Cours D'aménagement Hydrauliques
Cours D'aménagement Hydrauliques
Cours d’aménagements
hydrauliques
Destinés aux étudiants de licence en hydraulique
Dr : Kherouf Mazouz
2023
Cours d’aménagements hydrauliques
Préambule
Cette polycopie fournit tout d’abord les bases physiques et mathématiques de
compréhension et de quantification des mécanismes majeurs se produisant dans les cours
d’eau, pour l’écoulement de l’eau dans des systèmes à surface libre, pour le transport des
sédiments, et enfin pour la morphogenèse fluviale, c’est-à-dire toutes les évolutions des
berges et du tracé du lit du cours d’eau.
Les objectifs de cette polycopie sont de décrire les écoulements fluviaux ainsi que les impacts
que peuvent avoir les aménagements hydrauliques. En effet, il convient d’être en mesure
d’identifier, de dimensionner et d’anticiper les impacts potentiels des aménagements
envisagés sur l’évolution des cours d’eau.
Cette polycopie fait intervenir les équations simplifiées régissant les écoulements à surface
libre et les applications de dimensionnement autour des aménagements hydrauliques. Il
s‘articulera autour de :
Formes naturelles des rivières : définition des principaux paramètres contrôlant les
rivières, description de l’évolution morphologique des rivières.
Hydraulique à surface libre : caractéristiques des écoulements à surface libre,
hydraulique des canaux.
Transport sédimentaire : définition des modes de transport (charriage et suspension) et
estimation de la capacité de transport d’une rivière.
Protections des berges : mécanismes d’évolution des berges et principes généraux de
protection des berges avec des outils de dimensionnement.
Les seuils en rivière : définition et description des différents types de seuils,
dimensionnement des paramètres à prendre en compte pour l’installation d’un seuil.
Protections des crues : définition des crues, inondations associées et méthodes de
protections possibles.
Le document fourni des enseignements pratiques sur la nature des travaux concrets qu’il faut
réaliser pour atteindre tel ou tel objectif, sur les effets d’un aménagement en rivière, sur les
moyens concrets d’en mitiger les conséquences indésirables, sur la protection des berges et
l’entretien des digues et des cours d’eau, sur le rôle de la végétation, en particulier la
reforestation, la végétalisation des berges, sur la lutte contre les inondations, sur l’aménagement
de l’espace rural favorisant ou, au contraire, réduisant l’expansion des crues et l’érosion, sur les
aménagements propices au maintien de la biodiversité le long du cours d’eau. Il s’agit d’un outil
pour tous ceux, (étudiants ou professionnels), qui veulent comprendre le comportement des
cours d’eau dans leur milieu naturel ; pour tous ceux, encore, qui veulent savoir comment
concevoir, construire ou entretenir les aménagements capables de dompter, au bénéfice de
1
Cours d’aménagements hydrauliques
l’homme. Des notions, exemples et explications ont été présentées en s’appuyant sur des
informations préalablement requises pour bien comprendre les processus des aménagements
des cours d’eau. Il est le fruit d’une longue pratique de l’enseignement de l’hydraulique à
l’université 8 mai de Guelma.
Il s’agit d’un support de cours de la matière " Aménagements Hydrauliques " destiné aux
Technologies (ST). Le cours est structuré selon le programme des enseignements de la 3 ème
année de Licence Hydraulique, 6ème semestre. Ce document est constitué de neuf chapitres qui
s’enchainent comme suit :
Chapitre 1 : Ressaut hydraulique
Chapitre 2 : Ecoulement par les déversoirs
Chapitre 3 : Notion de morphologie des cours d’eau
Chapitre 4 : Différents types d’aménagements hydrauliques
Chapitre 5 : Quelques généralités sur les cours d’eau
Chapitre 6 : Pourquoi aménager et entretenir les cours d’eau
Chapitre 7 : Des exemples de travaux ou d'aménagement de cours d'eau
Chapitre 8 : Protection contre les inondations
Chapitre 9 : Lutte contre l’érosion
Le premier chapitre est consacré aux ressauts hydrauliques qui sont souvent conçus en
systèmes hydrauliques pour dissiper l’énergie mécanique d’un fluide. Ce chapitre se termine par
l’étude l’influence du débit sur les pertes de charge singulières liées au ressaut. Dans beaucoup
de situations, des retenues d'eau (lacs, bassins, barrages) sont bordées par un déversoir, c'est-à-
dire une paroi dont le bord supérieur, appelé seuil, est profile. C’est d’ailleurs l’objet du
deuxième chapitre.
Le chapitre 3 est dédié à la notion de morphologie des cours d’eau. On revient sur la définition
de la morphologie des cours. On explique l’évolution des formes que les cours d’eau adoptent en
fonction des conditions climatiques et géologiques (nature du sol, débit, pente, granulométrie du
fond, etc.), et on met en exergue les facteurs responsables de l’équilibre et le déséquilibre des
cours d’eau.
Les chapitres de 4 à 7 décrivent les différents types d’aménagements hydrauliques, l’intérêt de
l’aménagement et l’entretien des cours d’eau sont présentés, et quelques exemples de travaux ou
d'aménagement de cours d'eau sont illustrés.
Dans les chapitres 8 et 9 respectivement les moyens de Protection contre les inondations et de
Lutte contre l’érosion sont évoqués.
2
Cours d’aménagements hydrauliques
Préambule .........................................................................................................................................1
Chapitre 1 .........................................................................................................................................2
Ressaut hydraulique .........................................................................................................................2
1.1. Aperçu sur les écoulements brusquement variés ........................................................................2
1.1.1. Définition et caractéristiques ..............................................................................................2
1.1.2. Principe d’étude des écoulements brusquement variés ........................................................2
1.2. Ressaut hydraulique .................................................................................................................2
1.2.1 Introduction ........................................................................................................................2
1.2.2 Fonctions du ressaut hydraulique ........................................................................................4
1.2.3 Les types de ressauts hydrauliques ......................................................................................4
1.2.2. Quelques paramètres caractéristiques .................................................................................4
1.2.3. Définition des profondeurs conjuguées ..............................................................................5
1.3. Impulsion totale........................................................................................................................5
1.3.1. Variation de (M) en fonction de y pou (Q) donné ...............................................................5
1.4. Calcul du ressaut pour un canal rectangulaire............................................................................6
Chapitre 2 .........................................................................................................................................9
Ecoulement par les déversoirs ..........................................................................................................9
2.1. Définition et principaux types de nappes ...................................................................................9
2.2. Ecoulement par nappe libre .................................................................................................... 10
2.2.1. Déversoir à mince paroi ................................................................................................... 10
2.2.2. Déversoir à seuil épais .................................................................................................... 12
2.2.3. Déversoir à seuil déversant .............................................................................................. 13
2.3. Ecoulement par nappe noyée en dessous ................................................................................. 13
2.4. Déversoir latérale ................................................................................................................... 14
2.5. Déversoir circulaire ................................................................................................................ 16
2.6. Déversoir trapézoïdal à profil convergent vers le haut ............................................................. 17
Chapitre 3 ....................................................................................................................................... 24
Notion de morphologie des cours d’eau ......................................................................................... 24
3.1. Introduction............................................................................................................................ 24
3.2. Définitions ............................................................................................................................. 24
3.2.1 Glossaire .......................................................................................................................... 24
3.2.2. Rives gauche et droite ...................................................................................................... 25
3.3. Cours d’eau, vue transversale ................................................................................................. 25
3.3.1. Lit du cours d’eau ............................................................................................................ 25
3.3.2.La berge ........................................................................................................................... 26
3.4. Cours d’eau, vue longitudinale ............................................................................................... 27
Chapitre 4 ....................................................................................................................................... 30
3
Cours d’aménagements hydrauliques
4
Cours d’aménagements hydrauliques
5
Introduction générale
Depuis que l'homme s'est installé sur les berges des cours d'eau, il a toujours essayé de les
domestiquer. Il a entrepris différents aménagements plus ou moins agressif, qui ont comme tout
aménagement d'un cours d'eau des conséquences hydro-morphologiques. Aujourd’hui, rares
sont les cours d’eau ayant conservé leur morphologie naturelle. Tous les cours d’eau ont subi de
lourds aménagements dégradants. Les activités anthropiques représentent des pressions dites
hydromorphologiques car elles perturbent :
L’hydrologie du cours d’eau en modifiant notamment la dynamique des écoulements,
La morphologie du cours d’eau en modifiant les paramètres physiques du lit (sa
largeur, sa profondeur, son substrat, la végétation rivulaire…)
Un aménagement est un ensemble des structures ou ouvrages nécessaires pour dériver, stocker
et enfin conduire l’eau à l’utilisation finale. Un aménagement hydraulique est un système de
génie civil, composé de plusieurs ouvrages (unitaires ou de long linéaire) et destiné à
transporter et réguler des écoulements. Un aménagement hydraulique participe à la protection
d’une zone protégée contre les inondations ou les submersions. Il comprend des ouvrages qui
sont principalement des ouvrages hydrauliques de rétention d’une partie des crues, comme les
barrages, ou les digues de protection contre les inondations ou contre les submersions. Ce sont
aussi tous les infrastructures hydrotechniques qui permettent d'entretenir et gérer ressource en
eau pour son utilisation rationnelle. Selon leur fonction, des types d'ouvrages peuvent être
distingués : seuil hydraulique, prise d'eau, ouvrages ; d’adduction ; de stockage (réservoir d'eau,
barrage, excréteur de crue) ; d’exploitation ; de soutien d’étiage ; de restitution de protection
(digue, etc.)
Comprendre les cours d’eau, c’est comprendre les processus physiques qui les caractérisent, qui
les façonnent, et qui les diversifient. Les cours d’eau sont en effet des milieux complexes et
dynamiques, ouverts et résilients, fonctionnant particulièrement à processus-réponses et à
rétroactions positives et négatives. La géomorphologie fluviale est par excellence la branche de
l’hydrologie qui permet d’appréhender tous les mécanismes qui régissent le comportement des
rivières dans l’espace-temps. Il est primordial de donner aux étudiants les connaissances
nécessaires à la conception, à la réalisation des ouvrages hydrauliques dont la fonction est
l’aménagement des cours d’eau. Par Ailleurs, il s’agit également de permettre aux étudiants
d'acquérir des compétences pour élaborer des mesures préventives pour lutter contre les
inondations et l’érosion d’une part qui en découle, et d’autre part évaluer les impacts des
ouvrages hydrauliques sur les régimes d’écoulement, et par conséquent le transport des
sédiments dans les cours d’eau.
Cours d’aménagements hydrauliques
Chapitre 1
Ressaut hydraulique
2
Cours d’aménagements hydrauliques
Le premier scientifique à décrire ce phénomène fut le célèbre Léonard de Vinci au XVIe siècle, qui
depuis lors stimule les scientifiques dans le domaine des sciences hydrauliques. Même si plus de
quatre siècles se sont écoulés depuis la description de Léonard de Vinci, de grands progrès dans
l’étude du ressaut hydraulique et de ces effets corrélés continuent à se développer.
La compréhension de ce phénomène est aujourd’hui d’une importance vitale dans diverses
applications de l’ingénierie. L’un des exemples les plus classiques de son importance est la
construction de barrages. Des études montrent qu’un déversoir bien conçu suivant les principes du
ressaut hydraulique peut dissiper entre 60 et 70% de l’énergie. Ceci permet de minimiser les
dommages faits à la structure et au lit de la rivière et donc de réduire les coûts de maintenance et les
impacts environnementaux. La réduction du risque de dommages est faite par jet liquide à grande
vitesse des évacuateurs de crues. À des vitesses d’écoulement élevé de canal, les sédiments peuvent
être levés de lits de rivière. En réduisant les vitesses d’écoulement, ressauts hydrauliques aussi
réduisent le potentiel de l’érosion et l’affouillement autour de pieux.
Le ressaut peut se déclencher dans différentes circonstances : par exemple au pied d’un barrage-
déversoir ou à l’aval d’un écoulement au-dessous d’une vanne de fond ou encore dans un canal à forte
pente débouchant dans un écoulement fluvial (Figure 1.2)
La ligne d’énergie, indiquée en pointillé sur la Figure 1.3 montre que le ressaut hydraulique provoque
une dissipation d’énergie par turbulence (hL).
3
Cours d’aménagements hydrauliques
• Longueur du ressaut, autrement dit la distance entre les sections 1 et 2 est très difficile à
déterminer, elle ne peut être déterminée théoriquement, mais il a été démontré expérimentalement que
:
La longueur du ressaut hydraulique peut également estimée par la formule de Chin, 2000)
LR≅ 6 (y2)
Tant que 4,5<Fr<13
𝑈2 𝑈2
𝐻 = 𝐻𝑆1 − 𝐻𝑆2 = (𝑦1 + 2𝑔1 ) − (𝑦2 + 2𝑔2 ) (1.4)
4
Cours d’aménagements hydrauliques
L’application du théorème d’Euler entre les sections (1) et (2) au niveau desquelles la répartition des
pressions est hydrostatique et celle des vitesses est régulières conduit à :
⃗⃗⃗⃗2 − ⃗⃗⃗⃗
𝜌𝑄(𝑈 𝑈1 ) = ⃗⃗⃗⃗⃗
𝐹𝑃2 + ⃗⃗⃗⃗⃗
𝐹𝑃1 + 𝑀𝑔 + ⃗⃗⃗
𝐹𝑓 + ⃗⃗𝐹 (1.5)
⃗⃗⃗⃗⃗
𝐹𝑃2 ; ⃗⃗⃗⃗⃗
𝐹𝑃1 : sont les forces de pression hydrostatique
⃗⃗⃗𝑓 : est la force frottement négligeable en raison de la courte distance
𝐹
⃗⃗ : est la force d’inertie négligeable en raison de la courte distance
𝐹
𝑀𝑔 : le pois qui est négligeable devant la force de pression
Donc on a :
𝑄 𝑄 2 2
⃗⃗⃗⃗2 − ⃗⃗⃗⃗
𝜌𝑄(𝑈 𝑈1 ) = 𝜌𝑄(𝑈2 − 𝑈1 ) = 𝜌( − ) (1.6)
𝑆2 𝑆1
⃗⃗⃗⃗⃗
𝐹𝑃2 + ⃗⃗⃗⃗⃗
𝐹𝑃1 = 𝜌𝑔𝑆1 𝑦𝐺1 − 𝜌𝑔𝑆2 𝑦𝐺2
𝑄2 𝑄2
𝜌 𝑆 + 𝜌𝑔𝑆1 𝑦𝐺1 = 𝜌 𝑆 + 𝜌𝑔𝑆2 𝑦𝐺2 (1.7)
1 2
Cette relation est appelée courbe conjuguée. Connaissant alors yG1 on peut déterminer yG2 et vice versa.
𝑄2
𝑀=𝜌 + 𝜌𝑔𝑆𝑦𝐺 . (1.8)
𝑆
Si y → 0 alors S (y) → 0 et M → ∞
Si y → ∞ alors S (y) → ∞ et M → ∞.
La fonction étant positive continue dans cet intervalle, elle atteint nécessairement un maximum pour
𝑑𝑀
= 0. Ce minimum correspond à la profondeur critique
𝑑𝑦
𝑑𝑀 𝑄2 𝑑𝑆 𝑑𝑆 𝑦𝐺 𝑄2 𝑄2 𝑙
= −𝜌 + 𝜌𝑔 ( ) = −𝜌 𝑙 + 𝜌𝑔𝑆 = 𝜌𝑔𝑆(1 − ) (1.9)
𝑑𝑦 𝑆2 𝑑𝑦 𝑑𝑦 𝑆2 𝑔𝑆 3
5
Cours d’aménagements hydrauliques
𝑑𝑀 𝑄2𝑙 𝑄2𝑙 𝑈
𝑑𝑦
= 0 (1 − 𝑔𝑆 3) = 0 𝑔𝑆 3 = 1 = 1 𝐹𝑟 = 1 (1.10)
√𝑔𝑦𝑚
On retrouve l’équation du régime critique défini par le carré du nombre de Froude est égal à 1.
On voit également que le même débit Q, avec la même impulsion totale M, peut s’écouler sous deux
profondeurs différentes y1 correspondant au régime torrentiel et y2 correspondant au régime fluvial.
(y1) et (y2) sont des profondeurs conjuguées au sens du ressaut.
𝑄2 𝑏𝑦12 𝑄2 𝑏𝑦22
𝜌 𝑏𝑦 + 𝜌𝑔 2
= 𝜌 𝑏𝑦 + 𝜌𝑔 2
(1.11)
1 2
𝑄2 𝑦12 𝑄2 𝑦22
+ 𝑔 = +𝑔 (1.12)
𝑏 2𝑦1 2 𝑏 2𝑦2 2
𝑞2 𝑦12 𝑞2 𝑦22
𝑔𝑦1
+ 2
= 𝑔𝑦 + 2
(1.13)
2
𝑄
Avec : 𝑞 = 𝑏 (débit spécifique)
En multipliant chaque membre de l’équation par (2gy1y2), et en mettant (y2 – y1) en facteur, la
conservation de l’impulsion totale se réduit à une équation symétrique du second degré en (y1) et (y2) :
𝑞2
𝑦1 𝑦22 + 𝑦2 𝑦12 − 2 𝑔
=0 (1.14)
𝑦1 8𝑞 2 𝑦1
𝑦2 = (−1 + √1 + 𝑔𝑦3 ) = (−1 + √1 + 8𝐹𝑟12 ) (1.15)
2 1 2
6
Cours d’aménagements hydrauliques
Exercices
Exercice 1
Dans un canal rectangulaire d’une largeur b =10m qui évacue un débit Q = 50 m3/s, il surgit un
ressaut. Déterminer la deuxième profondeur y2 si la première profondeur y1 =0.5m. Déterminer alors la
hauteur du ressaut ainsi que sa largeur. Quelle est la perte de charge pour ce ressaut hydraulique.
Réponse
Déterminons en premier lieu le nombre de Froude
𝑄2𝑙 𝑄2𝑏
𝐹𝑟 2 = 𝑔𝑆 3 = 𝑔𝑆 3 , car : l= b et S = by et avec q=Q /b on a :
𝑄2 𝑄2 𝑏
𝐹𝑟1 = =
𝑏2 𝑔𝑦13 𝑔𝑆 3
502 ∗ 10
𝐹𝑟12 = = 20.38
9.81 ∗ (10 ∗ 0.5)3
𝑦1
𝑦2 = (√1 + 8𝐹𝑟12 − 1)
2
0.5
𝑦2 = (√1 + 8 ∗ (20.38)2 − 1) = 2.95𝑚
2
Hauteur du ressaut :
hR =y2 – y1 =2.95-0.5 =2.45 m >y1 donc ressaut parfait établis car Fr >9.
Longueur du ressaut :
LR =6(y2-y1) = 6(2.95-0.5) = 14.90m
Perte de charge du ressaut :
(𝑦2 − 𝑦1 )3 (2.95 − 0.5)3
∆𝐻 = = = 2.49𝑚
4𝑦1 𝑦2 4 ∗ (2.95) ∗ 0.5
Exercice 2
Dans un canal trapézoïdal se produit un ressaut hydraulique avec Q =16m3/s ; b=7m ; m=1.5.
Déterminer graphiquement la deuxième profondeur y2 si y1 = 0.5m (on donne pour le trapèze :𝑦𝐺 =
𝑦 3𝑏+2𝑚𝑦
( ) ; 𝑆 = 𝑏𝑦 + 𝑚𝑦²
6 𝑏+𝑚𝑦
Réponse
Sachant que l’impulsion mécanique totale est :
𝑄2
𝑀= + 𝑔𝑆𝑦𝐺
𝑆
En divisant par g il vient que :
𝑀 𝜌𝑄2 𝜌𝑔𝑆𝑦𝐺 𝑄2
= + = + 𝑦𝐺 𝑆
𝑔 𝜌𝑔𝑆 𝜌𝑔 𝑔𝑆
Cette fonction est appelée fonction du ressaut, alors en donnant une série de valeurs de yi et on calcule
Si et yG puis F (yi). Cette fonction doit être la même pour les deux valeurs conjuguées y1 et y2.
Dressons donc le tableau de calcul suivant :
7
Cours d’aménagements hydrauliques
Tableau de calcul
yi(m) S (m²) yG (m) S* yG F (yi)
0.2 1.46 0.098 0.143 18.02
0.5 3.87 0.242 0.937 7.67
1 8.5 0.470 3.99 7.06
1.2 10.56 0.559 5.90 8.37
1.5 13.87 0.689 9.55 11.44
2 20 0.900 18.0 19.30
8
Cours d’aménagements hydrauliques
Chapitre 2
Lorsque la charge augmente, la vitesse croît et la nappe se décolle de la paroi. On parlera alors de
nappe libre si l'aération de la zone a est possible
Dans le cas où la zone a n'est pas facilement aérée, il se produit une dépression et on a alors
affaire à une nappe déprimée.
9
Cours d’aménagements hydrauliques
Si le niveau aval augmente, il arrive un moment où il n'y a plus d'air en a ; on parle alors d'une
nappe noyée en dessous à ressaut éloigné
𝑉 = √2𝑔𝐻 (2.1)
𝑄 = 𝑆√2𝑔𝐻 (2.2)
* Dans le cas d'un déversoir rectangulaire sans contraction latérale et à nappe libre, Bazin a donné
pour µ la relation suivante :
0,003
2
H
0,405 1 0.55
H H z (2.3)
10
Cours d’aménagements hydrauliques
H
L
Aération
0,0027 𝐿1 −𝐿 𝐿𝐻 2
𝜇 = (0,405 + − 0,03 ) [1 + 0,55 ( ) ] (2.5)
𝐻 𝐿1 𝐿1(𝐻+𝑧)
Q = 1,32 tg H (2.6)
2,47
2
(H charge sur la pointe, angle d'ouverture)
11
Cours d’aménagements hydrauliques
𝑉 = √2𝑔(𝐻 − ℎ ) (2.7)
D’où le débit pour une largeur L :
A priori H et h ne sont pas indépendants et lorsque l'on baisse le niveau aval (à partir de h = H), on
constate que le débit augmente jusqu'à atteindre une valeur maximale. Lorsque celle-ci est atteinte
l'influence du niveau aval ne se fait plus sentir. Le niveau h est alors à une valeur telle qu'elle
maximise le débit :
𝜕𝑄
Q = 𝑄𝑚𝑎𝑥 =0
𝜕ℎ
𝜕𝑄 𝐿ℎ 2𝑔
= 𝐿√2𝑔ℎ(𝐻 − ℎ ) − =0 (2.9)
𝜕ℎ 2 √2𝑔 (𝐻−ℎ)
Q
L 2 ghH h
Lh 2g
h 2 2 g H h
(2.10)
12
Cours d’aménagements hydrauliques
Q 2
0h H
h 3 (2.11)
D’où :
Prenons pour profil de référence celui de la lame naturelle pour une charge donnée. Si la charge (et le
débit) augmente la paroi se trouvera en dessous du profil théorique, ce qui améliore le coefficient de
débit mais provoque par contre une dépression et donc des risques d'altération du parement aval de
l'ouvrage. En général, on cherche un compromis et parmi ceux-ci, celui proposé par Creager est des
plus utilisés. Le coefficient de débit est de 0,492. Ce profil calculé pour une charge H présente une
sécurité de 10% (pas de dépression si H'< 1,1H).
13
Cours d’aménagements hydrauliques
Si le ressaut recouvre le pied de la nappe on prendra un terme correctif (k) tel que :
𝐻1
𝑘 = 1,05 + 0,15 𝐻
(2.14)
Sous réserve d'avoir : H>H1
Figure 2.12. Déversoir par nappe noyé avec ressaut recouvrant le pied
Si l’on suppose que le déversoir est court (perte de charge négligeable), l’équation de l’énergie dans
une section transversale du canal ayant une charge d’eau H est constante est :
14
Cours d’aménagements hydrauliques
𝑉2
𝐸 = 𝐻 + 2𝑔 (2.15)
Cette énergie est constante le long du profil en long du déversoir. La vitesse de l’eau est constante et
est égale à :
𝑄
𝑉=𝑆 (2.16)
𝑚
La hauteur H est variable dans le sens de la longueur. Le régime peut être fluvial ou torrentiel.
L’équation précédente peut s’écrire :
𝑄2
𝐸=𝐻+ 2 𝑄 = 𝑆𝑚 √2𝑔(𝐸 − 𝐻) (2.17)
2𝑔𝑆𝑚
En dérivant cette expression dans laquelle H et S m sont des variables, il vient que :
𝑑𝑄 𝑑𝑄 𝑑𝐻 𝑑𝑆 2𝑔𝑆𝑚 𝑑𝐻
𝑑𝑥
= 𝑑𝐻 𝑑𝑥 = ( 𝑑𝐻𝑚 √2𝑔(𝐸 − 𝐻) − ) 𝑑𝑥 (2.18)
2√2𝑔(𝐸−𝐻)
Comme :
𝑑𝑆𝑚
𝑑𝐻
=𝑙 (2.19)
𝑑𝑄 𝑑𝐻 𝑙𝑄2 −𝑔𝑆𝑚
3
= ( ) (2.20)
𝑑𝑥 𝑑𝑥 𝑆𝑚 𝑄
Comme le débit du déversoir décroit le long de x, par suite le débit déversé (dQ/dx) est négatif d’où si
𝑙𝑄2 − 𝑔𝑆𝑚3
> 0 ou 𝑙𝑄2 > 𝑔𝑆𝑚 3
Fr>1. Cela veut dire que si le régime dans le canal est torrentiel on
𝑑𝐻
a: < 0 et la ligne d’eau s’abaisse le long du seuil, le débit par unité de largeur du seuil est
𝑑𝑥
décroissant dans cette direction
𝑙𝑄2
Si 𝑙𝑄2 − 𝑔𝑆𝑚
3
< 0 ou 𝑙𝑄2 < 𝑔𝑆𝑚
3
𝑔𝑆 3 Fr>1 ; cela veut dire que le régime dans le canal est
𝑚
𝑑𝐻
fluvial et la ligne d’eau s’élève le long du seuil 𝑑𝑥
> 0 et le débit est croissant dans cette
direction
15
Cours d’aménagements hydrauliques
Le débit d’un déversoir latéral est déterminé par la relation générale valable pour les déversoirs
ordinaires à savoir :
𝑄 = 𝑚𝐿ℎ√2𝑔ℎ (2.21)
Avec (h) : est la charge hydraulique mesurée au milieu de l’échancrure et m : le coefficient du débit.
d
h
𝑄 = 𝑐𝐾𝑑5/2 (2.22)
ℎ 1.975 ℎ 3.78
𝑘 = 3.203 (𝑑) − 0.842 (𝑑) (2.23)
C’est un coefficient expérimental sans dimension qui est fonction du rapport (h/d) et de la section
mouillée.
𝑑 ℎ 2𝑑 0.0625
𝑐 = (0.555 110ℎ + 0.041 𝑑) ( 𝐿 ) (2.24)
16
Cours d’aménagements hydrauliques
2 4ℎ
𝑄 = 3 𝑚𝑏ℎ √2𝑔ℎ (1 − 5 𝑏 𝑡𝑔𝛼) (2.25)
Exercices
Exercice N°1.
Le seuil (AB) d’un déversoir de largeur L est suffisamment long pour que dans la section (s) la lame
d’eau y coule en filets parallèles horizontaux et que la vitesse (v) y soit considérée comme uniforme
(voir Figure 2.18).
1. Calculer en fonction de la baisse de niveau y le débit qui traverse la section (s) pour une largeur
(L).
2. Pour quelle valeur de (y) le débit est -il maximal ?
3. L’expérience montre que c’est effectivement ce débit qui s’écoule en réalité. Le calculer dans le
cas ou v0 est négligeable.
17
Cours d’aménagements hydrauliques
Solution :
1. En appliquant le théorème de Bernoulli entre le point M et un point quelconque de la section (s)
on a :
𝑣02 𝑣2
2𝑔
+𝐻 = 2𝑔
+ (𝐻 − 𝑦) ; On prend comme référence le plan passant par (AB).
𝑑𝑄
2. Le débit est maximal si et seulement si 𝑑𝑦
=0
𝑑𝑄 2𝑔
= −𝐿√𝑣02 + 2𝑔𝑦 + (𝐿(𝐻 − 𝑦)) = 0
𝑑𝑦 2√𝑣02 + 2𝑔𝑦
−𝑣02 − 2𝑔𝑦 + 𝑔𝐻 − 𝑔𝑦 = 0
𝑔𝐻−𝑣02
𝑔𝐻 − 𝑣02 = 3𝑔𝑦𝑦 = 3𝑔
2 𝐿𝐻
𝑄𝑚𝑎𝑥 = √2𝑔𝐻
3 √3
2
𝑄𝑚𝑎𝑥 = 𝐿√2𝑔𝐻3/2
3√3
Remarque :
En réalité le débit est :𝑄𝑚𝑎𝑥 = 1,55 𝐿 𝐻3/2 la différence d’ordre de 10% est due principalement au
frottement sur les parois
18
Cours d’aménagements hydrauliques
Exercice N°2
Déterminer la largeur du déversoir rectangulaire à mince paroi si le débit est de 520 l/s, la hauteur de
pelle z=0,4m, la charge hydraulique est H=0,35m et la largeur du canal L= 2,4m
Solution :
En supposant que le déversoir est sans contraction, on détermine le coefficient du débit par la formule
de Bazin
0.003 𝐻 2
𝜇 = (0.405 + ) (1 + 0.55 ( )
𝐻 𝐻+𝑧
2
0.003 0.35
𝜇 = (0405 + ) (1 + 0.55 ( )
0.35 0.35 + 0.4
=0.46
𝑄
𝑄 = 𝜇 𝑙 𝐻 √2𝑔𝐻𝑙 = 𝜇 𝐻 3/2 2𝑔
√
0.52
𝑙=
0.46 ∗ 0.353/2 √2 ∗ 9.81
l=1.23m
Comme la largeur donnée du canal est L=2.4m>l=1.23m donc il y’a contraction. Le coefficient sera
déterminé par la relation de Hegly
0.0027 𝐿1 − 𝐿 𝐿 2 𝐻 2
𝜇𝑐 = (0.405 + − 0.03 ) (1 + 0.55 ( ) ( ) )
𝐻 𝐿1 𝐿1 𝐻+𝑧
2
0.0027 2.4 − 1.23 1.23 2 0.35
𝜇𝑐 = (0.405 + − 0.03 ) (1 + 0.55 ( ) ( ) ) = 0.41
0.35 2.4 2.4 0.35 + 0.4
0.52
𝑙= = 1.38𝑚
0.41 ∗ 0.353/2 √2 ∗ 9.81
On remplace l par 1.38 dans la formule de Hegly et on remarque une deuxième fois c
2
0.0027 𝐿1 − 𝐿 1.23 2 0.35
𝜇𝑐 = (0.405 + − 0.03 ) (1 + 0.55 ( ) ( ) ) = 0.41
𝐻 𝐿1 2.4 0.35 + 0.4
Exercice N°3
Montrer que si le coefficient du débit pour un déversoir à échancrure triangulaire est (), le débit de ce
déversoir prend la formule :
4
𝑄= 𝜇 𝑙 ℎ √2𝑔ℎ
15
Avec : (h) est la hauteur du déversoir et (l), largeur en haut plafond
19
Cours d’aménagements hydrauliques
Solution :
𝑑𝑄 = 𝜇 𝑥 𝑑𝑧 √2𝑔𝑧
𝑣 = √2𝑔𝑧
𝛼 𝑙/2 𝑥/2
𝑡𝑔 ( ) = =
2 ℎ ℎ−𝑧
Donc :
𝑙
𝑥 = (ℎ − 𝑧)
ℎ
𝑙
𝑑𝑄 = 𝜇 (ℎ − 𝑧)√2𝑔𝑧 𝑑𝑧
ℎ
ℎ
𝑙
𝑄 = ∫ 𝜇 (ℎ − 𝑧)√2𝑔𝑧 𝑑𝑧
0 ℎ
ℎ
𝜇𝑙
𝑄=∫ (ℎ√2𝑔𝑧 − 𝑧√2𝑔𝑧)𝑑𝑧
0 ℎ
𝜇𝑙 ℎ 3/2 ℎ 5/2
𝑄 = (ℎ√2𝑔 − √2𝑔 )
ℎ 3/2 5/2
𝜇𝑙 2ℎ 2
𝑄= √2𝑔 ( ℎ 3/2 − ℎℎ 3/2 )
ℎ 3 5
2 2
𝑄 = 𝜇𝑙√2𝑔 ( ℎ 3/2 − ℎ 3/2 )
3 5
20
Cours d’aménagements hydrauliques
4
𝑄= 𝜇𝑙ℎ√2𝑔ℎ
15
𝛼 𝑙/2 𝑙 𝛼
tan = = 𝑙 = tan ∗ 2ℎ
2 ℎ 2ℎ 2
4 𝛼
𝑄= 𝜇 tan( ) 2ℎ ℎ√2𝑔ℎ
15 2
8 𝛼
𝑄= 𝜇ℎ 2 tan( )√2𝑔ℎ
15 2
Exercice N° 4
Montrer que pour un déversoir trapézoïdal C'est-à-dire que si l’échancrure du déversoir est de forme
trapèze isocèle, le débit d’écoulement prend la forme :
8
𝑄 = 𝜇𝑙ℎ√2𝑔ℎ + 𝜇1 𝑙 ′ √2𝑔ℎ
15
Sachant que : est le coefficient du débit de la partie rectangulaire et 1 est le coefficient du débit de
la partie triangulaire.
Réponse
Le débit pourra être calculé comme la sommation des débits Q1+Q2 avec :
Q1 est le débit de la partie rectangulaire et Q2 celui de la partie triangulaire
𝑄1 = 𝜇𝑙ℎ√2𝑔ℎ
4 8
𝑄2 = (2𝑙′)𝜇1 ℎ√2𝑔ℎ = 𝑙′𝜇 ℎ√2𝑔ℎ
15 15 1
21
Cours d’aménagements hydrauliques
8
𝑄 = 𝜇𝑙ℎ√2𝑔ℎ + 𝑙′𝜇 ℎ√2𝑔ℎ
15 1
Exercice N°5
Déterminer le débit passant par un déversoir rectangulaire sans contraction tel que b=80 cm ; z=40cm ;
H=20cm.
Réponse :
Calculons le coefficient du débit pour le déversoir sans contraction :
0,003 H
2
0,405 1 0.55
H H z
0,003 0,20
2
0,405 1 0.55
0,20 0,20 0,40
𝜇 = 0.445
𝑄 = 𝜇 𝑏 √2𝑔𝐻3/2
Q = 141.2 l/s
Exercice N°6
Déterminer le débit Q passant à travers un déversoir rectangulaire avec contraction latérale sachant
que : H=1.6m ; b=2.5m ; B=3.5m ; z=0.7m.
Réponse :
On a :
𝑄 = 𝜇𝑐 𝑏 √2𝑔𝐻3/2
Avec :
22
Cours d’aménagements hydrauliques
0.0027 𝑏 𝑏 2 𝐻 2
𝜇𝑐 = (0.405 + − 0.03(1 − ) (1 + 0.55 ( ) ( ) )
𝐻 𝐵 𝐵 𝐻+𝑧
Application numérique :
23
Cours d’aménagements hydrauliques
Chapitre 3
3.1. Introduction
Ce premier chapitre présente la terminologie décrivant les cours d’eau, les vues transversales et
longitudinales, les caractéristiques géométriques et les types d’écoulement susceptible d’être
rencontrés.
3.2. Définitions
De nombreux termes sont utilisés pour désigner les structures dans lesquelles l’eau s’écoule. Voici les
principaux termes et les définitions que le dictionnaire Larousse en donne :
Cours d’eau : tout chenal dans lequel s’écoule un flux d’eau continu ou temporaire. Il est un terme
général pour désigner un fleuve, une rivière, un ruisseau, un torrent, un oued. Au Québec, le cours
d’eau a une définition juridique.
Canal : un chenal artificiel creusé par l’homme et utilisé soit pour la navigation ou le flottage, soit
pour l’irrigation ou l’assèchement de certaines régions. Les canaux suivent en général de longues
lignes droites.
Il existe un grand nombre de mots pour désigner les différents types de cours d’eau.
Ruisseau : petit cours d’eau, de faible largeur et de longueur limitée, alimentée par dessous ces d’eau
naturelles, souvent affluent d’un étang, d’un lac ou d’une rivière. Les ruisseaux se trouvent à la tête
des bassins versants.
Rivière : cours d’eau moyennement important, à écoulement continu ou intermittent, suivant un tracé
défini et se jetant dans un autre cours d’eau, un lac, une mer abondante, et particulièrement celui qui se
jette dans un fleuve.
Fleuve : cours d’eau important, long et au débit élevé, comptant de nombreux affluents et se jetant
dans la mer.
Oued : terme d’origine arabe désignant un cours d’eau temporaire dans les régions arides ou semi--
arides. Son écoulement dépend des précipitations et il peut rester à sec pendant de très longues
périodes.
Torrent : cours d’eau au débit rapide et régulier, situé sur une pente plus ou moins prononcée. Les
torrents se retrouvent sur des terrains accidentés ou en montagne. Ce terme est utilisé principalement
pour désigner les cours d’eau de montagne avec un lit rocheux et encaissé.
Fossé : fosse creusée en long dans le sol servant à l’écoulement des eaux, à la séparation des terrains
(ex. fossé de voie publique ou privée, fossé mitoyen, fossé de drainage).
3.2.1 Glossaire
Amont : Partie d'un cours d'eau qui, par rapport à un point donné, se situe entre ce point et sa source.
Aval : Partie d'un cours d'eau qui, par rapport à un point donné, se situe après ce point, dans le sens de
l'écoulement de l'eau.
24
Cours d’aménagements hydrauliques
Bassin versant : Région géographique naturelle drainée par un ou plusieurs cours d’eau et leurs
affluents.
Berge : Bord permanent d'un cours d'eau, situé au-dessus du niveau normal de l'eau. La berge est
caractérisée par sa forme transversale (berge en pente douce, berge abrupte), sa composition (sableuse,
marneuse), sa végétation (herbacée, arbustive).
Continuité écologique : La libre circulation des espèces biologiques et le bon écoulement du transport
naturel des sédiments d'un cours d'eau.
Crue : Phénomène caractérisé par une montée plus ou moins brutale du niveau d'un cours d'eau, liée à
une croissance du débit. La crue ne se traduit pas toujours par un débordement du lit* mineur.
Débit : Volume d'eau qui traverse une section transversale d'un cours d'eau par unité de temps (m3/s).
Embâcle : Obstruction d’un cours d’eau par un amas de débris végétaux.
Erosion : Arrachement des particules du fond et des berges sous l'effet de la force du courant.
Etiage : Période de l’année durant laquelle le niveau du cours d’eau est le plus bas.
Faciès d’écoulement : Type d’écoulement des eaux d’un cours d’eau désignant des zones rapides
(cascades, radiers,…) et/ou des secteurs plus lents (plats, mouilles, fosses,…).
Génie végétal : Science qui étudie les techniques utilisant des plantes afin de réaliser des
aménagements de protection contre l'érosion, de stabilisation des berges et des sols.
Hydromorphologie : Etude des paramètres hydrauliques, (régime hydraulique, faciès d’écoulement)
et de la forme d’un cours d’eau (lit mineur, berges, annexes hydrauliques).
Lit majeur : Espace situé entre le lit mineur et la limite de la plus grande crue connue.
Lit mineur : Partie du lit comprise entre des berges franches ou bien marquées, dans laquelle
l’intégralité de l’écoulement s’effectue la quasi-totalité du temps (en dehors des périodes de crues
débordantes).
Masse d’eau : Ce terme, introduit par la Directive Cadre sur l’Eau (DCE), désigne un milieu
aquatique homogène : cours d’eau, nappe d’eau souterraine, plan d’eau…
Puissance spécifique : Elle correspond sommairement au produit de la pente et du débit, qui
caractérise les potentialités dynamiques du cours d’eau.
Ripisylve : Formation végétale (arbustive ou arborescente) en bordure de cours d’eau.
Zone d’expansion de crue : Espaces naturels ou aménagés (bassin de rétention) dans lesquels les
eaux de débordement peuvent se répandre en période de crue, sans porter atteinte aux biens et aux
personnes
25
Cours d’aménagements hydrauliques
Lit : désigne tout l’espace occupé, en permanence ou temporairement, par un cours d’eau.
Lit majeur : lit qu’occupe le cours d’eau lors des crues, incluant les zones inondées.
Lit d’étiage ou chenal d’étiage : partie du cours d’eau occupé lors des étiages.
Plaine d’inondation : zone de terrain inondée lors du chenal du cours d’eau lorsque le cours d’eau est
en crue.
3.3.2. La berge
La berge est la portion de terrain qui limite tout cours d’eau et elle est subdivisée en deux parties
(Figure 3.2.) :
26
Cours d’aménagements hydrauliques
Talus proprement dit, qui n’est qu’occasionnellement en contact avec le courant et qui est situé au-
dessus du niveau moyen des eaux.
Pied de talus : la zone du talus soumise à l’action quasi permanente du courant et qui est située sous le
niveau moyen des eaux ;
La limite inférieure de la berge est le point le plus bas du pied (fond du lit); la limite supérieure étant le
point le plus haut du talus au-delà duquel on considère la plaine alluviale. Ces limites déterminent ce
que l’on appelle le lit mineur du cours d’eau.
La berge, c’est aussi la zone de transition entre le milieu aquatique et le milieu terrestre. De part cette
situation, elle possède une grande valeur écologique. En effet, la constitution d’une lisière augmente la
gamme des micros habitats favorisant de ce fait la diversité et la densité des espèces végétales et
animales
27
Cours d’aménagements hydrauliques
La description longitudinale d’un cours d’eau est souvent représentée par le profil longitudinal (Figure
3.4) qui représente l’élévation du fond du cours d’eau en suivant la ligne du talweg du cours d’eau
(endroit le plus profond). Le haut de la berge et les structures (ponceaux, barrages, etc.) installées le
long du cours d’eau peuvent aussi y être présentés.
Un cours d’eau peut être divisé en tronçons à l’intérieur desquelles les caractéristiques sont similaires
ou relativement uniformes.
28
Cours d’aménagements hydrauliques
La sinuosité est définie comme le rapport de la longueur de la ligne de talweg sur la longueur dela
ligne de vallée pour un tronçon.
𝐿
sin = 𝐿 𝑡𝑎 (3.1)
𝑣𝑎
Sin = sinuosité
Lta = Longueur de la ligne de talweg (L)
Lva = Longueur de la ligne de vallée (L)
Lorsque cette valeur est supérieure à 1,3, le tronçon du cours d’eau est considéré comme sinueux.
29
Cours d’aménagements hydrauliques
Chapitre 4
4.1. Introduction
Dans plusieurs pays a travers le monde les cours d’eau ont été largement artificialisés durant la
deuxième moitié du 19ème siècle et tout au long du 20ème siècle. Leurs fonctionnements hydro-
sédimentaires ont été bouleversés, parfois de façon irréversible, par les modifications de
l’occupation des sols des bassins versants, qui sont à l’origine des flux, et de leur transfert (liquide
et solide), associé au contrôle du réseau hydrographique. Trois principales interventions
anthropiques directes dans le chenal en eau et sur les berges ont été bien souvent observées
(Tableau 1.1) :
Tableau 4.1. Principales interventions humaines directes sur la morphologie des cours d'eau et
leur intensité de modérée (+) à forte (+) (Malavoi, 2007)
30
Cours d’aménagements hydrauliques
Les premiers travaux ont consisté à endiguer les cours d’eau (Tableau 4.2). L’objectif était de protéger
les terres riveraines contre les inondations et les érosions de berges, principalement en réponse à des
besoins agricoles, industriels et urbains, mais aussi pour protéger des sites nouvellement exposés aux
crues en raison d’une pression urbaine de plus en plus forte le long des rivières.
Les impacts hydromorphologiques et écologiques de la chenalisation sur le système fluvial sont très
complexes et dépendent du type d’aménagement mis en place. Par exemple, le blocage de la
dynamique latérale entraîne une réduction de la diversité morphologique du corridor fluvial et de sa
qualité écologique (déconnexion des marges alluviales et du chenal principal, réduction de la capacité
d’autoépuration). La diminution des apports latéraux peut aussi provoquer un déséquilibre entre débit
solide et débit liquide conduisant à la diminution de la diversité des faciès morphologiques et donc des
habitats aquatiques.
Parmi les cinq types d’intervention visant à la chenalisation, la rectification est le type d’intervention
privilégié conduisant à une diminution de la longueur développée du cours d’eau, c’est-à-dire sa
canalisation. La pente se voit ainsi augmentée, entraînant une élévation des forces tractrices (ou
contrainte de cisaillement ou encore shear stress) et de la puissance fluviale (ou stream power), donc
de la capacité de transport, provoquant alors une incision. Cette incision est souvent amplifiée par
l’artificialisation des berges qui empêche la recharge par érosion latérale et par la perte de connectivité
transversale entre le chenal et le lit majeur, notamment lors des crues.
Des travaux de curage, recalibrage, ou de déplacement peuvent impacter fortement les fonctionnalités
d’un cours d’eau. L’ensemble de ces processus : érosion, transport et sédimentation, constitue la
dynamique fluviale, clé fondamentale du fonctionnement du cours d’eau.
Cette dynamique est régie par les apports solides (les sédiments ayant pour origine les versants, les
affluents, ou encore ceux arrachés par la rivière à ses berges) et par les apports liquides (précipitations,
ruissellement, apports des affluents…) au cours d’eau. D’autres paramètres interviennent également
comme la pente de la rivière et surtout la nature des sédiments de ses berges et de son lit qui
conditionne leur érodabilité. Plus la pente est forte et plus la vitesse du courant est accrue. L’énergie
de la rivière est alors telle qu’elle l’évacue en érodant ses berges et en charriant sa charge solide.
L’érosion est d’autant plus facile et importante que les sédiments sont meubles et friables. La géologie
31
Cours d’aménagements hydrauliques
et l’hydrologie influent donc sur la dynamique fluviale. Apports liquides et solides varient
énormément dans le temps et dans l’espace. La rivière adapte en permanence sa morphologie, son
tracé, à ces fluctuations. La dynamique n’est donc pas la même en tout lieu et en tout temps.
Les crues sont également une composante majeure de la dynamique fluviale. En effet, bien
qu’occasionnelles, elles sont un puissant vecteur d’érosion des berges : la hauteur et les volumes d’eau
étant considérablement augmentés lors d’une crue et la vitesse du courant découplée, l’érosion est
amplifiée.
Les altérations hydro morphologiques, qui modifient le fonctionnement naturel des cours d'eau, sont
liées aux pressions anthropiques qui s'exercent sur les sols du bassin versant et sur les cours d'eau. Les
obstacles à l'écoulement, la chenalisation, le curage, la rectification du tracé, l'extraction de granulats,
la suppression de ripisylve, le drainage, l'irrigation, l'imperméabilisation ou le retournement des sols
sont autant de sources d'altérations hydro morphologiques qui nécessitent la mise en œuvre de travaux
ou d'aménagements visant à restaurer les fonctionnalités initiales.
Dragage : approfondissement du lit mineur par prélèvement de ses matériaux. Selon les techniques
utilisées, les sédiments en suspension lors de cette opération sont plus ou moins nombreux, perturbant
la quantité de lumière, remettant en suspension les différents polluants qui étaient piégés dans les
sédiments, supprimant la végétation, dénaturant le substrat du fond du lit.
Creuser le lit mineur c'est dans tous les cas, augmenter la pente et donc accélérer le courant (lire
l'article hydro morphologie) et l’enfoncement du lit d’un cours d’eau abaisse le niveau de sa nappe
d’accompagnement, ce qui nuit aux boisements riverains, aux sources.
Endiguement : augmentation de la hauteur des berges pour éviter le débordement des eaux et pour
préserver le maximum d'espace pour l'agriculture et l'urbanisation. Dans les plaines alluviales, des
milliers de kilomètres de berges de cours d'eau ont été protégés contre les processus d'érosion, le plus
souvent au moyen de techniques dites "lourdes" à base de perrés, de murs de béton, d'enrochements,
d'épis, de palplanches, de gabions, etc.
Un hydro système fluvial naturel est caractérisé par une diversité géomorphologique dont le moteur
est, notamment dans un cours d’eau à méandres, l’érosion des berges et la migration latérale du chenal
vif. Ces processus d’érosion, de transport de sédiments, de dépôt, de recoupement de méandres, ont
pour effet de créer, détruire, recréer, dans une courte échelle de temps, une diversité de milieux dont la
grande richesse écologique tient justement à leur fréquence de régénération. Le blocage des processus
géodynamiques par des protections de berges, qu’elles soient minérales ou végétales, se traduit donc
par un appauvrissement général de la :
32
Cours d’aménagements hydrauliques
de la dynamique fluviale. Cet effet est d’autant plus sensible sur les cours d’eau à dynamique
active et coulant dans des alluvions non cohésives. Enfin, il est couramment admis aujourd’hui
que les protections de berge favorisent l’incision du lit, au moins localement
Appauvrissement de la qualité écologique des rives. Les protections de berges se traduisent
généralement par une simplification des caractéristiques écologiques des rives. Outre la perte
d’habitat rivulaire (sauf parfois dans le cas d’enrochements libres dégradés que peuvent
affectionner certaines espèces de poissons, mais là encore on ne considère qu’un compartiment de
la biodiversité), les protections de berges « lourdes » remplacent par un système simple l’écotone
de rive naturellement beaucoup plus complexe et favorable à une forte augmentation de la
biodiversité : systèmes racinaires des arbres de la ripisylve, hélophytes de pied de berge, sous-
berges, etc. Les techniques de protection de berge par génie végétal réduisent notablement ce type
d’impact.
Déplacement de cours d'eau : Un certain nombre de cours d’eau ont été volontairement déplacés de
leur position initiale naturelle vers l’un ou l’autre côté du fond de vallée. Ces déplacements sont
souvent très anciens (plusieurs siècles).
L’objectif était principalement de gagner des terres cultivables ou d’améliorer leur exploitabilité en
libérant une partie des espaces agricoles de la présence d’un cours d’eau. Ce type d’intervention reste
toutefois limité aux petits et moyens cours d’eau (jusqu’à une dizaine de mètres de largeur environ).
Notons que le déplacement d’un cours d’eau a souvent été couplé à d’autres interventions telles que :
33
Cours d’aménagements hydrauliques
Les impacts sont donc souvent multiples. Le déplacement complet d’un cours d’eau se traduit
généralement par les dysfonctionnements hydro morphologiques et écologiques suivants :
L'embranchement.
Lui aussi est un canal court. Il est en cul-de-sac et permet de relier une ville importante à la voie d'eau
la plus proche.
Le canal latéral.
Comme son nom l'indique, il longe une rivière et remplace la navigation sur celle-ci. Il est alimenté en
son origine amont par cette rivière généralement, puis en différents points de son parcours par des
ponctions sur les affluents de cette rivière. Il est en quelque sorte une dérivation dont la longueur peut
dépasser 200 km.
Le canal maritime.
Ce type de canal peut être lui-même de trois types.
A. Le premier est un canal qui permet la jonction du port d'une ville proche de la mer avec
celle-ci. Il s'apparente donc à l'embranchement. Le canal de Caen à la mer et celui de Carentan sont de
ce type.
B. Le second type de canal maritime est latéral à un estuaire interdit aux bateaux fluviaux, ou
impraticable du fait de son ensablement. Il s'apparente donc à une dérivation. Le canal de Tancarville
en est le plus célèbre exemple dans notre pays, mais on peut citer également le canal maritime de
Marans à l'océan.
C. Le dernier type de canal maritime joint deux mers entre elles. Il peut être complètement de niveau
comme le canal de Suez ou le canal de Corinthe, ou bien à bief de partage, comme le canal de Panama
alimenté en son sommet par le lac Gatun.
En connectant physiquement et biologiquement des bassins versants naturellement isolés les uns des
autres à l'origine, ils ont contribué à l'appauvrissement de la biodiversité au profit de la diffusion
d'espèces invasives
34
Cours d’aménagements hydrauliques
Etang implante sur les cours d’eau : Il arrive fréquemment que des étangs aient été créés
directement sur un cours d’eau, notamment dans un objectif halieutique. Leur ligne d’eau a
généralement été calée par un ouvrage (digue perpendiculaire à la vallée + seuil ou vannage) situé à
l’extrémité aval du plan d’eau.
Les étangs positionnés sur un cours d’eau ont des impacts morpho écologiques :
• modification des flux liquides, solides et biologiques ; la charge solide est ici totalement bloquée
mais la fraction fine peut être brutalement relarguée lors des vidanges (impacts directs sur les
biocénoses aquatiques vivant en aval et colmatage des substrats grossiers) ;
• L’effet « retenue » est également aggravé, notamment dans ses aspects biologiques. On identifie
généralement un dysfonctionnement du compartiment piscicole du fait d’une « pollution » du
cours d’eau par des espèces cyprinicoles caractéristiques des zones extrêmement lentisques et
favorisées ici par l’homme à des fins halieutiques. Dans le même esprit, la qualité de l’eau est
également altérée du fait des effets de réchauffement ;
• L’effet « point dur » est également aggravé, puisque le cours d’eau n’a plus aucune capacité
d’ajustement géomorphologique, tout processus d’érosion étant bloqué.
Extraction de granulats : Les alluvions du lit mineur de la plupart des cours d’eau moyens à grands
ont été intensément exploitées entre 1945 et le milieu des années 1990 (septembre 1994 : arrêté
ministériel interdisant définitivement l’exploitation des alluvions dans les lit mineurs des cours d’eau).
Aujourd’hui, la plupart des cours d’eau exploités au cours de la seconde moitié du 20e siècle sont
encore fortement déficitaires en sédiments grossiers.
Les principaux impacts reconnus sont :
• L’abaissement de la nappe phréatique alluviale et ses effets indirects comme l’assèchement des
écosystèmes riverains et la réduction d’une ressource en eau potable de qualité.
• La déconnexion entre le lit mineur, le lit majeur et ses annexes hydrauliques
– un appauvrissement des milieux naturels du lit majeur lié à une absence de submersion fréquente ;
– un processus accéléré de maturation des formations végétales riveraines, avec la fixation des sols et
des atterrissements originellement mobiles ;
– un appauvrissement des biocénoses terrestres associées ;
– un appauvrissement de certains compartiments des biocénoses aquatiques dont une partie du cycle
de développement est lié à ces connexions (notamment la reproduction pour certaines espèces de
poissons).
• La modification de la nature des fonds (mise à nu du substratum notamment), avec des répercussions
majeures sur les biocénoses benthiques et le peuplement piscicole (baisse drastique de la diversité des
habitats).
• L’érosion accrue des berges et leur déstabilisation, le cours d’eau cherchant à compenser le déficit de
charge solide par une augmentation de la sinuosité (réduction d’énergie) et une recharge latérale.
• Le déchaussement d’ouvrages d’art (ponts, digues, etc.).
35
Cours d’aménagements hydrauliques
Chapitre 5
Figure 5.1. Critères de délimitation du lit d’étiage, du lit mouillé, du lit mineur et du lit majeur
d’un cours d’eau.
36
Cours d’aménagements hydrauliques
Zone 1 : La portion d’amont du système correspond aux bassins versants de tête ; cette zone du
système fonctionne comme l’aire de production de sédiments.
Zone 2 : La portion de milieu du système correspond aux rivières ; cette zone du système
fonctionne comme l’aire de transfert de sédiment.
Zone 3 : La portion d’aval du système qui correspond, par exemple, aux deltas, zones humides,
lacs, ou réservoirs ; cette zone du système fonctionne comme l’aire de dépôt.
37
Cours d’aménagements hydrauliques
Son lit mineur. C'est un espace fluvial formé d'un chenal, de bancs de sables et/ou de galets,
recouverts par les eaux. Le lit mineur ou lit désigne tout l'espace linéaire où l'écoulement
s'effectue la majeure partie du temps. Il est délimité par des berges généralement végétalisées
Son lit moyen : intermédiaire entre le lit mineur et le lit majeur, il représente l'espace occupé
par le cours d'eau lors de crues fréquentes, saisonnières. Il est l'espace soumis à de fréquentes
inondations, avec des périodes de retour de 1 à 10 ans. La vitesse de l’eau y est forte et le lit
moyen est soumis à une forte érosion et à un important transport de matériaux solides. Il est
naturellement occupé par la ripisylve (végétation abondante qui borde les rivières).
Son lit majeur est l'espace occupé par le cours d'eau lors de grandes crues. Il constitue la zone
d’expansion maximale des crues. Le lit majeur est l'espace occupé temporairement par un
cours d'eau en période de très hautes eaux. Ses limites externes sont celles de la plus grande
crue historique répertoriée. Le lit majeur fait partie intégrante de la rivière. Il permet le
stockage des eaux de crues débordantes. Les activités humaines et l'installation
d'infrastructures y sont est soumise à un risque naturel
38
Cours d’aménagements hydrauliques
tresses, rectiligne, sinueux (Photo et figure 5.4). Le débit liquide du cours d'eau varie donc au cours
d'une année en fonction des précipitations et de la quantité de matériaux (fins et grossiers) qui est
véhiculée c'est-à-dire le débit solide. Ces deux débits sont à l'origine des processus d'érosion et de
dépôt qui contribuent aux ajustements morphologiques du cours d'eau. Un équilibre dynamique de
rivière est observé lorsque l'érosion et le dépôt se compensent mutuellement .
39
Cours d’aménagements hydrauliques
Le mécanisme de formation et d’évolution des méandres, qui associe des phénomènes d’érosion et de
sédimentation, se résume ainsi :
Une érosion dans les zones concaves ;
Un dépôt dans les zones convexes.
La combinaison de ces deux phénomènes conduit à la migration des méandres vers l’aval : la rivière
se "déplace" et change de profil
Les styles fluviaux constituent une classification des cours d’eau à partir des caractéristiques
dominantes du chenal et des formes qui s’y trouvent, dont particulièrement la sinuosité, le tressage et
les bancs d’accumulation. La notion de style fluvial permet de classer rapidement et simplement la
diversité des cours d’eau à partir d’une appréciation visuelle de leur apparence. Le style fluvial est
cependant l’expression du mode de transport sédimentaire dominant et de la charge sédimentaire en
transit qui contrôlent en partie les processus concourant à l’évolution morphologique du cours d’eau.
Il existe plusieurs classifications des cours d’eau dont les noms peuvent différer mais qui toutes
40
Cours d’aménagements hydrauliques
rejoignent l’idée que l’identification d’un style fluvial permet d’évaluer qualitativement les types de
transport et les processus dominants dans l’évolution du chenal.
A la suite de ces premières classifications purement morphologiques, Schumm (1985) introduit des
paramètres hydrologiques et sédimentaires pour caractériser chaque style fluvial : rapport
largeur/profondeur du chenal, type de charge sédimentaire, rôle de la stabilité des berges (Figure 5.6) :
Le style rectiligne (Figure 5.6: (1) et (2)) se caractérise par une charge en suspension ou
mixte, et une stabilité relative du chenal importante avec peu de modification du talweg. Les
systèmes à charge mixte voient le développement de barres longitudinales rattachées aux
berges qui migrent avec le temps vers l’aval ;
Le style méandriforme est ainsi divisé en deux sous-styles (Figure. 5.6 : (3a) et (3b)) qui sont
essentiellement définis en fonction du type de charge sédimentaire. La stabilité relative du
chenal diminue lorsque l’on passe de la charge en suspension à la charge mixte ou de fond ce
qui traduit en fait une diminution de la cohésion des berges avec l’augmentation de la
granulométrie du sédiment. Cette diminution de la cohésion va se traduire par une
augmentation de la largeur du chenal et le développement possible de bancs au sein du lit
fluvial ; le style en tresse (Figure 5.6: (5)) correspond à des systèmes dominés par une charge
sédimentaire de fond et une forte stabilité du lit principal et au contraire une faible stabilité des
bancs présents à l’intérieur du lit.
Figure 5.6. Classification des cours d'eau d’après Schumm (1981, 1985).
1,2 - cours d’eau rectiligne ; 3a 3b - cours d’eau méandriforme ; 5 - cours d’eau en tresse. La classe 4 correspond
à un système transitoire entre les classes 3 et 5.
Les travaux de Schumm sont repris par la suite par Church (2006) qui complète son approche en
intégrant le volume et la granulométrie des sédiments transportés (Figure 5.7). La classification de
Church (2006) est basée sur des critères qualitatifs où apparaissent principalement le calibre des
sédiments, leurs modes de transport (suspension, charge de fond) et l’agencement des formes
d’accumulation (Figure 5.7). Cette classification a le potentiel de distinguer les chenaux avec des
degrés différents de stabilité et d’identifier les ajustements morphologiques en fonction des
changements dans l’un ou l’autre des critères de classification. Par extension, la classification permet
41
Cours d’aménagements hydrauliques
42
Cours d’aménagements hydrauliques
section mouillée S sur la largeur au miroir W) pour permettre un transit des débits et de la charge
solide. Ces trois variables (I, W et H) représentent les degrés de libertel du system (Figure. 5.8)
Les différentes variables morphologiques des lits alluviaux à fond mobile s’ajustent à différentes
échelles de temps et d’espace. Ainsi le profil en long connait des ajustements sur de longues
périodes de temps (103 à 104 ans).
43
Cours d’aménagements hydrauliques
La dynamique fluviale est ainsi représentée comme l’oscillation permanente de l’aiguille d’une
balance dont l’un des plateaux serait rempli de sable et l’autre d’eau. Pour un matériau de diamètre d,
un débit solide Qs et un débit liquide Q, le système fluvial modifie sa pente d’énergie J afin d’égaler le
taux de travail de transport à effectuer, c’est à dire que la pente s’ajuste jusqu’à ce que le débit solide
sortant égale le débit solide entrant.
La rivière va rechercher un équilibre entre son débit liquide et son débit solide (Figure 5.10). Ainsi
si :
La balance de Lane est directement ou indirectement déséquilibrée (Figure 5.11) par les pressions
humaines exercées sur le système fluvial. Celles-ci peuvent être à l’origine d’une modification
(davantage détaillé dans le paragraphe 2) :
Du régime de crue,
De la pente du chenal au droit des aménagements (rectification, barrages, seuils), du transport
sédimentaire (quantité et granulométrie) influencé par une modification des apports
sédimentaires amont provenant des versants et des affluents ou encore par les modifications du
lit et des berges (radiers, enrochements),
De la rugosité hydraulique (taille des sédiments et pente de la ligne d’eau) des chenaux de
façon durable (chenalisation, pavage du lit) ou régulière (entretien de la végétation aquatique,
des bancs et des bords de berges, enlèvement des embâcles, curages).
44
Cours d’aménagements hydrauliques
Figure 5.11. Exemple de déséquilibre observé sur un cours d’eau dont la morphologie est
particulièrement déstructurée et paramètres expliquant le blocage fonctionnel
Une forte crue entraine une brutale augmentation du débit liquide (Figure. 5.12), c’est-a-dire de la
capacité de transport. Ceci se traduit morphologiquement par le développement de processus
d’érosion intenses dans le lit : la rivière consomme du sédiment pour disperser son surplus énergie.
Dans le même temps, la pente moyenne du tronçon tend a diminuer pour retrouver une situation
d’équilibre.
Figure 5.12. Illustration du déséquilibre induit par une forte augmentation du débit liquide à
l’origine de processus d’érosion.
45
Cours d’aménagements hydrauliques
Figure 5.13. Illustration du déséquilibre induit par une forte augmentation du débit solide à
l’origine de processus d’exhaussement du lit.
Le débit utilisé est normalement le débit de plein bord qui correspond à l’écoulement d’auto-
ajustement morphométrique du chenal. Le débit de plein bord est un paramètre de caractérisation des
cours d'eau particulièrement important, car il peut expliquer en grande partie la morphologie d'un
cours d'eau et sert à valider la stratégie d'intervention choisie, telle que l'implantation d'un corridor
riverain. Ce débit est observé quand il y a un léger débordement du lit mineur sur la plaine
d'inondation. Le débit de plein bord, ou morphogène, est celui qui transporte le plus de matériaux
solides compte tenu de son énergie potentielle et de sa fréquence. Même si les débits plus importants
46
Cours d’aménagements hydrauliques
transportent plus de matériaux par événement et les débits plus faibles ont une fréquence plus élevée,
le débit morphogène est suffisamment puissant et fréquent pour développer la forme générale du lit. Il
correspond généralement à une crue dont la période de retour est de l'ordre de 1.5 an et a 67 % de
chance d'être observé chaque année. Ce débit utilise environ le tiers de l'aire d'écoulement du chenal et
n'est surpassé que 25 % du temps. Les caractéristiques du débit morphogène peuvent varier en
fonction du type de sol, de son occupation et de la taille du bassin versant. Ainsi, la fréquence du débit
de plein bord peut aller de quelques mois à une année sur des substrats peu perméables, à près de deux
ans sur des terrains perméables. En milieu urbain, la fréquence est plus proche de 1.2 an et en milieu
humide, la fréquence est plus faible qu'en milieu désertique. Le débit morphogène a ici été assimilé au
débit de pointe d’une crue de fréquence biennale
À l’échelle du tronçon, la structure et le fonctionnement morphologiques du cours d’eau (mobilité
sédimentaire, style fluvial) sont fortement influencés par les conditions de puissance locale de
l’écoulement.
À l’échelle d’un tronçon, pour une pente donnée, le débit conditionne la puissance du cours d’eau : la
puissance brute de l’écoulement est en effet le produit de la pente de la ligne d’énergie I, du débit
liquide Q et du poids spécifique de l’eau γs N/m³. La puissance spécifique (permettant de comparer
des systèmes de tailles et de caractéristiques sédimentologiques différentes, est alors définie comme le
rapport entre puissance brute et largeur du lit w.
Cette puissance quantifie l’énergie de l’eau qui transite dans le système fluvial et qui est dissipée sous
différentes formes, en particulier via le transport des matériaux du fond du lit. Il en résulte que pour un
certain couple pente–débit, l’écoulement possède une certaine capacité de transport, théorique, des
sédiments. Suivant la disponibilité du lit en matériaux (au fond, par incision du « matelas » alluvial ou
sur les bords par érosion des berges) et par ces processus d’érosion et de dépôt, le système fluvial
mobilise une certaine quantité de matériaux. Il acquiert ainsi une certaine morphologie. Le débit
liquide est alors qualifié de « morphogène » lorsqu’il est capable de remodeler le lit du cours d’eau.
La puissance spécifique (ω) décrit l’énergie développée par le cours d’eau, elle est donnée par
l’équation suivante :
𝜔 = 𝛾. 𝑄. 𝑖. 𝑊 −1 (5.1)
Avec :
ω : puissance spécifique (W/m²)
γ : poids volumique de l’eau (γ =ρ.g= 9 810 kg.m-2.s-2)
Q : débit (m3/s)
i : pente moyenne de la ligne d’eau considérée équivalente à la pente du fond du lit (m/m)
w : largeur du lit à plein bord (m)
Certains travaux de recherches évoquent différentes classes de puissances spécifiques pour décrire la
réactivité géodynamique d’un cours d’eau. Ces classes sont limitées par les seuils de 10, 30 et 100
W/m² (Tableau 5.1). Ces seuils restent néanmoins purement théoriques et à relativiser en fonction des
caractéristiques sédimentologiques des berges du cours d’eau donc de l’érodabilité des berges et de la
qualité des apports solides.
1 2 3 4
La puissance fluviale spécifique d’un cours d’eau permet d’estimer le style fluvial potentiel. Elle est
exprimée en W/m² et se base sur la récurrence des crues annuelles à biennales (à pleins bords pour les
47
Cours d’aménagements hydrauliques
rivières naturelles). Les rivières dont la puissance spécifique ne dépasse pas 15 W/m2 se caractérisent
généralement par des chenaux inactifs et des méandres libres relativement figés. Les méandres actifs
non confinés nécessitent des puissances au moins supérieures à 35 W/m2. Par contre, les rivières où la
puissance dépasse 100 W/m2 ont une dynamique de modification du tracé fort active, avec des
processus pouvant même aboutir à la multiplication des chenaux et à la formation du tressage, ceci
dépendant aussi de la taille du matériau qui constitue le fond du lit.
▪ La crue désigne une augmentation brutale et durable du niveau (i.e. débit) d’un cours d’eau
▪ L’inondation désigne une submersion rapide et durable par l’eau d’une zone habituellement
hors d’eau Ainsi une crue peut entrainer une inondation qui peut toutefois avoir d’autres
origines
5.4.1 Crues
La crue correspond à la montée des eaux d'un cours d'eau, l'inondation au phénomène qui en résulte,
l'eau débordant, se répandant sur les terrains alentours. Elle est due à des précipitations en forte
quantité, auxquelles peut s'ajouter un sol imperméable ou devenu imperméable suite à une sécheresse
importante : le sol n'absorbe plus la quantité d'eau qui lui parvient.
Mais ce phénomène peut également être accentué par des causes : humaines directes (drainage,
imperméabilisation des sols ...), humaines indirectes (changement climatique).
Différents types de crue existent : crues lentes : le débit du cours d'eau augmente lentement, suite à
des pluies, la fonte des neiges ... crues rapides ou brutales ou éclair : elles résultent de pluies
abondantes, d'orages violents, ... Elles peuvent devenir torrentielles, et sont les plus difficiles à prévoir.
La crue centennale est une crue théorique calculée à partir de l'analyse des crues passées et qui a une
chance sur cent de se produire chaque année (ou 10 fois par millénaire).
Les crues sont des phénomènes naturels faisant parties intégrantes du régime naturel des cours d'eau,
où périodes sèches (étiage) et humides s'alternent. Elles constituent le véritable moteur de la
dynamique fluviale et sont indispensables à la « Vie » d'un fleuve, qu'elles façonnent (érosion,
déplacement de matériaux). Elles ont un rôle régulateur : lors d'une crue, les eaux « s'étalent » dans la
plaine alluviale, ralentissant ainsi le débit des cours d'eau, et peuvent par la suite contribuer à la
recharge des nappes alluviales en s'infiltrant. Elles ont également un rôle épurateur et sont très
importantes pour le fonctionnement des écosystèmes aquatiques. Les apports de nutriments (matières
organiques et minérales) générés par les crues, de l'amont vers l'aval (jusqu'aux zones marines) mais
également dans les plaines inondables (lit majeur du cours d'eau), conditionnent la survie de
nombreuses espèces aquatiques et marines. Les crues favorisent également la reproduction (en mettant
en eau les frayères), le déplacement des différentes espèces aquatiques, en diversifiant les habitats
naturels (zones humides, ...). Elles constituent un important vecteur d'échanges de nutriments et
d'organismes, et conditionnent alors également certaines activités humaines comme la pêche et
l'agriculture (fertilisation des sols).
Les crues ne résultent pas seulement de phénomène de surface (pluies abondantes, ruissellement…).
Le sous-sol et les nappes souterraines jouent également un rôle essentiel dans le déclenchement des
crues et des inondations (porosité et état de surface des sols au moment des pluies, saturation de la
nappe alluviale…). Les crues peuvent néanmoins avoir des conséquences néfastes sur les activités et
populations riveraines (dégâts physiques voire corporels) et impliquent de forts enjeux sécuritaires
pour les zones les plus exposées. Contrairement aux orientations de gestion des années 1960, les
politiques actuelles tendent à mieux prendre en compte le rôle important des crues et intègrent
davantage la composante « dynamique » (non figée) d'un cours d'eau.
48
Cours d’aménagements hydrauliques
Les zones humides contribuent au stockage / déstockage d’importantes quantités d’eau en surface et
dans le sol, permettant une régulation des phénomènes hydrologiques dans le bassin versant. Elles
interceptent les eaux de ruissellement réduisant ainsi les pics de crue en des débits plus lents et plus
faibles sur des périodes plus longues (i.e. étalement de crue).
Inondation : submersion temporaire par l'eau de terres qui ne sont pas submergées en temps normal.
Cette notion recouvre les inondations dues aux crues des rivières, des torrents de montagne et des
cours d'eau intermittents méditerranéens ainsi que les inondations dues à la mer dans les zones côtières
et elle peut exclure les inondations dues aux réseaux d'égouts.
La notion d'inondation appelle celles de lit mineur et lit majeur d'un cours d'eau : le lit mineur est la
partie du lit du cours d'eau comprise entre des berges franches ou bien marquées, dans laquelle
l'intégralité de l'écoulement s'effectue la quasi-totalité du temps en dehors des périodes de très hautes
eaux et de crues débordantes. Le lit majeur est le lit maximum qu'occupe un cours d'eau dans lequel
l'écoulement ne s'effectue que temporairement lors du débordement des eaux hors du lit mineur en
période de très hautes eaux en particulier lors de la plus grande crue historique.
49
Cours d’aménagements hydrauliques
Les inondations peuvent aussi être dues à la submersion des bords de mer par l’eau de mer. On parle
alors de submersion marine. Le changement climatique pourrait modifier le régime des précipitations
sur la planète. En Algérie, il pourrait pleuvoir plus l'hiver, et moins l'été. Ainsi, les inondations
pourraient avoir lieu de manière plus fréquente. Les phénomènes extrêmes (orages, crues ...) seraient
également en augmentation.
50
Cours d’aménagements hydrauliques
Chapitre 6
6.1. Introduction
Les cours d'eau sont des milieux dynamiques évoluant perpétuellement en fonction des
caractéristiques physiques et saisonnières. La qualité de vie d'un cours d'eau dépend de nombreux
facteurs tels que la vitesse du courant, la sinuosité du lit, le débit, la qualité de la ripisylve, le taux
d'oxygène dissous…. Ces facteurs peuvent être dégradés ou modifiés, c'est pourquoi les cours d'eau
doivent être entretenus ou aménagés afin de maintenir leurs différentes fonctionnalités liées aux usages
et restaurer leur bon état écologique.
Sans intervention de l’Homme, la richesse des cours d’eau disparaît. En effet, les lits des cours d’eau
s’encombrent de divers détritus et les berges sont envahies par la végétation. L’envasement prend alors
le dessus, les capacités d’écoulement sont réduites et les risques d’inondation augmentent. La qualité
écologique diminue, les cours d’eau sont alors moins diversifiés en termes d’espèces animales et
végétales.
Une gestion équilibrée des berges et du lit d'une rivière par des opérations d'entretien régulier favorise
un contrôle efficace de l'évolution ultérieure du milieu aquatique. Les opérateurs concernés sont les
syndicats intercommunaux d'aménagement hydraulique (S.I.A.H.) ou des collectivités locales
possédant la compétence rivière. De plus en plus de ces structures se dotent d'un technicien de rivière,
dont les missions sont l'observation du cours d'eau, la préparation des chantiers, leur suivi technique et
administratif, la communication avec les partenaires et la population ... Toute intervention doit être
précédée d’un diagnostic de l’état initial et global du cours d’eau (de l’amont et de l’aval) ce qui
permet de mieux cibler les différents objectifs des interventions. Ensuite, l’impact de ces dernières doit
51
Cours d’aménagements hydrauliques
être mesuré ; une évaluation et un suivi des travaux doivent être réalisés. Toute intervention doit donc
être raisonnée et planifiée.
6.4. Citons quelques méthodes pour entretenir le lit d’un cours d’eau :
Le faucardage : cette technique assure le bon écoulement des eaux ce qui va favoriser la
circulation de l’oxygène, la diminution du taux des matières organiques et réduire les
obstacles susceptibles de gêner la circulation des poissons.
Le curage : cette technique limite l’engorgement du lit et évite les dépôts très importants.
La mise en place des déflecteurs ou épis, des mini seuils.
La recharge des lits en matériaux granulaires.
52
Cours d’aménagements hydrauliques
Chapitre 7
53
Cours d’aménagements hydrauliques
•La ripisylve a de nombreux rôles quant à la préservation de la qualité des cours d’eau : elle protège et
consolide les berges
•Elle retient les pollutions diffuses et élimine naturellement les nitrates.
•Elle évite le dessèchement et freine le ruissellement de l’eau
•Elle abrite de nombreuses espèces
•Elle fait office de corridor biologique
Les berges sont des écotones. Elles constituent une zone de transition entre l’écosystème aquatique et
forestier (qui est la ripisylve). Elles abritent des espèces de milieux aquatiques et de rive (par exemple,
la musaraigne aquatique (Neomys fodiens), le martin pêcheur (Alcedo atthis), le cincle plongeur
(Cinclus cinclus) et bien d’autres…). Si les berges doivent être restaurées, leur artificialisation (en
béton par exemple) n’est pas conseillée. Elles perdent alors leur potentiel de corridor écologique, ne
permettent plus les échanges entre le sol et le cours d’eau. De plus, il arrive que les espèces telles que
les amphibiens ne puissent pas remonter sur la berge par manque de support. Des techniques de génie
végétal sont alors utilisées permettant de consolider les berges avec des végétaux vivants. Leur
système racinaire permet de stabiliser les berges et de les protéger du courant et de l’érosion.
Différents facteurs physiques et botaniques sont à prendre en compte pour les plantations comme par
exemple l’exposition à la lumière, le pH, la porosité du sol, la morphologie aérienne des végétaux, le
pouvoir de régénération des végétaux, leur action sur les autres plantes, la morphologie du système
racinaire….
54
Cours d’aménagements hydrauliques
L'enfoncement du lit des rivières peut conduire à la déconnexion des annexes hydrauliques qui tendent
à s'assécher et ne sont alors plus accessibles par les espèces piscicoles et moins propices à un
développement favorable pour les espèces floristiques. Leur reconnexion parait donc importante en
vue de retrouver une continuité écologique des cours d'eau. Pour se faire, des travaux de terrassement
sont généralement réalisés pour permettre la reconnexion à l'aval et/ou à l'amont.
55
Cours d’aménagements hydrauliques
56
Cours d’aménagements hydrauliques
Chapitre 8
57
Cours d’aménagements hydrauliques
Polder éloignée
58
Cours d’aménagements hydrauliques
8.4. Reboisement
En plus de leurs volet écologique et touristique, les fortes ont un rôle considérable dans la
conservation du sol et des eaux. Cette végétation ralentie en général la montée des crues.
59
Cours d’aménagements hydrauliques
N = L. (P−I) /H (8.1)
N : Nombre de digues
L : Longueur du ravin (m).
P : Pente moyenne du lit.
H : Hauteur moyenne des digues (1 à 4 mètres).
I : Pente de compensation (pente inter digue, elle est inférieure à la pente initiale du lit de ravin)
I ≈ 0,01.
60
Cours d’aménagements hydrauliques
8.8. Banquette :
La technique des banquettes est de double objectif, la lutte contre l’érosion et la réduction de
ruissellement en favorisant l’infiltration due à la diminution de pente. Leurs effets sont considérables
dans la défense et la restauration de sol
La banquette mécanique se divise en quatre zones.
Le fossé large reçoit les eaux de ruissellement de l’impluvium.
Le talus reçoit la pluie et un apport latéral des eaux du fossé.
L’impluvium à l’amont du fossé ; zone cultivée entre les bourrelets, qui ne reçoit plus que la
pluie moins le ruissellement.
La zone de l’impluvium à l’aval et proche du bourrelet qui pourrait recevoir un appoint d’eau
par drainage à travers le bourrelet lors des grosses averses.
61
Cours d’aménagements hydrauliques
Chapitre 9
L’érosion en rigoles (ou ravines) Lorsque les eaux de ruissellement se concentrent, elles peuvent
selon la nature du sol et l’intensité du relief former une ravine par creusement. Cette érosion se
produit généralement dans les vallées sèches et dans les fonds de thalwegs* qui constituent des
chemins d’écoulements préférentiels pour l’eau qui ruisselle.
Cette forme d’érosion peut charrier de grandes quantités de terre, et être à l’origine de coulées de
boue importantes. Elle est cependant maîtrisable pour peu que l’on adopte certains principes
culturaux et que l’on préserve ou conforte certains éléments du paysage régulateurs des
écoulements.
62
Cours d’aménagements hydrauliques
63
Cours d’aménagements hydrauliques
Figure 9.4. Terre agricole rendue inculte par dépôt de limon en aval d’une ravine
64
Cours d’aménagements hydrauliques
65
Cours d’aménagements hydrauliques
Figure 9.6. Dégâts sur les voiries occasionnées par les eaux de ruissellement fortement chargés en
matières en suspension
66
Cours d’aménagements hydrauliques
Figure 9.7. Taux des matières en suspensions dans l’eau des rivières au moment des crues dégrade
la qualité de l’eau et des habitats aquatiques
II - Le climat
La pluie est sans aucun doute le facteur principal de l’érosion, qui dépendra alors de la durée et de
l’intensité des précipitations.
67
Cours d’aménagements hydrauliques
l’effet splash. Ces particules très fines de terre ont alors tendance à se compacter à la surface du
sol pour former une croûte : c’est la croûte de battance qui réduit l’infiltration de l’eau et favorise
le ruissellement. Elle a également des conséquences agronomiques car elle empêche la bonne
germination, la levée des graines et la croissance des plantes.
68
Cours d’aménagements hydrauliques
Figure 9.8. Une terre trop affinée favorise la battance (résistance au splash)
Le sens du labour
Le travail du sol dans le sens de la pente accentue fortement le phénomène de ruissellement en
traçant des lignes d’écoulement préférentielles pour l’eau. Un travail perpendiculaire à la pente est
donc souhaitable, bien que parfois difficile à mettre en œuvre.
69
Cours d’aménagements hydrauliques
Figure 9.10. Dégâts sur des parcelles semées dans le sens de la pente
70
Cours d’aménagements hydrauliques
Les causes
2.L’agrandissement des parcelles agricoles suite aux nombreux remembrements accroît les
risques d’érosion des sols en créant des conditions favorables au ruissellement des eaux
(augmentation de la vitesse d’écoulement des eaux notamment).
3. La diminution des Surfaces Toujours en Herbe participe au phénomène d’érosion des sols.
Les prairies assurent un couvert permanent qui tamponne efficacement les eaux de ruissellement.
4.La disparition des fossés qui accompagne souvent l’agrandissement des parcelles exacerbe le
problème d’érosion des sols. Les fossés permettent de maîtriser la circulation des eaux de
ruissellement et d’éviter leur accumulation sur les parcelles agricoles.
5.La destruction du maillage bocager telles les haies ou les talus ont souvent accompagné les
anciens remembrements agricoles. Ces éléments paysagers jouent pourtant un rôle primordial dans
la gestion des eaux et représentent des obstacles naturels au ruissellement des eaux sur un versant.
6.Les traces de roues générées par des passages d’engins répétés et des outils non adaptés
(pneumatiques par ex.) créent des chemins préférentiels pour les eaux de ruissellement,
augmentent les risques d’accumulation sur la parcelle et donc de formation de ravines.
7.Le labour parallèle à la pente accroît fortement la vitesse de ruissellement des eaux.
8.Les sols laissés nus l’hiver favorisent l’érosion des sols en diminuant les capacités
d’infiltration des sols.
9. Une urbanisation mal maîtrisée augmente l’imperméabilisation des sols et donc les vitesses
de ruissellement des eaux. Les constructions dans les zones à risques de coulées de boue et
d’inondations doivent parfois supporter des dégâts matériels importants
Les conséquences
10. L’érosion des sols qui peut se manifester par la formation de ravines et provoquer des
coulées de boues sur la voirie et dans les villages.
11. “La rivière brune” chargée en limons provenant des versants. La qualité de l’écosystème
s’en trouve dégradée (colmatage des frayères, diminution de l’oxygène dissout nécessaire à la vie
aquatique etc.)
12.L’augmentation des crues des rivières avec l’arrivée massive des eaux de ruissellement
provenant du bassin versant
71
Cours d’aménagements hydrauliques
Bibliographie
Ali Berreksi., 2015, Cours hydraulique 3, Université Abderrahmane Mira de Bejaia.
Degoutte. G., 2006, Diagnostic, aménagement et gestion des rivières, Hydraulique et morphologie
fluviales appliquées, Lavoisier, France.
Graf, Walter et Mustafa, Altinakar., 1998, Hydraulique Fluviale, Lausanne, Presses Polytechniques
Romandes.
Jean-Louis Ballais, Sylvain Chave, Nadia Dupont, Éric Masson et Marie-Josée Penven., 2011, La
méthode hydro-géomorphologique de détermination des zones inondables, Physio-Géo
Géographie Physique et Environnement (ISSN 1958-573X) Collection ‘Ouvrages’.
Ledoux B., 2006, La gestion du risque inondation, Edition TEC et DOC 11, rue Lavoisier-Paris.
Mériaux. P et Royet. P et Folton. C., 2001, Surveillance, entretien et diagnostic des digues de
protection contre les inondations, Cemagref Editions.
Serre D., 2005, Evaluation de la performance des digues de protection contre les inondations
Modélisation de critères de décision dans un Système d'Information Géographique, Thèse pour
obtenir le grade de Docteur de l’Université de Marne-La-Vallée Paris.
Verniers, G., 1995, Aménagement écologique des berges des cours d’eau, Techniques de
stabilisation, Presses Universitaires de Namur, Belgique, 77 pages.
Yahiaoui A., 2012, Inondations torrentielles_ cartographie des zones vulnérables en Algérie du nord
(cas de l’oued Mekrra, Wilaya de Sidi Bel Abbés), Thèse de doctorat, Ecole Nationale
Polytechnique.
Serre D., 2005, Evaluation de la performance des digues de protection contre les inondations
Modélisation de critères de décision dans un Système d'Information Géographique, Thèse pour obtenir
le grade de Docteur de l’Université de Marne-La-Vallée Paris.
72