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Calcul Diff Avan Chap 4

Ce document traite du calcul différentiel avancé dans les espaces de Banach, en se concentrant sur la définition de la différentiabilité et ses propriétés. Il établit des résultats concernant l'unicité de la différentielle, la continuité des applications différentiables, et la stabilité de la différentiabilité sous des normes équivalentes. De plus, il aborde la différentiabilité des fonctions composées et présente des théorèmes et propositions clés dans ce domaine.

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Calcul Diff Avan Chap 4

Ce document traite du calcul différentiel avancé dans les espaces de Banach, en se concentrant sur la définition de la différentiabilité et ses propriétés. Il établit des résultats concernant l'unicité de la différentielle, la continuité des applications différentiables, et la stabilité de la différentiabilité sous des normes équivalentes. De plus, il aborde la différentiabilité des fonctions composées et présente des théorèmes et propositions clés dans ce domaine.

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Calcul Différentiel Avancé

par
Emmanuel Hebey

Université de Cergy-Pontoise
Année 2017-2018

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


Chapitre 4
Calcul Différentiel dans les Banach
1. Applications différentiables
On inverse les priorités. On ne cherche plus à calculer la
différentielle mais bien à définir la différentiabilité. C’est elle qui
vient en premier, et c’est la “bonne” façon de voir les choses.

Définition
Soient (E , k · kE ) et (F , k · kF ) deux espaces de Banach, Ω un
ouvert de E , a ∈ Ω un point de Ω, et f : Ω → F une application de
Ω dans F . On dit que f est différentiable au point a s’il existe une
application linéaire continue g ∈ Lc (E , F ) telle que

f (x) − f (a) − g (x − a) = kx − akE ε(x) (?)

pour tout x ∈ Ω, où ε : Ω → F est telle que ε(a) = 0 et ε(x) → 0


(pour k · kF ) lorsque x → a (pour k · kE ). On dit que g est la
différentielle de f au point a et on la note Df (a).
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Formellement, (?) signifie que
∀ε > 0, ∃η > 0 / ∀x ∈ Ω\{a}, kx − akE < η
⇒ kf (x) − f (a) − g (x − a)kF < εkx − akE

Lemme
L’application linéaire g est unique.

Preuve : Si deux g1 , g2 ∈ Lc (E , F ) vérifient (?), alors


g1 (x − a) − g2 (x − a) = kx − akE ε(x)
pour tout x ∈ Ω, où ε : Ω → F est telle que ε(a) = 0 et ε(x) → 0
lorsque x → a. Soit h ∈ E un élément quelconque de E . Comme Ω
est un ouvert, il existe r0 > 0 tel que pour tout t ∈] − r0 , +r0 [, le
point x = a + th est dans Ω. Bien sûr, a + th → a lorsque t → 0.
En posant x = a + th dans l’égalité ci-dessus, avec t > 0, et par
linéarité de g1 et g2 , on obtient que
g1 (h) − g2 (h) = khkE εh (t)
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Preuve suite et fin : pour tout t > 0 suffisamment petit, où
εh (t) = ε(a + th) est telle que εh (t) → 0 lorsque t → 0. En faisant
effectivement tendre t → 0, il suit que g2 (h) = g1 (h) pour tout
h ∈ E , et donc que g2 ≡ g1 . On a donc bien unicité de g et on
peut donc bien s’en servir pour définir Df (a) = g . CQFD.

Proposition
Si E = Rp et F = Rq alors on retrouve bien que

Df (a).(H) = Df (a)1 .(H), . . . , Df (a)q .(H) avec



p
X ∂fj
Df (a)j .(H) = (a)hi
∂xi
i=1

pour tout H = (h1 , . . . , hp ) ∈ Rp , où les f1 , . . . , fq sont les


fonctions composantes de f .

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


Preuve : pour faire simple supposons q = 1. On a
f (x) − f (a) − g (x − a) = kx − akE ε(x) (?)
avec ε(a) = 0 et ε(x) → 0 lorsque x → a. Prenons successivement
x sous la forme x = xt avec
xt = (a1 , . . . , ai−1 , t, ai+1 , . . . , ap ) .
Si fai (t)
= f (a1 , . . . , ai−1 , t, ai+1 , . . . , ap ) est la ième fonction
partielle du Chapitre 2, alors (?) s’écrit aussi
fai (t) − fai (ai ) − Φi (t − ai ) = |t − ai |ε(t) (??)
où ε(ai ) = 0 et ε(t) → 0 lorsque t → ai , et la fonction
Φi (t) = g (0, . . . , 0, t, 0 . . . , 0)
(le t à la ième place) est une fonction linéaire de R dans lui-même.
Les fonctions linéaires de R dans R s’écrivent toutes sous la forme
t → λt pour λ ∈ R un réel donné. Donc, en remplaçant, si on note
Φi (t) = λi t, on obtient avec (??) que
fai (t) − fai (ai ) − λi (t − ai ) = |t − ai |ε(t) . (? ? ?)
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Preuve suite et fin : A partir de (? ? ?) on obtient que

fai (t) − fai (ai )


lim = λi
t→ai ,t6=ai t − ai

et donc
∂f
λi = (fai )0 (ai ) = (a) .
∂xi
En remarquant que g (H) = pi=1 Φi (hi ) pour tout
P
H = (h1 , . . . , hp ), on voit que
p
X ∂f
g (H) = (a)hi
∂xi
i=1

pour tout H = (h1 , . . . , hp ). D’où la proposition. CQFD.

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


Pourquoi demander dans (?) que g ∈ Lc (E , F ), et non pas tout
simplement que g ∈ L(E , F ) sans continuité ? En raison du résultat
suivant. . .
Théorème
Soient (E , k · kE ) et (F , k · kF ) deux espaces de Banach. Soient Ω
un ouvert de E , a ∈ Ω un point de Ω, et f : Ω → F une
application de Ω dans F . Si f est différentiable au point a, alors f
est aussi continue au point a.

Preuve : On a
f (x) − f (a) − g (x − a) = kx − akE ε(x) (?)
avec ε(a) = 0 et ε(x) → 0 lorsque x → a. Comme g est continue,
limx→a g (x − a) = 0. Donc (comme aussi kx − akE ε(x) → 0
lorsque x → a), on voit avec (?) que
lim f (x) = f (a) ,
x→a

et f est bien continue en a. CQFD.


CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Définition
Soient (E , k · kE ) et (F , k · kF ) deux espaces de Banach, et soit Ω
un ouvert de E . Soit f : Ω → F une application de Ω dans F . On
dit que f est différentiable sur Ω si f est différentiable en tout
point a de Ω.

Si f : Ω → F est différentiable sur Ω, alors on récupère une


application
Df : Ω → Lc (E , F )
qui à x ∈ Ω associe Df (x) ∈ Lc (E , F ). Les applications Df et f
sont de même type (ou même nature) : ce sont deux applications
d’un espace de Banach dans un autre espace de Banach. On place
ici sur Lc (E , F ) sa norme naturelle
kΦ(x)kF
kΦkLc (E ,F ) = sup ,
x∈E \{0} kxkE

et on rappelle (cf. Chapitre 3) que Lc (E , F ), k · kLc (E ,F ) est un
Banach dès que (F , k · kF ) est un Banach.
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
La remarque que l’on vient de faire est d’importance. Elle permet
de définir de façon naturelle les applications de classe C 1 , les
applications deux fois différentiables, les applications de classe C 2 ,
les applications trois fois différentiables, etc. à partir des seules
notions d’application différentiable et d’application continue entre
Banach, comme c’était le cas pour les fonctions de R dans R.
Evidemment, si la théorie est claire et simple, dans la pratique les
espaces se compliquent considérablement au fur et à mesure que
l’on différencie :
Df : Ω → Lc (E , F ) , D 2 f : Ω → Lc (E , Lc (E , F )) ,
D 3 f : Ω → Lc (E , Lc (E , Lc (E , F ))) , . . .

Les espaces d’arrivées seront à simplifier (par assimilation). Par


exemple (cf. Chapitre 3), Lc (E , Lc (E , F )) ≈ Lc (E , E ; F ).

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


Définition
Soient (E , k · kE ) et (F , k · kF ) deux espaces de Banach, et soit Ω
un ouvert de E . Soit f : Ω → F une application différentiable de Ω
dans F . On dit que f est de classe C 1 sur Ω si Df : Ω → Lc (E , F )
est continue sur Ω.

La continuité de DF en un point a ∈, Ω s’écrit

∀ε > 0, ∃η > 0 / ∀x ∈ Ω, kx − akE < η


⇒ kDf (x) − Df (a)kLc (E ,F ) < ε

et donc
∀ε > 0, ∃η > 0 / ∀x ∈ Ω, kx − akE < η
⇒ kDf (x).h − Df (a).hkF ≤ εkhkE pour tout h ∈ E .

Les deux formulations sont équivalentes en vertue de la définition


même de la norme d’une application linéaire continue (et puisque
ε > 0 est quelconque).
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2. Différentiabilité et normes équivalentes
Proposition
Soient (E , k · kE ) et (F , k · kF ) deux espaces de Banach, Ω un
ouvert de E , et a ∈ Ω un point de Ω. Soit f : Ω → F une
application de Ω dans F différentiable au point a de différentielle
en ce point Df (a) ∈ Lc (E , F ). Si k · k0E et k · k0F sont deux autres
normes sur E et F , respectivement équivalentes à k · kE et k · kF ,
alors f est encore différentiable par rapport aux nouvelles normes
et sa différentielle par rapport aux nouvelles normes est toujours
Df (a).

En d’autres termes, la notion de différentiabilité et de différentielle


est inchangée (ou stable) par changement de normes équivalentes.
Preuve : Elle est très simple. On commence déjà par remarquer que
Lc (E , F ) ne change pas par changement de normes équivalentes.
Maintenant, comme k · kE et k · k0E sont équivalentes sur E , dire
que x → a pour k · kE équivaut à dire que x → a pour k · k0E .
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Preuve suite et fin : De même, comme k · kF et k · k0F sont
équivalentes sur F , dire que ε(x) → 0 pour k · kF équivaut à dire
que ε(x) → 0 pour k · k0F . Donc dire que l’on a

f (x) − f (a) − g (x − a) = kx − akE ε(x) (?)

pour tout x ∈ Ω, où ε : Ω → F est telle que ε(a) = 0 et ε(x) → 0


(pour k · kF ) lorsque x → a (pour k · kE ), équivaut à dire que l’on a

f (x) − f (a) − g (x − a) = kx − ak0E ε(x) (?0 )

pour tout x ∈ Ω, où ε : Ω → F est telle que ε(a) = 0 et ε(x) → 0


(pour k · k0F ) lorsque x → a (pour k · k0E ). D’où la proposition.
CQFD.

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3. Différentielles de fonctions composées
Théorème
Soient (E , k · kE ), (F , k · kF ), et (G , k · kG ) trois espaces de
Banach, Ω un ouvert de E , Ω0 un ouvert de F , et a ∈ Ω un point
de Ω. Soient f : Ω → F une application de Ω dans F , et
g : Ω0 → G une application de Ω0 dans G . On suppose que f est
différentiable au point a, que f (Ω) ⊂ Ω0 , et que g est différentiable
au point f (a). Alors g ◦ f : Ω → G est différentiable au point a de
différentielle en ce point D(g ◦ f )(a) = Dg (f (a)) ◦ Df (a).

Preuve : On a
g (y ) − g (f (a)) − Dg (f (a)) . (y − f (a)) = ky − f (a)kF ε̃(y ) ,
f (x) − f (a) − Df (a).(x − a) = kx − akE ε(x) ,

où ε(x) → 0 lorsque x → a et ε̃(y ) → 0 lorsque y → f (a). Posons


y = f (x) avec x → a. Alors y → f (a) par continuité de f en a. Et
donc
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Preuve suite :
g (f (x)) − g (f (a)) − Dg (f (a)) . (f (x) − f (a))
= kf (x) − f (a)kF ε̂(x) ,
où ε̂(x) → 0 lorsque x → a. On a
f (x) − f (a) = Df (a).(x − a) + kx − akE ε(x) .
Par continuité de Df (a) (en tant qu’application linéaire donc), on
en déduit que
kf (x) − f (a)kF = O (kx − akE )
où par O (kx − akE ) on entend un terme dominé par C kx − akE
pour C > 0 une constante (c’est au moins vrai pour x au voisinage
de a, et il n’y a que cela qui nous intéresse). Par continuité et
linéarité de Dg (f (a)),
Dg (f (a)) . (kx − akE ε(x)) = kx − akE ε̂0 (x)
où ε̂0 (x) → 0 lorsque x → a. De toutes ces relations on tire que
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Preuve suite et fin :
g (f (x)) − g (f (a)) − (Dg (f (a)) ◦ Df (a)) .(x − a)
= kf (x) − f (a)kF ε(x) ,

où ε(x) → 0 lorsque x → a. Or Dg (f (a)) ◦ Df (a) ∈ Lc (E , G ), et


donc g ◦ f est différentiable en a avec

D (g ◦ f ) (a) = Dg (f (a)) ◦ Df (a) .

La proposition est démontrée. CQFD.

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4. Différentielles d’applications particulières

On se propose ici de calculer des différentielles d’applications


particulières. Déjà, de façon évidente, une application constante
est différentiable en tout point et la différentielle d’une application
constante est nulle en tout point. En d’autres termes, si f : Ω → F
est constante, Ω ouvert de E , alors f est différentieable en tout
point a de Ω et Df (a) ≡ 0 est l’application linéaire nulle de E dans
F . On calcule dans ce qui suit les différentielles des applications
linéaires, et multilinéaires.

Théorème
Soient (E , k · kE ), (F , k · kF ) deux espaces de Banach, et
f ∈ Lc (E , F ) une application linéaire continue de E dans F . Alors
f est différentiable en tout point a de E de différentielle constante
sur E donnée par Df (a) = f .

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Preuve : De façon évidente, pour tout x ∈ E ,

f (x) − f (a) − f (x − a) = 0

et on peut donc écrire a fortiori que

kf (x) − f (a) − f (x − a)kF = kx − akE ε(x)

pour tout x ∈ E , où ε(x) → 0 lorsque x → a (il suffit de prendre


ε ≡ 0), ce qui prouve que f est différentiable au point a de
différentielle en ce point Df (a) = f . CQFD.
L’application Df : E → Lc (E , F ) est continue (puisque constante),
et donc f est même de classe C 1 sur E (et ses dérivées successives
sont nulles). On aborde maintenant la différentiabilité des
applications bilinéaires.

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


Théorème
Soient (E1 , k · kE1 ), (E2 , k · kE2 ), et (F , k · kF ) trois espaces de
Banach, et f ∈ Lc (E1 , E2 ; F ) une application bilinéaire continue de
E1 × E2 dans F . Alors f est différentiable en tout point
a = (a1 , a2 ) de E1 × E2 de différentielle en ce point donnée par

Df (a).(h) = f (a1 , h2 ) + f (h1 , a2 )

pour tout h = (h1 , h2 ) dans E1 × E2 .

Preuve : On place sur E1 × E2 l’une des deux normes q équivalentes


k(x1 , x2 )k = kx1 kE1 + kx2 kE2 , ou k(x1 , x2 )k = kx1 kE1 + kx2 k2E2 .
2

Par exemple, on place la norme

k(x1 , x2 )kE1 ×E2 = kx1 kE1 + kx2 kE2 .

Soit a = (a1 , a2 ) un point fixé de E1 × E2 , et soit g : E1 × E2 → F


l’application définie par
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Preuve suite :
g (h1 , h2 ) = f (a1 , h2 ) + f (h1 , a2 )
pour tout (h1 , h2 ) dans E1 × E2 . Comme f est bilinéaire, g est une
application linéaire de E1 × E2 dans F . L’application g est de plus
continue car f l’est. En effet,
kg (h1 , h2 )kF
≤ kf (a1 , h2 )kF + kf (h1 , a2 )kF
≤ kf kLc (E1 ,E2 ;F ) ka1 kE1 kh2 kE2 + kf kLc (E1 ,E2 ;F ) kh1 kE1 ka2 kE2
≤ kf kLc (E1 ,E2 ;F ) (ka1 kE1 + ka2 kE2 ) k(h1 , h2 )kE1 ×E2
et on obtient ainsi la continuité de l’application linéaire g . Par
bilinéarité de f ,
f (x1 , x2 ) − f (a1 , a2 ) − f (a1 , x2 − a2 ) − f (x1 − a1 , a2 )
= f (a1 + h1 , a2 + h2 ) − f (a1 , a2 ) − f (a1 , h2 ) − f (h1 , a2 )
= f (h1 , h2 ) = f (x1 − a1 , x2 − a2 ) ,
où h1 = x1 − a1 et h2 = x2 − a2 . Par suite
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Preuve suite et fin : pour tout (x1 , x2 ) ∈ E1 × E2 ,

kf (x1 , x2 ) − f (a1 , a2 ) − f (a1 , x2 − a2 ) − f (x1 − a1 , a2 )kF


≤ kf kLc (E1 ,E2 ;F ) kx1 − a1 kE1 kx2 − a2 kE2
1
≤ kf kLc (E1 ,E2 ;F ) k(x1 − a1 , x2 − a2 )k2E1 ×E2 ,
2
et on a montré que pour tout (x1 , x2 ) ∈ E1 × E2 ,

f (x1 , x2 ) − f (a1 , a2 ) − f (a1 , x2 − a2 ) − f (x1 − a1 , a2 )


= k(x1 − a1 , x2 − a2 )kE1 ×E2 ε(x1 , x2 ) ,

où ε(x1 , x2 ) → 0 lorsque (x1 , x2 ) → (a1 , a2 ). En particulier, f est


différentiable au point a = (a1 , a2 ) de différentielle en ce point

Df (a).(h) = f (a1 , h2 ) + f (h1 , a2 )

pour tout h = (h1 , h2 ) dans E1 × E2 . CQFD.

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La proposition que l’on vient de démontrer se généralise aux
applications multilinéaires d’ordre quelconque.
Théorème
Soient (E1 , k · kE1 ),. . .,(En , k · kEn ), (F , k · kF ) des espaces de
Banach. Soit f ∈ Lc (E1 , . . . , En ; F ) une application n-linéaire
continue de E1 × · · · × En dans F . Alors f est différentiable en tout
point a = (a1 , . . . , an ) de E1 × · · · × En , de différentielle donnée par

Df (a).(h) = f (h1 , a2 , . . . , an ) + f (a1 , h2 , a3 , . . . , an )


+ · · · + f (a1 , . . . , an−1 , hn )

pour tout h = (h1 , . . . , hn ) dans E1 × · · · × En .

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5. Applications à valeurs dans un produit d’espaces de
Banach

On considère (E , k · kE ), (F1 , k · kF1 ),. . ., (Fk , k · kFk ) des espaces


de Banach. On place sur le produit F = F1 × · · · × Fk l’une des
deux normes produits définies comme auparavant par
k
X
k(y1 , . . . , yk )kF1 ×···×Fk = kyi kFi , ou
i=1
v
u k
uX
k(y1 , . . . , yk )kF1 ×···×Fk =t kyi k2Fi .
i=1

Etant donnés Ω un ouvert de E , et f : Ω → F , avec


F = F1 × · · · × Fk , une application de Ω dans le produit
F1 × · · · × Fk , on note fi : Ω → Fi les applications définies par
f = (f1 , . . . , fk ). Donc f (x) = (f1 (x), . . . , fk (x)) pour tout x ∈ Ω.

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Proposition
L’application f : Ω → F est différentiable en un point a de Ω si et
seulement si les applications fi le sont. De plus, pour tout x ∈ E ,

Df (a).(x) = (Df1 (a).(x), . . . , Dfk (a).(x))

où les Df (a) ∈ Lc (E , F ) et Dfi (a) ∈ Lc (E , Fi ) sont les


différentielles de f et fi en a.

Preuve : Plaçons sur F la norme


k
X
k(y1 , . . . , yk )kF1 ×···×Fk = kyi kFi .
i=1

Un raisonnement avec l’autre norme donnerait le même résultat


puisque différentiabilité et différentielle sont des notions invariantes
par changement de normes équivalentes. Supposons que f est
différentiable en a. Il existe alors g ∈ Lc (E , F ) telle que
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Preuve suite et fin :
kf (x) − f (a) − g (x − a)kF = kx − akE ε(x) (?)
pour tout x ∈ Ω, où ε : Ω → R+ est telle que ε(x) → 0 lorsque
x → a. Clairement g s’écrit sous la forme g = (g1 , . . . , gk ), où les
gi : E → Fi sont linéaires continues de E dans Fi . Comme
k
X
kf (x) − f (a) − g (x − a)kF = kfi (x) − fi (a) − gi (x − a)kFi ,
i=1

on déduit de (?) que pour tout i,


kfi (x) − fi (a) − gi (x − a)kFi = kx − akE ε(x) .
Ainsi fi est différentiable au point a, et gi = Dfi (a). A l’inverse, on
obtient tout aussi facilement que si les fi sont différentiables au
point a, alors f l’est aussi avec
Df (a).(x) = (Df1 (a).(x), . . . , Dfk (a).(x)) .
D’où la proposition. CQFD.
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Une application bien utile de cette proposition et de la proposition
portant sur la différentiabilité des applications bilinéaires est
donnée par le corollaire suivant.

Corollaire
Soient (E , k · kE ), (F , k · kF ) deux espaces de Banach. Soit
Φ : E × E → F une application bilinéaire continue de E × E dans
F , donc Φ ∈ Lc (E , E ; F ). L’application f : E → F définie par
f (x) = Φ(x, x) est différentiable sur E de différentielle en tout
point a de E donnée par Df (a).(x) = Φ(a, x) + Φ(x, a) pour tout
x ∈ E . En particulier, Df (a).(x) = 2Φ(a, x) pour tout x ∈ E si Φ
est symétrique.

Preuve : On écrit que f est la composée de Φ et de l’application


F : E → E × E définie par F (x) = (x, x). On vérifie facilement que
F est différentiable sur E de différentielle en a donnée par
DF (a).(x) = (x, x) .

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


Preuve suite et fin : Par différentiabilité des fonctions composées,
et différentiabilité des applications bilinéaires, on en déduit que
Df (a).(x) = DΦ(F (a)). (DF (a).(x)) = DΦ(a, a).(x, x) = Φ(a, x)+Φ(x, a)
pour tout x ∈ E , et donc le corollaire. CQFD.
A titre d’application immédiate, notons L2 (R) l’espace de
Lebesgue des fonctions mesurables de RR dans R qui sont de carré
intégrables, à savoir qui sont telles que R u 2 dx < +∞. La norme
sZ
kukL2 = u 2 dx
R

fait de L2 (R) unRespace de Banach. L’application f : L2 (R) → R


définie par u → R u 2 dx est alors différentiable sur L2 (R) de
différentielle Z
Df (u).(v ) = 2 uvdx
R
R
En effet, (u, v ) → R uvdx est une forme bilinéaire symétrique
continue (par Cauchy-Schwarz) sur L2 (R).
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
6. Pseudo produits d’applications différentiables

Soient (E , k · kE ), (E1 , k · kE1 ), (E2 , k · kE2 ), et (F , k · kF ) quatre


espaces de Banach. Soient de plus Ω un ouvert de E , u1 : Ω → E1
et u2 : Ω → E2 deux applications de Ω dans E1 et E2 , et
f : E1 × E2 → F une application bilinéaire continue de E1 × E2
dans F . On définit le pseudo-produit u de u1 et u2 comme étant
l’application u : Ω → F donnée par

u(x) = f (u1 (x), u2 (x)) .

On parle de pseudo-produit par analogie avec le cas réel où


u1 : R → R, u2 : R → R, et u(x) = u1 (x)u2 (x) (à savoir
f (x, y ) = xy de R × R → R). On démontre la proposition suivante.

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


Proposition
Soient (E , k · kE ), (E1 , k · kE1 ), (E2 , k · kE2 ), et (F , k · kF ) quatre
espaces de Banach. Soient de plus Ω un ouvert de E , u1 : Ω → E1
et u2 : Ω → E2 deux applications de Ω dans E1 et E2 , et
f : E1 × E2 → F une application bilinéaire continue de E1 × E2
dans F . Si u1 , u2 sont différentiables en un point a, alors
u : Ω → F est aussi différentiable en a et

Du(a).(x) = f (Du1 (a).(x), u2 (a)) + f (u1 (a), Du2 (a).(x))

pour tout x ∈ E .

Preuve : On écrit que u est la composée de f et de l’application


F : Ω → E1 × E2 définie par F (x) = (u1 (x), u2 (x)). Clairement F
est différentiable en a si u1 et u2 sont différentiables en a, et sa
différentielle en a est donnée par
DF (a).(x) = (Du1 (a).(x), Du2 (a).(x))
pour tout x ∈ E . Par différentiabilité des fonctions composées, et
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Preuve suite et fin : différentiabilité des applications bilinéaires, on
en déduit que

Du(a).(x) = Df (F (a)). (DF (a).(x))


= Df (u1 (a), u2 (a)) . (Du1 (a).(x), Du2 (a).(x))
= f (Du1 (a).(x), u2 (a)) + f (u1 (a), Du2 (a).(x))

pour tout x ∈ E . La proposition est démontrée. CQFD.


A noter : on retrouve, dans le cas réel, la formule (uv )0 = u 0 v + uv 0 .

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7. Dérivées partielles
On considère ici le cas où l’espace de départ est un produit
d’espaces de Banach. Soient donc (E1 , k · kE1 ),. . .,(Ek , k · kEk ), et
(F , k · kF ) des espaces de Banach. On place sur E = E1 × · · · × Ek
l’une des deux normes produits équivalentes
k
X
k(x1 , . . . , xk )kE1 ×···×Ek = kxi kEi , ou
i=1
v
u k
uX
k(x1 , . . . , xk )kE1 ×···×Ek =t kxi k2Ei .
i=1

On place par exemple la première de ces deux normes. Soit Ω un


ouvert de E , a ∈ Ω un point de Ω, et f : Ω → F une application.
On note a = (a1 , . . . , ak ) où les ai ∈ Ei . Comme Ω est un ouvert, il
existe ri = ri (a), ri > 0, tel que pour tout xi ∈ Bai (ri ), on ait
(a1 , . . . , ai−1 , xi , ai+1 , . . . , ak ) ∈ Ω, où Bai (ri ) est la boule de
centre ai et rayon ri dans Ei . En effet, comme a ∈ Ω et Ω est un
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ouvert, il existe r > 0 tel que Ba (r ) ⊂ Ω, et il reste à remarquer
que (a1 , . . . , ai−1 , xi , ai+1 , . . . , ak ) ∈ Ba (r ) pour tout xi ∈ Bai (r ) de
sorte que l’on peut prendre ri = r .
Cette remarque faite, on peut maintenant construire k applications
partielles fi de f en a, définies au voisinage de ai par
fai (x) = f (a1 , . . . , ai−1 , x, ai+1 , . . . , ak ) .
Donc fai : Ωi → F où Ωi ⊂ Ei est un voisinage de ai dans Ei , à
savoir Ωi est tel que Bai (ri ) ⊂ Ωi pour un certain ri > 0.

Proposition
Si f : Ω → F est différentiable au point a ∈ Ω, les applications
partielles fai : Ωi → F sont différentiables au point ai pour tout
i = 1, . . . , k, et
k
X
Df (a).(x) = Dfai (ai ).(xi )
i=1

pour tout x = (x1 , . . . , xk ) dans E .


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∂f
Les Dfai (ai ) sont souvent notés ∂x i
(a). Attention, ce ne sont pas
des réels (comme vous en avez l’habitude) mais des applications
linéaires continues :
∂f
(a) ∈ Lc (Ei , F )
∂xi
pour tout i = 1, . . . , k. La relation du théorème s’écrit alors
k
X ∂f
Df (a).(x) = (a).(xi )
∂xi
i=1

pour tout x = (x1 , . . . , xk ) dans E . Les dérivées partielles d’une


application sont liées à la structure d’espace produit au départ.
On démontre la proposition dans ce qui suit.

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Preuve : L’application θi : Ei → E qui à x associe
θi (x) = (a1 , . . . , ai−1 , x, ai+1 , . . . , ak )
est clairement différentiable au point ai de différentielle en ce point
l’application Dθi (ai ) ∈ Lc (Ei , E ) donnée par
Dθi (ai ).(x) = (0, . . . , 0, x, 0, . . . , 0)
pour tout x ∈ Ei . On pourra par exemple appliquer ce qui a été dit
dans la section précédente. Comme fai = f ◦ θi , on obtient que fai
est bien différentiable en ai . Sa différentielle vaut
Dfai (ai ) = Df (a) ◦ Dθi (ai ), et donc
Df (a).(0, . . . , 0, xi , 0, . . . , 0) = Dfai (ai ).(xi )
pour tout xi ∈ Ei . En écrivant que
k
X k
X
Df (a).(x1 , . . . , xk ) = Df (a).(0, . . . , 0, xi , 0, . . . , 0) = Dfai (ai ).(xi ) ,
i=1 i=1

on obtient la proposition. CQFD.


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8. Applications de R dans un Banach
Si f : R → R est dérivable en un point x, alors on récupère deux
notions de dérivées en x, la dérivée f 0 (x) et la différentielle Df (x),
toutes deux reliées par

Df (x).(h) = f 0 (x)h

pour tout h ∈ R. La remarque s’étend au cas où l’espace d’arrivé


est un Banach (mais l’espace de départ est R). Supposons que f
soit une fonction de R, ou d’un intervalle ouvert de R, à valeurs
dans un espace de Banach (F , k · kF ). A savoir f : R → F . Alors là
encore on peut définir une dérivée f 0 (x), avec f 0 (x) ∈ F , et une
différentielle Df (x) ∈ Lc (R, F ). Et là encore, les deux sont reliées
par la formule
Df (x).(h) = hf 0 (x)
pour tout h ∈ R (le membre de droite fait sens comme un réel que
multiplie un vecteur). On a kDf (x)kLc (R,F ) = kf 0 (x)kF . Plus
précisemment, on définit f 0 (x) par
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1
f 0 (x) = lim (f (y ) − f (x))
y →x,y 6=x y −x
et on vérifie que
(1) si f 0 (x) existe, alors f est différentiable en x et
Df (x).(h) = hf 0 (x) pour tout h,
(2) si f est différentiable en x, alors f 0 (x) existe et
Df (x).(h) = hf 0 (x) pour tout h.
Pour le voir on commence par remarquer qu’une application
linéaire de R dans un espace vectoriel F est forcément du type
h → hX pour X un vecteur de F (tout simplement : X = f (1)). Si
f est différentiable en a alors il existe X ∈ F tel que
f (x) − f (a) − (x − a)X = |x − a|ε(x) ,
où ε(x) → 0 lorsque x → a. En divisant par x − a et en faisant
tendre x → a, on obtient que
f (x) − f (a)
lim =X .
x→a,x6=a x −a
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Donc X = f 0 (a) et (2) est démontré. A l’inverse, si

f (x) − f (a)
lim = f 0 (a) ,
x→a,x6=a x −a

alors
f (x) − f (a) − f 0 (a)(x − a)
lim =0,
x→a,x6=a x −a
et donc

f (x) − f (a) − (x − a)f 0 (a) = |x − a|ε(x) ,

où ε(x) → 0 lorsque x → a. D’où (1).

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9. Le théorème des accroissements finis
Lemme
Soient (F , k · kF ) un espace de Banach, f : [a, b] → F , et
g : [a, b] → R deux applications continues d’un intervalle [a, b] de
R respectivement dans F et R. On suppose que f et g sont toutes
deux différentiables sur ]a, b[ et que

kDf (x)kLc (R,F ) ≤ g 0 (x)

pour tout x ∈]a, b[, où g 0 (x) est la dérivée de g , et k · kLc (R,F ) est
la norme de Lc (R, F ). Alors kf (b) − f (a)kF ≤ g (b) − g (a).

Preuve : Soit ε > 0 quelconque. On va montrer que pour tout


x ∈ [a, b],
kf (x) − f (a)kF ≤ g (x) − g (a) + ε(x − a) + ε . (?)
Comme ε > 0 est quelconque, il s’ensuivra en posant x = b et en
faisant ε → 0 que l’on a bien que kf (b) − f (a)kF ≤ g (b) − g (a).
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Preuve suite : Notons Φ : [a, b] → R la fonction
Φ(x) = kf (x) − f (a)kF − g (x) + g (a) − ε(x − a) .
On veut montrer que Φ(x) ≤ ε pour tout x ∈ [a, b]. Il est déjà
clair, puisque f et g le sont, que la fonction Φ est continue sur
[a, b]. Comme Φ(a) = 0, et donc Φ(a) < ε, il suit de la continuité
de Φ que Φ(x) ≤ ε pour x ≥ a voisin de a. Maintenant, soit
Φ(x) ≤ ε pour tout x ∈ [a, b], auquel cas on a l’inégalité que l’on
voulait, soit, en raisonnant par l’absurde, on peut supposer qu’il
existe d ∈]a, b[ tel que Φ(d) > ε. Notons
n o
I = x ∈ [a, b] / Φ(t) ≤ ε pour tout t ∈ [a, x] .

En raison de ce que l’on vient de dire, I est un intervalle du type


I = [a, c] (fermé à droite par continuité de Φ) avec a < c et c < b
(car c ≤ d). Toujours par continuité,
Φ(c) = ε .
Comme c ∈]a, b[, on a par hypothèse que kDf (c)kLc (R,F ) ≤ g 0 (c).
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Preuve suite : Par définition de Df (c),
∀ε0 > 0 , ∃η > 0 / ∀x ∈]a, b[ , |x − c| < η
⇒ kf (x) − f (c) − Df (c).(x − c)kF ≤ ε0 |x − c| .
En posant ε0 = ε/2, et par inégalité triangulaire, on récupère que
kf (x) − f (c)kF ε
− ≤ kDf (c)kLc (R,F )
|x − c| 2
pour x ∈]c, c + η[. De même, quitte à diminuer η > 0, on va aussi
pouvoir montrer que
g (x) − g (c) ε
g 0 (c) ≤ +
x −c 2
pour x ∈]c, c + η[. L’inégalité kDf (c)kLc (R,F ) ≤ g 0 (c) du théorème
donne alors que
kf (x) − f (c)kF ≤ g (x) − g (c) + ε(x − c)
pour tout c ≤ x < c + η. Comme Φ(c) = ε, on a que
kf (c) − f (a)kF − g (c) + g (a) − ε(c − a) = ε .

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Preuve suite et fin : Il suit de ces deux dernières relations que

kf (x) − f (a)kF ≤ kf (x) − f (c)kF + kf (c) − f (a)kF


≤ g (x) − g (a) + ε(x − a) + ε

pour c ≤ x < c + η, et donc qu’il y a des x > c qui sont tels que
x ∈ I , ce qui est impossible puisque I = [a, c]. Par l’absurde on a
donc montré Φ(x) ≤ ε pour tout x ∈ [a, b]. Le lemme suit
facilement. CQFD.
Soit (E , k · kE ) un espace de Banach, et soit Ω un ouvert de E .
Etant donnés x, y ∈ Ω deux points dans Ω, on dit que le ségment
[x, y ] est entièrement contenu dans Ω si pour tout t ∈ [0, 1],

tx + (1 − t)y ∈ Ω .

On démontre la version vectorielle du théorème des


accroissements finis.

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


Théorème (Théorème des accroissements finis.)
Soient (E , k · kE ), (F , k · kF ) deux espaces de Banach, Ω un ouvert
de E , et f : Ω → F une application différentiable dans Ω. Soient
aussi x, y ∈ Ω deux points de Ω avec la propriété que le ségment
[x, y ] est entièrement contenu dans Ω. Alors

kf (y ) − f (x)kF ≤ Λky − xkE ,

où Λ = sup kDf (tx + (1 − t)y )kLc (E ,F ) peut être infini.


t∈[0,1]

Une situation où l’on sait que Λ est fini est la situation où f est de
classe C 1 , car alors Λ est la borne supérieure d’une fonction
continue, la fonction t → kDf (tx + (1 − t)y )kLc (E ,F ) , sur le
compact [0, 1], et une fonction continue sur un compact est bornée
(et atteint ses bornes).

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Preuve : On note h la fonction de t définie par
h(t) = f (tx + (1 − t)y ) .
Alors h est définie et différentiable sur un intervalle du type
] − ε, 1 + ε[ (car [x, y ] est contenu dans Ω, et Ω est un ouvert). Sa
différentielle en un point t est donnée par le théorème de
composition en remarquant que h est la composée de f avec
L(t) = tx + (1 − t)y . Sa différentielle en t vaut alors
Dh(t) = Df (L(t)) ◦ DL(t), et sa dérivée en t (on rappelle que
h0 (t) = Dh(t).(1)) vaut donc
h0 (t) = Df (L(t)).(x − y ) .
En particulier,
kDh(t)kLc (R,F ) = kh0 (t)kF
≤ Λky − xkE = g 0 (t)
pour tout t ∈ [0, 1], où g : R → R est la fonction définie par
g (t) = Λky − xkE t .

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Preuve suite et fin : Avec le lemme il suit que

kh(1) − h(0)kF ≤ g (1) − g (0) ,

ce qui est l’inégalité du théorème des accroissements finis. CQFD.


Pour rappel, une remarque importante sur le théorème des
accroissments finis (cf. Chapitre 2) est que l’égalité du cas réel ne
se prolonge pas au cas vectoriel. Plus précisemment, on ne pourra
en général pas écrire que

f (y ) − f (x) = Df (c).(y − x)

pour un ceratin c ∈]x, y [ dès lors que f est à valeurs vectorielles.

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Par définition, un ouvert Ω est dit convexe si pour tous x, y ∈ Ω, le
ségment [x, y ] est contenu dans Ω (par exemple une boule dans un
espace vectoriel normé est convexe). Par ailleurs, on rappelle
qu’une application f : X → Y entres espaces métriques (X , dX ) et
(Y , dY ) est dite lipschitzienne sur X s’il existe un réel K ≥ 0 tel
que
dY (f (x), f (y )) ≤ KdX (x, y )
pour tous x, y ∈ X . Une fonction lipschitzienne est toujours
uniformément continue.
Corollaire
Soient (E , k · kE ), (F , k · kF ) deux espaces de Banach, Ω un ouvert
convexe de E , et f : Ω → F une application différentiable dans Ω.
On suppose qu’il existe K ≥ 0 tel que pour tout x ∈ Ω,
kDf (x)kLc (E ,F ) ≤ K . Alors

kf (y ) − f (x)kF ≤ K ky − xkE

pour tous x, y ∈ Ω. En particulier, f est lipschitzienne sur Ω.


CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Preuve : Elle est immédiate à partir du théorème des
accroissements finis. CQFD.
Toujours par définition, un ouvert Ω est dit connexe s’il n’est pas
réunion de deux ouverts disjoints non vides. Donc Ω ouvert est
connexe s’il n’existe pas Ω1 et Ω2 deux ouverts non vides tels que
Ω = Ω1 ∪ Ω2 et Ω1 ∩ Ω2 = ∅. Une propriété remarquable des
espaces vectoriels normés est la suivante : “Un ouvert Ω d’un
espace vectoriel normé est connexe si et seulement si pour tous
x, y ∈ Ω il existe γ : [0, 1] → Ω un chemin continu qui ait x et y
pour extrémités, à savoir qui soit tel que γ(0) = x et γ(1) = y .”
On dit encore qu’un ouvert d’un espace vectoriel normé est
connexe si et seulement si il est connexe par arc.

Corollaire
Soient (E , k · kE ), (F , k · kF ) deux espaces de Banach, Ω un ouvert
connexe de E , et f : Ω → F une application différentiable dans Ω.
Si Df (x) ≡ 0 pour tout x ∈ Ω, alors f est constante sur Ω.

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


Preuve : Il y a un peu plus à dire que pour le corollaire précédent.
Les boules étant convexes, si f est telle que Df (x) ≡ 0 pour tout
x ∈ Ω, alors f est localement constante sur Ω en vertue du
corollaire précédent. A savoir : pour tout x ∈ Ω, ∃r > 0 tel que
f = Cste sur Bx (r ). Soient maintenant x et y deux points dans Ω.
Comme Ω est connexe, il existe γ : [0, 1] → Ω un chemin continu
tel que γ(0) = x et γ(1) = y . L’application f ◦ γ : [0, 1] → F est
continue sur [0, 1], comme composée d’applications continues, et
localement constante sur [0, 1] puisque f est localement constante
sur Ω. Notons g = f ◦ γ, et soit

I = t ∈ [0, 1] / ∀τ ∈ [0, t] , g (τ ) = g (0) .
Comme g est localement constante au voisinage de 0 (f est
localement constante au voisinage de x) on peut écrire que I n’est
pas vide. Alors I est un intervalle du type I = [0, t0 ]. Or t0 < 1 est
impossible car alors f devrait être constante sur un intervalle du
type ]t0 − ε, t0 + ε[ pour un certain ε > 0, et donc on devrait avoir
t0 ≥ t0 + ε, ce qui est impossible. Donc t0 = 1 et f (x) = f (y ). Or
x et y sont quelconques dans Ω. CQFD.
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10. Accroissements finis et dérivées partielles
On revient à la notion de dérivée partielle et on considère donc le
cas où l’espace de départ est un produit d’espaces de Banach.
Soient (E1 , k · kE1 ),. . .,(Ek , k · kEk ), et (F , k · kF ) des espaces de
Banach. On place sur E = E1 × · · · × Ek l’une des normes produits
équivalentes habituelles. On démontre alors le théorème suivant.

Théorème
Soient (E1 , k · kE1 ),. . .,(Ek , k · kEk ), et (F , k · kF ) des espaces de
Banach, Ω un ouvert de E1 × · · · × Ek , et f : Ω → F une
application. Alors f est de classe C 1 sur Ω si et seulement si les
∂f
dérivées partielles ∂x i
de f existent pour tout i et sont continues
sur Ω.

Preuve : Pour simplifier on démontre le théorème dans le cas où


k = 2. On change alors les notations pour considérer trois espaces
de Banach (E , k · kE ), (F , k · kF ), et (G , k · kG ), Ω un ouvert de
E × F , et f : Ω → G . On note (x, y ) la variable de E × F .
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Preuve suite : Supposons pour commencer que f soit de classe C 1
∂f ∂f
sur Ω. Alors ses dérivées partielles ∂x et ∂y existent en tout point
de Ω et on a que
∂f ∂f
Df (x, y ).(h, k) = (x, y ).(h) + (x, y ).(k)
∂x ∂y

pour tous (x, y ) ∈ Ω et tous (h, k) ∈ E × F . On a déjà démontré


ce résultat. Reste maintenant à montrer que les dérivées partielles
sont bien C 1 si f l’est. On a
∂f
(x, y ).(h) = Df (x, y ).(h, 0) , et
∂x
∂f
(x, y ).(k) = Df (x, y ).(0, k)
∂y

pour tous (x, y ) ∈ Ω, tous h ∈ E , et tous k ∈ F .

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


Preuve suite : On en déduit que
∂f ∂f
k (x, y ) − (a, b)kLc (E ,G )
∂x ∂x
∂f ∂f
k ∂x (x, y ).(h) − ∂x (a, b).(h)kG
= sup
h∈E ,h6=0 khkE
k (Df (x, y ) − Df (a, b)) .(h, 0)kG
= sup
h∈E ,h6=0 khkE
≤ kDf (x, y ) − Df (a, b)kLc (E ×F ,G )

pour tous (a, b) et (x, y ) dans Ω. En particulier, la continuité de


∂f
∂x en (a, b) suit de celle de Df en (a, b). Un raisonnement
∂f
analogue peut être fait pour ∂y et on voit donc que si f est de
∂f ∂f
classe C sur Ω alors ∂x et ∂y sont aussi de classe C 1 sur Ω.
1

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


∂f
Preuve suite : Réciproquement, on suppose maintenant que ∂x et
∂f
∂y sont continues sur Ω. Etant donné (a, b) ∈ Ω, on écrit que

∂f ∂f
f (x, y ) − f (a, b) − (a, b).(x − a) − (a, b).(y − b)
∂x ∂y
∂f
= f (x, y ) − f (a, y ) − (a, b).(x − a)
∂x
∂f
+ f (a, y ) − f (a, b) − (a, b).(y − b) .
∂y
Pour (x, y ) suffisamment proche de (a, b) les points (a, b), (a, y ),
et (x, y ) vont être dans une boule B(a,b) (r ), avec r > 0 petit de
sorte que la boule soit contenue dans Ω. Soit ε > 0. Comme les
dérivées partielles de f sont continues, quitte à choisir r > 0
suffisamment petit on va pouvoir écrire que
∂f ∂f ε
k (x, y ) − (a, b)kLc (E ,G ) < , et
∂x ∂x 2
∂f ∂f ε
k (a, y ) − (a, b)kLc (F ,G ) <
∂y ∂y 2
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Preuve suite : pour tous (x, y ) ∈ B(a,b) (r ). On applique
maintenant le théorème des accroissements finis aux applications
∂f
g1 : x → f (x, y ) − (a, b).(x − a) , et
∂x
∂f
g2 : y → f (a, y ) − (a, b).(y − b) .
∂y
Ces applications sont différentiables de différentielles respectives
∂f ∂f
Dg1 (x) = (x, y ) − (a, b) , et
∂x ∂x
∂f ∂f
Dg2 (y ) = (a, y ) − (a, b) .
∂y ∂y
Le théorème des accroissements finis appliqué à g1 et g2 donne
alors que
ε ε
kg1 (x) − g1 (a)kG ≤ kx − akE et kg2 (y ) − g2 (b)kG ≤ ky − bkF
2 2
soit encore que
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Preuve suite :
∂f ∂f
kf (x, y ) − f (a, b) − (a, b).(x − a) − (a, b).(y − b)kG
∂x ∂y
ε ε
≤ kx − akE + ky − bkF
2 2
≤ εk(x, y ) − (a, b)kE ×F

pour tous (x, y ) ∈ B(a,b) (r ). En d’autres termes on a montré que f


est différentiable en tout point (a, b) de Ω de différentielle en ce
point l’application donnée par
∂f ∂f
Df (a, b).(h, k) = (a, b).(h) + (a, b).(k)
∂x ∂y

pour tous (h, k) ∈ E × F .

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Preuve suite et fin : Reste à montrer que Df : Ω → Lc (E × F , G )
est continue. En écrivant que

kDf (x, y ) − Df (a, b)kLc (E ×F ,G )


kDf (x, y ).(h, k) − Df (a, b).(h, k)kG
= sup
(h,k)6=(0,0) khkE + kkkF
∂f ∂f
k ∂x (x, y ).h − ∂x (a, b).hkG
≤ sup
(h,k)6=(0,0) khkE + kkkF
∂f ∂f
k ∂y (x, y ).k − ∂y (a, b).kkG
+ sup(h,k)6=(0,0)
khkE + kkkF
∂f ∂f ∂f ∂f
≤ k (x, y ) − (a, b)kLc (E ,G ) + k (x, y ) − (a, b)kLc (F ,G )
∂x ∂x ∂y ∂y

on voit que la continuité de Df en (a, b) suit de la continuité des


dérivées partielles de f en (a, b). CQFD.

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11. Le théorème d’inversion locale
Par définition on appellera voisinage ouvert d’un point a (dans un
espace de Banach E ) tout ouvert contenant a. On dira par ailleurs
qu’une application f : U → V entre deux ouverts d’espaces de
Banach est un C 1 -difféomorphisme de U sur V si :
(i) f est de classe C 1 sur U,
(ii) f est bijective de U sur V ,
(iii) f −1 est de classe C 1 sur V .
On note Isom(E , F ) le sous espace de L(E , F ) constitué des
isomorphismes de E sur F .
Théorème (Théorème d’inversion locale)
Soient (E , k · kE ) et (F , k · kF ) deux espaces de Banach, Ω un
ouvert de E , et f : Ω → F une application de classe C 1 . Soit
a ∈ Ω. On suppose que Df (a) ∈ Isom(E , F ) est un isomorphisme
de E sur F . Alors il existe un voisinage ouvert U de a, U ⊂ Ω, et
un voisinage ouvert V de f (a) pour lesquels f est un
C 1 -difféomorphisme de U sur V .
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Le théorème d’inversion locale est long à démontrer. Pour ne pas
perdre trop de temps on va se limiter à commenter le théorème,
sans le démontrer.
Une première remarque est que si l’application f : U → V est un
C 1 -difféomorphisme de U sur V , alors pour tout x ∈ U on a
Df (x) ∈ Isom(E , F ) et, de plus,

Df (x)−1 = Df −1 (f (x)) .

En effet, f ◦ f −1 (y ) = y pour tout y ∈ V tandis que


f −1 ◦ f (x) = x pour tout x ∈ U. On différencie ces relations et on
obtient alors avec la formule de composition que

Df −1 (f (x)) ◦ Df (x) = IdE et Df f −1 (y ) ◦ Df −1 (y ) = IdF .




En posant y = f (x), on trouve la relation annoncée. On peut alors


voir le théorème d’inversion locale comme une réciproque locale de
cette propriété : si Df (x) est un isomorphisme pour un x, alors f
est un C 1 -difféomorphisme au voisinage de x.
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Une seconde remarque concerne le cas de la dimension finie. Dans
ce cas on rappelle qu’il convient déjà de demander que les deux
espaces aient même dimensions (car il n’y a pas d’isomorphisme
entres espaces de dimensions différentes). Et on rappelle que
lorsque E = F = Rn (tout espace vectoriel de dimension n est un
Rn par choix d’une base) la condition Df (x) ∈ Isom(Rn , Rn )
équivaut à la non nullité du jacobien de f en x (voir le Chapitre 2).
On énonce et démontre maintenant une version “globale” du
théorème d’inversion locale.

Corollaire
Soient (E , k · kE ) et (F , k · kF ) deux espaces de Banach, Ω un
ouvert de E , et f : Ω → F une application de classe C 1 . Alors f
est un C 1 -difféomorphisme de Ω sur f (Ω) si et seulement si f est
injective sur Ω et Df (x) ∈ Isom(E , F ) pour tout x ∈ Ω.

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


Preuve : Si f est un C 1 -difféomorphisme de Ω sur un ouvert
Ω0 = f (Ω) de F alors clairement f est injective sur Ω (car bijectif
implique injectif), et on a (cf. ci-dessus) automatiquement que
Df (x) ∈ Isom(E , F ) pour tout x ∈ Ω.
Réciproquement, supposons que f soit injective sur Ω et que
Df (x) ∈ Isom(E , F ) pour tout x ∈ Ω. Comme “bijectif équivaut à
injectif et surjectif”, il est clair que f réalise une bijection de Ω sur
f (Ω). Par le théorème d’inversion locale, pour tout x ∈ Ω il existe
U un voisinage ouvert de x dans Ω, et V un voisinage ouvert de
f (x) dans f (Ω) tels que f réalise un C 1 -difféomorphisme de U sur
V . Une première conséquence est que tout y = f (x) dans f (Ω)
possède un voisinage ouvert V ⊂ f (Ω). Il s’ensuit que f (Ω) est
donc bien un ouvert.

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


Preuve suite et fin : Une seconde conséquence est que tout
y = f (x) dans f (Ω) possède un voisinage ouvert V ⊂ f (Ω) sur
lequel la bijection réciproque f −1 : f (Ω) → Ω est de classe C 1 (il
n’y a qu’une application réciproque f −1 ). Et être de classe C 1 au
voisinage de tout point d’un ouvert ou être de classe C 1 sur
l’ouvert sont deux notions identiques. Il s’ensuit que f −1 est de
classe C 1 sur f (Ω) et donc que f est bien un C 1 -difféomorphisme
de Ω sur un ouvert Ω0 = f (Ω) de F . CQFD.

Note
La classe de différentiabilité s’adapte au théorème : on peut
remplacer C 1 par n’importe quel C p du moment que p ≥ 1.

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


12. Le théorème des fonctions implicites

Le théorème des fonctions implicites est plus délicat à comprendre


que le théorème d’inversion locale (les deux théorèmes sont
pourtant équivalents l’un à l’autre). En gros, avec le théorème des
fonctions implicites, on veut dire que si f : E × F → G est une
application avec des hypothèses “convenables”, alors une équation
du type f (x, y ) = 0 va définir (implicitement, d’où le nom du
théorème) une fonction g : E → F telle que

f (x, y ) = 0 ⇔ y = g (x) .

Soient (E , k · kE ) et (F , k · kF ) deux espaces de Banach. On place


sur E × F une des normes produit usuelles.

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


Théorème (Théorème des fonctions implicites)
Soient (E , k · kE ), (F , k · kF ), et (G , k · kG ) trois espaces de
Banach. Soit Ω un ouvert de E × F , et f : Ω → G une application
de classe C 1 . Soit (a, b) ∈ Ω tel que f (a, b) = 0. On suppose que

∂f
(a, b) ∈ Isom(F , G ) .
∂y

Alors il existe U un voisinage ouvert de (a, b) contenu dans Ω, il


existe un voisinage V de a dans E , et il existe g : V → F de classe
C 1 tels que si (x, y ) ∈ U vérifie f (x, y ) = 0 alors x ∈ V et
y = g (x). Réciproquement si x ∈ V et y = g (x), alors (x, y ) ∈ U
et f (x, y ) = 0.

On a supposé ici que f (a, b) = 0. Si ce n’est pas le cas il suffit de


considérer l’application f˜ = f − f (a, b). Par ailleurs on a bien sûr
que b = g (a) puisque (a, b) ∈ U.

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Preuve : On ramène la preuve du théorème des fonctions implicites
au théorème d’inversion locale. On considère f˜ : Ω → E × G
l’application définie par
f˜(x, y ) = (x, f (x, y )) .
Cette application est clairement de classe C 1 sur Ω, et sa
différentielle en un point (x, y ) de Ω est donnée par
 
˜ ∂f ∂f
D f (x, y ).(h, k) = h, (x, y ).(h) + (x, y ).(k) .
∂x ∂y
Clairement, D f˜(a, b) ∈ Isom(E × F , E × G ) dès lors que
∂f
∈ Isom(F , G ). Par exemple,
∂y (a, b)

D f˜(a, b).(h, k) = (h0 , k 0 )


⇔ h = h0 et
 
∂f −1 0 ∂f 0
k= (a, b) k − (a, b).h ,
∂y ∂x
de sorte que D f˜(a, b) est bien inversible de E × F sur E × G .
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Preuve suite : Pour le caractère continue de l’inverse on peut soit
appliquer le théorème de Banach, soit le vérifier diréctement sur la
formule ci-dessus. Sachant que f˜ est de classe C 1 et que
D f˜(a, b) ∈ Isom(E × F , E × G ), on peut appliquer le théorème
d’inversion locale à f˜. On obtient l’existence d’un voisinage ouvert
U de (a, b) dans E × F , et d’un voisinage ouvert W = f˜(U) de
f˜(a, b) = (a, f (a, b)) = (a, 0) dans E × G pour lesquels f˜ réalise
un C 1 -difféomorphisme de U sur W . En raison de la forme de f˜, le
difféomorphisme réciproque est forcément du type

f˜−1 (x, z) = (x, g̃ (x, z)) ,

où donc g̃ : W → F est de c lasse C 1 . Clairement on a


équivalence entre les deux propositions :
(1) (x, y ) ∈ U et f (x, y ) = z,
(2) (x, z) ∈ W et y = g̃ (x, z).

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Preuve suite et fin : Pour le voir il suffit de remarquer que
f (x, y ) = z équivaut à f˜(x, y ) = (x, z), puis d’appliquer f˜−1 à
cette équation pour dire que cela équivaut à son tour à
f˜−1 (x, z) = (x, y ), et donc à y = g̃ (x, z). On pose maintenant
z = 0 dans (1) et (2). Alors les deux propositions suivantes
deviennent équivalentes :
(3) (x, y ) ∈ U et f (x, y ) = 0,
(4) (x, 0) ∈ W et y = g̃ (x, 0).
Reste à remarquer si V = {x ∈ E / (x, 0) ∈ W }, alors V est un
voisinage ouvert de a dans E , et que si g (x) = g̃ (x, 0), alors g est
de classe C 1 dans V . Les propositions (3) et (4) donnent alors
(x, y ) ∈ U et f (x, y ) = 0 si et seulement si x ∈ V et y = g (x), ce
qui est exactement ce qu’affirme le théorème des fonctions
implicites. CQFD.

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On vient de voir que le théorème des fonctions implicites est une
conséquence du théorème d’inversion locale. La réciproque est
vraie. En quelques mots, soit f : E → F telle que

Df (a) ∈ Isom(E , F ) .

On considère l’application Φ : F × E → F définie par

Φ(y , x) = f (x) − y .

Si b = f (a), alors Φ(b, a) = 0 et

∂Φ
(b, a) = Df (a)
∂x
est un isomorphisme de E sur F . On déduit alors du théorème des
fonctions implicites qu’il existe g : F → E (en ne faisant pas
 au domaine) telle que Φ y , g (y ) = 0, et donc telle que
attention
f g (y ) = y . En gros, g est l’inverse de f et on a récupéré le
théorème d’inversion locale.
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Une remarque sur le théorème des fonctions implicites est que
g (a) = b. Une remarque
 supplémentaire est qu’en différentiant
l’équation f x, g (x) = 0 on obtient la valeur de Dg (a). Plus
précisemment,
∂f ∂f
(a, b) + (a, b) ◦ Dg (a) = 0
∂x ∂y
et donc
∂f ∂f
Dg (a) = − (a, b)−1 ◦ (a, b) .
∂y ∂x
Une autre remarque est que g est unique (au moins au voisinage
de a). Si on a deux applications g1 et g2 qui vérifient le théorème
des fonctions implicites, alors g1 = g2 au voisinage de a. Une
dernière remarque est que là encore le théorème s’adapte à
n’importe quelle classe de différenciation : on peut remplacer C 1
par C p dès lors que p ≥ 1.

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13. Différentielles secondes et d’ordres supérieures
Soient (E , k · kE ) et (F , k · kF ) deux espaces de Banach, et soit Ω
un ouvert de E . Soit aussi f : Ω → F une application différentiable
sur Ω. On dit que f est deux fois différentiable en un point a ∈ Ω
si l’application Df : Ω → Lc (E , F ) est différentiable au point a. On
note D 2 f (a) la différentielle
 de cette application en a. Alors
2
D f (a) ∈ Lc E , Lc (E , F ) . Cela étant dit, on a vu au chapitre 3,
qu’il y a une isométrie naturelle entre cet espace Lc E , Lc (E , F )
et l’espace Lc (E , E ; F ) des applications bilinéaires continues de
E × E dans F . On regardera alors D 2 f (a) comme étant un
élément de cet espace Lc (E , E ; F ). Donc

D 2 f (a) ∈ Lc (E , E ; F ) ,

ce qui revient à poser que D 2 f (a).(h, k) = D 2 f (a).(h) .(k) pour




tout (h, k) ∈ E × E . Il y a un problème de convention : on aurait


aussi pu poser D 2 f (a).(h, k) = D 2 f (a).(k) .(h). Ce problème est


réglé par le lemme de Schwarz.


CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Théorème (Lemme de Schwarz)
Soient (E , k · kE ), (F , k · kF ) deux espaces de Banach, Ω un ouvert
de E , et f : Ω → F une application différentiable sur Ω et deux
fois différentiable en un point a ∈ Ω. Alors D 2 f (a), regardée
comme application de Lc (E , E ; F ), est symétrique. A savoir
D 2 f (a).(h, k) = D 2 f (a).(k, h) pour tout (h, k) ∈ E × E .

Preuve : On démontre très brièvement ce théorème. On note


Φ : E × E → F l’application

Φ(h, k) = f (a + h + k) − f (a + h) − f (a + k) + f (a) .

Clairement Φ est symétrique en h et k. Pour ne pas alourdir la


preuve on admet (ce n’est pas trivial) que

kD 2 f (a).(h, k) − Φ(h, k)kF = o khk2E + kkk2E ,




au sens où o khk2E + kkk2E = khk2E + kkk2E ε(h, k) avec


 

ε(h, k) → 0 lorsque (h, k) → (0, 0).


CDA 2017-2018. Chapitre 4.
Preuve suite : Par suite, avec cette relation,

kD 2 f (a).(h, k) − D 2 f (a).(k, h)kF = o khk2E + kkk2E



,

et on va maintenant exploiter la non homogénéité de cette


relation. On fixe h, k ∈ E et on considère les vecteurs λh et λk, où
λ > 0 est quelconque. Alors

kD 2 f (a).(λh, λk) − D 2 f (a).(λk, λh)kF


= λ2 kD 2 f (a).(h, k) − D 2 f (a).(k, h)kF
= λ2 khk2E + kkk2E ε(λ) ,


où ε(λ) → 0 lorsque λ → 0. En particulier,

kD 2 f (a).(h, k) − D 2 f (a).(k, h)kF = khk2E + kkk2E ε(λ)




pour tout λ > 0.

CDA 2017-2018. Chapitre 4.


Preuve suite et fin : On fait alors tendre λ → 0, et on récupère que

D 2 f (a).(h, k) = D 2 f (a).(k, h) .

Comme h et k sont quelconques, le théorème est démontré.


CQFD.
On définit la différentiabilité d’ordre n par récurrence avec une
formule de récurrence du type D n = DD n−1 . Soient (E , k · kE ) et
(F , k · kF ) deux espaces de Banach, et soit Ω un ouvert de E . Soit
aussi f : Ω → F une application différentiable sur Ω. On veut
définir la différentielle D n f (a) d’ordre n de f en a comme
application multilinéaire de Lc (E n ; F ). A savoir on veut

D n f (a) ∈ Lc (E n ; F ) ,

où Lc (E n ; F ) est l’espace des applications n-linéaires continues de


E × · · · × E (n fois) dans F . Pour n = 2 on a déjà vu comment
procéder. Pour n = 3, lorsque f est deux fois différentiables sur Ω,
on regarde D 2 f comme application
CDA 2017-2018. Chapitre 4.
D 2 f : Ω → Lc (E , E ; F ) .
Par suite, D 3 f (a) = DD 2 f (a) est une application

D 3 f (a) ∈ Lc E , Lc (E , E ; F ) .



Or on va facilement pouvoir assimiler Lc E , Lc (E , E ; F ) à
Lc (E , E , E ; F ) en posant

Φ(x, y , z) = Φ(x).(y , z) .

Et on procède ainsi de suite par récurrence pour passer à n = 4,


n = 5, etc. L’extension du lemme de Schwarz donne : si f est n
fois différentiable en un point a ∈ Ω, alors D n f (a) est symétrique.
A savoir

D n f (a). h1 , . . . , hn = D n f (a). hσ(1) , . . . , hσ(n)


 

pour tous h1 , . . . , hn ∈ E , et toute permutation σ de {1, . . . , n}.


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14. Formule de Taylor asymptotique

Théorème (Formule de Taylor asymptotique)


Soient (E , k · kE ), (F , k · kF ) deux espaces de Banach, Ω un ouvert
de E , f : Ω → F une application (n − 1)-fois différentiable sur Ω et
n-fois différentiable en un point a ∈ Ω. Alors
1 n
f (a + h) = f (a) + Df (a).(h) + · · · + D f (a).(hn ) + khknE ε(h)
n!
pour tout h suffisamment petit, où ε(h) → 0 lorsque h → 0, et où
la notation D n f (a).(hn ) tient pour
D n f (a).(hn ) = D n f (a).(h, . . . , h) (n-fois).

Si n = 1, on a juste écrit ici la définition de la différentiabilité au


point a.

CDA 2017-2018. Chapitre 4.

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