Contes Et Romans de L'egypte Chretienne
Contes Et Romans de L'egypte Chretienne
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CONTES ET R
Chxude^ le grand émir. Que sa bénédic tion soit avec nous : Amen.
, le
Père, mahre de toutes choses ; soit béni son Fils, Jésus le Messie, notre Dieu,ainsi que
le Saint-Esprit viyifîcateur qui nous a rendus dignes d'assister à ce jour de fête sacrée
que nous célébrons en l'honneur de celui qui a été honoré par Dieu entre tous les
martyrs, joyau précieux, bourgeon qui pour nous a poussé de la bonne tige et de la
race bénie. Anlioche, la belle ville a produit, au mois de Barmouda ', comme un
rosier odorifé* ranl, un élu vénérable. Dieu décida aussi à son sujet que lorsque la
ville d'Antioche et ses dépendances auraient élé illuminées par sa personne, l'Egypte
et en particulier notre ville obscure recevraient leur part de cette illumination. En ce
teulps-là les habitants de noire ville adoraient les dieus impurs ; Dieu nous envoya ce
brave cavalier avec un carquois de vigueur. De ses flèches guerrières il tua les loups
méchants. C'est grâce à la belle réponse qu'il fit devant Dioilétien et
Ariea que nous avons appris a adorer le Messie- Parlons maintenant des grandes
peines souffertes par les saints, expliquons comment ils ont fait pour acquérir ia
couronne du martyr pendant le mois de Baramhat'.
Pendant que l'on se préparait a fêter la Pâque et la Re'surrection de notre Sauveur, les
lettres du roi furent répandues partout jusqu'en Abyssinic. Dans ces lettres, le roi
ordonnait de brûler les livres des chrétiens et de leur enlever de vive force leurs
esclaves. Quelque temps après, d'autres lettres furent envoyées dont voici la copie : «
Tous les prêtres et ceux qui font le service des églises doivent être jetés en prison et
oblige's de sacrifier jiuS dieut (misérables) '. • Un grand nombre de prêtres,
d'évêques, d'ana-gnostes ^ de laïques, de vierges, de veuves, d'orphelins, de moines,
de religieuses, de soldats et enfin de gens du peuple furent tués; les uns furent lapidés,
les autres brilles par le feu ou par le fer. Ainsi ils avaient été
I. Cb mois Ta du 36 (éyriei
rt y avoir
viclimes de la foi orthodoxe, car en mourant^ ils criaient et disaient : • Nous sommes
chrétiens en toute vérité. • La paiï avait été continuelle pour nous depuis le règne du
roi Garés qui succéda au roi Oectos. Après Carès, le roi Carnios monta sur le trône.
Le règne de ces deux rois fut de trois ans. Le second de ces rois avait une sœur
nommée la dame Euphémte qui eut pour fils Piolémée; ce fut un impur. Ptoléméeful
élu roi pour la ville d'Aniioche et eut pour fila le cher seigneur Claude. Un mois après
le roi Ptolémse mourut. Omarianios ' lui suc* céda. Celui-ci fut victime d'une ruse de
guerre. C'est à lui que Dioclétien succéda. Satan souleva contre lui une guerre terrible
de la part de barbares de diverses races et demeurant dans les pays d'Occident. Ces
barbares nommc's Begah ' assiégèrent le ro i
f pendant des années sans qu'il pût leur faire la guerre. Les Grecs émus en eurent
peur. C'est alors que le cher seigneur Claude reçut, grâce a ses parents, l'instruction
nécessaire de la sagesse, comme Moyse le prophète de l'ancien temps. Dès lors, en
homme bien instruit, le saint Claude se mît a étudier la philosophie des anciens Grecs
et les sciences
lui
t en ces t
B Viens
s moi,
ô brave héros, que je te voie, a Quand il fut arrivé à Rome, les habitants de la ville
désirèrent le voir. Afin de satisfaire à leur désir, le roi lui dit que les habitants de
Rome désiraient ardemment le voir. Il le fit alors revêtir d'un riche vêtement, lui
donna une couronne incrustée de pierreries, une ceinture d'or également ornée de
pierres précieuses et le fie monter dans une litière. Ce cortège, escorté de soldats, fut
conduit sur la grande place où une foule immense était rassemblée pour le voir.
Aussitôt que l'œil de la foule tomba sur lui, elle s'ccria ; B Ay:isLisgh:iliJ • » ce qui
veut dire : « Que nous sommes heureux de voir ce grand chefi ■ Sa belle figure plut
beaucoup à tous ceux qui étaient présents, à cause de la graode grâce qui brillait en
elle, et les grands personnages de la ville lui firent de riches présents.
Comme le cortège était en marche pour retourner au palais du roi, un homme possédé
du diable se mit à courir devant le seigneur Claude, en criant : ■ Que fais-tu
. Je De SD
HISTOIRE DU
E CLAUDE
Iet le roi fut très étonné de ce qui avait eu lieu. Lorsqu'ils furent entrés dans l'intérieur
du palais, le roi dit au saint Cîaude : ■ Écoute-moi et reste ici : tu serns mon
successeur dans le royaume, o Pendant que !e roi parlait ainsi, un général se présenta
tout à coup devant eux et apprit au roi l'arrivée des troupes arméniennes, qui
attaquaient le pays comme le feu attaque le bois, A cette nouvelle, le roi fut fort
troublé; maïs le saint Claude,voyant son trouble,sourit au roi et lui dit : a Pour-
quoi t'mquiéter i
n'est-
fait les armées ?» — Le roi lui répondit :' « Du reste, je ne ferai nulle attention aux
Arméniens, tant que tu seras avec moi. » Dix jours après un combat terrible eut lieu
contre les Arméniens et leurs alliés qui adoraient les uns et les autres une idole
appelée Bag, Le roi étant prêt à combattre, les deux armées se donnèrent rendez-vous
prés d'une montagne nommée Arigharas. Elles n'étaient séparées [que par le fleuve
Ama-dion. Le saint Claude qui était avec les soldats du roi, voyant la multitude des
troupes arméniennes, traversa le fleuve d'un sçul bond et entra au milieu des ennemis
: il en fît un si grand massacre que le sang coula comme Teau. Les Arméniens
subirent une défaite complète et se retirèrent dans une grande confusion. Le roi et ses
soldats rentrèrent dans leur ville, victorieux et couronnés de gloire : on avait fait
monter le saint Claude dans un litière incrustée d'or devant laquelle des
hérauts.criaient: « Qu'il vive longtemps! » Les hérauts le devançaient avec .des cris
de joie, d'autres applaudissaient et d'autres encore dansaient ou jouaient de.la flûte.
En un mot, la joie du roi et de son peuple était indescriptible. A
peine entré dans la ville, le saint Claude pria le roi de lui permettre de partir. Celui-ci
refusa et le garda près de lui pendant quarante jours, après lesquels il ordonna de faire
la portion du saint
Ew ville.
\' En apprenant son arrivée, le roi Dioclê-lien alla au-devant de lui et se réjouit
beaucoup de le voir escorté d'un grand nombre de soldats. Comme les barbares
continuaient d'inquiéter les Grecs, Diocléiien eut l'idée de leur faire la guerre. Il
ordonna a ses généraux de tenir leurs soldais tout prêts et marcha avec eux à la
rencontre des barbares, qui étaient nombreux comme des sauterelles et qui avaient
dévoré toutes les récoltes du pays. La crainte des Grecs fut grande en voyant leur
petit nombre en face de la multitude des barbares. Le septième jour, les barbares
attaquèrent les Grecs avec une grande fureur. Les barbares se lalsaient précéder d'une
idole d'or, sous la forme, d'une femme, ayant sur la tète une couronne aussi belle
qu'un joyau précieux. Parl'en-Iremise de cette femme parlait une puissance diabolique
sur laquelle comptaient tous les TOME 11, ,■
soldats barbares. Des que la bataille fut en son feu, les barbares se mirent à la
recherche de Diaclétien et reconnurent sa tente. Un soldat doué d'une force immense,
courageux et audacieux, bondit, enleva le roi Dîodé-lien de dessus son cheval et le
porta au milieu des barbares. A leur vue, le roi Dîo-clétien s'évanouit de frayeur, car
leurs figu-. celles de bêtes sauvages. L'homme enlevé Dioclétien était très grand et
tenait en sa main droite une lance de sept coudées; il était coiffé d'un casque et ses
cheveux ressemblaient à la crinière d'un lion. Cet homme de haute taille porta donc
Dioclétien devant ses chefs et lui adressa ainsi la parole : c C'est toi, Dioclétien, qui
es. venu pour nous faire la guerre ! nous allons te brûler au milieu de ton royaume ! •
Il continua de l'insulter ainsi jusqu'à ce que le roi se fût prosterné devant l'idole. On
amena ensuite une vache noire et on la lui fit immoler en sacrifice devant l'idole. La
puissance diabolique qui était en cette idole parla ainsi h Dioctétien : 0 Si lu veux
m'obéir, je ne les laisserai pas te tuer, o Cette idole s'appelait Ta-y foukt. ,
rLes Perses ' se préparèrent alors h aller attaquer la villa de Dioclétîen pour s'en
emparer ou y mettre le feu. Le brave cavalier, le seigneur Claude s'avança avec
audace, et se jeta sur les barbares sans crainte, parce qu'il voyait que l'ange du
Seigneur raccompagnait. Aussitôt les soldats barbares tombèrent les uns sur les autres
par suite de la ■ crainte et de l'efTroi qui s'étaient empare's d'eux. Les flammes en
consumèrent un si grand nombre que le saint Claude trouva facilement le moyen de
parvenir jusqu'à l'endroit où le roi était attaché. Il l'enleva en toute hiîte, le fit monter
avec lui sur le même cheval qui, avant de partir au galop, donna un coup de pied ii
l'idole d'or, et aussitôt la statue tomba en pièces. Les en-^_ neniis furent saisis
d'efTroi, ils ne purent ^H bouger et se dirent : • En vérité, c'est un ^H esprit et un
dieu! » Le saint Claude, après ^B avoir conduit le roi sain et sauf, au milieu de ses
troupes, se jeta de nouveau sur les I ennemis et en tua un grand nombre jusqu'au
' soir.
Dès que le combat fut terminé, ils rentrèrent à Antioche joyeux et contents. Ils
passèrent sept jours à faire des festins et des banquets, parce qu'ils avaient revu leur
roi sain et sauf. Le roi fit de riches pre'sents au saint Claude, le traita avec un grand
respect. Les courtisans lui firent aussi de nombreux cadeaux. Les grands personnages
du royaume le chérirent, surtout à cause de sa modestie et de son humanité. Le saint
Claude, de son côté, distribua tout ce qu'il avait amassé entre les pauvres et les
malheureux. Dès lors le roi ne mangeait plus qu'avec lui et lui demandait conseil pour
tout ce qui regardait son royaume. Le saint Claude pria un jour le roi de faire élargir
tous les prisonniers, ce que le roi fit bientôt en disant : « Je te permets, Claude,
d'entreprendre tout ce que tu désires ; mon royaume est entre tes mains, mes
serviteurs et mes gardes sont à ta disposition. »
Le roi Dioclétien était alors chrétien. Satan porta envie à TÉglise, changea sa foi, lui
fit adorer les idoles et détruire les églises. Quelque temps après, le saint Claude lui dit
: « O roi, fais pénitence, renonce à ta folie et h ta désobéissance, sinon Dieu t'en-
ouïes, tu sauveras ton âme. h Alors Satan, i'ennemi du bien, réfléchit en lui-
le et dit : I Si je laisse cet homme rester en cette ville, il m'enlèvera tout mon bien
n'arrachera tous ceux qui sont sous mon autorité. •> 11 lança ainsi ses flèches
pernicieuses et ses pensées trompeuses dans le cœur du roi qui fit venir le saint et lui
ordonna de se prosterner devant les idoles im-
!s. A cet ordre, le saint Claude se mit à rire; d'une voix semblable à celle des
prophètes, il dit : « Ne te mets pas en peine, ô roi, je ne me prosternerai jamais devant
elles. ■ 3 caresses du roi et ses belles promesses furent vaines; le saint résista
obstinément.
Romanos, le vizir ', avait un fils employé Èk la cour. Ce fils, nommé Victor, était
toujours avec le saint et tous deux lisaient les livres divins, Claude dit un jour à Victor
: ■ Vois-tu, cher frère, la grande erreur où ce
roi se plonge? » lU en éprouvèrent tous deux un grand chagrin. « Sais-tu, cher frère,'
ajouta le saint, que cet hypocrite a envoyé hier un général en Egypte pour mettre à
mort le père saint, l'évêque vénérable Ibsada" qui m'est apparu et m'a parié tout
dernièrement, it — Le saint Victor lui répondit : ■ En vérité, tu viens de m'apprendre
une triste chose au sujet de ce saint ; mais que la volonté de Dieu soit faite! » Le saint
Claude dit ensuile au bienheureux Victor : n Cher ami, j'ai vu la nuit dernière comme
si j'étais debout avec loi sur le bord de la mer : je voyais des barques chargées
d'hommes faire naufrage et une grande barque chargée d'un grand nombre d'hommes
lumineux, vêtus do splendides vêtements, vint aborder oii nous étions. De cette
barque sortît un grand évê-que vêtu de gloire ; il m'adressa la parole en ces termes : >
Me reconnais-tu, Claude? o — t Non, monseigneur, a lui répondis-je. — 11 me dit : n
Je suis Ibsada, évèque de la ville de Psûi ' ; je suis venu pour t'inviler avec
I. D'après fes récita copies, Oiocléliea avait gardi: Ici iroupeauxchez le père d'ibsada.
HISTOIRE D
CLAUDE
ton ami h te rendre en Egypte. On me tuera, moi, coQlitiua-t-i!, dans la ville de Qaou
' ; mais tai, on t'exilera et tu seras tué dans la ville nommée Siout, et enfia ton ami
Victor sera exilé dans !e même pays et sera (uê dans la tour de Barqon, dans le nome
de la ville d'Aminoë. Toi et moi, nous serons mis k mort à la hâte et sans tourments;
mais Victor, notre ami chéri, souffrira et endurera des tortures très douloureuses. J'ai
fait aussi la même invitation à tous vos amis; mais TDS noms !i vous deux seront à
jamais connus partout. Victor sera tué dans la montagne orientale : mais toi, Claude,
tu seras tué dans ]a montagne occidentale et ton corps y restera caché pendant
longtemps. Un grand évêque, an pasteur fidéie s'y rendra, découvrira ton corps et
b3tira une église en ton nom. Quant a Victor, on lui bâtira des églises innombrables. »
Après avoir ainsi parlé, il prit congé de nous deus et partit. Je m'é-veiliai Jiussitôl.
»— Le saint Victor dit alors : ■ En vérité, tu as joui d'une grande faveur. Combien je
serais heureux de voir ce saint homme le dernier des prophètes ! a Sur le
in pemu-dessu9 d'AssiauI,
^
champ il récita ce psaume : « Je me suis ré-ioui de celte parole qu'on m'a dite : Nous
irons à la maison du Seigneur. ■ Tous les deux se mirent ensuite à gloriiier Dieu Jjus-
qu'nu soir
De là, ils se levèrent pour se rendre dans un monastère situe très haut dans !a
montagne et y faire l'offrande, car c'était la nuit du dimanche. Chemin faisant, ils
rencontrèrent Satan,le maudit,qui avait pris la forme d'un homme de la ville fort
intelligent et de beaucoup de science. Il leur dit: •■ Où allez-vous, mes grands
seigneurs? o Ils lui répondirent d'une seule voix : » Nous reviendrons bientôt, a 11
commença ensuite des ruses et leur dit : c J'ai entendu nier, mes seigneurs, un
méchant homme se plaindre de vous au roi et lui dire sur votre compte des paroles
mensongères; certes, cela ne convient pas à votre grandeur, car il a dit que vous
adoriez le Dieu galiléen, pendant que les habitants de la ville, ceus de l'Afrique, de la
Cappa-doce, ceux des pays d'Asie et de l'É^ypte et cnlin ceux de l'Iraq se sont soumis
au roi, ont obéi à ses ordres ei se sont prosternés devant les idoles. Maintenant, ajouta
Satan, faites en sorte que votre adversaire soit con-
'7
fondu et n'obtienne aucun succès près du roi,lorsque celui-ci vous aura vus tout prêts
et tout désireux d'offrir un sacrifice à ses dieux. Je dois vous apprendre aussi que
notre seigneur le roi ne vous obligera pas à faire plusieurs sacrifices; il se contentera
d'un seul, après quoi Vous retournerez a votre précédente croyance. Ne croyez pas
qu'il soit indigne de vous de vous soumettre h quelqu'un sur lequel vous avez tant de
pouvoir. Toi, monseigneur Claude, lu es le fils des rois ; quant à Victor, il est aussi le
fils du grand vizir, le familier du roi. Qui peut espérer d'avoir autant de grandeurs que
vous? Quel cortège peut plaire aux gens du royaume autant que le vôtre ? Tous les
grands personnages de la ville l'envient, surtout à cause de ta beauté et de ta bravoure
à toi, monseigneur Claude. Je te dis, ô héros, que le roi de Rome sera fâché de voir
cette de'-sobéissance de ta part, à toi qui as enrichi les pauvres de la ville et qui as
pris soin des or-plielins. Si par hasard quelque mal vous arrive, tous les pauvres gens
de la ville d'An-tioche mourront de faim. Croyez-moi, mes seigneurs ; \e n'ai jamais
donné un mauvais conseil à qui que ce soit et je cherche le bien
s d'Egypte
de tout le monde. Écoutez-moi donc maîa-tenant, car je suis plus 3gé que vous qui
n'êtes que des enfants. Vous ne connaissez pas les fâcheuses conséquences qui
peuvent provenir de la de'sobéissance aux ordres du roi. N'avez-vous pas lu ce qui est
écril : « L'ordre du roi est un feu bi'Clant? « Du reste, moi, je suis chrétien et fils de
chrétiens; je no me suis prosterné devant tes idoles du roi qu'une seule fois et tous les
jours je continue mes adorations d'autrefois. Sachez, mes seigneurs, que je vous ai
aimés de tout moa cœur et que, comme serviteur de vos pères, je vous ai portés entre
mes mains, alors que vous étiez tout petits. » — Ils lui dirent : " Qui es-tu, pour nous
donner de pareils conseils? » — 11 répondit : ™ Je suis Diony-sios, que le roi a
envoyé porter les lettres de paix au roi des Arméniens. Comme je suis un homme qui
ne recherche que la pai\ et ia tranquillité, je lui ai rapporté une réponse favorable, »
Le saint Claude mû par le Saint-Esprit dit au saint Victor : n Je pense que cet homme
est l'ennemi maudit, que le Seigneur le confonde! » Satan disparut aussitôt comme
une étincelle de feu. Après s'être éloigné un peu, il prit la forme
«l'un esclave de haute taille, aux yeux brillants comme le feu, aux cheveux
semblables aux soies d'un sanglier, tenant à la main une hache enflamme'e. Tout à
coup un jet de fumée sortit de la bouche de Satan, après quoi il cria de sa plus haute
voix : a Je dois mourir aujourd'hui, car Claude me presse et Victor aussi m'opprime
l'esprit et l'âme; je dois mourir aujourd'hui, car ils m'ont enfermé de toutes parts : si je
me rends en Perse, j'y trouverai Mercorios ■ qui me gênera ; si je vais a Rome, j'y
trouverai ton portrait, à toi, Claude, et il m'effraiera; de même à Antioche, j'avais
voulu me cons-•truire un temple et je ne peux le faire. Enfin, je me suis rendu en
Egypte où je me suis choisi un fils que j'at nommé roi à Antioche, et lorsque je me
suis construit un temple, voilîi que Claude et Victor veulent me chasser de leur ville.
Mais je sais ce que j'ai à faire. Par ta vie, ô loi Claude, je ferai tout mon possible pour
qu'on t'exile dans un pays cloîgne, où tu mourras dans des tortures infinies. Je sais,
Claude, qu'on ne peut
I. C'etl l'un dis erand» martyrs en l'honneur duqucUci inkurs copies ont fall toute une
tirk d« tiicit),
pas s'approcher de toi; mais je camniaadM' rai qu'on le perce d'une lance au flanc/
comme on fit à ton. Seigneur Dieu le victo* rieuï. J'ordonnerai aux prêtres qui seront
dans mon temple d'amonceler sur ton corps un grand tertre de terre, comme j'avais ori
donné de le faire pour le tombeau di niaîire. Quanta toi, Victor, je le jure par mon
immense force, je multiplierai tes torw tures devant les gouverneurs. Je sais que si
j'ordonnais au roi de vous faire mettre mort ici, vos cadavres me chasseraient c'est
pourquoi je ferai disparaître vos non de cette ville. Je me suis bien fatigué ii
combattre vainement l'Eglise. Dés le com cernent, j'ai fait que Lot connût ses deux -
filles sans considérer cette action comme un péché; que Moyse ie législateur tuât
l'Égyptien sans considérer ce meurtre comme un péché; qu'Aaron fit un veau d'or que
les Israiîiites adorèrent comme si cette ado* ration n'eût pas été un péché; que Nabu»
chodonosor pillât le peuple d'Isracl et les emmenât à Babylone avant qu'ils n'eussent
reconnu le Dieu du ciel; qu'il jetât les trois jeunes hommes dans la fournaise, Ainsi il
fut amené ii prier et à reconnaître Dieu,
U HARTVK CLAUDE
Datfiel aussi détruisît le grand temple que l'avais dans la ville de Babylone, il tua le
grand serpent qui me servait de demeure : pour cette raison, il fut l'ami intime des
rois. J'ai excité les Juifs contre le Messie qui, malgré son crucifiement, a rendu mes
forces vaines. J'ai fait que le chef des Apôtres le reniât trois fois sans conside'rer son
reniement comme un péché; que Paul persécutât les Apôtres, sans regarder cette
persécution comme un péché. Depuis que loua ces pères ont été enterrés, je me sens
un peu à mon aise; mais voici Claude d'Antio-che et Victor, fils de Romanos, qui me
veulent persécuter en donnant la sépulture à tous les hommes que j'ai fait tuer par les
rois. En vérité, je me sens très g^né de leur Toir pratiquer la charité et la miséricorde.
Anba Pierre, patriarche d'Alexandrie ', me gène aussi dans sa ville. Ibsada, évèque de
la ville de Psoî, a détruit mes temples jusqu'à la ville d'Assouan '. Éloïgne-toi de moi,
ô Claude, sinon je ferai que tes ennc-
1, C'est ans exagéraiion ; kg temple) ont i\é dttrulli flirtoot apris la peisituion.
mis se réjouiront en voyant tes maisons ha-j biiëes par d'autres gens qire les tiens, les
serviteurs s'eraparer de tous tes biens et de toutes tes richesses. Comme je sais que
tUj te vanterais du martyre, je ne laisserai pas les bourreaux te couper la tête. Par la
vie de ta tète, je détruirai l'église qu'on bâtira eir ton nom dans le pays d'Egypte, et je
ferai en sorte qu'elle reste longtemps déserte.^ Quant a toi, Victor, coniinua-t-il,
éloigne-toi de moi, car tu es petit de taille ; sinon j& te conduirai à la torture et te
ferai soutfrir de la faim. » t
A ces mots de l'esprit malin, le saint, Claude prit une pierre^ la lui jeta et (Ht ^ a Va-t-
en d'ici, ô ennemi des saints purs,-que le Seigneur te confonde 1 • Satan s'en-i-fuLt
dans la montagne criant comme un sanglier et si fort qu'il en étouffait presque. Les,
deuicsaints purs chantèrent alors ce psaume: <s Le Seigneur est ma lumière et mon
salut, qui pourrais-je craindre? > Ils se rendirent ensuite au monastère où ils firent
leur ofr frande; après quoi ils rentrèrent à la ville, escortés de deux nègres.
Le lendemain, le roi envoya chercher le jaiat Claude, le reçut avec honneur et lai
it : 1 Salut, ô toi, Claude, mon cher amî ; ! t'ai envoyé chercher pour faire ensemble '
un festin, car c'est aujourd'hui le jour
»et renonces à l'adoration des idoles, nous célébrerons ensemble cette fête dans la
Jérusalem céleste. » Ils passèrent ce jour à manger et à boire avec les grands
personnages de la cour. Cependant le roi assis à côté du saint, se mit à lui dire secré-
lemeni : ■ ^e t'en prie Claude, obéis-moi demain, lorsque je te le demanderai au mi*
lieu de ma cour. Je l'aime beaucoup et ne te demanderai de sacrifier qu'une seule fois^
Toute la cour attend que tu sacrifies. Je le jure par ta vie, Claude, si tu m'écoutes et
m'obéis, je te donnerai le pouvoir absolu dans mon royaume. • — Le saint répondit : •
Ecoute-moi, ô roi, et sauve ton 3me par tes œuvres de miséricorde, (ais-toi pardonner
lies péchés par la pitié que tu prendras des fcpauvres, des indigents et des infirmes,
comme lie prophète Daniel le dit autrefois au roi i Nabuchodonosor. Sache-le, 3 roi,
je te le Ijure et te le dis : vive le Seigneur Jésus le {Messie, quand même tu me
donnerais ta
royauté du monde enlier et ses honneurs, je ne laisserais jamais mon pied faire un p<-
i& en avant vers la vile victime. Si toi-même, tu renonces à cela, continua le saint,
Dieu t'accordera le pardon, •
Lorsque le festin fut fini, chacun r chez soi. Le saint, voyant son nègre qui le suivait,
lui dit : o Va voir si l'on a emprisonné quelqu'un et sauve-le. > Le nègre s'en alla et
exécuta l'ordre du saint. Le saint Claude se rendit à la maison du bienheureux Victor
et raconta à son ami tout ce que lui avait dit le roi. Le saint Victor s'attrista beaucoup
et s'écria ; > Quelle grande persécution on prépare aux chrétiens ! « Ils chan« tèrent
ensuite le cantique des trois jeunes hommes : n Sois béni, ô Seigneur, Die nos pères,
que ta bénédiction abonde, que Ion nom soit glorifié h jamais; car tu es juste, ô mon
Dieu, en toutes tes actions, ti jugements sont droits en tout ce que tu ; fait, en tout ce
que tu as décidé de nous et de Jérusalem, la ville de nos pères; car c'esi avec justice
que tu nous a traités ainsi s cause de nos péche's, de notre éioîgnement de toi, de
notre désobéissance à tes ordres, parce qu'enfin nous n'avons pas observe' les
II
commandemeals que tu nous avais imposés dans noire intérêt. C'est encore avec
justice que tu nous a livrés aux mains de nos hypo-crÎKs ennemis, U'un roi injuste, le
père de tous ceux quisont injustes sur la terre. Maintenant, nous ne pouvons pas
ouvrir la bouche à cause de la confusion et de la honte qui pèsent sur la tète des
serviteurs de ton nom, car il n'y a de notre temps ni chef, ni prophète, ni guide, ni
offrande, ni flambeau, ni lumière par lesquels nous puissions espérer en ta
miséricorde. Malgré cela, nous nous présentés (levant loi comme des , béliers, veaux,
moutons chargés de graisse, pour être égorgés entre tes mains-car ceux qui espèrent
en toi ne seront jamais confondus. Désormais nous te suivrons de bon cœur, nous te
craindrons et te chercherons, ô noire Dieu, Ne nous humilie pas, traite-nous selon ta
bonté et sauve-nous par la miséricorde, glorihe ton nom comme tes merveilles.
Confonds et humilie ceux qui cherchent le mal. Que par ta volonté leur force soit
défaite, leur grandeur avilie; qu'ils sachent et soient assure's que tu es le seul Dieu qui
domine sur la terre. Glorifiez Dieu, o vous qui êtes ses su-
TO.ME 11. ï
ÏO
jets, bénissez-le, exaltez-le il jamais • '. Ils continuèrent tous les ijeux â chanter
jusqu'à l'heure de la prière. Le lendemain matin, le roi envoya chercher le saint
Claude, et lorsqu'il le vit, il lui dit : • Sois le bienvenu, ô homme ve'ne'rable,
intendant du château ! je t'ai envoyé chercher ce jourd'hui afin que tu sacrifies, » —
Le héros respectable, le saint Claude dit : • Une seule parole suffit a l'homme sage. •
— Le roi répondit. • Je jure par la grandeur de mon royaume que si tu m'dcoutes,
Claude, je ferai un jour de fèie dans la ville en ton honneur, en celui des pauvres, des
infirmes et de tous les besogneux, je te donnerai deux kanlars d'or afin que tu les
distribues entre les indigents et les prisonniers, b — o Garde tes honneurs pour toi-
même, répliqua le saint Claude ; tu ne feras pas présent à autrui des choses de ta
maison, car je n'assisterai pas à ce vil sacrifice. • Le roi se tut et ne dit
I. Il vu «ans dire que cette piC^cc ne te trouve pas dana le livre de Daniel ; les
premières et tel dernières paroles bcules tonl cmpruntÈeB ru cantique des trois (ewiei
gsOS dans 11 fouruaiu.
nu MARTYR CLAUDE
I
57
Le saint Claude avait une sceur qui avait embrassé la loi orthodoxe : elle suivait la
voie de Dieu avec crainte. Elle se nommait Théognosta et avait pour mari un grand
seigneur du palais royal, nommé Hadrichis. Celui-ci alla informer sa femme de ce
que le roi avait dit au saint Claude. Elle s'attrista beaucoup au sujet de son frère bien-
aimé, le seigneur Claude.
Or,L'homme de Dieu, étant sorti du palais, se rendit chez le saint Victor et lui apprit
tout ce qui lui était arrivé. « Je sais très bien, répondit alors le bienheureux Victor,
que le roi fait tout son possible pour accomplir la volonté de son père Satan, a —
L'autre reprit : ■ Je me rappelle les recommandations que m'a faites mon père
spirituel ' ; garde-toi bien, mon fils, ne laisse pas Satan te faire oublier le nom de
Notre-Seigneur Jésus le Messie, u — Le bienheureux Victor soupira alors et dit : »
Que c'est vrai ce qu'a
I. On Tait ici parler Claude comme s'il «fit £iâ ua moine : c'esi, je crois, nue preuve
que le r^cît «t l'aUTte
aS
dit le livre des Psaumes : La vie des hommes justes et bons est bénie I Lorsque tu
m'as appris cette nouvelle, je me suis senti bien triste, surtout parce que mon père m'a
(lit ; Garde-toi bien de prononcer le nom de -Jésus le Messie, je nfi veux plus
l'entendre sortir de tn bouche, o Ils se mirent alors à se lamenter sur leur sort.
Cependant, le roi fit appeler Romanos, père du saint Victor, et lui demanda conseil il
propos du saint Claude, comme Absalon à Achilophel. ■ Écoute-moi, ô roi, dit
Romanos, Courage! ne t'occupe plus de Claude. ■Mois je t'en avertis, ne le fais pas
mettre à mort ici, car les habitants de la ville se soulèveraient contre toi et te
tueraient. D'un outre côté, si tu le laisses ici, il excitera tes ennemis ii te combattre, il
écrira au roi de Rome qui lui aussi viendra te faire la guerre, Si tu veux suivre mon
conseil, exile-le en Egypte, car l'homme sage a dit : « Tue ton «nnemi pour te
débarrasser de lui. • — o Tu as raison, répondit le roi; mais je crains que le roi de
Rome ne l'apprenne et ne vienne me faire la guerre. Cependant, malgré ma crainte, je
suivrai Ion conseil et je l'exilerai. •
3i
fie roi m'a envoyé à la guerre : autrement, elle en mourrait. Je te prie enfin, continua
le saint, de donner tous mes biens aux pauvres, aux malheureux et aux indigents. » A
ces paroles du saint, Hadrichis, son beau-frère, s'écria : « Malheur à moi ! mon cher
frère, quelle triste nouvelle tu viens de m'ap-prendrel ■ Il se jela ensuite à ses pieds
pour les baiser, puis il s'écria de nouveau: n Mon malheur et celui de ta sœur sont
vraiment grands! si elle apprend cette nouvelle, elle se jettera dans la mer sans aucun
doute. ■ Cependant le bienheureux Victor pleurait amèrement et abondamment, les
yeux baissés à terre. Le saint, les voyant pleurer, se mit à pleurer aussi. Le saint
Victor se jeta sur son cou, pleura tristement et dit: i Adieu, mon cher Claude; je suis
devenu vraiment orphelin. La tristesse de mon cœur est doublée à cause de toi,
Claude, qui vas me quitter, me laisser seul et orphelin, a Ces paroles étaient
accompagnées de pleurs amers. Ils passèrent la nuit sans boire ni manger. Le
lendemain matin, le roi envoya chercher le saint Claude et lut adressa la parole en ces
termes : « As-tu pris conseil de toi-même, et as«tu résolu de te prosterner de-
En ce temps vivait un prêtre aimant Dieu, nommé Fromentios, qui, apprenant cette
nouvelle, se rendit à la h3ie pour voir le saint Claude une dernière fois. Lorsqu'il le
vit, il s'écria ; o Sois victorieux de tes ennemis, loi à qui la victoire a été accordée!
l'rends courage, ô toi à qui la force a été donnée ! Que lu es heureux, Claude, qu'il
était bon le lait que tu as sucé, toi qui es la lumière d'Antioche, ô grand émir du roi
su-
r^
DU UAItTVR CLAUDE 33
■ 'ptéme, ô homme respectable et élu qui es I Borli d'une race véne'rable! Qui
habillera désormais ceux (lui sont nus comme tu le faisais ? d A ces mots, il tomba
aux pieds du saint et se mit à les baiser en ilisani : » Je le confie à Dieu, ô mon
seisnour et niaîire, Claude! Souviens-toi de moi, ô homme vc-ridique et béni! »
Ensuite, dans sa douleur et sa tristesse, il leva les mains vers le ciel et dit : • Courage,
en ce jour! Quelle religion et quel juge osent condamner à mort le héros et le cavalier,
défenseur d'une ville ou I plutôt d'une province ? David s'attrista pour l'avoir
condamné Iphtarak et Jonathan '; mais toi, mangeur de chair humaine ', tu as '
ardonné d'exiler et de tuer ce héros, d'étein-' dre la lumière d'Anlioche, de déraciner le
. grand arbre qui projetait de l'ombre et enfin de briser la grande colonne. Tu es venu
ici en e'tranger et lu oses chasser les habitants de la ville, d
En ce moment, l'un des eunuques du roi lui ôta In tète du tranchant de son épée. Le
saint Victor ordonna à ses serviteurs d'emporter le corps du saint. Ils accomplirent
l'ordre de leur maître. Une femme ayantdit à ses voisins ; a Quel grand malheur vient
aujourd'hui de frapper la ville ! Le roi vient de décider l'exil du grand seigneur
Claude, l'éloquent; « une autre femme aveugle s'écria : " Que ne puis-je trouver un
homme qui ait la charité de me prendre la main et de me conduire à l'endroit où se
trouve la grand e'mir, fils du roi, afin que je le pleure ; car vraiment c'est une grande
perte ponc moi que son esil, puisque c'est lui qui s cupait de moi. b Et l'on dit qu'elle
ajouta cet i derniers mots ; " N'avez-vous rien entendu' i dire au sujet du seigneur
Victor, fils de Ro* manas ? n On lui répondit : « Nous n'avons \ rien entendu dire à
son sujet. • — Elle r( prit : B Le malheur qui me frappera ser grand si l'on exile le
saint Claude; mais 1 seigneur Victor me donne aussi à manger, I vient au secours de
ma faiblesse et de ma ] vieillesse, a Elle se retourna ensuite vers la [ femme qui lui
avait appris cette nouvelle et i lui dit : 0 Ma sœur, je te donnerai deux dinars, si tu me
conduis où est ce saint afin ' que le pleure, t — Celle-ci répondit : « !
35
aussi je tiens à le voir avant qu'on l'exile. •> A ces mois, elle prit la main de la femme
aveugle et toutes deux se rendirent à l'endroit où se trouvait le saint Claude. Elles y
trouvèrent une grande foule. En ce moment la femme aveugle s'e'cria : n Quel crime
as-tu commis, mon seigneur, pour qu'on t'exile? » Aussitôt des écailles tombèrent de
ses yeux : elle vit la lumière. La foule s'e'cria d'une seule voix. « 11 est unique le
Dieu du ciel, Jésus le Messie 1 d
On conduisit alors le seigneur saint Claude dans la barque. Le saint Victor, après lui
avoir baise le cou, les yeux et les mains, se mita pleurer et dît : a Adieu, mon cher
frère Claude! adieu, nmi de mon Smel adieu, joie et consolation de mon cœur. " Le
saint lui fit SCS dernières recommandations pour Sa scEur, lui donna tous ses biens
pour les distribuer entre les pauvres et les malheu* reux. Sa sceur n'avait rien appris
de ce qui était arrivé h son frère. Dès ijue la barque sS mit en mouvettient, le saint
Victor s'écria de nouveau : « Adieu, mon cher frère Claudel 1 Celui-ci, de son côté,
lui répondit de la barque ; « Je te confie à Dieu, mort cher frère Victor 1 n'oublie pas
rengagement
conclu entre nous, ne néglige pas ma sœur. rM ' Le bienheureux Victor continua de
crierl après la barque jusqu'à ce qu'elle se fût éloi-3 gnée et que tous les deu\ ne
s'entendissent^ plus l'un l'autre. Les serviteurs du saint Vicl tor arrivèrent à la hâte,
l'enlevèrent lie vive,| force et le portèrent chez lui tout triste. Là, , il tomba évanoui.
Sa mère, le voyant enJ cet état, déchira ses vêtements, se mit à pleu^j rer et dit : «
Que t'es-t-il arrivé, ô lumiérej de mes yeux? « Lorsque les serviteurs iuïM eurent
appris ce qui venait d'arriver, elle saj jeta sur le cou de son tils et se lamenta';^ mais
lui, il ne put se lamenter, tellement ill était triste. Son père Romanos, au retour du J
palais, le vit en cet état et demanda des plications. On lui apprit tout ce qui avait eu J
lieu. « Pourquoi, mon fils Victor, reprit Is'J père, t'attrister au sujet de Claude ? b
ViciorJ ne répondit point. Romanos dit alors à Mar-| Ihe, son épouse : ■ Si tu aimes
ton fils, commande-iui de ne plus invoquer le nom de Jésus le Messie. Tu comprends,
ajouta : Romanos, que si le roi n'a pas eu pitié Claude qui est issu [de famille royale,
à pIusJ forte raison il ne nous épargnera pas. Marthe, ia mère, lui dit ; t Va-t-en loin
ds I
moi, n'attriste pas mon fils qui est encore jeune. » Elle se retourna ensuite vers soa tils
et se mil à le prier de prendre un peu de nourriture; mais il refusa de manger et de
efQt.
Que duîsii
brave saint Claude, on le con-andrie, on remit les lettres au gouverneur. Celui-ci, dès
qu'il eut laissé tomber son regard sar le saint, fut dans une grande admiration de la
grâce divine qui habitait en lui ; il dit : n En vérité', il est grand le saint Claude ! mais
aussi la lettre du roi est digne d'attention. • Ils naviguèrent ensuite en remontant le Nil
jusqu'à la ville d'Antinoil-, Là ils ne trouvèrent pas le gouverneur qui était brouillé
avec sa femme à cause du frère de celle-ci, le saint Colu-thos ', qu'il avait fait tuer.
Pour cette raison, elle ne le laissait pas habiter h Aniinoi.', tant elle le couvrait
d'injures et de reproches. Us remontèrent donc vers El-Qoussyeh et As-siout d'iiprès
le conseil des habitants d'An-tinoÈ, Là, ils trouvèrent Arien et lui remi-
rent les lettres. En voyant le saint Claude, Arien fut dans un grand étonnement et lui
dit : a Ah ! c'est toi le seigneur saint Claude ! Que t'est-il donc arrivé pour que l'on
t'envoie ici ? Vraiment tu as fait une grande et merveilleuse chose dans la ville
d'Antioche ! » Arien insista de cette façon, espe'rant pouvoir exécuter l'ordre du roi ;
mais ses espérances furent vaines.
Le saint Claude, après avoir accompli sa bonne carrière, fut martyr près d'une caverne
dans une montagne située dans le nome d'Assiout. De là, son âme fut portée dans le
royaume des cieux, le saint Claude n'était alors accompagné que d'un seul esclave,
car il avait affranchi les autres. L*es-clave, son compagnon, prit son sang dans un
mouchoir propre, le conserva et resta dans ce même endroit une année entière ».
Un grand nombre de chrétiens furent martyrs de la main d'Arien. Arien lui-même fut
appelé un jour par le Dieu bon à prendre
I. Il est étonnant de ne pas trouver ici le récit de la mort de Claude ; mais il faut se
rappeler que cette mort a été racontée avec détails dans la prédiction de Psoti, et tout
dut se passer selon cette prédiction. 11 était donc inutile de recommencer.
ttre a mort.' ■ Ces paroles du saint Victor étaient accompagnées de pleurs amers.
Arien raconta alors au saint comment Claude avait accompli son martyre, Le saint
Victor se hâta de l'aller raconter à la sœur du saint Claude, il lui dit : • J'ai trouvé
Arien en prison et ii m'a raconté ce qui est arrivé à ton frère. » Elle pria le saint Victor
de la conduire à la prison vers l'heure du soir. Lorsque le soir fut venu, il la conduisit
h la prison, elle, ses servantes et son mari. Dès qu'elle vit Arien, elle s'écria : • Qu'as-
tu fait, Arien, de mon frère chéri ? Dis-moi commentva mon frère? o — Il lui dit: •
En vérité, je n'ai pas tourmenté ton frère, je n'ai permis ii personne de le toucher :
mais lors-
qu'il m'a désobéi à moi et à l'ordre du roi, j'ai ordonné de le percer d'une épée '. C'est
ce qu'on lui a fait : ainsi, il est mort sans que je Taie voulu ; c'est lui-même qui l'a
voulu. » A ces paroles d'Arien, la sœur (lu saint Claude s'écria : « Que t'avait-il fait,
Arien, pour que tu le fisses percer d'une cpéc et mourir de la plus misérable mort?
Plût à Dieu, Arien, que l'épée qui a percé mon frère eût percé tes entrailles! J'aime-
ruis mieux que tu m'eusses percée moi-nicmc avant mon frère. Plût à Dieu que le
sang de mon frère fût entré dans mes veines pour venger mon sang par le tien? Tu
m*ns brûle les entrailles, ô Arien, tu me les as brùlccs avec du feu ! N'as-tu pas
aujourd'hui une tendre compassion pour mon Irôro que lu as lue injustement? Que ne
puis-jo trouver quoiqu'un pour faire parvenir octlc nouvelle à ma mère : on a tué ton
lils i'.laudo *. Il n'y avait personne près de
t Ou * ^\l plus luut que Claude devait être percé d'une IaUvv ; r^iutour u\y regarde
pas de si près.
». Il Noutblc eiouuâui de trouver ici cette phrase, lorsque ('.Uudc lui mcme a dit
prcSrcMemment qu'il avait perdu ses (Mtvuis 11 ne «crait pas impossible que le
messager de-tnaïKio d\U aller iy>rter cette nouvelle en enfer, ce qui to»ait aUvx
dis)varaîtrc la contradicîioîi apfvareuie
I'toi, mon frère, lors de ton meurtre, jceur, ni même un étranger, car on t'i mort dans
un pays ctranger. Malheur :
pour ne pas me laisser dans cette tristesse ■ '. A ces mots, elle tomba évanouie ; car la
douleur qu'elle ressentait de la mort de son frère lui brûlait les entrailles.
Le saint Victor se leva aussitôt, mit les mains sur sa tète, arrosa sa figure d'eau. Son
mari et ses esclaves, la voyant en cet état, déchirèrent leurs vêtements. Après deux
heures d'êvanouissemeni, elle ouvrit les yeux et parla au saint Victor qui la pleurait.
Tous les prisonniers, môme Arien, pleuraient amèrement à cause des cris et des
lamentations qu'ils entendaient faire à la soeur du saint Claude. Pour la tranquilliser,
Arien lui dit : <> Je ne suis venu ici, ma sceur, que pour être martyr comme ton frère
•. — Elle répondit : • On m'a donc menti en me disant qu'il était parti pour livrer
bataille! On n'a pas voulu me le laisser voir au moment de son exil, on me l'a enlevé
comme un prisonnier! » On la conduisit ensuite chez elle oîi
ue vïguemenl. Elles tont déparées par beaucoup di el quelques-uns dclkats Ce n est
pas le plus mau
elle continua lie pleurer, nuit el jour. Dès lors, le saint Victor alla ions les jours la
visiter et la consoler jusqu'à ce que le temps de son martyre fût arrivé. On l'exila en
Egypte pour y terminer sa carrière. Après cela, Dieu devait renverser le trône de Dio-
clétien el nommer roi Constantin qui renversa les temples et ouvrit les portes des
églises. Les saints et les martyrs jouirent partout de la tranquillité,
Voilîi ce que j'ai trouvé dans le premier livre composé par Aristote le philosophe et
dicté par Anastase, serviteur du martyr et seigneur Claude, lorsqu'il fut de retour
d'Egypte après que son maître eut consommé son martyre. Cet ouvrage fut déposé
dans la bibliothèque de la ville capitale de Gap-padoce ; mais le martyr copte fut
conservé dans le pays d'Ëgypic.
Que dois-je dire maintenant, ô Seigneur! comment déccire les honneurs mérités par
, qui
klai
chacun de nous ouvre sa main pour faire l'aumône ; que Tun donne un habit, Tautre
un morceau de pain, afin que ce saint connaisse nos bonnes intentions et se réjouisse
avec nous. Si vous voulez savoir combien était grande sa joie lorsqu'il faisait
miséricorde ou charité, combien était immense son amour pour les étrangers, écoutez-
moi, je vais vous le raconter.
Un jour, vers le soir, quatre juifs vinrent à l'église pour y passer la nuit. Ils étaient de
la ville de Psoi et se rendaient à Antinoê
I. Il s'agit de Sévère, patriarche monophysite d'Antio-che qui, chassé de son siège, dut
se réfugier en Egypte. 11 est reste très en honneur près des Coptes.
poar se plaindre au Kaschef ' de l'injustice des grands personnages lie ia ville. Le
prêtre les ayant vus à la porte, ne se eonienla
chassa loin de i'e'glisc avec grossièreté. La nuit, le saint martyr vint à la porte de
l'église, sous la forme d'un riche personnage. Il dit à ces juifs : « D'où ctes-vous ?
U'où venez-vous? pourquoi dormez-vous ici avec vos montures?» — Ils répondirent :
n Nous sommes des étrangers, habitants de la ville de Psoi. • 11 dit alors à son
serviteur-d'aller chercher le prêtre. Celui-ci vint aussitôt, tenant une lampe à la main,
et ouvrit la porte. Dés qu'il vit ce grand personnage, il lui baisa les mains, le salua et
lui dit : • Sois le bienvenu, monseigneur! D'oii viens-tu à pareille heure ? n — Le
saint dit : n Je viens du sud du pays d'Esnch : je Jésire recevoir bénédiction dans
l'église et faire offrande pour un vœu que j'ai fait. » — Le prêtre répondu : ■ Très
bien, ô grand personnage vénérable, entre, ô homme honnête. > A ces
mots, il ordonna au poriier d'étendre vite un tapis, de mettre des coussins et de tuer un
mouton. Loi'sque tout cela fut fait, le saint Claude, sous la forme du grand
personnage, dit à son serviteur : « Un tel ! invite ces gens à venir manger avec nous. •
Le prêtre dit : ■ Je leur ai déjà donné à manger; d'ailleurs il n'est pas convenable
qu'ils mangent avec toi, 0 Le saint ordonna à son serviteur de les introduire quand
même, ies fit asseoir prés de lui, sur le même tapis, les pria avec instance de manger.
Ils mangèrent et burent tout ce qu'on avait préparé pour lui. Après avoir mangé, les
étrangers remercièrent le grand personnage et le bénirent.
Aussitôt le saint Claude donna l'ordre a son serviteur d'attacher le prêtre à une
colonne. Quand il l'eut fait, le serviteur prit un fouet et frappa le prêtre de coups
nombreux. Celui-ci jetait des cris et disait : < Aie pitié de moi! » mais le serviteur
continua à le fouetter pendant trois heures, si bien que le malheureux fut sur le point
de rendre l'àme. Le saint ordonna ensuite de le jeter hors de l'église. Les étrangers
crurent alors que c'était le Kaschef en personne; ils se prosternèrent devant lui et lui
dirent ;
□ IRE DU MARTVR C
^H ■ Nous t'offrons nos prières, noire seigneur ^B et maître ; nous sommes venus de
notre pays pour porter plainte devant ta seigneurie et la grandeur contre les grands
seigneurs de notre ville qui nous ont traités injustement, n ^H — Le saint Claude
repondit ; t Je ne suis ^H pas le Kaschef; mais je lui écrirai une lettre ^H pour qu'il
fasse droit h votre demande. • Il ^" écrivit aussitôt une lettre où il faisait connaître
leur demande et les congédia. Quant au prêtre liont nous avons parlé, son corps
devint tout enflé des coups qu'il avait reçus, : parents l'emportèrent très souffrant
^dans sa maison.
e laisses tu pet
nt faire i^ Est-
|ue je t ai mis dans mon cglise pour que ;n manges les biens à toi seul? Voici la
Lparoie que m'a dite le Seigneur : Tu ne
quitteras point ce lit où tu es couché avant de mourir; car c^est la punition de tout
prêtre qui sera sans miséricorde dans mon église. Demain, ajouta le saint, tu dois
raconter aux hommes ce que je t'ai dit. » Dès le lendemain matin, le prêtre raconta
aux gens tout ce qu'il avait vu. Dès lors, il resta souffrant jusqu'à ce qu'il mourût.
Avez-vous vu, mes frères, la punition de ceux qui n'ont pas de miséricorde et qui
maltraitent les hommes?
Je me rappelle très bien, ajoute le narrateur, ce que j'ai vu de mes propres yeux ici
même, dans cette église où nous sommes réunis. Un jour, le roi Anastase envoya
l'ordre en Egypte d'exiger de ses habitants une somme d'argent très forte. Il exigeait
de chacun des riches personnages une livre d'or qu'on devait porter au palais royal, et
de chacun des pauvres un dinar. L'émir d'Egypte était alors un homme au cœur dur,
injuste, infidèle, qui détestait les pauvres et leur réclamait une somme plus forte que
celle fixée par le roi. Lorsqu'il fut arrivé à El-Qoussyeh, du nome d'Assiout, il entra
dans l'église le jour même de la fête du saint Claude : il y trouva une grande foule
occu-
HISTOIRE DU
49
I pée à célébrer la fête du saint, et nioi, che'-tif, je me trouvais dans cette foule. Au
mo-meut où avant de lire l'Évangile nous chantions : Agios a Theos; ce qui signifie :
Saint est Dieu; i\ entra avec un grand orgueil, suivi de ses soldais qui tenaient des
lances h la main, comme font les Begas ', et qui se mirent it casser les chandeliers
avec leurs lances. Toute la foule fut remplie de peur et d'effroi, car elle avait entendu
piirler de lui. Il ordonna ensuite aux soUats de se tenir à la porte de l'église alia que
personne ne s'en fût. Il sortit lui-même hors de l'église; il trouva les mets prêpare's
pour ceux à qui l'on devait donner à manger, il s'assit et les mangea, lui, ses serviteurs
et ses soldats, après quoi il demanda encore du vin. A celte vue, nous récitâmes
l'évangile dans le trouble et dans l'effroi. Cependant j'encourageais le peuple et lui
disais : « N'ayez
1, Ce D-aî
quoiqu'ils semblenl l'avoir ûlù ^il. Lcijlèches dM Parlke Boat coa gi* sont louinara
tEprébcnlfs comi st dnOB la vie de Schaaudi, que je is Ica Uémoira de la mission
f^anfaise di
pas peur! Dieu vous en sauvera. ■ Je me mis ensuite a prier le grand martyr, le héros
Claude, ^'intercéder pour le salut du peu-
pi=. •
Pendant que l'émir hypocrite mangeait et buvait, tout à coup le saint Claude arriva
monté sur un cheval blanc, comme un grand émir envoyé par le roi, vêtu d'un habit
vert,
une épe'e nue et suivi d'un grand nombre de soldats. 11 s'arrêta à l'endroit où était
assis l'émir impur et hypocrite. Celui-ci fut troublé à sa vue ei pensa que le roi l'avait
envoyé pour l'espionner. Le saint lui dit : • Qu'es-tu venu faire ici ? Le roi t'a-t-il
envoyé pour boire le vin et troubler les fêles des chrétiens? ■ Il continua de le
menacer ainsi. L'émir ne put point répondre. Le saint Claude ordonna alors de
l'attacher et de le frapper au visage et à la tète avec un fouet qu'il tenait à main et lui
dit : o N'es-tu donc venu ici que pour manger, boire et effrayer les gens qui sont
montés sur la terrasse de l'église et qui se sont laissés tomber à terre pour l'échapper?
Vraiment, je dois te corriger! • Il lui dit ensuite avec colère : « Hâte-loi de monter sur
la terrasse pour les trs
quillUer. • L'émir se mit à courir devant le saint qui le poursuivi! tout en courroux
jusque sur le haut de la terras^. Là, le saint Claude le prii par le pied et le jeta en bas :
l'émir mourui aussitôt de cette mort épouvantable. Tout cela s'était passé k la vue du
peuple. Quant aus troupes qui étaient avec lui, elles s'enfuirent remplies de peur.
Aussitôt après, le saint disparut d'entre les assistants qui s'écrièrent d'une seule voix :
■ Nous te rendons grâces, ô Seigneur, maître de toutes choses, Kyrie eleison. «
Quant à l'émir hypocrite, on prit son cadavre, on le jeta dans un Tossé près de la ville.
Là-dessus, nous achevâmes la prière avec une grande joie, nous rendîmes gloire
àDieu et remerciâmes son brave martyr,le saint Claude. Lorsque nous eûmes donné
au peuple k première paix, un homme possédé d'un Satan ' arriva en courant,
s'introduisit
de V
î fore
attention à toi, quoiqu'on ne t'ait pas coupé.le cou. Je suis un esprit, et tu ne peux pas
me chasser, pas même me résister, ô toi à qui l'on n'a pas coupé la tête ! je ne mé
soucie pas de toi. Qui es-tu pour me résister ? C'est moi seul qui puis m'opposer à
beaucoup de gens. J'ai fini par te connaître toi-même désormais et je sais qui tu veux :
tu ne peu^ plus me chasser, d Enfin il continua tant à injurier le saint que celui-ci le
fit pendre, torturer et crier d'une voix misérable : a Je reconnais à présent ta force, ô
Claude! Tu es bien l'émir du grand roi. Prends pitié et compassion de moi, car je ne
peux pas souffrir tes tourments. Je t'en conjure au nom de celui qui a été baptisé par
Jean, fais-moi descendre et lâche-moi. » Aussitôt il tomba la face contre terre et
s'écria : « Je sortirai • selon ton ordre et je me retirerai en Perse. » C'est ainsi que fut
guéri cet homme. Alors la foule glorifia Dieu et remercia le saint en ces termes pour
ce qui avait eu lieu : « Grands sont ton honneur et ta gloire, ô toi qui as préféré la
couronne céleste à la vaine gloire de ce monde. » Ma langue ne peut décrire, comme,
tu le mérites, une seule de tes vertus, ô orateur éloquent dont le.
semblable n'existe ni à Beyrouth, ni à Athènes, toi qui as vaincu les Perses et les
barbares, toi qui l'as emporté dans les combats mystérieux de Satan. Je te prie et
t'implore, Ô heureux martyr, ô brave héros, ô saint Claude, puisque tu nous a rendus
dignes d'assister à ta fcte, d'intercéder pour nous prés de notre roi le Messie pour qu'il
nous dispose à faire ce qui le contente, dès maintenant jusqu'à la fin.
Quant â nous, mes enfants, chacun doit penser qu'il lui taut faire des actions honnêtes
avant qu'on ne lui en demande compte. Avant toute chose, nous devons prendre pitié
des pauvres et des malheureux, des étrangers et de ceux qui nous demandent
l'hospitalité, comme il est écrit : •• La miséricorde l'emporte sur la justice ; ■ car tous
les saints sortis de ce monde seront portés au sein d'Abraham. Si quelqu'un de vous
dit : B Quelle vertu Abraham a-t-il pratiquée? • Vraiment tout le monde peut lui
répondre : 1 II a pratiqué une très grande vertu, il a
reçu V
stai
: pas
e soyez pas doués de dei
Est fini ce discours béni du saint Claude. Que sa bénédiction soit avec nous toiis.
Nous commençons avec t'aide de Dieu igu'il soit exalté!) à copier l'histoire du saint
pénitent,grand parmi les saints, anba Mar-cas le solitaire dans la montagne de Târ~
makyde l'arrivée d'anba Sérapion près de lut au moment où il allait mourir et de
l'ensevelissement de son corps pur le 3 t du mois de Barmouda '. Que sa prière soit
avec
Sérapion nous raconte : Lorsque j'étais à [, l'es (rem i té des sables du désert intérieur,
; un songe. Il me semblait dormir près [_ du saint vieillard anba Jean, lorsque vinrent
deux frères anachorètes qui se firent bénir de lui et lui dirent : « Qui dort ici? » — Il
répondit : « Cest Sérapion. » Et Tun des anachorètes dit à Tautre : « Lève-toi, viens
avec moi, entrons près de lui afin qu'il nous bénisse. » Anba Jean leur dit : « Comme
il arrive du désert et qu'il est bien fatigué, laissez-le reposer un peu. » — Ils lui dirent
: « Pendant combien de temps s'est-il donc fatigué dans le désert? et cependant il n'est
point allé jusqu'à Marcos de Tarmak, qui n'a pas son pareil parmi les solitaires qui
habitent le désert, vieillard de cent trente ans, qui est resté quatre-vingt-dix ans sans
voir un seul homme. Et d'aujourd'hui lorsque se seront écoulés quarante jours
complets, il mourra, il se rendra près des pères qui sont dans la terre de vie et qui le
recevront avec eux. »
Lorsque les deux frères eurent prononce ces paroles, je m'éveillai de mon sommeil 6t
je ne trouvai personne près d'anba Jean. Je lui dis : « Mon père, j'ai vu telle et telle
chose pendant mon sommeil. »— Il me dit : « En vérité, c'est un songe envoyé par
Dieu ; mais je ne sais pas où se trouve celte montagne. » Je lui demandai alors de
prier pour
Lorsque j'eus entendu ses parolËs, ye pris une outre d'eau avec quelques dattes, et je
confiai mon âme à Dieu. Je mar.:hai dans le désert pendant dix jours, et je n'y vis ni
bête féroce, ni oiseau, ni pluie, ni rosée, ni rien de ce qui se peut manger. Les dix
jours écoulés, ma provision d'eau fut épuisée ei je me trouvai dans la détresse : je
n'avais mÈme plus la force de marcher. D'un autre côlé je craignais do retourner sur
mes pas à cause de l'engagement que j'avais pris avec le Messie, car je lui avais
confié mon âme. Je restai donc couche à terre comme un mort. Tout à coup, les deux
frères que j'avais vus pendant mon sommeil, lorsque je me trouvais dans le couvent,
vinrent à moi, s'approchèrent de moi et me dirent : « Tu devais attendre que nous
fussions arrivés pour t'acconipapner et marcher avec loi. Lève-toi maintenant par la
vertu de notre Seigneur! • Lorsque je me fus levé, je vis l'un d'eus qui regardait la
terre; il se retourna vers moi et me dit : < As-tu besoin
HISTOIRE DE M
d'ea
■ Oui,
- Aie
Qadm
, mon pefe l'herbe nommée • Prends de cette herbe el marche par la vertu de Dieu. «
Lorsque j'eus mange un peu de cetie herbe, je fus guéri lie ma lassitude, comme si je
me fusse plongé dans l'eau; mon âme fut remplie de force et de joie, mes yeux furent
reposes cotnme si je n'eusse jamais fait k moindre chemin. Alors le frère me montra
un rocher vers lequel je devais me diriger d'abord, pour allerensuite vers le saint, il
tne dit enfitt : o Ne t'assieds jamais; u et il me quitta.
Je marchai vers ce rocher pendant sept jours. J'arrivai alors à la montagne et je montai
sur son sommet. Il n'y avait rien dans la montagne, et elle est tellement élevée que les
hommes pensent qu'elle louche le ciel. Lorsque le troisième jour, je fus arrivé au
sommet, je vis le grand fleuve qui coulait en bas de cette montagne où je marchai
pendant sept jours sans y rien voir. La dernière nuit, je vis les anges qui descendaient
près du saint, chantant et disant : 0 Heureux que tu es, et heureuse ton âme,
ô anba Marcos : voici anba Sérapian que tu désirais voir. Vois-le donc et réjouis-toi. »
Lorsque j'entendis cette voix, je fus rempli d'une grande crainte, je marchai en face de
cette apparition, jusqu'à ce que je fusse arrivé à la grotte où était amba Marcos.
Lorsque les anges furent cemontés au ciel, je m'approchai de la grotte et j'entendis la
voix d'anba Marcos qui disait : « Mille ans près de toi, ô Seigneur, ne durent pas plus
que la dernière journée qui vient de s'écouler. Tu es heureuse, ô mon âme, car tu ne
t'es pas réjouie dans les plaisirs. Vous êtes heureux, ô mes deux yeux, car Satan n'a pu
dominer sur vous deux, vous avez discerné le mal et votre regard ne s'est pas incliné
vers les sentiments du monde, ce qui est une cause de réjouissance pour les saints ;
vous n'avez pas regardé comme regardent celles dans lesquelles Satan a placé son
trône, je veux dire les beautés qui sont les filles d'Eve, la mère du péché. Tu es
heureuse, ô mon ouïe, car tu n'as pas entendu la voix du ma^^ar ' qui est fait pour
î Ce mot dont on n'a pu me donner l'explication doit sans doute désigner ici un
instrument de musique, ou peut-être un musicien.
les flammes Ju monde, et tu n'ns pas écouté ies mauvaises paroles. Vous êtes
heureuses,
chose parmi les marchandises de Satan, ei mes pieds n'ont point marché dnns un ciie-
min qui conduisait à In perdition. Mes pensées ne se sont jamais égarées dans les
choses vaines; mon âme s'est efforcée d'arriver à la vie lumineuse et, comme dans le
feu, s'est purifiée dans la pure:é angêlique par suite des visions spirituelles qui lui ont
été révélées. Mes oreilles sont aussi devenues pures en entendant ces voix saintes;
mes narines ont été remplies de l'agréable parfum qui embaume ; mes mains ont été
sanc-tilie'es par l'attouchement de la croix, mes pieds bénis pour avoir fait de
nombreuses {(énuHexions et s'être tenus debout pendant mes prières; mes pensées
n'ont jamais été flétries du souffle de celte terre. Bénis donc Dieu, ô mon 5me, car il
te pardonnera tous tes péchés. Pourquoi es-tu triste, ô mon
la bouche '
la souillure du |>éché. Ne crains plus, ô mon âme, ne sois plus remplie de frayeur, car
les milices angéliques t'accompagneront. Ecoute le chanteur David, disant ; « Les
milices angéliques garderont ceux qui sont remplis de crainte, et les sauveront. » O
mon âme, le Messie est avec toi, sois forte. Heureux le serviteur qui accomplit la
volonté de son maître ! »
Il récita ainsi beaucoup de paroles des Ecritures, puis il sortit à l'extérieur de la porte
par laquelle on avait accès dans la grotte. Il pleura, puis m'ayant vu, il me cria et dit :
« Viens, au nom du Seigneur le Messie, mon frère Sérapion; approche-toi de moi,
mon fils, donne-moi le salut '. » Et lorsque je me fus approché de lui, il m'embrassa
de ses deux bras avec une vigueur semblable à celle d'un jeune homme, il me baisa,
pleura et dit : « Ton parfum, ô mon fils Sérapion, est celui des hommes spirituels ;
c'est bien ce que tu as fait, puisque tu t'es donné la peine de venir voir ma vieil-
térielie, mais ayant tous les membres du corps, par conséquent une bouche. 11 ne
faudrait donc pas voir dans cette expression ce qu'on nomme un substantif
pronominaL I. C'est-à-dire embrasse-moi.
I, 11 CS1 litonniint qu'un homme qui esl depuis iy5 ans dim un dè.scri puisse
connaître Sérupion, muis il faut compter arec le minialtre du Anges. Ou plutOl, on
duil loir ici une «irle de raison d'être du rccit donnée par
1 Peal-étre (aul-il voir dans cc chiffre UM erreur du copisie, puisque plus baut «i plus
bas on parie de trente ans. La contradiction peui disparnilre si l'on (an de ces ïugt ans
une période de plut grande détreue encore que
M dau.lc.
dans le chemin de la montagne; il ne me restait plus ni chair, ni peau que l'on pût
distinguer '. Ils criaient et me disaient : ■ Lève-toi, va-t-eo dans ton pays, quitte le
nôtre : personne n'est venu ici depuis le commencement du monde, o Et lorsque
pendant trente ans je me fus habitué a souffrir tout avec patience, y endurer la faim, la
soif, la nudité et les combats des Satans, alors la faveur de Dieu descendit sur moi, il
ordonna à mon corps de faire pousser du poil en si grande quantité que ce fut un
poids pour mes os, tellement ce poil était lourd; il m'envoya aussi une nourriture
spirituelle '. Les Anges me firent monter vers le ciel et je vis le pays des royaumes,
les habitations des saints, le paradis des faveurs et l'endroit
ui Jis : n O mon père, comment as-tu fait pour parvenir jusqu'ici? o — Il me dit : « Je
suis venu de la ville de Tanis où j'apprenais
a sagesse des philosophes. Lorsque mes pa-s furent morts, je me dis : Voici que
comme eux je sortirai aussi du monde, et de ma propre volonté, avant d'en sortir
malgré moi. J'ôiai mes habits, je me plaçai sur une planche au milieu du fleuve, les
vents soufflèrent et me jetèreot sur cette montagne. ■ Lorsqu'il m'eut dit cela, je fus
dans la stu-pcfaeiîoQ en voyant son corps ; je fus rempli d'une grande crainte, car il
n'avait de l'apparence humaine que la parole : il parlait en etTci comme les hommes.
Lorsqu'il vit que i'e'tais rempli d'effroi, i! me dit ; • Ne crains point, mon fils, de voir
un corps renouvelé et change, • Il me dit encore : n Est-ce que
Ile monde est habité comme auparavant? » îr- Je lui dis : ■ Oui, mon père ; plus
encore tu'auparavant. . — Il me dit : . Est-ce qu'il *â encore des hérétiques, qui ont la
puis-' TOME ([. 4-
sance et qui persécutent les chrétiens ? d Je lui répondis : ' Grâce à la grandeur de tes
prières, on a cessé de les persécuter; il n'y a plus d'hérétiques osant se montrer
publiquement, et le gouvernement aujourd'hui, est entre les mains des chrétiens, u 11
lut rempli d'une grande joie lorsqu'il eut entendu ces paroles, et il me dit ■ ■ Est-ce
qu'il y a encore par le monde des saints qui font des prodiges et des miracles, qui
ressuscitent les morts, qui ouvrent les yeux des aveugles, qui guérissent les maladies,
ainsi que l'a dit notre Seigneur : Si vous avez de la foi gros comme un grain de
se'nevé, vous direz à ces montagnes : Transportez-vous d'ici, et elles se
transporteront. »
A peine eût-il dit ces paroles, que la montagne s'éleva de terre d'environ quinze
hauteurs d'homme et voulut aller se jeter dans le fleuve. Il la frappa de sa main et lui
dit : n Je ne le dis pas de te transporter : reste à ta place et sois tranquille, u Aussitôt
je tombai de frayeur la fuce contre terre, et il me dit : • As-tu vu dans ta vie un
prodige comme celui-ci ? a — Et je lui dis : .. Non, mon père, « Alors il soupira,
pleura, puis me dit : • Malheur à la terre ! elle ne con-
tient plus que des chre'tîens de nom et non d'action. Que Dieu soit béni qui a voulu
m'envoyer en ce lieu de peur que je mourusse dans une terre souillée par le péché. ■
Lorsque le soir fut venu, il me dit : ■ O mon frère Sérapion, le moment n'est-.il pas
arrivé ?» Et je ne lui répondis point. Alors il se tint debout, étendit les mains vers le
ciel et réciia ce psaume : » Le Seigneur me garde et je ne manquerai de rien. » 11 se
retourna alors du coié de la grotte et dit : " Prépare la table. » Aussitôt il me dit : o O
mon fils, viens que nous allions manger la nourriture que Dieu nous a envoyée, o Je
fus stupéfait et je restai à penser que je n'avais vu personne dans la grotte. Je trouvai
une belle table toute préparée avec deuit chaises d'or, du pain blanc comme de la
neige, deux grands poissons rôtis au feu, de beaux légumes, des dattes,des olives, du
sel, des fruits et des gobelets d'or remplis d'une eau plus douce que le miel. Lorsque
nous nous fûmes assis, il me dit : . O mon frère, bénis la table, o —Je lui dis : <.
Excuse-moi, mon père, je n'en ferai rien, d —Alors il me dit : - Que le Seigneur la
bénisse donc ! ■ et je vis il droite sortir une flamme en la forme
du signe de la croÎK. Et lorsque le saint eut dit; • Enlève cela, mon fils; u aussitôt la
table, enlevée, disparut. Quand à moi, je n'avais jamais goûte de niels semblables à
ceux-là, et jamais bu de meilleure eau. Il me dit: 0 O mon frère Sérapion, vois comme
Dieu aime ses saints; chaque jour; il m'envoyait un seul poisson, et aujourd'hui à
cause de ton arrive'e, il m'en a envoyé deux. Chaque jour, ô mon fils, il m'a ainsi
envoyé une noiirriture spirituelle et une boisson spirituelle. Je suis resté trente ans
dans cette montagne sans y trouver une seule herbe, et je suis resté dans la faim, la
soif et la nudité, si bien que, par faim, j'ai mangé de la poussière et que, par soif, j'ai
bu de l'eau corrompue. Le soleil m'a brûlé le corps, et je me suis jeté à terre comme
un mort : les Satans me combattaient, me jetaient la face contre terre et me frappaient.
Dieu m'a béni; mais j'ai souffert a leur occasion pendant trente ans. Et je souffrais de
!a faim et de la soif, sans avoir de pain ni d'eau pour me consoler. Et il y a quatre-
vingt-quinze ans que je suis ici, sans avoir vu, d'autres créatures de Dieu que les
Satans.
le désert, Dieu ordonna à mon. corps de laisser pousser du poil si bien que tous mes
membres en furent couverts. Depuis ce temps, je n'ai plus vu lesSalans s'approcher de
moi; ni la faim, ni la soif n'ont prévalu contre moi ; je n'ai eu ni faiblesse, ni maladie,
et voilà qu'au moment où je vais terminer mes jours Dieu t'a envoyé pour ensevelir
mon corps do tes mains saintes, a
Lorsqu'il eut prononcé ces paroles il me dit encore : « O mon frère Sërapion,
pardonne-moi si je t'ai causé quelque peine ce I soir. • Nous fîmes alors la première
prière L eï nous récitâmes les psaumes de la iroi-, siéme heure. Il me dit ensuite : «
Assieds-toi, mon frère, et quand lu auras enseveli , bouche l'entrée de !a grotte, retire-
toi en paix et ne passe pas la nuit ici. a Alors je commençai de pleurer, de verser
d'aboniJanies larmes avec douleur de cœur, et je lui dis : ■ O mon père, je ne sais pas
> comment je suis venu ici et je ne saurai pas I comment m'en retourner. • 11 me dit ;
1 Comment en ce jour de joie, toi, tu pleu-■cs? Dieu qui t'a gardé et conduit ici te di-
> rigera et te fera retourner â ton monastère; ; n'est pas par le chemin que tu es
venu que tu dois t'en aller, ô mon frère ; car ce jour vaut mieux que toute ta vie
précédente. Quant h moi, c'est aujourd'hui que mon âme arrivera devant Thabitation
chérie, que je me reposerai dans le domicile des purs près des âmes saintes ;
aujourd'hui ce faible corps se reposera des douleurs et des maladies ; aujourd'hui nous
arriverons à la terre de vie '. » Lorsqu'il m'eut dit cela, une lumière emplit la grotte
plus forte que la lumière du soleil, l'orbe même du soleil s'y faisait voir * et la grotte
était tout enflammée. Elle exhalait le parfum d'un encens stgréable. Le saint me prit la
main, me releva et me dit : ■ Viens, la paix soit avec toi en présence de Dieu. Voici
que déjà Michel et Gabriel sont arrivés. »
Il sortit hors de la grotte, se retourna et fit sur la grotte le signe de la croix en disant :
« Reste en paix, ô temple qui m'as couvert dans cette solitude ; car ce corps, qui
1 . Ce pluriel doit s'entendre de Marc lui-même, de son âme et de son corps qui
doivent être récompensés tous les deux, quoique le corps reste en terre.
s'est caché en loi pendant sa vie, va quitter les peines du monde. Et toi, mon corps,
maison de maladie et habitniîon de douleur, resie dans la paix du Messie pour lequel
tu as enduré la faim, la soif et la nudité; il le revêtira de gloire au jour de son arrivée.
Reste en paix, ô solitaire qui n'as pas eu de compagnon : repose en paix, ôdo-micile
de mon âme. Reposez en paix, ô mes deux yeux, auxquels j'ai fait goûter les veilles
de la nuit; reposez en paix, ô mes deux mains, qui vous êtes fatiguées a cultiver la
vigne du Messie. Repose en paix, ô mon corps, car tu t'es attiré bénédiction en restant
debout pour la prière. ■
Lorsqu'il eut dit ces paroles, je me mis il pleurer : alors j'entendis une voix du ciel qui
disait r • Apportez-moi le corps de celui qui s'est retiré dans le désert, amenez-moi le
chrétien parfait. Viens, ô aaba Marcos, recevoir la vie véritable, viens te reposer au
pays de la vie. • Aussitôt il se retourna, me donna la paix et me dit : . Reste en paix
désormais, mon frère Sérapion ! reste en paix, ô mon corps, et que tous les habitants
de la terre demeurent en paix. Que la paix, la charité, lu tranquillité régnent dans la
sainte Eglise de Dieu! O mon frère Sérapion, je t'en conjure au nom du Seigneur le
Messie, fils de Dieu; ne perds rien de ce pauvre corps, pas même un poil, car ce poil,
m'a été donné par Dieu pour me servir de vêtement. Ne passe pas la nuit en ce lieu. »
Et c'était la sixième heure de la nuit '. Alors je fis des génuflexions et j'entendis une
voix qui lui disait : « Étends tes bras. » Je restai debout et je regardai en haut : je vis
sortir son âme que les Anges emportaient revêtue d'un vêtement blanc : ils priaient
avec elle, tandis quelcs Satans étaient debout, tout préparés à la lutte. Et j'entendisune
voix disant : « O enfants de l'injustice, fuyez de devant les enfants de la lumière 1 *
Et voici que les Satans s'écrièrent : « Prenez-le, il nous a confondus. » Je vis alors à
droite comme du feu qui se développait, puis je ne vis plus rien.
Je priai sur le corps jusqu'au lendemain. Je le portai et le plaçai dans la grotte dont je
bouchai l'entrée avec des pierres. Je fis encore une prière, puis je descendis de la
montagne. J'implorai Dieu de m'envoyer une
aiJe pour me faire sortir de ce déseri pénible. Comme le soleil allait se coucher, voici
que )es deux frères qui m'éiaîeut apparu prés d'anba Jean me dirent : <• Tu as bien
enseveli ce saint homme, ainsi qu'il en était digne. Maintenant lève-toi et marche à la
fraîcheur Je la nuit, car pendant le .jour tu ne pourrais marcher. « Je marchai avec eux
jusqu'au lendemain matin. Et lorsque le matin parut, ils me dirent : 0 Va en paix, et
prie pour nous. » Et lorsqu'ils m'eurent quitte, je regardai autour de moi, je me
retrouvai debout à la porte de la cellule d'anba Jean, Il me dit : • Tu es arrivé en bon
état, mon frère Sérapion ? ■ Lorsque je fus entré dans sa cellule, je lui racontai tout
ce qui précède, et il me dit : 0 En vérité, nous sommes des chrétiens de nom et non
d'ac-tionsl mais nous avons confiance en la mi-séricorde de Dieu a qui la gloire, la
puissance et la louange, maintenant, en tout temps et dans tous les siècles des siècles :
Amen. •
Est achevée et finie l'histoire du saint anba Mareos de Tarmak et d'anba Sérapion qui
se-rendit près de lui et enterra son corps pur, Dans la paix du Seigneur : Amen.
TOME II ' i
Nous commençons à copier avec l'aide Mfl sous sa bonne direction la vie d'un ana-^ I
ckorète qui fut unique dans son adoratiotv I et sa dévotion. Que sa prière soit avee\
nous. Amen.
allait souvent vers i T lui rendre visite et ^ ;c lui. Un jour un homme J ieil anachorète
«t lui diljJ ienc te visiter et qui fait La J st un pécheur. » Le doutef entra alors dans le
cceur du solitair sujet de ce prùtre et, lorsque celui-ci vint se-J Ion son habitude, le
solitaire ne lui ouvrit! point sa porte. Le prêtre se retira sans quel le vieillard le sût.
Une voix se fit alors en-! tendre tout à coup disant : n Assurément, let"! hommes sont
gouvernés par qudqu'u
contemplé cette roue incrustée d'or? • '—Je répondit: « Oui. » — La voix me dit
encore: « Et cet homme qui arrange la terre^ as-tu vu le malheur dont il est accablé ?»
—Je répondis : • Oui. » — La voix reprit : « Son malheur et Tétat où il se trouve
nuisent-ils en quelque chose aux arbres et à la beauté de ce jardin ?» — Je répondis :
« Non. » — La voix me dit : « Il en est ainsi du prêtre qui fait l'offrande ; si c'est un
pécheur, son péché ne diminue en rien l'honneur dû au corps du Seigneur, car la vertu
divine agit toujours dans la Messe : les supplications avec lesquelles 11 célèbre la
messe sont toujours les mêmes, ainsi que les prières, des saints pères qui ont établi et
exigé la bonne conduite que Ton devait tenir. Le magicien qui récite des formules
magiques contre les insectes et les vipères les fait sortir malgré eux. Ne sais-tu pas
que ce magicien est un homme pécheur, qu'il n'a aucune puissance sur la moindre
chose, que tout arrive par la vertu de l'incantation et des paroles qu'il récite et non en
vertu de sa propre puissance, puisque c'est une chose qui dépend des heures et des
étoiles qui peuvent faire pour le magicien ce que peuvent faire
77
de même la vertu et la puissance divines pour délier ce prêtre de ses péche's, si bien
que te pain sera changé en chair et le vin qui est dans la coupe en sang. Et certes le
Seigneur a dit que voici quatre-vingt-trois ans que tu vis dans cette cellule; et de ces
quatre-vingt-trois ans quarante seront portés au compte du prêtre à cause de ton
péché. » Je m'éveillai alors et )e compris que cette vision m'avait éie envoyée à cause
du doute que j'avais eu au sujet du prêtre béni : je me mis à pleurer sur mon temps et
mes peines que le Seigneur avait passes nu compte du prêtre. Quelque temps après je
descendis de ma cellule ', et je me rendis prés du praire; je lui demandai pardon de
mon audace. Il fut très étonné de ce que je fusse descendu de ma cellule et me
demanda : • Qui T'a obligé à faire ainsi? u —Je voulus lui en cacher la cause, de peur
de jeter son esprit dans le trouble; mais il me dit: ■ Mon père, es-tu entré dans le
jardin? as-lu vu les arbres, la sakyeh, sa roue incrustée d'or? as-lu vu le misérable
jardinier el le malheur
qui l'accablait? » Ainsi lorsqu'il m'eut fait voir qu'il connaissait le ionge que j'avais
eu, je mourus de frayeur et mon cceur me délaissa '. Alors le prêtre prit ma main et
me conduisit jusqu'au jardin. Je reconnus la citerne, les arbres aux feuillages de toutes
les . couleurs; je via l'homme de la $akyeh : il I était guéri. Le prêtre gariîait le
silence. Je lui dis : • C'est le jardin dont tu parlais tout à i'iieure; mais Thorame n'est
plus sous le coup de son malheur. » — Le prêtre me dit : • Le mal a cessé à cause des
quarante ans que le Seigneur lui a comptés. > Mon esprit demeura stupéfait : je fus
semblable à quelqu'un qui dort. Alors je m'éveillai et je ne trouvai ni prêtre, ni jardin.
Je me levai ensuite à la hâte et je me dirigeai vers ma cellule; mais j'en étais bien
éloigné, car je me trouvais tout seul dans un désert. Je ne cessai de marcher toute la
journée jusqu'à ce que je pusse enfin entrer dans ma cellule. Je trouvai ce prêtre béni
couché à la porte. En me voyant, il me dit : I Depuis ce matin je suis ici, mais je ne
faï
point trouvé. » Et lorsque je le vis, je conçus une grande peur, je n'osai rien lui
demander.
Et vous avex entendu, chrétiens mes frères, comment furent perdues les peines de ce
vieillard dévot lorsqu'il conçut des doutes au sujet du prêtre, comment le Seigneur
prit les mérites du reclus pour les porter au compte du prêtre, et comment le prêtre
lépreux fut guéri. Nous devons donc, chrétiens mes frères, ne pas perdre nos peines,
car vous connaissez cette parole de l'apô-ire : « Quiconque est debout, c'est pour son
maître qu'il est debout; quiconque fait une chute, c'est pour son maître qu'il fait une
chute '; • mais Dieu peut le relever. Et à Notre-Seigneur la gloire, l'honneur et
l'adoration, maintenant, en tour temps et jusqu'à la fin des siècles : Amen, Amen.
Souviens-I< I pauvre pe
»jt.
mer Je ses péchés et de ses fautes, qui n pas digne qu'on prononce son nom à cai
de ses péchés plus nombreux que le sal qui se trouve sur le rivage de la mer, Ab
Jouanna abou Jaqoub. Souviens-toi de ii Seigneur, par Tintercession de nos pèr saints,
Abraham, Isaac et Jacob. Amen,
Nous commençons avec l'ciîde de Dieu et sous sa bonne direction à copier le martyre
du saint Arien vali ' d'Ansna, comment il a été appelé au martyre, ainsi que l'avait
prophétisé celui qui était rempli du Saint-Esprit, notre père saint, anba Am-monios,
l'évêque glorieux martyr de No-ire-Seigneur Jésus le Messie. Que sa bénédiction
nous protège. Amen.
Racontons maintenant, mes bien-aimés, ô peuple chrétien, ainsi que je vous Tai
promis, la cause pour laquelle Ârien fit son entrée dans la foi et comment il fit
confession du Seigneur Jésus le Messie, pour le nom duquel il fut martyr le huitième
jour de Barmahat ', afin que les pécheurs, en écoutant ce qui est arrivé à cet homme,
ne désespèrent pas de la miséricorde de Dieu qui ne désire pas la mort du pécheur,
mais qui veut le salut de tout homme, grâce à sa miséricorde et à sa pitié. Ecoutez
donc, frères et amis, quelle fut la cause du martyre d'Arien, gouverneur de la ville
d*An-tinoc.
Il y avait parmi ses soldats deux hommes ; Tun nommé Philémon était chanteur,
l'autre du nom d'Apollonios était joueur de flûte. Ces deux hommes étaient très
grands amis entre eux. Ils désirèrent tous deux le martyre avec ardeur et se mirent
d'accord sur les moyens à prendre pour arriver à leur but. Et voilà que Philémon prit
l'instrument de musique dont se servait ApoUonios, ainsi que ses vêtements, se
présenta devant Arien
1. C'est-à-dire le 5 mars.
lorsqu'il se fut mis au lit, il se prit à réfléchir à tous ceux qui avaient confessé le
Messie en sa présence et qu'il avait fait met* tre à mort, soit fils de rois, soit émirs,
soit, vizirs, soldats, capitaines, riches ou pauvres, esclaves ou hommes libres, même
Philémon et ApoUonios. Aussitôt il se leva, s'assit sur son lit et se mit à pleurer sur
lui-même en disant : « Malheur à toi, ô mon âme, qui as été si habile dans la
désobéissance envers Dieu ! combien n'as-tu pas persécuté les serviteurs du Messie ?
Malheur à toi, ô malheureux! Que n'as-tu pas fait pour contenter les rois périssables
et mécontenter le roi éternel du ciel et de la terre? O mon âmet combien n'as-tu pas
été dure envers les justes qui gardaient leur foi en le Seigneur et qui ont conservé leur
patience jusqu'à la mort? Combien de maisons ai-je rendues désertes 1 Combien
d'enfants ai-je rendus orphelins! Combien de maris ai-je privés de leurs femmes et
combien de femmes de leurs maris! envers combien de veuves n'ai-je pas été
impitoyable! Combien de jeunes enfants i'ai fait mourir sans avoir pitié de leurs
mères! Combien de vieillards pour lesquels je n'ai eu aucun ménagement! Combien
de
corps n'ai-je pas fait brûier par le feu ! Combien de beaux visages n'ai-je pas fail
muliler avec des rasoirs ! Combien d'yeux noirs n'ai-je pas arrachés avec des broches!
Combien de langues qui glorifiaient Dieu n'ai-je pas coupées! Combien de ventres
n'ai-je pas pas oaveris! Combien de pieds n'ai-je pas coupés 1 Que de tlancs au-
dessous desquels j'ai allumé des torches! Que de gens j'ai asservis comme des
moutons et que j'ai , pillés comme une proie tombée entre les
trancha la tète aux autres avec l'épée; ceux-ci, je les ai percé^k coups de lances; ceux-
là, je les ainoy^ésdans le Heuvei j'ai arraché l&s fœtus des entrailles des femmes
enceintes afin de Ifs offrir en sacrifice aux idoles. Quel aveuglement a été plus
profond que le mien? Quel piège a jamais été plus solidement dressé que celui dans
lequel je suis tombé ? Quand même je verserais mon sang, il ne suffirait pas pour tous
ceux dont j'ai fait verser le leur. Est-ce que le mien pourrait compenser celui du saint
Claude de race roy.ile? ou celui du saint Abarii ' et d'Irène,
sa sœur? ou celui de Justus, fils de roi '? celui d'Aboli, son fils, et des gens de sa
maison * ? celui d'Abaïsi et de Tècla sa sœur ^? celui de Théodore, fils de Basilide ^?
ou celui de Bifamoun le soldat et de Bifa-moun d'Usim ^, le vénérable et le
respectable? surtout celui d'anba Colluthus, le prêtre sage, ou celui des martyrs
d'Akhmim ^ qui aimaient le Christ et que j'ai tués comme des brebis dans les églises,
la nuit de la naissance de notre Seigneur Jésus le Christ, pendant qu'ils imploraient la
miséricorde de Dieu^ O malheureux que je suis ! je me suis appliqué à mériter la
géhenne, et pendant que d'autres offraient le sacrifice pour obtenir le pardon de leurs
péchés, moi, dans ma
3. De ce martyre l'on n*a plus en copte qu'un fragment qui se trouve au musée Borgia
de la Propagande.
4. Le martyre de Théodore est perdu ; celui de Basilide est conservé dans les ms. du
Vatican.
0. On a vu plus haut ce qu'était Colluthus. Les martyrs d'Akhmim sont fort célèbres;
leurs actes existent encore en arabe.
87
hanccté, j'ai avant tout cherché à contenter Satan. Serait-ce suffisant pour com-le sang
des martyrs d'Esneh ■ dont le nombre est connu de Dieu seul? et surtout celui de
monseigneur le saint, le pur, le pasteur fidèle, le père vierge, le grand martyr, l'evêque
respectable, anba Ammonios, leur père sublime, le maître d'une belle vieillesse qui
m'a devancé dans la mort ei m'a annoncé la couronne de la vie? Il m'a dît en effet : o
Certainement, ô Arien, tu sauras ce que c'est que la bonne récompense qu'obtiendront
les chrétiens ! ■ Et moi qui pensais cire sage et qui le regardais comme un ignorant,
je l'ai tué sans pitié, ni crainte! Et combien d'autres évéques n'ai-je pas fait
Psoti et Callinicos ', les deux grands évéques du Sahid! combien d'hégoumènes, de
prêtres, de diacres ai-|e tués et brûlés! que de soldats noyés dans le fleuve! En ve'riié
mon sang ne suffira pas pour compenser le sang de tant de martyrs! Mais j'ai entendu
dire que mon bon Sauveur et mon Seigneur pitoyable a vraiment versé son sang*pour
racheter le monde entier, surtout les pé-» cheurs tels que moi ; j'ai entendu dans rÉ«>
vangile qu'il a dit : a Je ne suis pas venu pour appeler les justes, mais les pécheurs à la
pénitence ; » j'ai entendu aussi qu'il a dit : « Le Fils de l'homme n'est pas venu pour
être servi, mais pour servir et livrer sa vie pour un grand nombre. » J'ai entendu dire
encore que le Fils de l'homme n'est venu sur terre que pour chercher et sauver celui
qui, comme moi, s'est égaré ; par sa miséricorde^ il s'est abaissé jusqu'à revêtir la
nature hu-» maine ; il s'est nommé le Fils de l'homme pour me sauver, moi pécheur,
des séductions dans lesquelles je suis captif. J'ai appris qu'il y aura dans le ciel plus
de joie pour un pécheur qui fait pénitence que pour quatre^ vingt-dix-neuf justes qui
n'ont pas besoin de pénitence. J'ai entendu dire aussi que le Seigneur se réjouit
davantage au sujet d'un pécheur qui se repent qu'au sujet des Anges. J'ai entendu dire
que le bon larron, crucifié à la droite de Jésus le Christ, avait les mains teintes de
sang; mais, comme il confessa notre bon Sauveur sur la croix et crut en lui.
il fut rendu digne du Paradis et ne reçut aucun reproche de ses péchés pre'cédents. J'ai
entendu raconter que le gouverneur romain Ponce-Pilate, qui prît part au crucifiement
de Notre Seigneur, se convertit, crut et fut un martyr agréable à Dieu '. On raconte
aussi que le soldat Longin qui, de sa lance, ouvrit le côté du Sauveur, renonça au
culte des idoles, se convertit, fil pénitence et crut. Le Seigneur ne lui dit rien de tout
ce qu'il avait fait ; son corps fut guéri de la maladie qu'il avait contractée et lorsqu'on
trouva sa tête, elle guérit toutes les maladies '. J'ai entendu raconter que Saul, nommé
ensuite Paul, qui détestait l'Église de Dieu Rt persécutait les chrétiens, qu'il se
cotivertit à la foi ; rien ne lui fut compté de tout ce qu'il avait fait, parce qu'il avait agi
par ignorance. J'ai enten qu'un grand nombre d'hommes a
IcsiÉgendes Sgyptieimes sur Pilait ne celles de l'Occidenl qui fonl comparaitre ère, le
disgracient et HiialemeDi Is pteci-mi monlagne des Alp», qui en a con-
CONTES ET B
péniteace, avaient cru, s'étaient réjouis dans le salut lies faveurs célestes : leur
mémoire est devenue éternelle sur la terre, un siècle après l'autre ', Je me lèverai donc
maintenant pour aller mourir au nom de Noire Seigneur qui a livré son âme pour nous
; je me lèverai pour aller laver mes ptichés dans mon sang, et je suis sûr que les
martyrs que j'ai fait met[re à mon se réjouiront à mon sujet;car ils n'ooipoint de haine
contremoi à cause du grand bonheur dontils jouissent. Je me lèverai pour alier
travailler à la vigne du Seigneur Sabaoth pendant une heure dont le salaire me sera
payé, grâce à sa miséricorde et à sa pitié, autant qu'à ceux qui (Jnl travaillé toute la
journée, Car j'ai appris qu'il avait donné un salaire égal aux premiers et aux derniers.
On m'a appris que le prophète Ezéchiel a dit que le Seigneur reçoit la pénitence du
pécheur, même une heure avant sa mort. Or, mon Dieu connaît mes remords, il
prendra pitié de moi, car il sonde les coeurs et connaît les choses avant qu'elles
existent. Voici la porte de la miséricorde ou-
verte devant les pécheurs, qui m'empêcherait d'y entrer? Voici le combat qui
commence, qui m'empêcherait de me jeter dans la mêlée? Voici l'eau, qui
m'empêcherait de m'y faire baptiser? Voici les couronnes toutes préparées, qui
m'empêcherait de m'avancer pour ceindre la mienne ? Comment ont fait mes
nombreux soldats qui n'étaient que de méchantes gens? En reconnaissant la vérité, ils
ont cru en le Seigneur le Messie, la véritable lumière qui éclaii en ce monde et briller
ainsi que mes gardes s lorsqu'ils ont vu la vi douter, ainsi qu'il est écrit ; a C'est ei
lumière, ô Seigneur, que nous voyons toute lumière! ■ Il n'y a pas jusqu'aux
musiciens et aux chanteurs, comme Philemon et Apol-lonios qui, lorsqu'on leur a eu
enlevé le voile qui les maintenait dans l'ignorance et l'aveuglement, n'aient reconnu la
vérité et ne soient devenus martyrs pour le nom du Messie et dont le sang pur n'ait été
un remède, pour mon œil à moi que mon erreur et l'aveuglement de mon cceur
rendaient misérable I à moi qui suis resté dans l'erreur, l'infidéliié et l'adoraiion des
idoles! à moi
tout homme venant éternellement. C'est nt devenus martyrs, ité dont on ne peut
qui ai adoré les étoiles du ciel, les esprits des constellations, les éléments des choses,
c'est-à-dire l'eau, le feu, la terre et Targile % Tor, l'argent, les pierreries, le bois! J^ai
placé toutes ces choses aux lieu et place du Créateur qui a fait exister tous les êtres
des temps anciens et qui les fait passer de l'existence au néant '. J'ai obéi à Dioclétien,
le fils de Satan, séjour et domicile de l'ennemi que Dieu a perdu ; qui a bu le poison
de l'antique serpent, qui est devenu fils de Satan et une proie pour la géhenne, qui
restera maudit de ma propre bouche et de la bouche de tous les hommes. Quant à
moi, j'espère obtenir la miséricorde de Dieu en mourant pour son saint nom, et je
dirai avec le prophète David ; « Ne te rappelle pas, ô Sei-
i. Le brave auteur n'était pas très fort philosophe et ne connaissait pas les quatre
éléments. On pourrait supposer, qu'il y a eu faute du copiste, mais la mention de
Targilé est tout à fait dans les idées égyptiennes. C'est avec de Tar-gile que l'homme
était façonné sur un tour à potier par le créateur. L'argile était considéré de ce chef
comme une toute autre matière que la terre ordinaire qui avait pu ser vir à fabriquer
les autres choses ; mais non l'homme.
2. Il ne faudrait pas comprendre ce mot néant dans le sens ordinaire que nous y
attachons. Il signifie simplement la mort.
^^
93
En prononçant ces paroles, le gouverneur Arien avai[ le cœur droit : dés lors il ne
tourmenta plus personne parmi les chrétiens. It fit élargir tous ceux qui avaient été
emprisonnés pour le nom du Seigneur le Messie, il crut avec pureté de coeur. Lorsque
cette nouvelle parvint h Diocléiien, ce-tuî-ci l'envoya chercher et lui demanda
n semblable thime
quelle cause l'avait fait renoncer à l'adoration des idoles. Arien se mit a lui raconter
les prodiges et les merveilles accomplis par les saints martyrs : comment ils avaient
été tourmentés, avaient eu les membres coupés et étaient revenus à la santé ;
comment, entre autres, quelques-uns étaient morts et Dieu après leur :quels lui, Arien,
avait es avait rendus.
trépas. A d'ai
des, ouvraient les yeux des aveugles, faisaient marcher les boî entendre les sourds,
par la vertu du Die
du ciel.
Ce récit fit mettre Dioclétien en colère. Il ordonna de lui faire endurer de grands
tourments, de le jeter dans un puits et de combler le puits afin qu'il en mourût. Mais
le Seigneur le Messie envoya son ange qui enleva le gouverneur de ce puits ei le
plaça près du lit de Dioclétien l'infidèle, au milieu du palais. Le roi se réveilla de son
sommeil, et lorsqu'il vil Arien, il fut rempli de tremblement. Mais Arien lui dit ; « Ne
crains pas, je suis ton serviteur Arien. Le Seigneur
MARTYRE d'arien g5
m'a fait sonir du puiis où tu m'avais îeié. » Le roi ordonna aussitôt de remplir un sac
de sable, d'y attacher le saint et de ie précipiter dans la mer. On lit ainsi, et il rendit
son âme pendant qu'il était dans le sac.
Lorsque le saint Arien avait voulu partir, il s'e'iaii disposé à prendre congé de ses
parents, de ses serviteurs, des gens de sa maison avant de s'éloigner de la ville d'Anti-
noê r il les avait informés que ie Seigneur lui avait appris en songe que son corps
devait retourner dans la ville d'Antinoë. Il leur avait dît : o Attendez mon corps sur le
rivage de la vilie d'Alexandrie. » Or, quand on l'eut jeté dans la mer, le Seigneur or-
I rent dans la ville d'Anlinoe; ils le placèrent près des corps des saints Philémon et
Apol-lonios qui avaient été la cause de son martyre.
est ainsi que le saint Arien accomplit martyre et reçut la couronne impérissa-
ble, ainsi que s'accomplit la prophétie de notre père saint, anba Ammonios, Tévêque,
disant : « Tu sauras aussi ce que c'est que la bonne circoncision des chrétiens au nom
du véritable roi, Jésus le Messie, et nous serons dans la plus parfaite tranquillité,
c'est-à-dire dans la rédemption et le salut. » Arien s'empara du royaume des cieux par
la violence, et la parole des évangiles s'accomplit pour lui : « Le royaume des cieux
souffre violence et seuls, les violents, peuvent s'en rendre maîtres. » Il accomplit le
terme de sa carrière le huitième jour de Bar-mahat.
^^sÛa^^^^ûi^^
L> f
BN PERSONNES ET EN ATTRIBUTS.
Nous commençons avec t'aide de Dieu à copier l'histoire des Beni-Ismël à baby-lone
de Chaldée, aux jours de Jérémie le prophète dont on Ut les prophéties le Ven-DBEDi
DES imoLEORs ' de la Pâque sainte. Que ses prières bénies nous protègent.
La parole de Dieu se fil entendre au prophète Jéreraie, lui disant ; ■ Dis au roi Sé-
decias ei au peuple des Beni-Isiat;! : Pourquoi ajoutez-vous à vos péchés d'autres
péchés et il vos fautes d'autres fautes ? car mes yeux ont vu vos actions, et mes
oreilles en-
I. Cttle «pression qui se rencomre assez rriquemmeiil dans les œuvres copies,
s'emploie pour désigner le ïen-dredi saint.
tendu vos paroles. Si vous aviez jeûné, j'aurais pris pitic de vous, et si vous aviez prié,
je vous aurais exaucés. Le Seigneur le maître absolu dit : En effet, vous n'avez jamais
jeûné et vous n'avez point tendu les
z )ei
epoui
Baal ei adressé des prières a Ross; voussvez oublié le Dieu d'Abraham ainsi que tous
mes bienfaits, lorsque je vous ai fait sortir île la terre d'Egypte, après vous avoir
sauvés de ta servitude de Pharaon; lorsque j'ai frappé l'Egypte de plaies, que j'ai pris
piiié de vous comme une tendre mère prend soin de ses enfants et de ses filles pour
les garder et les sauver, pour les sauvegarder de tout danger qui pourraiCse rencontrer
dans leurchemin. Je vous ai honorés plus que tous les autres peuples, je vous ai
nommés mon peuple, ô ai fait sortir du désert et de vipères, après un ns, sans que vos
habits li vos chaussure usées,
ni vos cheveuï devenus longs. Je vous ai donné te pain des Anges, une colonne de
lumière pendant le jour et pendant la nuit ',
1. Les Coptes n'admellaienl pas les deux colonneB de iiuéc cl de feu, coinine noua le
faiiona, Cciail la mime
décidant selon la iustîce. Si vous coniinuez d'agir ainsi, a ajouté le Seigneur, je ferai
descendre sur vous ma colère, comme uo créancier qui ne revient pas en arriére: vos
jeunes gens mourront de l'épée, vos vieillards de Hiim et de soif, vos enfants seront
réduits en esclavage et maltraités sous vos yeux, votre ville florissante sera ruinée,
votre terre deviendra un désert. Jusqu'à présent je vous ai donné uo délai afin que
vous fassiez pénitence et que vous vous retourniez vers moi qui prendrai soin de
vous. Si ne faites pas pénitence, je retournerai mon visage de vous; si au contraire
vous vous écriez vers moi, en disant : n Seigneur, Seigneur! « je vous entendrai
promptement et je vous exaucerai, disant : o Me voici, ô Beni-Isracl. • Je ferai
descendre sur vous la rosée au moment opportun et la pluie au temps voulu. Durant
tout le temps que vous m'avez obéi, les nations étrangères vous craignaient, un seul
de vous en faisait fuir diï raille et mes Anges vous servaient. Mais lorsque vous
m'avez désobéi, toute la terre vous a pris en haine; le soleil, la lune ont été remplis de
tristesse à votre sujet en
« Tes ennemis seront traînés de tous les côtés; » et de sa main, il fît un geste à gauche
et à droite, montrant le Sud, TEst et rOuest. a Personne ne pourra s'opposer à toi, ni
envahir cette terre. Il n'y a point eu de parole venant de Dieu mise dans la bouche du
prophète Jérémie. » Et lorsque le roi eut entendu d'Ananie cette parole, il dit à ceux
qui étaient debout près de lui : « Prenez le prophète Jérémie, jetez-le en prison dans
l'endroit le plus profond et le plus rempli de fièvres, afin qu'il meure : ne lui donnez
qu'un peu de pain et d'eau, afin que nous sachions si sa parole est vraïe ou non. »
Aussitôt on jeta Jérémie le prophète en prison.
Mais lorsqu'Abimélek, convive du roi ', eut appris que le prophète Jérémie avait été
jeté en prison, il alla trouver le roi, entra près de Sédécias et lui dit : « Que viens-tu de
faire, ô roi? N'es-tu pas rempli de crainte pour avoir fait jeter le prophète Jérémie en
prison et pour avoir éteint la lumière d'Is-
I. Ce mot convive doit s'entendre aussi dans le sens d'aîîti intime. En Orient, on ne
peut donner de plus grande marque d'amitié à quelqu'un que de l'inviter à manger
avec soi.
raél, ' — Le roi Sédécias lui dît ; « Tu as bien fait àe me le rappeler. Demain tLi
prendras des hommes avec loi et tu le feras sortir. ■ Abimékk prit des cordes, les jeia
à Jérémie et lui dit : a Attache-les sous tes aisselles afin que nous te fassions monter
hors de ce trou. » El ils le firent monter, le laissèrent aller en libertu.
Le Seigneur dit à Je'rémie : o O mon élu, va trouver le roi Sede'cias et dis-lui ; Voici
ce que dit le Seigneur, ô roi d'Israil'l : Jusqu'à quand me meconienterea-vous en
répandant le sang des enfants innocents, en faisant faire de fausses couches aux
femmes enceintes pour prendre leur fruil et le brûler dans les brasiers en l'honneur de
votre idole Baa!? Les cris de ceux qui sont traités avec injustice sont montés
jusqu'aux portes du ciel. Pourquoi as-tu imiiê les actions de Manassé et non celles de
David ton père? Si tu continues d'agir de la sorte en ma présence, je ferai descendre
sur vous ma colère, je t'enlèverai ma gloire et ton trône pour les donner à un autre roi
qui te hait, qui t'arrachera les deux yeux et les mettra dans tes mains, qui te tuera tes
deux enfants l'un à ta droite, l'autre à ta gauche, qui te mettra un collier comme ans
chiens et qui
phèie les mains et les pieJs, de le jeter en prison, de ne lui donner ni pain, ni eiiu, de
sorte qu'il mourût de faim et de snif. Le prophète Jêre'mie se retourna du coté du roi
et lui dit en présence des Beni-Israèl : i Le Seigneur jugera entre toi et moi, à
Sédécias; car depuis plusieurs anne'es, rien de mensonger n'est sorti de- ma bouche.
Voici trois fois que tu me jettes en prison et que lu veux m'y faire mourir. Tu comptes
sur ies faux prophètes qui t'ont fait de fausses prophéties ; écoute maintenant la parole
de Dieu. Le Seigneur Dieu dit : o O Israël, lu m'as mécontenté pour des idoles faites
de main d'iiomme; c'est pourquoi j'éloigne de
ront tes gardes dans l'espoir de te sauver et de t'emporter vers le Jourdain ; mais Dieu
indiquera aux gardes de Nabuchodonosor l'endroit où ils devront te chercher. Ils te
poursuivront et te rejoindront près du fleuve de Karbis; ils te jetteront à terre,
de'couvri-ront ton visage et te ramèneront en présence de Nabuchodonosor. Tes yeux
contemple-roilt les siens, ta bouche parlera à la sienne ; il mettra à ton cou un collier,
comme à un chien : tes deux fils seront tués, Tun à ta droite, Tautre à ta gauche. Le
roi de Baby-lone t'arrachera les deux yeux, il les mettra dans ta main, il t'emmènera à
Babylone attaché à son char. La poussière et la cendre couvriront ta tête. Tu mangeras
ton pain et boiras ton eau dans la détresse. Là-bas tu mourras et tu seras chassé
comme on chasse un mulet au moulin. »
A ces mots, les serviteurs du roi se saisirent de Jérémie et lui firent ce que le roi avait
ordonné. Et Jérémie le prophète dit : « O serviteurs de Sédécias, attendez un peu, car
dans ma bouche se trouve la parole de Dieu que je dois dire à Sédécias. » Quand les
serviteurs l'eurent laissé libre, Jérémie se retourna vers la foule des Béni-Israel et leur
dit en présence du roi : « Écoulez la parole du Seigneur : Voici ce que dit le Seigneur
: — J'ai cache les défauts de vos pères ; je les ai faiï sortir de la terre d'Égypie et ils
sont restés quarante ans dans le désert sans que leurs vêtements fussent usés, leurs
chaussures déchirées ou leurs cheveux allongés; quant à vous, vous ne resterez pas un
seul mois en chemin avant que vos habits ne soient uses et devenus cojnme des peaux
', que vous n'ayez été obligés de les coudre avec des cordes et des fibres d'halfn ' ou
de chardon; les cheveux de votre tête descendront iur vos tpaules comme ceux des
femmes, et, au lieu d'avoir une colonne pour vous éclairer la nuit et le jour, vous
marche-rea devant vos ennemis à la chaleur du soleil et malgré la Iraîeheur de la nuit.
La chaleur de l'été, le froid de l'hiver vous accableront. Quant à la lune et aux étoiles,
elles ne vous donneront plus leur lumière, si bien que vous serezdans les ténèbres,
que
i. C'esl-à-dire aeroqt usés jusqu'à la corde, deviendront tomme des peaas où il ne reste
plus un poil.
lit qui marque bien la pi'ovensuce du rccil. Llialfa s connu eii Bgypie : il est tt chaque
instant men-[ tiaaai dmis lu vie de rakhûmc.
TOME 11. ;
VOUS marcherez à tâtons, que vous tomberez les uns sur les autres. Vous pleurerez
alors amèrement, vous aurez faim et soif, vous invoquerez Dieu et lui direz : « O
notre Seigneur, tu es juste et tes jugements sont remplis d'équité ; tu nous traites
comme nous t'avons traité. » A la place de la manne que j'ai fait descendre du ciel sur
vos pères et de l'eau douce que j'ai fait couler du rocher, il descendra sur vous delà
poussière et de l'air enflammé ^ ; vos corps seront couverts de plaies incurables; je
rendrai salée l'eau que vous boirez, vos corps s'épuiseront et vos os deviendront
légers. A la place du soleil que j'ai fait briller sur vos pères, il y aura des poux et des
mouches qui vous dévoreront; vous resterez soixante-dix ans en captivité chez les
Chaldéens jusqu'à ce que Dieu ait éloigné de vous sa colère. »
Lorsque Jérémie eut achevé ces paroles, le peuple qui l'entourait s'écria : « Vive Sé-
décias le roi! » Ordre fut alors donné de jeter le prophète en prison. Voici la
description de ce lieu. On marche sous terre trois
I Nouveau trait de terroir ; l'auteur dépeint ainsi en deux mots le khamsin égyptien.
HISTOIRE n
heures durant,au milieu des ténèbres, avant d'y arriver : Les bords du puiis sont nussi
fins que le verre, personne ne peut s'y tenir debout, sinon sur le gros orteil ', et ce
puits est rempli de fièvres. On laissa le prophète Je're'mie en cet endroit pendant
plusieurs jours, et il e'tait dans une grande détresse. Lorsqu'Abimélek, le favori du
roi, eut appris l'emprisonnement de Jéremie, il se ren-s les jours vers lui et donna aus
geô-
liers
r pouL
d'entre
avec du pain ei de l'eau. 11 continua d'agir ainsi jusqu'à ce que vingt et un jours se
fussent écoule's. Abiméiek se rendit alors près du roi qui lui dit : " Qu'est-ce qui
t'amène aujourd'hui chez nous? » Abimêlek lui répondit ; • Je ne suis venu pour nulle
autre cause que pour Je'rémie le prophète. A quoi l'a-t-il servi de le mettre en prison
une première, une seconde et une troisième fois? Tu as jeté en prison le prophète de
Dieu, éteint le flambeau d'Israël, et cependant il n'a dit en la présence que les paroles
mises
z d[ltlci]e d
.i fiRurer
en sa bouche par le Seigneur*. •» ^-^ Le roi' dit: « C'est bien, ô Abiméiek !. puisque
tii Tas rappelé aujourd'hui à .mon souvenir, va, prends avec toi quelques hommes,
faîs-le sortir de prison; mais tiens-le dans une maison afin que nous voyons si sa
parole s'accomplira, ou non. o Abimélek prit alors quelques-uns des serviteurs de
Sédécias, fit sortir Jérémie de la prison et le plaça dans une maison de repos. Jérémie
dit à Abifné-lek : « Tu es heureux, ô mon fils Abimélek, car tu as.pris soin de moi au
moment^de'ma détresse. Or, voici ce que dit le Seigneur : — Tu ne verras pas la
destruction de Jérusalem, tu n'éprouveras pas les rigueurs de la captivité de Babylone
et tu n'y mourras pas. Le soleil prendra soin de toi, Tatmôsphère te nourrira, la terre
sur laquelle tu t'endormiras te donnera le repos, la pierre te protégera contre le froid
de Thiver et la chaleur de Tété : tu goûteras de la joie pendant soixante-d'.x ans
jusqu'à ce que tu voieis Jérusalem dans sa gloire, florissante comme elle était. »
Après ces événements, le roi Sédécias recommença de pécher. Il entra dans le temple
du Seigneur et en fit enlever les deux
colonnes de marbre qui éclairaient le temple sans luminaires, il les fit placer dans le
temple de Baal et de Ross. De même pour les Ueuï tables de pierre ', il les Ht porter â
l'endroit où il mangeait et buvait avec ses courtisanes; il démolit l'autel où on faisait
les offrandes, il en fit une table dans le temple de Ross; il saisit l'arche d'alliance et le
chandelier d'or, il les fit fondre en forme de couronne pour en couronner la tête de
l'idole; il ordonna de sacrifier des taureaux à Baal, de lui apporter les enfants de deus
ans et deux mois, de tes tuer pour en prendre le sang et l'olTrir à Baal. En ce jour, la
terre trembla et le Seigneur tonna du haut du ciel. Sa vengeance descendit sur la terre
entière ' et il ordonna à l'Ange de colère de descendre sur elle avec courroux, si bien
que les saints et les Anges allèrent se prosterner en intercédant en présence du
Seigneur el lui disant ^ <i O Seigneur, aie pitié
ï. Par celle eipression la terre en tendre loule la Judile. Lcï Egypiic dire simplement
ioule l'Egypte. On
du peuple d'Abraham, d'Isaac et de Jacob : éloigne ta colère et ne les fais pas périr. »
La parole de Dieu se fit encore entendre à Jérémie le prophète qui répondit : « Me
voici. » — Et le Seigneur dit : « Je suis résolu à ne pas me relâcher de ma colère et Je
me suis dit que je ne ferais rien sans t'en avertir. Sans les prières qui ont lieu à
Jérusalem, il n'y serait resté personne; car j'ai pitié des enfants innocents dont le sang
a été versé et qui s'écrient vers moi en disant : « Que les pécheurs pèchent et qu'ils
descendent dans l'enfer et qu'ils sachent que ce lieu est plein de tourments. » Il est
impossible que le peuple au milieu duquel tu te trouves échappe à l'un des tourments
que je ferai tomber sur lui. Veux-tu que j'envoie Khataël ', l'ange de la colère, qu'il les
fasse périr depuis les plus petits jusqu'aux plus grands, depuis les enfants jusqu'aux
vieillards ? Ou bien que j'ordonne à la sécheresse de descendre sur eux, que le ciel et
la terre deviennent d'airain *, que nulle rosée ne descende du ciel, que nul fruit ne
sorte de
2. C'est le mot de Racine : « Les deux par lui fermés et devenus d'airain. »
fa
la terre, que je fasse périr tous les arbres, que j'épuise tous leurs greniers qui
regorgent, qu'ils se mangent les uns les autres, qu'ils tombent de faim dans les rues de
la ville, que je les livre entre les mains du roi Nabuchodonosor qui les gouvernera
pendant soixante-dix ans, atin qu'ils sachent que je suis Dieu et que c'est de ma main
que viendra leur repos? ■ Et lorsque Jérémîe entendit ces paroles du Seigneur, il se
leva, il se prosterna en sa présence et dit ; ■ O Seigneur miséricordieux, Dieu de
l'humanité, créateur de toutes choses, abaisse ton regard vers les fils de tes serviteurs
Abraham, 'Isaac et Jacob, auxquels tu as juré que leur descendance égalerait le
nombre des étoiles du ciel; ne les perds pas tous, ne fais pas régner sur eux Salmaniel
et sa colère ', car il n'épargnerait personne parmi eux Oîi est il à noire père Abra-dit ;
1 Tes descen-ais d'exister sous les ;i tu fais régner sur eux la sé-3 famine, si le ciel ne
laisse pas
tomber sa rosée et si la terre ne produit pas de fruits et que tes serviteurs périssent, où
est la promesse que tu as faite à Israël en lui assurant que ses fils dureraient
éternellement 1 Ne sois pas irrité, ô mon Dieu, contre ton peuple pécheur, et si tu les
soumets à Nabuchodonosor qui les emmènera en captivité à Babylone, que ce soit
comme un père qui corrige ses enfants, et un maître ses esclaves. »
I {>éches 1 et il veut que j'aille vers la terre ' des Hébreux pour m'y faire périr. Qu'il
me fasse périr de sa main, car cela vaudra mieux pour moi, que de mourir sur une
lerre étrangère, moi et tous ceux qui m'accompagneront. Qu'est Babylone et qui est
Nabuchodonosor près du peuple de Dieu? i[-ce pas ce peuple qui a rc'siscé aux
Égyptiens ' et à Pharaon qui a été submergé s la mer et recouvert par les eaux à cause
de lui? N'est-ce pas toujours le même peuple ? Qui suis-je pour combattre le peuple
de Dieu et pour vaincre ceux qui vont à la I guerre sans armes, qui lèvent les mains au
ciel et les Anges viennent combattre pour eux? ■> — L'ange dit à Nabuchodonosor :
. Tout ce que tu as dit est vrai : à tout peuple qui observe les ordres de Dieu personne
ne peut résister; mais, si ce peuple viole les commandements de Dieu, Dieu le livre
entre les mains de ses ennemis. C'est pourquoi, régne mainienani sur eux afin qu'ils
sachent que l'Éternel est Dieu. " Et lorsque
I Le Ifile in>;niiai]iie ici \sb Grecs \roamh) : Ceii tvî-initnt une erreur el c'esl te mol
Égyptiens qui doil *e iver tu ce passage ain^i que le moulre le nom de Pha-1 qui vient
après.
Alors Nabuchodonosor se leva et alla trouver sa femme Halka ; il lui raconta tout ce
qui avait eu lieu. Et lorsqu'elle eut entendu cela, elle fut grandement émue, elle se mit
à crier et à pleurer, elle dit à Nabuchodonosor : « Malheur à moi ! ô seigneur mon
frère ' ; emmène-moi à ta suite, car je ne te verrai plus. Qui a jamais résisté à ce
peuple ? Ne sais-tu pas que c'est le peuple de Dieu et que Dieu lui accorde tout ce
qu'il demande. » — Nabuchodonosor répondit : « C'est leur Dieu qui les a livrés entre
mes mains. » — Sa femme lui dit : « Fais bien attention à ce que je vais te dire.
Quand tu partiras pour les combattre, prends avec toi un bélier, et quand tu seras
arrivé près de la ville de Juda, descends de ta monture, mets ton sceptre sur la tête du
bélier : s'il se dirige vers la ville de Judée, suis-le, car le
I. Trait éminemment égyptien : rien n'est plus fréquent que de trouver sur les
monuments le nom de frère donné à son mari par la femme, ou celui de sœur donné à
la femme par son mari.
^* Seigneur te l'a livrée ; mais s'il ne se dirige pas de son cote', s'il se retourne du coté
de Babylone, retourne comme lui et ne fais pas la guerre au peuple de Dieu, quand
même tu aurab des soldats aussi nombreux que les grains de sable, u
Lorsqu'elle eut fini de parler, elle le baisa. Quant k lui, il se leva et ordonna de faire
venir ses généraux Kouris et Assaris ', il
IJeur fit part de tout ce que le Seigneur et fon ange lui avaient promis. Ils lui dirent :
il Vive à jamais le roi! Sans doute Dieu f«t irrité contre ce peuple, parce que ce icuple
a péché. Envoie porter à Sêdc'cias, Eoi de Jérusalem, des paroles de paix, fais-ttii des
présents et demcinde-lui s'il s'est prosterné devant des dieux étrangers, s'il a renié s
œuvres du Seigneur et de leurs prophè-s qui intercèdent pour eux. S'il ne l'a pas it, ne
te mets pas en campagne contre eux, r ils adresseraient des prières îi leurs pro-ihêtes
et ceux-ci nous feraient tous périr en eur pays, comme ils en ont fait périr d'autres que
nous. Le feu du ciei descendrait
contre quiconque se lèverait contre eux et le brûlerait. » Ce conseil plut au roi Nabu-
chodonosor, il envoya Tun de ses généraux, lui donna trente mille cavaliers, écrivit
une lettre à Sédécias et lui envoya des présents avec beaucoup d*or.
Le général se mit en marche, et, pendant qu'il était en marche vers Jérusalem, le roi
Sédécias apprit qu'un envoyé de Nabucho-donosor, roi de Babylone, était sur le point
d'arriver. Il sortit de la ville à sa rencontre, entouré des femmes des Béni-Israél qui
portaient des présents. Lorsque le général eut rencontré le roi, il descendit de sa
monture, lui remit la lettre de Nabuchodonosor et ses présents. Sédécias prit Tor et en
fit une couronne qu'il mit sur la tête de la statue de Baal et il écrivit au roi de
Babylone la lettre suivante : « Salut à toi ! mon Dieu est le vôtre et le vôtre est le
mien. » Il scella la lettre, la remit au général, le combla de pierreries et de joyaux.
Lorsque les prêtres de Baal apprirent toutes ces choses, ils dirent : « Où est donc
Jérémie qui nous disait que le roi de Babylone viendrait ici et ré-gnernit sur nous? »
byloiie avec les trente mille cavaliers, salua Nabuchodonosor et lui remit In réponse
de Sédécias. Lorsque le roi eut lu cette réponse, il fit entendre un rugissement de lion
et dit
sitôt le bélier se dirigea vers la terre de Juda. Le roi dit alors à tous ceux qui étaient
près de lui : • Je suis vraiment étonné de ce que Dieu m'ait livré ce peuple ! » Il
ordonna ensuite de lui apporter le foie d'un mouton, il le plaça sur le sceptre, signe de
sa royauté sur terre, le plaça sous ses pieds, tourna son visage du côté de TOrient et
dit : « O Dieu qui m'es inconnu, Dieu des Hébreux, Dieu d'Abrahaam, d'Isaac et de
Jacob, Dieu dont je ne suis pas digne de prononcer le nom, car mes lèvres sont
trompeuses! Je crains que ce peuple n'ait été livré en mes mains, h moi pécheur, qu'à
cause du grand nombre de mes péchés et de ceux de mon peuple. » Alors il tourna
son visage du côté de l'Orient et pria en disant : « O Dieu d'Israël, Dieu du ciel et de
la terre dont le nom est parvenu jusqu'à moi pécheur, toi qui as toute puissance au ciel
et sur la terre, je t'en prie, ô mon Seigneur, si cet homme qui m'est venu trouver est un
ange et si c'est par ton ordre que je fais la guerre à ce peuple, fais-moi voir un signe
de ta volonté par l'entremise de ce bélier, car je suis ton serviteur Nabuchodonosor,
roi de Babylone. C'est toi qui as tellement endurci le cœur du Pha-
raoD que les eaux l'ont submergé avec tous ceux qui l'accompagnaient. Si j'ai péché
devant toi et que tu veuilles me faire périr, fais-moi fuir de peur jusqu'aux extrémiiés
de la terre ainsi que tous ceux qui me suivent. Mais si lu veux, ô Seigntur, les livrer
entre mes mains, que l'ombre de mon sceptre revienne vers moi. » Aussitôt le soleil
changea de direction; l'ombre du sceptre de Nabuchodotiosor et de la tête du bélier fit
retour. Le roi Nabuchoiionosor mit ensuite le bélier à sa gauche et le (oie de mouton à
sa droite, puis il dit de nouveau r « O Seigneur, fortifie mon cceur! » Et le Seigneur
lui donna la force; le roi de Babylone sut que le Dieu des Juifs les avait livrés entre
ses
Cependant le Dieu de la miséricorde s'était souvenu d'Abimélek, pour avoir gardé et
conservé le prophète Jérémie que Sédécias avait fait jeter en prison. Le Seigneur ne ,
voulut pas que pendant la captivité de Babylone, il fut au nombre des captifs courbés
sous le joug de Nabuchodonosor. Le jeune Abimélek continuaiid'aller tous les jours
au jardin du roi Sédécias, son maître et de lui ^ apporter des fruits. Un jour
qu'Abimélek
avait cueilli dans le jardin un panier plein de raisins et de figues et qu'il s'était mis en
chemin pour rentrer à la ville, Dieu se rappela la parole qu'avait dite le prophète Jé-
rémie : « Quant à toi, Abimélek, tu ne verras ni la captivité de Babylone, ni la
destruction de Jérusalem, ni le roi Nabuchodo-nosor. » Pendant qu'Abimélek
marchait et regardait le ciel, (le trajet était d'environ une heure), il se dit : • Je suis
sorti avant l'heure accoutumée et je n'ai pas pris de pain pour Jérémie le prophète!
Voilà, je vais m'asseoir et dormir sous cet ombrage l » Il s'endormit ainsi, après avoir
placé sous sa tête le panier plein de fruits et couverts de petits rameaux. La terre lui
donna repos : le rocher de la grotte s'étendit au-dessus de lui et le recouvrit comme un
plafond. La rosée descendait sur lui pour le rafraîchir, le soleil prenait soin de lui, si
bien qu'il n'éprouva ni faim ni soif, depuis que Jérusalem fut détruite jusqu'à ce
qu'elle eût été rebâtie une autre fois.
Ensuite Nabuchodonosor arriva en Judée, et avec lui toutes les forces des Chaldéens;
il s'empara de toute la Judée et de toutes les villes qui entouraient Jérusalem. Il se
réjouit
^eI nous pillerons leurs biens, car toutes les nations haïssent le peuple d'Israël qu'on
n'a pu vaincre jusqu'ici. Ils pouvaient en. effet soumettre tous les peuples par la force
de leur Dieu qui combattait pour eux. n Les Béni-Israël se tinrent debout devant
Nabu-
Ichodonosor pour kii résister ; mais leur force /ut bien vite épuisée, ils farent devant
lui comme des femmes enceintes, Nabuchodo-aosor ordonna de les enchaîner et tous
ceux qui étaient sur le haut des terrasses oc descendaient qu'enchaînés ; tous ceux qui
étaient dans les champs ne pouvaient entrer dans la ville sans être faits prisonniers. Et
il ne resta aucun des Hébreux qui ne fût eon-^ dnit devant Nabuchodonosor près de
lapons irusalem, et le roi de Babylone or-a d'en démolir les murailles. Lorsque
Sédécîas apprit tout cela, il fut ns une grande agitation : le sang coula de 1 corps
comme de celui d'une femme qui ;oucîie; il s'étendit sur son lit, se couvrit
le visage comme celui d'un mort; ses servi-leurs remportèrent, cherchant à traverser
le pays pour sauver Sédécias. Mais Nabucho-donosor donna Tordre de lui amener
Sëdé* cias, et Kouris, le général, se rendit à la maison du roi de Jérusalem. Il la
trouva ornée d'étoffes de soie et d'or; le lit du roi était embaumé d'encens et près du lit
était l'idole que Sédécias adorait. Dieu jeta alors au cœur des serviteurs de
Nabuchodonosor la pensée de poursuivre les serviteurs de Sédécias, ils les
atteignirent portant le lit sur leurs épaules près du fleuve de Karmis. Ils firent
descendre le lit de dessus leurs épaules, enlevèrent ce qui cachait le roi et le
conduisirent à Kouris, chef des patrices chai-décns '. Celui-ci ordonna de lui arracher
les yeux, de les lui mettre à la main, de lui tuer ses deux enfants, l'un à sa droite,
l'autre à sa gauche, de lui mettre un collier au cou, de le conduire comme un chien.
C'est ainsi qu'on le conduisit devant Nabuchodonosor qui ordonna de l'attacher à la
queue d'un
I . Cette expression montre que ce terme de patrice était connu du conteur ; elle peut
par conséquent servir à déterminer l'époque où fut composé ce récit, époque qui ne
saurait être postérieure à la conquête arabe.
n daqueliflcL
^^Ffe |iropli
cette proposition branches d'olivie: prophète Jéremie \ chodonosor qui ^ iphéle avait
fleuri, eiiessus son trô B le prophf ftpbète de Dieu 1 v! mande-lui s'il n
Nabuchodonosor accepta
il diirut
i fort
i coDipréheti:
linaiion de Nabiichodonosor. «
B^kura ensuite
luteloù il lais
nerement et retourna vers le flambeau allumé ; puis il ambre où l'on gardait les
pêiements sacrés, i) prit le manteau du grand-, monta sur la terrasse du temple et ^it à
ia pierre angulaire : <r Je m'adresse à rce que tu as été jugée digue d'un grand
honneur, toi et tous ceux qui obser-s commandements du Seigneur ; tu es mblance du
Fils de Dieu, le maître des ;s vaillants aux jours passés comme au imps présent. Ce
temple sera démoli jusqu'à pierre angulaire : c'est pourquoi tu vas :evoir ce grand
honneur. Ouvre-toi pour ifermerla robe du grand-prêtre ; garde-la toi jusqu'à ce que
Dieu nii voulu rame-r le peuple. " Il prit ensuite la liare sur
laquelle était écrit le nom de Dieu et qu'A-raon et ses tils mettaient sur leur tête au
moment du sacrifice; il fit un signe vers le ciel et dit : « Je m'adresse à toi, ô roi de la
lumière immense,créature comme je n'en ai pas vu de pareille entre les créatures de
Dieu, garde cette tiare qui contient le nom de Dieu ; » puis il la jeta vers le soleil et
les rayons du soleil la reçurent. Et lorsque Jé-rémie eut achevé tout cela, il ôta ses
vêtements de prophète au milieu du temple, revêtit un cilice, se couvrit les flancs d'un
pagne, se prosterna devant le Seigneur et prit les clefs du temple. Il les plaça devant
le seuil du temple et dit : « Je m'adresse à toi, ô seuil du temple de Dieu, reçois ces
clefs et garde-les jusqu'à ce que Dieu ait ramené le peuple. » Aussitôt le seuil de la
porte s'ouvrit pour les recevoir.
Après cela, le prophète Jérémie se rendit prés du roi des Chaldéens ; et lorsque le
peuple le vit revêtu d'un cilice, la tête couverte de cendres, il poussa des cris
accompagnés de pleurs et de lamentations, il couvrit sa tête de poussière et vit que le
Seigneur ne lui avait pas pardonné, car on savait que lorsque Jéréiiiie allait prier Dieu
phèie Jérémie e
ses, il dit h
eur prenait pitié du reçu le gage de cette ■tait revêtu d'habits e.El lorsque le pro-ipli
toutes ces cho-
r Dieu
i Nabuchodoi ton char et retourne à Babyloi les a livrés entre tes mains. » Aossilô
buchodanosor se leva comme un lioo mit en chemin vers Babyioi [ ses ^e'ne'raux de
rassembler tous les Juifs et I de les faire marcher. Ils marchèrent en effet, ei le
prophète Jérémie était au milieu d'eux,, nu-tète et nu-pieds. 1-e roi Nabuchodonosor
le vit ei lui dit : • Quelle faute as-iu donc commise? Vieos monter avec moi; il n'est
pas convenable que tu ailles h pied et que lu [ sois revêtu d'un cilice. > — Jérémie le
prophète lui répondit ; • J'ai péché devant Dieu plus que ce peuple toul entier. Vive le
Seigneur mon Dieu ! je ne quitterai pas ces vêtements avant que le Seigneur n'ait
ramené son peuple à Jérusalem. • Nabuchodonosor ordonna alors à ses généraux de
prendre Je- ■ remie avec eux.
- Et le peuple hébreu marchait vers Ba-. bylone au milieu des peines et des épreuves.
En moins d'un mois, leurs vêtements furent souilles comme une vieille peau
déchire'e, leurs chaussures tombèrent de leurs pieds, leurs cheveux devinrent longs
comme ceux des femmes. Le soleil brûla leurs corps, ils furent recouverts de boue et
de crasse, et leur chair s'ouvrit : le froid de la lune et des étoiles les fit souffrir
pendant la nuit tellement qu'ils tombaient la face contre terre, ne savaient ni ne
pouvaient marcher. Ils tombaient à la renverse les uns sur les autres de faim et de soif.
Ils levèrent alors les yeux au ciel et dirent : « Quelle différence entre notre état et
Tétat de nos pères, quand Dieu donnait la manne à Moyse, quand la source d'eau
douce les suivait dans le désert 1 n La poussière tomba sur eux du haut du ciel, Teau
douce se changea pour eux en eau salée, les femmes enceintes avortaient, celles qui
nourrissaint rejetaient leurs enfants, car elles ne trouvaient plus de lait pour les
allaiter. Enfin ils s'écrièrent avec de grands soupirs : « Tes jugements sont justes, ô
Seigneur! et tu nous as punis selon nos péchés; car nous avons immolé nos enfants
aux idoles et nous t'avons irrité. Ce sont nos péchés qui nous ont attiré tous ces
malheurs. »
Nnbuchodonosor arriva enfin avec eux à Babylone ; il entra dans son palais : ses fils
et sa femme l'embrassèrent et il leur raconta tout ce qui lui était arrivé depuis qu'il les
avait quittés. Il revÉIÎt ses vêtements royaux, il s'assit sur son trône pour juger les
He-breuK et leur imposer leur travail. On compta qu'ils e'taient au nombre de cent
quatre vingt raille, outre les cinquante mille qui étaient morts en chemin, et sans
compter les enfants moris dans les bras ou dans le ventre de leurs mères.
NabuchoJonosor ordonna de faire travailler les jeunes gens dans la boue pour faire
fabriquer des briques, de faire fendre le bois et puiser l'eau aux vieillards, de faire
tisser la laine aux femmes. Chaque jour on lui montrait leurs travaux, comme ceux
des esclaves, et il leur donnait pour nourriture du pain et de l'eau. Les Hébreux furent
donc captifs a Babylone et subirent le joug de L'esclavage. NaDuchodo-nosor leur fil
bâtir des villages, des maisons, des tours sur le bord du fleuve et des murailles tout
autour de Babylone. Tous les jours les Chaldéens portant leurs lyres se rendaient sur
les rives du fleuve et deman-idaient aux Hûbreux : b Comment chantiez-
Les Hébreux étaient donc comme des esclaves pour le roi de Babylone. Nuit et jour le
prophète Jérémie adressait pour eux des prières au Seigneur, car il voyait la détresse
et les tourments qui accablaient le peuple. Quant à Sédécias, il fut attaché au char de
Nabuchodonosor jusqu'à ce que le roi fût arrivé à Babylone; puis pendant quarante
ans, il dut conduire le mulet du moulin; il souffrit tourments et endura misère plus
que tout autre. Pendant tous les jours de sa vie, Nabuchododosor ne prit jamais pitié
des Hébreux. Lorsqu'il fut mort, le persan Ouaqdous ' lui succéda; celui-ci tourmenta
les Hébreux par la faim et la soif, i! diminua leur nombre plus qu'il n'avait été fait du
temps de Nabuchodonosor. Il donnait â chacun deux pains " pour deux jours et un peu
d'eau; il augmenta la quantité de tra-vail qu'ils devaient fuire et leur fit endurer
beaucoup de maux, si bien que de leur grande quantité, il ne resta plus que quatre
vingt mille personnes.
Les enfants des Hébreux apprenaient les sciences des Chaldéens; ils étaient au-nom-
bre de quatre-vingt-dix jeunes garçons quï allaient à l'école. Parmi eux se trouvait ud
jeune enfant nomme Azerah " que sa mère mena tout petit a l'école, alors qu'il ne
savait distinguer le bien iki mal. L'esprit de Dieu
était en lui. Chaque jour, les Chaldéens et ceux, des Hébre Je l'école pour aller puiser
l'i était nécessaire. Us sortirent i cruche d'Aïerah tomba dans 1 fanis Chaldéens dirent
quelqui
infants des sortaient
I. Les
is âcs Copies i
convenant aux enfants Hébreux. Ils battirent des mains en s'écriant : « O Hébreux !
vous êtes des gens sans force ! » Azerah leva les yeux au ciel, soupira, versa des
pleurs et dit : a O Seigneur mon Dieu, regarde-nous et prends pitié de nous en
souvenir d'Abraham ton ami, d'Isaac ton élu et de Jacob l'objet de ta bénédiction. Où
est Talliance que tu as faite avec tes serviteurs?N'éloigne pas de nous ta miséricorde,
car, au milieu de ce peuple, nous sommes haïs plus que toutes les autres nations
vaincues. Maintenant donc, ô Seigneur, prends pitié de nous, car nous avons péché en
ta présence ; mais tu es miséricordieux et tu pardonnes les péchés. » Il ôta ensuite ses
habita^ descendit dans le fleuve, les remplit d'eau comme une cruche, les porta sur
son épaule et accompagna les autres garçons à son école sans qu'il en tombât une
seule goutte. Lorsqu'il fut arrivé, il arrosa l'école avec l'eau qui était dans son habit, et
lorsqu'il eut fini, il remit son habit qui était sec,'comme si de rien n'était. Lorsque le
maître d'école eut vu ce prodige, il se leva, se prosterna devant l'enfant et dit : «
Vraiment je te dis que c'est toi qui sauveras ton peuple d'e la captivité! » Et de ce
VOUS glorifiez votre Diieu; jouez-en en ma présence » — Ils répondirent : « Nous
craignons d'en jouer dans un pays étranger, car notre Dieu ne le veut pas. » — Il [leur
dit : • Faites ici comme vous faisiez dans votre pays. » Ils lui dirent : « Les enfants de
Lévi sont ceux qui ont été choisis par le Seigneur pour nos chefs quand nous jouons
de la cithare. » Kouros ordonna qu'on apportât une cithare aux Hébreux qui se mirent
à en jouer harmonieusement; ils s'accompagnaient en battant des mains et en frappant
des pieds sur la terre '. Aussitôt la terre se souleva, comme si elle eut voulu rejeter les
Béni-Israël dans leur pays, si bien que Jérusalem entendit leurs voix. Les Chaldéens
jurent stupéfaits ; des nuées descendirent du ciel et recouvrirent tout le temple. Tous
ceux qui se trouvaient à Jérusalem * surent que Dieu avait pris pitié d'eux Kouros fut
1. C'est encore ainsi qu'aujourd'hui les Copies voient les Nubiens, les nègres du
Sourdan et surtout les Bar-bariens se délecter en faisant de la musique.
2. Peut-être y a t-il ici une faute et devrait-on lire Ba-bylone ; j'ai laissé la leçon
Jérusalem à cause de l'incertitude qui règne toujours quand il s'agit des auteurs
coptes.
tcrifiaient un bouc pour leurs péchés, et ie Seigneur envoyait son ange avec un
sceptre de feu pour recevoir d'eus leur offrande. Allons donc ! peut-être la
miséricorde du Seigneur est-elle près de nous et nous en-verra-t-il son ange pour
recevoir de nous ce que nous lui offrirons, u Us firent ainsi. Quant à Azerahjil prit du
boisd'Atrafis " (sic), du bois d'ébène, trois autres morceaux de
I. Lb copiste s' de li Noiiri du IÏi léchicl. Quant ai
bois; il plaça le bélier en haut du bois, tourna son visage vers TEst, c'est-à-dire dans
la direction de Jérusalem et pria le Dieu d'Israël en disant : « O Dieu de nos pères, le
seul Éternel ! toi qui as exaucé Abel, le premier martyr, de préférence à Caïn son
frère, toi qui as créé Seth à la ressemblance d'Abel, qui as rendu vaine là force des
impies, qui as
fait monter Enoch aux cieux à cause de sa pureté et qui lui as appris les mystères
célestes; toi qui, avant le péché d'Adam lui as donné l'autorité et as mis entre ses
mains tout ce qui est sous le ciel ; je t'implore, ô mon Dieu, exauce mes prières et mes
larmes, souviens-toi de l'engagement que tu as pris avec Abraham en disant : Si tes
fils observent les conditions de mon alliance, je perdrai leurs ennemis. Maintenant
donc, ô mon Dieu, prends pitié de tes esclaves, car nous sommes prêts à mourir pour
ton saint nom. Du haut de ton ciel écoute-nous au-jourd'hui, accepte notre offrande,
aspire son parfum, fais miséricorde et pardonne à ton peuple. »
Quand il eut fini sa prière, ainsi que ses frères, leur imploration monta vers le trône
de Dieu et leur parole entra dans l'oreille du
Seigneur Sabaoïh qui envoya son ange sous une forme humaine, afin de lui monier
leur offrande. L'archange Michel descendit alors, se tint debout sur l'autel, consuma
le bélier et le bois de son sceptre de feu qui de'voia tout ce qu'il y avait; puis il
remonta vers les cieuK. Il s'arrêta dans les airs, se rendit YÎsible aux trois prophètes,
leur donna la bénédiction céleste et les cieux s'ouvrirent pour le recevoir.
Quant à Jére'mie, il alla trouver Kouros à Babylone ', revêtu d'un cilice. Il priait pour
le peuple, et pendant qu'il priait en disant : • O Seigneur, Dieu de mon âme et de mon
corps, exauce la prière que je te fais pour les maux de ce peuple, car maintenant les
devant le roi de Babylone et Jérémie sauva le peuple de la main du roi. Pendant que
Jérémie agissait ainsi, Michel lui apparut et lui dit : « Salut à toi! » — Jérémie lui dit :
« Me voici, j'ai entendu ta voix et ta parole a donné de la force à mes os, ta
conversation a rafraîchi mes entrailles 1 Où étais-tu donc, ô Seigneur? Tu ne m'es
apparu qu'en ce jourl Et moi, je me trouvais dans la détresse au sujet de ce peuple,
comme un père pour ses enfants. » — L'archange Michel dit à Jérémie : a Je suis
aujourd'hui venu vers toi pour sauver ton peuple, car Dieu m'a envoyé pour cela.
Voici ce que dît le Seigneur que tu sers : « J'ai pris pitié de ce peuple et j'ai résolu de
le faire retourner dans son pays afin qu'il me glorifie. Si les Chal-déens ne le laissent
pas aller, je m'irriterai contre eux, je ruinerai leur terre jusqu'à ce qu'ils l'aient laissé
partir; et s'ils les retiennent encore, j'agirai avec eux comme j'ai agi avec Pharaon et
ses soldats. » Après avoir dit ses paroles à Jérémie, l'ange ajouta : « Reste ici jusqu'à
ce que je sois allé et que j'ai rassemblé tout le peuple près de toi. »
d'Israël en un seul endroit. Il se rendii près de ceu^ qui faisaient de In brique et leur
dit ; 1 Assez travaillé ! allez trouvei votre père Jérémie, car le Seigneur vous a
délivrés de ce travail. • Il dit de même à ceux qui coupaient le bois ec puisaient l'eau.
Il alla aussi trouver les tisseuses dans la ville et leur dit : n Assez travaillé ! car le
Seigneur vous a délivrées. Allez trouver votre père Jérémie. u Personne d'entre eus ne
Jérémie les conduisit au palais du roi. Kou-ros et Amis dirent à Jérémie : n Quel est le
Dieu d'Abraham, celui d'Isaac et celui de Jacob? Vraiment, ô Hébreux, retournez à
votre travail et quittez ce dessein. • Et Kou-ros ordonna de frapper Jérémie en
priisenee du peuple. Aussitôt Kouros et Amis ' se levèrent, sortirent du palais, se
présentèrent devant les chefs des travaux pour leur donner l'ordre de châtier et de
tourmenter le peuple, liii ce moment une nuée descendit du ciel, la terre trembla, le
vent souffla, le soleil disparut, les ténèbres devinrent visibles,
les habitants de Tair se confondirent avec ceux de la terre, les cavaliers virent leurs
chevaux s'enfoncer dans la terre, si bien que les Chaldéens s'écrièrent à Cyrus et à
Amis en disant : <x Assez, assez ! voulez-vous donc que le Dieu d'Israël nous traite
comme il a traité les Hébreux? ■ » Le roi Kouros tomba de dessus son char, et se
cassa les os du dos ', Amis ^ se cassa aussi le bras droit. Us s'écrièrent ; « O Dieu des
Hébreux, prends pitié de nous! car nous avons péché en refusant de laisser partir ton
peuple. Nous t'en conjurons, prends . pitié de nous et nous les laisserons partir en paix
pour leur pays. » Alors le prophète Jérémie eut pitié d'eux, surtout lorsqu'il vit couler
leurs larmes; il se rendit près de Kouros, ressouda les os qui étaient cassés et guérit
aussi le bras d'Amis.
Lorsque Dieu vit que leur cœur avait renoncé à leur dessein, il rendit le calme à la
1. On s'attend peu à trouver ici le nom des Hébreux. Le sens exigerait plutôt celui des
Egyptiens; cependant le mot Hébreux peut se comprendre.
3. Le mot Amis est ici et plus bas écrit Asis. On ne peut avoir confiance en aucun de
ces noms.
LA CAPTIViTÉ D
fl.ONE 147
terre eï fit reparaître le soleil. Aussilôl le roi Kouros et Amis ordonnèrent de faire
venir les Hébreux; puis le roi compta les jours qu'ils avaient passé dans la captivité,
leur paya leur salaire, fit monter Jérémie sur un cheval, le revêtit d'un habit royal, lui
mil une couronne sur la tête, lui donna des montures et des chameaux chargés de
vivres, puis il écrivit pour tout l'empire des Ghaldéens une lettre dans laquelle il disait
: o Sortez au-devant du prophète Jérémie, accompagnez-le jusqu'à ce qu'il ait quitté
votre pays. 0 On fit présent au prophète Jérémie de dis serviteurs. Jérémie sortit des
villes chaldéennes avec tout son peuple, el la totalité de ceux qui soriirent de
Babylone fut de quaire-vingt millions, e[ il en était mort pendant la captivité cent
raillions '.
Lorsqu'ils furent sortis de Babylone, ils commencèrent de prier en disant ; > Hâte-toi,
ô Jérusalem, de ceindre ta couronne, car
I. Ces chiflïïs ionl tout aimplsment fantsaliquci. Plus hant. 11 s'agissait seulement de
So.ooo. En arabe, 1« mal million ï'eiprime par mille mille ; le scritie a cipiti le mot
alph alin de faire mieux ressoitir le miraculeux de ton lÉcit. Les I oo.ooo, Doo de
inorls s'expliquent par lu
tes fils, partis dans la tristesse et les pleurs, te reviennent dans la joie et dans la paix. •
Jërémie le prophète retourna ainsi en paix dans son pays après avoir été honoré dans
la terre des Chaldéens, escorté de cavaliers jusqu'à ce qu'il fût arrivé à Jérusalem.
C'est ainsi qu'ils y arrivèrent.
droits déserts éiaienl peuplés et qu'il ne rencontrait personne qu'il connût, il se trouva
dans un grand embarras; il resta debout et dit ; n Que signifie tout cela? . Il vit un
vieillard qui ramassait du bois, il lui dit : • O mon père, suis-je bien dans la ville de
Je'rusalem ?» — Le vieillard dit r « Oui. • -. Abinielek dit ; « Sais-tu ce que Séde'cias
a fait de Jérémie ? L'a-t-i! fait sortir de prison ?" — Le vieillard lui répondit : ■
Qu'est-ce que tu dis là? qui est Sédécias et qui est Jérémie ? Il y a soixante-dix ans
que Nabu-chodonosor a détruit Jérusalem et a emmené tout le peuple en captivité à
Babylone, et avec le peuple Jérémie. s — Abimélek lui dit : • Si tu n'étais pas un
vieillard, je dirais que tu es un fou. Je suis allé aujourd'hui dans les jardins de mon
seigneur Ermis et j'en ai apporté des fruits. Je me suis endormi un peu, il est vrai ;
mais, si le peuple a été emmené en captivité, les ténèbres de Dieu sont donc tombées
sur lui et l'ont enveloppé! ou bien la terre les a engloutis! Je pourrais au moins en
trouver quelqu'un •. — Et le vieillard lui répondît : • En vérité, tu es un homme juste
à qui Dieu n'a voulu faire voir ni la destruction de Jérusalem, ni
En effet, Abimélek vit Jérémie brillani comme le soleil qui répand sa li courut â lui.
En le voyant, Jérémie descea? dit de son cheval, l'embrassa et lu " Sois le bienvenu,
Abimélek mon an
l'honneur que Dieu l'a fait. C'est ainsi qu'il traite ceux qui ont de la miséricorde, car tu
avais eu pitié de moi au moment de mon malheur, et de son bras sacré Dieu t'a caché,
t'a mis en repos, afin que tu visses Jérusalem de nouveau florissante. Tu n'as éprouvé
aucune misère, m n'as pas eu à subir le joug de Nabuchoiionosor : il y a soixante-dix
ans que nous sommes en captivité et seul de tout le peuple. Dieu t'a sauvé. C'est
pourquoi celui qui entendra raconter Ion histoire, pratiquera la miséricortle. ■ Et
lorsque Jérémie eut iîni de parier à Abimé-Ick, ils entrèrent tous dans la ville en
disant : <i H3te-toi, Jérusalem de ceindre ta couronne, car tes iîls qui sont sortis de toi
dans U tristesse et dans les pleurs te reviennent dans la joie et le contentement. > Le
ciel se réjouit, la terre fut dans l'allégresse. Ils rendirent gloire à Dieu qui les avait
ramenés dans leur pays. Qu'il lui soient la gloire et la puissance, maintenant et
toujours, jusqu'à la fin des temps.
Nous commençons avec i'aide de Dieu , vous raconter, 6 frères qui aime^ le Mes^'
sie, l'histoire de la grande vision que vïfM le père vertueux, l'évêque, le respectable^
anba Théodose, êvêque de Gangres, l'un m des trois cent dix-huit qui se réunirent^
dans la ville de Nicée, au sujet de /'AoH-fl neur que Dieu a accordé au grand ^ lyr, le
saint George de Mélite, l'étoile du'M matin, gui combattit avec vaillance jusqu'à la jin
et obtint les couronnes célestes leM
igt-lraisième jour de Bartnouda '. Nous sommes ici réunis pour parler deson beau
martyre. Que ses prières agréables intercèdent pour nous près de Dieu I Que la faveur
de Dieu nous pardonne nos péchés. Amen.
fcndunce BocerdoUle.
martyr généreux, Jean le Baptiste, et nous a appris que par le baptême nous obtenons
le royaume éternel; il jeûna pendant quarante jours et quarante nuits, afin de nous
enseigner que par le jeûne nos péchés seront par-donnés ; il souffrit en sa nature
humaine, il fut pendu à la croix sans se dépouiller de ses divinités ', il rendit
volontairement son âme noble entre les mains de son Père et sauva Adam de la
géhenne; il fut descendu de la croix et mis dans le tombeau, il ressuscita d'entre les
morts et monta aux cieux ; il apparut à ses disciples pendant que les portes étaient
fermées pour nous apprendre quelle serait la condition de nos corps ressuscites ; il
leur dit : « La paix soit avec vous ! » Il leur souffla au visage et leur dit : « Recevez le
Saint-Esprit ; à qui vous aurez remis les péchés, ils seront remis ; à qui vous les aurez
retenus, ils seront retenus ; • et cela a été observé par leurs successeurs et les
successeurs de leurs successeurs qui ont pratiqué
I. Cestsur ce point que la divergence existe entre les catholiques et les Coptes ;
d'après les premiers Phomme seul souffrit, et non le Dieu ; d'après les seconds qui ne
sont pas si grands clercs^ la personne entière souffrit et par conséquent Dieu. ■>
( DE l'ÉvÈQOe
t55
pondu, fais a
du Fils déi
» Il monta irante jours après sa résurrec-,is k la droite de son père, sur 1 gloire; il
viendrai la fin du
le (
. Et
tous les trois ne font qu'un seul Dieu ; qu'un seul Etre adoré, digne d'èire glorifié, près
duquel nous aurons recourspar l'entremise de la sainte Dame, afin qu'il nous guide
vers son obéissance, qu'il nous protège contre son mécontentement. C'est devant lui
que nous nous prosternons, que nous faisons acte d'a-doraiion, que nous confessons
qu'à lui le pouvoir, la puissance et la grandeur jusqu'à
iclrioe catbalique veut que le Saïnt-Esprït procèds ù la iadu Pire et dn Fils. Les
Gtecaveulenl tjne la procession
la fia des temps : AmeHj amen, amen \ Il dit : « Écoutez maintenant, ô mes amis, ce
que j'ai vu de mes yeux, ce que j'ai entendu de mes oreilles, moi le pauvre Théodose.
Il y eut autrefois un roi aimant Dieu, nommé Théodose, il eut une merveilleuse vision
aux jours de sa royauté, il vit le saint, le grand saint Georges sortir des cieux au
milieu d'une grande gloire, comme si l'archange Michel l'eût accompagné, il fît
asseoir Théodose sur le trône de l'empire grec à cause de la bonne foi qu'avait celui-
ci. Après avoir régné pendant vingt ans, Théodose bâtit une grande église au nom du
grand martyr le saint Georges, il rassembla les pères évêques pour consacrer l'église,
il m'envoya chercher moi avec tous les pères évêques : je me rendis à lui malgré ma
faiblesse et ma vieillesse. Lorsque nous eûmes consacré l'église au nom de Dieu et du
saint Georges, que les pères évêques chantaient, le roi qui était avec nous ainsi que
tous ses vizirs et les gens de la ville, ordonna qu'on nous lût les actes du grand martyr
le
saint Georges, car ce jour était le vingt-troisième jour de Barmouda. Nous écoulions
en silence. Lorsqu'on fut parvenu à l'endroit où Dieu lui rend témoignage qu'il n'y a
personne de semblable à lui parmi les martyrs, cette parole fut dure pour moi, et je
me dis ;
Lorsque la Messe fut finie, que le soir fut venu, nous limes la prière avec le roi, en-
nous nous couchâmes, et personne d'entre nous ne mangea quclqui chose, pas même
le roi qui dormit avec nous dans l'élise, la veille du dimanche. Lors donc que la nuit
fut venue, nous priâmes jusqu'à minuit; la prière finie on dît : Amen. Ensuite,
causer avec le roi des grandeurs de Dieu, et voici que l'un des pères évèques fut
:n esprit dans le ciel, il vit des mystères .profonds impossibles a décrire pour tout
homme qui habite la terre '. Il dit : Je me vis comme me tenant debout devant le trône
de Dieu le Père, j'aperçus des millions de bienheureux glorifiant la Trinité sainte,
égale en toute chose. Je vis tous les pères saints venir, selon leur rang, se prosterner
devant Dieu, faire leur prière, puis se tenir debout rang par rang. Ensuite je vis
quelqu'un qui arrivait du dehors et qui s'avança jusqu'à l'intérieur du voile " : il avait
l'aspect d'un roi, était revêtu d'un diadème d'or, avait sept couronnes; il était monté
sur un cheval plus brillant que le soleil ', il portait une' épée. En un moi, il avait tout
l'aspect d'un: roi et sa dignité royale n'aveit pas de lîn. Comme il arrivait, il était
accompagné d'une suite nombreuse et je vis tous les saints se
7-:st:rr.jr devant iui. J-. r.:c- i:> : .• Il n'y a pa ; o V : j r. c q j i c'est ! »» J e r•_ •_:. :
:■: 'e vi; un moine qui a..:" jelic? d'un an^c; ii jo". royalw. il avait un \élcî;.':: ' lc5 rois
de ce monde no., nâit à la main droite l.:.. son visatje respirait i;i ,o... «.n disant : « Je
te prie. ::.. prendre qui tu es. toi u. . et qu'enveloppe cette l-ii m'embrassa et me cr
£;ens deTouna; soi& .<. - .-. . notre vrai roi Jésu' réiouis et je lui I. «
père, je t'en priv. ; ... : . de ton saint emi>'..• est ce grand ".
et devant I ternJ>. • tu de
i»;
Ii\
I—
.... ^- N.llUl
N v!i I monts.
. : . i. .-» ,v » wi doux
• ■ !.. lo le dis,
. Kilt te dire
.' lo Soigneur
que soixante
JaiiN le Syiiaxarc. Ce
• loiioniunic du huitidc,
iiicres Iiiiiite>.
l'occasion du grand martyr, du saini Georges, l'ami de Dieu, l'élu, car il est plus élevé
en gloire que lous les saints, selon la parole de noire Sauveur. Pour toute âme qui sort
du corps, soit d'un homme pur, soit d'un pécheur, ses actions apparaissent clairement
écrites sur un tableau spiritualisé ' ; elles restent devant l'âme à chaque instant. Et
lorsque le Seigneur Jésus le Messie a voulu sauver pour nous s^n serviteur, il me
rendit visite, Ole fit sortir de ce monde et m'accorda la grâce d'entrer dans sa ville
céleste, de voir cet homme que tu as vu, qui porte le diadème de la royauté et qui a
sept couronnes. Je regardai alors et je vis ce qu'il y d'écrit sur le tableau : C'est
Georges qui est de la ville du Sud, celui qui est mort trois fois pour le nom de Noire-
Seigneur Jésus le Messie. Et je vis les saints se prosterner. Moi aussi, j'avais enduré
beaucoup de souffrances pour le nom du Seigneur Jésus le Messie et j'.étais mort sept
fois '. Je pensais en mcH-
. c« t
e réalité.
r"
Je lui dis ce que j'a* champ il me condui qui avait été moine il lui apprit quel et
véridique confesse saint anba Paul,
; dit : . O n
[ipere
a et accomplis l'ordre Dieu. Ne dis pas ; j'ai souffert autant que le grand saint
Georges; car tu ns fait cela volontairement pour le Seigneur; mais ce saint a eu à
souffrir toutes sortes de tourments, les haches, les scies, le feu, les épees à deux
Iranchans des rois de la terre qui étaient plus méchants que les bêtes féroces. Et je te
le dis, ô mon ami, si un persi-'cuteur vient te dire une seule fois : • Viens, sors, carie
Seigneur t'appelle; a cela vaut mieux que soixante
iraïsemblaRcc il
ans de la vie d'un dévot solitaire, « Lorsque j'entendis ces paroles, je fis une
génuflexion devant lui et devant le saint Miche!, en disant : « Pardon nez-moi. • Ils se
réjouirent beaucoup avec moi et je me rendis vers le martyr, le saint Georges : je me
prosternai devant lui. Et maintenant, ô berger honnête du Messie, sois persuadé en
Ion cœur qu'il n'y a personne qui puisse lui ressembler parmi les martyrs, a
Pendant que le saint me parlait ainsi, voici que le soldat de Dieu, le saint Georges vint
à moi, la figure toute resplendissante; il m'embrassa, me remplit de joie et me dit : t
Quand tu seras retourné dans ta ville de Gangres, bâtis-moi une maison afin quej'aille
habiter près de toi ; il y a cent six mois que tu es venu vers moi dans cette ville sainte
'. > Lorsqu'il m'eut dit ces paroles, je m'éveillai de mon songe.
Et voici que le roi et les douze évêques, en voyant le corps du saint briller, connu-
e BU lemps passi par l'évCque Théodose dans le le laps de lempa (coulÉ depu[6 soa
épiscopflt. La re hypolhcae me scinbls prêfiirable.
de leur raconter ce qu'il avait vu. Lorsque son cœur se fut caimé, il leur raconta tout
ce qu'il avait vu. Ils furent remplis d'admiration et glorifièrent Dieu ainsi que son
grand martyr, le saint Georges. Puis le roi dit : ■ Au jour où Dieu, malgré mon
indignité, m'a fait asseoir sur le trône de l'empire grec, l'ai vu de mes yeux pécheurs
le saint Georges sortir du ciel, monté sur un cheval, ayant en sa main droite une large
êpée, accompagne' de l'archange Michel. Je vis sur sa tête un diadème d'or et sept
couronnes qui brillaient grandement. Il vint a moi, me remplit de joie ec me fit
asseoir sur le trône de l'empire. Beaucoup de mes soldais qui le méritaient l'ont aussi
vu face à face. Je l'ai encore vu une autre fois dans l'église sainte, et il m'a dit
beaucoup de choses utiles à mon âme; et moi, lorsque je les eus entendues, je bénis
mon Seigneur Jésus le Messie et ses martyrs. »
Après cela, lo père évèque retourna dans sa ville, il bâtit une grande église au nom du
martyr, le saint Georges et la consacra de sa propre main avant sa mort. Il est un des
trob cent diï-huit qui se rassemblèrent dans la ville de Nicée et c'est lui qui a eu cette
.C4
CONTES ET ROMANS o'ÉGYI
evequt Et «
le hér
et qui a écrit cette homélie. Il fut pendant soixante-quinze ans, Dici, 6 frères, quels
sont les grands, irs dont Dieu a comble mon seigneur is, le fort, le martyr saint
Georges ous célébrons la fête sur la terre et liaos les cieux : mais la plus grande partie
de ces honneurs lui est dévolue dans la Jérusalem céleste, la ville du grand roi Jésus
le Messie, Et maintenant, mes frères bénis, puisque nous savons avec certitude que le
saint Georges est près de Dieu, qu'il est comblé de tant de faveurs, qu'il peut a chaque
instant se présenter devant la Trinité sainte et intercêderpourchacun de nous, prenons-
le pour intercesseur afin que nous soyons charitables envers nos frères pauvres et
étrangers, que nous aimions notre prochain et soyons purs. Il intercédera pour nous
devant le Seigneur notre Dieu Jésus le Messie qut
; de I
affern
de vos orphelins et de vos veuves, pardonne vos péchés, vous donne la sûreté dans
votre pairie, le repos aux âmes de vos morts, vous fasse croître dans l'amour spirituel,
rende pitoyables les cœurs des gouverneurs et vous fasse entendre la voix joyeuse qui
dit ; ■ Venez à moi, ô les bénis de mon père, héritez le royaume qui vous a été destiné
avant la création du monde, ce qu'aucun œil n'a vu, nulle oreille entendu, nul esprit
imaginé, • par l'intercession de la sainte Dame, la Vierge pure, de saint Marc l'évan-
modernes; ils doivent être un legs de Tancien temps. J'en ai parié plusieurs fois à des
personnes religieuses qui n'ont jamais admis la possibilité de faits miraculeux venant
de Coptes schismatiques ; j'étais parfaitement de leur avis; mais on ne saurait guère
distinguer entre Coptes et Coptes, entre les modernes et les anciens. Ce sont tous gens
semblables.
I
: SAINT GEORGE!
Au NOM DE Dieu.
notre Seigneur Jésus le Christ, qui acheva son combat le vingt-troisième jour du mois
de Plurmoutki ', dans la paix de Dieu :
qui prêchaient la bonne nouvelle de la vérité devant les aaiets des idoles, ils forçaienc
Ions les chrétiens ù rendre adaration aux statues des démons. Le roi Tatien, celui qui
prit le pouvoir, commença la perse'cution après s'être emparé des quatre coins de la
terre. Lorsque le roi Tatien fut devenu le
fit lecture dans le monde entier •. Voici ce qui était écrit dans ces édits ; n Puisque ni
Apollon, ni Poséidon, ni Hermès, niAstarté, ni Zeus, ni Jésabel, ni Ornos (?), ni
Scaman-dre ', ni tous les autres dieux, comme le bruit en est parvenu à mes oreilles,
ne sont plus adorés et que le fils de Marie est le seul
qu'on adore; puisqu'on ne qu'au seul Jésus le ChrisI,C( ont mis à mort, pour cette tout
lieu ceci : « 0 rois de magistrats qui habitez dan mon royaume, venez tous pi
t. Parc
il faut ei
T pr«cédea
l'Iliade oC
e Seamaniire él<
z à connaître quel
CONTES ET R
que le^ foules entendirent cela, elles eurent ^ peur grandement en présence des tour
lie sorte que ceux qui désiraient être martyrs jj hésitèrent en voyant la multitude des
suppli- j CCS qui leur étaient préparés, et trois ans passèrent sans que quelqu'un osât
dire : o suis chrétien. ■>
Il y avait un jeune homme nommé ■ Georges, soleil de vérité, étoile glorieuse entre le
ciel et la terre. Celait un Iribun dans les cadres de l'armée du royaume!; il était
originaire de Cappadoce. Lorsqu'il . eut achevé son service de tribun, il reçutl une
foule de richesses. Il se rendit p roi Tatien, dans le désir d'obtenir le grade! de comte.
Lorsque le saint Georges fut i rivé dans la ville, qu'il eut vu la folie des>] rois qui
adoraient les idoles et délaissaient! Dieu, aussitôt il changea la résolution de soaj
cœur, décida d'abandonner le tribunat mili-.] taire et se dit : a Moi, je serai le soldat
dft'J mon Seigneur Jésus le Christ, le i cieux. D Alors il distribua tous ses biens m3
en donna les deux tiers aux pauvres^ il cou< rut se présenter devant les rois, s'écri
disant : a Apaisez votre colère, ô rois, n'exa)^V tez pas ceux qui ne sont pas dieux, en
disaol
que ce sont des dieux, carpérisseni les dieux quin'ontpascréélecieietlaterre! Pour moi,
j'adore le Dieu unique, Père de notre Seigneur Jésus le Christ avec leSaini-Espril. ■
—Lorsque le dragon l'eut vu ', il lih : n Toute chose a été faite par la bonté des dieux,
nous, tout ce qui est sous le soleil, ainsi que le feu; car les dieux nousapparaisseot
comme de grands personnages. Sache maintenant que tu nous as injuriés et que lu as
aussi injurié les dieux justes. Maintenant donc, adore les dieux, Apollon qui sauve la
terre; rends-loi favorables les dieux que tu as méprisés; ils connaissent ceux qui leur
rendent honneur et obéissent; ils connaissent de même et châtient les hommes qui
leur désobéissent. Maintenant apprends-moi d'où tu es, quel est ton nom et pour quoi
tu es venu ici. • — Le saint Georges répondit en disant : a Le premier nom que l'on
m'a donné est chrétien. Je suis de la nation des Cappadociens; on ma inscrit dans les
rôles de l'armée en un rang élevé et j'ai achevé comme il faut le service du tribunat.
J'étais dans te pays de Palestine et c'est là qu'on m'a gradé. Quels
r la dragon, 1
Comme le saint Georges disait ces paroles, le roi se mît en colère et donna l'ordre de
le suspendre sur le chevalet, lie le tourmenter jusqu'à ce que ses entrailles se
répandissent îi terre i et ensuite que quatre soldats retendissent, le frappassent avec
des nerfs de bœuf jusqu'à ce que les chairs de son corps tombassent à terre en
morceaux. Il fil saupoudrer son corps de sel, il lit apporter des sacs de poils, afin
qu'on y tourmentât son corps si bien que son sang coulât comme de l'eau. Mais le
saint soutfrait ces tourments avec patience. Le roi ordonna d'apporter un brodequin de
fer percé de trous. 11 lit enfoncer des clous dans la plante des TOME 11. lo'
'74
r ROMANS D'ÉdY
pieds pour en faire jaillir le l'eau. Et le saint soulfrait cela comme s n'eût pas été lui
qu'on tourmentait. Le rot ^ lit ensuite faire un autel élevé, il fie app ter siï clous très
aigus(?| avec lesquels déchira les chairs du saint. Il ordonna de le I descendre de
l'aulel : on le jeta dans une 1 chaudière d'eau, on alluma du feu par des- | sous et les
bourreaux frappaient sur sa tête ' avec des clous aigus, si bien que le crâne de sa tète
fut brisé, que sa cervelle se répandit par l'ouverture, blanche comme du lait, et que
tout son corps fut couvert de sang coagulé et durci comme du plomb. Alors le roi
ordonna qu'on lui apportât la moitié d'une colonne que huit hommes firent rouler; on
la plaça sur son ventre, le roi l'y fit attacher et le laissa ainsi jusqu'au moment oii il
aurait décidé ce qu'il devait en faire.
Mais en cette même nuit, le Seigneur ap-^ parut au saint Georges et lui dit : i Prends y
force et courage, Georges
c'est n
iqui'
a for
après lui, c'est loi le plus grand, il n'y a personne qui te ressemble. Voici que je l'ai
accordé de maîlriser ces quatre-vingts rois : tout ce que lu diras leur arrivera, lu
mourras trois fois et je le ressuscitera î. A la quo-Irièine fois, je viendrai moi-même
sur une nuée t'apporler la robe que je t'ai réservée dans ton habitation sainte. Prends
cou-
rage, ne cram!
r ]e SUIS avec ti
«Et
; les
L d'ui
rande gloi
Lorsque le matin parut, le roi ordoni qu'on amenât Georges au tribunal. Le sai
chantait un psaume et disait : u O Die
et ton Apollon de Seigneur Jésus le retendit avec qua-n le frappa sur le coups de nerfs
de suite en prison. Le ettre où il disait :
de rendre sans effet les sortilèges de ce chrétien vienne à moi. Je lui donnerai une
foule de richesses et toutes les provinces qu'il demandera, il sera le second dans mon
royaume. * Lorsqu'il eut envoyé ces lettres dans la terre entière, voici qu'un homme
se présenta, il se nommait Âthanase. Il alla trouver le roi en lui disant : « Vive à
jamais le roi! Il n'y a rien d'impossible pour moi. » — Le roi se réjouit et lui dit : «
Quel prodige vas-tu faire en ma présence, afin que je sache si tu peux faire cesser les
sortilèges des chrétiens? » — Âthanase prit la parole et lui dit : a Qu'on m'amène un
taureau! » Lorsqu'on lui eut amené le tauresu, il lui parla à l'oreille, il coupa le
taureau en deux parties. Il dit alors au roi : « Qu'on m'apporte une balance! » On la lui
apporta. Lorsqu'on eut placé la moitié du taureau dans l'un des plateaux de la balance,
et l'autre moitié dans l'autre plateau, les deux plateaux se firent équilibre, de sorte que
l'un n'entraîna point l'autre.
Le roi ordonna d'amener le saint Georges au tribunal. Il lui dit : « Georges, à cause de
toi, j'ai appelé cet homme en mon royaume, afin que tu rendes vains ses sortilèges, ou
il ne lui arriva pas le moindre mal. Atha-nase prit la parole et lui dit : o Mon
Seigneur, je n'ai plus qu'un autre sortilège à te faire ; s'il ne t'en arrive aucun mal, je
croirai moi aussi en celui qu'on a crucifié. » Il prit une autre coupe, il en lava son
visage, il invoqua sur elle les noms d'autres démons plus méchants que les premiers,
il donna la coupe à Georges afin que celui-ci la bût. Et lorsque le saint l'eut bue, il ne
lui arriva aucun mal. Athanase, ayant vu qu'aucun mal n'était arrivé au saint, lui dit :
« 0 saint Georges, tu as sur toi la croix du Fils de Dieu, Jésus le Christ, qui est venu
dans le monde pour sauver les pécheurs. Prends aussi pitié de mon âme et donne-moi
le sceau du Christ. <• Lorsque Tatien vit ce
qui était arrivé, il se mit en grande coléi il ordonna d'emmener le magicien hors de la
ville, lie le luer d'un coup d'e'pe'e. magicien accomplit son martyre et di digne de la
vie éternelle. Alors le roi di l'ordre de jeter le saint Georges en prison jusqu'à ce qu'il
eût dticiiiéce qu'il devait en faire. Lorsque le matin parut, le roi ordonna qu'on fit une
roue très grande, qu'on y enfonçât des clous et des pieux. On fit la roue comme il
l'avait ordonné : dans la partie supérieure, il y avait des tranchants d'e'pée, dans la
partie inférieure des épées à double tranchant bien aiguisées '. Le roi ordonna de lui
amener le saint Georges de la prison, de le faire entrer dans la machine. Lorsque le
saint Georges se retourna et vit cette roue qui avait la forme d'une étoile avec des
tranchants d'e'pe'e à sa partie supérieure et .\ des épées à double tranchant à sa partie
inférieure, il se dit en lui-même: > Vraiment,
I. L»iiuleuts captai, pas plus que [ce Buteurs orien-lïux en général et moins encore,
n'oDI janisia su ce qiu c'élaïl qu'une deâcriplion. tin objet ne [es frappe jamaU . par
son ensemble, mais par ses côléa saillanli qn"i1i décrivent à leurmanitre; delà, lu
grandedlfficu1I£de lavoir quolqueroia i quel objet se rapporte leur desci
^^h ment où elles sont chargées de leurs pluies ; ^H c'est toi, Seigneur, qui fais
pleuvoir sur les ^^M justes et les injustes, qui pèse les montagnes ^H avec un poids et
les vallées dans une balance, ^H loi qui tires les vents des lieux oîi ils sont ^H
assemblés, qui as livré à l'abîme du Tariare ^^M les angesqui ont transgressé tes
ordres afin ^^H qu'ils y fussent châtiés par des dragons ^^Ê méchants, qu'ils y fussent
liés de liens in-
dissolubles ei arrêté par des serrures qu'on'J ne peut ouvrir. [I est impossible que
quelqui chose soit changé à les ordres. Seigneur I Dieu, c'est toi qui as envoyé ton Fis
unique itans le monde il la tin des temps, il a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait
homme, et il n'est pas possible à l'intelligence humaine de scruter soa incarnation;
c'est lui le Seigneur Jésus le Christ, né de toi en vérité, qui a marché sur la surface de
la mer comme s'il marchait sur celle de la terre, qui a nourri cinq mille personnes
avec cinq pains de manière à
landé les v choses te sont soi Ô Seigneur; en . hàte-ioi de secour un pécheur. Que
légères, car c'est à et ton nom est gli Amen ».
Lorsqu'il eut dit l'amen, on le jeta dans la roue, on la lit rouler sur lui. Aussitôt son
corps fut coupé en dix morceaux. En ce moment Tatien éleva la voix et dît : i Sach^,
ô rois, et soyez assurés qu'il n'y a point d'autre Dieu qu'Apollon, Hermès, Zeus,
s sur la mer. Toutes ses. Maintenant viens, s heure où tu viens, nalaiblesse, car je suis
souffrances me soient , qu'appartient la gloire u\ jusqu'^ l'éternité :
Athèné, Scamaniire, EphaiÈlos, Héraclès et Poseidôi') qui ani fait ce qui est bien des
trois côtes de la mer et qui donnent la puis-p aance aux rois. Où est maintenant le
dieu de Georges, celui qu'on appelle Je'jus, celui qu'on a crucifié, celui que les Juifs
ont mis à mort? Pourquoi n'esi-il pas venu le sauver de mes mains?» Le dragon de
l'abîme ordonna de jeter les ossements du saint hors de la ville, dans un lac desséche,
se disant en lui-mÊme .- « Je fais cela de peur que les chrétiens ne prennent ses
ossements, qu'ils ne lui bUlissent un monument en l'honneur de son martyre, qu'ils
n'exciient le sang contre nous '. » Or, comme il e'tait l'heure de manger, le roi alla
manger avec les soixanie-dix-neuf autres rois. Pendant qu'ils mangeaient, il y eut un
grand tremblement de terre, terrible, épouvantable ; le ciel se
couvrît de nuages, il y eut u reur si bien que les moniagni rent tout à coup, que la terre
mer lit bouillonni [ Jusqu'
e donnerait d
coudées. Michel sonna de sa trompette, e voici que le Seigneur Jésus vint sur s de
chérubins; il s'arrêta au-dessus des rive»! du lac, il dit h l'archange Michel : « cends
dans le lac, rassemble les ossemen^'l de mon serviteur Georges. Comme ce vail^l lant
Georges, pendant qu'il était vivant, laissé cette pensée monter en son cceui
.tde c
chine, D je l'ai délaissé pendant qu'il s'y trouvait parce qu'il n'a pas cru de tout son
coeur et n'a pas su que moi seul, Dieu, j'avais le pouvoir de le sauver '. •> Michel
descendit dans le lac; il rassembla le corps bienheureux du saint Georges. Le
Seigneur le prit par la main en disant : • Georges, mon bien-aimév'1 voici que la main
qui a créé Adam, le pre^ M mier homme, renouvelle aujourd'hui la créai I tion pour
loi. » Le Seigneur souffl visage, il le remplit de vie une seconde fois.] Le Seigneur
l'embrassa, puis il remonta veï^ les cieux avec ses anges saints.
I. Rien dam ce qui procède ne peut daa penser que Georges n'avuil pas cru de loui
mais c'est liua de ces traîlG subtils si familier! qai se préoccupent peu de ce qui
précède m
"H
tTYRE DE SAINT GEORGES 183
Georges se leva à la hâte d'entre les morts et il se mit à marcher par les places de la
ville à la recherche des rois.
li trouva ensuite les rois sur les places, assis et rendant la justice; il s'élança vers eux
et leur dit : • Ne me connaissez-vous point, 6 rois? • — Le roi Taiien leva les yeux,
tout honteux, et dit au saint : •> Qui donc es-tu ? ■ — Le martyr du Christ lui dit : «
Je suis Georges, celui que vous avez tué hier â cause de votre impiété envers mon
Dieu et qui vous perdra sans retard. ■
— Le roi Tatien resta quelque temps à regarder le visage du saint, puis il lui dit : • Ce
n'est point toi, tu n'es que son ombre. <i
nôlh ' qui étaii un samedi, h la neuviéi heure du jour; ils allèrent au milieu de gloire
dans le paradis où ils intercèdent pour les pécheurs. Le roi ordonna d'amener le saint
Georges au tribunal et commanda d'y apporter aussi un lit de fer et d'y attacher le
juste. Il fil chaufl'er du plomb jusqu'à coiT plète liquéfaction; puis il ordonna d'appo;
ter un vase de fer en forme de jarre, de le lui verser dans la bouche; puis il &(>
enfoncer soixante clous dans sa tête et dans, le lit. Il fit apporter une grande pierre
que l'on creusa selon la forme de sa tète qu' plaça pour la maintenir pendant qu'on
serait le plomb; puis il ordonna encore d& le frapper avec la pierre et de lui briser les
jointures des os. Georges soufi"rit ce tour»^ rneat avec courage. Alors le roi donna
dre d'enlever la pierre, de !e suspendre en haut par la tète, de lui a[tacher une grosse
pierre et de faire une grande fumée sous lui. Il ordonna encore ensuite de le jeteril
dans un taureau d'airain et d'y enfoncer desi clous aigus. Le roi.impie commanda d'il);
trodutre une machine dans le taureau, de
IMre rouler afin que les coups transperças-■sÉfnt le corps du saint et que ses
membres devinssent comme la poussière des aires pendant l'éic. Le saint supporta
encore cela avec courage. Le roi ordonna aussi l'ordre de le jeter en prison, de le
pendre au gibet, jusqu'à ce qu'il eût décidé ce qu'il en ferait et de quelle manière il le
perdrait, car le
t saint Georges était très beau à voir. Le Seigneur, en cette nuit, apparut à Georges et
lui dit : • Aie patience, Georges mon élu, prends courage, ne te laisse pas défaillir, car
je suis avec toi. Une grande joie t'attend dans le ciel en récompense de
tton combat. Voici qu'une fois déjà tu es mort et je t'ai ressuscité ; tu mourras encore
deux autres fois et je te ressusciterai de même. A la quatrième fois, c'est moi qui
viendrai moi-même sur les nuées, et la robe que j'ai réservée à ton corps, je
l'apporterai, moi qui donnerai la force k ton corps saint, afin que je te fasse reposer
avec Abraham, Isaac et Jacob. Ne sois point timide de coeur, car je suis avec toi. Ton
martyr aura lieu en présence de ces quatre-vingts rois devant lesquels tu me rends
témoignage- On tourmentera pendant sept ans pour mon
dans la veille
parlé, il remonta vers les cieux en compt gnie de ses anges saints, pendant que le
vail< lant martyr du Christ le regardait.
Quant au gaini, il demeura dans la jusqu'à ce que le jour parût, se réjoi dans
l'allégresse que le Seigneur lui donnée. Lorsque le matin fut venu, ordonna d'amener
le saint Georges au bunal. Lorsqu'on l'eClt ameni;, l'un de tre-vingis rois, nomme
Magncncc, lu g Georges, )e Ce demande un prodige;: fais en ma présente, je le jure
par mo gneur le soleil, par et Artémis, la mère des dieu
monde entier, je croit Dieu et je l'adorerai co saint Georges lui dit : ta demande. ■
loi-mcme en Ion e il faut. B — Le >is-moi qu'elle est li Magoence lui dit ; ■ Voici
quatre-vingts trônes; chacun de ces trônes a des pieds de toute forme : les uns sont
faits d'arbres fruitiers, les autres d'arbres qui ne portent pas de fruits; si donc il
devient évident que les pieds de bois aient pris racine, que chacun d'entre eux pousse,
grâce a tes prières, que les pieds faits d'ar-
■ de
rs produisent des fruits et que sont pas faits d'arbres produisant des fruits fassent
pousser des feuilles, en vertu de ce prodige nous croirons en ton Dieu. » Le saint
Georges se prosterna sur son visage, il pria Dieu durant une grande heure en poussant
des soupirs. Lorsqu'il eut fini sa prière, il dit : Amen .* Mais il se produisit une
grande terreur et un grand trouble lorsqu'il se releva, car un esprit du Seigneur
descendit sur Us trônes; ils pous-sèrent, les pieds prirent racine, ils fleurirent : ceux
qui étaient faits d'arbres fruitiers produisirent des fruits ; ceux qui étaient faits
d'arbres non fruitiers firent pousser des feuilles. Alors le roi Magnence ■dit : 1 C'est
un grand dieu que Héraclès, et ces arbres qui étaient desséchés ont ainsi manifesté sa
puissance en eux-mêmes. ■ — Le saint Georges répondit en disant : o Celui qui a
créé le ciel et la terre, qui a fait exister ce qui n'existait pas, tu l'assimiles à Héraclès,
l'idole muette, aveugle, avec laquelle tu périras bientôtl » Le roi Talien prit la parole,
il dît au saint Georges : • Elu
je te
p»
grande scie; on le scia par le milieu, partagea en dcu\, ei ainsi Georges l'esprit.
On apporta un grand chaudron pour y jeter les deux parties du corps du saint Georges
avec du plomb, de la graisse de bœuf et du bitume ; on alluma un graad feu par-
dessous si bien que la chaudière bouillonnait et que la flamme s'élevait à l'excès, de
sorte que ceux qui chauffaient s'enfuirent de chaque côte par suite de l'abondance des
flammes qui s'élevaient à une hauteur de quinze coudées. Ils portèrei dessus de la
chaudière au roi en disa uCetiu cuisson est finie et consomme'e. s Le roi ordonna
qu'on apportât la chaudière, qu'on la mît en terre avec les membres du saint qui y
étaient renfermés, afin que les chrétiens ne pussent trouver des membres du martyr et
lui é monument commémoraiif. Lorsqui viteurs eurent enterré la chaudière, ils se
retirèrent. Il y eut alors un grand trouble dans les airs, la terre fut ébranlée jusque
dans ses fondements. Voici que le Seigneur Jésus le Christ descendit du ciel avec ses
anges saints, il se tint au-dessus de l'endroit
1 le-^l idtt-S
il
t
où était enterrée la chaudière. Il dit à l'ange Snlathiel ; • Sors la chauiiière de I
Lorsque l'iinge l'eut déterrée, il en répandit le contenu sur la terre. Le Seigneur des
vertus prit la parole et dit : o O Georges, mon élu, lévc-toi. c'est moi qui ai ressuscite
Lazare d'entre ks morts. De mtme, c'est aussi moi qui t'ordonne et qui te dis : léve-toi,
sors de la chaudière, tiens-toi debout sur tes pieds ; c'est moi ijui suis le Seigneur ton
Dieu, a Aussitôt ce véritable et courageux atlhcte se leva dans une grande force,
valide comme quelqu'un qui n fert. Quiconque le vit fut dans 1 Le Seigneur lui dit : ■
Prends force et courage, Georges, mon bicn-aimé, car il y aura I une grande joie à ton
sujet au ciel et sur la tierre, en présence de mon père et de mes Cianges, k cause de
ton combat. Sois coura-Bgeux, car je suis avec toi. < Et il remonta s cieus on
compagnie de ses anges ^^ints.
Quanta lui, le saint Georges, il se leva, amena par la ville et envoya dire au le me
promène par la ville et j'e lussitôt le roi ordonna i fie lui amener au tribunal. En s'y
rendant, le
saint criait : ■ O iribunat, tribunal, )e viensà toi, â toi et a Ion Apollon, moi et mon
Seigneur Jésus le Christ, le Fils liu Di vani, n Alors voici qu'une femme, nommée
Scholasiique, s'dcria vers le saint Georges, 16' martyr du Christ, en disant : ■ Mon
seigneuti Georges, mon fils conduisait son bœuf daM les champs, le bosuf est tombé
et il est mort. Viens au secours de ma pauvreté. Je sais, mon Seigneur, que Dieu peut
le faire par ton entremise, o — Le saint lui dit ; « Prends cette baguette de ma main,
va dans le champ, place-la sur le cou du taureau et dis : Voici ce que dit le saint
Georges : ■ Au nom de Jésus le Christ, lève-toi, tiens-toi debout. Quant à la femme,
elle fit ce qu'il lui avail dit; le bœuf se leva au moment mèi femme rendit gloire à
Dieu en disant nie soit l'heure où tu es venu dans cette vill Vraiment tu es un prophète
et le Seîgneui visité son peuple ! •
Tatien envoya de nouveau chercher martyr. Mais lorsque le roi Trakîali fut ai rive, il
dit : ■ Georges, les bois desséchi ont poussé, nous ne savons pas au juste c'est ton
Dieu qui les a fait pousser, ou s sont nos dieux; mais voici un tombeau,
les
»i qui;
citent, par mon seigneur le Soleil, par la Lune et par Artémis, la mère des dieux, je
croirai moi aussi en ton Dieu et je me ferai chrétien. » — Le bienheureux Georges
répondît en disant : « Qu'est-ce que cette parole que j'ai entendue dans l'Évangile
disant: • Si vous avez de la foi gros comme un grain de sénevé et que rous disiez h
cette montagne : Ote-toi d'ici ; rien ne vous est impossible? Lève-toi donc avec le roi
Tatien et les autres rois d'Egypte ', allez, ouvrez la porte du tombeau, sortez les
ossements îles morts qui se sont corrompus, les cendres de ceux qui sont morts,
apportez-les ici. > Aussitôt trois rois se rendirent au tombeau, ils en ou-
D EGYPTE
vrireot la porte, ils ne trouvèrent en dedans aucun cadavre de mon '. Ils sortirent li
ossements qu'ils trouvèrent, ils les apportèrent au saint Georges. Alors le saint
Georges se jeta à genoux ; il pria pendant une heure environ. Comme ii finissait
l'amen, il y eut iin grand tremblement et des éclairs de feu brillèrent sur ces
ossements. Aussitôt il en sortit cinq hommes, neuf femmes et dix petits enfants.
Quand ils virent ce qui avait eu lieu, les rois furent dans l'étoiinemeni. Alors les rois
appelèrent l'un de ceux qui étaient ressuscites d'entre les morts, ils lui dirent : ■ Quel
est ton nom? — Celui qui était res,-suscitë d'entre les morts prît la parole en disant : t
Joubînnem, voilà mon nom. ■ — Le roi lui dit : • Combien y a-t-îl d'années que tu
esmort ? ■ —Il lui répondit; n Plus de deus cents années '. ■ Le roi lui dit: « Est-ce
que dans ce temps-là le Christ était ïenu att monde, ouï ou non? • — Celui qui était
ressuscité d'entre les morts dit : «Je ne le pense
•e répélépina loin U
pas, [car je n'ai jamais entendu dire qu'il venu. . — Tatien lui dit : • En quel dieu
croyais-tu? u — Celui qui était ressus-é lui dit : 1 Ne me force pas à le dire, ô i, car je
rougis de dire en quel dieu je jyais. Je croyais en un dieu qu'on nommait Apollon, un
insensé, sourd, muet, aveugle. Lorsque j'eus abandonné l'existence mauvaise de cette
vie,je vécus dans ces chemins qui conduisent au fleuve du feu, jus-ce que j'y fusse
parvenu; c'est là que se ?e le ver qui ne se repose jamais. Est-ce ■ que tu n'as pas
entendu lire les Ecritures des chrétiens où il est dit : Tu as pensé à moi dans ce jour de
crainte, dans ce lieu où f a nul secours, mais k stupéfaction et rreur, où il n'y a nulle
miséricorde, où ne persuade pas le cœur du juge, mais où les choses qu'ovi a faites
sont pUcées devant les yeux de chacun. Alors le juge prend la ' parole et dit : <
Apprends à chacun de nous cette chose,afinque je donne àchacun selon ses œuvres. «
Ecoute ce que je te vais dire, ô roi! Tout homme qui viendra sur la terre et qui
confessera celui qu'on a crucifié, c'est-à-dire le Christ, quand il au rail sur son corps '
"94
une foule de péchés, quand il sort de ce | monde mauvais, on le met dans les fc cause
de ses péchés ; mais le dimanche o donne repos, car le Seigneur Jésus inspecte -1 les
supplices le jour du dimanche. Mai moi, l'on ne me donne aucun repos, pasJ même le
dimanche, parce que je n': confessé sa Seigneurie pendant que j'ét la terre. Comment
en effet l'aurions-nous confessé lorsque nous honorions des idoles ec des statues sans
le moindre mouvement? • — Le roi prit la parole et lui dit : " Ton cœur n'a-I-il jamais
été traité avec indulgence pendant ces deux cents années entières? i— . Alorsceluiqui
était ressuscitéd'entrelesmorts-J regarda le saint Georges, il lui dit : b Mon| seigneur, à
saint martyr du Christ, noi prions, donne-nous le saint baptême du | Christ, afin qu'on
ne nous jette pas de i veau dans les tourments où nous sonim< Lorsque lesaint
Georges vit leur foi, il frappa.' la terre du pied; il en jaillit de l'eau et il leur conféra le
baptême au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. 11 leur dit : • Allez ea paix au
Paradis. « Aussitôt ils disparurent, personne ne les vit plus, et le roi resta stupéfait
une heure environ. Les roisqui étaient avec lui prirent la parole et lui dirent ; > Cet
Le roi donna un ordre et dit : « Choisis-iez-mol une veuve si pauvre qu'il n'y en ait
point d'aussi pauvre qu'elle, n On chercha rouva une femme veuve et pauvre, on fit
entrer de force le juste chez car le roi voulait déshonorer les chré-.. Lorsqu'on eut fait
entrer le saint dans laison de la veuve, il lui dit : » Donne-
dit : ■ Il I
epam
r en V
ifaii
dit : 0 En quel dit pointde pain dans t lui dit :« Je croiser lesgrandsdieux des
gesl
;i dit : • Vraii
de vrais Dieux
s'il
ta
s d'Egypte
maison, g Lorsque la femme l'eut regarda au visage, elle vil que [sa figure ressemblait
à celle d'un ange du Seigneur, elle se dit en elle-même : ■ J'irai chercher du pain chez
mes seigneur et mes voisins pour ie placer devant cet homme de Dieu : peut-être,
comme il esE entre dans ma mison, trouverai-ie grâce prés de mes voisins! u Or, il
arriva, comme la pauvre femme était sortie, que le saint s'assit à la base d'une colonne
de bois qui se trouvait en la maison. Aussitôt la colonne prit racine, poussa des
branches et devint un grand arbre; l'arbre dépassa de quinze coudées la hauteur de la
maison. Puis voici que l'archange Michel lui apporta une table couverre de toutes les
bonnes choses. Le saint Georges mangea et se réconforta. La table était encore
couverte de pain et de toutes les bonnes choses, lorsque la pauvre femme veuve rentra
dans sa maison : elle vit de grands prodiges, une table dressée et couverte de toutes
les bannes choses, une colonne qui avait pris racine,quoiqu'elle ne fût qu'un morceau
de bois desséché. Elle se dit en son cœur: ■ Le Dieu des chrétiens s'est souvenu de
ma pauvreté, â moi qui suis veuve; il a envoyé son martyr en ma maison à moi qui
suis qu'une
mulheureuse veuve, afin que ce saint vîat à mon secours. « Aussilôl elle tomba aux
pieds du saint, elle l'adora. Le saint Georges lui adressa la parole en disant : « Lève-
toi, tiens-toi debout sur les pieds : je ne suis pas le Dieu des chrétiens, je ne suis que
son serviteur. J'ai SDuiTen pour son saint nom. • — La femme lui dit encore : n Mon
Seigneur, si j'ai trouve grâce devant toi, accorde-moi d'oser prononcer une parole en
la présence. — Le saint Georges lui dit ; > Parle. » — La femme lui dit ; < Mon
Seigneur, j'ai un jeune garçon qui est en ses neuf ans : il est aveugle, sourd, muet et
boiteux. J'ai honte de le faire voir a mes voisins, ai tu fais qu'il voie, qu'il eniende cl
qu'il parle, je croirai moi aussi en ton Dieu. • — Le saint répondit en disant : «
Aménc-moi l'enfant ici. " Alors du troisième étage de sa maison, elle lui amena
l'enfant et le fit asseoir sur les genoux du juste. Le saint Georges restait tranquille et
l'enfant était sur ses genoux. Le saint lui souffla au visage; des yeux de l'enfant, il
tomba des écailles et il vit aussitôt de ses propres yeux. La femme dit au saint : " Mon
Seigneur, je l'en supplie qu'il parle.
qu'il entende de ses oreilles, qu'il se lève, qu'il marche sur ses pieds, o — Le salni
Georges lui dit : « Femme, cela suflii pour i le moment; quand j'aurai besoin de lui
pour J me faire servir, je l'appellerai, il entendra ma voix, il marchera, il me répondra.
» La femme ne put lui repondre une seule parole, l car elle voyait que sou visage était
comme le visage d'un ange de Dieu.
Alors le roi infidèle et impie, Tatien, et les soÎKante-dix-neuf autres rois qui étaient
avec lui, lorsqu'ils furent sortis de leur souper, se promenèrent par les places de la
ville. Lorsque le dragon de l'abîme, le roi Tatien, leva les yeux, il vit l'arbre qui avait ,
pousse, grâce au juste; il dit à ses officiers : s Voici un spectacle nouveau! cet arbre
n'est- I il pas un figuier ? ■> — Ils lui racontérei chose et lui dirent : <• C'est ainsi
que l'a fail.l pousser le saint Georges, le grand servi du Galiiden. s Le roi ordonna
qu'on allât i le chercher, qu'on l'amenât en sa présence, qu'on le frappât à coups de
nerfs de bœuf, sans pitié, de manière à faire tomber ses chairs en lambeaux, qu'on lui
brûlai les flancs avec une grande quantité de feu, qu'on lui mit un casque de feu sur la
i
Ensuite il ordonna de le mettre a nu, de le fouetter, de remplir de feu des pots de fer,
de les lui placer sur les flancs, de telle sorte qu'il rendit Tespric. Le roi donna aussi
l'ordre de prendre son corps, de le jeter sur une montagne élevée. Le dragon disait en
son cœur : n Les oiseaux du ciel viendront manger ses chairs. • Lors donc qu'on eut
mené le corps du bienheureux sur la montagne que l'on appelait Siris, on le jeta en ce
lieu et les serviteurs s'en retournèrent. Lorsque les serviteurs du diable se furent
éloignés de la montagne d'environ trente stades.
:^ Moi
et des éclairs dans le la montagne entière trémie Seigneur arriva, monté il dit au saint
Georges : lève-toi du sommeil. i Aus-
; levi
it c
et lei
Attendez-moi un peu, que j'aille . B Les serviteurs, ayant regardé en Ireni le saint
Georges qui courait , ils rendirent gloire à Dieu, ils se ses pieds, ils le prièrent en
disant : >us â nous aussi, le sceau du
r ROMANS D EGYPTE
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1 le nt r
par ré]
Après cela, les rois ordonnèrent d'amener le saint Georges. Le roi Tatien prit la
parole, il lui dit : « Georges, par mon seigneur , le soleil, par la lune, par les dieux et
par leur mère Artémîs, je te pardonne comme a mon fils bien-aimé; tout ce que tu me
demanderas, je te l'accorderai; seulement, obéis-moi comme à un père et consens
simplement à adorer les dieux, u — Le saint Georges lui répondit et lui dit : • Je suis
étonné des paroles que tu m'adresse main-lenant. Ne les aviez-vous point avant ce
jour? Pourquoi ne me les as-tu pas dites dés la première fois? Voici sept années en-
î SAINT GEORGE!
donne allégresse, j'offrirai un sacrifice à ion grand dieu Apollon, celui que tu aimes, a
Lorsque le roiTaiienentendit ces paroles, il se ré)Ouit grandement, il saisit la tète du
saint Georges pour la baiser. Le saint Georges l'arrêta de la main en disant : « Non, o
roi, ce n'est pas l'habitude des Galiléens, s'ils n'ont pas d'abord adoré les dieux; mais
donne maintenant l'ordre qu'on me mette en prison jusqu'à demain. " — Le roi prit la
parole, il lui dit : 0 Au ciel ne plaise, que je te fasse maintenant endurer quelque
châtiment; quant aux tourments que je t'ai fait souffrir, pardonne-les moi, car j'ai agi
envers toi par ignorance. Traite-moi comme un père. Viens maintenant, je t'introduirai
dans la partie du palais où se trouve la reine Alexaodra, dans la chambre où elle
repose, u Lorsi^ue
le roi l'eut emmené, il le fit entrer près de la reine Atexaadra ; il Terma la porte sur
eux. Le roi se retira, car c'était le soir. Alors le saint Georges, ploya les genoux, il se
mit a prier Dieu en disant : . O Dieu, mon Dieu, il n'y a point de Dieu qui le
ressemble : tu es le Dieu qui fait tes prodiges. Pourquoi les nations ont-elles élevé la
voix contre toi, et les peuples médité de vaines paroles ? Tous les rois de la terre avec
leurs magistrats se sont réunis à la fois dans un même lieu, ils ont parlé contre le
Seigneur et son Christ. •
autres membres de l'homme. Il fil les yeux et les paupières, il fit une langue et une
gorge, il fit des mains et tout ce qui entoure l'homme. Ce qui meurt n'esc-il pas de la
terre? Dieu le Christ s'est revÉtu de chair en la vierge sainte, Marie, et il s'est fait
homme. C'est Dieu qui m'a ressuscité d'entre les morts pendant que j'endurais ces
souffrances pour son saint nom, ainsi que pour son Père plein de bonté et l'Espric-
Saint. C'est pour Adam, ô reine, que Dieu a fait le ciel, le soleil et la luaequi éclairent,
les étoiles et tout le reste, u
— La reine répondit : < Explique-moi ces paroles. ■ — Le saint Georges lui dit r o
C'est l'idoliltrie qui régne aujourd'hui dans le monde; on rend un culte aux idoles et
non à Dieu ; on adore les œuvres des mains hu-
Créateur de toutes choses. ■ — La reine lui dit : * Les démons ne sont donc pas
dieux? u
— Le saint Georges lui dit : a Oui, ce sont des démons. • — La reine lui dit : • De
quelle manière a été créé le monde? « — Le saint Georges prit la parole, il lui dit : ■
Écoute-moi, ô reine Alexandra. Le prophète David dit : . O toi qui est assis sur les
Chérubins, révèle-toi, montre ta puissance.
ce que j'aie ceint la couronne du martyre dans ie royaume du Christ, mon roi. Laisse-
moi maintenant me reposer et dormir jus-
Lorsque le matin fut venu, ie roi ordonna au hérautde crier par loule la ville en disant
: « Assemblez-vous tous pour voir ce grand chef des Galiléens qui doit adorer
Apollon. ■ Le roi donna l'ordre de conduire le saint Georges au temple avec honneur,
afin, dit-il, qu'un sacrifice fût ofTeri par lui à Apollon_ Le saint Georges prit la
parole, iliiît aux serviteurs qui étaient allés le chercKer : « Allez vers le roi ; quant à
moi, ainsi que les prêtres et les stratèges du temple, nous nous rendrons devant
Apollon pour l'adorer, • Le héraut continuait lie crier encore davantage, pendant que
les habitants de la ville, petits et grands, se rassemblaient pour voir ce spec-cle.
Lorsque la pauvre femme veuve, celle dont le saint avait guéri le fils qui avait
recouvré la vue, entendit cette nouvelle, aussitôt elle se découvrit la tête, elle déchira
ses vêtements, et se rendit à l'endroit où le saint se trouvait. Elle lui dit ; a Toi qui
ressuscites les morts, qui fais voir les aveugles de naissance, qui fais que des arbres
desséchés et
TOME 11. 11
corromfius devienneni des arbres produisant des fruits et qu'ils poussent bellement;
toi qui as fait que la colonne Je ma maison u pris racine et est devenue un arbre éteve
; toi qui Qs couvert la table de pain et de toutes les bonnes choses,qui as opéré une
foule de prodiges qui ont couvert le diable de honte, tu vas maintenant te présenter
devant Apol-. Ion pour l'adorer et faire rougir toute la race des chrétiens! • —
Lorsque le saint Georges entendit ces paroles, il sourit à la femme et lui dit : ■
Descends maintenant ton petit garçon d'entre tes mains. • Aussitôt elle le descendît.
Le saint Georges dit au petit garçon : ■ Je veux au nom de mon Seigneur Jésus le
Christ que tu marches, que tu me serves en ceci. • Aussitôt le petit garçon entendit de
ses oreilles et alla baiser les pieds du saint Georges, Le saint Georges lui dit : • Viens,
va vers le temple d'Apollon, dis à sa statue : Georges, le serviteur du Christ, t'a-pelle.
B Le petit garçon se rendît en toute hâte au temple ; il dit à la statue : a Je te le dis à
toi, aveugle, sourd, ignorant, viens vite, car le serviteur du Christ, le saint Georges,
t'appelle, n L'esprit mauvais qui habitait dans U statue s'écria du dedans : •
L SAINT GEORGE!
107
Jésus le Nazaréen, tu attires tout ie monde k loi, même ce petit garçon que tu as
envoyé' vers moi pour m'insulter, » Aussitôt la statue d'Apollon s'arracha de son
piédestal et se rendit vers le saint Georges. Le saint Georges prit la parole, il lui dit :
■ C'est donc toi le dieu des nations > • — Le démon qui habitait dans la statue lui dit
: n Sois patient envers moi et je t'apprendrai tout avant que tu ne l'apprennes. » — Le
saint Georges lui dit : n Parle. 0 — Il commença de parler et de raconter toute chose
en sa présence, disant : D Mon Seigneur, le saint de Dieu, ne sais-tu pas que dès le
commencement Dieu a créé un paradis dans l'Eden qui était situé à l'Orient? 11 y
plaça l'homme créé par Dieu à sa ressemblance. Le Seigneur dit : « Que les anges
aillent l'adorer ! u Aussitôt Michel alla suivi de toute son armée d'anges, ils
l'adorèrent; mais moi, je n'adorai pas l'homme créé par Dieu, je résistai à la parole Je
Dieu, disant : « O juge de vérité, moi j'existe avant lui,commentadorerais-je plus petit
que moi? Les ailes des chérubins couverts d'yeux me donnent de l'ombrage et
m'abritent. « Alors Dieu s'irrita contre moi, il me chassa de la gloire où je me
trouvais, il me lança du ciel
comme un aigle sur un rocher et je mè trouvai dans les fers. Maintenanl j'habiie en
celte statue pour séduire les enfants des hommes.
du ciel,
r et sor-i et je
Je vole, je me suspends au firmame j'écoute les anges chanter le Seigni que j'entends
prononcer la qu'un, c'cst-â-Uire lorsqu'il tir de ce monde, je me rei le tourmente
jusqu'il ce qu'il ait blasphémé Dieu. • — Le saint Georges prit la parole, ij lui dit : •
Tu n'as pas dît la vérité, ô toi qui as une apparence d'or ' ; mais on t'a chassé du ciel à
cause de ton orgueil, lorsque tu te préparais un trône pout l'asseoir dessus et t'êgiiler
au Très-Haut. Il le parla soudain, il te lança du ciel dans les profondeurs de la mer
avec toute ton armée. •
Lorsque le démon entendit cela, il se tut; il ne put trouver aucune parole à dire.
Aussitôt le saint Georges frappa la terre du pied et il dit à la statue : t Descends
maintenant dans l'abîme, ô esprit impur, afin de rendre compte de toutes les âmes que
tu as perdues. 0 Aussitôt il descendit dans l'abîme . ainsi que la statue oii habitait
l'esprit impur.
i.C'e9t-à-dir« que
Le saint Georges frappa de nouveau la terre du pieii et la terre redevint unie comme
elle était auparavant. Après cela, le saint Georges de'tacha sa ceinture, il s'approcha
de la statue d'Héraclès, il la traîna a terre, il la mit en pièces. Il dit au reste des idoles :
« Allez-vous-en dans l'abîme, ô dieux des nations, car je suis venu vers vous avec
colère et courroux. • Lorsque les prêtres, les stratèges du temple, les serviteurs qui
prenaient soin des idoles, virent la perte qui e'tdit arrivée à leurs dieux, ils se saisirent
du saint Georges, iis lui lièrent les mains derrière le dos, ils le conduisirent au roi
qu'ils informèrent de tout ce qui était arrivé aux dieux, surtout au grand dieu Apollon,
disant qu'il avait été précipité dans l'abîme. Lorsque le roi apprit cela, il advint qu'il
fut rempli d'une folle furie; il dit au saint Georges : • O toi, qui es digne que l'on te
consume par le feu, ne m'avais-tu pas dit : u Je ferai un sacrifice aux dieux glori
Le saint Georges prii la parole et lui dit : • Va, amène-moi Apollon, je l'adore ta
présence, u — Taiîen lui dit : » Selon c que mont raconté les prêtres, tu l'as précipité
dans l'abime, et maiateaani tu veux que je l'amène id pendant que je suis vivant! • —
Le saint Georges [lit au roî : ■ Apollon est ton grand dieu, comment n'a-i-il pu se
protéger lui-même? au contraire, i perdition avant tous les autr
lequel li
soixante-dix. Et c'ei tu l'espères, te sauvera dans ! Lorsque le Seigneur mon pour
renouveler le ciel et ta Li5-tu, toi, ainsi que celui dans j is taconlîaace? a i, dans une
grande tristesse de ] cœur causée par la perte de son dieu Apol- i Ion, alla trouver la
reine Alexandra et lut J dit : • Cette race des chrétiens me fait soui-fl frir, mais surtout
Georges le Galitéea. i La reine Alexandra prit la parole et dit au roi : " Ne t'ai-je pas
dit souvent : Tiens-loi éloigne de cette race de chrétiens, car leur Dieu est le vrai Dieu
et il humiliera ti gueil? • — Le roi répondit et dit à la i 0 Malheiir à moi, ô Alexandra,
je crains que J
iI
ilèges des chrétiens ne l'aienl aussi ! « Il la prit par les cheveux de sa tète, il l'a traîna
jusqu'à ce qu'il l'ËÙt ame-
. les :
e-dix-i
:uf 1
i qui
étaient avec lui, et il se mit i leur apprendre tout ce qui était arrivé. Les rois Jonnè-
reni alors l'ordre de l'emmener, de la suspendre sur le chevalet, de la torturer ; pour
elle, elle ne disait rien, mais regardait le ciel. Lorsqu'elle eut regardé le visage du
saine Georges, elle lui dit : o Prie pour moi, car je soufiVe de cruels tourments. ■ —
Le saint Georges lui répondit et dit : ■ Souft're encore un peu, à reine, et tu recevras
la couronne de la main de Notre-Seigueur Jésus le Christ. » ~ Pour elle, elle lui dit : •
Mon Seigneur Georges, que ferai-je puisque je n'ai pas reçu le baptême? • Le saint lui
dit : 1 Va, tu recevras le baptême en versant ton sang généreux, s Comme on
l'emmenait pour lu tuer, elle s'écria et dit ; B Mon Seigneur Jésus le Christ, voici que
j'ai laissé la porte du palais ouverte, ]e ne l'ai point fermée; toi de même, mon
Seigneur, ne me ferme pas la porte du Paradis de l'allégresse. ■ Lorsqu'elle eut
achevé ces paroles, la reine Akxandra termina son
martyre le quinzième jour de Pharmouti ', à la troisième heure du jour, avec vaillance;
elle reçut la couronne impérissable.
Après cela, les rois appelèrent le saint Georges, ils lui dirent : « Voici que tu nous as
fait perdre aussi la reine Alexandra ; maintenant nous allons nous occuper de toi. »
L'un d'entre eux, le roi Magnence, prit la parole et dit : « Rendons sa sentence. » La
chose leur plut à tous. Le roi s'assit, il écrivit la sentence en ces termes : • Georges, le
grand chef des Galiléens, qui a désobéi aux décrets des rois, je le livre au tranchant
du glaive. Sache donc, ô peuplé, que nous sommes tous purs de son sang en ce jour !
» Les soixante-dix-neuf autres rois qui étaient avec lui souscrivirent la lettre *. Alors
lé saint Georges se mit en marche avec joie vers le lieu où il devait recevoir la
couronne. Lorsqu'il y fut arrivé, il dit aux soldats qui l'avaient conduit : « Ayez un
peu de patience à mon égard, ô mes frères, car voici sept ans que je suis tourmenté
par ces quatre-
1. C'est-à-dire le ii avril.
2. C'est-à-dire la sentence. Les Coptes désignaient tout écrit sous le nom générique de
lettre.
vingts rois et je veux prier pour eux. s Alors le saint Georges leva les yeux au ciel, il
pria ainsi. ■ Mon Seigneur Je'sus le Christ, qui as iail descendre le feu du ciel en
faveur du siiint Elie et qui lui as fnit dévorer les deu>: cinquanteniers et leurs cent
soldais, que le feu du ciel descende maintenant d'auprès de toi; qu'il brûle ces quatre-
vingts rois et ceux qui les entourent. Qu'il n'en reste pas un seul, car c'est à toi
qu'appartient la gloire jusqu'nux siècles de tous les siècles : Amen. > Comme le saint
Georges priait encore, un feu descendit du cïel, dévora les quatre-vingts rois et toute
leur multitude au nombre de cinquante mille. Derechef, le saint Georges dit aux
soldats d'attendre encore un peu, et il pria en disant ; a Mon Sei-gneurJésus le Christ,
)'ai vu se tenir ici une grande multitude qui voulait emporter mon corps; mais mon
corps ne suffira pas au
s'en uillc en paix. Quiconque écrire martyre ei les souffrances que j'ai ent écris son
nom dans le livre de vie. Lorsque J le ciel retiendra ses pluies loin lie la terre | et
qu'on prononcera le nom du Dieu de Georges, je l'en prie, que ton secours leur ^
arrive prompiement '. Dieu de vérité, poi le saint nom duquel j'ai enduré ces
souffrances, souviens-toi de quiconque aura pitié | d'un pauvre en mon nom,
pardonne-leur les péchés qu'ils auront commis. ■ Comm saint Georges disait ces
paroles daiis deur de son cœur, voici que le Seîgneui sus le Christ lui apparut et lui dit
: n Viens ] maintenant, monte au ciel te reposer dans^ l'habitation qui t'a été préparée
dans 1 royaume de ton Père qui est dans les cieux. 0| mon élu Georges, je ferai tout ce
que I m'as demandé, et une foule d'autres choses encore. " — Le saint Georges dit aus
bourreaux : ■ Venez maintenant, accomplis! l'ordre qui vous a été donné. » 11 leur te
dit son cou saint, on lui enleva sa f sainte ; il en sortit de l'eau et du lait '.
Christ Jésus prit son âm brassa, Il l'emmena avec cieuK, il en lit pre'senc à s bonté et
au Saint-Esprit.
Aussitôt la terre trembla jusque dans ses fondements, il y eut des lonnerres et des
éclairs terribles, épouvantables, de sorte que personne n'osa quitter ce lieu a cause de
la grande terreur qu'on avait. Tous ceux qui furent martyrs, ^râce au saint Georges,
sont au nombre de huit mille six cent quatre-vingt-diï-neuf, plus la reine Alexandra.
Le saint Georges acheva son martyre le vingt-troisième jour de Pharmouti, un jour de
dimanche, à la neuvième heure du jour. Moi Syncratos, le serviteur du saint Georges,
je restai avec mon maîire jusqu'à l'achèvement de son combat selon les sentences des
rois impies. Ainsi je l'ai écrit sans y rien ajouter, ni rien y retrancher, avec l'aide de
mon Seigneur Jésus le Christ, à qui In gloire
»Jt.
ainsi qu'à son Père plein de bonté et au Saint-Esprit, dans les siècles de tous les
siècles. Amen
!*
*; ■
^^^
Voici les vertus et les prodiges que le Seigneur a opérés par le saint Georges après son
martj're et la translation de son corps à Diospolis ' sa ville, ta construction de son
église, la déposition de son corps en celte église. On la consacra le septième jour du
mois deHalhor^. C'est le saint Théodose, l'évêque de Jérusalem, qui raconta les vertus
et tes prodiges opérés par Dieu e» faveur du saint Georges et la grâce qui
I. Ces memeitles soin in suite du martyre pi-éccdeni K trouvent dan9 Je nEmc ma□
usent. I. Ce nom eâl sans doute une désignation Je Lydilu: fxiarrait ftre aussi le nom
d'une ville égyptienne, mail
J'ouvrirai ma bouche en des parabi pour Jire ce qui esi caché Uès le comnt cernent, ce
que nous avons eniendu, ce qutffl nous savons, ce que nos pères nous ont conté,
comme le Saint-Esprit l'a dit pur bouche Ju saint roi David. De même, je vous] ferai
aussi connaître les gloires et les prodi* ges qui se sont opères par le saint GeorgesJ
par le martyr puissant du Christ, a: qui arriva dans la ville de Sar ', lorsqu'il y^ acheva
sa vie par l'ordre de Tatien, le roi impie des Perses ; c'est la ville du roi Nabu-
chodonosor qui régna sur tous les Chai- ^ déens, qui abandonna sa ville de Sar, alla
ii Nubachodoiiosor.
Or, il arriva, lorsqu'on eut enlevé' la tête du saint Georges, qu'il resta gîsant à terre
depuis la neuvième heure du jour jusqu'au coucher du soleil. Syncratos, le serviteur
du saint Georges, était assis à l'écart, le pleurant et le gardant. Voici que Dieu mit au
coeur de deux autres de ses compagnons de service la pensée d'aller à la ville pour
rendre visite à leur maître et savoir si c'était réalité que tout ce qui lui était arrivé. On
leur apprit que ce jour là même il avait été mis a mort. Alors ils pleurèrent,
déchirèrent leurs vÈtetnents; ils cherchèrent et trouvèrent son corps. Ils trouvèrent
aussi Syncratos qui était assis et pleurait. Ils s'assirent aussi et pleurèrent avec lui.
Ensuite ils se levèrent, ils réunirent sa tète à son corps, et elle s'y adapta comme st on
ne l'en avait jamais détachée. Ils priieni de ' quelqu'un un suaire,dont ils le revêtirent;
ils en entourèrent son corps saint après avoir lavé le sang; ils trouvèrent un tombeau
neuf tout prés d'eux : ils y placèrent le corps du saint jusqu'au lever de l'aurore et ils
s'assirent à la porte.
CONTES ET ROMANS n
corps de Georges, le soldat de Diospolis, qui e'iait aile au pays des Perses, ils
admirèrent indement la manière dont il était devenu martyr; ils se levèrent tous, ils
l'adorèrent, rendant gloire à Dieu d'avoir été jugé dignes d'embarquer avec eux le
saint Georges. L'un d'entre eux, nommé Léonti-3s, originaire de Joppé, qui
connaissait le int Georges, amena une bête de somme, y chargea le corps du saint
pour le conduire m. Lorsqu'on l'eut introduit en sa maison, on trouva que la mère et la
sccur du saint étaient mortes. La nouvelle se répandit bientôt qu'on avait amené en sa
mai-1 le corps du saint Georges, qui avait été martyr et que l'on n'avait pas vu depuis
sept ans; car c'étaientdes gens chrétiens, ils se prosternèrent pour l'adorer, pleurant,
admirant ce qui lui était arrivé. Ils se réjouirent ensuite, rendant gloire a Dieu d'avoir
été jugés dignes d'un tel présent. Syncratos et les deux autres serviteurs, dont l'un se ;
Lucios et l'autre Cyrinneos, ra-t aux hommes de la ville tout ce qui arrivé il leur
maître, et tous étaient l'admiraiion. On laissa le corps du : Georges dans l'une des
chambres de
sa maison pendant une semaine de jours : lous venaient et l'y adoraient. Lorsqu'arriva
un grand jour de fête, ils se réunirent tous à l'église, on lut son martyre au peuple
entier des fidèles. Alors ils admirèrent encore davantage tout ce qui lui était arrivé, ils
rendirent gloire à Dieu etii son saint martyr. Et voici qu'un grand et très riche
personnage de la ville, nomme André, de la même famille que la mère du saint
Georges, ayant entendu le martyre qu'on lisait, Dieu lui ouvrit le creur^ il réHéchit au
passage où Dieu avait apparu au saint et lui aAiit parlé en disant ; « Je le jure par
moi-même, a tout homme qui confessera (es souffrances, il n'arrivera aucun mal, car
je sais qu'ils sont chair et sang; à tout homme qui se trouvera dans une détresse
quelconque, il n'arrivera aucun mal, soit dans le iieu terrible de la justice, soit dans
des eaux nombreuses, soit sur une montagne, soit en toute tribulation ; s'il fait
souvenir de mon nom, du nom de mon Père qui est dans les cieu\ et du Saint-Esprit,
s'il fait souvenir de mon serviteur Georges, je le sauverai de toute tribulation.
Quiconque écrira ton martyre et tes prodiges, afin de manifester ta gloire et les souf-
MERVEILI
S DU S
frances qde tu as endurées pour mon nom, j'écrirai son nom dans le livre de vie. Celui
qui fera une offrande ou une aumône en ton nom, qui écrira un livre à ses propres
dépens pour le donner à ton église, on le comptera au nombre de mes saints et je ne
le' laisserai manquerd'aucun bien encemonde, tant qu'il vivra. ; c'est moi le Seigneur
Dieu ; ce que j'ai dit, je le ferai. Celui qui bâtira une église en ton nom, je le ferai
entrer dans mon royaume, je ne l'oublierai jamais. Je ferai que de grands prodiges
aient Heu en l'endroit oii l'on aura déposé ton corps. Je ferai que les peuples de la
terre aillent en ton église, qu'ils t'apportent des présents; toutes les nations de ta terre,
les Juifs et les Samaritains, les Perses et les enfants d'EsaU, jusqu'aux barbares, je les
ferai toutes venir à ton église et te porter des présents, n
Or, André, l'homme fidèle et aimant Dieu en vérité, lorsqu'il entendit énumérer toutes
ces grâces que Dieu accordait au saint, il en conçut une grande joie, comme Jacob
lorsqu'il vit le visage lie son fils Jacob qui régnait sur l'Egypte. 11 se le'va en hâte, l il
écrivit le martyre du saint, il le plaça dans maison disant : ■ Je placerai aussi en
ma maison le souvenir de mon frère, afî^f que sa faveur el sa bénédiction soient con-,
1 linuellement avec moi pour l'clernite'. o Puis il adressa la parole à une grande foule
eif disant : o Mes frères, puisque nous avons éprouvé une grande peine au sujet de
notre frère que l'on a mis a mon par l'épée, jouissons-nousmaintenant encore
davantage, car il a reçu de grands honneurs dans le ' ciel. Vraiment, il peut intercéder
pour nouç prés de Dieu, celui qui en toute franci parlé face-à-face avec Dieu, alin que
1 dis! Si tu mets la I
as la mettrons aussi
du saint Georges
soit donni
^ia^
teurs du sairil Georges, il démolit les murs ei les maisons du saint Georges, il dit : o
Je ne laisserai point le corps de mon frère sur une terre étrangère qui n'est pas la
sienne. • D'autres gens de la ville lui donnèrent la main pour travailler au lieu saint. Il
fit porter le corps du saint Georges dans l'église, jusqu'à ce qu'il eût déblayé l'endroit
pour y jeter les fondements de l'église. Il fil répandre delà paille ' selon les
dimensions d'une petite église qu'il devait bâtir d'après ses
Son martyre ' fut achevé lorsqu'il eut construit l'église,le sixièmejourdu mois il'A-thar.
Que le Seigneur aii pitié du pécheur qui a écrit : Amen
1 Égyple. Je
saint Georges étaii couché en cette nuit, pensant en lui-même : ses pensées étaient
diverses en lui-même ', et il se disait : ■ J'ai fait trop grande cette construction.
Jusqu'à
perdit connaissance. Le saint Georges Itii apparut dans une vision et lui liit : • André,
André, reconnais-moi. • — Mais lui, il dit; . Qu'y a-t-il, mon Seigneur.' « —Il lui dit ;
B Ne sais-tu pas qui je suis? « — André dit : « Non, i. Mais lorsqu'il le reconnut en la
vision, il fut trouble, il se leva, se jeta à ses pieds, l'adora en disant : 0 Es-tu vivant toi
aussi, Georges mon seigneur ?" — Le saint Georges lui dit : « Grâces soient rendues
à Dieu ! mon corps est près de vous; mais je vis en Dieu par le Saint-Esprit.
Maintenant j'ai vu que tu ctaîs dé-
1. C'est-à-dire qi
1^ marque, ou non. Si nous trouvons la marque telle que tu Tas vue dans ta vision,
c'est vraiment le saint Georges qui t'est apparu face-à-face et nous serons assurés de
trouver ce trésor, comme il te Ta dit. » Ils se levèrent tous les deux, ils allumèrent une
lampe : la femme la tint élevée ; quant a lui, il prit une pioche dans sa main. Ils se
rendirent à l'endçoit dit, au milieu de la nuit. Lorsqu'il regarda la terre, il trouva la
marque faite par le doigt du saint pendant la vision; ilscrurefit de tout leur cœur que
c'était le saint Georges qui Tavait faite. Le courageux André se levçi,.il ceignit un
linge autour de ses reins ', il prit une pioche dans sa main, il creusa la terre. Lorsqu'il
eut creusé un peu profondément, il trouva un vase dont l'ouverture était couverte de
rouille; il creusa, il le tira sans l'avoir cassé. Cependant ils se jetèrent sur leur visage,
ils adorèrent Dieu et le saint Georges. Ensuite ils se levèrent, ils se chargèrent du
vase, ils se rendirent à leur maison en glorifiant
I. C'est encore la coutume des fellahs qui piochent; ils quittent d'abord leurs habits et
se ceignent d'une sorte de pagne.
^: jd.
.-k ■*
s DU s
r.EOHGES
Dieu. Ils allumèrent une lampe. Pour lui, il lieboucha le vase, il le trouva rempli d'or
jusqu'à l'ouverture. Ils se levèrent, se jeié-rent sur leur visage, adorèrent Dieu ei le
saint Georges, pour la grande grâce qu'il leur avait faite.
Mais l'homme tira environ les deux tiers des pièces d'or pour achever l'église; il
referma le vase, il le cacha dans sa maison. Lorsque le jour parut, il voulut donner
une fèle à la ville entière en l'honneur du saint Georges ; il se dit en son co;ur : ■ Ce
qu'il faut, c'est de donner tout d'abord les prémices au Seigneur. ■ 11 fil un grand
festin à tous les pauvres de la ville, aux infirmes, aux veuves et aux orphelins; il se
mit à les servir, il se rejouit avec eus tous. Le lendemain il invita tous les grands
personnages de la ville, il leur fit une autre grande fête en l'honneur du saint Georges;
il se mita table avec eux pour se réjouir en leur compagnie de la faveur que le
Seigneur lui avait accordée. Lorsqu'ils furent au milieu du repas, il se leva, il leur
parla en disant : ■ Mes frères, est-ce que Dieu n'a pas mis en voire cœur le désir de
.m'aider, de me donner quelque chose, chacun selon ses mqyens.
afin que nous fassions élever en notre ville cetie grande bénéijiciion dont Dii.>u nous
a rendu dignes en notre génération, que nous bâtissions le monument commémoratif
du martyre du saint Georges en notre ville? e — Ils réponiiirent tous d'une seule voix
: • Nous te répétons et te disons que nous ferons selon nos moyens; avec la volonté de
Dieu, nous irons te trouver et ce que chacun croira dans ses moyens, il te le fera. *
Alors tous, depuis les plus petits d'entre eux jusqu'aux plus grands, ils payèrent
quelque chose entre les mains de celui qui était venu au nom du Seigneur, ils
trouvèrent deux mille pièces d'or et mille deniers d'argent, le tout selon les ressources
de chacun.
Ensuite André se rendit à l'endroit où l'on devait bâtir en l'honneur du saint Georges;
on posa les fondements au nom de Dieu et du saint Georges; on bâtit bellement
l'e'giise pendant trois mois entiers ; on alla chercher le saint évèque de Jérusalem, qui
la consacra. 0 que de prodiges il y eut en ce moment! Combien d'hommes furent
guéris de leurs maladies! Quelles foules d'esprits impurs sortirent au nom du saint
Georges, l»' | martyr du Christ !
Il arriva, lorsque le saint evêque eut consacré l'église du saint Georges, comme il
élevait l'offrande, qu'un homme dans lequel depuis son enfance se trouvait un esprit
impur, entra aussi dans l'église : le démon le jetait à terre, le faisait grandement
souffrir et se rouler : sa bouche écumait. Cet homme entra donc aussi; il se tînt debout
au milieu du peuple, voulant lui aussi éire béni avec la foute. Mais i! advint qu'au
moment où l'on chantait le trisagion ', il fut précipité à terre, il se roula et sa bouche
écumait. Il se a, se tint debout en présence de la foule ; j'écria en disant : « Qu'as-iu à
faire avec li, Ô saint de Dieu? Je sais qui tu es; tu ne me feras pas sortir de cet
homme, car ' moi, je suis un lunatique ' et tu n'as aucune
1. C'est le samtus que J'on i£pètc pai trait le IrisagioH gr« est plus ddteloppé que le sa
1. Il e>t évident par ce puuge que parmi tnanii;reb dont on pouvail éire pois&lé. t\re
liin
force contre moi, ô saint Georges. » Puis il commença de proférer des blasphèmes
contre Dieu et le saint Georges, pendant que le saint Georges lui faisait endurer de
grands tourments. Il arriva au pied d'une colonne. Alors le saint Georges lui attacha
les mains derrière le dos et Tenleva au sommet de la colonne : les mains du possédé
étaient attachées de bas en haut, de son dos à sa tête ; il se tenait eh haut du chapiteau
d^ la colonne : chacun le regardait avec étonnement et disait ; « Nous n'avons jamais
rien vu de semblable ; car le dos de cet homme touche à la colonne et ses mains sont
attachées derrière son dos sans aucune corde ; par deux fois, il s'est suspendu à la
colonne sans aucun soutien. Nous n'avons jamais vu semblable miracle de la part
d'aucun martyr ; mais c'est le saint Georges qui a saisi le corps de cet homme pour le
torturer, o Et chacun le regardait, rempli d'étonnement à son sujet, rendant gloire à
Dieu et au saint Geor-
l'une des plus nobles. Je ne sais pas quelles prérogatives étaient attachées à cette
dignité ; mais le sens du mot est certain ; c'est le mot employé dans saint Matth., iv,
24 et xvit, i5.
r
Après cela, le saint Georges le mit à terre : l'homme tomba du sommet du chapiteau
de la colonne; il tomba à terre, perdit connaissance, si bien que chacun disait qu'il
était mort. Lorsqu'on eût donné la paix, tout le peuple se précipita vers lui, rempli
d'éion-nement à son sujet ; car il ressemblait à un mort. Il y avait un homme boîteux
dès le
ede s
larchai
ei s'en alla. Ceux qui le connaissaient lui faisaient signe; personne ne le souiint
jusqu'y ce qu'il fût sorii sur la place de l'église. L'évêque ordonna de le lui amener,
ainsi que l'homme possédé du démon. Le démoniaque prit la parole en disant : o
Accorde-moi, mon père saint, la permission de dire ce que i'ai vu. Depuis mon
enfance jusqu'à ce jour, il y a eu en moi un démon : je ne l'avais jamais vu de mes
yeux avant ce jour; mais chaque fois qu'il éCait sur le point de me saisir, je voyais
devant moi un feu, je tremblais, je tombais à terre, je perdais connaissance jusqu'à ce
que le démon s'en allât, qu'on vint il moi et qu'on me relevât II est advenu celte fois
que, lorsqu'il s'est emparé de moi, l'ai perdu connaissance, j'ai vu le saint Georges,
entrer dans le sanctuaire, il m'a pris par la main et m'a encouragé. Aujourd'hui j'ai vu
ce démon de mes propres yeux, sous la forme d'un homme qui se tenait debout devant
moi : le saint Georges lui faisait endurer de grands tourments. Il l'a saisi, il l'a fait
monter sur la colonne jusqu'à ce que ce démon fût parvenu au sommet du chapiteau,
et il hii n fait endurer de Jurandes souffrances. Entin le démon s'est
écrié d'une grande vois, en lui faisant des serments et en lui disant : n Je m'en irai, je
ne reviendrai jamais I « J'ai vu alors le saint Georges, qui l'a saisi, l'a porté en haut,
puis l'a lancé en bas sur les dalles, et le démon a poussé un grand cri en tombant; il
est sorti de moi, il s'en est allé. Quant à moi, l'aï connu que j'étais soulagé dans mon
corps; je me suis endormi, je me suis réveillé et je . personne jusqu'au moment où cet
e boiteux m'a regardé. Lorsque j'ai' ouvert les yeux, j'ai vu le saint Georges qui a saisi
mes mains et les a liées autour du cou du boiteux; il m'a fait signe en me disant : n
Tiens-ie comme il faut. » Et moi, je
Le saint Georges a saisi ses pieds, les a tirés et les pieds du boiteux ont craqué
fortement, ils se sont étendus; le saint m'a fait signe, j'ai ISché le cou et le boiteux
s'est levé, s'en est allé en courant, puis le saint Georges est monté dans les cieux
pendant que je le regardais. .
Lorsque l'archevêque et toute la foule qui l'entourait eurent entendu ces paroles, ils
furent dans un grand éionnement d'une aussi grande merveille; ils rendirent gloire à
Dieu
et au saint Georges car elle était grande, sa puissance, ainsi que la faveur que Dieu
leur avait faite par son entremise. Les hommes qui avaient été guéris devinrent
serviteurs dans réglise du saint Georges, y servant nuit et jour, jusqu'au jour de leur
mort. Des foules d'hommes, de femmes, de petits enfants, malades d'une foule de
manières, de la fièvre, de fraîcheurs, d'esprits impurs, furent guéris en ce jour dans
Téglisedu saint Georges au nom de Notre-Seigneur Jésus le •Christ.
Il advint que lorsque l'archevêque s'en alla avec ceux qui l'accompagnaient, ils
parlèrent des miracles et des prodiges qui avaient été opérés par le saint Georges au
milieu du peuple. Or, voici qu'il y avait un homme juif, un magicien, un voleur, qui
faisait boire des boissons magiques aux hommes pour les endormir et leur prendre ce
qui leur appartenait. Lorsqu'il entendit parler des vertus et des prodiges que le saint
Geor-
h !C _
r GEORGES
!25
ges opéraîl,' il ne les crut pas et il disait aux foules : « Les chrétiens se laissent
séduire par cet homme de terre comme nous, ils Vont et iui disent : Viens à notre
secours, guéris-nous de nos maladies. •• Et une foule de chrétiens disputaient avec lui
souvenles fois ; mais lui, il continuait de proférer ainsi grande quantité de
blasphèmes. Un chrétien pusillanime l'entendit, il se mit en grande colère, le
combattant et lui disant : « Dieu ne supportera pas que tu injuries ainsi son saint
martyr ; mais le saint tirera vengeance de toi et te perdra. » Et ils se dirent de grandes
injures l'un à l'autre. Ensuite l'homme joif prit la parole en disant : n Gage avec moi
maintenant que j'entrerai dans cette église, que je la pillerai, que j'en apporterai ici les
vases sans que personne le sache; je verrai ce que Georges me fera, u — Le chrétien
lui répondit : « Gageons ces trois pièces d"or; si tu prends quelque chose en l'église
du snini Georges, si tu l'apportes ici, nous nous rendrons à l'église, nous ferons une
enquête, nous saurons si vraiment Kl as enlevée quelque chose à l'église. Si tu restes
un mois de jours sans qu'il l'arrivé de loal, j'en croirai ta bouche et je le donnerai
trois aulres pièces d'or. Maïs si tu ne peux emporter quelque chose île l'église, sans
qu'il ne t'arrive malheur, lu me donnes trois pièces d'or et tu te fais chrétien, g La
chose fut ainsi réglée entre eux et ils prirent des té-
Dieu l'a mis sur mon chemin, viens en prendre aussi ta pan avec moi, et tu ne le diras
à personne. . — Le saint Georges lui dit :
t Puisqu'il en est ainsi viens ii l'ésiise, afin que, selon ta parole, nous les partagions
entre nous, a Lorsqu'ils furent arrivés à la porte de l'église, le saint Georges donna un
roup de fouet s ■ Sais-tu qui je suis? mon Seigneurl je s je ne sais pas qui tu e ges lui
dit : ■
s Georges. • El quand l'autre eut entendu, il fut troublé et tomba à terre. Le saint
Georges le saisit, il l'entraîna en disant : • Pourquoi dis-tu ; je suis mon, je suis mort?
m n'es pas encore mort. Mais viens ici aiin que je te fasse connaître qui je suis. • 11 le
lia au milieu de l'église, Jl le pendu a une grande poutre; il lia tout ce que l'homme
avait volé, il le suspendit à trois coudées de terre et il donna au Juif de grands coups
de fouet qu'il tenait à la main. Ohl que de merveilles eurent lieu en ce momentl que
de cris le Juif poussai ceux qui étaient couchés en furent éveillés, ils se levèrent,
vinrent n lui et furent stupéfaits de ce qui lui était arrivé. Ils se demandaient les uns
les autres qui avait ainsi pendu cet homme, et ils se disaient : « Qui pourra atteindre
cet homme à une pareille hauteur? » Alors le Juif confessa ce qu'il avait fait, il apprit
à chacun ce qui lui était arrivé. Pour eux, ils furent dans Tétonnement et dirent : «
Apportons une échelle, que nous le fassions descendre. » — L'économe prit la parole
en disant : « Personne ne le mettra à terre avant que celui qui Ta peiidu ne le fasse
descendre, n Ils le laissèrent ainsi pendu jus-qu'^à ce que la lumière parût, afin que
tout le monde le vît. Quant à lui, il confessa comment il avait fait un pari avec le
chrétien, habitant de Jérusalem ; il pleurait en disant : « Aie pitié de moi, mon
Seigneur Georges : à partir de ce jour, je ne recommencerai plus à voler qui que ce
soit; dés ce moment je me ferai chrétien, je ne ferai plus de boisson magique comme
auparavant. » Il pleura tout le jour, jusqu'à ce que le soir fût venu, pendant que tout le
monde le regardait. Lorsque saint Georges vit la fermeté de son cœur, il viiit la nuit, il
le mit à terre. Quant au Juif, il remit les vases entre les mains de l'économe.
MERVEILLES D
leiïre, [a remit a l'un lies serviteurs de l'é-envoya à Jérusalem vers ses parents et sa
femme, afin de les informer de ce qui lui e'tait arrivé et de leur apprendre aussi qu'il
voulait se faire chrétien Lorsque ses parents eurent reçu la let[re, ils la lurent, ils
admirèrent les grands prodiges que le saint Georges opérait. Le chrétien qui avait
pai'ié avec le Juif, ayant appris ce qui s'était passé, se réjouit et publia dans la ville
entière de Jérusalem ce qui était arrivé au Juif dans l'église du saint Georges.
Quiconque l'entendit rendit gloire à Dieu. Les frères du Juif, sa femme, ses enfants,
ses amis is levèrent tous, ainsi qu'une foule de Juifs; ils allèrent le trouver et il leur
raconta tout ce qui lui était advenu. Pour euv, ils furent remplis de frayeur; ils
reçurent tous le baptême en ce jour dans l'église du saint Georges, au nom du Père, du
Fils et du Saint-Esprit, pour la gloire de Dieu II jamais.
î3o
prodiges, des guérisons nombreuses, qu'il chassait les démons. Il y avait au pays des
Perses un homme nommé Nicanor ; c'était un commandant de treize Tiier ' des
Perses, 11 avait un fils nommé Analoliuï dont une lèpre couvrait le corps et une autre
le visage. Il entendit parler des vertus et des prodiges que Dieu opérait par le saint
Georges, il fit un vœu en ces termes, disant : n Si Dieu et le saint Georges guérissent
cette lèpre du visage de mon fils, je donnerai a son église un Kanlar d'or et je me ferai
b II :
l ainsi fait cette ; le lendemain i
, le vi-
de lèpre sur la figure. Lorsque Nicanor, le grand chef des Perses, vit le grand prodige
qui avait eu lieu en faveur de son fils, il se leva, il prit les présents qu'il avait promis,
ainsi qu'une foule de vases, son fils Anatoliiis, tOLis ses frères el une foule de
I. Jei
rétiens persans qui l'accompagnèrent. Ils levèrent, montèrent sur des barques, ils
rendirent a l'e'glise du saint Georges. On lava son iïls dans le bassin des puriiîcations,
on l'oignit de l'huile de la iampe el son corps devint sain. Aussitôt Nicanor offrit ses
présents; il reçut le baptême avec tous ses compagnons au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit, rendant gloire à Dieu et au saint Georges de la grâce qui leur avait été
faite.
11 arriva qu'après être retournés dans leur pays, ils bâtirent une grande église à
laquelle ils donnèrent le nom du saint Georges; puis Nicanor envoya quelqu'un à An-
tioche. Il fit venir un évèque aimant Dieu qui consacra l'église au nom du Père, du
Fils et du Saint-Esprit, ainsi qu'au nom du saint Georges. Une foule de Persans
reçurent le baptême saint en ce jour, hommes, femmes, petits enfants, lorsqu'ils eurent
vu le jeune garçon qui avait été guéri de la lèpre dans l'église du saint Georges. Une
foule de Persans malades crurent après être allés dans cette église et avoir été guéris;
ils rendirent gloire à Dieu et au saint Georges, à jamais.
Il y avait deux Samaritains associés ensemble dans le commerce. Ayant pris cent
pièces d'or, ils préparèrent leurs bêtes de somme, ils prirent leur or avec eux et
montèrent leurs bêtes dans le dessein d'aller à Damas acheter leurs marchandises. Le
soir arriva sur eux pendant qu'il étaient en marche, parlant des vertus et des
merveilles que le saint Georges opérait. Il advint que, tout en parlant ainsi l'un avec
l'autre, ils approchèrent d'un village à la distance d'environ deux ou trois milles. Voici
que deux lions sortirent de la forêt, affamés, rugissant, ravageant tout, ainsi, qu'il est
écrit : « Tu as lâché les ténèbres et la nuit s'est faite, toutes les bêtes de la terre se
mettront en marche, lionceaux affamés, pillant et cherchant leur nourriture. » Lorsque
les marchands virent les bêtes féroces s'avancer vers eux, ils tombèrent à terre demi-
morts. Les bêtes féroces s'arrêtèrent au-dessus d'eux dans le dessein de les manger.
Elles n'allèrent point
du côté des bêtes de somme el ne les touchèrent point; mais elles s'arrêtèrent au-
dessus des hommes, les yeux tout injectés de sang. Les hommes se dirent l'un à l'autre
: i Si Dieu et le saint Georges nous sauvent de la gueule de ces bêtes féroces, nous
donnerons ces cent pièces d'or à son église et nous nous ferons chrétiens, n II arriva
que lorsqu'ils curent fait cette promesse a Dicu^ le Dieu de bonni qui veut le salut de
tous les hommes et rendit les lions pacitiques envers le prophète Daniel, mit aussi la
paiic au coeur de ces autres lions qui baissèrent la lête, rentrèrent dans la forêt et s'en
allèrent. Lorsque le cœur des marchands se fut raffermi, ils reconoiirent que la faveur
qui leur avait été faite leur venait du saint Georges; ils rendirent glaire il Dieu et au
saint martyr, et lorsqu'ils eurent marché un peu, ils trouvèrent les bêles de somme
paissant, n'ayant éprouvé aucun mal. Alors ils les montèrent et se rendirent au village,
se racontant l'un à l'autre et racontant à tous ce qui leur était arrivé. Quiconque les
entendit admira les vertus du saint Georges. Le* hommes de ce village leur dirent : >
Ces bêtes féroces ont fait périr une foule d'hom.' TOME II, 14-
mes et une foule d'animaux de ce pays; mais gloire soit au saint Georges qui vous a
délivrés de ce fléau! »
Ensuite les deux marchands tioreni conseil i'un avec l'autre, disant : « Ce que nous
avons dit, nous le ferons à l'église du saint Georges avec actions de grSces et en
glorifiant Dieu, nous deviendrons chrétiens:
trouverons quelqui
arrivés à Damas, ils trouvèrent que l'on vendait des pierres précieuses, de celles que
l'on nomme diamants; ils en achetèrent pour leur cent pièces d'or. Arrivés à
Jérusalem, ils les vendirent pour trois cents pièces d'or. Avant même d'être rentrés
dans leur ville de Samarie, les deux hommes se parlèrent i'uo a l'autre et se dirent : •
Grâces soient à Dieu de ce que le saint Georges nous a rendus dignes de cette grande
faveur. * Il arriva que rendu dans leur ville, ils annoncèrent à tout le monde et à leurs
parents les vertus et les prodiges que Dieu avait opérés eo leur faveur. Ils se levèrent
ensuite,
l prirent les cent pièces d'or qu'ils avaient 1 promis de donner à l'e'glise du saint
Georges, ils allèrent par toute la ville en criant : ■ Que celui qui liesire Dieu vienne
avec nous à l'église du saint Georges! » Une foule d'hommes et de femmes sortirent
avec eux de Saniarie. Arrivés à l'église sainte, ils offrirent leurs présents; ils virent de
grands prodiges, des guérisons nombreuses de malades et une foule ,de démons que
le saint chassait. Ils se levèrent tous, reçurent le baptême au nom du Père, du Fils et
du Saint-Esprit; ils se firent chrétiens au nombre de cent cinquante-trois personnes, en
ce jour là, dans l'église du saint Georges. En la paix de Dieu : Anien.
y avait à Jérusalem un chrétien nommé tZocrator; il avait un fils qui était lunatique
Kei lui-même il était podagre. Cet homme tétait très riche; il possédait une foule de I-
biens, de l'or, de l'argent, des bcstia I breuï. I
vertus et des merveilles du saint Georges, il fit un vœu en ces termes, disant : « Si
Dieu et le saint Georges guérissent mes pieds de cette souffrance, je donnerai chaque
mois à son église le prix de trois offrandes et de trois setiers de vin '. Si je marche tout
seul sur mes pieds lorsque je serai arrivé au vingt-troisième jour de Pharmoulhi, qui
est le jour de sa grande fête, je me rendrai à pied à son église pour y offrir un Kantar
d'or. » Lorsqu'il eut fait cette promesse, ses pieds se murent peu à peu; au bout de
quelques jours son corps fut guéri, il marcha, il entra dans sa maison et dans l'église;
il fit monter une prière vers Dieu en disant : « Grâce te soient rendues, ô Dieu du
saint Georges ! » Deux jours après, tout son corps fut guéri.
I. Il doit s'agir ici des offrandes faites pour la Messe, offrandes de blé ou pain et de
vin.
disant : > Vive Dieu! je marcherai de mes pieds depuis Jérusalem jusqu'à l'église du
sairlGeorges, le saint martyr, u —Ils se levèrent, ils se rendirent à l'église Un saint
Georges, ils trouvèrent d'autres foules réunies, admirant ks vertus et les grâces de
guérison qui s'opéraient par l'entremise du saint Georges, de sorte que Zocrator fut
dans l'admiration à la vue de ces prodiges et de ces guérisons opérées par le saint
Georges. Il ofTrii ses présents en toute allégresse de cœur.
Il advint que l'économe voyant les grands présents que Zocrator avait faits, le prit
chez lui pendant deux mois, mangeant et buvant avec lui dans la joie. Le troisième
mois, par une providence de Dieu, le fils de Zocrator se leva, il se mît en marche pour
savoir ce qui était arrivé a son père; car celui-ci n'était point retourné avec ceux qui
s'étaient rendus à la fête. En effet, Zocrator était absent; il parlait de son fils à
l'économe et disait : • J'ai un hls qui est possédé par un démon très méchant. Ce
démon le fait beaucoup souffrir, si bien que souventes fois on a dit qu'il vaudrait
mieus pour lui èirc mort que vivre au milieu de ces souffrances. Si
I Tu crois que tout est possible à Dieu ; JQ crois aussi qu'on obtient tout ce que le^
saints lui demandent et que rien n'est inr siblc pour nous en leur nom. 11 est ec écrit
dans l'Évangile selon Jean : • Celu croit en moi, les œuvres que je fais, il le fera, et de
plus grandes encore, n
11 advint que pendant qu'ils parlais ainsi, le fils de Zocrator et une foule de si viteurs
arrivèrent montes sur des chevaux Ils s'arrêtèrent près de la porte de l'é Le fils
s'informa de son père, il apprit qi^ celui-ci était près de l'e'conome, il alla 1 trouver et
ils se mirent à parler ensemble Pendant qu'ils parlaient l'un avec l'amri voici que le
démon entra dans le jeune gai* çon avec une terrible frayeur, il le fit souÊc' frir une
grande heure et sa bouche écumaib
II se leva, il s'écria d'une vois forte, disaoti <t Qu'as-tu h faire avec moi, ô George^
pourquoi me fais-tu souffrir, ô violenc4 Moi, oui, moi, je suis un limalique;
GEORGES 239
< Il proférait de
: « O violence !
:s 1 » — Le
I grand coup.
Il advint que les serviteurs de l'églisi tant rauliipliés, l'économe les envoya at
hors afin de rassembler les prémices et les dons que Ton faisait à Téglise sainte du
saint Georges, car une foule de gens faisaient vœif en leur pays d'offrir des présents
pour leurs garçons, pour leurs filles, ou pour leurs bestiaux, de les donner ' à l'église
du saint Geoi*ges, à cause des prodiges qu'il opérait. Une foule de femmes stériles
enfantaient, si elles promettaient de donner des bestiaux; une foule de vaisseaux
naviguant sur la mer, si quelque tempête se levait contre eux et qu'ils fussent en
danger, dès qu'on faisait un vœu en disant : « Que Dieu et saint Georges nous
secourent 1 » Aussitôt le secours de Dieu leur arrivait en toute hâte, les vaisseaux se
trouvaient solides jusqu'à ce qu'ils fussent arrivés au port. Une foule d'animaux, si
leur possesseur faisait vœu de ne pas les laisser aller seuls, soit à cause d*un niai (?),
soit à cause des bestiaux mêmes, se rendaient seuls à l'église. Je ne mentionnerai pas
ces grands prodiges, ces bois sans âme, ces pierres, ces livres, ces vases qui
traversaient les airs comme des oiseaux, jusqu'à ce qu'ils fussent arrivés à l'église du
saint Georges avec le
secours du Dieu vivant, de sorte que si ces vaisseaux, les bois, les lances, l'or ou les
chosesque l'on transporiail par mer se trouvaient en péril, par la foi dans le nom du
saint Georges, toute chose allait seule à travers les airs jusqu'à ce qu'elle fût entrée
dans l'église du saint.
Ces grandes vertus, ces prodiges nombreux, chacun les croyait; mais quelques-uns
aussi ne les croyaient pas. L'un des serviteurs de l'église se mit à en voler les biens; ils
les emportait dans sa maison. Le saint martyr patienta à son sujet pendant cinq années
entières, dans l'espoir que peut-être le serviteur se repentirait de son péché qui lui
serait pardonné. Mais le serviteur ne cessa point d'agir de In sorte. Tout ce qu'on lui
donnait en disant : • Porte-le à l'église, u il le portait à sa femme en sa maison, comme
autrefois Judas qui volait la bourse du Sauveur et portait ce qu'il volait a sa méchante
femme en sa maison >; car tout ce que l'on donnait au Sauveur, celui-ci le mettait
dans la bourse entre les mains de Judas et Judas
le volait pour le porter à sa méchante femme. C'est pourquoi il fut saisit par cette
grande tentation et il se pendit tout seul, l'ous les autres apôtres, dès que )e Seigneur r
l'apostolat, abandonné-, leurs femmes et leurs suivre le Fils du Dieu vivant, 'ul Judas
qui ne suivit pas le is qui allait trouver sa femme avec elle dans cette souHlure. C'est
pourquoi le diable prévalut si bien contre lui qu'il le rendit e'tranger à Dieu. Ainsi
quiconque obéira k sa méchante Femme deviendra ttranger au Dieu qui l'a créé. Cet
homme était de même serviteur dans l'élise du saint Georges ; on lui donnait, ainsi
qu'à ses compagnons, tout ce dont il avait besoin, et il portait les offrandes en sa mai-
Cependant le saint martyr fît entrer en lui un démon trts méchant qui lui fit endurer de
très grandes souffrances, le jour et la nuil. 1-e démon le conduisit dans l'église, il
parla par sa bouche, disant : » C'est moi qui ai volé une foule de choses appartenant à
cette église et les ai emportées dans ma maison. Allez en ma maison vous les y
trouverez. •
Lorsqu'on yful nllé, on les y trouva comme il l'avait dit. Deux mois après de
semblables souffrances, le saint Georges eut piiié de lui et le guérît. L'e'conome le
chassa de l'église. Quiconque entendit raconter cela rendit I gloire à Dieu et au saint
Georges.
ville,
ingeani
; buv£
I l'archevêque, priant Dieu ii toute heure, vi-, ntant les prisons. Il avait une foule de
richesses et se rendait souvent à l'église du saint Georges, surtout en ce grand jour de
fèie qui est le vingt-troisième jour de Phar-mouthi; il priait dans l'église et lui faisait
don d'un quart de pièce d'or ', mangeait et buvuit avec l'économe, puis s'en retournait
on paix dans sa maison.
H advint qu'après douze ans de cette vie, le diable, Tcnncmi de quiconque croit en le
Christ, lui porta envie à cause des charités qu'il luisait. 11 souleva un noir tourbillon
de tcnipOtc sur la mer. Le vaisseau d'Eulogios se trouvait dans le port ; les matelots
craignirent que le vaisseau ne se perdît sous eux et qu'ils ne fussent emportés en mer.
Ils se levèrent, ils transportèrent sur le rivage les vuscs et tous les vêtements qui leur
étaient nécessaires; ils se rendirent eux-mêmes sur le rivage et passèrent la nuit dans
le deuil. Alors le vent emporta le vaisseau, sans qu'ils pussent savoir où il était allé.
Ils se fatiguèrent à le chercher, mais ne le trouvèrent point; ils se rendirent près
d'Eulogios et l'informèrent de tout ce qui était arrivé. Quant à lui et à sa femme, ils
pleurèrent et furent dans la tristesse. Ensuite ils rendirent grâces à Dieu, disant : a
Qu'il soit fait selon
I. Il peut sembler étonnant d'après ce qui précède que l'aumône fut relativement si
petite ; cependant le sens du mot employé en cette occasion ne peut être mis en doute.
Il y avait un homme du pays d'Egypte qui était un très grand voleur. Comme on le
poursuivait pour le mettre à mort, il se leva. s'enfuit et, par une providence de Satan,
il arriva sur le bord de la mer. Il trouva une barque naviguant vers Antioche, il y
monta et arriva dans cette ville. Il habita prés de la maison d'Eulogios. Quelques jours
après, se trouvant près de la maison d'Eulogios, il devint l'un de ses ouvriers pendant
deux ans ; il exécuta tout ouvrage pour Eulogios. Comme on ne savait pas que c'était
un voleur, on eut confiance en lui. Mais lui, il trouva deuï : brigands comme lui, il
devint leur compagnon, comme le dit l'Écriture : Cha-
I cun se joint à celui qui lui ressemble. Ils pri-ilors de concert la résolution de piller
Il advint qu'à son retour de l'église du saint Georges, Eulogios trouva sa femme et
tous les siens dans le deuil ; on lui apprit ce qui avait eu lieu. Il fut grandement affligé
pendant nombre de jours. Ensuite il prit
courage dans le Seigneur, il rendii gloire à Dieu en disant : a Que la volonlé de Dieu
soit faite ! » Quant à ceux qui lui avaient vole ses biens, ils s'en allèrent en Egypte '
du côlé du Péluse. Ils y habitèrent. Tout d'abord l'un d'eux devint démoniaque, il s'en
alla et l'on ne sut pas où il était allé Quelques jours après, une querelle s'éleva entre
les deux autres, ils so battirent; l'homme d'Egypte se leva au milieu de la nuit, prit une
êpe'e et tua son compagnon sans que celui-ci s'en aperçût. Alors il se leva, prit tout
l'or et s'en alla au pays de Palestine; il lit des profits dans le commerce, mangeant et
buvant avec les biens d'Eulogîos pendant longtemps.
I. Ce passage fil iris curieux et raoBlre bien que louï isricils sonl igypiiens. Aleiandric
fol loujouc» réputée armi les Copies pour une ville étrjpgére ù l'Egypte ; on ÎHil :
Quiiier l'Egypte pour aller à Alexandrie; ici on Il : Quitter Alexandrie pour aller en
Egypte,
Eulogios vendit son mobilier et toilt ce qui lui appartenait. Quand il eut vendu tout ce
qui lui appartenait, le jour de la fête du saint martyr approcha et Eulogios adressa la
parole à sa femme en disant : « Voici que tous les hommes de la ville se rendent à
réglise du saint Georges. Il ne nous est pas possible défaire une offrande cette année-
ci, car voici que Dieu et le saint Georges voient notre tribulation. » — Sa pieuse
femme prit la parole et lui dit avec humilité : « Je sais, mon frère, que nous n'avons
rien et qu'il n'y a personne qui veuille nous prêter, parce que nous sommes pauvres;
mais voici, j'ai deux robes ; laisse-moi celle-ci pour m'en revêtir, prends celle-là et
vends-la pour un quart de pièce d'or : ne cesse pas de faire une offrande à l'église. »
Lorsqu'il eut entendu ces paroles de sa femme, ses yeux versèrent des larmes : ils
pleurèrent tous les deux. De nouveau Eulogios parla avec sa femme du prix du
passage pour faire la route. La bienheureuse Euphémie prit la parole et lui dit : « Mon
bon frère, lève-toi, va trouver les amis ; peut-être Dieu te fera-t-il trouver grâce
devant eux et te prêteront-ils un quart de pièce d'or afin que tu manges ce
me parler ainsi pour un quart de pièce d'or? Vive Dieu 1 Quand même tu rae
demandci dix pièces d'or, je te les donnerais pour que tu reçoives la be'nédiction du
martyr. Pour le moment, voici trois pièces d'or, prends-les et si tu as besoin de
quelques autre te les donnerai. « — Pour lui, il les prit, il 1 les porta a sa femme e^ dit
: ■ Je crois que ' Dieu et le saint Georges, en qui nous avons mis toute notre
contiance, aous feront misé-ricorde une autre fois. « — Sa femme lui dit : " Dieu t'afl-
il accorde' le quart de pièce d'or ? 0 — 1! lui dit : • Grâces soient rendues à Dieu et à
son saint martyr. Lorsque je rae suis rendu vers cet homme, je lui ai tout dit ; il m'a
répondu : < Si tu es dans le besoin, viens me trouver ici et je te donnerai tout ce qui te
sera nécessaire, b — Pour elle, elle se réjouit grandement; ils rendirent grâces à Dieu.
Eulogtos se leva, il s'embarqua avec tous ceux qui l'accompagnaient pour rendre à
l'église du saint Georges,
Voici de même que l'iiomme qui avait volé I les biens d'Eulogios réfléchit en son
cœur ' et se dit : • Je sais que j'ai péché depuis enfance jusqu'à ce jour, sans compter le
j grand pêche que j'ai commis lorsque je me i
MERTBrLLBS DU SA
suis levé contre mon compagnon, que je l'ai tué par ruse à cause de ces richesses
d'aulriii qui me causeront des tourment» éternels. Maintenant voici ie jour de ta fête
du martyr qui approche, je me lèverai, je me rendrai là-bas et je ferai une offrande;
peut-être me fera-t-il trouver grâce prés de Dieu qui fera miséricorde à ma pauvre
Sme. B Or il advint qu'à son arrivée en l'église du saint Georges^ Eulogios pria avec
ceux qui raccompagnaient; ils allèrent ensuite trouver l'économe et lui firent leurs
présents. L'économe connaissait Eulogios, car celui-ci se rendait chaque année à
l'église, mangeait et buvait avec lui. Lorsque le matin fut arrivé, ils entrèrent à
l'église, ils prièrent, ils se tinrent debout jusqu'à la tin de la synaxe. Eulogios sortit
alors et marcha avec ses concitoyens pour se rendre sur la place. Voici que l'homme
d'Egypte qui avait volé les biens d'Eulogios se rencontra avec eux sous-la porte de
l'égiise : il était revêtu des habits d'Eulogios et les pièces d'or était cousues en dedans
de ses habits, lis le reconnurent aussitôt, coururent après lui et le saisirent. Il voulut
s'enfuir,
i le lia
L'économe lui dit : « Qu'as-tu fais des vases que tu as volés? » — Il dit : « Je n'ai rien
volé ; mon seigneur Eulogios sait que j'ai passé deux ans à travailler pour lui et que je
n'ai jamais rien volé. Quant à mon habit, je l'ai acheté sur la place publique. » —
L'économe lui dit : « Tu vas venir avec moi dans le sanctuaire du saint Georges, tu
me feras serment au nom de Dieu et du saint Georges en disant : « Ce n'est pas moi
qui ai commis ce vol, » puis tu t'en iras. • Pour lui, il se réjouit comme s'il était sur le
point d'être relâché et de s'en aller ; il s'écria disant : « Je jurerai tout ce que tu
voudras et comme tu le voudras. » On l'emmena pour le faire jurer. L'économe dit : «
Amenez-le derrière moi, cet homme a choisi la mort au lieu de la vie. Je vous le dis,
si un homme fait trois pas pour jurer, son serment est déjà monté en présence de
Dieu.. Cette nuit, le saint Georges vient de m'apprendre tout dans une vision et m'a dit
: « On t'amènera demain un homme qui a volé ce qui m'appartient; ne le laisse pas
aller, châtie-le jusqu'à ce qu'il ait rendu ce qu'il a volé. » Ce n'est que maintenant que
j'ai compris la vision. • Il ordonna d'apporter deux fouets tout neufs.
DU SAINT GEORGES
Lorsqu'on les eut apportés, on en donna de grands coups au vokur; mais ii n'ouvrit
pas la bouche et ne parla pas. L'économe fit serment et dit : 0 Ton corps n'échappera
pas à ce fouet jusqu'à ce que tu meures ou que
On 11
I dit :
e que cela ? «
- Mai
gneurs ! » Puis i) av
la foule entière au milieu de l'église du saint Georges, il confessa tout ce qui lui était
ar~ rivé. Lorsqu'on lui eut donne force coups, on le jeta dans une cellule obscure, on
l'y laissa sans boire ni manger jusqu'à ce que mort s'en suivît. Lorsqu'Eulogios eut
pris l'or, il en donna soixante pièces a l'église, il fit un grand festin aux pauvres et aux
infirmes, plein de joie, rendant grâce à Dieu et au saint Georges qui avait opéré cette
vertu et ce prodige.
Ensuite Eulogios pria l'économe qui relâcha cet homme; ii lui fit don de trois pièces
d'or et de l'habit que cet homme portait, il le laissa aller en paix. Maïs, a la vue de la
boDté d'Eulogios, des venus et des merveil-]es du saint Georges qui avait inforraé
l'économe dans une vision, cet homme donna aussi les trois pièces d'or à l'égUse ; il
se mis h servir ceux qui étaient malades jusqu'au jour de sa morl. Le saint Georges lui
lit grâce et ses péchés lui furent pardoni Ensuite le saint Georges apparut â Etilogios
pendant la nuit, il lui dit : n Le Seigneur a exaucé les prières et tes miséricordes ;
comme je sais que tu as en toi de la pitié pour les pauvres et les infirmes, j'aurai pitié
de toi dans celte vie et dans l'autre. Si tu veus T'en reiourner dans ta maison, tu
trouveras, aussi le grand vaisseau qui l'appartient.. chargé de biens et de bois. Porte-
les en ta ville, afin d"y faire bâtir une église en mon nom. Je te bénirai, tu ne
manqueras d'aucun > bien en cette vie, •
Il advint que la lumière ayant paru, Eu-logios dit aux gens tout ce que le saint
Georges lui avait dit en cette nuit. Ils s'étonna* rent grandement; ils montèrent dans
une. barqvie et naviguèrent vers Antioche. Voici que le saint Georges amena devant
eux le j d'Eulogios, ce vaisseau était chargé SCS bonnes choses et de bois de
ktfk
cyprts. Eulogios ainsi que ses compagnons le reconnurent; ils se levèrent, ils
montèrent sur le vaisseau avec joie, ils l'amenèrent à Antioche el publléreni la
nouvelle dnns toute la ville. Lorsqu'on l'eut apprise, on rendit gloire a Dieu et au saint
Georges. Eu-logios St de grandes aumônes aux pauvres, aux inlîrnies et aux orphelins
le jour de la féie du saint Georges. Ses prières, ses prémices, ses olTrandes étaient
continuelles dans les églises, en tout temps. Il bâtit une église magnifique au nom du
saint Georges, le saint martyr, il s'en fit le serviteur, lui, sa femme et ses enfants,
jusqu'au jour de sa mort. Le saint Geors^s lui fit trouver grîce près de Dieu, Eulogios
devint son compagnon dans le royaume de la Jérusalem céleste, séjour qu'il avait
désiré; il célébra des fêtes avec tous les saints.
Neuvième prodige du s
t Georges.
Il advint sous le règne'de Dioclétien, l'impie adorateur des idoles, qui fit du mal à la
terre entière, qu'il y avait en son royaume un fjénérol nomme Evhius; il était suuvagc
a 56
d'aspect et c'était un homme très méchant. Le roi Diociétien lui confia trente mille
soldats et les envoya en Egypte pour détruire toutes les églises et bâtir en tout lieu des
temples aux idoles impures. Lorsque I néral fut arrivé au pays d'Egypte, il établit des
gouverneurssar chaque ville, des comtes \ et des ducs; il ordonna d'enchaîner les chré-
' tiens dans chaque gouvernement, il leur fit endurer de grands supplices et des
tourments douloureux. On leur tranchait enfin la tête d'un coup d'épée. Les gens
étaient martyrs, ils mouraient pour le nom de Noire-Si gneur Jésus le Christ. Evhius
envoya i édit dans tout le pays d'Egypte : on détruisit 4 toutes les églises, on éleva des
temples aux.^ idoles, on y servit les démons.
Il arriva après tout cela que Dieu se souvint de tous les maux qu'avait faits le roi'
impie Diociétien et du sang innocent des. saints martyrs qu'il avait répandu. Lorsque!
sa fin approcha, Diociétien manda le généra Evhius, il lui dit : o Je sais que tu e
homme sage, que tu exécutes les édits eilea commandements des rois. Maintenant
lève-toi, prends avec toi une escorte de s et le dècrci royal, va en touie hâte en
SyrïeiB
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de Palestine. Rends-toi tout d'abord à l'église de celui qu'on appelle Georges, détruis-
la jusqu'aux fondements; car vraiment je ne puis supporter d'entendre parler des
vertus magiques opérées au nom de celui auquel le roi Taticn, le Persan, fit trancher
la tète, il y a un grand nombre d'années. On a bâti une église en son nom, il s'y trouve
des chrétiens qui opèrent des vertus et des prodiges par des œuvres magiques, de
sorte que son nom est devenu grand en tous les pays. Une foule d'hommes
abandonnent les dieux glorieux, s'attachent aux vertus de ce martyr et se font
chrétiens, n Ëvhius, \e général, adora le roi, reçut l'edit <ie sa main. Le roi lui donna
trois mille soldats et les envoya en Syrie ; il lui donna l'ordre suivant ; • Lors-j auras
détruit tout d'abord l'église du saint Georges, tu détruiras de même en ce pays toutes
les églises, lu enchaîneras tous les chrétiens, tu les jetteras en prison et tu leur feras
endurer de grands supplices. Ceux qui n'adoreront pas les dieux, tranche-leur la tête
avec l'épée, ne les épargne pas. ••
saint Georges, ils entrèrent tians la ville;: J leurs mains étaient armées d'épées et d'à
comme autrelois Holophernc. Toute la ville | fut dans le trouble à cause du nombre
soldats. Evhius, le gênerai, se rendit à glisc du saint Georges; il tenait à la n un bâton,
marchait avec orgueil ; la foule I des soldats l'entourait et le suivait. Lorsqu'il i fut
entré dans l'église, il vit la lampe mée en l'honneur du saint Georges. Il dit : I • Voyez
cet impie de Georges! s — Il disaîl'l encore : ■ Je vois quelle est l'impiété des
chré
ils
s diei
soleil qui donne la lumière a besoin de dix mille lampes pour éclairer, n II prit le
bâton qu'il avait à la main ', il en donna un coup sur la lampe en disant: "Qu'est-ce
que cela?» La lampe se brisa : des gouttes d'huile tombèrent sur lui, ei aussi sur
quelques soldats; un petit morceau de verre lui entra dans la tète sans qu'il s'en
aperçût. Tout endroit de'i
:orps qu
: l'huj
arriverait, il dit au^ soldais : o Jusqu'à ce jour nous avions entendu dire qu'il y avait
ici des magiciens ; aujourd'hui nous les voyons de nos yeux. Regardez mes pieds et
mes mains, voyez ce qu'il leur est arrivé, a Pendant que la foule des soldats admirait
la vertu (iu saint martyr qui l'avait rendu lé-preuï, sa tête le fit souffrir grandement. Il
dit aux soldats ; • Allons nous reposer jusqu'à l'aurore. 11 était couvert de honte à
cause du grand nombre de soldats qui l'entouraient. Comme toute la ville était
chrétienne, personne parmi les habitants ne le reçut dans sa maison, car ils étaient
irrités à cause de la lampe de l'église qu'il avait brisée. Us s'en allèrent et le laissèrent.
Pour lui. il se leva et sortit do l'église avec honte. 11 advint que lorsqu'il fut arrivé à la
porte de l'église pour sortir, sa tète fut privée de lumière et il tomba à terre : tout son
corps tremblait, il ne pouvait se tenir debout Les soldais l'entourèrent, remportèrent et
le conduisirent dans une maison. Ils mangèrent et burent; pour lui, il ne put rien
goûter, sa tète souffrait de grandes tortures. Lorsquelesoirfut arrivé, ils se couchèrent
et , dormirent. Quant â lui, il eut cette vision.
Il vit un solliat nommé Georges qui, du haut des airs, lançait des flèches; l'une de ces
flèches entra dans sa tète et il s'écria disant: « Georges, Georges! • Aussitôt il
s'éveilla. Ceux qui étaient avec lui dans la mabon, ayant entendu le cri, lui dirent : «
Avec qui parles-tu, notre seigneur? ■ Mais lui, il eut honte de leur raconter la vision,
il garda le silence cl ne voulut pas du tout prononcer de sa bouche le nom du saint
Georges. Le matin venu, il souffrit beaucoup du morceau de verre entré dans sa tète ;
il s'écria d'une forte voix, disant aux soldais qu'il remplissait d'épouvante : •
Embarquons-nous, allons-nous-en dans notre pays, car nous mourrions sur cet le terre
étrangére.ii Les soldats se levèrent tous avec joie, ils s'embarquèrent et naviguèrent
vers Anlioche, tout couverts de honte. La tète du général devint' empoisonnée, elle se
corrompit grandement ; e jour, le Seigneur le frappa et il
que, cinq jours après, les vers , le corps devint corrompu gran-s soldats ie prirent et le
jetèrent ;r. Lorsqu'ils furent parvenus â ils apprirent au roi toul ce qui
rieur étaii arrivé; ils iui raeontérenl les vertus et les prodiges qu'ils avaient vus dans
l'église du saint Georges. L'impie Dioclétien, cet apostat digne de haine, n'eut pas
assez de tout cela, car Dieu voulait le perdre de mâle perte à cause de tous les maux
qu'il avait faits aux saints \ mais il endurcit son cœur, comme autrefois Pharaon. Il dit
aux soldats : Il Vous avez tué le plus grand général du royaume et vous Jites ces
mensonges abominables, h savoir que Georges le Gali-
Iléen a fait des vertus et des prodiges. Lorsque je saurai avec certitude vos
abominables mensonges, je vous enlèverai à tous la Tête du tranchant de l'épée.
J'emmènerai l'armée avec moi là-bas, je passerai toute la ville au fil de l'épée, je
détruirai cette église jusqu'aux fondements et au milieu je ferai que les chrétiens
adorent les idoles. ■ Après ces paroles, Dioclétien se leva,'il rassembla tous ses
soldats, il fit préparer des barques pour les embarquer et les faire naviguer vers la
Syrie. Il fit crier par le héraut dans toute la ville ; « Préparez-vous, soldats; nous
allons nous rendri: en Syrie pour détruire l'église de ce grand magicien, Georges le
Galiléen. «
rem Constantin à sa place et le revêtirent un homme , aimant les gommes, aimant tout
ce qu'il est bon de Jt le monde. Il allait à l'église cha-matinet soir, il faisait de grandes
bynaies, faisait monter sa prière vers Dieu c dévotion, donnait de grandes aumônes bt
de grandes offrandes, rempli delà crainte fâc Dieu en tout temps, lui et toute sa mai-
que sa pieuse mère la reine Hé-Hène. Ilschantaienl, bénissaient, remerciaient Ble
Seigneur, notre Dieu et notre Sauveur, ■ Jésus le Christ ii qui conviennent toute
■gloire, touthonneur et toute adoration, ainsi u'à son Père, au Fils ' et au Saint-Esprit
6rivificateur et coosubstaotiei à lui, mainte-■Oant et dans les siècles de tous les
siècles : fAmen.
r. Cerr
bUé qu-i
II) Fili rail bomme. En coiiurvanl ce mal, il Kmbk-jl ipi'on cDl quiIie p|ftosn» dans lu
Trinîlé. D'inlre t, ifius-Christ cansïdir£ eominc un Dieu i part, comme m peut prier et
idaror unscniate, est une idée
Egïpic
n'