.

6.2. D’une manière générale, les différents travaux visent donc à :


 Maintenir ou améliorer la qualité de l’eau (augmentation de son pouvoir épuratoire)
 Freiner ou favoriser l’écoulement des eaux (selon la sensibilité des inondations)
 Stabiliser les berges (pour lutter contre leur érosion)
 Améliorer la qualité des habitats (pour la faune et la flore)
 Préserver la qualité paysagère

Une gestion équilibrée des berges et du lit d'une rivière par des opérations d'entretien régulier favorise
un contrôle efficace de l'évolution ultérieure du milieu aquatique. Les opérateurs concernés sont les
syndicats intercommunaux d'aménagement hydraulique (S.I.A.H.) ou des collectivités locales
possédant la compétence rivière. De plus en plus de ces structures se dotent d'un technicien de rivière,
dont les missions sont l'observation du cours d'eau, la préparation des chantiers, leur suivi technique et
administratif, la communication avec les partenaires et la population ... Toute intervention doit être
précédée d’un diagnostic de l’état initial et global du cours d’eau (de l’amont et de l’aval) ce qui
permet de mieux cibler les différents objectifs des interventions. Ensuite, l’impact de ces dernières doit

51
Cours d’aménagements hydrauliques

être mesuré ; une évaluation et un suivi des travaux doivent être réalisés. Toute intervention doit donc
être raisonnée et planifiée.

6.3. Trois types d’intervention sont utilisés :


 La restauration pour mener des opérations permettant de rendre à la rivière l’état dans lequel
elle aurait dû se trouver si elle avait fait l’objet d’une gestion régulière
 L’aménagement pour modifier fortement le cours d’eau en vue de satisfaire un objet
particulier
 L’entretient pour garder le cours d’eau dans un état optimal

6.4. Citons quelques méthodes pour entretenir le lit d’un cours d’eau :
 Le faucardage : cette technique assure le bon écoulement des eaux ce qui va favoriser la
circulation de l’oxygène, la diminution du taux des matières organiques et réduire les
obstacles susceptibles de gêner la circulation des poissons.
 Le curage : cette technique limite l’engorgement du lit et évite les dépôts très importants.
 La mise en place des déflecteurs ou épis, des mini seuils.
 La recharge des lits en matériaux granulaires.

52
Cours d’aménagements hydrauliques

Chapitre 7

Des exemples de travaux ou d'aménagement de cours d'eau

7.1. L'effacement ou l'abaissement des ouvrages


Pour les ouvrages sur les cours d'eau dont l'utilité ne semble plus avérée ou les ouvrages abandonnés,
l'effacement de l'ouvrage est une des solutions pouvant permettre de rétablir la dynamique fluviale et
la continuité écologique. L'effacement est envisagé lorsque les frais d'entretien de mise aux normes
sont supérieurs à l'utilité du maintien ou lorsqu'il est jugé que l'ouvrage n'est pas compatible avec
certains enjeux environnementaux tels que la Directive Cadre sur l'Eau, le plan anguille ...Sans
supprimer complètement l'ouvrage, un abaissement de la hauteur de l'ouvrage peut être envisagé pour
des raisons techniques ou en prévision d'un effacement total. Il peut également être préféré pour
concilier à la fois continuité écologique et conservation du patrimoine. En effet, certains usagers,
habitués à la présence dans le paysage d'ouvrages, ne souhaitent pas les voir disparaitre et préfèrent
d'autres mesures de gestion à mettre en œuvre qui permettent de les conserver. C'est par exemple le cas
des moulins.

Figure 7.1. Abaissement des ouvrages

7.2. L’entretien des berges et des ripisylves


Les opérations d’entretien des cours d’eau concernent particulièrement celui des ripisylves et des
berges. La ripisylve est une formation végétale composée de trois strates :
Une strate herbacée ;
Une strate arbustive ;
Une strate arborée.
La ripisylve a de nombreux rôles quant à la préservation de la qualité des cours d’eau : elle protège et
consolide les berges
Elle retient les pollutions diffuses et élimine naturellement les nitrates.
Elle évite le dessèchement et freine le ruissellement de l’eau.
Elle abrite de nombreuses espèces.
Elle fait office de corridor biologique.

53
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 7.2. Entretien des berges

•La ripisylve a de nombreux rôles quant à la préservation de la qualité des cours d’eau : elle protège et
consolide les berges
•Elle retient les pollutions diffuses et élimine naturellement les nitrates.
•Elle évite le dessèchement et freine le ruissellement de l’eau
•Elle abrite de nombreuses espèces
•Elle fait office de corridor biologique

Les berges sont des écotones. Elles constituent une zone de transition entre l’écosystème aquatique et
forestier (qui est la ripisylve). Elles abritent des espèces de milieux aquatiques et de rive (par exemple,
la musaraigne aquatique (Neomys fodiens), le martin pêcheur (Alcedo atthis), le cincle plongeur
(Cinclus cinclus) et bien d’autres…). Si les berges doivent être restaurées, leur artificialisation (en
béton par exemple) n’est pas conseillée. Elles perdent alors leur potentiel de corridor écologique, ne
permettent plus les échanges entre le sol et le cours d’eau. De plus, il arrive que les espèces telles que
les amphibiens ne puissent pas remonter sur la berge par manque de support. Des techniques de génie
végétal sont alors utilisées permettant de consolider les berges avec des végétaux vivants. Leur
système racinaire permet de stabiliser les berges et de les protéger du courant et de l’érosion.
Différents facteurs physiques et botaniques sont à prendre en compte pour les plantations comme par
exemple l’exposition à la lumière, le pH, la porosité du sol, la morphologie aérienne des végétaux, le
pouvoir de régénération des végétaux, leur action sur les autres plantes, la morphologie du système
racinaire….

7.3. La reconnexion des annexes hydrauliques


Les annexes hydrauliques sont considérées comme des zones présentant un fort potentiel écologique,
lié à une faune et une flore riche et diversifiée, et montrant de multiples rôles dans le maintien de cette
biodiversité. Cependant, ces zones humides restent des biotopes fragiles et non protégés, qui sont
souvent délaissés et tendent à se fermer. De multiples fonctions sont attribuées aux annexes telles que
l'interception de pollutions diffuses (phénomène d'autoépuration), la conservation de la biodiversité du
fait d'habitats diversifiés, l'amélioration des caractéristiques morphologiques et physiques du cours
d'eau, le rôle de refuge pour la faune et le rôle de zone de reproduction pour des espèces piscicoles.

54
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 7.3. Annexes hydrauliques

L'enfoncement du lit des rivières peut conduire à la déconnexion des annexes hydrauliques qui tendent
à s'assécher et ne sont alors plus accessibles par les espèces piscicoles et moins propices à un
développement favorable pour les espèces floristiques. Leur reconnexion parait donc importante en
vue de retrouver une continuité écologique des cours d'eau. Pour se faire, des travaux de terrassement
sont généralement réalisés pour permettre la reconnexion à l'aval et/ou à l'amont.

7.4. Augmenter la capacité d’accueil du milieu pour les poissons


 Mise en place d’ouvrages telles les passes à poissons :
Les passes à poissons permettent aux poissons de franchir des obstacles artificiels.
 Mise en place de divers habitats :
De frayères.
De caches sous berge ou ils peuvent se reposer et s’abriter.
De déflecteur qui diminue la section d’écoulement et contribue à la diversification des habitats
(création de fosses par exemple) et des écoulements.
De seuil qui créent des petites chutes d’eau qui favorisent l’oxygénation du milieu et
maintiennent une hauteur d’eau adéquate pour le développement de juvéniles. Les seuils vont
également favoriser le développement de fosse à l’aval (zones refuges potentielles).
 Le fond doit présenter centaines particularités pour que les femelles aillent pondre :
Un lit de galets ou de gravier stables pour éviter le déplacement trop important des œufs en cas
de crue.
La granulométrie doit être adaptée pour que les femelles puissent creuser un trou et y mettent
leurs œufs.
La hauteur d’eau la vitesse du courant et l’oxygénation sont également des facteurs
importants.

7.5. La gestion des espèces exotiques envahissantes


La prolifération des plantes exotiques envahissantes cause déjà depuis de nombreuses années, des
nuisances sur le fonctionnement des hydro systèmes tan pour la biodiversité que pour que pour les
usagers. Devant l’impossibilité d’atteindre une éradication et pour freiner la dynamique d’expansion
de ces espèces tout en limitant la dépense publique investies dans la surveillance te la gestion de ces
proliférations, les gestionnaires doivent avoir des outils de compréhension et de suivi de phénomènes
invasifs pour guider le chaix dans la gestion an elle et pluriannuelle de ces espèces.

55
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 7.4. Gestion des espèces exotiques

7.6. La restauration des zones humides


Les zones humides, qui contribuent à la fois à la préservation de la ressource en eau et la protection
des espèces emblématiques, voient leurs surfaces fortement régresser au cours de ces dernières années
malgré un intérêt fort et reconnu. Plusieurs actions sont mises en œuvre pour restaurer ces milieux
particuliers :
 La valorisation des zones humides de préférence non dégradés peut faire l’objet
d’aménagements simples et servir de lieu de balade pour la mise en place de sentir découverte
par exemple, s’insérant ainsi parfaitement dans le cadre de vie d’une population. Il s’agit
également d’une manière de sensibiliser le public aux problématiques des zones humides
 La restauration : cette action vise à restaurer les zones humides dégradées et à rétablir le
fonctionnement ou d’assurer le retour de certaines activités en adéquation avec le milieu.
 La compensation : l’intervention de l’aménagement de cartaies zones comme la construction
d’une route par exemple peuvent conduire à la détérioration ou la disparition totales des zone
humides. Des mesures de recréation des zones humides doivent être envisagées.

Figure 7.5. Zone humide

56
Cours d’aménagements hydrauliques

Chapitre 8

Protection contre les inondations

8.1. Analyse des crues


La crue dépend essentiellement de l’abondement et de l’intensité de pluie, elle évolue en général
suivant l’intensité de l’averse. Sa vitesse est largement influencée par la couverture végétale, la
lithologie du terrain ainsi que les paramètres morphologiques du bassin versant.

8.2. Genèse des crues et inondations


Les crues sous climat méditerranéen (semi-aride) sont occasionnées par des orages violents et
fréquents. Elles ont accompagné des pluies torrentielles (120 à 190mm) dans certaines régions de
l’ouest algériens. Les lames d’eau précipité mensuel de 168,3 mm de précipitation en engendrent un
débit Q= 1912 m3/s provoquant d’énorme inondation.

8.2.1. Définition de l’inondation


Elle désigne un recouvrement d’eau qui déborde du lit mineur et qui affleure le niveau du talweg.

8.2.2. Processus conduisant aux crues et aux inondations


Eau mobilisable
Dans la plupart des cas les eaux fondamentales des inondations est l’arrivée d’importantes chutes de
pluie (exceptionnelles).
Pluies répètes : (uniforme qui tombe toute la journée)
Averse : relativement court mais intense

8.2.3. Types d’inondation


Crue torrentielle ou éclair
Ces crues sont particulièrement dangereuses en raison de la soudaineté et la rapidité avec lesquelles
elles se produisent. Les débits des oueds passent de quelques mètres cubes secondes à quelques
milliers de mètres cubes secondes.

Crue de plaines ou fluviales


Elles se caractérisent par des montés relativement lentes et peuvent se produisent dans plusieurs
heures, voire quelques jours. Ces crues peuvent être dangereuses pour certains ouvrages de Génie
civil.

Inondation dans le secteur urbain


Au secteur urbain, des orages intenses peuvent occasionner un très fort ruissellement avec un réseau
d’assainissement mal entretenue peut créer des inondations importantes (Beb el oued le : 10/10/2001,
214 mm en 24heures)

8.3. Gestion et exploitation des ouvrages de protection


8.3.1. Recalibrage des ouvrages des cours d’eau
Le principe de Recalibrage consiste à augmenter le débit tout en augmentant la section d’écoulement
par élargissement du lit de l’oued. Ce système a été mis en œuvre à partir des années 1950 et a permet
de réduire les fréquences de submersion des terres agricoles, ce recalibrage s’accompagne suivant des
enlèvements importants de la végétation qui accroit la sensibilité des berges à l’érosion.

57
Cours d’aménagements hydrauliques

8.3.2. Endiguement d’un cours d’eau


Une digue est une construction établie dans le but de rétablir les eaux de pluie, ils peuvent avoir
plusieurs fonctions : dériver l’eau, canaliser l’eau
Parmi les digues de protection, on trouve :
Des digues le long d’un cours d’eau : polder (digue accoles à la berge)

Figure 8.1 : Polder

Parfois positionne dans l’oued

Figure 8.2 : Digue implantée dans l’oued

Polder éloignée

Figure 8.3. Polder éloigné

58
Cours d’aménagements hydrauliques

8.3.3. Caractéristiques des digues


Lors d’une crue la rivière déborde dans son lit mineur et inonde progressivement le lit majeur dans les
cas de fortes crues. Le rôle de la digue de limiter l’ampleur de l’inondation. Certaines digues sont
équipées soit d’un déversoir ou d’une vidange de fond afin de réduire la charge de la retenue.

8.4. Reboisement
En plus de leurs volet écologique et touristique, les fortes ont un rôle considérable dans la
conservation du sol et des eaux. Cette végétation ralentie en général la montée des crues.

8.5. Barrage ecrèteur


Le barrage ecrèteur a pour but l’écrêtement des crues, et parfois, a vocation multiple, son principe de
fonctionnement est de stocker temporairement un certain volume dans le lit du cours d’eau de façon a
démunie le débit de crue en aval selon le schéma

Figure 8.4. Schéma d’un barrage ecrèteur

8.6. Correction torrentielle


C’est une technique qui a pour objectif de limiter les vitesses des écoulements dans les cours d’eau
ayant des régimes torrentiels.
Un torrent est corrigé par la construction d’un nombre de digues successives transversales sur les lits
des canaux naturels.

59
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 5.5. Correction torrentielle

Le nombre des digues à construire est donné selon la formule :

N = L. (P−I) /H (8.1)

N : Nombre de digues
L : Longueur du ravin (m).
P : Pente moyenne du lit.
H : Hauteur moyenne des digues (1 à 4 mètres).
I : Pente de compensation (pente inter digue, elle est inférieure à la pente initiale du lit de ravin)
I ≈ 0,01.

8.7. Les épis


Un épi en rivière est ouvragé transversal au courant, enraciné dans la berge, ne barrant qu’une partie
du lit et au moins partiellement submersible. Les épis sont utilisés pour protéger les berges ou pour
faciliter la navigation. Dans le domaine maritime, des épis peuvent être utilisés pour protéger des
plages.
L'espacement entre les épis dépend de la largeur de la rivière, de leur longueur et de leur nature.
Théoriquement, pour qu'un système d'épis soit efficace, il faut que l'écart entre deux épis successifs
soit de l'ordre d'une fois et demie (1,5) leur longueur moyenne

Figure 8.6. Implantation des épis

60
Cours d’aménagements hydrauliques

8.8. Banquette :
La technique des banquettes est de double objectif, la lutte contre l’érosion et la réduction de
ruissellement en favorisant l’infiltration due à la diminution de pente. Leurs effets sont considérables
dans la défense et la restauration de sol
 La banquette mécanique se divise en quatre zones.
 Le fossé large reçoit les eaux de ruissellement de l’impluvium.
 Le talus reçoit la pluie et un apport latéral des eaux du fossé.
 L’impluvium à l’amont du fossé ; zone cultivée entre les bourrelets, qui ne reçoit plus que la
pluie moins le ruissellement.
 La zone de l’impluvium à l’aval et proche du bourrelet qui pourrait recevoir un appoint d’eau
par drainage à travers le bourrelet lors des grosses averses.

Figure 8.7. Technique de banquette

61
Cours d’aménagements hydrauliques

Chapitre 9

Lutte contre l’érosion


9.1. Qu’est-ce que l’érosion
L’érosion des sols est un phénomène complexe dans lequel de nombreux facteurs entrent en jeu.
Prenant naissance sur les parcelles agricoles, l’érosion peut avoir des conséquences importantes
tant sur ces terrains que sur les secteurs urbanisés situés en aval.
On peut définir l’érosion comme le détachement et le transport des particules sous l’effet de la
pluie, lorsque le sol n’est plus capable d’infiltrer l’eau. Cette situation se produit généralement sur
des sols préalablement fragilisés, dans le cas d’une intensité de pluie supérieure aux capacités
d’infiltration du sol (lors d’orages violents notamment), ou sur des sols gorgés d’eau (en périodes
automnale et hivernale).
Ce transport d’eau et de terre, plus ou moins massif et rapide, peut générer des conséquences
importantes sur un plan économique, humain et écologique : le potentiel agronomique des terres
s’en trouve diminué, les risques d’inondations accrus (coulées de boue, augmentation de l’intensité
et du volume des crues de rivière), et les milieux naturels dégradés.
On peut distinguer deux types d’érosion : L’érosion en nappe (ou diffuse) Il s’agit d’un
décapage uniforme de la couche superficielle de terre. Il se produit principalement sur les zones de
plateaux.
Cette forme d’érosion passe souvent inaperçue mais peut arracher un volume de terre important :
un décapage de 1 mm sur 1 ha correspond à la perte d’un volume de 10 m 3 de limons fertiles. Les
dégâts sont pratiquement irréversible.

Figure 9.1. Erosion en nappe

L’érosion en rigoles (ou ravines) Lorsque les eaux de ruissellement se concentrent, elles peuvent
selon la nature du sol et l’intensité du relief former une ravine par creusement. Cette érosion se
produit généralement dans les vallées sèches et dans les fonds de thalwegs* qui constituent des
chemins d’écoulements préférentiels pour l’eau qui ruisselle.
Cette forme d’érosion peut charrier de grandes quantités de terre, et être à l’origine de coulées de
boue importantes. Elle est cependant maîtrisable pour peu que l’on adopte certains principes
culturaux et que l’on préserve ou conforte certains éléments du paysage régulateurs des
écoulements.

62
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 9.2. Erosion en rigole

9.2. Les dommages causés par l’érosion


L’érosion des sols est à l’origine de multiples problèmes. A l’amont, les agriculteurs sont
directement concernés par les dégâts sur leurs parcelles. A l’aval, les agriculteurs mais aussi les
autres habitants subissent les dégâts liés aux coulées boueuses.

9.2.1. La diminution du potentiel agronomique


Les premiers dégâts causés par l’érosion des sols concernent directement les agriculteurs. Sur le
terrain, l’impact est parfois très visible et assez spectaculaire. Sur un plan économique, les
conséquences peuvent être lourdes du fait d’une diminution sensible des rendements.

La destruction des semis


Sur les zones amont, l’érosion des sols provoque le déchaussement et l’arrachement des plants. En
aval des parcelles, lorsque la terre charriée se dépose, elle recouvre et noie les semis et les jeunes
plantes.

Figure 9.3. Semis endommagés par le ruissellement de l’eau

63
Cours d’aménagements hydrauliques

Une perte du capital sol


Dans le cas d’une érosion en nappe, la perte de sol entraîne une forte diminution de la fertilité des
terres. L’impact est d’autant plus important que le sol est mince : l’érosion peut décaper
entièrement la couche superficielle de terre, précisément la plus riche en éléments fertilisants et en
matière organique. On aperçoit alors la roche-mère* à la surface. Dans le cas de ravines profondes,
la terre devient totalement inculte.

Figure 9.4. Terre agricole rendue inculte par dépôt de limon en aval d’une ravine

Une gêne pour les travaux agricoles


La formation d’une ravine peut couper une parcelle en deux et donc considérablement entraver le
passage des engins agricoles. Certaines ravines sont infranchissables et nécessitent de les
contourner. Ceci augmente le temps de travail et les coûts de production.

64
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 9.5. Ravine qui atteint plus de 1.5m de profondeur

L’hétérogénéité des parcelles


En même temps que le transport des particules de terre, sont entraînés les produits de traitement et
les engrais disponibles à la surface du sol. Ce phénomène peut provoquer des dégâts dans le bas de
la parcelle (surdosage, phytotoxicité, pollution ponctuelle des cours d’eau).

9.2.2. Les inondations et coulées de boue


Les coulées de boue
L’érosion, bien qu’elle se produise sur les terrains agricoles, peut avoir des conséquences directes
sur les habitants. En effet, elle peut être à l’origine de violentes coulées de boue touchant les villes
et villages situés en fond de vallée. Ces coulées de boue sont le résultat de l’accumulation des eaux
de ruissellement et de la terre décrochée des terrains agricoles, et peuvent provoquer des dégâts
notables sur la voirie (obstruction des voiries, sapement des chaussées, colmatage des réseaux
d’eaux pluviales) et sur les habitations. Les coulées de boue sont souvent imprévisibles et peuvent
survenir très rapidement lors d’un orage violent.

65
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 9.6. Dégâts sur les voiries occasionnées par les eaux de ruissellement fortement chargés en
matières en suspension

L’augmentation de l’intensité des crues des rivières :


De nombreuses communes du Parc connaissent fréquemment les inondations dues aux
débordements des cours d’eau et leurs conséquences psychologiques et économiques. Par ailleurs,
l’envasement du cours d’eau consécutif à l’érosion des sols gêne le bon écoulement hydraulique et
augmente ainsi les risques de débordement des rivières. Lors de fortes pluviométries, toutes les
eaux de ruissellement de la vallée terminent leur course dans la rivière, qui représente leur exutoire
naturel, et viennent donc augmenter l’ampleur de la crue.

9.2.3. Les dommages causés par l’érosion


La dégradation des milieux naturels
Le Parc possède un patrimoine naturel remarquable, notamment par la diversité des milieux
aquatiques et humides (rivières, marais, fonds de vallée). L’érosion peut sensiblement affecter ces
richesses.
Les impacts sur les cours d’eau
L’arrivée de sédiments dans la rivière perturbe fortement son fonctionnement Écologique. D’une
part les conditions de vie piscicole sont affectées : l’augmentation des matières en suspension
enrichit le milieu, génère un développement anormal du phytoplancton, réduit la pénétration de la
lumière et provoque le colmatage des frayères. En outre, l’apport de matières organiques augmente
l’activité bactérienne qui a pour conséquence un appauvrissement du milieu en oxygène et
l’eutrophisation* du cours d’eau. D’autre part, l’envasement du lit des cours d’eau gêne le bon
écoulement hydraulique, et augmente les risques de débordement en amont. Les travaux de curage
habituellement réalisés pour restaurer la section du lit sont coûteux et dégradent fortement la
biodiversité aquatique. Enfin, l’envasement des estuaires qui découle du charriage des sédiments
par les cours d’eau porte également atteinte à la productivité piscicole marine.
Les impacts sur les marais
Lieux de vie de nombreuses espèces animales et végétales, les marais constituent des milieux
naturels remarquables Cependant, ce sont des milieux également très fragiles dont les richesses
naturelles sont intimement liées à la présence et à la qualité de l’eau.
Toute perturbation de l’équilibre hydraulique d’un marais agit donc plus ou moins directement sur
ses richesses écologiques.
Du fait de la faible circulation de l’eau dans un marais, les phénomènes d’érosion à l’échelle d’un
bassin versant provoquent progressivement l’atterrissement du marais et sont à l’origine de
dysfonctionnements hydrologiques et sédimentaires importants.
L’arrivée massive des sédiments et la dégradation de la qualité de l’eau qui en découle menacent
directement les populations animales et végétales aquatiques, sources alimentaires d’autres
espèces. Pour ces dernières, cette baisse quantitative de ressources alimentaires disponibles aboutit
à une diminution de leurs effectifs et peut aller jusqu’à leur complète disparition du milieu.

66
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 9.7. Taux des matières en suspensions dans l’eau des rivières au moment des crues dégrade
la qualité de l’eau et des habitats aquatiques

9.3. Les causes de l’érosion


9.3.1. Les facteurs naturels
De multiples facteurs rentrent en jeu dans le mécanisme d’érosion des sols. De ce fait, les
phénomènes d’érosion sont très évolutifs dans l’espace et dans le temps. Il est difficile de localiser
de manière définitive les zones à risques, et de prévoir de façon certaine les périodes dans l’année
où ce phénomène va se produire.
Le risque d’érosion des sols est tout d’abord dépendant d’un certain nombre de facteurs naturels et
donc difficilement maîtrisables :

I - La Pente des terrains


Le relief influence inévitablement la vitesse de ruissellement des eaux sur une parcelle. Plus cette
vitesse ne sera élevée, plus l’arrachement des particules de terre seront important. D’après
l’Association Régionale d’Etude pour l’Amélioration des Sols en Seine Normandie, les risques
d’érosion des sols en fonction de la pente sont évalués de la façon suivante :
Entre 0 et 1% : ruissellement des eaux mais sans érosion ;
Entre 1 et 3% : érosion diffuse et formation de rigoles ;
Entre 3 et 5% : érosion forte avec ravinement ;
Plus de 5% : érosion très forte avec ravinement profond.
Ces chiffres sont bien sûr à relativiser en fonction du type de sol.

II - Le climat
La pluie est sans aucun doute le facteur principal de l’érosion, qui dépendra alors de la durée et de
l’intensité des précipitations.

III - La texture des sols


Les sols limoneux ou affinés de manière excessive sont plus propices au phénomène d’érosion :
ces sols sont en effet plus favorables au phénomène de battance. En effet, sous l’impact des
gouttes de pluie, les mottes de terre de ces sols éclatent et se désagrègent en fines particules : c’est

67
Cours d’aménagements hydrauliques

l’effet splash. Ces particules très fines de terre ont alors tendance à se compacter à la surface du
sol pour former une croûte : c’est la croûte de battance qui réduit l’infiltration de l’eau et favorise
le ruissellement. Elle a également des conséquences agronomiques car elle empêche la bonne
germination, la levée des graines et la croissance des plantes.

9.3.2 Les facteurs aggravants


Depuis quelques décennies, le phénomène d’érosion s’est globalement aggravé Ceci est dû à
l’évolution de l’action de l’homme sur les paysages et à la modification des pratiques agricoles.
Ces facteurs aggravants, contrairement aux causes naturelles, sont réversibles pour peu que l’on
prenne conscience de leur impact et que l’on agisse sur eux.

I - L’évolution des paysages


Une augmentation de la taille des parcelles
Le développement de la mécanisation et l’évolution de l’économie agricole ont amené les
agriculteurs à regrouper leurs parcelles pour agrandir les zones de culture. De nombreux
remembrements n’ont malheureusement pas intégré les risques d’érosion, et l’augmentation de la
taille des parcelles et l’uniformité croissante des cultures sur les versants ont aggravé les
problèmes.
L’évolution de l’usage des sols
L’occupation des sols a une grande influence sur l’érosion. L’imperméabilisation des sols et la
diminution des surfaces tampon* augmentent fortement les risques. Au niveau agricole, deux
facteurs sont à prendre en considération :
En premier lieu, la diminution des surfaces toujours en herbe (bétails et élevages). En second lieu,
le développement des cultures de printemps (mais pomme de terre, le lin)
La disparition des éléments structurants du paysage
L’augmentation des parcelles s’est accompagnée d’une disparition de nombreux éléments
structurants du paysage qui jouent un rôle primordial dans la circulation de l’eau.
Les haies et talus favorisent la dispersion et l’infiltration des eaux de ruissellement et provoquent
le dépôt des matériaux entraînés.
Ces éléments jouent le rôle de barrages naturels et évitent la concentration des eaux et la
propagation du ruissellement. Leur arasement augmente donc les risques d’érosion des sols.

II - L’évolution des pratiques agricoles


Les pratiques agricoles ont également évolué, et peuvent être à l’origine d’une dégradation
hydraulique des bassins agricoles.
L’affinement de la terre
La préparation du lit de semence avant l’installation d’une culture nécessite souvent un affinement
de la terre. Un affinement du sol trop poussé favorise la formation d’une croûte de battance.
Le tassement des sols
La mécanisation agricole et la multiplication des interventions culturales (traitements
phytosanitaires, apports d’engrais) provoquent le tassement des sols et accroissent le phénomène
de ruissellement par concentration des eaux dans les traces de roues des engins. On peut toutefois
noter qu’aujourd’hui, les machines évoluent dans le bon sens avec des pneus mieux adaptés aux
sols à faible portance.
La baisse de la teneur en matière organique du sol
La matière organique améliore la structure du sol, et de ce fait diminue l’effet splash des gouttes
de pluie et freine la formation d’une croûte de battance. Ainsi, l’épandage d’effluents agricoles
comme le fumier permet d’enrichir le sol en matière organique. Par contre le retournement des
prairies permanentes diminue fortement la teneur en matière organique du sol.

68
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 9.8. Une terre trop affinée favorise la battance (résistance au splash)

L’absence de couvert hivernal


Le couvert hivernal constitue un écran protecteur pour le sol pendant les périodes les plus
pluvieuses. Il permet également d’augmenter la rugosité du sol et donc la dispersion et le
ralentissement des écoulements. La stabilité du sol est assurée par la couverture végétale et son
système racinaire.
Les cultures d’hiver peuvent être parfois très vulnérables à l’érosion. Lorsqu’elles sont semées
tardivement, elles ne bénéficient pas d’une bonne couverture végétale et leur système racinaire
n’est pas encore assez développé pour résister à l’érosion des sols pendant l’hiver.

Le sens du labour
Le travail du sol dans le sens de la pente accentue fortement le phénomène de ruissellement en
traçant des lignes d’écoulement préférentielles pour l’eau. Un travail perpendiculaire à la pente est
donc souhaitable, bien que parfois difficile à mettre en œuvre.

Figure 9.9. Ravinement

69
Cours d’aménagements hydrauliques

Figure 9.10. Dégâts sur des parcelles semées dans le sens de la pente

9.3.3. Représentation Schématiques des causes et des conséquences de l’érosion des


sols

70
Cours d’aménagements hydrauliques

Les causes

1.La texture des sols est un des facteurs principaux :


De l’érosion des sols. Les sols limoneux sont très propices à la battance, phénomène qui les rend
imperméables et qui augmente le ruissellement des eaux.

2.L’agrandissement des parcelles agricoles suite aux nombreux remembrements accroît les
risques d’érosion des sols en créant des conditions favorables au ruissellement des eaux
(augmentation de la vitesse d’écoulement des eaux notamment).

3. La diminution des Surfaces Toujours en Herbe participe au phénomène d’érosion des sols.
Les prairies assurent un couvert permanent qui tamponne efficacement les eaux de ruissellement.

4.La disparition des fossés qui accompagne souvent l’agrandissement des parcelles exacerbe le
problème d’érosion des sols. Les fossés permettent de maîtriser la circulation des eaux de
ruissellement et d’éviter leur accumulation sur les parcelles agricoles.

5.La destruction du maillage bocager telles les haies ou les talus ont souvent accompagné les
anciens remembrements agricoles. Ces éléments paysagers jouent pourtant un rôle primordial dans
la gestion des eaux et représentent des obstacles naturels au ruissellement des eaux sur un versant.

6.Les traces de roues générées par des passages d’engins répétés et des outils non adaptés
(pneumatiques par ex.) créent des chemins préférentiels pour les eaux de ruissellement,
augmentent les risques d’accumulation sur la parcelle et donc de formation de ravines.

7.Le labour parallèle à la pente accroît fortement la vitesse de ruissellement des eaux.

8.Les sols laissés nus l’hiver favorisent l’érosion des sols en diminuant les capacités
d’infiltration des sols.

9. Une urbanisation mal maîtrisée augmente l’imperméabilisation des sols et donc les vitesses
de ruissellement des eaux. Les constructions dans les zones à risques de coulées de boue et
d’inondations doivent parfois supporter des dégâts matériels importants

Les conséquences

10. L’érosion des sols qui peut se manifester par la formation de ravines et provoquer des
coulées de boues sur la voirie et dans les villages.

11. “La rivière brune” chargée en limons provenant des versants. La qualité de l’écosystème
s’en trouve dégradée (colmatage des frayères, diminution de l’oxygène dissout nécessaire à la vie
aquatique etc.)

12.L’augmentation des crues des rivières avec l’arrivée massive des eaux de ruissellement
provenant du bassin versant

71
Cours d’aménagements hydrauliques

Bibliographie
Ali Berreksi., 2015, Cours hydraulique 3, Université Abderrahmane Mira de Bejaia.

Degoutte. G., 2006, Diagnostic, aménagement et gestion des rivières, Hydraulique et morphologie
fluviales appliquées, Lavoisier, France.

Frédéric Élie., 2009, Le ressaut hydraulique - site http://fred.elie.free.fr.

Frédéric Élie., 2014, Écoulement au-dessus d'un déversoir, site http://fred.elie.free.fr.

Graf, Walter et Mustafa, Altinakar., 1998, Hydraulique Fluviale, Lausanne, Presses Polytechniques
Romandes.

Jean-Louis Ballais, Sylvain Chave, Nadia Dupont, Éric Masson et Marie-Josée Penven., 2011, La
méthode hydro-géomorphologique de détermination des zones inondables, Physio-Géo
Géographie Physique et Environnement (ISSN 1958-573X) Collection ‘Ouvrages’.

Ledoux B., 2006, La gestion du risque inondation, Edition TEC et DOC 11, rue Lavoisier-Paris.

Mériaux. P et Royet. P et Folton. C., 2001, Surveillance, entretien et diagnostic des digues de
protection contre les inondations, Cemagref Editions.

Mokhtari El hadj., 2018, Polycopié de cours Aménagements Hydrauliques, Université Mohamed


Boudiaf - M’sila.

Serre D., 2005, Evaluation de la performance des digues de protection contre les inondations
Modélisation de critères de décision dans un Système d'Information Géographique, Thèse pour
obtenir le grade de Docteur de l’Université de Marne-La-Vallée Paris.

Verniers, G., 1995, Aménagement écologique des berges des cours d’eau, Techniques de
stabilisation, Presses Universitaires de Namur, Belgique, 77 pages.

Yahiaoui A., 2012, Inondations torrentielles_ cartographie des zones vulnérables en Algérie du nord
(cas de l’oued Mekrra, Wilaya de Sidi Bel Abbés), Thèse de doctorat, Ecole Nationale
Polytechnique.

Serre D., 2005, Evaluation de la performance des digues de protection contre les inondations
Modélisation de critères de décision dans un Système d'Information Géographique, Thèse pour obtenir
le grade de Docteur de l’Université de Marne-La-Vallée Paris.

72

Vous aimerez peut-être aussi