Bassin versant
localisation géographique
Pour les articles homonymes, voir
bassin.
Un bassin versant[1] ou bassin-versant
est un espace drainé par un cours d'eau
et ses affluents sur un ensemble de
versants. Toutes les eaux dans cet
espace s'écoulent et convergent vers un
même point de sortie appelé exutoire :
confluent, cours d'eau, lac, mer,
océan, etc.. On parle aussi parfois de
bassin versant correspondant à un
exutoire donné, comme le bassin versant
de la Méditerranée.
Bassin versant de la rivière Latorița (ro), en
Roumanie.
Le bassin versant est limité par une ligne
de partage des eaux qui correspond
souvent aux lignes de crête mais pas
toujours. Les eaux de pluies de part et
d’autre de cette ligne s'écoulent dans
deux directions différentes en emportant
avec elles les éléments dissous ou en
suspension tels que les sédiments et les
pollutions.
Chaque bassin versant se subdivise en
un certain nombre de bassins
élémentaires (parfois appelés « sous-
bassins versants ») correspondant à la
surface d’alimentation de chacun des
affluents se jetant dans le cours d’eau
principal.
Le parcours de l'eau
Schéma type d'un bassin versant (structure
« arborescente »).
Chaque bassin versant se caractérise
par différents paramètres géométriques
(surface, pente), pédologiques (nature et
capacité d’infiltration des eaux),
urbanistiques (présence de bâtiments)
mais aussi biologiques (type et
répartition de la couverture végétale). On
peut également y distinguer trois types
de continuité :
une continuité longitudinale, de
l’amont vers l’aval (rus, ruisseaux,
rivières, fleuves) ;
une continuité latérale, des crêtes vers
le fond de la vallée ;
une continuité verticale, des eaux
superficielles vers les eaux
souterraines et inversement.
Sauf si des canaux relient des rivières ou
fleuves entre eux, pour le bassin-versant,
le réseau des cours d'eau n'est pas
écologiquement fragmentant.
On distingue le bassin versant physique
ou topographique (définissable à partir
des altitudes seules) du bassin versant
réel qui tient compte d’autres paramètres
comme la nature du sol, qui induit des
écoulements souterrains, ou les
aménagements anthropiques.
L’étendue des bassins versants est très
inégale : le plus grand, celui de
l’Amazone en Amérique du Sud s’étend
sur 6 150 000 km2 alors que la plupart
des (sous)bassins sont très petits (de
l'ordre du km2). Certaines régions sont
dépourvues de bassins faute de cours
d’eau : ce sont les déserts aréiques.
On peut distinguer trois types de bassin
versant :
le bassin versant topographique,
déterminé par le relief (c'est-à-dire les
lignes de partage des eaux). C'est le
bassin versant des ruissellements ;
le bassin versant hydrogéologique,
bassin versant avec les eaux
souterraines (qui n'est pas toujours le
même que le bassin topographique) ;
le bassin versant hydraulique, qui
prend en compte l'anthropisation du
relief (les routes, les mises en
canalisation, etc.) et les transferts
d'écoulement liés à l'action humaine.
Les bassins versants du
monde
Bassins versants des principaux océans et mers.
Les zones grisées correspondent aux bassins
endoréiques.
La connaissance d’un bassin versant est
fondamentale dans toute étude
hydrologique et/ou de risque naturel ou
de vulnérabilité de la ressource en eau.
Le bassin versant est le cadre général
des études d’hydraulique urbaine,
d’analyse de la qualité des eaux, de
prospections de captages, de plans de
prévention des risques d’inondation
(PPRI), de réalisation des Atlas des
zones inondables ou des zones
humides, etc.
Et, bien que dans l’hémisphère nord, un
nombre croissant de bassins versants
soient maintenant artificiellement
interconnectés par des canaux
fonctionnant grâce à des écluses, ils
restent des éléments importants pour
l’écologie du paysage, la génétique des
populations d’espèces aquatiques
(écrevisses, saumons…) ou typiquement
rivulaires (castor par exemple) et l’étude
des corridors biologiques aquatiques.
Les fleuves étant tantôt des corridors
biologiques, tantôt, pour d’autres
espèces des facteurs naturels de
fragmentation écopaysagère (exacerbés
lorsque leurs berges sont artificialisées).
Un bassin versant supporte un réseau
fluvial qui peut être hiérarchisé ou
élémentaire. Le réseau fluvial varie en
densité en fonction de la nature des
roches. Ainsi, on aura beaucoup de cours
d’eau en terrain argileux, beaucoup
moins en terrain calcaire.
Carte des principaux bassins versants européens.
Gestion à l'échelle des
bassins
Afin d'améliorer la gestion de l'eau, la
tendance est à la mise en place
d'agences de bassin. C'est le principe
retenu en France (principe des Agences
de bassin) puis en Europe (Directive-
cadre sur l'eau qui promeut une gestion
écologiquement cohérente par districts
hydrographiques).
L'Agence européenne pour
l'environnement (AEE), dans un rapport
de 2012[2], insiste sur le fait que les
régions administratives ne coïncident
généralement pas avec les bassins
fluviaux, ce qui est source d'une gestion
inadéquate de l'eau et de l'aménagement
du territoire et de l'eau. Ceci est source
d'inégalités écologiques en faisant
supporter par les uns des coûts et
pollution générés par d'autres sans que
les premiers en récoltent les
avantages[3]. Les plans de gestion de
district hydrographique (PGDH) et en
France la trame bleue et les SRCE sont
des solutions pour y remédier mais une
meilleure cohérence est nécessaire, à
échelle paneuropéenne au moins. Par
exemple les forêts et herbages régulent
les crues mais surtout au bénéfice de
l'aval. Les pollutions agricoles touchent
également l'aval (marées vertes par
ex.)[3].
L'AEE insiste aussi sur le fait que la
nature a aussi besoin d'eau pour
continuer à assurer les « services
écosystémiques » qui nous permettent
de vivre[3]. Une vision trop
anthropocentrée fait oublier les intérêts
autres que profitant directement à
l'homme, alors que par exemple
250 espèces de macrophytes et
250 espèces de poissons vivent dans les
eaux intérieures européennes, ainsi que
de nombreux oiseaux, reptiles,
amphibiens, insectes, mammifères, etc.
dépendant des zones humides pour leur
reproduction ou leur alimentation.
Beaucoup ont besoin d'eau en
suffisance, mais aussi de variation
naturelle des débits et hauteur d'eau
(« naturalité ») avec des continuités
écologiques non fragmentées[3].
France …
Vue du bassin versant expérimental de Draix-
Bléone[4] (ici, site de la Roubine) : on y étudie les
processus hydrologiques et érosifs en montagne.
La France métropolitaine est divisée en
six bassins versants, ou bassins
hydrographiques :
Rhône-Méditerranée-Corse,
Rhin-Meuse,
Loire-Bretagne,
Seine-Normandie,
Adour-Garonne,
Artois-Picardie.
Ces bassins versants correspondent aux
cinq grands fleuves français (Rhône,
Rhin, Loire, Seine et Garonne), auxquels
s'ajoute la Somme avec le bassin Artois-
Picardie.
Pour chaque bassin, deux instances sont
chargées de gérer et de protéger les
ressources en eau à l'échelle de ce
bassin : le Comité de bassin et l'Agence
de l'eau. La France a créé six agences de
l'eau en 1964. Elle conseille également
d'autres pays dans ce domaine, par
exemple le Viêt Nam pour le bassin
versant du Fleuve Rouge[5].
Le 28 mars 2017, une Association
nationale des élus des bassins a été
créée (ANEB), avec environ 40 adhérents
et une charte d'engagement[6], sous
l'égide de l' Association française des
établissements publics territoriaux de
bassin (AFEPTB), créée il y a vingt ans
par « des élus des fleuves et rivières »
(qui sera dissoute, probablement avant
fin 2018) et dont les missions seront en
partie remplacées par celles de l'ANEB[6],
et appuyée par l'Association des maires
de France et présidents
d'intercommunalité (AMF), également
partie prenante de l'« Initiative
partenariale d'associations nationales de
collectivités territoriales pour une
gestion équilibrée, durable et intégrée de
l'eau par bassin versant ». Son président,
élu le 28 mars 2017, est Bernard
Lenglet[7].
Québec …
Au Québec,
quarante organismes de bassins versants
sont reconnus par le Ministère de
l'Environnement et de la Lutte aux
changements climatiques (MELCC)
comme étant ses interlocuteurs
privilégiés pour la mise en place de la
gestion intégrée de l'eau par bassin
versant. Ils sont rassemblés au sein du
Regroupement des organismes de
bassins versants du Québec (ROBVQ)[8].
Les observatoires de bassins
versants
Différents organismes de recherche
fondamentale et appliquée (CNRS,
Universités, INRA, IRSTEA, IRD) ont créé
en 2010 le Réseau des bassins versants
(RBV). Au sein de ce réseau, plus de
vingt bassins versants répartis en France
et dans les pays du sud (Inde, Amérique
du Sud, Afrique, Nouvelle-Calédonie) ont
été spécialement choisis pour être
observés et étudiés dans le temps. Le
plus ancien bassin versant expérimental
est celui de l'Orgeval, situé en France
dans la Brie et créé par IRSTEA en
1962[9]. Tous sont équipés d’appareils de
mesure des précipitations, des débits, de
température ou d’autres capteurs de
l’environnement aquatique. Selon leur
spécialisation, les observatoires ont
développé des mesures systématiques
et dans la durée, d'hydrométéorologie, de
micrométéorologie de la surface, de
chimie des eaux courantes et de nappes,
de géochimie isotopique ou bien encore
de l’érosion. « Tous ont en commun le
bassin versant comme sentinelle de
l’environnement à la surface de la Terre
et tous réalisent des suivis temporels
long terme de divers paramètres utiles à
la compréhension et à la modélisation
des surfaces continentales »[10]".
Notes et références
1. Terme retenu par la directive-cadre
sur l'eau.
2. Rapport Cohésion territoriale et
gestion de l'eau en Europe.
3. Gestion coordonnée de l’eau et des
activités humaines , 24/08/2012.
4. « ORE Draix-Bléone » , sur Irstea
(consulté le 11 septembre 2018)
5. AFD - Partager et mieux distribuer
les eaux capricieuses du fleuve
Rouge .
6. Environnement magazine (2017) [
http://www.environnement-
magazine.fr/article/49255-
association-d-elus-pour-bassins-
versants/L'Association nationale
des élus des bassins (Aneb) a tenu
son assemblée générale constitutive
le 28 mars. Répondant à un besoin
d'accompagnement et d'expertise
des collectivités, son but est d'aider
les élus locaux en valorisant les
principes de solidarité entre les
territoires] ; Site internet :
bassinversant.org .
7. Communiqué de l'Association, publié
le 31 mars 2017 : LENGLET, Premier
Président de l’ANEB Le 28 mars
2017 ; voir aussi
www.bassinversant.org.
8. [1] .
9. G. Tallec, « 1962-2012 : cinquante
ans d'observations, un bien précieux
pour la recherche et les services
opérationnels », Sciences Eaux
&Territoires, 2012, p. 7 (lire en ligne )
10. « Réseau des bassins versants » ,
sur RBV, 2010 (consulté le
7 septembre 2018)
Voir aussi
Bibliographie …
Lenglet Bernard (), Gouvernance de
l'eau déclinée à l'échelle d'un territoire
géographique cohérent , thèse
Articles connexes …
Géomorphologie, Versant, Interfluve,
Ligne de partage des eaux
Cours d'eau, Hydrographie
Dynamique fluviale
Agence de bassin
Observatoire de l'eau
Liens externes …
Réseau international des organismes
de bassin (RIOB)
Fleuves et rivières de France
(AFEPTB)
Bassins versants des continents
Europe et Asie du nord (Wise RBD)
Portail des lacs et cours d’eau
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